kr>[
r For REFERENCE
\
è
->■>
NOT TO BE TAKEN FROM THIS ROOM
Spécial ^ook Collection
IrattèFia îïmurratty Etbrary
"The search for truth even unto its innermost parts'
^it jiUriuortani
(M.ciiheiv laub'iu
The Gift of
SADYE RUBIN MARANTZ LEE
The National Wornen's Committee
of Brandeis University
^■n
i
l
^i
\
/
-'^
^^
h
4
■y
y
V.
^k
\.
■^
\
jf
'S
\
^.
"^<:
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
SUPPLEMENT ET COMPLEMENT
TOME SECOND
TVPOGnAPIllE FlRJlI.'y-DIDOT. — Mf.SML ( KURE ).
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
ET
F F
BIBLIOGRAPHIE GENERALE DE LA MUSIQUE
PAR F.-J.'FETIS
SUPPLEMENT ET COMPLEMENT
Publiés SOUS la direction de
M. ARTHUR POUGIN
TOME SECOND
PARIS
LIBRAIRIE DE FIRMIN-DIDOT ET C'e
IMPRIMEURS DE l'iNSTITUT, RUE JACOB, d6
1880
Tous droits réservés.
SIGNATURES DES AUTEURS
DU SECOND VOLUME.
MM.
A. L — N LoQuiN (Anatole). .
Ad. J — N JuLLiEN (Adolphe).
All Lasalle (Albert de).
Al. R — D Rostand (Alexis).
Éd. de h Hartog (Edouard de ).
Er. T Thoinan (Ernest).
F. D Delhasse (Félix).
G. B Bertrand (Gustave).
J. B Batka (Jean).
J.-B. W Weckerlin ( J.-B.).
J. G — z Carlez (Jules).
J. D. F FiLipPi (J. de).
J. DE V Vasconcellos (Joaquim de).
J. G Gallay (Jules).
L.-F. G Casamorata (L.-F.).
Y Anonyme.
Tous les articles non signés sont de M. Arthur Pougin.
Tous les noms précédés d'un astérisque sont ceux que l'on trouve dans la Biographie
universelle des Musiciens, et dont les notices ont été rectifiées, corrigées ou complétées.
Les notices qui ne sont accompaguées d'aucun signe sont entièrement nouvelles.
Référence
91^6';
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
SUPPLÉMENT
H
(suite.)
Ho LMES(M"''iLUGusTA), pianiste distinguée,
née en Irlande vers 1850, habite Paris depuis
longtemps, et s'y est produite plusieurs fois dans
des concerts. Compositeur aussi, cette artiste a
écrit les paroles et la musique d'un grand
opéra en un acte, Héro et Léandre, qu'elle
a fait entendre à la direction du tliéàtre du
Châtelet, à l'époque de la courte transforma-
tion de ce théâtre en Opéra populaire (1874);
j'assistais à l'audition de cet ouvrage, qui m'a
paru intéressant et qui renfermait quelques bon-
nes qualités, en dépit des doctrines ultra-wagné-
riennes que l'on attribue à son auteur et qui ne
m'ont pas semblé percer dans sa partition.
M"' Holmes a, dit-on, deux autres opéras en
portefeuille, Astarté et Lancelot du Lac. Elle a
fait exécuter à la Société philharmonique de Paris
(1873) , le psaume In exita , mis en musique
par elle, et aux concerts du Châtelet (1877) un
andante pastoral pour orchestre. Enfin elle a
publié, sous le pseudonyme d'//ermann Zenta,
quelques mélodies vocales.
IlOLSTEIN (Franz VOi\), compositeur
allemand, est né à Brunswick le 16 février 1826.
Fils d'un ancien officier supérieur, il embrassa
lui-même la carrière militaire, devint de bonne
heure officier, mais prit sa retraite dès l'âge de
vingt-sept ans, en 1853, pour consacrer sa vie
à l'art musical , qu'il affectionnait. Il avait fait,
sous ce rapport, de bonnes études au Conserva-
toire de Leipzig, et avait eu des leçons particu-
lières du fameux théoricien Moritz Hauptmann.
Du reste, M. von Holstein, dont les connaissan-
ces sont très-vastes et les aptitudes très-diverses,
8'est occupé aussi d'esthétique , d'histoire , de
BIOGR. UNIV, DES MUSICIENS. — SUPPL. ■
philosophie, de poésie, de travaux de mécanique
et particulièrement de dessin.
Après avoir fait plusieurs voyages dans l'Alle-
magne du Sud, en Italie, à Berlin, à Paris,
M. Franz von Holstein commença à se faire
connaître comme compositeur par la publication
d'un assez grand nombre de recueils de chœurs
et de lieder à une ou plusieurs voix. Déjà il
avait écrit deux ouvrages dramatiques : Deux
Nuits à Venise {2 actes, 1845), et Waverley
(5 actes, 1852) ; en 1869, il donna à Dresde un
opéra en 3 actes, der Haideschacfit, qui obtint
un grand succès non-seulement en cette ville ,
mais dans toute l'Allemagne, et en 1872 il faisait
représenter à Berlin der Erbe von Morleij
{l'Héritier de Morley), autre opéra en 3 actes.
Enfin, en 1876, M. von Holstein offrait au pu-
blic un nouvel ouvrage dramatique, Die Ho-
chlaender, qui a été représenté à Mannheim,
et l'année suivante il donnait sur le théâtre
de Leipzig nn opéra romantique, les Monta-
gnards, dont il avait écrit les paroles et la
musique et qui paraît avoir obtenu un vif
succès. On connaît aussi de lui un trio pour
piano, violon et violoncelle, Béatrix, air de
concert pour soprano avec accompagnement
d'orchestre, et quelques autres compositions.
HOLTZHEM (Louis-Alphonse), né à Paris
le 26 juin 1827 , étudia de bonne heure la musi-
que, fut enfant de chœur dans ses jeunes années,
travailla ensuite le violon, fit partie de l'orchestre
de divers théâtres de Paris, entre autres de ce-
lui du Vaudeville, et enfin se fit admettre au
Conservatoire, dans la classe d'harmonie de
Colet, le 14 janvier 1847. Mais bientôt il aban-
T. II. 1
2
IIOLTZIIEM
IIONAYN
donna cette élude pour celle du chanf, entra dans
la classe de l'oncliaid en 18'j9, dans la classe
d'opéra -comique de Morin l'année suivante, ob-
tint un second accessit de cliant en ISiti, un
troisième accessit d'opéra-comique en 1802, et
le premier accessit en 1853. Il embrassa alors la
carrière lyrique, se montra sur diverses scènrs
de la province et de l'étranger, et, étant allé en
Italie, prit à Milan des leçons d'un professeur
renommé de celte ville, M.Lamperti. Vers I8G1,
M. Holt/liem, de retour à l'aris, fit une courte
apparition à l'Opéra-Comique, où il débuta,
dans l'emploi des seconds ténors, par le rôle île
Tonio, de ta Fille du Régiment. 11 se livra en-
suite à l'enseignement, et, peu d'années après,
publia un traité assez médiocre, ainsi intitulé :
Bases de Vart du chant , traité théorique et
pratique et guide spécial à Vusage des jeunes
chanteurs et des amateurs (Paris, Girod,
1865, petit in-8°). Depuis lors, M. Holt/liem
paraît avoir renoncé entièrement à la carrière du
Ibéâlre et n'a plus fait parler de lui.
IIOLTZMANIV ( ), .organiste et com-
positeur de musique religieuse, était, vers 1770,
maître de chapelle de l'église paroissiale à Meers-
bourg, petit pays situé sur les bord du lac de
Constance. L'organiste allemand Hamma, qui fut
plus lard organiste de cette église, a prétendu
qu'en feuilletant les œuvres manuscrites de cet
artiste, il aurait découvert, dans le Credo de sa
4* messe solennelle, le c\\?in\.à&la Marsrillaise,
que Rouget de Lisie n'aurait pris que la peine de
copier effrontément pour en faire son liymne
fulgurant. On trouvera au mot Hamma des dé-
tails plus étendus à ce sujet.
IIOMILIUS (L ), compositeur russe,
s'est fait connaître par plusieurs lieder, deux
morceaux pour le piano : ISoctume et Moment
musical, et un recueil de Gammes dans tous
les tons et pour tous' les degrés, réunis d'après
la Méthode d'Antoine Jîuhinstein. Ces divers
ouvrages ont été publiés à Saint-Pétersbourg,
chez l'éditeur Ressel. Je n'ai pas d'autres ren-
seignements sur M. Ilomilius , qui est un des
meilleurs élèves de M. Antoine Rubinstein.
IIOMAIEY (J ), professeur au Conser-
vatoire de Toulouse et au lycée de cette ville.
est l'auteur de l'ouvrage suivant : Nouveau
Cnide pour l'enseignement de l'harmonie, ou
Petit Manuel pouvant servir atix personnes
qui enseignent ou pratiquait celle science,
Paris, Ileiigel, 18ô7, in-8°.
IIOXAUEU (Ijont/.i), claveciniste remar-
quable et compositeur, dont le nom semble
indiquer une origine germanique, était établi à
Paris dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle, et s'y livrait à l'enseignement. 11 a publié
en celte ville : 1" trois livres de chacun six
sonates pour le clavecin-, 2" un livre de six
son.'tt's pour le clavecin avec accompagnement
(le violon ad libitum ,• 3" quatre quatuors pour
le clavecin, avec accompagnement de dcAW
violons et basse, et deux cors ad libitum. Cet
artiste vivait encore à Paris en 1785.
IIONAYN (Abou cÀn), musicien arabe, né
vers l'an 620 de l'ère chrétienne, était désigné
sous le nom de Honaijn al-H'iry, parce qu'il
était originaire de la ville de Hira, ancienne
capilale de l'Irak arabe. Chrétien de religion, il
commença par être marchand de fleurs, puis,
se voyant doué d'ime voix charmante, il se
livra à l'élude de la musique et devint chanteur,
en même temps que joueur de luth et compo-
siteur. A la fois poète et musicien, il écrivait,
dit-on, des vers légers d'un tour aimable et facile,
cl des airs d'une excellente facture. Il se lit une
grande réputation, et était recherché partout
pour son talent. On raconte que Khàlid, gou-
verneur de l'Irak pour le calife Abd el-Mélik,
trouvant que la musique tendait à corrompre
les mœurs, l'interdit formellemenl dans toute
l'étendue de la province. Un jour qu'il donnait
audience publique, Honayn se présenta à lui et
lui dit : « J'avais une profession qui faisait sub-
.sister ma famille et moi; tu en as prohibé
l'exercice, et tu m'as ainsi réduit à la misère.
— Quelle était la profession, demanda Khâlid?
— En voici l'instrument, » répondit Honayn
en tirant un luth de dessous son manteau.
« Ah ! tu étais musicien, reprit l'émir; eh bien,
voyons je veux te juger; chante. » Honayn,
s'accompagnant de son lufli, chanta aussitôt
quelques vers qui contenaient des maximes de
morale. Après l'avoir entendu, Khàlid s'écria :
« A la bonne heure; je te permets de chanler,
mais je le permets à toi seul. »
Quelques années plus tard, le gouvernement
de l'Irak fut confié à un autre foncllonnaire,
nommé Richr, qui aimait la musique, et auprès
duquel Honayn fut en grande laveur. Il y avait
alors dans l'Irak un grand nombre de musiciens,
mais tous médiocres, à l'exception de Honayn.
Celui-ci tenait donc en quelque sorte le sceptre
de l'art musical dans la province, lorsqu'il se
vit menacé d'une dangereuse concurrence par
un chanteur d'une contrée voisine, Ibn Mouhri/.,
qui venait chercher fortune. Honayn alla à sa
rencontre, l'aborda, et réussit à l'éloigner par
un cadeau de .''lOO pièces d'or (7,000 fr.).
Honayn, même en sa vieillesse, gagnait d'ail-
leurs beaucoup d'argent, ainsi que le consta-
tait un jour un de ses amis en lui disant : « De-
HONAYN — HOPPFER
puis cinqunnle années que tu chanles et que fu
exploites en Irak la générosité des grands, il
n'en est pns un seul à la fortune duquel tu
n'aies fait une brèche considérable. » Ilonayu
répondit avec fierté -. « Eh ! mes amis, soyez
donc équitables. Ce que je donne, moi, à mes
auditeurs, c'est mon souflle, c'est mon àme.
Ai-je donc tort, après tout, d"y mettre un si
haut ])rix ? «
Ilonayn parvint à un âge Irès-avancé; il
mourut, (lit-on, presque centenaire, sur la (in
du premier siècle de l'hégire (vers 718 ou 719
de l'ère chrétienne), et par suite d'un accident
dont les circonstances sont ainsi rapi^rléc-;
par Caussin de Perceval dans ses JSotices anec-
dotiques sur les musiciens arabes :
« Des chanteurs de la Mekke et de iMédine,
entre autres ibn Souraydj et Malied, l'avaient
engagé à venir visiter ses confrères du Hidjàz.
Pour le déterminer plus sûrement à les satis-
faire, ils lui avaient envoyé une somme d'argent
destinée à le défrayer de son voyage. Honayn
s'achemina vers Médine, où une réception
lui était préparée chez une dame du plus haut
rang, Soucayna, fille de Hoçayn, femme éi^ale-
ment célèbre par son esprit, sa beauté et le
nombre de ses maris. On alla au-devant de
lui à plusieurs lieues hors de la ville, et on le
conduisit en pompe à la demeure de Soucayna.
Lorsque le vieillard y fut entré, Soucayna fit
ouvrir au public les portes de sa maison. La
foule d'amateurs qui se présenta pour entendre
chanter Honayn et ses confrères ne pouvant
tenir dans la salle où ils étaient, la plupart des
curieux montèrent sur la terrasse qui recouvrait
cette salle. La maîtresse du logis leur y fit
porter des rafraîchissements. Honayn, comme
étant le doyen des artistes présents et le héros
de la fête, (ut prié de chanter le premier.
D'une voix encore ferme et agréable, il chanta
une chanson dont il était l'auteur Il n'a-
vait pas achevé sa chanson que tout à coup
on entend un craquement affreux mêlé de cris
d'effroi. La terrasse, surchargée de monde,
s'effondre; les plâtras, les solives tombent
sur les assistants, les auditeurs d'en haut sont
précipités sur ceux d'en bas. Il y eut bien des
contusions et des blessures, mais personne ne
périt, excepté Honayn. Ou le retira sans vie
de dessous les décombres. Il était mort en
chantant. « Pauvre ^> Honayn! (Vu Soucayna, il
n y avait bien longtemps que nous desirions
te connaître; faut-il qu'en f appelant ici
nous t'ayons entraîné à ta perte! »
HONUON (.\nuiE.N), compositeur belge,
a fait représenter h. Tongres, le 12 septembre
1877, un opéra- comique en un acte intitulé
Monsieur Totn. M. Honlion a fait ses études
musicales au Conservatoire de Liège, où il a
remporté, il y a une dizaine d'années, le prix
d'(!xcellence dans la classe d'orgue et le premier
prix de contrepoint et fugue.
* IIOPFE (Jules), compositeur et Tprofes-
seur, est né le 18 janvier 1817 au château de
Hcldrungrn, dans la Thuringe. Il fit de bonnes
études lilléraircs à l'Université de Berlin, et
reçut son éducation artistique à l'Académie
de musique de la même ville, où il se fixa
définilivement. 11 s'y livra à l'enseignement du
piano et de l'harmonie, et devint directeur d'une
société instrumentale. Outre un grand oratorio
intitulé la Résurrection de Lazare, qui a été
exécuté en 1850, on doit à cet artiste un nombre
consiilérable de compositions importantes, des
symphonies, des ouvertures, des trios et des
quatuors pour piano et instruments à cordes,
enfin plusieurs cantates ainsi que des lieder
avec accompagnement de piano.
I10PIÀIi\S (JoHN-LARKiiN), organiste et
compositeur anglais, cousin de M. Edward-John
Hopkins (Voyez Biographie universelle des
Musiciens, t. IV), est né en 1820. Il a fait ses
premières études musicales comme^ enfant de
chœur à l'abbaye de Westminster, puis, après
avoir terminé son éducation, devint organiste
de la catliédrale de Rochester, après quoi il fut
appelé à succéder à Walmisley comme orga-
niste du Trinity collège, à Cambridge. M.
Hopkins a écrit un grand nombre de compo-
sitions pour l'orgue et pour la voix, des services
religieux, etc.
IIOPP (Juuus), compositeur allemand, a
écrit les paroles et la musique d'une parodie
de Faust, qui, sous le titre de Fxustling und
Margareth'l, a été représentée à Berlin, sur
le théâtre Friedrich- Willielm, au mois de juil-
let 1872.
HOPPFER (Louis-Bernard), pianiste et
compositeur, né à Berlin le 7 août 1840, se
consacra de bonne heure à l'élude de la musi-
que, et reçut une excellente éducation technique
à la nouvelle Académie de musique, que venait
de fonder M. Théodore Kullak. Il devint, dans
cet établissement, l'élève de M. Kullak lui-
même pour le piano, de MM. Wohlers et Espeu-
halui pour le violoncelle, enfin de MM. Dehn
et Richard Wuerst pour la théorie de l'art et
la composition. M. Hoppferse fit d'abord con-
naître, en tant que compositeur, par plusieurs
productions instrumentales importantes , entre
autres deux sonates pour piano et violon,
un quatuor pour piano, violon, alto et violon-
IIOPPFER _ IIORTA Y LLEOPAIlT
celle, un quinteUc pour instruments à cordes,
des marelles, etc., et aussi par un certain
nombre de lieder. Il avait acquis ainsi une
certaine notoriété lorsqu'il (il représenter à
l'Opéra de Berlin, le 11 avril 1871, un drame
lyrique que le puhlic attendait avec impatience.
Cet ouvrage, intitulé Friihjof, ne répondit pas
aux espérances quon en avait conçues, et n'ob-
tint qu'im mince succès malgré la présence des
deux artistes aimés qui en remplissaient les
principaux rôles, M. Niemann (Fritlijofj, et M""^
Mallinger (Ingeborg). Peu de temps après, le
17 juin de la même année, M. Hoppfer faisait
exécuter sur cette même scène de l'Opéra, mais
en dehors de la saison théâtrale, une sorte de
grande légende musicale pour soli, chœurs et
orchestre, Borberoussc, qui paraît avoir été
accueillie aussi par le public avec une certaine
réserve, bien que M. Niemann en chantât encore
la partie principale. On connaît aussi de Hoppl'er
un opéra-comique intitulé PÉludiant de Pra-
gue, le 23'' psaume pour soli, chœur et or-
chestre, et une ballade pour voix seule, chœur
et orchestre. Cet arliste est mort dans toute la
force de la jeunesse, à Niederwald, près de
Rudesbeim, le 21 août 1877. — Son frère aîné,
Emile-Henri Hoppfer, né à Berlin le 22 jan-
vier 1838, a commencé par étudier aussi la
musique, au Conservatoire-Stern, mais s'est
tourné plus lard vers la poésie et les lettres.
Critique et correspondant de théâtres, il vécut
à Hambourg depuis 1872. C'est lui qui a écrit
pour son frère, qu'il précéda de peu de jours
dans la tombe, les livrets des trois ouvrajges
que celui-ci a mis en musique.
* IIOUAK (Wenceslas-Emmanuel), com-
positeur, organiste et écrivain musical, est
mort à Prague le 4 septembre 1871. Il était
né à Mscheno (Bohème), en 1800.
I10RA.T1IS (Cesare DE), théoricien italien,
est l'auteur de l'ouvrage suivant : IS'uovi h'ie-
menti délia scienza acuslico-musicale, appli-
cabili alla scienza délie arti, INaples, 1865.
UOIlK(;i;i (Félix), virtuose sur la guitare
et comi)Ositeur pour son instrument, naquit en
Pologne vers la fin du dix-huilième siècle.
Employé un instant à la Chambre des comptes
de Varsovie, il quitta cette ville en 1815 pour
aller s'établir comme professeur en Aul riche,
et se fixa à Vienne. Là, il réns>it pleinement,
donna des leçons aux archiduchesses, et se vit
patronné par la cour. Pourtaid, au bout de
quelques années, il i>arlit pour l'Angleterre,
commença à composer pour son instrumeid^
puis s'établit à Edimbourg, et publia environ
une centaine d'œuvres pour la guitare. On
trouve dans ces morceaux, qui se répandirent
beaucoup en Angleterre, de la grâce et de la
facilité. Horeçki fut le premier maître du cé-
lèbre guitariste polonais Stanislas Szczepanowski
{Voyez ce nom). Il était encore à Edimbourg
en 1833.
IIORMILLE (Jean-Jacques), compositeur,
chef d'orchestre et violoniste, né à Nancy le
17 novembre 1799, était attaché au théâtre
de l'Opéra-Comique, en 1829, en qualité de
second chef d'orchestre. Il entra peu de temps
après (lors de la fermeture de la salle Venta-
dour) comme premier chef au Gymnase dra-
matique. Il demeura à ce théâtre jusqu'en 1845,
se faisant remarquer par le talent qu'il dé-
ployait dans la composition des airs et mor-
ceaux nouveaux qu'il écrivait pour les nom-
breux vaudevilles joués à ce théâtre. Aujour-
d'hui retiré à Nancy, sa ville natale, M. Hor-
mille, qui avait été en 18i3 l'un des 46 mem-
bres fondateurs de l'Associalion des artistes
musiciens, est président du Comité correspon-
dant de cette association à Nancy.
* IIORN (Charles-Edouard), chanteur et
compositeur anglais, était allé, sur la fin de sa
vie, se fixer aux États-Unis. Il y est mort en 1849.
HORN (Auguste), pianiste et compositeur
allemand, né le 1""' septembre 1825 à Freiberg,
en Saxe, a fait de très-bonnes études musicales
au Conservatoire de Leipzig. 11 s'est, une fois
son éducation terminée, livré à la composition,
et a publié, en même temps qu'un certain
nombre de lieder, des fantaisies et des mor-
ceaux de genre pour le piano. Il a aussi fait
représenter à Leipzig, le 28 février 1875, une
opérette intitulée les Voisins. M. Horn est l'au-
teur des excellents arrangements pour le piano
à quatre mains, publiés par la maison Peters,
des symphonies d'Haydn, de Mozart et de
Beethoven.
IIORIXSTEIN ( ), compositeur alle-
mand, a fait représenter à Munich, en 1872,
un opéra intitulé l'Avocat de village.
* IIORSLEY (Chaules-Edouard), né à
Kensington (près Londres) le IG décembre 1821,
est mort à New-Vork le 28 février 187G. 11
était depuis longues années fixé en cette ville,
d'où il envoyait à une feuille spéciale de Londres,
le Musical .standard, des lettres fort intéres-
santes sur l'état de la musique aux États-Unis.
IIORTA Y LLEOPAKT (Anasïasio),
organiste et compositeur espagnol, né dans la
seconde moilié du dix-huilième siècle, étudia
le piano et l'orgue avec José Maseras, et la
composition avec Andrevi et Queralt. Dès sa
plus grande jeunesse il se distingua sur l'orgue,
HORTA Y LLEOPART — HUBEUTI
et fut siiccessivempnt organiste des églises de
Saint-Pliilippe de Néri, de Saint-Sévère et des
Saints Juste et Pasteur, de Barcelone. Rarement
il lui arrivait de jouer des morceaux étudiés,
quelque solennelles que fussent les cérémonies,
parce qu'il improvisait d'une façon admirable.
Son exécution était rapide et brillante, et se
distinguait par l'élégance de mélodies char-
mantes qu'il accompagnait d'une chaude et ro-
buste harmonie. Il écrivit quelques compositions
pour voiv avec accompagnement d'orgue et
pour orgue seul, et instruisit un grand nombre
d'élèves qui lui firent beaucoufi <rbonneur.
Horta, qui était extraordinairement contrefait,
et qui, tout debout, n'était pas plus liaut qu'un
enfant de dix ans (s'il était petit par la taille,
dit un biographe, il était grand par le talent),
mourut à Barcelone le 12 février 1843.
IIOUSSÏJ (Antoine), était un organiste
distingué qui vivait au dix-septième siècle, et
dont le neveu était aussi un artiste de talent
dans le même genre. « Parmi nos organistes
les plus habiles que la mort a enlevez, dit Ti-
ton du Tillet dans son Pornoxsc François, on
ne doit pas oublier.... Antoine Houssu, orga-
niste de l'église de Saint-Jean-en-Grève et
Houssu, son neveu, qui lui avoit succédé à
cette place. » C'est là le seul souvenir qui nous
reste de ces deux artistes, et il m'a été impos-
sible de savoir si l'un ou l'autre avait laissé
quelques compositions.
HOWEf.L (F ), compositeur anglais,
est l'auteur d'un oratorio, fhe Land of promise,
qui a été exécuté à Westerham en 1872.
IIUBANS (CuARLEs), hautboïste, chef d'or-
chestre et compositeur, né vers 1820, a occupé
pendant plusieurs années à Paris les fondions
de chef d'orchestre au Cirque d'hiver. Plus
tard, il remplit le même emploi aux concerts de
Paris, où il succéda à M. Musard fils, puis au
café-concert de l'Alcazar, et enfin il entra en la
même qualité aux Bouffes- Parisiens, qu'il a
quittés depuis pour entrer aux Folies-Bergère.
Il a donné aux Bouffes-Parisiens, en 1874,
le Tour de Moulinet, opérette en un acte,
qu'il a fait suivre de quelques autres ou-
vrages dont voici les titres : la Belle Lina,
opéra bouffe en 3 actes (Athénée, 187,5), qui
n'eut que quatre ou cinq représentations,
par suite de la fermeture du théâtre,- les
de\tx Loups de mer, saynète en un acte
(Casino d'Engbien, 1876); Rien qu'un jour,
opéra-comique en 3 actes (Fantaisies-Parisiennes
de Bruxelles, 1876). M. Hubans a fait jouer
encore, dans divers cafés-concerts, plusieurs
opérettes en un acte : Un Amour dans le dos.
Héloïse et Ahedard, liavigore et Collodium,
Prisonnier par amour. Un Fausse Gélatine,
les Grignolleuses, etc., et il a écrit quelques
airs nouveaux pour un grand vaudeville joué
au théâtre Déjazet : les Femmes qui font des
scènes. Enfin, cet artiste a publié un certain
nombre de romances et chansonnettes, ainsi
que plusieurs morceaux de genre pour le haut-
bois. Tout cela est de médiocre valeur.
HUBENE (Louis), pianiste, professeur et
compositeur belge établi à Bruges, et, je crois, né
en cette ville, fut élève d'un musicien nommé
Berget, son oncle, qui avait lui-même étudié sous
Cherubini. Devenu carillonneur communal et or-
ganiste d'une des principales églises de Bruges,
cet artiste s'est fait connaître comme composi-
teur non-seulement par un grand nombre de mor-
ceaux de piano, dont quelques-uns ont été pu-
bliés à Paris, chez l'éditeur M. Maho, par des
motets exécutés dans diverses églises, mais
encore par trois opéras flamands dont voici
les litres : 1° Baudeuujn van Constantino-
pelen, 2 actes, représenté sur le théâtre de
Bruges au mois de septembre 1853; 2" Willem
Beukels, un acte, non représenté; 3° Bertha
of maed en Heldendaed {Berthe, ou courage
et héroïsme) ; j'ignore si ce dernier a vu le jour.
HUBER (Feriiinand), compositeur, né vers
1780, mort à Saint-Gall le 9 janvier 1863, est
l'auteur des lieder suisses les plus renommés.
Il en dédia un cahier à Mendeissohn, qui lui
écrivit à ce sujet une lettre de chaleureuses
félicitations.
HUBER (HvNs), pianiste et compositeur
allemand contemporain, s'est fait connaître en
ces dernières années par la publication de
de diverses compositions pour son instrument,
entres autres les suivantes : Blxlter und
Blûthen, pièce de concert, op. 2; élude sur
un thème original, op. 7 ; Bdderbuch ohne
Bilder, 10 fantaisies, op. 12; Fantaisie pour
piano et violon, op. 17 ; Mélodies pour piano,
op. 21 ; 5 Ilumoresques, op. 24.
IIUBERTl (Gustave-Léon), compositeur
belge, né à Bruxelles le 14 avril 1843, fit ses étu-
des musicales au Conservatoire de cette ville.
Après avoir obtenu au concours de Bome, en
1863, le second grand prix de composition pour
sa cantate de Paul et Virginie, il obtint le
premier prix en 1865, avec une cantate qui avait
pour titre la Fille de Jephté. Dans un grand
concert donné par lui à Bruxelles au mois d'Oc-
tobre 1870, cet artiste a fait entendre un«
suite d'orchestre, un concerto de piaoo avec
accompagnement d'orchestre, une ballade et
quelquesiniorceaux de chant- Depuis, il a fait
HUBERTI — IIUERTA Y CATURLA
ex(?ciifer à Druxelles, dans la salle de la Grande-
Ilarinonie, un oratorio flamand intitulé De laais/e
Zoiiticslraat (le Doriiier rayon de soleil), (|ui
pariiit n'avoir obtenu qu'un inodiocrc succès.
M, Iliiberti est, assnre-l-on, l'un des champions
les plus décides de Part (lamand, c'est-à-dire de
la fraction de l'école belf;equi, en opposition avec
celle qui suit les traces et les traditions des Grélry ,
des Gossec et des Grisar, tourne ses vues du côle
de la nouvelle Allemagne musicale et se ranime
sous les drapeaux de M. Richard Wagner. Le chef
déclaré de ce groupe artistique est M. Pierre
Benoit, directeur du Conservatoire d'Anvers.
IIUEL ( ), professeur et compositeur,
vivait dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle, et faisait partie de la musique des Suis-^es
de la ganle de Louis XVI. lia publié un recueil de
six sonates à violon seul, avec la basse, op. 1.
HUER TA Y CATURLA (Trinité Fran-
çois), virtuose célèbre sur la guitare, artiste
étrange et surprenant, est né à Oribuela, près
Cadix, le 8 juin 1803. On ignore quelle était
son origine, et avec qui il apprit la musique ;
mais on sait qu'étant entré à dix- sept ans
comme cadet dans l'armée espagnole, il prit
part au soulèvement militaire de 1820, dont
l'un des chefs était le général Ricgo, et qu'en
1823, lorsque le roi Ferdinand Vil eut écrasé
l'insurrection avec l'aide de l'armée française,
il se vit obligé de venir chercher un refuge en
France et vint tout droit à Paris, avec tant
d'autres. Ici, il songea, se trouvant sans res-
sources, à tirer parti de ses connaissances mu-
sicales, se fit [)atronner i)nr le fameux chanteur
Garcia, son compatriote, le père de la Malibran,
et se produisit dans les concerts avec un
énorme succès, que justifiait son talent vérita-
blement prodigieux sur la guitare. Garcia quit-
tant i'I'^urope en 181iô pour aller diriger en
Aniéri(iuo une trou|)e d'oj'éra italien dont lui,
sa femme et ses enfants formaient les éléments
principaux, emmena lluerta, qui se rendit
avec lui à >'e\v-York, et sans doute se fit en-
tendre comme guitariste dans les représenta-
tions de la compagnie Garda; toutefois, ce
qui est certain, c'est que lluerta monta sur la
scène aussi conime chanteur, et qu'à New-Yoi K
il se montra, aux cAtés de Garcia, dans le rôle
de don Basile du Barbier.
11 est à croire pourtant que Huerta ne resta
que quelque temps avec son ami. Après avoir
visité les États-Uni« et la Havane, il revint eu
Europe et se rendit à Londres, où il n'obtint
pas moins de succès que naguère à Paris, et
où il gagna des sommes considérables. De là
il partit pour Malle, de Malte gagna Constanti-
nople, et revint en 1830 à Paris, où il se lia
avec Rossini, et, l'année suivante, connut Pa-
gauini. 11 retrouva en Franco ses triomphes
passés, et devint l'idole du public, qui lui faisait
fête chaque fois qu'il se taisait entendre. « En
vérité, — disait Fétis dans la Jlevue musicale
— en vérité, M. lluerta est un honuue fort
extraordinaire ; les difficultés qu'il exécute
tiennent du prodige. Rien ne peut donner l'idée
de la merveilieu>e agilité de ses iloigts. » On
le louait alors en prose et en vers, et M"'° de
Girardin, devenue déjà fameuse sous son nom
de Delphine Gay, exaltait ainsi .son talent :
L'avez-vous entendu ce troubiiilour ii'Esp,Tgne,
Qu'un art inelocliciix .■uix coiiibat-; accmiip/igiiL'?
Sur sa guitaïc il cliuntc et soupire à la fols;
Ses doigts ont un accent, ses cordes une voix;
Son cliant est on poenie luruiuiiiciu sans rime ;
Tout ce que l'on éprouve et l'on rêve, il l'exprime,
les cœurs à ses accfirds se sentent rajeunir;
La beauté qui l'écoute, heureuse en souvenir.
S'émeut, sourit et pleure, c' croit encore entendre
Ce qu'on lui dit Jamais de plus doux, de plus tendre.
Sa };uitare, en vibrant, vous parle tour à tour
Le Iangai:e Q'csprit, le lani:age d'amour;
Chacun y reconnaît l'instrument qui l'inspire :
Pour le coiiiposileur c'est un orclieslre entier.
C'est le tambour léger pour le basque en délii'e,
C'est le clairon pour le guerrier,
l'our le poL'te c'est la lyre !
En 1833, Huerta retourne pour un instant
dans sa patrie, puis il revient à Paris l'année
suivante, fait bientôt un grand voyage dans les
départements, qui ne l'accueillent pas avec une
moindre laveur, et en 1843 va se faire entendre
en Belgi<]ue. En 1S49, on répand le bruit de
sa mort; la nouvelle était f;iusse, mais on
n'entend plus parler de lui jusqu'au mois d'oc-
tobre 1855, époque où la même nouvelle est
remise en circulation par les journaux italiens.
C'est alors qu'on lit dans Vllalia e Popolo -. —
<c Le célèbre guitariste espagnol Hueita vient
de mettre fin à ses jours, en se tirant un coup
de pistolet dans le cœur. Son cadavre a été
trouvé dans une des rues les moins fré'quentées
de Nice. Avant de mourir, il avait écrit une
lettre pour recommander que l'on distribuât en
(cuvres de bienfaisance une somme d'argent
(|u'il avait en sa possession. 11 devait donner
un concert à Nice, et déjà les affiches étaient
placardées. » Cependant, cette fois encore, et
malgré des détails si précis, la nouvelle de la
mort de lluerta était controuvée ; l'artiste est
encore, à rbcnrc présente, en parfaite santé,
après avoir fait, il y a peu de temps encore
(1873), un voyage en RelgKpie.
La génération présente n'a pu apprécier le
talent de lluerta; mais il fallait que ce talent
fût bien extraordinaire pour exciter l'entliou-
IIUERÏA y CATURLA ~ HUET
siasme de fous ceux, artistes et amateurs, qui
étaient à même de l'apprécier; et d'ailleurs il
faut se rappeler que lorsque Hiierta se produisit
à Paris, deux autres guitaristes, fort distingués
tous deux, et ses compatriotes, obtenaient eux-
mêmes de grands succès aiq)r6s du pul)lic ;
je veux parler de Sor et d'Aguado. Il est vrai
que le jeu de ceux-ci était normal, classique
si l'on peut dire, tandis que Huerta était un
virtuose d'une nature étrange, d'un ordre ex-
ceptionnel , qui semblait transformer la gui-
tare en lui demandant ce qu'on n'en avait jamais
obtenu avant lui, et qui se caractérisait lui même
avec justesse, sinon avec modestie, en répétant
sans CHSse : Je souis lé Paganini dé la goui-
tare ! Fétis disait, dans la Berne mvsicale du
21 juillet 1832^ en parlant de cet artiste pro-
digieux : — « Nous avons déjà dit et tout le
monde sait que M. Huerta exécute sur la gui-
tare de très-grandes difficultés; mais lorsque
j'entends un artiste distingué déployer un talent
peu ordinaire sur la guitare, la sensation qui
domme en moi est celle du regret de voir des
facultés applifpiées d'une manière peu utile; car
un fait qui ne peut être contesté, c'est que la
guitare est destinée à demeurer constamment
dans un état complet d'infériorité à l'égard des
autres instruments, malgré tout le talent que
des artistes tels que MM. Aguado et Huerta
emploient à donner plus d'étendue à ses faibles
ressources. M. Huerta est peu musicien, et
riiarmonie dont il accompagrie ses mélodies
est quelquefois étrange. » D'autre part, il est
certain que Huerta, un peu grisé sans doute
par ses facultés exceptionnelles, prétendait tirer
de la guitare ce qu'elle est inapte à rendre. A ce
sujet, on a mis sur le compte d'un grand mu-
sicien le jugement que voici, qui parait tout à
fait équitable : — « Je reprocherai un défaut à
Huerta. I^arce qu'il entend bruire dans sa tête
les accords nombreux et variés de tout un or-
chestre; parce qu'il sent vibrer en lui, sur tous
les tons, tous les échos de son âme, il s'imagine
pouvoir rendre sur les si\ cordes de sa guitare
tout ce volcan d'harmonie intérieure. Mais
lui seul y est trompé. L'oreille du dilettante
n'entend qu'une voix, qui module harmonieu-
sement, il est vrai, mais qui ne peut servir
d'interprète aux mille voix que l'artiste écoute
chanter en lui. Du reste, Huerta est un excel-
lent guitariste, c'est même le plus excellent
que je connaisse. » Ces réflexions, je le répète,
sont on ne peut plus sensées (1).
(1) On a attribué à Ilacrta la composition du faim \\x
chant national espagnol connu sous le nom i' Hymne de
II CET (Auguste), acteur français qui a brillé
pendant plus de vingt ans sur le tliéàtre de l'O-
péra-Comique, commença sa carrière à l'époque
de la Révolution, sur l'aimable Ihéàtredes Jeunes-
Artistes, habilement dwigé par Foignet, père et
(i\9. {Voyez ce nom), et où l'on jouait beaucoup
d'opéras-comiques. Vers 1798, il passa au théâtre
des Troubadours, où le répertoire se composait
tout à la fois de vaudevilles et de pièces lyriques,
et où il commença à acquérir les qualités qui de-
vaient le distinguer plus tard comme comédien.
Mais celui-ci ayant fait de mauvaises affaires et
ayant fermé ses portes, Huet partit pour la pro-
vince, où il acheva son éducation scéniqiie. 11
était au Grand-Théâtre de Rouen, où il tenait
l'emploi des /io2//e;ç-coH/;v, lorsqu'il fut appelé à
rOpera-Comique. Il y débutale 10 décembre 1805,
dans Adolphe et dura et le Médecin Turc.
Ses commencements furent modestes, et il se
borna à doubler Elleviou et Gavaudan; mais
bientôt on reconnut qu'il était <iouéd'un physique
plein de grâce et de noblesse, d'une voix fraîche
et conduite avec goût, qu'il portait le costume
avec une rare distinction, et qu'enfin ses progrès
en tant que comédien étaient sensibles de jour
en jour. A la retraite d'Elleviou il avait été déjà
reçu sociétaii-e, et le départ de ce grand artiste
lui donna l'occasion de créer quelques rôles
qui lui firent honneur.
En peu d'années, Huet acquit, avec un véri-
Itiego, et je Tai fait raol-méine, en un article publié
sur cet hymne dans la Gazette musicale du 25
octobre I868. Je croyais pouvoir alors ajouter toute con-
liance aux documents sur lesquels je m'appuyais. Je
suis moins sur de mon f^ilt aujourd'hui, quoique je n'aie
pas la preuve du contraire. Je vais donc reproduire, i
titre de simple renseignement, ce que je disais à ce
sujet:— « .... C'était dans les premiers jours de septembre
i820. L'Espagne, cette terre classique des révolutions,
venait de se soulever contre Ferdinand VII, et deux
généraux insurgés Riego et Qulroga, entraient en vain-
queurs à Madrid, obligeant le roi a octroyer une cons-
titution à son peuple. — L'elfervescence était dans tous
Il s esprits, 1 émotion populaire était à son comlile,
toute l'Espagne enfin était dans uie sorte d'enivrement
fac ile à concevoir. C'est à ce moment que deux hommes
se rencontrèrent nans une même pensée, celle de duter
leur pays d'un hymne de résurrection, d'un chant pa-
triotique et national. L'un d'eux, le colonel Kvariste San-
Mrguel, ancien officier de l'armée de Cadix lors du sou-
lèvement de 1812, ancien rédacteur du journal VEspec-
tador, " trlLiuii et poète en même temps que soldat, m
était chef d'état-major de Riego; l'autre, jeune cadet
djns l'armée, était un adolescent de dix-si pt ans, ayant
un peu étudié la musique, et s'appelait lluerla. — Tous
deux associèrent leur inspiration, et dans une nuit de
fièvre ils enfantèrent un chant auquel ils donnèrent le
nom du libérateur, et qu'ils appelèrei t l'Hymne de
Jiiego. L'Espagne avait trouvé sa marseillaise, et huit
jours après, ce chant, devenu rap dément célèbre,
retentissait dans les airs d'un bout a l'autre du pays, u
8
HUET— lîUNDT
table talent, une action l^^gitimé sur le public et
une incontestable autorité. Outre les rôles im-
portants (tu répertoire courant, il s'en vit confier
un grand nombre de nouveaux qui établirent so-
lidement sa réputation, et on le vit ainsi dans
le Philosophe en voyage, Ethelwina, le Négo-
ciant de Hambourg, le Petit Souper, Valent ine
de Milan, Marie, la Vieille, le Colporteur,
l'Orphelin et le Brigadier, Masaniello, etc.,
etc., se distinguant à la fois par ses qualités
vocales et scéniques, et gagnant chaque jour dans
l'estime des amateurs. Huet se fit remarquer
aussi, d'une façon moins connue du public, par
l'énergie, l'activité, l'intelligence et la probité
qu'il déploya lorsque, à la réorganisation de l'O-
péra-Comique, il fut nommé, par l'autorité su-
périeure, l'un des quatre acteurs chargés de l'ad-
ministration de ce théâtre, et l'on assure que sous
ce rapport il rendit d'inappréciables services.
Huet se retira en 1828, pour prendre avec
Paul, son ancien camarade de l'Opéra-Comiquc^
la direction du Grand-Théâtre de Rouen. Tous
deux s'étaient associés à cet effet, mais Paul
ayant obtenu le privilège en son nom seul, voulut
rompre le traité. Huet fit alors valoir ses droits,
par des actes authentiques, et obligea Paul à lui
payer 40,000 francs de dommages- intérêts. Cet
artiste distingué est mort on 1832.
HUGH-CASS ( ), chef d'orchestre et
compositeur, était en 1805 chef d'orchestre du
Casino de Marseille, et remplissait, en 1874, les
mêmes fonctions au théâtre de Toulon. Il a fait
représenter les ouvrages suivants : 1" La Croix
de Jeannette, o\)éTSi-com\(nie en un acte, Grand-
ThéàtredeMarseille, 17 janvier 1865; 2«Za Ronde
de nuit, opérette en un acte, Alcazar de Mar-
seille, 10 août 1872; 3° Le légataire de Gre-
nade, drame lyrique en quatre actes, théâtre de
Toulon, 28 février 1874. Ce dernier ouvrage,
dont les paroles, comme celles des deux précé-
dents, étaient l'œuvre de M. Maurice Bouquet,
avait été présenté |)ar ses auteurs au concours
ouvert en 1867 au Théâtre-Lyrique. M. Hugh-
Cass est encore l'auteur d'une saynète burlesque :
Une Revue à Trépigny-les-Oursins.
IIULLAIl (JouN), professeur, théoricien cl
écrivain musical anglais, est né à Worcester en
1812. Élève d'abord de Horsiey, il entra en 182!)
à l'Académie de musique de Londres, où il suivit
le cours de chant de Crivelli. En 1832 il se pro-
duisit comme compositeur, en écrivant la mu-
pique des Coquettes de village, opéracomiciue
de Charles Dickens, puis bientôt il se livra à
l'enseignement et à la propagation du chant
populaire, et fit depuis lors, dans cet ordre
d'idées, les efforts les plus intelligents, les plus
persévéranf.s et les plus heureux. Il fit cons-
truire en 18'i7, pour ses exercices, une grande
salle de concerts connue sous le nom ût Suint-
Martin's Hall, que le feu détruisit en 1860. Cet
événement, qui le ruinait à peu près complète-
ment, le rendit l'objet des plus ardentes sympa-
thies, et ses élèves, ses amis, ses partisans lui
donnèrent en cette circonstance des preuves non
équivoques de leur vive affection.
M. John Hullah a été professeur de musique
vocale et d harmonie aux collèges du roi, de la
reine et de Bedford, à Londres, organiste de la
Chartreuse, directeur de l'on hestre et des chœurs
de l'Académie royale de musique. En 1872, le
Conseil d'Éducation l'a nommé inspecteur mu-
sical pour le Royaume- Uni; depuis lors, il s'est
démis de ses fonctions au Collège du Roi.
M. Hullah a produit de nombreux ouvrages
d'enseignement, et il s'est occupé aussi avec ar-
deur des questions relatives à l'histoire de la
musique. Voici la liste de ses ouvrages les plus
importants : 1° Méthode de chant de B. Wilhem,
traduite en anglais ; 2° Notation. Résumé histo-
rique concernant le choix,- la convenance et
la formation des lettres et des caractères qui
constituent l'alphabet musical; 3° Histoire de
la musique moderne (the Historij of modem
music), ouvrage formé d'une série de lectures
faites par l'auteur à l'Institution royale de la
Grande-Bretagne (Londres, Longmans, 1862, in-
8°; 2' édition 1875) ; 4' La Période de transition
de l'histoire musicale [the Transition period
of musical history], ouvrage formé dans les
mêmes conditions (Londres, in-8°); 5° i^Hrf(7?^e?^<s
de la grammaire musicale; 6' Grammaire de
Vharmonie musicale; 7" Grammaire du con-
trepoint ; 8° Exercices pour la culture de la
voix; etc. M. Hullah a publié aussi des recueils
de chants pour les enfants, et il a donné, dans
des publications spéciales, un grand nombre d'ar-
licles sur des sujets relatifs à la musique.
IIÛLSKAMP (Gustave-Henri), habile
facteur de pianos, fondateur et directeur d'une
des maisons les plus considérables en ce genre
qui existent en Amérique, est né en Westphalie.
En 1830 il alla se fixer aux États-Unis, établit
à f roy, dans l'état de New- York, une fabrique
de pianos qui, grâce â son talent et à son éner-
gie, acquit bientôt une grande importance, et
obtint en 1857 une médaille pour l'excellente
construction de ses instruments. Depuis 1866,
M. Hiilskamp a transporté sa fabrique dans la
ville même de ;Vew-Vork.
IIUI\I>T (M'" Aline), jeune musicienne
allemande, s'est fait connaître avantageusement,
en ces dernières années, comme chef d'orchestre
HUNDT — HYE (DE LA)
9
et comme compositeur. Au mois de mars ou
d'avril 1871, elle a fait exécuter sous sa direc-
tion à Berlin, dans la salle de l'Académie de
chant, une symphonie en sol mineur et une
grande marche instrumentale qui paraissent
avoir obtenu un grand succès. Un journal alle-
mand disait, en parlant de la seconde de ces
compositions, que c'est une « œuvre originale et
puissante, où le sexe de l'auteur ne se trahit ni
dans la hardiesse de l'harmonie, ni dans la cou-
leur de l'instrumentation. » J'ignore si, depuis
lors, celte artiste s'est produite de nouveau.
HURLEBUSCH (Conrad-Frédéric), or-
ganiste et compositeur, né à Brunswick en 1696,
vivait vers le milieu du dix-huitième siècle à Ams-
terdam, où il devint organiste de l'église réformée.
Les renseignements manquent sur l'existence de
cet artiste, qui fut un compositeur très-fécond,
mais dont on ignore les dates de la naissance et
de la mort; on sait seulement qu'il était déjà
oiganiste à Amsterdam en 1738, et qu'il vivait
encore dans cette ville en 1766. On connaît les
œuvres suivantes de Huriebusch : l» Vlnnocenza
difcsa, opéra italien; 2° Flavio Cuniberio,
opéra italien; 3" VI Sonate di cembalo, Amster-
dam, 1746; 4° Les \bO psaumes de David avec
ses motets, composés pour le clavecin et l'or-
gue, d'après la base et la vraie harmonie, to-
nalité, basse chiffrée, avec petits agréments,
etc., Amsterdam, Jan Freisiich, 1766; 5" 80 à
100 airs italiens, avec instruments; 6° 12 Can-
tates italiennes, avec violon et autres instru-
ments ; 7° Cantates italiennes, avec basse et chant ;
8" 12 concertos, 12 sonates et 8 ouvertures;
9^ 6 concertos pour clavecin, avec instruments;
10° 24 fugues pour clavecin et orgue; 11» 18 so-
nates ou suites pour le clavecin. Huriebusch est
encore l'auteur d'un grand ouvrage sur la théorie
de la musique.
IIURTADO (Pierre), musicien du dix-sep-
tième siècle, évidemment d'origine espagnole (il
signait: Pierre Hurtado y de Avalos), mais tl\é
dans les Pays-Bas et peut-être né dans cette con-
trée, était fils d'un lieutenant de cavalerie au
service du roi des Pays-Bas. Pendant dix ans il
fut enfant de chœur à la chapelle royale de
Bruxelles, et devint ensuite maître de chant à
l'église Saint-Bavon, cathédrale deGand. M. Van
dei Slraeten a retrouvé, dans les archives de l'é-
glise de Sainte- Walburge, d'Audenarde, une liste
datée de 1734 et donnant l'inventaire de la mu-
sique appartenant alors à cette église; cette liste
contient la mention des compositions suivantes de
Pierre Hurtado : 1° Motet de chœur, à 4 voix et
3 instruments; 2" Motet de chœur, à 3 voix et 3
instruments; 3° Motet à 3 voix; 4° Te Demn à
6 voix et 3 instruments ; 5° Motet à 6 voix et 3
instruments.
* HUTII (Louis), compositeur allemand,
est mort à Londres en 1859.
HUTOY (Eugène), compositeur belge, né à
Liège le 2 juillet 1844, a fait son éducation mu-
sicale au Conservatoire de cette ville, où il suivit
les cours de solfège, de violon, d'harmonie et de
fugue. Après avoir publié quelques mélodies
vocales, cet artiste a écrit la musique de deux
opéras-comiques en un acte, l'un, Quiroco et
Cristi, représenté au Pavillon de Flore, à Liège,
le 8 février 1872, l'autre, la Posada ou le Sou-
per du Roi, représenté au théâtre royal de la
même ville le 24 février 1874. M. Hutoyesl pro-
fesseur de solfège au Conservatoire de Liège, de-
puis 1872.
Le frère puîné de cet artiste, M. Achille Hii-
toy, né à Tournai le 2 avril 1849, s'est adonné à
l'étude de la flûte et est devenu un artiste dis-
tingué. Elève aussi du Conservatoire de Liège, il y
a été couronné au concours de 1869. Il fait aujour-
d'hui partie de l'orchestre de M. Bilse, à Berlin.
* IIUTSCHENRUYTER (Guillaume),
compositeuretchef d'orchestre,est né à Rotterdam
le 25 décembre 1796. Il étudia dans sa jeunesse le
violon, le cor et la trompette, fit un cours com-
plet d'harmonie et de contrepoint, puis se livra
avec succès à la composition. Doué d'une intel-
ligente initiative secondée par un savoirréel, cet
artiste contribua d'une façon considérable au dé-
veloppement du goût musical dans sa ville natale :
directeur des concerts de la Société Eruditio mu-
sica, mallre de chapelle de l'église St-Dominique,
chef de la musique de la garde bourgeoise, direc-
teur de la Société Musis sacrum et de la société
chorale £"M;er/)e, professeur à l'École de musique,
il a occupé pendant longues années une position
brillante et exercé une grande influence sur la
marche de l'art. Comme compositeur, on lui doit
les ouvrages suivants il» le Roi de Bohême,
opéra représenté à Rotterdam ; — 2° quatre sym-
phonies à grand orchestre (dont une publiée à
Bruxelles, chez Schott) ; — 3° deux ouvertures
de concert, couronnées par la Société musicale
des Pays-Bas; — 4° une ouverture pour instru-
ments à vent; — 5" plusieurs recueils de lieder;
— 6° des chants d'écoles (publiés à Schiedam,
chez Roelandt) ; — 7" plusieurs messes ; — 8" des
cantates; — enfin un grand nombre de compo-
sitions de divers genres, qui portent le chiffre de
ses œuvres à plus de cent cinquante. Cet artiste
vivait encore à Rotterdam en 1864.
HYE (>!■"« DE LA). — Voyez LA HYE
(M"" DE).
IBi\ AK'JIA (Mohammfd), clianteiir ara-
be, élève de Djémîlè et de Màbed, fut l'un
«les artistes les plus renommés <le l'Orient.
Mais il était «loué «l'un orgueil insupportable,
et tel, dit un bio;iraplie, que si on le priait de
chanter, il se fâchait, et que s'il chantait et
qu'on lui criût : Bravo ! il s'emportait et cessait
aussitôt, disant qu'il n'avait pas besoin d'ap-
plaudissements. Pour donner une idée de son
talent, on raconte qu'un jour, se trouvant à la
MeKUe et voyant passer une immense troupe
de p«4|erins, Ibn Aiclia dit à un ami : — « Je
connais un homme qui, s'il ouvrait la bouche,
tiendrait tout ce monde immobile et arrêterait
la circulation. — Qui donc? demanda l'ami.
— Moi, » répondit-il, et il se mit à chanter.
A .sa voix, tout le cortège cessa d'avancer, les
litières .se pressaient et s'entre-choquaient, les
chameaux allongeaient leur cou vers le chan-
teur, et la confusion qui résulta de celte sus-
pension de la marche faillit amener de graves
accidents.
Un autre fait peint son caractère. Revenant
de Damas, où il avait été appelé par le calife
Walîd I[ et par lui comblé de présents, Ibn
Aicha, retournant à Médine, s'était arrêté au
château de Dhou-Klioucbb, chez El-Ghamr,
frère de ce prince. Un soir qu'il était à boire
avec El Ghumr sur la terrasse qui formait le
toit du château, il chanta un air qui |)lut beau-
coup à celui-ci. El-Ghamr le pria de recom-
mencer; Ibn Aicha refusa par fierté; le prince
in.sista, le chanteur s'obstina, et El-Ghamr,
irrité de ce refus et échauffé par les fumées du
vin, fit précipiter l'artiste indocile du haut en
bas de la terrasse. Quelques-uns disent, il est
vrai, que cette chute fut accidentelle. Quoi
qu'il en soit, Ibn Aicha en mourut, vers l'an
125 ou 1?.G de l'hégire (environ 743 de l'ère
chrétienne).
IBN MOUHRIZ, musicien arabe, vivait
au premier siècle de l'hi^gire (septième siècle de
l'ère chrétienne). C'était un chanteur fort dis-
tingué, s'il faut en croire l'anecdote suivante,
rapportée par Caussin de Perceval dans sa notice
sur un autre chanteur arabe, Honayn el-Hiry (t) :
— " Honayn tenait, en quelque sorte, le sceptre
(1) Notices anecdotiqucs sur tes principaux musiciens
arabes des trois preinicrs\sicctes de l'Islamisme.
de l'art musical dans sa province, quand il ap-
prit qu'il éliiit menacé d'une dangereuse concur-
rence. Ibn Moidu'i/, attiré |)ar ce qu'on lui avait
rajjporté du caractère et des goilts de l'émir
Bichr, fils de Merwân, s'était mis en route pour
venir faire une tournée en Irak. Honayn s'em-
pressa d'aller au-devant d'un rival qu'il redoub-
lait. H le rencontra au bourg «le Cadecyiè, fur
la limite même de l'Irak et «lu déserf. Il fit
connaissance avec lui et le pria de lui faire en-
tendre sa voix. Ibn Mouhriz ayant aussit(it chanté
un air de sa composition , Honayn lui dit : —
« Combien te flattes-tu de gagner dans ce pays ?
a _ Peut-être 1,000 pièces d'or (14,000 fr.),
» répondit Ibn Moubriz. — Eh bien! reprit Ho-
" nayu , contente-toi de 500 (7,000 fr.) ; les
« voici-, va ailleurs, et promets-moi de ne plus
« revenir. « Ihn Mouhriz était modeste en ses
désirs et naturellement disposé à fuir le monde.
Il accepta le marché, et s'en retourna. Les con-
frères de Honayn le plaisantèrent au sujet de
cette aventure. « Riez tant qu'il vous plaira, leur
« dit-il, j'ai agi sagement. Si cet homme était
« entré en Irak, j'étais perdu, ruiné. Il m'aurait
« tellement écrasé de sa supériorité, que jamais
ce je n'aurais pu me relever. »
IBI\-SOURAYDJ, l'un des chanteurs
arabes les plus fameux, brillait dans le premier
siècle de l'islamisme (sixième de l'ère chré-
tienne). « Il avait, dit Caussin de Perceval
la peau brune, peu de barbe^ le teint couperosé,
les yeux louches. H se coiffait habituellement
d'un chapeau rond et se couvrait le visage
d'un léger voile, lorsqu'il chantait, afin que l'at-
tention des auditeurs ne AU pas distraite par
la vue de sa figure disgracieuse, et se fixât
uniquement sur sa voix, qui était d'une grande
beauté. Né à la Mekke à la fin du califat d'O-
mar, fils de Khaltab, il eut pour ma'.îie de chant
ibn-Mouçaddjih. H alla ensuite à Médine, où il
fré(|uenta la maison d'Âzzè-tel-Meylà et apprit
plusieurs des airs de cette cantatrice. De retour
à la Mekke, il y demeura longtemps obscur;
il cxer(;ait la profession de ndijeJi ou chanteur
de vers élégiaques dans les funérailles. Il végéta
ainsi jusqu'à l'âge de quarante ans. »
En réalité, Ibn-Souraydj naquit vers l'an 23
de l'hégire, soit vers 641 de l'ère chrétienne.
Les circonstances finirent par lui être favora-
bles, et, après une jeunesse obscure, plusieurs
IBN-SOURAYDJ — IMBIMBO
H
occasions lui permirent de mettre en relief
son très-beau talent de ciianleur et môme son
habileté à composer de jolis airs, et il (itiit par
être considéré à la Mekke, à Médine et dans
tout le Hidjàz pour le premier des nayeh.
Bientôt il augmenta encore sa renommée en
prenant l'habitude de s'accompagner avec le
lulli, rt il fut, assure-ton, le premier qui
chanta des vers arabes en s'aidant de cet ins-
trument.
L'histoire de sa lutte artistique avec un de
ses serviteurs devenu son élève, El-Gharîdh,
affranchi comme lui, est intéressante et cu-
rieuse. Celui-ci avait si bien profité des leçons
de son maître, qu'il devint bientôt son rival,
sa voix paraissant d'ailleurs particulièrement
propre au chant des poésies élégiaques. Ihn-
Souraydj, pour éviier une com]iaraison qui
blessait son amour-propre, abandonna alors la
professjjn de 7wye/i, et s'attacha à composer
des airs d'un style grave et noble, dans les
espèces de rhylhmes du genre ihdkil ou lent.
Mais El-Gharidli le suivit sur ce terrain et en-
gagea avec lui une lutte qui, pendant plusieurs
années, excita l'attention et la curiosité du pu-
blic MeKkois, lequel jouissait du talent des
deux artistes sans accorder la palme à l'un
plus qu'à l'autre. Ibn-Souraydj voulut alors
changer de nouveau sa manière, et se mit à
composer des hazadj, airs tendres et faciles,
et surfout des ramai, mélodies vives et agitées;
mais, là encore, Ei-Gharîdh le poursuivit et
presque l'égala. Enfin, Ibn-Souraydj composa
un jour, sur des vers du poète Omar et dans
le rhylhme tliakil second, un chant d'une si
grande beauté et d'une allure si magnifique,
que son rival dut s'avouer vaincu ; cet air a
été mis au rang des chefs-d'œuvre de la musi-
que arabe.
La renommée du chanteur devint immense,
et le calife Walîd, fils d'Abd el-Mélik, à son
avènement au trône, le fit venir à Damas et
en fit son favori. C'était d'ailleurs un fort hon-
nête homme, aussi estimé pour sa conduite
qu'admiré pour son talent. Attaqué de l'éléphan-
tiasis, il mourut à la Mekke, dans sa quatre-
vingt-cinquième année, vers l'an 108 de l'hégire
(726 de J.-C).
IMBAULT (J -J ), violoniste, puis
éditeur de musique , naquit à Paris le 9 mars
1753. Il commença jeune l'étude de la musique,
et à l'âge de dix ans devint pour le violon l'élève
de Gaviniés, sous la direction duquel il acquit
un remarquable talent. 11 débuta comme virtuose
à dix-sept ans, en se faisant entendre dans les
concerts donnés au profit de l'École de dessin
fondée par Bachelier, et l'on raconte que son
succès y fut si grand que, pour hii exprimer sa
satisfaction, M. de Sartine lui accorda le droit de
désigner un élève i)oui' élre admis dans cette
école. Imbault se prodinsit ensuite au Concert
spirituel, puis aux brillantes séances de la So-
ciété olym|)ique, et il eut l'honneur d'exécuter
trois fois avec Violti, devant la reine Marie-An-
toinette, les symphonies concertantes de cet iU
lustre maître. Sous l'empire, il lit partie de l'or'
cliestre île la chapelle.
Vers 1780, Iiubault, qui avait été attaché pen-i
dant quelques années à l'orchestre de l'Opéra, se
nn't à la tète d'un établissement d'éilition musi-
cale qui fut bientôt l'un des premiers de Paris.
« Comme éditeur de musique, disait le Diction-
naire historique des Musiciens, il s'est attaché
plus constamment que tout autre à donner des
éilitions belles et correctes, môme dans les ou-
vrages les plus onhnaires; outre cela il en a
donné un grand nombre de très- bonnes et de
très-importantes; on lui doit le Traité de la
fugue et du contrepoint de Marpurg, VÉcole
d'orrjve par M. Jos. Martini, les Méthodes de
violoncelle par Tillière, Bréval et L. Duport. 11
a publié en 1808 une superbe édition des quatuors
d'Haydn, au nombre de cinquante-six, avec le
portrait de ce compositeur. » Parmi les très-
nombreuses publications faites par imbault, il
faut citer aussi plusieurs concertos de violon de
Roile, des duos de Viotti, des sonates de clavecin
de Boieldieu, et l'un des chefs-d'œuvre de son
vieux maître Gaviniés, les ringt-quatre Mati-
nées. Peu de temps avant la mort de ce dernier,
en 1800, Imbault donna deux brillants concerts
à son bénéfice , et Gaviniés , reconnaissant en-
vers son élève, lui fit don de son portrait dessiné
par P. Guérin.
lAlBERTouYMBERT (Tn ),composU
teiu-, a fait leprésenter le 8 mars 18f)l, au Théâ-
tre-Lyrique, un opéra comique en un acte inti-
tulé les Deux Cadis. Ce petit ouvrage, très-bien
accueilli du public, renfermait de bonnes qualités
et semblait d'un bon augure pour l'avenir du
jeune artiste qui débutait ainsi. Pouitant, et
j'ignore pourquoi, il n'a plus été question depuis
lors de M, Imbert, qui a seulement publié la
partition d'une sorte de petit oratorio, Bethléem,
« pastorale » en trois parties (Paris, Choudens).
On doit aussi à ce compositeur quel(|ues ro-
mances et chansons, tiur le Lac, la Baya'
dère, Juliette, Tircis et Amarante, VHiron-'
délie, le Batelier du i\il, Pauvre Jacques,
la Mort et le Bûcheron, le Satyre et le Pas-
sant, etc.
* IM6l\lBO (EM.MA.NUia). Cet artiste est
12
TMBIMBO — INGRANDE (D')
l'auteur d'un Salve regina avec accompagne-
ment d'orchestre, dont M. le docteur Basevi, de
Florence, [tosst'de une copie datée de 1793.
IMME\RAET (Michel), facteur de clave-
cins, né à Cologne à la fin du seizième siècle,
s'établit à Anvers, et fut inscrit au nombre îles
bourgeois de cotte ville le 5 mars 1610. 11 était
contemporain du fameux Hans Ruckers le vieux,
le plus célèbre facteur de clavecins d'Anvers,
qui possédait en ce genre un grand nombre d'ar-
tistes distingués.
IMPALLOMENI ( ), compositeur ita-
lien, a fait représenter au théâtre Garibaldi, de
Palerme, en 1875, un opéra intitulé i-'A^iwia.
IMPERATORI ( ).Un musicien italien
de ce nom a fait représenter sur le théâtre de la
Scala, de Milan, le 22 novembre 1842, un opéra
sérieux intitulé Bianca di Belmonte.
INCIIINDI. — Voyez HE!\NEKINDT.
IIVDY(S\iNT-ANr,E-WiLFRiDD'),né à Valence
(Drôme), le 14 décembre 1821 , est un de ces
hommes de goût qui savent utiliser par la culture
intelligente de l'art, les loisirs que leur crée une
situation aisée et indépendante. Venu à Paris en
1839, M. d'indy y prit des leçons de piano d'An-
toine de Konstki, et eut en même temps Bande-
rai! comme professeur de chant. En outre, il
suivait au Conservatoire le cours de composi-
tion de Carafa, ou plutôt celui que faisait au
nom du maître Alexis Roger, qui obtint en
1842 le grand prix de l'Institut.
Un quatuor pour instruments à cordes, publié
en 1841, chez Challiot , puis un certain nombre
de morceaux pour piano, de duos pour piano et
violon, et de pièces de chant, parmi lesquelles
il faut distinguer une scène dramatique intitidée
Charlotte Corday (M""" Maeyens-Couvreur,
éditeur), tels furent les débuts de M. d'indy
dans la carrière du compositeur. Il écrivit en-
suite sur un livret de M. Emilien Pacini (les
deux Princesses) , un opéra-comique en deux
actes, qui fut représenté le 2 février I8.")0, dans
la grande salle du Con.servaloire, et qui a été
édité par M"''= Maeyens. Le succès de cet ouvrage
engagea M. Perrin, directeur de l'Opéra-Comique,
à accofiter du jeune coinposileur une nouvelle
partition, le Feu sous la nc'<;e; mais différentes
circonstances en tirent ajourner la mise à la .scène,
et ce ne fut qu'en 18G0 que cet opéra, qui avait
été retiré du théâtre, fut représenté au Louvre ,
chez M. le comte de Niewerkerke, et dans quel-
ques autres salons. L'tm des interprèles de l'ou-
vrage était le ténor Capoiil, qui paraissait pour
la première fois devant le public parisien.
Pourvu par M. Roquoplan , directeur de l'O-
péra , d'un poème de M. de Saint-Georges ,
Maître Claude, M. d'indy en avait écrit la
musique, et les répétitions allaient commencer,
lorsque la direction île l'Opéra vint à passer
dans les attributions du ministre de la maison
de l'empereur. L'accès de notre première scène
lyrique s'élant trouvé en même temps interdit
à tout compositeur n'ayant pas encore fait ses
preuves sur une scène subventionnée, M. d'indy
dut rendre .son poème à M. de Saint-Georges,
qui le remania, et le transmit cette fois à M. Jules
Cohen ; ce fut , comme on le sait , l'Opéra-Co-
mique qui hérita de Maître Clavde.
Les derniers ouvrages dramatiquesde M. d'indy
sont deux opéras de salon : Méprise et Surprise,
et Dans le brouillard, composés l'un et l'aiWre
en 1807, sur des paroles de M. Jules d'Evry. Ces
deux partitions, finement touchées, et d'un
caractère très-agréable, ont été exécutées dans
la salle du Conservatoire. Une affection préma-
turée de l'organe visuel, dont la gravité s'est
promptement accrue, a forcé M. d'indy à re-
noncer aux travaux de composition qui lui étaient
chers, et pour lesquels il se sentait heureuse-
ment doué. Je compléterai l'énumération de ses
fl'uvres principales en signalant : un trio |)our
piano, violon et violoncelle, op. 15 (Paris, Ri-
cbaull), deux sonatines pour piano, et une Séré-
nade, dont la mélodie élégante et l'accompagne-
ment soigné donnent la mesure du talent du
compositeur.
M. Wilfrid d'indy a fourni au Correspondant,
de 1869 à 1873, d'inléres.sants articles de criti-
que musicale. Il habite depuis un certain nombre
d'années l'arrondissement de Bayeux (Calvados).
J. C-z.
lA^DY (Vincent D'), compositeur, neveu du
précédent, s'est fait connaître, depuis quehjues
années, par plusieurs productions importantes.
C'est ainsi (pi'il a fait entendre successivement
une ouverture intitulée les Piccolotnini (Concerts
populaires, 1874), des fragments d'une « sym-
phonie chevaleresque» (Société nationale, 1876),
une ouverture iVAntoine et Ciéopâtre (Con-
certs populaires, 1877), et une « chanson espa-
gnole » avec chd'ur intitulé la Chevauchée du
^(/(Société nationale, 1877).Cejeuneartiste, qui
ne manque ni de talent ni de vigueur, mais qui
cbercbe encore sa voie , semble, comme (juel-
(pies-uns des musiciens <ie notre nouvelle école
française, un peu trop imbu des théories éner-
vantes de M. Richard Wagner. M. d'indy a pris
une part assez importante à l'utile et intelligente
publication <Ies cantiques et des madrigauv de
Saloinon Rossi, faite récemment par M. S. Naum-
bourg {Voyez ce nom).
ll\GRA!\DE (Edmond D'), organiste et coin-
INGRANDE (D') — ISMAEL
13
positeur, est né à Paris le 19 mars 1825. D'abord
élève lie W'ilheni et de Tasliin, il travailla ensuite
avec Zimniermann, et prit part, en 1845, an
concours préparatoire pour le prix de Rome.
N'ayant pas réussi, il entra en 1848 au Conser-
vatoire, dans la classe de composition d'Adolphe
Adam, mais n'y resta que peu de temps. 11 devint
bientôt professeur de cliant dans les écoles com-
munales de la ville de Paris, puis, successive-
ment, organiste de l'église Saint-Ambroise , de
Notre- Dame-des-Blancs-Manteaux, et maître de
chapelle à Saiut-Leu. M. d'ingrande a écrit un
grand nombre de chœurs orphéoniques : le
Guet, Il est minuit , les Papetiers , le Chant
des Forgerons, la Fêle du bon Dieu, les Génies
de la terre, l'Union de l'industrie et des arts,
le Chant de V atelier, qui ont été couronnés à
différents concours; il est aussi l'auteur d'une
grande cantate , Jeanne d'Arc, pour soprano et
chœurs, avec accompagnement de piano et ins-
truments à cordes, couronnée par la Société libre
des Beaux-Arts, et de deux messes brèves à 3
voix d'hommes, avec accompagnement d'orgue,
qui lui ont valu deux mentions honorables au
concours ouvert en 1874 par la Société des com-
positeurs de musique. IVI. Edmond dlngrande a
pris part à la rédaction du journal l'Orphéon et
à celle de l'Union chorale, devenue plus tard
l'Union musicale.
IMGUEZ ( ), organiste espagnol con-
temporain, a publié chez l'éditeur Romero y
Andia, à Madrid, un Traité complet de plain-
chant et une Méthode complète, théorique et
pratique d'orgue.
* li\SANGUlI\E (Jacques). Aux ouvrages
dramatiques de cet artiste, il faut ajouter la
Matilde generosa , opéra représenté à Naples,
sur le théâtre des Fiorentini, i;n 1757.
IiXZElXGA (José), pianiste, compositeur et
professeur espagnol contemporain , est l'auteur
d'un manuel intitulé : Quelques observations
sur l'art d'accompagner au piano (Madrid,
Romero y Andia). Cet artiste a fait représenter
sur divers théâtres de Madrid, soit seul, soit en
collaboration, un certain nombre de :iarzuelas ;
je ne puis signaler que les suivantes : 1° Por se-
guir a una mujer, 4 actes (en société avec Gaz-
taiiibide, MM. Barbieri etOudrid), 24 décembre
1851-, 2" Don Simplicio Bobadilla , 3 acies
(avec Gazlambide, MM. Barbieri et Hernando),
7 mai 1853; 3° wn Dia de reinado, 3 actes
(avec Gazlambide, MM. Barbieri et Oudrid), il
février 1854; 4° Cubiertos à cuatro reaies, un
acte, 27 octobre 18GC ; 5° Oro, astucia y amor,
3 actes -, 6" Si yo fuera rey, 3 actes. M. Inzenga
Ç9t professeur de chant au Conservatoire de Ma-
drid depuis le l" février 1860. Il a publié ré-
cemment le premier volume d'un recueil inté-
ressant, qui, sous le titre d'^cos de Espana
(Barcelone, Vidal et Bernareggi), reproduit
cinquante-deux pièces de musique populaire ,
chansons ou airs de danse, parmi lesquels on
retrouve les airs joyeux des montagnes de la
Catalogne , la Guaracha de l'île de Cuba , des
seviltanas , la jota aragonesa , et jusqu'aux
chants militaires de la guerre de l'Indépendance.
M. Inzenga , qui a fait un voyage artistique en
Italie, a aussi publié un livre intitulé : Jmpre-
sionas de un artista en Itaiia, qui renferme,
dit-on, de bonnes vues sur l'art lyrique et sur
l'art du chant.
lREi\10i\GER (Michel), compositeur, s'est
fait connaître en Italie par un petit opéra, una
Notie di novembre, qui fut joué en 1869 au
théâtre Re, de Milan, avec un certain succès. Cet
artiste, qui fut , je crois , avec un de ses con-
frères, directeur un instant d'une des petites
scènes de Milan , mourut en cette ville , à la
fleur de l'âge, le 6 janvier 1871.
ISMAÉL (Jean-Vital-Ismael JAMMES,
dit), chanteur dramatique , est lils d'un pauvre
tailleur d'Agen , et naquit en cette ville le 28
avril 1827. Doué d'une superbe voix de baryton
et d'heureuses aptitudes musicales, il ne put
être aidé par sa famille , trop pauvre pour lui
fournir les maîtres dont il avait besoin. Alors,
poussé par sa vocation, il quitta un jour la mai-
son paternelle, se rendit à pied à Bordeaux, puis
delà à Nantes, s'arrêtant de ville en ville, et
faisant le métier de chanteur ambulant pour pou-
voir vivre le long de la route. Arrive à Nantes,
il trouva le moyen de se faire engager comme
choriste au Grand-Théâtre , et fut appelé un
jour, par occasion , à jouer le rôle de Max dans
le Chalet. 11 avait alors seize ans environ.
Bientôt il vint à Paris , se vit refuser, dit-on ,
l'entrée du Conservatoire , prit quelques leçons
avec un artiste peu connu , et
pour
tenir, dans une petite ville de la Belgique, l'em-
ploi de baryton et de basse chantante.
Le jeune artiste possédait un tempérament in-
tellectuel remarquable. Seul , sans maîtres , il
avait appris à lire et à écrire ; presque seul aussi,
il apprit la musii|ue, se mit en état de lire les
partitions, et fit d'une façon toute pratique, sur
les scènes secondaires de la province , son rude
apprentissage de chanteur et de comédien. Apiès
avoir tenu son emploi à ïournay, à Orléans, à
Amiens, à Saint-Étienne, il arriva à Bordeaux,
et c'est dans cette ville qu'il rencontra ses pre-
miers grands succès , en jouant tous les grands
rôles du répertoire de l'Opéra et de l'Opéra-Co-
u
ISMAEL — ISOUARD
niique. 11 iHait lancé alors, et ne quitta plus les
granilfs villes , se produisant succissiveinent à
Bruxelles, à Rouen, à Lyon, à Marseille, etc.
La réputation que M. Isniaël s'était acquise en
province était parvenue jnsquà Paris. M. Car-
vallio, directeur du Théâtre ■ Lyrique , songea à
se l'attacher, et, le 30 septembre 1863, M. Isinaël
débutait à ce théâtre dans un ouvrage nouveau,
les Pécheurs de perles, de Georges Bizet,
après quoi il se produisait dans Rigolât (o.
Quoique un peu hésitant à son apparition sur une
scène aussi importante, en raison de certains
défauts que les artibtes contractent forcément en
pro\ince, M. Isniaèl, dont les qualités de chan-
teur et de comédien étaient incontestables, dont
la voix était sympathique bien que parfois un
peu dure, et qui joignait à un grand sentiment
pathétique la verve comique qui force le rire,
M. Ismaël prit bientôt possession du public et
devint son acteur favori. Des créations nom-
breuses dans Cardillac, la Fiancée d'Abydos,
les Joyeuses Commères de Windsor, Mireille,
Macbeth, etia reprise de certains rôles du réper-
toire, entre autres celui de Sganarelle du Mé-
decin malgré lui, vinrent montrer toute l'am-
pleur, la souplesse et la variété de son talent.
Vers 1871, M. Ismaël fut engagé à l'Opéra-
Comique, et là encore , sans parler de l'a'uvre
ridicule qui s'appelle Fantasio, il fit plusieuis
excellentes créations : le Roi l'a dit, le Floren-
tin, et surtout Gille etGillotin, auquel il dut
un de ses plus grands succès. Malheureusement,
vers cette époque, il fut atteint d'une affection
vocale qui l'obligea de s'éloigner de la scène à
plusieurs reprises. Il n'importe ; M. Ismaël reste
un artiste extrêmement distingué, bien doué à
tous les points de vue, soigneux de toutes choses,
et qui réunit, qualité si rare aujourd'hui , le
talent du comédien à celui du chanteur. C'est en
raison de cet avantage que le Conservatoire l'a-
vait placé, il y a quelques années, à la tète de
sa classe d'opéra. Il a dû résigner depuis ces
fonctions, et la perte de sa voix, qui semblait
l'avoir obligé aussi à quitter définitivement la
scène, lui a cependant permis d'entrer au
théâtre de la Renaissance, oii il a tait une
excellente création dans une opérette de
M. Johann Strauss, la Tzigane {{^11).
ISO ( ), compositeur français, vivait
dans la seconde moitié du dix-huilième siècle.
Le 20 juillet 1759, l'Opéra donnait la première
reiirésentatidU de Fragments hcroïques dont
chacun des trois actes, comme c'était Ihabiludc
pour ces sortes d'ouvrages, formait un tout com-
plet et indépendant des deux autres. Le premier
avait pour titre Phaétuse (paroles de Fuselier),
le second Zémide (paroles de Laurè-s), et la
musique de ces deux actes était d'Iso. Ce com-
positeur, aujourd'hui complètement oublié et
qui n'a pas laissé d'autres tra(;es de son passage,
serait resté absolument ignoré sans nn incident
as.sez étrange, que l'on trouve ainsi relaté dans
les Anecdoles dramatiques de l'abbé de La
Porte : « M. Iso est connu par le procès qu'il a
intenté à M. de Lagarde, compositeur de la cham-
bre de Sa Majesté et ordinaire de sa musique.
M. Iso prétendait que de tous les ouvragesj de
musique qui ont paru sous le nom de M. de La-
garde, il n'y en a pas un seul qui lui appartienne.
Je suis, dit-il dans son Mémoire, l'auleur de
tous ces ouvrages.... Le sieur de Lagarde s'en
est approprié la gloire et le profit. M. Iso
fut condamné au Châtelet, et ensuite au Parle-
ment. » Il m'a été impossible de mettre la main
sur le Mémoire d'Iso , qui est sans lioiiîe fort
curieux, et je n'ai pu découvrir aucun autre ren-
seignement sur cet artiste , si ce n'est que le
mardi-saint de l'année 1773, M'i^ Dnval chantait
un motet de sa composition au Concert spirituel.
Je crois toutefois qu'il ne fait qu'un avec celui
qui est mentionné sous le nom li'Yzo, au tome
VIII de la Biographie universelle des musi-
ciens , comme auteur d'un écrit intitulé Lettre
sur celle de M. J.-J. Rousseau , citoyen de
Genève, sur la musique, et publié en 1754.
ISOLAiVI (Le comte ALEssAXDRo),est l'auteur
d'un opéra-ballet intitulé Amina , qui a été
représenté en 1859 au théâtre communal de Bo-
logne.
* ISOUARD (NicoLo), compositeur, était
né à Malte, d'une famille française, le 0 décembre
1775. A la liste de ses ouvrages, il faut ajouter
le Baiser et la Quittance, opéra-comique en 3
actes, écrit en société avec Boieldieu, Kreutzer
et Mehul, et rei)résenté à l'Opéra-Comique le
18 juin 1803; on lui doit au.ssi quehjues frag-
ments d'M«e Nuit de Gustave Wasa , opéra-
comique donné le 29 septembre 1827, et au sujet
duquel Fétis disait, dans sa Revue musicale :
" Cette pièce n'est point favorable à la musi-
que. INicolo Isouard, qui en avait été chargé
primitivement, avait jeté sur le papier quehpus
idées, et avait écrit tout le cha ur de la fin du
premier acte. Le reste de la musique a été com-
posé par M. Casse. »
S'il faut en croire certains documents, le véri-
table nom de famille de Nicolo aurait été Isoiar,
et non Isouard. Ainsi, dans l'acte de mariage de
.son frère, dressé à Gand en 1827, on lit : « Jo-
seph-Alexandre- Victor- Antoine-Calcédoine- Jac-
ques-Emmanuel Lsoinr, dit Aicolo Isouard, né
à Malte le 2i juillet I7i)i.... « Ce frère cadet,
ISOUARD — IVRY (D')
lo
voulant profiter de la renommée de Nicolo , se
faisait appeler lui aussi, comme on le voit, Nicolo
Isouaid. Après avoir été officier sous lo premier
empire , il avait ensuite embrassé la carrière
théâtrale, d'abord comme chanteur, puis comme
directeur. Il chanta l'empini des ténors d'opéra-
comique dans plusieurs jurandes villes des dépar-
tements et de létranger, notamment à Lille
(1825), Gand (1826 et 1827), Rouen (1828),
Nîmes (1829), Toulouse (1833), et ensuite de
nouveau à Rouen pendant plusieurs années. Il
resta établi en cette ville, où il deviid plus tard
sous-inspecteur des monuments historiques à
la préfecture de la Seine-Inférieure, et y mourut
le 23 mars 1803.
L'une des deux filles de Nicolo, M'i-^ Miirlle
JSicolo Isouard, était musicienne et s'était quel-
que peu livrée à la composition. Elle avait pu-
blié quelques romances et mélodies vocales. Elle
est morte à Paris, le 6 octobre 1876, à l'âge
de soi\anfe-deux ans.
ITASSE ( ), professeur de chant à
Paris, appartenait au personnel de TOpéra et fit
partie des hautes-contre des chœurs de ce théâ-
tre depuis 1768 jusqu'à 1783, époque à laquelle
il fut pensionné. Cet artiste a publie un Premier
recueil cPairs et duos avec accompagneinent
de violon et alto, ou avec la guitare et basse.
ITIER (Léonard), luthiste fort distingué,
vivait dans la seconde moitié du dix-septième
siècle et dans la première moitié du dix-huitième.
Bien qu'on ne connaisse point l'année de sanais-
.sance ni celle de sa mort, i! est certain qu'il vé-
cut fort vieux , car ÏÉIat de la France , qui
l'inscrit, à la date de 1721, comme maître de
lutli ordinaire des pages de la musique de la
chapelle du roi, avec « 600 livres par an -pour
nourriture, » ajoute qu'« il étoit déjà en posses-
sion de cette charge au saci e du roy Louis XIV
en 1654. » Hier a donc fourni une carrière d'une
longueur peu commune, et est resté en exercice
pendant au moins soixante sept ans. Il occupait
la même charge pour les pages de la musique de
la chambre, avec « 730 livres de nourriture
par an, » et enfin il était joueur de viole de la
musique de la chambre pour le semestre de
juillet, « à raison de 450 livres 5 sols pour
nourriture, » ce qui lui constituait un traitement
total annuel de 1780 livres 5 sols. — Son fils,
Gaston Hier, luthiste comme lui, avait la sur-
vivance de ces trois charges , et lui succéda
vraisemblablement.
IVANOFF (Nicolas), l'un des rares chan-
teurs russes qui se soient (ait un nom , est né
dans la Petite-Russie au commencement de ce
siècle. Doué d'une fort jolie voix de ténor, il
quitta jeune son pays pour aller étudier léchant
à Milan, sous la direction d'Eliodorn Bianchi. Il
débuta à Naples vers 1830, prit encore en cette
ville des leçons de Nozzari, et presque aussitôt
était engagé au Théâtre-Italien de Paris, où il
se produisait pour la première fois en 1832, et
où il supporta sans désavantage le redoutable
voisinage de Riibini. La voix d'Ivanoff avait un
remarquable caractère de tendresse et de suavité,
et ses qualités naturelles étaient doublées par la
pureté d'un chant plein de douceur et d'élégance.
H chantait Vadagio avec un charme exquis, et
jamais ne laissait échapper de ces cris et de ces
coups de gosier qui sont l'unique ressource des
artistes médiocres. Seulement, il était froid et
compassé comme acteur. Ivanoff resta plusieurs
années à Paris, se fit entendre également à Lon-
dres, puis retourna en Italie, se fit applaudir à
Florence , à Palerme, à Milan, revint un instant
à Paris, vers 1850, et enfin alla se retirer à Bo-
logne, où il vit encore aujourd'hui, entouré, dit-
on, de l'estime et de l'affection de tous ceux qui
le connaissent.
IVRY (Paul-Xa.vier-Désiré, marquis de
RICHARD D'), compositeur dilettante , est
né à Beaune (Côte-d'Or) le 4 février 1829. Dès
1847 il faisait exécuter par la Société philharmo-
nique de cette ville une ouverture de concert,
et écrivait bientôt les paroles et la musique d'un
opéra intitulé Fatnia, en môme temps qu'il pu-
bliait quelques mélodies vocales. S'élant fixé à
Paris en 1854, il y composa la musique de deux
opéras-comiques en un acte, Quentin Melzys et
la Maison du docteur, sans pouvoir réussir à
se faire ouvrir les portes d'un théâtre ; le second
de ces ouvrages fut pourtant joué dans quelques
salons et représenté à Dijon en ISâô, et la par-
tition en fut gravée chez l'éditeur M. Choudens.
A cette époque, M. d'Ivry, qui n'avait reçu au-
cune éducation musicale et ne s'était formé que
par la lecture de quelques traités et des œuvres
des maîtres, prit des leçons de contrepoint de
Leborne et fit un cours de composition avec
M.Aristide Wv^wmA {Voyez ce nom). C'e.U pen-
dant ce temps qu'il écrivit un nouvel ouvrage en
un acte, Omphaleet Pénélope, qui lui avait é[é
commandé pour le Théâtre-Lyrique, mais qu'un
changement de direction fit rester dans ses
cartons.
Quelques années plus tard, M. d'Ivry, voulant
réaliser un rêve longtemps caressé, entreprit
d'écrire le poème et la musique d'un Roméo et
Juliette qui fût à l'œuvre de Shakespeare ce que
\& Faust Ae. M. Gounod était au draïue de Gœlhe.
La moitié de l'ouvrage était déjà faite lorsque,
vers la fin de ISCi, le compositeur se trouvant
46
IVRY (D')
à Rouen, apprit de Liszt que M. Gounod était en
train de traiter le même sujet. Douloureusement
surpris à cette nouvelle, il se remit pourtant au
travail , mais sans se dissimuler les dirticultés
qu'allait créer à l'expansion de son œuvre une
concurrence aussi redoutable. Il la termina néan-
moins, et, désirant prendre date, il lit graver sa
partition sous le titre : les Amants de Vérone
(Paris, Flaxiand), de façon que sa publication
précédât de quelques jours l'apparition, sur la
scène du Théâtre -Lyrique, du Roméo et Juliette
de M. Gounod. La partition des Amants de Vé-
rone était signée du pseudonyme anagrammatique
de Richard Yrvid. Peu de semaines après, le 12
mai 1867, une exécution en était faite à l'école
de M. Duprez, avec M. Duprez fils et sa sœur,
M™' Vandenheuvel-Duprez, dans les deux rôles
de Roméo et de Juliette; la presse musicale, in-
vitée à cette soirée, fut très-favorable à l'œuvre
et à l'auteur.
Toutefois, celui-ci n'eut plus alors qu'une dou-
ble pensée : compléter et parfaire une œuvre qui
ne le ^satisfaisait qu'à demi et, dans ce nouveau
travail, s'éloigner le plus possible de l'interpré-
tai ion que M. Gounod avait donnée au chef-
d'œuvre de Shakespeare ; puis, faire jouer les
Amants de Vérone. L'ouvrage, refait en grande
partie, augmenté d'un acte (il n'en comportait
primitivement que quatre), s'éloigne sensiblement
de l'opéra de demi-caractère, pour se rapprocher
du grand drame lyrique , et l'auteur a donné
beaucoup de développement aux deux rôles de
Mercutio et de la nourrice, tenus dans l'ombre
par les collaborateurs de M. Gounod. J'ai en-
tendu les deux versions des Amants de Vérone,
et, déjà fort satisfait de la première, j'ai trouvé
la seconde très-supérieure et digne d'être pré-
sentée au public avec de grandes chances de
succès. Par malheur, celui-ci n'a pas encore été
appelé à la juger.
M. le marquis d'Ivry a publié chez MM. Ma-
yaud, Richault et Heu un certain nombre de
mélodies vocales : le Roi de Thulé, l'Ondine,
V Adieu de la Nourrice, Matin et Soir, Fleur
de jasmin, etc., ainsi qu'un «« cantique à Notre-
Dame de Lourdes, » Litanies de la Délivrance,
dont il a écrit les paroles et la musique. , ,
JACOBS (Peeter) , lulliier flamand, exerça
son art à Amsterdam dans les dernières années
du dix-septième siècle et au commencement du
dix-huitième. C'était un artiste habile, dont les
produits avaient une réelle valeur. Les instru-
ments laissés par lui sont nombreux, tant violons
qu'altos et basses, et construits sur le modèle de
ceux de Nicolas Amali.
JACOBY (Georges), violoniste et compo-
siteur, né à Berlin le 13 février 1840, fut amené
de bonne heure en France par ses parents, et se
fit admettre au Conservatoire de Paris, où il
entra, le 29 décembre J832, dans la classe de
M. Massart. Admis au concours en 1 854, il obtint
un 3« accessit, et se vit décerner le l" en 1836,
puis concourut deux nouvelles années sans ob-
tenir une récompense supérieure ; aux termes
des règlements de l'école, il aurait dû être rayé
des classes, mais il obtint un sursis, concourut
de nouveau en 1859 , remporta un second prix ,
et enQn eut le premier en 1861. A peu près à
cette époque il entra à l'orchestre de l'Opéra, ce
qui ne l'empêchait pas de se faire entendre fré-
quemment dans les concerts. Quelques années
plus tard, en 1868, M. Jacoby devenait chef
d'orchestre au petit théâtre des Bouffes-Parisiens,
puis , étant allé se fixer à Londres en 1870 , il
acceptait, en 1872, les fonctions de chef d'or-
chestre à l'Alhambra , fonctions qu'il exerce en-
core aujourd'liui. Cet artiste a fait représenter à
Paris deux ou trois opérettes sans conséquence
et sans valeur, et il a écrit à Londres la musique
de quelques pantomimes et féeries ; voici la liste
de ces ouvrages : i° le Feu aux poudres , un
acte, dans un concert, 21 mars 1869; — 2° la
Nuit du 15 octobre, un acte. Bouffes- Parisiens ,
15 octobre 1869;— 3° Black-Crook, féerie en
4 actes (eu société avec M. Fr. Clay), Alhambra
de Londres, décembre 1872; — k° Mariée de-
puis midi, monologue, Alhambra, Juillet 1873
(représenté en suite aux Bouffes- Parisiens le 6
mars 1874); — 5° la Forêt enchantée, ballet-
pantomime, Alhambra, août 1873; — 6" the
Démon' s Bride, féerie en 3 actes, id., 7 sep-
tembre 1874 ; — 7° Cupid in Arcadia , ballet
en 2 tableaux, id., 26 juin 1875;— 8° the
Fairies Home, ballet, id., décembre 1876. — 9°
Yolande, ballet, id., août 1877. Dans les con-
certs fréquents qu'il donnait naguère à Paris,
M. Jacoby fit entendre plusieurs œuvres com-
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — . SUPPL. «-•
posées par lui pour le violon : 1« concerto, dédié
au roi de Prusse ; 2" concerto, dédié à la reine
d'Espagne; Valse de concert ; Prière ; Nocturne;
Berceuse ; Chanson de matelots ; Fantaisies sur
VÉtoile du Nord, V Africaine, la Fille du
régiment, etc., etc. J'ignore si aucune de ces
compositions a été publiée.
JACOPS (Edouard) , est auteur de l'écrit
suivant : Nomenclature des sociétés musicales
de la Belgique, suivie d''une notice chronolo-
gique sur l'Association royale de sociétés lyri-
ques d'Anvers (Anvers, 1853, in-8°).
JACQUARD (Léos-Jean), violoncelliste
distingué, né à Paris le 3 novembre 1826, fit ses
études littéraires à Pont-le-Voy, près de Blois, où
il commença à travailler le violoncelle sous l'ha-
bile direction de Hus-Desforges, qui s'était retiré
en cette ville. Celui-ci étant mort eu 1838,
M. Jacquard fut confié pendant quelque temps
aux soins d'un artiste nommé Auguste Levacq,
puis vint à Paris, et fut admis, au Conservatoire,
dans la classe de Norblin. Ses progrès furent
rapides avec ce nouveau maître, et après avoir
obtenu un second prix au concours de 1842, il
se voyait décerner le premier en 1844. A partir
de ce moment, M. Léon Jacquard se produisit
fréquemment en public, et fit apprécier de réel-
les qualités de virtuose. Vers 1855, il fonda, en
compagnie de l'excellent violoniste M. Armin-
gaud, et avec le concours de MM. Mas et Saba-
tier, une société de musique de chambre qui
compta bientôt au nombre des meilleures de
Paris. La réputation de M. Jacquard s'établit
alors solidement, et l'on remarqua le style élé-
gant, la belle sonorité et le jeu expressif que cet
artiste faisait briller dans l'exécution de la mu-
sique de chambre.
M. Jacquard , qui est membre de la Société
des concerts du Conservatoire, a été nommé
au mois de décembre 1877, lors de la mort
de Cheviliard, professeur de violoncelle dans
cet établissement. Il a publié un certain
nombre de morceaux de genre pour son
instrument. — Son frère, M. Louis-Auguste
Jacquard, né à Pont-le-Voy le 26 décembre
1832, violoncelliste comme lui, a été, au Con-
servatoire, l'élève de M. Franchomme, dans la
classe duquel il a remporté un second prix en
1850, elle premier en 1852.
JACQUES (M'ie Charlotte), pianiste, pro-
T. II. 2
18
JACQUES — J^EHNS
fesseiir et compositeur, a fait représenter au
lhé;\tre Déjazet, au mois de décembre 18G2, une
opérette vn un acte intitulée la Veillée.
JACQUOT (Charles), luthier français, né
à Mirecourt (Vosges) en 1808, était fils d'un
maître tailleur d'un régiment de ligne. 11 lit
son apprentissage dans sa ville natale, d'abord
chez Nicolas, ensuite chez Breton, puis partit
pour Nancy, où il travailla pendant plusieurs
années comme ouvrier compagnon, après quoi
il s'établit à son compte. En 18j2 il quitta
Nancy pour venir se fixer à Paris, et se fit une
bonne renommée en cette ville, aussi bien par
le talent qu'il déploya dans la facture des ins-
truments neufs que par ses rares connaissances
en ce qui concerne la lutherie ancienne.
M. Jacquot est un des meilleurs luthiers de
l'école française actuelle, ses produits sont re-
marquables à beaucoup d'égards, et il a obtenu
plusieurs récompenses dans les Expositions : à
Paris (1849), un premier et un second prix; à
Paris (Exposition universelle de 1855), une
médaille d'argent; à Bayonne (1854), une
médaille d'or.
Un !ils de cet artiste, M. Charles Jacquot,
né à Nancy en 1828 et élève de son père, est
établi luthier dans sa ville natale.
* JADASSOHIV (Salomon). Cet artiste
distingué, dont le talent est fort apprécié dans
sa pairie, quoique sa renommée ne se soit guère
étendue en deiiors de l'Allemague, a rempli,
de 1867 à 1869, les fonctions de chef d'orchestre
de la société musicale Euterpe, de Leii)zig.
Ses compositions pour l'orchestre , pour le
piano ou pour le chant se montent à plus de
soixante, parmi lesquelles nous citerons les
suivantes ; 1" symphonie, en ut majeur; 2^
symphonie; 3' symphonie, en ré mineur, op. 50;
trois sérénades pour orchestre ; 1*"^ grand trio
pour piano, violon et violoncelle; 2" grand trio
id., op. 20; quatuor pour instruments à cordes,
op. 10; plusieurs sonates pour piano et violon;
ouverture de concert, pour orchestre; sérénade
pour piano, op. 35; 3 petits morceaux pour
violon et piano, op. 18 ; 2 morceaux pour piano,
op. 21 ; Bal masqué, 7 airs de ballet pour
piano, op. 26; Variations pour piano, op. 40;
Improvisations, \mwT \mno, op. 48; 9 lieder
avec accompagnement de piano, op. 36; & lie-
der, id., op. 52; 6 pièces pour piano, op. 49;
motet pour voix seule et chu'ur.
* JADIiX (Louis). Le répertoire dramatique
de ce compositeur doit se compléter par les
ouvrages suivants : 1" le Coucou, un acte, th.
Monlansier, 1798; 2" les Trois Prétendus, un
acte, même théâtre, 1805; 3" les Arts et l'Ami-
tié (ancienne comédie de Bouchard, mise en
opéra-comique), un acte, Opéra-Comique, 9
juin 1807. A ces ouvrages, il faut joindre encore
la mort de Léopold Brunswick, scène à grand
ciionir qu'il fit exécuter au concert spirituel le
i'' avril 1790, l'Education de l'ancien et du
nouveau régime, hymne exécuté à l'Opéra le 11
octobre 1794, et le Serment des Gardes, cantate
exécutée au même théâtre le 30 mars 1821. En
1802, un éditeur de musique. M'"' Duhan,
entreprit la publication d'un recueil périodique,
le Journal d'Apollon, qui contenait des mor-
ceaux de chant et de piano dont les auteurs
étaient Boieldieu, Cherubini et Jadin. C'est le 11
avril 1853 que Jadin est mort à Paris.
* JADIN (Hyacinthe), est mort non en
1802, mais au mois d'octobre 1800. On peut
lire un article nécrologique sur cet artiste dans
le Courrier des Spectacles du 19 vendémiaire
an IX.
JAEGHER (L DE), organiste de la
cathédrale de Bruges, naquit à Oostvoosbeke
(Flandre occidentale), et fut élève du Conserva-
toire de Gand, où il se trouvait en 1840. Devenu
organiste à Tourcoing, il fut appelé plus tard
à remplir les mêmes fonctions à Bruges. Comme
compositeur, cet artiste a publié une messe à
4 voix, des offertoires, plusieurs grands chœurs,
des motets, etc., etc.
* J.^Hi\S (Frédéric-Wilhelm), chanteur,
compositeur, professeur et écrivain sur la mu-
sique, est né à Berlin le 2 janvier 1809. Doué
d'une fort belle voix, il se destina d'abord au
théâtre, chanta quelques rôles à l'Opéra de
Berlin, mais bientôt abandonna cette carrière
pour se livrer à l'enseignement. Il étudia alors
le piano, prit des leçons de Louis Horzi/.ky, se
vit bientôt très-recherché comme professeur
de chant, et forma un nombre considérable de
très-bons élèves. Il fonda en 1845 et dirigea
jusqu'en 1870 une société connue sous le nom
d'Union de chant.
En même temps, M. Jœhns se faisait con-
naître aussi comme compositeur par la publi-
cation de plus de 130 morceaux de chant à
pinsieurs voix, dont quelques-uns écrits dans le
style religieux; il faisait paraître encore un trio
pour piano, violon et violoncelle, une sonate
pour piano et violon, un grand duo pour piano
et violoncelle, 4 pièces caractéristiques pour
piano, des marches et divers arrangements pour
le même instrument. M.Jœhns occupe une place
à part comme arrangeur des œuvres des grands
maîtres, particulièrement de Weber, son auteur
favori, auquel il a voué un culte véritable et
intelligent.
JyEHNS — JAHN
C'est cette admiration profonde pour Weber
qui a amené M. Jc«hns à puhlier, sur cet ar-
tiste immortel, un livre important qu'il a
donné sous ce titre : C. M. von Weber in
seinen Werken {C. M de Weber dans ses
œuvres). Cet écrit, qui a paru à Berlin en 1871
et que l'on peut comparer à celui que le che-
valier de Kœchel a publié sur Mozart, donne
un catalogue thématique et raisonné des diverses
œuvres du maître, avec autographes, critique,
biographie et portraits, d'après les lettres et le
journal de Weber. M. J;ehns possède, dit-on,
une fort belle bibliothèque musicale, dont la
partie la plus remarquable et la plus intéres-
sante est la collection relative à Weber, qui ne
contient pas moins de 3,500 pièces, consistant
en manuscrits, lettres, portraits (au nombre de
86), curiosités et reliques de toutes sortes.
* JAELL (Alfred), pianiste et compositeur.
Cet artiste fort distingué, au jeu brillant, élégant
et plein de délicatesse, a fait de grands voyages
à travers l'Europe, et y a toujours obtenu de
légitimes succès. M. Alfred Jaëll se distingue
surtout par le style qu'il apporte dans l'exécu-
tion des grandes œuvres classiques. Comme
compositeur, il a publié près de deux-cents mor-
ceaux de piano, parmi lesquels beaucoup de
transcriptions et de fantaisies sur d'es motifs
d'opéra; on remarque cependant, dans ces
nombreuses productions, quelques morceaux
originaux, d'un caractère aimable : Aux bords
de TArno, caprice élégant, op. 124; Sérénade
italienne, op. 44 ; Ballade, op. 88; 3 Morceaux
de salon, op. 106; Bluette, op. 59; Nocturne
dramatique, op. 122; le Carillon; Aux bords
du AJississipi, morceau caractéristique, op.
37 ; le Carnaval de Venise, variations burles-
ques, op. 22 ; Impromptu, op. 151 ; Nocturne op.
G; Inlerlaken, chant du soir, op. 102, etc., etc.
M. Alfred Jaëll a épousé, vers 1864, une
jeune pianiste, M"' Marie Trauttmann, Alsa-
cienne de naissance, qui déjà s'était fait elle-
même une brillante réputation de virtuose,
mais dont le talent contraste singulièrement
avec le sien, car le jeu de M""* Jaëll brille sur-
tout par la fougue, la puissance et l'éclat,
tandis que celui de son mari se fait remarquer
par une grâce et une élégance presque fémi-
nines. Déjà bien connus en France, ces deux
artistes se sont fait entendre de nouveau à Paris,
en 1875 et 1876, avec un grand succès. Élève
du Conservatoire de cette ville, M"= Trauttmann
y avait remporté, en 1862, un premier prix de
piano. Ne se bornant pas à ses succès de
virtuose. M*"' Jaëll s'est fait aussi connaître,
en ces derniers temps, comme compositeur.
Non-seulement elle a publié chez l'éditeur M. Gé-
lanl un fort joli recueil de 12 valses à quatre
mams pour le piano, écrites dans un très-bon
style, mais elle a fait entendre un concerto en
re mineur pour piano avec accompagnement
d orchestre, q.ii est une œuvre remarquable à
beaucoup d'égards et qui la classe au nombre
des artistes les plus distingués.
JAFFÉ (MoRiTz), est l'auteur d'un opéra
'ntilulé : Das Kœthelen von Heilbronn, qui a
été représenté pour la première fois à Augsbourg
en 1866, et que l'auteur donna sous le pseu-
donyme de Morja. Au mois de juillet 1875, cet
artiste a donné au théâtre Kroll, de Berlin, un
second ouvrage qui portait pour titre : Ecke-
hard,- celui-ci n'a obtenu aucun succès.
JAGARTE (Manoel), compositeur et vio-
lomste espagnol, né vers 1796, mourut à St-
Sébastien en 1819, à l'âge de 28 ans. Je n'ai
trouve aucuns renseignoanents sur cet artiste
en dehors de la notice nécrologique suivante,
insérée dans les Annales de la musique de 1820 :
— « Ayant pris à Bordeaux les premières no-
tions de la musique, pour laquelle il manifesta
des dispositions extraordinaires. 11 acquit sur
le violon un talent remarquable et exquis pour
son âge; puis, se livrant à la composition, il
préluda par one foule de pièces légèresqui dé-
celaient un goût aussi pur qu'original ; enfin,
il produisit plusieursouvrages plus importants,
entre autres cette belle messe de Meguietn , oxé-
cutée à St-Sébaslien, en commémoration du 3l
août 1813, elïopérà de l'Infante de Zamora,
qui se donne actuellement à Madrid. Une mort
prématurée prive l'art musical d'un soutien
distingué, et ses amis d'un homme aussi ai-
mable par sa modestie que par ses talents.
Plusieurs ouvrages inédits, et qui restent à
finir, ou à rassembler, assureraient seuls sa
réputation d'artiste. »
* JAHN (Otto), l'auteur de la biographie
de Mozart dont le succès a été si grand en
Allemagne, est mort à Grettingue, le 9 septembre
1869, à l'âge de cinquante-six ans. Cet écrivain,
qui était un savant remarquable et un homme
distingué à tous égards, avait publié un assez
grand nombre de lieder. Il a consacré une étude
à la nouvelle et superbe édition des œuvres de
Beethoven donnée par la maison Breilkopf et
Hœrlel; cette étude a pour titre : Gesammelte
Aîtfsdtze ûber Musik.
Au reste, Jahn avait l'intention de donner
un pendant à son admirable biographie de
Mozart en publiant sur Beethoven un livre du
même genre, pour lequel il avait réuni tous
20
JAHN — JAKUBOWSKI
ses matériaux ; il sera toujours à regretter
que le temps ne lui ait pas permis de mettre
ce projet à exécution.
Il me faut signaler ici, au compte de ce mu-
sicographe remarquable, un intéressant volume
de Mélanges sur la nitisique, contenant,
entre autres chapitres, une étude sur les ora-
torios de Mendelssohn, une autre sur quelques
ouvrages d'Hector Berlioz, et une critique (ort
\ive des opéras de M. Richard Wagner. Jahn
possédait cet outil indispensable à tout histo-
rien sérieux et instruit : une bibliothèque spé-
ciale très riche, très-nombreuse et très-variée,
et l'on peut affirmer que sa collection de livres et
de documents sur la musique était une des plus
belles qui existassent. Un journal allemand le
constatait en ces termes, à l'époque de .sa mort :
— « Grâce à ses recherches continuelles, il
avait réussi h se procurer des ouvrages que
ne possèdent même pas les collections de Berlin
ou de Vienne, qui sont pourtant si riches. »
JAHiV ( ), compositeur, a fait représen-
ter le 28 janvier 1873, sur le théâtre royal
d'Anvers, dont il est le directeur, un opéra-
comique en un acte intitulé Michel le Marin.
Cet artiste est, pendant la saison d'été, chef
d'orchestre du Casino de Spa,
JAILLET (J -B ), organiste de
l'église de Saint-Étienne, à Rennes, a publié
vers 1857 une Mélhode nouvelle pour ap-
prendre facilement l'accompagnement du
plain-chant, Rennes, l'auteur, in-é".
JAKUBOWSKI (Samson), inventeur de
l'harmonica de bois et paille, et virtuose sur
cet instrument, naquit à Kowno, en Lithuanie,
en 1801. Après avoir passé ses premières an-
nées à Wladislavvowa, ville du Palalinat d'Au-
gustowo, il suivit les cours de droit de l'Uni-
versité de Kœnigsberg, et entra ensuite dans
le commerce. 11 habitait depuis trois ans Saint-
Pétersbourg lorsque le hasard, dil-on, le mit
sur la trace de son invention et lui donna la
première idée de l'instrument qui devait être
la cause de sa renommée, instrument qui se
composait d'un certain nombre de morceaux
de bois de sapin reliés entre eux, posés sur des
rouleaux de paille, et que l'exécutant frappait
avec deux baguettes.
Son instrument une fois bien ordonné, Jaku-
bowski le produisit pour la première fois en
public à Tibourg, en 182G, puis retourna à
Saint-Pétersbourg pour s'y faire entendre. Là,
il donna quelques le(;ons, et eut particulièrement
pour élève Gusikow (1), qui devait, quelques
(1) Gusikow a passé, et Félis le cite pour l'inventeur de
années plus tard, acquérir une renommée euro-
péenne. « Eu 1827, dit M. Albert Sowinî-ki. il
partit pour l'Allemagne et obtint des applandis-
semenis dans les principales villes, excitant
partout la curiosité et l'étonnement. Les artistes,
les connaisseurs rendaient justice à l'habileté
de M. Jakubowski, qui se faisait écouter dans
de grandes salles de concert et sur les théâtres,
en tirant de ses morceaux de bois un son
extraordinaire. Encouragé par de nombreux
succès, notre artiste écrivit plusieurs morceaux
pour son harmonica, voyagea en Danemarck,
en Suède et Norwége, et vint en France en 1832.
L'impression qu'il y produisit augmenta encore
sa réputation ; il parcourut les départements,
visita l'Angleterre et l'Irlande, revint à Paris,
où M°" la comtesse de Spare, qui admirait
beaucoup l'exécution étonnante de M. Samson
Jakubowski, lui organisa un fort beau concert
dans lequel elle chanta elle-même et ravit par
son admirable voix un auditoire nombreux et
brillant. Depuis cette époque, M. Jakubovvski
réside habituellement en France en faisant des
excursions fréquentes en province. Son instru-
ment consiste en vingt-quatre morceaux de bois
de sapin (il n'en comptait primitivement que
quinze) posés sur quatre rouleaux de paille.
Le tout placé sur une table dont les pieds
reposent sur du verre. Les vingt-quatre mor-
ceaux de bois sont attachés entre eux, et dis-
posés de manière que les sons élevés du dessus
se trouvent du côté de la main gauche de l'exé-
cutant; les morceaux pour la basse de l'harmo-
nica sont plus longs et sont placés à droite.
L'exécutant tient dans ses mains deux baguettes
en bois de fer, avec lesquelles il frappe sur les
morceaux de sapin avec une dextérité remar-
quable. Il arrive à une grande netteté, et ses
cadences sont perlées. »
Les compositions écrites par Jakubowski
(toutes restées en manuscrit, puisque son ins-
trument ne s'est pas répandu et est demeuré
à l'état de curiosité), sont les suivantes: Mar-
che Tartarc; Tyrolienne variée; les Adieux
du Cosaque, avec variations ; Fantaisie sur
un thème russe; Fantaisie sur une rêverie
(Dumka) ; Polonaise en si mineur ; Polonaise
célèbre du prince Oginski, arrangée pour
nnsirument en question. M. Albert Sowinski affirme que
celui-ci est bien dû à Jakubowski. Tout porte à croire
que M. Sowinski a raison, et que Gusikow n'a fait que
perfectionner l'harmoniia de bois el paille, en purlant
son éteniluc à deux octaves et demie tandis que Jaku-
bowski ne lui avait donné que vingl-quatre sons. Ce
qui est certain, c'e^t que celui-ci se fit entendre dés
182B, et Gusikow seulement sept ou huit ans plut
tard.
JAL — JANINA (DE)
21
l'harmonica ; Ouverture du Calife de Bag-
dad, id. ; Variations sur un tliènie russe;
Valse tirée du Freischixlz; Mazurek de Kur-
pin>lii.
JAL (Augustin), écrivain français, né à
Lyon le 13 avril 1795, mort à Paris le 6 avril
1873, est l'auteur d'un ouvraj'e important
publié sous ce titre : Dictionnaire critique de
biographie et d'histoire, errata et supplé-
ment pour toits les Dictionnaires historiques,
d'après des documents authentiques inédits
(Paris, 1865, in-S"; 2' édition, 1872). Jal avait
passé une partie de son existence à défiouiller
avec soin les registres de l'état civil et ceux
des paroisses de Paris, il avait levé dans ces
registres des copies d'une foule d'actes authen-
tiques concernant des personnages célèbres :
actes de naissance, de baptême, de mariage,
de décès, et cela lui avait permis de relever
bien des erreurs commises par les biographes
et de com|iléter le travail de ces derniers. De
là, la publication du livre dont on vient de lire
le litre, livre dont on ne saurait contester la
grande utililé, bien que son auteur s'attache
quelquefois à de véritables minuties et qu'il
lui arrive aussi, lorsqu'il ne s'appuie pas sur
des pièces authentiques, de se livrer à des
conjectures un peu forcées. Toutefois, on trouve,
au seul point de vue musical, des renseignements
pleins d'intérêt dans le Dictionnaire critique
de Jal, et j'y ai puisé, pour le présent recueil,
les éléments de rectifications très-importantes.
* JANCOURT (Louis-Marie-Eugène). Cet
artiste fort distingué, qui en 1867 était devenu
capitaine de musique de la o'' subdivision de
la garde nationale de la Seine, a été nommé
en 1875, à la mort de Cokken, professeur de
basson au Conservatoire. M. Jancourt, qui a
apporté des modifications et des perfectionne-
ments importants au mécanisme du basson,
a publié" de nouvelles et nombreuses composi-
tions pour son instrument : 3" Air varié (Paris,
Choudens); 1", 2% 3% el 4" Solos, op. 23, 52,
53, 54; Air varié facile, op. 28 (Paris, Richaulf) ;
6« Fantaisie, op. 24 (id., id.); 6 Mélodies, op.
51 (Paris, Gérard); Études caractéristiques, op.
55 (Paris, Goumas) ; Concertino, d'après Fer-
dinand David, op. 12 bis (Paris, Richault);
Souvenir de Vltatie, fantaisie, op. 30 (id., id);
Fantaisie sur Don Juan, op. 50 (id., id.) ; Con-
certante pour clarinette et basson, sur Norma,
op. 12 (Paris, Choudens) ; Duo concertant, id.,
sur la Sonnambula, op. 16 (Paris, Richaull) ;
Fantaisie concertante pour hautbois et basson,
sur l'Italienne à Alger, op. 26 (id., id.) ; Fan-
aisie .concertante, id., sur Sémiramïde, op. 48
(id., id.); Concertino pour les mêmes instru-
ments, op.40(id., id.); Duo concertant pour piano
et basson, op. 56 (id., id.). M. Jancourt a publié
aussi divers morceaux de musique militaire.
Cet artiste, qu'un engagement avantageux
avait forcé de quitter l'Opéra pour un grand
voyage qu'il fit en Angleterre, en Ecosse et en
Irlande, avec M"* Persiani et M. Bottesini,
remplit plus tard les fonctions de premier
basson à l'orchestre de l'Opéra-Comique, puis
à celui des Italiens. Il a donné en 1869, après
trente ans de service, sa démission de basson-
solo à la Société des conceits du Consei'vatoire.
JAJVIiX (Jules-Gabriel), écrivain français ,
né à Saint-Élienne (Loire) le 24 décembre 1804,
mort à Passy,près Paris, le 19 juin 1874, fut pen-
dant pins de trente-cinq ans chargé de la rédaction
du feuilleton dramatique du Journal des Dé-
bals, qui lui valut une renommée européenne.
C'est à ce seul titre que son nom se trouve con-
signé ici, 'non que Jules Janin ait jamais été char-
gé spécialement de la critique musicale, mais
parce qu'on trouve souvent, dans ses feuille-
tons, des détails sur tel ou tel chanteur, tel ou
tel musicien. Sous le titre un peu prétentieux
d'Histoire de la littérature dramatique, il
a formé et publié un choix de ces feuilletons
(Paris, 1858, 6 vol. in-12).
JANINA (Olga DE), pianiste russe, élève
de M. Franz Liszt, s'est fait entendre pour la
première fois à Paris au mois de décembre 1872,
et depuis lors s'est produite avec succès dans
un grand nombre de concerts et de soirées
musicales. Le talent de cette artiste, plein de
fougue, de puissance, d'éclat, est incontestable
en ce qui concerne les qualités mécaniques du
virtuose; en ce qui touche le style, le charme,
la grâce, c'est toute autre chose, et le jeu de
M"" Olga de Janina aurait singulièrement à
gagner sous ce rapport.
Mais, il faut bien le dire, ce n'est pas son
talent de pianiste qui a valu en France, à
M'"^ Olga de Janina, une sorte de célébrité;
c'est le scandale qui s'est fait autour de son
nom par la publication d'un livre étrange,
mal.sain, qu'elle a mis au jour sous le titre
de Souvenirs d'une Cosaque et sous le pseu-
donyme de Robert Franz (Paris, Denlu, 1874,
in-12). Dans ce livre, d'une crudité de ton
vraiment écœurante, M'"'^ Olga de Janina
faisait connaître, dans leurs détails les plus in-
times et les plus fâcheux, la nature des rela-
tions qui avaient existé entre elle et M. Liszt
et qui étaient fort loin de s'être bornées à
celles d'un maître et d'une élève. Je n'ai pas
à apprécier davantage^ici ce, produit, lilléraire
32
JANINA — JAUCH
d'un esprit évidemment malade et exalté; les
aulobiograpliies de ce genre excitent les nau-
sées beaucoup plus que l'iulérôt, et si j'ai cru
devoir signaler celle-ci, c'est parce que je n'ai
pas pensé qu'il était possible de passer sous
silence un document de cette nature, lorsqu'il
se rapportait à un artiste de la valeur et de la
notoriété de M. Franz Liszt. Pour être complet
sur cette question, je dois même ajouter qu'il
a paru, en guise de réponse aux Souvenirs
d'une Cosaque, une contre-partie de ce récit,
intitulée le Roman du pianiste et de la Cosa-
que et publiée sous le pseudonyme de Sylvia
Zorelli (Paris, s. 1. n. d. [1875], in-12). J'ignore
quel est le véritable auteur de ce dernier écrit,
et je ne sais pas davantage de qui sont deux au-
tres volumes, publiés sous le couvert de l'ano-
nyme : Souvenirs d'un pianiste, réponse aux
« Souvenirs d'une Cosaque » (Paris, Lacliaud
et Burdin, 1874, in-î2); et les Amours d'une
Cosaque, par un ami de l'abbé X*** (Paris,
DegorceCadot, s. d. in-12).
JANNOIVI ( ). Un musicien italien de
ce nom a fait représenter le 1 février 1807, sur
le théâtre de la Scala, de Milan, un opéra sérieux
intitulé Paolo Emilio.
* JANSA (Léopoi.d), violoniste et composi-
teur, est mort à Vienne le 25 janvier 1875. Il
était né, dit-on, en 1794, et non en 1797, et
s'était encore fait entendre pour la dernière
fois à Vienne en 1871, étant âgé, par consé-
quent, de 77 ans.
JANSSEN (Gcstave), virtuose et composi-
teur, est néàDortmunden 1817. Il eut pour pre-
mier maître son père, qui lui enseigna à jouer de la
flûte, de l'orgue et du piano. En 1840 il se rendit à
Berlin pour compléter et perfectionner son éduca-
tion musicale, et en 1849 il fil en cette ville la
connaissance de lord Westmoreland, qui s'inté-
ressa à lui et l'envoya à Londres, où, grâce à son
patronage, il devint un professeur recherché. 11
est retourné depuis lors à Berlin, où il réside en-
core aujourd'hui. En 1861, M.Janssen a publié
un Supplément aux sonates pour piano de Bee-
thoven ;on lui doit aussi une collection de lieder
avec accompagnement de piano, parmi lesquels
VAfImmde Gœthe, en 6 cahiers (Berlin, 1863).
JA\SSEI\ (Gustave F...), né à Jever (Ha-
novre) le 15 décembre 1831, a fait ses éludes
musicales à Leipzig, où il fut l'élève de Coccius
pour le piano et de Riccius pour la théorie de
l'art. Devenu ensuite professeur à Oœltingue, il
échangea, en 1855, cette situation contre celle
d'organiste àVerden, et en 1861 sévit nommer
Musilidirector par le roi de Hanovre. On doit
à cet artiste quelques composilions vocales, ainsi
que des arrangements et transcriptions pour le
piano.
* JANSSEI\S ( Jean -François- JosEpn ).
M. Edmond VanderStraeten a publié sur cet ar-
tiste une notice étendue et intéressante : J.-F.-
J. Janssens, compositeur de musique (Fîruxplles,
impr. Sannes, 1860, in-8° de 53 pp.) Il a donné
dans cet opuscule le catalogue complet des
œuvres du compositeur, parmi les plus impor-
tantes desquelles il faut signaler deux opéras
inédits : les Trois Hussards et Gillette de
Narbonne (ce dernier, resté inachevé), et deux
cantates, dont une sans titre et l'autre intitulée
Winierarmaede (Pauvreté d.Viiver).
JAPI1.\ (Louise).— Voyez LANGHANS.
JASIXSKA (M""=), née LASANSK A, can-
tatrice et actrice polonaise d'un rare mérite,
tint pendant quinze ans, de 1785 à 1800, l'em-
ploi de première chanteuse à l'Opéra national
polonais de Varsovie et au théâtre de Cracovie.
Elle se faisait remarquer, dans sa jeunesse,
par le charme pénétrant et le sentiment poéti-
que qu'elle apportait dans l'exécution des Dumki
(airs nationaux), ce qui attira sur elle l'atten-
tion du fameux directeur d'opéra Boguslawski.
Celui-ci l'attacha à sa troupe, la produisit
d'abord à Nieswiez, sur le théâtre particulier
du prince Charles Radziwill, puis la fit débuter
à Varsovie, où sa jolie voix, sa beauté rare et
son intelligence de la scène lui attirèrent aussi-
tôt les sympathies du public. Elle parut avec
succès dans l'École des Jaloux, de Salieri,
la Cosa rara, de Martini, il Re Teodoro, de
Paisiello, l'Imprésario in Angustie, de Cima-
rosa, et, avec le ténor KacKowski, transporta
surtout ses admirateurs en jouant, avec un
très-grand talent de tragédienne, dans VAxur
de Salieri. M'"" Jasinska, dont le mari tenait
l'emploi des ténors dans la troupe de Bogus-
lawski, avait conquis une grande renommée
lorsqu'elle mourut en 1800, toute jeune encore,
au milieu de ses plus grands succès.
* JASPAR (André), est mort à Angleur,
près Liège, le 27 juin 1863.
JASPKRS (Jean), facteur de luths, né
dans la première moitié du seizième siècle à
Coesvelt, exerça sa profession à Anvers, et fut
inscrit dans la bourgeoisie de cette ville le 28
janvier 1568.
JAUCH ( ), luthier habile et renommé,
vivait à Dresde dans le courant du dix-hui-
tième siècle. Cet artiste remarquable, qui ne
travaillait pas d'une façon empirique, mais dont
le talent était basé sur une étude sérieuse et
de solides connaissances acquises, a fait d'ex-
cellents violons dans le style et sur le modèle
JAUCH — JEAN IV
23
des bons instruments de Crémone. Christophe
Frédéric Hunger, luthier distingué hii-même,
établi aussi à Dresde, était son élève.
JAVVURECIÎ (M'io Constance), cantatrice
d'un talent remarquable, fille d'un musicien
alleuiand élabli à Paris, naquit en cette ville
au mois de septembre 1803. Élève du Conser-
vatoire, elle y reçut des leçons de Planlade et
de Carat pour le clianl et la vocalisation, de
Baptiste aîné pour la déclamation, et otjtint un
second prix de vocalisation en 1820. Bientôt
engagée à l'Opéra, elle débuta à ce théâtre
dans un rôle secondaire, celui de Zarine dans
Aladin ou la Lampe merveilleuse (6 février
1822). Douée d'une voix charmante et d'une
remarquable beauté, son succès fut très-grand
tout d'abord, et elle se fit surtout applaudir
dans l'air : Venez, charmantes bayadères,
qu'elle chantait à ravir. Cependant, l'adminis-
tration de l'Opéra ne sut pas tirer aussitôt
parti des rares qualités de la jeune artiste, et
ce n'est qu'à partir du jour où elle eut l'occasion
de jouer le rôle d'Auiazillie de Fernand Cortez,
que la direction, enhardie par l'accueil très-
chaleureiix que lui avait fait le public, prit
confiance en elle et lui fit la position qu'elle
méritait. Peu de temps auparavant, lors d'une
reprise d'Orphée, elle avait rempli le rôle de
l'Amour dans le chef-d'œuvre de Gluck, et c'est
à cette occasion qu'im critique avait dit de
l'aimable artiste : Elle est charmante dans
lerdle de V Amour; elle représente le fils
presque aussi naturellement qu'elle repré-
senterait au besoin la mère.
Quoi qu'il en soit, du jour où elle se fut
montrée dans Fernand Cortez, MHe Jawnreck
fut comptée au nombre des meilleures canta-
trices de notre première scène lyrique, et prit
place à côté et un peu au-dessous de M'"'^ Da-
moreau. C'est elle qui créa, avec un talent
véritable et une grâce charmante, les rôles du
page Isolier dans le Comte Ory, de Jeannette
dans le Philtre, sans compter ceux qu'elle
remplit dans Sapho, Vendôme en Espagne,
Pharamond, Don Sanche, la Tentation, la
Esmeralda.
Pourtant, après une heureuse carrière de
quinze années à l'Opéra, cette artiste distinguée
quitta en 1837 la scène de ses succès, et fut
aussitôt engagée au théâtre royal de Bruxelles,
où elle débuta le 5 juin de la même année dans
Fernand Cortez, puis dans Guillaume Tell
pI Pobert-le-Diable. Sa belle voix, sonore et
étendue, et son jeu intelligent et dramatique
eurent bientôt conquis les faveurs du public de
Bruxelles, dont elle conserva la sympathie jus-
qu'en 1840, époque où elle abandonna la car-
rière dramatique, encore en pleine possession
de son talent, de sa voix et de sa beauté.
M"« Jawureck est morte à Bruxelles, le 8 juin
1858.
JAYE (Hf.nrv), luthier anglais, exerçait sa
profession à I^ondres au dix-septième siècle.
On lui doit des violes dont le vernis, dit-on,
est parfait, et qui forment de bons spécimens
de l'art de la lutherie à cette époque. Le Musée
instrumental du Conservatoire de Paris possède
de Jaye une petite basse de viole, datée de 1624.
* JEAIM IV, roi de Portugal.^Ce prince mérite
certainement une place bien plus importante
dans l'histoire de la musique que celle qu'on lui
a accordée jusqu'ici. Aucun des musicographes
étrangers au Portugal n'a apprécié à leur juste
valeur les services qu'il a rendus à l'art, parce que
aucun d'eux n'a prêté une attention suffisante à
son grand Catalogue de musique (qui se trouve
à la Bibliothèque nationale de Paris).
M. Ernest David a signalé, le premier à l'é-
tranger, dans la Bévue et gazette musicale
(1874) la haute importance de ce Catalogue dans
une série d'articles sur VEssai que j'ai publié en
1873 sur la Bibliothèque de musique du Roi
Jean IV (I). M. E. David a donné dans ces arti-
cles un très-bon résumé de l'histoire de cette
Bibliothèque, et y a réuni les résultats les plus
importants de mon travail. Toutefois, l'histoire de
cette merveilleuse Bibliothèque n'est qu'esquissée
dans mon Ensaio; depuis sa publication (1873),
j'ai recueilli bien des notes qui doivent prendre
leur place dans l'Introduction historique que je
mettrai en tête de la nouvelle édition critique du
Catalogue, qui paraîtra prochainement.
Les quelques renseignements que je vais donner
sur la Bibliothèque de musique du roi Jean IV
suffirontpour attirer l'attention de ceux qui n'ont
pas lu le compte-rendu de M. E. David. La Bi-
bliothèque était contenue dans 42 caisses énormes,
rangées dans des armoires ; le Catalogue (un gros
volume de xix-525 pages in-4''), ne renferme
pas moins de 931 numéros; chaque numéro se
compose d'une certaine quantité de recueils (col
lecçoès) de messes, de motets, de madrigaux etc.,
ce qui forme une quantité énorme de composi-
tions; pour donner une idée du volume de ces
recueils, il suffit de dire que ceux des caisses
25-30 (Nos 657-743), se composent de 2259 Vi'
Ihancicos (Noëls, etc.); or, c'est là seulement le
contenu de 5 caisses ou 86 numéros, et le Cata-
logue se compose de 40 caisses ou 951 numéros !
(1 )Énsaio critico sobre o Catalogn d'Él-Reij D.Joâo If^ .
Porto, 187S ln-40.
24
JEAN rv
Ces Vilhancicos appartiennent presque fous à
des compositeurs portugais et espagnols, notam-
ment à Gabriel Dias et Francisco de Santiago;
cepemlant, on y trouve aussi quelques composi-
teurs flamands qui vécurent en Espagne et en
Portugal : Gesy de Gherseni , Carlos Caulier,
Nicolas de Pont, Ph. Rogier, etc. La plupart des
compositions du Catalogue étaient en manus-
crit; cependant il y avait aussi la majeure partie
des recueils publiés en Hollande, en Italie, en
Allemagne, en France et en Angleterre. Les noms
les plus illustres de toutes les écoles y étaient re-
présentés, et l'on y trouvait les recueils les plus
précieux, les ouvrages théoriques les plus célè-
bres et les plus rares, et même des manuscrits
hors ligné. Il suffit de nommer le manuscrit au-
tographe du Micrologue de Guido d'Arezzo, ca-
deau de la célèbre Christine de Suède au roi
Jean IV (1), la presque totalité des compositions
autographes du célèbre Philippe Rogier (2), dont
les ouvrages sont si rares, une quantité de ma-
nuscrits de la main de Palestrina (3) lui-même,
les traités manuscrits de John Hof hby ,.Iean de Mu-
ris, Alarchettuide Padoue, Berno, Tincloris,etc.
Ce qui frappe l'attention du lecteur du Catalogue,
ce ne sont pas les milliers de cahiers de musique,
mais la rubrique finale du volume-, on lit : Le-
guessea segunda parte d'esté Index em outro
volume. Le volume de la Bibliothèque nationale
n'est donc que la première partie Aa Catalogue,
à laquelle une deuxième partie, devait faire
suite. Celle-ci na pas paru, malgré la recom-
mandation expresse du roi faite dans son testa-
ment (4). On peut consulter mon Essai sur les
obstacles qui survinrent après la mort du roi
(1656) et qui empêchèrent aussi la publication de
son traité sur l'Histoire de la musique. C'est
donc une double perle qu'on a éprouvée. Le roi
était aussi fort dans la théorie que dans la pra-
tique de la musique; les traités publiés en font
foi, tout aussi bien que les rares compositions
qui nous restent de lui. Baini (5) fait beaucoup
d'éloges de son analyse (6) de la messe Panis
(1) V. Ensaio critiro, pag. 47-ol.
(t) V. Ibid., p.ig. 23 et 24, note 4. J'ai compté 233 com-
positions de Philippe RDgicrdans le Cutalogue du roi.
(3) V. Jbid.. pag. 54.
(4) V. Jbid., pag. 68-70.
[i) Memorie storico-criliche, vot.ir, pag. 559-362.
(6) ttCfpocsUis a las Diidas Que. sepiisicron a la .Vi.<:sa
Panis qiicm ego dubt de Palestrina (sic) ; Impressa en cl
qainlo llbrt) de sus Missas, sans lieu, ni date; ù la fin
(p. 4î), la date : a 23 de setlenibre 1634, petit in-4"' de ii,— 29
pag. avec frontispice gravé aux armes de la maison de
Bragancc. V. pour les détails : flitisicos portuguezes, vol.
I, pag. 138-144. Il y a une traduction des Jtespoestas en
Itallea : Jiiposte ulli dubil proposti sopra la missa, etc.
V. Mus. portug., tome i, pag. 138.
quejn ego daho de Palestrina ; sa Defensa de la
Musica moderna (i) contre l'évêque Cyrille
Franco est un livre d'excel'.ente critique, plein
d'érudition, et qui contient des aperçus remar-
quables sur bien des maîtres célèbres. J'en ai
donné ailleurs l'analyse (2). Malheureusement
ces deux volumes (t649 et 1654) sont aussi rares
dans l'édition originale (en espagnol) que dans les
traduclions (en italien) qu'on en a faites à Rome.
Jean IV avait laissé en outre à son successeur
(D. Alfonso VI) le soin d'imprimer deux autres
manuscrits : Concordancia da Musica epassos
da CoUegiada dos vmiores professores d'esta
arte, et Principios de Musica, quem foram
seus primeiros autores e os progressas que
levé. Ms in-fol.
J'ai déjà dit qu'on n'en a fait aucun cas. Les
compositions du roi Jean IV étaient très-nom-
breuses (3), mais elles ont été perdiies pour la
plupart. On ne connaît aujourd'hui que deux
Motets insérés dans les œuvres de Rebello (Ro-
mse, 1657), et un autre Motet inséré dans Y An-
thologie universelle de Musique sacrée, pu-
bliée par Georges Schmilt (Paris, Repos 1869),
l'^ série, vol. vu). Félis croit que les exemples
de musique qu'on trouve à la fin de la Defensa
sont des compositions du roi, ce qui ne me paraît
pas exact. On n'a que des renseignements fort
vagues sur le sort de la Bibliothèque de mu-
sique du roi D. Jean IV après sa mort; on ne
sait pas au juste si elle a été ensevelie sous les
ruines de Lisbonne lors du grand tremblement
de terre de 1755. Elle se trouvait alors probable-
ment, à cette époque, dans le même endroit oti
Jean IV l'avait installée, c'est-à-dire dans le pa-
lais royal (Caza do Paço); celui-ci fut presque
entièrement détruit. J'espère pouvoir donner
bientôt des renseignements définitifs sur ce sujet;
en tout cas, qu'elle soit détruite ou non, la pre-
mière partie du Catalogue nous reste, piédestal
grandiose sur lequel on pourra élever au roi ar-
tiste le monument qui lui est dû (4).
J. DE V.
(1) Defensa de la Musica moderna, contra la crrada
opinion dcl Obispo Ciirtlo Franco. Sans lieu, ni date, ni
nom d'auteur, tout comme les Respocsies; à la fin on lit :
Lisboa a ide Dcziébre de |619, petit in-4i> de iv — 56 p.
1^ traduction italienne porte le titre suivant : Difesa délia
Ulusica moderna coniro la falsa opinione del f-'e.^covo
( irillo Franco, Iraclolta di spafjnuolo in itallano. Sans
lieu, ni date, ni nom d'autenr. Le frontispice gravé est le
même qui se trouve dans un exemplaire des llespnestas,
que Je possède. Le nombre des pages de la traduction Ita-
lienne est de 74. Je tire ces renseignements d'un exem-
plaire que j'ai vu à la Bibliothèque royale de Berlin.
|2) v. Musicos l'ortng., vol, i, pag. ni-148.
(3) J'en al donné la liste complète dans mes Musicos
portuguezes, vol. i, pag. 144-145.
(4) Je u'al pas cru devoir donner ici dei détails biogra-
JEAN DE CLÈVES — JENSEN
25
* JEAN DE CLEVES. Dans le premier
volume de son ouvrage : la Musique aux Pays-
Bas, M. Vander Straeten donne le texte lalin de
l'épitaphe de cet artiste, épitaphe qui se voyait
dans la grande église d'Augsbourg et qui fait
connaître, avec la date de sa mort, l'âge qu'il
avait alors. En voici la traduction : « Épitaphe
de l'éminent musicien, maître Jean de Clèves.
Dans cette urne, repose l'excellent musicien de
Clèves, de la bouche duquel s'échappent des
sons mélodieux. Il fut autrefois musicien de l'em-
pereur Ferdinand 1", directeur du chœur de
l'archiduc Charles, dont il fut la gloire. Il mourut
en 1582, le 14 juillet, âgé de cinquante-trois ans. «
Jean de Clèves était donc né en 1528 ou 1529.
JEAI\DEL (Pierre-Napoléon), luthier
français, né en 18 1 2 à Courcelles-sous-Vaudemont
(Meurthe), fit son apprentissage à Mirecourt,
chez Charotte, et en 1835 se rendit à Rouen, où
il entra comme ouvrier chez le frère de celui-ci,
établi en cette ville. A la mort de son patron (1830),
M. Jeandel, s'associant avec Lucien Delau, lui
succéda; puis, s'étant séparé de son associé en
1848, il s'établit seul, sans quitter Rouen, et se
fit avantageusement connaître par un assez grand
nombre d'instruments, remarquables, dit-on, par
leur bonne facture et leur belle sonorité. Artiste
habile, M. Jeandel a obtenu plusieurs récom-
penses dans les Expositions : à Rouen (1854), une
médaille de bronze; à Paris (Exposition univer-
selle de 1855), une médaille de première classe;
à Rouen (1856), une médaille d'argent.
JENIKE (Emile), pianiste et compositeur
polonais, s'est fait connaître par de jolies mélo-
dies vocales publiées sous ce titre : Dziewine
Pies'ni. Parmi ces mélodies, on distinguait sur-
tout celles intitulées -. le Soir sur Veau, le Sou-
venir, Mon souhait. A la mort de Chopin, cet
artiste composa une marche à la mémoire de l'il-
lustre virtuose, qui fut publiée à Varsovie, chez
Klukowski. Emile Jenike, qui appartenait, dit-
on, par la nature de son talent, à l'école roman-
tique, mourut prématurément en 1852, sans
avoir eu le temps de justifier les espérances qu'on
avait fondées sur lui.
JEi\SEl\ (Adolphe), compositeur, né à Koe-
nigsberg le 12 janvier 1837, apprit tout seul
les éléments de la musique, puis reçut pendant
deux ans les conseils bienveillants d'Ehlert et de
Marpurg, que son talent précoce avait frappés.
Grâce aux études sérieuses qu'il fit sous leur
.direction , il put bientôt écrire de nombreux
morceaux -. sonates, ouvertures, quatuors, ^ierfer;
phiques sur D. Jean iv. On pourra consalter sa biogra-
phie dans les Mustcos Porluguezes, vol. i, pag. 130-130,
et mon Ensaio critico.
mais ces professeurs ayantiquitté la ville, Jensen
se retrouva sans maître. Il continua de composer
avec ardeur, puis alla passer en Russie l'année
1856, afin d'y gagner, par ses leçons de piano,
l'argent nécessaire pour se rendre auprès de
Schumann , son maître de prédilection. Il eut la
douleur d'apprendre la mort de ce grand musicien
avant d'avoir pu le connaître. Il revint en Alle-
magne en 1857 et habita successivement Berlin,
Leipzig, Weimar et Dresde. Nommé, la même
année, chef d'orchestre du théâtre de Posen, il
renonça bientôt à celte position pour se rendre à
Copt'nhague, afin de faire la connaissance de
M. Niels Gade. Deux ans après , il revenait à Kœ-
nigsberg, où ses leçons étaient très-recherchées.
En 1866, il était mandé à Berlin par Cari Tausig,
pour être premier professeur à l'École des vir-
tuoses, et, en 1868, il quittait Berlin pour aller
à Dresde, puis à Grœtz, en Bohême, où il est
encore aujourd'hui.
Les sept morceaux qui composent le recueil
Eroiikon (op. 44) sont d'une mélodie élégante et
d'une harmonie intéressante, qui leur prête un
attrait particulier. Ces esquisses antiques, CaS'
sandre, Eres, Galatée , Electre, etc., expri-
ment tour à tour une grâce coquette et une ten-
dresse langoureuse ; il s'en faut que ces pièces
soient faciles à jouer et surtout à bien rendre,
mais l'exécutant goûte d'autant plus de plaisir à
distinguer peu à peu les intentions de l'auteur et
à s'en pénétrer. Ce recueil est le seul de Jensen
qui soit encore publié en France; mais je con-
nais à peu près tout son œuvre de piano, qui est
déjà considérable , et sans insister sur tant de
morceaux, qu'il serait difficile de se procurer à
Paris, je citerai simplement ceux qui m'ont
frappé par la distinction de l'inspiration et l'élé-
gance de la facture, puis je jugerai d'ensemble le
talent de ce compositeur.
Je recommande aux amateurs la Botnance,
(op. 19), une valse brillante (op. 3), les Fauta-
sieslùcke, la grande sonate en fa dieze mineur
un délicieux recueil de vingt morceaux , Chants
et danses, trois charmantes Valses-Caprices
et deux jolies romances A celle qui s'en va.
Jensen a aussi composé des morceaux à quatre
mains d'une grâce et d'une poésie charmantes.
Sa suite intitulée : Musique de noce , .«es trois
morceaux séparés (op. 18) et ses huit Idylles,
dépeignant tout le cycle d'une journée , depuis
le crépuscule matinal jusqu'à la nuit, sont des
compositions de haute valeur. Jensen n'a encore
que peu écrit pour l'orchestre ; mais sa compo-
sition des Pèlerins d'Emmaiis , d'après l'É-
vangile de Saint-Luc, est ime création symphoni-
que de premier ordre , pleine de poésie et de
26
JENSEN — JIMENEZ HUGALDE
grandeur religieuse. En résumé, la ieclure de
ces œuvres, faiJe en suivant l'ordre de produc-
tion, montre bien que, comme tant d'autres, le
compositeur n'a pu dégager qu'à la longue son
inspiration propre : ses premiers morceaux ren-
ferment des idées charmantes , mais elles se
noient sous les notes et les coml)inaisons liar-
moniques. A mesure qu'on suit la filière de ses
oeuvres, la pensée du musicien devient plus
nette, plus claire; la contexture même en est
d'autant plus riche qu'elle est moins touffue, et
celui de ses recueils qui est peut-être le plus
poétique elle plus gracieux. Chants et danses,
semble inspiré directement par Robert Scliu-
mann, dont Jensen (ut le disciple et l'admira-
teur.
Voici le catalogue des œuvres de Jensen :
Musique podr orchestre. La Fille de Jeph-
té, d'après Byron, avec soli et chœurs (op. 26;.
— Les Pèlerins d'Emmaiis, morceau religieux
d'après l'Évangile de saint Luc (op 27).— Musique
DE MANO. Voix intérieures, 5 pièces, (op. 2). —
Valse brillante, (op. 3) Six pièces de fantaisie,
en deux cahiers, (op. 7). — Études romantiques,
dix-sept pièces en deux cahiers, (op. 8). — Ber-
ceuse, (op. 12), — Scène de chasse, (op. 15). —
A celle qui s^en va, deux romances, (op. 16). —
Tableaux de voyage, douze morceaux en deux
cahiers, (op. 17). — Scherzo, Berceuse et Pasto-
rale, à quatre mains, (op. 18). — Prélude et
romance, (op. 19). — Quaire impromptus, (op.
20). — V Sonate en fa dièze mineur, (op. 25).
— Trois valses-caprices, (op. 31). — Vingt-cinq
études en trois recueils, (op. 32). — Chants et
danses, vingt pièces en deux recueils, (op. 33).
— Six suites allemandes, (op. 36). — Impromptu,
en sol majeur, (op. 37). — Deux nocturnes, en
fa dièze majeur et en si bémol mineur, (op.
3s). — Marche, Cunzonetta et Scherzo, (op 42).
— Idylles, huit morceaux à deux et quatre
mains , (op. 43). — Erotikon, sept pièces, (op.
44). — Musique de noce, quatre morceaux à
quatre mains, (op. 45). — Chants du pays de
Berchtesgaden , en deux recueils, (op. 46). —
Idylle de la forêt, (op. 47). — Souvenirs, cinq
morceaux, (op. 48). — Musique de CHA^T. Six
lieder, (op. 1). — Sept chants du livre des Chants
d' Espar/ne, de E. Geibel et P. IIeyse,(op. 4). —
Quatre chants sur des poésies de G. Herwegh et
de Eichendorff, (op. 5). — A Vinnomée, six
mélodies d'amour d'après E. Geibel, (op. 6). —
Ilnif lieder pour mezzo-soprano ou baryton, fop.
9j. — Deux chants sur des poésies de Uhland,
(op. 10), avec deux cors et harpe (ou piano) -. n.
Chant des Nonnes, pour soprano solo et cbrur
à quatre voix de femmes; b. Chant delà fiancée,
pour chœur général. — Sept lieder d'apriis Hafis,
(op. 11). — Chants d'amour, six morceaux
pour voix grave, (op. 13). — Six lieder populai-
res de Wilhelm Herz pour voix moyenne, (op.
14). - Sept chants du recueil des Chants d'Espa-
gne de E. Geibel et P. Heyse, (op. 21). — Douze
lieder de P. Heyse pour voix moyenne en deux
cahiers, (op. 22). — Six lieder avec texte alle-
mand et danois, (op. 23). — Six lieder, (op. 24).
— Huil^JefZer pour soprano, alto, ténor et basse
d'après E. Geibel , (op. 28). — Huit lieder à
quatre parties, d'après Geibel, en deux recueils,
(op. 29). — Dolorosa, six poésies de Chami.sso,
(op. 30). — Antique Heidelberg ! extrait du
Trompette de Sackingen,\)aT Sc^heffel, morceau
de concert pour basse ou baryton, (op. 34). —
Six lieder pour voix grave, d'après O. Roquette,
(op. 35). — Deux lieder : Chante, ô ma belle
et Senteurs de la Nuit, (op. 39). — Douze lie-
der, tirés du GaudeamusdeSd\e(M, pour voix
de basse avec piano, (op. 40). — Romances et
ballades, de Robert Hamerling, six morceaux
pour voix seule avec piano, (op. 41). — Sept
lieder, de Robert Burns, (op. 49). — Sept lieder,
(op. 50). — Jensen-Album , recueil de lieder
pour une voix avec piano. — Laisse-moi reposer,
laisse-moi réver,i\°l de la collection des Chants
du Printemps, composés par Jensen, Taubert,
Abt, Reinecke, etc. Ad. J — n.
JERVOLliXO (Arcangelo), prêtre et com-
positeur italien, vivait dans la première moitié
du dix-huitième siècle et fut professeur au Con-
servatoire de Santa-Maria di Loreto, à Naples. Il
écrivit la musique d'un intermède qu'il lit re-
présenter sur le petit théâtre de cet établisse-
ment, en 1737, et qui avait pour titre lo Finto
Remita e lo Stroccione {le Faux Ermite et le
Gueux).
JESPER. Voyez REISET (Le comte DE).
JIMEXEZ, est le nom d'une famille de mu-
siciens nègres qui sont venus se faire entendre
à Paris, aux mois de novembre et de décembre
1875, et non sans succès. Le père, José Julian
Jimenez, est, dit-on, élève de Ferdinand David,
et possède les qualités solides qui distinguent
l'école de ce maître remarquable ; toutefois , il
manque un peu de charme et de grâce. Nicasio
Jimenez, le fils aîné, est un violoncelliste de
talent, au jeu expressif et au mécanisme précis,
mais dont l'archet manque d'ampleur. Enfin le
second lils, Manuel Jimenez, pianiste bien jeune
encore, n'en est pas moins un artiste d'un vrai
talenl, aussi remarquable par sa virtuosité que
par un sentiment plein de grâce.
JIMENEZ HUGALDE ou UGALOE
(CiiUACo), prêtre {'s;iagnol, compositeur et or-
JIMENEZ HUGALDE — JOMMELLI
27
ganiste, est né à Pampelune le 5 février 1828.
Son [)ère fut son premier maître de solfège, et il
étudia ensuite le piano avec José Guelbonzu.
Désirant se livrer à la composition et à l'élude
de l'orgue, il se rendit à Madrid et se tit admettre
au Conservatoire , où il eut pour professeur
M. Hilarioii Eslava. Ses études terminées, il de-
vint, à la suite de plusieurs concours, maître de
chapelle de la cathédrale de Jaca (1857), puis
de l'église métropolitaine de Valence (1861), et
enfin de la primatiale de Tolède (1865). M. Ji-
menez a composé un grand nombre de messes,
psaumes , répons, motets , saluts , litanies, etc.
On cite comme les plus remarquables parmi ces
œuvres un Miserere de larges proportions, une
messe en mi bémol, deux psaumes, deux can-
tiques, et un salut accompagné d'une litanie.
* JOACFIIM (Joseph). Cet illustre virtuose
est assurément l'un des plus grands violonistes
dont l'histoire de l'art puisse enregistrer le nom.
Enfant prodige, il a vu son talent toujours gran-
dir, jusqu'au jour où ce talent a atteint le déve-
loppement le plus magnifique et le plus merveil-
leux. Avec celaclief d'orchestre habile, composi-
teur distingué, M. Joachim ne se borne pas à
être ce qu'on appelle un virtuose de premier
ordre : pourvu d'une instruction solide, familier
avec les œuvres des grands maîtres, connais-
sant la musique de Bach et de Corelli aussi bien
que celle des violonistes modernes, il est un des
plus admirables quartettistes que l'on puisse
entendre.
M. Joachim est aujourd'hui fixé à Berlin, où
il s'est établi après la guerre de 1866 , alors que,
le Hanovre ayant été absorbé par la Prusse, il
se vit obligé de renoncer aux fonctions de maître
de la chapelle royale de Hanovre, qu'il occupait
depuis 1854. Il rertouva d'ailleurs à Berlin une
situation brillante, devint directeur du Conser-
vatoire particulier qui venait d'être fondé en
cette ville sous le titre d'Académie de musique,
se distingua tout à la fois comme virtuose, comme
compositeur et comme chef d'orchestre , et fut
élu membre de l'Académie des Arts.
M. Joachim, qui, dès l'âge de quatorze ans,
en 1845, avait obtenu de véritables triomphes à
Londres, où Mendeissohn l'avait emmené, ne se
vit pas accueillir avec moins de succès à Paris,
lorsqu'il y vint en 1866 et qu'il se fit entendre
à l'Athénée et aux Concerts populaires de M. Pas-
deloup. Sa renommée d'ailleurs est depuis long-
temps européenne, mais nulle part elle n'est
mieux établie qu'en Angleterre. Engagé , avec
un traitement annuel de 2,000 thalers , comme
directeur de l'Académie de musique de Berlin',
M. Joachim s'est réservé un congé chaque année,
du nouvel an à Pâques, congé qu'il va passer ré-
gulièrement à Londres, où l'entrepreneur de
concerts M. Chappell lui assure mille livres ster-
ling, soit 25,000 francs pour chaque voyage.
Comme compositeur, M. Joachim s'est produit
pour la première fois au mois de décembre 1845,
en exécutant , dans un concert du Gewandhaus
de Leipzig, un adagio et rondo qu'il avait écrit
avec accompagnement d'orchestre. Depuis lors,
il a composé d'as.sez nombreux morceaux sym-
phoniques , et plusieurs concertos de violon
parmi lesquels on cite surtout son Concert in
ungarischer Weise (op. il), production toute
brillante de couleur et de fraîcheur. Je mention-
nerai, parmi ses autres œuvres : 2 Marches
pour orchestre ; 3 pièces pour violon et piano,
op. 2; Concerto pour violon, avec orchestre,
op. 3 ; Ouverture A'Hamlet, op. 4 ; 3 Pièces pour
violon et piano, op. 5; Mélodies hébraïques,
pour alto et piano, op. 9; "Variations pour alto ,
avec accompagnement de piano , op. 10. — En
1863, M. Joachim a épousé une cantatrice d'un
grand talent , IW" Amélie Weiss, qui se fait
surtout remarquer dans l'exécution des Ueder.
JOANXES (Antoine), facteur de clavecins,
vivait à Anvers dans la première moitié du dix-
septième siècle.
JOELLljER(ANDRÉ),compositeur allemand,
directeur de musique à Meiningen , s'est fait
connaître par un grand nombre de chansons,
dont quelques-unes obtinrent des succès popu-
laires. Cet artiste est mort à Meiningen, le 2 mars
1862, à l'âge de cinquante-huit ans.
JOLIVET ( ), compositeur, habitait
Dijon dans la première moitié du dix-huitième
siècle. Il a écrit la musique des ouvrages sui-
vants : Cantate sur la naissance de Monseigneur
le Dauphin, exécutée à Dijon le 14 septembre
1729 : Idylle héroïque en deux scènes , avec
prologue et épilogue, chantée par les écoliers du
collège de Dijon le 6 mai 1730; Divertissement
pour la fête de M le comte de Tavannes, Dijon,
1730.
* JOLY ( ) , violoniste et marchand de
musique. Outre les publications mentionnées au
nom de ce musicien, on lui doit encore : r Mé-
thode de Guitare, Paris, Schlesinger ; T l'Art
de jouer de la guitare, ou Méthode rédigée
sur ttn nouveau plan (nouvelle édition), Lille,
Bohem.
* JOMMELLI (NicoLÔ). A la liste des pro-
ductions dramatiques de ce musicien immortel,
il faut ajouter les suivantes , qui sont conservées
dans les Archives du Conservatoire de Naples :
r Ezio, opéra sérieux en 3 actes , Bologne
1741 ; 2" Artaserse, 3 actes, Rome, th. Argen-
28
JOMMELLT — JONCIÊRES
tina, 1749; 3° Temisfocle, 3 actes, Naples, tli.
San Carlo, 1757; 4° il Trion/o di Clelin . 3
actes, il!., ùl., I7à7 ; 5° Ezio, 3 actes, écrit imur
le jour de naissance du roi Joseph l" de Portu-
gal, 1771 (c'est le troisième opéra que Jonmiplli
composait sur ce sujet); C" Cercre placata, fête
théâtrale, 1772; T Cajo Marzio, 3 actes (1).
L'ahbé Alfieri a publié sur Jommelii on opuscule
ainsi inlitulé : Notizie biocjrafiche di Mcolo
Jommelii (Rome, 1845, in-8"} ; on trouve aussi
une biograpl)ie et un portrait de cet homme cé-
lèbre dans la Biografia degli Italiani illustri
delsecolo XVIfl (1^'vol.), Venise, 1835,in-8°.
* JONAS (Emile). Le répertoire dramatique
de ce compositeur se complète par les ouvrages
suivants : Job et son chien , un acte, Bouffes-
Parisiens, 1863; le Manoir des La Renardière,
un acte, id., 1864 ; Avant la Noce, un acte, id.,
1865 ; les Deux Arlequins, un acte, Fantaisies-
Parisiennes, 1865; Malbrough s'en va-t-en
guerre, 4 actes (en société avec MM. Bizel, De-
libes et Legouix), Athénée, 1867; le Canarda
trois becs, 3 actes, Folies-Dramatiques, 1869;
Désiré, sire de Champigny, un acte, Bouffes-
Parisiens , 1869; Javot/e , 3 actes, Athénée,
1871 (ouvrage écrit pour le théâtre de la Gaité,
de Londres, et représenté sur cette scène et
sous le titre de Cinderella, peu de mois avant
d'être joué à Paris) ; le Chignon d'or, 3 actes
Bruxelles, 1874. M. Jonas a aussi une part,
avec MM. Bazille, Clapisson, Eug. Gautier, Ge-
vaert. Mangeant et F. Poise , dans la musique
de la Poularde de Caux, opérette en un acte
représentée au théâtre du Palais-Royal. 11 a en
portefeuille un opéra bouffe en 3 actes, intitulé la
Princesse Kelebella, et il a publié dans le jour-
nal le Magasin des Demoiselles une opérette,
Miss Bobinson, qui n'a pas été représentée.
Après avoir été, depuis 1847, professeur de
solfège au Conservatoire, cet artiste s'élait vu
chargé d'une des classes d'harmonie créées dans
cet établissement pour les élèves militaires , lors
de la suppression du Gymnase musical. En même
temps, il était chef de musique d'une des subdi-
visions de la garde nationale de Paris. Nommé,
en 1867, secrélaire du Comité d'organisation des
festivals militaires à l'Exposition universelle,
c'est à lui qu'incomba presque tout le travail
relatif à ces festivals ; il reçut en récompense le
ruban de chevalier de la Légion d'honneur.
JONCIÈUES (Fki.ix-Luucer, dit Victorin,
DE), compositeur et critique musical, fils d'un
écrivain politique qui, après avoir été saint-simo-
(t) Qii.int à l'opéra il rrasIuUo, titr» qui n'a pont de
sens, U faut le remplacer par Don Iras'.ullo, intermède 3
troh voix.
nien, devint, sous le .second empire, l'un des prin-
cipaux rédacteurs de In Patrie et du Constitu-
tionnel, e.st né à Paris le 12 avril 1839 (1). Après
avoir appris, avec une de ses tantes, les premiers
principes de la mu.sique et commencé l'étude du
piano, il entra au lycée Bonaparte pour y faire
son éducation littéraire, et en sortit à l'âge de
seize ans, après avoir terminé ses classes. A cette
époque, se croyant une vocation irrésistible pour
la peinture , il entra dans l'atelier de Picot, ce qui
ne l'empêcha pas de reprendre ses premières
études interrompues et de culliver la musique
en amateur; il écrivit même la partition d'un
petit opéra-comique dont un de ses amis lui
avait taillé le livret dans le Sicilien ou l'Amour
peintre de Molière , et lit exécuter cet ouvrage
en 1859, par des élèves du Conservatoire, à la
salle lyrique de la rue de la Tour-d'Auvergne.
Franck-Marie, critique musical de la Patrie,
mort depuis, assistait à cette représentation, et
a()rès l'audilion de l'ouvrage, lui conseilla de
quitter la peinture pour la musique.
Suivant ce conseil , M. Joncières abandonna
l'atelier de Picot, et se mil sous la direction de
M. Elvvart, avec qui il fit un cours d'harmonie.
Il entra ensuite au Conservatoire, dans la classe
de fugue et de contrepoint de Leborne, et se pré-
parait à concourir à l'Institut , pour le grand
prix de composition musicale , lorsqu'à la suite
d'une discussion à propos de Richard Wagner,
qui venait de donner son premier concert dans
la salle du Théâtre-Italien , il quitta la classe
d'un professeur en qui, dit-il lui-même, il n'avait
plus confiance. Il commença alors à se livrer
sérieusement à la composition , fit jouer aux
Concerts-Musard une ouverture, une marche et
différents morceaux d'orchestre, puis écrivit, sur
la traduction de \' Hamlet de Shakespeare faite
par Alexandre Dumas et M. Paul Meurice, une
partition qui comprenait une .ouverture , une
marche, des eutr'actes et des mélodrames. Il fit
entendre cette musique, vers 1864, dans un
concert organisé à ses frais , et le 21 septembre
1807 il allait en diriger l'exécution à Nantes, pour
une représentation i\' Hamlet qui avait lieu au
Grand-Théâtre de cette ville, et dans laquelle
M""* Judith, delà Comédie Française, remplissait
le rôle d'Hamlet. L'année suivante, M""^ Judith
donnait des représentations de cet ouvrage à la
Galle, encore avec la musique du jeune com-
positeur.
Cependant , le 8 février 1867 , M. Joncières
(1) Et non le î6 avrl', comme le dit le Dictionnaire des
Contemporains ; Je tiens cette date de source certaine.
On a donné à M. Joncières le prénom de Victorin m sou-
venir lie sa mère, qni s'appelait Victorinc, et qui mourut
quinze Jours après l'.n olr mis au monde.
JONCIÈRES
29
faisait ses véritables débuts de musicien dramati-
que en donnant auTliéàtre-Lyriquei'crrfflnapfl/e,
grand opéra en trois actes dans lequel M"« Nils-
son, dont c'était la première création, remplissait
le principal rôle. Malgré la présence de cette
artiste aimée du public, Sardanapale , dont la
musique manquait d'élan et d'originalité, ne
réussit que médiocrement, quoique certains
morceaux de la partition ne fussent pas absolu-
ment dépourvus de qualités. Il en fut de mètne
du second ouvrage de M. Joncières, le Dernier
jour de Pompéi, opéra en 4 actes donné au
môme théâtre en 1869, et que la critique trouva
inférieur au précédent. Depuis lors, le Théàlre-
Lyrique avant disparu et M. Joncières n'ayant
pu réussir à forcer les portes de l'Opéra, cet
artiste, dont le teiispérament musical est abso-
lument hostile au genre de l'opéra-comique, ne
s'est pas produit à la scène, bien qu'il ait en por-
tefeuille un ouvrage entièrement terminé , Di-
mitri , opéra en 5 actes écrit sur un poëme de
MM, Henri de Bornier et Armand Silveslre. Il
s'est borné à publier quelques romances, quel-
ques morceaux de piano, et à faire entendre un
concerto de violon, exécuté au Conservatoire,
en 1870, par M. Danbé, et une Symphonie ro-
mantique, exécutée au Concert national au mois
de mars 1873. C'est aussi depuis cette époque,
et en 1871, que M. Joncières a pris possession du
feuilleton musical du journal la Liberté, qu'il
signe de son nom, tandis que sous le pseudonyme
de Jennius, il écrit, à ce même journal, une chro-
nique quotidienne des théâtres.
Il est difficile, à l'heure présente, de porter un
jugement raisonné sur la valeur musicale de
M. Joncières. N'ayant encore fait représenter que
deux ouvrages, et quoique ces ouvrages fussent
importants, le jeune artiste ii'est pas encore sorti
de ta période des débuts, des tâtonnements, et
nous pensons que l'on serait injuste en voulant
apprécier son talent sur deux productions im-
parfaites. 11 est vrai que M. Joncières a une
fort bonne opinion de lui-même, qu'il se croit
appelé à régénérer l'école musicale française, et
que, joignant la plume du critique à celle du com-
positeur, il le prend de très-haut avec ses con-
frères, et reproche àdesarlistestelsqueM.Reyer,
par exemple, de ne pas être musiciens et de ne
pas connaître la pratique de leur art. Un tel
grief, articulé par l'auteur de Sardanapale
contre l'auteur de la Statue, peut à bon droit
faire sourire ce dernier. Du reste, les musiciens
français de ce temps ne sont pas les seuls pour
lesquels M. Joncières professe un dédain magni-
fique; en prenant la collection des feuilletons
publiés par lui depuis quatre ans dans la Li-
berté, il serait facile de se convaincre de ee
fait, que M. Joncières fait dater l'existence de la
musique française du jour où il a abordé le théâ-
tre. Quels que soient le nom et la valeur des
artistes auxquels la France avait cru devoir
jusqu'ici accorder un peu de reconnaissance ,
quel que soit le genre auquel ces artistes se sont
attachés, ceux-ci ne sauraient trouver grâce
devant un critique aussi farouche : Monsigny ,
Grétry, Boieldieu , Auber, Adam, Berlioz, tous
sont traités par lui avec une superbe écrasante.
Voici comment M. Joncières apprécie le gt^nie
inculte, mais naturel et passionné, de Monsigny :
« Nous ne sommes pas, il faut l'avouer, de ceux
qui pleurent d'admiration en entendant la mu-
sique du Déserteur. Les chants heureux de
Monsigny, comme disent les amateurs de ce vieil
opéra-comique, n'ont pas le don de nous tou-
cher Il faut avoir porté la culotte courte,
s'être délecté aux comédies de Picard, avoir passé
ses soirées à Feydeau, après un bon dîner chez
le traiteur, en un mot, avoir été jeune il y a
cinquante ans, pour goûter les charmes de la
musique de Monsigny. » On pense bien qu'après
avoir ainsi traité le Déserteur, le critique ne
saurait user d'une grande indulgence pour la
Dame blanche : « L'Opéra-Comique, écrivait-il
un jour au sujet de cet ouvrage, donnait la se-
maine passée la 1, 2370 représentation de la Dame
blanche . Devant l'éloquence d'un pareil chiffre
la critique perd ses droits, et n'a plus qu'à s'in-
cliner; nous ne discuterons pas la valeur de
cet ouvrage. Depuis quarante-six ans le public
se pâme d'aise aux la la -i-tou des montagnards
écossais, à la cavatine du ténor : « Ah! quel
plaisi-ir d'être soldat !» à la strette, qui parut
si entraînante en 1825, du fameux duo : Cette
main, cette main sijoti-i-i-e, et rien ne semble
encore annoncer la lin de l'engouement général
pour cet opéra tyrolien dont l'action se passe
en Ecosse.... » M. Joncières qui, on le voit, cher-
che parfois à faire de l'esprit, est plus sévère en-
core envers Berlioz qu'il ne l'a été envers Mon-
signy et Boieldieu ; il regrette d'abord son inex-
périence des procédés de l'art musical , la
stérilité de son imagination , et voici comme
il le juge : « Berlioz ressemble à un cuisinier
inexpérimenté qui , voulant inventer un art cu-
linaire nouveau, jetterait pêle-mêle dans la cas-
serole tous les ingrédients qui lui tomberaient
sous la main, se disant : ce sera peut-être mau-
vais, mais en tous cas on ne pourra contester
l'originalité de ma cuisine, et il se trouvera cer-
tainement des palais blasés qui prendront plaisir
à goûter une sensation qu'ils n'ont encore jamais
éprouvée. » ,. .
3Ô
JONCIERES — JOSSE
I On voit que la criftque de M. Joncières est
enfantine, malgré les grands airs qu'elle veut
prendre parfois. Ses efforts n'enlèveront pas aux
grands artistes qui ont honoré ou illustré la
France une parcelle de leur génie, mais ils pour-
raient porter préjudice à l'avenir du jeune com-
positeur qui se livre à de tels écarts et qui semble
tro[) porté à croire que tous les yeux de l'Europe
sont tournés sur lui. M. Joncières n'est pas en-
core célèbre ; pour le devenir, il ne suffit pas
d'avoir, comme lui, deux admirations exclusives
dont l'accouplement semble au moins étrange
lorsqu'on sait qu'elles ont pour objet M. Wagner
d'une part, M. Offenbach de l'autre; il faut
composer, produire beaucoup, créer des chefs-
d'œuvre et forcer l'admiration du public. Mais
se cantonner chaque semaine dans le coin d'un
journal dans l'unique but de rabaisser sans cesse
l'art de son pays, de ternir la mémoire des grands
hommes qui l'ont illustré, de s'accorder à soi-
même des éloges au moins singuliers, enfin d'a-
mener les administrations théâtrales à représen-
ter vos œuvres, cela n'est pas le fait d'un véri-
table artiste. Je suis d'avis, pour ma part, qu'on ne
peut, pour une foule de raisons, être à la fois pro-
ducteur et critique. Berlioz, qui, quoi qu'en puisse
penser M. Joncières, présentait sous ce double
rapport une autre surface que lui-même, a usé sa
vie à ce jeu dangereux et avait fini par s'aliéner
toutes les sympathies. Que M. Joncières y prenne
garde, s'il lient à sa carrière de compositeur (1).
JOSSE {Je.\n-Marie), compositeur, est né
à Toulouse le 23 février 1815, dans une famille
d'artistes. Elevé d'abord à la maîtrise de Saiiit-
Élienne, cathédrale de Toulouse, il se rendit
vers l'âge de douze ans à Bordeaux, où son pèie
venait d'être engagé comme chef d'orchestre
du Grand -Théâtre. Ce fut là qu'il apprit l'har-
monie et la composition sous la direction de
Massin, dit Turinu, disciple de Reicha, qui, en
1819, avait partagé avec Ilalévy le grand prix
de Rome. En 1832, et après de sérieuses études,
son maître l'envoya à Paris terminer son édu-
cation musicale et le recommanda chaudement
à Reicha. Le digne artiste lit plus : en se sé-
parant de son élève, il lui fit don de la somme
qu'il avait reçue de lui pendant plusieurs années
pour prix de ses leçons, et qu'il avait soigneu-
sement amassée pour la lui rendre et lui faci-
liter ainsi les premiers pas dans la carrière.
(1) DepiiU qiic cette nntire est écrite, lo ThMtrc-
I.yrlqiie s'est recon<tltii(>, et M. Joncières y a fait repré-
senter, pour sa réoiivi-rturc, Dimiiri, grand opér.i en 5
acte< qu'il avait Inulilcincnt tenté de faire jouer à l'Opéra.
Bien que cet ouvrage n'ait point attiré le public. Il a
obtenu auprès des arilste» et de la critique un .iccueil
trùs-f.ivorable, que justiûdicnt de réelles qualités. De
Arrivé à Paris, M. Josse entra au Conservatoir©
et suivit la classe de Reicha pour la fugue, et
celle de Lesueur pour la composition draina-
tique. En 1836, il obtint, avec Louis Maillart,
la seule mention que le jury décerna pour le
contrepoint et la fugue. En même temps, il
occupait l'emploi de second violon au théâtre
Nautique, puis d'alto à l'Opéra-Comique, et,
enfin, devenait sous-chef d'orchestre à ce dernier
théâtre. C'e.st pendant cette période qu'il écrivit
la Tentation, oratorio en trois parties, qui fut
exécuté en 1848 aux Italiens, à l'Opéra-Comique
et aux concerts du Conservatoire; puis le Ta-
lisman , opéra-comique en un acte, qui fut
donné en 1849 à l'Opéra-Comique.
En 1850, M. Josse se rendit en Russie, où l'ap-
pelait un engagement de chef d'orchestre au
Théâtre-Michel de Saint-Pétersbourg. Il con-
serva ce poste jusqu'en 1861. A celte époque,
il est rentré en France, où il habite encore
aujourd'hui. — C'est à Marseille qu'il s'était
fixé en dernier lieu. — Dégagé de toute fonc-
tion assujettissante , s'étant par son travail as-
suré l'indépendance qu'il avait souhaitée , il a
pu dès ce moment se livrer tout entier à son pen-
chant pour la composition. Il a écrit des frag-
ments de musique, sjmphonique et lyrique, des
quatuors, des ouvertures, marches, etc. — Plu-
sieurs de ses pièces d'orchestre ont été exécutées
avec succès aux Concerts populaires de Marseille.
Son ouvrage le plus important est un grand
opéra en 5 actes dont le poëme est tiré du
drame d'Alexandre Dumas, Ilenî-i III, et qui
a été traduit en italien sous le nom de la Lega
(la Ligue). Cet opéra doit être donné au théâlre
de la Scala, à Milan, pendant la saison du
carnaval 1876 (1).
Il y a dans ces diverses compositions une
grande sûreté de main, une facture solide et
ferme. On y sent l'intluence du style et des
procédés de Meyerbeer. Le caractère de la
pensée et les moyens employés pour la mettre
beaucoup supérieure aux deux (tuvres précédantes de
l'auteur, la pirtition de Dimitri, bien que manquant
encore d'originalité, dénote un vrai tcnipcrament scéni-
qne, et fait honneur à l'artiste qui l'a écrite ; les progrès
de celui-ci sont évidents, sa main est beaucoup plus
sûre, snn orchestre est sonore et brillant, et l'inspiration
si elle pèche un peu trop du côté de la nouveauté, ne man-
que du moins ni d'ampleur ni de pu ssance. Dimitri n'esf
pas sans doute une prndnction accdinplic, mais c'est une
œuvre niAle, liardie, sincère, qui est un heureux gage
pour l'avenir du musicien. Un fai' est à signaler au sujet
de cet ouvrage; c'est (|ue, chez M. .lo'icleres, les théories
du crlUqiie n'ont aucune influeiice sur la pratique du
compositeur; la musique de Dimitri est aussi peu wag-
nériennc que possible.
fi) fM Leçia fut en effet représentée a la Scala, de
Milan, le 25 janvier i876,el bien accueillie par le publiic,
JOSSE — JOURET
3\
en valeur accusent un tempérament vigoureux
qui doit s'appliquer heureusement aux compo-
sitions dramatiques. Al.R — D.
JOUAIV (J....-M....-J ), instituteur à
Caro, près de Pioërmel (Bretagne), est l'auteur
d'un Petit Recueil de mélodies religieuses,
contenant une messe solennelle, un motet pour
Toi\ d'enfants, et des Chants en l'Iionneur du
Très-Saint Sacrement et de la Très-Sainte
Vierge. Ce recueil a été publié il y a quelques
années à Rennes, chez Vatar.
JOURET (Théodore), né à Ath (Belgique),
le 11 septembre 1821, ne s'est d'abord occupé
de musique que comme amateur, cherchant
dans la culture de cet art un délassement à
ses études scientifiques. C'est ainsi que de
iS-iO à 1846, il a composé des mélodies et des
chœurs pour quatre voix d'hommes. En asso-
ciation avec Guillaume Meynne, qui lui avait
servi de guide et de conseil dans ses pre-
miers essais de composition musicale, M. Théo-
dore Jouret a pris sa part de collaboration
à un opéra-comique en un acle, le Médecin
Turc, exécuté en 1845, dans un salon mu-
sical à Bruxelles. (Voir Biographie universelle
des Musiciens, t. VI, p. 129, l'article con-
sacré à Meynne). Depuis 1846, M. Théodore
Jouret n'a plus consacré ses loisirs qu'à la
critique musicale. Durant ces trente années,
il a successivement collaboré à la Bévue
de Belgique, dont il était l'un des fonda-
teurs, à la Revue trimestrielle, à l'Étoile
Belge, à V Observateur, au A'ord, au Guide
musical, et enfin à VOf/ice de publicité, de-
puis sa fondation (1858). Il a aussi envoyé, de
Paris et de l'Allemagne, un grand nombre de
correspondances musicales à l'Indépendance
belge et au Journal de Saint-Pétersbourg .
Enfin, il a publié dans le journal l'Art, de
Paris (n'" des 1^"^ et 8 octobre 1876), une étude
sur Verdi, dont il a été fait un tirage à part
(Paris, 1876, in-f).
M.Théodore Jouret est professeur de chimie à
l'École militaire de Bruxelles et chevalier de
l'ordre de Léopold. F. D.
JOURET (Léon), compositeur, frère du
précédent, naquit à Ath (Belgique), le 17 octo-
tobre 1828, entra, à l'âge de huit ans, aux
cours de l'École de musique de sa ville natale,
où il apprit les premiers éléments de son art,
et étudia le violon et le piano. Il tenait déjà
très-souvent l'orgue à l'église Saint-Julien; à
celte époque, l'église élant pour lui l'endroit
où l'on faisait le plus de musique, il ambitionna
— c'est le mot — la place d'enfant de chœur,
qu'il obtint; ses entrées au Jubé lui causèrent
une joie immense, et il accompagnait la plupart
des offices.
En 1839, sa famille quitta la ville d'Ath pour
aller habiter Bruxelles, et dès lors il voulut à
tout prix devenir musicien. Rien ne le con-
traria dans sa vocation, et ses parents le lais-
sèrent libre de suivre son instinct.
Le Conservatoire royal était encombré d'é-
lèves, et il ne put y entrer que vers la fin
de 1840. Admis aux cours de solfège et de
piano, il fréquenta plus tard les cours d'orgue,
de violoncelle, d'harmonie et de composition.
C'est en 1848 que M. Léon Jouret publia sus
premières mélodies, écrites sur des paroles de
V. Hugo, Alfred de Musset et Th. Gautier.
Ses premiers essais furent bien accueillis, et
c'est alors qu'il reçut pour son art les meilleurs
conseils de deux de ses amis, Guillaume
Meynne et Alexandre Stadtfeldl, deux artistes
pour qui il eut toujours les sentiments de la
plus vive reconnaissance.
A dater de 1850, M. Jouret publia d'année en
année des mélodies, des romances, des chan-
sons et des chœurs pour voix d'hommes, sans
accompagnement. Depuis lors, à différentes
reprises, il a été choisi pour écrire des chœurs
destinés à des concours de chant d'ensemble.
Sa dernière production en ce genre (1872)
a été imposée aux sociétés belges, françaises,
allemandes et hollandaises qui entraient
en lutte pour le prix d'excellence au concours
international de Verviers. Cette composition
a pour titre : Invocation à la Patrie. Parmi
ses œuvres chorales, dont la plus grande partie
est au répertoire des sociétés du pays et de
l'étranger, nous citerons : le Lever, Sa'ut
au pays natal, les Blancs Bonnets de Sam-
bre-et-Meuse, Chanson Espagnole, Hymne
à la Charité, Chanson de ma Mie et d'autres
encore. Il n'est que juste de mentionner aussi
plusieurs mélodies, qui ont été accueillies avec
succès : Ma Mie Annette, Chanson de Mai, La-
menta, Barcarolle, Une Fleur, On dit mon
Ange, l'Empressement, Chanson de Novem-
bre, ISoel, etc., éditées, les unes à Paris, et la
plus grande pai-tie à Bruxelles.
La maison Schott a publié dernièrement un
nouveau recueil de huit mélodies, écrites sur
des paroles prises aux meilleurs auteurs, et
dont quelques pièces sont de véritables poè-
mes. Les concerts du Cercle Arlistique de
Bruxelles ont fait connaître la Ritournelle, le
Franc Archer, et plusieurs autres du recueil,
qui contient en outre : Le Printemps, J'aime
à chanter, L'Évangile des champs, le Collier
de cœurs, l'Absent et la Promenade aux
32
JOURET — JOURNET
chainpx. M. Léon Jouret a fait paraître aussi
(1871), chez Scholt, une autre collection <le six
morceaux de chant à deux et à trois voix de
femmes, avec accompagnement de piano, et des-
tinés principalement aux cours de chant d'ensem-
ble. Ces morceaux ont pleinement réussi, et les
plus favorisés sont : les Fleurs, les Clochettes
bleues, — {Cantate du Printemps) — et Tom-
bée du jour, à trois voix, avec accompagnement
d'orgue et de piano; ce dernier est écrit fur
une délicieuse poésie de Théophile Gautier.
M. Jouret, qui s'est occupé de musique reli-
gieuse, a encore écrit des psaumes et des motets,
ainsi qu'une messe et une Cantate pour le jour
de Pâques, en trois parties, à cinq voix, avec
accompagnement d'orgue, violoncelle et contre-
basse. En 1851, on exécuta à l'église Saint-
Joseph, à Bruxelles, un Salut de sa composi-
tion, où l'on remarqua un Ave Man'o et le psaume
Super flumina Babylonis. 11 a fait entendre
à plusieurs reprises, dans sa ville natale, une
messe à cinq voix, avec accompagnement d'or-
gue, violoncelle et contre-basse, et lors de la
visite du Roi dans celte ville, il écrivit pour
cette circonstance un Domine Salvum fac, qui
fut exécuté par un grand nombre de chanteurs
et d'instrumentistes.
En 18G5, le Cercle Artistique et Littéraire
do Bruxelles mit à sa disposition son splen-
dide local; c'est là qu'il fit représenter son
premier opéra, intitulé Quentin Matsys, pa-
roles de M. F. Covelicrs. L'ouvrage obtint un
véritable succès. En 1868, le Cercle eut encore
la primeur d'un autre opéra : le Tricorne
enchanté, comédie originale et charmante de
Th. Gautier et Siraudin, appropriée à la scène
lyrique par M. F. Coveliers; poëme et musi-
que réussirent à souiiait. Grâce à ses relations
artistiques et à la sympathie qui s'attachait à
son nom, M. Jouret eut le rare bonheur d'avoir
pour interprèles les premiers sujets du Théâ-
tre royal de la Monnaie. On eut beau lui de-
mander sa partition pour une scène plus im-
portante et plus grande, il refusa toujours,
craignant le trop grand cadre, et disant à ses
amis que, s'il se décidait un jour à écrire pour
le théâtre, il voulait y produire une œuvre
nouvelle, et plus complète, si c'était possible,
que le Tricorne. Depuis lors, il a terminé diffé-
rents ouvrages ; mais le chant d'ensemble est
surtout depuis plusieurs années l'objet de tous
ses soins et son travail de prédilection.
En 187 i, M. Léon Jouret a été nommé profes-
seur au Conservatoire royal de Bruxelles, et
chargé du cours d'ensemble vocal dans les
classes du soir. , -.; F. D.
JOURNET (Françoise), l'une des plus
fameuses chanteuses de l'Opéra, quoique son
nom soit aujourd'hui bien oublié, brilla pen-
dant quinze ans à ce théâtre, au commencement
du dix-huitième siècle, et y tint le premier
rang. L'abbé de Fontenai, dans son Diction-
naire des Artistes, a donné sur cette actrice
alors célèbre une notice très-complèle, et que
je ne crois pouvoir mieux faire que de repro-
duire ici. « Françoise Journet, dit-il, est née
à Mâcon selon quelques-uns, et selon plusieurs
autres à Lyon. Sa mauvaise fortune la fit entrer,
dans cette dernière ville, chez une marchande
dont le mari fit banqueroute. Quoique aban-
donnée de sa maîtresse et n'ayant d'autre bien
qu'une très-jolie figure, elle ne céda aux pour-
suites d'un jeune homme qui l'aimait, qu'en
l'épousant. Mais ayant appris, au bout de quel-
ques mois, que ce jeune homme était déjà marié,
elle prit alors le parti du théâtre. Elle débuta
à l'Opéra de Lyon, et le succès qu'elle eut fut
si grand, qu'on l'engagea de venir à Paris. Elle
y fut médiocrement reçue. Ses amis lui conseil-
lèrent de persister; elle suivit cet avis, et réus-
sit au point que, peu d'années après, elle devint
la première actrice de l'Opéra de Paris. Elle y
avait débuté, au mois d'avril 1705, par le rôle
d'Yole dans l'opéra de la Mort d'Alcide. Elle
n'a jamais été remplacée dans ceux d'Isis, de
Thétis et d'Iphigénie. Elle quitta le théâtre en
1720. Le Système (1) lui avait procuré une for-
tune de huit à neuf cent mille livres, qui ne
dura qu'autant que le papier : le chagrin qu'elle
en eut et un squirrhe au loie la mirent au tom-
beau en 1722. On a vu longtemps à Paris un
portrait de mademoiselle Journet, peinte en
Iphigénie, par le fameux Raoust. C'était un des
chefs-d'œuvre de ce peintre : il a disparu depuis
quelque temps, sans qu'on sache à qui il ap-
partient aujourd'hui. »
M"« Journet avait dû une partie de son talent
aux excellentes leçons de M"« Le Rochois, qui,
aussi bonne qu'intelligente, se plaisait, après
être sortie de l'Opéra, à former des élèves qui
pussent lui succéder. M"« Journet avait inspiré
à un grand seigneur qui fut son amant, le
marquis de Rochemore, une passion telle qu'il
mourut du chagrin de l'avoir perdue, et que sa
perte lui inspira les vers suivants.:
Aux autels du lyran des morts,
D'une tremblante main, Je consacre ma lyre;
Je no cliintois que pour Tliémire,
Théinlre a vu les sombres bords ;
, Tendres concerts, charmant délire,
(1) l.e système de Law, source de ruine pour les Part-
siens.
JOURNET — JUILLET
33
Faite» pl.ice à d'autres transports.
Une douleur iiiuetie et sombre,
Des larmes qui partent du cœur,
Ne chercher, ne sentir, ne voir que mon malheur,
Voila le seul tribut que Je dois à son ombre.
Soyez les garans de raa fol,
' I.leux redoutés où repose sa cendre;
II n'est plus auiourd'hui d'autre plaisir pour mol
Que les pleurs qu'en secret je viens ici répandre.
Parmi les très-nombreuses créations que fit
M"« Journet dans le cours des quinze années
qu'elle passa à l'Opéra, il faut surtout citer
les ouvrages suivants : Zes Fêles Vénitiennes,
Idoménée, Camille reine des Voisgvrs et
Télèphe, de Campra; l'Iiilomène, et Brada-
mante, de La Coste; Polyxène et Pyrrhus,
de Colasse; Cassandre, de Bouvard et Berlin ;
le Jugement de Paris et les Plaisirs de la
campagne, de Berlin ; Manto la Fée, de Ba-
tislin (Siriick) ; Médée et Jason, de Salomon-,
les Amours déguisés, de Bourgeois; Télému-
que et Callirhoé, de Destouches; les Fêles
de l'été, de Montéclair; les Fêles de Thalie,
de Moiiret. Un an avant sa retraite, en 1719,
M"» Journet obtint un véritable triomphe en
se montrant dans Vlphigénie de Desinarets,
dont elle remplit le rôle principal avec une
grâce touchante et des qualités pathétiques
qui arrachaient des larmes des yeux des spec-
tateurs ; grâce à elle, la reprise de cet ouvrage,
qui s'était vu très-froidement accueilli lors de
sa création en 1704, obtint un succès relenlis-
sant et prolongé.
* JOUSSE (J ). Aux écrits de cet ar-
tiste, on doit ajouter l'ouvrage suivant : Com-
pendious Dictionary of Italian and otker
terms iised in vmsic, illusiraied by mime-
rons examples for studenls (Dictionnaire
abrégé des termes italiens et autres usilés en
musique, accompagné de nombreux exemples
pour les élèves).
* JOLI VE (L'abbé Esprit-Gustave). Comme
compositeur, M. l'abbé Jouve a publié lesou-
viagcs suivants : 1° T*^ messe à 3 voix, avec
ace. d'orgue (en ut majeur), Paris, Repos; 2°
3= messe à 3 voix, id. (en si bémol majeur),
id., id ; 3" 4* messe à 3 voix, id. (en sol ma-
jeur), id. id.; 4° Stnbat Mater à 3 voix, avec
ace. d'orgue, id., id.; 5° Recueil de motets,
hymnes et antiennes, avec ace. d'orgue ou
harmonium, id., id.; 6° Recueil de cantiques
à 3 voix égales, avec ace. d'orgue ou har-
monium, id..id.; 7" Album de 6 morceaux à
3 voix égales avec strophes déclamées, réci-
tatifs, soli et «hœiiis, pour distribution de
piix, Paris, Heugel. A la liste des écrits publiés
sur la musique religieuse par M. l'abbé Jouve,
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. -
il faut joindre les deux suivants : i" Du chant
liturgique, état actuel de la question. Quelle
serait la meilleure manière de la résoudre,
Avignon, 1854, in-8° de 160 pp.; 1" Rapport
sur un antiphonaire manuscrit de Sainte'
Tulle {Provence), Paris, 1856, in-S".
JOUVIN (Benoît-Jean-Baptiste), écrivain
qui s'est occupé de critique musicale, est né
à Grenoble le 20 janvier 1820. M. Jouvin a
pris part à la rédaction d'un grand nombre de
journaux, et, comme il paraissait prendre un
goût spécial aux choses de la musique, il a
traité des matières relatives à cet art dans le
Globe (1844), VÉpoque (1845-47), le Grand
Journal, le Paris- Magazine, la Situation
(1867), la Presse (1868), l'Événement, et sur-
tout le Figaro, où, depuis 1856, il n'a guère
cessé d'écrire. M. Jouvin a donné au Ménestrel
deux longues notices qui ont été ensuite publiées
à part, l'une : D. F. E. Auber, sa vie et ses
œuvres (Paris, Heugel, 1864, gr. in-S" avec
portrait et autographes) ; l'autre : Hérold, sa
vie et ses œuvres (id., id., 1868, id.). Il a
donné aussi quelques articles à la Critiqice
musicale (1846), ainsi qu'à la Gazette musi-
cale. Les articles que M. Jouvin publie sur la
musique dans le journal le Figaro sont signés
du pseudonyme de Bénédict.
JUAP»RAÎ\Z (Eduardo-Lopez), musicien
espagnol de l'époque actuelle, a fait ses études
au Conservatoire de Madrid, où il a obtenu un
premier prix de composition. Cet artiste ne
m'est connu que par une publication qu'il a
entreprise et dont il est le directeur conjointe-
ment avec M. Gonzalez Martinez : El canto
sacra, publicacion religiosa-imtsical, dedioa-
da a S. S. Pio IX (Madrid, Andres Vidal).
JUBII\'(Le Frère Marie), prêtre et musicien,
est l'auteur anonyme des publications suivantes ;
1° Principes de plain-chant, à l'usage des
écoles, par un membre de l'Institut des Petits-
Frères-de-Marie (Lyon, Périsse, 1865, in-18);
2° Principes de musique et de chant, à l'u-
sage des écoles (id., id., id.); 3'^ Récite il d'airs
à 1, 2 ou 3 voix égales, adaptés aux canti-
ques, à l'usage des PetitsFrères-de-Marie, suivis
de quelques motets pour les saluts du Saint-
Sacrement (id., id., id.).
* JUILLET (Marcel-Jean-Antoine), fils
du fameux acteur de ce nom qui fit les beaux
jours de l'Opéra-Comique, était né à Rouen
le le"^ juillet 1789 et mourut à Bruxelles le 16
novembre 1841. Un de ses frères était à cette
époque major d'infanterie dans l'armée belge.
Je ne suis nullement certain que le nom de cet
artiste et de son père doive s'écrire Juillet,
t. II. 3
34
JUILLET — JULLIEN
et j'ai même beaucoup de raisons de croire que
c'est JuUet qu'ils s'appelaient réellement. Ce-
pendant, coiiune je n'ai pas à ce sujet de certi-
tude absolue, j'ai conservé à ce nom la torme
qui lui etdil donnée dans la Biographie univer-
selle des Mmiciois.
JULIÀ (Le Père Bemto), moine et compo-
siteur espagnol, tut élevé au fameux collège de
musique du couvent de Moniserrat, dans la
Catalogne, et vivait au dix-buitièine siècle. On
conserve dans les archives de ce collège plusieurs
de ses compositions, pour la [jluparl fort impor-
tantes, entre autres un ollice de vêpres pour les
morts, à quatre voix, et des répons pour la
semaine sainte, qui constituent, dit-on, une
œuvre particulièrenient remarquable.
JULIAAO (A. P.). — Voyez PILATI.
JCJLl EN (A ), est l'auteur d' un écrit publié
sous ce titre : L'enseignement du chant consi-
déré comme l'un des objets essentiels qui doi-
vent faire partie de l'instruction primaire de
la commune {\&2\).
JUIJEN (Le l'rère). — Foyes LIESEN-
HOF (Charles),
JULlEiX (Toussaint-Fortuné), né à la Ro-
que d'Autberon (Boucbes-duRbône), le 1"'' no-
■vcmbre 1837, a fait représenter au théâtre d'Aix,
en Provence, le 13 février 1864, un opéra-bouffe
en un acte intitulé le Fils de Thésée. On connaît
également de cet artiste une messe à trois voix
égales avec orchestre, qui a été exécutée dans
la même ville le 20 mai 1866. Al. R — d.
* JULLIEIX (Maucel-Bernard). Outre l'ap-
probation de Fetis, M. 13. Jidlien eut aussi dans la
savante discussion qu'il soutint contre Yiucent
à propos de la musique ancienne, l'appui des mu-
siciens de profession, de Georges Bousquet à
rillustraiion, et de Berlioz, qui écrivait aux Dé-
bats, avec une intention assez méchante contre
Vincent : « M. Juliien a un immense avantage
sur la plupart des écrivains qui se sont occupés
de sujets touchant à l'art musical : il sait la mu-
sique, il comprend la signiliccition des mots et n'at-
tribue point, comme tant d autres, aux expres-
sions qu'il en)ploie un sens vicieux, détourné ou
complètement faux, mais bien le sens réel qui
leur est assigné dans la pratique de l'art. « Pos-
térieurement a la notice que lui a consacrée Félis,
M. Juliien a publié des Thèses de Pkilosoph'ie
(un vol. in-S» de 400 p., Paris, Hachette, 1873),
dans l'une desquelles, intitulée l'Idéologie, ï\ dis-
cute et combat les opinions de d'Orligue sur la
constitution primordiale du langage musical el
sur la musique religieuse : ce chapitre intéres-
sant doit donc se rattacher aux ouvrages anté-
rieurs de M. B. Juliien sur la musique. A la liste
de ces derniers, il faut ajouter le petit écrit sui-
vant : De Vétude de la musique instrumen-
tale dans les pensions de demoiselles ( Paris
M. Alteste, 1848, in-18 de 16 pp.)
JlILLIEiV (Jean-Lucien-Adolphe), littéra-
teur, historien et critique musical, fils du précé-
dent, naquit à Paris le 1" juin I8i5. M. Adolphe
Juliien est aussi pelit-neveu du conventionnel
Juliien de la Drôme et cousin-filleul du célèbre
ingénieur général Adolphe Juliien, qui construisit
et dirigea quelques-unes de nos principales lignes
de chemins de fer, comme celles de Lyon et de
l'Ouest. M. Ad. Juliien fit toutes ses études lit-
téraires au lycée Charlemagne, puis fut reçu li-
cencié en droit. Ses parents, passionnés pour la
musique, la lui firent enseigner de bonne heure
ainsi que divers instruments : il apprit le piano,
le violon et le chant, puis il étudia l'harmonie
et le contrepoint avec un ami de son père,
Bienaimé, alors professeur retraité du Conserva-
toire. Tout en faisant de la critique musicale
active, M. Juliien s'occupe de travaux d'esthé-
ti(iue pure et d'histoire; il se livre aussi à de
fructueuses recherches sur la musique et les
théâtres publics et privés au siècle dernier. Il a
déjà mis au jour des documents de baut intérêt
enfouis aux Archives nationales, et il poursuit
activement le dépouillement de ces richesses
ignorées sur les mystères artistiques et admi-
nistratifs de l'Opéra avant la Révolution. M. Jul-
iien publia son premier article au Ménestrel,
en 1869, à propos de l'exécution du Paradis et
la Péri au Théâtre-Italien , et il se montra dès
lors ardent admirateur et défenseur convaincu
de Schumann, comme il l'est encore, ainsi que
de Berlioz et de Wagner. Il fournit ensuite d'im-
portantes études aux journaux spéciaux comme
la lievue et Gazette musicale, le Ménestrel,
la Chronique musicale, et aux grands recueils
[loliliques et littéraires: iiei'2/e Contemporaine,
Correspondant, Revue de France, Revue Bri-
tannique. En mai 1872, il fut chargé de rédiger
le feuilleton musical du journal le Français,
qu'il continue de tenir au profit des idées sé-
rieuses et élevées, de la grande musique classi-
que. En outre, M. Ad. Juliien a rédigé à l'occa-
sion certaines des revues uuisicales de la Revue
de France, signées du pseudonyme collectif
d'O. Mercier, et il est chargé depuis quatre ans
de faire à la Gazette musicale le compte-rendu
spécial de l'Opéra ; il collabore aussi au Courrier
littéraire, recueil de fondation récente, où il
apprécie tous les livres ayant Irait à la musique.
Les travaux de critique et d'histoire publiés
par M. Juliien dans ces diflérents recueils,
entrant pour la plupart dans un plan général.
JULLIEN — JUSTINIANO
35
doivent former par la suite plusieurs ouvrages
se complétant les uns les autres, et la musi-
que lient une large place même dans ceux
dont le titre plus général n'implique pas d'idée
musicale. Ses écrits publiés jusqu'à ce jour
sont: l' V Opéra en 1788, documents inédits
extraits des Archives de l'État (iu-8", Paris,
Pottier de Lalaine , 1873) ; — 2" Za Musique et
les Philosophes au XVIir siècle (in-8% Paris,
Daur, 1873); — 3" Uisloire du théâtre de
Mme de Pompadour, dit théâtre des Petits-
Cabinets , avec une eau-forte de Martial d'après
Boucher (grand in-8°, Paris, Daur, 1874); —
4° La Comédie à la cour de Louis XVI, le
Théâtre de la reine à Trianon, d'après des
documents nouveaux et inédits (in-8", Paris,
Baur, 1875); — 5° Les Spectateurs sur le théâ-
tre. Établissement et suppression des bancs
sur les scelles de la Comédie- Française et
de t'Opéra, avec documents inédits extraits des
archives de la Comédie-Française, un plan du
Théâtre- Français avant 1759, d'après Blondel, et
une gravure à l'eau-forte de E. Champollion,
d'après Charles Coypel, 1726 (grand in-S", Paris,
Détaille, 1875); — 6" Le Théâtre des demoi-
selles Verrières, la Comédie de société dans
le monde galant du siècle dernier (grand in-
8°, Paris, Détaille, 1875); — 7" Les grandes
nuits de Sceaux; le Théâtre de la duchesse
du Maine (in-8°, Paris, Baur, 1876); — 8" Un
Potentat musical. Papillon de la Ferlé, son
règne à l'Opéra de 1780 à 1790 (in-S" Paris,
Détaille, I87G);— 9° L'Église et l'Opéra en
1735. Mademoiselle Lemaure et l'évêque de
Saint-Papoul (in-8°, Paris, Détaille, 1877);
— 10° Weber à Paris ; son voyage de Dresde
à Londres par lu France; la musique elles
théâtres, le Monde et la Presse pendant son
séjour (in- 8°, Paris, Détaille, 1877); — II" Airs
variés, Histoire, critique, biograghie musi-
cales et dramatiques (in-12, Paris, Charpen-
tier, 1877); 12" La Cour et l'Opéra sous Louis
XVL Marie- Antoinette et Sacchini; Favart
et Gluc/c (in-12, Paris, Didier, 1878).
* JUMILUAC (DoM BexNOitDE). M. Théo-
dore Ni.^ar<I a publié sur ce fameux bénédictin
une notice 'intitulée : Biographie de Dont
Benoit de Jumilltuc (Paris, s. d., Repos, in-8°).
JU\(j]\IAI\N (Albert), pianiste et com-
positeur, né à Langensalza le 14 novembre 1814,
a été employé chez divers éditeurs de musique,
particulièrement dans les magasins de G. W,
Kœrner à Erfurt, el chez G. A. Spina à Vienne.
11 s'est partagé entre les fonctions qu'il occu-
pait ainsi et la composition d'une quantité in-
nombrable de petits morceaux de salon pour le
piano, qui ont été publiés à Vienne, Leipzig,
Offenbach, etc. Le nombre des compositions en
ce genre de M. Albert Jungmann ne s'élève
guère, aujourd'hui, à moins de 350.
JlI\GMAi\l\ (Louis), pianiste, compositeur
et professeur, né à Weimar en 1822, a été en
cette ville l'élève de M. Liszt, et y est aujour-
d'hui professeur de musique à l'Institut ^Sophie.
On lui doit un assez grand nombre de lieder, des
morceaux pour le piano, et aussi des trios et
quelques compositions pour l'orchestre.
JURIEWICZ (Conrad), compositeur polo-
nais, est l'auteur d'un drame lyrique italien,
Piero Calabrese, qui a été représenté au mois
de février 1867 sur le théâtre d'Odessa.
JUSTIXIANO (AiNTONio DE s. Ieronymo),
artiste portugais, né k Lisbonne en 1675, étudia
la musique avec Marques Lesbio et obtint
encore assez jeune, la place de maître de cha-
pelle au couvent des Bénédictins de Enxabregas
(près de Lisbonne). Il y avait fait profession
en 1697. On ne connaît pas la date de sa mort.
— Un autre musicien du même nom, l'abbé
Justiniano, était, vers 1822, un des meilleurs
pianistes de la colonie artistique de Rio de
Janeiro, où il enseignait la musique. 11 composa
une grande quantité de musique sacrée qui n'a
pas été publiée. J. de V. _
K
KiïSSMAYER (Moiutz), violoniste et
compositeur, né à Vienne en 1831, a fait ses
éludes musicales au Consçrvatoiie de cette
ville, sous la direction de Secliter et de Preyer.
11 devint par la suite premier violon à l'Opéra
impérial de Vienne, puis clief d'orchestre du
ballet à ce théâtre, situation qu'il occupe en-
core aujourd'hui. Outre un opera-comique in-
titulé la Maison de campagne à Meudon,
qui a été représenté au mois de février 1869,
avec un succès modéré, au théâtre impérial de
Vienne, et qui a été reproduit ensuite à Prague,
M. Kaessmayer est l'auteur de compositions
nombreuses et imjiortantes, parmi lesquelles il
faut surtout signaler plusieurs symphonies, des
messes avec orchestre, 6 quatuors pour instru-
ments à cordes, des morceaux pour le piano,
enlin des lieder et des chants à plusieurs
voix.
KAFKA (Johann-Népomucène), musicien
allemand contemporain, a obtenu une certaine
popularité dans sa patrie par la publication
d'une énorme quantité de petits morceaux de
musique légère pour le piano, nocturnes, idyl-
les, mélodies, improvisations, rhapsodies, etc.
Le nombre de ses compositions en ce genre
s'élève à deux-cents environ. M. Kafka est
né à Ncustadt (lîohême), le 17 mai 1819.
* KAIILERT (Charles-Aucuste-Timothée),
compositeur et écrivain sur la musique, est
mort à Breslau le 29 mars 18C4.
KAISER (Mahtin), luthier allemand qui
avait sans doute, comme tant d'autres, fait son
apprentissage en Italie, était étalili à Venise
dans les premières années du dix-septième
.siècle. Le musée instrumental du Conservatoire
de musique de Paris possède de cet artiste un
archilulh daté de 1609.
KAISER (Fiî....), musicien allemand con-
tempoijiin, a fait représenter en 1867 à Vienne,
sur le Carl-théâtre, un opéra intitulé Moine et
soldat.
* KAEKimE\'NER (CnnÉTiEN). L'ouvrage
intitulé la Descente des Français en Angle-
terre, et indiqué par erreur comme n'ayant pas
été joué, a été représenté à l'Opéra le 4 sep-
tembre 1798. Kalkbrenner a donné aussi, au
théâtre Molière, en 1800, un opéra-comique en
un acte, le Mort par spéculation.
* KALKRRE1\;\ER (Faêdéric - Guil-
laume). A la liste des œuvres de cet artiste,
il faut ajouter l'ouvrage suivant : Traité d^har-
monie du pianiste, principes rationnels de la
modulation, etc., dédié à ses élèves. Paris,
l'auteur, 1849, in-f»de 64 pages.
KALKBREIXNER (Arthur), fils de Fré-
déric-Guillaume Kalkbrenner, est mort à Paris
le 24 janvier 1869. Cet artiste, qui s'était fait un
renom à Paris par sa vie excentrique et ses
prodigalités, a légué par testament, à l'Associa-
tion des artistes musiciens de France, une
somme de 120,000 francs. Il avait écrit les
paroles et la musique d'un opéra en trois actes,
intitulé VAmoiir, qui n'a jamais été représenté,
et il avait publié un certain nombre de compo-
sitions légères pour le piano.
* KALLIWODA (Jean-Wenceslas), vio-
loniste remarquable et compositeur, est mort
à Carisruhe, le 3 décembre 1866, des suites
d'une attaque d'apoplexie.
KAPPEY ( ), compositeur anglais, a
fait représenter à Londres, le 30 novembre
1872, sur le petit théâtre de la Gaîté, dont il
était alors le chef d'orchestre, un opéra-comi-
que important, intitulé the Wager, qui a été
accueilli par le public d'une façon très-favo-
rable.
* KAROW (Charles), compositeur, est
mort à Bunziau le 20 décembre 1863.
KASCHPEliOFF ( ..), compositeur
russe, lit en Italie ses débuts de musicien dra-
matique en donnant à Milan, vers 1860, un
opéra intitulé Maria Tudor, qui fut assez bien
accueilli, et qui fut joué ensuite à Nice et à
Odessa. Épris de l'Italie et de ses gloires, M.
Kaschperoff chercha, pour tenter une seconde
épreuve, un sujet qui fût ciier à la nation, et
il écrivit un lUenzi qu'il voulut faire représenter
à Turin. Mais Turin était alors le siège du gou-
vernement, et la censure, par suite de scrupules
et de .susceptibilités diplomatiques, souleva des
diflicultés au compositeur et surtout à l'auteur
du livret; les journaux s'emparèrent de la ques-
tion, et de vives polémiques s'engagèrent à ce
sujet, dans lesquelles la personne même de
M. Kaschperoff ne fut pas épargnée. Fatigué de
tout ce bruit, le compositeur abandonna son
premier projet, et s'en alla à Florence dans le
KASCHPEROFF — KASTNER
37
Ijut d'y faire représenter son opéra, espérant
trouver en celte ville moins d'hostilité. Mais,
ici encore, on voulut, malgré tout, et sur le seul
titre de l'oeuvre, mêler les passion'^ politi(|nes
et religieuses à une question purement artisti-
que. Un jomnal fort avancé, la iXnova Europa,
avait en quelque sorte patroné le compositeur
et son opéra; c'en était assez pour que d'autres
journaux n'en voulussent point entendre parler,
et que le sort de celui-ci fût fixé dès avant
son apparition. En effet, la première représen-
tation de Eienzi, qui eut lieu au théâtre de la
Pergola vers la fin du mois de mars 1863, fut
très-orageuse, et provoqua à plusieurs reprises
des manifestations bruyantes, quoique la parti-
tion de M. Kascliperoff parût ne pas être dé-
pourvue de réelles qualités. Un journal italien
disait à ce sujet : « On doit déclarer, à l'hon-
neur du maestro Kascliperoff, que la plus grande
partie des artistes florentins, à commencer par
MM. Romani, Vanuccini, les musiciens d'or-
chestre et les chanteurs, lui ont rendu justice,
louant son œuvre et déplorant que, pour des
raisons étrangères à l'art, elle ait été si mal
accueillie par une partie de l'auditoire de la
Pergola. On aurait dû écouter avec plus de
respect une œuvre aussi consciencieuse, au
sujet de laquelle l'auteur venait demander,
sans prétention et sans orgueil, un jugement
calme et courtois. » Malgré tout, les conditions
dans lesquelles l'ouvrage s'était produit en
empêchèrent absolument le succès. A la suite
de cette déconvenue, M. Kaschperoff retourna
dans sa patrie, et bientôt il s'occupa d'un opéra
russe, la Tempête, qui dut d'abord êtie repré-
senté à Moscou, et qui le fut à Saint-Péters-
bourg, au mois de novembre 1867, sans grand
succès, je crois. En l869, M. Kaschperoff était
devenu professeur au Conservatoire de Moscou,
et travaillait à un opéra intitulé : Thadéus, le
courtier de mariages.
* KASTNER (Jean-Georges), est mort à
Paris le 19 décembre 1867. Les lignes suivantes,
extraites de l'article nécrologique publié par
Félis, sur cet écrivatii, dans la Revue et Ga-
zette musicale de Paris, serviront tout natu-
rellement de complément à la notice qui lui a
été consacrée dans la Biographie universelle
des Musiciens :
« Une dernière production bien remarquable
de Kastner a pour lilre : Par émiologie musicale
de la langue française, ou, explication des
proverbes, locutions proverbiales , mots figurés
qui tirent leur origine de la musique, accom-
pagnée de recherches sur un grand nombre
d'expressions du même genre empruntées aux
langues étrangères , et suivies de la Saint-
Julien des ménétriers, symphonie-cantate à
grand orchestre, avec solo et chœur (Paris,
Brandus , in-4"). lîappelons ici ce qui a été dit
ailleurs de cet ouvrage singulier : « La concep-
« tion d'un pareil livre est une des originalités
« de l'esprit qui a imaginé et exécuté ceux dont
« il vient d'être parlé. Au simple énoncé du
'( sujet, il est difficile de comprendre qu'il puisse
« être la matière d'un livre, et ce n'est que dans
n l'ouvrage même qu'on en saisit l'étendue. Le
« plan de l'auteur est des plus vastes ; il ne faut
« pas moins que sa grande érudition pour le
« réaliser. Pour en donner un aperç^u, il suffit
« de rappeler quelques-unes des expressions
« proverbiales les plus familières, par excnipie :
<< Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un
« son ; ce qui vient de la flûte s'en retourne
« au tambour ; faire sonner la trompette de
« la renommée ; payer les violons, et cent au-
« très semblables. Dansces dictons, en apparence
« si simples, il y a pour l'espril investigateur de
« Kastner occasion de déployer autant de sagacité
« que de savoir.... »
« Nonobstant l'intérêt qui s'atfaehe à ses
travaux , on ne peut s'empêcher de regretter
qu'ils aient interrompu ceux de I\astner pour
l'achèvement du grand dictionnaire de musique
dont il s'occupa pendant près de vingt aiuiées,
et auquel il donnait le litre à' Encyclopédie
musicale. Esprit véritablement encyclo|)édique,
nul n'était plus capable que lui de remplir ce
vaste cadre de l'art et de la science des sons.
Possédant toutes les connaissances nécessaires
et familiarisé avec les langues anciennes et mo-
dernes, armé d'ailleurs d'une patience infatigable,
il aurait, sans doute, produit un livre bien supé-
rieur à ceux de Schilling et de Bernsdorff. Ayant
amassé d'immenses matériaux pour la réalisatio»
de celle grande entreprise , il y attachait l'im-
portance qu'elle mérite, mais il en ajournait
la terminaison, persuadé sans doute qu'il était
encore éloigné de l'époque où il faut compter
avec la mort . »
KASTNER (Frédéric), fils du précédent,
est auteur d'un écrit intitulé : les Flammes
chantantes (Paris, Dentu, 1875, in- 18), destiné
à rendre compte des expériences faites par lui
sur les llammes chantantes et sur la découverte
du pujncipe de leur interférence par l'emploi de
deux fiammes au lieu d'une, placées dans un
tube de verre ou d'autres matières, ouvert à ses
extrémités. L'application de ce principe, qui avait
amené déjà M. Frédéric Kastner à adresser à
l'Académie des sciences un mémoire intéressant,
l'a conduit à l'invention d'un instrument de mu-
38
KASTNEU — KELLOGG
siqued'un timbre nouveau, se rapprocluint sen-
siblement de celui de la voix humaine. Cet ins-
trument , pour lequel son auteur a pris des
brevets en iMance et à l'él ranger, a reçu de lui
le nom de Pyroplione. C'est la première fois,
dit M. Kasfner, qu'on a sn rendre pratique l'ap-
plication des tlammes chantantes produites par
la combustion du gaz hydrogène pur, à un appa-
reil ayant le caractère et les propriétés d'un ins-
trument musical.
* KAUER (Ferdinand), compositeur, était
né le 18 janvier 1751 à K'Iein-Thaga, et mourut
à Vienne le 13 avril 1831.
* K.VUFFiMANlV (Frédéric), musicien,
acousticien et mécanicien allemand, est mort le
1"" décembre 1866 à Dresde , où il était né le
5 février 1785.
KAUFFiVItXN.^ (Frédéric-Théodore), fils
du précédent, né à Dresde en 1812 , mort en
cette ville au mois de février 1872, fut un facteur
d'instruments distingué, et hérita, sans la laisser
déchoir, de l'excellente renommée que son père
avait acquise par ses nombreux et intéressants
travaux.
KÉLER lîÉLA (Alrert YOIV KÉLER,
connu sous le nom de), chef d'orchestre et
compositeur de musi(iue de danse, est né à
Bartfeid (Hongrie) le 13 février 1820. Adorant la
musique, il jouait du violon dès son enfance, mais
son père l'envoya faire son droit à l'Université.
Cela n'empêclia pas le jeune homme de s'oc-
cuper de peinture et de faire du paysage pen-
dant trois ans, après quoi il étudia sérieusement
la musique. S'étant rendu à Vienne en 1845,
il y étudia- le contrepoint et l'harmonie avec
Schlesinger et Décider, tout en tenant une
partie de violon à l'orchestre d'un des théâtres
de cette ville, puis, en 1854, partit pour Berlin,
où il devint chef d'orchestre de la Sommer'' schen
Kapelle, dirigée précédemment par Joseph
Gung'l, et où il se distingua tout à la fois
comme directeur, violon-.solo et compositeur de
danses, marches, pots-pourris, etc. En 1855,
il retournait à Vienne pour succéder à Auguste
Lanner, qui venait de mourir, en 1856 il de-
venait chef de musique d'un régiment d'infan-
terie, et en 1807 se fixait à Wiesbaden comme
chef d'orchestre du Kursall, conservant cette
position jusqu'en 1873. A partir de ce moment,
le mauvais état de sa santé vint l'obliger au
repos, et depuis lors il vit retiré à Wiesbaden,
ce qui ne l'empêche pas de se livrer encore à
la composition. — Oidre ses nombreux mor-
ceaux de musique de danse, on doit à M. Kéler-
Béia quelques ouvertures, des lieder, et dos
concertos et fantaisies pour le violon. Le nom-
qre de ses œuvres publiées s'élève à 110 envi-
ron.
KELLOGG (Ci.\ra-Louise), cantatrice
américaine renommée, est née à Sumter (Caro-
line du Sud) en 1842. Après avoir montré de
bonne heure de remarquables dispositions mu-
sicales, ses premiers essais furent loin pourtant
de faire présager la brillante carrière qu'elle était
appelée à parcourir. En effet, ses deux pre-
miers débuts à l'Académie de musique de New-
York, en ISGO, furent peu satisfaisants, et ce n'est
que tors d'une troisième tentative, faite l'année
suivante, que l'on put croire que miss Kellogg
deviendrait un jour une artiste. Heureusement,
la jeune femme élait douée d'une rare persévé-
rance, et un riche banquier de New-York,
M. H. G. Slibbins, voidut bien se charger des
dépenses que nécessiterait le complément de
son éducation musicale. Elle ne reparut sur la
scène de l'Académie de musique qu'après quatre
nouvelles années d'un travail acharné, pendant
la saison de 1864-65, et son succès fut alors si
grand dans le rôle de Marguerite de Faust, que
ses compatriotes la proclamèrent aussitôt l'une
des plus grandes cantatrices de son temps.
l'>lle ne fut pas moins accueillie, dans le cours
de deux années, en se montrant dans le Bar-
bier de Séville, Cri.ipivo e la Comare, Lucia
di Lamermoor, la Sonnainbuln et Linda di
Chamouni.
Après s'être fait ainsi connaître dans sa patrie,
miss Kellogg partit pour l'Europe et se rendit
à Londres, fut engagée au théâtre de la reine,
et y débuta, en 1867, d'abord dans Morta, puis
dans le joli rôle de Zerline de Don Giovanni.
Douée d'une voix charmante, claire, pure, éten-
due et flexible, vocalisant avec agilité, avee
cela vive et agréable en scène et fort intelli-
gente comme comédienne, miss Kellogg obtint
aussitôt de très-grands succès et devint l'une
des cantatrices préférées du public anglais.
Elle se fit entendre successivement dans la
Traviata, la Gazza ladra, la Figlia del reggi-
mento, Fra Diavolo, Crispino e la Comare,
et dans tous ces rôles la finesse de srm jeu,
son véritable talent de chanteuse et une origi-
nalité rare lui valurent chaque jour de plus nom-
breux suffrages. Cependant, en 1869, l'entre-
preneur Maretzek, qui formait une troupe
pour l'Amérique, lui proposa un brillant enga-
gement et la décida à le suivre. Miss Kellogg
s'embarqua donc pour les États-Unis, se fit
entendre de nouveau à New-York, puis à Phi-
ladelphie, à San Francisco et dans la plupart
(les villes importantes de la grande république,
et retrouva partout les succès qui l'avaient ac-
KELLOGG — KETTEN
39
cueillie en Angleterre. Elle aborda alors les
rôles tout à fait dramatiques, et ne craignit pas
de se montrer dans Mignon, dans Homéo et
Juliel/e et autres ouvrages semblables. Elle
était encore en Amérique en 1877.
* KELZ (Jean Frédéric), compositeur alle-
mand, est mort à Berlin au mois d'oclobre 18G2.
KEWEDY (Alexandre), luthier anglais
(1700-1786), exerçait sa profession à Londres.
Il était né en Ecosse, et fut le chef d'une fa-
mille dont le nom fut connu dans la lutherie
pendant un siècle et demi. Son neveu, John
Kennedy, né en 1730, mourut en 1816, et le
fils de celui-ci, Thomas Kennedy, fabriqua à
lui seul plus d'instruments que les deux luthiers
qui en construisirent le plus, si l'on en excepte
toutefois le prolifique Georges Crask. Thomas
Kennedy, qui était né en 1784, est mort en 1870.
KI:HCAD0 (M"' LE SÉ\ÉCHAL DE).
Une jeune femme de ce nom lit représenter à
rOpéra-Comique, le 5 juin 1805, un ouvrage
en un acte intitulé la Méprise volontaire, ou
la double Leçon.
KERCHOVE (Joseph), compositeur de
musique religieuse, naquit à Gand (Belgique) le
26 septembre 1804. D'abord élève de son père,
il reçut ensuite des leçons de Jean Gabriels,
maître de chapelle de l'église Saint-Michel, puis
étudia l'harmonie et le contrepoint avec Pierre
"Verheyen. Devenu ténor dans la chapelle de
l'église Saint-Nicolas, de sa ville natale (1821),
puis dans celles de Saint Michel (1827) et de
Saint-J.icques (1831), il fut appelé, le 9 décem-
bre 1839, à remplir les fonctions de maître de
chapelle de Saint-Sauveur, où il succéda à Jean
d'Hollander. Il a écrit plusieurs messes solen-
nelles, dont une entre autres est fort estimée,
tin Miserere, 3 Commandations, beaucoup de
motets, ain.si que des chœurs d'hommes compo-
sés pour divers cercles chantants qu'il dirigeait
à Gaud ou dans les environs.
KERMOYSAiX (Jean), écrivain français,
auteur d'une Histoire de Napoléon, n'est cité
ici que pour un long article sur l'Opéra donné
par lui dans VEncyclopédie moderne publiée
par MM. Firmin-Didot. Cet article a été tiré
5 part sous ce titre : Opéra, par M. Kermoy-
san. Kermoysan est mort le 9 octobre 1877, à
Paris, âgé de soixante-sept ans.
KERST (Léon), musicien et écrivain fran-
çais, est chargé depuis quelques années du
feuilleton musical du journal la Presse. Il y a
publié récemment une série d'articles sur l'ad-
ministration de l'Opéra, dont il a formé ensuite
une brochure sous ce titre : l'Opéra et M. Ha-
lanzier (Paris, 1877, in-8° de 32 pp).
KES (Willem), jeune violoniste et composi-
teur d'avenir, ex-pensionnaire de S. M. le roi
des Pays-Bas, est né à Dordrecht en 18.56. Hls
d'un riche négociant de cette ville, il commença
par apprendre le piano avec un professeur nom-
mé Nollidenft, puis, peu de temps après, aban-
donna cet instrument pour prendre des leçons
de violon de M. Thyssens, et continua ensuite
ses études avec M. Bôhme, qui lui donna aussi
des leçons d'harmonie. En 1871, il se rendit à
Leipzig auprès de Ferdinand David, et y resta
pendant deux années. En 1874, il eut l'honneur
de devenir pensionnaire de S. M. le roi des Pays-
Bas, qui le fit envoyer au Conservatoire de
Bruxelles pour y travailler avec M. Henri Wie-
niawski ; mais, comme peu après M. Wieniawski
tomba en disgrâce complète auprès du roi,
M Kes reçut l'ordre de partir pour Berlin, où
il acheva son éducation musicale sous la direc-
tion de M. Joachim pour le violon et de M. Kiel
pour le contrepoint, au Conservatoire (Hœhs-
chide) de cette ville. Il passa son examen avec
la plus grande distinction et obtint le diplôme
d'honneur [zeiignifs der reifé). Pour obtenir ce
témoignage honorable, il faut savoir déchiffrer
à première vue un morceau pour piano et pour
violon, transposer un choral figuré, réduire une
grande partition d'orchestre au piano, diriger
une ouverture à grand orchestre, et improviser
au piano sur un motif donné.
M. Kes, qui a déjà composé plusieurs petits
ouvrages! fort aimables, a remporté le premier
prix au concours institué par l'Association des
musiciens néerlandais {Toonkunstenaars Ve-
reeniging) pour un concerto de violon solo et
orchestre, œuvre très-honorable. Actuellement
violon-solo (concertmeister) à l'orchestre du
Parc, M. Kes est un jeune artiste sérieux, qui
donne de grandes espérances.
Ed. de h.
* KESSLER (Joseph - Christophe), pia-
niste et compositeur, est mort à "Vienne le 13
janvier 1872. Cet artiste n'était né nia Leitme-
ritz ni à Varsovie, mais à Augsbourg, le 26
août 1800.
KETTEIV (Heuri), pianiste distingué et
compositeur, est né à Baja (Hongrie) le 25 mars
1848. Il a fait son éducation musicale au Con-
servatoire de Paris, où il a été admis, le 23
décembre 1857, dans la classe de piano de
M. Marmontel, et le 27 octobre 1860 dans la
classe de composition d'Halévy. Après avoir
quitté cet établissement en 1863, il y rentra
l'année suivante comme élève de M. Reber, et
prit part sans succès aux concours de Rome
de 1865 et 1866. Déjà il s'était fait entendre.
40
RETTEN
RIEL
souvent en public, et avait obtenu des succès
de virtuose, succès un peu trop escomptés
peut-être par sa famille, qui voulait le faire
passer jiour un pio<lige. Le jeune artiste avait
du talent néanmoins, et pendant plusieurs an-
nées se produisit à l'étranger, où il fut fort
bien accueilli, non-seulement comme exécutant,
mais aussi comme chef d'orchestre. De retour
à Paris, il voulut se faire connaître comme
compositeur, et (it entendre quelques œuvres
qui n'étaient point sans valeur, entre autres
une sonate pour piano et clarinette, une Mar-
che persane pour orchestre, quelques heureuses
mélodies vocales, et divers morceaux de genre
pour le piano. — Un frère de cet artiste, M. Léo-
pold Ketlen, de quelques années plus âgé que
lui, pianiste aussi, s'est fait chanteur par la
suite et s'est consacré à la carrière lyrique;
après s'être, sous ce rapport, produit sans suc-
cès à Paris, il a tenu l'emploi des ténors dans
plusieurs villes de l'étranger.
KETTERER (EuGi:NE), pianiste et compo-
siteur, né à Rouen, en 1831, d'une famille ori-
ginaire d'Alsace, fit ses études musicales au
Conservatoire de Paris, où 11 obtint un second
prix de solfège en 1847. Admis ensuite dans
la classe de piano de M. Marmonlel, il se vil
décerner un premier accessit au concours de
1852, et n'obtint pas d'autre récompense. Il
commença bientôt à se faire entendre dans
les concerts, puis se mit h publier une multi-
tude de morceaux de piano : fantaisies, trans-
criptions, etc., qui obtinrent un grand succès
auprès du public frivole. 11 en inonda littéra-
lement le commerce de musique, si bien qu'en
l'espace de quinze ans environ, le nombre de
ses publications en ce genre se monta à près
de trois-cents. Eugène lietterer est mort à
Paris, pendant le siège de celte ville, le 18
décembre 1870.
* KHAYLL (Aloys), nûlisle bohémien et
compositeur pour son instrument, est mort à
Ober-Dobling, le 28 décembre 1866, à l'âge de
75 ans.
Kl EL (At'GL'STF.), virtuose sur le violon,
chef d'orchestre et compositeur (qu'on ne doit
pas confondre avec l'artiste du même nom
qui est mentionné au T. V. de la Biographie
universelle des Musiciens), naquit à Wiesba-
den le 2G mai 1813. Élève favori de Spobr, il
acquit un talent distingué sur le violon, et plus
tard devint chef d'orchestre. Il remplissait de-
puis longues années ces fonctions à Detmold,
lorsqu'il mourut en cette ville le 28 décembre 187 1 .
RIEL (FiucDiiuic), un des compositeurs les
plus estimés de l'Allemagne contemporaine
pour la musique de chambre et la musique
religieuse, est né à Piiderhach sur la Lalin, le
7 octobre 182(. Après avoir appris le piano
avec son père, il se rendit à Onrlin, où il devint
élève de Schutz pour le violon et de Dehn pour
la composilion. Il se fixa ensuite déliiiiliveinent
en cette ville, où il se livra à l'enseignement et
à la composition, formant un grand nombre
d'élèves distingués, et se faisant connaître par
des œuvres fort importantes, qui le classaient
au premier rang des artistes de son pays. Au
mois de février 1862, M. Frédéric Kiel faisait
exécuter pour la première fois à Berlin, au
profit de la Société Guslave-A<iol|>he, un Re-
quiem pour voix seules, chœur et orchestre
(op. 20), qui obtenait un très-grand succès, et
qui était reproduit le 8 novendire suivant pour
l'anniversaire de la mort de Mendeissohn. Une
autre œuvre non moins considérable, son oratorio
Christus (op. 60), ne fut pas accueillie avec
moins de faveur, et est considérée en Allemagne
comme l'ouvrage le plus remarquable en ce
genre qui ait été produit depuis le Paulus de
ce maître. Parmi les autres compositions de
M. Iviel, qui s'élèvent à soixante-dix environ, je
citerai les suivantes : Stabat mater pour soli,
chœur et orchestre; Te Deuni; plusieurs messes
avec orchestre ; des psaumes et des motets ;
des marches pour orchestre ; quatuor en la
bémol, pour piano et instruments à cordes; 2
trios pour piano, violon et violoncelle, op. 65 ;
trio pour les mômes instruments, op. 24 ; so-
nates pour piano et violon, op. 35; sonate pour
piano et alto, op. 67 ; 3 morceaux pour violon-
celle et piano, op. 12; 3 romances pour piano
et alto, op. 69; 3 pièces pour piano et violon,
op. 70; variations pour piano et violon, op.
37 ; Jlumoresqites, pour piano à quatre
mains, op. 42; Làndler pour piano à quatre
mains, op. 66; 2 ca|irices pour piano, op. 26;
3 gigues pour piano, op. 30; 3 valses pour
I)iano, op. 45 ; Souvenirs de voyage, pour
piano, op. 38 et 41 ; danse russe, pour violon-
celle; 2 cliants de Novalis, pour voix, cliu'ur
et orchestre, op. 63; 3 pièces en formes de
mélodies, pour piano, op. 8; 3 romances pour
piano, op. 5 ; 10 pièces de piano, op. 18; 3 piè-
ces de piano, op. 21; 12 liedcr à une voix,
avec accompagnement de piano, op. 31; 2 mo-
tets, pour voix seule et chœur de femmes, avec
piano, op. 32; 6 lieder, op. Ci; Iteisrbilder,
pièces pour piano et violon ou violoncelle, op.
Il,''en 2 livres. — M. Frédéric Kiel, dont la
renommée est grande en sa |)atrie, est membre
de l'Académie de Berlin. Il a élé prolesseur
au Conservatoire de Stem, de cette ville.
RIEL — KIRSGHNER
4i
Artiste véritable, dans la saine et grande ap-
plication du mot, réunissant les dons dune ins-
piration souple et abondante aux qualités d'un
musicien instruit et rompu à toutes les ditïicultés
pratiques de l'art, M. Kiel est l'un des musiciens
allemands contemporains (beaucoup moins nom-
breux qu'on ne le pense) dont il restera quelque
chose et dont la postérité saura retenir le nom.
Son oratorio Christus et sa messe de Ikquiem,
pour ne citer que ces deux ouvrages, sont des
œuvres mâles, vigoureuses, véritablement re-
marquables, et dans lesquelles la solidité du
fond, la largeur d'une inspiration puissante, s'al-
lient à la beauté de la forme. La fécondité de
M. Kiel, dont les travaux sont nombreux, n'est
pas d'ailleurs une de ces fécondités impuissantes
et stériles comme on n'en rencontre que trop
souvent, en Allemagne tout aussi bien qu'ailleurs;
toutes ses œuvres offrent le cachet d'un art
per.sonnel^ vivement accuentué, et font le plus
grand honneur à celui qui les a signées. M. Kiel
n'est pas moins respectable comme professeur
que comme producteur; son enseignement est
recherché avec une ardeur qu'explique la re-
nommée qu'il s'est légitimement acquise sous
ce rapport, et cette renommée prend sa source
non-seulement dans les bons conseils, l'expé-
rience, la pratique qu'il met au service de ses
élèves, mais encore dans la sollicitude dont il
les entoure, et dans la bonté dont il fait preuve
à l'égard des jeunes artistes qui s'adressent à
lui.
KIEINLEIV (Je,\n-Christophe), compositeur
polonais, né sous le règne d'Auguste 111, ht
ses éludes à Posen, et fut d'abord maître de
chapelle à Presbourg. il remplit ensuite le même
poste auprès du prince Radziwill, puis devint
directeur de musique au théâtre d'Augsbourg,
pour lequel il écrivit im opéra allemand en trois
actes, Claudine de Villabella, qu'il reproduisit
plus tard à Berlin. 11 vint à Paris, sans doute
à l'époque de la Révolution, y séjourna pendant
quelques années, et se rendit à Munich, où il
fut nommé maître de chapelle de la cour de
Bavière. Mais Kienlen semble avoir été d'humeur
assez capricieuse, car on le retrouve un peu
plus tard remplissant les mêmes fonctions à
Baden, près Vienne. En 1816, il donne à Léo-
polsladt un opéra intitulé d,ie Keiserose, et en
1818 il écrit à Berlin la musique d'une tragédie,
Germanicus. Kienlen a fait graver à Posen,
chez Simon, une symphonie à grand orchestre,
et une polonaise pour piano, à quatre mains;
à Berlin, chez Traulwein, deux sonates pour
pianoseul; à Paris, chez Naderman, l'air d'/li-
ceste, varié pour piano, et chez Hentz-Jouve,
plusieurs chansons allemandes avec accompagne-
ment (le piano, séparées et en recueils.
KIENZL (Ch\ules), né à Graetz, en Slyrie,.
passa la plus grande partie de sa vie active,
comme umsicien dans la ville de Guebwiller
(Maut-Rliin), où il arriva jeune encore. Compo-.
siteur modeste, vivant du produit de ses leçons,
il organisa dans sa ville adoplive une société
philharmonique dont il dirigea l'orchestre et
les chœurs. C'est là qu'il lit entendre, de 1835
à 1845, la Création et les Saisons de J.
Haydn, des messes de Mozart, et des sympho-
nies de Haydn et de Beethoven. Beaucoup des
compositions de Kienzl, consistant en messes,
motets, chœurs, etc., ont été publiées en Alsace,
mais n ont guère franchi la limite de cette pro-
vince. Cet artiste méritant et distingué, qui a
donné à l'auteur de cette notice, encore enfant,
ses premières leçons de musique, est mort en
1874 à Guebwiller. La bibliothèque du Conser-
vatoire de Paris possède de lui une Méthode
d''hurmonie (texte allemand), qui forme un
volume petit in-8° de 160 pages, et quelques
œuvres de musique religieuse.
J.-B. 'W.
* KINDSCHER (Henri-Charles-Louis),
compositeur, professeur et écrivain sur la
musique, est mort à Wœrlitz, au mois de fé-
vrier 1875.
KINTERLAND ( ), compositeur et
chef d'orchestre, dont le nom indique une ori-
gine germanique, a fait représenter sur un
théiitre de Gênes, en 1862, un opéra intitulé
BalHta. Cet artiste a rempli les fonctions de
chef d'orchestre dans plusieurs théâtres italiens
importants, entre autres au théâtre San Carlos
de Lisbonne et au théâtre royal de Malte.
KIPPER (Hermann), compositeur, né à
Coblenfz le 27 août 1826, a fait ses études
musicales à Cologne, sous la direction de H.
Dorn, et est depuis longtemps établi en cette
ville comme professeur, après avoir passé plu-
sieurs années à Paris. C'est à Paris, où il était
directeur d'une société chorale allemande, Lie-
derkranz, que cet artiste a composé, pour les
réunions annuelles de cette société, deux opé-
rettes en un acte dont voici les titres : le Prince
malgré lui (26 janvier 1867), et Fidelia (25
janvier 1868). En Allemagne, il a écrit de nom-
breux chœurs pour voix d'hommes, et a fait re-
présenter quelques opérettes, parmi lesquelles
celle intitulée les Esquimaux, dont on lui doit
les paroles et la musique.
KIRSGHNER (Théodore) , pianiste, orga-
niste et compositeur, né à Neukirchen, près
Chemnilz, en 1824, fit de bonnes études au
42
KIUSCHNER — KLOSÉ
Conservatoire de Leipzig, puis accepta les fonc-
tions d'organiste à Wintertiiur, après quoi il
devint directeur de musique à Zurich, tout en
se livrant dans cette ville à l'enseignement de
l'orgue et du piano. Il se vit chargé, en 1875,
de la direction de l'école royale de musique de
Wurzbourg, mais ne conserva pas longtemps
cette situation, et alla peu de temps après s'é-
tablir à Leipzig. Cet artiste s'est fait connaître,
comme compositeur, par des tiède?', des qua-
tuors pour instruments à cordes, et des mor-
ceaux de piano de divers genres, parmi les-
quels on peut surtout citer ses derniers re-
cueils : 10 Pièces caractéristiques pour piano,
op. 25; album pour piano, op. 26 ; caprices, id.,
op. 27; nocturnes, op. 28; esquisses, op. 29;
études et pièces, op. 30 ; Im zwielieht, lieder
et danses, op. 31 ; 10 pièces, op. 32.
KIRSCHA'ER (Fritz), pianiste et compo-
siteur allemand contemporain, sans doute parent
du précédent, a publié, dans le cours de ces
dernières années, une cinquantaine de morceaux
de genre pour le piano.
* KIST (I^e docteur Fi.op.ent-Corneille),
est mort à Utrecht, le 23 mars 1863.
* lîlTTL (JiîAN-pRKnÉnic), compositeur,
ancien directeur du Conservatoire de Prague,
est mort à Lissa (province de I^sen), le 20
juillet 1868. Cet artiste a écrit la musique dun
opéra intitulé les Français devnjit Nice, dont
on assure que M. Richard Wagner avait écrit le
poème ; cet ouvrage fut reiirésenté à Prague
vers 1848, et fut joué de nouveau en 1868.
KLEFFEL (Arno), musicien allemand,
s'est fait connaître par la publication d'un assez
grand nombre de recueils de lieder avec accom-
pagnement de piano, parmi lesquels je citerai
les suivants : 7 lieder, op. 7; 5 mélodies, op.
10; 6 chn-urs, op. 11; 12 lieder, en deux livres,
op. 12 ; 6 lieder à quatre voix, op. 13 ; 6 lieder,
op. 14 ; 6 lieder, op. 23.
* KI^EIN (Joseph), pianiste et compositeur
allemanrl, est mort à Cologne le 10 février
1862.
* I»LEIIV(Cuarli:s-Auguste, baron DE), est
mort le 13 février 1870, à sa villa d'Assmanns-
hausen.
lîLEIXMICIIEL (Rrr.HARu), pianiste alle-
mand contemporain et compositeur pour son
instrument, s'est fait une grande réputation de
virtuose à Hambourg, où il réside. Il a publié
un certain nond)re de morceaux de genre pour
piano, que l'on dit pleins de grâce, de délica-
tes.<;e et d'élégance. On cite surtout un recueil
de poésies musicales à quatre mains intitulé
Zur VVinterzeit {En hiver), les Aquarelles,
Bal d'enfants (six petites danses caractéristi-
ques), etc.
* KLEMM (Frédéric), dilettante et compo-
siteur autrichien,' est mort à Meidling, près
Vienne, le 13 septembre 1854.
* KLEIVGEL (Auguste-Alexandre), orga-
niste à Dresde, mort en cette ville le 22 novem-
bre 1852, y était né le 29 janvier 1784.
KLERR ( ), chef d'orchestre et compo-
siteur allemand contemporain, a écrit la musi-
que de plusieurs opérettes parmi lesquelles je
signalerai les suivantes : les Fleurs animées,
Vienne, tliéàtre ^?i rfer Wieii, décembre 1866;
le petit Josi, id., id., mars 1867; la belle
Meunière, Berlin, théâtre Friedrich-Wilhelm-
stadt, mars 1867. M. Klerr a rempli les fonc-
tions de chef d'orchestre au théâtre de l'Har-
monie, à Vienne, et a même été pendant un
instant (1867), directeur de ce théâtre.
KLOP ( ), musicien belge, naquit à
Gand dans la première moitié du dix-huitième
siècle, et remplissait, en 1781, les fonctions de
maître de chapelle de l'église Notre-Dame
(Saint-Pierre) de sa ville natale. Il a laissé des
chants d'église estimés, et un Requiem en plain-
cliant qu'on exécute souvent encore en Flandre,
dans des funérailles solennelles.
* KLOSE (Hiacynthe-Éléonore). Cet ar-
tiste a pris, il y a quelques années, sa retraite
de professeur de clarinette au Conservatoire.
Il a publié (Paris, Leduc) trois Méthodes de
saxophone aigu et soprano, de saxophone alto
et ténor, et de saxophone baryton et basse, et
a fait paraître, chez le même éditeur, un cer-
tain nombre de morceaux pour fanfares et
musiques militaires : Retraite aux Flam-
beaux, Marche funèbre, Andante religioso,
V Étape, pas redoublé, Dardanus, id., Baden-
burg, id., Augusta, m^rch^, V Artilleur , galop,
le Bandit, id., etc., etc. M. Klosé a encore
publié : 1" 6 petites Fantaisies pour clarinette,
avec accompagnement de piano (Paris, Leduc) ;
2" le Décaméron des jeitnes clarinettistes,
20 [tetites fantaisies brillantes (id., id.) ; 3° le
Progrès, 16 petites fantaisies brillantes (id.,
id.); 4° environ dix duos pour clarinette et
piano, en société avec Leduc (id., id,) ; 5° mélo-
dies populaires, choix de 40 petits airs, id.,
Gérard ; 6" Grande méthode pour la clarinette
à anneaux mobiles, contenant la théorie et
les tablaluies de cet instrument, des gammes
dans tous les tons, des exercices de mécanisme
eld'articuliition, des duos, 15 grands morceaux,
des préludes et 12 études, id., id.: 7° 18 Étu-
des mélodiques, tirées des 46 Études de violon
de Charles Dancla; 8° enfin, un certain nombre
KLOSE
RŒCHEL
/i3
de fantaisies et airs variés, avec accompagne-
ment de piano. M. Kiosé avait été professeur de
clarinette an Gymnase musical militaire, et ciirf
de musique de la 10" légion de la garde na-
tionale.
lîLUGHARDT (AucrsTs), compositeur
allemand, directeur de musique à Weimar, né
à C(Pthen le 30 novembre 1847, est l'auteur
d'un opéra intitulé Mirjam, qui a été repré-
senté sur le théâtre de Riaa au mois d'avril
187.3. En 1871, il avait fail exécuter à léna
une symphonie en mi bémol. On connaît de
lui plusieurs autres compositions, entre autres
un nonolto pour violons, alto, violoncelle, con-
trebasse, (Iftte, hautbois, clarinette et basson.
KMGGE (Le baron DE). - Voyez PO-
LAlî DAMELS.
K!\ YVETT (Deborah TIÎAVIS, épouse),
fut l'une des cantatrices les plus renommées
de l'Angleterre pour les festivals et les ora-
torios, et partagea en ce genre les succès de
son mari, William Knyvett (V. Biographie
universelle des Musiciens, t. V.). Elle est
morte à Heyside, près Oldham, le 10 janvier
1876, à l'âge de soixante-dix-neuf ans. Son
mari était mort sans doute depuis longtemps
à cette époque, étant né en 1778.
KOCH (Bernard), violoniste et composi-
teur, fils d'un bijoutier d'Amsterdam, naquit
en cette ville en 1791. Il reçut d'abord des
leçons d'un de ses compatriotes, puis, lors du
séjour en Hollande de Guillaume Navoigille,
se perfectionna avec lui dans l'étude de sou
instrument. On dit même que Navoigille, qui
l'avait pris en affection, aida de sa bourse son
élève, qui était orphelin, après l'avoir fait entrer
comme surnuméraire à la chapelle du roi Louis
Bonaparte. Après avoir terminé son éducation,
Koch se livra à l'enseignement, devint direc-
teur d'une société musicale, et plus tard chef
d'orchestre de l'opéra allemand et italien d'Ams-
terdam. C'est lui qui, en 1827, dirigea les con-
certs donnés en cette ville par la fameuse can-
tatrice M""' Sontag.
Koch s'est fait connaître, comme composi-
teur, par plusieurs ouvrages dramatiques, et
par un grand nombre de produclions de divers
genres : 1° La mère Ganz et l'Œuf (Vor,
opéra représenté à Amsterdam ; — 2° Der HoL-
zerne Snbel, opérette en un acte, représentée à
La Haye en 1830; — ^"Das gcstole Làmmchen,
opérette; — 4" Pvmpernihel, opéra en 3 actes
(non représenté) ; — 5° Jane Grey, récit his-
torique ; — 6° Benjamin, récit biblique, Amster-
dam-,—7° De Verlatene, cantate, Amster-
dam-, — 8° Elégie sur la mort de Mendelssohn ;
— 9° Moederliefde, cantate couronnée par la
Société musicale des Pays- fias; — 10" Qua-
tuor pour instruments à cordes (Mayence,
Scholt); — tr Deux recueils de romances à
2 voix; — 12» Variations pour clarinette sur
linbin-des-Bois (Paris, Schlesinger); — 13° Pot-
pourri pour piano et violon sur il Crociato
(id.,id.); — 14° Variations pour violon; —
15° enfin, des romances, lieder, méloilies voca-
les, etc., publiés à Amsterdam. Koch, qui a
pris une part de collaboration au journal inti-
tulé Amphion, est mort à Amsterdam le 30
juillet 1858.
lîOCHER (C ), théoricien allemand,
a publié vers 18G0 l'ouvrage suivant : Harmo-
nik. Die Kunsi des Tonsatzes ans den grun-
debmenten théoretisch eniwickelt vnd prak-
tisch dargestellt {Harmonie. La science de
la combinaison des sons développée théori-
quement et exposée pratiquement), Stuttgart,
in-4" de 210 pages, avec de nombreux exem-
ples.
KOCIPl^^SKI (Antoine), pianisle et com-
positeur polonais du dix-neuvième siècle, s'é-
tablit comme éditeur de musique à Kamienieç-
Podolski. Il est l'auteur de plusieurs composi-
tions remarquables pour le piano, entre autres :
X" Deux Polonaises, op. 5; 2° Invitation à
la danse; 3° Quatre mazurkas, op. 8;
4» Polonaise et Trois mazurkas, op. 12.
KOECHEL (Le docteur Ludwig VON),
l'un des musicographes les plus fameux de
l'Allemagne, naquit à Stein sur le Danube
(Basse-Autriche) le 14 janvier 1800, et mourut
à Vienne le 3 juin 1877. Après avoir été pré-
cepteur des fils de l'arcbiiluc Charles, il con-
sacra toute son existence, à partir de l'année
1842, à des études scienliliques et surtout à
des travaux d'érudition qui avaient la musique
pour objet. On lui doit sur cet art de nombreux
écrits soit critiques soit biographiques; mais
son chef-d'œuvre est le grand catalogue thé-
matique et chronologique des oeuvres de Mozart
{Chronologisch - thematisches Verzeichniss
sàmmtlicher Tomcerke Wol/gang Amadeiis
Mozart's), ouvrage vraiment admirable, qui
fut publié en 1862 (Leipzig, BreitKopf et Hser-
tel), et qui donne l'exemple le plus éclatant
du parli qu'un esprit sagace et ingénieux peut
tirer du sujet le plus sec et le plus aride en
apparence. Le chevalier de Kœchel, qui avait
consacré vingt années de sa vie à ce travail
monumental, a été le promoteur de la belle
édition définitive des œuvres de Mozart publiée
par la maison Breifkopf et Hajrtel, et il y a
contribué, non-seulement de ses lumières et
44
KQKGHEL — ROLAR
de son travail, mais encore d'une notable
partie de sa fortune.
* KOEIILER (Loiis). Le nombre des œuvres
pour le piano publiées parce compositeur s'élève
aujourd'hui à environ 300; ces œuvres com-
prennent des études, des exercices, des sonates,
et quelques fantaisies soit originales, soit écrites
sur des mélodies célèbres. Le second volume
de sa Méthode instructive et systématique de pia-
no (Sijsiematische Lehrmethode fur Klaviers-
pielund Musik) a paru en 1858. M. Kœliler
a fondé à Kœnigsberg une école pour l'enseigne-
ment du piano et de la théorie de l'art, école
dans laquelle se sont formés un grand nombre
de très-bons professeurs des deux sexes. Cet
artiste s'est fait connaître aussi comme écrivain
musical : il a pris une part active à la rédaction
de plusieurs feuilles spéciales importantes,
entre auties la Nouvelle Gazette musicale
de Berlin et les Signale, de Leipzig, et il a
publié divers ouvrages estimés sur l'enseigne-
ment.
KOELLIIVG (Charles)j pianiste et composi-
teur, né sans doute en Allemagne, ne m'est
connu que par les litres de quelques-unes de
ses publications. Cet arliste n'a guère livré
au public moins de deux cents pelites compo-
sitions de genre pour le piano, qui paraissent
avoir été accueillies avec faveur par les ama-
teurs de cette sorte de musique.
KOEMPEL (Auguste), violoniste allemand
fort remarquable, né à iiriickenau le 15 aoilt
1831, fut à Cassel l'un des meilleurs élèves de
Spolir, et travailla aussi à Leipzig avec Ferdi-
nand David et à Hanovre avec M. Joacbim.
Il s'est fait de bonne heure une réputation
dans sa |)atrie, et occupait le poste de violon-
solo du roi de Hanovre lorsqu'il vint se produire
en France pour la première fois. Le 4 mars
1860, dans une des séances de la Société des
jeunes artistes, dirigée par M. Pasdeloup, M.
Kci'nipel se faisait entendre dans le 8' concerto
de son maître Spohr, qu'il exécutait d'une
façon magistrale, avec de rares qualités de
mécanisme, une justesse retnanjuable et un
style très-pur; on lui aurait seulement désiré
un son plus velouté et plus distingué. Son succès
néanmoins fut très-grand et très-légitime. M.
Koempel revint à i^aris en 1867, et se tit en-
tendre à l'Athénée, dans le môme concerto ;
l'accueil qui lui fut fait cette seconde fois ne
fut pas moins brillant. Depuis lors, la renoinmce
de l'artiste a grandi dans son pays, et il est
aujourd'hui considéré comme l'un des virtuoses
les plus accomplis de l'Allemagne contempo-
raine. Fixé depuis 1863 à Weimar, où il remplit
les fonctions de maître de chapelle, il y donne
chaque année, en compagnie de MM. Edouard
Lassen et Walbrul, des séances de musique de
chambre qui obtiennent le plus grand succès.
KOETTLITZ (Adolkhk), violoniste remar-
quable et compositeur distingué, naquit à Trêves
le 27 septembre 1820. Il se produisit de très-
bonne heure comme virtuose, se lit entendre
avec succès à Cologne dès l'âge de 16 ans,
après avoir reçu des applaudissements dans
plusieurs villes moins importantes, et passa
ensuite trois années à Paris, avec Liszt. A la
suite de ce séjour en France, il se rendit à
Rreslau, puis à Kœnigsberg, en qualité de con-
certmeister . En 1856 il partit pour la Russie
et s'établit à Uralsk, où il était chargé de la
direction d'une école de musique; il y mourut
par accident, le 26 octobre 1860, dans une
partie de chasse. Comme compositeur, on doit
à Kœttlitz des concertos de violon, des lieder
pour la voix, et plusieurs quatuors pour ins-
truments à cordes qui lui ont valu une certaine
réputation. — La seconde femme de cet artiste,
M"" Clotilde Kœitlitz, née Ellendt, est
établie comme professeur de chant à Kœnigs-
berg, où son enseignement est très-recherché
et sa renommée très-solide. Elle est née le 22
septembre 1822.
KOEUPPERS (Jean), habile luthier fla-
mand du dix-huitième siècle, exerça son art
à La Haye de 1755 à 1780. Il passe pour le plus
remarquable artiste en ce genre qu'ait produit
son pays.
* KOHAULT ou KOHAUÏ (Joseph).
Cet artiste obtint de grands succès en jouant
au Concert spirituel (1763), avec le violoncel-
liste Duport, des duos pour luth et violoncelle.
Dans le cours de celte même année, il fit
exécuter aussi au Concert spirituel im Salve
regina à grand chœur, dont les récits étaient
chantés par M'" Fel avec accompagnement de
violoncelle obligé par Duport. Cette composition
fut très-favorablement accueillie.
lîOLAU (M""^^ AUSP1TZ-), pianiste fort
distinguée, née à Prague vers 18i5, est fille
d'un savant IJohémien, M. Kolar, qui a traduit
Shakespeare en langue bohème. Elle a fait son
éducalion musicale dans sa ville natale, et se
|)roduisit d'abord, en 18C0, à Vienne, où son
mécanisme parfait, la délicatesse de soa jeu,
ses grandes qualités d'expression et de senti-
ment lui valurent un succès légitime. Elle
épousa peu de temps après un médecin, M. le
docteur Auspilz, et se fit entendre en 1869 à
Londres, dans les séances de Wnion musi-
cale, dirigée par M. John Ella, où elle fut
ROLAR — RORSOFF
45
accueillie avec la plus grande faveur. J'ignore
ce qu'elle estti'venue depuis lors.
KOLBE (Oscar), pianiste, compositeur et
professeur, né à Berlin le 10 août 1836, est
mort en cettte ville au mois de janvier 1878.
Fils d'un graveur et devenu orphelin dès l'âge
de neuf ans, il fut placé à l'orphelinat royal d'O-
ranienburg, où il commença l'étude du piano
et du violon, et de là fut admis, en 1849, au
Gymnase de Berlin. En 1852 il entra à l'Inslitut
royal de cette ville, où, sous la direction de
MM. Lœschorn, A. W. Bach et E. Grell, il se
perfectionna dans l'étude du piano et apprit
l'orgue, le chant, l'harmonie et la composition.
Enfin, après être devenu pendant deux ans élève
de l'Académie royale, il se livra à l'enseigne-
ment du piano et du chant en cultivant la com-
position, et de 1859 jusqu'à 1875 fut attaché au
Conservatoire-Stern à Berlin, comme profes-
seur de la classe de piano d'ensemble.
Kolbe a publié un Manuel de l'enseignement
général de la basse {General basslehre), Leip-
zig, 1872, et un Manuel de renseignement de
Vharmonie {Harmonielehre), Leipzig, 1873.
On lui doit aussi toute une série de compositions
pour le piano et pour le chant, des lieder, des
arrangements mélodramatiques (Melodrama-
tische Bearbeitungen), et un oratorio intitulé
Johannes der Tàufer {Saint- Jean- Baptiste),
qui fut exécuté à Berlin en 1872. Ce dernier
ouvrage lui valut le titre de directeur de mu-
sique.
KOMAN (Henri), pianiste et compositeur,
est né en 1828 à Varsovie. Son père avait été
chef de musique dans l'ancienne armée polo-
naise, et sa mère était Italienne. Après avoir
fait ses premières études musicales avec son
père, qui lui enseigna le piano et l'orgue, il se
fortifia en se mettant sous la direction d'Elsner,
directeur du Conservatoire de Varsovie. Il se
fit entendre ensuite dans les concerts, et acquit
une certaine réputation de virtuose et de com-
positeur. Aujourd'hui, il est professeur de la
classe supérieure de piano au Conservatoire.
M. Koman a publié pour cet instrument un
certain nombre de compositions, parmi lesquelles
on remarque : 2 sonates (en 7ni bémol mineur
et en fa mineur), 4 Nocturnes, une Polonaise,
un Impromptu, une Valse de concert, 5 Ma-
zurkas, une BarcaroUe, un Andante, une In-
troduction et Étude, etc., etc.
KOMEXDA (Antoine), professeur et com-
positeur allemand, naquit le 18 janvier 1795 à
Raps, dans la Basse-Autriche. Destiné (lar sa
famille à l'état ecclésiastique, il perdit un oeil
étant encore enfant, et la fatigue de celui qui
lui restait ne lui permit pas de terminer les
études de littérature et de théologie qu'il avait
commencées. Il se lourna alors vers la musique,
et étudia simultanément, sous la direction d'uQ
prêtre, le violon, le diant, le piano el l'orgue.
iNommé en 1811 professeur à l'école de musique
de Closterneubourg, il devint ensuite maître
de chapelle du chapitre et de la ville. En 1847
il se vit obligé, par suite du faible état de sa
santé, de prendre sa retraite de ces deux em-
plois et d'abandonner l'enseignement pour ne
plus s'occuper que de composition. M. Komenda
a écrit plus de soixante œuvres, parmi lesquelles
on remarque plusieurs symphonies et quelques
concertos ; mais il a su faire briller surtout son
talent dans la musique religieuse, et l'on assure
que ses compositions en ce genre se distin-
guent par le caractère élevé, noble et sévère
qu'il a su leur iipprimer.
KOiMOROWSKI (Ignace), compositeur
polonais, né dans la première moitié de ce siècle,
s'est fait connaître par un certain nombre de
compositions vocales distinguées, qu'il chante
lui-même avec talent en s'accompagnant avec
habileté, et qui ont été publiées pour la plupart
chez les éditeurs Spies et C" et J. Klukowski
à Varsovie, ainsi que chez Friediein. Les mélo-
dies de M. Komorowski sont empreintes, dit-
on, d'un parfum national qui les fait particuliè-
rement bien accueillir par tous les Polonais.
On cite surtout de lui un chant pour voix
seule, intitulé Kalina, et un Chant de Marie,
pour .solo et chœur.
* ItOi\II\G (David), pianiste, compositeur
et professeur néerlandais, est mort à Amsterdam
le 6 novembre 1876. Il était né à Rolterdain le
19 m;irs 1820.
* KOIVTSKI (Charles DE), est mort à
Paris, le 27 août 1867. Cet artiste avait fait, pen-
dant plusieurs années, partie de l'orchestre de
rOpéra-Comique en qualité de premier violon.
KOPFFER ( ), musicien allemand,
est l'auleur de Frifjhof, opéra qui a été repré-
senté sur l'un des théâtres de Berlin le 11 avril
1871.
KOPKOSCHI\Y ( ). Un compositeur
de ce nom a écrit la musique d'un opéra- co-
mique intitulé Saint- .Mcolas, qui a été repré-
senté avec succès sur la scène du théâtre na-
tional de Prague, au mois de décembre 1870.
' KORSOFF ( ), un des chanteurs russes
les plus estimés de l'époque actuelle, a com-
mencé sa carrière artistique en Italie, où il fut
l'élève lie M. Corsi. Doué d'une belle voix de
baryton, qu'il conduit avec goût et avec style,
il retourna en Russie après plusieurs années
46
KORSOFF — RRAKAMP
passées en Italie, se consacra à l'iiiteipietalioii
de l'opéra national russe, et devint l'un des
artistes les plus aimés du théâtre Marie, deSaint-
Pélersbours?, où son succès tut grand surtout
dans un ouvrage du compositeur Sérotf, Ju-
di/lt, et dans les traductions de Guillaume
J'ell et de Faust, où il remplit les rôles de
Guillaume et de Valentin. Chaque année, M.
Korsoff donne une série de concerls dans les-
quels il se plaît à faire connaître au public
moscovite les meilleures compositions des mu-
siciens étrangers, et paiticulièrement les œuvres
des artistes français contemjjorains, MM. Gou-
nod, Rojer, Massenet, etc., pour lesquels, dit-
on, il éprouve une vive sympathie.
KOSCHAT (TiioMA*), compositeur alle-
mand contemporain, a publié, parliculièrement
chez l'éditeur Leuckart, à Leipzig, environ vingt-
cinq œuvres de chœurs qui paraissent avoir été
tnen accueillis par le public. Les composilions
diverses de cet artiste atteignent le chiffre de
plus de deux-cents.
KOSMOWSKI ( ), habile facteur
d'orgues, vivait à Varsovie au dix-huitième
siècle, et était qualifié du titre de facteur d'or-
gues du roi de Pologne. 11 fut chargé, en 1721,
de construire l'orgue de la chapelle de Sainte-
Marie de Czenstochowa, instrument qui lui fut
payé 4,000 florins de Pologne.
KOWALSKI (Henri), pianiste et composi-
teur, né à Paris en 1841, n'a fait que passer au
Conservatoire, où il a été un instant l'élève de
M. Marmontel pour le piano, et de M. Reber
pour l'harmonie. Il s'est fait connaître d'a-
bord comme virtuose en se faisant entendre
fréquemment dans les concerts, et a publié en-
suite un certain nombre de compositions légères
pour le piano. Après un voyage artistique, en
Angleterre, en Allemagne et en Amérique, il
a livré aussi au public l'écrit suivant : A ira-
vers l'Amérique, impressions d un musicien
(Paris, Lachaud, 1872, in-8"), absolument insi-
gnifiant et dénué d'intérêt. Quelques années
après, le 24 décembre 1877, cet artiste faisait
représenter au Thcàlre-Lyrique un grand opéra
en 4 actes, Gilles de Bretagne, dont l'insuccès
fut éclatant et qui ne put être joué plus de
trois fois. Parmi les morceaux de piano publiés
par M. Kowalski, il faut signaler une Marche
hongroise, qui a obtenu une sorte de vogue.
Je signalerai aussi : 12 Caprices en forme dé-'
ludes, op. 10 ; Dansedes Dryades ; Sur l'Adria-
tique, barcarolle, op. 9 ; Polonaise, op. 10 ;
Bans les bois, op. 12; 3 Mazurkas caractéris-
tiques ; Galop de bravoure; etc.
HOZOLT ( ), professeur de musique
au séminaire de Posen vers 1838, s'est fait
connaître comme compositeur en mettant en
musique Six Chants religieux de Wroblewski
et en écrivant un certain nombre de mélodies
vocales, que l'on dit conçues dans un très-bon
style.
HR^AIER (Tralgott), violoniste et com-
positeur, né à Cobourg le 19 novembre 1818,
a coiiimencé de bonne heure l'élude de la
musique, et a terminé son éducation artistique
au Conservatoire de Prague, doiit il a été l'élève
pendant trois années, de 1834 à 1837. H revint
ensuite dans sa ville natale, on au bout de peu
(le temps il fut nommé concerlmeisler (1854)
lie la chapelle du duc de Saxe-Cobourg et Go-
tha, On doit à cet artiste estimable d'assez
nombreuses composilions, parmi lesquelles je
(itérai une symphonie, une ouverture de con-
cert, plusieurs quatuors pour instruments à
cordes, diverses cantates, et enfin des chants
et des lieder avec accompagnement de piano.
KRAHL (K -F ), professeur de mu-
sique à Varsovie, s'est fait connaître comme
compositeur, il y a une trentaine d'années, par
la publication à Berlin, chez l'éditeur Simon,
des morceaux de piano suivants : 1° Huit varia-
tions {Johbi)i Liedertich); 2" neuf variations
sur une mazurke favorite; 3° variations sur
Schdne Minka.
* KRAKAMP (Emannuel), flûtiste et com-
positeur, est né, non en Allemagne vers 1815,
comme il a été dit par erreur, mais à Palerme,
le 3 février 1813. Fils d'un chef de musique
militaire, il commença avec son père l'étude de
la flûte, et devint rapidement un virtuose dis-
tingué. M. Krakamp a beaucoup voyagé, et,
après s'être fait entendre à Messine, à Catane,
a Malte, il partit pour l'Amérique, se produisit
comme virtuose dans toutes les grandes villes
des États-Unis, du Canada, des Antilles et
du Mexique, puis revint en Europe et se trouvait
à Naples en 1837. Devenu chef de musique du
92" régiment écossais à Corfou, il revenait à
Naples en 1841, était nommé l'année suivante
sous-inspecteur des classes externes du Conser-
vatoire de San-Pielro a Majella et première llùte
de la nmsique du comte de Syracuse, et se
voyait contraint démigrcr, en 1848, pour avoir
pris part aux événements politiques du 15 mai.
S'élant relugié à Rome, il devenait chef de mu-
sique de la première légion romaine avec le
grade de sous-lieutenant, et prenait part à
tous les combats soutenus par elle. Après la
chute de la République, il reprenait sa vie no-
made de virtuose, et se faisait entendre dans
presque toutes les grandes capitales de l'Europe,
KRAKAMP — RRAUSS
47
puis à Alexandrie, au Caire, à Malte et à Tunis.
De retour dans sa patrie en 1860, M. Krakamp
était iiouimé professeur des classes d'instruments
à vent en bois au Conservatoire, position qu'il
écliangea en 1874 contre celle de professeur de
solfège parlé. Il est en mérne temps, depuis
1867, professeur de llùte à VAlbergodé'po-
veri.
M. Krakamp n'a pas écrit moins de 555
œuvres pour la llûte, toutes publiées, parmi
lesquelles on remarque 30 Éludes caractéris-
tiques, 12 Éludes-Caprices, une Grande Mé-
thode, 2 Albums, etc. Il a publié en outre des
Méthodes pour la clarinette, pour le hautbois
et pour le basson, qui ont été approuvées par
tour> les Conservatoires d'Italie.
KRA]\1ER(II ), luthier allemand, était
établi à Vienne au commencement du dix-liui-
lième siècle. On trouve, dans la collection de la
Gesellschaft der Mustkfreunde de celle ville,
une viola di bordone signée du nom de cet
artiste et datée de 1717.
KRASCROPOLSKV ( }, musicien
russe ou polonais contemporain, est l'auteur
d'un opéra intitulé Lesta, qui a été représenté
en Russie il y a quelques années.
KUAUS (Alessandro), pianiste et écrivain
musical, est né à Florence le 12 octobre 1853,
d'un père d'origine et de naissance allemandes,
établi en cette ville depuis longues années.
Élève de son père (1), qui l'accompagna
en France et en Allemagne dans un voyage
entrepris pour lui faire compléter son éducation
musicale, il s'est livré à l'enseignement du
piano, tout en s'occupant avec ardeur de tra-
vaux historiques sur l'art. Sous ce rapport, M.
Kraus n'a encore publié jusqu'ici qu'un opus-
cule ainsi intitulé : le Quattro Scale diatoni-
che délia moderna Tonaliià (s. I. n. d. [Flo-
rence, 1874], in-8°de 7 pp.), écrit dont il a été
fait, à Florence même, une édition française
sous ce titre : les Quatre Gammes diatoniques
de la tonalité moderne, proposition d'Alexan-
dre Kraus fils; mais on assure qu'il travaille
activement à une Histoire des divers instru-
ments de musique, et les journaux italiens
ont annoncé en 1877 la prochaine publication
de deux écrits de ce jeune artiste : Storia de''
musicisti fiorentini, et Storia delV Istituto
musicale di firehze e délia sua bihlioteca ;
jusqu'ici pourtant ces deux ouvrages n'ont pas
paru. On doit à M. Kraus le recueil suivant :
Eserctzi elementari per sciogliere le dita ai
pianisti (Florence, 1873).
(1) M. Alissandro Kraus père e$t né h Franefort-6ur-
le-Mein k' 6 août 1820.
KRAUSE (Antoine), pianiste et compositeur
allomaïul, né à Geithain le 9 novembre 1834,
a fait ses études musicales au Conservatoire de
Leipzig. Devenu en 1859 directeur de musique
dans une ville secondaire, à Barmen, je crois,
il s'y est livré avec ardeur à l'enseignement en
même temps qu'à la composition. La plupart
des œuvres de M. Antoine Krause ont été pu-
bliées par la maison IJrdlkopf et Hsertel, de
Leipzig ; on y remarque, entre autres : 3 Sonates
pour piano, op. 1; Étude du trille sur le piano,
op. 2; Sonate pour le piano à 4 main.s, op. 3;
10 Éludes pour le piano, adoptées par le Conser-
vatoire de Leipzig, op. 5; Sérénade pour le
piano à 4 mains, op. 6; 2 Sonates pour le piano,
op. 10; 3 lieder avec accompagnement de
piano, op. 11 ; 3 Sonates pour le piano, op. 12 ;
Prélude, Menuet et Toccata pour le piano, op.
13 ; 3 lieder pour ténor ou soprano, avec piano,
op. 14; 10 Études pour le piano, en 2 livres,
op. 15 ; Kyrie pour voix seule, chœur et or-
chestre, op. 16; Sanctus et Benedictus pour
voix seule, chœur et orchestre, op. 16; Sonate
pour deux pianos, op. 17 ; 2 Sonates pour piano
à 4 mains, op. 18; 2 Sonates pour piano, op.
19; 2 Sonates pour piano à quatre mains, op.
20; 2 Sonates pour piano, op. 21; 2 Sonates
pour piano à quatre mains, op. 22 ; 3 Sonates
pour piano et violon, op. 23; 2 Sonates pour
piano, op. 24 ; 2 Sonates pour piano, op. 26.
KRAUSE (G ), maître de chapelle à
Sarrebruck, a fait représenter en cette ville, le
15 avril 1866, un opéra-comique en deux actes,
intitulé le Maitre d'école du village.
Un artiste du même nom, M. Emile Krause,
a publié en Allemagne, dans ces dernières an-
nées, une trentaine de cojupositions pour le
piano.
* KHAUSHAAR (Otto), compositeur
allemand, est mort à Cassel le 23 novembre
1866.
KRAUSS (Marie-Gabrielle), cantatrice
remarquable, fille d'un employé ministériel de
l'empire d'Autriche, est née à Vienne le 23
mars 1842. Douée de rares dispositions pour
la musique, que venait seconder une vive intel-
ligence, elle reçut, dit-on, ses premières leçons
(le sa sœur aînée, et à peine âgée <le onze ans,
en 1853, elle entrait au Conservatoire de Vienne.
Elle fit dans cet établissement de brillantes
études, y travailla le piano et l'harmonie, et
devint bientôt l'une des élèves favorites de
M'"' Marchés!, le célèbre professeur de chant.
Ces études furent couronnées par toutes les
récompenses auxquelles une élève puisse aspi-
rer, et M"' Krauss était encore au Conservatoire
48
RRAUSS
lorsqu'un engagement lui fut offert par la
direction de l'Opéra impérial, et accepté par
elle.
La jeune cantatrice débuta à ce théâtre le
20 juillet 1860, d'une façon très-lieureuse, par
le rôle de Matliilde de Guillaume Tell, et
chanta, dans le cours de sa première année,
ceux de Berlha du Prophète, d'Alice de Robert
le Diable, de Pamina de la Flûte enchantée,
de Gabrielle àhine Nuit à 'Grenade, d'Agallie
du Freischiiiz, d'Elisabeth du Tannhauser,
d'Elvire et d'Anna de Don Juan, enlin d'Eisa
de Lohengrin. Très-bien accueillie par le public
dès ses premiers essais, elle entra de plus en
■plus dans ses bonnes grâces, à mesure que la
diversité des rôles qu'elle était chargée d'inter-
préter donnait des preuves incontestables de
la souplesse de son talent, de la sûreté de son
style, et de ses rares facultés scéniques. M"*
Krauss put affirmer davantage encore ses belles
qualités en se montrant bientôt dans un grand
nombre d'ouvrages de genres et de caractères
très-divers : les Huguenots, le Vaisseau fan-
tôme, la Dame blanche, il Trovatore, Cosi
fan tutte, Fidelio, Lalla Roukh, Belisario,
Eurynnthe, Ernani, la Croisade des Dames,
Gustave III, Lucrezia Borgia, les Noces de
Figaro, Zampa, Maria di Rohan, etc.
Les succès de M'" Krauss croissaient de jour
en Jour, et il était facile de voir que la jeune
artiste était destinée à parcourir une carrière
exceptionnellement brillante. M. Bagier, alors
■directeur du Tliéâtre-ltalien de Paris, ayant
été à même de l'entendre à Vienne, lui proposa
un engagement; M"' Krauss accepta, et débuta
sur notre scène italienne, le 6 avril 1866, dans
il Trovatore, après quoi elle chanta Lucrezia
Borgia. Le public parisien était à cette époque
sous l'inllucnce, on pourrait dire sous la fasci-
nation d'une cantatrice d'un autre genre, M"*
Adelina Patti, dont la voix insolemment belle
et la facilité d'exécution semblaient tenir du
prodige. Tenu sous le charme de cette nature
luxuriante et vraiment extraordinaire, ce public
parut ne porter qu'une attention distraite au
talent si pur, au style si noble, à l'iiitelligence
si remarqual)le de la nouvelle venue. Seule,
la critique, se voyant en présence d'une artiste
de premier ordre, aussi grande au point de vue
dramatique que sous le rapport de l'art vocal,
l'accueillit comme elle le méritait et sut lui
rendre la justice qui lui était due. M"' Krauss
revint à Paris la saison suivante, et, cette fois,
trouva une réception digne d'elle et de son
admirable talent. Elle se montra successive-
ment dans quelques-uns de ses meilleurs rôles :
Lucia di Lamermoor, où on la voyait touchante
et résignée ; Norma, où elle déployait une
puissance pathétique irrésistible; Poliuto, où
elle semblait atteinte d'une flamme surnaturelle;
Fidelio enfin, où elle poussait jusqu'au sublime
l'intensité et la grandeur de la passion. On la
vit aussi dans Otello, Semiramide, il Tem-
plario, «H Ballo in Mascheru, Don Giovan-
ni, Rigoletto, puis dans un opéra inédit de
M"' de Grandval, Piccolino. Dans ces derniers
ouvrages, M"° Krauss sut coni]uorir de haute
lutte l'approbation et l'affection d'un pid)lic qui,
tout d'abord, s'était à son égard montré sin-
gulièrement réservé, et bientôt elle fut on pos-
session de toutes ses sympathies.
Les événements politiques vinrent, en 1870,
éloigner M^" Krauss de la France. En 1872,
nous la retrouvons au théâtre San-Carlo, de
Naples, on elle obtient de très-grands succès
et où elle contribue puissamment, par sa pré-
sence, à la réussite d'un opéra nouveau de Pe-
trella, Manfrcdo. Dès les premiers jours de
l'année suivante, elle fait son appaiilion à la
Scala, de Milan, où elle crée aussi le rôle prin-
cipal d'un nouvel ouvrage de M. Carlos Gomes,
Fosca. Au mois d'octobre 1873, elle revient au
Théâtre-Italien de Paris; au mois de février
1874, elle va jouer à Naples Aida, et donner
encore l'appui de son talent au compositeur
Petrella pour sa Bianca Orsini; puis, de
retour à Paris, elle se décide, sur de vives ins-
tances, à aborder la carrière française et à signer
un engagement avec la direction de l'Opéra.
Mais comme elle ne devait faire ses débuts que
dans la nouvelle salle, qui n'était pas encore
prête, elle va passer une saison au théâtre ita-
lien de Saint-Pétersbourg.
C'est le 5 janvier 1875, jour de l'inauguration
du nouveau théâtre de l'Opéra, que M"^ Krauss
parut pour la première fois dans le répertoire
français. M;iis le spectacle de cette soirée n'é-
tant composé que de fragments, le véritable
début de la cantatrice eut lieu seulement le 8
janvier, dans le rôle de Rachel de la Juive. Son
succès ne fut pas douteux un instant, malgré
la difficulté que présentait pour l'artiste l'ar-
ticulation d'une langue qui ne lui était pas en-
core familière au i»omt de vue vocal. Bientôt elle
se montra dans les rôles de Valenline des Hu-
guenots, de donna Anna de Don Juan et d'Alice
de Robert- le- Diable, par lesquels elle gagna
complètement les faveurs du public. Elle créa
même le rôle de Jeanne dans la Jeanne d'Arc
de M. Mermet, et cet ouvrage d'une valeur
plus que médiocre dut à sa présence et à celle
de M. Faure de ne point subir un sort plus
RRAUSS — KRETSCHMAR
49
fâcheux encore que celui qui lui était réservé.
Au moment oii cette notice est écrite (juin
1877), M"' Krauss continue de faire partie du
personnel de l'Opéra.
Le talent de M"' Krauss est d'autant plus
remarquable que l'instrument dont elle dispose
est loin d'être parfait et de répondre toujours
à ses efforts. La voix de la cantatrice, en effet,
si elle ne manque ni de brillant, ni d'éclat,
manque parfois de timbre et de couleur ; dans
certaines parties de l'échelle, la sonorité est
sourde, et c'est seulement dans le haut qu'elle
acquiert ses plus belles qualités. Mais l'éduca-
tion de l'artiste est si complète, son habileté
€st si grande, qu'elle donne le change jusqu'à
un certain point sur la valeur de ses facultés
vocales. Le style de M"' Krauss est pur jus-
qu'à la perfection, son phrasé est magistral, et
chez elle la diction musicale, surtout dans le
récilalif, atteint les dernières limites de la gran-
deur et de la beauté. Si l'on joint à ces qualités
purement musicales la flamme puissante dont
l'artiste est animée, le sentiment pathétique et
l'expression passionnée dont elle fait preuve, sa
grande intelligence scénique et l'incontestable
puissance de son accent dramatique, on conce-
vra l'action qu'une telle artiste exerce sur le
public et l'on aura la raison des succès qui
ont marqué sa carrière. M"« Krauss est cer-
tainement l'une des plus grandes cantatrices
dont l'art contemporain puisse se glorifier.
KREBS (M"' Mary), pianiste remarquable,
née à Dresde le 5 décembre 18ôl, est fille de
M. Charles-Auguste Krebs, directeur de musi-
que en cette ville (V. Biographie universelle
des Musiciens, t. V). .Sa mère, M™* Aloyse
Krebs, née Michalesi. élait une cantatrice dis-
tinguée, douée d'une fort belle voiv de mezzo-so-
prano, qui obtint des succès sur l'une des scènes
italiennes de Londres, et qui poursuivit ensuite
sa carrière en Allemagne. Élevée dans un tel
milieu, la jeune Mary Krebs ne pouvait qu'y re-
cueillir legoiU et l'amour de l'art musical. Elève de
son père, elle acquit sous sa direction un talent si
précoce qu'à peine âgée de douze ans, en 1864,
elle fut par lui conduite en Angleterre, et se
fit entendre à Londres, dans les belles séances
de \' Union musicale, avec le plus vif succès.
Une étonnante puissance de son, un mécanisme
irréprochable, de rares qualités de style, enfin
une exécution dont l'ensemble était en quelque
sorte magistral, la firent accueillir par les An-
glais avec une sympathie et une chaleur voi-
sines de l'enthousiasme. De retour à Dresde,
M'" Mary Krebs se vit l'objet des plus rares
prévenances de la part de ses compatriotes, et
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
reçut le titre de virtuose du roi de Saxe. Elle
obtint de très-grands succès dans diverses villes
de l'Allemagne, ainsi qu'en Bohême, puis, en
1870, s'embarqua pour l'Amérique, qu'elle par-
courut pendant trois années, remportant par-
tout de véritables triomphes. Elle revint en
Europe en 1873, y retrouva toute la faveur du
public allemand, et en 1875 enthousiasma de
nouveau les Anglais, qui se portaient en foule
à ses concerts. Depuis lors l'éclat de sa carrière
ne s'est pas ralenti, et elle n'a cessé de ren-
contrer les succès auxquels elle était habi-
tuée (1).
KREIPL (Joseph), chanteur et compositeur
allemand, naquit dans les premières [années
du dix-neuvième siècle. 11 fit de bonnes études
musicales, embrassa d'abord la carrière^ dra-
matique, et chanta avec succès dans sa jeu-
nesse, à Linz, les rôles de ténor. Plus tard il
s'adonna à la composition, et rendit son nom
populaire par la publication d'un grand nombre
de lieder, qui obtinrent de véritables succès.
L'un d'eux surtout, intitulé Maililfterl, jouit
d'une vogue prolongée. Cet artiste mourut à
Vienne, au mois de juin 1866, à l'âge de 61
ans.
KREMPELSETZER (Georges), compo-
siteur allemand, naquit à Vilsbiburg (Bavière) le
20 avril 1827, et fit son éducation musicale sous
la direction de l'un des frères Lachner. Devenu
chef d'orchestre du théâtre populaire de Mu-
nich, il fit représenter en cette ville, au mois
dedécem.bre 1868, un opéra-comique intitulé le
Manteati rouge. Deux ans auparavant, en 1866,
il avait fait exécuter avec succès, dans une des
séances de la Société de chant académique de
Munich, un drame lyrique dont le titre était
Médée ou l'Oracle de Delphes. Cet artiste
mourut à Munich, le 9 juin 1871.
KRETSCHMAR (E ), professeur et
compositeur, né à Wilsdorf, en Saxe, le 25
juillet 1828, commença l'élude delà musique
avec son père, la continua au Gymnase} de
Dresde, où il devint l'élève de J. Otto et de
Ch. Mayer, et enfin termina son éducation au
(1) Une confusion que je ne m'explique pas s'esl pro-
duite au tome 11 de la Biographie universelle des mu-
siciens, au mot : Christern. Cet artisie y reçoit les
prénoms de Charles Krebs, et il est dit qu'une brocliure
a ét(i publiée sur lui sous ce titre : Christern ats
mensc/i, coniponist vnd dirigent. Or, M. Christern était
non l'objet, mais l'auteur de cette brochure, qui avait
tnàt à M. Charles Krebs, père de M"» .Mary Krebs, et
dont voici le titre exact : Karl Krebs aïs mensch, tom-
ponisl vnd dirigent (Charles Krebs comme homme,
compositeur et chef d'orchestre).
T. II. 4
ËO
KRETSCHMAR -^ KREUTZER
Conservatoire de Leipzig, avec Rietz, Haupt-
inann, Richter et Moscheles. Il entreprit ensuite
la carrière du professorat, se lixa à Arnbeni, où
il enseignait le cliant, le piano et la théorie de
l'art, et dans le même temps se livrait à la
composition. On connaît de M. Kretsclimar un
certain nombre d'œuvres de musique de cham-
bre ; quatuors et trios pour piano et instru-
ments à cordes, des sonates et divers morceaux
pour le piano, des lieder, etc. J'ignore si c'est
cet artiste, ou un homonyme, qui a pris part
à la rédaction de divers feuilles musicales alle-
mandes.
KRETSCIIMEK (Edmond), organiste et
compositeur allemand, est né le 31 août 1830 à
Oslritz, en Saxe. H a fait ses études au Conserva-
toire de Dresde, où il eut pour maîtres de com-
position Jules Otto et Jean Schneider. Son nom
ne commença, à sortir de l'obscurité qu'en 1865,
époque à laquelle, ayant pris part à un grand
concours ouvert par l'Association des chanteurs
allemands, il remporta le prix avec une can-
tate intitulée la Bataille des Sceptres. En
1868, il fut de nouveau proclamé vainqueur
d'un concours international organisé à Bruxelles
pour la composition d'une messe, concours
auquel avaient pris part 98 compositeurs de
quatorze nationalités différentes. Il lui falhil
attendre pourtant jusqu'en 1874 pour faire son
début au théâtre, objet de ses convoitises, mais
ce début fut éclatant; son opéra die lolkunger,
dont le livret très-dramatique, inspiré d'un
épisode de l'histoire de Suède, lui avait été
fourni par Mosenthal, « le Scribe allemand, »
fut représenté avec un très-grand succès sur le
Ihéàtre royal de Dresde et rendit aussitôt po-
pulaire le nom du compositeur. Cet ouvrage fit
rapidement le tour de l'Allemagne, et dans
l'espace de deux années fut joué sur près de
cent théâtres.
M. Krelschmer est, dit-on, un ardent secta-
teur des doctrines et des procédés de M. Ri-
chard Wagner, dont il reproduit jusqu'à un
certain point les qualités, les défauts, et surtout
l'étonnante inégalité. Les juges sincères qui
ont entendu son premier ouvrage affirment que
l'influence de l'auteur de Tristan et Iseulde
s'y fait un peu trop sentir; la partition des
Folkunger, ajoutent-ils, est d'ailleurs puissante
dans quelques-unes de ses parties, l'orchestre
Y est assez bien traité, l'harmonie est originale,
quoique souvent tourmentée, mais c'est dans
la vigueur et la netteté du rhythme que le
compositeur a trouvé la meilleure partie de
ses effets; ce qui manque dans les l'olliungcr,
ce n'est ni la grandeur, ni la force, c'est la
passion humaine, c'est surtout la tendresse,
c'est, en un mot, l'émoi ion.
Quoi qu'il eu soit, l'opéra de M. Krelschmer
a obtenu par toute l'Allemagne un succès in-
contestable Depuis lors, le compositeur a écrit
les paroles et la musique d'un nouvel ouvrage
dramatique, Heinrich der Lœwe [Henri le
Lion), opéra en 4 actes, qui a été représenté
pour la première fois au Studttheater de Leip-
zig, le 8 décembre 1877, et qui, comme le pré-
cédent, a obtenu toute la faveur du public. On
a constaté que cet ouvrage, de même que les
Folkunger^ était écrit avec un incontestable
talent, mais toujours avec une recherche visible
et parfois excessive de l'effet matériel, et que
l'auteur continuait de prendre M. Richard Wag-
ner comme type et comme modèle. Depuis lors,
on a annoncé que M. Krelschmer travaillait à
un troisième opéra qui aurait pour titre l'Exi-
lé. Jusqu'ici, cet ouvrage n'a pas paru à la
scène. M. Krelschmer, qui a le titre d'orga-
niste du roi de Saxe, a publié plusieurs com-
positions religieuses, parmi lesquelles une messe
à quatre voix et orgue, œuvre fort importante,
qui se fait remarquer par la science que l'au-
teur y a déployée, mais où l'on voudrait un
peu plus de chaleur et surtout d'inspiration.
KREUEL (Puis), conventuel d'Einsiedeln,
né à Zug en 1629, mort en 1696, fut un des
facteurs d'orgues les plus estimés de la Suisse
au dix- septième siècle.
* KREUTZER (Rodolphe). A la liste des
ouvrages dramatiques de cet artiste, il faut
ajouter les suivants : 1° la Journée du 10 août
1792, ou la Chute du dernier tyran, 4 actes,
Opéra, 10 août 1795; 2° l'Heureux Retour,
divertissement (en société avec Certon et Per-
suis). Opéra, i25 juillet 1815; 3° Blanche de
Provence, ou la cour des Fées, 3 actes (en
société avec Berton, Boieldieu, .Cherubini et
Paër), Opéra, 3 mai 1821; 4° le Paradis de
Mahomet, 3 actes, Opéra-Comique, 23 mars
1822; 5° l'haramond, 3 actes (en société avec
Berton et Boieldieu), Opéra, 10 juin 1825. Cet
artiste extrêmement distingué mourut à Genève,
non le 6 juin, mais le 6 janvier 1831*
'* KREUTZER (Jean-Nicolas - Auguste).
Sur la tombe de cet artiste, la date de sa
naissance est fixée au 3 septembre 1778; il est
mort â Paris le 31 aoiU 1832.
* KREUTZER (Llon-Chaules-Fiunçois),
compositeur et écrivain nmsical, est mort à
Vichy le 6 octobre 1868. Cet artiste fort remar-
quable, qui, comme Berlioz, |)our lequel il
ressentait une profonde admiration, était en
avance sur les idées musicales de son pays, n'a
KREUTZER — RRINITZ
51
pas eu la renommée à laquelle il avait droit.
D'un caractère atrabilaire et un peu fantasque,
prenant la misanthropie pour de la raison, la
sauvagerie pour de la réserve, il mettait au-
tant d'ardeur à fuir le suffrage du public que
d'autres en mettent à le rechercher, sans
considérer qu'en somme le public ne peut pas
deviner votre existence, et que travailler
dans le silence du cabinet sans jamais produire
ses œuvres, sous prétexte d'un dédain orgueil-
leux du suffrage de la foule, est un enfantillage
qui n'est profitable à personne et ne peut qu'être
nuisible à l'art. LOon Kreutzer est donc mort
sans avoir, par sa faute, acquis la notoriété qu'il
méritait à tant de titres, et cela est d'autant
plus regrettable qu'il eût certainement occupé
une place à part, et fort importante, parmi les
artistes les plus distingués de la nouvelle école
française. Musicien consommé, symphoniste
remarquable, poète vérilablement inspiré, cher-
chant un peu trop l'originalité, il est vrai, et
et atteignant parfois la bizarrerie, Kreutzer
avait tout le tempérament et présentait toute
l'envergure d'un grand artiste.
Il faut ajouter qu'à son grand talent de com-
positeur, il joignait les rares qualités du criti-
que et de l'analjste. Doué d'une intelligence
vaste et diverse, que rehaussait une instruction
solide, pratique et variée, tiiéoricien profond et
très-expérimenté, né et élevé dans un milieu
tout artistique, ses connaissances techniques
étaient relevées encore par un rare savoir litté-
raire et par la possession de plusieurs langues,
avantage inappréciable pour qui veut s'occuper
d'études critiques et historiques concernant un
art ou une science quelconque. Très-versé dans
les littératures étrangères, l'esprit étendu par
le fait des voyages fréquents que sa position de
fortune lui permettait d'effectuer, il possédait
toutes les qualités nécessaires pour faire un
critique excellent et respecté. Aussi, les travaux
qu'il publia en dehors de son feuilleton de
critique courante de VUnion (il avait débuté
sous ce rapport dans la Quotidienne), soit dans
la Revue et Gazette musicale, soit dans la
Reviie contemporaine, soit dans YEnclyclopé-
die du XIX" siècle, peuvent-ils être lus avec
fruit et consultés avec utilité. Il est fâcheux
qu'on n'ait pas songé à réunir en volume la
longue et intéressante série d'articles sur l'Opé-
ra en Europe qu'il publia dans le premier de
ces recueils, ni la substantielle étude sur Meyer-
beer qu'il donna dans le second ; ces deux
écrits trouveraient on ne peut mieux leur
place dans toute bonne bibliothèque musicale.
Entre autres travaux donnés par lui à VEncy-
clopédie dit XIX^ siècle, il faut signaler sur-
tout l'article Opéra, Opéra- Comique, qu'il
rédigea de concert avec M. Edouard Foumier,
et dont les deux auteurs firent faire un tiré
à part sous ce titre : Essai sur l'art lyrique
au théâtre, depuis les anciens jusqti'à Meyer-
beer (Paris, Bouchard-Huzard, 1849, in-12.)
On trouvera de nombreux détails sur cet
artiste distingué dans une brochure publiée
par moi sous ce titre : Léon Kreutzer (Paris,
LiepmannssohnetDufour, 1868, in-8° de 16 pp.).
KRIESEL ( ), artiste né vers 1815,
a tenu dans divers petits théâtres de Paris, les
les Délassements- Comiques, les Folies-Marigny,
les Nouveautés, les Folies-Montholon, l'emploi
de chef d'orchestre. Il a écrit la musique de
deux opérettes en un acte : l'Orphéon de
Fouilly-les-Oles, et un Pierrot en cage, re-
présentées toutes deux aux Folies-Maiigny en
1865. Cet artiste est mort à Paris, en 1876.
KRIGAR (Heruann), pianiste et composi-
teur, né à Berlin le 3 avril 1811, commença
d'abord par s'occuper de peinture, mais au
bout de peu de temps abandonna l'élude de cet
art pour celle de la musique, qui convenait
mieux à son esprit. Il devint l'élève de plusieurs
grands artistes, et travailla, à Leipzig, sous la
direction de Mendelssohn, de Robert Schumann,
(le Moritz Hauptmann, de Finck et de Jules
Knorr. En 1845 il revenait s'établir à Berlin,
ou il se livrait à l'enseignement et à la com-
position, tout en fournissant des articles de
critique à la Nouvelle Gazette musicale, et en
1852 il fondait en cette ville une Société de
chant pour laquelle il écrivait un grand nombre
de chœurs pour voix d'hommes. Devenu direc-
teur de la musique royale en 1857, il a rédigé,
depuis 1874, le Calendrier musical publié
par les éditeurs Bote et Bock. M. Hermann
Krigar a écrit de nombreux airs pour des comé-
dies et vaudevilles, et on lui doit aussi des mo*
têts, des psaumes, des lieder, des chœurs à 4
voix, ainsi que différents morceaux de musique
instrumentale.
KRINITZ (M"» DE), femme de lettres
française, qui a adopté le pseudonyme de
Camille Selden, sous lequel ses écrits ont été
publiés, est née vers 1835. Sous ce nom de
Camille Selden, M™" de Krinitz a livré au
public un petit volume portant ce titre : la
Musique en Allemagne : Mendelssohn (Paris,
Germer-Baillière, 1867, in-12), qui n'est qu'une
sorte de paraphrase d'un certain nombre de
lettres de l'auteur de Paulus, et qui ne donne
ni une biographie du maître, ni un jugement
raisonné sur son œuvre et son génie. Il n'y a
52
KRINITZ — KRUGER
là qu'une dissertation assez élt?gante au point
de vue de la forme, mais sans valeur historique,
estliétique ou critique. Quelques annt^es aupa-
ravant, le même écrivain avait publié un récit
roiiHinesqne, intitulé Daniel Vlady, liistoire
d'uu musicien (Paris, Charpentier, 1862,
in- 12).
KltOLL (Franz), pianiste et professeur
allemand, né à Bromberg en 1820, fut l'élève
de M. Liszt à Weimar, et se livra ensuite à
renseignement. S'étant établi à Berlin en 1849,
il s'occupa, tout en donnant des leçons, d'assez
importants travaux pédagogiques, et fut un
instant (1863-1864) professeur au Conservatoire
de cette ville. Il publia aussi quelques compo-
sitions, mais n'obtint jamais de grands succès
sous ce rapport. 11 fut plus heureux avec ses
éditions nouvelles d'œuvres anciennes, notam-
ment celle qu'il fit du Clavecin bien tempéré
de Jean-Sébastien Bach, qui fut bien accueillie
du public. On cite aussi comme dignes d'estime
et d'attention ses critiques et observations sur
la musique ancienne et nouvelle de piano,
publiées à Berlin en 1867. Franz Kroll est mort
en celte ville le 28 mai 1877.
KROMER (Valentin), évéque de Varmie,
homme d'État, historien renommé, l'un des
homrnes les plus remarquables qu'ait produits
la Pologne, naquit à Biecz, près de Cracovie,
en 1612, et mourut en 1689, à l'âge de soixante-
dix-sept ans. Kromer n'est cité ici que pour
deux écrits publiés en lalin par lui et relatifs
à la musique. Ce savant prélat avait appris
les éléments de la musique à Biecz, sa ville
natale, et son seul professeur avait été le
maître d'école attaché à l'église paroissiale,
lequel enseignait le plain-chant aux enfants de
clid'ur. Des deux petits ouvrages qu'il publia
par la suite, l'un élait intitulé : De conceniibxix
musices guos chorales appellamus, l'autre :
Musica ficjurata.
IWXOXLVAN (Hei'.mann), musicien et litlé-
rateiu', rédacteur de la Carlsruher Zeitung,
a écrit les paroles et la musique d'un opéra
en trois actes intitulé Magellone, qui a été
représenté sur le théâtre de Carlsrulie le 24
avril 1874. L'auteur était mort quelques
semaines avant l'apparition de son o'uvre, qui,
du reste, n'obtint qu'un très-médiocre succès.
Je n'ai pas d'autres renseignements sur cet
artiste, qui, je crois, n'avait pas abordé la scène
avant cet ouvrage.
* HRUG (Gustave). — Les renseignements
qui suivent compléteront et rectifieront ceux
qui ont été donnés par la Biographie nnirer-
selle des Musiciens sur cet amateur distingué.
— Pianiste habile et compositeur de talent,
M. Krug, qui est né à Berlin en 1810, commença
d'abord par l'étude du droit, qu'il fil aussi
complète et aussi étendue que possible. Cela ne
l'onipêcha pourtant pas de travailler la musique
l)our son agrément, et de suivre un cours de
piano et de composition avec Louis Berger.
En 1845, il fut nommé magistrat (juge) à
Naumbourg, et il occupe encore ces fonctions
à l'heure présente.
* KRUG (Diedrich), pianiste, professeur et
compositeur, est né à Hambouig erf 1821 et a
été l'élève de Jacob Schmitt. Le nombre des
compositions de cet artiste ne s'élève guère
à moins de 350, parmi lesquelles on trouve,
pour une part, un très-grand nombre de mor-
ceaux de genre pour le piano, fantaisies, ro-
mances sans paroles, etc., et en second lieu
toute une série d'études pour le même instru-
ment, publiées pour la plupart à Leipzig, chez
l'éditeur J. Schuberth.
KRUG (Ahnold), pianiste et compositeur,
(ils du précédent, est né à Hambourg en 1848,
et a été l'élève de son père.
Après avoir terminé son éducation, il se con-
sacra à l'enseignement et devint, en 1872, pro-
fesseur de piano au conservatoire de Stem à
Berlin, ce qui ne l'empêcha pourtant pas de se li-
vrer avecactiviléà la composition. Quoique fort
jeune encore, M. Arnold Krug a déjà publié les
ouvrages suivants : Trio pour piano, violon et vio-
loncelle, op. 1, Leipzig .Forberg ; 7 Lieder avec
piano, op. 2; 4 Phantasiestiicke, pour piano,
op. 3; Impromptus en forme de valse pour piano
à 4 mains, op. 4; Fragment du 130^ Psaume, pour
5 voix et chœur a cappella, op. 6; 5 Lieder
avec chœur, op. 7; 5 Z,/erfer à voix seule, avec
[tiano, op. 8; Symphonie pour orchestre, en xit,
op. 9 , elc.
M. Arnold Krug, qui, en 1869, avait obtenu à
Francfort-sur-le Mein le prix de la fondation
Mozart, remporta en 1877 un autre succès du
même genre : il se vit décerner par l'Académie
des arts de Berlin le prix delà fondation Meyer-
beer. Le programme du concours ouvert à cette
occasion consistait dans la composition d'un opé-
ra en un acte [la Mort de l{i:,zio), d'une fugue
double à 8 voix et deux chn-urs a cappella, et
d'une ouverture à grand orchestre. Le prix, de
4,500 marks (5,025 francs), comportait l'obliga-
tion, pour le lauréat, de faire un voyage de six
mois en Italie et à Paris, et de passer six autres
mois à Mimich, Dresde, Leipzig et Berlin.
KUiJGER (GoTTMEB), flûtiste distingué,
allaclié comme première flûte à la chapelle du
roi de Wurteniherg, naquit a Berlin en 1790
Jj
RRUGER — KUMMEU
53
ot mourut à Sfuttgani le 8 mai 1868. Il était
le père de M. W.Kriiger, pianiste et composi-
teur bien connu, qui a longtemps habité Paris.
{\ .Biographie universelle des Musiciens, t. V.)
KUFFEIIATH (Louis), frère de Jean-Her-
manuKufferath et de Hubert Ferdinand Kuft'eralh
(V. Biorjruphie universelle des Musiciens, T.
V), naquit à Mulheim le 10 novembre 1811,
commença de bonne heure l'étude de la musique
sous la direction de son frère Jean-Herman , et
plus tard travailla avec Frédéric Schneider. On
assure que dès l'âge de huit ans il commençait
à composer. Devenu un brillant pianiste, il se
fit entendre avec succès en Allemagne et ea Hol-
lande. Après s'être fixé en 1836 à Leeuwarden,
où il devint directeur de l'École de musique,
il s'établit en 1830 à Gand,où il dirigea pen-
dant deux ans la Société royale des chœurs,
tout en se livrant avec activité à l'enseignement
et à la composition.
On connaît de cet artiste un grand nombre de
compositions de divers genres, parmi lesquelles je
citerai les suivantes; 3 Polonaises pour piano;
3 Valses pour piano ; Valse pour piano à 4 mains ;
quelques morceaux originaux pour le même ins-
tiuinent (Souvenance, un Moment de distrac-
tion, la Branche de lierre, un Soir d'hiver,
etc.) ; quelques chœurs pour 4 voix d'hommes ;
Préludes pour orgue; Messe à 4 voix, avec or-
chestre et orgue; Arlevelde, cantate ; 250 ca-
nons, etc., etc.
* KUHE (Guillaume), pianiste et composi-
teur, est né non à Sluttgard en 1822, mais à
Prague le 10 décembre 1823.
* KUHLAU (Frédéric), compositeur, était
né à Uelzen le 11 septembre 1786, et est mort
à Copenhague le 12 mars 1832.
* KULLAK (Théodore), virtuose sur le
piano, professeur et compositeur, est né non
à Berlin en 1820, mais à Krotoczin, dans le
duché de Posen, le 12 septembre 1818. Protégé
par le prince Antoine Radzivvill, qui l'avait
pris en affection, il dut à ce personnage de
pouvoir faire d'excellentes études musicales,
d'abord à Posen sous la direction du piofesspur
Agthe, puis à Berlin avec IMM. Taubert et Deiin,
et enfui à Vienne avec C/.erny et Sechter. Des
l'âge de cinq ans il jouait du piano, et il en
avait à peine onze lorsqu'il se produisit avec
succès dans un concert donné à Posen, devant
la cour, en compagnie de la célèbre chanteuse
M»* Sonlag. Devenu jeune homme, il suivit
pendant cinq ans les cours de l'Université do
Berlin, après quoi, en 1842, il alla donner à
Vienne et dans toute l'Autriche une série de
concerts qui commencèrent sa réputation. De
retour à Berlin l'année suivante, il y devint
professeur de musique de la maison royale, fut
nommé en 1846 pianiste du roi de Prusse, prit
part à l'organisation de l'Association des artistes
musiciens, puis fonda en 1850, avec Stem, l'ins-
titution connue d'abord sous le nom d'École de
musique de Berlin et ensuite sous celui de Con-
servatoire de Stem, institution dont il fut pen-
dant cinq ans l'un des directeurs, et enfin créa
en 18.')5 la nouvelle Académie de musiipie. De-
puis lors il n'a cessé d'habiter Berlin, oii il e.st
extrêmement estimé comme professeur, et oii
il a formé un nombre considérable d'élèves qui
sont devenus des artistes de talent.
Parmi les nombreuses compositions de M.
Théodore Kullak, on remarque un concerto
pour piano avec accompagnement d'orchestre,
des sonates, des trios, une série d'études publiée
sous le litre de l'École du jeu en octaves, de
nombreux caprices (Psyché, la Gazelle, Perles
d\'cume, les Arpèges, etc.), des romances, et
toute une|collection de transcriptions pour le pia-
no de mélodies nationales allemandes, espagno-
les, russes et hongroises.
* KULLAK (Adolphe), frère du précédent,
né à Moseritz le 23 février 1823, est mort à
Berlin le 25décembre 1862. Pianiste et composi-
teur, il a publié pour son instrument un certain
nombre d'agréables morceaux de genre : fantai-
sies, impromptu, rêveries, idylles, ballades,
nocturnes, etc.
KULLAK (Franz), neveu du précédent et
fils de M. Théodore Kullak, né à Berlin eu 1842,
est devenu aussi un pianiste distingué, il rem-
plit aujourd'hui, à la nouvelle Académie de mu-
sique fondée par son père, les fonctions de pro-
fesseur de piano et de directeur de la classe
d'orchestre. Cet artiste a écrit la musique d'un
opéra qui jusqu'ici n'a pas encore été représenté.
* KUMMER (Gaspard), flûtiste, est mort à
Cobourg le 21 mai 1870.
* KUMMER (Frédéric-Auguste), violon-
celliste et compositeur. — Je n'ai aucun rensei-
gnement nouveau à donner sur cet artiste, mais je
ne crois pas inutile de faire remarquer que le nom-
bre de ses œuvres publiées s'élève aujourd'hui à
plus de 160.
M. Kummer a eu trois fils musiciens : 1° Olto
Kummer, né le 19 avril 1826, violoniste, fait par-
tie de la chapelle royale de Dresde : 2" Mav-
Charles Kummer, violoncelliste, né le 23 avril
1842, est mort à Odessa le 18 septembre 1871 :
3" Ernest- Charles Kummer, violoncelliste aussi,
né les novembre 1844, a appartenu à la chapelle
royale, et est mort le 2 août 1860. — Un fils de
M. Olto Kummer, Alexandre-Charles Kummer
54
KUMMER — RUSTER
né le 10 juin ISJO, violoniste, a été l'élève de
Fcnlinanil David au Conservatoire de Leipzig,
et habite aujourd'hui l'Angleterre.
* lîUNC (ALOYs-MAnTiN). Au mois de no-
vembre 1863, M. Aloys Kunc quittait Ancli pour
revenir à Toulouse comme professeur et maître
dech.ipelle du collège Sainte-Marie dirigé par
les PP. de la connpagnie de Jésus, et comme
organiste de l'église Saint-Aubin. Dans ces derniè-
rt-s fonctions, il a été parfailement secondé par
sa jeune femme, pianiste habile et organiste fort
distinguée. Fille aînée de M. Durgein, organiste
de la métropole d'Auch, M'"' Aloys Kunc, une
des meilleures élèves de la classe de madame
Farrenc au Conservatoire de Paris , n'a pas tar-
dé à prendre elle-même à Toulouse le premier
rang parmi les professeurs de piano.
En 1S6.5, M. Aloys ICunc échangeait le poste
de Sainte-Marie contre celui d'organiste et de]maî-
tre de chapelle à l'église de Jésus. Là, il fonda une
société de jeunes gens, vouée au chant des of-
fices, et qui, pendant huit années, a donné les
mpilieurs résultats. C'est incontestablement aux
tentatives heureuses faites dans cette église
quest <iùle mouvement de restauration qui s'est
produit depuis lors dans les églises de Toulouse.
En 1868, les travaux divers de M. Aloys Kunc
lui méritèrent une faveur particulière :Me pape
Pie IX lui fit adresser le bref de chevalier de
l'ordre de Saint-Sylvestre et de l'Éperon d'or,
en lui envoyant en môme temps, comme témoi-
gnage tout particulier de son estime , les insignes
de l'ordre. En 1870, la place de maître de chapel-
le de la métropole lui était offerte pour la deuxiè-
me fois. M. Kunc prit possession de ces fonctions
le 15 juin. Il fut aussi nommé à la même époque
suppléant de M. Hommey, comme professeur de
haut solfège et de transposition au Conservatoire
de Toulouse, et en même temps professeur de
musique à l'écoU normale, place qu'il occupe
encore aujourd'hui. — Plusieurs ouvrages de
M. Aloys Kunc lui ont mérité un prix à l'^-xpo-
sition générale de Rome en 1870, etde nouveaux
brefs du pape sont venus encourager leur au-
teur. Au mois de décembre 1874, M. Kunc a fon-
dé à Toulouse, .sous le titre de Musica sacra,
une nouvelle revue de chant liturgique etde mu-
sifiue religieuse.
Les ouvrages publiés par cet artiste, depuis
1863, .sont les suivants : 1" Corona .sacrn, re-
cueil décent morceaux religieux (deux éditions) ;
2" Chants de la milice du Pape, cantiques fran-
çais ; 3" Recueil de faux-bourdons notés en clef
de sol ; 4° Manuel de chant religieux, en no-
tation usuelle ; 5° Messeà 3 voix en faux-bour-
don, in-folio de lutrin; c'Écrin de l'organiste,
ofliccsdu matin ; 7' Quinze motels, transcrits;
8° Cantiques populaires pour l'Église et la Fran-
< e (nombreuses éditions, traductions en plusieurs
langues); 9° De la musique religieuse (Congrès
de Malines); 10" Nouvel Essai sur la tradition
du chant grégorien ; 1 1" Recherches historiques
sur Tart musical religieux (Revue de Gasco-
gne), etc., etc.
A. L— N.
KUI\TZE (Charles), compositeur, pianiste,
organiste et chef d'orchestre, est né à Trêves le
17 mai 1817. Élève de l'Académie et de l'Ins-
titut de musique d'église de Berlin, il a reçu
dans cet établissement uneexcellenle éducation,
est devenu directeur de musique à Aschersiebeu,
et s'est fait connaître comme compositeur par
un grand nombre de productions de genres très-
divers. Ses œuvres, dont le nombre ne s'élève
guère aujourd'hui à moins'de trois-cents, et qui
l'uibrassent un peu tous les genres, consistent en
licder et chœurs pour voix d'hommes, en mar-
ches, morceaux de danse, ouvertures pour or-
chestres symphoniques et pour musiques d'har-
monie, en motets. Ave Maria et diverses autres
compositions de musique religieuse. On con-
naît aussi de lui une opérette en un acte, Dans
la montagne, qui a été donnée sur le Thalie-
Théâtre, à Dessau , au mois de janvier 1875.
M. Charles Kunize a dirigé avec talent plusieurs
grands festivals de musique de chant.
I>U01\ (Giovanni), musicien italien, mort à
Rome au mois de décembre 1875, à l'âge de 75
ans, a publié un petit traité d'harmonie et d ins-
trumentation.
* IîÛSTER(Hermann), directeur de musique
et organiste du Dom à Berlin, est né à Templin
le 14 JHillet 1817, et est mort à Berlin le 17 mars
1878. Les lignes suivantes compléteront en vn
rectifiant quelques détails, la notice publiée sur
cet artiste dans la Biographie universelle
lies Musiciens.
Organiste remarquable, KiJster avait reçu une
excellente et .solide éducation. Élève d'abord de
Chr. Kock pour le piano et poui' l'orgue, il entra
en 1842 à l'Académie des arts de Berlin, où il
eut pour maîtres L. Berger pour le piano, A. W.
Bach pour l'orgue, Rungeidiagen et A. B. Marx
pour la théorie de l'art. Après trois années pas-
sées dans cette institution, il fut appelé à Sarre-
bruck pour y remplir les fonctions de directeur
de musique. De retour à Berlin en 1852, il alla
faire un court séjour à Diesde, puis revint dans
la capitale delà Prusse, où il s'établit connue
professeur. C'est en 1857 seulement qu'il succéda
à M. Grell comme organiste de la cour et du
Dom de cette ville.
KUSTER — KWAST
55
Parmi les composilioas les plus importantes
de luisfer, il faut citer d'abord les six oratorios
dont les titres suivent : Judith, Julien r Apos-
tat, r Apparition de la croix, Jean l'Évangé-
liste, la Patrie éternelle, et Hermann le Ger-
main ,• puis des psaumes, des cantates, des mo-
tels, des lieder, de nombreux préludes pour
orgue, et diverses compositions symphoniques.
Kûster s'est fait connaître aussi comme écrivain
sur la musique, en donnant à V Echo, de lîerlin,
ainsi qu'à la Nouvelle Gazette musicale de la
même ville, plusieurs travaux importants, entre
autres une élude qui portait ce titre : Sur
V « Israël en Egypte » de Hxndel (1854). On
lui doit encore l'écrit suivant : Exposé populaire
pour l'instruction et la description de la mu
^i5«e(Lpipzig,Breitkopf et Hfcrtel, 1872), ouvrage
divisé en trois cycles et formé d'une série de
conférences faites par l'auteur de 1869 à 1871.
KWAST (Jacob), jeune pianiste de talent,
musicien sérieux et surtout d'avenir, élève de
M. Brassin et pensionnaire de S. M. le roi des
Pays-Bas, est né à Dordrecht. Il serait appelé
à devenir un artiste fort distinf;ué,^'il n'avait de
lui-même une opinion beaucoup trop favorable.
Sa vanité et une trop grande dose de suffisance
l'empêchent de développer et de perfectionner
son talent, d'acquérir ce qui lui manque encore,
et c'est dommage, car avec plus de modestie et de
simplicité dans les formes, il pourrait parvenir
sans aucun doute à faire honneur à son pays. Il
est actuellement professeur de piano au Conser-
vatoire de Cologne, et vient d'épouser une jeune
actrice allemande. M'" Tony Hiller, fille de
M. Ferdinand Hiller (1).
Ed. de h.
(1) Après avoir été l'élève de M. Br.issin au Conserva-
toire de Bruxelles, M. Kwast a reçi à Leipzig des leçons
de Moscheles. Il s'est fait entendre plusieurs fois en cette
ville, avec succès, à partir de 1870, et c'est en 1874 qu'il
fut nommé professeur de piano au Conservatoire de Colo-
gne. — A. r.
* LAUARRE (Théodore). Nous compléte-
rons le répertoire de ce compositeur en mention-
nant les trois ouvrages suivants : 1° Panta-
gruel, 2 actes, joué une seule fois à l'Opéra, le
24 décembre 1855; 2" Gvaziosa, ballet en un
acte, Opéra, 25 mars 1861; 3° le Roid'Yve-
tol, ballet en un acte. Opéra, 28 décembre 1865.
Un fait singulier empêcha la seconde représen-
tation de Pantagruel : l'empereur Napoléon
assistait au spectacle dans lequel cet ouvrage
fit cette apparition,'et l'on s'avisa, un peu tard,
que la commission de censure, dite commission
d'examen, avait laissé subsister, dans le livret,
certains passages qui prêtaient à des allusions po-
litiques fâcheuses ; il n'en fallut pas davantage
pour exciter le courroux du souverain, et mal-
gré la situation d'inspecteur-accompagnateur que
Labarre occupait à la chapelle impériale depuis
1852, Pantagruel fut condamné sans rémission.
Quant au Boi d'Yvetot, on assura que Labarre
n'était point l'auteur de la musique de ce ballet,
et qu'il n'était en cette circonstance que l'arran-
geur et le prête-nom d'un amateur titré : M. le
prince Richard de Metlernicb.
Labarre avait succédé en 1867 à Prumier,
comme professeur de harpe au Conservatoire. Peu
d années après, il se chargeait de faire la cri-
tique musicale dans un journal nouvellement
fondé, Paris illustré ; mais il mourait presque
subitement, le 9 mars 1870, avant d'avoir pu
donner son premier article, et l'on me confiait
la tâche qu'il avait assumée.
LABAT ( ) Un artiste de ce nom a fait
représenter sur le théâtre de Montpellier, le
21 germinal an II (Il avril 1794), le Vieillard
philosophe ou le Double Hymen, pastorale
héroïque en 3 actes, dont il avait écrit la mu-
sique. Le livret de cet ouvrage a été imprimé.
* LABAT, (Jean-Baptiste), compo.sileur,
organiste et écrivain sur la musique, est mort à
Lagarosse (Tarn-et-Garonne), le6 janvier 1875.
Les écrits nombreux de cet artiste, d'ailleurs
intelligent et laborieux, sont des travaux de
seconde main, dans lesquels on clierclierail vai-
nement des fails nouveaux, des vues person-
nelles ou des tendances originales, et qui, par
conséquent, ne peuvent rien apprendre à ceux
qui sont au courant de rhi>luiie de l'art et des
recherches de leslliétique moderne. Au surplus,
le seui de ses ouvrages qui ait quelque impor-
tance et quelque étendue est celui qu'il a intitulé
«mbitieusement : Études philosophiques et
morales stcr l'histoire de la musique, ou
Recherches analytiques sur les éléments
constitutifs de cet art à toutes les époques,
sur la signification de sçs transformations,
avec la biographie des auteurs qui ont con-
couru à ses progrès (2 vol.). Sous le couvert
de ce titre sonore et étendu, on ne trouve
qu'une compilation un peu banale, présentant
un résumé historique qui n'est pas exempt
d'erreurs et dont le plan lui-même n'est pas
toujours très-logique, et dans laquelle on ne
trouve nulle trace de vues morales ou philoso-
jibiqnes.
* LAIîLACHE (Lotjis),'célèbre chanteur ita-
lien, a publié, outre la Mélhoiie de chant que
l'on connaît de lui, 28 Exercices pour voix de
basse et 12 Vocalises pour la même voix. M.
L. Couailbac a consacré, dans la Galerie des
artistes dramatiques de.Paris, une notice à cet
artiste fameux (Paris, Marchant, 1841, in 4 de
4 pp.), et l'on a publié en Italie un grosse brochure
ainsi intitulée : Onori alla memoria di Luigi
Lablache (Naples, Cottrau, 1858, in-4).
LABORY ( ), compositeur belge et
chef de musique militaire, né en 1843, a tra-
vaillé, dit-on, sous la direction de Fétis, et ensuite
de M. Gevaert. Il s'est fait une réputation pour
son habileté comme chef de musique, et n'a guère
écrit et publié moins de 200 morceaux de tout
genre pour musiques d'harmonie et fanfares. On
lui doit aussi un opéra en 2 actes doul j'ignore le
titre et qui a été représenté en 1809 à Louvain
et à Namur, ainsi qu'un Te Deum qu'il a fait
entendre d'abord à Louvain, et qui a été exé-
cuté en Angleterre lors des fêles célébrées pour
la convalescence du prince de Galles.
LAIÎOUBEAU ( ), artiste resté abso
lument inconnu, est auteur d'une Théorie de
lecture musicale (1842, in-12).
LABUIOLA (P ), compositeur italien
contemporain, ne m'est connu que par la pu-
blication d'un album de chant avec accompa-
gnement di> \mno, Seredi Aapoli, formé de six
mélodies écrites sur des vers du poète Domenico
Bolognese (Milan, Lucca), et parcelle d'un autre
albiun de douze mélodies : Aure dell Infras-
caia.
LABRO (Nicolas-Chahi.f.s), contrebassiste
LABRO — LACOiMBE
57
et professeur, est né à Sedan le 19 octobre 1810.
Admis au Conservatoire de Paris, le 23 janvier
1830, dans la classe de violoncelle de M. Vaslin,
il abandonna bientôt cet instrument pour se li-
vrer à l'étude de la contrebasse, et entra dans
la classe de Chenié. Il obtint un second prix de
contrebasse en 1833, le premier en 1833, puis
passa quelque temps dans la classe préparatoire
de contrepoint et fugue d'Elwarf. Depuis cette
époque, M. Labro fait partie, en (lualilé de pre-
mière contrebasse, de l'orcbestre de la Société
des concerts du Conservatoire et de celui de l'O-
péra-Comique. Il a été nommé, le 1" décembre
1853, professeur de contrebasse au Conserva-
toire, en remplacement de Cbaft. Cet excellent
artiste a publié, en 1870, une très-bonne il/e//io-
dede contrebasse, en tête de laquelle il a placé
sous ce titre modeste : iVoici sur la contrebas-
se, un résumé bistorique très-utile et très-bien
fait sur cet instrument. J'ai rendu compte lon-
guement de cet ouvrage, lors de son apparition,
dans la Revue et Gazette musicale.
LACERDA (D. Bernarda FERREIRA
DE), dame portugaise illustre, s'est distinguée,
dans les lettres et dans les arts. Elle savait la plu-
part des langues vivantes de l'Europe, et connais-
sait à fond les langues, mortes, le latin, le grec
et riiébreu ; elle avait fait en outre de très-fortes
études sur la poésie et l'bistoire; sentaient dans
la musique était fort remarquable, et elle par-
vint à jouer d'une façon supérieure la plupart
des instruments connus ; enlin, ses dessins et
surtout ses minialures| étaient admirés dans
toutes les Espagnes. Sa réputation était si grande
vers le commencement du XVII siècle, que Phi-
lippe m, roi d'Espagne, la chargea de l'éduca-
tion de ses fils, malgré le grand nombre de sa-
vants illustres qui aspiraient à cette charge.
D. Bernarda n'accepta point cet honneur, et
préféra rester chez elle (à Lisbonne), au milieu de
ses livres. Elle était née en I.')9â à Porto, d'une
famille très-noble, et mourut en 1G44. En de-
hors de ses éludes, elle s'intéressait à toutes les
entreprises utiles, et elle encouragea bien des
fondations, entre autres celle du couvent des
Carmes déchaussées à Goa (Inde portugaise). Elle
laissa beaucoup de manuscrits, entre autres celui
d'un ouvrage estimé ; Hespanha liberlada.
J. deV.
LACÏIEURIE (Eugène), compositeur, né à
Paris le 7 juin ls31, élève d'Halévy et de M. Bar-
bereau, a pris part en 1856 au concours de l'Ins-
titut, et a obtenu le deuxième second grand
prix de composition musicale. Le 15 février 1867,
cet artiste faisait exécuter, à l'Athénée, dont
les concerts étaient dirigés par M. Pasdeloup,
une symphonie de sa composition. Depuis lors,
il n'a plus fait en aucune façon parler de lui.
LACHEZ (Théodore), architecte, membre
de la Société centrale des architectes, inspecteur
des travaux publics et de la Préfecture de police,
a publié l'écrit suivant : Acoustique et Optique
des salles de réunions publiques, théâtres,
et amphithéâtres, spectacles,' concerts, etc.,
suivies d'un projet de salle d'Assemblée cons-
tituante pour neuf cents membres (Paris,
l'auteur, 1848, in-8 de 137 pp., avec trois-
pl.uiches gravées sur cuivre).
* LACHiXER (Théodore), l'aîné des quatre
frères de ce nom, est mort le 23 mai 1877 à
iMunich, où il remplissait les fonctions d'orga-
ni-^te de la cour.
* LACHiXER (François). — Parmi les com-
positions de cet artiste remarquable qui n'ont
pu être comprises dans le catalogue donné
par la Biographie universelle des Musiciens, il
faut signaler plusieurs suites d'orchestre, dont
une intitulée Ballsuite, une suite pour piano et
violon ou violoncelle, une grande messe de Re-
quiem en/«, deux trios pour voix de femmes,
et les récitatifs qu'il a écrits pour la traduction
allemande de Médée, l'un des plus beaux opéras
de Chérubini.
LACHNER (Ignace), a célébré, le 18 octobre
1875, le cinquantième anniversaire de son en-
trée dans la carrière de chef d'orchestre. Depuis
cette époque, il vit|)aisible et retiré à Francfort.
* LACHIXER (Vincent). Parmi les œuvres
de cet artiste, il faut citer les deux ouvertures
de Turandot et de Démétrius.
* LACOAIBE(Loiis BROUILLOiX-), pia
niste et compositeur. Parmi les œuvres nom-
breuses publiées pour le piano par cet artiste
distingué, il faut surtout signaler les suivantes r
1° Grande sonate de salon, op. 33, Paris,
Colombier; 2'^ Grandes études, op. 19, id., iJ.;
3*^ Études de salon, op. 38, id., id.; 4° 6 Études
de style et de mécanisme, Paris, Heugel; b°
les Harmonies de la nature, 9 morceaux ca-
ractéristiques, Paris, Choudens ; 6" Grand Ca-
price, op. 1, Paris, Lemoine ; 7" Bacchanale,
élude de concert, Paris, Heugel ; 8° 4 Noctur-
nes brillants, op. 8, Paris, Colombier; 9" 3 Noc-
turnes, op. 24,id.,id.; 10° 3 Mélodies, op. 18,
id., id.; 1 r Simples Mélodies (6 morceau\)Paris,
Choudens; 12° 3 Nocturnes, op. 33, id., Gérard ;
13" Valse de concert, op. 29, id., id.; 14" Suite
de valses, op. 70, Paris, Gregli. M. Louis La-
combe a publié aussi des chœurs orphéoniques :
Extase, Hymne, le Matin (Colombier), et,
pour voix seule : 6 Fables de la Fontaine (le
Renard et le Houe, le Lion devenu vieux, le
)8
LACOMBE — LACOME-D'ESTALENX
Renard et la Cigogne, le Lièvre et les Gre-
nouilles, l'Ane chargé de reliques, la Lai-
tière et le Pot au lait), op. 72 Gregli); 2 Sonnets
de François Barrillol, eu quatre livres (Grcgli);
2 Sonnets de Zacharie Aslruc (Gregli), etc. M.
Lacombe a écrit la musique <ie VAmour, drame
lyrique de M. t^aulin Nil)o\el, qui fui représenté
vers 1855 au Ihéfttre Saint-Marcel, alors que cette
petite scène populaire était dirigée par le grand
comédien Bocage. Cet artiste s'est occupé aussi
de littérature musicale, et a donné quelques ar-
ticles au journal la Chronique\musicale.
M. Louis Lacombe aé|)Ouséen secondes noces
une aimable cantatrice, M"' Andréa Favel, qui
fil pendant quelques années partie du personnel
de rOpéra-Comique, oîi elle acquit une certaine
réi)utation. Elle avait fait ses études au Conser-
vatoire, d'où elle était sortie avec un second prix
d'opéra-comique et un accessit d'opéra (1851).
Elle quitta de bonne heure le théâtre, pour se
livrer à l'enseignement. Cette artiste distinguée
a publié sous ce titre ; La Science du méca-
nisme vocal et fart du chant (Paris, Enoch,
in-S°), une sorte de court traité dédiant accom-
pagné de nombreux exercices, qui avait paru
d'abord dans un journal spécial, la Chronique
musicale. Elle a signé cet ouvrage du nom de
M"'^ Andrée Lacombe.
LACOMBE (Paul), compositeur distingué
dans le genre instrumental, est né en 1837 à
Carcas.-^onne, où il fit sa première éducation
musicale sous la direction d'un professeur nom-
mé Teysseyre, qui avait été élève du Conserva-
toire de Paris, et qui lui enseigna l'harmonie et
le contrepoint. M. Lacombe travailla seul ensui-
te, se formant surtout par l'étude attentive des
œuvres des grands maîtres, et par de fréquents
voyages à Paris et à l'étranger, pendant lesquels
il recherchait avidement les occasions d'entendre
de bonne musique et de se familiariser avec les
produclions importantes de toutes les écoles.
Bientôt M. Lacombe se livra avec ardeur à la
composition, et dans l'espace dequelques années,
publia un certain nombre d'o'uvres qui se
<iistinguent par l'élégance de la forme et le (h'dain
de toute espèce de banalité. En voici la liste :
Sonate pour piano et violon, op. 8, Paris,
Maho ; — 2>^ Sonate, id., op. 17,'Leip/ig, Breit-
kopt et Htertel-, — ïrio pour piano, violon et
violoncelle, op. 12, id., id.; — Suite en la mi-
neur, pour piano, op. 15, Paris, Maho; — Qua-
tre morceaux pour piano et violon, op. l-i, id-,
id.; — Deux idylles pour piano, op. il, id.,
id.; — Nocturne et Impromptu, id, op., 13, id.,
id.; — Éludeslen forme de variations. id.,op, 18,
id., id.; — 4 Pièces pour piano à 4 mains, op.
9, Paris, Hartmann; — 3 Morceaux de fantaisie
pour piano et violoncelle, op. 10. id,, id.; —
Arabesques [tour piano, op. 16, id., id.; — Cinq
morceaux caractéristiques pour piano, op. 7,
Leipzig, Breitkopf et lUertel ; — Ouverture sym-
jibonique, arrangée pour piano à 4 mains, Paris,
Maho ; enlin, un certain nombre de mélodies vo-
cales, ne portant pas de numéros d'œuvre. La
plupart de ces compositions ont été exécutées à
Paris, dans des concerts, entre autres aux séan-
ces de la Société nationale de musique. Dans ces
derniers temps, et sans abandonner le genre de
la musique de chambre, vers lequel le portent
surtout ses goûts et ses études, M. Lacombe a
écrit plusieurs morceaux pour orchestre; son
premier essai public en ce genre a été une Pas-
torale, fort bien réussie, dont l'exécution a eu
lieu le 7 novembre 1875 au concert de l'Asso-
ciation artistique dirigée par M. Colonne (théâtre
du Chàtelet).
LACOME-D'ESTALE\'X (Paui.-Jean-
Jacques), compositeur, est né au Houga (Gers) le
4 mars 1838. Fils et petit-fils d'excellents musi-
ciens amateurs, il apfirit la musique et le pia-
no dès sa plus tendre enfance, et plus tard,
d'excellentes études littéraires qui se terminèrent
par l'obtention du diplôme de bachelier, ne
l'empêchèrent point de continuer à se livrer à
son goût passionné pour l'art. Très-jeune encore
il écrivit, sans connaître aucunes notions d'har-
monie, plusieurs actes d'opéra-comique et jus-
qu'à un grand opéra. Le hasard, heureusement,
le mit, à l'âge de dix-neuf ans, en relations avec
un artiste fort distingué, don José Puig y Absu-
hide, organiste d'Aire-sur-1'Adour, conlre-
pointiste fort habile qui avait été élève de la maî-
trise de Barcelone, et ensuite de Mercadante. M.
Lacoine fit, en trois ans, un cours complet de
composition avec cet artiste. Au bout de ces trois
années, le hasard amena M. Lacome à Paris :
le directeur du Musée des Familles as'Siit mis
au concours la mu.Mque d'une o|Ȏrette que le
directeur des Bouffes-Parisiens avait promis de
jouer ; M. Lacome concourut , vit son ceuvre
couronnée, et vint à l^aris pour en activer la re-
présentation. Malheureusement, c'était à l'épo-
que où les Bouffes- Parisiens, poursuivis parla
inalechance, changeaient d'administration plus
fré([uemment qu'il n'eût fallu |)our leur prospé-
rité. Bref, après quatre ans d'attente et deux ans
de rép('tilion> intennittcides. le Dernier des
Paladins (c'était le tihe de l'opérette en ques-
tion) finit par ne pas être joué.
Pendant ce tem|)s, M. Lacome, qui avait be-
soin de gagner sa vie et qui avait horreur de
l'enseignement, avait réussi à s'introduire dans
LàCOME-D'ESTALENX — LA PAGE
59
quelques journaux, auxquels il donnait de nom-
breux articles; il écrivit ainsi, sucessivemenl,
dans le Musée des Familles, le Grayid Jour-
nal, le Ménestrel, le Magasin d'éducation et
de récréalion, l'Art musical, l'Année illustrée,
la Revue et Gazette musicale, etc., etc. Il
composait beaucoup aussi, et publiait un certain
nombre de morceaux de divers genres. Mais
le lli(';Ure restait toujours son objectif. Au mois
de Juillet 1870, il donnait sur la petite scène
desFolies-Marigny une opérette en un acie, Epi-
cier par amour ; deux ans après, en 1872, il
faisait représenter à la Tertulia J'veux mon
peignoir,el En Espagne, petites pièces du même
genre, et l'année suivante il produisait au théâ-
tre-lyrique de l'Atliéiiée un opéra bouffe en trois
actes, la Dot mal placée, qui fut bien accueilli
et, peu après, traduit et représenté en Espagne.
Au mois de mai 1873, M. Lacome donnait aux
Bouffes-Parisiens une saynète intitulée leMouton
enragé, et au mois d'avril 1874, il faisait repré-
senter à la salle Taitbout un ouvrage en un acte
fort important. Amphitryon, qui était resté neuf
ans dans les cartons de l'Opéra-Comique. Peu
de mois auparavant,' M. Lacome, qui ressent
pour le génie de Destouches une admiration
profonde, avait fait exécuter au môme théâtre
un acte de Callirhoé, opéra de ce compositeur,
dont il avait retouché et augmenté l'orchestra-
tion sans enlever à l'œuvre son caractère particu-
lier. Enfin, le 28 octobre 1876, il donnait aux
Folies-Dramatiques un opéra-comique en trois
actes, Jeanne, Jeanne/te et Jeanneton.
M. Lacome, quiesldoué d'une rare facilité de
production, et qui écrit constamment, a en por-
tefeuille trois 'grands opéras, un opéra-féerie, et
unedixaine d'opéras bouffes et opéras-comiques.
Il a publié les œuvres suivantes : 1° Trio en ré
mineur, pour piano, violon et violoncelle, Paris,
Richault; 2" Grande valse de concert, pour piano,
Paris, Escudier ; 3" Trois valses caractéristiques,
pour piano, id, id.; 4° Deux mazurkas caractéris-
tiques, pour piano, id., id.; 5° Quatuor (allegro
et romance) pour quatre cornets à six pistons,
Paris, Sax ; 6" Introduction et Polonaise pour
cornet à six pistons, id., id.-, 7° Pastorale pour
saxophone ténor, id., id.; 8° Trois lieder pour
chant, avec piano et violoncelle obligés, Paris,
Heu ; 9° Hymne à la France, chœur orphéoni-
<}ue, Paris, Durand-Schœnewerck ; 10° Chan-
son de Charles I\, id., i.L-, il" Plusieurs mé-
lodies vocales, publiées chez Heugel et chez Be-
noit-, 12° Douze Psaumes des lyriques fran-
çais, à xine ou plusieurs voix, avec accom-
pagnement d'orgue ou de piano, id., Leduc,
recueil remarquable au double point de vue de la
forme et de l'inspiration, et qui fait le plus grand
honneur à son auteur. — M. Lacome est l'éditeur
des recueils suivants : 1° le Don vieux Temps,
12 airs de société, sérieux, à fredons, à danser
et à boire, à une ou deux voix, par divers
auteurs oubliés des XVII« et XVlir siècles,
transcrits avec accompagnement de piano, par
P. Lacome (Paris Heugel); 2° Échos d'Es-
pagne, chansons et danses populaires recueillies
et transcrites par P. Lacome et J. Puig y Absu-
bide, traduction française de P. Làcome et du
comte J. de Lau Lusignan (Paris, Durand-Schœ-
newerk); 3" le Tour du Monde en 10 chan-
sons nationales et caractéristiques (Paris, Chou-
dens). (1) :
LACOUSTÈNE ( ), compositeur, a
fait ses études musicales au Conservatoire de
Toulouse, où il obtint diverses récompenses.
Devenu ensuite musicien au 77« régiment de
ligne, il a fait représenter sur le théâtre d'Agen,
au mois de février 1867, une opérette en un
acte intitulée le Caporal et la recrue, dont il
jouait et chantait lui-même le rôle principal.
LACROIX (Paul), écrivain fécond, qui
a adopté le pseudonyme littéraire de Bibliophile
Jacob, sous lequel il a publié la presque
totalité de ses ouvrages, est né à Paris le 27
février 1806. Dans un de ses écrits, intitulé :
Curiosités de l'Histoire des Arts (Paris, De-
lahays, 1858, in-16), se trouve un chapitre sur
les Instruments de musique au moyen âge.
• LACY(RoPHiNo), violoniste et composi-
teur, est mort à Londres le 20 septembre 1867.
Cet artiste était né à lîilbao, le 19 juillet 1795,
et non 1765, comme il a été dit par suite d'une
erreur typographique. C'est à Ropliino Lacy
que l'on doit « l'adaptation » anglaise de Robert
le Diable.
* LA FAGE (Juste-Adrien LENOIR DE).
A la liste des ouvrages didactiques et de.s
écrits de ce musicien, il faut ajouter les sui-
vants : 1° Nouveau Traité de plain-chant
romain, à Vusage de tous les diocèses, Paris,
Repos, 1859,in-8'^;— 2° Essais de diphthéro-
graphie musicale et moderne, ounotices, des-
criptions, analyses, extraits et reproduc-
tions de manuscrits relatifs à la pratique,
à la théorie et à Vhistoire de la musique, Pa-
ris, in-8'' avec atlas; — 3° De l'unité tonique et
de la fixation d'un diapason universel, Paris,
Dentu, 1859, in-8°; —4" Appendice au court
(l) M. Laeome est aussi réditeur.avcc M. Edmond Neu-
komm. d'une publication dont U n'a paru qu'un seul vo-
lume, l'Année musicale (Paris, Faure, 1867, In-lS), rédi-
gée, sous leur direction, par une réunion d'écrivains spé-
ciaux.
GO
LA PAGE
LA FONT
complet de plain-chant, Paris, in-S"; — h"
Gaétan Donizelii (extrait de la Biographie uni-
verselle), Paris, in-8"; — 6° La viusique mo-
derne attaquée par un évéque et défendue
par îin roi (extrait de la Maîtrise), Paris, typ.
deMourgiies, 1859, in-8" de 15 pp. ; — 7" Nicolas
Olivier, évéque d'Evreux (e\traif de la Revue
et Gazette musicale), Paris, impr. Cliaix, iii-
8° de 4 pp.; — 8° Lettera intorno alV introdu-
zione del metodo-Wilhem nelle scuole di
Torino, indirizzata al signor maestro Luigi
Felice Rossi, Milan, 1846, in-8" ; — 9" Banquet
choronien, ou; Réunion annuelle des anciens
élèves de l'école de chant fondée et dirigée
par Alexandre Choron (T* année, 1855), Pa-
ris, in-S" de 8 pp. (2* année, 1856), Paris, in-
8° de 8 pp. ; — 10° Pierre Bassi, ou le danger
des secondes noces (nouvelle musicale luimo-
ristique), Paris, in-8°. — Adrien de La Page
avait été rédacteur en chef du journal le Pluin-
chant, fondé en 1860 par l'éditeur Repos, et
devenu plus tard la Revue de musique sacrée
ancienne et moderne. Dieudonné Denne-Baron
a publié sur cet excellent artiste, dont il avait
été le collaborateur et l'ami, une notice inté-
ressante qui a paru sous ce titre : Adrien de
La Fage (s. l. n. d. [Paris, Repos, 1863] in-8).
Cette notice est accompagnée d'un portrait de
La Fage et de deux de ses compositions reli-
gieuses, un Ave Regina et un 0 Saluiaris
avec accompagnement d'orgue.
LAFAYE ( ). Un compositeur de ce
nom a fait représenter en 1864, sur le théâtre
de Périgueux, un opéra-comique en un acte in-
titulé la Croix de ma mère.
LA FERTÉ. - Voyez. PAPILLON DE
LA FEtlTÉ.
* L.\FLÈCI1E (J....-A....-M.... DE), com-
positeur et |)rofesseur, était, en 1820, directeur,
conjointement avec un violoncelliste nommé
Lefèvre, d'une école de musique située place
des Carmes, à Lyon, Cet artiste a publié un as^ez
grand nombre de romances, et, s'il faut on
croire l'auteur anonyme de la Bibliographie
musicale publiée en 1822 {César Gardeton),
il aurait écrit aussi deux opéras, qui sans
doute furent représentés à Lyon. Voici la note
qu'on trouve à ce sujet dans le livre que je
viens de citer : — » Nous devons à M. de
Laflèche la musique de deux o|)éras-<'omiqucs
joués avec succès : Isaure, en trois actes,
1808; le Roman d'un jour, en un acie, 1812. »
LAFLEUR est le nom d'une famille d
luthiers qui, de piîre en fils, exercent cette pro-
fession depuis au moins, un siècle à Paris. En
1782, un J. Ladcur était établi depuis plusieurs
années rue de la Coutellerie. Un autre demeu-
rait en 1835 rue de la Cité, après avoir été
rue de la Juiverie. Enfin, depuis environ 1840,
la maison Lafleur est installée au boulevard
Bonne-Nouvelle, près de la porte Saint-Denis,
et depuis longtemps déjà a joint un commerce
d'édition de muidque à la fabrication des ins-
truments, fabrication qui, en ce qui la con-
cerne, est bien déchue de ce qu'elle était au
siècle dernier et au commencement de celui-ci.
Va frère de M. Lafleur, le luthier parisien,
est établi aujourd'hui luthier à Londres (1).
* LA FONT (Cmarlks-Phiuppe). L'opéra-
comique intitulé Zélie et Terville, attribué
par erreur à cet artiste, n'est point de lui, mais
de Blangini. D'autre part, Lafont est l'auteur
d'un autre opéra-comique en un acte, qui n'a
pas été porté à son nom-, celui-ci avait pour
titre la Rivalité villageoise, et fut représenté
au théâtre des Jeunes-Artistes le 29 octobre
1801.
LAFONT (Marcelin), chanteur qui acquit
de la réputation à l'Opéra, à l'époque des plus
grands succès d'Adolphe Nourrit, était né en
1800 à Bordeaux, oii il remplissait le poste de
lieutenant de douanes, lorsque des succès de
salon lui suggérèrent la pensée de travailler en
vue du théâtre. La nature l'avait doué d'une
voix superbe, fraîche et sympathique, en même
temps que d'un physique opulent et magnifique.
U vint à Paris en 1821, avec son compatriote
Ferdinand Prévost, qui, ainsi que lui, devait
appartenir plus tard h l'Opéra, et tous deux
entrèrent au Conservatoire. Le 9 mai 1823,
Lafont débutait sur notre première scène lyri-
que dans le rôle de Polynice d' Œdipe à Colone;
(luoifiue très-bien reçu par le public, il com-
prit qu'il avait beaucoup à faire encore au
point de vue de la pratique de la scène, et,
avec une modestie que ne_- connaissent guère
(1) Hans son livre : les Instrumentt à archet, M. Vidal
[foy. ce iiuiii) cite seulement deux I.afleur, et 11 les incn-
liiinm^nnn coin nrev' luthiers proprctr.ent dits, malt
roiiiuie simples faiseurs d'archets. Voici les deux notices
qu'il leur consacre :
« I.AFLEUR (Jacques), né h] Nancy en 1760, morl à
Parlsfilii eliolera en 1832, aval: ses ateliers rue de la Jul-
verlcTn" sd^ëT'arclieis, ont une réputation ruérilec;
on en rencontre qui valent des Fr.mçels Tourte l.e mu-
sée du Conservatoire de l'arlsen possède un (n" 49 du
catalogue).— I afi.euk iJoseph-Rcne), liU du précèdent,
né à Paris le 8 juillet 1 SU. mort à Malsons-I.atnile le
19 février 1874, élève rie son père, a fait de bons arcliets.
Il en existe un très-beau au musée du Conservatoire de
Paris (n» *i du catalogue). •
M, Vidal reproduit un très-curicui portrait de Jarqucs
I.allcur,; habllenirnt pravé à reau-lnrte par M. lllllc-
m.iclii'r.
LAFONT — LAGET
61
les chanteurs de nos jours, il prit le parti de
quitter momentanément Paris et d'aller faire
en province son apprentissage de comédien.
C'est ainsi qu'en 1826 et 1827 il tenait au Grand-
Tliéâtre de Marseille l'emploi de premier ténor
d'opéra et d'opéra-comique.
Lorsqu'il fut plus sûr de lui, il songea h
rentrer à l'Opéra, et reparut en effet à ce théâ-
tre, avec un très-réel succès, le 24 octobre 1828,
dans le rôle de Masaniello de la Muette de
Portici, que Nourrit venait de créer avec tant
de succès. Engagé pour doubler cet artiste,
il se montra dans plusieurs rôles du répertoire,
où sa belle voix, ses qualités physiques et son
talent de chanteur lui attirèrent toutes les sym-
pathies. Il ne fut pas moins bien reçu lorsqu'il
créa ceux de Raimbaul dans Robert le Diable,
de Léopold dans la Juive et de Don Ollavio
dans l'adaptation de Don Juan. Il promettait
de fournir une carrière brillante, et s'apprêtait
à partir en congé pour Bordeaux, où il devait
donner avec Levasseur une série de repré-
sentations, lorsqu'il fut enlevé rapidement par
une maladie qui ne présentait d'abord au-
cun symptôme alarmant. Il mourut le 23 août
1838.
On peut dire que la vie artistique deLafont,
tout honorable qu'elle fut, n'a pas été ce qu'elle
aurait dû être s'il s'était produit dans des cir-
constances plus favorables. S'il avait eu un chef
d'emploi moins admirable que Nourrit, et si la
mort ne l'avait frappé sitôt, il aurait certaine-
ment fourni une carrière brillante et son nom
ne serait pas oublié. Il est à peu près certain
qu'un artiste de sa valeur et réunissant ses
qualités, se reproduisant aujourd'hui, excite-
rait l'enthousiasme du public et parviendrait à
la célébrité.
Lafont était le frère cadet du comédien du
même nom qui se lit une si grande réputation
au Vaudeville et au Gymnase, et qui mourut
il y a quelques années.
* LAGARDE (Pierre), et non N. DE
LAGARDE, compositeur, naquit aux envi-
rons de Crécy, dans la Brie, le 10 février 1717.
Dans sa Note sur (quelques vucsiciens dans
la Brie, M. Th. Lhuillier produit des rensei-
gnements nouveaux sur cet artiste, qui fut at-
taché à la musique de la chambre de Louis XV
et de Louis XVI, et, après avoir été professeur
des enfants de France, devint surintendant de
la musique du comte d'Artois et enseigna à
Marie-Antoinette à pincer de la harpe. « En
1789, dit M. Lhuillier, il était payé et nourri
par la maison du roi, sur laquelle il toucha en
1791, pour sa pension, 7,542 1. 10 s. » La date
de sa naissance se trouve consignée en 1791 au
Bulletin des lois, dans un décret qui prouve
que ce compositeur survécut jusqu'à la Révolu-
tion; son nom, d'ailleurs, est encore compris
en 1792 dans la liste que donnait chaque année
l'almanach intitulé les Spectacles de Paris des
« musiciens vivants qui ont travaillé pour l'A-
cadémie royale de musique ou pour les autres
spectacles ».
Le seul ouvrage dramatique de cet artiste qui
soit mentionné dans la Biographie universelle
des musiciens, Ecjlé, opéra-ballet en un acte
fut écrit par lui pour le théâtre des Petits-
Appartements, et y fut représenté le 13 janvier
1748, avant d'être donné à l'Opéra dans les
Nouveaux Fragments; ce petit acte était joué
alors par la marquise de Pompadour, la du-
chesse de Brancas et le duc d'Ayen. Le 26 fé-
vrier 1749, Lagarde donnait encore, sur le théâ-
tre particulier de la Pompadour, Sylvie, opéra-
ballet en trois actes et un prologue, dont Lau-
jon lui avait fourni les paroles. Enfin, le 25
février 1750, il faisajt représenter, toujours sur
la petite scène de Versailles, un autre opéra-
ballet en trois actes, la Journée galante, dans
lequel la favorite jouait encore, comme dans
les précédents ; le premier et le troisième acte
de celui-ci étaient seuls nouveaux, et le second
était formé du premier ouvrage de Lagarde,
Eglé.
Un musicien nommé Lagarde était chef d'or-
chestre à l'Opéra en 1750, remplissait encore
ces fonctions en 1755 et se retira peu d'années
après. J'ignore si c'est le même que celui dont
il est ici question, mais cela me paraît probable.
LAGARDE (Pall), est le nom d'un ama-
teur fortuné qui a fait représenter à l'Opéra-
Comique, le 16 mai 1860, un petit ouvrage en
un acte, V Habit de Mylord, dont l'insigni-
fiance était le moindre défaut. M. Lagarde a
publié quelques romances et mélodies vocales,
la Première Hirondelle, Espérance et souve-
nir, les Trois Filles du ciel, etc.
LAGET (Auguste), chanteur, né vers 1820,
lit son éducation musicale au Conservatoire
de Paris, fut engagé ensuite à l'Opéra-Comique,
où il resta plusieurs années, puis quitta ce
théâtre pour aller tenir l'emiiloi des ténors sur
diverses scènes de province. Aujourd'hui fixé
à Toulouse, où il a ouvert une école de chant
et de déclamation lyrique, cet artiste est profes-
seur de solfège au Conservatoire de cette ville.
M. Laget a publié dan> la Revue de Toulouse
et dans un autre journal local un certain nom-
bre d'articles sur l'art du chant et sur les chan-
teurs; il a réuni récemment ces ailicles, et
&2
LAGKT — LAGUERRE
en a formé un volume qui a paru sous ce
titre : Le chant et tes chanteurs {Pat'is, Heu-
gel, s. il. [iS7iJ, iii-8"). 11 n'y a dans ce vo-
lume, d ailleurs assez varié et d'une lecture
facile, rien de bien nouveau ni de bien intéres-
saiil. Précédemment, M. Laget avait publié sous
ce titre : Roger (Toulouse, iinpr. Charouin,
1805, In-S"), une notice biographique sur ce
chanteur distingué.
LAGET (Pai'l-Pierre-Marie-Henri), chan-
teur dramatique et professeur au Conservatoire
de Paris, est né à Toulouse le 10 décembre
1821. Reçu enfant de chœur à la maîtrise de
cette ville le 25 novembre 1830, il étudia d'a-
bord le violon, puis le violoncelle, et au bout
de quelques années fit partie de l'orchestre du
Grand-Théâtre. Il quitta Toulouse pour venir
à Paris, où il comptait se livrer entièrement à
l'étude du chant, et fut admis au Conservatoire
le 24 juin 1839. Au concours de 1841 il rem-
portait les deux seconds prix de chant et d'o-
pera-comique, et, sans attendre davantage,
il quitta l'école pour débjiter à l'Opéra-Comi-
que, le 26 octobre de la même année, dans
un ouvrage nouveau d'Adam, la Main de fer,
dont le succès fut négatif et qui n'eut que
quatre représentations. Cependant on avait re-
marqué que la voix du débutant était d'une
étonnante fraîcheur, d'un timbre charmant,
et qu'elle était conduite avec un goût véritable ;
le jeune chanteur se montra bientôt dans
divers ouvrages du répertoire, notamment dans
Joconde, le Chalet, Frère et Mari. Mais le
théâtre ne lui fut pas favorable, soit que sa
santé, qui laissa toujours à désirer, se trouvât
mal des fatigues qu'il lui causait, soit que les
auteurs hésitassent à lui confier des rôles nou-
veaux. Toujours est-il qu'au bout de quelques
années, Laget quitta la scène pour se livrer à
l'enseignement. Dans cette nouvelle carrière, il
réu.ssit pleinement, et le 1^' mai 1856 il était
nommé professeur de chant au Conservatoire
en remplacement de Rordogni; sa classe fut
bientôt considérée cotnme une des meilleures
de cet établi.ssemeiit, et l'on peut surtout citer
parmi les élèves qui en sortirent MM. Caron,
Roudil, Mirai, Melchissédec, Bosquin, Géraizer,
M"*' Daiam, Barelti, Mauduit, etc. Laget a
rempli ses fonctions de professeur au Conser-
vatoire jusqu'au mois de février 1875, époque
où il fut remplacé par M. Henri Potier, l'état
précaire de sa santé l'obligeant à un repos
absolu. Ce repos ne sufOl pas à la rétablir, et
Laget, qui était allé se fixer à Rieux (Haute-
Garonne), non loin de sa ville natale, y mourut
le 15 septembre .suivant.
LAGOAiXERE (0 DE), violoniste
et compositeur, a fait représenter deux opé-
rettes en uu acte : fÊtape d'un réserviste,
Folies-Marigny, 1876, et les Deux Panthères,
Douffes-du-Nord, 1877. Ce jeune artiste occupe
l'emploi de répétiteur au théâtre de la Renais-
sance.
LAGRAVE (Pierre), compositeur, né à
Paris en 1810 ou ISll, fit ses études au Con-
servatoire de celte ville, où il fut l'élève de
Fétis pour le contrepoint et la fugue, et de
Berton pour la composition lyrique. Ayant
pris part, en 1831, au concours de l'Institut,
il y obtint le premier second prix de Rome,
tandis que M. Ainbroise Thomas obtenait une
mention honorable; mais l'année suivante,
M. Thomas remportait le premier prix, et La-
grave n'était point couronné, ce qui causa la
mort de ce jeune artiste trop impressionnable.
Dans la Revue musicale du 14 juillet .1832,
Fétis rendait compte de ce fait dans les termes
suivants : — « Les suites du concours de corn-
•
position musicale de l'Institut ont été funestes
cette année, car le jeune Lagrave y a trouvé
la mort. Doué de l'imagination la plus bril-
lante et la plus originale, ce jeune artiste, élève
deïMM. Berton et iFétis, était vraisemblable-
ment destiné à faire un jour la gloire de l'école
française. Des quatuors, des symphonies qu'il
avait fait entendre avaient donné de lui celte
opinion à ceux qui les avaient entendus. L'aunée
dernière il avait obtenu un premier second prix
à l'Institut. Tout semblait présager son triom-
phe au concours de cette année; mais le pre-
mier prix a été adjugé jeudi dernier à M. Tho-
mas, élève de M. Lesueur, par la section de
musique. Ému à l'excès par ce jugement qui
renversait ses espérances, Lagrave fut frappé
d'une attaque de nerfs si violente qu'elle a causé
sa mort. Ce cruel événement n'est pas seule-
ment douloureux pour sa famille et ses amis;
elle enlève à la France un artiste qui l'aurait
honorée. »
■* LAGUERRE (Marie-Joséphine). On a
publié sur cette chanteuse l'opuscule suivant :
Une vente d'actrice sous Louis XV J. Ai"» La-
guerre, de l'Opéra, son inventaire, jueubles
précieux, porcelaines de Sèvres, cristal de
roche, etc., avec une introduction et des notes,
par le baron Ch. Davillier. Portrait à l'eau-
forte par Gilbert (Paris, Aubry, 1870, in-8°).
L'auteur, grand amateur de faïences et de cu-
riosités de toutes sortes, avait publié précé-
demment un livre sur les faïences espagnoles ;
c'est ce qui explique cette publication, faile
uniquement au point de vue de la curiosité,
LAGUERRE — LA HYE
6a
et qui n'a de musical que le nom de l'artiste
qui en fait l'objet d'une façon indirecte et le
portrait qui l'accompagne.
LAG\E (Alexandre), musicien belge, occupe
les fonctions de dief d'orchestre au théâtre de
l'Alcazar, de Bruxelles, où il a fait représenter,
le 7 mars 1878, un opéra-comique en un acte
intitulé Pierrot et Folie. Cet artiste a écrit la
musique de quelques ballets dont j'ignore les
tiires, et qui ont été joués au théâtre royal de la
Monnaie, de Bruxelles.
LA HAUSSE (F -J ), est auteur
d'un écrit dirigé contre le système de la nota-
tion musicale par le chiffre : De la vulgari-
sation de la musique. Égarements de la mé-
thode Galin-Paris-Chevé (Paris, Legouii,
1858, in-S").
LAIIOZ (Florencio), prolcaseur de piano
et compositeur espagnol, né dans l'Aragon, fit
son éducation musicale au Conservatoire royal
de Madrid, où il devint l'élève de Pedro Albeniz
pour le piano, et de Ramon Carnicer pour la
théorie de l'art. Il se lit connaître ensuite par
la publication d'un grand nombre de composi-
tions pour le piano et pour le chant, dont quel-
ques-unes devinrent populaires. Cet artiste est
mort à Madrid, le 25 avril 1868, à l'âge de
cinquante-deux ans.
LA HYE (LoL'isE - Geneviève ROUS-
SEAU, épouse DE), pianiste, organiste et
compositeur, professeur d'harmonie au Conser-
vatoire de Paris, naquit à Charenton (Seine),
le 8 mars 1810. Elle était arrière-petile-nièce
de Jean-Jacques-Rousseau ; son père, Charles-
Louis Rousseau, musicien obscur, étant le fils
de Denis-Claude Rousseau ; qui lui-même était
fils du frère aine de l'auteur de la Nouvelle
Uéloïse (1). Elle étudia la musique dès ses
plus jeunes années, d'abord avec son père,
[tuis avec Saint-Amans, et dès l'âge de neuf
ans, elle s'exerçait à la composition, sans con-
naître les règles de l'art, mais avec un instinct
naturel et une intelligence qui faisaient prévoir
un brillant avenir. Admise au Conservatoire
à l'âge de onze ans, elle y suivit les classes
d'orgue, de piano et de chant, et faisait, dit-on,
l'admiration de ses professeurs. En 1825, elle
obtenait un accessit de vocalisation, mais bien-
(1) Je tire les éléments de cette notice d'un article
publié par Castil-Blaze dans la France musicale du si
février 1839. Quoique je n'aie qu'une confiance trés-liml-
tée dans les assertions historiques de Castil-Blaie, qui
sont toujours sujettes à caution, comme J'ai pu vérifier
l'exactitude absolue des faits artistiques rapportes dans
cet article, J'ai pensé qu'on pouvait accorder la même
créance aux autres faits, contre lesquels, d'al'leurs,
personne n'a réclan é
tôt elle était, pour raisons de santé, obli-
gée d'abandonner l'étude du chant; en 1826,
elle se voyait décerner un second prix d'orgue,
et elle remportait le premier l'année suivante.
Elle se li\ la alors à l'enseignement et à la com-
position, et, en 183U, Cherubini lui confiait une
classe d'harmonie spécialement destinée aux
jeunes filles. Le 10 avril 1831, elle exécutait à
la Société des concerls du Conservatoire une
fantaisie pour orgue expressif avec accompagne-
ment, composée par elle, et obtint un très-
grand succès. Mais elle venait de se marier, et,
abandonnant la situation qu'elle s'était acquise
gi jeune au Conservatoire, elle quitta Paris et
suivit son époux à Cambrai, où elle passa trois
années.
De retour à Paris à la fin (ffe 1834, elle y
reprit son enseignement, tout en s'occnpaut
beaucoup de composition, et même de littéra-
ture, car c'était im esprit distingué à tous les
points de vue. En 1835, M™' de La Hye faisait
entendre, dans un concert donné par elle à
l'Hôtel-de-Ville, une grande composition dra-
matique intitulée le Songe de la Religieuse,
qui n'était autre chose qu'un grand acte d'opéra
avec choeurs. Bientôt elle publia un certain
nombre de compositions, parmi lesquelles un
duo de piano et cor sur des motifs de Hobin-
des-Bois, des variations pour piano avec ac-
compagnement de quatuor, des variations pour
le même instrument sur un air de la Muette
de Portici (publiées sous le nom de M. Léon
Saint-A)nans fils), et une douzaine de romances
et mélodies vocales.
Malheureusement, l'état de santé de cette
femme intéressante était très-précaire. Souffrant
depuis ses jeunes années d'une affection au foie
que venait compliquer une inllammation intes-
tinale, elle se vit bientôt obligée de renoncer
à tout travail. Malgré ce repos forcé, la ma-
ladie fit de rapides progrès, et M'" de La Hye
mourut le 17 novembre 1838, à l'âge de vingt-
huit ans, laissant deux jeunes orphelins qu'elle
n'avait pas eu le temps d'élever.
On publia après sa mort une Méthode d'orgue
expressif el un recueil de six mélodies italiennes
tiiée'î de l'Esule de Pietro Giannone, composées
pour Tamhurini, Rubini, Lablache, M""" Grisi,
Persiani, Albertazzi, et dédiées à la princesse
Belgiojoso. Elle laissait en portefeuille plusieurs
messes, une Méthode et des Études de piano,
un Traité d'haimonie et de contrepoint, plus
de vingt compositions de genre pour le piano
et pour l'orgue expressif, enfin une centaine de
romances, mélodies, scènes dramatiques, etc.
La maladie ne lui avait pas laissé le temps de
64
LA HYE — LAJARTE
tnellre la main h deux livrets d'opéras-comi-
■ques qui lui avaient été confiés. M"" de la Hye
avait publié dans un journal, la Gazette des
safona, deux nouvelles intitulées : J'ai vu t
et les Deux Justices.
LAIR DE BEAUVAIS (Alfrf.d), com-
positeur, né à Bayeux vers 1820, était le fils
<3'un architecte de cette ville. Il cultiva de
bonne heure ses dispositions pour la musique,
et conduisit ses éludes assez loin pour qu'il
lui fût permis d'aborder avec un égal succès
le genre sacré et le genre profane. Il publia
beaucoup, et il obtint même, avec quelques-
unes de ses romances, chantées par les artistes
en renom, un succès de vogue.
Il eut été d'autant plus facile à Lair de Beau-
■vais de donna" satisfaction à ses inclinations
artistiques, qu'il se trouvait à la tête d'une
jolie fortune; mais il ne sut que la gaspiller dans
de folles entreprises. Ainsi, en 1846, il fonda
à Bayeux le Courrier mustcat du Calvados,
feuille mensuelle d'abord, puis bientôt semi-
mensuelle, avec musique et portraits; et pour
se montrer gracieux envers ses abonnés, il
ieur olfrit, avec le concours d'artistes renom-
més, deux concerts, l'un à Caen, l'autre à
Sayeux. Ce journal ne vécut guère plus d'un an.
Quelques années après, Lair de Beauvais
établit dans sa ville natale une maison pour la
vente des pianos et des orgues, entreprise qui
ne réussit point. En octobre 1859, il vint se
fixer à Caen, comme professeur de musique,
et il organisa, pour faire entendre ses œuvres,
quelques grandes exécutions musicales, en-
trautres un festival auquel M"' Masson,
MM. Roger et J. Lefort ap|)ortèrent le concours
de leur talent. Son séjour à Caen dura peu ; il
transporta ses pénates à Brest, où il fonda une
société musicale qui devint bientôt prospère ;
mais l'esprit de conciliation manquait complète-
ment à Lair de Beauvais. lirouillé avec tout le
monde, il dut quitter Brest, et il se rendit à
Paiis.
A peu près ruiné, ne comptant plus sur la
musique pour trouver des moyens d'existence,
il essaya de diverses industries, et ne réussit
dans aucune. Enfin, il fut trop heureux de
pouvoir accepter la place qu'on lui offrait,
d'organ'iste de l'église Saint-Pierre, à Dreux,'
ville dans laquelle il est mort, au mois de mai
1809.
Lair de Beauvais est auteur d'un Traité des
principes théoriques qui régissent la musi-
que, publié à Paris, chez Dentu, en 18G2,
br. in-S°. On trouve à la fin un catalogue
complet des œuvres de l'auteur. iNous nous
bornerons à ciler les principales : r Musique
RELIGIEUSE : mcssc solennelle à (rois voix
d'iiommes avec orgue ou orchestre, Paris, Ri-
cliault. — Te Deum, à 4 v. sans ace, id., id.
— Te Deum, à quatre v. d'hommes, orgue et
orchestre, id., id.— Inviolala, motet pour so-
prano ou ténor, id., id. — Jlegina Cœli, solo
de soprano ou ténor, id., id. — Salve liegina,
id., id. — Subtuuîn praesidium, pour soprano
ou ténor, id., id. — Tantum ergo, pour soprano
ou ténor, id., id. — Les Litanies de la Sainte
T'ie/'g'e, paroles françaises, solo de soprano, id.,
id. — La Journée sainte, recueil de six can-
tiques à 3 voix, Paris, Heugel et Cie. — 2" Scè-
nes, MÉLObiES, etc. : Ephraïm, scène biblique,
Paris, Richault. — Le premier concert, grande
scène lyrique, id., id. — Une étoile daris les
deux, grande scène dramatique, id., id. — Les
deux Captives, nocturne à 2 v. id . , id. — Gloire
du ttwnde, mélodie avec violoncelle, id., id. —
Le Testament divin, mélodie, id., id. — La
Reine du Coteau, chanson pour soprano et
hautbois, id., id. — 3° Choeuhs : Ifymne à la
terre, à 4 voix d'hommes (sans ace), Paris,
Richault. — Une promenade à la mer, id.,
id. — Une halte de Bohémiens (avec piano),
id., id. — Les Charbonniers de la Forét-Noire
(id.), id., id... etc. etc. Ces compositions annon-
cent un musicien instruit, mais peu original;
s'il n'a rencontré que de loin en loin d'heu-
reuses inspirations, au moins a-t-il montré
partout de la clarté et de la franchise. La mu-
sique religieuse de Lair de Beauvais lui avait
valu les titres très-enviés de membre de
l'Académie pontificale de Sainte-Cécile de
Rome, et de l'Académie des beaux-arts de Flo-
rence.
J.C — z.
LAJARTE (Théodore - Edouard DU-
FA URE DE), compositeur et écrivain sur
la musique, est né à Bordeaux le 10 juillet
1826. Après avoir étudié la musique dans sa
ville natale sous la direction d'un arti.ste nommé
Graff, qui avait été élève de Rticba, après
avoir travaillé le violon et le piano, il vint
à Paris en 1850, et fut admis au Conser-
vatoire dans la classe de fugue et de com-
position de Leborne. Celui-ci le prit en affec-
tion, et ce fut lui-même qui le conduisit chez
Séveste, directeur du Théâtre Lyrique, pour
le lui recommander et lui faire obtenir un
poème. Séveste confia au jeune compositeur
celui d'un petit opéra-comique en un acte, le
Secret de l'oncle Vincent, qui fut joué avec
succès en 1855, et obtint soixante-dix repré-
sentations consécutives. M. de Lajarle donna
LAJARTE — LARE
65
ensuite au même tliéàlre le Duel du. Comman-
deur (un acte, 1857), Mam'zelle Pénélope
(un acte, 1859), et le Neveu de Gulliver, opé-
ra-ballet en 3 actes (1861); après un long si-
lence, il fit jouer au tliéâfre de l'Aliiénée, en
1872, un petit acte intitulé la Farce de
maistre Villon, et à Enghien, par les artistes de
l'Opéra-Comique (1" juillet 1876), un autre
petit acte. Pierrot ténor.
M. Théodore tle Lajarte s'est fait connaître
aussi comme compositeur de musique mili-
taire; il a fait exécuter à l'église Saint-Roch,
le 10 mars 1857, par cent cinquante soldats-
choristes de la musique du 1" régiment de
grenadiws de la garde impériale, une grande
messe militaire, et il a publié les compositions
suivantes : r VOrphéon de l'armée, six chœurs
avec accompagnement de fanfai'C, dédiés au
maréchal Niel (Paris, Grus); 2" Nouveau ré-
pertoire des musiqties d''fiannonie et des fan-
fares civiles et militaires, 25 marches et pas
redoublés (id.,id.); 3" Six pas redoublés {Lon-
dres, C ramer- NVood) ; 4° Marche triomphale,
pour harmonie (Paris, Leduc); 5" Fantaisie
symphoniqiie, pour harmonie (Paris, Lalleur);
6° six ouvertures pour harmonie (Paris, Gautrot
aîné); 7" Airs de ballet, fantaisie originale
pour harmonie (id., id.) ; S" le Beau Grena-
dier, pas redoublé pour fanfare (id., id.), etc., etc.
Comme écrivain spécial, M. Th. de Lajarte
a donné de nombreux articles au Moniteur des
Arls, à la France musicale, au Ménestrel,
à la Chronique musicale, au Monde illustré,
à l'Illustration, à la Presse, à la Patrie, au
Courrier diplomatique, à VAvenir libéral
(sous un pseudonyme) ; il a été le critique
musical en titre de trois journaux qui n'ont eu
qu'une courte existence : le Globe, le Public
et V Assemblée nationale; enfin, il a publié
une brochure ainsi inlitidée : Instruments
Sax et Fanfares civiles (Paris, I8C7, in-S").
Depuis 1873, M. Théodore de Lajarte est atta-
ché aux Archives de l'Opéra, auxquelles il a
rendu de véritables services en apportant l'ordre
nécessaire dans la bibliothèque musicale de ce
théâtre, jusque-là négligée plus que de raison,
et en en dressant l'inventaire avec un soin
scrupuleux; c'est ce qui lui adonné l'idée d'un
ouvrage fort utile dont la publication par fas-
cicules a commencé rétemment (la première
livraison a paru au mois de juillet 1876), et
qui formera deux forts volumes : Biblio-
thèque musicale du théâtre de VOpéra,
Catalogue historique, chronologique, anecdo-
tique, publié sous les auspices du ininis-
tère de V Instruction publique et des beaux-
BIOGR. vm\. DES MUSICIENS. SL'PPL. — T.
arts et rédigé par Théodore de Lajarte, bi-
bliothécaire attaché aux Archives de VOpéra
(Paris, Jouaust, in-8" avec portraits à l'eau-
forte). Ce catalogue contient, sur les œuvres
représentées à l'Opéra, des renseignements pré-
cieux et inédits puisés dans les registres d'é-
margement de notre première scène lyrique,
les états de recettes, les affiches, etc.; c'est
assurément là un livre , sans pré<édents,- et
dont l'importance se mesure à celle du théâ-
tre dont il rappelle les hauts faits.
M. Théodore de Lajarte a fait jouer naguère,
en société, un petit opéra de salon intitulé :
On guérit de la peur, et il a en portefeuille
un opéra-comique en deux actes, le Portrait
d'un grand liomme. On lui doit encore un
petit recueil intéressant publié sous ce titre :
Airs à danser, de Lulli à Méhul, transcrits
d'après les manuscrits originaux de la
Bibliothèque de l'Opéra de Paris, Paris, Du-
rand-Schœnewerk, in-8°. Enfin, M. de Lajarte
a entrepris tout récemment une publication
utile, intéressante, et d'un caractère en quel-
que sorte national ; sous le titre de Chefs-
d'Œuvre classiques de l'Opéra français,
il se propose d'offrir au public toute une sé-
rie de partitions pour piano et chant, choisies
parmi les anciens chefs-d'œuvre de notre pre-
mière scène lyrique dont on n'a jamais donné
que les partitions à orchestre, lesquelles sont
aujourd'hui à peu près introuvables, et dont,
en tout cas, la lecture exige un musicien ab.so-
lument exercé. Déjà, la partition du Thésée de
Lully a paru (Paris, Michaelis, in-S"), et M. de
Lajarte annonce celles de Psyché et (\'Armide,
du même artiste, de Castor et Pollux et des
Fêles d''Hébé, de Rameau, de l'Europe galan-
te, de Campra, de Didon, de Picinni, etc.
C'est là une entreprise intelligente et vraiment
pleine d'intérêt.
LA JAUiMÈREi (André DE), musicien
normand, fut maître de musique de la collégiale
du Sépulcre, à Caen, et dut remplir ces fonc-
tions pendant environ un demi-siècle, car il
en était déjà chargé en 1714, et les occupait
encore en 1757. Cet artiste, aujourd'hui tombé
dans l'oubli, a joui dans son temps d'une grande
renommée, et était célèbre dans toute la Nor-
mandie. On lui doit, entre autres compositions,
la musique du Triomphe de la vertu ou
Sainte Cécile, « tragédie chrestienne en mu-
sique, » publiée à Caen en 1714, chez J. Godes,
et qui fut sans doute exécutée à la Collégiale.
LAlîE (GEoncEs), compositeur, organiste
et écrivain musical anglais, artiste estimé dans
on pays, a produit, entre autres œuvres, un
II. 5
66
LARE — LALO
grand oratorio, Daniel, (|ui a clé exôculé à
Londres, dans St-Marlia's liall, avec (|uel<iue
succès. Il a publié pendant un certain temps
une feuille spéciale, the Musical Gazelle,
dont l'existence n'a pas été de longue durée.
Cet artiste est mort à Londres le 24 décem-
bre 18C5.
* LALAADE (MicnKi.-RicHARD DE). La
musique du ballet les ÉlcmenU a été écrite
par cet ariisle en société avec Destouches.
Quelques auteurs lui attribuent aussi la mu-
sique des chants et des divertissements de
l'Inconnu, comédie iiéroique de Thomas Cor-
neille et de De Visé, jouée au théâtre Guéné-
gaud le 17 novembre 1075; mais cela paraît
peu probable, car à cette époque il n'avait pas
encore accompli sa dix-huitième année. Lalande
a écrit, pour les théâtres de la cour, les ou-
vrages dont voici les titres : 1° Ballet de la
Jeunesse, divertissement en 3 actes et 3 inter-
mèdes, Versailles, 28 janvier 168C; 2" V Amour
fléchi par la Constance, pastorale divisée en
neuf scènes, Fontainebleau, 1697 ; 3" les Folies
de Cardenio, pièce héroï-comique, ballet en
trois actes et en prose, précédé d'un prologue
en vers, « dansé par le roi, dans son château
des Thuilleries, le 13 décembre 1720. »
* LALAXDE (HENRIETTE - Clkmextine
LAMIRAUX-LALAADE, épouse MÉRIC,
connue sous le nom de M""= MER1C-). Cette
grande artiste est morte à Chantilly, près de
Paris, le 7 septembre 1867.
LALEM ( ), compositeur italien, a fait
représenter sur le théâtre de la Concorde, à
Crémone, le 10 février 1868, un opéra semi-
sérieux qui avait pour titre Fornaretto.
LALLIET (C.vsiJiiR-TuÉopniLE), hautboïste
distingué et compositeur pour son instrumejit,
est né à Evreux (Kure), le 5 décembre 1837.
Admis au Conservatoire de Paris, dans la classe
de liaulbois de Verroust, en 1858, il y fit de
rapides progrès, fut admis au concours dès
l'année suivante, remporta le second prix, et
se vil décerner le premier en 1800. M. Lalliet
se fit bientôt remarquer comme virtuose, dans
les concerts, par sa jolie qualité de son, son
style pur et son élégante manière de phraser ;
il se fit applaïuiir surtout aux Concerts-Danbé
et dans les intéressantes séances de la Société
clas.^ique. Il lait depuis plusieurs années partie
de l'orchestre de l'Opéra. Cet artiste s'est fait
connaître aussi par la publication d'un certain
nombre de morceaux pour hautbois avec ac-
compagnement d orchestre ou de piano, parmi
lesquels je signalerai les suivants : Fantaisie
de concert sur un thème populaire de Frédéric
Uérat, op. 4, Paris, Gérard ; Fantaisie sur Lu-
cie de Lamermoor, op. 18, Paris, Crus; Sou-'
venir de Berlin, fantaisie sur un thème ori-
ginal, Paris, Gérard ; Echos des Bois, fan-
liiisie originale; Fantaisie sur Marlha, Paris,
Braudus; Préluiie et Variations sur le Car-
naval de Venise, etc., elc. M. Lalliet a publié
aussi un Terzetto pour piano, hautbo'is et bas-
son, op. 22, Paris, Maho.
LALLOUETTE (Ambroise), écrivain fran-
çais du dix-septième siècle, est l'auteur d'un
petit ouvrage publié sous ce titre : Histoire
abrégée des ouvrages latins, italiens et fran-
çois pour et contre la comédie et l'opéra,
OriiMi^ 16';.7, tn 12.
"^LALLOYAU ( ), est le nom d'un ar-
tiste obscur, qui écrivit la musique de trois
ballets-pantoinirnes représentés vers 1772 sur le
théâtre de Nicolet : 1° le Bavissemeni d'Eu-
rope; 2° la Descente d'Enée aux Enfers;
3° le Triomphe de famour conjugal.
LALO (Edouard), violoniste, compositeur
distingué et l'un des représentants les plus in-
téressants et les mieux doués de la nouvelle
école musicale française, est né vers 1830 et a
lait ses études musicales au Conservatoire de
Lille, sous la direction d'un professeur alle-
mand nommé Baumann. Il vint ensuite à Paris,
et, tout en se faisant remarquer comme exécu-
tant eu tenant la partie d'alto dans les séances
de musique de chambre fondées par MM. Ar-
mingàud et Léon Jacquard, il se livra à la
composition et commença à publier des mélo-
dies vocales et quelques œuvres instrumentales.
Pourvu d'une éducation très-solide, doué de
réelles aptitudes et d'un sentiment <]e l'art
très-élevé, soucieux à la fois du fond et de la
forme, M. Lalo, qui était évidemment en avance
sur le goût public, entrevoyait un idéal auquel
songeaient alors bien peu de musiciens. Ses
tendances progressives se faisaient jour dans
ses premières œuvres; aussi celles-ci, qui
furent remarquées en Allemagne, i)asjèrent à
Paris tout à tait inaperçues. 11 faut remarquer
qu'à cette époque, le terrain nuisical était
infesté de ces pioduclions sans saveur et sans
valeur qu'on a|)pelait fantai.^ies, variations,
transcriptions, etc., et qui, coulées toutes dans
un moule uniforme et prenant pour base des
motifs populaires et des thèmes d'opéras en
vogue, ne laissaient place à aucune person-
nalité.
Le résultat négatif ((u'il avait obtenu avec
ses premières publications découragea le jeune
compositeur, et fit naître dans son esprit ce
doute si afiligeanf, si douloureux et si cruel
LALO
67
pour les véritables artistes. Ces premiers tra-
vaux étaient considérables, et comprenaient
2 trios pour piano, violon et violoncelle, un
quatuor pour instruments à cordes, une sonate
pour piano et violon, une série de six mélodies
vocales sur des paroles de Victor Hugo, et
plusieurs morceaux de moindre importance.
Outre cela, M. Lalo avait composé deux sym-
phonies et deux quintettes qui n'ont jamais
été publiés. Devant l'indifférence du public,
il fut pris d'une véritable défaillance intellec-
tuelle, et, renonçant à la lutte, il s'abstint abso-
lument d'écrire pendant plusieurs années.
Cependant, tandis qu'il avait tort de se dé-
courager, le goiU public, activé par l'intelli-
gente impulsion que M. Carvaibo avait donnée
au Tliéàlre-Lyrique, stimulé par la fondation
des Concerts populaires de M. Pasdeloup, su-
bissait une évolution vraiment magnilique,
et l'art commençait à marcher dans une voie
nouvelle, où il devait se transformer et se
régénérer. M. Lalo commença à regretter l'état
d'engourdissement dans lequel il s'était laissé
tomber, et bientôt l'annonce des trois concours
ouverts simultanément dans nos trois théâtres
lyriques vint le réveiller tout à fait de sa tor-
peur. Absolument hostile au genre de l'opéra-
comique (comme quelques-uns des membres
de notre jeune école musicale, qui ont le tort
d'être exclusifs et de repousser d'instinct cer-
laines formes de l'art), mais d'ailleurs se con-
formant à ses goûts naturels, M. Lalo songea
à prendre part au concours du Theàtre-Lyri-
q ue, et écrivit, sur un poème qui lui avait été
fourni par M. Charles Beauquier (Voyez ce
nom), un grand opéra en trois actes, intitulé
Fiesque. Cette œuvre remarquable et empreinte
d'un grand souffle, dont la [sartition pour piano
et chant a été publiée depuis lors et dont
plusieurs fragments ont été exécutés avec
succès dans des concerts, n'obtint pas le prix,
qui fut décerné au Magnifique, de M. Pliili-
pot (Voyez ce nom); mais sur sept ouvrages
qui furent mentionnés avec éloges par le jury,
Fiesque fut placé en troisième ligne, à un
rang extrêmement honorable (1).
Toutefois, ce n'était là qu'un succès négatif,
puisque Fiesque ne pouvait être joué au Théâ-
tre-Lyrique. Un membre du jury parla de
l'ouvrage à M. Perrin, alors directeur de l'Opé-
ra, qui voulut l'entendre et qui fut frappé des
qualités de la musique, mais qui trouva le
(1) Entre le Magnifique et Fiesque, la partition tqiii
obtint le n" 2 était la Coupe et les Lèvres, de M. Canoby.
Cinquante-deux compositeurs avaient pris part au con-
cours.
poème défectueux et proposa de le faire re-
manier. Cette condition acceptée, les lenteurs
ordinaires se produisirent, et, finalement,
M. Lalo retira sa parti lion et la publia. Quel-
ques années après, et sur une intervention de
M. Gounod, M. Yachot, directeur du théâtre
de la Monnaie de Bruxelles, s'engagea à repré-
senter Fiesque, et distribua aussitôt les rôles
|>rincipaux à M"*' Annah Slernherg (aujourd'hui
jyjme Yaucorbell) et Van Edeisberg, à MM.Warot
et Lassalle. L'ouvrage allait être mis en répé-
tition lorsqu'un désaccord survint entre la
direction du théâtre et la municipalité de
Bruxelles, désaccord à la suite duquel M. Ya-
chot donna sa démission. Fiesque rentra déci-
dément dans les cartons, et jusqu'ici l'auteur
n'a pu tirer parti de cette œuvre fort distin-
guée à beaucoup d'égards.
Néanmoins , et malgré tous ces déboires ,
M. Lalo avait repris courage en voyant que le
public français était redevenu accessible aux
grandes œuvres et aux manifestations les plus
nobles de l'art. Après avoir publié plusieurs jolies
mélodies nouvelles , après avoir composé un
Divertissement pour orchestre, productioo
remarquable et qui obtint dans les concerts un
succès légitime , il se remit à l'a^uvre et com-
mença un opéra, .S'fli'OHaro/e (paroles de M. Ar-
mand Silvestre). Puis, sur la demande de
M. Sarasate, il écrivit pour ce virtuose un con-
certo de violon avec accompagnement d'orches-
tre, qui fut exécuté par lui au Concert national
(18 janvier 1874), et ensuite aux Concerts popu-
laires. Cette composition, conçue dans un grand
style, instrumentée avec une puissance réelle,
est, à mon sens, trop développée, et les qualités
■qui la distinguent ne sont pas, me semble-t-il,
celles qui doivent constituer une œuvre de ce
genre. Son succès, toutefois, ne fut pas douteux,
et le talent de M Sarasate s'exerça avec autant
de bonheuB, l'année suivante, sur un second
concerto auquel M. Lalo donna, je ne sais trop
pourquoi, le titre de Symphonie esiiagnole.
Depuis lors, M. Lalo a fait entendre encore au
public les productions suivantes : Allegro sym-
idionique (Concerts populaires. Janvier 1S7G);
Concerto pour violoncelle, exécuté par M. Fis-
cher (Concerts populaires, 9 Décembre 1877);
Ouvertoire du Roi cPYs, opéra inédit (Con-
certs populaires, puis Concerts du Conserva-
toire).
M. Lalo fait partie de ce petit groupe d'ar-
tistes fort distingués qui, depuis quelques années,
ont révélé au public les nouvelles tendances de
l'école française, et qui ont su se faire écouter
avec plaisir et sympathie; il a pris place à côté
G8
LALO — LA MADELAINE
du pauvre Bizef, mort si jeune, de MM. Masse-
net, Ernest Guiraud , Théodore Dubois et de
quelques autres , et a obtenu des succès incon-
testés, dus à ses qualités incontestables. Ces
qualih's sont la clarté, réléi^ance, l'art des déve-
loppements, une grande habileté dans le manie-
ment de l'orchestre, et avec cela le style, la
couleur, et parfois la passion. En un mot ,
M. Lalo a su jouer un rôle ]>ersonnel dans le
mouvement auquel prennent part tant de jeunes
artistes , et cela seul prouve en faveur de ses
facultés. Il ne lui manque, peut-être, que d'être
un peu moins chatouilleux en ce qui concerne
la critique , de conserver son sang-froid devant
les observations qui peuvent lui être adressées,
et de ne pas prendre pour ennemis les artistes
sincères qui accompagnent leurs éloges de réser-
ves et de conseils absolument désintéressés.
Voici la liste des œuvres de M. Lalo, publiées
jusqu'à ce jour. — Musique instrumentale.
Ouverture de Fiesque (partition à grand orches-
tre), Paris, Durand et Schœnewerk ; — Diver-
tissement pour orchestre (réduction pour ])iano,
par M. J. Massenet), Paris, Hartmann; — Con-
certo pour violon avec accompagnement d'or-
chestre (grande partition et réduction pour piano),
op. 20, Paris, Durand et Schœnewerk ; — Sym-
phonie espagnole pour violon principal et
orchestre (grande partition et réduction pour
piano), op. 21, id., id. ; — Quatuor en 7ni bémol
majeur, pour 2 violons, alto et violoncelle, op.
19, Paris, Maho; — 1" trio pour piano, violon
et violoncelle, Paris, Richanlt ; — 2'^ trio, en si
mineur, pour piano, violon et violoncelle, Paris,
Maho; — Sonate pour piano et violon, Paris,
Ledentu ; — Grand duo concertant pour piano
et violon, op. 12, Paris, Benacci-Peschier; —
Sonate pour piano et violoncelle, Paris, Hart-
mann; — Chanson villageoise et Sérénade, pour
piano et violon ou violoncelle, op. 14, Paris,
Maho; — Allegro en mi bémol m^enr pour
piano et violoncelle, op. le, id., id, ; — Soirées
parisiennes (en société avec M. Charles >Vclile-,
3 morceaux caractéristiques pour piano et violon
(1. Ballade; 2. Menuet; 3. Idylle), op. 18, l^aris,
Lemoine; — Arlequin, esquisse caractéristique
pour violon ou violoncelle, avec accoMq)agne-
ment de piano, Paris, Gérard ; — 2 Impromptus
(1. Espérance; 2. Insouciance) , pour violon,
avec accomitagnemenl de piano, op. 4, Paiis,
Lemoine; — Pastorale et Scherzetto jiour violon,
avec accompagnement de piano, Paris, Richault.
— Musique vocale. Fie^que, grand opéra en
3 actes (partition pour chant et piano) , Paris ,
Hartmann ; — Six Mélodies, sur des poésies de
Victor Hugo, op. 17, Paris, Maho; — Trois
Mélodies, sur des vers d'Alfred de Musset, Paris,
Harlmann ; — la Captive, Souvenir, la Fenai-
son, BalUide à la lune, mélodies vocales.
LAM.\I)KLAIi\E(Étienne-Jean-Baptiste-
NicoLAs MAI)ELAIi\E, dit Stéphen DK),
musicien et écrivain français', naquit à Dijon le
16 avril 1801. Après avoir fait ses études litté-
raires à Metz, il vmtàParis en 1825, pour passer
l'examen du doctorat ès-lettres , mais le .sort
décida autrement de .son avenir. Stéphen de La
Madelaine était doué d'une superbe voix de
basse-taille ; on l'engagea à se pré.senter au Con-
servatoire, dont il suivit les cours pendant deux
ans, tout en faisant son service de chanteur
récitant à la chapelle et à la musique particulière
de Charles X, où les ducs de Damas et de Blacas,
gentilshonunes de la chambre du roi, l'avaient
fait entrer. Cependant, malgré ces premiers
succès , il n'embrassa pas aussitôt la carrière
musicale, et entra vers 1833 dans l'administra-
tion, en qualité de chef de bureau à la direction
des beaux-arts du ministère de l'intérieur.
A partir de ce moment, il occupa ses loisirs à
écrire des feuilletons, des articles de revues et
quelques petits romans d'éducation dont il se
fit plusieurs éditions; c'est ainsi qu'il rédigea
pendant quelque temps le feuilleton musical du
Courrier français, et qu'il publia successive-
ment : Scènes de la vie adolescente, Après le
travail, le Curé de campagne, etc. Cependant,
il finit par se livrer au profe.ssorat, et c'est alors
qu'il offrit au public plusieurs écrits relatifs à
l'enseignement vocal, qui lui firent une réputa-
tion. Son premier ouvrage en ce genre fut la
Physiologie du chant (Paris, Desloges, 1840,
in- 10), bientôt suivi des Théories complètes
du chant (Paris, Amyot, s. d.,in-8°); le pre-
mier fut traduit successivement en italien, en
anglais et en allemand, et le second fut approuvé
par l'institut de France et adopté par plusieurs
Conservatoires de l'étranger.
Mais Stéphen de la Madelaine songeait à une
innovation dans l'enseignement du chant, qui, si
l'on en savait profiter, |)ourrait rendre d'im-
menses services, en ce sens qu'elle perpétuerait
les bonnes traditions de l'art : il songeait à aider
l'enseignement oral par l'enseignement écrit.
Prenant un jour pour texte de ses observations
un air célèbre, il s'avisa d'annoter cet air période
par période, phrase par phrase, mesure par
mesure, indiquant sous chaque fragment, sous
( haque note, l'infiexion, le caractère, le degré
d'intensité sonore (ju'il fallait lui doinier; c'était
une interprétation complote, détaillée, de l'air
en question, tellement complète et tellement
détaillée qu'un élève n'avait qu'à étudier le
LA MADELAINE — LAMBERTI
69
morceau d'après les observations écrites, à le
travailler dans le sens indiqué, pour s'en rendre
maître et le chanter comme il convient, et cela
sans le secours d'un [trofesseur.
Le premier air que Stéphen de la Madelaine
interpréta ainsi et qui lui servit à faire une
« leçon écrite, » était celui d'Agathe dans le
Fre'ischûlz. Il adressa cette leçon à l'Académie
des l)eau\-arts, qui en fit l'objet d'un rapport
très-élogieux, trop élogieux peut-être; car si
l'idée était excellente, sa mise en pratique ne
laissait pas que de donner lieu à quelques cri-
tiques. Entre autres choses, le professeur avait
le tort grave non-seulement de ne point engager
les élèves au respect absolu du texte musical,
mais même d'encourager les altérations qu'ils
pourraient apporter à ce texte sous forme de
points d'orgue, ports de voix, etc., s'en remet-
tant pour cela à leur goût et <à leur sagacité.
Or, je ne sache pas de goût au monde qui puisse
encourager un chanteur dans cette voie déplo-
rable; le compositeur écrit sa musique comme
il veut qu'elle soit chantée, et aucun interprète
ne peut se reconnaître le droit de modifier sa
pensée d'une façon quelconque. Cette réserve
faite, le procédé pédagogique «le .Stéphen de la
Madelaine restait excellent, et lorsqu'il se trou-
vera un grand maître pour l'appliquer, il pourra
produire de merveilleux résultats.
De la Madelaine ne s'en tint pas à l'air du
Freischiitz; il en annota ainsi plusieurs autres :
celui d'Eléazar, dans la Juive; celui de lîosine,
dans le Barbier de Séville ; les .«stances de
Racliel, dans la Juive; l'air de I^'igaro, dans le
I\'ozze di Figaro; enfin l'air célèbre attribué à
Stradella. Il publia alors cette série de leçons
sous le litre d'Études pratiques de sltjle vocal
(Paris, Albanel, 1868, 2 vol. in- 12), en les
accompagnant de très-bonnes observations sur
les divers styles de la musique vocale, et de très-
utiles consiilérations sur l'enseignement élémen-
taire du chant.
L'excellent professeur eut à peine le temps de
voir s'établir le succès de son dernier ouvrage.
Trois mois environ après la publication de
celui-ci, il mourait à Paris, non le 4, comme il
a été dit par erreur dans le Dictionnaire des
contemporains, mais le jeudi 3 septembre 18G8.
— Stéphen de la Madelaine avait été rédacteur
en chef du journal \ Univers musical, et avait
été le collaborateur de la Revue et Gazette
musicale de Paris.
LAMAZOU (L'abbé), vicaire de l'église de
la Madeleine, à Paris, s'est occupé des questions
relatives à la musique religieuse, et a publié
l'écrit suivant : Èlxide sur la facture d'orgue
ancienne et moderne, et description de l'or-
gue monumental de Saint-Sulpice- {Pm-'x^,,
Repos, s. d. [18<)2J, in-8'' avec planches). On lui
doit aussi une biographie de Lcfébure-Wély,
publiée dans i" Illustration musicale Ju même
éditeur, et un troisième opuscule, intitulé VOr-
(?Me (Paris, Ledoyen, in-8" isô.'j).
LAMBERT (Nicolas), luthier, était établi
maître à Paris en 1745. On n'a point de rensei-
gnements sur cet artiste. On sait seulement (pi'il
était mort en 178.3, et qu'à cette époque sa
veuve continuait son commerce. JNicolas Lambert
était sans doute le fils ou le frère du luthier
Lambert, établi à Nancy au milieu du dix-hui-
tième .siècle, et dont il est question au t. V de la
Biographie universelle des Musiciens.
* LAMBERT (Cii acles), est mort à l-:vreux
le 23 décembre 1865. Cet artiste avait obtenu
au Conservatoire, eu 1809, un premier prix de
piano, et s'était voué ensuite à l'enseignement.
On assure qu'il fut le premier maître et l'ami
d'Halôvy.
LAMBERT (Georc.es), musicien français,
mort il y a environ vingt ans , n'est connu que
par la libéralité dont il a fait preuve envers les
artistes , en créant un prix que l'Académie
française et l'Académie des beaux-arts ont été
chargées par lui de décerner chaque année.
K Ce prix, dit à ce sujet le compte-rendu annuel
des séances publiques de cette dernière compa-
gnie, est destiné par le testateur, ancien compo-
siteur et professeur de musique, à être décerné
chaque année, par l'Académie française et par
l'Académie des beaux-arts, à un hou. me de
lettres, ou à un artiste, ou à la veuve d'un artiste
honorable, comme marque publique d'estime. »
Je n'ai pu recueillir aucun renseignement tou-
chant la vie ou la carrière de cet homme géné-
reux, dont la double fondation artistique a pris
le nom (\& prix Georges Lambert.
LAMBliRTI ( ), compositeur italien,
né, je crois, à Cuneo, et depuis longtemps fixé à
Turin , s'est fait connaître par deux opéras
représentés en cette ville , Leila di Granata,
donné avec succès au théâtre Gerbino, en 1857,
et Malek-Adel. Il a fait exécuter en 1861,
dans l'église San-Giovanni, aux funérailles du
roi Charles-Albert, une messe avec orchestre,
qui est considérée comme une oeuvre extrême-
ment remarquable, et il a fait entendre, lors
du mariage de la princesse Pie, tille du roi
Victor-Emmanuel, avec le roi don Louis de
Portugal, une cantate en froi-; parties, écrite
sur des paroles du poète nernin/.one, et dont
on dit beaucoup de bien. Les Ilaliens tien-
nent M. Lamberti pour un artiste extrêmement
70
LAMBERTI — L AMOUREUX
dislingné, remarquable au double point de vue
du savoir et de rimaginafion, et qui fait véritable-
ment iionneur à leur pays.
* L.\MHERTL\I (Jr.\N-TnoM\s), prtMre et
compositeur, né à Bologne, était, non pas vice-
maîtro de chapelle de l'i'glise de San-Lorenzo,
maischapiMaiu, copiste et diantre de la colléi^iaie
de San-Pelronio, de Bologne, à'partirde l'année
1545. Sa mauvaise conduite lui donna plus d'une
fois maille à partir avec le chapitre deceite église,
qui finit par le rayer de la liste des chapelains.
En 15C9 pourtant, Lambertini, que la bonté du
cardinal Paleotti avait empêché de tomber dans
une entière disgrâce, faisait encore partie du per-
sonnel de la chapelle de San-Petronio ; mais en
1573 il était à Rome, auprès de son protecteur
le cardinal Ottone Truclises, qui, dans sa jeu-
nesse, l'avait attaché à son service comme musi-
cien, et chez lequel il se retrouva peut-être dans
la même situation. A partir de cette époque, on
n'a' plus de renseignements sur lui. Ceux qui
sont résumés ici ont été empruntés à l'excellent
écrit de M. Gaspari (T'oy. ce nom) : Memorie
risguardanti la stor'm deWartc musicale in
Bologna al XVI secolo.
* LAMBILLOTTE (Le P. Louis), est mort
au collège de Vaugirard, près Paris, le 27 février
1855. Il a été l'objet du travail suivant : Louis
Lambillotte et ses frères, par M. Mathieu de
Monter (Paris, Régis-Ruffet, I871,in-12 avec
portrait et autographes).
Le P. Louis Lambillotte avait deux frères, qui.
comme lui, avaient embrassé l'état ecclésastiqiie,
et, qui , comme lui aussi musiciens, avaient
composé des œuvres nombreuses. Le cadet,
François, né à la Hamaide en 1802 , mourut à
Fribourg en 1836 ; le plus jeune, Joseph, né dans
le même village en 1805, mourut en France, au
collège des Jésuites de St-Acheul (1). Un éditeur,
M. Gambogi, a entrepris, il y a quelques années,
la publication des œuvres poslluimes des trois
frères. Celle des œuvres complètes de ces trois
compositeurs a été entreprise et se poursuit
activement par les soins de la maison Rrandiis.
LAAIOMXARY ( ), compositeur,
vivait à Valenciennes dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle. 11 a publié, outre plusieurs
livres de duos ou sonates pour violon et violon-
celle, un recueil de Six Quatuors en symphonie
pour deux violons, alto, violoncelle obligé et
orgnnn.
LAMOTTE (Nicoi.\s-Antonv), compositeur
de musiqnc de danse, est né en 1819 à Beaurieiix
(l) Louis I.nmbillolte, comme ses frères, 'est né non à
Cliarleroi, mais au petit village de I.a Hamaide, situé
près de celle ville.
(Aisne). Il apprit la musique à la maîtrise de
Soissons, où il fut enfant de chcpur, fit ensuite
de bonnes études littéraires au petit séminaire de
Laon, et de là passa, pour y faire sa philosophie,
au grand séminaire de Soissons. Son père voulait
lui voir embrasser la carrière ecclésiastique,
mais le jeune homme n'y voulut pas consentir.
Après avoir passé deux années comme professeur
ou maître d'études dans diverses institutions,
après avoir servi pendant une autre année, il se
remit à l'élude de la musique, qu'il aimait avec
passion, se livra à la composition, et écrivit deux
messes qui furent exécutées dans l'église de
Ham. Mais il était encore inexpérimenté , et
reconnaissait la nécessité de travailler sérieuse-
ment. II vint à Paris, oîi il suivit un cours
d'harmonie avec M. Ehvart, et bientôt se lit
connaître par la publication d'une foule de mor-
ceaux de musique de danse, qui se distinguaient
par la grâce de la forme, l'élégance et la fraîcheur
des mélodies. Vers 1850, il devint chef d'orches-
Ire du bal du Chàteau-d'Eau, d'où il passa à la
salle Bai'lhélemy, puisa la salle Valentino, faisant
exécuter et connaître ses compositions dans ces
divers établissements. En 1857, il fut appelé à
Londres pour y conduire l'orchestre de danse
d'Argyll-Rooms, et il y obtint de grands succès.
Depuis plusieurs années, il est revenu se fixer
à Paris. M. Antony Lamotte n'a pas composé
moins de quatre à cinq cents morceaux de
musique de danse, presque tous publiés.
On a publié sur cet artiste : Biographie d''An-
iony Lamotte, par A. de Rolland (Lyon, impr.
Chanoine, 1863, in-t8).
LAMOUREUX (Chaules), violoniste et
chef d'orchestre, naquit à Bordeaux, le 28 sep-
tembre 1834. Après avoir commencé en cette
ville l'étude du violon sous la direction d'un
artiste distingué, M. Beaudoin, il fut envoyé par
sa famille à Paris ^ el entra en 1850 au Conser-
vatoire, dans la classe de Girard, alors chef
d'orchestre de l'Opéra. Ayant obtenu un second
accessit en 1852, il se vit décerner le second
prix au concouis de 1853, et le premier l'année
suivante. 11 avait d'abord appartenu à l'orchestre
du Gymnase en qualité de premier violon, et bien-
tôt entra à celui de l'Opéra, où il resta plusieurs
années. A[)rès avoir fait de bonnes études d'har-
monie avec M. Tolbecque, avoir suivi ensuite le
cours de contrepoint de Leborne au Conserva-
toire, et eiilin terminé ses études théoriques avec
Chauvet {Voyez ce nom), M. Lamoureiix se livra
à l'enseignement, et fonda une société de musi-
que de chambre dont les séances étaient très-
suivies, et dans laquelle il avait pour partenaires
MM. Colonne, Adam et Rignault.
LAMOUREUX — LAMPERT
71
Virtuose extrêmement distingué, artiste fort
intelligent, esprit largement ouvert à tontes les
grandes manifestiitionsdel'art musical, M. Lamou-
reux, qui, après avoir été admis à la Société des
concerts du Conservatoire, était devenu second
chef d'orchestre de cette illustre association,
rêvait de doter son pays d'une institution d'un
nouveau genre. Après avoir fait plusieurs voyages
en Allemagne et en Angleterre, s'être lié avec
deux célèbres chefs d'orchestre, MM. Ferdinand
Hiller et Michaël Costa, avoir admiré les incom-
parables exécutions d'oratorios qui avaient lieu
sous la direction de ces deux grands artistes, il
étudia les moyens pratiques à l'aide desquels il
pourrait, à son tour, faire connaître à la France
les œuvres immortelles des Rach, des Ha'ndel et
des Mendelssohn , qui jusqu'à présent étaient
restées pour elle presqu'à l'étal de lettre morte,
et dont elle n'avait entendu que de rares frag-
ments, exécutés dans des conditions lainentabies.
A la suite de quelques tâtonnements, de quelques
essais un peu timides qui ne firent pourtant que
le confirmer dans la pensée d'un succès final,
M. Lamoureux finit par concevoir un plan qui
devait le mener victorieusement au but vers
lequel il t( ndait.
En dépit de tous les obstacles qui étaient semés
sur son chemin, malgré le mauvais vouloir qu'il
rencontrait de divers côtés , les jalousies qu'il
excitait contre lui, M. Lamoureux, à l'aide de
ses seules forces, de ses seules ressources, fonda
en 1873 une société dite de l'Harmonie sacrée,
organisée à l'instar de la Sacred harmonie
Society de Londres. Il forma un orchestre, un
personnel choral nombreux, se mit énergique-
ment à l'œuvre, el à la fin de 1873 des affiches
apposées sur les murs de Paris annonçaient
qu'une première audition du Messie, oratorio
de Hœndel, aurait lieu le 19 décembre dans la
salle du Cirque des Champs-Elysées. Les soli
du chel'-d'(Tuvre de Hfendel étaient chantés par
quatre élèves du Conservatoire, M^'" Belgirard
et Armandi, MM. Vergnet et Dufriche-, l'orgue
était tenu par M. Henri Fissot; l'orchestre et les
chœurs étaient dirigés par M. Charles Lamou-
reux. L'exécution fut admirable, et le public,
pénétré de la grandeur de l'œuvre qui lui était
offerte pour la première fois , aux prises avec
des sensations jusqu'alors inconnues pour lui, fit
l'accueil le plus enthousiaste à -cette œuvre,
ainsi qu'à l'artiste énergique et convaincu qui
i'in liait si courageusement à ses beautés. De
ce jour, l'oratorio était acclimaté en France, une
nouvelle source d'émotions était ouverte au
public, et M. Lamoureux avait donné à son pays
l'institution qui lui manquait.
Plusieurs auditions du Messie suffirent à
peine à satisfaire les désirs de la foule. Après
cet ouvrage, M. Lamoureux fit entendre la Pas-
sion de Jean-Sébastien Bach, puis, la saison
suivante, il remporta un nouveau triomphe en
faisant exécuter, avec un succès colossal, le Judas
Mochabée de Hœndel. S'onlaiit varier ses pro-
grammes, et, tout en faisant connaître les chets-
d'o'uvre consacrés, réserver une place à l'élément
contemporain, il produisit aussi la cantate de
M. Gounod intitulée Gallia, et une œuvre char-
mante el encore inédite de M. Massenet {Voij. ce
nom), Eve, « mystère » en trois parties. L'une
et l'autre furent accueillies avec la plus grande
faveur, et assurèrent définitivement le succès de
la Société de l'Harmonie sacrée et de son excel-
lent directeur.
Les séances de cette Société révélèrent du
premier coup, en M. Charles Lamoureux, un
chef d'oichestre de premier ordre, soigneux de
l'exécution jusque dans ses moindres détails,
sachant préparer les études avec une patience,
une intelligence et un sentiment musical bien
difficiles à rencontrer à un pareil degré, joignant
enfin, dans la direction, la précision et la fermeté
à la chaleur et à l'enthousiasme, et sachant
retenir dans ses écarts possibles le personnel
placé sous ses ordres en même temps qu'il lui
communique son ardeur et le feu dont il est
animé.
M. Lamoureux fut chargé, en î875, de la
direction musicale des grandes fêtes données à
Rouen pour la célébration du centenaire de
Boieldieu. Lorsque, Tannée suivante, M. Car-
valho fut nommé directeur de l'Opéra-Comique
en remplacement de M. du Locle, il s'empressa
d'attacher à ce théâtre, comme chef d'orchestre,
un artiste si distingué et si digne en tous points
de remplir ces difficiles fonctions. Cependant ,
au bout de quelques mois, des diflicidtés s'étant
élevées entre la direction de l'Opéra-Comique et
M. Lamoureux, ce dernier crut devoir se retirer
et donna sa démission. Peu de temps après, c'est-
à-dire vers le milieu de 1877, il fut appelé à
l'Opéra pour succéder, dans les fonctions de
premier chef d'orchestre, à M. Deldevez, qui
allait prendre sa retraite. Il est aujourd'hui en
possession de cet emploi.
LAMPERT (Ernest), pianiste, chef d'or-
chestre et compositeur, né à Gotha le 3 juillet
1818, fut à Weimar élève de Hummel pour le
piano, et reçut ensuite à Cassel des leçons de
composition de Morilz Hauptmann. Devenu con-
certmeister en 1844, il fut, en 1855, nommé
maître de chapelle à Gotha où il réside encore
aujourd'hui. M. Lampert a écrit la musique de
72
LAMPERT — LANCi
quatre opéras qui ont été représentés à Cobourg
et à Gotha, et dont j'ignore les titres; il a com-
posé en outre dos ouvertures, des cantates, et
divers morceaux pour instruments à cordes et
pour piano.
LAMPERTI (Francesco), professeur de
.chant au Conservatoire de Milan, est né à Savone
le 11 mars 1813. Cet artiste jouit non-seulement
à Milan, non-seulement en Italie, mais par toute
l'Europe, d'une éclatante renommée, et depuis
1850, époque où il a été chargé d'une classe de
chant au Conservatoire de Milan , il a formé un
nombre incalculable d'élèves, parmi lesquels on
signale M™«' Waldmann, Teresina Stolz, Emma
Albani, MM. Campanini, Collini, etc.; on assure
qu'il est le dernier dépositaire des traditions de
la grande école du chant italien; aussi, tous
ceux de nos chanteurs français qui, depuis vingt
ans et plus, ont voulu aborder la carrière ita-
lienne, n'ont jamais manqué de se rendre auprès
de lui pour recevoir ses leçons et ses conseils.
Après une longue carrière entièrement vouée à
l'enseignement , M. Francesco Lamperti a pris
sa retraite au mois d'avril 187G. On lui doit les
ouvrages suivants : 1° Guide théorico-prafique
élémentaire pour Vétude du chant, dédié à
ses élèves du Conservatoire de musique de Milan
(Milan, Ricordi); 2" Exercices journaliers pour
soprano ou mezzo-soprano (id., id.) ; 3" Études
de bravoure pour soprano, approuvées par le
Conscrvaloire de Milan (id., id.), 4° Observa-
tions et conseils S2ir le trille (id., id.) ; b° 8 Sol-
fèges dans le style moderne, pour soprano et
mezzo-soprano.
Un professeur de chant du même nom, M. G.-
B. Lamperti, a publié à Milan, chez l'éditeur
Lucca, un ouvrage intitulé École de chant,
contenant six solfèges et six vocahses pour
soprano, mezzo-soprano ou contralto, ténor et
baryton, avec accompagnement de piano, et un
recueil de 12 Vocalises pour soprano. J'ignore
si cel artiste est parent du précédent.
* LA.\I1»UGI\A1XI (Jean-Baptiste), a écrit,
outre les ouvrages dramatiques signalés à son
nom, un opéra bouffe intitulé la Scuola délie
Cantatrici, et un opéra sérieux, VOlimpiade,
qui fut représenté, je crois, en Italie, vers 17jO.
LAMY (Muiiii.), prêtre et musicien, fut
maître de la chapelle de la cathédrale de Rouen
de 1C07 au mois de mars 1728, et fit entendre en
cette église plusieurs messes de sa composilioii.
LAACIAAI (Fi.Avio), com()ositeur italien,
né dans la seconde moitié du dix-septième siècle,
est l'auteur d'un oratorio intitulé Sanlu Clolilde,
reina di Francia, qui fut exécuté à Rologne
en I70i. a:-: .'.,;
* LAAXTIN (Charles-François Honoré) ,
dit DUQlJI>:SI\OY, n'est pas né en Belgique
en 17yj, mais en France, à Beauvais (Oise), le
18 mai 17ôS. Pendant le long séjour qu'il fit à
Bruxelles comme chanteur, avant de se rendre
à Hambourg, Duquesnoy écrivit la musique de
trois ouvrages qu'il lit représenter dans la capi-
tale de la Belgique : 1" Âlmanzor ou le Triom-
phe de la gloire, grand opéra ballet en 2 actes
(et en vers libres, paroles de d'Aumale de Cor-
sanville) , 1787; 2° le Mystificateur mystifié,
opéra-comique en 3 actes, vers 1789 ; 3° le Prix
des .'\rts ou In Fête flamande, opéra en un acte,
20 juin 1791. Un peu plus tard, à Hambourg,
il composa une cantate , le Vœu des Muses
reconnaissantes, qui fnt CNécutée en cette ville,
dans le cours de l'année 1795, avec un très-
grand succès.
Avant de faire , comme chanteur, la fortune
du théâtre de Bruxelles, cet artiste avait tenu en
double, de 1781 à 1786, l'emploi de haute-contre
à l'Opéra. Son début à ce théâtre s'effectua le
2'( janvier 1781, par le rôle de Colin du Devin
du village, et ce début donna lieu à une singu-
lière méprise de la part de V Almanach musical
qui, sans doute par la plume de deux rédacteurs
différents, l'enregistre en partie double, avec
réflexions à l'appui, d'abord au nom de Duques-
noy, puis à celui de Lanctin.
LAADVVIAG (Marc), compositeur, né à
Zug, en Suisse, en 1759, entra au couvent d Ein-
siedeln à l'âge de dix-huit ans, et y trouva la
facilité de développer ses rares dis[)ositions pour
la musique. On lui doit l'ouvrage suivant : Anli-
phona Mariana Suive Regina in cantu chorali
cum 3 vocibus (Einsiedeln, Œcbslin, 1787),
dont une seconde édition a été faite en 1790. On
chaule encore aujourd'hui, à Einsiedeln , un
Benedictus Dominus Detis de la composition
de Marc Eandwing. Cet artiste mourut en 1813.
* LAA'G (Jost;i'iiiNE). Une artiste de ce nom,
qui me paraît devoir être la cantatrice dont il est
parlé au tome V de la Biographie universelle
des Musiciens, s'est fait eoniiaitre comme com-
positeur par la publication d'un assez grand
nombre de lieder. Le catalogue des éditeurs
lireitkopf et H;ertel, de Leipzig, en mentionne
deux recueils placés sous les chiffres d'œuvre
14 et 15.
LAXG (Adolphe), violoniste, chef d'orchestre
et compositeur allemand, né ;i Thorn le 10 juin
1830, lit ses études au Conservatoire de Leipzig,
où il resta de 18'i4 à 1847 , et où il fui l'élève
de Ferdinand David pour le Aiolon, de Mcndels-
shon et de Morilz Hauplmann pour la théorie
de l'art et la composilion. Devenu premier violon
LANG — LANGHANS
73
au tliéùtie Friedrich-Willielmstadt de Berlin en
1851, il en fut nommé chef d'orchestre en 1854,
et à partir de ce moment se produisit comme
compositeur, écrivant plusieurs opérettes, faisant
exécuter des marches et des ouvertures, et
publiant des Uexier et divers morceaux de chant.
Cependant, il renonça assez rapidement à la
carrière musicale, et, en 1862, s'établissait à
Thorn, sa ville natale, pour y diriger une maison
de conmierce.
LiV\GE (Gustave), pianiste, professeur et
composilcur, a publié en Allemagne, depuis quel-
ques années , environ 200 morceaux de genre
pour le piano : nocturnes, mélodies,' capfkes,
rondos, etc. Ces compositions, parmi lesquelles
figure une série de 18 pièces intitulées Ica Aqua-
relles, paraissent obtenir un grand succès. On
signale comme étant faites avec goût une nom-
breuse série de tran.scriplions données parM. Lan-
ge des liedcr àë, Sc\\uhtx\ et de Mendelssohn.
Parmi les autres productions de M. Lange, qui
comprennent un grand nombre de fantaisies sur
des mélodies populaires et des motifs d'opéras
célèbres, il faut signaler quelques cruvres plus sé-
rieuses, entre autres un joli quintette pour ins-
truments à vent.
LAXGER (Fbrdinand), violoncelliste, chef
d'orchestre et compositeur dramatique, né en
1839 à Leimem, pi es de Heidelberg, doit, dit-on,
la meilleure partie de son éducation musicale à
.son travail personnel et à sa propre initiative.
Après s'être fait connaître comme violoncelliste, il
voulut se produire comme compositeur drama-
tique, et fit représenter à Manuheim, au mois de
juin 1808, un petit opéra qui avait pour titre
dei Gefœhrliche Nachborschafl [le Voisinage
dangereux). Il devenait peu de temps après
chef d'orchestre du théâtre de IMannheim, et y
donnait, le 18 mars 1873, son second ouvrage
dramati(|uo, un opéra romantique intitulé Dorn-
rœschen [Églantine), qui était écrit sur le sujet
d'un conte de Perrault, la Belle au bois dor-
viant, et qui obtint lui succès très-flatteur.
M. Ferdinand Langer passe pour être en Alle-
magne l'un des partisans les plus décidés et des
soutiens les plus convaincus des idées et des
doctrines de M. Richard Wagner.
Un artiste du même nom, et peut-être parent
de celui-ci, M. Adolphe Langer, s'est fait con-
naître assez récemment par la publication d'une
vingtaine de morceaux de genre pour le piano.
— Un troisième, Gustave Langer, qui apparte-
nait peut-être encore à la même famille, a rempli
les fonctions de chef des choeurs à l'Opéra de
Berlin ; au mois d'avril ou de mai 1876, il a mis
volontairement fin à ses jours en se jetant dans
le Neckar, et son corps a été retrouvé peu après
dans les environs de Heilbronn.
LAIXGERT (Alcuste), compositeur drama-
tique, né en 1830, est depuis longtemps déjà
maître de chapelle du duc de Saxe-Cobourg. Je
«rois que son premier ouvrage théiltral est l'opéra
intitulé la Pucelle d'Orléans , qui fut donné à
Cobourg le 25 décembre 1801. Deux ans après,
le 0 décembre 1863, à l'occasion de l'anniver-
saire de la duchesse de Saxe-Cobourg, il faisait
représenter sur le même théâtre un opéra roman-
tique, des Sxngers Fluch {la Malédiction du
barde), qui obtint un grand succès et fut bientôt
reproduit sur plusieurs autres scènes importantes.
Le 13 mars 1806, cet artiste faisait jouer à
Darmstadt Dona Maria , infante d'Espagne,
opéra dont il avait écrit la musique en société
avec un amateur, M. le comte de Reiset, ancien
ckargé d'alfaires de France, qui prenait en cette
circonstance le pseudonyme anagrammatifiue de
ïesier.
Le nom de M. Langert était déjà favorable-
ment connu lorsque le compositeur produisit à
Cobourg un grand drame lyrique en 3 actes,
les Fabius (26 novembre 1806), qui lui ouvrit
les portes de l'Opéra de lîerlin ; en effet, dix-huit
mois après, en février 1868, ce nouvel ouvrage,
remanié par son auteur, renforcé, agrandi, fai-
sait son apparition dans la capitale de la Prusse.
Quelques critiques reprochèrent alors à M. Lan-
gert un éclectisme un peu trop facile, qui le pous-
sait tantôt du côté de Spontini et de Marschner,.
tantôt sur les routes nouvelles frayées par
MM. Liszt et Richard Wagner, tantôt encore
dans les bras de M. Gounod ; on disait aussi
que la phrase mélodique du compositeur était
généralement courte d'haleine , trop peu déve-
loppée, et que le récitatif prenait une trop large
place dans la structure des morceaux. Quoi qu'il
en soit, M. Langert fit représenter encore h
Leipzig, en 1872, un nouvel opéra, Dornrœschen
(Églantine), qui ne paraît pas avoir obtenu un
grand retentissement. Depuis lors, il n'a pas
reparu à la scène.
Un artiste du même nom que celui dont il est
ici question, M. A. Langert, était, en 1873,
maître de chapelle à Genève, et, à la mort de
Lysberg, le remplaça provisoirement comme pro-
fesseur de la classe supérieure de piano au Con-
servatoire de cette ville.
LAi\GIIANS (GciLr.AL-ME), violoniste, com-
positeur et écrivain sur la musique, est né à
Hambourg le 21 septembre 1832. Élève du
Conservatoire de Leipzig, il y reçut, de 1849
à 1852, des leçons du grand virtuose Ferdinand
David, après quoi il fit partie de l'orchestre du
74
LANGHANS — LAPIERRE
Gevsandhaus et fie celui du théâtre de Leipzig-
Il vient ensuite se peifectionncr à Paris auprès
de M. Alard, puis retourne à lA'ipzi», où il étudie
la composition avec Moritz Ilautpmann et E. F.
Ricliter. Devenu en 1858 concertmeister à Dus-
seldorf, il y épouse bientôt une jeune artiste fort
distinguée, M"'^ Louise Japlia, et tous deux
viennent se faire entendre avec succès à Paris
dans des séances de musique classique. Au bout
de quelque temps, M. Langhans va se fixer déliui-
tivement à Berlin, où , lout en se livrant à l'en-
seignement et à la composition, il commence à se
faire connaître comme écrivain spécial en prenant
part àlarédaction de divers journaux et revues.
Parmi les compositions de M. Langhans, je
signalerai les suivantes -. Quatuor en fa pour
deux violons, alto et violoncelle, couronné en
18G4 au concours ouvert par la Società del
Quarietlo de Florence, sous les auspices tie
M. le docteur Basevi , op. 4; 2 Sonatines pour
piano, op. 18 ; 20 Etudes pour violon ; 2 Recueils
de lieder; Air de Lotti, transcrit pour violon,
avec accompagnement de piano. Comme écrivain
sur la musique, outre sa collaboration à divers
journaux, outre la part trèsactive qu'il a prise
à la rédaction du Musi/ialisches-Conversations-
Lexicon d'Hermann Mendel, M. Langhans a
publié divers écrits, parmi lesquels je citerai les
deux suivants : 1° Dns mxisikalische Vrthell
und seine ambilduncj durch die Erzichunj
{le Jugement musical et son développement
par V instruction), Berlin, 1872; 2° Die Kœnigl.
Hochschide fur Musik zii Berlin ( l'École
royale supérieure de musique à Berlin),
Leipzig, 1873. M. Langhans occupe la chaire
d'histoire de la musique à lu nouvelle Académie
de musique dt^ Berlin.
LAA'tillAiXS (LoiisE JAPHA, épouse),
femme du précédent, pianiste et compositeur de
talent, a été en 185:5, à Dusseldorf, l'élève de
M"^" Clara Schumann, sous la direction de
laquelle elle est devenue une artiste fort distin-
guée. Après son mariage, elle vint se faire enten-
dre et connaître à Paiis, puis retourna en
Allemagne avec son mari. Elle a obtenu comme
virtuose des succès brillants et mérités; en tant
que composite-ur, elle obtint, dit-on, les suffrages
de Schumann, (jui prenait un grand intérêt à ses
production^. Entre autres œuvres publiées, on
connaît d'elle : Drel Gondoliercn {Trois Gon-
do/iers), Hambourg, Scbuberlh ; Blucttcs, Paris,
Flaxland ; iJanse guerrière et Nocturne, Paris,
Hartmann; des lieder, mélodies, etc. Depuis
1874, M""" Louise Langhans s'est (i\ée à Wiesba-
den , où elle ^c livre à l'enseignement et où ses
leçons sont très-recherchées.
I>A WER (JosEPn-FR.4Nçois-CHARLEs), célè-
bre compositeur de musique de danse, est né à
Vienne non le 11 juillet 1802, comme il a été dit
par erreur, mais le 11 avril 1800.
r^ANIXER (Auguste-Joseph), fils du prédé-
dent, violoniste, chef d'orchestre et compositeur
de musique de danse, naquit à Vienne le 23
janvier 1834. Ce jeune artiste, qui donnait de
sérieuses espérances, mourut prématurément en
cette ville, à l'âge de vingt et un ans, le 27 sep-
tembre 1855
* LAWOY (M'"« la comtesse Cléhentine-
JosÉPHiNE-FRANçoisE-TuÉnicsE DE), née prin-
cesse de LOOZ-CORSWAREM, naquit au
château de Gray (Brabanl), le 29 juin 1764 , et
mourut à Liège le 4 juin 1820.
LA\TL\ (J -B ), conseiller au
parlement de Bourgogne, né à Dijon en 1C20,
mort en 1695, était grand amateur de musique
et s'occupait beaucoup de composition. « Il laissa
en manuscrit, dit M. Charles Poisot dans .ses
Musiciens bourguignons , la musique de plus
de trenteodes d'Horace, de VAdjs de Catulle, etc.;
on remarqua son ode d'Huet : Tibi gratcs
zephyris. »
LAAUSSE ( ), artiste ob.scur, qui vivait
à la fin du dix-huitième siècle et au commence-
ment du dix -neuvième, lit représenter deux
opéras-comiques en un acte : au théâtre des
Jeunes-Artistes, le 15 avril 1802, Lanrette; à
la Porte St-.Martin, le 11 octobre suivant, Melzor
et Ziina.
LA ^XTX (PiUL VÉROl\GE DE) , com-
positeur français, est né à Paris, d'une famille
d'artistes, le 29 juin 1853. Son père, pianiste
fort distingué, avait fait ses études au Conserva-
toire, de même que son oncle, mort fort jeune.
Lui-même devint, dans cet établissement, l'élève
de M. François Bazin, et après avoir obtenu un
premier prix de fugue en 1872, se présenta au
concours de Rome et rem|iorla le second grand
prix de composition en 1874; en 1876, il se
voyait décerner le deuxième |)renrier grand prix
pour sa cantate intitulée Judith, tandis que son
camarade, M. Hillemacher , reuq)ortait le pre-
mier grand prix. M. de la Nux occupait à celte
époque l'emploi d'accompagnateur au théâtre de
la Renaissance. Sa partition de Judith, pour
chant el piano, a été publiée.
La sœur de cet artiste , M" ' Jeanne Vcronge
de la Aux, élève de leur père, est une pianiste
fort distinguée.
LAPIERRE (Fiunçois-Antoine), né à
Cavaillon (Vaucluse), le 5 avril 1760, mort le
2.-) décembre 1824 à Sl-Remy ( Houches-du-
Rbône), a été longtemps maître de chapelle à
LAPIERRE
LARMANDÉ
75
Aix-en-Provence, et a laissé diverses œuvres iné-
dites, qui sont assez estimées de ceux qui les
ont entendues, notamment un Stabat avec
accompagnement d'alto et basse, et une messe
de Hequiem. Contemporain et admirateur de
Cheriibini, Lapierre paraît avoir cherché à imiter
le style de ce grand maître.
Le petit-(ils de cet artiste est directeur actuel
du Conservatoire d'Aix. Il a composé des messes,
des motets, de la musique de danse, et un opéra-
comique, Fose et Lyv, qui a été représenté au
théâtre d'Aix.
Ar,. R— n.
LAP0:MMERA\E (Victou BEllD AL-
LE DE), né à Paris, le 24 février 1825, fit ses
études au collège de Rouen, et ne tarda guère à
révéler ses dispositions musicales. 11 devint élève
d'Amédée Mêreaux, et s'étant rendu ensuite au
Conservatoire de Paris, il entra dans la classe de
Zimmermanii. Il avait à peine quitté cette école,
lorsqu'eu 1848 on lui confia l'organisation géné-
rale des musiques de la garde mobile, entreprise
que la prompte suppression de ce corps empêcha
d'aboutir.
Quelques compositions légères , les Matelots
de la Belle- Eugénie, le Paria, etc., firent
connaître avantageusement Berdalle de Lapom-
meraye; son œuvre la plus répandue est une
simple polka pour piano , le lac d'Enghicn
(A. Leduc, éditeur); il en a été tiré 50,000
exemplaires. Le Domino rose, du même auteur,
a acquis presque autant de popularité. Toutefois,
il nous plaira davantage de citer de ce musicien
une composition plus sérieuse, les Psaumes
de David, qu'il mit en musique sur une
traduction en vers de M. Giffard, ancien profes-
seur au collège de Rouen. Cet ouvrage, sur
lequel je ne puis donner aiicim ren.seignement
bibliographique, obtint l'approbation des cri-
tiques les plus autorisés, qui se plurent à en
louer l'originalité et la force expressive. Ce travail
valut à Berdalle de Lapommeraye sa nomination
de membre de l'Académie pontificale de Sainte-
Cécile, laquelle ne comptait alors en France que
deux correspondants , Carafa et Auber. Il fut
décoré aussi de l'ordre de Saint-Grégoire-le-
Grand.
Victor de Lapommeraye est mort du typhus,
au mois de janvier 1866, à Glatina, près de
Bucharest (Valachie) (1).
J. C — z.
;1) D'une nature un peu capricieuse, un peu fantasque,
{.apomnicraye ne savait point poursuivre un but prêci-,
manquait de persistance dans les idées, et ni- pouvait
s'astnindre à la lutte que tout artiste est appelé a sou-
tenir. Son humeur vagabonde le portait tantôt ici, tantôt
LAllDL\( V -JixF.s ) , amateur de
musifjue, né vers 1780, mort, je crois, vers 1870,
est l'auteur d'une notice sur François-André
Danican-Pliiiidor, écrite à l'aide de ses souvenirs
et des notes laissées par l'un des fiis de ce grand
artiste, et insérée dans le Palnmcde (revue des
échecs) de janvier 1847. Cette notice, intitulée :
Philidor peint par lui-même , a été tirée à
part (Paris, 1847, in-8° de IG p.). Lardin avait
été l'ami de Grétry, et s'est plusieurs fois oc-
cupé de ce grand homme. Sous cetitre : Inau-
gxiration de la statue de Grétrij due au
ciseau de Braelicleer, à la société de la
Grande- Harmonie d'Anvers, le 19 août i8(î0
Paris, Claye, 1860, in 8°), il publia sur lui
trois piècesj de vers, d'ailleurs des plus mé-
diocres. Sous le couvert de l'anonyme, il donna
aussi la brochure suivante : Zémire et Azor,
par Grétrij, quelques questions à propos de
la nouvelle falsification de cet opéra (Paris ,
Moessard, 184G, in-8'' de 32 pp.). En 1842, il
offrit à la Société libre de l'Émulation de Liège
un volume in-4'^ manuscrit, ainsi intitulé -. Hom-
mage à la mémoire de Grétrij, écrit et offert
par Jules Lardin, propriétaire à Paris; ce
manuscrit contient des stances, des cantates, des
notes sur Grétry et ses œuvres, ainsi qu'un pro-
jet de festival pour l'inauguiation de sa statue.
LARDIXOIS ( ). Un artiste de ce nom
a fait représenter sur le théâtre de Nancy,
en '1864, un opéra-comique intitulé les Deux
Clochettes.
LARGIII (Desiderio), musicien italien du
dix-huitième siècle, est l'auteur d'un traité de
solfège ainsi intitulé : Il Modo di so/feggiare
all'uso francese, introdotto nuovamente in
Siena dal M. It. signore Fausio Fritielli ,
Sienne, 1744. On sait que Frittelli fit tous ses
efforts pour introduire en Italie, où l'on solfiait
encore par nuances, le système de la gamine de
sept sons , dont l'usage s'était complètement
généralisé en Fiance. L'ouvrage ci-dessus cité
venait en aide à Frittelli.
LA1LMA\DE (A ), est le nom d'un
artiste qui, vers 18.35, était professeur d'iiar-
monie, et qui, à la mort de Reicha, provoqua
Ta, et il éparpillait sans profit et sans utilité des forces
que son talent aurait pu rendre efficaces s'il avait su les
diriger. Kn dernier lieu, les hasards d'une existence apitee
l'avaient conduit à Bucharest, où il était devenu critique
tnusic.il du journal la f'critc. C'est en ce p > ys que la m 'rt
l'a surpris, plein de jeunesse et d'ardeur. Cet artiste, qui
avait travaillé avec Carafa et Halévy, était le frère d'une
aimable ctianfeuse.M'i* de Lapommeraye, quia appartenu
pendant plusieurs années au personnel de l'Opéra, et de
M. Henri de I apommeraye,l'un de nos critiques de théiltre
les plus di.sliiigués — .\. r.
76
LARMANDE - LARUETTE
rouveiture d'une souscription dans le iiul de
faire frapper une médaille de bronze en l'honneur
de ce compositeur. H publia, pour les élrennes
de 1837, un album de si\ morceaux de chant,
intitulé les Violettes, dont les paroles lui avaient
été fournies par M'"'" >Mboyet. Je crois que c'est
le même artiste qui, plus tard, ajusta les paroles
françaises du recueil publié par l'éditeur Flaxland
sous le tilre -. Échos d'AllemcKjne, ainsi que de
la collection des 12 Duos de Meiidelssohn.
LA ROCHE (M''-^ Rose DE), «laveciniste
et compositeur pour son instrument, vivait dans
la seconde moitié du dix-huitièuie siècle. Elle a
publié diverses compositions , parmi lesquelles
une suite de Sonates pour le clavecin (Paris,
Benout), et un Concerto pour le même instru-
ment, avec accompagnement d'orchestre (id.,
id.).
* LARRIVEE (Marie-Jeanne), femme du
fameux chanteur de ce nom, fut elle-même l'une
des artistes les plus aimées du public de l'Opéra,
où elle commença sa carrière sous le nom de
M"^ Lemierre. Elle fut sur le point de quitter
ce théâtre en 1759, par suite d'une prétention
dans laquelle elle ne s'obslina pas. On remontait
Amadis de Gaule, et M'*'-' Lemierre réclamait
comme lui appartenant par son emploi le rôle
d'Oriane, rôle Irès-dramalique, au-dessus de ses
moyens physiques, et que l'administration voulait
très-sagement confier à So[ihie Araould. m""^ Le-
mierre prélendit qu'elle le jouerait, et qu'elle le
jouerait à l'exclusion de toute autre, ou qu'elle
quitterait le théâtre. Le récit de cette petite
querelle se trouve tout au long dans le Mercure
de France, qui, tout en se montrant très-
sympathique au talent de m'"' Lemieire, disait
à ce sujet : « Une voix enchanteresse, une figure
charmante, une action noble et juste , de l'in-
telligence et du sentiment, donnent à M"" Le-
mierre le droit de prétendre à exceller dans
tous les rôles gracieux et tendres. Mais ces sons
brillants, ces cadences légères, celte douce séré-
nité d'une physionomie riante ne semblent pas
faits pour les rôles passionnés tels que celui
d'Oiiane. » Elle finit par céder et par laisser ce
rôle à So()hie Arnould ; mais elle voulut s'y
essayer cependant , quelques mois plus tard, et
n'y réussit que médiocrement.
Sfi'ur du violoniste Lemierre, qui se lit un nom
honorable et qui obtint de vifs succès au Con-
cert spirituel, cette artiste fort distingué'C créa
des rôles imporlanfs Aawa h'iiée et Lavinic,
Léandreel tféro,Caneii(e, ErneUnde, V Union
de V Amour et des Arts, et Céphole et l'm-
cris. tlle était l'une des cantatrices les plus es-
timées du Concert spirituel. Elle prit sa retraite
en 1777, avec une pension de deux mille livres.
L.MIUE (Pierhe), l'acteur d'orgues, exerçait
sa profession à Paris dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle. On trouve son nom, à la
date de 1767, dans des règlements de comptes
de la corporation des faiseurs d'instruments dans
un carton des Archives nationales. Pierre Larue
vivait encore en l'Sb. Dans son livre : les Ins-
truments à archet, M. Antoine Vidal cite un
luthier du nom de Pierre Mathieu Larue, qui
était « maître-juré comptable de la corporation
des maîtres luthiers de la ville de Paris pour
l'année 1767. » J'incline à croire que ces deux
artistes n'en faisaient qu'un, et que M. Yidal,
n'ayant pas eu d'autres renseignements et trompé
par celte dénomination générale de luthiers ,
aura classé à tort Pierre Larue parmi les fai-
seurs de violons, tandis qu'il était en réalité
facteur d'orgues.
* LARUETTE (Je\n-Loiis). Il faut joindre
à la liste des ouvrages dramatiques de cet excel-
lent artiste, Cendrillon , opéra-comique en
deux actes, donné à l'Opéra-Comique le 21
février 1759. Les auteurs de YHisioire de l'o-
péra bouffon mentionnent une pièce intitulée
la Fausse aventurière , représentée au même
théâtre le 22 mars 17 J6, et pour laquelle
Laruette avait écrit au moins un morceau impor-
tant, le quatuor final. Je crois que plusieurs
nuisiciens avaient pris part a cet ouvrage, mais
aucun annaliste ne donne leurs noms, et celui
de Laruette se trouve seul cité, pour ce morceau,
dans l'écrit mentionné ci-dessus.
LARUETTE (M^'^' VILLETTE, épouse),
femme du précédent, fut une des plus célèbres
actrices de la Comédie-Italienne, dont elle lit les
délices pendant plus de quinze ans, après avoir
ap!)arfenu au personnel de l'Opéra-Comique,
puis à celui de l'Opéra. Née vers 1740, M"' Vil-
lelte, douée d'une voix charmante et d'une jolie
figure, débuta le 9 septembre 1758 à l'Opéra-
Comique, où elle produisit un grand effet, ainsi
qu'on peut le voir par ces paroles du Mercure
de France : « Dans ce spectacle a paru jioiir la
première fois iM""^ Villette, dont la voix brillante
et flexible a produit la plus vive impression. C'est
un talent acquis à l'Académie royale de musi-
que. » En effet, peu de mois après, M"'' Villette
paraissait sur la scène de rOjjéra, où elle n'était
pas moins bien accueillie, et où elle jouait entre
autres, avec beaucoup de succès, le rôle de.
Colette du Devin du Villarje. Le 5 avril 1759,
elle se faisait entendre au Concert spirituel , tou-
jours avec le même bonheur, car le Mercure
disait encore : « M""-' Villette a; débuté au
Concert spirituel avec le même succès qu'à l'O-
LARLETTE — LA SALLE
77
péra. Une voix juste, brillante et légère ne peut
manquer <le réussir partout. »
Toutefois, cette voix aimable et sympatiiique
manquait un peu de puissance, et n'aurait pu
sans dan;;or se condamner au régime meurtrier
de l'Opéra. Après un séjour lie près de trois ans
à ce Ihéàlre, après y avoir créé le rôle de
l'Amour dans la Canente de Dauvergne, M^'"' Vil-
lette entra à la Comédie-Italienne, où elle débuta
le 7 septembre 1761 par le rôle de iNicette de
Vile des Fous et celui de Zerbine de la Ser-
vante maîtresse. « On ne peut, disaient les
auteurs de Y Histoire de Voilera bouffon ,
paroitre avec plus de succès et jouir plus com-
plètement des suffrages du public. La réussite
que cette actrice avoit eue précédemment à
l'Opéra dans le Devin du Village sembloit
avoir marqué sa place sur ce théâtre et à la tète
du nouveau genre (celui des pièces à ariettes).
Elle a passé de bien loin nos espérances, chaque
jour fait découvrir en elle de nouvelles perfec-
tions. »
Le fait est que la situation de la débutante
devint en peu de temps prépondérante à la Comé-
die-Italienne. Chanteuse d'un mérite reconnu
de tous, elle devint rapidement une comédienne
charmante, pleine de grâces, de charmes et de
séductions, dont les auteurs s'empressèrent
d'utiliser le talent. Devenue en 1763 l'épouse de
Laruette, elle créa dans l'espace de seize ans
environ plus de quarante rôles, dans cet emploi
d'ingénuités et d'amoureuses qui convenait si
bien à sa nature, et dans lequel, sous le double
rapport du chant et du jeu scénique, elle déployait
des qualités exquises. Parmi les ouvrages au
succès desquels elle contribua pour sa bonne part,
il faut citer surtout Rose et Colas, le Roi et le
Fermier, Isabelle et Geririide, Tom Jones,
la Clochette, le Bûcheron, Toinon et Toinc/te,
les Sabots, Lucile, Sylvain, les Deux Avares,
l'Amoureux de quinze ans, les Moissoniieurs,
la Fée Urgèle , le Magnifique, l'École de la
Jeunesse, les Deux Chasseurs et la Laitière,
Alix et Alexis, Nanette et Lucas, la Servante
justifiée, Julie, l'Ile sonnante, le Sorcier, le
Gui de chêne, V Anneau perdu et retrouvé,
les Pécheurs, etc., etc.
Cependant, la santé deM"» Laruette était déli-
cate, et la fatigue l'obligea de se retirer de bon-
ne heure. Elle était à peine âgée de trente-huit
ans lorsqu'elle crut devoir prendre sa retraite, à
Pâques 1778. Son mari suivit son exemple l'an-
née suivante, et tous deux, je crois, allèrent s'é-
tablir en province. On sait que Laruette mourut
à Toulouse en 1792, mais je n'ai pu découvrir
Vépoque de la mort de M"' Laruette. Toutefois
elle vivait encore en 1793, car en cette année
elle était encore portée sur la liste des artistes
auxquels la Comédie-Italienne servait une pension.
LA SALETTE ( ), est l'auteur de l'é-
crit suivant : />e/a_/?j;(^c' et de Vincariabililé
des sons musicaux (Pdvïs, 1824, in-8).
LASALLE (ÂLiîEUT DE),criti(|ue et historien
musical, est né au Mans le 16 aoilt 1833. Après
avoir lait à Paris de bonnes études littéraires,
s'être fait recevoir bachelier ès-lettres et ès-
sciences physiques et eu droit, M. de Lasalle se
livra à l'étude de la nmsique, pour laquelle il
avait un goût déterminé, se lança en même
temps dans la carrière du journalisme, débuta
en \Sbi dans {'Illustration, eldès l'année 1857,
époque de la fondation du Monde illustré, se
vit chargé de la critique musicale de cette revue,
qu'il na jamais abandonnée depuis, tout en
remplissant parfois le même office à d'autres
recueils, entre autres à la Nouvelle Revue de
-Pam. Successivement collaborateur de nombreux
journaux, le Charivari, le Journal amusant,
la Vie parisienne, le Moniteur universel, le
Petit Moniteur, le Boulevard, la Chronique
universelle, la Revue de France, M. de Lasalle
trouva le temps néanmoins de mettre au jour
diverses publications dont la musique était l'ob-
jet. Travailleur consciencieux et écrivain spirituel,
il sait allier la fantaisie de l'imagination au res-
pect le plus scrupuleux de la vérité historique, et
sous ce rapport il a donné, dans la littérature
musicale actuelle, une note particulière, tantôt
sérieuse, tantôt humoristique.
Voici la liste des écrits relatifs à la musique
publiés par M. Albert de Lasalle : 1° Histoire
des Bouffes-Parisiens (Paris, librairie nouvelle,
1860, in-32), petit volume qui retrace fidèlement
l'historique des premières années de ce théâtre,
avec un répertoire soigneusement annoté ; 2° la
Musique à Paris (Paris, Morizot, 1863,in-12)^
en société avec M. Er. Thoinan(roy. ce nom), an-
nuaire musical de l'année 1802, l'une des meil-
leures et des plus solides publications de ce
genre qui aient jamais été essayées en France ;
T Meyerbeer, su biographie et le catalogue
de ses œuvres (Paris, Dcntu, 186i, in-16 de 31
pp.); i" Dictionnaire de la Musique appli-
quée à l'amour {Purh, Làcro\\, 1808, in-12},
fantaisie tout aimable, à la suite de laquelle
l'auteur donne, en appendice, la liste complète et
annotée de tous les dictionnaires de musique pu-
bliés en français; 5° la Musique pendant le siège
de i'rt/i.v, impressions du moment et souvenirs
anecdotiques sur la Marseillaise, le Rhin al-
lemand,les Girondins, le Chant du départ, les
chansons de la rue et du théâtre, la musique
78
LASALLE — LATILLA
religieuse, les conceils de l'Opéra, les concerts au
profit (les canons, les instrunionts de musique
inililaire, etc. (Paris, Lacliaud, 1872, in-12);
t" Les Treize Salles de l'Opéra (Paris, Sar-
lorius, 1875, in-12), voluim» qui est à la 'fois
une liistoire et une chroniiiuc de l'Opéra, d'a-
près les salles que ce théâtre a successivement
occupées ; 7" Mémorial du Thddtre-Lijrique,
catalogue raisonné des cent quatre-vingt-
deux opéras qui y ont été représentés depuis
sa fondation jusqu'à l'incendie de sa salle
du Chdtclet, avec des notes biographiques et
hibliograpliiques (Paris, Lecuir, 1877, in-S").
M. Albert de Lassalle est l'un des collabora-
teurs du supplément à la B'iugrap/iie univer-
selle des Musiciens.
LASEKK (C ), pianiste et compositeur
allemand, vivait vraisemblablement dans la pie-
mière moitié de ce siècle, puisqu'un grand nom-
bre de ses compositions ont été écrites en so-
ciété avec Frédéric-Auguste Kummer. LasekU a
publié, entre autres œuvres ■.rAgitation,(\ud\.ao\-
pour piano, violon, alto et violoncelle; la Chasse,
grand duo concertant pour piano et violoncelle;
concertino brillant pour piano, avec accompagne-
ment d'orcbestre ; 3 morceaux détachés pour
piano ; 3 morceaux de sentiment pour violoncel-
le avec piano; 3 pensées, pièces fugitives pour
piano ; plusieurs lieder avec accompagnement de
piano. Avec Kummer, LaseUk a publié : Sonate
dramatique pour piano, violon et violoncelle ; 9
romances sentimentales pour piano et violoncel-
le, en 3 livres ; Rhapsodie musicale pour piano
et violoncelle ;enlin, diverses fantaisies pour les
deux mêmes instruments.
LASERXA (BL\s),clief d'orchestre et com-
positeur espagnol du dix -huitième siècle, fut un
artiste distingué. On ignore la date de sa nais-
sance et celle de sa mort ; mais on sait qu'à la
fin du siècle il occupait les fonctions de chef
d'orchestre au théâtre de la Cruz, à Mailrid, et
y donnait des preuves d'un véritable talent, il
lit représenter à ce IhéAtre, tandis qu'il y tenait
cet emploi, un opéra espagnol, /« Gilandlu por
umor, qui fut acceuilli avec beaucoup defaveu/'.
LASSABATIIIE (I'ukodoui:), administra-
teur et historien du Cons::rvatoire de Paris, na-
quit à Bordeaux le 13 aoi'it 1800. Il entra de
bonne heure dans l'administration, et devint
chef du bureau da?. théâtres au ministère de
l'intérieur sous le gouMMiicmcnt de juillet. Sa
collection de livres et île documents sur l'artdra-
matique était l'une des plus riches et des plus
précieu.ses (p.ii existassent à Paris. Le 1" août
185i il était nommé administrateur du Conserva-
toire, et après.avoir mis eu ordre les archives
de cet établissement, qui auparavant étaient
dans un assez fâcheux état, il utilisa les uiaté-
riaux classés et coordonnés par lui, et en tira
les éléments d'une Histoire du Conservatoire
i)npérial de musique et de déclamation (Pa-
ris, Lévy, 18G0, in- 12). Cet ouvrage, d'une lec-
ture naturellement un peu sèche, mais d'ime
utilité incontestable , aurait pu être fait avec
plus de soin, et l'ordonnance |)ourrait enêtremeil-
leure ; néanmoins, il est venu combler une véri-
table lacune dans notre littérature musicale.
Lassabathie est mort à Paris, à la maison
municipale de santé, le 5 décembre 1S71.
* LASSEN (Edouard), pianiste et composi-
teur (1). Les œuvres de cet artiste se sont
accrues d'une façon considérable depuis la pu-
blication de la notice qui lui a été consacrée dans
la Biograph'ie universelle des Musiciens. On
peut citer (larticulièrement: l" Le Captif, o[)éra;
2" Œdipe roi , musique sur la tragédie de So-
phocle, exécutée à lénaau mois de mars 18G8 ;
3'^ musique symphonique et chorale pour les deux
parties du Faust, de Gœthe, exécutée avec un
grand succès à AVeimar, au mois de mai 1876 ;
4" Te Deum ;b" musique pour les Aiebclungen,
trilogie dellebbel, exécutée avec succès en Al-
lemagne ; G" Symphonie en ré ; 1° 56 lieder, for-
mant onze recueils ; 8" Phantasiestuke pour
violoncelle et basson, avec accompagnement de
piano, op. iS; 9" enliu, plusieurs autres sym-
phonies, des cantates, des ouvertures, et des
transcriptions pour le piano.
LASSERNE (L ), violoniste qui vivait
dans le milieu du dix-huitième siècle, a pultlié
un livre de sonates à violon seul avec basse
continue, œuvre l''' (Paris, Boivin, in-f").
LATASTE (LoDoïs), compositeur, a publié
quekpies mélodies vocales, et a fait représenter
au théâtre Napoléon, de Bordeaux, le 28 mars
1868, une opérette en un acte intitulée : Quand
les chats n'y sont pas.
* LATILL.\. (Gaetano).A la liste des œuvres
de ce gran<l artiste, il faut joindre les suivantes,
qui sont conservées dans les Archives du Con-
servatoire de Naples : 1° Anligone, opéra sérieux
en 3 actes, représenté au théâtre San- Carlo,
de Naples, en 1775 ; 2" une série de sept mor-
ceaux pour voix de soprano, avec ace. de qua-
tuor d'instruments à cordes ; 3" solfège pour so-
prano, avec acc.de piano. Les quatre opéras'dont
les litres suivent n'ont pas été compris non plus
(1) Danois d'origine et ne à Copenliague, M. Lasscii lut
amène fort jeune à lîriixclles par .ses parents, qui se
lircnl naturaliser belges. Il est fi\c depuis longtemps en
Alicujasne.
LATILLA — LAUGEL
79
dans !a nomenclature do ses productions drama-
tiques : 4° Li Marile. a forza, Naples, lii. des
Fiorentini, \7,i?. ; 5" lo Sposo senza moglie,
id, tii. Nuovo, 1736; G" il Glsmondn,u\.,th.
des Fiorentini, 1737; '"il Barone di Vigaulim-
ga, id., th. Nuovo, 1747.
LATISOIJE (Fr.uDiNAND), est auteur d'un
écrit dont le titre seul indique i'inuliiilé : La
Musique des couleurs, théorie de i application
des couleurs du spectre solaire à la représen-
tation des intervalles musicaux, Paris, impr.
Simon Raçon, 1807, in- 8.
* LAUlî (Ferdinand), violoniste fort re-
marquable, est mort à Gries, près Bozen, le 17
mars 1875. Cet artiste, qui s était fait entendre
dans les principales villes d'Europe, et notam-
ment à Paris , avec un très-grand succès, avait
été nommé professeur au Conservatoire de Mos-
cou. 11 s'était démis de ses fonctions en 1873
pour se retirera Gries, afin d'y soigner sa santé
fortement ébranlée. C'est là qu'il est mort, âgé
seulement de quarante-trois ans.
LAUDAMO (AiNTONio), compositeur drama-
tique, né à Messine au mois d'octobre 1814, lit
ses études musicales en cette ville, où il eut suc-
cessivement pour maître Jean Walter, Platone
et Giuseppe Mosca. Il fit ses débuts de composi-
teur en faisant exécuter en 1829, à l'un des théâ-
tres de Messine, une grande ouverture, qui fut
bientôt suivie d'un opéra intitulé gli Amori di
due selcaggi et d'une cantate pour l'avènement
au trône du roi Ferdinand II. M. Laudamo, qui
paraît doué d'nne grande facilité de production,
donna ensuite : .Arff/a, regina di Caria (ISZ'Î) ;
une Cantate funèbre \m\ir la mort de Bellini (9
novembre 1835); Ettore Fieramosca (1839) ;
un Fiasco alla moda (1842), opéra bouffe qui
eut vingt-trois représentation consécutives ; Cla-
rice Visconli (1845) ; Erna^i in conlumacia
(1849); Calerina Howard (1857). Outre ces ou-
vrages importants, M. Laudamo a encore écrit
et fait exécuter 5 cantates, 4 dialogues dramati-
ques, un hymme national, une grande ouverture
héroïque, un ballet-pantomime, une marche funè-
bre, diverses compositions vocales, et ungrami
nombre d'œuvrcs de musique sacrée pour le ser-
vice de la chapelle municipale, dont il est directeur
depuis 18Ô.J. Cet artiste est professeur de chant
choral à l'Ecole normale de Messine.
LAUGEL (Algi'ste), philosophe, savant et
écrivain français, est l'auteur d'un livre ainsi
intitidé : La Voix, l'oreille et la musique (Piiri^,
Germer-Baillière, 18G7,in-12), dans lequelil s'est
attaché à résumer d'une façon précise, exacte
et intéressante, les doctrines nouvelles et les
découvertes fécondes du grand physicien Helm-
hol!/ (roy.cenpin), que M.Georges Guéroult de-
vait faire connaître complètement l'année suivante
eu donnant une traduction du fiimeux ouvrage
de ce savant. Toute la première partie du livre
de M. Laurel, dans laquelle il expose les faits mis
en vue par M. lielmlioltz et analyse son systè-
me, est excellente de tout point, et remarquable
par sa clarté ; il n'en est pas de même de la se-
conde, où l'auteur, voulant abuider à sou point
de vue personnel des questions purement mu-
sicales, trahit son inexpérience en ces matières,
se livre à des écarts dangereux et commet de
fâcheuses erreurs ; les chapitres qui traitent des
gammes, de la mélodie, de l'harmonie, des ca-
ractères delà musique, montrent trop, en effet,
que M. Laugel s'avance sur un terrain qui lui
est inconnu, et l'écrivain parcourt cette voie qui
lui est étrangère sans paraître même se douter
des dangers qu'il court et des périls auxquels il
s'expose.
M. Laugel, véritablement, n'est pas heureux
lorsque, quittant le domaine de la physique, qui
lui est familier, il veut empiéter sur celui de la
musique , où il se perd de la façon la plus com-
plète; il lui arrive même, en voulant entremêler
les deux choses, de méconnaître le sens des mots
et de parler une langue absolument inintelligible.
Je demande, par exemple, quel est l'homme,
musicien ou non, qui comprendra un traître
mot à l'étrange théorie que voici : « Quand deux
notes, très-voisines, sans être à l'unisson (1),
vibrent ensemble, on entend comme un pe-
tit murmure ou roulement régulier, provenant
des alternatives i)ériodiques de force et de fai-
blesse du son. Ces alternatives, nommées batte-
ments, fournissent les moyens de mesurer, en
quelque sorte, la pureté d'un intervalle ; le se-
cret du déplaisir, du laid musical gît dans les
battements; l'art du musicien doit donc consister
à les éviter; il doit surtout redouter les combi-
naisons qui font naître de trente à quarante
battements par seconde. >- Je délie bien qui que
ce soit de m'expliquer ce que l'auteur a voulu
dire ici, et de tirer de ces lignes l'apparence
même d'un axiome musical. iM. Laugel ignoi-e
sans doute que, 'étant donnée la conslitutiou du
système musical moderne, il n'y a pas d'in-
tervalle qui ne puisse être employé, ou,' pour
parler comme lui, il n'y a pas de voisinage de
(I) Une peut pas y avoir d'à peu prés dans des ques-
tions de ce genre, et il faudrait .ju moins indiquer d'une
façon précise le dcj^ré de voisinage, ou, si l'on veut, de
rapprocliement de ces deux notes. Formeront-elles entre
elles deux un intervalle de seconde mineure, ou de se-
conde majeure, ou de seconde augmentée ? Les musiciens
conviendront avec moi que la question vaut la peine
d'Otrc posée.
80
LAUGEL — LAUTERBACH
notes si étroit i]ni ne puisse se produire d'une
façon agréable ;\ loi eillo -, tout dépend des mo) ens
employés pour l'amener, pour le produire et |)our
le faire disparaître, en d'autres termes (c;ir il
est éviilent que, dans l'esprit de M. Laugel, il
s'agit de dissonance), tout dépend de la faroii
de préparer, d'accompagner et de résoudre la
dissonance. M. Laugel n'est pas plus heureux
lorsque, dans sa prélace, il imprime sérieu-
sement les choses que voici : « L'harmonie,
c'est-à-dire le mariage des consonances et des
accords (?), la pohpiionie des instruments et des
voix, n'est point le caractère des musiques
primitives ; il n'y a point d'harmonie véritable
dans les concerts ou un thème mélodique est
simplement renforcé ou soutenu par des unis-
sons, des basses pédales {!), des sourdines (!!),
dont le murmnie monotone échappe à la me-
sure et au rhythme (!!!) »
Il est impossible de discuter avec un écrivain
qui fait entrer le rhylhme dans l'harmonie, et
qui présente les sourdines comme un élément
sonore ! Mais ceci prouve, une fois de plus,
combien il est dangereux de vouloir parler mu-
sique quand on n'est pas musicien, et démontre
à quel point les hommes les plus instruits et les
plus intelligents peuvent ignorer jusqu'aux plus
simples éléments d'un art dont ils ont, pour-
tant, la prétention (rex|)liquer les phénomè-
nes.
LAURENT DEIllLLÉ (François-Anato-
u;), compositeur, né à Orléans en 1828, com-
mença d'abord par étudier la peinture, se tour-
na ensuite du côté de l'art musical, et ht son
éducation d'abord avec un maître italien nommé
Comoghio, puis avec El^vart. Il s'occupa de
bonne heure de toutes les questions relatives au
chant populaire, devint inspecteur de l'ensei-
gnement du chant dans les lycées et les écoles
normales, et écrivit un grand nombre de chœurs
orphéoniques qui se faisaient remarquer par de
réelles qualités de rlivtbme et de facture et dont
la plupart obtinrent une véritable vogue-, le
nombre de ses compositions en ce genre s'élève
à beaucoup plus d'une centaine, et il faut
citer surtout, i)armi ses choeurs les plus réussis :
JSoël, les Martyrs aux Arènes, la Noce de
village, les Buveurs, le Chant des Travail-
leurs, la SuinI- Hubert, lu Révolte à Mem-
pfiis, le Soir, la Jlclraile, les Fils iVEgijpIc,
l'Orphéon en voyage, le Départ du Jtégiment,
Hymne à sainte Cécile, les Ruines de Gaza,
les Bdlleurs de blé, les Enfants du Pécheur,
le Carillon de Dunkcrque, l'Océan, le Par-
don d'Auray, les Enfants de Cayant,. Pa-
irie, Marche hongroise, les Gondoliers, Mal-
brough, les Archers de Louis XI, Prière a la
Vierge, etc.
M. Laurent de Rillé a travaillé aussi pour le
théâtre, et a fait représenter sur les petites
scènes de Paris un certain nombre d'opérettes
dont voici la liste : 1" Trilby, un acte, Folies-
Nouvelles, 1857; 2° Aimé pour lui-même, \A.,
id., 1857 ; — .3" Bel-Boul, id., id., 1857 ; —
4" le Jugement de Paris, id., id., 1857 ; — 5"
Achille à Scyros, id., id., 185S -, — 6° le Mou-
lin de Catherine, iil., id., 1858 ; — 7" la De-
moiselle de la Hoclietrontblon, id., id., 1858 ou
1859 ; — 8" le Sultan M ysapouf id., id., 1859 ;
— 9» Frasquita, id.. Bouffes- Parisiens, 1859;
— 10° Au fond du verre, un acte, théâtre de
Bade; — II" le Petit-Poucet, 3 actes et 4
tableaux, Athénée, 8 octobre 1868;— 12" Pat-
tes blanches, \ acte, Bouffes-Parisiens, 1873;
— 13" la Liqueur d'or, 3 actes, th. des Me-
nus-Plaisirs, 11 décembre 1873; — ii" Babiole,
3 actes, Bouffes- Parisiens, 16 janvier 1878. Il
faut ajouter à cela la Part à Dieu, opérette en
un acte non représentée, mais publiée dans le
journal le Magasin des Demoiselles, et une can-
tate oflicielle, 1867, exécutée à rOpéra-Comi-
que le 15 août 1867.
Cet artiste, de qui l'on connaît diverses mélodies
vocales, l'Ange gardien, les Cloches du soir, la
Barcarolle, V Hirondelle, Isaure, Venise, l'Es-
clave blanche, s'est encore exercé dans la
musique religieuse, et a publié : 1° Messe brève
facile à deux voix égales, avec accompagnement
d'orgue ad libitum ; 1" Messe à 2 ou 4 voix, avec
accompagnement d'orgue ; 3° Messe à l'unisson,
avec accompagnement d'orgue ou de fanfare;
4° Messe à 3 voix, avec accompagnement d'or-
gue obligé ; 5° Messe des Orphéons français à 4
voix, avec accompagnement d'orgue ad libitum;
6" Salut, vierge Marie, cantique pour 3 voix
de femmes, avec accompagnement d'orgue. On
lui doit aussi un recueil de Morceaux de chant,
à une, deux ou trois voix, composés ou choisis
pour les cours de chant des lycées impériaux,
des écoles normales et des écoles primaires
(Paris, 1870, petit in-8), une sorte de petit ro-
man musical, intitulé Olivier V orphéoniste (Pa-
ris, Hachette, in-r.'.), un rt^cueil iV Exercices de
chant choral pour les Orphéons et les socié-
tés chorales, en \ ptuties (Paris, Chabal),et \\i\
manuel intitulé : /J»c/ir/H/ c//o/o'/( Paris, Per-
rotin, in-18). M. Laurent de Rillé est chevalier
de la Légion d'honneur.
LAUTEIlHACIl (JEVN-CniusToi-nE), violo-
niste, né le 2 i juillet 1832 à Cuimbach, en Bavière,
a fait une partie de ses éludes musicales au Con-
servatoire de Bruxelles, où il devint l'élève de
LAUÏERBACH — LA VIGNE
81
Charles deBériotetdeM. Léonard. Dès 1853, il
se faisait remarquer, en cette ville, par les rares
qualités qu'il apportait dans l'exécution de la mu-
sique de chamhre. L'année suivante il retournait
dans sa patrie, et devenait, à Munich, violon-
solo de la musique royale ot professeur au Con-
servatoire. A lamort deLi|)inski, en 1801,11 était
appelé à Dresde pour y tenir le double emploi de
violon-solo et declief d'orchestre. Il fonda en celte
ville, à cette' époque, une société de quatuors
composée de MM. llullweck, Goung, Griitzma-
cher et de lui-même, société dont l'ensemble
était des plus remarquables. M. Lauterbach
est encore aujourd'hui fixé à Dresde, et rem-
plit les fonctions de professeur au Conservatoire
de cette ville. Cette situation ne l'a pas empê-
ché d'entreprendre plusieurs grands voyages ar-
tistiques, et de se faire entendre successivement
en France, en Belgique, en Hollande, en Alle-
magne, en Autriche et en Angleterre. Cet artiste
distingué a écrit pour le violon divers mor-
ceaux qui ont paru à flambourg, à NYurz-
bourget à Leipzig.
* LA"VAII\E (Ferdinand). Aux ouvrages
dramatiques que ce compositeur avait fait repré-
senter sur le théâtre de Lille, il faut ajouter Né-
rida, opéra-comique en 3 actes, joué en 1800,
et une canlate exécutée le 26 août 1867, lors des
fêtes patriotiques qui eurent lieu pour célébrer
l'anniversaire delà réunion de Lille à la France.
Au nombre des compositions les plus impor-
tantes qui ont été publiées par M. Lavaine, il
faut citer les suivantes : la Fuite en Egypte,
oratorio en deux parties, op. 20, Lille, Bohem ;
Te deum à 4 voix et orchestre, op. 52, Paris,
Rithault; Ouverture de la Mort du Tasse,
Paris, Catelin ; Quintette (en mi bénol) pour piano
violon, alto, violoncelle et contrebasse, o|). oo,
Paris, Launer ; 3 Trios pour piano, violon et
violoncelle (en mi majeur, fa mineur et 5oZ ma-
jeur), op. 57, 58 et 59, Paris, Launer; Fantai-
sie dramatique pour piano, op. 14, Lille, Bohein.
Un fds de cet artiste, Ferdinand Lavaine,
musicien aussi et qui promettait de devenir un
compositeur distingué, est mort le 19 janvier
1874, à ueine âgé de trente ans.
LAVALLEl'E (Edouard), écrivain belge,
né à Liège le 17 avril 1811, mort en cette villeau
mois de septembre 1869, est l'auteur de deux
opuscules relatifs à la musique : r Documents
inédits sur la création d'une École de musi-
que à Liège en 1798, Liège, Carnianne, 1859,
in-8°; 2" Essais de biographies liégeoises. Les
Ilamal, Liège, Renard, 1860, in-8". Lavalleye
était professeur à l'Université de sa ville natale.
LA VALLIÈRE ( ), professeur et
EIOCR. I3MV. DF.S MU6ICIENS. SL'PIL. — T.
compositeur, connu sous le nom dei^a Vallière
l'ainë ,^ivaità Paris dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle. Il a publié un certain nombre
décompositions, parmi lesquelles je ne puisciter
que celle qui porte le onzième numéro d'auivre;
en voici le titre complet : « Six sonates en duo
pour le tambourin, accompagnées d'un violon
seul, dédiées à M. le comte de la Blache, maré-
chal de camp des armées du roi, par M. La Val-
lière l'aîné, maître de musique et de tambourin,
onzième o'uvre. Elles peuvent s'exécuter sur le
violon, flûte, hautbois, clarinette, par -dessus
de viole, mandoline, guitare, et sur la vielle
et musette, en les transposant en sol-ut. La qua-
trième et la cinquième peuvent se jouer à deux
(lûtes de tambourin. »
LAVAZZA. Deux luthiers de ce nom, A7i-
tonio-Maria Lavazza, et Santino Lavazza,
vivaient à Milan dans les premières années du
dix-huitième siècle. Dans son livre : les Instru-
ments à archet, M. Antoine Vidal reproduit
une étiquette de chacun de ces deux artistes •
celle d'Antonio Maria est datée de 1708, et celle
de Santino de 1718.
LAVELLO(Rodolphe), pianiste et composi-
teur, a fait représenterau Grand-Théâtre de Mar-
seille, le 13 avril 1859, un opéra-comique en un
acte intitulé : // n'est point de laides amours.
Cet artiste a ré.sidé successivement à Nîmes et
à Marseille, où il s'est voué quelque temps à
l'enseignement, et a publié divers morceaux de
genre pour le piano. al. R— d.
*LAVIG.\A (Vincent). Cet artiste remplis-
sait, dès l'année 1809, l'emploi de maestro al
cembalo au théâtre de la Scala, de Milan ; il
occupait encore ces fonctions en 1829. Outre ses
opéras, il a écrit pour ce théâtre la musique de
deux ballets : Gengis-Kan, 1802, et Emilio e
Carolina, 1804. On lui doit aussi une farsa en
un acte, le Metamorfosi, qui fut donnée sur le
théàlre de la Fenice, de Venise, au printemps de
1807.
LAV1GI\E(Jacqies-Émile), chanteur fran-
çais, né à Pau en 1782, commença sa carrière en
province, puis vintdébuteràrOpéra,le 2 mail809
par le rôle d'Achille dans //j/iij/éji^e en Auiide,
et joua successivement Polynice dans Œdipe à
Colone, Admète dans Alcesle, et Orphée. Il fut
très-bien accueilli dès les premiers jours, et ob-
tint personnellement un très-grand uccès dans
un médiocre opéra de Peisuis, la Jérusalem
délivrée. « Il serait impardonnable, disait à ce
sujet un écrivain (Opinion du Parterre, 1813),
d'oublier les nouveaux titres que le jeune Lavi-
gne vient d'acquérir à la faveur publique. Le rôle
de Tancrède, dans la Jérusalem délivrée, lui
82
LAYIGNE
a fait le plus grand honneur; sa place, jusqu'a-
lors incertaine, est actuellement assui^^ parmi
les sujets les plus dislingnt^s de ce Ihéàlre,
et pour sa réputation, il peut dater de la pre-
mière représentation de ce poème. »
Lavigne était doué d'un très-beau physique,
et sa voix, sonore et vigoureuse, était remar-
quable par son beau timbre et sa solidité. 11
donnait sans faiblir non-seulemeut Vut, mais le
l'é lie poitrine à pleins poumons. On lui aurait
seulement désiré une éducation musicale plus
complète, et parfois un peu plus de goût dans sa
manière de chanter. Les rôles principaux <]U*il
a créés à l'Opéra sont ceux de Gonzalve de Cor-
doue dans les Abeucérages, d'Âlcibiade dans
Alcibiade solïluire, et de iMars dans les Dieux
rivaux. Lavigne ne tint jamais le grand em-
ploi, qui était alors occupé par ^'ourrit; mais
il brilla dans un rang secondaire, qui d'ailleurs
ne rempêciiait pas déjouer des rôles fort impor-
tants. Il obtenait surtout d'immenses succès en
province, lorsqu'il y allait donner des représen-
tations, et il y faisait littéralement fureur. Cet
artiste prit sa retraite en 182 j, et alla se retirer à
Pau, sa ville natale. Je crois qu'il y est mort en
1855.
La puissance remarquable et l'élonnante sono-
rité de sa voix avaient fait surnommer Lavigne
l'Hercule du chant. Il n'était pas médiocrement
lier de ce titre, comme on va le voir par la lettre
suivante, chef-d'œuvre de sottise et de vanité,
qu"il adressait d'.Vmsterdam à son camarade
Dabadie, de l'Opéra, le 21 juin 1821, et qui fut
publiée par le Miroir du 30 : — « Mon fils m'é-
crit, et sa lettre est remplie de rapsodies con-
cernant l'Opéra ; il me dit tenir de vous que
V administration est pénétrée que je n'ai plus
de voix, et qu'à peine je pourrais finir un
premier acte d'opéra sans courir la chance
d'être sifflé. Quelle honte pour les hommes ! Qui
croirait à un |)areil assemblage de perfidies, de
nipsodics etde platitudes, prétextes pour m'éloi-
gner encore de cet établissement. Est-ce (jue
mes succès, naguère obtenus en France, à Bruxel-
les, dans la Belgique et en Hollande, sont déjà
oubliés, même de mes ennemis .? Qu'ils sachent,
ces gens méchants, que je méprise souverainement
leur basse conduite et leur insolente fierté, (]u'ils
n'exercent contre moi que parce ([ue je suis éloi-
gné d'eux. Justice me sera rendue, ou je me la
rendrai inoi-inème. Cette époque n'est pas éloi-
gnée, où jepaiailrai à leurs yeux pour les forcer
à s'abaisser devant moi Je les forcerai à paraître
dans la lice pour être jugés, comme les gladia-
teurs qui se présentaient dans l'arène. Nous ver-
rous alors il qui le peuple décernera lacouroiuie.
Car enfin il en faut finir avec tous cespygmées.
La plus grande preuve d'intérêt et d'amitié que
vous puissiez me donner est celle de lire.ma let-
tre au foyer de l'Opéra; que les prétendants s'ins-
crivent pour lutter avec moi, qu'ils indiquent
l'époque et l'ouvrage dans lequel ils veulentcon-
courir. Je suis prêt à me lancer dans l'arène. .^
lettre vue, je me rendrai à Paris, vous pouvez
même faire connaître mes intentions à l'adminis-
tration de l'Académie de musique; je vous auto-
rise même à leur montrer ma lettre. Je dis plus;
si vous êtes bon ami, bon compatriote et tou-
jours honnête homme, vous devez, pour l'hon-
neur de cette portion de la patrie à qui vous de-
vez le jour et oii je reçus ma naissance, vous de-
vez, dis-je, demander réparation de l'affront
qu'on a voulu faire à un homme de votre pays,^
qui a autant d'honneur que de talent. Montrez
ma lettre à tout Paris, que l'Opéra même la fasse
consigner dans les journaux, mais que les préten-
dants passés, présens et futurs se présentent; ce-
lui qui refusera la partie devra être taxé de (Zro-
/p, de /««/V/roH, enfin de tous les termes qui
constituent l'homme lâche et ignorant. J'attends
votre réponse Sans voix! Les lâ-
ches, d'oser ainsi parler d^V Hercule du chant!
Si je suis votre ami, vous m'en donnerez une
preuve, en donnant de la publicité à ma lettre ;
j'en garde une copie, elle pourra me servir au
besoin. — Votre ami et compatriote, L.wigne. »
Une autre lettre, plus utile à sa renommée
que la précédente, est celle-ci, que Spontini
adressait à Lavigne au lendemain d'une reprise
de Fernand Cariez, le 19 juillet 1817 -. — « En
partant pour la campagne, je ne veux pas, mon
cher Lavigne, ne pas vous réitérer par écrit com-
bien je suis sensible à tout le zèle que vous avez
mis à remplir le rôle de Fernand Cortez, dans
un moment bien funeste et douloureux pour vous.
Ma satisfaction est égale à celle du public, qui
comme moi vous l'a témoignée au-delà de vos
es|)érances, et pour le sacrifice que vous nous
avez fait et pour le talent très-distingué que vou&
avez déployé dans cet ouvrage. Certes que vous
ne pouviez pas mieux répondre à mes instances,
dans une aussi pénible circontance, à celles de
l'administration et à nos désirs. C'est amsi qu'en
remplissant honorablement vos devoirs, vous as-
siMcz une stabilité bien méritée à votre réputa-
tion théâtrale. C'est en continuant ainsi que vou.s^
pourrez maintenir en votre faveur la bienveil-
lance de l'autorité et la protection éclairée de
S. Exe. le ministre de la maison du Roi, qui n'a
ignoré aucune des circontances de votre con-
duite, à l'égard de la mise en scène de Cortez,
et qui a daigné m'en témoigner pour vous sa
LAVIGNE — LAWROWSKY
83
satisfaction particulière. Recevez, je vous prie,
mon- cher Lavigne, ce témoignage sincère de mon
eslimeet Je moiiatfacliement. — Spontini. »
D'aiioni employé en qualité de sous-ciiefà la
direction des droits-réunis de Bordeaux, Lavi-
gne s'était fait en cette ville une réputation de
cliaiitenr amateur. On peut croire, d'après les
éloges de S|)ontini, qu'il était devenu à Paris un
véritable artiste.
LA YILLEMARQUÉ (Tuéodoke-Claude-
Henri IIERSARTDE), littérateur et éni -
dit français, membre de l'Institut, est né en Bre-
tagne le 6 juillet 1815. M. de La Villeiiiarqué
s'est fait connaître par la publication de plu-
sieurs ouvrages sur la langue et la littéra-
ture bretonnes ; parmi eux nous citerons
celui intitulé : Chants populaires de la Breta-
gne {Barzaz-Breiz) , recueillis et publiés avec
une traduction française, des arguments, des
notes, et les mélodies originales. La première
édition de cet ouvrage intéressant a paru en
1839 (2 vol. in-8); la quatrième a été publiée
en 1846 (2 vol. in-12). Cette dernière était aug-
mentée de trente-trois nouvelles ballades his-
toriques.
LAVOIX(Hi:.NRi), écrivain sur la musique,
est né en 1846. Fils d'un employé au cabinet des
médailles delà Bibliothèque nationale, lui-même
entra, après avoir fait de bonnes études, comme
employé au déparlement des imprimés du môme
établissement, en 1866. Doué d'un goiH naturel
pour la musique, il étudia le contrepoint et
l'harmonie avec M. Henri Cohen {Voyez ce
nom), et se livra bientôt à des recherches histo-
riques intéressantes sur cet art. Il devint, pour
ces questions spéciales, collaborateur de divers
journaux, leMomle artiste, la Revue nationale
et étrangère, la Gazette musicale, la Revue
de France, la Chronique musicale, etc., et
publia quelques travaux qui se font remarquer
par leur caractère ingénieux et par la solidité
des informations : 1" les Traducteurs de Sfia-
licspeare en musique (Paris, Liepmannssohn,
1869, in-8 de 32 pp.); 2° la Musique dans la na-
ture (Paris, Pottier de Lalaine, 1873, in-8" de 78
pp.); 3° la Musique dans Vtjviagerie du moyen-
âge (id., id'., 1875, in-8 de 48 pp.). En 1875, l'A-
cadémie des Beaux-Arts, qui avait mis au con-
cours un Mémoire .sur l'histoire de l'instrumenta-
tion depuis le seizième siècle jusqu'à nos jours, a
accordé deux mentions aux deux travaux présen-
tés sur ce sujet par MM. Henri Lavoixet Wecker-
lin.
LAVOYE (Anne-Benoîte-Louise), chan-
teuse et comédienne distinguée, née à Dunker-
quc (Nord), le 28 juin 1823, fut admise dès l'âge
de treize ans, le 8 octobre 1836, au Conserva-
toire de Paris, oii elle devint l'élève de M'"*" Da-
moreau. Elle y fit île très-bonnes études, obtint
un second prix de çhanl en 1839, le premier
l'année suivante, et remporta le premier prix
d'opéra-comi(iue en 1S42. Engagée, à la suite de
ces succès d'école, au théâtre de l'Opéra-Comi-
que, elle y débuta en 1843 dans V Ambassadrice,
et fut accueillie avec faveur et sympathie par
le public. Bientôt elle .se vit chargée de créations
importantes, dans Sultana, le Caquet du Cou-
vent, le Bouquet de Vin faute, il Signor Pas-
cariello. Ne touchez pas à la Reine; mais les
rôles qui lui tirent le plus d'honneur furent ceux
d'Haydée dans l'opéra de ce nom, de Zerbina
dans la Sirène, de Thérèse dans le Ménétrier,
de Georgette dans le Val d'' Andorre, et surtout
l'adoralde rôle d'Alhénais de Solanges dans les
Mousquetaires de la Reine. Sa voix fraîche et
|)ure, sa vocalisation nette et hardie, son intelli-
gence de la scène, son élégance et sa giâce valu-
rent à M"" Lavoye , pendant plusieurs; années,
des succès incontestables et répétés. En dehors
de ses créations, elle se montra aussi avec avan-
tage dans plusieurs rôles du répertoire courant, et
joua ainsi le Domino noir, la Part dudioble,
les Diamants de la Couronne, et divers au-
tres ouvrages. Pourtant, malgré l'excellent ac-
cueil qu'elle recevait chaque jour du public de
l'Opéra-Comique, M"'' Lavoye, j'ignore pour
quelles raisons, ne resta pas à ce tliéàtie. Vers
1850, elle quitta Paris, et s'en alla, dans diverses
grandes villes de la province ou de l'étranger, te-
nir l'emploi des piemières chanteuses légères
d'opéra et d'opéra-comique, se produisant suc-
cessivement à Genève, Bruxelles, Marseille,
Lyon, Bordeaux et Rouen. Depuis assez long-
temps déjà, je crois qu'elle est tout à fait reti-
rée du théâtre.
Une sœur de cette artiste, M'^^ Marie- H ip-
polyle-Antoinette Lavoye, née à Dunkerque le
21 septembre 1828, a fait aussi son éducation au
Conservatoire de Paris, où elle a obtenu, en
1845, un second prix d'opéra-comiipie. Elle a
suivi obscurément la carrière du Ihéàtre. Enliii,
un frère de ces deux cantatrices, musicien aussi,
a suivi au Conservatoire la classe de trombone.
LAVVROWSKY (Elisabeth), chanteuse
russe distinguée, née vers 1848, a fait son édu-
cation musicale au Conservatoire de Saint-Péters-
bourg, où elle a été élève de la célèbre canta-
trice M"« Nissen-Saloman. Douée d'une voix de
mezzo-soprano très-étendue, très-bieu timbrée,
à qui elle avait su donner les qualités d'un style
très-pur, elle parut au théâtre Marie, de Saint-
Pétersbourg (Opéra national russe), aussitôt ses
84
LA^VRO^YSlvY — LEAL
éludes lermiaées, et débuta, au mois de février
1868, dans la Vie pour te tsar, avec un succès
d'autant plus considérable qu'elle était la première
élève du Conservatoire qui se présentait sur cette
scène nationale. Elle fut aussitôt engagée pour
deux années, et se montra avec le même bonheur
dans Orphée et plusieurs autres ouvrages du ré-
pertoire. Elle commençait à acquérir une situa-
tion artistique et une véritable autorité sur le
public, lorsque l'andiilion lui tourna la tête et lui
lit abandonner cette position. Persuadée qu'elle
était destinée à faire événement en Europe et
qu'elle n'aurait qu'à choisir entre les scènes ita-
liennes les plus renommées, elle refusa, en 1872,
de renouveler son engagement avec le tliéàtre
Marie, et donna dans la salle de la noblesse, en
manière d'adieu au public de Saint-Pétersbourg,
un concert qui lui valut une sorte de triomphe.
Elle vint alors à I^aris, se plaça sous la direc-
tion de M""" Yiardot pour étudier le chant fran-
çais et le chant italien, se fit entendre une ou
deux fois en public, puis, en 1873, se rendit à
Leipzig, où elle se produisit, dans plusieurs con-
certs du Gevvandliaus, avec un réel succès. Ce-
pendant, ses espérances de rapide célébrité s'é-
vanouirent peu à peu, et elle ne put réussir à se
montrer, comme elle l'avait supposé, sur l'un
des grands théâtres ilaliens de l'Eurore occiden-
tale. Elle est alors, si je ne me tompe, retour-
née dans sa patrie, où elle n'a pas reparu à la
scène.
M"* LawrowsKy a épousé à Odessa, le 31 juil-
let 1871, le prince Zeretelew, ce qui, dit-on, ne
la rend ni millionnaire ni Irès-giande dame, car
le titre de prince admet en Russie bien des
inégalités. On a raconté sur elle une Idstoire
émouvante. En 1869, sa mère étant tombée dan-
gereusement malade et les ressources de la fa-
mille ayant été assez rapidement épuisées, quel-
ques amis eurent l'idée d'organiser à son bénéfice
un grand concert auquel, naturellement, elle
prendrait [lart. On fixa le jour au 26 mars, on
convoqua l'orchestre, on loua la vaste salle de
l'Opéra et l'on fit imprimer les programmes. Le
soir venu, M"'= Lavvrowsky se rendit au théâtre
le cœur gonflé, car l'état de sa mère avait em-
piré dans la journée. La salle était comble, et
la recette s'élevait à 'j,000 roubles environ. La
jeune ai liste chanta avec plus d'expression que
jamais et transporta tout l'auditoire, qui, après
chaque morceau, la fêtait, la rappelait et l'accla-
mait. Le concert fini, elle se rendit en toute IiTiIh
chez elle, pour retrouver sa mère. Quand elle
lui cul fait connaître le succès qu'elle venait
d'obtenir et conunenl elles se trouvaient désor-
mais l'une et l'autre à l'abri du besoin, la mère
serra la main de sa fille, et ferma les yeux pour
ne plus les rouvrir.
LAZ.MIE (MviiTiN), pianiste et compositeur
néerlandais, né à Bruxelles le 27 octobre 1829,
commença l'élude du solfège au Conservatoire
de cette ville, puis, ses parents étant allés s'éta-
blir à La Haje, y travailla le piano sous la direc-
tion lie M. Van der Does, et vint ensuite continuer
ses études à Paris. Admis au Conservatoire de
cette ville dans la classe de piano de Zimmermann,
il obtint un accessit au concours de 1846 et un
second prix en 1848; il se vit décerner aussi un
premier accessit d'harmonie et accompagnement
en 1847, et es|)érait pouvoir prendre part au
concours de l'Institut, pour le grand prix de
Rome, lorsqu'il apprit que sa nationalité étran-
gère ne lui en laissait par la possibilité. Après
plusieurs années passées à Paris, M. Lazare
alla se fixer pendant quelque temps à Londres,
puis retourna en Hollande, Un concours avant
été ouvert par le roi des Pays-Bas pour la
composition d'un opéra-comique français sur
un livret de M. de Saint-Georges, le Roi de
Bohême, M. Lazare participa à ce concours
et vit son œuvre couronnée. Le Roi de Bohême
fut représenté sur le théâtre royal de La
Haye le 1<^'- avril 1852, et fut bien accueilli du
public. Cependant, M. Lazare ne resta pas dans
sa patrie. Après avoir fait uu voyage artistique
en Allemagne, il s'embarqua pour les États-Unis,
fit un assez long séjour en Amérique, se fixa pen-
dant une année à Toronto (Canada), puis, de re-
tour en Europe en 1860, passa trois années à
Londres, pour s'établir ensuite définitivement à
Bruxelles, où depuis douze ou quinze ans il se
consacre à l'enseignement. Il a fait représenter
récemment en cette ville , dans un salon particu-
lier, une opérette intitulée to devx Mandurins
(9 février 1878). M. Lazare a publié à Paris, à
Londres et à La Haye, plusieurs compositions
pour le piano, parmi lesquelles je citerai les sui-
vantes : 6 Études de concert, Paris, Chabal ; 6
Études de genre, op. 30, id. Schott; 2 Valses de
salon, op. 21 et 27, id., id. ; Sicilienne, id., id. ;
Florence, sérénade, id., Heugel; etc.
LEAL. Il y a plusieurs musiciens portugais
de ce nom : d'abord Eleuthcrio Franclii Leal,
qui fut professeur au séminaire patriarcal de
Lisbonne pendant le gouvervementde D. Maria I
et de Jean VI; il vivait encore en 1839, mais il
avais pris sa retraite. Ce musicien a composé
beaucoup de musique d'église de peu de valeur,
écrite dans !e style théâtral alors en vogue, et
parsemée d'airs de bravoure à l'usage <les artistes
qui se (ilaisaienl alors à les broder d'une foule de
fioritures ; c'était la musique de concert (surtout
LEAL — LEBEL
8;:
la musique rossinienne) , qui à cette époque en-
valiissait pattout les églises. Ou , cite parmi les
meilleures compositions de Leal une Messe de
llequiem, et des Matïnas da Conceiçao.
Joào LEAL fut un compositeur très distin-
gué dans le genre spécial qu'on appelle en Por-
tugal Modinhas. Ces petites mélodies ont une
pliysionomie originale ; elles sont de courte lia-
leine, d'une construction musicale fort simple,
d'un I hyllmie facile, mais pleines d'expression et
empreintes d'une douce mélancolie. Les modin-
has différent essentiellement de la romance
française, ou du lied allemand. Les paroles sont
aussi simples que la musique; c'est presque
toujours l'amour qui en fait le sujet ; mais il
se présente avec des allures très-modestes, sup-
pliant, et n'acquiert jamais le caractère de la vio-
lence ou de la passion. Beaucoup de compositeurs
portugais ont cultivé ce genre de petites pièces,
mais fort peu y ont réussi ; celles de Joào Leal
étaient Irès-estimées au commencement de ce
siècle (1800-1810). Balbi (1) en parle avec éloges.
Cet artiste appartenait à une famille dans laquelle
le talent musical était héréditaire. Son père était
un excellent amateur sur le violon et fort instruit
dans la musique; ses dix enfants étaient tous si
bien doués sous le rapport musical qu'ils exécu-
taient des opéras tout entiers, les chefs-d'œuvre
deCimarosa, de Rossini, de Marcos Portogallo.
C'est,ainsi qu'ils exécutèrent à eux seuls une pièce
italienne à bord du vaisseau de ligne anglais le
Foudroyant, qui avait accompagné le roi Jean VI
à Rio de Janeiro. Balbi dit qu'il est impossible
de décrire leur habileté. Le père de Jo5o Leal
avait aussi deux frères, tous deux médecins et
comme lui grands amateurs de musique; quanta
leur père, il jouait de plusieurs instruments, et l'on
assure qu'il en était de même de leur aïeul. Voilà
donc les facultés musicales se continuant pen-
dant quatre générations dans une même famille.
Miguel LILAL , religieux de l'ordre de Cis-
ter dans le couvent d'Mcobaça, où il entra en
1646, naqu'ità Lisbonne et y passa le reste de sa
vie comme prieur du couvent de N'' S* do Des-
terro; on ignore la date de sa mort. C'était un
musicien Irès-savant, qui a beaucoup composé;
on cite surtout de lui une Messe à neuf chirurs
ou 36 voix, avec accompagnement d'orchestre et
orgue. Les difficultés de cette composition étaient
telles qu'on ne put les surmonter avec les élé-
ments dont on disposait à Alcobaça (petit lieu
où est situé le célèbre couvent de l'ordre de St-
Bernard), Au temps de Miguel Leal, les compo-
sitions à grand nombre de voix étaient fort en
(I) Essai statistique, \ol. II, page2i7.
usage en Portugal. On étudiait beaucoup les sa-
vantes œuvres de Benevoli, représenté en Por-
tugal par le célèbre maître national Duarte Lobo.
Benevoli (1602-1672) a encore surpassé Leal en
composant une messe à 12 chœurs ou 48 voix ;
Giansetti (XVll' siècle) et Gregorio Balabene
{ .WllF siècle) ont écrit des compositions du même
genre. La messe de Benevoli fut exécutée dans
l'église de Santa-Maria sopruMinerva, par 150
musiciens, ce qui est un fait inouï à cette époque.
Miguel Leal n'eut pas la même cliance.
J. ncV.
LEALI-MOLCIEllA ( ), compositeur
italien, a fait représenter en 1800 sur le théâtre
de la Scala, de Milan, un opéra bouffe intitulé
il Disertore. Je n'ai pas d'autres renseignements
sur cet artiste, qui est resté complètement in-
connu.
LEBEAU (lùiANçois), compositeur amateur,
fils d'un ministre d'État de Belgique, est né à
Liège le 4 août 1827. 11 reçut des leçons de piano
de Miclielot aîné et quelques conseils de M"""
Pleyel, puis étudia l'harmonie avec Bossclet. Au-
teur d'un opéra intitulé Esméralda, dontil écri-
vit la musique sur le livret de M. Victor Hugo qui
avait servi à M"*" Loui.se Berlin, M. Lebeau fil
représenter cet ouvrage à Liège le 24 mars 1856,
puis à Anvers, et enfin à Bruxelles , d'abord au
théâtre des Galeries St-Hubert (14 avril 1857),
ensuite à celui de la Monnaie (25 avril 1859). Il fit
traduire le livret en italien, et publia sa partition
dans cette langue. En parlant de cet opéra, le
journal V Indépendance belge s'exprimait ainsi :
« Comme compositeur, M. Lebeau est un enfant
de la nature. Il n'a point étudié l'art; ce qu'il en
sait, il l'a en quelque sorte deviné. » M. François
Lebeau a été secrétaire de la commission admi-
nistrative du Conservatoire de Bruxelles.
LEBEL (Louis-Bon), professeur et organiste
aveugle, est né à Nangis (Seine-et-Marne) le 10
février 1831. Admis à l'institution des Jeunes-
Aveugles de Paris à l'âge de dix ans, il y fit son
éducation musicale, et remport;i, dans sa der-
nière année d'études, les prix d'honneur d'orgue,
de piano et de violon, ainsi que celui connu sous
le nom de prix de six cents francs. En 1849, il
entra au Conservatoire, où il devint l'élève de
M. Benoîst pour l'orgue et d'Halévy pour la fu-
gue et la composition. Nommé, en 1851, profes-
seur d'orgue et de composition à l'Institution des
Jeunes-Aveugles, il y fit aussi les classes de vio-
lon jusqu'en 1S70, et en 1869, à la mort de Rous-
sel, lui succéda comme chef d'orchestre. Depuis
1853, il est organiste à l'église Saint-Etienne du
Mont.
M. Lebel, qui a donné à l'école d'orgue de
86
LEBEL — LE CAMUS
l'Institution des Jeunes-Aveugles un grand déve-
loppement, a écrit, pour l'orgue et pour i'or-
cliestre, un assez grand noinhre de compositions,
qui ont été exécutées pour la plupart par l'or-
cbestre de cet étahlissement et qui indiquent un
artiste de talent. Il faut citer surtout, parmi ces
compositions, une cantate à Valentin Haùy, Ion-
dateur de l'institution, exécutée lors de l'inaugu-
ration de sa statue dans la cour de l'école , et
une autre cantate à Draille, inventeur du système
d'éducation à l'usage des aveugles. Aucun de ces
ouvrages n'a été publié, et M. Lebel n'a fait
graver jusqu'ici que quatre morceaux de piano,
dont une marche triomphale, et un caprice ori-
ginal intitulé Lxtilia.
LEBLAXC est le nom d'une dynastie de
luthiers français dont le dernier membre connu
exerçait sa profession à Paris en 1772. Le père,
le grand-père et le bisaïeul de celui-ci avaient
été luthiers comme lui. On n'a pas, malheureu-
sement, d'autres renseignements sur cette famille
intéressante.
* LEBLANC ( ), violoniste et composi-
teur. A la liste des productions dramatiques de
cet artiste, il faut ajouter le Mariage de Nunon
ou la Suite de Madame Angot, opéra-comique
en un acte, donné au théâtre d'Emulation en
1796 ou 1797. Certaines féeries dont Leblanc
écrivit la musique étaient loin de manquer d'im-
portance à ce point de vue ; nous inentionne-
nerons : l'Enfant du bonheur (Ih. d'Émulation,
1798); la Forêt enchantée ou Isaure et Flo-
restan (Gaîté, 1800); Uuon de Bordeaux (id.,
1801); Saphiriup, ou le Réveil magique (id.,
1811); Riquet à la houppe (id., isil). Parmi
les mélodrames dont il fil aussi la musique, il
faut citer FJisa ou le triomphe des femmes, le
Sérail, Egbert 1er, roi d'Austrasie, Azémire ou
les Béfugiés péruviens, etc. Leblanc est mort
au mois de mars 18'.'.7.
* LF^BLICQ (Cuaiu.ks-Théodori,), composi-
teur, est mort à Scbaerbeck-lez-Bruxelles, le 8
octobre 1875. On a exécuté à P.ruxellesen I877,
à l'un des concerts du Waux-ball <lu parc, une
ouverture de ce compositeur , intitulée Gustave
Wasa.
* LEBOR\E ( AiMic-AmimoisE-SiMON). Il
faut joindre à la liste des O'uvres dramatiques de
ce compositeur les Deux Figaros, opéra on
trois actes, écrit p.ir lui en société avec Carafa
sur un livret que Victor Tirpenne avoir tiré d'une
ancienne comédie de Richaud-Maitelly, et qui
fut représenté à TOdéon le Tî août 1827. L'en-
seignement de Leborne était très-renommé, et
l'on peut citer parmi ses élèves de nombreux
prix de Rome, MM. Aimé Maiilart, Georges
Bousquet, Duprato, Barthe, Léonce Cohen,
Cberouvrier, Deslandres, puis MM. de Lajarte,
Charles Polsot, Demerssemann, Savard, Debil-
lemont, Stamaty, Hocmelie, etc. Bibliothécaire
de la chapelle de Napoléon III comme il l'avait
été de la chapelle de Louis-Philippe, Leborne fut
décoré en 1853. Mort le f"" avril 18G6, il a laissé
inédit un Traité complet d'harmonie, de contre-
point et de fugue. Un détail de la vie de Leborne a
été ignoré de tous les biographes ■- sur les instan-
ces de son père, qui jouait la comédie à l'Odéon, il
débuta Un'-mémeàce théâtre, en 1817, dansl'em-
|)loi des jeunes amoureux ; mais ce ne fut que
l'affaire d'un instant, et bientôt il renonça pour
toujours à la carrière de comédien.
LEIiOUC (Chaules-Joseph), violoncelliste
distingué, né à Besançon le 22 décembre 1822,
montra de bonne heure d'heureuses dispositions
pour la musique, et fit d'excellentes études au
Conservatoire de Paris. Admis d'abord dans cet
établissement comme élève de M. Yaslin pour le
violoncelle, le 10 janvier 1840, il donnait sa dé-
mission quinze jours après, le 25 du même mois.
Il entrait ensuite, le 9 octobre suivant, dans la
classe d'harmonie de Colet, obtenait un accessit
d'harmonie en 1842, puis était admis dans une
aulre classe de violoncelle, celle de Norblin, et
se voyait décerner, aux concours de 1843, le se-
cond prix de violoncelle et le second prix d'har-
monie. 11 devenait alors élève d'Halévy pour la
fugue et la composition, et remportait, en 1844,
le premier prix d'harmonie en même temps que
le premier accessit de fugue.
Après avoir quitté l'école, M. Lebouc se livra
à l'enseignement', tout en se faisant connaître
comme virtuose et en faisant apprécier, dans les
concerts, son jeu élégant et distingué, remarqua-
ble surtout dans l'exécution de la musique de
chambre. Il a organisé chez lui, depuis une ving-
taine d'années, en compagnie de sa femme,
lille du grand chanteur iXourrit et artiste
de talent elle-même, des cours généraux de
théorie, de musique vocale et instrumentale, qui
compreniienl tontes les branches de l'art, et il
donne chaque hiver une .série de douze séances
de musique fort intéressantes. M. Lebouc a pu-
blié une bonne Méthode complète et pratique
de violoncelle, et il a composé aussi un certain
nombre de morceaux de genre, fantaisies, etc.,
pour violoncelle avec accompagnement de piano.
LE CAMUS ( ), compositeur, est mort
en 1C77, malgré ce qu'eu a dit l'auteur de la
lliographie universelle des Musiciens, trompé
|iar la publication, en 1078, d'un recueil de sa
composition, recueil qui était évidemment une
' ceuvre |)osthume. Le Nouveau Mercure ga-
LE CAMUS — LECLAIR
87
lan(, dans son numéro d'avril 1677, est absolu-
ment explicite à ce sujet : « La mort, dit-il, a
pris aussi le sieur Le Cannus, quiestoit de la mu-
sique du Roy. I! a composé un nombre inliny de
beaux airs , et s'ils estoienl mis ensemble, il y en
auroit de quoi former plusieurs opéras, dans les-
quels on ne verroit pas toujours la mesme chose. »
LE CAMUS (Je\n-Pierre), compositeur, né
à Genève dans les premières années du dix-bui-
tièrne siècle, et mort en 1768, n'est connu que
par l'ouvrage suivant : Les Pseaumes du roi et
prophète David, mis en vers français, revus
et approuvés par les pasteurs et professeurs
de l'Eglise et de V Académie de Genève. Mis en
musique par Jean-Pierre Le Camus , citoyen
de Genève (Genèxe, 1760, 2" édition, 1764). Dans
la préface de cet ouvrage, l'auteur annonce que
« plus tani il offrira au public ses psaumes à
quatre parties composés tant pour l'orgue que
pour plusieurs sortes d'instruments, auxquels il
joindra une basse fondamentale; ce sera à cette
pierre de touche que les connaisseurs décideront
de son ouvrage. » Mais ce second recueil ne fut
jamais publié, et Le Camus mourut avant de
l'avoir mis au jour
LECARPEMTIER(ADOLPHE-CL.UR).Foj/es
CARPENTIER (LE).
LE CÈA^E (Michel-Charles), éditeur de
musique à Amsterdam, était le gendre et l'asso-
cié du célèbre Etienne Roger {Voy. ce nom), dont
il fut le successeur. Le nom de cet artiste, comme
celui de son beau-père, indique une origine fran-
çaise; mais les renseignements sur lui sont à
peu près introuvables. Les seuls que je rencontre
ont été donnés par M. Edouard Gregoir, dans
son second volume de Documents historiques
relatifs d fart musical et aux artistes musi-
ciens. Je vais reproduire les quelques lignes re-
latives à Le Cène, en regrettant que l'écrivain
n'ait pas cru devoir citer ses sources : « Michel-
Charles Le Cène, probablement Français de nais-
sance , naquit vers 1690, et il est venu s'établir
à Amsterdam comme associé de la maison Roger.
Le 31 mai 1717, il fut accepté comme membre
de la confrérie des imprimeurs de cette ville.
Plusieurs ouvrages portent le nom des deux
éditeurs. En 1741, Le Cène mourut, et ce grand
établissement disparut du monde musical. » C'est
en 1732 que Le Cène publia une nouvelle édi-
tion, tvès-augmenlée, du catalogue mis au jour
en 1716 par Etienne Roger, sous ce litre : Cata-
logue des livres de musique imprimés à Ams-
terdam, chez Etienne Roger, et continués par
Michel-Charles Le Cène, Amsterdam (s. d.),
petit in. 8° de 72 pp.
LECUAATRE (M"^), clavecinisle et com-
positeur, vivait à Paris dans la seconde moitié
du dix- huitième siècle. Elle a publié deux con-
certos pour clavecin ou piano, avec accompagne-
ment de deux violons, deux hautbois, alto et
basse, œuvre T*.
LÉCHETITZIÎY(Th ) — Voyez LES-
CIIETITZKY.
LE CIEUX (Léon), violoniste, né à Bayeux
(Calvados), le 12 mai 1821, était fils d'un hono-
rable médecin de cette ville. Contrairement à tant
d'autres, il trouva au foyer paternel les plus gran-
des facilités pour satisfaire la vocation qui, chez
lui, s'était annoncée de bonne heure. Son premier
maître de violon fut un artiste de lîayeux, nommé
Trébutien, lequel le fit débuter à l'âge de treize
ans, dans un des concerts de la Société philhar-
monique. Accueilli avec enthousiasme par ses
concitoyens, Léon Le Cieux sut ne pas se laisser
étourdir par ses premiers succès, et il continua
de travailler avec ardeur.
Au mois de décembre 1844, il fut admis au
Conservatoire de Paris, bien qu'ayant dépassé la
limite d'âge, et il entra dans la classe d'Habeneck ;
il y demeura jusqu'en juin 1846, et quitta le Con-
servatoire sans prendre part aux concours de fin
d'année.. Il commença dès lors à se produire dans
les concerts et dans les soirées du grand monde
parisien, près duquel il acquit une certaine vogue,
malgré les inégalités de son talent. Ses manières
urbaines et distinguées lui avaient permis de se
créer, comme professeur d'accompagnement, une
nombreuse clientèle. Il fut pourvu plus tard d'un
titre officiel, et remplit, jusqu'à la chute de l'Em-
pire, les fonctions de premier violon-solo de la
chapelle impériale.
Léon Le Cieux est mort à Paris, le 15 février
1873. lia écrit pour le violon un certain nombre
de fantaisies et morceaux de concert. Parmi ceux
qui ont été publiés, nous citerons : Fantaisie sur
des motifs de Don Pasquale, op. 4, Paris, Léon
Crus ; — Fantaisie pour piano et violon sur le Duc
d'Olonne, op. 8, Paris, Brandus ; — Fantaisie de
concert, op. 10, Paris, Meissonnier et Heugel ; —
Andanteet rondo, op. 26, Paris, Mackar.
J. C-z.
* LECLAIR (Jevn-M\rie). Ce violoniste
justement célèbre a écrit la musique du second
acte des Amusements lyriques, opéra-ballet en
trois actes qui fut représenté à Puteaux, chez
le duc de Gramont, au mois de février 1750.
Cet ouvrage se composait, comme c'était l'usage
à cette époque, de trois actes distincts, indépen-
dants les uns des autres : 1» Ajax et Thémire,
musique de Le Vassenr, chanteur de l'Opéra ;
2° Apollon et Climène, musique de Leclair ; 3"
le Bal militaire, musique de Martin. Si Le-
88
LECLAIR — LECOCQ
clair n'a pas compris re petit ouvrage dans le
catalomic de ses «l'uvres donné par lui en lôte de
son (l'uvrc 12, c'est que ce catalogue ne com-
prenait qiie les compositions publiées, et qu'il est
probable que celle-ci n'a jamais été gravée.
LECLAIR (PiEniîE), violoniste, a publié un
recueil de si\ duos de violons, (l'uvre V" (Paris
Lemenu). Ce recueil a paru en 1764, l'année
même de la mort de Jean-Marie Leclair, le grand
violoniste dont la renommée était si grande
alors. On sait que ce dernier se faisait appeler
Leclair l'aine. Ëtail-ce pour se différencier de
cet autre Leclair, violoniste comme lui, et celui-
ci était-il son parent ? C'est ce que j'ignore abso-
lument. Je ne sais pas davantage si ce second
Leclair était le même que le Lederc mentionné
dans l'Almanacb des spectacles, en 1765, comme
violon faisant partie de l'orchestre de la Comé-
die-Française ; cela se pourrait, car on sait qu'à
cette époque on s'inquiétait peu du plus ou
moins d'exactitude apporté dans l'orthographe
des noms propres.
* LECLERC (Jean-Baptiste) , député à la
Convention nationale, auteur de deux écrits sur
la musique, naquit le 29 février 1756 et mourut
le 16 novembre 1826. Leclerc était musicien. La
Décade philosophique politique et littéraire,
dont il était l'un des collaborateurs habituels,
donnait de lui,- dans son numéro du 22 octobre
1803, la musique d'une chanson arabe dont les
paroles avaient été écrites [)ar Deleyre. « Nous
avons trouvé, disait à ce sujet ce journal, que le
compositeur avait parfaitement exprimé la ten-
dresse et la mélancoilie des idées du poète. »
LECLEllCQ (Th ), compositeur belge,
est né à Hoeyiaert le 17 février t834. Après avoir
fait de bonnes études au Conservatoire de Bru-
xelles, il devint professeur de chant à l'Acadé-
mie des Beaux-Arts de Louvain, puis maître de
chapelle à l'église Sainte-Gerlrude, de cette ville,
abandonnant bientôt ce dernier emploi pour
accepter les fonctions d'organiste à l'église de
Notre-Dameaux Dominicains. M. Leclercq a pu-
blié une messe à 3 voix égales avec orgue, 6 mo-
tets à 3 voix égales, quelques romances, et a fait
exécuter à Louvain, dans l'église Saint- Pierre ,
un grand Tr Deum avec orchestre.
LECOCQ (ALEXANDiiE-CuAULEs), composi-
teur français, l'un des artistes les plus actifs de
la jeune génération musicale, est né à Paris le
3 juin 1832. 11 commença ses études en dehors
du Conservatoire, et était déjà un pianiste assez
habile lorsqu'il fut admis dans cet établissement,
le j novembre I8i9, comme élève de la classe
d'harmonie et accompagnement de M. Bazin. Dès
le concours de l'année suivante il obtenait un
[ireim'er prix, entrait aussitôt dans la classe de
fugue et de composition d'Halévy, et peu après
devenait élève de M. Benoist pour l'orgue. Il
remporta alors un second accessit de fugue en
1851, le second prix en 1852, ainsi qu'un pre-
mier accessit d'orgue, et quitta le Conservatoire
en 18.5^ pour se livrer à l'enseignement.
M. Lecocq, cependant, prétendait ne pas se
vouer uniquement au professorat, et ambition-
nait les succès du compositeur; mais on sait
combien sont difficiles les débuts d'un jeune mu-
sicien. Une occasion se présenta pourtant, qu'il
n'eut garde de laisser échapper. M. Olïenbach,
qui venait de fonder le petit théâtre des Bouf-
fes-Parisiens, ouvrait un concours pour la com-
position d'une opérette en un acte intitulée le
Docteur Miracle. Soixante-dix-huit musiciens
prirent part à ce concours, parmi lesquels l'ar-
tiste qui fait l'objet de cette notice. A la pre-
mière épreuve, M. Lecocq fut classé parmi les
six premiers, avec MM. Bizet, Demerssemann,
Erlanger, Limagne et Manniquet, et lors du ju-
gement délinitif sa partition fut couronnée avec
celle de Georges Bizet. 11 fut donc décidé que
le Docteur Miracle serait représenté de deux
jours l'un, une fois avec la musique de M. Le-
cocq, l'autre avec la musique de Bizet. La par-
tition du premier vit le jour, en effet, le 8 avril
1857, tandis que [celle du second était offerte
au public le lendemain. Ni l'une ni l'autre ce-
pendant ne produisit une vive impression, et
M. Lecocq dut attendre deux ans une nouvelle
occasion. Il fut moins heureux encore celte se-
conde fois, car une opérette en un acte, Jluis-
Clos, donnée par lui aux Folies-Nouvelles le 29
janvier 1859, ne put être achevée par la faute
du poème. 11 ne se découragea pas néanmoins,
et quelques années après il réussit à faire re-
présenter sur un petit théâtre des Champs-Ely-
sées, connu depuis sous le [nom de Folies-
Marigny, quelques o|)érettes en un acte qui se
distinguaient par une grâce aimable et une facile
inspiration; il donna sur cette scène mignonne
le Baiser à la porte, Liline et Valentin, les
OncUnes au Champorjne (3 septend)re 1865),
el le Cabaret de Jiamponneau (11 octobre
1867). F.ntre ces deux dernières, il avait fait
représenter au Palais-Royal un ouvrage du même
genre, le Myosotis (2 mai 1866), dont la musi-
(pie, écrite sur un livret très-gai de l'excellent
caricaturiste Cliam, avait obtenu un franc succès.
Une nouvelle scène lyrique de proportions
modestes venait de se fonder, sous le titre de
théâtre de l'Athénée. M. Lecocq y (it représen-
ter d'abord un gentil opéra-comique en deux
actes, VAmour et son Carquois (30 janvier
LECOCO
89
1868), et presque aussitôt un ouvra-^e plus
important, Fleur de Thé, opérette bouffe en
trois actes (Il avril 18G8). Fleur de Thé fut le
premier succès retentissant ilu compositeur, et
obtint plus de cent représentations; la parti-
tion do cet ouvrage, si elle ne brillait point par
une complète originalité, se distinguait du moins
par une facture ingénieuse et soignée, par un
souci de la forme qui devait être plus tard l'une
des qualités caractéristiques de M. Lecocq et
qui contrastait avec le style débraillé des maî-
tres du genre, MM. Offenbacli et Hervé, en (in
par une recherche délicate sans prétention des
effets d'orcliestre. Fleur de Thé fut reprise
plus tard aux Variétés et, traduite dans plu-
sieurs langues, ne fut pas moins bien reçue à
l'étranger qu'à Paris.
Dans le courant de cette même année 1808,
M. Lecocq écrivit encore, pour le théâtre de
l'Athénée , un opéra-comique en un acte, les
Jumeaux de Bergame, écrit pour quatre voix de
femmes et représenté le 20 novembre 1868, et
composa quelques morceaux nouveaux pour un
vaudeville en trois actes,?e Carnaval d'un mer-
le blanc, joué au Palais-Royal le 30 décembre.
L'année suivante il donnait aux Bouffes-Paiisiens
deux opérettesen un acle,Gandolfo (16 janvier),
et le Rajah de3Iysore{2l septembre), et il en
produisait deux autres, au même théâtre, en 1871,
le Testament de M. de Crac (23 octobre), et/e
Barbier de Trouville (19 novembre), cette der-
nière donnée d'abord, j'ignore pour quelle raison,
sous le couvert de l'anonyme.
Nous voici arrivés à la période brillante de la
carrière du compositeur. Les Cent Vierges,
opéra bouffe en trois actes représenté aux Va-
riétés le 13 mai 1872, obtint un succès écla-
tant , après avoir élé joué plus de cent fois à
Bruxelles (1). Mais ce succès ne fut rien en
comparaison de celui de la Fdle de Madame
Angot, autre ouvrage en trois actes, qui , après
avoir été donné aussi à Bruxelles, le 4 décem-
bre 1872, parut aux Folies-Dramatiques le 21
février 1873 et obtint une série de plus de qua-
tre cents représentations consécutives. Une telle
vogue rendit rapidement populaire le nom <ie
M. Lecocq, et bientôt toutes les scènes vouées
à l'opérette voulurent s'arracher ses ouvrages .
Au mois de novembre 1874 il donna coup sur
(1) Pendant la guerre de 1870-71, M. Lecocq s'était re-
tiré à ISruxelles, et c'est peu de temps après qu'il y lit
jouer les Cent f'ierges. Il n'est pas inutile de faire re-
marquer, à ce propos, que M. Lecocq, aflli^'é d'une dou-
loureuse infirmité, ne marche qu'à l'aide de deux bé-
quillis. On comprendra pourquoi je consigne ici cette
particularité.
coup Girojlii-Girofîa au théâtre de la Renais-
sance (cet ouvrage avait été joué d'abord à Bru-
xelles), et les Prés-Saint- Gervais à celui des
Variétés; le premier fut très-bien accueilli,
mais le second fut moins heureux et n'obtint
qu'un petit nombre de représentations. Le
Pompon, joué aux Folies- Dramatiques (10 no-
vembre 1875), n'eut pas plus de succès que les
Près-Saint-Gervais, bien que la partition en filt
charmante et d'un style plein d'élégance; la
faiblesse insigne du livret avait été cette fois
fatale à la musique. Mais le compositeur prit sa
revanche avec la Petite Mariée, qui attira la
foule au théâtre de la Renaissance (décembre
1875), où il a encore donné depuis Kosiki (18
octobre 1876), la Marjolaine (3 février 1877J,
et plus récemment le Petit-Duc (25 janvier
1878). Ces six derniers ouvrages sont tous en
trois actes.
M. Lecocq s'est fait une place à part parmi
les jeunes artistes qui forment la nouvelle école
française. Accueilli dans les théâtres qui, à la
suite des Bouffes-Parisiens, s'étaient voués au
culte de l'opérette bouffe, mais n'ayant pas eu
la facilité de se produire sur la scène de l'O-
péra-Comique, il a réagi, dans la mesure du pos-
sible, contre les traditions malsaines du genre
auquel il était condamné, et semble s'être donné
pour mission de le relever et de le transformer,
ou tout au moins de le modifier profondément.
Tandis que MM. Offenbach et Hervé, ces deux
créateurs de l'opérette, paraissaient prendre à
tâche de rabaisser la musique, l'insuffisance de
leur éducation première ne leur laissant d'autre
ressource que de flatter les instincts grossiers
du public, M. Lecocq, artiste instruit et distin-
gué, tendait au contraire à épurer le goût de
ses auditeurs, montrait le respect le plus loua-
ble de l'art qu'il professait, et, cherchant à re-
lever le niveau du genre qu'on l'obligeait à
cultiver, employait tous ses efforts à ramener
l'opérette dans le giron de l'opéra-comique. Cela
était d'autant plus difficile pour le jeune musi-
cien que ses deux rivaux, passés maîtres alors
qu'il entrait dans la lice , avaient conquis une
action réelle sur la foule; il pouvait donc pa-
raître hardi de réagir contre leurs tendances
malsaines, surtout si l'on considère que M. Le-
cocq n'avait à sa disposition que des théâtres
d'ordre secondaire et des interprètes tout à fait
insuffisants. On n'en doit avoir que plus d'es-
time pour son talent, pour la direction de son
esprit, enfin pour la façon dont, en somme, il a
fini par conquérir le succès.
M. Lecocq, il faut le dire, s'est servi de l'o-
pérette pour tuer l'opérette, il a su faire adroi-
90
.LECOCQ — LEDENT
tement au goût du jour les concessions néces-
saires, pour le modifier, et, avec une habileté
vraiment digne d'éloges, il a amené le public à
accepter et peut-être à^ soubaiter autre chose
que celle musique de pacotille et de mauvais
lieu qu'on lui servait depuis si longtemps. Cela
n'a pas été l'affaire d'un jo.ur; mais plus la lutte
a été longue, plus elle a été laborieuse, et plus
le rôle joué par le musicien est honorable et
bienfaisant. Il n'est donc que juste de le consi-
dérer, sinon comme un successeur direct, du
moins comme un digne continuateur de tous ces
artistes charmants qui se sont fait un renom
dans le genre de la comédie musicale, les Ber-
ton, les Dalayrac, les Boieldieu, les Nicolo, les
Auber, les Adam. Fleur de Thé et les Cent
Vierges sont les premières tentatives impor-
tantes de M. Lecocq dans son œuvre de réac-
tion; avec la Pille de Madame Angot ., pro-
duction pleine de verve et d'entrain, mais un
peu moins distinguée d'allures, il sembla que ses
efforts s'arrêtaient un instant; mais Giro/Ic-Gi-
rofla, le Pomjwn et la Petite Mariée ache-
vèrent révolution que l'auteur avait commencée
et prouvèrent qu'il n'entendait point abandon-
ner ses idées. Dans ces divers ouvrages, on
peut apprécier les saines et aimables qualités du
compositeur, c'est-à-dire la grâce, l'élégance,
la finesse, le charme; parfois un peu plus d'o-
riginalité, de spontanéité dans l'idée mélodique
ne messiérait pas sans doute, mais on sent du
moins qu'on a affaire à un vrai musicien, sa-
chant construire un morceau, ayant le senti-
ment juste de la scène et de ses exigences,
mettant à profit toutes les situations et tirant
parti des inoindres éléments. Et avec ces qua-
lités générales, il faut louer encore le style ai-
mahle de l'artiste, son heureuse recherche du
vrai dialogue musical, son orchestre chatoyant,
vif, allègre, coloré. En résumé, ^\. Lecocq mé-
rite de vifs éloges, non-seulement pour son ta-
lent très-réel, mais encore pour son incontesta-
ble honnêteté artistique. Au reste, ses succès
ont été grands non-seulement en France, mais
à l'étranger, et ses ouvrages, traduits dans
toutes les langues, ont été accueillis avec la
même faveur en Allemagne, en lîoln"'me, en
Italie, en Russie, et jusqu'en Suède et en Amé-
rique.
En dehors du IhéAlro, M. Lecocq a publié
un certain nombre de compositions, parmi les-
quelles je citerai les suivantes : Miellés mu-
sicales, 2i esquisses de style pour le piano
(Paris, D'Aubel); les l'anloccini, ballet-|tanto-
mime pour le piano (Paris, lîrandus); Gavotte,
pour piano (id., id.); Aoël, à 2 voi\ ; Jler-
ceuse, mélodie vocale (Paris, Brandus) ; Lettre
d'une cousine à son cousin, Ma femme est
blonde, le Langage des j/eux, mélodies (id.,
id.); Garde à vous , la Grosse Gourmande,
le Pays des amours, etc., chansons (Paris,
Feucbotj; l'Ingénieur de Fontcnay-sous- Ilois,
« naïveté » (Paris, Brandus), Ta porte est
close, aubade (Paris, Leduc) (1).
M. Lecocq, qui est un artiste instruit, a publié
récemment (1877), chez l'éditeur Legouix , une
réduction pour chant et piano de la partition de
Castor et Pollux, de Rameau.
LECOMTE (A ), compositeur, a fait
représenter sur le théâtre du Havre, au mois de
novembre 1845, un opéra-comique en un acte
intitulé Stella.
LE CORBEILLER (Charles), pianiste et
compositeur, s'est fait connaître depuis une
quinzaine d'années par la publication d'un assez
grand nombre de morceaux de genre et fan-
taisies pour le piano, écrits avec une élégance
facile. On distingue, parmi ces productions lé-
gères : le Bouquet, 3 romances sans paroles
{le Cyclamen, l'Asphodèle, la Clématite),
op. 52; Nocturne, op. 19; Espoir, V Nocturne,
op. 47; le Secret, 3' Nocturne, op. 50; les
Gouttes d'or, rêverie, op. 60; l'Élan, galop
dédiasse, op. 4'i; le Murmtire, idylle, op.
43; Marche militaire, op. 28, etc., etc. Cet ar-
tiste a publié aussi une quantité de morceaux
de musique de danse, et quelques mélodies vo-
cales. Enfin, on lui doit encore une Messe mé-
lodique à 3 voix, avec accompagnement d'orgue
(Paris, Colombier), et une opérette de salon in-
titulée une Entrevue (id., id.).
* LEDEDUR (Chaules, baron DE). — L'ou-
vrage de ce musicographe distingué, Tonkilns-
tler-Lexicon Berlin's [Dictionnaire des tnu-
siciens de Berlin) , dont les deux premières
livraisons avaient été mentionnées dans la Bio-
graphie universelle des Musiciens, a été
complètement achevé depuis lors. 11 a paru
en onze livraisons, dont la réunion forme un
fort volume de 704 pages grand in-8" (Berlin,
Ludwig Rauh, 1860-1861). La moitié de la der-
nière livraison est consacrée à un supplément.
C'est un des ouvrages du genre les plus soignés
et les mieux faits.
LEDEiXT (Fii.ix-Étienne), pianiste, com-
positeur et professeur, est né à Liège le 20
(I) M. Lecocq a écrit, en société avec MM. Hervé et
l.fgouix, la musique d'une opérette en un acte, ûchx
l'orliérvs pour un cordon, qui a été représentée sur le
théâtre du Palais Boval au miils de mars is«9. Les trois
musiciens cacliérent en celte circonstanec leurs person-
nalités sjus le pseudonyme colkctif à'.llcindor.
LEDENT — LEENDERS
91
novembre 1809. Admis en 1827 au Conserva-
loiie (le sa ville natale, il y devint élève de
Jules Jaliieau ijour le piano, et obtint un pre-
mier prix au concours de 1832. Devenu plus
tard élève de Daussoigne-Mchul, il lit sous la
direclion de cet artiste icmarquable un cours
complet de composition, et acquit des connais-
sances très-solides dans l'art d'écrire. En 1843,
il remporta le second prix de Rome, et le
l'"'' mars de l'année suivante il était nommé
professeur de piano dans l'établissement où il
avait fait ses études. Le talent dont il lit preuve
dans ces fonctions lui valut une légitime noto-
riété, car il a formé un grand nombre de bons
élèves qui, pour la plupart, ont obtenu les
premiers prix dans les concours.
La grande activité déployée comme profes-
seur par M. Ledent l'a obligé de bonne beure
à renoncer aux succès du virtuose, et à né-
gliger son talent d'exécution pour consacrer le
peu de temps qui lui restait de libre à des
travaux de composition; ceux-ci même ont été
souvent entravés par le nombre prodigieux d'é-
lèves auxquels il donnait ses soins. Parmi les
ouvrages publiés par M. Ledent, on remarque
un Adagio et Rondo pour piano et orcbestre,
dédié à M"* Pleyel (Liège, Muraille), deux Bar-
carolles pour piano seul,; Lamento (romance
sans paroles), et un grand nombre de mélo-
dies vocales. M. Ledent est cbevalier de l'ordre
de Léopold.
* LEDIIUY (Adolphe). Quelques personnes
attribuent à cet artiste écrivain la paternité de
l'ouvrage facétieux intitulé Dictionnaire aris-
tocratique, démocralique et mistigorieux de
musique vocale et instrumentale, et publié
sousjle pseudonyme de Chrijsostcuphe Cléde-
çol {Voij. ce nom).
LEDUC (Alphonse), pianiste, compositeur,
professeur et éditeurde nuisique, né à Nantes le
9 Mars 1804, est mort à Paris, le 17 juin 1868.
Petit-fds d'un violoniste et fils d'un bassoniste
distingué, il commença avec son père l'étude du
solfège, du basson et de Tbarmonie ; plus tard il
étudia la guitare et la llûte, et devint un vérita-
ble virtuose sur ces deux instruments. On cite
un concert donné par lui à l'âge de 23 ans, dans
lequel il exécuta avec le même succès un air va-
rié pour le basson, de grandes variations pour
la flûte et une fantaisie pour la guitare. Venu à
Paris, il entra au Conservatoire, y obtint un se-
cond prix de basson en 1825, puis prit des leçons
d'harmonie de Reicha. De retour à Nantes à la
lin de 1826, il y étudia le piano avec Rliein,
puis bientôt se livra à la composition. En (luel-
ques années il offrit au public une innombrable
quantité d'œuvres de tout genre, dont le total ne
s'élève i)as à moins du treize-cents, comprenant,
entre autres, une Méthode de piano, U livres d'é"
ludes, 328 morceaux à 2 ou à 4 mains, 184
quadrilles, 153 valses et polkas, 295 morceaux
de danse à 4 mains, 94 romances et mélodies à
1, 2 ou 3 voix. 13 œuvres de basson, 52 œuvres
de guitare, 38 œuvres de flûte, 26 œuvres d'or-
gue, etc. En 1841, Leduc fonda à Paris une
maison de commerce de musique, qu'il fournit
lui-même d'un grand nombre de ses composi-
tions, et qui devient rapidement prospère. Cette
maison est tenue aujourd'hui par son fils.
Parmi les nombreuses œuvres publiées
par cet artiste, il faut citer : 1° Méthode élé-
mentaire de piano à Vusage des pensions
(ouvrage dont il a été fait trente éditions); 2° 25
Petites Éludes très-faciles pour les petites
mains, op. 156; 3" Études élémentaires, op.
128 ; 4" Études mélodiques, op. 146 ; 5° Études
de mécanisme, op. 100; 6° Études de genre,
op. 154 ; 7° 25 Petites Éludes à quatre mains,
[)our les petites mains, op. 156 bis; 8° 24 Pré-
ludes dans tous les tons majeurs et mineurs,
op. 169; 9° Études chantantes et concer-
tantes, à quatre mains, op. 191; 10° Biblio-
thèque des jeunes pianistes, coWeciïon de 12
petites fantaisies brillantes, op. 144; Deuxième
Bibliothèque des jeunes pianistes, 20 mor-
ceaux brillants et faciles, op. 160. A ces pu-
blications relatives à l'enseignement, il faut
joindre des centaines de morceaux divers : fan-
taisies, thèmes variés, pièces de genre, ba-
gatelles, un nombre infini de morceaux de
musique de danse : quadrilles, valses, polkas,
polkas-mazurkas, rédowas, schotischs, etc., etc.
* LEE (Lotis). — Cet artiste a fait exécuter
en 1860, à Hambourg, dans un concert, une can-
tate intitulée Jeanne d'Arc.
LEEMANS ( ), musicien flamand, né à
Bruges, était établi à Paris dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle, et a publié en
cette ville, en 1769 : Six Quatuors, trois pour
la flûte, un basson, un violon et un violoncelle,
et trois pour un hautbois, un violon, un bas-
son et un violoncelle, œuvre 3. Dans le même
temps, cet artiste a publié aussi, sur des pa-
roles de Voltaire, une ariette intitulée le Songe,
avec accompagnement de harpe, deux violons,
deux bassons, deux cors de chasse et basse.
Leemans vivait encore en 1785.
LEENDERS (Maurice-Gérard-Hibert),
violoniste belge, est né à Venloo le 9 mars
1833. Fils d'un artiste instruit auquel il dut sa
première éducation musicale, il fut envoyé
fort jeune à Bruxelles et, dès l'âge de douze
92
LEENDERS — LEFEBVRE
ans, se voyait admis au Conservatoire de celte
villi', dans la classe <lc M. Meerts, d'où il passa
plus tard dans colle de M. Léonard. Lu IsâO
le jeune artiste obtenait le premier prix de vio-
lon, consacrait ensuite deux années à étudier
la composition , puis entreprenait un grand
voyage artistique eu Hollande, en Allemagne,
en Danemark, en Suède, en i\orwége et en
Pologne, donnant de nombreux concerts et par-
tout obtenant de vifs succès. En 1857, M. Leen-
ders se lit entendre à Paris, et y fut bien ac-
cueilli. De retour dans sa patrie, il s'y livra
avec ardeur à l'enseignement et à la composi-
tion, et écrivit un concerto et des fantaisies
pour le violon, des romances et mélodies vo-
cales, etc. Anjourd'bui, M. Leenders est direc-
teur de l'École de musique de Tournai.
LËEST (Guill.\lmk), facteur de clavicordes,
natif du pays de Juliers, exerça sa profession
à Anvers et fui reçu dans la bourgeoisie de
cette ville le 5 décembre 1561.
LE FÉBUllE (Is.wc), claveciniste, pro-
fesseur et compositeur, vivait à Paris dans la
seconde moitié du dix-huitième siècle. Il a
publié Deux Sonates pour le clavecin ou le
forle-piano, avec accompagnement de violon.
* LEFÉBURE-WÉLY (Loi;isJ.\mes-Al-
fred), organiste et compositeur distingué, est
mort à Paris le l" janvier 1870. Il avait écrit
la musique d'ime cantate intitulée Après la
victoire, qui fut exécutée à l'Opéra-Comique
le 15 août 1803. La femme de cet artiste ho-
norable, douée d'une voix charmante, qu'elle
conduisait avec beaucoup de goût, se fit, il y
a environ vingt-cinq ans, une réputation mé-
ritée comme chanteuse de salon et de concert.
Depuis longtemps déjà elle avait renoncé à ses
succès, pour se consacrer exclusivement à l'é-
ducation de ses deux filles. Elle est morte
presque subitement, à Paris, le 28 janvier 1876.
LEFEBYRE ( ), luthier fiançais, était
établi à Amsterdam de 1720 à 1735 environ.
Dans son livre curieux : les Instruments à
archet, M. Antoine Vidal constate les bonnes
qualités de la lutherie de cet artiste habile.
« Il est prohabli!, dit- il, que ce Lefebvre avait
travaillé en Italie, car les spécimens qui sont
restés de lui sont infiniment supérieurs à ce
qui se faisait alors en France. »
LEFElîYlVE ( ), compositeur et poète,
vivait à Paris dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle. Cet artiste ne m'est connu que
par la publication suivante, faite par lui en 178i :
RvMiiM-, ballet alléçjorique en un acte pour
la centenaire de sa naissance, suivi de ré-
flexions sur la poésie lyrique et d'un oratorio
intitulé « la Mort d'Abel ». En annonçant
l'apparition de cet ouvrage, le Mercure de
France s'exprimait ainsi sur le compte de l'au-
teur : « Ce ballet allégorique n'a i>u obtenir les
honneurs de la représentation ; on en appelle
au jugement du public. L'auteur nous dispense
de prononcer sur son poème quand il dit dans
ses Réflexions sur la poésie lyrique, que les
meilleurs poètes soiit des juges très-incapa-
bles en cette matière tant qu'ils ne sont pas
compositeurs. Nous laisserons donc les musi-
ciens décider si M. Lefebvre est bon poète. Au
reste, il y a dans ses Réflexions des idées qui
nous ont paru pouvoir être utiles aux gens de
l'art. »
LEFEBVRE (Charles-Edouard), compo-
siteur, né à Paris le 19 juin 1S43, commença
par étudier le droit , tout en s'occupant beau-
coup de musique. Il finit par renoncera la carrière
d'avocat, entra au Conservatoire dans la classe de
M. Ambroise Thomas, et prit part, sans résultat,
aux concours de Rome des années 1864 et 1S65.
En 18G6, il épousa une fille de M. Oudiné, le
graveur en médailles bien connu, et dès lors se
vif, par les règlements, exclu de tout nouveau
concours. Mais trois ans après il eut le malheur
de perdre non seulement sa jeune femme, mais
la fille qu'elle lui avait donnée. Une nouvelle
réglementation des concours de Rome ayant pré-
cisément, à cette époque, reporté, comme autre-
fois, à trente ans la limite d'âge, M. Lefebvre se
retrouvait dans les conditions normales. Use pré-
senta donc de nouveau, en 1870, au concours de
l'Institut, et il obtint le premier grand prix de
Rome, conjointement avec M. Henri Maréchal
(Voyez ce nom), pour la cantate intitulée le
Jugement de Dieu, cantate qui ne put, selon
la coutume, être exécutée en .séance publique, à
cause des événements politiques qui fondirent
alors sur la France. Après un voyage à Rome
et dans le reste de l'Italie, en Grèce et en Tur-
quie, M. Lefebvre était de retour à Paris, et fai-
sait exécuter dans une séance publique de l'Ins-
titut (15 novembre 1873) une ouverture qui
IKutait le même titre que sa cantate de con-
cours, et au Conservatoire, à la st-ance d'au-
dition des envois de Rome (23 mai 1874), une
suite symplioni{pie et le psaume .WIII pour
chœur et orchestre (1). Après avoir été faire
un second voyage à Rome, où il écrivait une
synq)honie en mi bémol et un très-remarqua-
ble drame lyrique en trois parties, Judith, sur
(I) Cette suite svinplionique av.nit tHé produite une
priMiiitre fos p;ir l'nulcur. le II avril prt'cédent, dan*
une des seanees de la Société natiouale de musique.
LEFEBVRE — LEFORT
93
un poëme «le M. Paul Coilin, le jeune artiste
faisait entendre, dans la séance d'audition des
envois de Rome de l'année suivante (27 mai
1875), des fragments de ces deux œuvres im-
portantes, dans lesquelles la critique sut dis-
tinguer de rares qualités de style, de facture
et (l'inspiration.
.M. Lefebvre a produit encore les composi-
tions suivantes : 1° Pièces symplioniques (Pré-
lude et Choral, Scherzo), Concerts duCluUeiet,
7 février 1875; 2° un chœur et une romance
pour cor, Société nationale de musique, 13 fé-
vrier 1875; 3° ouverture dramatique, Concerts
du Chàtelet, 26 mars 1876; i" Dal'da, scènes
pour orchestre d'après le drame de M. Octave
Feuillet (Prélude, Enlr'acte, Nocturne appas-
sionato, le Chant du Calvaire, Finale), Société
nationale de musique, l" avril 1876; quatuor
en mi bémof pour piano et instruments à cordes.
Il a publié aussi Six poésies 7)iises en musique
(Paris, Hartmann), et divers morceaux détachés
pour chant et jiiano, parmi lesquels : C Absence,
Sais-iu ce que le vent soupire •' etc. La par-
tition pour chant et piano de Judith a été pu-
bliée par l'éditeur M. Mackar. Enfin, M. Lefeb-
vre a en portefeuille un opéra intitulé Lucrèce.
LEFEBVRE (M"" Caroline). — Voyez
FAURE {SVn-
LEFÈVRE ( ) est auteur d'un opus-
cule publié sous ce titre : Des causes qui
retardent les progrès dans l'étude de la
musique (Paris, 1822, in-8'' de 40 pp.).
LEFEVRE (Victor-Gustave), compositeur
et professeur, directeur de l'École de musique
religieuse de Paris, est né à Provins (Seine-et-
Marne), le 2 juin 1831, et, après avoir com-
mencé ses études littéraires en cette ville, les
termina à Paris, au collège Sainte-Barbe. Son
goftt pour la musique se révéla de bonne heure,
et dès l'âge de treize ans, sans avoir aucune
connaissance de l'art d'écrire, il s'essayait à
composer des morceaux qu'il harmonisait à
quatre parties. 11 finit par triompher des scru-
pules de sa famille, d'abord peu disposée à lui
laisser embrasser la carrière artistique, et ob-
tint rautori.sation de suivre le cours de solfège
de Foulon. En 1848, il fut présenté à Panseron,
qui, frappé de ses dispositions pour la composi-
tion, le recommanda d'une façon toute spéciale
à Auber et à Carafa; ce dernier lui témoigna
beaucoup d'intérêt, et poussa l'obligeance jus-
qu'à faire exécuter deux de ses morceaux à
orchestre par les élèves du. Gymnase musical
militaire, dont il était alors directeur. Auber le
fit admettre au Conservatoire, dans la classe
d'haimonie de Colet.
Mais M. Letèvre ne resta pas longtemps au
Conservatoire. Au bout de deux mois, il quit-
tait Colet pour aller se mettre sous la direction
de Pierre Maleden, excellent professeur avec
le(|uel il travailla |)endanl dix années. C'est là
qu'il puisa la connaissance étendue qu'il pos-
sède des maîtres de toutes les écoles, et qu'il
commença ses travaux sur la contcxture des
périodes musicales, sur le rhythme et la mo-
dulation.
M. Lefèvre, que Maleden aimait comme un
fils, épousa en 1865 la fille aînée de iNieilermeyer,
et fut bientôt nommé directeur de l'École de
musique religieuse que celui-ci avait fondée en
1853. Depuis sa direction, cet établissement,
qui rend à l'art des services si considérables, a
pris une extension nouvelle. En dix années ,
M. Lefèvre, aidé de ses excellents coopéraleurs,
a formé et placé dans diverses églises de France
80 maîtres de chapelle et organistes, qui, tous,
remplissent honorablement leur tâche, et dont
plusieurs sont des artistes fort distingués. En
1872, il a reconsliiué la Société de musique
vocale classique sans accompagnement, qui
avait été créée en 1853 par le prince de la
Moskowa et Niedermeyer; dans les six concerts
que donne chaque année cette Société, elle a
exécuté un grand nombre de compositions du
seizième siècle inconnues à Paris; en 1873 et
187'i, elle a fait entendre à la Sainte-Chapelle
l'office du lundi saint tel qu'on le dit à Rome ,
à la chapelle Sixtine.
M. Lefèvre a en portefeuille de nombreuses
compositions vocales et instrumentales, entre
autres plusieurs messes avec accompagnement
d'orchestre, des quatuors, dont quelques-uns
ont été exécutés dans des concerts, et la mu-
sique de la tragédie de Roméo et Juliette (tra-
duction d'Emile Deschamps), dont on a entendu
en public divers fragments. L'éditeur Richault
prépare en ce moment la publication d'un Traité
d'harmonie et celle d'un Traité d'accompagne-
ment et de la basse chiffrée, écrits par cet
artiste pour les cours de l'École qu'il dirige.
LEFORT (Jules), chanteur Jde concert et di»
salon, s'est fait sous ce ra[iport, il y a envi-
ron vuigt-cinq ans, une certaine réputation , à
l'époque des grands succès en ce genre de
M'"" Lefébure-Wély et Gaveaux-Sabalier. De-
puis quelques années il s'est consacré à l'en-
seignement, et s'est livré à des recherches
spéciales sur l'émission vocale et sur la pronoii
dation appliquée au chant. Voulant rendre pu-
blic le résultat de ces recherches, il a fait
paraître d'abord un opuscule intitulé : De ré-
mission de la voix (Paris, Heu. s. d.., in- i" de
94
LEFORT — LEGOUIX
21 pages, avec 16 pages d'exercices). M. Lc-
fort a [niblié ensuite une; Méthode de chant
(Paris, Leinoine, in-4'>), dont il a extrait une
brociiure imprimée sous ce titre : Partie théo-
rique de la la nouvelle Méthode de chant
de Jules Lefort. Du rôle de la prononcm-
tion dans fémisson vocale (Paris, l'auteur,
1870, m-8° de 47 pages). En 1861, M. Jules
Lefort voulut aborder la scène, et fit une fu-
gitive apparition au Théâtre-Lyrique, où il se
montra dans un optera nouveau de M. Théo-
dore de Lajarte (Voij. ce nom), le Neveu de
Gvllirer. La moiieslie de son succès n'ayant
pas répondu à ses désirs, il ne renouvela pas
cette tentative.
LE FRANÇOIS ( ), artiste qui vi-
vait à Paris à la fin du dix- huitième siècle,
imagina une guitare nouvelle, à laquelle il ajou-
tait un second manche et un grand nombre
decordes. Voici comment le CflZeH(/n"er musical
de 1789 décrivait l'instrument ainsi modifié : —
« Cet instrument a deux manches, et a pour
objet de diminuer les difficultés qui se trouvent
dans la guitare ordinaire. Les deux manches
contiennent entre eux dix- huit cordes. Le pre-
mier porte cinq cordes à vide, ou notes basses;
elles se nomment ut, ré, mi, fa, sol, et celles
qui sont sur le manche sont les mêmes q ue
celles de la gi.itare, et portent les mêmes
notes qu'elle. Le second manche, que l'auteur
nomme manche d'octave, est le même pour
l'accord que le grand, avec cette différence
qu'il n'a que trois cordes de basse hors du
manche, ut, ré, sol; mais on pourrait en met-
tre cinq, comme au grand. Cette quantité d e
cordes, et un manche de plus, semblent de-
voir doubler les difficultés; mais l'auteur fait
observer (lu'elles n'ont pas lieu, et qu'il gagne,
au contraire, beaucoup, parce qu'il peut exé-
cuter, sur son manche d'octave , et par le
même doigter, ce que l'on ne peut exécuter sur
le manche ordinaire, ou le premier des siens ,
que par un démanchement qui fait toujours
courir des risques pour la justesse des sons
et la précision de l'exécution. D'ailleurs, ces
notes d'octaves, prononcées par d'autres cordes,
produisent des sons plus vigoureux et plus agréa-
bles. Un des principaux avantages de cet instru-
ment est sans doute d'offrir, à deux ou trois notes
près, dans le bas, la môme étendue que le cla-
vecin ou la harpe, et de se prêter ainsi parfai-
tement à l'accompagnement de la voix. »
LEGEAY (Le U. P.), moine bénédictin de
l'abbaye de Solesmes , a publié sous ce titre:
ISoéls anciens (Paris, Victor Palmé, 1876), une
collection de quarante noéls populaires de la
Bourgogne et de la Champagne, dont il a repro-
duit les paroles et la musique, en y joignant
un accompagnement de piano.
LEGï^\DRE (Jules), virtuose sur le cor-
net à pistons et |)rofesseur, est l'auteur d'un
manuel qu'il a publié sous ce titre en 1877 :
Traité complet d'articulation ou le Secret
des coups de langue simples et doubles, classés,
raisonnes d'expliqués, pour cornet ou btigle
et en général pour tous les instruments à
vent (Bruxelles, Mahillon, in-8).
LEGEi\TIL (A -F ), a traduit en
français les notices allemandes de Wegeier et
Ries sur Beethoven, et les a publiées sous ce
litre : Notices biographiques sur L. Van
Beethoven par le D"" F. -G. Wegeier et Ferdi-
nand Ries, suivies d'im supplément publié à
l'occasion de l'inauguration de la statue de L .
V. Beethoven à Bonn , sa ville natale, traduites
de l'allemand par A.-F. Legentil (Paris, Dentu,
1862, in- 12).
* LEGXANI (Louis). Cet artiste a publié :
Melndo per imparare a conoscere la musica
e suonare la chitarra, composta colla mas-
sima semplicità e chiarezza, Milan, Ricordi.
Cet ouvrage porte le chiffre d'œuvre 250.
LEGOUIX (Isidore-Edouard), compositeur,
fds d'un éditeur de musique, naquit à Paris
le 1*"" avril 1834. Admis au Conservatoire,
dans la classe de M. Henri Reber, il remporta
un premier prix d'harmonie au concours de
1855; devenu ensuite élève de M. Ambroise
Thomas, il obtint l'année suivante un second
accessit de fugue, et, en 1860, une mention
honorable au concours de l'Institut pour le
grand prix de Rome. M. Legouix a fait repré-
senter quelques ouvrages dont voici les titres :
1" Un Othello, th. des Champs-FJysées, 1863;
2° le Lion de Saint-Marc, opéra comique en
un acte, th. Saint-Germain, 24 novembre 1864;
3° 31a Fille, o|iérette en un acte, Délassements-
Comiques, 20 mars 18(56; 4" Malbroug s'en
va-t-en guerre, opéra bouffe en 4 actes (en
société avec MM. Bizet, Léo Delibes et Jonas),
Athénée, 13 décembre 18G7; 5" le Vengeur,
opérette en un acte, Athénée, 20 novembre 1868 ;
6» les Dernières Grisettes, opéra bouffe en 3
actes, Fantaisies-Parisiennes (Bruxelles), 12
décembre 1874; 7° le Mariage d'une étoile,
opérette en un acte, Bouffes-Parisiens, l'^'" avril
lis76; 8" Madame Clara, somnambule, « fo-
lie " en un acte avec airs nouveaux, Palais-Royal,
mars 1877. 11 a en portefeuille une opérette en un
acte, la Tartane, reçue naguère au théâtre de
l'Athénée, mais non représentée. M. Legouix a
écrit aussi, en société avec MM. Hervé et
LEGOUIX — LEJEUNE
9S
Ch. Lecocq, la musique d'une pochade musi-
cale en un acte, Deux Poiiicres pour un co7--
don, qui fut jouée au Palais-Royal au mois de
mars 1869, ei pour laquelle les trois composi-
teurs abritèrent leurs noms sous le pseudo-
nyme coliectit' iVAlcindor. Il a donné au journal
le Magasin des Demoiselles la musique de
deux opérettes, Quinolelle el la Clef d'argent,
qui n'ont pas été représentées, et il a publié
quelques romances et mélodies vocales. M. Le-
gouix est un artiste aimable, instruit, distingué,
qui n'a que le tort de respecter l'art qu'il
exerce, et qui aurait réussi aussi bien et peut-
être mieux que d'autres s'il avait voulu se
lancer dans le champ de la musique grotesque
et prétendue bouffe, si fort en honneur depuis
vingt ans.
LEGRAIXD (PiKnuF.), pianiste, organiste
et compositeur, devint en 1780 « maître de mu-
sique » du théâtre du grand Opéra et de la
Société des Concerts de Marseille. Il avait suc-
cédé dans ces fonctions à Rey, qui fut depuis
chef d'orchestre à l'Opéra à Paris, et il fui
remplacé en 1793 par Parent du grand Opéra.
Cet artiste avait acquis dans le midi de la France
une assez grande notoriélé comme compositeur.
Il A écrit des ouvertures et des marches pour
orchestre, des motets à grand chœur et des
messes. En 1783, il fit chanter à la Société des
Concerts VHijmme des Lys, cantate, et, en
1792, des chœurs qu'il avait composés pour
VAthalie de Racine. Ce fut lui qui enseigna
l'harmonie à Délia Maria. Le 20 pluviôse au
IX, il fut reçu membre de l'Académie de Mar-
seille, dans la section de musique que venait
de former cette compagnie : Delattre et lui
furent les deux premiers musiciens admis. Il
mourut en 1809.
Al. R— d.
* LEGROS (Joseph), chanteur célèbre de
l'Opéra. Le petit ouvrage dont cet artiste avait
écrit la musique en société avecDesormery avait
pour titre non Ilijlas el Sylvie, mais Hylas et
Églé, el fut représenté à l'Opéra le 16 février
1773. Ces deux artistes avaient fait annoncer en
1774, dans le Mercure, la prochaine publication
d'un Recueil d'airs et de duos dont ils étaient
les auteurs ; mais je ne crois pas que cette pu-
blication ait eu lieu, (J'oyes Desormery).
LEIDGEBEL (Ama.xd-Léopold), pianiste,
organiste, compositeur et professeur allemand,
est né à Guhrau le 26 décembre 1816, alla faire
ses études musicales à Breslau, et se rendit en-
suite à Berlin, où je crois qu'il est toujours fixé.
Cet artiste, qui est fort estimé dans sa patrie, a
publié environ quarante œuvres consistant en
sonates pour piano seul et pour piano et violon,
caprices de concert et morceaux de genre pour
un ou deux pianos, etc.
LEITE (Antonio da Silva), né à Porto
(Portugal) vers la (in du XVIII'' siècle, fut maî-
tre de chapelle de la cathédrale de cette ville
et compositeur distingué. lia publié : r Rezumo
de todas as regras, e preceilos da Cantoria
assim da Musica metrica, como do Canto-
chdo, dividido e)ii duas partes. Porto, 1787,
petit in-4'' de VIlI-43 pag.et deux planches gra-
vées (l'auteur dit dans le prologue de cet ouvrage
qu'il imprimera bientôt une Arle de acompan-
hamento, et un autre Arte de Contraponto,
mais ces ouvrages n'ont pas paru; 2" Estudo
da Guitarra em que se expOe o modo mais fa-
cil para aprender este instrumento, Porto,
1795, 2 in-fol. de.38 pag. pour le texte, pour l'In-
dex et XXIII pag. d'exemples de musique. Il
a paru une 2""' édition de cet ouvrage en 179G
avec quelques altérations dans le titre, mais
elle n'a pas été augmentée. La plupart des
compositions de Leite n'ont pas été imprimées ;
je ne connais que : Seis Sonatas de Guitarra
corn acompanhamento deRabecaeduas Trom-
pas ad libitum, 1792, in fol. ; et Hymno pa-
triotico a grande orchestra, Paris, 1820, in-fol.
chez Ignace Pleyel et fils aîné (édition de luxe
gravée par Richoinme et ornée du portrait du roi
Jean YI). Cet hyrnme fut exécuté à Porto dans
le théâtre de S.-Joào lors du couronnement
de ce prince. Je citerai encore un Tantum
ergo a 4 vozes e orchestra, 1815. Il a aussi
composé beaucoup de Modinhas pour un jour-
nal de musique de 1793. Je ne connais pas la
date de la mort de Leite.
Un autre compositeur du même nom , le
Père José Leite, jésuite, a composé la musique
d'un drame allégorique : Angola triumphante,
qui fut représenté à Lisbonne, au collège des
Jésuites (Santo-Chitào), le 18 juillet 1620. Ce
drame, composé de quatorze scènes, n'est pas
connu.
J. DE V.
* LEJEUIVE (Claude). On trouve quatre
chansons de cet artiste célèbre dans le recueil
divisé en six livres que Pierre Phalèse publia
à Louvain en 1555-1556, et dont le premier
parut sous ce titre : Premier livre des chan-
sons à quatre parties, nouvellemeyil compo-
sez (sic) et mises en viusicque, convenables
tant aux instrumenta comme à la voix (Lou-
vain, 1555, in-40).
LEJEUIVE , est le nom d'une famille de
luthiers qui n'étaient point sans renommée et qui
exerçaient leur profession à Paris dans la seconde
96
LEJEUNE — LExMAIRE
moilié (iii ilixliiiitiiMnc siècle. Le premier dont
il soit fait mention est François Le jeune ^ qui,
(lès iTG'i, faisait jiartie de la corporation des
lutliiers-inaitres-jinés-comptables, et dont le
nom se trouve dans une série de règlements de
comptes de cette corporation qui sont conservés
dans un caiton des Arcliives nationales. Fran-
çois Lejeune vivait encore en 1785, et demeu-
rait rue de la Juiverie. Ses violons paraissent
avoir été estimés. Deux autres, Jean- Charles
Lejeune et Louis Lejeune, étaient établis fa-
bricants de violons, aussi à Paris, en 1783.
Enfin, un quatrième, Jean- DapUsie Lejeune, à
la fois luthier et facteur de liarpes, était ins-
tallé à la même époque rue Montmartre; il
vivait encore en 1788, date à laquelle on n'a
plus de renseignements sur aucun des précé-
dents.
Les Lejeune, luthiers, formèrent d'ailleurs
une véritable dynastie. En 1819, on en comp-
tait trois : Lejeune aine, demeurant cour du
Commerce, 10; Lejeune cadet, fixé dans la rue
Montmartre, au passage Charot; et Lejeune fis,
établi non loin de là, |)assage du Saumon. De
183C à 1846, on ne trouve plus trace que de
l'un d'entre eux, qui demeurait au n° 13 de la
rue Couclierat; enfin, le dernier survivant de
celte famille, fixé en 1862 rue Saint-Claude, au
Marais, mourut, dit-on, en 1870.
LEJEU\E (Er.NiiST), compositeur et pro-
fesseur, établi à Calais, a fait représenter sur
le théâtre de cette ville les deux opéras-comi-
ques en un acte dont voici les titres : 1° La
Chaiison de LbXfjon (août 1862); 2° Un Ma-
riage normand (avril 1868).
LE JOLIS (A ) e.st auteur d'un écrit
ainsi intitulé : De la tonalité du plain-chant
comparée à la tonalité des chants popu-
laires, inséré dans la Revue archéologique. Il
a été fait un tirage à part de cet opuscule
(Paris, 1859, in-S").
LELU ( ), compositeur dramatique, s'est
fait connaître i)ar la leprésentation de deux pe-
tits <)péiras-coMii(|ues en un acte, dont le [•rcmier,
intitulé le Cousin et la Cousine, eut un sort
très- fâcheux. Joué au théâtre Feydeau le 1*'
avril 1798, cet ouvrage, dont le poème avait été
écrit |)ar Pigault-Lebrun , tomba si lourdement
qu'il ne reparut jamais à la scène et que sa pre-
mière représentation fut aussi la dernière. Le se-
cond, qui avait pour titre le Siais par ruse ou
la Mine cache le jeu, fut donné au }ielil théâtre
des Jeunes-Artistes vers la fin de l'année 1801.
On doit à cet arti^te un assez granii nombre de
romances dont les titres se trouvent dans la Bi-
bliographie musicale (do César Gardeton )
et trois nocturnes italiens à deux voix. Lélu, qui
se fit plus tard éditeur de musique, vivait encore
en l82'i.
* LP:.MAIRE (Charles). Outre le livre de
cantates signalé au nom de ce compositeur, on a
de lui les quatre cantates suivantes, publiées sé-
|iarément cliez Ballard : le Sacrijice d'amour,
Endymion, la Constance, et le Retour du
Printemps.
LEM AIHE (Théophile), professeur de chant
et écrivain sur la musique, est né à Essigny-le-
Grand (Aisne), le 22 mars 1820. Doué d'une ma-
gnifique voix de basse profonde, il fut admis , le
15 décembre 1849, au Conservatoire de Paris, et
suivit dans cet établissement les cours de Garcia
pour le chant, de Micbelot pour l'opéra, et de
Moreau-Sainti pour l'opéra-comique. Atteint, en
1851, d'une bronchite aiguè qui l'obligea d'inter-
rompre ses études musicales, il se vit forcé de
quitter le Conservatoire. Rendu à la santé par les
soins de son ami, M. le docteur Blanche, il re-
nonça à la carrière théâtrale, à laquelle il s'était
préparé , et se consacra d'une façon absolue à
l'enseignement. 11 se livra dans ce but à des
études spéciales, consulta tous les traités de l'art
du chant, et bientôt réunit une bibliothèque mu-
sicale qui est devenue l'une des plus inqiortantes
que l'on puisse trouver chez un particulier.
C'est en consultant les innombrables méthodes
de chant dont il avait formé une si riche collec-
tion, que M. Lemaire conçut la pensée de doter
notre littérature musicale de la traduction d'un
ouvrage de Pierfrancesco Tosi, très-curieux et
plein d'intérêt : Opinion/ dei cantori anlichl e
moderni, ossieno osservazioni sopra tl canlo
Jiguralo (Bologne, 1723). Cet ouvrage, dont il
existait depuis, longtemps une version anglaise
et une version allemande, n'avait jamais élé tra-
duit en français. M. Lemaire se chargea de ce
travail utile, l'ex-'cuta avec beaucoup de soin et
une grande exaciilude, et publia sa traduction
sous ce titre ; VArl du chant, opinions sur les
chanteurs anciens et modernes, ou observa-
tions snr le chant figuré, par Pierfrancesco
Tosi, traduit de l'italien et accompagné de
notes et d'exetnples, par Théophile Lemaire,
Paris, Rollischild, 1874, in-16. Depius lors, et
en société avec M. Henri Lavoix {Vog. ce nom),
M. Lemaire travaille à un ouvrage très-impor-
tant, qui sera publié sous les auspices et avec le
concours du ministère des Beaux-Arts; cet ou-
vrage n'est autie qu'une Histoire complète de
l'art du chant, depuis les temps les plus reculés
jusqu'à nos jours ; il comprendra un résumé de
toutes les mi Ihoiios de chant de toutes les épo-
ques, un |)arallèle des deux écoles italienne et
LEMAIRE — LEiMMENS
97
française, des remarqiips sur les chanteurs ita-
liens et les chanteurs français, la bibliographie
des ouvrages relatifs au chant, etc., etc. L'His-
toire de Vart du chant formera un volume
in-4° de 500 pages environ, avec de nombreux
exemples de musique, et paraîtra dans le cours
de l'année 1878.
LE MAIRE ( ), dit Valné, violo-
niste qui vivait dans la première moitié du dix-
huitième siècle, a publié un Premier Livre de
sonates pour le violon, avec la basse continue
(Paris, 1739, in-f).
*LEMAÎTRE ou LE MAISTRE (Ma-
thieu), compositeur du seizième siècle, a été l'ob-
jet d'un travail biographique important. M. Otto
Kade, directeur de la musique du grand-duc de
Mecklembourg-Schwerin, a publié sur lui un li-
vre ainsi intitulé: Matlheus Le Maistre, nieder-
lecndischer Tonsetzer und churfiirstlïch sxch-
sisclier Kapelhneister {Matheus Le Maistre,
compositeur néerlandais et maure de cha-
pelle de l'Électeur de Saxe), Mayence, Sciiott
fils, 1862, 1 volume grand in-8» avec musique et
fac-similé. On voit, d'après le titre de cet ou-
vrage, que Lemaître doit être considéré non
comme Belge, mais comme Néerlandais. Je ne
puis d'ailleurs parler plus longuement du travail
de M. Otto Kade, ne l'ayant pas eu entre Jes
mains.
LEMANISSIER (Chaules), compositeur
et professeur, l'un des chefs d'orchestre de la
Société philharmonique de la Rochelle, a écrit
une musique entièrement nouvelle sur deux an-
ciens vaudevilles , qu'il a ainsi transformés en
opéras-comiques et fait représenter sur le théâtre
de la Rochelle : 1° le Dîner de Madelon
(mars 1859) ; 1° le Cabaret de Lustucru (mars
1861).
LEMARIE ( ), compositeur amateur,
a fait représenter au théâtre de l'Athénée, le 28
juin 1873, un opéra-comique en un acte, intitulé
Roijal-Champagne.
LE MARTINEL (Pierre), compositeur,
naquit en Normandie vers le milieu du seizième
siècle. Ayant pris part, en 1586, au concours du
puy de musique d'Evreux, il s'y vit décerner le
prix de la lyre d'argent pour une chanson fran-
çaise : Pourroys-je sayis mourir?
* LE MAURE (Catherine-Nicole) , une des
plus illustres chanteuses de l'Opéra au siècle der-
nier, naquit à Paris le 3 août 1703 (et non 1704);
reçue dans les chœurs en 1719, elle débuta
comme chanteuse soliste, au courant de décem-
bre 1721, en remplaçant M"* Erernans dans le
prologue de Phaéton (et non par le rôle de Céphise,
dans l'Europe galante, en juin 1724). Je pour-
BlOC.R. LNIV. des musiciens. — SUPPL. T.
rais continuer indéfiniment ces rectilicalions, car
le peu qu'on savait jusqu'à ces derniers temps
sur le com|)tedeM"'= Lemaure était bien inexact :
De la Borde, par exemple, puis Castil Blaze et
Fétis, plaçaient son début trois ans trop tard. C'est
là une des nombreuses erreurs qu'ils ont com-
mises sur son compte et qu'il serait trop long de
relever une à une. Ici, ils retardent de trois ans,
ailleius ils avancent d'autant; c'est un enchevê-
trement d'inexactitudes et d'erreurs dans les-
quelles l'un se trompe en voulant corriger l'au-
tre, etwce versa. Il est, d'ailleurs, très-difficile
de suivre les allées et venues d'une chanteuse
qui ne faisait que quitter l'Opéra et y rentrer :
on ne parvient à démêler la vérité qu'en suivant
mois par mois le Mercure, dont les indications
sont d'une précision extrême, à une date, à un
jour près. C'est ce que j'ai fait dans mon travail :
l'Église et l'Opéra en 1735, i»/"« Lemaure et
l'éve'que de Saini-Papoul (Paris, Détaille, 1877),
où j'ai dû retracer de la façon la plus complète
la carrière trop ignorée de celte illustre actrice,
en même temps que je republiais certaines pièces
de fantaisie très-amusantes et devenues rares
qui font connaître au mieux les goûts légers de
nos ancêtres et lesamusements satiriques, les
écrits facétieux dont les gens de bon ton étaient
si fort épris il y a un siècle et demi. Je renver-
rai le lecteur à cette brochure, non sans ajouter
que je crois avoir mis à profit, en les vérifiant
l'un par l'autre, tous les renseignements fournis
sur cette actrice par les livres sérieux ou facé-
tieux, par les mémoires privés ou plus ou moins
publics du terfips, en recherchant aussi tous les
détails précis et inédits que pouvaient me four-
nir sur m"" Lemaure les manuscrits conservés
aux Archives, à ia Bibliothèque nationale et à
l'Opéra.
Ad. J — N.
* LEMIÈRE DE CORVEY (Jean Fré-
déric-Auguste). Outre /a Dame du Lac et Tan-
crède, de Rossini, dont cet artiste fut l'arrangeur
pour les traductions qui en furent données à l'O-
déon, il arrangea sous ce titre : le Testament,
un autre ouvrage de Rossini (lequel.?), qui fut
aussi représenté à ce théâtre, le 22 janvier 1827.
* LEMMEXS (Jacques-Nicolas). Depuis
environ douze ans, cet artiste fort remarquable
est fixé à Londres, où il est devenu organiste
de l'église des Jésuites. lia publié en 1876 un
très-beau recueil de 3 sonates pour orgue. En com-
pagnie de sa femme. M"" Lemmens-Sherrington,
qui s'est fait en Angleterre une grande réputation
de cantatrice, M. Lemmens a donné de nombreux
concerts qui ont obtenu un très-grand retentis-
sement. M"" Lemmens est considéréeaujonrd'hui,
i. 7
98
LEMMENS — LEMONNIER
à Londres, comme la première cantacrice an-
glaise ; elle a obtenu de grands succès, non-seu-
lement dans les concerts et fe>ti\als, comme
chanteuse d'oralorios, mais aussi sur l'une des
scènes italiennes de la grande métropole, où elle
s'est produite de la façon la plus favorable , en
18G6, 1867 et 18G8, dans les rôles d'Adalgise
de Plo7-ma, Elvire de la Muette, de Poiiici,
Inez de V Africaine, Alice de Robert le Diable,
Elvire de Don Juan et Angèle du Domino
noir.
Ea 1858, un an après son mariage, un journal
ôeLomheiiJIie llluatrated Londou ncM'S, parlait
ainsi de W"^ Lemmens-SUerringtou : « Hélène
Sherringlon est née à Preston en 1834. Très-
jeune, elle quitta l'Angleterre avec ses parents,
et résida pendant plusieurs années, d'abord en
Hollande, et ensuite en Belgique. Elle continua
ses études musicales au Conservatoire de Bruxel-
les, et obtint bientôt de grands succès dans les
concerts en France et en Hollande. Au printemps
de 1856, m'** Sherrington fit sa première appa-
rition à Londres; elle y reçut un accueil si flat-
teur qu'elle se détermina à visiter cette capitale
chaque année. Elle habite ordinairement Bru-
xelles, à cause de son mariage avec M. Lemmens,
professeur au Conservatoire de Bruxelles (3 jan-
vier 1857). La voi\ de M™'' Lemmens est pure,
brillante el flexible. Son étendue excède deux
octaves et demie, avec une singulière facilité de
vocalisation. M"'" Lemmens unit à beaucoup de
sentiment naturel une expression d'artiste, un
style distingué et gracieux ; en résumé, c'est une
des cantatrices les plus distinguées du jour. »
Deux sœurs cadettes de M"'" Lemmens,
M''" Joséphine et Grâce Sherrington, se sont fait
connaître aussi à Londres comme chanteuses de
concerts, et paraissent ne point manquer de ta-
lent. iM"' Lemmens et M'^' Grâce Sherrington
ont écrit quelques mélodies vocales.
LEMOINE (AcniLLE), compositeur et édi-
teur (le musique, né a Paris le 15 avril 1813, est
fils d'Henry Lemoine et pelit-lils d'Antoine Le-
moine, (jui fonda en 1780 la maison de coiiunerce
de musique qui n'a cessé de porter ce nom et
qui est la plus ancienne de Paris. Comme pianiste,
M. Achille Lemoine (ut élève de Brice, d'Henri
Bertini et de Kalkbrcnner, et se livra ensuite à
l'enseignement tout en publiant quelques compo-
sitions légères pour son instrument, bagatelles,
fantaisies, transcri|tlions, etc., qu'il donnait gé-
néralement .«ous le pseudonyme de lleinlz. Son
père, Henry Lemoine, homme intelligent et ar-
ti.ste fort distingué, avait su réunir un ensemble
judicieux d'ouvrages relatifs à l'enseignement mu-
sical, el s'était placé au premier rang des éditeurs
de Paris. A sa mort, en 1852, M. Achille Lemoine,
associé depuis doux années à la maison, en resta
le seul directeur ; il continua les traditions pa-
ternelles, et s'efforça surtout de populariser en
France les œuvres des grands maîtres. Dans ce
but il commençait, dès 1858, la publication d'une
immense collection connue sous le nom de Pan-
théon des Pianistes et publiée dans un format
nouveau et dans des conditions de bon marché
inconnues jusqu'alors en Europe. Le Panthéon
des Pianistes, qui réunissait les œuvres d'Haydn,
de Mozart, de Beethoven, de Chopin, de Clementi,
de Dussek, de Humrnel , de Mendelssohn , de
Weber, etc., réunissait à la beauté de la gravure,
à la modicité du prix, une correction qui en fai-
sait une des plus belles el des meilleures éditions
connues jusqu'à ce jour. Grâce à cette publication
qui comprend aujourd'hui environ six cents nu-
méros, les jeunes gens, artistes ou amateurs,
ont pu parvenir à se former sans grands frais
une excellente bibliothèque musicale, ce qui était
impossible naguère, avec le haut prix de la mu-
sique. Il convient de remarquer que les maisons
allemandes qui depuis sont entrées dans cette
voie, telles que celles de MM. Enoch, Peters, etc.
n'ont fait qu'imiter M. Achille Lemoine et ne
sont venues qu'après lui. A côté du Panthéon
des Planistes, M. Lemoine, qui comprenait l'u-
tilité morale de la musique et avait pour but
d'en rendre l'étude plus facile aux enfants, créait
deux autres publications excellentes et particu-
lièrement destinées au jeune âge, le Petit Pia-
niste et VÉcole d'accompagnement. Bientôt,
sa maison prenant une très-grande extension, il
songea à en centraliser tous les services el à les
grouper sous sa main, en faisant construire des
ateliers de gravure et d'impression qui lui per-
mirent de perfectionner et de développer encore
l'oiuvre qu'il avait entreprise, en lui donnant la
possibilité d'avoir sous les yeux et de surveiller
sans cesse les graveurs, les imprimeurs, les bro-
cheurs. 11 entreprit alors des publications de
luxe qui sont l'honneur du commerce de musique
français, et mit au jour de nombreuses méthodes
d'enseignement qui ne pouvaient qu'augmenter
encore la renommée qu'il s'était acquise. Les
jurys de diverses Expositions, soit en France,
soit à l'étranger, ont apprécié de la façon la plus
favorable les excellents travaux de M. Achille
Lemoine, qui a été nommé chevalier de la Légion
d'honneur à la suite de lExposition universelle
de Vienne de 1873.
LEMOl\i\lEIl(L0UlSF.-Tni;RÈSE-ANT0INETTE
REGNAULT-BONSCOURS, femme), connue d'a-
bord sous le nom de M"' Rcgnault, fut l'une
des chanteuses les plus remarquées de l'Opéra-
LEMONNIER — LENEPVEU
99
Comique. Née à Drest le 24 août 1789, elle débu-
ta, âgée de seize ans, à Rouen, dans le Prisonnier
et Maison à vendre, et resta quatre ans en celle
Tille, d'où un ordre du surintendanUles tliéâtres
la fit venir à Paris pour débuter à l'Opéra-Co-
mique. Elle y parut avec succès, le IG décembre
1808, dans Isabelle et Gerlrude et le Jugement
deMidas. Sa rivaliléàce tbéâtre avecM"^Duret-
Saint-Aubin — rivalité tout amicale — est restée
célèbre, et l'on sait que, tandis que Boieldieu
écrivait surtout pour elle, Nicolo écrivait surtout
pour la seconde. (V. l'article Boieldieu au 2°
vol. de la Biographie.) Elle épousa, en 1817 ou
1818, un de ses camarades de l'Opéra-Comique,
Lemonnier, et créa avec succès un nombre consi-
dérable d'ouvrages, parmi lesquels Cewrf/i7?o« ,
V Enfant prodigue, Jean de Paris, le ISouveau
Seigneur de village, Jeanne d'Arc, Leicester,
Daniloiva, Joséphine, etc. L'empereur Napo-
léon l"" prisait beaucoup son talent. Elle se retira
du tbéàtre en 1828, et, environ dix années après,
lorsque son mari eut pris sa retraite à son tour,
elle alla babiler avec lui Saint- Sever (Calvados),
où elle est morte seulement le 5 avril 1866.
Son mari, Louis -Augustin Lemonnier, avait
commencé sa carrière dramatique au [letit théâ-
tre des Jeunes-Artistes, qui, avec tantd'autres, fut
fermé en 1807 par suite du décret impérial qui
rétablissait le régime des privilèges et réduisait
de plus de moitié le nombre des théâtres alors
ouverts dans Paris. Lemonnier s'en alla bientôt
à Rouen, puis à Bruxelles, où il joua l'emploi
des Colins. Engagé à Paris, au théâtre de l'O-
péra-Comique, ii y débuta, le 5 mai 1817, dans
Jeannot et Colin et Paul et Virginie. Lemon-
nier n'était pas vraiment un chanteur, et sa voix,
quoi(iu'agréable et bien conduite, était courte et
sans grande portée ; mais c'était un excellent
comédien, doué d'un beau physique, plein de
distinction, et il sut bientôt se faire un emploi
approprié à ses facultés. Il fit d'heureuses créa-
tions dans l'Artisan, les Petits Appartements,
l'Orphelin et le Brigadier, la Vieille, VExd
de Rochesler, la Fiancée, Daniloiva, Trois jours
en une heure, Joséphine, le Grand Prix, Ma-
saniello, le Mariage à l'Anglaise, le Roi et le
Batelier, le Colporteur, les Deux Mousque-
taires, Ludovic, l'Homme sans façons, les
Deux Nuits, et surtout le Pré aux Clercs, oii
le rôle de Comminges lui fit beaucoup d'honneur.
Après vingt ans de bons services, Lemonnier
quitta le théâtre en 1837, Plus jeune que sa
femme de trois ou quatre ans, il s'en alla vivre
avec elle à Saint- Sever, où il lui survécut de
de cinq années. Il mourut dans cette retraite, où
il était volontairement seul et isolé, le 4 mars
1875, âgé de 82 ans. Son fils, M. Lemonnier,
avait été joaillier de la couronne sous le second
empire, et sa petite-fille a épousé il y a quelques
années M. Georges Charpentier, réditeur-jibiaire
bien connu.
LEMOYIVE (Jean-Baptiste MO Vi\E,dit).
— L'un des premiers ouvrages de cet artiste fut
une vaste composition en forme d'oratorio, écrite
par lui sur une poésie de Gilbert : Ode sur le
combat d'Ouessant et qu'il fit exécuter au Con-
cert spirituel en 1778, l'année même de ce com-
bat fiimeiix.
LEiVEPVEU (Charles-Ferdinand), né à
Rouen le 4 octobre 1840, fit ses études au lycée
de cette ville, et sentit de bonne heure s'éveiller
en lui un goût prononcé pour la musique, goût
qu'il ne put satisfaire tout d'abord autant qu il
l'aurait voulu; car son père, avocat au barreau
de Rouen, prétendait lui faire suivre la carrière
que lui-même avait parcourue, et il lui inter-
disait à cet effet toute étude pouvant l'en dé-
tourner. Le jeune Lenepveu se soumit, tant bien
que mal, à la volonté paternelle; mais lorsqu'à
l'âge de dix-neuf ans, il se vit pourvu du diplôme
de bachelier es lettres, il manifesta le désir d'aller
suivre à Paris les cours de la Faculté de Droit.
Tel était, du moins, le prétexte dont il couvrait
l'intention, bien arrêtée chez lui, de donner sa-
tisfaction à ses aspirations musicales, et d'étudier
sérieusement l'art dont les séductions promet-
taient de s'accroître pour lui à mesure qu'il en
aurait pénétré les secrets. La permission qu'il
demandait lui ayant été accordée, il vint à Paris,
et, tout en éludiant leCode et le Digeste, il reçut,
durant trois années, de M. Augustin Savard, pro-
fesseur au Conservatoire, de substantielles leçons
concernant le solfège et l'harmonie.
Ce fut au cours de ces études que M. Lenepveu
trouva l'occasion de .s'essayer pour la première
fois comme compositeur. La Société des Beaux-
Arts de Caen avait mis au concours une cantate
destinée à célébrer le centième anniversaire de
la fondation de la Société d'Agriculture et de
Commerce de la même ville. M. Lenepveu entra
en lice, et obtint le premier prix , consistant en
une médaille d'or. Sa cantate fut exécutée, le 29
juillet 1862, à l'hôtel de ville de Caen.*
Encouragé par ce premier succès, le jeune com-
positeur ne «ongea plus qu'à suivre hardiment
la voie qu'il regardait comme sienne. Il obtint,
par l'entremise de M. Savard, son admission au
Conservatoire, dans la classe de M. Amhroise
Thomas, et en 1865, après deux années consa-
crées à l'étude du contrepoint, de la fugue et de
la composition idéale, il se présenta au concours
pour le prix de Rome. Reçu second en loges, il fut
dOO
LENEPVEU — LÉONARD
olus lieureux encore au concours définitif, et
le granii prix lui fut (iécerné. Avant de partir pour
Rome, il lit entendre dans la salle des concerts
du Conservatoire, le 3 janvier 1866, sa cantate,
Jlenaiid dans les jardins dWrmide. Unduetfo,
extrait de celte partition, a été publié par l'édi-
teur M. Hiélard.
Pendant son séjour à Rome, lequel dura jus-
qu'au mois de juillet 1868, M. Lenepveu se livra
à différents travaux de composition; il |)rit part
notamment à l'un des concours de composition
dramatique ouverts par le ministère des Beaux-
Arts, et revint à Paris avec une partition com-
]>lèle, écrite sur le poème de M. de Saint- Geor-
ges, le Florentin. En attendant le résultat de
ce concours, il reprit ses études de contrepoint"
et fugue avec un artiste du plus haut mérite, et
dont la fin prématurée a inspiré bien des re-
grets : nous voulons parler d'Alexis Chauvet
[Voij. ce nom), l'éminent organiste de la Trinité,
près duquel bon nombre de nos jeunes musi-
ciens ont trouvé de précieux conseils et des en-
couragements efficaces.
Au mois de novembre 1869, M. Lenepveu
se vit proclamer lauréat du concours d'o-
péra-comique , concours auquel avaient pris
part soixante-trois compositeurs. Les événe-
ments politiques mirent obstacle à la repré-
sentation du Florentin dans le délai promis;
comme beiireuse diversion à la longue attente
qu'eut à subir en celte circonstance le musi-
cien, il rencontra un succès dans la produc-
tion d'une messe de Requiem qui fut entendue
pour la première fois à Bordeaux, le 20 mai
I871j au profit des victimes et des orphelins de
la guerre. Des fragments de ce Requiem ont été
exécutés à Paris, en 1872, par la Société des
Concerts du Conservatoire, et en 1873, aux
Concerts populiraes; l'œuvre tout entière a eu
depuis de nouvelles auditions à Cordeaux.
Enfin, après de longs délais et des démarches
réitérées, le Florentin fit son apparition sur
la scène de l'Opéra-Comique, le 26 févirer 1874,
et y fut très-convenablement accueilli, sinon
avec une grande faveur. M. Lenepveu travaille
en ce moment à un grand opéra , Velléda ,
dont le poème , de M. Augustin Cliallamel, est
emprunté aux Martyrs de Chateaubriand.
Il a publié, chez l'éditeur M. Hiélard, des mor-
ceaux de piano, d'une facture soignée, parmi les-
quels nous citerons : Barcarolle, Rercruse, oie,
et un certain nombre de mélodies : la Jeune Cap-
tive, Rappelle-toi, Chanson, Je ne le dirai
pas, etc. La partition du Florentin a été publiée
à Paris, chez M. Achille Lcmoinc (1;.— J.C-z.
(1) M. Lenepveu a publié dans le Journal le Magasin
LlirvOlR (E -E....-C ), compo.siteur
religieux, maître de musique de la Sainte-Clia-
pelle du roi, à Dijon, vivait en cette ville dans
la seconde moitié du dix-huitième siècle. Dans
son opuscule : les Musiciens bourguignons, pu-
blié en 1854, M. Charles Poisot disait à son su-
jet : « M. Henri .lolief possède de cecoiii|)ositeur
un recueil manuscrit de pièces de musique com-
posées pour l'Église en 1785. Ce petit in-4'' con-
tient sept psaumes, un Ave Maris stella, un
Magnificat, le cantique Cantemus Domino, un
Kyrie, Gloria et Credo à quatre voix, un Do-
mine salvum, un répons et des fragments d'une
grand'messe à symphonie. »
LEi\01R-DUPLESSIS (Le chevalier) , a
écrit la musique d'un mélodrame en un acte,
r Amour enchaîné par Diane, qui fut repré-
senté en 1779 au théâtre des Élèves de la danse
pour l'Opéra.
* LËI\Z (LÉopoLt)), chanteur et compositeur
de lieder, est mort à Munich le 17 juin 1862.
* LEi\Z(GiiiLL\i;MEDE), dilettante passionné
et écrivain sur la musique, est né en 1809. On lui
doit un écrit publié sous ce titre : Liszt, Chopin,
Tausig, Henselt, Berlin, Bote et Bock, 1872. H
a fourni des articles au Journal deSaint-PéterS'
bourg (sous l'initiale L ), ainsi qu'à diverses feuil-
les allemandes, entre autres à la Neiie Berliner
Blusikzeiteing.
* LEO (Leonahdo). a la liste des ouvrages
dramatiques de ce maître, il faut ajouter les sui-
vants : 1° il Trionfo di Camilla, regina de'
Volsci, Rome, th. Capranica, 1726 ; 1° il Conte,
Naples , th. des Fiorentini ; 3" Alidoro, id., id.,
1740 ; 4" la Fedellà odiata, id., id, 1744;
5° Ez-io.
LEO (Charles), compositeur allemand, a
écrit la musique d'une opérette, Podol, qui a été
jouée au théâtre Wallner, de Berlin, au mois de
novembre 1867.
* LÉOi\AIlD (Hubert), célèbre violoniste
belge , est depuis plusieurs années fixé à Paris,
où il s'est consacré à l'enseignement, et semble
avoir renoncé complètement à se faire entendre
en public. Je crois utile de reproduire ici la liste
complète dès œuvres publiées par cet artiste
fort distingué, telle qu'elle m'a été communiquée
par lui-même : 1" Gymnastique du violoniste,
ou résumé des éléments les jilus utiles à travail-
ler journellement ; 2° La Petite Gymnastique
du jeune violoniste; 3° 24 Études classiques;
4° 24 Études liarmoniques, dans les différentes
positions; 5" École Léonard, méthode de violon ;
des DemoUelles la musique d'une opérette, l'Anniver-
saire, qui n'a pas été représentée. — h. P.
LÉONARD — L'ÉPINE
101
C" l'Ancienne École italienne (élude spéciale
de la double-corde), recueil de fugues et de mor-
ceaux divers de Corelli , Tartini , Geniiniani et
Nardini, harmonisés d'après la bassedes auteurs ;
7° 6 sonates de Tartini, harmonisées d'après la
basse de l'auteur ; 8" Le Trille du Diable de
Tartini, id., 9° 5 concertos, avec accompagne-
ment d'orchestre; 10° 17 fantaisies, id.; il" 6
solos de concertos, avec accompagnement de
piano; 12' 10 Petits Morceaux caractéristiques,
avec piano; 13° Sérénade pour trois violons;
14° plus de 60 duos pour piano et violon, sur
des motifs d'opéras, en société avec Joseph
Gregoir; 15° 4 duos originaux pour piano et vio-
lon, avec M. Henri Littolff ; 16° 4 duos pour vio-
lon et violoncelle, avee Servais; 17° Duo de
concert, pour deux violons ; 18" Valse-caprice de
concert; 19° 5 mélodies de Richard Wagner,
transcrites pour le violon avec accompagnement
de piano. Tous ces ouvrages ont été publiés à
Paris, chez Richauit, ou à Bruxelles, chez
Schott.
LLOA'CE (Le Frère), de la communauté des
frères du pensionnat de Passy, près Paris, a pu-
blié les œuvres suivantes de musique religieuse :
1° Messe solennelle à quatre voix, avec accom-
pagnement d'orchestre ou d'orgue (Paris, Gé-
rard) ; 2° Deuxième Messe à quatre voix, avec
acompagnement d'orgue ou de petit orchestre
(id., id.); 3° Kyrie, avec accompagnement
d'orgue ou de piano (id., id.); 4° Gloria, id.
(id., id.); 5° Credo, id. (id., id.);6° Sancius,
id. (id., id.) ; 7» Agmis Dei, id. (id., id.) ; 8» Ta-
blettes de Vorganisle , 120 versets faciles et
chantants, dans les tons les plus usités, pouvant
servir pour toutes les parties de l'office divin
(Paris, Prilipp, in-8° oblong).
LEOI\IIAllD(JuLES-ÉMiLE), pianiste etcom-
positeur. Deux fautes typographiques se sont
glissées dans la notice consacrée à cet artiste.
Son nom doit s'écrire Leonhard.el non Leon-
hardt, et il est né à Lauban, et non Laubau.
LEOIVI (A ), musicien italien du dix-neu-
vième siècle, est l'auteur d'un opéra inlilulé
Ariele. On lui doit aussi un Salve Regina à
voix seule et quelques mélodies vocales.
LEOiXi (Josè-Maru-Martins), théoricien
portugais, a écrit : Principios de miisica theorica
e pratica, para instrucçao da musica de por-
tugueza (Lisbonne, 1833, in-4° de ,52 |)p, et 8
planches d'exemples)"; ce n'est que la première
partie de cet ouvrage ; le reste n'a pas paru,
que je sache. Avant les exemples, on trouve une
analyse favorable de cet ouvrage, faite par le sa-
vant compositeur Frei José Marque seSilva.
J. DE V.
LE PAGE (L ), acteur de l'Opéra, où
il chantait les basses-tailles , entra à ce théâtre
au mois de novembre 1735, et prit sa retraite en
1752.1! y fit un assez grand nombre de créations
importantes, dont plusieurs dans des ouvrages
de Rameau, ce qui est une présomption en faveur
de son talent, car on sait combien cet illustre
maître était difficile en ce qui concernait ses in-
terprèles. Voici la liste des ouvrages dans les-
quels il établit des rôles : Castor et Pollux, les
Fêtes d'Hébé, Zaïde, reine de Grenade, Dar-
danus, Isbé, les Fêles de Polymnie, le Temple
de la Gloire, l'Année galante, les Fêtes de
Vhymen et de l'amour, Lêandre et Héro, Al-
masis, Titon et V Aurore. Le petit almanach in-
titulé le Tableau des Théâtres (pour 1749),
consacrait à Le Page ce quatrain, dans lequel la
langue n'étail_J pas moins maltraitée que la poé-
sie :
Comique, grave, sérieux.
Le Page remplit tous les rôles;
Faire les valets et les dieux
Ne sont pas des emplois frivoles.
Le Page épousa M"' Eremans {Voyez ce nom),
qui était sa camarade à l'Opéra. Il avait un frère,
désigné sous le nom de Le Page cadet, comme
lui attaché à ce théâtre, «■ dans les chœurs et
doublant les rôles. »
LEPEIi\TRE ( ), musicien qui vivait
dans la seconde moitié du dix-septième siècle,
était renommé à Paris pour son talent sur le
violon. Ce talent ne devait pas l.iisser que de
lui être productif, si l'on en juge par ces lignes
dans lesquelles Richelet, au mot Violon de son
Dictionnaire français, parle de cet artiste :
« Le poète Martial disait autrefois que pour faire
fortune à Rome il fallait être violon. Quand on
dirait aujourd'hui la même chose de Paris, on di-
rait peut-être assez la vérité. Le Peintre, l'un
des meilleurs joueurs de violon de Paris, gagne
plus que Corneille, l'un des plus excellents et
de nos plus fameux poètes français. » Ce pas-
sage de Richelet est du reste le seul témoignage
que j'aie rencontré de l'existence de cet artiste.
LEPIX ou LE PL\ ( j, probablement
frère du claveciniste du même nom, vivait ainsi
que lui à Paris dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle. Violoncelliste amateur, il a pu-
blié quelques compositions pour son instrument.
Je n'ai eu connaissance que des suivantes : 1°
Trois sonates pour le violoncelle avec accompa-
gnement de basse , op. 1 ; 2° Sonates pour le
violoncelle avec accompagnement de basse ,
op. 2.^
L'ÉPINE (Erîsest), littérateur et composi-
102
L'ÉPINE — LE PRÉVOST
teur, né à Paris en 1820, commença par èle
employé à l'aflministration des postes, et se lit
d'abord connaître par la publication de quehjues
romances. Devenu, après le rétablissement de
l'empire, chef du cabinet du duc de Morny à la
présidence du Corps législatif, il lit jouer deux
petites comédies au Théâtre- iM'ançais et composa
Ja nmsique d'une opérette en un acte, Croqui-
gnole A'A'.TTV, qui fui représentée aux Bouffes-
Parisiens le l'i jinvier 1800. Les romances de
]\1. L'Épine sont en assez grand nombre, et Je
citerai seulement: A qui pensait-HP Madrid,
Chinoiserie, Barcarolle, V Enfant, Si j'étais
le bon Dieu ! Cousine Marie, Mon petit ange,
rombre des blés, Isola bella , le Printemps,
Sous les Tilleuls, les Goélands, A bord, le
Bois joli, Regrets d''amours, etc., etc. Sous ce
titre : Poésie chantée, M. L'Épine a publié
(Paris, Hartmann) un recueil de dix mélodies vo-
cales d'un tour aimable et d'un heureux accent ;
un autre recueil, intitulé Scènes et Chansons,
et formé de 24 mélodies , a paru chez l'éditeur
Flaxiand. — En 1875, M. Ernest L'Épine a été
nommé conseiller référendaire à la Cour des
comptes.
* LEPLUS (Louis-G.vekiel), est mort à Paris,
au mois de mars 1874. Cet artiste avait com-
mencé son éducation musicale au Conservatoire
de Lille.
* LE PRÉVOST (Etienne-Alexandre), est
mort à Paris le 19 décembre 1874. M. Théodore
Nisard, qui connaissait personnellement cet ar-
tiste fort distingué, a publié sur lui, vers 1808,
une notice dont les renseignements complètent
ceux donnés par la Biographie universelle des
Musiciens, et qu'il ne nous semble pas inutile
de reproduire en grande partie.
« Ce fut à Paris, dit cet écrivain, qu'il reçut
les premières notions de musique sous la direc-
tion de Poirier-Lataille, violoniste distingué de
la chapelle du roi Louis XVIII. En 1820, il fut
admis comme élève à l'École spéciale de musique
religieuse fondée et dirigée par l'illustre Choron.
Son aptitude au travail et sa rare intelligence
furent bientôt remarquées, et lui valurent, peu
de temps après, les fonctions de professeur de
solfège et de classe d'ensemble dans cet établis-
sement. 11 y étudia l'harmonie .sous les auspices
de Ikrnanio l'orla, et tels furent les progrès de
Leprévost dans cette science, qu'il n'avait que
douze ans lorsqu'il lit exécuter, en 182'i, ;\ l'é-
glise deSaint-Jacques-du-IIaut Pas, avec le con-
cours de tous les élèves de l'École de musique
religieuse, une messe de sa composition. A la
même ('poque, l'institut de Choron se réunissait
chacjiK; d'iiianche dans l'i-glisc delà Sorbdiine,
et y faisait entendre d'admirables offices en mu-
sique. Leprévost, malgré son extrême jeunesse,
eut l'honneur de tenir le grand orgue dans ces
solennités musicales.
« Le 2 mars 1832, il entra au Conservatoire
de musique, où il fit de sérieuses études de con-
trepoint et de fugue, d'abord dans la classe de
M. Fétis, puis, après le départ de ce savant pro-
fesseur pour Bruxelles, dans celles d'Halévy et de
H. Berton, jusqu'au mois d'octobre 1833, époque
à laquelle il se livra seul à l'analyse de-; chefs-
d'œuvre des plus illustres compositeurs anciens
et modernes. »
Successivement, de 1830 à 1844, organiste et
maître de chapelle des églises de Saint-Paul-
Saint-Louis, de Saiut-Merry et de Saint-Eusta-
che, Leprévost, qui remplit aussi les fonctions
d'alto à l'orchestre de l'Opéra du 1^'' novembre
1839 au 30 octobre 1845, devint, le 1" janvier
1844, organiste accompagnateiu- à Saint-Roch.
Il obtint une première médaille au concours des
cliants historiques et religieux (1847), une mé-
daille semblable au concours de chants nationaux
et patriotiques (1848), le 21 mars de celte der-
nière année donnait à l'Opéra- Comique un agréa-
ble ouvrage en un acte, le Rêveur éveillé (l),et
en 1804 recevait une médaille d'honneur, au nom
de V Orphéon de France, pour sa cantate à qua-
tre voix d'Uoifimes., Halte dans les bois, a\ec
accompagnementde saxhorns. On a de cet artiste
une centaine d'ouvrages de tons genres, messes et
morceaux d'église, oratorios, opéras, cantates,
ouvertures, chœurs, etc., etc.
« Si, — dit encore M. Th. Msard, — comme on
l'a dit avec raison, la vie d'un artiste est tout
entière dans ses œuvres, on conviendra sans
peine que celle de Leprévost a été jusqu'à pré-
sent aussi active que féconde. Plein d'enthou-
siasme pour la belle et grande musique des maî-
tres anciens et modernes, l'organiste-accompa-
gnateur de Saint-Roch s'est constamment imposé
la tâche de méditer leurs impéris.sables modèles,
et d'en enrichir l'écrin de son individualité mu-
sicale. Celle individualité est évidente : on la
touche du doigt, en quelque sorte, dans toutes
les pages écloses au souflle de son inspiration.
Chez Leprévost, la mélodie domine toujours, et
l'auteur ne l'éfouffe jamais .sous les plis d'une
harmonie savante qu'il sait draper en maître,
c'est-à-dire avec beaucoup de délicatesse et d'ha-
bileté. C'est surtout dans la musique religieuse
que notre artiste se complaît et réussit : là, sa
manière est large et pleine d'une noble gravité
(i) Et non le Dormeur éveillé , comme il a été dit par
erreur.
LE PRÉVOST — LESCHETITZRY
103
qui convient à sa destination, autant que le per-
met la tonalité nioiterne. Nous avons souvent
qualifié de musiq nette teWe au telle production
soi-disant religieuse de certains compositeurs
actuels, mais notre plume n'écrira jamais ce mot
en parlant des ajiivres de musique sacrée de
Leprévost, et c'est par ce témoignage sincère que
nous terminerons une notice qui, nous l'espérons
bien, ne contient pas le dernier feuillet delà vie
artistique du savant organiste. «
* LEROY ou LEliOI (Guillaume), diacre,
chantre-basse à la chapelle de Louis XII, quitta
Paris et la chapelle royale, en 1530, pour aller
prendre possession de la maîtrise de la cathé-
drale de Rouen, dont on lui avait confié la direc-
tion.
LEROY ( ), compositeur, professeur de
chant et éiliteur de musique à Paris, dans la se-
conde moitié du di\-huilième siècle, a publié di-
verses compositions, entre autres un Recueil
d'airs et de chansons, avec accompagnement
de piano- forte ou de harpe, œuvre IV, et un
Premier Pol-Pourri d''airs choisis, tirés des
plus jolis opéras-comiques, arrangés pour la
harpe ou le forte-piano, œuvre VI.
LE ROY ( ). C'est sous ce nom que parut
à l'Ambigu-Comiciue , en 1791 , un petit opéra-
comique en un acte intitulé la Bascule.
LESAGE ( ), l'un des meilleurs acteurs
qu'ait possédés l'Opéra-Comique, où il fournit
une carrière de trente années, débuta au théâtre
de Monsieur, lors de sa fondation en 1789, dans
l'emploi des tailles comiques, que Trial avait
illustré à la Comédie- Italienne, et s'y fit aussitôt
remarquer. Il n'avait que peu de voi\, mais il
s'en servait très-bien, étant excellent musicien,
et son talent de comédien était des plus remar-
quables. Lors de la réunion^des deux troupes
d'opéra-comique dans la salle de Feydeau, il se
fit une position brillante , et peu d'années après
un critique en parlait ainsi: « Lesageestàla lettre
un excellent acteur, d'une utilité très-grande ,
surtout depuis que l'Opéra-Comique a eu le mal-
heur de perdre l'estimable Dozainville. Lesage
seul fait la fortune de Monsieur Deschalumeaux,
folie de carnaval, qui, sans le talent extraordi-
naire qu'il y a déployé, n'eût point franchi les
bornes de ce temps consacré à la grosse joie. La
pièce est longue, et M. Deschalumeaux occupe
presque toujours la scène : Lesage trouve pour-
tant le moyen de faire rire le public depuis le
commencement jusqu'à la fin. Cet acteur joue
les niais et les caricatures, mais avec esprit et
bonhomie. Son genre est très-supérieur à celui
de Baptiste cadet, de Brunet, de Talon ; aussi
a-t-il la réputation de premier talent, qui ne s'ac-
corde pas facilement à l'acteur livré à ce genre ,
dans lequel il est si facile d'obtenir des suc-
cès (1). ).
Lesage avait commencé sa réputation dans
quelques pièces du Cousin-Jacques : la Petite
IS'anette, Jean-Baptiste, le Club des bonnes
gens; il la soutint dans plusieurs autres ouvra-
ges, Avis au public, l'Emprunt secret, et sur-
tout dans Cadichon et les Comédiens ambu-
lants, pièces où, en dehors de ses qualités scéni-
ques, il faisait applaudir un talent remarquable
de violoniste. Il continua d'être un des favoris
du public jusqu'à sa retraite, qui eut lieu le 20
février 1819. Il n'était pas moins estimé comme
homme que comme artiste.
Sa femme, néeMarie-Françoise-Christine San-
lin, mais connue sous le nom de M""' Juliette
Lesage, débuta en même temps que lui au théâ-
tre de Monsieur, dans l'emploi des secomles chan-
teuses, obtint pendant quelques années un succès
de vogue, et prit ensuite l'emploi des jeunes
mères. C'était une artiste estimable, douée d'une
voix agréable, mais sans grande originalité. Sa
carrière fut courte, car en 1798 ou 99, elle quitta
la scène. Elle mourut le 10 juillet 1820.
La fille de ces deux artistes, m"*^ Augustine
Lesage, suivit la même carrière et parut sur le
même théâtre, où elle débuta vers 1797. Elle pos-
sédait une voix étendue, chantait avec goût, et
était loin de manquer de talent comme comé-
dienne. On lui reprochait seulement un peu de
froideur et de timidité. Dans un ordre secondaire,
elle fut jusqu'en 1813, époque de sa retraite,
l'une des artistes les plus distinguées et les plus
aimées de l'Opéra-Comique. Peu de temps après
ses débuts, elle avait épousé un nommé Haubert,
qui n'appartenait pas au théâtre, et depuis lors
fut appelée M""' Haubert-Lesage. Devenue veuve,
elle se remaria en Î812, peu de temps avant sa
retraite, avec le ténor Huet, .son camarade à
l'Opéra-Comique, qui commençait à se faire une
brillante réputation à ce théâtre.
* LESBIO (Antomo-Maroues). — En par-
lant de cet artiste, Fétis écrit son nom : Mar-
quez, (Antonio Lesbio), ce qui est une erreur,
et il place la date de sa naissance à l'année
1600, ce qui est inexact aussi, Lesbio étant né
en 1639. L'article de Fétis contient encore quel-
ques autres erreurs, que j'ai rectifiées dans
mes Musicos portuguezes. Outre la collection
de VilhancicosAndiquée à 17C8, il en a publié
une foule d'autres, depuis 1060 jusqu'à cette
dernière date. J. de V.
LESCHETITZKY (Th ), pianiste re-
(1} Opinion du parterre, 1907.
i04
LESCHETITZRY — LESFAURIS
niarquable et l'un des artistes les plus distingués
de la Russie, s'est fait connaître d'ahord à Saint-
Pétersbourg, et se produisit ensuite à Londres,
en 1864, avec un très-grand succès, dans les
séances de V Union musicale si liien dirigées par
M. John Ella. Virtuose distingué, excellent mu-
sicien, joignant à de grandes qualités de méca-
nisme et à une rare puissance de sonorité un goût
véritable et une remarquable délicatesse de tou-
cher, M. Lesclietilzky lit sur le public anglais
une impression profonde. De retour dans sa pa-
trie, il vit sa renommée grandir chaque jour,
et sut se faire applaudir non-seulement comme
virtuose, mais comme exécutant de musique de
hambre, en secondant fréquemment MM. Auer et
Davidoffdans leurs intéressantes séances, suivies
avec tant d'intérêt par les dilettantes de Saint-
Pétersbourg. Il est aujourd'hui professeur au Con-
servatoire de cette ville.
M. Leschetitzky s'est fait apprécier aussi
comme compositeur, en exécutant des pièces
écrites par lui, qui se distinguent, dit-on, par
une véritable originalité de forme, une grande
distinction et un charme pénétrant. J'ignore s'il
a publié quelques-unes de ces compositions, mais
il a écrit la musique d'un opéra-comique en un
acte, la Première Ride, qui a été représenté le
9 octobre 1867 sur le théâtre allemand de Prague.
En 1871, cet artiste s'est fait entendre avec suc-
cès dans l'un des concerts du Gewandliaus, de
Lepzig.
* LESCOT (C -F ), violon de l'orches-
tre de la Comédie-Italienne, entra à ce théâtre
en 1767, et prit sa retraite, avec pension, en 1790.
Le petit ouvrage représenté à la Comédie-Ita-
lienne, non en 1789, mais le 15 juin 1787, et
indiqué comme étant de lui, la Négresse ou le
Pouvoir de la reconnaissance, n'était ,pas un
opéra-comique, mais un simple vaudeville, de
Barré et Radet; Lescol se sera donc borné sans
doute à écrire pour celte pièce quelques couplets
sans importance. J'ai retrouvé la trace de diverses
composilions publiées par Lescol : 1° Six duos
pour deux violons, Paris, Huguet; 2° Arieties,
duo et romances, avec accompagnement d'une
basse ciiiffrée, Paris, M""' Le Menu ; 3° Six trios
pour deux violons et basse, op. 2.
LESCOT (Mademoiselle), lille de Clairval,
célèbre acteuret chanteur de laComédie-Ilalienne,
débuta à ce Ihéàtre, le 17 janvier 1780, par le
rôle de Bélinde dans la Colonie, et joua ensuite
le Magnifique, Toni Jones, Zémire et Âzor et
la Belle Arsène. Elle avait du talent, paralt-il,
car elle fut immédialeinent reçue sociétaire, ce
à quoi, du reste, la situation et linlluence de son
père ne furent pas sans doute complètement
étrangères. Les Tablettes dn renommée des
Musiciens disaient de cette jeune artiste, en
1785 : « M"' Lescot, jeune actrice et musicienne
du plus grand mérite, joue les rôles d'amoureu-
ses. Une belle voix, étonnante surtout dans les
tons graves, qui se rapprochent de la rondeur
d'une basse-taille, beaucoup de finesse dans le
jeu, et un goi'it exquis dans léchant. » On voit par
là que la voix de la jeune artiste était un contral-
to. Je ne sais siM"« Lescot mouruten 1791, mais
à partir de cette année elle disparaît delà liste des
acteurs de la Comédie-Italienne, et n'est point
comprise parmi ceux qui se sont retirés avec la
pension ordinaire.
LESFAURIS (Jea^), théoricien musical,
né à Saint-Esprit (Landes), près Rayonne, en oc-
tobre 1808, a étudié l'harmonie avec un savant
professeur,Ferroud ( Voy. ce nom), qui a laissé à
Bordeaux d'excellents élèves.
M. Lesfauris a publié , en 1832, une brochure
intitulée: Origine de la Gamme moderne {\n-
8", chezL. Hachette) ; en 1853, une Phijsiolngie
de la voix chantée {idem) : en 1854 : Unité de
la voix chantée et Auscultation ; De la voix
au point de vue du beau (in-l2, Bordeaux, chez
Gounouilliou); en 1858 : Essais d'Esthétique,
[id.) ; en 1867 : Éléments de V Acoustique mu-
sicale, reposant sur les capacités esthétiques
de rouie.
Sous le titre de Science nouvelle, l'auteur a,
en quelque sorte, fondu les publications ci-des-
sus dans deux petits volumes : l'un. Acoustique
musicale au point de vue de l'Art (2« édition,
in-12, chez Dentu), embrassant la musi(iue, les
instruments et le local propre à cet art; l'autre :
Théorie du beau perçu par le sens de l'ouie
et Esquisse d'une philosophie réduite aux
principes de la connaissance scientifique (in-
12, 1875, chez Dentu).
C'est en effet une science nouvelle; car, dit
l'auteur, « elle repose sur les capacités esthé-
« tiques de l'ouie (science innée de l'ouïe) qu'il
« fallait découvrir : ainsi, les systèmes de mu-
« sique n'étant que des manifestations plus ou
« moins satisfaisantes des capacités estheliques
n de l'ouïe, c'est sur ces capacités que doivent
« reposer les éléments antérieurs et supérieurs à
« tous ces systèmes de musique.
« S'agit-il de la voix chantée, l'appareil vocal
» n'est pour l'auteur qu'un instrument en quel-
« que sorte inerte, dépenilant des capacités de
«I l'ouïe, soit pour la qualité musicale, soit pour
« la qualité expressive de la voix. »
L'auteur a soin de faire remarquer que pour
développer convenablement les matières conte-
nues dans ses deux derniers volumes, dix gros
LESFAURIS — LESUEUR
10&
tomes et plusieurs '^ existences humaines sufli-
raient à peine. Il n'a que posé les jalons essen-
tiels de la nouvelle science.
A. L — N..
* LESLIE(EtE>iRi-DAviD). Cet artiste estima-
ble a fait représenter sans succès sur le théâtre
Covent-Gariien, de Londres, au mois de novem-
bre 18()5, un opéra anglais en trois actes, intitulé
Ida, qu'il a retiré après sa troisième représenta-
tion. Quelques années auparavant, dans le cours
du mois de février 1861, M. Leslie avait fait
exécuter à Suint' James hall une canlàie impor-
tante. On lui doit encore un Te Deum et jubilé
en r^,et une opérette intitulée Roman ou le Brave
Bic/i Turpin.it crois que cet artiste s'est pro-
duit aussi comme écrivain spécial; on avait an-
noncé il y a quatre ou cinq'ans qu'il allait publier
un Annuaire musical. Je ne saurais dire si cet
ouvrage a j aru.
LESSER (STANiSLAS.baron DE), est l'auteur
d'un manuel intitulé Gymnastique musicale
[Musikatische Gymnastik), qui a été publié à
Leipzig, chez von Veil, en 1877. Ce manuel est
une sorte de traité de l'application de la gymnasti-
que à la pratique de l'art musical, dans lequel l'au-
teurs'est proposédedonner aux doigts, aux mains,
aux articulations de l'avant-bras, et môme aux
pieds(cequi n'est pas inutile pour l'orgue), toute la
souplesse, la force et l'indépendance dé.^irables.
Dans ce but, il décrit et recommande toute une
série d'excercices gymnastiques dont la combi-
naison et la variété sont pour ainsi dire infinies,
et pour lesquels il a inventé plu.«ieurs a|)pareils
très-simples et bien imaginés. La théorie de
M. de Lesser est ingénieuse, nouvelle, et paraît
de nature à donner de très-bons résultats.
LESTAN { ), violoniste espagnol con-
temporain , a publié chez l'éditeur Romero y
Andia, à Madrid, une Nouvelle Mélkode élé-
mentaire d'alto.
* LESUEUR (Je\n-Fkançois). Ce grand
artiste n'est pas né le 15 janvier 1763, comme
on l'a cru jusqu'ici, mais bien le 15 février 1760.
Cette importante rectification a été faite dans un
écrit anonyme publié récemment sous ce titre .
La Musique àAbbeville. 1785-1856. Souvenirs
d'un musicien (Abbeville, Briez, Paillart et
Retaux, 1876, in-8° de 87 pp.). Dans la notice
qu'il consacre à Lesueur, l'auteur de cet écrit
s'exprime ainsi ; — « Le Sueur est né près d'Ab-
beville, au Plessiel, commune et paroisse de
Drucat, le 15 février 1760. « Et il ajoute en note :
— « Le registre des actes de baptême de la pa-
roisse de Drucat porte : Jean-François i>uew\
né le 15 février 1760. Nous rectifions la date de
la naissance qui a été fixée à- tort en 1763 par
la plupart des biographes, mais nous ne change-
rons pas le nom, dont le célèbre compositeur a
signé ses œuvres et qui est consacré par la re-
nommée. »
A la listedesœuvres de Lesueur, il faut ajouter
les deux cantates suivantes : l'Ombre de Sac-
chini, exécutée au Concert spirituel au mois de
décembre 1786, après la mort de ce grand homme,
et Chant des Bardes en Vhonneur de la paix
et des héros français, exécuté à l'Opéra le 14
avril 1802. D'autre part, la liste donnée par Fétis,
des compositions gravées de Lesueur, doit s'aiig-
nienter de celles dont voici les titres: 1° Deux Ora-
torios de la Passion (Paris, Frey); 2" Oratorio de
Rachel (id., id.); 3° Oratorios de Ruth et ISoéml
et de Ruth et Booz (id., id.) ; 4° l'^"', 2' et 3"= ora-
torios pour le couronnement des princes souverains
(id., id.); 5° Cantate religieuse et motet (Paris,
Beaiivais); 6" Deux Psaumes (id., Lemoine);
7" Super /lumina et 3^ oratorio du Carême (id.,
Frey) ; 8° 3^ Messe solennelle (id., id.) ; 9" Messe
basseet motet Joannes (id., Lemoine) ; 10" Trois
Odes d'Anacréon, mises en musique par Lesueur
(Paris, Janetet Cotelle) -,11° Six Odes d'Ana-
créon, id. (id., id.) (1). L'année de sa mort, Le-
sueur avait commencé dans la Revue et Gazette
musicale la publication d'une notice sur Lully
qui est restée inachevée. Quarante ans aupara-
vant il avait donné, dans une traduction des odes
d'Anacréon faite par Gail, une Notice sur la Mé-
lopée, la Rhylhmopée et les grands caractères
de la musique ancienne, notice qui est aujour-
d'hui complètement inconnue. Enfin, Lesueur a-
laissé sous ce titre": Traité sur la musique des
anciens, un travail important sur la musique
grecque, qu'il s'était proposé de publier dès 1822-
et qui pourtant est resté inédit jusqu'à ce jour.
Cet ouvrage a donné lieu récemment à un procès
entre les héritiers de Lesueur, procès à la suite-
duquel l'un de ses gendres, M. X. Boisselot
{Voy. ce nom), a été autorisé à le publier. Le-
Traité sur la musique des anciens paraîtra donc
prochainement.
11 me faut signaler maintenant lesdeux notices
biographiques suivantes, qui ont été consacrées
à ce grand artiste : 1° Notice historique sur la
vie et les ouvrages de M. Lesueur, par
M. Raoul-Rochette, secrétaire perpétuel de l'A-
cadémie des Beaux-Arts (Paris, Didot, in-4°);
2° Biographie de Jean-François Le Sueur, par
M. Stéplien de la Madelaine (Paris, bureaux de
la Renommée, 1841, in'8°). — Le & août 1846,.
(1) Lesueur a écrit aussi, pour une traduction d'Ana-
cr(?on fiiite par GjII en l'an VII, la musique d'une ode de
ce poète, .l'ai reproduit ce morceau superbe dans la Bé-
vue de ta musique du 20 janvier 1877.
106
LESUEUR — LEVASSEUR
ta ville d'Abbeville, qui se considère comme le
lieu nalal du maître, donnait en son lionneur un
grand festival dans lequel on exécutait une can-
tate écrite expressément pour la circonstance par
Rigel, et le 10 août 1852 elle procédait, an milieu
de grandes fêtes artistiques, à l'inauguration
d'une statue de Lesueur sur l'une de ses places
publiques, la place Saint-Pierre. Cette statue, en
bronze, était l'œuvre des frères Rocliet, et à l'oc-
casion de son inauguration on exécuta une can-
tate composée par M. Ambroise Tiiomas.
Lesueur avait épousé, le 3 juin 1806, M"« Jo-
mart de Courchamps, qui lui a survécu près de
vingt-cinqan<, et,qui est morte à Paris le 28jaii-
Tier 1861.
LE TERRIER (Pierre), compositeur, vi-
vait à la fin du seizième siècle, et remporta en
1587, au concours du puy de musique d'Évreux,
le prix de la lyre d'argent, qui lui fut décerné pour
une chanson française : Ravi de mou penser.
LETOURNEUR (Jean), chanoine à la cathé-
drale de Rouen, devint en 1482 maître des enfants
de chœur de cette église, et fut, en l'an 1500,
élevé à la dignité de grand-chantre par le cardi-
nal Georges 1"^ d'Amboise.
LEUMS (Régnieb), facteur de clavecins à
Anvers, fut reçu an nombre des maîtres de la
gilde de Saint-Luc en 1610.
LEVACHER (URCLÉ),est auteur d'un écrit
ainsi intitulé : De l'analomie delà main, ou
Nouvelle Méthode inslrumenlale roisonnée
basée 5«r la connaissance de Vanaiomie de
la main (Paris, s. d., gr. in 8")-
LEVASSEUR (Rosalie), lune des plus fa-
meuses actrices de l'Opéra au dix-huitième siècle,
fut l'interprète préférée de Gluck pour ses chefs-
d'œuvre. On n'a que bien peu de renseignements
sur elle, et les dates de sa naissance et de sa
mort sont jusqu'ici restées inconnues. Peut-être
était-elle fille d'un artiste de l'Opéra, car en 1750
un nommé Levasseur était sous-maître, et quel-
(|ues années après maître de chant à l'école de
chant de ce théâtre, qu'il quittait en 1772 (I).
C'est au mois d'août 1700 que >!"" Levasseur dé-
buta, d'une façon modeste, par le rôle de Zaide,
dans l'acte « du Turc » de l'Europe galante,
de Campra. Klle ne portait alors que son prénom
de Rosalie, et ce n'est que dix ans plus tard, à
(1) Cet artiste écrivit sous ce titre : ^zor et Theiiiirc,
le premier acte d'un opéra-ballet qui en comportait trois
et qui, sous ce litre si'nérjl : ^■/miisenirna li/viqiics, fut
représenté au mois de février nso à P(Uoaux, chez, le duc
de Graniont. le second acte de cet ouvrage {.-Ipnlinn et
(■limène) avait été composé par le fameux violoniste
l.eclair, et le troisième {le bai militaire) par un artiste
nommé Martin.
partir de 1776, qu'elle se décida à prendre son
nom de famille. L'auteur de V Arnoldiana assure
que c'est la représentation de la comédie de Pa-
lissot, les Courtisanes, qui lui fit prendre cette
décision : « L'une des héroïnes de cette pièce,
dit-il, s'appelle iîo5r///e, et Rosalie actrice ne
voulant pas être confondue avec Rosalie courti-
sane, reprit son premier nom. Sophie (Arnould)
disait de M"' Levasseur, qui était passablement
laide : Cette Rosalie , au lieu de changer de
nom, aurait bien dû changer de visage. »
M"* Levasseur était laide en effet, mais d'une
laideur qui n'était point sans charme, grâce à
une physionomie vive qu'éclairaient de grands
et magnifiques yeux noirs. Le premier rôle oii
elle se montra avec quelque honneur fut celui
d'Alcimadure dans la fameuse pastorale de Mon-
donville , où elle doubla en 1768 M""^ Larrivée.
« Cette actrice , disait alors Bachaumont , qui
n'a qu'un filet de voix, joue infiniment mieux que
la première. Elle est pleine de sentiment et d'in-
telligence; elle serait faite pour les plus grands
succès, si son organe répondait à son talent. «
Les succès ne manquèrent point à M""^ Levasseur,
qui devint bientôt la rivale de Sophie Arnould ,
rivale puissante, grâce à sa liaison avec le comte
de Mercy-Argenteau, et qui stit lui enlever l'un
des plus admirables rôles que jamais chanteuse
eût |tu ambitionner, celui d'Alceste. C'est encore
Bachaumont qui nous renseigne à ce sujet :
« On n'a pas été peu surpris, dit-il, de voir
M"« Rosalie Le Vasseur faire le rôle (VAlceste
au préjudice de M"' Arnould à la(iuelle il aurait
mieux convenu comme actrice, et d'ailleurs ayant
le droit de le réclamer par son ancienneté. Mais
quand on saura que la D'^* Le Vasseur est maî-
tresse de M. le comte de Mercy-Argenteau, am-
bassadeur de l'empereur et de l'impératrice- reine,
qu'elle le mène avec le plus grand empire, que
le chevalier Gluck <loit être tout à la dévotion de
ce ministre, qu'il est logé chez cette courtisane,
on concevra pourquoi elle a remporté ce triom-
|)he sur sa rivale. » Lorsqu'elle se montra dans
ce rôle d'Alceste, M'"' Levasseur n'avait encore
fait de créations que dans quelques ouvrages :
Orphée, où elle jouait l'Amour, Azolan, de Flo-
quet, et Céphale et Procris, de Grétry, où elle
personnifiait Proctis. Tout son talent fut insuffi-
sant à jifocurer à Alceste le succès que méritait
ce chef-d'œuvre, qui, on le sait, fut méconnu à
.son apparition. Gluck ne lui en resta pas moins
fidèle, et lui confia encore, dans la suite, les
deux grands rôles iVArmide et à'Ipliigéme en
Tauride. C'est elle aussi qui créa V Andromaque
de Grétry, et qui joua Andromède dans le Persée
de Philidor
LEVASSEUR — LEVI
107
Mais l'arrivée de M™» Sainl-Huherty lit pâlir
l'étoile (le M"' Levasseur. Son dernier rôle impor-
tant fut celui d'Armide dans Renaud, deSaccliini;
mais elle ne le joua que quatre fois, et y fut jus-
tement remplacée par M""" Sainl-Huberty. Elle
fut même obligée de paraître aux côtés de cette
admirable actrice, dans un rôle secondaire du
petit opéra de M"» de Beaumesnil, Tibulle et
Délie, tandis que sa rivale était chargée du
personnage important. A partir de ce moment,
il n'est plus question de M"® Levasseur, qui dis-
paraît on I7S5 du personnel de l'Opéra.
LEVASSEUÎl ( ), dit Levasseur l'aîné,
compositeur dramatique, vivait dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle. Il fit la musique
des Adieux de Thalie, compliment de clôture
important, joué à la Comédie-Italienne le 4 avril
1778. 11 avait fait représenter précédemment, sur
le théâtre particulier d'un grand seigneur, deux
petits opéras-comiques, les Rivaux générextx
' (1770) et l'Aveugle par crédulité ; en^m, il écri-
vit la musique du Sicilien ou V Amour peintre
de Molière, arrangé en o[>éra-comique, et cet
ouvrage, ainsi transformé, fut donné à Versailles,
devant le roi, la reine et toute la cour, en 1780.
Il mourut peu d'années après, cartes Tablettes de
renommée des Musiciens, petit recueil bien in-
formé qui parut en 1785, le comptent parmi les
musiciens morts; c'est donc à tort que VAlnia-
nach des Spectacles, publication faite aven beau-
coup de négligence, le mentionne encore, après
cette époque, au -nombre des musiciens vivants.
LEVASSEUR (Nicolas-Prosper), l'un des
plus admirables chanteurs qu'ait possédés l'O-
péra, est mort à Paris le 7 décembre 1871. Il était
né à Bresles, dans le département de l'Oise.
Parmi ses créations sur notre première scènp
lyrique, il faut citer Mahomet du Siège de Co-
rint/ic, le gouverneur du Comte Onj, Walter de
Guillaume Tell, Olifour du Dieu et la Baya-
dère, Fontanarose du Philtre, Bertram de Ro-
bert le Diable (qui mit le sceau à sa renommée
comme chanteur et comme tragédien lyrique),
maître Andiol du Serment, le cardinal Brogni
de la Juive , Marcel des Hugiienois (qui fut
aussi l'nn de ses plus éclatants succès), Rodolpbe
du Lac des Fées, le drapier du Drapier, Bal-
thazar de la Favorite, et enfin Raymond de
Charles VI.
Après vingt années de succès ininterrompus,
Levasseur s'était éloigné de l'Opéra avec l'inten-
tion d'abandonner définitivement la scène et le
<iésir de couronner sa carrière par une grande
tournée en province. Mais à son retour de cette
tournée, il fut l'objet des vives instances de
Meyerbeer, qui admirait son talent autant qu'il
honorait son noble caractère, et qui voulait lui
faire créer dans le Prophète un rôle d'apparence
secondaire, mais extrêmement important, celui de
Zacharic, l'un des trois anabaptistes. Levasseur
céda, sans trop de peine, aux affectueuses solli-
citations du vieil ami aux triomphes duquel il
avait été mêlé ; il rentra effectivement à l'Opéra
pour y faire cette dernière création, après quoi, en
1832, il dit pour toujours adieu au public et se
consacra ensuite exclusivement aux soins à don-
ner à ses élèves.
Dès le 1'='^ juin 18 il, il avait été mis à la tête
d'une classe de déclamation lyrique au Conser-
vatoire, dont, par l'effet d'onne sait quel caprice,
il n'était devenu titulaire qu'en 1850. Pendant
ses trente années de professorat (il fut retraité
seulement vers 1870), il forma d'excellents artis-
tes, parmi lesquels il faut citer surfout, outre
M. Obin, qui lui a succédé dans sa classe,
MM. Caron, Bosquin, Devoyod , M"" Juliette
Borghèse, de La Pommeraye, Mauduit et Rosine
Bloch. En 18G8, il avait été nommé chevalier de
la Légion d'honneur.
L'ÉVEILLÉ (Auguste), chef n'orchestre et
compositeur, né vers 1828, n'étudia d'abord la
musique que comme amateur et pour son agré-
ment. Fils d'un employé supérieur de la Concier-
gerie, il se vit obligé plus tard de tirer parti,
pour vivre, des connaissances très-superficielles
qu'il avait acquises dans l'art musical; il devint
donc chef d'orchestre de divers petits théâtres,
entre autres des Folies-Marigny, et, à partir de
1857, fit représenter sur ces théâtres un certain
nombre de petites pièces musicales. Voici les titres
de quelques-unes de ces pièces sans importance :
les Virtuoses du pavé ; Chez les Montagnards
écossais; l'Héritage du Postillon; le Sire de
Barbe-Bleue; Vive la Ligne! M. Pijgmalion
et sa statue; une Tête de Turc, les deux Tré-
sors, etc., etc.
* LEV^I (Samcece). ^ Une erreur a été sans
doule commise au sujet de l'opéra de cet artiste,
Iginia d'Asti, qui n'a pas dû être représenté au
théâtre delà Fenice, car M. Lianovosani {Vorj.
ce nom) n'en fait aucune mention dans le réper-
toire très-détaillé de ce théâtre qu il a publié ré-
cemment.
Un artiste du nom de Levi (j'ignore si c'est le
même) a donné à Turin, au mois novembre 1860,
uu opéra en trois actes, inlitulé la Biscaglina,
qui reçut au théâtre Carignan l'accueil le plus
fâcheux et dont, depuis lors, il ne fut plus
jamais question. Je crois qu'il est encore l'au-
teur d'un autre opéra, représenté sous le titre
de Ginevra degli Almieri, o la Peste di Fi-
renze.
108
LEWALD
LHUILLIER
* LEWALD (Jean-Charles-Adguste), co-
médien, directeur de théâtre, romancier, criti-
que et journaliste politique, né le 14 octobre
1792 à Kœnigsherg, est mort à Monaco au
mois d'avril 1871.
LEWANDOWSKI (Liiopoto), violoniste
et compositeur, né en Pologne, fut élève de
Hornziel, et se lit entendie pour la première
/ois dans un concert, à Varsovie, en 1848. Il
entreprit ensuite un voyage à l'étranger. Iji
18j6, il faisait exécuter à Berlin une symphonie
à grand orchestre de sa composition. Précé-
demment, il avait publié à Varsovie (Spies et
C") une Polonaise pour piano.
LEWIIXSIîI (Ignace), pianiste et compo-
siteur, né en Pologne dans la première moitié
du dix-neuvième siècle, a publié à Vienne,
chez Witzendorf, les œuvres suivantes : 1° Va-
riations et Polonaise brillantes, op. 4; 2° Bar-
carolle de la Muelle de Porlici, op. 5;
3° l'Innocence, rondoletto à quatre mains,
op. 6; 4° Rondino sur Fia Diavolo, op. 7;
5° Thème de C. Kreutzer, varié, op. 8 ; 6° Thème
de Beethoven, varié, op. 9; 7° Rondino sur le
Serment, à quatre mains, op. 10 (chez Diabelli);
8° Variations sur la Sonnambula, op. 11 (id.).
LEVVY (Carl), compositeur et pianiste al-
lemand contemporain, a publié, dans le cours
de ces dernières années, une cinquantaine
d'œuvres de divers genres pour le piano.
LEYBACII (Ignace), pianiste, organiste
et compositeur, est né à Gambsheini (Bas-Rhin),
le 17 juillet 1817. Il apprit de son frère aine,
simple amateur, les premières notions de la
musique, puis prit des leçons de deux artistes
distingués de Strasbourg, llœvtey{Voy. ce nom)
pour l'harmonie et le contrepoint, et AVacken-
thaler, organiste de la cathédrale, pour l'orgue;
enfin, pour le piano, il devint plus tard élève
de Pixis, de Kalkbrenner et de Chopin. A la
fin de 1844, M. Leybach obtint au concours la
place d'organiste de la métropole de Toulouse;
en 1847, il publia chez l'éditeur Henry Lemoine
ses six premières compositions pour le piano,
et depuis celte épo<jue le nombre de ses œu-
vres publiées, tant en France qu'à l'étranger,
s'élève à près de 200. Les principales sont les
suivantes : 1° 24 Morceaux caractéristiques
pour le piano (collection de moyenne force),
spécialement écrits pour l'enseignement ; 2° Fan-
taisies pour le piano sur des motifs d'opéra
(les plus connues sont telles sur t Purituni, la
Honnambulu , ISonna, la Fliile enchantée,
Guillaume Tell, Faust, Don Juan); 3" Trans-
criptions pour le i)iano {Aux Bords du Gange,
de Menilelssohn, Mandolina/a, etc.); 4" Mor-
ceaux originaux pour le piano {[" et 2° Noc-
turnes, etc.); 5° Neuf grands morceaux con-
certants pour piano etharinouiuin ; 6° Méthode
théorique et pratique pour L'harmonium (tra-
duite en quatre langues), avec 32 mori eaux pro-
gressifset21 morceaux religieux; 7° 24 Morceaux
(le concert pour l'harmonium ; 8" L'Organiste
pratique, 2 volumes contenant chacun 120
morceaux (un 3' volume de 100 morceaux est
sous presse] ; 9° Recueil de 20 mélodies vo-
cales, avec accompagnement de piano; 10° un
certain nombre de motets avec accompagnement
d'orgue.
L'HEiXUY (J ), ancien employé su-
périeur de l'administration du théâtre de l'O-
péra-Comique, a publié l'écrit suivant : le
Théâtre royal de V Opéra-Comique considéré
sous le rapport de l'exploitation, Paris,
Bréauté, 1833, in-8° de 24 pp.
L'HÔTE(Léon-Albert LHOTE, connu sous
le nom de), violoniste et compositeur, né à Paris
le 31 mai 1828, fut admis au Conservatoire, le
23 juin 1841, dans la classe de violond'Habeneck,
entra en 1845 dans la classe d'harmonie d'El-
wart, et devint ensuite élève de Le Boine pour
la fugue. Il obtint un accessit d'harmonie en
1848, le premier prix l'année suivante, un pre-
mier accessit de fugue en 1851 et concourut à
l'Institut, pour le prix de Rome, en 1853. Après
avoir appartenu à l'orchestre du Gymnase en
qualité de violon-solo, il faisait alors partie de
celui du Théâtre-Italien.
Doué d'une trop grande modestie, que ne lé-
gitimaient pas ses facultés distinguées, M. L'hôte
n'a pas fourni, comme compositeur, la carrière
qu'on aurait pu attendre de lui. Il n'a fait gra-
ver qu'un petit nombre de compositions, entre
autres un joli trio pour piano, violon et violon-
celle, Confidence, romance pour violon ; Loin
du bord et Rimembranza, morceaux de genre
pour le piano; Dites-le-moi, Soir d'été, la
Clianson du printemps. Qui nous a vus? ^
VÉlernelle chanson, mélodies vocales, et quel- fl
ques chœurs orpheoniques. M. L'hôte a fait exé-
cuter à l'église Saint-Eustache, en 1857, une
messe pour soli, clmurs et orchestre, qui a
produit une bonne impression. On connaît aussi
de lui un second trio pour piano, violon et vio-
loncelle, un quatuor pour instruments à cordes ,
trois ouvertures à grand orchestre et diverses
autres compositions non publiées,
LllLILLlEK (LuMo.Ni)), chansonnier fran-
çais, né vers 1820, s'est fait connaître par uq
assez grand nombre de chansons et de chan-
sonnettes dont il écrivait à la fois les paroles et
la musique, et qu'il débite assez volontiers,
LHUILLTER -- LICHNER
109
dans les salons, où elles obtiennent un certain
succès; ces productions légères forment de
petits tableaux de j^enre qui ne sont pas sans
quelque amabilité ; cela est bien petit au point
de vue musical, à la vérité, mais du moins cela
est sans ambilion et sans prétention. On cite
particulièrement de M. Lhuillier les chansons
qui ont pour titre : Jean Nicaisc, Ce que
femme veut. Comment on mène son mari, Les
Cerises, C'est via fille. Monsieur fait ses vi-
sites, Nos amateurs, Sur l'impériale, le
Quadrille d'honneur, etc. Quelques-unes de
ces petites productions sont très-réussies
comme paroles, et la musique accompagne
celles-ci d'une façon heureuse. Le nombre des
chansons publiées par M. Lhuillier se monte,
dit-on, à plus de trois cents. Cet artiste a écrit
aussi les paroles et la musique de deux opé-
rettes de salon, le Bal de mademoiselle Rose,
et Monsieur et Madame Jean. La partition
de cette dernière, réduite pour chant et piano,
a été publiée (Paris, Heugel).
LHUILLIER (Th.), membre de la Société
d'archéologie, sciences, lettres et arts du dé-
partement de Seine-et-Marne, a publié dans le
Bulletin de cette Société , et ensuite sous
forme de brochure, un opuscule ainsi inti-
tulé : Notes sur quelques artistes musiciens
dans la Brie (Meaux, typ. Carro, 1870, in-8°
de 24 pp.). Dans les premières lignes de cet
utile opuscule, l'auteur s'exprime ainsi : —
« Des recherches dirigées à un autre point de
vne nous ont fourni certains renseignements
inédits sur des musiciens qui se rattachent par
un lien quelconque au pays que nous habitons.
Sans avoir la pensée de faire la biographie de
ces personnages, sur la plupart desquels les dé-
tails manqueraient bien certainement, il ne
nous a pas paru sans intérêt de noter des faits
qui rappellent soit leur naissance ou leur répu-
tation, soit leur séjour ou seulement leur pas-
sage dans la Brie. » Partant de ce principe,
d'une incontestable utilité au point de vue de
l'histoire artistique, M. Lhuillier donne en effet
des notes et des renseignements plus ou moins
importants, mais tous à peu près inconnus,
sur un certain nombre d'artistes : Claude Gou-
(iimel, Edme Guillaume, Pierre Certon, Didier
Leschenet , Eustache du Caurroy, Gabriel Ba-
taillé, Henri de Bailly, Louis Lully (dont il pro-
duit l'acte de baptême), Francini, gendre de
Lully, les Couperin, Forqueray, Gabriel Ni-
vers, Lagarde, M"* Gail, etc., etc. J'ajouterai
que M. Lhuillier appuie ses dires^sur des docu-
ments authentiques, et que ses renseignements
n'en sont que plus précieux.
LIANOVOSAIVl (Luici), est le pseudony-
me anagrammatique sous lequel un dilettante ita-
lien, dont j'ignore le nom véritable, a publié
un répertoire complet et très-bien fait de tous les
ouvrages qui ont été représentés, depuis sa fon-
dation, sur le théâtre de la Fenice, de Venise -,
ce répertoire est intitulé : La Fenice, gran
teatro di Venezia, série degli spettacoli, délia
primavera 1702 a tulto il cornovale 1876,
Milan, Ricordi,s. d. (1878), in-4°. Peu de semai-
nes après l'apparition du premier volume du
présent Supplément, cet écrivain a entrepris,
dans la Gazzetta musicale de Milan, une petite
série d'articles, faits avec soin, et qui avaient
pour titre : Essai de rectifications et d'adjonc-
tions au supplément Félis, vol. I, relatif aux
maestri italiens et à leurs œuvres ; un tel tra-
vail est très-utile, très-honorable, et si l'on pre-
nait la peine d'agir de môme en tous pays, l'Eu-
rope serait à même de posséder bientôt un Dic-
tionnaire biographique musical aussi complet que
possible et presque irréprochable. J'exprimerai
seulement le regret qu'en publiant ces très-utiles
rectificat ions et adjonctions au Supplément Fé-
tis, ni la Gazzetta musicale ni M. Lianovosani
n'aient eu la courtoisie de donner leur opinion sur
la valeur de l'ouvrage, ni même, ce qui est plus
singulier encore, de faire connaître le nom de
son auteur.
LIBANI ( ), compositeur dramatique
italien, a fait représenter en 1869, à Rome, sur
le théâtre particulier du palais Pamphiii, un
opéra semi-sérieux intilulé Gulnara, dont, il
n'est pas besoin de le dire, le sujet était tiré
de l'ancien opéra de Dalayrac qui porte ce
litre. Cet ouvrage parut au mois de novembre
de l'année suivante sur un théâtre public, le
théâtre Pagliano, de Florence, et ne paraît pas
avoir produit une profonde impression. Depuis
lors M. Libani a obtenu un vrai succès, en
donnant au tliéâtre Apollo, de Rome, en 1873,
un second opéra qui avait pour titre il Conte
Verde.
LIBERT (Emile). Un artiste ainsi nommé
fit représenter à l'Opéra-comique, le 14 avril
1823, un ouvrage en un acte intitulé : Amour
et Colère.
LICIINER (Heinrich), pianiste allemand et
compositeur pour son instrument, a publié en-
viron cent cinquante œuvres consistant en
sonatines, impromptus, rondos, morceaux de
genre, etc., pour piano à deux ou à quatre
mains. Je ne crois pas que tout cela ait une
valeur artistique bien appréciable, car le nom
et les œuvres de l'auteur sont restés complète-
ment inconnus jusqu'ici en dehors de l'Allemagne
110
LICHTENTHAL — LIEBE
* LICIITEXTIIAL (Pierre). Voici la liste
exacte des ballets pour lesquels cet artiste dis-
tingué éci ivit de la musique , et qui furent re-
présentés au théâtre de la Scala : i° il. Conte
d'Esscx, 1818; 2" le Sabine in Roma, 26 dé-
cembre 1820; 3° Giovanna d'Arco (en société
avec Brambilla et Viganù), t5 août 1821 ; 4° Di-
done (en société avec Brambilla et les frères
Vigano), 22 septembre 1821. Il travailla aussi,
comme il a été dit, à la musique de Cimene et
(i^Alessandro nell'Indie, qui furent représen-
tés en 1820. Aux écrits de Liclitenthal, il faut
ajouter aussi l'opuscule suivant, publié à Milan
en 1842 : Mozart e le sue creazioni, memoria
scriiia in occasions deW inauguruzione del
suo vionumento a Salisburgo nel Settembre
del 1842. Enfin, on doit à Lichtenthal un cer-
tain nombre de compositions religieuses, entre
autre un Ave Maria pour soprano, un Pater
noster à 4 voix, et un Album musicale sa-
cro, contenant 12 chants religieux dont neuf
à 4 voix , deux ^à voix seule, et un à deux
chœurs.
* LICHL (Egide-Charles), pianiste, guita-
riste et compositeur, est mort à Trieste le 22
juillet 1804.
* LICKL (Chakles-Georges), pianiste et
compositeur, s'est surtout attaché à répandre
l'instrument appelé phijsharmonica, qu'il a in-
troduit et vulgarisé en Allemagne. Il a écrit et
publié une centaine de morceaux de genre :
fantaisies, variations, transcriptions et para-
phrases de thèmes d'opéras, etc., qui peuvent
se jouer également sur cet instrument et sur le
piano. On lui doit aussi quelques opéras, entre
autres un Faust, et un certain nombre d'œu-
vres de musique de chambre. Cet artiste est
mort à Vienne le 3 août 1877.
LIDOI\ (José), compositeur et organiste
espagnol , naquit à Béjar, dans la province de
Salamanque, en 1752. Il étudia la musique à
l'école des enfants de chœur de Madrid, et mon-
tra des talents si précoces comme organiste qu'à
l'âge de seize ans il obtint, à la suite d'un con-
cours, la place d'organiste de la cathédrale de
Malaga. C'est à la chapelle royale de Madrid
que s'établit plus lard sa renommée sous ce
rapport, et il fut non seulement organiste, mais
aussi, à partir de 1808 , maître de celte cha-
pelle. Les renseignements biographiques sont
peu nombreux sur cet artiste, qui parait avoir
été fort distingué, et qui a joui d'une grande
et solide réputation; tnais on sait du moins que
ce fut un compositeur fécond, car il a laissé
plus de soixante œuvres de musique religieuse,
parmi lesquelles les suivantes sont conservées
à la chapelle royale de Madrid : 4 messes ; un
office de vêpres; 2 psaumes et un hymne del
Sagrado Corazon de Jésus ; 32 Lamentations;
2 Miserere j 3 hymnes; un office des morts;
3 Te Deutn ; 3 séquences; 2 saiuts et litanies;
nue litanie des saints; un Pange lingua. On
connaît encore, de Lidon, outre un Ave Maris
Stella, un Salve regina et quelques motels,
plusieurs compositions pour l'orgue, entre au-
tres des sonates et six fugues sur des thèmes
religieux. Lidon a écrit aussi la musique d'un
drame lyriciue, Gluuca y Coriolano, qui a été
représenté sur le théâtre del Principe, à Ma-
drid, et enfin il a publié un traité intitulé Ré-
glas muij utiles para los organistas y aficio-
nados al piano, para acompanar con método,
et laissé inédits un Traité de la fugue et
un Traité des modulations. Ce dernier ou-
vrage a été cité par un habile théoricien,
Pedro Aranaz, dans son Traité de contre-
point et de composition , et cet écrivain le
qualifie de precioso manuscrito de modula-
ciones. Parmi les nombreux élèves formés par
Lidon, on cite particulièrement ses deux ne-
veux, Andrès et Alfonso Lidon, qui furent,
le premier organiste de la cathédrale de Cor-
dova, le second organiste de la chapelle royale
de Madrid, et aussi Pedro Carrera y Lancha-
rez, qui, dans une de ses publications, a ren-
du à son maître un solennel hommage. Cet
artiste remarquable, qui se fit une grande re-
nommée comme théoricien, comme organiste et
comme professeur, est mort à Maiirid le 11
février 1827.
LIEBE (Louis), pianiste et organiste, a
publié, dans ces dernières années, quelques
morceaux de genre pour le piano, et divers re-
cueils pour orgue ou harmonium parmi lesquels
il faut citer : 1° 25 Morceaux faciles, pour le
service divin, op. 27 , Paris, Colombier (for-
mant la 10' suite de la collection de VArène
des Organistes); 2° 17 Versets en xit mineur
et 6 en mi bémol majeur pour la messe de
Dumont, avec 5 Morceaux pour entrées, sorties
et offertoires, op. 28, Paris, Colombier (12=
suite de la même collection); 3" 13 Morceaux
pour offertoires, op. 3S, Paris, Colombier (22«
suite de la môme colleclion).
* LIKOE (ÊDOUARD-Louis), compositeur
allemand, auteur de chœurs et de lieder deve-
nus populaires, a fait ses débuts de musicien
dramatique en donnant sur le théâtre de
Carisruhe, le 9 septembre 1808, pour l'anniver-
saire de la naissance du grand-duc de Bade, un
opéra intitulé la Fiancée dWzola. Quoique cet
ouvrage ait été favorablement accueilli du public,
LIEBE — LILLO
m
je ne sache pas que depuis lors M. Liebe ait de
nouveau abordé la scène,
LIESEIXIIOF (Charles), prêtre et musi-
cien, connu en religion sous le nom de Frère
Julien, né à Lierre en 1815, était fds d'un
artiste qui remplissait en cette ville les fonc-
tions de premier violon à l'église et de direc-
teur d'une société symphonique. Il reçut de son
père une bonne éducation musicale, et s'appli-
qua à l'étude de l'orgue et de la composition.
A l'âge de vingt ans il prit l'iiabit, ce qui ne
l'empêcha pas de se livrer à son goût pour la
musique. Il est mort le 20 septembre 1877 à
Ixelles-lez-Bruxelles. Depuis longues années il
était professeur de musique à l'Institut des
frères de la Charité à Schaerbeek (banlieue de
Bruxelles). Organiste habile, il s'était exercé
dans la composition , et avait publié un assez
grand nombre de compositions religieuses :
Ave Maris Stella, Tantum ergo, Ecce punis,
Tota pulchra es, etc.
LILLE (Gaston DE), compositeur de petite
musique de piano, né vers 1825, s'est fait con-
naître d'un public frivole par la publication de
plus de cent cinquante morceaux de piano, con-
sistant en airs de danse , en petites fantaisies
faciles et en petites pièces de genre. Cela paraît
avoir eu un grand succès pendant un certain
temps auprès de quelques amateurs peu exi-
geants, mais n'a jamais été connu des artistes.
Au reste, la vogue relative de cette musiquette
est aujourd'hui bien éteinte.
* LILLO (Joseph), compositeur dramatique,
fils d'un maître de chapelle distingué de Gala-
tina, naquit en cette ville le 26 février 1814.
Son père lui fit commencer l'étude de la mu-
sique et du piano, puis le conduisit à Naples et
le lit admettre au Conservatoire de cette ville
en 1826. Là, le jeune Lillo devint l'élève de
Lanza pour le piano, de Furno pour l'harmonie
accompagnée, et ensuite de Zingarelli pour le
contrepoint et la composition. Après avoir fait
exécuter au Conservatoire une messe à 4 voix
avec orchestre, un Dixit Dominus , et une
opérette intitulée la Moglie per 24 ore, Lillo
se lança dans la carrière et aborda le théâtre.
Ses premiers travaux ont été exposés dans la
Biographie universelle des Musiciens , jus-
qu'à la représentation de son opéra de Lara. A
partir de ce moment, Lillo resta quelque temps
éloigné du théâtre, parce que , excellent pia-
niste, il s'était fait à Naples une très-belle situa-
tion de professeur, qui ne lui laissait pas le
loisir de se livrer à la composition. Cependant
il s'éloigna un instant, en 1846, pour aller faire
jouer à Turin un opéra semi-sérieux, il Mu-
lalto, après quoi il revint à Naples , oii il ve-
nait d'être nomm^ professeur d'harmonie ac-
compagnée au Conservatoire. Ici commence la
seconde et la plus fâcheuse partie de sa car-
rière de compositeur dramatique, car, dans
l'espace de quatre années, il fit représenter cinq
opéras qui tous tombèrent plus ou moins lour-
dement : Caterina Boivard , th. San-Carlo,
1849; Delfina, th. Nuovo, 1850; il Sogno
d''vna ISotte estiva, ossia la Giovenlà di
Shakspeare, id., 1851 ; Ser Babbeo, id., 1853;
il Figlio delta Schiava, th. du Fondo, 1853.
Lillo s'obstinait à cherclier au théâtre une
renommée qui semblait le fuir. (I n'avait aucune
des qualités qui constituent le compositeur
dramatique, et luttait sans succès [lour obtenir
la récompense de travaux sans valeur, devant
lesquels le public restait froid et indifférent.
M. Francesco Florimo, peu suspect de sévérité
envers les musiciens napolitains , constate que
Lillo ne possédait aucune des facultés qui peu-
vent faire réussir un artiste au théâtre, tandis
qu'il aurait pu devenir un pianiste de premier
ordre, et se faire, sous ce rapport, un renom
exceptionnel. Il ne paraît pas, cependant, que
ce soit le chagrin qu'il dut ressentir de ses mé-
saventures qui attrista d'une façon si lamenta-
ble les dernières années du compositeur. Il y
avait peu de temps que Lillo avait échangé,
au Conservatoire, sa classe d'harmonie contre
une classe de contrepoint, lorsqu'en 1861 il
fut pris subitement d'un accès de folie furieuse
si terrible qu'il fallut aussitôt avoir recours à
l'emploi de la camisole de force. On le trans-
porta à Aversa, dans une maison de santé, et
l'on put croire, à la suite d'un assez long trai-
tement, qu'il était guéri. Il revint à Naples,
rentra au Conservatoire, reprit le cours de ses
leçons, mais au bout de quelques mois, l'in-
fortuné Lillo fut attaqué d'un ramollissement
cérébral, tomba complètement paralysé du
côté gauche, dépérit rapidement, et enfin cessa
de vivre le 4 février 1863, peu de jours avant
d'avoir accompli sa quarante-neuvième année.
Lillo ne s'est pas produit seulement au théâ-
tre, et s'est fait connaître aussi comme compo-
siteur de musique religieuse et de musique
instrumentale. Voici la liste des œuvres qu'il
a laissées sous ce rapport : \° Messe à 3 voix,
avec orchestre (en J'a) ; 2° Messe à 4 voix, avec
orchestre (en ut mineur) ; 3" Credo à 4 voix ,
avec orchestre; 4° Dixit à 3 voix , id.; 5° Ma-
gnificat à 3 voix, id.; 6" Te Deinn à 3 voix,
id. ; 7" Litanies à 3 voix , id. ; 8° Tantum ergo
à voix seule, id. ; 9° le Tre Ore d'agonia di
N. S. G. C, à 3 voix, avec orgue, violoncelle
112
LTLLO — LINDBLAD
«l contrebasse; 10" Ouverture à grand orches-
tre, en sol majeur; 11° Sypiptionie funèbre à
aran'l orcliestre, en ?-é mineur; 12° Quatuor
|K)ur piano, llùte, violon et violoncelle;
13° Quatuor pour deux violons, alto et xiolon-
ceile; 14" ïrio concertant pour i)iano, violon et
violoncelle; 16° Un certain nombre de morceaux
de genre pour piano; 16° Un album de six
mélodies vocales; 17" Quelques morceaux de
danse.
LIMA, est le nom de deux frères, tous deux
musiciens, nés en Portugal vers le milieu du
18^ siècle : Bkaz Francisco de Lima , et
Ieron^mo Francisco de Lima. Le premier est
moins connu que le second, qui fut un compo-
siteur dramatique distingué. Tous les deux re-
çurent leur éducation musicale en Italie, où ils
furent envoyés, en 1760, avec d'autres musiciens,
par le gouvernement du roi Josepii l. Après leur
retour, ils furent placés comme professeurs dans
l'école de musique du séminaire patriarcal,
leronymo composa, de 1772 à 1789, cinq opé-
ras (1) qui furent représentés dans les théâtres
de la cour aux palais de Salvaterra, Quéluz et
Ajuda. Avant de passer en Italie, leronymo
avait suivi les cours de musique du séminaire;
■c'est ce qui ressort d'une inscription datée du
20 mai 1751 et qu'on trouve dans les registres de
cet établissement. On ne sait pas si son frère
Braz a joui des mêmes avantages. leronymo est
4nort dans un âge fort avancé (79 ans) en 1822.
J. DE V.
*L1MXAADER DE NIEUWEÎVHO\ E
(Aumand-Marie-Gl'islvin), compositeur, est né
à Gand, non le 22 mars, comme il a été im-
primé par erreur, mais le 22 mai 1814. Cet
artiste, qui avait fait représenter à l'Opéra de
Paris, en 1853, un ouvrage en deux actes in-
titulé le Maître chanteur, a reproduit cet
ouvrage, augmenté d'un acte nouveau, sous le
titre de Maximilien ou le Mailre chanteur,
au théâtre de la Monnaie, de Bruxelles, le 25
avril 1874. Dans un des concerts donnés au
château des Tuileries, devant la cour du roi
Louis-Philippe, sous la direction d'Auber,
M. Limnander fit exécuter, le 3 février 1846,
trois chir'iirs avec accompagnement d'orchestre
(Chœur de Prétresses, Au gui l'an neuf, Hymne
À l'Amitié) , qui faisaient partie d'un grand
poème lyrique portant pour titre ; Scènes drui-
diques. Parmi ses autres compositions impor-
tantes, on cite un Stabal mater avec orchestre,
un Requiem avec accompagnement d'orgue.
|1) V. Miisicos poriH5»f;M, vol. I, p 19?, on )c donne
•les litres délalIlOs.
une sonate pour piano et violoncelle, et un
quatuor pour instruments à cordes. La mère de
M. Limnander, d'abord comtesse de Mallet de
Coupigny, était française,
IJAIPUS (Richard), organiste fort distin-
gué, qui avait été attaché en celte qualité,
pendant vingt-cinq ans, à l'une des principales
paroisses de Londres, l'église de Saint-Michel ,
où il remplissait aussi les fonctions de direc-
teur du chùMir, est mort en cette ville le 15
mars 1875, à l'âge de cinquante ans. Cet ar-
tiste, qui s'était fait connaître aussi comme
compositeur, avait fondé en 18G4, à Londres,
le collège des organistes, excellente institution
qui a rendu de très-grands services à l'art re-
ligieux en Angleterre, et dont il était le secré-
taire.
LIXVROLLI (Ventcri), luthier italien du
seizième siècle, est cité par M. Antoine Yidal ,
dans son livre : les Instruments à archet,
comme « feseur de violes à Venise, vers 1520. «
L1\D (Jenny), épouse GOLDSCHMITII,
est aujourd'hui détiuitivement fixée en Angle-
terre, où elle ne s'est produite que rarement,
en ces dernières années, dans des concerts de
bienfaisance. Elle s'est fait entendre pour la
dernière fois en Allemagne , à Dus8eldorf,i,le 20
janvier 1870, dans Ruth , l'oratorio bien con-
nu de son mari M. Otio Goldschmith (i).
LIA^DBLAD (Otto), compositeur Scandi-
nave, est mort au mois de février 1864, à l'âge
de quarante-trois ans. On lui doit un assez
grand nombre de mélodies vocales. Cet artiste
(1) J'ai reçu de M. Julius Benedict, le compositeur re-
nommé, une demande de rectification relative à quelques
détails donnes suus son couvert, dans la Diogrdpliie
universelle des Musiciens, concernant le voyage qu'il lit
aux États-Unis en compagnie de M'"* Jenny l.ind et sous
la direction du fameux entrepreneur Barnnm. 11 résulte
des renseignements qui m'ont été communiqués à ce
sujet par M. hénédlct , que M""* Jenny Lind n'a
pas cessé, dans le cours de ce voyage, de rester sous la
direction de liarnum, avec lequel elle s'était engagée
pour ISO concerts, et qu'elle résilia son contrat après
93 séances (plus dix au bénélice des pauires). De plus ,
M"'= Jenny l.ind ne recuillit pas de cette immense tiuv-
née une somme de trois millions, comme il a été dit,
mais seulement, une fois son dé lit payé à Barnum, un
bénéfice total de 176,000 dollars soit 770,000 francs, sur
lesquels elle lit parvenir 500,000 francs en Suède, sa patrie,
pour la fondation d'écoles en faveur des enfants des clas-
ses Indigentes. « J'ai raconté, dit encore M. Bcnédict, j'ai
raconté à M.Kétls un petit incident de notre voyage sur
le Mississipi, de la Nouvelle Orléans à Saint Louis, qu'il
a con.sidérablcment augmenté. Il fallait sept jours pour
remonter le fleuve (une distance de 1200 milles anglais), et
notre entrepreneur, M Barnum, arrangea seuirraent
deux concerts dans les petites iilks de .Mempliis et Nat-
chez, qui furent donnés pendant le temps qu'on cher-
chait du charbon pour la machine à vapeur du ba-
teau.... »
LINDBLAD — LliNLEY
413
est probablement parent de celui du même
nom qui est mentionné dans la Biographie
universelle des Musiciens.
LL\DEMAIX (Ole-Andues), claveciniste et
compositeur norwégien, naquit en 1768. Cet
artiste distingué serait sans doute complètement
inconnu en France, si Farrenc n'avait eu l'idée
d'insérer neuf de ses pièces de clavecin dans
sa belle collection du Trésor des pianistes
(2'" volume). Farrenc ayant accompagné la
reproduction de ces pièces d'une courte notice
biograiiiiique sur leur auteur, je ne crois pou-
voir mieu\ faire que de rapporter ici cette no-
tice, aucun autre renseignement ne m'étant
parvenu sur Lindeman.
« Ole-Andres Lindeman, dit Farrenc, clave-
ciniste et compositeur, naquit, en 1768, en
Norwège. Après avoir fait de bonnes études,
il se rendit à Copeniiague pour passer ses exa-
mens à runiversité. Jusque-là il avait cultivé
la musique comme amateur; à son arrivée dans
la capitale du Danemarck, il lit la connaissance
de Wernicke, élève de Kirnberger et maître de
cliapelle du roi Christian VII, Sous la direction
de cet éminent artiste, il étudia avec ardeur
le clavecin et le contrepoint. Ses progrès furent
tels qu'en quelques années il devint d'une ha-
bileté remarquable et fut admis aux séances
musicales de la comtesse de Schimmelman , qui
réunissait chez elle tous les amateurs de bonne
musique. Lindeman a professé pendant quel-
ques années avec un grand succès à Copenha-
gue, et c'est de celte époque que datent les
compositions que je publie aujourd'hui. Ayant
entrepris un voyage en Norwège pour se ma-
rier, il obtint la place d'organiste de Notre-
Dame à Drontheim, et il se fixa dans cette ville,
où il a demeuré plus de cinquante ans. Il y
est mort vers 1855.
« Il paraîtra surprenant qu'avec des facultés
musicales hors ligne, une éducation sérieuse
et éminemnient classique, Lindeman ait peu
produit; mais l'étonnement cessera lorsqu'on
saura que, père d'une nombreuse famille (il
avait douze enfants), et sa place d'organiste ne
lui rap|>ortant que très-peu de chose propor-
tionnellement à ses besoins, il était obligé de
donner des leçons du matin jusqu'au soir, et
qu'en rentrant chez lui il s'occupait de l'éduca-
tion musicale de ses enfants, tous devenus,
sous sa direction, d'excellents musiciens et
d'habiles exécutants.
'< Je crois que quelques ouvrages de Linde-
man ont été gravés à Copenhague, cependant
je n'en trouve aucune indication dans le grand
catalogue de musique de Leipzig. Gerber et
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SLPPL. -
Fftis n'ont point cité cet artiste dans leurs Dic-
tionnaires biographiques. Je dois à M. Tellefseii,
de Drontheim , professeur distingué de piano à
Paris, élève de Lindeman, les détails qu'on
vient de lire ; je lui dois aussi les pièces que je
publie aujourdhui, et, une exceptée, toutes iné-
dites. Bien qu'elles soient de petite dimension et
par conséquent peu développées, elles ne méri-
tent pas moins l'attention des connaisseurs. »
Les pièces publiées par Farrenc sont en effet
charmantes, et dénotent un artiste d'une haute
valeur. J'en ai, moi-même, reproduit deu\ dans
mon journal la Revue de la musique {V^ an-
née, 1876, n° 2).
LI\DEMA\X (D ), compositeur alle-
mand ou Scandinave, qui ne doit pas être con-
fondu avec le précédent, s'est fait connaître par
la publication d'un grand nombre de recueils de
musique de danse : 10 Valses et 10 Écossaises
pour petit orchestre, livre 7; 10 Valses et 10
Ecossaises pour petit orchestre, livre 9 ; 9 Val-
ses et 6 Écossaises, id., livre 10; 12 Valses,
8 Écossaises et 2 Sauteuses, id., livre 11 ; 6 Val-
ses et 4 Sauteuses, id., livre 12; 10 livres de
danses pour le piano ; 6 Polonaises d'après des
airs favoris, pour le piano, elc.,etc.
LliXGIARDI (GiACOMo et Luigi), nés à Pa-
vie, le premier le 16 avril 1811, le second le
2 juillet 1814, sont les fils de Jean-Baptiste
Lingiardi, fondateur d'une grande fabrique d'or-
gues aujourd'hui fort renommée et qui est une
<les plus importantes de l'Italie. Tous deux
furent élèves de leur père, et Giacoino se con-
sacra surtout à la partie mécanique, tandis que
Luigi s'occupait de la partie harmonique. Leur
premier orgue remonte à l'année 1836, et fut
construit pour l'église del Carminé , à Pavie.
Depuis lors ils ont fabriqué plus de 120 instru-
ments, dont quelques-uns pour la France, et ils
ont apporté dans leurs procédés de construc-
tion des améliorations qui leur ont valu d'im-
portantes récompenses.
LINLEY (Georges), compositeur anglais',
né vers 1795, s'est fait connaître dans sa pa-
trie par la publication d'un nombre inouï de
romances, chansons, nocturnes, ballades, mé-
lodies, qui rendirent son nom populaire et lui
acquirent une grande notoriété. Pendant près
d'un demi-siècle, ses productions, dont la vo-
gue était immense, furent chantées sur toute
la surface du Royaume-Uni. Linley a écrit
aussi la musique d'un petit opéra, la Poupée
de Nuremberg, qui a été représenté à Londres,
sur le théâtre de Covent-Garden, en 1861.
Cet artiste est mort à Londres, le 10 septembre
1865, à l'âge de 70 ans environ.
T. II. 8
H4
LlNTERMAiNS — LISSAJOUS
LIXTER.MANS (François), compositeur, né
à Ikiixi'llt's le 18 aoiU 1808, s'est attiré de gran-
des syinpatliies en Belgique par l'ardeur et le
dévouement qu'il a apportés dans le développe-
ment et la propagation du chant choral dans
ce pays, n'hésitant pas à consacrer la plus grande
partie de son temps et même à faire des sacri-
lices pécuniaires en faveur des sociétés musi-
cales qui étaient placées sous sa direction.
M. Lintermans a écrit un assez grand nomhre de
chœurs pour voix d'hommes : le Cri de guerre,
le Réveil, le Départ des chasseurs. Chœur de
buveurs, les Jiegrets, l'Appel, Sérénade, la
Retraite, etc. On lui doit aussi quelques mor-
ceaux de musique religieuse.
LIONEL. - Voyez VEUCKEN DE
VREUSCHx\lEX (Léon).
* LIPLXSKI (Charles), est mort le 16 dé
cembre 1861, dans sa propriété dOurlow, où
il s'était retiré depuis quelques années, après
avoir résigné ses fonctions de maître de la cha-
pelle royale de Dresde.
LISBOA (B. DA Silva), littérateur portu-
gais, a publié une petite biographie de Haydn;
c'est une traduction de l'écrit français de Joa-
chim Le Breton {Aodce historique sur la vie
et les ouvrages de Joseph Haydn.... lue dans
la séance publique de la classe des Beaux-Arts,
le 6 octobre 1810, Paris, tSlO, in-4°). — J. de V.
LISIXSKY (Vatroslay). Un artiste de ce
nom, mort en 1854, a écrit la musique d'un opé-
ra intitulé Ljiibani Zloba, qui a été représenté
à Prague.
LISiVlORE ( ), est le nom ou le pseu-
donyme d'un musicien amateur qui écrivit les
ariettes du Maure d^'cale, parodie du
Maître en droit, opéra-comi(|ue de Monsi-
gny, qui fut représentée à l'Opéra-Comiquc
en 1760. Les auteurs de l'Histoire de Vopéra
bouffon disent à ce sujet : « La musique fut
jugée forte, variée et pleine de tableaux, et mal-
gré les applaudissements du public, l'auteur
eut la modestie de garder l'anonyme : on a sçu
depuis qu'elle était de M. Lisinore. » Il faut
croire pourtant que ce personnage n'était pas
l'unique auteur de la partition i\ix Maître d'école,
car voici, d'.iutro part, la note aussi courte qu'é-
nigmatitpic qu'on trouve ii son nom dans les
Anecdotes dramatiques de Laporte : « Milord de
Lisemorc (sic) a mis en musique le Maître dV-
cole avec M"'^de R aujourd'hui M""= l).... »
LISS.XJOUS ( ), savant français, né
vers 1830, s'est fait un nom distingué dans la
science. C'est à cause de ses recherches et de ses
travaux sur l'acoustique, liont il s'est beaucoup
occupé, que sa place est marquée dans ce dic-
tionnaire. Sa découverte la plus importante en
ce genre, et la plus digne d'intérêt, est assu-
rément celle de l'étude optique des sons, que le
savant physicien a su rendre visibles à l'œil
comme ils sont appréciables à l'oreille. Je ne
saurais me dispenser d'entrer à ce sujet dans
quelques détails, détails que j'emprunterai d'ail-
leurs directement à M. Lissajous, en reprodui-
sant le passage suivant d'une conférence faite
par lui, le 26 décembre 1863, à la Société des
compositeurs de musique :
« Le son, disait alors l'expérimentateur,
étant un mouvement, doit pouvoir être étudié de
l'œil ; malheureusement ce mouvement est tel-
lement rapide qu'il ne produit sur l'oil qu'une
impression confuse. Heureusement certains ar-
tifices permettent de changer cette perception
confuse et fugitive en une impression nette et
persistante, et, par un heureux hasard, c'est pré-
cisément dans la comparaison des sons présen-
tant les intervalles fondamentaux de la musique
que cet effet se produit avec le plus de netteté.
« L'appareil le plus commode pour ce genre
d'expérience est le diapason. Tout l'artifice né-
cessaire pour rendre les sons en quelque sorte
visibles consiste à coller, sur l'une des branches,
vers l'extrémité de la face convexe, un miroir
plan ; pour que ce miroir ne gêne pas la vibra-
tion, on l'équilibre à l'aide d'un contre-poids
placé sur l'autre branche.
« Le diapason ainsi disposé peut facilement
servir à mettre en évidence la cause première du
mouvement vibratoire. A cet effet, on prend une
source puissante de lumière (soleil ou lumière
électrique); on fait passer un faisceau éteint par
une ouverture, et on le dirige sur le miroir ; le
diapason étant tenu dans la position verticale, on
rejette ensuite le rayon sur un miroir tenu à la
main, et de là on le renvoie sur un écran de papier
blanc placé à plusieurs mètres dedistance. Pour
empêcher le faisceau de diverger et concentrer
en un point la trace qu'il donne sur l'écran, on
a soin de placer entre le diapason et le corps
éclairant une lentille convergente d'un foyer con-
venable. Dès qu'on fait vibrer le diapason, le
point lumineux se convertit en une ligne lumineu-
se verticale, dont lalongueur croîtavec l'intensi-
té du son. Cet effet est facile à expliquer: lors-
que le diapason vibre, lemiroir oscille et s'incline
tantôt en avant, tantôt en arrière; le rayon réflé-
chi éprouve le même mouvement et vient frap-
per l'écran, tantôt plus haut, tantôt plus
bas; seulement ce mouvement d'oscillation s'ef-
fectue avec une telle rapidité que l'œil, au lieu
de voir le point lumineux monter et descendre
sur l'écran, le voit à la 'fois dans foutes les po-
LISSAJOUS
115
«itions qu'il occupe successivement. C'est en
effet un fait bien connu que les impressions vi-
suelles ne cessent pas immédiatement après
leur production. Il s'écoule environ un quin-
zième de seconde entre le moment où l'œil
est frappé par la lumière et le moment où l'im-
pression s'éteint. Par conséquent, il suffit que le
diapason effectue plus de quinze oscillations
complètes, aller et retour, dans une seconde,
pour que le trajet parcouru par le point lumineux
reste éclairé dans toute son étendue.
« Si l'on profite du moment oîi le diapason
vibre, pour déplacer le rayon réiléchi dans le
sens borizontal en faisant tourner le deuxième
miroir, alors la pointe du faisceau lumineux, au
iieu d'osciller au même point de l'écran, oscille
dans des régions de plus en plus éloignées du
point de départ, et décrit une succession de si-
nuosités que l'œil voit illuminées simultanément.
Cette expérience démontre donc de la façon la
plus nette la cause première du son, c'est-
à-dire le mouvement oscillatoire du corps so-
nore.»
On voit combien est importante la découverte
de M. Lissajous ; et elle ne l'est pas moins an point
de vue de la précision que de la nouveauté et
de l'utilité des résultats obtenus. On s'en ren-
dra compte par cette nouvelle démonstration ;
« Pour comparer les sons entre eux, l'expé-
rience se dispose autrement. On place les deux
diapasons à comparer l'un vis-à-vis de l'autre,
de façon que leurs miroirs soient en regard ;
seulement, le plan des branches pour l'un des
diapasons est vertical, il est horizontal pour
l'autre.
'i Un faisceau de lumière parti de la lampe
électrique tombe sur le premier miroir, et de
là sur l'écran ; une lentille placée sur le trajet
du faisceau en concentre les rayons de manière à
donner sur l'écran une ligne lumineuse verticale
produite par l'oscillation rapide du faisceau de
lumière dans le sens vertical ; si l'on fait vibrer
le diapason horizontal seulement, il se produit
une ligne horizontale ; si l'on fait vibrer les deux
diapasons à la fois, l'image se meut sur l'écran
dans le sens horizontal et dans le sens vertical à
la fois, et devient dans son mouvement une cour-
be fermée dontla forme dépend du rapport des
deux sens. Cette courbe apparaît en traits de
feu sur l'écran.
« Si les diapasons sont à l'unisson, ils exécu-
tent le même nombre de vibrations dans le nlême
temps : la figure obtenue est alors une ligne
droite ou une ellipse, qui peut parfois devenir
un cercle parfait.... Dans le cas où l'unisson est
parfaitement rigoureux, celle des figures obte-
nues au début se maintient pendantltoute la du-
rée de la vibration, eu éprouvant dans ses dimen-
sions une diminution i)rogressive en rapport avec
la diminution d'amplitude des vibrations elles-
mêmes. Si l'accord des deux diapasons n'est pas
rigoureux, la figure se transforme progressive-
ment, et passe par toutes les formes successives
indiquées au tableau (I). Cette transformation est
d'autant plus rapide que le désaccord est plus
grand, et elle fournit la mesure exacte du désac-
cord. En effet, chaque fois que la figure, après
avoir passé par le cycle complet de ses transfor-
mations, reprend sa forme primitive, on est sûr
que l'un des diapasons a exécuté une vibration
complète de plus que l'autre. Ainsi, s'il faut 60"
pour.que la figure primitive se reproduise, l'im
des diapasons fait dans 60" une vibration double
de plus que l'autre. Si l'on opère par exemple sur
des diapasons dont l'un donne le la normal de
870 vibrations simples, ou i3i vibrations doubles
par seconde, il y a donc un désaccord entre ces
deux diapasons égal à 1 vibration sur 435 X 60
ou nh^- Ces nombres donnent une idée de la
sensibilité de la méthode. »
Il serait superllu de chercher à démontrer
l'intérêt qui s'attache à l'étude de ces questions.
Sous ce rapport, et c'est le seul qui doive nous
occuper ici, M. Lissajous a rendu à la science
des services incontestables. Aussi, lorsque, après
la mort d'Auber, M. Ambroise Thomas eut
été chargé de la direction du Conservatoire de
Paris, l'un de ses premiers soins fut-il de char-
ger M. Lissajous de faire un cours d'acoustique
dans cet établissement, qui jamais n'avait eu de
professeur de ce genre. M. Lissajous inaugura son
cours en février 1873, ce qui ne l'empêcha pas,
quelques mois après, de se rendre à l'Exposition
universelle de Vienne, où il avait été nommé
juré par la France pour la section musicale ; à la
suite de ce voyage, il présenta au ministre son
lapporl, qui fut publié sous ce titre : Rapport
sur les instruments de musique. Instruments
à vent et autres appareils acoustiques, Paris,
Imprimerie nationale, 1875, in-4''.
Malheureusement, depuis lors, M. Lissajous
a été nommé recteur de l'Académie de Besancon,
poste qu'il occupe encore aujourd'hui, et le Con-
servatoire s'est vu priver de son professeur. On
peut espérer, toutefois, que sa situation nouvelle
n'empêchera pas ce savant dislinguéde continuer
(1) M. Lissajous avait publié sur ce sujet un travail
dans les Annales de Chimie et de Physique (octobre ISST).
Ce travail était accompagné d'une planche reproduisant
les figures diverses dont il est ici question, telle plan-
che a été reproduite dans le texte de la conférence de
M. Lissajous, tel qu'il a élé publié dans les Biitlrtina de
\a Société des compositcvrs de mvsirixie (1863).
IIG
LISSAJOUS — LISZT
ses recherches sur une branche de la science qui
intéresse la musique d'une façon si spé< iale.
LISTOWSHI (ANnuK), colonel dans l'ar-
mée polonaise et amateur distingué de musique,
est né à la (In du dix-liuilième siècle. M. Lis-
towski s'est fait connaître d'abord par un grand
nombre de mélodies vocales et de pièces fugitives,
parmi lesquelles on cite surtout avec éloges
Venise la belle, écrite sur des paroles de Scribe
traduites en polonais, et la Prière cVune jeune
fille. Il a composé la musique de deux mélo-
drames, rnépilal des Fous et les Perroquets
de notre grand'mère, représentés tous deux
sur le théâtre des Variétés, à Varsovie, en 1S41.
* LISZT (Fkanz). — Cet artiste prodigieux,
fantasque, mais d'une trempe intellectuelle sin-
gulièrement vigoureuse, n'a cessé, depuis plus
d'un demi-siècle, d'occuper le monde de sa per-
sonne, de ses travaux, et aussi de ses excentri-
cités. M. Liszt, pour qui la simplicité doit être
synonyme de sottise, a toujours avidement re-
cherché les occasions de se mettre en relief et
de faire parler de lui. Dans ces dernières années,
ayant presque épuisé tous les moyens ordinaires,
il n'en a pas trouvé de meilleur que de faire
croire qu'il entrait en religion ; je dis : « de faire
croire, » car en réalité, malgré tout ce qui a été
écrit à ce sujet, tous les détails minutieux à la
fois et com))!iqués qui ont été publiés et repro-
duits dans cent journaux, malgré la qualifica-
tions d'abbé qui lui a élé donnée par les uns,
les railleries dont il a été l'objet de la part des
autres, on ne sait encore à quoi s'en tenir et
si réellement M. Liszt s'est fait ordonner prê-
tre. Tout porte à croire pourtant qu'il n'en est
rien, et que les pratiques de dévotion qu'on a
remarquées chez le grand artiste ne sont encore
de sa part qu'une nouvelle occasion de réclame
etunilésir toujours plus intense de faire parler
de lui.
D'ailleurs, le prétendu abbé ne saurait tenir en
place, court toujours les grands chemins, se trou-
vant aujourd'hui à Weimar, demain à Rome, où
il fréquiMite les cardinaux et le Vatican, se rendant
de Rome à Paris, de Paris rctourn.Hnt en .\lle-
magne, jjuis allant tenir école à l'Académie de
musique de Pesth, et enfin revenant à Rome, où,
en définitive, il passe la plus grande partie de .son
temps, partageant sa vie entre des relations ultra-
mondaines et celles qu'il entretient avec les prin-
ces de l'Église. Kt il faiil noter (|ue M. Liszt
trouve toujours le temps de travailler, de com-
poser, d'écrire des œuvres importantes, de les
produire et d'en diriger l'exécution, de se faire
entendre comme \irtuose, sinon en public, du
nioins dans de nombreuses sociétés particulières,
enfin de former des élèves et de les lancer dans
la carrière. Au demeurant homme étrange, na-
ture |)uissante et expansive à l'excès, artiste
habile et su|>érieurement doué j)ar la nature,
aussi remarquable par le savoir-faire que par le
vrai savoir, M. Liszt est un type à part dans
l'histoire musicale du dix-neuvième siècle, et si
l'on peut regretter ses défauts artistiques et in-
tellectuels, on n'en doit pas moins apprécier ses
étonnantes qualités et les facultés admirables,
quoique mal équilibrées, qui constituent sa per-
sonnalité.
Il sérail, je crois, singulièrement difficile de
dresser un catalogue détaillé des œuvres innom-
brables de ce compositeur. Je vais essayer d'en
donner un aperçu, et d'étendre un peu les rensei-
gnemenls que l'on trouve dans la Biographie
universelle de Musiciens. — 12 Poèmes sym-
plioniques {\. Ce qiCon entend sur la monta-
gne; 2. Triomphe funèbre du Tasse; 3. Les
Préludes; 4. Orphée; 5. Prométhée; 6. Mazeppa;
7. Fest-Klœnge; 8. Héroïde funèbre; 9. Hun-
garia: 10. WaxwWX-.W. Hunnen-Schlacht ;n.
l'Idéal) \—La Divine Comédie du Dante, sym-
phonie avec soii et chœurs; — Jeanne d'Arc
au bûcher, scène dramatique pour mezzo-sopra-
no, avec orchestre; —Messe à 4 voix, avec
orchestre et orgue ; — Pater noster à 4 voix
avec orchestre; — Concerto pathétique pour
piano, avec orchestre ; — Concerto <le piano en
ml mineur ; — Sonate pour piano;— .Années de
pèlerinage, suites de compositions pour piano
{Sposalizio : il Penseroso; Canzonnetta de
■Santa-Rosa ; S Sonnets de Pétrarque; Après
une lecture du Dante, fantasia quasi sonata ;
Venezia e Sapoli, gondoliera, canzone et ta-
rentelle, etc.) ; — Ave Maria pour chœur, avec
orgue ; — 12 Éludes d'exécution transcendante ,
pour piano; — Apparitions, id. ; — Le Car-
naval de Pesth, id. ; — Canzone napoletana,
id. ; — Galop russe, id.; — Harmonies jioéti-
ques et religieuses, id. ; — Marche héroïque dans
le genre hongrois, id. ; — 2' Marche hongroise,
id. ;— Mazurka brillante, id. ; — Aonnenwerth,
romance sans paroles, id. ; — les Consolations,
i) pensées |)oéti(iues, id.; — Divertissements, id. ;
— Grande Valse de bravoure, id. ; — Fleurs des
Alpes, album d'un voyageur, en 3 suites, id. ; —
Mélodies hongroises, id. ; — Grand Galop diro-
md[i(\ue,i(i.; — Nuits d'été à Pausilippe,33imii-
sements, id. ; — 3 Caprices poétiques, id. ; — lu
Fèle'villageoise, id. ; — Un Soir dans les mon-
tagnes, id.; — 24 Grandes Étuile.s, en 2 livres,
id. ; — le Christ, oratorio en trois parties ; — la
Légende de sainte Elisabeth de Hongrie, oralo-
lio ; — Marche de Racocksy, |)araphrasede con-
LISZT — LITOLFF
117
cert, pour [liano ; Cantique d'amour, id.; — Saint
François de Paule sur les vagues, id. ; — Prê-
che aux oiseaux de saint-François cl' Assise, l].;
— Gruner Messe (Messe de Gran), écrite en
1853 pour la consécration de la basilique de Gran,
à la demande du cardinal Szitovvski, primat de
Hongrie ; — Messe du Couronnement ; — Berg-
sijmplionie (Symplionie de la montagne); — Can-
tate pour le Centenaire de Beethoven, exécutée à
Weimaren juin 1870; — Fantaisies pour piano
sur la Fiancée, sur les Huguenots, Don Juan,
Robert-le- Diable, la Juive, les Puritains, sur
les Soirées musicales de Rossini, sur la Clo-
chette de Paganini, sur la Rose da Sclmbert;
— Morceaux de divers genres pour piano sur
Don Carlos, i Lombardi, Lucia di Lamer-
nioor, Lucrezia Borgia, tSorma, les Soirées
italiennes de Mercadanle, le Songe d'une nuit
d'été de Mcndeissolin, etc ; — Études mélodi-
ques pour piano, d'après Schuhert, en 2 livres.
En dehors de ces compositions, déjà si nom-
breuses, et dont la liste est loin d'être complète
ici, M. Liszt a publié une multitude de transcrip-
tions de toutes sortes pour le piano ; outre
ses superbes transcriptions, des neuf sympho-
nies de Beethoven, on lui doit celles des ouver-
tures du Freischilfz, de Jubel et A'Oberon de
Wehcr, de divers morceaux de la Muette de
Portici, du Prophète, des Puritains, des Rui-
nes d'Athènes, du Vaisseau-fantôme, de Lo-
hengrin, du Tannhciuser, de l'Africaine, de
Tristan et Iseulde, de Rienzi, de la Schiller-
Marsch et du Moine de Meyerbeer, de la Cha-
rité, du Slabat Mater et des Soirées musicales
de Rossini, de six nocturnes de Field, de G mé-
lodies sacrées de Beethoven, de 4 mélodies sa-
crées (le Schubert, de O grandes études de Paga-
nini, enfin dune quantité de lieder et de chan-
sons de Beethoven, de Schubert, deMendeIssohn,
de M. Robert Franz, de M""' Clara Schumann,
elc, etc.
M. Liszt a été, en Allemagne et en France, le
sujet d'un grand nombre d'écrits ; voici les litres
de ceux qui sont venus à ma connaissance : 1° F.
Liszt, nachs einem leben und wirken atis au-
ihentischen berichten dargestellt(F. Liszt pré-
senté dans une relation authentique, d'après sa
vie et sa conduite), par Christern, Leipzig, Schu-
berth ; — 2" F. Liszt in Berlin, Skizze (F. Liszt
à BerUn, esquisse), par Kossarski, Berlin, Ba-
rasch ; — S" Liszt'' s (F.) orator'ium « Christus, »
ei7ie studie zur zeit v.ndmus'ikgeschichtlichen
stellungderselben (Etude sur i'oratorio^e Christ
de F. Liszt....), Leipzig, Scimberth, 1874, gr.
in-8°; — 4° Franz Liszt als sijmi)honiker{?xâiri.
Liszt comme symphoniste), par F. Brendel, Leip-
zig,1859; —5'' Franz Liszt ungarische Kr ce nun-
gsmesse eine musik studie (Étude musicale sur
la messe hongroise du couronnement, de Franz
Liszt), par K. Abranyi, traduit en allemand du
hongrois par H. Gobbi, Leipzig, Schuberth, 1871 ;
— 6" Franz Liszt oratorium die Légende von
derheiligen El'tsabethund dieneue Musikrich-
tung im Allgemeinen, ein offner brie f en die
lierren 0. Paul imd Ed. Ber?isrfor/' (l'oratorio
de Liszt la Légende de sainte Elisabeth et la
nouvelle tendance musicale, lettre adressée à
MM. O. Paul et Ed. Bernsdorf, Leipzig, Rhode,
1868;— 7" Veber FranzLiszVs Graner Fest-
messe und ihre stellung zur geschichteciclien
entwickelung der A'ircAenmMsiA i(Sur la Messe
solennelle de Gran et sur le développement de
la musique religieuse), par L. A. Zeilner, Vienne,
Manz, 1859; — 8° Die grossen pianoforte-
virtuosen unserer ze'it ans persœnlicher be-
kanntschaft (les Grands virtuoses pianistes de
notre temps), Liszt, Chopin,' Tcnisig. llensell,
Berlin, Behr, 1871; — 9° Franz Liszt's Z»io-
^?'a/j/iie(Biographiede Franz Liszt), par J. Schu-
berth, Leipzig, Schuberth, 1 87 1 ( 1 ) ; — 1 0" Z'a66e
Liszt, Paris, Heyaiann, 1871, in-8.
Il me reste à signaler quatre écrits d'un genre
fâcheux, dans lesquels la personne de M. Liszt
est directement mise en cause : Souvenirs d'une
Cosaque, par Robert Franz (M'"" Olga de Janina),
Paris, Dentu, 1874, in-12; le Roman du pia-
niste et de la Cosaque, par Sylvia Zorelli, Pa-
ris, s. d. (1875), in-12 ; Souvenirs d'un pianis-
te, réponse aux « Souvenirs d'une Cosaque, »
Paris, Lachaud et Burdin, s. d. (1874), in-12; les
Amours d'une Cosaque, par un ami de l'abbé
X***, Paris, Degorce-Cadot, s. d. in-12. Je ne
parlerai pas davantage de ces publications, ren-
voyant le lecteur à ce que j'en ai dit au mot Ja-
nina (Olga de).
M. Liszt a publié sur John Field [l'opuscule sui-
vant : Uber John Field''s nocturne (eu fran-
çais et en allemand), Hambourg, Leipzig et New-
York, Schuberth, 1859, in-16. Je dois faire
remarquer que le livre intitulé : Des Bohémiens
et de leur musique en Hongrie, a été publié
d'abord en français (Paris, hbrairie nouvelle,
1859, in-12), et que ce n'e.st qu'ensuite qu il
a paru en allemand et en hongrois.
*LITOLFF (Henry). — Musicien puissant
mais inégal, virtuose hors ligne mais incorrect,
doué d'une imagination grandiose et vagabonde
à la fois, voilà plus de trente ans que cet artiste
(I) On trouve une notice sur M. L'isrX dans le premier
volume de l'ouvrLige inlilnlé : .Musikatiscfie ttudien-
l;œpfe,^ir M. La Mara, Leipzig, 1858.
118
LITOLFF
étonnant court le monde, faisant entendre par-
tout ses œuvres, sans qu'il soit possible d'appré-
cier et lie lixor sa valeur d'une façon définitive,
de déteriuiner au juste son talent. 11 a parcouru
la plus granrle partie de l'Europe, en commen-
çant parla France, s'en allant de France en Bel-
gique, de Belgique en Pologne, de Pologne en Al-
lemagne, d'Allemagne en Hollande, se produisant
successivement à Paris, à Bruxelles, à Varsovie,
à Prague, à Francfort, à Leipzig, à Dresde, à Ber-
lin, à Amsterdam, à La Haye, à Brunswick, à Vien-
ne, à Gotha, à Liège, à Anvers, à Wiesbaden.et se
faisant api)laudir tour à tour comme composi-
teur, comme pianiste et comme chef d'orcl.es-
tre. Partout, sur son chemin, LitoUT semait ses
composilions, consistant en opéras, symphonies,
ouvertures, concertos, pièces de piano, morceaux
de chant, etc. Tout cela, quoique d'une valeur
très-réelle, est généralement inégal, fiévreux,
fantasque, et plus original au point de vue de
la forme, de la puissance orchestrale, de la cou-
leur, que personnel au point de vue de l'idée
proprement dite et delà richesse de l'inspiration.
Il y a beaucoup du tempérament de Berlioz
dans Litoiff, mais avec moins de jet mélodique,
moins de sentiment poétique, et point de cette
grâce e.Kquise et suave qui caractérisait l'auteur
de la Fuite en Egypte et de ta Damnation de
Faust. Il faut dire aussi que Lilolff ne semble
point s'être tracé une route à suivre, et qu'il pa-
raît se laisser volontiers entraîner au cours du
hasard et des événements.
Depuis une quinzaine d'années cependant, Li-
toiff, définitivement fixé en France, semble s'être
donné un but à atteindre : celui de devenir un
compositeur dramatique français. 11 a commencé
par écrire un opéra en trois actes, Naliel, sur
un poème d'Edouard Plouvier, ouvrage intéres-
sant qui fui représenté sur le théâtre du Kur-
saal de Bade au mois d'août 1863. Il songea
alors à se produire à l'Opéra-Comique, et l'on
parla d'un imtre ouvrage en trois actes, C Esca-
dron volant de lu reine, qu'il aurait composé
pour ce théâtre, mais qui jusqu'ici n'a pas vu
le jour. Quelques années après, en 18C9, Li-
lolff conçut la pensée de donner dans la salle de
l'Opéra une série de grands concerts destinés à
l'exécution d'n-uvres importantes de musique
moderne, entre autres des siennes et de celles de
Berlioz, dont il est un des admirateurs les plus
ardents et les plus convaincus. Il obtint en effet,
grâce à de puissantes iniluences, la salle de l'O-
péra pour y mettre son projet à exécution, et,
à la fin de 18C9, donna une ou deux séances;
mais l'entreprise ne réussit pas et il y dut re-
noncer presque aussitôt.
Mais il ne renonça [)as pour cela à se pro-
duire sur une scène parisienne. Ne pouvant se
faire jouer à l'Opéra-Comique, il songea à abor-
der un des petits théâtres consacrés au genre
malsain de l'opérette, et écrivit sous ce titre,
la Boite de Pandore, un ouvrage en trois
actes qui fut représenté aux Folies-Dramatiques
à la fin de 1871. L'essai ne fut pas heureux, mal-
gré la présence d'une cantatrice aimable, M'"''
Ferdinand Sallard, qui avait appartenu naguère
au personnel <le l'Opéra-Comique, et qui, jouant
le rôle de Pandore, produisit un grand effet
dans une valse vocale destinée à faire ressortir
ses qualités de virtuosité. Le 17 octobre 1872, le
compositeur reparaissait au même théâtre avec
Héloise et Abélard (3 actes), et cette fois obte-
nait un succès complet. Ce musicien à la person-
nalité exubérante, grandiose, souvent violente,
avait cherché à se faire coquet, mignon, gra-
cieux, et il n'est que juste de dire qu'il y avait
presque entièrement réussi. Déjà, dans la Boite
(le Pandore, l'effort en ce sens était visible et
parfois heureux : cette première partition, con-
çue dans un ordre d'idées si différent des appé-
tits ordinaires du compositeur, renfermait certai-
nes pages pleines de délicatesse et de fraîcheur-,
la critique les avait signalées, mais le public n'en
avait pu tenir grand compte, la musique ayant
succombé sous la sottise du poème. Cette fois, le
progrès était réel, évident, palpable, et si la par-
tition iVHélolse et Abélard n'était point une
ouvre |)arfaite, c'était du moins une production
fort distinguée, remarquable à beaucoup d'égards,
écrite dans le vrai style qui convenait au sujet,
et qui, si elle manquait peut-être un peu d'unité,
possédait cette qualité rare de ne point viser
plus haut qu'il ne faut, en même temps qu'elle
restait toujours très-élégante de forme et très-
pure de lignes. C'était, en un mot, un véritable
opéra iboulTe, et non une de ces productions
débraillées et triviales qui, sous prétexte de
musique, pervertissent et dépravent le goi1t du
public <lepuis tantôt vingt ans.
Malheureusement, Lilolff ne retrouva pas
semblable succès. La Belle au bois dormant,
opéra-féerie en quatre actes donné par lui au
théâtre du Châlelet (4 avril 1874), n'eut qu'un
petit nombre de représentations, et la Fiancée
du roi de Garbe, nouvel opéra bouffe en trois
actes joué aux Folies-Dramatiques (29 octobre
1874), ne put non (ilus se soutenir à la scène.
C'étaient là deux ouvres médiocres, qui ne mé-
ritaient pas un meilleur sort. Un autre ouvrage,
la Mandragore, donné par le compositeur au
théâtre des Fantaisies-Parisiennes de Bruxelles
(janvier 1870), n'a pas été plus heureux.
LITOLFF
LODER
il9
Jai regret à dire que Litollï, à qui sa légitime
renommée artistique devrait interdire certaines
làclies vraiment indignes de lui, n'a pas liésité
à secliarger de la direction d'un concert de bas
étage aux Champs-Elysées, non plus que de
celle desconcerts d'unétabllssement connu sous
le nom de Frascati ; c'est ainsi que, tandis qu'il
se faisait jouer sur tel ou tel théâtre, l'auleur
de Robespierre et des Girondins conduisait
un orchestre en plein vent. Passons sur ce fait
fâcheux, et souhaitons au grand artiste de rem-
porter enlin un grand succès dramatique sur une
scène digne de son talent.
Parmi les nombreuses compositions de Litoiff
en dehors du théâtre, je signalerai les suivantes -.
Ruth et Booz , petit oratorio ( partition chant
et piano, Paris, Choudens); Marche funèbre à
la mémoire de Meyerbeer (Paris, Brandus); 6
Morceaux caractéristiques pour piano (1. Rap-
sodie hongroise ; 2. Sur le Danube, rêverie; 3.
Rapsodie polonaise ; i.leC fiant du ISautonnier ;
5. Un Rêve ; 6. Vienne), Paris, Choudens ;
Ave Maria à voix seule, id., id. ; 3
Caprices-valses pour piano (1. Légèreté; 2.
Grâce ; 3. Abandon), op. 24, Paris, Heugel ;
Vlntitation à la Polka, op. 3l,id., id.; l'In-
vitadonù la Tarentelle, op, 36, id., id.; Ca-
price de concert, op. 37. id., id.; Divertisse-
ment fantastique, id., id. Il a écrit aussi et
publié un assez grand nombre de mélodies voca-
les : l'Aïirorc, la Charité, le Poète, Je faime-
rai, la Reine Mab, valse chantée, ^'effeuillez
pas la marguerite, Chant du gondolier, duo.
Enfants, dormez toujours, etc., etc.
LITTA (Le comte Giclio), compositeur
amateur fort distingué, issu d'une illustre famille
milanaise, deuxième fils du duc Pompeo Litta,
qui était un dilettante éclairé et un véritable
Mécène pour les artistes, naquit en 1822. Doué
d'un grand amour pour la musique et de rares
dispositions pour la culture de cet art, le comte
Lilta se laissa entraîner à son penchant et se
consacra de bonne heure à l'étude de la compo-
sition. Dès l'âge de vingt ans il écrivait un opéra
sérieux, .BiQHca di Santaftora, qu'il faisait exé-
cuter, le 2 janvier 1843, sur la petite scène in-
time du Conservatoire de Milan; il fit ensuite re-
présenter, sur des théâtres publics, plusieurs
autres ouvrages qui furent favorablement ac-
cueillis et qui l'ont classé parmi les amateurs les
plus distingués de sa patrie : Maria-Giovanna
(Turin, th. Carignan), Editla di Lormo (4 actes,
Gênes, th. Carlo Felice, i8b'i),Sardanapale, et
Don Giovanni di Portogallo. M. Giulio Litta
est aussi l'auteur d'une sorte d'oratorio, la Pas-
sione, dont il a écrit la musique sur l'hymne fa-
meux de Manzoni : 0 tementi delVira vcntura!
et qui fut chanté, dans un concert de musifjue
sacrée donné à l'Académie philharmonique de
Turin, par la Malvani-Ferraris et le ténor Da-
niele. La dernière production du comte Litta est
une scène lyrique, il Mandante (d'après le Pas-
sant, de M.François Coppée), qui a été exécu»
tée avec un véritable succès à Milan, sur le théâ-
tre Milanais, le 17 avril 1873; il a écrit aus.si
une opérette, liaggio d'Amore, qui n'a pas
encore été représentée. M. Lilta a publié quel-
ques mélodies vocales.
LITZAU (J.... B ), organiste néerlandais,
est né à Rotterdam le 9 septembre 1 822. Orga-
niste de l'une des églises réformées de cette ville,
on lui doit les publications suivantes : 1'^ Les
Mélodies des psaumes et chants en usage dans
l'église ré formée des Pays-Bas, Rotterdam, Li-
chtenauer, 1861 ; 2° Les Mélodies des psaumes
et chants en usage dans l'Église évangélique
luthérienne arrangées à quatre parties, id.,
id., 1852; 3° Les Mélodies des psaumes, mo-
tets, chants évangéliques de l'église réformée
des Pays-Bas, arrangées à quatre parties
avec orgue ou piano , avec des préludes à
Jouer pendant et après le service, id., id.
1854.
LLADO (J ), musicien espagnol contem-
porain, est l'auteur d'un traité de solfège dont
il a été fait trois éditions sous ce litre : Metodo
de solfeo, analitico, facil y conciso (Madrid,
Andres Vidal).
LLOREiXTE (Cipruno), compositeur espa-
gnol contemporain, s'est fait connaître par la
publication d'un certain nombre d'œuvres de di-
vers genres, entre autres un recueil de six
cantiques à une voix avec accompagnement de
piano, plusieurs mélodies religieuses à trois voix,
et des morceaux de musiquelégère et de danse
pour le piano.
LOliO (Heitor), musicien portugais, fut un
organiste célèbre et en même temps un construc-
teur d'orgues très-renommé. Il restaura en 1559
le grand orgue de l'église de Santa-Cruz à Coïm-
bre, instrument superbe qui a été presque entiè-
rement ruiné par un charlatan , il y a quelques
années. On n'a malheureusement pas de rensei-
gnement plus précis sur cet artiste remarquable,
auquel les contemporains accordent de grands
éloges.
J. DE V.
LODER (Edvv.vrd-James), chef d'orchestre
et compositeur dramatique anglais fort distin-
gué, naquit en 1813 à Bath, oii son père, violo-
niste de talent, occupait une bonne situation (1).
(1) 11 y 1 tout lieu de croire que l'artiste qui fait l'objet
120
LODER — LQESCnORN
Il appartenait à une famille foute musicale, car
ses deux frères, John et William, morts long
temps avant lui, étaient, le premier violoniste,
le seconil violoncelliste, et il eut aussi deux
sœurs qui se livrèrent à l'enseignement de la
musique. Pourtant, lui-même ne se décida
qu'assez tard à eml^rasser délînitivement cette
carrière, car après avoir été envoyé, en 1826, à
Francfort-sur-le-Mein pour y étudier avec Fer-
dinand Ries, qui avait été en Angleterre l'ami
de son père, il revint au lonl de deux années
<T Lomires, indécis sur son avenir, et liienfôl
entreprit l'étude de la médecine; c'est dans ce
but qu'il relourna en Allemagne en 1829. Mais
s'étant retrouvé avec Ries, il se résolut enfin
à poursuivre la carrière artistique, et termina
ses études musicales sous la direction de cet
artiste distingué.
De retour en Angleterre, Loder se vit chargé
d'écrire un opéra pour l'inauguration du nou-
veau théâtre du Lyceum, alors en construction,
et qui était destiné à l'exploitation de l'opéra
anglais. Le livret de cet ouvrage, intitulé Noiii-
jahad, était l'œuvre du directeur de ce théâtre,
Arnold, qui avait transformé à cet effet un an-
cien drame de lui dont le succès avait été mé-
diocre quelques années auparavant; ce livret
n'était point fameux, et la fortune de l'ouvrage
s'en ressentit, lorsqu'il fut joué au mois dejuil
let lS3i, bien que la musique en fiM, paraît-il,
des plus remarquables, et qu'elle donnât les
preuves d'un rare tempérament artistique. « Il
faut, a dit M. Macfarren en parlant de Aour-
jahad, il faut considérer cet opéra comme ayant
créé en Angleterre un genre nouveau de musi-
que dramatique, et les divers compositeurs qui
se sont distingués dans cette voie ainsi préparée
pour eux doivent un témoignage de gratitude
à Edward Loder, qui a été le pionnier de leur
fortune. »
L'année suivante, Loder écrivait pour le
même théâtre un nouvel ouvrage, Dice of Deatlt
(le Dé de la mnrt). Il conilul ensuite, avec
les éditeurs d'Almen et Cie, un traité par le-
quel il s'engageait à leur livrer chaque semaine
une composition; c'est alors qu'il écrivit pour
eux une série de 12 clianfs sacrés, dédiés à
Sterndale Hennett, et qui auraient suffi à établir
de celte notice est le mùine que celui qui a Oti' nien-
lionni', au tome V de la Uioyraphie tinircrsclle des
Musiciens, sous le noui Inexact de Georges Loder. Les
éléraents du pr(':sent article ont été pris dans une notice
que M. G. A. M.-icfarrcn, l'émincnt compositeur an;îl:Ms,
a puDllce sur Loder dans tlie Impérial IHctionary al
l'nivcrsal Ùinr/rapliy. On verra qu'il n y est point ques-
tion d'i n S(')('ur que Loilcr aurait f.iit ( ii Aineri(|ue.
sa réputation ; il leur donna ensuite un giand
nombre île chants (sorigs), duos, etc., et ces
éditeurs eurent la singulière idée de former,
avec ces diverses productions, une sorte d'opéra
intitulé François r'\ qu'ils firent jouer au théâ-
tre Drury-Lane en 1838.
Quelques années après, Loder était engagé
au Princess' Théâtre comme chef d'orchestre,
et déploya dans l'exercice de ces fonctions un
talent supérieur. Il fit représenter alors à ce
théâtre the iMg/it Dancers {les Dunsexirs de
nuit), son meilleur ouvrage dramatique (1846),
et /'î^c/t, opéra-ballade (184S). Étant passé avec
le même emploi à Manchester, il donna en cette
ville (1855) un ouvrage de grande importance
et de liautes visées, Raymond and Agnes, qui
fut reproduit plus tard à Londies, au théâtre
StJames, mais dans des conditions d'exécution
déplorables. En 1856, Loder perdit l'emploi de
ses facultés, et fut atteint d'aliénation mentale;
après quelques années d'un traitement intelli-
gent, on put croire un instant qu'il allait être
rendu à la vie et à la raison ; mais le mal le
reprit bientôt, et il mourut à Londres le 5
avril 1865.
Outre les opéras qui ont été mentionnés ci-
dessus, Loder en écrivit plusieurs autres, qui
n'ont pas été représentés : Utile Red lUding
ITood {le petit Chaperon Bouge), qui avait
été composé vers 1845 pour le théâtre Drury-
Lane, Pizarre, Leila, et sir Roger de Cover-
Icij. Il a écrit aussi quelques morceaux de piano
intéressants, plusieurs quatuors pour instru-
ments à cordes qui n'ont pas été publiés, mais
qui témoignent d'un art consommé, et surtout
une quantité énoime de mélodies vocales, parmi
lesquelles on cite surtout celles intitulées the
Brave OUI Oah et OUI Iloiise at Home, et
pour l'ampleur de la conception celle qui a pour
litre Invocation to the Deep {Invocation à
l'obscurité). Enfin on connaît encore de Loder
une grande cantate, the Islund of Calypso,
(pii fut exécutée en 18jl aux nouveaux ron-
.erts pliilliaimoniques.
LODiJJEXSHY (N ), compositeur
russe, s'est fait connaître par un certain nombre
lie romances et mélodies vocales, qui ont été
publiées à Saint-Pétersbourg dans le cours de
ces dernières années.
*L()ESCIIORI\'(Ciiarlgç-Albf:rt). — Par-
mi les conq)ositions publiées de cet artiste, dont
le nombre s'élève aujourd'hui à près de cent
cinquante, je signalerai les suivantes : Étude en
ré op. .1 ; 3 Sonates, op. 101 ; Moments inélan-
coliques, 2 nocturnes, op. 114; Éludes de ca-
ractère, op. 118; 4 Études (1. Valse; 2. Galop;
LŒSCHORN — LOMAGNE
421
3. Mazurk; 4. Polka) ; Sonatines instructives,
op. 125, 120, 127, 135; Suite pour piano, op.
130;3Mazuikas, op. 132; Tarentelle, op. 133;
die Sikule der Geluuliglieit, 33 éludes, op.
136; Album de la jeunesse, 15 morceaux ins-
tructifs, op. 139; Rôveric, op. 141; Quatuor
pour piano et instruments à cordes; etc., etc.
LOEW (Joseph), pianiste allemand et com-
positeur pour son instrument, n'a pas publié jus-
qu'à ce jour moins de trois-cents-œuvres, con-
sistant en pièces de genre, études faciles, fantai-
sies, mélodies, transcriptions de Ikdcr ou d'airs
d'opéras, morceaux de danses, etc., pour piano
à deux où à quatre mains. Le même artiste a
donné aussi quelques morceaux pour piano et
harmonium. J'ignore quelle est la valeur de
toute celle musique, dont rien absolument n'est
connu en dehors de l'Allemagne.
* LOEWE (Jean-Charles-Godefroid), est
mort à Kiel le 20 avril 1869.
* LOEWE (Jeanne-Soi'Hie). Cette cantatrice
célèbre était née, non en 1815, comme il a été
dit, mais le 24 mars 1816. C'est elle qui avait
créé à Gênes le rôle d'Abigail dans le ISabucco
de M. Verdi, et à Milan la Maria Padilla de
Donizetti. lilie avait renoncé au théâtre en 1848,
pour devenir l'épouse du prince Frédéric de
Liechtenstein. Celte grande artiste est morte à
Peslh le 28 novembre 18C6.
LOEWE (TnoMAs), compositeur, né en Autri-
che, a écrit la musique d'un opéra intitulé Con-
cino Concini , qui a été représenté à Prague au
mois de décembre 1862. Cet ouvrage a été repro-
duit ensuite à Vienne, ville habitée par l'au-
teur, sur le théâtre de la Cour, le 1" février
1865.
* LOGIER (Jean-Beunakd), inventeur du
chiroplasie, était né à Cassel le 9 Février 1777,
et non à Kaiscrsiautern en 1780. Il eut un (ils,
Henri Logier, qui s'établit comme professeur
de harpe et de piano à Londonderry (Angleterre),
où il mourut le 15 Mai 1870.
* LOGROSCIXO (Nicoi.o). Les opéras sui-
vants doivent être compris dans la liste de ceux
qui sont dus à ce compositeur : 1° la Violante,
Naples, th. des Fiorentini, 1741 ; — 2''Ctonme-
tella Correvaia , id. , th. délia Pace, 1744;
— 3° li Zite , opéra bouffe, id., id., 1745; —
4° Don Paduano, id., id., id., 1745; — 5° la
Costanza, id., th. Nuovo, 1747; — 6° li Des-
pielte d'ammore, id., th. délie Pace, 1748 (en
société avec Nicola Caiandro, dit Frascia); —
7° la Finta Fiascatana, id., th. Nuovo, 1750;
— 8° lo Cicisbeo, id., id., 1751; — 9" la Gri-
selda, id., th. des Fiorentini, 1752; — 10° El-
mira generosa (en société avec Emmanuel Bar-
bella, excellent violoniste), id., lii. Nuovo, 1753;
— 11° le Chiajese cantarine , folie musicale
(pazz-ia per musica), id., th. Xuovo, 1754;
— 12° Rosmonda (en société avec Cecere, Pietro
Gomez et Traelta), id., id., 1755.
* LOISEL (Je\n). Cet artiste naquit à Hesdin,
en Artois. Admis dans l'ordre des Prémontrés,
il devint chanoine régulier de l'abbaye de Saint-
Josse-aux-Bois ou Dompmartin, dans le diocèse
d'Amiens, puis fut appelé à Anvers comme maî-
tre de chant (phonascvs) de l'église abbatiale
de S«-Michel, où il se trouvait en 1646. C'est ce
qui résulte d'un ouvrage publié alors par ce
musicien, ouvrage resté jusqu'ici ignoré, récem-
ment retrouvé par M. Vander Straeten, et dont
le titre produit ces renseignements : Surczilus
oliciv, nods miisicis concertanlibus et pacifis
VI vocitm vel instrumentorum adornatus ,
SS. Maria: Pacis œtenurque reginx concordix
pro patrix fvlici concordia oblalus, a venera-
bïli D. F. Joanne Loisel Hesdiniensi, eccle-
six J. Judoci in Nemore, sacre Ordinis Prx-
monstratensis canonico, necuon ecclesix S.
MichacUs Aniverpias phonasco. Opus secun-
dum. {Antverpix, apud lieredes Pétri Pha-
lesii, M D C XVLI, /?i-4'>). Ceci est, on le voit,
l'œuvre deuxième de Jean Loisel. Un recueil,
formant l'œuvre troisième, contient un assez
grand nombre de motets à plusieurs voix, avec
accompagnement d'instruments : Misericordias,
Domine Deus, Aima Dei genitrix, Laudem
dicite, Salve Regina , Regina cœli, Tanlum
ergo, etc.
LOMAGXE (Josei'u), violoniste , composi-
teur et professeur, né à Perpignan en 1804,
s'essaya d'abord à jouer de la flûte, puis se
consacra entièrement à l'étude du violon. 11 prit
d'abord des leçons d'un professeur nommé Cosle,
maître de chapelle de la cathédrale de Perpi-
gnan, puis, admis au Conservatoire de Paris,
devint l'élève de Kreutzer. Après avoir rempli
les fonctions de violon-solo aux grands théâtres
de Nîmes et de Bordeaux , il retourna dans sa
ville natale , s'y voua à l'enseignement , et fut
assez heureux pour y fonder un Conservatoire,
qui ouvrit ses cours an mois d'août 1842, et
dont il resta le directeur jusqu'à la fin de sa
vie. A partir de cette époque, Lomagne s'occiqia
beaucoup de composition , et écrivit un grand
nombre d'œuvres de divers genres, parmi les-
quelles on cite les suivantes -. — \.° La Maronite,
grand opéra en 5 actes; — 2° Messe à 3 voix,
exécutée en diver.ses circonstances ; — 3" Slabat
Mater avec sali et chœurs; — 4° Recueil d'é-
tudes pour le violon ; — 5 " diverses compositions
religieuses, entre autres des psaumes, des vêpres
122
LOMAGXE — LOMÉiNIE
du diiiiaaclie, des cantiques, un Chemin de la
Croix; — 6» des trios et quatuors pour instru-
ments à cordes; — 7" enfin^ des fantaisies cl
airs variés pour le violon. J'ignore si une i)artie
de cette musique a été publiée. Lomagne est
mort à Perpignan en 1868.
LOMAA' (A -D ), ancien prédicateur à
Deventer, puis professeur de théologie à Amster-
dam, est né à La Haye (Pays-Bas), le 16 sep-
tembre 1823. Il s'est beaucoup occupé de musi-
que, et a publié dans divers journaux un certain
nombre d'articles relatifs à cet art. On lui doit
aussi les deux publications suivantes : 1" Suite
au livre deJ. G. Wilms concernant le livre
de chorals de Véglise évangélique luthérienne
dans le royaume des Pays-Bas, pour orgue et
piano, Amsterdam, Brandt, 1830, in-i° ; T Ar-
rangement à 3 voix des chants évangéliques
et luthériens, principalement à Vusage des
enfants qui chantent à Vécole et à Véglise,
Amsterdam , Loman et Reudler, 1852, in-S".
LOMBARDl (GiACOMo), professeur de chant
et compositeur, naquit à Parme en 1810, et fit
ses études musicales au Conservatoire de Naples,
où il eut pour maîtres Francesco Lanza pour le
piano, Nozzari pour le chant, Zingarelli et Rai-
mondi pour la composition. Il embrassa d'abord
la carrière du chant dramatique, et débuta
comme premier ténor, en 1828, au petit théâtre
de la Fenice, de Naples, après quoi il alla tenir
le même emploi à Côme, à Venise, à Bergame,
à Bologne, à Malte, puis revint à Naples, où il se
montra sur les tbeàtres dirigés par le fameux
imprésario Barbaja. Mais la voix du jeune chan-
teur n'était pas encore suffisamment formée
lorsqu'il aborda le théâtre ; il en résulta une
fatigue et une altération qui l'obligèrent à
renoncer à cette carrière. Il s'établit alors à
JN'aples comme professeur de chant, alla ensuite
pendant plu-rieurs années diriger le théâtre de
Lecce, puis revint à Naples, qu'il ne quitta
plus depuis cette époque, et où il fonda une
société chorale. Lombardi a fait représenter
trois opéras : il CapHano ed il Tutore (Malte),
il Primo Navigatore (Malte, 1829), et Elfrida
(Lecce, 1853); il a écrit 23 messes, soit alla
Palestrina, soit avec orchestre ou musique
militaire, diverses autres compositions reli-
gieuses, et un certain nombre de morceaux pour
le chant et pour le piano ; une partie de cette
musique a été publiée. On doit encore à Lom-
bardi les ouvrages suivants : Elementi di lin-
guaggio musicale (Naples, l'auteur); Metodo
per apprendere la giusta durata délie figure
(id., Orlando) ; il CuiUo modernn, \ livres de
mélodies (id., Tramater) ; l'Amico de ' princi-
pianti, 4 autres livres de mélodies (id., Gian-
nini). Cet artiste est mort à Naples, au mois
d'avril 1877.
LOMBAUDl (l" ), compositeur italien,
a fait représenter sur le théâtre du Prince
Humbert, de Florence, le 8 septembre 1877, un
opéra sérieux intitulé Ginevra di Scozia.
LOMBARDII\I(Giisepi>eLOMBARDO.
dit), compositeur et professeur de chant, né à
Palerme en 1820, étudia le piano avec Pixis,
l'harmonie avec Carini et le contrepoint avec
Pietro Raimondi. Très-jeune encore, il dirigea
une troupe de chanteurs amateurs, pour lesquels
il écrivit une opérette bouffe, la Zia Teresa,
qui fut jouée ensuite au théâtre San-Ferdinando,
et donna à ce même théâtre un autre ouvrage
intitulé Quattro Maritïe due Mogli. A 16 ans
il alla s'établir à Naples, et ouvrit en cette ville
une école de chant, qui fut bientôt très-recher-
chée et d'où sont sortis plusieurs artistes esti-
més. Plus tard, son ancien maître, Pietro Rai-
mondi, directeur du Conservatoire de Palerme,
lui ayant offert le poste de professeur de chant
dans cet établissement, M. Lombardini, satisfait
de la situation qu'il s'était faite à Naples, déclina
cette proposition. En 1857, il devint directeur de
l'école de perfectionnement de ÏAt/)ergo de'
Poveri, puis de celle de l'Association des savants,
lettrés et artistes. M. Lombardini a publié un
Guida ail' arte dcl Canto (Naples, 1851), un
autre ouvrage didactique intitulé Studio di
perfctta intonazionc (Najdes, Cottrau, 1873),
et il a fait représenter à Naples les opéras sui-
vants : la Sartina e l'Usuraio (th. Nuovo, 1853),
lo Spaccalegna (th. du Fondo, 1860), et l'Al-
bergo delV Allegria (th. San-Carlo, l86'j). Il a
écrit encore un autre opéra, Lida, qui jusqu'ici
n'a pas été représenté, et a publié quelques
romances et mélodies vocales.
LOMÉXIE (Louis-LÉoNARD DE), écrivain
et critique, membre de l'Académie française, est
né à Saint-Yiiex (Haute- Vienne) en 1818, et
descend de François de Loménie , conseiller au
siège présidial de Limoges en 1570, lequel était
frère de Martial de Loménie. qui fut secrétaire
du roi et chef de la branche des Loménie do
Brienne. Après avoir fait de brillantes études au
collège d'.\vignon, Louis de Loménie vint se
lixer à Paris, et débuta dans les lettres par une
série d'études biographiques intitulée Galerie
des contemporains illustres et publiée sous le
pseudonyme d'un Homme de rien (Paris, René,
1840-1847, in-l8 avec portraits). On a dit avec
raison que cet « homme de rien » fit beaucoup
de bruit dans le monde sans chercher le scandale
et sans forcer la curiosité publique par des
LOMÉNIE - LOOUIN
123
révélations imliscrèles, qu'il sut garder, dans ses
confidenres sur la vie privée des contemporains,
la mesure et la réserve convenables, et qu'il
s'attacha surtout à peindre des [)ortraits vraiment
lustoriques. Dans cette série d'intéressantes
études, qui ne comprend pas moins de dix
volumes et qui fut publiée par livraisons déta-
chées,; la musique a trouvé sa place et donné
lieu à cinq notices sur Auber, Clierubini,
Meyerbeer, Rossini et Spontini. Les jugements
de M. de Loménie sont ceux d'un homme de goût,
et l'on trouve dans ses notices quelques utiles
renseignements. M. de Loménie, devenu en
1871 membre de l'Académie française, est
mort à Menton le 2 avril 1878.
LOXGET (François-Achille), médecin et
physiologiste français, médecin en chef des mai-
sons de S'-Denis et d'Écouen, membre de l'Aca-
démie de médecine et de l'Académie des sciences,
né à Saint-Germain en Laye en 1811, est l'auteur
d'un grand nombre de travaux relatifs à la
médecine et à la physiologie. Au nombre de ces
écrits, nous devons citer le suivant, publié par
lui en société avec M. Masson : Études expéri-
mentales sur la voix et sur les causes de la
production du son dans divers instruments de
musique, Paris, 1852, in- 8° de 114 pages. Je
crois que M. Longet est mort en 1870.
LOA'GO (GiACOMo), compositeur, né à Faro,
près de Messine, le 15 février 1833, était destiné
par sa famille à l'étal ecclésiastique, et n'obtint
qu'à l'âge de 18 ans de pouvoir s'occuper active-
ment de musique. 11 commença alors ses études à
Messine, sous la direction du maître de chapelle
Paolo Abbagnato, et se perfectionna ensuite avec
M. Mario.Aspa, dont il devint l'élève préféré. Il fit
ses débuis de compositeur dramatique en donnant
en 1859, au théâtre de Messine, un opéra intitulé
Etzelmo fil, qui fut bien accueilli, et l'année
suivante , lors de la descente de Garibaldi en
Sicile, s'engagea comme volontaire sons ses
ordres et prit part à la sanglante journée de
Milazzo. Après avoir fait un assez long voyage
en Italie, M, Longo revint se fixer à Messine,
où il se livra à l'enseignement du chant et du
piano ; il fonda en cette ville la première école
de chant choral qu'elle ait possédée, et devint,
en 1871, chef d'orchestre du théâtre Victor-
Emmanuel. Les éditeurs Ricordi et Lucca, de
Milan , ont publié diverses compositions de
M. Longo, qui a écrit aussi plusieurs ouvertures
et cantates exécutées dans différentes fêtes muni-
cipales.
LONGUEVILLE (A ), pianiste et com-
positeur, est l'un des fabricants les plus actifs de
ces petits morceaux de musique de piano, dont
les artistes ignorent jusqu'à l'existence, mais que
les éditeurs jettent chaque année par milliers sur
la i)lace, à la plus grande joie des amateurs mé-
diocres pour quiil'art musical tout entier est con-
centré dans ces pages trivoles. M. Longueville a
publié environ 120 morceaux de ce genre, parmi
lesquels se trouvent un certain nombre de fan-
taisies sur des motifs d'opéras en vogue.
LOPEZ (Francisco-Miglel), maître de cha-
pelle et organiste espagnol, naquit à Villarroya,
en Aragon, dans la seconde moitié du dix-
septième siècle. Il devint élève de la célèbre
école du monastère de Monserrat, dans la Cata-
logne, y apprit la musique, et en 1684 y revêtit
l'habit de l'ordre de S'-Benoist. L'un des disciples
les plus renommés de cette école, il fut pendant
huit ans maître delà chapelle, puis organiste
du couvent, et rempHt ensuite les mêmes fonc-
tions à l'église de ce couvent, puis à Madrid et
à Yalladodid. Lopeza publié deux ouvrages sur
la musique avec texte latin, l'un intitulé Exa-
goga ad musicem, l'autre sous le litre de Miscel-
lanea musica.
LOPEZ (José-Veî<\ncio), musicien espagnol,
naquit à Madrid le 18 mai 1795. Après avoir
commencé de bonne heure l'étude de la musique,
il devint expéditionnaire dans une administration;
il entra ensuite comme clarinette dans la musi-
que d'un corps militaire, puis s'adonna à l'étude
de la contrebasse, et obtint la place de premier
contrebassiste au théâtre de la Cruz, emploi qu'il
conserva depuis 1826 jusqu'en 1846. En 1830,
il fut nommé professeur de contrebasse au Con-
servatoire, et en 1839 il entra à la chapelle royale.
Lopez mourut le 15 février 1852. On doit à cet
artiste une excellente méthode pour son instru-
ment.
LOPEZ ( ), artiste espagnol contempo-
rain , a publié récemment à .Madrid , chez l'édi-
teur Romero y Audia, une Méthode éWnentaïre
de mandore.
LOPEZ REMACHA (Miguel), prêtre et
musicien espagnol, naquit, à ce que l'on croit,
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, et
mourut à Madrid le 14 avril 1827. Il fut un chan-
teur distingué, et fit partie de la chapelle royale.
Il a publié sous ce titre;: la Melopea, une
méthode de chant très-estimée.
LOQUIN (Anatole), théoricien musical, est
né à Orléans le 22 février 183'». Éprouvant pour
la musique une vocation irrésistible , M. Loquin
commença par apprendrecetart, seul et sans pro-
fesseur. A dix-huit ans, il composait des romances
pour piano et chant, dont quelques-unes ont vu
le jour. Ce n'est qu'en 1853 que M. Loquin prit
à Bordeaux des leçons d'harmonie avec M. Fer-
\u
LOQUIN — LORENTE
roud {Voy. ce nom), professeur de talent, qui
l'iiiilia aux notions les plus élémentaires de cette
s'iencc.
Entré dans une administration , et envoyé au
début de sa carrière à Espelette, petit village
basque des Basses-Pyrénées , M. Loquin , porté
par la nature de son esprit aux études abstraites,
mit à profil son isolement et le temps qu'il avait
à sa disposition, en analysant sous le rapport
harmonique les principales partitions de Gluck,
de Rossini, de Weber, de Meyerbeer, etc., et en
comparant attentivement entre eux les traités
d'harmonie de Rameau, de Catel, de Reitha, de
Busset, de Fétis et de Chevé. Le premier résultat
de ces études comparées fut un petit traité d'une
soixantaine de pages in-S", publié en 18G2 à
Bordeaux, chez Gounouilhou, sous le titre de
Notions élémentaires d'Harmonie moderne,
bientôt suivi d'un ouvrage plus considérable, en
cinq parties, couronné par l'Académie de Bor-
deaux, et intitulé : Essai philosophique sur la
Tonalité moderne ll8Gi-i8G9). Dans ce dernier
ouvrage, qui contient un traité complet de modu-
lation, l'auteur réfute les notions de théorie
musicale les plus généralement admises.
M. Loquin s'occupe, depuis de longues années,
d'un vaste recueil des Chants populaires Fran-
çfli5,etd'un Grandtraité d'Harmonie ancienne
et moderne basé sur un plan absolument nou-
veau , plan qu'd a fait connaître en partie dans
des mémoires insérés dans les Actes de la
Société des sciences physiques et naturelles de
Bordeaux. — M. Loquin est aujourd'hui mem-
bre de l'Académie des sciences de Bordeaux.
Depuis 1862 il est devenu le collaborateur de
l'excellent journal ^a' G/ro«cfe , pour tout ce
qui concerne les choses de la musique ; ses ar-
ticles à ce journal sont signés du pseudonyme de
PaulLavigne. Enfin, ilestl'auteurdesarticlesde
musique du Dictionnaire de M. Littré, à partir
de la lettre N inclusivement jusqu'à la fin.
On a de iM. Anatole Loijuin, outre les ouvrages
que nous avons cités : — 1° des Lettres sur
renseignement populaire de la Musique; —
2" un Examen de la méthode Galin, lu en 1861
au congrès scientifique de France-, — .3" une
Étude sur les Poésies de Clotilde de Surville,
écrite pour réfuter le mémoire de M. Antonin
.Macé ; i" De l'Avenir des théories musicales,
in-8°; 5" Aperçu sur un nouveau système de
notation pour représenter les successions har-
moniques, gr. in -8°; — G" Tableau de tous les
effets harmoniques, de une à cinq notes, gr.
in-8", etc., etc.
Esprit très-actif et très-laborieux, M. Anatole
Loquin, qui est l'un des collaborateurs du Supplé-
ment de la Biographie universelle des Musi-
ciens, a fondé à Bordeaux, en 1877, un recueil
fort intéressant, entièrement rédigé par lui, et
qu'il publie sous ce titre : la Musique à Bor-
deaux, revue mensuelle.
LOUAXDI (Giovanni-Alberto), composi-
teur, vivait à Brescia dans les premières années
du dix-huitième siècle. Il écrivit pour le prince
de Toscane Ferdinand de Médicis un oratorio ,
Santa Maria Maddalena {l70i), et un Te Deum
à l'occasion de sa guérison (1709).
LORElXS du IlEST, luthier et faiseur de
harpes, vivait au commencement du 15^ siècle.
Nous avons trouvé dans l'intéressant mémoire
de B. Bernarbt {Recherches sur la Corporation
des Ménestriers) deux quittances délivrées par ce
luthier à la duchesse Valentine Yisconli, femme
de Louis, duc d'Orléans. Par la première, datée
du 17 janvier 1400, Lorens du Hest reconnaît
avoir reçu du trésorier de la duchesse la somme
de 32 sous parisis pour avoir « rappareillié et
« mis à point deux des harpes de Madame la
« duchesse esquelles il a fait et mis broches et
(. cordes toutes neufves, et ycelles recollées là
« où métier était; et en l'une d'icelles fait, taillé
« et assis un fons tout neuf. » — Dans la seconde
quittance, datée du 29 mars 1401, le même
luthier reconnaît avoir reçu la « somme de 36
« sous parisis pour avoir rappareillié et refaicte,
« et mis à point la belle harpe de Madame la
« Duchesse. C'est à savoir recolé le bel baston
« qui était romppu en deux lieux, et avoir taillé
« mis et assis en icelliii une pièce de bois et
« avoir reffait tout neuf le fons d'icelle qui avait
« été tout froissié et rompus, et ycelle avoir
« garnie de broches et de cordes (1). »
J. G.
* LOREA^TE (Andiîé). Dans son Diccionario
técnico, histôrlco y tiiogrâfico de la Musica,
M. José Parada y Barrelo fixe, d'une façon pré-
cise, la date de la naissance de cet artiste au
15 avril I62i.
(t) Depuis longtemps U harpe était l'instrument favori
des (lames, en iiiOrnc temps que rornemcnt des .'alons
princiers. — Des acliats de cordes failsau\ mois d'octobre
et de novembre de l'année IH6 pour la harpe d'isabeau de
Havière, femme de Charles V|, prouvent également que
cette reine, d'odieuse mémoire, avait le goût et la pratique
delà musique instrumentale :iiA Jehan du Lige pour corde»
« (le harpes qu'il avait achet('es et payées pour la Royne
(( par commandement de Biétrix de Ry, le dit jour (dernier
« octobre Ui6. IIII, 6. » — « Item pour cordes de harpes
« pour la Royne dijllvrées à Madame de Romont et par son
« commandement, le XI Jour de novembre (U 16)... VI. S. »
« (Compte des menus plaisirs de la Reine Isabeau de
Bavière, depuis le !<■'• mars t 'tl:; |i'iifi( au 18 avril 1417
Ch. Dépenses, arcli. du Roy., K. 270).
J. G.
LORENZI — LORET
123
LOREKZI (Giovanm-Battista DE), fac-
teur d'orgues à Vicence, esl né à Scliio le 13
mars 1S06. Après avoir étudié l'art musical
dans sa ville natale, sous la direction de Felice
Bragozzo et de Domenico Cimoso, il commença,
dès l'âge de 10 ans,' à s'occuper de la fabri-
cation des orgues, en construisit un pour l'é-
glise de San-Felice, deVicence, et enlin, en 1830,
fonda en cette ville la fabrique très-impor-
tante qui porte son nom. M. de Lorcnzi a in-
venté un système d'orgues phonochromiques ,
et un iimpantono ou timbale pour tous les
tous, et il construit aussi des instruments à
archet estimés.
LOREiXZINI ( ), fut l'un des maîtres
de la chapelle de Louis XIV. L'existence de cet
artiste m'a été révélée par celte mention qu'en
fait l'auteur anonyme de ['Histoire de l'Aca-
démie roijale de musique (publiée par le
Constitutionnel) : « Nous ne parlerons point
de l'opéra d'Oronthée, dont les paroles sont
de Leclerc et la musique de Lorenzini, maître
de la chapelle du roi, qui fut exécuté à Chan-
tilly, le 23 août 1688, par l'Académie royale de
musique dans une fête que M. le Prince y donna
à M. le dauphin, attendu qu'il n'a jamais été
joué à Paris. » Je n'ai découvert aucun autre
renseignement sur cet artiste.
LOlîET (Jean-Joseph ), organiste et facteur
d'orgues, à la fois versé dans la connaissance de
la musique, de l'acoustique, de la chimie, de
la physique et de l'astronomie, naquit à Ter-
monde (Belgique) le 6 mars 1757. Il fit ses étu-
des à Dixmude, chez l'un de ses oncles, et, tout
en s'occupant avec activité de la construction des
orgues, fournit une longue carrière comme orga-
niste, car il ne tut pas attaché pendant moins de
cinquante-cinq ans en celte qualité à l'église
Sainl-Gillas de sa '.ville natale, remplissant en
même temps les fonctions de carillonneur com-
munal. Parvenu à l'âge de 88 ans il se retira à
Malines, où il mourut le 11 septembre 1847.
LORET (FiîANçois-BEUNAr.D), lilsdu précé-
deur, ingénieur-mécanicien et facteur d'orgui-s,
naquit à Termonde le 6 avril 1808 et fut élève de
son père. Doué d'aptitudes particulières pour tout
ce qui concernait la mécanique, l'horlogerie, les
sciences physiques, la géométrie, la musique,
l'acoustique et la facture instrumentale, il fit
faire de grands progrès à la fabrication des or-
gues en Belgique, et obtint divers brevets d'in-
vention pour différents procédés imaginés par
lui, ainsi que des récompenses nombreuses à di-
verses expositions. Établi à Malines, François-
Bernard Loret construisit plus de 300 orgues soit
pour la Belgique, soit pour la Hollande, soit pour
divers autres pays, et parmi ces instruments il
s'en trouve de premier ordre. Cet aitiste fort in-
telligent a écrit et i>ublié plusieurs opuscules re-
latifs aux détails delà construction des orgues.
Il est mort à Malines le 17 novembre 1877.
LORET ( HiproLYTE ), frère du précédent ,
organiste et facteur d'orgues, né à Termonde en
1810, fut aussi élève de son père, et s'est fait
une renommée lionorabie. Etabli d'abord à Lae-
ken-les-Bruxelles, il se fixa ensuite à Paris. Il n'a
guère construit moins de 500 instruments, tant
pour la Belgique que pour la Hollande, le nord
de la France, quelques églises de Paris et de la
Brefagne, et même pour le Chili, le Pérou et les
colonies françaises. M. Hippolyte Loret a rempli
les fonctions d'organiste ^à Termonde et à
Mons.
LORET (Clément), organiste distingué et
compositeur, né à Termonde (Belgique), en 1833,
est fils et petit-fds de deux artistes qui rem-
plirent les fonctions d'organiste à l'église Notre-
Dame de cette ville, et auxquels il dut en grande
partie son éducation musicale. Son père, M. Hip-
polyte Loret, qui était en même temps un habile
facteur d'orgues, lui faisait, dès l'âge de sept ans,
jouer à l'église de petits offertoires et des sorties,
et à huit ans, l'enfant le remplaçait quelquefois
pour certains offices peu comphqués. En 1846,
M. Loret père ayant été nommé organiste à
Mons, son (ils compléta en cette ville ses études
de lecture musicale avec M. Denefve, directeur
de l'école de musique, puis, en IS.jI, se fit
admettre au Conservatoire de Bruxelles, où il
travailla le contrepoint] avec Fétis, l'orgue avec
M. Lemmens, et où il ^obtint le premier prix
d'orgue en 1853.
En 1855, M. Clément Loret vint à Paris, y
fit la connaissance de M. Mustel, facteur d'har-
moniums, qui le décida à s'y fixer, et devint
successivement organiste au Panthéon, à Su-
resnes et à Notre-Dame des Victoires. En 1857,
il se présenta à Niedermeyer, directeur de l'École
de musique religieuse, qui cherchait un profes-
seur d'orgue pour cet établissement, et, après
lui avoir fait entendre plusieurs œuvres de
Jean-Sébastien Bach et de Mendelssohn, fut
chargé par lui de ces fonctions. Depuis lors,
il a formé dans cette école un grand nombre
d'élèves, dont quelques-uns occupent aujour-
d'hui des positions fort honorables comme or-
ganistes, et il a contribué à rendre populaires
le nom et les œuvres de J.-S. Bach, jusqu'à
cette époque imparfaitement connu des artistes
français. C'est dans le même temps que, sur
la proposition de Niedermeyer, alors maître
de chapelle à l'église de Saint-Louis d'Antin,
126
LORET — LOTT
M. Lorel accepta l'emploi d'orf^anisle de cette
église, qu'il occupe encore aujourd'iiui.
M. Loret s'est fait connaître avantageuse-
ment comme compositeur. Dès 1859, il pu-
i)liait dans le journal la Maîtrise, dirigé par
(l'Ortigue et Nicdermeyer, ses premiers Exer-
cices d'orgue, en trois livraisons, qui furent
bientôt; suivis de 24 Études pour le même
instrument, dont 12 avec pédales et 12 sans
pédales (Paris, Heugel). Vinrent ensuite 50
Pièces d'orgue pour messes et vêpres, 24 Mor-
ceaux pour orgue sans pédales (Régnier-Ca-
naux), l'Office divin, recueil de morceaux fa-
ciles (Heugel), 3 collections de 12 MorcAïux
pour harmonium, 12 Morceaux pour harmo-
nium et piano, 10 Mélodies, 12 Morceaux
de piano, et quelques compositions détachées.
M. Loret travaille en ce moment à une Méthode
complète pour orgue, divisée en quatre par-
ties, dont les deux premières, qui traitent l'une
de l'orgue sans pédales, l'autre de l'orgue avec
pédales, ont déjà paru; la troisième partie
traitera des combinaisons des orgues modernes
et de l'improvisation, et la quatrième du plain-
chant et de son accompagnement.
M. Loret a aussi publié une série de 12 con-
certos de Haendel pour orgue et orchestre,
transcrits par lui pour orgue solo avec de
nombreux points d'orgue. Voici la notice que
M. Lefèvre, aujourd'hui directeur de l'École de
musique religieuse, a placée en tête de cette
utile publication : « Jusqu'à ce jour, nous n'a-
vons pas possédé en France d'édition complète
des concertos pour l'orgue avec accompagne-
ment d'orchestre, de Haendel. M. Clément ^Lo-
ret, organiste à St-Louis d'Anlin et professeur
à l'École de musique religieuse, qui possède jsi
bien l'intelligence des traditions, publie aujour-
d'hui, d'après l'édition de 1792, tous les con-
certos. Il a apporté dans cette publication le
soin respectueux que réclame l'd'uvre du grand
maître. La transcription d'orchestre est faite
excellemment, les points d'orgue, que Ha-ndel
n'a pas notés, parce qu'il en laissait l'improvi-
sation à l'imagination de l'exécutant, sont très-
bien conçus. M. Loret, à qui l'on doit de bons
ouvrages pour l'enseignement de l'orgue, enri-
chit par cette publication le répertoire des
organistes sérieux et leur rend un véritable
service. »
M. Loret a en portefeuille un certain nombre
d'ouvrages encore inédits. Parmi ces ouvrages,
il faut surtout distinguer une symphonie à grand
orchestre, en ré; une messe à 4 voix, avec
accompagnement d'orchestre ou d'orgue et
quatuor; plusieurs motets avec solo et chœurs;
un oratorio intitulé le Calvaire ; un concerto
pour piano, avec accompagnement d'orchestre;
enlin des études et exercices pour le piano,
ainsi que plusieurs morceaux de genre, des
préludes, fugues et romances sans paroles pour
le même instrument.
Un frère de cet artiste, Charles Loret, mort
jeune il y a quelques années, s'est fait connaître
avantageusement comme compositeur et a pu-
blié un certain nombre de morceaux pour le
piano.
LORETZ (JoHN-M ), compositeur, a
écrit la musique d'un opéra-comique, the
Pearl of Bagdad, qui a été représenté au
Brooklyn Lyceum de New- York, au mois de
mai 1872.
LOT (Thomas), fadeur d'instruments à
vent, l'un des plus habiles et des plus renom-
més artistes en son genre, était établi à Paris
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle
et faisait partie de la corporation des lu-
thiers-maîtres-jurés-comptables de cette ville.
On trouve son nom, à la date de 1770, dans
des règlements de comptes de cette corporation
qui sont conservés dans un carton des Archives
nationales. H exerçait encore sa profession en
1785, et demeurait alors rue de l'Arbre-Sec.
A cette dernière date, un artiste du même
nom, Martin Lot, qui était évidemment parent
de celui-ci, était établi aussi facteur d'instru-
ments à vent à Paris, et demeurait à l'abbaye
Saint-Germain. Enfin, un troisième membre
de cette famille, Gilles Lot, cousin de Thomas,
était aussi un habile facteur d'instruments à
vent ; il avait épousé la fille de Le Clerc, qui
exerçait la même profession, et, à la mort de
celui-ci, resta avec sa veuve à la tète des af-
faires en qualité de compagnon, n'ayant pas
pu, malgré ses efforts, se faire recevoir maître
dans la corporation. Le Musée instrumental
du Conservatoire de Paris possède un galoubet
de Gilles Lot.
LOTH ( ), violoncelliste, attaché en cette
qualité à l'orchestre du théâtre de P.ouen, a
|)ubiié en 1783 un Recueil d'ariettes avec ac-
compagnement de guitare.
LOTT (JouN-FuKDicKic), artisan allemand,
né en 1775, ([uitta de bonne heure son pays
pour se rendre en Angleterre, et s'établit à
Londres pour y exercer sa profession d'^ébé-
niste. Son compatriote Fendt étant venu se
fixer aussi en cette ville, le décida à quitter ce
métier pour la profession plus lucrative de lu-
thier, et le fit entrer avec lui chez Dodd {Voyez
ce nom), où tous deux travaillèrent activement
et où Loti fit beaucoup de violoncelles «t de
LOTT - LOUDIER
127
contrebasses. Les instruments de Lott, qui
était très-soigneux et produisait lentement,
étaient d'un travail très-fini, mais son vernis
laissait à désirer. Dans son livre, the Violin,
M. Georges Hart affirme que ses contrebasses
sont splendides et supporteraient la compa-
raison avec les instruments italiens-, ce qui
est certain, c'est que les contrebassistes an-
glais considèrent Lott comme le plus grand
facteur des instruments de ce genre dans leur
pays. Quant à ses violoncelles, on dit qu'ils
sont aussi soignés, aussi parfaits à l'intérieur
qu'à l'extérieur. — Le fils aîné de cet artiste,
George-Frédéric/i Loti, né à Londres en 1800,
mort en 1868, connaissait très-bien la lutlie-
rie italienne, de même que son frère JoJtn Lott,
qui mourut en 1871, et à qui l'on doit de
bonnes imitations des maîtres italiens.
LOTTI DELL A SA1\TA (Mvrcellina),
cantatrice distinguée, est née à Mantoue au mois
de septembre 1831. Élevée au couvent de Vi-
mercate, près de Milan, elle en sortit pour se^li-
vrer à l'élude du chant sous la direction de l'ex-
cellent professeur Mazzucato, et fit des progrès
assez rapides pour pouvoir débuter avec succès
à Constantinople, dans la saison de 1850-1851.
Cet essai fut si heureux que la jeune artiste fut
aussitôt engagée à la Scala, de Milan, où elle dé-
buta dans Attila et Nabucco, de Verdi. Elle par-
courut ensuite toute l'Italie, se montrant à Gê-
nes, Bergame, Modène, Florence, Udine, Rome,
Vérone, Parme, Kavenne, Vicence, Palerme, etc.
En 1862 elle chantait au théâtre San-Garlo de
Naples, puis au San Carlos de Lisbonne; en 1864
on la retrouvait à Milan, puis à Vienne; elle se
fit entendre aussi, de la façon la plus heureuse,
aux deux théâtres italiens de Saint-Pétersbourg
et de Londres. Son répertoire, très-étendu et
uniquement composé d'ouvrages essentiellement
dramatiques, comprenait i Loinbardi, un Ballo
in maschero, Attila, Rigoletto, la Confessa
iVAmuIJi, les Huguenots, i Vespri siciliani, il
Trovalore, Martha, la Juive, Lucia dl La-
mermoor, Nabucco, Ernani, etc. M'"^ Marcel-
lina Lotti a épousé un baryton nommé Délia
Santa. Ellesemble,'depuis quelques années, avoir
renoncé à la scène.
^* LOTTL\ (Théodora PIERRET, épouse),
pianiste et compositeur, née à Paris au mois
de décembre 1808, fit ses études musicales
au Conservatoire, où elle fut l'élève de Zim-
raermann pour le piano, et de Ponchard pour
le chant. Elle obhnt un premier prix de piano
en 1826. Cette artiste a publié des romances
et un certain nombre de conipositions pour le
piano.
LOUCHET (Gustave), pianiste et com-
positeur, né à Boulogne-sur-Mer le 4 octobre
1840, reçut de son père, excellent amateur,
ses premières leçons de musique. Envoyé dès
l'âge de sept ans à la maîtrise de Rouen, placée
alors sous la direction de M. Vervoitte, il y
passa trois années, au bout desquelles il vint
continuer à Paris son éducation musicale. De-
venu élève de M. Marmontel pour le piano,
il étudia l'harmonie, le contrepoint et la fugue
avec M. Muratet, et, son instruction terminée,
il se livra à la composition. Dès 18C4, ayant
prit part à un concours ouvert par la ville de
Paris pour la composition d'un chœur à quatre
voix, il voyait couronner son Hymne de Noël,
et publiait ensuite plusieurs autres productions
du même genre. M. Louchet retourna ensuite
à Rouen, s'y fixa, y donna plusieurs concerts,
et se fit connaître par la publication d'un cer-
tain nombre de morceaux de piano, écrits non-
seulement avec goilt, mais avec style, empreints
d'un bon sentiment mélodique, et qui témoi-
gnent des bonnes études et des aspirations éle-
vées de leur auteur. Depuis le commencement
de 1876, M. Gustave Louchet a quitté Rouen
pour venir s'établir définitivement à Paris
Voici la liste des compositions de cet artiste ,
publiées jusqu'à ce jour : Psaume 145 (paroles
latines, fragment), solo et chœur, avec accom-
pagnement d'orgue ou d'orchestre, op. 1 (Paris,
Clioudens) ; Hymne de Noël, chœur à 4 voix
mixtes, op. 6 (id., id.); Ave Maria, chœur à
4 voix d'hommes, op. 7 (id., id.); 0 Sacrum
convivium, chœur à 4 voix mixtes, avec ac-
compagnement d'orgue, op. 10 (id.,id.); VA-
beille, chœur à 4 voix d'hommes, op. 12 (id.,
id.); Tantum ergo, chœur à 4 voix mixtes,
avec accompagnement d'orgue ou d'orchestre,
op. 15 (id., id.); Hymne à la mer, chœur à
4 voix d'hommes, op. 16 (id., id.); O Salv-
taris, solo de baryton avec accompagnement
de violon et orgue, op. 5 (id., id.); Idylle
pour le piano, op. 2 ; le Lilas, romance sans
paroles, id., op. 3; Pensée fugitive, id., op.
4; 2 Pensées caractéristiques, id., op. 8;
Andante cantabile, id., op. 9; 2 Mazurkas,
id., op. 11; Prélude et fugue en sol mineur,
id., op. 13; Allegretto, id., op. 14. Toutes ces
œuvres de piano ont été publiées chez l'éditeur
M. Ma ho,
LOUDIER (Sophronyme). C'est sous ce
nom, que nous croyons être un pseudonyme,
qu'a paru un livre ainsi intitulé : La Musique
au village, histoire anecdotique de la méthode
Galin-Paris-Chevé, par Sophronyme Loudier,
avec une préface de A. Thys et un portrait
1-28
LOUDIER — LUBECK
d'Emile Clievé (Paris, s. d. [1872', librairie de
VÉclw de la Sorbonne, in- 12).
LOUKT (AiiisTiLs), virluose sur plusieurs
instriinienls et compositeur, frère d'Alexandre
Louel (auquel une notice est consacrée au tome
V de la Biographie tiniverselle des Musi-
ciens], publia un certain nombre de romances,
<l(Mit une entre autres, intitulée Près d'un ber-
ceau, obtint jadis un succès de vogue (1). Cet
artiste vivait à Bruxelles en 1851, et un journal
de celte ville, l'Éclair, en parlait ainsi dans
son numéro du 4 janvier 1851 : « Violoniste
distingué, guitariste extraordinaire, il n'a pas
son pareil à Bruxelles. Compositeur comme
son Crère, il est auteur de chants et de ro-
mances aus-;i populaires que cette charmante
Berceuse, récitée sous les lambris dorés comme
sous le toit de la plus modeste chaumière.
M. Louet fait chanter agréablement le violon ;
son talent de pianiste accompagnateur est
justement apprécié, mais rien ne peut égaler
le mérite transcendant qu'il possède comme
guitariste. » On croit qu'Aristius Louet est
mort à Bruxelles il y a plusieurs années.
♦ LOUIS (M'"'), compositeur, femme de
l'architecte de ce nom, s'était fait connaître
d'abord comme virtuose sous le nom de Bajon,
qui était celui de sa famille, ainsi qu'on peut
le voir par ces lignes de la Correspondance
secrète (T. III) : « M"'^ Louis, femme de l'ar-
chitecte du roi de Pologne, était déjà célèbre
sous le nom de M"' Bajon par ses talents en
musique. C'est elle qui a mis à la mode en
France le forie-piano, instrument qui a main-
tenant la plus grande vogue. »
* LOUIS (Nicolas), violoniste et compo-
siteur pour son instrument, s'est fait connaître
aussi comme musicien dramatique, mais il n'a
jamais pu aborder une .scène parisienne, et a dû
se contenter de faire représenter ses ouvrages
sur des théâtres de province. De là le peu de
retentissement qu'ils ont eu. Voici ceux qui
sont venus à ma connaissance : 1° un Duel à
Valence, un acte, Lyon, 2i décembre 1844 ;
2" Marie-Th&rèse, quatre actes, Lyon, 19 fé-
vrier 1847; 3" les Deux Sergents, deux actes,
Reims, janvier 1850; 4" le Vendéen, un acte;
5" les Deux Balcons, un acte; G" Brelan de
dames, un acte. Louis était né à Gueux, le 30
novembre ISOS. — La veuve de cet artiste, pia-
niste fort distinguée, a épousé en secondes noces
fl) 11 y a lieu de croire (surtout en prOsenee de ce pro-
nom d'./rislivs, qui n'est rien moins que commun), que
cet artisie iic fait qu'un avec Aristius Loue!, mentionné
au tome V de la IHoqraphir, et dont le nom aura sans
doute été altéré à l'impression.
un riche commerçant parisien, M. Viard. Elle a
donné à Londres, dans le couvent de l'hiver
1877-78, toute une -série de concerts qui ont été
très- suivis.
LOULIÉ ou LOULLIER (L -A ),
violoniste et compositeur, fut pendant vingt
ans, de 1766 à 1786, attaché à l'orchestre de
la Comédie-Italienne en qualité de second vio-
lon, emploi dans lequel son fils lui succéda. Cet
artiste a publié un certain nombre de compo-
sitions pour le violon et pour l'alto, parmi
lesquelles je citerai les suivantes : Trois sona-
tes pour l'alto, avec accompagnement de basse,
op. 6 (Paris, LouÎn); Trois sonates pour le
violon avec accompagnement de violon, op. 9
(Paris, Corbaux) ; Trois sonates pour l'alto,
avec accompagnement de basse, op. 10 (id., id.}.
L'artiste du même nom dont la notice est
insérée au tome V de la Biographie jiniver-
selle des Musiciens est vraisemblablement le
fils de celui dont il est ici question.
LOUVET (Pierre), luthier et facteur de
harpes, était au nombre des luthiers-maîtres-
jurés-comptables de Paris en 1742, et jouissait
d'une bonne réputation. Il vécut vieux, car
quarante ans après, en 1783, il exerçait encore
sa profession et était doyen de la corporation
des luthiers. On n'a pas, d'ailleurs, d'autres ^
renseignements sur son compte.
Un autre luthier du même nom, Jean Loxi-
vet, peut-être son fièie, était établi maître-lu-
thier à Paris en 1759.
LOVATI-CAZZULAXl ( ). Un ar-
tiste de ce nom a écrit la musique d'un opéra
sérieux italien, Bianca Capello, qui a été re-
présenté avec succès à Valence (Espagne),
en 1871.
LOYS (Jean), musicien qui vivait en Flan-
dre au milieu du seizième siècle, a composé
deux chansons insérées dans un recueil de
chansons françaises publié par Pierre Phalèse
à Louvain, en 1555-155G.
LUBECK (J...-H ), compositeur de ta-
lent, fondateur de l'École de musique de la
Haye, naquit à Alplien en 1798. Musicien de
premier ordre, artiste lie grand mérite dans
toute retendue du mot, il savait jouer de pres-
que tous les instruments, aussi bien des instru-
ments à vent que des instruments à cordes.
En 1813, avant même d'avoir atteint l'âge de
seize ans, il s'était engagé dans un corps de
musique militaire sur le Rhin; il fit la campa-
gne de 1813-1815, et en 1816 se rendit à Post-
dam, en Prusse, pour y travailler sérieusement
l'harmonie et le contrepoint. Bientôt il fut at-
taché au théâlie de Riga, puis à celui de Stet-
LUBECK — LUBOWSKI
129
tin, se prodnisit ensuite comme violoniste, et
en 1823 revint dans les Pays-Bas, où il organisa
de nombreux concerts. Nommé en 1826 direc-
teur de l'École royale de musique de la Haye,
il se vit, en 1829, conférer par le roi le titre
de maître de sa clia|ielle, et en 1835 reçut sa
nomination de membre de l'Institut royal néer-
landais. Pendant près de quarante ans, Lubeck
a contribué grandement à la propagation de la
musique classique dans les Pays-Bas, et durant
sa longue carrière il a formé de nombreux
élèves qui sont devenus des artistes fort dis-
tingués.
Lubeck était un des meilleurs ciiefs d'or-
chestre qu'on eût connus dans les Pays-Bas ;
comme compositeur, ce fut un artiste sérieux,
qui a produit des œuvres remarquables. Une
de ses compositions les plus distinguées est
un psaume pour soli, chœurs et orchestre,
ouvrage qui lui fait le plus grand honneur et
et qui a été souvent exécuté dans sa patrie.
"Viennent ensuite plusieurs cantates, des ouver-
tures, quatre concertos pour violon et orchestre,
un concerto pour cor et orchestre, un concerto
pour liautbois et orchestre, et beaucoup d'autres
compositions de moindre importance. En 1842,
Lubeck fut nommé chevalier du Lion néer-
landais, et en 1852, à l'occasion du vingt-cin-
quième anniversaire de la fondation de l'École
de musique, le roi lui fit remettre la grande
médaille d'or du Mérite.
Lubeck est mort à La Haye le 7 février 1865.
Eu. DE H.
LUBECK (Erinst), fils aîné du précédent
et son élève, né à La Haye en 1829, est un des
pianistes les plus éminents de l'époque actuelle.
Avant de devenir célèbre en Euiope, il fit avec
Franz Coenen, de 1850 à 1854, un grand voyage
dans toute l'Amérique, et ce voyage lui valut
toute une série de triomphes. A son retour en
Europe, il donna de nombreux concerts en
Allemagne, en France, en Angleterre et dans
sa patrie, et partout il obtint un Succès d'en-
thousiasme. En 1854, Ernst Lubeck se fixa
à Paris, y fut acclamé toutes les fois qu'il se
produisit en public, surtout pour son admi-
rable interprétation des grandes œuvres clas-
siques, et pendant de longues années fit partie
de l'excellente société de musique de MM. Ar-
mingaud, Lalo et Jacquard. Il se mit aussi
à donner des leçons de piano, forma d'excel-
lents élèves, et devint l'un des meilleurs pro-
fesseurs de Paris.
Lubeck est incontestablement l'un des plus
remarquables pianistes contemporains, et il
restera l'un des meilleurs artistes que les
BIOCR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
l'ays-Bas aient produits dans le dix-neuvième
siècle. Musicien accompli, il a écrit pour son
instrument des ouvrages fort estimés, entre
autres un concerto avec orchestre d'une réelle
valeur, d'excellentes études, et beaucoup de
petites compositions. 11 a le titre de pianiste de
S. M. le roi des Pays-Bas, et il est décoré de
l'ordre néerlandais de la Couronne de chêne.
Malheureusement, depuis quelques années,
le pauvre grand artiste souffre d'une maladie
nerveuse qui a pris un caractère alarmant, et
et qui ne laisse pas que de donner de cruelles
inquiétudes à sa famille et à ses nombreux
a"iis (1). Ed. de H.
LUBET D'ALBIZ (Joseph), écrivain fran-
çais, est l'auteur d'un opuscule publié sous ce
titre : Des relations de Vharmonie musicale
avec Vharmonie céleste (Paris, aux bureaux
de la Semaine viusicale, 1866, in-8*'),
LUBOWSKI (J ), pianiste et composi-
teur distingué, né en Pologne, se fit entendre
avec succès, en 1852, dans un concert donné
par lui à Cracovie, et mourut peu d'années
après. Uu livre d'études pour le piano parut
à Leipzig après sa mort; ces études étaient
Cl) Ce grand artiste, dont le talent égalait la renom-
mée, est mort à Paris, dans un état de démence coriipléle
où il était tombé peu de temps après la guerre franco-
allemande. Aucun symptôme n'avait pu faire soupçonner
encore un désordre de son esprit, lorsqu'un soir, à la
suite d'un cuncert dans lequel II s'était fait entendre, II
fut pris d'un violent désespoir : lui, l'homme modeste
par eicellonce, prétendit qu'il n'atat pas été applaudi
comme de coutume, et trouva la cause de cet insuccès,
d'ailleurs imaginaire, dans ce fait que le public, le sa-
chant étranger, l'avait peut-être supposé Allemand. Cette
Idée devint fixe chez lui, et bientôt I.ubi'Ck était fou.
Il avait épousé une jeune femme charmante, tille d'un
médecin distingue, M. le marquis du Pl.intis , et il en
était vivement épris ; c'est dans cette famille, devenue
la sienne, qu'il fut soigné avec une sollicitude et un
dévouement sins bornes. M. le marquis du l'iajitis étant
mort au mois de juillet 1876, le pauvre Lubeck sut se
soustraire un jour à la surveillance affectueuse dont
11 était l'objet; il se rendit au bois de Boulogne, auprès
duquel il demeurait, entra dans un restaurant, se fit
servir à diner, et voulut ensuite partir sans même
songer à payer sa dépense. On ne vit pas qu'on avait
affaire à un fou, et on le Dt conduire chez un commis-
saire de police, qui comprit vite la situation de l'infor-
tuné; malheureusement, Lubeck ne put ou ne voulut
dire ni son nom ni son adresse, de sorte que la soirée
se passa à le transporter de poste de police en poste de
police, tandis que sa femme éplorée le faisait vaine-
mrnt chercher partout. Enfin, dans le courant de la
nuit, il put être rendu aux siens. Peu de jours après
cet événement, Lubeck subit une violente crise ner-
veuse, et le n septembre 1876 il rendait le dernier
soupir.
Lubeck, dont le talent était raagniflque et plein d'am-
pleur, est certainement l'un des virtuoses les plus re-
marquâmes qu'ait produits le dU-neuvléme siècle.
A. P
T. II. 9
130
LUBOWSKI — LUCCA
intilult^es la Fontaine, le Tourbillon, la Danse
des Sorcicres, le Trille, les Arpèges, le Mou-
vement perpétuel. On avait publié de lui,
précéiieininenl : Deux Pas rcdouliléSj Bruns-
wick, Spohr; Marche Lithuanienne, idem,
idem; Fantaisie sur la valse du comte de Gal-
Icmberg, Prague, Berra; Variations sur une
clianson de l'Ukraine, idem, idem ; la Cascade,
élude.
LUCANTOXI (Giovanm), compositeur
italien, est né à Macerata en 1825. Son père
était un ténor, et sa mère une cantatrice douée
d'une belle voi\ de contralto. Il commença
ses études musicales sous la direction de Gio-
vanni Pacini, à Lucques et à Viareggio, et les
termina avec Vaccaj au Conservatoire de Milan.
Pour ses débuts il écrivit la musique d'un
ballet en deux actes, Don Chlsciottc, qui fut
représenté en 1845 au théâtre de la Scala, de
Alilau. Il composa ensuite une messe à quatre
voix qui fut exécutée dans la même ville en
1850, et dans le cours de cette même année
il donnait au théâtre Re un opéra semi-sérieux
en deux actes, intitulé Élisa. Enfîu, toujours
à Milan, il faisait exécuter au théâtre [diilo-
dramatiquc, pour l'iruuiguralion du buste de
Métastase, une grande cantate pour soprano,
contralto, ténor et basse. Établi à Paris depuis
1857, M. Lucanloni a publié chez les éditeurs
Choudens, Flaxland, Heugel, Ilarlmannn et
Langlois, un nombre considérable de romances,
mélodies vocales, duos, etc., qui ont paru aussi
à Londres, chez Novello. On connaît encore
de ce compositeur une ouverture à grand
orchestre dédiée par lui à Ro.ssini, et des mor-
ceaux' de musique de danse publiés en lia-
lie (1).
J. D. F.
LUCAS (CnARLEs), compositeur, violoncel-
liste et professeur anglais, né àSalisbury en 1808,
fit ses étuiles littéraires en cette ville et y reçut
sa première éducation musicale à la maîtrise de
la cathédrale, après quoi il alla se perfectionner
à l'Académie royale de musi(iue de Londres.
Nommé en 1830 compositeur, arrangeur de la
musique cl violoncelliste de la musique particu-
lière de la reine Adélaïile, il devenait, dans le
cours de la môme année, organiste de la chapelle
lianovriennedo Saint-Georges ; puis il succédait à
Lindlcy counne premier violoncelliste de l'or-
chestro de l'Opéra royal italien, et en 1832 il
assumait les fonctions de chef d'orchestre de
|1) M. I.ncaiiloDl a publié aussi dans .sa patrie un
Certain nombre île niélodios vocales, c:ilrc autres un al-
bum (Je six roinances hitilulO L'na .Sera lii Carncvalc,
et un autre recueil : (Juattro Romame. — A. 1'.
l'Académie royale de musique. Enfin, en 1859,
il était nommé principal (directeur) de ce der-
nier établis-sement. Il mourut à Londres le 23
mars 1809.
Charles Lucas était un artiste honorable^et dis-
tingué. Virtuose habile, professeur remarquable,
il s'est fait apprécier aussi comme compositeur,
et on lui doit plusieurs opéras, des symphonies,
des ouvertures, des antiennes, et un assez grand
nombre de songs el de glees.
LUCAS (Ecsèbe), compo.sileur de musique
de danse, chef de l'orchestre du Casino des
bains de Monaco (Monte-Carlo), s'est distingué
par la façon remarquable dont il dirige cet
orchestre, et par l'intelligence artistique dont
il a fait preuve en offrant à son public autre
chose que la musique plus ou moins frelatée
qui est l'apanage ordinaire des orchestres de
bains de mer. Cet artiste a eu, en effet, l'excel-
lente idée de con.sacrer un jour par semaine à
l'exécution des œuvres purement classiques,
ou du moins (car cette épitliète de classique,
aujourd'hui passée dans la langue, n'est pas
entièrement juste), à celle des œuvres des
maîtres, faisant entendre ainsi les grandes
compositions de Haydn et de Mozart, de Bee-
thoven et de Weber, de Mendelssohn et de
Meyerbeer, de Méhul et de Cherubini, de Berlioz
et de M. Richard Wagner. Cette tentative a
obtenu un plein succès, et les jeudis de Monte-
Carlo (1) ont été fort bien accueillis. M. Lucas,
qui est du reste un artisle instruit, est l'auteur
d'un opuscule intitulé l'Orchestre et le public
(Monaco, 1868, in-8"), dans lequel, sans ap-
porter un contingent bien nouveau à la poétique
de l'art, il a exprimé des idées saines dans
un langage clair et précis; l'auteur a amplifié
cet écrit dans un volume plus étendu, les
Concerts classiques en France (Paris, San-
doz et Fischbacher, 1876, in-16), qui, en affi-
chant de plus grandes prétentions, n'a pas
sensiblement augmenté la valeur des idées
exprimées.
LUCAÏELLI (Giovanm-Battista), musi*
cien italien qui vivait à Venise au commence-
ment du dix-huitième siècle, écrivit pour le
service du i)riiice de Toscane Ferdinand de
Médicis quelques cantates da caméra, el un
divertissement musical intitulé le Vittorie di
David e la gelosia di Saut, qui fut exécuté
en 1701.
LUCCA (FnANCEsco), éditeur de musique
(1) C'est le nom qu'on leur a don né, et c'est le litre
sous lc(|uel un écrivain Ingénieux, M. Cli. M. Uomcrguc
(ros. ce nom), a publié un volume de critique inlérts-
saut rt substauUel.
LUCCA
131
italien, naquit à Crémone en 1802. Il avait étu-
dié la musique et occupait l'einploi de seconde
clarinette à la Scala, de Milan, lorsqu'il entra
cliez l'éditeur Giovanni Ricordi, en (jualité de
graveur, à raison d'un franc par jour. 11 était
alors A^é de viD^t ans, et n'était [toint dépourvu
d'ambition. A force d'éconondes, il liiiit par réa-
liser une petite somme de 640 francs, et s'en-
fermant alors chez lui pendant six mois, il se
mit à graver pour lui-même un certain nombre
de Métiiodes et de Traités qui lui servirent de
premier fond pour un commerce de musique
qu'il voulait créer. Bientôt il s'établit en effet,
lutta avec énerj^ie contre toutes les difficultés,
et finit par réussir. Il fit plusieurs voyages en
Allemagne pour se rendre compte des meilleurs
procédés à employer, et fit faire de réels pro-
grès au commerce musical par la beauté et la
correction des éditions qu'il livrait au public,
par la [netteté et le fini de sa gravure.
Après s'être assuré la propriété pour l'Italie
des œuvres de Thaiberg, de Chopin, de Schuloff,
de Czerny, il songea aussi à la publication d'ou-
vrages dramatiques, et répandit les partitions
de Donizetti, Mercadante, Pacini, Coppoia, et
plus tard celles de Petrella, de MM. Marchetti,
Gomes, Csiglio, etc. Esprit libéral et ouvert à
tous les progrès, c'est à ses efforts que l'Italie doit
d'avoir pu connaître les productions des grands
musiciens étrangers, et c'est Lucca qui intro-
duisit dans sa patrie Faust, l'Africaine, la
Juive, Lalla-Roukfi, et iasqu'kLoheugrin et au
Tannhauser.
Lucca était devenu tiès-puissant, et avait fait
de sa maison l'une des premières et des plus
honorablement connues de toute l'Italie. Le
nombre des publications faites par lui ne s'élève
pas à moins de 21,000, et parmi elles il en est
de fort importantes. Homme de cœur aussi, et
homme de bien, il était le père de ses ouvriers,
qui le vénéraient, et les artistes n'avaient qu'à
se louer de ses procédés envers eux. Il avait
voué surtout une affection profonde à Donizetti,
qu'il aimait comme un frère, et il y a quelques
années il fit don à la municipalité de Milan d'une
statue de ce grand artiste, destinée à être placée
dans le vestibule du théâtre de la Scala. Lucca
est mort subitement à Milan, frappé d'apoplexie,
le 20 novembre 1872.
LUCCA (Pauline), chanteuse remarquable,
est née à Vienne,' le 20 avril 1841, de parents
italiens. D'abord choriste au théâtre de cette
ville, elle ne fut pas longtemps sans faire ad-
mirer sa magnifique voix de soprano et sa
précoce intelligence. Des maîtres lui furent
donnés, .ses progrès furent rapides, et elle était
à peine âgée de seize ans lorsqu'elle débuta
avec succès, au théâtre d'Olmiitz, dans le rôle
d'iilvira (VErnani. Au bout de quatre mois
elle se produisait, à Prague même, dans la
Fsorma et dans les lluguenols. Meyerbeer
assistant à l'une des représentations de cet
ouvrage et lui entendant chanter le rôle de Valen-
tine, en fut si charmé qu'il la fit engager aus-
sitôt au théâtre royal de Berlin. Elle y débuta
avec éclat, et bientôt devint l'idole du public,
qui la plaça au rang des grandes cantatrices
(|ui avaient brillé sur ce théâtre, les Sontag,
les Schrœder-Devrient et les Jenny Lind. D'ail-
leurs, en dehors de la beauté de sa voix,
M""^ Lucca sut bientôt faire apprécier de
rares qualités scéniques, qui, quoique inégales,
parfois exagérées et opposées entre elles, n'en
donnaient pas moins la preuve d'un tempéra-
ment artistique d'une grande puissance et d'une
rare souplesse. C'est ainsi qu'elle jouait tour
à tour, en donnant à chaque personnage le
caractère qui lui convenait, Maiguerite de
Faust, Chérubin des IVoces de Figaro, Valen-
tine des Huguenots, et Zerline de Fra Dia-
volo. Infatigable du reste, douée d'une éner-
gie, d'une volonté et d'une âpreté au travail
des plus rares, elle se constitua un répertoire
étonnamment étendu, et qui, aujourd'hui, ne
comprend pas moins de cinquante-six rôles,
parmi lesquels le Trouvère, la Favorite, VA-
fricaine, et bien d'autres de genres et de ca-
ractères absolument différents.
On assure même que c'est à son intention
expresse que Meyerbeer écrivit le rôle de
Selika, de l'Africaine, qu'il désirait lui voir
créer à Paris ; mais M™^ Lucca, qui ne saurait
chanter le français qu'avec un accent alle-
mand très-prononcé, ne voulut pas s'exposer
à un échec et refusa obstinément toutes les
propositions que le maître lui fit à ce sujet.
Elle ne voulait pas, d'ailleurs, quitter Berlin,
et se bornait à aller pas.ser trois mois de chaque
année à Londres, sur l'une des scènes ita-
liennes de cette ville. Plus tard_, cependant,
elle se fit entendre à Vienne, à Saint-Péters-
bourg, à New-York et dans plusieurs villes
de l'Italie. Engagée récemment par l'impré-
sario Merelli, elle a donné au commencement de
1876, à Bruxelles, une série de représentations
qui ont été pour elle de véritables triomphes.
En tant que tragédienne lyrique, M""' Lucca
serait, dit-on, sans rivale, si, à force de vouloir
atteindre l'effet, il ne lui arrivait parfois de
l'exagérer, et si elle voulait modérer des em-
portements qui dépassent le but et la font
tomber dans un réalisme un peu outré. Son
132
LUCCA — LUDECKE
jeu est néanmoins d'une grande originalité, elle
a des élans de passion superbes, et lorsqu'elle
sait se contenir, elle atteint aux dernières
limites du pathétique, se montrant cantatrice
aussi remarquable que puissante tragédienne.
Quoique les rôles d'un caractère tendre ou
mélancolique conviennent moins à sa nature
ardente que ceux dans lesquels la passion
doit se déployer dans toute sa force, elle sait
ce|)endant leur donner une couleur toute parti-
culière, et s'y montre supérieure sous le
rapport du chant proprement dit. Au total,
c'est une artiste de premier ordre, merveilleu-
sement douée par la nature, et dont le ta-
lent magnifique s'appuie sur les plus sérieuses
études.
M™" Lucca avait épousé à Berlin, en 18G0,
un oflicier supérieur prussien, le baron Yon
Rhode, dont elle eut une fdle; lorsque, au
mois d'août 1872, elle arriva à New-York, où
elle était engagée par Vimpresario Max Ma-
retzek, elle entama aussitôt une procédure
pour faire prononcer son divorce. Ce procès,
dont toutes les circonstances furent singulières,
se termina par un arrêt rendu le 2 juin 1873,
arrêt qui prononçait en effet le divorce, en
établissant que M"'« Lucca conserverait la
garde de sa fille et qu'elle pourrait se remarier
si bon lui semblait, tandis que celte faculté
n'était pas accordée à son mari. Deux jours
après, le 4 juin. M""' Lucca prenait un second
époux. Prussien comme le premier, M. Emile
Von Wallafeu, et le baron Von Rhode, malgré
l'appel qu'il interjeta du jugement, ne put
obtenir ni la cassation de l'arrêt, ni même
l'autorisation de se remarier.
LUCCHESI (Frediano-Matteo), composi-
teur de musique religieuse fort estimé de son
temps, naquit à Lucques vers 1710, et eut le
bonheur d'être l'élève du célèbre Léo. Il fut
maître de chapelle de l'église collégiale de
Saint-Michel in foro, et écrivit un grand nombre
d'u'uvres dont la plupart sont conservées, à
Lucques, dans des archives publiques ou des
collections particulières. Parmi ces (cuvres,
on distingue surtout : plusieurs messes à 2,
4 ;et 5 voix a cappella; une messe à deux
orchestres ; des répons à 4 voix, pour la se-
maine sainte; un grand uondjre de motefs;
enlin, treize grands services religieux à 4 voix
et à grand orchestre, exécutés, de 1747 à 1778,
h l'occasion de la fêle de Sainte-Cécile. Musicien
très-savant, professeur eslimc, Lu('ch(!si, (pii
fut le maître de Domenico Quilici et d'Antonio
Puccini, mourut à Lucques le 18 août 1779,
âgé de près de soixante-dix ans.
* LUCE-VARLET (J ). Cet arti.ste
a fait représenter sur le théâtre de Versailles,
en 1850, un opéra-comique en deux actes,
intitulé le Maestro ou la Eenommée. La
partition pour chant et piano de cet ouvrage,
dédiée à Auber, a été publiée par l'éditeur
M. Richault.
LUCIDl (A ). Un artiste ain.si nommé
a fait représenter à Rome, sur un théâtre par-
ticulier, le 31 mars 1876, un opéra semi-sé-
rieux intitulé Ivan.
LUCILLA (DoMEMCo), compositeur dra-
matique, est né à Riofreddo le 17 février 1820,
Apiès avoir fait ses études au Lycée mu-
sical de Bologne, où il eut pour professeurs
MM. Corticelli et S. Golinelli pour le piano et
M. Gaetano Gaspari pour l'harmonie, il alla,
sur le conseil de Rossini, se perfectionner sous
la direction de Domenico Vecchiotti, auprès
duquel il resta pendant trois années à Loretta,
de 1843 à 1846. De retour à Rome après avoir
obtenu à l'Académie philharmonique de Bolo-
gne le diplôme de compositeur, il fit repré-
senter au théâtre Valle, en 1853, son premier
opéra, il Soiitario, qui fut bien accueilli et
qu'il fit bientôt suivre de Giuliano Salviati
(1854), et d'une grande cantate qui fut exécu-
tée au théâtre Apolio (1856). En 1857, il donna
au théâtre Capranica «i Sindaco del Villaggio,
qui obtint un brillant succès, et en 1862 il fit
jouer à Reggio d'Emilie l'Eroe délie Asturic,
que l'on considère comme son meilleur ou-
vrage. Enfin, M. Lucilla fit encore exécuter
en 1871, au théâtre Apolio, pour une soirée
de gala, une cantate nouvelle, en fit chanter
une autre, par 700 voix, sur la place du Ca-
pitule, le 2 octobre de la même année, et le
18 janvier 1873 donna au théâtre communal
de Eerrare son cinquième opéra, il Conte di
Betizeval, ouvrage en 4 actes, qui obtint une
série de dix-huit représentations. Cet artiste,
qui est aujourd'hui président de l'Académie
philharmonique romaine, a en portefeuille <leux
antres ouvrages dramatiques : la Jiclla Fan-
cndla di ■ Perth, en 4 actes, et Tommaso
Chatterton.
* LUCOT (Alexis). Nous rétablissons ici le
prénom de cet écrivain, qui s'appelait Alexis,
et non Alexandre.
LÏIDEClîE (Louis), violoncelliste allemand
et compositeur pour son instrument, a publié dan.s
CCS dernières aimées un cerlaiii nombre d'œuvres
parmi lesquelles je citerai les suivantes : Sou-
venir d'un bal, mazurka pour violoncelle, avec
accompagnement de piano, op. 9; Romance, id,,
op. \Ç); Momento religioso, pour violoncelle ou
lCdECRE — LULLY
133
violon, avec piano, op, II ; 3 lieder, id. id., op.
t2; Stations musicales, 12 petits morceaux
faciles et progressifs pour violoncelle, avec piano,
op. 15; Nocturne pour violoncelle ou violon,
avec piano, op. 16.
LUIGINÏ (Joseph), chef d'orchestre' ha-
bile et compositeur, né en Italie vers 1820, et
depuis naturalisé français, a dirigé l'orches-
tre du théâtre du Capitole, de Toulouse, est
devenu ensuite second chef d'orchestre du
Grand-ThéiUre de Lyon puis premier, lorsque
George HainI eut été appelé à remplacer
Dietsch à l'Opéra, el enfin, en 1872, se trouva
placé, conjointement avec M. Dami, à la tête
de l'orchestre du Théâtre-Italien de Paris. Il
n'y resta que quelques mois, retourna ensuite
à Lyon, puis revint à Paris, où il entra comme
chef d'orchestre au petit théâtre des Fantaisies-
Oller, pour lequel il composa la musique de
quelques divertissements dansés : Zédouika,
le Printemps, les Postillons, etc. M. Luigini
avait écrit précédemment, pour le Grand-
Théâtre de Lyon, la musique d'un ballet en deux
actes, les Filles de Gros-Guitlot, qui fut repré-
senté au mois de mars 1806, et celles de deux
cantates qui furent exécutées en 1865 et 1866,
— Un (ils de cet artiste, M. Alexandre Luigini,
musicien intelligent et bien doué, a fait une partie
de ses études au Conservatoire de Paris, où il a
obtenu un accessit de violon, et est ensuite
retourné à Lyon, d'où il a envoyé, aux concours
ouverts par la Société des compositeurs de
musique, deux quatuors pour instruments à
cordes qui ont été couronnés. Il a écrit aussi
la musique d'un ballet en 3 actes et 5 tableaux,
Ange et Démon, qui a été représenté à Lyon
le 13 janvier 1875, et celle d'un opéra-comique
en un acte, les Caprices de Margot, joué
dans la même ville le 13 avril 1877. Il est au-
jourd'hui chef d'orchestre du théâtre de Lyon. —
Une fille de M. Joseph Luigini, chanteuse aima-
ble, s'est consacrée au théâtre.
* LULLY (Louis DE), fils aîné de Jean-
Baptiste de Lully. Dans son intéressant écrit :
Note sur quelques musiciens dans la Brie,
M. Th. Lhuillier [Voy. ce nom) a publié pour la
première fois l'acte de baptême de cet artiste.
Ce document, en nous faisant connaître que
Louis de Lully fut baptisé seulement à l'âge
de treize ans révolus, et dans la chapelle royale
de Fontainebleau, nous apprend aussi qu'il
eut pour parrain et marraine le roi el la reine
en personne. En voici la reproduction exacte :
« Ce jourd'hui neufviesme du mois de sep-
« tembre 1677, Mgr l'éminentissime Emmanuel-
« Théodore de la Tour-dAuvergne, cardinal
« de Bouillon, grand aumônier de France,
« dans la chapelle haulte de la cour de l'Ovale
<t du château royal de Fontainebleau, a sup-
« pléé les cérémonies du baptême au fils de
« Jean-Baptiste de Lully [sic) et Magdeleine
« Lambert, demeurant à Paris, lequel de Lully
'< est surintendant de la musique du roi, lequel
« (enfant) fut ondoyé par M. de Lamet, pour
« lors doyen de Saint-Thomas du Louvre, le
« sixième du mois d'août 1664, selon qu'il a
« été certifié, et né du quatrième du môme
« mois et an que dessus. — Et a eu pour pa-
« rein et mareine le roi et la reine, qui lui ont
« donné le nom Louis ; le tout en la présence
« de nous, soussigné, Antoine Durand, prêtre,
« curé de l'église paroissiale de Saint-Louis de
« Fontainebleau.
« Louis.
■ " ■■' « Marie-Thérèse d'Autriche,
« Jean-Baptiste Lulli. »
Cet acte est conservé aujourd'hui à la mairie
de la ville de Fontainebleau.
* LULLY (Jevn-Baptiste DE), deuxième
fils du fameux compositeur. Dans l'écrit que
nous venons de citer, M. Th. Lhuillier parle
aussi du second fils du grand Lully, au sujet
d'un mariage célébré à Melun, dans l'église
Saint-Aspais, le 7 février 1689, et dans l'acte
duquel il figure comme témoin. Cet acte nous
apprend que Jean-Baptiste de Lully, alors âgé
seulement de vingt-trois ans, puisqu'il était
né au mois d'août 1665, était déjà pourvu
d'un prieuré et d'une abbaye ; dans ce docu-
ment, en effet, il est nommé et qualifié « mes-
sire Jean-Baptiste de Lully, abbé de Saint-
George-sur-Loir, prieur et seigneur de Vitry ».
Cette situation ne l'empêchait pas, paraît-il,
de se livrer à la composition et de travailler
pour la scène; on va le voir par la note sui-
vante, qui m'est communirjuée par M. Weker»
lin, et qui rectifie une double erreur commise
au sujet de Jean-Baptiste de Lully : — « M. Fé-
lis cite sous le nom de Louis de Lully la moitié
du titre d'un ouvrage qui n'est pas de celui-ci,
mais de son frèie. C'est le Triomphe de la
raison sur l'amour, « pastorale mise en musi-
« que par M. de Lully, surintendant de la musi-
« que du roy, représentée devant Sa Majesté, à
« Fontainebleau^ le 25 octobre 1696 (Paris,
« Christophe Ballard, 1697). » L'épîtreauroi qui
se trouve en tête de ce petit in-4° oblong est
signée Jean- Baptiste Lully. Le fils a dû
ramasser quelques bribes des dédicaces de
son père, et, sans s'en douter, il se rend jus-
tice. On y lit : Je suis persuadé, sire, que je
n'aurois pu réussir dans ce pelH ouvrage
134
LULLY — LUSITÂNO
si je n'avais esté excité par %m aussi pitis-
saut motif que celuij de plaire à Vostre
Majesté; tme si belle ambition tient sou-
vent lieu de génie, et peut élever des dis-
positions médiocres; fay succédé à feu mon
père dans cette noble émulation, elc. Mal-
heureusement, cette noble éiaulalion ne suflit
pas pour avoir du talent, et Jean-Baptiste le
fils n'avait pour lui que l'ambition de jjlaire
au grand roi. Cet ouvrage, oii manque évi-
demment le souflle de Lully le père, compte
76 pages d'impression, et renferme dix-neuf
petits morceaux, dont quelques-uns sont à
deu\ parties. Les personnages sont Ménalquc,
Célimène, Clitoris, Tircis, deux Songes funes-
tes, et une troupe de bergers et de bergères. «
" LUiVIÏîYE (IIans-Christian), est mort à
Copentiague, le 20 mars 1874.
LUNjV (Charles), écrivain anglais, a publié
récemment, dans le journal Médical Press and
Circular, un écrit dont il a été fait ensuite un
tirage à part sous ce titre : The Philosophy
ofvoice and the basis of musical expression
{La Philosophie de la voix et la base de
l'expression musicale.) Il a paru quatre édi-
tions de cet opuscule, que l'auteur a fait suivre
d'un autre petit ouvrage, intitulé the Roofs of
musical art, a caiechism for children (les
Sources de l'art musical, catéchisme pour les
enfants).
LUPOT.— L'auteur de la Biographie uni-
verselle des Musiciens n'a parlé que du fa-
meux luthier Nicolas Lupot, en disant qu'il
était fils d'un artiste exerçant la même profes-
sion. Dans son livre : tes Instruments à ar-
chet, M. Antoine Vidal, qui a été renseigné
d'une façon plus complète sur cette intéressante
famille, donne sur elle les détails suivants :
« La famille des luthiers français de ce nom
est originaire de Mirecourt; en voici la généa-
logie , du plus loin qu'on la connaisse. II y avait
à Mirecourt, dans le courant du XVIII« siècle,
un luthier du nom de Jean Lupot, et sa
femme Laure Henry. De cette union naquit : .
« Laurent Lupot, né à Mirecourt en 1G9G;
luthier comme son père, il avait ajouté ;\ son
état d'autres fondions, car on le retrouve, en
1747, maître d'école à Plombières. En 1751, Il
quitte Pioiiiliièrcs pour aller s'établir comme
luthier à Lunéville, où il reste jusqu'en 17ào.
On le retrouve en 17G2 exerçant sa profession à
Orléans. Il eut un fils :
• François Lupot, né à Plombières en 173(5,
qui se maria en t7;)i, étant encore mineur. Ce
dernier commença à travailler avec sou père à
Lunéville, i)uis en 1758 partit pour Sluttgard,
où il fut peniiant douze années luthier du duc
de Wurtemberg. En 1770, il alla se fixer à
Orléans, rue Sainte-Catherine; il est mort à
Paris en 1804. Il avait eu deux fils : T Nicolas,
né en 1758 à Sluttgard ; 2" François, né à Or-
léans en 1774. »
Nicolas Lupot est le luthier célèbre dont on
peut lire la notice dans la Biographie univer-
selle des Musiciens (t. 'V, p. 377). Quant à
son frère François , il se livra exclusivement à
la fabrication des archets et devint en ce genre
l'un des artistes français les plus distingués ;
c'est lui, dit-on, qui imagina d'ajouter à la
hausse de l'archet ce qu'on appelle la coulisse,
doublure en métal qui garnit cet hausse dans
la rainure pratiquée sur la baguette et qui, la
fixant solidement, l'empêche de tourner sur
celle-ci. Dès 1815, François Lupot avait établi
ses ateliers à Paris, rue d'Angivilliers, n" 18,
près de l'oratoire St-Honoré. C'est dans cette
maison qu'il mourut, le 4 février 1837 (1).
* LUSITANO (ViCEME), illustre tbéori-
cien portugais. — La célèbre dispute de cet ar-
tiste avec Nicola Vicentino est un des épisodes
les plus intéressants de riiistoire de la nuuique.
Fétis en parle longuement; il a eu le mérite
d'appeler l'attention des connais.seurs sur les
documents que Baini a présentés au sujet de
cette dispute et qui rétablissent la vérité des faits
dénaturés par Arteaga et par tous les écrivains
qui ont puisé leurs renseignements dans le livre
de ce dernier. Vicentino, blessé dans son or-
gueil par la sentence des juges Danckerts et
(1) M. J. (iallay veut bien nie communiquer la noie
suivante, rédigée par lui d'après des rcnscignemcîits qui
lui ont été fournis par M. Eugène Gand, et qui concerne
le plus fameux membre de cette famille, Nicolas Lupot,
— <■ Nicolas Lupot, fils de François Lupot, vint s'établir
en France avec son père vers 1785. Il se fl.\a d'abord à
Orléans; ses premiers instruments sont datés de cette
ville. En 1792, Pique, luthier à Paris, fort en faveur à
cette époque, se mit en rapport avec Lupot. Celui-ci lui
faisait une f;rande partie de ses violons et les lui livrait en
blanc, au prix de 20 livres. Ce fut en 1794 seulement que
Lupot vint s'établir à Paris; mais ses instruments pari-
siens ne datent que de 1798. Il habitait alors la rue de
Crainmont. En isofi, il transporta son établissement rue
Crolx-des-Peiits-Champs. Nommé (1815) luthier de la
chapelle royale, il devint luthier de l'École royale de
musiiiue en 1816, et fut chargé, en cette qualité, d'établir
les instruments donnés en prix clia()ue année aux élèves
couronnés. Un 1820, il entreprit de remplacer presque
tous h's anciens insirnmenis de la ch.ipelle royale par
des instruments entièrement de .sa main; mais à sa mort,
ce travail n'étant pas terminé, ce fut Charles-François
Gand, .son gendre et son élève, qui se chargea de l'a-
chever. Par malheur, ces superbes Instruments devaient
être tous détruits, en |K7), lors de l'Incendie du palais
des Tuileries. Lupot est considéré à juste titre comme le
luthier le plus crolncnt de l'école de Paris. »
LUSITANO — LUSSY
135
Escohedo, qui le condamnèrent à payer les deux
écus d'or du pari, s'empressa de publier son
Aniica miisica, où il embrouille toute la ques-
tion (ch. XXXXIIl, fol. 95-98 verso). Depuis
1555, date de la publication de son ouvrage,
jusqu'en 1828, époque où parurent les Memorie
de Baini, la querelle a élé appréciée d'une ma-
nière toute partiale, car les juges n'ayant pu se
défendre des accusations de Vicentino, celui-ci
resta seul sur le terrain. Le mémoire de Danckerts
sur celte célèbre dispute resta enfoui dans une
bibliothèque de Rome, grâce à la protection que
le cardinal deFerrare, Hyppolite d'Esté, accordait
à Vicentino, et il n'a pas encore vu le jour. Fétis
en donne le titre in extenso [Blogr. univ.,
t. II, pp. 425 et 426). J'ajouterai que Danjou
en parle comme d'un excellent ouvrage (Revue
de la musique religieuse, t. III, p. 201). « Ce
mémoire, dit-il, très-éfendu, est entièrement
écrit de la main de l'auteur. Toutes les ques-
tions musicales agitées au XVr siècle y sont
traitées avec développement et avec une érudi-
tion remarquable. C'est un plaidoyer en faveur
de la musique du XVI« siècle, et en particulier
de l'école romaine. Gliislino d'Ankerts {sic) at-
taque avec force l'école de Venise, représentée
par Adrien Willaert et ses disciples, au nom-
bre desquels était Nicola Vicentino. J'ai carac-
térisé cette lutte dans quelques articles sur VO-
Hgine et la consiitution de la musique mo-
derne. Le mémoire de Ghislino d'Ankerts en fait
connaître tous les détails; il traite accidentelle-
ment de diverses difficultés de la notation pro-
portionnelle, et contient une foule de renseigne-
ments précieux pour l'histoire de la musique.
L'abbé Baini, qui cite ce manuscrit et en a copié
le titre, ne paraît pas en avoir apprécié l'im-
portance. »
Ceci n'est pas exact, puisque c'est Baini qui a
exposé le premier, et très-nettement, la question
à laquelle le mémoire de Dankerts (ou d'Ankerts)
se rattache. Il a dû le lire. {Les articles de Dan-
jou sur VOrigine et la constitution de la mu-
sique moderne se trouvent dans \diRevue citée,
1846, vol. II, page 56 el page 424.)
N'ayant pas eu le bonheur d'examiner ce pré-
cieux manuscrit, qui est pour ainsi dire le pro-
cès-verbal d'une victoire nationale de mon pays,
je tiens à réunir ici tous les renseignements que
j'ai recueillis depuis bien des années sur Vi-
cente Lusitano et sa dispute fameuse. Peut-être
pourront-ils servir un jour à quelque travailleur
désintéressé.
Après Danjou, c'est La Page qui s'est occupé
du manuscrit de Danckerts. Il en a donné un
intéressant résumé dans ses Essais de dip/iié-
rographie musicale, (Paris 1862, pages 224-239),
avec la liste complète des chapitres du mé-
moire. La Fage s'est servi à cet effet d'une
co}iie (à la Bibliothèque Casanatense O, III,
118) du mémoire, faite par Baini, dit-il, sur l'o.
riginal de la bibliothèque du palais Corsini alla
Liingara. Cette copie est la meilleure preuve
de l'importance que Baini attachait au mémoire.
Je tiens à dire que je n'ai eu connaissance du
compte-rendu de La Fage qu'après avoir lu la
notice de Danjou, car La Fage est aussi d'opi-
nion que Baini avait aussitôt reconnu l'impor-
tance du manuscrit. Danjou a vu l'original à la
bibliothèque Vallicelliana (dans le couvent des
pères de l'Oratoire, à Rome). Je ne sais pas
comment le mémoire de Danckerts, a passé de
la Vallicelliana à la Corsiniana? Peut-être La
Fage s'est-il trompé; après avoir dit que l'ori-
ginal est au palais Corsini alla Lungara, il
ajoute qu'il aura l'occasion de le signaler,
" ainsi que plusieurs autres copies. » Cepen-
dant je n'ai trouvé nulle part, dans son volimie,
un mot sur l'original ; parmi les copies, il n'en
cite, outre celle de Baini, qu'une seule antre, qu
serait dans la bibliothèque des Philippins de
Rome (page 226).
Vicente Lusitano a laissé sur le plain-chanf,
le contrepoint et la fugue un ouvrage que Félis
loue beaucoup; l'éminenl maître donne les dates
des trois éditions qui en ont été faites; mais
l'indication du nombre des pages n'est pas
exacte ; pour la première c'est 46 qu'il faut lire,
au lieu de 86, et pour la seconde, 26 au lieu de
23. Le titre est le même dans les trois éditions;
le portrait de Lusitano, qui, d'après Fétis, doit
orner la première, m'est inconnu, Fétis possé-
dait les l'« et 3'"^ éditions (Catalogue, n'"*5,3I7
et 5,319). ÏJ, DE V.
LUSSY (Matuis), professeur de musique et
didaclicien, est né à Stanz (Suisse) le 8 avril
1828, et reçut ses premières leçons de piano et
de violon de l'abbé Aloys Businger, alors orga-
niste en cette ville. Il était à peine âgé de dix
ans qu'il tenait déjà l'orgue à l'église dans les
exécutions à grand orchestre, et qu'il accom-
pagnait sur la basse chiffrée, comme c'est l'u-
sage en Suisse et dans toute l'Allemagne du
Sud. En 1842, M. Lussy entra au séminaire de
Saint-Urban, dépendant de la célèbre abbaye
de Citeaux, et là il reçut des leçons d'orgue et
de composition du P. Naegeli, l'organiste le
plus renommé de la Suisse à cette époque.
Quatre ans après, en 1846, il venait à Paris
pour étudier la médecine, mais il abandonnait
bientôt cette carrière pour revenir et se consa-
crer exclusivement à l'étude de la musiqiie
136
LUSSY — LUTTI
Enfin, en 1852, ayant terminé complètement son
éducation, il se livra à renseignement d'une
façon absolue, se (îxadéfinitivcinont à Paris, et
bientôt y épousa la tille d'un ancien offlcier su-
périeur français.
Le premier ouvrage publié par M. Lussy est
le fruit de cette pratique de renseignement, et
porte le titre suivant : Réforme dans rensei-
gnement du piano, i* partie. Exercices de
piano dans ioiis les tons majeurs et mineurs
à composer et à écrire par rélève, précédés
de la ihéorie des gammes, des modulations,
du doigté, de la gamme harmonique, etc.,
et de nombreux exercices théoriques (Paris,
librairie internationale, 1863, in-8°). Dans cet
ouvrage, conçu sur un plan nouveau, M. Lussy,
au lieu de faire de l'élève l'instrument passif du
maître, lui donne un rôle plus élevé, plus in-
telligent, et en fait presque son collaborateur,
en excitant son initiative, son amour- propre,
ses facultés personnelles, et en lui donnant, en
dehors du travail mécanique, une large part
dans les progrès de son éducation. L'explication
de ce système rationnel et salutaire, dans le-
quel l'initiative du maître est aussi toujours
tenue en éveil, m'entraînerait à des développe-
ments qui dépasseraient les bornes que je dois
donner à cet article; mais je me fais un devoir
de le recommander à ceux qui ont souci de la
bonne instruction musicale de leurs enfants.
Le second ouvrage de M. Lussy, d'un tout
autre genre, est intitulé Traité de l'expression
musicale (Paris, Heugel, 1874, gr. in-8"), et
prouve que l'auteur n'est pas seulement un
musicien , mais aussi un lettré fort instruit et
un véritable penseur. Je ne sais pourtant si ce
livre, remarquable à beaucoup d'égards, est ap-
pelé à rendre autant de services qu'il le sup-
pose. Non que je le considère comme inutile, il
.s'en faut de tout; mais je crois que son utilité
sera bien plus grande aux artistes doués par
eux-mêmes du sentiment de l'expression, du
don d'émouvoir en matière musicale, qu'à ceux
qui ne possèdent point cette faculté , et pour
qui justement il est fait. M. Lussy a cru, non
point sans doute découvrir, mais discerner et
coordonner ce qu'il api)elle les lois de l'expres-
sion musicale, et c'est l'exposé, d'ailleurs re-
marquable , des principes qu'il en fait découler
qui forme l'objet de son Traité. Or, ce qu'on
appelle en musique le sentiment, l'expression,
l'àme, la passion, me semble chose ab.solument
personnelle à l'artiste, et ne saurait, à mon sens
du moins, être régi de façon ou d'autre. Cha-
que artiste sent, éprouve, exprime par consé-
quent à sa manière, et c'est celle diversité de
sentiments , cette personnalité en ce qui con-
cerne l'émotion, qui diversifie les talents. Cela
est si vrai que, dans l'ordre littéraire, par
exemple, on a vu au théâtre des artistes de gé-
nie jouer le même rôle de façon différente, et
y être sublimes chacun de leur côté. Bien plus,
certains comédiens supérieurs trouvaient sans
cesse de nouveaux effets, de nouveaux moyens
d'expression, et modifiaient leur jeu sans cesser
d'être admirables. On sait qne Talma, doué,
sous ce rapport, d'une inspiration multiple et
toujours en travail, étonnait constamment le
public par une interprétation dont les détails
variaient à l'infini.
Donc, l'expression n'est pas une, comme pa-
raît le croire M. Lussy, et n'obéit pas à des
lois fixes, précises, immuables; elle est, non-
seulement affaire de tempérament de la part de
l'artiste, mais encore affaire d'inspiration, de
disposition spéciale, de sentiment nerveux, etc.
Ce qui revient à dire , non-seulement que dix
artistes pourront donner à la même phrase musi-
cale dix nuances d'expression différentes, tontes
excellentes, selon le caractère de leur talent,
leur éducation, leur sentiment personnel, mais
encore que chacun d'eux pourra diversifier lui-
même à l'infini l'expression de celte même
phrase, selon sa disposition d'esprit, son état
de santé ou toute autre cause possible. Quant à
ceux qui ne trouvent pas en eux-mêmes le secret
de cette expression, ceux qui ne peuvent s'animer,
les insensibles, les impassibles, je reste bien
convaincu que les déductions les plus ingénieu-
ses, que tous les préceptes du monde seront
impuissants à leur donner le feu sacré, à leur
communiquer celte incomparable fiiculté d'é^
mouvoir les âmes qui est le don le plus précieux,
le plus admirable à la fois et le plus mystérieux
que la divinité ait pu faire' à sa créature.
Quoi qu'il en soit de ces réilexions et de ces
réserves, j'ai dit et je suis persuadé que le livre
de M. Lussy ne restera point inutile. Œuvre
très-hardie en somme, d'un caractère très-no-
ble, très-élevé, ce livre sera lu avec fruit, utile-
ment médité par tous les artistes, même les
mieux doués, qui y trouveront des moyens
nouveaux d'émotion , des aperçus; pleins de
justesse, et qui grandiront leur talent à la lec-
ture de ces pages empreintes d'un grand amour
de l'art, d'un rare sentiment du beau, et parfois
d'une véritable éloquence. <
LUTTI ( ). Un compositeur de ce nom
a fait représenter à Milan, sur le théâtre de la
Scaln, le 22 mars 18.58, un opéra sérieux intitulé
Berengario d'Ivrea. Cet ouvrage subit une
chute complète, et je ne sache pas que depuis
LUTTI — LUZZI
137
lors l'auteur se soit de nouveau présenté au pu-
blic.
LUVINI ( ...). composifeur italien, a
fait représenter à Turin, sur le théâtre Nota, le
7 août 1865, un opéra sérieux, intitulé un'Ere-
dità in Corsica, dont , je crois , il avait écrit
les paroles et la musique. Je n'ai pas d'autres
renseignements sur cet artiste, qui depuis lors
ne s'est pas reproduit à la scène.
"* LUX (Frédéric), pianiste, organiste, chef
d'orchestre et compositeur allemand, est de-
venu chef d'orchestre du théâtre de la ville,
à Mayence. Précédemment, cet artiste avait
obtenu de grands succès comme organiste, en se
faisant entendre à Mannhcira, Bruxelles, Darm-
stadt, Wùrzbourg et autres villes. M. Lux a
publié une soixantaine d'(('uvres de divers gen-
res, qui révèlent un musicien instruit et nourri
de saines études. Je citerai, entre autres : une
Symphonie pour orchestre ; une messe avec
chœurs; un quatuor pour instruments à cordes,
op. 58 ; Grande Marche solennelle, pour piano ;
Grande Marche festivale, pour piano à 4 mains,
op. 19; t'anlaisie de concert pour orgue sur le
Choral de Luther Eine feste Burg, op. 53;
Fugue de concert, pour orgue, op. 56 ; lied
pour orgue, op. 57 ; etc. On doit aussi à cet ar-
tiste une excellente transcription pour piano à 4
mains des neuf symphonies de Beethoven.
LUZARCI1E( Victor), érudit et bibliographe
français, né à Tours en 1805, mourut à Amélie-
les-Bains en 1869. Possesseur d'une fortune
considérable, il avait réuni une riche et magni-
fique bibliothèque, fertile en raretés de toutes
sortes, et fut pendant de, longues années conser-
vateur de celle de sa ville natale, dont il pré-
para le catalogue avec un soin tout particulier.
C'est dans les manuscrits précieux de cette
dernière qu'il trouva les éléments de plusieurs
publications intéressantes, faites par lui avec
un goût rare. Je mentionnerai ici deux de ces
publications, qui se rattachent indirectement à
la musique. La première est ime « Vie. du pape
Grégoire le Grand, légende française publiée
pour la première fois » (Tours, impr. de J. Bou-
serez, 1857, in-16), poème étrange et fantasque
dont le héros est ce pontife qui se fit un renom
si célèbre sous divers rapports, et particulière-
ment dans l'histoire de l'art musical. La seconde
publication est la suivante : « Adam, drame
anglo-normand du XII^ siècle, publié pour la
première fois d'après un manuscrit de la Biblio-
thèque de Tours » (Tours, impr. J. Bouserez,
1854, in-80). Ce drame comprend plusieurs
chœurs, et c'est en cela qu'il intéresse non-
seulement l'histoire du théâtre, inais aussi celle
de la musique; toutefois, l'éditeur restant muet
à ce sujet, il ne parait pas que le manuscrit
contienne la musique de ces chœurs. Cela
parait d'autant moins probable que Luzarche a
signalé, dans le volume même d'où il tirait ce
poème, volume divisé en deux parties (dont la
première date de la seconde moitié du XII*
siècle et la deuxième du commencement du XIII®)
et comprenant divers ouvrages du même genre,
la présence d'un fragment musical important :
- « La première partie, dit-il, commence par
un office latin de la Résurrection dramatisé et
mis en musique. Nous nous occupons de la pu-
blication de ce curieux monument liturgique,
le plus conqjlel que nous connaissions jusqu'à
ce jour. Afin d'en conserver et d'en produire
tous les détails, particulièrement en ce qui con-
cerne la partie musicale, nous le publierons en
fac-similé. » Luzarche a tenu sa promesse, et
a publié ce monument intéressant : « Office de
Pâques ou de la Résurrection , accompagné
de la notation musicale et suivi d'iiymnes et de
séquences inédites, publié pour la première fois
d'après un manuscrit du XW siècle de la
Bibliothèque de Tours par V. Luzarche » (Tours,
1856, in-8°).
* LUZZASCO LUZZASCHI, musicien
fameux du seizième siècle, vivait sans doute
encore au commencement du dix-septième, car
M. Guidi, éditeur de musique à Florence, a re-
trouvé récemment (1876) un recueil de madri-
gaux de cet artiste daté de 1601, et resté in-
connu jusqu'à ce jour de tous les biographes
modernes. Ce recueil est particulièrement pré-
cieux en ce qu'il offre le premier exemple connu
d'un ouvrage de ce genre publié en partition
avec accompagnement de clavecin ou orgue,
toutes les publications analogues faites jusqu'a-
lors ne contenant aucun accompagnement. Voici
le titre de ce livre de madrigaux de Luzzasco
Luzzaschi : Madrigali di Luzzasco Luzzaschi
per cantare e sonore a uno e doi e tre so-
prani, fatti per la musica del già Ser. Duca
Alfonso d'' Este y stampati in Roma app. Si-
mone Veroni, 1601 (un vol. in-folio avec fron-
tispice gravé).
LUZZI (LuiGi), compositeur italien, né vers
1825 à Olevano, dans la Lomelline, commença
par faire d'excellentes études littéraires à l'U-
niversité de Turin , et suivit ensuite les cours
de l'École de médecine de cette ville. A cette
époque, néanmoins, il s'occupait déjà de musi-
que, et faisait exécuter un jour, dans une réu-
nion d'étudiants, ses camarades, un hymme de
sa composition (1847). Lors du passage à
Gênes du roi Charles Albert, à la suite des
138
LUZZI — LYSBERG
événements de 1848, cet hymme fut chanté par
6 ou 700 voix, et après la funeste bataille de
Novare, qui ruina pour un temps les espérances
(le l'Italie libérale, il devint le chant de prédi-
lection des étudiants turinais.
Je n'ai pas connaissance des premiers tra-
vaux de Luzzi, et ne puis signaler, en ce
qui concerne ses commencements, qu'une sorte
d'opérette intitulée Chiarina, dont la musi
que était, dil-on, charmante, et qui fut repré-
sentée sur im théiUre de Turin. Au mois de
novembre 1860, il fit exécuter au théâtre Cari-
gnan, de cette ville, un hymme patriotique in-
tituté Vittorio Emnmtele, re d'italia, dont
les paroles lui avaient été fournies par M. Yin-
cenzo Riccardi, et qui comprenait une introduc-
tion, un cliœnr, quelques soU et un grand final;
au mois de juin de l'année suivante, à l'occasion
de la mort du comte Cavour, il fit entendre
une grande marche funèbre que l'on dit fort
belle, et dont la réduction pour piano a paru,
ainsi que celle de l'hymme à Victor-Emmanuel,
chez les éditeurs Giudici et Strada. Les mêmes
éditeurs faisaient paraître, dans le même temps,
dcuv albums de Luzzi, le Grazie et le Serafe
Torinese, qui contenaient seize pièces de diffé-
rents genres : mélodies, hymnes, sérénades,
airs de danse, et publiaient encore la partition
d'une ouverture à grand orchestre que Luzzi
avait fait exécuter en 1857 à l'Académie phil-
harmonique. Un des critiques les plus compé-
tents de l'Italie, M. F. d'Arcais, a fait les plus
grands éloges des deux albums que je viens de
signaler, disant que les morceaux qui les com-
posent sont pour la plupart très-remarquables
et sortent complètement du genre habituel de
ces sortes de recueils. Luzzi a publié ainsi beau-
coup de compositions élégantes et légères, pour
le chant et pour le piano, et il ne s'est adressé
que rarement au théâtre. Pourtant il a donné
à Novare, le 7 février 1874, un opéra bouffe
intitulé Tripilla, et je crois qu'il avait fait re-
présenter, il y a une douzaine d'années , un
autre ouvrage du même genre, la Ventola.
Luigi Luzzi est mort à Stradella le 28 février
1876.
* LVOFF (Le général Alexis-Tukodorf),
est mort le 28 décembre 1870, dans le do-
maine qu'il possédait dans le gouvernement de
Kowno.
LYSBERG (CnAtiLES-SAMUEL lîOVY, dit),
pianiste et compositeur extrêmement distingué,
naquit h Genève, le T' mars 1821. 11 était fils
d'Antoine Bovy, qui, d'abord élève de l'radier,
devint un de nos graveurs en médailles les plus
remarquables, et à qui l'on doit, entre autres,
les belles [médailles de Thalberg, son compa-
triote, de Liszt et de Paganini. Lysberg com-
mença l'étude de la musique dans sa ville na^
taie; sa famille ayant bientôt reconnu ses ap-
titudes, l'envoya à Paris terminer son éducation.
Là, il eut le bonheur d'entrer en relations avec
Chopin, dont il devint l'élève , et le bonheur
plus grand encore de ne pas laisser, sous l'in-
fluence d'un pareil maître, étouffer son tempé-
rament artistique, très-personnel et très-ori-
ginal. De ce tempérament et de cette éducation,
— à laquelle Liszt, qu'il connut aussi à Paris,
ne fut pas complètement étranger — sortit un
talent tout particulier, à la fois substantiel,
savoureux et potti(iue. Comme harmoniste, il
reçut des leçons de Delaire, l'un des bons élèves
de Reichn.
C'est pendant son séjour à Paris que Lys-
berg publia ses premières œuvres, et c'est par
crainte d'un jugement fâcheux de la part du
public qu'il les donna sous ce pseudonyme de
Lysberg, qui est le nom d'un joli village suisse
siiué au nord du canton de Berne. (On a dit
que ce pseudonyme avait été formé avec les
noms de Liszt de Thalberg. Ceci n'est pas exact.
Notons en passant que Lysberg n'a jamais
connu son illustre compatriote.) Mais la révo-
lution de février effraya le jeune artiste, et le
fit s'éloigner de Paris pour retourner à Genève.
Peu de temps après il épousait la fille aînée
de M. Jean-Louis Fazy, membre du grand con-
seil de cette ville, puis il devenait professeur
de piano au Conservatoire, oii il forma une
longue suite d'excellents élèves.
Ses travaux de composition ne souffrirent
pourtant pas de cette situation nouvelle. Retiré
dans le joli petit village de Dardagny, il mena
pendant longues années une existence calme et
douce, particulièrement favorable à la produc-
tion. Si Lysberg n'avait pas été aussi modeste,
s'il n'avait pas eu des goûts aussi tranquilles,
si, comme tant d'autres, il avait eu l'amour des
voyages et des ovations, il aurait conquis un
grand nom et serait assurément devenu célèbre.
Mais il aimait son pays et les siens au delà de
tout au monde, se plaisait dans un cercle d'amis
et d'intimes, et, di-pourvu de vanité sinon d'am-
bition, trouvait dans cette intelligente ville de S
Genève l'expansion suffisante à ses désirs. Re-
cherché partout et pir tous, il était accueilli,
choyé, fêlé d'une fiiçoii fout oxceplionuelle l'n
de ses grands succès fut lorsqu'il inaugura,
dans la salle du Casino , une série de soirées
très-brillantes, dans losipielles il faisait entendre
non-seulement sa jolie musique de piano, mais
des chœurs d'un excellent effet, dont il diri-
LYSBERG
i39
geait lui-même l'exécution avec une rare 7naes-
tria. D'ailleurs il travaillait sans cesse, croyant
n'avoir jamais assez appris ni assez fait , ce qui
est le propre des esprits élevés et des grands
artistes.
L'œuvre gravé de Lysberg se compose de
près de cent cinquante morceaux de piano, qui
se distinguent par un grand sentiment poétique,
une forme extrêmement soignée, une couleur
originale, et dans lesquels il semble souvent
voir passer comme un souflle de Weber ou de
Chopin, ces deux grands romantiques d'une
nature si différente. Parmi ses œuvres nom-
breuses, il en est dont les succès furent écla-
tants et prolongés : les Études de salon , les
Romances sans paroles, les Barcarolles , les
Noclunies, les Valses de salon, les Caprices;
puis, tous ces morceaux de genre, si avide-
ment recherchés: la Baladine, le Réveil des
Oiseaux, la Napolitaine, Tenerezza, Berge-
ronnette, la Chasse, la Fontaine, la Séré-
nade du page, le Pas des Archers, vn Soir
à Venise, V Amazone, le Tic-tac du Moulin,
Giovinetta, l'Idylle, Romanesca,le Menuet,
le Rêve d'enfant, la Berceuse, la Molda-
vienne, la Bourrée, la Voix des Cloches, le
Chant du Rouet, etc. Enfin, il faut encore citer
r Absence, sonate romantique, la Marche fu-
nèbre, une Polonaise brillante, les belles fan-
taisies sur Fatist et Mireille, les transcriptions
de Guillaume Tell, de Mignon, d'Hamlet, et
ses superbes morceaux pour deux pianos sur
Oberon , Don Juan , Preciosa , le Freischiiti
et la Flûte enchantée.
C'est le 15 février 1873 que Lysberg a été
enlevé aux siens, après une courte maladie. On
peut presque dire, tant il y était aimé, estimé,
honoré, que sa perle fut un deuil public pour
la ville de Genève. Il possédait d'ailleurs non-
seulement les qualités d'un artiste, mais cellee
d'un homme de cœur, et un journal de Genève
lui adressa un éloge complet en disant d& lui
que « ce grand artiste, fils de ses œuvres, sut
être à la fois un vrai patriote, un bon citoyen,
un ami dévoué, enfin un chef de famille consi-
déré, estimable, et digne de la plus sincère af-
fection de tous ceux qui ont eu le bonheur
d'être en relations avec lui. »
Lysberg avait fait représenter à Genève, en
1854, un opéra-comique en un acte, la Fille
du Carillonneur, que le public avait accueilli
avec faveur, mais sans enthousiasme. Il a laissé
en manuscrit un certain nombre de morceaux
qui doivent être publiés prochainement : Bar-
carolle-Sérénade, Scherzeito alla Mazurka,
les Bruits des champs, etc.
M
MAARSCIIALKEIWVEERD (P...), fac-
teur d'orgues distingué, est né à Utrecht (Pays-
Bas) en 1812. Il s'associa d'abord avec un autre
facteur, M. Sluiting, puis, en 1848, se sépara de
lui. Parmi les instruments qu'il a construits
seul, on cite les orgues de la loge Union royale
à Utreclit, de l'église Saint-Martin de la même
ville, de l'église catholique de Nieuwkoop, puis
celles de Harmelein, deHeimskert, deZeyst, de
Rumpst, etc.
* MABELLIIM (Teodulo). Cet artiste fort
distingué, qui occupe à Florence une situation
exceptionnelle, remplit depuis longues années
en cette ville les fonctions de maestro concer-
tatore et de chef d'orchestre du théâtre de la
Pergola, en môme temps qu'il est professeur de
contrepoint et de fugue à l'Institut royal de
musique. Il a formé dans ce dernier établis-
sement un nombre considérable d'élèves, parmi
lesquels on cite MM. Emilio Usiglio, Gandolli,
Pollione Ronzi, G. Palloni, Gialdini, De Champs,
Felici, Cesare Ciardi, etc. M. Mabellini semble
avoir renoncé, depuis longtemps déjà, à écrire
pour le théâtre, mais il n'a pas pour cela cessé
de composer. A la liste de ses œuvres, que je ne
saurais compléter, j'ajouterai cependant les sui-
vantes : lo Spirito di Dante, cantate pour so-
prano, contralto, ténor et basse, exécutée à
Florence lors des fêtes célébrées pour le cen-
tenaire de Dante; /e Antiche Festivilà fioren-
fine, caaVdle pour soprano et masses chorales,
exécutée aussi à Florence; Te Deum à 4 voix,
avec orchestre; Messa da vivo pour soli,
chœurs et orchestre, etc., etc.
MACCHl (LuiGi-DAvmE DE), professeur
et théoricien italien, est l'auteur d'un ouvrage
élémentaire ijui a obtenu un très-grand succès
en Italie et dont il a été fait trois éditions. Cet
ouvrage est ainsi intitulé : Grammatica mu-
sicale, ovvero Principii teorico-semeioijra-
fici délia musicn, mctodicamcnte csposti.
M.deMacchi est directeur et professeur de l'é-
cole municipale de chant de Turin.
MAC.EDO (Mancel), composibnir portugais,
qui vécut à Madrid vers le milieu du XVl' siè-
cle, a écrit des motels et des Vilhancicos.
J. DE V.
MACEDO (Antonio DE. SOUZA DE),
polygraplie et diplomate portugais du XVll"
siècle, naquit à Porto en 1606, et mourut
à Lisbonne en 1682. Ses écrits, qui ont été
imprimés en Portugal et à l'étranger, sont nom-
breux, et quelques-uns eurent une très-graude
vogue en Portugal , surtout son £va e Ave...
theatro de erudiçâo e philosopkia christd
(Lisbonne, 1676; la 10'"*' édition en 1766). Les
chapitres 23 et 24 de la r* partie de cet ouvrage
ont rapport à la musique; ce qu'il y donne a
cependant peu de valeur; ses idées sont emprein-
tes d'un mysticisme qu'il a puisé dans les saintes
Écritures et qui était fort en vogue en Portugal
vers la fin du XVir siècle. Les faits histori-
ques font défaut dans ce livre ; on n'y trouve
d'intéressant que les faits qui se rattachent au
roi D. Jean IV {Voy.ce nom) et à Peixoto da Pena.
Souza de Macedo fut très-protégé par D. Jean IV,
qui lui confia des affaires d'État fort importan-
tes ; ses missions à Londres, en Hollande , en
Suède, etc., rendirent de grands services à la
dynastie de Bragance,qui venait d'expulser les
Espagnols (1640). C'est en Suède qu'il découvrit
(après les plus grands efforts faits dans toute
l'Europe par ses ambassadeurs et autres ministres,
ce dont je suis témoin, car à ce sujet moi-même
j'ai fait bien des recherches), l'autographe du
Micrologue de Guido d'Arezzo, qui se trouvait
dans la bibliothèque de la célèbre et malheureuse
Christine de Suède. D'après Macedo, c'est au roi
lui-même que revient l'honneur de la découverte
de ce manuscrit ; cependant, il ne dit pas par
quels moyens D. Jean IV en apprit l'existence
dans la Bibliothèque de la reine (1). Souza deMa-
cedo fut, après la mort de D. Jean IV, ministre
(.sccrelario de estado) de son (ils Alphonse VI ;
ses ouvrages portugais (il en a écrit aussi en espa-
gnol, en latin, etc.) sont estimés comme classi-
ques.
J. DE V.
* MACFARIIEIV (George-Alexandre) ,
l'un des artistes les plus éminents de l'école an-
glaise contemporaine, est né à Londres le 2 mars
(1) Voy. pour de plus amples rcnsclgnciuents mon Essai
sur lecataloçiuc de musique du roi n. feanlf^ (Porto,
1871, piigc *7-6, et appcn lice, y l-f-'ll].
MACFARREN
Ul
1813. Fils aîné de George Macfarren, auteur dra-
matique fécond et connu par de nomtireux et bril-
lants succès, il reçut sa prennièrc instruction
artistique dans l'inslilution musicale de C. Lucas^
et entra ensuite (1829) à l'Académie royale de
musique, où il étudia principalement sous Ci-
priani Potter. Tout en travaillant la composition,
il s'appliqua à l'étude de divers instruments d'or-
chestre^ afin d'en bien connaître les effets et les
moyens pratiques, outre autres le violon et le
violoncelle, le liautbois, le basson, et surtout le
trombone, sur lequel il devint un exécutant de
première force. Il va sans dire qu'il pratiqua aussi
le piano.
Sorti de l'Académie après y avoir terminé ses
étudesj'il y rentraen 1834 comme professeur d'har-
monie, et c'est dans le cours de la même année
qu'il inaugura les séances de la Société des Bri-
iish Musicians, aujourd'hui disparue, par l'exé-
cution de sa symphonie en fa mineur. En 1838,
il donne au théâtre du Lyceum son premier ou-
vrage, VOpéra du diable, dont son père lui avait
écrit le livret, et qui est bien accueilli; il écrit
ensuite, à l'occasion du mariage de la reine Vic-
toria, une cantate, Emblematical Tributs, qui
est exécutée au théâtre deDrury-Laneen 1841, et
fait représenter sur la môme scène, en 1846, son
second opéra, Don Quichotte, dont son père lui
avait encore fourni le livret, et qui n'obtient
qn'un succès d'estime. L'année suivante il fait
un voyage aux États-Unis, et en rapporte un
nouvel opéra, le Roi Charles II, qu'il fait re-
présenter avec un grand succès au Princess's
Théâtre en 1849 et dans lequel miss Louisa Pyne,
la célèbre cantatrice, fait sa première apparition.
Viennent ensuite plusieurs cantates : the Sleeper
a wahened {th. de la Reine, 1850), Lenore, d'a-
près la ballade de Biirger (Londres, 1853, et fes-
tival de Birmingham, 1855), Jour de mai (fes-
tival de Bradford, 1858), dans laquelle l'auteur
reproduit l'esprit des vieilles mélodies anglaises,
et Aoel (Société musicale de Londres, 18C0), qui
se faisait remarquer par la même recherche.
C'est en cette même année 1860 que M. Mac-
farren produit au théâtre de la Reine son opéra
le plus heureux, Robin-Hood, au succès duquel
ne furent pas étrangers ses excellents interprètes,
M™* Lemmens-Sherrington, MM. Sims Reeves et
Stanley. En 18G2, W Aonne Jessy iea (un acte),
en 1863, the Soldier's Legnly (un acte) et
Freya's Gift, cantate exécutée au théâtre de
Covent-Garden pour le mariage du prince de Gal-
les. Enfin, en 1864, il fait représenter au même
théâtre She Sloops to conqner (Elle s'humilie
pour mieux triompher), et Helvellyn, grand
opéra en 4 actes.
Mais ces grands travaux scéniques n'empê-
chaient pas M. Macfarren de produire un grand
nombre de compositions d'autres genres, et fort
diverses. C'est ainsi qu'il écrivait successivement
plusieurs symphonies, beaucoup d'ouvertures
(the Merchant of Veiiice, Romeo and Juliet,
Don Carlos, Chevy Chase, Hamlet), un grand
quintette pour instruments à cordes, 4 qua-
tuors , un trio pour piano , violon et violon-
celle, 2 sonates pour piano et violon, 3 sonates
pour piano .seul. Pour le chant, ses productions
sont innombrables, et quelques-unes sont deve-
nues extrêmement populaires; il faut surtout
citer, parmi ses mélodies vocales, celles écrites
sur des paroles de Shelley, Walter Scott, Byron,
Schiller, Henri Heine, ses songs tirés des Idyl-
les de Tennyson, des Nuits arabes de Lane et
des poèmes de Kingsley, puis toute une série de
Shakespeare songs à 4 voix, extraits des
œuvres dramatiques de Shakespeare, et enfin
plusieurs centaines d'autres chants, chansons,
duos, trios, etc., sans compter divers morceaux
écrits pour des drames non lyriques, la cantate
Christmas, etc.
M. Macfarren a aussi beaucoup écrit pour l'é-
glise, et l'on signale principalement sous ce
rapport ses 52 Introit pour chaque dimanche de
l'année, pour lesquels il semble avoir puisé à
une source d'inspiration vraiment nouvelle. On
lui doit encore plusieurs oratorios, dont le pre-
mier, Saint-Jean- Baptiste , fut chanté avec un
grand succès au festival de Bristol (1373), par
M°"^^ Lemmens et Paley, MM. Lloyd et Stanley,
et produit ensuite, avec le même bonheur, à
Londres, dans diverses villes de province, et jus-
qu'en Amérique et dans les colonies. Il donna
ensuite la Résurrection (festival de Birming-
ham, 30 aoftt 1870), et Joseph, qui excita un
véritable enthousiasme au festival de Leeds,
où il fut chanté en 1877 par M"° Emma Albani,
M"'" Patey et Edith Wynne, MM. Lloyd, Foli
et Santley. C'est de cet ouvrage qu'un critique
a dit qu'il était « l'œuvre la plus complète qui
soit .sortie de la plume du mieux doué et du plu.s
distingué des musiciens anglais. » Dans le cours
(le celle dernière année, M. Macfarren faisait
exécuter au festival de Giascow une jolie can-
tate, the Lady of the Lake, qui fut fort bien
accueillie.
Malgré l'infirmité dont il a été frappé dans la
plus grande force de sa jeunesse (on sait que
depuis l'âge de 25 ans environ, il est complète-
ment aveugle), M. Macferren n'a cessé d'être,
sous tous les rapports, l'un des musiciens les
plus actifs, des compositeurs les plus féconds
de son pays, non-seulement produisant sans
142
MACFARIIEN — MACHADO
cesse des œuvres importantes, mais multipliant
son enseif^nement et s'occupant même de litté-
rature musicale. En effet, ce grand artiste, dont
l'activité semble infatigable, s'est fait connaître
encore comme écrivain spécial et comme théori-
cien. Sous ce rapport, on a de lui de remarquable.s
dissertations crilicpies et analytiques sur la plu-
part dos oratorios de Hœiulel, sur la messe en
ré et les symphonies de Beethoven ; de plus, il
a donné des notices biographiques sur les 'mu-
siciens célèbres à l'Impérial Dictionary of
universal biogrophy, et une traduction de l'é-
crit d'Edouard Devrient : Mes Souvenirs rc-
laiijs à Mendelssohn-Bartholdy ; il a publié
des Rudiments of Ifarmouy (1860), et Six
Lectures on Harmony (1867); il a revu et
édité les Old English Ditties (Vieilles chan-
sons anglaises), en 13 volumes (1857-1809), les
Moore's Irish Mélodies (1859), et les Scotch
So7igs. Il a, enfin, fait de nombreuses confé-
rences sur la musique à l'Institution royale, à
l'Institution de Londres, etc.
Nommé en 1860 membre du bureau des pro-
fesseurs de l'Académie royale de musique de
Londres, en 1868 membre du Comité de direc-
tion de cette institution, M. Macfarren fut ap-
pelé, en 1875 , à succéder à William Sterndale
Bennett comme principal (directeur) de cette
grande école, en même temps qu'il lui succé-
dait aussi comme professeur de musique à l'U-
niversité de Cambridge. M. Macfarren occupe
aujourd'hui l'une des plus hautes, des plus im-
portantes et des plus honorables situations mu-
sicales qui soient en Angleterre.
MACFAI\REi\(Waltf.u-Ci:cil), chef d'or-
chestre, pianiste et compositeur, frère du précé-
dent, est né à Londres le 28 août 1826. D'abord
enfant de chœur à l'abbaye de Westminster, de
1836 à 1840, il abandonna pendant deux années
l'élude de la musique pour se livrer à celle de la
peinture. Toutefois il revint à la première, et, en
1842, enira à l'Académie royale domusique, oii il
devint l'élève de son frère,|de W. II. Holmes et de
Cipriani Potier. Plus tard, en 1848, il fut nommé
professeur de piano dans cette institution, puis
chef de l'orchestre et des chu'iirs (1875). Artiste
distingué, M. Walter Macfarren a donné pendant
plusieurs années dés séances de musique de
chambre qui étaient très-suivies, et, comme chef
d'orchestre, il a dirigé l'exécution de nombreux
festivals. En tant que compositeur, on lui doit une
assez grande quantité de morceaux pour le piano,
des duos pour piano et violon ou violoncelle, de
nombreuses romances, des madrigaux, et aussi
plusieurs ouvertures, parmi lesquelles l'Ouver-
ture pastorale, qui a été exécutée eu 1878.
! M. Walter Macfarren a donné une bonne édition
des œuvres de piano de Mozart et de Beetho-
ven, et il a publié chez les éditeurs Ahsdown et
Parry, à Londres, un choix d'œuvres populai-
res classiques pour le piano {Popïilar classics),
tirées des plus grands maîtres. Cet artiste fort
estimable s'est aussi beaucoup occupé de criti-
que musicale.
MACHADO (Le P. Dioco-Barbosa), célè-
bre bibliographe portugais, né à Lisbonne en
1682, y mourut en 1772 avec le lilre d'abbé de
Sever (évêché de Porto). Son ouvrage leïplus
remarquable est la Bibliotheca Lusitann (1),
où tous les musicographes, depuis Gerber et
Forkel jusqu'à Fétis et Mendel , ont puisé leurs
renseignements sur les musiciens portugais an-
térieurs au tremblement do terre de 1757. Bar-
bosa Machado prodigue ses éloges à presque
tous les musiciens dont il parle; il est juste de
remarquer que l'éducation musicale en Portugal
était très-soignée jusque vers la fin du règne
de D. José I, tant dans les couvents que dans
les séminaires, dans la haute société que dans
les académies particulières. Domenico Scarlalli
sous D. Jean V, et David Perez sous D. José I,
exercèrent une grande infiuence sur l'art au
XVIIIs siècle, à ce point que .sous la direction
de Perez l'opéra de Lisbonne devint le premier
théâtre de l'Europe (2). La dynastie de Bragance,
suivant les traditions glorieuses de son fondateur
D. Jean IV, cultivait la musique avec passion;
tous les membres de la famille de D. Jean V
étaient des amateurs distingués; l'infante D.
Maria Barbara (3), plus tard reine d'Espagne
(femme de Feriiand VI), fut une virtuose ha-
bile sur le clavecin et l'élève favorite de D.
Scarlatti, qui lui enseigna aussi la composition
etiui dédia deux de ses pièces de clavecin ce
fut elle qui créa à Farinelli sa position excep-
tionnelle à la cour de Madrid. Il .se peut donc
qu'il n'y ait rien d'exagéré dans les éloges de
Machado ; j'ai donné ailleurs (4) une liste de com-
positeurs portugais qui occupèrent les charges les
plus élevées aux XVI« et XVIP siècles dans les
églises d'Espagne. Ces faits, et bien d'aulres,
prouvent que l'étude do la musi(pie était très-
sérieusement faite autrefois, et que les compo-
(1) I,c l*^' voliiniL' pnnit en 1741 (A E) ; le S'"» en 1717
(F-J); le 3» en Mai cl.-Z) ; le ;• en llot (suppléinenl).
(2) V, liurney, // (/t'Ht'ra/ liisto)-y of iVuiic,t. IV, p,
570.
(;n A'oy. ma bio;ffaphle de cette priiiccise, Jitc musi-
cal, II"" 40 et 41.
(4) Le célélire Martini lui dédia aussi sa célèbre Sloria
delta Miisica (Bologna, I757). I.a reine étant morte lors-
qu'il publia les deux dcrolc» voluiues, 11 les dédia à d'au-
tres princes.
MACIIADO — MACKENZIE
143
siteurs dont parle Barbosa Machado étaient vrai-
ment des artistes reinar(]iiables. Il est à regret-
ter qu'il ne nous ait pas donné de plus amples
notices sur la Bibliolhèque de musique du roi
D. Jean IV, qu'il a vue cerlainemerif , et où il
aurait trouvé dos documents d'une valeur inesti-
mable aujourd'hui. C'est Barbosa Machado qui
a fourni à Moreri ses notices sur les écrivains
portugais (plus de 300) pour son grand Diction-
naire (éd. 1725). J. DE V.
MACHADO (I^APHAEL-CoELHo), musicien
portugais, naquit en 1814 à Angra do Heroismo
(Açores), où il se prépara à la carrière ecclésias-
tique; mais ayant résolu de se vouera la musi-
que, M. Coelho Machado vint à Lisbonne, où il
resta jusqu'en 1835. Eu 1838 il partit pour le
Brésil, où il vit encore. En 1852 et 1853,
M. Machado fit un voyage en Angleterre et en
France, pour augmenter ses connaissances musi-
cales; il revint par l'Espagne en Portugal, et
retourna au Brésil, où il a su se faire une posi-
tion honorable. M. Machado a beaucoup écrit,
dans tous les genres : une cinquantaine de mé-
lodies brésiliennes, dont plusieurs ont été tra-
duites en italien ; des chants religieux pour
l'école (1857) ; 3 Messes j 2 Te Deum ; des canti-
ques à 2, 3 et 4 voix, avec choeurs, orgue et
orchestre. Il est aussi l'auteur d'ouvrages didac-
tiques : \° Méthode de Piano-Forte, etc., Bio
de Janeiro, 1843 ; 2" Grande Méthode de flûte,
ibiil, 1843.; 3" Méthode complète de violon,
ibid. 1853. Tous ces ouvrages sont des compi-
lations de ceux de Hùnten, de Devienne et Ber-
biguier, de Carcassi et d'Alard. M. Machado a
publié enoutre -A^ Principios deMusicapralica,
etc. (Bio de Janeiro, 1842 ; 5° .4. ^. C. musical,
etc., ibid., 18'i5; 6° Elémcitlos de escripturaçœ
musical, Lisbonne, 1852; 7° Brève tratado
de harmonia, etc., Paris, 1852 ; 8* Methodo de
orgûo expressivo, etc., Bio de Janeiro, 1854;
Si'* Methodo de afinar o piano, etc., ibid, 1845;
il y a de cet ouvrage une seconde édition, à la-
quelle on a ajouté : Chyrogymnasto daspia-
nistas (gymnastique des doigts), traduit de l'ou-
vrage de Martin, iO" Diccionario musical, etc.;
Rio de Janeiro, 1842; 2""^ éd., 1855. Je me rap-
pelle avoir vu une 3'"" édition.
M. Coelho Machado, qui est très-laborieux, a
publié de 1842 à 1846 un journal musical sous
ce titre: 0 Ranalhete das Damas (le Bouquet
des Dames), journal dans lequel il traitait les
questions relatives à l'esthitique, à la critique et
à l'histoire de la musique, en les mettant à la
portée de tout le monde; ce recueil utile, qui
paraissait deux fois par mois, a cessé de vivre,
peu de temps après avoir passé dans d'autres |
mains. La partie qui a été publiée par M. Ma-
chado ne forme pas moins de 800 pag. in-fol.,
y compris les morceaux de musique de l'auteur.
M. Machado s'est essayé aussi au théâtre avec
un ouvrage ayant pour titre : Urania au los
aniores de um pocta. J. de V.
MACHADO (Caulos-Maria), compositeur,
était professeur de musique au séminaire ecclé-
siastique de Santarem (Portugal). Quoique de
condition modeste (son père était horloger), il
reçut cependant une éducation .soignée. On
louait beaucoup son talent d'improvisation sur le
piano; il a écrit pour cet instrument une foule de
bagatelles, qu'on dit avoir du mérite (elles n'ont
pas été publiées). Il a laissé en manuscrit un
grand Te Deum dédié au partiarche de Lisbonne
D. Juilherme, des Liçoès et Matinas pour la se-
maine sainte, des Matinas de Natal, deux
Missas et des Novenos de S. Luiz Gonzaga et
da Conceiçâo etc. Sa musique d'église est peu
connue, à cause des difficultés de son exécution,
dit-on; on lui accorde de l'originalité dans
les idées, mais on lui reproche une recherche
extrême dans la facture harmonique, qui aboutit
à la bizarrerie. Machado est.raorten 1865, âgé de
49 ans; il était né à Santarem en 1816.
J. DE V.
MACHADO (César), journaliste portugais,
est l'auteur d'un livre publié récemment sous ce
titre : Os Theatros de Lisboa, et dans lequel on
trouve d'abondants renseignements sur les chan-
teurs et comédiens portugais de l'époque actuelle.
MACIî (GuGLiELMo), chef d'orchestre et
compositeur, ancien élève du Conservatoire de
Naples, occupait en 1872 les fonctions de chef
d'orchestre au théâtre italien de Calcutta et fai-
sait représenter sur ce théâtre un opéra sérieux
intitulé Giovanna Grey. De retour en Europe,
il publia chez l'éditeur Vismara divers morceaux
de piano et de chant, puis, en 1876, repartit
pour les Indes et se fixa à Calcutta comme pro-
fesseur.
iMACKEîVZIE (Alexandre-Campbell), vio-
loniste et chef d'orchesire, fils de M. Alexandre
Mackenzie , violoniste et chef d'orchestre du
théâtre royal d'Edimbourg, est né en cette ville
le 22 août 1847. A l'âge de dix ans il fut envoyé
à Sondershausen, où il devint élève du concert-
meister Ulrich pour le violon, et pour la théo-
rie de l'art d'Edouard SIein, ami intime de Liszt.
A 13 ans, il devenait membre de la musique du-
cale de Sondershausen, et au bout de deux années
partait pour Londres, où il se faisait admettre à
l'Académie royale de musique et où il recevait
des leçons de M. Sainton pour le violon, de M.
Cliarles Lucas pour la théorie et de Frédéric Bo-
144
MACKENZIE ~ MAGAGNINI
wen Juson pour le piano. 11 retourna cnsuile à
Edimbourg, où il occupe aujourd'Inii une excel-
lente position comme professeur, tout en étant
chef d'orchestre de diverses sociétés musicales
et eu se faisant entendre parfois comme virtuose
sur le violon. M. Mackenzie a fait exécuter plu-
sieurs compositions qui n'ont pas encore été pu-
bliées, mais qui décèlent un artiste instruit et bien
doué, entre autres une '< ouverture pour une
comédie, » une ouverture de Cervantes et un
Tempo di Ballo pour orchestre.
* MACRI (l'AOLo). — Voyez MAGRI.
MACRORY (Edmund), écrivain anglais, a
publié à Londres, il y a quelques années , un
opuscule intitulé : Quelques notes sur l'orgue
d'église'. 11 a été fait deux éditions de cet écrit.
* MADELAIIXE (Stéi hen DE LA). —
(Voyez LA MADELAINE (Stéphen DE).
MADOGLIO (L ), musicien italien
contemporain, est connu par la composition de
plusieurs œuvres importantes de musique reli-
gieuse, parmi lesquelles il faut citer une Messe
pour deux ténors et basse, avec accompagnement
d'orgue, et les motets suivants, tous écrits pour
trois voix avec accompagnement d'orgue ; 3Ia-
gnificat, Lœfaius sum, Lauda Jérusalem, Nisi
Doîuinus, Cotifitebor, et Dixit Dominus.
Un artiste du même nom (j'ignore si c'est le
même) a écrit, en société avec quelques confrères,
la musique de deux ou trois ballets, la Siljide a
Pecchino, il Giocatore, etc. Il a composé, seul,
celle de trois ouvrages du même genre, Béatrice
Cenci, ballet héroïque en 6 tableaux, donné au
théâtre Victor-Emmanuel, de Turin, au mois
d'aoï'it 1801; Inès, o un Sogno, joué au théâtre
San-Carlo, de Naples, et Atabalipadegli Incas,
ovvero Pizzarro alla scoperta délie Indie, re-
présenté en 1867 sur l'un des théâtres de Gènes.
MAELZEL (Léonard), frère de Jean-Népo-
mucèneMaelzel, l'inventeur du métronome, mu-
sicien comme celui-ci, ne m'est connu que par
la note suivante, insérée dans la Bibliographie
musicale de César Gardeton (Paris, 1822) : —
« M. Léonard Mael/.el, musicien et frère du cé-
lèbre mécanicien de ce nom, a inventé à Vienne
un nouvel instrument de musique, d'une grande
perfection, auquel il a donné provisoirement le
nom iX Harmonie d'Orphée y à cause de l'effet
extraordinaire qu'il produit sur les auditeurs.
Cet instrument a la forme d'une caisse, qui,
posée horizontalement, présentecinq pieds carrés
de surface, et trois pieds de profondeur. Les
touches embrassent cinq octaves; il suffit de les
toucher légèrement pour en tirer des sons lliltés,
qui se prolongent aussi longtemps que le doigt ne
quitte pas la touche, et qui peuvent être renfor-
cés ou affaiblis à volonté. Il imite surtout parfai-
tement la voix humaine, et ses sons ne sont pas
moins mélodieux que ceux de l'harmonica, sans
être aussi péuétrans. » • -
MAES (Louis), compositeur belge, a fait
exécuter le 23 avril 1876, en l'église Saint-Boni-
face, à Ixelles les-Bruxelles, une messe à'4 voix
d'hommes, avec accompagnement d'orgue.
* MAESTRIIVI ( ). — Outre les deux
ouvrages dramatiques signalés à son nom, ce
compositeur a écrit encore la musique d'un opéra
intitulé Zingarella.
MAGAZZAIil (Gaetano), professeur et
compositeur italien, né à Bologne vers 1808, a
publié quelques compositions vocales impor-
tantes, entre autres un Ave Maria à 3 voix. Son
nom devint presque célèbre dans sa patrie, lors
de l'avènement de Pie IX au trône pontifical et de
l'immense mouvement qui en fut le résultat. On
se rappelle qu'à cette époque les Italiens croyaient
avoir trou vé, dans le nouveau pape^ le restauraieur
et le porte-voix de leurs libertés si longtemps
exilées; c'est alors que Magazzari écrivit, sous
l'impression du sentiment général, l'hymme
devenu rapidement fameux : Scuoii o Roma, la
polvere ! et ce chant martial résonna bientôt par
toute l'Italie, passa par toutes les bouches comme
une sorte de Marseillaise, et valut à son auteur
une étonnante popularité. Mais au mois d'avril
1848 survenait la fameuse encyclique qui brisait
à jamais l'espoir qu'avaient conçu les patriotes,
l'Hymne à Pie IX était proscrit, et le nom de Ma-
gazzari retombait dans l'obscurité d'où il était un
moment sorti.
Douze ans plus tard, Magazzari voulut en quel-
que sorte renouveler cet exploit. C'était après la
guerre de 1859 et l'annexion de la Lombardie au
Piémont, qui avaient amené la reconstilulion du
royaume d'Italie. Magazzari mit en musique l'ode
admirable de Manzoni, il Cinque Maygio , en
(it une cantate à 4 voix avec accompagnement
d'orchestre, et fit exécuter cette composition au
théâtre de la Canobbiana, de Milan, en 1860.
L'œuvre, paraît-il, était misérable, d'une facture
informe, et produisit le plus lamentable effet.
Depuis lors, on n'entendit plus parler de l'ar-
tiste, (pii passa les dernières années de sa vie
dans un oubli complet. Magazzari mourut à Rome,
le 27 mars 1872, âgé de 6i ans, au moment où
il venait d'obtenir un emploi dont il n'eut même
pas le temps de prendre jiossession : celui de
directeur des exercices choraux dans les écoles
nuuiicipales.
MA(iAG>JL\l (Giovannini), compositeur
italien, a fait ses études musicales au Conserva-
toire de Milau, où il a clé admis au mois de no-
MAGAGNINI — MAGIMEL
145
vembre 1862, et qu'il a quitté au mois d'août
1869. Il est l'auteur d'un opéra sérieux, Gio-
vanna di Castiglia, qui a!été joué sur le théâ-
tre de Carpi le 15 août 1874, et d'un opéra
bouffe, Osynano, bascià d'Egillo, dont j'ignore
le lieu et la date de représentation. Cet artiste
s'est fait connaître aussi par la publication d'un
certain nombre de mélodies vocales , la Fede,
Venezia, 0 Giovmetta, il Saluto, iina Jii-
tnembranza, etc., d'un Ave Maria pour voix de
baryton et cor obligé avec piano, et de quelques
morceaux de musique légère pour lejpiano.
MAGI (Fortuné), est né à Lucques, en Tos-
cane, le 6 octobre 1839. Il étudia la musique à
l'Institut public de cette ville, l'harmonie et le
contrepoint sous la direction de son beau-frère
M. Puccini. En 1857, ayant fait entendre dans
sa ville natale une messe à grand orchestre, il
fut appelé à remplir l'emploi de professeur d'har-
monie à l'Institut dont il a été parlé ci-dessus, et,
en 1861, il y succéda à son maître Puccini dans
les fonctions de professeur de contrepoint ; il
lui succéda également comme maître de chapelle
de la cathédrale. En 1872, il obtint la place de
directeur du dit Institut, mais il la conserva peu
de temps, et donna sa démission, motivée par
des changements que les administrateurs vou-
laient introduire malgré lui dans l'enseignement.
Il abandonna du même coup la maîtrise et la
place d'organiste de la ;cathédrale, et alla s'éta-
blir à Sarzana en Luniziana, pour y occuper la
même situation ; il y resta, cependant, peu de
temps, et obtint en 1874 la place de directeur des
écoles communales de musique de Ferrare.
M. Magi a composé dans sa jeunesse beaucoup
de musique d'église, qui révèle une grande faci-
lité et ne manque pas de mérite, mais dont la
facture est parfois quelque peu négligée ; mûri
par l'âge, ainsi que par les études sérieuses aux-
quelles il s'est livré, ce défaut a disparu dans
ses dernières compositions, parmi lesquelles nous
devons une mention spéciale à un Miserere, un
Christus, et à quelques motets et graduels re-
marqués à juste titre. On a également de M. Magi
diverses compositions pour chant avec accompa-
gnement de piano, quelques symphonies, un
oratorio à grand orchestre (Esiher) et une can-
tate {Burlamacchi). M. Magi a en portefeuille
un opéra-comique, i tre Rivali, un grand opéra,
l'Onore di una donna, et un traité de contre-
point et de composition auquel il travaille de-
puis longtemps et qui promet une œuvre de
mérite supérieur. M. Magi est membre de l'A-
cadémie des Philharmoniques de Bologne, mem-
bre correspondant de l'Académie de l'Institut
royal de musique de Florence , et maître agrégé
BIOGR, UMV. DES MUSICIENS. — • SUPPL. ■
après examen à l'Académie (ci-devant congréga-
tion) de Sainte-Cécile de Rome. Cet artiste pos-
sède toutes les qualités d'un excellent chef d'or-
chestre, et est en même temps un organiste d'un
mérite supérieur (1). L,-F. C.
MAGIMEL (Edmond), amateur distingué,
né à Paris le 27 mars 1831, s'est appliqué à tra-
duire pour l'orchestre, avec une rare intelligence,
ceux des ouvrages des grands maîtres dont le
caractère lui paraissait le plus propre à ce genre
de transformation.
Lors d'une première audition de quelques-unes
de ces transcriptions (salle Pleyel, 10 mars 1870),
M. Magimel expliquait en ces termes le but et
la portée de son travail : « En faisant entendre
« divers essais d'orchestration d'après les ou-
« vrages de nos grands maîtres, essais entrepris
« d'abord uniquement pour notre propre plaisir
« et notre instruction, nous avons voulu payer
« un juste tribut d'admiration à des chefs-d'œu-
« vre dans lesquels la grandeur de la pensée ou
« le charme du coloris font naître le désir de
« cette sorte d'agrandissement dans les moyens
« d'exécution. Que de fois n'avons-nous pas
« entendu exprimer ce désir ou cette sensation :
« Pourquoi n'est-ce pas écrit pour l'orches-
« treP II semble entendre tout un orchestre.
« Il nous a donc paru que, dans un temps où
« l'emploi des masses instrumentales prend cha-
« que Jour plus d'importance et où nous avons
« vu tant de fois dans nos concerts substituer
« avec succès l'exécution collective à l'exécution
« individuelle, ce genre, traité sans doute avec
« choix et discrétion, pouvait introduire dans no-
« Ire musique d'orchestre un élément de variété
« et d'intérêt et en augmenter les richesses. »
Le programme ainsi annoncé se composait du
Quatuor avec piano de Mozart, en sol mineur,
du Largo en ré mineur (1^' Trio, op. 70) de Bee-
thoven, de la marche en ut pour piano à 4 mains
du même maître (op. 45), et de la sonate en ré
pour deux pianos de Mozart. Dès la première
répétition, l'orchestre, composé de l'élite de la
Société des concerts, sous l'intelligente direction
de M. Eug. Sauzay, accueillit de ses plus chaleu-
reuses sympathies tous ces chefs d'œuvres qui se
présentaient à lui revêtus des brillantes couleurs
de la symphonie : jugement autorisé et succès
légitime que le public confirma pleinemenlle .soir
du concert. Ce même programme fut exécuté de
nouveau avec succès le 3 mai 187o. Depuis, diver-
ses autres auditions du même genre, soit à la salle
(I) Depn!» que cette notice est écrite, M. Magi a été
nommé (décembre i8T«j directeur da nourci Institut
musical de Spezia. — a. v
T. II. 10
146
MAGIMEL — MAGNER
Pleyel (18 mars' 1873 et 18 avril 1874), soit aux
concerts Daubé ou dans les salons de la préfecture
do la Seine, ont mis ces travaux en lumière et pro-
voqué dans la presse des appréciations générale-
ment favorables sur cette intéressante entreprise.
Ce n'est pas cliose nouvelle assurément (jue
l'orchestration d'une («uvre originairement écrite
par son auteur dans les conditions d'instrumen-
tation restreinte-, mais ce genre, cultivé surtout
en Allemagne, em|)loyé notamment plus d'une
fois pour l'œuvre de Beethoven (et même de son
vivant et en quelque sorte sous ses yeux par
Seyfried, liierey, ISicolaï, etc.), ne s'est le plus
souvent appliqué en lùance qu'à des ouvrages de
peu d'étendue; chacun sait pourtant le succès qui
accueillit dans les concerts l'orchestration pleine
d'effet adaptée par Berlioz à l'Invitation à la
valse de Weber ; mais les œuvres de longue
haleine ont été beaucoup plus rarement l'objet
de ces sortes de traductions. Et cependant
plus d'un écrivain spécial, en analysant les
œuvres de nos maîtres, avait fréquemment cons-
taté cette sorte de disproportion entre la gran-
deur de leurs idées et les moyens d'exécution
dont ils disposaient, souvent aussi réclamé,
pour les mettre dans toute leur valeur, un coloris
emprunté à une palette plus riche. Le très-
intéressant opuscule consacré par M. de Lenz
aux trois styles de Beethoven est plein de ces
desiderata. 11 n'est donc pas surprenant que
l'on ait tenté de les réaliser, et il pourrait
être à désirer que le public fût mis à même
d'apprécier la valeur d'une entreprise qui, sans
rien enlever au répertoire de la musique de
chambre, tend à accroître et à varier celui de
la musique d'orchestre, si en faveur aujour-
d'hui. Indépendamment de quelques autres tra-
vaux du même genre, M. Magimel a en porte-
feuille, complètement achevé, Pœuvre entier
des sept trios de Beethoven pour piano, violon
et violoncelle.
* MAGIM (Francesco- Maria). — On a pu-
blié de cet artiste un recueil de solfèges à 2 voix :
Solferjgiamcnii a 2 voci, Rome, Mascardi, 1703.
MAGLlOiNI (GiovACCHLNo), piani.ste, pro-
fesseur et compositeur italien, né vers 1830 à
Pontassieve (Toscane), aujourd'hui lixé à Flo-
rence, est l'auteur d'un drame lyrique intitulé
Ferruccio, quia été représenté au mois de jan-
vier I8G3 sur le théâtre Pagliano, de celte ville.
On lui doit aussi une Messe solennelle à six voix,
deux chœurs et grand orrhestre, dont la première
exécution a eu lieu dans l'église San-Gaetano ,
delà même ville^ au mois de novembre ISC.O.
M. Maglioni s'est fait connaître surtout par la
publication d'un granil nombre de compositions
intéressantes pour le piano à 2 et à 4 mains, et
même pour deux pianos, compositions au nom-
bre desquelles il faut citer plus de trente sciera,
et un recueil volumineux divisé en plusieurs sé-
ries et donné sous ce titre : tes Etoiles.
MAGNAT (M. l'abbé), est l'auteur des deux
ouvrages suivants : 1° Méthode pour appren-
dre le plain-chant, Paris, Jules Vie, 18/5,
in-8; 2° Panorama de la méthode de plain-
chant, Paris, Jules Vie, 1875, in-P.
* MAGi\ELLI (GiusETTE). — A ce que Fétis
a dit de ce maître, nous croyons pouvoir ajouter
que dans sa jeunesse il avait été un excellent cla-
rinettiste, et, par un ensemble de talents qui
n'est pas commun, un non moins excellent chan-
teur et professeur de chant. Élevé dans les prin-
cipes de la grande école de chant italienne, il
déplorait l'habitude du cri, devenu à la mode ,
vers le milieu du siècle courant, sous le prétexte
d'expression dramatique. A quelqu'un qui lui
demandait un jour son opinion sur certains
artistes de grand renom qui chantaient alors au
théâtre de la Pergola, à Florence, nous nous
rappelons lui avoir entendu répondre : — « Oh !
certes, ce sont de grands artistes ; mais (ajou-
tait-il avec son air tant soit peu narquois) ils ont
raison de se faire payer très-cher, parce qu'en
chantant comme ils chanteut, on ne dure pas
longtemps. »
Outre la messe des morts mentionnée par
Fétis, Magnelli a laissé une foule de composi-
tions, pour la plupart dans le genre sacré, toutes
dignes d'attention et toutes inédites, ce qui est
d'autant plus fâcheux qu'elles renferment des
beautés de premier ordre. Lors de la mort de
cet artiste distingué, tous ses manuscrits furent
achetés à ses héritiers par le grand-duc de Tos-
cane Léopold II, et ils sont maintenant conser-
vés dans la bibliothèque de l'Institut royal de
musique de Florence (1). L.-F. C.
MAGNER (CuvRLEs), pianiste, compositeur
et professeur, a fait, je crois, ses éludes à
l'École de musique religieuse fondée par Nieder-
meyer. Maître de chapelle à l'église Saint-Nicolas-
du-Ghardonnet, au collège Rollin et au Petit-
Séminaire, il s'est fait connaître par diverses
compositions religieuses, entre autres une messe
avec orgue et orchestre qui a été exécutée en
1874 à Saint-Nicolasdu-Chardonnet, et plusieurs
(I) M. le docteur Basevl, de Florence, possède plusieurs
reiivrcs manuscrites de lM;i;,'nL'lll : Mcssaa 3 roci, a cap-
pella, iS30; lulioilo in nativitatis S. Joannis Battista
a V, con istrumenti, 1806; Craduale a k,con isirunienti,
1800. D'.Tpri's une notice écrite par l.ulgi PicehIantI, Ma-
Riielll serait né non en i'67, comme il a été dit, mais le
10 mars 1774 -A. P.
MAGNER — MAHILLON
147
motets. M. Magner a écrit aussi un trio pour
piano , violon et violoncelle, des morceaux de
genre pour le piano, et quelques mélodies vo-
cales : Son Nom, le Papillon, l'Ondine et le
Pêcheur, etc. Enfin, cet artiste a fait représen-
ter en 1867, au théâtre des Bouffes-Parisiens,
une opérette en un acte intitulée Khan-ta-lou,
et en 1873, au théâtre Cluny, un petit ouvrage
du même genre intitulé un Souvenir.
MAGIVETTA (Vincenzo), jeune composi-
teur italien, est l'auteur d'un opéra sérieux inti-
tulé la Fiammina, qui a étéjoué àNaples, sur
le théâtre Rossini, le 17 avril 1873. Il a donné
ensuite, en 1876, sur le théâtre de la Fenice, de
Ja môme ville, un second ouvrage dramatique qui
avait pour titre Don Ippazio et qui a été hien
accueilli. Cet artiste a publié sous ce titre : Ore
fantastiche, un album de cinq mélodies vocales
(Naples, Cottrau).
* MAGNUS (Magnus DEUTZ, dit), avait
commencé son éducation musicale à Heidelberg,
sous la direction de Wollveilher, l'un des meil-
leurs théoriciens de lAilemagne, avant d'entrer
au Conservatoire de Bruxelles. Malgré ses succès
dans cet établissement, ses parents voulurent
Ini faire suivre la carrière commerciale, et le
placèrent chez un marchand de dentelles; mais
au 'bout de deux mois le jeune homme prit sa
volée, et sacrifia tout à ses goûts artistiques. Venu
à Paris, il s'y livra à l'enseignement et à la com-
position, et, vers 1852, se fit entendre plusieurs
fois avec succès au théâtre du Gymnase. Il avait
fait alors un séjour en Angleterre, mais n'avait
pu rester dans ce pays, dont le climat était con-
traire à sa santé. Bientôt il entreprit une grande
tournée artistique, et visita successivement l'Al-
lemagne, le Piémont, l'Espagne, ila Russie et
l'Algérie. Puis il revint s'établir à Paris, qu'il n'a
plus quitté que de loin en loin pour se livrer à
quelques excursions artistiques.
Les compositions de M. Magnus sont nom-
breuses, et ne s'élèvent guère à moins de deux-
cents. La plupart sont pour le piano, et voici les
.titres des plus importantes : 24 Études de genre
et de style (Gregh); 24| Pièces caractcris-
tiques (Michaëlis) ; 1" grande Sonate, en ut
mineur (d'Aubel) ; T grande Sonate, en ré ma-
jeur (Schœn); 1", 2' et 3* Études de concert
(Richault) ; Constantinople, grande marche mi-
litaire (id.); Marche funèbre (Choudens); Polo-
naise brillante (Leduc) ; Marche russe (id.) ; Ahd-
El-Kader-Marsch (Mackar); les Feux follets,
la Danse des Esprits, caprices (Richault);
Mourez, roses d'amour, les Cloches du soir,
romances sans paroles (ïd.); Saltarelle (id.); la
Ronde des sorcières, caprice fantastique (Chou-
dens); Trois Pastorales : les Plaintes d'un pa-
ire, les Laitières, Sérénade sur l'eau (Ri-
chault); Tarentelle (id,); Boléro de salon (id.);
Chanson polonaise (lleugel) ; Au gré des flots,
caprice-étude (Leduc); le Carnaval napolitain
(id.); Un vœu à la Vierge, morceau de genre
(id.) , etc. Le reste se compose de valses, scho-
tischs, polkas, mazurkas, galops, fantaisies sur
des thèmes d'opéras, etc. M. Magnus a publié
aussi quelques mélodies vocales, et il a composé,
sur des paroles de M. Bernard Lopez, un opéra
de salon en un acte, la Toledane, qui a été
joué en 1874 à Paris, pour l'inauguration de la
salle Tailhout. Dans ces derniers temps, cet ar-
tiste a été chargé, au journal le Télégraphe ,
de la rédaction des articles de critique musicale.
MAGOTTI (A ), musicien italien con-
temporain, a publié plusieurs morceaux de genre
pour le piano, entre autres une marche militaire
intitulée la Croce di Savoia, après quoi il a
voulu aborder la scène avec un opéra qui avait
pour titre il Capitano nero. L'essai n'a pas été
heureux , car cet ouvrage , représenté sur le
théâtre Brunetti, de Bologne, au mois de mars
1872, a essuyé une chute complète; L'auteur
pourtant ne s'est pas découragé, et, après avoir
remanié sa partition et en avoir changé le titre,
il l'a reproduite sous celui de l'UUimo Faliero,
à Castel San Pietro, au mois de juillet 1877.
* MAGRI (Paolo), compositeur italien, est
plus connu sous le nom de Macri, parce que,
comme c'était l'habitude au temps où il vivait, il
donnait une forme latine à son nom. Né à Bolo-
gne vers 1534, il apprit la grammaire et le chant
à l'école de la basilique de San-Petronio, de sa
ville natale. Toutefois il ne poursuivit pas la car-
rière ecclésiastique, et c'est comme clerc d'abord,
puis comme chantre laïque, qu'il fut employé à
cette église depuis l'année 1550 jusqu'à 1568. II
devint ensuite professeur à l'Académie des Ar-
dents, sorte de collège destiné à l'éducation des
(ils de familles riches de Bologne. On ignore l'é-
poque de la mort deMagri, dont les deux seules
œuvres connues sont celles qui ont été signalées
dans la Biographie universelle des Musiciens
{Voy. Macri). Il vécut assez vieux cependant,
puisque .son recueil des Lamentations de Jéré-
mie est daté de Venise, 1597.
MAIIILLOIV (Victok), acousticien et ftic-
teur d'instruments, est né à Bruxelles le 10 mars
1841. Après avoir fait de très-bonnes études
musicales .sous la direction de MM. Bosselet fils.
De Swert, Humblet, Gollc et Bender, il s'appli-
qua à acquérir la connaissance pratique et théo-
rique de tous les instruments, et, en 1865, de-
vint l'associé de son père, directeur d'une impor-
148
MAHILLON — MAILLART
lanle fabrique d'instruments à vent (1); aujour-
d'hui, et depuis environ dix ans, il est le direc-
teur effectif de cette maison, où il a fondu un
journal spécial, l'Écho Musical.
Secrétaire de la commission du diapason et
conservateur du Musée instrumental du Conser-
vatoire de Bruxelles, M. Maliillon s'est occupé de
travaux d'acoustique, mais en y donnant plus
d'importance pratique que la plupart de ses con-
frères, ce qui l'a amené à publier un excellent
manuel : Éléments d'acoustique musicale et
instrumentale, comprenant l'examen de la
construction théorique de tous les instruments
demusiqueen usage dans l'orchestration mo-
derne (Bruxelles, Mabillon, 1874, in-S"). Ce li-
vre est certainement un des meilleurs qui exis-
tent sur la matière, et j'en connais peu dont les
explications soient plus claires, plus nettes, plus
complètes et plus concises; de plus, il est très-
purement écrit, ce qui ne gâte rien, et ce qui, il
faut l'avouer, n'est pas absolument commun dans
l'ordre des idées qui en font l'objet. C'est là un
excellent traité, appelé à rendre de très-grands
et très-utiles services.
M. Mabillon, qui est un esprit aussi pratique
que distingué, est aussi l'auteur des deux publi-
cations suivantes : 1° Tableau synoptique de la
science de C harmonie, indiquant la théorie
de tous les accords et la loi de leur succession;
2° Tableau synoptique des voix et de tous les
instruments de musique employés dans l'ins-
trumentation moderne des orchestres de sym-
phonie, d'harmonie et de fanfares, indiquant
retendue, la position et l'emploi de chacun
d'eux, la manière de les écrire et les rapports
qui existent entre eux.
M. Mabillon a formé, dans la maison qu'il
dirige avec une rare intelligence, un musée ins-
trumental excessivement riche, très curieux, et
précieux pour l'histoire non-seulement de la
facture, mais de l'art lui-même et de ses trans-
formations sous le rapport matériel.
MAK^IK (l'.-X.-J.-G. DE), musicien fran-
çais, né vers le milieu du dix-huitième siècle,
a publié à Paris, chez Pleyel, en 1802, un re-
cueil de Canons à 3, 4 t't 5 voix, avec accom-
pagnement de lyre ou guitare. Un journal du
temps disait, en annonçant cette publication : —
■ Ces canons, au nond)re de 40, sont en général
d'un chant facile et agréable; on peut justement
les recommander. » Je n'ai pu découvrir aucun
autre renseignement sur cet artiste.
* MAILLi^UT (Lotis, dit Aimk), était le
plus jeune des trois fils d'un honorable comédien
(i) M. Mahillon pure est né à Bruxelles, le 3 novembre
1813. ^:...
de province, qui, après avoir abandonné la
carrière théâtrale proprement dite, était venu
fonder à Paris une agence d'affaires dramati-
ques. L'alné de ces trois fils (mort eu 1869),
avait succédé à son père dans la direction de cet
établissement, tandis que le second, après avoir
passé quelques années au théâtre des Variétés,
devenait sociétaire de la Comédie-Française, où
il tint pendant vingt ans, conjointement avec
MM. Brindeau et Leroux, l'emploi des jeunes pre-
miers.
Après avoir fait de très-bonnes études au Con-
servatoire, après avoir remporté le premier
grand prix à l'Institut, Maillart, plus heureux
que la plupart des lauréats du concours de Rome,
eut la chance de se voir ouvrir la carrière pres-
que à son retour d'Italie, et le bonheur de débu-
ter au théâtre par un succès retentissant et in-
contesté. Son Gastibelza, donné par lui à
l'Opéra-Nalional pour l'ouverture de ce théâtre,
fondé et dirigé par Adolphe Adam, fut accueilli
par le public et par la critique avec la plus grande
faveur. Cette faveur était d'ailleurs justifiée par
de rares qualités : dans ce premier ouvrage, où
l'on ne trouvait pour ainsi dire pas trace d'hési-
tation, le jeune musicien avait fait preuve d'élan,
de passion, d'un grand sens des exigences et des
nécessités scéniques, et du premier coup il se
posait en maître à venir, bien qu'âgé de trente
ans à peine. Si sa santé eût été meilleure, et s'il
eût été d'une nature plus laborieuse, peut-être
fùl-il devenu célèbre, car il montra dans le cours
de sa carrière, on peut le dire, des aptitudes et
des facultés presque exceptionnelles. Malheureu-
sement, il était d'un tempérament maladif et sem-
blait totalement dépourvu d'ambition, de sorte
qu'il travaillait peu et seulement à ses heures,
n'étant aiguillonné ni par le besoin ni par le dé-
sir de briller. C'est ce qui fait que son bagage
théâtral ne se compose que d'un petit nombre
d'ouvrages, bien que les directeurs de nos scènes
lyriques se montrassent toujours heureux d'ac-
cueillir le compositeur.
C'estainsiquedelafinde 1847 à lafindel860,
c'est-à-dire dans un espace de treize ans, iln e
livra au public que cinq opéras ; Gastibelza, le
Moulin des Tilleuls, la Croix de Marie, les
Dragons de Villars et les Pécheurs de Catane
(nous ne parlons pas de deux cantates, l'une, la
Voix sacrée, exécutée au Théâtre-Lyrique le 25
juin 1859, l'autre, le 15 Août, chantée à l'Opéra
le 15 août 18C0); mais de ces cinq opéras, le pre-
mier, Gastibelza, obtint un brillant succès, tan-
dis qu'un autre, les Dragons de Villars, aussi-
tôt traduit en Allemagne, où il fait partie du
réperloire courant des grands théâtres, procurait
MAILLART — MAILLY
149
à son auteur une renommée européenne. Son
dernier ouvrage, Lara, donné à l'Opéra-Comi-
que en 1864, fut aussi l'un de ceux qui obtin-
rent le plus de retentissement ; il était joué pour
les rôles principaux par MM. Montaubry, Gour-
din et M""' Galli-Marié, et il valut à cette der-
nière artiste, qui s'y montrait sous les traits du
jeune page Kaled, un véritable triomphe. Le
public fut unanime à apprécier les belles pages
qui émaillaient la partition, le souffle puissant et
vigoureux qui planait sur elle, la poésie dont elle
était empreinte.
Maillart était un musicien d'une nature assez
analogue à celle de M. Verdi -. inégal et fougueux
parfois, mais dramatique et.inspiré, il avait ses
élans de passion intense, ses sursauts un peu
désordonnés; mais il était plus varié, plus sou-
ple dans son inspiration scénique, il possédait la
tendresse, presque inconnue au maître italien, et
lui était singulièrement supérieur dans l'art de
manier l'orchestre. Aussi peut-on s'étonner
qu'avec ses qualités particulières, avec son
tempérament si vigoureux, et en dépit de cer-
taines vulgarités de slyle, il n'ait point abordé
la grande scène de l'Opéra, où les ailes de sa
muse puissante auraient pu prendre leur pleine
envergure. Quoiqu'il en soit, il reste un musi-
cien remarquable, n'ayant point fait assez
sans doute pour acquérir la gloire, mais ayant
produit suffisamment pour affirmer un ta-
lent réel, mâle, parfois élevé', souvent original,
et d'une inspiration à la fois poétique et savou-
reuse. Malheureusement, et comme je l'ai dit
plus haut, sa modestie naturelle, jointe à une
position de fortune qui, sans être considérable,
le mettait du moins à l'abri du besoin et ne l'o-
bligeait point au travail, ont privé peut-être la
France de quelques œuvres plus remarquables
encore que celles qui ont si avantageusement
fait connaître son nom.
Maillart n'a rien publié, rien produit, que je
sache, en dehors du théâtre. Souffrant depuis
plusieurs années déjà, il se trouvait à Bruxelles
au mois de février 1871, et, à la suite des événe-
ments lugubres qui signalèrent à Paris la fin du
mois de mars, il partit pour Moulins (Allier),
où il allait demander l'hospitalité à l'un de ses
meilleurs et de ses plus intimes amis, M. le doc-
teur Chomel. C'est là qu'il est mort, vers le 20
mai 1871, ayant à peine depuis deux mois accom-
pM sa cinquante-quatrième année.
MAILLY (Jean-Alphonse-Ernest), né à
Bruxelles le 27 novembre 1833, est professeur
d'orgue au Conservatoire de cette ville, où il a
fait toutes ses études. Il attribue sou goût pour
l'orgue et son talent d'organiste aux excellentes
leçons de Christian Girschner, le véritable fonda-
teur de la célèbre école d'orgue de la capitale
belge, qui a compté parmi ses disciples Jacques
Lemmens, son élève et successeur, et Alphonse
Mailly, le chef actuel de l'école.
Encore enfant, Mailly obtint, en raison de sa
grande facilité de lecture, la place de pianiste-
accompagnateur au théâtre de la Monnaie, tan-
dis que le charme de ses improvisations le faisait
choisir comme organiste titulaire de l'église de
Saint-Joseph.
Nommé professeur de piano au Conservatoire
de Bruxelles en octobre 1861, il occupa cette
position jusqu'en septembre 1869, date de sa
nomination en qualité de professeur d'orgue au
même établissement. Depuis, Mailly a accepté
la place d'organiste à l'église des Carmes.
En mars 1858, Mailly s'est fait entendre pour
la première fois à Paris, sur le grand orgue de
Saint-Vincent de Paul. Il fut l'objet du plus sym-
pathique accueil, et quelques jours après, Hector
Berlioz le citait {Journal des Débats) comme
l'un des plus savants virtuoses que l'art moderne
du graud orgue ait produits. Ses succès constants
lui ont valu d'innombrables engagements pour
les inaugurations d'instruments nouveaux : Ams-
terdam, Tourcoing, Bordeaux, Douai, Berg-op-
Zoom, Roubaix, Charleville, Mézières, etc., etc.
Presque toutes les villes de la Belgique ont eu
l'occasion de l'apprécier en ces circonstances.
En 1871, sur, la proposition de Fétis, Mailly
fut nommé le représentant de la Belgique à la
grande Exposition internationale de Kensington
(Londres). Après une séance où le virtuose-com-
positeur belge avait fait entendre sa r« sonate,
déjà popularisée en Angleterre par M. E. Best,
et sa grande fantaisie en ut mineur,, il fut l'objet
d'un double rappel, ovation sans précédents pour
les séances de ce genre. Peu de temps après
son retour, Mailly était nommé chevalier de
l'ordre de Léopold. Enfin, plus récemment,
Mailly a retrouvé à Amsterdam, au Palais de
l'Industrie, sur le bel orgue de Cavaillé-Coll,
le môme succès retentissant. Le maître ne
pouvant, à cause de sa position à Bruxelles, faire
que de fugitives apparitions dans la riche cité
batave, on lui a demandé de désigner un de ses
élèves, qui, sur sa proposition, a été nommé
organiste titulaire.
Longue serait la liste de tous ' les jeunes
artistes sortis de l'école d'orgue de Mailly, et
qui ont fait pénétrer jusque dans les villages
belges les excellentes traditions du maître. Citons
MM. Paul Trillat, organiste de la Primatiale de
Lyon; Macs, organiste du palais de l'Industrie
d'Amsterdam ; Wouters, organiste et maître de
150
MAILLY — MAJO
cliapelle à lYglise Saint-Nicolas à Bruxelles ; De
Pauw, organiste de l'église Saint- Boniface à
Ixclios; Rosoor, organiste de la cathédrale de
Tournai; Vastersavendls, organiste de l'église de
Tilburg (Hollande). Indépendamment de sa classe
au Conservatoire, Mailly a ouvert un cours d'or-
gue libre, où beaucoup d'organistes étrangers se
sont fait inscrire.
Cet artiste remarquable n'a encore publié
qu'un très-petit nombie de ses compositions :
Sonate pour orgue, op. 1, Bruxelles, Scliolt; 2
Prières pour orgue, op. 2, id,, id.; 6 Morceaux
caractéristiques pour harmonium, op. 3, id., id..
Parmi ses œuvres encore inédites, nous citerons
les suivantes : 4 Petites pièces pour piano ; So-
nate en fa majeur, pour orgue; Sérénade pour
flûte, violon, violoncelle, orgue et piano; Sonate
en ut mineur pour piano; 6 Morceaux de genre
pour orgue-Mustel ; Fantaisie en iht mineur
pour orgue (exécutée par l'auteur à l'Albert-hall,
de Londres); Trio en la majeur pour piano, vio-
lon et violoncelle; Recueil de pièces dans tous les
styles, pour piano; 10 Petites pièces pour orgue;
Duettino pour orgue et piano; Motets à 1, 2, 3
et 4 voix, avec accompagnement d'orgue ; Mélo-
dies pour soprano, ténor et basse; Chorals di-
vers. F. D.
* MAINVIELLE-FODOR. - Voyez
FODOIl (Madame Joséi-iiine MAIN-
VIELLE-).
* MAINZER (L'abbé Josepu). A la liste des
écrits de cet artiste laborieux, il faut ajouter
le suivant : Musical Alhenxum or nature
and art, music an musiciam in Germany,
France, llaly , ami other parts of Europe
(Londres, I8i2, un fort volume in-8°). Mainzer
avait été le collaborateur du journal le Monde
dramatique.
MAISTIÎE (Mnx^ la baronne DE), compo-
siteur amateur, s'est fait connaître par un cer-
tain nombre d'œuvres de musique religieuse,
entre autres un Stabat Mater qui a été favora-
blement accueilli lors de son exécution publi-
que. Elle avait écrit plusieurs opéras , mais ne
put jamais, malgré ses désirs et ses efforts,
réussir h en faire représenter un seul sur l'une
des scènes l)ri(|ues de Paris. Voyant qu'elle ne
pouvait décidément se produire en France comme
compositeur dramatique, M""' de Maistre conçut
la pensée de faire joui'r un de ses ouvrages en
Belgique, et en effet, le. 14 mars 1870, le théâ-
tre de la Monnaie, de Bruxelles, donnait la
première représentation d'un opéra-comique
en deux actes et trois tableaux , les Kovs.
salhas, écrit par elle et qui fut reçu d'une façon
(latteusc par le public. Elle avait encore en por-
tefeuille deux œuvres plus importantes, deux
grands drames lyriques, dont l'un avait pour
titre Ninive, et l'autre Cléopâlre; mais elle n'eut
guère le loisir de s'en occuper. M'"* de Maistre
perdit une de ses filles, qu'elle adorait, et le
chagrin qu'elle en conçut altéra profondément
sa santé. Elle alla se retirer alors dans un riche
domaine qu'elle possédait aux Cocques, près de
Cannes, mais ses jours étaient comptés, et
c'est là qu'elle mourut, au mois de juin 1875.
MAJO ( ), musicien italien du dix-
neuvième siècle, est l'auteur d'un opéra bouffe
intitulé Maltia l'invaUdo.
* MAJO (Joseph DE). Cet artiste ne s'oc-
cupa pas seulement de musique d'église, et
aborda le théâtre au moins par deux fois. J'ai
pu m'en convaincre par la vue de deux livrets
d'opéras bouffes sur lesquels son nom est inscrit
comme compositeur. Ces deux ouvrages ont été
représentés à Naples, sur le théâtre des Fioren-
tini, le premier, lo Finto Laccheo, en 1725, le
second, lo Vecchio Avaro, en 1727.
* MAJO (Jean-François DE), célèbre com-
positeur napolitain du dix-huitième siècle,
mourut certainement avant 1774 , date fixée
par tous les biographes comme celle de sa fin
prématurée. M. Francesco Florimo en a donné
la preuve dans son livre sur les Conservatoires
de Naples.
On sait quecet artiste avait été chargé , en
1770, d'écrire un opéra intitulé Eumene, et
que, vu le mauvais état de sa santé, il n'en put
achever que le premier acte. Or, voici ce que
dit à ce sujet M. Florimo : — « Nous avons dans
les archives du Collège royal (Conservatoire de
Naples) le livret de l Eumene imprimé à Na-
ples en 1771 comme opéra à représenter au
théâtre royal de Naples le 20 janvier de cette
année, et voici ce qu'on y lit : « La musique
« du premier acte est de feu Gianfrancesco
(c de Majo, organiste de la Chapelle royale de
« Naples; celle du second acte est de M. Gia-
« como Insanguine, <lit Monopoli; et celle du
« troisième acte de M. Pasquale Errichelli, tous
n maîtres de chapelle napolitains. » De telle
sorte que tout au commencement de l'année
1771 , le nom de De Majo était accompagné du
moi feu. On ne peut donc croire que, vivant
encore, il eiU tranquillement toléré une aussi
fâcheuse qualification. D'autre part, on lit encore
dans le même livret : « Ij Eumene, très-heu-
n reux drame représenté dans beaucoup de
« parties de notre Italie, et spécialement sur
« ce thcâlre royal, va nouvellement, en cet
« heureux jour (l'annivensaire de la naissance
« du roi Charles III) , paraître sur la même
MAJO — MALIPIERO
151
« scène. » II ressort donc de ces documents ,
qui ne peuvent être mis en doute, non-seule-
ment qu'au commencement de 1771 De Majo
était mort , mais qu'il l'était déjà depuis quel-
que temps... Il nous semble donc logique de
placer la date de la mort de De Majo à l'automne
de 1770. >i
A la liste des œuvres de ce compositeur,
dont la carrière aurait été ainsi brisée à l'âge
de vingt-cinq ans, il faut ajouter : 1° Astrea
Placata, composition dramatique en 2 actes
(Naples, th. San Carlo, 1760); 2° Gesù sotto il
peso délia Crocc , « action sacrée » (Naples,
1764); 3° la Gara délie Grazie, cantate.
MALANDAli\E ( ), compositeur
anglais, est l'auteur de quelques petits opéras
qui ont été représentés sur des scènes secon-
daires de Londres, non sans un certain succès :
1° le Moulin hanté; 2" Secret d'amour;
3° Sylvia ou la Fleur de la forêt (New-Royally-
Theatre, février 1866); 4° Paquita, etc.
MALASCHIÎIIV( ), compositeur russe,
a fait exécuter sous sa direction, le 19 avril
1872, dans un concert donné au théâtre impé-
rial de Saint-Pétersbourg, une symplionie des-
criptive en cinq parties, intitulée la Vie des ar-
tistes.
* MALETTI (Jean DE), ou plutôt Jehan
MALLETY, obtint en 1578, au concours du
puy de musique d'Èvreux, le prix du luth
d'argent pour une chanson française : Veii la
douleur.
MALGOÇKI (Fr ), pianiste et compo-
siteur polonais, né dans la première moitié du
dix-neuvième siècle, était fixé vers 1840 à Var-
sovie , oii il se livrait à l'enseignement tout eu
s'occupant de travaux sérieux de composition.
On lui doit plusieurs ouvertures de concert, des
Polonaises à grand orchestre, un certain nombre
d'œuvres de musique religieuse qui furent sou-
vent exécutées à Czerniakow, près V^arsovie, et
enfin la musique d'une petite pièce de Bogus-
lawski, intitulée Pod Strychem (Sous les Com-
bles). Cet artiste mourut jeune, en 1844.
MALHERBE (Michel), compositeur, était
maître des enfants de chœur de la cathédrale
de Coutances en 1582. C'est en cette même
année qu'il prit part au concours du puy de
musique d'Évreux, où il se vit décerner le prix
de la harpe d'argent pour le motet : Heu mihï
Domine !
* MALIBRAN (Marie-Félicité). Voici les
titres de quelques écrits dont cette admirable
artiste a été l'objet, et qui n'ont pas été men-
tionnés dans la Biographie universelle des
Musiciens : 1° A Maria Malibran, odi (Na-
ples, tip. Rusconi, 1832, in-l2 de 25 pp.); 2° A
Maria Malibran, per la sua rappresen-
tazione ilelVOM\o in S. Carlo (S. I. n. d.
[Naples], in-16 de 15 pp.); r In morte delta
célèbre Maria Malibran de liériot (Brus-
selles, 1830, in- 8°); 4° La Malibran, anec-
doctes, par Jules Bertrand (Paris, librairie du
Petit Journal, 18G4,in-12 avec portrait). Le 17
mars 1837, on exécutait au théâtre de la Scala,
de Milan, une cantate funèbre : In morte di
Maria Malibran, dont les vers étaient dus au
poète Piazza, et dont la musique avait été écrite
par Coppola, Donizetti, Mercadante, Pacini et
Vaccaj.
MALÏIAO (Le P. Francisco-Raphael da
SILVEIR.'V), prédicateur distingué qui a joui
d'une grande réputation en Portugal, a aussi com-
posé des motets, des litanies à la Vierge, des vil-
hancicos, etc., qui n'ont pas été publiés. J. da
Silva {Dicc. bibliographico, T. IIl,p.41) donne la
liste de ses ouvrages littéraires. Malhào était né
à Obidos, près de Lisbonne, en 1794, et vivait
encore en 1859. J'ignore la date exacte de sa
mort.
J. DE V.
* MALIBRAN (Alexandre), est mort à Pa-
ris, le 13 mai 1867. En 1864, cet artiste quittait
l'Allemagnepour la Belgique, et fondait à Bruxelles
le Monde musical, journal dont l'existence re-
posait sur une combinaison économique particu-
lière. L'année suivante, cette affaire ayant avorté,
il revint à Paris et essaya d'organiser, dans la
salle du théâtre de la Gaîté, des concerts popu-
laires à l'instar de ceux que M. Pasdeloup avait
créés au Cirque Napoléon; mais l'orchestre qu'il
avait recruté, mécontent de ses procédés, l'aban-
donna pour aller au Cirque des Champs-Elysées
continuer la campagne sous le titre de Société
philharmonique de Paris. Malibran est mort à
Boulogne (Seine), dans un état précaire. Il avait
collaboré jadis au journal le Luth français.
La femme de cet artiste, née Marie-Louise Per-
ret, fille d'un violoniste de province, avait vu le
jour à Moulins, et, pianiste fort distinguée, par-
tagea les premiers succès de son mari comme
virtuose. Elle est morte à Paris, pendant le siège
de cette ville, le 8 janvier 1871, laissant orphe-
line une jeune fille de quinze ans.
* MALIPIERO (François). Cet artiste est
l'auteur de deux opéras sérieux, dont l'un, inti-
tulé Alberigo da Romano , fut joué pour la pre-
mière fois à Venise en 184r) el reproduit dans la
même ville en 1809, et dont l'autic avait pour
titre Linda d'Ispahan. Il a encore donné à Ve-
nise, sur le théâtre de la I^enice, on 1851, un
drame lyrique intitulé Fernando Cortez. On a
152
MALIPIERO — MALUOT
publié de ce compositeur plusieurs ni<^lodies à
une ou plusieurs voix , ainsi qu'une grande can-
tate : A Rossini, pour chœur d'horaines et de
femmes.
MALLET ( ), compositeur, qui vivait au
commencement du dixliuilième siècle, a écrit la
musique de l'Impromptu de Nistnes, pastorale
en un acte qui fut représentée à Nîmes, chez le
marquis de Maillebois, le 9 décembre 1714.
MALLliVGER (Mademoiselle), chanteuse
dramatique fort remarquable, est née à Agram
vers 1846. Elle fut élève, dit-on, d'un corniste de
Vienne nommé Lévy, qui donnait des leçons de
chant, et qui fut aussi le maître de M™'^ Pauline
Lucca. Elle débuta en 1866 à Munich, dans
Norma, avec un très-grand succès, et on lui
prédit dès-lors une carrière des plus briHantes.
Après deux années passées à Munich, où elle se
fait constammentapplaudir, et où elle donne sur-
tout la mesure de son talent dramatique dans les
Maîtres chanteurs de Nuremberg , de M. Ri-
chard Wagner, elle va se faire entendre à Dresde,
dans Lohengrin, excite un véritable eulbou-
siasme, puis se rend à Leipzig. En 1869, elle est à
Mannheim, en 1870 à Weimar, puis, en 1872, elle
va chanter l'opéra italien à Saint-Pétersbourg;
mais ceci n'était pas son fait, et cette courte cam-
pagne italienne lui fut peu profitable.
Tout en se faisant entendre dans diverses villes,
M'''^ Mailinger avait débuté en 1869 à l'Opéra royal
de Berlin, et de prime abord elle avait conquis
toutes les faveurs du public. Elle continua d'ap-
partenir à ce théâtre, ce qui ne l'empêcha pas de
se produire sur d'autres scènes importantes, par-
ticulièrement à l'Opéra impérial de Vienne, où
elle obtint de Irès-grands succès en 1875. Dès
1868, un critique la jugeait ainsi : « Il est
regrettable que le volume de la voix de M"^ Mai-
linger, très-assouplie et très-sympathique d'ail-
leurs, ne soit pas en rapport avec ses autres
qualités lyriques et dramatiques. M"" Mailinger
possède tout ce qu'une grande artiste peut avoir
de style, d'intelligence, de passion, et le jeu chez
elle est à la hauteur du chant. »
M'"' Mailinger se distingue en effet par un
rare sens .scènique , une grande profondeur de
sentiment et une puissance pathétique incontes-
table. Aussi est-elle relativement médiocre dans
les rôles légers ou de demi-caractère, qu'elle
aborde rarement, et doit-elle sa rnagnifique ré-
putation à ceux du grand répertoire dramati-
que, et surtout aux ouvrages de M. Richard
Wagner. Elle semble d'ailleurs née pour le théâ-
tre, auquel conviennent merveilleusement ses
qualités physiques. Sa physionomie est expres-
sive, sa beauté remarquable, et la grâce, aussi
bien J'que la distinction , réside dans toute sa
personne. Les ouvrages qui composent le ré-
pertoire de M'"' Mailinger .sont Norma, les Hu-
guenots, les Noces de Figaro, Jessonda, Jean
de Paris, les Maîtres chanteurs, Lohengrin,
Tannhàiiser, le Freischutz, le Philtre, le
Trouvère, l'Elisire d'atnore, Euryanthe,
Faust, Bornéo et Juliette, etc.
Depuis plusieurs années , M"« Mailinger est
devenue M'"* la baronne de Schimmelfennig von
der Ove, mais elle a toujours conservé au
théâtre le nom sous lequel elle s'était fait
connaître.
MALLIOT (Antoine-Louis), chanteur, corn--
positeur, professeur et critique musical , naquit à
Lyon le 30 août 1812. Son père, l'un des deux
Inventeurs de la combinaison métallique connue
sou le nom de viaïUechort, et qui fut ruiné en
voulant l'exploiter, ne pouvant lui faire continuer
les études d'architecte qu'il lui avait fait com-
mencer, le Jeune Maillot embrassa la carrière
musicale, pour laquelle il avait un goût inné ;
il suivit d'abord un cours de méloplaste , pro-
fessé à Lyon par Edouard Jue, puis, étant
venu à Paris en 1832, entra à l'école de Cho-
ron. Mais celui-ci étant mort en 1834, il se
fit admettre au Conservatoire, dans la classe
de Garaudé pour le solfège, et dans celle de Ban-
derai! pour le chant.
Malliot était pauvre, et avait besoin de ga-
gner sa vie. Dès 1835 il aborde le théâtre, et
se produit successivement comme ténor à
Nancy, Metz, Lille, Lyon, Bruxelles et Rouen,
partout se trouvant bien accueilli. Pourtant sa
voix était faible, et la scène le fatiguait. En
1843, après huit ans d'exercice, il abandonnait
la carrière dramatique et se fixait à Rouen
comme professeur de chant; sa méthode était
bonne, s'il faut s'en rapporter aux résultats,
puisque, au milieu de ses nombreux élèves, on
dislingue deux artistes hors ligne, qui ont eu
leurs beaux jours à l'Opéra : M. Poultier et
M""" Julienne Dejean.
Cependant son ambition était plus haute, et
il cherchait de nouveaux débouchés à son acti-
vité intelligente. Bientôt il devint collaborateur
du Mémorial de Rouen (1846), puis du Nou-
velliste, qui succéda à celui-ci, et dans lequel,
pendant vingt ans, il n'a cessé d'exercer les
fonctions de critique musical. Mais il briguait
aussi les succès du compositeur, et publia un
certain nombre de romances et mélodies distin-
guées : Marie, Charles-Quint, les Petits Bon-
heurs, la Coupe, les Vrais Plaisirs, Nuit
d'orage. Perle de Basée... Cela ne lui suf-
fisait pas, et il voulait faire des opéras. Sen-
MALLIOT — MAMMI
153
tant que son éducation était restée incomplète,
il s'adressa à Amédée Méreaux, son confrère, du
Journal de Botten, musicien bien connu et
justement estimé , et suivit avec lui un cours
d'harmonie; puis il se mit à écrire pour la scène,
et fit représenter à Rouen, au Théâtre-des-Arts,
le 6 décembre 1857, un grand opéra en trois
actes, la Vendéenne, paroles de IM. Frédéric
Deschamps, qui obtint un grand succès, fui re-
pris deux ans après avec un acte ajouté, obtint
plus de trente représentations , fut joué aussi à
Toulouse et à Lyon, et l'eût été à Paris, au
Théâtre-Lyrique, sans ime circonstance parti-
culière qui empêcha sa mise à la scène. En no-
vembre 1861, il donna sur le même théâtre la
Truffomanie, opéra-bouffe en un acte, paroles
de M. Ch, Letellier, qui réussit aussi complète-
ment.
Pendant ce temps, il n'abandonnait pas ses
travaux de critique, et , polémiste vigoureux et
judicieux, multipliait, au contraire, en même
temps que ses articles de journaux , des publi-
cations fort utiles et d'une importance tonte
particulière, dont voici les titres : La Musiqtie au
Théâtre (Paris, Amyot, 1863, in-12), livre dont
le point de départ était tout à fait neuf, qui lit
faire un grand pas à la question delà liberté théâ-
trale et provoqua, dit-on, par le retentissement
que les idées qui y étaient contenues obtinrent
dans la presse parisienne, le décret du 6 jan-
vier 1864; — Le Nouveau Régime des théâ-
tres dans les départements (Rouen, impr.
Lapierre, mai 1865, in-12); — Institut Boiel-
dieu ; création dhm Conservatoire de musi-
que à Rouen, projet présenté à M. VerdrcI,
maire de Rouen (mai 1866, in-S") , brochure
dans laquelle Malliot reprenait en soiis-œuvre
une idée émise en 1793 par Boieldieu, et dont,
le premier, il avait retrouvé la trace; —
Deuxième Pétition ati Sénat; Fondation des
Théâtres impériaux et des Conservatoires de
la province (Paris, Amyot, janvier 1866, in-8°) ;
— Institut Boieldieu ; création d'un Conser-
vatoire de musique à Rouen; appendice
(Rouen, impr. Lapierre, 1867, in-S"). Ces di-
verses publications, le talent de leur auteur et
les idées ingénieuses qu'elles renfermaient, l'é-
nergie avec laquelle il défendait celles-ci dans
une feuille spéciale de Paris, la France musi-
cale, avaient créé à Malliot une situation uni-
que en province, en ce sens qu'il exerçait,
même à Paris, pour ce qui se rapportait aux
questions soulevées par lui , une influence intel-
lectuelle véritable. Cet excellent homme, cet
artiste convaincu , intelligent et zélé, mourut à
Rouen, à la suite d'une dyspepsie, après dix
mois de souffrances, le 5 avril 1867. Rbuen lui
fit des funérailles splendides, témoignant, par
les honneurs inusités qu'elle lui rendait, de l'es-
time qu'elle faisait de son talent et de son carac-
tère, et le récompensant en quelque sorte du
lustre qu'il avait jeté sur sa patrie d'adoption.
Le Conseil municipal, voulant rendre un hom-
mage public à sa mémoire, vota une somme de
2,000 francs pour l'achat de la partition à or-
chestre manuscrite de son opéra la Vetidéenne,
qui fut déposée dans la bibliothèque de la ville.
MALO (Charles), chef d'orchestre et com-
positeur, né à Boulogne-sur-Mer le 29 juillet
1835, a commencé son éducation artistique à
l'école de musique de cette ville, puis est venu
à Paris, où il a travaillé le violon avec M. Alard.
Après avoir voyagé pendant deux ans comme
chef d'orchestre de la troupe que M"" Déjazet
dirigeait en province, M. Malo remplit les mêmes
fonctions au théâtre du Gymnase, de Marseille
(1859), puisa Paris, au théâtre Déjazet (1862),
et enfin entra en la même qualité au café-concert
de l'Eldorado (1869), qu'il n'a pas quitté depuis.
Cet artiste, dont les facultés sont au-dessus
de la situation qu'il occupe, et qui avait étudié
l'harmonie avec Carulli, a écrit près de 200 ro-
mances, chansons ou scènes dramatiques, dont
la plupart ont été exécutées dans les cafés-con-
certs et qui sont supérieures aux productions
ordinaires du genre; je citerai particulièrement
celles qui ont pour titre la Dernière Grisette,
une Tombe dans les blés, le Rire de Rabelais,
le Lever du soleil, Morts pour le pays. Tu
ne m'aimais pas, V Appel au combat, etc. Il
est aussi l'auteur des opérettes suivantes : un
Amour au village (Marseille, th. du Gymnase),
Monsieur tout-blanc (Eldorado), Ne touchez
pas à V arène (id.), un Mariage au flageolet
(i(l.), Bataille de Bossus (id.), la Revanche de
Marguerite (id.).
MALVAUX ( ), compositeur, qui
paraît avoir vécu dans le milieu du dix-huitième
siècle, a publié la partition d'une canfatille à
voix seule, intitulée les Vœux exaucés (Paris,
l'auteur, in-f").
MALVEZZI (Cristoforo) , musicien dis-
tingué, né à Lucques vers le milieu du seizième
siècle, fut le maître du grand compo.'îiteur
Jacques Péri. Maître de chapelle de la cour du
grand-duc de Toscane, il habita Florence pen-
dant longues années. Il ne reste aucune trace
aujourd'hui des compositions de cet artiste.
MAMMI (Antonio), compositeur, né h Mo-
dène, a fait exécuter au théâtre de cette ville
plusieurs ouvertures, et y a fait représenter, le
25 janvier 1845, un opéra sérieux intitulé
154
MAMMI — MANDL
Zaira, écrit par lui sur le texte de Felice Ro-
mani. Quoique cet ouvraj^e ait été bien ac-
cueilli, l'auteur, peu d'années après, abandonna
la musique pour embrasser une autre carrière.
* MANCHICOURT (Pierre). Deux chan-
sons de cet artiste ont trouvé place dans le re-
cueil divisé eu six livres que Pierre Pbalèse
publia à Louvain en 1555-1556, et dont le pre-
mier parut sous ce titre -. Premier livre des
chamous à quatre parties nouvellement
composez (sic) et mises en musique, convena-
bles tant aux instrumenta comme à la voix
(Louvain. 1555, in-4'').
MAiVCIAELLI (Liici), compositeur ita-
lien contemporain, né à Orvielo le 5 février
1848, a publié plusieurs albums de mélodies
à une ou deux voix, entre autres un recueil de
5 pièces intitulé un'Ora di musica, et deux de
8 pièces qui portent pour titres, un'Eslate a
Perugia et Al Chiaro di luna. On lui doit
aussi quelques morceaux de piano, soit origi-
naux, soit écrits sur des thènoes d'opéras cé-
lèbres. Aujourd'hui chef d'orchestre au théâtre
Apollo, de Rome, cet artiste a écrit en 1877
pour un drame de M. Pietro Cossa, Cleopatra,
représenté en cette ville, des intermèdes sjm-
phoniques qui ont été accueillis avec un véri-
table enthousiasme. — Un de ses frères, M. Ma-
rina Mancinelli, né comme lui à Orvieto, le 16
juin 1842, occupe les fonctions de chef d'orchestre
au théâtre Pagliano, de Florence. Un autre,
dont j'ignore le nom, est aussi musicien.
* MA1\CII\1 (François), compositeur italien,
né à Naples en 1674, mourut en cette ville en
1739. Il avait été, au Conservatoire de Santa-
Maria di Loreto, élève de Francesco Durante. A
la liste de ses œuvres, il faut ajouter : Quante
pêne fai provar, cantate, avec basse ; Torna
0 cara e mi consola, id. ; Tantovola intorno
al lume, id.; Son cosi cosi geloso, cantate
pour soprano, avec basse ; Sérénade pour voix
de soprano, avec basse; Magnificat à 4 voix,
en ré majeur, avec violons, alto et basse.
La bibliothèque du Conservatoire possède de
cet artiste un Traité manuscrit qui porte ce
titre : Jiegole o vero Toccate di studio, del sig.
abb.Fran. Mancini (1695, in-4''oblong de 160
pages). C'est simplement une suite de basses
chiffrées.
MANCINI ( ), compositeur italien, a
fait représenter en 1869, sur le théâtre de Cin-
goli, unopi'ra sérieux intitulé Chatterton.
* MAXDAIVICI (l'i.vciDo). Aux ouvrages
dramatiques portés au nom de ce compositeur,
il faut joindre un opéra semi-sérieux intitulé
Griselda. Parmi ses œuvres de musique rcli- j
gieuse , je citerai une messe pour deux ténors
et basse, avec chœur et accompagnement d'or-
gue, et une composition à laquelle il a donné ce
titre : Deux fugues en une {Cum sancto Spi-
rito). Mandanici est encore l'auteur d'une grande
cantate : A Gioacchino Rossini, qui a été pu-
bliée par l'éditeur Ricordi, de Milan. Des nom-
breux ballets écrits par lui, je ne puis citer que
deux, Romanoff, ballet héroïque représenté
vers 1837 et qui contenait, dit-on, une marche
très-originale et d'un grand effet, et V Ombra di
Tziwen, qui fut représenté à la Scala, de Milan,
en 1840. — Quoique le nom de Mandanici soit
aujourd'hui bien oublié, ceux de ses compatriotes
qui sont au courant de l'histoire de l'art musi-
cal en Italie pendant la première moitié du dix-
neuvième siècle le considèrent comme un artiste
d'une valeur réelle , d'un talent charmant et
plein de grâce. La date de sa mort est, non le
5, mais le 6 juin 1852.
MANDL (Louis), médecin distingué et phy-
siologiste éminent, est né à Pesth en 1812. Après
avoir fait ses études à l'université de Vienne et
s'être fait recevoir docteur en médecine dans sa
ville natale en 1836, il vint se fixer à Paris à la
fin de celte même année, se fit presque aussitôt
naturaliser Français, et fut reçu docteur à la
Faculté en 1842. Collaborateur de la Gazette
médicale de Paris, des Archives générales
de médecine, de l'Union médicale, de la
Gazette hebdomadaire de médecine et de
chirurgie, auteur d'ouvrages importants et ré-
putés, il a contribué d'une façon considérable,
par ses écrits, par ses cours à l'École pratique,
à répandre l'application médicale du microscoi)e
en France. Dilettante passionné en même temps
que praticien consommé, M. MandI, qui a fait
de son salon le rendez-vous de tout ce que Paris
compte d'artistes célèbres ou distingués, a (ini
par se faire une spécialité des soins à donner
aux maladies des organes vocaux; depuis une
vingtaine d'années, il s'est voué particulièrement
à cette étude, grâce surtout à l'emploi du laryn-
goscope, appareil précieux, perfectionné et vul-
garisé par G/.ermak, et il est pas.sé maître dans
l'art <Ic déterminer et de traiter ces maladies.
Il a publié sur ce sujet un livre excellent : Traité
prnii'pie des maladies du larynx et du pha-
rynx (Paris, Baillière, 1872, in-S"), écrit avec
une remarquable clarté et une rare élégance,et qui
résume l'ensemble de ses recherches, de ses
travaux ot de ses découvertes dans cet ordre
d'idées. On ne saurait troj) recommander ce
livre à ceux que ces questions intéressent, car
il est peu de lectures aussi instructives, aussi
utiles, aussi profitables sous tous les rapports.
MANDL — MANFROGE
155
M. Maadl a publié encore un livre fort utile :
Hygiène de la voix parlée ou chantée (Paris,
Baillière, 1872, in-8), ainsi qu'un opuscule ainsi in-
titulé : De la fatigue de la voix dans ses rap-
ports avec le mode de respiration (Paris,
1855, in-8). Depuis 1872, cet excellent profes-
seur est chargé, au Conservatoire de Paris, d'un
cours d'hygiène de la voix.
MANEIVÏ (FiîA.Nçois), compositeur espa-
gnol, est né à Mahon (île de Minorque), le 22
juin 1827. Dès l'âge de cinq ans il commençait
l'étude de la musique sous la direction d'un
maître de chapelle qui lui enseigna successive-
ment le solfège, le piano, l'harmonie et la com-
position, et de sept à quatorze ans il tint la partie
de flûte à l'orchestre du théâtre de sa ville
natale. Il avait à peine douze ans lorsqu'il com-
mença à écrire quelques morceaux de nuisique
de danse, et en 1842 il se voyait confier l'emploi
d'organiste à l'église Saint-François. En 1845, il
alla s'établir à Barcelone pour y terminer son
éducation, entra peu de temps après en qualité
de contrebasse à l'orchestre du théâtre du Lycée,
et ne quitta cet emploi qu'en 1851 pour prendre
celui de maître de chapelle à l'église San-Jaime,
Le service de cette chapelle lui donna l'occasion
d'écrire beaucoup de musique religieuse, et
l'on compte parmi ses œuvres en ce genre 25
messes, dont plusieurs avec orchestre, deux
Stabat Mater, des Miserere, des saluts, des
rosaires, des litanies, etc.
M. Manent a voulu aussi s'occuper de musique
dramatique. Devenu chef d'orchestre du Cirque
de Barcelone, il a fait représenter à ce théâtre,
aussi bien qu'à celui du Lycée, une dizaine de
zarzuelas qui paraissent avoir été bien accueil-
lies du public. Voici les titres de celles qui sont
venues à ma connaissance : X" la Tapada del
Retiro (Lycée, 1853) ; 2° Très para una (1853) ;
3° Gualtiero de Monzonis (3 actes. Lycée, 23
mai 1857); 4° Maria (un acte. Lycée, août 1866);
5° El Convidato di pietra (3 actes, Cirque,
1875); 6° lo Pou de la Veriiad (Cirque).
M. Manent a écrit encore la musique de plu-
sieurs ballets qui ont été représentés au théâtre
du Lycée : el Carnaval de Venecia, Apolo, la
Contrabandista de rumba , la Perla de
Oriente, etc. Enfin il a publié une telle quantité
de'musique vocale rt instrumentale, que le nom-
bre total de ses œuvres ne s'élève pas aujour-
d'hui, dit-on, à moins de 250.
* MAIXFREDI (Philippe). M. Cerù, qui
doit être bien informé au sujet de cet artiste,
puisque celui-ci était Lucquois, affirme, dans ses
Cenni storici delVinsegnamento delta musica
in Lucca, que Manfredi, après être allé en
Espagne avec Boccherini, revint dans sa ville
natale en 1773, et qu'il y continua l'exercice de
de son art jusqu'au 12 juillet 1777, époque de
sà mort. M. Cerù rectifie aussi la date de la
naissance de Manfredi, qu'il fixe à l'année 1729.
MANFREDIjVI ( Élisabetta ) , cantatrice
italienne renommée, naquit à Bologne en 1790.
Elle se consacra de bonne heure à l'étude du
chant dramatique , et se produisit pour la pre-
mière fois en public, sur le théâtre communal de
sa ville natale, en 1809, dans un opéra de Pa-
vesi. Ses compatriotes l'accueillirent avec une
faveur marquée, et la jeune artiste fournit une
carrière brillante et prolongée. Sa voix de so-
prano était d'une qualité superbe, et dirigée avec
un goût exquis; on reprochait seulement à la
cantatrice de manquer d'expression, et d'apporter
un peu de lourdeur dans sa vocalisation. Néan-
moins les compositeurs travaillèrent beaucoup
pour elle, et, entre autres, Rossini écrivit à son
intention les rôles importants de deux de ses
opéras : Ciro in Babilonia et Adélaïde di
Borgogna. En 1827, la Manfredini était à Venise,
mais, quoique jeune encore, sa voix avait perdu
de son éclat, et elle ne retrouvait plus ses succès
d'autrefois. J'ignore l'époque de la mort de cette
artiste.
* iVIANFROCE (Nicol\-Antonio), compo-
siteur italien, naquit à Palmi (et non à Palma),
dans la Calabre méridionale, le 20 février 1791.
La vie de cet artiste, mort si jeune en promet-
tant à sa patrie l'un des plus beaux génies
qu'elle eût jamais possédés, ne laisse pa.ç que
d'offrir des particularités intéressantes. Dans
son livre sur l'école musicale napolitaine ,
M. Francesco Fiorimo, renseigné directement par
un contemporain de Manfroce, Alessandro Per-
rella , alors vice-recteur du Conservatoire de
San-Sebastiano , a rapporté quelques détails
qu'il ne me paraît pas inutile de reproduire ici,
et que je vais traduire textuellement.
Manfroce comptait encore au nombre des
élèves de ce Coii.';ervafoire lorsqu'il alla donner
à Rome son opéra d'Alzira, et l'immense succès
obtenu par cet ouvrage ne l'empêcha point de
venir reprendre modestement sa place sur les
bancs de l'école. « Sa santé mal affermie , dit
alors son biographe, commença à s'altérer sen-
siblement. Lui, certain de devenir quelque chose
de grand dans l'art, donnait tout son temps à
l'application et à l'étude, au lieu de penser sérieu-
sement à se soigner, comme tous le lui conseil-
laient, et de vivre tranquille, à l'abri de toute
émotion , de quelque nature qu'elle fût.
« Mais la fatale sentence de sa fin prochaine
était écrite. Dévoré par la fièvre de l'art, il prit
156
MANFROCE — MÂNGIN
l'engagement d'écrire, pour le théâtre royal San-
Carlo, un opéra sérieux intitulé Ecuba. Son
travail avançait en même temps que progressait
le mal qui le conduisait an tombeau, et tandis
que les médecins désespéraient de sa guérison ,
il écrivit les derniers morceaux de son opéra,
qui fut représenté au théâtre San-Cario pendant
l'hiver de 1813. Le succès qu'il obtint fut véri-
tablement de l'enthousiasme, et presque à cha-
que morceau le public voulait revoir le maestro
sur la scène pour l'applaudir et le fêter. Plus
heureux que Pergolèse, qui n'eut point la conso-
lation d'entendre exécuter son Stabat, ses forces
débiles lui permirent d'assister à plusieurs repré-
sentations de son Ecuba, et de goûter l'inex-
primable joie non-seulement du triomphe, mais
d'une récompense extraordinaire ; car le minis-
tre de l'intérieur et de l'instruction publique,
Giuseppe Zurlo, faisait savoir à l'administration
du Conservatoire que S. M. le roi avait, sur la
caisse royale, accordé une pension à Manfroce,
afin qu'il pût aller voyager à l'étranger et se
perfectionner encore dans l'art où il avait dé-
buté d'une façon si extraordinaire, La reine
alors régnante, Caroline Murât, qui assistait à
la représentation de VEctiba, envoya, celle-ci
terminée, complimenter le compositeur et lui
exprimer ses sincères félicitations pour le bril-
lant succès qu'il avait obtenu; et elle devait
réellement en être satisfaite, car à peine eut-elle
su que la santé de Manfroce était en péril, elle
fit réunir une consultation des premiers méde-
cins de la capitale et pourvut, à ses frais, à tout
ce qui pouvait être nécessaire pour conjurer et
arrêter le mal. Il fut décidé par les professeurs
de la faculté, le célèbre Colugno en tête, que le
malade irait respirer l'air salubre et balsamique
de Pozzuoli, comme le plus doux et le plus pro-
pice pour les maladies pulmonaires, au moins
le plus elficace pour en diminuer les souf-
frances.
« Malheureusement , il ne retira de cet air
aucun avantage ; au contraire, le mal était telle-
ment avancé que la fièvre qui le consumait n'en
devint que plus ardente, et qu'il dut en toute
hâte retourner à >'aples et rentrer dans ce col-
lège de San-Sebastiano, qu'il considérait comme
une seconde maison paternelle. Là, entouré de
ses affectueux compagnons qui l'adoraient ,
il rendit le dernier soupir; si quelque consolation
pouvait lui être accordée en ce moment suprême,
c'était certainement celle de se voir environné
de ces chers jeunes gens, qui, touchés de son
malheur, pleuraient à chaudes larmes sa fin
prochaine. Avec une grande résignation et un
calme impossible à décrire , donnant le dernier
adieu à ces compagnons adorés qui, agenouillés
auprès de son lit, priaient pour lui, et les re-
merciant des soins affectueux qu'ils lui avaient
prodigués, il s'éteignit avant d'avoir accompli sa
vingt-troisième année, à l'aurore de la vie , et
alors qu'il avait à peine commencé à donner les
premiers fruits de son génie... Le 9 juillet 1813,
jour de sa mort, fut un jour de véritable deuil
pour la ville de Naples, et sa perte fut pleurée
par tous. Les élèves du collège, avec le signe du
deuil au bras, la douleur dans le cœur, la tristesse
sur le visage, l'accompagnèrent à sa dernière de-
meure, conduits par les professeurs, recteur,
vice-recteur et gouverneurs de l'établissement.
Il fut enterré dans l'église même de San-Sebas-
tiano, après la célébration d'une messe funèbre
dirigée par son premier maître Giacomo Tritto
et exécutée par les professeurs et fous les élèves
du collège, auxquels s'étaient joints les artistes
les plus distingués de Naples, qui s'étaient gra-
cieusement offerts.... (1). »
MANGEAIVT (Sylvain), chef d'orchestre
et violoniste, né vers 1828, fut admis jeune au
Conservatoire de Paris, et obtint un accessit do
violon au concours de 1847. Peu de temps après,
il devint deuxième, puis premier chef d'orchestre
au Théâtre-Historique, et remplit ensuite les
mêmes fonctions à la Gaité, et enfin au Palais-
Royal. M. Mangeant écrivit pour ce dernier théà'
tre un certain nombre de jolis airs de vaudeville,
et il fit représenter les opérettes suivantes : la
Eeckerche de l'inconnu, un acte, Folies-Nou-
velles, vers 1858 ; Tu ne Vauras pas, Nicolas,
un acte, Palais-Royal, 1859 ; Dnnaé et sa bonne,
un acte, Palais-Royal, 1862 (1). A la suite de
l'annexion du comté de Nice et de la Savoie à
la France, M. Mangeant écrivit aussi unecaulate,
la Savoie française, qui fut exécutée sur ce
théâtre le 14 juin 1860. Deux ou trois ans après,
cet artiste partit pour Saint-Pétersbourg, où il
était chargé de la direction de l'orchestre du
Théâtre-Français, emploi qu'il occupe encore au-
jourd'hui.
MAIVGIN, est le nom d'une famille de musi-
ciens qui vivait dans la Brie au XVII« et au XVIII»
siède. Dans son écrit: Aote sur quelques vuisi-
ciens dans la Brie, M. Th. Lhuillier donne les dé-
(0 La mnnlclpalUé de Palnil, ville n.itale de ManTioce,
a déclflé, par une délibération en date du 10 Juin 1855,
que la rue qui portait alors le nom de rue des Murailles
prendrait a l'avenir celui de rue Manfroce.
(Il II faut encore citer la Poularde de C'oMr,opércltc en
un acte représentée aussi au Palais-Royal, et dont
M. Mangeant écrivit la musique en société avec
MM. nazUle, Clapisson, Gautier, Gevaert, Jonas et Fer-
dinand Polte. ....
MANGIN — MANNA
157
tails suivants sur cette famille d'artistes. « Dans
une famille du bourg de Milry, qui a fourni un
architecte estimé, Charles Mangin, le construc-
teur de l'ancienne halle aux hlés de Paris, la
musique avait longtemps été en honneur. Les
Mangin étaient artistes de père en fils, et, sans
que leur renommée s'étendît au delà d'un mo-
deste rayon, plusieurs d'entre eux eussent pu
figurer sur une plus vaste scène. A la fin du
XV 11'= siècle, Charles Mangin touchait les orgues
que l'église de Mitry tenait de la libéralité de
Richelieu, un instant possesseur du château de
liois-le-Vicomte ; l'un de ses fils, son élève, fut
choisi à la suite d'un concours comme organiste
de Notre-Dame de la Victoire, près Senlis. Un
autre, Pierre Mangin, organiste de Mitry en 1721,
père de l'architecte, avait épousé la sœur du
libraire Lottin. Quelques années plus tard f 1735-
40) on retrouve Etienne Mangin, organiste à Joi-
guy, François Mangin, facteur d'orgues à Troyes,
et Catherine Mangin, qui épousa Etienne Royer,
organiste à Brie-Cointe-Robert. Un membre de
celte famille, Éléonor Mangin , avait eu l'hon-
neur d'ôlre admis dans la musique de la cham-
bre de Louis XIV, après avoir fait partie de celle
de Philippe d'Orléans. »
MAIXGIN (EugèneÉdocard), pianiste, com-
positeur, chef d'orchestre et professeur, direc-
teur du Conservatoire de Lyon, est né à Paris
le 9 décembre 1837. Admis au conservatoire de
celte ville, comme élève de M. Mozin pour le
solfège et de M. Marinontel pour le piano, il y
remporta le premier prix de solfège en 1850, et
le premier second prix de piano eu 1863; il en-
tra ensuite dans une classe d'harmonie el ac-
compagnement, et obtint, pour cette partie de
ses études, un second accessit en 1856, le pre-
mier en 1857, et le premier prix en 1858.
Nommé répétiteur dans l'école dont il avait été
l'élève, M. Mangin devint, en 1860, professeur
de chant dans les écoles municipales de Paris,
puis chef du chant et ensuite chef d'orchestre
au Théâtre-Lyrique. A la même époque il se vit
couronné plusieurs fois dans des concours ou-
verts par la ville de Paris pour des composi-
tions chorales.
En 1871, M. Mangin fut engagé pour remplir
l'emploi de chef d'orchestre au Grand-Théâtre
de Lyon, et conserva ces fonctions jusqu'en
1873. Dès son arrivée en cette ville, il songea
à mettre à exécution un projet qui jusqu'alors
n'avait pu aboutir, celui de la fondation d'un
Conservatoire. La municipalité manquait des
fonds nécessaires à cette création, et il fallait,
dans une telle situation, une certaine abnéga-
tion à un artiste pour passer outre, et un certain
courage pour venir à bout des difficultés.
M. Mangin sut se plier à tout pour attacher son
nom à une œuvre artistique aussi honorable.
Nommé directeur du nouveau Conservatoire par
un arrêté municipal en date du 24 mai 1872,
M. Mangin sut grouper autour de lui un cer-
lain nombre de professeurs, qui, ainsi que lui,
mettaient gratuitement leur temps et leur talent
au service de l'école qui se fondait. Ces profes-
seurs étaient MM. Mangin pour l'harmonie,
Ribes (chant), Féret (opéra- comique), G. d'Hé-
rou (étude des rôles), Cherbianc (violon), Bau-
mann (violoncelle), Ritter (flûte), Renaud (cla-
rinette), Fargues (hautbois), etc.
Le Conservatoire de Lyon fut ouvert à l'en-
seignement le 8 octobre 1872, et au bout de
dix-huit mois seulement, la municipalité lyon-
naise trouva les ressources nécessaires pour
organiser le traitement du directeur et des pro-
fesseurs qui s'étaient dévoués avec tant de dé-
sintéressement. Par arrêté ministériel en date
du 2 avril 1874, le Conservatoire de Lyon re-
cevait le titre de succursale du conservatoire
de Paris. Dès sa première année d'exercice,
cet établissement donnait l'instruction musicale
à 312 élèves; il en comptait 358 en 1873, 395
en 1874, 415 ^en 1875, 530 en 1876, et 647 en
1877. Ces excellents résultais sont dus à l'ini-
tiative, au dévouement et à l'intelligence de
M. Mangin, qui est un artiste fort distingué et
digne des plus vifs encouragements.
♦MANGOLD (WiuiELM), ex-maître de
chapelle du grand-duc de Hesse-Darmstadt, est
mort à Darmstadt au mois d'août 1875.
* MANNA (Gennauo). Les compositions
religieuses de cet artiste comprennent : 2 messes,
dont une à 5 voix avec accompagnement instru-
mental ; des psaumes; un motet à 5 voix avec
accompagnement instrumental ; une Pastorale à 4
voix ; une Cantate sacrée à 4 voix, avec chœurs et
divers instruments; entin, deux morceaux à 2
voix de soprano et contralto pour la nuit de Noël.
MANNA (Rlggero), compositeur, était le
fils de la célèbre cantatrice Carolina Bassi, et
naquit à Trieste le 6 avril 1808. Il commença
l'étude du piano avec son oncle maternel, Ladislao
Bassi, et, suivant sa mère dans toutes les villes
oii elle allait chanter, ressentit de bonne heure
une grande passion pour la musique. Depuis
l'âge de dix ans jusqu'à douze, il fut mis en pen-
sion à Milan, et prit des leçons de piano de
Vincenzo Lavigna. A cette époque il commençait
déjà à composer, et Meyerbeer ayant examiné
un petit morceau qu'il veuciit d'écrire, conseilla
à sa mère , qui allait passer une saison à Bo-
logne, de le confier aux soins du P. Mattei. L'en-
1^8
MANNA — MANZAROS
fant entra en effet au Lycée musical <ie Bologne,
y étudia le piano avec Donelli, le contrepoint
avec le P. Matlei, et <it de tels progrès qu'après
un au et demi d'études, il écrivit une messe à
trois voix et orchestre et en dirigea l'exécution.
A quinze ans et demi, il fut reçu à l'Académie
des Philiiarmoniques de Hoiogne, après avoir
subi un examen rigoureux et bien que les rè-
glements exigeassent l'âge de vingt ans pour l'ad-
mission des membres. Sa mère étant devenue
veuve, puis ayant abandonné la carrière du
théâtre, proposa à Manna de lui faire faire un
voyage à Vienne, afin de lui donner la facilité de
connaître et d'étudier la musique allemande. Le
jeune artiste accepta avec joie, et passa en effet
deux ans et demi dans cette ville, où il (it la
connaissance d'un grand nombre d'artistes dis-
tingués, Gyrowetz, Eibler, Weigl, Czerny, Merk,
Mayseder, Stadler, etc. Pendant son séjour dans
la capitale de l'Autriche, Manna composa et fit
exécuter un Stabat Mater (1832), publia un
recueil de six ariettes italiennes pour voix de
soprano, et écrivit encore, outre une messe de
Requiem à 4 voix avec orchestre, un opéra
intitulé Francesca da Rimini, qui ne fut ja-
mais représenté. A la fin de l'année 1832, Manna
étant retourné à Trieste, sa ville natale, y fit
jouer un opéra sérieux, Jacopo di Valenza, et
accepta ensuite les fonctions de maestro con-
certatore au théâtre. Au mois de mars 1835,
l'emploi de maître de chapelle de la cathédrale
de Crémone lui ayant été offert, il partit pour
cette ville où il fixa définitivement sa résidence,
et où il remplit aussi, par la suite, les fonctions
de directeur de la musique au théâtre. Manna
est mort à Crémone le 14 mai 1864, à l'âge de
56 ans. Il ne s'en était éloigné momentanément
que pour faire représenter deux opéras, l'un,
Preziosa, en 1845, à Oasalmaggiore, l'autre, ii
Projeta Velato, en 1846, à Trieste.
En dehors de sesHrois ouvrages dramatiques,
Manna a écrit : une cantate à 3 voix, Saluto a
S. M. il Re Viltnrio Emanuele; un Hymne
à la Lune, à 6 voix; une prière à 3 voix avec
cluf'ur, Vna Notte sulV Appennino . Mais c'est
surtout comme compositeur d'église qu'il s'est
montré fécond ; on a de lui, sous ce rapport :
une messe funèbre à 4 voix, dédiée à la mémoire
du P. Mattei ; environ dix messes solennelles à
3 et 4 voix ; six messes funèbres à 3 et 4 voix ;
30 psaumes à 3 et 4 voix avec orchestre; trois
Stobat Mater ; deux Salve Rrgina , avec
orchestre ; un Dies ir.v à 4 voix ; un Ai7e Ma-
ria à voix seule ; un De profundis ; un cantique
intitulé gli Esuli d'Isdraello, écrit sur le texte
du psaume 136 de David; six Credo à 3 et 4
voix ; huit Kyrie ; quatre Litanies avec orches-
tre; vingt Ilymmes; des versets, des anlipho-
naires , des responsorii , etc., etc. Enfin,
Manna a publié quelques sonnets de Pétrar-
que (entre autres les 3"-", 47% 48% 261») mis
par lui en musique, à une voix, et il a composé
encore un certain nombre d'ouvertures et mor-
ceaux de concert qui n'ont pas été gravés.
MANJXS (Ferdinand), violoniste et compo-
siteur allemand, est né le 27 août 1844 à Wit-
/cnhausen (Prusse), Elève à Cassel de M. Otto
Kraushaar pour la théorie de l'art, il est^ixé de-
puis 1866 à Brème, et est attaché à l'orchestre du
théâtre de cette ville. M. Manns s'est fait connaî-
tre par un certain nombre de compositions, con-
sistant en petites pièces pour orchestre, en quin-
tettes, quatuors et trios pour instrument à cor-
des, sonates i)our violon ou violoncelle avec piano,
morceaux de concert, etc. L'une de ses œuvres
les plus importantes est un concertstûck pour
violoncelle, avec piano, op. 19.
MAKNSTADT ( ), compositeur alle-
mand, a fait représenter au mois de juillet
1866, sur le théâtre Wallersdorf , de Berlin,
une opérette intitulée rAmour défendu.
* MAiViXSTEIN (Henri-Feudinand), écri-
vain musical, est mort à Loscliwitz , près de
Dresde, le 3 août 1872, à l'âge de 66 ans.
* MANIIY (Charles-Casimir), est mort à
Paris le 18 janvier 1866. A la liste des œuvres
de ce compositeur, il faut ajouter les deux sui-
vantes : l" La Bourse ou la Vie, opéra-comi-
que, représenté sur le théâtre particulier des
Néothermes; 2° La Première Pierre de Viiglise
d'Argis, « légende valaque, »
MA.NSOUR (A ), pianiste et compositeur
français, né vers 1830, habite Paris, où il se livre
à l'enseignement. lia publié une grande Méttiode
de piano, ainsi qu'un certain nombre de mor-
ceaux de genre pour cet instrument : tine Fête
au hameau, Solitude, Chanson arabe variée,
etc. M. Mansour a écrit la musique d'nn petit
opéra-comique en uu acte, la Comtesse Rose,
qui a été représenté pour la première fois au
Casino de Die|)pe, le 22 août 1877. On connaît
aussi de cet artiste quelques romances et mé-
lodies vocales.
* MAiXTIUS (EDOUARD), chanteur alle-
mand, est mort à llrnenau le 4 juillet 1874.
Il était né à Schwerin le 18 janvier 1806 (et
non 1808, comme il a été imprimé par erreur),
et quitta le théâtre de Berlin le 17 avril 1857,
après une carrière de vingt-sept ans, pour se
livrer au professorat.
MAIXZAliOS (N ), compositeur grec,
mort à Corfou au mois de mai 1872, est,
MANZAROS — MARC
159
dit-on, l'auteur de l'tiymne national grec, et
s'est fait connaître aussi par la publication
d'un grand nombre d'autres chants patrioti-
ques. ;
MANZOLLMI (Carlo-Andrea), né à Bo-
logne vers le milieu du dix-septième siècle,
devint, comme élève de Giovanni Benvenuli,
un violoniste distingué, et fut aussi un contra-
puntiste habile. On connaît de lui des sonates
de cliarabre à trois instruments. Il fit partie,
à partir de 1688, de l'Académie des philharmo-
niques de Bologne.
* MARAIS (Marin). L'auteur annonjme de
V Histoire de C Académie royale de musique (1),
publiée il y a une trentaine d'années par le
journal le Constitutionnel, nous apprend que
ce virtuose remarquable fut pendant de longues
années chef d'orchestre à l'Opéra. Castil-BIaze
avait bien compris le nom de cet artiste dans
la liste qu'il a donnée des « batteurs de mesu-
re » de ce théâtre ; mais Castil-BIaze, qui ne
cite jamais ses sources, s'est bien gardé de
dire oii il avait puisé ce renseignement, et
comme il est sujet à caution, on pouvait ne
pas le croire sur parole ; le témoignage d'un
contemporain de Lully vient lever tout scru-
pule à cet égard. Voici ce que dit ce dernier
au sujet de Marais : « Marais s'attacha à Lully
qui l'estimait beaucoup, et qui se servait sou-
vent de lui pour battre la mesure pour l'exé-
cution de ses opéras. Après la mort de Lully ,
il continua de battre la mesure, et n'a quitté
cet emploi que vers 1710 ou 1712. » Lully étant
mort au mois de mars 1687, on peut donc
supposer que Marais a rempli ces fonctions
pendant au moins vingt-cinq ans. L'écri-
vain donne ensuite ces détails intéressants
au sujet de Marais : « Trois ou quatre ans
avant sa mort. Marais s'était retiré dans une
maison ruedeLourcine, faubourg Saint-Marceaii,
oii il cultivait les plantes et les fleurs de son
jardin. Il louait cependant une salle rue du
Battoir, quartier Saint-André-des-Arts, où il
donnait deux ou trois fois la semaine des
leçons aux personnes qui voulaient se perfec-
tionner dans la viole. Il a eu dix-neuf enfants
de Catherine d'Amicourt, avec laquelle il a été
(1) Le manuscrit de cette Histoire, portant qu'elle
était « composée et écrite par un secrétaire de Lully, »
appartenait i M. le baron Taylor et fut publié en teuil-
leton par le Constitutionnel. C'est un écrit fort utile,
et Indispensable à consulter pour celui qui voudra doter
notre littérature musicale d'une véritable Histoire de
l'Opéra, liest seulement (Acheux que les épreuves aient
été corrigées par quelqu'un qui ne connaissait point
cette histoire, et qui a laissé subsister des fautes innom-
brables.
marié pendant cinquante-trois ans, et a célé-
bré ses noces jubilaires en 1709 ; il en présenta
quatre au feu roi, et donna à ce monarque
un concert de ses pièces de viole, exécutées
par lui et par trois de ses lils. Le quatrième,
qui portait pour lors le petit collet, avait soin
de ranger les hvres sur le pupitre et d'en
tourner les feuillets. Le roi entendit ensuite
ses trois fils séparément, et lui dit : « Je suis
« bien content de vos enfants, mais vous êtes
» toujours Marais et leur père.", »
MARATTA (Alessandro), compositeur
italien, est l'auteur d'une tragédie lyrique en
trois actes, Gismonda da Mendrisio, qui fut
représentée à Buénos-Ayres, en 1860, avec
M""^ Anna de Lagrange dans le rôle principal.
MARC ( ), violoniste qui vivait à Reims
au dix- huitième siècle et était attaché au con-
cert de cette ville, a publié Six sonates à vio-
lon seul, avec une basse chiffrée, (Paris et
Reims, chez l'auteur).
MARC ( ), compositeur français, vi-
vait à la fin du dix-huitième siècle, et écrivit
la musique d'un opéra en 3 actes intitulé :
Arabelle et Vascos ou les Jacobins de Goa,
qui fut représenté au théâtre Favart, le 21 fruc-
tidor an II (7 septembre 1794J. Je n'ai d'autres
renseignements sur cet artiste que ceux qui
concernent l'ouvrage en question, dont l'his-
toire est assez curieuse, et qui fut livré au
public sous le nom et sous le couvert de Lesueur.
Dans son numéro du 26 fructidor an II, le
Journal de Paris terminait ainsi son compte-
rendu de la représentation à^ Arabelle et Vas-
cos : — « La musique est du G. Lesueur ;
la réputation de ce compositeur célèbre a nui
au succès de cet ouvrage, parce qu'en compa-
rant cette production nouvelle à ses ouvrages
déjà connus, la comparaison n'est pas à l'avan-
tage de celui-ci. Il y a néanmoins plusieurs
morceaux d'une grande beauté, et qui portent
le cachet de ce grand maître. L'auteur des
paroles est le C. Lebrun-Tossa, déjà connu
par plusieurs ouvrages qui ont eu du succès. »
Le Journal de Paris, comme le public entier,
était ici la victime d'une petite supercherie;
la musique d' Arabelle et Vascos, comme je
l'ai dit, n'était point de Lesueur, et on va le
voir par la lettre suivante, dans laquelle il ex-
pliquait les motifs très-louables qui lui en avaient
(ait endosser momentanément la responsabilité.
Cette lettre était adressée au même Journal
de Paris, qui la publia deux mois après l'ap-
parition de l'ouvrage :
« il est temps d'instruire le public et les
artistes du théâtre de l'Opéra-Comique'natio-
160
MARC — MARCELLO
nal (les motifs qui m'ont déterminé à faire
paraître sous mon nom la musique du drame
intitulé : Arabelle et Vascos. Le premier a
été d'épargner au citoyen Marc, auteur de
cette musique, les désagréments altacliés à
un début; le second, de donner aux artistes
du théâtre Favart un compositeur de plus,
et de montrer à la République un talent qui
pourra lui devenir cher. Je ne me suis point
dissimulé les dangers que j'avais à courir, en
me chargeant de la responsabilité de cet ou-
vrage : mais une bonne école, une musique à
la fois pittoresque, énergique et chantante,
l'empreinte d'une main sûre et; d'ime méthode
excellente qui peut faire honneur à notre école
française, tout m'a rassuré. J'étais si intime-
ment persuadé de la beauté de plusieurs mor-
ceaux de cet opéra, que j'en eusse regardé la
chute comme une injustice; et, dans ce cas,
j'aurais eu le courage de la supporter. Enfin
le succès a couronné mon espoir, et j'en rends
la gloire à qui elle appartient tout entière. J'at-
teste maintenant que c'est moins l'amitié pour
le musicien que son talent qui m'a déterminé
à la démarche que j'ai faite, et que j'eusse en-
trepris la même chose pour tout autre artiste
qui eût eu le même génie. Mon extrême amour
pour les aris, et leur gloire, est entré pour
tout dans le péril auquel je me suis exposé.
Je déclare en outre n'avoir point fait une note
dans la musique du citoyen Marc, ni même
donné un conseil ; car, si l'un de nous deux
pouvait en donner à l'autre, ce ne serait pas
moi, vu que, dans un temps oii je .«avais à
peine les éléments de monjart, le compositeur
dont je parle avait déjà remporté un prix de
musique sur quarante-cinq rivaux qui con-
couraient avec lui. Il ne me reste qu'à inviter
les artistes de l'Opéra-Comique national à
continuer leurs soins pour un ouvrage qui,
par l'aftUience des spectateurs qu'il continue
d'attirer, prouve combien il est agréable au
public. — Lesueur. »
J'ai vainement cherché, partout où j'avais
chance de le rencontrer, un renseignement
quelconque sur Marc, que Lesueur avait ainsi
noblement pris sous son patronage. Musicien
resté obscur, il n'est pas plus mentionné dans
Te Dictionnaire historique des Musiciens de
Choron et Fayolle que dans aucun des grands
recueils biographiques publiés depuis le com-
mencement de ce siècle. Le livret (VArabclle
et Vascos lui-même est muet à son égard, et
donne le nom de Lesueur comme auteur de
la musique. Serait-ce donc que jusqu'à Lebrun-
Tossa aurait été le jouet de la mystification
de Lesueur ? Toujours est-il que sans la lettre
du Journal de Paris, reproduite ci-dessus,
Arabelle et Vascos (dont ne parle d'ailleurs
aucun ouvrage historique, et dont le titre
môme était resté ignoré jusqu'ici) aurait été
tout naturellement attribué à Lesueur.
MARCARIIXI (GitSEPPE), compositeur et
professeur italien, né à Romanengo le 17 avril
1832, a fait représenter au mois de décembre
1871, sur le théâtre Carcano, de Milan, un
drame lyrique intitulé Francesca du M-
mini.
MARCELLI (Anaïs). Foi/es PERRIÈRE-
PILTÉ (M™''}.
MARCELLO (Marco-Marcelliano), pia-
niste, compositeur et écrivain musical, naquit
vers 1817 à San-Gerolamo Lupatolo, petit pays
situé dans la province de Vérone. Il montra
de bonne lieure un goût prononcé pour le
théâtre et la musique, et après avoir écrit
un drame qu'il fit représenter à l'âge de seize
ans, il alla trouver à Novare Mercadante,
pour devenir son élève, et le suivit ensuite
à Naples. N'ayant pas réussi à faire jouer
deux opéras dont il avait écrit la musique,
il passa en Piémont en 1848, s'établit à Turin,
et y donna des leçons de piano et de chant
tout en écrivant dans divers journaux. En
1854, il fonda en cette ville un journal de
théâtre, il Trovatore, qu'il transporta en
1859 à Milan ; ce journal, dans lequel la
critique était faite à la diable, était plutôt
une sorte de petit pamphlet dont le directeur
cherchait à faire de l'esprit aux dépens d'au-
trui, qu'une véritable feuille artistique. Le
style de Marcello était beaucoup plus conve-
nable et plus approprié aux sujets qu'il traitait
dans la Eivista contemporanea, où pendant
plusieurs années il fut chargé de la critique
musicale.
Mais ses travaux littéraires n'empêchaient
pas Marcello de se livrer à la composition.
Pendant son séjour à Turin, il publia une
messe à 3 voix avec accompagnement d'orgue,
un album de six ariettes intitulé Sere d'au-
tunno, un recueil de piano. Arc-en-ciel, com-
posé de sept petits morceaux, un autre recueil,
Mazzolino primaverile, formé de « dix pièces
de danse en forme d'études, » puis, sous le
titre de Miniera tcalrale, toute une série de
divertissements sur des thèmes d'opéras,
liobert le Diable, Luisa Miller, le Prophète,
Buondelmontc, etc. En même temps, et ne
pouvant se produire au théâtre comme compo-
siteur, il y trouvait accès comme librettiste,
et dans l'espace ^e quelques années fournissait
MAGNANINI — MARCHESI
161
à divers musiciens dramatiques une trentaine
de livrets dont quelques-uns étaient bien ac-
cueillis ; c'est ainsi qu'il écrivit il Bravo pour
son maître Mercadante, Isabella d'Aragona,
Tutti in Maschera, Guevra in quattro pour
M. Pedrotti, Giuditia pour M. Péri, Bianca
dcgli Albizzi pour Villanis, Gincvra di Scozia
pour M. Petrali, etc. 11 traduisit aussi en ita-
lien les poèmes de plusieurs opéras français,
entre autres celui du Prophète. Ce fut peut-
être, là, le côté le plus intéressant de la car-
rière de Marcello, car il acquit comme libret-
tiste une certaine notoriété. Cet artiste mourut
à Milan, le 2j juillet 1865.
MxVRCHxVL ou AIARÉCIIAL, claveci-
niste distingué, se produisit plusieurs fois avec
succès au Concert spirituel, vers 1780. Il y exé-
cuta plusieurs morceaux de sa composition,
entre autres un concerto avec accompagnement
d'orchestre, et un quatuor pour clavecin, cor,
clarinette et harpe, qu'il joua plusieurs fois
en compagnie de Le Brun, Michel et Yernier.
MARCHAL (Pedro-Anselmo), claveciniste
et compositeur portugais, était aussi éditeur de
musique, ainsi que le démontre cette mention que
l'on trouve sur le titre de diverses pièces de mu-
sique de salon publiées à Lisbonne vers la fin du
XVIII^ siècle : Marchai, éditeur et marchand
de musique privilégié de S. M. Marchai jouait
assez bien du clavecin, et sa femme avait du
talent sur la harpe; on les fêtait beaucoup dans
les salons de Lisbonne. Marchai a composé pour
son instrument quelques ouvrages qui sont rares
aujourd'hui ; un livre de Rondos (six) pour cla-
vecin et llùle porte pour chiffre d'œuvre le nu-
méro 10, et appartenait à son propre fonds de
musique. J. de V.
* MARCHAiXD (Louis-Joseph), prêtre et
maître de chapelle du dix-huitième siècle. Le
Traité du contrepoint de cet artiste a été
publié en 1739; la date de 1758, donnée dans
la Biographie universelle des Musiciens,
est évidemment celle d'une seconde édition.
MARCHAND (Alexandre-Nicolas), !théo-
ricien français, est né à Bourraont, le 21 mai 1819.
Après avoir fait de bonnes études musicales, qu'il
termina au Conservatoire de Paris, après avoir
obtenu en 1844 une mention honorable au con-
cours de Rome, il se livra à l'enseignement et
devint, fort jeune encore, professeur d'harmo-
nie au Conservatoire de Bruxelles. M. Alexan-
dre Marchand a publié sous ce titre : Du prin-
cipe essentiel de l'harmonie (Paris, impri-
merie nationale, 1872, in-4°), un ouvrage
théorique qui bouleverse peut-être un peu trop
les idées reçues dans la matière, et dont les
BlOGR. l'MV. DES MUSICIENS. — SUPPL. T.
tendances sont hardies au point d'en paraître
audacieuses. Sans être l'ennemi de tout progrès
en matière de science musicale et sans se
conliuer dans une routine obstinée, je crois
que l'on ne saurait accepter, môme en partie,
le système et les théories de M. Marchand
sans en faire l'objet de l'examen le plus scru-
puleux.
* MARCHESI (LoLis). Ce chanteur célè-
bre a fait l'objet d'une notice publiée sous
ce titre : Lodi caratteristiche del célèbre
cantore signor Luigi 3Iarchesi (Sienne, 1781,
in-S" de 10 pp.).
MARCHESI (Le chevalier Salvatore DE
CASTROA'E), chanteur et professeur italien
très-renommé, est né à Palerme le 15 janvier
1822, d'une famille d'origine princière (1). Son
père avait été gouverneur général de la Sicile de
1806 à 1810, et lui-même entra dansla garde noble
à JNaples, en 1838. Mais ses principes libéraux
l'en éloignèrent bientôt, et il alla étudier le droit
et la philosophie à Palerme, tout en prenant des
leçons de chant et de composition avec Pietro
Raimondi. En 1846 il se rendit à Milan, où il prit
des leçons de MM. Lamperti et Fontana. Mais
ayant pris part à la révolution de 1848, il se vit
obligé de s'enfuir en Amérique, et là, abordant
le théâtre, il débuta à New-York dans Ernani.
Toutefois il fut obligé de reconnaître son insuf-
fisance, et, étant revenu en Europe, il se fit à
Londres l'élève de Manuel Garcia.
Il profita grandement des conseils de son nou-
veau maître, et bientôt, sous le nom de Mar-
ches!, il se fit une belle réputation dans les con-
certs par sa splendide voix de baryton et son
élégante manière de chanter. En 1851, il fait une
grande tournée artististique en Allemagne, donne
une série de brillants concerts à Francfort, Leip-
zig, Berlin, Hambourg, Brème, Weimar, Hano-
vre, etc., et se fait entendre aussi dans les Pays-
Bas. En 1852, il épouse M"^ MathildeGraumann,
jeune artiste de Francfort qui devait partager
sa renommée et qui fait l'objet de rarticie sui-
vant, et l'année d'ensuite tous deux font partie
des troupes italiennes de Berlin, de Bruxelles
et de Londres. En 1854, M. et iM'"'' Marches!
donnent des concerts à Vienne, et bientôt
s'établissent en cette ville, où ils deviennent
(I) Dans le premier volume de ce Supplément se trouve
une courte notice consacrée a M. de Castrone-Marc/icsi,
dans laquelle j'ai qualifié cet artiste de « dilettante, •> au
sujet du Rajiport officiel rédigé par lui sur la section des
instruments de musique Italiens à l'Exposition devienne.
J'ignorais alors que l'auteur de ce rapport ne fit qu'un
avec le célèbre professeur de cliant- On voudra donc
bien considérer cette notice comme nulle, et se référer
uniquement à celle-ci.
II. 11
162
MARCHESI
professeurs au Conservatoire. En 18C2, ils entre-
prennent un voyage artistique, parcourent i'AI-
Jemagne , la Suisse et la Hollande eu donnant
des concerts, et se font entendre à Paris. En
18G3, M. Marclit'si cliante au tlié;\tre de Wei-
mar, puis au tlieàtre de la reine, à Londres, oii
il se produit particulièrement dans Faust et
dans Don Juan. Bientôt, avec sa femme, il re-
vient à Paris, oii tous deux donnent une série
d'intéressants concerts historiques, et où
M. Marcliesi s'établit un instant comme profes-
seur. Mais dès le mois d'octobre 1865, l'un et
l'autre vont se iixer à Cologne, oii M'"* Marchesi
est attachée comme professeur au Conservatoire,
et oii, deux ans après, M. Marchesi obtient la
même situation. Enfin, en 1869, M""" Marcliesi
étant rappelée au Conservatoire de Vienne, est
suivie en cette ville par son mari.
M. Marchesi n'est pas seulement un chanteur
distingué et un professeur consommé. Artiste
instruit et compositeur élégant , il a écrit des
Ueder allemands, des chansons napolitaines,
des romances françaises, et il a donné des tra-
ductions italiennes d'un grand nombre d'opéras
allemands et français, parmi lesquels il faut citer
Médée, Lolienr/rin, le Vaisseau- fantôme ,
Abou-Hassan, Roland à Roncevaxix, la Ves-
tale, Tannhuuser,le Capitaine h enriot,! phi-
génie en Tauride, etc., etc. On lui doit aussi
une Méthode de chant, un recueil de Set Nuovi
Caati SicUiani, dont il a écrit les paroles et la
musique, et, sous ce titre : Riassunio dell' arte
del canto, une série de 20 vocalises élémenlai-
resel progressives avec paroles pour unir l'arli-
culation à la vocalisation. Enfin, nommé membre
du jury du groupe XY à l'Exposition universelle
de Vienne de 1873, il est l'auteur de la Hela-
zione sugli Isirumenti musicali quali erano
roppresentati aW Esposizione universale di
Vienna nel Giitgno 1873 qui a été publiée dans
la collection olficielle des Rapports des jurys
italiens. Il a été fait de cet écrit un tirage à part.
MAUCHESI (Mathildk GRAUMAi\N,
épouse), feuuiie du précédent, chanteuse et pro-
fesseur remarcpiabie, est née k Francfort-sur-le
Mein le 26 mars 1826. Fille d'un riche négociant
qui lui fit donner une excellente éducation, elle
prit à Vienne, en 1843, des leçons de chant
d'Otto Nicolaï , puis vint terminer ses études
musicales à Paris, sous la direction Mlle KIotz
pour le solfège, de Manuel Garcia pour le chaut
et de Samson pour la diction, s'altachant
à la déclamalioii lyrique et à la connaiss^mce
de la théorie de la nnisique, et prenant pour
exemple et pour modèles les grands artis-
tes qui brillaient alors sur nos scènes lyriques
Duprez, Lablache, Tamburini, M"" Grisi, Per-
siani, Slollz, etc. En 1849, M"* Graumann
donnait lui concert d'adieu à Paris ; ensuite elle
alla passer trois saisons à Londres, oîi elle se
produisit avec bonheur, et n'obtint pas moins
de succès en Allemagne , surtout en se faisant
entendre dans les superbes concerts du Gewand-
haus, de, Leipzig, dont elle devint une des can-
tatrices les plus aimées.
C'est alors (1852) qu'elle épousa M. Marchesi,
en compagnie duquel elle se fit applaudir bientôt
à Berlin, à Bruxelles et à Londres. Nommée
professeur au Conservatoire de Arienne en 1854,
sa classe devint rapidement la meilleure de
cet établissement et acquit une renommée
européenne; c'est là que se sont formées nom-
bre d'artistes de premier ordre. M"'* Antoinette
Fricci, Caroline Smeroschi, Etelka Gerster, Anna
Liidecke, Rosa Bernstein, Marguerite Dorn,
Clémentine Proska, Catherine Prohaska, Anna
d'Angeri, Louise Radecke, Anna Riegel, lima
de Murska, Gabrielle Krauss, Caroline Dary,
Katharina Carina , Julie Dumont-Suvanny,
Weinberger, Marck, Schmidf, etc. Cependant,
au bout de sept ans, en 1861, M"' Marchesi
donne sa démission, se rend à Paris avec toute
sa famille, y reçoit des élèves de tous les pays,
entreprend bientôt un grand voyage artistique
en Europe avec son mari, puis revient à Pa-
ris, où tous deux donnent des concerts histo-
riques et où elle écrit sa Méthode pratique de
chant, dont la publication a lieu simultanément
en France et en Allemagne. En 1865, les deux
époux vont se fixer à Cologne, où M™'^ Marchesi
devient professeur au Conservatoire, et enfin,
en 1869, elle est rappelée au Conservatoire de
A'ienne, où elle est fixée encore aujourd'hui.
M""' Marchesi, qui, en 1864, parcourut avec
son mari l'Angleterre, l'Irlande et l'Ecosse en
donnant toute une série de brillants concerts, n'a
pas seulement formé d'excellents sujets j)our le
théâtre, mais aussi un grand nombre de profes-
seurs de chant, qui aujourd'hui propagent son
enseignement et ses traditions. Elle a publié plu-
sieurs ouvrages didactiques consacrés aux voix de
femmes et dont on dit le plus grand bien ;
24 Vocalises pour soprano, dédiées à Rossini :
Exercices élémentaires; Vocalises pour une,
deux et trois voix ; Études d''agilité avec
paroles; enfin une grande méthode intitulée :
École Marchesi, VArt du chant. M"'" Mar-
chesi a été l'objet d'une foule de distinctions,
et l'empereur François-Joseph lui a conféré
en 1874 la croix pour le mérite (en or, avec
couronne), honneur exceptionnellement rare
pour une artiste de son sexe.
MARCHESI — MARCHETTI
d63
On doit à 1^""= Maixhesi un petit livre inté-
ressant publié à Vienne, en 1877, sous ce titre :
ErmneruHfjen mis meinem Leben {Mes Souve-
nirs).
MAUCHEÏTI (FiLiPPo), compositeur dra-
matique italien, est né à Bolognola, près de
Camerino, le 26 février 1831. A l'âge de douze
ans, et comme simple distraction, il commença
l'étude de la niusitiue, et trois ans plus tard,
s'étant mis à travailler sérieusement sous la
direction d'un professeur nommé Bindi, il se
consacra décidément à la carrière artistique.
Ses progrès étant remarquables, sa famille ré-
solut, en 1850, de l'envoyer à Naples, afin
qu'il |)ùt tciminer son éducation au Conser-
vatoire de San-Pietro a Majella. Il se fit ad-
mettre en effet dans cet établissement, où,
après avoir suivi un cours d'harmonie accom-
pagnée avec Giuseppe Lillo, il devint, pour le
contrepoint et la composition, l'élève de Carlo
Conti, auprès duquel il passa quatre années.
Ayant achevé ses études sous cet excellent
maître, M. Marchetli retourna dans sa patrie,
et songea aussitôt à écrire un opéra, dont son
frère, M. Raffaele Marchetli, lui avait fabriqué
le livret. Cet ouvrage, intitulé Gentile da Va-
rano, fut représenté sur le théâtre ïSational
de Turin, au commencement de l'année 1856,
et le succès en fut assez grand pour que le
directeur de ce théâtre commandât au jeune
compositeur un second opéra, qui devait être
produit l'année suivante au théâtre Cariguan
de la même ville. M, Marchetli se mit aussi-
tôt à l'œuvre, et écrivit la Démente, qui fut
en effet donnée sur cette dernière scène, en
1857. Soit que ce nouvel ouvrage fût inférieur
au précédent, soit, comme on l'a dit, que l'im-
mense succès obtenu en ce moment à Turin
par la Traviata, de M. Verdi, attirât toute
l'attention du public, la Démente ne put être
jouée au-delà de quatre représentations. Peu de
mois après ; cependant, elle était reproduite à
Rome et non sans succès.
M. Marchetli s'établit alors à Rome comme
professeur de chant, ce qui ne l'empêcha pas
d'écrire la musique d'un grand drame lyrique en
trois actes, intitulé le Paria. Mais, malgré
tous ses efforts, il ne put trouver un théâtre
pour jouer cet ouvrage, et, découragé, il
quitta Rome après Irois ans de séjour pour
se rendre à Milan, où il fit la connaissance
d'un compositeur aimable, qui était en même
temps un librettiste fécond, Marco Marcello
{Voyez ce nom). Celui-ci traça pour lui le
livret d'un Romeo e Giyilietta que le jeune
artiste mit aussitôt en musique, mais qu'il
eut encore beaucoup de peine à faire connaiti-e
au public, quoique l'un des grands éditeurs
de musique de Milan, Francesco Lucca, lui
eût acheté sa partition et l'eùl publiée avec
l'accompagnement de piano. Enfin, Romeo e
Giiilietta fut représenté au théâtre communal
de Trieste le 23 octobre 1865, et assez bien
accueilli -, doux ans après, l'ouvrage était re-
produit à Milan, sur le théâtre Carcano, et
malgré le voisinage du Roméo et Juliette de
M. Gounod, qu'on jouait alors à la Scala, il obtint
un succès retentissant et qui classa M. Mar-
chetli au nombre des jeunes compositeurs sur
lesquels l'Italie avait le plus droit de compter.
Ce succès ouvrit à l'artiste les p cries du
grand théâtre de la Scala, pour lequel il écrivit
un drame lyrique en quatre actes, Ruy Blas.
Chanté par MM. Tiberini et Cesare Rota, par
la Poch et la Benza, Riiy Blas fut représenté
pour la première fois à la Scala le 3 avril 1869,
et cette fois ce fut un triomphe qu'obtint
M. Marchetli. Je n'ai pas eu l'occasion d'en-
tendre cet ouvrage en Italie et de le pouvoir
juger, mais je puis donner l'impression d'un
critique italien très-expert et très-autorisé, qui
m'écrivait ce qui suit au sujet de M. Mar-
chetli, de son Ruy Blas, et de l'influence que
cet ouvrage a exercée sur lu destinée de son
auteur : — « .... Quelle que soit la mesure
du talent de M. Marchetli, c'est assurément
un très- bon musicien, qui écrit très-bien pour
les voix et pour l'orchestre, et qui connaît
tous les secrets de l'harmonie et du contre-
point. Son premier succès a été GiuUetta e
Romeo au Carcano de Milan, mais celle parti-
tion a été vile oubliée, sans doute à cause du
Roméo de Gounod, qui est infiniment supé-
rieur. Le triomphe de M. Marchetli a été son
Ruy Blas, qui a fait le tour de tous les théâ-
tres d'Italie. C'est une œuvre d'une facture ex-
quise et d'une inspiration tendre, douce, pas-
sionnée, mais un peu monotone. Avec une
seule mélodie, l'auteur a fait les frais de toute
sa partition ; le duo d'amour est admirable,
et excite toujours l'enthousiasme, quelquefois
trop facile, du public italien. Le succès de Ruy
Blas a été le grand malheur de M. Marchetli,
parce qu'à son quatrième opéra le public lui
a demandé beaucoup plus qu'il ne pouvait
donner. Son Gustavo Wasa, donné en février
1875 à la Scala, de Milan, est tombé sans
espoir de résurrection. C'est un Ruy Ulas
à l'eau de rose. Pas d'inspiration ; un orches-
tre morne, sans éclat ni couleur; des longueurs
interminables, et une absence presque complète
d'idées. »
104
MAllCHETTl — MARCHISIO
Gustavo Wasa n'obtint en effet aucun
succès , (]uoique très-bien cbanté par M.
Bolis, le ténor Maini et M""*^ Mariani-Masé;
il ne fut pas plus heureux à Florence, malgré
les corrections et les inodifications apportées
par l'auteur à son œuvre pour sa représentation
au théâtre de la Pergola. Deux ans auparavant,
le 25 mars .1873, le compositeur avait donné
au théâtre d'Angennes, de Turin, un opéra
(le demi-caractère intitulé VAmore alla prova,
(|ui, bien qu'accueilli assez favorablement,
disparut avec rapidité. Depuis lors, il ne s'est
pas produit nouvellement à la scène, et ses
compatriotes semblent craindre qu'il ne se
puisse relever de son dernier insuccès. M. Mar-
chetti n'en a pas moins obtenu, dans le cours
de sa carrière, un long et retentissant succès
avec sa partition de Ruy Blas- bien des com-
positeurs n'ont pas eu cette bonne fortune, et
n'ont jamais joui d'un tel moment de popu-
larité. Il a en portefeuille un drame lyrique
encore inédit, intitulé Giovanna (TAiistria.
En dehors du théâtre, M. Filippo Marchetti
a publié un certain nombre de compositions
vocales : Ricordi di fioma, album de 6 mélo-
dies (1. l'Ora del Tramonto; 2. Aspetto la
riposta; 3. Sei tenerina corne la lattuga;
4. E tu credevi vanarella mia; 5. la Prima-
vera, duo; 6. la Preghiera, quatuor); — la
Vito, id. (1. Perché si muore; 2. lo Stra-
zia/anciulle: 3. Ritornate presto; 4. Quanto
è bella; 5. Poveretta ; 6. Madré e figlio);
— A Jioma, id. (1. la Figlia d'italia; 2. Z'.l-
rancino ; 3. la Gemma d^amorci 4. la Ga-
gia ; 5. Ei pii'i non torna;6.la Partenza,
duo) ; — Quattro Canti popolari, avec pia-
no ; — 12 Canti popolari romaneschi, id.'; —
Ave Maria pour 3 voix de femmes, avec pia-
no; — enfin diverses mélodies vocales déta-
chées : Tu vaneggi;la Sera; Di che ti la-
gni ? Era stanca; un Bacio solo; Ad una
Lambina; Morremo, duo; Ail' arnica Ion-
tana; etc. On connaît encore de M. Marchetti
une ouverture à grand orchestre, en ré ma-
jeur, et un Chœur de Corsaires avec accom-
pagnement d'orchestre.
MARCIII (Viur.iMo DK), compositeur ita-
lien contcm|iorain, est né à Udine, dans le Frioul.
J'ignore avec quel artiste il a fait son éducation
musicale, et je sais seulement qu'il reçut quelques
leçons de son compatriote Ma/.zucato (T'oy. ce
nom;, né comme lui à l'dine, et mort ré-
cemment. M. De Marchi a fait représenter il y
une quinzaine d'années, sur le théâtre de Hres-
cia, un opéra .sérieux inlilnhi il Cantore di
Venezia, dont le sujet était tiré de l'aventure
légendaire de Sfradclla. L'ouvrage était faible
aussi bien sous le rapport de l'invention qu'en
ce qui concerne la facture, et n'obtint qu'un mé-
diocre succès; il ne fut pas beaucoup plus favo-
rablement accueilli au théâtre Pagliano, de Flo-
rence, lorsqu'il y fut reproduit en 186t). Depuis
ce temps, on n'a pas entendu parler du com-
positeur.
MARCIIIO ( ), compositeur dramatique
italien de l'époque actuelle, a fait représenter
avec succès en 1869, sur le théâtre de Reggio
d'Emilie, un opéra sérieux qui avait pour titre
la Statua di carne ; six ans après, le 7 février
1875, il donnait au même théâtre un second ou-
vrage, intitulé Amore e Vendetta. Je n'ai aucun
renseignement particulier sur cet artiste.
MARCHISIO (AntoiMno), pianiste distin-
gué, renommé pour son enseignement, et com-
positeur, était né à Buttigliera d'Asti, le 19
février 1817. Fixé depuis longues années à
Turin, il est mort en cette ville le 4 août 1875,
à l'âge de 58 ans. Il avait fait représenter trois
opéras : Il Marito délia vedova, un Matri-
monio a tre, et Piccarda Donati, et il en a
laissé deux inédits : gli Ussiti, et Crisioforo
Colombo.
MARCHISIO(Barbaka et Carlotta), chan-
teuses renommées, sœurs du précédent , naqui-
rent à Turin, la première le 12 décembre 1834, la
seconde le 6 décembre 1836, et de bonne heure se
livrèrent à l'étude !de la musique. Carlotta, la
cadette, était douée d'une fort belle voix de so-
prano, à la fois solide et souple, tandis que sa
sœur possédait un contralto magnifique et puis-
sant. Toutes deux songèrent à embrasser la car-
rière théâtrale, travaillèrent sous la direction d'un
professeur nommé Luigi Fabbrica.et vers 185('>
Baibara débuta à ^ ienne , pour se rendre en-
suite à Madrid, où sa sœur était engagée avec
elle. En 1857, les deux jeunes chanteuses se
faisaient entendre au théâtre Viclor-Emmanuel,
<ie Turin, où elles obtenaient un grand succès
en jouant ensemble la Semiramide de Rossini.
Si j'en crois un biograjibe italien , Francesco
Ui'gli, elles chantèrent ensuite à Venise, à
Manloue, à Trieste, à Milan (Scala), à Rome,
enfin à Parme , voyant grandir chaque jour
leur renommée, et c'est alors que l'adminis
tralion de l'Opéra de Paris conçut l'idée de
se les attacher et, pour les produire delà façon
la pins favorable, de faire traduire expressément
pour elles semiramide. qui leur avait valu
leurs plus beaux triomphes. Les deux sœurs se
montrèrent en effet, le 10 juillet 18G0, dans
Sémiramis, et produisirent une impression
profonde, justifiée |>ar la beauté de leur voix,
MARCHISIO — MARCILLAG
1G5
par leur talent très-réel, et par le charme et
l'ensemble qu'elles apportaient 'dans l'exécu-
tion des morceaux chantés à elles deux. Toute-
fois, on a singulièrement exagéré en affirmant
que la façon dont elles disaient le duo célèbre
du second acte rappelait la réunion mémorable,
dans ce morceau, de la Malihran et de la Sontag.
Après un séjour relativement court à Paris,
les sœurs Marchisio se produisirent avec le
même bonheur sur la plupart des grands théâ-
tres de l'Europe, à Londres, à Bruxelles, à
Rome, à Barcelone, et dans ces deux dernières
villes surtout leur succès fut très-marqué. Elles
étaient encore dans tout l'éclat d'une carrière
qui aurait pu se prolonger, lorsque Carlotta
mourut à Turin le 28 juin 1872, âgée seu-
lement de trente-cinq ans. Celle-ci avait épousé
un chanteur dramatique autrichien connu au
théâtre sous le nom à'Eugenio Coselli_ qui
s'appelait Kuh de son nom véritable , et qui
depuis quelques années avait abandonné la scène
pour acheter et diriger, à Venise, une impor-
tante fabrique de pianos. Lui-même est mort
près de cette ville, à Mira, le 2 mai 1875. Il
était né à Vienne en 1835.
Un compositeur qui me semble devoir appar-
tenir à la même famille, M. Giitsepjie-Enrico
Marchisio, s'est fait connaître par la publication
d'une trentaine de morceaux de genre pour le
piano, rêveries, tarentelles, barcarolles, etc.
MARCILLAC (F,..), né le 1" mai 1817, à
Genève, est mort dans cette même ville le 9
mars 187G. Les premières leçons de musique lui
furent données par son père, qui était Français,
et tenait à Genève un magasin de musique. Il
parcourut l'Europe pendant près de quinze ans
avec une famille russe à laquelle il fut attaché
d'abord comme précepteur, puis comme secré-
taire des commandements. C'est pendant cette
période de sa vie qu'il eut occnsion d'entendre
souvent de grands artistes et de développer son
goût et ses connaissances musicales. Dès son re-
tour à Genève, en 1848, il commença à s'occu-
per de recherches sur l'hi-stoire de la musique.
Vers 1866, il fut chargé du cours de littérature
à l'École supérieure des jeunes filles, et conserva
ces fonctions jusqu'à sa mort. 11 avait été nommé
aussi membre du Comité du Conservatoire de
Genève, puis vice-président, et prit, pendant
plus de vingt ans, une part active à la direction
de cette école. Ce fut à la demande de ses col-
lègues qu'il rédigea, en 1862, une Théorie élé-
mentaire de la Musique, suivie d'exercices de
solfège à deux voix , publiée à Genève chez
L. Martinet. On a aussi de lui une brochure sur
r Enseignement populaire de la musique d'a-
I près la méthode Chevé (Genève, Jules G'""
Fick, 1862, extrait du bulletin, n° 17, de la So-
ciété Genevoise d'utilité publique). Le but de
cet opuscule, dont une |)artie est consacrée à
l'éloge de la méthode Wilhem , est de recom-
mander le système Galin-Paris-Chevé pour
l'enseignement du chant en chœur, et notam-
ment du chant religieux. L'auteur demande, en
terminant, que la notation en chiffres soit in-
troduite dans les Psautiers de l'Église réformée.
Le litre le plus important de Marcillac à l'es-
time des connaisseurs et des érudits est son His-
toire de la Musique moderne et des Musiciens
célèbres depuis Vère chrétienne jusqu'à nos
jours (Sandoz et Fischbacher, Paris, 1876). Cet
ouvrage est surtout exact et complet dans la
partie consacrée aux origines et aux progrès de
l'art tout moderne de la musique. Cette partie,
qui comprend les deux tiers du volume, est
un résumé net et bien ordonné des meilleurs
travaux sur la matière de Burney, Martini,
Forkel, Kieseweter, Fétis, Coussemaker, etc.
En d'autres termes, c'est une intelligente vulga-
risation de notions qu'on ne pouvait guère ac-
quérir et préciser qu'en compulsant de volumi-
neux in-folio écrits dans des langues diverses, et
assez souvent conçus sans méthode. Écrit sans pré-
tention et avec clarté dans le plan et dans l'ex-
pression, ce livre est d'une lecture aisée et ins-
tructive. Les chapitres relatifs à la notation au
moyen âge, à la Renaissance et aux origines de
l'opéra sont particulièi'ement à recommander.
La fin du volume, où l'auteur passe en revue
les productions du siècle actuel, est incontesta-
blement beaucoup plus faible. Il semble qu'elle
ait été faite avec précipitation et une connais-
sance imparfaite du sujet. On peut y relever
plus d'une appréciation douteuse, et même des
inexactitudes de fait surprenantes lorsqu'il s'a-
git d'événements contemporains. Il est à croire,
par exemple, que les jugements portés sur Bee-
thoven, Schumann et surtout Meyerbeer ne se-
ront pas complètement ratifiés par les artistes et
les gens de goût. Parlant de Berlioz, Marcillac
présente sa carrière comme terminée après VEn-
fance du Christ et om.et d'une façon évidem-
ment inconsciente la généreuse tentative des
Trofjens, la plus intéressante de l'auteur de
Benvenuto au théâtre. Il y aurait plus d'une
lacune de ce genre à signaler dans les derniers
chapitres. Malgré ces imperfections, V Histoire
de la musique de Marcillac méritait ici une
mention particulière. On y trouve cette érudi-
tion consciencieu.se et ce sentiment élevé de l'art
qui font la valeur durable des ouvrages de ce
senre. Al. R — n.
166
MARCORA — MARENZIO *
MAIICORA (C ), miisicien italien
contemporain , est l'auteur d'un drame lyrique
inlil nié rr/.ç/o/'oro Colombo, qui n'a été repré-
senté qu'après sa mort, en ISiit», sur le tiiéàlre
<ie IJaliia. J ij^nore s'il était fixé en ce pays. Cet
artiste, sur lequel je ne possède aucun autre
renseignement, avait publié précédemment quel-
ques mélodies vocales et plusieurs niorceauv de
piano.
MAR(^OU (Pau.), pianiste français et com-
positeur pour son inslruinenf, a publié, dans ses
dernières années, un certain nombre de morceaux
de genre parmi lesquels je signalerai les suivants :
Florence, nocturne, op. 8 ; le Soir, rêverie, op.
9; Inquiétude, caprice, op. 11; ^e Papillon,
scherzo, op. 12; Barcarolle, op. 13; Tarentelle,
op. 14; la Cosaque, impromptu, op. lô; la
Fleur et le Ruisseau, étude mélodique, op. IG ;
Chantait berceau, op. 17; Andante allamar-
cia, op. 18; le Hamac, mélodie champêtre, op.
19; Scène russe, op. 20 ; Légende, op. 21 ; Souf-
fle de printemps, romance sans paroles, op. 22 ;
Idylle, op. 24; 5 Marches, op. 24; Yal.se villa-
geoise, op. 22 ; etc., etc.
MAHCUCCI (Ferdinando), harpiste extrê-
mement distingué, né à Florence le 6 mai 1800,
mort en cette ville le 29 décembre 1871, fut
élève de son père, Curzio Marcucci, qui était lui-
même un virtuose fort remarquable , et reçut
des leçons d'harmonie et de contrepoint de Disma
Ugolini. Dès ses plus jeunes années il tenait
très-habilement la partie de harpe à l'orchestre
du théâtre de la Pergola, de Florence, et il se
fit toujours remarquer, dans les concerts, par
ses grandes qualités de style et de mécanisme,
transformant en (juelque sorte l'instrument sous
ses doigts et en tirant des effets inconnus avant
lui- En 1827, Marcucci vint en France, obtint
beaucoup de succès en donnant en province une
série de concerts, et, une fois arrivé à Paris,
entra à l'orchestre du ïhéAtre-Italien par la
protection de Uossini. Après quelques années,
en 18:55, il était de retour à Florence, qu'il ne
quitta plus, et s'y livra complètement à rensei-
gnement, formant de nombreux et excellents
élèves, tout en continuant de faire admuer son
admirable talent toutes les fois qu'il se pro-
duisait en public.
MAIICIISSEN ( ), facteur d'orgues,
associé, je crois, à M. Reuter, était avec celui-
ci le chef de la maison la plus importante en
ce genre de tout le Danemark, il y a une tren-
taine d'années. Ces deux artistes distingués ont
apporté d'heureuses et utiles améliorations dans
la fal)rir,ation des orgues.
.^lAIll'XIlAL (CnviiLES-HEMu), composi-
teur, est né à Paris le 22 janvier 1842. Il se fit
recevoir au Conservatoire seulement en 186G,
et entra dans la classe d'orgue de M. Benoist et
dans la classe decom|)Osition de M. \ictor Massé.
Je ne crois pas qu'il ail pris part aux concours
de 1 école ; tout au moins n'y obtint-il aucune
récompense; mais s'étant présenté en 1870 au
concours de l'Institut, il y remporta d'emblée
le premier grand prix de Rome, conjointement
avec M. Cliarles Lefebvre {Voyez- ce nom). En
187;j, à la séance d'audition des envois de Rome,
on exécuta au Conservatoire des fragments de
la ISativité, drame sacré écrit par M. Marécbal
sur un poème de M. Cicile, et dont divers autres
fragments avaient été précédemment entendus
dans les séances de la Société nationale de mu-
sique. Depuis lors, M. Maréchal a donné à l'O-
péra-Cornique (8 mai 1876) un petit ouvrage en
un acte, les Amoureux de Catherine, qu'on a
trouvé empicint d'une grâce touchante et d'un
bon sentiment mélodique. Presque en même
temps il écrivait pour une comédie de MM. Erck-
mann et Chatrian, l'Ami Friiz, représentée à la
Comédie-Française, deux morceaux dont l'un
sintout, une chanson avec chœur, produisait
un heureux effet. M. Maréchal a rempli un ins-
tant, eu 1S67, les fonctions de chef des chœurs
au Théâtre-Lyrique.
MAREIVCO (RoMUALDo), compositeur dra-
matique italien, s'est fait connaître par la musique
de plusieurs ballets dont voici les titres : 1° i Sciti
Peccaii capUalt; 2" Bianca di Nevers, repré-
senté à la Scala, de Milan; 3° Armide, joué au
Polileama, deNaples, au mois de Mai 1873; 4°
le Foliie del Carnevale, écrit en société avec
MM. Levi et Casiragiii et donné au théâtre Dal
'Verme, de Milan, le 20 janvier 1877 ; 5° Erman-
zia, joué au théâtre San-Carlo, de Naples, en
mars 1877; 6° Balilla, représenté à Gènes au
mois d'avril de la même année; T Sieba, donné
à Turin au mois de janvier 1878. M. Marenco
est aussi l'auteur d'un drame lyrique en quatre
actes, Lorenzino dé' Medici, représenté le l"^""
décembre 1874 sur le théâtre de Lodi, et qiù a
été l)icn accueilli par le public. Cet artiste a
publié un certain nombre de morceaux de
musique de danse pour le piano, il était, en
1873, chef d'orcbestre pour le ballet au théâtre
de la Scala, de Milan.
* MAIIENZIO (LiJCA), illustre compositeur
italien du seizième siècle. — M. le docteur Ra-
sevi, de Florence, m'a signalé une edilion du
premier livre de madrigaux de cet artiste qui
est restée inconnue à l'V'tis, et dont voici le titre :
Di Luca Marenzio madrigali ù 4, :• et G voci
I iibro primo, novamenle composte et date in
MARENZIO — MARIANI
167
luce. In Venetia, pressa Giacomo Vincenzi ,
1588. Dans !a dédicace, adressée au comte Mario
Bevilacqua, Marenzio dit qu'il a composé ces
madri!»au\ con maniera assai différente dalla
passaia, havendo, et per l'imitatione délie
imrole, et per la proprietà dello stile, atteso
(diro cosi) a una mesia gravita.
J\lAIiESCALCHI (F ), musicien ita-
lien contemporain, s'est fait connaître par la pu-
blication d'un assez grand nombre d'albums de
mélodies vocales, parmi lesquels je citerai : Alla
giovine Italia (12 pièces), Cosetle del Core
(4 chants dans le style populaire), un Fiore a
Bellini (tî pièces), etc.
^MARESSE (Lotis). — On a de ce
compositeur un petit opéra-cornique en un acte,
les Projets de sagesse, représenté au Gymnase le
20 février 1821. L'auteur des paroles de cet ou-
vrage était Mélesville, et tous deux en écrivirent
la musique en collaboration.
*MARIA (D. Caklos DE JESUS). —
Fétis n'a pas connu la première édition du traité
de cet auteur sur le plain-chant ; il n'a même pas
donné exactement le titre de la seconde, que
voici : Résuma das regras geraes mais impor-
tantes e necessarias para a boa intelUgencia
do Cantocfido, etc., Coimbre, 1726, in-4'' de
47 pp. La deuxième édition porte le même titre;
l'auteur y ajoute seulement : Dada novamente
ao prelo corn varias accrescentamentas que
vane notados com este signal : *Coimbre, 1741,
in-4°de 11-92 pp. et index. L'auteur a publié son
traité sous le pseudonyme : P. Luis du Maria
Crcessé'r.
J. DE V.
MARIA (D. JoÀo DE SANTA-), prêtre
portugais, chanoine de l'église de S. Vicenle de
Fora, né à Terena (Extremoz), mort à Grijo en
1654, écrivit sur le plain-chanl trois livres qu'il
dédia au roiD. Jean IV, et qui existaient dans la
IMbliotlièque de ce prince. Ces trois livres ne
formaient probablement qu'un seul ouvrage, di-
visé en trois parties.
J. DE V.
MARIA (Le P. Francisco DE SANTA),
religieux franciscain portugais, né à Barcellos,
exerça la charge de vigario de côro dans le
couvent de Jésus, à Lisbonne, et mourut à Coim-
bre en 1721. Il composait, et ses compositions
existaient encore en 1833 dans son couvent, qui
fut'supprimé avec tous les autres en 1834. Le
couvent de Jésus fut donné à l'Académie royale
des sciences, qui y est encore installée.
J. DE V.
MARIANI (Angelo), compositeur et le plus
fameux chef d'orchestre de l'Italie contempo-
raine, est né à Ravenne le 11 octobre 1822, et
mort à Gênes le 13 juin 18 73. Cet artiste extrê-
mement distingué, dont la renommée comme
chef d'orchestre fut exceptionnelle, était lils
d'honnêtes bourgeois de Ravenne, et avait fait
son éducation musicale sous la direction de njaî-
Ires obscurs. Il eut pour professeur de violon un
nommé Pietro Casolini, et fit ses études de con-
trepoint et d'harmonie avec un moine, le père
Livrini, théoricien habile. A dix-huit ans, ne
jouant que du violon et du piano, il accepta, à Sant'
Agata, l'emploi de chef d'une bande musicale,
et se mit à étudier le mécanisme des instru-
ments à vent. Peu après il parcourut, comme
simple musicien d'orchestre, différentes villes
des Romagnes, puis se rendit à Bologne, où
Rossini, alors directeur du Lycée musical, lit
exécuter une ouverture de sa composition et lui
adressa des éloges à ce sujet. Ce fut alors que
Mariani se mit à étudier les œuvres classiques
de toutes les écoles, et que, sur les conseils de
Rossini, il mit en partition les quatuors et les sym-
phonies de Mozart et de Beethoven, travail ex-
cellent qui meuble merveilleusement la mémoire
et forme le vrai musicien.
Mariani fit ses débuts de chef d'orchestre en
1844, à Messine, en dirigeant l'exécution de la
Saffo de Pacini, puis il remplit ces fonctions à
Milan et à Vicence. Ses premiers pas annonçaient
un artiste très-habile en ce genre, et en 1847 il
était appelé à diriger l'orchestre du théâtre de la
cour, à Copenhague, oii il écrivit une messe de
Requiem |)our les funérailles du roi Christian
VIII. Comme tous les Italiens, Mariani était un
chaud patriote : à la première nouvelle des évé-
nements de 1848, il abandonne la brillante situa-
tion qu'il occupait en Danemark, accourt à
Milan, s'engage comme volontaire, et fait toute
la campagne. La guerre terminée, il part pour
Constantinople, où le sultan le prend en affec-
tion, et où il fait exécuter, outre un hymne en
l'honneur de ce souverain, deux grandes canta-
tes : la Fidanzata del guerriero et gli Esull.
Enlin, en 1852, Mariani est chargé de ladirection
de l'orchestre du théâtre Carlo-Felice, à Gênes,
et c'est de cette époque surtout que commence
sa grande renommée. Quelques années après,
son talent exceptionnel le faisait attacher, en la
même qualité, au théâtre communal de Bologne,
l'un des cinq ou six premiers de l'Italie, et il sut
conserver à ce magnifique établissement son an-
cienne supériorité. Sa renommée ne fit qu'y
grandir, à ce point que les Italiens, avec leur em-
phase habituelle, le surnommèrent le Garibaldi
de l'orchestre. Voici comme un de ses confrères,
le compositeur Alberto Mazzucalo, devenu plus
168
MARIANI — MARIN
tard (lirecteuidii Conservatoire de Milan, et alors
chef d'orrhestre du fhé;Ure (le la "Scala, appré-
ciait le talent de cet artiste; ces lignes enthou-
siastes sont extraites d'un journal italien, l'Eit-
terpe, du 23 septcmlire 186!» :
« Directeur d'orchestre! — Mais quand on a
prononcé ces deux froides paroles, nul ne se
doute de ce qu'est Mariani, parce qu'il est vrai-
nieni ce que doit être le véritahle interprète des
compositeurs : ingénu avec Paisiello etCirnarosa,
idéal [immaginoso) avec Mozart et Rossini, élé-
giaque et passionné avec Gounod et Bellini, ar-
dent et dramatique avec Verdi et Meyerbeer. Nul
plus que le célèbre violoniste et compositeur ra-
vennais n'a su s'identifier plus intimement, plus
parfaitement, avec tous les genres de musique,
avec tous les styles, avec tous les créateurs de
mélodies et d'harmonies ; à tel point que, quand
il se fait leur interprète, on dirait que ces chants
suaves ou volcaniques, que ces harmonies ou
simples, ou sévères, ou idéales, que ces combi-
naisons instrumentales légères, brillantes, im-
pétueuses, formidables, austères, vagues, mys-
tiques, sont siennes, et partent toutes de lui.
« Cen'estpastout. Non-seulement il s'assimile
le compositeur de façon à en reproduire, à en
photographier l'imagination, l'Ame, l'esprit, l'i-
déalité, le génie ; mais cette âme, cet esprit, il
les surpasse même parfois : il va plus loin, et là
où l'interprétation simple ou ne suffit pas, ou
laisse la voie ouverte à diverses manières, ou
donne lieu à hésitations, il la devine et la trouve;
et chaque fois sa divination est un miracle, qui
se traduit pourtant en un prodige d'effets. Et
ceux que nous appelons chanteurs, que nous
appelons musiciens d'orchestre {siionaior\), ma-
gnétisés et conquis par l'efficacité démesurée d'in-
tuition d'un tel génie, sont |>lus que d'obéissants
et valeureux soldats guidés par un grand capi-
taine-, ils sont autant d'émanations de lui-même,
ils sont les ramifications nerveuses de cette phé-
noménale intelligence, ils sont les mouvements
immédiats de sa volonlr', qui pourtant, dans leur
immense variété, la révèlent non-seulement une,
mais si puissante et si inébranlable que non-seu-
lement tout obstacle s'efface et disparaît devant
elle, mais même qu'on n'en soupçonne aucun et
qu'on ne su|ti>ose |ioint qu'il en puisse exis-
ter. )i
Si l'on veut liien faire la part de l'exagération
toute méridionale de ce jugement, on conviendra
néanmoins que de tels éloges, surtout venant d'un
conirère, ne pouvaient s'adresser à un artiste or-
dinaire. Mariani s'était fait d'ailleurs une renom-
mée européenne, et il n'est que juste de dire que
c'était un artiste hors ligne. Il dominait, de toute
la hauteur de son talent exceptionnel et de son
immense réputation, la notoriété cependant légi-
time de ses confrères italiens les plus experts,
les Mazzucato, les Nicolo de Giosa, les Franco
Faccio, les FrancescoPollini et autres. 11 avait mis
le comble à sa renommée par les soins et l'expé-
rience qu'il avait apportés, dans ses dernières
années, à l'exécution de plusieurs ouvrages parti-
culièrement importants et difficiles el d'une nature
singulièrement dissemblable : l'Africaine, de
Meyerbeer, ^i(/a et Don Carlos, de Verdi, enfin
Lohengrin et Tanniumser, de M. Richard Wa-
gner. Le Lohengrin fut monté par lui avec neuf
répétitions d'orchestre seulement, ce qui est un
véritable tour de force.
Dans les premiers mois de 1873, Mariani venait
(l'être réengagé au théâtre Carlo-Felice, où il
rfevait diriger prochainement l'exécution de la
Perle du Brésil, de Félicien David, qu'on
venait de traduire en italien. C'est précisément
à Gênes qu'il est mort, le 13 juin, à huit heures
du soir, après une assez longue et très-cruelle
maladie.
Comme compositeur, et outre les ouvrages
qui ont été cités plus haut, Mariani a publié un
certain nombre de recueils de chant, parmi les-
quels on signale surtout les suivants : Rimem-
branze del Bosforo; il Trovaiore nella Ligu-
ria ; Il Colle di Carignano, recueil de 8 mélo-
dies ; Album vocale (dédié à Massimo d'Azeglio) ;
Rimembranze di Arenzano, 6 pièces romanti-
ques; Liete e triste Rimembranze ; Otto Pez-
zi vocali ; N710V0 Album vocale, etc., etc.
C'est Angelo Mariani qui eut, en 1864, la di-
rection musicale des grandes fêtes célébrées à
Pcsaro en l'honneur de Rossini.
MAR1GNA3J (DE), comédien qui vivait au
dix-huitième siècle, est l'auteur d'une brochure
ainsi intitulée : Éclaircissements donnés à fau-
teur du "Journal encyclopédique » sur la mu-
sique du « Devin du Village » (Paris, Duche.snc,
1781, in-8"). Dans cette brochure, écrite avec un
accent de sincérité convaincue,rauteur prend avec
vivacité la défense de Jean-Jacques Rousseau,
qu'on avaitaccusé de s'être approprié la musique
du Devin du Village, qui aurait été écrite par un
autre que lui. FI donne d'ailleurs, à ce sujot,
des raisons qui paraissent prohantes, et cette
question, repri.se de nos jours par Castil-Blazc
avec un acharnement qu'on a peine à s'expliquer,
semble bien résolue lorsqu'on a lu l'écrit, d'ail-
leurs fort rare et presque inconnu, dont il est ici
parlé. {Voijez Granier et Grenet.)
*MARIl\(FiîAxçois-Loiis-Ci.,uDEÎ\lAHI\l
dit). — Cet écrivain avait été d'abord musicien,
et avait rempli les fonctions d'organiste àlaCiotat,
MARIN — MARIO
169
sa ville natale. Je ne rappelle ici son nom que pour
citer un passage d'un pamphlet de Beaumarchais
dans lequel sont remis en lumière ces commen-
cements de; sa carrière. Lorsqu'en 1771 Marin
fut appelé à la rédaction en chef de la Gazette de
France, ce choi.v fut l'objet de critiques très-
vives de la part de certains hommes de lettres,
dont Marin s'était fait des ennemis en qualité de
censeur de la police. Beaumarchais se distingua
entre tous par son animosité, et publia à ce su-
jet un mémoire dans lequel, après l'avoir montré
gagiste à la Ciotat, où il touchait de l'orgue, il
ajoute : — « Il quitte la jaquette et les galoches,
et ne fait qu'un saut de l'orgue au professorat, à
la censure, au secrétariat, enfin à la gazelle. Et
voilà mon Marin les bras retroussés jusques aux
coudes et péchant le mal en eau trouble; il en
dit hautement tant qu'il veut, il en fait sourde-
ment tant qu'il peut. Censure, gazettes étran-
gères, nouvelles à la main, à la bouche, à la presse,
journaux, petites feuilles, lettres courantes, fa-
briquées, supposées, distribuées, etc., tout est à
son usage. Écrivain éloquent, conteur habile,
gazetier véridique, journalier de pamphlets, s'il
marche, il rampe comme un serpent , s'il s'élève,
il tombe comme un crapaud. Enfin, se traînant,
gravissant, et par sauts et par bonds, il a tant
fait par ses journées, que nous avons vu de nos
jours le corsaire aller à Versailles tiré à quatre
chevaux sur la route, portant pour armoiries,
aux panneaux de son carrosse, dans un cartel en
forme de buffet d'orgues, une Renommée en champ
de gueules, les ailes coupées, la tête en bas, ra-
clant de la trompette marine, et pour support
une figure dégoûtée, représentant l'Europe : le
tout embrassé d'une soulanelle doublée de ga-
lettes, et surmonté d'un bonnet carré, avec cette
légende à la houpe : Ques-à-co? Marin (I). »
* MARII\ELLI (Gaetano). - Au sujet de
cet artiste, M. Joaquimde Vasconcellos me com-
munique obligeamment la note suivante : « A
ce que Fétis dit de Marinelli, il faut ajouter que
ce compositeur se trouvait, avant 1790, à Ma-
drid, où il donna des leçons de chant à un artiste
de talent, Lourença Correa (2); en 1817 il était
(i) On sait que Qiies-à-co ? est une locution proven-
çale qui signifle : >< Qu'est-ce que cela ? w Marin se servait
à tout propos de cette expression, qu'il avait rapportée
de son pays. On raconte qu'elle plut beaucoup à la Oau-
pliine, lorsqu'elle lutle mémoire de Beaumarchais, qu'elle
l'adopta et la répétait atout propos, si bien qu'elle devint
un quolibet de cour et courut Paris et Versailles. Une mar-
chande démodes, profitant de la circonstance, imagina
de répandre une coiffure à laquelle elle donnait le nom
de qiiesaco et qui obtint un succès de vogue.
{l) y. Os Musicos porturjuezcs, par Joaquim de Vas-
concellos, T. I, p. 57,
à Lisbonne, où il composait une cantate pour le
mariage du prince royal D. Pedro, cantate qui
fut chantée au théâtre royal de l'Opéra (San
Carlos). Marinelli était vers 1820 à Porto, où il
donnait des leçons de musique. »
A la liste des ouvrages dramatiques de ce
compositeur, il faut ajouter les suivants :
1° l'Intéresse gabba tutti, Florence, 1795;
2" Issipile, Venise, théâtre de la Feniee, automne
1796; 3° Il due FratbUi Castracani, Padoue,
1798; ^" la Morte di Cleoputra, Venise, théâtre
de la Feniee, 1800.
MAIUIVI ( ). Un artiste de ce nom,
resté d'ailleurs absolument obscur, a écrit la
musique d'un opéra-comique en un acte, Duval
ou une Erreur de jeunesse, qui fut représenté
à l'Ambigu-Comique, de Paris, en 1800.
MARINI (IcNAZio), chanteur italien, naquit
à Bergame vers 1815. Son père voulait lui faire
suivre la carrière ecclésiastique, mais il préféra
se consacrer au théâtre. Doué d'une voix de
basse profonde extrêmement puissante, ainsi
que d'une stature colossale, il offrait, dit-on, sur
la scène, un type d'une majestueuse beauté. Il
débuta fort jeune à Brescia, obtint beaucoup de
succès, et fut bientôt engagé au théâtre de la
Scala, où il resta plusieurs années et où il se fit
une grande réputation. Chanteur remarquable
aussi bien dans le genre tragique que dans le
genre bouffe, il se faisait surtout applaudir dans
Mosè et dans VltaUana in Algeri. C'est pour
lui que M. Verdi écrivit le rôle principal à' Attila.
Après avoir fait un assez long voyage en Améri-
que, il revint à Milan, et remporta un véritable
triomphe, au théâtre de la Canobbiana, en se
montrant dans le rôle de Marcel des Huguenots,
où à ses qualités bien connues de chanteur il joi-
gnit un talent de comédien qu'il n'avait jamais
à ce point déployé. Marini a appartenu au théâtre
impérial de Saint-Pétersbourg, et en 1800 il
chantait sur celui de Barcelone. Il est mort à Mi-
lan le 29 avril 1873.
* MARIO (GiusErPE), comte DE CAMDIA,
célèbre ténor italien, n'est pas né à Gênes, comme
on l'a dit, non plus qu'à Turin. La Gazzcita mu-
sicale (de Milan) du 7 octobre 1877 le déclarait
formellement en ces termes : « La patrie du cé-
lèbre ténor Giuseppe Mario est Cagliari, et non
Turin, comme le voudrait le Dizionario de
Regli. » Dans une lettre publiée au mois de sep-
tembre 1807 par un grand nombre de journaux
français, M. Mario donnait les détails suivants
sur sa carrière : — « J'ai fait ma première ap-
parition à Paris en décembre 1838, dans Robcrt-
le-Diable, sur le théâtre de l'Opéra. Là, j'ai
passé deux ans et demi, et j'ai chanté le Comte
170
MARIO — MARIOÏTI
Ory, le Drapier et autres ouvrages. En 1840, 1
M. Atiii.Klo nie lit f lianlcr VEUsire iVamore, au i
Théâtre-Italien Vax l'ait, ma carrière n'a coni-
niencé qu'en 1842, àDiii)lin, où j'ai chanté avec
Tamhurini, Grisi et Lablache, sous la direction
(le .1. Benedict. Ensuite, je revins à Paris et j'y
chantai le répertoire de Rubini, ce qui ne fut
pas une petite fortune pour moi. Finalement,
ma vie se passait rapidement, allant de Paris à
Londres à chaque saison, et rencontrant partout
le plus aimable accueil. Dans l'hiver de 1849,
pour la première fois, je m'en allai en Russie,
et en 1854 en Amérique. Londres et Paris sont
encore les deux villes dont j'ai gardé les plus
doux souvenirs, sans oublier pourtant Dublin,
cil j'ai reçu les plus chaleureux encouragements.
Etrange à dire, jamais je n'ai chanté en Italie. »
A la fin de 1862, M. Mario, par un caprice
sans doute, eut la singulière idée de se présenter
de nouveau sur la scène de l'Opéra, abandonnée
par lui depuis plus de vingt ans, et s'y montra
dans le rôle de Raoul des Huguenots. La tenta-
tive ne fut pas heureuse, et il ne la renouvela
pas, s'empressant de rentrer au Théâtre-Italien.
Depuis quelques années il a quitté définitivement
une carrière qui avait été pour lui très-brillante,
et l'on assure qu'aujourd'hui il occupe un emploi
important dans l'administration des beaux-arts à
Rome.
Un écrivain italien, Francesco Regli, affirme,
dans son Dizionario biografico, que M. Mario,
destiné d'abord à l'état militaire, était entré en
1830, avec le grade d'officier, dans le régiment
des chasseurs sardes, alors en garnison à Gênes.
Exilé à Cagliari pour un méfait de jeunesse, il
aurait donné sa démission, qui n'aurait pas été
acceptée, et se serait alors réfugié à Paris, où il
fit apprécier dans les salons son adorable voix
de ténor. C'est alors que, selon le même écri-
vain, un engagement lui aurait été proposé à
ropéra, à raison de 1,500 francs par mois. Mais
le jeune dilettante n'était pas en état de se pré-
.sentcr sur une scène de cette importance. Tout
en acceptant le traité qui lui était offert, il se
plaça, ()our faire des étiules sérieuses, .sous la
direction de Ponchard et de Bordogni, et après
deux ans de travail songea enfin à effectuer ses
débuts, qui eurent lieu dans Robert-le- Diable,
non le 2 décembre 1838, comme le dit Regli,
mais le :!0 novembre précédent. Après être resté
quelque temps à l'Opéra, où d'ailleurs il avait
été bien accueilli et où il avait adopté le pseudo-
nyme de Mario, le jeune chanteur, dont la voix
et le talent convenaient mieux au répcirloire
italien qu'au répertoire français, fut engagé au
Théâtre-Italien, où il fit de brillants débuts. On
a vu plus haut, d'après M. Mario lui-même, de
quelle façon se continua sa carrière jusqu'au jour
où il eut la fâcheuse pensée de reparaître sur la
scène de l'Opéra.
Pendant les vingt-six ou vingt-huit années
qu'il passa à notre Théâtre-Italien, M. Mario ne
cessa d'y obtenir d'incontestables et légitimes
succès. Les ouvrages qui constituaient son ré-
pertoire étaient Trancredi, In Gazza ladra, il
Barbiere, Mosè, Maiilde di Sabran, la Cène-
rentola, de Rossini ; Liicia di Lamennoor,
Lucrezia Borgio, Poliuto, Anyia Bolena, VEU-
sire d'Amore, Don Pasquale, de Donizetti ;
la Sonnambula, il Pirata, Norma, i Pnritani,
la Straniera, de Bellini ; Don Giovanni, de
Mozart, etc. Dans la seconde partie de sa car-
rière, il dut un regain de succès aux opéras de
M. Verdi : Ernani, i Lombardi, la Traviala,
Rigoletfo, il Trovatorc. Mais les premières
années de M. .Mario furent assurément les plus
brillantes, alors qu'il se faisait entendre en com-
pagnie de ces artistes à jamais illustres qui s'ap-
pelaient Tamhurini, Lablache, M™" Persiani,
Sontag et Giulia Grisi. 11 devint plus tard l'époux
de cette dernière et célèbre cantatrice. A la fin
de 1869, M. Mario tenait encore à Saint-Péters-
bourg l'emploi des premiers ténors; mais sa
voix était alors bien affaiblie, et il n'était plus
que l'ombre de lui-même. C'est vers cette époque
qu'il se décida à renoncer définitivement à une
carrière qui avait duré pour lui plus de trente
ans.
I\IARIOTTl (Olimpo), compositeur, né à
Florence le 11 juin 1813, est mort en cette ville
le29 juillet 1868. D'abord professeur dechant, et
comme tel attaché aux écoles musicales de sa
ville natale, dont il fut ensuite l'inspecteur, il
devint, en 1860, secrétaire de l'Institut musical.
On doit à cet artiste, outre une sorte d'opérette
'miAnXé^AaCasa disabUala, un oratorio, Giuda
Maccubeo, exécuté vers 1860, plusieurs canta-
tes, et un certain nombre de compositions reli-
gieuses.
MA14IOTTI (CoiiiNNo), compositeur, profes-
seur et écrivain musical, était né à Parme le 4 sep-
tembre 1827. Il commença l'étude de la musique
avec Alinori. et eut ensuite Marcello pour profes-
seur de contrepoint et de composition. S'étant
fixé à Turin, il s'y livra à l'enseignement, et s'oc-
cupa surtout avec ardeur de po|)ulariser l'étude
et la pratique du chant choral, principalement
dans les classes laborieuses. Il écrivit et publia
à ce sujet plusieurs recueils de chants populaires
à une i»u plusieurs voix, avec accompagnement
de piano : Tesoretto melodico, Braccioe Ciiore,
Priiiiizie meloginniche. On doit aussi à cet
MARIOTTI — MARK
171
arlisle, outre quelques romances et des airs de
clause, outre un recueil de sept cluint nationaux,
intitulé il Canzoniere nationale (écrits sur des
pièces de vers des meilleurs poètes italiens et
parmi lesquels on cite surtout il Tamburo di
JSornra et / Tre Colori), la musique de trois
opei«>ttes sans conséquence qui furent représen-
tées à Turin : i Distratti, l'Oca (1876) et la Ba-
(racomiomachia. Mariotti s'occupa aussi de
critique musicale, et publia de nombreux arti-
cles non-seulement dans des feuilles spéciales,
telles que il Pirata, la Gazzetla musicale,
il Trovalore, mais aussi dans plusieurs journaux
politiques de Turin : l'Espero, la Gazzetla di
Torino, il Conte di Cavoiir, et la Nuova To-
rino. Coiinno Mariotti mourut en cette ville, le
3 août 1876.
MARIUS ( ), facteur <le clavecins, vi-
vait à Paris à la (in du dix-septième et au com-
mencement du dix-huitième siècle. On trouve
dans le tome F' du recueil ainsi intitulé : Ma-
chines et inventions approuvées par V Acadé-
mie royale des sciences, le modèle et la des-
cription dun clavecin brisé dû à son invention,
et ([ui, se pliant en deux au moyen de charniè-
res, était d'un transport plus facile que les cla-
vecins ordinaires. Mais là n'est pas ce qui a at-
tiré l'attention sur le nom de Marins. Dans le
recueil qui vient d'être cité (t. III, depuis 1713
jusqu'en 17i9j, cet artiste a donné, à la date de
17 IC, la description et le modèle gravé de trois
clavecins « à maillets » inventés par lui, et qui
étaient un acheminement direct vers la transfor-
mation que le clavecin a subie pour devenir le
piano moderne. Voilà lonnjfemps que l'on dispute
sur ce sujet, que l'on discute pour savoir quel
est le premier auteur de cette transformation, et
que l'on met en avant les noms de Marins pour
la France, de Cristofori pour l'Italie, et de Schrœ-
ter pour l'Allemangne. Tout doute doit être, je
crois, dissipé maintenant, grâce aux nouveaux
documents mis au jour par mon savant collabo-
rateur, M. Casamorata, dans l'article Cristofori
du premier volume de ce Supplément, documents
desquels il résulte que les premiers travaux de
Cristofori en ce sens datent de 1709. Toutefois,
comme sa découverte ne fut répandue que quel-
ques années plus tard, et que les communica-
tions étaient autrement difficiles alors qu'aujour-
d'hui, on peut facilement croire que ni Marins
ni Schrœter n'eurent connaissance de ces tra-
vaux, et que chacun d'eux eut aussi, de son
C(>lé, l'idée de remplacer les sautereaux du clave-
cin par des marteaux ou « maillets. »
Au reste, dans un quatrième modèle, joint au
trois précédents, Marins cherchait à marier l'an-
cien système avec sa propre combinaison, et il
présentait à l'Académie des sciences un « qua-
trième clavecin à maillets et àsauteraux ». Enfln,
cet inventeur donnait aussi le modèle d'un « or-
gue à soufllefs, ). imaginé par lui. C'est là, mal-
heureusement, tout ce qu'on sait sur Marins et
tout ce qui reste de lui, et il in'a été, pour ma
part, impossible de découvrir aucun détail, au-
cun renseignement, aucun vestige d'information
quelconque sur cet artiste intéressant, qui ne ren-
contra sans doute qu'indifférence et incrédulité.
Ce qu'il y a déplus singulier peut-être, c'est
qu'on n'a retrouvé jusqu'à ce jour aucun spéci-
men des fameux clavecins à maillets de Marius,
tandis qu'on connaît au moins trois exemplaires
de ses clavecins repliés. J'en ai pu voir un, su-
perbe de conservation, dans le beau musée ins-
trumental de M. Alexandre Kraus, à Florence ;
celui-ci, daté de 1713 et produisant la signature
de son auteur dans ses divers compartiments,
porte aussi cette mention : Exclusif privilège
du Roy. Un autre , qui a figuré dans la galerie
de l'art rétrospectif à l'Exposition universelle de
Paris de 1878, appartient à la riche collection
de M. Auguste Tolbecque. Enfin, un troisième
fait partie du Musée instrumental du Conser-
vatoire de Paris, et est ainsi décrit dans le cata-
logue de ce Musée : — « Cet instrument, d'une
étendue de quatre octaves (de se grave à fa), se
divise en trois sections se repliant l'une sur l'au-
tre et se pouvant serrer dans un coffret de voyage.
Sur la table d'harmonie, richement décorée, on
lit le nom du facteur, el l'on apprend qu'il jouis-
sait d'un exclusif privilège du roy. C'est en
1700 que Marius inventa ce clavecin portatif
dont les Mémoiresdejrévoux (de 170-3, p. 1292)
ont parlé avec éloges. »
MARK (Le docteur), dilettante passionné,
fut en Angleterre l'un des propagateurs les plus
infatigables de la musique parmi les enfants, et
fonda un collège de musique qu'il dirigeait en
personne. Cet homme dévoué et convaincu mou-
rut à Manchester le 2 janvier 1868. Dans le der-
nier rapport publié par lui sur le Collège de
musique dont il était le créateur, le docteur
Mark établit que dans l'espace de vingt ans il avait
donné9,5S6 concerts et 5,250 conférences devant
7,645,791 enfants el 5,253,689 adultes; qu'il
avait fait exécuter l'Hymne national 9,982 fois;
qu'il avait péircour» 296,690 milles (95,563 lieues),
etqu'ilavaitdépensé 115,000 livres sterling, indé-
pendamment de 25,000 livres à lui appartenant,
soit une somme totale de trois millions 500,000
francs. Outre son collège de musique, le docteur
Mark avait créé plusieurs Conservatoires, et or-
ganisé un grand nombre de corps de musique
172
MARK — MARMONTEL
enfantins qu'on appelait les Petits Hommes ;
enfin plus de 5,500 classes déjeunes élèves, tant
jmMiques que privées, avaient reçu l'enseigne-
ment musical d'après son système.
^lARLET (L'abbé), prêtre et musicien, vi-
vait à Paris vers le milieu du dis-hutième siècle.
Il a écrit la musique d'une pastorale relii^ieuse :
Jésus naissant adoré jmr les bergers, qui fut
représentée en 17-i-'i dans la maison des Demoi-
selles de l'Enfant Jésus.
* MARLIAM (Le comte Marc-Aurèle). —
Ce compositeur écrivit, en société avec MM. Be-
noist et Ambroise Thomas, la musique du ballet
la Gipsij, représenté à l'Opéra le 28 janvier 1839.
— C'est le 8 mai 1849 que cet artiste patriote
périt sous les murs de Bologne, mortellement
frappé par une balle ennemie.
MARLOW (Madame), cantatrice dramati-
que allemande fort distinguée, née vers 1838,
appartenait en 1859 au théâtre de Stuttgard, où
elle obtenait de très-grands succès et oii elle res-
tait jusqu'en 1864. Possédant une superbe voix
de soprano, pleine et étendue, souple et expéri-
mentée, que venait aider un talent scénique d'une
rare valeur, cette artiste se faisait applaudir
dans les rôles des genres les plus opposés, et
jouait tour à tour les Hucjuenots, la Fiancée,
Bobert-le-Diable, Maria, Stradella, le Phil-
tre, le Pardon de Ploirmcl, la Fille du régi-
ment, les Diamants delà couronne, etc. Très-
remarquable el très-diverse d'ailleurs comme
cantatrice, elle n'obtenait pas moins de succès au
concert qu'an théâtre, et faisait apprécier dans
l'oratorio un chant plein d'onction, de largeur et
de majesté.
En 1864, M'""^ Marlow se faisait entendre avec
succès au théâtre Kroll, de Berlin, puis, dès le
commencement de l'année suivante, rentrait au
théâtre royal de rStuttgard. Bientôt, elle entre-
prenait un voyage en Italie. C'est alors (août
1865) qu'un journal annonçait sa mort en ces
termes : — « M""" Marlow, la cé\hbx& prima donna
de l'Opéra royal de Stuttgard, voyageant en
Italie, s'était arrêtée à Ravenne pour visiter le
tombeau du Dante, et y est morte après une
courte indisposition. » Cette fâcheuse nouvelle
était démentie huit jours après, et cependant je
constate que depuis lors on n'a plus en aucune
façon entendu [larler de M™"' Marlow.
* M ARIMOAIÏKL (Antoi*:-Imi.\nçois), com-
positeur cl profes?;cur de piano au Con.scrvatoire
de Paris, n'a cessé, depuis trente ans, de rem-
porter des succès constants dans la personne des
élèves qu'il forme dans cet établissement. Parmi
ceux-ci, je me bornerai à citer les noms de
MM. Ernest Guiraud, Paladilhe, Alphonse et Ed-
mond Duvernoy, Jo.seph Wicniawski, Thurner,
Georges Bizet, Théodore Dubois, Ketfen,
Henri Fissot, Diémer, Lavignac, Lepot-Dela-
haye, Dolmetsch, Paul Chabeaux, Bourgeois,
Berthemet, Thibaud, Suiste, Servantes, Thoraé,
Lack, etc., etc. Le temps qu'il consacre à l'ensei-
gnement n'empêche pas M. Marmontel de se li-
vrer à d'importants travaux de composition, et le
nombre des œuvres publiées par cet excellent
artiste dépasse aujourd'hui le chiffre de 120. Je
signalerai particulièrement les suivantes : V Art
de déchiffrer, 100 éludes élémentaires et pro-
gressives de lecture musicale (Paris, Heugel) ;
École élémentaire de mécanisme et de style,
24 petites études caractéristiques, op. 6 (Paris,
Legouix) ; 24 Études spéciales et progressives,
op. 9 (Paris, Grus) ; 24 Éludes d'agililé et d'ex-
pression, op. 45 (id., id.) ; 24 Grandes Études de
style et de bravoure, op. 85 (Paris, Heugel) ; 30
Petites Études de mécanisme et mélodiques, op.
80 (id., id.); 25 Éludes progressives de méca-
nisme et d'expression, op. 62 (Paris, Legouix);
24 Grandes Études caractéristiques, op. 45 (Paris,
Grus); École de mécanisme, op. 105,106 et 107
(Paris, Heugel); 50 Études de salon, op. 108
(id., id.); VArt de déchiffrer à 4 mains, 50
Études mélodiques et rbythmiques, op. 111 (id.,
id.); Sonate en re majeur, op. 8(id., id.); 2^ So-
nate(id., id,); Nocturnes, op. 10, 11 et 12 (Paris,
Grus) ; 3 Sérénades, op. 21, 56 et 109; 2 Mor-
ceaux de salon, op. 23 et 24 (Paris Grus) ; 3 Thè-
mes variés, op, 49, 63 et 78 ; 3 Mélodies caracté-
ristiques, op. 19 (Paris, Grus) ; 2 Marches carac-
téristiques, op. 37 (Paris, Heugel); 2 Polonaises,
op. 40 et 92 (Paris, Escudier); 3 Mazurkas, op.
35 (Paris, Maho) ; Marche triomphale, op. 08 bis
(Paris, Gérard); 3 Rêveries, op. 95 (Paris, Escu-
dier) ; Sous bois, 2 pièces caractéristiques, op.
113 (Paris, Heugel); 2 Menuets, op. 114 (id.,
id.); 3 Pièces caractéristiques_, op. 117 (id., id.);
Fleurs de bruyère, 3 pièces caractéristiques,
op. 83 (Paris, Escudier),- Napolitana, étude de
concert, op. 39 (id., id,); Chants du Nord, 2
mazurkas, op. 30 (Paris, Heugel).
On doit aussi à M. Marmontel les écrits sui-
vants: i" Petite Grammaire populaire, théo-
rie raisonnéc des principes élémentaires,
Paris, Grus; 2° Vade-mecum du professeur
de piano, catalogue gradué et raisonné des
meilleures méthodes et œuvres choisies des maî-
tres anciens et contemporains, Paris, Heugel,
in-12 ; 3" Art classique et moderne du piano,
conseils d'un professeur sur l'enseignement
technique et Vcsthétique du piano, Paris, Heu-
gel, in-12 ; 4° les Pianistes célibres, silhouet-
tes el médaillons, Paris, Heugel, 1878, in-12.
MARMONTEL — MARÏI
173
La date exacte de la naissance de M. Marmonlel
est le 18 juillet 1816.
Le lils de cet artiste, M. Émile-Antonin-
Louls Marmontel, né à Paris le 24 novembre
1850, a fait ses études au Conservatoire de cette
ville, où il a obtenu le second prix de solfège en
18G1 et le premier l'année suivante, le second
accessit de piano en 1864, le second prix en 1865,
le premier prix en 1867, un troisif^me accessit
d'harmonie et accompagnement en 1868, le pre-
mier prix en 1869, eniin le second prix de fugue
en 1870, et en 1873 une mention honorable au
concours de Rome. M. Marmontel lils, qui est
aujourd'hui professeur de solfège au Conserva-
toire, a publié diverses compositions, parmi les-
quelles une marche pour musique militaire, une
grande sonate (lour piano et plusieurs morceaux
de genre pour le même instrument.
* MARQUE (Pierre-Auglste), violoniste
et compositeur de musique de danse, est mort
à Paris au mois de décembre 1868.
MARQUES (Jo.vyuiM-JosK), musicographe
portugais, amateur distingué, écrivain aussi
consciencieux que modeste, a rendu de grands
services à la littérature musicale de son pays.
Plein d'enthousiasme pour l'art, il a prodigué à
tout le monde ses livres, ses recueils de musique,
ses notes personnelles, fruit d'immense travaux,
sans qu'on l'ait, dans la plupart des cas, a'emer-
cié jamais d'un seul mot. Il a fait des sacrifices
de toute espèce pour rappeler la classe des mu-
siciens de Lisbonne, dans laquelle tous les sen-
timents d'honneur et de dignité professionnels
semblent éteints, à leurs devoirs envers l'art,
envers le pays et ses glorieuses traditions artis-
tiques. M. Marques a fondé des journaux, a mis
sa plume au service de toutes les entreprises
utiles, sans aucun souci de son temps, de ses in-
térêts, de sa santé même, et malgré des condi-
tions très-modestes de fortune, malgré des décep-
tions de toutes sorte, il n'a jamais manqué de
courage dans la lutte ni perdu la foi dans l'idéal
de l'art; déplus, il a su conmiuniquer à quel-
ques rares prosélytes l'enllioubiasme qui l'anime,
et recruter deux ou trois travailleurs qui l'ont
aidé dans VArle Mimcul, de Lisbonne. Ce jour-
nal, qui a dû suspendre sa publication après deux
années de luttes (1874-1875), a marqué une ère
nouvelle à Lisbonne, oii les feuilles artistiques
n'avaient tendu jusqu'alors, tout comme en
Italie, qu'aux plus ignobles buts; M. Marques y
a publié : Chronologia da Opéra em Portugal
(plus de 20 articles), Estudos sobre a historia
da musica em Portugal (15 articles), d'après le
manuscrit de M. Platon de Vaxel (1), etc., etc.
(1) La rédaction de ces articles appartient à M. Joaqiiiin
M. Marques a fourni au Jornal do Commercio,
le premier journal de Lisbonne, une foule d'ar-
ticles relatifs à la musique ; c'est lui qui, avec
M. le docteur Ribeiro Guimaràes ( Voy. ce nom),
qui vient, hélas ! de mourir il y a quelques mois,
a éveille et répandu le goiU pour les études de
musicographie, revenant sans cesse et à tous
propos sur les questions les plus importan-
tes de l'histoire de l'art. Je tiens à rendre ici
cet hommage à M. Marques, car je lui dois, plus
que toutfautre, des services inappréciables pour
mes travaux. M. Marques est né à Lisbonne en
1836. J. nE V.
MARQUES (José-Martinho), né à Macau,
possession portugaise en Chine, fit ses études au
collège de Saint-Joseph de ladite ville, et devint
ensuite interprète officiel du gouvernement et des
légations étrangères . On a de lui : Principios ele-
mcntares demusica, Macau, 1853. Je ne connais
pas cet ouvrage. J. de V.
MARQUES (Miglel), compositeur espagnol,
a fait représenter sur l'un des théâtres de Madrid,
le 24 novembre 1875, une zarzuela en trois actes
intitulée la Monja al ferez.
MARQUEZ (Antoine LESBIO). - Voyez
LESBIO (Antonio-Marques).
MARRACO (José), compositeur espagnol
contemporain, a fait exécuter dans la cathédrale
de Barcelone, le 30 janvier 1868, une messe de
Requiem pour voix seules, chœur et orchestre.
MARTEL (L'abbé A.), est l'auteur d'un ou-
vrage publié sous ce litre : Méthode de plain-
cfiant selon le rit romain, suivie des Princi-
pes comparés du chant musical. Je ne connais
que la « seconde édition, corrigée, » de celle
Mélhode (Fréjus, impr. Perreymond, in-12).
MARTI (Anselme), compositeur, né vers le
milieu du dix-huitième siècle, entra au couvent
d'Engelberg (Suisse) en 1779. « C'était, dit
M. George Becker [la Musique en Suisse) un
organiste et compositeur de grand mérite, qui a
laissé des œuvres en tous genres : messes, mo-
tets, opérettes, etc. »
MARTI (Le P. José), compositeur et maître
de chapelle espagnol, naquit à Tortosa en 1719,
et prit, à l'âge de trente ans, l'habit de moine
bénédictin au fameux couvent de Monlserrat, où
il devint professeur de musique. A cette époque
il était déjà prêtre et avait occupé les fonctions
de maître de chapelle dans une cathédrale. Il
mourut à Mont; errât, le 3 janvier 1763. Le P.
Marti a laissé plusieurs œuvres de musique re-
ligieuse que l'on dit fort distinguées, entre autres
un cantique pour la ÏNativité de Jésus-Christ, et
José Marques, qui a fourni à M. de Vaxel, amateur russe,
les documents les plus précieux pour son travail.
174
MARÏI
(ies Lamen/nlions de la semaine sainte, avec
orclie>tro, <|"' s^"' conservées dans les ardiives
du couvent de Monlserrat.
3IAUTIN (UoBLiiTj, musicien distingué qui
vivait dans la seconde moitié du quinzième siècle,
fut organiste du grand orgue à l'église métro-
politaine de Rouen, de 1483 à 1488.
MARTIN (Micuel), artiste distingué, qui
vivait dans la iiremière moitié du dix-septième
siècle, fit ses études à la maîtrise de la cathé-
drale de Rouen, s'établit ensuite à Paris comme
professeur, puis devint maître de la chapelle de
Laon, et enlin dirigea la maîtrise de la cathédrale
de Rouen, de 1032 à 1G34. 11 mourut sans doute
en cette dernière année.
* MARTIN (Juan-Blaise), célèbre chanteur
de rOpéra-Comique. — Dans son Histoire du
Conservatoire, Lassabathie, qui a eu en mains
tous les documents originaux nécessaires à son
travail, donne à cet artiste le prénom de Nicolas,
qui peut-être vient non se substituer, mais s'a-
jouter aux deux précédents, et fixe la date de sa
naissance au 24 février 1768. Quant à celle de
sa mort, c'est le 28 et non le 18 octobre 1837,
ainsi qu'une erreur d'impression l'a fait dire dans
la Biographie universelle des Musiciens. Mar-
tin était devenu professeur de chant au Conser-
vatoire le 1""^ avril 1816, et avait donné sa dé-
mission après deux années d'exercice, le 1*^' avril
1818; il reprit ces fonctions le f' octobre 1832,
et les conserva jusqu'au 1^"^ octobre 1837.
* MARTIN (Ji lien), connu sous le nom de
MARTIN D'ANGERS. — Au nombre des
écrits de cet artiste, il faut signaler la brochure
suivante : De l'Avenir de l'Orphéon et de tou-
tes les écoles populaires demiisiqueen France,
Paris, 1846, in-8°.
MARTIN (Chaules), pianiste, professeur et
compositeur allemand, né à Berlin en 1808, mort
en cette ville au mois d'avril 1875, s'est fait con-
naître par la publication d'un assez grand nom-
bre de morceaux de genre pour le piano, consis-
tant en divertissements, pots-pourris, valses, pe-
tites fantaisies, etc. Tout cela, je crois, est sans
grande valeur.
MARTIN (N.), né à Marseille en 1810, fit
ses premières études musicales dans cette ville,
à la maîtrise de l'église métropolitaine de Sainl-
Martin. Il y a|)(irit le solfège de Gebelin, maître de
chapelle, et de Mey, organiste. Au sortir de la
maîtrise, il s'essaya d'abord dans la carrière
commerciale à laquelle ses parents le destinaient,
puis, ayant triomphé île leurs hésitations, suivit
détinitivemcnl la voie artistique, vers laciiiellc il
se sentait attiré. Ayant obtenu au concours une
place de contrebassiste au Grand-Théàlre de
MARTIN
Marseille, il compléta ses éludes sous la direc-
tion de Maccary, qui lui enseigna l'harmonie, et
de Barsolli, fondateur et directeur du Conserva-
toire de Marseille, qui le chargea plusieurs fois
de le supjiléer dans ses cours. Ce fut à celte
époque qu'il enseigna les premières notions de
l'harmonie à son ami d'enfance, François Ba/in,
plus tard professeur de composition au Con-
servatoire de Paris, et membre de l'Institut.
En 1831, il se rendit à Paris, muni de lettres
de recommandation pour Cherubini et Choron,
et fut admis comme ^pensionnaire à l'école de
ce dernier, d'où sont sortis tant d'artistes dis- ,
tingués.
Il devenait peu après répétiteur des classes
de contralti et de basses et mettait à profit son
séjour à l'institution, en reprenant ses études
d'harmonie et de contrepoint avec Nicou-Choron,
gendre du directeur. Choron étant mort et l'é-
cole fermée, il fut désigné au concours parmi le
petit nombre d'élèves choisis par Cherubini,
pour achever leurs études au Conservatoire. Il
y suivit les cours de haute composition de Ber-
ton. Après trois ans de séjour au Conserva-
toire, il qu'itta cette école, à la suite d'un diffé-
rend avec Cherubini, et, sur la recommandation
d'Halévy, entra à l'Opéra comme artiste du
chant. Il y resta jusqu'au mois de mai 1840,
sans s'y faire remarquer, par suite d'une timi-
dité excessive qui paralysait ses moyens etl'em-
pôchait de tirer parti d'une bonne voix de basse-
taille, et de son talent peu commun de musicien.
Deux mois plus tard, il était appelé à Marseille
par M. Reynard, maire de cette ville, pour fon-
der au Conservatoire les classes de solfège pour
les demoiselles.
M. Martin occupe encore actuellement ces fonc-
tions, où il a rendu les plus grands services, et
où il a témoigné d'éminentes qualités. Il n'a
cessé de maintenir son enseignement au niveau
le plus élevé, et sa classe est certainement une
des plus fortes de ce genre qu'il y ail dans les
écoles spéciales françaises. C'est par centaines
qu'il faudrait citer les noms des élèves devenus
aujourd'hui des artistes et des professeurs dis-
tingués, qui lui doivent une solide éducation mu-
sicale. En deliors des procédés connus,M .Martin
emploie volontiers dans ses cours la lecture,
sans aucun accompagnement, départies instru-
mentales travaillées d'une façon inti'ressanle,
comme, par exemple, celles des œuvres de J. S.
Bach pour piano, orgue ou orchestre, dont les
dessins fugues et les intonations ardues habiluent
la voix et l'oreille des élèves à toutes les com-
binaisons harmoniques et rythmiques. On lui
doitaussi l'adoption, pour les classes supérieures,
MARTIN
175
de la lecture de manuscrits composés par les
élèves eux-mêmes. Ce mode d'enseignement,
adopté à Paris, l'a été aussi récemment à Tou-
louse à la suite d'une visite que fit à la classe de
M. Martin i\L Mériel, directeur du Conservatoire
de cette ville.
M. Martin a écrit pour la société chorale Trote-
bas, qu'il a diriï;ée pendant quinze ans et dont il
avait été fondateur en ] 828, diverses œuvres,mes-
ses, motels, litanies etcliœurs d'une valeur incon-
testable. Toutes ces pièces, qui n'ont malheureu-
sement pas été publiées, sont écrites avec clarté
et élégance, sans cette aridité et cette recherche
qu'on trouve quelquefois chez les artistes habi-
tués à l'enseignement. Sa messe en sol majeur
est une o>uvre très-distinguée.
M. Martin a acquis dans le midi de laFrance une
légitime notoriété comme bibliographe érudit.
Cet artiste modeste est parvenu, au prix d'ef-
forts consiiiérables et incessants, à accumuler
dans sa bibliothèque de véritables trésors. Cette
bibliothèque est une des plus riches et des plus
intéressantes qui existent en province. Elle ne
compte pas moins de dix mille volumes et par-
titions, parmi lesquels les raretés abondent.
On y trouve à peu près toutes les partitions
d'orchestre anciennes et modernes : Lulli, Cam-
pra. Deslouches, Marais, Rameau, Mondonville,
Gluck, Monsigny, Gréfry, Dalayrac, Catel, Mé-
hul, Cherubini, Gossec, Berton, Boieldieu, Au-
ber, etc.
La partie théorique est on ne peut plus com-
plète : elle renferme presque tous les livres, his-
toires et traités les plus recherchés des biblio-
philes. — Pour l'Italie, F. Gafforius, Vannius,
Spataro, Zacconi, Canuntius, Lanfranco, Artusi,
Berardi, V. Galileo, Zarlino, le père Martini,
Sabattini, Tartini. Eximeno, Bononcini, Matlei,
etc., jusqu'aux plus récentes publications.
Pour l'Allemagne; Glareanus,G. Printz, Fre-
gius, tous les ouvrages de Mattheson, Kirnber-
ger, Marpurg, Sorge, l'abbé Yogler, Forkel, F.
et H. Bellermann, Rocblitz, Winterfeld, CM.
^Veber, G. Weber, Kiesseweter, Kandier, etc.
Pour l'Angleterre , T. Morley, Butler, Simp-
son, Hawkins, Busby, Burney, W. Jones, Pe-
pusch, etc.
Pour la France, le père Jurnilhac, le livre d'or-
gue de Titelouze, tous les ouvrages du père
Mersenne, les tons du père Maillard, Rameau,
Descaries, A. Gaulez, Bacilly, Bérard, l'abbé
Roussier, Laborde, Diderot, Grimm, J. J. Rous-
seau, A. Choron, Lafage, H. Vincent, Cousse-
niaker, Fétis, etc.
Pour l'Espagne et le Portugal , la lijra Hispa àa
de M. Eslava, plusieurs traités de la plus grande
rareté, entreautres par J. de Ulloa (dédié à Ignace
de Lojola.) — De même pour la Hollande et la
Russie.
Les auteurs grecs et latins de l'antiquité et du
moyen âge sont représentt's par Meibomius,
J. Vossius, T. Wallis, V. Galilée, Doni, saint Au-
gustin, Boëlius, Cassiodorus, le [irécieux recueil
(le l'abbé Gerbert, sa suite par Coussemaker,
les travaux de Perne sur les trouvères et de
Yilloteau sur la musique orientale, et à peu près
toutes les histoires de la musique publiées jus-
qu'à nos jours.
On doit signaler encore la collection complète,
depuis 1798, de la Gazette musicale de Leipzig ; la
Cœciliade Mayence ; la Revue et Gazette musi-
cale depuis sa fondation, etc.; quelques manus-
crits AUTOGRAPHES, pamii lesquels un intermède
bouffe inédit et non achevé de J. B. Pergolèse ; un
miserere deJomelli ; des préludes et fugues pour
clavecin de Durante; une messe à deux chœurs
par Abbo; des solfèges de Columacci; des mo-
tets de Choron; une cantate inédite de Berlioz,
etc.
M.Martin possède toutes les édifions de Htendel,
y compris ses opéras publiées par Walsh, toutes
les éditions des psaumes de Marcello, les collec-
tions contemporaines de Mozart, Beethoven, Bach,
etc., par Breitkopfet Hasrtel, le Palestrina publié
par l'abbé Alfieri à Rome, etc., et, comme mu-
sique madrigalesque, Orlando Lassus, Arcadelt,
les deux Gabrielli , Palestrina , Cypriende Rore,
Philippe de Mons, Clément Jannequin, Josquin
Desprez, J. Mouton, J. Certon et cent autres
aussi célèbres.
C'est à dessein qu'une mention aussi détaillée
a été faite ici de cette bibliothèque. C'est en effet
un véritable devoir d'appeler sur elle l'attention.
On doit souhaiter que ces richesses ne se disper-
sent pas, et qu'une bibliothèque publique en fasse
l'acquisition pour qu'elles puissent être mises
utilement à la disposition des connaisseurs el des
érudits. Al. R— d.
MAUTIIV (Alexandre), violoniste et compo-
siteur, né à Varsovie en 1825, d'un père français
et (l'une mère polona'ise, mourut en cette ville en
1856 . Après avoir travaillé le violon et l'harmonie,
il se livra à la composition, écrivit quelques mor-
ceaux de musique instrumentale, puis, désireux
de se produire au théâtre, s'exerça à mettre en
musique différentes poésies deByron, de Mickie-
vvicz et de Walter Scott. Il composa ensuite deux
ouvertures, et commença à écrire la partition d'un
opéra dont le livret, emprunté au Corsaire, de
Byron, lui avait été confié par Joseph Korze-
niowski ; mais avant même de l'avoir terminé,
il en entreprit un second, Wianki, sur un poème
176
MARTIN — MARTINUS
de B. Cwozdeçki, et l'acheva assez rapidement.
11 fit entendre quelques morceaux de ( e dernier
ouvrage dans une réunion particulière, on ils
produisirent un effet considérable. Malheureu-
sement, la mort le surprit, à peine âgé de trente
et un ans, avant qu'il pût tirer parti de son (euvre.
]Vlartin,qui appartenait comme alto à l'orchestre
du théâtre de Varsovie, a laissé les compositions
suivantes: 1" Grande Fantaisie pour violon, avec
accompagnement de piano, dédiée à K. Bara-
novvski ; 2° Nocturne pour violoncelle, dédiée à
SzablinsKi ; 3" Deux Épisodes pom- violoncelle ;
4" Fantaisie pour hautbois, dédiée à M. Malik ;
5» Mazurke pour piano, dédié à M. Lapezynski ;
6° Élégie pour deux violons, alto et violoncelle;
7'> Marche pour musique militaire; 8" Polonaise
pour violon et violoncelle obligés, avec accompa-
gnement d'orchestre ; 9» Marche funèbre, pour
trois trompettes, trois trombones, et chœur. Ce
dernier morceau a été exécuté aux funérailles de
Martin.
MARTIIXEZ (Vicente), prêtre et musicien
espagnol, né dans la première moitié du dix-
huitième siècle, devint maître de chapelle de la
cathédrale d'Albarracin le 19 juin 1764, et mou-
rut en cette ville le 10 février 1777. On a con-
servé dans les archives de la cathédrale d'Albar-
vracin les compositions suivantes de cet artiste,
écrites s|>écialement par lui pour le service de
sa chapelle : 2 Laudate à 6 voix ; une séquence
dite du Saint-Esprit, à 6 voix ; 3 messes à 4 et
à 6 voix, et 2 messes dites du dimanche, à 6
voix ; 5 lamentations, à 6 voix ; un motet à 5
voix, pour le dimanche des Rameaux ; une sé-
quence dite du Corpus, à 7 voix ;un Âdjuvamus
à 4 voix; enlin 124cantates et cantiques {villan-
cicos) à 5, 6 et 8 voix.
IVIARTIIXEZ (Nicolas-Gonzalez), compo-
siteur espagnol contemporain, organiste de l'église
paroissiale deSan-José, de Madrid, a entrepris
il y a quelques années, conjointement avec M. Lo-
pez .luarranz, une publication à laquelle les deux
artistes ont donné ce titre : El Canlo sacro,
publicacion relujiosu-musical, dedicada à S.
S.PioIX (Madrid, Andres Vidal).
^MARTINI (Jj:\N-PArL-É(;mi::). — Ce com-
positeur distingué a été l'objet d'un travail bio-
graphique assez étendu, qui a paru sous ce titre :
Martini, par Arthur Pougin (l^aris, inipr. Chaix,
186'i, in-8"(le32 pp.). On peut utilement consul-
ter au.ssi, à son sujet , VÉloge de Martini que
la princesse Constance de Salm a;publié, avec
ceux de Sedaine et de Gaviniés, dans le tome IV
de SCS (Euvres complètes (Paris, 1842, in-8). Je
me bornerai à mentionner ici un petit opéra qui
n'a point été compiis au nombre de ses ouvrages
dramatiques, le Nouveau-Né; cet opéra, écrit
à l'occasion de la naissance du duc d'Enghien,
fut représenté à Chantilly, sur le théâtre particu-
lier du prince de Condé, au mois de novembre
1772.
MARTINI (Andréa) , célèbre sopraniste
italien qui naquit à Sienne (Toscane) vers 1763,
est généralement connu sous le sobriquet de
Senesino, mais ne doit pourtant pas êlre con-
fondu avec François Bernardin, dit aussi Sene-
sino, qui brillait à Londres du temps de Hœudel.
Du reste, ce Senesino junior était, lui aussi, un
parfait musicien et excelleut chanteur, doué
d'un soprano magnifique. Son chant était d'un
fini exquis, et empreint d'une douce mélancolie.
Pendant sa jeunesse, Senesino chanta avec beau-
coup de succès sur les principaux théâtres d'I-
talie, et, doué d'une jolie tigure, il jouait ordi-
nairement sur les théâtres de Rome les rôles de
femmes. En 1792 il obtint la place de second so-
praniste dans la musique de chambre et chapelle
du grand-duc de Toscane, et en 1797 il y suc-
céda à Veroli dans la place de premier sopra-
niste, qu'il occupa jusqu'à ce que les événements
politiques eussent contraint le grand-duc à aban-
donner ses États. En 1815, après la restauration
du gouvernement grand-ducal, la musique de la
cour ayant été reconstituée, Senesino y reprit sa
place, que cependant il ne conserva pas long-
temps. L'affaiblissement de sa santé l'obligea en
effet à prendre sa retraite en 1819, et peu de
temps après, c'est-à-dire le 19 septembre de la
même année, il mourut à Florence, regretté de
tous ceux qui le connaissaient , car il était géné-
ralement aimé et estimé , tant à cause de son
bahiletéque pour la bonté de son caractère et
ses manières pleines de distinction. Senesino
était grand amateur de beaux-arts, et particu-
lièrement de gravures, dont il avait réuni dans
sa maison une collection riche et choisie.
L.-F. G.
MARTINUS ( ), poète et musicien
polonais du seizième siècle, naquit à Léopol, en
Gallicie, lit ses études littéraires à l'Université
de Cracovie, et travailla ensuite la musique avec
Sébastien de Felsztyn, théoricien et auteur de
plusieurs ouvrages didacliques. Ses iirogrès fu-
rent tels, dit-on, et il atteignit une telle perfec-
tion qu'il surpassa tous ceux qui avaient étudié
la musique à Rome. « En 1540, dit M. Albert
Sowinski dans mi^i Musiciens polonais et slaves,
il fut nommé organiste de la cour de Sigismond-
Auguste, roi de Pologne, et conserva cette place
jusqu'à la mort du roi, arrivée eu 1572. 11 pu-
blia une Année entière pour l'Église, qui a
été adoptée par tous les diocèses catholiques de
MAKTINUS — MARX l
477
Pologne. Les mélodies de Mailinus, douces et
ch;intaiiles, surpassaient tout ce qu'on avait en-
tendu jusqu'alors en Pologne ; il possédait en
même temps beaucoup de talent pour la poésie,
et rédigea le texte de la plupart de ses canti-
ques; mais c'est surlout dans ses compositions
religieuses qu'il ne pouvait être assez .admiré.
Simon Slarovvolski, son historien, fait grand
éloge des chants chorals qui étaient exécutés
aux processions de Pâques; il ajoute aussi que
Marlinus dédia ses compositions à Mgr saint
Martin de Tours, son patron, en signe de respect
et de vénération. » D'après Slarowolski et Zimo-
rowicz, Martinus aurait inventé de nouveaux
instruments de musique. Sur la (in de sa vie, il
se retira à Léopol, sa ville natale, oii il mourut
en 1589. Un de ses biographes a fait son éloge
en ces termes : « 0 Martinus, noble rejelon
« d'Apollon, digne des couronnes de laurier et
« des chants d'éloges que t'a décernés l'Italie!
« Tu les as mérités par ton génie, par ta vertu,
« par ton courage. Plus dune fois, dans une
« lutte engagée, le génie de l'ilalie a dû, en
« rougissant, le céder au génie de la Pologne.
« Après tant de lauriers, ceins ton front de la
« couronne de la gloire immortelle, » M. Sowin-
slii atlirme qu'un seul exemplaire des composi-
tions de Martinus avait été conservé, qu'il se
trouvait à la bibliothèque de Zaluski, et qu'il fut
per<lu avec elle.
MARTUCCI (Giuseppe), pianiste et compo-
siteur italien, lils d'un chef de musique militaire,
est né à Capoue le 6 janvier 185<j. Après avoir,
dès l'âge de six ans, commence l'étude du piano
avec son père, il se présenta, en 18G7, à l'exa-
men d'admission au Conservatoire de Naples,
et l'emporta sur tous ses concurrents pour l'u-
nique place qui se trouvait alors vacante. Il eut
comme professeurs dans cet établissement B.
Cesi pour le piano, Carlo Costa pour l'harmo-
nie accompagnée, enfin MM. Paolo Serrao et
Lauro Rossi pour le contre-point et la composi-
tion. Il fil des études très-brillantes, sortit du
Conservatoire en 1872, et se livra aussitôt à
l'enseignement. Cependant son talent de vir-
tuose, déjà remarquable, se développait chaque
jour de plus en plus, et le jeune artiste, après
à'êlre produit à Naples avec beaucoup de succès,
dans plusieurs concerts , fit un voyage à Rome,
où il ne fut pas moins bien accueilli. En 1875,
il se fit entendre à Milan, et du premier coup
produisit une impression profonde, grâce à l'ex-
cellence de son mécanisme, à ses grandes qua-
lités de musicien, à son style pur, élevé, à son
exécution ferme et colorée, à son jeu à la fois
noble et expressif. Deux ans plus lard il se pro-
BIOGR. «MV. DES MUSICIENS. SUPfL. — T
duisit de nouveau dans la même ville, et cette
fois il excita, dit-on, un véritable enthousiasme.
Il avait fait précédemment un voyage en Angle-
terre, et s'étiiit vu accueillir avec beaucoup de
faveur dans les concerts donnés par lui à Lon-
dres et à Dublin. M. Martucci paraît être de la
race des grands artistes, et il semble destiné à
fournir une carrière extrêmement brillante.
Ce jeune virtuose s'est produit aussi comme
compositeur, et, quoiqu'à peine âgé de vingt-
deux ans, il a déjà publié une quarantaine d'œu-
vres qui se distinguent sinon toujours par une
grande originalité, du moins par de rares qualités
de facture, de style et d'inspiration ; on remarque,
parmi ces compositions : fi Caprices, op. 2, 3, 12,
15, 24 et 26; 2 Mélodies, op. 16 et 21; T' Sonate
pour piano, op. 34 ; Sonate pour piano et vio-
lon, op. 22 ; Polonaise, op. 19 ; 3 Barcarolles, op.
20, 30 et 31 ; 4 Romances, op. 27 et 31 ; Étude
de concert, op. 9; Allegro appassionato , op.
13; 2 Fugues, op. 14 et 18; Tarentelle, op. 6;
Scherzo, op. 23; Fantaisie en ré mineur, pour 2
pianos, op. 32 ; Canlo religioso ; Mazurka ; etc.
Au commencement de 1878, M. Marlucci a ob-
tenu le premier prix dans un concours ouvert
par la Società del Quarfel/o, de Milan, pour la
composition d'un quintette pour piano et ins-
truments à cordes. Presque aussitôt il vint à
Paris, s'y produisit simultanément comme vir-
tuose et comme compositeur, et y obtint de vifs
succès, légitimés par un talent à la fois très-
pur, très-sobre, très-fin et très-déhcat.
* MARX (Adolphe-Beiî.nard), est mort à
Berlin le 17 mai 1866. On doit à cet artiste la-
borieux des mémoires publiés sous ce titre :
Erinncrungen aus meinem leben (Souve-
nirs de ma vie), Berlin, Otto JanliC, 2 vol.
MARX (C -R ), pianiste, violoniste et
compositeur, né àArnheim (Pays-Bas) le 7 juil-
let 1814, était fils d'un artiste qui occupait les
fonctions de directeur de la musique de cette
ville, et qui, né à Salefeid le 4 mars 1777, mou-
rut à Arnheim le 31 août 1851. L'arli.ste qui est
l'objet de cette notice eut pour maître J. H.
Kleine et J. Bertelman, et, après avoir fait un
voyage en Allemagne, revint dans sa ville natale,
où en 1845 il succéda à son père, et où il fut
nommé successivement chef d'orchestre de ;la
Société de Sainte-Cécile, président et directeur
de la Société Euphonia, directeur honoraire de
la Société musicale des Pays-Bas, chef de mu-
sique de la garde bourgeoise et organiste de l'É-
glise luthérienne. Il mourut à Arnheim, le 23
février 1862. Marx a publié des licder, des bal-
lades, des chœurs pour voix d'hommes, et di-
vers morceaux pour le piano et pour le violon.
11. 12
178
MAHZANO — AIASSART
'i
MAHZ.WO ( ), compositeur italien,
a donné sur le théâtre «le Salerne, au mois de
juilift 187"2, un opéra sérieux n\ quatre actes,
dont le sujet était tiré de lliistoire de cette
ville, et qui avait pour litre i Aonnanni a
Salenio.
MASCIIEK (E ), compositeur allemand,
(ils d'un rnailre de chapelle d'Heilbronn, a fait
représenter en cette ville, au mois d'avril 18G6,
une opérette intitulée le Postillon d'amour.
MASCIA (GasEi't'E), compositeur amateur,
né à Barletta, dan* la province de Bari, le 3 fé-
vrier 180S, se livra avec ardeur à Tetuile de la
musique tout en étudiant la jurisprudence, à
laquelle il était destiné par sa famille, et ne cessa
jamais de la cultiver malgré les hautes fonctions
qu'il occupa dans la suite. Il travailla d'abord
le violon, puis suivit un cours complet de compo-
sition avec Giacoino Tritto. Dès 1826 il devint
directeur de la Société philharmonique napoli-
taine, i)our laquelle il ecri\it de nombreuses
compositions instrumentales. Il s'occupa aussi de
littérature spéciale, fut jusqu'en 1858 l'un des col-
laborateurs assidus de la Gazzetia musicale de
Naples, et depuis 1868 jusqu'à ce jour n'a
cessé de donner au journal Napoli musicale de
nondireux articles sur l'esthétique et l'histoire
de l'art. Les compositions de M. Mascia, tant
vocales qu'instrumentales, ne s'élèvent pas à
moins de cent cinquante, soit dans le genre libre
ou classique, dans le sacré ou dans le piotane.
*MASCITl ou MASCllTI (.Micurt],
violoniste et compositeur italien. — Je crois
que Ton se tromi)erait en prenimt trop à la lettre
l'assertion de la Biographie universelle des
Musiciens, disant que cet artiste était né
« dans les dernières années du dix-septième
siècle, » car, dès le mois de novembre 1704, le
Mercure parlait ainsi de cet artiste : — « M. Mi-
chel Mascitli, Italien, a fait graver ici un livre
de douze soniites, six à violon seul avec la
basse, et six à deux violons avec la basse. Ce
livre est dédié à S. A. R. le duc d'Orléans
L'auteur de cet ouvrage s'est acquis beaucoup de
réputation depuis qu'il est à Paris. Il a eu le
bonheur de plaire au grand prince que je viens
de nommer, qui ne se trompe jamais en gens de
mérite. .M. Masciiti a eu l'honneur de jouer de-
vant le Roy, devant Monseigneur le Dauphin,
et par conséquent devant toute la cour, dont il
a esté fort applaudi. » Il parait donc probable
que Ma.sciiti était établi à Paris dès la lin du
dix-septième siècle ou les premiers jours du dix-
huitième.
* MASIXI (FiiANfois) , compositeur italien
qui a passé la plus grande partie de sa vie en
France, a écrit des centaines de romances et de
mélodies qui se faisaient remarquer par une
grâce aimable et élégante, un sentiment tendre
et expressif, auxquels elles durent un très-réel
succès. Pendant fort longtemps, Masini publia
chaque année un album, ainsi que le faisaient
A. de Latour, Clapù^sou , Frédéric Bérat ,
jjmis YJctoria Arago, Loïsa Puget, etc., et ses
compositions distinguées étaient recherchées des
amateurs et se chantaient dans tous les salons.
Cependant Masini ne vit point la fortune
lui sourire, et lorsqu'en 18C3 une grave affec-
tion de poitrine vint mettre ses jours en danger,
il fallut que le gouvernement fran(,'ais vînt à son
aide et que le maréchal Vaillant, alors ministre
des Beaux- Arts, le fit a'Imettre dans la maison
municipale de santé connue sous le nom (Y Hos-
pice Dubois. C'est là que Masini est mort, le
20 août 1803. Il était né à Florence le 16 juillet
1804.
Parmi les nombreuses mélodies, romances,
chansons, ariettes, cantilènes que Masini avait
publiées en France, et qui se di.stinguaient par
un rare sentiment mélodique et pur une saveur
pénétrante, il faut citer surtout le Langage des
/leurs, Ma Bretagne, Plus heureux qu'un
roi, les Deux Madones, le Dépari de Vhiron-
delle, rExilé, la Fianceedu pécheur, etc., etc.
MASSA (Le duc DE), dilettante et com-
positeur, né vers 1835, embrassa la carrière
des armes et, sous l'empire, devint oflicier
dans un régiment de la garde. Il avait étu-
dié la musique en amateur, et fit repré.senter
à rOpéra-Comique, le 12 avril 18(il, lloyal-
Crnvule, opéra-comique en 2 actes. Le 20 mai
1865 il fai.sait exécuter, dans la grande salle
(lu Conservatoire, des fragments d'un opéra ita-
lien, la Spostt veneziana, et le 28 mars 1^68,
dans la même salle, des fragments d'un grand
opéra en 5 actes, intitulé le Dante, ^l. de Massa
a publié aussi la partition d'un opéra-comique
en un acte, Tout chetnin mène à Borne, qui,
je crois, a été joué par des amateurs .sur un
théâtre de société.
* MASSART (L\MBEKT-Josrpn), violoniste
et professeur, est issu d'une famille qui depuis
un temps immémorial exerce la musique à Liège.
Trois de ses frères ont été ou sont encore pro-
fesseurs de cor, de clarinette et de contre-basse
en cette ville. Dès ses plus jeunes années,
M. Massart .se livra à l'étude du violon sons la
direction d'un amateur distingué, Delaveu, qui
l'amena fort jeune à Paris pour le faire enten-
dre, puis retourna avec lui en P.elgique. Recon
naissant qu'il n'avait plus rien à lui apprendre,
Delaveu intéressa à son élève la ville de Liège
l'j
MASSART — MASSÉ
179
et le roi des Pays-Bas, Guillaume 1^, et le jeune
arliste obtint une pension (lour venir terminer
ses études à Paris. Recommandé à Rodolphe
Kreutzer, celui-ci en fit son élève de prédilec-
tion, sans pouvoir toutefois le faire entrer ;ui
Conservatoire, Clierubini, alors directeur de cet
établissement, étant infleNible et n'y voulant pas
permettre l'introduction des étrangers.
M. Massart se fit entendre avec succès aux
concerts spirituels de lOpéra, pour lesquels
Kreutzer lui écrivit plusieurs morceaux, dont
un entre autres sur l'air de la MoUnara. lin
même temps il étudiait avec Lafont et Rode les
compositions de ces grands artistes. Mais
M. Massart se destinait surtout à l'enseignement ;
il devint bientôt l'un des meilleurs professeurs
de Paris, et en 1843 se vit nommer professeur
au Conservatoire, en même temps que M. Alard.
Depuis trente-cinq ans il a formé un grand
nombre d'excellents élèves, parmi lesquels il
faut citer MM. Henri WieniavvsKi, Isidore Lotto,
Victor Cliéri, Henri Fournier, Taudou, etc.
M. Mnssart est chevalier de la Légion d'honneur.
MASSART (LotisE-AcL.u: MASSOX,
épouse), femmedu précédent,est l'undes représen-
tants les plus nobles et les plus distingués de l'école
fran(,aise actuelle de piano. Née à Paris le 10
juin 1827, elle entra au Conservatoire au mois
d'octobre 1838, d'abord dans la classe de M'"* Co-
che, d'où elle passa, au bout d'une année, dans
celle de Louis Adam. Elle remporta d'emblée le
premier prix, et de la façon la plus biillante, en
18^0, à peine âgée de treize ans. Bientôt elle se
produisit en jmblic, se vit accueillir avec une
rare faveur, et obtint le titre de pianiste de
M"" la duchesse d'Orléans.
Artiste de race, musicienne instruite, virtuose
de premier ordre, M'"^ Massart possède à la fois
la grâce et la vigueur, la grandeur et l'élégance,
le goût et la passion, et son jeu brillant, coloré,
poétique, sait se plier aux styles de tons les
maîtres et revêtir successivement les qualités
qui conviennent à chacun d'eux. Elle a obtenu
à Paris de brillants et nombreux succès ; mais,
par malheur, son talent vraiment magistral n'est
pas connu au dehors, M™^ Massart n'ayant ja-
mais voyagé. Cette excellente artiste a été nom-
mée professeur de piano au Conservatoire, en
1875. à la mort de M""" Farrenc.
* MASSÉ (Fixix-Marie, dit Yictou). —
'Voici la liste exacte et complète des œuvres dra-
matiques de ce compositeur aimable : 1" le Re-
négat de Tanger, cantate qui lui valut le prix
de Rome et qui fut exécutée à l'Opéra au com-
mencement de l'année 1845; 2° la Favorita e
la Schiava, opéra italien, qui, je crois, constitua
l'un de ses envois de Rome à l'Académie des
Beaux- Arts; 3" la Chanteuse voilée (un acte,
Opéra-Comique, 26 novembre 1850), partition
élégante qui tut un excellent début pour son
auteur; 4° Galatée {2 actes, id., 14 avril 1852),
n-iivre charmante, poétique, pleine de couleur et
connue imprégnée d'un parfum véritablement
antique; 5° Cantate (Opéra, 28 octobre 1852);
6° les Noces de Jeannette (un acte, Opéra-Co-
mique, 4 février 1853), petit tableau rustique
plein de grâce, de fraîcheur et d'émotion; 1° la
Fiancée du Diable (3 actes, id., 5 juin 1854);
8° Miss Fauvette (un acte, id., 13 février 1855) ;
9° les Saisons (3 actes et 4 tableaux, id., 22
décembre 1855, repris avec des remaniements
le 15 juin 1856), œuvre importante et colorée,
qui méritait mieux que le froid accueil qu'elle
reçut du public; 10° la Reine Topaze (3 actes,
Thcâtre-Lyriqiie, 27 décembre 1856), production
|/leiue de chaleur et dont le succès fut très-vif;
11° le Cousin de Marivaux (un acte, théâtre
de Bade, août 1857) ; 12° les Chaises à porteurs
(un acte, Opéra-Comique, 28 avril 1858); 13°
la Fée Caralwsse (3 actes, Théâtre-Lyrique,
28 février 1859) ; 14° la Mule de Pedro (2 actes.
Opéra, 6 mars 1863); 15» Fior d'Aliza (4 actes
et 7 tableaux, Opéra-Comique, 5 février 1866);
16° le Fils du Brigadier (3 actes, id., 25 février
1867); 17" Paul et Virginie (3 actes et 8 ta-
bleaux, Théâtre-Lyrique, 15 novembre 1876),
véritable drame lyrique dont le retentissement a
été très-grand, grâce au nom de son auteur et à
celui d'un de ses principaux interprètes, M. Ca-
poul, mais qui, à mou sens, est fort loin de va-
loir les jolies partitions que M. Massé avait
écrites dans le genre tempéré, celui qui con-
\ ient le mieux à son talent fln, délicat et plein de
grâce.
A ces divers ouvrages, il faut ajouter : une
messe solennelle exécutée à Rome en 1846; une
opérette non représentée, le Prix de famille,
publiée dans le journal le Magasin des Demoi-
selles; enfin, un grand nombre de mélodies vo-
cales, parmi lesquelles il faut siirloul distinguer
les trois recueils intitulés Citants bretons.
Citants du soir. Chants d'autrefois, qui con-
tiennent de véritables bijoux (1). — Chef des
(I) A tout cela il faut ajouter encore un chœur écrit
pour une petite comédie, le Dernier Couplet, et une ou-
verture, un air et un chœur CDmposés pour une autre
comedli-, .-t dieu paniers, vendanges sont faites, touics
'leui représentées â Bade au mois de se|)tembre 1R61. Eo-
fin, un éditeur de musique, M. Michatlis, a annoncé ré-
cemiucnt la publication prochaine de quatre opiras-co-
miqiies ne M. Massé qui n'ont jamais été représentés : la
Trouvaille, un acte ; les Enfants de Perrette, un acte ;
180
MASSÉ — iMASSENET
chœurs à l'Opi^ra depuis 1860, professeur de
composition au Conservatoire depuis 18C6 ,
M. Victor Massé est officier de la Légion d'hon-
neur. Il a, selon la coutume, lu en séance non
puhli<iue de TAcadémie des Beau\-Arls une no-
tice sur Auber, auquel il avait succédé; cet
éloge a été publié (Paris, Firmin-Didot, in-4").
MASSEXET (Jcles-Émile FKLDiiiuc), l'un
des mieux doués, le plus fécond et peut-être le
plus absolument distingué de tous les membres
de la jeune école musicale française, est né le
12 mai 1842 à Montaiid (Loire). Le plus jeune
d'une famille qui ne comprenait pas moins de
onze enfants, il montra de bonne heure une vo-
cation décidée pour la musique, et il était à
peine âgé de dix ans lorsqu'il fut admis dans une
des classas de solfège du Conservatoire de Paris,
où il obtint un troisième accessit dès 1853. En
même temps il suivait, dans cette école, le cours
de piano de M. Laurent, et se voyait décerner
un troisième accessit de piano en 18 j4, le pre-
mier accessit en 1856, et le premier prix en 1859.
Doué d'une précocité remarquable, le jeune
Massenet avait commencé l'étude de l'harmonie
avant même d'avoir atteint sa onzième année,
et était entré dans la classe d'harmonie et accom-
pagnement de M. François Bazin. Par malheur,
le maître n'avait pas su discerner la nature et
les qualités de l'élève, et un jour, après lui avoir
fait, j'ignore pour quelle raison, une sorte d'ava-
nie devant tous ses condisciples, il le chassa bru-
talement de sa classe.
Découragé, l'enfant resta cinq ans sans re-
prendre ses études théoriques. Puis, devenu
jeune homme, il entra dans une autre classe
d'harmonie, celle de M. Reber, et ses progrès
furent si rapides, qu'ayant obtenu un premier
accessit à son premier concours (1860), son maî-
tre lui dit : — « Vous n'avez plus rien à appren-
dre ici. Vous méritiez le premier prix, vous ne
l'avez pas eu , ne perdez pas votre temps à
attendre un nouveau concours et entrez aussitôt
dans une classe de fugue. » M. Massenet suivit
ce conseil, et devint alors l'élève de M. Ambroise
Thomas, qui le prit bientôt en affection en voyant
ses habituiies laborieuse? et son désir de parve-
nir. Il était en effet, dès cette époque, dévoré de
la lièvre de la production, et Ton raconte qu'il
ne se passait point de classe qu'il n'apportât à
à son professeur soit toute une série de romances
ou de mélodies (il mit ainsi en musique une
grande partie des poésies d'Auguste de Chàtil-
lon : A la (jrandC pinte), soit un ou deux mor-
ceaux de symphonie, soit même une scène ou
une Loi tomptiiaire, lactés, et la .Petite sœur d'Achille,
un acie.
' un acte d'opéra. D'ailleurs très-réservé, rem-
pli de modestie, c'était presque en tremblant
que le jeune compositeur présentait ses essais à
son maître, et il semblait toujours confus de ne
pouvoir faire mieux ou plus. Mais cette furie de
production n'était pas sans exciter un peu la ja-
lousie de SCS camarades moins laborieux, qui ne
se gênaient point pour le railler en son absence
(levant le maître, disant qu'il [était im-
possible d'obtenir de bons fruits avec une culture
ainsi surmenée, et qu'une telle fécondité devait
fatalement aboutir à l'impuissance. Mieux avisé
que naguère M. Bazin, M. Ambroise Thomas,
qui savait discerner les qualités de son élève,
faisait au contraire grand fond sur lui, était pres-
que touché de l'énergie et de la force de volonté
dont il faisait preuve, et disait alors : — « Lais-
sez, laissez faire; quand ce grand feu-là sera
passé , il saura bien retrouver son aplomb et
devenir ce qu'il doit être. »
linfm, M. Massenet travailla tant et si bien
qu'il lit, en 1862 et 1863, deux doubles con-
cours d'une façon très-brillante. En 1862 il
obtenait un second prix de fugue en même
temps qu'une mention honorable au concours
de Rome, et en 1863 il se voyait décerner coup
sur coup le premier prix de fugue et le pre-
mier grand prix de Rome. La cantate qui lui
avait valu une mention honorable était d'Edouard
Monnais et avait pour titre Mademoiselle de
Moatpensier ; celle avec laquelle il obtint son
premier prix était intitulée David Rizzio. Cette
dernière fut chantée par M. Roger, par Gourdin,
jeune artiste qui mourut à la lleur de l'âge après
avoir fait une apparition brillante 'à l'Opéra-Co-
mique, et par M'"'' Yandenheuvel-Duprez.
M. Massenet (il donc à son tour ce voyage de
Ron)e, si inutile jadis à la plupart de nos jeunes
compositeurs, souvent plus obscurs au retour
de ce voyage qu'alors qu'ils se préparaient à le
faire. Mais il ne perdit pas son temps pendant
son séjour en Italie, où il se remit au travail
avec ardeur, et d'ailleurs il ne resta pas dans ce
pays tout le temps qu'il passa hors de France.
Il prit un beau jour sa course et s'en alla visiter
l'Allemagne et la Hongrie, comme Berlioz, regar-
dant, rêvant et composant toujours, car il avait
sa muse pour compagne de route. En 1865, il
est à Pestli, où il écrit ses Scènes de bal, espèce
de « suite » pour le piano, d'une forme délicate
et élégante (qu'il publia plus tard, lors de son
retour à Paris), et il ji'tte la première idée des
Scènes hongroises, avec lesquelles il fera, quel-
ques années après, sa deuxième suite d'orches-
tre. Au commencement de 1866, il est, je crois,
de retour à Rome, d'où il fait à l'Académie des
MASSENET
181
Beaux- Arts l'envoi que tout pensionnaire de la
villa Médicis est tenu d'effectuer chaque année.
Celui-ci comprenait une grande ouverture de
concert et un liequiem à 4 et 8 voix, avec ac-
compagnement de grand orgue , de violoncelles
et de contre-basses. Presque aussitôt il revient à
Paris, et dès le '24 février 18CC, il fait exécu-
ter au Casino une composition importante inti-
tulée Pompéia.
Il esi toujours intéressant, lorsqu'un artiste a
réussi à se mettre en lumière, de voir de quelle
façon ont été jugés ses premiers essais, ceux
qui sont restés inaperçus de la foule. Je re|)ro-
(luirai dune ici, au sujet de Pompcia, rap[iré-
ciation que je trouve dans un journal s|)écial, la
Revue et Gazette musicale : — « M. J. Mas-
senet, prix de Rome de 1863, n'a pas parcouru
en vain la <i teire classique des arts » ; il en a
rapporté une fantaisie symplionique intitulée :
Pompéia, dans laquelle il a essayé de retracer
quelques scènes antiques. Les quatre morceaux
dont elle se compose, Prélude, Hymne d'Eros
(danse grecque), i'hœur des funérailles, Duc-
chanale, i)ourraienl être signés Berlioz; on y
retrouve la louche vigoureuse de ce maître,
l'horreur des lieux communs qui le fait quel(|ue-
fois tomber dans l'étrange, el tel dessin d'or-
chestre, tel duo d'instruments à vent rappelle,
sans y ressembler pourtant, les danses puni-
ques des Troijcns à Carthage. On conçoit que
la coupe orditiaiie des morceaux symplioui-
ques n'était pas ici de mise ; il ne faut pas cher-
<',her dans cette évocation du fantôme de la
vieille Italie des développements selon les règles,
des motifs revenant à la place voulue, des mo-
dulations prévues : c'est une description, un
programme suivi pas à pas, avec des accents
tantôt grandioses, tantôt naïfs, quelquefois exa-
gérés dans leur expression, mais toujours vrais.
Nous avons été frappé de l'habileté de l'instru-
mentation, vraiment surprenante chez un jeune
homme de cet âge, que le sentiment doit guider
plus encore que l'expérience. M. Masseiiet est
d'ailleurs im musicien consommé et un de nos
plus habiles pianistes. Après un pareil début,
nous sommes en droit d'attendre d'une organi-
sation aussi heureuse des travaux sérieux d'un
autre ordre, qui, nous en avons la conviction,
lui assigneront une place honorable parmi les
compositeurs contemporains. »
A peine est-il de retour en France , que
M. Massenet retrouve la furie de production
qui, on l'a vu, le distinguait avant son départ.
Au mois de juillet 1866, il fait exécuter aux
concerts des Champs-Elysées deux fantaisies
pour orchestre; le 24 mars 1867, il fait connaître
aux habitués des Concerts populaires sa première
Suite d'orchestre, que M. Pasdeloup fait jouer
aussi, peu de jours après, à l'Alliénée, où se
donnaient alors des concerts très-brillants, et
qui obtient im très-vif succès, justifié par une
forme originale, par une inspiration abondante ,
par une instrumentation tiès-line, très-brillante
et tiès-variée; le 3 avril suivant, le jeune mu-
sicien fait son début au théiUre, en donnant à
l'Opéra-Comique un gentil petit acte, la Grand''-
Tantc, qui était chanté par M. Capoul , par
jyjiits Girard et Ilcilbron; en môme temps, il
prenait part au concours ouvert pour la cantate
de l'Exposition universelle, et sa partition, non
couronnée, mais très-bien classée, obtenait le
n° 3; enlin, il écrit pour le Théiltre-Lyrique la
cantate oITicielle destinée à être chantée le 15
aoilt 1867 : Paix et Liberté! et il prend part à
un nouveau concours, celui ouvert à l'Opéra pour
In Coupe du roi de Thulé. Mais il était alors
sous l'intluence des idées uitra-wagnériennes, et,
de son aveu même, sa partition de la Coupe,
qu'il détruisit plus tard, était l'œuvre la plus
étrange qui se put rencontrer.
Après cette veine de fécondité, M. Massenet
semide se recueillir un peu, et pendant quelque
temps ne fait plus parler de lui. Il écrit et com-
pose toujours, mais ne se produit pas devant le
public. Un jeune auteur dramatique trace pour
lui le livret d'un Manfred, grand opéra en cinq
actes, avec prologue et épilogue; ce sujet con-
venait au compositeur, mais, je ne sais par suite
de quelles raisons particulières, il ne se décida
pas à le traiter. C'est dans des productions inti-
mes, poétiques, tout à fait en dehors du drame
et de la symphonie, qu'il se complaît alors. Il
écrit sur des vers d'un vrai poëte, M. Armand
Silvestre, deux choses charmantes : Poëme
d'avril et Poëme du souvenir, sortes de fan-
taisies mélancoliques, formant chacune un petit
recueil d'un accent très-personnel et très-pé-
nétrant, d'un caractère touchant et rêveur, par-
fois même pathétique, et indiquant nettement
les aptitudes de l'auteur au point de vue de
la scène. Les délicats en musique apprécient
comme elles le méritent ces deux compositions
d'un ordre vraiment original , dans lesquelles,
avec une élégance exquise, on trouve réunies
la mélancolie de Schubert et la grâce ineffa-
ble de M. Gounod. C'est dans le même temps,
ou à peu près, que M. Massenet publiait ses
Chants intimes, mélodies vocales, et T/m-
provisateur, « scène italienne transcrite pour
le piano, u
On retrouve le jeune compositeur aux Con-
certs populaires, où il fait exécuter, le '.>6 no-
182
MASSENET
vembre 1871, une deuxième Suite d'orchestre,
intitulée Scènes hongroises [Entrée en forme
de danse, Intermezzo, Cortège et bénédiction
nuptiale). Malgré quelques détails charmants,
malgré la coquetterie des deux premiers mor-
( eaux, malgré l'ampleur du dernier, il semble
qu'on lioive préférer à cette seconde suite celle
que M. Massenet fit exécuter tout d'abord. Ce
n'en est pas moins une œuvre fort distinguée.
Quelques mois après (2fi mars 1872), M. Mas-
senet produisait à la Société classique de
M. Armingaud une composition tout à fait
exquise, portant ce simple titre : Introduclion
et Variations (pour 2 violons, alto, violoncelle,
contre-basse, flilte, hautbois, clarinette, cor et
basson). Ce petit badinage mu'^ical, tout plein
de grâce et de délicatesse, de charme et d'élé-
gance, tout parfumé et tout fleuri, obtint le
succès qu'il méritait.
C'est ici que se place un incident particulier
dans la carrière de M. Massenet. La direction
de ropéra-Comique, prise de court et se trou-
vant avoir besoin d'un ouvrage en trois actes
dans un délai très-bref, vint demander au jeune
compositeur s'il se chargerait d'écrire cet ou-
vrage dans l'espace de trois, semaines. Celui-ci,
malheureusement, était encore sous l'inlluence
des idées fâcheuses qui prévalaient encore dans
certain petit clan musical : d'une part, il pro-
fessait une sorte de mépris pour le genre de
l'opéra-comique, ce genre illustré et remlu fa-
meux depuis plus d'un siècle par tant de grands
maîtres; de l'autre, rien ne lui semblait plus
facile que de broclier à la hàle trois actes de
semblable musique; et comme, en résumé, l'oc-
casion était favorable pour se produire, il n'hé-
sita pas à accepter la proposition qui lui était
faite. Il écrivit donc dans le délai voulu la par-
tition de Don César de Bazan. Mais pour avoir
trop présumé de ses forces, pour n'avoir pas
compris tout d'abord que l'opéra-comique est
une forme de l'art à la(|uelle ou peut ne pas s'at-
taquer, mais qu'on n'a pas le droit de dédai-
gner, il fut bientôt dévoyé et fit un pas de clerc.
La critique fut dure à son œuvre, et le public
ne lui fit pas meilleur accueil ; c'est que l'oni-
vre n'était pas bonne, et qu'elle ne pouvait l'être,
conçue dans les conditions qui viennent d'être
rapportées. L'artiste était tombé de haut, il fut
un [leu étourdi de sa chute; celle-ci lui fut pro-
fitable pourtant, car avec sa vive infelligencie il
couq)ril bienlùt qu'en matière «l'art il n'est pas
de petites œuvres, et que le devoir de celui qui
proiluit est de rechercher en tout la perl'eclion.
Il se releva d'un bond, et obtint un succè-;
très-brillant et très-franc en faisant exécuter à
rodéon, peu de mois après, Marie-Marjdeleine,
drame sacré en trois parties. C'est à dessein
que, malgré la nature du sujet traité, il ne qua-
lifia pas cette œuvre d'oratorio. M. Mas.senet,
en effet, n'avait pas pris et n'avait pas voulu
prendre en cette occasion le style large, noble
et pompeux de l'oratorio. Peintre et poète, il
avait prétendu, dans cette œuvre no»ivelle et lon-
guement caressée, donner place à la rêverie et
au paysage; de plus, il y faisait entendre des
accents d'une passion véritablement humaine,
d'une tendresse en quelque sorte terrestre , qui
auraient pu donner matière à critique s'il avait
laissé supposer qu'il voulait marcher sur les
traces de Htendel, de Bach ou de Mendelssohn. En
somme, l'oeuvre était belle, suave, pure de lignes,
tout imprégnée d'un parfum de jeunesse et de
poésie, avec cela grandiose par instants et vrai-
ment émouvante. C'était assez, certes, pour lé-
gitimer le succès qui l'accueillit à son apparition,
et qui la suivit lors de son exécution à l'Opéra-
Coi nique.
Ce succès, M. Massenet le retrouva avec son
Eve, ouvrage de proportions beaucoup plus mo-
destes, auquel il a donné la qualification de
« mystère », ne voulant i)as non plus l'intitider
oratorio, et qui fut, on peut le dire, accueilli avec
un véritable enthousiasme lorsque le public l'en-
tendit à la Société de l'Harmonie sacrée, si bien
diiigée par M. Charles Lamoureux. Une poésie
rêveuse et une passion ardente, un grand senti-
ment du pittoresque, des sonorités exquises, un
orchestre adorable, des idées d'ime fraîi heur et
d'une grâce toutes juvéniles, parfois une chaleur
entraînante et une incomparable piu'ssance d'ex-
pression, telles sont les qualités qui distinguent
cette partition et qui ont fait sa fortune. — C'est
peu de temps après l'exécution d'Eve que
M. Massenet fut nommé chevalier de la Légion
d'honneur.
Mai^, comme l'immense majorité des musiciens
français, M. Massenet avait surtout pour objectif
le théâtre, qu'il n'avait encore, en quelque sorte,
abordé qu'acciilentellement. En effet, la Grand'-
Tanfe n'avait été qu'un essai sans grande im-
portance, Don César de Bazan avait été écrit
trop bi\tivement, et la musique scéni(]ue que le
jeune artiste avait composée pour un drame de
M. Leconte de Liste, les Erynnies, ne consti-
tuait point une œuvre lyrique. M. Massenet avait
bien en portefeuille la partition d'un opéra en 3
actes. Méduse, mais cet ouvrage lui parai.ssait
(l'un caractère un peu trop circonscrit pour qu'il
voulut faire avec lui son véritable début sur une
grande scène. Bientôt il entreprit d'écrire un
grand opéra en 4 actes, le Roi de Lahore, sur
MASSENET
183
lequel il fondait de grandes espérances, et avant
que celte œuvre extrêmement importante fût
tout à fait terminée, elle était reçue par la di-
rection de l'Opéra.
C'est avec une certaine impatience que le pu-
blic français attendit l'apitarilion de ce nouvel
ouvrage, dû à un jeune artiste qui était rapi-
dement devenu son favori et pour lequel 'il
ressentait une sympathie vive et sincère.
La critique elle-même, qui avait traité M. Mas-
senet en enfant gâté parce qu'elle croyait voir
en lui l'étoffe d'un vrai créateur, la critique était
désireuse de son succès, et attendait avec une
certaine anxiété l'issue de la tentative si impor-
tante d'où allait dépendre en partie l'avenir du
compositeur. Kniin, la première représentation
du Boi de Lahore, entourée de toute la pompe,
de tout l'éclat que notre première scène lyrique
sait mettre au service d'une œuvre nouvelle,
aidée par une interprétation remarquable de la
part des ciianteurs, excellente en ce qui concer-
nait les masses instrumentale et chorale, eut
lieu le 27 avril 1877. Le succès n'en fut pas
douteux un instant, et justifia toutes les espé-
rances qu'on avait conçues du talent du jeune
maître. La partition du Roi de Lahore ne cons-
titue pas un (hef-d'o'uvre sans doute; mais
c'est une œuvre puissante et colorée, sincère et
mâle, à la fois sobre et pleine d'ampleur, dans
laquelle le compositeur a donné des preuves
non-seulement d'une grande habileté de main,
ce qui ne faisait doute pour personne, mais d'un
grand sens dramatique et scénique ; ces qualités,
déjà remarquables, sont complétées par une
inspiration souple et vaiiée, dans laquelle nn
charme pénétrant et la grâce la plus tendre s'u-
nissent à une rare vigueur, par un grand res-
pect des bonnes comlitions vocales , par une
grande science de l'orchestre, et enfin par une
horreur de la banalité qui ne se traduit jamais
en une recherche des effels excentri(|ues ou
bizarres. En réalité, cette production d'une élé-
gance si noble, d'une allure si personnelle, d'une
couleur vraiment nouvelle, ne pouvait qu'être
accueillie avec faveur. Aussi son succès fut-il
grand, et non-seulement en l<"rance, mais encore
en Italie, où l'ouvrage fut joué peu de mois après
avoir été représenté à Paris, et reçu, on peut
le dire, avec transports. Le public du théâtre
Regio, de Turin, et celui du théâtre Apollo, de
Rome, tirent au jeune compositeur des ovations
véritablement enthousiastes, et l'on peut pres-
que affirmer que jamais jusqu'alors, en Italie,
artiste français n'avait été l'objet de semblables
manifestations. C'est un honneur pour l'art fran-
çais qu'une telle victoire remportée par un des
siens à l'étranger, et l'on peut dire qu'en cette
circonstance M. Massenet a bien mérité de son
pays.
Au point où il en est arrivé pourtant, il est
encore difficile et il serait téméraire de chercher
à caractériser, d'une façon nette et précise, le
talent de M. Massenet, car malgré ses succès
noudireux, le compositeur en est encoie à l'au-
rore de sa carrière. Mais on peut tout au moins
le féliciter, dés aujourd'hui, d'avoir agi avec
sagesse et courage en brisant son talent, en le
forçant à se plier à toutes ses volontés, de façon
à n'être arrêté, dans la suite, par aucun obstacle;
on peut aussi remarquer qu'en produisant, ainsi
qu'il le fait, dans tous les genres, il a donné
des preuves de cette fécondité heureuse qui est
l'apanage des tempéraments vigoureux. M. Mas-
senet a déployé une rare liberté d'esprit, une
fanl;usie véritablement personnelle, en s'essayant
à des genres jusqu'ici inconnus des artistes
français; le Poème d'avril et le Poëme du
souvenir n'ont guère d'analogue chez nous : ce
sont de petites compositions dramatiques inti-
mes, comme qui dirait des réductions d'opéra,
dans lesquelles le musicien a mis toute son âme,
qu'il a empreintes d'une mélancolie profonde,
d'une tendresse pleine d'expansion, d'une tou-
chante rêverie; j'appellerais presque cela du
Musset musical, et en parlant ain.si je n'exagé-
rerais pas beaucoup ma pensée, car il y a là des
qualités exquises. D'autre part, M. Massenet
s'est éprouvé dans la musique instrumentale,
avtc ses Suites d'orcliestre, son ouvertuie de
Phèdre et sa fantaisie intitulée Pompera; il a
très-bien réussi dans ce genre libre, où il a dé-
ployé tout à loisir les qualités de son imagina-
tion, et où il a prouvé sa grande connaiss;uice
des effets d'orchestre, des accouplements de
tiiubres, des diverses et multiples sonorités de
l'instrument aux cent voix ; on peut regretter
seulement que M. Massenet n'ait pas cru devoir,
jus(iu'ici, s'altnquer à une symphonie véritable
et regidière. A côté île tout cela, M. Massenet
.s'est exercé dans le drame religieux avec Eve
et Marie-Magdeleine, et, en dehors de ses
[tremiers essais, a montré ce qu'on pouvait
alfenilre de lui, au point de vue de la scène,
avec le Roi de Lahore. On voit que son ambi-
tion n'est point celle d'un artiste vulgaire, et que
les ailes de sa muse sont douées d'une singulière
envergure. Ce qui est certain, c'est qu'à l'heure
présente M. Massenet est l'un des plus fermes
.soutiens de la jeune école française, qu'il est à
la tête du petit groupe d'artistes fort distingués
qui forme cette jeune école, et (lue ceux qui ont
foi et espérance dans l'avenir de l'art national
J84
MASSENET — MATERNA
ont les yeux fixés sur lui. M. Massenet ne trahira
pas la confiance qu'on a placée en lui ; il se peut,
— ce n'est pas probable cependant, — il se peut
qu'il reste en chemin; mais, du moins, on peut
tenir pour certain qu'il agira toujours avec hon-
nêteté, et qu'il ne fera jamais aucune conces-
sion au faux goût et à la frivolité.
Voici le catalogue complet des œuvres de
M. Massenet. — A. Mlsique dramatique. 1° La
Grand' Trniie, opéra-comique en un acte, Opéra-
Comique, 3 aviil 18G7 ; 2" Paix et Liberté!
cantate scénique , Théâtre-Lyrique, 15 août
1867; 3° Don César de Bazan, opéra-comi(|iie
en 3 actes, Opéra-Comique, 30 novembre 1872 ;
les Enjnnies, tragédie antique en 2 [larties,
Odéon, fi janvier 1873 (et plus tard, Ïhéàfre-Ly-
rique, 15 mai 1876, la partition comprenant
alors, outre l'ouverture, l'enlr'acle et les m'^lo-
drames, des chœurs et plusieurs airs de ballet);
4° te Roi de Lahore, 5 actes et 6 tableaux.
Opéra, 27 avril 1877. — B. Œlvres LVRroir.s.
i° Marie- M agdeleine , drame sacré en 3 actes et
4 parties, Odéon, 1 1 avril 1873 ; 6° Eve, mystère
en 3 parties, Société de l'Harmonie sacrée, 18
mars 1875 ; 7° la Vierge, légende sacrée en 4 scè-
nes (non exécutée jusqu'à ce jour) ; 8° Narcisse,
idylle antique, exécutée par la Société chorale d'a-
mateurs,le 14 févrierlS78. — C.MUSIQUESYMPHOM-
QUE. 9° Suite d'orchestre, op. 13 (réduction pour
pianoà 4 rnains), Paris, Flaxiand ; 10" Scènes hon-
groises, 2" suite d'orchestre, Paris, Harlmann ;
11° Musique pour une pièce antique (?e,î Éryn-
nies), 3' suite d'orchestre, id., id.; 12" Scènes
yittoresqnes, 4" suite d'orchestre, id., id.; 13°
Scènes. dramat iques, d'après Sliakspeare,5°suite
d'orchestre; 14° Ouverture de concert; 15° Ou-
verture de Phèdre; 10° Lamenta, écrit à la
mémoire de Georges Bizet; 17° Sarabande espa-
gnole, pour petit orchestre; 18° Pompeia, fan-
taisie symphonique; 19° Introduction et Varia-
tions, pour 2 violons, alto, violoncelle, contre-
basse, llùte, hautbois, clarinette, cor et basson.
— D. McsiQi'E DE l'UNO. 20° Scènes de bal, suite
pour le piano. Pari-;, Hartmann; "îi" Improvisa-
tions, 20 pièces en 3 livres (dont le premier seul
est publié), id., id.; 22° le Roman d'Arlequin,
pantomimes enfantines pour piano. — E. Mu-
sique voc\LE. 23° Poème du souvertir, scènes
(6 morceaux), Paris, Harlmann; 24" Poème
d'avril (8 morceaux), op. 14, id., id.; 2.)°
Poème pastoral, scènes (6 morceaux), id.,id.;
26° Poème d'octobre, ^cène,s (5 morceaux), id.,
id.; 27° Poème d'hiver, id., id. ; 28° 20 Mélo-
dies, id., id. ; 29° Chanson de David liizzio,
Paris, Escuiiier; 30° Sérénade aux Mariés,
VEsclave, la Vie d'une rose, le Portrait d'un
enfant, mélodies, Paris, Girod. — A tout cela,
il faut encore ajouter : Méduse, opéra en 3
actes, écrit en 1868 et non représenté jusqu'à ce
jour; l'Adorable Bel-Boul, fantaisie en un
acte, jouée au Cercle de l'Union artistique en
1874; Bcrrngère et Anatole, saynète jouée au
Cercle de l'Union artistique au mois de février
1876 (1); un morceau écrit pour l'Hetman,
drame de M. Paul Déroulède, représenté à l'O-
déon le 2 février \%11 ;Cantabde pour violon-
celle, avec accompagnement de piano. Enfin,
M. Massenet travaille à deux grands drames
lyriques, Robert de France et les Girondins,
dont aucun n'est encore achevé.
Par un arrêté ministériel en date du 7 octobre
1878, M. Massenet a été nommé professeur de
composition au Conservatoire, en remplacement
de François Bazin.
MASSOX (C ), musicien du dix-septième
siècle, est auteur d'un ouvrage ainsi intitulé :
Nouveau Traité des règles pour la composi-
tion de la musique, très-utile à ceux qui
jouent de l'orgue, du clavessin et du théorbe
(Paris, Ballard, 1699, in-8°).
MASSOiX ( ). Un écrivain de ce nom
est auteur, avec M. Longet, d'un écrit analytique
publié sous ce titre : Études expérimentales
sur la voix et sur les causes de la production
du son dans divers instruments de musique
(Paris, 1852, in-8° de 114 p.).
MASTERS(W Chalmers), compositeur
anglais, est l'auteur de deux opérettes dont
l'ime, intitulée the Forester''s Daughters (les
Filles du Forestier), a été représentée, le 13 no-
vembre 1867 dans la salle Saint-Georges, à Lon-
dres, par la London Bijou Operetta Company,
et dont l'autre a pour titre ?/ie Roseof Salency.
M.\SUTTO (GiovA>Ni), écrivain italien, di-
recteur d'un recueil périodique intitulé la Vo-
lontà, et régent de l'école populaire de musique
de Venise, est l'auteur d'un petit résumé his-
torique intéressant, publié par lui sous ce titre :
la Musica, delta sua origine e délia sua sto-
ria. 11 a été fait de cet opuscule trois éditions,
dont la dernière a paru en 1878.
MATA (Manuel DE LA), pianiste et pro-
fesseur espagnol contemporain, est l'auteur d'une
Méthode complète d'harmonium ou orgue ex-
pressif.
MATERNA (Amélie MATERNA, épouse
FRIEDUICII, connue sous le nom de
(1| Cette petite pièce a été jouée peu de temps après
auttiéatreduCalals-Roya:; mais, M. Massenet n'ayanl pas
voulu coaspiitir à laisser exécuter sa musique, le chef
d'orchestre de ce théâtre, M. Barlller, en écrivit une nou-
velle.
MATERNA — MATHIEU
185
M"« FRIEDRICH), cantatrice allemande
(lislinguée, allacliée depuis environ dix années
à l'Opéra impérial de Vienne, commença sa car-
rière vers 1865 à Grafz, où elle épousa le chan-
teur Friedrich, puis se fit une réputation dechmi-
(euse d'opérette au Carltheater, devienne, d'où
elle fut appelée à tenir un emploi important sur
la première scène lyrique de cette ville. D'abord
un peu effacée dans le vaste cadre du tlnàlre
impérial, elle finit cependant, à force de travail et
d'intcHi;;ence, pars'y faire remarquer et se créer
une situation enviable. Elle obtint de vifs suc-
cès dans divers ouvrages, entre autres dans la
Judith de Doppler, la Guerre domestique de
Sciuibert, et surtout dans Fidelio et dans
Lohcnrjrin. C'est alors que M. Richard Wagner
songea à mettre son talent à contribution pour
les fameuses « représentations-modèles» de Bay-
reuth, et qu'il l'engagea pour remplir les pi inci-
paux rôles de sa tétralogie, particulièrement ce-
lui deBrunhilde de la Walkyrie. M™'= Materna
prit donc part aux concerts donnés à Londres
par M. "Wagner au profit de l'entreprise de I5ay-
reutb,et se produisit ensuite en cette dernière ville,
dans la tétralogie du maître saxon, en compagnie
de M"" Weckerlinet Scheffzky, deMM. Niemann,
Betz,Unger,Gura,Kœgel,SchlosseretNiesing. Elle
y Mt un grand effet, giâceàlas|)lendeurde sa voix,
à son talent de cantatrice, à son intelligence de la
scène, enfin à la passion qui l'anime et au feu
qui semble la dévorer. Le seul reproche qu'on
lui adresse consiste en une expansion un peu
vive, en une sorte d'exagération apportée par
elle dans un jeu scénique d'ailleurs fort intelli-
gent et plein de vérité. Depuis l'expédition de
Bayreuth, M™'= Materna a repris son emidoi à
l'Opéra de Vienne et y a retrouvé ses succès.
* MATHIAS (Geokces - Amédée - Saint-
Clair). — Cet artiste extrêmement distingué, cpii
a succédé à M Laurent comme professeur de piano
au Conservatoire de Paris, a promptempnt relevé
le niveau de cette classe, qui était tombée dans
un assez grand discrédit. Au nombre de ses
meilleurs élèves, il faut surtout citer MM. Pra-
deau, Raoul Pugno, Hambourg, Auzende, Cha-
beaux, etc. M. Malhias, qui lui-même, après
avoir étudié d"'abord avec Kalkbrenner, a eu le
bonheur d'être pendant sept années l'élève de
Chopin, sait communiquer à ses disciples les
grandes traditions de mécanisme et de style qu'il
doit à ces deux maîtres célèbres.
Mais M. Mathias n'est pas seulement un grand
virtuose et un professeur de premier ordre.
Élève de MM. Savard, Bazin, Halévy et Barbe-
reau, c'est aussi un compositeur extrêmement
distingué, à l'imagination abondante aidée par
une instruction solide. Les concerts avec orches-
tre donnés par lui en 1859 et dans lesquels il
fit entendre sa ^« symphonie, son 1" concerto
pour [liano et ses Esquisses d'après Ccclhe,
l'ont prouvé tout d'abord , et les œuvres nom-
breuses qu'il a publiées depuis n'ont pu qu'aug-
menter sa réputation auprès des gens de goût
et des vrais artistes. La nomenclature complète
de ces œuvres ne saurait trouver place ici, mais
j'en veux citer au moins les plus importantes,
qui sont les suivantes.— Musique sympuoniqueou
coNCEKTANTE. V symphouic à grand orchestre,
op. 22, dont une réduction pour le piano à 4
mains a été publiée par l'auteur; 1" trio i)onr piano,
violon et violoncelle, op. l(Brandus); '2c trio, en /a,
op. 15 (Richault) ; 3*^ trio, en fa, op. 33(Mabo) ;
4"= trio, en la, op. 36 (Heugel); b" trio, en sol, op.
50 (Hirtraann); ouverture d'tffl?wZe<, op. "23
(réduction à 4 mains, Bi(hault); ouverture de
Mazeppa, op. 56 (id., Hartmann); 5 morceaux
sympboniiiues pour piano, violon et violoncelle,
op. 30 (Richault). — Musiquede piano. T' Sonate,
en si mineur, op. 20 (Gérard); 2* Sonate, op.
34 (Heugel); 3'= Sonate, op. 35 (Richault); l'-"^
Concerto avec orchestre, en fa dièse mineur,
op. 21 (réduction pour 2 pianos, Heugel); 2^
Concerto avec orchestre, en sol mineur, op. 56
(id., Hartmann); Trois Esquisses d'après Gœthe,
à 4 mains (Heugel) ; Allegro symphonique, op.
51 (Hartmann); Allegro appassionato, op. 5
(Rrandus) ; 3 Suites de romances sans paroles,
op. 18 (Lemoine); Polonaise de salon, op. 7
( lirandus) ; Pastoraleet air de ballet, op. 11 (id.);
Feuilles de printemps op. 8 et 17 (2 séries,
Brandus); 2 Valses de concert, op. 13 et 19
(i'\.); Marches à 4 mains, op. 37 (Heugel);
Marche impériale, op. 43 (Richault); Chants
du crépuscule, o[). 52 (l^-laxland) ; 7 Pièces {Rêve,
Menuet, Promenade, Marguerite à iéglise,
liepas, Canon), op. 55 (t^'laxland); 24 Études
de style et de mécanisme, en deux livres, op. 28
(Heugel); 10 Études de genre, op. 10 (Brandus).
M, Georges Malhias a eu l'honneur elle bon-
heur d'être choisi par Rossini pour accompagner
sa Petite M esse solennelle, \oTS des exécutions qui
furent faites de cette œuvre lumineuse, en 1864
et 1865, chez son ami M. Pillet-Will. Il a été
nommé chevalier de la Légion d'honneur en
1872 (1).
MATHIEU (Emile), chanteur comique, se
lit entendre pendant de longues années dans les
(1) En 1876, M. Mathias a formé un recueil de quelque.s-
iincs de ses compositions pour le piano, et l'a publié sous
ce titre : OEuvres choisies pour le piano de Georges
Mathias (Pari», Brandus, un vol. In-S" avec portrait de
l'auteur).
186
MATHIEU — MAÏTARESS
cafés -concerts de Paris, et fit un instant partie
de lu troupe du petit théâtre des l'olies-lNouveiles.
Cet artiste est l'auteur d'un écrit publié sous ce
litre: le; Cafés-concerts (Paris, IS63, in- 12
de47 p.).
MATHIEU (Emile), compositeur, né à Lille
le 16 octobre 1844, est fils d'une cantatrice dis-
tinguée et d'unclianteur qui tint l'emploi de pre-
mière basse au théâtre de la Monnaie, de Bruxel-
les (1). Il commença ses études à l'école <ie mu-
sique (le Louvain, et les continua au Conserva-
toire de Bruxelles, où il obtint en 1861 le pre-
mier prix d'harmonie, et en 1863 le premier prix
de |)iano(iilasse de M. Auguste Dupont), tl sui-
vit ensuite pendant deux années le cours de
contre-point de Fétis, puis alla se fixer h Louvain,
où il devint professeur de piano et d'harmonie à
l'Académie des Beaux- Arts, en même temps que
directeur des concerts de la Société de musique.
Cela ne l'empêcha pas de prendre part au con-
cours de Rome, qui a lieu tons les deux ans en
Belgique : en 1869, il y obtint un second prix,
en partage avec M. J. Pardon; en 1871, il eut
(le nouveau le second prix, avec mention spéciahi
et à l'unanimité; eu 1873, il manqua d'une
voix le premier prix.
En cette dernière année, >L Mathieu quitta la
la situation qu'il occupait à Louvain pour aller
se fixer à Bruxelles. Déjà il avait publié un re-
cueil de 6 mélodies, et 6 ballades de Gœthe
(Bruxelles, Nagant), et il avait tait représenter
à Liège, le 25 avril 1863, un petit opéra intitulé :
l'Echange. Il donna à Bruxelles un concert
destiné à faire connaître quebpies-unes de ses
compositions, entre autres sa dernière can-
tate de concours, Torqiiato Tosso's Dood,
qui pio luisit une lieiireuse impression. Il con-
tinua alors à se livrer à l'enseignement, mais
sans négliger la composition, et écrivit la musi-
que d'un ballet en un acte, les Fumeurs de Kiff,
qui fut représenté au théâtre de la Monnaie dans
le cours du mois d'avril 1876 et très-bien ac-
cueilli. Le 21 décembre de l'année suivante, il a
donné sur ce même théâtre un opéra-couiique en 2
actes, George Daudin, (pii a été moins heureux
auprès du public, bien (|ue la critique lui ait été
généralement favorable. La partition de ce dernier
ouvrage a été publiée à Bruxelles, chez Schott.
MATIIIKL DE MO.\TER (Emile), cri-
tique et écrivain musical, est né à Bordeaux
(I) Nicolas- Jo.scph Mathieu, père de l'artiste dont il est
Ici qiics'lon, (itait n('! à Ciiaiiiplon (I.iixcrDl)riurg) le 2i Jan-
vier 181n, et mniinit à Maiinps le 21 juillet |S60. Après
avoir (l'tt; a!tach(' au thiatredela Monnaie, de l!rii\rllcs
;t8l0\il était devenu directeur du iliéilre royal d'Anvers
(1R49-18.0I, et en dernier lien professeur de chant à I'a-
cadéiDie de musique de L'iuvaln.
lel*' mai 1835, et étudia d'abord la médecine à
la Faculté de Strasbourg. Tout en suivant ses
cours, il étudia la musique avec un artiste fort
distingué, Conrad Berg, et vint ensuite s'établir
à Paris. Là, il devint journaliste, et collabora
successivement, au point de vue musical, à
l'Europe artiste, au Messager des Théâtres,
h l'Orchestre, à l'Orphéon, et enfin à la Gazette
ynusicale de Paris, à la rédaction de laquelle
il appartient depuis 1858. 11 est aussi corresfion-
dant du Musical World, de Londres. M. Ma-
thieu de Monter, qui s'est beaucoup occupé
de la musique chorale, et qui a écrit les paroles
d'un certain nombre de ( hœurs orphéoni(|ues, a
publié un livre intéressant : Louis Lambillolte
et ses /"rè/TS (Paris, Ruffet, 1871, in-12 avec
portrait et autographes).
* MATIIO (Jean-Baptiste). — Lorsqu'il
donna /l;;o« à l'Académie royale de musique, cet
artiste avait écrit déjà trois ouvrages dramatiques,
qui avaient été représentés à Cliâlenay, dans les
fameuses « nuits » de la duchesse du Maine.
C'est M. Adolphe Jnllien qui a retrouvé la trace
(le ces trois ouvrages, dont il parle dans son
intéressant écrit, les Grandes Nuilsde Sceaux,
et dont voici les titres : \" Philémonet Baucis,
5 août 1703; 2" Le Prince de Catuy, divertis-
sement, 17 août 1704; 3" La Tarenlole, comé-
die-ballet en 3 actes, 9 août 1705. J'ajouterai
(pie Matlio a pris utie part importante à la com-
position d'un ouvrage dont je n'ai pu découvrir
le titre, mais qui a été représenté le 16 (evrier
1718 dans une des salles du palais des Tuile-
ries, en présence du jeune roi Louis XV, et
pour fêler l'anniversaire de sa' naissance; Le
Mercure disait, en parlant de cet ouvrage : —
" Les paroles sont de la composition de M. de
Beauchainps, la mu^ique vocale de M. Matot,
l'instrumentale de M. Alarius, et la danse de
M. Balou. «
Arion, qui n'eut point de succès, fut donné à
l'Opéra le 10 août 1714. Dans sou Histoire
(manuscrite) de l'Académie royale de musique,
Parfaict raconte au sujet de cet ouvrage l'anecdote
suivante : — « Le ha/.ard voulut que le jour même
de la |>rcinière représentation, un limonadier
fit alfi(^ber : Marion vend de lu glace en gros
et en dé/ail. Des personnes qui n'avaient pas
été satisfaites de cette trai;('die mirent du papier
blanc sur la première lettre du nom du ma: chand
de glace. Cette p'aisanlerie donna le Ion au
public, et .l;7o;i expira à la quatrième ou à la
cimiuième représentation. »
MATTARKSS (Vincenzo), compositeur ita-
lien coiUemporain, né à Naples, a habité pen-
dant plusieurs années l'Amérique, et a fait re-
MATTARESS — MATYS
187
présenter à Rio de Janeiro et à Pernainbiico deux
opéras italiens dont j'ignore les titres. De reiour
en Italie, il a fait exécuter au tiiéâtre Castelli,
de Milan, en 1876, l'ouverture d'un autre opéra
inédit, H Re di Svezia, et une ouverture-fugue
intitulée : Ncl Vemvio. M. Mallaress a com-
posé aussi des romances et mélodies vocales.
MATTiVU (Joseph), né à Biuxelles le 13
mars 1788, mort le 5 août 1856, est l'inventeur
de l'instrument appelé mattaupfione, qui était
un perfectionnement ingénieux de l'harmonica, et
qu'il fit entendre avec succès à Paris. Tout d'à
bord ménétrier et musicien de kermesses, Mattau
apprit seul à jouer de plusieurs instruments,
entra dans le corps de musique du 72« régiment,
qui avait son dépôt à Bruxelles, fit plusieurs
campagnes, puis revint dans sa ville natale, oii
il sut se créer une carrière toute particulière,
devenant maître de danse, puis directeur des
bals de la cour, et participant à la fondation
de la Société de la Grande-Harmonie. Un écri-
vain anonyme a retracé sous ce titre : Un t'jpe
bruxellois, la vie de Matla* (Bruxelles, Po-
lack-Duvi\ier, 1857, in-32j.
* MATTEI (L'abbé Sta:nisl\s).— Au nombre
des écrits publiés sur cet artiste, il faut com-
prendre le suivant : Osservaziuni sulla vitacli
Stanislao Mellei scritta daW avvocalo Filippo
Canuti (Reggio, Torreggiani, 1830, in-S").
MAïTEl (Tito) , pianiste et compositeur
italien, est né à Campobasso le 24 mai 1841.
Après avoir, dès l'âge de quatre ans, commencé
l'élude du pi;mo avec son père, il montra une
telle précocité et fit des progrès si rapides,
qu'au bout de deux années il se faisait entendre
en public avec succès. Un peu plus tard il
devint, à Naples,. l'élève de Tbalberg, et étudia
dans cette ville la composition d'abord avec
Raimondi, puis, après la mort de celui-ci, avec
MM. Parisi, Conti et Ruta. En 1853 il se produi-
sait à Paris avec succès, se faisait ensuite ap-
plaudir à Londres, puis, quelques années après,
entreprenait une série de voyages artisti(iues
en Italie, en France et en Allemagne, oii son
talent très-distingué de virtuose était justement
apprécié. Bientôt il se fixait définitivement à
Londres, oii il devint l'un des artistes favoris du
public, et où il se lit connaître aussi comme chef
d'orchestre, soit au nouvel opéra italien, soit
même au théâtre de la Reine. Cela ne rem(»ê-
chait pas de se produire aussi comme compo>i-
teur, d'abord en exécutant lui-même un grand
concerto de piano avec accompagnement d'or-
cliestre, puis en publiant, outre un assez grand
nombre de morceaux originaux pour cet ins-
trument, quelques transcriptions et fantaisies sur
des airs d'opéras , ainsi que des romances et
mélodies vocales sur paroles italiennes ou fran-
çaises, et enfin en faisant entendre, dans la salle
Saint-Georges (juillet 1877) , la musique d'un
drame lyrique italien intitulé Maria di Gand,
qui fut très-bien accueillie.
Comme virtuose et comme compositeur,
M. Tito Mattei occupe aujourd'hui à Londres
une situation brillante. Le nombre des œuvres
qu'il a publiées est assez considérable, et parmi
celles qui ont obtenu le plus grand succès il faut
signaler la valse intitulée : le Tourbillon , ainsi
que trois mélodies italiennes : Non è ver, JSon
torno, et la Pesca. Ces dernières ont été l'objet
d'une véritable vogue. Ses productions pour le
piano, publiées pour la plupart à Paris chez l'é-
diteur M. Alphonse Leduc, sont au nombre de
quarante environ, parmi lesquelles je citerai les
suivantes : Vlllusion , le Chant de Vcrilé, la
Lyre, nocturnes ; la Danse des Jeuilles, Pas de
charge, la Harpe céleste, une Perle, morceaux
de salon; Ze Tourbillon, i\euf-huit, le Bouquet
de fleurs, Fenella , Avant la danse, Braggiotli,
grandes valses; MergelUna, barcarolle, etc.
M. Mattei, qui a épousé une jeune cantatrice,
M'"= Colombo , est chevalier de l'ordre des
SS Maurice et Lazare.
MATTIOZZl (RoDOLFo), pianiste, profes-
seur et compositeur, né à Florence le t9 novem-
bre 1832, s'est fait une réputation dans sa patrie
par la publication de mélodies vocales pleines de
grâce, et par la production d'un nombre très-
consiilérable de morceaux de musique de danse
d'une forme pleine d'élégance, de franchise et de
brio. Parmi les albums da ballo livrés par lui
an public et qui obtenaient le plus vif succès, il
faut surtout citer les suivants : Castelli in aria,
les Débardeurs, et Roma capitale. Mattiozzi
est venu écrire à Paris, pour le Théâtre-Italien,
la musique de deux divertissements, dont l'un,
sans titre, fut représenté le 6 novembre 1865, et
dont le second, intitulé laFidanzata valacca,
fut joué le 5 mai is66 ; une partie de la musique
de ce dernier avait été composée par M. le comte
Massimiliano Graziani.
IMattiozzi, qui passait chaque année une par-
tie de la saison musicale à Londres et à Paris,
mourut presque subitement à Florence, au mo-
ment où il venait d'y rejoindre sa famille, le 14
juin 1875. Il était âgé seulement de quarante-
deux ans.
MATYS (Karl), compositeur allemand con-
temporain, s'est fait connaître en ces dernières
années i)ar la publication et l'exécution d'un cer-
tain nombre d'oeuvres, qui s'élèvent au chiffre de
cinquante environ, et qui sont écrites soit pour
i88
MAÏYS — MAURICE DE MENZINGEN
les instruments, soit pour la voix. Je citerai, en-
tre autres : la Nymihe de la forêt, ouverture
à grand orchestre; Souvenirs, 4 pièces pour
violoncelle avec piano ; im Maien, chanson à
voix seule avec accompagnement de violoncelle
et piano, etc.
MAl'COTEL (Chaules-Adolphe), lulliier
françiiis qui ne manquait pas d'habileté, naquit
à Mirecourl en 1820, fit son apprentissage en
cette ville, puis vint à Paris en 1839, entra comme
ouvrier dans l'atelier de Vuillaume, et s'établit
pour son compte en 1844. Il produisit beaucoup
d'instruments, violons, altos et violoncelles, qui
se faisaient remarquer par de bonnes qualités et
qui donnent de bons érlianlillons de la lutherie
française. Ses travaux lui valurent une médaille
de seconde classe à l'Exposition internationale
de Paris, en 1855. Maucotel, qui s'était d'abord
installé dans la galerie Vivienne, alla demeurer
ensuite rue Croix-des-Petits-Champs, puis rue
Princesse. C'est dans ce dernier endroit qu'il est
mort, d'une façon tragique : pris d'un accès de
fièvre chaude, le 6 février 1858, il se coupa la
gorge d'un coup de rasoir, et mourut sans avoir
pu profi'rer une parole.
* MAUGARS (André), célèbre violiste du
dix-septième siècle, ne s'appelait pas Aude,
comme l'a dit la Biographie universelle des
Musiciens, mais bien André, ainsi qu'il a signé,
e0 toutes lettres, la dédicace de sa traduction
de Touvrage de Bacon : le Progrez et avance-
ment aux sciences divines et htimaines. Son
talent de musicien et sa supériorité comme vir-
tuose ont été constatés en ces termes par le père
Mersenne. — « Personne en France n'égale
Maugars et Holtman, hommes très-habiles dans
cet art: ils excellent dans les diminutions et par
leurs traits d'archet incomparables «le délicatesse
et de suavité. Il n'y a rien dans l'harmonie qu'ils
ne sachent exprimer avec perfection, surtout
lorsqu'une autre personne les accompagne sur le
claviconle. Mais le premier exécute seul et à la
fois deux, trois ou plusieurs parties sur la basse
de viole, avec tant d'ornements et une prestesse
de doigts dont il paraît si peu se préoccuper,
qu'on n'avait rien entendu de pareil auparavant
par ceux qui jouaient de la viole ou même de
tout autre instrument. » Un musicographe dis-
tingué, M. Ernest Thoinan {Voy. ce nom), a
donné, il y a quelques années, une nouvelle et
très-bonne édition de la fameuse lettre de Mau-
gars sur la musique italienne, en l'accompagnant
d'une notice sur son auteur et de notes intéres-
santes. Voici le titre de cette publication : Mau-
gars, célèbre joueur de viole, musicien du
cardinal de Kichelieu, conseiller, secrétaire,
interprèle du Roi en langue anglaise, traduc-
teur de F. Bacon, prieur de Saint-Pierre
Eynac, sa biographie, suivie de sa Response
faite à un curieux sur le sentiment de la musi-
que d'Italie, escrite à Rome le premier octobre
1639, avec notes et éclaircissements par Er.
Thoinan, Paris, Claudin, 1865, petit in-8° carré.
Cflte reproduction, très-soignée au point de vue
typographique, n'a été tirée qu'à 100 exemplaires.
]\IAUGIX(J -C ), artiste absolument
inconnu, est auteur du livre suivant, compris
dans l'intéressante collection des manuels de
l'Encyclopédie-Roret : Manuel du luthier, cou-
tenant : 1" la construction intérieure et extérieure
des instruments à archet, tels que violons, altos,
basses et contre-basses ; 2° la construction de
la guitare; 3° la confection de l'archet (Paris,
Roret, 1834, in-18 avec planches). A l'époque
de la publication de ce livre, il n'existait aucun
luthier du nom de Maugin; cet ouvrage ne peut
donc être attribué à un luthier; mais j'ai re-
trouvé, dans {'Agenda musical de 1836, la trace
d'un violoniste prWesseur de ce nom. lime sem-
ble donc bien supposable que c'est à ce dernier
qu'est di1 le manuel en question.
MAUPOIAT ( ), écrivain français
du dix-huitième siècle, est l'auteur anonyme
du livre suivant, dont les renseignements ne
sont pas sans quelque utilité : Bibliotèque (>ic)
des Théâtres, contenant le catalogue alphé-
tique des pièces dramatiques, opéra (sic),
parodies et opéra comiques et le tems de leurs
représentations, avec des anecdotes sur la plu-
part des pièces contenues en ce recueil, et sur
la vie des auteurs, musiciens et acteurs (Paris,
Prault, 1733, in-8"). Cet ouvrage a servi de type
et de modèle au Dictionnaire des théâtres de
de Léris, et aux Anecdotes dramatiques de
l'abbé de La Porte.
* M.\URER (Louis-"WiLnKLM), violoniste et
compositeur, est mort à Saint-Pétersbourg le
25 octobre 1878, à l'âge de quatre-vingt-cpia-
torze ans. Il était né à Potsdam le 8 février 1784.
Maurer avait été chef d'orchestre du théâtre
français de Saint-Pétersbourg, puis des concerts
symphoniques fondés par Lwoff, et enlin ins-
pecteur de tous les orchestres impériaux.
MAUllICE DE MEI\ZL\(iEl\, moine
et musicien suisse, est connu sous ce nom parce
qu'il naquit à Menzingen, dans le canton de Zug,
en 1654. Étant entré dans l'ordre des capucins,
il fut prédicateur dans plusieurs couvents, puisse
fixa à Andermatt. C'est là qu'il écrivit les pa-
roles et la musique de nombreuses chansons
religieuses, dont une partie a été publiée sous
ce titre : Philomela Mariana, die Marianische
MAURICE DE MENZINGEN — MA\R
189
Nachligall, welche da Vnterschidlich schœne
Lobund Liebs-Gesxlzlein der allerschœnsten
und Iwtdseeligsten Himmels-Kœnigin Mariœ
zu schuldigem Lob, Preiss und Ehrenscludl
schlagend und sinyende die Herzen thut er-
quickcn, in 36 Liedern verfasset mit beige-
fûgten musikaliscfien Aolen, durcfi P. fr.
Mauriz von Menzingen, capucinern der
schxceizerischen-Provinz Zug. 1713. « Ce
recueil, dil M. George Becker [la Musique en
Suisse) a dû être tiès-répandu, car on peut en-
core aujourd'hui facilement le trouver. «
MAURIIM (Jean-Pierre), violoniste, naquit
à Avignon le 14 février 1822. Admis le 20 juin
1838 au Conservatoire de Paris, dans la classe
préparatoire de violon de Guérin, il pas^a ensuite
dans celle de Baillol, puis, à la mort de ce grand
maître, dans cdie d'Habeneck. Il obtint le se-
cond prix en 184.2, le premier en 1843, puis, ses
études terminées, se livra à l'enseignement. Un
peu plus tard, M. Maurin fonda avec Clievil-
lard, le violoncelliste, une société de musique
de chambre, dans laquelle il s'attacha surtout à
faire connaître au public parisien les derniers
quatuors de Beethoven, qu'on n'exécutait pres-
que jamais alors. A la même époque, il com-
mença à se produire dans le grand monde pari-
sien, et son jeu large, son style solide, lui
valurent bientôt une réputation méritée. Au mois
d'octobre 1875, cet artiste a été nommé pro-
fesseur de la classe de violon devenue vacante
au Conservatoire par suite de la démission de
M. Alard.
JVIAYER-MARIX ( ), musicien
fiançais, né vers 1805, est l'inventeur d'un pe-
tit instrument à clavier et à anches auquel il a
donné le nom (.Vliarmoni- flûte. Cet instrument,
qui n'est pas sans analogie avec l'accordéon,
possède une étendue de trois octaves; on le joue
en le posant sur les genoux, la main droite oc-
cupant le clavier, tandis que la gauche fait ma-
nœuvrer les soufflets. Mayer-Marix a publié une
Méthode et de nombreux morceaux pour l'har-
moni-llûte. Cet artiste est mort à Paris, au mois
d'avril 1872, à l'âge de soixante- sept ans.
MAYEUR ( ), clarinettiste, chef d'or-
chestre et compositeur, est l'un des plus habi-
les virtuoses sur le saxophone qui existent à
Paris. Il a beaucoup fait pour la propagation de
cet instrument, qu'il joue à l'orchestre de l'O-
péra, ainsi que la clarinette. On lui doit une
très bonne Méthode de saxophone, une fantaisie
pour saxophone-alto avec accompagnement de
piano sur des motifs de Don Juan, un arrange-
ment de la 19= sonate de Mozart pour saxopho-
neallo et piano, une transcription de cinq trios
du même maître pour saxophones alto, ténor et
baryton, etc. M. Mayeur est depuis plusieurs
années chef d'orclu'stre dos concerts d'été du
Jardin d'acclimatation. Élève de KIosé au Con-
servatoire de Paris, cet artiste obtint le premier
prix declurinelte dans cet établissement en 1860.
M.VYO (Dermlno). Un artiste de ce nom a
fait représenter sur le théâtre du Fondo, de
Naples, en 1843, un opéra semi-sérieux en deux
actes, intitulé Mattia l'Invalido, dont le livret
était tiré d'un vaudeville français portant ce titre.
* MAYR (Jean-Simon). — Une publication
faite à Bergame, et dont l'auteur de la Biogra-
phie universelle des Musiciens n'a évidemment
pas eu connaissance, vient compléter et rectifier
en certains points les détails donnés par lui sur
la vie de ce musicien fameux. Cette publication,
mise au jour en 1841, à l'époque où une médaille
fut frapi)ée en l'honneur de Mayr et par les soins
des souscripteurs qui avaient pris l'initiative de
cet hommage, est ainsi intitulée : Per il setian-
tesimo oitavo natalizio del célèbre maestro
Gio. Simone Mayr (Bergamo, Crescini, 1841,
in-4'* de|84 p.). C'est, selon l'usage italien, un
recueil de poésies écrites à la gloire de l'artiste ,
poésies qui sont précédées d'une bonne notice
biographique signée du nom de M. Adolfo-Gus-
tavo Maironi Daponte, vice-président de l'Athé-
née des sciences, lettres et arts de Bergame, dont
Mayr était le président.
On voit dans cet opuscule que Mayr, qui avait
fait de Bergame sa patrie d'adoption, refusa suc-
cessivement, pour rester en cette ville, les em-
plois suivants, qui lui furent proposés : en 1803,
la direction du Théâtre-Italien de Vienne; en
1806, celle du théâtre et des concerts de la cour
du roi d'Italie, empereur des Français; en 1808,
la charge de censeur du nouveau [Conservatoire
de Milan, et la succession de Paër comme maî-
tre de chapelle de la cour royale de Dresde ; en
1814, la régence de la surintendance des théâ-
tres royaux de Milan; et enfin, en 1822, le poste
de maître de chapelle à Novare.
A partir de 1805, époque à laquelle fut créé
par ses soins et placé sous sa direction le Lycée
musical de Bergame, Mayr se dévoua sans ré-
serve à cet établissement, pour lequel il écrivit
toute une série de petits traités : 1° Piccolo ca-
techismo elementare ; 1" Melodo di applica-
tura, ossia perle regolari e piùcomode po-
sizioni délie dita sul cembalo; 3° Alcuni cenni
sul modo di scrivere pei corni da caccia; 4*
Trattato per il pédale. II traduisit aussi de
l'allemand le Traité de l'accompagnement de
Fœsster. Enfin, il composa, pour les examens et
concerts du Lycée, un grand nombre de raor-
190
iMAYR
ceaux de divers genres, et a(in d'exercer ses élè-
ves dans la composition tlioûlrale, il écrivit à
leur usage, et dans la mesure de leurs capacités,
quelques livrets d'o()érettes deslinés à être par
eux mis en musique : la Prova deW accademia
finale; il Piccolo compositore di miisica; i
PïccoU virtuosi ambulanti ; il Giovedigrasso;
un Buon cuore scusa molli difelti.
En 1809, MayT fontia à Bergame un Pio Isti-
tulo musicale, destiné à venir en aide aux ar-
tistes devenus vieux ou infirmes, à leurs veuves
et à leurs or|)lielins. Au premier concert donné
au protit de cet établissement, il fit exécuter la
Créa/ ion d'Haydn, qui n'avait jamais été enten-
due en Italie, et publia à cette occasion, dans
un journal, un précis de la vie du maître, pré-
cédé d'une dissertation sur son œuvre. Ce n'est
pas la seule (ois que Mayr prit la plume au pro-
fil de riiistoire et de la littérature musicales. Il
lut, dans les séances de l'Altiénée de Bergame,
deux notices étendues, l'une sur le célèbre théo-
ricien trancliino Galorio, l'autre sur Michèle
Alberto da Carrara, savant écrivain bergamasque
du quinzième siècle à qui l'on doit un traité sur
la musique. C'est encore dans une séfince de
TAlhénée qu'il donna lecture d'une dissertation
ainsi intiiulée : Cenni istorici intorno all'Ora-
torio musicale, ed ai misfcrj che lo precedet-
lero. V.n 183G, il publia, dans le feuilleton de la
Gazzelta Milanese, un écrit qui portait ce titre :
Considei azioni del vecchio suonalore di viola
dimorante in Bergamo, intorno ad un arti-
colo di Scvellinges risguardante la vita e le
opère di Luigi Palestrina. Enfin, M. Dapoule
cite divers autres écrits de Ma\r, encore iné-
dits à l'époque où il publiait sa notice: 1" Piano
per una riforma del Conservatorio di Aapoli,
pariicolarmente per i nuovi melodi deW is-
truzïone islromentale, steso per quel Mlnisiro
dell'interno: 2° Piano per Vistiliizione d'una
catledra. di musica nell' Università di Pavia,
scrilto per ordinedel Direltore générale délia
pubblica istriizione; 3" Parère intorno ad un
apposito maestro per la composizione iea-
irale, e pariicolarmente per risiromen/az/one,
scrilto pet Direltore del Liceo musicale di
Bologna; k" la Vila di Clementi (Muzio?);
5" ta Vita di Sanla Cecilia, in due parti;
6" enfin, une traduction italienne du Traité
d'harmonie de Reicha.
En 1838, Mayr, déjà âgé de 75 ans, eut le désir
de revoir sou pays natal. Il partit donc pour la
Bavière, et fut l'objet, à Munich, d'Iionneiiis
extraordinaires de la part du roi, de la cour, des
artistes et de toute la population; les journaux
publièrent des récits de l'accueil enthousiaste qui
lui était fait, et Aiblinger, mailre de chapelle du
roi de Bavière, écrivit à ce sujet au gendre de
Mayr, M. Massinelli, une lettre qui se terminait
ainsi : " L'Allemagne peut être (ière d'avoir
donné à l'Angleterre un Ha^ndel, à la France un
Gluck, et à l'Italie un Simon Mayr. » A son re-
tour à Bergame a la suiie de ce voyage, Mayr
se vit accueilli avec des démonstrations enthou-
siastes : le comte Giacomo Clémente Suardo,
alors président de l'Athénée, fit exécuter son
buste et le donna à cette Société. Déjà, en 1819,
le portrait de l'artiste, peint par Diolli, avait
été placé dans un édifice public. C'est peu de
temps après qu'on eut l'idée de faire frapper une
médaille en son honneur.
La liste des opéras, cantates et oratorios de
Mayr doit se compléter par les œuvres suivantes :
1° Alcide al bivio, cantate pour le Lycée de
IJergame, 1809; 2° Cantate pour la naissance
du roi de Rome, Bergame, 1811 ;3'' le Due Du-
chesse, ossia la Caccia de' Lupi, opéra semi-
sérieux, Milan (Scala), 1814 ; i" Cori, opéra sé-
rieux, Naples (San-Carlo), 1815; 5" le Feste
d'Ercole, cantate, Bergame, 1816; 6° Egeria,
id., id., 1816; 1" il Sogno di Parlenope, can-
tate dramatique en 3 actes, pour l'ouverture du
théâtre reconstruit de San-Carlo, Naples, 1817 ;
8" Arianna e Bacco, cantate en 2 actes, pour
le Pio Jstituto, Bergame, 1817; 9° Mennone e
Zeniira, opéra sérieux, Na|)les (San-Carlo),
1817; 10" Tanassa, id., Veni>e (Fenice), 1818 ;
il" le Da)uudi, kl., Rome (Argentina), 1819;
12° Inno a Pallade, U\hn, 1820; 13° A t/re do
il Grande, opéra sérieux, Bergame, 1821; 14"
Samuele, oratorio, Bergame, 1821; 15" Fedra,
opéra sérieux, Milan (Scala), 1822; 16* Atalia,
oratorio, INaples (San-Carlo), 1822; 17" San
Luigi Gonzaga, id., Bergame, 1822 ; 18' Deme-
trio, opéra sérieux, Turin (Regio;, 1824 ; 19"
iArmonia, cantate, Bergame, 1825; 20° Cantate
avec chœurs à l'occasion de la mort de Beetho-
ven, Bergame (Union philharmonique), 1827.
Mayr était membre correspondant de l'Académie
des Beaux-Arts de France (1).
Les 12, 13 et 14 septembre 1875, de grandes
solennités euieiit lieu à Bergame pour la transla-
tion, dans la basilique de Saiule-Marie-Majeure,
des cendres de Mayr et de son élève Donizetti (2).
|i) L'opéra intitulé Medea a été donné au théâtre San-
Carlo, (le Naples, en i813, et non à la Fcnicc, de Venise,
en 1812; celui qui perle pour titre Alar a été représenté
au tli'âtre Sant'AgosiIno, de Géiu's, en 181 i, et non à la
Se. lia, de Ml :in, en 1815. M. le dnctrur H;isevi possède
en mauusciit, portant la slj,'nature de Mayr, un Miserere
a tre, cou viole e S strumenti di flulo.
(i) Los restes de Mayr lurent renfermés dans une urne
on l'on plaça, roulé dans uq tube de verre, un parcbemin
MAYR — MAZUEL
J91
Des exécutions musicales religieuses, des specta-
cles, (les concerts, dans le programme desquels
briilait-'nt les noms des deux grands artistes, si-
gnalèrent ces trois journées, et le lundi 13, au
tliéàtre Riccardi, on entendit une cantate expressé-
ment écrite pour la circonstance par le composi-
teur Amdcare Poacliielli {Voy. ce nom) sur des
vers de M. Gliislanzoni. Ces fêtes donnèrent lieu
à plusieurs publications intéressantes. L'une,
portant ce titre : Donizeiti-Maijr, noiiziee do-
cumenti (Bergame, Gaffuri et Gatti, 1875, in-8),
a pour auteurs MM. Federico Alborglietti et
Micbelangelo Gaili, et donne deux biograpliies
étendues du maître et du disciple, avec vingt et
une letti es du second adressées au premier ; la se-
conde est la reproduction du discours prononcé
par M. le chanoine Finazzi à la cérémonie reli-
gieuse laite en l'honneur des deu\ grands musi-
ciens : Il maestro Giovanni Simone Mayr,
orazionc délia nelV inaïujurazione del suo
momunenlo nella basilica di S. Maria Mag-
(jiore dal can. cav. Giovanni Finazzi{BergAim,
impr. Pagnoncelli, 1875, in-8) ;entin, la troisième
forme un recueil des notices écrites naguère par
Mayr et consacrées par lui à des artistes berga-
masques, auxquelles on a ajouté celles du P.
Vaerini, aussi sur des musiciens nés à Bergame :
Biografie di scrittori e ariisli musicali Ber-
gamaschi nalivi od oriundi, di Giovanni Si-
mone Mayr, ruccolle e publica/e con note
dal prof. Ab. Antonio Alessandri, con aggiunta
degli scrittori musicali Bergamaschi del.
P. l'aerini (Bergame, impr. Pagnoncelli, 1875,
in-4'').
MWRBERGER (Charles), compositeur
autrichien distingué, né à Vienne le 9juin 1828,
fut élève de M. Gottfried Preyer, alors maître de
la chapelle impériale en cette ville, et qui depuis
1864 est fixé à Presbourg (Hongrie), où il occupe
les fonctions de maître de chapelle de l'église
métropolitaine et de professeur de musique dans
une école de l'État. Cet artiste s'est acquis un
renom fort honorable par la publication île nom-
breux chœurs pour voix d'hommes, qui ont paru
à Vienne, et dont les plus considérables sont :
Die Mainacht (Nuit de mai), liiindeslied
(chœur de confrérie), et .S7j<?Hnte Liebe (Amour
muet). M. Mayrberger, qui a écrit aussi de nom-
breux lieder, et qui est l'auteur d'une musique
sur lequel était le portrait du maître avec cette inscrip-
tion : y/ di 26 ,^pri/e1875, nel cimitero di f'iillcssc,
gueste prciioie reliquie di (Aocanni Simone Mayr, rlw
illustre /ru i maestri musicali d'italia, morira tu
Bergamo, sua patria adottiva, ai 2 dicembre 184S, ven-
nero in quesVurna composte a cura del municipio di
Bergamo.
estimée pour la tragédie du poète Œhlenschlager :
Yrsa, s'est fait connaître encore par un grand
opéra romanti(|ue, Mélusine, quiaété représenté
avec beaucoup de succès à Presbourg en 1876.
La musique de M. Mayrberger a le caractère
allemand, mais son opéra de Mélusine a été vi-
siblement écrit sous rinduence du célèbre maître
M. Gounod. Le même artiste a publié récemment
un ouvrage théorique qui a paru sous ce titre :
Lchrbuch der musikalischen llarmonik (Guide
d'harmonie musicale). J. B.
* MAYSEDER (Joseph), violoniste remar-
quable et coinpofiteur, est mort à Vienne, le 21
novembre 1863, à l'âge de 74 ans.
MAZEL (M"" HÉLÈNE ROBERT). —
Voyez lîOBERT-îlIAZEL (M"*^ Hélène).
MAZETTl (Haffaele), compositeur drama-
tique italien, mort à Imolaau mois de décembre
1867, a écrit la musique de deux opéras dont
j'ignore la date elle lieu de représentation. L'un
de ces ouvrages était intitulé Marco Visconti:
l'autre avait pour titre Gustavo Wasa. Je n'ai
aucun autre renseignement sur cet artiste.
MAZUEL, est le nom d'une famille assez
nombreuse de musiciens français. Les notes que
nous donnons ici sur ces artistes, sont extraites
d'un petit volume publié par nous récemment et
intitulé : Un bisaïeul de. Molière; Recherches
sur les Mazuel, musiciens des XVI'' et XVII'
siècles, alliés de la famille PoqueUn, par Er.
Thoinau (Paris, A. Claudin, 1878, petit in-12,
Elzévir).
Mazuel (Adrian), l'aîné de deux frères
joueurs de violon, vivait à Paris dans la seconde
moitié du seizième siècle ainsi qu'on le voit par
les baptistaires de deux de ses enfants, datés de
1558 et de 15G0.
Mazlel {Guillaume), le plus jeune de ces
deux frères, avait épousé Claude Mechaine, d'une
famille de luusiciens très-probablement, ce nom
ayant été porté par plusieurs artistes de cette
époque. Guillaume fit partie, ainsi du reste que
son frère Adrian, de la corporation des ménétriers
de la ville de Paris et fut musicien du roi , si,
comme nous le supposons, c'est de lui qu'il s'agit
dans un acte de décès du 5 juillet 1612 disant que
la défunte, Perrette Lemesureux, était veuve de
Guillaume Mazuel, violon du roy. La preuve
que, Claude Mechaine étant morte, son époux
avait épousé en secondes noces Perrette Lemesu-
reux nous manque, il est vrai; aussi nous en tenons-
nous, à cet égard, à une simple supposition. Mais
il est hors de doute qu'une fille de Guillaume
Mazuel et de sa femme Claude Mechaine, nom-
mée Agnès, épou:sa le 11 juillet 15'J4 Jean Po-
quelin, porteur de grains et marchand tapissier,
19â
MAZUEL — MAZZOLANI
qu'il naquit de ce mariage de nombreux enfants,
dont l'aîné, appelé, lui aussi, Jean Poquelin, se
maria avec Marie Cre.-sé, le 27 avril 1621, et
enfin que le premier-né de celte union, baptisé à
SaintEustache le 15 janvier 1622, prit plus
tard le nom immortel de Jean-Baptistk Molièke.
Guillaume Maziiel, artiste musicien, fut donc
le bisaïeul de Molière.
Mazuel {Jean I ), fils de Guillaume et par
conséquent grand-oncle de Molière, fut baptisé à
Saint-Eustache le 2 mai lô63. Il (irenait le tiire
àe violon ordinaire du roy. Marié avec Clau'ie
Levasseur, il eut une nombreuse famille ; mais
deux de ses enfants seulement embrassèrent la
carrière musicale, Jean II et Pierre. Son convoi fu-
nèbre eut lieu à Saint-Eusiache le 6 septembre
1616.
M\zuEL (Jean II]. Ce fils de Jean T, oncle
de Molière à la mode de Bretagne, naquit vers
1593. Il fut reçu de bonne beure dans la corpo-
ration Ae.i Joueurs d'instruments' tant licnilt
que bas, et appartint à la musique du roi
comme violoniste. Il mourut en 1033.
Maziel (Pierre), autre fils de Jean I, né en
1605, fut, lui aussi, musicien de la cour.
Mazuel [Michel). Nous n'avons pu dé-
couviir aucun indice permettant d'établir que
Micliei était fils de Jean II ou de Pierre, ou en-
core de leur frère nommé Antoine, et exerçant la
profession de teinturier. Il apprit le violon de
son père ou d'un de ses oncles, mais la compo-
sition lui fut enseignée par un organiste de Paris
( de Notre-Dame ou de Saint-Leu ). Reçu dans la
musique de la cour comme violoniste, il composa
quelques morceaux sympboniqiies très-remar-
ques de Louis XIV, qui créa pour lui une nou-
velle charge, celle de compositeur de la musique
des vingt quatre violons de la chambre. Le
brevet de cette place lui fut délivré en mai 1654.
On sait par une letlred'André Philidor, placée en
tête de l'un des volumes de sa précieuse collec-
tion, que Michel Mazuel travaillait à la compo-
sition des morceaux de musique instrumentale
des ballets de cour avec Louis IMolier et Ver-
pré, tandis que Cambefort, Cliancy et Boesset
composaient les airs de chant. Le premier vo-
lume de la collection philidorienne renferme,
aux jiages 47 et 69, deux Allemandes de Mazuel.
Noire artiste figura longtemps parmi les vingt-
quatre violons, et fil souvent sa partie dans les
pièces que Molière, son cousin à la mode de
Bretagne, faisait représenter chez le roi avec la
musique de Lully. 11 fut, en outre, un des mem-
bres les plus considérés de la corporation des
ménét riers ,et représentait cette compagnie comme
administrateur de la chapelle de Saint-Julien.
C'est en cette qualité qu'il signa, avec Guillaume
Dumanoir, roi des violons, et quelques antres
artistes maities de la communauté, la tran.sac-
tion ;)ui intervint en 1664, entre les frères de la
doctrine chrétienne et les joueurs d'instruments
de la ville de Paris, concernant la jouissance de
la chapelle de Saint-Jnlien, transaction qui en
.somme donna gain de cause à ces derniers. i
Michel Mazuel se démit de sa place de musi-
cien de la chambre du roi, le 6 février 16"4, en
faveur de Pierre Huguenet. Il mourut deux ans
après, et son convoi eut lieu à saint-Germain-le-
Viel le 24 octobre 1676. Er. T.
*A!AZZA (Giusei'pe). — La liste des com-
positions dramatiques de cet artiste doit s'aug-
menter des ouvrages suivants ; 1* Amor la
vince, Lucques, 1820; 2" Montenciel, Vlorence,
théâtre de la Pergola, 1827 ; 3° Monsieur Des-
chalumeaux, Naples, théâtre Nuovo; 4° la
Prova d'un opéra séria; 5° la Sacerdotessa
dlside, Milan, tbéâlre Carcano; 6" la bciocca
per as/Ms/G,Trieste, théâtre Mauroner ; 7° Chia-
ra di Chalency; 8" il Veto di Jefle, Tiieste,
théâtre Mauroner.
* .\1AZZAFERRATA (Jean-Baptiste). —
Alix compositions de cet artiste, il faut ajouter
un oratorio intitulé l'Efficacia délia fede, qui
fut exécuté à Sieimeen 1684.
MAZZI (Le P. Prospero), moine et musi-
cien, qui vivait dans la seconde moitié du dix-
septième siècle, a écrit la musique d'une pasto-
rale diamatique qui fut représentée à Modèiie
en 1674.
MAZZOLAXI (Antonio) , compositeur et
professeur italien, né le 26 décembre 1819 à
Ruina, dans la province de Ferrare, commença
dès l'âge de sept ans l'étude du piano et de l'or-
gue avec son père, et deux ans après fut confié
aux soins du P. Francesco Zagagnoni, ancien
élève du P. Mattei, qui demeurait à Ferrare.
Mais pour pouvoir prendre des leçons de cet
artiste, l'enfant devait, plusieurs fois par se-
maine, franchir à cheval la distance qui .séparait
Ruina de Ferrare. Lorsque les ressources de sa
famille permirent à celle-ci de l'envoyer habiter
cette ville, le jeune Mazzolani devint l'élève de
Filippo Ferrari, et fit avec ce maître des progrès
si rapides qu'à treize ans il put se faire entendre
en public, dans un concert donné au Ca>ino.
A quinze ans il re\intdans sa ville natale, y
resta cinq années, puis retourna à Ferrare, oii il
se livra à rensei;;iieinent et où il éciivit diverses
compositions, dont quelques-unes pour une so-
ciété chorale fondée par lui. II n'y resta cepen-
dant pas longtemps, et bientôt se rendit à Luc-
ques, où, tout en complétant ses études musi-
MAZZOLANl — MAZZUCATO
493
cales avec Micliele Puccini, il écrivit un opéra
intitulé H Tradimento, qui fut accueilli avec
faveur en 1852, obtint vingt et une représenta-
lions, et fut joué ensuite à Livourne, à Basiia et
à Ferrare. L'année suivante il donniiil dans
cette (ieruièrc ville, où il se fixait de nouveau,
un second opôra, qui avait pour titre Gismonda.
Depuis lors cet artiste a continué la carrière de
l'enseignement, tout en composant un s'■a"<^
nombre de cluriirs et de cantates pour la so-
ciété chorale qu'il avait créée. Il n'avait cepen-
dant pas renoncé complètement à l'espoir de
se produire de nouveau à la scène, et le 25 no-
vembre 1870 il reparaissait sur le théâtre de
Ferrare avec un troisième ouvrage dramatique,
Enrico di Clmilis, ovveto il Ritorno dalla Rus-
sia, opéra sérieux en quatre actes, qui n'était
pas écrit depuis moins de dix-liuit ans lorsqu'il
|iiit enfin être offert au public. Le sort de cet
ouvrage fut heureux néanmoins, et l'accueil qu'il
reçut fut des plus favorables.
HIAZZOLD (ViNCENzo), théoricien italien,
vivait dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle. La bibliothèque du Conservatoire de Paris
possède en manuscrit une Méthode de cet artiste,
qui porte le titre suivant : Regole musicali
per iprincipianti di cembalo, mlSapoli, 1795,
per Vincenzo Mazzold (in-4° oblong).
MAZZOLl ( ), compositeur drama-
tique italien, a donné sur le théâtre de Modène,
en 1877, un opéra sérieux intitulé Adèle d'As-
tiirla.
MAZZOi\E (LciGi), compositeur, profes-
seur de chant et écrivain musical italien, est né
le 10 décembre 1820 à Manfredonia, dans la
province de Foggia. Après avoir pratiqué avec
son père l'étude de la musique, il fut, à l'âge
de vingt-deux ans, envoyé à Naples pour y ter-
miner .son éducation, avec une pension d'environ
300 francs que sa ville natale lui servit pendant
trois ans. A Naples, il travailla l'harmonie avec
Piondinella et Parisi, la composition avec Fran-
cesco Ruggi, puis, une fois ses cours achevés,
se consacra à l'enseignement, tout en se livrant
à de nombreux travaux de composition.
M. Mazzone a publié de nombreux morceaux de
piano, des mélodies vocales, des canzoneltc
napolitaines, des pièces pour divers instruments,
et il a écrit encore plusieurs messes, des liymnes
et des morceaux sjmphoniques. 11 s'est aussi
beaucoup occupé de littérature musicale; après
avoir donné de nombreux articles dans divers
journaux, il Commercio, il Nomade, après
avoir dirigé VdGazzelta musicale, il a fondé lui-
même une feuille spéciale, ISapoU musicale,
qu'il dirige avec goût depuis environ dix années.
BIOGU. UMV. DES MLSICIENS. SUPPL. — T.
Correspondant à Naples d'un journal théâtral de
Venise, la Scena, M. Ma/.zone a en portefeuille
un opéra intitulé lo Scambio de'rilralti, qui
jusqu'ici n'a pas été repré-senté.
* MAZZUCATO (Alrk.uto), directeur du
Conservatoire de Milan, est mort en celte ville
le 31 décembre 1877. Il était né à Udine non
le 20, mais le 28 juillet 1813. Lorsque, après la
moi t de Mercadante, M. Lauro Rossi fut placé à
la tète du Conservatoirede Naples, Ma/./.ucato fut
appelé à lui succéder comme directeur de celui
de Milan. Dès 1839 , il avait succédé à Mauri
comme professeur de la classe de chaut pour
les jeunes filles dans cet établissement; il
quittait ces fonctions en 1851 pour celles de
professeur de composition , dans lesquelles il
remplaçait Felice Frasi, devenait en 1852 titu-
laire de la chaire d'esthétique et d'histoire mu-
sicale, créait en 1857 une classe d'instrumen-
tation, et enfin, en 1872, devenait directeur de
l'école à laquelle, depuis trente-trois ans, il
était attaché comme professeur. J'eus l'occasion
et l'heureuse chance, vers cette époque, de le
connaître à Milan, et je pus me convaincre qu'il
était l'un des artistes les plus distingués de l'I-
talie, l'un de ceux qui faisaient le plus d'hon-
neur à leur pays. Sous des dehors pleins de
rondeur, de bonhomie et de franchise, empreints
d'ailleurs d'une grâce naturelle, Mazzucato re-
celait un véritable tempérament d'artiste, com-
plété par une instruction solide et étendue dans
tous les genres. Doué d'une intelligence rare,
plein d'activité, animé des meilleures intentions
et des plus nobles désirs, on n'eût pu lui re-
procher, dans les nouvelles fonctions qu'il oc-
cupait, qu'une certaine faiblesse de caractère
causée par sa bonté même, la crainte un peu
trop vive de heurter ou de chagriner tel ou tel.
Mais on ne peut nier que l'établissement dont
les destinées lui étaient confiées n'ait pris rapi-
dement, sous son administration à la fois ha-
bile et paternelle, un nouvel essor, et l'on peut
certifier qu'il n'eût pu être placé eu de meil-
leures et plus dignes mains.
Lors de la création par l'éditeur Ricordi dr
la Gazzelta musicale de Milan, Miizzucalo
avait été chargé de la rédaction en chef de ce
journal, et il s'acquitta de cette tâche, pendant
plusieurs années, avec un véritable talent; il
était d'ailleurs très-versé dans la connaissance
de l'histoire de la musique et des belles-lettres
et sa valeur était grande comme théoricien.
De 1859 à 1869, il occupa brillamment le poste
de maestro concertatore au théâtre de la
Scala, dont il avait été un instant le directeur
(1854-55) Comme compositeur dramatique, sa
II. • 13
194
MAZZUCATO
MEDICIS
carrière fut relativpment courte, car il ne fit
rejirésenler que les ouvrages suivants : 1° la
Fidanzcitu di Lnmmennoor, Padoue, thfàlre
Auovissimo, 1834; 2» Don Chisciotte, Milan,
théâtre lie la Canoi)hiana, 26 avril 1836; 3° Ea-
jueralda, Mantoue, llit'àtre social, 10 février
1838 ; i" i Corsari, Milan, théâtre de la Srala,
15 février 1840; b° i Due Sergenti , Milan,
théâtre Re, 27 février 1841; G» Luigi V, id.,
i(i., 25 février 18'»3; 1" Ernanï, Gènes, théàlre
Cario-Felice, 26 décembre 1843 (1). Au reste,
Maz7.iicato ne fut jamais heureux à la scène, et
quelques-uns de ses opéras tombèrent lour.le-
laent, entre autres Don Chisciotte et i Cor-
sari.
Outre V École de chant de Garcia et le
Traité de la théorie et de la pratique de l'har-
monie de Félis, Mazzucato avait donné la tra-
duction italienne des ouvrages que voici :
Grand Traité d'instrumentation et d'or-
chestration moderne de Berlioz (Milan, Ricordi);
Hygiène du chanteur de M. L. A. Second
(id., id.); Abécédaire vocal de M. Henri Pa-
nofka (id., id.). Enfin, il avait publié une nou-
velle édition, augmentée, des Principi elemen-
tari di musica d'Asioli (Milan, Ricordi), et il
avait donné un Atlas de la musique antique,
précédé d'une préface à ses élèves d'histoire
et du philosophie musicale (Milan, Lucca).
Comme compositeur, et en dehors du théâtre,
Mazzucato a publié seulement un recueil de
Quattro Mélodie {il Lago , il Bacio, il
Pensiero délia sera, d Canto d'amore\
un Hymne du soir dans les temples (frag-
ment de la 8« Harmonie de Lamartine), et une
canzone intitulée ai Fratelli Triestini e
Istriani. Ces diverses productions ont paru à
Milan, chez Ricordi. On lui doit aussi une messe
et un service solennel de vêpres, qui ont été exé-
cutés à Novare en 1841. Enfin, il a écrit l'un des
trois hymnes (jui, le 20 se[itembre 1871, étaient
exécutes sur la place du Dôme, à Milan, pour
l'anniversaire de l'entrée à Rome des troupes
italiennes; cet hymne avait pour titre Roma.
Les deux autres avaient été composés par MM.
Perelli et Panzini {Voy. ces noms).
Mazzucato avait été rédacteur en chef non-
seulement de la Gazzetla musicale de Milan,
mais aussi du Giornale délia Socieià del
Quarte/to, qui remplaça un instant ce journal;
il fut aussi le collaborateur de la Scena, de
Venise, et donna quelques articles à divers jour-
(1) Il n'est pas Juste de dire, comme on l'a fait, que
Mazzucalo a donné une preuve d'orpnril m refaisant
finiani après Verdi. \:Eru(ini de Verdi ne fit son appa-
rition qu'en 184», plusieurs mois après celui de Mazzucato.
naux politiques. A ce propos, un de ses biogra-
phes, M. Caputo,a pu dire de lui avec raison :
— « Alberto >I,izzucato a été un des plus solides
champions, je dirai presque un des fondateurs
de la critique musicale en Italie. Il avait le stvle
facile, concis, convaincant ; ses jugements sont
empreints de la plus grande impartialité. Quand
il prenait en main la plume du critique, il oubliait
amis et adversaires, et avec une âme sereine il
se mettait à l'œuvre uniquement préoccupé du
progrès de l'art. Il aimait les jeunes gens comme
ses propres fils, et leur prodiguait les con-oils,
donnés sous la forme la plus bienveillante. Il
respectait toutes les opinions, et discutait avec
conscience, avec calme, avec affection. Aussi il
était aimé, estimé et respecté de tous, même de
ceux qui ne pouvaient se trouver toujours d'ac-
cord avec lui. » Mazzucato a laissé inédit un
Traité d'esthétique musicale, qui doit être pu-
blié prochainement.
MECHURA ( ), compositeur contem-
porain, est l'auteur d'un opéra romantique in-
titulé Marie Potokâ, qui a été représenté sur le
théâtre national de Pesth, au mois de jan-
vier 1871, avec un brillant succès.
MÉDICIS (Fi:jiDiNAXD DE), prince de Tos-
cane, fils du grand-duc Côme III, né en 1663,
mort le 30 octobre 1713, fut un des plus célè-
bres amateurs de musique qui aient existé, un
protecteur généreux et intelligent de l'art et des
artistes, et cultivait lui-môme la mu.-ique avec
un réel talent , connaissant l'harmonie et le
contre-point et étant un virtuose «listingué sur
l'orgue et sur le clavecin. Le prince Ferdinand
attirait à sa cour une foule de grands artistes,
excitait les compositeurs à écrire pour lui des
œuvres de tout genre, opéras, oratorios, can-
tates, messes, psaumes, motets, madrigaux,
divertissements, etc., et faisait exécuter ces
œuvres par les virtuoses les plus fameux et les
plus remarquables. Parmi les compositeurs
qu'il encourageait et protégeait ainsi, on peut
surtout citer Alessandro Scarlatti, Giacomo
Perti, Hicndel, Clari, Pasquini, Polaroli, Délia
Porta, Mancini, Lucatelli, Montuoli, etc. Quant
aux œuvres exécutées dans son théâtre ou à sa
chapelle, aux virtuoses attachés à son service,
il serait tro[) long d'en dresser la liste. Le seul
catalogue des instruments qui formaient sa col-
lection et qui servaient aux exécutions musicales
est un document des plus curieux. Ferdinand
de Médicis fut certainement un des princes qui
contribuèrent pour une large part aux progrès
et à la splendeur de l'art musical en Italie.
M. Leto Puliti a publié à son sujet, dans les
Attï de l'Académie du Royal Institut musical
MEDICIS - MEERENS
195
de Florence (12= année), un travail étendu et
plein d'intérêt, ainsi intitulé : Délia vila del
Serenissimo FenUnando dei Medici, gran-
principedt Toscana, edella origine delpiano-
forle. Ce l'ut, en effet, à la cour de ce prince
que Barlolomeo Cristofori, son lulliier et son
fadeur de clavecins, imagina et construisit en
1709 le prernierpmno-/b/7e.
MEDORI (M'"" Joséphine), chanteuse dra-
matique remarquable, esl née, dit-on, en France,
en 1828, et épousa en Italie, en 1848, un artiste
du nom de Medori (1). J'ignore sous la direction
de quel professeur celle artiste lit ses études
uuisicales, mais on dit qu'à Naples elle reçut des
leçons de Mercadante; toutefois, elle s'adonna
de bonne heure au chant italien, et se fit en-
tendre avec succès sur plusieurs grandes scènes
de la Péninsule, où sa beauté vigoureuse et
opulente, sa voix de soprano riche et étendue,
son grand sentiment dramatique et son intelli-
gence de la scène lui attirèrent aussitôt foutes
les sympathies du public. C'est surtout dans le
grand répertoire tragique que M'"' Medori se
lit remarquer, chantant tour à tour Nonna,
Don Juan, Olello, Fidelio, Semiramide, Er-
nani, les Huguenots, il Trovatore, Anna
Bolena, Parisina, Maria di Rohan, il Giara-
inento, Poliuto, etc. Après avoir fait apprécier
en Italie son talent pathétique, M™'= Medori se
lit applaudir au théâtre de la Reine à Londres,
à l'Opéra impérial de Vienne, à l'Opéra italien
de Saint-Pétersbourg, à la Fenice de Venise, et
au grand tliéâlre de Vérone. Vers 1856, elle fut
engagée à l'Opéra de Paris, où elle se fit enten-
dre dans les Vêpres siciliennes et dans les
Huguenots; mais sa voix, dit-on, commençait
déjà à se fatiguer, et, bien que le public rendit
justice à ses éminentes qualités, la cantatrice
ne rencontra pas tout le succès qu'elle avait
espéré. Bientôt elle quitta l'Europe, après
avoir été passer une saison à Lisbonne et
une autre à Naples, et se rendit au Brésil,
où elle fut encore accueillie avec une grande fa-
veur. En 1861 elle revenait au théâtre San-Carlo,
de Naples, et en 1863 elle repartait pour l'Amé-
rique et se produisait à Philadelphie, à New-
York, et dans diverses autres villes des États-
Unis. Depuis lors, elle n'a plus fait parler d'elle.
Retirée aujourd'hui à Laeken-lez-Bruxelies, celte
artiste remarquable a épousé en secondes noces
un tailleur du nom de Navir.
(11 Franccsro Regli, dans son Dizionario bior/raflco,
fait niitre M"'» Medori à Bclleviic, près Paris, tandis que
Scudo {Critique et Uttéralure musicales, t. I^^) affirme
qu'elle esl Belj-'c et née à Bruxelles. Je crois que Reeli
était bien informé.
MEElîElVS (Jeax-Antoine), virtuose dis-
tingué et coinposileur, naquit ù Rotterdam en
1804. Chef de musique du Schul/ery (giirde ci-
vique) de Bruges sous la (iomiiiation hollandaise,
il était renommé pour son talent sur la llilte, et sa
virtuosi té était telle sur cet instrument, que Tuloii,
voyageant en Belgiriue vers 1830, lui proposa de
l'accompagner dans ses concerts, pour exécuter
avec lui des duos. 11 n'était pas moins habile sur la
guitare, et, outre ces deux instruments, qui étaient
ceux de sa prédilection, il jouait aussi du violon,
de la harpe et du piano. Il jouissait d'une grande
réputation comme professeur, ce qui ne l'em-
pêcha pas de fonder à Bruges une maison de
commerce de musique et de pianos, qu'il con-
tinua de diriger jusqu'en 1845, époque à laquelle
il alla se fixer à Anvers, pour y prendre la
suite des affaires de la maison Schott et la di-
rection du comptoir que celte maison pos.sédait
en cette ville. Vers la fin de 1854, il s'établit à
Bruxelles, où il mourut le 15 mai 1864. Il lais-
sait deux fils, dont l'un, Jean Bruno, entreprit
sur la propriété littéraire et artistique quelques
travaux (lue d'autres occupations ne lui permi-
rent pas de terminer, et dont le plus jeune, Char-
les, fait l'objet de la notice suivante.
MEEREXS (Chap.les), violoncelliste, acons-
ticien et écrivain musical belge, fils du précé-
dent, est né à Bruges le 26 décembre 1831.
Élevé dans un milieu très-artistique, il apprit de
bonne heure les premiers éléments de la musi-
que, et lorsqu'en 1845 son père alla se fixer
à .\iivers, il commença l'étude du violoncelle
avec M. Joseph Bessems, pour la terminer un
peu plus tard, à Gand, avec M. Dumon. De
retour à Bruges, il y créa une société sympho-
nique d'amateurs, les Francs-Amis, et reprit la
suite de la maison de commerce de musique
que son père avait fondée en cette ville. En 1855,
il alla rejoindre celui-ci, alors établi à Bruxelles,
se fit admettre au Conservatoire dans la classe
de Servais, y obtint une récompense au con-
cours, et fréquenta aussi le cours d'accompa-
gnement de M. Steveniers, ce qui lui donna
l'occasion d'exécuter et de connaître toutes les
grandes œuvres de la musique classique.
Cependant, après s'être produit avec succès
et à plusieurs reprises comme virtuose, M. Mee-
rens se vit obligé, par suite de diverses circons-
tances , de modifier sa carrière. Devenu l'ac-
cordeur de la maison de pianos que son père
dirigeait à Bruxelles, ce travail réveilla dans son
esprit le désir, qui s'était déjà présenté à lui,
de rechercher les lois physico-matln'matiques
qui régissent l'art musical. Doué d'une grande
faculté d'étude, possesseur d'une bonne instruc-
196
MEEllENS
tion, avec cela très-bon musicien, M. Meerens
se livra avec ardeur à la rei lierclie de la solu-
tion des problèmes acoustiques. Ses travaux
ont été résumés par lui dans une série d'opus-
cules intéressants , ainsi que dans de nombreux
articles insérés dans divers journaux, entre
autres le Guide musical de Bruxelles. Ils ont
parfois suscité d'utiles polémiques, et ont
appelé l'attention sur des sujets dignes du plus
vif intérêt.
En ce qui concerne le côté physiologique de
la musique, chacun sait que jusqu'à ce jour on
s'est trouvé en présence de deux doctrines ab-
solument contraires, dont Tune acceptait, tandis
que l'autre repoussait toute idée d'intervention
des lois physiques des corps sonores pour l'a-
nalyse des phénomènes musicaux, la formation
des gammes, etc. « Jusqu'à moi, a dit lui-même
M. Meerens, ces deux doctrines restaient à
l'état hypolhéli'iue. Grâce à mes découvertes, il
est avéré que les phénomènes naturels des corps
sonores, tels que les harmoniques et les sons
résultants sont complètement étrangers à toute
perception musicale. Les combinaisons artisti-
ques des sons sont purement artificielles. Ce fait
est de la plus haute importance pour la théorie,
et c'est grâce à mes travaux qu'il peut être con-
sidéré comme définitivement acquis à la science.
Les investigations des autres doctrines peuvent
maintenant être éliminées. La voie de la vérité
est ouverte. »
Sans prendre absolument parti dans la ques-
tion, je pencherais volontiers à me ranger de
l'avis de M. Meerens. Je crains pourtant que sa
doctrine n'offre le danger des doctrines tout d'une
pièce, c'est-à-dire qu'elle ne soit trop absolue. Je
crois volontiers que M. Meerens est sur le che-
min de la vérité; il me paraît que les résultats
obtenus par lui sont remarquables et qu'il a
ouvert la voie à des recherches nouvelles et fé-
condes ; mais je me demande si son système
n'est pas un peu trop exclusif. Toutefois, M. Ge-
vaert, dans son livre : Histoire et Théorie de
la jnusiqitc de l'antiquité ^ a caractérisé en
ces termi'S les travaux et les découvertes de son
compatriote : — « De récentes investigations
expliquent les pliénomènes physiologicpies qui
se ratta( lient aux diverses combinaisons de
rapports numéri(iucs des intervalles musicaux,
tels que la tonalité, le caractère et la fonction
tonale de chaque degré de la gamme, les ac-
cents mélancoliques du mode mineur , les
tendances résolutives des dissonances et le
sentiment de repos de l'accord parfait. Les dé-
couvertes de M. Meerens, appuyées sur des
expériences précises et réitérées, coordonnent
une théorie nouvelle qui mérite d'élre prise eu
sérieuse considération. >>
Dans un autre ordre d'idées, on doit à
M. Meerens, la formule ^-^, qui représente la
longueur du pendule dont les balancements cor-
respondent aux mouvementsdu métronome -jC'est-
à-dire qu'en divisant le nombre 3600 par M 1
(le degré métronomique de l'échelle multiplié
par lui-même), on obtient en mètres et centi-
mètres la longueur en question. Chacun peut
ainsi, à l'aide d'un fil au bout duquel on fixe
un petit objet pesant, connaître, sans métro-
nome, le degré exact de vitesse d'un mouve-
ment métronomique indiqué.
Enfin, M. Meerens a conçu le projet d'une
réforme partielle dans l'écriture musicale. Si-
gnalant « l'anomalie des anciennes clefs de la
musique en présence du principe radical mo-
derne de l'art, qui n'est plus le tétracorde, d'où
sont sorties les clefs, mais l'octave, » M. Meerens
propose de remplacer les anciennes clefs par le
chilfre indiquant le numéro d'ordre de l'octave
à laquelle appartiennent les notes écrites pour
chaque instrument. Pour ma part, je ne vois
guère l'amélioration qu'apporterait le système
imaginé par M. Meerens, et je n'en suis point
partisan. Je dois dire pourtant que ce système a
rencontré des adhérents, et que son auteur a
créé une société destinée à le propager.
Voici la liste des écrits de M. Meerens :
1° Le Métromètre, ou moyen simple de con-
naître le degré de vitesse d'un motivement
hirf/V/ue, Bruxelles, Schott, 1859, feuille in-plano;
2° Instnuction élémentaire du calcul nnisi-
cal, et philosophie de la musique, Bruxelles,
Schott, 1864, brochure \n-8" ; ^° Phènotnè-
nes miisico-phtjsiologiques, id., id., 18G8, bro-
chure in-S"; 4° Hommage à la mémoire de
M. Delézennc, examen analytique de ses
précieuses expériences d'acoustique musicale,
id., id., 1869, brochure in-8°; 5" Le Diapason
et la notation musicale simplifiés, id., id.,
1873, brochure in-8° ; 6" Mémoire sur le dia-
pason, adressé à l'Institut national de Genève,
id.,id., 1877, brochure in-8°; 7" Petite Méthode
pour opprrndrela musique et le piano en peu
de temps, d'après le système de notation mu-
sicale simplifiée. M. Meerens a publié, dans
ce système, diverses transcriptions ou traduc-
tions de sonates, études et fantaisies. En 1870,
M. Meerens a adressé à l'Académie des sciences
de Paris un mémoire portant pour titre : Exa-
men analytique des expériences d'acoustique
musicale de MM. A. Cornu et E. Mercadier.
}\. Meerens est membre d'honneur de diverses
MEERENS
MEILLET
197
sociétés musicales et orphéoniques de Belgique,
et membre correspontlant (ie riii»tilutniitiou;il de
Genève et de l'Académie royale de Palerme.
* MEERTS (Lambert-Joseph), violoniste,
naquit à Bruxelles, non en 1802, mais le 6 jan-
vier 1800.
* MEES (Joseph-Henri), naquit à Bruxelles
non en 1779, mais le 28 mai 1777. Cet arliste,
dont les dispositions musicales furent exlrêine-
ment précoces, chantait à l'église dès l'âge de
cinq ans; à sept ans il commençait l'élude du
violon, et à dix il faisait déjà sa partie à l'or-
cheslre du théâtre. Il perfectionna son talent
sur cet instrument avec Pauwels, artiste fort
distingué qui avait reçu des leçons de Fiorillo et
qui, à cette époque, revenait de Paris pour se
fixer à Bruxelles. C'est avec son grand-père
Vitzthumb, grand admirateur de Gluck, que
Mees travailla le contre-point.
Ce n'est ni à SHint-Pétersbourg,ni aux environs
de 1838 que mourut Mees, car en 1855 il ha-
bitait Paris, auprès de son fils, qui était direc-
teur de l'hôpital militaire du Val-de-Gràce.
Après un court séjour à Saint-Pétersbourg, puis
à Moscou, il s'était fixé à Kiev, où pendant
quinze ans il avait dirigé une académie de mu-
sique et donné des leçons au pensionnat impé-
rial.
MEGLIO (ViNCENzo DE), pianiste et com-
positeur italien, né à Naples Je 9 avril 1825, a
commencé l'étude du piano avec Pasquale Mu-
gnone, et l'a continuée sous la direction de. Fran-
cesco Lanza, tout en travaillant l'harmonie avec
Casella et le contre-point avec Mario Aspa. Il se
fit admettre néanmoins en 1840 au Conserva-
toire de Naples, y suivit un cours de hautbois,
et se perfectionna dans la théorie de l'art avec
Parisi et Francesco Ruggi. Il sortit de l'école
en 1843, et depuis lors n'a cessé de se livrer à
la pratique de l'enseignement, tout en s'occu-
pant beaucoup de composition. Le 30 septem-
bre 1848, M. de Meglio faisait représenter au
théâtre Nuovo un opéra semi-sérieux intitulé
Ermelinda, qui n'obtint que quatre représenta-
tions, et il donnait ensuite, au même théâtre,
une farsa qui obtint quelque succès, Giocrisse.
Depuis celte époi|ue, il n'a pu réussir à se re-
produire à la scène, mais il a écrit beaucoup
de musique religieuse , avec accompagnement
d'orchestre ou d'orgue; de plus, outre quelques
mélodies vocales, quelques chansons populaires
napolitaines, il a publié chez l'éditeur Ricordi,
de Milan, 5 trios pour piano, violon et violon-
celle et environ deux cents morceaux de piano
à deux ou quatre mains, dans lesquels il ne se
trouve pas une seule composition originale.
Tous ces morceaux, en effet, consistent en ar-
rangements, fantaisies ou transcriptions sur des
airs populaires ou des thèmes d'opéras en vogue.
Paruii les compositions les plus importantes de
M. de Meglio, il faut mentionner une sorte d'o-
ratorio, le Tre Ore di ogonia, qui a été exécuté
dans diverses églises de Naples. Sous ce titre :
Eco di Napoli, il a publié un recueil intéres-
sant de 50 canzoni napolitaines populaires, avec
accomp;ignement de piano.
* MÉIIUL (Étienne-Nicolas). — Une
double erreur s'est constamment produite jus-
qu'à ce jour au sujet de cet artiste célèbre,
auquel on a toujours donné pour prénoms
Élienne-flen/7, tandis qu'il s'appelait Étienne-
Nicolas, et qu'on a fait naître le 24 juin, tandis
qu'il est né le 22 juin 17G3. Je rectifie les faits à
l'aide de l'acte de baptême du maître, daté de
Givet, le 22 juin 1763. D'ailleurs, la pierre tu-
mulairede Méhul indique bien cette date comme
celle de sa naissance.
* MEIFRED (Joseph-JeanPierre-Émile),
né à Colmars (Basses-Alpes), le 22 novembre
1791 lui non le 23 octobre 1793), est mort
le 29 août 1867. Il avait pris, en 1865, sa
retraite comme professeur de cor à pillons au
Conservatoire, et cette classe, naguère créée
pour lui, fut alors supprimée. Parmi les jour-
naux auxquels Meifred a collaboré d'une façon
active, il faut citer surfout la Mclomanie et la
Critique musicale. On lui doit aussi l'opus-
cule suivant : Sur renseignement populaire
de la musique en France (Paris, 1853, iinpr.
Chaix, in-8° de 32 p.). Meifred était chevalier
de la Légion d'honneur.
MEILLET (Auguste - Alphonse - EnMOND) ,
chanteur et comédien distingué, naquit à Nevers
le 7 avril 1828. Fils d'un avoué, il devait suivre
la carrière paternelle; envoyé à Paris pour y
faire ses études, il fit son éducation littéraire
au lycée Louis le Grand, obtint ensuite le di-
plôme de bachelier es lettres, puis prit ses ins-
ciiplions à l'École de droit et entra dans une
élude d'avoué. Mais comme à une jolie voix
de baryton il joignait le goût de la musique, il
commença à travailler le chant, se fit, sur des
conseils amis, recevoir au Conservatoire dans
les premiers mois de 1847, fit de rapides progrès,
et bientôt remportait aux concours les prix de
chant, d'opéra et d'opéra- comique.
En présence de tels succès , la famille de
Meillet n'apporta aucune opposition à son en-
trée dans la carrière artistique. Il signa donc
un engagement avec la direction de l'Opéra, et
débuta à ce théâtre en 1850, dans un ouvrage de
M. de Flotow, VAmecn peine. Mais il y resta
198
MEILLET — MEINERS
peu do. temps, e(, après un court passage k
l'Opéra Comique, il entra en 1854 au Théâtre-
Lyrique, où le succès lattendail. Il s'y lit re-
marquer dès sou apparition, et bientôt se vit
chargé de créations nombreuses et importantes
qui lui donnèrent de l'aulorité sur le public et
assurèrent sa réputation. De la liste des ou-
vrages successivement joués par lui, nous cite-
rons les titres suivants : Bonsoir, voisin,
Maître Wolfram, le Bijou perdu, le Médecin
malgré lui, la Poupée de Nuremberg, le Billet
de Marguerite, la Butte des Moulins, la
Fille invisible, Jdguarita l'Indienne-, puis,
en fait d'œuvres du répertoire, Ricard Catir-
de-Lion, Ma Tante Aurore, les Aoces de Fi-
garo, le Val d'' Andorre, le Brasseur de Pres-
ton, etc., etc.
Alors qu'il était à l'Opéra-Comique, Meiliet
avait épousé une jeune artiste de ce théâtre ,
M"'" Meyer, qui avait été sa camarade d'études
au Conservatoire. Vers 18G1 ou 1862, tous deux
quittèrent Paris et s'en allèrent tenir leurs em-
plois dans diverses fir.mdes villes de province
et de rélranj;;er. Ils étaient en 1863 à Bruxelles,
où M"" Meiliet tint avec une grande distinction
l'emploi des l'^aicon. Lorsque le Théâtre Lyrique
monta le Bal masqué, de Verdi, M'"*^ Mt^illet
fut rappelée à ce tliéàlre pour remplir le prin-
cipal rôle de cet ouvrage, et Meiliet lui-même
fit bientôt sa rentrée dans le Brasseur de
Preston, créa ensuite Sanclio Pança dans le
Don Quicholle, de M. Boulanger, puis se mon-
tra de nouveau à l'Opéra-Comique, où il créa
dans ro?/!6re,deM. de l^lolow, le personnage du
docteur Mirouet, qui fut son dernier et l'un de
ses meilleurs rôles.
Meiliet n'était pas seulement un chanteur dis-
tingué; c'était encore un excellent comédien,
plein de rondeur, d'intelligence, de verve et de
bonhomie. Il mourut suliitement à Veules,
petit port de mer de la Seine-lnlérieure, le 31
août 18"1, dans sa quarante-quatrième année,
au moment même où l'Opéra-Comique annon-
çait sa rentrée dans le docteur Mirouet de
l'Ombre, sa dernière création.
MEIXAI'.DUS (Louis), compositeur alle-
mand, est né à Ilooksiel (duché d'Oldenbourg)
le 17 septembre 18'.'.7, el a reçu son éducation
musicale au Conservatoire de Leipzig, après
quoi il alla se perfe( tionner à Weimar, auprès
de M. Liszt. Lu I8."J3 il se rendit à Glogau, où
il était appelé à la direction de l'Académie de
chant, et conserva ces fonctions jusipi'en ls:)S.
Il passa ensuite plu-ieurs années à Dresde, puis
alla se fixer à Hambourg, où il réside encore
aujourd'hui.
M. Meinardus est un artiste instruit et dis-
tingué, qui s'est fait connaître et apprécier par
un assez grand nombre d'œuvres im|)ortantes.
Il faut citer en première ligne, parmi ces
œuvres, plusieurs oratorios : le Roi Salomon,
Simo7i Pierre, Gcdéon, Luther à Worms,
qui sont considérés dans sa patrie comme des
productions fort estimables et qid ont toujours
été accueillis avec faveur par le public. Je signa-
lerai aussi, entre autres compositions intéres-
santes de cet altiste, une grande ballade pour
voix seule, chœur et orchestre : Roland's
Schaanenlied, un trio pour j'iano, violon et
violoncelle, op. 40, un quatuor en fa majeur
pour instruments à cordes, op. 41, etc., etc.
* MEIXKRS (Giovanni Battista), composi-
teur, né a Milan en 1826, a fait ses études musi-
cales au Conservatoire de cette ville, où il fut
admis le 9 novembre 1833, et qu'il quitta le 7
septembre 1843. Ses clas.ses furent brillantes, et
lorsqu'il sortit de l'école, il avait écrit déjà deux
opéras : Francesca da Rimini et il Disertore
siizzero, dont le dernier avait été exécuté,
le il février 1842, sur le petit théâtre du Con-
servatoire. Il se rendit presque aussitôt à Vienne,
s'y perfectionna en se mettant sous la direc-
tion de Sechter, y reçut aussi des leçons de
Donizetti , revint à Milan après deux années
d'absence, et se vit bientôt nommer maître de
chapelle de la basilique métiopolitaine de Ver-
celli. Il écrivit pour le service de sa chapelle
un grand nombre de compositions religieuses,
dont quelques-unes furent publiées, mais la .si-
tuation qu'il occupait à Vercelli ne l'empêcha
pas de se produire au théâtre, vers lequel il se
sentait attiré.
Il lit jouer d'abord au Théâtre-National de
Turin (1851) son Disertore svizzero, qui fut
bien accueilli, et donna ensuite au théâtre Car-
cano, de Milan, un second ouvrage intitulé
Elndia di san Mauro. Les portes de la grande
scène de la Scala s'etant ouvertes devant lui
après ces deux essais, il y donna, le 12 no-
vembre 185!), son opéra de Riccardo Ifl, qui
fut reçu avec une extrême froideur, bien que
chanté par des artistes fort distingués, MM. Ti-
berini, Echeverria, Corsi, et M'"« Ortolani-Ti-
berini (1). Après cet échec, M. Meiners de-
nu'ura plusieurs années sans se reproduire à la
scène, et ce n'est que le 3 avril ISGH qu'on le
voit donner à la Pergola, de Florence, un nouvel
(1> Je crois que l^i pirtitioii de Hirciirdo III avait été
exécutée piécédcranu-nt, et qii'rlle fut ref.iitc en partie
p,ir son auleiii', rhiiiiivrilif, pinir hi .Scala ; mais je n';ii pu
decoimir sur quel tUéSlre elle aurait vu le jour origi-
nairement.
MEINERS — MELCHIOH
199
ouvrage dramatique inlilulé Veronica Cybo,
qui était écrit pourtant dopuis près de di\ ans.
Celui-ci était chanté par la Palniieri, la Marini,
MM. Graziani et Ciina. Depuis lors, je crois que
le coni[iositeur n'a pas abordé de nouveau le
tliéàtre, bien qu'il ait encore écrit un autre
opéra, Gaùriella dï Thefschen. En deiiors de
ses œuvres dramatiques et de ses compositions
religieuses, M. Meiners, qui est un artiste fort
estimable, a publié quelques mélodies vocales, il
Lamenta d'unu prkjioniera, Perche non torni
mai! Yoga, l'OrfancUa, etc. II faut citer
aussi un ballet, Fianimella, dont il a écrit la
musique en société avec M. Paolo Giorza {Voy.
ce nom), et qui a été représenté à la Scala,
de Milan, le 20 janvier tSGG, Enfin, au nombre
de ses premiers ouvrages, se trouve une « sym-
plionie caractéristique, » la Giornala d'un
Eroc, qui fut exécutée au théâtre Regio, de Tu-
rin, vers 1862 ; cette vaste composition, dans
laquelle, dit-on, l'auteur avait donné des preu-
ves d'une rare connaissance des instruments et
de leur emploi bien entendu, était divisée en
quatre parties : 1" il Maitïno ; T la Batla-
glia ; 3° ridilio; 4" il Trionfo.
C'est surtout dans la musique religieuse que
M. Meiners s'est acquis dans son pays un renom
véritable. Je dois dire pourtant que plusieurs
critiques , ses compatriotes, lui ont adressé à
diverses reprises le reproche de ne pas saisir
le caractère nécessaire à ce genre de composi-
tion, et de confondre avec trop de facilité le
style qui convient au théâtre avec celui qui
convient au temple; Celte remarque a été faite
particulièrement à propos de la messe de Re-
quiem que M. Meiners écrivit pour l'un des
anniversaires de la mort du roi Charles-Albert,
et qui fut exécutée à Turin vers 1862.
* MEISSO\i\IER (A^T0INE), guitariste,
compositeur et éditeur de musique, est mort à
Saint-Germainen-Laye, près de Paris, en 1857.
* MEISSOI\I\IER (Joseph), frère et élève
du précèdent, comme lui guitariste, compositeur
et professeur, est mort environ deux années
avant lui, vers 1855.
* MEISTER (Jean-Gf.orges), organiste à
Hildburf-liausen, est mort en cette ville au mois
de septembre 1870.
MELA (ViNCENzo), chanteur et compositeur
italien, né dans les premières années de ce siècle,
a écrit la musique d'un certain nombre d'ou-
vrages dramatiques dont aucun n'a réussi à tirer
son nom de l'obscurité. Voici les tilres de ceux de
ces ouvrages qui sont venus à ma connaissance : il
Feudaiario; VAllogglo militare, farce; il Con-
venlo dis. iSicola; la Testa di bronzo, repré-
sentée en 1855 et dans laquelle l'auteur rem-
plissait un rôle; Cristoforo Colombo (Vérone,
1857); il Casino di campagna, farce jouée
pour la première fois sur le théâtre l'e, de Mi-
lan, au mois de juillet 1865, et donnée ensuite
au Tliéàlre-Itiilien de Paris, le 5 mai de l'année
suivante. Le piincipal rôle de cette opérette
était joué, à Paris, par la propre fille du com-
posileur, à qui l'on avait essayé d'avance de
faire une renommée d'après la nature de sa voix,
qui, disait-on, avait tout le caractère de celle
d'un ténor; c'est pourquoi on n'appelait
M"' Mêla que la tenoressa. Cette qualification
barbare était ab.solument sans objet, car la voix
(le la jeune cantatrice ne présentait d'autre par-
ticularité (pie celle d'être sans timbre, sans cou-
leur et sans caractère.
MELAiXI (Jacopo), compositeur dramatique,
vivait dans la seconde moitié du dix-septième
siècle. Dans les notes d'un travail très-intéressant
(lublié par Leto Piiliti dans les Atti de l'Acadé-
mie de l'Inslilut musical de Florence (pour 1874,
12<= année), je trouve le paragraphe suivant sur
cet artiste : — « Jacopo Melani a nu's en musique
beaucoup de drames du docteur Monaglia, et ses
compositions ont toujours obtenu un très-grand
succès. On cite parmi les plus applaudies : il
Potestà di Colognole, exécutée à la Pergola
en 1657, et ensuite sur beaucoup d'autres théâ-
tres ; il Pazio per forza, à Pratolino, en 1658 ;
Tacere ed amure, au théâtre degli Accade-
inici Infuocati, en 1674; il Tiranno di C'olco,
à Pratolino, 1688; il Bilorno d'Utisse, à Pise,
en (.') ; Enea in Itatia, au pahiis du grand-
duc, en 1698; et la Vcdova, dans le jardin de
Bartolomrneo Corsini, en (?). »
MELAIXT (Cn\RLEs), jeune compositeur
belge, s'est fait connaître d'abord par la publica-
tion de quelques romances, et a écrit ensuite la
musique d'un opéra-comique en un acte intitulé
V Avalanclie. Ce petit ouvrage a été représenté
avec succès, le 28 mars 1878, sur le théâtre de
Ndmur.
IMELCHIOR (P ), corniste français
qui vivait dans la première moitié du dix-neu-
vième siècle, s'est fait connaître par lu publica-
tion des ouvrages suivants : 1° 4 petits duos
faciles pour deux cors, op. 1 ; 3 duos pour cor
alto et cor basse, op. 2; 3 duos pour deux
cors, op. 3; 3 grands duos pour cor alto et cor
basse,op. 4 ; Ordonnance des sonneries mi-
litaires pour le clairon, suivie de fan/ares.
MELCHIOR (A -J -B ), basso-
niste français, sans doute parent du précédent,
fut admis au Conservatoire de Paris dans les
premières années de ce siècle, et obtint au con-
200
MELCHIOR — MÉLESVILLE
cours (le 1810 le premier prix de basson. Il était
attaché en 1825 à l'orchestre du théâtre de
rAinbigii-Coinique. Cet artiste a publié diverses
coinposilions instruineiiiaies. parmi lesquelles je
signalerai les suivantes : Quatuor pour llûle,
clarinette, cor et basson, op. 1; 3 Grands Duos
pour clarinette et basson , op. 2 ; 3 trios très-
brillants et faciles pour clarinette en si, cor et
basson, op. 7 ; Grand Quatuor pour flûte, clari-
nette, cor et basson, op. 8 ; 3 Petits Quatuors
pour flilte, clarinette, cor et basson, op. 14.
MELCIOR ( ), écrivain espagnol con-
temporain, est l'auteur d'un Diccionario enci-
clopedico de la Musica. Je n'ai jamais eu cet
ouvrage sous les yeux, et n'en puis apprécier la
valeur.
MELE (GrxNBATTiSTA), musicien italien du
dix-huitième siècle, fut attaché à cour d'Espa-
gne et fixa sa résidence à Madrid, où il lit re-
présenter un certain nombre d'ouvrages. Je
n'ai pu découvrir aucun renseignement parti-
culier sur la vie ou la carrière de cet artiste,
dont aucun biographe, à ma connaissance, n'a
jamais parlé, mais je vais reproduire les titres
dequcl^|ues-nnes de ses œuvres, que je trouve
mentionnées dans un livre publié récemment à
Madrid, Cronica delà opéra ilallana en Ma-
drid, par M. Luis Carmena et Millau (Madrid,
1878, in-8) : 1° For amor y por leallad, opéra
espagnol, Madrid, th. de la Cruz, 173G ; Amor,
constancia y mvjer, opéra espagnol, Madrid,
th. de los Canos, 1737 ; 3° Sérénade à 5 voix,
écrite à l'occasion des noces de l'infante Marie-
Thérèse et du Dauphin de France, Madrid,
1744; é'" Sérénade à 5 voix, pour le rétablisse-
ment de la santé de S. M. Très-Chrétienne,
Madrid, 1744-, b" il Vello d'oro consqxiistato,
opéra ilali(>n, Madrid, th. du Buen-Retiro, 23
septembre 1748; 6° Polïfemo, opéra italien
(en société avec Coradini et Corselli), id., id.,
1748 ; 7" Hndimion y Diana, cantate espa-
gnole, id., Éd., 1749 ; 8" i4rm/(/ajDZac«/a, opéra
italien, id., id., 12 avril 1750.
MÉLESVILLE (Anne-IIonoré-Josi-.i'h, ba-
ron DUVEYUIER, connu dans les lettres
sous le pseudonyme de), auteur dramatique fran-
çais, né à Paris le 13 novembre 1787 (et non
1788), est mort à Marly-lc-Roi le 6 (et non
le 8) novembre 1865. Fils d'un magistrat, avocat
distingué lui-même, devenu substitut du pro-
cureur impérial, puis du procureur général à
la cour de Montpellier, ou son père était pre-
mier président, il donna sa démission en 1816
pour se retirer avec son père, que la Restaura-
tion venait de destituer. Il se retourna naturel-
lement vers le théâtre, où il s'était déjà essajé
avec succès, et c'est alors qu'il adopta le pseu-
donyme de Mélesville, nom d'une ferme que sa
famille possédait en Beauce. S'il prit ce nom de
guerre, ce ne fut pas, comme on le dil partout,
pour ménager la susceptibilité de son père,
car son père n'avait aucune prévention contre
le théâtre, ayant lui-même composé et signé du
nom de Duveyrier un opéra-comique en deux
actes, Léonore ou V Heureuse épreuve, mis en
musique par son ami Champein et représenté
à la Comédie-Italienne le 7 juillet 1781 . De plus,
— je tiens le fait de sa petite-fille, — il avait
collaboré à la Mélomanie, le meilleur ouvrage
de Champein, joué à la Comédie-Italienne le 29
(et non le 23) janvier 1781 : les écrivains du
temps neconnurent pas les auteurs du livret, qui
fut d'abord publié anonyme, et qui fut signé du
seul nom de Grenier lorsqu'on le republia
beaucoup plus tard, en 1825. L'adoption du
nom de Mélesville était une simple précaution
pour le cas où, ne réussissant pas à la scène,
Duveyrier fils aurait voulu rentrer dans la ma-
gi.strature, à supposer que l'état politique inau-
guré après les Cent-jours eût bientôt pris fin.
Ce régime, en durant, et ses succès dramatiques,
en augmentant, décidèrent Mélesville à se con-
sacrer définitivement au théâtre. On connaît
les heureux résultats de sa collaboration avec
Scribe d'abord, ensuite avec Bayard, Carmou-
che, Merle, Brazier, etc., et les succès qu'il obtint
en faisant jouer plus de 300 pièces sur les divers
théâtres de Paris, entre autres à l'Académie de
musique et surtout à rO|)éra-Comique, où il
donna Sarali, le Chalet, Zampa, la Grande-
Duchesse, le Trompette de M. le Prince,
les Dames capitaines, le Valet de chambre,
Léocadie, le Concert à la cour, etc. Tou-
tefois, ce n'est point pour cela que le nom
de Mélesville se trouve mentionné ici , mais
bien parce que cet écrivain a fait œuvre de
musicien, ce qui jusqu'ici était resté complè-
tement inconnu. Dans Gillette de Narbonne,
pièce en 3 actes représentée au théâtre des
Nouveautés (1829), Mélesville avait écrit quel-
ques airs nouveaux, ainsi qu'on en peut acqué-
rir la preuve en consultant la pièce. Ce n'est
pas tout, et quelques années auparavant, alors
(]ue le Gymnase, qui venait d'être fondé, jouait
de petits opéras-comiques, Mélesville donna à ce
théâtre (14 mars 1821) un opéra-comique en utt
acte, les Projets de sagesse, dont' il ne s'était
pas borné à écrire les paroles, niais dont il
avait composé la musique en société avce
Louis Mares-e(Foy. ce nom). Enfin dans la
Visite à liedlnm, dans la Chatte métamor-
phosée en femme, et plusieurs autres de ses
MÉLESVILLE — MEMBRÉE
201
vaudevilles les plus applaudis, il y a quelques
couplets dont la musique est de lui. Tels sont
les diverses preuves qu'un auteur dramatique
demeuré célèbre à des litres plus sérieux a pu
donner, presque en cachette, de son instinct
musical. Ad. J — n.
MÉLESVILLE (Honoré-Marie- Joseph,
baron DUVEYRIER), fils du précé-
dent, est né à Paris le 18 décembre 1820. Il
s'est produit au théâtre avec trois petits ouvra-
ges en un acte : 1° Les Deux Gilles (paroles et
musique), représenté aux Folies-Nouvelles en
1855; 2" La Mauresque (paroles et musique),
au même théâtre, en 1857; 3° Les Soufflets (sur
un livret posthume de son père), donné aux
Fantaisies-Parisiennes en 1867. La première de
ces opérettes se distinguait par une certaine
facilité élégante; les deux autres étaient médio-
cres. M. Méiesville semble d'ailleurs avoir re-
noncé à la musique pour écrire à ses moments
perdus des nouvelles et des comédies qu'il réu-
nit ensuite en volume sans essayer de les faire
jouer {la Fosse aux Ours, in-12, librairie
nouvelle, 1865). Maigre consolation pour un
auteur qui a défendu par deux fois, de sa
plume, la liberté des théâtres, et auquel les théâ-
tres rendent son entière liberté.
Ab. J— N.
MELIOT (Adolphe), pianiste et écrivain
musical français, né vers 1840, a été l'élève de
M. Napoléon Alkan. On lui doit un petit traité
publié sous ce titre : Principes de musique,
et qiri fait partie .d'un cours d'éducation popu-
aire intitulé l'École mutuelle (Paris, 1866, in-
18). Ajoutant à ce traité élémentaire une se-
conde partie relative à la composition et une
troisième concernant l'exécution musicale,
M. Méliot publia de nouveau son ouvrage sous
le titre de ia Musique expliquée aux gens du
monde (Paris, Delagrave, 1867, in-12). Cet
écrivain avait annoncé aussi la publication pro-
chaine de trois ouvrages qui, jusqu'ici, n'ont
pas encore vu le jour : io Anecdotes et curiosi-
tés musicales; 2° Biographie portative des
musiciens anciens et modernes ;^° Encyclopé-
die universelle de la musique, dictionnaire
général biographique, bibliographique, histo-
rique, esthétique de l'art musical, avec de
nombreux exemples et gravure.s.
M. Méliot, qui, en 1876, était directeur du
casino de Dieppe et du théâtre de la même ville,
a publié, chez l'éditeur M. Brandus, la réduc-
tion au piano de Trois airs de ballet inédits
de Meyerbeer, qu'on a intercalés au théâtre de
l'Opéra^ en ces dernières années, dans le troi-
sième acte des Huguenots.
MELLIEK ( ). Un artiste de ce nom a
fait représenter sur leThéâlre-Français comique
et lyri([ue, en 1791, un drame lyrique en 4 actes,
intitulé Fernand Cortez ou la Vestale du
Mexique.
MELLON (Alfred), compositeur, chef d'or-
ciiestre et professeur anglais, né vers 1820,
s'est fait une grande réputation comme chef
d'orchestre des concerts fondés par lui à Lon-
dres en 1860, et auxquels il donna son nom ; ces
concerts, organisés d'abord dans la Salle llorale
et transportés ensuite dans un autre local,
étaient dans le principe dirigés par lui et par
le prince Galitzine (Foj/f; ce nom); plus tard,
Mellon en fut le seul directeur, et il y faisait ap-
précier sa grande habileté et ses rares qualités
de conducteur. Au mois de décembre 1859,
Mellon fit représenter sur le théâtre de Covent
Garden un opéra dont le titre m'est inconnu et
dont le sujet était tiré d'un ancien drame fran-
çais : Viciorlne ou la Nuit porte conseil; cet
ouvrage, chanté par Mlles Parepa et Tberiwals,
par MM. Santley et Henry Haigh, obtint du suc-
cès. Mellon a publié aussi quelques composi-
tions de divers genres. Cet artiste distingué est
mort à Londres, le 27 mars 1867, à l'âge de
quarante-six ans.
MELZI (Le comte Lodovico), dilettante dis-
tingué et grand amateur de musique, a été nommé
en 1871 régent, et ensuite président du conseil
du Conservatoire de Milan. Sur rinvitation du
gouvernement italien, qui désirait que cet établis-
sement, l'un des mieux organisés et des mieux
dirigés de l'Europe, fût représenté à l'Exposi-
tion universelle de Vienne, M. Melzi en a tracé et
publié sous ce titre : Cenni storici sul R. Con-
servatorio di musica in Milano, un excellent
historique (Milan, Ricordi, 1873, in-4'').
MEMBRÉE (Edmond), compositeur, né à
Valenciennes (Nord), le 14 novembre 1820, com-
mença l'étude de la musique dans sa ville natale,
puis fut envoyé par sa famille à Paris pour y
continuer son éducation. Il reçut à cet effet pen-
dant (juatre ans, de 1834 à 1838, un subside
annuel de 1,200 francs qui lui était accordé par
la municipalité de Valenciennes. Reçu au Con-
servatoire, M. Membréey devint l'élève de Zim-
mermann et de M. Ch. V. Alkan pour le piano,
puis de Dourien pour l'harmonie et de Carafa
])onr la composition. Après avoir terminé ses
cours, il se livra à l'enseignement enmêmetemps
qu'il commença à se faire connaître, comme com-
pos'teur, par la publication de certaines mélodies
vocales dont quelques-unes obtenaient degrands
succès dans les concerts, notamment celle inti-
tulée Page, écuyer, capitaine, qui fut popula-
202
MEMBRÉE — MENDEL
risée par M. Roger et qui se vendit à des mil-
liers dVxemplaires.
M. .Mernhrée élait, comme la plupart des
compositeurs, possédé du démon du tlieàlre, et
son ambition élait décrire pour la scène. 11 pré-
senta vers 1852, à la direction de l'Opéra, un
grand ouvrage intitulé l'Esclave, avec lequel on
le berça d'illusions qui devaient rapidement s'é-
vanouir. Cepeudanf ce théâtre lui joua, en 1857,
un petit opéra en un acte, François Villon, âonl
e livret lui avait été fourni par M. Got, l'excellent
artiste de la Comédie-Française. Au mois de
septembre de l'année suivante, ce dernier théâ-
tre donnait la représentation d'Œdipe roi, tra-
gédie imitée de Sophocle par Jules Lacroix et
pour laquelle M. Membrée avait écrit des chœurs
qui furent applauiiis. Le 14 mai 1861, le compo-
siteur faisait exécuter, dans une séance de l'U-
nion artistique, Fingul, grande cantate avec
chœurs et orchesire, dont les parties récitantes
étaient chantées [)ar MM. Roger, Cazaux, Gour-
din et M"*^ Amélie Rey. 11 écrivit ensuite un
petit opéra en un acte, la Fille de l'orfèvre,
qui fut rei)ré-;enté sur le théâtre de Bade au mois
de juillet 1863.
Onze années s'écoulèrent alors sans que
M. Membrée pût de nouveau se produire au tliéà-
tre^et ce n'est que le 15 juillet 1874 qu'il put enfin
faire connaître au public sa partition de l'Esclave,
écrite depuis plus de vingt ans. La salle de
l'Opéra avait été détruite en 1873 par un incen-
die; ce théâtre avait été obligé de se réfugier
provisoirement dans celle du Théâtre-Italien
(place Ventadour), et la destruction de son ma-
tériel le mettant dans l'impossibilité de jouer la
plupart des ouvrages de son répertoire, il dut
songer à monter une œuvre nouvelle. Il choisit
l'Esclave, qui depuis si longtemps attendait
son tour. Dans le même temps, une entreprise
qui n'eut malheureusement qu'un sort éphémère,
l'Opéra po[iulaire, installé au théâtre du Châte-
let, allait ouvrir ses portes et demandait à
M. Membrée une partition nouvelle; celui-ci offiit
celle des Parias, opéra eu trois actes qui fut mis
aussitôt à l'étude et représenté le 13 novembre
1874. A l'heure où cette notice est écrite (octobre
1877), un opéracomi(pie en trois actes de cet
artiste, la Courle Echelle, doit entrer en répé-
tition à l'Opéra-Comicpie, après avoir été reçu
précédemment au Théâtre-Lyrique. M. Mem-
brée a encore en portefeuille deux autres ouvrages
dramatiques : le Moine rouge et la Filleule
des anges.
En dehors du théâtre, M. Membrée a publié
environ cinquante mélodies ou scènes dramati-
ques, dont quelques-unes ont une grande allure
et des développements considérables; parmi ces
compositions, on remarque surtout celles qui
ontpour litre : Romeo et Juliette, Paije, ccuijer,
capitaine. Chanson d'amour, etc.; l'éditeur
M. Heugel,chez qui elles ont presque toutes été
publiées, en a fait un choix dont il a formé un
volume : Mélodies d'E. Membrée. Outre deux
romances sans paroles pour violoncelle, M. Mem-
brée a publié aussi plusieurs trios pour piano,
violon et violoncelle, qui lui ont fait décerner
en 1873, par l'Académie des Beaux-Arts, le prix
fondé par M. Charlier pour l'encouragement de
la musique de chambre. Enlin, le même artiste
a encore écrit une grande cantate pour voiv seu -
les, chœur et orchestre, Polyphème et Galatée,
que Berlioz a fait exécuter, sous sa direction,
dans un concert. M. Membrée a été nommé, en
I87G, chevalier de la Légion d'honneur. Il est
aujourd'hui (1878) président de la Société des
compositeurs de musique.
MEXC.\KELLI (D... Antonio), musicien ita-
lien du dix-huitième siècle, a publié le manuel
suivant ; Scuola dï musica lutta conforme net
sol/eggio alla lettura délie sette chiavi,
Lorelo, 1789.
IMEXDEL (HermanxN), musicographe dis-
tingué et éditeur de musi([ue, naquit à Halle le
6 août f834. Il fit de bonnes études artistiques,
travailla le piano sous la direction de Moscheles,
et reçut, dit-on, des leçons de composition de
Mendelssohn. Ces leçons, toutefois, ne durent
pas être nombreuses, car Mendel n'était âgé que
de treize ans lorsque mourut l'auteur de Paulus,
en 1847. Il se livra de bonne heure à des tra-
vaux relatifs à l'histoire et à la critique de l'art,
et, devenu rédacteur principal d'une feuille spé-
ciale de Berlin, la Deutsche Musiher-Zeilung,
il y publia d'intéressantes études, dont une entre
aidres, sur Otto Nicolaï, formant dix articles,
fut remarquée. Vers 1862, il se fit éditeur de
musique à Berlin, ce qui ne l'enifiêcha pas de
continuer à s'occuper de littérature, car il donna
coup sur coup deux écrits sur Meyerbeer : l'un
intitulé Giacomo Meyerbeer, eine biographie,
Berlin, Ileimann, 1868; l'autre ayant jiour titre
GiacomoMeyerbeer, sein leben und seine werke
(Giacomo Meyerbeer, sa vie et ses œuvres),
Berlin, Leisser, 18C9. Ce dernier, traduit en
italien, par M. Luca Lazaneo, fut publie à Tu-
rin en 1870.
Mais Mendel conçut bientôt le projet d'une
vaste publication qui aurait la musique pour
objet, et qui embrasserait tout à la fois, relati-
vement à cet art, l'histoire, la biographie, la bi-
bliographie, la didactique et la théorie. H obtint à
cet effet la collaboration d'un assez grand nom-
MENDEL — MENDELSSOIIN-BARTHOLDY
203
bre d'écrivains spéciaux de divers pays, entre au-
tres MM. Dœrfl'el.O. Tierscli, Oscar Paul, L. Hart-
mann, Gevaert, L. "Wandelt, Z(pp(ï,iNicolai, E. F.
Rithter, E.Naumann, F.Hiiffer, E. Mach, G. En-
gel, Auguste Reissmann, W. Rust, ■Willieiiii Lan-
glians,etc., et en 1870 il lança celle publication,
à laquelle il donna le litre de Musikalisches-
Conversailons- Lexlcon et qu'il dirigea avec une
réelle habileté. Malheureusement, Meudel n'eut
pas le temps de, mener à sa fin l'œuvre très-
honorable à laquelle il avait attaché son nom :
fort jeune encore, il mourut à Berlin, le 26 octo-
bre 1S7(J, âgé seulement de quarante-deux ans.
C'est l'un de ses collaborateurs les plus actifs,
M. Auguste Reissmann, qui se chargea de di-
riger la suite de sa publication, laquelle est au-
jourd'hui terminée.
Mendel a publié quelques morceaux de musi-
que légère pour le piano.
' MEIVDELSSOHN - BARTIIOLDY
(Jacques-Louis-Félix). — Les faits précis sont
les seuls points à réviser dans le travail d'un
auteur disparu. Les opinions, au contraire, sont
chose trop personnelle pour qu'on y touche
le moins du monde, et d'ailleurs les apprécia-
tions comme les insinuations s'évanouissent
d'elles-mêmes, lorsqu'elles découlent de laits
reconnus plus tard controuvés ou de textes
défigurés. Il convient de rectilier présente-
ment quelques faits de première importance
au sujet de Mendeissohn, et l'on peut le faire
en s'appuyant sur deux ouvrages tout récents :
d'abord sur l'étude placée par M. Félix Grenier
entête de sa traduction des Z,e//»'e.5 e^so«!;e)u'r.s'
de Mendeissohn par M. Ferd. Hiller (un vol.
in-18, Paris, Baur, 1877), puis sur mon propre
travail : Mendeissohn à Paris, dans mon vo-
lume intitulé : Airs variés (in-18, Paris, Char-
pentier, 1877). Le séjour de Mendeissohn à Pa-
ris, pour commencer parle commencement, fut
sensiblement plus long que ne le dit Fètis : il
arriva dans la capitale de notre pays à la mi-
novembre 1831 et en repartit vers le milieu
d'avril 1832, pour arriver à Londres le 23 du
même mois. Cela n'est qu'une simple question
de dates, mais voici qui est beaucoup plus
grave. Il laul se bien garder d'exagérer le dédain
et le mécontentement que Mendeissohn aurait
marqué de tout ce qu'il voyait à Paris, et ne pas
dire qu'il garda toujours un souvenir détestable
des cinq mois qu'il avait passés au milieu de
nous. Il est bien vrai que son amour-propre ex-
cessif ne lut qu'à demi .satisfait de l'accueil pour-
tant si favorable qu'il recul dans la société pari-
sienne, et que les éloges sans restriction adressés
au \irtuose ne purent compenser à ses yeux le
médiocre succès obtenu par le compositeur; il
est également exactque sa nature froide el réser-
vée avait rencontré chez nous bien des contradic-
tions qui l'avaient froissé, et que son dépit de ne
pouvoir faire jouer quelque opéra sur l'une ou
l'autre de nos scènes lyriques fut pour beaucoup
dans ses ap|iréciations plus que sévères sur no-
tre théâtre et notre musique dramatique. Au
résumé, il ne garda pas de Paris un souvenir
dégagé de tout nuage, lanl s'en faut ; mais il y a
loin de là à dire, comme on fait le plus souvent,
qu'il montra un suprême mépris pour tout ce
qu'il voyait ou entendait, et qu'il en parlait tou-
jours avec une pitié mal déguisée ou une orgueil-
leuse envie. La publication récente des lettres
de Toyage de Mendeissohn permet de rétablir
le vrai sens de certaines bribes de phrases,
mal coupées el défigurées, sur lesquelles la
iilupart des biographes français se sont ai)puyés
avec une légèreté inexplicable pour traiter ce
compositeur en toute sévérité et le punir de ses
projios insolents à notre égard. Le texte vérita-
ble, opposé à ces citations tronquées, suffira à
atténuer singulièrement la gravité de ces accu-
sations. Le premier grief soulevé contre lui
avec tant d'acrimonie est d'avoir traité Bocche-
rini de perruque à propos d'une séance de mu-
sique de chambre où Baiilot exécuta un quin-
tette de ce maître avant le quatuor en mi majeur
de Mendelssolm; or, voici la phrase entière de la
lettre, qui dit absolument le contraire ; 07i
commença par un quintette de Boccherini,
une perruque, mais une perruque sous la-
quelle il y a un bon vieux maure plein de
charme. Il faut ajouter que, Mendeissohn
n'ayant jamais composé de quatuor en mi ma-
jeur, mais bien deux en mi bémol majeur et
un en mi mineur, c'est celui en ini bémol ma-
jeur (op. 12) qui fut exécuté ce soir-là chez Bail-
lot. La seconde citation est également tronquée,
el cette altération change le sens de la phrase
du tout au tout. Mendeissohn, a-t-on dit,lrès-
mécontent de la médiocre impression produite
par ses ouvrages, se serait écrié en quittant la
France : « Paris est le tombeau de toutes les ré-
putations ! » C'est dans sa lettre du 31 mars 1832,
la dernière de Paris, que Félix, formant le projet
de rester jusqu'à la mi-avril, si toutefois le cho-
léra laisse quelque répit qui permette de songer
aux délassements et à la musique, ajoute : «Je
serai fixé à cet égard d'ici à huit jours. Je crois
cependant que tout ne tardera pas à reprendre
son train accoutumé, et que le Figaro aura eu
raison. Dans un article intitulé Enfoncé le
choléra, ce journal prétend que Paris est le
tombeau de toutes les réputations , que l'on n'y
204
MENDELSSOIIN-BARTHOLDY
fait plus attention à rien, que l'on y bâille de-
vant Paganini, qu'on ne se retourne même pas
dans lame pour voir un empereur ou un dey,
etc.. » Le compositeurne faisait donc que ré-
sumer en riai/t un article du Figaro, et c'était
là une simple plaisanterie de journal.
Trois autres points restent à corriger, qui
visent des époques diftërentes. D'abord, Men-
delssohn n'avait pas seize ans, mais sept seule-
ment lorsque, passant par Paris, il prit des leçons
de piano de la célèbre M™' Bigot : Mendelssolin
n'eut séie ans qu'en 1825, et M™* Bigol élait
morte en 1820. Ces leçons remontent à son pre-
mier voyage à Paris, en 1816; et ce sont des
conseils de Cherubini qu'il reçut, entre quinze
et seize ans, lorsque son père le ramena chez
nous, en 1824. Mendelssohn vint, en effet, trois
fois à Paris : tout enfant, adolescent, et jeune
homme. — Il faut noter ensuite que Mendelssohn
fut en rapports suivis avec le poète Immermann
Lien avant d'aller, en 1833, occuper le poste de
directeur de la musique de la ville à Diisseldorf,
et que leur projet d'écrire en commun un opéra
d'après la Tempête, de Shakespeare, datait de
plus loin. Mendelssohn en parle, en effet, le 28
mai 1831 ; puis, dans sa première lettre de Paris,
il expose à son père .ses engagements avec Im-
mermann, et enfin, le 11 janvier 1832, il écrit à
celui-ci une de ses plus jolies lettres de Paris,
sur les théâtres qu'il visite et les pièces qu'il en-
tend à Paris. — Le troisième point est celui-ci.
C'est Antiyone, et non pas Œdipe à Colone, qui
fut exécutée à Paris au théâtre de l'Odéon, le 21
mai 1844, et c'étaient MM. Meurice et Vacquerie
qui avaient traduit la tragédie de Sophocle : celte
tentative, enfin, ne fut pas sans obtenir un cer-
tain succès auprès du pubhc très-reslreint au-
quel elle s'adressait, et d'ailleurs, réussite ou
insuccès, elle ne prouve absolument rien pour ou
contre les dispositions plus ou moins granJes de
Mendelssohn pour la musique dramatique.
Ad. J— n.
Nous allons maintenant dresser une nomencla-
ture sinon complète, du moins aussi étendue
que pos>ible, des nombreuses publications qui
depuis plus de trente ans ont été faites sur Men-
delssohn, soit en Allemagne, soit en France, soit
en Angleterre. Voici cette liste : — 1° Veber
Félix Mendelssohn - Barikoldy oratorium
« Paulus » (Sur l'oralorio Pauliis de Mendels-
sohn), par Otto Jahn, Kiel, 18')'2;— 2" Félix
Mendelssohn Ihirlholdij. Fin Denkmal fur
sein freundc {V. Mcndelssobn. Un monument
pour ses amis), par \V. A. Lampadins, Lciiizl^,
Hinrichs, 1848; — 3" F. Mendelssohn- llar-
tholdy, eine Biographie (une Biographie), par
W. Neumann, Cassel, (854; — 4° Ueber Félix
Mcndclssohn-Bartholdy's oratorium « Pau-
lus >i (Sur l'oratorio Paulus, At Mendelssohn),
Halle, 1859 ; — 5° Veber Mendelssohn's
« WalpurgisnachVs » (Sur la Nuit de Wal-
purgis, de Mendelssohn), par Fr. Zander,
Kœnigsberg, 1862; — 6" Feltx Mendelssohn-
Bartholdy. Reisebriefe von Félix Mcn-
dehsohn-Barlholdy aus den Jahren 1830 bis
1832 (Lettres de voyage de Mendelssohn, des
années 1830 à 1832), [lubliées par Paul Men-
delssohn-Bartholdy, Leipzig, Mendelssohn, 1868 ;
— 7" Erinnerungen an Félix Mendelssohn-
Bartholdy (Souvenirs de Félix Mendelssohn-
Barlholdy, vie de l'artiste et de l'homme), par
M"" Élise Polko, Leipzig, Brockhaus, 18G8 (ou-
vrage traduit en anglais par lady Wallace) ; —
8° Même Erinnerungen an Mendelssohn-
Burtholdy (Mes Souvenirs relatifs à Mendelssohn-
Bartholdy), par Edouard Devrient, Leipzig, We-
ber ; — TAdolfBernhard Marx^s Verhaltnisse
SM Félix Mendelssohn-Bartholdy in Bezug
aufE. Devrient's Dordellung harichtigt (Rap-
ports d'A<lolphe Bernard Marx avec Félix Men-
delssohn-BarlhoMy, tels qu'ils ont été présentés
par E. Devrient), par Thérèse Marx, Leipzig,
Diirr, 1869; — 10° Stiidie ûber Ed. DevrienVs
Erinnerungen an Félix Mendelssohn-Bar-
tholdy (Étude sur les souvenirs d'Edouard De-
vrient sur Féliv Mendelssohn-Bartholdy), 'par
R. Wagner, Berlin, Stilke, 1869; — 11» Félix
Mendelssohn-Bartholdy. Brie fc an Goethe zu
desse7i geburtstage (Lettres à Gœthe pour .son
anniversaire de naissance), publiées par von
Ld'per, Berlin, Stargardt, 1869; — 12" Félix
Mendelssohn-Bartholdy. Briefe, 1830-1847
(Lettres, 1830-1847), Leipzig, Mendelssohn,
1870; — 13° Félix Mendelssohn-Bartholdy.
sein leben und seine werke (Mendelssohn, sa
vie et ses œuvres), par Auguste Reissmann, Ber-
lin, Guttentag, 1871, avec portrait; — 14"
Félix Mendelssohn-Bartholdy. Acht briefe
und ein fac-simile (Mendelssohn. Huit Lettres
et un fac-simile), Leipzig, Grunovv, 1871 ;— t5"
Goethe und Mendelssohn-Bartholdy (G(ethe
et Mendelssohn), par le docteur li. Mendelssohn-
Barlholdy, avec le portrait lithographie «le F'élix
Mendelssohn à l'âge de 12 ans, Leipzig, Hirzel,
1871; — 16" Félix Mendelssohn- Bartholdy.
Briefe und Erinnerungen (Mendelssohn. Let-
tres et souvenirs), par Ferdinand Hiller; — 17°
iVi(.vite//.sc/ieC/u(ra/i7ey6iWe/'x( Portraits carac-
téristiques de musiciens) : Mendelssohn, Schu-
bert, Weber, l\ossiiii, Auber, Meyerheer, par O.
Gumprecht, Leipzig, Gumbrecht, 1868; — 17*
bis, Die Famiiie Mendelssohn, 1729 1S47,
MENDELSSHON-BARTHOLDY — MENEAU
205
nach briefen und tagebûchern (la Famille Men-
delssohn, d'après des lettres et agendas person-
nels), par S. llensel, Berlin, Belir, 1879, 3 vol.
in-S" avec huit portraits ; — 18" Étude bio-
graphique sur Mendelssohn- Bartholdy , par
Victor Magnien, Beauvais, 1850, in-8"; — 19"
Lettres inédites de Mendelssohn, liaduites par
A. A. Rolland, Paris, Heizel, s. d. [1864], in-
12); — 20° 'La Musique en Allemagne. Men-
delssohn, par Camille Selden, Paris, Germer-
Baiilière, 1867, in-12; — 21" Félix Mendels-
sohn-Bartholdy , sa vie et ses œuvres, par
H. Barbedetle, Paris, Heugei, 1869, gr. in-
8° avec portrait; — 22" Félix Mendelssohn-
Bartholdy (Lettres et souvenirs de Ferdinand
Hiller), traduit et précédé d'un aperçu de
divers travaux critiques concernant ce maî-
tre,par Félix Grenier, Paris, Baur, 1877, in-lG;
— 23° Sketch o/tke life and works of the lute
Félix Mcndelssohn-Bartholdy (Esquisse de la
vie et des œuvres de feu F. Mendelssohn), par
Julius Benedict, Londres, 1850; — 24" Ré-
miniscences of Félix Mendelssohn- Bartholdy,
onthis bl th birthday February 3 1866 (Sou-
venirs de Mendelssohn, à l'occasion du 57*^ anni-
versaire de sa naissance)^ par J. Sciiubring,
Londres, 1860 ; — 25° Life of Félix Men-
delssohn-Bartholdy , from the German of W.
A. Lampadius, vjith supplementary sketches
by sir Julius Benedict, Henry F. Chorley,
Ludwig Bellstab, Bayard Taylor, R. S.
Willis and J. S. Dwight. Additional notes by
CL. Gruneisen. Edited and translated by
Wdliam Leonhard Gage (Vie de Mendelssohn,
traduite de l'allemand de Lampadius, avec es-
<]uises supplémentaires de Jules Benedict, etc.;
notes aditionnelles de Gruneisen ; publié et tra-
<iuit par W. L. Gage), Londres, W. Reeves, 1876,
m-S" avec portrait; — 26" Goethe and Men-
delssohn, 1824-1831, traduit, avec additions,
par M. Glein, portrait et lettres de Mendelssohn
de la dernière date, Londres, Reeves; — 27"
Recolleclions of Félix Mendelssohn- Bar-
tholdy, par E. Devrieut (ce sont les Souvenirs
d'Edouard Devrient, traduits en anglais par
M. N. Macfarren), avec portrait, Londres, Reeves.
La maison Breilkopf et HcCrtel, de Leipzig, a
mis au jour un exellent Catalogue thématique
des compositions publiées de Félix Men-
delssohn-Bartholdy. Ce catalogue comprend
un certain nombre d'œuvres qui n'ont pas été
mentionnées dans la Biographie universelle
des 3Iusiciens ; \es plus importantes sont les
suivantes : 1° Symphonie de la Réformation, op.
107 ; 1° Trompet'-n-Ouverture (Ouverture des
Trompettes), op. 101 ; 3° Marche funèbre pour
orchestre, op. 103; 4" Marche en ré majeur,
pour orchestre^ op. 108 ; 5" Sextuor pour piano,
violon, 2 altos, violoncelle et contre-basse, en ré
majeur, op. 110; 6" Sonate en sol mineur, pour
piano, op. 105 ; 7" Sonate en si majeur, pour
piano, op. 106; 8" 3 Fantaisies pour piano, op. 16.
ME.XDELSSOIIN - BARTHOLDY
(Paul), l'un des quatre frères du compositeur et le
dernier survivant d'entre eux, chef d'une grande
maison de ban [ue de Berlin, mourut en cette
ville le 21 juin 1874. Il était né en 1812, et par
conséquent plus jeune de trois ans que l'auteur
du Songe d'une, nuit d'été. « Rien, disait un
journal à l'époque de sa mort, rien, pendant le
cours de leur vie, n'avait altéré une parfaite
amitié entre les deux frères. Après la mort de
Félix, si Paul Mendelssohn, interprétant les der-
niers vœux de son frère, s'est opposé à la publi-
cation des compositions musicales qu'il a laissées,
du moins on lui doit d'avoir édité deux volumes
de ses lettres qui forment une collection si pleine
d'intérêt et si caractéristique. Paul Mendelssohn
avait toujours beaucoup aimé la musique, et son
exécution dans les quatuors était renommée à
Berlin. Dans sa jeunesse, il jouait du violoncelle :
plus d'une des œuvres de son frère a été écrite
pour lui. Paul Mendelssohn hérita de la splendide
collection d'autographes de Beethoven que Féhx
avait découverts. Il les offrit, très-peu de temps
avant sa mort, à la Bibliothèque impériale de
Berlin. »
MEIXEAU (Léon), musicien amateur fort dis-
tingué, né à la Rochelle le 19 août 1830, est
mort en cette ville le 24 mai 1868. Élève de Dé-
siré Beanlieu (Voyez ce nom). Meneau avait
commencé jeune l'étude de la musique, et s'était
livré de bonne heure à la composition. Il avait fait
exécuter dans sa ville natale plusieurs messes pour •
orchestre, chœurs et soli, deux symphonies, des
ouvertures, des quatuors, quintettes et septuors
pour instruments à cordes et à vent, et y avait
fait représenter deux opéras-comiques en un acte :
Qui compte sans son hôte (décembre 1860)-, et
V Amoureux transi (décembre 1864). De plus,
il a laissé en portefeuille un grand opéra en
trois actes, Hippolyte, elles deux premiers actes
de l'opéra-comique le Florentin, avec lequel il
comptait prenlre part au concours dont est sorti
vainqueur M. Ch. Lenepveu ( Voyez ce nom).
Léon Meneau s'occupait aussi de littérature mu-
sicale : il était, à la Rochelle, le correspondant
du Ménestrel, et il avait donnée ce journal, il
y a une dizaine d'années, une longue série d'ar-
ticles sur l'histoire de l'Opéra-Comiquc. Depuis
plusieurs années président de la Société philhar-
monique delà Rochelle, il avait présidé, en 1866,
206
MENEAU — MÉON
le conj'rès musical de l'Ouesl. Oi\ «ioit encore
àcet artiste une caniafe, Hommage à M'ijerbeer,
qu'il (il exécuter à la Roclielle lors de la mort
de ce f^ranJ liomine, le lii mai 18Gi.
* AIE.XGAL (Martin-Joseph). Aux ouvrages
dramati(iues de ce compositeur, il faut ajouter
le Vampire, opéra-comique en un acte, repré-
senté sur le théâtre de Gand, sa ville natale, le
l'^''mars 1826. Mengal était membre de l'Aca-
mie royale de Belgique, et c'est à ce litre qu'une
notice lui a été consacrée par M. Edouard Fétis
dans i'A7uiuaire de cette compagnie pour 1859.
Mais c'est à tort que cette notice place la date
de sa mort au 13 juillet 1851, de môme que celle
de la Biographie universelle des Musiciens le
fait mourir dans la nuit du 2 au 3 juillet. Mengal
est mort à Gand, le 4 juillet 1851.
ME.XWECIIET DE BARIVAL (M"'),
pianiste distinguée et compositeur, s'était acquis
une certaine réputation, il y aune trentaine d'an-
nées, dans la musique et dans la littérature. On
doit à cette artiste un assez grand nombre de
compositions pour son instrument, qui ne man-
quaient ni de grâce ni d'élégance, et parmi les-
quelles je citerai les suivantes : 6 Étutles poéti-
ques (I. Rosine; 2. l'Adieii; 3. ISinon ;i. le Col-
lier de perles; 5. Roses de moi ,-6. Voix plain-
tives) ; l'Aveu, nocturne ; Duchesse de Fontan-
ges, op. 25 ; Speranza, op. 26 ; Brises du soir,
op. 57; la Marquise de Presles, valse; 2 Mé-
lodies (1. Simple fleur ; 2. Guitare); Mazurka
brillante; la Prière, mélodie ; etc. M™" Menne-
cliet de Darival est morte à Paris, le 15 janvier
1861.
MEWÉGAXD (Charles), luthier français,
né à Nancy le li) juin 1822, vint à Paris en 1840
après avoir fait son apprentissage à Mireconrt,
et entra dans l'atelier de Rambaux, où il acquit
une grande expérience dans l'ait de réparer les
instruments. Il passa ensuite quelque temps chez
Maucoti'i, puis, en 1852, alla s'établir à Amster-
dam, oii il constiuisit un assez grand nombre <le
violcfns, d'altos et de violoncelles, qui firent
honneiM' à son habileté. En 1857 il revint se fixer
à Paris, oii, tout en continuant de |)roduire des
instruments neufs, particulièrement des violon-
celles, il s'est lait remarquer par son talent pour
la réparation des instruments anciens. M.Men-
négand a obtenu une médaille de seconde classe
aux Expositions universelles de Paris de 1855
et 1867.
MENOZZI (Giovanni), pianiste, professeur et
compositeur italien contemporain, s'est fait con-
naître par quelques ouvrages pédagogiques et
par la publication de diverses œuvres pour le
piano, dont le nombre ne s'élève guère aujourd'hui
à moins de deux cents. Parmi ces œuvres, je c i-
terai les suivantes : VEsordiente, recueil gradué
de sonatines variées, commodes pour les mains
qui n'atteignent pas l'octave ; Collana di mélodie
teatralile più favorite (environ 100 livraison.s) ;
Veglie aulunnali, fantaisies brillantes sur les
meilleurs motifs d'opéras modernes; Ricordi
teatrali, 6 pièces concertantes pour harmoni-
(lùleet piano, etc. M. Menozzi est l'auteur d'une
Méthode théorico-pratiquc pour la lecture
musicale, dédiée à la jeunesse studieuse et
adoptée par le Conservatoire de Milan, op.
102 (Milan, Lucca, in-8°), et d'un Cours élémen-
taire pour voix de basse préparatoire et pra-
tique, dédié aux écoles populaires de chant,
op. 171 (id., id., id.).
IVIEiVOZZl (GiLSEfPE), pianiste, professeur
et couq)ositeur, sans doute parent du précédent,
né à Pallanza le 15 juillet 1841, a fait ses études
au Conservatoire de Milan, où il fut admis au
mois de janvier 1854 et d'où il sortit au mois de
septembre 1861. Il a publié environ soixante
œuvres de morceaux de genre pour le piano.
i\lEOLA(LijiGi), compositeur, né à Napies le
5 décembre 1845, a fait son éducation musicale
sous la direction de M. Claudio Conti. Il a pu-
blié plusieurs albums de chant, Speranza e do-
lore,stelte cadule, SuU'isola, etc., et a écrit,
avec plusieurs autres compositeurs, la musique
d'une pièce intitulée gli Speculatori, qui fut
jouée sans aucun succès, en 1873, au théâtre
Nuovo.
MÉON (Jean-François), professeur de sol-
fège au Conservatoire de Paris, naquit en cette
ville le 3 octobre 1740, et y mourut le 29 juin
1813. Il entra vers 1765 dans les chœurs de l'O-
péra pour y chanter la partie de taille, et plus
tard devint l'un des professeurs de chant de
l'école annexée à ce théâtre. Les Tablettes de
renommée des musiciens (1785) le mention-
naient ainsi dans le personnel de l'Opéra : —
« Méon, troisième maître de chant des chœurs
et maître de solfège du Conservatoire, n'est pas
moins avantageusement connu par ses talents
personnels que par l'art d'enseigner et faire faire
à ses élèves les progrès les plus rapides. »
Lors de la fondation réelle du Conservatoire par
Sarretle, Méon fut mis à la tète d'une classe de
solfège et com|)ris parmi les professeurs de 2"'«
classe. Il conserva cette situation ju.squ'en 1803,
époque à latiuelle il devint l'un des surveillants
delà police des classes, emploi qu'il conserva
jusqu'à sa mort. Méon s'est fait connaître
comme compositeur par une messe qui fut exé-
cutée à Paris en 1785 ou 1786. J'ignore si on lui
doit d'autres ouvrages.
MERAS — MERCADANTE
207
AIEIÎAS (JoAQUiN), écrivain espagnol, est
l'auteur d'un travail slalisli(iue puMié sous ce
titre : Calendario lirico ilaliano (Madrid, Ho-
merayMarzo, 1877, in-S"). Cet écrit donne,
dans l'ordre chronologique, les titres, lieu origi-
naire et date de représentation de tons les opéras
qui ont été joués sous la forme italienne sur les
grands théâtres de Madrid et de Barcelone.
MERCADAL Y POXS (Amomo), com-
positeur espagnol, né à Port-Mahon (île Minor-
que) en 1850, y fit représenter, au mois de mars
1873, un opéra intitulé Giulieita e Romeo, qui
obtint un très-grand succès. Peu de temps après,
au mois d'octobre ou de novembre de la même
année, ce jeune artiste mourait dans sa ville
natale, à peine âgé de vingt-trois ans.
* i\lERCADA\TE(SAVERio), directeur du
Conservatoire de Naples, l'un des plus fameux
musiciens italiens du dix-neuvième siècle, est
mort à ]Saples, le 17 décembre 1870. Six ans
après sa mort, une vive polémique s'engagea
dans une feuille spéciale de Milan, la Gazzelta
musicale, polémique à laquelle prirent part
MM. G. Paloschi, le baron Beniamino Rossi,
Francesco Florimo et Francesco da Scorno, et
qui avait pour objet le lieu de naissance du
vieux maître. Ou ne savait, en effet, s'il avait
vu le jour à Altamura, ainsi qu'il est dit dans la
2^ édition de la Biographie universelle des
Musiciens et dans une notice étendue publiée
sur lui par M. Ralfaele Colucci (1), ou à Naples,
selon d'autres biographes, et particulièrement
M. Fr. Florimo dans son livre : Cenno storico
sulla scuola musicale di Napoli.
Cette question délicate n'était pas facile à
élucider, M. Florimo, archiviste du Conserva-
toire de Naples et vieil ami de Mercadanle,
avait écrit sa notice en quelque sorte sous son
inspiration, et comme l'indécision sur le lieu de
sa naissance s'était déjà précédemment produite,
il lui demanda s'il était né à Naples ou à Alta-
mura, à quoi le maître répondit, non sans un
mouvement d'impatience : ISaples, Aaples,
Naples! Et quand voudrezvons tous vous per-
suader que je suis Napolitain pur sang?
M. Florimo pouvait donc, raisonnablement, se
croire autorisé à défendre son assertion par les
paroles mêmes de Mercadante, qu'on ne pouvait
supposer coupable de mensonge à ce sujet.
Cependant, M. le baron Benjamin Rossi étaya
l'argumentation contraire d'un document dont
il était difticile de méconnaître la valeur, docu-
ment qui n'était autre que la copie, légalisée, de
(i) Dans le journal la Scena, de Tricste. des 19 et S6
septembre, 10 et2i octobre 18B7.
l'acte de baptême d'un enfant qui paraissait n'ê-
tre autre que Mercadante. Cet acte, tiré des regis-
tres baptismaux de la cathédrale d'Altamura,
disait : « Le jour 17 septembre mil sept cent
quatre-vingt quinze, 1795, par moi, curé Ser-
gio Sallicano, fut baptisé sub conditione, Glu-
seppe Saverio Raffaele, fils de parents incon-
nus. » En marge, sur le registre, avait été
tracée plus récemment cette mention, |)our in-
diquer à qui se rapportait l'acte : Maestro di cap-
pella Mercadante.
D'autre part, voici le récit curieux (car il s'a-
git ici d'une sorte de roman) que M. Francesco
da Scorno adressa à la Gazzelta musicale, rela-
tivement à l'origine et aux premières années de
Mercadante : — « Saverio Mercadante naquit à
Altamura le 17 septembre 1795, de Giuseppe
Mercadante et d'une domestique à lui nommée
Rosa Bia, fut baptisé par le curé Don Sergio
Sallicano, et eut pour parrain Saverio Tav;mi,de
Gravina, lequel était intime de la famille et en
mémoire duquel fut donné au nouveau-né le nom
de Saverio. A la date des susdits jour et an, on
trouve, dans les registres de la curie d'Altamura,
la naissance de cet enfant aux noms de Giuseppe
Saverio Raffaele, avec l'indication du parrain
susmentionné. Des personnes de bonne foi, con-
temporaines (le celle époque, et encore vivan-
tes, conlirment cette vérité et rappellent les
moindres particularités de l'enfance du grand
artiste.... La mère aimait l'enfant, mais le père
ne le voulait reconnaître ni légitimer, comme
étant le fruit d'amours secrètes. Cependant, un
talent prodigieux pour la musique s'étuit mani-
testé chez l'enfant, beaucoup engageaient ses
parents à l'envoyer étudier la musique àNiiples,
et parmi ceux qui voulaient protéger le pauvret
fut l'illustre archidiacre Cagnazzi. Finalement, la
mère, poussée par son amour maternel, prit un
jour avec son fils la route de Naples, où régnait
Joachim Murât, puis, un jour que celui-ci pas-
sait les troupes en revue, elle se présenta hardi-
ment devant lui, en portant la main à la bride
de son clieval, et lui remit ime supplique par
laquelle elle le priait de faire entrer son (ils au
collège de musique, afin qu'il y fût instruit gra-
tuitement. Le roi écrivit en marge, au crayon :
Soil accordé, et rendit la supplique à la mère....
Le père, qui était resté à Altamura, ayant dû se
rendre aussi à Naples pour affaires, vovant la
grâce souveraine obtenue, se prépara à conduire
l'enfant au collège de musique; mais ici on fit
des difticultés pour le recevoir, sa naissance
n'étant pas légitime. On conseilla alors aux pa-
rents de procéder à la légitimation, et ils se pré-
sentèrent un jour devant le curé de Porta Nuova,
208
MEUCADANTE
à Naples, avec deux témoins, et certifièrenl,
pour ne pas penlre de temps en d'autres forma-
lités, que leulant qu'ils voulaient légitimer était
né à Najiies plusieurs années auparavant.... »
Les faits contenus dans ce récit, joints à quel-
ques autres qui se produisirent plus tard, alors
que Mercadunte était à l'apogée de sa renommée,
semblent donner raison à ceux qui le font naître
à Altamura. Quant aux afiirmations de Merca-
dante lui-même, déclarant avec vivacité qu'il
était né à Naples, ne peut-on pas croire qu'elles
lui étaient inspirées par les circonstances péni-
bles qui entouraient son origine ? et ne peut-on
pas supposer qu'd se disait né en cette ville dans
le but d'ernpécher, du côté d'Altamura, toute
recherche qui aurait eu précisément pour résul-
tat de faire connaître cette origine, qu'il désirait
tenir secrète ? C'est là un point délicat, qui n'a
pas été touché dans la polémique dont j'ai parlé,
et qui me semblerait justement donner raison à
ceux qui veulent que Mercadante soit né à Alta-
mura (1).
Au reste, beaucoup d'ilaliens sont de ce der-
nier avis, et, sans prétendre ici trancher absolu-
ment la question, je me range à leur sentiment.
Jusqu'à plus ample informé, je crois donc qu'on
peut considérer Giuseppe Saverio Raffaele Mer-
cadante comme étant né à Allamura , province
de Bari, le 17 septembre 1795.
Il est encore fort difficile, à l'heure présente,
de dresser avec certitude la liste des oeuvres dra-
matiques de Mercadante ; la voici, cependant,
telle que j'ai pu la constituer (2) : 1'^ l'Apotcosi
(1) Les numéros de la Gazzelta musicale de Milan qui
sont à consultera ce sujet sont ceux des 18 juin, 16 et
30 juillet, 13 août et 17 septembre 1876.
(2) Je me suis, depuis près de vingt ans, beaucoup oc-
cupé de l'histoire d(!s musiciens italiens, et je l'ai fait, à
défaut d'autres qualités, avec beaucoup de soin et rie
conscience, apportant une grande ardeur à t;\clier de
faire la lumière sur quelques points de cette histoire,
laissée jusqu'à ces derniers temps lians une obscurité com-
plète pnr les Italiens eu\-iiièmes. Cepend^int J'ai appris
à mes dépens qu'on ne se mêle pas impunément des af-
faires d s .lutres, même lorsqu'il s'agit de l'histoire d'un
art qui intéresse tous les peuples civilisés. Tandis que je
m'évertuais a cherclier et parfois à découvrir la vérité au
milieu d'un chaos dinforinations contradictoires, certains
écrivains italiens, ne me tenant aucun eoin|ile de mes
efforts et se gar^lant bien de faire ressortir ce que eeux-
cl avalent pu avoir d'utile pour eux mêmes, se sont plu
à me railler et a me critiquer, parfois d'une façon peu
courtoise, pour les erreurs dans lesquelles m'avaient fait
tomber des doeiimcnts ilalicns fautifs ou incomplets. C'est
pourquoi, voulant d'avance éviter unecritique trop acerbe.
Je déclare Ici, en ce qui concerne Mercadante, qu'il m'a été
Impossible, faute de données précises, de constituer sin
répertoire dramatique- avec une exactitude absolue. La
liste que Je donne n'est donc qu'un à peu près, pour le-
quel je me borne à l'observation suivante : lorsque Je nu-
crois sûr de la valeur des indication:) relatives à un uu-
d'Eicole, Naples, th. San-Carlo, 12 janvier
1819 (:■■)•, 2° Violeiiza e Coslania, Naples, th.
Nuovo, 1820 (?) ; 3° Anacreonle in Samo, Na-
ples, th. San-Carlo, 1820 (?) ; 4° Sc/pione in
Ca/'/«^i;ie, Rome,th. Argentina, 1821 (?j; b"^ Ma-
ria Siuarda, Bologne, th. Communal, 1821 (?) ;
6" Elisae Claudio, Milan, Scala , 30 oc-
tobre 1821; 7" il Posto abbandonalo. Milan,
1821 (.^); 8° GU Sciti, Naples, Ih. San-Carlo,
1822 (?); 9" Alfvnso ed Elisa, Mantoue, 1822
(?); 10° Didoae abbandonalo, 1 actes, Turin,
1822 (.'J; 11" Adde ed Emertco, Milan, Scala,
21 septembre 1822; 12" Andronico, Venise, th.
delaFenice, 1822 {?); 13" Costanza ed Alme-
rika, Naples, 1822 ou 1823 {?) ; 14° gli Amici
di Siracusa, Rome, 1822 ou 1823 (?) ; \b° Mto-
cri, Turin, th. Regio, 1824 (i*); 16" Durilice,
Vienne, 1824 {?) ; IT le Nozze di Telemaco ed
Antiope, Vienne, 1824 (?) ; 18" il Podestà di
Burgos, ossia il Signer del ViUaggio, Vienne,
1824 [?); 19° Ipennestra, Naples, 1824 (?);
20° il Geloso ravveduio,Roïae, 1824 (?) ; 21°
Caritea, regina di Spagna (plus connu sous le
titre de Donna Caritea), Venise, 1826 (?); 22°
Amleto, Milan, Scala, 26 décembre 1826; 23°
/s'corfe, Venise, 1826 ou 1827 (?); '24° i;"-;o, Turin,
tli. Regio, 1827 (?J; 25° il Montanaro, Milan,
Scala, 16 avril 1827 ; 26° i Due Figaro, Madrid,
1827 (?) ; 27° Pietro il Grande, Lisbonne, 17
décembre 1827 {?); 28° Adriano in Siriu, Lis-
bonne, 28 février 1828 (?) ; 29» Francesca da
Rimini, Madrid, 1828 (?) ; 30° la Testa di
bronzo, Lisboniu', 1829; 31° la Raiiprcsaglia,
Cadix, 1829(?);3'2° Z>onC/uAC(o//e, faice,Cadix,
1829 (?) ; 33° Zuira, Naples, th. San-Carlo, août
1831 ; 34° Gabriella di Vergy, Gênes, th. Carlo-
Felice, 1832 (?) ; 35° Ismnlia, ossia amor e
morte, Milan, Scala, 27 octobre 1832 ; 30° i
Normanni a Parigi, 4 actes, Turin, th. Regio,
1832 (?) ; 37° il Conte d'Essex, 3 actes. Milan,
Scala, 10 mars 1833; 38" Emma d'Anliocliia,
Venise, th. de la Fenice, 1834 (?) ; 39° Uggero
il Danese, Bergame, 1834; 40° /a GioventU di
Enrico V, Milan, Scala, 25 novembre 1834 ;
ki" Francesca Donato, ossia CorintodistnUta,
3 actes, Turin, th. Regio, 1835 ; 42° i Brigand,
Paris, Th.-Italien, 22 mars 1836 ; 43° H Giura-
mento, 3 actes. Milan, Scala, 11 mars 1837;
44" il Vascello di Gama ,• 44° bis, le Due illuslri
liivali, Venise, Fenice, 1838 (?) ; kh° Elena da
Feltre, Naples, th. San-Carlo, janvier 1839; 40"
il liruvo, Milan, Scala, 9 mars 1839 ; 47" la So-
lilaria délie Aslurie, ossia la Spagna ricupe-
vrage, je ne l'accompagne d'aucun signe ; mais lorsque ces
indications ne sont qu'approximatives. Je les fais suivre
d'un point d'interrogatioa placé entre parenthèses : (?J.
MERCADAiNTE — MERCÉ DE FONDEVILA
209
rata, Venise, th. de la Fenice, 1840 (?) ; 48" la
Vestale, Naples, th. San- Carlo, 1840 (?) ; 49» il
Proscritto, Naples, tli. San-Carlo, 1842 (?) ; 50°
il Reggente, Gênes, th. Carlo-Felice, 1844 (?);
61° Leonorn, Naples, Ih. San-Carlo, décembre
1844 (?) ; 52" Oinzii c C^iriazii, Naples, th. San-
Carlo, 10 novembre 1846; 53" la Schiava Sara-
cena. Milan, Scala, 26 décembre 1848; 54° Me-
dea, Naples, th. San-Carlo, 1831 (?) ; 55° Violefla,
Naples, th. Nuovo, 1852 ; 56° Siatira, Naples, th.
San-Carlo, 1853 (?) ; 57° Pelagio, 4 actes, Na-
ples, 1857 (.') ; 58° Virginia, 4 actes, Naples,
th. San-Carlo, 7 avril 1866.
Voici maintenant la liste des œuvres écrites
par Mercadante en dehors du théâtre. — A.
Musique reugiiuse. 1" Le Sette parole di Nos-
tro Signore, cantate religieuse à 4 voix et chœur,
avec accompagnement de quatuor d'instruments
à cordes; 2° environ 20 messes, soit avec orgue,
soit avec orchestre ; 3° Hymne à la Vierge im-
maculée, à 5 voix et orchestre ; 4" Hymne funè-
bre à la mémoire de Mgr Somma, à 4 voix et
orchestre; h" Hymne à Pie IX, à 5 voix et or-
chestre; 6° Un soupir sur la tombe de Mgr
Scotli, cantate funèbre à 5 voix et orchestre; 7°
Christuset Miserere à 4 voix, alla Palcslrina;
8°Dominus a dextris, pour chœur et orchestre ;
9° De profundis à 4 voix et orchestre ; 10° plu-
sieurs Tanlum ergo, dont deux à 5 voix avec
orchestre; 11° un nombre considérable de psau-
mes, motets, anti|)lionaires, Te Deum, 31ag7n/i-
cat, etc. — B. Musique vocale profane. 12° Can-
tate en riionneur de l'ex-roi d'Espagne Char-
les IV, Naples, théâtre San-Carlo, 1818; 13° /n
Danza augurale, cantate pour l'avènement au
trône du roi François II, id., id., 1859; 14°
Hymne en Chonneur de Victor-Emmanuel, roi
d'Italie, 1860; 15° Hymne guerrier, dédié à
Garibaldi, 1861 ; 16° Hymne populaire, dédié
à Dante, 1863 ; 17° Hymne à l'Harmonie, écrit
à l'occasion du premier congrès musical tenu à
Naples, 1864; 18° Hymne à Rossini, écrit pour
l'inauguration de la statue de Rossini à Pesaro,
18G4 (tous ces hymnes sont avec chœurs et or-
chestre); 19" 24 Mélodies préparatoires au
chant dramatique ; 20° 8 Nocturnes à 4 voix;
21° un nombre infini d'albums de musique vocale,
romances, canzoni napolitane, duos, trios et
qiialuorsde divers genres ; 22° beaucoup de Sol-
fèges écrits pour les classes du Conservatoire de
Naples C. Musique sïmphomque. 13" :i Sym-
phonies caractéristiques napolitaines à grand
orchestre (dont une, la troisième, intitulée lo
Zampognaro) ; 24° il Campo dei Crociati, o la
Schiava Saracena, symphonie à grand orches-
re; 25° V Insiirrezione Polacca, id. ; 26° l'Ati-
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. — T
rora, id. ; 27° il Lamenta delVArabo,'nï.; 28° la
Ueligione, id.; 29° la lUmembranza, id. ; 30°
Symphonie à grand orchestre sur les motifs du
Siabat de Rossini; 'M" Symphonie funèbre, à
grand orchestre; 32° Omaggio a Donizetti,
symphonie funèbre à gran.l orchestre ; 33"
Omaggio a Bellini, id., ISCO ; Omaggio a Ros-
sini, id., 1868; 34" Omaggio a Pacini, id.,
1868; 35° il Lamento del ^orrfo, symphonie à
grand orchestre, 1862 ; 3G" Symphonie à grand
orchestre, dédiée à Rossini, 1866 ; 37° Sympho-
nie-Marche, écrite pour la naissance du jeune
prince de Naples; 38" 2 Symphonies caracté-
ristiques à grand orchestre, sur des motifs pofju-
laires espagnols ; 39° 3 Divertissements à grand
orchestre ; 40° la Malinconia, grande mazurka
de concert, à grand orchestre. — D. Musique
POUR DIVERS INSTRUMENTS. ^1° Élégie pour violou,
avec orchestre; 42° Romance et Rondo sur il
Proscritto, pour violon, avec orchestre ; 43° Pièce
sur il Vascello di Gaina, pour violon, avec or-
chestre; 44° Fantaisie pour 2 violons, avec or-
chestre, sur gli Orazi e Curiazi ;45" 3 Mélodies
pour 4 violons; 46" Fantaisie sur Lucia di La-
mermoor, pour violoncelle, avec orchestre;
47° Fantaisie sur il Gitiramento, pour cor et
trompette, avec orchestre ; 48° Mélodie pour
harpe, avec orchestre; 49° Fantaisie sur il Fi-
gliuol prodigo, pour basson, avec orchestre;
50° Cavatinc de l'opéra il Caynpa dei Crociati,
transcrite pour basson, avec accompagnement
de piano ; 51° Terzetiino pour 3 cors; 52° 2
Duetti pour 2 cors; 53° la Poesia, quatuor pour
4 violoncelles ; 54° enfin, un nombre considéra-
ble de quatuors, concertos et morceaux de divers
genres pour divers instruments (1).
On connaît de Mercadante un opuscule ainsi
intitulé : Brève Cenno slorico sulla viusica
teatrale, da Pergolesi a Cimarosa, s. 1. n. d.,
in-4° de 7 p.
En 1876, on a placé à Naples , sur la Piaz-
zn di Fontana Médina, une statue en marbre
de Mercadante, due au sculpteur Tito Angelini.
]\IERCA]\TIi\l (LuiGi), compositeur italien,
mort à Palerme au mois de novembre 1872, est
l'auteur de Y Hymne à Garibaldi, composé par
lui à l'époque du .soulèvement et de la révolution
suscités par ce grand patriote dans le royaume de
Naples, et qui dut aux circonstances une vogue
extraordinaire par tonte l'Italie.
MEUCÉ DE FOALEVILA (Alejo),
prêtre et compositeur espagnol, né à Lérida le
(I) Mercadante a tcrit, en société arec Coppula, Doiil-
zetil, Pacini et Vaccaj, une cantate funèbre : In morte
di Maria Malibran, qui fut eiécutée à la Scala, de
Milan, le 17 mars 1837.
II. 14
210
MERCÉ DE FONDEVILA — ^lÉREATJX
5 janvier 1805, entra à l'âge de sept ans connue
enfant île cliœiir à la catliédrale de celte ville et
y reçnl son éducation musicale, étudiant le sol-
fège, l'orgue et la composition avec Jainie Nadal,
Antonio Sambola, Juan Ariel, premier organiste
de celte église, et Juan Prenafeta. Devenu plus
tard organiste de l'église paroissiale Saint- Jean,
il y reçut les quatre ordres mineurs ; mais n'ayant
pas réussi dans un concours auquel il avait pris
part pour la place de maître de chapelle alors
vacante à la cathédrale, il refusa un emploi du
même genre qu'on lui offrait à Igualada pour
aller se fuer à Madrid, où il arriva au commen-
cement de l'année 1828. Là, il devint professeur
de piano au collège impérial de San Isidro, tenu
par les Jésuites, puis an collège royal des écoles
pies de San Antonio, et à celui de San Ferdi-
nando. Plus tard, il revint occuper à Lérida cet
emploi de maître de chapelle de la cathédrale,
qu'il n'avait pu obtenir naguère, et il en était en-
core en possession en 1867.
M. Mercé de Fondevila, compositeur très-
fécond dans le genre religieux, n'a pas écrit
moins de 300 œuvres de plus ou moins grande
importance, soit avec orgue, soit avec orchestre.
Parmi ces œuvres, on cite des messes de Gloria
«t de Requiem, des cantiques, répons, lamenta-
tions, hymnes, motets, etc.
* MERCIER (Jules), est mort à Dijon, sa
ville natale, "le h mars 1868. Ses compa-
triotes ont fait à cet artiste honorable des funé-
railles splendides, témoignant ainsi de l'estime
que leur inspirait son caractère et son talent :
trente-si\ sociétés musicales s'étaient fait repré-
senter au cortège; deux des cordons du poêle
étaient tenus par MM. Vieuxtemps et Félix Go-
defroid, de passage à Dijon; la fanfare de la
ville exécutait un Pic Jesu de la composition du
défunt, et, dans l'église, l'orchestre joua Ven-
dante delà symphonie en la de Beethoven, dans
lequel le grand violoniste M. Vieuxtemps ne
dédaigna pas de tenir une partie de premier vio-
lon. Fondateur et président de la Société phil-
harmonique de Dijon, Jules IMen ier avait im-
primé à la musique, dans sa ville natale, un mou-
vement très-considérable, et avait fait faire à
l'art qu'il cultivait lui-inôme avec un vrai talent
de grands t't léels progrès.
HIERCURI (Asdreoni-Agostino), pianiste,
organiste, chef d'orchestre el compositeur italien,
est né le 2 août 1839 à Sant'Angelo in Yado, dans
la province de Pesaro. Après avoir étudié
d'abord avec un professeur nommé Giuseppe
Menghetli, il se rendit à Naples en 18.53, et fut
admis au Conservatoire <ie celle ville, où il rut
pour maîtres Russe, Paiisi, Carlo Coiili etiMer-
cadante. Son éducation musicale terminée, il
retourna à Sant'Angelo, y devint maître de cha-
pelle de la cathédrale en même temps que direc-
teur de la Société philharmonique et du Concert,
et y lit représenter, en 1860, un opéra intitulé
Adello, qui fut fort bien accueilli el bientôt re-
produilsur plusieurs théâtres importants d'Italie.
Appelé à représenter sa ville natale aux fêtes
célébrées à Pesaro en l'honneur de Rossini
(18f)i), il prit à l'exécution musicale une part
elfeclive, et se lia avec Pacini, Mabellini et An-
gelo Mariani. Devenu chef d'orchestre à Assise
en 1865, maître de chapelle de la métropoli-
taine d'Urbino et maestro concertatore au
théâtre de cette ville en 1867, second chef d'or-
chestre au théâtre Carlo Felice de Gênes en 1 868,
il fut mandé en 1871 à Urbino, à l'occasion du
Centenaire de Raphaël, pour écrire VHymne à
RajjhaCl et diriger l'exécution de la messe funè-
bre de Vecchiotti. Presque aussitôt il fondait à
Pérouse un nouvel Inslilut musical, où il était
nommé professeur d'harmonie, de contre-point et
de composition, et en 1872 il était chargé par le
gouvernement de la petite république de Saint-
Marin d'écrire l'opéra qui devait servir à l'inau-
guration du nouveau tliéàtre de cette ville ; cet
ouvrage était un drame lyrique en trois actes,
intitulé Adelinda, qui fut représenté |le 27 août
1872 avec un grand succès.
M. Mercuri, qui avait acquis une grande re-
nommée comme chef d'orchestre, fut choisi, à
la mort d'Angelo Mariani, pour succéder à ce
grand artiste comme maestro concertatore du
théâtre communal de Bologne, l'un des plus im-
portants de toute l'Italie. Sur ces entrefaites, son
opéra d' Adelinda ayant été donné àRavenne et
accueilli avec la plus grande faveur, l'éditeur
Ricordi, de Milan, se rendit acquéreur de la par-
tition et lui commanda aussitôt un nouvel ou-
vrage, Romolo, dont il lui fournil le livret. Cet
ouvrage n'a pas encore été représenté, mais de-
puis lors le compositeur a donné à Cagli, le 12
septembre 1878, un opéra en 3 actes intitulé
il Viotino del Diavolo,(\u\. reçu favorablement
en celte ville, a été reproduit avec succès, trois
mois plus tard, au théâtre de la Pergola, de
Florence. Le principal rôle de cet ouvrage était
tenu par une artiste fort distinguée. M""" Ca-
rolina Ferni, qui y faisait briller son double
talent de violoniste et de cantatrice. M. Mer-
curi a écrit plusieurs o'uvres importantes de mu-
sique religieuse, ainsi que quelques mélodies
vocales : Fior d'erVamara, Adina, etc.
* MÉREAUX (Jean-Nicol\s LE FROID
DE). — Voici la liste complète, avec les dates
précises de représentation, des ouvrages dramali-
MEREAUX — MERKEL
211
ques de ce compositeur : 1" la Ressource comi-
que ou la Pièce à deux acteurs, opéra-comi-
que en 2 actes et un prologue, Comédie-Italienne,
22 août 1772; 2" le Retour de tendresse, un
acte, Comédie-Italienne, 1"^ octobre 1774 ; 3° le
Duel comique, 2 actes (musique de Paisieilo,
« rédigée et augmentée par M. de Méreaux, » dit
la pièce imprimée), Comédie-Italienne, 16 sep-
tembre 1776; i" Laurette, un acte, Comédie-
Italienne, 23 juillet 1777; 5" Alexandre aux
Indes, 3 actes, Opéra, 26 août 1783 ; 6° Œdipe
et Jocaste, 3 actes, Opéra, 30 décembre 1791 ;
7° Fabius, 3 actes, Opéra, 9 août 1793. A ces
ouvrages, il faut ajouter la musique d'une Ode
sur la naissance du Dauphin, exécutée au Con-
cert spirituel le 8 décembre 1781, et Sa7nson,
oratorio qui avait été entendu au même concert
en avril 1774.
* MÉREAUX (Jea.n-Amédée LE FROID
DE), connu sous le nom (VAmédéc Méreaux,
est mort à Rouen, le 25 avril 1874. Cet artiste
extrêmement distingué avait publié en 1867 un
ouvrage fort important : les Clavecinistes , de
1637 à 1790, œuvres choisies classées dans
leur ordre chronologique, revues, doigtées
et accentuées, arec les agréments et orne-
ments du temps traduits en toutes noies (Paris,
Heugel). Cette publication, dans laquelle on re-
trouvait des œuvres de Frescobaldi, Cliambon-
nières , Louis et François Couperin , Purcell,
J. S. Bach, Hœndel, Marcello, Scarlatti, Rameau,
etc., faisait le plus grand honneur à son auteur,
et lui valut, l'année suivante, le ruban de cheva-
lier de la Légion d'honneur. Mereaux, dont l'en-
seignement était tiès-recherché à Rouen, forma
comme élèves pianistes M™'^ Tardieu de Malle-
ville, MSI. Emile Madouié, Aloys Klein, etc.,
et comme compositeurs Maillot, MM. Daulresme,
Camille Caron [Voyez ces noms), et d'autres
encore.
Collaborateur pendant trente ans du Journal
de Rouen pour la partie musicale, Méreaux four-
nissait aussi d'assez nombreux articles au Moni-
teur universel. Il a publié divers écrits peu im-
portants sur la musique : 1° Biographies musi-
cales : Labarre, de Bériot, Moscheies, Sla-
maly. Les écoles de la harpe, du violon et du
piano aaXIX" siècle, s. I. n. d. (Rouen, impr.
Brière, in-12 de 28 p.); 2° Biographies- mu-
sicales : Fétis, Auber, Jhalberg, Ketterer,
IPerelli, s. I. n. d. (Ruuen, impr. Brière, in-l2 de
31 p.) ; 3° Esquisse de l'histoire du cliant en
France, s,. I. n. d. (Rouen, impr. Brière, in-12
de 24 p.). 11 faut encore citer, parmi les publi-
cations littéraires de Méreaux, son discours de
réception à l'Académie des belles-lettres, sciences
et arts de Rouen (Rouen, 1858, in-8°), discours
qui avait tout naturellement la musique pour
sujet ; la série des trois discours prononcés par
lui comme président de cette Académie (Rouen,
1865, in-8°) ; entin, son rapport sur les médailles
d'honneur décernées par la .même compagnie
(Rouen, 1866, in-8''). On trouve dans ce dernier
des renseignements intéressants sur un artiste
fort distingué, M. Vaucorbeil iyoy. ce nom), né
à Rouen. Ces divers écrits, et d'autres encore,
ont été réunis par la veuve de Méreaux, et pu-
bliés en un volume qui a paru récemment sous
ce titre : Variétés littéraires et musicales,
pages d'' histoire, critique, ji or irait s à la plu-
me, discours, précédées d'une notice biographi-
que par Marmontel, Paris, Lévy, 1878, in-12.
* MÉRIC-LALA\DE (Henriette-Clémen-
tine).^— Voyez LALANDE.
MERIEL (Paul), compositeur, directeur du
Conservatoire de Toulouse, est né à Mondoubleau
(Loir-et-Cher), le 4 janvier 1818. Issu d'une
famille de comédiens de province très-estimée
au théâtre, il ébaucha ses études musicales au
milieu des voyages qu'il faisait avec les siens,
et eut plus tard pour professeurs deux artistes
italiens : Alessandro jMapoleone à Lisbonne, et
Somma à Perpignan. Devenu second chef d'or-
chestre au théâtre d'Amiens, il fit représenter
en cette ville un petit opéra-comique intitulé
Cornélius V Argentier, puis continua de parcou-
rir la province comme chef d'orchestre, résida
un instant à Avignon, et enfin, en 1847, se fixa
à Toulouse, où il se livra à l'enseignement et à
la composition. Il y fit exécuter une grande
symphonie, le Tasse, un oratorio dramatique
qui avait pour titre Gain, un certain nombre de
morceaux de musique de chambre, et enfin pro-
duisit au théâtre du Capitole un grand opéra en
quatre actes et cinq tableaux, VArmorique,Aoal
il avait écrit les paroles et la raiisique. C'est à la
suite de ces travaux, qui avaient été favorable-
ment accueillis par le public, que M. Mériel fut
placé à la tête du Conservatoire de Toulouse, où
sa femme. M'"* Mériel, devint titulaire d'une
classe de piano pour les demoiselles. M. Paul
Mériel a été nommé, il y a quelques années,
chevalier de la Légion d'honneur, et il a fait re-
présenter à Toulouse, au mois d'avril 1877, un
dernier ouvrage, les Précieuses ridicules, opéra-
comique en un acte tiré de la comédie de Molière.
MERKEL (Gustave-Adolphe), organiste et
compositeur allemand distingué, est né à Obère-
derwitz (Saxe) en 1827. Doué de dispositions
remarquables pour la musique, il alla faire ses
études à Dresde, où il devint l'élève de Julius
Otto pour la composition, et, pour l'orgue, de
<2i2
MERREL — MERMET
Jean Goltlob Schneider, organiste de la cour. 11
acquit, sous la direction de ces deux liorames
distingués, un talent véritable, se livra ensuite à
l'enseignement et à la pratique de son art, et se
fit remarquer par son habileté comme organiste
et sa fécondité comme compositeur. Devenu or-
ganiste de l'église de la cour, il occupe aussi
aujourd'hui les fonctions de professeur au Con-
servatoire de cette ville.
Les compositions de M. Gustave Merkel s'é-
lèvent au chiffre de plus de cent œuvres publiées.
Dans le nombre, on distingue des sonates, fan-
taisies et fugues, préludes, chorals pour orgue,
des sonates et pièces de concert pour piano, des
motets et divers morceaux de musique religieuse,
enfin un assez grand nombre de lieder aves ac-
compagnement de piano et de violoncelle, etc.
Un jeune artiste du même nom, M. Jules
Merkel, violoncelliste et compositeur pour son
instrument, a publié dans ces derniers temps
([ueiques morceaux pour violoncelle avec accom-
|)agnement de piano.
MERLIN (Maru de las Mercedes, com-
tesse), cantatrice amateur d'un grand talent, con-
nue par son admiration affectueuse pour la Mali-
bran, naquit à la Havane le 5 février 1789, et
mourut à Paris le 31 mars 1852. Fille d'un
grand d'Espagne, le comte de Mopox de San-
Juan de Jaruco, et nièce du général O'Farill,
qui fut ministre de la guerre, elle épousa en
1811, à Madrid, le général comte Merlin, frère
du conventionnel Merlin de Thionville et alors
capitaine général de la garde du roi Joseph, et
le suivit en 1814 à Paris, qu'elle ne quitta pour
ainsi dire plus jusqu'à sa mort. « Son rang et sa
position, dit un de ses biographes, lui ouvraient
tous les salons de la capitale; sa jeunesse, sa
beauté, la placèrent promptement au premier
rang. Musicienne de premier ordre, esprit dis-
tingué et aimable, la comtesse Merlin accueil
lait tout le monde avec une grâce sans pareille.
Les artistes, les hommes de lettres, les savants,
les hommes politiques, sans distinction de par-
tis, se press;iient dans ses réunions, où l'on ne
rencontrait qu'un monde d'élite. Bientôt,
mettant son talent et son inlluence au service
du malheur, elle organisa à Paris des concerts
de bienfaisance donnés exclusivement par des
amateurs. Ln 1823, elle chantait à Genève lors
d'un voyage qu'elle fit en Suisse, dans un grand
concert organisé au bénéfice des Grecs et qui
produisit plus de 30,000 francs. Elle en organisa
d'autres sur une grande échelle au profit des
Polonais après l'insurrection de 1831, an profil
des Lyonnais h la suite des désastres causés par
l'inondation du Khone, au profil des victimes du
tremblement de terre de la Martinique. En
même temps, elle patronnait de son nom et de
son inlluence les artistes à leur début, parmi
lesquels nous citerons la Grisi et Mario, qu'elle
|)résenta au directeur de l'Opéra. »
La comtesse Merlin, dont l'intelligence était
singulièrement vive et qui avait le sentiment de
tous les arts, était douée de véritables facultés
littéraires. Elle publia divers écrits qui furent
accueillis avec une rare faveur ; l'un des plus
importants est celui qu'elle donna sous ce titre :
les Loisirs d'une femme du monde (Paris, Lad-
vocat, 1838, 2 vol. in-8°). Elle avait beaucoup
connu la Malibran, pour laquelle elle éprouvait
une affection profonde, et cet ouvrage fut
comme une sorte d'hommage rendu par elle à
cette noble artiste, car le premier volume tout
entier et 144 pages du second étaient consacrés
à retracer son histoire, en même temps que
son portrait se trouvait en tête, portant seule-
ment son nom : Marin. Quelques années plus
tard, M'°* la comtesse Merlin reproduisit cet
écrit sous le nouveau titre de Lola et Maria
(Paris, de Potter, 1845, 2 vol. in-8°). Une contre-
façon belge en avait été faite dès l'année de sa
publication (Bruxelles, Wahlen, 1838, 2 vol.
in-12).
AIERMET (.^lgl'ste), compositeur, né vers
1815, est issu d'une famille de militaires; son
père et un de ses oncles furent généraux sous le
premier empire. Il s'occupa de musique <i'ahord
en amateur, et commença par étudier la flûte.
Plus tard, il voulut travailler la composition, et
prit, dit-on, des leçons de Lesueur et d Halévy.
Destiné par son père à la carrière militaire et
ayant préparé dans ce but les études qui devaient
le mener à l'École polytechnique, il abandonna
tout pour se livrer à son goût pour la musique.
Fort jeune encore, il écrivit, sur un poème de
Carmouche, la Bannière du Bot, la musitpie
d'un petit opéra-comique qu'il fit jouer sur le
théâtre de Versailles ; puis, ayant obtenu de
Soumet qu'il transformât pour lui, en un livret
de drame lyrique, sa tragédie de Saiil, il com-
posa la partition de cet ouvrage, et, plus heu-
reux que bien d'autres, réussit à le faire recevoir
à l'Opéra, où il fut représenté sous ce titre : le
Boi David, en I8'i6.
Le-Roi David, dont le rôle principal était pour-
tant joué par M'"'Stol/., n'obtint qu'un médiocre
succès (1). M. Mermet conçut alors le projet d'é-
(1) Le baron de Pccllaert, auteur et compositeur drama-
tique, mort il y a quelques années, et qui (?talt le parent
de M. Mermet, a écrit ceci au sujet de cet ouvrage : —
« l.r Uni David fut jout' le 3 Juin l»'.6 et n'obtint que
peu d<; représentations, quoique Mi"^ Stolt/. y remplissait
MEUMET — MERULO
213
crire le poëme et la musique du» opéra héroïque
et national, et, choisissant pour sujet la légende
de Roland, il composa son Rolaiid à Roncevaux,
grand opéra en cinq actes qu'il présenta, aussi-
tôt achevé, à l'administration de notre première
scène lyrique. Peu heureux dans ses premières
démarches, mais doué d'une patience à toute
épreuve, il ne se laissa pas rebuter par les refus,
et attendit pendant plus de quinze ans une circons-
tance favorable, mettant à profit ses loisirs pour
tracer le livret et la partition d'un ouvrage d'un
tout autre genre, Pierrot pendu, opéra-bouffe
en un acte qui jusqu'ici n'a pas été représenté.
Enfin, faisant intervenir de puissantes influences,
M. Mermet finit par obtenir la mise à l'étude
de Boland à Roncevaux, et l'Opéra en donna
la preuiière représentation le 3 octobre 18G4.
- Cet ouvrage obtint un succès auquel personne
ne s'attendait, et qui peut à bien des égards pa-
raître surprenant. La critique se montra singu-
lièrement bienveillante à son sujet, et le public
s'enthousiasma presque pour une production qui
ne méritait assurément pas la faveur dont elle fut
un instant l'objet. Il est certain que Roland à
Roncevaux est une œuvre médiocre au point
de vue musical, que la structure des morceaux
en est très-faible, que les harmonies sont lâches
et sans consistance, que l'instrumentation, abso-
lument élémentaire, est bruyante sans ^Ire sonore,
lourde et sans saveur. Mais, d'autre part, le
sujet du poëme séduisait les spectateurs, un cer-
tain caractère martial animait quelques mor-
ceaux de la partition, et l'on sentait par endroits
une sorte d'élan et de souffle patriotique, comme
dans le trio du second acte et dans ce qu'on a
appelé « la Marseillaise de Roland ». Quoi qu'il
en soit, l'œuvre était débile, et, lorsque le pre-
mier feu fut passé, on vit bien qu'elle n'était pas
née viable. Elle n'en obtint pas moins plus de
soixante représentations ; mais lorsqu'on voulut
la reprendre après deux ou trois ans, l'effet en
fut déplorable.
Cependant M. Mermet, croyant avoir trouvé
sa veine, s'occupa aussitôt d'un second ouvrage
conçu dans le même esprit, c'est-à-dire dans un
esprit chevaleresque et patriotique, et, voulant
continuer d'être tout à la fois son poète et son
musicien, mit au jour le livret et la musique
(sic) avec talent le rôle de Da»id. La mnsiijue parut ori-
ginale, mais d'un auteur tout à fait Inexpérimente; quel-
ques airs (le danse y furent ajoutes par un de ses amis,
musicien de l'orchestre. Il put à peine assister aux répé-
titicins, parce que l'ouvrage n'était pas entièrement or-
chestré, et de la mille bruits sur le compte de l'auteur
tendant à faire croire qu'il n'avait pas seul composé cet
opéra I. (.\. DE Peellaert , Cinquante uns de souvtiiirs
recueillis en isec, t. I, p. uo )
d'un nouvel opéra en cinq actes, Jeanne d'Arc,
qu'il lit recevoir à l'Opéra et qui était à l'étude
lorsque ce théâtre fut détruit par l'incendie de
1873. Cet événement ne fit pourtant qu'en retar-
der l'apparition, et Jeanne d'Arc fut représen-
tée le 5 avril 1876. Mais cette fois, et malgré les
splendeurs d'une mise en scène merveilleuse,
malgré le talent des deux principaux interprètes,
qui n'étaient autres que M. Faureet M"« Krauss,
la faiblesse misérable de l'œuvre était telle qu'elle
ne put se soutenir au delà de douze ou quinze
représentations. Tout porte à croire que la car-
rière active du compositeur aura pris lin par cet
échec retentissant.
M. Mermet a été nommé chevalier de la Légion
d'honneur en 18G5.
MERTEiXS (Josei'h), compositeur et violo-
niste belge, est né le 17 février 1834 à Anvers, où
il remplit les fonctions de professeur de violon au
Conservatoire, après avoir, pendant plusieurs an-
nées, occupé le poste de premier violon au théâtre
royal. M. Mertens s'est fait connaître d'abord par
la publication de six romances sans paroles pour
le piano, d'im album de six mélodies vocales, et
de quelques morceaux de genre. Il a songé en-
suite à se produire à la scène, et dans ces der-
nières années a fait représenter les ouvrages
suivants, tous écrits sur paroles flamandes :
1" De Vrijer in de sirop, opéra-comique en un
acte, Anvers, 18 mars 186fi; 2" De Vergissing
(la Méprise), opéra-comique en un acte, Anvers,
6 janvier \iÇ>^;y V Egoïste, id., Anvers, 1873;
4° Thécla, opéra-comique en un acte, Anvers,
21 janvier 1874; 5° Liederik l'intendant, opéra
flamand en 3 actes , Anvers, août 1875 ; 6° De
Zivarte Kapitein (le Capitaine noir), opéra
flamand en 3 actes, la Haye, 12 mai 1877 ; 1° les
Trois Étudiants, un acte; 8° le Vin, le jeu et
le tabac, un acte; 9" le Capitaine Robert, un
acte;10°^es Évincées, nnAcit. Ces divers ouvra-
ges, tout en péchant un peu du côté del'originalité,
sont fort estimables et ont été très-bien accueillis.
Au mois de décembre 1867, M. Mertens avait fait
exécutera Boom un oratorio intitulé V Angélus.
Cet artiste a publié un assez grand nombre de
compositions de divers genres, consistant en
chœurs religieux, romances, pièces symphoni-
ques et morceaux pour divers instruments.
MERÏHE ( ), compositeur allemand,
est l'auteur d'un opéra en deux actes, intitulé Z-J5G
ou le Langage du cœur, qui a été re|)résenté le
24 janvier 18/2 sur le Ihéàtre de Mannheim, et
dont il avait écrit les paroles et la musique.
* MERULO (Claude). — Une notice histori-
que a été publiée, il y a quelques années, sur cet
artiste célèbre : Claudio Merulo , discorso
2i4
MERULO
METRA
biografico, par M. Quiiino Bijii, Parme, 1861.
MERVILLE (Pif.kke-Fkançois CAMUS,
dit), auteur dramalique, né à Pontoise le 20
avril 1783, a eu, avec Coupart, une part de rédac-
tion dans VAtmanach des Spectacles publié par
le libraire Barba de 1822 à 1838.
MESEXGE (Pierre), cbanoine à la cathé-
drale de Rouen, où il était l'un des artistes favo-
ris du cardinal Georges V^ d'Aniboise , fut
maître des enfants de chœur de cette église en
1504. La cathédrale possédait déjà un grand et
un petit orgue ; Pierre Mésenge fit construire à
ses frais un troisième jeu d'orgue d'une grande
beauté, dont il fit don au chapitre, et que celui-ci
fit installer au sommet du jubé.
MESSAGER (André), compositeur et or-
ganiste français, a fait ses études à l'École de
musique religieuse de Paris, où il a été l'élève
de M. Camille Saint-Saëns. H a remporté, en
1876, le premier prix au concours ouvert par la
Société des compositeurs pour la composition
d'une symphonie à grand orchestre, et cette
oeuvre intéressante, exécutée le 20 janvier 1878
aux concerts du Cbàtelet, a été accueillie favora-
blement. En 1877, M. Messager a pris part à un
nouveau concours ouvert par la .Société acadé-
mique de Saint-Quentin pour la composition
d'une cantate à 3 voix, Don Juan et Haijdée;
il a obtenu cette fois le second prix. Le même
artiste a fait entendre à la Société nationale de
musique quelques mélodies vocales, et il a fait
représenter aux Folies- Bergère deux petits bal-
lets, dont l'un intitulé les vins de France (1879).
11 est aujourd'hui organiste à l'église Saint-Paul.
*MESSAUS (George). — On doit à cet ar-
tiste un recueil important de chants religieux
pour les principales fêtes de l'année, qui fut publié
à Anvers en 1635, et qui ne comprenl pas moins
de vingt-huit morceaux. Voici le titre de cet
ouvrage, dédié à Claude de Hennin, seigneur de
Corionville, musicien distingué lui-même et pro-
tecteur de George Messaus, par lequel nous ap-
prenons que celui-ci était maître de chant de
l'église paroissiale de Sainte-Walburge, à Anvers :
Cantiones sacrœ prsecipxiis anni festis ac-
comodalx, ocio vocxim, cum missa maiali,
a //, tam vocibus quam instrumentis, cum
ba^so conlinuo ad organum, auclore Giilliel-
mo Messaus, phonasco ecclesix parochialis
S. Walburgis, Antverpix (Anvers, chez les
héritiers de Pierre Phalèse, 1035, in-i") (I).
(I) Ce titre est reproduit d'aprùs rouvraRC de M. Edmond
Vander Strai-ten, la Musique aux l'ays-llas. On voit que
le prénom du musiilcn est ici (iuillaiiine, au lieu de
George. Peut-être s"appelait-ll GuiUauiiie-George, et
prenait-it tantôt l'un, tantCt l'autre de ces prénoms.
* MESSEMACKERS (Henri), e.st mort à
Schaerbeeck-lez- Bruxelles le 25 décembre 1864.
* METllFESSEL (Albert-Théophile), est
mort à Brunswick, au mois de mars 1869.
AIETIIFESSEL (Albert), compositeur et
chef d'orchestre, qui s'était acquis une grande
réputation par la composition de nombreux lie-
der, naquit dans les premières années de ce
siècle. 11 est mort à Berne, le 19 novembre 187»,
à l'âge de 72 ans.
METOI\ (Valentin), organiste et composi-
teur espagnol, naquit à Tafalla, le 16 décembre
1810. Placé comme enfant de chœur à la cathé-
drale de Saragosse, il y apprit le solfège, l'orgue
et la composition. En 1833, il devint, à la suite
d'un concours, organiste de l'église de Notre-
Dame del Pilar, de Saragosse, et conserva
cet emploi pendant vingt-sept ans, c'est-à-dire
jusqu'à sa mort, arrivée le 8 septembre 1860.
Meton était considéré comme un organiste distin-
gué. Il a écritde nombreuses compositions reli-
gieuses.
METRA (Jules-Louis-Olivier), composi-
teur et chef d'orchestre français, est né à Reims
le '2 juin 1830. Son père, qui avait fait son droit,
était devenu comédien et avait joué la tragédie
avec M''^ Ducliesnois dans les tournées que cette
célèbre actrice faisait en province. C'est à cela
que l'enfant dut l'occasion démonter, lui aussi,
sur la scène, et de jouer le rôle de Joas dans
Athalie.TJn peu \i\ui tard, en 1842, il entra à Pa-
ris dans la troupe du petit théâtre Comte (devenu
plus tard les Bouffes- Parisiens), laquelle, on le
sait, était presque exclusivement composée d'en-
fants. C'est là qu'il fit la connaissance d'Edmond
Roche (Voy. ce nom), attaché à l'orchestre de
ce théâtre, et qu'il reçut de lui ses premières
leçons de musique. M. Métra fit ensuite partie
des orchestres de divers petits théâtres, où il
jouait tantôt le violon, tantôt le violoncelle,
tantôt la contre-basse.
Admis au Conservatoire, le 10 janvier 1849,
dans la classe d'harmonie d'Ehvarl, il obtenait
un second accessit au concours de 1852, le pre-
mier accessit l'année suivante, et le premier
prix en 1854. Il passa ensuite quelque temps
dans la classe de composition de M. Ambroise
Thomas, puis bientôt quitta l'école. Devenu, peu
de temps après, chef d'orchesli-e au théâtre
Beaumarchais, il publiait en 1856 sa première
valse à succès, le Tour du monde, qui était
exécutée au jardin Mabille.
Successivement chef d'orchestre au bal Robert
(boulevart Rochechouart), à Mabille, au Château-
des-Fleurs, puis à l'Athénéemusical (aujourd'hui
théâtre Cluny), à l'Elysée-Montmartre et au
METRA — METZ DO RPF
216
Casino-Cadel, M. Olivier Métra se livra avec
ardeur à la composition de la nuisique de danse,
écrivit en ce genre de nombreux morceaux :
quadrilles, polkas, rédovvas, etc., et sut ra-
pidement se (aire une réputation par la grâce,
l'élégance et l'originalité dont ses valses surfout
étaient empreintes ; on peut citer de lui telles
de ces valses qui sont de véritables bijoux : Es-
pérance, le Soir, Mélancolie, Gambriniis, la
Recense, l'Italie, l'Orient, le Tour du monde,
la Nuit, Sérénade espagnole, 'Fascination,
les Faunes, etc. ; mais parmi celles qui ont
obtenu le plus de succès, il faut nommer surtout
laVague et les Roses, dont il s'est vendu des mil-
liers d'exemplaires et qui ont rendu populaire
le nom de leur auteur. On peut signaler aussi,
parmi ses mazurkas, Bohémienne, le Rhin,
Souvenir dît bal, la Neva, Saint-Pétersbourg ,
Johannisberg; et pour ses quadrilles, la
Poste aux Amours, le Singe vert, Coqueli-
cot, iMimi Printemps, les Ombres chinoises,
Saphir, etc.
Au bout de quelques années, M. Métra fut
placé à la tête de Torcliestre du bal Frascati, et
là, avec les ressources que lui offrait cet orches-
tre pour les effets d'instrumentation, il put don-
ner la juste mesure de sa valeur dans le genre
adopté par lui, et vit grandir d'autant sa répu-
tation. Lorsque, dans ces dernières années, l'O-
péra-Comique songea à donner des bals masqués,
ce fut M. Méira qui fut choisi pour en diriger
l'orchestre. A peu près dans le même temps, il
devenait chef d'orchestre du spectacle des Fo-
lies-Bergère, et là, pendant plusieurs années, il
écrivit la musique de la plupart des opérettes et
divertissements dansés, tous en un acte, qui
étaient donnés à ce théâtre. Voici une liste de
ces petits ouvrages, assez étendue, mais que
pourtant je ne donne pas pour complète, car le
nombre total des divertissements de M. Métra
s'élève au chiffre de trente-quatre : le Valet de
chambre de Madame, opérette, 1872; Clown-
Ballet, (i\\ertU&e\mnt,\8'3;Champagne-Ballet,
id., 1873; le Baptême des tropiques, i(i.,1873;
les Femmes de feu, id., 1874 ; un Jour d'o-
rage, opérette, 1874 ; la Posada, divertisse-
ment, 1876; la Noce bohème, id., 1876; les
Faunes, id., 1876 ; les Fiancés du Béarn, id.,
1876 ; une Nuit vénitienne, id., 1877 ; Fouch-
tra! id., 1877 ; Échec et mat, id., 1877 ; Aux
Percherons, id., 1877.
A latin de l'année 1877, M. Métra, qui venait
de diriger pendant deux années (1874 et 1876)
les bals du théâtre de la Monnaie, de Bruxelles,
quitta la situation qu'il occupait aux Folies-
Bergère. Il est aujourd'hui chef d'orchestre des
bals de l'Opéra. La plupart des nombreux et
élégants morceaux de musique de danse écrits
par cet artiste ont été publiés par l'éditeur de
M. Gérard. On lui doit aussi quelques romances
et mélodies vocales. Aux petits ouvrages scéni-
ques qui ont été mentionnés ci-dessus, il faut
ajouter Robinson Crusoé, ballet-pantomime re-
présenté aux Folies-Nouvelles vers 1857, et les
Aimées, divertissement donné au Cirque d'été
en 1877. La dernière et la plus importante des
œuvres du compositeur est la musique d'un
ballet en 3 actes, Yedda, qni a été représenté à
l'Opéra le 17 janvier 1879.
METTENLEITER (Doaiimque), prêtre et
écrivain sur la musique, était frère de Jean-
Georges Mettenleiter (dont la notice se trouve
au tome IV de la Biographie universelle des
Musicie7is). Né le 22 mai 1822, il reçut une
bonne éducation littéraire et artistique, entra
dans les ordres, et, devenu prêtre, s'occupa
très-activement de la réforme de la musique
dans les églises. Il a publié une Histoire de la
musique de la ville de Ratisbonne (1866), et
une Histoire de la musique du Haut-Palati-
nat (1867). Ces deux écrits devaient entrer dans
la composition d'un ouvrage plus considérable,
que Mettenleiter préparait sous ce titre : His-
toire de la musique d'église en Bavière; mais
il n'eut pas le temps de publier ce dernier, car
il mourut le 2 mai 1868.
METTEÎVLEITEU (Johan> -Michel), vio-
loniste et organiste allemand, n'appartenait pas à
la même famille que le précédent. Uirecteurde la
chapelle du prince de la Tour et Taxis, il a
laissé de nombreuses compositions de divers
genres. Cet artiste est mort à Waltersten le
11 février 1859.
METTEXLKITER (Bernard) , artiste
allemand contemporain, s'est fait connaître par
quelijues compositions. Je n'ai pu recueillir
aucun renseignement sur sa personne ou sur
sa carrière.
METZDORFF (Bichako) , compositeur
allemand contemporain, fils d'un musicien de
chambre qui est, je crois, professeur au Conser-
vatoire de Saint-Pétersbourg, est né à Dantzig.
11 a fait ses études avec MM. Dehn et FI. Geyer
à Berlin, et les a terminées à Saint-Pétersbourg,
sous la direction de M. H. Stiehl. M. Metz.dorff
s'est fait connaître en ces dernières années par
la publication et la production d'un nombre
considérable d'œuvres intéressantes, soit instru-
mentales, soit vocales, qui ont été bien accueil-
lies du public. Parmi ses compositions, je citerai
les suivantes : 1" symphonie pour orchestre, op.
16 (Brunswick, Litolff); Frau Alice, ballade pour
210
METZDORFF — MEYERBEER
contralto solo et chœur, avec accompagnement
d'orchestre, op. 22 ; Rêverie {Phnntasieslilck)
pour orchestre ; Caprice pour piano, op. 20 ; trios
pour piano et instruments à cordes j sonates pour
piano ; SchlumnierUeder, 3 morceaux de ciiant,
op. 30; Valse-impromptu pour piano, op. 33
(Brunswick, Bauer) ; Quintette pour piano,
2 violons, alto et violoncelle, op. 35 (id , id.);
3 Lieder avec piano, o|». 36 (id., id.); 3 Lieder
avec piano, op. 37 (id., id.); 3 Lieder avec
[liano, op. 39 (id., iii.); Metzdorff- Al-
bum, recueil de chant (Brunswick, LilolfQ.
M. Metzdorff , qui, je crois, est fixé depuis plu-
sieurs années à Brunswick, a abordé une fois la
scène; il a fait représenter sur le théâtre de
Weimar, en 1876, un opéra-comique en 4 actes
intitulé Rosamunda.
MEYER-DUSTMAXN (Louise), une des
meilleures et des plus célèbres chanteuses d'o-
péra et de concertde l'Allemagne, e^t née en 1832
à Aachen, reçut de sa mère ses premières leçons
de chant, et débuta à Vienne en 1848 , au
théâtre Josephstadt. Appelée ensuite à Cassel,
elle se perfectionna dans l'art du chant drama-
tique sous la direction du célèbre Spohr. A
l'expiration de son engagement en cette ville,
elle se fit entendre à Prague, puis fut engagée
à l'Opéra impérial de Vienne (1856), où elle
acquit le plus haut degré de sa renommée comme
première chanteuse dramatique. Elle prit congé
du public après vingt ans de service, en 1876,
et se retira avec une pension et le titre de can-
tatrice de la cour. Depuis lors elle s'occupe de
fonder à Vienne une école de chant.
La voix de M'"" Meyer-Dustmann était un
soprano sonore d'une puissance rare, avec un
timbre argentin et plein de brillant dans le mé-
dium. Cette t;rande artiste chantait avec une
vérité d'expression touchante, avec une inspira-
lion véritable, les rôles d'Iphigénie ,| d'Armide,
de Je.ssonda, de donna Anna [Don Juan), d'Eu-
ryanlhe, de Valentine (les Huguenots) , de
Marguerite (Faust), d'Eisa (Lohcngrin), d'Eli-
sabeth (Tannhâuser), d'Eve {les Maîtres chan-
teurs). Mais elle était surtout supérieure dans
Fidelio, qu'elle jouait et chantait d'une façon
incomparable. En dehors du théâtre, M'"*Meyer-
iJuslmann n'avait pas son égale pour l'exécu-
tion des lieder, et elle était admirable dans
l'oratorio. J. B.
MEYER-OLBEHSLEHEN (J ),
pianiste et compositeur allemand contemporain,
s'est fait connaître par plusieurs productions
que l'on dit intéressantes, et parmi Ic'^iiuelles
je citerai un grand concerto de piano et un trio
«n mi majeur pour piano, violon et violon-
celle. Je n'ai pas d'autres renseignements sur
cet artiste.
* MEYERBEER (Jacques -Lifbmann
BEER, connu sous le nom de), né à Berlin
le 23 septembre 1791 (1), est mort à PdHs le 2
mai ISGi. Je n'ajouterai que quelques rensei-
gnements à la remarquable notice dont cet ar-
tiste immortel a été l'objet dans la Biographie
universelle des Musiciens, et je constaterai
d'abord que la dernière grande œuvre du maître,
celle dont il s'occupait dès avant le Prophète,
mais qu'il ne voulut jamais laisser jouer de son
vivant parce qu'il ne trouvait pas d'interprètes
à sa convenance, l'Africaine enfin, fut repré-
sentée à l'Opéra un an après sa mort, le 28
avril 1865. Les artistes qui prirent part à l'exé-
cution de cet ouvrage, dont le succès ne fut
pas inférieur à celui de ses aînés, sont MM. Nau-
din (engagé spécialement à cet effet), Faure, Da-
vid, Warot, Castelmary, Obin, M'"^ Marie Sax
et Marie Battu.
La liste des œuvres du maître se complète
de la façon suivante : Musique dramatique :
1'' l'Africaine, grand opéra en 5 actes, Opéra,
28 avril 1865 (la partition de cet ouvrage a été
publiée par l'éditeur M. Brandus, qui a publié
une i< deuxième partie, précédée d'une préface
de M. Fétis et contenant 22 morceaux et fragments
i nédits, qui n'ont pas été exécutés à la représenta-
tion de l'Opéra à Paris »); 2° Introduction, sé-
rénade et enlr'acte pour Murillo, drame repré-
senté à la Comédie-Française en 1853. — Cantates
ET CHOEURS : Cautule pour ténor solo et chieur,
composée à l'occasion du festival donné à Paris,
le 10 novembre 1859, pour la célébration du
100"= anniversaire de la naissance de Schiller;
Nice, cantate, hommage pour l'anniversaire de
S. A. L M'"*^ la grande-duchesse Stéphanie de
Bade; A la patrie, Invocation à la terre na-
tale, h's Joyeux Chasseurs, le C/)ant_des Exilés,
chœurs pour voix d'hommes. — Musique reli-
gieuse : Chant tiré de l'Imitation de Jésus-
Christ. — MÉLODIES ( avec accompagnement de
piano) : Confidence , le Revenant du vieux
château de Bade, la IS'onna. — Musique i.xs-
(I) La date du 6 seplembrel794, donnOe dans la Biogra-
phie universelle des .Musiciens, provient d'unefausse rec-
tlOcatioii. Le Jour nuime de la mort du maître (î mai 186»),
on écrivait de Berlin à la lieviie et Gazette music/ile de
l'uiis : — Il La nouvelle arrivie aujourd'hui par le té-
légraphe de la mort de IMcyerbecr a produit dans noire
ville, où 11 est né, une doiiloureuscsensallon. D'après les
reRistrcs de la commune Israélite, le célèbre composi-
teur est né le 23 septembre 1791, et non en 1794, comme
l'annoncent la plupart des bio^;raphes dn maître, u
D'ailleurs, Us lettres [de faire part adressées par la la-
nilllc portaient iiu'll était » décédé à Paris, le 2 mal 186*,
.1 l';^;,'e de soixante-douze ans. »
MEYERBEER — MÉZERAY
217
TRiMENTALE : 1° Quatrième marche aux flam-
beaux, pour orchestre militaire; 2" Schiller-
Marsch, composée et exécutée à Pai is pour le
festival organisé à l'occasion de l'anniversaire
séculaire de la naissance de Schiller; 3" Marche
du Couronnement, pour deux orchestres, exé-
cutée à Kœnigsberg, en 1861, pour le sacre du
roi de Prusse Guillaume I" ; 4" Ouverture en
forme démarche, exécutée à la séance inaugurale
de l'Exposition universelle de Londres, en 1862.
— Parmi les compositions de Meyerbeer restées
inédites, je n'ai connaissance que des suivantes :
Chœurs et intermèdes d'orchestre pour les Eu-
ménides , tragédie d'Eschyle; Entr'acte (en ré
majeur) pour deux violons, alto, llùtes, haut-
bois, clarinettes, bassons, cors et basses (morceau
magnifique, dit-on , thématique, et fondé sur
un dessin de trois notes) ; 20 mélodies pour les
romances du roman Schivarzwalderdorf-Ges-
chichten (Histoire de village dans la Forêt-
Noire), d'Auerbach; 18 canzonette de Métas-
tase; plusieurs lieder, écrits à Berlin pour une
pièce de M""! Birch-Pfeiffer ; Variations pour
piano, sur une marche originale ; Symphonie con-
certante pour piano et violon , avec accompa-
gnement d'orchestre (1).
Les écrits suivants ont été publiés sur Meyer-
beer : 1° Meyerbeer, par Eugène (Jacquot) deMi-
recourt, Paris, Roret, 1854, in-32 ; 2° Meyerbeer,
notes biographiques ,"^^1- Arthur Pougin, Paris,
Tresse, 1864, inl2 de 50 p.; 2° Meyerbeer .
sa vie et le catalogue de ses œuvres, par
Albert de Lasalle, Paris, Dentu, 1864, in-16;
4° La Muse de l'harmonie à Meyerbeer, stro-
phes, par Albert Maurin, Paris, Dentu, 1864,
in-8° de 16 p.; 5° Éloge de Meyerbeer, par
M. Beulé, Paris, Firmin-Didot, 1865, in-4'' (et
Didier, 1865, in-S"); 6" Meyerbeer, sa vie, ses
cetivres et son temps, par Henri Blaze de Bury,
Paris, Heugel, 1865, in-8" avec portrait et auto-
graphes (et xMichel Lévy, in-r2) ; 7° Meyerbeer et
son œuvre, Haydn, Mozart , Beethoven, Ros-
sini, les Concerts populaires, Thérésa , lettres
d'un campagnard à propos de V Africaine, par
Rustique Froment, Paris, Faure, s. d. (1866),
(1) 11 faut menlionner encore une prière et une scène
ajoutées à la partition de Robert le Diable, lorsque
M. Mario chanta la traduction italienne "de cet ouvrage,
et un rondo ajouté pour Mme Alboni à la traduction ita-
lienne des Huguenols ; ces morceaux ont été publiés
par l'éditeur M. Brandus, ainsi que trois airs de ballet
récemment ajoutés à ce dernier ouvrage et restés iné
dits jusqu'à ces dernières années.
Je rectifle ou je complète ici les dates de représenta-
tion de trois opéras de Meyerbeer : Romilda e Costanza,
19 Juillet 1818; Emma di Resburgo, lil9; il Crociato
in Egitto, 26 décembre 182»; les Huguenots, 29 lévrier
1I-3J; le Camp de Silésie, 7 décembre 18U.
in-S" carré ; 8* Meyerbeer, poëme, par Jourdan
de Seule, Arras, Brissy, 1866, in 8"; 9* Stances
à Meyerbeer, par G. Romieux, la Rochelle, Siret,
1866, in-S" ; 10» Giacomo Meyerbeer, eine bio-
graphie, par Hermann Mendel, Berlin, Hei-
mann, 1868,- 11° Giacomo Meyerbeer, sein
leben'und seine werhe {Giacomo Meyerbeer, sa
vie et ses œuvres), fàr Hermann Mendel, Berlin,
Leisser, 1869; Xi" Ins Despojos de '^ la'Africana^
( les Débris de l'Africaine ) , par (Antonio
Pena y Goni, Madrid, Médina, s. d., in-12. (Cet
écrit intéressant est une analyse des morceaux
de V Africaine qui ont été retranchés^ avant la
représentation, et dont, ainsi qu'on l'a vu plus
haut, les éditeurs ont fait une publication par-
culière sous ce titre : Deuxième partie de « l'A-
fricaine ».) On peut encore consulter, au sujet
de Meyerbeer, les articles suivants, parus dans
divers recueils : Jacomo Meyerbeer, par Jo-
seph d'Ortigue (Revue de Paris, 1831);
M. Meyerbeer, par Léon Kreutzer (Revue con-
temporaine, 1853) ; Meyerbeer, par H. Blaze de
Bury (Correspondant, 1864); Giacomo Meyer-
beer, par le baron Ernouf (Revue contempo-
raine, 1864); la yéritésur Meyerbeer à propos
de." l'Africaine » , par Joseph d'Ortigue (le
Correspondant, 2^ juin 1865); Meyerbeer pia-
niste et compositeur de musique religieuse,
par Maurice Cristal (le Correspondant, 10 oc-
tobre 1868).
MEYROOS (H. A.), violoniste, né à En-
khuizen en 1830, est un élève de J. B. van Bree
et a fini ses études au Conservatoire de musique
de Leipsick. Depuis 1862 il est maître de cha-
pelle des concerts philharmoniques à Arnhem.
M. Meyroos a publié quelques compositions de
peu d'importance. Ed. de H.
MÉZERAY (Lodis-Charles- Lazare COS-
TARD DE), compositeur et chef d'orchestre, né
à Brunswick, ville hanséatique, le 25 novembre
1810, est le fils d'un employé dans l'administiation
française, du nom de Costard. Après les évé-
nements de 1814, le duc de Brunswick ayant été
tué , M. Costard resta sans emploi. Rentré en
France sous la Restauration, il résolut avec sa
femme de tirer parti des talents musicaux qu'ils
possédaient tous deux. Ils s'engagèrent au théâ-
tre de Strasbourg, le mari comme première
basse- taille, la femme comme première duègne,
et prirent pour nom de théâtre celui de Méze-
ray, qu'avait porté jadis le grand-père mater-
nel de M. Costard, M. de Mézeray, receveur
des tailles à Montargis,
Le jeune Coslard-Mézeray manifesta, dès son
enfance, des dispositions particulières pour la
musique; mais d'une coraplexion fort délicate.
218
MÉZERAY
il ne put commencer le solfège que vers dix ou
douze ans; il est vrai de dire qu'il rattrapa bien
vite le temps perdu. Il avait une voix de so-
prano charmante. A treize ans il prit ses pre-
mières leçons de violon. Ses progrès musicaux
furent si rapides, qu'à l'âge de quinze ans il
était déjà deuxième chef d'orchestre et répéti-
teur des chœurs au théâtre de Strasbourg. Il
conomença à apprendre la composition avec le
chef d'orchestre Talliez, et un peu plus tard
prit des leçons plus sérieuses d'harmonie avec
Wachental, organiste de la cathédrale de Stras-
bourg.
En 1825, M. Mézeray fit représenter au théâ-
tre de Strasbourg un petit opéra-comique : le
Sicilien ou l'Amour peintre, sur le poème de
Molière arrangé par l'acteur Perlet,du Gymnase.
M. Mézeray père, le ténor de Rancourt, la pre-
mière chanteuse madame Boulanl, la Dugazon
M""^ Deschanel, chantèrent cet ouvrage, qui eut
quelques représentations. Peu de temps aupa-
ravant, M. Mézeray, enthousiaste de la musique
de Weber, s'était essayé, en composant pour la
basse-taille DuporI, chargé du rôle de l'Her-
mite dans le Petit Chaperon rouge, un grand
air dans le style allemand, dont un ténor nommé
Cobourg lui avait fourni les paroles. Ignorant
quel était l'auteur de cette musique colorée, tous
les musiciens de l'orchestre s'extasièrent .sur ce
morceau : le jeune Mézeray s'étant nommé, chan-
gement complet de physionomies, et ce fut à qui
trouverait des fautes dans sa composition.,. C'est
là l'histoire éternelle de tous les débutants
qui possèlent quelque talent !
A peu de temps de là, nous retrouvons la
famille Costard-Mézeray, le père et la mère en-
gagés an théâtre comme chanteurs, et le jeune
Charles remplissant les fonctions de deuxième
chef d'orchestre; mais l'ambition de ce dernier
était d'être chef en premier ; et peu de temps
après, il dirigeait en cette qualité, à Verviers,
un petit orchestre qui n'était composé, il est
vrai, que de douze musiciens! C'est là qu'il di-
rigea le premier concert d'un jeune enfant pro-
dige qui devait, plus tard, beaucoup faire parler
dç lui dans le monde musical : le violoniste
Vieuxtemps.
C'est pendant qu'il occupait cette modeste
position à Verviers que le jeune Costard-Méze-
ray, par un coup du sort aussi extraordinaire
qu'imprévu, fut mandé au Graml-Tliéàtre de
Liège, et y reçut la proposition d'en diriger
l'orchestre en qualité de premier chef. Saisis-
sant, comme on dit, la balle au bond, le
jeune chef d'orchestre de dix-sept ans, doué
d'une force de volonté peu comrauQe, et sen-
tant bien que l'occasion qui s'offrait à lui ne se
représenterait pas de longtemps, fit des prodiges,
et se montra si bien à la hauteur de sa nouvelle
tâche que DansNoigne-Méhul n'hésita pas, quel-
que temps après , à lui confier la conduite des
concerts du Conservatoire de Liège, dont il était
alors le directeur. Le jeune Mézeray obtint
encore, dans cette même ville de Liège, la direc-
tion des concerts Grétry.
En 1830, M. Mézeray était installé à la Haye,
au Théâtre-Royal, cette fois en qualité de pre-
mier chef d'orchestre. C'est là qu'il donna ,
en 183'2 (il avait vingt-deux ans), un grand
opéra héroïque en 3 actes de sa composition ,
Guillaume de Nassau , qui fut chanté par
M'"^» Bailly et Borsun , MM. Gustave Biès
et Léon Bizot. Cet ouvrage obtint un succès
exceptionnel. Guillaume V en accepta la dédi-
cace, et envoya à l'auteur une superbe bague
en brillants. M. Mézeray avait alors, comme
premier chef d'orchestre du Théâtre-Royal, une
position magnifique. Le roi de Hollande
lui faisait 12,000 fr. sur sa cassette. « Il ne faut
pas rester ici avec votre talent; votre place est
à Paris, » dirent à M. Mézeray les musiciens
de La Haye, dont beaucoup sans doute étaient
sincères. On croyait alors, dans les orchestres
importants, de la meilleure foi du monde, que
lorsqu'un compositeur possédait réellement du
talent, il lui suffisait d'aller à Paris pour être de
suite apprécié à sa juste valeur. Le temps et
les chemins de fer ont fait justice de ces belles
illusions... M Mézeray sacrifia donc sa place.
Arrivé dans la capitale en 1833 muni d'une
lettre de recommandation pour Rossini, de son
ex-directeur Auguste Nourrit, l'auteur de Guil-
laume de IS'assau , comme tant d'autres, des
plus méritants, se vit sur le pavé de Paris sans
position, sans titre, sans espoir d'arriver à se
faire représenter. « Composez quelques roman-
ces pour vous faire connaître, « lui dirent des
éditeurs compatissants.... Après avoir cependant
travaillé sérieusement le contre- point et la fugue
avec Reicba, !M. Mézeray s'engagea tour à tour
comme chef d'orchestre à Gand (1834), à Rouen,
à Marseille. Puis, il se lit baryton; et ce n'est
pas là assurément le trait le moins original de
sa vie accidentée. Il débuta à Bordeaux en 18 il ,
dans le rôle d'Asthon de Lucie ; |Hiis il alla à Mont-
pellier, à Anvers et à Nantes, obligé de quitter
successivement les théâtres de ces villes, par
suite de la banqueroute de leurs entrepreneurs.
M. Mézeray était à Nantes, en dernier lieu, et
sans position, quand M. Devéria, directeur du
Grand-Théâtre de Bordeaux, lui écrivit pour lui
proposer le fauteuil de premier chef d'orches-
MEZERAY — MICELI
219
tre, avec 5,000 fr. d'appointemenls, un béné-
fice, et carte blanche pour la réorganisation
complète de l'orcheMre.
M. Mézeray accepta, et, de concert avec
M. Durand, l'arcliitccte delà ville, il fit agrandir
l'orchestre des musiciens, engagea des artistes
de premier mérite, et peu de temps après (1843)
le Grand-Théâtre rouvrit ses portes au public,
en donnant la Favorite avec un succès excep-
tionnel. Après tant de courses et de tentatives,
M. Mézeray était enfin arrivé au port. Son ta-
lent éprouvé de musicien, son habileté incontes-
table, sa fermeté , son expérience de chef d'or-
chestre et sa volonté de fer furent appréciés à
leur juste et haute valeur. Et depuis 32 ans
(sauf deux absences insignifiantes pour se rendre
à Toulouse et à Marseille), M. Mézeray est resté
possesseur du bâton de commandement qu'il
tient encore aujourd'hui (1875), et qui, dans
ses mains, est devenu un véritable sceptre.
Le 19 novembre 1843, M. Mézeray fonda la
Société Sainte-Cécile, dont il fut nommé vice-
président à l'unanimité. Nous jugeons inutile de
nous étendre sur les services nombreux que
cette utile institution a rendus aux artistes
d'abord , comme société de bienfaisance ; à l'art
ensuite, par ses brillants festivals, par ses
classes, par ses concours de composition et
d'orphéons , etc., etc. Toujours sur la brèche,
M. Mézeray a vaillamment concouru pour sa
bonne part à tout ce qui s'est fait de bon, de
grand et d'utile dans cette Société.
Marié en 1S45, M. Mézeray est le père de
M"" Caroline, Cécile et Reine Mézeray , canta-
trices expérimentées qui se sont déjà fait enten-
dre sur plusieurs scènes importantes de France
et de Belgique. A. L — >.
* MIARl (Antoine, comte DE), compo-
siteur, est mort à Bellune, sa ville natale, en
1854.
MICELI (Giorgio), pianiste, chef d'orches-
tre et compositeur, est né le 21 octobre 1836, à
Reggio de Calabre , d'une famille aisée. Dès l'âge
de sept ans il commença l'étude de la musique ,
dont un oncle maternel lui enseigna les premiers
éléments. Son père, impliqué dans la révolution
de 1847, ayant été condamné aux galères, l'enfant
fut conduit à Naples à la suite de l'amnistie de
1848, et devint en cette ville l'élève de Gallo d'a-
bord, puis de Giuseppe Lillo, sous la direction du-
quel il fit de très-grands progrès. Il était à peine
âgé de seize ans lorsqu'en 1852 il donna au théâtre
Nuovo un petit opéra, Zoé, qui n'obtint pas
moins de quarante représentations. Moins heu-
reux l'année suivante, il donna un second ou-
vrage, gli Avianti sessagenarii, qui ne plut
que médiocrement. Il prenait sa revanche de
cet insuccès en produisant au théâtre du Fondo,
en 1854, il Conte di Hossiglinne, lorsque, après
sept représentations de cet opéra, la police na-
politaine n'hésita pas à l'interdire, en haine du
nom de l'auteur, dont la famille eut à subir jus-
qu'en 1860, époque de l'annexion du royaume
de Naples à l'Italie, les colères et les basses
rancunes du gouvernement des Bourbons.
M. Miceli se vit alors réduit à se consacrer
à l'enseignement du piano et du chant, ce qui
ne l'empêcha pas de publier plusieurs recueils
de mélodies vocales et quelques compositions
pour le piano. Puis, en 1864 et 1865, il prit part à
divers concours dont il sortit vainqueur, notam-
ment à Naples et à Florence, où il vit cou-
ronner un trio et un quatuor instrumental de
sa composition. En 1870 il écrivit pour les fêtes
de l'Exposition maritime de Naples une Sérénade
avec mandoline et guitare qui fut bien accueillie,
et l'année suivante il donna avec succès , au
théâtre Nuovo, un opéra semi-sérieux intitulé
l'Ombra bianca. Créé chevalier de l'ordre de
la Couronne d'Italie et nommé directeur d'une
école de chant, il fit encore représenter, le 17
avril 1875, sur le théâtre de la Société philo-
dramatique de Naples, une opérette intitulée
la Fata, qui fut jouée ensuite au Politeama de
la même ville. Enfin il adonné le 12 mars 1878,
au grand théâtre San-Carlo, un drame lyrique
en 4 actes, il Convitto di Baldassare, qui a
obtenu un succès Irès-rnarqué, et dont la parti-
lion, paraîl-il, se distingue par la largeur du
style, la beauté de l'inspiration, et de rares qua-
lités de facture et d'instrumentation. — M. Mi-
celi a occupé et, je crois, occupe encore les
fonctions de chef d'orchestre au Politeama de
Naples.
Parmi les œuvres que M. Miceli a publiées en
dehors du théâtre, je citerai les suivantes :
1° Trio (en ut majeur) pour piano, violon et vio-
loncelle; 2' Quatuor (en Za majeur) pour piano,
violon, alto et violoncelle, couronné au concours
de la Società del Quarteito de Florence; 3°lnno
alla marina italiana; 4° Canto dei mari-
nari délia flotta italiana; 5° Souvenir de
Florence , album de six morceaux de piano ;
6° Lagrime e Speranze, album de cinq mor-
ceaux de chant; 1° Sospiri dell'anima, id.;
8° Serenata, chanir pour soprani, ténors et
basses; 9" un certain nombre de morceaux de
genre pour piano. On doit aussi à M. Miceli
un Miserere pour voix de femmes avec accom-
pagnement de double quatuor, harmonium,
harpe et cor anglais, qui a été exécuté avec
I succès dans diverses églises de Naples, et qui
220
MICELI — MICHEUZ
_^t )vva4-
est considéré comme une œuvre extrêmement
remarquable.
MICIIAELIS (G ), pianiste et compo-
siteur allenuurJ contein[iorain, a publié dans ces
dernières années plus de cent œuvres de piano,
consistant en petits morceaux de genre et de
musique de danse : polkas, valses, galops, etc.
Un artiste de ce nom tjignore si c'est le même)
a fait représenter au mois de juillet 18C6 à Ber-
lin, sur le théâtre Walltersdorf, un opéra bur-
lesque en 2 actes intitulé la Maison ensorce-
lée, et au mois de décembre suivant une opé-
rette qui avait pour titre Avant les noces.
MICHLL, est le nom sous lequel se lit con-
naître à Paris, vers le commencement du dix-
huitième siècle, un violoniste italien, ou peut-
être simplement né en Italie. Je n'ai trouvé
d'autre renseignement sur lui que ces lignes
écrites par Daquin dans son Siècle littéraire
de Louis XV (1753), au chapitre concernant
les violonistes : — « M. Michel, Napolitain, au-
teur encore vivant, mit au jour à peu près dans
le même temps (que Senaillé), huit livres de so-
nates dans le goût français, qui plurent beau-
coup. Sa renommée bien établie ne souffre point
des nouveautés modernes. La facilité de jouer
ses pièces, et la beauté de plusieurs, entretien-
nent toujours leur débit, et ma surprise est que
la mode courante ne puisse pas en interrompre
le cours. »
MICHEL (Camille), né vers 1825, apprit
de bonne heure les premiers éléments de la mu-
sique, étudia le piano d'une façon rudimentaire,
puis entra comme employé dans l'une des pre-
mières maisons de commerce de musique de
Paris, la maison Brandus. Il quitta ensuite son
emploi pour se faire comédien, et fut engagé
dans un des petits théâtres de banlieue. En 1855,
il entra aux Folies-Concertantes (plus tard Folies-
Nouvelles) pour y chanter l'opérette, et passa,
au bout de plusieurs années, aux Délassements-
Comiques, puis aux Folies-Dramatiques. Cet ar-
tiste est mort fou, il y a quelques années. Il avait
publié quelques romances et quelques morceaux
de musique de danse pour le piano, et écrit la
musique de deux opérettes : l» A bon chat, bon
rat (un acte, Délassements-Comiques, 18G0);
2° Encore wn sapeur (un acte, Folies- Saint-
Antoine, 1866).
MICHEL (P -A ), est auteur de
l'écrit intitulé T/l (7 musical, imité de l'Art poé-
tique de Roileau (Paris, 185'i, in-8").
MICHEL (JosF.r-n), pianiste el compo.siteur
belge, né à Liège le 13 décembre 1847, a fait
ses études musicales au Conservatoire de cette
ville, où il obtint en 1868 un premier prix de
piano, et en 1869 la médaille aux concours su-
périeurs. Il vint ensuite à Paris, mais il n'y resta
que peu de temps, et retourna en Belgique
en 1870. Il se livra alors à la composition, pu-
blia un recueil de mélodies vocales, puis songea
à aborder le théâtre. Son premier ouvrage fut
un opéra-comique en un acte, la Meunière de
Saventhem, qui fut représenté à Liège le 23 fé-
vrier 1872, et qui fut suivi, le 19 décembre de
la même année, d'un nouvel opéra, les Cheva-
liers de Tolède, donné au même théâtre. Le 25
février 1875, M. Joseph Michel faisait jouer une
opérette en un acte, 31. Canardier, s. v. p.,
et enfin, au mois d'avril 1876, il donnait au
théâtre de la Monnaie, de Bruxelles, un qua-
trième ouvrage, Aux Avant-postes , opéra-
comique en un acte. Cet artiste a écrit aussi
quelques morceaux de musique militaire et diver-
ses compositions religieuses, et il a fait exécuter
à Liège, dans une fête officielle (mai ou juin 1877),
une cantate patriotique intitulée la Visite
royale. M. Michel a publié un recueil de 20 Mé-
lodies (Bruxelles, Katto), un Album de concert
pour piano (Bruxelles, Schott), une Méditation
pour piano, orgue, violon et violoncelle, 6 Mor-
ceaux caractéristiques pour piano, etc.
* MICHELI (DoMENico), prêtre et composi-
teur italien du seizième siècle, naquit à Bologne,
et vécut longtemps loin de cette ville. On voit
en effet, par les diverses dédicaces de ses œu-
vres publiées, qu'il habitait Cesena en 1577, Ra-
venne en 1581, el "Venise en 1584. Pourtant, à la
mort de Slefano Bettini, en 1577, il fit par écrit
la demande de l'emploi de maître de chapelle de
la basilique de San-Petronio, de Bologne ; mais sa
demande arriva trop tard, alors que Bartoloraeo
Spontone venait d'être nommé à ces fonctions.
Ce n'est que vers 1588 qu'il revint dans sa ville
natale ; c'est du moins à cette époque qu'il y fut
nommé maître du chant à la cathédrale Saint-
Pierre, emploi qu'il échangea, l'année suivante,
contre celui de maître de chapelle. A partir de
ce dernier moment, on ne rencontre sur lui au-
cun renseignement.
Domenico Micheli a publié cinq livres de ma-
drigaux, dont le dernier parut à Venise en 1581.
On lui doit aussi un recueil de cinq messes :
Missarum quinque cum quinque vocdms
{l"Missa Vent Sponsa Cliristi ;2° Missa Primi
Toni ; 3" Missa Drevis ; 4" Missa sine nomine;
5° Missa pro Defunctis), Venise, Gardano,
1584.
* MICHELI (Benedetto). Cet artiste a fait
représentera Rome, en 1723, sur le théâtre Ca-
pranica, un opéra intitulé l'Oreste.
MICHEUZ (Georges), pianiste, professeur et
MICHEUZ — MILCZARSKI
221
compositeur, né vers 1815 et fixé à Paris, s'est
livré à l'enseignement et a publié pour le piano
environ cent cinquante morceaux de genre qui
sont faits non sans goût, mais qui n'ont pas pu
réussira faire sortir son nom de l'obscurilé. Au
nombre de ces compositions, parmi lesquelles on
peutsurloutciter les deux recueils intitulés i'c/«os
de Hongrie, op. 50, et Six Mélodies stjmpalhi-
qiies, op. 112, se trouvent beaucoup de fantaisies
écrites sur des mélodies célèbres et des thèmes
d'opéras en vogue. M. Micheuz a fait aussi, pour
piano seul, les réductions de beaucoup de (larti-
tions d'opéras et de toute une série de sym-
phonies d'Haydn.
MICHIELS VAIV KESSEIVICH (Le
baron J.-A.-H.), écrivain hollandais, né à Ru-
remonde le 2 avril 1800, est l'auteur d'un ou-
vrage intitulé De la Musique (Ruremonde, J.-
J. Roman, 1858, un vol. in- 16). Il a pris pour
épigraphe de son livre cette phrase modeste : Je
n'entends rien apprendre à personne, et on
le croit sans peine après l'avoir lu. Mais à quoi
bon écrire, lorsqu'on n'a rien à enseigner aux
autres ? Pourquoi surtout avoir la prétention d'é-
crire en français, lorsqu'on ne connaît pas les
premiers éléments de cette langue, et qu'on ne
trace que des phrases dépourvues de sens et
absolument inintelligibles.?
MICHON ( ), musicien français du dix-
huitième siècle, est l'auteur d'un recueil d'airs
pour vielle ou musette, publié sous ce titre :
Amusements de chambre, avec basse continue ,
dédié à M. Lerehours, conseiller au Parlement.
MIGLIACCIO ( ), compositeur ita-
lien, est l'auteur d'un opéra-bouffe, una Moglie
per un solda, qui a été représenté sur le théâtre
Nuovo, deNaples, le 14 janvier 1874. C'était le
premier essai de ce jeune artiste, essai qui a été
très-favorablement accueilli. M. Migliaccio a
donné ensuite^ toujours à Naples, un autre ou-
vrage du même genre, Cicco e Rienzo, qui n'a
pas été moins heureux.
*MILA.\OLLO (Maria-Teresa et Maria),
violonistes célèbres (1). On a publié sur ces deux
grandes artistes, dont l'une mourut si jeune, et
dont l'aînée est aujourd'hui M""= Parmentier, une
notice signée des initiales C. M., et intitulée :
Thérésa Milunollo et Maria Milanollo [s. l.
n.d. [Nantes, impr. MellinetJ in-S"). C'est un ex-
trait d'un journal de Nantes :/e5re<on. Une autre
notice, sans signature d'aucune sorte, a paru sous
ce titre : les Sœur s Milanollo, études biographi-
(I) Les deux seuls prénoms de la sœur aînée sont Maria-
reî-fsa. La sœur cadette, Maria, était née à Savigliano
le ISjuin 1832.
ques, artistiques et morales (Lyon, Girard et
Guyet, 1847, in-S" de 36 p.)
Quelques erreurs se sont produites dans la no-
tice consacrée à ces deux artistes célèbres. Leur
pèreétait,nonmenuisier,maisfabricantdemoulins
à soie, et la famille n'était point composée de treize
enfants. Lorsqu'elle quitta Savigliano en 1836, cette
famille comprenait seulement quatre enfants
^ivants (un cinquième était mort en bas âge);
le père ^lilanollo eut en tout dix enfants, dont
cinq nés pendant les voyages qu'il fit avec ses
deux tilles violonistes. Teresa n'a jamais eu de
leçons de M. Ghebart (Voy. ce nom) (1), et l'un
de ses professeurs fut M. Giovaimi Morra (et
non Mora), qui vit encore à Turin. Enfin, la
propriété achetée par Milanollo père était située
à Maizéville, et non Malezeville.
M"* Teresa Miianollo-Parmentier, qui, depuis
longtemps déjà, a renoncé à se produire eu pu-
blic, et ne s'est plus fait entendre que dans des
concerts de bienfaisance, n'a pas écrit de con-
certo, comme il a été dit ; mais elle a publié les
compositions suivantes : Fantaisie élégiaque
pour violon, avec piano, op. 1, Paris, Brandus ;
Ave Maria, chœur à 4 voix d'hommes sans
accompagnement, op. 2, Paris, Lebeau (le même
pour soprano, contralto, ténor et basse, avec
accompagnement d'orgue ad libitum) ; 2 Ro-
mances : le Baptême, Extase, op. 3, Paris,
Heinz; Ave Maria de Schubert, transcrit pour
violon, avec piano, op. 4, Paris, Scholt; Varia-
tions humoiistiques sur l'air de Malbrough,
pour violon avec piano, ou quatuor, op. 5, Paris,
Maho ; Variations humoristiques sur le Rhein-
weinlied, d'André, pour violon, avec piano ou
quatuor, op. 6. {Voyez Parmentier.)
MILAI\TA(Evil), néàCasalmaggioreversIe
milieu du dix-septième siècle, devint en 1682
maître de chapelle de San-Biagio. Cet artiste a
publié des recueils de canons et contrepoints dé-
diés par lui à divers princes et seigneurs d'Italie.
11 était membre de l'Académie des Philharmoni-
ques de Bologne, et mourut le 21 octobre 1712.
MILCZARSKI (Mathieu), facteur d'orgues
polonais, établi à Varsovie, est né dans la
première moitié de ce siècle, et s'est acquis dans
sa patrie une grande réputation pour la construc-
tion des orgues. «■ M. Milczarski, dit M. Albert
Sowinski, contribua beaucoup à créer en Pologne
l'imlustrie de la fabrication des orgues; il y
parvint à force de zèle et de travaux infatigables.
Artiste consciencieux, jaloux de la gloire natio-
nale, cet habile constructeur d'orgues dota la
ville de Varsovie de plusieurs instruments remar-
II) Qui est écrit Cebbaro dans la Biographie universelle
des IHusiciens,-i l'arlicle Milanollo.
C)-')C)
MILCZARSRI
xMILLŒCKER
quables, qui attestent de ses.heureux efforts pour
mettre cette industrie à la hauteur des besoins
du siècle. »
* MILD\ER (Mai'rici-), chef d'orchestre
du théâtre allemand de Prague, professeur de
violon au Conservatoire, est mort en cette ville
le 4 décembre 1865.
MILHES (Isidore), professeur français, est
l'auteur d'un ouvrage publié sous ce titre : le.
Guide du chanteur, traité de Vart du chant
pratique, de son perfectionnement et de tous
ses agréments, leur dénomination, leur clas-
sification, leur rapport et leur différence.
Un artiste du nom de Milhès (j'ignore si c'est
le même), a composé et fait exécuter en 1867, à
l'occasion de l'inauguration de la statue de Ro-
trou à Dreux, sa ville natale, la musique d'une
Cantate à Rotrou, dont les paroles avaient
été écrites par M""' la comtesse Olympe Milon
de Lernay, petite-nièce du célèbre poëte.
MIIJLOTTI (GiLSEPPE et Leopoldo) , com-
positeurs et professeurs italiens, sont fixés à
Rome, où ces deux frères ont écrit en collabora-
tion la musique de deux opérettes qui ont été
très-bien accueillies au théâtre Quirino, de
cette ville ; l'une, la Vendetta d'un follette, a
été jouée au mois de juin 1875, et la seconde, un
Sogiio nella luna, a été représentée le 15 octo-
bre suivant. M. Leopoldo Miliiotti a publié
plusieurs recueils de mélodies vocales : Ore di
tristezza, Brezze deWAdriatico, Foglie d'Au-
tunno. Son frère, M. Giuseppe Miliiotti, profes-
seur de la classe de chant choral au nouveau
Lycée musical de Rome et directeur de la musi-
que municipale, était, il y a peu d'années, maes-
tro concertatore et chef d'orchestre au théâtre
Capranica. J'ignore s'il occupe toujours ce der-
nier emploi.
M. Giuseppe Miliiotti est né à Ravenne le 11
avril 1833; son frère Leopoldo a vu le jour
dans la même ville le 16 août 1835.
MILLET (Louis-Émile), compositeur et
professeur de chant, né à Paris le 21 avril
1813, est le fils liu célèbre miniaturiste qui fut
le rival d'isabey, et le frère du statuaire auquel
on doit l'Apollon qui couronne l'Opéra. Après
avoir terminé [en 1830 ses études classiques,
M.Emile Millet entra comme employéilansl'admi-
nistration des hospices, ce qui ne rcmpôcbait pas
de prendre des leçons particulières d'harmonie
d'Halévy. Bientôt cependant il quitta l'adminis-
tration pour suivre au Conservatoire la classe de
contre-point et de fugue de ce maître ; ensuite il
passa dans celles de Lesiieur et de Paër, où il
apprit la composition' idéale. En 1835, il parta-
geait avec M, Marmontel le 2°" prix de contre-
point ; en 1836, il fut nommé professeur adjoint
de la classe d'Halévy, position qu'il occupa pen-
dant trois ans.
M. E. .Millet a publié à Paris un certain nom-
bre d'oeuvres vocales qui furent remarquées , par-
mi lesquelles, Agar dans le désert, scène dra-
matique; la Promenade en gondole, trio ;
Maître Wolframb, le Petit Oiseau, les Pyré-
nées, etc.. Puis, en 1849, il partit pour New-
York, où il séjourna vingt-quatre ans, propa-
geant par son enseignement les bouiies doctrines
de notre Conservatoire, et publiant quantité de
morceaux de chant sur des paroles latine'^, fran-
çaises, italiennes et anglaises. Il a rempli aussi
dans cette ville les fonctions de maître de chant
à l'Opéra.
Après un séjour de trois ans à Liverpool
(1873-1876), M. Millet est rentré à Paris, où il
a signalé son retour en faisant paraître, chez
l'éditeur Choudens, un important recueil de
vingt mélodies. Y.
MILLOECKER (Carl), chef d'orchestre et
compositeur autrichien, est né à Vienne le 29
avril 1842. Son père était un pauvre orfèvre,
qui voulait lui faire suivre sa carrière; mais
l'étonnante prédilection de l'enfant pour la mu-
sique finit par le déterminer h céder à ses dé-
sirs. Le jeune Millœcker fréquenta le Conserva-
toire de, Vienne, et parvint bientôt à pourvoir
à ses besoins en s'engageant dans un orchestre,
ce qui ne l'empêcha pas d'étudier le piano, l'har-
monie et la composition. En 1863, il fut engagé
comme chef d'orchestre au théâtre de Gratz, et
y fit jouer deux petites opérettes de sa com-
position. En 1865 il était à Vienne, au théâtre de
l'Harmonie, où il donna avec succès une opérette
en 2 actes intitulée Diana. L'année suivante il
allait à Bude-Pesth, et en t869 il était ;de retour
à Vienne, où il devenait compositeur et chef
d'orchestre au théâtre du fauboiug Wieden, fonc-
tions qu'il occupe encore aujourd'hui. Sa musi-
que pour le vaudeville : Trois Paires de sou-
liers, qui y a été joué plus décent fois, attira sur
lui l'attention générale; quelques airs de cette
musique obtinrent une popularité extraordinaire.
M. Millœcker écrivit ainsi, pour le théâtre du
faubourg Wiedeii, la nuisique de plusieurs farces
et vaudevilles, puis celle de plusieurs opérettes :
le Tambour du régiment, l'Ile des Femmes,
une Aventure à Vienne, la Musique du diable.
.Son dernier ouvrage, le Château enchanté,
opéra-comique dont le |)rincipal rôle était tenu
par la Gallmeyer, obtint un grand succès. Dans
cet ouvrage, M. Millœcker a osé faire un essai
qui lui a tout à fait réussi ; cet essai consistait à
introduire dans l'opéra-comique allemand les
MILLCeCRER — MILLONT
223
chants des paysans de la Haute-Autriche et de
la Slyrie, comme Jean Strauss avait iiitroiiuit
avec bonheur dans l'opérette les valses et les
polkas viennoises.
La musique de M. Millœcker est vive, gaie, et
ne manque pas d'originalité ; elle promet pour
l'avenir du compositeur. De 1875 à 1878,
M. Millœcker a donné chaque mois des pièces de
muque à la nouvelle publication de musique de
piano intitulée la Presse musicale, qui contient
des compositions de musiciens de tous les pays.
J. B.
MILLONT (Bernard-Edouard), violoniste
distingué et professeur pour son instrument au
Conservatoire de Marseille, est né à Manosque
(Basses-Alpes) le \i mars 1820. Il eut pour
premier maître un Allemand nommé Kiersche-
neck, et en 1832 vint travailler à Marseille sous
la direction de Charles Bouchet. En décembre
1835, il entra au Conservatoire de Paris, et, au
bout de cinq ans de SDlides études, obtint, en août
1840, le premier prix, de violon dans la classe de
Baillot. Au sortir du Conservatoire, il prolongea
son séjour à Paris et eut l'occasion de mûrir son
talent dans la fréquentation de son illustre maî-
tre, dont la maison était le rendez-vous des ar-
tistes les plus éminents. C'est là, et en faisant
sa partie dans les quatuors exécutés par Baillot,
qu'il acquit le style et la parfaite connaissance
de la musique de chambre, où excellait ce grand
musicien. Après un voyage à Marseille, où il
s'était fait entendre avec succès, M. Millont prit
la résolution de se fixer dans cette ville. Il s'y
établit en 18i2, et y est resté jusqu'à ce jour.
Peu après son arrivée, il fut nommé premier
violon-solo au Grand-Tliéàtre : il a occupé ce poste
jusqu'en 1865. En 1849, il fonda la Svclélé des
quatuors qu'il diiige encore aujourd'hui, et qui
est, sans contredit, son meilleur titre artistique.
Cette institution mérite ici une mention particu-
lière, tant à cause de sa valeur qu'à cause des
services qu'elle a rendus à l'art musical à Mar-
seille.
A partir de 1839, le remarquable mouvement
qui s'était produit à Marseille depuis 1805 avait
changé de direction. Les concerts périodiques
désignés sous le nom de Concerts Thubaneau,
qui avaient renoué les tradilions des concerts
fondés en 1716 par le maréchal de \illars, —et
où avaient été entendues, pour'la première fois
en France, les syniphonies de Beethoven à côté
d'autres chefs-d'œuvre, — avaient pris fin après
une existence de plus de 34 ans. On avait inu-
tilement essayé de les remplacer par d'autres
institutions qui avaient été de courte durée. Toute
l'activité se concentrait sur la musique drama-
tique. On était à une époque de développement
pour le théâtre et l'art du chant. Des troupes
françaises, allemandes et surtout italiennes, où se
trouvaient de très-grands artistes, se succédaient
au Grand-Théâtre et accaparaient l'attention.
Quant à la musique instrumentale, elle était dé-
laissée : le goût s'était altéré. Sous l'inlluence
de quelques grands virtuoses, la mode en était
venue peu à peu à la musique dite brillante,
dont l'unique objet est de mettre en relief l'habi-
leté mécanique de l'exécutant. On en était là à
Marseille en 1849, quand M. Millont eut la pen-
sée de créer des séances publiques de musique
de chambre. A ce moment, on le voit, l'entre-
prise était hardie. Aussi les débuts furent-ils
pénibles. La nouvelle institution rencontra chez
les artistes une vive opposition ou une in-
différence plus dangereuse encore. La plupart
des pianistes déclinèrent l'honneur de se faire
entendre, et M. Millont dut s'adresser au talent
encore ignoré de mademoiselle Brissac, qui fut
depuis madame Millont, et qui prit une pai t ac-
tive aux séances de quatuors jusqu'à sa mort, en
1868. On ne put réunir d abord que trente-deux
souscripteurs et, dès la première année, il
fallut s'arrêter devant le choléra. Cependant
M. Millont ne se découragea pas. Les auditions re-
prirent leur cours, se succédèrent chaque année
pendant la saison d'hiver, et gagnèrent peu à peu
la faveur du public. Le succès n'a pas été inter-
rompu pendant vingt-six. ans, et les séances de
quatuors ont pris place parmi les meilleures et
les plus intéressantes institutions musicales du
midi de la France. On y a entendu à peu près toute
la musique de chambre de Haydn, Mozart, Bee-
thoven, les plus belles œuvres de Weber, Hurn-
mel, Schubert, Schumann, Chopin, Rubinstein,
et aussi, — dans les proportions qu'elles com-
portent, — un chuixde celles de Boccherini, Mos-
cheles. Ries, Onslow, Kucken, Kulhau, Golter-
man, Brahms, Raff, etc. — Il convient d'y ajou-
ter une série d'œuvres locales remarquables,
notamment des quatuors de M. Dubois, des
trios et sonates de M. de Staumer, et l'œuvre
de quatuors, quintettes et trios de M. Aug. Morel.
L'influence exercée par la Société des quatuors
a été considérable. Les artistes sont peu à peu
revenus avec le public à la musique sérieuse -.
ils y ont acheminé leurs élèves. Avec une lar-
geur d'esprit qu'il faut louer, la Société des qua-
tuors a accueilli tous ceux qui ont tenu à hon-
neur de prendre part à ses séances. La plupart
s'y sont fait entendre et y ont notablement
gagné : d'autres, tels que MM. Thuruer, Fronti,
Ginouvès, M"^ Perez, ont donné des auditions
analogues Enfin, toutes les fois que de grands
224
MILLONT — MIODUSZEWSK[
virtuoses ont passé à Marseille, — Vieuxtemps
el Sivori, entre autres, — ils ont trouvé des ar-
tistes (tisposés à leur faciliter l'exécution ^ies
grandes œuvres classiques et un public préparé
à les apprécier. C'est ainsi que le goût de la mu-
sique saine s'est répandu à Marseille. La généra-
tion actuelle a été élevée dans ce milieu, et toutes
les productions locales un peu importantes té-
moignent de cette influence ; on y sent l'effort
vers cette élévation de pensée, cette dignité de
style, cette logique de développement, cette cons-
cience artistique qui, .constituent l'esprit classi-
que.
Le quatuor marseillais était formé au début
comme suit : 1" violon : B. Millont ; — 2'"' vio-
lon : E. Tan ffen berger, second chef d'orchestre
au Grand-Théâtre ; — alto : Dubois ; — violon-
celle : Bertolotti, professeur au Conservatoire.—
Ces deux derniers instruments ont seuls changé
de mains. — La partie d'alto a été confiée en
1857 à M.Aubert, second professeur de violon au
Conservatoire, et celle de violoncelle en 1862 à
M. Heff, qui fit place en 18G4à M. Tolbfcqiie. Ce
dernier ayantélé en 1871 se fixera Paris, où
il fait partie du quatuor Maurin, a été remplacé
par M. Casella, professeur au Conservatoire (1).
Un an après la fondation de la Société de qua-
tuors, soit en 1850, M. Millont fut nommé pro-
fesseur de violon au Conservatoire de Marseille.
En 1870, il a été appelé à diriger en outre une
classe d'accompagnement pour l'étude de la
musique d'ensemble. Dans ces fonctions il a formé
de nombreux élèves, dont plusieurs ont obtenu
les premiers succès au Conservatoire de Paris.
La plupart se sont voués à l'enseignement on
occupent des places honorables dans les orches-
tres. On peut citer MM. Paul Jullien, Vanne-
reau, M"'* Castellan, Pommereul, MM. Brisse,
Grobet, Bruguier, etc.
Les principales qualités de M. Millont sont la
pureté de style, la correction, la justesse et la
largeur. Il a le jeu de l'école de Baillot, et se
montre surtout remarquable dans la musique
de chambre.
Cet artiste laborieux a composé pour son ins-
trument diverses pièces, dont voici l'indication :
Pensées fugitives et Capriccio (chez Bru lié) ;
— l*^"" Aoclurne (chez Sylvain Saint-Étienne) ;
— Fantaisie sur Lucie, Souvenirs des Alpes,
Souvenirs deMontvert, Rêverie, Berceuse (chez
Gérard); — Échos du soir, Fantaisie sur une
romance d''Aug. Morel (chez Roussel, à Mar-
seille); — Six grandes éludes;— 2"" i\oc-
(1) On a publié rt'cemrnent, à Marseille, une Notice
(ajioflyiue) sur ta Société des quatuors de MancilU
Marseille, luipr. Barlatler-Felssat, in-»" de 16 p.),— a. p
turne. Fantaisies sur Gaîatée et le Trouvère;
— Six Morceaux caractéristiques ; — 2 Mor-
ceaux d'offertoire ; — Exercices journaliers et Dix
Études pour l'archet; — Six Pièces; — Concertino.
Al. R— n.
MIA'IÎOUS ( ), violoniste et composi-
teur ru.sse, né vers 1840, occupait les fonctions
de premier violon à l'orchestre du .théâtre im-
périal de Moscou lorsqu'il écrivit la musique
deFiammettn, ballet en 3 actes qui fut repré-
senté à Saint-Pétersbourg au mois de mars 1864.
Grâce à de puissantes protections, il obtint de
faire jouer à Paris, le 11 juillet de la même
anni'e, sur la scène de l'Opéra, ce même ouvrage,
réduit en 2 actes et donné sous le nouveau
titre de iXéméa ou rAmoiir vengé. Le même
théâtre donnait, le 12 novembre 1866, la Source,
ballet en 3 actes dont M. Minkous avait été
chargé d'écrire la musique conjointement avec
M. Léo Delibes. Enfin, le 15 mars 1868, cet
artiste faisait jouer sur le théâtre communal de
Trieste Fiamma d'amore, ballet qui n'était, je
crois, qu'une nouvelle et troisième édition de sa
Fiammetfa.
MlODUSZIilWSHKL'abbéMir.HEL-MARTiN),
prêtre de la congrégation de la Mission, pro-
fesseur de théologie et de droit sacré au séminaire
(lu diocèse de Cracovie, est né à Varsovie en
1787. On lui doit une publication très-intéres-
sante relative aux chants liturgiques de la Polo-
gne. « Ayant été désigné, dit M. Albert Sovvinski,
en 1830 et 1831, pour accompagner Monseigneur
l'évêque de Cracovie dans sa visite pastorale, en
qualité de théologien, il observa combien on
connaissait peu les mélodies religieuses dans les
petites paroisses, et que les organistes man-
quaient d'un livre nécessaire pour apprendre
aux enfants le chant d'église el diriger les fidèles.
Il eut l'heureuse idée de faire un recueil de
toutes ces mélodies religieuses, et de le pu-
blier avec le texte des prières. Dans ce but,
M. l'abbé Mioduszewski se mit à faire des l'e-
cherclies dans les archives des communautés,
dans les vieux livres imprimés et en manus-
crit, dans les recueils de cantiques, Kan-
cyonali/, et d.ins toutes les églises et chapelles
de l'ancienne Pologne, où l'on avait des chants
particuliers. Un beau résultat couronna les pieux
efforts de M. l'abbé Mioduszewski, après un
travail de huit années. II publia la première
édition de son Livre de chant, sous le titre :
Spicunik Kos'cielny czyli pies'ni mabozne
zmelodijamiiv Kosciele Katolirkimuzywane,a
dla wygody Hosciolow parofijalynch przez
X. M. M. M. Zgromadzenia XX. Missionarzy
zebrane (Livre de chant, ou Recueil de prières
MIODUSZEWSKI — MIREMONT
22Ô
avec leurs mélodies, en usa^e dans l'église catho-
lique, publié pour la cominoilité des paroisses,
par l'abbé Miciiel-Martin Mioduszewski, mis-
sionnaire, Cracovie, un volume in-S", 1838, chez
Cieszkowski). En même temps il publia, chez
le môme libraire, le texte seul sans musiqu^e.
Cette première édition, quoique riche en mé-
lodies religieuses d'un beau caractère, n'étant
pas complète, le digne prêtre continua ses re-
cherches et composa lui-même la musique pour
certaines prières qui en manquaient, en arrangea
d'autres pour les cérémonies religieuses en usage
dans les églises polonaises. Il enrichit ainsi son li-
vre d'un grand nombre de nouvelles mélodies ; il
publia successivement trois nouveaux supplé-
ments, qui parurt^nt à Leipzig en 1842, en 1853
et tn 1854, à la librairie étranj^ère de J.-N. Bobro-
wicz, etqui forment un gros volume de 66 feuil-
les in-S". M. l'abbé Mioduszewski éleva ainsi un
monument impérissable à la musique religieuse,
et tous les habitants de la catholique Pologne lui
en doivent de la reconnaissance. «
M. Mioduszewski a publié un autre ouvrage
intéressant, sous ce titre : Pastorales et Noels,
avec musique, auxquels on a ajouté plusieurs
mélodies populaires, mais qui ne peuvent être
chantées à l'église (Cracovie, 1843). Ce livre ren-
ferme une collection de noëls anciens et moder-
nes , dont plusieurs offrent un véritable intérêt
historique, remontant au quatorzième et même
au treizième siècle. Le choix en a été fait avec
beaucoup d'intelligence, et ils sont accompagnés
du texte polonais.
* MIOi\ (Jean-Jacques-Henri). — Dans son
Dictionnaire des théâtres, de Léris attribuée
Mion la musique des Quatre Parties du monde,
opéra-ballet qui fut représenté à Versailles, de-
vant le roi, en 1745, et qui n'est pas mentionné
dans le recueil de la Yailière : Ballets, opéras et
autres ouvi âges lyriques. De son côté, ce der-
nier porte au nom de Mion deux autres composi-
tions scéniques : V Idylle de Rambouillet , opéra
en un acte joué à Rambouillet en 1735, et Bou-
quets de Mademoiselle'de G***, opéra en un
acte, « chanté en 1735 chez Madame de G***, à
la Dibliotlièque du roi. » Enfin, cet artiste est
encore l'auteur d'un ballet en un acte, Julie et
Ovide, qu'il écrivit en 1753, à l'occasion du
mariage du prince et de la princesse de Condé,
et dont la partition autographe se trouve aux
Archives de l'Opéra de Paris. Mion était le neveu
du fameux Michel Richard de Lalande, composi-
teur de musique religieuse et surintendant de
la musique du roi, ainsi qu'on peut le voir
dans le Mercure de février 1728.
MIR Y LLUSA ( ), est le nom d'un
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — 8UPPL. -
musicien espagnol qui naquit dans la seconde
moitié du dix-septième siècle et qui, au commen-
cement du dix-huitième, était maître de la cha-
pelle de l'Incarnation, à Madrid. Cet artiste a
composé de nombreuses œuvres de musique re-
ligieuse, parmi lesquelles, dit-on, il s'en trouve
de fort remarquables. Ou ignore l'époque de sa
mort.
MIRECOURT (Eugène JACQUOT, dit
DE), écrivain, né à Mirecourt (Vosges), le 19
novembre 1812, n'est cité ici que pour quelques
biographies de musiciens comprises dans sa sé-
rie des Contemporains, qui ne compte pas
moins de 100 petits volumes in- 18 à 50 centimes.
Ceux de ces écrits qui concernent l'art musical
sont consacrés à Berlioz (1854), Meyerbeer
(1854), Félicien David (1854), Rossini (1855),
Pierre Dupont (1856), Auber (1857). Tout cela
est sans valeur aucune, aussi bien au point de
vue critique ou historique qu'au point de vue
littéraire, et ces écrits informes n'ont été conçus
qu'en vue de la spéculation commerciale. Cela
est si vrai qu'en renouvelant ses publications,
l'auteur, loin de les améliorer, les amoindrissait :
c'est ainsi qu'en 1867 il refaisait la biograpliie
d'Auber, mais en ne lui consacrant plus qu'un
demi-volume, et en donnant l'autre moitié à
M.Offenbach, ce qui produisait un accouplement
au moins bizarre; l'année suivante, il partageait
un autre volume entre Arnal et Adolphe Adam ;
enfin, en 1871 , 6 pages d'un troisième volume re-
traçaient sommairement la vie de l'admirable
artiste qui s'était appelée Giulia Grisi, et le
reste' appartenait à un romancier. M""' Clémence
Robert. Tout cela, nous le répétons, n'existe à
aucun point de vue. C'est par erreur que la mort
de M. Jacquot, dit de Mirecourt, a été annoncée,
il y a quelques années; mais, récemment, [ilu-
sieurs journaux ont répandu la nouvelle de l'en-
trée de ce personnage dans les ordres.
MIllEMOMT (Claude-Augustin), luthier
français, né à Mirecourt en 1827, est le fils d'un
luthier alors établi en cette ville, et chez lequel
il fit son apprentissage. En 184iilvintà Paris
et y travailla comme premier ouvrier jusqu'en
1862, époque à laquelle il partit pour l'Amérique.
Il alla s'établir à New- York, où il résida jusqu'en
1801, et revint, en celte dernière année, se fixer
à Paris, qu'il ne quitta plus. Arliste habile,
M. Miremont a construit un grand nombre d'ins-
truments, particulièrement des violoncelles, qui
offrent de bons spécimens de la lutlierie fran-
çaise, et il a pris part avec succès à diverses
Expositions, où il a remporté les récompenses
suivantes : une médaille à l'Exposition de New-
York (1853) ; une médaille de première classe
T. u. 15
226
MIREMONT — MIRY
à l'Exposition de Paris (1855), où il figurait dans
le dt^parleinent des Élats-Unis ; la prize-medal
à rEx|iosition de Londres (1862). Fétis, rappor-
teur du jury spécial pour l'Exposition univer-
selle de 1867 (Paris), s'exprimait ainsi au sujet
des instruments présentés par M. Miiemont : —
« Trois violons, un alto et un violoncelle sont
exposés par M. Miremont, de Paris. Ce lutliier
travaille seul, voulant une précision extrême
dans son travail, qu'il ne croit pas pouvoir
obtenir d'un ouvrier. Ses instruments sont, en
effet, très-bien faits. »
MIRO Y Ai\ORlA (José), pianiste es-
pagnol, ué à Cadix en 1810, lit son éducation
musicale à Séville, d'abord sous la diiection
d'un prêtre nommé Vargas, puis comme élève
de l'organiste de la cathédrale, Eugenio Gomez.
Devenu habile exécutant, il vint à Paris en 1830,
s'y perfectionna avec Kalkbrenner, et pendant
les douze années de son séjour en France, se
lia avec plusieurs pianistes célèbres, notam-
ment llummel, Chopin, Bertini, Dœlher et
M. Herz. Après s'être fait entendre avec succès
à Paris, Miro fit un voyage artistique d'abord
dans les départements , puis jusqu'en Belgique
et en Hollande. En 1842 il retourna en Espa-
gne, y reçut un accueil chaleureux de ses com-
patriotes, dès l'année suivante alla se produire
à Londres, puis s'embarqua pour l'Amérique, où
il resta plusieurs années, donnant en premier
lieu des concerts très-suivis à New- York, Phi-
ladelphie et Boston, et se rendant ensuite à la
Havane, où ses succès furent très-grands et où il
se fixa pendant six années, se livrant à l'ensei-
gnement et se chargeant de la direction du
Lycée artistique. En 1851, Miro visite la Jamaï-
que, revient bientôt en Europe, fait un nouveau
séjour à Paris, et en 1854 rentre à Madrid, où
il est nommé professeur au Conservatoire. 11
n'avait pas cessé d'occuper cet emploi, lorsqu'il
mourut à Madrid au mois de janvier 1879.
Miro avait composé pour son instrument un
assez grand nombre d'oeuvres, consistant en
fantaisies, soit originales, soit écrites sur des
thèmes d'opéras célèbres : i Lombardi, i Puri-
tani, il Pirata. Tout cela est resté inédit, et
l'on n'a publié de lui qu'une bonne Méthode de
piano, adoptée pour l'enseignement des classes
au Conservatoire de Madrid.
MIUOIK. Trois frères de ce nom, tous trois
organistes et clavecinistes, vivaient à Paris à la
fin du dix-huilicine siècle. Je n'ai pu découvrir
le prénom d'aucun d'eux, maison les distinguait
en les désignant sous les noms de Miroir l'ainé,
Miroir cadet, et Miroir le jeune, et ce dernier,
je ne saib pourquoi, était surnommé Pavenlelly.
Miroir l'aîné était un artiste fort remarquable,
qu'on appelait toujours « le célèbre organiste de
Saint-Germain des Prés ». Mais il ne remplissait
pas ces fonctions seulement dans cette fameuse
abbaye, car il était en même temps organiste aux
églises Saint-Benoît, Saint-Houoré et Saint-Louis
en risie, au couvent des Bénédictins anglais, et
au Saint-Sépulcre de la rueSaint-Honoré (1785).
La renommée de Miroir l'aîné était fort grande,
et l'on accourait de très-loin pour l'entendre. Il
était aussi compositeur, mais je ne connais au-
cune de ses œuvres.
Miroir cadet avait la réputation d'un excellent
claveciniste, et se livrait à l'enseignement, ainsi
que le troisième frère. Miroir le jeune, dit Pa-
venlelly. L'un des deux était organiste à Sainte-
Aure et aux Cordeliers. Je crois que ces trois
artistes étaient morts tous trois en 1810.
* MIRY (Charles), compositeur, chef d'or-
chestre et professeur, est né à Gand le 14
août 1823 (et non avril, comme il a été dit par
suite d'une erreur typographique). C'est après
avoir commencé l'étude de la musique avec un
de ses oncles, Pierre Miry, qu'il devint l'élève
de Mengal ; plus tard , et lorsqu'il commença sa
carrière de compositeur, il reçut d'excellents
conseils de son compatriote, M. Gevaert, au-
jourd'hui directeur du Conservatoire de Bruxel-
les.
Les premiers essais de M. Miry étaient
des vaudevilles flamands dont il écrivait la mu-
sique, et dont quelques-uns sont encore joués
aujourd'hui avec succès : Wit en zwart, Een
man te trouwen, Vader Cats, etc. Bientôt il
s'occupa sérieusement de composition drama-
tique , et, bien qu'il ait écrit quelques ouvrages
sur texte français, ses compatriotes rappellent
volontiers qu'il est le premier qui ait travaillé ^à
la renaissance de l'opéra flamand. 11 a montré
une véritable fécondité en ce genre , et à celles
de ses œuvres qui ont été mentionnées dans la
Biographie universelle des Musiciens, il
faut ajouter aujourd'hui les suivantes : 1° Anne
Mie, un acte, Anvers, 9 octobre 1853 ; 2° Bou-
chard d'Avesnes, grand opéra en 5 actes,
Gand, 1864; 3" Maria van Burgondie, grand
opéra en 4 actes, Gand, 28 août 18G6; 4" De
Keizcr btj de Boeren, un acte , Gand, 29 oc-
tobre lb06; 5° De Occasie maakt den dief,
un acte, Gand, 24 décembre 1866; 6" Frans
Ackerman, 4 actes, Bruxelles, Cirque, 13 oc-
tobre 1807; 7° Briitus en César, un acte,
Gand, 14 octobre 1867; 8° le Mariage de
Marguerite, un acte, Gand, 27 novembre 1867;
9" Een Engel op wacht {CAnge en sentinelle),
un acte, Anvers, 8 décembre 1869; 10" Une
MIRY — MITOYEN
227
Koningen Avond, 1870; 11° Za Saint-Lucas ,
un acte, Gand, 1870; 12° Het Driekoningen-
feest, un acte, Bruxelles, janvier 1876 ; 13° la
Rose d'or, un acte; 14° le Poêle et son idéal,
grand opéra en 4 actes ; 15° Twee Zusters {les
Deux Sœurs), opérette en un acte. A ces ouvra-
ges nombreux, il faut joindre encore trois bal-
lets représentés à Bruxelles : la Bouquetière, la
Fée des eaux, et Klida.
Parmi les compositions publiées par M. Miry
en dehors du théâtre, il faut citer: Recueil de
dix chœurs à trois voix, pour les écoles de
filles; Volkliedjes voor schoolen, environ
deux cents chants pour les écoles à 1, 2, 3 ou 4
voix.; Schoolgezangen, 105 chants d'écoles
pour filles, garçons ou adultes, avec ou sans
accompagnement de piano; 12 Fables sur des
paroles d'Ésope , pour voix d'enfant, avec ac-
compagnement de piano ; un grand nombre de
chœurs pour quatre voix d'hommes; enfin,
beaucoup de romances, morceaux pour musiques
d'harmonie ou fanfares, et quelques airs de
danse pour le piano. M. Miry a encore écrit plu-
sieurs cantates, qui, je crois, n'ont pas été pu-
bliées, et dont voici les titres : Au Bot; la
Belgique ou le Règne de 2b ans; le \& Dé-
cembre; les Orphelins; Het Eerevaandel der
werklieden; Het Eerevaandel der Weezen-
jongens van Gent. — M. Miry est chevalier de
l'ordre de Léopold.
MISAELIDIS (Misaël), premier chantre et
directeur de la musique de l'église de Saint-Di-
mitri, à Smyrne, est un théoricien remarquable
et l'un des musiciens les plus distingués de
l'Orient. Dans son intéressant écrit ; Souvenirs
d'une mission musicale en Grèce et en Orient,
M. Bourgault-Ducoudray {Voyez ce nom) parle
ainsi de cet artiste : « Misaël Misaëlidis est un
homme intelligent et instruit. S'il n'arrive pas à
régénérer la musique byzantine, il aura, par
ses travaux, rendu d'incontestables services à
l'Orient. Il a le mérite, rare à nos yeux, de ne
pas accepter en aveugle une théorie absurde.
Il raisonne , il réfléchit, il remonte aux sources.
Il a lu les traités des anciens, et dans un ou-
vrage important, qui n'est malheureusement pas
encore imprimé, il montre les contradictions qui
existent entre leurs principes et ceux des mo-
dernes. Il ne s'est pas contenté de relever les
nombreuses erreurs dont fourmillent ces théories
qui prétendent donner pour base à la musique
byzantine la musique antique ; il a fait une
grammaire comparée. Grâce à lui, tout musicien
byzantin pourra arriver en peu de temps à lire
la portée européenne, et vice versa, tout Grec
connaissant la musique européenne pourra
apprendre facilement la notation orientale. Misaël
a compris l'immense intérêt qu'il y aurait à
abattre la barrière qui sépare l'Orient de l'Oc-
cident au point de vue musical. Si un but aussi
désirable et aussi élevé pouvait être atteint,
quelles conséquences n'en découleraient pas '
Les Orientaux, dont la musique a été immobi-
lisée jusqu'ici dans une longue stagnation, com-
prendraient quel élément fécond et régénérateur
elle doit trouver dans la polyphonie moderne. La
musique européenne, déjà fatiguée par un déve-
loppement excessif de son majeur et de son
mineur, puiserait des éléments nouveaux de
combinaison et des moyens d'expression encore
inexploités dans i'adaplatioa de l'harmonie aux
modes antiques.... »
MISOI\ (Luis), flûtiste et compositeur espa-
gnol qui jouit dans sa patrie d'une grande re-
nommée comme virtuose et comme auteur de
zarzuelas et de tonadillas (chansonnettes),
naquit dans la première moitié du dix-huitième
siècle à Barcelone. 11 entra en 1748 à la cha-
pelle royale;;de Madrid, et en 1756 il y tenait
les parties de flûte et de hautbois avec un trai-
tement annuel de 9,000 réaux (environ 2,250
francs), traitement considérable pour le temps
et qui donne une haute idée de son talent. Artiste
habile et homme distingué, Mison se faisait
remarquer, dit-on, par l'étendue de ses con-
naissances littéraires et musicales; plusieurs
écrivains espagnols se .sont occupés de lui, entre
autres F. M. Samaniego dans sa fable du Tarda
flautista, et Manuel Garcia de Villanueva Hu-
galde et Parra dans son écrit intitulé Origen,
épocas yprogresos delteatro espailol. Mison
est l'auteur de la musique du monologue :
Guzman el Bueno, dû à la plume de Thomas
Yriarte, auteur du fameux poème la Musica,
et il paraît avoir fait preuve d'un grand talent
et d'une véritable originalité dans la composition
de divers opéras et zarzuelas, parmi lesquels
on cite surtout Écho et Narcisse et Pyrame et
Thysbé. Il est considéré comme l'inventeur du
genre de chansons dramatiques connues sous la
dénomination de tonadillas, et qui lui ont valu
une foule d'imitateurs ; il en a composé un très-
grand nombre, à une ou plusieurs voix, dont les
rhythmes étaient pleins d'originalité, l'accent
mélodique plein de charme et de saveur. Cet
artiste distingué, que ses compatriotes regar-
daient comme une sorte de musicien national et
dont la personnalité était très-nettement accusée,
mourut à Madrid le 13 février 1766.
MITOYEN (J -B ), musicien français
né dans la seconde raoilié du dix-huitième siècle,
a publié à Paris, eu 1811, un Recueil de chants
228
MITOYEN — MOLCK
d'église, contenant les antiennes de la Sainte
Vierge, les hymnes du carême, etc., vus en
contre-point en trio, pour haute-contre, taille
et basse.
MITTAG (Auguste), chef d'orcheslre et pia-
niste allemand fort distingué, né, vers 1796, se
lit une grande réputation de ^irtuose et de pro-
fesseur, et compta, dit-on, Ttialberg au nombre
de ses élèves. Après avoir exercé les fonctions
de chef d'orchestre en Saxe, cet artiste remar-
quable était depuis longues années fixé à Vienne,
où son enseignement était très-reclierché et oii il
était professeur de piano au Conservatoire. C'est
à Vienne qu'il est mort, le 21 novembre 1867,
à l'âge de 72 ans.
MOCKER (Antony), professeur, pianiste et
compositeur pour son instrument, est depuis
longtemps fixé à Lyon, où il occupe une situa-
tion fort honorable et où il partage son temps en-
tre l'enseignement et la composition. 11 a publié
pour le piano environ 150 morceaux de genre,
consistant en nocturnes, mélodies, divertisse-
ments, airs de ballet, rondos, et aussi en fan-
taisies sur des motifs d'opéras célèbres. Parmi
ces compositions, qui ont été généralement bien
accueillies, je citerai les suivantes : Scherzo bril-
lant, op. 73; Chanson autrichienne; Villauelle,
op. 115; Brises printanières, 2 mélodies,
op. ItO; 3 Nocturnes, op. 60; Nadine, air de
ballet, op. 103; Divertissement, op. 84; Chan-
son espagnole, op. 107 ; Fêle au Tyrol, op. 88;
les Souvenirs, op. 59; la Fête helvétique,
op. 65 ; Promenade sur l'eau, op. 99, etc.
MOCKER (Melchior), fils du précédent, et
«omme lui pianiste, professeur et compositeur
pour son instrument, a publié une centaine de
petits morceaux de genre, parmi lesquels on
peut signaler : 2 Mazurkas originales ; Marche
lui que, op. 20; la Forêt enchantée, op. 45;
Nymphes et Faunes, pastorale; Fleurs des
champs, esquisses poétiques rn 3 livres, op. 29 ,
3i et 35; Rêverie; Sultana, caprice, etc.
MODERATI (CuTE), est le nom d'un
compositeur qui ajait représenter sur le théâtre
de la Zarzueia, de Madrid, au mois de mars
18G'i, une zarzueia intitulée Manjarita.
A1QEHR1\G (Fkudi.iand), pianiste, orga-
nisteet compositeur allemand, est néà Alt-ltuppia
le 18 janvier 181C. Aprèsavoir fait debonnes élu-
des, il s'estlivré à l'enseignement et à la compo-
sition. Outre un opéra-comique en 2 actes, der
Pkarrauus (la Cure), qui a été représenté à Rup-
pin le 8 avril 1856, on connaît de cet artiste une
symphonie, des ouvertures, des cantates, des
quatuors pour instrumeuls à cordes, des mor-
ceaux de concert pour piano, des lieder, des
nocturnes, et enfin diverses compositions pour
l'église. Le nombre des œuvres de M. Moehring
s'élève à 70 environ.
MOEiWSTADT ( ), compositeur alle-
mand, a fait représenter à Berlin, sur le théâtre
Waltersdorff, au mois de juillet 186G, une opé-
rette intitulée l'Amour défendu, dont il avait
écrit les paroles et la musique,
AlOEXS (Simon). — Voyez MOYXS.
MOEKICKE (Edouard;, écrivain distingué,
l'un des meilleurs poètes de l'école de Souabe ,
né à Ludwigsbourg le 8 septembre 1804, mort
à Stuttgard le 4 juin 1875, est auteur de l'écrit
suivant : Un Voyage de Mozart, biographie,
anecdotes, dont il a été donné une traduction
française par A. Rolland (Bruxelles, Dumont,
1859, in-32).
Un artiste du même nom, M. Oscar Mce-
ricke, s'est fait connaître en Allemagne, dans
ces dernières années, par la publication de quel-
ques compositions instrumentales. On lui doit
aussi un opéra romantique intitulé die Bergk-
nappen (les Mineurs).
MOERMANS (Hans ou Jean), facteur de
clavecins à Anvers dans la seconde moitié du
seizième siècle , fut reçu en cette qualité dans
la gilde de Saint-Luc, en 1570. Il eut à la cathé-
drale, jusqu'en 1610, une place de chanteur parmi
les basses, età ce titre jouissait des revenus d'une
chapellenie.
MOEZELE (Franz), compositeur allemand,
a fait représenter le 3 mars 1873 à Vienne, sur le
Kunstlerhaus theater, un opéra en 2 actes in-
titulé Frédéric le Calorique.
MOIIR (Adolphe), compositeurallemand, est
l'auteur d'une opérette intitulée le Cousin de
J?réme, qui a été représentée à Hombourg CD 1872.
JMOJAi\A (Pietro-Antomo DE), dilettante
et compositeur italien, s'est fait connaître par
la publication de plusieurs mélodies vocales à
ime ou plusieurs voix, entre autres une série de
trois nocturnes pour soprano, ténor et basse. Il
est aussi l'auteur d'une farsa en un acte inti-
tulée Emma di Fondi, et d'un opéra sérieux,
la Figlia dcl Proscritto. J'ignore où et quand
ces deux ouvrages ont été représentés. De Mojana
est mort à Milan le 7 décembre 1870.
MOLCIÎ (Heimucu), compositeur allemand
contemporain, s'est fait connaître par la publi-
cation d'un grand nombre de compositions
vocales, tant religieuses que profanes. Je citerai
les suivantes : le 130* psaume à 4 voix seules,
avec chœurs et accompagnement d'instruments
à cordes, op. 63; 4 morceaux de chant religieux,
op. 69; 3 morceaux de chant religieux, op. 75;
recueils de lieder à une ou plusieurs voix, op.
d
MOLCK — MONBINNE
229
60, 6Ï, 62, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73,
74, 75, 78, 81, 82, 83, 84, 85, 86; lieder pa-
triotiques, op. 74 , etc. Je n'ai pu recueillir
aucun renseignement biogiapliique sur cet ar-
tiste.
ilOLINA (Bartholomé), moine espagnol de
l'ordre des Franciscains, né dans la seconde
moitié du quinzième siècle, a publié un Traité de
plain-chant.
* MOLIA'OS-LAFITTE (M""=), composi-
teur amateur, publiait chaque année, aux envi-
rons de 1840, un album d'une dizaine de romances
ou chansonnettes, qui paraissait chez l'éditeur
Catelin.
* MOLIQUE (Bernard), violoniste et com-
positeur pour son instrument, est mort à Kanns-
tadt, le 10 mai 1869. Il avait tait exécuter au
mois de septembre 1860, au grand festival
triennal de Norwich, un oratorio intitulé Abra-
ham. — Un frère de cet artiste remarquable
faisait partie de l'orchestre du théâtre de Slutt-
gard, et mourut en cette ville au mois de novem-
bre 1861.
* MOMIGNY (Jérôme-Joseph DE). — Cet
artiste n'est pas né en 1766, comme il est dit au
tome "VI de la Biographie universelle des Mu-
siciens. Le doule n'est plus permis à ce sujet,
depuis la publication de son acte de naissance ,
qui a été produit par M. Edouard Gregoir dans
le troisième volume de son Panthéon musical,
et qui est ainsi conçu : — « Le vingt janvier
dix-sept cent soixante-deux est né à Philippe-
ville Jérôme-Joseph Momigny, fils de Jérôme
Momigny, maître d'école en cette ville, et de
Marie-Joseph Joslet, ses père et mère, mariés
ensemble à Walcourt, demeurant à Philippe-
ville. » Malheureusement, on n'a pu découvrir
jusqu'ici le lieu et la date de la mort de Mo-
migny. On remarquera, dans le document qui
précède, l'absence de la particule de, que Mo-
migny a toujours accolée à son nom.
MOMIGNY (Georges-Joseph DE), com-
positeur, né à Vire (Calvados), le 12 décem-
bre 1812, est le fils de l'artiste qui fait l'objet
de la notice précédente.
Admis en 1830, comme élève pensionnaire au
Conservatoire de Paris, Georges de Momigny y
eut pour professeurs Zimmermann et Reicha.
Étant sorti de cet établissement, il se livra au
professorat, obtint le poste d'organiste à la Cha-
pelle-Saint-Denis, et se fit connaître en outre
par un assez grand nombre de compositions mu-
sicales, consistant surtout en romances, noctur-
nes, mélodies religieuses, etc.
Eu 1844, il créa la Semaine des jeunes filles,
album spécial de chant à l'usage des maisons
d'éducation, dont il a paru quatre années. Vers
la même époque, il fut nommé professeur de
piano et de chant à V Institution royale de
jeunes demoiselles de Nogent-sur-Marne.
Parmi les productions de M. de Momigny,
nous citerons encore un Album artistique, con-
tenant six morceaux de chant, trois cantiques
pour le mois de Marie, et enfin un 1" Salut
solennel, composé d'un O Salutaris et d'un
Ave Maria, publiés séparément, avec accom-
pagnement d'orgue et violon (Paris, H. Gau-
tier). Ces deux compositions, écrites dans le style
concertant, ont été exécutées pour la première
fois à Paris, dans l'église de la Trinité, le 25
avril 1875.
M. Georges de Momigny habite maintenant sa
ville natale. J. C — z.
* MONARI (Clément), compositeur drama-
tique, est né, non dans le duché de Modène,
comme il a été dit par erreur, mais à Bologne.
Outre les deux ouvrages signalés à son nom, il
a encore écrit un opéra, Atalanta, et un ora-
torio, la Purità trionfante del Sospetto, com-
posé à l'occasion de la fête de l'empereur Jo-
seph I" sur l'ordre du duc de Modène, et exécuté
en 1711 dans l'église des Carmélites de Mo-
dène.
* MOIVASTERIO (Jésus), violoniste espa-
gnol, est né, non en 1835, mais le 21 mars 1836.
Cet artiste fort distingué a fondé en 1861,
à Madrid, une société de quatuors qui grâce à
son talent a obtenu les plus grands succès, et il
dirige de la façon la plus remarquable les con-
certs classiques du Conservatoire. M. Monasterio
a rendu ainsi de très-grands services à l'art et
à son pays, en faisant connaître et apprécier
de ses compatriotes, à l'aide d'une excellente
exécution, les grands chefs-d'œuvre de la mu-
sique symphoniqneet de la musique de chambre.
Il est chevalier de l'ordre de Charles 111, com-
mandeur de l'ordre d'Isabelle la Catholique, et
membre de l'Académie des Beaux-Arts de Ma-
drid,
MOIXBIiNNE (Théodore-Nicolas-Marie),
caissier dans une maison de banque, né à Paris
en 1803, mort en cette ville le 21 mars 1876,
mérite de prendre place au nombre de ceux qui
se sont fait remarquer par leurs sympathies
effectives en faveur de l'art et des artistes. Cet
homme de bien, qui, à force d'ordre et d'écono-
mie, avait amassé un; modeste avoir, a laissé en
mourant les sommes nécessaires à la fondation
de quelques œuvres dont deux intéressent la mu-
sique. La première est une rente annuelle de
250 francs léguée à l'Association de secours
mutuels des artistes musiciens; la seconde con-
230
MONBINNE — MONIOT
histe en un prix biennal de 3,000 francs mis
à la disposition de l'Académie des Beaux-Arts ,
et qui sera décerné par elle « soit à l'auteur de
la musique d'un opéra-comique représenté dans
les deux précédentes années, soit à une com-
position musicale envoyée par un pensionnaire
de Rome dans les quatre années précédentes,
soit à une composition symphonique avec ou
sans paroles, soit à une cantate, un oratorio,
soit à une composition religieuse. »
* MONDONVILLE (Je\n-Joseph CAS-
SAIXEA DE), violoniste et compositeur fameux
du dix-huitième siècle, naquit à Narbonne le
25 décembre 1711. Celte date parait établie
d'une façon [bien certaine aujourd'hui, d'après
une notice publiée à Narbonne même, sous les
auspices de la commission arciiéologique de cette
ville, par M. L. Galibert : J.-J. Cassanea de
Mondonville, compositeur et maître de musi-
que de la chapelle du roi (Narbonne, Gaillard,
1856, in-8" de 38 p.). L'auteur de cette notice
nous renseigne en ces termes sur la naissance,
sur le nom et sur la famille de Mondonville :
— « Jean-Joseph Cassanea de Mondonville na-
quit à Narbonne le 25 décembre 1711, dans la
paroisse de Saint-Sébastien. Cassanea prit le
nom de Mondonville, enrichi de la particule
nobiliaire, par suite de son mariage avec une
demoiselle de Mondonville, de '.Toulouse, dont
la famille se rendit célèbre par ses différends
avec les Jésuites, à propos de Vinstitut des
Filles de VEnfance, fondé par M"^ de Mon-
donville, tante de l'épouse de Cassanea. L'au-
teur des Annales de Toulouse, du Rosoy,
pense que les Cassanea étaient originaires de
cette ville; et, à l'appui de son assertion, il cite
un Jean de Cassanea qui fut capiloul de Tou-
louse en 1533. Si cette généalogie est exacte, la
branche de Cassanea de Narbonne aurait bien
déchu, car le père de notre compositeur était
simple maître de musique des enfants de chœur
de Saint- Just, et, en 1745, un autre Cassanea
remplissait les modestes fonctions de bassoniste
à l'église de Saint-Sébastien.... « Mondonville
mourut le 8 octobre 1772, et non 1773, comme
il a été imprimé par erreur dans la Biographie
universelle des Musiciens.
En dehors de ses œuvres dramatiques, Mon-
donville a écrit un assez grand nombre de com-
positions religieuses pour le Concert spirituel, et
il a public diverses œuvres de musique instru-
mentale. Ces dernières comprennent: 1° l'Mivre
de sonates de violon; 2" 2*= livre de sonates de
violon, ou sons harmoniques; 3" un livre de
trios; 4" un livre de pièces de clavecin, avec
accompagnement de violon; 5" un second livre
de pièces de clavecin, en petits motets, avec
accompagnement de violon; 6" plusieurs con-
certos de violon. Ses motets, tous avec chœur et
orchestre, sont les suivants : De profundis,
Bonum est, Cceli cnarrant, Juhilate, Domi-
nus regnavit, Magnus Lominus, Venite
exuliemus, Nisi Dominus (1).
* MON ET A (Joseph). —On a publié de ce
compositeur un recueil de Sei ariette a voce
sola. M. le docteur Basevi, de Florence, possède
en manuscrit, dans sa bibliothèque, les œuvres
suivantes de Moneta : 1° Notturni a voce sola;
2" Cantata a voce sola di sei ottave del canto
XIX délia Gerusalemme liberata del Tasso;
3° la Morte del générale Hoche , sinfonia.
Enfin, à la liste des ouvrages dramatiques de
Moneta, il faut ajouter les deux suivants : la
Poetessa capricciosa, jouée à Florence en 1790,
et il Trion/o di Gedeone, donné dans la même
ville en 1804.
MONGIIVI (PiETRo), chanteur italien, né
vers 1830, parcourut une belle carrière en fai-
sant entendre une voix de ténor à la fois robuste
et pure, qu'il savait diriger avec goût et intel-
ligence. Après s'être fait applaudir dans sa patrie,
à Milan et à Turin particulièrement, il se pro-
duisit à l'étranger, et obtint surtout des succès
au théâtre impérial de Saint-Pétersbourg, à celui
de l'Oriente, de Madrid, ainsi que sur la scène
italienne de Paris (1872). Cet artiste est mort
à Milan, dans toute la force de l'âge et du talent,
le 27 avril 1874.
MOIXIOT (Eugène), compositeur et auteur
dramatique, né vers 1820, mort à Paris au mois
de novembre 1878, à l'âge de cinquante-huit ans,
s'est fait connaître d'abord par un certain nombre
de romances et chansonnettes, puis par quelques
vaudevilles représentés sur de petits théâtres. De-
venu directeur d'une scène minuscule, celle des
Folies-Marigny.qui avait portéle titre de ^oz/Z/es-
Debureau après avoir été le berceau des Bouf-
fes-Parisiens, il prit ensuite (1865) la direction du
théâtre Saint-Germain , devenu plus tard théâtre
Cluny, lequel venait d'être fondé par l'effet du
décret de 1864 qui rétablissait le régime de liberté
industrielle en matière d'entreprises dramati-
ques; son administration ne fut pas heureuse, et
peu de temps après il se voyait obligé d'y re-
noncer. Eugène Moniot a fait représenter les
opérettes suivantes, toutes en un acte, et dont,
à l'exception de trois seulement, il a écrit les
(1) J'ai publié dans la Ilexve et Gazette musicale de
Paris, en 1860, un travail assez étendu sous le titre de
mondonville et la Guerre des coins. On trouTera dans
cette étude des renseignements peu connus sur l'artiste
qui en fait l'objet.
MONIOT — MONIUSZRO
231
paroles et la musique : 1" la Dette de Jacquot
(paroles de MM. Amédée de Jallais et Emile
Tiiieny), Bouffes-Debureau, 1" septembre 1858;
2° le Fils (f Ulysse (en vers libres), Délasse-
ments-Comiques, 5 mai 1866 ; 3° Amoureux
d'une valse. Nouveautés, octobre 1866; 4° /e
Dernier Romain, Folies-Marigny, 11 octo-
bre 1867 ; 5° l'Exemple (paroles de M. Jaime),
Bouffes-Parisiens, 1" janvier 1873 ; 6° Vlà le
Tambour-major, Folies-Bergère, février 1873;
7° les Épouseux de Marianne, Folies-Ber-
gère, mars 1873; 8° Minuit, Menus-Plaisirs,
14 février 1874 ; 9° la Fille de Dagoberi (paro-
les de M. Hermil), Folies-Bergère, ISfévrier 1874;
10° Marianne et Jeannot, Renaissance, 1*' sep-
tembre 1875; ir Wigi?ion«e, Bouffes-Parisiens,
10 décembre 1877. On doit aussi à Moniot
la musique d'une cantate politique, le Mincio,
exécutée au théâtre des Variétés à la fin du
mois de juin 1859. Tout cela est bien mesquin,
bien banal, bien peu musical. Eugène Moniot,
qui a écrit encore la musique d'une féerie en
5 actes et 14 tableaux, les Heures diaboliques,
jouée au théâtre Déjazet le 10 octobre 1874, a
publié une soixantaine de petits morceaux
de piano sans valeur aucune.
Un fils da cet artiste, M. Georges Moniot,
musicien aussi, a fait représenter au petit théâtre
des Folies-Marigny, en 1877, deux opérettes en
un acte intitulées V Héritage de M. Maclou et
la Dernière Crinoline ; dans la môme année,
il donnait un autre ouvrage du même genre,
un Convive sans gêne, sur une scène de même
importance, les Folies-Bergère.
MOIVIUSZKO (Stanislas), compositeur po-
lonais célèbre, naquit lel 5 mai 1820 à Litthauen,
dans le gouvernement de Minsk, en Lithuanie.
11 appartenait à une famille polonaise très-ho-
norablement connue dans celte contrée , où elle
était établie depuis longtemps, et où elle jouis-
sait d'une certaine aisance. Sa mère , femme
très-distinguée et excellente musicienne, douée
d'une voix admirable, berça son enfance avec
les chants historiques de Niemcewicz, et lui
donna ses premières leçons de piano. Il travailla
ensuite avec un artiste de premier ordre, l'excel-
lent organiste Auguste Freyer, puis avec l'un des
meilleurs professeurs de Minsk, Dominique
Stefanowicz, musicien passionné, qui sut déve-
lopper chez son élève l'amour que lui-même res-
sentait pour son art.
Voyant ses penchants favorisés par sa famille
au lieu d'être combattus, comme il arrive sou-
vent,Moniuszko n'en étudia qu'avec plus d'ardeur.
En 1837, accompagné de son père, il entreprit un
voyage à Berlin, dans le but de se perfectionner
et d'achever son éducation, et travailla lacompo
sition dans cette ville sous la direction d'un artiste
fort distingué, Frédéric Rungenhagen, élève lui-
même de Benda et de Zelter, et auteur de com-
positions religieuses estimées. Après trois années
passées avec ce maître, il retourna dans sa
patrie et s'établit à Wilna, capitale de la Li-
thuanie, où il se fit en peu de temps une répu-
tation brillante comme compositeur et eomme
professeur.
Très-bien vu des artistes, auxquels il aimait
à rendre service, fort accueilli dans la société,
Moniuszko fit plusieurs voyages à Sainl-Péter»-
bourg, où la famille impériale le reçut avec
courtoisie et distinction, et il donna en cette
ville un certain nombre de concerts pour y pro-
duire quelques-unes de ses œuvres, qui obtin-
rent auprès du public russe un véritable succès.
11 parcourut ensuite l'Europe, se lia à Paris
avec Meyerbeer, à Weimar avec Liszt, dont
il admirait le talent de virtuose , puis, de
retour en Pologne, se fixa à Varsovie. Il donna
sur le théâtre de cette ville, en 1846, son pre-
mier ouvrage dramatique, Halka, opéra en deux
actes, qui attira l'attention des vrais connais-
seurs , et fut bientôt reproduit à Wilna. Il s'a-
donne alors au genre lyrique , y montre toute
la souplesse de son talent et de ses facultés, et
dans l'espace de dix années environ fait repré-
senter les ouvrages suivants : Loterza, opérette
(Varsovie) ; le Nouveau Don Quichotte, opéra-
bouffe, paroles du comte Alexandre Fedrojwne
Nuit dans les montagnes de l'Apennin, com-
position descriptive ;MiMa, déesse de la beau-
té, cantate exécutée à Saint-Pétersbourg en pré-
sence du grand-duc héritier, et à lui dédiée
(1849); Niola, cantate mythologique; Idéal,
opérette; Betty, opérette; les Bohémiens, opé-
rette ; la Madone, hymne pour solo, chœur et
orchestre; un Conte, fantaisie pour orchestre.
Moniuszko écrivit encore la musique pour la
troisième partie du grand poëme d'Adam Mic-
kiewicz, Dziady, pour trois chants du même
auteur, très-répandus en Lithuanie, et pour un
petit poëme intitulé le Joueur de lyre. Il se fit
connaître comme compositeur de musique reli-
gieuse en publiant quatre Litanies pour chœur
et orchestres (écrites expressément pour l'église
Notre-Dame de Wilna), une messe à quatre voix
avec orchestre, et trois messes sur texte polo-
nais, avec accompagnement d'orgue. Enfin, outre
d'assez nomlireux morceaux de piano, il com-
posa encore plus de cent mélodies vocales, dont
quelques-unes sont devenues et méritaient de
devenir populaires. Ces mélodies se font re-
marquer par un charme étrange, une saveur
232
MONIUSZRO — MONSIGU
toule particulière, un sentiment mélancolique i
(l'une grâce et d'une tendresse tout à fait péné-
trantes. Un recueil choisi de ces jolies compo-
sitions vocales a été publié à Paris sous le
titre : Échos de Pologne (chez Flaxland), avec
paroles françaises de M. Alfred des Essarts. Ce
recueil est formé de pièces très-originales, d'une
allure touchante et rêveuse, qui procurent une
sensation peu commune. Le caractère de ces
morceaux est singulier, les rhythmes accom-
pagnants en sont très-variés et parfois de forme
inusitée, d'autres fois d'une simplicité toute
primitive; les harmonies, très-fines souvent,
très-douces toujours, présentent des successions
d'accords inattendus et qui surprennent, sans les
choquer, nos oreilles occidentales, habituées à
d'autres formules, à d'autres dessins, à d'autres
combinaisons. Les mélodies de Moniuszko, en
un mot, sont un fruit de la terre sur laquelle
est né le compositeur; on sent qu'elles sont
slaves de naissance, comme certaines poésies
populaires, les Doinas, entre autres, qui ne
sauraient cacher leur origine. La plupart de
celles qui composent le recueil que j'ai signalé
sont adorables, et il serait bien difficile d'y
faire un choix; je cilerai au hasard le Soir,
l'Hironrlellp, le Chant de la Forêt, les Lar-
mes, le Cosaque, le Fiancé, et un charmant
Cracoviak h deux voix.
Ce dernier a donné lieu à un petit fait assez
singulier. Lorsque M. Léo Delibes (Voy. ce nom)
fut chargé par la direction de l'Opéra d'écrire la
partition du joli ballet de Coppélia, Saint-Léon,
qui était excellent musicien en môme temps que
chorégraphe accompli, lui proposa, pour donner
plus de saveur à sa musique et plus de caractère ,
de lui dicter quelques motifs populaires en Po-
logne et en Russie, où il avait longtemps
résidé. Les compositeurs sont toujours, avec
raison, très-friands de choses de ce genre, qui
donnent la véritable couleur locale. M. Léo De-
libes écrivit donc, sous la dictée de son colla-
borateur, quelques-uns de ces chants populaires,
qu'il intercala dans sa partition sans penser à
mal. Mais voici que l'éditeur des mélodies de
Moniuszko, assistant à une représentation de
Coppélia, reconnut au passage le joli Cracoviak
dont je viens de parler, et, s'élonnant d'une
telle rencontre musicale, demanda à M. Deli-
bes s'il était bien certain de l'originalité de ce
motif, varié du reste par le jeune compositeur
avec beaucoup de verve, de gr;ke et de dis-
tinction. M. Delibes, qui n'est pas à cela près
d'une jolie mélodie, et qui peut sans rougir
avouer un emprunt, déclara aussitôt que celle-ri
n'était pas de lui, que Sainl-l^éon la lui avait ■'
chantée de mémoire, et que la trouvant fort
heureu.se il lavait employée.
Ceci prouve la popularité des chants de Mo-
niuszko, qui courent les rues et les campagnes,
et que chacun répète sans savoir si l'auteur est
mort ou vivant, connu ou inconnu, célèbre ou
obscur.
Quoi qu'il en soit, Moniuszko laissera un
nom et .sera classé dans l'avenjr parmi les mu-
siciens sinon les plus remarquables, du moins
les plus distingués du dix-neuvième siècle. Il
.s'est essayé dans presque tous les genres : dans
la musique dramatique, dans la musique reli-
gieuse, dans la cantate, dans la musique instru-
mentale; il a réussi dans tous, mais il ne laisse-
rait que ses jolies mélodies, ses chants devenus
si rapidement populaires , qu'il mériterait une
place à part au milieu des musiciens de ce
temps, et serait digne d'être tiré de pair.
Moniuszko est mort le 4 juin 1872, à Varso-
vie, où il occupait depuis environ quinze an-
nées le poste de directeur de l'Opéra, et où il
avaitfait représenter encore, le 14 décembre 1809,
un opéra en trois actes, le Paria, tiré du dra-
me de Casimir Delavigne qui porte le môme
titre, et exécuter un grand poème lyrique inti-
tulé Faust, ainsi qu'une ode-symphonie, Cri-
mée, pour soli, chœurs et orchestre (mars 1868).
La ville de Varsovie lui a fait des funérailles
splendides, témoignant ainsi de l'estime qu'elle
professait pour son talent et pour son caractère.
mOAXIURD (C....-E....-F....), e.st le nom
d'un écrivain auquel on doit un Sermon sur la
musique sacrée, qui a été publié à Genève en
1802.
* MOiXiVAIS (Guiu.M'ME-ÉnouARD-DÉsmF.),
est mort à Paris le 25 février 1868. A la liste
de ses écrits relatifs à la musique, il faut joindre
le suivant : F. Halévy, souvenirs d'un ami ,
pour joindre à ceux d''un frère (Paris, impr.
Chaix, 1863, in-8° de 38 p.) ; ces « souvenirs »
personnels sont fort intéressants, et seront utiles
à l'écrivain qui entreprendra une étude com-
plète sur l'illustre artiste qui en fait l'objet.
Edouard Monnais possédait, dit-on, un agréable
talent d'amateur sur le violon.
* MOXOPOLI (Jacques). — Voyez IN-
SAN(.III\E.
MONSKiU (Josf.ph-Je\n-Baptistf.), né
le 29 janvier 1849, s'est fait connaître à Mar-
seille, où il habite, par quelques publications
pour le piano, — Chant des feuilles, Villa-
nelle. Voyage aérien (valse), PostiUon-Polkn
(Pépin frères, éditeurs à Marseille), et deux
opéras : Chdteanx en Espagne, opéra-comique
en un acte, et Spartacus, grand opéra en 5
MONSIGU — MONTAUBRY
233
actes, dont plusieurs fragments ont été enten-
dus dans des réunions privées.
Al. R — d.
*MO\TAG (Ernest), pianiste et compo-
siteur, est mort à Weimar au mois d'octobre ou
de novembre 1864.
MONTA L (Claude), facteur de pianos, né
à la Pali«se (Allier), le 28 juillet 1800, est un
exemple étonnant de ce que peut l'intelligenre
liiimaine, même placée dans les conditions les
plus difficiles, lorsqu'elle est aidée par l'énergie,
la persévérance et la volonté. A peine âgé de
cinq ans et demi, Montai était frappé de cécité,
et à seize ans il était admis à l'Institution des
Jeimes-Aveugles, où, après avoir appris les ma-
thématiques, il professait bientôt cette science,
tout en exerçant son adresse dans certains tra-
vaux manuels. Bientôt il se mit à étudier avec
ardeur la construction et le mécanisme des pia-
nos, ouvrît à sa sortie de l'école, en 183t, un
cours public pour l'accord de ces instruments ,
publia en 1834 un Abrégé de Part d'accorder
soi-même son piano (Paris, 1834, in-8° avec
planches et figures), et deux ans après fit suivre
ce petit manuel d'un écrit plus étendu, et dont
voici le titre exact: VArt d'accorder soi-même
son piano, d'après une méthode sûre, simple
et facile déduite des principes exacts de Va-
coustique et de l'harmonie ; contenant en
outre les moyens de conserver cet instru-
ment, l'exposé de ses qualités, la manière
de réparer les accidents qui surviennent à
son mécanisme, tin traité d'acoustique, et
l'histoire du piano et des instruments à clavier
qui l'ont précédé, depuis le moyen dge jus-
qu'en 1834 (Paris, Meissonnier, in-8° avec plan-
ches, 1836). Il a été fait de ce manuel plusieurs
éditions , et il a été traduit en plusieurs langues.
Pendant ce temps, Montai créait, pour la fabri-
cation des pianos, un établissement important,
qui prospérait rapidement, et, après avoir placé
quelques .spécimens de ses produits à l'Exposi-
tion indusirielle de 1834, il. obtenait successive-
ment toutes les récompenses et tontes les dis-
tinctions que peuvent décerner les jurys, les
sociétés de toutes sortes, les académies et les
athénées. A la suite de l'Exposition universelle
de 1851, Montai était nommé chevalier de la
Légion d'honneur, et peu après il publiait une
nouvelle brochure, inlitniéo : Notice rnisonnée
sur les perfectionnements introduits dans la
fabrication des pianos (Paris, 1852, vp-S" de 31
pages). Cet homme distingué est mort le 7
mars 1865. — M. Guadet, directeur de l'In-stitu-
tion des Jeunes-Aveugles, dont Montai avait été
l'élève, a publié une Notice biographique sur
Clatide Montai, facteur de pianos à Paris
(Paris, 1845, in-8").
MONTAI\DOI\ (AcGusTE-LAtnENT), pas-
teur de ri-:glise réformée, à qui ses prédications
valurent une grande notoriété, s'est beaucoup
occupé de musique et a été l'un des plus ardents
sectateurs de la méthode Chevé, en faveur de
laquelle il a publié l'écrit suivant : École Galin-
Paris-Chevé. Problème musical historique,
pédagogique, prophétique, Paris, 1801, Taride,
in-8'' de plus de 200 pages. Joignant la prati-
que à la théorie, il publia aussi, en notation
chiffrée, les recueils suivants : Chants reli-
gieux à Vusage des écoles du dimanche, trois
recueils de cantiques à deux voix ; 2» Chants
de l'Alliance chrétienne universelle, à deux
voix; 3" Chants de l'école et des loisirs;
4° Recueil de psaumes et cantiques à l'u-
sage des églises reformées. Montandon, qui
était né à Clermont-Ferrand en 1803, est mort
au mois de décembre 1876.
MONTAUBRY (Jean-Baptiste-Édouard),
chef d'orchestre et compositeur, né à Niort le
27 mars 1824, reçut de son père, musicien en
province, ses premières leçons. Venu de bonne
heure à Paris, il entra au Conservatoire dans la
classe d'Habeneck, et remporta un accessit de
violon en 1843. Devenu, fort jeune, second chef
d'orchestre au théâtre du Vaudeville, il succéda
bientôt comme premier chef à Doche, lorsque
celui-ci partit pour la Russie. Il eut alors l'oc-
casion de se faire connaître comme compositeur,
en écrivant descouplets, des rondes et des chan-
sons pour certaines pièces dont les succès fu-
rent éclatants, entre autres pour les Filles de
Marbre, dont la ronde de Marco courut tout
Paris, et pour la Vie en rose. Ses petits airs
n'étaient dénués ni de charme ni de distinction.
Quelques auteurs lui confièrent alors de vérita-
bles livrets d'opi^rettes , dont il fit la musique,
et ces petits ouvrages, le Nid d'amours, le Bat
de ville et le Bat des champs, les Néréides
et les Cyclopes, furent représentés au Vaude-
ville et accueillis avec faveur. Bientôt il écrivit
un ouvrage en un acte, l'Agneau de Chloé, qui
fut joué au Théâtre-Lyrique le 9 juin 1858, et
il donna aussi quelques opérettes aux Folies-
Nouvelles, Freluchette (1856), la Perruque dtt
Cassandre (vers 1858), Vendredi (1859). En
1862!ou 1863, encouragé par l'exemple de .son
frère, qui s'était fait une belle situation comme
chanteur, M. Montaubry crut se découvrir de
la voix, se mit à travailler léchant, et quitta sa
position pour aller tenir en province l'emploi
des ténors. Mais il n'était plus à l'âge où
de semblables essais peuvent réussir. Depuis
234
MONTAUBRY — MONTENEGRO
celte époque, on n'en a plus' entendu parler.
MOXTAUBRY (Achille-Fémx), frère du
précédent, chanteur qui a tenu pendant plu-
sieurs années l'emploi de prennier ténor à l'O-
péra-Comique, est né à Niort le 12 novem-
bre 1826. D'abord élève de violoncelle au Con-
servatoire, il commença par être musicien
d'orchestre, et était violoncelle au Vaudeville
lorsque son frère n'y était encore que premier
violon. S'étant aperçu qu'il possédait une jolie
voix, il rentra au Conservatoire, y devint élève
de Panseron pour le chant, de Moreau-Sainli
pour l'opéra-comique, et obtint au concours
de 1846 un second prix d'opéra-comique. Il
partit alors pour l'Amérique, où un engagement
avantageux lui était offert, et fit à la Nouvelle-
Orléans une campagne très-brillante. Au bout
de deux ans il revint en Europe, et obtint de
très-grands succès en tenant l'emploi de ténor
léger à Lille, Bruxelles, la Haye, Strasbourg,
Marseille, Bordeaux, etc.
On s'étonnait de ne pas voir M. Montaubry à
rOpéra-Comique, lorsque Roqueplan, à son arri-
vée à ce théâtre, lui fit proposer un traité de cinq
ans, à raison de 40,000 francs par année.
M. Montaubry accepta et vint débuter, le 16 dé-
cembre 1858, dans un ouvrage fait à son inten-
tion, les Trois Nicolas, dont Clapisson avait
écrit la musique, et dans lequel il personnifiait
Dalayrac. Son succès fut très-grand dès l'abord,
et prit bientôt les proportions d'une véritable
vogue. Non que le chant du nouveau ténor
brillât par le style et la distinction; il avait
même parfois un caractère de vulgarité fâcheux,
et M. Montaubry, comme comédien, était sou-
vent d'un sans-gêne et d'un laisser-aller con-
damnables. Mais le chanteur avait de la facilité,
une voix bien timbrée, de jolies notes de faus-
set, l'acteur avait de la verve, de l'acquis,
beaucoup d'aplomb, et à une époque où les
ténors commençaient à se faire si rares, il n'en
fallait pas davantage pour lui assurer les faveurs
du public. M. Montaubry reprit donc avec
succès un grand nombre de rôles du répertoire :
Fra Diavolo, le Songe d'une nuit d'été, les
Mousquetaires de la Heine, Zampa, le Pos-
tillon de Lovjumeau, le Petit Chaperon rouge,
Rose et Colas, et il lit |)lusicurs créations im-
portantes : le Uoman d'Elvire, la Circassienne,
le Joaillier de Saint- James, Lalla-Roukh,
Lara, etc.
En 1868, M. Montaubry quitta l'Opéra-Comi-
que. Sa voix avait perdu une partie de sa fraî-
cheur, et il songea d'abord à tirer parti de son
talent comme professeur. Mais bientôt il acheta
un petit théâtre , les Folies-Marigny, et se fit
directeur de celte scène lilliputienne, sur laquelle
il fit représenter et joua lui-même une opérette
de sa composition, Horace. Il abandonna promp-
tement cette entreprise. En 1873, après avoir fait
jouer sur un petit théâtre une seconde opérette, in-
titulée Son Altesse le Printemps, W fut engagé à la
Gaîté, pour jouer le rôle principal dans la reprise
faite à ce théâtre de VOrphée de M. Offenbach.
En 1877, il quitta Paris pour aller prendre la
direction d'un théâtre en province.
M. Montaubry a épousé en 1850 une chan-
teuse de talent, M"« Caroline Prévost, fille
elle-même d'une cantatrice distinguée, M"« Zoé
Prévost. Dans son premier engagement à l'Opé-
ra-Comique, il avait fait in.sérer une clause par
laquelle le théâtre s'engageait à jouer un ouvrage
en deux actes de son frère, dont le rôle prin-
cipal serait rempli par lui. Celui-ci n'a pas pro-
fité de l'avantage que l'affection de son frère
lui avait fourni.
MONTEMAYOR (Le P. Francisco-
Melchor), musicien espagnol, plus connu en
son temps sous le nom de maître Cabello, fut
l'un des compositeurs religieux les plus distin-
gués de son pays dans la seconde moitié du
dix-septième siècle. Moine de l'ordre de Saint-
Jérôme au monastère de Guadalupe, il écrivit
quantité d'œuvres de musique sacrée , dont on
rencontre encore un grand nombre dans les
divers couvents de son ordre, particulièrement
à l'Escurial. On ne possède aucuns renseigne-
ments biographiques sur cet artiste, que l'on
sait seulement être mort dans un âge avancé.
MONTENEGRO (Antonietta), chanteuse
italienne renommée, née à Cadix vers 1825,
s'est fait une grande réputation par son talent
de cantatrice, par sa beauté poétique, fière et
imposante, et par sa rare intelligence. Elle fit
ses débuts en 1844, à Milan, sur le théâtre de la
Scala, en chantant la Norma de Bellini, et son
succès fut tel que l'ouvrage fut joué plus de
trente fois dans le cours de la saison et qu'on
frappa une médaille d'or reproduisant les traits
de la cantatrice. De Milan elle se rendit à Ve-
nise , puis se fit entendre avec le même succès
à Vienne et à Rome, et parcourut ensuite l'An-
gleterre , la Hollande et la Belgique. De retour
à Milan en 1856, elle fanatisait de nouveau le
public de la Scala dans Semiramide, on elle
obtint un véritable triomphe. Chanteuse d'ins-
piration, douée d'une voix étendue et puissante,
symphatique et pénétrante surtout dans le mé-
dium, se distinguant par ses élans passionnés et
son sentiment pathétique, la Monténégro brillait
tout particulièrement dans les ouvrages du grand
répertoire italien, tels que la Norma, Lucre-
MONTENEGRO — MONTLAUR
235
iia Borgia, Semiramide et Anna Bolena.
Celte artiste remarquable est morte à Naples au
mois de juin 1864.
MOIXTI (Decio), compositeur italien, a fait
représenter en 1869, sur le théâtre Doria, de
Gênes, un opéra en trois actes intitulé Gra-
ziella.
MOIXTICELLI (Ange), né à Marseille le 2
octobre 1829, a fait dans cetle'ville son éduca-
tion musicale. En 1845 il se rendit à Paris pour
y compléter ses études. Lorsque survinrent les
événements de 1848, il fut rappelé par sa
famille et revint à Marseille, qu'il n'a plus quittée.
Il s'y est voué à l'enseignement. Cet artiste s'est
fait connaître comme compositeur par un opéra
eu trois actes, le Fou de Saint-James, qui
fut représenté pour la première fois au Grand-
Théâtre de Marseille le 21 mai 1851. Il a publié
aussi divers morceaux de piano. M. Monticelli
est actuellement professeur de musique aux
écoles communales et au lycée de Marseille.
f Al. R — D.
MOIVTIGI\Y (Fanny-Marcelinr-Caroline
REMAURY, épouse), l'une des pianistes les
plus remarquables de l'époque actuelle, est née
à Pamiers (Ariége), le 22 janvier 1843. Elle fut
amenée tout enfant à Paris, et après avoir été
admise au Conservatoire, dans la classe de
solfège de M"® Mercié-Porte, elle entrait, peu
de temps après, dans la classe de piano de M. Le
Couppey. Elle obtenait au concours de 1856 un
premier accessit de piano, l'année suivante le
second accessit de solfège et le second prix de
piano, en 1858 le premier accessit de solfège et
le premier prix de piano, et en 1859 une se-
conde médaille (second prix) de solfège. A la fin
de cette année 1859, elle entra dans la classe
d'harmonie et accompagnement de M""^ Dufresne,
remporta en 1861 le premier accessit pour cette
partie de ses études, en 1862 le premier prix,
et termina ainsi brillamment sa carrière sco-
laire.
Après avoir accompli son apprentissage
d'artiste. M"* Caroline Rémaury commença à
se faire entendre en public, et tit apprécier un
talent qui brillait à la fois par la finesse et la
solidité, la grâce et la fermeté, par un goût très-
pur et par la franchise d'une exécution dont la
sûreté était inébranlable. Au bout de .quelques
années, la jeune artiste, par l'évidente supério-
rité de son jeu, s'était fait une place à part dans
le nombre de nos meilleurs virtuoses et avait
conquis une légitime renommée. D'ailleurs, il
semblait que ses succès ne fissent que l'encou-
rager au travail, et chaque jour son talent
acquérait plus de force, d'assurance et de dis-
tinction. Un son clair et superbe, im style noble
et pur, une excellente manière de phraser, la vive
et saine compréhension des maîtres, à quelque
genre qu'ils appartiennent, et par conséquent la
souplesse et la variété dans le jeu, telles sont les
qualités de cette grande artiste, qni exécute
avec la même supériorité les œuvres de Bach
ou de Rameau, de Mozart ou de Beethoven, de
Schumann ou de Chopin, de Schuloff ou de Men-
delssohn, ou encore les productions des jeunes
compositeurs contemporains, MM. Saint-Saëns,
"Widor, Rubinstein, Godard, etc.
Dans ces decnières années, M'°* Montigny-Ré-
maury (1) s'est fait entendre non-seulement dans
nombre de concerts particuliers, mais aux con-
certs du Châtelet, et surtout au Conservatoire, où
elle obtient toujours de vifs applaudissements. En
1876, elle a donné des séries de concerts à Bor-
deaux, à Lyon et à Londres, et dans cette der-
nière ville ses succès ont été éclatants. En 1877,
sur la demande expresse de M. Ferdinand Hiller,
directeur du Giirzenich , elle s'est rendue à Co-
logne, où elle a obtenu un véritable triomphe.
M»'' Montigny est assurément l'une des artis-
tes les plus accomplies de ce temps , et, faculté
rare 1 elle ne brille pas moins dans l'exécution
de la musique d'ensemble que lorsqu'elle est
appelée à se produire comme virtuose propre-
ment dite.
MONTLAUR (Joseph-Isidoke, comte
VILLARDY DE), amateur distingué de mu-
sique, né au château de Poudres, près de Som-
roières, dans le département du Gard, le 5 fé-
vrier 1779, mourut dans le même lieu le 22 dé-
cembre 1843. Il prit, dit-on, des leçons de
violon avec Rode, et travailla l'harmonie avec
Reicha. Doué d'une fort belle voix de ténor, il
obtenait, comme chanteur, de grands succès de
salon, ce qui ne l'empêcha pas de se livrer à la
composition. Il a publié deux recueils de Noc-
turnes : Veillées du château et Nouvelles Veil-
lées du Château (Paris, Pacini), deux duos
italiens : Ecco dunque la bella Maraviglia
et la Serenata (Paris, Bernard-Latte), quelques
romances : la Vierge espagnole, Plaisir,
amour ont fui loin de la France, la Pèle-
rine, un quatuor vocal destiné aux églises réfor-
mées (Montpellier, Boehm), etc. La mort surprit
ce compositeur au moment où il achevait un
grand oratorio, Gerusalemme liberata, avec
paroles italiennes et françaises. Il a laissé aussi
en portefeuille un opéra-comique, la Jeune
Mère, qui n'a jamais été représenté.
(1) Mlle Caroline Rémaury avait épousé un publiclsle
distingué, M. Montigny, rédacteur du Journal le Temps,
qui l'a laissée veuve 11 y a trois ou quatre ans.
236
MONTROND — MOONEN
MONTROND (M/vxiME DE), écrivain, a
publié lin livre ainsi intitulé : les Musiciens les
plus célèbres (Lille, Lefort, 1853, in-S"), con-
tenant quarante-deux notices sur des musiciens
fameux. Ce volunne fait partie d'une série de
publications du même genre, dont les autres
sont consacrées aux peintres, aux militaires,
aux marins, etc. C'est dire que l'auteur ne con-
naît spécialement aucun des sujets traités par
lui, et que ses compilations, dépourvues des
qualités les plus indispensables, ne peuvent être
d'auc\ine utilité.
MOIXTUOLI (Giuseppe), compositeur de
musique religieuse, naquit à Lucques vers 1670.
Après avoir fait d'excellentes études, il devint
maître de chapelle de la république, et produisit
un certain nombre d'œuvres estimables, entre
autre sept services religieux à grand orchestre
exécutés, de 1699 ;à 1735, à l'occasion de la
fête de Sainte-Cécile, plusieurs compositions du
môme genre écrites pour les cérémonies de
l'Kxaltation de la Croix, un oratorio intitulé le
Passioni convinie, une messe à 4 voix avec
accompagnement instrumental, et plusieurs can-
tates da caméra ; on assure même qu'il écrivit
pour le théâtre , mais les titres de ses oeuvres
en ce genre sont aujourd'hui oubliés. Montuoli
mourut à Lucques le 27 novembre 1739; en lui
s'éteignit son nom, car il n'avait pour, toute
famille qu'une sœur, religieuse au couvent de
Saint-Nicolas.
Montuoli, qui sans doute consacrait une partie
de son temps à l'enseignement, a publié un ou-
vrage théorique dont il a été fait plusieurs édi-
tions, car on verra que celle que je vais citer,
et qui m'a été signalée par M. le docteur Basevi,
de Florence, n'est pas la première : Lezioni per
notteggiare a voce sola col basso continuo
del sig. Giuseppe Montuoli, maestro di cap-
pella délia Sereniss^ Bepubblica di Lucca.
Di nuovo ristampatc. Firenze, ad istanza di
Carlo nolli, librajo delV Arcivescovado, 1711.
MOIXTUORO (Achille), compositeur ita-
lien, né à Naples, a fait représenter j\ Paris, au
ThéAtre-Lyrique, le 10 juin 1867, un opéra-co-
mique en un acte intitulé les Commères, qui
passa complètement inaperçu. L'année suivante
I publiait sous ce titre : le Vere e sole Cagioni
délia decndenza delV arte musicale in Italia,
e quale il mezzo ad arreslarne il corso (Pa-
rigi,l8r>8, in-8" de 14 p.), une brochure écrite en
italien et (jui présente celle particularité que,
bien que publiée à Paris, elle a été imprimée à
Turin.
J'ignore si c'est le même artiste qui, en 1802,
sollicitait et obtenait la direction du théâtre San-
Oarlo, de Naples, qu'il ne conservait pas long-
temps ; c'est du moins un personnage qui por-
tait exactement les mêmes nom et prénom.
Quoi qu'il en soit, M. Montuoro retourna en
Italie, où il continua sa carrière de compositeur
en donnant au théâtre de la Scala, de Milan, le
20 mars 18C9, un opéra sérieux intitulé Fieschi,
qui fut froidement accueilli, bien qu'il fût chanté
par d'excellents artistes, entre autres M"= Tere-
sina Stolz et le baryton Colonnese. Deux ans
après, au mois de mai 1871, il faisait représenter
au théâtre Re, de la même ville, un ouvrage
bouffe, /'i4 otocq/o Patelin, qui n'obtenait guère
plus de succès. Enfin, le 9 janvier 1874, il pro-
duisait nu théâtre Regio, de Turin, un nouveau
drame lyrique, Re Manfredi, qui subissait une
chute lamentable. « Cet ouvrage, disait un
journal, n'a vécu que deux soirées ; il a disparu
le lendemain dans un ouragan de sifflets, sans
avoir même pu s'achever. C'est une série inter-
minable de lieux communs mélodiques et har-
moniques. Re Manfredi a mérité son sort. Il
est dommage que le musicien ait entraîné dans
sa chute le poète Léopold Marenco, un des
esprits les plus distingués d'Italie: mais aucun
libretto ne pouvait sauver cette musique. » De-
puis ce fiasco colossal, M. Montuoro ne s'est
pas représenté à la scène.
MOIVVILLE (DE), musicien du dix-hui-
tième siècle, a écrit la musique d'un petit ou-
vrage qui avait pour titre : « les Amours de vil-
lage ou Lisette et Colin, scène pastoralle, avec
accompagnement de harpe, violon, quinte et
clavecin. » La partition de cet ouvrage a été
gravée, et l'on en trouve un exemplaire à la
bibliothèque de l'Opéra de Paris. Cet artiste est
resté absolument inconnu.
MOONEÎV (Léon-Hermann-René), organiste
et compositeur français, d'origine hollandaise,
est né à Paris le 22 février 1842. Élevé en
Angleterre, où il a séjourné pendant dix-neuf
ans, il a fait la plus gramle partie de ses études
musicales à Londres, où il a été élève de Stern-
dale Bennetl pour le piano et de M. Jansa pour
le violon, et il a été attaché pendant plusieurs
années , en qualité de violoniste, à l'un des
théâtres d'opéra italien de cette ville. Cet artiste
occupe aujourd'hui, à Paris, une situation im-
portante dans la fabrique d'orgues-harmoniums
Alexandre. M. Moonen a publié une ISoiivelle
Méthode d'orgue expressif, ouvrage utile et
estimable, et quelques compositions : 3 trios pour
piano, violon et violoncelle, un Stabat Mater,
une Mar(;he militaire, plus quelques transnip ■
lions pour l'harmonium et quelques morceaux de
musique de danse pour piano. M. Moonen a colla-
MOONEN — MORANDI
237
bore aussi à divers journaux, entre autres à VÉ-
cho musical, deBraxcWes, aa Miislcal World,
de Londres, et au Progrès artislique, de Paris.
* MOOSER (Aloys). — La 3« livraison des
Souvenirs de Fribourg (Priboaig, Schmid, 1840,
in-4<> de 42 p.), entièrement consacrée à l'orgue
célèbre de cette ville et à son auteur, porte ce
titre particulier : VOrgue d'Aloyse Mooser,
construit dans l'église collégiale de S. Nico-
las, à Fribourg en Suisse. Elle contient sur
le fameux facteur quelques détails biographiques
qui ne sont pas sans intérêt, et qui vont être
résumés ici.
Aloys Mooser, né à Fribourg le 27 juin 1770,
suivit la même carrière que son père, Joseph
Mooser, qui avait étudié la facture d'orgues à
Strasbourg, dans l'atelier du vieux Silbermann,
le plus célèbre organier de son temps. A 18 ans,
le jeune Mooser quitta son pays pour aller tra-
vailler chez Silbermann fils, après quoi il passa
dans les ateliers de Krœmer à Mannheim, de
Huber à Cologne, et enfin d'Antoine Waller,
facteur de la cour de Vienne. C'est sous la
direction de ce dernier maître qu'il prit une
part importante à la construction de différentes
orgues en Autriche et en Hongrie. Revenu dans
sa patrie, Aloys Mooser prit la direction de la
maison paternelle, et ajouta à la fabrication des
orgues celle des pianos ; il imagina môme une
combinaison des deux instruments, et construisit
un piano-orgue comprenant huit claviers et
trente registres, qui produisait, dit-on, un grand
effet. Mais sa réputation comme facteur d'or-
gues augmentait chaque jour, et l'on cite parmi
les meilleurs instruments de ce genre sortis de
ses mains ceux de l'église du Saint-Esprit à
Berne, des églises paroissiales des villes de Bulle
et d'Estavayer, de l'abbaye de Hauterive, des
couvents des Sœurs de Moatorge et de la Visi-
tation, enfin celui des Pères du Saint-Rédemp-
teur k Fribourg. Quant à celui qu'il éleva dans
l'église collégiale de cette ville, il est générale-
ment considéré comme son chef-d'œuvre; Mooser
employa dix années à le construire, de 1824
à 1834. Peu de temps après l'inauguration de
cet orgue, Mooser fut invité par la municipa-
lité de Winlerthur à en construire un sur le
môme modèle, quoique de dimensions moins
considérables; il se rendit à cet effet dans cette
ville, mais bientôt il tomba malade, dut re-
venir à Fribourg, et mourut le 23 (et non le 19)
décembre 1839, âgé de soixante-neuf ans et demi.
Marié deux fois, Mooser eut quatorze enfmls,
dont sept seulement, quatre (illes et trois lils,
lui survécurent ; l'une de ses filles, Marie Mooser,
mourut peu de mois après sou père. Les trois
fils suivirent la carrière de leur père, et les deux
aînés, MM. Maurice et Alexandre Mooser, furent
chargés de la construction de l'orgue de Win-
thertliur, dont il avait à peine eu le temps de
dresser les plans. On a fait ce quatrain sur la
mort de Mooser :
Mooser, repose en pali, ta carrière est (ourole;
Triomphant de la mort, dont tu subis la loi.
Ton seul nom, lUustrti par ton heureux ginle,
Contraindra l'aTcnlr i s'occuper de toi.
MOllALES (Melesio), compositeur mexi-
cain, est l'auteur d'un drame lyiique italien
en 3 actes et un prologue, intitulé Ildegonda,
qui a été donné pour la première fois, en 18G6,
sur le théâtre de Mexico, où il a obtenu un vif
succès. Le jeune artiste étant venu ensuite eu
Euiope pour se faire connaître, fut assez heu-
reux pour pouvoir faire reproduire cet ouvrage
au théâtre Pagliano, de Florence, en 1869.
Depuis lors il est retourné à Mexico, où il a
fait repiéscnter, le 21 juillet 1877, un nouvel
opéra sérieux intitulé Gino Corsini. A part un
chœur pour voix de femmes avec accompagne-
ment de piano. Al Liceo di Mèrida, je ne
connais pas d'autre composition de cet artiste.
M. Morales est directeur de la Société philhar-
monique de Mexico, et il a imprimé, par son in-
telligence et son activité, une grande impulsion
au mouvement musical de cette ville,
* MORALT (Joseph), violoniste bavarois,
n'était pas mort à Munich en 1828, ainsi que l'a
dit la Biographie universelle des Musiciens.
Il n'est mort en cette ville que le 14 novembre
1855.
MORANDI (Rosa), cantatrice dramatique
fort distinguée, née à Sinigaglia dans la dernière
partie du di.x-buitième siècle, était la femme de
Pietro Moiandi, compositeur et organiste re-
marquable [f^. Biographie universelle des Mu-
siciens, t. VI). La Morandi se voua de bonne
heure à la carrière théâli'ale, où elle obtint de
très-grands succès, et acquit rapidement une
brillante renommée que justifiaient la beauté
de sa voix et ses rares qualités d'exécution
et d'expression. Elle fut une des meilleuies
interprètes de Rossini, et c'est pour elle que
ce grand homme écrivit, à Venise, en 1819,
son opéia d'Odoatdo e Cristina. Elle était
sublime, dit-on, dans Otello , et aussi dans un
dos meilleurs ouvrages de Pacini, la Sacer-
dotessa d'irminsul. La Morandi mourut le
7 mai 1824, à Milan, dans tout l'éclat de son
tiilent, au moment où ce inaître se |)réparait à
écrire à son intention un nouvel opéra, Isabella
ed Enrico. Les Milanais, qui étaient affolés de la
238
MORANDI — MOREL
Morandi, lui firent des funérailles splendides,
dont les frais furent couverts par une souscrip-
tion privée, et le poëte Felice Romani, collabo-
rateur de tous les grands musiciens de ce temps
et dont elle avait été souvent l'iulrerprète ins-
pirée, lui consacra les quatre vers suivants :
Puro cor, casta mente, onore e zelo
Dl tnadre amante e dl fedel consorte
Avran potuto disarmar la morte,
Ma la bell'alma cra aspetlata in clclo (1).
MORAIVDI (G ), pianiste, organiste
et compositeur italien contemporain, a publié
quelques morceaux de genre pour le piano,
marches, nocturnes, etc., mais s'est surtout fait
connaître par la publication d'un assez grand
nombre d'oeuvres importantes pour l'orgue,
parmi lesquelles il| faut citer particulière-
ment quinze recueils de sonates, des sym-
phonies, et des pastorales. On lui doit aussi
un recueil de divertissements et marches écrits
pour musique militaire , et réduits par lui pour
piano et orgue.
• MORANGE (A.DE).— Auxdeuxouvrages
dramatiques cités de ce compositeur, il faut
ajouter w?i Grain de folie ou les Deux Étuis,
opéra-comique en un acte représenté au théâtre
des Jeunes-Artistes à la fin de 1802. Parmi les
mélodrames dont il écrivit la musique, on peut
mentionner : Ardres sauvée, A-t-il deux fem-
mes? Aviour et Cruauté. En 1805, Morange
était chef d'orchestre au théâtre de la Gailé;
mais dès l'année suivante il n'était plus en pos-
session de cet emploi, et depuis lors il disparut
complètement.
MOREAU-SAINTI (Théodore-François),
chanteur scénique , né à Paris le 25 février
1799, s'appelait Moreau , et ajouta plus tard à
son nom celui de sa femme, M"* Sainli, comé-
dienne distinguée qu'il épousa à Lille, et qui
se fit ensuite une place honorable à Paris,
d'abord à l'Odéon, puis au Théâtre-Français,
tandis que son mari acquérait à l'Opéra-Comi-
que une notoriété légitime. Moreau-Sainli avait
été élève du Conservatoire, et était entré au
Gymnase-Dramatique lors de la création de ce
théâtre, en 1820. Mais il partit peu de temps
après pour la province, et tint avantageusement
l'emploi des premiers ténors d'opéra et d'opéra-
comique dans plusieurs grandes villes, telles
que Rouen, Bordeaux, Bruxelles, etc. Il était
à Lyon lorsque, en là29, la retraite dePonchard
arrêtant la mise à la scène du dernier ouvrage de
Boieldieu, les Deux liuits, il fut appelé à l'O-
• (1) Cœur pur, âme chaste, honneur et zèle de rac^re ai-
manie et de fidèle épouse auraient pu dusarmer la niorti
mais sa belle Ame était attendue au ciel.
péra-Comique pour établir le rôle principal de
cet ouvrage. Malgré ses qualités très-réelles, il
resta au-dessous de la tâche très-difficile, dont
il était chargé, et fut une des causes du peu de
succès des Deux Nuits. Cependant il sut se
faire une place à l'Opéra-Comique, où il reprit
d'une façon très-heureuse plusieurs rôles du ré-
pertoire ; mais en 1831 la fermeture de ce théâ-
tre l'obligea à retourner en province, où il se vit
accueilli avec une rare faveur.
En 1836, il reparut à rOpéra-Comique, où il
fournit pendant plusieurs années une excellente
carrière, grâce à son élégance scénique, à l'ai-
sance de ses manières, à sa diction parfaite, et
au goût dont il faisait preuve dans sa façon de
chanter, bien que sa voix fût parfois un peu
faible et manquât d'étendue. C'est alors qu'il créa
avec succès les rôles de Juliano du Domino
noir, du duc de l'Ambassadrice, du marquis
des Deux Voleurs , de l'ambassadeur du Gui-
tarero, et beaucoup d'autres encore. En même
temps Moreau-Sainti se livrait à l'enseignement,
et formait des élèves qui lui faisaient honneur,
tels que Grard, Masset, Sainte-Foy, Laget,
M"" Rouvroy, Rossi, etc. Bientôt le Conserva-
toire voulut se l'attacher ; en 1845, il fut appelé
dans cet établissement comme professeur d'o-
péra-comique, et en 1848 il devint chef du pen-
sionnat des chanteurs, après avoir quitté la
scène en 1847, pour se livrer entièrement aux
soins que réclamait son enseignement. Il rési-
gna ses fonctions de chef du pensionnat lors-
qu'il perdit sa femme, mais il conserva sa classe
jusqu'à son dernier jour. Il mourut presque
subitement à, Paris, le 31 mars 1860. — Un
frère de cet artiste, qui avait tenu longtemps en
province l'emploi des_ ténors, est mort au mois
de septembre 1863.
MOREL (AiiGUSïE-FRAisçois), né à Marseille
le 26 novembre 1809, montra dès ses premières
années d'heureuses dispositions pour la musi-
que. Il l'apprit d'abord comme complément d'é-
ducation, et fit de sérieuses études au collège
de Marseille, d'où il sortit en 1826 pour suivre
la carrière commerciale à laquelle ses parents
le destinaient. Mais un irrésistible penchant
l'entrainait vers l'art qu'il cultivait depuis son
enfance; il voulait s'y consacrer tout entier.
Appelé à faire sa partie dans des séances inti-
mes de musique de chambre, il sentait sa jeune
imagination s'enllammer à l'audition des qua-
tuors de Haydn, de Mozart et surtout de Beetho-
ven. N'ayant reçu aucune leçon d'harmonie ni
de contre-point, il essayait de se rendre compte
des accords qui le fra|)|)aient et se fit ainsi une
sorte de théorie de l'harmonie qu'il compléta et
MOREL
239
régularisa plus tard en étudiant les œuvres di-
dactiques de Reicha. Il mit bientôt en pratique
ces premières observations en écrivant divers
morceaux pour les voix ou les instrumenls,
et, en 1830, son premier quatuor en si mi-
neur.
En 1836, ayant triomphé des hésitations de
sa famille, il partit pour Paris et essaya d'en-
trer au Conservatoire. Son âge s'y opposa, car
on ne pouvait y être admis que jusqu'à 25 ans.
Mais il fut accueilli avec un bienveillant intérêt
par Halévy, qui, — après avoir examiné quel-
ques pièces d'orchestre du jeune artiste, —
lui déclara que « puisqu'il écrivait ainsi, il
n'avait plus besoin de matlres. « — M. Aug. Morel
ne dut donc qu'à lui-môme sa parfaite entente
des lois et des procédés de la composition.
Il chercha dès lors à se faire connaître comme
compositeur et critique. Il lit partie d'abord de
la rédaction du Vert-Vert, dont son ami et
compatriote Méry lui avait facilité l'accès, et
cil il avait pour collaborateurs Guinot, Gozian,
Esquiros, etc. — Il devint bientôt après feuille-
toniste du Messager des Chambres, du Jour-
nal de Paris, et donna d'une façon suivie des
articles au Monde musical et à la Revue et
Gazette des Théâtres. i
En même temps il publiait de la musique,
— surtout vocale, — dans le genre qui était en
vogue à Paris. C'est ainsi qu'en 1837 il fit pa-
raître un album de six mélodies, dont l'une,
le Retour, dans la manière de Schubert, est
particulièrement belle de pensée et de forme.
Depuis cette époque jusqu'en 1850, M. Aug.
Morel écrivit successivement une soixantaine
de, mélodies. On peut citer, parmi les plus re-
marquables : Rappelle-toi ! sur les paroles
d'Alfred de Musset, inspiration élevée et tou-
chante ; le Fils , du Corse, qui devint popu-
laire et qu'affectionnait le baryton Géraldy;
r Invocation, les Adieux dans la nuit , la
Plainte du pâtre, le Sonnet sur la mort
d'une amie, dont la forme archaïque et la
portée étaient bien au-dessus de ce qui se
faisait alors dans le genre; Pauvre Oiseau, la
Fille de l'hôtesse, Page et Mari, etc.
M. Aug. Morel avait le désir de se faire con-
naître comme compositeur dramatique : mais on
sait les obstacles que rencontrent les auteurs
français quand ils veulent aborder le théâtre
dans ce milieu artistique de Paris, où se con-
centrent et lutlint toutes les ambitions. Ces
obstacles, M. Aug. Morel, par suite de l'extrême
réserve de son caractère, devait plus dillicile-
ment que tout autre les surmonter. Aussi,
malgré les promesses réitérées des librellistes et
et, des directeurs, ne put-il arriver à se faire
place jusqu'à une de nos grandes^ scènes lyri-
ques. Cependant, en 1848, il réussit à faire appré-
cier divers morceaux (introduction, entr'actes,
chœur, marche et couplets de Canéphores), des-
tinés à accompagner le drame antique de Joseph
Autran, la Fille d'Eschyle, qui fut joué
avec succès à l'Odéon. En 1850, il fit pour la
Porte-Saint-Martin un ballet en 3 actes, l'Étoile
du Marin, qui fut favorablement jugé par la
presse, puis, — pour le même théâtre, — la
musique des divertissements d'un drame ayant
pour titre Rome. — Cette pièce fut interdite
parce quelle mettait en scène la vie de Pie IX,
et se transforma en Connétable de Bourbon.
En 1847, M. Aug. Morel écrivit son 2'°''quatuor,
à la suite d'un voyage à Marseille, où ses amis
l'engagèrent vivement à s'adonner à la musique
de chambre. Pendant les quinze années de son
séjour à Paris, il écrivit encore une Marche fu-
nèbre, une ouverture en ré mineur et une
grande scène dramatique pour basse-taille solo,
chœur, orchestre et orgue, qui fut chantée
d'abord par Bouché, auteur des paroles, puis
par Alizard.
En 1850, M. Aug. Morel renonça, — par suite
de considérations de famille, — à la situation
et à la notoriété qu'il avait acquises à Paris,
et revint se fixer à Marseille. En octobre 1852,
il fut appelé à la direction du Conservatoire de
cette ville, en remplacement de M. Barsotti.
Chargé d'introduire dans cet étabhssement le
système d'enseignement suivi au Conservatoire
de Paris, il y parvint en peu de temps, et élar-
git considérablement le cadre des études. Il dé-
doubla les classes de solfège, en les divisant en
classes élémentaires et supérieures, augmenta
le nombre de celles de piano, développa celles
de violon et de violoncelle, et obtint, à force
d'instances, la création des classes de llûte,
hautbois, clarinette, basson, cor, trompette et
contre-basse. Sa gestion ne prit fin qu'en 1873,
après qu'une décision regrettable de la munici-
palité eut réduit le Conservatoire au rang de
simple école communale.
Pendant cette période de vingt ans, M . Aug. Mo-
rel écrivit un grand nombre de pièces pour tous
les instrumenls, en vue des besoins de l'école
qu'il dirigeait. 11 publia en outre, chez Gérard,
à Paris, son 3"" quatuor en mi, son quintette
en la, son 4"" quatuor en si bémol, son
5""^ quatuor en ré mineur, et, récemment, son
trio en fa dièze mineur, pour piano, violon et
violoncelle.
En 1860, il donna au Grand-Théâtre de Mar-
seille un grand opéra eu 4^actes, ayant pour ti-
240
MOREL — MORETTI
tre le Jugement de Dieu. (La partition d'or-
chestre et la partition piano et chant ont été
éditées par Gérard, à Paris.) Cet opéra, qui eut
du succès à Marseille, puis à Rouen, où il fut
chanté par M™' Sax, semble avoir été conçu
avec lu préoccupation de satisfaire le goût de la
majorité du public dans ie midi de l'Europe.
L'auteur, dont la musique de chambre téinolj^ne
une prédilection marquée pour les classiques
allemands, a composé toute sa partition dans
l'esprit et le style de la musique italienne.
Plusieurs morceaux sont dans la coupe de ceux
de Donizelti. Ce fut en cette même année (1860)
que M. Aug. Morel, fut nommé chevalier de la
Légion d'honneur.
llfautciterencoreparmilesœuvresqueM. Aug.
Morel a écrites à Marseille des mélodies pu-
bliées, soit à Paris par Gérard, soit à Marseille
par l'éditeur Roussel ou son successeur Car-
bonel, parmi lesquelles : Résignation, Si vous
n'avez rien à me dire, Puisque j'ai mis ma
lèvre, etc. ; divers morceaux de musique re-
ligieuse; une ouverture en mi bémol; une Ou-
verture-boléro, pour l'inauguration de l'Union
des arts ; une ouverture en si bémol pour
les concerts de distribution de prix du Con-
servatoire; plusieurs chœurs d'orphéon; trois
cantates, dont une, sur une poésie de Méry
{V Hymne du travailleur et du soldat), pour
chœurs d'hommes et musiques militaires, fut exé-
cutée en 1860, dans un festival donné au château
Borély, par une masse d'environ deux mille chan-
teurs et instrumentistes; enfin, une grande sym-
phonie en ut mineur, exécutée pour la pre-
mière fois en 1874. Au moment où celle notice est
écrite, M. Aug. Morel termine une seconde sym-
phonie (en ré), dont le premier morceau a élé
entendu en 1875 au Cercle artistique de Mar-
seille.
Comme on le voit, M. Aug. Morel a beaucoup
écrit. Musique de chambre musique symphoni-
que, dramatique, religieuse, chorale, tous les gen-
res ont lixé tour à tour son attention et tenté son
activité. Sans doute, dans cette œuvre considé-
rable, tout n'a pas la même portée. Mais on n'y
rencontre jamais de négligence de forrne, et en
plus d'un endroit M. Aug. Morel s'est élevé aune
réelle hauteur. C'est, sans contredit, dans la
musique de chambre qu'il a excellé. On peut
dire qu'il y est à peu près à la tète des compo-
siteurs français. C'est aussi cette partie de son
œuvre que l'inslilut a couronnée, en lui décer-
nant à deux reprises le prix Chartier. Il y a là
la noblesse de la pensée, l'ampleur et l'abon-
dance des développements, et l'esprit classique.
M. Aug. Morel a aussi une supériorité réelle
dans le cadre concis et coloré de la mélodie
vocale. Plusieurs de ses romances, lîap-
pelle-toi, le Retour, les Adieux dans la nuit,
sont de petits chefs-d'œuvre de grâce et de
sentiment. L'auteur y est bien au-dessus de
ceux qu'on a appelés en France les maîtres du
genre, Plantade, Labarre, Panseron, L. Puget,
etc. C'est à ÎNiedermeyer, Gounod ou Reber
qu'il faut le comparer.
Les qualités dominantes de M. Aug. Morel sont
le vif sentiment mélodique, l'expression et la
clarté. Le caractère de sa pensée est le plus
souvent triste, mélancolique ou pathétique.
Quelquefois sa phrase vocale a l'accent un peu
plaintif d'Halévy. Cet artiste laborieux et
modeste, qui a presque toujours vécu en pro-
vince et dont les travaux ne sont pas assez
connus, doit avoir sa place à côté des person-
nalités les plus honorées de l'art contemporain.
Une partie de son œuvre marquera parmi les
meilleures productions de ce temps (1).
Al. R— d.
MORETTI (Félix). — Voyez DAVIDE
(Le Père).
* MOKETTI (Giovanni) et non Felice,
comme il a été dit dans la Biographie univer-
selle des Musiciens, est né à Naples en 1807 (2).
Admis au Consirvatoiie de cette ville, il y de-
vint élève de Pietro Casella et de Giuseppe Elia
pour le piano, de Birago pour le solfège, puis de
Furno pour l'harmonie accompagnée, et enfin
de Tritto, de Zingarelli et de Raimondi pour le
contre-point et lacomposilion.il était encore sur
les bancs de l'école lorsqu'il écrivit pour le théâ-
tre Nuovo,à l'occasiondu retour de François 1",
une cantate intitulée la Gioja] dei sudditi
(1829), et pour le théâtre de la Fenice un opéra
semi-sérieux en 2 actes, il Premio delta Rasa,
qui fut représenté dans le cours de la môme
année. L'heureux résultat de ces premiers es-
sais l'amena à composer coup sur coup plu-
sieurs autres ouvrages : la Strega, 2 actes,
Fenice, 1830; lo Spirito nell'umpotla, th.
Nuovo, 1830; VErediiàdiPulcinella, id., 1831 ;
la Fidanzaia ed il Ciarlatano, id., 1832;
i Due Forzati, 1833.
Ce n'est que lorsqu'il eut donné ce dernier
opéra que les supérieurs du Conservatoire con-
sentirent à lui laisser quitter cet établissement,
dans lequel ils l'avaient retenu jusqu'alors mal-
(1) Depuis 1877, M. .tnRUste Morel s'est de nouveau fixé
à l'arls.oii il est devenu Vun des coilaljoraleurs du Jour-
nal le Minestrcl. — A. P.
(2) Je rtfjls octlc notice d après celle qui a Clé publiée
par M. Francesco Klorlmo dans son llvfe : C'cnno stàricO
sulla scuoia muticalc di Napoli.
MORETTI — MORIN
241
gré 'ses prières. Il continua alors d'écrire pour
la scène, et voici la liste des ouvrages qirii fit
représenter par la suite : Ugo (VEdinturo, th.
Nuovo, 1834 ; la Fumiglia indiana , id., 1836 ;
rossesso immagmario , id., 1836 ; vn Curioso
Siratagemma,u\.j 1838 (en société avec divers
compositeurs) ; il Feudatario di Margot e ,
3 actes, id., 1839; l'Una per l'altre, 2 actes,
id., 1844 ; le lyozze frastornate da un pazzo,
Fenice, 1844 (en société avec divers composi-
teurs); Adelina, 3 actes, th. Nuovo, 1846;
Policarpio, 2 actes, id., :1849; VArrivo del
Nipote, 3 actes, id., 1850; il Feslino, 3 actes,
id., i85i -jinia G i(a a Pompei, 3 actes, id., 1856;
le Due Pasquarelle, 3 actes, id., 1857.
De 1840 à 1842, M. Moretti exerça les fonc-
tions, de directeur de la musique au théâtre du
Fondo; de 1850 à 1861 il remplit le même em-
ploi au théâtre Nuovo, et enfin, en 1870, il
fut engagé en la même qualité au théâtre San-
Carlo. Il était alors âgé de soixante-trois ans.
M. Moretti s'est fait à Naples une réputation
comme professeur de composition, principale-
ment pour les jeunes artistes qui se destinent
au lliéâtre. En dehors de ses œuvres dramati-
<[ues, on doit à ctt artiste d'assez nombreuses
compositions religieuses, parmi lesquelles je ci-
terai les suivantes : 12 messes de Gloria, à 2,
5 et 4 voix, avec orchestre; Messe funèbre, à 4
voix, avec orchestre; 4 Credo à 3 et 4 voix,
avec orchestre; 4 Magnificat, id.; 5 Salve Re-
gina, id. ; Salve Regina pour ténor et basse avec
chœur, alla Palestrina ; 12 litanies à 2, 3 et 4
voix, avec orchestre; leçons, lamentations et ré-
pons pour le mercredi saint, avec accompagne-
ment de quatuor d'instruments à cordes. M. Mo-
retti a écrit encore une (quinzaine d'ouvertures
pour grand ou petit orchestre.
MURI (Franck), professeur de chant à Lon-
dres, né en 1820, a publié, outre un certain nombre
de mélodies vocales, un recueil d'exercices pour la
voix, Vocal Exercises (Londres, Duncan Da-
vison). Ou lui doit aussi la musique d'un petit
opéra, the River Spiriie (l'Ondine), qui a été
représenté au théâlre de Covent-Garden au mois
de février 1865, et qui a reçu du public un ac-
cueil très-favorable. Mori, dont la réputation
comme professeur était très-grande à Londres,
faisait partie de la Vocal Association et de la
Société musicale de Londres. Cet artiste est mort
en France, à Chamant, près Senlis, le 2 août
1873, à l'âge de cinquante-trois ans.
MOU liVC (Edouard), journaliste français, est
auteur du livre intitulé : le ISouvel Opéra, le mo-
nument, les artistes, parX. Y. Z. (Paris, Lévy,
1875, in-l2 avec nombreuses vignettes). Cet
BTOCR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
écrivain est mort, âgé de trente-cinq ans envi-
ron, au commencemimt de 1876.
*I\10RIAIVI (Napoléon), chanteur italien
célèbre, né à Florence, non en 1800, mais le 10
mars 1808, est mort en cette ville le 4 mars 1873.
Élève dun maître nommé Carlo Ruga, et doué
d'une voix admirable, il eut à vaincre, pour
pouvoir se livrer à la carrière qu'il ambitionnait,
la volonté longtemps inflexible de son père. Il se
fit entendre d'abord à la Scala de Milan (1832),
dans un concert au bénéfice du Pio Istituto
teatrale. L'année suivante, il faisait d'éclatants
débuts à Pavie, dans gli Arabi nelle Gallie, de
Pacini. Par la suite, sa carrière ne fut qu'un
long triomphe, justifié par ce fait qu'il était co-
médien pathétique et passionné en même temps
que virtuose incomparable. Les Espagnols l'ap-
pelaient le ténor à la belle mort, pour la fa-
çon dont il jouait la scène finale de Rolla, qui
se terminait par la mort du héros. Donizetti
écrivit pour lui Maria di Rudenz; Vaccaj, la
Sposa di Messina ;Luigi Ricci, Eran due ed
or son tre ; Mercadante, le Illustri Rivali ; Savi,
ilCid;L\\\o,Rosmonda; \Jcct\\\,Emmadi Près-
burgo ; Persiani, Eufemia di Messina, etc. Mo-
riani chantait le genre sérieux ainsi que le
mezzo-carattere , mais non le bouffe; parmi
les ouvrages qui composaient son répertoire, on
remarque Otello, la Sonnambula, Lucia di
Lamermoor, il Barbiere di Siviglia, Lucrezia
Borgia, la Gazza Ladra, i Puritani, un
Ballo in maschera, Poliuto et i Lombardi.
Moriani eut pour compagnons les premiers
chanteurs de son temps, et l'on se souvient
encore en Italie du trio fameux qu'il formait
avec la Carolina Ungher et Georges Ronconi, et
que l'imprésario Alessandro Lanari conduisait
triomphalement par toute la Péninsule. Ce
grand artiste fut l'ami inséparable, le compa-
gnon de joies et de douleurs de l'illustre poète
Giusti, qui l'aimait comme un frère.
* MORI\ (Jean-Baptiste). — Ce'musicien a
publié , chez Ballard, non pas seulement deux,
mais quatre livres de Cantates françoises ;
le livre III porte la mention : œuvre sixième,
et le livre IV : œuvre septième.
MORIN (Pierre-Auguste), fils d'un musicien
français qui s'était fixé à Amsterdam, naquit en
cette ville en 1795 (1). Il reçut des leçons de
(1) Le père de cet artiste, Pierre- Augustin Morin,
né en Normandie en 1746, était liil-m^ine fils et elèye
d'un musicien qui avait été au service du duc d'Orléans,
et apprit le clavecin et plus tard la flûte. S'étant rendu
fort jeune aux Pays-Ras, en compagnie d'une troupe dra-
matique française, il fut enf;agé comme première flUte
au théitre français d'Amsterdam, et conserva cet fonc-
T. II. 16
242
MOUIN — MORNY
\iolon de son père et d'un artiste nornméMerlen,
et étudia la composition avec Navoigille. Attaclié
successivement à l'orchestre du tliéàlre français,
puis du théâtre néerlandais, enfin du théâtre
allemand d'Amsterdam, il fit partie aussi de
ceux des concerts Félix Mentis, dfs Concerts
du dimanche et de la Société EnidUio musica.
Parmi ses compositions, on cite, outre des étu-
des pour le violon et un pot-pourri sur la Flûte
enchantée, do Mozart, la musique de deux bal-
lets qu'il écrivit pour l'un des théâtres d'Ams-
terdam, et celle d'un mélodrame intitulé P>jg-
malion. Cet artiste mourut en 1826, à la fleur
de làge.
* MORINI (Ferdinando), compositeur ita-
lien, naquit à Florence le 10 avril 1791, et fit ses
études musicales sous la direction d'un pro-
fesseur renommé, Disma Ugolini, maître de con-
tre-point à l'Académie des Beaux-Arts. M. Morini
a transcrit et arrani^épour grand orchestre, sous
le titre de coucertoni, 31 œuvres diverses de
Beethoven (sonates, trios ou quintettes), trois
de Mozart, une de Weber et une de Krommer;
il a formé aussi, à l'aide de divers morceaux
tirés des plus belles oeuvres de Beethoven, une
sorte de grande symphonie religieuse qu'il a
intitulée : les Sept paroles prononcées par le
Rédempteur sur la croix. Enfui, il est l'auteur
d'une symphonie militaire à quatre voix, chœur
et orchestre, écrite après la bataille de Solferino
et dédiée au roi d'Italie.
* MORLACCIII (François). — Un dilet-
tante italien, M. le comte Giovan-Battista Rossi-
Scotti, s'est pris d'un véritable culte pour la
mémoire de ce compositeur, sur lequel il a
publié un ouvrage important ; Memorie stori-
ehe del maestro Francesco Morlacchi e Bio-
(jrafia e bibliografia musicale Perugina
(Pérouse, 1800, un gros volume in-4° avec por-
trait). M. Rossi-Scotti, qui avait fait eu sorte de
réunir tous les manuscrits originaux dos o'uvres
dramatiques de Morlacchi, en a fait don en-
suite aux archives de toutes les villes où ces ou-
vrages avaient été représentés pour la première
fois. Enfin, M. Rossi-Scolti a publié récemment,
dans la Ga;;e<<amt<Sicaie de Milan (année 1877,
n° 1), un tableau chronologique complet des
opéras de Morlacchi, dans leipiel on peut avoir
toute confiance. Un assez grand nombre d'erreurs
s'étant produites dans la liste donnée par la Bio-
graphie universelle des Musiciens, il me semble
utile de dresser à nouveau celte liste, d'après le
répertoire que je viens de signaler : r il Poêla
lions pendant plus de vingt-cinq ans. Il mourut à
/iiustei'daBi le 5 jiilii 1819.
spianfato, o il Poeta in campagna, Florerlce,
th. delà Pergola, (807 (1) ; — 2° ii Ri(ratto,ossia
la Forza de l'aslrazione, Vérone, th. Philhar-
monique, 1807; — S" Cnrradino, Parme, th.
Impérial, 1808 (cet ouvrage, non pas refait,
comme il a été dit, mais seulement augmenté de
quelques morceaux nouveaux, fut ainsi représenté
à Dresde au commencement de 1811) ; — 4° Pa-
ride ed Enone, Livourne, tli.Avvalorati, 1808 ; —
5" Oreste, Parme, tli. Impérial, 1808; — G" Ri-
naldo d'Asti, Parme, sur un théâtre particulier,
1809; — 7° la Principessa per ripiego, Rome,
th. Valle, 1809; — 8" il Sinioncino , id., id.,
1809; — 9" le Avventure di unagiornata, Mi-
lan, th. delà Scala, 1809; — 10° le Danaidi,
Rome, th. Argentina, 1810; — 11" Raoul de
Créqui, Dresde, th. Royal, 1811;— w la
Capricciosa pentita, id., id., 1816; — 13° i^
Barbiere di Siviglia, id., id., 1816; —14°
Boadicea, Naples, SanCarlo, 1818 (véritable
opéra, et non cantate, comme il a été dit par
erreur); — 16" Gianni di Parigi,M\\Ar\, th. de
la Scala, 1818; — 16" Donna Aurora, id., id.,.
1821 ; — 17'^ Tebaldo e Isolina, Venise, tli. de
laFenice, 1822; — 18°Zfl Giovenlùdi Enrico V,
Dresde, th. Royal, 1823;— 19° Ildad'Avenello,
Venise, th. de la Fenice, 1824 ; — 20° il Dis-
perato per eccesso di buon cuore (ouvrage
écrit en 1826 à Dresde, répété à diverses reprises
sous la direction de l'auteur, mais qui ne fut
jamais représenté); — 21" i Saraceni in Sici-
lia, Venise, th. de la Fenice, 1828 ; — 22° il
Colombo, Gênes, pour l'ouverture du théâtre
Carlo-Felice, 1828;— 23" il Rinnegato,Dves,(le,
Ih. Royal, 1832 (musique toute nouvelle écrite
sur le livret d'j Saraceni in Sicilia, donnés
en 1828 par Morlacchi) ; — 24° Francesca da Ri-
mini, opéra commencé à Dresde en 1839, mais
que la mort de l'auteur laissa inachevé. Quant à
l'opéra Laodicea, signalé dans la Biographie
ttnicerselle des Musiciens, M. Rossi-Scotti n'en
a retrouvé aucune trace et croit qu'il n'a jamais
existé. Par contre, il a retrouvé, sans donner d'au-
tres détails sur son compte, l'introduction d'un
opéra de Morlacchi, intitulé /.fl2<;v'«rt alla Corte.
MORIVY (Charles- Auguste- Louis-JosEPii,
duc DE), homme politique français qui se fit
remarquer par son diletlanlisme, natpiit à
Paris le 23 octobre 1811, et mourut le 10 mars
1865. Amateur passionné de tons les arts, litté-
rateur et un peu musicien lui-même, il écrivit
les i)aroles et la musique de deux opérettes
(1) la bibliothèque du Conservatoire de l'aris possède
la p-irtition ;iiito(,'raplic de cet ouvrage, sous ce titre ^
il l'uela iiisperuto.
MORNY — MORTIER DE FONTAINE
243
qu'il fit représenter, sous le pseudonyme de M.
deSaihl-Remij, au petit théâtre des Bouffes-Pa-
risiens : l'une avait pour titre le Mari sans le
savoir; l'autre, M. Cliou/leury restera chez
lui. Le duc de Morny était président du co-
mité de patronage de l'école Galin-Paris Clievé.
MOllODKR (AtT.usTO), jeune compositeur
italien, a fait ses débuts à la scène en donnant
au théâtre dal Vernie, de Milan, le 25 mai 1878,
un oi)éra sérieux, intitulé Gabriella Candiano.
Cet ouvrage a été accueilli par le public avec
bienveillance, et parait avoir obtenu quelque
succès. M. Moroder a fait, dit-on, son éduca-
tion musicale sous la direction de M. Lauro
Rossi(rn(/. ce nom), directeur du Conservatoire
de Naples.
MOROXI (Luici), compositeur italien, né,
je crois , à Rome, est l'auteur d'un opéra intitulé
Atnlelo, qu'il a fait représenter en cette ville
Ters 18G0. Cet artiste .a publié un certain nom-
bre (le compositions vocales, parmi lesquelles
je citerai : Ispirazioni délia sera, alburn de 6
mélodies ; IS'olU esiivca Frascad, 2 mélodies à
3 voix ; puis rorfunella, Canto noiturno del
Gondoliere, il Tramonto délia Luna, etc.,
mélodies détachées.
Un autre artiste du même nom et sans doute
appartenant à la même famille, M. Carlo Mo-
roni, a publié aussi diverses compositions pour
le chant, entre autres un album lyrique com-
prenant 8 mélodies et intitulé Souvenir de
Rome et de Genève.
MORTARIEU (Henri DE), compositeur
amateur, a fait représenter sur le théâtre des
Fantaisies- Parisiennes, le 3 août 1867, une opé-
rette en un acte intitulée Baldassari. Le G juin
1873 il donnait à l'Athénée un autre petit ouvrage
en un acte, la Saïnt-JSicolas, dont il avait
écrit les paroles et la musique, et qui n'était pas
meilleur que le précédent.
*i\IORTELLARl (Michel).— Aux ouvrages
de ce compo.siteur, il faut ajouter il Giuramento,
cantate à deux voix avec chœurs, violons, violes,
basson, violoncelle et basse. M. le docteur LSa-
sevi, de Florence, possède dans sa bibliothèque
le manuscrit de cette composition.
MORTEX (A ), l'un des associés de la
grande fabrique anglaise d'orgues connue sous la
raison sociale Bryceson frères et Moiten, a
publié une petite brochure de 13 pages intitulée
Hints on the organ (Avis sur l'orgue), Lon-
dres, 1878. C'est une sorte de petit manuel des-
tiné à éclairer rapidement et sans phrases toutes
les personnes qui veulent savoir à peu près ce
qu'est l'instrument si admirable et si compliqué
qui s'appelle l'orgue. Ce petit écrit, substantiel
à la fois et sans prétenlion, peut rendre d'utiles
services. Entre autres choses, l'auteur déplore
très-justement la sottise des architectes d'église,
qui placent maladroitement un orgue dans un
coin du monument où ses jeux ne peuvent s'é-
pandre comme il convient, ou qui l'élèvent pré-
cisément derrière une assembhc, ou qui font
cent autres choses aussi fâcheuses, provenant
d'une profonde inexpérience ou d'une ignorance
absolue des lois de l'acousti(|ue.
MORTIER DE FOXTAIME (Henri-
Louis-Stanislas), pianiste polonais remarquable,
estnéle 13 mai 1816 à Wisnowiec, en Wolhy-
nie. Ses [larents s'étant fixés à Milan peu api es sa
naissance, c'est là que l'enfant , dès l'âge|de sept
ans, reçut ses premières leçons de piano d'un
professeur nommé Domenico Scappa. Un peu plus
tard, à Vienne, il devint l'élève d'un maître
aussi obscur que le précédent, Antoine Hladls-
las ; puis, étant retourné en Pologne, il termina
son éducation avec un artiste distingué, Maurice
Ernemann, qui était alors professeur au Conser-
vatoire de Varsovie. C'est à ce moment que, des
revers ayant accablé sa famille, le jeune Mortier
dut commencer à donner lui-même des leçons
de piano, tandis que sa mère devenait institu-
trice. A seize ans il quitta son pays natal, com-
mença à voyager, et aborda cette carrière de vir-
tuose qui devait être pour lui particulièrement
brillante.
C'est à Dantzig qu'il donna son premier con-
cert. Il se rendit presque aussitôt à Copenhague,
où il trouva dans la personne de M. de Montebelio,
ambassadeur de France en Danemark, un pro-
tecteur et un solide appui. A Kiel se produit
bientôt ce fait intéressant que, dans la séance
donnée par le jeune pianiste, l'orchestre est di-
rigé par un étudiant de l'Université qui devait
être, à vingt ans de là, l'une des lumières de la
philologie allemande, et qui était appelé à élever
à la mémoire de Mozart le plus beau monu-
ment qui lui ait été consacré. Je veux parler du
célèbre savant Otto Jahn. Mortier de Fontaine
se rend ensuite à Paris, où sa première visite est
pour son compatriote Chopin, qui l'accueille
comme un frère. « Il suffit, lui dit celui-ci, que
tu aies respiré l'air de Varsovie pour trouver en
moi un ami et uti conseiller. » Et Chopin tint
parole. On venait de fonder à Paris une entre-
prise de grands concerts symphoniques qui avait
pris le titre de Gymnase musical, et dont les
séances étaient dirigées par Tilmant, qui fut
plus tard chef d'orchestre du Théâtre-Italien,
de rOpéra-Comique et de la Société des concerts
du Conservatoire. M. Mortier s'y fait entendre avec
un vif succès et y fait connaître, pour la pre-
2-44
MORTIER DE FONTAINE — MOSCA
mière fois en Fiance, plusieurs œuvres de Men-
delssolui, enlro autres le beau concerto en sol.
En 1830, M. Mortier épouse une jeune canta-
trice belne, M'"= Marie- Josine Vanderperren, ar-
tiste dislint^uée, qui était née à Bruxelles le 29
octobre ISl-i. Peudelcmps après, on le retrouvait
avec elle à Milan, où il exécutait, en com-
pagnie de M. Liszt, un duo à deuv pianos. C'est
à partir de ce moment que M. Mortier de Fon-
taine commença ses explorations intelligentes dans
la musique du passé, mettant en lumière les œu-
vres oubliées ou inconnues des vieux maîtres
du clavecin, parliculièrement de Bach et de
Haendel. C'est de ce jour aussi que la presse eu-
ropéenne commença à s'occuper de lui, à analyser
sou talent, à faire ressortir l'originalité de son
exécution extrêmement remarquable. Au mois
d'avril 1842 il revient à Paris, donne au Conser-
vatoire un grand concert, et y produit, avec un
orchestre de 120 musiciens et un chœur de 80
artistes dirigés par Berlioz, la Fantaisie (op. 80)
de Beethoven. Son succès fut si grand, et les
journaux, aussi bien que le public, l'acclamèrent
avec tant d'unanimité que les séances qu'il donna,
dans le cours des deux années suivantes, à Ber-
lin, à Leipzig et à Dresde, furent pour lui au-
tant de triomphes.
Pourtant, sa vie intérieure était moins heu-
reuse que sa vie artistique. S'étant rendu en
Suisse pour y obtenir son divorce avec sa femme,
il épousa, peu de temps après. M"" Marguerite
Limbach, et, se rendant en Bussie, il résilia
pendant plusieurs années avec elle, tantôt à Saint-
Pétersbourg, tantôt à Moscou, où son talent
était très-apprécié. En 1860, il quitta la Bussie
pour la Bavière, et s'établit à Mimich, où il se
vit fêté par les artistes, choyé par la noblesse,
et où on lui avait fait espérer la direction du
Conservatoire, Malheureusement, il fut déçu
dans cet espoir, et la mort de sa seconde femme,
en lui causant un chagrin profond, le fit bientôt
s'éloigner de Munich et reprendre sa vie un peu
errante de virtuose. On l'a entendu une dernière
fois à Paris, dans un concert historique donné
par lui en 1868.
M. Mortier de Fontaine est un artiste extrême-
ment distingué, nourri des pures traditions clas-
siques, et dont le talent puissant et élevé mérite
la plus sincère sympathie. Aussi le succès ne
lui a-t-il jamais fait défaut. Mais ce n'est pas
seulement comme exécutant que l'artiste adroit
aux plus chaleureux éloges ; M. Mortier a été,
on peut le dire, un vulgarisateur et presque un
novateur, et sous ce rapport sa carrière artisti-
que présente une véritable originalité. C'est à
lui qu'on doit le retour aux œuvre."? des grands
el vieux maîtres de l'Allemagne et de l'Italie;
c'est lui qui, entre autres, a remis en Irtmière
les concertos de Ilicndel et de Jean Sébastien
Bach; il est le premier qui ait fait entendre et
popularisé, si l'on peut dire, les dernières sonates
de piano de Beethoven; enfin c'est aussi lui qui
a répandu comme elles le méritaient 'les œuvres
si exquises de Mendelssohn. M. Mortier de Fon-
taine a donc rendu à l'art de véritables et signa-
lés services, et d'autant plus que, grâce à sa
connaissance universelle, grâce à son intelligence
et à sa compréhension de tous les styles, il sa-
vait donner ou restituer à chaque maître le ca-
ractère qui lui convenait et placer chaque œuvre
.sous le jour qui lui était favorable. A ces divers
titres , M. Mortier de Fontaine doit être consi-
déré comme un arti.ste d'im ordre exceptionnel.
M. Mortier de Fontaine ne s'est que peu pro-
duit comme compositeur, et par des onivres peu
importantes. Sa seconde femme, Allemande de
naissance et douée, dit-on, d'une voix merveil-
leuse, avait embrassé jeune la carrière lyrique,
et vers 1835 était attachée au théâtre Kœnigstadt,
de Berlin. Artiste fort distinguée, c'est elle qui,
la première en Allemagne, avait chanté le rôle
de Bachel dans la Juive, d'Halévy.
*MOSC.\ (Joseph). — A la liste des œuvres
dramatiques de ce compositeur, il faut ajouter
la Dama locandiera, opéra bouffe représenté
avec succès sur le théâtre de la Scala, de Milan,
le 8 avril 1822. Quant à l'ouvrage inscrit sous
le titre à'Emiro, son titre véritable était: Emira,
reglna (VEgilto; c'était un opéra sérieux qui
vit le jour au même théâtre, le 6 mars 1821.
Il faut signaler encore deux opéras bouffes : il
Fanatico per VOlanda, représenté à Bologne
en 1814, et ?7 Disperato per eccesso di buon
cuore, qui fut donné au théâtre des Fiorentini,
de Naples, en 1816. Je dois corriger aussi
les titres de trois ouvrages de Joseph Mosca,
qui ont été tronqués dans la Biographie uni-
verselle des Musiciens ; il faut lire : il FoUetlo
pour^7 Tolletto, la Poetessa errante pwn la
Principc'ysa errante, et la Yedova misteriosa
pour la Voce misteriosa.
* MOSCA. l(Luigi), frère du précédent, fit
son éducation musicale au Conservatoire de
la Pietà dei Turchini, de Naples, où il fut,
comme on l'a dit, élève de Feharoli. Composi-
teur d'un ordre inférieur, comme son frère,
c'était néanmoins un artiste distingué; il jouit
d'une grande renommée comme professeur de
chant, fut considéré comme un excellent accom-
pagnateur au piano, et dirigea longtemps avec
intelligence et talent la musique au théâtre
Nuovo, de Naples. Il mourut en cette ville le 30
MOSCA — MOSROWA
245
novembre 1824, à l'âge de 49 ans seulement.
Louis Mosca était l'ami de Paisiello et de Zinga-
reiii. A la liste des ouvrages de ce compositeur, il
faut ajouter les suivants : 1° la Sposa ira le
imposture, Naples, th. Nuovo, 1798 ; 2" un
Imbroglio, id., id , 1799 ; 3» VOmaggio sincero,
composition scénique ; 4° il Riiorno impensalo,
Naples, th. des Fiorentini, 1802 ; 5° Chi si con-
tenta gode, farce; 6" Chi troppo vuol veder
diventa cieco, farce ; 7° Vlmposlore, farce;
8" il Sedicenle FUosofo, farce; 9" Gioas,
oratorio.
*MOSCHELES (Ignace). — Ce grand ar-
tiste est mort à Leipzig le 10 mars 1870. Peu
d'années après, sa veuve a publié, en consultant
les papiers laissés par lui, une biographie pleine
d'intérêt de son mari : Aus Moschelcs'Leben,
nach brie feu und tagebilchern, hennisgege-
ben von seiner frau la Vie de Moscheles ra-
contée par sa veuve, d'après sa correspon-
dance et ses tablettes journalières), 2 volu-
mes in-S".
MOSCUZZA (ViNCENZo), compositeur dra-
matique, naquit au mois d'avril 1827 à Syracuse,
où sa famille jouissait d'une position aisée. Il
donna dès ses plus jeunes années des preuves
d'un goi'it musical très- prononcé, et fit d'excel-
lentes études de contre-point et de composition
dans sa ville natale. Il eut le bonheur, après avoir
terminé son éducation, de voir s'ouvrir toutes
grandes devant lui les portes du théâtre San-C'arlo
de Naples, et de pouvoir faire représenter sur
cette scène fameuse son premier ouvrage drama-
tique, Slradella, opéra sérieux qui fut accueilli
avec faveur. Ce succès ne l'enivra pas au point
de l'empêcher de reconnaître ce qui lui man-
quait encore sous le rapport de la pratifjue et de
l'expérience, et il se remit courageusement au
travail, dans le but de se perfectionner, sous
la direction d'un des meilleurs maîtres napoli-
tains.
Plus sûr de lui après avoir ainsi parachevé
son éducation, il songea à se reproduire à la
scène et écrivit un second opéra, Eufeinia, qui,
comme le précédent, vit le jour au théâtre San-
Carlo et y fut applaudi. Le 25 mai 1862 il don-
nait, toujours au même théâtre, son troi>ième
ouvrage, Don Carlos, qui ne fut pas moins
bien reçu, et l'année suivante il faisait représen-
ter à la Pergola, de Florence, un nouveau dra-
me lyrique intitulé Piccarda Donati. De re-
tour dans sa ville natale en 1869, il y écrivait
rapidement une nouvelle partition, Gonzales
Daiila, que ses concitoyens accueillirent avec
enthousiasme.
Jusqu'alors M. Moscuzza ne s'était produit
que dans le genre sérieux II voulut aborder l'o-
péra bouffe avec un ouvrage intitulé Quattro
Jîustici, dont la musique, fine et élégante, fut
reçue avec la plus grande faveur, le 5 juin 1875,
par les spectateurs du Politcama, de Florence.
Depuis, il a encore donné à Malte, au mois de mai
1877, un nouveau drame lyrique, Francesca da
liimini. On assure que M. Moscuzza a en ()or-
tefeuille quatorze opéras qui n'ont pu encore être
représentés.
MOSER (Louis), musicien estimé, né à Wein-
felden, vivait à Bâle dans la seconde moitié du
quinzième siècle, et contribua puissamment à po-
pulariser en Suisse le chant d'église, qui fut
depuis appelé choral. Il a publié sous ce titre :
Fin vast notldilrftige Materi, un ouvrage
important dans lequel on trouve une suite de
chants allemands adaptés aux mélodies d'église
les plus connues.
MOSKOVVA (Joseph-Napoléon NEY,
prince DE LxV), homme politique français, écri-
vain, dilettante fort distingué et compositeur,
était l'aîné des quatre fils du maréchal Ney, duc
d'Elchingen, et naquit à Paris le 8 mai 1803.11
passa, je crois, une partie de sa jeunesse en Italie,
et il semble que c'est là qu'il dut recevoir son
éducation musicale. Après son retour en France,
il épou.sa, en 1828, la fille unique du célèbre
banquier Laffilte, et à partir de ce moment
mena une vie très-active, partagée entre le tra-
vail et le plaisir, se faisant remarquer par son
luxe, acquérant une véritable célébrité comme
sportsman, prenant une part importante à la fon-
dation (lu Jockey-Club et se produisant comme
compositeur.
A ce dernier point de vue, il ne serait pas juste
sans doute de considérer le prince de la Moskowa
comme un simple amateur, car il a donné des
preuves, non-seulement d'un sincère et sévère
amour de l'art, mais aussi d'un talent personnel,
qui s'est exercé tout à la fois et avec bonheur
dans le genre profane et dans le genre sacré. Dès
le commencement de 1831, c'est-à-dire âgé seu-
lement de vingt-sept ans, le prince faisait exécu-
ter, dans un des exercices de l'école de Choron,
une messe à grand orchestre qui était ainsi appré-
ciée par Fétis dans la Revue musicale du 19 fé-
vrier :
" Un amateur, etde plus un prince, qui compose
une messe à grand orchestre, remplie de fugues
etde contre-point, est un phénomène assez rare,
mais ici la chose est encore plus singulière, car,
principaidé à part, la messe est fort bonne, et
l'effet en est remarquable. Les conditions pre-
mières d'une composition de ce genre sont d'être
écrite d'un style pur, et de renfermer certaines
formes scientifiques qu'on désigne sous le nom
de contre-point fugué ; ces conditions se trou-
246
MOSKOWA
vent (lans la messe de M. le prince de la Mos-
kowa : peiit-êlre môme s'y représentenl-elies
trop souvenl ; du moins il m'a paru que les en-
trées de fugues y sont multipliées et donnent en
plusieurs endroits un certain aspect scolastique
à l'ouvrage. J'aurais désiré aussi que la modula-
tion générale eût été plus variée; mais, à cela
près, j'avoue que j'ai entendu celte composition
avec autant d'étonnemcnt que de plaisir. La mé-
lodie a de la grâce, de la facilité, et la conve-
nance du genre ; l'expression est souvent juste ;
et les effets de l'instrumentation annoncent une
habitude d'analyse qu'il est fort rare de rencontrer
chez un compositeur qui n'a point eu d'occasion
d'entendre ses productions. J'engage M. de la
Moskowa à ne point s'arrêter en si beau chemin
et à développer par le travail les dons heureux
qu'il tient de la nature et de l'art. »
L'existence et les préoccupations artistiques du
prince de la Moskowa ont été assez exactement
décrites dans la notice suivante, qui fut publiée à
l'époque de sa mort :
« La nature lui avait prodigué largement ses
faveurs. Elle l'avait doué de ce merveilleux ins-
tinct, de ce .sentiment de la mélodie qui, déve-
loppés parla science, produisent les talents d'é-
lite. Ses facultés musicales se révélèrent de bonne
heure. Il était déjà compositeur à l'âge où tant
d'aiitres étudient encore les [iremiers rudiments
de l'art. A treize ans, le prince de la Moskowa
fit exécuter à Lucques une me?.se en musique de
sa composition. Cette œuvre, fruit précoce d'une
adolescence studieuse, eut un brillant succès ;
les connaisseurs y remarquèrent de belles ins-
pirations et une étude déjà profonde du style des
grands maîtres.
« Très-jeune encore, M. le prince de la Mos-
kowa s'occupa de recueillir les manuscrits des
musiciens illu.stres du seizième siècle, et l'on
doit à ses patientes investigations des décou-
vertes tout à fait inattendues. Doué de cet esprit
d'initiative qui, dans le monde des arts, est le
principe le plus actif de vie et de progrès, il con-
tribua puissamment h faire connaître, en France,
les œuvres de Palestrina, et il remit en lumière
quelques-ims des contemporains de cegénie immor-
tel. A ce point de vue, le prince de la Moskowa
peut être considéré comme l'archéologue le plus
distingué de notre époque. Celle (ruvre d'exhuma-
tion et de réhahilitatiim des vieux maîtres, à la-
quelle il avait consacré sa jeunesse, devint la pré-
occupation constante de snnâgenn'ir. l'our donner
à ses idées une large application, il fonda la Société
des concerts de musique religieuse et classique,
dont les sé.inces, suivies par l'elile des amateurs et
des artistes, ont eu tant de retentissement. C'est à
l'infatigable dévouement de M. le prince delà Mos-
kowa qu'est dû le succès. de cette institution, qui
a rendu à l'art d'immenses .«ervices, et répand
le goût des éludes sérieuses en appelant l'intérêt
sur une foule de chefs-d'œuvre ignorés...
« Les encouragements et les suffrages de M.
le prince de la Moskowa n'ont jamais manqué
aux tentatives de quelque importance qui se
sont produites dans le domaine de l'art musical.
C'est ainsi qu'il a prêté son puissant appui aux
concerts historiques organisés à diverses re-
prises par MM. Félis et Delsarte, et à la création
du conservatoire de musique religieuse dirigé par
M. Niedermeyer. Au milieu de ses préoccupa-
tions d'archéologue, il a trouvé le temps d'écrire
de charmantes partitions. Le Cent-Suisse, qu'il
fit représenter à l'Opéra-Comique, eut cent
représentations. Yvonne, que M. le prince de
la Moskowa a donné depuis au même théâtre, se
distingue à la fois par l'intérêt des situations,
l'élégance des mélodies et l'entente de la scène.
Lorsque la mort est venue le frapper, il mettait
la dernière main à de grandes compositions qui
l'auraient classé sans doute parmi nos composi-
teurs dramatiques les mieux inspirés (l). »
Le prince de la Moskowa fit représenter en
effet, à rOpéra-Comique, deux petits ouvrages
en im acte qui furent bien accueillis du public :
le Cent-Suisse, qui fut donné le 7 juin 1840, et
Yvonne, qui parut le 16 mars 1855. Mais ce n'est
pas tant comme compositeur que comme dilet-
tante intelligent, que le prince se fit un nom
dans l'art musical. Il avait fondé en 1843 une
Société de musique vocale, religieuse et clas-
sique, dont les séances avaient lieu chez lui, et
qui semblait recueillir, pour les transmettre à
un public choisi, les nobles traditions laissées
par l'école de Choron, qu'il avait personnelle-
ment connu. Les deux premiers articles du rè-
glement de celle société , que le prince dirigeait
en personne et dont Niedermeyer était le sous-
directeur, étaient ainsi conçus : — « Art. 1".
Le but principal que se propose la Société est
l'exécution de morceaux écrils pour les voix,
sans accompagnement, ou avec accompagnement
d'orgue, et particulièrement par les maîtres
français, belges, italiens et allemands des sei-
zième et dix-septième siècles. Art. 1. La Société
n'exécutera que des morceaux dont les auteurs
seraient morts avant le commencement du dix-
neuvième siècle. »
Les concerts donnés pas la Sociélé du prince
de la Moskowa étaient extrêmement intéressants,
organisés avec le plus grand soin, et faisaient beau-
(IJ France musicale du 2 aofit 1837.
MOSKOWA — MOSONYI
247
coup d'honneur aux connaissances artistiques pro-
fondes et au goût très-pur de son fondateur. Ces
conceits amenèrent d'ailleurs le prince^à entre-
prendre une publication fort importante, qu'il
mit au jour sous ce titre : Recueil des morceaux
de musique ancienne exécutés aux concerts
de la Société de musique vocale, religieuse et
classique, fondée à Paris en 1843 sous la
direction de M. le prince de la Moshoiva
{['aris, Il volumes in-8). Ce recueil précieux
contient, en partition, des messes et diverses
composions religieuses de tous ces grands maî-
tres qui s'appelaient Palestrina, Allegri, Roland
de Lattre, Arcadeit, Vittoria, Leisring, Scarlalti,
Jean-Sébastien Bach, Slradella, l'abbé Clari,
Marcello, Hœndel, Gluck, et bien d'autres dont
j'oublie les noms.
En réalité, le prince de la Moskovva a rendu
de grands services à l'art musical, et son nom
mérite de ne pas périr. Il avait été nommé pair
de France par le gouvernement de juillet, le 18
novembre 1831, et après avoir réclamé longtemps,
sans succès, la réhabilitation de son père, il re-
fusa jusqu'en 1841 de siéger parmi ceux qui
l'avaient jugé. Après l'avènement du second em-
pire, il fut nommé sénateur et reçut le titre de
général de brigade, presque en même temps que
sa fille épousait le comte de Persigny, mi-
nistre de l'intérieur. Il mourut le 25 juillet 1857,
à Saint-Germain-en Laye, des suites d'une ma-
ladie nerveuse ; son titre passa au dernier de
ses frères, connu jusqu'alors sous le nom d'Ed-
gar Ney (1).
MOSOXYI (Michel BRAND, dit), le plus
célèbre compositeur hongrois après F. ErKcl ,
était le (ils de pauvres parents et naquit le 4
septembre 1814 à Boldogasszong (Hongrie). Il
excita l'attention du maître d'école de son village
natal, qui lui enseigna les premiers éléments de
l'art du chant et lui apprit aussi à jouer de di-
vers instruments, entre autres l'orgue, le violon
et le cor. Agé de vingt ans, il se rendit à Pres-
bourg dans le but d'y devenir maître d'école, et
y fit la connaissance de J. Turanyi, qui mourut
plus tard directeur de musique à Aix-la-Chapelle.
Celui-ci le fortifia dans l'étude de la musique,
et lui fit connaître l'œuvre célèbre de Reicha,
ainsi que les symphonies et les quatuors des
grands maîtres classiques. Mosonyi s'appliqua à
l'étude avec le plus grand zèle, et s'exerça à
(1) Le prince (te ia Moskowa s'pst Tait eonnailre aussi
comme écrivain : il a donné au Constitutionnel des ar-
ticles sur les haras et sur l'amélioralion des races che-
valines ; à ia Revue des Deux-Mondes des récits de ses
voyages en Algérie ; enfin, à la France musicale, quel-
ques articles sur des sujets artistiques.
mettre en partition ces compositions célèbres
afin de se pénétrer du style et de la technique
de leurs auteurs.
Se consacrant dès lors entièrement à l'étude
d'un art qui l'enchantait, le jeune Mosonyi en-
tra, en 1835, sur la recommandation de Turanyi,
coinme professeur de piano dans la maison du
comte Pejachevits, en Esclavonie, et y resta pen-
dant sept ans. C'est là qu'il se perfectionna lui-
même dans le mécanisme du piano, qu'il travail-
lait la nuit avec ardeur. La famille du comte
Pejachevits passant chaque hiver quelque temps
soit à Vienne, soit à Presbourg, Mosonyi en profita
pour y chercher de nouvelles impressions en fré-
quentant tantôt l'Opéra, tantôt le concert. A
cette époque il ressentit une grande prédilection
pour la musique d'église, et écrivit plusieurs
compositions de ce genre. S'étant fixé définitive-
ment à Peslh, vers 1843 ou 1844, son activité
artistique y prit un essor plus élevé. Il y devint
maître de musique, et fut bientôt connu dans
les cercles musicaux. Il entra même en rela-
tions intimes avec F. Erkel, ainsi qu'avec le cé-
lèbre écrivain musical hongrois K. Abranyi. Sa
femme, Pauline Weber, qu'il avait épousée en
1845, mourut en 1851. En 1853, 1854 et 1855,
Mosonyi composa plusieurs grandes a^ifvres reli-
gieuses et profanes, parmi lesquelles on remar-
qua un recueil de lieder, publié à Leipzig, et une
symphonie qui produisit, une grande sensation
lorsqu'elle fut exécutée à Pesth.
C'est alors qu'il eut la pensée d'écrire pour
le théâtre, et qu'il composa un opéra qui avait
pom i'dre M aximilien au rocher de St- Martin,
ouvrage conçu, comme toutes ses productions
précédentes, dans le style des maîtres classiques.
A ce moment (1856), le plus considérable édi-
teur de musique de Pesth, Rozsavolgyi, voulant
profiter du séjour de la reine Elisabeth en cette
ville pour lui offrir un album magnifique de com-
positions nationales hongroises pour le piano,
s'adressa à tous les musiciens hongrois pour
les prier de lui livrer un morceau. Sur ses de-
mandes réitérées, Mosonyi lui envoya une com-
position intitulée la Vie de la Puszta, qui était
si parfaitement travaillée et écrite dans un style
national si pur, qu'Abranyi et tout le public en
furent émerveillés. Cette composition amena un
changement complet dans les créations musicales
de Mosonyi. A l'occasion de la bénédiction de la
basilique de Gran (1857), pour laquelle Liszt
écrivit sa messe célèbre, Mosonyi, à la sollicita-
tion de ce maître, composa un offertoire et un
graduel. C'est à dater de ce jour qu'il entra en
relations intimes avec Liszt, et que, secondé
par lui, il conçut le projet de faire représente
248
MOSONYI
à AVeitnar son opéra àe3Iaxmilien, <lont le li-
vret était en allemand. Cependant, Liszt l'ayant
engagé à retoucher cet ouvrage, Mosonyi. décou-
ragé, le jeta au feu avec diverses autres compo-
sitions, et dès lors ne songea qu'à se consacrer à
l'élévation de la musique nationale hongroise.
Jusqu'alors Mosonyi n'était connu que sous
son véritable nom de Brand. En 1860, l'éditeur
Rozsavolgyi reçut à de courts intervalles un mor-
ceau de piano intitulé Souvenir de Kazinczy,
puis toute une série de douze morceaux faciles
pour le môme instrument, qui avaient pour titre
Monde enfantin. Il s'empressa de publier ces
compositions, qui excitèrent aussitôt l'attention
des amateurs et qui, aujourd'hui encore, sont
considérées comme de véritables chefs d'œu-
vre du style national hongrois ; mais elles
ne furent connues que sous le nom de Mosonyi,
adopté par le compositeur, jusqu'au momont où
Brand jugea à propos de faire savoir qu'elles
étaient de lui, et de déclarer qu'il s'était caché
sous ce pseudonyme. Ce n'est qu'à partir de ce
moment que, sous ce nouveau nom, il commença
sérieusement à travailler pour l'expansion de la
musique hongroise et de l'art national. Après
s'être associé avec K. Abranyi pour la création
d'un journal musical hongrois dont il était le
principal collaborateur, il lit [laraître quatre ca-
hiers de musique de piano intitulés : Études
pour le perfectionnement de la musique hon-
groise,'pur ces compositions il faisait en sorte de
gagner à la musique hongroise un terrain plus
étendu, s'efforçant d'exprimer dans chaque pièce
différents sentiments, différents caractères, tout
en leur communiquant une plus grande variété
d'harmonie et en leur donnant plus d'étendue.
Richard Wagner loua grandement ce nouveau
recueil, en exprimant ses préférences pour deux
des études, qui lui parurent excellentes : la ro-
mance intitulée Chant lugubre du rossignol
sur la mort d'Egressy, et la pièce portant pour
titre Pairiarcalement. La composition publiée
ensuite par Mosonyi était une cantate en style
hongrois pour voix seule, chceur et grand orches-
tre, qui, au grand regret de ses amis, ne fut
pas exécutée.
En 18G0, Mosonyi fut élu chef d'orchestre parla
Société des Amis de la musique, de Pesth ; il céda
pourtant bientôt ces fonctions à M. Thern, et se
mit à écrire, sur la mort du grand patriote le
comte E. Szérhénji, une graijde composition
symphonique (dont, la partition pciur piano parut
chez l'éditeur Rozsavolgyi), appliquant ainsi au
genre sym|ih()ni(iue le style de la musique nationale
hongroise, il remporta ensuite un très-grand
succès avec une ouverture dans laquelle il lit
entrer le chant national , SzozaV, puis produisit
une troisième oeuvre de ce genre en écrivant
pour l'orchestre une composition intitulée le
Triomphe et le deuil du Uonved, que ses
amis déclarèrent la meilleure qui fût sortie de
sa plume.
Le grand succès qu'Erkel avait obtenu avec
son opéra Bank Ban encouragea Mosonyi à
écrire un opéra hongrois ; cet ouvrage, intitulé
la Belle llka, fut re|)résenté pour la première
fois le IG décembre 1861 sur le théâtre national
de Buda-Pesth. Le livret, simple et naïf, avait
été tiré d'une ballade de Yorosmaty ; quant à la
musique, elle était gracieuse, essentiellement
conçue dans le style hongrois, et tout effet gros-
sier d'orchestre en avait été banni par l'auteur;
celui-ci s'était refusé à y admettre aucune espèce
d'élément étranger, ce qui différenciait son ou-
vrage des opéras d'Erkel. La Belle llka était
d'ailleurs une œuvre du genre purement lyrique,
et c'est peut-être pour cette raison qu'elle
n'obtint que peu de succès. En 1862, Mosonyi
composa un opéra héroïque intitulé Almos, et
l'offrit an Théâtre-National ; mais ce nouvel ou-
vrage ne fut pas représenté, et l'envie lit
échouer tous les efforts du compositeur.
Découragé par ce fait, Mosonyi s'effaça peu
à peu. 11 ne reparut plus qu'une fois devant
le public, en 1867, pour faire exécuter, lors du
couronnement de Sa Majesté François-Joseph
comme roi de Hongrie, la Messe du couronne-
ment de Liszt. Depuis lors il vécut retiré du
monde, et mourut le 31 octobre 1870. Sa parti-
tion d'AlDios et hien d'autres manuscrits se
trouvèrent dans sa succession.
Comme compositeur national, Mosonyi s'est
accjuis une renommée impérissable, et il a légué
à la musique hongroise de véritables chefs-
d'œuvre dans tous les genres, depuis les chœurs
et les mélodies vocales les plus simples jusqu'à
l'opéra et à la symphonie. Par son talent, il est
devenu en quelque sorte le créateur de la musi-
que nationale hongroise ; il l'a révélée sous toutes
ses formes , en a fait valoir les richesses jus-
qu'alors inconnues, et a ennobli ces richesses
originaires en les faisant valoir par une mise]en
œuvre admirable. Mosonyi était d'ailleurs un
artiste instruit, et possédait de grandes connais-
sances générales ; en tant qu'écrivain musical, il
s'est montré spirituel et vulgarisateur, et ses
essais, publiés dans le journal cpi'il avait fondé,
sont un véritable trésor pour la liltéialure S|)é-
cialc hongroise. Liszt l'a désigné comme « le re-
présentant le plus noble et le plus téméraire » de
la musique hongroise , et K. Ahranvi a publié
sur lui une excellente notice biographique, qui
MOSOiNYI — MOURET
249
a paru à Buda-Peslh en 1872. A la liste des
compositions de Mosonyi qui ont été indiquées
ci-dessus comme ayant été pul)liées, il faut
ajouter ; 1'^ Ouverture de fête (dans laquelle le
Szozat est employé ; 2° la partition pour piano
seul de l'opéra la Belle Ilka ; 3° un arrange-
ment excellent, pour piano à 4 mains, des neuf
symphonies de Beethoven ; 4° enfin, qiiehjues
arrangements de chants nationaux hongrois.
J. B.
MOSZKOVVSKI (MoRiTz), virtuose fort dis-
tingué sur le piano et compositeur, est né à
Breslau le 23 août 1854. Élève des Conservatoi-
res de Dresde et de Berlin, il a commencé par se
produire comme pianiste avec de grands succès,
puis a fait ap(trécier son talent de compositeur
par la piihlicalion des ouvrages suivants :
Albumhlatl pour piano, op. 2 (Breslau, liai-
nauer); Caprice pour piano, op. 4 (id., id.);
Hommage àSchumann, pour piano, op. 5 (id.,
id.); Trois momettls musicaux, id., op. 7 (id.,
id.); 2 lieder avec piano, op. 9 (id., id.) ; Es-
quisses pour piano, op. 10 (id., id.); 3 Pièces
pour piano à 4 mains, op. 11 (id., id.); Danses
espagnoles pour piano, op. 12 (Berlin, Simon) ;
3 Zierfer avec piano, op. 13 (Breslau, Hainauer);
Humoresques pour piano, op. 14 (id., id.) ; 6 Piè-
ces, id., op. 15 (id., id.); 2 Morceaux de con-
cert, pour violon et piano, op. IG (id., id.); 3
Pièces pour piano, en forme de danse, op. 17
(id., id.) ; /es Pleurs, 5 chants sur des poésies
de Chamisso. M. Moszkowski a écrit aussi une
symphonie qui n'a pas encore été exécutée.
MOSZKOWSiîl (ALEX\NDRE),écrivain alle-
mand, est l'auteur d'un « poënie humoristique »
qu'il a publié sous ce titre : Poetische Musik-
geschicie (Histoire poétique de la musique),
Berlin, Barth, 1876.
MOUCIIET ( ), compositeur français,
né à Bordeaux, a fait représenter, le 11 janvier
1877, sur un petit théâtre de cette ville, les
Folies-Bordelaises, un opéra-comique en un acte
intitulé la Revanche de Frontin.
* MOULLXGIIEM (Louis-Charles).— Aux
opéras de ce compositeur, il faut ajouter Hori-
plième, et Sylvain ; ce dernier, écrit par lui en
société avec Legrand et Davesne.
*IVIOC]Lli\GIIEM (Jean-Baptiste). — Cet
artiste a fait représenter à Fontainebleau, sur
le théâtre delà cour, le 9 octobre 1773, un
opéra-comique en un acte intitulé la Servante
fuslifiée.
MOULIMGIIEAI (Louise - Frédérique
SKREUDERF, femme), épouse du précédent,
fut pendant ilix ans l'une des actrices les plus
aimées du public de la Comédie-Italienne, où
elle se distinguait autant par les qualités de son
jeu que par celles de sa voix et de son chant.
Elle mourut jeune, en pleine possession de son
talent, le 25 novembre 1780, et voici comment
le Mercure de France annonçait cette perte à ses
lecteurs : « Fille d'un directeur de comédie, la
jeune Louise parut de bonne heure sur la scène,
et y obtint des succès, ce qui n'est pas étonnant.
L'enfance porte prestjue toujours avec elle un
intérêt (|ui double le prix de l'effet que produi-
sent ses dispositions à l'intelligence. Après avoir
débuté au Théâtre-Italien comme danseuse, en
1766, elle s'y présenta comme comédienne en
1770. Quoique sa voix fût un peu élevée dans le
dialogue, défaut assez ordinaire aux chanteuses,
quoiqu'elle phrasât difficilement les vers, les
connoisseurs lui trouvèrent un talent décidé, et
prévirent qu'elle mériteroit une réputation : ils
ne se trompèrent pas. Une belle entente de la
scène, une connoissance étendue du jeu muet,
beaucoup de gaîté, de clr,aleur, de naturel, une
soumission exacte au costume, du zèle, de l'ar-
deur, une activité presqu'infaligable, lui conci-
lièrent tous les suffrages, et la rendirent bientôt
aussi chère à ses camarades qu'au public ;
éloge flatteur, bien rarement mérité, et qui fait
autant d'honneur au caractère qu'aux talens de
Madame Moulinghem.» En réalité, M"'^ JMoulin-
gliem tint une place distinguée sur la scène de
la Comédie-Italienne, à une époque où la troupe
de ce théâtre était presque uniquement composée
d'artistes de premier ordre. — M™° Moulinghem
avait une fille qui devint claveciniste ; élève de
Rigel, cette jeune virtuose se fit entendre au Con-
cert spirituel le 7 avril et le 17 mai 1787, et un
journal en parlait alors en ces termes : « Les
concerts spirituels sont devenus plus intéres-
sants. MM. Guérin ont excité une sensation
très-vive. On a aussi entendu avec le plus
grand ^jlaisir le concerto exécuté par M'" Mou-
linghem, fille de feu M""" Moulinghem, si jus-
tement regrettée au Théâtre-Italien, et élève de
Rigel. » — M'"'= Moulinghem avait aussi une
sœur, actrice comme elle, qui débuta à la Comé-
die-Italienne au mois d'avril ou demai 1781, sous
le nom de m"° Lambert. Son succès fut né-
gatif, et elle ne fut point reçue.
* iVlOLIRET(JEAN-JosEPH). — Outre les ouvra-
ges qu'il a fait représenter à l'Opéra, cet artiste,
que ses contemporains avaient surnommé le Mu-
sicien des grâces, et qui, en effet, à défaut d'une
instruction musicale solide, était doué d'une
imagination pleine de grâce et de naïveté, a
écrit la musiqne d'une cinquantaine de pièces re-
présentées à la Comédie-Italienne, musique qui
coni^istait en chansons, airs de danse, divertisse-
250
MOURET — MOUZIN
ments. Laplus grande partie de celte musique a
été piililiée dans une collection formée sous ce
titre : SLv Recueils de diverfissemcns du nou-
feau ihédlre italien, avec toutes les sympho-
nies, airs à chanter, àboire, vaudevilles, ron-
des de table, etc., dédiés à S. A. R. Monseigneur
le duc (l'Orléans, régent du royaume, par Mou-
ret, musicien de la chambre du roy. Voici les
titres de quelques-unes des pièces qui étaient ac-
compagnées des airs de Mouret : 1" l'Amante
romanesque , 1718-, 2" le Naufrage au Port-
à-VAnglois, 1718; Z"!' Amour maître de lan-
gues, 1718 ; 4" Za Désolation des deux Comé-
dies, 1718; ô" le Procès des thcdlres,\' iS;
6" Arlequin Pluton; 7° les Lunettes magi-
ques, 1719; 8" la Foire renaissante, 1719; 9"
la Fausse Magie, 1719; 10" les Aventures de
la rue Quincampoix, 1719; 11» le Philosophe
trompé par la nature, 1719 ; 12" le Triomphe
d'Arlequin, 1719; 13" la Mode, 1719; 14° le
May, 1719; 15° la Rupture du Carnaval et
de ta Folie , 1719 ; 16" Zes Amours de Vin-
cennes, 1719; 17» Mélusine, il \^ ; W> le Tré-
sor supposé. 1720 ; 19" les Amans ignorons,
1720; 20" Arlequin Endymion, 1721; 21" /a
Fille inquiète, 1723; 2T l'Amante capricieuse,
1726 ; 23" le Tour de Carnaval, 1726 ; 24<> les
Comédiens esclaves, 1726; 25" V Horoscope ac-
compli,1121; 26" Zéphire et Flore, i.7 27; 27"
risle de la Folie, 1727 ; 28" la Revue des Théâ-
tres, il2H; 29" Arlequin huila, 1728; 30" le
Triomphe dePlutus,\728 ; 31" l'Italien mariéà
Paris, 1728 ; 32° Melpomène vengée, 1729 ; 33°
le Feu d'artifice ou, la Pièce sans dénouement ,
1729 ; 34" la Nouvelle Colonie ou la Ligue des
Femmes, {729; 35° la Réunion forcée, \~ 30; 36"
némocritepréfendufou,{730;36" bisle Triom-
phe de l'intérêt, 17.30; 37" le Je ne sçay quoi ,
1731;37" bis le Grand-Mogol,\73i; 3S" laSur-
prise de l'amour, 1734; 39" C Apologie dusiècle,
1734 ; 40" Pygmalion, ballet, 1734 ;4 1" les Billets
doux, 1734 ; 42° les Amours anonymes-; 4.1°
les Fées, 1736; 44" te Phénix, 1731; 45»
l'Amant déguisé ; 46" le Jeu d'amour; 47°
V Empereur dans la lune; 48° Colombine mari
par complaisance; 49" Danuûs; 50" Don
Micco; 51° lu Pupille; 52" la Guinguette de
la finance.
Mouret écrivit aussi les divertissements de
([uelques pièces jouées à la Comédie-Française :
la Métempsycose ou les Dieux Comédiens ;
Panel Doris, pastorale liéroique en un acte fai-
sant partie d'une pièce de Daigiieberl intitulée les
Trois Spectacles, 1729 ; les Mécontents, 1734 ;
la Grondeuse, ilU; la Magie deVamour,
1735.
Mouret composa encore, pour le service du
Concert spirituel, un certain nombre de motets.
Je ne puis citer que les suivants : 0 Sacrum
convivium , Benedictus Dominus , Can-
tate, Cantemus Domino, Quemadmodum,
Vsquequo, Itegina caii lut are. .U écrivit
aussi, pour les l'êtes fameuses que la du-
cliesse du Maine donnait à Sceaux, les trois
ouvrages suivants, qui n'ont été représentés
sur aucun théàlre public : le Mystère ou les
Fêles de Vinconnu, divertissement en 3 actes
(en société avec Marchand, qui fit la musique du
troisième acte), 22 novembre 1714; Apollon et
les Muses, intermède en 3 acies, 1715; la
Grande Nuit de l'éclipsé, intermède en 3 actes,
3 mai 1715. Enfin, Mouret est encore l'auteur
de nombreuses et importantes compositions qu'il
fit exécuter au Concert spirituel sous les titres
suivants : les Amours de Silène, « divertisse-
ment bachique, » 1729; la Mort de Didon, can-
tate, 1729; Andromède et Persée, cantate,
1729; Au gui l'an neuf, divertissement
chanté, 1729; la Beauté couronnée, divertis-
sement, 1729; Églé, cAa\ame, 1729; Hymne à
l'amour, 1729; le Bal, cantate. Pour terminer
cette longue liste des œuvres dues à un artiste
remarquablement fécond, je citerai une dernière
composition de Mouret, l'Impromptu de Vil-
lers-Cotterets, dont il écrivit les paroles et la
musique pour une fête donnée au roi Louis XV,
le 3 novembre 1722, par le duc d'Orléans, dans
son domaine de Villers-Colterets.
MOUSSOItGSKY ( ), compositeur
russe contemporain, s'est fait connaître d'abord
par la publication de quelques romances et mé-
lodies vocales qui ont été bien accueillies du pu-
blic. Il a écrit ensuite, sur un livret tiré du drame
de Pouschkine qui porte ce titre, la partition
d'un grand drame lyrique intitulé Boris Go-
dounoff. Cet ouvrage, en 4 actes et un prologue,
a été représenté à Saint-Pétersbourg en 1874.
MOlIZIiX (PuiKRE-NicoLAS) (l), profcsscur
au Conservatoire de Paris, ancien directeur du
ConservatoiredeMelz, est né dans cette dernière
ville le 13 juillet 1822. Admis à l'école de mu-
siiiue de sa ville natale au mois de juin 1838, il
y devint élève de Victor Desvignes, son fonda-
teur, et étudia l'harmonie, le contre-point et la fu-
gue avec M. Camille Durutte. Devenu professeur
ailjoint de l'école en 1842, professeur titulaire
deux ans après, M. Moiizin, après la mort de Des-
(IjMalRré ses pri^nonn vOritiiblfs de Pierre-Nicolas,
la famille (le M. Moiw.in avait adopté pour liil ceiiii d'E-
douard. De là vient (lue plusieurs de sis compositloas
1 «ont signées : lid. Mouzln.
MOUZIN — MOZART
251
vignes, en fui nominédirec[eur,le l<=f janvier 1854.
Artiste actif et doué d'initiative, se livrant à des
travaux considérables de coniposition , donnant
des articles de critique musicale à divers journaux,
entre autres au Courrier de lu Moselle, ildirigea
la Société philliarmonique de Metz (orchestre et
chœurs) de 18i4 à 18iy, la Société des concerts
de ISiOà 1851, la Société de l'Union des arts
de 1851 à 1853, fonda l'Orphéon au mois de
novembre 1854 cl le dirigea jusqu'en 1868, fonda
une Société de musique d'harmonie en 1866, pro-
voqua l'année suivante une association de vingt-
deux sociétés chorales du département de la
Moselle, enfin dirigea les grands concerts annuels
de l'École de musique, et ceux qui eurent lieu
sous la présidence de M. Ambroise Thomas, en
1861 et 1867, à l'occasion de l'Exposition univer-
selle et du concours régional. Pendant ce temps, il
publiait : 1" Metz. École de musique, succursale
du Conservatoire impérial, esquisse historique
par le directeur, M. Ed. Mouzin (Metz, Blanc,
janvier 1859, in-S" de 24 p.); 1" Metz. École de
musique, succursale du Conservatoire impé-
rial, et Société chorale de V Orphéon, deuxième
esquisse historique (Metz, Blanc, 1864, in-S°de
90 p.); 3" Petite Grammaire musicale, à l'u-
sage des écoles primaires, des cours orphéoniques
et de tous les établissements d'instruction, en
trois parties (Paris, Tandou, 1864, in-12), ou-
vrage adopté au Conservatoire de Paris, et au-
quel une mention honorable a été accordée à
l'Exposition universelle de 1867. A la suite des
■événements de 1870-71, M. Mouzin vint s'éta-
blira Paris, el fut nommé professeur de solfège
au Conservatoire.
Voici la liste des compositions de cet artiste
estimable. — MnsiQUE dramatique. L('S Deux
Valises, opéra-comique en un acte, joué à
Metz en 1866; i^i;c/(ei-4«(7e, opéra-comique en
un acte, resté inédit. — Gant ATES.,Spa?7acMS, pour
voix de basse, avec chœur masculin et accompa-
gnement d'orchestre, exécutée à Metz (compo-
sition qui reçut plus tard de plus grands dévelop-
pements, et devint une scène pour soprano, té-
nor et basse avec chœur mixte) ; Metz, pour
voix de mezzo-soprano avec chœurs et orches-
tre, exécutée à Metz; Sébastopol, pour ténor,
baryton, chœurs et orchestre, exécutée à Metz;
Hommage à la mémoire d''Halévij, pour so-
prano, chœurs et orchestre, id.; Rémilly, pour
clxpur d'hommes, avec orchestre, id.: les Eaiix
de Metz, pour chœur mixte, avec orchestre,
id.; Marclie funèbre de la Symphonie héroïque
de Beethoven, arrangée pour chœur et orches-
tre, id. — McsiQLE VOCALE. Six Vocalises, pour
soprano ou ténor; six Mélodies pour soprano.
ténor ou mezzo-soprano ; Simples Chants, re-
cueil écrit pour les salles d'asile ; la Voix du
Torrent, la Fauvette, la Jeune Fille, Can-
zone de Vittoria Colonna, la Marinière, le
Vieillard aveugle, la Voix secrète, Derniers
Soleils, méloilies. — Musique religieuse. Agnus
Dei, pour ténor et chœur; Sanctus (en ré] pour
baryton et chœur; Ave verum, solo de basse,
avec orgue; Sanctus en mi bémol, messe
des morts; l'ie Jesu, pour ténor et clueiir, avec
orgue ; Veni Creator, trio ou chœur, avec orches-
tre ou orgue. — CnœuRS sans accompagnements.^
la France, la Ronde des Moissonneurs, Souve-
nir de Strasbourg, la Prière des petits. Salut
à Ambroise Thomas, Chant de bienvenue. Qui
d'un mot calme les orages ? Chantons la va-
peur, la Moselle, Strasbourg, Hourrah ! les
Francs-Tireurs, la Rosée, les Trois Légions;
12 Chœurs arrangés, avec paroles spéciales, sur
différents fragments de musique instrumentale de
Hajdn, de Mozart et de Beethoven. — Musique
instrumentale. Sérénade pour orchestre ;
Andante et scherzettino pour orchestre ; Ouver-
ture à grand ochestre ; T' Symphonie {le
Pa.S5e) , pour orchestre ; Préludes et Fugues,
pour le piano; Souvenirs du pays Messin, six
mélodies pour le piano , etc.
MOYA'S ou MOENS (Simon), facteur de
clavecins, exerçait cette profession à Anvers au
milieu du seizième siècle, et.était reçu en cette
qualité dans la corporation de Saint-Luc en
1552.
* MOZART (Jean-Chrvsostome-Wolfgang-
Théophile).— La bibliographie relative à Mozart,
en ce qui concerne la France, doit se compléter par
les écrits suivants : 1» Histoire de W. A. MO'
zart, sa vie et son œuvre d'après la grande bio-
graphie de G. N. de Nissen, augmentée de nou-
velles lettres et de documents authentiques,
traduite de l'allemand par Albert Sowinski (Paris,
Garnier, 1869, in-S" avec porlraitetautographes);
2" Not ice biographique sur Jean-Chr ijsostome-
Wolf gang -Théophile Mozart, par Winckler
(Paris, Fuchs, an X (1801), in-S"); 3° Mozart,
par le docteur Henri Doering, traduit de l'alle-
mand par C. Viel (Paris, Bohné, 1860, in-12);
4" Mozart ou la Jeunesse d'un grand artiste,
par Etienne Gervais (Tours, Maine, 1866, in-12);
5" Mozart d'après de nouveaux documents,
par J. Goschler (Paris, Douniol, 1866, in-8'');
6"itn Voyage de Mozart ., biographie, anec-
dotes,par Edouard Moericl<e,traduil de l'allemand
par A. Rolland (Bruxelles, Duinont, 1859, in-18) ;
7° Lecture sur les trois séjours de Mozart à
Paris, par Charles Poisot (Paris, typ. Charaerot,
1873, in-i8).
252
MOZART — MULLER
A part ces publications, nous signalerons les
deux livraisons (29<: et 30« entretiens) du Cours
familier de littérature de Lamartine, intitulés :
la Musique de Mozart, et surtout l'excellent
travail publié sur le maître par M. Victor Wilder,
en 1874, dans le. Ménestrel, écrit vraiment re-
marquable, et le seul de quelque valeur qui ait
paru en France. 11 est bien à désirer que l'au-
teur publie sous forme de volume cette très-in-
téressante étude.
MUCK (Le docteur J ), musicien alle-
mand, né à Wurzbourg le 16 août 1824, s'était
d'abord adonné à l'étude du droit, qu'il aban-
donna pour se consacrer à la musique. Chcl'
d'orchestre au théâtre de Briinn en 1860, à celui
de Freihurg en 1866, il se lixa ensuite dans sa
ville natale, où il dirige une Société de chant.
Cet artiste a composé des chœurs pour voix
d'hommes, des morceaux de violoncelle, et
il a fait représenter avec un certain succès,
le 3 février 1867, à Darmstadt, un drame lyrique
intitulé les ISazaréens à Pompéi, dont le sujet
était emprunté au poëme célèbre de Bulwer :
les Derniers Jours de Pompéi.
MUELEVOETS (Je an), facteur de cithares,
vivait h Anvers à la fin du seizième siècle.
MUGXONE (Lkopoldo), compositeur dra-
matique italien, né vers 1857, a fait représenter
àNaples, sur le théâtre Nuovo, les deux ouvra-
ges suivants : 1° Don Bizzarro e le sue figlie,
opéra bouffe (20 avrd 1875), qui a été assez
bien accueilli ; 2° la Mamma Angot a Costan-
tinopoli, opérette (29 juillet 1875), qui n'a
obtenu aucun succès. Je n'ai pas d'autres ren-
.seignements sur cet artiste, qui n'était âgé que
de dix-sept ans lorscpi'il a fait son début au
théâtre.
MÛHLDÔRFKR (Guillaume-Charles),
compositeur et maître de chapelle autrichien, est
né à Giatz le 6 mars 1837. On lui doit plusieurs
ouvrages dramatiques, parmi lesquels je citerai
les suivants : le Sommeil magique, opéra-co-
mique en 2 actes, Leii)zig, 1866; Ze Comman-
dant de Kœnigstein, un acte, Leipzig, .'îO mars
1869; Solitude dans /es 60/5, ballet, Leipzig, 2i
décembre 1869. Son dernier ouvrage, donné
encore à Leipzig, au mois de septembre 1877,
est un opéra-comique en un acte, Prinzessin Re-
benbliiih, qui accompagnait la première re[)re-
sentation du Bornéo et Juliette de M. Gou-
nod. M. Mùbldorfer remplit les fonctions de se-
cond chef d'orchestre au théâtre de Leipzig.
On connaît encore de lui des lieder et |tlu>ieurs
ouvertures de concert.
MULDEU (nicuAiu)), pianiste, chef d'or-
chestre et compositeur, naquit a .Vmslerdam en
1823, et reçut une excellente éducation musicale.
Dès sa jeunesse il vint en France, résida long-
temps à Paris, où il |)ublia de nombreuses com-
positions, et c'est en cette ville qu'il épousa, en
1844, M"'= Lia Duport, fille de l'auteur drama-
tique Paul Duport. M'"= Lia Duport était une
cantatrice distinguée, qui a brillé de bonne heure
dans les concerts, et iqui s'est ensuite vouée à
l'enseignementrilTIâ quelques années, Richard
Mulder était parti pour l'Amérique, et s'était
fixe aux États-Unis; il est mort, jeune encore,
à San-Francisco, le 22 décembre 1874. Parmi les
compositions publiées par cet ,arliste intelligent,
je citerai surtout les suivantes, toutes pour le
piano: Chants caractéristiques, op. 9 ; Thème ori
ginal et scherzo, op. 10; Plaisir du bal, valse,
rédowa et polka, op. 11 ; Styrienne, op. 12 ; la
Cascade, op. 12 bis; Ré've d'espoir, andante,
op. 13; le Tambour de basque, impromptu, op.
15; le i)/eHue/, variations-études, op. 16; Fête
styrienne, valse-caprice, op. 17; la Consola-
tion, nocturne, op. 18 ; Cécilia, mazurka-caprice,
op. 19 ; le Retour, nocturne, op. 20 ; les Chantres
des bois, 6 morceaux caractéristiques, op. 22 ;
Souvenir de jeunesse, 3 morceaux de genre, op.
28 ; le Chalumeau, pastorale, op. 29 ; Lyceum
des pianistes, collection complète et progressive
d'études, en 6 livres, 01». 31,32,33,34, 35 et 36;
les Loisirs de la Châtelaine, collection de 8
morceaux caractéristiques et de moyenne force,
op. 44, etc., etc.
De son mariage avec M"" Lia Duport, Richard
Mulder avait eu une fille, aujourd'hui M'"^ Pau-
line Boutin, qui est l'une des plus aimables
cantatrices de concert de Paris et l'un de nos
meilleurs professeurs de chant.
MULLER (Marianus), moine et musicien
du dix-huitième siècle, naquit en Suisse, à .-Esch
(canton de Lucerne), en 1724. Après avoir étu-
dié la composition avec Giuseppe Paladino,
maître de chapelle à Milan, il entra en 17i3 au
couvent d'Einsideln, dont il fut, trente ans plus
tard, nommé prince-abbé. Il mourut en 1780.
On connaît de cet artiste une messe à quatre
voix avec orgue, quatre motets à huit voix, six
Magnificat à quatre voix avec accompaguemenl
d'orchestre, etc. .^
* Mi'TLLER (Iwan), célèbre clarinettiste
russe, na(|uit le 3 décembre 1786, et non le
15 décembre 178t.
* MÙIJvER (Fiti';ni;i(ic), violoniste, violoncel-
liste, clarinettiste, compositeur et maître de cha-
pelle, est mort à Rudolsladt, le 12 décembre
1871. (V. Biographie universelle des Musi-
ciens, I. VI, p. 259.) •
*i\lÙLLER(CllUlÎTIEN-GOTTLIEB-ïni;OPIlILE)»
MULLER — MURAIRE
253
compositeur, est mort à AUenbourg le 29 juin
1863. (V. Biographie universelle des Musi-
ciens, l. VI . p. 260.)
*I\1ÛLLER (Adolphe).— Une note qui m'est
fournie sur cet artiste, par RI. Jean Ballia (de
Presbourg), me prouve qu'il n'a jamais été at-
taché au théâtre de Kœnigsladt, de Berlin. « En
1828, dit cette note. Millier fut engagé au théâ-
tre du faubourg de Wieden, à Vienne, comme
compositeur et chef d'orchestre ; il conserva
cet emploi jusqu'en 1847, époque où il passa
dans la même qualité au théâtre du faubourg
de Leopoldsladl. Mais il rentra bientôt au théâ-
tre de Wieden, où il se trouve encore aujour-
d'hui, jouissant de l'estime générale. M. Millier a
écrit la musique d'environ 600 pièces de théâtre :
opéras-comiques, opérettes, farces cl vaudevilles.
Outre cela, il a composé 300 lieder, des mor-
ceaux de musique de danse, des pièces symphoni-
ques et une grande messe. On lui doit aussi une
Méthode de chant en langue allemande et fran-
çaise, publiée à Vienne, chez Hasiinger. Les
compositions de M. Muller sont très- populaires ;
la plupart de ses lieder et de ses couplets,
écrits pour le théâtre, ont fait le tour de l'Alle-
magne, et sont encore chantés chaque jour par
les gens du peuple. M. Muller est un représen-
tant richement doué de l'ancienne école viennoise
de composition. » (V. Biographie universelle
des Musiciens, t. VI, p. 261.)
MULLER (Adolphe), fils du précédent, est
né à Vienne le 15 octobre 1839. Il a hérité de
la fantaisie féconde et de Ja riche force créa-
trice de son père. Après avoir terminé ses étu-
des, il devint chef d'orchestre à Posen, puis à
Magdebourg, où il fit représenter ' son premier
opéra, Henri Vorjèvre. En 1872, il alla rem-
plir le même emploi au théâtre de l'Opéra-Conn-
que, nouvellement créé à Vienne, et où il se
trouve encore. Son dernier ouvrage : Wald-
meisiers Brauljahrt, est un opéra-comique
fantastique ; la musique en est gracieuse et gaie,
et la partition en a été publiée chez l'éditeur M.
Schereiber. M. Millier a écrit un trio, des lieder,
et la musique de plusieurs pièces de théâtre.
J. B.
*MÛLLER (Charles-Frédékic), violoniste,
l'aîné des quatre frères de ce nom qui compo-
saient le fameux quatuor Millier, si longtemps
célèbre en Allemagne, est mort à Brunswick, le
4 avril 1873. (V. Biographie universelle des
Musiciens, t. VI, p. 262.)
*MULLER (Auguste-Théodore), violoncel-
liste, frère du précédent, le troisième et le der-
nier membre survivant de ce quatuor fraternel ,
est mort à Brunswick au mois d'octobre 1875.
(V. Biographie universelle des Musiciens,
t. VI, p, 262.)
MULLER (Junus-E ), piani.ste et coin-
|)ositenr allemand, s'est fait connaître, en ces
dernières années, par la publication de morceaux
de genre et fiintaisies pour piano, dont le nombre
ne s'élève guère aujourd'hui à moins de deux
cents. — • ■
MULLER ( ), compositeur contempo-
rain, connu sous le nom de Millier, de Neiv-
York, s'est fait connaître par la publication
d'une énorme quantité de recueils de chœurs et
lieder à plusieurs voix, dont quelques-uns avec
accompagnement d'orchestre ou de divers ins-
truments. Le nombre de ces recueils ne s'élève
guère aujourd'hui à moins d'une centaine. Je
n'ai pu recueillir aucun renseignement biogra-
phique sur cet artiste.
MULLER (Louis), maître de chapelle et
profes.seur de chant au collège Stanislas, à Paris,
est l'auteur d'un Solfège pratique et théorique,
à l'usage des collèges, pensionnats et séminai-
res, Paris, Leduc, in-S". Il a publié aussi les
Solennités religieuses, recueil avec orguQ de
chants sacrés pour toute l'année, id., id.
MULLER (Marcëllus), notaire à Caen et
grand amateur de musique, ancien élève de
Carafa, a fait représenter à Caen, dans la grande
salle de l'hôtel de ville, à l'occasion d'une fête
locale, le 5 février 1875, un opéra-comique en
deux actes intitulé le Bocage. Peu de jours
après, le 16 février, M. Marcëllus Muller don-
nait à la salleTailbout, à Paris, dans une repré-
sentation privée, une opérette en un acte, les
Idées de M. Pampelune. Enfin, le 6 mars 1877,
il donnait à Caen une autre opérette en un
acte, le Maître de chant, qu'il faisait repré-
senter sous le pseudonyme de Wilhelm.
MÛLLER-HARTUiXG ( ), chef d'or-
chestre et professeur allemand, directeur de
l'École de musique de Weiniar, est l'auteur d'un
ouvrage publié récemment .sous le titre de Théo-
rie de la Musique (Eisenach, Bacmeister, in-S").
MUKCHEIMER (Adam), compositeur,
directeur de l'Opéra national de Varsovie, a écrit
la musique d'un opéra polonais en 4 actes, Stra-
diota, qui a été représenté sur ce théâtre
en 1877. On connaît aussi de cet artiste de la
musique dejballet, des ouvertures, des lieder,
des chœurs, etc.
MURAIRE ( ), chanteur français, né
à Avignon vers la fin du dix-septième siècle, se
fit une très-grande réputation à l'Opéra dans
l'emploi des hautes-contre, mais ne resta guère
plus d'une douzaine d'années à ce théâtre, et se
retira dans toute la force de l'âge. Doué d'une voix
254
MURAIRE — MURSKA
superbe et étendue, il paraît avoir été aussi rc-
marquablecoiiiine comédien que comme chanteur,
car le Mercure de France disait de lui, en par
lant de la reprise d'Alys qui eut lieu le 23 dé-
cembre 172;) : — 'I Entre les meilleurs acteurs
qui contribuent au grand succès de cet opéra, le
public dislingue le sieur Muraire, dont la voix et
l'aclion encbaiitenl les oreilles, et les yeux tou-
chent le cœur. » Selon Laborde {Essais sur la
musique), Muraire aurait débuté seulement en
1717, mais il y a là une erreur, car cet artiste rem-
plissait un rôle dans les Fêtes de Vété, de Monte-
clair, quilnrentreprésentées le 12juin 1716. C'est
vers 1715 que Muraire se montra pour la première
fois à l'Opéra, dans Isis, de Lully. Laborde se
trompe encore lorsqu'il dit, en parlant de Mu-
raire : « Il avoit une des plus belles haule-coutre
qu'on eilt jamais entendues, et il falloit les ta-
lens réunis de Jélyotte pour réclipser. » Jélyotte
put faire oublier Muraire, mais non récli|)ser,
puisqu'il ne débuta à l'Opéra qu'en 1733, alors
que celui-ci avait pris sa retraite depuis plus de
six ans, ainsi que nous l'apprend le Mercure
dans son numéro de janvier 1727 : « Le sieur
Muraire, un des principaux acteurs de l'Académie
royale de musique, qui a été assez longtemps
malade, est entièrement rétabli ; mais le public,
à qui sa belle voix a fait tant de plaisir, n'y gagne
rien; il a quitté l'Opéra pour se retirer à
Avignon, sa patrie. »
Voici la liste des ouvrages créés par Muraire
à l'Opéra ; les Fêtes de Vêlé, de Monteclair;
Camille, reine des Vohques, les Arjes, de Cam-
pra; les Plaisirs de la campagne, (\e Berlin;
PoUjdore, de Batistin Slriick ; les Amours de
Pro/<?e, de Gervais ; Pirilhoûs, de Mouret ; les
Fêtes grecques et romaines, de Colin de Bla-
mont ; la Reine des Péris, d'Aubert ; les Élé-
ments, de Lalande et Destouclies; les Strata-
gèmes de l'amour, de Destouches; Télégone,
de Lacoste; enfin, J'ijrame et Thisbé, de Rebel
et Francœur, sa ilernière création en 1726.
MURATORI (LoDovir.o), compositeur ita-
lien, est l'auteur d'un opéra intitulé Virginia,
ovvero un'Imprudenza, qui a été représenté
sur le théâtre du Corso, de Bologne, au mois
de décembre lSû6. — Un artiste du même nom,
M. G. Muratori, a publié dans ces dernières an-
nées quelpies mélodies sur paroles italiennes.
MUllET (Tni-ononF.-CKSAP.), écrivain dra-
matique et critique distingué, né à Rouen le 24
janvier 1808, est mort à Soissy, près Montmo-
rency, le 17 juillet 1806. Pendant longues années,
Th. MiM-et a publié dans le journal l('gitimiste
l'Union, dont il partageait les doctrines politi-
ques, un feuilleton théâtral justement remarqué.
dans lequel une connaissance intime du sujet
traité .s'alliait aux formes les plus courtoises et
à un réel talent littéraire. Il est surtout men-
tionné ici pour un ouvrage fort intéressant :
l'Histoire par le Théâtre (Paris, Amyot,
3 vol. in-12), qui contient d'assez nombreux
renseignements sur la musique et quelques mu-
siciens.
MURSKA (Ilma DE), une des bonnes can-
tatrices allemandes de ce temps, est née en
Croatie vers 1836. Elle a commencé son éduca-
tion musicale en Italie, puis s'est perfectionnée
sous la direction de M"" Marchés!, le célèbre
professeur de Vienne. M"*^ de Murska s'était
déjà fait apprécier en Allemagne, lorsqu'au mois
de janvier 1862 elle se fit entendre presque
furtivement à Paris, dans un concert au profit
de la Société allemande de bienfaisance. Elle ne
resta pas en cette ville, partit aussitôt pour
Florence, où l'appelait un engagement pour le
théâtre de la Pergola, et se rendit ensuite à
Barcelone, à Hambourg et à Peslh. En 186'».
elle débute avec succès à Berlin, y joue successi-
vement Lucie de Lamermoor, le Trouvère,
la Somnambule, Linda diChamounix, Mar-
iha, puis, au mois d'août, se produit avec non
moins de honheur à l'Opéra impérial île Vienne.
Elle établit à ce théâtre le rôle de Dinorah du
Pardon de Ploêrmel, qui lui vaut un véritable
triomphe.
m"° de Murska resta attachée pendant dix
ans à l'Opéra de Vienne, ce qui ne l'empêcha
pas, dès 1865, de passer chaque été à Londres,
où elle obtenait de très-grands succès au théâtre
de la Reine. La brillante carrière de la canta-
trice était justifiée par ses facultés naturelles,
autant que par ses qualités acquises. M"" de
Murska était douée d'une voix superbe, sonore,
étendue, dont elle savait tirer le meilleur parti,
chantant avec goût, vocalisant avec légèreté, se
faisant remarquer par un rare sentiment des
nuances, et joignant à ces qualités purement
musicales la tendresse et le charme, la grâce
et l'émotion. Les principaux rôles de sou réper-
toire, outre ceux qui ont été cités plus haut,
sont Marguerite des Huguenots, le pa^e (Vun
liallo in maschera, Ophélie d'Hamlet, Cathe-
rine de l'Étoile du Nord, Gilda de Rigoletto,
puis Médce, Roméo et Juliette, P Africaine
(Inès), ilFlauto magico, V Enlèvement du sé-
rail, etc., etc.
Veuve d'un officier de l'armée autrichienne
qui s'appelait Eders, M'""^ lima de Murska quitta
rEur(i|)e à la fin de 1873, alla se faire entendre
à New-York et dans diverses antres villes des
États-Unis, puis de là passa en Australie, où
MURSKA — MUSARD
-> *_• »j
2dD
elle fit une grande tournée lyrique. C'est dans
ce pays qu'elle épousa en secondes noces, en
1876, un pianiste du nom d'Anderson, qui mou-
rut très-peu de temps après.
MUSAKD (PuiLiPfE), chef d'orchestre et
compositeur fameux de musique de danse, na-
quit vers 1792. Cet artiste, qui obtint, à l'époque
du règne de Louis- Philippe, une véritable célé-
brité comme chef d'orchestre de bal et compo-
siteur de quadrilles, eut des commencements
difficiles et ne paraissait pas destiné à jamais
sortir de l'obscurité. Dans sa jeunesse, qui, dit-
on, fut loin d'être heureuse, il apprit le cor, et
jouait de cet instrument dans les bals publics
de bas étage, aux barrières de Paris, d'abord
au Bœuf rouge, à Belleville, puis à l'Ile d'a-
mour, près de Romainville. Dès cette époque
pourtant il jouait un peu de violon, et s'exerçait
déjà à composer des quadrilles.
Trouvant que la fortune ne lui venait pas assez
vite à Paris, Musard, sous la Restauration,
parfit pour l'Angleterre. C'est à Londres qu'il
commença à se faire connaître, et que sa répu-
tation s'établit tout d'abord. 11 s'associa, en
cette ville, avec un autre artiste, pour exploiter
les bals de la cour, dont sans doute il était le
chef d'orchestre, et c'est alors qu'il publia et fit
exécuter ses premières compositions dansantes,
compositions qu'il envoyait ensuite à Paris, à
un nommé Marchand, chef d'orchestre du bal du
Vauxhall, lequel les faisait exécuter à son tour.
C'est ainsi que Musard obtint ses premiers
succès.
Peu de temps après la révolution de 1830,
Musard revient à Paris, et bientôt il est appelé
à diriger l'orchestre des bals masqués qui se
donnaient alors au théâtre des Variétés. Chose
singulière, pourtant, et qui pourrait faire croire
que cet artiste n'a jamais été qu'un déclassé,
Musard, àcetle époque, semblait avoir une ambi-
tion plus haute, et désirer une autre renommée
que celle de compositeur et de conducteur de
quadrilles. En effet, c'est peu après son arrivée
à Paris qu'il publiait trois quatuors pour deux
violons, alto et basse (Paris, l'auteur), et c'est
dans le même temps qu'il faisait paraître les
premiers fascicules d'une Nouvelle Méthode de
composition musicale (Paris, l'auteur). En
annonçant cet ouvrage dans la Revue musi-
cale, Fétis disait : « M. Musard annonce aussi
la publication d'un Traité complet et raisonné
du système musical, qui paraîtra par livrai-
sons et qui sera accompagné de notes curieu-
ses sur l'histoire de la musique (1). » Ne sont-
(1) Je crois que la Nouvelle Méthode de composition
ce pas là les appétits d'un véritable artiste, et ne
peut-on pas croire que Musard ne s'est livré à
une forme vulgaire de l'art (en y faisant preuve,
d'ailleurs, d'un talent véritable) que parce
qu'elles lui offraient des moyens d'existence qui
lui faisaient défaut daulre part,?
Quoiqu'il en soit, Musard obtint im tel succès
aux bals des Variétés (ju'im spéculateur, Masson
de Puitneuf, conçut la pensée d'organiser , aux
Champs-Elysées, un établissement de concerts
et de bals dont il lui confia la direction artisti-
que. L'entreprise réussit à souhait, et fut bien-
tôt connue sous le nom de Concert- Mmurd ;
mais, Musard s'étant brouillé avec son associé,
alla s'installer au Jardin-Turc du boulevard du
Temple, passa ensuite à la salle Saint-Honoré
(connue plus tard sous le nom de salle Valen-
tino), et enfin à la salle Vivienne, oii ses con-
certs et ses bals obtinrent une vogue sans
pareille et firent littéralement courir tout Paris.
En même temps, il dirigeait les bals masqués
de la salle Ventailour, puis ceux de l'Opéra-Co-
mique, et l'on se rendra compte des succès qu'il
obtenait alors par ces fragments d'un article
un peu railleur que publiait à son sujet le jour-
nal le Ménestrel :
« Oh! qu'il est beau, qu'il est sublime, qu'il
est excentrique et idéal, ce monsieur Musard !
Depuis le boulevard Saint-Martin jusqu'en
Chine, vous ne trouverez pas une personne, pas
une chose , pas un chef d'orchestre , qui lui
soit comparable.
« Mais qui n'a pas vu Musard aux fêtes noc-
turnes de l'Opéra-Comique, celui-là n'a rien vu.
Là, sur ce pont vénitien, le maestro éclairé par
mille bougies, apparaît dans son vrai jour. Là,
on le contemplerait des heures entières. Ce
n'est pas un homme, ce n'est pas un musicien,
c'est un dieu qui conduit l'orchestre. Tantôt il
roule ses yeux comme deux boules enflammées;
tantôt il les promène avec calme de droite à
gauche et de gauche à droite. Son infatigable
archet marque chaque note, depuis la ronde
jusqu'à la double croche , et semble conduire
les sons jusqu'à l'oreille des auditeurs. Avec son
regard, Musard magnétise tout ce qui l'entoure-,
avec son archet, il ramène les égarés, contient
les audacieux, avertit les distraits, rallie les
traînards et maintient les fougueux. Dans Va-
dagio, dans Vandante, son visage est onc-
tueux, sa bouche est riante, son altitude est
pleine de dignité et de contemplation plastique.
Dans Vallegro, son œil lance des éclairs, ses
nerfs s'agitent, et tout son corps réalise la chi-
musieule de Musard ne parut jamais dans son entier, et
que sept livraisons seulement en furent publiées.
256
MUSAllD — MUSONE
tnère du mouvement perpétuel. Alors il ne liât
plus la mesure, il la frappe à coups redoublés,
des pieds, des mains, des coudes et des genoux.
Son pied fait voler la poussière en l'air, et jette
de la poudre aux yeux.
« Tantôt il se lève, regarde le plafond, mesure
le public du liaut de sa majesté, se gratte la
tête ou se tient les cotes; tantôt il s'assoit,
passe la main sur son front, siège de tant de
génie, réceptacle de tant d'barmonie, entrepôt
de tant de responsabilité. Dans certains moments,
la pointe de son archet plane sur la note jus-
qu'à son agonie, et l'aide à mourir; dans d'au-
tres, l'archet semble ramasser la note par terre,
et la ramener vers le pupitre. C'est un curieux
spectacle, je vous assure, que celui de M. Musard
conduisant son orchestre. On ne se lasse pas de
l'admirer.... »
A l'époque oii ces lignes étaient écrites, Mu-
sard était vraiment une des originalités, on pour-
rait dire une des célébrités de Paris. Mais c'est
surtout à partir du jour où il dirigea les bals de
l'Opéra, que sa vogue acquit toute sa puissance.
Là, avec un orchestre qui comprenait 24 violons
de chaque côté, des altos et des contre- basses en
proportion, un orchestre où les cuivres étaient
représentés par 14 cornets à pistons et 12 trom-
bones, il obtint des effets de sonorité vraiment
curieux, qu'il augmentait d'ailleurs par des
excentricités telles que le fracas de plusieurs
chaises qu'on brisait en mesure à un moment
donné , ou d'un pistolet qu'on faisait partir à
l'attaque du galop final d'un quadrille.
En réalité, et dans la sphère où il se mou-
vait, Musard était loin de manquer de talent.
Dans ses quadrilles de concerts, il a été l'un des
premiers à faire usage du contre-point, parfois
d'une façon vraiment originale, et d'ailleurs
quelques-uns de ces quadrilles, comme les
Echoa, le Rendez-vous de chasse, les Cloches
argentines, les Gondoliers vénitiens, renfer-
maient de jolies idées et étaient vraiment agréa-
bles à entendre. Quant à ses quadrilles dansants,
la plupart étaient remarquables par leur allure ,
leur clan, leur entrain, leur caractère; dans le
nombre on peut surtout citer le quadrille espa-
gnol, le quadrille anglais, le quadrille arabe,
les Étudiants de Paris, les Lions, la Victoire,
le Moyen-Age, le Pirate, la Reine des Fous,
le Tourbillon, la Foudre, etc. C'est Musard
qui, le premier, dans les morceaux de ce genre,
a imaginé d'écrire des chants de trombones,
parfois même de faire exécuter par ces instru-
ments le dessin mélodique principal, au lieu de
leur faire frapper simplement des temps ou des
contre-temps; il en résultait, dans l'allure géné-
rale, un éclat, une animation, un entrain extra-
ordinaires.
Musard a écrit plus de cent cinquante qua-
drilles, et si, dans le nombre, beaucoup furent
composés sur des motifs d'opéras en vogue, on
en peut signaler aussi beaucoup d'originaux, et
qui n'étaient pas les plus médiocres. Parmi ces
derniers, je mentionnerai encore ceux qui avaient
pour titre -.Zurich, Munich, le Lac, Montmo-
rency, Oran, Victoria, l'Angleterre, Dublin,
l'Ecosse, r Étoile, les Heures, l'Indien, Mé-
phisfophélès, le Mexique, Milan, Moscou,
le Plébéien, le Provençal, le Printemps, V Om-
nibus, Polichinelle, les Bayadères, le Bal de
l'Opéra, l' Arc-en-ciel, Versailles, les Querel-
leurs, Florence, Vive la danse, le Fs'ain du
roi, les Chasseurs au bal, etc., etc. Il a écrit
aussi un assez grand nombre de valses.
Cet artiste honorable et excentrique, que ses
contemporains ont appelé le Paganini de la
danse et le Roi du quadrille, e.st mort à Auteuil.
près Paris, le .31 mars ,1859, à l'âge 'de 66
ans.
MUSIOL (Robert), professeur et théoricien
allemand, est l'auteur d'un petit manuel publié
sous ce titre: Kalechismus der Musikgeschicte
(Catéchisme de l'histoire musicale), Leipzig,
J. J. ^yeber, in- 12. Ce petit livre est une sorte
d'histoire abrégée de la musique, exposée par
demandes et par réponses. On en avait annoncé
une traduction française, qui jusqu'ici n'a pas
encore paru. M. Robert Musiol est l'un des col-
laborateurs de la Nouvelle Gazette musicale
de Berlin.
Il prépare en ce moment une nouvelle édi-
tion, très-augmenlée, du petit Lexique musical
de Julius Schuberth.
MUSOA'E (PiETRo), compositeur dramati-
que italien, s'est fait connaître au public par
trois ouvrages importants qui ont été représentés
tous trois à Naples, sur le théâtre du Fondo,
devenu aujourd'hui le théâtre Mercadante. Le
premi£r de ces ouvrages, Camoens^ donné le
19 septembre 1872, fut accueilli avec une grande
faveur; le second, intitulé Wallenstein, fut
joué le 19 août 187.3, et obtint un très-grand
succès ; enfin, le troisième, qui avait pour titre
Carlo di Borgngna, ne se vit guère moins bien
reçu que les précédents lorsqu'il parut le 22 mars
1876. Celui-ci était en 4 actes et un prologue.
Je n'ai pas d'autres renseignements sur M. Mu-
sone, qui paraît être un artiste distingué ; je sais
seulement que la critique lui a été très-favora-
ble, que ses compatriotes fondent un grand
espoir sur son avenir, et que particulièrement
le quatrième acte de Camoens, son premier
MUSONE — MUZIO
257
-ouvrage, est considéré par quelques-uns comme
une page de premier ordre.
MUSSl (A....), compositeur italien, naquit
dans les premières années du dix-neuvième
siècle. Il a écrit la musique de plusieurs ballets,
entre autres des suivants: V Ali, bascià di
Giannina, Milan, Scala, 1838; 2° il Raja e le
Bajadere (en société avec Schira), id., id.,
IG août 1843; 3° Vriella, ossia gli Amori di
un genia (en société avec Scaramelli et divers
autres compositeurs), id., id., 1854; 4° GU
Afgani; 5" Don Cesare di Bazan; C° un
raWo ( en société avec M. Paolo Giorza). Je
n'ai pas d'autres renseignements [sur cet ar-
tiste.
MUSSIXI (Adiîle Branca), jeune pianiste
italienne et compositeur pour son instrument,
est descendante du fameux compositeur Giuseppe
Sarti, qui fut maître de chapelle du dôme de
Milan. ÎNée à Berlin, elle fil son éducation mu-
sicale à Florence, et habite aujourd'hui Cré-
mone. Cette jeune artiste a publié récemment
chez l'éditeur Ricordi, de Milan, un recueil de
Six Pensées fugitives, et de Tre Pensieri sciol-
ti, sortes de romances sans paroles pour le
piano, et quelques autres morceaux détachés
pour le même instrument. La critique a favora-
blement accueilli ces essais d'une plume qui
paraît élégante et aimable.
MUSTEL (Victor), facteur d'harmoniums à
Paris, s'est de()uis longtemps fait connaître par
la bonne qualité de ses instruments, désignés
sous le nom iVorgites Mustel, et les soins qu'il
apportait à leur fabiication. D'abord attaché à
la fabrique d'orgues de MM. Alexandre {Voij.
ce nom), M. Mustel finit par s'établir à son
com|)te, et, en 1854, prit un brevet « pour de
nouvelles dispositions propres à produire des
effets nouveaux sur l'oigue expressif. » Après
avoir obtenu à l'Exposition universelle de 1855
(Paris) une médaille de première classe, M. Mus-
tel se vil décerner à celle de 1862 (Londres) la
'prize medal pour l'excellence de sa fabrication.
En 1867 (l^aris), une médaille d'argent venait
récompenser ses efforts, et dans son rapport
comme président du jury de la classe 10 à cette
dernière Exposition, Fétis rendait ainsi justice
à la supériorité des produits de ce facteur dis-
tingué : — « M. Mustel n'est pas, à proprement
dire, un fabricant, carie nombre d'instruments
qui sortent chaque année de sesmains ne dépasse
pas quinze. M. Victor Mustel est un artiste; il
porte dans son travail les soins les plus minu-
tieux ; toutes les parlies de ses instruments se
font remarquer par la précision et le fini, et la
quaUté des sons a une rare distinction. » Depuis
BIOGR. UMV. DES MUSICIENS. — SUPfL. —
plusieurs années, M. Mustel a associé ses deux
fils à la direction de sa maison.
MUTEL (Ai.riiEu), pianiste et compositeur
français contemporain, a fait de bonnes études
théoriques sous la direction de M. EUvart. Il
s'est fait connaître d'abord par la publication
d'un recueil de mélodies vocales dont le tour
était aimable et l'accent distingué; il a donné
ensuite beaucoup de romances et chansons dé-
tachées, ainsi que quelques morceaux de piano
faciles. On lui doit encore un certain nombre de
compositions religieuses, consistant en messes
et motets, et, je crois aussi, un ou deux opéras
de salon.
*■ MUTZEXBECHER (le docteur Louis-
Samuel DiTERicu), et non Mulzenbrecher, ama-
teur distingué de musique, naquit le 4 février
1766 (et non 1760) , et mourut à Altona le
13 mai 1839 (et non 1838).
MUZIO (Emaxuele), compositeur dramati-
que, chef d'orchestre et professeur de chant, est
né le 25 août 1825 à Zibello (1), petit village
situé près de Busseto (duché de Parme). C'est
en cette dernière ville qu'il commença son édu-
cation musicale, étant enfant de cha-ur à la ca-
thédrale, oii le vieil organiste Provesi lui donna
ses premières leçons de chant; il commença
l'étude du piano avec Maigherite Barezzi, pre-
mière femme de M. Verdi, et ce maître, fort
jeune alors, l'ayant pris en affection, lui fit
obtenir une bourse duMont-de-Piété pour ache-
ver ses éludes musicales, qu'il put terminer
complètement grâce à l'aide du vieil Antonio
Barezzi, beau-père de l'auteur de Rigoletto.
Poiu- la composition, M. Muzio devint l'élève
de M. Verdi, qui, je crois, n'en forma jamais
d'autre. Il s'appliqua de bonne heure à faire les
réductions pour piano -et chant, pour piano
seul et à quali'C mains, des opéras de son maî-
tre, ainsi que de quelques-uns de ceux de Mer-
cadante, et prépara pour l'éditeur Ricordi l'é-
dition complète des œuvres de Rossini. En 1852
il commença sa carrière de chef d'orchestre, et
fut engagé à Bruxelles pour y diriger les repré-
sentations d'une troupe d'opéra italien; c'est là
qu'il fit aussi ses débuts de compositeur drama-
tique, en produisant son premier opéra, Gio-
vanna la pazza, qui obtint du succès, et qui
en 1853 fut joué sur le théâtre de la Canobbiana,
de Milan. C'est pour Milan qu'il écrivit ensuite
Claudia, puis le Due Régine (Canobbiana,
17 mai 1856); après quoi il fit représenter sur
le théâtre comnmnal de Bologne, en 1857, la
(1) Le lieu et la date de naissance m'ont été fournis par
M. Muzio lui-même.
T. II.
17
258
MUZIO
Sorrentina. En concevant ces divers ouvrages,
M. Muzio avait voulu s'écarter autant que pos-
sible (lu style de son maître, qu'il admirait sans
vouloir l'imiter. N'ayant pu trouver sa voie, il
se résolut à abandonner la carrière de la corn-
position dramatique.
Engagé en 1858 à Londres, comme chef.de
chant au théâtre de Sa Majesté, il se rendit
ensuite à New-York comme chef d'orchestre de
l'Académie de musique. De refour en Europe,
il remplit les mêmes fondions au théâtre de la
Fenice, de Venise, à Barcelone, au Caire et au
Théâtre-Italien de Paris (1876). C'est lui qui
devait avoir l'honneur de diriger, au Caire,
l'exécution du chef-d'œuvre de M. Verdi, Aida,
écrit sur la demande expresse du vice-roi d'E-
gypte et représenté pour la première fois en
celte ville; les circonstances vinrent l'en empê-
cher.
Chef d'orchestre remarquable, habile et exercé,
M. Muzio est aussi un professeur de chant fort
distingue. On cite surtout, parmi les élèves qu'il
a formés sous ce rapport, miss Clara Kellogg
{['oy. ce nom), et l'on assure qu'il a été le pre-
mier maître de M™' Adelina Patti, ainsi que de
sa sœur, M"^ Carlotta Patti. Fixé à Paris depuis
1875, il s'y est exclusivement consacré à l'en-
seignement. M. Muzio a écrit, pour les deux
sœ-urs Patti, plusieurs morceaux de chant qui
ont été publiés à Paris, par l'éditeur Schonen-
berger, dans un recueil intitulé les Feuilles
d'or.
N
IVABEU (C -F ), facteur d'orgues
néerlaufiais, né à Devenler vers 1798, s'est fait
une réputation dans sa patrie par la bonne qua-
lité de ses instruments. Il en construisit un
grand nombre, dont le plus estimé est l'orgue
qu'il plaça à l'église Saint-Georges, à Amersfoort,
en 1843. On cite, parmi les autres instruments
qui sortirent de ses ateliers, les orgues d'Appel-
doorn, d'Almelo,de Sliedrecht, de Raamsdonk.de
Devenler, de Dœtighem, d'Arnhem, de Wilr,
de Raalse, deHolten, de Winterzwyk, de Goor,
de Terborg, de Voorst, de Boslo, de Hakkum, de
Weye, de Gronio, de Gorsel, etc. Naber mourut
à Deventer, le 23 aoi'it 1861. — Un fds de cet
artiste, M. F. S. ISaber, son élève, lui a suc-
cédé.
NACCIAROXE (Nicola), pianiste et com-
positeur, né à >'aples le 2 avril 1802, commença
à l'âge de di\ ans l'étude du piano, et eut pour
maîtres Raffaele Cioffi et Giuseppe Elia, qui
prirent soin de lui au Conservatoire. Plus tard,
et tandis qu'il était encore dans cet établissement,
où il travaillait le chant avec Luigi Mosca, l'har-
monie et le contre point avec Fenaroii et Zinga-
relli, il prit des leçons parliculiéres de John
Field. Après avoir terminé son éducation, il se
livra à l'enseignement du piano et de la composi-
tion, et forma un grand nombre d'élèves , parmi
lesquels on cite son filsGuglielmo, Michèle Tinio,
Raffaele Billema, Emmidio Perrella, etc. Outre
un opéra inédit intitulé Sofonisba, outre de
nombreuses compositions pour le chant et pour
le piano, publiées pour la plupart chez Coltrau,
à Naples, et chez Lucca, à Milan, on doit à Nac-
ciarone une Messe de Requiem exécutée en
1859 pour les funérailles du roi Ferdinand II,
un Sancfus fugué à 8 voix, quatre symphonies
pour orchestre, une symphonie funèbre, des
quatuors pour piano, violon, alto et violoncelle,
et diverses œuvres de musique d'église. Cet ar-
tiste est mort à Naples au mois de décembre 187C.
iXACCIAROXE (GuGLiELMo) , pianiste et
compositeur, fds du précédent, est né à Naples
le 18 février 1837. Dès l'âge de six ans, il se li-
vrait à l'étude du piano sous la direction d'un
professeur nommé Michèle Marrano; après quoi,
il travailla avec son père, qui devint aussi son
maître de composition. Il était à peine âgé de
dix ans lorsqu il donna à Naples plusieurs con-
certs, et à douze ans, accompagné de son père,
il vint se produire à Paris, où il fut remarqué
par Thalberg. En retournant à Naples, eu 1851,
il se fit entendre avec succès k Florence, et en
1858 il entreprit im grand voyage artistique dans
les principales villes de l'Allemagne; après quoi,
il revint à Paris, puis se rendit à Londres. Enfin,
il se fixa définitivement dans sa ville natale, où
il se livra à l'enseignement et à la composition.
M. Guglielrno Nacciarone a publié à Naples, à
Londres et à Paris un assez grand nombre d'œu-
vres pour le piano ; parmi celles de ses composi-
tions qui .sont restées inédites, on cite un opéra :
Pier de 'Medici, une cantate, deux symphonies
à grand orchestre, \m Miserere k 4 parties réel-
les, des romances, etc.
NACHBAUER (FRA^z),•un des chanteurs
les plus estimés de l'Allemagne contemporaine,
s'est acquis une grande renommée par la beauté
de sa voix de ténor, par son talent d'exécution,
et parle sentiment dramatique dont il est animé.
Né le 25 mars 1835 au château de Giessen,
près Friedrichshafen (Wurtemberg), il fut
admis, à l'âge de treize ans, à l'école polytech-
nique de Stutlgard, où il demeura cinq années.
Sa belle voix, pourtant, le détermina à prendre
des leçons dePiscbek, et à entreprendre la car-
rière dii théâtre. D'abord employé dans les
chœurs à Bâie, il accompagna ensuite une
troupe allemande en France, trouva dans la per-
sonne de M. Passavant, banquier à Lunéville,
un protecteur dévoué, alla compléter ses études
à Milan sous la direction de M. Lamperti, au-
près duquel il resta deux années, puis aborda
sérieusement la scène en se produisant à
Mannheim, à Hanovre, à Prague et dans diverses
autres villes. C'est à Darmstadt, où il était
en 18G5, que M. Nachbauer commença à éta-
blir sa réputation, et qu'il se fit remarquer sur-
tout dans les rôles de Yasco de Gama de
l'Africaine et de Jean de Paris. Appelé à
Berlin au mois de juin 1867, il s'y fait enten-
dre avec succès dans Raoul des Huguenots ,
va passer ensuite quelques semaines au théâtre
royal de Munich^ puis revient à Darmstadt au
mois de novembre de la même année. C'est alors
qu'il aborde avec la même fortune plusieurs au-
260
NACHBAUER — NADAUD
très grands ouvrages du réperloiie, tels que
Loheiitjiiit, Don Carlos, Guillaume Tell el
les Maîtres chanteurs de iSureniberg. Sans
cesser d'ùtre attaché au tliéàtre de Darmstadt, il
se [iroduit bientôt sur ceux de diverses grandes
villes de l'Alieniagne, oii le public l'accueille
avec une laveur constante dans les ouvrages qui
viennent d'être cités, ainsi que dans quelques
autres, parmi lesquels il faut surtout mention-
ner le Vaisseau fantôme de M. Ridiard NVa-
gner.
Au commencement de 1871, une grave mala-
die vient éloigner momentanément l'artiste de
la scène. Après s'être rétabli, il se fait entendre à
Prague, puis est engagé au théâtre royal de
Munich, auquel, jusqu'à ce jour, il n'a cessé d'ap-
parteuir, et ou le succès ne l'a jamais abandonné.
Pendant ses congés à ce théâtre, M. Nachbauer
est retourné à Berlin, où les spectateurs du théâ-
tre KroU l'ont vivement applaudi, et au commen-
cement de 1878 il s'est montré au théâtre
Apollo, de Rome, dans le rôle de Loliengrin.
M. ISachbauer e.st, avec M. îsiemann, l'un des
ténors les plus renomuiés de l'Allemagne; mais,
plus jeune que ce dernier, dont la voix, dit-on,
commence à faiblir, il a conservé la plénitude
de ses facultés, et n'a pas encore ressenti la fa-
ligue qui semble s'emparer de son aîné.
NADAL (Jaime), compositeur espagnol,
naquit à Lérida en , 1793, et entra à l'âge de
neuf ans à l'école de musique du monastère de
Monserrat, en Catalogne, qu'il ne quitta qu'après
y avoir passé sept années. Devenu organiste à
Lérida, puis à l'église Saint-Marlin de Madrid,
iXadal échangea celte situation, en 1829, contre
celle de maestro director du théâtre d'opéra de
Yalladolid. En 1831, on le retrouve maître de
chapelle de la cathédrale de Palencia, et en 1833
il passe en la même qualité à la cathédrale d'As-
torga.ll conserva ce dernier emploi jusqu'à sa
mort, dont on ignore la date. Nadal a composé
un grand nombre d'œuvres de musique religieuse,
qui sont, dit-on, estimées en Es|>agne, et l'on
cite surtout, parmi ses meilleurs travaux, une
messe (lu'il écrivit en 1832, par ordre du udnis-
Ire de la guerre, et qui fut exécutée pour une
cérémonie militaire el nationale dans le monas-
tère de San-Cieronimo.
NADAUD (Gustave), chansonnier français,
néàRoubaix (Nord) le 20 février 1820, d'une
famille de commerçants, tit ses études littéraires
au collège Rollin, à Paris, puis entra dans le
commerce. Peu fait pour les affaires, il s'en dé-
goûta rapidement, et Iransforina bientôt sa car-
rière. 11 avait écrit, pour se distraire, quelques
cliausons qu'il avait fait entendre dans des réu-
nions intimes où elles avaient produit une vive
impression, entre autres celles intitulées la Lo-
retle et les lieines de Mabille. On lui con-
seilla de poursuivre cette veine, qui paraissait
heureuse, et c'est alors que M. Nadaud com-
mença à montrer sa fécondité en écrivant les
paroles et la musique de tous ces petits |)oèmes,
tantôt comiques et amusants, tantôt touchants et
mélancoliques, parfois philosophiques, le plus
souvent enq)reints d'une fantaisie aimable et
charmante, qui depuis près de trente ans sont
répétés par tous les échos et ont fait le tour non-
seulement de la France, mais on peut dire de
l'Europe, rencontrant partout le succès.
M. Nadaud n'est pas un profond musicien,
loin de là; mais il a des idées mélodiques, et
sait les adapter avec goût aux paroles de ses chan-
sons ; il a d'ailleurs, chose importante dans cet
ordre d'idées, le sentiment de la tonalité et du
rhythme. On comprend , dès lois, tout l'avantage
qu'il trouve à être son propre compositeur, et
combien la pensée musicale et poétique se trouve
plus serrée, plus homogène, par le fait de cette
inspiration unique, de cette fusion de deux fa-
cultés. On peut dire que M. Nadaud a obtenu de
triples succès comme poète, comme compositeur
et comme chanteur, car lui-même interprète ses
chansons, en s'accompagnant au piano, avec
une, finesse et une bonhomie tout à fait aima-
bles.
Toutes les chansons de M. Nadaud ne sont
pas d'une égale valeur ; d'ailleurs, il en a écrit
jusqu'à ce jour plus de trois cents, et l'on com-
prend que dans ce nombre il peut s'en trouver
de relativement faibles. Néanmoins, le plus grand
nombre d'entre elles ont obtenu des succès mé-
rités, et il me serait impossible de citer toutes
celles qui ont conquis la laveur du public. Je me
bornerai à mentionner ici les titres de quelques-
unes de celles qui sont devenues les plus célèbres :
le Voyage aérien, les Deux Aolaires, le Vieux
Télégraphe, les Dieux, Vlnsomnie, Pandore
ou les Deux Gendarmes , l'Aimable Voleur,
le Md abandonné, le Mandarin, la Ferme
de Beauvoir, le Quartier latin, Saint-Ma-
thieu de la Drame, Carcassonne, les Souvenirs
de voyage, lionhomme, Ivresse, la Vie moderne,
Paris, la Pluie, le Message, la Vigne vendan-
gée, Profession de foi pouvant servir à plu-
sieurs candidats, la Forêt, Chauvin, le Doc-
teur Grégoire, etc., etc.
Pendant plusieurs années, le journal Vlllus-
tration donnait chaque semaine les paroles et la
musique d'une chanson nouvelle de M. Nadaud ;
ces chansons étaient ensuite publiées séparément.
Puis on lit diverses éditions des paroles seules.
NADAUD — NAMY
261
Enfin, l'ériileur M, Heugel entreprit une édition
complète de ces chansons, paroles et mnsifine,
qui comprend aujourd'hui environ quinze volu-
mes de chacun vingt chansons, et un volume de
Chansons légères, au nombre de trente. M.
Nadaud a encore écritles paroles et la musique
de trois opérettes de salon : le Docteur Vieux-
temps, la Volière, Porte et Fenêtre, dont les
partitions ont été publiées chez le même éditeur.
M. Nadaud, quia été nommé chevalier de la
Légion d'honneur en 1861, est aussi l'auteur d'un
joli roman de mœurs qui a pour litre : une
Idylle.
* NADERMAIV (François-Joseph), — Cet
artiste est auteur de l'ouvrage suivant ; Dic-
tionnaire des transitions pour s'exercer dans
Vart de préluder et d'improviser tant sur
la harpe que sur le piano, op. 95 (Paris, Na-
derman, in-f°).
* IVAGILLER (Mathieu), né. non vers 1820,
mais le 24 octobre 1815, à Munster, dans le
Tyrol autrichien, est mort le 8 juillet 1874 à
Inspruck. A son retour de France en Allemagne,
cet artiste écrivit une Missa solemnis et plu-
sieurs petites messes. En 1854 il s'établit à Mu-
nich, écrivit et fit représenter en cette ville un
opéra' intitulé Frédéric à la poche vide (Frie-
drich mit der leeren Tasche) , puis composa
divers morceaux de musique pour la Nausihaa
de Widmann. En 18GG, il accepta de se rendre à
Bozen pour y remplir les fonctions de maître de
chapelle, et alla tenir ensuite le même emploi à
Inspruck, où il mourut à l'âge de cinquante-huit
ans. On connaît de Nagiller des ouvertures, des
symphonies, divers morceaux de chant, et un
second ouvrage dramatique, le Duc de Tyrol,
opéra en 3 actes, qui, je crois, fut représenté
vers 1860.
NAINVILLE ( ), excellent acteur de la
Co<nédie-Italienne, s'est fait applaudir pendant
treize ans à ce théâtre, aussi bien comme comé-
dien que comme chanteur, car son talent était
remarquable sous ce double rapport. « On ne
peut entendre une basse-taille plus belle, plus
franche, plus flatteuse, disait de lui \q Mercure,
et qui fasse désirer davantage que cet acteur,
qui a d'ailleurs beaucoup de talent, veuille Jse
prêter souvent aux désirs que les spectateurs ont
de l'applaudir, » Nainville avait débuté, le .3 mai
1767, dans l'emploi qu'on désignait alors sous
le nom de Tabliers. Dans l'espace de treize ans,
il créa un grand nombre de rôles, dans le Re-
tour de tendresse, Perrin et Lucette, la
Fausse Magie, Lauretle, les Femmes vengées,
la Fête du village, la Belle Arsène, la Ré-
duction de Paris, les Souliers mordorés, le
Lord supposé, les Trois Fermier s, Félix, Sar ah,
le Stratagème, lâchasse, le Jugement de Mi-
das, l'Amant jaloux, le Porteur de chaises,
etc. Quoique toujours bien accueilli du public, il
prit sa retraite en 1780, et le 7l/^/Y?<re regrettait
en ces fermes son départ : «... Recommandable
d'abord par la qualité de sa voix, une des plus
belles que l'on puisse entendre, c'est au moment
même qu'il devenoit plus cher aux connoisseurs,
comme acteur intelligent, qu'il a renoncé à la
gloire qui l'attendoit, et abandonné les plaisirs
du public, dont il étoit adoré. »
Nainville avait épousé une jeune et aimable ar-
tiste de la Comédie-Italienne, m"^ Beaupré, qui
était entrée à ce théâtre trois ans avant lui, en
1764, et qui y avait obtenu de nombreux suc-
cès par sa grâce charmante, parla variété et l'élé-
gance de son jeu; elle avait su se faire applaudir
même dans les rôles créés et en quelque sorte con-
sacrés par M""® Favart, ce qui ne prouvait pas
médiocrement en faveur de sentaient. M""" Nain-
ville, qui se retira en 1780, en même temps que
son mari, vivait encore en 1790,
* NALDI (Joseph), excellent chanteur bouffe
italien, était né, non dans le royaume de Na-
ples en 1765, mais à Bologne, le 2 février 17"0. Il
avait, dit-on, composé une symphonie militaire
intitulée la Bataille de Waterloo, qu'il fit exé-
cuter à Londres au mois de juin 1816.
*NALDI(CAi!OLiNE),clianteuse fort distinguée,
est morte dans son château du Haul-Frizay, le 25
décembre 1876, à l'âge de 75 ans. M"« Naldi avait
débuté sur la scène italienne de Paris, anx côtés
de son père, le 19 septembre 1820, et pendant trois
années elle avait partagé la faveur publique avec
la Pasta. En 1823, elle était devenue l'épouse du
général comte de Sparre, et avait pour toujours
abandonné le théâtre. Toutefois, et jusqu'en ses
derniers jours, elle avait conservé, avec le goilt
de la musique, un talent remarquable que ses
intimes pouvaient apprécier encore, soit chez
elle, soit dans quelques salons amis.
NAMY ( ), luthier français, était établi
à Paris à la fin du dix-huilième et au commen-
cement du dix-neuvième siècle. On ne connaît
guère d'instruments de lui, et l'on n'a plus d'au-
tre preuve de son habileté, qui paraît avoir été
grande, que ces lignes que l'abbé Sibire traçait
à son sujet dans son livre, la Chélonomie : —
« Je m'étais fait une loi de m'abstenir de toute
citation ; mais, en vérité, je ne puis résister au
désir de nommer entre autres un homme d'un
vrai mérite qui, avec un talent très prononcé
pour toutes les parties de l'art, s'est attaché spé-
cialement à remettre sur pied, à rajeunir ces cen-
tenaires décrépits (les vieux instruments) et à
202
NAMY- l^APRA^YNIK
les rétablir dans leur première fraîcheur. C'est le
sieur Namy.... Ses preuves sont faites depuis un
quart de siècle, et interne elles se réitèrent jour-
nellement.... Nul n'a étudié plus à fond leur tem-
pérament et leurs besoins ; toutes les fois qu'il
me tombe sous les jeuv des instruments qui por-
tent l'empreinte de ces savantes réparations, je
reconnais la trace de l'habile main qui les a
entreprises; je dis tout d'un coup: Voilà du
Natmj, comme je dirais : Voilà du Crémone .'»
Tout porte à croire que la très-grande habi-
leté de Namy s'exerçait surtout dans les répara-
tions, et qu'il n'a que peu construit d'instruments.
Cependant, l'almanar h connu sous le titre de
Tablettes de renommée des artistes musiciens
(1785), en l'inscrivant au nombre des luthiers
parisiens, fait .suivre son nom (qu'il écrit A'rtWî)
de cette mention : Renommé pour les vio-
lons.
NAMCmiM ( ), prêtre dalmate, qui
vivait au commencement du dix-huitième
siècle, se fit une renommée considérable dans
l'art de la construction des orgues, et fut con-
sidéré sous ce rapport comme un des maîtres les
plus habiles de l'école vénilieniie. Il eut, dit-on,
pour élèves Valvasori et le célèbre facteur Cal-
lido.
NAXTIEIl-DIDIÉE (Constance-Betzy-
RosABELLA NANTIER, épouse DIDIÉE, con-
nue sous le nom de M"'*) , cantatrice fran-
çaise distinguée, née à Saint-Denis (île Bourbon)
le 1 G novembre 1831, fut admise au Conservatoire
de Paris le 18 décembre 1845, y devint élève de
M. Duprez, et remporta en 18'i9 un accessit de
chant et un premier prix d'opéra. Douée par la
nature d'une voix de contralto sonore et bien
timbrée, d'un sentiment pathétique très-intense
et de'véritables qualités dramatiques. M"»® Nan-
lier-Didiée se consacra aussitôt à l'étude du
chant italien, et bientôt alla débuter au théâtre
Cari;inan, de Tiirin, où elle se montra dans la
Fe5<a/pdeMercadante, cl dans la Gnzzaladra.
Après avoir ensuite, en compagnie de M"'"= Vera
et du ténor Giuglini, donné quelques séries de
représentations en l'Vauce, dans diverses villes de
province, elle fit, en 18jr>., une courte apparition
au ThéAtreltalien de Paris, dans Luisa Miller,
puis fut engagée pour trois années à Londres, au
théâtre deCovent-Garden, ce qui ne l'empêcha
pas de faire une saison de quatre mois à Bruxel-
les.
En 1854, M°»=Nantier-Didiée était à Madrid,
cil elle obtenait de Irès-gramis succès ; elle par-
tait ensuite pour l'Amérique, visitait successive-
ment New-York, Boston, Philadi'lphie, Ralti-
niore, Washington, se faisant partout aj)plaudir.
puis revenait à Londres, faisait une tournée dans
les provinces anglaises ainsi qu'en Irlande, de là
passait de nouveau en Espagne, se faisait enten-
dre à Valence et à Barcelone, puis revenait au
Théâtre-Italien de Paris, où elle demeurait deux
années et où elle était fort bien accueillie par le
public.
De Paris, elle se rendit une troisième fois à
Londres, et de Londres fut engagée [à Saint-Pé-
tersbourg, où le succès la suivit. Son réper-
toire, très-étendu et très-varié, lui permettait
de déployer toute la souplesse d'un talent que sa
beauté remarquable rendait encore plus sym-
pathique ; ce répertoire comprenait le Prophète,
la Favorite, il Trovatore, Lucrezia Borgia,
Rigoletto, Semiramide, Linda di Chamouni,
Maria di Rolian, le Barbier de Séville, Saffo,
les Huguenots, Don Juan, Roméo et Juliette,
etc. Après s'être fait applaudir en Russie, M"*
Nantier-Didiée repartit pour Madrid, où le pu-
blic était désireux de la revoir. C'est dans cette
ville qu'elle mourut, dans toute la force de la
jeunesse, le 3 décembre 1867, ayant à peine ac-
compli sa trente-sixième année.
NAPRAVVIXIK (ÉooLAiiD), chef d'orches-
tre et compositeur distingué, fixé depuis plus de
quinze ans en Russie, est né le 24 août 1839 à
Bejst, près Kœniggra?tz (Bohême). Dès l'âge de
cinci ans, il étudia le piano avec un professeur
nommé J. Puhonny. En 1850, il se rendait à
Pardubic, près de son oncle Auguste Svoboda,
afin de perfectionner son talent sur le piano et
sur l'orgue. Deux ans après il était à Prague, et
en 1856 on le retrouvait à Dasie, où il faisait
exécuter une messe de sa composition. En 1861
il était appelé à Saint-Pétersbourg, chez le prince
Yusupou, qui lui confiait la direction de sa cha-
|)elle particulière, et enfin, en 1869, il devenait
chef d'orchestre de l'Opéra russe du théâtre
Marie, dans cette ville. A peu près dans le
même temps, M. Naprawnik était nommé di-
recteur de la Société musicale russe, dont les
concerts syinphoniques sont très-suivis et for-
ment un des attraits artistiques de la capitale de
l'empire. La situation de cet artiste est donc
très-considérable, et son intluence sur la marche
de l'art très-réelle en Russie.
En 1869, M. Naprawnik a fait représenter à
Saint-Pétersbourg un grand opéra en 5 actes,
Mzegorodnis ; il en a écrit un autre, la Tempête,
qui jusqu'ici n'a pas paru à la scène. Dans un
concours ouvert en 1876 par la Société musicale
russe |)0ur la composition d'un trio |)our piano,
violon et violoncelle, il a obtenu le premier prix
(ce trio, en sol mineur, a été publié, et porte com-
me chiffre d'ouvré le n° 24). On connaît de lui
NAPRAWNIK — NAUDIN
263
plusieurs autres œuvres de musique instrumen-
tale de ciiambre, [entre autres une sonate pour
piano et violon et deux quatuors pour instru-
ments à cordes. Enfin, M. Naprawnik a encore
écrit un certain nombre de compositions de di-
vers genres, parmi lesquelles on distingue plu-
sieurs ouvertures, des fantaisies instrumentales,
des lieder, des duos, des choeurs, etc.
NARBOA'NE ( ), excellent acteur delà
Comédie-Italienne dans un ordre secondaire,
obtint de véritables succès à ce théâtre dans
l'emploi des chanteurs comiques, où il appor-
tait, avec les qualités d'un comédien souple
et spirituel, celles d'un excellent musicien.
Né en 1751, Narbonne avait étudié la musi-
que dès son enfance, et s'était essayé fort
jeune, à l'Opéra même, dans le rôle de Colin du
Devin du village. Sa voix, qui semblait d'abord
un ténor, prit ensuite le caractère du baryton
(ou concordant, comme on disait alors); il
travailla assidûment avec Trial le chanteur, et
lorsqu'il fut bien préparé, il débuta à la Comé-
die-Italienne, le 21 octobre 1772, dans le rôle de
Sylvain de l'opéra de Grétry qui porte ce nom, et
joua le 28 du même mois celui de\Yestern dans
Tom Jones. Il fut accueilli avec la plus vive
sympathie, et le Mercure de France disait de
lui : « Le public espère beaucoup de son jeune
talent, et lui a prodigué ses applaudissemens. »
Narbonne parcourut une heureuse carrière, et
fit de nombreuses créations, entre autres dans
les Mariages Samnites, le Mai, Ernestine, les
Deux Amis, le Porteur de chaises, Lauretle,
Biaise et Babef, etc. Il prit sa retraite en
1788, avec une pension de la Comédie, et
alla donner des représentations à Marseille
(V. Calendrier musical, 1789, p. 133). Il re-
vint ensuite à Paris, faisait de nouveau partie du
personnel de la Comédie-Italienne, devenue
théâtre Favart, en 1793, et en l'an VI était
passé au théâtre Feydeau. A partir de cette der-
nière époque, sa trace se perd complètement.
* NARDIIXI (Pierre). — Cet illustre ar-
tiste a été l'objet de la notice suivante: Elngio di
Pietro ISarOini, celebratissimo profcssor di
violino (Florence, 1793), dont l'auteur avait nom
Raimondo Leoni.
• NARGEOT (PiERRE-JuuEN). — Cet ar-
tiste a occupé pendant une vingtaine d'années
les fonctions de chef d'orchestre au théâtre des
Variétés, et a écrit pour les vaudevilles joués
alors à ce théâtre la musique d'un grand nom-
bre de couplets et de chansons, dont une entre
autres devint populaire sous le titre de Drinn
drinn. Depuis longtemps déjà, M. Nargeol a
renoncé à cet emploi. On doit à cet artiste la
musique d'un certain nombre d'opérettes re-
présentées sur des scènes d'ordre inférieur ;
voici les titres de quelques-unes d'entre elles :
1° los Conlrabandistas, un acte. Théâtre féeri-
ijue, 1861 ; 2° la Volonté de mon oncle, un acte,
Vaudeville , 1862 ; 3° les Exploits de Sylvestre,
un acte,théâtre Saint-Germain, 18G5; 4 "«H Vieux
Printemps, Luxembourg, 1865° ; 5° Dans le Pé-
trin, un acte, Folies-Marigny, 1806 ; 6" Jeanne,
Jeannette et Jeanneton, un acte, id., 1876;
7° Trois Troubadours, un acte, Folies-Nouvel-
les ; 8" i Plfferari, un acte, th. Debureau ; 9"
le Docteur Frontin, un acte; 10" les Ouvriè-
res de qualité, opérette non représentée, publiée
dans le journal le Magasin des Demoiselles.
* NASOLIIM (Sébastien). — La liste des
productions dramatiques de ce compositeur doit
s'augmenter des ouvrages dont voici les titres :
1" Tito e Bérénice, Venise, théâtre de la Fenice,
printemps 1793; 2° Monime e Milridate, Flo-
rence, 1799; 3° il Medico de'Bagni, Livourne,
1800; 4" V Achille, Florence, 1811.
NATALUCCI (TiBERio), compositeur ita-
lien, né au commencement du dix-neuvième siè-
cle, a écrit la musique d'un opéra en deux actes,
il Viaggio di Bellini, qui a été représenté à
Rome, sur le théâtre Valle, pendant la saison du
carnaval de 1838. Cet artiste est mort à Trevi
le 10 février 1868.
* XATHAX (IsvAc), compositeur et écrivain
musical anglais, est mort à Sydney (Nouvelle-
Ecosse), le 15 janvier 1864.
KAUDIX (Emilio), chanteur italien d'ori-
gine française, est né à Parme le 23 octobre
1823. Son aïeul avait été chargé parle gouver-
nement français d'une mission à la cour d'Es-
pagne, où il épousa la fille du marquis de Guz-
man, et son père était peintre de chambre de
l'archiduchesse Marie-Louise de Parme. Tout en
s'occupant de bonne heure de musique, il fit
d'excellentes études littéraires et scientifiques
au collège Marie-Louise de sa ville natale, et
commença l'étude de la médecine à l'université
de Parme. Mais l'amour du théâtre et delà mu-
sique l'emporta en lui, et il abandonna la mé-
decine pour se livrer sans réserve à son goût
pour le chant. S'étant rendu à Milan, il se plaça
sous la direction d'un excellent professeur, Gia-
como Panizza, et au bout de peu de temps il était
en état de faire ses débuts sur le théâtre de
Crémone, où il se vit très-favorablement ac-
cueilli.
Ce fut alors que commença pour M. Naudin
une brillante carrière, dans laquelle il ne devait
rencontrer que des succès. Malgré une physio-
nomie dure et sombre, malgré sa froideur
2G4
NAUDIN — NAUMBOURG
automatique et son insuffisance complète comme
comédien, ft quoique sa voix sortit de la gorge
un peu plus qu'il n'eùl fallu, cette voix était si
puissante à la fois et si charmante, si solide et
pourtant si veloutée, et l'artiste s'en servait
avec tant de goiM, qu'où |)assait sur ses défauts
pour ne voir que ses qualités. Après avoir fait ses
premières armes en Italie, s'être produit à Gênes,
Turin, IHoreiice, Rome, Venise, Milan, Cologne
et dans plusieurs autres villes, M. >'auilin se (il
entendre sur les plus grands théâtres de l'Europe,
où il ne fut pas moins apprécié. Vienne, Londres,
Saint-Pétersbourg, Moscou, Paris, Lisbonne,
Madrid, Barcelone, Berlin, le Caire même,
l'applaudirent tour à tour, et chaque année aug-
mentait la renommée du chanteur.
C'est en 1862 que M. Naudin vint débuter
au Théâtre-Italien de Paris, oii il joua successive-
ment Luciadi Lamermoor, Rlgolello, Lucrezïa
Borgia,Cosi/an ^«^^e deMozart, et quelques au-
tres ouvrages. L'effet qu'il produisit fut grand non-
seulement sur le public, mais aussi parmi les
artistes, et lorsque après la mort de Meyerbeer,
on ouvrit le testament <lu grand homme, on vit
qu'une clause de ce testament, en accordant au
théâtre de l'Opéra l'autorisation de représenter
son dernier ouvrage, l'Africaine, mettait pour
condition expresse que M. Xaiulin serait engagé
pour chanter le rôle de Vasco de Gama. L'ad-
ministration de notre première scène lyrique
s'empressa d'acquiescer à cette condition, engagea
M, Naudin au prix énorme de 110,000 francs par
an, et le chanteur fit son apparition à l'Opéra dans
V Africaine. Il y produisit une impression profonde
en dépit de ses défauts de comédien, beaucoup
plus sensibles sur une scène française que sur
un théâtre italien , et de son accent très-pro-
noncé, dont il n'avait pu se défaire. Néan-
moins, comme"en raison de ces défauts, M. Nau-
din se trouvait dans l'impossibilité il'aborder
les rôles du répertoire courant, il quitta l'Opéra
après un séjour de deux années, c'est-à-dire
lorsque le succès de nouveauté de V Africaine
eut été épuisé. Depuis lors, il a repris la car-
rière italienne.
* NAUE (Jean-Frfdéric), savant musicien
allemand, est mort à Ilallo le 19mai 1858.
KAUMAXi\ (ICmile), compositeur allemand,
fils d'un médecin renommé qui fut professeur à
la faculté de médecine de Bonn et à qui l'on
doit d'importants ouvrages scientifiques, est né â
Berlin le 8 septembre 1827. Ayant révélé un
goût précoce pour la musique, il commença de
bonne heure l'étude de son art et devint plus
tard l'élève de Mendeissohn. Il n'avait ijue 21 ans
lorsqu'il fit ses débuts de compositeur en faisant
exécutera Dresde, en 1848, un oratorio intitulé
le Christ messager de paix (Cliristus der
Friedensbote), qu'il fit entendre à Berlin l'année
suivante. Ayant présenté à l'illustre Alexandre
de llumboldt un mémoire qui avait trait à une
réforme générale de la musique religieuse, mé-
moire que ce grand homme voulut bien se char-
ger de lire au roi de Prusse, M. Naumann s'en
vit récompenser par l'offre de l'emploi de direc-
teur du cho'ur à la cathédrale de Berlin, qu'il
accepta. Peu de temps après, un autre mémoire,
relatif à l'âge des psaumes, lui fit accorder le titre
de docteur en philosophie.
M. Emile Naumann a publié un assez grand
nombre d'œuvres de musique religieuse, parmi
lesquelles on cite surtout une messe solennelle
qui a' été exécutée à Dresde et à Berlin en 1852.
Parmi ses autres compositions, il faut signaler
une grande cantate dédiée au roi de Prusse^
écrite en l'honneur des succès des armes prus-
siennes pendant la campagne de 1 8C6 contre l'Au-
triche. On cite comme étant de lui une « pièce à
ariettes, y< la Sorcière du Moulin, qui a été re-
présentée à Berlin, sur le théâtre Friedrich -W'il-
helmstadt, au mois de janvier 1862. M. Emile
Naumann, qui habite Dresde, est l'un des colla-
borateurs de la Nouvelle Gazette musicale de
Berlin.
NAUMAIXÏV (Ernest-Charles), organiste,
pianiste et compositeur, est né à Fribourg, en
Saxe, le 15 août 1832. Après avoir été d'abord
élève de Moritz Hauptmann, il termina son édu-
cation musicale à Dessau, sous la direction de J.
Schmidt. Devenu en 1858 directeur d'une société
musicale de Leipzig, il accepta, deux ans après,
de remplir les fonctions d'organiste et de direc-
teur des concerts à léna , oîi je crois qu'il se
trouve encore aujourd'hui. M. Naumann a fait
exécuter un certain nombre de compositions im-
portantes, entre autres une symphonie et une sé-
rénade pour orchestre.
*XAmiDOURG (S ), compositeur, mi-
nistre officiant du temple consistorial de Paris,
a publié une quatrième partie des Chants reli-
gieux des Israélites, dont la Biographie uni-
verselle des Musiciens n'avait pu faire connaître
que les trois premières. Depuis lors, M. Naum-
bourg a attaché son nom à une autre publication
digne du plus vif intérêt ; je veux parler d'un
choix de cantiques et de madrigaux de Salomon
Rossi, habile musicien Israélite italien qui vécut
dans la seconde moitié du seizième siècle et
dans la première moitié du dix-septième. Ce
recueil contient 30 canticpu's de cet artiste à .'3,
'», 5, <!, 7 et 8\oi\, et 22 madrigaux à 5 voix,
tous transcrits en notation moderne; il porte
NAUiMBOURG — NEBRA
265
pour titre -. Cantiques de Salomon Rossi, /le-
breo (Paris, Naiimbourg, 1877, petit in-4"). On
trouvera au mot Rossi (Saiomon) tous les ren-
seignements relatifs à celte excellente publica-
tion.
JVAVA(Antonio-Maria), compositeur, guita-
riste et professeur de chant italien, naquit dans
la seconde moitié du dix-huitième siècle. Il était
fixé à Milan, où il s'était fait une réputation
comme virtuose sur la guitare. On lui doit une
Méthode complète de guitare française, db
nombreuses fantaisies pour cet instrument,
écrites pour la plupart sur des motifs d'opéras^
des duos pour (liite et guitare, quelques mor-
ceaux pour violon, llùte et guitare, et enfin une
assez grande quantité de mélodies vocales, entre
autres trois recueils de chacun 6 ariettes, op. 39,
56 et 59. Nava mourut en 1826.
IXAVA (Gaetano), fils du précédent, profes
seur de chant au Conservatoire de Milan, naquit
en cette ville le 10 mai 1802. 11 apprit de son
père les premiers éléments de la musique, tra-
vailla le piano avec divers professeurs, et enfin,
en 1817, fut admis au Conservatoire de Milan,
où il étudia le chant, l'harmonie et la composi-
tion sous la direction d'Orlandi, de Ray, de Pian-
tanida et de Federici. Sorti de cet établissement
en 1824, au terme de ses études; il se livra à
l'enseignement, et sut se faire comme professeur
une situation honorable et indépendante. En 1838
il fut appelé à diriger une classe de chant pour
les femmes dans l'excellente école dont il avait
été l'élève, et en 1860 il échangeait cette classe
contre une classe d'harmonie pour les femmes.
Peu d'années après , il prenait sa retraite. Il
mourut à Milan le 31 mars 1875, âgé de près
de soixante-treize ans.
Gaetano Nava a publié de nombreux recueils
de vocalises pour diverses voix (op. 10, 11,12,
36), et de solfèges à une ou plusieurs voix (op.
4, 6, 7, 14, 15, 17, 18, 23, 24, 25 et 28). On lui
doit aussi quelques mélodies religieuses et d'as-
sez nombreuses romances.
Un artiste du même nom et sans doute de la
même famille que les précédents, Da vide Nava,
s'est fait connaître par la publication de quel-
ques compositions légères pour le piano et pour
le chant.
NAVARUO (Ji;an), compositeur espagnol,
naquit à Séville en 1545, et fut maître de cha-
pelle de la cathéiirale de Salamanque. Il écrivit
pour le service de cette église un nombre consi-
dérable demolets, hymnes, psaumes, etc., qui sont
conservés encore aujourd'hui dans diverses
églises d'Espagne, et particulièrement à Tolède-
Navarro jouit dans son temps d'une renommée
considérable, et mourut, dit-on, dans les pre-
mières années du dix-septième siècle.
*i\AVOIGILLt:(GLiLLAi'MEjULIEN,dit).
— Cet artiste a écrit la musique des trois ouvrages
suivants, représentés au théâtre de la Cité (connu
aussi sous le nom de théâtre du Palais) : 1" l'Orage,
oa Quel Guignon ! opéra-comique en un acte,
1793; 2° les Honneurs funèbres ou le Tombeau
des Sans-Culottes, drame lyrique en un acte,
1793; 3" l'Empire de la Folie on la Mortel
l'Apothéose de Don Quichotte, pantomime en
3 actes (en société avec Baneux), 1799.
* JXEATE (Charles), pianiste, violoncelliste
et compositeur, était né à Londres le 28 mars
1784, et est mort le 30 mars 1877 à Crighton,
au moment où il venait d'accomplir sa quatre-
vingt-treizième année. Élève de James Wilson
(de Bath) pour le piano, et de William Sharpe
pour le violoncelle, il devint plus tard l'élève et
l'ami de John Field, qui en fit un artiste extrê-
mement distingué. Neale fut en effet au nombre
des pianistes les plus estimés de son temps, et
comme professeur il conquit le premier rang.
Son école était celle de Cramer, de Field et de
Hummel ; son style, auquel on pouvait reprocher
peut-être une certaine froideur, était classique et
très-raffiné, et son toucher distingué et délicat.
Il se fit entendre fréquemment dans les concerts,
et toujours avec succès. 11 était aussi fort ha-
bile comme violoncelliste. En tant que composi-
teur, sa valeur était toute relative.
En 1816, Neate s'était rendu à Vienne, unique-
ment dans le but d'y faire la connaissance de
Beethoven, et pendant les huit mois qu'il passa
en cette ville il se lia avec le grand homme d'une
amitié solide, dont on retrouve les traces dans
la correspondance de ce dernier. De retour en
Angleterre en 1818, il se fit à Londres une place
très-distinguée comme virtuose et comme pro-
fesseur, et sa maison devint le centre et le
rendez-vous de tous les grands artistes qui
visitaient la capitale du Royaume-Uni. L'un
des premiers il fit connaître au public anglais
les œuvres de Beethoven.
Neate fut le dernier survivant des trente
membres fondateurs de l'ancienne Société phil-
harmonique de Londres, qui fut créée en 1813,
et dont il dirigea les concerts à partir de 1831.
Vers l'âge de 65 ou 70 ans, il se retira de la
carrière militante, et vécut dans le repos. C'était,
en somme, un artiste fort intéressant, et qui
justifia en tous points la notoriété qui s'est atta-
chée à son nom.
NEBRA (José), organiste remarquable et
compositeur espagnol, né dans la première
moitié du dix-huitième siècle, fut organiste de
260
NEBRÂ — NERCIAT
la cliapelle royale de Madrid, et se fit remarquer
par la composition de diverses oeuvres de musi-
que religieuse écrites par lui pour le service de
cette chapelle. On cite surtout, comme l'une des
plus accomplies parmi ces oeuvres, la messe de
Requiem qu'il écrivit pour les funérailles de la
reine Barbara et qui valut à son auteur une
grande renommée pour la pureté avec laquelle
elle était conçue el le sentiment douloureux qui
y dominait. On connaît aussi de lui un « drame
harmonique » intitulé Ao/orfo indicio es verdad,
qui fut représenté sur le théâtre de la Cruz, à
Madrid, en 1744. On ignore la date de la mort
comme de la naissance de cet artiste.
José Nebra eut un neveu, Manuel Blasr.o
Nebra, qui fut aussi un musicien distingué et
qui remplit les fonctions d'organiste à la cathé-
drale de Sévilie. Celui-ci mourut le 12 septembre
1784, à l'âge de 34 ans.
* \EEB (Henui), compositeur, est mort à
Francfort-sur-le-Mein le 18 janvier 1878.
NEGRINI (Carlo VILLA, dit), ténor qui
a joui d'une grande renommée en Italie, était
né à Plaisance vers 1825 et commença sa car-
rière d'une façon bien humble, car il chanta tout
d'abord dans les chœurs. On s'aperçut bientôt
qu'il était doué d'une voix superbe, puissante
et bien timbrée, et, confié aux soins d'un pro-
fesseur habile, il fut mis en état de débuter au
théâtre de la Scala, de Milan, le 7 octobre 1847,
dans un opéra de Verdi, i Due FoscarL II par-
courut ensuite toute l'Italie, partout se faisant
applaudir, et obtenant des succès qu'il ne devait
pas moins à son talent de comédien qu'à ses
grandes qualités de chanteur dramatique et pas-
sionné. Negrini venait d'être engagé par la direc-
tion du Théâtre-Italien de Paris, et il s'apprê-
tait à partir jiour la France lorsqu'il fut atteint,
à Naples, d'une maladie qui le conduisit prompte-
ment au tombeau. Il mourut en cette ville au
mois de mars 1865, âgé d'environ quarante ans.
* J\EITHAlîDÏ(HcNiii-AiiGusït;), composi-
teur et directeur du Domchor, de Berlin, est
mort en cette ville le 18 avril 18C1.
KEIXCIXI (Andréa) , compositeur, profes-
seur et remarquable conlre-pointiste, naquit à
Sienne le 27 novembre 1788. Après avoir com-
mencé l'étude delà musique dans sa ville natale,
il lut, dès l'âge de dix ans, envoyé |iar sa famille
au lycée musical de Bologne, où il étudia le
contre-poiid avec le P. Mattei et oii il fut le
condisciple de Rossini ; ce fut ce dernier qui,
dans un des concerts donnés par les élèves de
l'école, chanta un air de soprano qui était la
première coinposilion de Ncncini. A vingt ans,
et après examen, Nencini reçoit de l'Académie
des philharmoniques le diplôme de maître de cha-
pelle. 11 reste alors quelques années encore à
Bologne, devien tchef d'orchestre au théâtre, puis
accepte l'emploi de maître de chapelle à Ur-
bino, où il demeure neuf ans, et se rend ensuite
à Ravenne, pour y remplir les fonctions de
professeur de contre-point et de chant à l'Aca-
démie philharmonique. Au bout deux années il
va à Florence, où il se fixe définitivement; il s'y
produit d'abord comme maestro al cembalo
au théâtre de la Pergola, est nommé ensuite un
des six maîtres du collège des musiciens placé
sous l'invocation de sainte Cécile dans l'église
des SS. Michel et Caietan, compose à ce titre une
grand'messe et un Requiem pour les fêtes
annuelles de cette association, et enfin obtient
la chaire de professeur de contre-point et de
composition aux écoles de musique annexées à
l'Académie des Beaux-Arts, emploi qu'il conserve
jusqu'à sa mort, arrivée le 10 mars 1852.
Nencini a écrit un peu pour le théâtre et beau-
coup pour l'église ; mais, très-habile professeur,
il ne s'élevait pas, dit-on, comme compositeur,
au-dessus de l'ordinaire. — Il a laissé une fille
qui est aujourd'hui la femme de M. Medoro Sa-
vini, romancier et membre de la chambre des
députés italienne (1).
A^ERCIAT (Le chevalier André-Robert
AKDRÉA DE), amateur de musique, fils d'un
avocat au parlement de Bourgogne, naquit à
Dijon en 1739 et mourut à Naples en ISOO. Ce
personnage, fort instruit, qui fut d'abord officier
de gendarmerie, puis chargé de missions diplo-
matiques, etquiémigra à Naples à l'époque de
la Révolution, s'est fait connaître par la i>ubli-
cation de plusieurs romans licencieux, dont un
surtout, intitulé /e Diable au corps, est, dit-on,
d'une obscénité infâme. De Nerciat était aussi
musicien, et a publié quelques compositions,
parmi lesquelles laSurprise de rA7nour, ariette
avec accompagnement de deux violons, alto et
basse ; les Invalides de V Amour, morceau du
même genre, et plusieurs quatuors. Pendant son
émigration à Naples, de Nerciat devint l'un des
conseillers intimes de la reine Caroline; lorsque
es troupes de la République française s'emparèrent
de cette ville, il fut arrêté et enfermé au châ-
teau Saint-Ange. Sa détention dura jusqu'en
(1) Les renseignements contenus dans celte notice, et qui
m'ont été communiqués en Italie, sont complétés par le
lait -suivant. Nencini avait epiaisc une cantatrice dramati-
que, M'""" t(M(ii7/(( ,Vc»ri»i, ((ui, en |S2(), était attachée au
théâtre San Glacomo, de Corfou; il écrivit à son inten-
tion, et pour son bénéfice, li's parohs et la musique d'une
liirsctta a due roc» per miisica, intitulée l'Errore fortu-
nato, qui fut représentée sur ce thoitrc le 7 mars |8!6.
NERCIAT — NERUDA
267
1800, et il mourut dans le cours de la même
année.
ÏVERI (Nereo), prêtre et musicien italien, né
à Pistoia dans la première moitié du dix-hui-
tième siècle, devint maître de chapelle de la ca-
thédrale de celle ville et se fit connaître avanta-
geusement comme compositeui- de musique reli-
gieuse. Outre un assez grand nombre d'hymnes
et de messes, on lui doit un oratorio : la Con-
versione di S. Agostino, exécuté en 1743 dans
l'église S. Bartolomeo, et une cantate : la IS'as-
cita diCiro, qu'il (it entendre au collège épis-
copal, dans une séance publique donnée en 1764
pour fêter l'avènement du grand-duc Pierre-
Léopold de Toscane. Cet artiste mourut subite-
ment le 24 juin 1770.
*MERI-BO\DI (.Michèle), pianiste et com-
positeur italien. — Cet artiste doit être né avant
1769, car, ce qui paraît peu probable, il n'aurait
eu que seize ans lorsque, en 1785, il fil repré-
sentera Florence un opéra intitulé i Matrimonj
in cantïna, et à Arezzo un autre opéra qui por-
tait pour titre Ogni disiiguaglianza amore
agguaglia. En 1794, Neri - Bondi a encore
donné à Florence la Cameriera raggiratrice.
M. le docteur Basevi, qui me communique ces
renseignements, possède en manuscrit un Bene-
dicat à 4 voix avec orchestre de ce composi-
teur.
NERICI (L'abbé Llici), prêtre et musicien
italien contemporain, est l'auteur d'un manuel
de pfain-chant publié sous le titre de Scuola di
canto ferma, et dont il a été fait une seconde
édition en 1876. La première partie de ce traité
contient les règles nécessaires pour le plain-
chant, et la seconde renferme les chants des
messes et de l'office divin qui ne se trouvent pas
dans les manuels choraux.
XERUDA (Joseph), maître d'école qui exer-
çait encore sa profession à Yodolka (Bohême),
en 1866, est mentionné ici au sujet d'un rhytlime
de danse devenu fameux, qui fut imaginé par
une servante bohème nommée Anne SIezak, et
auquel cette fille donna le nom de polka. Neruda
écrivit la musique de cet air, et le multiplia
partout en Bohême. C'est delà qu'il fut importé
à Vienne en 1839, à Paris en 1840, et qu'il obtint
le succès que l'on sait.
J. B.
NERUDA (Wn.HELMiiNE NERUDA, épouse
KORiMAiVN, connue sous le nom de M"""
NORMANN-), violoniste extrêmement remar-
quable, est née à Briinn, en Moravie, au mois
de mars 1839. Véritable enfant prodige, elle
avait à peine accompli sa quatrième année lors-
qu'elle commença l'étude du violon sous la di-
rection de son père, qui remplissait les fonctions
d'organiste à la cathédrale de Briinn (1). Elle
était douée de telles dispositions et ses progrès
furent si remarquables, que, lorsqu'elle eut at-
teint sa .sixième année, elle fut envoyée à Vienne
pour y travailler sous un maître habile, Léopold
Jansa, et qu'au bout d'une année elle se pro-
duisait en public avec succès. Au reste, toute
la famille Neruda était particulièrement douée au
point de vue musical, car en 18471a petite Wilhel-
mine, en compagnie d'une sœur aînée (Marie), qui
tenait le piano, et d'un jeune frère (François), qui
jouait du violoncelle, entreprenait son premier
voyage artistique en Allemagne, en Belgique et
dans lesPays-Bas. Deux ans après, ce trio mignon
se rendait en Angleterre, puis partait pour la Rus-
sie, où la mort venait l'éprouver cruellement; en
1850, en effet, le jeune violoncelliste mourait à
Saint-Pétersbourg. Toutefois, celui-ci fut bientôt
remplacé par un autre frère, et bientôt même le
trio se transforma en quatuor par l'adjonction
d'une petite sœur qui vint remplir la partie de
second violon. Depuis lors, et pendant environ
dix années, c'est-à-dire jusqu'en 1861, la famille
Neruda se rendait chaque année en Russie, et
chaque fois s'y voyait accueillie avec des trans-
ports d'enthousiasme. C'est, je crois, en 1862
que M"" Wilhelmine Neruda visita pour la pre-
mière fois la Suède, en compagnie de sa sœur
cadette, M"<= Maria Neruda, et que toutes deux
arrivèrent à Stockholm après avoir donné une
série de concerts à Copenhague et s'être fuit en-
tendre au Gevvandhaus de Leipzig. Leur succès,
qui avait été grand dans cesdeux dernières villes,
ne le fut pas moins a Stockholm, où le roi de
Suède, après lui avoir, accordé la médaille d'or
pour l'art et les sciences, nomma l'aînée des
deux sœurs virtuose de sa chambre. C'est alors
que JVI'"^ Wilhelmine Neruda fit la connaissance
de M. Louis Normaun, maître de la chapelle
royale, avec lequel elle se fiança, et qu'elle épousa
le 27 janvier 1864.
En 18G5, les deux sœurs créent à Stockholm,
avec le concours de MM. Dauberd, Liudblad et
Sœdermann, une société de musique de chambre
qui donne des séances très-suivies. En 1867,
M""" Normann -Neruda se fait entendre de nou-
veau au Gevvandhaus, et au commencement de
l'année suivante elle vient à Paris, où elle se
produit à trois reprises, aux Concerts populaires,
avec un succès éclatant, en exécutant successi-
vement le concerto de Mendelssohn.le concerto en
mi de Vieuxtemps et le S"" concerto de Spohr
(1) Joieph Neruda, père de M°'« Norniann-Neruda, est
luorl à Briinn le 18 février 1873, à l'âge de 68 ans.
208
NERUDA — NETZER
(Scènes de chant). Le public parisien admira dans
Je jeu de la ■virtuose une grâce toute féminine et
sans affélerio, iinarfiiet souple et nerveux, une
justesse incomparable, un style exquis et pur,
une étonnante sûreté d'exécution, enfin une
expression tendre et pleine de poésie. On peut
s'étonner qu'après les succès obtenus en cette
circonstance par la grande artiste , elle soit
restée plus de dix ans sans se produire de nou-
veau à Paris, où elle ne s'est plus fait en-
tendre qu'une seule fois, en 1878.
Dans le cours de cette même année 1868, M"''
Normann-Neruda se fait entendre encore à
Copenbague, et l'année suivante on la retrouve
à Wiesbaden, à Bruxelles et à Londres. Dans
cette dernière ville elle excite de véritables trans-
ports d'admiration, surtout en tenant la partie
de premier violon dans les quatuors des Concerts
populaires du lundi. Bientôt elle entreprend une
tournée artistique dans les provinces anglaises,
et se fait entendre à Mancbester, à Liverpool, et
dans la plupart des grandes villes du royaume.
De retour à Londres, elle y retrouve ses succès,
et depuis lors elle est restée fixée en cette ville,
oîi elle n'a cessé d'appartenir au personnel des
Concerts populaires et continue de provoquer
l'enlbousiasine du public. Cela n'empéclie pas M'"^
Koriiiann-^eruda de faire des voyages fructueux
sur le continent. Elle s'est surtout fait applaudir,
en 1871, à Amsterdam et à Rotterdam.
*A"ERVIUS (LÉONARD).— M. Edmond Vander
Straeten (V. la Musique aux Pays-Bas) a re-
trouvé trois publications extrêmement impor-
tantes de ce musicien, toutes trois imprimées à
Anvers, par Pierre Plialèse : 1° Magnificat su-
per oclo corisuetos ionos, una cum aliquoi
moteitis et litanïis B. Mariœ Virginis octo
vocum,cum basso continuo ad organum (An-
vers, 1G24, in-4"), recueil contenant, outre le
psaume Magnificat, qui a fourni matière à buit
compositions, cliacune dans un ton différent,
une série de motels écrits aussi à buit parties
réelles ; 2» 3/isice sûCJ'c-e octonis vocibus, qui-
bus adjectusunt aliquot Moletia, cum Litaniis
B. Mavix Virginis, cutn basso continuo ad
organum {\n\eTS, \(î2i, in-4°); S" Fasciculus
cantionum sacrarum quatuor, quinque et sex
vocum, addilis Lilaniis Lauretanis quatuor
et sex vocum, cum basso ad organum (Anvers,
1628, in-4").
JXESSLER (Vir.Toii-E....), compositeur et
chef d'oicbestre, est né à IJaer, près Strasbourg',
le 28 janvier 1841, a reçu une excellente édu-
cation musicale, et s'est fait remar(|uer par la
publication tl'un grand nombre d'o'uvrcs qui ilc-
nole.it un artiste sérieux et distingué. Depuis
plusieurs années fixé en Allemagne, il remplit
les fonctions de cbef des chœurs au théâtre de
Leipzig, où il a fait représenter les ouvrages
dramatiques suivants : 1° le Voyage de noces,
mars 18G7 ; 2" Veilleur de nuit et Étudiant,
un acte, 1868 ; 3" le Jour de la Saint-AlexaU'
dre, opérette, 1869 ; 4° Irmingard, grand opéra
en 5 actes, 19 avril 1876 ; 5° Dornrœschens
Brautfahrt , opéra ; 6° le Ratier de Hameln,
opéra en 5 actes, mars 1879. Précédemment, au
mois de mars 1864, il avait donné sur le théâtre
de Strasbourg un opéra-comique en 2 actes, inti-
tulé Fleurette. M. Nessier a écrit des cantates, des
chœurs, de nombreux recueils de lieder à une
ou plusieurs voix, des compositions vocales avec
accompagnement d'orchestre, et ses productions
en ce genre ne s'élèvent guère aujourd'hui à
moins d'une centaine. Je signalerai les suivantes :
der Blumen Rache (la Légende des tleurs) ,
pour chœur, ténor solo et orchestre, op. 31 ;
Sasngers Frûhlingsgruss (Salut prinfanier du
chanteur), double cliœur pour voix d'hommes,
op. 95; Von derWiege bis zum Grabe (depuis
le berceau jusqu'à la tombe), cycle de chants à
4 voix d'hommes et solo, avec accompagnement
de piano, op. 8 ; 4 lieder à 4 voix, op. 83 ; die
Drei Schneider (les Trois Tailleurs), chant à 4
voix et basse solo, op. 84 ; der Frater Kellcr-
meister (le Frère sommelier), mélodie pour
basse, avec piano, op. 91.
KESWADBA (Joseph), compositeur et
chef d'orchestre, naquit le 19 janvier 1824 à Vys-
ker, en Boliême. Il reçut une bonne éducation
musicale, et en 1857 il était nommé cbef d'orches-
tre du théâtre de Prague, comme successeur de
François Skraup. Plus tard il quitta Prague pour
se rendre à Berlin, où pendant une saison il diri-
gea l'orchestre d'une compagnie italienne , et
ensuite il alla à Hambourg. En 1864 il fut en-
gagé à Darmstadt pour y remplacer le fameux
cbef d'orchestre Scbindelmeisser, et il obtint
les plus grands succès eu celte ville, où il resta
jusqu'à sa mort, arrivée le 20 mai 1876.
iS'eswailba s'est fait un nom honorable comme
compositeur. 11 a écrit des lieder fort distingués,
et l'un d'eux, intitulé Betulinka, est devenu
très-populaire. Ses compositions pour l'orches-
tre sont aussi fort estimées, et les partitions
qu'il a écrites pour plusieurs ballets représentés
à Darmstadt, ont obtenu un très-vif succès.' Le
noudjre dos ouvres publiées de Neswadba
s't'leve à trente-cinq. J. B.
* A'E'l'ZER (Joseph), compositeur, né le 18
mars 1808 à Zams, dans le Tyrol, est mort à
Gratz le 2» mai 1864. Son opéra en 3 actes inti-
tulé Mara fut représenté à Vienne le 16 mars
NETZER — NEYRAT
269
1842, et celui qui avait pour titre la Noceextra-
ordinaïre, aussi en 3 actes, fut donné dans la
même ville le 6 mai 184G. Quant à la Raine de
Castille, j'ai des raisons de croire qu'il est
resté inédit et n'a jamais été offert au public.
* NEUKOM.M (Sicishond), compositeur
idlemand, naquit à Salzbours non le 10 avril,
mais le 10 juillet 1778. On a publié à son sujet
l'écrit suivant : Esquisses biographiques de
^igismond ISeuhomm, écrites par lui-même,
Paris, Mourgues, 1859, in-8° de 30 p.
NEUKOMM (Edmond), écrivain musical, né
à Rouen le 2 novembre 18i0, est neveu ducélèbre
organiste et compositeur Sigismond Neukomm,
qui fut l'ami de Joseph et de Michel Hayiin. Son
père, lui-même musicien distingué, était élève
de ce dernier. M. Edmond Neukomm est depuis
plusieurs années l'un des collaborateurs actifs de
rArt musical, de la Chronique musicale, et
surtout de la Revue et Gazette musicale, dans
laquelle sa connaissance approfondie de la lan-
gue allemande lui a permis de donner de solides
travaux sur plusieurs grands musiciens d'outre-
Rhin, entre autres Weber, Moscheles et Men-
delssohn. Il a publié une ^«^oire duFreisc/iiitz
(Paris, Faure, 18C7,in-12 de 69 p.), tirée de la
Biographie de Charles-Marie de Weber écrite
par le tils de ce grand homme, le baron Max-
Marie de Weber, et un historique des fêtes célé-
brées à Rouen pour l'anniversaire séculaire delà
naissance de Boieldieu : Trois jours à Rouen,
souvenirs du centenaire de Boieldieu, 13, 14 et
Vôjuin 1875 (Paris, Pont, 1875, in-12 de 68 p.)-
Ou lui doit encore une autre publication, faite
de concert avec M. Lacome {Voyez ce nom):
la Saison musicale, par une réunion d'écrivains
spéciaux, 1" année (Paris, Faure, 1867, in-12);
celle-ci est une sorte d'annuaire, dirigé par ces
deux écrivains, avec le concours de MM. J. We-
ber, H. 'Vallier, Arthur Pougin, Alexis Azevedo,
Léon Escudier, Vaudin, Er. Thoinan, Malliot,
Langhans, A. deGasperini et M. de Thémines (1).
IXEUMAKS (Alphonse), professeur et vir-
tuose remarquable sur le basson, est né à Anvers
(Belgique) le 23 août 1829.11 montra de bonne
heure un goût décidé pour la musique, s'a-
donna à l'étude du basson et fut admis au Con-
servatoire de Bruxelles, où il obtint, à peine âgé
de quatorze ans, le premier prix pour cet instru-
ment. Il en avait dix-liuit lorsqu'il fut nommé
professeur de la classe dont il avait été l'élève,
(1) En dehors des questions musicales, M. Neukomm a
collaboré a divers journaux politiques, entre autres le
Matin et le XI.X" siècle, et 11 a publié un livre très-fran-
çais : les Prussiens devant Paris, d'uiirés des documents
allemands; (Paris, s. d. (1873), In-H.
et qui devint, sous sa direction, l'une des meil-
leures et des plus brillantes du Conservatoire.
Depuis lors, M. Neumans a formé, dans cet
établissement, un grand nombre d'excellents
élèves. M. Neumans est chevalier de l'ordre de
Léopold.
KEUSTEDT (Charles), pianiste, composi-
teur et professeur, est né, je crois, à Saumur,
vers 1838. Établi depuis longues années à Paris,
cet artiste, dont les leçons sont très-recherchées,
s'y est livré avec ardeur à l'enseignement, en
même temps qu'il se faisait connaître parla pu-
blication d'un grand nombre de morceaux de
piano écrits avec délicatesse par une main légère
et exercée. Ses transcriptions et fantaisies sur
des airs d'opéras sont faites avec goût, et parmi
ses compositions originales il en est, comme ses
Feuillets d'album, qui sont empreintes d'une
grâce aimable et réelle. Parmi les productions
nombreuses de M. Neusteilt, on peut surtout si-
gnaler les suivantes : 20 Études progressives et
chantantes, op. 31; Carnaval hongrois, op,
112; Prière du soir, op. 113; Feuillets d'al-
bum (12 morceaux) ; Promenade militaire,
marche caractéristique, op. 115; Eluettes musi-
cales, 6 morceaux de concours; Confidence, 3=
rêverie, op. 34 ; Menuet sentimental ; Gavotte
de Marie-Antoinette ; chefs-d'œuvre dramatiques
et lyriques des grands maîtres; etc., etc.
I\EY (Jenny), chanteuse allemande très-re-
nommée (que l'on dit proche parente du maréchal
Ney), est née à Gratz le 21 décembre 1826. Elle
reçut ses premières leçons de sa mère, qui était
elle-même une cantatrice distinguée, et se per-
fectionna ensuite sous la direction de plusieurs
maîtres italiens. M'^" Ney se produisit d'abord
sur divers petits théâtres d'Autriche, et plus
tard obtint un engagement pour le théâtre de
Kt'ernthnerlhor, de Vienne. Mais son grand
talent n'étant pas apprécié sur cette scène
comme il le méritait, m'^" Ney quitta Vienne
en 1853, après la mort de sa mère, et alla tenir
son emploi au théâtre de la cour, à Dresde, oii
elle resta jusqu'à l'année 1867. A cette époque,
comme elle venait d'épouser un acteur estimé,
M. Burde, M"^» Burde - Ney quitta la carrière
dramatique et se retira de la scène avec le titre
de cantatrice de la cour de Saxe. Les meilleurs
rôles de cette artiste fort distinguée étaient ceux
deDinorah (le Pardon de Ploërmel), de Norma,
de dona Anna {Don Juan), d'Armide, d'Iphi-
génieetde Valentine {les Huguenots). Ses plus
grands succès furent toujours obtenus par elle
dans les grandes œuvres classiques.
J. B.
* A'EYRAT (L'abbé Alexandre-Stanislas;,
270
NEYRÂT — NICCOLIM
maître de chapelle de la primatiale de Lyon, a
publié les deux ouvrages suivants, qui doivent
se joindre à ceu\ qui ont été mentionnés sous
son nom: 1° Cantiques du petit séminaire
de la Primatiale de Lyon (recueillis, harmo-
nisés ou composés par lui), Lyon, P. Clôt, 1SG7,
un volume de 500 p.; 2° Adoremus, recueil
de motets et cantiques au Saint-Sacrement et au
Sacré-Cœur (entièrement de la composition de
M. Neyrat), Paris, Bray et Restant.
La maîtrise de Lyon n'a cessé, sous la direc-
tion de M. l'abbé Neyrat, d'exécuter les œuvres
des maîtres, soit à l'église, soit dans des con-
certs historiques très-suivis et très-remarques;
entre autres grandes compositions, elle a fait
connaître les plus célèbres oratorios classiques;
elle est considérée aujourd'hui comme l'une des
meilleures maîtrises de France. Membre de
l'Académie des sciences, belles-lettres et arts
de Lyon, M . Keyrat a fait, dans les séances de
cette compagnie, plusieurs lectures sur diverses
questions musicales ; l'un de ces morceaux,
inséré dans les Mémoires de l'Académie, a été
tiré à part sous ce titre : un Festival musical
en Angleterre (Lyon, Riofor, 1878, in-8'^ de
15 p.).
NEYTS (Jacques), chanteur dramatique et
directeur de théâtre, né à Bruges en 1727, or-
ganisa une troupe de comédiens qui jouaient à
la fois la comédie, le vaudeville et l'opéra, et
pendant longues années donna des représenta-
tions en langue flamande à Bruxelles, Anvers,
Gand, Bruges, Amsterdam et diverses autres
villes des Pays-Bas. Il fit traduire en langue
flamande et arranger par son frère, François
Neyts, la plupart des opéras-comiques français
de ce temps, qu'il faisait ainsi représenter : les
Deux Avares, le Jaloux corrigé, le Déserleur,
Von Quichotte, le Devin du village. Rose et
Colas, Lucile, le Soldat magicien, Zémire et
Azor, le Tableau parlant, etc. C'est à une
représentation du Déserteur, donnée par lui au
théiitre d'Amsterdam, le 11 mai 1772, que le
feu prit à ce théâtre , qui devint la proie des
flammes. On assure que le véritable nom de
Neyts était Canj. Cet artiste mourut à Boulo-
gne-sur-Mer le 8 juillet 179'!. Il avait épousé
une chanteuse, M'"= Isabelle Stasinou,, douée
d'une fort jolie voix, et qui brillait au premier
rang dans la troupe qu'il dirigeait. Celle-ci était
née à Bruges vers 1730.
\"1 BELLE (Adolphf.-André), compositeur
français, né à Gien (Loiret) le 9 octobre 1825,
se livra de bonne heure à l'étude du violon et
du piano, puis fut admis au Conservatoire de
Paris janvier 18'i4), dans la classe d'harmonie
d'Hippolyle Colet. Tout en suivant les cours de
cet établissement, il frétiuentait ceux de la
Faculté de droit, devenait licencié en droit et se
faisait recevoir avocat au barreau de Paris.
Après avoir obtenu un second accessit d'har-
monie en 1847, le second prix en 1848, et le
premier en 1850, M. Nibelle entra dans la classe
décomposition d'Halévy; mais il n'y resta que
peu de temps, et a|)rès avoir quitté le Conser-
vatoire, il commença à se livrer assez active-
ment à la composition. Il publia d'abord quel-
ques mélodies vocales : Rêves d'enfant. Dieu
ou Roi, etc., puis écrivit une grande cantate
symphoniqne en 3 parties avec so^i et chœurs,
Jeanne d'Arc, qui fut exécutée à Orléans, par
500 exécutants, pour l'inauguration en cette
ville de la belle statue de la Pucelle due au ciseau
de Foyatier. Il publia ensuite sous ce titre : les
Heures musicales, une série de 24 mélodies
vocales (Paris, Girod), et un autre recueil de
12 morceaux intitulé Chants des a/eux,\égenâes
et ballades de l'ancienne France (id., id.).
Mais, comme tant d'autres, M. Nibelle son-
geait au théâtre. Il fit représenter aux Folies-
Nouvelles, le 22 janvier 1858, une gentille opé-
rette en un acte, le Loup-garou, dont la musi-
que était fine et distinguée, et le 18 décembre
de la même année un ouvrage du même genre,
les Filles du lac, dont la forme, plus ambitieuse,
convenait moins à une scène aussi mignonne.
Depuis lors, il a produit les ouvrages suivants,
qui généralement ont été bien accueillis : l'Arcfie-
Marion, un acte, Bouffes-Parisiens, 30 septem-
bre 1868 ; la Fontaine deBerny, un acte, Opéra-
Comique, 30 mai 1869 ; le 15 Août 1869, cantate.
Opéra, 15 août 1809; les quatre cents Femmes
d'' Ali-Baba, 2actes,Folies-Marigny, mars 1872;
V Alibi, 3 actes. Athénée, 11 octobre 1872.
M. Nibelle, qui a écrit aussi quelques mor-
ceaux de musique pour deux drames représentés
à l'Ambigu en 1876 : Spartacus et Jean So-
bieski, ainsi que pour Casina, comédie jouée
en 1878 dans une des matinées littéraires de la
Gaîté, a en portefeuille un grand opéra eu un
acte intitulé l'Age d'or et un opéra-cotnique en
un acte qui a pour titre Joli Grec à l'œil noir.
On lui doit encore diverses mélodies vocales :
Tout est fauché, les Lauriers, In Folie de
Fréhel, la Chanson de l'hirondelle, etc. M. Ni-
belle est décoré des ordres de Chartes II! (Es-
pagne), du Medjidié (Tin-quie) et du Sauveur
(Grèce).
* IVICCOLLXI (Loi'is), compositeur italien,
mourut à Livourne en 1829. Ou cite parnu" ses
œuvres une cantate pour voix de soprano avec
accompagnement de quatuor d'instruments à
NICCOLINI — NIGOLAI
271
cordes, la musique de deux ballets représentés
au théâtre San Carlo, de Naples, et un grand
nombre de compositions religieuses : Messes,
Dixit, Litanies, etc., écrites pour la catiiédrale
de Livoiirne, dont il était le maître de cha-
pelle.
* NICCOLIi\I, ou plutôt MCOLIAI (Jo-
seph), compositeur italien. Aux n'uvros drama-
tiques de cet artiste, il faut ajouter le ISozze
inaspettate, o\)éra représenté en 1805 àNaples,
sur le théâtre Nuovo. Nicolini est mort à Plai-
sance, le 18 décembre 1842.
XICELLI (D.vmele), compositeur italien
qui vivait dans la première moitié de ce siècle,
a écrit la musique d'un drame lyrique intitulé
il Proscritto di Messina, qu'il a fait représenter
en 1829 sur le théâtre Carlo-Felice, de Gènes.
On connaît aussi de lui un opéra bouffe joué
sous le titre de VAio nelV imbarazzo. Je n'ai
aucun autre renseignement sur cet artiste.
* JVICODAMI (François JVICODIM, dit).
La veuve de cet artiste, mariée alors en secon-
des noces, publia en 1843 une notice biogra-
phique sur son premier mari : Biographie de
M. Nicodami {IS'icodim), maître de piano et
professeur de musique au Conservatoire de
Paris (Paris, impr. Malteste, 1843, in-S" de 32 p.,
avec autographe musical et vue du tombeau de
Nicodami). Cet opuscule nous apprend que
Nicodami naquit en 1758 àWillinior,en Bohème,
qu'il reçut son instruction musicale d'un de ses
oncles, qu'il se rendit jeune à Vienne, où il
devint le copiste préféré et l'ami de Mozart, puis
qu'il vint s'établir en France un peu avant l'é-
poque où éclata la Révolution. Nicodami, qui
parait avoir été un bon professeur de piano, ne
fit autre chose à partir de ce jour et jusqu'à sa
raort, qui arriva non en 1844, comme il a été
dit par erreur, mais le 13 août 1829, à l'âge de
71 ans environ.
La veuve de cet artiste, devenue M""= Ravinet,
morte en 1864, a légué au Conservatoire de
musique, en même temps que le buste en marbre
de son premier mari, placé aujourd'hui dans la
bibliothèque de cet établissement, une somme
de dix mille francs, « une fois donnée, » sans
aucune condition. Après s'être fait mettre en
possession de ce legs (le décret impérial autori-
sant l'acceptation est du 9 janvier 1867), l'ad-
ministration du Conservatoire résolut de consa-
crer cette somme à créer un prix de 500 francs
qui servirait à récompenser, chaque année, un
ou deux élèves qui se seraient particulièrement
distingués. Ce prix est décerné sous le nom de
Prix Nicodami. — On trouve à la bibliothèque
du Conservatoire un volume de Mémoires ma-
nuscrits de M'"'= Nicodami, renfermant des révé-
lations fort curieuses sur un certain nombre
d'artistes qu'elle avait connus dans sa jeunesse.
Ce volume fut acheté il y a quelques années
clicz un bouquiniste, par un employé supérieur
de l'administration du Conservatoire, et donné
par lui à la bibliothè((ue de l'établissement.
* iXICOLA (Chaklf.s), violoniste et musicien
de chambre à l'ancienne cour de Hanovre, est
mort à Hanovre le 8 mai 1875.
NICOLAI (Charles), père du compositeur
OthonNicolaï, était lui-même un musicien insiruit
et l'un des meilleurs maîtres de chapelle de Uer-
liu. H mourut en cette ville le 2 avril 1857, et le
jour même de ses funérailles on donnait au
Théâtre royal une représentation des Joyeuses
Commères de Windsor, l'un des meilleurs ou-
vrages (le son fds.
* iMCOLAÏ (Othon). — C'est le 9 juin 1810
que ce compositeur naquit à Kœnigsberg. Iler-
mann Mendel {Voy. ce nom) a publié sur lui
une notice : 0(io Mcolaî (Berlin, Heimann), dont
une traduction anglaise a été faite dans le 3Iu-
sical World, de Londres.
\ICOLAI (Willem- Frédérik-Gérard), or-
ganiste, pianiste et compositeur de beaucoup de
talent, naquit à Leyde (Pays-Bas), le 20 novem-
bre 1829. Dès sa plus tendre enfance il devint
orphelin, et reçut son éducation à l'hospice des
Oi|ihelins. Là, on remarqua chez lui de si
grandes dispositions pour la musique, qu'on lui
|)ermit de suivre les cours de l'École de musique
de Leyde, où il remporta plusieurs prix; ses
progrès furent même si rapides et si considéra-
bles, que ses protecteurs s'occupèrent bientôt
de trouver les moyens pécuniaires nécessaires
pour l'envoyer à Leipzig, et le mettre à même
de terminer son éducation musicale au Conser-
vatoire de celte ville. On organisa plusieurs
concerts à cet effet, et en 1849 M. Nicolaï partit
pour Leipzig, où il passa trois années , suivant
les cours d'orgue, d'harmonie et de contre-point
au Conservatoire. Il se rendit ensuite à Dresde,
y reçut quelques conseils de Johann Schneider,
et en 1852 quittait l'Allemagne pour revenir dans
sa patrie.
En 1853, M. Nicolaï était nommé professeur
d'orgue et de piano à l'École royale de musique
de la Haye, en môme temps qu'organiste de
l'église française de cette ville, et en 1805, à la
mort de J. H. Lubeck, il était appelé à lui suc-
céder dans les fonctions de directeur de cet
établissement, fonctions qu'il occupe encore
aujourd'hui. A la même époque, il devenait
chef d'orchestre de la Société philharmonique
de Toekomst (Association des artistes musi-
272
NICOLAI — NICOU-CHORON
ciens), de la ITaye, et c'est aussi lui qui dirigea
pendant quelque temps les concerts de la Société
pour l'encourageinent de l'art musical.
M. ÎNicolaï est un compositeur de talent, et
ses lieder surtout jouissent, aussi bien en Alle-
magne que dans les Pays-Bas, d'une grande et
légitime popularité; il en a publié plusieurs re-
cueils, ainsi que des duos pour soprano et con-
tralto. On lui doit aussi plusieurs grands ou-
vrages: Boniface, oratorio pour soli, cliœurs
et orchestre ; plusieurs cantates, parmi lesquelles
Lied von der G loche pour soli, chœurs et
orchestre, et Hanshe van Gelder (id.), écrite
sur un poërae hollandais et l'une de ses meil-
leures productions; une symphonie, plusieurs
ouvertures (inédites), sans oublier une grande
sonate pour piano et violoncelle.
M. Nicoiaï est un travailleur sérieux, fort aimé
et fort estimé de ses confrères, et en même
temps un excellent professeur de piano et d'har-
monie, à qui l'on doit de nombreux élèves.
Depuis quelques années il est devenu le rédac-
teur en chef île la revue musicale néerlandaise
Cxcilia. Il termine en ce moment la composi-
tion d'une cantate de circonstance pour chœurs
et orchestre, qui sera exécutée à Amsterdam
pour l'inauguration de la statue de Thorbecke,
le grand homme d'Etal. M. Nicolaï est cheva-
lier de l'ordre de la Couronne de chêne.
Éd. de h.
IXICOLAO ( ), compositeur français,
<jui a fait son éducation musicale en Italie, a
écrit la musique de MargelUna ou l'Orgueil-
leuse punie, ballet qui a été représenté en 1860
sur le Grand-Théâtre de Marseille.
NICOLAS (Didier), dit le Sourd, très-
hâbile luthier français, naquit à Mirecourt en
1757. Il lit évidemment son apprentissage en
cette ville, où il s'établit avec cette enseigne :
A la Tille de Crémone, et où il mourut très-
âgé, en 1833. « Les instruments de Nicolas aîné
(dit M. Vidal dans son livre : les Instruments
à archet), quoifpie d'une facture qui laisse à
désirer sous certains rapports, sont cependant
loin d'être sans mérite. Le vernis est, en géné-
ral, rouge-brun, tirant sur le jaune. La coupe
des /"/', très-ouvertes dans le milieu, est particu-
lière. » Nicolas l'ainé obtint à l'Exposition des
produits de l'industrie, à Paris, en 1806, une
médaille d'argent; le violon qui lui valut cette
récompense est aujourd'luii la propriété de son
petit-fils. A la place où les luthiers fixent d'or-
dinaire leur étiquette, il marquait ses instru-
ments avec un fer rouge : A la ville de Cré-
mone, D. IS'icolos aîné.
NICOLAS (Joseph), fils; et successeur du
précédent, naquit à Mirecourt en 1796, et mou-
rut en 180i. Il fut élève de son père, et, à la
mort de celui-ci, prit la suite de ses affaires.
Comme lui, il marquait tous ses instruments à
l'aille d'un poinçon : /. Nicolas fils, après les
avoir préalablement signés à la plume. A l'épo-
(lue de sa mort, sa veuve vendit son fonds de
lutherie à un confrère, M. Derazey, et dans la
vente fut comprise la propriété des deux marques
du père et du (ils Nicolas; de telle sorte qu'au-
jourd'hui on pourrait rencontrer des instruments
de facture moderne portant le poinçon de l'un
ou de l'autre, et auxquels pourtant tous deux
seraient étrangers.
NICOLAS (Michel), théologien protestant
et écrivain fécond, professeur de pliilosopbie à la
Faculté de théologie protestante de Montauban,
est né à Nîmes le 22 mai 1810. Parmi ses nom-
breux et remarquables écrits, presque tous rela-
tifs à des questions historiques ou religieuses,
nous ne citerons que le suivant, le seul dans
lequel il soit question de musique : Histoire des
artistes peintres, sculpteurs, architectes ci
musiciens-compositeurs nés dans le départe-
ment dic Gard (Nîmes, impr. Ballivet, 18ô9,
in-12).
NICOLE (Miguel), compositeur, habitait
Paris dans la seconde moitié du seizième siècle.
Il remporta en 1581, au concours du puy de
musique d'Évreux, le prix de la harpe d'argent
pour le motet : In voluntate tua.
* NICOLO. — Voyez ISOUARD (Xicolo).
NICOL' -CHORON (Stéphane-Louis), com-
positeur et professeur français, né à Paris le 20
avril 1809, fut admis dès l'âge de dix ans à
l'école de Choron, qui le prit en affection à cause
de son intelligence et de ses dispositions artisti-
ques, devint plus tard professeur dans cette
école, et en 1832 y fut nommé inspecteur des
études. A la mort de son maître, dont il était
devenu le gendre, M. Nicou prit la direction
effective de l'école, mais on sait que celle-ci,
abandonnée par le gouvernement et laissée à ses
seules forces, ne tarda pas à disparaître.
Tout en se livrant à l'enseignement particu-
lier, M. Nicou s'adonna avec ardeur à la com-
position, et publia ou fit exécuter un grand
nombre d'œuvres de musique religieuse. On lui
doit, entre autres, plusieurs messes solennelles,
avec orchestre; des messes brèves, à une ou
plusieurs voix , avec accompagnement ilorgue;
de nombreux motets, et des cantiques plus nom-
breux encore; des oratorios pour Noël, Pâques
et la Pentecôte; plusieurs cantates; une marche
religieuse à grand orchestre ; les Prestiges de
r Harmonie, cantate sacrée à 6 voix; etc.
NICOU-CHORON — NIEMANN
2" 3
M. Nicou a donné aussi une niétliode de solfège
et de chant, un recueil de 12 vocalises pour
soprano et ténor, et quelques chœurs. En 18i7,
au grand concours ouvert par M. de Salvandy
pour la composition de chants religieux et Iiis-
toriques, M. Nicou obtint trois médailles d'or et
deux de bronze. Dans un concours international
ouvert en Belgique, en 1808, par l'éditeur Schott,
de Bruxelles, pour la composition d'une messe
avec orchestre, cet artiste se vit décerner le
troisième prix, et son ouvre fut publiée avec
celles des deux compositeurs qui avaient rem-
porté le premier et le second prix.
IVIEDERHEIÏMANN (Frédéric), ama-
teur de musique et collectionneur de violons
italiens, a publié en 1877 à Aix-la-Chapelle, où
il était fixé, un écrit que l'on dit très-curieux,
intitulé Cremona, dans lequel il étudiait les
anciens luthiers italiens et leurs Instruments.
Niederheilmann est mort à Aix-la-Chapelle au
mois de septembre ou d'octobre 1878.
* NIEDERMEYER (Louis). — Des deux
filles de cet artiste remarquable, l'une a épousé
M. Gustave Lefèvre, qui lui a succédé dans la
direction de l'École de musique religieuse fondée
par lui ; l'autre, M. Eugène Gigout, organiste de
l'église Saint- Augustin (T'oy. ces noms). Les
éditeurs MM. Heugel ont publié en 1876 une
seconde édition du Traité théorique et prati-
que de f accompagnement du plain-chant de
Kiedermeyeretd'Ortigiie, pour lequel Félis sem-
ble s'être montré sévère; ce qui paraît certain,
c'est que le principe fondamental de cet ou-
vrage : «Nécessité, dans l'accompagnement du
plain-chant , de l'emploi exclusif des notes de
l'échelle, » est généralement adopté aujourd'hui.
Peu de temps avant sa mort, Niedermeyer avait
livré au public un manuel intitulé : Accompa-
gnement pour orgue des offices de l'Église
(Paris, Gaume, 1861), qui a puissamment con-
tribué à la propagation de ses idées. La maison
Richault, qui avait publié une symphonie à
grand orchestre de cet artiste, a fait paraître
en 1877 la partition de la Fronde, son dernier
ouvrage dramatique, resté inédit jusqu'alors, et
de nouvelles éditions de deux autres de ses
opéras, Slradella et la Casa nel Bosco. Enfin,
M. Alfred Niedermeyer a publié sur son père
une notice intitulée : Louis Niedermeyer, son
œuvre et s-ju école (Paris, Repos, s. d., in-8°
avec portrait).
NIEDZIELSKI (Joseph), musicien polo-
nais, attaché pendant longues années comme
premier violon à l'orchestre du Grand-Théâtre
de Varsovie, est mort en cette ville en 18.'j2. On
lui doit une École de i;io/on,' publiée à "Varsovie
BlOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. T.
et h Saint-Pétersbourg, ainsi qu'une Méthode
de Uûte et une Méthode de guitare.
* IVIEAIAMV (Ai.bekt), chanteur fameux
en Allemagne depuis plus de vingt ans, est né
à Eixleben, dans le cercle de Magdebourg,
en 1831. Après avoir fait d'assez bonnes études
musicales, il commença par accepter un modeste
emploi de choriste dans une troupe ambulante
1851), puis fut engagé à Darmstadt pour y
chanter, outre les chœurs, quelques rôles secon-
daires, ce qui lui donna l'occasion de faire re-
marquer les belles qualités de sa voix. En 1855!,
on le trouve à Halle, où il chante l'emploi des
ténors et commence à faire apprécier son intel-
ligence scénique, ce qui le fait appeler à Berlin
l'année suivante. Mais ce n'est qu'à partir de 1855
et de ses débuts à Hanovre, que son talent est
complètement mis en relief et que sa renommée
commence; le roi de Hanovre le prend en af-
fection et le protège d'une façon toute particu-
lière, et le public, séduit par la puissance vocale
du chanteur, par son jeu chaleureux et pas-
sionné, en fait bientôt son favori et le comble
des marques de la bienveillance la plus cons-
tante. M. Niemann chante successivement sur
le théâtre de Hanovre, avec le plus grand succès,
les grands rôles du Prophète, de la Muette, de
Joseph, de Fernand Cortez, de Faust, du
Freischiitz, de la Juive, de Fra Diavolo, de
Robert le Diable et A'iphigénie en Aulide.
Il brille surtout dans les ouvrages de M. Richard
Wagner, Lohengrin, Rienzi, Tannhûuser, si
bien que lorsqu'il est question de donner ce
dernier à Paris, le compositeur met pour condi-
tion l'engagement de M. Niemann pour en chan-
ter le principal rôle.
On sait comment fut accueilli Tannhûuser à
l'Opéra, en 1861, et que l'ouvrage ne put être
joué que trois fois. M. Niemann retourna aussi-
tôt à Hanovre. Tout en continuant de faire par-
tie du personnel du théâtre de cette ville, il s'é-
tait fait entendre en 1859 à Cologne, en 1860 à
Francfort et à Leipzig; en 1861 il se produisit de
nouveau à Cologne, deux ans après à Darmstadt,
et en 1864 obtint d'énormes succès à Berlin et à
Breslau. Engagé d'une façon définitive au Théâ-
tre royal de Berlin, il se fait connaître néanmoins
à Dresde en 1867, à Vienne en 1869, à Hambourg
en 1872, et partout obtient des succès éclatants.
Enfin, en 1876, il prête l'appui de son talent à
M. Richard Wagner pour les « représentations
modèles » du théâtre de Baireulh, et prend lapart
la plus importante à l'exécution de la tétralogie
de ce compositeur.
M. Niemann a en partage la force, la puis-
sance et la grandeur, mais il s'en faut de beau-
II. 18
274
NIEiMANN — NIEUWENIIUIJSEN
coup qu'il sache se garder de l'exagération, et
l'on assure même que sou chant et sou jeu scé-
nique sont empreints d'une emphase qui n'est
pas toujours du meilleur goût. Aussi le genre
tempéré lui est-il beaucoup moins favorable que
le genre vraiment dramatique, et selrouve-t-il
assez mal ù son aise dans ks ouvrages du réper-
toire français, tels que Fuust et Fra Biavoloj
quant au répertoire italien, celui-ci lui est abso-
lument hostile, et M. Niemann a pu s'en aper-
cevoir en s'y essayant par deux, fois, et de la
façon la plus fâcheuse, dans le Trouvère et le
Bal masqué de M. Verdi. Il est juste d'ajouter
que l'artiste n'en est pas moins doué d'un incon-
testable talent, à la condition que ce talent
s'exerce dans des conditions propices, et que sa
renommée est tout à fait légitime.
Au mois de février 1877, M, Niemann a pris
congé du public de l'Opéra de Berlin, dans une
représentation extraordinaire du Fernand Car-
iez de Spontini, qui lui a valu de chaleureuses
ovations. 11 ne s'est cependant pas éloigné de la
scène pour toujours, mais compte ne s'y plus re-
produire que de loin en loin, et seulement à ti-
tre d'artiste en représentations.
La première femme de cet artiste, M™'^ Nie-
mann-Seebach, à été considéréeîcornme l'une des
meilleures cantatrices dramatiques de ce temps,
et a chanté avec lui pendant de longues années.
C'est, je crois, après avoir divorcé avec elle que
M. Niemann a épousé, en 1871, une comédienne
que l'on dit fort distinguée, W^^ Hedwige Raahe.
KIEMANN (Ridoli'Ue), jeune compositeur
allemand, né à Wesselburen (Ilolstcin) le 4 dé-
cembre 1838, a été, de 1853 à 185C, élève du
Conservatoire de Leipzig. 11 vint ensuite visiter
Paris, puis alla comiiléter sou éducation musi-
cale à Berlin, sous la direction de M. Hans de
Bùlow. Depuis lors il s'est fixé à Hambourg.
M. Niemann a publié dans ces dernières années
diverses compositions parmi lesquelles je citerai :
Humoresqxics \)o\xv piano, op. 15; sonate pour
piano et violon, op. 18 ; gavotte pour piano; valse
de concert, id.; etc.
NIESSEL ( ), corniste et compositeur
français, vivait dans la première moitié de ce
siècle, et se fit une soi te de s[iécialilé de la pu-
blication d'ouvrages didactiques et de composi-
tions pour les instruments de la famille du cor
et de la trompette. Voici ceux dont j'ai eu con-
naissance : 1" Mélhode de cor ù [Hslons; 1" Mé-
thode de néo-cor; 3" Mclhode de clavi-cor ;
4° Méthode de Irompelle ù cylindres; 5"* Mé-
tJiode de cornet à pistons; r." Airs favoris des
plus célèl)res opéras, transcrits pour cor à pis-
tons; 7" Ouvertures d'opéras, pour deux cors à
pistons ; 8° Airs favoris du Chalet, de ISorma
et d'i Puritani, pour deux cors à pistons-, 9"
3 Trios sur le Chalet, le Maçon et Nabuchodo-
nosor, pour deux cornets à pistons et piano (en
société avec Miné); 10" 12 Valses pour deux cor-
nets à pistons; 11° G Mélodies de Bellini, pour
deux cornets à pistons; 12'^ 25 Morceaux favo-
ris, pour cornet à pistons.
AIETO (Manuel), compositeur espagnol
contemporain, a fait représenter sur le théâtre
Apolo, de Madrid , au mois de mars 1879, une
zaruela, en un acte, intitulée Entre dos tios.
jVIETZSCIIE (FRÉnÉHic), professeur de
philologie classique à l'université de Bàle, est
l'auteur d'un écrit ainsi intitulé : Die Geburt der
tragœdie ans dem geisle der musik (la Nais-
sance de la tragédie développée par la musi-
que), Leipzig, 1872. Le même auteur a publié
sur M. Richard Wagner un livre dont il a été
fait une traduction française sous ce titre : Ri-
chard Wagner ù Bayreulh (Scbloss-Chemnitz,
Schmeitzner, 1877, in- 12); je ne parlerai pas du
style de cette traduction, qui fourmille d'incor-
rections et de barbarismes prouvant suffisam-
ment que le traducteur était peu familiarisé avec
la langue dont il prétendait se servir; mais quant
aux idées exprimées par l'auteur, elles sont telle-
ment nébuleuses, telleuient vagues, tellement
enveloppées de brouillards impénétrables, que
malgré toute mon attention, j'avoue qu'il m'a été
de toute impossibilité d'en saisir une seule et de
la fixer au passage. Je ne sais ce que vaut, dans
l'original, le livre intitulé Richard Wagner à
Bayreulh, mais je déclare que dans le prétendu
français où l'on a essayé de le traduire, il est ou-
trageusement illisible.
NIEUWEi\IIUIJSE.\ (F ), organiste
néerlandais, naquit à Zutphen en 1758, et reçut
ses premières leçons d'un organiste nommé
Bleumer. Après avoir perfectionné son talent
avec un autre organiste, Grocneman, qui était
aussi un bon carillonneur, il obtint, à la suite
d'un concours, la place d'organiste du Dom à
Utrecht. Il était alors âgé de vingt ans seule-
ment, et se livra bientôt sérieusement à la com-
position, mettant en musique des poésies de Van
Alplien, Bellamy et Klein, poètes avec lesquels
il s'était lié d'amitié. Organiste fort distingué,
Nieuwenhuijsen se fil aussi une grande réputa-
tion conmie carillonneur. Maître de chapelle de
l'Académie, fondateur de la société Naar hooger
doel, directeur de concerts publics et de plu-
sieurs associations d'amateurs, cet artiste, qui
est mort à Utrecht le 29 janvier lS'j(,a laissé un
grand nombre de compositions, parmi lesquelles
on remarque ; 1" ia Bataille de Doggersbanh,
NIEUWENHUIJSEN — NILSSON
275
pièce symphonique pourdeux orclicstres (1781);
2° Cantate en l'honneur du baron Vander Ca-
pellen (178i); 3° Cantate du 150'= anniversaire
de l'Académie dUtrcclit (1789); 4° Chant dra-
matique pour l'inauguration du théâlre de cette
ville (1796); 5" la Paix cPAl/itnaar, cantate
(1802); de Toonkunst, cantate (1818); etc., etc.
NIEUVVENHUIJSEiX (Jean-Frédéric),
premier fils du précédent, né à Utrecht le 27 fé-
vrier 1784, a été organiste en cette ville pen-
dant quarante ans. Directeur des concerts, fon-
dateur d'une société d'harmonie, il n'a pas été
sans inlluence sur le développement de l'art mu-
sical à Utrecht, où il est mort en 1851.
NIEUVVEXHUIJSEiV ( Guillaume-Jean-
Frédéric), frère cadet du précédent, naquit à
Utrecht le 4 janvier 1 8 1 8, et dès l'âge de quatorze
ans touchait l'orgue à l'église des Mennonites.
En 1840, à la suite d'un concours, il fut nommé
organiste de la cathédrale et carillonneur. Non
content des succès qu'il obtenait comme exécu-
tant, cet artiste se livra avec ardeur à la compo-
sition, ainsi qu'à la littérature musicale. De
184G à 1848, il rédigea presque seul une feuille
spéciale intitulée i\'erferZaïi5c^ muzijkaal Tijd-
schrifl; quanta ses compositions, on cite parti-
culièrement : Zîenia?u, ouverture pour le drame
de Victor Hugo ; Leicester, cantate, dont il écri-
vit les paroles et la musique ; des chœurs à quatre
voix d'hommes, et diverses pièces instrumenta-
les. Nieuwenliuijsen, qui a formé un assez grand
nombre de bons élèves, qui a , beaucoup contri-
bué à la réforme du chant protestant en Hollande
et à l'expansion de la littérature musicale en ce
pays, est mort dans sa ville natale le 19 mai
1869.
NIGITTl (Francesco), célèbre musicien tos-
can, était organiste du dôme de Florence dans
les premières années du dix-huitième siècle. An-
tonio Maria Salvini le cite dans son écrit : Délia
perfella Poesia italtana, comme ayant inventé
et construit un clavecin ou instrument à touches
et à quatre claviers, auquel il donnait le nom de
Strumento omnisotio, parce que l'échelle de
cet instrument était divisée en tons, demi-tons
et quarts de ton. « Cet instrument, dit Salvini,
est conservé et joué par l'élève de Nigitti et son
digne successeur, le prêtre Jean-Marie Casini,
aumônier de la princesse de Toscane Violante de
Bavière. «
NIHOUL (Michel), compositeur et profes-
seur belge, né à Tongres en 1790, fit de bonnes
études musicales sous la direction de Daussoi-
gne-Méhul, et se livra ensuite à l'enseignement
et à la composition. Il fit représenter à Liège, le
22 février 1836, un opéra-comique en un acte
intitulé îine Soirée à la mode, et écrivit en
suite un grand opéra en cinq actes, le Compro-
7nis des Nobles, dont quelques fragments seule-
ment ont été exécutés en public, à Tongres, sa
ville natale. On lui doit aussi quelques morceaux
de musique d'église et de musique symphoni-
que. En 1834, cet artiste avait accepté un emploi
dans une administration de l'État, et en 1860 il
était directeur de la poste à Tongre^. Il est mort
en celte ville au mois de novembre 186.5.
NIHOUL (Romain), fils du précédent, né à
Tongres en 1821, fit son éducation musicale au
Conservatoire de Liège. Il retourna ensuite dans
sa ville natale, où il devint successivement di-
recteur de la Société d'harmonie, déjà Société
de choeurs et de la Société philharmonique,
maître de chapelle à la cathédrale et professeur
dans diverses écoles. Plus tard, il fut placé à la
tête de l'École de musique. M. Nihoul a fait re-
présenter à Tongres, en 1857, un opéra-comi-
que en 2 actes intitulé le Bandit. H a écrit aussi
plusieurs messes, des cantiques, des chœurs, et
quelques morceaux religieux.
NILSSON (Christine), cantatrice dramatique
distinguée, naquit en Suède, dans le village de
Hussaby, le 3 aortt 1843, d'une famille de pau-
vres laboureurs dont elle était le huitième enfant.
Toute jeune, elle s'en allait aux jours de fête,
avec un de ses frères, chanter et jouer du violon
aux villages voisins, où les paysans admiraient
sa grâce naïve, sa gentillesse, et sa voix pure et
brillante comme le cristal. Un jour, un grand
seigneur du pays l'entendit, fut frappé de son
intelligence, et offrit à ses parents de l'emmener
avec lui et de se charger de son éducation et de
son avenir. L'offre fut acceptée, et l'enfant sui-
vit son bienfaiteur dans son château d'abord, puis
à Stockholm, où elle reçut des leçons de chant et
de piano d'un professeur distingué, M. Franz
Berwald. Plus tard, elle fut envoyée à Paris,
confiée aux soins d'une famille anglaise, et c'est
dans cette ville qu'elle acheva son éducation mu-
sicale sous la direction de M. Wartel.
Après trois années de ces études complémen-
taires, M'" Niisson fut engagée par M.Carvalho,
alors directeur du Théâtre-Lyrique, et elle dé-
buta à ce théâtre le 27 octobre 1864, dans la
traduction de la Traviata de M. Verdi, jouée
sous le titre de Violetta. Elle obtint un succès
éclatant, dû tout à la fois à sa beauté étrange et
pleine d'élégance, à sa distinction naturelle, à sa
voix de soprano sfogato d'un timbre particu-
lier et pénétrant, à son style dune saveur tout
originale, enfin à la facilité d'une vocalisation à
la fois très-hardie et très-correcte. Les qualités
physiques et vocales de la jeune cantatrice, qua-
27C
NILSSON — NOBLEÏ
lités toutes personnelles et essentiellement origi-
nales, se trouvèrent encore , l'année suivante,
mises on un relief plus (oniplet lors(iu'elle se mon-
tra dans le rôle de la Reine de la Muit de la Flûte
enchantée, de Mozart, où elle produisit une im-
pression profonde et oii tout Paris voulut la voir
et l'entendre. Dès cemoment, l'avenir de M"'Nils-
son était assuré, et sa personnalité s'imposait
forcément à l'attention. Elle joua ensuite quel-
ques antres ouvrages, Mar/fia, Don Juan (El-
Tire), Sardanapale, les Bluets, puis fut enga-
gée à l'Opéra pour y créer le rôle d'Opliélie dans
VHamlel de M. Ambroise Thomas.
Ce rôli\ qui convenait merveilleusement à ses
facultés mil le comble à la renommée de l'artiste,
q\ii ne cessait de travailler d'ailleurs et de s'ef-
forcer chaque jour à mieux faire. Très-bien
accueillie dans le personnage poétique d'Ophélie
par le public de notre première scène lyrique,
M'^' Niisson ne réussit pas moins dans celui de
Marguerite, du Faust de M. Gounod. Pourtant,
elle ne devait pas rester longtemps à l'Opéra.
Déjà elle s'était produite à Londres, au théâtre de
la Reine, dans le ré|)ertoire italien, et après s'y
être montrée dans les ouvrages joués par elle à
Paris, elle avait paru dans Lucia di Lamer-
moor et dans Chérubin des ISoces de Figaro.
Les Anglais ne lui marchandèrent pas les ap-
plaudissements, et la fêlèrent plus encore lors-
qu'elle prit part, dans des concerts el festivals, à
l'exécution de divers oratorios de Hiendel.
Bientôt, et comme tant d'autres. M"' Niisson,
abandonnant l'art pour le métier, quitta l'Opéra,
et, après s'être fait entendre à Moscou et à
Saint-Pétersbourg, s'en alla, sous la direction
d'un entrepreneur audacieux, faire une immense
tournée en Amérique. Sa fortune fut rapidement
faite, el les ovations ne lui manquèrent pas;
mais il est permis de regretter qu'une artiste
aussi bien douée sacrifie ainsi, au désir de réa-
liser promplement des sommes immenses, la
suite d'une carrière vraiment honorable et com-
mencée d'une façon si brillante.
Depuis quelques années, M"'= Niisson a épousé
un jeune Français, M. Auguste Rouzaud. Elle a
fait l'ohjel d'une notice publiée par M. Guy de
Charnacé (Paris, Pion, 18C9, in-8° avec por-
trait), laquelle aurait gagné à être écrite avec
moins de prétention.
*]\IIVI (AI.ESSA^DKo), compositeur italien, est
né à Fano, non en 1811, mais le 1" novembre
1805. Cet artiste occupe une place secondaire,
mais très-honorable, dans l'histoire de la musi-
ique dramatique italienne au dix-neuvième siè-
cle. Parmi ses opéras, qui tous ont été bien ac-
cueillis, il faut surtout citer la Marescialla
d'Ancre, qui a obtenu dans son temps un très-
grand succès et qui lui a valu une véritable re-
uiimmée. Comme compositeur de musique reli-
gieuse, M. Nini n'esl pas moins estimé; ses
(l'uvres en ce genre sont considérées comme tout
à fait hors ligne, aussi bien en ce qui concerne
le style et le savoir que l'accent et l'inspiration,
et ses compatriotes font surtout grand cas de sa
messe de Requiem à 4 voix el orchestre. M. Nini,
vieux aujourd'hui, mais à qui sa modestie a fait
grand tort et qui mériterait d'être mieux connu,
est depuis longues années fixé à Bergaine, où il
a occupé pendant longtemps les doubles fonctions
de directeur de la célèbre chapelle de Sainte-
Marie-Majeure et de directeur de l'Institut mu-
sical. La fatigue l'a obligé de renoncer, au mois
d'octobre 1876, à l'administration de ce dernier
établissement.
'' NISARD (Théodore). — Voyez NOR-
MAND (L'abbé).
NIVERXOIS (Loiis- Jules BARDOIV-
MANCliM MAZARIM , duc DE), ministre
et diplomate français, né à Paris en 1716, mourut
enl798, après avoir été ministre d'État et ambas-
sadeur à Rome, à Berlin el à Londres. Ami et
protecteur des savants, des artistes et des gens
de lettres, il se fit connaître comme écrivain par
quelques imitations d'Anacréon, d'Horace, de
Catulle, de Tibulle et de Properce, par des fa-
bles et quelques autres ouvrages. Il cultivait
aussi la musique, et écrivit celle d'un divertis-
sement en un acte intitulé le Temple des chi-
mères, dont les paroles étaient dues au prési-
dent Hénault, et qui fut représenté en 1758 sur
un théâtre particulier.
NOBEUASCO (VmcENzo), compositeur
rtalien contemporain, est l'auteur d'un opéra en
4 actes intitulé Ezzelino da Romano, qui a été
représenté sans succès à Gênes, sur le théâtre
Carlo-Felice, en 1863. Je n'ai pas d'autres
renseignements sur cet artiste, qui a pubhé quel-
ques romances et mélodies vocales.
* NOBLET (CuAULEs), organi.ste et clave-
ciniste, naquit à Abbeville (et non à Paris) vers
1715, el mourut à Paris en 1769. Je tire ces da-
tes d'un écrit anonyme publié sous ce titre : la
Musique à Abbeville, 1785-1856 (Abbeville),
1876, in-8"), et dans loqucl l'auteur- ajoute, en
parlant de Noblel : — « Son portrait a été gravé
par Elisabeth Pourvoyeur, page 41 de la liste des
portraits des Français illustres, à la fin du tome IV
de la Bibliothèque historique de la France,
du père Leiong, in-4o, Paris, 1775. »
Noblet avait été organiste de l'église des Ma-
thurins et du collège de Navarre, en même temps
que claveciniste à l'Opéra. C'est par erreur qu'il
NOBLET — NOHL
277
a été dit que sa retraite de ce dernier emploi lui
avait été accordée en 1762. Noblet remplit ses
fonctions à l'Opéra jusqu'en 1768, et ce fut en
cette année seulement qu'il se retira, avec une
pension de 350 livres. On peut s'en convaincre
en consultant le pelit almanach : les Spectacles
de Paris. — Une demoiselle Noblet, sans doute
fille de cet artiste, était en 1784 organiste à la
Madeleine.
]\OEL (Léger), écrivain français, est l'au-
teur d'un livre étrange publié sous ce titre :
le Livre de l'époque, ou Histoire populaire
de la France, anecdolique, critique et philo-
sophique, depuis les premiers temps de la
monarchie jusqu'à Louis-Napoléon Bona-
parte, renfermant la solution claire et précise
de toutes les questions politiques et sociales
(finances, organisation du travail, etc.), et
formant, à vrai dire, l'indispensable manuel
du bon citoyen, ouvrage idile à tous les peu-
ples qui travaillent à leur régénération (Pa-
ris, Dutertre, 1849, in-8°). On ne s'attendrait
pas sans doute à voir la musique figurer au nom-
bre des K questions politiques et sociales » trai-
tées par l'auteur dans cet ouvrage. Cependant,
268 pages du volume lui sont consacrées, et un
Vocabulaire musical en occupe 97. Ce voca-
bulaire est bien l'œuvre de l'esprit le plus déré-
glé, le plus fantasque et le plus étonnamment
ignorant qui se puisse rencontrer ; on en peut
dire autant du Panthéon musical ou Liste des
musiciens célèbres qui y fait suite, et qui se
termine par cette phrase merveilleuse, dans la-
quelle l'auteur donne une idée de son goClt pour
le sujet traité par lui : « Quand je vous dis que
la musique est faite pour stupéfier, dans la pro-
pre acception de ce mot (rendre stupide) 1 »
* I\OHL (Ludwig), savant musicographe
allemand, né le 5 décembre 1831, à Iserlohn,
en Westphalie, a reçu une brillante éducation
littéraire et artistique. Reçu docteur en philoso-
phie dans le cours de l'année 1860, il a entre-
pris un grand voyage en France, en Italie et en
Allemagne, a visité Paris, Gênes, Naples,
Rome, Munich, etc., puis a commencé la pu-
blication d'un 'grand nombre d'écrits impor-
tants relatifs à l'histoire, à la vie et à l'appré-
ciation esthétique et critique de la carrière et
des œuvres de plusieurs grands musiciens alle-
mands, entre autres Gluck, Haydn, Mozart,
Beethoven et Weber. Fixé à Carisruhe depuis
1865, M. Nohl n'a cessé de s'occuper de ces
questions intéressantes, et si les ouvrages pu-
bliés par lui laissent parfois à désirer au point
de vue du sens critique déployé par l'auteur et
des éléments par lui mis en œuvre, ils n'en sont
pas moins d'une grande utilité pour l'histoire de
certains artistes et celle de la marche générale de
l'art. En 1875, cet artiste a été nommé profes-
seur d'esthétique et d'histoire musicales à l'uni-
versité d'Heidelberg.
Voici la liste des ouvrages de M. Nohl qui
n'ont pu être signalés dans la Biographie uni-
verselle des Musiciens : 1" Die Zauber/lœte
(la FhUe enchantée), Francfort-sur-le-Mein,
Sauerliender, 1862; 2° Mozart, Stultgard,
Bruckmann, 1863, un volume de 592 pages ; cet
ouvrage a été traduit en anglais sous ce titre :
the Life of Mozart, par lady Wallace, veuve
du célèbre compositeur (Londres, Longmaus,
1877, 2 vol., avec les portraits de Mozart et de
sa sœur); 3° Beethoven's Briefe (Lettres de
Beethoven), Stutfgard, 1865 ; 4° Musikalisches
Skizzenbucfi (Esquisses musicales), Munich,
1866; 5» Musiker-Briefe, von Gluck, Bach,
Haydn, Veber und Mendehsohn, nach den
originalen verœffcntlicht (Lettres musicales
de Gluck, Bach, Haydn, Weber cl Mendels-
sohn, publiées d'après les originaux), Leipzig,
1867 (une traduction d'un choix de ces lettres a
été publiée en français sous ce titre : Lettres
de Gluck et de Weber, publiées par M. L. Nohl,
traduites par Guy de Charnacé, Paris, Pion,
I870,in-12); 6° N'eues Skizzenbuch (Nouvelles
Esquisses), Munich, 1869 ; T Beethoven's Bre-
vier ; Sajnmlung der von ihm selbst ausgezo-
genen oder angemerkten Stellen aus Dichtern
und Schriftstellern aller und neur Zeit, nobst
einer Darstellung von Beethoven's geistiger
Entwicklung (Bréviaire de Beethoven; Col-
lection de passages extraits et annotés par lui-
même des écrivains anciens et modernes, avec
l'exposé du développement du génie de Bee-
thoven), Leipzig, Gunther, 1870, in-8" avec por-
trait; 8° Gluck und Wagner. JSebor die entwic-
klung dus musikdramas (Gluck^et Wagner.
Sur le développement de la musique dramati-
que), Munich, Finsterlin, 1870 ; 9" Beethoven,
Liszt, Wagner, ein Bild der Kunstbeivung
unseres Jahrhundert (BeeWiowen, Liszt, Wa-
gner, tableau du mouvement de notre siècle),
Vienne, Braunmuller, 1874; 10" Beethoven,
nach den Schilderungen seiner Zeitgenossen
(Beethoven, d'après les descriptions de ses
contemporains), Stuttgard, Cotta, 1877; cet
ouvrage, dont Beethoven est l'objet, a été dédié
en ces termes, par M. Nohl, à l'auteur du Ta7in-
hauser: A Richard Wagner, le maître des
maîtres ; d'où il semblerait résulter que M. Ri-
chard Wagner est supérieur à Beethoven ; c'est
là une de ces fautes de goût qui ne sont pas rares
en Allemagne; 11" Musik und Musikgeschichte
278
NOIIL — NORMAXN
(Musique et Histoire de la musique), Carls-
ruhe, Mùller ; 12° J?/He5//7/e liebe zu Beetho-
ven, nach dcm tagebuche einer juiujen Dame
(Un amour silencieux pour Beethoven, d'après
l'album d'une jeune dame), Leipzig, Gunther,
1875.
* IVOHR (CuRÉTiEN-FRÉDÉRie), violoniste et
compositeur, est mort à Meiningen le 6 octobre
1875.
NORBLIX (Louis-Pierre-Martin), violon-
celliste d'un très-grand talent, naquit à Varsovie
le 2 décembre 1781. Son père, Jean- Pierre
Norblin de la Gourdaine, peintre français distin-
gué, était allé s'établir en 1772 dans la capitale
de la Pologne, où il était premier peintre du roi
Stanislas-Auguste et où il avait fondé une école
dans laquelle il forma plusieurs artistes de talent.
Marié à une Polonaise, il en eut plusieurs en-
fants, dont l'aîné, qui fait l'objet de cette notice,
vint à Paris en 1798, entra au Conservatoire, y
devint l'élève de Baudiot et obtint le premier
prix de violoncelle au concours de l'an XI. En
1809 il fut attaché à l'orcliestre du Théâtre-Ita-
lien, entra en 1811 à celui de l'Opéra, où il con-
serva jusqu'en 1841 la place de violoncelle-solo,
et le V janvier 182fi fut nommé professeur au
Conservatoire, en remplacement de Levasseur,
qui prenait sa retraite. Lui-même fut retraité le
5 juin 1846, et mourut au château de Connan-
tre (Marne), le 14 juillet 1854,
Norblin fut un virtuose extrêmement remar-
quable, dont on louait tout à la fois le goût, le
style et la belle sonorité. Ami intime de Baiilot,
qui ne désirait jamais d'autre accompagnateur,
il lit pendant de longuesannées partie du quatuor
de cet homme célèbre, dont les séances étaient
fameuses par toute l'Europe. Il se lit entendre
avec grand succès aux superbes concerts spiri-
tuels que ropéra donnait chaque hiver, à l'épo-
que de la Restauration, pendant la semaine sainte,
et il fut en 1828, avec Habeneck, l'un des ar-
tistes qui concoururent le plus efficacement à la
création de la Société des concerts du Conser-
vatoire, dont il lit partie pendant dix-neuf ans (1).
— L'un lie ses (ils et de ses meilleurs élèves,
M. Emile JS'orblin, né à Paris le 2 avril 1821 ,
obtint un premier prix de violoncelle au Conser-
vatoire, en 1841, et s'est consacré depuis lors à
(I) Norblin était un numismate fort dlstlnsur, et possi^-
(lait sous ce r.ipport une des collections Icsphis inlércs-
s:,ntes que l'on connût en France à cette époque. Cette
colicction fut vendue après sa mort, et l'on en pubifa le
catalogue sous ce tllrc : Catalogue des monnair.t françai-
ses et étruiniùres composant la collection de/eu M. Nor-
blin, TtiWfè par M. K. Poey-d'Av.ml, Fontenay-le-Coiule
(Vcudee), impr. r.ubuclion, i83o, iii-8°.
l'enseignement. M. Emile Norblin a été l'élève
d'Halévy pour la composition.
XORDAL (Eugène), compositeur dramati-
que allemand, a fait représenter à Lintz deux
ouvrages importants, dont l'un, Francesca de
Jiimini, fut donné le 17 février 1840, et l'autre,
Don Carlos, en 1843. Je ne possède aucun autre
renseignement sur cet artiste.
IXORMAIV (Barak), l'un des meilleurs lu-
thiers anglais du dix-huitième siècle, naquit en
1688 et mourut en 1740. On ignore le nom de
son maître, mais on suppose qu'il fiit élève de
Thomas Urquhart. Établi à Londres dès sa jeu-
nesse, il était très-renommé pour ses violes. Ha-
bile et intelligent, il copiait les patrons des deux
Magini, et obtenait d'excellents résultats. Les
instruments de Norman font honneur à la vieille
école de lutherie anglaise, et cet artiste est con-
sidéré comme le premier, pai-mi ses compatriotes,
qui ait construit des violoncelles. Vers 1715,
Norman s'associa avec son confrère Nathaniel
Cross, et tous deux prirent pour enseigne :
A la Basse de viole.
* NORMAND (L'abbé TnÉonuLE-ELzÉAR-
Xavier), connu sous le pseudonyme de Théo-
dore ISisard. — Voici une liste complémentaire
des écrits de cet artiste laborieux : 1° Lettre à
M. Charles Lenormant au sujet des chants
de la Sainte-Chapelle,Paris, 1 850,in-8° ; 2° Étu-
des sur la restauration du chant grégorien
au XIX^ siècle, Paris, 185G, in-8"; 3" Question
liturgique. Lettres sur la commission pari-
sienne, l'esthétique du plain-chant et la con-
damnation de la brochure de M. S. Rodière
dans le diocèse d'Albi, Rennes, 1856, in-8°;
4° Du rhythme dans le plain-chant. Rennes,
1856, in S" ; 5" Réponse de dom Anselme Schu-
biger au P. Dufour, précédée de quelques ré-
flexions faisant suite aux « Notes pour servir
à Vhisloire de la question duchant liturgique
en 185", » Paris, juin 1857, ia-8" ; C" Giovanni
Pierluigi da Palestrina, Jean Romain, Gros-
Jean, Cherubini, etc., Paris, Repos, 1866, in-
8" avec portraits et musique; 7" V Abbé Vogler,
Paris, Repos, 1866, in-S° avec portrait ; 8" Saint
Qdon de Clunij, Lully, monographie de Jean
Gillt'S, célèbre compositeur provençal, Paris,
Repos, 1867, in-S" ; 9° Monographie de Jean-
Philippe Rameau, id., id., 1867, in-8° ; 10°
Pergolcse, id., id., 1867, in-8". On connaît
aussi de M. Th. Nisaid un recueil de motels
publiés sous ce titre : la Voix du sanc-
tuaire.
NORMAIViV (Loiis), compositeur et maître
de chapelle, né à Stockholm le 28 Aofit 1831, fut
d'abord élève de Lindblad, le fumeux composi-
NORMAN N — NOVAYNHO
279
feur de Ueder, puis alla achever son éducation
musicale au Conservatoire de Leipzig. De retour
dans sa patrie, il fut nommé professeur décom-
position à l'Académie de musique de Stockholm,
et devint maître de la chapelle de la cour en
1861. On lui doit une trentaine d'œuvres assez
intéressantes, consistant en morceaux de piano
et compositions de musique de chambre. En
1864, M. Nortnann a épousé une violoniste fort
remarquable, M"<i Willielmine Neruda, qui est
devenue célèbre sous le nom de M""= Normann-
Neruda.
iXORMAI\IV-IVERUD.\ (M"^). — Voyez
NERIDA (M'"" AORMANIV-).
NORRIS (John), luthier anglais établi à
Londres, naquit en 1739 et mourut en 1818.
Il travailla avec Thomas Smilh, et devint par la
suite l'associé de Robert Barnes.
IXOSEDA (GusTAvo-AnoLFo) , dilettante et
compositeur italien, fils d'une famille extrême-
ment riche, avait étudié la musique avec passion
et Ja cultivait avec bonheur. Fort jeune encore,
il avait fondé en 1863, à Milan, des concerts po-
pulaires à l'instar de ceux que M. Pasdeloup
venait de créer à Paris, et cette institution, vi-
vement soutenue par les artistes et par la presse,
promettait de donner d'excellents fruits. Noseda
dirigeait en personne l'exécution de ces intéres-
santes séances, et il y fit entendre quelques-unes
de ses compositions, qui furent très-favorable-
ment accueillies, notamment une Symphonie
fantastique dont la critique semblait faire le
plus grand cas, et une Symphonie caractéristi-
que écrite sur des mélodies populaires lombar-
des. Il venait de terminer la partition d'un opéra
qu'il avait écrit sur un livret du poète Piave,
lorsqu'il mourut à îMilan, le 27 janvier 1866, à
peine âgé de vingt-huit ans.
NOTKER LABÉO, musicien suisse, qui
vivait à la tin du dixième siècle et au commen-
cement du onzième, est l'auteur du plus ancien
traité de musique que l'on connaisse en langue
allemande. Cet ouvrage, intitulé Opusculum
theoricum de Musica, était divisé en quatre
parties, et avait été écrit par Notker, artiste très-
renommé de son temps, pour l'enseignement de
l'école du couvent de Saint-Gall, dans la biblio-
thèque duquel il est conservé. Fétis, dans sa
notice sur Notker Balbulus (le bègue), ne sait
s'il faut l'attribuer à ce maître ou à Notker La-
héo; mais dans son petit livre : la Musique en
Suisse, M. George Becker tranche la question
en faveur de ce dernier. D'ailleurs Notker le
bègue vivait un siècle avant ce dernier, puisqu'il
mourut en 912, et que Notker Labéo mourut en
1023. Parmi les élèves de cet artiste, on cite
Ekkehard /F,' qui fut plus tard directeur de
l'école de chant de Mayence.
NOTTEBOIIM (G ), musicographe
allemand fort distingué, s'est fait connaître par
quelques travaux intéress<ints qu'il a publiés sur
divers musiciens illustres de l'Allemagne. Parmi
ces écrits, il faut particulièrement citer les sui-
vants : Études sur Beethoven, Leipzig, 1865 ;
Catalogue thématique des œuvres publiées
de Ludwig van Beethoven, avec des observa'
fions chronologiques et bibliographiques,
Leipzig, 1868, in-S"; Catalogue thématique
des œuvres jnibliées de Franz Schubert,
Vienne, Schreiber, 1875, in-S". C'est M. Notte-
bohm qui, à la mort du savant historien musi-
cal Ambros(l), ayant recueilli avec un soinpieux
les fragments et tous les papiers relatifs au qua-
trième volume de son Histoire de la musique
(Geschichte der musik), se chargea de les mettre
en œuvre et de rédiger ce dernier volume, qui
a paru en 1878.
* iXOURRlT (Adolphe). — Cet admirable
chanteur a été l'objet des publications suivan-
tes : 1" Aux Mânes de Nourrit, mort à Na-
pies en 1839, hymne funèbre, par M. Jules
Gabrielli (le Mans, Richeiet, 1840, in-8°); 2"
Adolphe Nourrit, sa vie, son talent, son ca-
ractère, sa correspondance, par L. Quicherat
(Paris, Hachette, 1867, 3. vol. in 8°), écrit trop
étendu et hors de proportions avec son sujet,
mais plein de faits et de documents intéressants.
Nous signalerons encore, à propos de Nourrit, la
notice publiée par Miel sur cet artiste dans le
YUV volume des Annales de la Société libre
des Beaux-Arts.
IVOVARO (M ), compositeur italien
contemporain, s'est fait connaître par la publica-
tion de plusieurs chants nationaux et patriotiques
inspirés par les événements dont l'Italie a été
le théâtre en 1859. Je citerai, entre autres, il
Canto degV ItuUani, hymne national pour chœur
d'hommes ; È risorta, chant patriotique, dédié
au roi Victor-Emmanuel II ; Hymne de guerre
[Suona la tromba), pour chœur d'hommes et
de femmes. Cet artiste, qui a écrit aussi sous
ce titre : una Battaglia, un morceau pour or-
chestre et musique militaire, a fait représenter
en 1874, sur le théâtre national de Gênes, un
opéra bouffe : 0 mego per forza, dont le texte
est en dialecte génois.
NOVAYNHO ( ), violoniste, compo-
siteur et chef d'orchestre portugais, a fait re-
présenter à Oporto, en 1863, un opéra intitulé
Béatrice di Portogallo.
(i; Ainbros est mort à Vienne, le 28 juin 1876.
280
NOVELLO — NUITTER
* iVOVELLO (Vincent), éditeur de musi-
que à Lontiies, n'était point mort en cette ville
<i vers 18Î5, » comme il a été ilit par erreur
dans la Biographie universelle des Musiciens.
Cet artiste est mortà ISice, au mois d'août 1861.
ÎVOYKLLO (Josei'H-Alfked), lîls du précé-
dent, fut l'un des plus habiles et des plus fameux
éditeurs de musique de Londres, où il naquit en
1810. Suivant les traditions! de son père, et dé-
ployant un zèle actif et intelligent pour la propa-
gation de la bonne musique en Angleterre, il était
âgé seulement de dix-neuf ans lorsqu'il s'établit
comme éditeur de musique. Il inventait peu après
un procédé économique pour l'impression de la
musique, procédé qu'il mit en pratiqueavec le plus
grand succès en dépit de l'opposition de ses con-
frères, furieux de lui voir livrer au* public, à
un prix d'une modicité inconnue jusqu'alors, des
éditions très-correctes et très- soignées. Les édi-
teurs de musique de Londres ne comprenaient à
celte époque, pas plus que ceux de Paris aujour-
d'hui, que c'est tout à la fois un avantage commer-
cial et un bienfait social que de répandre les édi-
tions musicales à grand nombre et à bas prix, au
lieu de borner maladroitement la vente en main-
tenant des prix très-élevés.
Possesseur d'une excellente instruction artis-
tique et générale, doué d'un esprit inventif et
d'une activité prodigieuse, M. Alfred Novello
publia d'excellentes éditions des grands chefs-
d'œuvre classiques de la musique, et, intime-
ment lié avec Mendeissohn, il produisit avec un
enthousiasme confiant devant le public anglais
les compositions de ce maître, dont il traduisit
lui-même le Paulus, le Lobrjesang, et autres
œuvres importantes. D'autre part, c'est à ses
courageux efforts qu'on doit l'abolition d'une loi
restrictive et vexatoire qui, depuis 1811, pesait
sur l'industrie typographique de façon à en entra-
ver tout l'essor et le développement. Poursui-
vant ses idées d'affranchissement, il prit, en
1849, une part très-active au mouvement orga-
nisé contre « l'impôt sur l'intellii^ence » ; il devint
le trésorier de l'association formée pour le com-
battre et dont les efforts obtinrent en effet le
rappel de l'impôt sur les annonces (185.3), celui
du timbre des journaux (1855), et plus tard ce-
lui des droits sur le papier, sur les livres étran-
gers, etc.
Vers 1856, M. Novello se relira des affaires,
et alla se lixer en Italie, patrie de ses ancêtres
paternels.
* KOVELLO (Claha-Anastasie), comtesse
GIGLlUCCil, su'iirdu précédent et quatrième
lille de Vincent Novello, venait de se produire au
théâtre Drury-Lane, de Londres (1843), et à Man-
chester, lorsqu'en 1844 elle épousa le comte
Gigliucci et renonça à la carrière artistique. Des
circonstances l'obligèrent à la reprendre en 1850,
et elle retrouva ses succès passés en se produi-
sant dans les concerts, dans les festivals, en pre-
nant part aux exéculions;d'oralorios et même en
reparaissant au théâtre. C'est alors qu'on l'ap-
plaudit non-seulement à Londres, mais sur di-
verses scènes de Rome, de Lisbonne, de Madrid,
de Milan, ainsi que dans quelques villes d'Alle-
magne. En 1860, elle se retira définitivement, et
alla se fixer en Italie, dans le voisinage de Gê-
nes.
iXOVELLO (Sabilla), sœur des précédents
et la plus jeune des filles de Vincent Novello,
est née vers 1820. Ayant reçu une bonne éduca-
tion musicale, elle se produisit à Londres comme
cantatrice de concert, tout en se livrant à l'ensei-
gnement ; mais la délicatesse de sa santé ne lui
permit pas de poursuivre cette carrière, et elle
dut aller se fixer en Italie. On assure que depuis
lors elle s'est consacrée à la littérature musicale,
et qu'elle a publié les ouvrages suivants : École
vocale; la Voix et Vart vocal; la Basse con-
tinue de Mozart; la Basse continue d'Aï-
brechisberrjer ; l'École chorale de ISagel et
Pfeiffer ; le Jeu de Pagunini. Aucun de ces
écrits n'est venu à ma connaissance, et je n'en
saurais parler autrement. On doit aussi à cette
artiste une English Version of Mendelssohn's
vocal compositions.
NUITTEU (Charles-Louis-Étienne TRUl-
jXET, dit), auteur dramatique, né à'Paris le 2i
avril 1828, se fit recevoir avocat en 1849. Il a
beaucoup écrit pour le théâtre, en société aTec
M. Beaumont, et a fourni surtout , à la plupart
de nos compositeurs, un grand nombre de livrets
d'opéras, d'opéras-comiques et d'opérettes. Ces
deux écrivains ont traduit aussi pour la scène
française plusieurs poèmes d'opéras étrangers, et
c'est à eux que l'on doit, entre autres, les tra-
ductions représentées de Tannhàuser, Oberon,
Preciosa, la Flûte enchantée, Maclwth, Rienzi,
les Masques (Tuttil in mascliera), le Docteur
Crispin, etc., etc. M. Nuitter a donné aussi à
l'Opéra plusieurs scénarios de ballets : la Source,
Gretna-Green, Graziosa
Mais M. IN'uitter est surtout mentionné dans
ce livre pour sa réorganisation des archives de
l'Opéra, et pour la création, qui lui est due, de
la bihliotliè(|ue lie ce théâtre. Depuis une quin-
zaine d'années que M. Nuitter est chargé des
fonctions d'archiviste de notre premier théâtre
lyrique, il a misen ordre desmilliers de documents
précieux pour iitilre histoire musicale, jusque-là
épars de tous côtés, et qui, sans lui, eussent été
NUITTER — NUYENS
281
infailliblement détruits ou égarés en partie. C'est
à ses soins, à son travail, à son intelligence,
qu'est due la reconstitution de ces archives d'un
prix inestimable, ainsi que la création et la mise
en ordre de la bibliothèque; c'est sur ses ins-
tances que des fonds ont été mis à sa disposition
pour ces deux dépendances de notre première
scène lyrique, et c'est grâce à lui que la biblio-
thèque contient aujourd'hui des milliers de vo-
lumes, d'o'uvres musicales, d'estampes et d'ob-
jets précieux. Enfin, c'est encore àNuitter qu'on
doit l'inslallation du beau local de la bibliothè-
que, qui, lorsqu'elle pourra être rendue publique,
constituera l'un des plus utiles dépôts que les
travailleurs puissent mettre à contribution.
M. Nuitter a publié, le jour même de l'inau-
guration de la nouvelle salle de l'Opéra, un livre
intitulé le ISouvel Opéra (Paris, Hachette,
1875, in-12), qui donne la description et This-
torique le plus complet qu'on puisse désirer du
monument drt au génie de M. Charles Garnier.
Les vignettes charmantes qui illustrent ce petit
volume contribuent à en faire une publication
sans analogue et sans précédent.
KÛRXBEIIG (Herrmann), pianiste et com-
positeur allemand contemporain, est l'auteur
d'une foule de pièces de genre et de morceaux de
danse pour le piano, qui j^araissent accueillis avec
faveur par sescompatrioles. Le nombre des œu-
vres publiées par cet artiste ne s'élève guère à
moins de 250, et celui des morceaux est bien
plus considérable, car tel cahier en contient six
et même davantage. Rien de tout cela n'est connu
en dehors de l'Allemagne, et il y a lieu de sup-
poser que la valeur de toute cette musique n'est
que fort relative.
IXUYEIXS ( ), pianiste et professeur
espagnol contemporain, a publié quelques com-
positions, parmi lesquelles on remarque : 12
Petites Études élémentaires pour la mesure,
pour être intercalées dans la Méthode de
Compta; et Esquisses musicales, 6 études de
style (Madrid, Andrés Vidal).
0
OAKELEY (Sir Herbert-S...) musicien
anglais, a été nommé en 18G5, à la suite d'un
concours dans lequel il l'emporta sur vingt-trois
concurrents , titulaire de la chaire de musique
à l'université d'Edimbourg. Cette chaire venait
d'être créée par le général Reid, dilettante pas-
sionné et compositeur amateur. Sir Oakeley, qui
n'est point connu sur le continent, occupe sans
doute dans sa patrie une haute situation artis-
tique, car, en 1876, la reine l'a créé chevalier,
distinction qui n'a encore été Raccordée qu'à
trois autres musiciens, Sterndale Bennet, sir
Julius Benedict et sir Georges Elvey. Je n'ai
pu, néanmoins, recueillir aucun autre rensei-
gnement sur cet artiste.
OAKEY (George), professeur et composi-
teur anglais contemporain, bachelier en musique,
professeur au rollége de Tonic sol-fa, de Lon-
dres, est l'auteur d'un petit Manuel de contre-
point (Text Book of Counterpoint), publié
récemment. Cet artiste a publié aussi des mor-
ceaux de chant, des antiennes, etc.
* OBERIIOFFER (Henri), pianiste et pro-
fesseur, est né à Trêves le 9 décembre 1824. Il
a été l'objet du petit écrit suivant : Monogra-
phie de Henri Oberhoffer, par H. Fisquet,
membre de plusieurs sociétés savantes (Paris,
Repos, in-4° de 14 p. avec portrait).
* OBERTIIUR (Charles), harpiste extrê-
mement remarquable et compositeur, est né à
Munich le 4 mars 1819. Établi à Londres depuis
environ trente années, cet artiste s'est fait en
cette ville une situation considérable à la fois
comme virtuose, comme professeur et comme
compositeur, se faisant entendre dans tous
les grands concerts et dans les soirées de la
haute aristocratie anglaise, publiant ses œuvres
chez les principaux éditeurs, et occupant les
fonctions de professeur de harpe à l'Acadéinii-
royale de musique. Il a formé un nombre consi-
dérable d'artistes distingués, et ne cesse de se
produire devant le p\ibiic, qui lui fait toujours
l'accueil le plus chaleureux et le plus empressé.
En 1876, M. Oberthur a entre[»ris une grande
tournée artistique en Autriche et en Allemagne,
et s'est fait entendre avec un vif succès à Ralis-
bonne, Coblentz, AYiesbaden, Vienne et dans
plusieurs autres villes.
Parmi les compositions de M. Oberthur, dont
le nombre s'élève à deux cents environ, je signa-
lerai : Rûbczahl, ouverture à grand orchestre;
Trio en /a mineur pour violon, violoncelle et
harpe; Nocturne pour 3 harpes; Fantaisie pour
harpe sur d'anciens airs anglais ; 4 Livres de
mélodies anglaises arrangées pour la harpe;
Liebeslied, impromptu pour piano ; Espagnolia,
boléro pour piano ; Si doux et cher, poésie mu-
sicale pour piano ; Home, sicet home, mélodie
anglaise célèbre transcrite pour piano, etc., et
un grand nombre de morceaux de chant.
OBIIV (Louis-Henri), chanteur français, est
né à Ascq, près de Lille (Nord), le 4 août 1820.
Après avoir commencé ses études au Conserva-
toire de Lille, il fut admis comme élève pension-
naire au Conservatoire de Paris, le 10 mai 1842,
dans la classe de Ponchard ; il en sortit en 1844,
sans s'être distingué dans les concours, et dé-
buta à l'Opéra, le 'il octobre de cette année, par
le rôle de Brabantio dans Othello. Il ne resta
que peu de temps à ce théâtre, mais il y rentra
en 1850 pour créer un rôle dans V Enfant pro-
digue, d'Auber. Depuis lors, il fit plusieurs au-
trescréations importantes dans l'emploi des basses
chantantes, auquelconvenait sa voix, entre autres
dans les Vêpres Siciliennes, Pantagruel, l'A-
fricaine et Don Carlos, tout en reprenant un
certain 'nombre de rôles du répertoire, dans
Moïse, Don Juan, le Dieu et la Bayadère.
Doué d'une voix pleine et sonore, qu'il condui-
sait avec goût, comédien habile et souple, aussi
remarquable dans les personnages dramatiques
comme Moïse, ou Procida des Vêpres Sicilien-
nes, que dans des rôles comiques tels que le
Leporello de Don Juan, M. Obin sut se faire à
l'Opéra une situation importante et enviable.
En 1869, M. Obin (juitta ce théâtre après avoir
fait régler sa pension, mais il y rentra en 1871,
pour se retirer définitivement peu de temps après.
A la mort de Levasseur, cet artiste fut nommé
professeur de déclamation lyrique au Conserva-
toire ; après avoir, au bout de deux ans environ,
abandonné ces fonctions, il les a reprises au
mois de janvier 1877. M. Obin a fait une courte
apparition sur le théâtre de l'Opéra- Comique.
OBIOLS (Mvrivno), compositeur, violo-
niste et professeur espagnol, est né à Barcelone
le 26 novembre 1809. Il étudia le violon dès ses
plus jeunes années avec un professeur nommé
OBIOLS — ODDO
283
Juan Vilanova, mais, destiné par sa famille au
commerce, il entra ensuite dans 1a maison d'un
de ses parents, qui était négociant, et dont il
devint f.remployé; cela ne l'empêcha pas de se
perfectionner dans l'étude de son instrument, et
de prendre des leçons d'harmonie avec Arhos et
Saldoni. Bientôt il renonça d'une façon absolue à
la carrière qu'on voulait lui faire parcourir, et,
avec le consentement des siens, se consacra ex-
clusivement à la musique.
Après avoir, pendant trois années, suivi un
cours de composition avec Ramon Yilanova, le
jeune artiste écrivit quelques morceaux de mu-
sique vocale sacrée et profane, ainsi que diver-
ses pièces instrumentales qu'il fit exécuter dans
un concert à Barcelone. Peu de temps après, en
1831, il quittait l'Espagne pour aller parfaire son
éducation en Italie, et, muni de bonnes recom-
mandations, il se présentait à Mercadaiite, qui le
prit en affection, se chargea de le faire travailler
et le traita comme un fds. Il parcourut avec son
nouveau maître l'Italie, la France et l'Allemagne,
étudiant et admirant toutes les grandes œuvres
qu'il avait l'occasion d'entendre dans ces divers
pays. Ayant obtenu un livret de Felice Romani,
le premier poëte lyrique de l'Italie à celte époque,
il le mit bientôt-en musique, et son premier opéra,
Odlo ed canore, fut représenté à la Scala, de
Milan, le 5 septembre 1837, chanté par la Scho-
berlecbnor, Peilrazzi, Cartagenova et Luzio.
M. Obiols retourna ensuite dans sa patrie, et
bientôt se vit chargé de la direction du Lycée
musical de Barcelone, que l'on venait de créer ;
peu de temps après, il organisait dans cet éta-
blissement des concerts qu'il dirigeait lui-même
avec habileté, et enfin il devenait directeur géné-
ral de la musique et chef d'orchestre du grand
théâtre du Lycée, pour l'inauguration duquel il
écrivait une grande cantate intitulée il Regio
Imeneo. Il se distingua par le talent et l'activité
dont il fit preuve dans ces diverses fonctions, et
sut se créer dans sa ville natale une haute et
puissante situation artistique, tout à la fois comme
administrateur, chef d'orchestre, compositeur
et professeur, formant au Lycée de nombreux
élèves de solfège, de chant et de composition.
C'est alors qu'il écrivit pour le théâtre une grande
quantité de scènes et de morceaux à une ou plu-
sieurs voix, avec acrompagnemenl d'orchestre,
€t pour les classes du Lycée trois méthodes <le
solfège et un recueil de 6 solfèges, qui furent pu-
bliés par l'éditeur Andrés y Vidal.
Mais M. Obiols n'a pas borné là son activité de
compositeur; parmi les nombreuses œuvres qui
sont sorties de sa plume, il faut surtout signaler
les suivantes : Messe avec accompagnement d'har-
monium, liarpe et piano; 2 P.saumes; 3 Snlve
lîegina; plusieurs motets; 4 grands hymnes;
un Hymne religieux à Saint-Jean l'Évangéliste ;
un Album religieux, contenant 6 morceaux à
une voix avec accompagnement de piano ou
harmonium; 3 ouvertures de concert; une
sérénade; un concerto de cor anglais ; 2 albums
de chant, contenant chacun G morceaux à une
voix avec accompagnement de jiiano ; enfin,
beaucoup de mélodies détachées. Je crois que
M. Obiols n'a abordé de nouveau le théâtre
qu'une seconde fois, en donnant au théâtre du
Lycée, le 28 janvier 1874, un opéra en 4 actes
intitidé Editta di Belcourt. Cet artiste distingué
est chevalier des ordres de Charles III et d'Isa-
belle la Catholique.
OCON Y RIVAS (Edouard), compositeur,
organiste et pianiste espagnol, est né le 12 jan-
vier 1834 à Malaga, et fit son éducation musicale
à la cathédrale de cette ville, où il entra d'abord
comme enfant de chœur, et où il apprit ensuite
du maître de chapelle le solfège, le chant et la
composition. Il composa, dit-on, à l'âge de treize
ans seulement, un Miserere k quatre voix, qui
fut exécuté, et dont lui-même chantait une des
parties principales. Après s'être livré, seul, à
l'étude du piano et de l'orgue, il obtint au con-
cours, en 1853, l'emploi de second organiste à la
cathédrale de Malaga. A partir de cette époque
jusqu'en 1858, il se consacra en partie à l'en-
seignement du piano, et dans le cours de cette
dernière année il vint à Paris, où l'on assure
qu'il reçut quelques conseils de M. Gounod. Il
resta plusieurs années en France, après quoi il
repartit pour Malaga, où je crois qu'il est tou-
jours fixé.
M. Ocon a publié un certain nombre décom-
positions religieuses, messes, motets, psaumes,
litanies, hymnes, etc., ainsi que toute une col-
lection de mélodies espagnoles, italiennes et fran-
çaises, et quelques morceaux de genre pour le
piano. On lui doit aussi un recueil intéressant
public sous ce titre: Cantes espanoles, coUec-
cion de aires nacionales y populares,fon)iada
é illustrada con notas explicadvas y biogra-
phicas (Malaga, 1874). Ce recueil, le premier de
ce genre fait en Espagne, contient environ trente
airs populaires espagnols, dont la plupart n'a-
vaient jamais été notés et qui sont extrêmement
curieux; tous portent un accompagnement de
piano, et quelques-uns de guitare. La musique
en a été gravée en Allemagne, et une traduction
allemande e^t jointe au texte des chansons.
ODDO ( PrETP.o ), artiste italien, est l'auteur
d'un opuscule publié en 1877 sous ce titre -. Gram-
matica délia lingua musicale , et dans lequel
284
ODDO — OFFENBACH
sont' consisiK^es les plus étranges remarques
sur les liases ('oM()ainenf:i|ps de l'art iniisicfti.
ODOEWSKY (Le prince Wladimir), dilet-
tante russe, dernier descendant de Rurik, le
fondateur de l'empire moscovite, était un ama-
teur éclairé de musique, ' à qui l'on doit di-
vers opuscules relatifs à cet art, et des articles
de journaux dans lesquels il a toujours plaidé en
faveur de l'opéra et de la musique d'église rus-
ses. Le prince Odoewsky a publié quelques nou-
velles qui renferment des épisodes intéressants
relatifs à la vie d'artistes célèbres. Il est mort
à Moscou le II mars I8C9, à l'âge de soixante-
huit ans.
* OESTKJV (Théodore), pianiste et composi-
teur allemand, n'a cessé de produire jusqu'à sa
mort, si bien (]ue le nombre de ses compositions
publiées dépasse le chiffre de quatre cents, qui
représente peut-être plus de mille morceaux,
car il est tel recueil portant un seul numéro
d'œuvre, qui contient six, douze, vingt et jus-
qu'à vingt-cinq morceaux. C'est ainsi que l'on
trouve, dans le catalogue de ses œuvres : 4 Ron-
dos, op. 10; les Délices germaniques, 12 pe-
tites fantaisies sur des mélodies populaires alle-
mandes, op. 1; Musée des pensions, 12 mor-
ceaux faciles, op. 9; 12 Petites Fantaisies sans
octaves sur des mélodies populaires allemandes,
op. 49; G Morceaux de salon, op. 50; 6 Sona-
tines, op. 60; le Muguet, 25 petits morceaux
faciles, op.. 61; Rêves d'enfants, 6 morceaux
faciles, op. 65 ; 3 Ragatelles, op. 85; etc., etc.
Œslen est mort à Berlin le 16 mars 1870.
Un ils de cet artiste, M. Max. Œslen, s'est
fait connaître aussi par la publication d'un assez
grand nombre de morceaux légers pour le piano :
nocturnes, tarentelles, mélodies, marcbes, valses,
galops, polkas, etc. De même que son père, il a
donné beaucoup de transcriptions de mélodies
et de tbèrnes d'opéras.
'* OETTL\r.ER (ÉDooAnn-MARiE), écrivain
allemand, auteur d'un livre fàclieux sur Rossini,
est mort à Blasewitz , près de Dresde, le 26
juin 1S72. La traduction française de ce livre
comprend tiois volumes, et non pas seulement
deux, comme il a été dit. Œttinger a publié aussi
un roman inlilulé Sophie Arnould (Leipzig,
1847, 2 vol.), dont l'béroine est la célèbre chan-
teuse de ce nom.
* OFFEIVHACII (Jacques), musicien alle-
mand, naluraiisé français, offre l'un des exetnples
les plus prodigieux de la faveur qu'un artiste peut
obtenir du public, même lorsqu'il ne respecte ni
l'art, ni luiiii'^'me, ni ce public, et qu'il se borne
à ilatler les instincts les plus grossiers d(! la
foule. Ce compositeur, chez lequel une certaine
adresse de main ne saurait masquer une igno-
rance profonde de l'art d'écrire, occupe cependant
la scène depuis près de vingt-cinq ans, s'est fait
jouer sur dix théâtres de Paris, et a joui d'une
vogue que son exagération pourrait faire qualifier
de scandaleuse. Sans vouloir, par une discussion
inutile, accorder plus d'importance qu'elle n'en
mérite à une production prétendue musicale
qui ne fient à l'art par aucun côté, on peut
cependant essayer de découvrir les causes aux-
quelles sont dus des succès en apparence inexpli-
cables, succès qui sont loin de faire bonneurà l'in-
telligence française et dont, grâce au ciel, nous
commençons à nous sentir confus. Or, dans un
temps où une certaine école musicale, marchant
sur les traces de M. Richard Wagner, et enché-
rissant encore sur les défauts de cet artiste puis-
sant mais incomplet, semble vouloir exclure de
la musique deux de ses éléments essentielle-
ment constitutifs, le rbythme et la tonalité, il est
facile de supposer que le public devait bien ac-
cueillir un musicien qui, réagissant à son tour
contre une tendance funeste, se présenterait à
lui en exagérant et en exaspérant, si l'on peut
dire, le double sentiment rhylhmique et tonal.
C'est précisément ce qu'a fait M. Offenbach :
doué d'une certaine veine mélodique vulgaire,
il appuyait sur les contours de certains motifs
que leur caractère trivial destinait à plaire à
la foule, et en les accompagnant d'un orches
tre à la fois criard et malingre, il poussait le
rhytbme à son extrême puissance et le ren-
dait parfois entraînant; d'autre part, la pau-
vreté de son harmonie, son ignorance absolue
de la modulation rendaient ses petits chants fa-
ciles à retenir et les faisaient passer de bouche
en bouche. Pour être juste, d'ailleurs, il faut
remarquer que parfois, dans les commencements
de sa carrière, il arrivait à M. Offenbach d'être
assez gentiment inspiré, et que quelques-unes
de ses petites pièces, qui n'étaient guère autre
chose que des vaudevilles importants, ne man-
quaient pas toujours d'une certaine grâre aima-
ble,quoi(iueun peu tropfacile. On peut citer, sous
ce rapport, parmi ses premières o|)érettes en un
acte, Dragonette, la Chanson de Fortunio,
le Mariage aux lanternes, etc. Il faut dire
aussi que M. Offenbach, à qui l'on ne saurait con-
tester un sentiment assez juste des conditions
•scéniques.avaitledonde lagaietécommunicative,
et que si cette gaieté tournait neuf fois sur dix
à la charge et à la caricature, elle n'en était pas
moins réelle.
Le malbeur est que M. Offenbach, qui écri
vaitd'iustiiKt et dont l'éducation était nulle, ne
songea pas un instant à faire ou â compléter
OFFENBACH
985
cette éducation, lorsque son ambition le porta à
écrire des oiivra'^esde proportions plus considé-
rables. Tant qu'il ne s'agit pour lui que de se
produire sur des scènes qui n'étaient point
musicales, où sa musette était excitée par des
livrets excellents et où ses pièces étaient jouées
par des comédiens remarquables, le public ne
s'aperçut pas trop de ses défauts. Mais il n'en
fut pas de même lorsqu'il voulut se montrer sur
de véritables lliéàtres lyriques ; là, le voisinage
et la comparaison d'œuvres vraiment musicales
lui furent fatals, et son ignorance éclata dans tout
son jour. Aussi devient-il impossible de discuter
ici sa valeur, et doit-on se borner à constater
les chutes éclatantes et méritées que subirent
ses ouvrages. L'apparition du ballet le Papillon
à l'Opéra fut un véritable scandale artistique ;
Barkouf,\son début àl'Opéra-Comique, vigou-
reusement silflé le premier soir, tomba bientôt
sous le dédain public, et ne put être joué plus
de six fois ; enfin , aucune des pièces qu'il s'obs-
tina à donner encore à ce dernier théâtre ne put
se soutenir à la scène, et toutes furent accueil-
lies avec plus ou moins d'hostilité. Au reste, de-
puis dix ans, l'étoile de M. Offenbatb a singu-
lièrement pâli, et, même sur les théâtres qui
lui étaient dévoués autrefois, il n'a pu obtenir
un véritable succè.s. Le compositeur semble
épuisé, et ne retrouve même plus les élans de
verve burlesque qui avaient fait autrefois sa for-
tune.
Vers 18C6, M. Offenbacb abandonna la direc-
tion des Bouffes- Parisiens, le petit théâtre qu'il
avait fondé, et c'est alors, qu'il commença à se
produire sur diverses autres scènes, les Variétés,
le Palais-ltoyal, etc., où il obtint de bruyants
succès avec Barbe-Bleue, la Grande-Duchesse
de Gerolstein, la Vie Parisienne Vers
1872, il prit la direction de la Gaité, avec l'in-
tention d'y taire jouer ses pièces, et en effet
c'est là qu'il remonta Orphée aux Enfers,
transformé en une immense féerie, et qu'il donna
le Voyage dans la Lune , aaUe, féerie musi-
cale. Cependant, en 1876, il céda la direction de
la Gaîté à M. Albert Vizentini {Voy. ce nom),
qui y établit le Théâtre-Lyrique, et il alla faire
un grand voyage en Amérique, où il donna toute
une série de concerts à orchestre destinés à
faire connaître sa musique. Les Américains, qui
ne sont cependant pas le peuple le plus musical
du monde, n'eurent pas de peine à comprendre
qu'ils étaient l'objet d'une mystification, et ces
concerts eurent un insuccès colossal. M. Offen-
bacb s'en consola en publiant, à son retour en
France, un livre ainsi intitulé : Notes d'un mu-
sicien en voyage{P3iTis,Léyy, J877,in-12), livre
dans lequel il s'est efforcé de faire de l'esprit aux
dépens d'une langue qui lui était malheureuse-
ment trop peu familière et qu'il outrageait à
chaque ligne. Depuis lors il s'est remis à com-
poser.
A^oici le répertoire complet des productions
théâtrales de M. Offenbacb : 1" Pepilo, un acte,
Variétés, vers 1850; 2" Oyaynye, un acte, Fo-
lies-Nouvelles, vers 18.55 ; 3" Entrez, Messieurs,
Mesdames ! un acte , Bouffes- Parisiens, 1855;
4° «ne Nuit blanche, id., id., 1855; .5» les
Deux Aveugles, U].,if\., 1855; 6° le Rêvedhine
nuit d'été, id., id., 1855,; 7'^ le Violoneux,
id., id., 1855; 8" Madame Papillon, id., id.,
\8yo\^° Permette, id., id., 1855; 10° Ba-Ta-
Clan, id., id., 1855 ; 11" un Postillon en gage,
id.,id., \8b6;n° Tromb-Al-Cazar, id.,id.,1856;
13" la Pose de Saint-Flour, id., id., 1856;
li° les Dragées du Baptême, id., id., 1856 ;
15° le 06, id., id., 1856 ; 16» le Financier et le
Savetier, id., id., 1856; 17° la Bonne d'en fants,
id., id., 1856 ; 18° les Trois Baisers du Diable,
id., id., 1857; 19° Croque fer ou le Dernier des
Paladins, id., id., 1857; 20° Dragonet te, id.,
id., 1857 ; 21° Vent du soir ou l'Horrible Fes-
tin, id, id., 1857; 22° une Demoiselle en loterie,
id., id., 1857 ; 23° le Mariage aux lanternes,
id., id., 1857; 24° les Deux Pêcheurs, id., id. ,
1857 ; 25' les Petits Prodiges (en jsociété avec
M. Jonas), id., id., 1857 ; 26° Mesdames de la
Halle, id., id., 1858; 27° la Chatte méta-
morphosée en femme; id., id., 1858; 28° Or-
phée aux Enfers, 2 actes et 4 tableaux, Bouf-
fes-Parisiens, 1853 (remis en 4 actes et 12 ta-
bleaux et ainsi repris à la Gaîté en 1874); 29°
îin Mari à la porte, un acte, id., 1859; 30°
les Vivandières de la grande armée, id.,id.,
1859; 31° Geneviève de Brabant, 2 actes et 6
tableaux, id., 1859 (remanié et repris au théâ-
tre des Menus-Plaisirs en 1867); 32" le Carna-
val des revues, 1 actes et 9 tableaux, id.,
1860; 33° Daphniset Chloé, un acte, id., 1860;
34" Barkouf, 3 actes. Opéra- Comique, 1860;
35" le Papillon, ballet en 2 actes et 4 tableaux,
Opéra, 1860; 36° la Chanson deFortunio, un
acte, Bouffes-Parisiens, 1861 ; 37° le Pont des
soupirs, 2 àcles et 4 tableaux, id., 1861 (remis en
4 actes et 5 tableaux, et ainsi repris aux Varié-
tés en 1874) ; 38° M. Choujleury restera chez
lui le... (en société avec M. de Saint-Rémy (1),
Cl) Sous ce pseudonyme de Saint-némy .se cachait un
liomme poUtique influent, le duc de Moni.v, ministre du
^econd empire, qui, parait-il. ne dédaignait pas d-écrire
les paroles et parfois la .musique de quelques petites
pièces sans imporiance.
280
OFFENBACH — O'KELLY
un acte, iJ., 1861; 39° Apothicaire et Perru-
quier, id., id., 18C1; 40" le Roman comique,
3 actes, id., I86t; 41° Monsieur et Madame
Denis, uq acte, id., 18C2; 42° le Voyage de
MM.Dunanan père et fils, 2 actes et 4 tableaux,
id., 1862 ; 43" les Bavards, 2 actes, id., 1863 ;
44° Lischen et Fritzchcn, un acte, id., 18G4;
46° l'Amour chanteur, id., id., 1864; 46" il
SignorFagotto,U]., id.,1864; \l"lesGéorgiennes,
3 actes, id., 1864 ; 48° la Fée du Rhin, 3 actes,
Vienne, 1864 ; 49" le Fifre enchanté, un acte,
casino d'Ems, 1 804 (joué aux Bouffes-Parisiens en
1868); 50° Jeanne qui pleure et Jean qui rit,
un acte, casino d'Eins, 1864 (joué au\ Bouffes-
Parisiens en lS6â); 51° la Belle Hélène, 3 ac-
tes. Variétés, 186 i; 52° Coscoletto, un acte, ca-
sino d'Ems, 1865; 53» les Bergers, 3 actes,
Bouffes-l'arisiens, 1865; 54° Barbe-Bleue, 3
actes et 4 tableaux, Variétés, 18G6; 55° la Vie
Parisienne, i actes et 5 tableaux, Palais-Royal^
1866; 56° la Grande-Duchesse de Gérolstein,
3 actes et 4 tableaux, Variétés, 1867; 57° la
Permission de dix heures, un acte, casino
d'Erns 1867 (joué à la Renaissance en 1873);
58° la Leçon de chant, un acte, casino dEms,
1867 ; 59° Robinson Crusoé, 3 actes, Opéra-
Comique, 1867; 60" Vile de Tulipatan, un
acte, Bouffes-Parisiens, 1868; 61° leChdteauà
Tofo, 3 actes, Palais-Royal, 1868; 62° la Péri-
chole, 2 actes. Variétés, 1868 (remis en 3 actes
et ainsi repris au même tbéàtre en 1874); 63°
la Princesse de Trébizonde, 3 actes, Bade,
1869 (joué aux Bouffes-Parisiens dans le cours
de la même année) ; 64° Vert-Vert, 3 actes,
Opéra-Comique, 1869; G5° la Diva, 3 actes,
Bouffes-Parisiens, 1869; 66° les Brigands, 3
actes, Variétés, 1869; 6 7° la Romance de la
rose, un acte, Bouffes-Parisiens, 1869 ; 68° Boule
de neige, 3 actes, id., 1871; 68" bis le Roi
Carotte, 5 actes, Gaîté, 1872; 69° Fleurette, un
acte, Vienne, 1872; 70" Fantasio, 3 actes,
Opéra-Comique, 1872; 71° te Corsaire noir,
3 actes. Vienne, 1872; 72° les Braconniers, 3
actes. Variétés, 1873; 73° Pomme d'api, un
acte, Bouffes-Paiisiens , 1873; 74° la Jolie Par-
fumeuse, 3 actes, Renaissance, 1873; 75° Ba-
gatelle, un acte, Bouffes-Parisiens, 1874; 76°
Madame l'Archiduc, 3 actes, id., 1874; 77°
Wittington et son Chat, 4 actes, Londres, Al-
hambra, 1875; 78° les Hannetons, 3 actes,
Bouffes-Parisiens, 1875; 79° la Boulangère a
des écus, 3 actes. Variétés, 1875 ; 80° le Voyage
dans la Lune, 4 actes et 24 tableaux, Gaîté,
1875; 81° la Créole, 3 actes, Bouffes-Pari-
siens, 1875; 82" Pierrette et Jacquot, un acte,
id., 187G; 86° la Boite au lait, ^t dcttiijhl., 1876;
84° le Docteur Ox, 3 actes, Variétés, 1877;
85° la Foire Saint-Laurent, 3 actes, Folies-
Dramatiques, 1877; 86° Maître Peronilla, 3
actes, Bouffes-Parisiens, 1878; 87° la Marocaine,
3 actes, Bouffes-Parisiens, 1879;; 88° Madame
Favart, 3 actes, Folies-Dramatiques, 1879.
M. Offenbach a publié, dans sa jeunesse, un
certain nombre de compositions vocales et ins-
trumentales, dont l'intérêt me paraît devoir être
médiocre. Voici celles qui sont venues à ma
connaissance : Duos pour violoncelles (4 livres) ;
24 Duos pour 2 violoncelles, op. 49, 50, 51, 52,
53, et 54 ; les Voix mystérieuses, 6 mélodies
vocales; les Chants du soir, 6 morceaux
de moyenne difficulté pour piano et violoncelle
(en société avec M. de Flotow). — Un frère de
cet artiste, M. Jules Offenbach, violoniste,
a rempli pendant quelques années les fonctions
de clief d'orcbestre aux Bouffes-Parisiens.
OFFERMANS VAX HOVE (Sophie),
une des meilleures cantatrices que les Pays-Bas
aient produites, est née au mois de juillet 1840,
et a fait son éducation artistique à l'Ecole de
musique de la Haye, avec J. H. Lubeck. C'est
une artiste de très-grand talent, excellente mu-
sicienne surtout, et l'un des meilleurs professeurs
de chant que les Pays-Bas possèdent en ce mo-
ment. Elle a un véritable culte pour la musique
classique, et pendant de longues années elle a été
la digne interprète des chefs-d'œuvre de Hion-
del, Haydn, Mozart et Beethoven. Depuis quelque
temps elle a renoncé absolument à se produire
en public, et elle se consacre entièrement à l'en-
seignement du chant. Éd. ue H.
* OKEGIIEM (Jean), a été récemment l'ob-
jet de la publication suivante : Déploration de
Guillaume Crétin sur le trépas de Jean
Okeghem, musicien, premier chapelain du roi
de France et trésorier de Saint-Marlin de Tours,
remise au jour, précédée d'une introduction
biographique et criti(|ue, et annotée par Er.
Thoinan (Paris, Claudin, 1864, in-8). Ce travail
intéressant complète les renseignements connus
jusqu'à ce jour sur le célèbre ihusicien. D'autre
part, un laborieux musicographe llamaud, M, Ed-
mond Vander Slraeten, a annoncé qu'il avait re-
trouvé en Italie une série de six messes d'Oke-
ghem, dont rcxislence était restée jusqu'ici in-
connue, ainsi qu'un Ave Maria et un motet
(Intemerata) du même maître, éjialement igno-
rés. Un journal spécial de lîruxelles, le Guide
musical, a donné à ce sujet quelques détails
dans son numéro du 7 décembre 1876.
O'IÎELLY (Jom:pu), pianiste et compositeur
français, d'origine irlandaise, est né à Boulogne-
sur- Mer (Pas-de-Calai.s) en 1829, et a fait ses
O'KELLY — 0 REFIGE
287
études musicales à Paris, où il a été l'élève de
M. Osbome et de Kalkbrenner pour le piano, de
Dourlen et d'IIalévy pour la composition. En
1855, il tit exécuter, dans la salle du Tliéàtre-
Lyiique, un poëine lyrique en 3 parties intitulé
Paraguassû. Deimis lors il a publié, pour le
piano, un assez grand nombre de compositions
qui sont écrites non sans goût, mais dans une
forme qui est loin de cadrer avec les idées
larges, la libre allure et le soufllc nouveau qui
distinguent la jeune école française. Parmi les
productions ain-i mises au jour par M. O'Kelly,
je citerai les suivantes : 55 Études récréatives,
op. 50; to Soirées intimes, 24 transcriptions
faciles; les Soirées enfantines, 12 transcriptions
faciles; Études de salon; le Beija Jlor, la
Roche qui pleure, la Mare aux fées, la Noce
de village, caprices; la Retraite, fantaisie mi-
litaire; Arlequin et Colombine, passacaille ; le
Menuet delà Reine ; Naples, tarentelle ; la Per-
mission de dix heures, la Vague et la Perle,
les Oiseaux de Trianon, les Castagnettes, etc.,
morceaux de genre. Le même artiste a publié un
trio pour piano, violon et violoncelle, d'assez nom-
breuses romances el mélodies vocales parmi les-
quelles on signale : Vieille Chanson du jeune
temps, Dernier chant, Hosannah! etc., et une
opérette intitulée Ruse contre Ruse (dans le jour-
nal le Magasin des Demoiselles). Enfin , M.
O'Kelly, a lait exécuter: 1° Cantate (tliéàtre
d'Amiens, 15 novembre 1867) ; 2° Cantate pour
le centenaire d'O'Connell (Dublin, 1878); 3° Jus-
tice et Charité, cantate religieuse (chapelle du
château de Versailles, 1878); 4" le Lutin de
Galway, opéra-comique en un acte (Boulogne-
sur-Mer, septembre 1878); 5° la Zingarella,
opéra-comique en un acte, Opéra-Comique ,
février 1879.
Un frère de cet artiste, M. A. O'Kelly, est édi-
teur de musique à Paris.
OLDENBOURG (Le prince Nicolas-Fré-
DÉRic-PiERKE, grand-duc régnant d'), né le 8
juillet 1827, est, comme beaucoup de princes
allemands, amateur de musique et compositeur.
On lui doit la musique d'un opéra intitulé liœt-
chen von Heilbronn, qui a été représenté sur
le théâtre de la cour, à Wiesbaden, dans le cours
de l'année 1861. Depuis lors, le prince Pierre a
écrit deux symphonies pour orchestre, dont la
seconde, en fa majeur, était exécutée récem-
ment à Oldenbourg.
OLDYS(VALENTiN),apothicairedeBlackfriars
à Londres, vivait à l'époque du protectorat de
Cromwell et s'occupait beaucoup de musique.
Il avait fait sous ce rapport de bonnes études,
s'est distingué comme compositeur, et a laissé de
nombreuses œuvres de musiqueinstrumentale,
surtout dans le genre de Idjantaisie ou fancy,
sorte de pièces qui se rapprochaient beaucoup
des ricercari italiens.
* OLIPHANT (Thomas), musicien éruditet
auteur de plusieurs écrits sur son art, est mort à
Londres, le 9 mars 1873, à l'âge de soixante-
treize ans.
OLIVEIRA(Henrique VELLOZO D'),est
auteur de l'opuscule suivant : Art mnémonique
de lecture musicale, ou le déchiffrement des
notes dans toutes les clefs et positions acquis
facilement et presque sans travail au moyen de
la mnémotechnie additionnée de la solution de plu-
sieurs embarras et difficidtés qui compliquent
l'étudede la musique, d'un moyen ingénieux pour
parvenir à l'exécuter, et d'une notion générale
de la composition, plain-chant et contre-point
(Paris, 18G0, in-8" de 22 p.). Celle brochure pré-
sente l'ensemble le plus burlesque de prétendus
préceptes posés par un écrivain qui ne connaît
pas le premier mot des choses dont il parle.
ORAY ( ), ancien chef d'orchestre du
théâtre des Folies-Dramatiques, à Paris, né vers
1820, a fait représenter deux petites opérettes
en un acte : le Royaume des aveugles, théâtre
des Nouveautés, 7 mai 1866, et A la Bretonne,
Folies-Marigny, S août 1868.
ORDINAIRE (Raoul), compositeur et écri-
vain musical, né à Besançon en 1843, a fait de
sérieuses études théoriques sous la direction de
M. Pierre de Mol {Voy. ce nom), artiste belge qui
habita longtemps cette ville. Bien qu'il n'ait
publié jusqu'ici que quelques morceaux de genre
pour le piano, M. Ordinaire, qui n'a pas quitté
sa ville natale, a en portefeuille plusieurs com-
positions importantes, entre autres une sonate
pourpiano et violoncelle, un trio pour piano, vio-
lon et. violoncelle, un quatuor pour instruments à
cordes, une sérénade en quintette, enfin des mé-
lodies vocales, des chœurs avec ou sans accom-
pagnement, et divers morceaux symphoniques.
Plusieurs de ces compositions ont été exécutées
soit par l'orchestre du théâtre, soit par les sociétés
de musique de chambre de Besançon. — M. Or-
dinaire s'est occupé de littérature musicale; il
a pris part, de 1866 à 1870, à la rédaction du
journal VArt musical, et a publié une facétie
ainsi intitulée : Marius et les Teutons, fantaisie
musicale (Paris, Faure, 1866, in-12).
OltEFICE (Antonio), compositeur drama-
tique italien, vivait à Naples dans la première
moitié du dix-huitième siècle. Je n'ai pu décou-
vrir aucun renseignement sur la vie ou la car-
rière de cet artiste, et son existence ne m'a été
révélée que par les livrets de trois opéras dont
288
OREFICE ~ ORSUCCI
il a écrit la musique et sur lesquels son nom se
trouve naturellement inscrit. Voici les titres de
ces ouvrages : 1" il Gemhio amore, Naples,
théâtre des Fiorenlini, 1718; 2" Chï la dura la
vence, id., id., 1721 ; 3° lo Simmele, Naples,
théâtre Nuovo, 1724.
* ORGITANO (Raphaël). — A la liste des
ouvrages de cet artiste, il faut ajouter: un opéra,
Arsinoe; un oratorio, Jefte, et la Passione di
IS'. S. , cantate religieuse à 3 voix. Quant à la
farsa intitulée .4?«ore intraprendente o VAp-
parenza inganna, et citée par quelques biogra-
phes , l'analogie des titres me fiiit supposer
qu'elle ne fait qu'un avec l'ouvrage désigné par
Fétis sous celui-ci : Non credere aile appa-
renze. On doit encore à Orgitano une cantate
intitulée Endimione.
ORGITAXO (ViNCENzo), musicien napoli-
tain. Le marquis de Villarosa, qui mentionne
cet artiste dans ses Memorie del composilori
del regno di JSapolt, dit qu'il ne sait autre
chose sur lui sinon qu'il a écrit le Stahat Mater
à 2, à 3 et 4 voix avec violon et basse, diverses
ouvertures pour « violon, piano et basse obligés, »
et d'autres compositions pour le service de l'É-
glise.
* ORLANDIXI (Joseph-Marie), composi-
teur dramatique italien, est l'auteur des deux
ouvrages suivants, qui doivent .s'ajouter au cata-
logue de ses œuvres : il Temistocle , opéra
sérieux représenté à Florence en 1737, et Gioas,
re di Giuda, oratorio exécuté dans la même ville
en 1746.
ORLAKDIIXl (Cesare), professeur de musi-
que italien, est auteur de l'ouvrage suivant .
Bottrina musicale , esposta in sei ragiona-
menti scicntifici (Bologne, 1844, in-f").
ORSIA'I (Alessandro), compositeur italien,
est né à Rome le 24 janvier 1842. 11 commença
à dix ans, dans sa ville natale, l'étude de la
musique, et fut successivement l'élève de don
Mariano Astolli, de Ricci, de Raimondi, et enfin
de Muti Papazzurri. Chef, pendant plusieurs
années, de divers orchestres d'Italie, il écrivit la
musique de huit ballets dont j'ignore les titres,
ainsi que les lieux et dates de représentation
(hormis un seul, la Modisla alla corte, qui fut
joué au tliéàtrf Capraiiira en 1805) ; il fut moins
heureux en composant <inq opéras, dont pas un
seul ne put voir le jour. De retour à Rome, il
s'y fixa, fut nommé membre de l'Académie de
Sainte-Cécile, devint en 1870 bibliothécaire de
cette compagnie, puis (1873) professeur de chant
de son école. M. Orsini a pris part à plusieurs
concours de compo.sition, et toujours avec succès :
en 1802 il obtint un premier prix de l'Institut
musical de Florence pour un album vocal ; en.
1864, un accessit du même Institut pour une
cantate, Lamberto di Pavia; en 1870, la Société
|)hilliarmonique romaine couronna sa cantate il
Genio di Eoma; et enfin, en 1873, il vit aussi
récompenser la cantate qu'il avait écrite pour
l'inauguration du monument de Cavour, à Turin.
IM. Orsini a compo.sé beaucoup d'autres œuvres,
parmi lesquelles un Ave Maria à 4 voix alla
Palestrina, un Benedictus pour voix et orgue,
un Inno délia Pentecoste , un chœur à 3 voix
de femmes, Salve del mar, o Stella, avec accom-
pagnement de divers instruments, différentes
pièces d'orchestre, et 12 Études d'harmonie
pratique. On doit encore à cet artiste un opus-
cule intéressant publié sous ce titre : Conside-
razioni generali suit' arte del canto (Rome,
1876, in-8" de 55 p.).
ORSINI (Antonio), pianiste et compositeur,
né à Naples le 13 juin 1843, étudia le piano avec
Antoine Coop, et la théorie de l'art avec le baron
Staffa. Après s'être produit avec succès comme
pianiste virtuose dans sa ville natale, il se rendit
à Rome, où il donna des concerts, puis à Paris
et à Londres. Ayant atteint l'âge du service mili-
taire, il retourna dans sa patrie, et obtint au
concours l'emploi de chef de musique du 54^
régiment d'infanterie. Congédié en 1872, il reprit
ses travaux artistiques, et publia successivement
les ouvrages suivants : 1° Fughe per 4 voci
(Naples, Giannini) ; 2° Norme per apprendere la
composizione musicale ed il contrappunto
(Naples, De Angelis); 3" Schéma di un indirizzo
air arte del canto (Naples, Gallo). De plusj
M. Orsini a fait représenter à Naples , sur le
théâtre Mercadante, le 3 mai 1875, un opéra
sérieux intitulé Benveniito Ccllini. Cet ouvrage
n'a obtenu qu'un médiocre succès.
ORSUCCI (L'abbé Pompeo), compositeur de
musique religieuse, issu d'une excellente famille,
naquit à Lucques le 21 mai 1665. Il se distingua
autant dans les sciences sacrées que dans la
musique, et devint doyen de l'église collégiale
de San Michèle in foro. Cet artiste est considéré
comme un des plus habiles et des plus savants
musiciens de son temps dans le style religieux;
on connaît particulièrement de lui : Pater nosier
en italien, à 2 voix; un hymne à la Trinité, en
italien, à 2 voix ; un Symbole à saint Anastase,
aussi à 2 voix; deux Vexilla à deux choeurs;
une messe in pastorale; enfin, des Te Deum,
des hymnes, des motels, des psaumes, des li-
tanies, etc. iM. Cerii, dans ses recherches sur
la musique à Lucques, constate qu'après deux
siècles d'existence, les œuvres d'Orsucci, encore
exécutées en cette ville, sont toujours entendues
ORSUCCI — ORTOLANI
289
avec plaisir et produisent un grand effet, princi-
palement à cause de leur clarté et de leur ma-
jesté. On ignore la date de la mort de cet arliste.
* ORTIGUE (Joseph-Louis D'), est mort
lé 20 novembre ISGG. >'ous ajouterons les quel-
ques renseignements suivants à ceux donnés sur
cet artiste par la Biographie tiniverselle des
Musiciens. Outre les journaux cités, d'Ortigue
avait collaboré encore au JSational, au Corres-
pondant, au Courrier de l'Europe, au Ménes-
trel, à la Revue de Musique ancienne et
îHO(/e/'«e, ainsi qu'au Dictionnaire de la con-
versation et de la lecture. Il avait publié un
Abécédaire de plain- chant (Paris, Duverger,
1841, in-12), et un certain nombre de composi-
tions, dont la plus importante est une Messe
sans paroles. D'Ortigue avait été nommé cheva-
lier de la Légion d'honneur en 1843. Le Traité
théorique et pratique de V accompagnement
du plain-chant, qu'il avait publié en 1857 avec
Niedermeyer, aeu^une seconde édition, faite en
1876 par l'éditeur M. Heugel (1).
ORTOLAN (Elcène) , compositeur, né à
Paris le l'^'" avril 1824, est le (ils de M. J.-L.-E.
Ortolan, dont la renommée fut si grande comme
professeur à la faculté de droit de Paris. Tout
en suivant la carrière de son père et en fréquen-
tant les cours de l'École de droit, son amour de
la musique était tel qu'il suivait aussi ceux du
Conservatoire, où il fut élève de Berton et d'Ha-
lévy pour la composition; c'est ainsi qu'entre sou
premier et son second examen de licence, il
concourut à l'Institut en 1845 et obtint le second
grand prix de composition musicale. (Il est à
remarquer qu'il n'y eut pas de premier prix
décerné cette année.) Après s'être fait recevoir
docteur, M. Ortolan entra au ministère des
affaires étrangères, oii son amour de l'art et sa
connaissance du droit lui permirent de se rendre
utile d'une façon toute particulière, en partici-
pant très-activement et très-habilement aux tra-
vaux relatifs à la reconnaissance et à la protec-
tion de la propriété littéraire et artistique à
l'étranger.
Auteur d'un Traité du droit de souveraineté
territoriale et de Véquilibre politique, M. Or-
(I) .Peut-être ai-je retrouvé la trace d'un ancêtre de
d'Ortigue. Tout au moins voici la noUce que le chevalier
de Mouliy, dans ses Tablettes dramatiques, consacre à
un écrivain dramatique de ce nom, originaire de la tDéme
province : — « Ortigle (Pierre d'), sieur de Fanmo-
riére. 11 étolt d'une fort bonne famille d'Apt en Provence;
il écrivoit agréablement. On a de lui plusieurs romans
qui eurent de la réputation dans ce tems-là. Il acheva
celui de Pharamond, de la Calprenède ; il tut quelque
tems au Chatelet, pour dettes, et Richelet le lui reproche.
II n'a fait qu'une comédie qui a pour titre : le Bon Mari.
Il vivoit en 1678. »
BIOGR. VMV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
tolan a voulu se faire connaître aussi comme
compositeur. Il a donné au Théâtre-Lyrique, le
10 avril 1855, Lisette, opéra-comique en deux
actes, et le 27 juillet 1857 il faisait représenter
aux Bouffes-Parisiens une opérftte en un acte
intitulée la Momie de Roscoco. De plus, il a fait
exécuter à Versailles, le jeudi saint 16 avril de
l'année 18G7, Tobie, oratorio dont il avait écrit
la musique sur un poème de M. Léon Halévy,
le frère de son ancien maître. On connaît aussi
de lui plusieurs morceaux symphoniques et un
certain nombre de mélodies vocales d'un joli
tour et d'un heureux caractère. — M. Eugène
Ortolan est chevalier de la Légion d'honneur et
de l'ordre de Léopold de Belgique, et comman-
deur de l'ordre de Saint-Stanislas de Russie.
ORTOLANI (Angelo) (1), né à Sienne
(Toscane), le 11 avril 1788, étudia la musique
sous de Ritterfels, et le contre-point .sous Deifebo
Romagnoli, puis, à la mort de celui-ci, avec son
frère Ettore Romagnoli. En 1813, il fut nommé
maître des enfants de chœur de l'église collégiale
de Santa-Maria di Provenzano de Sienne, et
en 1838 il succéda à son maître Ettore Romagnoli
dans les fonctions de maître de chapelle de la
même église, pour laquelle il composa un certain
nombre d'œuvres de musique sacrée, qui géné-
ralement sont de peu d'intérêt. Entre 1835 et 1836
il écrivit un opéra intitulé il Giorno délie nozze,
qui ne fut pas produit à la scène, ainsi que l'a dit
Fétis, rriais seulement essayé dans l'intimité, ea
forme de concert, et sans trop de succès. Fétis
lui[attribue aussi, mais à tort, un autre opéra, la
Pastorella délie Alpi, qui appartient à un autre
maître du même nom ( Foî/. la notice suivante).
L'ouvrage qui appartient vraiment à Ortolani,
quoique publié sous le pseudonyme de Lotario
Ganleno, qui forme l'anagramme de ses nom et
prénom, est un traité de contre-point en vers
intitulé : VArte del contrappunto, passatempo
armonico-poetico in ottava rima..., con un
appendice intitolato Cisolfantte agli elisi,
publié à Sienne, par Pandoifo Rossi, en 1828 (2).
Quoique ne s'élevant pas au-dessus de la médio-
crité, et parfois même ne l'atteignant pas, ce
poème contient quelques traits qui se laissent
lire avec assez d'agrément.
(1) Au nom i'Ortolani (Giulio), Fétis a écrit, dans la
Biographie universelle des Musiciens, une notice d^ns la-
quelle il confond en un seul, avec un prénom inexact, deus
artistes différents. D'ailleurs, trompé par de faux renseigne-
ments, l'écrivain a accumulé les erreurs dans les quelques
lignes qui composent celte notice. Nous rétablissons ici les
faits.
(2) Ignorant cette supercherie, j'ai, dans le premier
volume du présent Supplément, signalé cet ouvrage au
nom de Ganieno. La mépnse était facile. — a. p.
T. II. 19
290
ORTOLAM — OUDRID Y SEGURA
Ortolani publia aussi à Sienne, en 1839, sept
volumes de coincdies et drames, et en 1842, à
Colle, sous les seules lettres initiales A. O. S.
(Angelo Ortolani, Senese), un volume de mé-
moires sur riiistoire de la ville de Sienne, enrichi
d'un catalogue d'hommes illustres siennois, qui
ne manque pas d'intérêt. Ortolani mourut à
Sienne, à la suite d'une longue maladie, le 18
avril 1871, à l'âge de quatre-vingt-trois ans.
L.-F. C.
ORTOLAXI (Tf.rexzio), né à Pesaro, dans
la Marclie d'Ancône, le 4 septembre 1799, s'a-
donna à l'élude du droit, après avoir fait ses
cours de littérature et de philosophie au Gymnase
de sa ville natale. Néanmoins il cultivait en
même temps la musique pour son délassement,
et il acquit assez d'habileté sur la flûte pour
tenir honorablement une place dans les orches-
tres de son pays. Le maestro Ripini, de Fano,
s'élant lié d'amitié avec lui, il en reçut des leçons
d'harmonie et de contre-point; ce fut alors que
sa passion pour la musique lui fit abandonner
l'étude du droit, si bien qu'en 1822 il se rendit à
Bologne et se fit admettre au Ljcée musical de
cette ville pour se perfectionner dans la compo-
sition sous la direction du célèbre père Mattei.
Ses progrès furent si rapides qu'en 182511 obtint
de l'Académie philharmonique de Bologne le
diplôme de maître de composition.
En janvier 1830, il produisit à Naples, sur le
théâtre ciel Fondo (aujourd'hui Mercadante),
un opéra bouffe, la Pastorella délie AljJi, que
Fétis a faussement attribué à un prétendu Giulio
O/'io^ani (T'oy. ci-dessus). Cet ouvrage n'eut pas
de succès, et Ortolani, dégoiité du théâtre, revint
à Pesaro, s'adonna à des études sérieuses de
contre-point, et se fit bientôt remarquer par des
compositions d'église qui furent accueillies très-
favorablement. Ensuite il devint successivement
maître de chapelle dans plusieurs villes de la
Marche et des Romagnes, puis revint à Pesaro,
oii il obtint la place de maître de cha|)elle de la
cathédrale ; mais ne pouvant vivre avec les mo-
diques appointements attachés à celte place, il
obtint, tout en la conservant, un emploi de com-
mis dans le bureau de statistique de la province,
et remplit, à la grande satisfaction de ses con-
citoyens, les devoirs si divers de ces doubles
fonctions jusqu'à l'époque de sa mort, arrivée
le 7 avril 1875.
Ortolani publia en 18'i4 à Ascoli, chez Galanti,
dix fugues à 8 voix et basse chiffrée, et en 1871
à Milan, chez Vismara, cent fugues à 2, 3 et 4
voix, et di.v canons circulaires. En outre, il a
laissé inédits un Traité d'harmonie pour les ins-
trumentistes, et beaucoup de messes, psau-
mes et autres morceaux de musique d'église
L.-F. C.
* OTS (CuAULEs), violoniste et compositeur,
naquit à Bruxelles. Cet artiste a fait représenter
à Gand, où il s'était fixé, trois opéras-comiques
dont voici les titres : 1° la Ruse villageoise^
un acte , 2 janvier 179G ; 2" Jean Second ou
Charles-Quint dans les murs de Gand, un
acte, 19 décembre 181C; 3" David Téniers, un
acte, 28 octobre 1818.
Une fille de cet artiste, M^'^ Emilie Ots, née à
Gand le 24 avril 1808, fut élève de son père, et
embrassa la carrière lyrique. Elle fit ses débuts à
Gand, fit successivement partie des troupes de
diverses villes des départements français, Amiens,
Rouen, le Havre, et appartint un instant au per-
sonnel du théâtre de l'Opéra-Comique à Paris
(1827).
OTTAVIAA'I ( ), compositeur italien,
est l'auteur d'un opéra, Ester, qui a été repré-
senté à Messine en 1865.
* OTTO (Ernest-Jules), organiste et compo-
siteur, est mort à Dresde le 5 mars 1877.
OTTOLIIXI (Yittore), écrivain italien, est
l'auteur d'un écrit intitué : il Teatro in Jtaliu,
sioria, dedicata agli artisti teatrati e agli
allievi dei Conservatori (MWan, 1876).
OUDOT ( ), [musicien français, vivait
dans la seconde moitié du dix-septième siècle. •
Il prit part, au mois d'avril 1683, avec trente-
quatre autres artistes, à un concours ouvert
pour les quatre places de maîtres de la chapelle
du roi, vacantes à la fois, et qui furent adju-
gées à Lalande, Minoret, Culasse et Goupillet.
On peut voir, dans le Mercure galant, les dé-
tails relatifs à ce curieux concours. Au mois de
juin de la môme année, l'académicien Charles
Perrault, l'auteur des Contes de fées, donnant
chez lui une grande fête pour célébrer la nais-
sance du duc de Bourgogne, faisait représenter
à cette occasion un petit opéra dont il avait
écrit les paroles et Oudot la musique, et que le
roi voulut entendre ensuite. On a de cet ar-
tiste un recueil de chants religieux dont voici
le titre : Siances chrétiennes de M. L. T.
(l'abbé Testu), mises en musique à deux, trois,
et quatre parties, avec des symphonies, par
M. Oudot (Paris, Ballard,1692, in-4''). La même
édition de cet ouvrage a été remise dans le com-
merce par Ballard, en 1722, avec un nouveau
titre et un nouveau privilège.
OUDRID Y SEGURA (Cristobal), chef
d'orchestre et compositeur dramatique espagnol,
né à Badajoz le 7 février 1829, est mort presque
subitement à Madrid au mois de mars 1877.
On ne sait rien de son enfance, et l'on ignore de
OUDRID Y SEGURA — OVEJERO Y RAMOS
291
quelle façon et avec quels maîtres il fit ses pre-
mières études, car Oudrid s'est toujours obstiné-
ment refusé à donner sur lui le moindre rensei-
gnement, même à son intime ami M. Baltasar
Saidoni, lorsque celui-ci entreprit la publication
de son Dictionnaire des musiciens espagnols.
Oudrid se rendit à Madrid en 1844, lorsqu'il
n'était encore âgé que de qninze ans, ;et dès
1849 il commença à produire ses premières com-
positions pour l'orchestre. Bientôt il cherciia à
aborder la scène, et il y réussit assez rapidement,
donnant successivement sur divers tiiéàtres de
Madrid un assez grand nombre de zarzuelas,
dont plusieurs furent accueillies avec une véri-
table faveur. 11 lit partie, avec MM. Arrieta, Bar-
bieri, JoséRogel, Reparaz, Caballero, Hernandez,
Sunjer, Inzenga, de ce petit groupe d'artistes
qui surent remettre ce genre en honneur, et il
partagea avec eux la faveur populaire. En même
temps, Oudrid se faisait connaître comme chef
d'orchestre, remplissait ces fonctions dans divers
théâtres, et y déployait une réelle habileté ; en
1867, il était chef des chœurs au théâtre italien
dç Madrid, en 1872 chef d'orchestre au théâtre
de la Zarzuela, et depuis plusieurs années occu-
pait le même emploi au théâtre de l'Oriente.
Voici une liste des zarzuelas écrites par Ou-
drid; nous ne la donnons pas comme complète ;
Buencis noches, scnor don Simon, 16 avril
1852; a lîey muerio ; Concha ; los Encantos
de Brijan ; Enlace y desenlacc ; Equilibrios de
amor ; el Hijo del regimiento ; Memorias de
un estudiante; Nadie se viuere hasta que
Bios quiere, un acte ; los Polvos de la madré
Celestina; Por amor alprojnno; el VlHmo
mono (30 mai 1859); el Postillon de la Rioja
(2 actes, 7 juin 1856j; la Isla de San Balan-
dran (un acte) ; Bazar denovias (un acte,théâtre
des Variétés, 9 mars 1867) ; la Pata de Cabra
(3 actes); la Revista de 186G y 1867 (un acte,
théâtre du Chque, 24 décembre 1866) ; Mister ios
de bastidores; la Espada de Satanas (féerie
en quatre actes, théâtre des Variétés, 23 février
1867); los Comicos de Alcorcon ; los Pages
del Rey (théâtre de la Zarzuela, décembre 1876).
Oudiid a encore donné, en collaboration avec
plusieurs autres compositeurs , la Cola del
Biablo ; Estebanillo ; Dalila; Matildey Malek-
Adel; Escenas de Ckamberi (théâtre des Va-
riétés, 19 novembre 1850) ; Por seguir à una
mujer (4 actes, théâtre du Cirque, 24 décembre
1851) ; un Dia de reinado (3 actes, Cirque, 11
février 1854); el Testamento azul ;(3 actes,
théâtre du Buen-Retiro, 20 juillet 1874).
* OUSELEY (SirFREDERICE-ARTHUR-GORE),
un des, musiciens anglais les plus distingués
de l'époque actuelle, est aujourd'hui recteur du
collège Saint-Michael, de Tenbury, tout en se
trouvant chargé de l'éducation musicale classique
et chorale des enfants.
Professeur de musique à l'université d'Oxford
depuis 1855, sir Ouseley s'est acquis sous ce
rapport une solide renommée, et n'est pas moins
estimé comme compositeur de musique religieuse
et comme théoricien proprement dit. On lui doit
la musique de plusieurs antiennes remarqua-
bles, dont une surtout est devenue populaire :
How goodly are thy tenis, o Israël ! (Combien
tes tentes sont gracieuses, ô Israël!), et celle
d'un grand oratorio : Ilagar, qui a été exécuté
pour la première fois au festival d'Hereford, au
mois deseptembre 1873, et tiès-bien accueilli.
Outre un Traité d'harmonie et un Traité de
contre-point et fugue (1809), M. Ouseley a pu-
blié aussi plusieurs recueils de musique d'église
ancienne et moderne, et il a donné, en société
avec M, le docteur Monk, les Chants du psau-
tier anglican (1872). S^r^ '
En 1861, M. Ouseley s'est fait remarquer par
ses travaux comme membre du jury musical
de l'Exposition universelle de Londres. Il est
l'un des collaborateurs de l'ouvrage intéressant
dont la publication a commencé récemment à
Londres, sous le titre de Dictionary ofmusic
andmusicians et sous la direction de M. George
Grove (Londres, Macmillan, in-8").
OUVRARD ou OU VUOIR (Jean), luthier,
était établi à Paris en 1743 et paraît n'avoir pas
été sans talent. Le père et le grand-père de cet
artiste étaient sansdoute luthiers eux-mêmes, car
on assure qu'un Ouvrard fut élève de Pierret,
qui exerçait cette profession sous les règnes de
Henri IV et de Louis XIII.
OVEJERO Y RAMOS (Ignacio), com-
positeur et organiste espagnol, né à Madrid le
l^' février 1828, reçut ses premières leçons de
musique d'un organiste nommé Gimeno, et ter-
mina ses études sous la direction d'un artiste
distingué, Ledesma, maître de la chapelle royale
de Madrid, Il n'était âgé que de onze ans lorsque,
dit-on, il écrivit une ouverture à grand orches-
tre, dont il dirigea lui-même l'exécution au théâ-
tre del Principe, et il avait à peine accompli .sa
vingtième année quand il fit représenter sur celui
du Cirque, le 18 mars 1848, un drame lyrique
italien intitulé Fernando Cortez, Le principal
rôle féminin de cet ouvrage était rempli par une
adorable cantatrice, Angiolina Bosio {Voy. ce
nom), enlevée trop tôt à l'art quelle semblait
appelée à illustrer.
Pourtant, malgré ces débuts dans le genre
dramatique, c'est surtout dans la musique reli-
292
OVEJERO Y RAMOS
gieuse que M. Ovcjero s'est exercé par la suite ;
il n'a pas écrit, en effet , moins de deux cents
œuvres pour l'église, parmi lesquelles il s'en
trouve de fort honorables, lin 1858, cet artiste
a été nommé professeur suppléant de la classe
d'orgue au Conservatoire de Madrid, et le 30
août de cette année il donnait au théâtre du Cir-
que une zarzuelaen un acte intitulée ?a Cabana.
Comme chef d'orchestre, il est chargé de la di-
rection des principales fêtes religieuses de la
cour d'Espagne.
«&-«;=-
PACEY (Frédéric-William), organiste et
compositeur anglais contemporain, bachelier en
mnsique, fut d'abord l'éîève du docteur J. Peck,
à Londres, puis étudia le piano, l'orgue et la
théorie de l'art à Oxford, sous la direction du
docteur Corfe. D'abord chef de chœurs à
l'Union chorale d'Abingdon (18G5), organiste de
l'église Saint-Paul à Oxford (1865-1873), puis
chef d'orchestre de l'Association musicale d'A-
bingdon, il devint en 1874 organiste, et ensuite
chef de chœur à legHscde la Trinité de Bolton.
On doit à cet artiste diverses antiennes, des
chants religieux, des hymnes, des mélodies vo-
cales et des compositions pour l'orgue.
* PACHER (Joseph-Albert), pianiste et
coraiwsiteur, est mort à Gmunden (Wurtemberg)
le 3 septembre 1871.
* PACINI (André), sopraniste renommé, était
né à Lucques vers 1705, et en 1730 chantait
ÏArtaxeixe de Hasse sur le théâtre de sa ville
natale. S'il ne se livra point d'une façon active à
la composition, il devait néanmoins être fort bon
musicien, car les registres de la compagnie <le
Sainte-Cécile de Lucques constatent qu'il écrivit
un service religieux qui fut exécuté à l'occasion
de la fête de cette sainte. André Pacini vint sans
doute, après sa retraite, passer ses derniers jours
dans sa ville natale, car il y mourut en 1764.
* PACII\I (Antomo-Francesco-Gaetano-
Saverio), d'abord compositeur, puis éditeur de
musique, est mort à Paris le 10 mars 1866.
Pacini ne se rendit pas immédiatement à Paris
après avoir quitté N'aples , sa ville natale. Il se
fixa d'abord à Nîmes, oii il devint chef d'or-
chestre du théâtre, et où il fit exécuter d'abord,
à la cathédrale, une grande composition religieuse,
ensuite, dans un pensionnat où il donnait des le-
çons, une cantate en l'honneur de Bonaparte,
et enfin, pour l'inauguration de la nouvelle
salle de spectacle, un opéra-comique, Isabelle et
Gertrude, dont il avait écrit la musique sur un
ancien livret de Favart. Martin et Elleviou, alors
en représentation à Nîmes, ayant entendu cet
ouvrage, engagèrent son auteur à se rendre à
Paris, où il arriva en effet en 1804. 11 y fut d'a-
bord professeur de chant, et donna des leçons
aux nièces de Joseph Bonaparte, à la maréchale
Bernadotte, à l'ambassadrice de Naples, à la
princesse Borghèse, etc.
Il songea ensuite à aborder le théâtre, et donna
successivement quatre ouvrages : Pohit d'ad-
versaire (théâtre Montansier, 8 août 1805) ; Isa-
belle et Gertrude (th. Feydeau, 1" mars 1806);
le Voyage impromptu (th. Montansier, 5 août
1806); Amoitr et mauvaise tête, ou la Répu-
tation (th. Feyileau, 17 mai 1808). Au bout de
quelques années, cependant, Pacini renonça
à la carrière du théâtre. Bientôt il se fit éditeur
de musique, et c'est à lui que l'on doit la
vulgarisation en France des opéras des com-
positeurs italiens qui ont illustré ce siècle :
Rossini, Donizetli, Bellini, etc. Depuis long-
temps déjà sa maison de commerce était fio-
rissante, et il avait renoncé lui-même à la
composition pour s'attacher à la publication
des œuvres de ses confrères, lorsqu'un événe-
ment vint le ruiner, à la suite duquel ceux-ci se
réunirent pour le sauver. Le fait a été raconté
en ces termes, en 1865, dans le Journal de
Rouen, par Amédée Méreaux, qui avait bien
connu Pacini : — «... Son magasin, situé sur le
boulevard, au coin de la rue Marivaux, fut brûlé
par l'incendie du théâtre Favart vers 1835. Tout
le fonds de Pacini fut la proie des flammes. C'é-
tait une ruine; mais la sympathie (!f tous les
artistes le sauva de ce désastre. On renouvela en
sa faveur le livre des Cent et un ; de tous les pays
il reçut des manuscrits pour le piano, pour la
voix, de cent et un compositeurs français ou
étrangers, et cette publication sans droits d'au-
teur lui rapporta d'autant plus qu'elle ne lui
avait rien coûté. »
* PACIÎM (Giovanni), l'un des compositeurs
les plus féconds de l'Italie au dix-neuvième
siècle, le contemporain et l'ami de Rossini, de
Bellini, de Donizetti, de Mercadante, des deux
Ricci, de Carafa, de Coccia, de Coppola, est
mort à Pescia le 6 décembre 1867. II élait né,
non à Syracuse, mais à Catane le 17 février 1796,
écrivit à l'âge de dix-sept ans son premier ou-
vrage dramatique, et ne fit pas représenter moins
de 71 opéras, sans compter les douze ou quinze
partitions qu'il laissa en portefeuille, ni les can-
tates, hymnes, messes, etc., qu'il fit exécuter
en grand nombre.
Je ne crois pas inutile de dresser ici de nou-
veau, dans son entier, le catalogue des œuvres
de ce maître, d'après celui, très-complet, qu en
294
PACLM
adonné M. FilippoCicconclti; voici ce catalogue,
qui corrigera les erreurs el les omissions contenues
dans ceux qu'on avait antérieurement publiés. —
A. — Opi:r.As. 1" Annetta e Lucindo, bouffe,
Milan, tb. Santa-Radegonda, 1813; 2" VEsca-
vazione del Jesoro, bouffe, Pise, 1814; 3° VAm-
hizïone delusa, bouffe, Florence, tb. de la Per-
gola, 1814; 4». (//<■ Sponsali de' Silfi, bouffe,
Milan, th. Re, 1814 ; 5° Dalla heffa al disin.
ganno, id., id., id., 1815; 6° il Matrimonio
per procura,'u\., id.,id., 1815; 7° il Carnevale
di Milano, id., id., id., 1815; 8* Piglia il
mondo corne viene, id., id., id., 1815; 9" il
SeguHo di Ser Mercantonio, bouffe, Venise,
tb. San-Mosè, 1815; iO" VIngenua, bouffe, Ve-
nise, th. San-Benedetto, 1816; 11" Adélaïde e
Comingio, bouffe, Milan, th. Re, 1816 ; 12° la
Sacerdotessa d'Irminsul, sérieux, Trieste,
1817 ; 13° A/flZa, sérieux, Padoue, 1818; 14" il
Barone di Dolsheim, sérieux. Milan, Scaia, 25
septembre 1818 ; 15" la Sposa fedele, sérieux,
Venise, th. San-Benedetto, 1819; 16" il Fale-
gname di Livonia, sérieux. Milan, Scala, 1819 ;
17" Wallace, id.,id., id., 1820; 18" Za Sc/iiava
di Bagdad, bouffe, Turin, tb. Carignan, 1820 ;
19" la Gioveniù d' Enrico F, bouffe, Rome, th.
Valle, 1821; 20° Cesare in Egitto, sérieux,
Rome, th. Argentina, 1822; 21" la Vestale, s,é-
rieux. Milan, Scala, 1823 ; 22" Temistocle, sé-
rieux, Lucques, 1823; 23° Isabella ed Enrico,
semi-sérieux, Milan, Scala, 1824; 24" Alessan-
dro nelVjndie, sérieux, Naples, tb, San-Carlo,
1824 ; 25° Amazilia, sérieux, id., id., 1825 ;
26" rvitimo Giorno di Pompei, id., id., id.,
19 novembre, 1825; 27" la Gelosia correila,
semi-sérieux. Milan, Scala, 1826; 28" Aiobe,
sérieux, IVaples, th. San-Carlo, 19 novembre
1820 ; 29" gli Arabi nelle Gallie, sérieux. Mi-
lan, Scala, 8 mars 1827 ; 30" Marghcrita d'In-
ghilterra, sérieux, Naples, th. San-Carlo, 1827;
31° i C racial i a Tolemaide, sérieux, Trieste,
1827 ; 32" i Cavalieri di Valenza, sérieux,
Milan, Scala, 1828 ; 33° il Talismano, semi-
sérieux, Kaples, th. San-Carlo, 1829; 34° i Fi-
danzali, id., id., id., 1829; 35° Giovanna
d'Arco, sérieux. Milan, Scala, 1830 ; 36° il
Corsaro, sérieux, Rome, th. Apollo, 1831 ;
37° Ivunhoe, sérieux, Venise, th. de la Fenice,
1832; 38° iZ Convitaio di pieira, sérieux, Via-
reggio, 1S32 ; 39° gli Elvezi,o Corrado di To-
chemburgo, sérieux, Naples, th. San-Carlo,
1833; 40° Fernando, duca di Valenza, id.,
id., id., 1833; 41" Irène di Messina, id., id.,
id., 1833; 42° Carlo di Borgogna, sérieux,
Venise, th. de la Fenice, 183i ; 43" Fiirio Ca-
millo, sérieux, Rome, tii. Apollo, 18iû; 44'
Haffo, sérieux, Naples, th. San-Carlo, 29 no-
vembre 18i0; 45" l'Uomo del mislero, semi-
sérieux, Naples, th. Nuovo, 1841; 40" la Ft-
danzata Corsa, sérieux, Naples, Ih. San-Carlo,
1841 ; 47° il Duca d'Alba, sérieux, Venise, th.
de la Fenice, 1842; 48' Maria Txidor d'In-
ghillerra,&éTm\\, Palerme, th. Caroline, 1843 ;
49" Luisella, o la Cantante del Molo, bouffe,
Naples, th. Nuovo, décembre 1843; 50" Medea,
.«sérieux, Palerme, th. Caroline, 1843; b]."iEbrea,
sérieux. Milan, Scala, I8'i4; 52" Lorenzino de'
Medici, sérieux, Venise, th. delà Fenice, 5 mars
1845; 53" Buondelmonte, sérieux, Florence,
th. de la Pergola, 18 juin 1845 ; 54° la Stella di
ISapoli, sérieux, Naples, th. San-Carlo, 1845; 55°
la Regina di Cipro, sérieux, Turin, th. Regio,
7 février 1846; 56" i»/ero/;e, sérieux, Naples,
th. San-Carlo, 1846 ; 57° Ester d'Engaddi, sé-
rieux, Turin, th. Regio, 1847 ; 58° Allan Came-
ron, sérieux, Venise, th. de la Fenice, 1848;
59" Malvina di Scozia, sérieux, Naples, th.
San-Carlo, 1851 ; (iO^Za/fira, bouffe. Naples, th.
Nuovo, 1851 ; 61" il Cid, sérieux. Milan, Scala,
1853; 62" Tiomilda di Provenza, sérieux, Na-
ples, th. San-Carlo, 1853 ; 63° la Punizione,
sérieux, Venise, th. delà Fenice, 1854; 64"
Margherila Pusterla, sérieux, Naples, th. San-
Carlo, 1850; 65" il Saltimbarico, sem\-sér\eu\,
Rome, th. Argentina, 24 mai 1858; 66° Lidia
di Brusselle, sérieux, Bologne, th. Communal,
1858 ; 67° Gianni di Nisida, sérieux, Rome,
th. Argentina, 1860; 68" il Mulattierc di To-
ledo, serai- sérieux, id., id., 1861 ; 6\)° Belfegor,
fantastique, Florence, th.de la Pergola, 1861 ;
70" Don Diego di Mendoza, sérieux, Venise,
th. de la Fenice, 1867; 71» Berta di Varnol,
sérieux, Naples, th. San-Carlo, 1867. ~B. —
Oratorios. 72" la Destruzione di Geriisalemme,
Florence, salle des Cinq-Cents, 1858 ; 73° Car-
cere Mamertino, Rome, salle du Capitole, 1807 ;
74" il Trionfo di GiudiUa ; 75° il Trionfo dclla
Religionc; Id" SanVAgnese. — C. —Canta-
tes ET IIV.MNES. 77° l'Omaggio più grato, Pa-
vie, 1819; 78° il Pure Omaggio, Trieste, 1822;
79' Cantate pour François I", Naples, 1825;
80" Cantate pour les noces de Marie-Christine de
Naples, 1830; 81° il Felice Imeneo , Naples,
1832 ; 82° Cantate pour Pie IX, Rome, C;ipitole,
1848; 83" Cantate pour l'empereur du Brésil,
1851 ; 84° Cantate pour Pie IX, Bologne, 1857 ;
85° Cantate pour l'empereur des Français ; 86°
Cantate pour les noces du prince Ferdinand de
Naples ; 87° Cantate pour les noces du prince
héréditaire de Toscane ; 88" Rossini e la Pairia,
cantate pour les fêles rossiniennes de Pesaro;
89" l'Italia catlolica, cantate pour l'Académie
PACINI
des Quirites, de Rome -. 90" Hymne àGuido d'A-
rezzo ; 91° Hymne pour le vice-roi d'Égyple ;
92" Hymne pour San-Marino ; 93° Hymne à la
"Vierge. — D. — Misiqle rkugielse. Messe à
la Madone del Castello, Milan, 1822 ; Messe à
8 parties réelles, dédiée à Grégoire XVI, 1827;
Messe exécutée à Viareggio en 1833; Messe de
Requiem, dédiée à la ville de Catane; Messe
exécutée dans l'église de Monlecarlo ; Messe de
Requiem, à la mémoire de Michèle Puccini ;
Messe de Requiem, pour le transport des cendres
de Bellini ; un grand noml»e de Messes à 3 et
4 parties avec accompagnement d'orgue et de
contre-basse ; un grand nombre de Messes à
grand orchestre; 2 Miserere; 1 De Profundis ;
beaucoup de services de vêpres, à 4 ou 8 parties
réelles, avec grand orchestre. — E. — Compo-
sitions DIVERSES. Chœurs pour l'Œdipe de So-
phocle, exécutés à Vicence en 1847 ; Dante,
symphonie ; Octuor pour 3 violons, hautbois,
basson, cor, violoncelle et contre-basse; 6 Qua-
tuors pour instruments à cordes ; Quatuor, dé-
dié à M""" Pacini ; Quatuor, dédié à Lucca ; 2
Trios pour piano, violon et violoncelle; un grand
nombre de duos, trios et quatuors pour piano et
instruments à vent ; divers morceaux pour harpe
et piano; un recueil de 6 romances; un recueil
de 5 romances et un duo ; un grand nombre de
chants détachés, à une ou plusieurs voix.
Pacini a laissé plusieurs opéras inédits ; M. Cic-
conettL cite seulement les suivants : Rodrigo dl
Valenza, la Donna délie isole , Carmelita,
Gusmano d'Almeida, Niccola de Lapi, El-
nava, Don Pomponio, et gl' Illinesi; mais à la
mort du compositeur on signala encore VAs-
sedio di Leida, Maria Siuarda, il Rinnegato
Portoghcse, i Virtuosi di teatro, VOrfanella
Svizzera, il Trionfo délie Belle, Elfrida, et
Lidia di Brabante. (Il me semble que ce dernier
ne doit faire qu'un avec celui mentionné plus
haut[n° 66], sous le titre de Lidia di Brusselle.)
En dehors de ses travaux de composition pro-
prement dits, dont le nombre est incalculable,
Pacini s'occupa beaucoup aussi de théorie et de
littérature musicale; collaborateur actif de plu-
sieurs journaux spéciaux, la Gazzetta musicale
(Naples), la Gazzetla musicale (Milan), Bocche-
rini (Florence), la Scena (Venise), VArpa (Bo-
logne), il Pirata (Milan), auxquels il fournissait
de nombreux articles d'esthétique, de critique et
de polémique, il a publié les ouvrages et opus-
cules suivants : 1° Corso teorico-pratico di le-
zicni di armonia; 1<^ Principj elementarj col
metodo del Meloplasto ; 3" Cenni storici sulla
musica, e Trattato di contrappiinto, Luc-
•ques, 1864 ; •4" Sulla originalità délia musica
PAËR
295
ilaliana; b" Memoria sul migliore indirizzo
degli studi musicali, Florence, Tofani, 1863 ;
6" Progetto pei giovani compositori, 1803 ;
7° Letlera ai Municipj italiani per una
scuola musicale, 1863; 8° Discorso in morte
di Michèle Pucini, 18G5 ; 9' Vita di Guida
d'Arezzo; 10° Discorso ai colleghi sul con-
corso alVufficio di Direttore nel Consenatorio
di Palermo, Pescia, 1862; 11" Discorso nel
primo pubhltco esperimento degli alunni delV
Istituto musicale in Lucca, Lucques, Landi,
1865 ; 1 2" Ragionamento sulV opéra del Tiron .-
Études sur la musique grecque; 13° Discorso
nel secondo pubblico esperimento degli alunni
delV Istituto musicale in Lucca, Pescia, 1867.
Enfin, Pacini a publié encore son autobiographie
sous ce titre.: le Mie Memorie artistiche, Flo-
rence, Guidi, 1865, in-16 (1) ; M. Filippo Cic-
conetti a donné, après sa mort, une suite à, ces
Mémoires : le Mie Memorie artistiche, di GiO'
vanni Pacini, continuale dall' avvocalo Fi-
lippo Cicconetti, Rome, Sinimberghi, 1872, in-
12.
Malgré de grandes facultés naturelles et une
imagination très-féconde, Pacini ne laissera dans
l'histoire de l'art qu'une trace superficielle. Il
n'avait pas suffisamment cultivé les heureux
dons qu'il avait reçus de la nature ; son éduca-
tion était restée imparfaite, et il s'est toujours
prodigué avec une sorte de fièvre, sans jamais
prendre le temps ni la peine de coordonner ses
inspirations et de châtier son style, de façon à
produire des œuvres sérieuses et durables. Je
me souviens qu'un jour, me trouvant avec Ros-
sini et passant en revue avec lui tous les musi-
ciens qui avaient brillé en Italie dans la première
moitié de ce siècle, le grand homme me dit en
parlant de Pacini, pour lequel il éprouvait une
sincère et profonde affection : — « Oh ! pour celui-
là, je pense que depuis sa jeunesse il a travaillé,
mais pas a.ssez. Il avait de la fantaisie pour qua-
rante compositeurs, et des idées charmantes ;
mais il n'a jamais su s'en servir. » Voilà ia vé-
ritable condamnation du système des producteurs
atout prix, dont Pacini faisait malheureusement
partie.
* PAER (Ferdinand). — Cet artiste célèbre a
collaboré, en compagnie de Berton, de Kreutzer
et de Méliul, à la partition de l'Ori/lumme,
ouvrage de circonstance donné à l'Opéra le 31
janvier 1814. Il a aussi, avec Auber, Batton,
(I) C'est, comme il le déclare lui-même, à l'instigation
de M. le docteur .\braiiio Basevi, que Pacini se décida à
coordonner et à publier ainsi les souvenirs de sa longue
existence artistique.
296
PAER — PALADILHE
Beiton, Blangini, Boieldieu, Carafa, Cberubini
et Ilérold, une part de collaboratiou dans la mu-
sique de la Marquise de BrinvilUers, repré-
sentée à l'Opéra- Comique, le 31 octobre 1831.
* PAGAI\1\I (Ercolk), compositeur drama-
tique italien. — A la liste des opéras de cet artiste,
il faut ajouter les deux suivants : 1" Olimpia,
Florence, 1804; 2° Lisiuga, Florence, 1808.
* PAGAMA'I (-XicoLAs). — On a publié ré-
cemment en Italie, sur cet artiste extraordinaire,
un écrit qui n'est point sans intérêt, mais dont
les détails un peu romanesques ne peuvent, pen-
sons-nous, être acceptés que sous bénélice d'in-
ventaire. Voici le titre de cet ouvrage : N'tccolo
Paganini, célèbre violinista genovese, rac-
contostorico dï Oreste]Bruni (Florence, Gallelti
et Cocci, 1873, in-8°). Plus récemment, en Alle-
magne, une dame, M"^ Elise Polko, a fait paraî-
tre un écrit que je n'ai pas eu sous les yeux,
mais qui, d'après son titre, semble établi sur
une donnée particulière ; cet écrit, publié à Leip-
zig en 1875, est intitulé Nicolo Paganini et
les luthiers (Nicolo Paganini und die Geigen-
bauer).
PAGANINI (Cesare), tbéoricien italien, a
fait paraître le manuel suivant : Nuova Teoria
musicale, Florence, 1865.
PAGES (Ali'boxse), écrivain français, est
l'auteur d'une brochure publiée sous ce lititre :
la Méthode vmsicale Galin-Paris-Chevé,
exposé historique (JPms, 18(J0, ia-8° de 31 p.).
Ce petit écrit, consacré à la glorilication du sys-
tème de la notation musicale chiffrée, cherche à
faire la part de chacun de ceux qui en ont été les
principaux promoteurs, et rappelle les efforts per-
sonnels de Jean-Jacques Rousseau, de Pierre
Galin, d'Aimé Paris, d'Érnile Cbevé et de
M"'" Chevé.
PAIXO (Alfonso), compositeur italien qui
vivait dans la seconde moitié du dix-septième
siècle, était maître de chapelle de la congréga-
tion de Sau-Carloà Modène. Il a écrit, pour cette
congrégation et à l'occasion de la fête de Sainte-
Cécile, nn oratorio intitulé il Baltcsimo di San
Vuleriano, qui fut exécuté en 1665.
* PAISIELLO (Jea.n). — A la liste des œu-
vres drainaticpies de cet artiste célèbre, il faut
ajouter les suivantes, dont les manuscrits
sont conservés dans les archives du Conserva-
toire royal de Naples : 1" il Crédule deluso,
opéra bouffe en 3 actes, Naples, théâtre Nuovo,
1774; 2' le Trame per aiuore, id., id., id.,
1785 ; 3° VAmor contrastato, id., id., th. des
Fiorentini, 1789 ; 4° la Zelmira, opéra sérieux
en 3 actes; 5" la Daunia /elicc, fête théâtrale,
Foggia, 1797 ; G" Amor vindicato, cantate à 4
voix, chœur et orchestre, 1786; 7" Cantate en
l'honneur de saint Janvier, Naples, 1787; &° Sil-
vio e Clori, cantate ; 9" Mosè in Egitto, can-
tate, Naples, th. San-Carlo.
PALADILHE (Emile), compositeur, né à
Montpellier (Hérault), le 3 juin 1844, fut une
sorte d'eulant prodige. Admis fort jeune au
Conservatoire de Paris, il y fit des études extrê-
mement brillantes sous la direction de M. Mar-
montel pour le piano, de Benoist pour l'orgue,
et d'Halévy pour le contre-point, la fugue et la
composition. Dès l'âge de douze ans, en 1856, il
obtenait au concours un second prix de piano
et un premier accessit de fugue; l'année suivante,
il remportait un brillant premier prix de piano ,
se voyait décerner un second accessit d'orgue en
1858, et en 1859 obtenait le premier accessit.
En cette même année, le jury du concours de
Rome lui accordait une mention honorable. Enfin,
en 1860, après avoir reçu un second prix d'or-
gue, il emportait de haute lutte, bien qu'à peine
âgé de seize ans, le premier grand prix de Rome.
Sa cantate de concours, intitulée Ivan IV et
écrite sur des paroles de Théodore Anne, fut
exécutée à l'Opéra le 7 décembre 1860.
Malheureusement, M. Paladilhe n'a pas tenu
jusqu'ici tout ce que faisaient présager de si bril-
lants succès d'école. Est-ce insouciance, est-ce
lassitude précoce ? c'est ce que je ne saurais
dire. Dès le commencement de 1860, avant
même d'avoir obtenu le grand prix de Rome, il
donnait un concert dans lequel il se produisait à la
fois comme virtuose et comme compositeur, et
où il faisait entendre des fragments d'un opéra-
comique en 3 actes intitulé la Reine Mathilde.
Peu de temps après, il publiait chez l'éditeur
M. Heugel une série de trois morceaux de piano
sous ce titre : Premières Pensées, et pendant
son séjour à Rome il envoyait successivement à
l'Académie des Beaux-Arts une Messe solennelle,
un opéra bouffe italien, une ouverture et une sym-
phonie en mi bémol. Mais une fois de retour à
Paris, où il rapporta une charmante mélodie vo-
cale, Mandolinat((, qui eut un succès colos-
sal, il sembla se tenir systématiquement à l'écart,
et pendant près de dix ans ne fit parler de lui en
aucune façon. Ce n'est que le 27 avril 1872 qu'il
aborda pour la première fois la scène en donnant
à l'Opéra- Comique un ouvrage en un acte, le Pas-
sant, qui n'était que l'adaptation lyrique de la
comédie que M. François Coppée avait fait jouer
sous ce titre, à l'Odéon, avec tant de succès. La
musique du Passant, quoique empreinte d'une
jolie couleur, était plutôt l'(euvre d'un rêveur
qued'un vrai musicien scénique; l'ouvrage n'eut
que peu de représentations. M. Paladilhe ne fut
PALADILHE — PALLONI
297
pas plus heureux avec l'Amoiir africain, opéra-
comique en 2 actes qu'il donna au même théâtre
le 8 mai 1875. Depuis lors, l'artiste ne s'est
communiqué au public que par deux recueils de
chants : 20 Mélodies (Paris, Hartmann), et Six
Mélodies écossaises (id., id.), dans lesquels on
distingue plusieurs pièces pleines de charme et
de grâce (1).
PALELLA (Antoine), compositeur italien,
né à >'aples, vivait en cette ville dans la première
moitié du dix-huitième siècle. 11 y fit représenter
en 1741, sur le théâtre Nuovo, un opéra bouffe
intitulé VIncanti per amore. Je n'ai pas d'au-
tres renseignements sur cet artiste, dont le nom
est resté complètement obscur.
*PALESTR1\A (Giovanni PIERLUIGI,
surnommé DA). — On a publié sur cet artiste
immortel : 1° Palestrina, par E.-J. Delécluze
(Paris, 1842, in-8°), extrait de la Revue de Paris;
2'^ Giovanni Pierluigi da Palestrina, par Théo-
dore >jsard (s. l. n. d. [Paris, Repos], in-8") ;
3° Elogio di Giovanni Pierluigi da Palestri-
na^ detto dal canonico Agostino Bartolini in S.
Maria in Vallicella il 1° febbraio 1870 (Roma,
tip. Camerale, 1870).
PALIANTI (Louis-Pierre-Marie) , né à
Cadix le 9 septembre 1810, suivit ses parents en
France à l'âge de sept ans, fitde bonnes études, et
embrassa de bonne heure la carrière lyrique.
Après avoir tenu l'emploi des secondes basses-
tailles à Nantes, à Versailles et à Dijon, il fut en-
gagé à ropéra-Coraique, pour y remplir les
fonctions de régisseur en même temps que pour
y jouer des rôles secondaires (183G). Il conserva
cette situation pendant plus de trente ans, et
n'avait pris sa retraite que depuis peu lorsqu'il
mourut à Paris, le 5 novembre 1875, dans la
maison de Sainte-Périne;
Palianli a \mh\\ii \m Almanach des Spectacles
pour 1852 et 1853 (Paris, Brière, 2 vol. petit
in-8°), et a commencé une autre publication in-
titulée : Petites Archivesdes théâtres de Paris,
souvenirs de dix ans, dit l" janvier 1855 «m
31 décembre \86'i et des six premiers moisde
1865.11 n'a paru de ce recueil que la première li-
vraison, consacrée à l'Opéra (Paris, Gosselin,1865,
in-12), et d'ailleurs entachée d'erreurs fâcheuses
et de fautes typographiques impardonnables.
Palianti, qui avait fondé pendant son séjour à
(I) Au moment où je corrige les épreuves de cette no-
tice, 51. Paladilhe vient de donner à l'Opéra-Comique
(janvier 1S79) un charmant ouvrage en 3 actes, Suzanne,
plein de grâce, de fraicheur et de jeunesse, et qui sem-
ble promettre à la scène française un musicien doué des
plus solides et des plus sérieuses qualités. La parti-
tion de Suzanne a été pour le public la révélation d'un
talent neuf, personnel et plein de sève.
Dijon une petite feuille intitulée l'Entr'ucle, a
collaboré à quelques journaux de théâtres pari-
siens, et a publié toute une série de mises en
scène des ouvrages représentés à l'Opéra et à
l'Opéra-Comique.
PALIARD (Léon), amateur de musique,
était chef d'une importante maison de commerce
de Lyon lorsqu'il fit représenter sur le Grand-
Théâtre de cette ville, le 28 février 1855, un
opéra-comique en un acte, intitulé l'Alchimiste,
dont les deux rôles principaux étaient tenus par
M. et M'"' Barbot {Voy. ces noms). M. Paliard
avait reçu d'ailleurs une assez bonne éducation
musicale, et avait été l'élève d'Adolphe Adam.
Quelques années plus tard, le 13 décembre 1861,
il donnait à Paris, au Théâtre-Lyrique, la Tête
enchantée, opéra-comique en un acte. Mais j'ai
lieu (le croire que cet ouvrage ne faisait qu'un
avec le précédent, et que le titre seul en avait
été changé. M. Paliard a écrit aussi les paroles
et la musique d'un chant patriotique. Déli-
vrance, qui a été exécuté au Grand-Théâtre de
Lyon, en février 1872, dans un concert donné
au profit de l'œuvrede la libération du territoire.
PALLOIXI (CAiETANo),est né le 4 aoiU 1831
à Camerino, dans la Marche d'Ancône. En 1832,
sa famille s'établit à Termo, autre ville de la
Marche. Dès l'âge de six ans il conunença l'é-
tude du piano et de l'orgue, et il avait onze ans
quand son père, le chevalier avocat Antoine
Palloni, confia son instruction musicaleà CeHini
{Voy. ce nom), qui était revenu depuis peu dans
sa ville natale, après avoir été étudier la com-
position à Naples sous Zingarelli et Mercadante.
C'est sous la direction de ce maître que Palloni
étudia l'harmonie, la composition et le chant. Il
devint en [peu de temps l'organiste favori des
principales églises de Tenno, et fut en outre
maître des chœurs et sous-directeur des spec-
tacles au théâtre de la même ville. En 1855,
ayant perdu son père, on lui offrit la maîtrise de
l'église San-Benedetto del Tronto ; mais, quel-
que avantageuse que fût celte offre, il la refusa
pour se rendre à Florence, afin d'y compléter
son éducation musicale sous la direction de
M. MabeUini [Voy. ce nom), et ne tarda pas à s'y
produire avec des compositions qui permettaient
de fonder sur luidegrandes espérances. En 1858,
il fit exécuter dans l'église des SS. Michel et
Caïetan, de Florence, une grand'messe de sa
composition, et cette œuvre obtint un tel succès
qu'elle lui valut le litre de maître de chapelle
honoraire de la congrégation de Sainte-Cécile,
établie 'dans la môme église. Il publia la même
année, chez Lorenzi, son premier alburn de
musique vocale de salon, dont le succès l'encou-
298
PALLONI — PANE
ragea à s'adonner de préférence à ce genre de
productions ; M. Pâlloni en est déjà à son 17«
album publié. Les romances, nocturnes, mélo-
dies, ballades, sforneUi à une ou plusieurs voi\
avec accompagnement de piano de M. Palloni
méritent la faveur qu'ils ont obtenue par l'ex-
pression toujours juste, le bon goilt, le senti-
ment, l'élégance qui les distinguent; ce sont
de petits tableaux, mais des tableaux parfaits
dans leur genre. Ces compositions ont été édi-
tées par Lorenzi, de Florence, et pau Fanti et
Ricordi, de Milan (I).
M. Palloni est chevalier de la Couronne d'I-
talie, associé honoraire de la Société pliilharmo-
nique et membre résident de l'Institut royal de
musique de Florence.
L.-F. C.
* PAL]\IA(SiLVESTno), compositeur drama-
tique italien. — Aux ouvrage signalés au nom de
cet artiste, il faut ajouter il Naturaliste im-
viaginario, opéra représenté à Florence en
1806.
PALMER (CIURLES-AvsTI^), pianiste fran-
çais et compositeur pour son instrument, est né
àRio-Janeiro le 6 mai 1840. Sa première éduca-
tion musicale lui fut donnée par sa mère, et il
travailla ensuite, au Brésil, avec un professeur
allemand nommé F. -A. Nolte. Venu en France, il
étudia le piano sous la direction de M. Charles
Jeltsch, et fit un cours d'harmonie et de compo-
sition avec Adolphe Lecarpentier. Ses études
terminées, il se consacra à Paris à l'enseigne-
ment, et s'occupa en même temps de composi-
tion. Il a publié, chez les éditeurs MM. Brandus,
Clioudens et Leduc, un certain nombre de mor-
ceaux de genre pour le piano, parmi lesquels on
distingue : Boléro, les Fleurs des Tropiques,
valse, Murmures, Chasse au bois, scherzo-fan-
laisie, etc., etc.
PALMIERI (F ), compositeur italien,
a donné en 1871, sur l'un des théâtres de ta-
pies, un opéra intitulé la Fortuna iVun poeta.
Le 4 décembre 1878, il a fait représenter, sur
le théâtre des "Variétés de la même ville, une
opérette (|ui avait pour litre il Ratio délie Sa-
bine.
PALMIXTEUI (ANTONfo), musicien italien
contemporain, a fait représenter à Monza, le 12
octobre 1878, un opéra en 4 actes intitulé Ar-
rigo H.
(1) Parmi ces albums, nous signalerons les suivants;
ilSentimento {9mé]0(He^]; Fiori d'amore {R): Amorec
musica ifi) ; Eco del cuorc (i); Vemicri romantic i [t] ;
Raggi délia itma (8) ; VArpa mclanconica (6); Armonie
d'umore (6); Mcssagi d'AprilexCi I.acrime e sorrisn
W ; Pcnsiero ed anima (8); Sospiri c spcranze (3) ; Mis-
teri del cuore(i)\ Perlé e rugiadeW , ctc..,e\c. - .\.I'.
PALOSCIII (Giovanni), employé de la
grande maison d'édition musicale de M. Ricoidi,
à Milan, est l'auteur d'un intéressant Annuario
musicale îiniversale publié en 1870 (Milan, Ri-
cordi, petit in-4"), et dont une seconde édition,
très-augmentée et considéi-ablement améliorée, a
paru en 1878. M. Paîoschi, qui prend une part
active de collaboration à la Gazzetta musicale
de Milan, est le traducteur de plusieurs ouvrages
théoriques et didactiques allemands et français,
publiés par M. Ricoidi. 11 est aussi le rédacteur
de l'excellent et magnifique catalogue de la
maison Ricordi, qui forme un volume in-S" de
plus de 700 pages.
PALUiMBO (CosTANTiNo), pianiste et com-
positeur, né le 30 novembi-e 1843 à Torre
Annunziata, dans le royaume de Naples, fut ad-
mis en 1854 au Conservatoire de cette ville, oii il
fut élève de Lanza et de Russo pour le piano, et
où il eut Meicadante pour maître de composi-
tion. Ses études terminées, il entreprit, vers
1864, un voyage artistique, se fit entendre à
Milan, à Bologne et dans plusieurs autres gran-
des villes de l'Italie, vint en 1867 à Paris, où il
donna deux concerts et où il reçut des conseils
de MM. Henii Herz et Planté, se rendit à Lon-
dres, où il se fit connaître aussi comme viituose,
puis retourna à Naples et y donna aussi de
nombreux concerts, se produisant fréquemment
en compagnie de Thalberg. Depuis lors il s'est
consacié à l'enseignement et est devenu profes-
seur de piano au Conservatoire (1873), ce qui ne
l'a pas empêché de publier environ 70 compo-
sitions pour son instrument. M. Palumbo a
écrit aussi un opéra sérieux. Maria Stuarda,
qui a été représenté sur le théâtre San-Carlo le
23 avril 1874. Au nombre des œuvres pour le
piano publiées par M. Palumbo, on remarque
les suivantes : 3 Préludes et fugues (op. 49, 50,
51) ; 2 Romances sans paroles (op. 3); 2 Valses
(op. 34) ; 2 Nocturnes (op. 37 et 38) ; Tre Pen-
sieri (op. 39); Andanle (op. 40) ; Élégie (op. 41);
le Fate, caprice (op. 6); Tarentelle (op. 7);
etc, etc.
PAMPHILOIX (Edward), luthier anglais,
était établi à Londres dans le courant du dix-
septième siècle. Ses instruments, dit-on, étaient
assez défectueux et n'avaient qu'une valeur se-
condaire; mais il savait les recouvrir d'un bon
vernis, qui leur donnait un agréable aspect.
* PAXCALDl (Carlo). — Outre l'écrit
mentionné à son nom, ce dilettante est encore
l'auteur de l'opuscule suivant : Vita di Lorenzo
Gibelli, célèbre contrappuntista, Bologne,
1830.
PAA'E (Giu.sEri'E), compositeur et profes-
PANE — PANORMO
299
seur, est né à Naples le 21 mars 1836, et a fait
ses études au Conservatoire de cette ville, où il
eut pour professeurs M. Francesco Florinio pour
le chant, Gennaro Parisi pour riiarmonie et
Carlo Conti pour le contre-point et la composi-
tion. Il se rendit à Moscou en 1858, y fut nornmé
professeur de chant à l'Institut impérial Nicolas,
et après un séjour de plusieurs années en cette
ville, d'oii il fit divers voyages à Saint-Péters-
bourg, à Paris et à Londres, il retourna dans
sa patrie. Appelé en 1870 à Varsovie pour y
remplir les fonctions de professeur de chant au
Conservatoire, il n'a cessé depuis lors d'occuper
cet emploi. M. Pane a publié à Florence, à Mos-
cou et à Varsovie un grand nombre de comi)o-
sitions vocales : M'amastiniai, Triste RU orno,
Mio povero amor, Desolazione, Chiamatelo
desdno, etc.
PAXIAGUA (Cenobio), compositeur mexi-
cain, s'est fait connaître dans sa patrie par un
certain nombre d'oeuvres intéressantes, entre
autres par un drame lyrique intitulé Catherine
de Guise, qui a été représenté avec un grand
. succès sur le Théâtre national de Mexico, et
qui était, dit-on, la production la plus remar-
quable en ce genre qui fut due jusqu'alors à un
artiste de ce pays. Paniagua était pauvre et ou-
blié lorsqu'il mourut àVera-Cruz, au mois de
novembre 186.5.
PAXICO (Michèle), compositeur italien, né
à Naples le 16 juillet 1830, commença très-jeune
l'élude du piano, puis celle de la composition, d'a-
bord au Conservatoire de Naples, et ensuite à
celui de Milan. On raconte qu'il était doué d'une
mémoire musicale prodigieuse, à ce point
qu'un soir,.dans le salon du directeur d'un jour-
nal de Naples, il confondit d'étonnement le vieux
Pacini en lui jouant au piano, sans musique, la
plus grande partie d'un opéra nouveau de ce
maître dont la première représentation avait
été donnée la veille au théâtre San-Carlo.
La première œuvre que produisit M. Panico
fut une Messe à grand orchestre, qu'il fit exécu-
ter en 1855 dans l'église de San Giorgio de
Genovesi. Deux ans après, en 1857, il donnait
à l'ancien théâtre Nuovo un opéra intitulé la Fi-
glia di Domenico, dont le sujet était tiré d'un
ancien vaudeville français connu sous ce titre,
et en 1859 il faisait représenter sur la même
scène un second opéra, Stella. Le succès obtenu
par ces deux ouvrages avait encouragé la di-
rection à lui commander une troisième partition,
lorsque l'incendie du théâtre vint ruiner les
espérances du jeune artiste. Ce n'est qu'en
1875 que M. Panico put se reproduire devant
le public, en donnant sur le théâtre Nuovo,
reconstruit, une opérette intitulée Si e no. De-
puis lors il a écrit un nouvel opéra, Claudina,
qui n'a pas encore été représenté. M. Panico a
éci it diverses œuvres pour l'église, et il a pu-
blié des mélodies vocales, parmi lesquelles je
citerai un album, leGentiline (Naples, Cot-
tiau).
PAiVIZZA (GiACOMO), pianiste, composi-
teur et chef d'orchestre italien, né à Castellazzo
le T' mai 1804, a occupé pendant vingt ans, de
1839 à 1859, les fonctions de maestro al cem'
balo et de maestro concertatore au théâtre de
la Scala, de Milan. Compositeur distingué, il a
écrit la musique de plusieurs ballets, parmi les-
quels je ne puis citer que les suivants : 1" la
fiosiera ; 2" Merojye (en société avec Viviani),
Milan, théâtre de la Scala, 1832 ; 3° Famt (en
société avec Costa et Bajetti), id., id., 1S48;
4° Palmina (en société avec Santos et Pinte),
id., id., 1853; 5" Natta Saïb (en société "avec
M. SIrebinger), Vienne, Opéra impérial, 18G7. On
doit aussi à cet artiste la musique d'une farsa
intitulée la Collerica, donnée à la Scala le 25
novembre 1831, et celle d'un opéra bouffe,
t Ciarlatani, jouée au môme théâtre le 29 octo-
bre 1839.
Uu artiste dumêmenom, M. Achille Panizza,
était en 1872 maestro concertatore et chef
d'orchestre du théâtre Eretenia, de Vicence. Je
pense que c'est celui-ci qui est l'auteur d'un
opéra bouffe, le Nozzeper astuzie, représenté
sous le nom de Panizza en 1872. Je ne saurais
cependant affirmer duquel des deux est la musi-
que de cet ouvrage.
PANNAïN (Antonio), compositeur italien,
né à Naples le 31 janvier 1841, commença jeune
l'étude de la musique , et de 1853 à 1859 suivit
un cours complet d'harmonie et de contre-point
avec son oncle, M. Nicola Fornasini. A partir de
18C0, et tout en consacrant une grande partie
de son temps à l'enseignement, il se livra à la
composition et publia chez divers éditeurs toute
une série de morceaux de chant et de morceaux
de piano. Parmi ses œuvres inédites, on cite
quatre messes, dont trois avec orchestre, plu-
sieurs autres compositions religieuses, et deux
ouvertures pour orchestre, dont une a été exé-
cutée pendant vingt-quatre .soirées consécuti-
ves au théâtre Belliui, de Naples.
* PANOFKA (Henri), violoniste, composi-
teur et professeur de chant, est né à Breslau, le
3 octobre 1807. Cet artiste distingué s'est fixé
définitivement à Florence, depuis 1866, et n'a
cessé de s'occuper de l'enseignement théorique
et pratique de l'art du chant.
* PAXORMO (Vincent), luthier habile, né
300
PANORMO — PAPAVOINE
en Italie, vint s'établir en France dans la pre-
mière luoilié du dix-huitième siècle. M. Vidai,
dans son livre, les lastrumenis à archet, a
résumé ainsi les renseignements qu'il a pu re-
cueillir sur cet artiste : — «Il vint s'établir à Pa-
ris vers 1735, et y travailla jusqu'en 1780 en-
viron. Lutherie bien faite et infiniment supérieure
à tout ce qui se produisait alors à Paris : son
vernis est jaune clair. On rencontre aujourd'hui
dans le commerce de nombreux spécimens de
ses violons, altos et basses, qui ne sont pas dé-
daignés des connaisseurs. Panormo marquait
ses in>trutnents d'une étiquette soit en français,
soit en latin. La première était libellée : Vin-
cent Panormo, rue de V Arbre-Sec, Paris, 17..;
la seconde : Vincenzo Triusano Panormo fecit
Parisiis, anno 17... Dans le coin droit de cette
étiquette latine se trouve un petit cerle formé de
deux traits en pointillé entre lesquels se trouvent
les mots : armi cil Païenne; et au centre du
cercle, une liarpe, le tout surmonté d'une croix
pattée. Les dates extrêmes que nous avons re-
levées dans les instruments de Vincent Panor-
mo, faits à Paris, sont 173S et 1778. Nous ne
sommes pas autrement fixé sur la biograpbie de
Vincent Panormo. A partir de 1772, on rencon-
tre à Londres un lutbier de ce nom ; est-ce le
nôtre ou un de ses fils ? Nous nous rangerions
volontiers à la seconde hypothèse, puisque le
Vincent Parnomo de Paris a signé ses instru-
ments datés de cette ville jusqu'en 1778. Tou-
jours est-il que les biographes anglais indiquent
cinq Panormo comme ayant travaillé à Londres :
1" Vincent Panormo, arrivé à Londres vers
1772, mort en 1813 ; 2" Josepli, fils de Vincent ;
3" Georr/es-IoM!S,facteur d'archets; 4° Edouard;
5° Georges (1). »
* PAXSEROJV (Alciste-Matuieu). — Dans
son Annuaire des artistes français publié en
1832, Guyot deFère mentionnait en ces termes les
compositions religieuses de cet artiste distingué :
« Parmi ses compositions inédites sont trois
messes solennelles, dont une composée pour la
célèbre chapelle du prince Esterhazy ; un Re-
quiem et un De Profanais, exécutés à l'église
française de Vienne, en Autriche, pour l'anniver-
.saire, en 1817, de la mort de Louis XVI. A la
mort de Gossec, il improvisa un Pic Jesu qui
depuis s'est exécuté dans beaucoup de céré-
monies, entre autres à la mort de Calel, de
Nourrit père, etc. On lrou\e aussi, dans ses
manuscrits, un Miserere à ([uatre voix, ainsi
qu'un grand nombre de fugues. >•
(t) On peut consulter, sur les Panormo, le livre de
M. Jos. Pcarce, yiotins and violon makcrs, et celui
do M. Hart, the Fiolin.
Quant à la liste des oeuvres dramatiques de ce
compositeur, il y faut ajouter le Mariage dif-
ficile, petit ouvrage en un acte, qui fut repré-
senté au théAtre de l'Opéra-Comique le 19 fé-
vrier 1823. C'est aussi Panseron qui écrivit la
musique de trois couplets en trio qui furent
chantés au même théâtre, à l'occasion de la
naissance du duc de Bordeaux, le 29 septembre
1320, par Huet, Darancourt et M"* Boulanger.
D'après Vllisloire du Consercatoire.de Las-
sabatliie, Panseron avait été nommé professeur
adjoint de solfège dans cet établissement le 1'^''
janvier 1826, professeur de vocalisation le 1"
septembre 1831, et enfin professeur de chant le
1" janvier 183G.
PAI\ZINI (.\NGELo), pianiste, professeur et
compositeur italien, né à Lodi le 22 novembre
1820, a publié plus de deux cents œuvres de di-
vers genres pour le piano, pour le chant et pour
divers instruments. Parmi ces compositions, je
signalerai les suivantes : la Cariià, cantate ; 24
Solfèges pour 2 et 3 voix de femmes, adoptés par
le Conservatoire de Milan; G Ariettes ;ii Brin-
disi, chanson avec chœur ; All'eroica Venezia ,
Daniele Manin moreate, chant pathétique;
la Cetra lombarda, album de S morceaux ori-
ginaux pour le piano; l'Aurora del pianista,
morceaux courts et faciles sur des thèmes fa-
voris italiens ; Grande Sonate pour piano et har-
monium ; divers morceaux pour les mêmes ins-
truments ; plusieurs morceaux pour piano et
tlùte; Grand Duo pour deux flûtes; enfin des
nocturnes, caprices, mélodies, schcrzi, marches,
divertissements, des fantaisies sur des motifs
d'opéras et quelques morceaux de danse.
AL Panzini est professeur au Conservatoire de
Milan.
Lorsque, le 20 septembre 1871, on célébra
à Milan, par de grandes fêtes, lanniVersaire de
l'entrée à Rome des troupes italiennes, M. Pan-
zini fut chargé d'écrire l'un des trois hymnes de
circonstance qui furent exécutés en plein air,
sur la place du Dôme, Les deux autres étaient
dus à Mazzucato et à M. Perelli.
PAOLETTI(N ), pianiste et composi-
teur italien de l'époque actuelle, s'est fait con-
naître par la publication de plus de deux cents
morceaux de genre pour le piano, fantaisies, ar-
rangements, transcriptions, etc., tous ou pres-
que tous écrits sur des airs célèbres et des thè-
mes d'opéras populaires. J'ignore quelle est la
valeur de cette musi(|i,ie, qui semble beaucoup
plus une œuvre de commerce qu'un produit de
l'art.
*PAPAVOIXE( ).— Cet artiste fit repré-
senter à la Comédie-Italienne, le 7 décembre
PAPAVOINE — PAPILLON DE LA FERTÉ
301
17G1, un second ouvrage, intitulé le Vieux Co-
quet ou les Deux Amies. Celui-ci était en trois
actes , mais le livret, imité des Joyeuses Com-
mères lie Windsor, de Shakspeore, déplut si
fort au public, que la première représentation fut
aussi la dornière, et que cet opéra dut tMre re-
tiré, bien que la musique en eût paru agréable.
Parmi les pièces dont Papavoine écrivit la rau-
si(iuepourrAmbigu-Comique, et qui pour la
plupart étaient des pantomimes, je citerai les
suivantes : Alccste ou la Force de l'amour et
deVamilié; les Filets de Vulcain; le Fort
pris d'assaut; Zélie ; la Curiosité punie ; le
Magicien de village ou l'Aneperdu et retrouvé;
le Répertoire; etc., etc. Papavoine a publié
quelques oMivres de musique instrumentale, entre
autres : 1" Duo à la Grecque, à deux violons ;
2" Sympbonie avec iiautbois, llùles et cors de
chasse. Il avait fait exécuter au Concert spiri-
tuel, le 19 mai 1757, une symphonie pour plu-
sieurs instruments; peut-être est-ce la même
que celle dont il est ici question.
*PAPE (Jean-IIemu), habile facteur de
pianos, est mort le 2 février 1875 à Asnières,
près Paris, où il s'occupait encore de recher-
ches relatives à la construction de l'instrument
auquel il avait consacré toute sa vie. Depuis
longtemps déjà son (ils et son neveu lui avaient
succédé dans la direction de la fabrique fondée
par lui.
* PAPE (Louis), violoniste, violoncelliste et
compositeur allemand, est mort le 9 janvier 1835,
PAPER A (Le P. Giovanm- Antonio), compo-
siteur de musique religieuse, né à Lucques en 1 680,
fut maître de chapelle du séminaire de .Saint-lMar-
tin, de cette ville. De 1699 àl733, il lit exécuter,
ainsi que le constatent les registres de la com-
pagnie de Sainte-Cécile , quatorze services reli-
gieux à quatre voix, avec accompagnement ins-
trumental, à l'occasion de la fête de cette sainte.
Le P. Papera mourut à Lucques le 3 février 1746.
PAPIER (Lotis), organiste et compositeur,
né à Leipzig le 26 février 1829, reçut une excel-
lente éducation, et devint, en 1869, organiste de
l'église Saint-Thomas de sa ville natale. lia publié
un grand nombre de compositions, consistant en
pièces d'orgue, morcauxde piano, chœurs, etc.
Cet artiste estimable est mort à Leipzig le 13
février 1878.
PAPILLOX DE LA FERTÉ (Denis-
Pierre-Jean), fut inscrit à la paroisse de Notre-
Dame deChâlons le 18 février 1727, ainsi qu'il
résulte des copies de son acte de naissance et
<le son acte de décès (l"^"^ thermidor an II), con-
servées auxachivesde l'Opéra. Tout était encore
à dire, il n'y a pas plus de deux ans , sur cet
homme qui exerça une inlluence dominante à
ropéra vers la lin du siècle dernier, une inlluence
sui)érieure môme à celle du ministre qui déte-
nait le pouvoir nominal, mais qui laissait son
second gouverner. Ce personnage considérable
ne jouissait pas seulement d'une autorité occulte,
car lui-même était décoré du titre de commi.s-
saire du roi près l'Académie de musique ; mais
il avait su par son esprit d'intrigue, par son
habileté à flatter le tiers et le quart, se faire
peu à peu une place beaucoup plus grande que
ses fonctions ne le comportaient d'abord. Il sut
enfin occuper ce poste envié pendant les dix
années qui précédèrent immédiatement la Ré-
volution, et, ne fût-ce que par la durée de son
autorité, il méritait qu'on s'occupât sérieusement
de lui, alors même qu'il n'aurait pas eu une si
grande inlluence sur les destinées de notre
Opéra, partant sur celles de la musique drama-
tique en France. C'était d'ailleurs une figure
singulière et bien curieuse à étudier que celle de
ce Papillon de la Ferlé, parti d'une position assez
modeste et arrivé aux fonctions les plus enviées,
jouissant d'un crédit sûr et l'employant volontiers
pour ses favorites, homme aimable d'ailleurs et
très-affable, trop affable même, doué d'une
grande activité et d'un sens droit, ne boudant
pas au travail, imaginant, proposant, essayant
quantité de projets qu'il croyait être pour le bien
de l'Opéra, homme de mérite au résumé, mais,
pour employer une expression toute moderne,
faux bonhomme au premier chef. Ce n'était pas
assez d'un mot pour expliquer ce caractère
complexe, et il ne suffisait pas d'injurier la
Ferté, comme fait Castil-Blaze, le déclarant
« vieux dévot, libertin et frappé d'imbécillité
dès ses plus jeunes ans, « pour le juger. Celui-
là méritait mieux qu'une appréciation sommaire,
qui sut jouer un tel rôle dans notre histoire mu-
sicale, qui gouverna presque souverainement
l'Opéra durant une période aussi glorieuse pour
ce théâtre. La Ferté, dont l'activité était infati-
gable, est certainement un des hommes qui ont
le plus écrit durant leur passage aux affaires, et
les carions des Archives nationales ne sont pleins
que de ses lettres et rapports. Toute sa carrière
administrative, toute sa vie publique et privée,
toutes ses menées artistiques, toutes ses intrigues
galantes, sont maintenant percées à jour, grâce
aux nombreuses pièces que j'ai le premier pu-
bliées dans mes divers articles, brochures ou
livres sur l'Opéra au siècle dernier, et en parti-
culier dans le travail spécial que j'ai consacré à ce
personnagesi important et pourtant si peu connu :
un Potentat musical, Papillon de la Ferté,
son règne à l'Opéra de 1780 à 1790, d'après
302
PAPILLON DE LA FERTÉ — PARDINAS
SCS lettres et ses papiers manuscrits conservés
aux archives de l'Opéra et à la bibliothèque de
la ville de Taris, avec un portrait de lui jiravtî
à l'eau-forte par M. Adolphe Varias (Paris, De-
laille, 1876). Je renverrai simplement chercheurs
et curieux à cet écrit, ne pouvant essayer de
le résumer ici, ni même relever à la file toutes
les erreurs débitées jusqu'à ce jour sur le compte
de la Ferté, sans occuper une place dispropor-
tionnée au sujet.
Ad, J — N.
PAPINI (GuiDo), virtuose remarquable sur
le violon et com|)Ositeur pour son instrument,
est né à Camajore au mois d'août 1846.
11 fut élève, à Florence, d'un artiste fort distin-
gué, Giorgetti, et, après s'être produit non sans
succès en cette ville, était retourné à Camajore,
où, je ne sais pour quelle raison, il avait renoncé,
m'a-t-on dit, à poursuivre la carrière musicale.
Mais un jour l'excellent professeur M. Basevi
ayantfaitappelà sa bonne volonté et lui ayant
demandé de tenir la partie de premier violon
dans les superbes séances de quatuor qu'il don-
nait chez lui, M. Papini revint à Florence, se lit
entendre dans ces séances avec un grand bon-
heur, et se produisit ensuite dans de nombreuses
occasions. Après avoir, dans sa patrie, établi sa
renommée sur des bases solides, il est venu
demander à la France la consécration d'un ta-
lent qui se distingue par de rares qualités. En
187G, il s'est fait entendre à Paris avec un suc-
cès que justifiaient un son pur et d'une grande
puissance, un mécanisme remarquable, un jeu
plein de chaleur, et un style à la fois souple,
ferme et varié, se pliant habilement aux exi-
gences de la musique des maîtres divers inter-
prétés par l'artiste. M. Papini, qui s'est pro-
duit ensuite à Londres avec le même bonheur,
est un violoniste de race, et son talent est à la
fois plein d'élégance et de solidité.
Parmi les compositions que M. Papini a écri-
tes pour son instrument, je signalerai les sui-
vantes : Amoiir, romance-nocturne; A mon
étoile, Tomaiîice sans paroles-. Contes ^orien-
taux, pièces de genre ; Saicdade, romance ;
Adagio et Valse de concert, op. 23; la Lonla-
nanza, il Ricordo, Berceuse, 3 morceaux de
concert, op. 30; puis des transcriptions-fan-
taisies sur divers opéras célèbres, te Pardon
de Ploérmel, Don Carlos, la Forza del Des-
tina, Aida, tic.
* PAPPALARDO (Salvatore), com-
positeur italien, est né à Catane le 21 janvier
1817. 11 fut d'abord chef d'orchestre au théâtre
communal de cette ville, et en 18il fut nonnné
professeur de contre-point aux écoles de musique
de l'Hospice royal de bienfaisance. En 18j4, il alla
se fixer à Naples, y reçut le titre de conqtosi-
teunie la chambre du comte de Syracuse, puis de-
vint maîtrede contre-point à ['Albergo dé'Poveri .
Il a fait représenter les ouvrages suivants : Fran-
cesca da Rimini, 4 actes; il Corsaro, 3 actes,
Naples, th. du Fomlo, 1846; la Firjlia del Doge,
4 actes et un prologue, Catane, 1855; l'Atrabi-
lare, iacles, Naples, th. Nuovo, 1856; Mirinda,
3 actes, Naples, th. San-Carlo, 1860. On doit à
M. Pappalardo, en dehors du théâtre, diverses
compositions : une messe de Requiem ; 3 Salve
recjina pour un ou deux ténors, avec accom-
pagnement de petit orchestre; Aniijona delta
velazione, recueil de 8 morceaux religieux pour
une, deux ou trois voix de femmes ou chœur de
femmes ; un recueil de trois mélodies vocales et
des romances détachées; un quatuor pour
2 violons, alto et violoncelle, op. 18. Sous le
pseudonyme transparent de Paraladopp, qui
est l'anagramme de son nom, le même artiste a
publié diverses fantaisies pour violon, alto et
violoncelle, pour piano, flûte, violon et violon-
celle, un duo pour deux violoncelles, etc. —
M. Pappalardo s'occupe aussi de littérature mu-
sicale, et a été chargé, en 1873, do rendre
compte dans un journal politique de Naples,
la Patria, de tous les faits relatifs à la musi-
que.
* PAQUE (Guillaime), violoncelliste, est
mort à Londres le 3 mars 1876. 11 était né à
Bruxelles le 24 juillet 1825.
PAIlAZZi (A -Antonio), musicographe
italien, est l'auteur d'un écrit très-intéressant
qui, après avoir été inséré dans la Gazzetta mu-
sicale de Milan, a été publié sous ce titre :
Delta vila e dette opère musicali di Lodo-
vico Grossi-Viadana, inventore del basso con-
iinuo net secolo XVI, cou ritratto e quattro
concerli ecclesiastici del Viadana (Milan, Ri-
cordi, 1877). Dans cet écrit, M. Parazzi a pu,
grâce à des documents authentiques, rectifier
ungiand nombre de faits concernant la vie et
les œuvres de l'artiste remarquable dont il re-
traçait la carrière. (Voy. Viadana).
PARDIGON (Marius), éditeur et marchand
de musique à Marseille, a publié un opuscule
ainsiintitulé : Nécrologie desartistes inusicicns,
acteurs et compositeurs de Vannée 1857, pre-
mière année (Marseille, ihipr. Vial, 1858, in-8").
J'ignore si cette publication s'est prolongée pen-
dant plusieurs années.
PAUDIMAS (Philippe), compositeur, pro-
fesseur et écrivain espagnol sur la musique, na-
quit à Lugo, dans la province de Galice, au
commencement du dix-septième siècle. On lui
PAHDINAS — PARFAICT
303
attribue uo certain nombre de chants religieux,
cantares gallegos, que le peuple entonnait avec
enthousiasme dans les pèlerinages et les fêtes de
l'ancien royaume. Il se fit connaître aussi par
un certain nombre d'écrits publiés sur diverses
questions musicales, et qui donnaient une haute
idée de ses connaissances en art et en littérature.
Pardinas était aussi considéré comme un remar-
quable professeur, et il forma une quantité
d'excellents élèves. Par malheur, il était doué par
la nature du caractère le plus intraitable, qui
lui attirait l'inimitié de tous ceux qui étaient à
même de le connaître. Aussi mourut-il pauvre et
abandonné de tous.
»i PARDOX (Félix), pianiste et compositeur
belge, né à Bruxelles le 2 juin 1851, a fait ses
études au Conservatoire, où il a été élève de
M. Mailly pour le piano (tout en recevant des
leçons particulières de M. Louis Brassin) et de
Fétis pour la composition. Il prit part en 1869
au concours de Rome, et se vit décerner le se-
cond prix pour sa cantate intitulée la Dernière
ISuït de Faust.Deiix ans après, le 10 avril 1871,
c'est-à-dire avant même d'avoir accompli sa ving-
tième année, ce jeune artiste faisait représenter
sur le théâtre de la Monnaie, de Bruxelles, un
opéra-comique en 2 actes qui avait pour titre la
Jeunesse de Gréiry. Au mois de lévrier 1879,
il a donné à Paris, au concert de l'Alcazar, une
opérette intitulée i^risco/'/' l'Américain.
PARENT (M'"= Charlotte-Francès-Hor-
te>se), pianiste et professeur, néeàLondres le 22
mars 1837, fut admise en 1853 au Conservatoire
de paris, où elle suivait simultanément le cours
de piano de M™*^ Farrenc et le cours d'har-
monie et accompagnement pratique de ^I"^ Du-
fresne. Elle obtint en 1854 un premier accessit
d'harmonie, le premier prix l'année suivante avec
un premier accessit de piano, en 1856 le second
prix de piano , et le premier en 1857. M'^* Pa-
rent se consacra alors exclusivement à l'ensei-
gnement, et publia, quelques années plus tard,
un petit livre ainsi intitulé : l'Étude du piano,
manuel de rélève, conseils pratiques (Paris,
Hachette, 1872, in-12). Ce petit manuel, conçu
avec intelligence et fait avec soin, est dédié par
l'auteur à M. Félix le Couppey.
* PAREi\TI (François-Pall-Maurice).— Ce
compositeur a donné au théâtre Favart, en 1794,
le Cri de la Patrie, opéra-comique en 3 actes.
PAREPA-ROSA (ElphrosinePAREPA,
épouse ROSA, connue sous le nom de M-^'J,
cantatrice dramatique , naquit à Edimbourg en
1837 ou 1838. Fille d'artistes et nièce d'un
chanteur réputé nommé Seguin, elle reçut une
bonne éducation musicale et, fort jeune encore,
débuta au théâtre italien de Malle. Elle était à
peine âgée de dix-neuf ans lorsqu'elle fut en-
gagée au théâtre du Lyceum, de Londres, où la
troupe de l'opéra italien avait dû être provisoi-
rement transportée à la suite de l'incendie de la
salle deCovent-Garden ; elle s'y montra pour la
première fois avec succès, au mois de mai 1857,
dans les Puritains de Bellini. Elle fit ensuite
partie de la compagnie anglaise dirigée par miss
Louisa Pyne et M. Harrison, devint l'idole du
public, et,|quelques années après, s'étant trouvée
veuve d'un premier mariage contracté avec le
capitaine Carwill, épousa M. Cari Rose, ditRosa,
habile violoniste allemand et chef d'orchestre
exercé.
C'est alors que M™*" Parepa-Rosa conçut, avec
son mari, le projet de former une troupe d'o-
péra anglais et d'aller avec elle exploiter l'Amé-
rique. Cette troupe fit une tournée immense et
triomphale dans toutes les grandes villes du nou-
veau monde, et M"'° Parepa-Rosa, douée d'une
voix puissante et superbe qu'elle dirigeait avec
un grand style, acquit de l'autre côté de l'Océan
une immense fortune et une réputation colos-
sale. Après quelques années passées en Amérique,
elle revint en Europe, fit une courte apparition
au théâtre de Covent-Garden, puis, toujours en
compagnie de son mari, forma une nouvelle
troupe destinée à jouer et à populariser l'opéra an-
glais dans les provinces. Cette troupe, habile-
ment dirigée, marchait de succès en succès,
lorsqu'une grave m aladie de M™» Parepa-Rosa
vint en interrompre les représentations ; le mal
fit des progrès rapides, et cette artiste distinguée
mourut à Londres, le 21 janvier 1874, dans
toute la force de la jeunesse et du talent.
*PARFAICT (François et Claude). — Il ne
s'est malheureusement pas encore trouvé, jus-
qu'ici, d'éditeur assez courageux pour publier
ï Histoire de l'Opéra (ou plutôt, cartel e.st son
vrai titre, l'Histoire de l'Académie royale de
musique) de ces deux écrivains. La copie de cet
intéressant ouvrage fiiite par Beffara se trouve
aujourd'hui, non;plus à la bibliothèque de la ville
de Paris, comme il a été dit, mais au déparle-
ment des manuscrits de la Bibliothèque natio-
nale.
L'aîné des frères, François, est l'auteur d'un al-
manach théâtral dont il a paru trois années, et qui
a été certainement le premier essai, sinon en
Europe, du moins en France, de ce genre de pu-
blications. L'Agenda historique et chronologi-
que des théâtres de Paris a été publié par lui
en 1735, 1736 et 1737, et le seul exemplaire connu
de cette petite et précieuse collection, acheté par
moi en 1864, à la vente des livres de Favart fils,
304
PARFAIGT _ PARMENTIER
fait aujounl'luii partie de ma bibliothèque. Il m'a
servi à lairo une réimpression en /ac-similc de
ces trois (letits volumes, qui ont éleainsi publiés
à nouveau en 1876 : Agendas des théâtres de
Paris, 1735, 1736 et 1737, par François Par-
faict. Réimpression exacte du seul exemplaire
existant j a vec préface par Arthur Pougin, Pa-
ris, Bonnassies, 1876, 3 vol. in-32 (tiré à cent
exemplaires).
*PARIS (Aimé), l'un des propagateurs les
plus ardents et les plus intelligents du système de
la notation musicale par le chiffre, est mort le 29
novembre 186G. Aimé Paris était un homme
d'une rare valeur et d'une rare vigueur au point
de vue intellectuel ; son invention de la langue
rhythmiquc, qu'il appelait la langue des durées,
est un moyen pédagogique d'une réelle puissance,
qui peut rendre des services signalés, et dont le
principe pourra être un jour d'un grand secours
dans l'enseignement musical ordinaire. Ce qui a
nui à l'expansion de ce procédé utile et ingé-
nieux, c'est que son auteur a toujours voulu y
joindre le système de la musique chiffrée, abso-
lument irrationnel. On doit àAimé Paris plusieurs
autres inventions relatives à l'enseignement mu-
sical : deux appareils nommés par lui Œdipe
musical el Panotiscope, et un tableau intitule
Sténographie mélodique. On trouvera des dé-
tails fort intéressants sur ces divers travaux dans
la brochure publiée sous ce titre: M. Aimé Paris
et ses inventions, trois feuilletons de M. Alexis
Azevedo dans l'Opinion nationale des 25 aoiît,
l" et 8 septembre 1863 (Dieppe, impr. Dele-
voye, s. d. [1863], in-3^ de 23 p.). Aimé Paris
publiait à Rouen, en 1850, une feuille musicale
intitulée le Franc-Juge.
* PAIÎIS (Claude-Joseph), est mort à Paris
le 25 juillet 1866. Après avoir obtenu le second
prix au concours de l'Institut en 1825, il avait
écrit la musique d'un ballet représenté à la fin
de la même année à la Porte-St- Martin, puis, en
1826, il obtenait le premier prix, ce qui ne le
conduisit pas à la fortune, car il ne put jamais
réussir qu'à faire représenter un petit acte, la
Veillée, à l'Opéra- Comique. C'est à ce propos
qu'Adolphe Adam écrivait ce qui suit (V. les notes
biographiques |)lacées en tête du volume , .Som-
venirs d'un Musicien) : — « Je concourus deux
fois à l'Institut -, la première fois, j'eus une mention
honorable; la deuxième, le premier grand prix
fut décerné à lîarbereau, le premier second prix à
Paris, et j'obtins un deuxième second prix...
Dix ans plus tard, lîarbereau était chef d'orches-
tre au Théâtre-Français, Paris était chef d'or-
chestre au théâtre du Panthéon, et j'avais déjà
fait jouer une dizaine d'opéras. » Outre la Veil-
lée, donnée à l'Opéra-Comique, Paris lit repré-
senter on 1849 au petit théâtre Beaumarchais,
transformé pour un instant en Opéra bouffe, un
petit ouvrage intitulé le Cousin de Denise.
PAIilSINl (Federico), théoricien et compo-
siteur italien , professeur au Lycée musical de
Bologne, a fait exécuter en cette ville plusieurs
messes qui lui ont valu les éloges de la critique
et du public. Cet artiste, qui considère ajuste
titre la musique comme un des éléments les plus
essentiels de toute bonne éducation, s'est appli-
qué à écrire quelques petits ouvrages dramati-
tiques destinés à être joués et chantés par des
enfants, et conçus, par conséquent, dans des
conditions vocales particulières ; c'est ainsi qu'il
a composé la musique de trois farse ou opérettes
appelées, dans sa pensée, à être exécutées dans
les maisons d'éducation : le Sartine (un acte),
Jenng (2 actes), et una Burla (2 actes). Ces
trois petits ouvrages ont été publiés en 1871
par l'éditeur Trebbi, de Bologne. M. Parisini a
écrit aussi deux véritables opéras, tous deux du
genre bouffe: l'un, il Maestro di sctiola, a été
donné au théâtre Brunetti, de Bologne, en 1869;
l'antre, i Fojic^'mW/ i;eHrfît;«j a été représenté au
théâtre Contavalli, de la même ville, le 15 mars
1876.
M. Parisini s'est fait connaître aussi par la pu-
blication de véritables ouvrages d'éducation et
de traités théoriques. On a de lui : 1° Méthode
théorique et pratique de chant choral; 2"
Méthode théorique et pratique de chant cho-
ral pour les écoles normales; 3° Méthode
en chiffres de chant choral à Vusage des
écoles élémentaires. Enfin, on a annoncé
comme prochaine, la publication d'un Traité
d'harmonie du même artiste.
PARISOT ( ), habile facteur d'orgues
français, vivait dans la première moitié du dix-
huitième siècle, à Rouen. Il construisit en 1731,
conjointement avec un autre facteur nommé Fol,
le grand orgue de l'église Saint-Réniy, à Dieppe,
instrument qui ne coûta pas moins, dit-on, de
18,000 livres.
PARKER (Daniel), artisan distingué, fut
un des bons luthiers de l'école anglaise au dix-
huitième siècle, et des plus justement estimés.
Il dut vivre vieux, car les dates de ses instru-
ments s'étendent de 1740 à 1785, et compren-
nent ainsi près d'un demi-siècle. C'est Parker
qui, avec Benjamin Banks, commença à dissua-
der ses confrères d'imiter les patrons de Stainer.
* PARMEi\TIER ( Charles- Joseph-Théo-
doiœ), militaire et amateur distingué de musique,
a continué, tout en poursuivant avec éclat sa
carrière, à s'occuper de l'art qu'il affectionne.
PARMEiNTlER — PASCAL
305
Blessé à Wœrth, dans le cours de la guerre de
1870-71, puis fait prisonnier à Sedan et emmené
en captivité à Bonn, il fut promu général de bri-
gade peu après sa rentrée en France, et bientôt
nommé commandant supérieur du génie à Tours.
Il est aujourd'hui membre du comité des forti-
fications, et réside à Paris. Cela n'a pas empêché
M. Parmentier de publier, dans ces dernières
années, un certain nombre de compositions parmi
lesquelles je signalerai les suivantes : i Pièces et
une Fugue pour orgue, op. 5; 96 petits Prélu-
des et Versets pour orgue, dans tous les tons
majeurs et mineurs, op. 6 ; Nocturne pour
piano, op. 9; Polondise en /»j bémol, de VVe-
ber, transcrite pour orchestre.
M""= Teresa Milanollo- Parmentier, la célèbre
violoniste, dont on avait, à fort, annoncé la mort,
il y a quelques années, paraît avoir complète-
ment renoncé à se produire en public. En 1871
ou 18/2, elle s'est fait entendre une fois à Pa-
ris, dans un concert au profit d'une œuvre na-
tionale.
* PARRAlX (Le P. Antoine). — L'auteur de
la Biographie universeAle des Musiciens a été
trompé par un faux renseignement lorsqu'il a
affirmé que le Traité de ta musique Ihéoriq-ur.
et pratique du P. Parran avait été publié pour
la première fois en 1646. J'ignore si Forkel, Ger-
ber et les autres biographes se sont trompés,
comme il le dit, en signalant une édition de 1636;
mais ce qui est certain, c'est que la bibliothèque
du Conservatoire de Paris possède une éditionbien
authentique du Traité du P. Parran datée de 1639,
et formant un volume de 14i pages avec une
planche et des exemples dans le texte.
PARRAVAMO (Costa^tino), compositeur
dramatique italien, est né à Caserte le '25 no-
vembre 1851, eta étudié le piano avec Vincenzo
Ruta, et la composition avec Domenico Gatti el
Mercadante. Il s'est fait connaître jusqu'ici par
quelques ouvrages qui ont été assez bien ac-
cueillis : 1° Isaura di Firenze, Caserte, 1860 ;
2° Colpa e Cnstigo, 3 actes (paroles et musi-
que), Naples, théâtre Bellini, 2G septembre 18G7;
3° l'Uttimo de' Mort in Jspagna, Naples, tbéà-
treMercadante, décembre 1874; 4° Ginevra di
Monreale, Milan, théâtre Dal Verme, 18 novem-
bre 1878. Il a en portefeuille trois autres opéras,
usqu'àcejour inédits : Piccarda Donati, gli
Uscocchi, et la Dama btanca. M. Parravano a
publié quelques romances et mélodies.
PARRAVICII\I (La signora) , violoni.sle
extrêmement remarquable, était fille d'une canta-
trice dramatique fameuse, Isabelle Gandini, et
naquit à Turin en 1769. On la dit élève de Violfi.
ce qui semble difficile, s'il est vrai, comme l'al-
BIOGU. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
firme Francesco ^v:g\\[Storiadetviotinoin Pie-
monte), qu'elle ne vint à Paris qu'en 1797; Viot-
li, en effet, avait quitté Turin dès 1780 pour ve-
nir en France, était parti pour l'Angleterre en
1792, et ne revint à Paris qu'au bout de dix an-
nées. Il faudrait donc croire, ce qui, après tout,
ne serait pas impossible, que la Parraviciiii avait
reçu des leçons de Viotti dès sa plus tendre en-
fance , et seulement jusqu'à l'âge de onze ans.
Quoi qu'il en soit, déjà mariée lorsqu'elle vint
à Paris, elle produisit une véritable sensation en
s'y faisant entendre aux concerts de la Société
Olympique. Deux ans apiès, elle obtenait de
grands succès à Leipzig, puis à Dresde, et en
1801 elle était de retour à Paris, où elle retrou-
vait toute la faveur du public. L'année suivante,
elle était à Berlin, et bientôt elle se fixait dans
une petite cour d'Allemagne, où, séparée alors
de son mari, elle s'était présentée sous le nom
d'un grand seigneur qui était devenu son amant.
A partir de ce moment, elle cessa d'employer
son talent pour vivre. Pourlant, et sans doute à
;a suite de revers de fortune, elle se produit de
nouveau comme virtuose en Allemagne vers
1820, et sept ans plus tard elle donne à Munich
des concerts qui la font admirer du public, bien
([u'à cette époque elle fût âgée de près de soixante ■
ans. Les journaux du temps rendirent compte de
ses succès d'une façon étendue. Depuis lors, on
n'eu entendit plus parler.
La Parravicini, dit-on, ne jouait absolument
pas d'autre musique que celle de Viotti.
PASCAL (Pkosper), compositeur et critique
musical, est né vers 1825. Artiste un peu froid,
mais fort instruit et non dénué d'imagination,
M. Prosper Pascal s'est produit au Ibéàtre avec les
ouvrages suivants : 1° le Roman de la Rose,
un acte, Théâtre-Lyrique, 29 novend)re 18.^4 ;
2" la Nuit aux gondoles, un acte, id., 19 no-
vembre 1861; 3" le Cabaret des Amours, un
acte, Opcra-Comii|ue, 8 novembre 1862 ; 4".
Fleur de lotus, théâtre de Bade , 29 juillet
1864. Il a écrit aussi les paroles el la musiijue
d'un grand opéra en cinq actes, les Templiers,
dont il a fait exécuter quelques fragmenis, dans
un salon, au mois de mai 1867. C'est à M. Pas-
cal qu'est due la traduction de l'Enlèvement au
Sérail, de Mozart, donnée au Théâtre-Lyrique
en 1859, et c'est à cette occasion qu'il a orches-
tré avec un tact, une finesse et une élégance rares,
et fait c écuter en guise d'enlr'acte la jolie Mar-
che turqi c de Mozart. Ainsi arrangé, ce morceau
produisait un effet infaillible non-seulement au
théâtre, mais dans les concerts, où on l'exécutait
sans cesse.
M. Prosper Pascal s'est fait connaître auss
T II. 20
306
Pascal — pasDelouP
comme critique, et il a fail preuve de délicatesse,
de goiH et de véritables qualités d'écrivain en
collaliorant, sous ce rapport, au Courrier du
Dimanche, au Ménestrel, au Derby, et à l'Ex-
position universelle illustrée. Depuis plusieurs
années, la maladie a réduit cet artiste au si-
lence. Il a publié, chez l'éditeur Gérard, un re-
cueil de vingt mélodies vocales, intitulé les
Chants delà veillée, et, chez Heugel, quatre
dnettinos, dont un sur paroles italiennes, por-
tant les titres suivants : Comment disaient-ils ?
la Chanson du feu; l'Eté; Bel tempo che vola.
PASCUCCI ( ), compositeur dramatique
italien, a l'ait représenter sur le théâtre Argen-
tina, de Rome, le 23 septembre (877, un opéra
semi-,-érieu\ intitulé il Pronosticante fanatico.
licrite depuis dix ou douze ans, la musique île
cet ouvrage parut conçue dans un style un peu
étroit, un peu conventionnel, et dont les formes
avaient déjà vieilli ; cependant, et bien que les
idées, parfois gracieuses et élégantes, parussent
manquer de nouveauté, on reconnut dans la par-
tition la trace de bonnes études et de l'heureuse
organisation du compositeur.
PASDELOUP (Jcles-Étienne), chef d'or-
chestre français, fondateur des Concerts popu-
laires, est né à Paris le 15 septembre 1819. Fils
d'un artiste estimable qui avait obtenu au Con-
servatoire un premier prix d'harmonie (1809)
et un premier prix de violon (1811), lui-même
fut admis dans cette école le 16 octobre 1829, et
y devint successivement l'élève de Rosellen
pour le solfège, de Laurent et de Zimmermann
pour le piano, de Bazin et de Dourlen pour
l'harmonie, enlin de Carafa pour la composition.
Après avoir obtenu un accessit de solfège en
1830, le second prix en 1831 et le premier prix
en 1832, il se vit décerner un second prix de
piano en 1833 et le premier prix l'année suivante.
Il était encore élève de l'école, où il ne termina
ses études qu'en 184'i, lorsqu'en 18'il il y fut
nommé répétiteur de solfège; devenu répétiteur
d'une classe d'étude du clavier en 1847, il donna
sa démission en 1850, fut nommé professeur
agrégé de la classe d'ensemble vocal en 185,"),
et en 1808 renonça à ces dernières fonctions. Il
était, à celte époque, directeur d'une des deux
sections de l'Orphéon municipal de Paris.
M. Pasdeloup commença sa carrière artistique
en se faisant entendre dans les concerts, et en
publiant pour le piano quelques piècM de genre
sans grande importance et quelques .norceaux
de danse. Nommé, à la suite de la révolution de
1848, gouverneur du chAteau de Saint-Cloud, il
ne conserva pas longtemps ces h)nctions, et,
rappé du succès qu'obtenait alors la Société de
Sainfc-Cécile, si bien dirigée par M. Seghers
{l'oij. ce nom), il songea bientôt à fonder, avec
l'aide des ji'unes élèves du Conservatoire, une
association du même genre à laquelle il donna le
nom de Société des jeunes artistes du Conser-
vatoire. II styla cette jeune armée de synipho-
nistes, et donna son premier concert public à la
?alle Herz, au mois de février 1851. Peu de
lemps après, il était chargé de la direction des
soirées musicales de la princesse Malhilde et de
celles de M. deMeuwerkerke, surintendant des
Beaux-Arts.
Mais M. Pasdeloup poursuivait lui but plus
vaste et plus élevé. Désireux de doter son pays
d'une institution qui lui manquait encore, mal-
gré les essais faits en ce genre, à diverses reprises,
(lar plusieurs artistes distingués, il rêvait la fon-
dation d'une entreprise de concerts à bon mar-
ché, grâce à laquelle on pourrait mettre à la
portée de tous, pour un prix modique, les grands
chefs-d'œuvre de la musique symphonique clas-
sique, dont l'audition était jusqu'alors le privi-
lège d'un petit nombre. Fort de la bonté de son
idée, il songea aux moyens pratiques de la réa-
liser. La difficulté principale était de trouver une
salle assez vaste pour contenir un public nom-
breux, afin que, malgré la modicité du prix des
places, le chiffre des recettes permît de sup-
porter, avec les dépenses d'un orchestre considé-
rable, tous les autres frais inhérents à une telle
entreprise. Or, on sait combien Paris a toujours
été pauvre en salles de concert. M. Pasdeloup
ne se rebuta pas pour cela, et, ne trouvant rien
de mieux, en vint à s'installer dans un manège.
Il loua la salle du Cirque d'Iiiver (lioulevard des
l'illes-du-Calvaire), et c'est là qu'il transporta
son orchestre de la salle Herz, d'ailleurs notable-
ment augmenté en raison de l'importance du vais-
seau dans lequel il était appelé à manœuvrer dé"
sormais. Une fois en possession de sa salle,
M. Pasdeloup s'occupa de l'organisation maté-
rielle de ses séances, et bientôt d'itninenses af-
fiches, placardées dans tout Paris, annonçaient
l'inauguration des Concerts populaires de mit-
sique classique, inscrivant sous ce titre hardi
les cinq grands noms de Haydn, Mozart, Bee-
thoven, Weberet Mendelssohn, et faisant con-
naître les prix des places, qui étaient fixés à
j francs, 2 fi'. 50, 1 fr. 25, et 75 centimes. Le
premier concert eut lieu le dimanche 27 octobre
1801, et le programme en était ainsi composé :
1" Ouverture d'Oberon (Weber) ; 2" Symphonie
pastorale (lieelhoven); 3" Concerto de violon
(Mendelssohn), exécuté par M. Alard ; 4" Hymne
(Haydn), exécuté par tous les instruments à cor-
des; 5" Ouverture du Jeune Henri (Méhul).
PASDELOUP — PASQUALt
307
Le succès fut spontané, colossal, immense.
Bien avant llieure lïMie pour l'ouverture des
bureaux, la foule se pressait aux portes du
Cirque,' et la salle était comble lorsque M. Pas-
deloup donna le signal de l'attaque de la cheva-
leresque ouvertured'O&e/on. Une immense salve
d'applaudissements éclata de tous les points do
la salle lorsque le morceau fut terminé, et l'en-
thousiasme ne fit que s'accroître jusqu'à la
fin de la séance. De ce jour, l'avenir des Con-
certs populaires était assuré, et M. Pasdeloup,
en rendant un éclatant servi(;e à la musique, en
inettant les classes bourgeoise et laborieuse à
même de connaître ses plus admirables cliefs-
d'œtivre, en propageait le goût d'une façon in-
calculable et créait une institution qui jnarquera
dans l'histoire de l'art. Presque aussitôt celle-ci
portait les fruits qu'on en pousail attendre, et
des concerts populaires s'établissaient successi-
vement, non-seulement dans la plupart de nos
grandes villes de France, Toulouse, Bordeaux,
Nantes , Marseille , Lyon, mais dans presque
toutes les capitales et villes importantes des
pajs étrangers : Londres, Turin, Gènes, Flo-
rence, Moscou, Madrid, Dinningham, Bruxelles,
etc., et partout avec le même succès.
Cependant, M. Pasdeloup ne se borna pas à
faire connaître à son public les grandes œuvres
que le temps avait jusqu'alors consacrées. Doué
d'un large esprit d'initiative, et se rendant un
compte exact des services qu'il pouvait rendre,
il produisit bientôt diverses compositions des
maires de l'école contemporaine allemande et de
quelques autres artistes étrangers, MM. Richard
Wagner, J. Raff, Niels Gade, Rubinslein, Tscliaï-
Koffsky, Grieg, etc. ; puis il songea à donner aussi
l'hospitalité à nos jeunes musiciens français, qui,
en dehors du théâtre, n'avaient en l'rance aucun
moyen de se faire connaître. C'est ainsi qu'il
lit exécuter les premières compositions de fous
nos jeunes maîtres, MM. Massenet, Georges Ri-
zet, Ernest Guiraud, Edouard Lalo, Salvayre,
Bourgault-Ducoudray.etc.j tout en donnant place
aux grandes (r-uvres de Félicien David, de Ber-
lioz, de MM. Gounod, Gouvy et autres. Le large
et vigoureux éclectismede M. Pasdeloup a rendu,
on peut le dire, de très-grands services à l'art
musical, et on doit liù en savoir d'autant plus de
gré que ce n'est pas sans entrer en lutte parfois
avec son public qu'il pouvait l'obliger à écouler
des o'uvres qui ne lui étaient pas sjmpathiques
dès l'abord. En agissant ainsi, M. Pasdeloup a
créé un grand courant musical, a activé la pro-
duction chez nos jeunes artistes, en a fait con-
naître plusieurs qui sans lui fussent restés ob-
scurs, et a prouvé à la France elle-mCme qu'elle
possédait une jeune et forte école musicale, di-
gne et capable de lutter victorieusement contre
quelque pays que ce soit.
Au mois de novembre 1866, M. Pasdeloup,
sans abandonner en aucune façon les Concerts
populaires, voulut fonder dans la salle nouvelle
de l'Athénée (rue Scribe) une entreprise de con-
certs permanents avec chu'urs et orchestre, qui
auraient lieu le soir, trois fois par semaine. Il
fit exécuter là diverses œuvres importantes, les
cnmvsd' Athalie, deMendelssohn, ceux d'Lïj/sse,
de M. Gounod, les Ruines d'Athènes, de Bee-
thoven, le Désert, de Félicien David, les Saisons,
d'Haydn, VOdeù sainte Cécile, deHœndel,etc. ;
mais les concerts de l'Athénée ne réussirent que
médiocrement, et ne durèrent pas plus d'une
saison. Deux ans après, au mois d'octobre
1868, M. Pasdeloup voulut prendre la direction
du Théàtre-tLyrique, mais son administration ne
fut pas heureuse; après avoir remonté r//>^î-
(jénie en Tauride, de Gluck, avoir donné une
traduction du Rienzi, de M. Richard Wagner,
avoir joué Don Quichotte, de M. Ernest Bou-
langer, et quelques autres ouvrages, il dut, au
bout de dix-huit mois, abandonner la situation
et résigner son privilège. Depuis lors il s'en est
tenu exclusivement à la direction des Concerts
po|)ulaires, dont ia création reste son grand et
véritable titre à l'estime et à la sympathie pu-
bliques. — M. Pasdeloup est chevalier de la Lé-
gion d'honneur.
PASINl (TiMOTEo), compositeur italien, est
auteur d'un drame lyrique, Giovanna Grey, qui
était représenté (j'ignore si c'est pour la première
fois) en 1853, au théâtre communal de Ferrare.
On lui doit aussi un chant patriotique intitulé la
Parienza del volonturio. Cet artiste était vrai-
semblablement l'époux de la cantatrice M""' Pa-
••^ini-Nencini, dont on trouve une notice au tome
\T de la Biographie universelle des Musiciens.
* PASQUALI (Bomface), prêtre et musicien
italien du seizième siècle, ne parait pas avoir été
maître de chapelle de la cathédrale de Parme,
ainsi qu'il a été dit dans la Biographie univer-
selle des Musiciens. Faisant partie de l'ordre
des mineurs conventuels de San-Francesco, de
Bologne, sa ville natale, il fut tout naturellement
choisi par ses supérieurs, s'étant donné à la
pratique de la musique, pour remplir les fonc-
tions de maître de chapelle de son couvent, fonc-
tions qu'il conserva depuis le 3 septembre 1567
jusqu'à sa mort, arrivée à la fin de février 1535.
Pendant ce cours de dix-huit années, il ne s'é-
loigna un instant de Bologne que pour aller te-
nir le même emidoi à Padoue, précisément en
1576, t'est-à-dire à l'époque Où il fit paraître à
308
PASQUALI — PATRIE
Venise son recueil de psaumes. Mais il revint
bientôt à son couvent, pour ne le plus (piiUcr.
On trouvera des détails à ce sujet dans l'écrit de
M. Gaspari : Memorie risguardanti la sto-
ria dell'artc musicale in Bologna al XV[ 5e-
colo.
* PASQUIIVI (Bernardo), compositeur ita-
lien. — A la liste des œuvres de ce grand artiste,
I faut ajouter un oratorio qui avait pour titre
a Sele di Crisio, et un opéra intitulé la Forza
d'amore. J'ignore le lieu et la date de représen-
tation de ce dernier ouvrage, dont M. le doc-
teur Abramo Basevi, de Florence, possède la
partition manuscrite dans .«;a bil»liotlic(]ue.
*PASTA(Ji'DiTHi\liGRI, épouse).— Cette
cantatrice aduu'rable, (pii depuis vingt-cinq ans
s'était délinilivement retirée de la scène et vivait
dans sa splendide villa du lac de Côme, est morte
e 1"^ avril 186ô. Deux écrits ont été publiés
naguère, en Italie, sur I\l""' I\ista : VGiuddla
Pasta al Carcano, poemn eroi-comico, par Lo-
renzo Bossini (Naples, 1833, in-8") ; 2" lu Iode
dhina muravigliosu non meno i/alica caniunte
che iruglca ed anche comica attrice, canzone
cssutain Londra, par Lidgi Angeloiii (Londres,
1833, in-8°). On sait que le portrait de M"'« Pas-
ta a été l'ail naguère par l'un des meilleurs
peintres de son temps, le baron Gérard.
PASTA ( ), musicien italien, a l'ait
ses débuts à la scène en donnant sur le théâtre
l'aganini, de Gênes, le 23 novembre 1875, un
o|)éia u\l\[\i\é Alafiualpa,
* PAS rOU (Étië>ne-Je.\n-Baitiste). — On
doit à cet artiste les ouvrages suivants : 1° Cours
de musique vocale, ou Recueil méthodique des
leçonsde Pa«^ou (Paris, 1827, in-8°) ;2" Discours
sur lU'Hseignemenl inusicalù Paris{Var\s, 1848,
brochure gr. iu-S"); 3" Questionnaire. kQOques-
lions à ses élèves, par Pastou (Paris, 1850,
grand in-8" de 16 p.).
PATAU (Édouaud), ancien officier de ma-
rine, est auteur d'un écrit publié sous ce titre :
Science et musique, ou les Règles de l'art mu-
sical jusli fiées àTaidede la science (Paris, De-
lagrave, 1807, in-8"). Ce travail avait été d'abord
nséré dans la Presse scientifique el indus-
trielle des deur mondes. M. Palau est de la
race, trop nombieuse, des savants qui veulent
subordonner les règles de la musique à celles de
a science, l'asservir à celle-ci, sans vouloir ad-
mettre cette vérité incontestable qu'en dehors
du principe pbjsicpie de la détermination du son,
l'une ne doitplus avoir avec l'autre aucune espèce
de rajiport.
PA'riî^Y (Madame), née Whycolh, cantalrici'
anglaise fort distinguée, et qui jouit dans sa pa-
trie d'une grande et légitime renommée, est née
à Londres en 1843. Ayant reçu de bonne heure
une excellente éducation artistique, elle a com-
plété cette éducation sous la direction de son
mari, qui est lui-même un musicien et un chan-
teur habile doué d'une fort belle voix de basse, et
qid s'est fait connaître avantageusement. M""-Pa-
tey a commencé sa carrière à Londres, avec un
giand succès, dans les concerts de M. Henri
Leslie; puis, lorsque M'"^ Sainton-Dolby crut de-
voir prendre prématurément sa retraite, elle fut
engagée par M. Michaèl Costa pour succéder à
celte grande artiste dans l'emploi de premier
contralto qu'elle remplissait à la Sucred harmo-
nie Society. Depuis lors elle s'est fait entendre
avec le plus grand bonheur dans les séances,
concerts el festivals donnés par la célèbre so-
ciété, et aacquis une grande réputation. Mi''^ Pa-
ley est justement considérée aujourd'hui, par le
public anglais, comme l'une des premières can-
tatrices d'oratorio, et non-seulement elle a fait
apprécier son grand style et son admirable voix
dans les chefs-d'œuvre de Bach, de Hiendel et
(le Mendels.sobn, mais MM. Macfarren, Julius
IJenedict el Sullivan (et aussi M. Gounod, pen-
dant son séjour en Angleterre) ont écrit expressé-
ment pour elle un grand nombre de compositions,
(ju'elle a l'ail valoir avec un incontestable talent.
La voix de M'"» Patey, qui est un con-
Iralto profond, est d'une pâte superbe, d'une
grande étendue, d'une égalité rare et d'une jus-
tesse irréprochable ; elle a le ton gras et mer-
veilleux qu'on adiidrait naguèi'e dans celle de
l'Alboni, et la cantatrice joint à .ses (acidtes na-
turelles des qualités acquises (jui en font une ar-
tiste de premier ordre.
i\jme Piitey n'est pas tout à fait étrangère à la
scène. En compagnie de son mari, de M'"^ José-
phine Sherrington et de M. Varley, elle a fait, en
1870, une tournée théâtrale dans les piovinces
anglaises j la |)rincipale attraction de celte petite
compagnie d'opéra, dont le grand organiste
M. Lemmens était l'accompagnateur, consistait
dans la représentation du Fils de l'étranger, de
Mendelssohn. Toutefois, c'est connue chanteuse
d'oratorio que M'"" Patey a établi victorieuse-
ment sa grande renommée, et c'est sous ce rap-
port qu'elle a été chaudement api)laudie Ji Paris,
en 1875 , lorsqu'elle y vint prendre part aux belles
exécutions du Messie organisées à cette époque
par M. Charles Lamoureux [Voij. ce nom).
PATUIE ( ), compositeur l)elge, a écrit
la musique d'un opéra-comique en un acte, les
Mcuiiiirs, (\u\ a été représenté au Cercle dra-
mati(iue et symplionique de Bruxelles, au mois
de novenibre 1807.
PATTI
309
PATTI (Adeline-Marie-Jeannk), cantatrice
reniai(|uablp, est née à Madrid, le 8 avril KslS (I).
Son père (mort à Paris le 21 août 180'j, à l'âge
de' soixante-neuf ans) était un chanteur esti-
mable, qui tint longtemps l'emploi des ténors,
et sa mt're, (jui avait épousé en premières noces
le (ils de la célèbre cantatrice iM"'e Barilli, était,
elle aussi, une chanteuse distinguée, dont la
carrière fut brisée par la naissance de l'enfant
«lont il est ici question, car elle perdit la voix
en lui donnant le jour ('2). Étonnamment douée
pour la musique, et surtout pour le chant, la
jeune Adelina Patli fut un enfant protlige, cl
montra de bonne heure une véritable vocation
pour l'art qui devait lui donner la fortune et
la renommée. Un de ses biographes a raconté
l'anecdote que voici : « Un soir, ai)rès avoir as-
sisté à une représentation de Nonna, pendant
laquelle les artistes avaient été acclamés et cou-
verts de lleurs, Adelina, rentrée chez ses pa-
rents, prolita du moment où ceux-ci se trou-
vaient réunis au souper de famille, pour se
glisser silencieusement dans la chambre de sa
mère. Une fois là, et se croyant à l'abri de tonte
indiscrétion, l'enfant (elle avait six ans à peine)
s'affuble tant bien que mal d'un drap de lit, se
coiffe d'une couronne, souvenir de quelque soi-
rée de triomphe de sa mère, et, gravement posée
devant une glace, elle entonne l'air d'entrée de
Norma avec toute l'importance d'une débutante
qui s'attend à charmer l'assemblée. Quand elle
(1) Voici la copie de l'acte de naissance de M""^ Aiie-
llna Patti, tel qu'il a été publié il y a quelques années
par les journaux français-
<< Livre des baplènies, n° 42, feuille 153, verso. — En la
ville de Madrid, arrondisscmcnl et province du même
nom, le S avril 1843, moi, don Joseph Losada, vicaire de
la paroisse Saint-Louis, j'ai baptisé solennellement une
fille, née à quatre heures de l'après-midi du lo février
de l'année courante, fille légitime de M. Salvator Patti,
professeur de musique, né à Catania, en Sicile, et de
M"'<= Catherine Chiesa, née à Rome.
« Les grands parents paternels étant M. Pierre Patti et
M™" Conception Marino, et les maternels étant M. Jean
Chiesa, né à Venise, et M"'e Louise Caselli, née à Ma-
rino, dans les Ktats pontificaux. On lui donna pour noms
Adèle-Jeanne-Marie.
•< Assistèrent au baptême comme parrain. M.' Joseph Si-
nico, né à Venise, professeur de musique ; et comme
marraine, son épouse. M"" Rosa Manara SInico, née
à Crémone, en Lombardie, lesquels je prévins de la pa-
renté spirituelle et des devoirs qu'ils contractaient par
cet acte ; et, comme témoins, Julien HutzaI et Casimir
Garcia, nés à Madrid, sacristains de cette paroisse.
« En foi de quoi j'ai rédigé, signé et délivré le présent
certificat le 8 avril, etc. — Joseph losada, »
(2) Un fils du premier mariage de cette artiste, par
conséquent frère utérin de M"'* Adelina PatU, Antonio
Barilli, devint un compositeur et un chef d'orchestre
distingué. Il est mort à Naples, le 15 juin 18ï6, âgé de
cinquante ans<
eut fini son air, .simulant alors elle-même son
auditoire, elle s'applaudit à outrance, enleva la
couronne de son front et se la jeta elle-inéme
pour avoir l'occasion d'essayer, en la ramassant,
le plus gracieux salut que jamais artiste rappe-
lée ait dédié à son public, et, reculant en sa-
luant et saluant en reculant, elle arriva ainsi
jusqu'à la porte de la chambre, où sa mère, se
doutant de qnelquechose d'extraordinaire, l'avait
suivie en cachette et avait pu observer tous les
détails de la scène. »
A cette époque, et par suite de diverses cir-
constances, la famille Patti, qui comprenait au
moins quatre enfants (1), se trouvait dans une
situation difficile. On songea à tirer aussitôt
parti des dispositions vocales que la fillette fai-
sait pressentir, et, après l'avoir fait étudier pen-
dant une année, on la produisit un jour à New-
York, dans un concert, où elle obtint un succès
colossal. Elle avait sept ans alors, on fut obligé
de la placer sur une table pour la présenter au
public, et l'on raconte que, pour la faire entrer
en scène, il fallut lui laisser dans les bras sa
poupée, dont elle refusait absolument de se des-
saisir. Ce succès engagea la famille Patti à en-
treprendre avec l'enfant un grand voyage qu
promettait d'être fructueux. En effet, dans l'es-
pace de deux années, la petite enfant prodige
donna environ trois-cents concerts et parcourut
la plus grande partie de l'Amérique, se faisant
entendre successivement à Boston, Philadelphie,
Washington, Charleslown, la Nouvelle-Orléans,
Santiago, visitant le Mexique, Cuba. Porto-
l\ico, etc.
Les parents de la jeune Adelina jugèrent en-
suite à propos de'la laisser reposer, et, au bout
de quelques années, songèrent à travailler à son
avenir en lui faisant donner une éducation mu-
sicale sérieuse, de façon à lui permettre d'abor-
der le théâtre. C'est alors qu'elle fut confiée aux
soins de M. Maurice Strakosch, son beau-frère,
qui s'appliqua surtout à ne pas fatiguer l'ad-
mirable instrument qu'elle devait à la nature,
instrument qu'une culture si précoce n'avait
heureusement pas altéré. Au bout de trois ans
d'étude, l'enfant, devenue jeune fille, fut en état
d'aborder sa nouvelle carrière, et le 24 novem-
bre 18.59 elle débutait à New-York, dans Lucla
(i; Ces quatre enfants étaient Amelia, qui devint la
femme de M. Maurice Strakosch; Carlotta, qui s'est fait
ui! grand r u comme cantatrice de concert, et qu'une
claudication prononcée a toujours empêchée de se pro-
duirelâ la scène; Carlo, qui devint un violoniste de mérite,
et qui, fort jeune encore, est mort de con.somption à Cin-
cinnati, en 1873; enlin Adelina, qui fait robjet de cette
l notice.
310
PATTI
de Donizetti. Sa voix au limbre d'or, l'habilelé
do son art, sa facilité de vocalisation, ses qua-
lités naturelles enlin, jointes à sa grâce et à sa
eunesse, lui valurent un succès éclatant, (jui se
prolongea pendant dix-huit mois. Engagée en-
suite à Londres, M"" Patti se produisit pour la
première fois, le l'i mai 18(31, au Uiéàfre de Co-
vent-Garden, dans la Sonnamlmla. Le public an-
glais la reçut avec un véritable enthousiasme,
avecdesapplaudissementsfrénéljquesdont l'écho
retentit bientôt en France et qui la tirent appeler
à Paris. Elle vint en effet débuter à notre Théâ-
tre-Italien dans c(! même rôle d'Amina de In
Sonnambulu, le 19 novembre 1862, et devint
aussitôt l'idole d'un public qui ne jurait plus
que par elle et ne voulait plus entendre qu'elle.
Depuis la Malibran, de glorieuse mémoire, on
n'avait point vu d'artiste con(]uérir aussi lapi-
dement une telle autorité, obtenir d'emblée des
succès si brillants, et subjuguer à ce point la
foule.
M"* Patti, tout en allant passer chaque saison
d'été à Londres, demeura attachée au Théâtre-
Italien de Paris jusqu'en 1870, se faisant entendre
tour à tour dans Lucia di Laniennoor, il
Barbierie di Siviglia, Linda di CJiamounir,
Crispinoe la Comare, la Traviata, Don Pas-
quale, Rigoletto, Maria, la Gazza ladra, Don
Giovanni, Ernani, VElisire d'amore, Don De-
jsiderio, i Puritani, il Trovatore, Giovanna
d'Arco, tandis qu'à Londres elle jouait Faust,
Roméo et Juliette, les Hiiguenols, Mosé, l'É-
toile du Nord, le Pardon de Ploërmel, la
Fille du Régiment, Sémiramide, etc. Chaque
jour augmentait sa renommée, et consacrait da-
vantage une réputation qui dès l'abord avait
pris des proportions inouïes. On se rendra
compte de ce fait par ces lignes d'un critique
qiù n'était pas tendre, Scudo, qui s'ex])rimait
ainsi sur son compte dès sa première apparition
à Paris . — « C'est une personne charmanle
que M"«= Patli dans sa petite taille aussi svelte
que bien prise. Elle a une physionomie heureuse,
cil brillent l'intelligence et la vie plutôt que la
beauté. Ses traits accusés sont éclairés par deux
beaux yeux pleins de curiosité, et le fout est
couronné p;ir une chevelure noire très-abon-
dante. La voix de M"*" Patli est un soprano
aigu dont l'étendue dépasse deux octaves, car
elle peut aller de Vîtt en basjus(iu'au fa supé-
rieur. Cette voix, d'un timbre éclati»nt et un
peu métallique, qui saisit l'oreille comme uw
lumière électriijue trappe les yeux, est d'une
souplesse merveilleuse, et la jeune cantatrice en
fait tout ce qu'elle veut. Les doubles ganunes
diatoniques et chromatiques, les arpégesde loule
nature, les notes piquées, les sauts périlleux,
le trille sourtout, qu'elle préjjare bien et qu'elle
fait s( intiller longtemps comme un point lumi-
neux dans une nuit obscure, tous ces arlitices
de la vocalisation sont réalisés par M"* Patti
avec le sourire sur les lèvres et sans'Je moindre
effort. Elle chante avec feu, avec entrain, avec
une ardeur juvénile qui saisit immédiatement
l'auditeur et l'ébiouit. Elle joue comme elle
chante, avec audace et sans la moindre hésita-
lion, m"'' Patti esl toujours en scène, sou visage
parle toujours, et toujours il est empreint de la
nuance de sentiment qu'elle doit éprouver. C'est
une organisation rare que M'"^^ Patti, une nature
d'artiste des plus vaillantes et des plus riches. »
C'est, en effet, une organisation exceptionnelle
qne celle de celte artiste étonnante, organisa-
lion que vient aider d'ailleurs une rare intelli-
gence musicale. La voix de M"° Patti, biillante
à la fois par le limbre, l'éclat et la sonorilé,
cristalline et pure, d'une justesse et d'une éga-
lité surprenantes, obéit comme une esclave sou-
mise aux volontés de la cantatrice, dont l'ha-
bileté est véritablement merveilleuse. On a re-
proché à M"'' Patti de n'être qu'une virtuose, et
des critiques injustes ont prétendu qu'elle ne
possédait qu'un instrument. On peut répondre
que lorsqu'un instrument, si sou|)le et si facile
qu'il soit, est guidé avec une telle habileté, le
talent est incontestable. D'ailleurs, aucun artiste
n'est parfait, et si, ce qui est exact, !\I"'' Patti
est moins à sa place dans l'emploi dramatique
que dans le genre bouffe ou le demi-caractère,
il serait injuste de prétendre qu'elle est inac-
cessible à la tendresse ou à l'émotion. Je n'eu
veux pour preuve que la façon très-distinguée
dont elle a joué et chanté certains ouvrages,
lels que laSonnambula, Linda di Chamounix,
la Traviata, et même la Luciu. En tout état
de cause. M"" Patti est assurément une artiste
originale, supérieure à bien des égards, et dont
les succès sont justifiés par de rares qualités.
Depuis 1870, M'"' Patti ne s'est plus fait en-
tendre à notre Théâtre-Italien, disparu d'ailleurs
aujourd'hui. Le public parisien, dans ces der-
nières années, n'a pu la voir que dans ([uelques
repré.sentations données par elle à l'Opéra, oii
elle a joué Faust et les Huguenots. Mais les
succès de la cantatrice se sont continués à l'é-
tranger, particulièrement à IJruxelles, Vienne,
Pesth, Saint-Pétersbourg, Moscou, Milan et
Naples, où elle a fait littéralement fureur. En
18()8, celte grande artiste avait épousé à Paris
un Français, M. Louis-Sébastien-IIemi de Ca-
buzac, marquis de Caux, écuyer de l'enqiereur
Napoléon III; ce mariage ne fut pas heureux,
PATTI ~ PAUL
3n
et, à la suile d'un procès qui fit quelque bruit
et qui se plaida à Paris au mois d'août 1877,1a
séparalion dos deux époux l'ut prouoncée.
Plusieurs noiices biographiques ont élé |:u-
bliées sur M'"'Patti; voici celles dont j'ai eu
connaissance : 1" B'mjraphie d'Adelina Pal/i,
par Théodore de Grave, Paris, Castel, 1865, in-
12 avec portrait; 2' Adcliiia Patli, par Li:o,
Montdiilier, Radnez, 1866, in-18; T Adelina
Patti,p<ir Em. de Lyden, Vichy, Vallon, 1866,
in-16; 4" Adelina l'utli, par Guy de Cbarnact-,
Paris, Pion, I8Ç8, gr. in-8° avec portrait et au-
tographe; 5" Adelina Patli' s Life, and lier
appearances at the Royal Italian Opéra,
Covent-Garden, loilli purticulur documents,
par J. M. Dalinazzo, Londres, 1877, in-S".
M""" Adelina Patti s'est essayée dans la com-
position; elle a écrit une mélodie vocale inti-
tulée il Dacio d'addio, et une valse pour piano
qu'elle a publiée sous le titre de Fior di pri-
ma oer a.
PATTIiXSOK (James), pianiste, organiste et
professeur anglais contemporain, a fait ses étu-
des musicales à la cathédrale de Carliste, où il
a rempli ensuite, de 1869 à 1874, les fonctions
d'organiste adjoint. Il est devenu ensuite orga-
niste et chef de clia^urs à l'abhaye de Paisley.
M. Pattinson publie, depuis plusieurs années,
un Journal trimestriel des organistes.
PATTISOX (Mek) , professeur anglais con-
temporain, a publié il y a peu d'années le petit
manuel suivant : Jîiidiments of vocal miisic
Eléments de musique vocale, avec 32 exercices
préparatoires, rondes et chants, à l'usage des
écoles et des chœurs), Londres, W. Piceves.
PATTOiM (Giovanîni-Battista), composi-
teur, né à Manloue dans la première moitié du
dix-huilième siècle, a écrit la musique d'une
cantate composée et exécutée à Modène vers
1750, pour fêler l'arrivée en celte ville du liuc
François JIL
PÂTUDE S.VlIVT-VIACElXT ( ),
est auteur de deux écrits relatifs au plain-chant :
1" Réplique à la « Simple réponse de M. J.
Bonhomme au li. P. Lambillotte » [Pans, 18 j:'),
in-8"); 1" Quelques Observations sïir le chant
gréç/orien (Paris, 18ô6, in-8"). Ce dernier mé-
moire a été couronné par l'Institut.
PATZOLD (iltiuniAN), compositeur et or-
ganiste allemand distingué, naquit en Silésie,
vers 1830. Il reçut une bonne éducation, et de-
vint précepteur des enfants du comte York de
Wartenbourg, chez lequel il fut connu du roi de
Prusse Frédéric-Guillaume IV. Ce prince le fit
venir à Berlin, oii Palzold prit des leçons d'or-
gue à l'institiit Bach, et le nomma ensuite orga-
niste de la chapelle du château et professeur de
musique à l'Orphelinat de Kœnigsberg. Pat/.old
devint plus tard directeur des concerts de l'Aca-
démie de mu.sique de Kœnigsberg, et c'est en
dirigeant un de ces concerts, après avoir fait
attaquer les premières mesures de L'Elie, de Men-
delssohn, qu'il mourut subitement, à la tête de
son orchestre, le 6 février 1861, ayant à peine
dé[)assé l'âge de trente ans. Cet artiste, qui était
devenu un organiste extrêmement remarquable,
a écrit l)eaucoup de musique pour son instru-
ment. On lui doit aussi un album lyrique pour
piano, et des chœurs pour voix de femmes.
* PAUER (EiiNESï). — Parmi les composi-
tions nombreuses de cet artiste distingué, je si-
gnalerai les suivantes -. Symphonie à grand orciics-
tre, en î/< mineur, op. 50; Quatuor pour piano,
violon, alto et violoncelle, op. 44 bis ; Quintette
pour piano, hautbois, clarinette, cor et basson,
op. 44 ; Grande Sonale pour piano et violoncelle ,
op. 45; Marche triomphale pour piano à 4 mains,
op. 48; quarante marches pour le piano; Sonale
pour piano, op. 22 ; 2 .Sonates, id. , op. 38; Noc-
turne, id., op. 32; Pensées fugitives, id., op. 33;
Caprice hongrois, id., op. 58; Tarentelle de
concert, op. 52; Capriccio, op. 39; Séguidille,
op. 35; 2 Mazurkas; Magyar Emlek, marche;
2 Tyroliennes ; etc.
M. Ernest Pauer est l'un des collaborateurs
les plus actifs du Dictionary of music and
musicians qui se publie en ce moment à Londres,
sous la direction de M. George Grove (Londres,
Macmillan, in-8") ; il a donné à ce recueil d'inté-
ressants articles encyclopédiques et didactiques
11 a fait à Londres, à différentes reprises, des
lectures et conférences sur des sujets relatifs à
la musique. Professeur de piano à l'Académie
royale de musique de Londres pendant plusieurs
années, M. Pauer remplit aujourd'hui les mêmes
fonctions à la nouvelle école musicale récem-
ment fondée par son ami M. Arthur Sullivan.
PAUL (Oscar), pianiste, professeur, théori-
cien et musicographe allemand, est né à Freiwal-
den, dans la Silésie, le 8 avril 1836. J'ignore de
quelle façon cet artiste distingué a fait ses étu-
des musicales, et quels ont élé ses maîtres. Fixé
à Leipzig, il y a publié plusieurs ouvrages im-
portants, s'y est fait connaître comme journaliste
spécial et, en 1874, est devenu professeur de
piano, d'harmonie et de sciences musicales à l'u-
niversité et au Conservatoire de cette ville. Les
écrits les plus importants de M. Ojcar Paul sont
les suivants : Enseignement de l'harmonie de
Moritz Hauptmann, Leipzig, i86S; Histoire
du piano, Leipzig, 1869; Lexique-manuel de
la composition, Leipzig, 1871 1873. 11 a fondé
312
PAUL — PEAN DE LA IlOCHE-JAGU
en 1868 une feuille spéciale intitulée Tonhalle,
et l'année suivante le journal intéressant qui se
publie sous ce titre : das Musikalische Wcchen-
blatt. En dernier lieu, il était rédacteur musical
du journal Leipziger Tugehlatt.
* PAVKSI (Ktiknne), compositeur italien.
_ Fétis tenait de Pavesi lui-même, a-t-il dit,
les renseignements qui lui ont servi à rédiger la
notice consacrée par lui à ce compositeur; eu ce
cas, Pavesi l'avait bien mal informe, ce qui n'aura
pas lieu de surprendre ceux qui, comme moi, ont
été amenés à savoir combien certains artistes
sont souvent négligents des faits qui les intéres-
sent personnellement, combien d'autres cher-
chent, pour des raisons dont on ne saurait com-
prendre la cause, à dépister l'historien qui prend
ta peine de s'occuper d'eux avec conscience et
loyauté. Quoi qu'il en soit, de nombreuses er-
reurs, et des omissions plus nombreuses encore,
sont à relever dans la notice relative à l'artiste
dont il est ici question.
D'une biographie de Pavesi écrite par son ami
J. Sanseverino, et publiée en 1851 par l'éditeur
Ricordi, il résulterait que ce maître ne serait |)as
né à Crema le 5 février 1778, ainsi qu'il a été dit
dans la Biographie universelle des Musiciens,
mais bien le 22 janvier 1779, dans un petit vil-
lage du Crémonais qui a nom Casaielto Vaprio. |
Quant aux œuvres du compositeur, les erreurs
les phis importantes en ce qui les concerne sont
les suivantes : 1° l'opéra mentionné sous le ti-
tre de VAmor vero portail celui-ci : Saper si
sciegliere un degno sposo, ossia amor vero e
amor iniercssato, et fut représenté à Venise
sur le théâtre de la Fenice, au printemps de
1807; 2° celui connu sous] le nom de la Fesia
délia liosa fut donné an même théâtre en 1808,
et non en 1809; 3° celui qui a été enregistré sous
ce titre : Ordeno ed Artalla, était exactement
intitulé Ardano e Dartula, et fut joué sur le
même théâtre en 1825, et non en 1823 ; 4° enfin,
V Incognito, indiqué comme ayant été représenté
â Milan en 1805, eiVAbitator del fiosco, comme
joué à Venise en J80G, ne forment qu'un seul et
même ouvrage, à qui, je crois, l'on a attribué
parfois le titre de l'Incognito, mais qui fut
donné pour la première (ois à la Fenice, de Ve-
nise, en 1805, sous l'aiipellalion que voici :
Amare e non voler essere amante, ossia l'Abi-
tutore dcl Bosco.
Les omissions sont considérables, comme on
va le voir, et le répertoire des ouvrages drama-
tiques de Pavesi doit se compléter avec les sui-
vants : r l'Amor e prodotto daW odio, Padoue,
iSO-li; 2' il Giiiocotore, Home, 1806; 3" Na-
poleone il Grandeal tempio delt'immor/alità,
cantate, Venise, th. de la Fenice, 1806 ; 4" la
Sorpresa, Venise, 1800; 5° l'Amor vince l'in-
goiiiin, Venise, 1800; 6° fAmor perfetlo, Ve-
nise, 1808; 7" Amore e generositù, Venise,
1812; 8" una Giornala pericolosa, Venise,
1813; 9" la Fiera di Brindisi, Modène, 1815;
10" il Trionfo di Gedeone, oratorio, Modène,
1819; U" Don Gusmano, Venise, 1819; 12°
Eugenia degli Astolft, Naples, 1820; 13" Anli-
gona e Lattso, Milan, 1827. La maison d'édition
de musique de M""^ veuve Lucca, de Milan, pos-
sède les p;u"titions autographes de deux opéras
de Pavesi ; la Vendetta di Medca et la Testa
riscaldata ; j'ignore si ces deux ouvrages ont
été représentés. Quant aux compositions reli-
gieuses de Pavesi, elles sont nombreuses, et
Sanseverino, dans la notice qu'il a consacrée à
son ami, n'en cite pas moins de soixante-quinze.
* PAX (Charles-Édouxrd), compositeur,
professeTir et organiste, es! mort à Berlin au
mois de janvier 1868.
PAYXE (.Iohn), musicien américain, né à
NewVork en 1792, est l'auteur des paroles et
de la musique du chant devenu si fameux et s
populaire : Home, swet home, qui avait été
écrit à Paris et qui fut exécuté pour la première
fois, à Londres, par une jeune cantatrice nommée
miss Tiee. Le succès de cette chanson fut si
rapide et si considérable, qu'en moins de deux
ans il s'en vendit deux mille exemplaires ; depuis
lors, il a été transcrit, arrangé, paraphrasé pour
tous les instruments possibles par une foule de
musiciens. Payne écrivit aussi un opéra, intitulé
Clari, dont la fortune tut loin d'être aussi heu-
reuse que celle de la chanson qui avait rendu
son nom si populaire. Il est mort en 1852, à
Tunis, oii il remplissait des fonctions consulaires.
PAZZAGLIA (Salvadore), chanteur dra-
matique italien et compositeur dans le genre re-
ligieux, naquit à Pisfoie en 1723, et mourut à
Florence en 1807. U se livra d'abord à la carrière
du chant dramatique, et tint avec succès en Italie
l'emploi des ténors jusqu'à l'âge de plus de qua-
rante ans. Plus tard, il fut maître de chapelle
du grand-duc de Toscane, puis de Marie-Louise.
C'est alors qu'il s'exerça dans la composition.
Luigi Picchianti, quia publié sur cet artiste une
petite notice biographique, dit que l'on peut con-
sidéier comme les chefs-d'œuvre de Pazzagiia
rotfertoire du jeudi saint, Dexlera Domini, la
fugue du Kyrie dans son Bequiem pour l'impé-
ratrice, et le Libéra qu'il écrivit à l'âge de
quatre- vingt-im ans.
pi:ai\ de la roche- jagu (m'-^
E.-Fu\n(,.oisk), compositeur, fille d'un fonc-
tionnaire qui remplissait l'emploi de directeur
PÉAN DE LA ROCHE-JAGU — PEGCATE
313
de l'hôpilal de la marine à Brest, naquit en cette
ville vers 1820. Passionnée pour la musique,
elle composa fort jeune, et sans avoir aucunt!
connaissance de l'harmonie, un opéra en 3 actes
tiré d'une ancienne comédie de Cailhava, le Tu-
teur dupé, qu'elle (it exécuter par des amateurs
dans sa ville natale; puis elle vint avec sa mère
à Paris, où Bertou consentit à la prendre pour
élève. Après s'être formée à l'école de ce maître,
elle écrivit plusieurs autres ouvrages dramati-
ques : ISell ou le Gabier d'artimon, drame
lyrique en 3 actes ; Git Diaze, opéra en 2 actes ;
lu Jeunesse de LuUy, opéra-comique en un
acte; le Retour du Tasse, grand opéra en un
acte; le Mousquetaire (qui porta aussi ce titre :
le Jeune Militaire ou la Trahison), opér.i-
comiqùe en un acte, et Simple et Coquette,
opéra-comique en im acte ; plus une scène lyri-
que intitulée les Deux JSovices, et une cantate.
M'"' Péan de la Roche-Jagu, dont l'imagina-
tion ne fut jamais bien saine, avait pris pour
une vocation musicale ce qui n'était chez elle
qu'un désir de produire sans les facultés néces-
saires^à la production. Aussi, comme ce qu'elle
écrivait était au-dessous même de la critique, il
en résulta pour elle, avec la situation la plus
ridicule, les plus cruels déboires et l'existence la
plus infortunée. Toute sa vie s'écoula en démar-
ches infructueuses pour faire repré-senter ses ou-
vrages, en vaines sollicitations auprès des direc-
teurs, tandis que la misère venait frapper à sa
porte et l'étreignait sans pitié. Elle trouva ce-
pendant le moyen de faire jouer, à ses frais, à
l'hôtel de ville, la Jeunesse de Lully (qui fut
jouée peu a|)rès au théâtre Montmartre) et le
Jeune Militaire, dans la salle du Théâtre-Ita-
lien le petit ouvrage intitulé Simple et Coquette,
et à la salle Herz la Reine de l'onde, opéra-
féerie (1862).
Cette femme malheureuse et un peu excentri-
([ue est morte, presque de misère et de chagrin,
vers 1871. Elle avait publié, dix ans auparavant,
le récit de sa vie sous le litre de Mémoires artis-
tiques de M"'' Péan de la Roche-Jagu, écrits
par elle-même (Paris, Ledoyen, 1861, in-12),
mémoires dont le style est aussi incorrect que
celui de sa musique, et dans lesquels elle rappe-
lait que sa famille, » lune des plus anciennes de
la Bretagne, appartient aux Chateaubriand, de
Duras, de Montmorency, de Malestroit, etc. »
PEARSALL (R -L ), professeur et
théoricien anglais contemporain, est l'auteur
d'un écrit diilaclique ainsi intitulé : an Essuij
on consécutive jifths and octaves in countcr-
point (Essai sur les quintes et les octaves
consécutives en contre-point), Londres, Novello,
PEARSOIX (W -W. ), compositeur et
professeur anglais contemporain, s'est l'ait con-
naître par la publication d'un assez grand nom-
bre de compositions vocales profanes ou reli-
gieuses, à une ou plusieurs voix, qui ont été
bien accueillies du public. Parmi les premières,
je citerai celles dont voici les titres : Sombre
Shadou'softhe Nigfit, à 3 voix -, Soûl ofliving
7nusic, chant pour .soprano solo et chœur; Sweet
spring, madrigal ; Over the Mountain Side,
.sérénade à plusieurs voix ; the Océan ; the
Ironfounders; the Jager Chorus ; Auiumn ;
Woods in Winter; Departed joys; Soldier,
Jtest, etc. Au nombre des antiennes de M. Pear-
.sun, il faut mentionner : If ye love me; Jéru-
salem the Golden ; Gracions lord, we corne
before thee ; Thy icill be done ; Sun of my
soûl; etc.
Ou doit au même artiste les deux manuels
suivants : Méthode nationale de musique vo-
cale, et la Notation de la musique vocale.
PECCATE (Dominique), luthier et surtout
archettiste remarquable, naquit à Mirecourt le
15 juillet 1810, d'un père qui, barbier de son
état, voulait lui faire embrasser la même pro-
fession ; mais l'enfant, après s'être essayé à tenir
le rasoir, voulut devenu' luthier. Il fut envoyé à
Paris, en 1826, comme apprenti chez J.-B. Vuil-
laume, et bientôt, sous la conduite d'un maître
aussi habile, il sut se faire une spécialité et de-
vint le premier faiseur d'archets de son temps.-
A la mort de François Lùpot, en 1837, Peccate
quitta Vuillaume et prit la suite de la mai.sou
Lupot. Sa renommée ne tarda pas à .s'établir, et
il avait peine à fournir le commerce des archets
qu'on lui demandait de toutes parts. Il quitta
Paris en 1847 pour retourner à Mirecourt, où il
continua de travailler ; mais à partir de ce mo-
ment il produisit moins, et l'on ne pouvait pas
toujours obtenir de ses archets aussitôt qu'on
les désirait. Peccate est mort à Mirecourt le 13
janvier 1874.
M. Vidal a eu raison dédire [les Instruments
à archet) : «■ D'après l'avis de tous ceux qui
savent juger les travaux de ce genre, D. Peccate
est, sans contredit, le premier, après François
Tourte; et certains de ses archets, auxquels il
donna un soin particulier, peuvent rivaliser avec
ceux du maître. » Les archets de Peccate, qui
travaillait toujours avec goût et conscience, sont
pour la plupart excellents, et réunissent les qua-
lités contraires qui constituent préci.'«ément les
meilleurs produits de ce genre: la légèreté et la
force, la souplesse et la résistance. Peccate ven-
dait ses archets vingt francs; la valeur en a
presque quadruplé aujourd'hui.
31-
PEDllELL - PEDROTTI
PFDRELL (Felipe), pianiste et composi-
teur es|);i;^nol conleiiiporain, né dans la Calalo-
Rne, s'est fait connaître par quelques œuvres
importantes. Il a fait représenter au théâtre du
Lycée, de Barcelone, deux opéras, dont l'un
intitulé el Ullitno Abcnccnnjo, fut donné le
14 avril 1874, et ilunt l'aiilre, qui avait pour
litre Quasimodo, fut représenté au printemps
de l'année suivante. On connaît aussi de cet ar-
tiste une Messe de Gloria à 3 voix et cliœurs,
avec grand orchestre, orgue el harpe. Entin, il a
publié, entre autres composilions de moindre
importance : 12 Orientales, pour chant et
piano; Consolalions, recueil de 12 mélodies
pour chant et piano; Hojds de album, G fan-
taisies faciles pour piano sur des motifs d'opéras,
op. IG, 36, 37 el 38, etc. M. Fedrell, qui s'est
aussi occupé de littérature musicale, et qui a
collaboré à divers journaux et recueils, entre au-
tres à la Esjiana musical, a entrepris il y a
quelques années une pidilicalion considérable,
faite par lui sous ce titre : les Poèmes du pia-
niste, petite encyclopéilie critique, analytique,
anecdotique et biographique des O'uvres de piano
des grands maîtres, accompagnée du catalogue
de leurs œuvres. C'est une édition des classiques
du piano.
* PEDROTÏI (Carlo), chef d'orchestre el
compositeur dramatique, directeur du Lycée
musical de Turin, l'un des artistes les plus ai-
mables et les mieux doués de l'Italie contempo-
raine, est né à Vérone le 12 novembre 1817. Il
a fait toutes ses études musicales sous la direc-
tion d'un maître distingué, Domenico Foroni, el
il était à peine âgé de vingt-deux ans lorsqu'd
fit ses débuts de compositeur en donnant au
TiiéAtre philharmonique de Vérone, en 1840, un
opéra semi-sérieux inlilulé IJna, qui reçut du
public un accueil favorable. Au mois d'octobre
de la même année, M. Pedrolli partit pour
Amsterdam, où il était engagé pour tenir l'em-
jiloi de chef d'orchestre au théàlre italien qui
existait alors en cette ville ; il occupa ces fonc-
tions pendant cinq années, et fit repré.sentcr à
Amsterdam, en 1844, son second ouvrage dia-
matique, la Figlia dell'arciere. De retour à
Vérone en 1845, il y devint maestro concerta-
tore du Théàlre philhariuonique, puis <lu théâ-
tre Nuovo, donna sur le premier un nouvel opéra
intitulé Jlomea di Montfort (1845), et écrivit
pour le -second Fiorinu (novembre 1851) et i'.
Purrucchiere delta Regfjcnza (18.")2); de ces
trois partitions, Fiorina surtout fut considérée
comme une (cuvre aimal)le, et bien reçue du
public.
M. Pedrotli fut moins lieureu.\ en donnant
coup sur coup à la Scala, de Milan, deux ou-
vrages qui tombèrent l'un après l'autre : le pre-
mier, Gelmina, o col f'uoco non si scherza, le
3 novembre 1853, le second, Getioveffa del
Brubante, le 20 mars 1854. Le conqiositeur se
releva avec éclat en donnant au théâtre Nuovo,
de Vérone (autonme 1856), l'opéra TiUti in
maschera, partition pleine de verve, d'éclat et
d'entrain, qui restera peut-être son meilleur ti-
tre à l'estime des artistes; puis il produisit suc-
cessivement Isabetln d'Arat/oua, dont le succès
fut vif au théâtre Victor- Emmanuel de Turin
(carnaval 1859), Mazpppa, y\\x\ fut bien accueilli
au théàlre communal de Bologne (automne 1861),
et Guerru in quattro, charmant opéra bouffe
qui du théâtre de la Canobbiana, de Milan, où
il fut représenté le 25 mars 1861, rayonna rapi-
dement sur toute l'Italie. M. Pedrotli donna en-
suite à Triesle un grand drame lyrique, Marion
Dclorme (1865), qui, je crois, ne compte pas au
nombre de ses meilleures productions.
Au mois de décembre 18G8, M. Pedrotti était
appelé à Turin pour y prendre la direction du
Lycée musical créé en cette ville et à la léte du-
quel il se trouve toujours, et pour lenir l'emploi
de maestro concertatore el de chef d'orchestre
au théâtre Regio. Ces doubles fonctions n'ont
pas empêché cet artiste très-actif et très-labo-
rieux de continuer sa carrière de compositeur,
et depuis lors il a fait encore représenter deux
ouvrages importants, // Favorilo (1870), dont
le rôle principal était écrit pour une cantatrice
admirable, la Galletli-Gianoli, et Olema la
Sckiava (Modène, 1872). En cette année 1872,
M. Pedrotli fonda à Turin une entreprise de con-
certs populaires qui devint rapidement prospèie,
et qui n'a cessé d'obtenir des succès. L'orches-
tre de ces concerts, amené par lui à Paris pen-
dant l'Kxposition universelle de 1878, s'est fait
entendre, sous sa direclion, dans la grande .salle
des fêtes du Trocadéro, où il a donné quatre
séances qui ont été très- suivies.
M. Pedrotti, je l'ai dit, est l'un desmu.siciens
les plus distingués de l'Italie actuelle. Peu lait
sans doute pour le genre du grand drame lyri-
que, il a rencontré, dans l'opéra semi-seria et
dans l'opéra bouffe, des succès très-sincères, que
justiliaient des qualités trè.s-réelles de grâce, d'en-
tiain et de bon sentiment scénique. Dans cet
ordre d'idées, son style se rapproche de celui
de ropéra-comi(]ue français, et rappelle volon-
tiers la manière d'AdolpheAdam, dont il a même
parfois la négligence un peu lâchée. Ce qui est t
certain, c'est que deux de ses ouvrages, Guerra
in (/uattro et Tutti in maschera, sont ii(>puis
vingt ans en possession de la faveur publique.
PEDROTTI — PELLE
315
Une traduction «le ce dernier {les Masques) a
été donnée il y a quelques années à Paris, au
théâtre de l'Athénée , et y a produit un vif plaisir.
*PEELLAERT(AuGiJSTiN-PuiLii>i'E-MAim;-
Ghislain, baron DE), lieutenant-colonel d'elat-
rnajor en retraite, compositeur, auteur dramati-
que et romancier, est mort à Saint-Josse-ten-
Noode-lez-Bruxelles, le IC avril 1876. Le nom
de cet artiste a été inexactement orthographié
dans la Biographie universelle des Musiciens,
oii il est écrit Pellaert, et où la liste de ses (ou-
vres musicales est restée incomplète. Aux ou-
vrages dramati(jues de ce compositeur, il faut
ajouter les suivants : 1" le Barigel, opéra-comi-
que en un acte ; 2" Monsieur et Madtime Pu-
tipliur, oi)érette en un acte ([laroles et musique),
Bruxelles, Château des fleurs, 19 août 1857;
3" le 29 février, cantate pour l'anniversaire de
la naissance de Rossini, exécutée au théâtre de
la Moimaie, de Bruxelles ; 4" le Mariage par
testament, un acte, non représenté ; 5" les Trois
Clefs, opérette, id. (publiée dans le Journal des
demoiselles) ; 6" Uégilde, grand opéra en 2
actes, non représenté; 7" Ti'ois contre un, opé-
rette (paroles et musique), id.; 8" Tkécla, opé-
rette (id.), id. ; 9" Sans dot, opérette (id.), id.;
10° la Sirène, opérette (id.), id. ; 11" Castor et
Pollux, grand opéra, inachevé; 12" Songe et
reaidé, opéra en 3 actes, inachevé; 13" Drack
ou le Clidteau d'Erneslal, grand opéra eu i
actes (arrangé sur la musique de Faust, du
même auteur).
Le baron de Peellaert a écrit encore plus de
cent mélodies vocales à 1, 2, .3 ou 4 voix, des
cantiques, des prières, et plusieurs scènes lyri-
ques, entre autres Alceste, Montezuma, Crom-
well, l'Orage gronde, Corinne improvisant, le
Jaloux^ la Sylphide, enfin des chœurs à 4 voix,
des messes, etc. Il a consigné le récit de so!i
existence très-active dans l'ouvrage publié sous
ce titre : Cinquante ans de souvenirs, recueil-
lis en 1866, par A. de .Peellaert (Bruxelles,
Decq, 1867, 2 vol. in-12).
' PELI (I-'kançois). Ce compositeur a écrit un
oratorio, VUltima Persecuzione di Saulle con-
tra Davide, qui fut exécuté à Modène en 1708,
et une cantate, Giove pronuho, exécutée dans
la même ville à Toccasion des fiançailles de la
lille du duc régnant.
* PËLISSIER (Mademoiselle), célèbre chan-
teuse de l'Opéra, naquit en 1707, « le jour de
la mort de la célèbre Maupin, » dit Laborde, qui
ne donne pas la date de la mort de cette der-
nière. Cette actrice fameuse, qui appartenait au
personnel de l'Académie royale de musique en
même temps que M'" Antier et M'"^ Lemaure, se
trouva surtout en rivalité avec celte dernière :
elle y créa un grand nombre d'ouvrages, dont
voici une liste sinon complèle, du moins fort
éknulue : Pgrame et Tliisbé, les Amours des
Dieux, Orion, la Princesse d'Elide, Tarsis et
Julie, les Amours des Déesses, Pyrrhus, les
Sens, Biblis, l'Empire de V Amour, Hippolyte
et Aricie, les Grâces, les Indes galantes,
Scanderberg, les Voyages de l'Amour, les Gé-
nies, Castor et Pollux, les Caractères de l'A-
mour, le Ballet de la Paix, Zaïde, reine de
Grenade, Aitétis.
La rivalité de M"- Pélissier avec M"' Lemaure
dura plusieurs années, et prit tous les caractères
d'une de ces guerres artistiques comme on en
connut tant au dix-huitième siècle. 11 y avait
les Pélissiensni les Mauriens comme il y avait
les Ramisles et les LuUistes, comme, plus tard,
il y eut les Gluckistes et les Piccinnistes. Cela
en vint à tel point que, lorsque les deux canta-
trices paraissaient dans le même ouvrage, les
partisans de l'une tournaient le dos au théâtre
quand sa rivale entrait en scène, à charge, natu-
rellement, de revanche de la part des partisans
de l'autre. Les mémoires et les chroniques du
temps se gardèrent bien de négliger ce grave
sujet de discussions, et la correspondance de
M"'' Aïssé nous en donne une preuve; on lit en
effet ce qui suit, dans sa lettre du C-10 janvier
1727 : — « Les partis sur M"*^ Lemaure et
M"" Pellissier deviennent tous les jours plus vifs.
L'émulation entre ces deux actrices est extrême,
et a rendu la Lemaure très-bonne actrice. Il y
a des disputes dans le parterre, si vives que l'on
a vu le moment où l'on en viendroit à tirer l'é-.
pée. Elles se haïssent toutes deux comme des
crapauds, et les propos de l'une et de l'autre
sont charmants. M"« Pellissier est très-imperti-
nente et très-étourdie. L'autre jour, à l'hôtel de
Bouillon, à table, devant des personnes très-sus-
pectes, elle a dit que M. Pellissier, son cher mari,
pouvoit compter d'être le seul, à Paris, qui ne
lût pas cocu. Pour la Lemaure, elle est bête
comme un pot; mais elle a la plus belle et la
plus surprenante voix qu'il y ait dans le monde;
elle a beaucoup d'entrailles, et la Pellissier beau-
coup d'art... »
On a publié sur cette actrice l'écrit suivant :
Mémoires-anecdotes pour servir à l'histoire
de M. Diiliz, et la suite de ses aventures après
la catastrophe de y»;"" Pélissier, actrice de
t'Opéra, Londres (Paris), 1739, in-8".
PELLAERT (Le baron DE). — Voyez
PEELLAERT.
PELLE (Christian ou Chrétien), facteur de
clavecins, vivait à Anvers en 1660.
31G
PELLEGRINI — PELLETAN
PELLEGRIXI ( ), musicien italien, a
fait ses dt'buls de compositeur drainalique en
faisant représenter à Brescia, le 29 mars 1875,
un opéra intitulé Sco77iburga. Il a publié, sous
le litre île Fiori d'Kalia, un album de 12 mélo-
dies vocales (Naples, Cottrau).
PELLESCHI. — Trois frères de ce nom,
tous trois musiciens, ont vécu à Florence depuis
la seconde moitié du dix-huitième siècle jusqu'au
commencement du dix-neuvième.
L'aîné, Ltiigi Pelleschi, fut un bon contrc-
pointiste, qui composa beaucoup de musique
d'église, particulièrement dans le style a cap-
pella. Parmi ses compositions, une mention spé-
ciale est due à ses Matines de la semaine sainte.
La plus grande partie de ses oeuvres, restées tou-
tes inédites, est conservée dans les archives de
la chapelle dela.Sfl?ic/m/mrt Annunziata, dont
il était le maître directeur à Florence. En 1828,
il succéda à Disma Ugolini, professeur de con-
tre-point et de composition dans les écoles publi-
ques de musique annexées à cette époque à
l'Académie des Beaux-Arts de Florence. Il con-
serva ces fonctions jusqu'à sa mort, arrivée le
5 avril 1832, alors qu'il était âgé de 63 ans.
Salvadore Pellcsr.lii, bon maître enseignant,
ne s'éleva pas au-dessus de la médiocrité. On ne
connaît rien de sa composition.
Gasparo Pelleschi, d'un caractère aussi bi-
zarre et fougueux que son frère Luigi était doux
et paisible, fut un chanteur distingué. Doué d'une
très-belle voix de ténor, il .s'essaya dès son jeune
âge dans la carrière du théâtre, mais y renonça
presque aussitôt à cause de quelques contrarié-
tés qu'il éprouva. En 1814, il fut nommé adjoint,
puis professeur titulaire de chant à l'Académie
des Beaux-Arts de Florence. Il était bon con-
tre-pointisle aussi, et l'on connaît de lui quelques
nocturnes et autres morceaux de musique vocale
de chambre qui sont dignes d'attention, il a
même laissé des messes à grand orchestre dont
la facture savante est irréprochable, mais dont
la prolixité est excessive (on cite, dans l'une
d'elles, une pédale qui ne dure pas moins d'une
trentaine démesures), et qui manquent généra-
lement du charme de linspiralion. Gasparo Pel-
leschi mou ! ut à Florence le 21 janvier 1801, ;\
l'âge de soixante-dix-neuf ans.
L.-F. C.
PELLET (Ai.iMioNSF,), compositeur et pro-
fesseur, directeur du Conservatoire de Nîmes,
estné à Uzès (Gaidj, le 18 octobre 1828. Son
père, qui était organiste de la calhédrale d'I'/.ès,
fut son premier maître, bien que tout d'alxiKl il
n'eût pas voulu lui laisser embrasser la carrière
musicale. C'est en cachette, et chez des camara-
des, que l'enfant commença, tout .seul, à appren-
dre divers instruments, le violon, le violoncelle,
la llùte et la clarinette, après quoi son père,
étonné de ses a|)tiludes, lui enseigna le piano et
l'harmonie. Un peu plus tard, il fut envoyé à
Paris, où Colet, alors professeur d'harmonie au
Conservatoire, et qui, natif d'Uzès, avait été en
cette ville l'élève de M. Pellet père, l'admit
comme auditeur dans sa classe, après quoi le jeune
homme passa, au même titre, dans la classe
de composition d'Halévy. La mort de sa mère
le ramena, à l'âge de 21 ans, à INimes, qu'il n'a
plus quitté depuis lors.
M. Pellet s'est fait à Nîmes une situation
très-honorable. Devenu directeur du Conserva-
toire de celte ville et organiste de la basilique,
il s'y livre à l'enseignement du piano et à la
composition, et y a fait représenter plusieurs ou-
vrages dramatiques dont voici les titres : 1" les
Deux Avares, opéra-comique écrit sur le poème
qui servit jadis à Gréiry (1864); 2" VOurs et le
Pacha, d'après le vaudeville de Scribe arrangé
en opéra comique (1865) ; 3" Sahifi ou les In-
convénients de la grandeur, 3 actes (1866);
4" Futaille à vendre, saynète en un acte (t 808) ;
5" Deux Locataires, un acte (1873); 6" Sous
les palmiers, opéra romantique en 2 actes (avril
1878). M. Pellet a publié plusieurs morceaux de
piano (Paris, Sylvain St-Elienne), deux séries de
mélodies pour pianoet violoncelle (Paris, Benoit),
une collection de morceaux religieux (Paris,
Graff). Il a écrit encore une vingtaine de canta-
tes, deux grands opéras encore inédits, un orato-
rio, un quintette pour 2 violons, alto et 2 vio-
loncelles, un quatuor pour piano et instruments
à cordes, un trio pour piano, violon et violon-
celle, une grande sonate pour piano et violoncelle
enfin plusieurs chœurs orphéoniques et religieux.
M. Pellet est l'auteur d'un Essai sur l'opéra
en France depuis Lully jusqu' à nos jours (Pa-
ris, Dentu, 1876, in-12), écrit qui n'est que
le résumé de trois conférences faites par lui sur
ce sujet, et il prépare un ouvrage plus important
qu'il compte publier sous ce titre : Aperçu sur
l'histoire de la musique depuis les temps tes
plus reculés jusqu^ï nos jours, suivi d'une,
analyse à peu près complète des u'uvres de Pa-
lestrina, Monteverde, Scarlatti, Bach, Hœndel,
Haydn, Mozart, Beethoven, Mendeissohn, Schu-
mann et Wagner. Cet ouvrage ne formera pas
moins de 3 volumes in-octavo.
PELLETA.M (M"' Fanny), amateur pas-
sionné de musique, lille et pelite-lille de méde-
cins distingués, née le 28 juillet 1830, mourut
à Passy le 2 août 1876. Cette femme intelligente,
qui avait reçu une excellente éducation dans la-
PELLETAN — PENA Y GONI
;M7
quelle une large pari avait été faite à la musique,
était bonne pianiste, et s'était même appliquée
à l'étude fie l'harmonie sous la direction do
Damcke (Votj. ce nom). Elle fut frappée un jour
par la lecture de ce passage des Grotesques de la
musique, dans lequel Berlioz formait le vœu de
voir entreprendre une édition modèle des six
grands opéras français de Gluck : — « Personne
« n'a osé en Europe entreprendre une édition nou-
« velle, et soignée, et mise en ordre, et annoter,
" des six grands opéras de Gluck. Aucune tenta-
« tive sérieuse de souscription à ce sujet n'a été
« faite. Personne n'a eu l'idée de risquer vingt
'< mille francs pour combattre ainsi les causes de
« plus en plus nombreuses de destruction qui
" menacent ces chel's-d'œuvre. Et malgré les
« ressources dont l'art et l'industrie disposent,
« grâce à cette monstrueuse indifférence de tous
« pour les grands intérêts de l'art musical, ces
Il chefs-d'œuvre périront. »
Emue d'un noi)le sentiment- à la lecture de ces
lignes, M"* Pellelan résolut de réaliser le vœu
de Berlioz, cl de consacrer à ce projet une partie
de sa modole aisance. AidiJe des conseils et de
l'expérience de Damcke, son maître et son ami,
elle entreprit d'élever à la mémoire de Gluck un
monument artistique digne de sa gloire et du
culte quelle lui avait voué. Dès lors, toute l'ac-
iivité de son esprit, toutes les ressources de sa
fortune furent mises au service de son généreux
projet, et elle prépara tous les éléments d'une
édition splendide de l'œuvre français du maître
mmortel. Damcke se chargea de la paitie criti-
que de ce prodigieux travail, mit à proMt ses no-
tes et ses lectures, compara et corrigea les
textes, rectifia des incorrections que le temps
avait consacrées. Bref, à force d'efforts et de
travaux patients de la parldecliacun, la partition
iVlphigénieen yhf^if/e, publication irréprochable
au point de vue artistique, admirable au point
de vue matériel, fut olferte au public au mois de
juin 1873, et bientôt suivie de celle A''lphïgénie
en Tauride. Celle A\ilcesie allait paraître à
son tour, lorsque Damcke mourut. Privée de
l'appui (le cet auxiliaire intelligent et dévoué,
M"° Pellelan ne se découragea pas, et Alceste
fut en effet publiée. Armidc fut bientôt |)réparée
par elle et allait aussi voir le jour, lorsque cette
femme courageuse et convaincue, que la maladie
minait de|)uis plusieurs mois sans affaiblir sa
\olonté, fut elle-même frappée par la mort, à
'âge de quarante-six ans.
L'œuvre de m"^ Pelletan fut ainsi arrêtée ;
mais on assure qu'elle a pris tous ses soins et
toutes ses mesures pour que cette œuvre soit
menée à terme, et que la publication entreprise
par elle soit complètement achevée. En tout étal
de cause, le nom de M'"^ Pelletan appartient
aujourd'hui à l'histoire de l'art, dans laquelle il
tiendra une place particulièrement honorable.
En mourant, cette femme distinguée a voulu
faire encore une bonne action artistique ; elle a
légué par testament, à la Bibliothèque nationale,
les manuscrits autographes de deux chefs-d'œu-
vre : la partition iVAlceste, de Gluck, qu'elle
avait achetée 10,00(i francs à M""= Girard, veuve
du chef d'orchestre de l'Opéra, et celle de V En-
fance du Christ, de Berlioz.
PELLETIER ( ), facteur d'instru-
ments à vent, vivait à Paris dans la première
moitié du dix-huitième siècle. Je n'ai eu con-
naissance de cet artisan que par la note sui-
vante, insérée au Mercure d'octobre 1728,
évidemment sur sa demande, et qui nous ren-
seigne à la fois sur lui et sur deux autres fac-
teurs, nommés Naust et L'Erable : « Le sieur
Pelletier, facteur d'instrumens à vent, neveu
et élève de feu M. Naust, avertit le public que
le sieur L'Erable, aussi facteur d'instrumens à
vent, n'est pas le seul qui ait travaillé chez le
sieur Naust; puisque le sieur Pelletier, qui y
travailloit de son vivant, a toujours continué
après sa mort sous la veuve et marquoit les
instrumens au nom de Naust. A la vérité, le
sieur l'Erable a aussi travaillé chez Madame
Naust quelques années après, mais conjointe-
ment et de société avec le sieur Pelletier et elle,
jusqu'en l'année 172'2, que le sieur Pelletier a
jugé à propos de s'établir et de marquer ses
instrumens à son nom. Ainsi tous les instru-
mens qui ont été faits par l'un ou par l'autre
jusqu'à ce temps, ont été également marquez
du nom de Naust, et le sieur Pelletier peut
avancer qu'il a fait la plus grande partie des
instrumens marquez au nom du sieur Naust
depuis sa mort. Le sieur Pelletier demeure rue
des Grands Cordeliers, au gros Rai.sin. »
PEMBEHTOM (Edward), luthier anglais
fort estimé, vivait à Londres en 1600. C'est par
eireur que cet artiste a été mentionné souvent
comme l'auteur du violon qui fut présenté à la
reine Elisabeth par le comte de Leicester, puis-
qu'il ne vécut qu'un siècle plus tard.
PENA Y GOI\I (Antonio), musicographe
et compositeur espagnol, est né à Saint-Sébastien
le 2 novembre 1846. Orphelin dès l'âge de dix
ans, il tit en France, au collège des Frères de
Marie de Saint-Jean de Luz , ses premières
éludes littéraires, et sa famille le destinait à une
carrière scientifique ; mais dès cette époque, un
penchant irrésistible entraînait son esprit vers
la musique et les lettres proprement dites. Aussi,
318
PENA Y GONI — PENCO
lorsqu'il fut de i\lour à Saiul- Scbastion, il tra-
vailla le grec et le latin avec le célèbre Manterola
(qui, comme conseiller intime de don Carlos,
joua un rôle si important dans la dernière guerre
civile qui désola l'Espagne), et se mit à étudier
seul la musique. Tout jeune, il olitint un emploi
dans l'administration des postes de cette ville,
occupation qui ne l'empêcha pas de travailler le
piano, le solfège et l'harmonie, sans le secours
d'aucun maître. Étant allé se lixer à INIadrid, il
lit un court passage au Conservatoire, puis,
étant entré dans les bureaux du ministère des
Travaux publics, de rinslruction pubbque et des
Ceaux-Arts, il continua ses études musicales,
travaillant, toujours seul, l'harmonie, le contre-
point, la fugue et l'instrumentation, et en même
temps se l'ami liarisafit avec les n'iivres des grands
écrivains des diverses littératures européennes,
surtout les écrivains français, pour lesquels il
éprouvait une admiration profonde.
M. Pena y Goùi était à peine ^gé de vingt ans
lorsqu'il publia dans el Imparcial, le plus im-
portant journal politique de Madrid, ses premiers
essais de critique musicale, essais qui furen!
d'autant plus remarqués que cette critique n'a-
vait jamais existé en Espagne, et qu'il était le
premier musicien qui se lût occupé de ces
questions et qui prit en main la défense d'un
art admirable^ jusque-là singulièrement dédaigné
sous ce rapport. Aux connaissances théoriques
indispensables à une telle tâche, JM. l'efia \
Gofii joignait un véritable talent d'écrivain, qui
ne fit que s'accroître de jour en jour par la pra-
tique et par une étude toujours plus approfondie
des sujets qu'il avait à traiter. Le public, com-
plètement ignorant des choses que le jeune arlisie
lui révélait chaque jour, le suivit avec un véri-
table plaisir, avec une curiosité ardente; bientôt
tous les journaux, suivant le mouvement d'im-
pulsion qui leur était donné, durent chercher à
s'adjoinilre des collaborateurs spéciaux chargés
de traiter ces questions pour eux si nouvelles,
elM. Peiïa y Goùi, dont la renommée augmenlail
chaque jour, eut l'honneur d'avoir véritablenieni
fondé en Espagne la critique musicale, dont
avant lui on n'avait aucune idée en ce pays.
On comprend que l'écrivain dont l'initiative
avait eu un tel résultat devait être particulière-
ment recherché; aussi M. Pena y Goùi a-t-il
pris part , depuis uue <li/.aine d'années , à la
rédaction d'un grand nombre de journaux, parmi
lesquels il faut .surtout citer, outre cl Imparcial,
lu Iluslracion de Madrid, la Crilica, la lU-
vista conlemporanea, el Globo, el Tiempo,
la Iluslracion espanola y omericana, la Ik-
vista europea, etc. Sou style aisé el brillant, sa
grande connaissance de l'art, son éclectisme large
et intelligent, la vivacité de son esprit, en font
d'ailleurs un des écrivains les plus remarquables
(pi'on |)uisse rencontrer dans le genre auquel il
s'est attaclié. En dehors de ses innombrables
articles de critique courante, M. Pena y Goùi a
p;d)lié deux opuscules intéressants : l'un, inti-
tulé los Despojos de la Africana (les débris
de « l'Africaine, » iMadrid, ]\Iedina, s. d., in-
12), est une analyse substanlielle de la seconde
[)artition de l'Africaine, c'est-à-dire des parties
de cet opéra qui ont dû être supprimées avant
la représentation cl dont on a fait une publica-
tion à part; l'autre, qui porte ce titre : la
Obra maestra de Verdi, « Aida, » (Madrid,
Iglesias el Garcia, 1875, in-12), est un essai ana-
lytique et critique de la dernière œuvre de
M. Verdi. On lui doit aussi une notice intéressante
.sur l'un des premiers musiciens espagnols de ce
temps : Barbieri (Madrid, Duca/.cal, 187;"), in-
8" de Cl pp. ,avec portrait). Enfin, plus récemment,
il a formé, de divers travaux publiés par lui dans
iliiférents journaux, un recueil qu'il a donné
sons ce titre : Jmprcstones musicales (MadnCl,
1878, in-8"), et il a publié sur M. Gounod un
petit écrit intéressant : Impresiones y Recaer-
dos. Carlos Gounod (Madrid, 1879, petit in-S"
de 59 pp.). Comme compositeur, M. Pena y
Goni s'est fait connaître par quelques mor-
ceaux de piano, et par une sorte de chaut patrioti-
que basque, pour voix seule, chanir et orchestre,
Viva Hernani! qui, chanté par M. Tamberlick
sur lo théâtre royal de Madrid, le 21 décembre
1875, obtint un énorme succès.
Membre honoraire de la Société espagnole
pour le développement des arts el de l'Acadéraie
de Sainte-Cécile de Rome, membre de la Com-
mission de l'A.ssocialion artistique musicale de
secours mutuels, M. Antonio Peûa y Goni, qui
n'a cessé d'être attaché au minislerio de Fo-
mento (travaux publics), est chevalier de l'ordre
de Charles 111 et eonunandeur de celui d'Isabelle
la Catholique.
PÉiM.WAïRE (J -G ....), violoniste et
compositeur, né vers 1835, a fait pendant plu-
sieurs années paitic de l'orchestre du Théâtre-
Italien, el a écrit la musique des deux petits
ouvrages suivants : t" Ninelle et Mnon, opé-
rette en un acte, Athénée, 28 avril 1873 ; 2° la
Folie espagnole, divertissement en un acte,
Eolie.s-Rergère, 18 mars 1874. M. Pénavaire a
publié au.ssi plusieurs mélodies vocales cl quel-
ques jnorceaux de musique instrumentale.
PE^'CO (M'''-^ Rosina), cantatrice italienne
fort distinguée, est née à Naples, de parenls
génois, au mois d'avril 1830. Par quel singulier
t'ENCO - PÉPIN
310
hasard celte artiste, née sous les rayons brùlarils
du soleil du midi, cominença-t-elle sa carrière à
l'extrémité septentrionale de l'Europe? c'est ce
que je ne saurais dire. Toujours est-il que
M'"^ Penco se produisit pour la première lois en
public à Copenhague, et qu'après avoir passe
une saison en cette ville et avoir fait une tournée
dans les provinces du Danemark et de la Suède,
elle se vit accueillir avec la plus grande faveur à
Stockholm. De Stockholm elle se rendit à Berlin
(1849), puis à Constantinople (1850-1851), et
enfin alla se faire applaudir en Italie, particu-
lièrement à Florence, à Trieste, à iNaples , a
Rome, et à Gênes, où elle se maria.
C'est après avoir obtenu de grands succès à
Madrid, que M'"^ Penco fut engagée au Théâtre-
Italien de Paris, où elle débuta en 1855. On la
vit d'abord dans un opéra de la jeunesse de
M. Pedrolti {Voy. ce nom), Fiorina, où elle
plut aussitôt, puis dans fAssedw di Firenzc^àv
M. Botlesini. Elle s'empara ensuite et successi-
vement d'un grand nombre de rôles du répertoire
courant, conquit une renommée que légilimaienl
sa beauté radieuse, sa voix limpide et étendue,
ses réelles qualités de chanteuse et son intelli-
gence scénique, et ne cessa , pendant environ
diK-huit ans, de plaire au public parisien, qui
l'avait prise en grande affection. Cela ne l'empê-
chait pas de se faire entendre tantôt à Londres,
tantôt à Madrid , où elle n'était pas moins fêtée.
Douée d'une beauté vraiment sculpturale,
M'"' Penco, dont la belle voix de soprano était
solide et bien timbrée, conduisait avec habileté
cette voix chaude, sympathique et pénétrante,
et n'était pas moins remarquable au point de vue
de l'art de la scène que de l'art du chant. Canta-
trice passionnée et comédienne pathétique dans
les grands rôles du répertoire sérieux, elle savait
émouvoir ses auditeurs en se montrant dans
Norma, Poliuto , Don Juan, un Ballo in
maschera, il Trovatore, Liicrezia Borgia,
il Giuramento ; d'autre part, elle déployait
dans le genre bouffe un naturel charmant, une
bonne humeur conununicative , et se faisait
également applaudir dans Suzanne des Nozze
di Figaro, dans Caroliua dit Maliimonio
segreto, et dans Don Pasquale; elle brillait
encore, à des titres divers, dans Semiramide,
Matilde di Shabran, la Traviata, etc.
M"^^ Penco était une artiste sinon absolument
supérieure, du moins extrêmement distinguée,
remarquable à beaucoup d'égards, et dont le
talent souple et varié, tantôt grandiose et pathé-
tique, tantôt aimable et plein de grâce, ne lais-
sait peut-être parfois à désirer qu'un style plus
châtié et plus soutenu. Depuis quelques années
elle a déliuitivement renoncé à la scène, et s'est
lixée à Paris.
PEJ\DOLA (Caulo), pianiste et composi-
teur italien contemporain, né à Gênes, s'est fait
connaître par la publication d'environ soixante-
dix œuvres de genre pour son instiument ,
écrites pour la plupart sur des motifs d'opéras.
Qucl(|ues-unes cei'endant, lulh^s cpie la Coi liera,
grand galop de concert,. .S2(//e /!//;< , «scherzo
[ùanistique », sont originales. M. l^endola apublié
aussi quelques morceaux de chant, entre autres
un Ave Maria pour voix seule, avec accompa-
gnement de piano.
PEi\SO ( ), compositeur italien, est
l'auteur de Don Fubio , opéra qui a été repré-
senté en 1862 à Livourne.
* PEI\TEI\RIEDEU (Fuançois-Xwier),
organiste, naquit, non à Munich en 1808, mais
à Kaufbauern (Bavière), le 6 février 1813. il est
moit à Munich le 17 juillet 1867.
PEPE (E ), compositeur italien, ne m'est
connu jusqu'ici que par un ojiéra bouffe, i Pre-
Icndcnti, qu'il a fait représenter à Naples, sur
le théâtre Rossini, le 3 juillet 1877.
PEPIN (CuARLES-JosEi'u), clicf d'orcheslrc
el compositeur, naquit à Genève en 1795 de
parents français. Son père, qui avait de la for-
tune, lui lit donner une éducation très-soignée.
Cependant, Charles Pépin, ayant un goût très-
prononcé pour la musique, ne répondit pas aux
desseins que sa famille paraissait avoir pour son
avenir, et se voua de bonne heure à la carrière
artistique. Dès l'âge de dix-sept ans, il com-
mença à diriger des orchestres dans les villes
secondaires comme Colmar, où il prit des leçons
de violon de M. Rovelli,el Épinal, où il reçut
les conseils de M. Mongenot pour l'harmonie et
la composition. Tourmenté du désir de produire,
il fit la musique d'une pièce intitulée Amélie de
Mont fort, qwi fut jouée à Épinal avec un succès
assez vif, malgré l'insuffisance du poème, qui fut
jugé très-faible. Engagé comme chef d'orchestre
au Grand-Théâtre de Nantes, Charles Pépin se
rendit dans cette ville, et, pendant Un séjour de
plusieurs années, y établit solidement sa répu-
tation de chef d'orchestre et de compositeur. Il
écrivit un grand ballet et un assez grand nombre
de romances sur des paroles de M. Boucher de
Perthes,oudu comte de Pradel, qui devait acqué-
rir plus lard une grande notoriété par son talent
surprenant d'improvisateur. Quelques-unes de
ces romances eurent de la vogue, surtout celle
qui avait pour litre les Deux Tombeaux. En
1822, Charles Pépin ayant accepté le poste de
chef d'orchestre au Grand-Théâtre de Marseille,
se fixa dans cette ville, où il est resté très-long
320
PÉPIN — PERELLI
temps. La première fois qu'il y conduisit l'or-
chestre, il fit exécuter une ouverture de sa
composition qui lui valut tout aussitôt l'estiiuo
des artistes et des connaisseurs. C'est sous la
direction de Charles Pépin qu'ont été créés à
Marseille les opéras de la Muette, Charles Vf,
la Heine de Chypre, Jérusalem, les Monténé-
grins, les Mousquetaires, Ne touchez pas à
la reine, Mosquita la Sorcière, etc. Lui-même
donna au théâtre de Marseille plusieurs ballets,
entre autres un Voyage à Cylhère. Il tit aussi la
musique d'un opéra dont le poème était de
Verteuil, comédien distingué, qui joua longtemps
à Marseille. Mais Pépin hésita au moment d'é-
crire la dernière scène de l'ouvrage, qui, par
un singulier caprice du librettiste, devait se
passer dans un ballon. En vain le musicien
réclamait-il des modilications à ce tableau; le
poète s'obstinait à n'y rien changer. Sur ces
entrefaites, Verteuil partit pour l'Amérique, oii il
mourut. L'opéra ne fut jamais achevé ni repré-
senté.
Charles Pépin, ayant épousé une canta-
trice de talent qui tenait l'emploi des premières
dugazons, fut obligé de quitter Marseille pour
suivre sa femme. Il alla d'abord à Lille, puis à
Lyon en 183'2. Il composa dans cette ville la
musique d'un poème national qui fut exécuté
par une véritable armée de chanteurs et d'ins-
trumentistes. Le Grand-Théâtre s'étant trouvé
trop petit pour contenir, non les auditeurs, mais
seulement les exécutants, on dut faire un plan-
cher dans une vaste cour de la mairie, où la
cantate fut donnée avec éclat. Cependant, ainsi
qu'il arrive toujours en pareille circonstance,
l'œuvre fut mieux appréciée lorsqu'elle fui inter-
prétée peu après au théâtre par l'orchesire el
les choristes qui sullisaient aux représentations
ordinaires. Pépin avait introduit dans sa parti-
tion une |tartie vocale de basse-contre, sonnant
à une octave au dessous des [)arlies de basses-
tailles. Ce rôle fut conlié à un amateur de la
ville, qui possédait cette voix exceptionnelle.
— La direction du Grand-Théâtre de Lyon ayant
sombré dans une baïKiucroule, Charles Pépin
revint à Marseille, ou il .'e présenta cette fois
comme simple professeur. Mais .sa valeur incon-
testée comme chef d'orchestre le lit bientôt desi-
gner pour la diiecliou de l'orchestre du Grand-
Théâtre, qu'il reprit et conserva jusqu'au moment
oii éclata le choléra. l'',pouvanlé par les ravages
que faisait le Ih'au , l'cpiii (piitla Marseille et
s'établit définitivement à Genève, ou il cunuila
pendant longtenq)s les fonctions de directeur,
de chef d'orchestre et de professeur au Conser-
vatoire. Malgré ces occupalions nmltiples, il
trouva le temps de composer plusieurs morceaux
de musique religieuse (notanunent im 0 Salu-
tans à 4 voix, et un Sanclus à six voix), et
une grande symphonie en ré mineur, qui obtint
les suffrages de tous les connais.seurs. Atteint
d'une maladie douloureuse qui lui laissa peu de
repos pendant ses dernières années. Pépin expira
à Genève en 1864. A la nouvelle de sa mort,
plusieurs sociétés musicales de Suisse et d'Alle-
magne firent d'instantes démarches auprès de la
municipalité pour la prier de refarder l'enterre-
ment de Charles Pépin, afin de pouvoir assister
à la cérémonie funèbre, qui fut fort belle et
témoigna des regrets que laissait cet artiste labo-
rieux et distingué.
Al,. R— I).
PERDIGAL ( ...), compositeur français,
vivait à la fin du dix-septième .siècle, il ne m'est
connu que parce qu'il a écrit la musique de dix-
sept poésies du recueil que l'abbé Perrin {Voy.
ce nom) a donné sous ce litre : Diverses Paro-
les de musique pour des airs de cour, airs à
boire, dialogues, noëls, motels et chansons
de toute sorte, mises en musique par les sieurs
Cholonier, Cameforl, Lambert, Perdigal,
Cambert, Martin et atitres excellents mu-
siciens.
* PERELLI (Natale), compositeur drama-
tique italien , était né à Milan le 24 décembre
1817. Il est mort à Philadelphie au mois de mars
18G7.
PERF>LL1 (Edoakdo), compositeur italien,
né à Milan le 20 novembre 1842, a fait repré-
senter sur le théâtre de la Pergola, de Florence,
en 1869, un opéra sérieux intitulé la Martire,
qui a été bien accueilli du public. Il a élé moins
heureux en donnant à la Scala, de Milan, le
8 avril 1873, un dr.ime lyrique en 4 actes qui
avait pour titre Viola Pisani; quoique fort bien
chanté par M"'" Gabrielle Kiaiiss, par MM. Cain-
panini el Maurel, cel ouvrage, dont le livret
d'ailleurs était détestable, a subi une chute
complète. J'ignore où et quand a été joué nu
autre opéra du même auteur, Marion Dclorme.
M. Perelli, qui est un artiste de goût et tie savoir,
a publié, en dehors du théâtre, diverses compo-
sitions : une Messe à 4 voix avec orgue; un
Quatuor en mi pour deux violons, alto et vio-
loncelle; un recueil de 12 Mélodies écrites sur
des poésies de Henri Heine traduites en italien ;
plusieurs autres mélodies vocales détachées ;
6 Madrigaux à 4 voix seules, en style moderne
(compositions foit distinguées, qui témoignent
du savoir et de rimaginatioii de l'auteur); divers
morceaux de genre pour le piano ; enfin, quelques
morceaux de musique de danse. M. Perelli est
PERELLI — PERI
321
l'auteur de l'un des trois hymnes de circonstance
(le sien avait pour titre Hymne de l'Industrie)
qui, le 20 septembre 1871, pour l'anniversaire
de l'entrée des troupes italiennes à Rome, furent
exécutés à Milan sur la place du Doine.
Cet artiste vraiment distingué s'est parfois
occupé de critique, et a collaboré, entre autres
journaux, à la Gazzetta musicale de Milan, où
ses articles étaient signés du pseudonyme à'Ed-
icart ; il a publié aussi sous ce nom d'emprunt
un petit nombre de ses compositions.
* PEREZ (David). — A la liste des compo-
sitions religieuses de cet artiste , il faut ajouter
les suivantes : deux messes pour 2 chœurs et
plusieurs instruments; messe à 4 et 8 voix et
plusieurs instruments ; messe à 4 voix , avec
violon, orgue et violoncelle-. Magnificat à 5 voix
et plusieurs instruments ; Miserere à 5 voix avec
bassons obligés et orgue ; Lamentations pour les
trois offices des Ténèbres, à 4 voix avec orgue;
Répons pour les trois offices des Ténèbres. Aux
ouvrages dramatiques de Ferez, il faut joindre
aussi V Isola disabdata, opéra sérieux en un
acte.
PEREZ MARTINEZ (Vicente), ténor de
la chapelle royale de Madrid pendant environ
trente ans, était né à Cifuentes, évôché de Si-
giienza, dans la première moitié du dix-huitième
siècle. Renommé pour sa belle voix et pour le
grand style qu'il apportait dans l'exécution du
chant religieux, il fut aussi considéré comme un
excellent professeur, et au nombre de ses meil-
leurs élèves on comptait son fils, José Ferez,
qui fut longtemps ténor à la cathédrale de To-
lède.
Nommé chanteur de la chapelle royale le 25
mars 1770, Ferez Martinez faisait paraître au
mois de mai 1799 le premier volume d'un très-
important traité de plain-chant qui devait en
comporter trois, et qu'il donna sous ce titre :
Prontuario del canto llano gregoriano, cor-
regido todo del mal acento y otros defectos
notados en los libros antiguos. Le premier
volume de cet ouvrage comprenait 862 pages,
le second 550, et le troisième environ COO. Le
moine Antonio Hernandez en donna, en 1828,
une nouvelle édition, corrigée et augmentée par
lui. — Ferez Martinez mourut à Madrid le
2 janvier 1800.
PERFALL (Le baron K... DE), jurisconsulte
et musicien allemand, né à Munich le 29 janvier
1824, étudia le droit après avoir fait ses huma-
nités, et devint fonctionnaire de l'État. Il aban-
donna plus tard sa situation officielle pour se
livrer sans contrainte à la culture de la musique,
qu'il avait étudiée à Leipzig, où il avait reçu des
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. -
leçons du célèbre Moritz Hauptmann. Après
avoir pris la direction de la Liedcrtafel (Société
de chant) de Munich, il fonda en cette ville une
société d'oratorios [Oratorien-Vcrein), puis
devint intendant général du thi'';\tie de la cour
en 1867. Comme compositeur, M. de Perfall s'est
fait connaître par ses Deutsche Muhrche
(Contes allemands) pour voix seules, chœurs et
orchestre, et par des liedcr.
* PERGOLÈSE (Jean-Baptiste PERGO-
LESI, connu en France sous le nom de). — Je
n'ai rien à ajouter à la biographie de cet artiste
immortel, mais il me faut joindre à la liste de ses
compositions religieuses quelques oeuvres dont
les manuscrits ont été recueillis dans les Archives
du Conservatoire de Naples, par les soins éclairés
de M. Francesco Florimo : r Messe à deux
chœurs et plusieurs instruments (en ré majeur);
T Messe à deux chœurs et plusieurs instruments
(en fa majeur); 3° Messe à 4 voix, avec basse
(en fa majeur) ; 4° In hoc die, motet à 5 voix et
plusieurs instruments; 5» In cœlestibus regnis,
|)our voix de contralto, avec violon et basse;
6" Sicut erat à 4 voix, avec plusieurs instru-
ments. Le même établissement possède les ma-
nuscrits de cinq cantates de Pergolèse (1° Ave
tu ben mio non sei;!" Chi non ode e chi non
vede; 3° Exiridice, ah! dove sei? 4° 4 te torna
il tuo Fileno ; 5" Dite che ogni momento) , et
ceux des compositions suivantes : airs divers,
avec accompagnement de violons, alto et basse;
duos divers, id. ; Vado a mo)ir ben mio, trio,
id. ; Cieco che non vid' io, id. ; Scherzo pour
voix de ténor et basse; 12 Sonates pour 2 vio-
lons et basse; Concerto de violon, avec accom-
pagnement de quatuor d'instruments à cordes;
Solfèges à 2 et 3 voix.
M. Franz de Viliars a publié sur l'un des chefs-
d'œuvre de Fergolèse l'écrit suivant : la Serva
padrona, son apparition à Paris en 1762, son
analyse, son influence (Paris, Castel, 1863,
in-8°). On a joué sur le théâtre de la Scala, de
Milan, le 16 mars 1857, un opéra intitulé Per-
golesi, dont la musique avait été écrite par
M. Ronchetti, et au mois de mars 1878 on a
donné à Jesi, ville natale du maître, un drame
de M. P. L. Grazioli, qui avait pour titre G. Bat'
tista Pergolesi.
* PERI (Achille), compositeur dramatique
et chef d'orchestre italien, né à Reggio d'Emilie,
non en 1817, mais le 20 décembre 1812, est
aujourd'hui, et depuis longues années chef d'or-
chestre du grand théâtre de Reggio d'Emilie, sa
ville natale, l'un des plus beaux de toute l'Italie.
M. Péri a eu un moment de vogue en imitant
d'une façon presque servile la première manière
T. II, 21
322
PERI — PÉRONNET
de M. Verdi, mais ce moment a été d'autant plus
court que le disciple reproduisait beaucoup plutôt
les défauts et les exagérations du modèle que ses
réelles et incontestables qualités.
La carrière active de M. Péri s'est continuée
par les ouvrages suivants : i" Tancreda, drame
lyrique en 3 actes (Gènes, théâtre Carlo-Félice,
1848), ouvrage qui obtint trente représentations
consécutives, ce qui constitue un succès rare en
Italie; 2- i Fidanzati (id., id.), 1856; 3" Vittore
Pisani, opéra sérieux en 3 actes (Reggio , 21
avril 1857), qui fut assez bien accueilli, quoique
la musique, dit-on, en soit médiocre; -i" Giu-
ditla, drame biblique en 3 actes (Milan, tbéàtre
delà Scala, 26 mars 1860); très-bien accueilli à
son apparition, cet op>^ra, qui est peut-être le
meilleur du compositeur, ne put être joué qu'une
fois par suite dune indisposition du ténor Pan-
cani, mais il fui repris avec succès en 1862, et
l'on en cite particulièrement l'ouverture comme
une page fort distinguée; 5' l'Espiazione (3
actes. Milan, Scala, 7 février 1861), ouvrage
écrit sur un poème détestable de M. Thémislocle
Solera, qui énerva l'inspiration du compositeur
et qui lui valut une chute complète, bien qu'il eût
pour interprètes des artistes tels que M"* Bor-
ghi-Mamo, MM. Tiberini et Beneventano;
6° Or/ano e Diavolo; 1° hienzl (3 actes. Milan,
Scala, 26 décembre 1862), partition qui n'eut
pas un meilleur sort, bien que l'un des principaux
ôlesen fût encore chanté par laBorghi-Mamo.
Depuis cette époque, le compositeur n'a plus fait
parler de lui, et semble avoir renoncé définitive-
ment à la carrière du théâtre. — M. Péri e.st
chevalier de l'ordre des SS. Maurice et Lazare.
PÉRIGNON (H -J ), violoniste dis-
tingué , qui fit partie de l'orchestre de l'Opéra
depuis 1775 jusqu'en 1808, se fit entendre fré-
quemment au Concert spirituel , où il obtint de
grands succès de virtuose et même de composi-
teur, en exécutant des morceaux écrits par lui.
« Cet artiste, disait le rédacteur des Tablettes
de renommée des Musiciens (1785), joint à
beaucoup de netteté une justesse dans l'intona-
tion et une belle qualité de son qui le mettent
au rang des plus célèbres virtuoses. » D'autre
part, les auteurs du Dictionnaire historique
des Musiciens constatent que « son portrait a
été gravé en 1781, ce qui prouve sa grande célé-
brité dès cette époque. » Je n'ai pu recueillir
d'autres renseignements sur cet artiste. Je sais
seulement qu'il épousa en 1784 M"* Gervais,
sœur du fameux violoniste de ce nom, qui était
elle-même attachée comme danseuse à l'Opéra,
où elle fit briller pendant plusieurs années un
talent plein de légèreté, de grâce et de distinction.
J»KR.\ ARELLl (Odokisio), musicien italien,
est auteur du traité suivant ; Istituzioni di
canto ferma per uso degli ecclesiastici seconda
la stilo del moderna sistema e la pratica
délia chiesa romana (Rome, 1844, in-S").
PERXY (Pierre), pianiste, professeur et
cornpositeur pour son instrument, est né le 7
mars 182 i à Mce, où il réside toujours et où il
a occupé les fonctions de chef d'orchestre au
théâtre italien. 11 y partage aujourd'iiui son
temps entre l'enseignement, d'une part, et, de
l'autre, la composition d'un grand nombre de
morceaux de genre pour le piano, écrits avec
une grâce aimable et d'une main expérimentée.
M. Perny, qui est un artiste instruit et distingué,
a publié ainsi environ deux cents morceaux,
consistant en mélodies originales, caprices, ro-
mances sans paroles, diverlissemenls , airs de
danse, etc. Dans le nombre .se trouvent plusieurs
transcriptions et fantaisies écrites sur des chants
populaires et sur des motifs tirés d'opéras cé-
lèbres, r
PERONNET (Gustave), pianiste et composi-
teur, est né à Bordeaux vers 1823. Il avait dix-
huit mois lorsque son père, qui chantait en pro-
vince les rôles d'Elleviou, se fixa à Marseille où il
était engagé. M. Gustave Péronnet apprit la "mu-
sique dans cette ville avec Dumoulin, professeur
de piano et timbalier au Grand-Théâtre. Quand
il eut atteint l'âge d'homme , il se rendit à Paris
pour y compléter ses études, et entra au Con-
servatoire dans la classe de piano deZiminermann.
En même temps, il recevait des conseils de Pru-
dent pour le même instrument et de M. Barbereau
pour l'harmonie et le contre- point. En 1843, il
obtint le premier accessit de piano, et en 1845 le
premier prix. Dans cette dernière année, il fut
admis dans la classe de composition d'Halévy,
et en 1849 fut présenté par son maître au con-
cours pour le prix de Rome. Revenu à Marseille
quelque temps après, M. Péronnet fut nommé
en 1852 professeur de piano au Conservatoire
de cette ville, qui venait d'être placé sous la direc-
tion de M. Auguste Morel. Il y forma de nom-
breux élèves, dont quelques-uns se sont distin-
gués dans la carrière de l'enseignement. Après
treize à quatorze ans de professorat, M. Pé-
ronnet renonça, à la sinte de circonstances di-
verses, au poste qu'il occupait au Conservatoire
pour gérer une entreprise commerciale. Ses oc-
cupations nouvelles ne l'empêchaient pas de se
livrer à la composition, pour laquelle son goût
très-vif lui faisait désirer une situation indépen-
dante. Cependant l'affaire à laquelle il s'était
voué ne réussit pas, et M. Péronnet quitta Mar-
seille en 1867. Il alla à Paris, où il espérait se
PÉRONNET — PERRIN
323
faire connaître comme compositeur. A la suite
des événements de 1870, il revint à Marseille,
oii il est resté jusqu'à ce jour. Peu après son re-
tour, il est rentré au Conservatoire de Marseille,
où il a été cliargé d'une des classes de piano.
On a de cet artiste : — Une Sonata capric-
ciosa pour le piano, dédiée à Schuloff (E. Gérard,
éditeur); Six impromptus caractéristiques
(Brandus, éditeur); Rêveries d'un solitaire (trois
nocturnes (Meissonnier, éditeur); Six grandes
Eiudesi\à.); Petit rien (Carbonel, éditeur à Mar-
seille); Une Bamboula de plus (id.); Nocturne
(Pépin frères, éditeurs, à Marseille) ; Chantilly,
galop brillant (Renaud, éditeur); Madrid, boléro
pour chant (Gérard, éditeur); Venise, mélodie
(id.); Méditation pour la voix, adaptée à la Der-
nière pensée de Weber (Colombier, éditeur).
M. Péronnet a écrit aussi une partie de violon
sur les 42 premières études de Cramer. Le but de
cet arrangement, qui a été publié par M'"<^ veuve
Régnier-Canaux, est d'habituer les élèves à la
musique concertante pendant le temps employé
à former leur mécanisme. — ^Parmi les œuvres
inédites de M. Péronnet, on connaît une messe,
plusieurs morceaux de genre et de danse pour
le piano, un Galop pour orchestre qu'il a fait
entendre aux Concerts d'été de Marseille, et le
Chêne et le Roseau, scène imitative pour or-
chestre, qui a eu quelques auditions aux Concerts
populaires de cette ville.
Comme le pianiste Darboville, qui est égale-
ment professeur de piano au Conservatoire de
Marseille , M. Péronnet est le fils d'un chanteur
distingué. Péronnet père était un élève de Plan-
tade. Des amateurs l'ayant fait venir de Paris
en 1819, il se produisit pendant deux ou trois
ans dans les concerts, où il fut très-apprécié. Dé-
sireux de tirer un parti plus lucratif de son talent,
il prit le théâtre et, en 1823, aborda les premiers
rôles de ténors à Bordeaux. L'année suivante, il
fut engagea Marseille. Il débuta dans le Calife,
où il fut très-applaudi , malgré sa timidité. Il
chanta ensuite le Barbier et la Neige, où sa fa-
cilité de vocalisation lui valut la faveur du pu-
blic. Depuis cette époque, Péronnet fit souvent
partie de la troupe d'opéra de Marseille. Il
créa dans cette ville plusieurs ouvrages, notam-
ment la Neige, Leicesier, le Concert à la cour,
Léocadie, Fiorella, le Maçon, etc. Son nom
figure pour la dernière fois sur les états de
troupes dans la saison théâtrale 1837-38. Pen-
dant cette même période de temps, Péronnet
avait chanté aussi avec succès à Paris (à l'Odéon),
à Anvers, et à Cadix. Sa voix était pure et flexi-
ble. Assez faible dans le chant passionné et éner-
gique, il excellait dans la musique légère, surtout
dans] celle 'qui comporte des ornements. Son
meilleur rôle était la Neige. Péronnet était aussi
poète et compositeur à ses heures. C'est ainsi qu'en
1830, il avait fait un Chant national, mis en
musique i)ar Dumoulin. En 1831, il avait écrit
les paroles et la musique d'une Varsovienne que
les officiers de la garnison firent chanter au
Grand-Théâtre. — Cet artiste estimable, qui a
laissé des souvenirs à Marseille, où il a résidé,
même après s'être retiré du théâtre, est mort il
y a déjà assez longtemps.
Al. R— D.
* PEROTTl (Jean-Algustin), compositeur
italien, était né à Verceii, non en 1774, mais le
12 avril 1769. Il est mort à Venise le 28 juin
1855.
PERRIÈRE-PILTÉ (M""^ la comtesse
Anaïs), musicienne amateur,à qui sa situation dans
le monde et les avantages d'une grande fortune
ont facilité l'accès du théâtre, naquit dans les
premières années de ce siècle. M'"^ Perrière-Pilté
faisait jouer chez elle, dans son salon, des ou-
vrages dont elle écrivait à la fois le poème et la
musique, et qu'elle parvenait ensuite à produire
à la scène; mais les applaudissements complai-
sants qui accueillaienl, dans l'intimité, ces pro-
ductions vraiment enfantines, ne se retrouvaient
plus devant le vrai public, qui, ayant payé sa
place au théâtre, manifestait de tout autres
exigences. Sous le pseudonyme d'Anais Marcelli,
jyjœe Pernère-Pilté fit ainsi représenter deux
opérettes qui n'obtinrent qu'un succès absolu-
ment négatif : le Sorcier (un acte, Théâtre-Ly-
rique, 13 juin 1866) ; et Jaloux de soi (un acte,
Athénée, 6 juin 1873). Elle a fait exécuter chez
elle, dans son hôtel, où elle avait fait construire
une salle de spectacle, un ouvrage de dimensions
pins considérables : les Vacances de V Amour,
opéra-comique en 3 actes (6 août 1867). En de-
hors de la spécialité qui nous occupe, cette dame
a fait aussi représenter, au Théâtre- Ventadour,
en mai 1875, une comédie en trois actes et en
vers, intitulée le Talon d'Achille. M'"' Perriè-
re-Pilté est morte à Paris, au mois de décembre
1878.
PERRIN (Pierre), connu sous le nom de
Vahbé Perrin, bien qu'il ne fût pas prêtre, fut le
véritable fondateur de l'opéra français, et mérite,
à ce litre, une place dans ce Dictionnaire. Né à
Lyon en 1619 ou 1620, il vint de bonne heure
à Paris et y porta le petit collet, ce qui ne l'em-
pêcha pas d'épouser une certaine veuve La Bar-
roire, dont il était le troisième époux et qui
le laissa veuf lui-même au bout de peu de temps.
11 se fit d'abord connaître par une méchante tra-
duction en vers français de VEnéide,pmi acheta
324
PERRIN
du poëte Voiture la cliarge d'introducteur des am-
bassadeurs auprès de Gaston, duc d'Orléans,
frère de Louis XIII, dont il devint le protégé.
C'est à la cour de ce prince intelli{;ent et dissolu
qu'il prit le goût des choses du théâtre, en voyant
jouer les divertissements qu'il faisait représenter
fréquemment au palais du Luxembourg, habité
parlui. C'était aussi l'époqueoii Mazarin.pour dis-
traire la reineAnne d'Autriche, faisait veniràParis
des troupes de chanteurs italiens qui proiluisaiont
en France les opéras de leur pays. Perrin, attentif
à toutes ces manifestations d'un art nouveau,
songea à acclimater l'opéra en France. Avec
une intelligence véritable de la situation, sentant
ce que la durée des ouvrages italiens avait d'ex-
cessif (sept ou huit heures!), et, d'autre part,
comprenant que nos vers alexandrins étaient trop
lourds et trop pompeux pour s'allier à la nuisique,
il conçut la pensée d'écrire, en évitant ces défauts,
des livrets d'opéras en langue française, et, après
les avoir fait mettre en musique par un artiste
judicieusement choisi, de les produire en public.
Ce projet fut aussitôt qualifié de chimérique
par tous ceux auxquels il le confia, chacun
s'empressant à lui répéter que la langue fran-
çaise était absolument incompatible avec la
musique dramatique. Perrin ne se laissa pas
émouvoir, et essaya tout d'abord divers com-
positeurs en leur faisant écrire la musique de di-
verses pièces de poésie conçues dans le style
qu'il voulait adopter; puis, ayant vu que celui
qui paraissait le plus apte à seconder ses desseins
était Robert Cambert {Voy. ce nom), il lui confia
le livret d'une « comédie en musique » intitulée la
Pastorale, avec charge de la mettre en musique.
Quand ce dernier eut terminé son œuvre, Perrin
s'occupa de la représentation de leur Pastorale,
qui fut jouée en effet à Issy, près de Paris, dans
un domaine appartenant à un certain de la Haye,
maître d'hôtel de la reine. Le spectacle avait
lieu par invitations, et le succès en fut tellement
grand que le roi voulut voir la Pastorale, et
qu'on fut la jouer devant lui à Vincennes, ce qui
n'empôchapas qu'on lareproduisîtplusienrs fois à
Issy. Pour bien comprendre la portée et l'intelli-
gence de l'essai tenté par Perrin, il faut lire la
longue et intéressante lettre placée par lui en
tête du livre imprimé de la Pastorale, lettre
adressée au cardinal de la Rovere et datée du
30 avril 1659.
Le succès éclatant de cette tentative engagea
Perrin à la renouveler. 11 écrivit donc un nouvel
opéra, intitidé Ariane, dont Cambert lit encore
la musique, et dont il se fit diverses répétitions
publiques à I'IkMcI de Nevers; mais la mori de
Mazarin vint empêcher l'ouvrage de voir le jour
et arrêter son essor. Toutefois, Perrin poursui-
vait les projets qu'il avait formés, et à la date
du 28 juin 1GG9 il obtenait de Louis XIV des let-
tres patentes qui lui octroyaient le privilège d'un
théâtre nouveau désigné sous le titre d'Académie
des opéras. Il .s'associa alors avec un financier
nommé Champeron, qui devait faire les fonds de
l'entreprise, avec le marquis de Sourdéac, qui
était chargé de toute la partie relative à la mise
en scène, et avec Cambert, qui était appelé à
écrire la musique de tous les ouvrages représen-
tés. On réunit une troupe, des chœurs, un or-
chestre, on construisit une salle sur l'emplace-
ment du jeu de paume dit de la Bouteille,
et, le 19 mars 1671, le nouveau théâtre s'ouvrait
par la représentation de Pomone, opéra en 5
actes et un prologue, dont le succès fut tel qu'il
fit courir Paris pendant huit mois entiers, et
qu'il produisit un bénéfice de 120,000 livres.
Malheureusement la désunion se mit parmi les
associés ; Sourdéac et Champeron trouvèrent le
moyen d'évincer Perrin, et, d'un autre côté,
Lully, qui songeait à les supplanter tous, faisait
bientôt révoquer en sa faveur le privilège de ce-
lui-ci, après l'avoir personnellement dédommagé.
Lully associa Quinault à sa fortune, attira à lui
les artistes réunis à grand'peine par Cambert, fit
construire une nouvelle salle, et, l'année suivante,
ouvrait à son tour son Académie royale de mu-
sique. Mais si Lully et Quinault ont bénéficié
du titre de fondateurs de l'opéra français, il
n'est que juste de constater que ce titre ne leur
appartient pas et qu'il revient de droit à Perrin
et à Cambert, à Perrin surtout, qui eut vraiment
l'idée première, et qui sut la réaliser à force d'a-
dresse, d'énergie et d'efforts. Il ne s'agil pas ici
de savoir si, ce qui est vrai, Perrin était un mé-
chant poëte, mais simplement s'il conçut le pre-
mier la pensée d'écrire et de faire représenter
des opéras en langue française, et s'il réussit à
réaliser son projet. Or, à cet égard, le doute n'est
[)as possible, et les sarcasmes littéraires de Boileau
ne sauraient entamer la reconnaissance qu'on
lui doit à ce sujet (1).
Perrin avait écrit quatre antres poèmes d'o-
péras : Diane amoureuse ou la Vengeance de
l'amour, la Reine du Parnasse, la Noce de
Venus, et Ariane ou le Mariage de Bacchus.
Ce dernier seul avait été mis en musique par
(1) Sous ce tUre : les Vrais Créateurs de l'Opéra
français. Perrin et Camhcrt. j'.il publii- d.ins le jour-
nal le Ménestrel (i875-lB7fi) un t-ciit très-LHcndii, conte-
nant lie nombreux f;iits inconnus, et qui pourra ftre ull-
leiti'nt consulté sur ces commencements de l'histoire de
notre musique dramatique.
PERRIN — PERSIANI
325
Cambert ; mais, on l'a vu, Ariane ne put être re-
présentée à Paris , elle le fut à Londres, lorsque
Ganiberl, après la destruction de ses espérances,
quitta la France pour aller se réfugier en cette
ville. Quant aux trois autres livrets, ils restè-
rent sans emploi.
Perrin mourut à Paris, dans la misère, le 25
avril 1(575,3 l'âge de cinquante-cinq ans.
PERIIIX (Théodore), docteur en médecine,
vice-président de la Société de médecine à Lyon,
a publié l'écrit suivant : de l'Influence des
doctrines el de la civilisation sur la musir/ue,
discours de réception à l'Académie des sciences,
belles-lettres et arts de Lyon, lu dans la séance
du 3 juillet 1855 par le docteur Théodore Perrin
(Lyon, impr. Dumoulin, gr. in-8 de 39 p.).
"PERROXARD ( ), facteur de clavecins,
vivait à Paris et était établi, en 1788, rue du Coq-
Saint-Honoré. V^oici comment V Almanach mu-
sical de 1782 rendait compte d'une de ses inven-
tions ; « M. Perronard a adapté au clavecin des
pédales qui font jouer un jeu de basse qui fournit
des sons de contre-basse très-beaux, très-forts et
très-nourris. La pression du pied, plus ou moins
appuyée, peut varier beaucoup l'harmonie ([ui ré-
sulte de cette invention. On la rend pleine et
forte, quand le morceau que l'on joue demande
cet effet. On diminue le corps des sons, en ap-
puyant légèrement le pied sur la pédale (pji les
produit. Il ne faut donner qu'une attention
très-légère à la méchanique que M. Perronard a
imaginée pour acquérir l'habitude de s'en servir.
Le petit travail auquel elle soumet d'abord l'es-
prit, est agréablement compensé par l'harmonie
pleine, moelleuse, qu'on tire de cet instrument. »
PERROSSlER(. ...).— Un artiste de ce nom
a écrit la musique de l'Antiquaire, opéra-comi-
que en un acte représenté snr l'un des théâtres
de Toulouse en 1875.
PERRY-BI AGIOLl (Antonine et Henri),
compositeurs français, nés la première vers 1848,
le second vers 1854, sont fils d'un médecin de
talent qui est mort au mois d'avril 1877. Tous
deux apprirent le piano sous la direction de leur
mère, qui avait été, dit-on, élève de Liszt, et com-
mencèrent à composer d'instinct, dès leurs plus
jeunes années, sans avoirencore aucune noliomle
la théorie de l'art. Ils écrivirent ainsi une messe
à 4 parties, avec chœurs et orchestre, qui fut
exécutée en 1863 à Bellevue, village qu'ils habi-
taient auprès de Paris, et en ls64 dans l'église
de Saint-Vincent de Paul. Dans la première de
ces deux exécutions, l'orchestre était dirigé par
jime perry-Biagioli, la mère des deux jeunes
compositeurs. Les deux enfants écrivirent en-
suite la musique d'une opérette, les Matelots
du Formidable, qui fut jouée dans un concert
au mois d'avril 1805. Depuis lors, M""' Anfonine
Perry-Biagioli a publié; quelques morceaux de
chant, et son frère un recueil de 20 mélodies
vocales. M. Henri Perry-Biagioli a écrit aussi
la musique d'un drame lyrique en 3 parties, les
Héroïques, dont sa sœur lui a fourni le poème,
et qui a étéexécuté en 1876, au théâtre de l'Opéra-
Comique, dans une matinée donnée spécialement
à cet effet. Il a fait représenter ensuite au petit
théâtre Beaumarchais (Fantaisies-Parisiennes),
le 29 aortt 1878, une opérette en 3 actes intitulée
la Croix de V Alcade. L'éditeur M. Hartmann
a publié la partition, avec accompagnement
d'orgue ou de piano, de la Messe fraternelle
d'Antonine et Henri Perry-Biagioli.
* PERSIANI (Joseph), compositeur drama-
tique italien, est mort le 14 août 1869 à Paris,
oii depin's longtemps il s'était fixé. Aux ouvrages
dramatiques mentionnés sous le nom de cet ar-
tiste, il faut ajouter il Fantasma , opéra expres-
sément écrit par lui pour le Théâtre-Italien de
Paris, où il fut représenté sans grand succès le
14 décembre 1843. D'autre part, on doit re-
marquer que les deux opéras inscrits] sons les
titres suivants : i Saraceni in Catania et Eufe-
mio di Messina, ne forment qu'un seid et même
ouvrage. Persiani avait donné au théâtre Alfieri,
de Florence, en 1829, un opéra intitidé Eufemio
di Messina, ovvero la Distruzione di Catania;
peu satisfait sans doute de sa partition, il la re-
mania et la produisit au Théâtre-Neuf de Padoue,
en 1832, sous ce nouveau titre : i Saraceni in
Catania, qu'elle conserva lorsqu'il la fil entendre
l'année suivante à la Fenice, de Venise.
* PERSIANI (Faxny TACCIIIXARDI,
femme), épouse du précédent , naquit à Rome le 4
octobre 1812etmourutàNeuilIy-sur-Seinele3mai
1867. Nous ajouterons quelques renseignements
à ceux donnés sur cette cantatrice célèbre par la
Biographie universelle des Musiciens. M™^ Per-
siani aborda la carrière théâtrale 5 Livourne, en
1832, dans Francesca da Riniini; de là elle alla
à Padoue, à Venise, où la beauté de sa voix et
de son chant dramatique la firent surnommer
« la petite Pasta, « à Milan, où le poète Felice
Romani lui adressa des vers empreints d'admi-
ration pour son talent, à Rome, à Naplcs, où Do-
nizetti écrivit expressément pour elle son admi-
rable Lucia di Laniermooret\es deux Ricci leur
Disertore per amore, à Gênes, Pise, Florence,
Bologne, etc. Elle se rend ensuite à Londres,
puis est engagée au Théâtre-Italien de Paris, où
elle débute avec éclat à la fin de 1837 et reste jus«
qu'en 1849. Vers cette époque, elle perd sa voix et
prend avec son mari la direction d'un des théâtres
326
PERSIAM — PESCHRA-LEUTNER
italiens de Londres, entreprise dans laquelle elle
perd tout le fruit de ses économies. Oi)ligée de
rev(Miir à Paris, elle s'y fixe et donne des leçons
dechanlpour vivre. Frappée le 3 mai 1867 dune
attaque d'apoplexie foudroyante, elle meurt sans
avoir le temps d'embrasser son mari et ses en-
fants, qui l'entouraient.
PEUSIAA'I (Gilseppe), compositeur italien,
d'une famille noble, est né à Gessopalena, dans
les Abruzzes, vers 1832. Après avoir fait de
bonnes études littéraires à Chieti, il suivit, à
Naples, un cours complet de contre-point et de
composition avec Mario Aspa. En 1855, il fit
représenter à Chieti un opéra sérieux intitulé
Malek-Adel, et fil ensuite exécuter sur le théâtre
de cette villedeux scènes lyriques .• ilPrigioniero
di Palermo et ritalia. M. Persiani a écrit un
certain nombre d'oeuvres religieuses : messes,
vêpres, hymnes, etc., et aussi des ouvertures,
airs, romances et morceaux de musique de danse.
Y.
PERSICHINI ( ), compositeur drama-
tique italien, est l'auteur de deux opéras sérieux,
dont l'un, rviiimo degli Incas, a été donné sur
le Grand-Théâtre de Vienne le 18 mars 1866, et
dont l'autre. Cola di Rienzi, a été représenté au
Politeama de Rome, le 28 juin 1874.
• PERSUIS,(Louis-Luc LOISEAU DE).
— D'après une notice publiée par M. Bégindans la
Biographie de la Moselle (t. III, p. 456-463), cet
artiste est né à Metz, non le 21 mai, mais le
4 juillet 1769. Son pèie, Jean-iNicolas Loiseau de
Persuis, était maître de musique de la cathé-
drale, chargé d'instruire les enfants de chœur,
et sa mère s'appelait Marie- Anne Liouville. D'au-
tre part, Soliman Léautaud, dans sa Liste des por-
traits de personnages nés dans la Lorraine
et le pays Messin, fait connaître l'existence de
deux portraits de Persuis, dont le premier, peint
en 1811 par P. Guérin, a été gravé par Jules Por-
reaueu 18^i9.
*PERTHALER (Caroline), pianiste distin-
guée, établie à Munich, oij, jusqu'en 1870, elle
n'a cessé de se livrera l'enseignement, est morte
à Gries (Tyrol), au mois d'octobre 1873.
* PERI"! (Jacoi es-Antoine). — A la liste
des ouvrages dramatiques dus à cet artiste,
il faut ajouter les suivants, composés pour le .ser-
vice (lu duc de Toscane Ferdinand de Médicis :
1' Z)/o?i«/o (1707), 2°Ginevra (l"08) , 3° fio-
delinda (1710). Perti écrivit aussi, pour la cha-
pelle de ce prince ami des aris, trois motels et deux
Bencdictus. On lui doit encore un autre opéra,
Pénélope la casta, qui fut représenté à Rome,
sur le IhéAtre Tonlinona, en \r,'J6, et un orato-
rio. Cj7S^o ai /iHi/;o, exécuté à lîologne en 1698.
* PERUCCIIIIVI (Le docteur Jean-Bap-
tiste) , pianiste et compositeur dilettante, était
né non à; Venise en 1790, mais à Bergame en
1784. Il est mort à Venise au mois de janvier
ou février 1870.
PERULLO (LoDOVico), pianiste et compo-
siteur, né à Naples le 13 juin 1839, mort en cette
ville, à peine âgé de vingt et un ans, le 13 juillet
1860, avait fait ses études avec M. Luigi Biscardi,
puis avec le baron Giuseppe Staffa. Très-jeune,
il s'élail adonné à la composition, et avait écrit
un grand nombre de morceaux soit pour le
piano, soit pour le chant. Quelques-uns de
ces morceaux avaient été publiés, mais la plu-
part étaient restés inédits. 11 y a quelques an-
nées, un éditeur de musique de Naples, M. Théo-
dore Cottrau, eut l'idée de recueillir les compo-
sitions de PeruUo et de les livrer au public ; il
commença par former un recueil de Danses na-
politaines, qui ne contenait pas moins de cin-
quante morceaux. D'autres recueils ont dû pa-
raître par la suite.
PESCHARD (Albert), docteur en droit, or-
ganiste de Saint-Étienne de Caen, né dans cette
ville en 1837, est l'inventeur d'un système d'ap-
plication de l'électricité aux orgues, pour lequel
il a pris, en 1862, un brevet dont se sont rendus
acquéreurs les facteurs Barker et Verschneider.
C'est d'après ce système qu'ont été construits
les orgues de Salon, en Provence, de Saint-Au-
gustin de Paris, et de Saint-Pierre de Montrouge.
M. Peschard a exposé les détails de soninvention
dans une notice ayant pour titre : Application
de l'électricité aux grandes orgues, laquelle a
été publiée dans le Bulletin de la Société des
Beaux-Arts de Caen (juin 1865). Il en a été fait
un tirage à part.
J.C— z.
PESCHKA-LEUTAER (Mina \0N
LEUIWER, épouse PESCHKA, connue sous
le nom de M'"'=), cantatrice allemandedistinguée,
née à Vienne le 25 octobre 1839, a fait ses études
musicales sous la direction de Proch, et , à peine
âgée de dix-sept ans, débuta au théâtre de Bresiau,
en 1856, dans le rôle d'Agathe du F/"ei.«7i«/-. Sa
jolie voix <le soprano léger, .son goût naturel, son
intelligence de la scène, la firent aussitôt bien ac-
cueillir du public, qui ne lui inarcliamia pas les
encouragements. Du théâtre de Bresiau M"'' Leut-
ner passa à celui de Dessau ; elle se rendit en-
suite à Vienne, où elle perfectionna son talent
à l'aide des leçons d'une cantatrice célèbre ,
M""" Bockholz-Falconi, et où elle épousa un docteur
en médecine, M. Peschka. Après deux années d'un
travail attentif et soutenu, M""^ Peschka-Leutner
lit, à l'Opéra impérial devienne, de trèsheu-
PESCHKA-LEUTNER"— PESSARD
327
reux débuts dans les Huguenots (Marguerite) et
Bobert le Diable (Isabelle) ; elle demeura plu-
sieurs années attachée à ce théâtre, oii elle joua
aussi Don Juan, la Flûte enchantée, l' Afri-
caine, et divers autres ouvrages. A la suite d'une
longue maladie, et après avoir quitté Vienne,
elle se produisit à Darmsfadt en t8G7, et depuis
1868 jusqu'en 1876 appartint au théâtre de Leip-
zig; elle oblint en cette ville de grands succès,
non-seulement à la scène en jouant Dinorah, les
Noces de Figaro, Idoménée, la Fille du régi-
ment, V Enlèvement du sérail, etc., mais en
se faisant entendre aussi avec beaucoup de fré-
quence aux concerts du Gewandhaus, où elle sa-
vait se faire vivement applaudir comme chan-
teuse de lieder et d'oratorio. C'est en cette qua-
lité qu'elle s'est fait entendre dans les festivals
de diverses villes, notamment à Cologne et à Dus-
seldorf. Aujourd'hui (1878) M'"" Peschka-Leutner
est engagée au théâtre de Hambourg. Cette artiste
distinguée a pris part, en 1872, au festival mons-
tre de Boston.
PESSARD (ÉMiLE-Louis-FoRTLNÉ), l'un des
membres les plus actifs et les plus distingués de
la jeune école musicale française, est né à Mont-
martre (Paris) le 29 mai 1843. Fils d'un flûtiste
habile, il apprit de bonne heure les premiers
éléments de la musique, et plus tard, tout en
étudiant le piano, tint l'emploi de contre-bassiste
dans divers orchestres. Passionné pour son
art, il commença à écrire dès l'âge de douze ou
treize ans, et composait d'instinct, sans con-
naître aucune notion d'harmonie. Admis au Con-
servatoire, dans la classe d'harmonie et accom-
pagnement de Bazin, il remporta un second prix
en 1861, le premier en 1862, et entra ensuite
dans la classe de fugue et décomposition de Ca-
rafa. Reçu le premier, en 1865, au concours
préparatoire pour le prix deRome, il n'obtint pour-
tant aucune récompense ;' mais l'année suivante,
ayant été, au contraire, reçu le dernier à cette
première épreuve, il se vit décerner à l'unanimité
le premier grand prix de composition. Sa can-
tate, intitulée Dalita, fut exécutée à l'Opéra le
21 février 1867, et favorablement accueillie par
le public.
M. Pessard partit alors pour Rome, fit régu-
lièrement à l'Académie des beaux-arts les en-
vois que lui imposaient les règlements, et, de
retour à Paris, fut assez heureux pour faire re-
cevoir à rOpéra-Comique un ouvrage en un acte
qui avait pour titre'^tz Criiche cassée. Ce petit
ouvrage, élégant et mignon, fut représenté le
21 février 1870, c'est-à-dire trois ans, jour ))Our
jour, après l'exécution de sa cantate à l'Opéra.
Quoiqu'il eût produit un excellent effet, son au-
teur dut cependant attendre huit années une
nouvelle occasion de se reproduire à la scène.
Mais M. Pessard pour cela ne perdit point son
temps, et, voyant que le théâtre lui était fermé,
se mit à écrire beaucoup de musique d'église, de
concert ou de salon. Outre une petite messe so-
lennelle et divers morceaux religieux, il lit exé-
cuter une jolie suite d'orchestre, un sextuor et
un quintette fort élégants pour instruments à
vent, un trio pour piano, violon et violoncelle,
une grande marche symphonique, puis il publia
un assez grand nombre de morceaux de piano
et de morceaux ; de chant à une ou plusieurs
voix, sans compter un recueil charmant de mé-
lodies vocales donné sous ce titre: Joyeusetés de
bonne compagnie.
M. Pessard, quiestun musicien bien doué, ins-
truit et respectueux de son art, voyait cependant
avec peine que la carrière dramatique semblait se
fermer devant lui. Il avait écrit la musique d'un
opéra-comique en un acte, le Char, que la di-
rection de rOpéra-Comique tenait depuis long-
temps enfermé- dans ses cartons, et il s'occupait
d'un ouvrage beaucoup plus important, le Ca-
pitaine Fracasse, dont le livret avait été
tiré du roman fameux de Théophile Gautier
qui porte ce titre. Ce dernier, reçu d'abord à
rOpéra-Comique, comme le précédent, fut en-
suite porté aux Folies-Dramatiques, puis à l'O-
péra populaire installé pour un instant au théâtre
du Châtelet, puis au Théâtre-Lyrique reconsti-
tué à celui de la Gaîté par M. Albert Vizentini.
tn dépit de ses efforts, le compositeur ne pou-
vait parvenir à présenter l'un ou l'autre au pu-
blic, et cette situation menaçait de se prolonger
indéfiniment, lorsque enfin, le 18 janvier 1878,
rOpéra-Comique se décida à donner la première
représentation du Char, dont la musique alerte,
vive, enjouée, pleine de grâce et de distinction,
réunit tous les suffrages. Dans le même temps,
le Théâtre-Lyrique, qui avait sombré dans la
salle de la Gaîté, s'étant reformé à la salle Ven-
tadour, mit en répétition le Capitaine Fracasse,
et cet ouvrage, qui servait de début à la nouvelle
administration , obtint un succès très-vif, très-
brillant, que légitimaient les excellentes qualités
que l'auteur y avait déployées, qualités qui con-
sistaient surtout en un grand sentiment scénique,
en une inspiration très-franche, en une verve
très-heureuse, complétés par une recherche à la
fois sobre et ferme des effets d'harmonie et d'ins-
trumentation. Bref, le Capitaine Fracasse fut
reçu par le public avec une faveur évidente, et
de ce jour on put compter M. Pessard au nom-
bre des jeunes soutiens les plus solides de la
scène lyrique française. L'avenir se chargera
328
PESSARD — PETRELLA
sans doute de réaliser les promesses faites par
l'artiste dans cet ouvrage vraiment intéressant.
Voici la liste îles anivres de IM. Pessard pu-
bliées jusqu'à ce jour : 1" la Cruche cassée, un
acte, Opéra-Coinique, 21 février 1870 ; 2° le
Char, un acte, 18 février 1878; 3» le Capitaine
Fracasse, ,'J actes et fi tableaux, Théâtre-Lyri-
que, 2 juillet 1878; 4° Petite messe solennelle
(en fa majeur) à 2 voix égales, avec accompa-
gnement dorgue ou harmonium ; 5° Ave Maria,
avec accompagnement d'orgue, violon et violon-
celle; 6" Méiiitalion religieuse {Mater Salvato-
ris) ; 7» Joyeusetés de bonne compagnie, re-
cueil de chansons et mélodies vocales ; 8°
25 Pièces pour piano à 2 mains; 9° 10 Pièces pour
piano à 4 mains ; 10° Quintette pour instruments
à vent (transcrit pour piano) ; 1 1° Trio (en si bé-
mol) pour piano, violon et violoncelle; 12° Pre-
mière suite d'orchestre (transcrite pour piano);
13° Grande Marche pour orchestre (id.); 14" 2
Nocturnes pour piano ; 15° 2 Romances sans
paroles, id.; 16» 3 Mazurkas, id. ; 17° Diverses
Pièces détachées pour piano; 18° Ne la réveil-
lons pas, mélodie avec chœur à 3 voix égales ;
19° environ 30 chansons, romances ou mélodies
à une ou deux voix.
M. Emile Pessard est inspecteur du chant
dans les écoles communales de la ville de Paris.
Il a été nommé chevalier delà Légion d'honneur
en 1879.
PËTELARD ( ). Un musicien de ce nom
a fait représenter, à la fin du dernier siècle,
trois petits opéras-Comiques sur des scènes peu
importantes : 1° le Rossignol, un acte, Délasse-
ments-Comiques, 1798; Tla Résurrection de Ca-
det Roitsselle, Délassements-Comiques, 1798;
3° l'Amour et la Nature, un acte, Jeunes-Élè-
ves, 1799.
* PETIT (Adrien), surnommé COCLICUS.
— Voyez COCLICUS.
PETIT (L'ahhé), est auteur d'une Disserta-
tion sur lu psalmodie et les autres parties du
chant grégorien dans leurs rapports avec Vac-
centufitiou la/ine (Paris, Didron, 1855, in-S").
* PETRALI (Loiis), a fait représenter à
Bergame, en 1864, un opéra sérieux intitulé ^Va-
ria de Griffi. Cet artiste remplissait, vers 1872,
les fonctions de chef d'orchestre au théâtre social
de Crema.
* PETRELLA (Enr.ico), compositeur dra-
matique italien, naquit à Palerme le 10 décembre
1813. Fils d'un oflicier de marine, il fut amené de
bonne heure i Naples, y montra un goût précoce
pour la musique, et dès l'âge de huit ans com-
mençait l'étude du violon sous la direction d'un
maître nommé Saveriodel Giudice. A dou/c ans,
il était admis au Conservatoire, où il avait pour
répétiteurs (macsfrini) M. Michèle Costa, le chef
d'orchesire devenu depuis lors si célèbre à
Londres, et l'immortel auteur de jSorma, le blond,
doux et passionné Bellini ; il passa ensuite sous
la conduite del'urno et de I<'rancesco Ruggi, puis
commença l'étude du contre-point et de la
composition avec Zingarelli lui-même, le direc-
teur du Conservatoire.
Malheureusement pour lui, l'occasion de se
produire se présenta beaucoup trop tôt . Le ha-
sard fit qu'un ami de sa famille, s'étant trouvé à
la tête «lu petit théâtre de la Fenice et voulant
lui être agréable, vint demander au jeune Pe-
trella, à peine âgé de seize ans, s'il voulait écrire
un opéra pour ce théâtre. Or, à cette époque,
non-seulement le futur artiste était fort loin d'a-
voir terminé ses études, mais il n'avait jamaismis
le pied dans une salle de spectacle, il n'avait
jamais entendu un opéra, et il n'avait pas écrit
un seul morceau de musique instrumentale. Il
n'en accepta pas avec moins d'empressement
l'offre qui lui était faite, en dépit de l'opposition
vigoureuse et raisonnée qu'il rencontrait à ce
sujet chez son maître Zingarelli, et il aima mieux
se fâcher avec celui-ci et quitter le Conservatoire
que de laisser échapper une occasion qui d'ail-
leurs, il faut le dire, était singulièrement ten-
tante pour un jeune artiste.
11 écrivit donc l'ouvrage demandé, qui était un
opéra bouffe en deux actes ayant pour titre il
Diavolo cotor di rosa, et, quoique ainsi com-
posé à la diable et à l'aventure, ce petit ouvrage,
représenté sur le théâtre de la Fenice à la fin de
1829 ou au commencement de 1830, obtint un
énorme succès. Ce succès peut être considéré
comme un malheur pour Petrella, car il ne lui
permit pas de continuer ses éludes (quoiqu'on
assure qu'il ait encore travaillé quelque temps
avec Francesco Ruggi), et c'est à ce défaut d'é-
ducation première qu'est dû le peu de solidité
des (l'uvres qu'il produisit par la suite, malgré
les dons heureux qu'il tenait de la nature.
Une fois entré dans la carrière, Petrella ne
s'arrêta plus, et dans l'espace de quarante ans
donna plus de vingt ouvrages, soit sérieux, soit
bouffes, qui, pour une bonne partie, furent bien
accueillis du public, (luoicpie d'une valeur très-
inégale et conçus dans im système dont le défaut
principal était de n'en être pas un et de laisser
tout au hasard d'une inspiration plus ou moins
beiueuse.Parmi ses plusgrands succès, il faut sur-
tout citer, dans le genre dramati(|ue,Jo)ie,. Vflrco
Visconti, Giovanna II di Napoli, et dans le
genre bouffe, il Folletto di Grrsy, et particuliè-
eincnt le Precuuzioni, qui depuis vingt-cinq
PETRELLA
329
ans n'ont cessé de se maintenir à la scène. Pe- j
trella était d'ailleurs l'enfant ciiéri du public na-
politain, et l'engouement singulier de ce public
pour ses œuvres était tel qu'après la représenta-
tion d'un de ses opéras bouffes, \eGiornale uffi-
cm^e de tapies ne rougissait pas d'écrire un jour
ces ligues vtritablement monstrueuses : — « En
cet opéra l'on peut dire que sont ressuscites Pal-
sielloet Cimarosa.» Or, pour qui connaît la forme
lâche et débile, le style plat et vulgaire de Pe-
trella, ceci est toutsimpleinent inouï.
Il faut bien le constater, d'ailleurs, quoiqu'il
ne fût qu'un artiste d'un ordre très-secondaire,
Petrella a été l'un des musiciens les plus applau-
dis et les plus populaires de l'école qui a surgi,
en Italie, à la suite de M. Verdi. Imitateur servile
de la première manière de ce maître, il n'a fait,
dans legeure sérieux, que se traîner vulgairement
à sa remorque, n'ayant point sa générosité d'ins-
piration, mais reproduisant ses effets de sonorité
brutale et certains procédés d'un emploi facile.
J'ai entendu, pour ma part, en Italie, deux ou
trois de ses ouvrages, entre autres Giovanna di
Napoli, et je ne me rappelle pas avoir jamais ouï
musique plus plate, plus insipide et plus banale.
Au reste, un de ses compatriotes, musicien dis-
tingué et critique très-accrédité, m'écrivait à son
sujet, il n'y a pas longtemps, les lignes que Toici : —
« Petrella a été considéré longtemps comme le
« second compositeur dramatique de l'Italie,
« après Verdi. Celte opinion monstrueuse s'est
« beaucoup modifiée depuis l'apparition de Pon-
« cliielli, de Marchetti, de Boito, de Gomez, et
« autres véritables musiciens. Petrella est doué
« d'une organisation musicale très-heureuse,
« malheureusement entachée de graves défauts.
« Ce maestro a beaucoup d'imaginaiion, de faîi-
« tasia, sa veine mélodique est abondante, mais
« le sens du rhytlime, de la mesure, des propor-
« tions lui manque complètement. De plus il est
« vulgaire, son harmonie est incorrecte^ et la
« plupartdesesgrandseffftsscéniquessont fondés
« sur les passages inopinés, foudroyants, du forte
« âu piano. Il peut saisir le public, produire un
« effet bruyant, faux ; mais les vrais connaisseurs
« sont forcés de ne reconnaître en lui qu'un com-
« positeur de mauvais goût. Il a écrit beaucoup
« d'opéras; son ineilloiirouvrage reste le Precau-
« zioni, opéra bouffe de genre napolitain, plein
« de brio, de verve, et où l'élément comique
« est très-bien employé. Dans le genre drama-
« tique, Jone est son œuvre la mieux réussie; la
« scène du délire est une belle page de musique
« inspirée et expressive. Ceux de ses autres ou-
« vrages qui ont obtenu un succès plus ou moins
« brillant sont Giovanna di Napoli, Bianca Or-
« sini, l'Assedio di Leida, Caterina Howard,
«■ il Dnca di Scilla, la Contessa d'Amal/i,
« ce dernier tiré du drame de votre Octave
« Feuillet : Dalila. »
Tel e.st, sur l'ensemble de l'œuvre et sur le ta-
lent de Petrella, le jugement d'un Italien, très-
compétent, très-sincère et très-désintéressé; ce
jugement s'accorde complètement avec l'impres-
sion que j'ai ressentie personnellement à l'audi-
tion de la musique de ce cornposileur, et il me
parait absolument équitable. Pourtant, et comme
on vient de le voir, Petrella a obtenu dans sa pa-
trie des succès retentissants, surtout avec Jone
et le Precauzioni, qui sont étonnamment popu-
laires de l'autre côté des Alpes. Il est vrai que,
malgré ses succès, aucune duvre de cet artiste
n'a pu franchir les frontières de son pays, et que
Tonne connaîtriende lui ni en France, ni en Alle-
magne, ni en Angleterre. Il est probable qu'il ne
laissera aucune trace visible de son passage, et
que dans peu d'années tous ses opéras seront
oubliés.
Ce qui prouve à quel point l'éducation musi-
cale de Petrella était restée incomplète et tron-
quée, c'est qu'il y a quelques années, un concours
ayant été ouvert pour une place de professeur
de contre-point au Conservatoire de Naples, et
Petrella s'étant présenté, il subit ce concours
d'une façon tellement pitoyable qu'il fut impos-
sible de lui confier l'emploi vacant, malgré sa
notoriété de compositeur et la fortune de quel-
ques-uns de ses ouvrages. Il était d'ailleurs aussi
inculte comme homme que comme musicien, et
tellement ignorant de toutes choses qu'on pou-
vait supposer que son instruction littéraire
avait été aussi complètement négligée que son
instruction artistique. Honnête homme, du
reste, et travailleur acharné, la vie lui fut dif-
ficile en dépit des heureuses circonstances qui
se présentèrent pour lui, et il mourut dans
l'état le plus précaire. Il se trouvait à Gênes,
dans une famille amie, lorsqu'il tomba grave-
ment malade, au mois de février ou de mars
1877. Bientôt, son état empirant et nécessitant
des dépenses considérables, on dut faire con-
naître sa situation, le pauvre Petrella étant ab-
solument sans ressources; le municipe de Gênes
vota en sa faveur une somme de 500 francs,
et le théâtre Paganini de cette ville donna à son
bénéfice une rei)résentationdes Precauzioni. qui
produisit environ 1,500 francs; de leur côté, le
Conservatoire de iN'aples et son directeur,M.Lauro
Rossi, s'occupaient des moyens de venir en aide
à cet arliste honorable, lorsqu'il mourut, le 7
avril 1877, des suites de la grave maladie dont
il était atteint. Il était âgé de soixante-trois ans.
;330
PEÏRELLA — PÉTROW
Voiti la liste chronologique des opéras de Pe-
trella: i"ilDiavolocolordirosa,houiïe, 2actes,
Naples, théAtre de la Fenice, 1829 ou 1830 ; 2° il
Giorno didle ISozze, bouffe, 2 actes, Naples,
lliéàtre Nuovo, 1832; 3° Pulcinella morlo e
non morlo, bouffe, 2 actes, Naples, théâtre Nuovo,
1832; 'i" Cimodocea, iéritiiw, non représenté;
5" lo Scroccone, l)oufle, 2 actes, Naples, théâtre
Nuovo, 183G;6''i Pirati spagnuoU, semi-sé-
rieux, 2 actes, Naples, théâtre Nuovo, 1837 ;
7° le Minière di Freimberg, semi-sérieux, Na-
ples, théâtre Nuovo, 1839 ; 8" le Precauzioni,
bouffe, 3 actes, Naples, théâtre Nuovo, 1850;
9" Elena di Tolosa, semi-sérieux, 3 actes, Na-
ples, Fondo, 1852 ; 10° Marco Visconti, sé-
rieux, 3 actes, Naples, San-Carlo, 1854',; 11"
Elnuva, o l'Assedio di Leida , sérieux, 4
actes. Milan, Scala, 1835; 12° Jone, sérieux, 4
actes, Mil.in, Scala, 1858 ; 13° il Duca di Scilla,
sérieux, 4 actes, Milan, Scala, 1859; 14° Moro-
s/na, sérieux, jî actes, Naples, San-Carlo, 18C0;
15" il Follet to di Gre^y, bouffe, 3 actes, Naples,
Fondo, 1860; 16° Virginia, séiieu-x., 3 actes, Na-
ples, San-Carlo, 1861; 17° la Confessa d'Avialfi,
sérieux, Turin, théâtre Regio, 1864 ; 18" Celinda,
sérieux, 3 actes, Naples, San-Carlo, 1865; 19°
Caterina Howard, sérieux, Rome, théâtre Apol
lo, 1866; 20" i Promessi Sposi, semi-sérieux,
Lecco, 1866; 21" Giovanna 11 di Napoli, sé-
rieux, 4actes, Naples, San-Carlo, 1869;22'' Man-
fredo, sérieux, Naples, San-Carlo, 1872; 23"
Bianca Orsini, sérieux, 4 actes, Naples, San-
Carlo, 4 avril 1874. Petrella a fait exécuter aussi
au théâtre San-Carlo, en 1861, un Inno a Vit-
torio-Emanuele. Lorsqu'il mourut, il avait en
portefeuille un opéra complètement achevé, la
Fatadi Pozzuoli, et il venait d'en commencer
un autre intitulé Salammbô. On connaît aussi de
lui ime messe funèbre écrite à l'occasion de la
mort d'Angelo Mariani {Votj. ce nom).
PETRILLO (Francesco), compositeur ita-
lien, a fait représenter au mois d'octobre 1867,
sur le pi'lit théâtre de la Fenice, de Naples, un
opéra bouffe intitulé Candida e Tommaso.
I»I':TUIM (F -P ), théoricien, vivait
dans la première moitié du dix-neuvième siè(-le.
Il a publié : Règles de Vharmonie, rendues
plus faciles par une suite de leçons en forme
de préludes, etc. (in-folio de 35 pages gravées).
PETRO(>lj\I (Francksco), compositeur dra-
matique italien, a fait repré.senter avec un très-
grand .=uccès, le 2 déceuibre 1858, au théâtre de
la Scala, de Milan, un opéra intitulé l'Uscocco,
dont le sujet avait été emprunté au roman de
George Sand, Wscoquc. Auparavant, il avait
donné, je ne sais en quelle ville, un premier ou-
vragcqui avait pour titre la Ducliessa di la ]'al-
Hère. Malgré le succès obtenu par l'Uscocco,
dont la partition, disait-on, renfermait des qua-
lités de |)render ordre au double point de vue
de la forme et de l'inspiration, je ne sache pas
que l'auteur se soif, depuis lors, présenté de
nouveau à la scène. Il est mort à Milan, au mois
de juillet 1875.
PETROiXI (Le P. Antonio), compositeur de
musifjue religieuse, naquit à Lucques vers 1700,
et mourut en celte ville en 1760. On lui doit
une messe à 4 voix, avec accompagnement ins-
trumental, exécutée à la fête de sainte Cécile,
huit services consistant en psaumes, messes,
motets, exécutés pour la même fête, de 1738 à
1749, et un De profundis à 4 voix.
PÉTROW (Ossip), chanteur russe qui a
joui dans sa patrie d'une immense renommée
dont l'éclat s'est répandu même à l'étranger,
était né dans les premières années de ce siècle.
Doué d'une superbe et vigoureuse voix de
basse-taille, il s'adonna de bonne lieure à l'étude
du chant et se consacra à la carrière dramatique,
donnant surtout l'appui de son talent à la musi-
que nationale, et n'ayant, je crois, jamais quitté
le Théâtre-Impérial de Saint-Pétersbourg, au-
quel il resta attaché pendant plus d'un demi-
siècle. Pélrow chantait aussi l'italien, et, dans
les grands concerts qui se donnaient naguère à
la grande salle de l'assemblée de la noblesse, il
oblenait d'énormes succès aux côtés de Rubini,
qui le tenait en haute estime, et de Negri.
Dans le répertoire russe, le rôle qui lui valut
surtout .son [)!us grand triomphe est celui de
Soussanine dans roi)éra fameux de Glinka, la
Vie pour le Tzar, qu'il créa lors de l'apparition
decetouvrage.il s'y montrait, paraît-il, chan-
teur consommé et comédien des plus remar-
quables, et le public, dont il était le favori, ne lui
faisait jamais plus de fête que dans cet opéra,
où il fai.sail preuve d'une vigueur, d'ime puis-
sance et d'un talent exceplionnels. Pélrow, à
l'âge de .soixante-neuf ans, reprit, dans une cir-
constance exceptionnelle, le rôle de Soussanine,
qu'il avait depuis longtemps abandonné; il s'a-
gissait d(î fêter, sur la scène du théâtre Marie,
le quarantième anniversaire de l'apparition de
la Vie pour le Tzar, en donnant la quatre cent
quarante-huitième représentation du chef-
d'œuvre populaire de Glinka. C'était le 28 no-
vembre 1876. Lui-même avait célébré, peu de
mois auparavant, le cinquantième anniversaire de
son début sur ce Ihéâlre, et l'on pense si le|»id)lic
rus.se avait accueilli avec enthousiasme le véné-
rable artiste (pii lui avait f,u'l éprouver des joies
si nombreuses et de si vives sensations! Pélrow
PÉTROW
PFEIFFER
331
ne survécut pas longtemps à ce double événe-
ment, qui couronnait si bien une carrière hono-
rable et brillante. Il mourut à Saint-Pétersbourg,
le 11 mars 1878, à l'âge de soixante et onze
ans. Parmi les autres ouvrages à l'interprétation
desquels il concourut de la façon la plus heureuse,
il faut citer /rt Pxkovitane, de M. Rimski-Kor-
sakof, le Convive de Pierre, de Dargomijski,
et la Roussalka.
jjme pcii-ow, née Vorobiew, femme de cet
artiste, fut aussi luie cantatrice dramatique
distinguée, et appartint, ainsi que lui , pendant
longues années, au personnel de l'Opéra russe.
C'est elle qui créa le rôle de l'orphelin Vania
dans la Vie pour le Tzar.
PETRUCCI ( ), compositeur italien, a
écrit la musique de la Maladctta, opéra qui a
été représenté à Barletta le 22 mars 1873.
PETTEIVGHI ( ), compositeur italien,
a écrit la musique (\'el Risott, bouffonnerie mu-
.sicale en dialecte, qui a été représenté sur le
théâtre Castelli, de Milan, au mois de février
1877.
* PFEIFFER (Georges-Jean). — Cetarti.ste
extrêmement distingué est l'un des représentants
lesplus originaux, les plus actifs, les plus féconds
et les mieux doués de la jeune école françai-
se (1). Artiste d'un talent souple, d'un esprit
curieux et chercheur, d'une imagination
variée, M. Pfeiffer est à la fois un composi-
teur remarquable et un virtuose de tendances
élevées, d'un style à la fois ferme, élégant et
soutenu. Ses œuvres, déjà fort nombreuses, se
distinguent par une heureuse variété mélodique,
par une forme très-chàliée, et par une heureuse
recherche de l'effet que vient aider une excel-
lente instruction et une rare sûreté de main.
Elles sont d'ailleurs de genres très-divers, et
cette diversité dénote chez leur auteur une
louable ambition. Symphonies, ouvertures , con-
certos, scènes lyriques, sonates, études, musique
de chambre , mélodies vocales , M. Pfeif-
fer a produit un peu de tout, sans compter
même certaines compositions plus légères, qu'il
sait relever par les agréments d'une harmonie
piquante, d'un style aimable et recherché. Ses
concertos sont remarquables à plus d'un point
(I) M. GeorgC! Pfeiffer est le petit-neveu de J. l'fciffer,
facteur de pianos, qui fut d'abord l'associé de Petîold et
s'élablit ensuite a son compte (V. Biographie universelle
des Musiciens, t. Vil), j. Pfeiffer eut ensuite pour associé
Emile Pfeiffer, son neveu, père de M. Georges Pfeiffer,
lequel, en loiï, devint associé de la maison de pianos
dirigée par Camille Plcyel. Cette maison, connue ac-
tuellement sous la raison sociale Pleyel-frol/f et Cie,
a pour gérant aujourd'hui M. "Wolff [f'oij. 'ce nom)
et pour associé M. Georges Pfeiffer.
de vue, sa musique de chambre est écrite avec
une granile pureté, et l'une de ses œuvres les
plus distinguées estcelle qui est intitulée ^j'or, et
qui estqualiliée « scènes lyriques. » Cette belle
composition a été exécutée au mois de mars
1875, dans un concert oii l'auteur fit entendre
aussi, avec un très-grand succès, son troisième
concerto pour piano et orchestre , production
mâle et vigoureuse, digne de la plus grande es-
time. J'aime moins le « poème symphonique »
intitulé Jeanne d''Arc, que M. Pfeiffer a fait exé-
cuter au théâtre du Châlelet en 1872. Tonte mu-
sique de ce genre est, à mon sens, le produit d'une
illusion fâcheuse, la musique étant impuissante à
rendre, sans le secours des paroles, des senti-
ments précis, à donner l'idée de faits palpables
et tangibles. Quoi qu'il en soit, M. Pfeiffer fait
honneur à la génération musicale présente, si
riche et si fournie en sujets distingués dans
tous les genres.
Voici le catalogue des œuvres de ce composi-
teur : Musique symphonique, dram.\tiqueoucon-
CERTAiNTE ; 1", 2'' cl 3<^ coucertos pour piano, avec
accompagnement d'orchestre (op. 11, 21 et 58) ;
Sonate pour piano et violoncelle (op. 28) ; Sonate
pour piano et violon (op. 66); Trio en sol mineur,
pour piano, violon et violoncelle (op. 14) ; Quin-
tette pour piano, deux violons, alto et vio-
loncelle (op. 41); Symphonie à grand orches-
tre (op. 31); Allegro symphonique pour
piano et orchestre (op. 40) ; Grande Polo-
naise pour piano (op. B9) ;. Jeanne d'Arc,
poème symphonique (publié pour le piano à 4
mains (op. 43) ; Ayar, scènes lyriques pour soli,
orchestre et chœurs, paroles de M. Collin (op.
58) ; Ouverture du Cid, d'abord intitulée Phèdre
(op. 24) ; le Capitaine Bock, opéra-comique en
un acte, paroles de M. Galoppe d'Onquaire, non
représenté au théâtre (l) (op. 19). — Musique
DE PIANO. G Romances sans paroles (op. 27); 6
Valses de salon (op. 2, 17, 33, 34 et 48) ; Mazur-
kas de salon (op. 3, 10, 26, 35, 62 et 63) ; Valse-
Fantaisie et Valse rêveuse (op. 56 et 57); Boléro
de concert (op. 12); Tarentelle (op. 52) ; Scherzo-
ballade (op. 49) ; Chanson de Henri IV, air
varié dans le style ancien (op. 45) ; Sonate à 2
pianos; 3 Sonatines (op. 59) ; 6 Études (op. 60) ;
Gavotte (op. 51) ; Berceuse (op. 53) ; Croquis (op.
54); Air de ballet (op. 55); Impromptu-fantaisie,
(op. 50), etc., etc. Il ya quelques années, M. Pfeif-
fer s'est vu décerner par l'Académie des beaux-
arts le prix Chartier, pour son quintette(op. 41);
en 1877, il a rempoilé le prix mis au concours,
par la Société des compositeurs de musique, pour
une sonate à deux pianos. Sous ce titre : les
(I) Mais joué dans un concert en iobî.
332
PFEIFFER — PHILIDOR
Chefs-d'œuvre classiques du piano, édition
revue et doigtée par Georges P/eiffer, il a en-
trepris récemment, chez l'éditour M. Grus, une
très-intéressante collection d'u'uvres des grands
maîtres.
Compositeur distingué, professeur frès-haltile,
très-reclierciié, M. Pl'eiiïer, qui est doué d'un
tempérament singulièrement laborieux, con-
sacre encore une partie de son temps aux
travaux de la maison Pleyel-Wolff et Cie, dont
il est l'associé, ainsi que son père.
* PFISTER (Jules), ténor allemand, pen-
sionnaire du théâtre royal de Berlin, est mort
en celte ville le 28 février 186C.
rFLUGlIAUPT (Robkrt), pianiste distin-
gué, naquit le 4 août 1833 à Berlin, oîi, tout en
travaillant le piano, il étudia l'harmonie avec le
fameux professeur Dehn, chez lequel il fit con-
naissance d'une jeune personne, fille du général
russe Stschepin, qu'il épousa quelques années
plus tard. Ce fut là pour lui l'occasion d'un
voyage à Saint-Pétersbourg, où il se perfeclioiina
dans l'étudedu piano, avec Hensell.llsemariaen
cette ville en 1834, et en 1857 se rendit avec sa
femme à Weimar, où il prit des leçons de Liszt,
qui exerça une grande iniluence non-seulement
sur son talent de virtuose, mais aussi sur sa
manière de composer. Les deux époux firent
ensuite un grand voyage artistique qui leur valut
beaucoup de succès, puisse fixèrent en 1862 il
Aix-la-Chapelle. Pflughaupt mourut en cette vil-
le le 12 juin 1871. Cet artiste a publié diverses
compositions pour le piano et des lieder.
^r'^SophiePAughauptavail été à Saint-Péters-
bourg l'élèvede Herke d'abord, de Henselt ensuite,
et avait acquis un talent de pianiste remarquable.
Elle se distinguait surtout dans l'exécution de la
musique de Chopin, de Schumann et de Liszt.
Néeà Punabourgen 1834, elle mourut à Aix-la-
Chapelle, quelques années avant son mari, le
10 novembre 1807.
riIILBi:iVr (C....-M ), amateur distin-
gué de musique, attaché à la légation française
à Amsterdam, né vers 1820, a publié sous ce
titre un livre important: l'Orgue du Palais de
V Industrie d' Amslerdam, la facture d'orgues
moderne et la facture d'orgues néerlandaise
ancienne et contemporaine (Amslerdam, Bin-
ger, 187G, in-4°). Ce livre, fait avec beaucoup
de soin, écrit par un homme chez qui l'amour
de l'art est porté à son phis haut degré et qu
possède bien son sujet, va beaucoup plus loin que
son titre ne l'indique. L'auteur ne se borne pas à
décrire le magnifique instrument construit par
M. Cavaillé-CoU et posé par lui dans le palais
d'Amsterdam , il fait connuitre, au point de vue
général, le principe et les conditions mécaniques
de l'orgue, trace un rapide historique de la fac-
ture et de ses progrès dans les/iivers pays euro-
péens^ constate son état actuel et par conséquent
la supériorité delà facture française, enfin dresse
en quelque sorte le procès-verbal de la cons-
truction et de la pose de l'orgue d'Amsterdam et
des belles séances artistiques auxquelles ce
fait adonné lieu. Le livre de M. Philbert, fait avec
soin, avec intelligence, par un homme auquel le
sujet est familier, sera lu avec fruit par tous
ceux qui s'intéressent au sujet traité par l'au-
teur et (pii considèrent l'orgue comme le plus
noble, le plus majestueux et le plus admirable
des instruments.
PHILIDOR (DANICAN-).— Les renseigne-
ments fournis par Fétis sur cette famille d'ar-
tistes, ne reposant pas sur des documents authen-
tiques, sont tellement incomplets et erronés qu'il
nous a paru indispensable de refaire entière-
ment ici les notices consacrées à ces musiciens.
Nous nous aidons à cet égard d'un travail pu-
blié par nous dans la France musicale en 1867-
1808, travail basé sur des découvertes que nous
avions faites aux archives de l'état civil de Pa-
ris et de Versailles, aux Archives nationales et
dans des actes et titres divers appartenant aux
descendants encore existants de la famille Da-
nican-Pbilidor.
Si l'on en croit la tradition, un joueur dehaut-
bois très-habile, du nom de Michel Danican et né
dans le Daupliiné, réussit, en arrivant à Paris, à
se faire entendre et applaudir de Louis Xllt. Ce
prince, grand amateur de musique et musicien
1 ui-même,rut enchanté de l'artiste dauphinois,dont
le jeu, disait-il, lui rappelait celui d'un célèbre
hautboïste italien nommé Filidori, venu de Sienne
quelques années avant, et qui l'avait charmé. De
là le nom de Philidor ajouté à celui de Danican.
Nous avions déjà douté de l'authenticité de
cette anecdote, et un nouvel examen des docu-
ments en noire possession nous donne à penser
que si le fond paraît vraisemblable, il n'en est
pas de même des détails. Ainsi, les actes que
nous avons trouvés concernant Michel Danican
sont datés de 1031 et de 1659, éjioque de sa
mort, et le nom de Philidor n'y figure pas. D'au-
tre part, Jean Danican est simplement désigné,
(kuis les actes de naissance ou île moit de trois
de ses enfants en 1049 et en 1057, sous son nom
patronymitiue sans l'addition de celui de Philidor.
C'est seulement dans son brevet de litre du
roi, daté du 6 mars 1059, qu'il est nommé Jean
Danican dit /'/(///tZor. Depuis lors, tous les Dani-
can, sauf Michel F'', ont porté le môme surnom. Il
semble résulter de ceci que si l'anecdote est
PHILIDOR
333
vraie, il faudrait l'appliquer à Louis XIV et à
Jean Danican, et non à Michel et à Louis XUl,
mort en 1643. Mais ne serail-ii pas plus simple
de croire que Jean Danican,très-sobre et nebuvant
que de l'eau, fut appelé Philidor \^^ir un éniiVit
du temps ? Enfin, laissant dans le doute la raison
qui valut aux Danican un surnom d'une euplio-
nie passablement heureuse, s'appliquant à des
musiciens, et sans disserter sur le degré de pa-
renté existant entre Michel et Jean, nous éta-
blissons comme il suif, et d'après des données
positives, le crayon généalonique des musiciens
du nom de Danican-Philidor.
ARBRE GÉNÉALOGIQUE
DES MUSICIENS DE LA FAMILLE
DANICAN-PHILIDOR.
ANDRE
(lit l'aliii'
M. 1730
JEAN
M. 1679
JACQUES I
dit Je cadet
N. 1657
M. 1708
ALEXANDRE
l"lit.
2'^ lit.
ANNE
MICHEL II
FRANÇOIS I
FRWÇOIS
N. 1681
N. 1683
N. 1689
A\DRE
M. 1728
>-. 1726
M. 1795
PIERRE
X. 1681
M. 1731
JACQUES II
N. 1686
M. 1709
FRANÇOIS II
N. 1695
M. 1726
NICOLAS
N. 1699
M. 1769
Philidor (Michel (I) Damcan' F'').— Un par-
chemin, appartenant à la famille Philidor, nous
apprend que Michel fut reçu « en l'estat et char-
ge de joueur de quinte de cromorne et trom-
pette-marine de la Grande-Écurie le 31 juil-
let 1651. » Michel n'exerça pas longtemps cette
charge ; il mourut à la fin d'août de l'année 1659.
(1) Malgré l'opinion émise plus haul et d'après laquelle
Michel l*-- Danican n'aurait pas porté le nom de Philidor,
le lecteur comprendra que nous le fassions néanmoins
ngurer Ici parmi les membres de la famille.
Sa place fut promise par brevet, le 10 septembre
suivant, au fils de Jean, nommé André.
Philidor (Jean Danican-). — Cet artiste
n'est mentionné par aucun auteur, et cependant,
si son talent modeste ne lui valut pas une gi-ande
réputation, son nom méritait néanmoins d'être
conservé, puisqu'il fui le père et le grand-père des
plus célèbres parmi les Philidor. Le 6 mars 1659,
il succéda à Noël Diiy, dit Regnaud, comme
phiphre de la Grande-Écurie; mais il avait
sans doute la survivance de cette charge depuis
quelques années, car l'acte de baptême d'un de
33-4
PHILIDOR
ses enfants, Jacques, né le 5 mai 1057, le qiia-
liGait déjà du tilre de musicien du roi.
Jean Pliilidor jouait du tambour, du fifre, du
Laull)ois cl du cromorne ; il remplit ces divers
emplois à la cour et occupait encore, lors de sa
mort, la place de dessus de cromorne et trom-
pette-marine de la Grande-Écurie. Il compo.sa
quelques airs de danse qui se trouvaient dans
le 25' volume de la collection due à son fils
André, volume aujourd'hui disparu.
Jean avait épousé Jacqueline Goudière, et eut
une nombreuse famille. Trois de ses fils embras-
sèrent la carrière musicale. Il mourut à Paris
le 8 se[itenibre 1G79, et fut inhumé au cimetière
des Saints-Innocents.
PniLmoR {André Dainican-). —Malgré nos
recherches .les plus minutieuses, il nous a
été impossible de trouver la naissance d'André, et,
quoiqu'il soit dit dans son acte de décès qu'il mou-
rut le 11 août 1730, « âgé de soixante-dix-huit
ans ou environ,» ce qui reporterait sa naissance
de 1650 à 1652, nous pensons cependant qu'il
naquit vers 1047. En effet, des notes biogra-
phi([ues laissées par son petit-fils, en lui donnant
l'âge de soixante-treize ans lors de son second
mariage, qui eut lieu vers 1719, permettent d'au-
tant plus de croire à celte date, qu'il est pro-
bable qu'il avait au moins douze ans lorsqu'on
lui promit, le 10 septembre 1659, ainsi que nous
l'avons dit, la place de son parent Michel, qui
venait de mourir.
C'està Bordeaux, le 12 octobre 1659, que le roi
signa le brevet en bonne et due forme par lequel
André succédait à Michel I" comme quinte de
cromorne et trompette-marine de la Grande-Écu-
rie. Pour le distinguer de son frère Jacques, dit
le cadet, reçu également musicien de la cour
quelques années plus tard, on l'appelait Pliili-
dor l'aîné. Il se maria jeune et épousa Margue-
rite Monginot, de laquelle il eut seize enfants
d'après les actes de naissance que nous avons
été à même de consiiller, et ceci sans préjudice
des cinq autres enfants qu'il eut de sa seconde
femme, et peut-être aussi de ceux dont les actes
de baptême nous seraient restés inconnus.
Sa place à la cour n'était point une sinécure ;
car, soit que le travail ait été un goiit naturel
chez lui, soit qu'il ait été stimulé [jar les obliga-
tions que lui imposait sa nombreuse famille, il
est certain qu'il mena une vie occupée et labo-
rieuse. Aussi son nom se rencontre-t-ii souvent
dans les étais delà maison du roi. Il fut liaid-
bois, basse, dessus et quinte de cromorne et
trompette-marine, basson et lamhdiir, faisant
partie en même temps de la musique delà Gran-
de-Écurie, de celles de la chambre et de la cha-
pelle. C'est comme basse de cromorne qu'André
servit à la chapelle du roi. Le son de cet ins-
trument venait renforcer celui du basson et
du serpent ; Laborde avait donc raison de dire
qu'on l'employait pour soutenir les choeurs
dans les cérémonies religieuses de la cour, et
Fétis a eu tort d'écrire que cette assertion était
vide de sens, parce que, suivant lui , les cro-
morues ne servaient que dans la musique de
la cavalerie (!).
André, remplissant de si nombreux emplois,
se multipliait donc dans toutes les circons-
tances ; il fut encore chargé par Louis XIV, à
différentes fois et en compélilion avec LuUy, de
composer des airs militaires pour les mousque-
taires, les dragons et autres gardes du corps.
Exécutant assez habile sur le basson, il joua
souvent des solos de sa composition devant le
roi, qui se plut à lui donner des preuves du
plaisir qu'il prenait à l'entendre, et de la justice
qu'il rendait à son dévouement pour son service.
Dans les séances particulières de musique
ayant lieu à la cour, il était le partenaire de Cou-
perin, Duval, Alarius et Dubois.
INIais André ne fut pas seulement un virtuose
sur le basson ou sur le hautbois ; ses aspirations
de compositeur ne portèrent pas exclusivement
non plus sur la composition de marches, de re-
traites, dégénérâtes, de sonneries de trompettes,
de batteries de tambour, de descentes des aruies
pour fifres et hautbois, d'airs et de duos pour
le basson et autres instruments ; il tenta aussi
quelques excursions dans le genre lyrique, et s'es-
saya dans la musique dramatique. Il fit repré-
senter devant la cour, le 16 juillet 1687, un
opéra-ballet, le Canal de Versailles, puis, en
1688, il composa la musique d'un divertisse-
ment dansé devant monseigneur le grand Dau-
phin. Ce divertissement, le Mariage delà Cou-
ture avec la Grosse Cathos, était une mascarade
assez triviale, ainsi, du reste, que son titre
l'indi([ue suffisamment. Nous en avons lu la mu-
sique avec plaisir ; elle est franche, bien rhy thmée,
mais sans grande originalité. Le roi, devant qui
ce divertissement l'ut représenté, ordonna qu'on
en fît la copie, et qu'une somme de cent livres
fût versée à cet effet au compositeur.
André fut aussi l'auteur de l'opéra-ballet la
Princesse de Crète, et d'un certain nombre de
petites pièces en musique qui s'exécutaient chez
le roi, dans l'intimité et sans grand apparat. Nous
.sommes sur que la Hfascarade des Savoyards
et celle du Rnij de la Chine, représentées à
Marly en 1700, étaient de sa composition, et
nous supposons fort, sans cependant l'affirmer,
qu'il fut aussi l'auteur des mascarades suivantes,
PHILIDOR
335
jouées vers ia môme époque : fa iVoce de vil- .
loge, les Amazones, le Lendemain de la noce, i
le Vaisseau marchand, le Jeu des échecs et
la Fête d'Arcueil.
Mais le talent de Phi'.i<]or laiiië, en tant que
compositeur, n"eut pas de son temps un grand re-
tentissement, et il est peu probable que sa réputa-
tion comme tel se relève de l'oubli où on l'a laissée
jusqu'à présent. Il n'en sera pas de même du ser-
vice qu'il a rendu à l'histoire de la musique en
s'appliquant, comme il le lit, à diriger et à
augmenter la bibliothèque musicale du roi
Louis XIV. Cette collecUon, qui porte son nom
désormais, est et restera longtemps un monu-
ment précieux pour les annales de la musique.
Nous croyons devoir en parler ici avec détail.
La garde de la bibliothèque de musique de la
cour était confiée à François Fossard, violoniste
de la chapelle et de la chambre ; mais cet artiste
étant trop occupé pour remplir sa charge à lui
seul, on lui adjoignit un collaborattur. Sur la
recommandation de M. leducdeNoailles,qui avait
donné plusieurs fois à André des preuves de sa
haute et puissante protection, ce fui lui qui obtint
cette place. Sa nomination eut lieu en 168i, et,
sans perdre un instant, le nouveau bibliothé-
caire se mit à l'œuvre. Peu de temps après, Fos-
sard, qui s'était borné à copier ou à faire copier
les opéras et ballets formant le répertoire cou-
rant des représentations de la cour, sembla
vouloir abandonner la direction de la collection
royale, et s'effaça à peu près tout à fait devant
l'initiative, le zèle et l'activité de son collègue.
André Philidor comprenait sa mission autrement
que Fossard, et agrandit considérablement^ de
lui-même, le programme suivi par celui-ci (1).
Il coUigea d'abord la musique des anciens bal-
lets dansés à la cour de France depuis Henri lli
jusqu'à Louis XIV, y ajouta les opéras de Lully
et ceux de quelques autres compositeurs; puis,
de même qu'il y avait intercalé des vieux airs
de danse, des branles, des gaillardes, des pa-
vanes et sarabandes remontant au règne de
François r% des morceaux divers, composés par
Constantin et Dumanoir, rois des violons, par
Mazuel, Couperin, Chancy.etc, etc., ou par quel-
ques grands seigneurs de la cour, des marches
et batteries de tambour, des airs de fifres, de
trompettes et de timbales, pour les carrousels, des
fanfares de trompe, composées pour les chas-
ses royales, il y joignait encore des morceaux de
musique religieuse, qui s'exécutaient à la cha-
pelle du roi, depuis les temps les plus reculés,
ainsi que les messes et motets des musiciens
(Il Le nom de Fossard, qui figurait à côté de celui de
Philidor dans plusieurs lettres adressées au roi et placées
contemporains, compositeurs de la musique de
Louis X1V\
On le voit, une telle collection, comprenant
un nombre de volumes considérable, offrait un
grand intérêt pour riiistoire de la musique ;
malheureusement, l'œuvre de Philidor ne s'est
pas conservée entière. Lors de la création d'un
Conservatoire de musique à Versailles, sous la
république. Bêche, qui fut un des plus actifs fon-
dateurs de cet établissement, put prendre au
château les livres de musique qui lui étaient
utiles pour ses classes (t). 11 en eut personnelle-
ment le plus grand soin, car il signalait au comi-
té de l'instruction publique la nécessité de con-
server ces œuvres, infiniment précieuses, disait-
il, pour l'art musical ; mais il faut croire que
(juelques professeurs ou élèves ne partagèrent
pas son respect pour ces vieux manusciits : aussi,
(ju'il y ait eu simplement défauld'ordre ou mal-
versations honteuses, conséquences de l'agitation
que les événements d'alors entrainaienl avec
eux, toujours est-il que beaucoup des volu-
mes qui composaient cette riche collection dis-
parurent (2). Ces dilapidations de l'œuvre
d'André Philidor ne devaient pas, hélas ! être les
seules à déplorer, ainsi que nous allons le voir.
Une partie de cette collection fut donnée au
Conservatoire de Paris, l'autre resta à la Biblio-
thèque de Versailles. Félis est un des premiers,
sinon le premier, qui ait appelé l'attention sur la
collection Philidor, et ceci dans un article de la
Revue musicale du mois d'r.oût 1827. En expli-
quant l'intérêt que présentait, pour l'histoire de
la musique, la partie de cette collection échue au
Conservatoire, Fétis s'indignait de la perte de plu-
sieurs volumes détruits par un employé de l'éta-
blissement, et publiait les initiales du nom du
délinquant, en regrettant qu'il n'ait pas été puni
sévèrement (3). Il donnait, du reste, le nombre
en tète de quelques volumes, a été gratté et remplacé
par des points. Il est supposable que la suppression de
ce nom fut effectuée par André Philidor, qui croyait
avoir le droit d'en agir ainsi, son collaborateur n'ayant
eu que peu de p irt à la formation de cette collection.
(1) Manuscrits de Beêche faisant partie de notre col-
luction.
(2) U s'est vendu à Londres, le 20 juin isôS, sous le n"=
G06 du catalogue J. Wlllkinson, cinq volumes qui prove-
naient peut-être des vols commis sous la révohilion. En
voici le détail : Fcstivitatum omnium qno in Sucello ré-
gis christianissimi celebi-antur libri y. Recueillis par
Philidor l'alsné, ordinaire de ia Musique du Roy, l'an
IS91. — 5 volumes. « Splendlde spécimen de calligraphie. —
Vieux marocain français bleu, aui armes de Louis XI V. o
(3) Cet employé s'appelait Hottin. Il se servait des vo-
lumes de Philidor pour faire des cjrtons avec lesquels il
reliait d'autres volumes Ce Vandale, très- ingénieux, on
le voit, ne fut plus chargé de soiijiier les livres ; on lui
1 donna d'autres fonctions. Berlioi se vante de l'avoir eu
336
PHILIDOR
des volumes disparus, leur contenu et lours
numéros (i'onlie. Plus tard, on constata encore
la disparilion de quelques autres volumes de
cette collection, mais cette fois aucune initiale
ne fut publiée.
Quoi <iu'il en soit, les débris de cette superbe
collection se trouvent disséminés à la bibliotbè-
que du Conservatoire de Paris, à la bibiioth6(iue
de Versailles, à la Bibliotlièque nationale et
dans quelques collections particulières (1). Les
volumes faisant partie des deux premiers de
ces dépôts forment encore un ensemble de do-
cuments de la plus baute valeur. Nous en avons
relevé le catalogue, et nous espérons, en le pu-
bliant bientôt, mettre les arcbéologues musiciens
à même de consulter des œuvres utiles à con-
naître et qu'ils cbercberaient vainement ailleurs.
Pour pouvoir mener à bien une telle œuvre,
André Philidor (it preuve d'une grande persévé-
rance en poursuivant presque sans interruption,
et malgré le peu de temps que devaient lui lais-
ser ses autres emplois, la tâcbe tant soit peu
aride qu'il s'était tracée. Louis XIV, habituelle-
ment bienveillant pour les artistes de sa musique,
récompensa son bibliothécaire en lui faisant don
d'un terrain situé rue du Bel-Air, à Versailles.
André, qui s'était fixé danscette ville depuis 1683,
fit bâtir une maison sur ce terrain, et le roi té-
moigna encore à son musicien de ses bonnes dis-
positions à son égard en l'autorisant, en 1693, à
mettre cette maison en loterie, faveur qui lui
permit d'en retirer un plus haut pri\ que celui
qu'une vente par les moyens ordinaires aurait
produit.
Les raisons qui déterminèrent André à sedéfaire
de cette propriété nous sont inconnues, et quoi-
que les charges que lui imposait sa nombreuse
famille puissent donner à penser que c'est le
besoin qui l'y décida, nous ne supposons pas
qu'il en fût ainsi. Il paraît avoir toujours été dans
l'aisance, et fut môme assez heureux pour pou-
voir doter ses enfants en les mariant. Ce fait est
constaté par un acte de tutelle des enfants mi-
neurs du second lit, qui nous a été communiqué
par son arrière-petil-fils.
On ne sait au juste l'époque à laquelle André
quitta Versailles pour aller habiter Dreux-,
pour garçon d'orchestre, et dit qu'il était « le plus furi-
bond parUs.m de sa musique (!). »
(1) Anilré Plillldor m; dirigeait pas seulement le bureau
de copie pour la musique royale. Il faisait encore copier
dans son atelier des opéras et d'autre musique pour les
particuliers. On trouve benueoup de ces manuscrits por-
tant le nom de /'AiU(/o;/'«ii)i«-, mais n'ayurU pas, com-
me les volumes de la collection du roi, un l'x libris Im-
primé avec le paraphe de Philidor, collé sur une ou plu-
sieurs pag«s de l'ouvrage.
toujours est-il que sa première femme, Margue-
rite Monginol, étant morte, il épousa, vers 1719-
une jeune fille, âgée seulement dediv-neuf ans,
Elisabeth LeRoy, appartenante une famille d'ar-
tistes dont plusieurs membres firent partie de la
musique de la cour (I), et que le premier des
cinq enfants qu'il eut de ce second mariage, Jean-
ne Elisabeth, naipiit à Dreux, le 11 juin 1720.
Le troisième enfant de ce second lit, né le 7 sep-
tembre 1726, fut François- André, te grand com-
positeur, le célèbre joueur d'échecs. Parmi les
enfants nés de son premier mariage, il n'y en eut
que trois qui embrassèrent la profession de leur
père, Anne, Michel II et François P"".
André était serviable, bienveillant et d'une
humeur enjouée. Il vécut toujours dans la plus
grande intimité avec les siens, et sut se faire
aimer et estimer de ses collègues-, Fossard, en-
tre autres , dont nous avons eu une lettre entre
les mains, se plaisait à reconnaître l'excellence
des rapports qui existèrent toujours entre eux.
Enfin , Philidor l'aîné, nommé, on s'en sou-
vient, musicien du roi en 1659, figure dans
l'Etat de la France de 1722 comme vétéran
de la musique de la chapelle et n'obtint sa vété-
rance de grand hautbois de la chambre et écu-
rie que le 15 décembre 1729. Comme il conserva
jusqu'à sa mort, arrivée à Dreux le 11
août 1730, sa place de garde de la Bibliothèque
de musique du roi, il servit donc soixante-dix ans.
Ce fut son gendre Schwarsberg, dit Lenoble,
veuf de sa fille Hélène et musicien de la chambre
et de la chapelle, qui lui succéda danscette der-
nière place (2).
Voici maintenant quelques indications biblio-
graphiques sur les œuvres d'André Philidor :
Le Canal de Versailles, opéra-ballet, 1687.
Partition ms. au Conservatoire de Paris ; 28=
vol. de la collection Philidor in-fol. — Le Ma-
riage de la Couture avec la Grosse Cathos,
opéra-ballet, 1688. Partition ms. au Conser-
vatoire de Paris ; 5i* vol. collection Philidor in-
fol. La danse y est notée. Autre exemplaire in- 12
obi. à la bibliothèque de l'Arsenal. Ce dernier
volume, aux armes de Louis XIV, est la copie
pour laquelle André reçut cent livres d'ordre
du roi. — La Princesse de Crète , opéra-ballet.
Celte partition formait le 25^ vol. de la coll.
(I) Richer père épousa une demoiselle Le Roy, du con-
cert de la reine et n ùce d'Elisiibeth. Dne fille, née de
ce mariage, épousa plus tard son cousin Frnn cols- André
i'hilidor, ûls d'André PhlUdor l'ainé et d'Elisabeth Le
l\oy.
(îl Ce Lenoble eut plusieurs enfmta qui furent musiciens
de la cour comme lut, et par conséquent comme leur
grand-pérc André Philidor.
PHILIDOR
337
Philidor qui a disparu ; mais on en trouve quel-
ques airs dans le 51'' vol. de cette même collec-
tion au Coiiservaloire de Paris. Ce 51' vol. con-
tient encore des Trios, Passe-pieds et Menuets
de la comiiosition d'André. — Mascarade des
Savoyards, mise en musique par M. Philidor
l'aine, ci représentée devant le Roy à Marly.
Paris, Baliard, 1700, in-4°. — Mascarade du
Roy de la Chine, ibid. — Nous ne connaissons
ces deux pièces que par les livrets imprimés fai-
sant partie de notre collection. Quant aux autres
mascarades citées plus haut, nous avons dit, sans
rien aflirmer, que nous les supposions d'An-
dré Philidor. — Suite de danses pour les
violons et hautbois qui se jouent ordinaire-
ment chez le Roy, recueillies, mises enordreet
composez lu plus grande partie par Philidor
Vaine. Livre premier. Paris, liallard, 1699, in-4°
obi. (Bibl. nat.). On y voit des compositions de
M'"" la ducliesse de Boui'gogne et de M"''= la
Dauphine, avec des basses de Pliilidor. — Un
catalogue de Baliard, de 1718, indique comme
ayant été publiés : un livre de Trios recueillis
par Philidor le père, ainsi que le deuxième
livre d'Airs des Bals du Roy, recueillis par
le même. Nous n'avons pas trouvé ces œuvres.
— Pièces à deux basses de viole, basse de
violon et basson, composez par M. Philidor
faisîié, ordinaire de la musique du Roy et l'un
des deux gardiens des livres de musique de
Sa Majesté, dédiez au Roy; 1700, in-4°o!)l.
gravé. (Bibl. Conserv. Paris). — Pièces de trom-
pettes et t imballes, 1" livre, par M. Philidor
l'aisné, ordinaire de laMusiquede la chambre
et de la chapelle du Roy ; Paris, Baliard^ 1C85,
in-12obl. (Collection Weckerlin). — Partition dç
plusieurs marches et batteries de tambour
tant françaises qu'étrangères, avec les airs
de fifres et de hautbois, etc., etc. Grand
in-fol. MS. (bibl. de Versailles). Ce volume
contient une quantité de compositions d'André,
de son frère Jacques, de son lils aîné Anne et de
son neveu Pierre, pour tambours, lifres, hautbois
et timbales. Kastner a reproduit quelques-uns
de ces morceaux dans son Manuel général de
musique militaire.
Philidor {Jacques 1er Danican-). — Jac-
ques, désigné, ainsi que nous l'avons vu, sous
le nom de Philidor le cadet, pour le distinguer
de son frère André, naquit à Paris le 5 mai 1657
et fut baptisé à Saint-Merry.Il reçut le 5 octobre
1669, soit juste à l'âge de douze ans et cinq mois,
sa nomination de fifre de la Grande-Ecurie, en
remplacement de Claude le Bœuf, décédé, et
c'est à Charnbord que le roi signa son brevet. En
1674, Jacques s'intitulait aubois du roy, au
BlûGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPI,. —
baplôme de la fille ainée d'André, Anne-Margue-
rite, dont il était le parrain, et succédait le 13
septembre 1679, coMune dessus de cromorne et
trompette-marine de la Grande-Ecurie, à son
père Jean, qui venait de mourir; il y joua plus
lard de la quinte de cromorne et du hautbois,
et fut reçu en 1683 à la chapelle, où il jouait in-
dilléremment du basson ordinaire ou du gros
basson à la quarte, à l'octave. En 1690, il lit par-
lie de la musique de la chambre, en qualité de
basson du corps des violons de cabinet.
Jacques, qui habitait avec son frère André à
Paris ( rue Saint-Honoré, proche le Palais-Royal),
quitta cette ville à la lin de 1683, et en même
temps que ce frère, pour venir habiter Versail-
les. Le roi lui lit don, à lui aussi, d'un terrain
situé avenue de Saint-Cloud, et Jacques s'y lit
construire une maison qu'il laissa en héritage à
ses enfants.
Son mariage avec Elisabeth Hanique fut pres-
que aussi fécond que celui d'André, puisque
nous avons relevé les actes de baptême de ses
enfants, au nombre de douze. 11 n'y eut que qua-
tre de ses fils qui se consacrèrent à la musique :
Pierre, Jacques 11, François 11 et Nicolas. Une de
ses filles, Marie-Jeanne, épousa Vignon, chantre
de la musique du loi.
Philidor le cadet vécut toujours avec son aîné
dans les liens de la plus étroite amitié. Il avait
cédé la survivance de deux de ses places à ses
lils Pierre et Jacques ; mais il en resta titulaire,
ainsi que de ses autres emplois, jusqu'à sa morf ,
survenue à Versailles le 29 mai 1708.
11 écrivit, comme son frère, un grand nombre
de marches de tambour et de timbales et d'airs
de hautbois pour les gardes du corps ; ces com-
positions se trouvent à la bibliothèque de Versail-
les, dans le curieux volume (M. d. 1) dont nous
avons parlé. Jacques composa aussi des contre-
danses, menuets, passe-pieds, etc. , morceaux que
son frère avait insérés dans les 25'^ et 26' volu-
mes de sa collection. Ces volumes n'existent
plus.
Philidor [Alexandre Danican-). — Ce
troisième lils de Jean fut reçu basse de cro-
morne et trompette-marine de la Grande-Écurie
le 30 mai 1079 ; mais il n'exerça pas longtemps
celte charge, caiil donna sa démission le 23 sep-
tembre 1683, et fut remplacé par Claude Royer.
C'est tout ce que nous savons de lui.
Philidor [Anne Danican-). — Anne na-
quit à Paris le 11 avril 1681, et eut pour par-
rain le duc AnnedeNoailles. Doué des meilleures
disposilions pour la musique, il fit de si rapides
progrès, qu'à peine entré dans sa dix-septième
année il composa la musique d'une pastorale,
T. II. 22
338
PHILIDOR
l'Amour vainqueur, qui fut représentée à la
cour en 1 697. L'année suivante, on représentait en-
core à la cour une nouvelle œuvre de lui, Diane
et Enilijmion, et le roi lui lit donner cent livres
pour une copie de cet opéra (|u'il lui offrit (1).
En 1701, on joua ;\ Marly Danaé, opéra de Leno-
ble, dont il avait fait la musique. Il fut admis
dans la musique du roi en 1702. Assez, habile
exf'cutant .sur la flùie, il publia un livre de
pièces pour cet instrument en 1712.
De uiènie que son prédécesseur, Louis XV
accorda sa protection à notre mu.>icien, et
celui-ci en prolila pour fonder une institution
qui eut les meilleurs résultats powr les proj^rès
de la musique en France. L'Opéra restant fermé
les jours de grandes fêtes de l'Église, Anne eut
l'idée de donner, ces jours fériés, des concerts
composés principalement de musique religieuse
et qu'on appela concerts spirituels. Il s'entendit
à cet égard avec Francine, directeur de l'Opéra,
en lui payant une redevance annuelle. L'inaugu-
ration de ces concerts se lit aux Tuileries le
18 mars 1725. Anne Philidor donna la meilleure
impulsion à sa création, et sut la Èondiiire
de façon à conserver la faveur que le public
lui accorda dès le commencement. Il avait
pour associé un nommé Lanoy, avec lequel il
eut d'assez graves contestations au commence-
ment de 1727. 11 en résulta une inierrupiion
forcée, puis , en fin de compli', la démission de
Pliilidor. Simart reprit le privilège avec l'agré-
menl du roi (1728), et s'adjoignit Mouret com-
me chef d'orcliestre. Tous les deux passèrent un
traité avec Gruer, alors directeur de l'Opéra;
mais ce traité n'ayant pas été exécuté, l'admi-
nistration de l'Opéra rentra dans ses droits, et
régit elle-même les concerts spirituels à partir
du 25 décembre 1734.
Anne Philidor mourut le 8 octobre 1728. Voioi
la liste de ses œuvres : L Amour vainqueur,
pastorale (ir.97) ; la musique a été imprimée par
Roger, d'Amsterdam, et est fort rare. — Diane
et Endy>nion{lG98), partition manuscrite à l'Ar
senaleldans noire collection. — Danaé, opéra
mis au Ikcdire par Lennblc et en musique
par Anne Philidor, Can 1701. Livret manuscrit
à la Bibliotlièque nationale. — Premier livre de
pièces pour 1(1 Jl aie iraversière, llùte à liée,
violons et liuulOois avec la busse continue,
composées par M. Philidor fils aîné, 1712.
— Te Deum, mutet à 4 voix et chanté sur mer
(1) Ce volume, pt'lit in-iî oblOTiK, rellC- l'ii ni:iri)(|iiiii
rouRC avec laigis denlcllci et armes du roi sur les [il.its,
fait partie de noire collecUon. Il est exaeteiiieiit sem-
blable au Marutçe de la Couture d'André l'Iiilidur que
possède la blblloll)èque de l'Arsenal.
devants. A. S. Monseig. l'Amiral. Manuscrit
à la bibl. du Conservatoire de Paris. Le volume
de la l)ibliotliè(|ue «le Versailles, M. d. 1, contient
diverses marches de lui. Les 25* et 2fi' volu-
mes de la collection de son père renfermaient
divers morceaux de sa composition.
PiuLiDOK {Michel II Danican-). — Né à
Versailles le 2 septembie 1683, il eut pour par-
rain Michel Richard de la Lande, maître de mu-
sique de la chapelle du roi. Il fut timbalier des
gardes du coips (compagnie de Noailles), et
succéda à Claude Babelon comme timbalier des
plaisirs du roi.
PniLiDoit [François /«'' Danican-). — Fran-
çois naquit à Versailles le 17 mars 1689.11 fut
reçu en 1708 basse de cromorne et trompette-
marine de la chapelle royale, et en 1716
hautbois de la chambre et de la Grande-Ecurie.
François jouait de la flûte avec talent, et a laissé
deux livres de pièces pour cet instrument.
Le second de ces livres, publié en 1718, et por-
tant au titre ces mots : « par feu M. Philidor, »
indique qu'il mourut cette même année ou la
précédente. Fétis a cru qu'il avait existé une
demoiselle Philidor, du nom de Fanction, mais
il a fait erreur : c'est François qui, d'une com-
plexion délicate, était appelé Fanchon dans sa
famil e. Voici les titres de ses deux livres de piè-
ces pour flûte : Pièces pour la Jliile Iraversière,
qui peuvent aussi se jouer sur le violon, par
M. François Philidor, etc.; Paris, 1710, in 4°
obi. — Pièces pour la Jlûle iraversière et pour
le violon, par feu M. Philidor. Livre deuxiè-
me, Paris, 1718, in-4" obi.
Philidor [Pierre Danican-). — Pierre,
né à Paris le 22 août 1081, montra des dis|)osl-
tions non moins précoces que son cou>in Anne,
venu au monde quelques mois avant lui et sous
le même toit. Tous les deux firent leurs études
musicales ensemble, dirigés par les deux frères,
leurs parents. Les progrès de Pierre ne furent
pas moins rapides que ceux de son cousin, puis-
que, comme ce dernier, il fit représenter, à
Marly et à Versailles, en 1697, une Pastorale
dont il avait composé la musique. Il fut reçu
h.iutnois de la Ciande-Ecurie à cette époque,
puis iMulbois de la Gliapolle en 1704, enfin
llùtiste delà chambre en 1712, et joueur do
viole le 10 janvier 1716.
pierre, qui était habile flûtiste, a laissé trois
livres de iluos et de pièces diverses pour flûte,
hautbois et violon, reunis en un seul volume
dans une seconde éilition, vl un livre de trios poul-
ies mômes instruments. Après la mort de son
père, il lut iiDiiimé tuteur de ses frères et sœurs,
et Louis MV lui fit don de deux terrains à
PHILIDOR
339'
Versailles. Il mourut le 1" septembre 1731.
Voici la liste de ses œuvres : Pastorale, 1697.
Manuscrit à la bibliothèque de Versailles. —
Premier œuvre, contenant 3 suites à deux
flûtes traversières, etc., Paris, 1717, 111-4"
obi. — Deuxième œuvre, contenant 2 suites
à deux flûtes traversières, etc., Paris, 1718,
in-4 obi. — Troisième œuvre, contenant 1
suite à deux flûtes traversières, etc., Paris,
1718, in-4" obi. La seconde édition, sous la date
de 1718, renferme ces trois œuvres sous un seul
et môme titre. — Trio, premier œuvre, conte-
nant () suites, par M. P. Philidor, etc., Paris,
sans date, in-4'' obi. Le volume de marches de
Versailles contient quelques petits airs de sa
^ompo^ilion.
Philidor [Jacques II Danican-), — Jac-
ques naquit à Versailles en 1689, succéda à son
pèie dans la place de hautbois de la ch.imbre, et
lut aussi tambour et fifre de la Grande-Ecurie.
Comme timbalier du duc d'Orléans, il accompa-
gna les troupes françaises en Espagne, et mou-
rut à Pampelune le 25 juin 1709.
PniLiDOR [François II Danican-) — Né
à Versailles en 1695, il fut reçu hautbois de la
chambre et de la Giaude Ecurie en 1716, et
mourut le 27 octobre 1726.
Philidor [Nicotas Danican-). — Nico-
las vint au monde à Versailles, le 3 novembre
1699. Il succéda, comme hautbois de la Grande-
Ecurie et coinme joueur de viole de la chambre,
à son frère Pierre, et fut nommé serpent de la
chapelle en 1747. Admis plus tard à la vétérance,
il mourut eu 1769.
Caslil-Blaze, en disant que les descendants des
Philidor s'étaient voués à' la bijouterie, a con-
fondu les Danican Philidor avec une autre famil-
le du nom de PhiUsdor. Sciulo, également, a
prétendu qu'un artiste qu'il avait connu à Ven-
dôme apparienaità la famille de nos musiciens,
mais il se trompait ; son prolésé ne s'appelait
pas Danican et signait : Phylidor.
Er. t.
*PHILIDOR (Fbançois-André DAIVI
CA1\).— Surce grand artiste, qui mérite d'être
place au premier rang des musiciens français,
j'ai publié, dans la Chronique musicale (1874-
1875),untravail très-étendu,accompagné|de musi-
que, de portiaitset d'autographes, dans lequ»il j'ai
rectifié nombre d'erreurs et révélé beaucoup de
faits restés jusqu'à ce jour inconnus. Je renvoie à
ce travail tous ceux qui s'intéressent à l'exis-
tence laborieuse et à la carrière remarquable de
Philidor. Je me bornerai à dresser ici, dans sou
entier, la liste exacte de ses œuvres, celles qui
ont été données jusqu'ici étant toutes fautives
ou incomplètes.— Musique dramatique. 1° Biai-
se le Savetier (un acte, Opera-Comique, 9
mars 17o9i,- 2" C Huître elles Plaideurs (un
acte, id., 17 septembre 1759); Z" le Quiproquo
ou te Volage fixé (Comédie-Italienne, 6 mars
1760) ; 4" le Soldat magicien (un acte, Opéra-
Comique, 14 août 1760) ; 5° te Jardinier et son
Seigneur (un acte, id., 18 février 1761); 6° le
Maréchal ferrant (2 actes, id., 22 août 1761) ;
7" Suncho-Pança dans son isle (un acte,
Comédie-Italienne, 2 juillet 1762) ; 8° leBùche-
ron oMiles Trois Souhaits (un acte, id., 28 février
1763) ; 9° les Testes de la Paix (un acte, id., 4
juillet 1763) ; 10° le Sorcier (2 actes, id., 2 jan-
vier 1764) ; H° Tom Jones (3 actes, id., 27 fé-
vrier 1765) ; 12" Ernelinde, princesse de Nor-
îoég-e (3 actes, Opéra, 29 novembre 1767; re-
pris avec des changements, sous le titre de San-
domir, prince de Danemark, le 24 janvier 1769 ;
refait en grande partie, mis en 5 actes, et joué
sous cette nouvelle forme à Versailles, devant
la cour, le 11 décembre 1773, et à l'Opéra le 8
juillet 1777) ; 13" le Jardinier de sidon (2 ac-
tes, Comédie-Italienne, 18 juillet 1768); 14°
l'Amant déguisé ou le Jardinier supjjosé (un
acte, id., 2 septembre 1769); 15" la Nouvelle
Ecole des Femmes (3 actes, id., 22 janvier 1770);
16" le Bon Fils (un acte, id., 11 janvier 1773);
17° Zemireet Mélide (2 actes, Fontainebleau,
devant la cour, 30 octobre 1773, non joué à Pa-
ris) ; 18" Berthe (3 actes, en.'société avec Gossec
et Botson, Bruxelles, 18 janvier 1775); 19° /fis
Femmes vengées (1 acte, Comédie-Italienne,
20 mars 1775) ; 20° le Puits d'amour ou les
Amours de Pierre le Long et de Blanche Bazu
(im acte, théâtre des Petits Comédiens du bois
de Boulogne, 1^' mai 1779); 21° Persée (3 ac-
tes. Opéra, 27 octobre 1780) ; 22° l'Amitié nu
village (3 actC'j, Coméilie-Italienne, 31 août
1785) ; 23° Thémistocle (3 actes. Opéra, 23 mai
1786) ; 24° la Belle Esclave (théâtre des Beau-
jolais, 18 septembre 1787) ; 25° le Mari comme
il les faudrait tous (id., 1788); 26° Belisairet
ouvrage posthume ( 3 actes, dont le dernier fait
par Beiion, théâtre Favarl, 4 octobre 1796) ;
27° et 28° Alcesie ,el Protogène, ouvrages non
représentés, et sans doute restés inachevés (I). —
(i) Phtlidoi" a écrit quelques morceaux de chant pour
les Pèlerins de lu Mecque, lors d'une reprise qui fut
f^iite de celte pièce a rOpt^r.i-Cociiique; il a fait, avec
(luelqiies autres compositeurs, la mu'îiqiie de la liosiére
de Sulenci/, donnée à ta Comédie- Malienne en 176»;
on lui Ilot aussi ccile l'un petit opéra-ballet en un
:<ctr, le Hetoiir du printemps, qui tut repés.n'é cher
M. Ttiirou d Eperseiine, receveur général des finances,
au mois de décembre i766 (v. à ce sujet le nicraire de
340
PHILIDOR — PHILLIPS
Musique religieuse. Xawrfa Jérusalem, motet
exécuté au Concert spiiitucl le 2 février 17dû;
Messe exécutée à l'Oratoire en 17G6, pour
l'anniversaire de la inorl de Rameau; Te Deum,
exécuté au Concert spirituel le 15 août 1780;
plusieurs motets, exécutés au Concert spirituel et
non publiés. — Musique divekse. ^M/7 de lu
ModttUdion, quatuors pour un haut-boy, deux
violons et basse. Dédié à monseigneur le duc
d'Aycn. Paris, l'auteur ; Arieltes pcnodiqucs,
à voix seule, avec accompagnement de violon
allô, basse, hautbois et cors de chasse, et avec
un simple accompagnement de violon et basse,
différent du premier, pour la facilite de l'exécu-
tion, gravé au-dessus et au-dessous de la partie
chantante, par MM. Philidor el Trial, Paris,
Lachevardière (ces arieltes, qui paraissaient de
quinze en quinze jours, ont été publiées au nom-
bre de 24, dont 12 de Trial et 12 de Philidor,
dont voici les titres : 1" le Triomphe de la Jeu-
nesse; '1° les Rigueurs d'Hortense ; 3° le Père
de famille; 4° le Printemps ; 5" et 5° bis le Poli-
tique, A quelque chose malheur est bon; 6°
Aux sons amoureux des muselles ; 7° et 7" bis
Venés, venés sous ces bosquets charmants, la
Restitution ; 8" la Vie champêtre ; 9° l'Image
delà guerre; 10" V Indifférent ; 11° l'Amant
malheureux ; 12" la Bergère coquette) ; l'Eté,
cantutille à voix seule, avec symphonie, deux
violons, alto et basse; six ariettes composées pour
le roman de Sauvigny intitulé Histoire amou-
reuse de Pierre le Long et de sa très honorée
dame Blanche Bazu, publiées à la tin du vo-
lume et qu'il ne faut pas confondre avec la mu-
sicjue faite par Philidor pour le petit opéra tiré
de ce roman.
On a publié sur Philidor : 1° Épître à M. A.
Philidor, pensionnaire du roi, par un citoyen
ignoré dans la République des Lettres, Paris, Har-
douin, 1 78Q,ia-8'';2''Ré/lexions sur un prospectus
où l'on propose par souscription la partition
complète d'Ern^MnàQ, tragédie lyrique mise
en musique par M. Philidor, par M. t***** F,
s. I., 1768, in-8" de 15 pp.; 3° Lettre à M. le
chevalier de***, à l'occasion du nouvel opé-
ra {Ernelinde),s. 1. n. d. [1768, Paris], in-8" de
15 pp. ; 4" Particularités inédiles concernant
les œuvres musicales deGossec et de Philidor,
par M. Ch. Piot (extrait des /;HWc/<«.srfe l'Aca-
démie royale de Belgique, novembre 1875),
in-8"; ce petit écrit très. substantiel, relatif à un
opéra en 3 actes, Berthe, écrit pour le théâtre
lanvItT 1757) ; enfin, Philidor a encore écrit la ninsiqiic
Ui; plusiiurs airs pour le Triomphe du Temps, comédie
de Legrand, lors d'une reprise de cet ouvrage qui fut
laltc à la Coniédlo-Krançatsc au mois de février 17C2.
de Bruxelles par Philidor, Gossec et Bot son,
contient |)lusienrs li'ttres de Philidor.
PIIILIPOT (Jlles), pianiste, professeur et
compositeur, est né à Paris le 24 janvier 1824.
Admis en 1839 au Conservatoire, d'abord dans
la clas.se préparatoire de piano de Laurent, puis
dans celle de Zimmermann, il obtint un accessit
an concours de 1842, le second prix l'année sui-
vante, et le premier prix en 1844. Il suivit aussi
dans cet établissement le cours d'harmonie et
accompagnement de M. Bazin, puis passa quel-
que temps dans la classe de composition de Ca-
rafa. Après avoir terminé ses éludes, M. Pliili-
pot se livra à l'enseignement et à la composition,
et se (it connaître par la publication d'un assez
grand nombre de morceaux de piano qui se dis-
guaient par leur facture élégante et leurs bonnes
qualités de style. Parmi ses productions, je ci-
terai surtout les suivantes : 10,Études de style,
op. 30, 34, 37, 41,47, 48,49, 50, 56,61; 10
Études de salon, 0|). 19,21,22, 23,24, 25,20, 29,
32, 34 ; 3Solos, op. 15 ; Album dhm voyageur,
4 morceaux, op. 81, 82, 83, 84; 6 Grands Capri-
ces, op. 1 ; 2 Romances sans paroles, op. 13;
Sérénade espagnole, grande fantaisie de
concert, op. 80; Huavila, berceuse, les Gon-
doliers, la Péri, caprice, Carillon, Chasse
royale, la Captive, la Chanson du mou-
lin, Chanson hongroise, Hortensia, Marche
croate, Barchetta, souvenir de Venise, Villa-
néllc,Chantdu pâtre, Chanson d'un écolier,
etc.
Lorsqu'en 1867 un triple concours fut ouvert
pour la composition de trois ouvrages destinés à
nos trois grandes .scènes lyriques, M. Pliilipot
songea à se mettre sur les rangs et se présenta au
concours du Théâtre-Lyrique avec un opéra-comi ■
que en un acte intitulé le Magnifique. Il l'em-
porta sur tous ses rivaux et vit son œuvre cou-
ronnée ; mais, par suite d'une foule de circons-
tances, la représentation de celle-ci ne put avoir
lieu qu'au bout de neuf ans, le 24 mai 187G, et
le Magnifique ne parut pas mériter l'honneur
qu'on lui avait fait. L'ouvrage fut accueilli froi-
dement par le public et par la critique, et ne put
être joué plus de quatre fois.
Outre ses morceaux de piano, M. Pliilipot a
|)ublié de jolies mélodies vocales, d'un tour ai-
mable et distingué.
PHILLIPS (Henuy), fameux chanteur an-
glais, dorigine Israélite, également estimé dans
les genres divers de l'opéra, de l'oratorio et de
la ballade, naquit à Bristol le 13 août 1801. Sa
mère, d'origine allemande, chantait, ainsi que
.son père, el tous deux appartenaient au théâtre
de Bristol et à celuide Bath. Il accompagnait ses
PHILLIPS — PHIPPS
341
parents dans leurs tournées dans !e Nord, et
lorsqu'il eut atteint sa neuvième année, on s'a-
perçut qu'il avait de la voix. On lui fit ;dors étu-
dier la musique, el pour la première fois il pa-
rut sur la scène à Harrogale. Venu à Londres,
il prit des leçons du célèbre chef d'orchestre
George Smart {Voij. ce nom), et débuta au théâ-
tre Haymarket, puis hienlôt chanta avec son
père à celui de Drury-Lane. Il travailla alors
avec Price, clicf des chœurs de ce dernier théâ-
tre, el avec Leoni Lee. Lorsque l'époque de la
mue de sa voix fut arrivée, il s'essaya dans la
peinture, étant passionné pour le dessin, et Ac-
kermann l'employa à colorier des gravures. Mais
bientôt il s'attacha à l'élude du piano, et lorsque
sa voix eut acquis le beau timbre de baryton
grave qui lui valut dans la suite tant de succès,
il s'engagea comme choriste au tliéàlre du Ly-
ceum, là travailla avec le ténor Broadhurst, et
au bout de deux ans se montra à Covent-Garden
dans un opéra deBishop, la Terre de Java. Ce
fut peu après celte époque que George Smart
le lit débuter avec succès dans l'oratorio, ce qui
ne l'empêcha pas d'entrer comme première basse
auLycenm. Ce fui lui qui créa (20 juillet 1824)
le rôle de Caspardansle Freischûtzde Weber.
Ce chef-d'œuvre fut d'abord mal accueilli, mais
bientôt Phillips se mit à exécuter, à la fin de
chaque phrase du chant de son rôle, un pas de
danse imité des danses guerrières des Indiens
d'Amérique, et l'on assure que cette excentricité
sauva l'ouvrage et assura son succès, ce qui n'est
pas à l'honneur du public anglais, qui se prétend
si lin appréciateur des choses musicales.
Pendant plusieurs années, Phillips tint une
des premières places aux théâtres du Lyceum,
de Covent-Garden, de Drury-Lane, puis se vit
engager pour tous les grands festivals de pro-
vince, et bientôt sa renommi^e s'établit à tel point
qu'il ne se donnait pas une exécution du Messie,
de la Création ou d'Israël en Egypte sans
sa participation, que pas un programme de con-
cert n'était complet si son nom n'y était inscrit.
De grands artistes, tels queSpohr, Mendelssohn,
Neukomm, écrivaient des morceaux spéciale-
ment pour lui, il composait lui-même des balla-
des et des songs, et faisait avec succès des lec-
tures publiques sur les mélodies hébraïques.
Dans sa longue carrière théâtrale, Phillips tint
la partie de basse dans la plupart des opéras des
compositeurs anglais contemporains : Balfe, Wal-
lace, Edouard Loder, John Barnett, Halton,
MM. Macfarren, Jules Benedict, etc., et se voyait
toujours reçu par le public avec les marques de
la sympathie la plus vive. 11 fut moins heureux
en se produisant lui-même comme compositeur
dramatique, et en donnant à Drury-Lane, le 22
avril 1838, (Jie Harvest Qiieen (la Reine de la
moisson), opéra qui n'obtint point de succès.
Les Anglais considèrent Phillips comme le
lien entre l'ancienne école de chant et l'école ac-
tuelle. Aucun artiste n'a plus fait que lui pour
populariser dans son pays les grandes o'uvres de
Hœndel, de Haydn et des maîtres classiques, et
il a donné une vie nouvelle aux chants du vieux
Purcell, le grand compositeur national. Mais si
sa voix riche, sympathique et puissante, d'une
étendue de deux octaves, brillait dans l'oratorio
et dans l'opéra, Phillips était |)articulièrement
sans rival dans le genre de la ballade, et lorsqu'i
chanlait.en s'accompagnant lui-même au piano,
quelqu'un de ces vieu.v airs si chéris de ses
compatriotes, il excitait littéralement l'enthou-
siasme. En réalité, il a tenu pendant quarante
ans une place à part, et a joui d'une popularité
exceptionnelle. Il quitta la carrière en 1863, et
donna dans la salle Saint- James, le 25 février
de cette année, un concert d'adieu auquel pri-
rent part tous les artistes de renom qui se trou-
vaient alors à Londres. A partir de ce moment
il ne chanta plus que par occasion, dans les
provinces. Il s'était occupé de la rédaction de
ses mémoires artistiques, et les publia sous ce
titre : Souvenirs personnels et musicaux éti-
rant un demi-siècle (Musical and personal
Recollections during halfa cenittr^), Londres,
18114, 2 vol. in-8° avec portrait. Il vécut en-
suite pendant quelques années àEdgbaston, près
de Birmingham, et alla se fixer ensuite à Dais-
ton. En 1874, il vint h. Londres pour assister à
l'inauguration de la statue de Balfe, qui eut lien
le 25 septembre au théâtre Drury-Lane. Il mou-
rut à Dalston le 8 novembre 187G.
PIIILL!PSO]\.(W ), pianiste anglais con-
temporain, est l'auteur d'un petit manuel pu-
blié sous ce titre: Guide to ijoung piano-forte
ieachers and students (Guide des jeunes élè-
ves de piano).
PHIPPS (Alexandre-James), compositeur,
organiste et pianiste anglais contemporain, fut
d'abord élève de M. J. O. Smith au collège de
Cheltenham, passa ensuite deux aimées à l'Aca-
démie royale de musique de. Londres, puis prit
des leçons de M. W. H. Holmes et du docteur
Steggall, maître de chœur à Oxford. Devenu or-
ganiste à Birkenhead(1866),à l'église Saint-James,
à Swansea, puis chef d'orchestre de la Société
d'oratorio de cette dernière ville, il fut ensuite
directeur d'une société dont le titre est au moins
original : Société musicale de ceux qui parlent
entre leurs dents. M. Phipps s'est fait connaître
par diverses compositions, entre autres un ora-
342
PHIPPS - PICCHl
torio : les Dix Vierges, plusieurs antiennes cl
(les mélodies vocales. On lui doil aussi un
Giiiilf pour la munique.
PHIPSOi\ (Le docteur), est l'auteur d'un
livre puhlié sous ce titre : Biogrnp/iicol skrt-
ches ofcelebrated violinists (Esquisses bio-
p;rHplii()ue-i de violoiiisles célèbres), Londres,
Richard Beniley, 1877, in-8". On trouve dans
ce volume des notices sur des violonistes de di-
vers temps et lie divers pays-. Lully, Coreili,
The Bannislers, Tartini, Viotti, Paganini, Oie
Bull, Charles de Boriot, Ernst, Joachim, etc.
PIACEXTIM ( ), compositeur ita-
lien de l'époque actuelle, a écrit la musique
d'un opéra intilulé Buondelinonte, dont je ne
connais ni le lieu ni la date de représentation.
PIACEI\ZA (Pasquale), compositeur ita-
lien, né le 16 novembre 1816 à Casalmontferrat,
était destiné par sa famille au commerce, mais
sut vaincre toutes les résistances pour se livrer,
selon son désir, à l'étude de la musique. Il ap-
prit d'ahonl à jouer de la Ih'ife et du basson, puis
s'enrôla comme musicien dans le 3® régiment
d'infanterie, où, au bout de quelques années, il
devint chef de musique en remplacement d'un
artiste nommé Berna, qui lui avait enseigné l'har-
monie. Son régiment ayant été placé en garni-
son à Chambéry, le jeune artiste compléta ses
connaissances théoriques avec Musso, maître de
chapelle de la cathédrale de cette ville. Ayant
passé de Chambéry à Cuneo, M. Piacenza se
mit à écrire de la musique de danse, et en IS'i.")
fit représenter un opéra sérieux intitulé H Tri
hinal SPgreio.TreheHn?, plus tard, en 1858, il
donnait au théâtre Rossini, de Turin, un second
ouvrage dramatique , Marinella, qui obtint un
très-grand su'cès. A la suite des événements de
1859, il fut chargé d'organiser les musiques de
plusieurs régiments, obtint le grade d'officier au
65" d'infanterie, puis, ayant pris son congé, .son-
gea de nouveau au théâtre. Il donna alors à
Gènes un opéra bouffe, Ciprinno il sarto, et h
Turin (th. Victor-Emmanuel, 20 novembre 1867)
un opéra sérieux en trois actes, Monnldcsca,
ouvrages dont le succès lui valut la croix de
chevalier des SS. Maurice et Lazare. En 1873,
M. Piacenza était chef d'orchestre d'une troupe
d'opérettes bouffes qui occupait le théâtre Apollo,
de Venise, et il écrivait pour elle plusieurs peti-
tes pochades musicales, le Donne guerrière,
Sernfino il Mozzo, etc.
M. Piacenza s'cstoccupé aussi de littérature uui-
sicale. Outre un assez grand nombre de poésies,
dont quelques-unes dans le genre burlesque, il a
pu blié un écrit intitulé : Détails sur la fabrication
des instruments de cuivre [Cenni sxilla fab-
biicazione deglis inimenii di ottone , qu
l'on dit fort utile, et un petit poëme mu-ical facé-
tieux, Sloria délia famiglia semicromatica,
qui a été souvent réimprimé.
PIAG<ilO (Micuele), musicien italien, a fait
ses débuts de compositeur dramatique en écrj^
vant la uuisi(|ue de la Fanciulla romurttica,
opéra sérieux qui a été représenté à Gènes, sur
le théâtre Doria, le 11 avril 1874.
* PIATTI (Alfred), violoncelliste renommé,
est né à Bnrgame non en 1823 , mais le 8 janvier
1822. Quelques autres erreurs .sont à relever
dans la notice qui a été consacrée à cet artiste.
Son père, Antonio (et non Charles) Piatti, était
non un chanteur, m;iis un violoniste distingué ;
il est mort aBergame le 27 février 1878. Quant
à M. Alfred Piatti, qui quitta le Conserva-
toire de Milan le 21 septembre 1837, ce n'est
pas en 1838 qu'il fit sa première apparition en
public, mais en 1834, dans un concert que la
Malibran rendit mémorable par la part qu'elle
y prit, et qui devint fameux encore par ce fait
qu'on y fil connaître la mort de Bellini. (Un an
après, la Malibran elle-même cessait de vivre à
Manchester.) En 1843, M. Piwtti jouait à Munich,
dans un concert donné par Liszt; en 1844 il était
à Paris, en 1846 à Milan, et dans le cours de
cette dernière année il se fixait à Londres,
après avoir refu.sé le poste de professeur au
Conservatoire de Milan.
PlAZZANO (Felice-Geremia) , pianiste, or-
ganiste et compositeur, est né le 15 juin 1841
à Balzola, dans la province d'Alexandrie. Il étu-
dia d'abord avec M. Meiners, après quoi il se
fit admettre au Conservatoire de Milan, où il
devint l'élève de M. Angeleri pour le piano et de
M. Mazzucato pour la composition. Après avoir
terminé son éducation, il songea à se produire
au théâtre, et écrivit un opéra sérieux, Carlo
il Temerario, dont il dnt attendre plusieurs
années la représentation ; il réussit enfin à faire
jouer cet ouvrage, en 1865 ou 1866, sur le
théâtre communal de Plaisance, et le repro^lui-
sit en 1874 à Turin, où il fut très-bien accueilli.
Le 17 février 1876, il donna à Novare.son second
ouvrage dramatique, Gismonda di Snrrento.
M. Piazzano, après avoir été pendant plusieurs
années maître de chapelle de l'église de San-
Gaudenzio, à Novare, est allé occuper les mêmes
fonctions à l'église métropolitaine de Verceil, où
il se trouve encore aujouni'hiii. Il a été nommé
en 1873 chevalier de l'ordre de la Couronne
d'Italie.
*PICCHI (Ermanno). — Nouscomplétonsici
les renseignements donnés sur ce maître par la
Biographie universelle des Musiciens,
PICCHI — PICCINNI
343
Picchi avait éfé destiné par ses parents à la
carrière du barreau, et il fit son cours de droit
à l'université de Pise ; mais son goût le portait
vers la musique. Il étudia le coulre-point avec
Ignace Colson, bon contre-poinliste tlorentin, et,
de retour de l'Université, il laissa de coté Justi-
nien pour s'adonner tout entier à la musi(jue, et
particulièrement à la composition, dans laquelle,
quoique n'ayant pas fait de Irès-sérieuses études
il ne tanla pas à se (listin;j;ui'r grâce à la bonne
culture de son esprit. Malheureusement, Picchi
était un peu de ceux pour lesquels faire vite
vaut mieux que bien faire. Abusant de sa facilité
de concpplion, il roniposait à la hâte, et n'appor-
tait souvent à la facture de ses compositions
qu'une partie seulement des soins dont elhs
eussent été difines d'ailleurs. Outre son premier
opéra, Marco Viscon/i, Picchi écrivit, en société
avecFiori, maîlre livoiirnais, un opéra bouffe in-
titulé Don Crescendo, qui eut du succès à l-lo-
renceet sur d'autres théâtres (1). Il produisit
ensuite, sur la scène de la Pergola, de l'^lorence,
il Domino bianco, opéra de mezzo-carattere
qui ne manquait pas de mérite , mais qui n'obtint
qu'un succès d'estime. Enfin, Picchi composa
Ezzechia, oratorio qui, récemment encore, a
été exécuté avec succès dans l'église de San-
Giovannino des écoles pieuses, à Florence. 11
écrivit aussi mainte musique de tout genre, mes-
ses, psaumes, ouvertures, concertos, pièces pour
musique militaire, etc. Parmi ses compositions
pour le piano, une mention spéciale est due à
une grande sonate pour piano et violon, publiée
à Milan chez Ricordi.
Picchi fut un bon littérateur musical, ainsi que
l'a dit Fétis, et il se distingua comme traduc-
teur par une belle traduction italienne de V Étoile
du Nord, qui lui valut les éloges de Meyerbeer
lui-même. En octobre ISôO, il fut nommé secré-
taire de la classe musicale de l'Académie des
beaux-arts de Florence, et en 1852 il succéda
à Pacinidans la direction des écoles de musique
annexées à ladite Académie.
L.-F. C.
* PICCHI ANTI (LocisV— Aux ouvrages di-
dactiques ou littéraires mentionnés au nom de
cet artiste, il faut ajouter les suivants 1° : Ut
Scienza deirnrmonia e le regole dell'accoin-
pagnamento, brevemente esposte ed applicali'
alla prima pratica deWarte; TSaggio di studi
ai composizione musicale sopra alcuni parli-
menli del Fenaroli, offerin ai giovani artisii,
Florence, 1852, in-4° -, 3" Regole elementari per
(0 Don Crescendo fut représente pour la première fois
sur le tliéâtre de Motlène, le i7 avril iSoV, — A. P.
imparar suonare la chitarra francese ad nso
dei principianfi, esposte e ragionaie in com-
pendio, etc., Florence, Volpini; 4° Inlorno
o/r Histoire de la musique et de la danse par
J Adrien de la Fage, ccnnt rri/ic», Milan, 1845,
in-S" de 10 pp. ; 5° Mcmoriu ai signori pro-
fes^ori sopra una qnesUone di mnsica, Flo-
rence, 1821 ;€>" Di.win Uiiolini, hiorirafin, Flo-
rence, 1840. Picchianti est aussi auteur d'une Mé-
thorlede guitare. Cet artiste, qui, malgré un talent
sérieux et une réelle intelligence, végéta toujours
dans une condition misérable, fut nommé, à l'âge
de 66 avs, professeur de contre-point à l'École
musicale de Florence ; lors de la réorganisation
de celle-ci, en 1860, et de sa transformation en
Institut musical, on lui conlia la chaire d'his-
toire et d'esthétique de l'art. Mais il était tro|)
lard : usé par l'âge et par le travail, le jjauvre
artiste vit ses forces décliner peu à peu, et ne
put même prendre possession de son cours. Pic-
chianti, qui était né à Florence le 29 août 1787
(et non 1786), mourut en cette ville le 19 octobre
1864. Contrairement à ce qui a été dit, Pic-
cliianti n'ajainais voyagé, ne s'est jamais éloigné
de Florence.
PÎCCI\INI (LucuNo'), pianiste et composi-
teur italien de l'époquH actuelle, s'est fait con-
naître par la publication d'une centaine de mor-
ceaux de genre et fantaisies pour le piano, écrits
pour la plupart sur des airs populaires et des
motifs d'opéras en vogue.
* PICCI1\1\I (Nicolas). — A la liste, déjà si
fournie, des ouvrages dramatiques de cet artiste
incomparable, il faut ajouter les suivants, dont
les manuscrits ont été recueillis, grâce au zèle
de M. Francesco Florimo, dans les archives du
Conservatoire royal de Naples : 1° Petiton,opèva
bouffe, 1758; 2" la Scnlfra letferata, opéra
bouffe en 3 actes, Naples, théâtre Niiovo, 1758 ;
3" Origille, opéra sérieux en 3 actes, Naples,
th. des Fiorentini, 1760; 4° la Relia Verità,
bouffe, 3 actes, 1762 ; 5" La Finta Raronessa,
bouffe, 3 actes, th. des Fiorentini, 1767 ; 6» Ce-
sare e Clenpatra, sérieux, 3 actes, 1770; 7°
Tpermnestra, sérieux, 3 actes, Naples, th. San-
Carlo, 1772; %° le Trame Zntgnresche, bouffe,
3 actes, Naples, th. des Fiorentini, 1772; 9"*
Furbi burlati, bouffe, 3 actes, th. des Fioren-
tini, 1773; 10° la Sposa collerica, bouffe, 2
actes, 1773; 11» E^iert in Cuma, .sérieux, 3
actes, th. des Fiorentini, 1775; 12" In Copric-
c/o.v«, bouffe, 3 actes, 1776; 13" la Cecchina
zifella, bouffe, 3 actes, Naples ; 14" i Decemviri,
.sérieux, 3 actes; 15" (^ Finlo Tiirco, bouffe,
3 actes; 16° la Donna di belV umore , bouffe,
3 actes, 1771 ; 17" la NoKe crilica, bouffe, 2
344
PICCINNI — PICCOLOMINI
actes; 18° loSposauuodi U.Pomponio, bouffe,
3 actes; 19° Tigrane, sérieux, 3 actes; ; 20" I'/7-
torina, 3 actes; 21° le Finie Gonelle, inter-
mède; 22" VIncoslanle, i(i. ; 23" il Sordo, M.
Je ne crois pas inutile de reproduire la note
suivante, que je tire de la biographie de Pic-
cinni que M. Francesco Floriino a insérée dans
son livre : Cenno slorico sulla scitola musi-
cale (Il ISapoli : — « Sur beaucoup d'opéras, et
« niêiue sur ceux imprimés à Paris du vivant de
" l'auteur, le nom de ce maître se trouve écrit
"tantôt Piccinni et tantôt Piccini. De ces deux
<< orlliographes jecioyais devoir préférer la der-
« nière, comme étant celle qui se trouve sur
« quelques autographes existant dans nos Archi-
« ves. Ayant eu, il y a peu de jours, l'occasion
« de parler avec un parent survivant du célèbre
'< niaitre, il me fut affirmé que le nom de la fa-
rt mille est Piccinni , et la preuve en est qu'à
> Bari, sa patrie, où la municipalité lui a dédié
« une rue, on a écrit Strada Piccinni. Le tliéà-
« tre, un des plus beaux de l'Italie méridionale,
« inauguré avec le nom du grand compositeur,
« porte sur son fronton Teatro Piccinni. Avec
« l'appui de ces éléments, il est évident rnain-
« tenant que l'on doit écrire Piccinni.
On doit signaler, à propos de Piccinni, un ou-
vrage fort important de M. Gustave Desnoires-
terres : Gluck et Piccinni, 1774-1800 (Paris ,
Didier, 1872, in-8°). 11 s'y trouve nombre de
renseignements importants et peu connus sur le
séjour du maître àParis et sa rivalité avec Gluck.
{Votj. Gluck.)
On a joué en France, mais non à Paris, l'ou-
vrage suivant, dont je possède le livret dans ma
bibliothèque et dont je reproduis le titre textuel-
lement : '« l'Esclave ou le Marin généreux.,
intermède en un acte, rédigé de l'italien et re-
présenté en province. La musique est de M. N.
Piccini {sic), maître de chapelle à Naples. — Aux
Deux-Ponts, et se trouve à Paris, chez la veuve
Duchesne, 1774 (in-8). « La préface de ce livret
fait connaître qu'il est l'adaptalion d'un opéra
italien du maître, gli Slravaganti. J'ai trouvé
bon de le signaler, pour éviter toute erreur à
ceux qui pourraient avoir connaissance du titre
de l'ouvrage, sans les détails que je rapporte
ici.
*PICC1\IVI (Lotis).— Aux œuvres dramati-
ques de ce compositeur, il faut ajouter Sujette et
Colinet [ou Ici Amants heureux par strata-
gème, oi)éra-comique en un acte, joué au tlié;\-
Ire Beaujolais le 25 juillet 1786. Par contre, il
faut retrancher de son répertoire Amour et Mau-
vaise tête ou la Réputation, dont la musique
est de Pacini.
*PICCL\I\I (Lodis-Alexandre).^ il serait,
croyons-nous, fort difficile de dresser une liste ab-
solument exacte et complète de toutes les œuvres
dramatiques de ce compositeur, qui s'est prodigué
d'une façon peu commime et qui a abordé tous
les théâtres, dei^iis les plus infimes jusqu'aux
plus importants, depuis les Troubadours et les
Jeunes-Artistes jusqu'à l'Opéra-Comique et à
l'Opéra. Nous ajouterons cependant à son réper-
toire les ouvrages suivants, qui n'y ont pas été
compris : 1° le Vœu ou le Solitaire du Canada,
opéra-comique donné au th. des Jeunes- Artistes
en 1801; 2» la Tireuse de caries, même théâ-
tre, inême année; 3° le Jeune Sauvage, 3 ac\es,
môme théâtre, 1803 ; 4'' Rien pour lui, 3 actes,
même théâtre, 1805; 5" /es Illustres Fugitifs,
ballet en 3 actes, Porte-Saint-Marlin, 1807; (i"
Dona Bella ou les Illusions de Vamovr, liallet
en 2 actes, Gaîté, 1811; 7" Chant français
pour la fête du roi, Or»éra-Comique, 24 août
1821 ; 8° Faublas, ballet (en société avec Daron-
deau,) Porte— Saint-Martin , 1835.
* PICCOLOMII\l (Maria), cantatrice ita-
lienne distinguée, née à Sienne en 1836, reçut
d'abord des leçons de piano d'un maître nommé
Ricliterfeizer, puis, à l'âge de 14 ans, devint l'é-
lève de la signera Mazzarelli, chanteuse habile,
devenue comtesse Tolomei, et qui vivait alors à
Sienne. Après avoir obtenu un grand succès en
se faisant entendre dans un concert dont le pro-
duit était destiné à l'érection d'une statue à l'ar-
chitecte Pianigiani, la jeune artiste fut conduite
par sa famille à Florence, où on lui donna pour
professeur l'excellent Pietro Romani {Voy. ce
nom). Elle débuta au théâtre de la Pergola de
cette ville au mois de février 1852, dans Lu-
crczia Borgia, et se vil très-bien accueillir. Elle
chanta ensuite à Rome, à Pise, à Palerme, à Bo-
logne, à Turin, se montrant successivement dans
Poliuto, Don Bucefalo, % Lombardi, Don Pas-
quale, Luisa Miller, la Saracena, il Trova-
tore, VEUsire d'aniore, i Puritani, Caterina
Howard, l'Assedio di Malla, Crispino e la
Comare et la Traviata. L'élégance de sa mi-
gnonne personne, ses qualités physiques, la grâce
de son jeu, son intelligence scénique, et surtout
le sentiment vrai et distingue de son chant lui
valurent de très-grands succès et firent passer
sur l'insuffisance relative de sa voix. Engagée à
Londres, M"" Piccolomini obtint au théâtre de
la Reine de véritables triomphes, et vint se faire
entendre en 1856 auTlK'àtre-ltalien de Paris, où
elle (it un début éclatant dans la Traviata et
où le public la i)rit aussitôt en affection.
M'" Piccolomini possédait une grâce natu-
relle et un charme qui disposaient tout d'abord
PICCOLOMINI — PIFFET
345
en sa faveur. Elle continua pendant quelques
années encore d'obtenir de très-vifs succès,
puis, vers 1SC3, devint l'épouse d'un grand s«'i-
gneur opulent, M. le marquis Gaetani. Dejiuis
lors, elle a complètement renoncé à la carrière
théâtTHle.
PICIIOZ (Emile), compositeur, fixé à Lyon
et peut-éire né en celte ville, y a fait représenter,
sur le Grand-Tliéàtre, les ouvrages suivants :
1° la Pomme d'Eve, opéra-comique; T le
Canotier, ballet, mars 1867 ; 3" Dans les
Gardes- Françaises , opéra-comique en un acte,
janvier 1868. M. Pichoz a pris part à l'un des
trois concours ouverts en 1867, par l'adminis-
tration supérieure, pour la composition de trois
ouvrages destinés à nos trois grandes scènes mu-
sicales, et il a mis en musique le poëme du Flo-
rentin, destiné à l'Opéra-Coniique. N'ayant point
été couronné, puisque le pri\ fut décerné à
M. Charles Lenepveu(roy. ce nom), dont l'œuvre
a été jouée depuis, M. Piciioz résolut de faire
aussi représenter la sienne. Il se mit en rapport
avec la direction du théâtre de la Monnaie, de
Bruxelles (aucun théâtre de France n'ayant le
droit de s'approprier le livret du Florentin sans
la musique du compositeur couronné) , qui
consentit à montrer son ouvrage. Celui-ci, en
effet, fut joué à Bruxelles le 29 avril 1870, mais
il n'obtint qu'une seule représentation, le succès
ayant été absolument négatif.
PIDOUX (1M"= Madkleine), écrivain musical
français, tille du médecin en chef d'une des sta-
tions thermales les plus importantes des Pyré-
nées (1), a fait récemment son débutdans les let-
tres par la publication, sous le pseudonyme de
Jacques Hermann, d'un opuscule qui porte ce
litre : le Drame lyrique en France, depuis
Gluck jusqu'à ?/os joi/rs (Paris, Dentu, 1878,
in-8"). Si cette brochure importante n'est pas
exempte de certaines erreurs historiques, elle
n'en décèle pas moins un incontestable talent
d'écrivain, mis en relief par une force de dé-
duction peu commune. Par malheur, l'auteur
est de ceux qui, au mépris des faits les plus
éclatants et des enseignements même de l'his-
toire, cherchent, sans qu'on puisse deviner pour
quelle raison, à rabaisser et à ravaler la puis-
sance artistique et intellectuelle de leur pays.
11 nous semble qu'un écrivain français qui se
respecte pourrait mieux employer leur temps
qu'à jeter le dédain et la raillerie sur les grands
artistes qui ont illustré et honoré la France, alors
(l)Mlle Madeleine Pldoux avait épousé, ily aquelques
années,',un médecin belge, M. le docteur Rommelaere,
professeur a l'UniversUé de Bruxelles, dont elle est au-
jourd'hui séparée parle divorce.
surtout que ces artistes ont conquis la sympa-
thie et l'affection des étrangers. Il y a mieux à
faire, en vérité, qu'à bafouer et à ridiculiser les
nobles ligures de Rameau et de Campra, de Gré-
try et de Monsigny, de Beitoii et de Méhul,
d'Hérold et de Boieklieu, qu'à couvrir de sarcas-
mes desmusiciens tels(]u'Halévy,Auberoumème
Adolphe Adam. C'est là, croyons-nous, une be-
sogne aussi fâcheuse au point de vue de l'in-
telligence et de la vérité qu'au point de vuf na-
tional, et après avoir rendu justice aux facultés
de l'écrivain sans douter de sa sincérité, nous
nous abstiendrons de critiquer les détails d'iuio
œuvre qui nous semble entachée d'immoralité
artistique.
* PIELTAIi\ (Dieiidonné-Pascal), violo-
niste belge fort remarquablf, était né à Ijiége le
4 mars 1754. Il mourut en cette ville, non le 12,
mais le 10 décembre 1833.
*PIERMARIi\! (t'K.vNçois). — Cet artiste,
mort depuis assez longtemps déjà, a laissé en
portefeuille un assez grand nombre de compo-
sitions inédites, entre autres la partition d'un
grand opéra en 4 actes, le Vieux delaMon-
tagne.ccv'û par lui sur un livret de de Jouy.
PÏEIÎOTTI (Le P. Domenico), né à Lucques
en 1087 et mort octogénaire en 1767, dans la
même ville, fut maître de chapelle du séminaire
de Saint-Michel. On lui doitune mes.se à 4 voix a
cappella, trois autres messes à 4 voix avec ac-
compagnement instrumental, et 2 5 services mu-
sicaux à grand orchestre, écrits de 1710 à 1761
pour la célébration annuelle de la fête de sainte
Cécile.
PIERSANTELLI ( ), musicien italien
contemporaiu, est l'auteur d'un opéra intitulé
il Rinnerjalo, dont j'ignore le lieu et la date de
représentation.
* PIEUSON (Henri-Hlgh), compositeur,
né à Oxford le 12 avril 1816 (etnonl815), est
mort à Leipzig le 28 janvier 1873. Aux ouvrages
de cet artiste, il faut ajouter Macl>elli, poëme
symphoniqne pour orchestre. Son opéra Con-
tarini, désigné dans la Biographie xiniverseUe
des Musiciens comme n'ayant pas été repré-
senté, l'a été depuis lors.
PI FFET.c st le nom d'une famille de musiciens
français qui pendant longues années firent par-
tie de la musique delà chambre du roi. « Voici
(dit M. Vidal dans son livre : les Instruments à
archet) la liste de ceux de ses membres que nous
avons rencontrés sur les registres royaux : Pierre
Piffet, 7 août 1729 ; Antoine-Joseph Piffet, .^fé-
vrier 1734; Pierre-Louis Piffet, 20 mars 1734;
Pierre-Louis Piffet, 29 octobre 1753 ; Louis-
François- Barthélémy Piffet, 5 septembre 1754 ;
346
PIFFET — PILLET
Antoine Piffef, 5 septembre 1754. Un (tes Piffet,
ICtienne, que nous n'avons pas retrouvé sur
la liste (les vinsl-qnatre violons (tu roi, Joua
avec succès au Concert spirituel le 23 avril 1753.
Cet Etienne Piffet fut attaclié comme violo-
niste à l'orchestre de l'Opéra. On a gravé de sa
composition des sonates pour deux violons et
liasse. »
Cet Etienne Piffet (je suis obligé de m'en rap-
porter, pour son prénom, à l'assertion de M. Vi-
dal) taisait non-seulcinent partie de l'orclicstre
de l'Opéra, mais aussi de celui du Concert spi-
rituel. Il se fit entendre souvent à ce Concert ;
le 2.i mars 1757, il y jouait un concerto; le
25 décembre suivant, il s'y produisait, avec un
nommé Baron, dans un concerto à deux violons;
eu 17f)0, il exécutait encore un concerto, qui,
cette fois, était de sa composition, et le 1*^' avril
de l'année précédente un artiste nommé Go-
dard avait chanté un motet de lui. J'ignore l'é-
poque de la mort de ce virtuose, qui semble
avoir été un musicien distingué.
PILARD (Charles), est l'auteur delà bro-
chure suivante : la Inventions Sax dons les
musiques militaires et à Vorchestre (Paris,
impr. Vert, 1869, in-8 de 16 pp.), dans faquelle
M. Sax et les instruments imaginés par lui sont
vivement critiqués.
* PI L ATI (Auguste PILATE, dit), est
mort à Pans le !«'' août 1877. Ce compositeur
extrêmement fécond, dont le nom est pourtant à
peu près inconnu du public, quoiqu'il ne fût
point sans talent, s'est fait jouer dans un grand
nombre de théâtres. Voici une liste de ses ou-
vrages dramatiques, que je ne donne point pour
complète, mais dans laquelle je crois qu'on ren-
contrera peu d'inexactitudes : THÉU'itE-LvRiQi'ii.
1" Les Barricades, 2 actes, 5 mars ISIS (en so-
ciété avec M. Eugène Gantier) ; 2° les Etoiles,
1 actes, G février 18 ji. Iîenaiss.vnce. 3" Otivier
Basselin, un acte, 15 novembre 1838 ; 4° ÂJo-
demoiselle de Vontanges, 2 actes, Il mars
183'.» ; 5" le Nnnfrnge de la Méduse, 4 actes,
31 mai 1839 (en société avec Grisar et M. de
Flotow). Varictés. (i° Ln Modiste et le Lord,
•). actes, 23 octobre 1833 ; 7" CAmoMT et Psyché,
un acte, 13 décembre 1S56. Porte-Saint-Mau-
TIN. 8° Les Farfadets, ballet-féerie en 3 actes,
8 mai 1841 ; 8° ttis le Postillon de Saint-Va-
iery, opéra-comique en 2 actes, I8i0. Foi.iis-
NouvELLES. 9° Jean le So<,un acte, 1856 ; 10" une
Devinette, un acte, 18r)r> ; il" Trois Drarions,
un acte, 1 857 ; 12' Vile de Calypso, un acte, 1 857
(donné sous le pseudonyme deRuytIer); 13" Peau
d'Ane, un acte, 1858 (id.) ; 14° Ignace le re-
tors, un acte, 25 septembre 1858. Tuéatre Hé-
JAZET. 13" L'Ile du so/-5i-ré, unacle, mars 1860
(sous le pseudonyme de Ruyller). Bouffes-P.4ri-
siens. 16" Les Statues de l'Alcade , ballet-pan-
tomime en un acte, 2'J décembre 1855. Palais-
ItovAL. 17° La Prova dvn opéra séria, un acte,
4 juillet 1835; 18" la Fermière de nolbec,1i(\é-
cernl)rel835 ; 19° Léonaonle Parisien enCorse,
2 actes, 14 janvier 1830. Théâtre Debureai.
20° // SignorCascarelli, un acte, 1858. Concert
DE l'Ai.cazau. 21» Jacques et Jacqueline, un
acte; 22" ta Nymphe et le Berger, divertisse-
ment. Folies-Oller. 22° bis Les Pêcheurs de
Tarente, divertissement, 14 novembre 1876.
Concert de ea Scala. 23° Bosette et Colin, un
acte, décembre 1874. Lille. 2^i" Il Maestro Bla-
guarino, un acte, 25 décembre 1865.
Pilali, qui a souvent donné des preuves d'une
imagination gracieuse et distinguée, mais qui
s'est trop prodigué, et dans de mauvaises condi-
tions, et qui a fini par sacrifier l'artau métier, a
donné encore quelques opérettes sur de petits
théâtres, tels que ceux de Beaumarchais et des
Folies-Marigny, et aussi dans des cafés -concerts,
où il a fait chanter encore beaucoup de roman-
ces et de duos scéniques. Enfin il a publié un
nombre incalculable de morceaux de chant (entre
autres un recueil de « six scènes de genre »
intitulé : Au bord du Mançanares), et de
petits morceaux de piano, fantaisies faciles,
valses, polkas, quadrilles, etc., dont la (ilupart
étaient spécialement destinés aux enfants et
expressément écrits pour de petites mains. Depuis
une quinzaine d'années, Pilali avait pris l'habi-
tude de signer ces compositions légères du pseu-
donyme -.A. P. Juliuno ; il employait aussi
quelquefois celui de Wolfart. C'est cet artiste
qui a écrit la musique de la lomance' chantée
dans le Ruy-Blas de M. Victor Hugo.
Pilati avait reuipli pendant quekpje temps les
fonctions de chefd'orchestre à la Porte-Saint Mar-
tin, puis au théâtre Beaumarchais. Il fit repré-
senter en 1837 à Londres, sur le théâtre Adelphi,
un ouvrage intitulé le Roi du Danube.
PILLET (F.vbien), journaliste, poëte et cri-
ti(|ue, naquit à Lyon le 30 octobre 1772.
Dès avant la Piévolution, il commença à se faire
connaître comme écrivain, en prenant part à la
rédaction de plusieurs journaux. Eu l'an V, il
fonda une feuille théâtrale et satirique intitu-
lée le Déjeuner, qui le lit condamner à la
déportation; il trouva le moyen de se cacher,
et lorsque les circonstances devinrent moins
critiques, il entra au Journal de Paris pour
Y faire les comptes-rendus de théâtres. C'est
alors qu'il commença la |)nblication d'un an-
nuaire théâtral, dont il parut trois années sous
PILLET — PINO
347
des titres différents : 1" Vérités à Vordrc du
jour, ou nouvelle critique rnisonnée tant des-
acteurs et actrices des théâtres de Paris, que
des pièces qui y ont été representces pendant le
cours de l'année dernière vParis,Garnier, an VI,
in 18); 2° Melpnmhxe et Thniie vnitjées, ou
nouvelle critique impartiale et raisonnéetani
des différents théâtres de Paris que des pièces
qui y ont été représentées pendant le cours de
l'année dernière (Paris, Mitrcliand, an YIl, in-
18); 3°la Revue des Théâtres, ou suite de Mel-
pomcne et Thalie vengées. Troisième année
(Paris, Maiciianl, an Vlll, in- 18). Ces trois petits
volumes sont d'aulantplns ntilesque i'alrnanacli
intitulé ies Spectacles de Pam, dont la pnbli-
calion avait été interrompue en 1794, n'existait
plus à cette époque, et qu'ils donnent la liste
complète des pièces représentées sur tous les
théâtres de Paris, jusqu'aux |)lus infimes, depuis
le 1" janvier 1797 jusqu'au T' janvier 180(t, liste
qu'on chercherait vainement dans quelque ou-
vrage que ce soit, et que l'on ne saurait trop
consulter pour l'histoire de la musique et celle
des nombreux théâtres lyriques qui existaient à
Paris pendant celte période si troublée. On a
attribué aussi à Fabien Pillet un antre ouvrage
du même genre, /'Année théâtrale, dont il a
paru cinq volumes pour les ans VIII, IX, X, XI
■ et XII ; maisQuérard, qui, dans l'article sur F;i-
bien Pillet donné par lui dans le supplément de
la France littéraire, semble avoir eu des ren-
seignements personnels et très-circonstanciés, ne
met point cette publication à son compte, tandis
qu'il l'indique comme ayant rédigé les deux der-
nières années de VOpinion du Parterre, dont
Lemazurier avait fait les premiers volumes. C'est
encore à Fabien Pillet qu'on doit la Lorgnette
des Spectacles (Paris, HoUier, an VII, in-18),
recueil biographique des acteurs et actrices de
Paris, fait avec goût et convenance, et dont il a
paru une .seconde édition sons le titre de la Nou-
velle Lorgnette des Spectacles (an IX), et une
troisième sous celui-ci ; Revue des comédiens,
ou critique raisonnée de tons lesacteurs, dan-
seurs et mimes de la capitale{PiiT\s,Fà\i-^,l80H,
;', vol. in-18). Cette fois, Grimod de la Reynière
s'était joint à l'auteur primitif. Quérard dit avec
raison que « ce livre ne doit pas être confondu
avec les pamphlets publiés fréquemment contre
les comédiens. » On y trouve, avec une critique
courtoise, des renseignements fort utiles sur les
artistes du temps. Toutes les publications qui
viennent d'être citées étaient anonymes. Plus
tard employé supérieur au ministère de l'ins-
truction publique, Fabien Pillet, qui, à partir de
1834, rendit compte annuellement du salon de
peinture dans le Moniteur tiniversel, mourut à
Pa.ssy, près de Paris, le 23 février 1855. Il était
le père de Léon Pillet, qui fut directeur de
l'Opéra pendant plusieurs années, et qui mourut,
le 21 mars 1868. consul de France à Venise.
PILLEVESSK (Jules-François), né à
Uelleville (Seine), le 11 novembre 1837, entra
jeune au Conservatoire, où il obtint un second
accessit de violoncelle en 1856 , et, la même
année, un premier prix d'harmonie dans la classe
de M. Reber. Devenu élève de Carafa pour la
fugue, il se vit décerner un second accessit en
1857, et l'année suivante obtenait une mention
honorable au granii concours de com|)osition
musicale à l'Institut. Entré peu de temps après
au théâtre du Vaudeville en qualitéde chef d'or-
chestre, il a fait représenter aux Fantaisies-Pari-
siennes, en 1366, une opérette en un acte inti-
tulée Bobinsnn Crusoé.
PI LLOTTI(Giuseppe), compositeur religieux
italien, né à Pistoja en 1796, mort en 1871, fut
à Bologne l'élève du P. Mattei. Il devint par la
suite maître de chapelle de la Madone delV
Umittà, à Pistoja, et remplit pendant plus de
quarante ans les fonctions d'organiste à la cathé-
drale de cette ville. On lui doit beaucoup de
compositions dans le genre sacré.
Malgré la similitude presque complète du nom,
cet artiste ne doit pas être confondu avec un
autre compositeur, Giuseppe Pllotti {Voy. ce
nom), (pn vivait en même temps que lui.
* PILOTTI(Giuseppe), compositeur etthéo-
ricien italien. — L'opéra intitulé l'Ajo nell'imbar-
razzo ne fut pas le seul ouvrage dramatique de
cet arti.ste, comme il est dit dans la Biographie
universelle des Musiciens. Il en a écrit au moins
un autre : Non essere geloso, opéra bouffe en
deux actes, qui fut représenté en 1816, à Flo-
rence, sur le théâtre des Bisoluti.
A l'époque de sa mort, on a publié sur cet
artiste la notice anonyme suivante : Elogio e
carmi funebri a Giuseppe Pilotti (Bologne,
1838, in-S" de 48 pp., avec portrait).
PINCHERLE (GuGLiELMo), compositeur
italien, né, je crois, à Trieste, a écrit la musique
d'un opéra .sérieux, il Rapimento, qui a été re-
présenté à Péronse en 1863.
Pl\0 (Rosario-Antomio), compositeur ita-
lien, né àPalerme le 19 décembre 1850, fut élève
de Ferdinando Valente et de Luigi Siri pour le
piano, et pour le contre-point et la composition
de Salvatore Lavigna, d'Aspa et de Battista. Dès
l'âge de quinze ans il se faisait entendre comme
virtuose, et il en avait à peine dix-sept lorsqu'il
fit exécuter à Naples un oratorio, le Tre Ore
di agonia. M, Pino a publié déjà un grand
348
PINO — PIOTROWSRI
nombre de compositions vocales ou instrumenta-
les, et parmi ses œuvres inédites on cite des
ouvertures, des messes, des vêpres, etc. Fixé à
Nnpies, il y partage son temps entre l'enseigne-
ment et la composition.
PINSUTI (CiRo) , pianiste, compositeur et
professeur italien , est né à Sinaiunj^a (province
(le Sienne) le 9 mai 1859. Il commença l'étude
du piano sous la direiîtion de son jière , et ,
enfant prodige, se produisit avec beaucoup de
succès, dès l'ilge de onze ans, dans les concerts
publics. Envoyé en Angleterre en 1840, il s'y
perfectionna sur son instrument, y entreprit
l'élude de l'harmonie et de la composition, et
y travailla aussi le violon avec Polter. Il sp.
fit entendre l'année suivante à Londres, et (il
sensation. De retour en 1845 dans sa ville na-
tale, il y fit exécuter une messe à trois voix
avec orgue, puis, sur le conseil du comte Pepoli,
il se rendit à Bologne , où , tout en suivant un
cours de contre-point au Lycée musical, il obtint
des leçons de Rossini en personne. Devenu
presque aussitôt professeur adjoint de la classe
de piano de cet établissement, il fut élu peu de
temps après membre de l'Académie des philiiar-
monitjues.
Cependant, en 1848 , M. Pinsuti retourna en
Angleterre, où il se livra avec un grand succès à
l'enseignement du chant , parlas;eant son exis-
tence entre Londres, qu'il habitait l'été , et
Newcastle, où il passait l'hiver et où il fonda
une excellente société philharmonique. Le jeune
artiste sut se créer à Londres \nie situation
exceptionnellement brillante, devint le profes-
.seur à la mode, fut appelé à diriger un grand
nombre de concerts publics et particuliers, et
bientôt fut élu à l'unanimité professeur de per-
fectionnement du chant à l'Académie royale de
musique. En même temps il publiait un grand
nombre de compositions, tant vocales qu'instru-
mentales, dont le chiffre total s'élève à plus de
trois-cents, et sa renommée devenait telle qu'en
18f)l le roi d'Italie le nommait, viofu proprio,
chevalier de l'ordre des SS. Maurice et Lazare.
En 1871, M. Pinsuti fut appelé à représenter sa
patrie lors des fêtes musicales qui signalèrent
l'inauguration de l'Exposition universelle de
Londres, de même que U. Gounod représentait
la France, M. Ferdinand Ililler l'Allemagne, cl
M. Arthur Sullivan l'Angleterre elle-même;
c'est à cette occasion qu'il écrivit im hymne
dont l'exécution, confiée à 1,200 voix, eut lieu le
1" mai 1871, dans rAlberf-IIall, en présence de
12,000 auditeurs.
Néanmoins, M. Pinsuli n'avait pas complète-
ment abandonné l'Italie; il avait pris l'habitude
d'y venir passer quelques mois chaque hiver,
continuant de résider le reste de l'année à Lon-
dres. C'est pendant un de ces séjours qu'il fil re-
présenter sur le théâtre communal de Bologne,
le 8 novembre 1873, son premier ouvrage dra-
matique, il Mercnnte di Vcnezia , opéra-hallet
en 4 actes, qui fut bien accueilli et qui offrait,
dit-on, l'heureux assemblage des facultés mélo-
diques naturelles aux Italiens et des qualités vi-
goureuses et raisonnées qui sont comme la ré-
sultante des efforts de la grande école musicale
moderne. Depuis lors, il a écrit un second opéra,
Mattia Corvino,Av&m& lyrique en 3 actes et un
prologue, qui a été joué avec succès à Milan en
1877 et qui a réuni les suffrages de la critique.
Sans être un génie original, M. Pinsuti semble
être un talent très-personnel et très-étudié. Peut-
être a-t-il abordé le théâtre trop tard pour y
[)ouvoir donner la mesure de sa véritable va-
leur ; cependant il est encore dans toute la
force de l'âge, et les deux solides ouvrages qu'il
a produits peuvent faire espérer qu'il se mani-
festera encore avec bonheur, pour peu qu'il soit
servi par les circonstances. Quant à la musique
intime de M. Pinsuti, à ses compositions da
cornera, c'est-à-dire à ses nombreuses mélodies
vocales , elles lui ont valu des suffrages unani-
mes, et l'on cite surtout, parmi elles, les Quat-
tro soneiti mis en musique par lui sur les paroles
des quatre grands poêles italiens.
* PIO (Antoine). — Ce compositeur fit re-
présenter à Modène. le 26 décembre 1782, un
opéra intitulé Demofoonle.
PIOT (Charles), écrivaiu belge , membre
correspondant de l'Académie royale de Belgique,
a adressé à celte compagnie quatre mémoires
fort intéressants qui ont été insérés dans ses
Bulletins, e[ dont il a été fait un tirage à
part à petit nombre. Voici les titres de ces
écrits : X" Particularitéx inédites concernant
les œuvres musicales de Gossec et de Philidor
(s. I. n. d. [Bruxelles, 1875], in-S" de 32 pp.);
7" Quelques lettres de la Correspondance de
Crétnj avec VUzthumh (s. I. n. d. [Bruxelles,
1875], in-S" de 30 pp.); 3» la Méthode de
chanter à VOpéra de Paris (s. l. n. d. [Bruxel-
les, f87(;], iu-8°); 4» les Oricjines de l'opéra
dans les Pays-Bas espagnols (s. l. n. d. [Bruxel-
les, 1877\ in-S" de 12 pp.).
PIOTIIOWSKI (Romain), musicien polo-
nais, né dans la première moitié du dix-neu-
vième siècle, a inventé, en 1844, un instru-
ment destiné à faciliter l'accord des pianos et
auquel il donna le nom tVakordometre. Le
compositeur Elsner rendit compte de cette in-
vention dans le Courrier de Varsovie. M. Pio-
PIOTROWSKI — PISILANI
349
trowski donna lui-même des explications sur
la manière de poser les cordes, opération difïi-
ciie surtout pour une main de i'emme et qu'il
sut faciliter, sur la façon de les attacher, de
faire les crochets, etc. M. Piolrowski était pro-
fesseur de piano, de \iolon et de chant.
PIQUK (F....-L ), l'un des plus hahilcs
luthiers français connus, né à Rorei , près Mi-
recourt (Vosges), en 1758, était établi à Paris,
rue IMàtrière, en 1785, et y execçait encore sa
profession en 1819, époque à laquelle il demeu-
rait rue des Deux-Écus, 33. Élève de Saunier,
qui lui-même était un artiste estimé, il acquit
de la réputation pour la bonne construction de
ses violons, de ses violoncelles et de ses gui-
tares; on sait que ce dernier instrument jouis-
sait alors d'une grande vogue. Ses violons étaient
particulièrement réputés, et Spohr , dans sa
Méthode, les cite, avec ceux de son confrère
Lupot, comme étant les meilleurs de l'époque.
Le musée du Conservatoire de l'aris en possède
un, qui est catalogué sous le numéro 16. Pique
est mort en 1822, à Charenton-Saint-Maurice,
près de Paris, dans une propriété où il s'était
retiré depuis peu de temps.
On assure que Lupot, eu travaillant pour lui
avant de s'établir à son conipte, ne fut pas
étranger à la renommée de Pique ; il lui livrait
des violons en blanc, au prix moyen de 20 li-
vres, et le plus souvent celui-ci se contentait
de les vernir. La faveur dont jouis.sait Pique
peut en grande partie être attribuée à cette
collaboration anonyme de Lupot, ainsi qu'à la
protection du célèbre Baillot, qui jouait volon-
tiers ses violons el lui adressait beaucoup de
ses élèves.
Le vernis de Pique est d'un rouge foncé,
un peu opaque, et les épaisseurs sont souvent
exagérées. Néanmoins, il a laissé quelques spé-
cimens recommandables.
J. G — Y.
PIQUÉ (G ), compositeur espagnol,
est l'auteur d'un opéra italien, Ernesto, duca
di Sicilia, qui a été représenté sur le théâtre
principal de Barcelone, le 14 novembre iSVi.
Cet artiste ne m'est pas autrement connu.
PIROYE ( ), organiste de l'église des
Jacobins de la rue Saint-Honoré , mort dans la
première moitié du dix-huitième siècle, était
un artiste distingué. Titon du Tillet, dans son
Parnasse françois (1732), le cite au nombre
des organistes les plus habiles, récemment morts
à l'époque où il écrivait.
PISAiVI (Bartolomeo), compositeur italien
distingué et chef d'orchestre, né à Constanti-
Hople en 1811, a fait de bonnes études sous la
direction de Mercadante. 11 a commencé, je
crois, sa carrière de musicien dramatique par
la composition de deux oiiéras dont l'un avait
pour titre la Péri, et l'autre, Rosamunda; mais
je ne saurais dire où ces deux ouvrages ont vu le
jour. Eu 1859, M. Pisani était chef d'orchestre
au théâtre Naoum, deConslantinople, et en 1863
il donnait à ce théâtre un drame lyrique inti-
tulé Ladislao, qui était presque aussitôt re-
produit à Florence. L'année suivante, M. Pi-
sani faisait un voyage en France et donnait à
Paris un grand concert dans lequel il faisait
entendre quelques-unes de ses compositions ,
entre autres des chœurs sans accompagnement,
quelques jolies mélodies vocales, une ouverture
et une grande fantaisie musicale à quatre voix
seules, chœur et orchestre, écrite sur les Djinns
de Victor Hugo; ce dernier ouvrage produisit
particulièrement sur le public et sur la critique
une impression très-favorable.
Le 5 novembre 1805, M. Pisani donnait à la
Scala, lie Milan, Rébécca , opéra sérieux qui
n'obtint aucun succès. Il garda alors le silence
pendant plus de dix années , et ne reparut à la
scène que le 27 janvier 1876, en donnant à Venise
un nouvel ouvrage dramatique intitulé la Gi-
tana, qui fut plus heureux que le précédent.
Dans l'intervalle, il avait écrit à la mémoire de
son vieux maître, qui venait de mourir, un
chaut funèbre exécuté sous ce titre : une La-
crima sulla tomba di Mercadante.
En dehors de ses œuvres dramatiques, M. Pi-
sani a publié diverses compositions, entre autres
un recueil de6 morceaux de chant, un album de
10 mélodies à une ou <leux voix, plusieurs autres
mélodies détachées, un Ave Maria à voix seule,
et quelques morceaux de nuisique de danse
pour le piano. On connaît aussi de lui un hymne
patriotique intitulé. Chant du peuple au roi
d'Italie.
PISANO (Nicola), compositeur italien qui
vivait dans la première moitié du dix-huitième
siècle, est l'auteur d'une farce en musique in-
titulée la Rïna, qui fut représentée à Naples,
sur le petit théâtre des Fiorentini, en 1731.
* PlSAROI\l (Benedetta-Rosamunda). —
Cette admirable chanteuse, qui était retirée de
la scène et avait disparu du monde artistique
depuis près de quarante ans, est morte à Plai-
sance, sa ville natale, le 6 août 1872.
* PISCHEK (Jean-Baptiste), chanteur
distingué, est mort à Sigmaringen, le 16 février
1873.
PISILAI\I (Belisario), compositeur italien,
a écrit la musique d'un opéra boulfe intitulé il
i\aso del morto, qui a été représenté en 1867.
350
PISTILLI — PLAtDY
* PISTILLI (Achille), compositeur italien,
est né a Montagano, dans la province de Cainpo-
basso, au mois de juillet 1820. Dès son plus jeune
âge il apprit les premiers éléments de la musique,
et il avait à peine accompli sa huitième année
lorsque ses parents l'envoyèrent à Naples, où
il fut admis au Conservatoire de San-Pietro a
Majelia. 11 fut, dans cet établissement, l'élève
de [''rancesco Lanza pour le piano, de Francesco
Rug^i pour le contre-point et l'harmonie accom-
pagnée, et de Donizetti pour la composition, ce
qui n'empôcha pas Zingarelli lui-même, alors
directeur de l'école, de lui donner des conseils.
Il n'avait que dix-sept ans lorsqu'il écrivit sa
première messe, à quatre voix et orchestre,
qu'il fit suivre bientôt de diverses autres com-
positions religieuses. Mercadante étant venu à
succéder à Zmgarelli, c'est sous sa direction
qu'il composa ensuite une opérette, il Fïnio
Feiidatario, pour le petit théâtre du Conser-
vatoire.
Il quitta celui-ci en 1843, et trois ans après,
en 1846, il faisait représenter sur le théâtre du
Fomlo, de JN'aples, un opéra sérieux en 3 actes,
Rodolfo da Brienza, qui fut bien reçu du pu-
blic; il resta cependant dix ans sans aborder
de nouveau la scène, et n'y reparut qu'une
dernière fois en donnant eu 1856, au même
théâtre, un drame lyrique en 3 actes intitulé
Maltlde d'^Ostan. A partir de ce moment il
se livra exclusivement à l'enseifinement, ainsi
qu'à la composition de nombreuses œuvres
de musique religieuse et de morceaux de
piano plus nombieux encore. Devenu profes-
seur dans un élnblissement religieux, il écrivit
seulement pour les élèves de cet établisse-
ment un petit opéra intitulé il Gondoliere
di Fenezïa. La lin de cet artiste fut malheu-
reuse; ayant perdu un fils âgé de treize ans,
qu'il adorait et qui promettait de devenir un
musicien distingué, sa raison fut ébranlée par
cet événement; ou dut le transporter dans la
maison de fous d'Aversa, où il mourut miséra-
blement le 29 janvier 1809.
En dehors de ses quelques ouvrages drama-
tiques, on doit à Pislilli les compositions suivan-
tes : 4 messes à 4 voix et orchestre; Miserere
à 4 voix, avec qualuor <rinstrum('nls à cordes;
Te Deum à 4 voix, chœur et orchestre; Ma-
(jtiifical à 4 voix et orchestre; 6 Tanium eryo
à 1, 2, 3 ou 4 voix, avec orchestre; divers
motets à une ou plusieurs voix, avec orchestre;
Ujmne en lionunage â Ferdinand 11, roi de Na-
ples; Hymne en hoiimia;;e nu pape Pie IX;
Hymne à Victor-Iinunanuel; la l'ieUt, alhutn de
huit morceaux de chaut; la Gkirlanda di/iori,
album de six morceaux de chant ; mélodies à
ime ou plusieurs voix; plus de cent morceaux
de genre, fantaisies, etc., pour le piano, écrits
pour la plupart sur des thèmes d'opéras et qui
forment des recueils publiés sous différents ti-
tres : te Pitmizie del Pianista, Ricordi di una
gita a Aapoli, Toccaline e Bagattelle, la Lira
teatrale, Piccole fantasie a 4 mani, etc., etc.
— Un artiste du même nom, M. Giuseppe Pis-
tilii, sans doute parent du précédent, s'est fait
connaître par la publication de quelques mor-
ceaux de t;enre pour le piano.
PITRE (Giuseppe), écrivain italien, est au-
teur d'un recueil très-abondant et très-curieux
de Canti populuri siciliani (Palerme, Pedone-
Lauriel, 1870-71, 2 vol. in-12), qu il a fait pré-
céder d'une étude critique étendue et intéressante
sur ces chants, et qu'il a accompagné d'un certain
nombre de mélodies populaires originales. 11 est
fâcheux que M. Pilrè n'ait pas eu les connais-
sances nécessaires pour compléter son travail
littéraire par des remarques musicales sur les
chants populaires siciliens. Les mélodies qu'il
a reproduites ont été réunies par les soins
de plusieurs musiciens, MM. Giovanni Maggio,
Alfoiiso Accurso, Carmelo Pardi, Tommaso Can-
nizzaro, et Biagio Lipari.
* PIXIS (Jean-Pierre), pianiste et compo-
siteur, est mort le 20 décembre 1874 à Baden-
Baden, où il avait fixé sa résidence depuis plus
de trente ans.
PIZET ( ), dit Pizet Vaine, vivait à
Caen dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle, et était directeur du Concert de cette
ville en même temps que de la maîtrise de l'église
Saint-Pierre. Pizet fit exécuter au Concert de
Caen plusieurs œuvres de sa composition, entre
autres une cantatille à voix seule avec sym|)ho-
nie, intitulée les Faveurs du Sommeil, qu'il
publia à Paris eu 1760. A l'époque de la Révolu-
tion, Pizet, devenu vieux , com|iosa la imisi(|ni'.
de plusieurs hymnes patriotiques , qui furent
chantés à Caen pour diverses fêtes nationales.
Très-estimé de ses concitoyens, il faisait alors
partie de la mimicipalité de cette ville.
PLAIUY^ (LoLis), violoniste, pianiste et
professeur allemand, né à Wermsdorf (Saxe),
le 28 novembre 1810, mort à Grimma le 3 mars
1874, étudia le piano à Dresde avec Agthe, et
le violon avec L. Hache. Il conmiença à se li-
vrer à l'enseignement à Dresde, mais, faute
d'élèves, dut aller se fixer à Leipzig. Là, il se
lit entendre comme violoniste dans Icsconceris,
mais ensuite se consacra pins spécialement à la
prali(p!e du piano, et, grâce à l'infliicnce de
Mendelssohn, se vit nommer professeur pou
PLAIDY — PLANTÉ
351
I
cet instrument au Conservatoire de Leipzig.
Plaidy a publié sous ce litre : Éludes techni-
ques pour le piano , un recueil que l'on dit
fort estiinahle.
PLAXQUE ( ), est l'auteur d'une pu-
blication laile sous ce titre : Agenda lïiusicdl
ou Indicateur des amateurs, artistes et coin-
merçans en musique de Paris, la province et
l'étranger, p;ir Planque, musicien et accordeur
de pianos (Paris, Frère, in-lG). Il a paru trois
volumes de cette publication, pour les années
1835, 1836 et 1837; elle était d'ailleurs conçue
sur un plan défectueux et incomplet.
PLAA'ljUETTE ( Rodeiiï ), pianiste et
compositeur, né vers 1850, a, dit on, fait quel-
quis études avec M. Dupralo ; mais ces éludes
sont restées sans doute fort incomplètes, car la
musique du jeune artiste pèche en bien des
points. Après avoir écrit pour les cafés-concerts
plusieurs chansons et chansonnettes, avoir fait
jouer à l'Eldorado un certain nombre d'opé-
rettes sans conséquence, M. Planquette mit en
musique un monologue de M. Pierre Véron,
On demande une femme de chambre, que
M'"^ Judic chanta dans divers salons après l'a-
voir fait connaître à Saint Pélersbuurg. C'est
alors que M. Planquette fut chargé d'écrire la
musique d'une pièce en 3 actes, les Cloches
de Corneville, qui fut représentée aux Folies-
Dramatiques le 19 avril 1877, et qui obtint
une série de plus de 400 représenlaiions con-
sécutives. Ce succès, absolument inexplicable
d'ailleurs dans son exagération, était dû , pour
la plus grande partie, à la nature de la pièce
et au talent des acteurs chargés de l'inter-
préter; quant à la musique, vulgaire et assez
mal construite, elle ne saurait faire préjuger le
sort que l'avenir réserve à son auteur. M. Plan-
quette a publié (Paris, Balhlot), un recueil in-
titulé : Refrains du régiment, 12 chansons
militaires. Parmi les opérettes ou saynètes
qu'il a fait repré>enter avant d'aborder un vrai
théâtre, je citerai les suivantes : Méfie-toi de
Pharaon, un acte. Eldorado, 1872; le Ser-
ment de M"'^ Grégoire, un acte, id., 1874;
Paille d'avoine, un acte, Déia.ssements Comi-
ques, 1874; le Péage, saynète, Eldoiado. Au
mois de février 18"9, M. Planquette a donné sur
le théâtre de Monte-Carlo (Aïonaco), pour son
inauguration, une opérette en un acte intitulée
te Chevutier Gaston.
PLAiXTADE (Charles-François), compo-
siteur, né le 14 avril 1787, mort à Paris le
26 mai 1870, était lilsde CliariesHenii Planlade.
Il fit ses études musicales au Conservatoire,
puis, ayant été appelé sous les drapeaux, il
servit pendant sept ans dans la jeune garde im-
périale, d'où il sortit avec le grade de sous-lieu-
tenant, il entra alors dans l'administration ,
devint chef de bureau au mmislère des finances,
d'où il fut détaché pendant plusieurs années à
rOpéra et au Conservatoire, et enfin, sous le
second empire , lit partie du ministère de la
maison de l'empereur et des beaux-arts. Ses
occupations administratives n'eirqjêchérent pas
Plantade de se livrer, pemlant plus dun demi-
siècle, à ses goùls artistiques modestes, et d'é-
crire plus de deux-cents romances, chansons et
chansonnettes comiques. Parmi ces dernières,
dont, la plupart du temps, il traçait à la fois
les paroles et la musique, un grand nombre,
obtinrent de très-grands succès et faisaient à la
lois le tour des théâtres et des salons ; bien que
cela nous reporte à l'époque de la Restauration et
de la monarchie de Judiet, les titres de quelques-
unes de ces amusantes productions ne sont pas
tout à fait oubliés, et l'on se rappelle encore le
Thé de marne Gibou, le Bureau déplacement,
l'Ouvreuse de loges, le Tombeau, des secrets,
A bas les médecins ! les Aaieux à la garnison,
Arez-vous vu mon parapluie? les Caprices
d'un soldat, le Retour du voltigeur, les Jolis
Soldats {u Un grenadier, c'est une rose »), etc.,
etc. Les chansonnettes de Plantade obtenaient
alors une vogue semblable à celle qui accueillait
les nocturnes de Masini et les romances de La-
barre et de Panseron. Plantade fut, en 1828, l'un
des membres fondateurs de la Société des con-
certs du Conservatoire, et trente ans plus tard il
fondait, avec JMM. Boiirget, de Courcy, Delange,
Guérm, Paul Henrion, Masini et Parizol, la So-
ciété des auteurs, compo>iteurs et éditeurs de
musique, dont il est resté jusqu'à sa mort le
trésorier et le président honoraire.
PLAi\TÉ (François, dit Francis), le plus
remarquable et le plus renommé des pianistes
français contemporains, est né h Orlhez (Basses-
Pyrénees) le 2 mars 1839. Conduit de bonne
heure à Paris par sa famille, il commença l'é-
lude du piano dès son plus jeune âge, et eut, je
crois, pour premier professeur M'"" Saint-Aubert.
Déjà, enfant prodige, il s'était lait entendre plu-
sieurs fois en public avec succès lorsque , ayant
accompli seulement sa dixième année, il se vit
admettre au Conservatoire, dans la classe de
M. Marmontel. Son admission dans cette classe
date du 1.5 décembre 1849 , et sept mois après,
au concours de 1850, il remportait d emlilé" le
premier prix , aux ajjplaudissemenls enthou-
siastes d'un public qu'il avait presque, on peut
le dire, affolé par son étonnante précocité.
Ce succès ne devait pas être éphémère, ainsi
352
PLANTÉ
qu'il n'arrive que trop souvent pour certains
enfants bien doués. Le jeune Planté avait en lui
toute l'flolïtî (l'un grand artiste, ses facultés
étaient remarquables, et aux qualités de virtuo-
sité si rares qu'il possédait dans un âge aussi
tendre, il joignait des aptitudes plus rares encore,
une solide instruction musicale , et un fonds de
lecture tel qu'il connaissait toutes les œuvres
des iriaîtres. C'est pourquoi deux artistes fa-
meux, MM. Alard et Franchomme,dont les belles
séances de musique de chambre attiraient tout
ce que Paris possédait de dilettantes distingués,
n'hésitèrent pas à s'associer le jeune pianiste et
à lui faire partager leurs succès. C'était merveille
de voir comment, à un âge où les enfants ont à
peine le pressentiment du slyle musical et où ils
ne songent guère encore qu'a acqueiir des qua-
lités techniques , celui-ci interprétait, dans le
sentiment et avec l'accent propres à chacune
d'elles, les grandes œuvres d'Haydn, de Mozart
et de lieethoven.
Cela ne l'empêchait pas, cependant, de songer
à compléter son éducation théorique. Il rentra
donc au Conservatoire, dans la classe d'harmonie
et accompagnement de M. Bazin (1853), oblint,
pour celte partie de ses éludes, un premier acces-
sit en 1854, et remporta le second prix en 1855.
Il ne cessait pas d'ailleurs de se produire en
public, et partout retrouvait l'accueil flatteur qui
avait signalé ses premiers pas dans la carrière.
.Mais sa grande valeur intellectuelle avait donné
à M. Planté le juste sentiment de la dignité de
l'artiste , et il lui arrivait de témoigner, en de
certains cas, d'ime susceptibilité qui n'était que
le résultat d'une fierté légitime. Or, il arriva
qu'un jour, dans un salon officiel où il avait été
prié de se faire entendre, le bruit des conversa-
tions était tel qu'il lui fut impossible de le do-
miner, et qu'il ne put parvenir à obtenir un ins-
tant de silence et d'attention de la part de
ceux-là môme qui avaient fait appel à sou talent.
Justement froissé d'un tel manque d'égards et de
convenances, M. Planté s'échappe après l'exécu-
tion du morceau qu'il avait commencé, rentre
chez lui, fait ses malles, et part dès le lendemain
même pour les Pyrénées, en jurant qu'd ne pa-
raîtrait plus dans ce salon inhospitalier à la
musique.
A la suite de cette aventure, et pendant près
de dix années, M. Planté resta caché à tous les
regards et refusa obstinément de se montrer eu
public. Toutefois, ce temps ne fut |)erdu ni pour
son talent, ni pour son avenir. Dans la retraite
qu'il s'était choisie, l'artiste, parvenu à l'ilge où
l'esprit sait ce qu'il veut et où il tend, se livr.i à
l'étude et à la méditation, et, délivré de toule
préoccupation extérieure, transforma, compléta
im talent déjà si magnilique, et lui donna toute
la noblesse, toute la grâce , toute l'élégance qui
depuis lors ont imposé ce talent à l'admiration
de tons. Étudiant les œuvres de tous les maîtres,
se familiarisant avec toutes les écoles, cherchant
avec ardeur et persévérance les moyens d'ex-
pression favorables à chacune d'elles, \\ vécut
ainsi dans l'intimité de tous les grands créa-
teurs, les Scarlatti, les Iliendel, les Bach, les
Couperin, les Hunnuel , les Mendelssohn, les
Chopin, s'identiliant avec le génie de chacun, en
creusant le caractère individuel, et assouplissant
son exécution de façon à traduire tel ou tel
maître dans le style qui lui est rigoureusement
propre.
M. Planté voyagea ensuite, parcourut les pays
étrangers, mais pour voir, pour observer, pour
entendre, et non j)our se produire lui-même.
C'est alors qu'il se lia avec plusieurs maîtres
illustres, Thalberg, Liszt, Rubinstein, et qu'il
connut la plupart des grands pianistes contem-
porains. Il étudia le style, les procédés, l'art
particuliers à chacun d'eux, et c'est ainsi qu'il
en arriva à parfaiie et à parachever une éduca-
tion déjà si complète et établie sur des bases si
solides.
Enlin, après avoir fait retour aux contrées
qui l'avaient vu naître, M. Planté reparut à
Paris en 1872, pour mettre son talent au service
des œuvres charitables ou patriotiques dont le
nombre était si grand à cette époque doulou-
reuse. Cette rentrée dans le monde musical fut
un véritable événement. Ceux qui ne connais-
saient pas le virtuose furent saisis d'étonnemeut
et d'admiration; ceux qui l'avaient entendu na-
guère ne furent pas moins surpris de sa trans-
formation, et de la grandeur, de la variété qu'il
avait su donner à un talent déjà si élégant, si
correct et si pur. Après avoir joué dans divers
concerts de bienfaisance, M. Planté se retrouva
avec ses deux vieux amis, MM. Alard et Fran-
chomme, et donna avec eux, dans la salle du
Conservatoire, une série de séances qui tirent
courir tout Paris et qui furent pour lui l'occasion
d'éclatants triomphes. 11 se produisit ensuite
dans divers concerts à orchestre, et ne fut pas
moins heureux dans l'exécution des grandes
œuvres qu'il y lit entendre, que dans les com|to-
silions intimes ou dans celle de la musique de
clianibrc. Depuis lors, M. Planté a voyagé de
nouveau, mais cette fois pour se présenter au
public étranger, et partout, mais notauunent en
Belgique, il a obtenu d'immenses succès.
M. Planté est véritablement un artiste de
premier ordre, et d'une valeur telle que les |)lus
PLANTÉ — PLATiVrSIA
353
grands éloges ne sauraient l'exagérer. Ce n'est
pas à son sujet qu'on peut parler des diflicultés
pratiques du piano, car les questions de méca-
nisme n'en sont point pour un tel artiste, qui
possède au degré suprême toutes les qualités
d'un virtuose, et que pourtant on rabaisserait
singulièrement en le considérant comme un
simple virtuose. Ce qu'il faut louer, ce qu'il
faut admirer en lui, c'est l'ensemble, le fini et
l'étonnant fondu de l'exécution, c'est un style
vraiment incomparable et d'une étonnante va-
riété d'expression, c'est un merveilleux senti-
ment des nuances, depuis les plus délicates
jusqu'aux plus vigoureuses, c'est le moelleux, la
souplesse et la grâce du doigté, c'est ce phrasé
si riche et si libre , c'est enfin son charme à la
fois pénétrant et passionné, son entente si intel-
ligente du véritable effet musical , sot» goiU si
exquis et si pur. Que M. Planté fasse entendre le
grand concerto de Mendelssohn ou le concerto en
mi mineur de Chopin, la 8*^ Polonaise de ce der-
nier maître ou la sonate appassionata de Beetho-
ven, le menuet de Boccherini ou la gavotte de
Vfphigénie de Gluck, le concert-slilck de Weber
ou la Mélodie hongroise de Lis/.t, c'est toujours
la même sûreté d'accent, la même sobriété dans le
rendu, la même sincérité d'exécution, la même
et constante recherche de l'effet vrai, approprié
à la nature de l'œuvre. Très-intéressant d'ail-
leurs à considérer lorsqu'il est au piano, il
semble éprouver lui-même tout ce que la mu-
sique exprime, et passer par les mille sensations
que son jeu incomparable fait ressentir à ses
auditeurs. Et pourtant son maintien est absolu-
ment tranquille, aisé, calme sans raideur, et
exempt de tous mouvements et de toutes contor-
sions. C'est à peine si une légère ondulation du
corps se fait remarquer lorsqu'il passe d'une
extrémité à l'autre du clavier; mais parfois,
pour l'observateur proche et attentif, un plis-
sement imperceptible du front, un éclair du
regard, un hochement de la tête, un léger fronce-
ment du sourcil, viennent indiquer l'impression-
nabilité de l'artiste, et ce que son âme semble
renfermer de sensibilité et de passion.
M. Planté, qui ne s'est guère fait connaître
comme compositeur, et qui a seulement publié
pour le piano quelques transcriptions d'œuvres
exécutées par lui, est chevalier de la Légion
d'honneur.
1*LATA1\IA (PiETRo), pianiste et composi-
teur, directeur du Conservatoire de Palerme, est
né à Catane le 5 avril 1828. Destiné par sa famille
à l'élude de la jurisprudence, il n'en était pas
moins passionné pour la musique, et l'on ra-
conte à ce sujet un trait caractéristique. L'enfant
nîOGU. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL
I avait obtenu de son père l'autorisation d'assister
aux leçons de piano que recevait sa sœur. Cette
permission lui ayant été retirée sous prétexte
qu'il enabusait au détriment de ses études Utté-
raires, le jeune Platania, un jour de fête, pro-
fita de l'absence de tous les siens, mit la main
sur un sac d'argent, prit une poignée d'écus et
.s'en alla acheter toute une provision de musique *
qu'il cacha sous son lit. Le larcin ayant été dé-
couvert, toute la maison fut en rumeur, et l'en-
fant, aussitôt interrogé, nia résolument ; il fal-
lut que sa mère le prît à part et le (;onfcssât en
conscience, en lui promettant l'impunité, pour
lui faire avouer la soustraction dont il s'était ren-
du coupable et l'emploi qu'il avait fait de l'ar-
gent ainsi dérobé. Son père crut alors devoir lui
laisser suivre la voie qu'il choisissait lui-même,
et c'est ainsi qu'à quatorze ans le jeune Platania
se vit libre de se livrer sans contrainte à l'étude
de l'art vers lequel il se sentait si fortement
entraîné (1).
L'entant fut alors confié aux soins d'un maî-
tre de piano nommé Carmelo Messina, et il étu-
dia la composition avec Vincenzo Abatelli. Au
bout de quelques années, il lit chanter sur le
théâtre communal de Catane cinq morceaux
qu'il avait écrits sur des vers de l'avocat Cesare
Clarenza, et dont le sujet avait été pris par celui-
ci dans divers épi.sodes des Mystères de Paris.
Raimondi, alors directeur du Con.servatoire de
Palerme, ayant entendu ces morceaux, en tira
un heureux augure pour l'avenir de leur jeune
auteur, et s'offrit à lui donner des leçons.
M. Platania se rendit donc à Palerme, avec une
pension que sa ville natale lui fit à cet effet, et
travailla avec Raimondi, qui, au bout de neuf
mois, lui déclara qu'il n'avait plus rien à lui
apprendre.
M. Platania commença alors sa carrière de
compositeur, et pour ses débuts fit représenter
sur le théâtre Caroliuo, de Palerme, au mois de
mars 1852, un opéra sérieux intitulé Malilde
Benlivoglio, qui fut très-bien reçu du public
et qui lui valut du gouvernement une récompense
de 300 ducats; cet ouvrage, chanté par Ne-
grini, Corsi, SelvaetlaSalvini-Donatelli^futjoué
presque aussilôlàCalane par les mêmes artistes,et
n'y obtint pas moins de succès. Au mois d'avril
1857, le compositeur donna, au même théâtre
CaroHno, un second ouvrage, Piccarda Donati,
dont la réussite fut plus complète encore, et le
20 septembre 18G3 il fut nommé directeur du Con-
servatoire de Palerme. Il fil repré.senler encore
à Palerme, en 1865, un drame lyrique intitulé la
(I) V. Caputo, Annuario gênerais délia musica, i(i7«.
— T. n. 23
354
PLATANIA — POHL
Vendetta slava, mais depuis cette époque il
semlilf suitout s'être consacré aux devoirs «jue
lui impose la direclion de i'tHablisseuient à la
tète iiu(|uel il est placé. Il a publié en 1872 un
Cours complet de canons et fugues de tout
(?ew/p (Milan, Lucra), et rompte livrer prochai-
nement au public, conuiie iutioduction à cet
• ouvrage, un Traité rationnel et pratique dUiar-
monie.
M. Platania, qui est membre de l'Académie de
Sainte-Cécile de Rome, chevalier de l'ordre des
SS. Maurice et Lazare, officier de celui de la
Couronne d'Italie, a fait exécuter, le 10 mai
ISGs, une Symphonie funèbre à la mort de
Pacini, et a écrit un quatrième opéra, Giulio
Sabino, qui jusqu'ici n'a pas été repiésenté.
Lors du voyage que le roi et la reine d'Italie
firent, à la fin de 1878, dans les principales
villes du royaume, M. Platania ht exécuter à
Palerme une ode-symphonie pour chœur, or-
chestre et musique militaire, dédiée au roi, et
un Hymne à la reine.
PLATZER (Joseph), compositeur allemand
conteuq)orain, s'est fait connaître du public par
qiiel<|ues opéras-comiques dont le dernier, l'En-
lèvement des Sabines, avait été accueilli avec
plaisir à Munich, où il était représenté au mois
de décembre 1876. Ce jeune artiste mourut pré-
maturément à Munjch au mois d'avril de l'année
suivante, à peine âgé de trente-six ans, laissant
complètement achevée une partition écrite sur
les Grenouilles d'Aristophane, qui devait être
donnée sur le théâtre de cette ville.
PLETIXCliX (François Josi-i'H),hauboïste
Tort distingué, né à Bruxelles le 21 juin 1829,
fut admis au Conservatoire de cette ville à l'âge
de douze ans, y remporta le second prix de
hautbois en 184G, et le premier en 1848. Devenu
professeur dans cet établissement le II mars
1801, en remplacement de son ancien maître
M. Friard, il acquit une véritable renommée de
virtuose en se faisant entendre fréquenunent, soit
aux concerts du Conservatoire de Bruxelles, soit
aux Concerts populaires, soit à ceux de l'Associa-
tion des artistes musiciens. M. l'IetincKx, qui a
formé un grand nombre d'excellents élèves,
reuq)lit les fonctions de premier hautbois-solo
au théâtre royal de la Monnaie, de Bruxelles.
* 1*LK YEL (Camilli:), pianiste, compositeur
et facteur de pianos, était né à Strasbourg non
en 17'J2, mais le 18 décembre 1788.
*rLEYEL(Madanu!MAiiiii-Fti.iciTi:-DGNiSE),
née MAItE , l'une des plus grandes pianistes du
dix-ncuvièmesiècle, est morte à Sainl-,Josse-ten-
Noodc-lfz-Bruxclles le 30 mars 1875. Elle était
née à Paris le 4 septembre 1811, La 1872 elle
avait dû se démettre de ses fonctions de profes-
seur au Conservatoire de Bruxelles, où elle avait
été remplacée par M. Auguste Dupont (Foy. ce
nom).
rODESTA ( ), compo.siteur italien, est
l'auteur d'un opéra sérieux, lai Matrimonïo
sotto la repuhblica, qui a été représenté avec
succès le 10 juin 1875 au théâtre Ddl Verme,
de Milan.
* POGGI (Antoink), ténor renommé, est mort
à Bologne, sa ville natale, au mois d'avril 1875.
On sait que cet artiste avait épousé la célèbre
cantatrice Erininia Frezzolini.
POHL (Ciiakles-Ferdinand), organiste et
écrivain musical allemand, né à Darmstadt le
6 septembre 1819, fut, en 1841, élève de Simon
Sechter à Vienne. De 1849 à 1855, il rem|ilit les
fonctions d'organiste à l'église protestante du
faubourg Gumpendorf de cette ville, puis, en
1803, il partit pour Londres, où pendant trois
années il s'occupa de rechercher au British
Muséum tous les documents relatifs aux séjours
qu'avaient faits Mozart et Haydn dans la capitale
du royaume britannique. De retour à Vienne en
1866, M. Ferdinand Pohl fut nommé archiviste
et iiibliothécaire de la Société des Amis de la
musique, et il songea aussitôt à mettre à profit
les documents intéressants qu'il avait rapportés
d'Angleterre; il en fit l'objet d'un ouvrage im-
portant qu'il publia sous ce titre : Mozart und
Haydn in London (Vienne, Géroli, 1867,
2 vol.), qui fut bien accueilli du public. Di\ja ,
avant son départ pour l'Angleterre, M. Pohl
avait livré au public un opuscule intitulé : Zur
Geschichte der Glas-IIarmonica (Vienne, Gé-
rold, 1862). Il continua de se livrer à des tra-
vaux de littérature musicale, et publia successi-
vement les écrits dont voici les titres : Die GeS'
ellschaft der musikfreunde und ilir Conser-
valorium in Wien {La Société des Amis de la
musique et son Conservatoire à Vienne),\mme,
Braumuller, 1871; Denkschrift uus anlasz,
des 100" jahrigen bestehens der Tonkunstler-
Societat in Wien {Souvenir à Voccasion de
la 100«a/i;iee de la fondation de la Société des
musiciens de Vienne), Vienne, Gérold, 1871;
Joseph Haydn, Berlin , Sacco, 1875 (de ce
dernier ouvrage, le premier volume a seul i>aru
jus(iu'à ce jour; il doit être suivi de plusieurs
autres); Bibliographie der Musik-Sammel-
iverki'dos 10 und 17 Jahrhunderts.
POHL (Rir.uAiiD) , critique musical alle-
mand qui .s'est fait dans sa patrie une ré|>ufa-
tion méritée, est né à Leipzig en 1826. Après
avoir étudié la mécanique et les mathématiques
à l'Lcolc polytechnique de Chemnitz et à Caris-
I
POHL — POISOT
355
ruhe, avoir terminé ses études à l'université
de Gœttingiie et à Leipzig, il fut nommé pro-
fesseur à Gratz, d'où il se vit obligé de s'éloi-
gner au bout de quelques années pour causes
politiques. Il se rendit alors à Dresde, de là à
Weiniar, et bientôt s'occupa activement de mu-
sique et de critique. C'est sous ce rapport qu'il
a pris part à la rédaction de la Neue Zeilschrift
de Leip/.ig et de divers autres journaux. M. Ri-
chard . PohI est un zélé partisan de M. Richard
Wagner et de sa doctrine.
La femme de cet artiste, M'" Eijthy était
une harpiste distinguée et a brillé comme vir-
tuose. Elle est morte à Baden-Baden le 23 no-
vembre 1870.
POHLE (CnARLEs-FRÉDÉuic), pianiste, pro-
fesseur et critique musical allemand, est l'au-
teur d'un écrit publié sous ce titre : de VÉtude
des compositions, ou Clef des secrets de l'exé-
cution pour les pianistes. Cet artiste est mort
à Leipzig le 14 septembre 1871, à l'âge de
soixante et onze ans.
POIRSOi\ (CuARLEs), l'un des professeurs
de rOrpbéon municipal de Paris, est l'auteur
d'un livre publié sous le titre de Guide- Manuel
deVorphéoniste (Paris, Hachette, 1868, in-12).
On trouve dans cet écrit un résumé historique
du chaut choral en France, des notices biogra-
phiques .succinctes sur les compositeurs fran-
çais ou étrangers qui ont écrit des chœurs
pour voix d'hommes sans accompagnement, et
des notions élémentaires sur l'art du chant et
sur l'harmonie.
* POISE (Jëan-Alexandre-Ferdisand). —
Quelques erreuis se sent glissées dans la notice
consacrée à cet artiste parla Biographie univer-
selle des Musiciens. M. Poise, qui fut élève non-
seulement d'Adolphe Adam, mais aussi de Zim-
mermann, est né à Nîmes le 3 juin 1828, et il a
obtenu en 1852, à l'insiitut, non le premier mais
le second grand prix, de composition musicale.
Voici, je crois, la liste bien complète des ouvra-
ges que ce compositeur distingué a fait représen-
ter jusqu'à ce jour : 1" Bonsoir, voisin, un
acte, Théâtre-Lyrique, 18 septembre 18j3 (repris
plus lard à l'Opéra-Comique) ; 2° les Char-
meurs, un acte, Théâtre-Lyrique, 7 mars 1855
(repris plus tard à l'Opéra Comique); 3" le Thé
de Polichinelle, un acte, Boufles-Parisiens,
4 mars 1856 ; 4° Do7i Fèdre, 2 actes, Opéra-
Comique, 30 avril 1858; b° le Jardinier galant,
2 actes, Opéra-Comique, 4 mars 1861 ; 6° les
Absents, un acte, Opéra-Comique, 26 octobre
1864 ; 1" les Moissonneurs, cantate, Ofiéra-Co-
mique, 15 août 1866; 8° le Corricolo, 3 actes,
Opéra-Comique, 28 novembre 1868; 9" les
Deux Billets, un acte, Athénée, 19 février
Id70;i0'> les Trois Souhaits, un acte, Opéra-
Comique, 29 octobre 1873; U" la Surprise de
l'amour, 2 actes, Opéra-Comique, 31 octobre
1877. Ce dernier ouvrage, d'une l'orme tiès-chà-
liée et d'une inspiration charmante, empreint
d'un sentiment exquis et d'une grâce pénétrante,
a obtenu un succès très-vif et Irès-mérité (1).
M. Poise a arrangé et réorchestré la partition
du Sorcier, de Philidor, pour la reprise que lit
de cet ouvrage le gentil petit théâtre des Fantai-
sies-Parisiennes. En 1872, l'Académie des Beaux-
Arts lui a décerné, en partage avec un peintre
et un sculpteur, le prix fondé par le baron Tré-
mont. On connaît de lui quelques chœurs à
4 voix d'hommes, sans accompagnement : Cri
de guerre, la Saini-Valentin, A'emausa,
etc.
POISLE-DESGR ANGES (J ), écri-
vain français, est auteur d'un petit livre intitulé :
Rouget de Liste et la Marseillaise (Paris, Ba-
chelin-Detlorenne, 1864, in-16 avec portrait),
dans lequel se trouvent quelques renseignemeuts
intéressants.
* POISOT (Charles-Emile), compositeur et
musicographe français, est né à Dijon le 7 (et
nom le 8) juillet 1822. Artiste laborieux et con-
vaincu, M. Poisot, qui aété à Paris l'un des fon-
dateurs delà Société des compositeurs de musi-
que, a créé à Dijon un Conservatoire, dont il
fut nommé le directeur par arrêté ministériel du
15 décembre 1868, qu'il ouvrit au mois d'avril
de l'année suivante, et qu'il ne quitta qu'au bout
de trois années, lorsque l'organisation en eût été
complétée par lui. Au mois de juin 1872, il fon-
da dans la même ville une société de musique
religieuse et classique qui a déjà donné plus de
quarante exécutions, et à l'aide de laquelle il a
(ait connaître en Bourgogne diverses grandes
uiuvres de Hiiendel, de Palestrina et de Rameau.
Enfin, c'est à M. Poisot, sincère et entliousiaste
admirateur de ce dernier et illustre maître,
son compatriote, qu'on doit le généreux projet
de lui élever une statue sur l'une des places de
sa ville natale; ce projet, poursuivi par lui pen-
dant plus <le quinze ans, en dépit des obstacles
qu'il rencontrait sur son chemin, finit par pren-
dre corps, et en 1876, grâce à ses ellorls, à son
initiative, à son énergie, M. Poisot eut enfin la
(i) M. Poise a publié, dans le Journal le Maçasin des
Demoiselles, les partitions de trois opérettes qui
n'ont pas été représentées : Jean Noël, la Cigale et la
Fourmi, et la Dame de compagnie. 11 a écrit, ainsi que
MM. Bazille, Claplsson, Gautier, Gevaert, Mangeant et
Jonas, un morceau pour la l'oxilardc de Caux, opérette
ea uu acte représentée au ttieltre du Paluis-Royal,
356
POISOT — POLIGNAC
oie de voir célébrer à Dijon de grandes fêtes
en riionnciir de Rameau, et de voir un modèle
de la statue du maître s'élever sur la place du
théâtre, qui prit alors le nom de place Rameau;
le monument définitif, œuvre de M. Jules Guil-
laume, sera procbainement inauguré.
M. Poisot a en portefeuille plusieurs opéras
inédits : le Prince de Galles (3 actes), répé-
té au Théâtre-Lyrique en 1854, et non joué par
suite d'une grave maladie de l'auteur; les
Spendlers, écrit naguère à la demande de
M.Réty,directeur du mêmetliéûlre ; enfin, Fran-
ccsco (2 actes). Il a écrit aussi plusieurs opéras
de salon, qui ont été joués avec succès dans
diverses réunions : le Coin du feu, la Clé du
secrétaire, les Ressources de Jacqueline, les
Terreurs de M. Pélers, Rosa la rose, les
Deux Bdlets. En dehors du théâtre, il a publié
plusieurs œuvres importantes, divers motets, un
Slabat Mater exécuté avec succès dans l'église
Saint-Eustacbe,une cantate intitulée/e«H«ed'^?'c,
un Requiem à 4 voix , orchestre et chœurs, etc.
Membre de l'Académie de Sainte-Cécile de Rome,
M. Poisot s'est aussi beaucoup occupé de litté-
rature musicale; il a collaboré au journal Wni-
vers musical, dirigé le Progrès musical, et
publié les opuscules suivants: Notice sur Jean-
Philippe Rameau (Paris, Dentu, 1864, in-18),
Notice sur Jules Mercier (1869), Notice sur
Dietsch, deux, brochures sur Mozart, etc. (1).
On lui doit aussi un Coxirs d'harmonie et un
Traité de contre-point et fugue.
* POISSL (Jean-Népomucène, baron DE) , est
mort à Munich, le 17 août 1865.
POISSOM (Toussaint RiiNii), né à Paris en
1797, fut élève de Berton au" Conservatoire, et
remporta au concours de l'Institut, en 1819, le se-
cond grand prix de Rome, tandis que Halévy et
Massin (dit Turina) obtenaient le premier. Cet
artiste a publié les deux ouvrages suivants :
1" V Harmonie dans ses plus grands développe-
ments, ou Théorie de composition musicale,
Paris, Meissonnier ; 2" De la Basse sous le
chant, ou l'Art d'accompagner la mélodie
et du contre point et de la fugue, Paris, Vve
Canaux, i'oisson est mort le 13 septembre 1861.
l'OITKVlX (GijiLLA.UMii}, prêtre et musicien
français du dix-septième siècle, était hémifi-
cier et maitre de musique de l'église métropoli-
taine de Sainl-Sauveur, à Aix en Provence. C'est
en celte qualité qu'il fut le maître de Laurent Rel-
lissen et d'un des plus grands artistes de ce
(I) Une orreur s'est produite ilansla /lioiirapliirnnirer-
stUe des Musiciens ■■ c'est une notice sur liitilc (le gi^nd
sculpteur boiirsulb'iionl, cl non sur liode (le violoaiile),
ou'j écrite M. Poisot.
temps, André Campra, qui restera l'une des gloi-
res de notre opéra français. On connaît de Poite-
vin quatre messes fort estimées, et l'on avait con-
servé pendant fort longtemps l'habitude d'en
chanter une, le jour anniversaire de sa mort, dans
la cathédrale de l'ancienne capitale de la Pro-
vence. Guillaume Poitevin mourut à Mx le 7 jan-
vier 170G.
POL.ICK DAXIELS, estle nom sous le-
quel .s'est fait connaître M. le baron de Knigge,
compositeur amateur et violoniste néerlandais, né
à la Haye en 1827 (1). Elève de J.-. H Lubeck,
ancien directeur du Conservatoire de la Haye,
M.Polacli Daniels est depuis plusieurs années fixé
en Allemagne, à Dresde. Il est l'auteur de plu-
sieurs opéras, dont un seul, je crois, a été re-
présenté ; c'est celui qui a pour titre Philippi-
ne Welser ou la Perle d'Augsbourg, qui a été
joué sur diverses scènes allemandes, ainsi qu'à
Amsterdam et à Rotterdam. M. Polack Daniels
est aussi l'auteur d'une grande cantate religieuse
qui a été exécutée à Rome, d'un Te Deum qu'il a
fait entendre dans l'église de Sainte-Gudule, de
Bruxelles, et de plusieurs autres compositions de
musique sacrée.
POLAZZO (Bernard), violoniste italien qui
vivait dans la première moitié du dix-huitième
siècle, a publié à Paris un livre de sonates : Set
Sonate a violino solo col basso (Paris, Boivin,
1743).
POLIDORO (Federico), musicien italien, né
àKaples le 22 octobre 1845, est depuis plusieurs
années professeur d'histoire et d'esthétique mu-
sicales au Conservatoire de cette ville. Cet ar-
tiste, dont l'érudition paraît remarquable, s'est
crééàNaplesune véritable renommée en faisant
de fréquentes conférences sur des sujets tirés de
l'histoire de la musique et des musiciens, ou en
prenant pour thème l'étude et l'analyse des fa-
cultés esthétiques de certains grands composi-
teurs et l'importance du rôle joué par eux. Il a
donné ainsi, particulièrement, une série de
séances fort intéressantes consacrées à la vie de
Beethoven et à l'étude des faits qui ont marqué
la carrière de M. Richard Wagner. Je ne sache
()asquejus(|u'ici JM. Polidoro ait livré à l'impres-
sion aucunedes leçons lues ainsi par lui à Naples,
avec un *i vif succès, et plus d'une fois ses com-
patriotes en ont exprimé le regret.
POLIGl\AC(liOMONDjEAN-MARIE-MELCHIOIl,
prince l)K), dilettante et compositeur français
distingue, né le 19 avril 183», reçut les premiers
principesde l'enseignement musical de M. A. Thys,
qui lui lit apprendre le solfège à l'aide de la mé-
(1) J'emprunte cette date ù M. Edouard Gregolr.
POLIGNAG — POLLEDRO
357
thode Cheté. Il continua ensuite son éducation
musicale d'une façon rationnelle, et en 185-4 suivit
au Conservatoire de Paris le cours d'harmonie de
la classe de M. Reber. S'étant livré bienlôl à la
composition, il se (it connaître par quelques piibli-
calions intéressantes, et prit part à divers concours
(jui lui furent généralement favorables. C'est
ainsi qu'en 1865 il, remporta trois premiers prix
pour trois chœurs intitulés: Où est le bonheur?
le Myosotis, la Vieillesse, qui furent exéculés
aux séances de concerts de l'Orphéon de Paris,
et qu'en 1867 il obtint un nouveau premier
prix pour un autre chœur intitulé l'Abeille.
M. de Polignac a pris part aussi au concours
institué à l'Opéra en 1867, pour la Coupe du
roi de Thulé, et dont le vainqueur fut M. Kugène
Diaz. Enfin, en 1876, la Société académique de
Saint-Quentin ayant rais au concours la musique
d'une grande scène lyrique à trois voix, avec
chœurs et orchestre. Don Juan et Haydée,
M. de Polignac futiCncore une fois couronné et vit
exécuter son œuvre sur le théâtre de Saint-Quen-
tin, le 26 novembre 1877, avec MM. Tala/ac,
Carroul et M'"" Boidin-Puisais comme interprèles.
M. de Polignac a publié : 1° un recueil de 12
Mélodies (Paris, Maho); 2° les Adieux de Dei-
damia, scène avec solo et chœurs, tirée de la
Coupe et les Lèvres, d'Alfred de Musset (id.,
id.), et qui a été exécutée plusieurs fois en pu-
blic; 3» plusieurs chœurs à 4 voix d'hommes, sans
accompagnement (Paris, Richault); 4° plusieurs
romances et mélodies vocales détachées (Barca-
rolle, Chanson de Barberine, Sérénade, No-
tre-Dame au peigne d'or, l'Heure d'amour,
Chanson du reitre. Rappelle-toi, etc.); 5°
2 pièces pour le piano. Parmi ses œuvres non
publiées, il faut citer : divers autres fragments
de la Coupe et les Lèvres, dont un chœur
intitulé V Invocation au Tyrol, qui a été chanté
dans un concert auTliéàtre-ltalien ; un quatuor,
une Fantaisie symphonique, une Marche funè-
bre, une Valse avec chœurs, exécutés aux séan-
ces de l'Union artistique ; enfin, plusieurs scènes
ou morceaux de musique religieuse.
POLKO (M"" Elise ) , née VOGLER,
chanteuse allemande et écrivain sur la mu-
sique, est née à Leipzig le 31 janvier 1831. Sa
belle voix et sa riche organisation musicale en-
chantèrent Mendelssohn, et, sur les conseils de
ce maître, sa famille l'envoya à Paris, où elle fut
placée sous la direction de Garcia, qui en fit une
cantatrice distinguée. Des circonstances particu-
lières l'empêchèrent d'aborder la scène, ainsi
qu'elle l'eût désiré, mais elle se produisit avec
un grand succès dans les concerts, et l'on assure
que depuis la Sontag et Jenny Lind, personne
comme elle n'avait chanté le lied. M"" Vogler
épousa un employé supérieur des chemins de
fer, M. Polko, et, après avoir renoncé à sa pre-
mière carrière, se livra à la littérature musicale.
Sous ce rapport, on lui doit les ouvrages sui-
vants : 1" Erinnerungen an Félix Mendelssohn-
Bar/holdy {Souvenirs de Félix Mendelssohn-
Barthodly, vie de l'artiste et de l'homme),
Leipzig, Brockhaus, 1868; 2" Fanslina liasse,
roman musical, Leipzig, 1870, 3 vol. ; 3° Mcolo
Payanini und die geigenbauer (iMcolo Puga-
nini et les luthiers) , Leipzig, 1875 ; 4° Musika-
lisc/ie Mierhchen (Contes musicaux), 3 vol.;
5" Vom Gesange(Snrle chant) ; 6" Die Beltler-
oper {l'Opéra des mendiants); 1° Alte Iler-
ren, vor tau fer Bach' s {Vieux Messieurs, pré-
décesseur s de Bach).
* POLLEDRO (Jean-Baftiste), violoniste
et chef d'orchestre, na([uit à la Piova, en Pié-
mont, non en 1776, mais le 10 juin 1781 (1).
C'est à ([uinze ans qu'il se rendit à Turin , oii
Pugnani le fit admettre dans l'orchestre du
théâtre Regio. En 1797, il donna en cette ville
son premier concert, se rendit ensuite à Milan,
puis, quelques années plus tard , partit pour
Moscou, où il resta cinq ans. Ayant quitté cette
ville, il alla se faire entendre avec succès à
Saiiit-Pélersbourg, k Varsovie, à Berlin, et enfin
à Dresde. En 1814, il accepta en celte dernière
ville les fonctions de cappellmeister, qu'il con-
serva jusqu'en 182'), époque à laquelle le roi de
Piémont Charles-l'élix le fit appeler à Turin pour
y réorganiser et y diriger la chapelle royale, qui
était tombée dans un fâcheux état. Il s'acquitta
de cette tâche de la façon la plus honorahie,
mais dut prendre sa retraite en 1844, ayant été
frappé d'une névrose qui lui occasionnait un
tremblement général de tous les membres. Cet
artiste distingué mourut le 15 août 1853, dans
son village natal, où il s'était retiré.
Outre les compositions mentionnées dans la
Biographie universelle des Musiciens, on doit
encore à Polledro un Miserere à quatre voix*
avec orchestre, une messe solennelle à quatre
voix et orchestre , et une ouverture pastorale,
œuvres qui ont été publiées à Turin chez l'édi-
teur Racca. Polledro a laissé en manuscrit :
cinq concertos de violon, avec accompagnement
d'orchestre; une série d'études pour violon
seul ; trois symphonies pour l'église ; trois duos
pour violons; un conceito pour basson avec
accompagnement d'orchestre.
(1) J'emprunte les renseignements contenus dans cette
notice au livre de Francesco Regli : Storia dcl violivo
in Piemontc (Turin, 1863, in-S»)
358
POLLET — PONCTTIELLI
* POLLET (Marie-Nicole SL^IO^IIV,
femme), est morte au mois de mars 1864, à
Cliàlillon. près (le Paris, dans une communauté
oii elle s'était retirée. Dans sa jeunesse, M"'^ Poilet
avait été harpiste de l'impératrice Joséphine,
puis de Miiraf, roi de Naples.
* rOLLLXI (François), pianiste et compo-
siteur, est mort à Milan, non au mois d'avril
1847, mais le 17 septembre 184G.
POMrEUY (EDOUARD DE) , journaliste poli-
tique, né vers 1825, a publié sous ce titre ambi-
tieux : Beethoven, sa vie, son caractère, sa
musique , une courte brochure de 50 pages
(Paris, librairie du Petit Journal, 1805, in-12).
.< * l*OA'CIIARD (Locis-Antoine-Éléono-
re), et non Jean-Frédéric- Auguste, comme
il a été dit par erreur, chanteur célèbre, né à
Paris, non le 8 juillet 1789, mais le 31 aortt 1787,
est mort en cette ville le 6 janvier 1866. Il avait
remporté au Conservatoire, en 1810, le premier
prix (le chant en même temps que les deux
seconds prix de tragédie et de comédie lyriques,
et avait débuté à l'Opéra-Comiqueie 16 (et non le
17) juillet 1812. Entre ses nombreuses créa-
tions à ce théâtre, qu'il ne quitta que le 1*"" jan-
vier 1837, il faut surtout citer la Sérénade, l'A-
mant et le Mari, le Jeune Oncle, Masanicllo,
Joconde, le Petit Chaperon rouge, Leicesler,
la Neige , le Concert a la cour, le Maçon , la
Dame blanche, etc. Peu de temps après la mort
de cet artiste, Amédée Méreaux publia sur lui,
dans le Ménestrel, une excellente notice qui
parut ensuite sous forme de brochure (Paris,
Heugel, 1866, gr. in-8°), et dans laquelle son ta-
lent est apprécié avec un gortt très-sùr. Pon-
chard fut le premier comédien français qui ait été
fait chevalier de la Légion d'honneur (1845). —
Une sœur de cet artiste, M'i"" Julie Ponchard,
morte à Paris au mois de février 1868, âgée de
70 ans, s'était distinguée comme protésseur de
piano.
* l'OXCElAUl) (Marie-Sophie CAL-
LAULT, épouse), femme du précédent, est
morte à Paris le 19 septembre 1873. Élève de
Garât au Conservatoire, elle avait obtenu en 1810
un accessit de chant, le second prix en 1811 et
le premier en 1812. Elle avait commencé sa car-
rière en province après avoir débuté sans éclat
à l'Opéra , où sa voix paraissait trop faible , et
venait d'obtenir de très-grands succès au théâtre
des Arts, à Rouen, lorsqu'en 1818 elle entra à
rOpéra-Comique. Douée d'une rare beauté, d'une
voix ciiarmante et d'im talent incontestable, elle
devint, après quelques essais accueillis un peu
froidement à cause de son excessive timidité,
l'une des favorites du public. Ses meilleu/-es
créations furent la Prison d'Edimbourg, de Ca-
rafa, le Préaux clercs, d'Hérold, où elle jouait
le r(ile de la reine Marguerite , et le Cheval de
bronze, d'Auber, qui lui valut un véritable
triomphe. IM'"» Ponchard est morte âgée de
81 ans.
POi\CFL\RD ( Ch\rles-M\rie-Auguste ) ,
fils des précédents, élevé comme eux au Conser-
vatoire, est né à Paris le 17 novembre 1824, et
se destinait à la carrière dramatique, mais non
lyri(iue. 11 obtint un accessit de tragédie et un
second prix de comédie en 1841, un second prix
de tragédie en 1843, et fut alors engagé à la Co-
médie-Française. Mais il ne resta guère plus de
deux ans à ce théâtre, qu'il quitta bientôt pour
celui de l'Opéra^ et pour passer ensuite a l'Opéra-
Coinique, où son talent de comédien fut apprécié,
mais où le peu de portée et d'étendue de sa voix
l'obligea de se confiner dans l'emploi des seconds
ténors et des Trials. M. Charles Ponchard est
aujourd'hui régisseur de la scène à ce théâtre, et
il a succédé à Couderc comme professeur d'opéra-
comique au Conservatoire.
POi\CHELEZ ( ), compositeur, a
écrit la musique de Sylvanire ou les Amis
réunis, pastorale héroïque en 3 actes et un
prologue qui fut représentée à Valenciennes,
sur un théâtre particulier, le 16 janvier 1717.
PONCHIELLÎ (Amilcare), compositeur
dramatique italien, l'un des artistes les mieux
doués et les plus remarquables de la jeune généra-
tion qui s'est formée au delà des Alpes, est né le
1"^ septembre 1834 à Paderno Fasolaro. Il com-
mença de très-bonne heure son éducation musi-
cale, et avait à peine accompli sa neuvième année
lorsqu'au mois de novembre 1843 il fut admis
au Conservatoire de Milan, où il fut condisciple
de M. Cagnoni, et d'où il ne sortit qu'au mois
(le septembre 1854. Il était donc âgé de vingt
ans lorsque ses études furent terminées; mais
malheureusement, et en dépit de ses facultés
très-réelles, il ne se sentait ni la force ni le
courage de lutter contre les retards ou les ha-
sards de la fortune, ainsi que tout artiste doit
le faire dans les grandes villes, où les chemins
sont naturellement encombrés. Quittant donc
Milan, M. Ponchielli alla se confiner à Plaisance,
où, faisant preuve d'une rare modestie, il ac-
cepta l'emploi de chef de musique de la garde
nationale, après quoi, au bout de quelques mois,
il alla remplir les mômes fonctions à Crémone.
Pourtant, c'est en cette dernière ville qu'il trouva
moyen de faire représenter, le 30 août 1856,
son premier opéra, i Promessi Sposi, dont le
livret avait été tiré du roman admirable et
justement célèbre de Manzoni. Cinq ans après,
PONCHIELLI
359
le 19 janvier ISCI, il donnait dans la mtme
ville nn second ouvrage dramatique, la Savo-
jarda, et en 1864 il produisait à Plaisance un
drame lyrique, Roderico, re de' Goti- enfin,
le 15 août 1867, on jouait à Viterbe un ballet
dont il avait t'cril la musique, et je crois que
c'est vers la môme époque qu'il donnait encore
un nouvel opéra, la Stella del monte.
Mais ces divers ouvrages, représentés dans
des villes peu importantes, n'avaient fait que
bien peu de chose pour sa réputation, et n'a-
vaient guère eu de retentissement. Confiant dans
ses forças et expérimenté par ses premiers
essais, M. Poncliielli avait tout naturellement
le désir ardent de se produire sur une scène
d'un rang supérieur à celles qu'il lui avait été
donné d'aborder jusqu'alors. La chance le servit
enfin : on venait d'inaugurer à Milan un fort
beau théâtre, placé dans un quartier malheu-
reusement trop éloigné du centre de la ville,
mais qui laissait percer la prétention de lutter
en quelque sorte avec celui de la Scala , et
voulait se consacrer au grand genre lyrique. Le
jeune compositeur, qui commençait à désespé-
rer de son avenir, eut le bonheur de faire re-
cevoir au nouveau théâtre Dal Verme son opéra
i Promessi Sposi, et cet ouvrage y fut repré-
senté le 5 décembre 1872. Écrite depuis long-
temps, l'œuvre dut être profondément remaniée
pour s'assouplir au\ exigences de la scène sur
laquelle elle se produisait nouvellement, et le
compositeur se vit obligé d'en refaire tout le
dernier acte et une grande partie du premier;
aussi ne brillait-elle pas par l'unité de facture
et de conception, et paraissait-elle, au con-
traire, fort inégale. Mais telle qu'elle était, avec
ses défauts évidents, que rachetaient d'ailleurs
d'incontestables qualités, elle témoignait d'une
personnalité vivace, d'un talent prime.sautier
et personnel, et fut pour le public une véritable
révélation. Aussi i Promessi Sposi furent
accueillis avec de véritables transports, et l'au-
teur, inconnu la veille, se voyait le lendemain
presque célèbre.
On se rendra compte du succès éclatant
qu'obtint cet ouvrage par ces lignes que j'ex-
trais du feuilleton que lui consacrait la Perse-
veranza, le premier journal de Milan, dans son
numéro du 9 décembre 1872 : — « Le splen-
dide succès d'i Promessi Sposi est une cause
de joie pour tous , comme une de ces bonnes
fortunes qui arrivent trop rarement : le premier
et le plus content de tous est le maestro, qui
après seize ans d'une trop modeste attente,
voit enfin rendre à son talent la justice qui
lui est due; le public, à celte révélation ines-
pérée, n'a pas assez de voix ni de façons pour
applaudir; les artistes, les macstri, les mu-
siciens, avec une affection inspirée par le sim-
ple et noble caractère de leur confrère, connais-
sant depuis longtemps sa valeur extraordinaire,
sont enchantés du triomphe obtenu par lui ;
par une rare exception, l'envie a dû s'enfuir,
avilie et confuse. Même les critiques, doctes
ou ignorants, fanatiques ou tranquilles, fré-
missants ou modérés, ou à quelque parti ou à
quelque école qu'ils appartiennent , font bon
marché des questions de passé, de présent et
d'avenir, pour constater unanimement en Pon-
cliielli une organisation exceptionnelle, et pour
se réjouir de son succès. »
L'effet produit fut tel que la direction du
théAtre de la Scala commanda immédiatement
au compositeur la musique d'un ballet en 7
actes, le Due Gemelle, qui fit son apparition
à ce théâtre vers le milieu de février 1873, et
qui fut, lui aussi, accueilli avec une sorte de
fureur; si bien que M. Ricordi, le grand éditeur
de musique de Milan, s'empressa d'en graver
la partition complète réduite pour le piano (fait
très-rare en Italie) , et qu'en moins de trois
mois il en épuisa trois éditions de 500 exem-
plaires chacune. Entre autres pages remarqua-
bles de ce ballet, on signalait surtout , au der-
nier acte, une marche d'un effet extraordinaire.
M. Poncliielli écrivit ensuite la musique d'un
scfierzo comico de M. Ghislanzoni, il Parla-
tore eterno, qui fut représenté à Lecco le 18 oc-
tobre 1873, puis celle d'un drame lyrique en
3 actes, i Liluani, dont le môme écrivain lui
avait fourni le livret, et qui fut donné avec
un énorme succès, à la Scala, le 7 mars 1874.
Extrêmement remarquable, la partition d'i Li-
tuani témoignait d'un progrès étonnant dans
la manière du compositeur; d'une inspiration
puissante et élevée, l'ouvrage était écrit avec
une rare grandeur de style, et montrait, en
outre, que l'auteur était un harmoniste remar-
quable, qu'il maniait l'orchestre avec une grande
habileté, et qu'il savait tirer le meilleur parti
de l'emploi des masses vocales et instrumen-
tales.
Lors de la translation, à Bergame, des cen-
tres de Donizetti et de son maître Mayr,
M. Poncliielli fut chargé de composer la
musique d'une grande cantate de circonstance,
A Geatano Donizetti, qui fut exécutée au
théâtre Riccardi, de cette ville, le 13 sep-
tembre 1875. Cette cantate, œuvre fort distin-
guée, dit-on, ne contenait pas moins de .sept
morceaux, et était chantée par M""' Brambilla-
Ponchielli, la femme du compositeur, M"^ Va-
360
PONCIIIELLI — PONSICCHI
ncri-Filippi, MM. Paridolfini, Povoleri, Dal Pasto
et Gariboldi. L'année suivante, M. Poncliiolli
ohtonait un nouveau triomplie à la Scala, de
Milan, on faisant représenter Gioconda (8 avril
1870), opéra qui ne le cédait en rien aux Li-
tunni, et qui renfermait des beautés de pre-
mier ordre. Il fut moins heureux en donnant
au théâtre Dal Verme, le 17 novembre 1877,
Lina, opéra sérieux en 3 actes, qui n'était
qu'une nouvelle édition, corrigée et remaniée,
de son second ouvrage dramatique, la Savo-
jarda. Il a aujourd'hui en portefeuille deux
partitions qui sans doule verront le jour prochai-
nement : la Maschera et i Morï di Valoiza.
A l'heure présente, M. Ponchielli est con-
sidéré, en Italie, comme l'un des deux ou
trois artistes les ^ plus remarquables de ce
pays; je dois même dire qu'il passe, aux
yeux des Milanais, pour supérieur à tous ceux
qui se sont (iroduits depuis vingt ans, c'est-à-
dire depuis que M. Verdi est en pleine pos-
session de sa gloire. Parvenu à l'âge oii l'homme
est dans la plénitude de ses facultés, l'avenir
est à lui, et ïes compatriotes comptent qu'il en
profitera pour établir sa renommée sur des
bases inébranlables, et faire honneur plus que
jan)ais à la terre qui l'a vu naître. Il est cer-
tain que si M. Ponchielli est resté longtemps
dans l'obscurité, sa fortune a été ensuite aussi
rapide qu'éclatante, et qu'il semble appelé à de
hautes destinées. Un avenir prochain nous dira
sans doute si l'Italie a trouvé en lui l'artiste
qui doit recueillir la succession de M. Verdi.
M. Ponchielli a peu écrit en dehors du
théâtre. En fait d'œuvres publiées, je ne connais
de lui, sous ce rapport, qu'une marche funèbre
pour musique militaire, il 29 Maggio, écrite
expressément pour les funérailles du grand poète
Manzoni, une autre marche funèbre à la mé-
moire de son père, une Fantasia militare,
et une romance pour voix de soprano, Eter-
namente, avec accompagnement de piano et
de violoncelle obligé. Je ne dois pas oublier de
mentionner parmi ses œuvres un ballet, Clurina,
dont il arrangea la musique, et qui fut re-
présenté sans succès au théâtre Dal Verme, de
Milan, au mois de septembre 1873. — M. Pon-
chielli a épousé, il y a peu d'années, une jeune
cantatrice dramdli(pu;, .m""" Teresina BramhiJIa,
fille d'une des grandes chanteuses de ce nom.
* PO.MATOWSKI (Le prince Josiph-
MiCHEL-.V,vviEii-Fii\.N(;ois-Ji:AN), est mort subite-
ment à Londres le 3 juillet 1873. Les dernières
années de cet homme aimable et distingué ont
été empoisonnées par de cruels revers de for-
tune. L'empereur Napoléon III avait cru lui être
favorable en lui accordant le privilège d'une
grande entreprise commerciale, celle des docks
de Saint-Ouen; mais l'affaire tourna mal, et le
prince, enj;agé au delà des ressources dont il
pouvait disposer, vit prendre contre lui des ju-
gements qui amenèrent la saisie de tous ses
effets mobiliers. Les événements politiques de
1870 l'obligèrent à se réfugier à Londres, où
il arriva dans un dénAment presque absolu.
Il supporta cette situation avec courage , se mit
à donner des leçons de chant pour vivre, et
songea à continuer sa carrière de compositeur.
Il avait doimé au Théâtre-Lyrique, le JG janvier
180 j, un opéra en 4 actes, l'Aventurier, et au
Tiiéâtre-Italien, le 28 avril 1868, un opéra en 3
actes intitulé la Contessïna ; il écrivit à Lon-
dres, sous le litre de Gelmina, un nouvel ou-
vrage qui fut représenté au théâtre de Covent
Garden en 1872, et qui était chanté par M'"** Ade-
lina Patti, MM. Naudin , Cotogni, Bagaggiolo et
Tagliafico. Peu de temps après , un vaisseau
qui se rompit dans sa poitrine mit sa vie en
danger ; il se remit pourtant de cet accident, et
continua de travailler. Mais ses jours étaient
comptés, et il mourut presque subitement au
moment où, ayant signé un engagement avec
l'entrepreneur Ulhnann, il s'apprêtait à partir
pour l'Amérique comme chef d'orchestre d'une
compagnie lyrique.
En dehors du théâtre, on connaît du prince
Poniatowski une messe qui a été exécutée à Pa-
ris, en l'église Saint-Roch, et plusieurs mélodies
vocales qu'il écrivit pendant son .dernier séjour
à Londres. Le nom du maître de cet amateur
distingué a été defigiué dans la Biographie uni-
verselle des Musiciens ; il s'appelait Ceccherini,
et non Ceveccuini ; c'était un excellent maître de
chant et un habile compositeur.
POiXSCCHI (Cesaue) , pianiste et musico-
graphe italien, né en 1830, a été nommé en
1801, à la suite d'un concours, accordeur et mé-
canicien de l'Institut royal de musique de Flo-
rence. Collaborateur du journal Boccherini,
de celte ville, il s'est uni à Leto Puliti, mort ré-
cemment, pour les travaux relatifs à l'altirmation
de la piiorité de Cristofori ( Voy. ce ndm ) en ce
qui concerne l'invention et les premiers perfec-
tioimementsdu piano. Il a publié à ce sujet, et à
l'occasion des têtes célébrées à Florence en l'hon-
neur de Cristofori, un opuscule intéressant ainsi
intitulé : il l'iaimforle, sua origine e sviluppo
(Florence, Guidi, 1876, in- 12 de 77 pp. avec
planches). Sur ce petit livre, fait avec soin et
conscience, et qui est un bon et utile résumé de
l'histoire du piano, M. Ponsicclii fait modeste-
ment suivre son nom de sa qualification oflicielle
PONSICCHI — POPULUS
361
d'accordeur de l'Institut royal de musique d
Florence. M. Ponsicclii a préparé depuis lors et
compte livrer prochainement au public deux
autres écrits : 1" la Completazione di hili i
viodelli delV invenzione del piano forte, coi
perfezionamenfi portati dal progressa, ou-
vrage qui sera accompagné de planches et de
dessins intéressants ; 2" Del Temperamento in'
générale, e più specialmente di quello degll
istrumenti a tastiera, opuscule dans lequel
l'auteur comparera les systèmes acoustiques
avec le sentiment psychologique de la percep-
tion musicale et indiquera les moyens d'établir
un diapason unique.
* POMTÉCOULA\T (Louis-Adolphe LE
DOULCET, comte , et aujourd'hui marquis
DE) , a continué ses recherches et ses travaux
de littérature musicale. A la liste de ses écrits, il
faut ajouter les suivants : Musée instrumental
du Conservatoire de musique, histoires et
anecdotes, V partie (seule parue), Paris, Lévy,
1864, in-12 ; la Musique à l'Exposition uni-
verselle de 1867, Paris, aux bureaux de l'Art
musical, 1868, in-8"; les Phénomènes de la
musique, 1868, in-12.
* POATELIBERO (Ferdinand), sur-
nommé AJUT.XNTIM. - Outre les ballets
dont la liste a été dressée, ce compositeur a
écrit la musique des airs de danse de la cantate
de Federici, il Mistico Omaggio, exécutée en
1815 au théâtre de la Scala, de Milan , et celle
d'un dernier ballet, Ramesse, ossia gli A?-abiin
Egitto, joué au môme théâtre le 5 juin 1819.
P0\T0GL10 (CiPRiANo), compositeur et
professeur italien, est aujourd'hui fixé à Mi-
lan, où il tient une école de musique estimée.
Né en 1831 à Grumello del Piano, il a été, dit-
on, l'élève de M. Antonio Cagnoni, et, comme
son maître, s'est livré à la composition drama-
tique. Il a fait représenter jusqu'ici les quatre
ouvrages suivants : t° Tebaldo Brusato, Bres-
cia, 1865; 1° Don Prospéra l'ottimista, Flo-
rence, théâtre Piossini, novembre 1867; 3° la
Scliiava Greca, Bergame, septembre 1868;
4° la Natte di Natale, Bergame, théâtre Ric-
cardi, septembre 1872. On lui doit aussi la
musique d'un ballet en 6 actes, Rolla , repré-
senté à Naples vers 1877.
Je crois qu'il y a en Italie deux autres ar-
tistes du même nom. L'un, M. N. Pontaglio,
occupait en 1872 les fonctions de maestro
concertatore et de chef d'orchestre au théâ-
tre Victor-Emmanuel, de Turin ; l'autre, M. /l.
Pontoglia, chef de musique au 32" régiment
d'infanterie, a écrit la musique de deux opéras :
l'Assedio di Brescia, et gli Ottitnisti ed i
Pessimisti, dont le second n'a pas encore été
représenté.
PO\ZO (GiusEPPF, ), compositeur italien,
a fail représenter sur le théâtre de Malte, en
1775, un opéra-bouffe intitulé il Re alla cac-
cia.
POORTEN (Arvf.d), virtuose sur le vio-
loncelle, est né à Riga, vers 1835. Issu d'une
bonne famille protestante, neveu d'un évêque
luthérien, frère d'un médecin de talent, cet
artiste, qui a commencé ses études musicales
dans sa patrie, les a terminées au Conserva-
toire de Bruxelles, et est devenu un artiste tort
habile sur son instrument. 11 a parcouru la
plus grande partie de la Russie en donnant
des concerts, et s'est fait entendre, au com-
mencement de l'année 1873, en Belgique, en
Hollande et à Paris. M. Poorten, qui est atta-
ché à la chapelle de l'empereur de Russie et
au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, a pu-
blié en français, lors de son séjour à Bruxelles,
un petit volume ainsi intitulé : Tournée artis-
tique dans l'intérieur de la Russie (BruxeWes,
Muquardt, 1873, in-18). Ce petit livre dénote
chez son auteur un grand sentiment de l'art
et des beautés de la nature. La maison Schott,
de Bruxelles, a publié de M. Poorten Six mor-
ceaux caractéristiques pour violoncelle.
POPPER (David), violoncelliste et compo-
siteur pour son instrument, né en 1842, est un
artiste distingué, qui occupe depuis 1868 les
fonctions de violoncelle-solo et de concert-
meister 5 la chapelle impériale de Vienne. On
lui doit quelques œuvres intéressantes pour
son instrument, entres autres un concerto en
mi mineur avec accompagnement d'orchestre.
Cet artiste a épousé une pianiste de talent,
M"" Sophie Menter.
POPULUS (Nicolas- Adolphe-Alphonse),
organiste et compositeur, né à Arcueil en 1831,
fut d'abord enfant de chœur et élève de la
maîtrise de l'église Saint-Jacques du Haut-Pas,
placée sous la direction de M. A. Dhibaut.
Successivement élève de M. Billard pour le
piano, de MM. Elvvart et Charles Manry pour
l'harmonie, de M. J. Perez y Alvarez pour
le contre-point et de M. Marins Gueit pour
l'orgue, il devint, à peine âgé de quatorze ans,
organiste accompagnateur à l'église Saint-Jac-
ques, puis fut nommé organiste à Saint-Nico-
las du Chardonnet (1854), à Chaillot (1855), et
enfin revint à Saint-Jacques occuper les fonc-
tions de maître de chapelle, qu'il remplit en-
core actuellement. M. Populus est aussi pro-
fesseur de chant des écoles de la ville de
Paris, directeur de musique à l'école Sainte-
362
POPULUS - PORTO
Geneviève, et professeur de piano et de cliant
à l'école du Sacré-Cœur. Vulgarisateur de l'or-
gue à quarts de ton construit par A.-J.-H.
Vincent, il a fait entendre cet instrument aux
expositions universelles do 1856-57 et de 1HC7.
On lui doit la création du choral Saint-Michel
(1869), et celle de la Société des quinlettes
harrnoni(iues (1870), où il a fait entendre des
œuvres de Reicha, de Rossini, de MM. Adol-
phe Blanc, Adrien Barthe, etc.
Les compositions jmhliées par M. Populus
sont les suivantes : r Six mélodies vocales avec
accompagnement de piano (Benoît aîné); 2°
Seize mélodies vocales, id. (Mackar); 3" Si\
cho'urs à voix égales, avec accompagnement
(Gautier); 4° Répertoire de chants patriotiques,
chœurs à 4 voix, n'" 1, 2 et 3 (Gambogi);
5" Chants liturgiques à 2 et 3 voix, r'"" livraison
(Katlo); 6" Credo de Diimont, à 2 et 3 voix
égales (Gambogi); 1" Cantique à sainte Cathe-
rine, solo et chœur à 3 voix , avec accompa-
gnement d'orgue (Gautier) ; 8" un certain nom-
bre de motets pour chœur ou voix diverses,
avec ou sans accompagnement; 9° Éludes sur
l'orgue, 1° série (Benoît) ; 10" Six pièces pour
le piano à 4 mains (Durand-Schœnewerck) ;
11° diverses pièces jiour orgue ou harmonium ;
12" quelques morceaux de genre pour le piano ;
13° Recueil de 24 mélodies religieuses à l'usage
des établissements cathaliques (Graff). Au
nombre des compositions inédites de M. Po-
pulus, il faut citer : Agar et Ismaël, scène
biblique en 2 actes, dont plusieurs fragments
ont été exécutés en 1874, dans la salle Gay-
Lussac ; plusieurs messes à 3 et 4 voix, avec
orgue et avec orchestre, exécutées à Saint-Jac-
ques du Haut-Pas et à Pécole Sainte-Geneviève;
enfin, un certain nombre de pièces d'orchestre,
exécutées connue offertoires à l'école Sainte-
Geneviève. M. Populus a donné des articles
de critique musicale dans divers jouiiiaux spé-
ciaux, la Réforme micsicale, la Semaine mu-
sicale et le Monde musical, journal fondé à
Bruxelles par A. Milahran, et (jui n'eut qu'une
courte existence.
J»ORLO.\ ou BORLO\ (Artus ou Ar-
nould), facteur de cithares, vivait à Anvers
dans la seconde moitié du seizième siècle , et
se fit recevoir dans la corporation de Saint-Luc
en 1579.
PORLOÎV ou BORLOX (Piehre), sans
doute descendant du précédent, exerçait la pro-
fession de luthier à Anvers an milieu du dix-
septième siècle, et construisit en i(!'i7, pour le
jubé de la cathédrale, une conlre-basse qui existe
encore aujourd'hui. Dans l'intérieur de cet ins-
trument, on lit ces mots : Peeter Porlon toi
Antu-erpen f. 1C47 (Pierre Porlon m'a cons-
truite à Anvers en 1647).
l»ORLO\ ou BORLOIV (Jean), descen-
dant d'Artus, était comme lui luthier à Anvers.
L'église Saint-Jacques de cette ville possède
une contre-basse faite par ce facteur, dans l'in-
térieur de laquelle sont tracés ces mots : Joannis
Borlon toi Antwerpen. Les éclisses et le fond
de l'instrument sont en bois de platane, la ta-
ble d'harmonie est en sapin.
PORLO.\ ou BORLOX (François), lu-
thier comme les précédents, et de la même fa-
mille, habita aussi Anvers. Une viole de grand
format, œ'uvre de cet artiste, existe encore à
l'église Saint-Jacques. C'est un excellent instru-
ment, assez bien conservé, mais dont le vernis
a disparu, par suite de l'usage. Dans l'intérieur,
on lit le nom et la demeure du facteur : Fran-
cis Borlon, tôt Antwerpen, op de Cal/wlyne-
Vest.
* PORPORA (Nicolas). - Au nombre des
ouvrages dramatiques de ce maître illustre, il
faut citer îi Barune di Zampano. Sur le li-
vret de cet opéra, qui fut représenté au théâtre
Nuovo de Naples, en 1739, le nom du composi-
teur est accompagné de cette qualilication :
u maître de chapelle du prince d'Armstad. »
PORTA (Don Pekseo DELL A), musicien
italien du dix-septième siècle, a exercé les fonc-
tions de maître de chapelle à l'église métropo-
litaine de Bénévent. M. le docteur Basevi
possède de cet artiste le manuscrit d'un ouvra-
ge théorique intitulé VArianna musicale, et
(jui est daté de Naples, 1696.
* PORTA (Jean), compositeur dramatique
italien, est l'auteur d'un opéra intitulé il Gran
Tamerlano, représenté à Florence en 1730, et
qui n'a pas été compris dans la liste de ses
œuvres.
* PORTA (Bernardo). -- A la liste des ou-
vrages de ce compositeur représentés à Paris,
il faut ajouter les suivants: l" Alexis et Rosette
ou les Uoulans , opéra-comique en un acte,
Théâtre français comique et lyrique, 3 aoiU
1793; 2" le Pauvre Aveugle ou la Chanson
savoïarde, un acte. Ambigu, 1797 ; 3" l'Oracle,
un acte. Ambigu, 1797; 4" le Prisonnier fran-
çais ou le Bienfait récompensé, un acte, th.
des Amis des arts, 2 octobre 1798; ô" Deux
Morts qui se volent, un acte, Aiid)igu, 2r> avril
1800; G" les Deux Statues, un acte, Ambigu,
29 .ivril 1800.
PORTO (J... .-F...), est auleur d'un écrit
publie sous ce titre : Des Moyens de propager
legoiit de la 7nusique en France, et parti-
PORTO — POUGIN
363
ctilièremcnt dans les départements de l'an-
cienne Normandie (Caen, 1835, in-8° de 90 p.).
*P()KTOGALLO(MARO()-ANTONio),compo-
siteur italien fort reinHi-quable.a écrit les ouvrages
suivants, qui n'ont pas été compris dans la liste
de ses œuvres : 1* Merope, Lisbonne, 180'»;
T Cinna, Florence, 1807; 3" Tito Vespasia-
no, Livourne, 1807. Né à Lisbonne le 24 mars
17(12 (et non en 1763), Portogallo mourut en
cette ville le 7 février 1830.
rOTIIOLT (Jacques), organiste et caril-
lonneur hollandais, a été mentionné à tort, au
tome VII de la Biographie universelle des Mu-
siciens, sous le nom inexact de Potthoff.
Tout ce qui a été dit sous ce dernier nom doit
s'appliquer à celui de Potholt.
* POTIKR (Henri-Hippolyte). — Le réper-
foire dramatique de ce compositeur doit se com-
pléter par les ouvragessuivants :i° Mademoiselle
de Méranges,imac{e, Opéra-Comique, 14 décem-
bre 184 1 ; 2" te Vieux Prix de Rome, un acte, th.
Beaumarchais, 21 juin 1849; 3° le Rosier, un
acte, Opéra-Comique, 19 août 1859 ; 4° l'Ange
de Rot/iesaij, trois actes, th. International (au
palais de l'Exposition imiversclle), 11 juin 1807;
5° Madelaine, un acte, Bouffes -Parisiens,
10 janvier 1809 ; 6° Prologue pour l'ouverture du
Casino <Ie Toulouse, vers 1870. Henri Potier
avait encore en portefeuille les partitions de trois
opéras-comiques, qui n'ont pas été représen-
tés : le Baillij deSuresnes,2 actes; le Fa-
bliaii, 2 actes; et Volage et Jaloux, un
acte. Destitué, vers 1856, de ses fonctions de
chef du chant à l'Opéra, Potier intenta à
l'administration de ce théâtre un procès qu'il
gagna, mais qui ne le fît pas réintégrer dans son
emploi. Depuis longtemps (1841) accompagna-
teur des classes au Conservatoire, puis professeur
de l'étude des rôles (1851), cet artiste devint
professeur de chant dans cette école au mois de
février 1875, en remplacement de M. Laget.
Henri Potier a publié un recueil de 6 mélodies
avec accompagnement de piano ou orgue, et
quelques romances détachées. Il est mort su-
bitement le 9 octobre 1878.
Sa femme. M""" Henri Potier, née. Marie-Am-
broisine-Minctte de Cussy, qu'il avait épousée
en 1837, fut une chanteuse distinguée. Née le
29 octobre 1817, elle était devenue, au Conser-
vatoire, l'une des meilleures élèves de M""" Da-
moreau, avait remporté un second prix de piano
en 183i, un second prix de chant en 1836, et,
s'étant mariée peu de temps après, avait obtenu,
.sous le nom de M""= Henri Potier, son premier
prix de chant en 1837. Elle débuta à l'Opéra-
Comique, le 24 février 1840, dans Carline, de
M. Ambroise Thomas, puis, après y avoir fait
plusieurs créations importantes, elle quitta ce
théâtre en 1847 pour entrer à l'Opéra-National,
que venait de fonder Adam, et où elle se montra
pour la première fois dans le Brasseur de Pres-
ton. Peu de mois après, elle abandonna la car-
rière dramatique pour se consacrer exclusive-
ment à l'enseignement du chant. Elle avait été
professeur adjoint de la classe de M'"'- Damoreau
au Conservatoire, jusqu'à la retraite de cette
dernière. M"'' Henri Polier est morte à Paris, de
la petite vérole, le 21 septembre 1870,
* POTTER (CiPRiANi), pianiste et composi-
teur, ancien directeur de l'Académie de musique
de Londres, qui sous son administration attei-
gnit son plus haut degré de prospérité, est mort
en cette ville le 20 septembre 1871.
* POTTHOFF. — Voyez POTIIOLT.
POUGIl\ ( François- AuGusTE-AuTHUR PAR-
ROISSE-POUGIM, connu sous le nom d'AR-
TBUR), historien et critique musical français, est
né à Châteauroux (Indre) le 6 août 1834. Fils de
comédiens de (trovincequi voyageaient sans cesse
pour l'exercice de leur profession, il commença
dès l'âge de sept ans l'étude de la musique avec
sa mère, qui était musicienne amateur, et ne
connut, jamais d'antre professeur de solfège.
Lorsqu'il eut accompli sa huitième année, on lui
mit un violon dans les mains, et ses progrès sur
cet instrument furent rapides, bien qu'il fût
obligé de changer de professeur chaque fois que
son père changeait de résidence. Celui-ci se dé-
cida a se fixer à Paris en 1846, dans l'intérêt de
l'avenir artistique de son fds, et bientôt l'enfant
suivit au Conservatoire le cours de Guérin, puis
celui de M. Alard. Mais les ressources de la fa-
mille étaient modestes, et dès l'âge de treize ans,
tout en poursuivant ses études, il lui fallut com-
mencer à gagner sa vie dans les orchestres ;
il appartint ainsi, successivement, à ceux du
Cirque national, du Vaudeville et du Gymnase,
où il occupa le poste de violon-solo.
Tout en se perfectionnant sur son instrument,
il apprit, seul, le mécanisme du piano, puis s'ap-
pliqua bientôt à l'étude du conlre-pointetde l'har-
monie avec un excellent professeur, M. Albert
Lhote [Voyezce, nom), qui lui donna les soins
les plus affectueux et pour lequel il a conservé
une vive reconnaissance. A cette époque, passant
toutes ses soirées et parfois une partie de ses
journées au théâtre, travaillant le violon, le
piano et l'harmonie, donnant lui-môme de nom-
breuses leçons, il trouvait encore le moyen de se
livrer sans maître à certaines études littéraires,
et travaillait jusqu'à quatorze heures par jour.
Il avait abandonné les classes de violon du Con-
364
POUGIN
servatoire pour se perfectionner sous la direction
d'un artiste fort distingué, M. Bérou, alors vio-
lon-solo à i'Opéra-Comique ; il rentra peu après
dans cet établissement pour y suivre le cours
d'iiarmonie de M. Henri Reber. Déjà il s'exer-
çait à la composition en écrivant, pour l'or-
cliestre restreint du Gymnase, quelques ouver-
tures que son chef, Couder, voulait bien faire
exécuter en tête des pièces jouées à ce théâtre.
En 1855, Poiigin accepta un engagement
qu'on lui offrait comme clief d'orcliesfre du
petit théâtre Beaumarchais, mais il n'y resta pas
longtemps, et entra bientôt en qualité de pre-
mier violon aux concerts de M. Musard fils, qui
s'ouvraient alors au boulevard des Capucines.
Là, il écrivit pour lui-même deux ou trois fau-
taisies de violon qu'il exécuta avec accompagne-
ment d'orchestre, puis, au bout d'une année, il
alla remplir à l'aimable théâtre des Folies-Nou-
velles les fonctions de répétiteur etde second chef
d'orchestre, qu'il conserva pendant trois ans.
Désirant aborder la scène comme compositeur,
il écrivit les paroles et la musique d'une opérette
en vers, Perrine, mais ne put parvenir à la faire
recevoir par la direction des Folies-Nouvelles ;
il fit alors représenter ce petit ouvrage dans
les salons de M"'= Augustine Brohan, qui voulut
bien l'aider en cette circonstance, puis com-
posa quelques morceaux symphoniques qu'il (it
exécuter au Casino, par l'orchestre que dirigeait
M. Arban.
Voyant le temps se passer sans profit pour ses
désirs de compositeur, Pougin, tout en ne renon-
çant pas à tenter la chance de ce côté, eut l'idée de
tourner ses efforts vers la littérature musicale, et
sous ce rapport débuta, au mois d'avril 1859, par
un travail historique qnaXARevueet Gazette mu-
sicale publia sous ce titre : de i Origine, de la
gam me et des noms des sept notes qui la compo-
sent,en une série d'articles qui furent bien accueil-
lis. Ce travail fut bientôt suivi d'une longue suite
d'études biographiques, insérées dans le même
journal^sur divers musiciens dramatiques français
du dix-huitième siècle, oubliés ou peu connus :
Duni, André Campra, Mouret, Mondonville, Mar-
tini, Délia Maria, Gresnich, Floquet, Dezèdes,
Devienne, etc. Bien que ces divers écrits ne fus-
sent pas exempts de l'inexpérience et des tâton-
nements naturels de la |)artd'un débutant, on se
plut à reconnaître en germe chez leur auteur
les qualités qui ()lus tard lui ont valu une place ho-
noraliledans la littérature musicale de son pays,
et avant tout la recherche la plus active et la
plus consciencieuse de la vérité historique. Dès
celte époque, Fétis, qu'il n'a jamais connu per-
sonnellement et auquel il n'a jamais eu l'honneur
de parler, disait de lui au directeur d'un journal:
n Voilà un jeune écrivain qu'il faut aider à se pro-
duire le plus possible ; il me paraît appelé à ren-
dre de très-utiles services. »
En ISfiO, Pougin entra comme rédacteur poli-
tique au journal L'Opinion nationale, qui venait
de se fonder (1). Dans le même temps, infor-
mé qu'une place de violon était vacante à l'or-
chestre de l'Opéra-Comique, il prenait part au
concours ouvert à cet effet et l'emportait sur ses
rivaux. Son but, en entrant à ce théâtre, était
d'apprendre à connaître les œuvres de l'école
musicale française, d'étudier de près les procé-
dés des maîtres, leur hainionie, leur instrumen-
tation, la nature de leur conception générale. Il
songeait ainsi à se familiariser, de la façon la
plus pratique et la plus sûre, avec des œuvres et
des artistes qui l'intéressaient d'autant plus que,
dès cette époque, il avait conçu le projet de
s'attacher spécialement à retracer l'histoire, si-
non de la musique française à son point de vue
général, du moins des artistes qui avaient con-
tribué à la gloire de son pays.
Ses études sur la musique étrangère n'ont
été en effet, si l'on peut dire, que des accidents
dans la vie littéraire de Pougin. Tout en se ren-
dant aussi familière que possible l'histoire de
cette musique, c'est l'histoire de l'art national
qui le préoccupait et l'intéressait avant tout,
c'est de ce côté surtout que se sont toujours di-
rigés ses efforts, ses désirs, ses travaux. Procé-
dant avec méthode, il avait voulu commencer par
le commencement, et c'est pour cela qu'il avait
(1) Pendant quinze ans, et malgré ses travaux actifs de
littérature, de critique et d'histoire musicales, il n'a cessé
de prendre une part importante de collaboration politique
à un grand nombre de journaux, d:ins lesquels il a cons-
tamiueiit défendu les idées de liberté et de progrès. Ces
Journaus sont, outre l'Opinion nationale, a laquelle il
est resté attaché pendantcinq ans, leJ\ational,la Liberté,
le Bien public, la Cloche, le Cliuruari, l'Histoire,
l'Electeur libre, dont il fut le secrétaire de la rédaction
peu lant le siéf^e de Paris, le Soir, où il remplit plus tard
le niémeollice, le Mouvement (Bordeaux), la Discussion
(liruicllesj, etc. Kn I8"l, on lui offrit d'entrer dans l'ad-
ministration, et on lut proposa une sous-prtifeclure impor-
tante; il refusa sans peine et sans regret, estimant qu'il
n'est pas de plus belle profession que celle d'artiste et
d'écrivain indépendant.
l'.n dehors de la musique, Pougin s'est aussi beaucoup
occupe ue (luestions purement liltér.iires; il a collaboré,
sons ce rapport, a de nombreux journaux et recueils :
l'Eclair, te Auin jaune, la Jeune Erance, la Jeunesse, le
Mouvement, le l'aris-Mdfjazine (dont il fut pendant
queh|ue temps le, directeur), {ajournai amusant, le Jour-
nal littéraire, le Gaulois. Il a donné ((uelques articles
au XIX' .Siècle, à Paris-Journal, au Constitutionnel,
au .M usée des familles, au Musée unieersel, mi .Soleil,
au l'aris-Cascade, à l'Année illustrée, à VÉclio de l'agri-
culture, etc.
POUGIN
365
publié d'abord toute une série d'écrits historiques
et critiques sur une douzaine de maîtres dont
le premier, Campra, fermait le dix-septième
siècle, tandis que le dernier, Délia Maria, ou-
vrait presque le dix-neuvième. Après s'être essayé
dans ces travaux d'une importance secondaire,
il put, dans la suite, lorsqu'il fut plus silr de lui,
commencer la série de grandes études qu'il avait
rêvées sur les maîtres de la scène lyrique fran-
çaise, et publier des livres importants sur quel-
ques-uns d'entre eux : Rameau, Boieldieu, Adol-
phe Adam, Albert Grisar, etc.
Pougin, cependant, n'avait pas renoncé com-
plètement à se produire lui-même au théâtre.
En 1865, il écrivit les paroles et la musique
d'un opéra-comique en un acte avec chœurs,
le Cabaret de Ramponneau ,• mais cet ouvrage,
reçu successivement au théâtre Saint-Germain,
puis au théâtre lyrique de l'Alhénée, et enfin à
l'Opéra populaire installé dans la salle du Cliâte-
let et dont l'existence fut si courte, ne put
parvenir à voir le jour. Il n'en continuait pas
moins à s'occuper des travaux qui lui étaient
chers. Après un séjour de trois annéesà l'orches-
tre de rOpéra-Comique, il avait quitté ce théâtre
et renoncé complètement à donner des leçons
pour pouvoir se livrer sans réserve à ces tra-
vaux. Devenu successivement le collaborateur
de plusieurs journaux artistiques, la France
musicale, le Ménestrel, VArt musical, le
Théâtre, il publia dans ces journaux un grand
nombre d'écrits plus ou moins étendus sur di-
vers artistes français ou étrangers, écrits qui,
pour la plupart, parurent ensuite sous forme de
livres ou de brochures. C'est ainsi que furent pu-
bliées d'abord ses études sur le compositeur anglais
Wallace, sur F. Halévy écrivain, surMeyerbeer,
Rossini,Bellini,Léon Kreutzer, etc. ; d'autres sont
restées enfouies dans les recueils oii elles ont vu
le jour, et parmi celles-là nous citerons celles
qui ont traita quelques musiciens italiens, Mer-
cadante, MM. Pedrotti, Cagnoni, puis celles re-
latives au grand violoniste Caillot, au Judas
Machabée de Hœndel, aux scènes lyriques secon-
daires de Paris, etc.
En dehors de ces travaux historiques, Pougin
avait été chargé de la critique musicale courante
dans diverses feuilles littéraires, le Figaro-Pro-
gramme,le Camarade, Paris tllustré.En même
temps, Pierre Larousse, l'excellent directeur du
Grand Dictionnaire universel du XIX' siècle,
lui avait confié toute la partie de cet immense
ouvrage qui concernait la nmsique, et en effet c'est
lui qui, à partir du mot Chants populaires,
a donné tous les articles historiques, techniques,
encyclopédiques et didactiques relatifs â cet art.
Ce travail ne lui a pas coûté moins de trois
années, et il est tel des articles en question qui
forme, on peut le dire, un traité complet sur la
matière. En 1871, Pougin prit possession du
feuilleton musical du journal le Soir; c'est là
qu'il conçut la pensée de faire connaître intime-
ment au public les membres de la jeune école
musicale française, de retracer leurs efforts,
d'inspirer contiance en leur valeur, enfin d'at-
tirer sur eux l'attention, de les rendre sympathi-
ques, et de prouver que l'ensemble des travaux
de ces jeunes artistes était destiné à faire hon-
neur un jour au pays qui les avait vus naître.
C'est ainsi qu'il mit en lumière, avec la certitude
d'être utile à tous et de rendre service à l'art,
les personnalités de MM. J. Mas.senet, Georges
Dizet, Léo Delibes, Emile Pessard, Ernest Gui-
raud, Théodore Dubois, Charles Lenepveu,
Edouard Lalo, Charles Lecocq, etc. Un change-
ment dans la direction du Soir ayant amené sa
retraite, Pougin fut appelé à exercer les fonctions
de critique musical successivement à la Tribune,
à l'Événement, et enfin d.\x Journal officiel, au-
quel il appartient depuis les premiers mois de
l'année 1878. Il n'en continuait pas moins, par-
ticulièrement dans le Ménestrel et la Chronique
musicale, ses travaux historiques, toujours en
grande partie consacrés à l'art français ; dans
le premier de ces journaux il puldia une série de
notices biographiques sur Elleviou, M'"* Dugazon
et la, famille Gavaudan, noticesqui formèrent plus
tard le volume de Figures d'opéra-comique, et
un travail très-important donné sous ce titre :
les Vrais Créateurs de l'Opéra français, dans
leiiuel, à l'aide de documents inédits et de
preuves irrécusables, il revendique hautement en
faveur de Cambert et de l'abbé Perrin ce titre
de « créateurs de l'opéra français, » accordé
trop légèrement, depuis deux siècles, à Lully et à
Quinault, qui n'ont fait que poursuivre, avec gé-
nie d'ailleurs, l'œuvre si bien établie par leurs
devanciers. Dans la Chronique musicale, il
donna, entre autres, un résumé historique du
gentil petit théâtre musical de l'Athénée, aujour-
d'hui transformé, et une étude très-fouillée sur An-
dré Philidor, musicien de génie trop oublié, qui
fui avec Duni, Monsigny elGrétry, l'un des vé-
ritables créateurs du genre de l'opéra-comique.
D'ailleurs, l'activité de Pougin ne se ralentissait
pas un instant. A la sollicitation d'un éilileur, il
avait publié pendant trois années un Almanach
de la Musique (1866-67-68), qui lui coûtait
beaucoup de soins et dont ou a bien voulu re-
gretter la disparition; sur la demande de
M Martinet.directeurdes Fantaisies-Parisiennes,
il avait rédigé un long mémoire destiné à attirer
366
POUGIN
l'allention du gouvernement sur ce théâtre, qui
avait rendu de réels services; il avait publie
dans la Revue contemporaine un résumé his-
toriquetrès-coinplet de la littérature musicale l'ran-
çaise ; il avait fait, dans la salle du boulevard des
Capucines, diverses conférences sur Meyerbeer,
Cimarosa, Bellini, etc. ; bientôt il s'occupa de
provoquer à Rouen de grandes fêtes nationales
pour la célébration du centenaire de Boieldieu,
fêtes dont il avait conçu le premier la pensée, à
l'organisationdesquelles il prilune part importante,
et qui furent les premières de ce genre qu'on ait
vues en France; puis il aida activement son ami
M. Charles Lamoureux dans les travaux relatifs
à la création de la Société de l'Harmonie sacrée ;
enfin, en qualité de secrétaire-rapporteur du Co-
mité de la Société descompositeurs demusique, de
secrétaire du Comité de l'Association des artistes
musiciens, de secrétaire général de l'Institut or-
phéonique français, il collaborait avec ardeur à
l'administration de ces diverses compagnies, et
remplissait encore les fondions de {secrétaire du
Comité des études de l'École de musique reli-
gieuse.
C'est alors que les éditeurs de la Biographie
universelle des Musiciens lui offrirent de se
charger de la tâche si honorable de continuer et
de mettre à jour cet ouvrage colossal. Après
quelques hésitations, causées par la crainte de
ne pas être à la hauteur de cette tâche, l'ougin
finit par accepter, heureux d'attacher son nom
à une œuvre aussi importante, désireux de rat-
tacher plus étroitement à la France ce livre,
écrit eu français par un étranger, et décidé d'ail-
leurs par les instances affectueuses d'amis et
de confrères qui voulurent bien lui promettre de
l'aider dans un travail dont il ne se dissimulait ni
les difficultés ni les périls. Ce n'est pas ici le lieu
de s'étendre longuement à ce sujet ; la préface du
présent Supplément a dit tout ce qu'il y avait à en
dire. Mais, — et c'est ce qui expli(jue l'étendue de
la présente notice, — l'auteur principal de ce Sup-
plément-iviùi le droit et le de voir de faire connaître
au public quels ont été les mobiles de sa carrière,
et de déclarer que cette carrière, absolument vo-
lontaire et tendant à un but nettement déterminé,
n'a laissé aux hasards des événements qu'une
part aussi restreinte que possible.
■Voici la liste des écrits publiés jusqu'à ce jour
par Pougin : 1" André Canipra, Paris, inq)r.
Chaix, I8GI, in-8"de'J;J pp.; 2" 6'/Y'.VH/r/,-, iii.,i(l.,
1862, in-8''de 23 pp.; 3" Dczèdes, iil., id., 18C2,
in-S» de 38 pp.;»'i" Floqtict, id., id., 1803, in-.S"
de 24 pp. ; 6° iVa//m/, id., id., 18G'i, in- 8" de
32 pp.; 6" Devienne, id., id., 186'» , in-8° de
32 pp. (ces six broclmres ont clé publiées sous
le titre général de Musiciens français du X VI 11^
siècle); 1" Meyerbeer, notes biographiques,
Paris, Tresse, 1804, in-12; 8° F. Halévy, écri-
vain flravalMans lequel, comme l'indi(iiie son titre,
l'auleur s'était paiticulièremenL proposé d'ana-
lyser le talent de F. llalévy sous le rapport lit-
téraire), Paris, Claudin, 1865, in-8° de 45 pp.;
9" William-Vincent VVallace, étude biogra-
phique et critique (l'un des bien rares écrits
consacrés en France à un musicien anglais), Paris,
Ikelmer, 18G6, in-8" de 42 |)p. ; 10" Almanach
illustré, chronologique, historique, critique
et anecdoiique de la Musique, par un Musi-
cien, Paris, Ikehner, 1866, 1867 et 1868, 3 vol.
in-12 (les deux dernières années ont chacune un
supplément publié à |)art sous ce litre : Supplé-
ment à V Almanach delà Musique. Nécrologie
des musiciens français et ëtra)igcrs, 1 bro-
chures in-12); 11" de la Littérature musicale
en France, Paris, Ikelmer, 1867, in-8° de 39 pp.;
12° De la Situation des compositeurs de
musique et de l'avenir de l'art musical en
France, mémoire présenté au ministre de la
Maison de Vempereur et des Beaux-Arts par
Louis Martinet, Paris, imp. Claye, s. d. [1867],
in-8° (brochure non signée) ; 13° Léo7i Kreutzer,
Paris, Liepmannssohn et DnI'our, 1868, in-8" de
(6 pp.; 14° Bellini, sa vie, ses œuvres, Paris,
Hachette, 1868, un vol. in-12 avec portrait et
autographes (une traduction anglaise de cet ou-
vrage a été faite dans un recueil américain, le
Walson's Art Journal, et une traduction espa-
gnole, due à M. Luis Navarro, aujourd'hui dé-
puté, a paru à Madrid, sous le titre de Vida et
Obras de Vicente Bellini, s. d. [1875], un vol.
\n-\.2); \^o° Albert Grisar, étude artistique,
Paris, Hachette, 1870, un vol. in-12 avec portrait
et autographe ; \G'Rossini, notes, impressions,
souvenirs, commentaires, Paris, Claudin, 1871,
un vol. in-8"; 17" AuOer, ses commencements,
les origines de sa carrière, Paris, Pottier
de Lalaine, 1873, in-12 de 36 pp. ; 13° A propos
de Veoréculion c/u Messie de Hœndel (brochure
signée .seulenu'nt des initiales A. P.), Paris,
imp. Chaix, 1873, iu-12 de 34 pp.; 19° Notice
sur Rode, violoniste français (couronnée par
l'Académie des sciences, belles-lettres el arts de
Honleaux, el in.sérée dans les /Ic/e? de celle com-
pagnie), Paris, Pottier de Lalaine, 1874, in-8°
de 64 pp. ; 20°JSok'/(/Jeu, sa vie, ses wuvres,
son caractère, sa correspondance, Paris,
Charpentier, 1875, un vol. in-12aVec portrait et
autographe; 21° Figures d'opéra- comique :
EtlevioUfM""' Dugazon,laTribudcs Gavaudan,
Paris, Tresse, 1875, un vol. in-8" avec 3 portraits ;
22" Rameau, essai sur sa vie et ses œuvres,Vans,
POUGIN — POULTIER
367
Decaux, 1876, un vol. iii-16 (une traduction an-
glaise de cet ouvrage a paru dans un journal de
Londres, ^Ae Musical World); 23° Adolphe
Adam, sa vie, sa carrière, ses Mémoires artis-
tiques, Paris, Charpentier, 1876, un vol. in-1'2
avec portrait et autographe; 24" Revue de la
Musique []o\wnA\ rédigé presque en entier par
Pougin, et qui n'a eu que six mois d'existence),
Paris, 1876-1877, un vol. in-4''; 2ô° Biographie
universelle des Musiciens, Supplément et
Co7nplément, Paris, Firmin-Didot, 1878-1879,
2 vol. in-S"; 26" Société des compositeurs de
musique. Rapport annuel, Pans, 1878, in-8" ;
id., Paris 1879, in-8<' ; 27" Question de laliberté
des théâtres, rapport présenté à M. le minis-
tre de C Instruction publique et des Beaux-
Arts par la Société des compositeurs de musi-
que, rédigé par M. Arthur Pougin, 1878, in-8° ;
28" Question du Théâtre-Lyrique, mémoire
présenté à M. le ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts par la Société
des compositeurs de musique, rédigé par M.
Arthur Pougin , Paris, 1879 in-8°, (1). Parmi
ceux des ouvrages de cet écrivain qui ont été
puhliés dans divers recueils, mais qui n'ont
pas encore paru sous forme de volumes, il
faut surtout citer les suivants : 29° les
Vrais Créateurs de V Opéra français. Per-
rin et Camhert ; 30° Philidor, étude sur la
musique dramatique au dix-huitième siècle ;
31° les Théâtres à Paris pendant la Révolu-
tion, histoire, chroniques , souvenirs, por-
traits, anecdotes; 32° Verdi, souvenirs anec-
dotiques. (Une traduction allemande de ce der-
nier écrit a été donnée dans la Neue Berliner
Musilizeitung ; une traduction italienne et une
espagnole doivenlenêtre publiées prochainement.)
Des compositions musicales de Pougin, consis-
tant en pièces symphoniques, mélodies vocales.
(1) Pougin a écrit les paroles delà Fête des A'ations,
â-proDos allégorique, musique de M. .*drîen Boieldieu,
qui a été représenté aux Fantiiisies-Parlslenncs en 1S67
(Paris, Ikelmer, 1867, In 8°), et celle de la cantate : Hom-
mage d Boieldieu, musique de M. Aml)roise Tho-
mas, exécutée S Rouen le 13 Juin 1875, pour les fêtes du
centenaire de Boieldieu. Il a donné une édition nouvelle
d'une série de trois AIraanachs de spectacles qui consti-
tuent certainement le premier essai d'une imblication
de ce genre tenté en France : Juendas des T/iédtres de
Paris, 1735, 1736 et 1737, par François Parfaict, réim-
pression exacte du seul exemplaire existant, avec pré-
face par Arthur Pougin, Paris, J. Connassies, 1876, in-32.
Parmi les journaux auxquels 11 a collaboré, il faut en-
core citer le Nouveau Journal, l'Art, la Presse musicale,
le l\Ionitejir du bibliophile, le Musée littéraire et ar-
tistique, la lierur du inonde musical, le Bibliographe
musical et le (,uide musical (de Bruxelles). Pougin est offi-
cier d'Académie c: membre correspondant de l'Académie
de l'Institut royal de musique de Florence.
morceaux de genre pour le piano, morceaux de
concert pour violon avec accompagnement d'or-
chestie ou de piano, rien jusqu'à ce jour n'a été
publié.
POULTIER (Pi.AcinE -Alexandre - GuiL-
i.AciHii;), chanteur dramatique, né le 27 mai 1814
à Villequier (Seine- Inf •'■ieure), est le (ils d'un
marin, qui exerça ensuite la profession de pilote.
Le jeune Poultier avait neuf ans enviion lors-
qu'il fut envoyé à Rouen, chez son oncle, mar-
chand de cidre en gros; ce fut dans cette ville
qu'il reçut l'instruction primaire ; ce fut là égale-
ment que, séduit par la bonne humeur et les
allures laborieuses des ouvriers qu'employait son
parent, il finit par prendre à son tour la doloire
et le maillet du tonnelier. Avec l'âge sa voix
s'était formée, et comme il était doué d'un certain
goût musical, il chantait bien souvent en façon-
nant ses tonneaux; la réputation du jeune chan-
teur ne tarda pas à s'étendre; un sien ami le
conduisit chez M. Nicoio, directeur du Théàtre-
des-Arls, qui l'admit parmi ses choristes ; enfin,
un soir, au Théâtre-Français, Poultier osa se
produire devant le public; il chanta la romance
de Guido et Ginevra, et les Rouennais applau-
dirent à outrance le ténor franc et sympathique
qu'avaient laissé éclore les brumes normandes.
Chacun montra au jeune homme le chemin de
Paris comme ,étant pour lui la roule de la for-
tune ; eu attendant, son éducation musicale étant
des plus restreintes, il se confia à l'excellent
professeur Malliot, qui n'épargna ni soins ni
conseils pour le mettre en état de faire valoir ses
dons naturels. En mai 1840, Poultier partit pour
Paris ; il se fit entendre chez M"" Boieldieu, en
présence de Cherubini et de quelques autres
artistes, lesquels conçurent de sa voix une opi-
nion avantageuse, ce qui n'empêcha pas le rigide
Cherubini de prononcer sur lui ce verdict : « 11
est trop âgé et n'est pas musicien. » Poultier
voyait se fermer devant lui les portes du Conser-
vatoire; fort heureusement, il obtint de MM.Du-
ponihel et Monnais, directeurs de l'Opéra, une
audition qui lui procura, pour ainsi dire séance
tenante, un engagement pour cinq ans. On lui
donna comme professeurs : Ponchard pour le
chant, Michelot pour la déclamation, M. Fournier
I)our le solfège, sans parler des leçons de langue
française, de danse et d'escrime. Mais la direction
de l'Opéra étant venue à passer entre les mains
de M. Léon Pillet, Poultier se vit enlever la plu-
part de ses professeurs; on lui avait même sup-
primé les leçons de déclamation ; mais Michelot,
plus confiant que M. Pillet en l'avenir de son
élève, lui continua gratuitement ces leçons jus-
qu'à l'époque de ses débuts. Malgré le mauvais
3G8
POULTIER — PRELLEZZO
vouloir de son directeur, vis-à-vis duquel il dut
niénie eni|)loyer les moyens léf^aux, Poultier dé-
buta le i octobre dans Guillaume Tell, et fut
rappelé après le troisième acte; il continua ses
débuts dans la Juive et la Muette de Portici,
où l'air du Sommeil, chanté par lui avec un art
exquis, lui valut un succès qui s'est renouvelé
l)ien souvent depuis, ce morceau étant un de ceux
où s'atlirmaient le plus complètement ses qualités
vocales.
A l'expiration de son engagement, Poultier fit
une tournée en province; puis, désireux d'ap-
prendre le répertoire italien, il se rendit dans la
péninsule ; mais bientôt après, rappelé par MM. Du-
ponchel et Roqueplan, il rentra à l'Opéra (1847),
où il resta jusqu'en 1851. A cette époque, il alla
faire la saison de Londres, au théâtre de la Reine,
et recommença ensuite ses tournées en province.
En 1853, il étudia avec Malliot le répertoire de
rOpéra-Comique, ce qui lui permit d'ajouter de
nouveaux rôles à ceux qu'il possédait déjà. Le
rôle de Georges Brown, de la Dame blanche^
lui fut particulièrement favorable, et suivant ses
propres expressions, « c'était pour lui plaisir et
bonheur de se faire entendre dans cet ouvrage. »
Rentré à l'Opéra en 1855, il n'y resta qu'un au,
et refusa de signer un nouvel engagement que
lui proposait M. Crosnier, successeur de Nestor
Roqueplan. Poultier a depuis ce temps conservé
son entière liberté, et il s'est borné à se faire
entendre dans les concerts, ou bien à parcourir,
pendant l'hiver, les principaux théâtres de pro-
vince, pour y donner des représentations.
Dans le cours de ses divers engagements à
l'Opéra, il a créé plusieurs rôles : celui de Con-
tran, dans Charles Vf, le rôle du premier ténor
dans l'Apparition de Benoist, dans l'Edcn de
I^élicien David, et dans /ei<'aji,aZ d'Adolphe Adam.
Poultier, bien que sa voix ne manquât ni de vo-
lume, ni d'étendue, n'était pas, à proprement
dire, un ténor de force ; sa voix se prêtait da-
vantage au chant expressif et soutenu; l'étoffe
en était moelleuse, le timbre suave, malgré quel-
ques sonorités nasales; elle a longtemps con-
servé son charme et sa fraîcheur.
Poultier vit aujourd'hui en bon et paisible
bourgeois, à Villequier, sa bourgade natale.
J. C— z.
POUUW (Cu.\KLi:.s), compositeur français
contemporain, a écrit une quantité cons'idérable
de chansons et chansonnettes pour les calés-
concerts, où il a fait aussi représenter queUpics
opérettes. De ces dernières, je ne puis citer (pie
celle intitulée Chez un garçon, (|iii a été jouée
sur le petit the;\tre (lu Pré Catelau en ISdi, et
laClochtlle, qui a étédonnéeaux Folies-Marigny
on 1870. Plus récemment, le 7 septembre 1872,
cet artiste a fait représenter sur une scène
plus importante, les Folies-Dramatiques, un
opéra bouffe en 3 actes, Mazeppa, qui n'a pas
obtenu de succès. Sa dernière production est
une opérette en un acte, un Gilet de flanelle,
<\u\ a été donnée à l'Eldorado, le 12 mai 1877.
POZZESI (Giuseppe), compositeur italien,
était âgé de dix-sept ans seulement lorsqu'il fit
repré.senter à Mantoue, en 1831, une farce intitu-
lée VAllogio militare, qui obtint un très-grand
succès. Le jeune compositeur était le fils de
l'imprésario du théâtre de Mantoue, et .son ou-
vrage était joué par ses frères et par sa cousine,
nommée Antonietta délia Noce.
POZZOLO ( ), compositeur italien, a
fait représenter à Vercelli, au mois de février
1879, un opéra intitulé Caterina da Vinzaglio,
*PRADHER(Louis-BARTnÉLEMv). — Aux
ouvrages dramatiques de ce compositeur, il faut
ajouter : 1° le Voisinage, opéra-comique en un
acte représenté au théâtre Favart en 1800, et écrit
par lui en société avec Bertaud, Dubuat, Duga-
zon fils et Quinebaud ; 2" les Enlèvements im-
promptu, deux actes, Opéra-Comique, 2 dé-
cembre 1824.
* PRADHER (FÉLICITÉ MORE, épouse),
chanteuse et comédienne distinguée, est morte
à Gray (Haute-Saône), le 12 novembre 1876.
Parmi les ouvrages dans lesquels elle fit à l'O-
péra-Comique des créations importantes, il faut
citer le Coq da village, le Solitaire, le Mule-
tier, la ISeige, Lcocadie, le Maçon, la Vieille,
Fiorella, Marie, la Fiancée, les, Deux Nuits,
FraDiavolo, Ludovic, le Chalet, Lestocq, VÉ-
clair, le Cheval de bronze, etc., etc. C'est en
1820 que M'i^ More avait épousé Pradher, veuf
en premières noces de M"' Pbilidor.
PRAiVDI (Stefano), musicien fort distin-
gué, né à Bologne, était un contrapuntiste fort
habile, en mênje temps qu'un virtuose remar-
quable sur l'orgue et sur le cornet. Il fut élu,
en 1680, prince de l'Académie des Philharmoni-
ques de sa ville natale.
* PRATI (Alessio). — Aux ouvrages drama-
tiques signalés au nom de ce compositeur, il
faut ajouter l'opéra sérieux intitulé la Vendetta
di Nino.
* PIIEDIERI (Luc-Antoine), compositeur
dramatique italien. — A la liste des ouvrages de
ce compositeur, il faut ajouter un opéra inti-
tulé Snfonisbn.
I*RELLEZZO (Mariano), consul d'Espagne
à Jérusalem, amateur de musique, publia en
18j1, à Madrid, un manuel intitulé Cîtrso com-
pléta de musica icorico-pratico. L'apparition
PRELLEZZO — PRÉVOST-ROUSSEAU
369
de cet ouvrage souleva une polémique très- vive
entre son auteur et les rédacteurs de la Gaceta
musical de Madrid, et spécialement M. Eslava.
Prellezzo mourut le 15 janvier 1862 à Quibel, en
Turquie.
PRESEPI (Presepio), compositeur religieux
italien, vivait à Florence dans la première moitié
du dix-huitième siècle. On connaît de lui les
œuvres suivantes : 1° Sacri Trattenimenti di
canto € suono per TAvvento e per il Natale,
3'' édition, Florence, 1711; 2" Sacri Tratteni-
menti di canto e suono iopra i misteri délia
S. infanzia di Gesù bambino, 4* édition,
Florence, 1722; 3° Sacri Trattenimenti di
canto e suono sopra le feste di Maria ver-
9H!e, Florence, 1724, petit in-S" de 158 pp.
PRESSEL (Gustave ) , compositeur alle-
mand, a fait représenter avec succès à Stuttgard,
le 24 juin 1860, un opéra dont il avait écrit les
paroles et la musique, et qui avait pour titre
la Nuit de la Saint-Jean. Quelques années
après, au mois de décembre 1866, il donnait sur
le même théâtre un opéra-comique intitulé le
Tailleur d' Vlm.
* PRÉVOST (Eugène-Prosper), est mort à
la Nouvelle-Orléans le 30 août 1872. Après
avoir été longtemps attaché, en qualité de chef
d'orchestre, au théâtre français de cette ville,
oii il fit jouer un opéra-comique en 2 actes,
Blanche et René, Prévost était revenu en France
vers 1862. Il écrivit alors la musique' d'un petit
ouvrage en un acte, l'Illustre Gaspard, ancien
vaudeville arrangé par ses auteurs, MM. Ou-
vert et Lausanne, et qui fut ainsi représenté à
rOpéra-Comique le 11 février 1863, puis devint
chef d'orchestre des Bouffes-Parisiens, à l'époque
de la direction de M. Varney, et ensuite au
concert des Champs-Elysées. Au mois de sep-
tembre 1867, il repartait pour la Nouvelle-Or-
léans, où il allait de nouveau se fixer, comme
professeur.
* PRÉVOST ( Jean-Marie-Michel-Hippo-
itte), musicien amateur, ancien chef du service
sténographique au Sénat, est mort à Paris le 17
février 1873. Chargé de la critique musicale au
journal la France depuis la mort de Fioren-
tino, il avait publié dans le Courrier du di-
manche, sous le pseudonyme de P. Crocius,
et fait paraître ensuite en brochure un travail
ainsi intitulé : « Progrès de la musique drama-
tique, un mot à l'occasion des articles de M. le
président Troplong et de M. le prince Ponia-
towskiu (Paris, Gaittet, 1859, in-S» de 16 pp.).
Quelques années après il publia, sous son nom
véritable, une courte brochure relative à M. Ri-
chard Wagner et à ses théories musicales (Pa-
RIOGR. L.Mv'. DES MUSICIENS. — 8UPPL, —
ris, 1869, in-8° de 16 pp.). U avait donné quel-
ques articles à la Revue et Gazette musicale de
Paris et à un recueil qui n'eut qu'une courte
existence, le Spectateur. La' critique d'Hippo-
lyte Prévost était celle d'un homme de goût et
d'un homme bien élevé ; mais, au point de vue
pratique, elle péchait par la base, c'est-à-dire
par le manque d'instruction et de connaissances
techniques, en dépit des éludes harmoniques
qu'il avait ébauchées avec M. Henri Reber.
PRÉVOST-ROUSSEAU (Antomn), com-
positeur amateur fort distingué, est né en 1824,
et n'eut d'abord d'autres leçons de musique que
celles qui se donnaient dans le collège où il fit
ses études littéraires. Après avoir fait son droit
et s'être fait recevoir avocat , puis licencié, il
commença en 1846 un cours de contre-point et
d'harmonie avec Dourlen. La révolution de 1848
lui ayant fait interrompre ses travaux, il recom-
mença, vers 1852, toutes ses études musicales
avec M. Aristide Hignard (Foy. ce nom), en
même temps qu'il dirigeait des cours de musi-
que d'ensemble qui avaient lieu régulièrement.
Après avoir composé des mélodies, des opé-
rettes, des chœurs assez nombreux, et même
plusieurs messes, M. Prévost- Rousseau écrivit
un poème musical en huit parties, les Poëmes
de la Nature, dont il avait tiré les paroles des
beaux Sonnets d'Edmond Arnould, publiés peu
de temps auparavant. Cette composition impor-
tante fut exécutée aux mois de février et de
mars 1863 par le Cercle musical, alors dirigé
par M. Deldevez, et favorablement accueillie ;
plusieurs autres exécutions en eurent lieu par la
suite, principalement au premier concert de la
Société philharmonique, ;donné au Cirque des
Champs-Elysées sous la direction de M. Placet
(mars 1866). Encouragé par cet essai , M. Pré-
vost-Rousseau fit entendre en 1865, à l'hôtel du
Louvre, à l'un des <■ concerts des compositeurs
vivants, » une symphonie rustique en trois par-
ties intitulée la Ferme, écrite sur des paroles
de M. Gustave Nadaud. Enfin, en 1872, Jl offrait
au public un troisième ouvrage important , les
Songes , symphonie lyrique , dont M. Na-
daud lui avait encore fourni le poëme. M. Pré-
vost-Rousseau a composé aussi la musique
d'un opéra-comique en 3 actes et 4 tableaux,
avec ballets, Riquet à la houppe, qui allait être
représenté au Théâtre-Lyrique lorsque éclata la
guerre de 1870, et dont quelques fragments
ont été exécutés dans des concerts. Nommé
maire de la commune de Champigny-sur- Marne
à la suite de ces événements, il se vit obligé
d'interrompre ses travaux de composition, et
conserva seulement la direction d'une société
T. II. 24
370
PRÉVOST-ROUSSEAU — PROUT
chorale mixte d'amateurs fondée par lui en 1849,
et à, laquelle, depuis plus de vingt-cinq ans, il a
fait exécuter un très-grand nombre d'œuvres
remarquables de musique d'ensemble, tant an-
cienne que moderne.
Les partitions pour chant et piano des Poèmes
de la Nature, de la Ferme, dasSonges, et deifi-
quei à la houppe, qui révèlent chez leur auteur
un talent aimable et distingué, ont été publiées
par l'éditeur M. Choudens,
PRIJXA (GiusEPPE), prêtre et compositeur
italien, mort à Milan vers 1860, était, dit-on,
un artiste d'un véritable talent. On cite particu-
lièrement de lui; une messe fort remarquable,
exécutée en diverses circonstances, et plusieurs
autres compositions religieuses. Il a écrit aussi
un certain nombre d'œuvres de musique de
chambre.
* PROCH (Henri), compositeur , violoniste
et chef d'orchestre, est mort à Vienne le 18 dé-
cembre .1878. Il était fils d'un avocat, et des-
tiné par celui-ci à la jurisprudence. C'est dans
ce but qu'il fit ses études à l'niversité de
Vienne, où il passa ses examens de droit en
1832. Cependant, comme il avait montré dès son
enfance de rares dispositions pour la musique,
on lui avait fait étudier aussi le violon, le contre-
point et la composition. Devenu un virtuose
remarquable sur le violon, il se fit entendre à
Vienne, dans les concerts, en 1834, avec un
très-grand succès , entra dans l'orchestre de la
chapelle de la cour, et se livra bientôt entière-
ment à la musique.
Proch a brillé surtout comme chef d'or-
chestre. Dès 1837 il commençait à remplir ces
fonctions au théâtre Josephstadt, et le 1" avril
1840 il entrait en la même qualité au théâtre
impérial, qu'il ne devait plus quitter que trente
ans plus tard, au mois d'octobre 1870 . Pendant
cette longue carrière , il se distingua par des
qualités exceptionnelles, surtout dans la direc-
tion des opéras italiens et français, et Meyer-
beer, aussi bien que Donizetti, considérait.Proch
comme un chef d'orchestre de premier ordre.
Proch a publié plus de 200 lieder alle-
mands, français et anglais, dont plusieurs sont
devenus très-populaires, et beaucoup d'autres
compositions. On lui doit aussi les traductions
allemandes de plusieurs opéras français et ita-
liens ; Linda di Chamounix, les Vêpres sici-
liennes, la Reine Topaze, il Trovatore, Don
Pasquale, etc. II était chevalier de l'ordre de
François-Joseph d'Autriche , de l'ordre d'Ernes-
linede Saxe-Cobourg-Golha, et décoré des mé-
dailles pour les arts et les sciences du roi de
Prusse et du roi de Hanovre.
* PROKSCH (Jojeph), clarinettiste et pro-
fesseur bohémien, est mort à Prague le 20 dé-
cembre 1864. Dix ans après sa mort, on a
publié sur lui l'écrit suivant : Joseph. Proksch
biographisches denkmaal aus dessen nach-
lass papieren errïchtet {Souvenir biographi-
que, monument élevé à Joseph Proksch, tiré
de ses papiers), Pragae, Rudolf, 1874, un vol.
avec portrait et fac-similé.
* PROPIAC (Girard de). — Aux ouvrages
dramatiques de ce compositeur, il faut ajouter
les deux suivants : la Double Apothéose,
opéra-comique en 2 actes, représenté au théâ-
tre des Troubadours en 1800; et la Pension
de jeunes garçons, opéra-comique en un acte,
donné l'année suivante au théâtre des Jeunes-
Artistes.
PROTA (IcNAzio), compositeur italien du
dix- huitième siècle, prenait le titre de maître
de chapelle du prince de la Rochelle. Il a
écrit la musique des deux opéras suivants :
la Finta Fattocchiera, jouée sur le théâtre des
Fiorentini, de Naples, en 1721; et la Camilla,
qui fut représentée au théâtre Nuovo, de la
même ville, en 1737.
PROTTI (José), compositeur, est né à Mal-
son (îles Baléares), en 1827. Vers 1843, il alla
se fixer à Marseille, où il fut nommé, au con-
cours, organiste de l'église Saint- Théodore. En
1856, il devint organiste de l'église Saint-Vin-
cent de Paul, fonctions qu'il occupe encore
aujourd'hui. Cet artiste a écrit pour le piauo
divers morceaux de genre et de danse qui ont
été publiés en France et en Espagne. On a aussi
de lui : Gacela, opéra en 4 actes sur un poème
espagnol , — les Gardes-Françaises,' opéra-co-
mique en un acte, qui a été représenté au Grand-
Théâtre de Marseille le 13 avril 1856, — et
le Trésor de Jeannot , opéra-comique éga-
lement en un acte, qui a été donné an Cercle
artistique de cette ville en 1877. J. Prottia com-
posé aussi de la musique sacrée, notamment
une messe\à quatre voix avec accompagne-
ment de quatuor et orgue, qui a été exécutée
à l'église Saint-Vincent de Paul le 26 août
1877, et un S/a6o?^ qui a été chanté dans plu-
sieurs églises de Marseille.
Al. R— D.
* PROTA (Gabriel), compositeur italien
était né à Naples en 1754, et mourut en cette
ville le 22 juin 1843.
PROUT (EbeiNezer), compositeur et cri-
tique musical anglais, est né à Oundie, dans
le comté de Northampton, en 1835. Quoiqu'il
ait montré de bonne heure un goût trèspro-
PROUT - PUCGINI
371
nonce pour la musique, ses parents étaient
peu disposés à lui laisser embrasser cette
carrière. Il reçut donc une bonne éducation
littéraire , prit ses grades à l'université de
Londres en 1854, et ce n'est qu'en exerçant
ensuite, pendant plusieurs années, les fonc-
tions de prolesseur dans diverses écoles, qu'il
poursuivit ses études musicales avec énergie.
A la fin, l'amour de l'art l'entraîna à lui tout
sacrifier, et il se lança résolument dans la
carrière.
En 1862, la Société des musiciens anglais
(aujourd'hui disparue) ayant ouvert un con-
cours pour un quatuor d'instruments à cordes,
M. Prout remporta le premier prix avec son
quatuor en mi bémol, op. I ; trois ans plus
tard, il obtint la même récompense, dans une
circonstance semblable, avec son quatuor
op. 2, pour piano, violon, alto et violoncelle. Ces
deux faits attirèrent l'attention sur sa musique ;
mais ce n'est qu'après l'exécution de son
concerto en yni mineur pour orgue et orchestre
(op. 5), en 1872, que son nom commença à
être généralement connu. Depuis lors, il a
produit deux symphonies, qui ont été bien
accueillies du public, un Magnificat pour
soli, chœurs et orchestre, et différentes œu-
vres vocales et instrumentales. Ses composi-
tions sont plus remarquables par la clarté de
la forme et l'habileté de la facture que par
une grande originalité, et le talent de M. Prout
se distingue plutôt par la science des effets
et la logique des développements que par la
nouveauté des idées et un e sprit très- inven-
tif.
Mais M. Prout est plus et mieux connu
peut-être comme critique et écrivain musical,
que comme compositeur. Il fut le premier édi-
teur du recueil intitulé Monthly Musical Re-
cord, dont il conserva la direction jusqu'en
1874, et depuis lors il a été le critique mu-
sical en titre du journal the Academy, où il
s'est fait remarquer. Il est l'un des collabora-
teurs du Dictionary of music and musicians
qui se publie actuellement à Londres sous la
direction de M. George Grove (Londres, Mac-
millan, in-8°). Quoique chaud partisan des
idées et des doctrines de M. Richard Wagner, il
est loin de montrer, comme quelques autres
écrivains, un mépris absolu pour toute musique
appartenant à d'autres écoles. Un fait assez
curieux, observé à diverses reprises par les
critiques anglais, c'est que l'ardente admira-
tion pour M. Wagner, dont M. Prout donne
de nombreuses preuves dans ses écrits, ne se
fait jour dans aucune de ses compositions ;
sous] ce rapport, l'influence du maître saxon
est nulle sur son esprit, et il semble se rap-
procher beaucoup plutôt du style de Mozart
ou de Schubert. M, Prout, qui est un chef
d'orchestre expérimenté, occupe une bonne
situation comme professeur de piano et de
composition.
PRUDENT ( ), compositeur qui vivait
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle,
a écrit la musique d'un opéra-comique en 2
actes, les Jardiniers, représentée la Comédie-
Italienne le 15 juillet 1771.
* PRUDEI\T(Emile BEUNIE), pianiste et
compositeur, était né à Angoulêrae , non le 4
avril, mais le 3 février 1817 ; il est mort à
Paris, non le 5 juin, mais le 14 mai 1863.
* PRUMIER (Antoine), professeur de
harpe au Conservatoire de Paris depuis le
l^^"^ octobre 1835, est mort subitement, de la
rupture d'un anévrisme, pendant une séance
du comité des études de cet établissement, le
20 janvier 1868.
PRUMIER (Ange-Conrad), artiste fort dis-
tingué, fils du précédent, fut élève de son père
au Conservatoire de Paris, où il remporta un
second prix de harpe en 1836, et le premier prix
en 1838. Il obtint ensuite un accessit de fugue
en 1840, et le premier prix en 1843. Après avoir
été attaché pendant longtemps comme harpiste
à l'orchestre de l'Opéra-Comique, il remplit au-
jourd'hui les mêmes fonctions à celui de l'Opéra.
Depuis 1870, M. Prumier a succédé à Labarre
comme professeur de harpe au Conservatoire.
Parmi les compositions de cet artiste, je signa-
lerai les suivantes : Solo de harpe (écrit pour le
concours de 1839), Paris, Schonenberger; Solo
de harpe (écrit pour le concours de 1843), id.,
Challiot; Études spéciales pour la harpe, id,,
Brandus ; Souvenirs de New- York, id., Schonen-
berger; Nocturne pour cor et harpe, id., id.;
0 Salutaris, Agniis Dei, pour ténor, id., Ca-
naux; Ave verum, id., id. ; Tantum ergo, pour
ténor, id., id.; 0 Salutaris, pour ténor et basse,
id., id,; le Son du cor, romance pour ténor
avec cor obligé; Nocturne pour cor et harpe,
Paris, Schonenberger; Offertoire pour musique
militaire, Paris, Gautrot; les Quatre Fils Ay-
«lon, marche ; les Trois Mcolas, fantaisie pour
musique militaire, Paris, Goumas, etc.
* PUCCINI (Jacques). —Parmi les compo-
sitions de cet artiste distingué, qui sont toutes
conservées par sa famille, on cite un Domine à
4 voix seules, un Te Deum, à 4 voix avec instra-
ments, et trente et un services solennels écrits
par lui, de 1733 à 1780, pour la célébration de
la fête de sainte Cécile. Jacques Puccini était
)72
PUGCINI — PUGET
membre de l'Académie des Philharmoniques de
Bologne.
• PUCCIKI (Antoine), fils du précédent,
mourut à Lucques le 3 février 1832. Il a écrit un
très-grand nombre de psaumes, messes, hymnes,
motets à 2, 3, 4 et 8 voix, et, de 1778 à 1830,
vingt services à grand orchestre pour la fêle de
sainte Cécile. Artiste distingué, comme son père,
Antoine Puccini fut aussi, comme lui, nommé
membre de l'Académie des Philharmoniques de
Bologne.
PUCCIIVI (D0.MEN1C0), petit-nis et fils des
précédents, naquit à Lucques en 1771. Après
avoir appris dans sa ville natale les premiers élé-
ments de l'art musical, il se rendit à Bologne,
puis à Naples, pour compléter son éducation, et
fut successivement élève de l'abbé Mattei et de
l'abbé Tesei. Il se livra ensuite à la composition,
et y fit preuve de talent et de fécondité dans
divers genres. Outre diverses compositions reli-
gieuses, telles que messes, vêpres, psaumes,
motets, hymnes, Te Beum à 2, 4 et 8 voix,
outre un motet grandiose à seize voix et à double
orchestre, qu'il dédia au pape Pie VII, outre
plusieurs cantates qui sont, dit-on, écrites avec
beaucoup de goût, il composa encore plusieurs
opéras, sérieux ou bouffes, qui furent représentés
avec quelque succès : Quinto Fabio, il Ciar-
latano, le Frecce d'amore, la Moglie cap7ic~
ciosa, lOrtolanella{\). A son retour à Lucques,
Domenico Puccini avait été nommé, en rempla-
cement de son père, maître de chapelle de la
république, et il conserva ces fonctions à la
cour des Bacciocchi.II mourut dans toute la force
de l'âge, le 25 mai 1815, ayant à peine accompli
sa quarante-quatrième année. Il faisait aussi
partie de l'Académie des Philharmoniques de
Bologne.
PUCCINI (Michèle), fils de Domenico, na-
quit à Lucques le 27 décembre 1813. Son père
étant mort lorsqu'il était à peine âgé de trois
ans, son grand-père, Antoine Puccini, se chargea
de son éducation, et lui fit étudier les lettres,
la philosophie et les mathématiques, sans lui
laisser négliger la musique, qui avait été l'hon-
neur de sa famille. D'abord élève de Fanucchi
pour la théorie musicale, le piano et l'accompa-
gnement, le jeune Michèle Puccini passa ensuite
aux mains de l'abbé Santucci, puis d'Eugenio
(Ij J'ai lieu de croire que l'auteur de la liioijraphic
universelle des Musiciens a fait confusion lorsqu'il
a dit d'Antoine Puccini : » il a écrit aussi qui Iqucs
opcras dont on n'a pas conserve les titres. » Je ne crois
pas qu'Antoine ait Jamais écrit pour le tlié.ltre, et je suis
certain que les ouvrages citiis Ici sont dus à son (ils Do-
menico.
Galli, avec lesquels il étudia l'harmonie et le con-
tre;point; il fut alors envoyé à Bologne (1834)
pour s'y perfectionner avec Pilotti, et (inaloinent
s'en fut à Naples (1839) achever son éducation
musicale, sous la direction de Mercadante.
De retour dans sa ville natale en 1841, Mi-
chèle Puccini se vit nommer directeur de l'Ins-
titut musical , et forma dans cet établissement
un grand nombre d'excellents élèves. Harmo-
niste savant, contrapuntiste fort habile, mais
ne brillant point, comme compositeur , par la
richesse et la générosité de l'inspiration, il pos-
sédait d'ailleurs toutes les qualités d'un bon
professeur, savait exposer les principes de l'art
avec clarté et faciliter aux jeunes artistes le
chemin qu'ils avaient à parcourir.
Michèle Puccini a écrit deux opéras, Antonio
Foscarini, et Cattani, o la Rivoluzione deijli
Straccioni, qui ont été assez bien accueillis. On
lui doit aussi deux messes , l'une en sol, l'autre
en ut, conçues dans le style allemand; un Mi-
serere et un Benedictus pour la semaine sainte ;
divers motets à 2, 3 et 4 voix, avec ou sans
orchestre; huit services 'religieux à 4 voix et
orchestre , exécutés pour la fête de sainte Cé-
cile ; enfin , des compositions à 8 voix et deux
orchestres, écrites pour les solennités de l'Exal-
tation de la Croix. Cet artiste est mort le 23 jan-
vier 1864.
♦ PUCCITA (ViNCENZo), compositenr dra-
matique italien, est mort à Milan le 20 décem-
bre 1861. A la liste des ouvrages de cet artiste
estimable, il faut ajouter ii Marchese d'un gior-
no, 0 sia gli Sposi felici, opéra représenté à
Livourne en 1808.
* PUGET (Madame Loïsa LEMOINE,
née). — Il y avait bien longtemps qu'on n'avait
entendu parler de cette artiste, lorsqu'elle donna
au Gymnase, le 27 septembre 1869, une opé-
rette en un acte, intitulée la Veilleuse ou les
Nuits de Milady.
PUGET (Paul-Charles-Marie CURET),
compositeur, né à Nantes le 25 juin 1848, est
le second fils d'un chanteur qui tenait à l'Opéra-
Comique, il y aune vingtaine d'années, l'em-
ploi de premier ténor, et qui passa ensuite au
Théâtre-Lyrique. M. Puget fut admis jeune au
Conservatoire, dans la classe de M. Marmontel
pour le piano et dans celle de M. Bazin pour
l'harmonie et accompagnement. Il n'obtint qu'un
troisième accessit d'harmonie au concours <ie
186G, et entra peu de temps après dans la
classe de composition de M. Victor Massé.
En 1867, une cantate ayant été mise au con-
cours pour l'ouverture de l'Exposition univer-
selle, M. Puget prit part au concours ; mais son
PUGET — PLGNl
373
œuvre ne fut pas classée , et le prix fut décerné
à M. Saint-Saëns ; cependant , le jeune artiste
fit exécuter sa cantate par la société chorale de
M. Prévost-Rousseau , et en confia les soli à
son père , à M. Troy jeune et à M'^" Schrœder.
Ce petit péché de jeunesse ne valait pas qu'il y
prit tant de peine. Tout en continuant ses étu-
des, M. Puget écrivit la musique dune opérette
qu'il fit représenter, vers 1871 , au petit théâtre
Tivoli, situé sur le boulevard Clichy. Enfin, en
1873, il se présenta au concours de l'Institut,
et se Tit d'emblée décerner le grand prix de
Rome, quoique, dit-on, l'épreuve préparatoire
ne lui eût pas été favorable et ne fît pas présa-
ger un tel succès ; mais le jury , frappé par les
incontestables qualités scéniques contenues dans
sa partition, crut, à juste titre, devoir passer
condamnation sur quelques négligences secon-
daires. La cantate de concours était intitulée
Mazeppa, et l'auteur des paroles était M. Achille
de Lauzières ; elle fut exécutée en séance publi-
que, à l'Institut, le 15 novembre 1873, et au
Concert-National le 28 décembre suivant. Peu
de temps après, M. Puget partait pour l'Italie,
selon les prescriptions du concours de Rome.
— Cet artiste a en portefeuille les ouvrages
suivants : 1" les Jardins d'Armide, opérette
bouffe en 3 actes; 2" le Maure danseur, opé-
rette en un acte , reçue aux Bouffes- Parisiens
en 1869; 3° la Marocaine, opéra-comique en
un acte, reçu au Théâtre-Lyrique sous la direc-
tion de M. Pasdeloup; 4° André del Sarto,
drame lyrique en 2 actes, d'après le drame
d'Alfred de Musset.
* PUGA'I (César), compositeur dramatique,
fils d'un horloger dont le magasin était situé sur
la place du Dôme, à Milan, naquit certaine-
ment avant 1810, car son admission au Conser-
vatoire de cette ville date du.22 janvier 181.'),
et il en sortit le 10 juin 1822. Il étudia dans cet
établissement le violon et la composition, et
fut l'élève du célèbre Asioli. C'est le 28 mai
1831 qu'il donna au théâtre de la Canobbiana,
de Milan, son premier opéra, il Disertore
svizzero, o la Nostalgia, qui fut bien ac-
cueilli (1). Il eut moins de bonheur avec la Ven-
(1) Je rétablis Ici l'ordre chronologique exact dans le-
quel furent représentés les opéra» de Pugiil. Je dois faire
remarquer, à ce sujet, qu'une erreur s'est glissée dans
la Biographie universelle des Musiciens, où II est dit i
— « A la niéme époque (vers isasi, Il Pugni) fit aussi
nne musique nouvelle poui l'Imboscata, jouée sans suc-
cès au théâtre Canobbiunalàc Milan. Welgl avait écrit,
en 1815, une partition sur ce livret pour le théâtre de la
Scala. » C'est, non une partition de Pugnl, mais celle de
Weigl lui-même sur l'Imboscata, qui fut reprise à la Ca-
nobbiana le 8 avril 1838, après avoir été créée à la Scala
le 8 novembre |B15. comme on peut s'en convaincre en
detta, qui tomba lourdement à la Scala le 11
février 1832. Le 8 octobre de la même année, il
donnait à Trieste Ricciardo di Edimburgo,
qui, chanté par le ténor Reina, par M™" Elisa
Sediacek et Brigide Lorenzani, obtint du succès.
II en fut de même d'il Contrabhandiere, joué à
Milan le 12 juin 1833; mais un Episodio di
San Michèle, représenté à la Canobbiana le 14
juin 1834, subit une chute complète. A partir
de ce moment, Pugni paraît avoir renoncé com-
plètement à écrire des opéras pour se livrer
exclusivement à la composition de la musique
de ballet. Pendant plus de trente ans, il a écrit
un nombre incalculable d'ouvrages de ce genre,
et il fut spécialement engagé à cet effet au
théâtre de Saint-Pétersbourg, ce qui ne l'em-
pêcha pas de faire représenter des ballets en
Italie, à Paris, à Vienne et à Londres. Je n'en
citerai que quelques-uns, car il m'a été impos-
sible de réunir les titres de toutes ses produc-
tions chorégraphiques : le Fucine di Vulcano,
Parme, 1826; Eutichio délia Castagna, Milan,
Scala, 1827; Pelia e Mileto, id., id., 1827;
Esmeralda, id., id., 1845; Catterina, ossia la
Flglia del Bandito (en société avec Bajetti),
id., id., 1847; la Fille de marbre, Paris, Opé-
ra, 21 octobre 1847; Edoardo, Milan, Scala,
1848 ; la Vivandière, Paris, Opéra, 20 octobre
1848; le Violon du diable, id., id., 19 janvier
1849; >Sïe/^a ou les Contrebandiers, id., id.,
22 février 1850; le Marché des Innocents, id.,
id., 29 mai 1861; Diavolina,\A.^ id., 6 juillet
1863; gli Zingari (en société avec M. Giorza),
Milan, Scala, janvier 1864 ; gli Elementi, Paris,
Théâtre-Italien, 19 février 1866; la Momie,
Saint-Pétersbourg, janvier 1862; Ondine;
Wlasta, l'Amazzonedel IX secolo, etc.
Pugni avait commencé par écrire de la musi-
que religieuse, et même des symphonies , ainsi
que le constatait un journal spécial , i Teatri,
publié à Milan en 1827 (1" vol., p. 70) : — » Ses
« symphonies d'étude {di studio), à l'imitation
« des chefs-d'œuvre de Haydn, l'ont montré
« parfaitement digne de s'appliquer au genre
n sublime créé par un si grand modèle. » Pu-
gni est mort en 1869, à Saint-Pétersbourg, où
il était fixé depuis plus de trente ans. Aux œu-
vres citées ci-dessus, il faut ajouter la musique
d'un Imio alla Beneficenza, exécuté à la
Scala, de Milan, en 1833.
consultant le livre de M. Pompeo CambiasI : Rappre-
sentazioni date nei reali teatri di jMilano, 1778-1872 (Mi-
lan, Ricordi, 187î, in-4"). Ce qui est possible, et ce qui a
pu donner lieu à cette erreur, c'est que Pugni, comme il
l'avait fait pour d'autres ouvrages, ait écrit quelques
morceaux nouveaux pour cette reprise de l'ouvrage de
Welgl.
374
PUIG
PULITI
PUIG (Dernardo-Calvô), compositeur, orga-
niste et chanteur espagnol, né à Vich le 22 fé-
vrier 1819, commença l'étude du solfège avec
Francisco lîonamicli, maître de chapelle de la
cathédrale de cette ville , puis, devenu enfant
de chœur à cette église, travailla l'orgue avec
José Galles , et ensuite la composition avec
Bonamich. Ayant succédé comme organiste à son
maître Galles, puis ayant joint à ces fonctions
celles de sous-directeur de la maîtrise de la
cathédrale, il renonça , en 1838, à ces deux
emplois, pour aller terminer à Barcelone son
éducation artistique. Il travailla en cette ville
avec José Rosés et Juan Quintaiia, puis succéda
à celui-ci comme organiste de Notre-Dame del
Pino, et renonça à ce poste pour devenir con-
tralto à la chapelle de Santa-Maria del Mar
et ensuite à la cathédrale. Enfin , à la mort de
Francisco Andrevi (1853), il fut choisi pour
remplacer ce grand artiste en qualité de maître
de chapelle de l'église de la Merci et de direc-
teur de ïescolanie annexée à cette chapelle.
A partir de ce moment, M. Puig , qui déjà
s'était exercé avec succès dans la composition ,
tourna surtout de ce côté les efforts de son in-
telligence, et l'on assure qu'en 1866 le nombre
des œuvres écrites par lui ne s'élevait pas à
moins de cinq cent trente-cinq .' Parmi ces
oeuvres, il en est de fort importantes , entre
autres deux oratorios, dont l'un a pour titre la
Dernière Nuit de Babylone, et l'autre la Des-
cente de la Vierge à Barcelone pour fonder
l'ordre royal de la Merci. On cite, parmi ses
autres œ-uvres, quarante et une messes de di-
vers genres , un titabat Mater, un Miserere,
un service religieux pour le mois de mai (c'est-
à-dire trente et un hymnes ou cantiques, soit
un pour chaque jour de ce mois) , environ 200
hymnes, motets, psaumes, saluts, avec accom-
pagnement d'orgue ou harmonium, etc. Mais
M. Puig ne s'est pas borné au genre sacré; on
lui doit aussi un opéra en 4 actes , Carlo il Te-
merario, un opéra-comique en 2 actes, l'As-
tronomo, Mii&zarzuela en 3 actes, «n Novio
en dos personas, et enfin deux autres ouvrages
dramatiques. Don Gumersindo, et Don Fran-
cisco de Quevedo. J'ignore si un seul de ces
ouvrages a été représenté.
PULITI (Leto), né à Florence le 29 juin
IStS, reçut sa première éducation au collège des
Pères Calafanciens à Vollerre. Il avait treize ans,
quand son père, qui dirigeait la pharmacie de
la cour grand-ducale de Toscane, le rappela
à Florence pour lui faire étudier les sciences
naturelles, tout en lui permettant de prendre
des leçons de musique et de piano avec J. Dian-
chi, et plus tard, quoiqu'à regret, d'apprendre
la composition et le contre-point avec Pic-
chianti. A l'àgc de seize ans , il fut envoyé par
son père en Allemagne, en France et en Angle-
terre pour s'y perfectionner dans les sciences,
et profita de l'occasion pour étendre ses con-
naissances .musicales. De retour dans sa patrie,
il composa plusieurs morceaux de musique pour
chant, piano ou, orchestre, qui furent assez
bien accueillis; mais le soin des affaires, des
charges publiques et des missions scientifiques
eut ce résultat qu'après ses premiers essais il
abandonna presque entièrement la composition.
Dans les derniers temps de sa vie, il piit du
goût pour la littérature musicale et en particu-
lier pour l'histoire de la musique et la biogra-
phie des musiciens; il s'adonna avec ardeur à
cette élude, et produisit plusieurs travaux,
très-remarquables par une érudition étendue,
un sage esprit d'investigation et une critique
judicieuse. Ces travaux consistent en plusieurs
monographies insérées dans leSi4^^i de- l'Institut
royal de musique de Florence (vol. VI, VIII, IX
et XII), parmi lesquelles une mention spéciale est
due à l'étude dans laquelle M. Puliti, à l'appui
de documents incontestables, revendique pour
Barlolomeo Crislofori, de Padoue, luthier au
service du grand prince Ferdinand, fils du
grand-duc Côme III de Florence, l'honneur de
l'invention du piano. Il existe, en outre, de lui,
une lettre contenant l'histoire et le commen-
taire de trois madrigaux d'ArchadeIt et de
Tromboncino écrits sur des paroles de Michel-
Ange Buonarroti, lettre imprimée à la suite de
la vie de ce grand homme publiée par M. Gotti,
à Florence, à l'occasion de son quatrième cen-
tenaire (1).— M. Puliti travaillait à une Histoire
musicale de la ville de Florence, fovn laquelle
il avait déjà recueilli nombre de matériaux,
quand une mort soudaine , causée par la rup-
ture d'un anévrisme, vint le frapper dans toute
la force de l'âge, le 15 novembre 1875.
M. Puliti était chevalier de l'ordre de la Cou-
ronne d'Italie, membre résident de l'Académie
(I) m alcune poesiedi Michelamjelo Buonarroti poni
in 7niisica dai compositori delsuo tempo, leUera di Leio
PulitKEstraltodal volume II dclla f^ita di Michelangelo
Iluonarroli ilel conim. Aurcllo Gotti), Florence, 1875,
ln-8°, contenant, en partition, avec accompagnement de
piano, la musique de trois madrigaux à 4 voix, dont l'un
de Tromboncino et les deux autres d'ArchadeIt.
M. Guldl, l'éditeur de musique de KIorence, a fait une
édition de ces trois madrigaux, sans accompagnement, et
sans la lettre de Pullli : Tre Madrirjalidi Michelangiolo
liuomirroti, postiin miisica da Uartolommeo Trombon-
cino c da Ciacomo Mrchadelt, Florence, Guidl 1875, In-
8". — A. P.
PULITI — PYNE
375
de l'Institut royal de musique et de l'Académie
des Glorgofili de Florence, et de beaucoup
d'autres sociétés savantes.
L.-F. C.
*,PIJLLI (Pierre). —Ce compositeur a écrit
et fait exécuter à Modène une cantate de cir-
constance intitulée le Nozze del Piacere e
delV Allegria (1740). On lui doit encore la
musique d'un opéra bouffe, il Carnevale e la
Pazzia, et celle de deux farces napolitaines,
toutes deux représentées dans le cours de
l'année 1731 à Naples, sur le petit théâtre des
Fiorentini, et dont l'une avait pour titre la Ma-
rina de Cfiiaja, et l'autre, le Zitelle de lo
Vomniaro.
l'ULZOlXI (Francesco), excellent contra-
puntiste, né à Bologne, fut élève d'Agostino
Filipuzzi. 11 fit partie, dès l'année de sa fonda-
tion (1666), de l'Académie des Philharmoni-
ques de Bologne , et en fut élu prince en 1678.
PUZOXE (Giuseppe), chef d'orchestre et
compositeur italien, né à Naples au mois de dé-
cembre" 1821 , commença de bonne heure l'é-
tude de la musique , et fut ensuite admis au
Conservatoire de San-Pietro a Majella. Il eut
comme professeurs dans cet établissement Fer-
razzano et Rossi pour le hautbois , Lanza
pour le piano, Gennaro Parisi pour l'harmonie
accompagnée, Francesco Ruggi pour le contre-
point, enfin Donizettl, puis Mercadante, pour la
composition idéale et l'orchestration. Étant
encore sur les bancs de l'école, il écrivit une
messe à 4 voix avec orchestre, deux ouvertures,
un hymne composé en l'honneur de Rossini
pour une visite faite par ce grand homme au
Conservatoire, un Prélude funèbre à la mémoire
du comte de Gallemberg, et enfin un opéra
semi-sérieux, il Marchese Albergati, qui fut
représenté et accueilli favorablement au théâtre
Nuovo, en 1839. Il avait alors à peine dix-huit
ans.
En 1844, M. Puzone fut engagé au théâtre
San-Carlo en qualité de maestro concertatore,
et l'année suivante il donnait à celui du Fondo
son second ouvrage dramatique, il Figlio dello
Schiavo. Quatre ans plus tard, en 1849, il fai-
sait représenter au théâtre San-Carlo Elfrida
di Salerno, opéra sérieux en 3 actes , qui ,
comme le précédent , fut bien reçu du public.
Il n'en fut pas de même d'il Dottor Sabato,
opéra bouffe en 3 actes qui vit le jour en 1852
au théâtre du Fondo, et que les défauts du livret,
mauvaise imitation de celui du Barbier de Se-
ville, firent tomber lourdement. Depuis celte
époque, M. Puzone, qni est devenu l'un des
deux chefs d'orchestre du théâtre San-Carlo,
ne s'est plus reproduit à la scène comme com-
positeur.
Outre les œuvres qui ont été ci-dessus citées,
on doit à cet artiste les compositions suivantes :
2 messes à plusieurs voix , avec orchestre ; 2
Credo à 4 voix, avec orchestre ; 3 Tanhim crgo
à une ou 2 voix, avec orchestre ; le Tre Orc d'à-
gonia, oratorio avec accompagnement de piano
ou harmonium, violoncelle et contre-basse; un
grand nombre de motets , avec ou sans or-
chestre; plusieurs ouvertures à grand orchestre ;
quelques morceaux écrits pour deux opéras
de divers auteurs, il Ritratto di Don Liborio
et te Aozze frastornate da un pazzo.
PUZZl (Giovanni), virtuose d'une rare habi-
leté sur le cor, naquit à Parme dans les derniè-
res années du dix-huitième siècle. Il acquit de
bonne heure un talent des plus remarquables,
se produisit en public avec les succès les plus
vifs, et visita la plupart des grandes villes de
l'Europe en se faisant entendre partout au bruit
des applaudissements. Il fut, dit-on, pendant
plusieurs années, directeur d'un théâtre de Lon-
dres, où il mourut le 1*"^ mars 1876. Il a laissé
une Nouvelle Méthode pour apprendre le cor,
qui , je crois , n'a pas été publiée. — La femme
de cet artiste fut une cantatrice dramatique fort
distinguée , qui fit ses débuts à Alexandrie dans
le rôle d'Amina de la Sonnambula. /< Belle,
passionnée, dit un biographe (F. Regli), toute
âme dans les yeux , dans le sourire, dans la
personne, douée d'une voix juste, étendue,
flexible, elle chantait la musique de Bellini avec
des accents suaves et pathétiques, avec un style
tout italien , avec une élégance charmante, i»
PYIVE (Louisa), cantatrice anglaise juste-
ment renommée, fille d'un chanteur fort distin-
gué lui-môme, M. G. Pyne, est née en 1832.
Élève du fameux organiste et chef d'orchestre
George Smart, elle commença, à peine âgée de
dix ans , à se produire dans les concerts , se fit
entendre un instant à Paris en 1847, et, de re-
tour à Londres, entama sa carrière dramatique
en 1849. Engagée au théâtre royal italien de cette
ville en 1831, elle y fut reçue avec faveur, et, en
1854, alla faire en Amérique une grande tournée
artistique qui ne dura pas moins de trois années
et qui lui valut de véritables triomphes. Revenue
dans sa patrie,' elle forma avec M. Harrison,
ténor fort distingué, une association pour
l'exploitation à Londres de l'opéra anglais. Les
deux artistes donnèrent d'abord leurs représen
tations auLyceum, puis àDrury-Lane, etenfin,
à partir de 1859, au théâtre de. Covent-Garden.
C'est surtout à partir de ce moment que
l'entreprise Pyne-Harrison acquit une très-
376
PYNE
grande importance. Le talent des deux artistes
associés, leur activité, l'itnpiilsion qu'ils surent
donner à la musique nationale en représentant
des œuvres nouvelles de Wallace, de Balfe, de
Macfarren, de M. Benedict, attirèrent pendant
plusieurs années le public au Royal-English-
Opéra. La troupe réunie par eux comprenait
des artistes tels que miss Parepa, miss Pillin,
miss Fanny Cruise, MM. Santley, H. Corri,
Henry Haig, G. Howey, Saint-Albin, Mengis,
Lyall, Walhvorlh, Bartleman, Terroff, etc., et
l'orchestre était excellemment dirigé par un ctief
habile, Alfred Mellon. D'ailleurs, miss Louisa
Pyne était toujours sur la brèche, ainsi que son
compagnon, et l'autorité qu'ils avaient su ac-
quérir sur le public, la sympathie qu'inspirait
leur talent, n'étaient pas sans iulluence sur les
résultats matériels de leur entreprise. Les ou-
vrages nouveaux que les directeurs produisirent
sur la scène de Covent-Garden étaient Lurline,
Lové's Triumph, la Fleur du Dé^e/'i, de Wal-
lace, the Purilan's Daughter, the Armurer of
Nantes, Blanche de Nevers, la Rose de Cas-
tille, de Balfe, Ruy Blas, d'Howard Glover,
the Lilly of Killarney, deîM. Bénédicte the
Sloops to Conquer, de Macfarren, et chacun
de ces ouvrages était soutenu par le talent do
miss Pyne. Elle obtint aussi de très-grands
succès dans diverses traductions d'opéras fran-
çais : le Domino noir, les Noces de Jeannette,
les Diamants de la Couronne, et surtout le
Pardon de Ploèrmel,, 3i\ec lequel elle attira
la foule pendant plus de cinquante représenta-
tions.
Cependant, vers 1865, miss Louisa Pyne et
M. Harrisoa renoncèrent à leur entreprise
et rompirent leur association. Miss Pyne con-
tracta alors un engagement avec le théâtre de
Sa Majesté, et se produisit de nouveau dans
l'opéra italien, chantant Do7i Giovanni, le Nozze
di Figaro, l'Africaine, etc. En même temps ,
elle se faisait entendre fréquemment dans les
festivals et les concerts publics, et était souvent
invitée à chanter aux soirées de la reine, soit au
château de Windsor, soit au palais de Buc-
kingham. Je crois que depuis quelques années
cette excellente artiste a renoncé à une carrière
qui avait été singulièrement brillante pour elle,
et où elle n'avait connu que des succès. Miss
Louisa Pyne a épousé M. Frank Bodda, mais
elle a toujours conservé au théâtre le nom sous
lequel elle s'était fait connaître.
Q
' QtIAISA.Ij\ (Adrien).— Cet artiste est au-
teur d'un certain nombre d'opéras-comiques re-
présentés au commencement de ce siècle :
1" les Deux Ivrognes, un acte, Ambigu, 1800-,
2" le Mari (femprunt, un acte, Ambigu, 1800;
3°îine Éfourderie ou l'Une pour Vautre, un
acte, théâtre Feydeau, 1801 ; 4° la Dot ou le
Mari d'un jour, wn acte, 1801; 5° les Amants
absents, un acte, Ambigu, 1803. Mais, de tousses
ouvrages,celui qui obtint le plusde succès et dont
la musique était trouvée charmante, est la Musi-
comanie, écrit par lui sur un livret deGuiibert
dePixerécourt, et représentée l'Ambigu en 1800,
alors qu'il remplissait, avec un véritable talent, les
fonctions de chef d'orchestre à ce théâtre. Quai-
sain a écrit aussi, en société avec Quinebaud, la
musique de Ptiilomèle et Thérée, grande pan-
tomiinedialoguée donnée à l'Ambigu en 1800. —
La femme de ce compositeur appartint à divers
théâtres de Paris, entre autres à celui des Amis
des Arts, connu précédemment sous le nom de
théâtre Molière. Elle ne manquait point de mé-
rite, était douée d'une voix agréable, et se faisait
surtout remarquer dans les petits .opéras qu'on
jouait alors un peu partout.
* QUAXTZ (Jean-Joachim). _ On a publié
récemment sur cet artiste l'écrit suivant : la
Vie et l'œuvre de Jean-Joachim Quantz, maî-
tre de flûte de Frédéric le Grand, par Albert
Quantz (Berlin, Oppenheim, 1877, petit in-8° de
iv-56 p.). Cet opuscule est, pour sa plus
grande partie, la reproduction de l'autobiographie
écrite naguère par Quantz lui-même et publiée
en 1754 par Marpurg, dans ses Esquisses cri-
tiques (vol. I, p. 197); on y a ajouté un cata-
logue des œuvres de Quantz, ainsi qu'un supplé-
ment contenant quelques lettres de lui ou à lui
adressées, des éloges poétiques écrits à l'époque
de sa mort, et enfin une autre table de ses
œuvres, plus exacte et plus étendue. Cette bro-
chure peut être utile comme renseignement et
comme point de départ d'une étude sur Quantz,
mais le travail est mal fait, mal coordonné, sans
liaison et sans esprit de suite. L'auteur est l'ar-
rière-petit-neveu de Quantz lui-même, M. Albert
Quantz, secrétaire de l'administration des postes
à Gœttingue.
QUAINTZ (Otto), écrivain musical allemand,
frère de M. Albert Quantz, a publié, entre autres
écrits, une brochure ainsi intitulée : Zur chro-
malischen claviatur {De la chromatique du
clavier).
QUARANTA (Francesco), musicien ita-
lien contemporain, a écrit la musique d'un drame
lyrique intitulé Ettore Fieramosca , dont j'ignore
le lieu et la date de représentation. Cet artiste a
publié un recueil de Six Mélodies sur paroles
françaises et italiennes. On lui doit aussi une
messe avec orchestre, dont on dit la facture
aussi remarquable que l'inspiration, et quelques
morceaux de chant détachés.
QUARENGHI (Gucuelmo), violoncelliste
italien distingué, professeur et compositeur, né
à Casalmaggiore le 22 octobre 1826, est attaché
au théâtre de la Scala, de Milan, en qualité de
premier violoncelle, et depuis 1851 remplit les
fonctions de professeur pour cet instrument au
Conservatoire de cette ville, dont il a été l'élève
de 1839 à 1842. Cet artiste estimable a publié
un certain nombre de compositions pour le vio-
loncelle, parmi lesquelles je citerai les suivan-
tes : 1° Six caprices (Milan, Ricordi); 2" Ca-
priccio, avec accompagnement de piano (id.,
id.) ; 3° Sulla tomba di miopadre, chant élé-
giaque, avec piano (id., id.); 4° Prière, avec
piano (id., id.); 5° Romance, avec piano (id.,
id.); 6° Scherzo, avec piano (id., id.); ""un
Pensiero al lago, romance, avec piano (id., id.) ;
8° quelques fantaisies sur des motifs d'opéras :
Lucrezia Borgia, la Sonnambula, la Tra-
viata, il Trovatore, Rigoletto, etc. On connaît
encore de lui quelques quatuors estimés et plu-
sieurs messes. M. Quarenghi a voulu se produire
aussi au théâtre ; par malheur, il fit choix, pour
son premier et unique essai de ce genre, d'un
ancien livret bouffe de Romani et l'un des moins
heureux de ce poète distingué, quoiqu'il eût été
employé déjà par plusieurs compositeurs, sans
qu'aucun ait jamais pu réussir à le maintenir à
la scène. M. Quarenghi remit ce livret en mu-
sique, et l'ouvrage fut représenté à Milan au
mois de mars 1863, sous ce titre : il Di di San
Michèle. Le poème produisit sur les spectateurs
un tel effet de répulsion que la pièce put à peine
être achevée, et qu'il n'en fut plus jamais ques«
tion. Au mois de février 1879, M. Quarenghi a
378
QUARENGHI — QUEUX DE SAINT-HILAIRE
été nommé directeur de la chapelle du Dôme, de
Milan, en remplacement de Boucheron, mort ré-
cemment.
* QUATREMÈIŒ DE QUI\CY (An-
toine-Chrïsostome). — En dehors des trois no-
tices sur Paisiello, Monsigny et MéhuI, citées au
nom de ce savant critique (plus compétent su ce
qui concerne les arts plastiques qu'en ce qui
se rapporte à la musique), QualremèredeQuincy
a encore lu, dans les séances publiques de l'Aca-
démie des Beaux-Arts, trois notices sur Boiel-
dieu, Catel et Gossec. La première a été publiée
(Paris, Didot, 1835, in-é") (1), etlesdeux autres
ont dû lètre aussi. On retrouve d'ailleurs tous
ses éloges académiques sur les peintres, sculp-
teurs, architectes et musiciens dans le Recueil
de notices historiques lues dans les séances
publiques de V Académie royale des Beaux-
Arts de rinstitut par Qiiatrenière de Quincy
(Paris, Adrien Leclère, 1834-1837,2 vol. in-8").
QUATREUL (Jean), musicien distingué,
chanoine et sous-chantre à la cathédrale de
Rouen pendant la seconde moitié du quinzième
siècle, fut à trois reprises maître et instructeur
des enfants de chœur de cette église, d'abord de
septembre 1453 à 1456, puis de 1461 à 1462, et
une dernière fois en 1467.
* QUEISSER (Charles-Traugott), trom-
boniste allemand, est mort à Leipzig le 12 juin
184G.
QUEIVTIX (Alfred-Alexandre), musicien
français, né à Cherbourg (Manche) le 1"" janvier
1827, fut admis au Conservatoire de Paris, dans
la classe de trombone de Dieppo, et obtint le
second prix de trombone au concours de 1856,
et le premier prix l'année suivante. Il faisait, à
cette époque, partie de l'orchestre des concerts
Musard, et entra, peu après, à celui de l'Opéra.
Cet artiste a publié sous ce titre : Orchestration.,
traité d'instrumentation (Paris, l'auteur, in-
8'^), un manuel destiné surtout, dans sa pensée,
à rendre familière aux compositeurs la connais-
sance des instruments de cuivre qui entrent
dans la composition des orchestres sympho-
niques.
QUERALT (Francisco), prêtre et musicien
espaonol, né vers 1740 aux Borjas d'Urgel, en
Catalogne, fut un des contrapuntistes les plus
renommés de son temps, et forma un grand
nombre d'élèves qui tous devinrent des artistes
distingués et occupèrent d'importantes i)ositions.
On lui doit de nombreuses œuvres de musique
(1) Dans la liste de» écrits publiés sur Boleldlea que ]'al
dressée a la flo de mon livre : Boieldieu, ta vie, tes œu-
vret, son caractère, sa correspondance, J'ai oublié de
mentionner la notice de Qualrciiicrc de Quincy.
religieuse, écrites pour la plupart à deux et
à trois chœurs, et qui donnent une haute idée de
son habileté et de son savoir. Cet artiste fort
remarquable, qui a laissé un nom dans sa pa-
trie, mourut à Barcelone, le 28 février 1825, âgé
de quatre-vingt-cinq ans.
QUESADA (AnoLFo DE), pianiste et. com-
positeur de talent de l'école de Gottschalk et
d'Espadero, né à la Havane quelques années
après ces deux artistes, manifesta de bonne
heure les plus heureuses dispositions pour la
musique, et se fit entendre dans un concert à
l'âge de sept ans. On a de ce composileur les œu-
vres suivantes pour le piano : Trois contredanses
(la Havane, Edelmaiin); Marche dédiée au
marquis de Moncaijo (id.) ; Trois valses ar-
tistiques, op. 8, 10 et 12 (pubUées à Madrid);
Polonaise, op. 11 (id.); Trois mazurkas, op.
13 (id.)j Marche apothéose, à Gottschalk, op.
14 (id.) ; Cristoforo Colombo, marche .solennelle,
op. 15 (id.); Havane chérie, contredanse créole,
op. 16 (Paris, Heugel); Valse en la bémol (Bor-
deaux, Ravayre). La Marche-apothéose (dédiée
à Gottschalk), arrangée pour orchestre, a élé
exécutée avec un grand succès à Madrid, aux
Concerts populaires, sous la direction de M. Mo-
nasterio.
A. L— N.
QUESIVEL (J ), compositeur et écri-
vain français, né à Saint-Malo le 15 novembre
1749, mort à Montréal (Canada), le 3 juillet 1809,
fut d'abord marin. De 1768 à 1771, il fit un pre-
mier voyage à Pondichéry, à Madagascar, en
Guinée et au Sénégal, et, de 1773 à 1778, se
rendit à la Guyane française, au Brésil et aux
Antilles. En 1779, il fut fait prisonnier par les
Anglais, puis, ayant été mis peu de temps après
en liberté, il alla au Canada et se fixa à Mont-
réal, où il se fit naturaliser et se maria. Une
fois établi à Montréal, Quesnel, de voyageur et
de marin, devint littérateur et musicien. Il écri-
vit la musique d'un opéra-comique en 3 actes.
Colas et Colinette ou le Bailli dupé, qui fut
représenté en 1790, celle d'un autre opéra inti-
tulé Lucas et Cécile, et fit représenter V Anglo-
manie, comédie en vers, et les Républicains
français, comédie en prose. On lui doit aussi
des symphonies, des motels, des chansons et
des ariettes. Enfin, il a publié, en 1805, une
sorte de petit traité didactique : l'Art draina-
tique.
Je crois que la seule mention qui ait été faite
de cet artiste consiste dans la notice qui lui a été
consacrée dans le premier volume du Répertoire
national, publié à Montréal en 1848.
QUEUX DE SAINT-IIILAIRE (Le mer-
QUEUX DE SAINT-HILAIRE — QUINEBAUD
379
quis DE), amateur de musique français, letfré
délicat, membre de l'Association pour l'encou-
ragement des études grecques, auteur de divers
écrits littéraires, a publié l'opuscule suivant :
Lettre à M. Adolphe Blanc sur la musique de
chambre, par L. M. D. Q. D. S.-H. (Paris, impr.
Jouaust, 1870, in-S" de 32 pp.).
* QUICHERAT (Louis-Marie), conserva-
teur à la bibliothèque Sainte-Geneviève.— M. Qui-
cheral a publié en 1867 (Paris, Hachette) une
biographie fort intéressante, mais beaucoup trop
développée, de Nourrit : Adolphe Nourrit, sa
vie, son talent, son caractère. Quelque intérêt
que présentent la vie et la carrière d'un chan-
teur, il est vraiment trop de trois volumes in-
octavo pour raconter l'une et faire apprécier
l'autre, même lorsque des lettres fort curieuses
viennent, comme c'est ici le cas, compléter le
récit et l'éclairer d'une vive lumière. Ace compte,
dix volumes ne suffiraient pas pour retracer
l'existence d'un grand compositeur , mais alors
le public se refuserait à suivre l'écrivain, et nous
devons avouer que le public n'aurait pas tort. —
M. Quicherat a été élu, en 1864, membre de
l'Académie des Inscriptions et belles-lettres, en
remplacement du savant helléniste Hase.
QLILICHINI (Jean), organiste de l'église
paroissiale de Saint-Ours, à Loches (Indre-et-
Loire), a publié en 1875 un petit traité intitulé
Leçons élémentaires d' harmonie (Tours,in-8'').
QUILICI (DoMENico), compositeur, naquit
à Lucques en 1759, et eut pour maîtres Pas-
quale Soffi et Matteo Frediano. On lui doit en-
viron soixante-dix œuvres de divers genres, mais
pour la plus grande partie religieuses, parmi
lesquelles une messe de Requiem à quatre voix,
le psaume Beatus, des motets, etc. Doué d'une
vive intelligence et d'un grand amour de l'art,
Quilici, qui ne bornait pas ses travaux à la mu-
sique, mais qui était aussi très-versé dans les
lettres, dans la philologie et dans les mathéma-
tiques, était à la fois maître de chapelle de la
cour de Lucques, maestro concertatore au
théâtre de cette ville, et directeur d'une école
gratuite de musique qu'il avait organisée à ses
frais personnels lorsque, au commencement de ce
siècle, furent supprimés les séminaires de Saint-
Martin et de Saint-Michel. En même temps il di-
rigeait des concerts hebdomadaires, à orchestre
et chœurs, dans lesquels il faisait exécuter les
meilleures œuvres de musique classique. Cet
artiste aussi dévoué que distingué est mort à
Lucques le 9 novembre 1831, et a été l'objet,
de la part de ses compatriotes, d'honneurs excep-
tionnels.
QUILICI (Biagio), frère du précédent, na-
quit à Lucques le 24 août 1774, et fut aussi
élève de Pasquale Soffi. Il s'essaya dans la com-
position, et écrivit un Domine, un Dixit à
4 voix concertantes, et une messe k'Jk voix avec
instruments,qui fut exécutée dans les années 1804
et 1807 à la fête de sainte Cécile. Mais Quilici
s'aperçut que la nature ne l'avait pas doué d'une
forte dose d'imagination, et, n'étant aussi qu'un
médiocre organiste, il résolut de se consacrer à
l'enseignement du piano et de l'harmonie pra-
tique. Nommé maître de musique du séminaire
de Saint-Michel in foro, il se borna, dans
cet établissement, à enseigner la partie élémen-
taire de l'art. Cet artiste mourut à Lucques le
23 août 1861, la veille du jour où il allait ac-
complir sa quatre-vingt-septième année.
* QUILICI (Massimiliano), compositeur et
professeur, est le fils du précédent. Il a fait re-
présenter en 1838, au théâtre San-Denedetto,
de Venise, un opéra en 2 actes intitulé Bar-
tolomeo délia Cavallà, ossia VInnocente in
periglio, et à Florence, en 1861, un second
ouvrage, bouffe comme le précédent, la Penna
del Diavolo. Son premier opéra, Francesca di
Rimini, avait été joué à Lucques le 2 sep-
tembre 1829. Cet artiste est devenu directeur du
Lycée musical de Lucques, auquel il était précé-
demment attaché comme professeur.
* QUINAULT(Jean-Baptiste-Malrice). —
Voici les titres de quelques-unes des pièces
représentées à la Comédie-Française, pour les-
quelles cet artiste écrivit des airs de chant
ou de danse : les Captifs (1714), le Roy de
Cocagne (1718), Momus fabuliste (1719), Car-
touche (1721), Pandore (1721), le Galant
Coureur (1722), le ISouveau-Monde (1722), le
Philanthrope (MIZ), le Divorce de V Amour et
de la Raison (1723), VAmi de tout le monde
(1724), le Dénouement imprévu (1724), l'Im-
promptu de la Folie (1725), le Triomphe dit
Temps (1725), la Françoise italienne (1725), la
Chasse du cer/ (1726), les Nouveaux Débar-
qués {il1&), la Nouveauté {illl), les Amazo-.
nés modernes (1727), le Complaisant (1732),
etc. Quinault composa aussi une nouvelle musi-
que pour le Bourgeois gentilhomme de Molière,
à l'occasion de la reprise qui en fut faite en 1716,
et il refit celle des quatrième et cinquième inter-
mèdes de la Princesse d'Élide, pour la reprise
de 1722. La musique de Quinault faisait grand
plaisir, etdeLéris dit, dans son Dictionnaire des
théâtres, à propos du Roy de Cocagne : « Les
fleurs personnifiées y chantaient des airs fort
goûtés dont la musique était de Quinault.... ■
QUINEBAUD ( ), est le nom d'un artiste
obscur, qui a fait représenter : 1° Rose et Flor-
380
QUliNEBAUD -- QUOINTE
bel, opéra-comique on un acte, théâtre Mon-
lansier, 1800; 2° Philom'cle et Thérée, panto-
mime diaioguée dont il avait écrit la musique
en société avec Quaisain, Ambigu, 1800; 3° le
Voisinage, opéra-comique en un acte repré-
senté la même année au théâtre Favart, et dont
la partition portait, avec son nom, celui de
quatre autres compositeurs : Dugazon fils, Du-
buat, Bertrand et Pradher. En 1812 ou 1813,
Quinebaud entra comme alto à l'Opéra; il y
était encore en 1830.
QUITREE (Pierre), compositeur, maître
des enfants de chœur de la Saussaye, vivait à
la fin du seizième siècle. En 1585, ayant pris
part au concours du puy de musique d'Évreux,
il en tut récompensé par le prix de la lyre
d'argent, qu'il se vit décerner pour la chan-
son française intitulée : Bonjour mon cueur.
QUOiiVTE (Le P. LE), religieux et com-
positeur, vivait à la fin du dix-septième et au
commencement du dix-huitième siècle. On ne
possède aucun' renseignement sur lui, non plus
que sur l'ordre auquel il appartenait; on ignore
même s'il était Hollandais, Belge ou Français,
et l'on sait seulement que ses œuvres furent
publiées à Amsterdam, chez le célèbre éditeur
Etienne Roger. Voici la liste de celles de ses
compositions dont on a retrouvé la trace :
1° Pièces en trio pour les fiâtes, violons et
hautbois, composées à la manière italienne
et à la manière française; 2° Messes et
motets à Z, 'k et 5 voix et 5 instruments,
op. 2; 3° Sonates à 2 violons, premier haute-
contre, une basse de viole et une basse con-
tinue, op. 3; 4° Cantiques spirituels en trois
parties (messes, litanies, motets, Tantum
ergo), à 5 voix et 5 instruments ; 5° Mes-
se, motet, Te Deum et une litanie à 5 voix
et 5 instruments, op. 5 ; G° Psaumes concer-
tants à 1, 2, 3, 4 e^ 5 voix et ^ et b instru-
ments, op. 6; Mottetti a voce sola e basso
continuo, op. 7; Mottetti a voce sola contre
stromenti, op. 9.
R
RABAUD (Hippolyte-François), violon-
celliste distingué, né le 29 janvier 1839 à Sallèles-
d'Aude (Aude) , a été admis au Conservatoire
de Paris, dans la classe de M. Franchomme , en
1855. 11 obtint un premier accessit au concours
de 1857, le second prix en 1860, et le premier
prix en 1861. M. Rabaud est aujourd'liui vio-
ioncelle-solo à l'orchestre de l'Opéra et membre
de la Société des concerts du Conservatoire; il
a fondé, avec MM. Tandon, Desjardins et Lefort,
l'une des meilleures sociétés de quatuors de
Paris. On doit à cet artiste, outre quelques
morceaux de genre pour le violoncelle, une
bonne Méthode pour cet instrument (Paris,
Leduc).
RABAUD (LÉoNTiNE VAN DER MAË-
SEN D'AVIONPUITS, épouse), connue au
théâtre sous le nom de Léontinede Maësen, est
née en Belgique à Esneux , province de Liège (1).
Elle montra de bonne heure des dispositions pour
la musique, et le professeur de piano de la pension
où elle était élevée, à Visé, aimait à la faire chanter
et à exercer sa jolie voix d'enfant. Elle perdit pré-
maturément son père, qui , à la suite de revers
de fortune, s'était rendu en CaUfornie à la tête
<i'une compagnie de mineurs belges. Elle songea
alors à tirer parti de son talent et entra au Con-
servatoire de Liège, dirigé par Daussoigne-
Méhul. Elle y eut pour professeurs MM. Vercken
et Géraldy. Dès la première année de son séjour
à l'école, elle obtint le second prix de chant, et,
dès la deuxième, le premier prix. Sous ces
favorables auspices , elle alla à Paris perfec-
tionner son éducation musicale, et passa quel-
ques mois au Conservatoire, dans la classe de
M"'' Damoreau. Cependant, la situation de sa
famille lui faisait désirer de ne pas prolonger
trop longtemps ses études ; elle quitta le Con-
servatoire, et prit encore des leçons de Géral-
dy, qu'elle avait retrouvé à Paris, puis de
Duprez, qui la prépara à aborder le théâtre.
— En 1856-57, elle fut engagée à Grenoble
comme chanteuse légère de grand opéra, et, en
1857-58 et 1858-59, au Grand-Théâtre de Mar-
seille. Pendant cette dernière maison, elle avait
pris l'emploi de première chanteuse d'opéra-
(0 Fille d'un ancien procureur du roi à Verviers,
M-ne Rabaud de Maësen est née le isjuillet 1837. — a. r.
comique. Les années suivantes, elle chanta à
Lyon, où elle fut très-applaudie, surtout dans le
rôle de Marguerite de Faust, qu'elle avait créé
dans cette ville. En 1861-62, elle revint à Mar-
seille, où elle créa la Reine Topaze, et prit part
à plusieurs reprises intéressantes dues à la
direction Halanzier, notamment les Noces de
Figaro et Freyschiitz. En 1863, après avoir
donné quelques représentations à Lille, elle fut
engagée à Paris, au Théâtre-Lyrique. Les rôles qui
lui furent confiés étaient tout à fait en harmonie
avec la nature de son talent. C'était en effet
surtout un tempérament dramatique, servi par
une voix de soprano métallique , vigoureuse et
étendue. M"^ L. de Maësen créa avec éclat les
Pêcheurs de Perles, de Bizet, le Roi des Mines,
de M. Cherouvrier, l'Aventurier, du prince Po-
niatowski, la traduction française de Don Pas-
quale, et celle de Rigoletto, où elle fut très-
reraarquée. La presse fut unanimement élogieuse
sur son compte. Meyerbeer, qui préparait la mise
à l'étude de V Africaine , songea à elle pour sa
Selika, et exprima le désir de l'entendre dans la
vaste salle de l'Opéra. La mort du maître et
diverses circonstances en décidèrent autrement.
A ce moment, M'"'^ L. de Maësen, voulantaborder
les grandes scènes étrangères, prit la carrière
italienne. Elle fut engagée en Italie, et créa
d'une façon brillante, à Florence et à Reggio, la
Dinorah (le Pardon de Ploërmel) de Meyer-
beer. Elle fit ensuite une saison à Madrid.
Cependant, M'"'^ L. de Maësen avait contracté
un mariage des plus honorables avec un im-
portant armateur de Marseille, M. A, Rabaud.
Cette heureuse union, qui lui avait donné le
bonheur domestique, tendait depuis longtemps
à l'éloigner du théâtre. Les considérations de
famille finirent par l'emporter. Au moment
même où elle atteignait ce degré de notoriété
qui devait lui assurer une place distinguée
parmi les cantatrices contemporaines. M'"" Ra-
baud se décida courageusement à quitter la
scène pour se vouer tout entière à la vie d'in-
térieur et à l'éducation de ses enfants. Depuis
cette époque, elle n'a pas cessé d'habiter Mar-
seille, et n'a reparu en public que pour aider des
entreprises charitables ou servir les plus hauts
intérêts artistiques. Elle a soutenu et aidé de ses
conseils de jeunes artistes qui ont fait appel à
382
RABAUD — RABELAIS
sa bienveillance, et a formé plusieurs élèves,
entre autres M»» Baux, qui est aujourd'hui à
l'Opéra. Elle a popularisé, dans une audition
qu'elle donne chaque année au profit des pau-
vres, d'intéressants fragments d'œuvres peu
connues à Marseille, telles que les Troyens de
Berlioz, Marie-Magdeleine de Massenet, etc.
£a 1872, elle a chanté dans un grand festival
au profit de la libération du territoire l'oratorio
de Ruth de M. Alexis Rostand, et en 1875 le
Gloria Victis du même auteur, qui lui a dédié
cette dernière partition. Entin, elle s'est pro-
duite avec un très-vif succès à Bordeaux, dans
un concert de charité. — Depuis sa retraite,
son talent semble s'être encore développé ; elle
a acquis en quelque sorte plus d'autorité, une
manière plus large , une notion plus parfaite,
plus distincte des divers styles, et surtout peut-
être un sens plus fin, plus éclairé du coloris
poétique des oeuvres qu'elle a à interpréter.
La sœur de M™* Rabaud, M"« Camille de
Maësen, a suivi également avec succès la car-
rière artistique. Son nom a figuré dans les étals
de troupe de beaucoup de grandes scènes de
province et de l'étranger. Elle est restée plu-
sieurs années à Paris, à l'Opéra, et y a créé le
principal rôle de femme du Roland à Ronce-
vaux de M. Mermet.
Al. R-D.
RA6BONI (Giuseppe), flûtiste italien re-
nommé et compositeur pour son instrument ,
naquit à Crémone le 16 juillet 1800, et fit son
éducation musicale au Conservatoire de Milan,
où il fut élève de Giuseppe Buccinelli. Il était âgé
seulement de huit ans quand il fut admis dans cet
établissement, le 1" septembre 1808, c'est-à-
dire le jour même de son inauguration. Il en
sortit le 24 octobre 1817, pour y, rentrer dix ans
après, en 1827, enJquaUtéde professeur, à la
mort de son ancien maître. Lui-même conserva
ces fonctions jusqu'à son dernier jour, pendant
près de trente ans , et mourut à Varenne, sur
les bords du lac de Côme, le 10 juin 1856.
Rabboni fut un virtuose extrêmement remar-
quable , un professeur excellent , et un compo-
siteur distingué pour son instrument. Ses fonc-
tions de professeur au Conservatoire et de pre-
mière flûte à l'orchestre du théâtre de la Scala
ne l'empêchèrent pas de se produire non-seule-
ment en Italie, mais dans diverses villes d'Eu-
rope , qu'il parcourut en compagnie du fameux
clarinettiste Ernesto Cavallini, avec lequel, mal-
gré sa modestie et sa timidité, il remporta de
nombreux et brillants succès. Il a publié |>our
la flûte soixante-six compositions de divers gen-
res (dont une posthume), qui pendant longtemps
ont constitué une partie du répertoire des vir
tuoses italiens sur cet instrument. Parmi ces
compositions, je signalerai surtout les suivantes :
Divertissement pour flûte et piano, op. 41 ; Fan-
taisie, id., op. 43 ; Fantaisies, id., sat Linda di
Chamounix, Luisa Miller, Macbeth, Rigoletto,
Stiffelio, op. 48, 52, 53, 54, 56, 58; Grands
Duos pour 2 flûtes, op. 20, 22, 44, 47 et autres ;
2 Caprices pour 2 flûtes; Duos pour deux flûtes,
avec accompagnement de piano, sur Rigoletto,
Sti/felio, Leonora, il Trovatore (posthume),
op. 55, 57, 60, 67.
RABELAIS (François), écrivain français,
moine cordelier, puis bénédictin, docteur et pro-
fesseur de l'université de Montpellier, médecin
de l'Hôtel-Dieu de Lyon, secrétaire du cardinal
du Bellay, qu'il suivit à Rome, lors de ses am-
bassades, enfin curé des pa'-oisses de Soudray ,
du Jambet, et de Meudon, naquit vers 1483 ,
en Touraine, à Chinon, k ville insigne, ville
noble, ville antique, voyre première du munde, »
et mourut à Paris en 1553.
Ce sera assurément la première fois qu'on
aura vu le chantre des hauts faits de Gargantua
et de Pantagruel classé parmi les musicologues.
Il est des leurs pourtant, et comme, sans effort,
on peut le démontrer, pour la plus grande con-
fusion des commentateurs, qui, jusqu'à ce jour,
ont laissé inaperçu un des côtés les plus intéres-
sants de son génie encyclopédique. Rabelais, en ef-
fet, revient souvent sur la musique, qu'il fait aller
de pair avec la géométrie et l'arithmétique
[Pantagruel, 1. II, chap. [8) ; et il en parle tou-
jours en connaisseur passionné : « Nous dési-
rions tous nos membres en aureilles convertis ! »
fait-il dire â un de ses personnages , qui exprime
dans ce langage extatique le ravissement où
le jette la voix et le chant d'une abbesse. (P.,
1. V, ch. 8.) Ce n'est là, il est vrai, qu'un élan de
lyrisme. Mais les termes du vocabulaire musical
lui sont familiers ; il s'en sert au propre et au
figuré avec une égale aisance, les tourne et re-
tourne pour ajouter des couleurs à ses descrip-
tions ou pour donner un vernis de science aux
héros de son épopée ; il en fait même des lazzi,
et montre de toute manière qu'il en possède le
sens exact.
C'est ainsi que, louant les soldats de Grand-
gousier sur ,leur prudence, leur discipline, et la
belle régularité de leurs mouvements rhythmés,
il dit que « mieulx ressembloient une har-
monie d'orgues qu'une armée, on gendarmerie. »
[Gargantua^ 1. I, ch. 47.) Le peuple de Paris,
il le traite de « sot par nature, par béquarre et
par bémol » (P., 1. Il, ch. 7) ; plus loin (P.,
1. III, ch. 38), Tribouletest gratifié par Panurge
RABELAIS
383
des épilhètes de « fol de haulle gamme, de fol
deBquarre, et de B mol,» allusions à la solraisa-
tion, telle qu'elle se pratiquait encore au seizième
siècle (voir à cet égard le mot Propriété, dans
le Dictionnaire de musique moderne de Cas-
til-Blaze). Dans la célèbre scène de la tempête
(P.,1. IV, cil. 19), le poltron Panurge croit que le
vaisseau snr lequel il est monté vient de plonger
jusqu'au plus profond de la mer, et il s'écrie,
affolé de terreur : « Zalas ! sommes-nous au
dessous du gamma ut, » expression énergique
et très-pittoresque, Je contre-ut grave étant
alors la note la plus basse de l'échelle des sons
perceptibles. Nous ,, pouvons suivre encore
Pantagruel et ses compagnons au palais de la
reine Quinte-Essence, << qui guarit les ma-
ladies sans y toucher, seulement leur sonnant
une chanson, selon la compétence du mal. » {P.,
1. V, ch. 20.) Elle se sert à cet effet « d'orgues
de faczon bien estrange, car les tuyaulx sont de
casse en canon, le sommier de gayac, les mar-
chettes de rht iibarbe, le suppied de turbith, le
clavier de scammonie. » D'ailleurs, cette dame
Quinte, princesse très-gracieuse , « est de tous
bons accords, » jeu de mots où se révèlent les
connaissances que Rabelais devait posséder en
musique; car ce n'est plus là au dilettante que
nous avons affaire, mais au théoricien. Il faut
considérer, en effet, qu'à l'époque où il écri-
vit, l'harmonie consonnante prédominait dans
l'art profane aussi bien que dans l'art sacré. Ce
qu'il, appelle « bon accord » ne peut être , à
coup sûr, que l'accord parfait à l'état direct, soit
l'accord par excellence, et dont l'intervalle de
quinte est justement un des éléments caracté-
ristiques.
Nous pourrions multiplier ces sortes d'exem-
ples, mais nous avons hâte d'établir que l'éru-
dition de notre auteur s'étend aussi bien aux per-
sonnes qu'aux choses, ce dont témoigne ample-
ment le « Nouveau prologue du IV* livre de Pan-
tagruel. » On y trouve, en effet, une nomenclature
de cinquante-huit musiciens, la plupart de l'é-
cole néerlandaise, et ayant tenu un rang glorieux
depuis 1450 environ, jusqu'aux premières années
de la Renaissance. En burinant leurs noms dans
ses écrits, Rabelais semble acquitter une dette
contractée envers les compositeurs de son temps
dont les œuvres l'avaient charmé. 11 les fait
d'ailleurs intervenir dans son récit sans né-
cessité apparente, et pour le seul plaisir de les
• saluer au passage.
A ne prendre d'abord que ceux dont on
trouve la biographie dans ce dictionnaire, ce
sont : Josquin des Prés, — Ockeghem, — Ho-
brecht, — Agricola, — Brumel, — de la Fage, —
Prioris, — de la Rue, — Moulu, — Mouton, —
Gascogne, — Loyset Compère, — Penet, — Ri-
chardfort, — Roussel, — Adrian Villaèrt, —
Gombert, — Jannequin, — Arcadeit, — Clau-
din, — Certon, — Manchicourt, — Villiers, —
Sandrin, — Sohier, — Hesdin, — Morales, —
Passereau, — Maille, — Maillart, — Jacotin, —
Heurteur, — Verdelot, — Carpentras, — l'Hé-
ritier, — Cadéac, — Vermont, — Lupi, — du
Moulin, — Gendre.
Ce sont maintenant (et dans un ordre démé-
rite probablement inférieur, puisqu'ils ont été
dédaignés des biographes) : Camelin, — Vigoris,
— Bruyer, — Seguin, — Midy, — Fevin, —
Rouzée, — Consilion, — Constantio Festi, —
Jacquet Rercan, — Auxerre, — Doublet, —
Bouteiller, — Pagnier, — Millet, — Alaire, —
Morpain, — Marault.
Quant aux instruments de musique, Rabelais
connaît tous ceux de son temps, et il estime que
leur culture est une partie nécessaire d'un pro-
gramme d'éducation bien compris. Le jeune Gar-
gantua, nous apprend-il, s'exerçait en compa-
gnie de son précepteur Ponocratès, à « chanter
sus ung thème, à plaisir de guorge, » puis « à
jouer (lu luth, de l'espinette, de la harpe, de la
fluste d'Âleman et à neuf trous, de la viole, de la
saqueboute. » (G., I. I., ch. 23.) D'autre part
(G., I. I, ch. 57), les hôtes de la très-docte
mais très-réjouissante abbaye de Thélème « tant
noblement estoient apprins, que il n'estoyt en-
tr'enx,cellui, necelle,quine sceust lire, escripre,
chanter, jouer d'instruments harmonieux. » Plus
loin (P.,1. IV, ch. 35), nous rencontrons l'armée
des Andouilles, « furieusement en bataille, mar-
chante au son des vèzes, des piboles, des gogues
et des vessies, des joyeulx pifres et labours, des
trompettes et clérons. » Un autre passage est bien
digne de remarque encore : c'est celui qui établit
que l'artifice du de'manchement était pratiqué sur
les instruments à cordes dès le seizième siècle,
Panurge jette aux avides chats-fourrés (aux gens
de justice) une bourse pleine d'écus qui tombe
devant eux sur le parquet ; et « au son de la
bourse commencent tous les chats-fourrés jouer
des gryphes, comme si feussent violons déman-
chés. M (P., 1. V, ch. 13.) Enfin, au cours de son
récit, Rabelais mentionne encore le flageolet, la
cornemuse, les cymbales, la bouzine, les cliquet-
tes, la vielle, le hautbois, la musetie, le fifre, le
tmabourin, le rebec, la harpe, la guiterne, le cor-
net à bouquin, la lyre, la flûte de Pan, et l'orgue,
dont il analyse les diverses parties, comme il a
été vu plus haut. C'est, presqu'au complet, l'or-
chestre de la Renaissance.
La danse, vassale de la musique, etquiendérive
384
RABELAIS — RADECRE
si éviilemment, intéresse aussi Rabelais, et nous
voyons les personnages de son roman exécuter
tour à tour les pas de l'estrindore, du triori, de la
moresque, de la pyrrhique, des cordaces, de l'i-
tliynibon, et de l'amorabuquine. En un de ses cha-
pitres, il s'est môme fait chorégraphe -, il a donné
le scénario d'un ballet de sa composition qu'il
intitule « le Bal joyeulx en forme de tournoi, »
et qui est la représentation d'une partie d'é-
checs, dont les pions mouvants sont des danseurs
de chair et d'os. Les figures, ou plutôt les coups,
s'exécutent sur une « ample pièce de tapisserie
veloutée, faite en forme d'échiquier, sçavoir est à
carreaulx moitié blanc, moitié jaune. Et puis
deux orchestres suivent les péripéties du jeu, et
les accompagnent d'une façon expressive, en ob-
servant ce que nous appelons aujourd'hui (sans
l'avoir inventée) la vérité dramatique. En effet,
« les musiciens estoient huict de chascun costé,
avecques instruments touls divers, de joyculse
invention, ensemble concordants , variants en
touts temps et mesure, comme requerroit les pro-
grès du bal, ce que je trouvois admirable, atten-
du la numéreuse diversité de pas, de des-
marches, de saults, recours, fuites, embuscades,
letraictes, etsurprinses. Et sembloit que les per-
sonnages du bal tant soubdain entendoient le son
qui competoil à leurs démarches, ou retraictes,
que plustôt n'avoit signifié le ton, la musique
qu'ils se posoient en place désignée. » (P., 1. V,
ch. 23.) Or ce ballet si pittoresque a été réalisé
deux foisselonla teneur du scénario : d'abord en
1607, à la cour de Henri IV (et Bassompierre,
dans ses Mémoires, dit qu'il fut « plus ingénieux
qu'aucun autre qui se soit dansé ><) ; ensuite
le 17 mars 1858 , à l'Opéra, où il remplissait
une partie du troisième acte de la 'Magicienne,
d'Halévy. (Voir la gravure publiée par le Monde
illustré dans le n" 50 de sa collection, t. 11,
année 1858.) Le divertissement de la Juive,
« la Prise du Château-Fort, » était déjà inspiré
de la Sciomachie, ou relation donnée par Ra-
belais d'un carrousel qui eut lieu à Rome en
1549.
Enfin, dans notre littérature, il n'est certes
pas d'autre exemple d'un roman qui touche ainsi
à toutes les parties de l'art musical, sans que ce
soit d'ailleurs le thème spécial développé par
l'auteur ; et l'on peut dire que si les documents
que nous possédons sur la musique au seizième
siècle venaient à se perdre, on les retrouverait,
tout au moins à l'état d'indications, dans le livre
immortel de François Rabelais.
All.
RABUTEAU (Victou-Alfred PELLE-
TIER), pianiste, violoniste et compositeur, né
à Paris le 7 juin 1843, fit ses études théoriques
au Conservatoire de cette ville, où il fut l'élève
de M. Bazin pour l'harmonie et l'accompagne-
ment, et de M. Ambroise Thomas pour la fugue
et la composition. Il était à cette époque pre-
mier violon à l'orchestre du théâtre Déjazet.
Après avoir obtenu en 1864 un premier accessit
d'harmonie et accompagnement, le premier prix
en 1865, et en 1866 un premier accessit de fugue,
M. Rabuteau prit part au grand concours de
composition musicale, et en 1868 se vit décerner
le premier grand prix de Rome, en partage avec
Wintzweiller, son condisciple dans la classe de
M. Ambroise Thomas. Parmi les envois que le
jeune compositeur fit à l'Académie des Beaux-
Arts , comme pensionnaire de l'Académie de
France à Rome, figurait un oratorio intitulé le
Passage de la mer Rouge, qui fut exécuté au
Conservatoire, dans la séance d'audition des
envois de Rome du 23 mai 1874. Je ne sache
pas que M. Rabuteau se soit produit d'autre
façon, en dehors d'une suite symphonique qu'il
a fait entendre aux concerts du Châtelef, à peu
près à la même époque.
RACHELE ( ), compositeur italien,
est l'auteur de Castellana di Thurn, opéra qui
a élé représenté à Cagliari en 1862.
RADAU (R ), physicien français, est
l'auteur d'un livre plein d'intérêt qu'il a publié
sous ce titre : V Acoustique, ou les Phénomènes
du son (Paris, Hachette, 1867, un vol. in-12
avec 114 vignettes). Ce petit livre n'est pas un
traité scientifique sur la matière, mais un exposé
lucide et lumineux des principes qui régissent
la production, la naissance et la propagation du
son ; jusqu'à lui , il n'avait pas paru en France
une œuvre de vulgarisation aussi saisissante,
aussi claire et aussi vivante, concernant les phé-
nomènes de l'acoustique, et M. Radau, par cette
publication, a rendu un véritable service. On
doit au même écrivain , qui s'est beaucoup oc-
cupé de ces questions , un mémoire inséré dans
le Moniteur scientifique Quesneville, où il a
été donné sous ce titre : Sur la base scienti-
fique de la musique, analyse des recherches
de M. Ilelmholiz. Il a été fait un tii é à part de
ce travail intéressant et utile (Paris [1865], in-8"
de 22 pp.).
* RADECKE (Robert), un des artistes les
plus distingués de l'Allemagne contemporaine,
organiste de premier ordre, pianiste remarqua-
ble surtout dans l'interprétation des œuvres de
Beethoven et deSchumann, occupe depuis 1863
les fonctions de kapellmeister à l'Opéra royal
de Berlin. Il a fait représenter à ce théâtre un
opéra intitulé die Mœnkguter [les Biem des
RADECRE — IIADOUX
385
moines). Ses compositions s'élèvent aujourd'hui
au nombre d'environ cinquante, parmi lesquelles
une ouverture pour orchestre : Am Strandc,
op. 40; un recueil de 3 duos pour soprano et
contralto, op. 47; des lieder, etc.
RADECKE (Louise), ex-première chanteuse
du liiéàtre royal de Madrid et Tune des plus
remarquables cantatrices dramatiques de ce
temps, est née dans le Hanovre le 27 juin 1847.
Élève du Conservatoire de Cologne , elle eut pour
maîtres dans cet établissement M. Ferdinand
Hiller et M"'" Marchesi , et débuta d'une façon
très-heureuse sur le théâtre même de Cologne,
en 18C7, par le rôle d'Agathe du Freisc/iictz.
Elle obtint, par la suite, de brillants succès à
Berlin, à Weimar, à Carisruhe, à Rioja, et
enfin, en 1873, à Munich, où elle fut appelée
par le roi Louis de Bavière pour chanter les
opéras de M. Richard Wagner. Cette artiste dis-
tinguée ne s'est pas fait seulement remarquer
au théâtre; elle a donné, dans les principales
villes de l'Allemagne et de l'étranger, des con-
certs qui ont été pour elle une longue suite de
triomphes. M"" Louise Radecke a quitté la
scène en 1876, pour se marier avec le baron
von Briimmer. Depuis lors, elle ne s'est fait
entendre que dans des concerts de charité.
* RADICATÎ (Félix-Alexandre). — On a
publié sur cet artiste distingué la notice biogra-
phique suivante : Cenni intorno Felice Radi-
cati, célèbre suonatore di violino e contrap-
/mntista, par Carlo Pancaldi (Bologne, INobili,
1828, in-S").
RADOUX (Jean- Toussaint), musicien belge,
né à Liège le 4 septembre 1825, est un corniste
fort distingué. Nommé professeur^decor (1856) et
de chant d'ensemble au Conservatoire de sa ville
natale, oii lui-même avait été l'élève d'Hubert
Massartpour le cor et de Daussoigue-MéhuI pour
l'harmonie, le contre point et la fugue, il est
directeur de la célèbre société chorale la Legia
et de plusieurs autres sociétés musicales , en
même temps que maître de chapelle au collège
Saint-Servais. La carrière professorale de M. J.-
T. Radoux ne l'a pas empêclié de se livrer avec
activité à la composition. Outre un grand Te
Dexim avec orchestre , qui a été exécuté plu-
sieurs fois dans la cathédrale de Liège, on con-
naît de lui les (ouvres suivantes : Marie de Bra-
banf, épisode lyrique (théâtre de Liège, 2 mars
1854); ^e Réveil desTiircs, cantate (Liège ,1856);
Cantate patriotique (Verviers, 1866) ; la Pa-
trie eu le Roi, cantate (Liège, 1866). II a publié
aussi un recueil de 41 Mélodies religieuses
(Liège, Muraille), des mélodies profanes, des
chœurs, divers autres morceaux religieux, etc.
'BIOGU. LNIV. DES MUSICIENS.
sur PL.
Enfin, on connaît encore de lui un grand nombre
de morceaux pour musique d'harmonie, ainsi que
plusieurs transcriptions pour orchestre symplio-
nique, M. Radoux a été nommé, en 1875, che-
valier de l'ordre de Léopold.
RADOUX (Jean-Théodore), compositeur
belge distingué, est né à Liège le 9 novembre
1835. Fils d'un armurier, ses premières leçons
de musique lui furent données par son père,
qui jouait assez bien du violon et du cor, après
quoi il entra, dès l'âge de neuf ans, au Conserva-
toire de sa ville natale, où il obtint rapide-
ment un premier prix de solfège. Au bout de
quelques années, il fut admis dans la classe de
basson de Bâcha, où il remporta le premier prix.
Son maître étant mort en 1856 et la place qu'il
occupait ayant été mise au concours. M, Radoux
se présenta, exécuta une fantaisie de sa compo-
sition sur la Muette de Portici et l'emporta sur
tous ses concurrents. Le lendemain même de ce
succès, il se voyait décerner un premier prix de
piano , et presque aussitôt entrait dans la classe
de contre-point et fugue de Daussoigne-MéhuI ,
le directeur du Conservatoire, dont il devint
bientôt le disciple favori. Ses progrès furent ra-
pides, et dès 1857 il faisait exécuter à la cathé-
drale de Liège un Te Deum qui était fort bien
accueilli. Il se décida alors à prendre part, en
1859, au concours de composition de Bruxelles,
et obtint le grand prix de Rome pour la cantate
intitulée le Juif errant, dont les paroles avaient
été écrites par M"'' Braquaval. Ce prix lui fut
décerné à l'unanimité, ce qui ne s'était pas
encore vu depuis la fondation du concours de
Rome en Belgique en 1840.
Ce n'était pourtant pas sans peine et sans
obstacles que M. Radoux avait pu poursuivre
la carrière dans laquelle il s'était engagé. Son
père s'était longtemps opposé à ses désirs, vou-
lant lui voir embrasser sa propre profession ,
celle de musicien lui semblant trop peu lucrative.
La famille Radoux se composait de huit per-
sonnes, et son chef désirait que le jeune homme
contribuât pour sa part au bien-être général.
Tout en faisant ses éludes, le futur compositeur
dut donc s'ingénier à gagner sa vie, et il y
réussit, soit en chantant dans les églises , soit en
jouant du basson dans les processions, dans les
bals, dans les sérénades ou à l'orchestre du
théâtre, soit enfin en donnant des leçons de
solfège à des élèves à peine plus jeunes que lui.
A peine eut-il remporté son prix de Rome,
M. Radoux songea à venir se perfectionner à
Paris ; mais, avant de partir, il écrivit un « ta-
bleau symphonique )) en trois parties, Ahasvé-
rus, qu'il fit exécuter à Liège. Par malheur ,
T. II. 25
386
IIADOUX — RAEJNTROrH
les doctrines wagnériennes, qui déjà commen-
çaient à exercer leurs ravages en Belgique,
avaient hanté plus que de raison le cerveau du
jeune artiste; son œuvre s'en ressentit, et sou-
leva de vives critiques dans la presse. Il vint
à Paris, convaincu qu'il avait fait fausse route,
y passa quatre années, et se plaça sous la direc-
tion d'Halévy , qui le prit en grande estime et le
remit dans la voie qui convenait à son tempé-
rament. Pendant son séjour à Paris, M. Radoux
écrivit un grand nombre de mélodies vocales
que son ami , le grand chanteur Géraldy, pro-
duisit frénuemment dans les concerts , et qui
alliaient à une inspiration aimable et distinguée
une forme très-sévère et très-chàtiée.
A partir de ce moment, les compositions de
M. Radoux se succédèrent rapidement, comme
on va le voir par cette nomenclature : le Festin
de Balthasar, 2" tableau symphonique, exécuté
à Liège en 1861 ; Te Deiim, demandé par le gou-
vernement, exécuté à l'église Sainte- Gudule de
Bruxelles en 1863, et considéré comme une
œuvre fort remarquable ( il a fait l'objet d'un
rapport très-élogieux de Fétis à l'Académie de
Belgique); Épopée nationale^ troisième ouver-
ture symphonique (Bruxelles, 1863); l'Art et
la Liberté, hymne pour harmonie (ou sym-
phonie) et chœurs (Verviers); le Travail, id.,
écrit et exécuté pour l'inauguration de la statue
de John Cockerill à Seraiiig; quatrième ouver-
ture symphonique (Liège, 1864); Fragments
symphoniques , pour 2 orchestres (Bruxelles,
Concerts populaires, 1868); Grande Marche
royale (Liège, pour la visite du roi, 1866); le
Béarnais, opéra-comique en 3 actes et 4 ta-
bleaux, représenté avec un grand succès à Liège
en 1866, puis à Bruxelles avec d'importants re-
maniements ( avait été reçu au Théâtre-Lyrique
de Paris en 1864 ); la Coupe enchantée, opéra-
comique en 2 actes, joué à Bruxelles en 1872
(avait été reçu à l'Opéra-Comique en 1870);
Grande Marche internationale, pour harmonie
ou symphonie; Grande Marche nationale belge,
id.; Hymne triomphal pour voix et orchestre ,
composé à l'occasion de la visite des rijlemen
à Liège, production magistrale qui valut à son
auteur la décoration de chevalier de l'ordre de
Léopold; Gain, oratorio exécuté au quatrième
grand festival de Belgique dirigé par M. Théo-
dore Radoux (Liège, 1877); la Fille de Jephté,
cantate pour so/i, chœurs et orchestre; le Prin-
temps, clKPur pour voix de femmes, avec or-
chestre.
' M. Radoux a publié , en dehors des œuvres
qui viennent d'être citées, les compositions sui-
vantes : "M) MéioJies pour chant et piano (1'^'' vo-
lume, Paris, Heu, avec portrait); 20 Mélodies
pour chant et piano (2* volume, Liège, Gevaert);
10 Romances sans paroles pour le piano Liège,
Muraille ) ; 6 Morceaux religieux à une ou plu-
sieurs voix, avec ou sans chœurs, accompagne-
ment d'orgue (id., id.); [le Serment des Fran-
chimon'tois, les Venettrs , les Montagnards
Spadois, le Chant des matelots , thonns à 4
voix d'hommes; 6 Mélodies pour violon et piano
(Paris, Gregh;, etc., etc. M. Radoux a en porte-
feuille trois opéras inédits: André Doriu, dont
l'ouverture a été exécutée en public, le Mira-
cle, opéra-comique en un acte, et une Aven-
ture sous la ligue, opéra-comique en un acte.
Après la mort d'Etienne Soubre, et ()ar arrêté
royal en date du 14 septembre 1872, M. Radoux
a été nommé directeur du Conservatoire royal
de Liège. En ,1877, il a été promu au grade
d'officier de l'ordre de Léopold. 1\L Radoux a
épousé, il y a quelques années. M"* de Grelle,
nièce de M. Charles Rogier, l'ancien et célèbre
homme d'État belge.
RADOUX (J... .-Joseph), frère du précé-
dent, né en 1833, mort à Liège le Ij avril
1877, fut élève du Conservatoire de cette ville ,
où il obtint un premier prix de violon, et fit,
comme ses deux frères, d'excellentes études
d'harmonie, de contre-point et de fugue avec
Daussoigne-Méhul. Professeur de musique aux
écoles communales de Liège, directeur de plu-
sieurs sociétés chorales, entre autres VEuterpe
et V Union chorale, il a com[)osé un très-grand
nombre de motets, de romances , de chœur.s
pour voix d'hommes sans accompagnement, etc.
Un quatrième membre de cette famille, frère
aîné des trois précédents, né vers 1822, occupe
l'emploi de premier contre-bassiste à l'orchestre
du théâtre royal de Liège. 11 n'a jamais com-
posé.
*RADZIWILL (Le prince Aîstoine-Heiski),
grand amateur de musique, était né à Posen le
13 juin (et non juillet) 1775, et mourut à Berlin
le 7 (et non du 8 au 9) avril 1833.
* IIAEJIVTROPH (FoiiTUNATo), et non
RAIEjVTROPH , compositeur italien dont le
nom semble indi(iuer une origine slave, est né à
Naples le 6 mars 1812, et, s'étant adonné de
bonne heure à l'étude de la musique, lit un
cours complet d'harmonie et de composition
avec Pietro Raimondi. On connaît de lui huit
opéras , qui, je crois , ont tous été re[)résentés à
Naples, et dont voici les titres : 1° un Matri-
monio inopinato ; 2" Amore e Scompigiio ;
3" Vent'anni di esilio; 4°; l'Astuccio d'oro
(th. Kuovo, 1838); 5° Allan Cameron .id.,
1839j ; 6° lo Zio Baltisia ; 1" StefancUa ; 8" Cas-
KAEJNTROPH — RAFF
387
iellamviare ; 9° la Figlia delSoldato. M. Raejn-
troph, qui a publié quelques morceaux de
piano et des mélodies à une et deux voix, a
écrit aussi un assez grand nombre d'œuvres de
musique religieuse. Il est mort à Naples le
Il mars 1878.
Un frère de cet artiste, M. Girolamo liaejn-
tropli, né à Naples au mois de mars 1820, a été
l'élève de son frère pour le piano et de Mario
Aspa pour le contre-point. Il s'est consacré à
l'enseignement du piano , a publié, un grand
nombre de transcriptions pour cet instrument,
et a fait exécuter diverses œuvres importantes
de musique religieuse qui sont restées inédites ,
mais parmi lesquelles on a surtout remarqué
plusieurs messes de Gloria.
RAFAËL (Frvnçois-Xavier), compositeur
dramatique allemand, né le 12 février 1816 à
Treppau, en Silésie , mort le 19 avril 1867 à
Gratz, a fait représenter les ouvrages suivants :
1° Henri le violoneux, 2 actes, Olraiitz, 1860 ;
20 Witiekind, grand opéra en 3 actes, Gratz,
2 mars 1861; 3° .4 la Veillée, Gratz, 1864;
4^* Tours déjeune homme, 1 acte, Gralz ,
4 mars 1865.
* RAFANELLI (Lotis), oa Raffa7ielli, cé-
lèbre cbanteur bouffe italien , naquit à Pistoia,
et non à Lecce, le 21 mars I7ô2. Je tire ce
double renseignement d'un opuscule publié ré-
cemment par M. G. C. Rospigliosi : Notizie dei
maestri ed arlicti di musica pisloiesi (Pistoia,
Niccolai, 1878, in-12). Selon l'auteur de ce petit
écrit, Rafanelli serait mort à Milan en 1821.
* RAFF ( Joseph- Joachim), l'un des musi-
ciens les plus actifs de l'Allemagne contempo-
raine, est né le 27 mai 1822 à Lachen, dans le can-
ton de Schwyz (Suisse), où ses parents faisaient
un séjour momentané. Malgré cejiasard de sa
naissance, M. Ratf est bien de race et d'origine
allemande, et il est resté sujet wurtembergeois.
Jusqu'à l'âge de dix-huit ans, il se consacra ,
d'abord en >Vurtemberg, puis au lycée des jé-
suites de Schwyz, à des études philologiques,
mathématiques et philosophiques. A cette épo-
que, la situation de fortune de sa famille le mit
dans l'impossibilité de terminer ses cours à l'u-
niversité, et il se vit même obligé d'accepter, pour
vivre, une position dans l'enseignement. Cest
à ce moment que son goût pour la musique , qui
avait toujours été très-prononcé, se développa
d'une façon considérable. Déjà il avait étudié
avec fruit le piano , le violon et l'orgue ; bientôt
il songea à faire quelques tentatives dans le do-
maine de la composition , et, en 1843, il s'a-
visa d'envoyer quelques-uns de ses essais à
Mendelssohn, qui le, recommanda aussitôt aux
fameux éditeurs Breitkopf et Hsertel, de Leipzig.
Ce résultat encouragea M. Raff, au point que
dès lors, et malgré l'opposition qu'il rencon-
trait auprès de ses parents, il résolut de se con-
sacrer complètement et exclusivement à la mu-
sique.
Le jeune artiste eut à supporter des crises
difficiles , à surmonter bien des obstacles , à
lutter môme contre les besoins matériels de la
vie, jusqu'au jour où il eut la chance de rencon-
trer le grand pianiste Franz Liszt. Celui-ci le
connut pendant une tournée de concerts qu'il
faisait en Suisse, et lui proposa de le suivre
comme accompagnateur. C'est ainsi que M. Raff
arriva en 1846 à Cologne, d'où M. Liszt se rendit
seul à Paris, et qu'il songea à se créer une posi-
tion en celte ville , où il fit la connaissance di-
recte de Mendelssohn. Il ht part à ce maître du
besoin qu'il avait de pousser plus loin son édu-
cation musicale, et Mendelssohn, qui repartait
pour Leipzig, l'engagea à venir le retrouver;
mais au moment où le jeune compositeur son-
geait à mettre ce projet à exécution et à se
rendre à l'invitation qui lui avait été faite , la
nouvelle de la mort de Mendelssohn vint ren-
verser toutes ses espérances et l'obliger à rester
à Cologne, [l s'occupa à cette époque de diffé-
rents travaux de littérature musicale, et prit une
part active de collaboration au journal Cœcilia,
dirigé par S.-W. Dehn et que publiait alors la
maison Schott, de Mayence. On raconte que les
écrits du jeune artiste avaient inspiré à Dehn
une telle estime, que quand, deux ans plus
tard , celui-ci se trouva en face de son colla-
borateur, il refusait d'en croire .ses yeux, ren-
contrant un homme à peine âgé de vingt-cinq
ans, alors que la maturité de son esprit lui avait
fait supposer qu'il en avait au moins quarante.
Néanmoins, la question des nécessités de
l'existence s'était soulevée de nouveau pour
M. Raff, et il conçut la pensée d'aller chercher
une situation à Vienne, où une chaude recom-
mandation de Liszt à l'éditeur de musique Karl
Mechetti devait lui aplanir les obstacles. Mais la
fatalité semblait le poursuivre, et il était on
route pour Vienne lorsqu'il apprit la mort de
Mechetti. Il se décida alors à se rendre à Stutt-
gard, patrie de sa famille, et se remit au travail
avec ardeur, afin d'acquérir ce qui lui manquait
encore pour devenir un virtuose et un compo-
siteur. Mais s'il réussit sous ce rapport, ses
tentatives furent vaines lorsqu'il voulut faire
exécuter quelqu'une de ses grandes composi-
tions-, en effet, Lindpaintner, qui remplissait à
Stuttgard les fonctions de maître de chapelle,
représentait en cette ville l'esprit musical clas-
388
RAFF
sique el la tradition, et l'on conçoit qu'il se soit
facilement effarouché des tendances ultra-ro-
mantiiiiies de M. Raff. Cependant, celui-ci ayant
fait la connaissance de M. Ilans de Biilow , ce
dernier le prit en grande estime et consentit
sans peine à exécuter, dans un des concerts
d'abonnés de la salle de la Redoute, un morceau
composé expressément à son intention par son
nouvel ami. L'auteur et le compositeur rempor-
tèrent en cette circonstance un brillant succès,
el bientôt M. Raff s'occupa d'écrire un opéra en
4 actes, le Roi Alfred, que Reissiger, à cette
époque maître de chapelle à Dresde, s'engagea à
faire représenter sur le théâtre de cette ville.
Mais cette fois encore la destinée semblait con-
traire à l'artiste, et les terribles événements po-
litiques de 1849 mirent à néant les projets for-
més. Enfin, quittant Sluttgard pour aller
trouver Liszt à Hambourg, il le suivit à Weimar,
où l'illustre virtuose, interrompant ses voyages
artistiques, se décida enfin à occuper de fait les
fonctions de maître de chapelle de la cour, qu'il
n'avait exercées jusqu'alors que d'une façon
nominale.
C'est à Weimar, dans cette petite ville illus-
trée par le séjour et le souvenir du plus grand
homme de TAUemagne moderne, et qui est tou-
jours restée un foyer de civilisation artistique,
que M. Raff trouva enfin une sphère d'action
correspondant à ses désirs et à son ambition.
C'est là qu'il fit la connaissance d'un grand
nombre d'hommes distingués dans tous les
genres, et qu'il rencontra Dehn et A.-B. Marx,
dont la fréquentation ne fut pas sans opérer sur
son esprit une salutaire influence. Un des fruits
de son séjour à Weimar fut un remaniement de
son opéra le Roi Alfred, qu'il obtint de voir
représenter, sous la direction de Liszt, pour
l'anniversaire de naissance de la grande-du-
chesse Maria Paulowna, qui l'avait pris sous sa
protection particulière. L'ouvrage, pourtant,
n'obtint qu'un médiocre succès , et ne fut joué
sur aucun autre théâtre; on sait, d'ailleurs, que
le théâtre n'est point le fait de M. Raff, et que
ce milieu n'est point favorable à son talent pro-
digieusement inégal.
Mais c'est alors que commença pour lui l'ère
active de la production. 11 écrivit successive-
ment à Weimar sa première composition pour
piano el violon, diverses œuvres pour piano seul,
une ouverture de fête qui fut exécutée dans un
des concerts de la cour, et un Te Demn qu'il fit
entendre dans la principale église de la ville à
l'occasion de l'avènement au trône du grand-duc
de Saxe. A celte époque aussi, il recommença à
s'occuper avec ardeur de critique et de polé-
mique musicales, ainsi que le prouvent ses let-
tres] à là Neiie Zeitzschri/t fiir Musik {Nou-
velle Revue de musique) de Leipzig, et sa
brochure : la Question tvagnérienne, dans la-
quelle il prenait avec ardeur la défense des
idées mises en cours par le futur auteur de
Tristan et Iseulde et des Niebelungen. Ces
travaux littéraires pourtant ne lui firent en au-
cune façon négliger la composition. A partir de
1854, époque de ses fiançailles avec une jeune
tragédienne, Mi'e Doris Genast, il s'occupa sur-
tout de musique de chambre, écrivit sa pre-
mière sonate pour violon , son premier quatuor
pour instruments à cordes, la seconde sonate et
quelques autres 03uvres du même genre ; puis
parut la musique pour le drame intitulé Ber-
nard de Weimar, bientôt suivie de la suite
d'orchestre en fa mineur, du Psaume 121, et
du morceau de concert la fée d'amour, pour
violon et orchestre. En 1855, le compositeur
part pour Wiesbaden, sa fiancée étant engagée
au théâtre de celte ville , et peu après il y fixe
tout à fait son séjour, se livrant à l'enseigne-
ment, devenant le professeur de piano le plus
recherché de la ville, et ne cessant pourtant pas
d'écrire. 11 se marie enfin en 1859, et bientôt
livre au public la symphonie : A la Patrie, la
suite d'orchestre en ut, la seconde symphonie ,
qui obtient un très-grand succès, deux cantates
importantes, et diverses autres compositions.
Toutes ces œuvres, successivement exécutées à
Wiesbade, à Carlsruhe, à Berlin, à Vienne, à
Dresde, à Leipzig, à Kœnigsberg, répandaient
le nom de l'artiste dans toute l'Allemagne, même
à l'étranger, lui créaient une réputation consi-
dérable , et lui valaient des honneurs répétés.
C'est ainsi que M. Raff se voyait nommer suc-
cessivement membre de l'Association des Amis
de la musique de Kœnigsberg, de celle des Ar-
tistes musiciens de Dresde , de la Société du
Quatuor de Milan, de la Société philharmonique
de New-York, de l'Institut royal fie musique de
Florence, etc. L'apparition de sa 3® symphonie ,
Im Wald, mit le sceau à sa renommée , et cette
vaste composition fut applaudie non-seulement
en Allemagne, mais aussi en Belgique, en An-
gleterre, en Russie et même, dit-on, en Italie ;
quant à la France, nous devons faire des ré-
serves, car on sait que cette œuvre y a été vi-
vement discutée.
Mais si, comme symphoniste, comme compo-
siteur dans le genre instrumental , M. Raff s'est
placé en quelque sorte à la tête de l'école alle-
mande contemporaine , il a été beaucoup moins
heureux, il faut le constater, lorsqu'il a voulu
écrire pour la voix, et surtout lorsqu'il s'est
1
RAFF
389
attaqué au tliéàtre. Les nombreux lieder qu'il
a publiés sont loin li'ètre devenus populaires, et
ont toujours été, au contraire , accueillis avec
froideur. Quant à ses deux ouvrages dramati-
ques, le Roi Alfred, et l'opéra-comique Dame
Kobold (représenté à Weiniar en 1870), aucun
n'a eu de succès. Un grand opéra en 5 actes ,
Samson, dont M. Raff a écrit les paroles et la
musique, n'a même pu voir le jour jusqu'ici.
M. Raff est un musicien instruit, mais éton-
namment inégal, ne sachant pas régler son ins-
piration, ne sachant pas se priver d'écrire lors-
qu'elle lui fait défaut, se figurant trop souvent
qu'une habile pratique de la science musicale
peut suppléer à l'imagination, et paraissant ne
s'inquiéter que médiocrement de la valeur re-
lative des œuvres qu'il livre au public. De
ce dédain parfois trop accentué pour le carac-
tère poétique et spirituel de la musique, de cette
insouciance trop fréquente de la recherche de
l'idée musicale, que l'artiste paraît vouloir rem-
placer trop facilement par la formule ou par la
banalité, il résulte un véritable dérèglement
dans la production , qui aboutit à un manque
violent d'équilibre entre les diverses œuvres du
compositeur et, si l'on peut dire, à un manque
absolu de respect envers le public. Aussi,
parmi les quelques centaines de compositions
écrites par M. Raff, peut-on constater qu'il en
est d'excellentes, tandis que d'autres sont fran-
chement et absolument détestables. Ce qu'il y a
de plus étrange encore, c'est qu'avec son habileté
technique incontestable, il arrive que M. Raff,
dans sa démangeaison d'écrire quand même,
produit des œuvres dont non-seulement le
charme est nul au point de vue de la conception
idéale, mais dans lesquelles on ne trouve même
ni style ni talent pratique. Je n'en veux pour
preuve que la suite pour violon et orchestre, op.
180, et certaine suite pour piano et orchestre,
qui n'est point meilleure. D'autre part, il faut
citer, parmi les productions les mieux venues
du compositeur, la première sonate pour violon,
la sonate pour violoncelle, op. 183, elles deux
grands trios. Que l'on compare les unes aux
autres, et l'on verra s'il n'est pas singulièrement
fâcheux qu'un artiste aussi instruit, aussi bien
doué, ne puisse imposer parfois le repos à sa
plume, et n'ait pas davantage souci de sa re-
nommée et des plaisirs du public.
Je vais essayer de dresser, au moins au point
de vue général, un catalogue des œuvres nom-
breuses de M. Raff. — Musique dramatique. Le
Boi Alfred , opéra en 4 actes, Weimar, vers
1850; Dame Kobold, opéra-comique en un
acte, Weimar, 1870; musique pour 5er7iard de
Weimar, drame; Samson, opéra en 5 actes,
non représenté. — Musique sympiionique. S Sym-
phonies à grand orchestre (dont la plupart avec
des titres particuliers : A la Patrie, Im Wald,
In den Alpen , Lénore, etc. ) ; 2 Suites d'or-
chestre; 5 Ouvertures; Sirifonielta pour 2 flft-
tes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons et 2
cors, op. 188 ; Marche pour orchestre. — Mu-
sique RELIGIEUSE. 7)6 Pro/'ijnrfi.s (psaumo 130),
pour voix seules, chour et orchestre; Psaume
121, pour voix seules, chœur et orchestre; Te
Deum. — Musique vocale. Éveillez-vous,
cantate pour voix d'hommes, avec orchestre;
Pour la fêle de la bal aille de Leipzig, id.;
le Roi des songes et son amante, ballade pour
voix seule et orchestre ; la Bergère, la Fiancée
du chasseur, scènes pour voix seule et orches-
tre ; Dans la barque. En danse, Chant du
matin, A une endormie, chœurs avec accom-
pagnement d'orchestre; 30 chœurs à 4 voix,
sans accompagnement; 6 morceaux à 3 voix,
avec piano; 12 morceaux à 2 voix, avec piano;
30 lieder k une voix, avec piano, op. 9S; 8
chants pour une voix, avec piano, op. 173; 12
morceaux de chant, en 3 livres, op. 114. — Mu-
sique concertante avec orchestre. La Fée
d'amour, pièce de concert pour violon; Con-
certo en la mineur, pour violon, op. 161 ; Suite
en 50/ mineur, pour violon, op. 180; Concerto en
/■e mineur, pour violoncelle, op. 193; Ode au
printemps, morceau de concert pour piano;
Concerto en ut mineur, pour piano, op. 185;
Suite en mi majeur, pour piano. — ïMusique
INSTRUMENTALE DE CHAMBRE. Quiutctte pOUr
piano, 2 violons, alto et violoncelle, op. 107;
Octuor pour piano et divers instruments ;
Sextuor pour piano et divers instruments;
2 Quatuors pour piano, violon, alto et violon-
celle; 4 Trios pour piano, violon et violoncelle;
8 Quatuors pour 2 violons, alto et violoncelle;
5 Sonates pour piano et violon, op. 73, 78, 128,
129 et 145; Au Soir, rhapsodie pour piano et
violon; Cyklische Tondichtung, 9 Pièces pour
violon avec piano, op. 203; divers autres mor-
ceaux pour piano et violon ; Sonate pour piano et
violoncelle, op. 183; 5 Morceaux divers pour
piano et violoncelle; Suite dans le genre ancien,
pour quatuor d'instruments à cordes; Suite en
forme de canon, id. — Musique de piaxo. Les
Messagers du printemps, pièces; Caprices
dansants; 3 Morceaux, op. 2; Gigue avec va-
riations; Fantaisie-sonate, op. 168; 3 Sonatines,
op. 99 ; Album lyrique, op. 17; Rhapsodie hon-
groise, op. 113; 2 Morceaux lyriques, op. 115j
Valse-caprice, op. 116; 4 Caprices ; Orientales,
8 morceaux, op. 175; Villanclle, op. 89; Cw
390
RAFF — RAHN
priccio, op. 14G ; 2 Médilations , op. 147;
Scherzo, op. 143 ; 2 Elégies, op. 149 ; Allegro
agitalo, op. 151; 2 Romances, op. 152; Raf/-
Album, 10 Morceaux, op. 156, 157, 166, 196 et
197; Suite de pièces, op. 162; plus de 150 au-
tres morceaux pour piano à 2 mains ; Fantaisie
pour 2 pianos, op. 207 (dont il a tiré lui-même
une Fantaisie pour piano, 2 violons, alto et vio-
loncelle); 12 Pièces de salon à 4 mains, op. 82,
et une douzaine d'autres morceaux à 4 mains;
Cliacone pour 2 pianos, op. 150. M. Raff a en-
core publié : les 6 sonates pour violon de Bacli,
transcrites pour piano; la Cliacone pour violon
de Bach, orchestrée; les Suites d'orchestre de
Bach, transcrites pour piano.
Jusqu'à ces derniers temps , M. Raff a con-
tinué de résider à Wiesbaden. On a annoncé ré-
cemment qu'il avait accepté la direction du Con-
servatoire en formation à Francfort-sur-le-Mein.
M. Raff est chevalier des ordres de Hohenzol-
lern, du Faucon blanc , de la Branche Ernestine
de Saxe, d'Adolphe de Nassau, et titulaire delà
grande médaille d'or royale wurtembergeoise
pour l'art et la science, ainsi que de la médaille
d'or grand-ducale de Saxe pour les mérites
civils.
* RAGUÉ (Locis-Charles ). — Ce composi-
teur a donné à l'Opéra : les Muses, ou le Triom-
phe d'Apollon, ballet en un acte représenté le
12 décembre 1793.
* RAHLES (Ferdinand), compositeur alle-
mand, professeur de piano et d'harmonie, écri-
vain musical et l'un des collabornteurs du jour-
nal the Musical [Vorld, de Londres, où il
s'était fixé, est mort en cette ville le 19 mars
1878. 11 avait publié, peu d'années auparavant,
un petit écrit ainsi intitulé : Practical hinis
and observations relaJive io the introduction
by government of singing in public schools
{Avis et observations pratiques relatifs à
l'introduction par le gouvernement du chant
dans les écoles publiques).
RAIIN (BER^'ARDI^), professeur et théoricien
françai.'^, est né à Chatenois (Bas-Rhin) le 23 mai
1824. Quinzième lils d'un instituteur qui tou-
chait l'orgue à l'église de Chatenois , il dut à
son père sa première éducation musicale , et se
prit pour l'art d'une véritable passion. Son rêve
eût été de se faire admettre au Conservatoire de
Paris; mais comment y songer, à une époque où
les chemins de fer n'existaient pas, et alors
qu'il n'eût même pu réunir la petite somme
nécessaire pour se rendre au chef-lieu de son
déparlement! Le jeune homme attendit avec
impatience l'époque où il pourrait s'engager,
■ s'enrôla en effet dans le 3" régiment de ligne ,
alors on garnison à Strasbourg, et entra dans la
musique. Il espérait ainsi pouvoir iirofiter de
la disposition réglementaire qui permettait à
chaque régiment d'envoypr chaque année au
Conservatoire, à Paris, un élève musicien des-
tiné à devenir plus tard chef de musique mi-
litaire.
Malgré ses désirs et ses aptitudes , malgré
tous ses efforts, ce ne fut qu'au bout de plu-
sieurs années, et grâce à la protection du gé-
néral Gémeau , que M. Rahn obtint d'être en-
voyé au Conservatoire, où il travailla l'har-
monie et la composition sous la direction de
M. François Bazin. Une fois parvenu à son but,
le jeune soldat mit, comme ou dit, les bou-
chées doubles, consacra tout son temps à l'étude,
et, touten satisfaisant son professeur, s'appliqua
à analyser les procédés théoriques développés
dans tous les traités d'harmonie français et al-
lemands , s'atfachant à faire sortir de celte lec-
ture et de cette analyse un ensemble de pré-
ceptes pédagogiques qui lui permissent de sim-
plifier, de rassembler et de coordonner tous les
éléments de la théorie de l'art.
C'est que M. Rahn avait, si l'on peut dire, la
vocation , le génie de l'enseignement , et qu'il
songeaifdéjà à compléter, tout en le simplifiant,
celui de la théorie musicale. Il voulait propager
la connaissance de l'harmonie, de la pratique de la
composition, se disant avec raison qu'on ne peut
se croire musicien lorsqu'on n'est qu'un simple
exécutant , ignorant des préceptes de l'art d'é-
crire et d'accompagner, et que la possession des
principes théoriques est le complément na-
turel et indispensable de toute éducation mu-
sicale sérieuse. Il imagina donc une méthode
d'enseignement nouvelle , ingénieuse , dans la-
quelle il menait de front, avec la lecture et l'écri-
ture musicales, l'étude des accords, de la trans-
position et de l'improvisation accompagnée, sans
oublier surtout l'analyse rhythmique appro-
fondie de toute espèce de dessin mélodique.
Cette méthode, facilement applicable même aux
plus jeunes enfants , donna d'excellents résul-
tats, et les nombreux cours publics faits par
l'habile professeur, ses manuels d'enseignement
sont là iiour attester l'utilité de. ses efforts et
l'intelligence de ses procédés. A l'heure pré-
sente, M. Rahn a formé plus de 6,000 élèves,
dont plus de 200 ont pris à cœur de propager et
de vulgariser sa méthode.
L'une des innovations les plus intéressantes
de M, Rahn fut la création d'un Journal de
composition musicale (18C5), au moyen du-
quel il put fournir tout un cours d'harmonie,
d'accompagnement et de composition propre-
RAHN — RAISIN
391
ment dite. Les souscripteurs du Journal pou-
vaient travailler d'après ce cours, l'aire les
exercices, réaliser les leçons qui s'y trouvaient
contenues , et, par correspondance avec l'au-
teur , faire corriger leurs devoirs. M. Ralin
a publié aussi : 1° Méthode de piano et d'har-
monie, dans laquelle il fait niarclier de front
l'étude de rinslrument et celle de la théorie ;
2° Nouvel enseignement musical, ou Mé-
thode pratique pour apprendre simultané-
ment la lecture musicale, les accords et la
composition; 3" Spécimen d'une grammaire
musicale; 4° une brochure intitulée ; l'Ensei-
gnement musical en France et le Conserva-
toire impérial de musique {Pàv\s, Deiitu, 1864,
in-8").
* RAIENTROPIl (FouTUNATo). — Voyez
RAEJi^TROPII.
* RAIMOXDI (PiETRo), compositeur ita-
lien. — On a publié sur cet artiste célèbre l'é-
crit suivant : Memorie intorno Pietro Rai-
mondi, raccolte eannotateda Filippo Cicco-
netti, Rome, 1867, un vol. in- 12.;
RAISIN ( ), dit Vaine, organiste qui
vivait au dix-septième siècle , fut l'inventeur
ou au moins le propagateur d'une épinette d'un
genre un peu mystérieux pour le public, et qui
fit, à un moment donné, grand bruit à Paris.
■Voici le curieux récit qu'on trouve à ce sujet
dans les Tablettes dramatiques du chevalier de
Mouhy : — « Le sieur Raisin , organiste de
Troyes, qui travailloit secrètement depuis plu-
sieurs années à faire sa fortune, partit pour Paris
au commencement de l'année 1662 , avec sa
femme et quatre enfants. A peine y fut-il arrivé
qu'il loua une loge à la foire Saint-Germain. Il
fit publier, quelques jours avant que de l'ouvrir,
qu'il feroit voir une merveille qui teftoit du pro-
dige, et qui feroit l'admiration de tout le monde.
Une annonce qui promettoit pour ainsi dire un
miracle, lui attira un si grand monde, le jour
indiqué, qu'il avoit à peine la place qui lui con-
venoit pour mettre en évidence la merveille
affichée. Raisin tint exactement parole. Elle con-
sistoit eu une épinette à trois claviers. [Deux filles
de Raisin jouoient sur les deux premiers : lors-
qu'elles avoient fini , elles élevoient les mains',
et le troisième clavier répétoit seul l'air qu'elles
venoient de jouer. Ce spectacle frappa d'une si
grande surprise tous ceux qui s'y trouvèrent ,
que les jours suivants il ne désemplit pas. Il
fit si grand bruit que le roi voulut le voir : Rai-
sin ayant eu ordre de se rendre à Versailles, il
exposa devant Leurs Majestés , environnées de
leur cour, la fameuse épinette. La répétition du
troisième clavier surprit le roi au dernier point.
^ Raisin reçut ordre sur-le-champ de rendre raison
du prodige. L'organiste ouviit alors le corps de
l'instrument : dès qu'il eut tiré une planche en
coulisse, il en sorlit un enfant de cinq ans (c'é>
toit Raisin le cadet), beau comme l'Amour, et
c'étoit lui qui touclioit le merveilleux clavier
dans l'intérieur de l'instrument. Leurs Majestés
trouvèrent le petit Raisin charmant, le caressè-
rent beaucoup et lui firent des présens; toute la
cour en usa de même : Raisin , sa femme et ses
enfans jouèrent ensuite une petite pièce; et en
considération du plaisir que ce spectacle avoit
fait au roi. Sa Majesté leur accorda la permis-
sion de jouer à la cour, sous le titre de troupe du
Dauphin, et, en attendant, de continuer à montrer
leur épinette à la foire, grâce qui valut encore
beaucoup d'argent à l'organiste et à sa famille.
« Raisin étant mort en 1664, sa veuve con-
tinua à jouer la comédie avec ses enfans ;
l'acquisition qu'elle fit quelque tems après du
jeune Raron qui n'avoit que douze ans alors, et
qui annonça dans ses débuts les talens supé-
rieurs qu'il a acquis depuis et qui lui ont fait une
si grande réputation, lui fit gagner tout ce qu'elle
voulut; on ne se lassa point d'aller voir ce
jeune acteur. Le théâtre de la veuve Raisin
étoit toujours rempli, et tous les autres étoient
déserts. Molière, surpris de cet abandon, et bien
davantage du motif qui l'occasionnoit, voulut ju-
ger par lui-même de tout ce que la renommée
publioit du jeune acteur. Il ne l'eut pas plutôt
entendu réciter une scène, qu'il vola à Versailles
et le demanda au roi pour sa troupe; il l'obtint ;
la veuve Raisin, qui en fut avertie sur-le-champ,
en fut désespérée ; elle accourut chez Molière,
la fureur dans les yeux et armée de deux pisto-
lets, voulant qu'on luifrendît, disoit-elle, son
Baron , ou qu'elle feroit sauter la cervelle à qui
oseroit le retenir : Molière, sans se déconcerter,
lui présenta l'ordre du roi; la Raisin jugeant
par-là qu'elle n'avoit plus rien à espérer, fondit
en pleurs , se jeta aux pieds de Molière , et le
pria du moins de lui prêter pour trois jours le
jeune acteur. Molière, touché, lui en accorda
généreusement huit, mais à condition qu'un de
ses gens accompagneroit Baron, ne le perdroit
pas de vue et leramèneroit chez lui aussitôt que
la pièce seroit finie. Cette grâce calma la Raisin
et lui valut des sommes considérables ; mais
aussitôt qu'elle fut privée du jeune comédien ,
son théâtre devint désert, et se voyant hors
d'état de se soutenir davantage, elle prit le parti
de le fermer et de se retirer. »
Quant au fameux instrument, qui avait com-
mencé la fortune de la famille, il n'en fut plus
jamais question.
392
RAISIN — RAMEAUX
RAISIJX (J\CQUES), fils aîné de l'organiste
dontil vient (l'tMro question, fut acteur, auteur et
compositeur. Il débuta à la Coinédie-lMançdiseen
1685, y joua les seconds rôles dans la tragédie
et les amoureux dans la comédie, et prit sa re-
traite au mois d'octohrc 1094. Il lit représenter à
ce théâtre quatre comédies en un acte dont il était
l'auteur, et dont aucune ne fut imprimée : le
Faux Gascon, le Petit Homme de la Foire,
Merlin Gascon, et le Niais de Sologne. Enfin,
Jacques Raisin écrivit la musique des diverti.s-
semeuts de quelques pièces jouées à la Comédie,
entre autres l'Opéra de village, de Dancourt
(1692), et Jevons prens sans verd, de la Fon-
taine (1693). « C'étoit un fort honnête homme,
dit de Mouhy, et fort relire chez lui. Il mourut
d'une pleurésie, environ en 1698 ou 1699. >>
RAISIX (Jean-Baptiste), frère cadet du
précédent, est celui dont il est question dans le
récit de de Mouhy, et qui, âgé de cinq ans, faisait
mouvoir, enfermé dans l'épinette de son père,
le troisième clavier de l'instrument. Celui-ci
se fit comédien, comme son père, débuta à la
Comédie-Française en 1679, y remplaça bientôt
Champmeslé, et devint fameux dans l'emploi des
caractères et des rôles à manteau, oii il déployait
un talent de premier ordre, formé tout à
la fois d'étude et de naturel, et qui le fit sur-
nommer le petit Molière. Malheureusement,
Raisin le cadet aimait encore plus la bouteille
que le théâtre, et il mourut, dit-on, pour avoir
trop bu. Né en 1636, ses excès le conduisirent
au tombeau le 5 septembre 169.3, âgé seulement
de 37 ans, et sa rnort donna lieu à ré|)igramme
suivante :
Quel astre pervers et malin.
Par une maudite influence,
Empêcte désormais qu'en France
On puisse recueillir du vin ?
C'est avec raison que l'on crie
Contre la rigueur du destin.
Qui nous ùte jusqu'au Raisin
De notre pauvre Comédie.
Raisin avait épousé M'" Fanchon Lon.i;champs,
comédienne comme lui, qui avait débuté en
même temps que lui à la Comédie-Française, et
qui avait succédé à ce théâtre à la Champmeslé,
comme lui-même avait succédé au mari de celle-
ci. « Il y avoit des tems, dit un contempo-
rain, qu'il auroit donné sa femme pour une bou-
teille de vin de Champagne. » Celle-ci quitta le
théâtre en 1701, et mourut en 1721.
RAISIM (M"*), épouse VILLIEHS, sœur
des deux précédents, et l'une des deux (illes de
l'organiste de Troyes qui touchèrent à Paris
l'épinette inventée par leur père, se fit sans doute
comédienne comme ses deux frères. Elle épousa
dans la suite le comédien Villiers, camaïade
de ceux-ci dans la troupe du théiUre de l'IIùtel
de Bourgogne et auteur d'une domi-donzaiue de
pièces représentées à ce théâtre. Le seul ren-
seignement que j'aie pu découvrir sur elle con-
siste dans les lignes suivantes, extraites d'un
Mémoire pour les Comédiens dît Roy, con-
tre Charles Dollef, Antoine Laplace, Alexan-
dre Bertrand, et antres (s. l. n. d., in-4'') :
«. En 1C88, la damoiselle de Villiers (1), femme
d'un des comédiens du roy, et sœur des sieurs
Raisin aussi comédiens, .s'avisa de construire un
théâtre et d'y faire représenter dtîs comédies
par des enfants sous le titre de Petits Comédiens
Français. Les comédiens en portèrent leur
plainte au roy, et le théâtre fut fermé. »
*RAJ ou RAY (Pierre).— L'ouvrage indiqué
sous le titre d' Alessandi'O in Àrmenia s'appelait
réellement Alessandro in Armozia, et était non
point un opéra, mais une cantate. Ray en a écrit
une autre, intitulée il Tempio d'Imeneo. Quant
à son oratorio sur la Passion, il portait pour ti-
tre : Tre Ore d'agonia, o le Selle Parole.
RAJOLA (G ), compositeur italien con-
temporain, est l'auteur d'une opérette intitulée
il Giovanetto, qui a été jouée par des amateurs,
sur le théâtre Niiovo, de Naples, au mois de
juillet 1877.
* RAMAZZOTTO (Douiitien), et non Ra-
mazzoiti, prêtre et musicien italien, fils d'un
guerrier qui mourut âgé de près décent ans, na-
quit à Bologne, et prit l'habit religieux au mo-
nastère de San-Michele in bosco, près de cette
ville, en 1542. Cela ne l'empêcha pas d'étudier
la musique et le contre-point, et de se faire con-
naître comme compositeur par deux recueils de
psaumes : Psalmi aliquot ad vesperas dierum
festorum et solemnium cantari soliti, cum
iino Magni/icat, quinque vocum, Venise, 1567,
in-4''; 2° Psalmi onines qui cunctis diebus
anni Jestis pro iempore recitantur, sex voci-
bus decantandi, Ferrare, 1584, in-4°. Ramaz-
zotto mourut en 1594, au monastère de Santa-
Maria in Regola, à Imola.
r.AMBAUX (Claude-Victor), luthier ha-
bile, né à Darney (Vosges) le 25 février 1806,
commença son apprentissage à l'âge de quatorze
ans, et fut élève, à Mirecourt, de L. Moitcssier,
chez lequel il resta jusqu'en I8'24. A cette époque
il partit i>our Caen, où il travailla chez Tliibout
jusqu'en 18''.7, puis vint alors à Paris, où il en-
tra chez Gand père, dont il devint bientôt le pre-
(1) On .sait qu'à cette époque les femmes delà noblesse
portaient seules le litre de dame. On donnait aux autres
la qualité de demoiselle avec le nom de leur mari.
RAMBAUX — RAMEAU
393
mier ouvrier, et auprès duquel il acheva de se
perfectionner dans son art. En 1838, il quitta
Gand pour s'établir à son compte, et s'installa
dans un petit entre-sol de la maison qui porte
aujourd'hui len" 18 de la rue du Faubourg-Pois-
sonnière, juste en face le Conservatoire. 11 resta
là jusqu'en 1857, époque où il alla se retirer à
Mirecouit. Des fenêtres de notre classe, au Con-
servatoire, nous le voyions travailler sans cesse,
à son petit établi, ne quittant pas l'outil de la
journée. Artiste habile autant que modeste, Ram-
baux était d'ailleurs un excellent bomme, hon-
nête au suprême degré, ne tirant de son talent que
la stricte rémunération qu'il croyait devoir lui de-
mander, et qui se serait lait scrupule d'exagérer
celle-ci en quoi que ce (ût. Celte modestie, cette
honnêteté, et sa proximité du Conservatoire,
attiraient chez lui un grand nombre d'élèves de
cet établissement, et il aimait à nous voir tous
autour de lui, essayant des instruments, le regar-
dant curieusement travailler, ou lui demandant
des éclaircissements et des renseignements sur
cet art charmant de la lutherie, qui a vraiment
un côté étrange et mystérieux.
Je ne résiste pas au désir de reproduire ici,
sur] ce travailleur si estimable et si intelligent,
que j'ai intimement connu au temps de ma jeu-
nesse, les détails qu'a donnés M. Vidal dans son
livre : les Instruments à archet :
« Lorsque C.-V. Rambaux s'établit, l'art et le
commerce de la lutherie étaient en pleine pros-
périté à Paris. Les Nicolas Lupot, les Pique, les
Gand, les Vuillaume, les Bernardel, avaient
donné à la facture des instruments neufs une im-
pulsion habile et intelligente; d'un autre côté,
le commerce des anciens instruments italiens
avait pris un accroissement qu'entretenait l'en-
thousiasme des musiciens pour la vieille luthe-
rie. Pour réussir dans ce milieu, il fallait non-
seulement produire de bons instruments neufs,
mais encore connaître à fond les anciens maî-
tres ; en un mot, « faire revivre ces centenaires
décrépits, » ainsi que les qualifie l'abbé Sibire.
C.-"V. Rambaux excella dans ces deux branches,
qui résument l'art du luthier.
« Les récompenses qu'il obtint aux expositions
de 1844, 1848 et 1855, à Paris, le placent au
premier rang des luthiers de son temps, et at-
testent son habileté comme facteur; mais ce
que les distinctions de ce genre ne sont pas appe-
lées à récompenser, c'est la patience infinie et
la recherche incessante des procédés de tout
genre nécessaires à la réparation des anciens
instruments; et c'est surtout dans cette partie
de l'art que Rambaux sut se faire apprécier (1).
(1) Cela est absolument exact. Rambaux ne jouit ja-
« Parmi les opérations les plus difficiles, on
peut compter le recoupatje des anciens instru-
ments ; c'est notamment pour les violoncelles
qu'il est parfois indispensable, à cause du peu de
régularité apporté par les luthiers italiens dans
leur patron. 11 est nécessaire, pour donner la
forme exigée par la virtuosité actuelle, de les
ramener aux dimensions adoptées par Stradivari
dans son beau modèle. Il n'y a pas à errer d'une
ligne; la moindre hésitation dans un trait de
scie ou dans un coup de rabot serait fatale et
détruirait en quelques minutes la valeur de l'ins-
trument, loin de l'améliorer ! On comprendra dif-
ficilement quelle sûreté de main et quelles con-
naissances spéciales sont requises pour une opé-
ration aussi délicate. C'est dans cette partie du
métier que Rambaux avait acquis une supé-
riorité qui le laissait sans rival en Europe.
« Du reste, travailleur infatigable, une fois
l'heure sonnée, il revêlait le tablier traditionnel,
qu'il ne quittait plus de la journée. 11 était inté-
ressant de le voir, tout en conservant l'outil en
main, et suivant d'un œil attentif le travail de
l'ouvrier assis en face de lui, et dont aucun
mouvement ne lui échappait, accueillir ama-
teurs et artistes qui se succédaient dans son ate-
lier, et accorder une attention soutenue aux
théories interminables qui se déroulaient devant
lui, sur les instruments, la place de l'àme, du
chevalet, etc. ; toujours'calme et plaçant modeste-
ment son mot, avec ce sourire fin et doux qui
le rendait sympathique à tous.
« Après un exercice de dix-neuf années écou-
lées dans ce dernier domicile, Rambaux se re-
tira à Mirecourt en juin 1857, pour y jouir tran-
quillement de la modeste aisance que sa carrière
honorable lui avait procurée ; toutefois sa passion
favorite ne cessa de l'occuper, et il continua ses
travaux de retouches et de réparations, en les
bornant aux instruments de choix et sans se
départir de cette recherche qui attestait que
chez lui l'âge n'avait pas éteint l'amour de l'art
auquel il avait consacré sa vie. »
Cet excellent homme, ce travailleur intelligent
et modeste mourut à Mirecourt le 25 juin 1871.
RAMBOSSOIV (J ), écrivain français,
est l'auteur d'un livre publié sous ce titre am-
bitieux : les Harmonies du son et l'histoire des
instruments de musique (Paris, Didot, 1878,
in-S" avec gravures).
* RAMEAU (Jean-Philippe). — On trou-
vaer dans l'écrit que j'ai publié sur cet artiste
mais que d'une modeste renommée comme fabricnnt d'ins-
truments neufs; mais, comme réparateur, il était d'une
habileté vraiment prodigieuse, — a. p.
394
RAMEAU — RANDEGGER
célèbre : Hameau, essai sur sa vie eLses oeuvres,
des renseignements nouveaux et inconnus sur
son exi>tence et sur sa carrière. Rameau a été
récemment l'objet d'bonneurs malbeureusement
trop rares en France : les 12, 13, 14 et 15 aoiU
1876, de grandes fêles nationales ont été célé-
brées à Dijon, sa ville natale, à roccasion de lé-
reclion de sa statue. Cette statue, œuvre distin-
guée de M. Eugène Guillaume, directeur des
Beaux-Arts et membre de rin>titut, a été élevée
sur la place du Théâtre, qui depuis lors a pris le
nom de place Rameau.
A la liste des œuvres publiées par Rameau,
il faut ajouter les deux recueils suivants :
1° Premier livre depièces de clavessin, Pa-
ris, l'auteur, 170C, petit in-4'' oblong (publication
qui donne la preuve d'un premier séjour de
Rameau à Paris bien avant l'époque fixée jus-
qu'ici par fous les biographes); 2" Pièces de
clavessin, avec une méthode pour la viécha-
nique des doigts, où l'on enseigne les moyens
de se procurer une parfaite exécution sur
cet instrument, Paris, l'auteur, s. d., in-4"
oblong. J'ai découvert, dans les manuscrits de
la Bibliothèque nationale, quatre cantates iné-
dites du maître : Thétis, l'Impatience, la Mu-
sette, Aquilon et Oriihie, ainsi que des frag-
ments d'un Roland resté inachevé et qu'il
avait commencé sur le poëme de Quinault. De
Croix, dans l'Ami des Arts, affirme que Ra-
meau a publié deux cantates : le Berger
fidèle et l'Enlèvement d'Orithie, et il en si-
gnale deux autres, Orphée et les Amants trahis,
comme étant restées manuscrites. De son côté,
Maret donne les titres de deux autres cantates
qui n'ont pas été publiées : Médce, et l'Absence.
Les publications suivantes, relatives à Rameau,
et dont quelques-unes ont été faites à l'occasion
des fêtes de Dijon, n'ont pas été mentionnées
dans la Biographie universelle des Musiciens:
1° Réflexions sur divers ouvrages de M. Ra-
»iear<,par M. Ducharger (Rennes, 1761, in-12);
2° Rameau aux Champs-Elysées, nouvelle
nouvelle (Amsterdam, 1764, in-8°); Z" Apothéose
de Rameau, scènes lyriques (sans doute repré-
sentées à Dijon), paroles de M.**, musique de
M.** (Dijon, Causse, 1783, in-8°) ; 4» Rameau,
ballet allégorique en un acte, pour le centenaire
de sa naissance, suivi de réflexions sur la poésie
lyrique et d'un oratorio intitulé la Mort d'A-
bel (1), par M. Lefebvre, maître de composition
(Paris, 1784) ; 5° Rameau, par Adolphe Adam,
(1) Je n'ai pa^s eu cet écrit sous les yeux ; J'en'repro-
duls le titre d'après l'annonce qu'en lit le Mcrcitrc'^de
France.
extrait de la Revue contemporaine du 15 octo-
bre 1859. (cette notice a été reproduite dans le
volume d'Adam intitulé Derniers souvenirs
d'vn vmsicien) ; 6" Rameau, par Dieudonné
Denne-Baron, extrait de la Nouvelle Biogra-
phie générale (Paris, Didot, s. d., in-8° de 12
col.) ; 7° Notice sur Rameau, par Charles Poi-
.sol (Paris, Dentu, 1864, in-18); 8° Monogra-
phie de Jean- Philippe Rameau, par Th. Nisard
(Paris, s. d. [1867], Repos, in-8°) ; 9" Délibéra-
tion du conseil municipal de Dijon sur lapro-
position d'ériger unestatue à Rameau, rapport
présenté par M. Muteau (Dijon, impr. Carré,
s. d. [1876], in-S") ; 10" Rameau, sa vie, ses œu-
vres (Dijon, H. Grigne, 1876, in- 16), compila-
tion informe faite par l'éditeur même de cette
brochure; 11° Rameau, essai sur sa vie et ses
œuvres, par Arthur Pougin (Paris, Decaux,
1876, in-16). On ne doit pas oublier non plus
de mentionner le pamphlet justement célèbre de
Diderot, intitulé le Neveu de Rameau, dont il
a été fait un nombre incalculable d'éditions,
ainsi qu'un écrit de Génin fils, publié vers 187 j
et portant pour titre le Petit Neveu de Rameau.
Une médaille, représentant la statue du maî-
tre, a été frappée à Dijon en 1876 et offerte par
là municipalité aux invités qu'elle avait appelés
à assister aux fêtes de Rameau.
RAMOIXEDA Y BUSQUETS (Fran-
cisco), prêtre et musicien espagnol du dix-hui-
tième siècle, était né à Tarrasa, en Catalogne,
et, après avoir fait ses études musicales à l'é-
cole du monastère de Montserrat, devint maître
de chapelle de l'église principale de sa ville na-
tale, pour laquelle il écrivit un certain nombre
de compositions qui paraissent avoir été esti-
mées. Cet artiste mourut à Tarrasa le 26 février
1803.
RANDEGGER (Albert), professeur et com-
positeur, né à Trieste le 13 avril 1832, com-
mença l'élude de la musique à l'Age de quatorze
ans, et d'abord en vue de son seul agrément. Son
premier maître fut M. Auguste Tivoli, et il reçut
ensuite des leçons d'harmonie d'un chef de mu-
.sique militaire autrichien renommé, Hœffner. Il
étudia aussi le piano avec Lafoiit, et enfin, de 1848
à 1852, fit un cours complet de composition avec
Luigi Ricci, qui occu|iait alors à Trieste une
grande situation et dont il devint l'élève préféré.
Tout en poursuivant ses études, il avait écrit di-
verses cantates, quelques morceaux de musique
d'église et les partitions de deux ballets : la
Fidanzata di Castellamare et la Sposa di
Appcnzello. Après ces essais, il se livra décidé-
ment à la composition, et écrivit avec trois au-
tres jeunes artistes, MM. Giuseppe Rota, Al-
RANDEGGER — RAVINA
393
berfo Zelman et Francesco Beyer, un opéra
boude en 4 actes, il Lazzarone, qui fut repré-
senté sur le théâtre Mauroner, de Triesle, en
1852 ; puis il se produisit d'une façon plus im-
portante en donnant à Brescia, pendant le car-
naval de 1853-54, un opéra sérieux intitulé
Bianca Cappella. C'est alors qu'il partit pour
Paris, puis pour Londres, où il se présentait à
M. Michael Costa avec une chaleureuse lettre de
recommandation de son maître Ricci, qui avait
été naguère le condisciple de celui-ci au Con-
servatoire de Naples. Grâce à l'appui si efficace
de M. Costa, qui jouit à Londres d'une sorte
de royauté musicale, grâce aussi à son talent
très-réel, M. Randegger se créa bientôt, dans la
capitale du Royaume-Uni, une excellente si-
tuation artistique. Devenu chef d'orchestre
pendant une année au théâtre Saint-James, il
entreprit ensuite un grand voyage dans les pro-
vinces anglaises, après quoi il revint à.Londres,
oii il fut bientôt l'un des professeurs les plus
recherchés. En 1869, il forma dans cette ville
une société chorale qui comprend environ
300 voix, et la même année il fut nommé pro-
fesseur de chanta la Royal Academij of Music,
ce qui ne l'empêchait pas de se produire aussi
avec succès comme compositeur.
M. Randegger a publié un grand nombre de
mélodies vocales. Voici la liste de ses autres
œuvres : les Beautés rivales, opéra-comique,
Leeds, 18G3; A i'Aztôe, cantate à 4 voix avec
orchestre, festival de Norwich, 18G6; Médée,
scène dramatique pour soprano avec orchestre,
Leipzig, concerts du Gewaudhans, 1869; le 150<^
psaume de David, pour soprano solo, chœur et
orchestre, festival de Boston, juin l872;i'>ido-
li7i, cantate dramatique avec orchestre, écrite
expressément pour le grand festival triennal de
Birmingham (28 août 1873), où elle obtint un
éclatant succès et d'où elle rayonna ensuite sur
toute l'Angleterre.
RAOUX (Louis-Alexis), compositeur belge,
né à Courtrai le 11 septembre 1814, fut élève,
à Bruxelles, de l'Académie de musique dirigée
par J.-H. Mees, et acquit un talent réel sur le
violoncelle et sur le piano, sans négliger l'étude
delà composition. En 1827 il devint répétiteur
à l'École royale de musique, en 1831 il fonda
une école gratuite de musique dans laquelle il
enseignait aux jeunes gens des deux sexes le
solfège, le chant, le piano et l'harmonie, en
1833 il devenait professeur de solfège au Con-
servatoire de Bruxelles, en 1835 il ouvrait une
Académie de musique où il donnait l'instruction
musicale d'après la méthode du méloplaste, et
enfin, en 1839, il créait un Conservatoire de
musique classique et religieuse, institution ex-
cellente, destinée à former des organistes et des
maîtres de chapelle, mais que sa santé ne lui
permit de diriger que pendant quelques années.
Cette honorable et laborieuse carrière de pro-
fesseur n'empêchait pas Raoux. de se livrer à de
nombreux et importants travaux de composi-
tion. Il écrivit plusieurs opéras-comiques, les
Deux Précepteurs, le Mariage à l'anglaise,
etc., qu'il ne put parvenir à faire représenter,
remit en musique, après tant d'autres, les chœurs
tïAthalie, qu'il fit exécuter à diverses reprises,
composa des symphonies, des ouvertures, des
messes, des motets, deux recueils de cantiques,
un lecueil de chansons morales, un oratorio, des
cantates, des mélodies vocales, des chœurs sans
accompagnement, des solfèges, etc.
Cet artiste estimable et distingué mourut à
Evère-lez-Brnxelles le 15 novembre 1855.
RAPARLIER ( ), est auteur d'un ou-
vrage publié sous ce titre : Principes de mu-
sique, les agréments du chant et un essai sur
la prononciation, V articulation et la proso-
die de la langue française (Lille, Lalan, 1772,
in-4°).
RASORI ( ), jeune compositeur italien,
est l'auteur d'un opéra intitulé Don Marzio,
qui a été représenté sans succès à Milan, sur îe
théâtre Fossati, au mois de juillet 1872. Il a
écrit depuis lors un second ouvrage dramati-
que, Saùl, qu'il a fait connaître dans une réu-
nion privée, mais qui n'a pas encore été pro-
duit devant le public.
lîAUSCHER (Jean-Frédéric), fabricant
d'instruments et facteur d'orgues à Dantzik,
vivait dans la 'seconde moitié du dix-huitième
siècle et inventa, en 1771, un procédé à l'aide
duquel il maintenait l'accord des clavecins, en
dépit des variations de la température.
RAYERA (Teresio-Nicolo), né à Alexan-
drie (Piémont) en 1851, a fait ses études musi-
cales au Conservatoire de Milan, où il s'est
appliqué spécialement au piano sous la direction
de Sangalli. 11 obtint le l^-^ prix en 1870. De-
puis sa sortie, il a fait exécuter à Milan une
symphonie à grand orchestre, restée inédite,
puis il s'est lancé dans les voyages et a par-
couru les deux Amériques, en donnant des con-
certs. M. Ravera a publié à New-York : Tor-
nero, romance pour soprano; il Canto delV
Esule, pour ténor ; et deux nocturnes pour piano.
A Paris, il a publié un nocturne en si bémol
mineur, deux valses de concert, et une scène ro-
mantique pour piano.
J. D. F.
* RAYIXA (Jean-Henri), pianiste renommé
396
RAVINA — RAYMAN
et compositeur pour son instrument, n'est point
mort en 1862, comme une fausse nouvelle alors
répandue dans quelques journaux français l'a
fait dire à tort à l'auteur de la Biographie uni-
verselle des Musiciens. Issu d'une famille béar-
naise, il fut tout d'abord élève de sa mère, ar-
tiste elle-même fort distinguée, qui était un des
professeurs les plus renommés de Bordeaux (1).
Enfant prodige, il enthousiasma de grands ar-
tistes, ainsi que le constate une note que j'ai
sous les yeux et d'où j'extrais les lignes sui-
vantes ; — « En 1826, à liuit ans. Ravina figu-
rait avec honneur dans un des grands concerts
de la Société philharmonique de Bordeaux, où
il exécuta un concerto de KalUbrenner. L'enfant
précoce annonçait un maître. Ainsi en jugea un
des auditeurs, l'illustre violoniste Rode. Rode
fut émerveillé de la sûreté de jeu, de l'agilité
des doigts, du style et du goût que montrait déjà
l'enfant. Il se leva de sa place, alla lui tourner
les pages, et, le morceau terminé au bruit des
applaudissements, prit le petit virtuose dans ses
bras et le porta triomphant à sa mère. Dès ce
moment, l'artiste illustre se fit le prôneur et le
protecteur de l'artiste en herbe, et aux encoura-
gements il joignit les conseils d'une longue expé-
rience, acquise au milieu des succès les plus
éclatants. Nul doute que Ravina ne doive quel-
ques-unes de ses qualités les plus délicates à la
tradition de Rode. On en trouverait peut-être
directement la preuve dans les premières compo-
sitions du jeune artiste, qui datent de 1829. En
1831, Zimmermnan, de passage à Bordeaux, en-
tendit Henri Ravina, que ses compatriotes ap-
plaudissaient avec cet orgueil de clocher que l'on
comprendra toujours. Zimmermann fit comme
les Bordelais : il applaudit; mais il attira Henri
Ravina à Paris, et le fit entrer au Conserva-
toire. »
On sait que M. Ravina obtint le second prix
de piano en 1832, le premier prix en 183i, et
que le premier prix d'harmonie et accompa-
gnement lui fut décerné en 1835. A la fin de
cette même année, le 24 novembre, à peine âgé
de dix-sept ans, Ravina était nommé professeur
adjoint de piano dans l'école dont il fréquentait
encore une classe comme élève de composition.
II conserva cette situation pendant un peu plus
d'une année, mais il donna sa démission le
25 février 1837 pour se livrer à la carrière de
virtuose. A partir de ce moment, il se produisit
fréquemment en public et retrouva les succès
qui l'avaient accueilli dès ses plus jeunes années,
(I) Mme Ravina, née Kiigdnie Lasalle, est morte à Pa-
ris le 16 novembre 1877, i\ l'rtgc de 33 ans.
succès (|iie légitimaient la grâce, la finesse et la
solidité d'un jeu plein d'élégance et d'expression,
lin même temps, il se livrait à de sérieux tra-
vaux de composition, publiait ses Études de
concert et ses Éludes caractéristiques, qui
furent suivies, plus tard, de plusieurs recueils du
même genre, et produisait aussi quelques-uns
de ces jolis morceaux de salon et de concert qui
commencèrent sa réputation. Et comme si ce
nélait assez de ce double courant ,de travaux,
M. Ravina consacrait encore une notable partie
de son temps à l'enseignement, qu'il n'a jamais
cessé d'exercer. Cet excellent artiste n'a presque
jamais quitté Paris, si ce n'est pour faire un
voyage en Russie (1858), où il retrouva les
mêmes succès qu'en France, et une rapide excur-
sion en Espagne (187i). Il a été nommé cheva-
lier de la Légion d'honneur le 13 août 1861.
Parmi les compositions publiées de JNI. Ra-
vina, il faut surtout citer les suivantes : Con-
certo, avec accompagnement d'orchestre, op.
63 (Leduc); Éhides mignonnes; les Harmo-
nieuses, 25 études de moyenne difficulté (Heu-
gel) ; Études de concert; Études caractéris-
tiques; .Pièces intimes, 12 études à 4 mains,'
op. 78 (Leduc); Thème original, varié (Gérard);
Mélodies sentimentales, op. 30 (id.); Marche
triomphale, op. 34 (id.); Grand caprice drama-
tique, op. 38 (id.) ; Chant d'exil, Douce Pen-
sée, Tristesse, mélodies, op. 39,41,42 (id.);
Havaneras, fantaisie espagnole, op. 52 (Heu-
gel); Souvenirs de fiussie, morceau de concert
avec accompagnement de quatuor, o[». 64 (Leduc);
les Oiseaux, les Mages, Joies du soir, études à
4 mains, op. 53, 54, 57(id.); Délire, fantaisie
originale, op. 59 (id.); Dialogue, caprice-étude,
op. 74 (id.); Scherzo, op. 75 (id.) ; Canzonetta,
op. 77 (id.); Tyrolienne à 6 mains, op. 69 (id.);
Adoremus, duo pour piano et orgue, op. 72
(id.); etc. M. Ravina a donné une transcription
complète, pour piano à 4 mains, des symphonies
de Beethoven.'
RAVOIRE (L ) est auteur d'un écrit
français publié en Italie sous ce titre : De la
musique et de la peinture, de leurs effets sur
les hommes en général et de leur influence
sur tes mœurs. Milan, 1834.
IlAY. — Voyez RAJ (Pietro).
R.VY.MA:\ (Jacob), luthier, était établi à
Londres au dix-septième siècle. On le suppose
d'origine allemande et on le considère comme le
premier qui ait fait des violons en Angleterre,
car on ne trouve pas trace avant lui d'un seul
violon construit par un ouvrier anglais. Son tra-
vail diffère d'ailleurs sensiblement de celui des
anciens luthiers de Londres, et ses instruments
RAYMAN — REBORA
397
ont un caractère très-accentué de fabrication
tyrolienne.
RAZZI (Fra Serafino), prêtre et musicien
italien du seizième siècle, naquit à Florence. Il
ne m'est connu que par la publication suivante,
qui m'est signalée par M. le docteur Basevi :
Libro primo délie Laudi spirituali du di-
versi eccell. e divoti autori, antichi e moderni
composte, le quali si usano cantare in Firenze
nelte chiese, duppo il Vespro o la compiela a
coHsolatione e trattenimento de' devoti servi
di Dio. Con la propria musica e modo di
cantare ciascuna Lande, corne si è usalo da
(jli aniiclii, et si usa in Firenze. Raccolie
dal R. P. Fra Serafino Razzi, fiorentino,
Venetia, 1563. Cette édition n'est pas la pre-
mière, et l'on croit que Razzi n'a publié que ce
premier livre du recueil qui vient d'être décrit.
READ (Charles-John), musicien anglais
contemporain, a été pendant cinq années, de
1836 à 1841, l'élève de l'Académie royale de
musique de Londres, où il a étudié le piano, le
violon et l'barmonie. Il est ti\é à Salisbury, oii
il se consacre, je crois, à l'enseignement. On
connaît de cet artiste plusieurs compositions de
divers genres, consistant en ouvertures à grand
orchestre, quatuors pour instruments à cordes,
préludes et fugues pour le piano, etc.
* REBER (Napoléon-Henri). — Cet artiste
fort distingué, qui n'a que le tort de fuir la pu-
blicité avec autant d'ardeur que d'autres en
mettent à la rechercher, semble avoir depuis
longtemps complètement renoncé aux succès du
théâtre, pour se livrer sans réserve à ses travaux
de composition et aux soins de son enseignement.
Dans ces dernières années, M. Reber a publié
un certain nombre d'œuvres, dont quelques-unes
fort importantes, et il en a fait entendre plusieurs
dans un grand concert donné par lui au Conser-
vatoire. Esprit élevé, studieux et réfléchi, il n'a
jamais flatté les faiblesses du public, et a tou-
jours respecté l'art en se respectant lui-même.
Parmi les dernières œuvres de M. Reber, il faut
surtout citer na Roland, écrit sur le poëme de
Quinault, et qui contient des pages de premier
ordre.
Nommé professeur d'harmonie écrite au Con-
servatoire eu remplacement de Colet, le 1"^ Juin
1851 M. Reber a été appelé, en 1862, à succéder
à Halévy comme professeur de composition. En
1853 il était élu membre de la section de mu-
sique de l'Académie des Beaux-Arts, lors de la
mort d'Onslow, et en 1854 il était fait chevalier
de la Légion d'honneur. Parmi les élèves formés
par lui, nous citerons MM. Eugène Diaz, Ben-
jamin Godard, Arthur Pougin, Isidore Lotto,
Legouix, etc. Le catalogue des œuvres de M. Re-
ber doit se compléter de la façon suivante :
1" le Diable amoureux, ballet en 3 actes (en
société avec Benoist), Opéra, 23 septembre 1840;
2" Aaim, grand opéra (inédit); 3" Roland,
scènes lyriques, extraites du poëme de Quinault
(Paris, Colombier); 4° 1'"'' symphonie pour or-
chestre, en ré mineur (Paris, Richault) ; 5' 2^
symphonie, en ut (id.); 6" 3"= symphonie, en mi
bémol (id.); y" 4"= symphonie, en soZ (id.); 8' Suite
de morceaux pour orchestre (1. Pastorale; 2.
Danse des Pirates; 3. Hymne; 4. Valse du Dia-
ble amoureux ; 5. Marche du Ménétrier à la
cour; 6. Pas de deux du Diable amoureux ;
7. Valse de la Nuit de Noël; 8. Menuet; 9.
Rêverie; 10. Galop) (id.); S'^bis les mêmes, pour
piano à 4 mains (id.) ; 9" 6 valses pour piano et
violon ou violoncelle, op. 9 (id.); 10° Pièces de
différents caractères pour piano et violon ou vio-
loncelle, en 3 suites, op. 11 (id.); 11" Pièces de
différents caractères pour piano et violon, ou
flûte, ou violoncelle, en 3 suites, op. 15 (id.);
ii°bis\es mêmes, pour piano à 4 mains (id.); 12»
Neuf pièces de différents caractères, en forme de
valses, pour piano, op. 3 (id.) ; 13° Six valses
expressives, pour piano, op. 10 (id.); 14° Six
pièces de différents caractères pour piano, en
3 suites, op. 13 (id.); lo» Six pièces pour piano,
op. 14 (id.); 10° Pensée et Souvenir, pour
piano (id.); 17° Collection de 33 mélodies pour
le chant, avec accompagnement de piano (id.);
18° vocalises pour soprano ou ténor, avec accom-
pagnement de piano, op. 16 ; 19» Ave Maria
pour 2 sopranos, ténor et basse, avec orgue;
20° Agnus Dei pour 2 sopranos, ténor et basse,
avec orgue; 21° le Soir, chœur à 4 voix d'hom-
mes, avec piano; 22° Chœur de Pirates à 3 voix
d'hommes, avec piano; 23° Bagatelles, 30 pe-
tites pièces pour piano, op. 36 (Paris, Richault).
Al. R— D.
REBLI\G (Gustave), organiste et com-
positeur allemand, né à Barby, près Magde-
bourg, le 10 juillet 1821, reçut d'abord des
leçons de son père, puis fréquenta, de 1836 à
1839, l'institut musical de Fr. Schneider, après
quoi il devint organiste de l'église française de
Magdebourg. Appelé plus tard à remplir les
mêmes fonctions à l'église Saint-Jean, de la même
ville, il fonda en 1846 la Kirchengesangverein
(Société de chant d'église). Comme compositeur,
on doit à cet artiste des sonates et autres 03u-
vres pour le piano, plusieurs psaumes et un cer-
tain nombre de lieder.
REBORA (NiNo), jeune compositeur italien,
né à Gênes, a écrit la musique de Corinna,
opéra qu'il a fait représenter sur le théâtre Mer-
398
REBORA — REICHEL
cadantc, dcNaples, le 13 février 1875, et qui n'a
obtenu aiiriin succès.
RE DEUX (Le comte FRÉDÉRic-GurixAUME
DE), dignitaire prussien, compositeur amateur,
exerçait les fonctions de grand chambellan et
d'intendant général des théâlres royaux et de la
musique de la cour, à Berlin, lorsqu'il lit re-
présenter sur le théâtre royal de cette ville, au
mois de janvier 1860, la Reine Christine (ou
Christine de Suède), opéra en 3 actes dont il
avait écrit la musique. Peu de temps après,
dans un grand concert qui avait lieu à la cour
pour une cérémonie oflicielle, il fit exécuter une
Ouverture de Fête de sa composition, ftl. de Re-
dern est né à Berlin le 9 décembre 1802,
REDOX i,FÉLix-ERNEST}, né à la Nouvelle-
Orléans le 15 juin 1835, a été l'élève de Schad
pour le piano, et de Schaffner pour l'harmonie
et la composition. M. Redon, qui habite Bordeaux,
a publié les œuvres suivantes pour piano :
Louisidad et la Créole, op. 1 (Bordeaux,
Raver); Maïka, op. 2 (id.) ; Pensée fugitive,
op. 3 (Paris, Fiaxiand) ; Menuet, op. 4 (id.};
Deux mazurkas, op. 5 (id.); Trois impromp-
tus-mazurkas, op. 6 (id); Lied, op. 7 (id.);
Beux ariettes, op. 8 (id.); Andanie-Valse, op.
9 (id.) ; Cinq feuillets d''album, op. 10 (Bor-
deaux, Raver) ; Grande Valse, op. 1 1 (Paris,
Benoît) ; Fantaisie- Mazurka, op. 12 (Paris,
Fiaxiand); Valsons encore, valse, op. 13 (Bor-
deaux, Raver) ; Ballade, op. 14 (id.); Ecossaise,
op. 15 (id.); Étude, op. 16 (id.); JSovelette, op.
17 (id.); Havanaise, op. 18 (id.); Six esquisses
musicales,"^, 0^. 19 (id.); Hommage à Schu-
mann, romance sans paroles, op. 20 (Paris,
Heugel); Gigue américaine, op. 21 (id.); Ber-
ceuse créole, op. 22 (id.); Romance, op. 23
(Paris, Durand et Schcenewerk) ; Chanson des
Blés, op. 24 (id.); Deuxième lied, op. 25 (id.).
C'est M. Red.on qui a fait les remarquables ré-
ductions pour piano à 2 et à 4 mains de la
Damnation de Faust, de Berlioz . — A. L — î«.
REGLI (Frxncesco), écrivain italien, né à Mi-
lan en 1804, est mort en cette ville le 10 mars
1866. Ceux de ses écrits intéressant la musique
sont: 1° Dizionario biografico [TiirÏQ, Dalmaz-
zo, in-S", IsfiO), espèce de Vapereau italien, mais
fort mal fait, utile néanmoins par ses renseigne-
ments sur les artistes contemi)orains ; 2° Storia
del Violino in l'icmonte (Turin, Dalmaz/o,
1863, in-8", avec portrait de Paganini); 3" Bio-
grafia di Ho$sini;^° Elogio diFelice Romani,
l'un des plus habiles librettistes italiens de ce
siècle. Regii rédigeait encore , lorsqu'il mourut,
un journal de théâtre, ii Pirata, qu'il avait fondé
à Milan en 1835.
REGXAULT ( ), compositeur, fit ses
études au Conservatoire de Paris, et se fi\a
ensuite à Caen. Il fit exécuter, en l'église Saint-
Étienne de cette ville, .plusieurs œuvres impor-
tantes de musique religieuse : le 9 juin 1811,
pour la naissance du roi de Rome, un Te Deiun;
le 2 juin 1814, « pour les royales victimes de
93, » un Requiem; et pour la fête de la Sainte-
Cécile, un Credo, un Domine salvum et un
Vivat.
REHBAUM (Tuéobald), violoniste et com-
positeur allemand contemporain, a publié récem-
ment un recueil de 20 Exercices faciles et spé-
ciaux pour le violon, op. 13 (Berlin, Schle-
singer); on lui doit diverses autres compositions
pour cet instrument, ainsi qu'une École d'alto
à Vusage des violonistes {Bratschen-Sckule
zum Selbstunterricht fiir violinisten), op. 9
(Berlin, Schlesinger).;On a annoncé comme pro-
chaine, en ces derniers temps, la première re-
présentation au théâtre de Dresde d'un opéra-
comique en 3 actes de M. Th. Rehbaum, Don
Pahlo. J'ignore si cet ouvrage a vu le jour.
* REICHA (Antoine). — La bibliothèque du
Conservatoire de Paris possède un traité manus-
crit de cet artiste, qui semble être restéjusqu'ici
complètement inconnu ; cet ouvrage, écrit en
allemand, porte le titre que voici : Philoso-
phïsche practische anmerkungen zu de» prac-
tischen Beyspielen {Observations pMlosophico-
pratiques pour les exemples pratiques) ; les
principaux chapitres sont ainsi intitulés : Avan-
tages de la musique parmi les sept arts li-
béraux; Mathématiques et musique; V Ar-
tiste^ le Compositeur ; le Pianiste; etc. Le
manuscrit de Reicha comprend 47 pages in-
folio. Il y a tout lieu de croire que cet ouvrage
n'a jamais été publié.
REICHEL (Frédéric), musicien allemand,
né le 27 janvier 1833 à Oberoderwitz, près
Zittaii, se signalait tout à la fois, dit-on, dès
l'âge de onze ans, comme organiste, violoniste,
llùtiste, corni.ste, timbalier et chanteur. En IS48
il se rend à Dresde pour y compléter son ins-
truction musicale, prend en cette ville des leçons
de piano de Frédéric Wieck, puis entre à Posen,
comme professeur de mu.si(jue, dans la famille
du comteSzembeck.il retourne ensuite à Dresde,
travaille de nouveau avec Wieck, étudie la
théorie de l'art avec Jules Otto et Rietz, et se
consacre à l'enseignement et à la composition.
Très-recherché comme professeur, M. Reicliel
a dirigé successivement plusieurs sociétés de
chant. En tant que compositeur, il a écrit des
quatuors pour instruments à cordes, des octuors
pour instruments à vent, des études de piano,
REICHEL — REINSDORP
399
des morceaux de genre pour le même instru-
ment, des chœurs, etc. On lui doit aussi une
opérette, die Geangdeten Diplomaten {les m-
plomates timides), qui a été représentée en
1875, à Dresde, sur le tiiéàlre de la cour.
* REI\A (Dominique), chanteur italien dis-
tingué. — Dans la seconde édition de son An-
nuario musicale, M. Palosclii fixe la date de
la naissance de cet artiste à iannée 1797, et le
dit mort à Lugano le 29 juillet 1843.
REIiXDL (Benoit), moine et musicien du
dix-huitième siècle, fut capilulaire de l'abbaye
des bénédictins de Dissentis (Suisse), et s'est
fait connaître comme compositeur par un recueil
de messes à quatre voix, publié en 1789 sous ce
litre : Annulus eucharisticiis sex gemrnis co-
ruscaus. Ce recueil fut dédié par son auteur à
Beat Kùttel, prince-abbé d'Einsiedeln.
REI\DL (Constantin), professeur au Gym-
nase de Lucerne de 1770 à 1790, peut-être
parent du précédent, fut un violoniste et un
violoncelliste renommé, en même temps qu'un
compositeur de mérite. On lui doit plusieurs
symphonies, une messe à trois chœurs, un
offertoire pour voix de soprano avec orchestre,
et diverses antres œuvres.
* REI^'ECKE (Charles), pianiste et com-
positeur allemand, est aujourd'hui chef d'or-
chestre de la célèbre société musicale Geivand-
haus, de Leipzig. Virtuose très-remarquable,
M. Reinecke a obtenu sous ce rapport de très-
grands succès, non-seulement dans toute l'Alle-
magne, mais aussi à Londres, où il s'est vu
très-bien accueilli. Musicien fort instruit, théo-
ricien expérimenté, il est cependant moins heu-
reux comme compositeur, malgré sa rare fécon-
dité; ses œuvres, bien conçues, bien construites,
manquent essentiellement d'originalité, et l'ins-
piration leur fait trop souvent défaut. En réalité,
M. Reinecke, qui est un praticien consommé,
n'est quun artiste secondaire au point de vue de
la^création proprement dite.
Parmi les œuvres nombreuses de M. Reinecke,
je signalerai les suivantes : le Roi Manfred,
opéra en 5 actes, représenté à Leipzig et à
Wiesbaden -, une Aventure de Hândel, opéra-
comique en un acte(Schwenn, théâtre de la cour,
novembre 1873); die Mœnkguter, id. (Berlin,
1874); un oratorio dont j'ignore le titre; Dame
Kobold, Aladin, ouvertures de concert; Sym-
phonie en /a majeur; Symphonie en ut mineur;
Friedensfeier, ouverture de fête ; 2 messes avec
orchestre; Quintette pour piano et instruments
à cordes, op. 83; Quatuor pour instruments à
cordes, op. 132; Dornrœsclien, scène pour 3
voix seules, chœurs, et déclamation, avec ac-
compagnement de piano, op. 139; la Fuite en
ÉO'Jple, pour ciid'ur et orchestre; In Memo-
riam, introduction et fugue avec choral pour
grand orchestre; 1*^% 2% 3* Concertos de piano,
avec accompagnement d'orchestre; Concerto de
violon, id., op. 141; Concerto de violoncelle,
id.; 3 Sonatines pour piano, op. 47; 3 Sonatines
pour piano, op. 98; 6 Sonates- miniature, op.
13C; 6 Z/e(/er-sonalines ; Variations pour piano,
op. 52; Études pour piano, op; 137; 18 Pièces
faciles pour piano, op. 91 et 1,35; Ballade pour
piano, op. 20; Variations sur une Sarabande de
Bach, pour 2 pianos ; Impromptu pour 2 pianos,
op. 66 ; la Belle Griselidis, duo pour 2 pianos;
Marchengestalten, fantaisie pour piano, op.
147; Kinderiieder, op. 37, 03, 75, 91, 135, 138 ;
un grand nombre de lieder à une ou plusieurs
voix, chœurs, etc. M. Reinecke a donné une
édition des œuvres de Bach pour le piano, et
on lui doit toute une série de Cadences pour
des concertos de piano classiques (de Bach,
Mozart, Beethoven et Weber), op. 87.
REIXHOLD (Hlgo), l'un des mieux doués
parmi les jeimes compositeurs autrichiens, est
né à Vienne^le 3 mars 1854. Après avoir été
pendant quatre ans enfant de chœur à la cha-
pelle de la cour, il obtint, par l'entremise du
chef d'orchestre Herbeck, un subside qui lui
permit de poursuivre ses études au Conserva-
toire de Vienne, où il eut pour maîtres Bruckner,
Epstein et Dessoff, et où il obtint la médaille
d'argent. Le 9 décembre 1877, il faisait exé-
cuter au Concert philharmonique, société célèbre
de Vienne, une suite de morceaux pour piano et
orchestre d'instruments à cordes; l'année sui-
vante il y faisait entendre, avec un très-grand
succès, un prélude, un menuet et une fugue
pour semblable orchestre. Depuis lors, le jeune
artiste a publié des lieder, divers morceaux de
piano et des chœurs pour voix d'hommes. Il a
écrit aussi deux symphonies, qui doivent être
exécutées piochainement. Les compositions de
M Reinhold se distinguent par une imagination
brillante, une grande pureté de forme et une
instrumentation fine et distinguée.
J. B.
RELXSDORF (Otto), compositeur et écri-
vain musical, né à Kœsclitz (Anhalt), le 28 mai
1848, a fait ses études à Berlin, où il fut l'élève
de M. Kullak pour le piano et de M. Richard
Wuerst pour la composition. Il était à peine âgé
de vingt-deux ans lorsqu'en 1870, à Leipzig, il
commença à collaborer à la Nouvelle Revue
musicale, tout en publiant ses premières com-
positions. Après avoir pris part aussi à la rédac-
tion de la Tonhalle, il fonde coup sur coup
400
REIiNSDORF — REISSIGER
(1872-1873) un « bureau central de musique »
et un journal qui avait pour titre : Gazette cen-
trale de la musique. Ces deux entreprises
ayant étlioué, il va fonder à Cassel la Gazeile
universelle allemande de musique, dont l'exis-
tence dure à peine une année, occupe une place
de professeur qu'il abandonne presque aussitôt,
et part pour Vienne où il crée en 1875 un troi-
sième journal, le Journal illustré de musique
et de théâtre, dont il se sépare au bout de peu
de temps. 11 devient alors directeur d'opéra dans
quelques petites villes, puis revient en 1877 à
Berlin, où je crois qu'il est encore aujourd'hui.
Tout en s'occupant ainsi de littérature musicale,
M. Reinsdorf ne négligeait pas la composition et
publiait, tantôt chez un éditeur, tantôt cliez un
autre, diverses œuvres dont le nombre atteint
aujourd'liui le chiffre de soixante-dix environ, et
qui consistent surtout en lieder et en pièces de
genre pour le piano. On assure que M. Reinsdoif
n'est pas un artiste sans valeur, et qu'avec un
peu plus de constance dans le caractère, un peu
plus de fixité dans les idées, il pourrait se dis-
tinguer tant comme compositeur que comme
écrivain.
* REIXTHALER (Ch\rles-Martin), est
né le 13 octobre 1822 à Erfurt, où son père avait
fondé et dirigeait une maison d'éducation. 11
manifesta de bonne heure un goût prononcé
pour la musique, et reçut d'Auguste Rilfer, qui
fut plus tard organiste de la cathédrale de Mag-
debourg, des leçons de piano, d'orgue et d'har-
monie. En 1841, il se rendit à Berlin pour y
étudier la théologie, mais cette étude ne put lui
enlever sa passion pour la musique, qu'accom-
pagnait chez lui celle du dessin et de la peinture,
et il prit des leçons du fameux théoricien A.-B.
Marx.
Tout en passant ses derniers examens de
théologie, M. Reinthaler commença à se produire
comme compositeur, en faisant exécuter quel-
ques psaumes par le chœur de la cathédrale de
Berlin. Ces ouvrages furent bien accueillis, et le
roi Frédéric-Guillaume IV, pour encourager le
jeune artiste, lui accorda un subside pour aller
en Italie, et particulièrement à Rome, étudier le
cliant d'église italien. M. Reinthaler voulut
passer par la iM'ance et vint d'aboj'd à Paris,
pour s'y fortifier dans la pratique et l'enseigne-
ment du chant; à cet effet, il prit des leçons de
Géraldy et de Bordogni, après quoi, en 1851, il
partit pour l'Italie, séjournant surtout à Naples
et à Rome. De retour en Allemagne en 1853, il
devenait professeur de chant au Conservatoire
de Colognt^ et en 1858 il était appelé à Brème
comme organiste de la cathédrale. II se fit une
grande situation dans cette dernière ville, où il
prit la direction de l'Académie de chant (fondée
en 1815 par le docteur Riem) et celle de la
Lieder ta fel, en môme temps que celle des con-
certs privés, qui y étaient organisés sur le mo-
dèle des belles séances du Gewandhaus de
Leipzig; il dirigeait aussi les chœurs de la ca-
thédrale, et fit preuve dans ces fonctions di-
verses et multiples d'une grande habileté et d'un
talent pratique incontestable.
Outre les compositions de M. Reinthaler qui
ont été mentionnées dans la Biographie uni-
verselle des Musiciens, il faut signaler les œu-
vres suivantes : Edda, opéra en 4 actes, qui a
été représenté à Brème le 22 février 1875; das
Mxdchen von Cola, composition pour chœur
et orchestre; In der Wilste (Dans le Désert),
cantate pour soli, chœurs et orchestre ; 2 duos
pour soprano et contralto, avec piano, op. 28;
une symphonie ; des ouvertures, des morceaux
religieux, des quatuors pour voix d'hommes et
pour voix mixtes, et enfin le Bismark- Hymne,
qui a remporté le prix au concours ouvert pour
la mise en musique de la poésie de M. Rodol-
phe Gotlschall.
* IlEISET ( DE), diplomate français
et compositeur amateur, était en 1802 chargé
d'affaires de France à Darmstadt, et quelques
années plus tard ambassadeur à Hanovre. Il
s'occupait beaucoup de musique, et écrivit
d'abord un petit opéra intitulé le Meunier de
Marlinac, qu'il fit représenter à Darmstadt, au
mois de février 1863, sous le pseudonyme de
Jesper ; je crois bien que c'est le même ouvrage
qu'il donna l'année suivante à Brunswick, sur
le théâtre de la cour, sous le nouveau titre de
la Meunière de Marly (titre d'un ancien vau-
deville français, qui avait sans doute servi de
livret) et sous le pseudonyme plus transparent
de Tester. Enfin, au mois de janvier 18C5, M. de
Reiset fit jouer, sur le même théâtre de Bruns-
wick, un nouvel opéra en 2 actes, Dona Maria,
infante d'Espagne, dont il avait écrit la musi-
que en société avec M. Langert et pour lequel
il se dissimula encore sous le pseudonyme de
Tesier, qui forme l'anagramme de son nom.
* REISSIGER (Frédéric-Auguste), com-
positeur, est né à Beizig, non en 1804, mais le
20 juillet 1809. Il reçut de son père sa première
instruction musicale et littéraire, et avant d'avoir
accom|ili sa treizième année, il fut admis, après
examen, au Thomaschor de Leipzig. Là, il
reçut des leçons de Schicht et de Th. Weinlig,
en même temps qu'il prenait part, comme les
meilleurs élèves de cet établissement, à l'exécu-
tion des excellents concerts du Gewandhaus, où
REîSSIGER — REISSMANN
401
son jpunc esprit se prit d'admiration pour les
chefs-d'œuvre de Haydn, de Mozart et de
Beethoven. En 1830, M. Rcissiger entra à i'u-
uiversilé de Berlin pour y étudier la théologie ;
mais, ses ressources se bornant à une modique
pension annuelle de 59 lh;ilers que lin' servait sa
ville natale, il dut se mettre à donner des leçons
pour vivre. Sur les conseils de Zelter, il prit
des leçons d'harmonie et de contre-point du
professeur Dehn, et bientôt publia quelques
compositions, consistant en lieder avec piano,
recueils de duos, marches, morceaux de danse
et de genre pour le piano.
En 1840, on lui offrit l'emploi de chef d'or-
chestre au théâtre de Christiania (Norwége). Il
accepta, et, tout en remplissant ces fonctions,
se livra activement à la composition, écrivant
plusieurs ouvertures de concert, des messes,
un Requiem, diverses cantates, ainsi que la mu-
sique de <ieux ouvrages dramatiques : Tie Sc-
ters, et Ogtemanders Reprasent^ .it. En môme
temps, il se faisait remarquer par son amour
pour les mélodies norwégiennes^ qu'il recher-
chait de toutes parts et qu'il arrangeait avec un
art très-habile.
Après un séjour de dix ans à Christiania,
M. Reissiger, fatigué de la vie de théâtre, se
rendit à Frederikshalt, comme organiste et chef
de musique de la V brigade. Là, il dut tourner
son talent du côté de la musique militaire, et
composa un grand nombre de fantaisies sur des
mélodies norwégiennes, suédoises et «lanoisos,
ainsi que des marches, pas redoublés, polo-
naises, valses, etc., qui obtinrent de grands suc-
cès; un quintette pour instruments à cordes,
qu'il écrivit sur des thèmes norwégiens, lui
valut surtout une grande popularité. Devenu
aussi directeur d'une société chorale, M. Reissi-
ger publia plus de 50 chœurs pour voix d'hom-
mes, et enfin, comme chef d'orchestre de la So-
ciété musicale de Frederikshalt, il eut de nom-
breuses occasions de déployer son talent de
compositeur. M. Reissiger est particulièrement
estimé en Norwége,;^ où son talent très-réel,
l'amour dont il s'est épris pour les mélodies na-
tionales et l'habileté remarquable avec laquelle
il a su les mettre en œuvre en plus d'une occa-
sion, lui ont créé de vives sympathies.
REISS\IAiVi\ (Auguste), docteur en philo-
sophie, pianiste, organiste, violoniste, composi-
teur et écrivain musical, est l'un des artistes les
plus laborieux et les plus actifs de l'Allemagne
à l'époque actuelle. Né le 14 novembre 1825 à
Frankenstein, dans la Silésie, il apprit les pre-
miers éléments de l'art d'un cantor nommé
H. Jung, excellent maître qui a formé en Silésie
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
nombre de cantors et organistes fort habiles. En
18'»3, M. Reissmann alla terminer son éducation
littéraire à l'université de Breslau, et là il con-
tinua à s'occuper activement de musicjue, étu-
diant le piano , l'orgue et la composition avec
E. Richter, et le violon avec 1*. Luster. Ses
éludes achevées, il se livra décidément à la
carrière artistique, et pendant un séjour de deux
années qu'il fit à Weimar, de 1850 à 1852, il
prit hardiment parti pour les théories et les
doctrines de M. Richard Wagner.
Ayant quitté Weimar, M. Reissmann alla se
fixer à Halle, où il resta longtemps et où, tout
en consacrant une partie de son temps à la com-
position, il commença à s'occuper de critique et
à se livrer à de sérieuses recherches sur l'his-
toire de la musique et des musiciens allemands.
Le premier fruit de ses travaux en ce genre fut
un écrit important qu'il publia sous ce titre :
Von Bach bis Wagner {De Bach à Wagner),
Berlin, Guttenberg, 1861. Deux ans après, en
1863, il allait s'établir à Berlin, qu'il n'a pas
quitté depuis; là, sa grande activité lui permit,
sans cesser de s'occuper de composition et de
littérature musicale, de se donner aussi à l'en-
seignement. Il publia d'abord un ouvrage sur le
lied : das Lied in seincr historischen Entwicke-
lung {le Lied dans son développement histo-
rique), ouvrage qui fut refait et publié en 1874
sous ce nouveau titre : Geschichte des dentschen
Lied {Histoire du lied allemand). Cet écrit fut
suivi d'une Histoire universelle de la musique
{Allgemeinen Musikgeschichte), en trois volu-
mes, qui parut de 1863 à 1865, et d'un ouvrage
pédagogique intitulé Allgemeinen Musiklehre
{Enseignement universel delamusique), Ber-
lin, 1864. En 1865, M. Reissmann livrait au
public une importante biographie de Schumann :
Robert Schumann, sa vie et ses œuvres, et
l'année suivante il commençait la publication
d'un grand traité didactique : Lehrbuch der
musikalischen Composition {Traité de com-
position musicale), qui ne comporte pas moins
de trois volumes (1); il a donné ensuite une
étude biographique sur Félix Mendelssohn-
Bartholdy (1872), une autre sur Franz Schu-
bert (1874), et une brochure intitulée die Kœnig-
liche Hochschule fur Musik in Berlin {De
l'École supérieure royale de musique à Ber-
lin). Enfin, il a fait au Conservatoire de cette
ville une série de conférences sur l'histoire de
(I) Je ne connais pas cet ouvrage, qui fut publié à
Hcrlin de 18g6 à 1S70. Fétis a fait un compte-rendu sévère
du premier volume dau'. la llevue et Gazette thusicale de
Paris, année 186g, h» 7.
T II. 26
402
REISSMANN — REMENYI
la musique, lesquelles ont élé réunies et publiées
en 1877 chez l'éditeur Otto Janke.
Mais ces nombreux travaux littéraires ne ra-
lentissaient en aucune façon, chez M. Reissmann^
la production musicale proprement dite, et le
compositeur ne le cédait en rien à l'écrivain.
M. Reissmann se produisit à plusieurs reprises
au théAIre, avec des ouvrages importants; il
donna ainsi GudrtDi, grand opéra dont le rôle
principal était rempli par une cantatrice de ta-
lent, M'"" Peschka-Leutner, et qui fut très-favo-
rablement accueilli à Leipzig au mois d'octobre
1871, puis (las Gralspiel, grand opéra, et un
opéra-comique intitulé le Bourgmestre de
Schondorf. On connaît aussi de lui, outre deux
grandes scènes dramatiques, Loreley, et la
Mort de Drusus, pour voix seules, chœurs et
orchestre, un « oratorio dramatique, » Witle-
kind, œuvre remarquable, dit-on, dont il a écrit
les paroles et la musique, et qui a été exécuté
avec succès à Berlin au mois de mai 1877.
M. Reissmann a composé aussi beaucoup de mu-
sique instrumentale, entre autres un concerto de
violon avec orchestre, une suite pour violon
solo avec accompagnement d'orchestre (op. 42),
2 sonates pour piano et violon, etc. Enfin, il a
publié encore plusieurs recueils de lieder avec
accompagnement de piano, des ballades, des
duos et trios pour diverses voix, et d'assez nom-
breux chœurs avec ou sans accompagnement.
Lorsque Hermann Meudel {Voy. ce nom)
mourut en 1876, laissant inachevé le grand ou-
vrage dont il avait entrepris la publication et
qu'il dirigeait lui-même : MustkaUschcs-Con-
versations- Lexicon, c'est M. Auguste Reiss-
mann, l'un des collaborateurs les plus actifs de
cet ouvrage, qui en devint le directeur et qui
fut chargé de le mener à bien. Au moment où
cette notice est écrite (juillet 1878), il vient
d'en faire paraître le neuvième volume. En ré-
sumé, M. Reissmann occupe en Allemagne, tant
comme compositeur que comme écrivain et his-
torien musical, une situation considérable.
^^ IIELLSTAB (Heniîi-Frédéric-Louis),
écrivain nuisical allemand, est mort subitement
à Berlin le 28 novembre 1860. Il avait assisté la
veille à la représentation de l'Opéra, et le matin
il fut trouvé mort dans son lit. Il occupait encore
à cette époque les fonctions de rédacteur mu-
sical de la Gazette de Voss, qu'il remidissait
depuis 1827. Rellstab fut aussi, pendant longues
années, l'un des collaborateurs de la Revue et
Gazelle musicale de Paris. C'est lui qui avait
fourni à Meyerbeer le livret de son opéra le
Camp de Silfisic.
^ Sponiini et Rellstab est le titre d'un prlil
écrit qui fut publié par Charles-Frédéric Millier
(Berlin, Bechtoid, in-16, 1833), à l'époque où
Rellstab poursuivait de sa haine l'auteur de la
Vestale et de Fernand Cortez.
RÉMAURY (Caroline). — VoyezMON-
TKliXY-RÉMAURY (Madame).
REMEiXYI (Edouard), virtuose extrême-
ment remarquable sur le violon, est né à llewes
(Hongrie) en 1830, et a fait son éducation musi-
cale au Conservatoire de Vienne, où il est resté
de 1842 à 1845. A peine adolescent, en 184S, il
prit part à la grande insurrection hongroise,
s'engagea comme volontaire, gagna le grade
d'adjudant, et fit toute la campagne contre l'Au-
triche sous les ordres du fameux général Geor-
gei. Lorsque, après des prodiges de vaillance, l'ar-
mée patriote eut été vaincue, M. Remenyi dut
faire comme tant d'autres, et chercher son salut
dans l'exil. Il partit pour les États-Unis, et là,
reprenant son instrument, il commença cette
carrièie de virtuose qui devait lui valoir une si
grande renommée. Cependant, dès 1853, il était
de retour en Europe, et se trouvait à Weimar,
où il faisait la connaissance de M. Liszt, qui lui
donnait d'utiles conseils. L'année suivante, il se
rendait à Londres, et y devenait bientôt violon-
solo de la reine d'Angleterre. Quelques années
après, il entreprenait une série de voyages artis-
tiques sur le continent, et en 1865 il se faisait
entendre pour la première fois à Paris, dans
quelques salons, avec un énorme succès. Depuis
lors il a parcouru l'Allemagne, la Belgique, la
Hollande, accueilli partout de la façon la plus
favorable. Depuis 1875, il semble s'être fixé à
Paris, sans pourtant que cela l'empêche d'aller
se faire entendre et applaudir à l'étranger.
M. Reinenyi est un artiste absolument origi-
nal, au jeu étrange, désordonné, ayant quelque
chose de fauve et de sauvage, mais d'une gran-
deur réelle, d'une puissance incontestable, qui
s'allie, chose rare, au charme le plus pénétrant.
Le virtuose se joue des difficultés les plus com-
pliquées, les plus invraisemblables, il les accu-
mule comme à plaisir, puis, quand il a fasciné,
ébloui son auditoire, il l'étonné, le charme et le
tient sous le joug par des accents de la passion
la plus intense, de la tendresse la plus expres-
sive. Artiste fiévreux, singulier, d'une nature à
la fois étrange, puissante et mélancolique, il
possède une étonnante force d'action et fait
passer le public par les impressions les plus
diverses et les plus inattendues, le tenant tou-
jours attentif et haletant. Il a des doigts d'acier,
un son d'une ampleur et d'une majesté surpre-
nantes, un archet d'une souplesse, d'une variété
et d'une indépendance sans pareilles, avec cela
UEMENYI — REMUSAT
403
une fougue et une mm vc absolument person-
nelles. D'ailleurs, M. Keraenyi se laisse souvent
aller à sou inspiration, et improvise souvent,
devant le public, fie façon à émerveiller ses
auditeurs. Un toi artisle ne saurait faire école,
mais il est vraiment prodigieux, et procure des
sensations que nul autre ne saurait faire naître.
Pour une nature semblable et aussi irrégu-
lière, le répertoire de la musique de violon,
malgré sa [ricliesse, s'est trouvé naturellement
trop restreint. Aussi M. Remenyi, qui, je crois,
ne compose guère, a-t il pris le parti de trans-
crire pour le violon et de s'approprier un grand
nombre d'œuvres écrites originairement pour le
piano, et choisies surfout par lui dans les produc-
tions des maîtres romantiques. C'est ainsi qu'il
a adapté à son instrument divers nocturnes de
Field, des mazureks et des polonaises de Cho-
pin, i)lusieurs mélodies de Schubert, quelques
romances sans paroles de Mendelssohn, et aussi
quelques courts morceaux de Jean-Sébastien
Bach, de Rameau et de Mozart. Il a entrepris
récemment la publication de ces transcriptions
(Paris, Heugel), qui ont paru sous le litre de
Nouvelle École de violon.
M. Remenyi a le titre de violon-solo de l'em-
pereur d'Autriche, roi de Hongrie.
RÉMI ou RÉMY, est le nom d'une famille
de luthiers qui exercent leur industrie à Paris
depuis plus d'un siècle. Le chef de cette famille
était établi en 17G0, rueSainte-Marguerile-Saint-
Antoine, d'où il alla demeurer ensuite rue Ti-
quetonne; ses instruments étaient, dit-on, du
genre de ceux des Guersan, de Saint-Paul et de
Gaviniés. Son fils, Jean-Mathurin Rémi, né
rue Tiquetonne en 1770, s'établit au n° 30 de
la rue de Grenelle-Saint-Honoré, où il demeura
pendant trente-sept ans, et mourut en 1854. Le
fils de celui-ci, M. Jules Rémi, né en 1813, a
succédé à son père et exerce encore sa profes-
sion à Paris.
RÉAIUSAT (JusTisiEN DE), compositeur,
est né à Marseille le 24 octobre 1803 (1" bru-
maire an XII).
Appartenant à une ancienne et riche famille
de Provence, qui a marqué dans les charges
municipales à Marseille, il apprit la musique
sans autre but que d'occiq)er les loisirs d'une
vie facile. Mais il vit bientôt dans l'art autre
chose qu'une distraction frivole, et l'étudia de
la façon la plus sérieuse, comme il l'est assez
fréquemment en Allemagne par de simples ama-
teurs.
Il prit une part active au remarquable mou-
vement artistique qui se produisit à Marseille
à partir des premières années de la Restauration
jusque vers 1839. — 11 fut l'ami dévoué de
d'Oriigue et de Berlioz. On a de-cet amateur
éclairé diverses compositions qui lui assignent
une place dans ce volume. — Quelques-unes
ont été publiées et sont signées de l'anagramme
De Siauiner, — En voici le relevé : — 12 valses
pour piano : ~ Ave verum, pour chœur et
orchestre, chez Gérard (à Paris) -, — O Salu-
taris, pour ténor, chœur et orchestre ; —
Kolherstal, grande valse pour piano (chez Gé-
rard); — Un quatuor pour deux violons, alto
et violoncelle ; — Trois trios pour piano, vio-
lon et violoncelle (chez Gérard) ; — Une sonate
pour piano et violon (chez Gérard).
Ces pièces témoignent d'une solide éducation
musicale et d'un commerce assidu avec les grandes
œuvres classiques : elles sont bien conduites,
bien développées et conçues dans un esprit
simple, également éloigné du banal et du tour-
menté. Les plus remarquables sont les deux
derniers trios pour piano, violon et violoncelle
et l'Ave verum, œuvre d'un sentiment élevé et
suave, qui est bien empreinte du caractère reli-
gieux. Al. R — D.
^ RÉMUSAT (Jean), flûtiste et composi-
teur pour son instrument. — Il a été dit, dans
la Biographie universelle des Musiciens, que
cet artiste, après un long séjour à Londres, était
revenu à Paris, où il avait tenu l'emploi de
première flûte au Théâtre-Lyrique. Je ne sais
si le fait est exact; en tout cas, Rémusat n'au-
rait pas tardé à retourner en Angleterre, car,
en 1856, j'ai connu cet excellent artiste à Lon-
dres, où il occupait une brillante situation.
Depuis lors, Rémusat, qui était un homme fort
intelligent, mais un esprit original et un peu
excentrique, est allé, paraît-il, se fixer à Shang-
haï, où l'on assure qu'il a ouvert une école de
musique.
"Voici la liste des principales compositions de
Rémusat : Méthode dejlùte; — Échos d'Italie,
10 fantaisies-, — Bouquet de mélodies, 10 pe-
tites fantaisies sur des motifs d'opéras; — :
1^"^ Concertino, op. 22 ; — le Flûtiste roman*
cier, choix de romances variées en forme de
fantaisies (7 livraisons) ; — Illustrations musi-
cales, 10 fantaisies sur des motifs d'opéras; —
Souvenir du théâtre allemand, 10 fantaisies
id.; — 8 Cavatines italiennes en forme de fan-
taisies; — Hommage à Bellini, op. 50; —
le Carnaval napolitain, fantaisie de concert,
op. 40; — 24 fantaisies pour flûte et piano, sur
des airs célèbres (avec Alphonse Leduc); — 8
Duos faciles pour flûte et violon (avec M. Ernest
Depas) ; — 6 Duos pour flûte et violon (avec le
même) ; — Feuilleton du flûtiste, 6 morceaux
404
RP'MUSAT — RENDANO
pour flûte seule; — Album des jeunes' flûtistes,
C airs variés; — 6 Duos faciles et progressifs^
pour 2 flûtes, op. 13 ; — Fantaisies diverses sur
la Part du Diable, la Sirène, la Barcarolle,
Robert Bruce, Naydée, l'Étoile du Nord, etc.,
etc.
RENAUD (Pierre-Guillaume), fils d'un
musicien d'origine française qui occupait une
honorable situation artistique en Hollande (1),
est né à la Haye le 3 avril 1807. Élève de
F. Voicke , il devint liii-inùmc un organiste et
un compositeur distingué. Directeur d'une so-
ciété musicale à la Haye, il était professeur de
piano en cette ville et remplissait les fonctions
d'organiste à l'église des Remonstrants. On con-
naît de lui un grand nombre de compositions,
parmi lesquelles je citerai les suivantes : liet
land der Zaligen, cantate pour chœur et or-
chestre; Chant de guerre, pour voix d'hommes
et fanfare ; De Zon, cantate pour chœur et or-
chestre-, Ouverture à grand orchestre; le Soir,
l'Automne, méditations de Lamartine, pour voix
seule ; Messe à 4 voix ; Fantaisies pour le piano
sur la Vestale, le Barbier de Séville, les Mar-
tyrs, le Guitarero; divers autres morceaux de
piano, et un nombre considérable de chœurs,
lieder et mélodies vocales.
RENAUD (François-Augustin), physicien
français, professeur au collège de Rambervil-
1ers (Vosges), s'est beaucoup occupé des ques-
tions d'acoustique et de celles qui concernent
la constitution physiologique du système mu-
sical moderne. A l'enconlre de beaucoup d'au-
tres savants qui ont traité ces questions,
M. Renaud n'a pas jugé inutile, avant de présen-
ter .ses observations au public, d'étudier la
musique, afin d'établir les bases de son sys-
tème sur une alliance aussi étroite que possi-
ble entre les données positives de la science et
les exigences délicates de l'oreille. Il en résulte
que ce système, établi sur une série d'expé-
riences qii'on peut qualifier jusqu'à un certain
point de contradictoires, amène une sorte
de compromis entre les prétentions souvent
insoutenables des physiciens et les assertions
de ceux qui s'occupent surtout de déterminer
les effets de la sensation auditive. Partant de
ce principe, M. Renaud a cru trouver, d;ins la
nalure physiologique du son musical, la hase
d'une harmonie naturelle qui s'imposerait aux
musiciens en quelque sorte malgré eux, et les
obligerait à cidopter un système fondé sur le
(I) Guillaume Renaud pire, orRanIste, (HaU n6 ii Ilar-
derwljck le 15 décembre I786. It mourut à M.iass'uls le
4 Janvier I8i6.
rapport et l'échelonnement des harmoniques.
Cependant, venant après Rameau et M. Helm-
lioliz, M. Renaud ne pousse pas à ses consé-
quences extrêmes le système préconisé par
eux, et il admet dans son application un
certain tempérament, une très-réelle élasti-
cité. Malgré tout, je ne suis guère partisan,
l)our ma part, de systèmes de ce genre, et,
sans entrer ici dans une discussion approfondie
de celui de M. Renaud, je me borne à le men-
tionner en renvoyant à ses ouvrages tous ceux
que passionnent ces questions intéressantes.
Voici ceux des écrits de M. Renaud qui
sont venus à ma connaissance : 1° le Prin-
cipe radical de la musique et la tonalité
moderne ou la Science de l'harmonie basée
S7tr la nature même du son 7nusical, Paris,
Tolra et Ilaton, in-8% 1870; 2° Étude sur
les diverses interprétations oii évaluations
de la gamme diatonique majeure ut, ré, mi,
fa, sol, la, si, ut, précédée de notions élé-
mentaires de calcul musical, Paris, Hat on,
1871, in-8° de 64 pp. ; 3' Du rote de la
science dans l'art musical, Paris , Haton,
1872, in-8" de 16 pp.
RENAUDIN (Léopold), luthier français,
né à Mirecourt en 1749, jouit de quelque répu-
tation dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle. En 1783 il était établi à Paris, et demeu-
rait rue Saint-Honoré, auprès de l'Opéra. Il
périt en 1793, sur l'Ochafaud révolutionnaire.
On a de Renaudin quelques violons d'une assez
bonne facture. En 1873, lors de l'incendie de
l'Opéra dans lequel furent détruits tous les ins-
truments de l'orchestre, on perdit plusieurs
excellentes contre-basses qui avaient été cons-
truites par cet artiste.
J. G-T.
RENAULT (Nicolas), luthier, exerçait sa
profession à Paris en 1546. Originaire de Nancy,
il y avait travaillé avec les frères Médard (Ni-
colas et Jean), également de cette ville. Nicolas
Renault passe pour avoir travaillé avec André
Amati, lorsque Charles IX fit venir à Paris le
toièhre luthier italien, qu'il avait chargé de l'or-
ganisalion de sa chapelle. Il est en effet peu
probable qu'André Amati ait pu, sans collabo-
raleur, pourvoir à la royale commande, qui ne
comprenait pas moins de 24 violons de grand pa-
tron, 12 violons moyens, G violes et 8 basses de
viole.
J. G— Y.
RENDANO (Alfonso), pianiste et composi-
teur italien, né à Carolei, près de Cosenza, le 6
avril 1853, a commencé son édncalion musicale
dans sa patrie, passa quelques mois au Conser-
HENDANO
REULING
405
vatoire de Naples, travailla ensuite avec Tli.il-
berg, qui l'avait pris en vive affection, puis alla
terminer ses études au Conservatoire de Leipzig.
Agé de dix-iniit ans et sortant à peine de cet
établissement, il se (it entendre avec un grand
succès à la célèbre société du Gewandhaus. 11 se
produisit ensuite, d'une façon non moins heu-
reuse, à Paris, puis à Londres, d'abord à l'Union
musicale, puis à la New Philharmonie Society,
et enlin à la cour. L'accueil qui lui fut fait à
Londres fut tout particulièrement llatteur pour
le jeune artiste, dont les qualités sont d'ailleurs
des plus remarquables. Musicien instruit, brisé
aux styles de tous les maîlres, Beethoven et
Weber, Mendelssohn et Chopin, M. Rendano,
dont le jeu est plein de grâce et de lendresse,
d'expression et de mélancolie, ne se dislingue
pas moins par la virtuosité pure, et son méca-
nisme surprenant se joue de toutes les diffi-
cultés, sans qu'aucune apparence de charlata-
nisme vienne jamais gâter le fini d'une exécution
irréprochable.
Depuis quelques années, M. Rendano est de
retour dans sa patrie. On lui doit quelques com-
positions pour son instrument que l'on dit fort
distinguées, entre autres un recueil intitulé
Feuillets d'album (Londres, Slanley-Lncas), et
divers morceaux détachés : Alla Gavotla,
Chant du paysan, Valse-caprice, Marche des
souris contre les grenouilles, etc.
RENÉ (Charles), artiste qui faisait partie
delà troupe dramatique occupant le théâtre de
Caen, a fait jouer sur ce théâtre, le 25 février
1836, un opéra-comique intitulé les Blanchis-
seuses, dont il avait écrit les paroles et la mu-
sique.
REiVES (R ), est le nom d'un composi-
teur inconnu qui vivait au commencement du
seizième siècle, et qui a fourni à Pierre Attai-
gnant, pour le recueil de chansons françaises
à 4 parties publié par cet éditeur vers 1530, la
musique des chansons suivantes : Ce fut en
montant les degrez, tardant désir que
fay, L'autre jour je vis par un matin. Le
doux accueil. Le maintien.
* REPARAZ (Anto.mo), chef d'orchestre
et compositeur espagnol, a rempli à quatre re-
prises différentes les fonctions de chef d'or-
chestre au théâtre italien de San- Juan, à Oporto
(Portugal), et a tenu le même emploi à celui
du Cirque, de Madrid, ainsi que dans diverses
villes d'Amérique. En 1850, il faisait représen-
ter à Oporto un opéra italien, Gonzalvo di
Cordova, qu'il faisait bientôt suivre de deux
autres ouvrages donnés dans la même ville,
Pietro il Crudele, et Malek-Adel (1859). Au
mois d'octobre 1806, il donnait coup sur coup
à Madrid, au théâtre du Cirque, trois zarzue-
las qui avaient pour titre la Gitanilla, las
Bodas de Camacho et la Cruz del Val le. Ses
autres ouvrages dramatiques .sont la Nina de
nieve, qui obtint du succès à Madrid, la Venta
encantada, opéra dont le sujet était tiré d'un
épisode de Don Quichotte, et qui, donné aussi
à Madrid, y fit une chute complète, la Toma
de Granada, qui fut représentée en Portugal,
et la Rinnegata, opéra italien qui fut donné
à Porto le 28 février 1874. Ce dernier fut joué
ensuite en Italie, au théâtre Chiabrera, de Sa-
vone, sous le titre de Zaida la Rinnegata
(1878).
KFPETTO ( ), compositeur italien, a
fait représenter à Nice, en 1855, un opéra
bouffe intitulé un Episodio di San Michèle,
écrit par lui sur le livret bien connu de Félice
Romani qui avait servi déjà à plusieurs com-
positeurs.
RESSIER ( ). — Un artiste de ce nom
a écrit la musique de trois ballets-pantomimes
représentés sur le théâtre de Nicolet vers 1772:
r tes Fêtes villageoises ; 2° les Forges de
Vulcain ; 3° le Vieillard rajeuni.
RETY (Hippolvte), écrivain musical fran-
çais, membre de l'Académie de Màcon, a pu-
blié quelques opuscules dont les trois suivants
seulement sont venus à ma connaissance : 1"
Éludes historiques sur le chant religieux et
moyens pratiques d'en améliorer l'exécution
dans les grandes et les petites paroisses,
Paris, Lyon et Mâcon, 1870, in-8^; 2° Notice
historique sur Choron et son école, Paris,
Douniol, 1873, in-8°; 3° De l'importance d\ne
bonne éducation musicale, Paris, Blériot,
1878, in-8° de 24 pp.
* REULING (Louis-Wilhelm), composi-
teur et chef d'orchestre, né à Darmstadt le 22
décembre 1802, avait reçu de son père les pre-
mières notions de l'art musical, puis était devenu
l'élève de Seyfried. Sur la recommandation de
Beethoven, un professeur célèbre alors, Emma-
nuel Fœrster, consentit à achever son éduca-
tion. Par la suite, Reuling devint chef d'orches-
tre de la cour de Vienne, et fit représenter en
cette ville un assez grand nombre d'ouvrages
dramatiques, parmi lesquels on peut citer, comme
ayant obtenu de véritables succès, la Fête des
travailleurs, Alfred le Grand et le Kobold.
Cet artiste très-honorable est mort à Munich,
le 29 avril 1877, à l'âge de soixante-quatorze
ans.
Voici une liste des ouvrages que Reuling a
fait représenter ; je ne puis assurer qu'elle soil
406
REULÏNG — REY
absolument complète, mais je crois qu'elle est i
bien près de l'être : 1° le Gai Fritz, un acte,
Vienne, 1832 ; 2" Paris en Poméranie, un
acte, Vienne, 1832 ; 3°. le Choriste en équi-
page, un acte, Vienne, 1832; 4° Malice et Cha-
grin, un acte. Vienne, 1832; 5° les Insépara-
bles, un acte, Vienne, 1832; 6o le Menteur
et son/ils^ un acte, Vienne, 1833 ; 7" les Deux
Chambellans, Vienne, 29 juillet 1833 ; 8° Ze
Neveu trépassé. Vienne, 20 août 1833 ; 9°
l'Ennemi des femmes, un acte, Vienne, 6 no-
vembre 1833; 10° les Méprises, un acte.
Vienne, 25 mars 1834 ; U" le Cadet, un acte.
Vienne, 14 novembre 1834 ; 12° la Famille des
Quakers, un acte. Vienne, 5 janvier 1835 ;
13" Alfred le Grand, grand opéra en 3 actes,
Vienne, 16 septembre 1840 ; 14° Petits Cha-
grins, un acte. Vienne, 1846; i5° Falconiere ;
16° Ulysse; 17° la Fête des travailleurs.
A ces ouvrages, il faut encore ajouter les bal-
lets dont voiciles titres : 18° Za Vestale, Yieane,
1830; 19° le Kobold, Vienne, 1831; 20° le
Diable boiteux, Vieivne, 1836.
REVE]\TOS Y TRUCH (José), com-
positeur et professeur espagnol, né à Barcelone
le 29 janvier 1840, commença ses études mu-
sicales sous la direction d'Andrevi, et, après la
mort de celui-ci, les continua avec M. Bernardo
Calvo Pulg. Devenu en 1865 professeur auxi-
liaire de chant au Conservatoire de Madrid, il
n'en conserva pas moins la direction d'une école
de musique pour enfants qu'il avait fondée l'an-
née précédente dans l'église de Moniserrat de
îetfe ville. M. Reventos a fait exécuter plu-
sieurs œuvres importantes de sa composition,
entre autres une symphonie dans les formes
classiques, un Slabat Mater à grand orches-
tre, des villancicos (cantiques), etc., et une
messe de gloria à voix seules, qui a été dé-
diée parlai au pape Pie IX. lia publié aussi
quelques morceaux religieux à une, doux et
trois voix, avec accompagnement d'orgue.
RKVEUCJI01\( ),est l'auteur d'un petit
manuel de musique plus prétentieux que déve-
lop|)é, et publié sous ce titre : « De la Musique.
Nouvelle^ théorie, nouvelle pratique. L'harmo-
nie .expli(iuée'revêtant la forme mathématique.
Guide du compositeur et du maître de chant
(s.J. n. d. [Cbambéry, 1873], in-18). » Telle
est la tâche que l'auteur s'est chargé d'accom-
plir ^en' moins de 120 pages in-12, et l'on con-
viendra qu'il^faut une certaine dose de con-
fiance en soi seulement'pour l'entreprendre. La
théorie est nouvelle en effet, comme on va le
voir par cet exposé imprimé sur la couverture
même du volume : « Enseignement simultané
du chant à 2 et 3 parties, sans notes, ni clefs,
ni portées, rendu possible par les pères et inères
de famille et tous les instituteurs. Système dé-
robé à l'instinct de l'ouïe (la musique apprise
sans le secours et la participation de l'oreille !),
annulant toutes les diflicultés et permettant aux
enfants comme aux adultes de tout solfier
après quelques leçons. » C'est toujours cette
vieille utopie de la musique hors de la musi-
que, enseignée en quelques jours, h l'aide de
formules algébriques. De pareils systèmes ne
se discutent pas, car cela revient à enseigner la
peinture sans le secours de la vue ou l'archi-
tecture sans le secours des proportions.
* RÉVIAL (Marie-Pauline-Françoise-
Locis-Benoit-Alphonse), est mort à Étretat
le 13 octobre 1871. Il avait, depuis quelques
années, donné sa démission de professeur au
Conservatoire. Révial était chevalier de la Légion
d'honneur. On lui doit un recueil de 12 Études
pour le chant, destinées aux voix de so-
prano, mezzo-soprano et ténor.
REW (Henry-G ), musicien anglais con-
temporain, établi à Londres, a publié en cette
ville un certain nombre de composit'ions reli-
gieuses, parmi lesquelles on remarque un ser-
vice de communion en ré {Kyrie, Credo, Sur-
sum corda, Sanctus, Benedictus, Agnus Dei,
Tantum ergo, Gloria in excelsis), deux Sen-
tences d'offertoire, une marche pour orgue, etc. ,
etc.
REY (Jean-Étienne), compositeur, né à
Toulouse (Haute-Garonne), le 3 août 1832,
commença son éducation musicale en celte
ville et vint ensuite à Paris, oîi il se fit admet-
tre au Conservatoire, dans la classe de compo-
sition de Carafa. Un jour, Révial, professeur de
chant dans cette école, l'ayant entendu chanter
dans une église, fut frappé de la beauté de sa
voix, et lui offrit de le prendre dans sa classe ;
le jeune homme accepta, mais à la condition
de pouvoir continuer ses études de composi-
tion. Il obtint un accessit de chant en 1854, en
même temps qu'une de ses camarades de classe,
M"* Balla, remportait un second prix. L'année
suivante, M'"^ Balla, devenue M™'°-Rey, se
voyait décerner les trois prix de chant, d'opéra
et d'opéra- comique, et acceptait aussitôt un
brillant engagement pour l'étranger.
A partir de ce moment, M. Rcy se voua à
l'avenir de sa jeune femme et se sacrifia en
(piehiue sorte à elle, racconq)aguant dans tous
ses voyages, en Italie, en Belgique, en Espagne,
en Portugal et dans toutes nos grandes villes de
province. Mais il ne perdit point son temps
pour cela, et se livra h la composition avec
RRY — REYER
407
une sorte de fureur, écrivant des opéras, six
messes, six sonates pour piano seul, qua-
tre sonates pour piano et violon ou violoncelle,
deux trios, trois quatuors, deux quintettes et
un sextuor pour divers instruments, vingt
morceaux de musique religieuse avec accompa-
gnement d'orchestre ou d'orgue et de quatuor,
35 autres morceaux religieux avec orgue seul,
treize mélodies sur paroles italiennes ou espa-
gnoles avec orciiestre ou piano, 30 morceaux
de chant sur paroles françaises, 7 chœurs à 4
voix, 6 valses pour orchestre, 4 cantates à 3
personnages, 7 symphonies, etc., etc. Au cours
de ses voyages, M. Rey lit exécuter (Toulouse,
185G) un grand oratorio en deux parties, le
Martyre de saint Saturnin, et il fit représen-
ter (Bordeaux, février 1864) un grand opéra
en 5 actes intitulé la Gitana.
Cependant, M™" Rey-Balla, qui était venue
créer au Théâtre-Lyrique le rôle de lady Macbeth
dans le Macbeth français de M. Verdi, était
atteinte, vers 1872, d'une paralysie qui venait
subitement briser sa carrière. Son mari, qui
jusqu'alors s'était effacé devant elle, songea
alors sérieusement à se produire; il eût voulu
aboriler le théâtre, mais jusqu'à ce jour il n'a
pu y réussir. Ne pouvant, de ce côté, en venir â
ses fins, il se mit à publier un assez grand
nombre des compositions qu'il tenait en porte-
feuille et qui, généralement, se faisaient remar-
quer par un heureux sentiment mélodique, par
l'élégance de la forme et par de bonnes qualités
de facture.
Parmi ces compositions, aujourd'hui pu-
bliées, il est bon de signaler particulièrement
les suivantes : 1° Grand Trio pour piano, violon
et violoncelle ; 2" Sérénade^ Pastorale, 2
petits trios pour pianos, violon ou flûte et vio-
loncelle ; 3" 3 Sonates faciles pour piano ; 4°
3 Sonates (en la, en j-e, en sol iiiineur) pour
piano; 5" 2 Sonates (en la mineur et en %U
mineur) pour piano et violon ; 6" Sonate (en
la mineur) pour piano et violoncelle; 7" So-
nate (en sol mineur) pour piano el clarinette
ou violoncelle; 8° A la Jeunesse, 6 mélodies à
une voix; 9" les Harmonies du Christianisme,
12 mélodies religieuses à une voix ; 10" 12
Chœurs religieux faciles, à 3 voix égales ; 11"
Messe à 3 voix ; 12'» Messe de Requiem facile,
à 4 voix d'hommes ; 13° 6 Mélodies religieu-
ses à une voix, avec accompagnement d'orgue
ou de piano ; 14° Messe sans credo et sans
chœurs; 15" 4 Chœurs religieux à 4 voix
d'hommes , sans accompagnement (1. 0 salu-
iaris ; 2. Pie Jesu;S. Ave Maria; 4. Te
Deum) ; IG" Magnificat, à 3 voix ; 17° Laudate,
à 3 voix ; 18° 3 Chœurs faciles, à 3 voix égales,
avec piano ; 19" les Faux Monnayeurs, le
Loup et l'Agneau, le Baptême, le Charla-
tan, les Forbans, le Rat de ville et le Rat
des champs, le Départ, clumurs à 4 voix
d'hoiiimes sans accompagnement ; 20" un grand
nombre de mélodies, morceaux de chant di-
vers à 1, 2, 3 ou 4 voix; 21° Méthode de
chant , etc.
Au nombre des œuvres inédites de M. Etienne
Rey, je citerai les ouvrages dramatiques sui-
vants : J'ai coupé le roi, l'Amour villageois,
S?n6or, opéras-comiques en un acte; le Talis-
man des Sultanes, opéra bouffe en 3 actes ;
Ballhazar, grand opéra en 4 actes ; Irène,
grand opéra en 5 actes.
♦ REYER (Locis-Etienne-Erîsest REY,
dit), l'un des maîtres les plus distingués de la
nouvelle école française, a été élu membre de
l'Académie des Beaux-Arts en 1876, en rempla-
cement de Félicien David. Les circonstances,
si peu favorables souvent à nos artistes, n'ont
pas été propices à M. Reyer, qui depuis quinze
ans n'a pu se produire à la scène avec un ou-
vrage nouveau, bien qu'il ait en portefeuille un
grand opéra en 5 actes, Sigiird, dont il a fait
exécuter quelques fragments dans les concerts.
Ce n'était pas, en effet, un ouvrage nouveau
qu'Erostrate, opéra en 2 actes qui fut repré-
senté à l'Opéra le 16 octobre 1871, après avoir
fait sa première apparition sur le théâtre de
Bade neuf ans auparavant; par malheur pour
le compositeur, le [livret à'Erostrate, aussi
bien que la partition, dut en cette circonstance
subir de profondes modifications, et il en ré-
sulta dans l'allure générale de l'œuvre un man-
que d'équilibre et de proportions qui fut nuisi-
ble à son succès. Au mois de novembre 1873,
M. Reyer transporta à l'Opéra-Comique sa par-
tition de Maître Wolfram, petit acte plein
d'élégance et de charme qui avait été naguère
accueilli avec la plus grande faveur au Théâtre-
Lyrique, et qui, modifié ^et remanié pour cette
reprise, ne fut pas moins heureux que précé-
demment. Le 20 avril 1878, l'Opéra-Comique
reprenait aussi la Statue, la production la plus
importante du compositeur et l'une des œuvres
les plus poétiques, les plus savoureuses et les
plus originales qui se soient fait jour en France
depuis vingt ans. Je ne puis pourtant, à ce
sujet, m'empêcher de regretter que M. Reyer
ait cru devoir alourdir la marche générale de
cet ouvrage en en supprimant le dialogue et en
le remplaçant par des récitatifs. Quelle que
soit la valeur de ceux-ci, on doit remarquer que
l'œuvre, qui n'avait pas été conçue dans la
408
REYKU - IlEYNIER
forme du drame lyrique , ne semblait pas de-
voir comporter cette forme, et que le milieu où
elle se produisait de nouveau n'était pas favo-
rable à ce changement. Cette observation faite^
la Statue n'en reste pas moins une partition
charmante, pleine de poésie, et souvent ex-
quise.
M. Reyer a peu écrit en dehors du théâtre.
11 a fait exécuter aux Concerts populaires, le
22 mars 1874, une scène dramatique pour voix
de basse, la Madeleine au désert, qui a été
cliantée par M. Bouhy. On connaît aussi de
lui quelques chœurs à quatre voix d'hommes,
l'Uytnne du lUiin, le Chant du Paysan,
Chœur des buveurs, Chœur des assiégés,
quelques morceaux détachés, et enfin un re-
cueil de Dix Mélodies pour chant et piano
(Paris, Choudens, in-8"), dont quatre sont ex-
traites des œuvres dramatiques de l'auteur.
M. Reyer, qui est un écrivain distingué en
même temps qu'un musicien de talent, a été
chargé de la rédaction du feuilleton musical
du Journal des Débats, lors de la retraite de
Berlioz. Depuis lors, il a publié sous ce tilre :
Notes de musique (Paris, Charpentier, 1875 ,
in-12), un volume formé d'un choix de ses
meilleurs articles. M. Reyer a été nommé che-
valier de la Lésion d'honneur en 1862.
REYIMAUD (J ), musicien français
contemporain, chef de musique au 74* régi-
ment de ligne, a écrit la musique d'un opéra-
comique en 3 actes, Jeanne Mariotte, qui a
été représenté avec succès sur divers théâtres
de province, notamment à Lille et à Rouen.
REYMEK (Joseph - Fbix - Simo\ - Marius),
organiste et compositeur, né à Aix (Bouches-du-
Rhône) le 9 thermidor an V (26 juillet 1797),
mort dans cette même ville le 5 janvier 1874,
a joui en Provence d'une grande notoriété.
Reynier était aveugle, et c'est une particularité
assez curieuse que plusieurs artistes atteints de
celte terrible inlirmilé se soient fait remar-
quer dans le midi de la France comme orga-
nistes (Espent à Marseille, Cézanne à Toulon,
etc.). Né dans une famille de musiciens, il
fut élevé dans un milieu oii la musique était
sans cesse pratiquée. 11 en reçut dès l'enfance
les premières notions de son oncle maternel
Nicolas, qui était hilbier, et de son père, Pierre
Reynier, artiste de profession, qui mourut
presque centenaire. A sept ans, Reynier perdit
la vue à la suite de la rougeole. Il n'en conti-
nua pas moins son éducation musicale, et, à
l'âge de treize ans, fut confié aux soins de La-
pierre, organiste de l'église Saint-Ksprit, qui lui
aiiprit l'oryue, le piaoo et l'harmonie, tu
1825, il fut nommé organiste de la Madeleine;
il a conservé ce poste pendant une cinquantaine
d'années, jusqu'à ce qu'un an avant sa mort,
une attaque d'apoplexie l'en eût douloureuse-
ment éloigné. — Là est toute la vie de Reynier :
elle s'est écoulée paisiblement dans sa ville na-
tale, partagée entre ses fonctions d'organiste,
qu'il remplissait avec un soin pieux, ses tra-
vaux de composition et la pratique dévouée
de l'enseignement. Reynier a été Irèsregretté;
tous ceux qui l'ont approché ont estimé sa
modestie vraie et son excellent cœur, à l'égal
de son talent.
Malgré les difficultés inhérentes à son état,
Reynier a beaucoup composé. Il a dicté la
plupart de ses œuvres à son élève et ami,
M. Henri Poncet, aujourd'hui maître de cha-
pelle à la cathédrale d'Aix, qui a lui-même
beaucoup produit et a conservé pour son maî-
tre un culte touchant.
On peut citer parmi les œuvres de Reynier
trois Stabat ; trois messes en la, en fa et en
ut; des chœurs d'Esther, des litanies, des
motets, des cantiques en fiançais et en pro-
vençal, des romance^, des pièces d'orgue, elc.
Il y a eu donc en lui deux personnalités dis-
tinctes : l'organiste exécutant, et le composi-
teur. — L'une et l'autre ont été placées très-
haut en Provence.
De bons juges, qui ont enteniiu Reynier, lui
ont reconnu un très-grand mérite d'exécution.
Il excellait, dit-on, dans le genre fugué, qu'il
prisait par-dessus tout. Ayant une grande fa-
cilité de mécanisme, des connaissances très-
étendues et une pratique constante de l'im-
provisation, il produisait de beaux effets par la
simple conception et le logique développement
de la pensée. Par contre, Reynier s'était tenu
trop en dehors du mouvement musical de son
époque. Il en était resté à Mozart, et n'allait
pas jusqu'à Beethoven, qui l'étonnait. Son
improvisation avait un caractère de vétusté
d'autant plus marqué qu'il ne s'était jamais
préoccupé des effets de timbre et de sonorité
résultant de l'habile et rapide accouple-
mont des jeux. — En un mot, s'il fallait en
croire ses admirateurs, Reynier aurait été une
sorte de Boély provençal, sans toutefois la
parfaite connaissance et la profonde intelli-
gence des maîtres de l'école d'orgue allemande,
et notamment de J.-S Bach, qui avaient porté
si haut le beau et sincère talent de Boèly.
Il faut bien le dire, on ne peut admettre sans
restrictions ce jugement, lorsqu'on a lu atten-
tivement les (iiuvres de Reynier. 11 est diffi-
cile eu elïet-d'enlrevoir d'aussi éminentes qiia-
REYNIER
RHEINREUGER
409
lités d'improvisation et même d'exécution
cliez un artiste dont les productions écrites
sont médiocres. — Les ouvrages de Reynier
ne témoignent ni d'un savoir exceptionnel, ni
d'une inspiration géniale. La pensée est rare-
ment saillante, ella forme trop souvent lourde
et sans intérêt. Les pièces d'orgue sont par-
ticulièrement faibles. — Sa meilleure composi-
tion est sans contredit son Siabat Mater en fa
mineur. Il s'en dégage, en certaines parties,
une impression d'émotion religieuse qui dénote
la sincérité des sentiments de l'artiste : la sim-
plicité même de l'expression et des moyens
employés en fait le charme. C'est aussi celle
de ses œuvres qui est la mieux écrite.
; Les productions de Joseph Reynier ont été
publiées en fascicules, chez M'"'^ V" Remondel-
Aubin à Aix, par les soins pieux de M. H. Pou-
cet, organiste de la métropole Saint-Sauveur,
et de M. l'abbé Rolland, aumônier du collège
Bourbon. Un de ces fascicules porte l'étonnante
menlion que voici : « Nous aurions voulu,
en faveur de nos abonnés inoins habiles, dé-
barrasser la musique de ce Siabat des nom-
breux bémols qui raccompagnent , mais
nous avons dû y renoncer pour ne changer
en rien le caractère du morceau, et l'œuvre
du maître. » (2"'° année), 7 janvier 1876,
n" 4 du 2'"' volume.) Cette annotation, dont
les honorables promoteurs de la publication
Reynier ont cru nécessaire d'accompagner
auprès de leurs abonnés la musique, d'ailleurs
fort simple, du Stabat, indique dans quel
milieu étroit Reynier a vécu. C'est ce qui expli-
que comment cet artiste^ heureusement doué, n'a
pu s'élever plus haut. 11 lui a manqué l'exem-
ple, la fréquentation des grands modèles qu'il
ne pouvait entendre, et celte participation
constante à l'activité intellectuelle des grands
centres qui féconde les facultés de l'artiste. Sa
cécité, qui a certainement accru l'estime où l'on
tenait son talent, et qui en a fait exagérer la
portée, a dû être aussi pour lui un douloureux
obstacle.
Telle qu'elle est, la physionomie de cet or-
ganiste aveugle, né dans une vieille famille de
musiciens, passant modestement sa vie dans
ce coin de province où avaient vécu les siens,
la consacrant tout entière au culte dévoué de
l'art chrétien, à l'ombre du sanctuaire, demeure
particulièrement intéressante en ce temps de
bruyantes et vaniteuses personnalités. Elle mé-
rite le plus sympathique souvenir. — Al. R — d.
* RIIEIIV (Charles-Laurent), pianiste et
compositeur, est niort à Paris au mois d'oc-
tobre 1804.
RIIEIIVRKRGER (Joseph), pianiste, or-
ganiste, professeur et compositeur, l'un des
artistes allemands les plus distingués de l'épo-
que actuelle, est né à Vaduz le 17 mars 1829.
Très-précoce au point de vue musical, il reçut
dès l'Age de quatre ans des levons de piano de
sa sœur aînée ; il en avait à peine sept qu'il
remplissait les fonctions d'organiste à l'église de
Vaduz, et entin en 1839, âgé de dix ans, il
écrivait une messe à 3 voix, avec accompagne-
ment d'orgue, qu'il faisait exécuter dans cette
église aux applaudissements de tous. Cepen-
dant, son père, que de tels succès auraient dû
flatter, se montrait rebelle, au contraire, à la
pensée de voir son (ils se livrer à la carrière
musicale, et prétendait l'obliger à embrasser
une autre profession. Il fallut qu'un ami de
la famille, bon musicien et qui jouait bien du
violon, prît l'enfant sous sa protection, et, à
force d'instances et de remontrances, ramenât
son père à d'autres sentiments, et obtint que
le jeune Rheinberger serait envoyé à Feldkirch
pour y continuer son éducation musicale.
En 1851, M. Rheinberger fut admis au Con>
servatoire de Munich, alors dirigé par Franz
Hduser, et il y eut pour professeurs MM. Léo-
nard pour le piano, Herzog pour l'orgue, et
Jules Meier pour la théorie. Ses études termi-
nées, il quitta le Conservatoire en 1854, mais il
y rentra comme professeur en 1859, pour suc-
céder dans la classe de piano à son ancien
maître Léonard. Un an plus tard, il échan-
geait cette situation contre celle de professeur
de composition, et depuis lors il est aussi de-
venu titulaire de la classe d'orgue. Après avoir
rempli les fonctions de répétiteur au théâtre de
la cour, M. Rheinberger a été nommé, en
1877, chef d'orchestre de ce théâtre et direc-
teur de la musique de la chapelle royale de
Bavière. 11 est aussi, depuis 18C4, directeur de
VOratorien Verein, de Munich.
Ces diverses occupations n'ont pas empêché
M. Rheinberger, qui est un artiste aussi labo-
rieux que distingué, de se livrer avec activité
à la composition, et' de se faire vivement re-
manpier sous ce rapport. 11 a fait représenter
à Munich plusieurs opéras : Magnus le thau-
maturge, la Couronne malheureuse, les Sept
Corbeaux (23 mai 1869), la Fille du sonneur
(23 avril 1873). En dehors du théâtre, ses œu-
vres sont nombreuses el importantes, et celles
qui sont publiées jusqu'à ce jour dépassent le
chiftre décent. Voici une liste de celles qui sont
venues à ma connaissance :
S/nbat Mater pour voix seules, chœur et
petit orchestre, op. IG ; Messe de Requiem ,
410
RHEINBERGER — RICCI
Missa brevis; Grande Symphonie (Symi)lionie
florentine), op. 87 ; Wallenstcin, tableau sym-
plionique, op. 10 ; Ouverture pour une pièce de
Sliakespeare, op. 18 ; Quintette pour 2 vio-
lons, 2 altos et violoncelle, op. 82 ; Quatuor
pour instruments à cordes (en ut mineur),
op. 89 ; Quatuor pour piano, violon, alto et
violoncelle (en mi bémol), op. 38 ; Trio pour
piano, violon et violoncelle, op. 34 ; Thème
avec variations pour 2 violons, alto et violon-
celle, op. 93 ; Sonate pour piano et violon,
op. 77 ; Duo pour 2 pianos (en la mineur), op.
15 ; Concerto pour piano, avec orchestre; So-
nate symphoniipie pour piano, op. 47 ; Sonate
pour piano (en ré bémol), op. 99 ; 3 Éludes
pour piano, op. 101 ; Bumoresques, 4 pièces
pour piano, op. 28 ; Aus Italien, 3 pièces
pour piano, op. 29 ; 6 Pièces en style fugué,
pour piano, op. 39 ; Suite classique pour piano ;
Toccata pour piano, op. 12 ; Toccata pour
piano, op. 104 ; Waldmdrchen, esquisse de
concert pour piano, op. 8 ; Improvisation sur
un motif de la Flùle enchantée, op. 51 ; So-
nate (en ut mineur) pour orgue, op. 27 ; Sonate
pastorale (en soi majeur), pour orgue; Wit-
tekind, ballade pour chœur et orchestre ; le
Roi Eric, id. ; Das Thaï des Espïncjo, id.,
op. 50; Maitag, intermède de cinq chœurs de
femmes à 3 parties, avec accompagnement de
piano ; die Wasserfee [la Fée des eaux), chœur
à 4 voix, avec piano, op. 21 ; Toggenburg,
cycle de romances pour voix seules et chonir,
avec piano, op. 76 ; Lockung {Séduction),
chœur à 4 voix, op. 25 ; Vom lïhein, 6 chœurs
d'hommes à 4 voix, op. 90 ; die Todie Braut
{la Fiancée morte), romance pour mez/,o-so-
prano avec chœur et accompagnement de piano,
op. 81 ; In der Zechslube [Au Cabaret), cinq
chœurs gais pour 4 voix d'hommes, op. 74 ;
Clàrchen auf Eberstein [Clairette à Ebers-
tein), ballade pour voix seules, chœur et or-
chestre, op. 97.
t; *,lîlCCI(LriGi), compositeur dramatique, na-
quit à Naples le 8 juillet 1805 (1). 11 n'était ilgé que
de neufans lorsqu'il fut admis au Conservatoire
de San-Sebastiano, oii il reçut des leçons de Gio-
vanni Furno pour l'harmonie accompagnée et
de Zingarelli pour l;i composition. Plus tard, et
pendant un séjour de Generali à Naples, il obtint
(i) Dassci nombreuses et d'assez graves erreurs s'étant
produites dans les notices consacrées aux. frères Ricci par
la Uiogruithie universelle des iMusiciens, Je rétablis
Ici le» faits en ni'appuyant sur le livre de M. Franecsco
rioriiuo ; Ceniii .<;li)riri stttla scuola musicale di A'a-
poli, et sur deux Inltressanls écrits dus à MM I'. de Vil-
lars et Arthur llculliard.|
aussi quelques conseils de ce grand maître, qui
était l'ami de sa famille. Après avoir écrit, étant
encore sur les bancs de l'école, un opéra bouffe
intitulé l'Imprésario in angustie, une messe à
4 voix et orchestre et une cantate exécutée le
jour de la fête de Zingarelli, le jeune artiste entra
de plain-pied dans la carrière de la composition
diamatiqiie, qu'il devait parcourir d'une façon
fort honorable, soit seul, soit en compagnie de
son jeune frère Federico Ricci, avec lequel il
écrivit plusieurs ouvrages importants.
iJImpresario in e?i(j'Ms/i!'e avait été joué sur
le petit théâtre du Conservatoii'e, en 1823 ; dès
l'année suivante, Luigi Ricci donne sur le tliéiUre
Nuovo, de Naples, la Cena frastornata, ou-
vrage dont la partition avait été retouchée et, si
l'on peut dire, miseaii point par Generali. Trois
antres opéras sont donnés successivement par
lui sur la même scène : VAbbote Taccarella en
1825 (1), il Diavolo condannato a prender
moglie en 1826, et la Lucerna di Epitteto en
1827. Les deux premiers surtout furent heureux;
le dernier ne fut guère fortuné, non plus qu'une
grande cantate intitulée Vlisse, qui servit de dé-
but au compositeur sur la scène de San-Carlo.
Il prit sa revanche en écrivant pour l'inaugura-
tion du nouveau théâtre de Parme (1829) son
Colombo, qui fut très-bien accueilli, et en fai-
sant représenter sur le théâtre Valle, de Rome,
vers la fin de la même année, VOrfanella di
Ginevra, qui fut reçue avec une sorte d'enthou-
siasme par le public. Il n'en fut pas de môme
des quatre ouvrages suivants, dont le sort fut
fâcheux : il Sonnambulo (Rome, théâtre Valle,
26 décembre 1829), VEroina delMessico, ossia
Fernando Cortez (Rome, th. Tordinona, fé-
vrier 1830), Annibale in Torino (Turin, 26 dé-
cembre 1830), et la JSeve (Milan, th. de la Ca-
nobbiana, 21 juin 1831) ; la JS'eve surtout fit un
//asco complet.
Luigi Ricci se releva brillamment avec Chiara
di Rosemberg, dont le rôle principal ^tait tenu
par Giuditta Grisi et qui obtint un très-grand
succès à la Scala de Milan, le 11 octobre 1831.
Il Nuovo Figaro, donné au mois de février 1832
au théâtre de Parme, y fut aussi bien reçu; mais
le public de la Scala lit un accueil plus que ré-
servé aux Due Sergenti, qui lui furent offerts le
1" septembre 1833. 11 est vrai que ce même
(11 Cet opéra a c'té représenté successivement sous deux
autres titres : .Itadino, et la Cabhia dei matti, ce qui
a fait croire à desouvra'.'es divers. L'ancienne censure na-
poiit.ilne, dont la réputation de sottise n'est plus à faire,
ne voulant pas, i un tuotnent donné, laisser raetire en
scène un ,ibbé, fit aussi niodilier le premier titre de ces
doux façons : il l'ocla Tacciirellact il Fatc Taccarella.
RICCI
411
public applaudit avecentliousiasme un' Avven- i
tura di Scaramuccia, charmant opéra bouffe
que le compositeur lui présenta le 8 mars de
l'année suivante, et que les Turinais ne furent
pas moins bienveillants envers gli Esposti, qui
furent représentés sur le théâtre d'Angennes peu
de mois après ; ce dernier ouvrage est plus connu
sous le titre : L'ran due, ed or son tre, qu'on lui
donna par la suite.
A la lin de cette même année 1834 , le 26 dé-
cembre, Luigi Ricci reparaissait au théâtre
Valle, deRome, avec C/n dura t'mce, joli opéra
bouffe qui fut sifllé, mais qui plus tard obtint
un grand succès dans toute l'Italie. C'est à la
suite de cet ouvrage qu'il écrit avec son frère
Federico le premier opéra qui doit réunir leurs
deux noms; celui-ci était intitulé il Colonello ,
et fut représenté au théâtre du Fondo, de Na-
ples, pendant la saison du printemps de 1835.
Les deux rôles principaux en devaient être tenus
par laMaiibran et notre grand chanteur Duprez ;
mais, victime d'un accident, la Malibran, bien
qu'elle eût répété déjà plusieurs fois il Colonel-
lo, dut être remplacée par Carolina Ungher (l).
Je crois que c'est dans le même temps que Luigi
Ricci composa à la hâte une farsa en un acte
intitulée laServa e l'Ussaro, qui fut représentée
à Pavie sans retentissement. Puis, le 15 août
1835, il reparaissait à la Scaia avec un opéra
sérieux, Chiara di Montalbano, qui fut loin
d'être heureux.
C'est environ un an après, c'est-à-dire pen-
dant l'été de 1836, que, par la protection du
prince Alfonso Porcia, le compositeur obtint
l'emploi de maître de chapelle à la cathédrale de
Trieste, eu même temps qu'il devenait chef du
chant au théâtre de cette ville. Cela ne l'empêcha
pourtant pas d'écrire avec son frère un opéra
bouffe en deux actes, il Disertore per amore,
qui fut représente au tliéàtre du Fondo, de Na-
ples, à latin de 1836ou dans les premiers jours
de 1837 ; et il donna encore à la Scala, de Milan,
le 13 lévrier 1838, le Aozze di Figaro. U y
(I) Voilà comment M. F. de Villars, dans ses IVotices
sur J.uiiji et t'cdenco Iticci, racoate ce fait tragi-coiiii-
<iuc : — « C'était la iMalibran qui devait remplir le rûle
ITliicipal; elle l'avait même plusieurs lois répète; 11 ne
inaii(|uait que peu de chose pour la mise en scène. Mais
on ne devinerait jaiuais ce qui priva l'opéra d'une telle
Interprète. Lu .Malibran se promenait en voiture à Chiuja,
L"n animal se jette dans les jambes de ses chevaux; ils
s'effrayent, se cabrcnt.renversent ia voiture. Aux Champs-
Elysées, cal animal serait un chien, il n'y aurait pas be-
soin de le dire ; mais à Naples, c'était tout simplement-
un cochon. Quelle qu'en fut la cause, la célèbre cantatrice
se démit le bras, et fut obligée de garder le lit pendant
plusieurs semaines. Quand elle put se lever, elle chanta
deux ou trois fols la Sonnambula, le bras en écharpc ;
puis la Malibran partitpour Milan, où elle était engagée.
avait] quelque^ témérité à reprendre un sujet
immortalisé par Mozart; le compositeur put s'en
apercevoir à l'apparition de son ouvrage, qui
tomba tout à plat.
Six ans s'écoulent alors sans que Luigi Ricci,
absorbé sans doute par les doubles fonctions qu'il
remplissait à Trieste, fasse en aucune façon par-
ler de lui. Ce n'est qu'au carnaval de 1844 que,
étant appelé à Odessa pour y faire représenter
un opéra nouveau, il donne sur le théâtre de
cette ville un grand drame lyrique, la Solilaria
délie Aslurie, écrit par lui sur un livret de
F. Romani qui avait été déjà mis en musique par
Cocciaet Mercadante. En 1 846, il s'associe pour la
troisième fois avec son frère, et produit avec lui
au théâtre d'Angennes, de Turin, un opéra
bouffe intitulé V Amante di richiamo, dont
le poème était tiré du joli vaudeville de Scribe,
Zoé ou l'Amant prêté. L'année suivante, il
donne à la Pergola , de Florence, il Birrajo di
Preston, qui obtient un franc succès, et en 1850
il écrit avec Federico Ricci le dernier ouvrage
qui signala leur fraternelle collaboration ; cet ou-
vrage était une charmante bouffonnerie pleine de
verve, d'éclat, d'entrain et de bonne humeur,
qui fut représentée au théâtre deSan-Benedetto,
de Venise, sous le titre de Crispino e la Co-
mare, et qui valut une sorte de triomphe aux
deux compo-siteurs.
A partir de ce moment, Luigi Riccin'aborda
plus que deux fois la scène. Il donna au
théâtre Nuovo, de Naples, en 1852, la Festadi
Piedigvotta, et en 1859, à Trieste, il Diavolo a
Quattro. Ces dmx ouvrages obtinrent un plein
succès. Néanmoins, peu de temps après l'appa-
rition du dernier, il fut atteint d'une terrible
maladie cérébrale, et dès l'été de 1859 il était
devenu complètement fou. On dut le transporter
à Prague, dans un asile d'aliénés; mais tous les
soins furent inutiles, la maladie prit bientôt un
caractère alarmant, et le 31 décembre 1859
Luigi Ricci mourait à Prague, sans avoir pu re-
couvrer la raison.
Les habitants de Trieste voulurent honorer
l'artiste distingué qui pendant vingt ans avait
vécu parmi eux. Une cérémonie funèbre fut cé-
lébrée en cette ville, et le buste du compositeur,
commandé au sculpteur Ferrari, fut placé dans
le vestibule du théâtre, à'Ja ,suite d'une repré-
sentation extraordinaire dans laquelle divers
fragments de ses œuvres>vaient été exécutés.
' Luigi.Riccia publié à Milan, chez Ricordi, sous
ces titres: Mes Loisirs, el.les Inspirations du
thé, deux albums de mélodies italiennes à une
ou plusieurs voix. Il a écrit aussi, pour le ser-
vice de la cathédrale de Trieste, un grand nom-
M2
RICCI
bre d'uMivres religieuses. On peut consulter sur
cet ailiste IVcrit intéressant jniblié sous ce titre
par M. F. de Villars : Aolices sur Luigi et Fe-
derico Ricci, suivies d'une (Dialyse critique de
« Crispino e la Comnre » (Paris, L6vy, i8G(i,
in-12). 11 a été puhlié aussi à Florence, en 1878,
une hrocluire ainsi intitulée : i Fratelli Ricci,
appunti critici, par M. Loopoido de Rada. I£nfin,
M. Dal Torso a puhlié l'opuscule suivant : Di
Luigi Ricci e délie sue opère, Triesle, 1860,
in-8" avec portrait.
* IUC(J (Fedkkico), compositeur dramatique,
frère du précédent, naquit à Naples le 22 oclobrc
1809. En 1818, il entra au Conservatoire de San
Sebasiiano, où se Irouvail déjà son frère, et après
y avoir étudié l'harmonie accompagnée avec
Giovanni F'urno, il passa sous la direction de
Zingarelli et de Raimondi pour la composition
idéale. L'usage était alors que les élèves, qu'ils
eussent ou non terminé leurs études, restassent
an Conservatoirejusqu'a l'âge de vingt-deux ans
accomplis. Mais les deux frères s'aimaient ten-
dreuient, et lorsque Luigi Ricci eut quitté Naples
pour se rendre à Rome, l'ederico ne pouvait se
consoler de son absence. En 1829, celui-ci de-
manda donc et obtint un congé d'un mois pour
aller voir son frère ; mais une fois à Rome, et
réuni à lui, il lui fut impossible de se résoudre
à retourner au Conservatoire, et il resta auprès
de ce frère qu'il chérissait.
Ce n'est cependant que six ans après, en 1835,
qu'il fit ses débuts de compositeur dramatique,
précisément sous les auspices de Luigi, en col-
laboration duquel il écrivit sa première partition,
il Co/o?ie//o. Presque aussitôt la représentation
de cet ouvrage, qui fut donné au théâtre du
Fondo, de Naples, au printemps de 1835, Fede-
rico se rendit à Venise et lit jouer au théâtre
San-Denedetto, de cette ville. Monsieur Descha-
lumeaux, opéra bouffe en 2 actes (juin 1835) ;
puis il revint à Naples donner avec son frère, au
même théâtre du Fondo, il Desertore per amore
(183C on 1837).
On voit (pi'il était entré de plain-pied dans la
carrière. En 1837, <^ peine âgé de vingt-huit ans,
il fait représenter au Grand-Théâtre de Triesle
un drame lyrique in trois actes, la Prigione
d'Iidi)nOurgo, dont le succès éclatant le classe
au rang des jeunes composileurs d'avenir. Il ne
fut pas moins heureux avec un Duello sotto Tii-
c/ieli(U, qui se vil Irès-bien accueilli à la Scala,
de Milan, le 17 août 1839, avec Mtcliel-Angclo
e Rolla, qui parut avec succès à la Pergola, de
Florence, ]ien(lanl le carême de 18 il, et avec
Corrudo d'Allaniurn, que le public, di' la bcala
reçut encore avec faveur au mois d'oclobrc de la
même année. Vallombra, donné au même théâtre
le 20 décembre 1842, fut moins fortimé et nob-
lint qu'un petit nombre de représentations. C'est
alors que le compositeur fit un premier voyage
à Paris, oii le Théâtre-Italien donna, le 15 mars
ISh'i, s.on Corrodo d\'ilta)HHva, dont il avait
remanié la partition. C'est aussi en 1844 que
Federico Ricci produisit à Triesle Isabella de'
Medici, ilont le succès fut médiocre. En 184C,
il donna à la Scala, le 21 février, Estella, qui
fut bien reçue, et il écrivit avec son frère l'A-
mante di ricfiaimo, qui parut dans le cours de
la saison d'été au Ibéâlre d'Angennes, de Turin.
A[)rès Griselda, qui fut représentée à la l'enice,
de Venise, en 1847, le compositeur garde un si-
lence de trois années, et ne reparaît à la scène
qu'en compagnie de son frère, avec lequel il
donne au théâtre San-Benedetto, de la même
ville, le cliarmanl ouvrage qui a pour litre Cris-
pino e la Coniare (1850).
Cet ouvrage est bientôt suivi, vers la fin de la
même année, de celui intitulé i Due Ritratti, dont
Federico Ricci avait écrit à la fois les paroles et
la musique, et qui est accueilli avec le plus vif
plaisir au môme théâtre San Benedetlo. Enfin, au
théâtre delà Porte-Carinihie, à Vienne, Ricci fait
représenter, en 1852, il Marifo e l'Amante, et,
en 1853, il Panière d' amore.
A partir de ce moment, il semble renoncer
à la scène. Parla protection du comte Wladimir
Adierberg, ministre de la cour de Russie, et de
la comtesse Catherine, sa femme, qu'il avait con-
nus à Venise, il obtient la charge d'inspecteur
des classes de chant à l'École impériale des
théâtres de Saint-Pétersbourg, part pour la Rus-
sie, et le V' septembre 1853 prend possession
de son emploi, qu'il garde pendant longues an-
nées.
Cependant, le joli opéra de Crispino e la Co-
mare ayant été représenté au Théâtre-Italien
de Paris en 1800, le succès éclatant obtenu par
cet ouvrage mit en relief le nom des deux frères
Ricci, jusque-là peu connu du public français.
Luigi était mort depuis plusieurs années ; mais
Federico, qui était toujours à Saint-Pétersbourg,
fut louché par ce succès et se sentit de nouveau
tourmenté par le démon du théâtre.
Après laut d'années de silence, il se mit donc
à écrire les paroles et la musique d'un ouvrage
nouveau qu'il mlilu\AunaFollia aRoina,el(\u'i\
avait le désir de faire jouer à notre Théâtre-italien.
Des pourparlers engagés à ce sujet n'ayant pu
aboutir, bien que le compositeur frtt venu ex-
pressément à Paris, le directeur du gentil petit
théâtre des Fanlaisies-Parisieimcs |)roposa à
Ricci de faire traduire son opéra et de le re-
RICCI
RICHARD
413
présenter sur cette scène élégante et mignonne.
Celui-ci y consentit, et une Folie à Home fut
jouée en effet, le 30 janvier 1869, aux. l-antai-
sies-Pari.'^iennes, avec un très-grand succès (1).
Le même théâtre donna, au mois de septem-
bre suivant, la traduction de Crispino e la
Comare, sous le titre du Docteur Crispin, et
l'effet produit par cette traduction n'ayant pas
été moins heureux, Federico Ricci songea à ren-
trer décidément dans la carrière et à travail-
ler pour la scène française.
Il écrivit alors un opéra-comique en trois
actes, le Dodcur rose, et, sur un nouveau li-
vret, remania profondément son ancienne parti-
tion d'il Marito e V Amante, qui prit le litre
d'une Fêle à Venise. Le premier de ces ouvra-
ges fut donné aux Bouffes-Parisiens, le 10 fé-
vrier 1872, et le second au théâtre de l'Athénée,
le 15 du même mois. Mais l'un et l'autre furent
accueillis avec une grande froideur, et depuis
lors Ricci sembla avoir pour toujours renoncé au
théâtre. 11 n'y revint une dernière fois que pour
arranger et remanier, en vue de la scène fran-
çaise, Tun des opéras de son frère qui avaient
été le plus applaudis naguère : Chi dura vince.
Cet ouvrage, aiusi approprié, fut représenté sans
aucun succès, le 21 février 187G,au petit théâtre
Tailbout. Peu de temps après, Feilerico Ricci,
qui depuis phisieurs années résidait à Paris, re-
tourna eu Italie, et se fixa à Coneyiiauo. C'est
là qu'il est mort, le 10 décembre 1877, à l'âge
de soixante-huit ans.
En dehors de ses œuvres dramatiques, il faut
signaler les compositions suivantes de Federico
Ricci : 2 Messes à 4 voix et orchestre ; la Fé-
licita, cantate exécutée au théâtre Carlo-Felice,
de Gènes, le 6 juin 18'i2, pour les fêtes nuptiales
du prince Victor- Emmanuel de Savoie, plus tard
roi d'Italie ;Cantate commandée par le roi Char-
les-Albert et exécutée au palais royal de Gênes;
Cantate en l'honneur de l'Italie, exécutée à
Saint-Pétersbourg en 1854 ; le Rendez-vous au
salon, album de 6 ariettes et 6 nocturnes ita-
liens à 2 voix (Milan, Ricordi); Étrennes àl'ob-
iet de ma pensée, ^\bam de 8 mélodies ita-
liennes (id., id.) ; Album de fi mélodies italiennes
(id., id.) ; Album de 6 mélodies en directe véni-
tien (id., id.) ; Canti, recueil de 6 mélodies ita-
liennes (id., id.)-, Cest pour vous, album de 8
(1) J'ji dit que Ricci avait écrit les paroles et la musique
de cet ouvrage, ToiUoruis, les premif^res ne lui ont sans
doute pas beaucoup coûté. En ce qui contîcrnc le pntnier
acte tout au moins, un curieux a découvert que le com-
positeur avait reproduit, mot pour mot et vers pour
vers, le premier acte du livret des ^stuUi (cmmimli
de Palumbo, que Clmarosa mit Jadis en musique et qui
procura à ce maître un de ses plus grands triomphes.
ariettes italiennes (Milan, Lucca); enfin, des ro-
mances italiennes détachées, à une ou plusieurs
voix, divers chants napolitains, et un assez grand
nombre de mélodies françaises écrites surtout
sur des paroles de la Fontaine, de Gilbert, de Dé-
ranger et d'Alfred de Musset.
Federico Ricci était un artiste intéressant, bien
doué, qui avait, dans la mesure de sa valeur se-
condaire, mais réelle, dignement continué la tra-
dition des anciens musiciens bouffes italiens
Quelques-unes de ses œuvres étaient vraiment
réussies, et s'il a éprouvé des revers, on peut dire
qu'il a connu aussi des succès, et ([ue ces succès
étaient mérités. On consultera avec profit, sur
cet artiste, les deux écrits suivants : 1° Notice
sur Luigi et Federico Ricci, suivies dhine
analyse critique de « Crispino e la Comare, »
par F. de Villars (Paris, Lévy, 1866, in-12) ;
2" Étude sur «■ une Folie à Rome, » opéra
bouffe de Federico Ricci, par Arthur Heii-
Ihard (Paris, Bachelin-Detlorenne, 1872, in-12
avec portrait). Je signalerai aussi une brochure
de 50 pages, publiée à Florence en 1878 : i
Fratelli Ricci, appunti critici, par M. Leo-
poldo de Rada. ,
RICCI (LuiGi), compositeur, fds de Luigi et
neveu de Federico Ricci, s'est adonné aussi à la
composition dramatique. Encouragé par la mu-
nicipalité de Trieste, sa ville natale, il obtint
d'elle, quelque temps après la mort de son père,
une pension qui lui permit de continuer
ses études musicales, et peu après, le 15
août 1861, alors qu'il était encore à peine âgé
de huit ans, il lit exécuter dans la cathédrale de
Saint-Juste, de celte ville, une messe de sa com-
position. Depuis lors, il a fait représenter sur le
théâtre Carlo-Felice, de Gênes, une /orsa intitulée
Fros nia (1870), ainsi qu'une bouffonnerie qui
avait pour titre un Curioso Accidente (1871)
et qui eut peu de succès. M. Luigi Ricci était,
au commencement de 1878, chef d'orchestre et
maestro concertatore an Politeama, de Trieste.
KICCl (Lella), cantatrice dramatique, sœur
du précédent et fille de Luigi Ricci I, commença
à se faire connaître en Italie, puis, en 1871, alla
chanter à Prague, où elle obtint de brillants suc-
cès et où elle se fiança avec un jeune homme
de bonne famille. Elle quittait cette ville pour re-
tourner, je crois, en Italie, lorsque, saisie de
convulsions en chemin de fer même, elle dut in-
terrompre son voyage pour revenir en toute hâte
à Prague. Elle mourait au bout de vingt-quatre
heures, le 7 aoi^t 1871, des suites d'une hémor-
ragie. Elle avait à peine accompli sa vingtième
année.
RICHARD ( ),estlenomd'un compositeur
41 i
RICHARD — lUCHAULT
qui fit représenter sur le tliéàtre des Jeunes-
Élèves, le 29 juin 1807, un opora-comique en un
acte intitulé V Orpheline du/iavieau.
RICHARDS (Bkinley), compositeur et pia-
niste anglais fort distingué, fils d'un artiste qui
tenait l'emploi d'organiste à l'église Saint-Pierre,
de Carmarthen (principauté de Galles), est né
dans cette ville en 1819. Destiné d'abord à la
médecine, il ne tarda pas à abandonner l'étude
de_ cette science pour se livrer à celle de la mu-
sique, vers laquelle il se sentait irrésistiblement
attiré, et, protégé par le duc de Nevvcastle et le
comte de Westmoreland, qui l'avaient pris en
affection, il obtint une bourse à l'Académie royale
de musique de Londres, et fit dans cet établis-
sement des études très-complètes et très-bril-
lantes.
Devenu un virtuose extrêmement remarquable,
particulièrement dans l'exécution de la musique
classique et des œuvres des maîtres, M. Brinley
Richards se produisit en public avec le plus vif
succès. 11 ne se fit pas applaudir seulement par
ses compatriotes , mais aussi en Allemagne, en
France, en Italie, dans une série de voyages
artistiques au cours desquels il se vit partout
bien accueilli. Il fit à Paris la connaissance de
Chopin, dont les conseils ne lui furent pas inu-
tiles et avec quiilse lia d'une vive amitié. De re-
tour en Angleterre, M. Brinley Richards se vit
bientôt nommer professeur dans l'établissement
où il avait fait son éducation, et, .sans aban-
donner en aucune façon la carrière de virtuose
qu'il avait commencée d'une manière brillante, se
livra avec activité à la composition. Ses succès
ne furent pas moins grands sous ce sapport, et
les oeuvres nombreuses et diver.ses qu'il a pu-
bliées depuis trente ans n'ont fait qu'affermir et
consolider sa renommée. M. Brinley Richards se
rendit tout d'abord populaire par la production
d'un certain nombre de chants écrits par lui en
l'honneur ou en souvenir de ce pays de Galles,
où il a vu le jour, et qui sont tout empreints
d'un ardent amour pour cette belle et pittoresque
contrée ; le Chant de guerre cambrique , la
Harpe galloise, le Plv^net cambrique, ne sont
pas moins fameux, le sont plus encore peut-être
que son célèbre Dieu bénisse le prince de Gal-
les {God bless the prince of Wales), devenu
pourtant si rapidement populaire. Parmi ses au-
tres compositions vocales, on peut citer encore
des chants sacrés à une ou plusieurs voix : le
Sentier du pèlerin, En ce jour, A l'heure de
ma détresse, Comme par le passé ; puis des mé-
lodies : Petits Oiseaux, Quelles sont ces Clo-
ckesP Debout , Abandonne ton berceau, Petits
Enfants, le Songe, etc.
Mais c'est surtout comme compositeur pour
son instrument, que M. Brinley Richards .s'est
fait remarquer par sa fécon<lilé. 11 me serait im-
possible ici de citer toutes ses œuvres, et je dois
me borner à l'indication des suivantes : Andan-
ie con moto, pastorale, op. 7 ; Sibylle, le Chant
du soir, Chant du matin, le Chant du captif,
Éthel, Chant du crépuscule, romances, op.
30, 50, 82, 24, 28, 71 ; Marie, Louise, Floren-
ce, Alexandra, VAdieu, la Santa Madré,
rÉtoile du soir, nocturnes, op. 60, 67, 75, 81,
26, 118, 134; Sérénade au clair de lune;
la Reine Blanche, galop de concert ; les Oi-
seaux et le Ruisseau, scherzo ; le Chant dv.
ménestrel ; la Vivandière ; les Gardes du roi ;
^?'(d, caprice-valse ; Bellagio; le Songe d'un
ange ; Vaillance, étude d'octaves; le Monas-
tère ; la Danse des Péris; la Vision; in Me-
moriam ;Chère Angleterre; Souvenirs du pays
de Galles; etc. M. Brinley Richards a écrit aussi
plusieurs concertos de piano avec accompagne-
ment d'orchestre, un recueil d''Études, puis di-
ver.<;es compositions pour rorchestre,entre autres
une grande ouverture en/a mineur, et sa fameuse
Marche de Carmarthen , devenue populaire
dans les trois royaumes.
En résumé, M. Brinley Richards est un artiste
d'une grande valeur, et, qu'on le considère comme
virtuose ou comme compositeur, l'un des mieux
doués et des plus distingués de l'Angleterre au
dix-neuvième siècle.
RÏCHARDSOiV (John-Elliott), pianiste,
organiste et compositeur anglais contemporain, a
commencé ses études musicales à la maîtrise de la
cathédrale de Salisbury, où il était enfant de
chœur, et se mit ensuite pendant cinq années
sous la direction d'un organiste nommé A. -T.
Corfe. Devenu organiste adjoint à la cathédrale
de Salisbury^ il fut nommé organiste titulaire et
chef des chœurs de la môme église en 1863, et
occupe encore aujourd'hui ces fonctions. On
connaît de cet artiste diverses conqjositions re-
ligieuses, parmi lesquelles une grande Marche
pour orgue, deux services de cathédrale com-
plets (en mi et fa), plusieurs antiennes, etc.,
etc. /
Rir:iIAUF.T (CiURi.Rs-SiMON'), est le chef
d'une dynastie d'éditeurs de musique français
dont les premiers travaux remontent à l'origine
de ce siècle. Né en 1780, Richault, après avoir
été pondant quelques années commis chez de
Momigny, conçut le projet de s'établir à son
compte; à cei effet, il commença par graver lui-
même, le soir, après .son travail de la journée, les
ouvrages avec lesquels il voulait commencer son
fonds, puis, en J80a, il s'installa modestement
RICHAULT — RICHERT
415
au n" 7 de la rue Grange-Batelière, d'où il passa,
quelques années plus tard, au n" IG du boule-
vard Poissonnière. Ses affaires ayant pris une
grande extension, à la suite de la publication faite
par lui des grandes œuvres classiques de la mu-
sique d'ensemble et d'orchestre, il se fixa ensuite
au n" 2G du môme boulevard. Là, il donna une
plus vive impulsion encore à son commerce, et
s'atlaciia, entre autres, à faire connaître an pu-
blic français les adorables mélodies de Schubert,
dont Nourrit d'abord, et Wartel ensuite, se firent
les propagateurs convaincus. La collection com-
plète de toutes les œuvres de ce grand artiste,
pourléchant ou pour le piano, fut successivement
faite par hii, et Richault contribua puissamment
à développer en France le goût de la musique
sérieuse par la publication des productions les
plus importantes des grands symphonistes alle-
mands. Par suite des additions très-considéra-
bles faites à son fonds par l'acquisition d'œuvres
nombreuses fai.sant partie de ceux de quelques-
uns de ses confrères : Frey, Naderman, Sieber,
Pleyel, Petit, Lemoine, Meysemberg, Érard, De-
lahante, l'emplacement qu'il occupait devint in-
suffisant, et en 1862, Richault quitta le boule-
vard Poissonnière pour s'établir boulevard des
Italiens, n" 4. C'est là qu'il mourut, à la fin de
février 1866, après avoir dirigé pendant plus
d'un demi-siècle la maison qu'il avait fondée.
11 eut pour successeur son fils, GulUmimc-
Simon Richault, né en 1806, qui pendant de
longues années avait été son collaborateur, et qui
continua les intelligentes et laborieuses traditions
paternelles. Celui-ci fit lui-même de nombreuses
publications classiques et sérieuses, et augmenta
encore son fonds de celui de Pacini, qui com-
prenait une quantité de partitions d'opéras dus
aux derniers grands maîtres italiens. Guillaume-
Simon Richault mourut à Paris le 7 février 1877,
laissant à la tète de sa maison son fils, M. Léon
Richault, qui représente aujourd'hui la troi-
sième génération de cette famille bien connue de
toute l'Europe musicale.
Il serait impossible de'dresser ici, même som-
mairement, une liste des principaux ouvrages
compris dans le catalogue des 18,000 publications
faites jusqu'à ce jour par la maison Richault, ca-
talogue sur lequel figurent les noms des plus
célèbres compositeurs modernes. Cette maison,
devenue si importante, a été dès ses débuts le
rendez-vous de tout ce que Paris comptait de
musiciens fameux ou distingués, qui savaient
trouver toujours en Richault un homme affable,
aux vues élevées, d'excellents conseils, et pos-
sesseur d'une utile expérience.
Parmi les artistes illustres dont il a publié les
œuvres, il faut citer avant tout, dans la musique
dramatique, Cheruhini, Roieldieu, MéhuI, Meyer-
beer, Niedermeyer, Onslow, Kreutzer, Spontini,
Carafa, Ad. Adam, Ries, Marschner, Rossini,
Donizetti, Bellini, Monpou, Mercadante, Vaccaj,
Coppola, Ciniarosa, Marliani, Zingarelli, Pacini,
les deux Ricci, Balle, Paër, Paisicllo, Grétry,
Nicolaï, MM. Ambroise Thomas, dont il a gravé les
premières œuvres, Victor Massé, Duprato, Bazin.
En ce qui concerne la musique symphonique et
religieuSe, Richault est le premier qui ait publié
en partition les œuvres de Beethoven, bien avant
que l'Allemagne elle-même n'ait songé aie faire;
au grand nom de Beethoven, il faut ajouter ceux
de Bach, Hsendel, Cherubini, Boëly, Reicha,
IS'euKomm, Rinck, :Hummel, Choron, Dietsch,
Lefèbure-Wély, Miné, Fessy , puis ceux de
MM. Gounod, Guilmant, Mabellini, Proch, etc.
Richault professait une admiration profonde pour
le génie de Berlioz, et c'est lui qui a livré au pu-
blic la plupart des œuvres de ce grand homme,
entre autres la Damnation de Faust et l^ En-
fance du Christ, bien avant l'heure où ces pro-
ductions colossales, d'abord méconnues, obtin-
rent enfin l'accueil qu'elles méritaient.
Le catalogue de piano de la maison Richault
comprend toutes les grandes œuvres classiques,
puis celles de Thalberg, Mendeissohn, Schumann,
Cramer, Moscheles, Pixis, Hummel, Reissiger,
Dohler, Lysberg, Amédée Méreaux, Rosellen,
Charles Schunck , Liszt, Alkan, Schulotf, Wil-
mers, Stephen Heller, Herz, Kùhiau, Henri
Reber, et bien d'autres que nous ne pourrions
citer. Enfin, la musique pour instruments à cor-
des nous donne les noms de Rode, Viotti, Bail-
lot, Paganini, Robberechts, Campagnol!, Fio-
rillo, Rolla, Spohr, Habeneck, Mayseder, Fesca,
Kalliwoda, Boccherini, Romberg, Ries, Ernst,
Krommer, Wéry, Servais, Kummer, Dotzauer,
Lee, Dancla, Léonard, Deldevez, Jansa, Joachim,
Sauzay, Urhan, Batta, Piatti, etc. En réalité, on
peut dire que la hbrairie musicale de Richault a
été l'une des plus considérables, sinon même la
plus importante de toutes celles qui ont été
fondées en France. Y.
RICHERT (Félix), pianiste, professeur et
compositeur, était fixé dans une petite ville de
province, à Tonnerre (Yonne), lorsqu'il y a une
quinzaine d'années, il publia sous ce titre : VArt
déjouer du piano suivant les lois delanature
(Paris, Leduc, un vol. in-12 de 210 pp.), un ma-
nuel technique dont Fétis rendait compte en ces
termes élogieux dans la Revue et Gazette mu-
sicale du 8 octobre 1865 : — «... Les natures
d'élite n'ont besoin que d'elles-mêmes pour se
développer ; or, dans mon opinion, M. Richert
416
RICIIERT - llICHTER
est une de cos heureuses organisations. Livré à
lui-inôrne, et sans autre secours que son intelli-
gence et sa volonté, il a conçu un plan d'ensei-
gnement logi(iue pour un art qui ne semble (ié-
pendre que du sentiment et d'une pratique in-
cessante des difficultés de mécanisme. Il en a
creusé toutes les parties par une analyse métlio-
dique et en a formé un système^ c'est-à-dire un
ensemble complet. Possédant une instruction so-
lide et philosopliique, il a pu donner à l'exposé
de ce système la l'orme scient4fique qui en fait
un ouvrage absolument différent de toutes les
méthodes de piano... Une méthode progres-
sive, un esprit net, un .style clair et logique se
font remarquer dans l'exposé des idées de M. Ri-
chert et y ajoutent le mérite de la forme. Toute
sa théorie du doigter est traitée de main de
maître et réduite à des principes d'une
grande simplicité...»
Ricbert n'a pas borné à ce seul et intéressant
ouvrage l'application théorique de .ses principes
en matière d'enseignement. Sous ce rapport, on
lui doit encore les traités suivants : 1° École
pratique du pianiste., suivant l'état technique
actuel de Vart déjouer du piano, Paris, Le-
duc ; 2° Cours théorique et pratique de mu-
sique vocale, contenant un exposé analytique
et raisonné des principes de Vart du chant
et un abrégé de la théorie du plain-ckant (ou-
vrage dont il a été fait quatre éditions), id., id.;
3" Traité élémentaire du plain-chant, con-
tenant un choix de morceaux sur les 8 fo7is du
plain-chant, id., id. ; 4° Griide méthodique du
professeur de piano,', contenant un indicateur
gradué dans le domaine de la littérature mu-
sicale, Paris, librairie internationale, I8f)6jin-t2.
Ricbert avait annoncé la |)ublication de deux
autres traités : l'Art de chanter suivant les
lois de la nature, ^i l'Harmonie fondée sur les
lois de la nature ; f ignore si ces deux ouvra-
ges ont paru. Ricbert s'est fait connaître aussi
comme compositeur, et a publié quelques mor-
ceaux de genre pour le piano : Boléro briilanl ;
le Jiêve, valse de salon, op. 18; Valse de bra-
voure,op. 24; Sous les Tilleuls, caprice-rêve-
rie, op. 28; le Réveil au hameau, scène pas-
torale, op. 30; etc.; 3 grands duos concertants
pour 2 pianos,et quelques chœurs à,4 voixd'hom-
mes .sans accompagnement. Cet artiste modeste
et distingué est mort il y a quelques années.
RICIÏMOM) (Wiixiam-Henry), pianiste,
organi.ste et coinposileur anglais contemporain ,
a été l'élève de deux artistes dont l'un s'appe-
lait James Rhodes, et l'autre T. -A. Marsh. De-
venu organiste d'une église de Kiiaresl)oroug,
ville du comte d'York, il alla se fixer ensuite en
Ecosse, à Dundee, où il fut nommé successive-
ment organiste de la cathédrale (1871), organiste
de l'Union chorale des amateurs (1871), organiste
de l'Association des chœurs d'église (1873), et
pianiste de la Société musicale des amateurs
(1875). Parmi les compositions de M. Richmoml.
on cite une Marche triomphale (en ré) et mi
Andante (en si bémol) pour orgue, un Servie;-
pour la communion (en fa), 4 introït, 4 offer-
toires, une antienne, 3 Services pour orchestre,
3 romances, une application du Magnificat et
du Nunc dimitlis pour le Festival des chœurs
d'église donné à Dundee en 1877, etc.
RICIIOMME (François), joueur de violon
de la chambre de Henri IV et de Louis Xlll,
naquit dans la seconde moitié du seizième siècle.
A la mort de Pierre Roussel, il lui succéda
dans la charge de roi des violons, charge qu'il
occupait en 1620, car dans l'acte de baptême
d'un lils de Louis Constantin {Voy. ce nom),
dont il était parrain et qui naquit en celte
année 1020, il prend les titres de « Roy des vio-
lons et violon ordinaire du Roy ». Je n'ai pu
découvrir sur cet artiste aucun renseignement,
en dehors de ces lignes que j'emprunte à Jal
{Dictionnaire critique de biographie et d'his-
toire) : — « Cette même année (1620), il eut à
faire un acte d'autorité. Quatre musiciens .s'ingé-
raient de montrer à danser sans la permission de
Sa Majesté F'rançois Richomme , et, faisant partit;
de la bande des instrumentistes de Louis Xlll.
refusaient de suivre la cour en ses voyages. Il
fallut livrer au mépris de la postérité ces révo-
lutionnaires qui protestaient contre les statuts
de leur communauté. Ils se nommaient Alain Ri-
queur, François Rozier, François Imbert et Gilles
Coustelet. Richomme les traduisit devant les
juges du Chàtelet et obtint contre eux une sen-
tence qui leur ordonnait de se rendre à la suite
de la cour quand ils en seraient requis, et leur
défendait de montrer à danser en ville, sans le
congé du roi des violons. Les condamnés appe-
lèrent de la sentence au grand conseil, qui, le
23 mars 1620, maintint les condamnations. »
C'était, on le voit, le prélude de la guerre d'af-
franchissement des musiciens qui donna lieu ,
un demi-siècle plus tard, au pamjihlet de Guil-
laume du Manoir, alors roi des violons, te Maria je
de la musique avec ta dance, et qui se termina
en 1695 par l'abdication du dernier souveraindcs
ménétriers, Guillaume-Michel du Manoir.
On ne connaît ni la date de nais.sance, ni celle
de la mort de François Richomme.
* RICIITER (ERNi;sT-FRi:oÉRic-ÉDOUARn'),
théoricien, professeur et compositeur alle-
mand, est mort à Leipzig le 9 avril 1870.
RICHTER — RICORDI
417
A la liste des ouvrages les plus importants de cet
artiste, il faut ajouter les suivants : Enseigne-
ment de la fugue et de toutes les formes du
contre-point, double, triple et quadruple,
Leipzig, 1868; Quatuor en fa mineur pour 2
violons, alto et violoncelle, op. 25; Sonate pour
violoncelle, op. 37 ; Me.sse pour voix seules
et chœur, a cappella, op. 44 ; Messe pour 2
chœurs, a cappella, op. 46; Stabat Mater, pour
voix seules et chœur, a cappella, op. 47.
RICHTER (Hans), un des chefs dorchestre
les plus remarquables de l'Autriche, est né à
Raab (Hongrie), le 4 avril 1843. Son père, excel-
lent musicien, était maître de chapelle de la ca-
thédrale de cette ville, et lui enseigna les pre-
mières notions de l'art. L'enfant n'avait que dix
ans lorsqu'il eut le malheur de le perdre, eldès
l'année suivante il entra comme enfant de chœur
à la chapelle de la cour, à Vienne, où il resta
quatre années. En 1849, il fut admis au Conser-
vatoire de la même ville, y devint élève de Klei-
nicke pour le cor, et y lit ses études théoriques
avec Sechter et Helimesberger. En même temps,
il entrait en qualité de corniste à l'orchestre de
l'Opéra impérial.
Sur la recommandation d'Esser, M. Richler
fut appelé quelques années plus tard à Lucerne
par M. Richard Wagner, qui vivait alors en cette
ville, et qui lui fit exécuter la copie de sa parti-
tion des Maîtres chanteurs. M. Richter resta
à Lucerne depuis le mois d'octobre 1866 jusqu'au
mois de décembre 1867, et son séjour auprès de
M. Richard Wagner ne fut pas, on le comprend,
sans exercer une grande inlhience sur son esprit.
De ce jour, il devint l'un des plus fervents apô-
tres des doctrines du maître saxon. Grâce à
l'appui de celui ci , il obtint l'emploi de chef de
chœurs au théâtre royal de Munich (1868) ,
puis celui de directeur de la musique roynle. En
1869, il quitta Munich pour se rendre à Paris,
afin d'y étudier l'état de l'art musical , et de là
fut mandé à Bruxelles pour diriger les études
de Lohcngrin, qu'il fit exécuter au théâtre de
la Monnaie avec un très-grand succès (1870).
Il se rendit ensuite à Vienne^ puis retourna au-
près de M. Richard Wagner pour faire la copie
de la partition de V Anneau des ISiebelungen
destinée à l'impression.
11 resta auprès de M. Wagner jusqu'au prin-
temps de 1871, époque à laquelle il alla prendre
la diredion de l'orchestre du théâtre national
de Peslh, qu'il conserva jusqu'en 1875. Il de-
vint alors premier chef d'orchestre de l'Opéra de
\ienne, où il se trouve encore aujourd'hui, et
en 1878 il fut nommé second chef de la chapelle
impériale.
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — 8UPPL. —
En 1876, M. Richler se vit confier par M. Ri-
chard Wagner la direction des représentations
fameuses de l'Anneau des NiebelungenàBay'
reulh, et l'exécution magistrale de cette œu-
vre, due à .ses soins, lui fil le plus grand honneur
et mit le comble à sa renommée de chef d'or-
chestre. Depuis lors, il en a fait entendre des
fragments à Londres, où son succès personnel
n'a pas été moins grand .11 ne se fait pas moins re-
marquer, d'ailleurs, dans l'exécution des œuvres
symphoniques que dans celle des œuvres lyriques,
et comme directeur des célèbres concerts phil-
harmoniques de Vienne, où il a succédé à De>.sof,
il a fait admirer son interprétation des compo-
sitions de Mozart, Beethoven, Méhul, Cheru-
biui, Liszt, Berlioz, Volkmann, Schumann et
Brahms. En réalité, M. Richter est un artiste
de premier ordre, qui joint à un tempérament
personnel remarquable la compréhension la plus
complète du style de tous les maîtres.
J. B.
Plusieurs artistes du nom de Bichier se sont
fait connaître en Allemagne dans ces dernières
années; je signalerai les deux suivants : —
M. C. J. Ricliter, professeur au Conservatoire de
Leipzig, organiste del'église Saint-Nicolas, auteur
d'un Cc<ec/»5werferor9i<e (Leipzig, J.-J.Weber,
1868, in-12 ) ; —M. A. Richter, pianiste et profes-
seur, quia publié dans cesderniers temps diverses
compositions pour le piano, entre autres une
série de 3 Études de concert, op. 13, et un re-
cueil de Sonates instructives, op. 14.
RICORDI (Giovanni), célèbre éfliteur de
musique italien, né à Milan en 1785, mort eu
cette ville le 15 mars 1853, peut être considéré
comtne le fondateur du commerce de musique
dans sa patrie. Jeune et pauvre, mais plein
d'ardeur au travail, il gagnait péniblement sa
vie en s'occupanL de copie de musi(|ue, et avait
pour bureau une sorte d'échoppe située sur la
piazza dei Mercanti, à Milan, entre deux pi-
lastres de l'Archive municipale, lorsqu'il conçut
la pensée de se livrer au commerce qui devait
faire sa fortune. Attentif, intelligent et avisé , il
pressentit, à la première représentation d'un
opéra deLuigi Mosca, i Prelendenti delusi,
l'énorme succès que cet ouvrage allait obtenir,
et l'idée lui vint de s'en rendre acquéreur. Se
trouvant, après le spectacle, dans un café où le
compositeur s'était rendu avec quelques amis,
il lui proposa im traité pour la cession de .son
opéra moyennant une somme d'une centaine
d'écus, payable en plusieurs échéances. On n'a-
vait pas l'habitude alors, en Italie, de publier
les partitions d'opéras, et, sous ce rapport, les
1 auteurs ne tiraient de leurs œuvres aucune ré-
T. II. 27
418
RICORDI
munération. Mosca ne se (it donc pas trop prier,
et signa sans plus larder le traité qui lui était
offert.
C»'ci se passait au commencrment de la sai-
son (l'ant'inne, rt le cHniJiviil 11 élMJI pas cnni-
menci* que déjà Hiconli avait vendu à divers
iii pri ssarii une quinzaine de copies de la par-
tition nou\e!le. Celui la l'origine de sa fortune.
Avec Taraient que lui rnpporla cet onvra-je, jl
loua un inasasin , s'éliiblit coiiforlablemi nf , et,
s'agrandissant pi u à pi-n, (Ie\int, au bout d'un
certain nombre d'années, l'un des principaux
éditeurs de l'iiurope et le premier fie tonte l'I-
talie. Il alla étudier en Allemagne les meilleurs
procédés de gravure, d'impression et de publi-
caliou. les importa dans son pays, se trouva
bientôt en rapports avec les maîtres les plus
célèbres, publia leurs oeuvres, et étendit son
commerce non-seiilement dans toutes les parties
de l'I^urope, mais jusqu'au delà des mers. C'est
Giovanni Riconli qui lépandil les oeuvres de
Rossini, Mosca. Nicolini, Orlandi , Gcnerali,
Mayr, Morlacdii, Coccia , Pavesi, Carala, Vac-
caj, Bellini, Donizeiti, Mercadante, Solera, Pe-
trella, de MM. Verdi, Pedrolti, Péri, etc., sans
compter une immense quantité de musifiue de
piano et de chant. En même temps, et pour
augmenter encore la force d'expansion de son
commerce, il fondait un journal spécial, la Gaz-
zetta musicale, qui, fort bien dirigé à cette
époque par un artiste distingué, Alberto Maz-
zucato, faisait autorité en Italie. En résumé,
Giovanni Ricordi dé|)loya, dans le cours d'une
carrière extrêmement honorable , un rare es-
prit d'initiative, une grande intelligence et une
étonnante activité.
RI(>ORDI (Tito), fils du précédent, succéda
à son père à la mort de celui-ci, et continua les
bonnes traditions établies par lui. Sou activité
ne fut pas moindre, et tous ses effoits tendirent
à jusùlier de plus en plus la grande renommée
que le chef tt le fondateur de la maison Ricordi
avait su lui conquérir. Aujourd'hui , et après
soixHnIe-dix ans environ d'existence, cette mai-
son a [lublié les ouvres de plus de deux mille
compositeurs italiens ou étrangers, et sa pro-
duction annuelle représente un lot;il de prè> de
quarante mille planches ; l'ensemble des plan-
ches existant en magasin est de 000,000, et l'on
en fond 8 ou 10,000 chaque année (1). D'ail-
|l) I,e fonds de la innison Ricordi ne comprpnd pua
tno'ins de quaraute-fix mille ouvrages publies Jii-qii';i ec
jour, l'endant l'iinnèe 1877, \v* presses de l'élablisse-
mciil ont lonriil quaninte vnltions Ar pages de iimsifuic.
La maison Ricotdl possède des sucoursales à Uonie, à
Naples, àl'lorcricc et A Londres.
leurs, rien ou presque rien ne .se fait au dehors,
et la nviison Ricordi, installée de la fnçon la
plus inielli;ieiite, renferme des ateliers de gra-
vure, de typographie, de lithographie, de chro-
iiiolitlio^rapliie, de biocbure, de carlonnagc , de
reliure, etc. Le catalogue des publications, qui
a été refait récemment avec le plus grand soin
et (pii a été nouvellement publié en 1875, forme
un volume grand in-8" de 738 pages. Un des
trésors de la maison Ricordi est la collection
com/ilète des manuscrits autographes de tous
les opéras publiés par elle depuis sa fondation ;
on comprend quelle est la valeur rie celte col-
lection, sans doute unique dans le monde. De-
puis (pielques années, iVI TiloRicoidi, dont la
santé est précaire, a confié la direction effective
des affaires à l'un de ses fils, M. Giiilio Ri-
cordi.
RICORDI (Gii'Lio), fils du précédent, né
veis 1835, est aujourd'hui le chef réel de la
grande librairie musicale qui porte ce nom. Il
a reçu une excellente éducation artislique, et
s'est fait connaître tout d'abord comme compo-
siteur par la publication d'un grand nombre
d'œiivres de différents genres, dont l'ensemble
ne s'élève guère à moins de deux-cents. Homme
de goiil d'ailleurs, actif, et de relations très-
siires, M. Giulio Ricordi e.st doué de facultés
diverses et qu'il exerce de différentes façons :
compositeur aimable, écrivain expérimenté, des-
sinateur habile, il publie des ballabili et des
canzone, prend une part à la rédaction de la
Gazzelta musicale (1), et trace les plus jolis
frontispices de ses éditions.
Parmi les nombreuses compositions de
M. Giulio Ricordi, je signalerai les suivantes :
Quatuor pour instruments à cordes (qui a obtenu
le 2' prix au concours Basevi, en 1864]; Trio
pour piano, violon et violoncelle; 6 Études mé-
lodiques pour le piano, op. 14 ; Improrisafions
musicales (6 morceaux;, op. 66, 67, 68, 69, 70,
71; 8 Albums de danses; Album da ballo;
A Fanfiilla, album de danses; la rrincipessa
invisibile, album de danses ; plusieurs mar-
ches pour le piano ; un grand nombre de mor-
ceaux et fantaisies pour le piano, tant originaux
qu'écrits sur des luotifs d'opéras; enfin, une
quantité de valses, polkas et ma/.urkas déta-
chées. M. Giulio Ricordi a écrit aussi la musique
d'un ballet représenté à la Scala.
(1) 11 y a une quinzaine d'années, la Ciizzetla musi-
cale av.ilt ch ingti de nature et de titre, et était devenue
le Ciorriale délia Société (ici quurtelto de Milan. V.Wr a,
depuis lors, repris sa première forme et son premier
titre; mais j'ai regret a dire t|iiVlle est loin de valoir ce
qu'elle était à l'é|in(|ue île sa fondation, et qu'elle ne rend
pas louilcsscrticco qu'on en pourraitallendre.
RIGOÏTI — RIEDEl.
419
RICOTTI (Onestina), pianiste et prolcb-
seiir, fliiectrice des écoles de musique de l'Insti-
tut national de Tui in pour les (illes de militaires,
a publié sous ce titre : la Miisica e i suoi cul-
iori (Turin, l'aravia, 1874, in-12), un traité
élémentaire à l'usage des maisons d'éducation.
Ce petit livre est divisé en deux parties, dont la
première comprend une espèce d'encyclopédie
historique, technique et pratique de l'art mu-
sical, et la seconde une série de courtes notices
bioiîrapliiques sur les grands artlNles : compo-
siteurs, instrumentistes ou chanteurs, qui l'ont
illustré. Le danger de ces sortes de publications,
lorsqu'elles ne sont pas dues à des écrivains
versés dans la science historique de l'art, con-
siste en ceci que les auteurs, n'ayant pas l'expé-
rience nécessaire pour discerner le vrai du faux,
mêlent à doses à peu près égales l'erreur et la
vérité et inculquent aux jeunes lecteurs des
notions qui parfois ne sont rien moins qu'exactes.
L'opuscule de ^1""= Ricotti , quoique élaboré avec
goût et intelligence , est loin d'être à l'abri de
ce reproche. C'est ainsi (|ue, pour ne citer que
deux exemples relatifs à l'histoire de deux
grands artistes, elle place la date de la mort de
Meyerbeer en 1S60 au lieu de 1864, et que, après
avoir fait naître Garât en 1704 au lieu de 1764,
elle ajoule ingénument : « Garât mourut en
1823, à Page de cent dix-neuf ans! » M""' Ri-
cotti traite aussi les noms étrangers avec un
peu trop de sans-façon, et elle écrit, par exem-
ple, ChasUl-bUn au lieu de Casdl-Blaze.
Enfin, j'ajouterai que les connaissances de l'au-
teur en matière d'harmonie me paraissent super-
ficielles au point de devenir dangereuses : je n'en
veux pour preuve que sa façon d'accompagner
la gamme majeure (page 59), où, en passant du
cinquième au sixième degré, elle attaque une
septième majeure sans préparation et fait du
même coup succéder deux quintes justes entre
la basse et la seconde partie.
Mme onesta Ricotti a publié à Turin un
certain nombre de compositions : Ti vldi, lo
t'amo, il LiiKjuaggio del cor, romances; Ida,
barcarolle ; les Petits Tambours, choeur à l'u-
nisson (?); Aniina, idylle pour chant, piano et
violon on fiùte ; lu Fiancée aux cheveux d'or,
fantaisie pour piano; le Sponde del Po, caprice
de concert ; le Rêve Wun ange, nocturne ;
Douce Espérance, rêverie, etc., etc.
RIDLEY (William I, organiste, pianiste et
compositeur anglais contemporain, a été, <ie
1836 à 1844, élève de Henry l'orbes pour le
piano, et de Dearle pour la théorie de l'art.
Successivement organiste et chef de chœurs
dans les églises de différentes villes, cet artiste
remplit encore aujourd'hui ces fonctions dans
une des principales églises de Liverpool. M. Rid-
ley a publié un recueil de 301 Chants anciens
et modernes , une collection de 256 antiennes
écrites par lui pour l'usage des églises parois-
siales, et un ouvrage intitulé : Psautier ponctué
pour le chant.
RIE (niîRNAiîb), pianiste, compositeur et
professeur, né le 25 octobre 1839 à Prague
(liohènie), montra de bonne heure de rares dis-
positions pour la musique, et dès l'Age de six
ans se livra à l'étude du piano. A onze ans,
ayant exécuté au théâtre de Prague un con-
certo de Beethoven avec accompagnement d'or-
ciiestre, son succès fut assez grand pour que le
fameux pianiste Alexandre Dreyschock voulût
lui donner des leçons. 11 travailla donc avec cet
artistejusqu'en 185G, époque à laquelle il fit une
tournée artisti(|uc en Allemagne. De retour à
Prague, il étudia la composition avec un orga-
niste remarquable, Ch. Pitsch, et, à la mort de
ce professeur ()8bS), vint à Paris, où, muni de
bonnes lettres de recommandation , il l'ut parti-
culièrement bien accueilli par l'éditeur Alphonse
Leduc, qui le prit en amitié et s'intéressa vive-
ment à son avenir.
Pianiste d'un mérite solide et d'un mécanisme
particulièrement remarquable, M. Bernard Rie
se fit tout d'abord connaître comme virtuose,
mais bientôt renonça presque complètement à
se produire en public, afin de se livrer sans ré-
serve à l'enseignement. Il s'est fait sous ce rap-
port à Paris une situation presque exception-
nelle. M. Bernard Rie , qui avait commencé par
publier chez l'éditeur Leduc quelques morceaux
de genre pour son instrument •. le Rouet de Mar-
guerite, l'Aubade, V Etoile du soir, la Belle Ba-
telière, Prélude, Souvenir de Prague, Prière
du soir, Chant de bergère, Tarentelle, etc.,
a donné depuis, chez le même éditeur, plusieurs
recueils excellents dont voici les titres : Exer-
cices des cinq doigts, ouvrage écrit principale-
ment en vue des nombreuses combinaisons
des doigts et de leur indépendance, op. 32 ;
25 Études spéciales et progressives de méca-
nisme, op. 34; le Début, 25 études faciles, op.
o3 ; le Progrès, 25 éludes préparatoires, op. 35 ;
V Indépendance des doigts, 25 études pour dé-
lier les doigts, op. 36; 25 Études d'agilité, op.
37 ; 25 Études de vélocité, op. 38.
RIEDEL (IIeukmann), chef d'orchestre et
compositeur allemand, est né à Bourg, près de
iMagdebourg, le 2 janvier 1847. Il étudia à Wil-
tcnberg, i)uis , comme deux de ses frères étaient
commerçants à Vienne, il se rendit en cette ville,
se fit admettre au Conservatoire , et y termina
/r20
UlEDEL — RIKS
son éducation inuâicalc sous la diiecliou de
rcchter et de Uessoff. C'est à Vienne qu'il lit la
Lonnnissance du ténor W'alter, qui l'engagea
beaucoup à coniiioser des lieder ; il en publia
en effet une quarantaine, dont plusieurs obiin-
rcnt de très-grands succès. 11 a écrit aussi un
o|.'éra-coniique, la Réception du chevalier, qui
(!uit être représenté prochainement. M. Riedel
occupe aujourd'hui les fonctions de chef d'or-
tliestre à Brunswick.
J. B.
* RIEGER (Jean-Néfomlcèine). — La date
do 1828, fixée parla Biographie universelle des
J.Hsiciens couiine celle de la mort de cet artiste,
(st évidemment inexacte, puisqu'en 1833 Rieger
publiait l'ouvrage suivant : JS'ouvelle Méthode
pour apprendre le piam-forté, contenant les
principes de la musique et un système com-
plet du doigté, la classification des auteurs,
la manière d^étudier les préludes dans tous
les tons majeurs et mineurs les plus usités,
avec des remarques pour apprendre à l'é-
lève dans quel ion il est et dans lequel il
passe (Paris, chez l'auteur). La Revïtc musicale
(lu 2'i août 1833 rendait compte de cet ouvrage,
en rappelant que Rieger avait déjà publié, en
181'», une grande méthode de piano en trois
parties, laquelle n'a pas été comprise, non plus
(|iie la précédente, dans la liste des œuvres de
cjt artiste.
* IIIEIIL (Wiuielm-Heiisuich), musicogra-
phe allemand, est né à Biberich le 6 mai 1823 (1),
( t n'a cessé, depuis 1854, d'être professeur à l'U-
liiversité de Munich. On lui doit un livre pul)lié
sous ce titre : Musikulischen Charakterkapfen
{Figures musicales), quia obtenu beaucoup de
succès et dont il a été fait plusieurs éditions. Ce
livre, paru il y a vingt-cinq ans (Slultgard,
Culta, 1853j, contient des portraits piquants de
AVenzel Muller, Astorga, Bach, Mendelssohn,
liasse, la Faustina, Meyerbeer, Spontini, Che-
rubini, Gyrowetz, Tleyel, Rosetti, etc. M.Rielil
a beaucoup moins réussi en se produisant
comme compositeur avec la série de lieder qu'il
a publiée sous le litre de Hausmusik {Musique
delà maison], qui a été froidement accueillie.
l\IEiMi\Ki\ (Le docteur Huoo), pianiste,
compositeur et théoricien allemand contcmpo-
v.dn, est l'auteur d un ouvrage publié sous ce
titre : Syntaxe musicale, pkm général d'une
école harmonique pour la formation de la
phrase musicale { Musikalische Syn taris.
Grundriss einer harmonischen salzbildungs-
(l),le preiuls f.ctlo date djiis le Lexique d'ilciiiianii
Mnidel. .Iulius Schuberlh , 'dans son petit Lexique, dit
Kjnrs au lieu de mat.
lehre). Le même artiste a publié on certain
nombre de compositions pour le piano : Ilumo-
resque [un mi mineur); Prélude et Fugue, op.
l'i; Vult und Walt, op. 14; Goldene Zeiten
{Age d'or), op. 10; 10 pièces faciles pour la
jeunes.se; .5 Pièces d'exécution, op. 21 , etc., etc.
RIEMEIXSCIIXEIDER (Georcis), chef
d'orchestre et compositeur allemand , est né. à
Stialsund le 1*^'" avril 1848. Après avoir en pour
maître M. A. Lorenz, à Stettin, il alla poursuivre
ses études à Berlin, où il devint l'élève de M. A.
Haupt pour l'orgue et de M. Frédéric Kiel pour
la composition. Son éducation terminée, il devint
chef d'orchestre dans divers théâtres, entre au-
tres à Lubeck, où il remplissait ces fonctions en
1875. M. Riemenschneider s'est fait connaître
comme compositeur en écrivant pour l'orchestre
plusieurs œuvres dont voici les titres : 1° Donna
Diana, pièce symphonique ; 2° Nachtfahrt,
ballade; 3° Der Todtentanz, pièce de carac-
tère; i'^ Juiinacht, pièce symphonique ; 5° l^esl-
Prœludium, id. Cet artiste est aussi l'auteur
d'un opéra intitulé die Eisjungfrau { la Jeune
Fille de glace), qui jusqu'ici n'a pas été repré-
senté.
lîIEPP ( ), habile facteur d'orgues fran-
çais, construisit un assez grand nombre d'ins-
truments de ce genre, parnn' lesquels il faut sur-
tout citer le superbe orgue de vingt-quatre pieds
en montre du portail de la cathédrale de Dijon
(reconstruit en 1848), et celui de la cathédrale
de Besançon. Riepp vivait vers le milieu du dix-
huitième siècle.
RIES (^Fra>z), violoniste, compositeur et
éditeur de musique allemand , est le plus jeune
des lils de M. Hubert Ries, et le neveu de Fer-
dinand Ries, l'élève, l'ami et le biograplie de
Beethoven. Né à Berlin le 7 avril 1846, il étu-
dia d'abord le violon avec sou père , puis de-
vint l'élève de M. Frédéric Kiel pour riiarnio-
nie et la composition. En 18C6 il se rendit à
Paris pour y terminer son éducation, se fit ad-
mettre au Conservatoire, dans la classe de M. Mas-
sart, et prit part au concours de 1867, où il rem-
porta un second prix ; le premier lui fut décerné
l'année suivante. M. Ries quitta ensuite Paris
pour Londres, où il se produisit comri>e violo-
niste et comme compositeur; mais une maladie
vint l'obliger à abandonner sa carrière de vir-
tuose, et en 1873 il s'établit comme éditeur de
nuisique à Dresde (sous la raison sociale J/of.
far/h\ Cependant, M. Ries n'a pas renoncé à la
composition, et il continue d'écrire. Parmi ses
œuvres publiées, on signale un concerto pour
violon avec accompagnement d'orchestre, 2 suites
l)Our violon avec accompagnement île piano
RIES
RIFAUT
iîl
(op. 26 et 27), une ouverture de .fêle, un quin-
tette et 2 quatuors pour instruments à cordes,
divers morceaux de genre pour violon, une cen-
taine de lieder, etc.
RIESCK (Loiis), compositeur dramatique,
est l'auteur d'un drame lyrique intitulé Bianca
di Belmonte, qui fut représenté au tliéàtre de
la Scala, de Milan; le 26 décembre 1829.
Quoique écrit sur un livret inédit de Felice Ro-
mani, le poëte dramatique alors favori du public
italien, quoique chanté par une réunion d'ar-
tistes de premier ordre, M'"^ Méric-Lalande ,
Carolina Uuglier, Rublni, Tamburini, cet ou-
vrage ne réussit pas et fit, au contraire , un
fiasco complet. Je n'ai aucun renseignement sur
le compositeur Louis Riesck.
* IIIETZ (Jlles), compositeur et chef d'or-
chestre justement renommé, est mort à Dresde
le 12 septembre 1877. Depuis 1860, il occupait
en celte ville les fonctions de chef d'orchestre
delà cour, dans lesquelles il avait succédé à
Reissiger, et qu'il n'avait abandonnées que de-
puis quelques mois , par suite de l'affaiblisse-
■ ment de sa santé. A l'occasion du quarantième an-
niversaire (30 octobre 1874) de son entrée dans
la carrière comme chef d'orchestre, le roi de
Saxe lui avait conféré le litre de generalmu-
sïkdirector, titre qu'ont porté seulement quel-
ques artistes illustres, tels que Spontiniet Meyer-
beer. Il était aussi directeur artistique du Con-
servatoire de Dresde.
Rietz n'était pas seulement un virtuose dis-
tingué, un compositeur élégant et un chef d'or-
chestre de premier ordre; c'était aussi im ana-
lyste, un critique et un écrivain remarquable ,
doublé d'un véritable érudit. Otto Jabn, qui s'y
connaissait, disait de lui : - » Rietz aurait été
une des lumières de la philologie, et ce serait
grand dommage qu'il eût renoncé à cetfe science,
s'il n'avait été musicien. » Ses travaux de criti-
que et d'érudition resterontcomme un monument
de son profond savoir et de la sagacité de son
jugement, et l'on peut dire qu'il a attaché son
nom aux grandes éditions critiques des œuvres
de Rach, de Héendel, de Mozart, de Beethoven
et de Mendelssolm qui ont été faites dans ces
dernières années par les soins de la maison
Breitkopfet Heerlel.
Le catalogue des compositions de Rietz se
complète par les œuvres suivantes : 1" Ouver-
ture pour la Tempéle, de Shakspeare; 2" Ou-
verture de Fêle ; 3" Cantate de 1-ète ; 4" Airs
et chœurs pour les Républicains, drame de
Frœbel ; 5° Airs et chœurs pour Marie Tudor,
drame ; 6" Ouverture solennelle pour le cinquan-
tième anniversaire du mariage du roi de Saxe
(1872); 1° Concertstiick pour flûte, haulbo's,
clarinelte, basson, cor et orchestre; 8° Ario.o
pour violon et orgue; *J" Sonate (en sol) po;ir
piano et Ihlte; 10" Grande messe (en /"a ma-
jeur); ir Offertoire; 12° Laudate Dominum,
pour baryton solo, chœur et orchestre; 1.3" Te
Dcum, pour chœur d'hommes et fanfare; l'^"
Salviim fac regem, pour chœur mixte; l."."
Allemagne, hymne pour basse solo, chœi;r
et orchestre, écrit sur des paroles de Pabst ;
16" Cantate pour l'inauguration du monument de
Weher; 17° Air de concert pour voix de soprano,
op. 38. Enfin, Rietz a publié des arrangements
d'un grand nombre de chants populaires alle-
mands qui ont été réunis sous ce titre : Deuts-
che liederhallc. Dans les dernières années d.;
sa vie, il s'occupait de terminer la partition dci.
Noces de Gamache, opéra laissé inachevé par
Mendelssohn; la mort l'a surpris sans qu'il ail
pu lui-même mener ce travail à terme.
Comme violoncelliste, Rietz avait été succes-
sivement l'élève de Schmidt, de Romberg et de
Hanz, et l'on sait qu'il était devenu un virtuose
de premier ordre. Il avait étudié la théorie musi-
cale avec Zeller. Lui-même fit l'éducation de
beaucoup d'artistes qui se sont distingués dans la
composition, et parmi lesquels il faut surtout ci-
ter M. Radeke (Berlin), M. Nicolai, directeur di\
Conservatoire de la Haye, M. Bargiel, professeu;
au Conservatoire de Berlin, M. Dessoff (Carls-
ruhe), M. Normann (Stockholm), M. Lévy (Mu-
nich), etc. Docteur de l'Université de Leipzig,
membre d'honneur de la Philharmonie Socief;/
de Londres, des Académies de Berlin et de
Stockholm, de la Société néerlandaise pour le
progrès des arts, Rietz était chevalier des or-
dres d'Albert de Saxe et de l'Étoile du Nord.
Le matin du 9 septembre 1877, après avoir
travaillé toute la journée précédente à la parli-
lion encore incomplète des A'off.s de Gamache,
de Mendelssohn, Rietz fui trouvé inanimé sur son
lit; frappé d'une attaque subite de paralysie,
il était entièrement paralysé du côté gauche et
avait perdu connaissance. Il mourut trois jours
après, le 12 septembre, sans avoir repris ses sens.
Rietz avait laissé une superbe bibliothèque
musicale. Cette collection remanjuable, dont le
catalogue imprimé ne comprenait pas moins de
3,000 numéros, a été vendue aux enchères, à
Dresde, au mois d'avril 1878.
* RIFAUT (Lolis-Victou-Étienne). — Le
premier ouvrage dramatique de ce compositeur,
intitulé le Duel ou ^me Loi de Frédéric, opéra-
comique en 3 actes, fut représenté à l'Opéra-
Coinique le 4 juillet 1826. Rifaut a composé une
ballade pour un drame fameux d'Alexandre Du-
452
RIFATJT — RIGEL
mas, Thérésa, joué au même théâtre, à l'épo-
que de sa déconfiture, le 6 février 1832. Cet
arlisteest mort à Orléans le 2 mars 1838.
RIGA (l'RANçois), compositeur belge, né à
Lii'se le 21 janvier 1831, commença l'élude de
l'harmonie avec Dieudonné Duguet, organiste
et maître de chapelle de la cathédrale de cette
ville, lit ses humanités jusqu'en poésie au sé-
minaire deSaint-Trund, où il donna un cours de
solfège et de chant d'ensemhle, et en 1849 fut
admis au Conservatoire de Bruxelles, où il re-
çut des leçons d'harmonie de Bosselet, étudia
la composition avec Fétis, et suivit le cours
d'orgue de M. Lemmens. 11 ohlint au concours
le premier prix d'orgue, travailla ensuite l'or-
chestration avec Ch. Hanssens, et fut nommé
maître de chapelle de l'église des Minimes.
M. Riga est l'auteur de plus de cent mélodies
pour dilférenfes voix, avec accompagnement de
piano; de huit cantates pour chœur et orchestre,
dont les principales ont été exécutées à Bruxelles,
Gand et Liège ; de chœurs pour voix d'hommes
sans accompagnement, dont la plupart sont de-
venus pojiulaires en France ; de plus de vingt-
cinq chœurs pour voix de femmes avec accom-
pagnement de piano ; d'un Aoel à voix seule,
douhle chœur et orchestre; de plusieurs scènes
pour différentes voix; d'une Scène maritime
en 4 parties, pour soli, chœur et orchestre;
d'un IIijDime à saint Joseph à 3 voix égales;
de plusieurs Fahles de La Fontaine mises en mu-
sique ; de trois ouvertures de concert pour or-
chestre; d'un recueil intitulé le Poënie d'une
mère, suite de 8 morceaux avec accompagne-
ment de piano et d'orchestre, paroles de M. Sol-
vay (Bruxelles, Schott, in-S")-, de plusieurs
morceaux pour violon, pour violoncelle et pour
cor ; enfin, de nomhrcux morceaux pour.le piano,
à 2, à 4 et à 8 mains.
La partie la plus importante de l'œuvre de
M. Riga est la musique religieuse ; il est peu
d'églises en Belgique qui ne possèdent dans leur
répertoire plusieurs compositions de cet artiste;
elles sont également connues en France, en Hol-
lande, en Italie, en Allemagne, en Angleterre et
en Irlande, l'armi ces compositions, au nombre
de plus de soixante, écrites pour la plupart'avec
orchestre, il faut citer : 1" Ave veruni ; 2"
Salve negina; 3" Tota pulchra ; 4" Tanlum
ergo (en mi bémol) ; 5" Jiegina cœli ,• 6" A ce
maria à 5 voix; 7" Ave liegina; 8" Aima
Hedcinptoris; 'J° Cor Jesu; 10" Ave Maria à
2 voix; U" Pie Jesu; 12° Jesu doloris ,• 13°
Pater noster ; 14" Sub tuum, etc. Toutefois,
parmi ses productions les plus considérables en
ce genre, il faut particulièrement signaler sa
belle Messe à 4 voix d'hommes avec orchestre,
(\\n, exi'cidée d'abord le 17 mai 1875 dans l'église
Sainte-Gu luledc Bruxelles, le fut ensuite dans
les principales villes de Bt^lgique, ainsi qu'à Va-
lenciennes, à La Haye, à Florence et en Irlande ;
puis son grand Te Deum, qui fut aussi exé-
cuté à Saiute-Gudule, le 21 juillet 1874, et trois
fois réentendu depuis cette époque. Le caractère
si profondément et si savamment religieux de
cette large composition la fait considérer comme
le type à prendre pour modèle de ce genre de
musique. Parmi les recueils publiés par M. Riga,
nous citerons : Fleurs d'Allemagne, suite de
mélodies vocales ; Nouvelles Mélodies, id. ; 8
Motets à 2 et à 3 voix (Bruxelles, Katio).
M. Riga est chevalier de l'ordre de Léopold.
F. D.
* RIGADE (André-Jean). — Le premier ou-
vrage par lequel ce compositeur se fit connaître
en France est la Nouvelle Italie, pièce lyrique
en 3 actes, en prose italienne et française, dont
il écrivit la musique avec Duni, et qui fut re-
présentée à la Comédie-Italienne au mois de
juillet 1762. Après avoir donné au même théâtre,
l'année suivante, Zéiie et Lindor, il écrivit la
musique des pantomimes et ballets suivants, tous
représentés à l'Amhigu : 1° Acis et Galathée, un
acte, vers 1768; 2° l'Oiseau chéri ou la Co-
quette de village, un acte, 1774 ; 3° Narcisse,
un acte, vers 1775; 4° la Partie de chasse, un
acte, vers 1775.
RIGBl (Giuseppe-Maria), organiste et com-
positeur, élève de Pietro-Maria Minelli, fut reçu
en 1702 au notnbre des membres de l'Acadé-
mie des Philharmoniques de Bologne, et en 1717
fut élu prince de cette compagnie.
* RIGEL (Hf.nui-Joseph). — A la liste des
ouvrages dramatiques de ce compositeur, il faut
ajouter Pauline et Henri, un acte, représenté
au théâtre Feydeau en 1793. On a donné aussi à
l'Amliigu, en 1800, quelques mois après sa
mort, un petit ouvrage en un acte, le Magot de
la Chine, dont il avait écrit la musique. Enfin
on représentait en 1805, à l'Opéra-Comique, un
autre ouvrage en un acte, intitulé le Duel noc-
turne, dont la musique était encore donnée sous
le nom de Rigel. J'ignore si c'était encore là une
œuvre posthume d'Henri-Josepb Rigel, ou si
celte jiartition doit être attribuée à son fils
Louis, dont ce serait alors la seule production
dram-dique.
* RIGEL (Henri-Jean). — Cet artiste a écrit
la musique d'une cantate en l'honneur de Le-
sueur, qui fut exécutée le 5 août 1846, à Ahhe-
ville, dans un concert donné à la mémoire de ce
célèbre musicien.
RIGHI — RITTER
4'i3
BIGHI (TELESFono), musicien italien, a écrit
la musique rie Marcellma, opéra qui a été re-
présenté à Parme le l" mars 1873.
*111MB A ULT (Edward-Francis), composi-
teur, organiste et très-savant musicographe an-
glais, est mort à Londres le 26 septembre 1876,
à l'âge de soixante ans. Dans les dernières années
de sa vie, il publia de nombreux articles dans
le journal musical the Choir, dont il fut pen-
dant un assez long temps le principal rédacteur.
RIMSKI-KORSAKOI F(Nicolas-André),
compositeur russe, né à Ticbwin en 184'», fut
d'abord officier dans la marine impériale, où
l'un de ses parents occupe aujourd'hui un grade
supérieur, et abandonna cette carrière pour se li-
vrer sans réserve à son goiH pour la musique.
J'ignore de quelle façon el .sous la direction de
quels maîtres M. Rim.vki-Korsakoff fit .son édu-
cation artistique , mais il est devenu un des
musiciens les plus considérés de son pays, et a
été chargé, depuis 1871, d'une classe de com-
position et d'instrumentation au Conservatoire de
Saint-Pétersbourg. Ses œuvres sont nombreu-
ses, et il s'e.st exercé dans tous les genres : mu-
sique dramatique, symphonie, musique de cham-
bre, fantaisies pour l'orchestre, romances, ^ief/f?-,
etc. Uu opéra en 4 actes de M. Rimski-Korsakoff,
la Pskovitaine., a été représenté avec succès à
Saint-Pétersbourg, et quelques fragments d'un
autre ouvrage dramatique, dont j'ignore le titre,
ont été publiés par l'éditeur M. Bessel, de la
même ville. Parmi les autres productions de ce
compositeur, je citerai un poème sympbonique
intitulé Sadko, un quatuor pour instruments à
cordes qui a obtenu une mention honorable dans
un concours ouvert par la Société impériale
russe de musique, en 1876, et diverses compo-
sitions chorales. Il a en portefeuille un opéra
encore inédit, intitulé la Nuit de Mai. M Rimski
Korsakorff, qui est directeur de l'École musicale
gratuite de Saint-Pétersbourg, a publié : 100 mé-
lodies populaires russes, avec accompagnement
de piano; 6 Fugues pour piano; 3 morceaux
pour piano; C chœurs.
RIIXALDI (G ), pianiste italien et com-
positeur pour son instrument, est fixé, je crois,
à Gênes, et est considéré dans sa patrie comme
un artiste fort distingué, dont le talent présen-
terait une sorte d'analogie avec le génie tendre
et mélancolique de Chopin. Les compositions de
M. Rinaldi .'•ont assez nombreuses, et parmi
elles on peut citer : Fantaatichetie, six pièces,
op. 26, 27, 28, 29, 30 et 31; Snlle Alpi, deux
esquisses, op. 32 et 33 ; 2 Mazurkas, op. 35 et
36; Divagazioni pianisticite, six pièces, op.
39, 40, 41, 42, 43 , 44 ; et divers luorcsaux de
genre: Novelletta, ilviio Villngio A Lei, etc.
*RI\ALDt)DA C:\PUA, compositeur
italien du dix-huiliè»ie siècle.— Outre les ouvra-
ges inscrits sous son nom, il a fait représenter
à Florence, sur le théâtre Pallacorda, un in-
termezzo à trois voix intitulé il Bravo burlato.
RIi\CK (Gustave), pianiste et compositeur,
s'est fait une réputation à Bordeaux par son ta-
lent très-distingué d'exécution, qu'il a fait ap-
précier fréquemment dans les concerts, et par la
publicafion d'un certain nombre de morceaux de
piano, dans lesquels la grâce des idées s'allie à
la pureté de la forme. Dans ces dernières années,
cet artiste a surtout attiré l'attention sur lui
par des œuvres de plus grandes proportions et
d'un caractère plus élevé; c'est ainsi qu'il a fait
entendre, en 1876, un grand concerto de piano
(en ré) avec accompagnement d'instruments à
cordes, un quatuor en si bémol pour piano, vio-
lon, alto et violoncelle, un menuet et fugue pour
instruments à cordes, une tarentelle pour violon
et violoncelle, puis diverses mélodies vocales
parmi lesquelles on cite un hymne triomphal
d'une véritalile puissance d'effet. Depuis lors,
M. Gustave Rinck a voulu s'essayer à la scène,
et il a fait représenter sur le Grand-Théâtre
de Bordeaux, le 10 avril 1877, un opéra-comi-
que en deux actes, Mademoiselle de Kerven,
qui se faisait remarquer par d'excellentes qua-
lités, et était écrit avec beaucoup de soin.
RiI\UCCI!\I (Giovan-Battista), écrivain
italien du dix-neuvième siècle, est l'auteur des
deux opuscules suivants : 1° SuUa vuisica e
sulla poesia melodrammatica italiana del
secolo XIX, Lucques , 1843; 2" Biografia
di Marco Santucci, Massa, 1851.
RISPOLI (RaffaeleI, compositeur italien,
a écrit la musique d'un opéra bouffe, il Figlio
del signor Sindaco, qui a été représenté sur
le théâtre Nuovo, de Naples, le 6 mai 1874. Il
a publié quelques romances et mélodies vocales.
RITTER (Théodore BE!\A1ET, dit), pia-
niste distingué et compositeur, est né près de
Paris vers 1836. Il se livra, dès son plus jeune
âge, à l'étude de la musique, et reçut une ex-
cellente et solide éducation, qu'il compléta avec
M. Liszt, dont il reçut des leçons de piano et de
composition. Il était fort jeune encore lorsqu'il
commença à se produire dans les concerts, et
obtint de très-grands succès de virtuose; son fa-
lent, très-net, très-précis etlrès-sùr, ne brillait
pas moins dans l'exécution de la grande musique
classique, que lorsqu'il faisait entendre les œu-
vres des compositeurs modernes. Après s'être
fait apprécier en France, M. Rilter fit plusieurs
voyages artistiques à l'étranger, et fut accueilli
424
RITTER — RORERT-MAZEL
avec beaucoup de faveur en Allemagne, en Bel-
gique, el surtout en Angleterre, où il devint l'un
(les favoris du public.
M. Ritter s'est produit aussi comme compo-
sileur; on connaît de lui un certain nombre de
morceaux de genre pour le piano, que lui-
même exécute avec une véritable maeiiria, et
parmi lesquelles on remarque les suivants :
les Courriers, fantaisie qui a obtenu un énorme
succès; le Tourbillon ; Véloce, impromptu, op.
24; Rêverie, op. 25; Chant du Braconnier,
op. 26; Sylphes, scherzo, op. 27; Bonde de
nuit, marcbe; Souvenir de .Sawios, [ballade ;
Aubade, morceau caractéristique; la Fesfa,
valse de concert; Titania, scherzo-caprice;
les i4/mées, caprice-étude; Sorrente, tarentelle;
Habanera, sérénade créole. M. Ritter a publié
encore, outre une .sonate pour deux pianos,
quelques compositions vocales importantes :
le Sacrifice, chant biblique avec accompagne-
ment d'orchestre, exécuté aux coni erts du Clià-
telet, le 14 novembre 1875, par M. Gailhard;
le Paradis perdu, scène dramatique; Méphis-
tophélès, id. ; Ave Maria à 2 voix ; 0 Saluta-
ris. Entiri, M. Ritter s'est essayé aussi au théâtre ;
il a donné à l'Opéra-Comique, le 17 juin 1861,
un petit ouvrage en un acte, Marianne, dont
la valeur était mince, et en 1865 il faisait repré-
senter à Florence, sur le théâtre Alfierl, un opéra
italien intitulé la Dea risorta, dont le succès
fut négatif.
Une sœur de cet arti.ste, M"* Cécile Ritter,
née le 22 novembre 1859, pianiste et chanteuse
aimable, a abordé la scène en créant, au Théâtre-
Lyrique, le rôle de Virginie dans l'opéra de
M. Victor Massé, Paul el Virginie. Elle voulut
ensuite se produire à l'Opéra-Comique, et dé-
buta à ce théâtre dans le rôle de Catherine de
V Étoile du Nord; mais ce rôle était au-dessus
de ses forces physiques et de son talent d'artiste,
et elle dut y renoncer.
RlTTElKFRÉDÉrucL ), professeur de mu-
sique dans un collège de Londres, a publié, dans
ces dernières années, une Ilistorij of Mvsic,
from the Christian cra to the présent time
(Londres, W. Reeves, 1875, un vol. in-8°).
Ce résumé de l'histoire de la musique depuis
l'âge chrétien est fait à un point de vue plus
mondain qu'essentiellement rigoureux en ce qui
concerne l'érudition. On le comprendra lors-
qu'on saura i\nW n'est que la reproduction de
lectures publiques fiil^s par lauleur. Le vo-
lume est accompagné d'un portrait de Mozart à
l'âge de sept ans.
RITTER (Hermvnn), virtuose de la chambre
du grand-duc de Mecklembourg-Schwerin à Hei-
delberg, est l'auteur de l'ouvrage suivant :
V Histoire de Valto, et les principes de sa
construction {die Geschichte der viola alla
und die grundsàtze thres baues), Leipzig,
J.-J. Weber, 1877.
RITTER (F\NNY-RATM0Nn), écrivain musi-
cal anglais contemporain, est l'auteur d'un opus-
cule récemment publié sous ce titre : Woman
as a muiician (la Femme comme musicienne,
étude liistorique d'art), Londres, W. Reeves.
M""*^ Faimy Ritter e.st aussi l'auteur des traduc-
tions anglaises de divers écrits allemands rela-
tifs à la musique, entre autres Musique et mu-
siciens , de Robert Schumann, Conseils et
Maximes pour les jeunes musiciens, du même
maître, Lettres sur la musique à une amie,
par M. Louis Ehlert.
RIZZO (Alfonso), compositeur italien, ne
m'est connu que par un opéra intitulé Clotilde
di Montelice, qu'il a fait représenter sur le
théâtre Victor-Emmanuel, de Turin, au mois de
novembre 1870.
ROBERT-MAZEL (m''« Hélène), pia-
niste, compositeur et professeur, commença, vers
1832, à faire apprécier un joli talent de vir-
tuose en se produisant fréquemment dans les
concerts. Vers le même temps, elle se faisait
connaître aussi comme compositeur en publiant,
chez l'éditeur Delahante, divers morceaux de
chant qui se faisaient remarquer par de réelles
qualités : un Souvenir, A mon père, mélo-
dies, f Arabe et son cotirsier, f Aspect des bois,
la Luciole, ballades , les Deux Captifs, duo pour
.soprano et contralto, le Jugement dernier, can-
tate, etc. En 1839, elle faisait paraître chez
l'éditeur Cotelle VAlbum de M^^' H. liobert-
Mazel, contenant huit romances. Elle se livrait
aussi à la pratique de l'enseignement, surtout en
ce qui concernait les enfants, dont l'éducation
musicale la préoccupait vivement; c'est ce qui
lui lit publier sous ce titre : Concert des en-
fants, une suite de petits morceaux à une ou
deux parties, « écrits dans le diapason de la
voix des enfants, » et plus tard un ouvrage pé-
dagogique ainsi intitulé : « Guide musical de
Ven/ance, contenant : 1" Princij)es élémentaires
et complets, cla.ssés par petites leçons; 2" Sol-
fège composé d'exercices et de récréations dans
tous les tons majeurs et mineurs, commençant
par l'étendue de trois notes et ne dépassant ja-
mais l'octave de la voix parlée des enfants, » Pa-
ris, in-8°. Dans un de ses feuilletons de /'/l.ÇAe;H-
blée nationale, Adol|)he Adam rendait conqile
de cet ouvrage avec des éloges motivés, et, en
même temps, faisait ressortir en ces termes le
talent dont M"* Robert-Mazel avait fait preuve
ROBERT-MAZEL — ROBSON
425
comme compositeur : — « M"* Mazel s'est fait
connaître par de charmantes compositions vo-
cales, qui avaient un degré d'intérêt musical plus
élevé que celui que comportent d'ordinaire les
compositions féminines. Quoique très-mélotli-
ques, ces compositions, par la ricliesse de l'iiar-
monie et les recherches des accompagnements,
semblent un peu inspirées de l'école allemande, et
surtout de la manière de Weber et de Schu-
bert.... » J'ignore ce qu'est devenue cette artiste
distinguée.
ROBERTI (GiL'Lio), compositeur et profes-
seur de chant choral, est né à Barge, dans la
province de Saluées, le 14 novembre 1823. Il
se destinait d'abord au barreau, mais à l'âge de
vingt ans l'amour de la musique l'emporta chez
lui sur tout autre désir, et il se plaça sous la di-
rection de Luigi-Felice Rossi , qui lui fit suivre
un cours complet de contre-point et de compo-
sition. En 1849, il fit son début de compositeur
dramatique en donnant au théâtre Carignan, de
Turin, un opéra intitulé Pier dé' Medici, et
presque aussitôt se rendit à Paris, où il s'établit
et d'où il ne s'éloigna qu'en 1858 pour faire re-
présenter au théâtre Victor- Emmanuel, de Turin,
un second ouvrage, PétrarcOy qui, par la faute
d'un livret détestable, fut loin d'être aussi heu-
reux que le précédent. De retour à Paris, il y
obtint un emploi dans l'administration des che-
mins de fer romains, et pendant quelque temps
ne s'occupa plus de musique qu'en amateur.
Cependant, une messe à quatre voix de
M. Roberti ayant été exécutée à Londres, le
compositeur fut invité à la faire entendre dans
l'église de l'Oratoire de Brompton. L'accueil qui
lui fut fait en celte occasion le décida à repren-
dre sa carrière artistique, et bientôt il se fixa à
Londres, où il publia des mélodies vocales, des
cJKfiurs et diverses compositions religieuses.
Quelques années après, il quittait l'Angleterre
pour retourner en Italie et s'établir à Florence,
où il fondait en 18G9 une école gratuite de chant
choral et où il organisait, dans sa propre de-
meure, des cours du soir pour les adultes. A
partir de ce moment, le chant d'ensemble, pour
lequel il s'était pris en Angleterre d'une véritable
passion, occupa presque entièrement son esprit,
il s'en fit le propagateur assidu; et désintéressé,
et, sur la demande de la municipalité llorentine,
institua dos cours dans la plupart des écoles de
la ville. Enfin, en 1873, il créa, sur le modèle
des associations allemandes de ce genre, une so-
ciété chorale à laquelle il donna le nom d'Har-
monie vocale.
Parmi les ouvrages publiés par M. Roberti,
il faut citer : Corso elementare di musica vo-
cale, en 2 parties; plusieurs albums de roman-
ces et mélodies; Armonia vocale, collection de
chœurs sans accompagnement, etc. Il a écrit
aussi deux quatuors pour instruments à cordes.
Enfin on lui doit un livre publié sous ce titre :
Pagine di buona fede a proposito di musica
(Florence, Barbera, 1876). Ce volume, écrit
d'une main rapide et ferme, est formé de la
réunion de plusieurs écrits insérés dans divers
journaux politiques et de travaux lus par l'au-
teur dans les séances de l'Institut royal de mu-
sique de Florence, dont il est un des membres
les plus actifs-, les principaux chapitres portent
les titres suivants : le Chant choral dans ses ^
rapports avec l'éducation populaire, avec
l'église et le théâtre; les Concours interna-
tionaux de chant d'ensemble à Malines et à
Gand en juillet 1873; Course artistique à
grande vitesse, Cologne, Leipzig, Dresde, Ber-
lin, Amsterdam, Gand, Bruxelles, Louvain.
— M. Giulio Roberti, qui est chevalier de l'or-
dre de la Couronne d'Italie, a été chargé, vers
la fin de 1877, de la rédaction du feuilleton mu-
sical de l'un des principaux journaux politiques
de Florence, la Gazzeita d'ilalia.
ROBERTO ( ), écrivain espagnol, a
publié sous ce titre : Calendario musical de
1859, con infinidad de curiosidades y piezas
de musica, un almanach spécial qui n'est pas
sans utilité. Pourtant, cette publication pério-
dique a disparu après sa seconde année, parue
en 1860. <
ROBERTSOX (John), pianiste et organiste
anglais, membre de l'Institut d'éducation d'E-
cosse, a commencé ses études musicales à l'Uni-
versité d'Edimbourg, après quoi il alla se per-
fectionner en Allemagne. Il est aujourd'hui
organiste et chef des chœurs d'une des princi-
pales églises d'Edimbourg. On connaît de ce
musicien un 71e Deum en ut, un autre Te
Deum, un Nunc dimittis en fa, et diverses an-
tres compositions religieuses, -- «g
J'ignore si cet artiste est le même que celui
qui est mentionné au tome VII de la Biogra-
phie universelle des Musiciens.
ROBSON, est le nom d'une famille de mu-
siciens qui vécut en Belgique au dix-huitième
siècle, et dont le premier, d'abord facteur de pia-
nos à Londres, s'était certainement établi ensuite
en ce pays. Jean-Jacques Robson, l'alné de la
famille, le .seul dont ait parlé la Biographie uni-
verselle des Musiciens, mourut à Tirlemont le
24 octobre 1785 (1); on croit qu'il était né à
(I) J'emprunte ces renseignements aux Documents his^
toriques de M. Edouard Grcgolr.
426
HOBSON — ROCHARn DE BOUILLAC
Tliiiin au commencement du siècle. — Sébastien-
Joseph Robson, fils du précédent, né à Thuin
en 173i, morl à Tluirnout le 3 juillet 1814, fut
orléaniste du cliapilre royal de cette dernière
ville et maître de musique de la grande église;
on lui doit, entre autres compositions, la Mar-
che des Patriotes, qui se chante encore au-
jourd'hui. — Emmamiel Robson, sans doute
frère du précédent, né à Termonde en 1740, de-
vint organiste à Sotteghem, et mourut à Ter-
monde le 3 décembre 1768. — François-Joseph
Bobso)], fils de Sébastien-Joseph, né à Turn-
hout en 1763, succéda à son père en 1814, et
mourut dans la même ville le 7 juillet 1833; il
était aussi professeur au pensionnat des Dames
chanoinesses du Saint-Sépulcre. — Enfin, un
dernier membre de la famille, G. Robson, sur
lequel je n'ai pas d'autres renseignements, fut
organiste de la grande église de ïurnliout, et a
écrit de nombreuses œuvres de musique reli-
gieuse.
ROCABERT (Jean-Baptiste), organiste et
compositeur espagnol renommé, né vers 1660 à
Barcelone, fut élève de l'école du monastère de
Montserrat, où il prit l'habit le 7 novembre 1674.
Habile exécutant sur la harpe et sur le violon,
Rocabert fut consiiléré comme l'un des premiers
organistes de son temps, et, dans le genre reli-
gieux, il écrivit des compositions que l'on chan-
tait non-seulement à Montserrat, mais dans diver-
ses chapelles d'Espagne. Doué d'ailleurs d'une
vigueur d'esprit peu commune, âpre au travail
et d'une activité infatigable, il était à la fois la-
tiniste remarquable, philosophe, théologien,
moraliste, poète distingué, et enfin .s'occupa
beaucoup d'histoire religieuse. 11 fut mailre de
la chapelle et de l'école de musique de Mont-
serrat pendant huit ans, après quoi il devint or-
ganiste du couvent de Saint-Martin, de Ma-
drid, C'est là qu'il mourut, le 7 janvier •1701,
dans toute la force de l'ûge, ayant à peine ac-
compli sa quarante et unième année.
ROCHAUD jTe BOUILLAC ( ),
excellent 'acteur de la Comédie-Italienne, où il
se (it une grande renommée, était né à Paris
dans les premières années du dix-huitième
siècle, et ne semblait en aucune façon destiné à
suivre cette carrière. Le rédacteur des Mé-
moires secrets pour servir à l'histoire de la
République des Lettres (à la date de novembre
1781) disait de lui : — « M. Rochard étoit assez
bien né; il avnitélé substitut du procureur géné-
ral des requèlesde l'bôlel. et entraîné par sa pas-
sion pour le théâtre, avoit quitté cet élat lion-
nôte pour celui de comédien, dans lequel il
s'étoit distingué par un goût exquis et une
grande propreté de chant. » Doué en effet d'une
voix agréable, mais un peu frêle, qu'il condui-
sait avec goût et surtout avec expression, Ro-
chard commença par appartenir au personnel de
l'Opéra, où il passa presque complètement ina-
perçu. Ce que voyant, il tourna ses vues du
côté de la Comédie-Italienne, où il débuta avec
succès, le 19 novembre 1740, dans l'emploi des
amoureux chantants. « Ses succès dans le chant
et dans la déclamation, disait l'auteur de {'His-
toire du Théâtre- Italien, sont trop présens au
public pour avoir besoin de lui rappeler cet ac»
teur, qu'il regrette encore dans les rôles chan-
tans. » Et un poète du temps écrivait :
Kochard, en eh.-intant, sûr de plaire,
Nous prouve bien sensiblement
Que la voix est moins nécessaire
Que le goût et le sentiment.
Si Rochard avait obtenu des succès dans le
genre du vaudeville, sa carrière devint plus bril-
lante encore peut-être lorsque la Comédie-Ita-
lienne commença à s'adonner aux pièces à ariet-
tes, dans lesquelles son talent trouvait plus
encore le moyen de se développer. C'e»t lui qui
eut l'honneur, avec M""' Favart, de produire
devant le public parisien la traduction française
de la Serva padrona de Pergolèse, et de jouer
le rôle de Pandolphe de la Servante maîtresse,
qui lui valut un aussi grand succès que celui de
Zerbine à son aimable partenaire. Il se montra
ensuite dans une foule d'ouvrages du même
genre : la Bohémienne (traduction de la Zin-
gara), qu'il jouait encore avec M"* Favart ;
Mazet, de Duni ; le Gui/ de chêne, de Laruelte;
les Fêtes de la paix, de Philidor, etc. Après
plus de vingt-trois années de service, pendant
lesquelles il n'avait cessé de mériter et d'obtenir
les faveurs du public, il prit sa retraite, an
mois de juin 1764, et se consacra à l'enseigne-
ment du chant. Il vivait encore en 1785, car
les Tablettes de renommée des Musiciens, pu-
bliées en cette année, le comprenaient au nombre
des professeurs de Paris, et le mentionnaient en
ces termes : — « Rochard, maître de musique
vocale, renommé pour le goût du chant italien.
Attaché ci-devant à la Comédie-Italienne, il en
a fait les délices par les charmes de la voix la
plus agréable et l'expression la plus touchante. «
Peu d'années auparavant, au mois de novembre
1781, il paraît que Rochard, rentrant comme
auteur dans un théâtre où il avait si longtemps
brillé comme acteur, avait donné à la Comédie-
Italienne une pièce intitulée l^ Amour trop pré-
venu de lui-même; tout au moins cette pièce
lui était-elle attribuée, ainsi que le prouve cette
note des Mémoires secrets : — « On prétend
ROCHARD DE BOUILLAC
RODA
427
qae la pièce est du sieur Rochard, retiré depuis
longtemps, et qui doit être au moins septua-
génaire.... »
Ce n'est que dans son volume de l'année 1792,
que l'alinanach les Spectacles de Paris fait
disparaître le nom de Rocliard de la liste des
acteurs pensionnés par la Comédie- Italienne;
cet artiste mourut donc en 1791, dans un âge
éviiiemment très-avancé.
BOCHE (Edmond), poêle et musicien, né à
Calais le 20 février 1828, est mort à Paris le
16 décembre 18G1. Tout jeune, il avait com-
mencé l'étude du violon, et, venu de bonne
heure à Paris, il était entré au Conservatoire
dans la classe d'Habeneck. Obligé de gagner ra-
pidement sa vie, comme tous les jeunes instru-
mentistes, il prit une place de premier violon à
lorchestre du théâtre de la Porte-Saint-Martin,
puis, im peu plus tard, cumula cette place avec
un petit emploi à la Douane. Mais déjà le démon
de la poésie le tentait, et le soir, au théâtre,
entre deux morceaux, il lui arrivait d'écrire des
vers qui n'étaient ni sans charme, ni sans talent,
et dont quelques-uns lui étaient inspirés par la
musique, entre autres un petit poëme sur Stra-
divarius, une fable intitulée les Cordes et VAr-
cliet, dédiée à M. Edouard Lalo, une autre
pièce sur Mozart, etc. (morceaux qui ont été
compris dans le recueil de ses Poésies posthu-
mes), et aussi quelques œuvres dramatiques :
Velléda, Bernard Palissy, la Dernière Four-
berie de Scapin.
C'est à Edmond Roche qu'on doit la traduc-
tion française de Tannh'ùuser de M. Richard
Wagner. Dans une notice placée en tête de ses
Poésies posthumes (Paris, Lévy, 1863, in- 12),
M. V. Sardou a raconté de quelle façon singu-
lière il avait fait la connaissance de ce musicien.
M. Sardou a fait connaître aussi quelques dé-
tails au sujet de celle traduction : — « La tra-
duction du Tannliaiiser \ml à Roche une année
entière du travail le plus assidu, le plus exté-
nuant; il J prodigua ses jours et ses nuits. Il
faut lui avoir entendu raconter tout ce que lui
faisait souffrir l'exigence de ce terrible homme,
comme il l'appelait. Le dimanche, jour de repos
à la Douane, était naturellement celui que Wa-
gner accaparait pour sa traduction. — Quel
congé pour le pauvre Roche! — « A sept heu-
« res, me disait-il, nous étions à la besogne, et
« ainsi jusqu'à midi, sans répit, sans repos :
« moi courbé, écrivant, raturant, et cherchant
" la fameuse syllabe qui devait correspondre à
'( la fameuse note, sans cesser néanmoins d'avoir
« le sens commun; lui debout, allant, venant,
« l'œil ardent, le geste turieux, tapant sur son
« piano au passage, chantant, criant, et me di-
« sant toujours: ^//e;,fl//<'s.' A midi, une heure
« quelquefois, et souvent deux heures, épuisé,
« mourant de faim, je laissais tomber ma plume
« et me sentais sur le point de m'évanouir. —
« Qu'avez-vous .' me disait Wagner tout sur-
« pris. — Hélas! j'ai faim! — Oh! c'est juste,
« je n'y songeais pas. Eh bien ! mangeons un
« morceau vite, et continuons. — On mangeait
« donc un morceau, vite, et le soir venait, et
« nous surprenait encore, moi anéanti, abruti,
« la tête en feu, la fièvre aux tempes, à moitié
« fou de cette poursuite insensée à la recherche
« des syllabes les plus baroques.... et lui tou-
« jours debout, aussi frais qu'à la première
« heure, allant, venant, tapotant son infernal
« piano, et tinissant par m'épouvanter de cette
« grande ombre crochue qui dansait autour de
« moi aux relleîs fantastiques de la lampe, et qui
« me criait, comme un personnage d'Hoffmann :
K Allez toujours, allez! en me cornant aux
« oreilles des mots cabalistiques et des notes de
« l'autre monde. »
Le pauvre Roche avait compté sur la repré-
sentation du Tannhuuser pour mettre son nom
à la lumière et l'arracher à la misère qui élrei-
. gtiait son jeune ménage. On sait comment il suf-
fit de trois soirées pour renverser toutes ces espé-
rances. Il n'eut même pas la satisfaction de voir
une seule fois son nom sur l'afiiche; bien plus,
l'éditeur de la partition ne le mit pas sur la tra-
duction française. La fatigue et le chagrin que lui
avait causés ce travail lui furent fiine>tes; bien-
tôt il tomba malade, une affection de poitrine se
déclara, et, malgré tous les soins, il fut emporté
par elle, avantd'avoir atteint sa trente-quatrième
année. — Edmond Roche av^it donné d'assez
nombreux articles de critique musicale dans di-
vers journaux liltéiaires, le iSouvcau Journal,
le Cadet -Roussel, le Diogène, l'Effronté, le
Diable boiteux, etc.
* ROCHEFOHT (Jean- Baptiste). — A la
liste des œuvres de cet artiste, il faut ajouter :
1° Apothéose de la feue Impératrice, mère de
la reine de France, cantate exécutée au Concert
spirituel, le 8 décembre 1781; 2" la Laitière
polonaise, ballet-pantomime en 3 actes, joué
au tliéàtre du Palais en 1798.
RODA (Ferdlnand DE), compositeur et
professeur allemand, né à RudoMadt le 2G mars
1818, étudia le piano à Weimar, sous la direc-
tion de Hummel, et acquit aussi un talent dis-
tingué sur la harpe. Il fut harpiste à la chapelle
de la cour de Brunswick, professeur de musique
à Hambourg (1841-1856), oii il fonda une aca-
démie de piano et une société de chant dite de
428
RODA — RODOREDA
Bach, puis professeur de musique à l'Université
He Roslock. Roda fut fécond comme composi-
teur, et on lui doit des oratorios, des cantates,
une symphonie, des lieder, quelques morceaux
de piano et diverses œuvres de musique reli-
gieuse; son œuvre la plus importante est un
Faust en deux parties, qui a été exécuté pour
la première fois à Rostock, le 7 mars 1872. Il
était occupé à mettre en musique le Cid de Her-
dtM-, et avait écrit déjà la première partie de
cet ouvrage, lorsque la mort le surprit au châ-
teau de Bulovv, près Crivitz (Mecklembourg-
Schwerin), le 26 avril 1877.
* RODE (Jacqles-Pierre-Joseph), violoniste
célèbre, est né non le 26, mais le 16 février 1774,
ainsi que le constate son acte de naissance (1).
Il y a tout lieu de croire qu'il est mort non le
25, mais le 26 novembre 1830, car Baillot, l'in-
time ami de Rode, qui ne cessa jamais de cor-
respondre avec lui et qui fut certainement in-
formé par sa famille elle-même de la perte de
son vieux compagnon, a inséré cette note à son
sujet dans le Catalogue des auteurs dont les
compositions servent à l'enseignement du
violon dans les classes du Conservatoire, ca-
talogue dressé par lui à la fin de son Art du
VIOLON : Il Rode (Jacques-PierreJoseph), né à
Bordeaux le 16 février 1774, mort au château
de Bourbon, entre Tonneins et Aiguillon, le
20 novembre 1830 (2). » D'une lettre restée
' fl) Cet acte a été relevé par mes soins à la mairie de
Bordeaux, et je l'ai publié dnns ma j\otice suf Rode,
violoniste français, couronnée par 1" Académie des Scien-
ces, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux (Paris, Pottier de
Lalaine, 1874, in-8 de 64 pp.).
(î) Au moment où je corrige \es épreuves de cette no-
tice, j'acquiers la preuve que Baillot s'est trompé, et que
la date de la mort de Rode est bien le 23 novembre 1830.
M. Er. Thoinan me communique une brochure anonyme
ainsi intitulée : « Pierre Ilode. Dédié à ses amis, » Berlin,
1831, in-4 de i4 pages. (L'exemplaire de M. Er. Tlioiiian
porte cet ex dono : « A M. le major Bles^on, par son très-
dévoué, Massa. » L'auteur était allemand, brochure dans
laquelle l'auteur, intime ami de Rode, nous apprend qu il
reçut en ces termes, de la main de Mme Rode, la nou-
velle de sa mort : « (".'est le 13 novembre, après -s'élre
senti quelque temps beaucoup mieux, que Rode a été
frappé d'une attaque qui le priva de la parole, delà con-
naissance et de l'usage du bras droit. Aucun reuiéile n'a
opéré, et son existence n'a plus été qu'une longue agonie.
Dieu a mis fin a ses souffrances le 23 novembre U30,
à uneln'ure et demie de l'aprés-mldl. Sa déponlllc mor-
telle a été transportée à Bordeaux, pour y être déposée
dans un tombeau de famille, qu'il avait fait ériger lui-
Uiéme à peu prés trois ans auparavant. »
Rode était malade liepuls longtemps, des suites d'un
accident, qui lui valait parfois des accès de fièvre fu-
rieuse Il avait épousé une Jeune veuve, Mme Galliari,
fille aiuée du décorateur Verona et d'une mère française,
née à Fontainebleau. Il revint en France en 1850, avec
sa belle-mère, sa femme, qui était riche, et ses deux en-
fants Il mourut dans le domaine de Bourbon, qu'il avait
inconnue et retrouvée par moi dans le Courrier
des spectacles da 2 frimaire an VIII (23 novem-
bre 1799), il résulte ce fait, ignoré jusqu'ici, que
Rode fut violon-solo à l'Opéra et qu'il donna sa
démission de cet emploi le 17 novembre 1799. A
la même époque il était déjà professeur au Con-
servatoire, car un de ses élèves, Luc Guénée,
obtanait le premier prix de violon au concours
de l'an VIII; en 1803, un autre deses élèves, Mar-
cel Duret (Voy. ce nom), remportait à son tour
le premier prix. Ce sont les deux seuls disciples
de Rode dont j'aie pu retrouver la trace.
Le catalogue des compositions de Rode doit
s'augmenter d'un certain nombre d'œuvres, qui
n'y ont pas été comprises : 11^ concerto (en ré
majeur), Paris, Frey ; 12^ concerto (en mi ma-
jeur), ibid.; IS** concerto (commence en fa dièze
mineur et finit en la majeur), Paris, Launer
(œuvre posthume). — Quatrième Quatuor pour
deux violons, alto et basse, op. 18, Paris, Gam-
baio; Deux Quatuois ou Sonates brillantes
pour violon principal, avec accompagnement d'un
second violon, alto et violoncelle, op. 28, Paris,
Frey ; Deux Quatuors brillards dédiés à Clie-
rubini (œuvre posthume), Paris, Launer. —
Vingt-quatre Caprices en forme d'études, dans
les 24 tons de la gaitime, Paris, Frey; Douze
Études, Paris, Launer (œuvre posthume). —
Deux Romances, paroles de Millevoye, Paris,
chez Clieriibini, .Méliul, etc. ; Deux Romances
françaises et un petit air italien, Paris. — Plu-
sieurs Airs variés.
Rode, qui, dans les dernières années de sa
vie, avait été nommé chevalier de la Légion
d'honneur, fut, après sa mort, l'objet d'un rare
honneur dans sa ville natale, qui donna son nom
à l'une de ses rues.
* RODIO (Rocco). — Parmi les compositions
de cei artiste, il faut signaler le recueil suivant :
Libro di ricercate a 4 voci, con alcune fan-
tasie sopra varii cantifermi, Naples, 157.'i.
* RODOLPHE (JEA^-JosEPH). — Cet artiste
a écrit la musique de deux ballets représentés à
l'Opéra : Apelle et Campaspe ou la Généro-
sité d'Alexandre, 1^' octobre 1776; 2" Médée
et Jason, 3 actes, 30 janvier 1780. Rodolphe fut
pendant plusieurs années chef d'orchestre du
théâtre de la Cité.
RODOREDA (José), compositeur espagnol
contemporain, est l'auteur d'un oratorio pour
voix seules, chœur et orchestre , las Sieie Pa-
labras (les Sept Paroles). La partition de cet
aclieté, et qui était situé prés de Damazon, au confluent
du Lot et de la Garonne. J'extrais ces derniers renseii;n«-
uients de la brochure dont je viens de parler.
RODOREDA — ROEDER
429
ouvrage a été publiée par les éditeurs Vidal et
Bernareggi, de Barcelone.
ROUOTHEATO ( ), compositeur, a
fait représenter sur le théâtre communal de
Corfou, le 25 janvier 1876, une action musicale
en un acte, Oitona, dont le livret, écrit en ita-
lien, était tiré d'un poème d'Ossian.
liODRIGUES (Hippolyte), amateur de
musique et compositeur français, a écrit les pa-
roles et la musique d'un opéra en 3 actes et 4
tableaux, intitulé David Rizzio. J'ignore si cet
ouvrage a été représenté ; mais la partition pour
chant et piano en a été publiée il y a quelques
années.
RODRIGUES(J...-M... Pekkira), écrivain
portugais, est l'auteur d'un livre intitulé Es-
corços biographicos , publié il y a quelques
années , et dans lequel on trouve des notices
biographiques sur un compositeur fiançais , et
sur plusieurs chanteurs et chanteuses, MM. Be-
neventano , Stagno , Mongini, Neri-Barakli, et
Mmes Damoreau, Rossi-Caccia , Fricci et Vol-
pi ni.
RODVVELL (C ), professeur anglais,
est l'auteur d'un petit traité publié récemment
sous ce titre : Manuel d'instruction musicale
pour le piano.
ROECKEL (Joseph-Aucuste), remarqua-
ble chanteur allemand , dont le nom se rat-
tache à l'introduction en Angleterre des chefs-
d'œuvre lyriques de son pays, naquit le 28 août
1783 à Neuenbourg , dans le Haut-Palalinat.
Destiné d'abord à l'état ecclésiastique , il reçut
une excellente éducation littéraire; mais ayant,
à l'âge de vingt ans, renoncé à l'étude de la théo-
logie pour entrer dans la diplomatie , il fut at-
taché en qualité de secrétaire d'ambassade au
service de l'électeur de Bavière. L'ambassade de
Salzbourg ayant été dissoute lorsqu'en 1804
éclata la guerre entre la Bavière et l'Autriche ,
le jeune Rœckel , qui était doué d'une voix
charmante, accepta les propositions du directeur
du théâtre de la cour, à Vienne, qui l'avait en-
tendu chanter et qui l'engageait comme premier
ténor à l'Opéra impérial. Son succès fut tel à son
début qu'il n'eut pas de peine à se décider à
poursuivre cette carrière, et l'on assure que la
façon absolument supérieure dont il chanta le
rôle de Florestan dans Fidelio lui valut, jus-
qu'à la mort de Beethoven, l'amitié de ce grand
homme.
. En 1822, Rœckel, qui était devenu excellent
musicien, fut nommé par l'empereur François 1*'^
professeur de chaut à l'Opéra; c'est la surtout
qu'il prouva l'excellence de sa méthode, en for-
mant un grand nombre d'élèves remarquables ,
entre autres la célèbre cantatrice Henriette Son-
tag. Appelé en 1828 à diriger l'orchestre du
théâtre d'Aix-la-Chapelle, il conçut et réalisa,
dès l'année suivante, le projet de faire connaître
à Paris le répertoire allemand, chanté par des
artistes allemands. L'effet produit parles chœurs
surtout lut entraînant, et l'accueil qu'il reçut à
Paris engagea Rœckel à y rester jusqu'en 1832.
C'est alors que Mont-Mason , à cette époque
directeur de l'Opéra italien établi au King's-
théâtre de Londres, le décida à aller tenter en
cette ville l'expérience qui lui avait si bien
réussi à Paris. Homme entreprenant, Rœckel
ne recula pas devant les diflicuUés; et bien lui
en prit, car c'est avec un véritable enthousiasme
que furent reçus en Angleterre les chefs-d'œu-
vre de l'école dramatique allemande, alors en-
tièrement inconnus en ce pays et qui valurent
d'immenses succès à la grande cantatrice M""'
Schrœder-Devrient et au ténor Haitzinger.
En 1835, Rœckel abandonna cette entreprise
et renonça pour lui-même à la vie de théâtre,
sans se désintéresser pourtant de l'reuvre de
propagande qu'il avait été poursuivre en Angle-
terre , après l'avoir commencée en France. Ce
n'est qu'eu 1853 qu'il retourna en Allemagne,
pour y jouir tranquillement d'un repos qu'il
avait bien gagné après une longue existence si
active et si bien remplie. Rœckel mourut à Cœ-
then le 19 septembre 1870, peu de temps après
avoir accompli sa quatre-vingt-septième année.
* ROECKEL (Edouard), pianiste allemand,
est mort à Pesth le 15 juin 1876.
* ROECKEL (Auguste), pianiste et chef
d'orchestre, frère du précédent, fit son éduca-
tion musicale sous la direction de Hummel. De-
venu chef d'orchestre au théâtre royal de
Dresde, il y fut le collègue de M. Richard Wa-
gner. Lorsque éclata le mouvement populaire de
1848, ces deux artistes prirent la part la plus
active à la révolution. Plus heureux ou plus
habile que son ami, M. Wagner put prendre la
fuite et se réfugier en Suisse, tandis que Rœckel
fut jeté en prison , où il ne resta pas moins de
quatorze ans. De tous les condamnés de cette
époque, c'est lui qui eut à subir la plus longue
détention ; encore ne recouvra-t-il la liberté que
grâce aux prières et aux supplications de sa
tille, qui ne cessait d'implorer sa grâce. Rendu
à lui-même, Rœckel se fit journaliste, d'abord
à Francfort, et ensuite en Autriche. Il mourut à
Pesth, au mois de novembre 1876.
ROEDER (Martin), violoniste, chef d'or-
chestre, com(iositeur et critique musical alle-
mand, est né à Berlin le 7 avril 1861. Ayant
acquis de bonne heure un talent distingué sur le
430
RŒDER — UOGKL
violon , il se fil enlendre avec succès clans di-
verses villes (ie l'AlIfinagne, puis se livrant par
lui seul à l'élude (le la composition, il écrivit des
syiiiplionies , des (lualuors, des psaumes, des
cliaiisons, el commença même la partition d'un
opéra. Sentant loutclois que son éducation res-
tait incomplète, il entra à l'Académie supérieure
de musique de Berlin , el s'y i)er(cclionna sous
la direction de M. Joachim pour le violon, et
sous celle de M! l\iel pour le contre point. Il se
remit ensuite à la composition, et écrivit deux
sonates pour piano et violon», une sonate pour
piano seul, un trio instrumental, une symphonie
et un Miserere. Appelé à Milan pour y diriger
l'orchestre du théâtre Ual Vernie, il se fixa en
cette ville, oii il a l'onde la première société
chorale qui y ait vu ie jour, et où il dirige les
concerts s\mplioni(iues de la Société du qua-
tuor. M. Rœder a écrit la musique d'un opéra-
ballet itahen en 4 actes, Pietro Candiano IV,
qui jusqu'ici n'a pas été représenté, et celle
d'un oratorio en trois parties, Maria Magdn-
lena, aussi inédit. On lui doit quelques articles
publiés dans divers journaux de musique alle-
mands et italiens. Painii ses œuvres publiées,
on remarque un recueil de 7 lieder sur paroles
allemandes, op. 12, un autre recueil de 6 lie-
der, op. 11, une Gavotte pour piano, op. 7,
et quelques mélodies vocales sur paroles ita-
liennes.
ROENTGEN (Jules), fils d'un artiste néer-
landais distingué établi en Allemagne (1), est né
à Leipzif^ le 9 mai 1855. Il était à peine âgé de
quatre ou cinq ans qu'il montrait une intelli-
gence précoce et des dispositions extraordinaires
pour la musique; à huit ans il écrivait une so-
nate de piano, ce qui éveillait l'attention de ceux
qui l'entouraient, et à seize ans il savait le latin
et le grec. Dès ses plus jeunes années , M. R(Bnt-
gen se livra avec assiduité à l'étude du piano ,
acquit im talent remarquable sur cet instru-
ment, et bientôt s'occupa avec une ardeur égale
de la composition. Pendant l'hiver de 1873-
1874, il a lait, en compagnie du chanteur
Stockhausen , un grand voyage artistique dans
l'Allemagne du Nord cl du Sud, que tous deux
ont parcourue d'une laç.on brillante, en donnant
des concerts qui leur valaient de grands succès.
Quoique fort jeune encore, M. Rœntgen a déjà
publié un certain nombre d'œuvres sérieuses,
(0 M. Engclbert nrentgen, père de l'artlsle dont il csl
Ici (iiipstiim, est ne à I) voiiler (l'ays-Bas) le 30 septem-
bre IS29. Il s'clablil dans la suite a l.eipzijj , oii, dès
1861, il était professeur au Conservatoire , membre de
la célclirc socitHc de ronccrts du Gewandliaus et attaché
a l'orchcslre du théâtre.
parmi lesquelles on cite surtout les suivantes •
1° Sonate pour piano et violon; 20 2 Sonates
pour piano seul; 3° Sonate pour violoncelle et
piano; 4" Petits morceaux pour piano, en 3 li-
vres ; 5" Recueil de morceaux de genre pour
piano; 6° Ballade, pour piano; 7° Sinte pour
piano, en 3 parties ; 8° Moiccau de concert, pour
piano ; 9" Concerto de piano, avec accompagne-
ment d'orchestre (exécuté par l'auteur à Ham-
bourg et dans diverses autres villes) ; 10" Sym-
phonie à grand orchestre; 11" Sérénade pour
in.strumeids à vent; etc., etc.
ROEVER Hkmîi), musicien autrichien, vir-
tuose remarquable sur le violoncelle et compo-
siteur pour son instrument, naquit à Vienne le
27 mai 1823, et mourut en cette ville le 13 mai
1875. Il a occupé d'une façon distinguée les
fonctions de violoncelle-solo à l'orchestre de
l'Opéra impérial et celles de professeur de vio-
loncelle au Conservatoire de Vienne, en même
temps qu'il faisait partie de la société des qua-
tuors si renommée dont Hellmesberger était le
chef. Comme virtuose, Rœver se faisait remar-
quer par un mécanisme brillant et une superbe
qualité de son ; comme compositeur, il a publié
pour son instrument de nombreux morceaux
origincyix et des arrangements sur des motifs
d'opéras.
J. B.
ROGEL (José), chef d'orchestre et composi-
teur dramatique espagnol, est né à Orihuela,
province d'Alicante, le 24 décembre 1829. Il
étudia la musique dès son plus jeune âge, et eut
pour maître de solfège, de piano et de compo-
sition l'organiste de la cathédrale , Joaquim
Cascales, tandis qu'il prenait des leçons de tli'ite
du maître de chapelle José Gil. A l'âge de neuf
ans, il instrumentait des morceaux d'opéras tant
pour musiques militaires que pour orchestres
syinphoniqiies, et composait des valses et des
pas redoublés. A dix ans, il écrivit une messe
extrêmement facile , qui devint populaire dans
loule la province, et à partir de ce moment il
lut chargé de la direction de rorcliestre et de la
bande militaire de la ville.
Cependant, pour obéir aux désirs de son père ,
il se vit obligé de se rendre à Valence pour y
faire ses études de droit , et passa six ans en
cette ville; mais il ne cessa de s'y occuper de
musique, doimant des leçons de solfège, de flûte
et de piano, et recevant gratuitement, pendant
trois années, des leçons de composition, de con-
tre-point et de fugue d'un organiste remarqua-
ble, M. Pascual l'eivz, sur les conseils duquel il
s'appliqua à coiiualtre d'une façon pratique la
plupart des instruments, soit à cordes, soit à
ROGEL — ROGER
431
vent. En même temps il étudiait avec ardeur
les grandes œuvres de musique classique, et se
livrait activement à la composilion, écrivant de
nombreux morceaux pour orchestre et produi-
sant de noinhreuses œuvres de mii-iqne reli-
gieuse, plusieurs Stabut Mater, des marclies
funèbres, etc., ainsi que des leçons de solfège ,
de llrtleet de piano à l'usage de ses élèves. C'est
à celte époque qu'il composa \mejota pour qua-
tre bandes militaires, laquelle fut exécutée dans
une sérénade donnée au recteur de l'Université.
Enlin , après avoir été achever son droit à
Madrid, M. Rogel put se livrer sans contrainte
à son goût pour la musique. Il recommença alors
à donner en cette ville des leçons de piano et
de ciiant, puis publia de nombreuses composi-
tions : airs de danses, fantaisies pour piano, etc.,
et fit des réductions au piano de partitions d'o-
péras et de zarzuelds. Bientôt il se produisit
comme chef d'orchestre, remplit ces fondions
dans plusieurs théâtres, et enfin, ayant abordé
la scène comme compositeur, écrivit, d^ns l'es-
pace de vingt-cinq ans, soLranfe-qitinze zttr-
zuelas formant un total de 136 actes, dont quel-
ques-unes seulement n'ont pas encore été re-
présentées.
Voici la liste de ces ouvrages : 1" Loa a la
Liberlad, un acte, 1854; 2° Revista de tm
mnerto (en société avec M. Barbieri), un acte,
1855; 3° Soy mi hijo, un acte, 1856; 4" D. Ca-
nuto, un acte, 1856; 5" Soy yo, un acte, t856;
&° las Carras delDiablo, an ac\e, 1856; l''San-
tiayuillo, un acte, 1 857 ; 8" Recuerdos de gloria,
un acte, 1858; 9" las Dos Nosas (en société
avec M. Allu ), un acte, 1858; 10° un H on go ,
un acte, 1859; 11° los Peregrinos, un acte,
1860; l'2° el Lumbra recoge, un acte, 1860;
13° Impresiones de viage, un acte, 1860;
14" linlre Ceuta y Marriiecos, un acte, I860 ;
15° Doiln Casimira, un acte, 1861 ; 16° Fer-
randoel Calderero, 3 actes, 1861; l7" Pablo
y Virginia, un acte, 1861 ; 18° tina Tia en In-
dias, 3 actes, 1861; 19° Roqiielaur, 3 actes
(en société avec Ondrid et M. Caballero), 1864 ;
20° Par sorpresa, 2 actes (en société avec
M. Vazquez),1864 ; 21° Punio y aparté, 2 acles,
1865 ; 22° la Car a raja, un acte, 1865 ; 23" las
Amazonas del Tormes, 2 actes, 1865; 24° la
Epistola de San Pablo, un acte, 1865 ; 25" las
Carias de Rosalia, un acte, 1865; 26' Dcs-
puerta y Donnida, un acte, 1865; 27° los Ré-
galas, un acte, 1865 ; 28° Suplicio de un fiom-
bre, 3 actes, 1866; 29" tl Lago de las Srr-
pientes, 3 actes (en société avec M. Moderalfi),
1866; 30" el Joven Telemaco, 2 actes. 1866;
31"> Me escamo, un acte, 1866; 32" Faulocorre
como vuela, un acte, 1866 ; 33° un Cuadro, un
melonnr y dos hodas, 2 actes ( en société avec
MM. Inzeng.i et Oepeda ), 1866 ; 34" el Malin de
las Estretlas, un acte, 1866; 35° Franchi fredo,
'>■ acies, 1867; 36" î(?i Mnerto de Imcn hii-
mnr, un acte, 1867; 37» los Orgauns de Mos-
totes, 3 aciefi, 1867; 38° Pablo y Virginia, 2
actes, 1867 ; 39° los fnfiernns de Madrid,
3 actes, 1867; 40'= la Isla de los Portentos,
3 actes, 1808; 41" Genoveva de Brabtmle,
1868 ; 42" la Gran Duçuesn, 1868 ; 43" el Ge-
neral Bumbuni, un acte, 1S68; 44" Iris Très
Marias, un acte, 18G9; 45° dos Truchas
en seco, un acte, 1869; 46" un Canto rep-u-
blicano, 3 actes, 1809; 47" cl Malrimonio,
un acte, 1869 ; 48" el Habitono hace al mange,
2 actes, 1869; 49° Canto de angelo, un acte,
1870; 50" el Rey M'nlas, 3 actes, 1870; 51° el
Criado , un acte (en société avec MM. Ca-
ballero et Hernandez), 1870; b2° un Palomino
alonlado, 3 actes, 1871 ; 53" la Palonia del
Brillante, un acte, 1872; 54" la Creacion re-
fundida, 3 actes, 1872; 55" el Conde y el
Condenado, 3 actes (en société avec M. Inzenga),
1872 ; 56" Lola, 2 actes, 1872 ; 57" el Ultimo
Figiirin, un acte, 1873; 58° ^^n Viage de mil
demonios,3 actes, 1873; 59° pi Comandante
Léon, 2 actes, 1874; 60° Telemaco en la Albu-
fera, un acte ; 61° Viva7i las Cuenas ! 3 ac-
tes , 1879. M. Rogel à en portefeuille une
quinzaine de zarzuelas qui n'ont pas encore
été représentées.
* ROGEK (Etienne), célèbre éditeur de mu-
sique à Amsterdam. — Le nom de cet imprimeur
fameux indique suffisamment une origine fran^
çaise, mais les renseignements sont bien rares
sur ce véritable artiste, qui fut l'honneur de la
librairie musicale au dix-septième et au dix-
huitième siècle, et dont les belles éditions, si
remarquables sous tant de rapports, sont restées
les modèles du genre. M. Edouard Gregoir, qui
s'est occupé avec tant d'activité de tout ce qui
se rapporte à l'histoire musicale dans la Bel-
gique et la Néerlande, a donné quelques détails
sur Etienne Roger, en négligeant , mallieureuse-
nient, d'indiquer les sources où il avait (luisé.
Voici ce qu'il dit à son sujet : « Etienne Roger
naquit en France, vers 1665, et se fixa à Ams-
terdam. Le 7 novembre 1695, alors qu'il avait
établi une maison de librairie el de musique, il a
été admis en qualité de membre de la confrérie
des imprimeurs à Amsterdam. Il paya ses der-
nières contributions l'an 1722, et il faut suppo-
ser qu'il mourut vers cette époque, j. Il eut pour
successeur son gendre et associé, Michel-
Charles Le Cène {Voyez ce nom).
432
ROGER
Etienne Roger s'était atlaclié des dessina-
teurs tiès-hal)ilcs et d'excellents graveurs sur
cuivre, cliarj;és par lui d'exécuter les portraits
et les frontispices superbes qui accompagnaient
la plupart de ses publications. Il avait d'ailleurs
la conscience de l'excellence de ses éditions,
ainsi qu'on peut le voir par cette note, placée
en tête de celle qu'il publia du Dictionnaire de
musique de Brossard : " On trouve à Amster-
dam, cliez Etienne Roger, un assortiment gé-
néral de toute sorte de musique, à beaucoup
meilleur marclié que partout ailleurs. On peut
en même temps être assuré que c'est la musi-
que la plus correctement gravée et imprimée
qu'il y ait dans le monde. »
ROGER (Joseph-Pierre), néà Montpellier le
19 mars 1789, mourut dans cette même ville le
7 août 1859. Il fit ses études musicales au Con-
servatoire de Paris, oii il reçut les leçons de
Catel et devint l'ami de Nicolo et de Méliul A
l'âge de dix-neuf ans, il composa , sur un poème
de M"* Sophie Gay, un ojiéra intitulé les Deux
Portes, qui fut reçu à l'Opéra-Comique. A l'oc-
casion de cet ouvrage, Méhul ,lui envoya une
lettre qui mérite d'être rapportée ici. Elle ré-
sume en eflêt les idées de l'auteur de Joseph sur
le théâtre, et montre combien était scrupuleuse
sa conscience d'artiste :
« Travaillez-vous? — écrivait-il, — svr-
tout que la sagesse vous guide. Vous en-
treprenez l'ouvrage le plus difficile à faire.
Grétry dans sa force aurait été obligé d'em-
ployer tout son esprit, tout son génie pour
essayer de bien faire la besogne que vous
avez sur les bras. Je ne veux pas vous épou-
vanter, mais vous inspirer une méfiance
qu'on connaît rarement à votre âge. Tachez
d'être naturel, ferme, comique et rapide, et
vous toucherez au but que vous avez dû.
vous proposer. Si vous n'étiez qu'élégant,
léger et gracieux, votre musique grimacerait
avec le ton de vieille comédie qui règne jus-
tement dans la Maison à deux portes. Ré-
fléchissez, Roger, autrement vous ne donne-
riez qu'un feu d'artifice, et vous savez ce
qu'il en reste. »
Les Deux Portes ne furent jamais jouées. Au
moment où Roger recevait cette lettre, sa mère
tombait gravement malade. Il quitta Paris et
revint à Montpellier : .^on mariage l'y fixa dé-
finitivement. 11 entreprit le commerce de la mu-
sique , des objets d'art et des tableaux, où il
paraît s'être montré habile connaisseur. Cepen-
dant il composait toujours , et éciivit un assez
grand nombre do cantates, duos et romances,
dont plusieurs sur des paroles patoises. Les
scènes intitulées Homère, et les Regrets de
Chactas (chez Maurice Schlesinger, Paris), eu-
rent un succès de vogue. On y trouve en effet
des qualités d'expression qui rappellent la ma-
nière de Méhul. Malgré son éloignement, Roger
resta dans l'intimité des deux maîtres qui l'ho-
noraient de leur amitié. Nicolo lui dédia son
opéra Lulli et Quinault. Quand Méhul vint
dans le Midi s'efforcer de guérir la maladie qui
devait l'empoi ter, Roger le suivit partout. — Un
jour, Nicolo les avait accompagnés. Au moment
de se séparer, l'auteur de Joconde prit Roger
par le bras, et lui dit : « Vous allez partir
avec Méhul : priez-le de vous enseigner à
faire des duos. « Et il se mit à chanter la
première phrase du beau duo de la jalousie
i\' Euphrosine et Conradin.
Al. R— d.
ROGER (Victor), cousin du précédent, est
néà Montpellier en 1811. Il (it.ses études au Con-
servatoire de Paris, et eut pour maîtres Reicha
et Lesueur. Après un assez long séjour à Paris,
des raisons de famille le déterminèient à re-
tourner dans .sa ville natale, où il se fixa défini-
tivement. Il écrivit alors Abekar ou mie Cons-
piration Moscovite, opéra en deux actes, qui
fut joué successivement, en 183'i, à Montpellier
et à Toulouse; puis les Jacobites, en collabora-
tion avec Hippolyte Aymés, qui furent également
représentés à Montpellier. On a aussi de cet ar-
tiste des fantaisies pour piano, études, ro-
mances, morceaux de danse, etc.
Al. R— d.
* ROGER (Alexis-André). — Cetarliste, qui
fut élève non-seulement dePaër, mais aussi d'Ha-
lévy et de Lesueur, avait obtenu, avant de rem-
porter le grand prix de Rome, un second prix
de fugue au Con.servatoire en /834 , et en 1838
une mention honorable au concours de l'Ins-
titut. Déjà sans doute sa santé était précaire,
car la grande distance qui sépare son concours
de fugue de son dernier concours à l'Institut
semble indiquer un état maladif, qui l'obligea
d'interrompre ses travaux. Ce jeune artiste
mourut en 1846, à peine âgé de trente-deux ans.
Raoul-Rochette, secrétaire perpétuel de l'Aca-
démie des Beaux-Arts, disait à ce sujet, dans
son rapport de cette année sur les envois de
Rome : « L'école de Rome a perdu M. Roger,
qui était arrivé à la quatrième année de sa pen-
sion , et qu'une maladie de poitrine a conduit
lentement au tombeau, malgré les soins de sa
famille, qui du moins l'ont entouré dans ses
derniers moments. »
KROGER (Gustave- HippoLVTE). —Cetar-
liste extrêmement distingué, qui aujourd'hui a
ROGER — ROHDE
433
complètement renoncé au théâtre, a été nommé,
en 1868, professeur de chant au Conservatoire,
en remplacement de Révial, qui venait de donner
sa démission.
Il n'est pas sans intérêt, croyons- nous, de
rappeler ici quelques-unes des créations que
M. Roger (it naguère à l'Opéra-Comique , et qui
établirent sa réputation d'une façon si solide ;
parmi les ouvrages dont il établit ainsi le prin-
cipal rôle pendant les di\ années qu'il passa à
ce théâtre, il faut surtout citer le Perruquier
de la Régence, le Schériff, la Figurante Ré-
gine, leGuiiarero, le duc d'Olonne, Éva,
V Aïeule, la Sirène, la Part du Diable, les
Mousquetaires de la Reine, Gibby la Corne-
muse, Haijdée. A l'Opéra, il créa successive-
ment le Prophète, V Enfant prodigue, le Juif
errant et la Fronde.
En 1848, alors qu'il venait de quitter l'Opéra-
Comique et qu'il n'était pas encore entré à
l'Opéra , M. Roger fit, en compagnie de la cé-
lèbre chanteuse M'"*" Jenny Lind, une grande
tournée artistique en Angleterre, en Ecosse et en
Irlande. Ce voyage fut un triomphe pour les
deux grands artistes, et M. Roger, qui en avait
conservé d'intéressants souvenirs, consigna ces
souvenirs dans une série d'articles publiés par
lui dans le journal le Figaro, sous ce titre : Car-
net d'un ténor. M. Roger est d'ailleurs un
homme instruit et un leltré ; entre autres tra-
vaux , on lui doit une traduction française des
Saisons d'Haydn, qui a servi pour l'exécution
de ce chef-d'œuvre aux concerts du Conserva-
toire.
Les succès de M. Roger ne furent pas moins
grands, furent plus grands peut-être même à
l'étranger qu'en France. Dans l'espace de dix
ans, il visita sept fois l'Allemagne, se faisant
entendre tour à tour à Weimar, à Francfort, à
Berlin, à Munich, à Vienne, et partout se voyant
acclamé avec enthousiasme; un jour môme, il
chanta en allemand un acte du Prophète, ce qui
faisait dire à l'un de ses admirateurs : « Ces
Français sont capables de tout ! » A Bruxelles ,
le chanteur fut aussi l'objet d'ovations écla-
tantes. Cependant, la perte de sa voix vint
l'obliger de renoncer à sa carrière. Il conçut
alors la pensée de se montrer à la scène non
plus comme artiste lyrique, mais comme simple
comédien , sans songer que n'étant déjà plus
jeune, ayant été frappé physiquement d'une
façon terrible, et se trouvant gêné par un em-
bonpoint presque excessif, il n'avait que peu
de chances de réussite. Néanmoins , il signa un
engagement avec l'administration du théâtre de
la Porte-Saint- Martin, et parut sur cette scène,
BIOGR. IMV. DES MUSICIENS. — SVPPL. ■
en 1868, dans un drame nouveau de George
Sand : Cadio, Quelque sympathie qu'elle eut
toujours ressentie pour le talent et la personne
de M. Roger, la criticpie ne put s'empêcher de lui
être défavorable en cette circonstance, et elle
fut unaniuKî à blâmer sa tentative. Depuis lors,
M Roger n'a plus reparu au théâtre, et s'est en-
tièrement consacré à l'enseignement. — Par sa
mère , M. Roger est petit-fils du fameux acteur-
auteur Corse, qui fut, il y a soixante-dix ans, di-
recteur de l'Ambigu-Comique.
M. Auguste Laget a publié sous ce titre : Ro-
ger, une notice biographique sur cet artiste
fort distingué (Toulouse, impr. Charmin, 18G5,
in 8°). Une autre notice, anonyme, qui forme
une brochure in-8° de 16 pages, lui a été con-
sacrée dans une publication biographique inti.
tiilée les Grands et les petits hommes du jour
(Paris, s. d., Poujaud de Laroche) (I).
ROGERS (Roland), musicien anglais dis-
tingué et organiste habile, a fait d'excellentes
éludes, à la suite desquelles il s'est (ait recevoir
bachelier es musiijue près l'Université d'Oxford
(1870), et docteur en nmsique à la même Uni-
versité (1875). Cet artiste occupe aujourd'hui les
fonctions d'organiste à la cathédrale de Bangor. On
connaît de lui une grande cantate sacrée : Pra-
yer and Pr aise {Prière et louange), plusieurs
services de caihédrales, des romances et diver-
ses compositions pour l'orgue.
ROGOSKI (Gustave), compositeur, profes-
seur et théoricien polonais, est né à Varsovie en
1839. Après avoir fait ses premières études dans sa
vdie natale, il se rendit à Berlin, suivit un cours
complet d'harmonie et de contre-point sous la
direclion d'Adolphe-Bernard Marx, et en 186â
fui de retour dans sa patrie. Peu d'années après,
il était nommé professeur de haute théorie
musicale et de composition au Conservatoire de
Varsovie. M. Rogoski a écrit une grande sym-
phonie pour orchestre, deux messes, un quintette
pour piano et instruments à vent, deux qua-
tuors pour violons, alto et violoncelle, deux
trios, et diverses autres compositions.
ROHDE (Edouard), pianiste, organiste et
professeur, né à Halle, sur la Saaie, en 1828, a
reçu une excellente éducation musicale, s'est
livré avec activité à la composition, et s'est fait
dans sa patrie une situation importante et hono-
rable. Il remplit aujourd'hui les fonctions d'or-
ganiste et de directeur du chœur à l'église Saint-
Georges, de Berlin, et est en même temps profes-
seur de chant au gymnase Sainte-Sopliie, de la
(1) Au moment où je corrige les épreiivcsj^le cette
notice, Roger vient de mourir i l'arls, le î2 septembre
1879.
T. II. 28
43-i
ROHDE — ROLLAND
même ville. Lescompositionsde M. Edouard Roii-
de sont nombreuses, car l'une d'elles, une grande
cantate pour voix seules, chœurs et orchestre,
porte le numéro d'œuvre l'28; parmi ces com-
positions on trouvedes motets, plusieurs chœurs
religieux, des pièces pour l'orchestre, des étu-
des et des morceaux de genre pour le piano, des
pièces d'or^ue, etc. -
* ROLAI\DEAU (Louise-Piiilippixe-José-
puine), actrice fameuse de l'Opéra-Comique,
est morte à Paris le 27 mai 180'.). C'est par
erreur qu'il a été dit qu'en 180C elle avait pris
la direction du thoàtre de Gand ; elle alla seule-
ment en novembre 1803 donner des représenta-
tions sur ce théâtre, dont Frémy . était alors le
directeur.
* ROLL (Pierre-Gaspard), compositeur
français, est mort à Paris le 20 février 1848.
* ROLLA (Alexandre). — Cet artiste extrê-
mement distingué a écrit la musique du ballet
intitulé Plzzarro, ossia la conquisla del Pei à,
représenté au théâtre de la Scala, de Milan, en
1807. Peut-être est-ce le très-mauvais accueil
fait par le public à cet ouvrage, qui dégoûta
Relia de travailler désormais pour la scène.
ROLLAND (Hector-Alfred), est le nom
d'un homme de cœur qui fut aussi un artiste,
et dont le souvenir ne doit pas périr. J'ignore
les dates de la naissance et de la mort de cet
homme 'généreux, qui fut, on peut le dire, avec
Wilhem, l'un des plus ardents précurseurs de
l'Orphéon, et qui, comme directeur des fameux
Montagnards pyrénéens dont les succès fu-
rent si grands par toute l'Europe il y a près d'un
demi-siècle, fut un de ceux qui contribuèrent
le plus à donner la première hnpulsion au
grand mouvement musical populaire. Je n'ai
d'autres renseignements biographiques sur Rol-
land que la notice suivante, publiée dans le
Guide musical de Bruxelles du 4 novembre
187ô, et que je reproduis en grande partie.
'<■ Au printemps de l'année 1832, lors de la
première invasion du choléra, un jeune Parisien,
à demi victime du fléau, fuit sa ville natale et
courut à loute bride vers les Pyrénées. Issu
d'une des premières familles financières de la
capitale, Rolland, quoi(pie fort jeune encore,
avait reçu comme complément d'une éducation
extrêmement soignée,des leçons de chant et d'har-
monie des meilleurs maîtres de France et d'Ita-
Ue. Filleul de Grélry, dont les suaves mélodies
avaient bercé son enfance, et disciple de Lays,
le célèbre baryton, Rolland, s'inspirant des sou-
venirs que lui avaient laissés d'aussi parfaits mo-
dèles, se mit bientôt lui-môme à l'œuvre, et se
consacra à la propagande universelle de la musi-
que faite au profit des pauvres. Une fois ce pro-
gramme rêvé, il réunit quelques pauvres bergers
montagnards de Ragnères qui, nouveaux apôtres,
devaient le lendemain, à la suite du maître,
en poursuivre la réalisation.
« Tout à la fois poète et compositeur, profes-
seur et exécutant, doué d'une forte tèle, d'une
grande âme et d'une volonté de fer, Rolland
puisa dans ses propres et uniques ressources tous
les éléments capables de l'aider à atteindre vic-
torieusement son but ; c'est ainsi qu'au premier
appel du maître, on vit accourir du fond des
plus obscures vallées des Pyrénées une foule de
jeunes pâtres à l'œil vif, au front intelligent, à
la poitrine sonore, qui, se pressant aux leçons
du nouvel Orphée, l'écoutaient dans le plus
extatique recueillement. Improvisant le matin
ce que ses élèves devaient exécuter le soir, Rol-
land forma peu à peu ce répertoire à cinq parties
concertantes donttant de morceaux pittoresques,
pleins de verve et d'originalité, sont devenus
populaires dans toutes les parties du monde.
« Un beau jour il part pour Toulouse, à la tête
de cent de ses élèves, que trois jours après il
ramenait vainqueurs. Enhardi par cet éclatant
triomphe, Rolland forme aussitôt un corps d'é-
lite, composé de quarante de ses meilleurs preux,
et sans perdre de temps, vole à leur tète sur la
capitale du monde civilisé, où eux, pauvres et
rustiques enfants des montagnes, à peine fami-
liers avec les premiers mots de la langue fran-
çaise, viennent coup sur coup donner, aux Pa-
risiens étonnés, une longue série de concerts
oii l'expression, la vocalisation, l'ensemble et
surtout, qui le croirait ? la parfaite prononcia-
tion étaient observés. Paris assura la vogue des
quarante artistes. Depuis ce jour ils parcouru-
rent la France, la Belgique, l'Angleterre, la Rus-
sie, la Hollande, le Hanovre, la Saxe, la Prusse,
le Danemark, la Suède, la Norwége, l'Autriche,
l'Italie, la Turquie, la Grèce, l'Asie, l'Afrique,
au bruit des aubades etdes sérénades qu'ils pro-
voquaient de toutes parts sur leur passage. Il
n'est pas un temple catholique ou réformé, schis-
matique ou païen, qui n'ait ouvert à deux bat-
tants ses portes, et les échos des basiliques de
Rome et de Paris, comme celles de Cantorbéry
et de Munster, l'église de Bethléem, comme les
mosquées de David et de Salomon, les synago-
gues de l'Allemagne comme les ruines des ado-
rateurs du feu, ont retenti tour à tour des chants
bienfaisants de la troupe de Rolland, qui, pen-
dant près de vingt ans de cette mission sacrée,
a donné des concerts dans presque toutes les
parties du monde.
« Les chiffres ont leur éloquence : les recelte
ROLLAND — ROMANI
435
se sont élevées à 2,335,400 fr. et les dépenses à
2,437,400. Le déficit a été de 102,000 fr., que
Rolland a comblé de sa bourse, quoiqu'il n'eût
pas distribué moins de 1,320,200 fr. en œuvres
philanthropiques de toute sorte, les dépenses,
frais de voyage dt^s montagnards ayant emporté
le reste des recettes, soit 1,172,000 frans.
« L'homme de cœur qui a consacré sa vie et
sa fortune à la propagation de la musi(jueet a
versé le produit de ses concerts entre les mains
des malheureux, est mort pauvre ; les sociétés
de Grenoble, au milieu desquelles il vivait heu-
reux depuis quelques années et qui ont eu la
douleur de l'accompagner au champ de repos,
veulent remplacer la modeste croix de bois
actuelle par un monument simple et digne de
sa mémoire, et désirent associer à cette pensée
toutes les sociétés musicales de la France et
tous ceux qui comprennent les bienfaits de cet
art moralisateur qui fait une si rude guerre aux
récréations débilitantes de l'oisiveté. »
Parmi les compositions écrites expressément
pour SCS chanteurs par Alfred Rolland, on cite
particulièrement, comme étant une œuvre de
haute valeur et de grand caractère, une messe
solennelle dite Messe des Montagnards pyré-
néens, qu'il (it chanter pour la première fois à
Rome, et plus tard à Jérusalem, sous sa direc-
tion, et qu'une société musicale de Bordeaux,
le cercle Boieldieu, exécutait encore il y a peu
d'années en cette ville avec un vif succès.
* BOLLE (Jean- Henri). — La bibliothè-
que du Conservatoire de Bruxelles possède en
manuscrit deux cantates de cet artiste, qui n'ont
pas été comprises au nombre de ses œuvres :
la Passion, pour chœur et orchestre, et la Mort
du Christ, pour voix seule, chœur et orchestre.
ROLLIN (A ), théoricien et professeur
espagnol contemporain, est l'auteur d'une GrU'
matica musical, elemental y progresiva,
publiée à Barcelone, chez les éditeurs Vidal et
Bernareggi.
ROLLY ( ), compositeur, a fait représen-
tera Toulouse, au mois de décembre 1859, un
opéra-comique en un acte, intitulé une Fausse
Alerte.
ROMAIN DE BRASSEUR ( ), vio-
loniste, vivait à Paris dans la première moitié
du dix-huitième siècle. Il a publié Sei Sonate da
caméra a violino solo, col basse (Paris, Gavi-
gnies, in-f°).
ROMANI (Antonio), chanteur italien du dix-
huitième siècle, se fit une grande réputation en
Prusse. On ne sait que bien peu de chose de sa
vie, et les lexiques de Gerber et de Schilling
ne donnent sur lui que des renseignements som-
maires. C'est vers 1744 qu'il fut appelé au ser-
vice de Frédéric II, et <iu'il devint chanteur de la
cour de Prusse et de lOpéia de Berlin, où bien-
tôt il fut le favori du public. 11 mourut au
mois de novembre 1768. Schneider, dans son
Histoire de l'Opéra de Berlin, raconte que le
baron de Pœllnitz ayant, par une lettre en date
du 11 novembre de cette année, fait connaître
cet événement au roi, reçut de ce prince une
réponse dans laquelle se trouvaient ces mots : —
« J'ai reçu votre lettre de notification du il de
ce mois du décès de Romani, et n'ai à vous dire
en réponse que ceci, c'est-à-dire que mes chapons
et poulardes en porteront le deuil. « Ceci indi-
que évidemment qu'à cette époque le beau temps
de Romani était passé, car Frédéric, sans cela,
ne se fût pas exprimé de la sorte au sujet de
son virtuose favori.
ROMANI (PiETRo), naquit à Rome le 29 mai
1791. Il reçut de, son père, Gaétano Romani,
chanteur et organiste, sa première éducation
nmsicale. Il avait acquis quelque habileté sur le
clavecin, et tout enfant était recherché comme
accompagnateur et admiré dans les églises comme
chanteur à cause de son véritable talent et de sa
belle voix de soprano. C'est à cette époque qu'il
reçut quelques leçons de Fenaroli, mais la mort
de celui-ci l'empêcha de terminer son cours sous
cet illustre maître. Ayant perdu son |)ère, il se
rendit à Rome, où il demeura quelque temps, y
vivant de son mieux avec les maigres appointe-
ments de maestro al cembalo au petit théâtre
Capranica. — Mais quelques bonnes personnes
s'étant intéressées à son sort, l'envoyèrent ter-
miner ses études de composition à Bologne, où
il se lia avec le jeune Rossini d'une amitié qui
dura jusqu'à la mort de ce dernier.
Venu à Florence alors qu'on préparait, au
théâtre de la Pergola, la représentation d'il Bar-
biere di Sivïglia de Rossini, et le bouffe Rosich
ne voulant ou ne sachant pas chanter convena-
blement l'air de Bartolo : A un dottor délia mia
sorte, il composa, en 1817, sur des paroles de
G. Gasbarri, cet air : Manca un foglio, que
depuis lors les bouffes ont presque tous préféré
à l'air original.
Directeurde musique très-apprécié à cause de
son goût et de sa fermeté, il eut mission de com-
poser pour les plus célèbres chanteurs bon nom-
bre de morceaux, airs, duos, etc., destinés à
être intercalés, selon la mode du temps, dans les
opéras d'autrui; mais ces compositions, quoique
généralement applaudies, sont tombées dans le
même oubli que les opéras dans lesquels elles
avaient été placées.
Pietro Romani a un mérite qu'on ne peut lui
436
ROMANI — ROMERO
contester, c'est celui d'avoir été sinon le pre-
mier, du moins nn des premiers à élever en
Italie la musique des ballets à la hauteur d'œu-
vres d'art, en lui donnant cette ampleur de
forme, ce développement artistique qui lui
manquaient, composée comme elle l'était d'une
suite de petits morceaux que l'on répétait à
satiété, selon le bon plaisir des danseurs. — Piè-
tre Romani a continué pendant une vinolaine
d'années, avec, un succès qui ne s'est jamais
démenti, à écrire de bonne musique de bal-
let, qui se distinguait généralement par l'élé-
gance et la facilité de la médolie. par une bonne
orcheslralion, et parla juste expression des
sentiments et des situations scéniques (l).
Le seul reproche qu'on aurait pu lui faire,
reproche d'ailleurs commun à presque tous les
maîtres italiens de son temps, était celui d'une
imitation trop marquée delà formule rossinienne,
surtout, en ce qui concerne les cadences, et
au>si les crescendos mis en vogue par Rossini.
Du petit nombre de ceux qui conservent les
nobles traditions de la grande école italienne,
Pietro Romani est un excellent maître de chant -,
aussi, pendant bien longtemps, il ne passait par
Florence presque aucun chanteur de quelque
renommée qui ne se tint pour honoré de rece-
voir de lui quelques leçons. — Retiré aujour-
d'hui du théâtre, il continue, malgré son grand
âge, à donner des leçons qui sont trés-recher-
chées. Membre de plusieurs académies, il est
chevalier de l'ordre des SS. Maurice et Lazare,
et professeur de chant et d'art scénique à l'Ins-
titut royal de musique de Florence (2). 1
F.-A. C.
' ROMANI (Carlo), neveu du précédent,
naquit à Avellino, dans l'ex-royaume de Naples,
le 24 mai 1824. Venu encore enfant à Florence,
il y étudia le piano avec Palafuti, la composition
avec Picchianti, et reçut de son oncle le com-
plément de son éducation musicale. A dix-
huit ans, il se fit connaître très- favorable-
ment en mettant en musique les récitatifs du
FreischiUz de Weber, quand, pendant le
carnaval 1842-43, on donna cet opéra pour
la première fois en Italie, sur le théAtre de la
Pergola, de Florence. Il composa pour le même
théâtre, en 1847, son premier opéra-comique.
Tutti Amanti, qui fut accueilli avec faveur. En
" (1) Parmi les ouvrage» de ce genre qu'on doit à M.
Romani, tl faut citer Cabriella di Vertjy, écrit par lui
en société avec Augustin Belloli et représenté » la
Scala, de Milan, le î4 août 1822, et Ottaviu, donné l'an-
Inée suivante au raôme tliéâtrc. — A. I'.
(î) Depuis que cet article est écrit, Pietro Romani est
mort à Horence les Janvier «h77, à l'âge de quatre-
viDijtclnq ans. — A. P.
1852, il produisit sur le théâtre Leopoldo (à pré-
sent ISazionale), à Florence, «7 Mantello,
autre opéra-comique, qui eut un véritable succès,
et qui, en peu de temps, fit avec la môme for-
tune le tour de bon nombre de théâtres de la
Péninsule. Mais dès ce moment il commença
à faiblir; ainsi i Baccanalï di Rouia , opéra
sérieux, et i Diamanli délia Corona, opéra-
comique, donnés à la Pergola, le premier en
18ô4, et le second en 1856, n'eurent qu'un suc-
cès d'estime. — En ISH't, il fit exécuter dans
l'église de S. Giovannino degli scolopi un ora-
torio {San Sebastiano), qui contient çà et là
des pages heureuses, mais qui, dans son ensem-
ble, est trop au-dessous de l'idéal d'un bon ora-
torio, pour qu'on doive s'arrêter à en parler
autrement que pour mémoire. On a cru trouver
la cause de ce mouvement de recul sur le chemin
du succès dans le caractère un tant soit peu
nonchalant de Carlo Romani. On serait proba-
blement plus dans le vrai en l'altribuant au
germe, d'abord caché, de la cruelle maladie qui
le conduisit au tombeau, dans toute la force de
l'âge, le 4 mars 1875. Carlo Romani a laissé un
opéra inédit, Giannini di Nisida, dont il
faisait grand cas. On a de lui quelques chants
patiioliques très-ap|ilaudis, entre autres celui
qu'on connaît sous le titre de la CrocediSavoja,
et quelques bons morceaux de musique de
chambre, soit vocale, soit instrumentale. Il
était chevalier de l'ordre de la Couronne d'Ita-
lie et membre résidant de l'académie de l'Institut
royal de musique de Florence (1). — F.-A. C.
ROlMAiXI (LtiGi), écrivain ilalien, est l'au-
teur d'une publication fort utile, faite par lui
sous ce titre : Teatro alla Scala. Cronologia di
tutu gli spetlacoU rappresentali in cjuesto-
(eairo dal giorno del solenne suo aprimento
sino ad oggi, con introduzione edannotazioni.
Milan, Pirola, 1862. petit in-4".
* ROMBKRG (Bkknard), estmortà Ham-
bourg, le 13 août 1841.
*ROMBEUG (CiPRiEN), est mort nojé.
le 14 octobre 1865, en se baignant dans l'Elbe,
près de Hambourg. Il était né en cette ville le
28 octobre 1807, et non en 1810.
ROMERO Y ANDIA (Antonio) , éditeur
de musique à Madrid, est né en celte ville vers
1815. Il s'adonna de bonne heure à l'étude de
la clarinette, acquit sur cet instrument un
remarquable talent, et se fit apprécier comme
virtuose en se faisant entendre sur les théâtres
( ) Après la mort de Carlo Romani, un éditeur de musi-
que de Florence, M. Vcnturlnl, publia un recueil de six
morceaux de chant posthumes de ce compositeur, ornfr
de son portrait. — A. P.
HOMERO
RONGÉ
437
(les principales villes de l'Espagne. Devenu en
1841 chef demusi(|ue du l"^' régiment de grena-
diers de la garde royale, il Ait nommé en 18i9
professeur do clariiietle au Conservatoire de
Mal riil, et fonda en 1856 une maison de commerce
de musique qui est aujourd'hui la plus impor-
tante de la capitale de l'Espagne, M. Romero y
Andia est l'inventeur d'un nouveau système de
clarinette qui a oblenu des récompenses aux
expositions de Paris (18G7), d'Aragon (1868),
de Salamanque, de Madrid, et de Vienne (1873),
Membre de la commission espagnole à l'Exposi-
tion de Londres de 1862, il fut chargé de la
rédaction du rapport officiel de celte exposi-
tion, et lors de celle de Paris, en 1867, il fit par-
tie des jurys relatifs aux concours européens des
musiques militaires. On doit à cet artiste une
Méthode nouvelle et complète de solfège, une
Grammaire musicale, et des Méthodes pour la
clarinette, la trompette et le basson, ainsi que
toute une collection iVIns truc lions prélimi-
naires pour tous les instruments à vent. M.
Romero y Andia est commandeur des ordres de
Charles III, d'Isabeile-la-Catholique et du Christ.
ROIXCAGLIA (Bernardino), compositeur
et professeur, naquit à Lacques dans la pre-
mière moitié du dix-septième siècle, et mourut
en 1692. Il faisait partie de la chapelle de la
République de Lucques, et, entre autres com-
positions, écrivit deux cantates à plusieurs voix,
avec accompagnement instrumental, qui furent
exécutées dans les années 1654 et 1657, à l'oc-
casion des fêtes des comices.
ROi\CIlETTI-MOi\TEVITI (Stefano),
compositeur et professeur ital'ien, directeur du
Conservatoire de Milan, est né à Asti le 18 sep-
tembre 1814. Je n'ai que fort peu de rensei-
gnements sur la carrière de cet artiste estimé
de ses confrères, mais peu connu du public.
Devenu professeur de composition au Conserva-
toire de Milan le ?8 août ISôO, il fit représenter
au théâtre de la Scala, le 16 mars 1857, un
opéra intitulé Pergolesi, qui fut froidement
accueilli. Depuis lors, il ne s'est pas reproduit
à la scène, et a seulement fait exécuter diverses
«omposilions religieuses. A la mort de Mazzu-
cato (Fo(/. ce nom), M. Ronchetti a succédé à
cet excellent artiste dans la direction du Con-
«erva'oire.
RONDIiVELLA. (Pasquale), professeur
italien, est né à Naples le 16 mars 1825, et a
fait ses études musicales au Conservatoire de
cette ville, on il fut l'élèvede Lanza pour le piano,
de Busti pour le chant, et de Ruggi pour le
contre-point. En 1852, il partit pour l'Amérique
et s'établit à Philadelphie, où il se consacra à
l'enseignement du chant. Il y réside encore
aujourd'hui. M. Rondinella a publié une Brève
Méthode de chant (Naples, Cotlrau), un Traité
d'harmonie, diverses fantaisies pour le piano
écrites sur des motifs d'opéras, deux albums de
chant, des canzone napolitaines, des airs, des
duos, et plusieurs compositions religieuses.
llO\GE (Jean-Baptiste), compositeur belge,
né à Liège le 1" avril 1825, se destinait d'a-
bord à l'étude des sciences exactes, et se fit
admettre à l'Ecole des mines de sa ville natale.
Mais un goût prononcé pour la musique le
détermina à transformer sa carrière, et il quitta
cet établissement pour entrer au Conservatoire
de Liège, que dirigeait alors Daussoigne-Méhul.
Devenu l'élèvede ce maître pour l'harmo-
nie, le contre-point et la fugue, M. Rongé prit
part à Bruxelles, en 1851, au grand concours de
composition, et obtint d'emblée le second prix
de Rome ; puis, s'étant présenté de nouveau au
concours de 1853, il se retira sans prendre part
à la lutte et après avoir pris connaissance des
paroles delà canlale, celles-ci ne répondant pas
à ses sentiments et à ses désirs.
M. Rongé commença alors à se livrer à la
composition, tout en s'occupanl des questions
concernant l'histoire et la théorie de la musique,
questions dont l'étude était sympathique à son
esprit. Il écrivit tout d'abord, pour le théâtre
royal de Liège, la musique de deux cantates,
dont l'une fut exécutée à l'occasion de la majo-
rité du duc de Brabant, aujourd'hui Léopold II,
et l'autre pour l'anniversaire de la naissance de
Grétry. Mais tout en consacrant une partie de
son temps à la composition, il se préoccupait
particulièrement de l'étude du rhylbmedans ses
rapports avec la musique et la poésie, et pu-
bliait sur ce sujet deux brochures intéressantes.
Ces deux écrits attirèrent sur lui l'attention d'un
poète distingué, André van Hassell, auteur de
plusieurs recueils remarquables de vers, eJ,
celui-ci s'étant mis en rapport avec lui, une
association se forma bientôt entre le musicien
et le poète pour l'entreprise d'une traduction
rhythmiquedes grands chefs-d'œuvre delà scène
lyrique allemande et italienne, traduction des-
tinée à la grande collection de l'éditeur Lilolff.
Tous deux publièrent ainsi] successivement des
éditions françaises de Don Juan, des Noces de
Figaro, de la Flûte enchantée, de Fidelio,
du Freischûtz, d'Oberon, â'Euryanthe, de
Preciosa, de Korma et du Barbier de Séville.
La presse française et belge a rendu l'hommage
qu'il méritait à l'excellent travail de MM. Van
Hasselt et Rongé, qui, dans leurs traductions
rhythmiques, s'efforçaient de rendre scrupideu-
438
RONGÉ — ROQUES
sèment en vers français non-seulement le sens
exact des paroles allemandes ou italiennes, mais
jusqu'aux moindres accents donnés par les
coupes méloiiiiiues. Les deux collaborateurs
traduisirent aussi, d'après leur système rhythmi-
(pie, 30 mélodies de Schubert, ainsi que 30 airs
de basse et 30 airs de ténor choisis parmi les
meilleurs de l'école allemande. La mort seule
d'André Van Ilasselt (décembre 1875) put mettre
fin à celle intelligente association artistique. De-
l)uis lors, M. Rongé s'est remis exclusivement à
la composition, et il a écrit la musique d'un opé-
ra-comique en 3 actes, la Comtesse d'Albany,
qui a été représenté avec succès, le 15 janvier
1877, sur le théâtre royal de Liège.
M. Rongé a publié les œuvres suivantes :
1" 2i Éludes rhyfhmiques, pour chant et
piano; 2° 12 Mélodies, pour toutes les voix;
3' 12 Chœurs pour 4 voix d'hommes, sans
accompa.unenient ; 4" 2 Romances sans paroles
{Sarah la ba'ujneuse, VEioile où l'on s'aime),
pour piano seul. Ces diverses compositions ont
paru chez les éditeurs MM. Enoch, et plusieurs ■
d'entre elles ont été bien accueillies dans les
concerts, notamment un Aoël, hymne pour
voix de baryton, auquel l'auteur a ajouté des
choeurs et un accompagnement d'orchestre qui
en rehaussent le coloris.
M. Rongé s'est parfois occupé de critique
spéciale, et a publié un certain nombre d'arti-
cles dans la Revue et Gazette musicale de Paris
et dans le. Guide 7nusical de Bruxelles.
RO\SO (Pablo), professeur et compositeur
espagnol contemporain, est l'auteur d'une Mé-
thode de solfège, publiée récemment. On con-
naît aussi de lui, entre autres compositions,
un Hymne pastoral à la Vierge {Trisagio
pastoril à la Virgen)k2 ou 3 voix, avec ac-
compagnement d'orgue, et un recueil de Vil-
lancicos à 2 voix avec orgue.
*RO.\TAIXI (R\i FAELo). — Dans ses Ele-
ment amusica, Quirin van Blankenburg cite
l'ouvrage suivant de ce compositeur, au nombre
de ceux qu'il étudia dans sa jeunesse : le Varie
Musiche, del lia/faelo Rontani, a xma e due
voci, per cantare nel cembalo o in altri
sfromenti da corpo (Roma, 1632). Cet ouvra-
ge porte la mention : œuvre W.
* ROAZI (Llk;i', compositeur, naipiit à
Florence le 7 juin 1805, et mourut en celte
ville le 15 mai 1875.
' IIOXZI (Antomo), professeur de chant
et compositeur italien, né en 1813, est l'au-
teur d'un opéra sérieux, Luisa Strozzi, dont
j'ignore le lieu et la date de représentation. Il a
publié sous ce tilre ; l'Eco délia Veneta La-
guna, chez l'éditeur Ricordi, de Milan, un re-
cueil de neuf mélodies vocales. Cet artiste est
mort à Florence le 25 janvier 1873.
ROi\ZI (Follio^e), compositeur italien, est
l'auteur d'un drame lyrique en 4 actes, Gas-
tone d'Anversa, qui a été représenté au théâ-
tre de la Pergola, de Florence, en 1853. Cet
artiste a publié à Milan, chez Ricordi, un Al-
bum contenant douze mélodies à une ou deux
voix.
ROJ\ZI DE BEGIXIS (M"'^). — Voyez DE
BEGiVIS (Joséphine R0\ZI, épouse).
^ ROQUEFORT -FLAMERICOURT
(Jean-Bvptiste-Bonaventijre). — G. M. 'F. de
Martonne a publié une Notice biographique et
littéraire sur J.-B.-B. de Roquefort (Paris,
Techener, 1844, in-8"). Cette notice est extraite
du XVII« volume des Mémoires de la Société
royale des Antiquaires de France.
HOQUEPLAX (Louis- Victor - Nestor
ROCOPLAiV, dit), né à Malemort (Bouches-
du-Rhône) en 1804, fut d'abord journaliste,
puis directeur de théâtre. Rédacteur en chef
du Figaro, avec Bohain, et à ce tilre signa-
taire, en 1830, de la protestation des journalis-
tes contre les ordonnances de juillet, il fut, avec
le même, directeur des Nouveautés. Il devint
ensuite directeur des Variétés, puis, de 1847 à
1854, directeur de l'Opéra, où, à la suite d'une
gestion inintelligente et désastreuse, il fut assez
habile pour faire payer ses dettes (600,000
francs!) par l'Élat. En 1857, on le mit à la tête
du théâtre de l'Opéra-Comique, dont il céda le
privilège en 1800. Roqueplan fut alors chargé
du feuilleton théâtral du Constitutionnel. Cet
écrivain, d'ailleurs plein d'esprit, a publié un
petit volume intitulé les Coulisses de l'Opéra
(Paris, Librairie nouvelle, 1855, in-18;. On lui
doit aussi sous ce titre : Rossini, une petite bro-
chure qui est la reproduction de l'article nécro-
logique qu'il écrivit, sur la mort de ce maître,
dans le Constitutionnel (Paris, Dentu, 18G9,
in- 12 de 16 pp.). 11 est mort à Paris, le 24 avril
1870. Nestor Roqueplan était le frère cadet
du fameux peintre romantique Camille Roque-
plan.
ROQUES ( ), violoniste, né vers 1810,
était chef d'orchestre du Théâtre-Français en
1851. Cet artiste a fait représenter aux Folies-
Nouvelles, le 4 décembre 1858, une opérette
intitulée : Fra Diavolino. On a gravé de lui
une œuvre de duos pour deux violons.
ROQUES (Jean- Léon), musicien français,
né à Aurignac (Haute-Garonne) le 24 octobre
1839, fut admis en 1854 au Conservatoire de
Paris, où il devint l'élève de M. Savard pour
ROQUES — ROSÉS
439
le solfège, de M. Bazin pour Tharmonie et ac-
compagnement, de Benoist pour l'orgue, et de
M. Aiiibioise Thomas pour la fugue et la corn
position. Voici la liste des récompenses qu'il
obtint dans cet établissement : en 1857, le 2"=
accessit d'harmonie et accompagnement; en
1858, le 1" accessit; en 1859, le second prix ;
en 1860, un 1" accessit de fugue; en 1861, un
2'' accessit d'orgue; en 18G2, le premier prix de
fugue et le second prix d'orgue. Après avoir
terminé ses études, M. Roques accepta les
fonctions d'accompagnateur au petit théâtre des
Bouffes-Parisiens, dont plus tard il fut un ins-
tant le chef d'orchestre, pour revenir ensuite
à son premier emploi . En même temps il de-
venait organiste de l'église Saint-Pierre de Cliail-
lot. Il occupe encore aujourd'hui ces doubles
fondions.
Comme compositeur, M. Roques a fait re-
présenter quelques opérettes dans les cafés-
concerts, entre autres les suivantes : Âvnnt la
retraite (Eldorado, 1875), le Diable rouge,
le Secret du sapeur, etc. 11 a donné aux
Bouffes- Parisiens, en 1873, un ouvrage plus
important, la Rosière d'ici, opéra bouffe en 3
actes qui n'a pas été très-heureux. Enfin, il a
fait exécuter en 1874 au concert des Champs-
Elysées, sous le titre de Symphonie-Ballet,
une sorte de suite d'orchestre composée de
trois morceaux : Marche bohémienne, Inter-
mezzo, Divertissement. L'œuvre la plus impor-
tante du compositeur est un oratorio, le Mys-
tère de la Résurrection, qui a été exécuté le
2 avril 1877 dans l'église Saint-Pierre de Chail-
lot, et dont la partition a été publiée chez lé-
diteur M. Brandus. 11 a fait paraître un recueil
àe Motets pour les saluts dît Saint-Sacre-
ment, à 1, 2 et 3 voix, avec accompagnement
d'orgue (première série).
On doit à M. Léon Roques un petit manuel
intitulé l'Accompagnement du plain-chant
mis à la portée de tout le viande, méthode
nouvelle essentiellement pratique (Paris, Ha-
chette, 1872, in-12), et un Métronome métri-
que, dont le système est ingénieux. M. Roques
a mis son nom sur les réductions de piano d'un
grand nombre de partitions d'ouvrages repré-
sentés aux Bouffes-Parisiens.
ROSE (Georges), chanteur et compositeur,
est né vers 1830. Cet artiste s'est produit, depuis
une quinzaine d'années, dans de petits théâtres
et dans des cafés-concerts, chantant des chan-
sons et des romances composées par lui, et
faisant jouer en assez grand nombre des opé-
rettes dont il avait écrit la musique et dont
quelquefois aussi il remplissait le principal rôle.
Nous citerons celles de ces petites pièces dont
les titres sont venus à notre connaissance : 1°
Entre onze heures et minuit, un Acle, Nou-
veautés, 1866 ; 2° la Fillc des Bruyères, id.,
id., 1867; 3° Tintano, id., id., 1867; 4" la Ré-
conciliation, id., id., 1867 ; 5° la Belle Hélène
dans son'ménage, id., id., 1867; 6" li Famil-
le Duver g la s, un acte, th. Saint- Pierre, 1868;
7° le Robinson du faubourg Saint-Denis, un
acte, concert du Gaulois, 1872 ; 8° une Partie
de Valets, un acte. Nouveautés, 1872 ; 9°
le Cousin don César, 1 actes, concert Tivoli,
1873 ; 10° le Hareng saur sur le gril, 4 actes,
salle Saint-Laurent, 1873 ; il" Mon Cousin Vic-
toire, 1 acte, Folies-Nouvelles, 1873. Tout cela
est sans valeur.
'* ROSELLEiV (Henri), pianiste distingué
et compositeur aimable pour son instrument,
est mort le 20 mars 1876. On lui doit une 7»/^-
tkode de piano (Paris, Heugel), et un Manuel
des pianistes, recueil d'exercices journaliers,
gammes et arpèges de tout genre, précédés
de la description anatomique de la main
(id., id.). Quant à ses compositions, dont le
chiffre total ne s'élève guère à moins de 200,
elles sont, pour la plus grande partie, écrites
sur des airs populaires ou des motifs d'opéras
en vogue ; il faut en excepter seulement quel-
ques morceaux, entre autres ses Rêveries, dont
une surtout, en trémolo , a joui d'une vogue
inouïe et a été, on peut le dire, célèbre dans
l'Europe entière.
ROSÉS (José), prêtre et musicien espa-
^ol, né à Barcelone le 9 février 1791, mort
en celte ville le 2 janvier 1856, fut élève de
Francisco Sampere, maître de chapelle de l'é-
glise paroissiale de Notre-Dame del Pino, de
Barcelone. Il devint d'abord, après avoir ter-
miné ses études, organiste du monastère de
San Pablo, puis succéda à son maître dans les
fonctions de maître de chapelle de Notre-Dame
del Pino, fonctions qu'il obtint à la suite d'un
concours et qu'il occupa pendant trente années.
On doit à cet artiste un grand nombre de com-
positions importantes dans le genre religieux :
une messe solennelle de Gloria à grand orches-
tre ; deux messes de morts, avec accompagne-
ment de divers instruments ; diverses messes à
deux chœurs ; puis des motets de divers gen-
res, des rosaires, des séquences, des graduels,
etc. La plupart de ces compositions sont con-
servées dans les archives de l'église pour le
service de laquelle elles ont été écrites. José
Rosés fut aussi un professeur habile, et il
forma nombre d'élèves distingués, parmi les-
quels on cite particulièrement MM. Calvo y
440
ROSÉS
ROSSI
Puig, Anlonio Rius, Hipolilo Casanovas, puis
son nt'vcu et les prêtres Nin, Mûrira, etc.
I10S1>1GLI0S1 (G -C ), écrivain
italien contemporain, membre de l'Académie
des sciences, lettres et aits de Pistoia, a lu
dans les séances de cette compagnie un cer-
tain nombre de notices consacrées à des mu-
siciens natifs de Pistoia. Il a réuni ensuite en
une brochure ces intéressantes esquisses bio-
graphiques, et les a publiées sous ce titre :
ISolizie dei maestri ed artisli di musica Pis-
toiesi, Pistoia, Niccolai, 1878, in-12 de 53 pp.
ROSS ( ), luthier, exerçait sa profes-
sion à Londres en 1662. II eut un fils qui fut
luliiier comme lui, et comme lui établi à Lon-
dres.
ROSSARI (GusTAYo), virtuose sur le cor,
professeur au Conservatoire de Milan et com-
positeur, est né à Milan le '27 décembre 1827.
Admis au Conservatoire de cette ville le 5 no-
vembre 1839, dans la classe de cor d'Agoslino
Belloli, il y resti jusqu'en 1849, et dans le
cours de cette même année fut nommé profes-
seur dans l'établissement où il venait d'accom-
plir ses études ; depuis cette époque, il est de-
meuré tiliilaire de la classe de cor, trompette
et trombone.
M. Rossari s'est fait à Milan une véritable
réputation comme chef de musique militaire (il
est cupo musica de la j^arde nationale de Mi-
lan) et comme compositeur. Son nom est très-
populaire en Italie, et p;irmi ses œuvres, qui
atteignent le chiffre d'environ 200, il en est
qui ont obtenu de très- grands succès, grâce
surtout à leur caractère national et patrioti-
que. Au nombre de ces dernières, il faut sur-
tout citer: Vica Ilalia ! marche-chœur des
chasseurs des Alpes; Hymne de guerre,
pour ténors et basses, sur des paroles d'Angelo
Brofferio, op. 163 ; Marche funèbre à la mé-
moire des victimes de la révolution milanaise
de mars 1848, pour musique militaire, op. 61 ;
Hymne de Oaiibaldi, id. ; Cavour, marche mi-
litaire, op. 38 ; Garibaldi, id., op. 40 ; le 2
Juin 1861, id., op. 79; 1802, Fesla nazionale,
id., op. 94 ; Marclie militaire, op. 37 ; etc. M.
Rossari a publié aussi un grand nombre d'al-
bums de musique de danse : Album di danzu
(8 morceaux) ; il Carncvale ilaliano (8) ;
Tripudio carnacalexco (8); la Slagione dei
piaceti (7); Volutta invernali (C) ; Ftori
d'inverno (8) ; Speranze ed lllusioni (7) ;
Taccuino dei Carncvale (6); il Carnevale di
Veuczia lC)];I>rnfinni d'inverno (12). Outre une
quantité d'autres morceaux de danse détaches,
M. Rossari a encore écrit beaucoup de fantai-
sies et de morceaux de concert pour cor, trom-
pette ou cornet à pistons, avec accompagne-
ment de piano ; ces morceaux sont écrits soit
sur des mélodies originales, soit sur des motifs
populaires ou des airs d'opéras célèbres.
UOSSARO (C\RLo), virtuose distingué
sur le piano et compositeur |)our son instru-
ment, s'était acquis en Italie une bonne répu-
tation par la publication de diverses (cuvres
intéressantes, qui témoignaient de son goût
naturel et de la bonne instruction qu'il avait
reçue. Je citerai les suivantes parmi ses com-
positions : Sonate, op. 23 ; 4 Étmies caractéris-
tiques, op. 10, 11, 15 et 16 ; 3 Morceaux très-
passionnés, op. 12, 13 et 14 ; V Angélus, Ancor
la rivedro ? Vltimo addio, Erminia, mé-
lodies, op. 29, 30, 31 et 32; Siciliana, op.
36; Amor malerno, op. 17; Moment d'en-
thousiasmc à Venise, op. 18 ; Bimembranze
dei lago di Como, op. 19 ; Festa campeslra,
scherzo, op. 21 ; Allegro vivo energico, op. 22 ;
Toujours la même, mélodie ; la Madré sut
figito morente, id.; Fantaisies ou transcrip-
tions sur la Traviaia,un Ballo in maschera,
Orfeo, Lucrezia Borgia, etc.
Carlo Rossaro, qui était aussi l'auteur d'un
opéra inlilulé il Castello maledeliOj est mort
à Turin le 7 février 1878.
ROSSETTI ( ). — Un compositeur ita-
lien de ce nom écrivit la musique d'un ballet
qui fut représenté en 1789 sous ce titre : Don
Pedro infante di Poriogallo, au théâtre de la
Scala, de Milan.
* ROSSI (Salomon), savant musicien Israé-
lite, vivait à Mantoue dans la seconde moitié
du seizième siècle et dans la première moitié
du dix-septième. M. S. Naumbourg, ministre
ofliciant au temple consistorial de Paris, s'est
occupé de cet artiste habile, et en a fait l'objet
d'une publication dont l'intérêt est aussi puis-
sant au point de vue historique qu'au point de
vue arlistique. Sous ce titre : Cantiques de
Salomon Bossi, hebreo,M. Naumbourg adonné
un recueil de compositions de Rossi, ainsi di-
visé en deux parties : V^ partie, chants, psau-
mes et hymnes à 3, 4, 5, 6, 7 et 8 voix, trans-
crits et mis en partition d'après l'original
(Venise, 1620) par S. Naumbourg ; 2* partie,
choix de madrigaux à 5 voix, transcrits d'a-
près les deux édilions princeps (Venise, 1600-
leo"*) par Vincent d'indy, publiés par S. Naum-
bourg (Paris, Naumbourg, 1877, petit in-4").
Dans la préface très-réservée et fort bien
faite cpi'il a placée en tête de ce recueil, M.
Naumbourg déclare qu'il n'a pu réunir sur son
auteur de nouveaux renseignements biogra-
ROSS!
441
phlques. Les probabilités le portent à croire
que Rossi naquit entre 1565 et 1570, et qu'il
Tnourut peu après l'année 1623, qui est la date
de publication de sa dernière œuvre. Mais ce
qui est surtout intéressant, c'est que M. Naum-
bourg a découvert deux recueils de Rossi restés
jusqu'à ce jour inconnus : l'un est un Premier
Livre de symphonies et gaillardes à 3, i et
5 voix, pour jouer avec 2 violons ou cornets, .
€t une guitare ou autre instrument à cordes,
Venise, R. Aniadius, 1C07, in-4'' ; le second
porte pour titre Cantiques de Salomon, psau-
mes, Iiijmnes et louange, composés d'après la
science musicale, à 3,4, 5, 6,7 et 9, voix,
■Venise, Pietroet LorenzoBragadini,' 1620. « On
pourrail,dit M. Nauinbourg au sujet de ce dernier,
s'étonner de ce titre, Cantiques de Salomon, en
voyant que ce recueil ne renferme, en majeure
parlie, que des psaumes de David ; mais l'au-
teur a voulu faire un de ces jeux de mots si
en faveur à son époque, et dire que ce sont
des chants composés par Salomon , sous ■
entendu Rossi. »
C'est précisément ce dernier recueil, plein
d'intérêt, qui forme la première partie de la
publication de M. Naumbourg ; il comprend 30
cbanls d'une rare valeur, transcrits avec tout
le soin et l'intelligence désirables. La seconde
partie du volume contient un cboix de 22 ma-
drigaux à 5 voix, pris dans les deux recueils de
■ madrigaux de Rossi, et transcrits par M. V.
d'Indy ; quelques-uns de ces chants sont avec
accompagnement de chitarrone, d'autres avec
orgue et basse continue, d'autres enfin sans
accompagnement. On y retrouve les qualités
d'élégance et de style qui distinguent la grande
école madrigalesque de l'époque.
Enfin, M. Naumbourg a retrouvé la trace
d'une autre composition ignorée de Rossi, faite
par lui en compagnie de trois autres musiciens
dont l'un n'était autre que l'illustre Monteverde.
Il en parle ainsi : — « Une preuve encore à
joindre à celles qui parlent en faveur du talent
musical de Rossi, réside dans ce fait, qu'en
1617 il collabora avec Irois illustres confrères
à la composition de la musique d'un drame qui
a pour titre : Musiche de alcuni excellentis-
iimi musici, composte per la Maddalena,
sacra rappresentazione di Gio. Baltista An-
drexni, fiorentino. Stampa del Gardano. Ve-
netia, MDCXVII. Appresso Bartholomeo Ma-
yni. — Cis excellent issimi musici furent,
■outre Rossi, l" Claudio Monteverde, maître
de chapelle de la basilique de Saint-Marc, à
Venise ; 2° Muzzio Effrem, maître de chapelle
des ducs de Mantoue -, et 3° Allessandro Gui-
nizzani, compositeur lucquois, fort estimé de
son temps, mais sur lequel je n'ai pas trouvé
de renseignements. Le petit balletto à quatre
voix, que je donne à la suite des madrigaux du
présent volume, a été écrit par Rossi pour ce
•Iraine, et je l'ai extrait d'un opuscule existant
à la bibliothèque du Liceo musicale de Colo-
gne. ■)
ROSSI (LuiGi), compositeur italien, est l'an-
teur d'un opéra intitulé gli Avventurirri, qin
a été représenté en 1835, à Turin, sur le théâ-
tre d'Angennes. J'ignore si cet artiste est le
mémo que celui qui est mentionné sous le nom
de Louis Rossi, au t. VII de la Biographie
universelle des Musiciens.
* ROSSI (Lairo), compositeur dramatique,
directeur du Conservatoire de Naples, n'est
point né dans celle ville, comme il a été dit par
erreur, mais à Macerata, le 20 février 1812 (i).
Sa famille étant allée s'établir à Naples lorsqu'il
était encore fort jeune, et les dispositions mu-
sicales de l'enfant s'élant fait jour, elle eut la
chance de pouvoir le faire admettre au Conserva-
toire, oii il devint l'élève de Crescentini pour
le chant, de Giovanni Fnrno pour l'harmonie, et
deZingarelli pour la composition. Sorti fort jeune
de cet établissement, après y avoir terminé son
éducation, M. Rossi fit représenter ses premiers
ouvrages à Naples, puis, sur la recommanda-
tion de Donizetti, il fut engagé en 1832 au théâ-
tre Valle, de Rome, comme chef d'orchestre et
compositeur. Après avoir écrit quatre partitions
à Rome, il alla faire jouer à Milan sa Casa di-
sabitata, opéra bouffe dont le succès fut
énorme et qui sous son second titre .• i Falsi
Monetari, a fait depuis lors le tour de l'Italie
et s'est vu appeler « le Barbier de Serille de
Rossi. » La Malibran elle-même, en entendant cet
ouvrage, en fut tellement enchantëe qu'elle ex-
prima le désir de voir M. Rossi écrire un ouvrage
pour elle. A cet effet, elle lui fit signer un contrat
avec Barbaja, le fameux directeur des théâtres
de Naples, et M. Rossi composa son Amclia,
qui fut représentée en 183 i sur la grande scène
de San-Carlo. « Mais que sont les femmes, dit
à ce sujet un biographe, même celles qni
possèdent les plus grands talenls, même celles
(1) II n'y a point de doute à avoir sur ce fait, que
M. Lauro Rossi n'est point Napolitain. Non-seulement
M. Franccsco Florimo, dans ses Cfnnistorici suUaScuola
musicale di Napoli,\nii\(\ne bien Macerata comme le lieu
de sa naissance, mais il insiste sur cette rartlcularité que
M. Ro^si fut admis dans sa jeunesse, quoique étranger
et par exception, au Conservatoire de Naples, Ctablisse-
inenl ciMquo et municipal cxclusiTcment réscrte d'ordi-
naire aux seuls nationaux.
442
ROSSI
qui sont inspirées par le génie, comme l'était
la Malibran? Le caprice est toujours leur guiile,
et la plupart du temps le suprôme moteur de
toutes leurs opérations. 11 vint en tète à la diva
de faire introduire dans VAmelia une situa-
tion dans laquelle elle pourrait exécuter un
pas de deux avec le danseur Matliis. Cette nou-
velle ime fois répandue dans Naples, toute la ville
se mil en mouvement, et heureux pouvait se
dire celui qui avait obtenu une place au théâtre.
L'opéra commence; la Malibran chante; mais
le public, impatient de voir la célèbre cantatrice
mouvoir ses jambes, ne fait pas attention au
chant, ne fait pas attention à la musique, et
finit par se fâcher de ce qu'elle tarde à danser.
Attention générale.... Les jambes dans la danse
n'avaient point l'habileté du gosier dans le chant,
et la Malibran dans cette étrange représentation
est dé.sapprouvée parle public. Le mécontente-
ment causé par cette extravagance se reporte
sur l'opéra, qui est condamné de. même que la
danse, et qui, non entendu et peut-être encore
moins écouté, tombe, entraîné par l'autre
chute (1). »
Le compositeur ressentit un vif chagrin de
cette déconvenue, chagrin que ne put guérir le
succès de son nouvel opéra : Leocadia, repré-
senté l'année suivante au théâtre de la Canob-
biana, de Milan. C'est ce qui lui .fit accepter,
à la fin de l'année 1833, l'engagement qui lui
était offert pour le Mexique, en qualité de chef
d'orchestre et de compositeur d'une compagnie
italienne. Cette campagne ne fut pas com|)léte-
ment heureuse. Au bout de deux ans, les cir-
constances politiques avaient amené la ruine de
l'entrepreneur, et les artistes de la troupe, aban-
donnés par celui-ci, durent se mettre en so-
ciété, en confiant leurs intérêts à un comité com-
posé de cinq d'entre eux, dont faisait partie
M. Lauro Rossi. « Rossi, dit M. Florimo en re-
traçant cette période de la carrière du composi-
teur, Rossi, à ce moment de sa vie, se montra
bienfaisant, philanthrope, compatissant. Il as-
suma la direction de la compagnie dissoute, et
proposa à celle-ci de faire une tournée artisti-
que dans tout l'empire du Mexique, en donnant
une série de représentations dans toutes les
villes principales. On ne saurait passer sous
silence l'aclivité que le maestro italien déploya
en cette excursion. 11 fut le père, le frère, l'ami
de tous : la compagnie se composait de qua-
rante personnes, et il fut le soutien de tous,
entretenant toujours parmi eux la gaieté et l'af-
fection. Il précédait généralement de quelques
(I) F. Florimo : t'en/il slorxci sulta Scuola musicale di
JVapoli.
jours la petite caravane, stipulait le prix de
location des théâtres, etc., faisait jles abonne-
ments, établissait les comptes, engageait les ar-
tistes d'orchestre et répétait, seul avec eux, les
divers opéras que la compagnie, à peine arrivée
et après un jour de repos, devait exécuter en
public, et qui partout produisaient le plus grand
effet ; enfin, il était d'une activité merveilleuse
et infatigable. Un soir qu'on devait jouer le Bar-
bier de Séville, l'artiste chargé du rôle de Fi-
garo fait une chute grave dans un escalier, et
se trouve dans l'impossibilité de paraître en
scène. Le théâtre était plein de spectateurs, et
l'affluence était extraordinaire : comment ren-
voyer ce public, et causer un tel préjudice à
la société ? Tous les artistes, tristes et décou-
ragés, se tournent vers le maestro : — « Que
faire.' » leur dit-il.... Puis il les quitte brus-
quement, et peu de moments après se repré-
sente à eux sous le brillant costume de Figaro.
Tous l'acclament aussitôt, et le public, in-
formé de la résolution prise par lui pour ne pas
faire manquer le spectacle, le récompensa par les
marques d'affection les plus sincères et les plus
enthousiastes.... La soirée fut satisfaisante pour
tous. »
Après un séjour de huit années au Mexique,
à la Havane, à la Nouvelle-Orléans et à Madras,
M. Lauro Rossi revint en Italie et reprit sa
carrière de compositeur. En 1850 il devenait di-
recteur du Conservatoire de Milan, et vingt ans
plus tard, à la mort de Mercadante, il fut appelé
à succéder à ce grand artiste et à remplir les
mêmes fonctions au Conservatoire de Naples,
fonctions qu'il a résignées depuis peu.
Voici la liste complète des œuvres dramatiques
de M. Lauro Rossi : 1" le Confesse villane, Na-
ples, th. delà Fcn'ce, 1829; — 2° la Villana
contessa, Naples, th. Nuovo, 1830; — 3^ CoS'
tanzo ed Ormgaldo, Naples, th. San-Carlo,
30 mai 1830; — 4" la Casa in vendita, o il
Casino di cflmpaj'na, Naples, th. Nuovo, 1831 ;
— 5° la Sposo al lotto, id . , id . , 1 83 1 ; — 6° Bal-
dovino, tiranno di Spoleto; — 7" il Maestro
di scuola {ces deux ouvrages, écrits à Rome en
1832, à la sollicitation de M. le chevalier Cantini,
ont été représentés chez ce personnage); — 8°
il Disertore svizzero,- Rome, th. Valle, 9 sep-
tembre 1832; — 9° le Fucine di Bergen, id.,
id., 1833; — 10" la Casa disahitata, o i Falii
monetari. Milan, th. de la Scala, 16 août 1834
(partition considérée comme la meilleure œuvre
de son auteur); — 11" Amelia, Naples, th. San-
Carlo, 31 décembre 1834; — 12" Leocadia,
Milan, th. de la Canobbiana, 30 avril 1835; —
13" Giovanna Shore, Mexico, th. principal,
ROSSI
443
1836; — 14» il Borgomestro di Schiedam, Mi-
lan, th. Re, 1" juin 1844; — 15° Doltor Bo-
bolo, o la Fiera, Naples, th. Nuovo, 2 mars
1845 ; — 10° Cellini a Parigi, Turin, th.
d'Angennes, 2 juin 1845; — 17° Azema di Gra-
nata. Milan, tii. de la Scala, 21 mars t8i<j; —
18° la Figlia di Figaro, Vienne, tli. de la Porte-
Carinthic, 17 avril 1846; — 19° Bianca Conta-
rini, Milan, th. de Jla Scala, 24 février ° 184 7;
— 20" il Domino \nero, Milan, th. de la Ca-
nobbiana, 1" septembre 1849 (ouvrage qui,
avec t Falsi Monetari, a surtout contribué
à établir la renommée de M. Lauro Rossi) ; —
21° le Sabine, Milan, Scala, 21 février 1852;
— 22° VAlchimista, Naples, th.?|du Fonde,
23 août 1853; — 23° la Sirena, Milan, Ca-
nobbiana, 11 octobre 1855; — 24° lo Zigaro
rivale, Turin th. Baibo, juin 1867; — 25° il
Maestro e la Contante, farce en un acte dont
M Lauro Rossi écrivit lui-même les paroles,
Turin, th. Nota, 1867; — 26° gli Arlisti alla
fiera, Turin, th. Carignan, 7 novembre 1868;
— 27° la Confessa di Mans, Turin, th. Re-
gio, 31 janvier 1874; — 28° Cleopatra,ià., id.,
5 mars 1876; — 29° Biorn, 5 actes, Londres,
Queen's Théâtre, 17 janvier 1877 (texte anglais).
A tout cela, il faut ajouter : Saul, oratorio
exécuté à Rome, à rho.?pice Saint-Michel, en
1833 ; un Maestro ed una Gantante, « scherzo
comique » à deux personnages, exécuté à Milan
le 8 janvier 1853, et qu'il ne faut pas confondre
avec la farsa mentionnée plus haut sous un ti-
tre presque absolument pareil; In morte di
Bellini, élégie, dédiée à la Pasta (1835); Can-
tate, dédiée aux élèves du Collège royal des
jeunes tilles, de Milan ; Grande Cantate, dédiée
à l'empereur d'Autriche (Milan, 1857); Marcia
trionfale, dédiée aux princes de Piémont (Milan,
Î8G8) ; A Mcrcadante, élégie, exécutée à Na-
ples, dans l'église de la Pietà deTurchini,18'6.
Enfin, on connaît encore de M. Lauro Rossi
les compositions suivantes : Chœur pour les
Captifs, comédie de Piaule; Grande Messe da
Gion'a, Mexico, 1836; 8 Vocalises pour voix de
soprano (Milan, Ricordi); 12 Exercices pour voix
de soprano (id.. id.) ; Pièce pour 20 instruments à
Tent, dédiée aux élèves du Conservatoire de
Milan; Sei fughe per quartetto; quelques mé-
lorlies à une ou plusieurs voix, publiées à Milan
soit chez l'éditeur Ricordi, .soit chez l'éditeur
Lucca. On lui doit aussi un traité théorique ainsi
intitulé : Guida ad un corso di armonia pra-
tica orale per gli allievi del Conservatorio
di musica di M ilano ; y ignore si cet ouvrage
a été publié (1).
(1) Un op(?ra bouffe, Sindaco Babbeo, a été représenté
M. Lauro Rossi occupe un rang très-distingué
parmi les compositeurs de l'Italie contemporaine,
et continue en quelque sorte les traditions lais-
sées par Donizetti. Il a de la verve, de la chaleur,
de la clarté, une véritable abondance mélodique,
mais sans se hasarder dans des] recherches ou
des spéculations nouvelles et en se maintenant
dans les formules consacrées. Deux des ouvra-
ges de sa jeunesse, i Falsi Monetari et il Do-
mino nero, ont assuré sa renommée et n'ont
cessé de se maintenir au répertoire de tous les
théâtres d'Italie. Lorsqu'à la suite d'un long si-
lence, le compositeur est rentré dans la lice et
a donné à Turin sa Confessa di Mons, dont
le succès a été retentissant, il a prouvé cepen-
dant qu'il n'était pas hostile à tout progrès artis-
tique; la partition de cet ouvrage est une œu-
vre fort distinguée, soigneusement travaillée,
chaude, colorée, et empreinte d'un excellent
sentiment dramatique. En résumé, M. Lauro
Rossi est un des compositeurs qui honorent le
plus l'Italie actuelle.
La femme de cet artiste extrêmement distin-
gué, M""^ Matilde Rossi, est une cantatrice
fort remarquable, qui se fait souvent encore
applaudir dans les concerts (1).
ROSSI (IsiDORo), compositeur italien, est
né à Correggio, dans l'ancien duché de Modène,
le 13 décembre 1818. Il fit de bonnes études
littéraires et était destiné par sa famille à la mé-
decine, mais son goût pour la musique l'em-
porta, et ce fut son oncle, lethéoricien Bonifazio
Asioli,qui lui en fit connaître les premiers prin-
cipes. Admis ensuite au Conservatoire de Milan,
il y devint, pour l'harmonie 'et la composition,
l'élève de Francesco Basil y et de Gaetano Planta -
nida. Au sortir de cet établissement, il alla se
fixer à Mirandola, où pendant quinze ans il par-
tagea sa vie entre les travaux de l'enseigne-
ment et ceux de la composition, et où il écrivit
plusieurs opéras qu'il ne put réussir à faire re-
présenter. Plus tard il s'établit à Modène, où il
devint chef des chœurs au théâtre communal,
ce qui ne l'empêcha pas de produire plusieurs
œuvres de musique religieuse. Les événements
politiques du 1859 ayant détruit sa position,
M. Rossi se rendit à Pavie, et devint chef de
musique de la garde nationale de cette
les mars 1851 à Milan, sur le théâtre de Santa-Rade-
gonda et sous le nom de M. Lauro Rossi. Cet ouvrage
pourtant n'était pas de lui, et la musique en avait été écrite
par quatre élèves du Conservatoire de Milan, MM. Ca-
giioni, Cuneo, Marcora et PonchieUl.
(1) Depuis que cette notice est écrite, M, Lauro Rossi a
donné (I878) sa démission de directeur du Conservatoire
de Naples, où son administration aurait été vertement
criiiquée.
444
Rossi — nossiNi
ville; il y fit représenter, le 1«'' mai 1875, sur
le théâtre I-'raschini ; un opéra sérieux, Isabella
Orsini, et il faisait exécuter en 1877, à l'occasion
d'une Exposition industrielle, un hymnie de sa
composition. Je crois qu'il a donné aussi à Mo-
dène, en 18G5, un petit opéra intitulé Mimi,
M. Rossi ^a en portefeuille un autre ouvrage
dramatique, Alzira, et un scherzo comique ayant
pour titre Qui pro quo. On connaît de lui un
oratorio, la Fine del mondo, un drame sacré,
VAgonia di N. S. Giesù Cristo, un autre in-
titulé i Treni di Geremia Pro fêta, plusieurs
symphonies pour orchestre, des trios et quatuors
pour instruments de cuivre, et te Cinq Mai,
de Manzoni, mis en musique à 4 voix avec chœur
et orchestre.
ROSSI (GtovANNi), compositeur etchef d'or-
cheslre italien, né à Borgo San-Donnino le
5 août 1828, est depuis plusieurs années fi\é à
Gênes, où il occupe les fonctions de maestro
concertatore et de chef d'orchestre au théâtre
Carlo-Felice, et celles do directeur de l'orchestre
civique. M. Rossi a fait représenter sur le théâ-
tre de sa ville natale, le 4 octobre 1871, un
opéra sérieux intitulé la Contessa d''AUem-
berg, qui a été très-favorablement accueilli du
public et reproduit d'abord à Gênes, puis dans
diverses autres villes. Sept ans auparavant,
en 18G4, il avait donné à Ancône un premier
ouvrage dramatique, Nicolo de' Lapi. Il s'est
fait connaître aussi comme compositeur de mu-
sique religieuse, notamment par une messe pour
trois voix seules, chœurs etorcheslre, comman-
dée par la municipalité de Parme à l'occasion
de la mort du prince Othou et exécutée en celte
ville à celte époque.
Un autre musicien, nommé, comme celui-ci,
Giovanni Rossi, ne doit pas être confondu avec
lui. Cet artiste, qui était professeur de chant
choral à Milan, est mort en cette ville le 4 no-
vembre 1871.
ROSSI (Cesare), pianiste, chef d'orchestre et
compositeur italien, est né à Naples le 31 dé-
cembre IS'i?.. Il commença l'étude de la musi-
que à l'âge de onze ans, sous la direction d'un
de ses cousins, et acquit rapidement un talent
distingué sur le piano. 11 commença alors à se
faire entendre en public, et jusqu'à vingt-cinq
ans parcourut la carrière de virtuose avec de
vifs succès. Après avoir rempli au théâtre San-
Carlo, de Naples, les (onctions d'accompagna-
teur au piano, il devint chef d'orchestre de di-
vers théâtres de cette ville, le théâtre du Fondo,
le théâtre philharmonique • et le Politeama.
M. Cesare Rossi a publié de nombreux morceaux
de genre pour le piano. Il a fait représenter h
Naples, sur le théâtre particulier du Casino de
l'Union, le 7 janvier 1879, une « idylle lyriciue »
en 3 actes, il Hitratlo di Perla, qui, le 17 mai
suivant, fut jouée sur le théâtre lîellini. Juste
une semaine auparavant, le 10 mai 1879, M.
Cesare Rossi avait donné sur une autre scène,
le théâtre Mercadante (ex-Fondo), un opéra-
comique en 4 actes et 7 tableaux, intitulé Ba-
bilas.
ROSSI ( DE), est auteur d'un écrit
publié sous ce titre : Preuve sans réplique du
progrès incontestable que les Français ont
fait en musique (Venise et Paris, Nyon, 1777,
in-8°).
* ROSSIXI (GioACCHiNo), le plus grand des
musiciens italiens du dix-neuvième siècle, est
mort à Paris le 13 novembre 1868, à l'âge de
soixante-seize ans. Je ne veux point refaire
ici une biographie de cet artiste admirable,
mais il me faut bien compléter sa notice par
quelques ren.seignements indispensables.
En ce qui concerne ses œuvres dramatiques,
je dois constater tout d'abord que Sigismondo,
dont la date et le lieu de représentation n'ont
pas été indiqués, a paru pour la première fois sur
le théâtre delà Fenice, de Venise, en 1815, et
qu'un petit opéra bouffe, Adina, o il Califfo
di Bagdad, donné à Lisbonne eu 1818, a été
omis dans le catalogue de ses productions scé-
niques. De même, en ce qui louche les can-
tates, je signalerai Igea, exécutée au théâtre
San-Carlo, de Naples, le 20 février 1819, Par-
lenope, donnée au même théâtre le 9 mai de la
même année, VAugurio felice, la Sacra Al-
leanza et il Bardo, exécutées à Vérone en
182;5; il Riforno (Venise, 1823), il Pianto délie
j»/use (Londres, 1823), i Pastori (Naples, 1825),
et !7 Serto ro^iw (Bologne, 1829).
En dehors du théâtre, les oeuvres publiées
par Rossini sont nombreuses; je vais essayer
d'en drosser la liste : 1° Stabat Mater à 4 voix,
chœur et orchestre-, 2" Petite Messe solennelle
à 4 voix, cbo'ur et orchestre; 3" Tantum ergo
à 3 voix d'hommes avec orchestre, écrit à l'occa-
sion de la restitution au culte catholique de l'é-
gUse Saint-François, de Bologne (1847); 4» Quo-
viam pour baryton, avec orchestre; 5° /a 7'OJ,
l'Espérance, la Charité, 3 chœurs à 3 voix de
femmes, avec piano; &" Soirées musicales, 8
ariettes et 4 duos expressément composés pour
l'étude du chant italien ; 7° Gorgheggie Solfeggi
per soprano, per rendere ta voceagile e dim-
parare il canfo seconda ilgustomoderno;^"
Hynune populaire à Pie W ; 9° Se il vuol ta
Molinara (première composition de Rossini);
10° la Fassaggiata, ariette; 11° VAmante
ROSSIi\[
445
discreto, id. ; 12° il Trovalore, id.; 13» CA' io
mai vi passa lasciar d'amore, canzonette;
14" Aice, id.; 15° la Separazione, mélodie
dramalique; 16" Aile voci délia glor'ta, scène et
air; 17" i\'on posso, o Dio, rcsistere, cantale ;
1S° Oh! quanto son grate, dueltino; 19" Ri-
diamo, candamo, che iutlo sen va, qiiartelto ;
20° DalV Oriente l'aslro del giorno, id.; 21°
Trois Marciies militaires, composées pour le
mariage du duc d'Orléans; 22° Pas redoublé,
composé pour le sultan Abdul-Medjid.
i A tout cela, il fautajouterZp Chant des Titans,
pour 4 \oi\ de basse et orchestre, exécuté à
l'Exposition universelle de Paris de 1867, et d'as-
sez nombreuses compositions écrites en diverses
circonstances et non publiées; et enfin un grand
nombre de morceaux de divers genres, restés
aussi inédits, et que la veuve de Rossini vendit,
après la mort de son mari, pour la somme ronde
de cent mille francs, à un riche amateur an-
glais.
On a beaucoup écrit depuis un demi siècle
sur Rossini, et dans divers pays, mais c'est en
France et en llalie surtout que les publications
ont été le plus nombreuses. Il serait bien dif-
ficile, je crois, de dresser une bibliographie rossi-
nienue exacte et complète; je vais cependant
donner ici la liste de ceux des écrits sur Ros-
sini qui sont venus à ma connaissance, en de-
hors de ceux qui ont été signalés dans la Bio-
graphie universelle des Musiciens : 1° Cenni di
una donna già canlante sopra il maestro Ros-
sini, par Maria Righetli-Giorgi (la créatrice, en
Italie, du rôle de Rosine du Barbier), Bologne,
Sassi, 1823, in-8°; 2" Lettre critique sur Ros-
sini, par Papillon, Paris, 1823, in-S" ; 3" Rossini
e la sua musica, par L. B., Milan, 1824; 4°
De la guerre desdilellanti, ou de la révolu-
tion opérée par M. Rossini dans l'opéra fran-
çais, et des rapports qui existent entre la
musique, la littérature et les arts, par Joseph
d'Orligue, Paris, Ladvocat, 1829,in-8°; 5° Z)e/Za
musica rossiniana e del suo axilore, par Pietro
Brighenti, Bologne, DaU'OImo, 1830, in-8° ; 6°
Rossini et sa musique (par N. Beltoni), Paris,
Bettoni, 1836, in-S" (i); 7° Rossini e la sua
musica ; una passegiata con Rossini (sans
(1) Antoaio Zanolini, dans sa Biografla di Gioacchino
Rossini (pp. 35-3*;), croit pouvoir arfirmer que cet écrit
de Beltoni n'eilste pas, et que Kétis s'est trompé en en
parlant. Si l'on veut bien consulter non-seulement le Ca-
talogue de lu bibliothèque de F.-J. Fétis, acquise par
l'État belge [p. 589:, mais encore le Catalogue de la bi-
bliothèque mus\cale de M. A. Farrenc |p. !i|,' on se
convaincra de l'e\isleDce trcs-réelle de l'opuscule en
question, dont cbaciin de ces deux écrivains possédait
un xemplaire. — Zanolini est mort à la lia de 1877.
nom d'auteur), Florence, 1841, in-16; 8° Dello
Stabat Mater; dl Gioachino Rossini, lettere
storico-critiche di un Lombardo, Bologne,
1842, in-8"; 9° Quelques observations sur la
publication du Stabat Mater de Rossini, par
A. Aulagnier, s. ,1. n. d.;„ (Paris, 18'i2, impr.
Bourgogne et Martinet), in-4"; 10" Rossini,
canto diGiovanni Ra/faetli,Moi\iine,Zàinche\\\,
1844, in-8"; 11° Rossini, par Eugène de Mire-
court, Paris, lia vard, 1855, in-32 avec portrait ;
12" Giovacchino Rossini, par Enrico Montazio,
Turin, union typographique, 1862, in-18 avec
portrait ; 13° G. Rossini, sa vie et ses œuvres,
par A. Azevedo, Paris, Heugel, 1865, grand in-8°
avec portraits et autographes; 14° Rossini, par
Nestor Roqueplan, Paris, Dentu, 1869, in-l2 de
16 pp.; 15° Rossini, notes, impressions, sou-
venirs, commentaires, par Arthur Pougin, Pa-
ris, Claudin, 1S.70, in-8° de 91 pp.; 16° Rossini
et son « Guillaume Tell », par A. Moutoz,
Bouig, 1872, in-8" ; ;i7° Delta vera patria di
Gioachino Rossini, par Giuliano Vaiizolini, Pe-
saro, 1873, in-S» (l); 18" Delta vita e délie
opère di Gioachino Rossini, par Settimo Sil-
vestri, Milan, l'auteur, 1874, in-8° avec portrait
et autographes; 19" Biografia di Gioachino
Rossini, par Antonio Zanolini, Bologne, Zani-
chelli, 1875, in-8" avec portrait et autographe;
19" bis, Mélodie la populaire dans l'opéra
Guillaume Tell de Rossini, par Edmond Vander
Slraeten, Paiis.Baur, 1879, in-8° ; 20° Elogio di
Gioacchino Rossiiii, par Francesco Regli; 21"
Rossini, par Georges Bell (extrait de la publi-
cation.intitulée : les Grands et les Petits Per-
sonnages du jour, par un des plus petits),
Paris, s. d., in-8°; 22° la Nascita del gran
Rossini, ode, par Biagioli, in-4° ; 23" Lettre de
Mozart à Rossini, publiée par un dilettante,
Paris, Delaunay, s. d., in-8°; 24° Rossini's
Life {Vie de Rossini), par H. S. Edwards,
Londres, Reeves, in-8° avec poitrail; 25° Ros-
sini, sein leben, seine werkexmd charakter-
ziige {Rossini, sa vie, ses œuvres et ses traits
caractéristiques), par A. Struth, Leipzig, Beig-
son (2).
On ne saurait trop multiplier les renseigne-
(1) Le même écrivain a publié en 1869, à Pesaro, un
compte-rendu des grandes fêtes qui avaient été célébrées
en cette ville, quelques années auparavant, en l'honneur
de Rossini- J'ignore le titre de cet opuscule.
(2) Je dois faire remarquer que le pamphlet d'ÛEttinger,
traduit en français par P. Royer et publié à Bruielleg
sous ce titre : Kostini, l'homme et Carliste (3 vol. in-i8,
et non 1 vol. In-12), était intitulé en allemand : Rossini,
Komischer roman. Quant i lécritintitulé : Fie de Ros-
sini, par un dilettante (Anvers, 1839), son auteur «'ap-
pelait Van Damme.
446
ROSSLNI — ROSTAND
rnents lorsqu'il s'agit d'un artiste de la taille
et de la trempe de Rossini ; c'est pourquoi je si-
gnalerai encore les articles suivants, publiés dans
divers recueils, et qui contiennent des détails
utiles et parfois des données peu connues sur
le maître : Bossini, ses ouvrages et. son in-
fliience sur la musique actuelle (Revue na-
tionale de Belgique, t. V, Bruxelles, 1841);
Rossini, sa vie et son œuire, par H. Biaze de
Bury (Revue des Deux-Mondes des 1" et
15 mai et 1'"^ juin 1854); Rossini, notice avec
portrait (Magasin pittoresque, année 1872,
p. 241, 309 et 386); Rossini, par G. Doussault
(Revue de Paris du l*"^ mars 1856); Rossini,
par Maurice Cristal (Correspondant du 25 iio-
vcinhre 1868); Rossini, sa vie et son œuvre,
par le baron Ernouf (Revue contemporaine
du 15 décembre 1868); Gioacckino Rossiiii, par
A. Zanolini (Ape italiana [Paris], 183C). J'a-
jouterai que Méry a placé une notice sur Rossini
en tête de sa traduction française de Semira-
mide (Paris, Lévy, 1860, in-12), qu'on a joué au
théâtre Re, de Milan, au mois de novembre
1863, une comédie de M. d'Aste intitulée Ros-
sini a JSapoli, et enfin qu'on avait donné à
Paris, au théâtre du Gymnase, le 29 novembre
1823, un vaudeville en un acte de Scribe et
Mazères, qui avait pour titre le Grand Repas
ou Rossini à Paris.
La veuve de l'illustre maître, M"' Rossini,
née Olympe Pélissier, a survécu de près de dix
ans à son époux'; elle est morte à Paris, le
22 mars 1878, à l'âge de soixanle-dix-huit ans.
Deux ou trois années après la mort de son
mari, elle avait vendu pour la somme de cent
mille francs à un riche anglais, le baron Grant,
la totalité de ses oeuvres posthumes; le baron
Grant étant mort lui-même récemment, ses hé-
ritiers ont mis en vente, en enchères publiques,
les manuscrits de Rossini. Tous n'ont pas, pa-
raît-il, trouvé acquéreur, mais M. Ricordi, le
grand éditeur de musique de Milan, en a acheté
un certain nombre, qu'il se propose de publier
prochainement.
ROSSY (LiiopoLD-FRANçois SORMAM,
dit), llùtiste et compositeur, né au Havre en
janvier 1798, a exercé pendant longtemps le
professorat à Caen. Il a fait jouer, le 25 février
1«47, sur le théâtre de celte ville, un grand
opéra en trois actes, Isabelle, dont il avait écrit
les paroles et la musique. 11 a laissé en manus-
crit deux autres opéras.
Rossy a publié entre autres compositions :
1° Trois grands duos brillants pour deux
flûtes, op. 1«% Paris, Petibon ; — 2" Trois ré-
créations pour la Jlùte avec ace. de piano.
Caen, l'auteur. Comme membre de l'Académie
des sciences, arts et belles-lettres de Caen, il a
fait paraître en 1845, dans les Mémoires de cette
compagnie, un poërae assez étendu, intitule :
la Musique. Cet artiste est mort à Caen, le
23 mai 1852.
J. C — z.
ROSTAI\D (Alexis-Jean), compositeur et
écrivain musical distingué, est né à Marseille
le 22 décembre 1844. Son père, qui occupait en
cette ville les fonctions de receveur municipal,
lui fit donner, avec une excellente instruction
littéraire, une éducation musicale très-complète,
secondant les désirs de son fils, qui dès l'âge
de sept ans avait commencé l'étude du piano
et montrait les plus grandes dispositions pour
cet art, et considérant d'ailleurs la musique non
comme une distraction frivole, mais comme une
des formes les plus élevées et les plus exquises
de l'exiansion intellectuelle. Le jeune Alexis
vivait au reste dans un milieu presque artistique,
car son père, sa mère, son grand-père, ses on-
cles et grands-oncles avaient, quoique en ama-
teurs, cultivé la musique avec un véritable suc-
cès, et c'est chez son aïeul paternel qu'avaient
été exécutés pour la première fois, à Marseille,
les quatuors de Beethoven.
M. Rostand eut pour premier maître de sol-
fège et de piano M. Louis Bignon (Voij. ce
nom), professeur au Conservatoire de Marseille,
continua au lycée l'étude du piano, et l'acheva
plus tard sous la direction de M. Jules Arnoux.
A peine âgé de quatorze ans, ayant reçu quelques
notions d'harmonie et déjà désireux de produire,
il mit en musique le poème d'un opéra en 3 ac-
tes, les Pêcheurs de Calane, qu'Aimé Mail-
lart avait fait représenter au Théâtre-Lyrique.
Lorsqu'il eut terminé ses humanités, son père,
qui le destinait à la carrière de la banque, le
fit entrer à l'agence très-importante que le Comp-
toir d'escompte de Paris possède à Marseille,
et il s'y distingua à ce point qu'il est aujour-
d'hui le directeur de cet établissement. Ces fonc-
tions, d'une nature en apparence si hostile à toute
préoccupation artistique, ne l'empêchèrent pour-
tant pas de continuer ses études d'harmonie
avec M. Bignon, et ensuite de faire un cours de
contre- point et de composition pratique avec
M. Auguste Morel (Voij. ce nom), directeur du
Conservatoire. Depuis lors il n'a cessé de cultiver
la musique avec une véritable passion, se mêlant
à toutes les manifestations artistiques qui se
produisaient dans sa ville natale et contribuant
à y développer le goût de l'art qu'il chérit.
Après quelques essais timides, M. Rostand
voulut éprouver ses forces dans une œuvre de
ROSTAND — ROSTISLAW
447
longue haleine qui répomlit à son idéal. Il écrivit
un oratorio en trois parties, Ruih, sur un poëine
de son frère.. M. Eugène Rostand, et, n'ayant
pas d'orchestre à sa disposition, il n'y employa
qu'un accompagnement de piano, orgue, harpe,
violoncelles et contre-basses, qui, dans sa pensée,
devait donner à la composition un coloris parli-
culier. L'œuvre, ainsi conçue, fut exécutée dans
une réunion privée le 28 mai 1870, et produisit
un effet considérable. Deux ans plus tard, le jeune
artiste ayant développé et complètement orches-
tré cette œuvre, la fit exécuter publiquement
dans un grand concert donné au théàlie Vallette
au profit de la souscription pour la libération du
territoire (27 mars 1872). Ce concert eut un im-
mense retentissement, l'oratorio de Ruth, ainsi
exécuté dans une salle où se pressaient plus de
4,000 auditeurs, obtint un énorme succès, et la
recette s'éleva à 18,500 francs, dont 13,000, for-
mant le produit net, furent versés à l'œuvre d'Al-
sace-Lorraine. Les journaux de Marseihe firent
tous un éloge mérité du jeune compositeur, et le
Sémaphore parlait ainsi en rendant compte de
ce concert : — «... Quant à l'œuvre musicale,
elle révèle la constante préoccupation d'un idéal
élevé, planant au-dessus des vulgarités moder-
nes, et qui, s'il n'est pas toujours atteint, pré-
serve le musicien de la banalité par la noblesse
même de ses efforts. » Au reste, le compositeur
ayant publié sa partition, la musique de Ruth
a pu être jugée ailleurs que dans le milieu où
elle s'était produite, et l'on a pu se rendre
compte de la haute valeur de l'œuvre, du style
qui la distingue, et du noble esprit dans lequel
elle est conçue. Deux ans après, elle fut exécutée
à Genève, dans la salle de la Réformation, et
n'obtint pas moins de succès qu'à Marseille. Sans
doute en guise de remercîment, M. Rostand
écrivit pour la Société de chant sacré de Ge-
nève, qui avait fait entendre son oratorio, un
Psaume à 4 voix et en canon, que cette Société
exécuta dans un grand concert donné à la ca-
thédrale de Saint-Pierre, le 5 décembre 1874.
On reprocha à cette composition un excès d'aus-
térité et l'abus des formes scolastiques.
Après avoir fait paraître un recueil de 18 Pré-
ludes et petites pièces pour le piano, évidem-
ment conçu sous l'inlluence de Mendelssohn et
de Schumann, après avoir publié sous ce litre :
l'Art en province, un volume formé d'une réu-
nion d'articles insérés dans divers journaux et
qui se faisait remarquer par un esprit critique
très-indépendant et très élevé et un réel bonheur
de forme, M. Rostand écrivit, sur un poème de
son frère et sous le titre de Gloria victis, une
grande ballade pour soli, chœurs et orchestre.
dont le sujet était à la fois fantastique et palrio-
tique. Celle vaste composition, exécutée le
IG février 1875 au profit des pauvres, dans la
salle du Cercle artistique de Marseille, obtint un
très-vif succès, et dut être répétée peu de jours
après. Depuis lors M. Rostand s'est surtout oc-
cupé de littérature musicale ; il a pris une part
fort importante à la rédaction du Journal mu-
sical fondé à iMarseille par MM. i'épin frères, et
a donné notamment, à ce journal, la première
partie d'une très-intéressante étude sur Mendels-
sohn, l'un des artistes de sa prédilection. Pour-
tant, il a publié récemment un recueil de 20 J/é-
lodies pour chant et piano, recueil qui, par
l'élégance du style et la grâce de la pensée ,
mérite d'attirer l'attention sur son auteur.
M. Rostand est l'un des rares artistes de pro-
vince qui aient su se faire un nom, s'imposer au
public, et dont les œuvres aient eu l'honneur
de l'exécution à l'étranger. S'il n'a pu se faire
connaître encore à Paris, les circonstances ne
l'ayant pas aidé à se produire, il n'en mérite
pas moins de fixer les regards des véritables ar-
tistes, et il est de ceux qui sont appelés à faire
parler d'eux, car il représente la jeune école
française dans ce qu'elle a de plus ferme, de
plus personnel et de plus élevé.
Voici la liste des œuvres de M. Rostand pu-
bliées jusqu'à ce jour : 1° Ruth, oratorio en 3
parties, partition pour chant et piano (Paris, Ri-
chauit); 2° Gloria victis, ballade pour soli,
cha'urs et orchestre (id., id.); 3° 18 Prélu-
des et petites pièces pour le piano (id., id.) ;
4° Psaumeà 4 voix(id., id.); 5" Six nouvelles
pièces pour le piano (id., id.); 6° 20 Mélodies
pour chant et piano (Paris, Heugel) ; 7" l'Art
en province. La musique à Marseille, essais
de littérature et de critique musicales (Paris,
Sandoz et Fischbacher, 187i, in-12). M. Alexis
Rostand, qui a été élu membre de l'Académie
de Marseille en 1874, est l'un des collaborateurs
du Supplément à la Biographie universelle
des Musiciens, auquel il a fourni de nombreuses
notices sur les artistes habitant le midi de la
France.
ROSTISLAW (Théophile TOLSTOÏ,
dit), dilettante et compositeur russe, né dans les
premières années de ce siècle, remplit à la
cour de Russie les fonctions de maître des cé-
rémonies. Il a reçu une assez bonne éducation
musicale, et a écrit la partition d'un opéra italien
dont j'ignore le titre et qui a été représenté à
Saint-Pétersbourg aux environs de l'année 1845.
Depuis fort longtemps M. Tolstoï est chargé de
la rédaction du feuilleton musical du Journal
(français) de Saint-Pétersbourg, feuillelon qu'il
448
ROSTISLAW — ROUBIN
signe liu i)seu(lonyme (ic Eosdslaw. Ses arlicles
sont généralement bien faits, écrits avec soin,
et décèlent un homme de goilt et un artiste ins-
truit; si le critique est un peu rebelle aux idées
modernes et reste parfois un peu confiné dans le
passé, il n'en exprime pas moins des idées justes
et empreintes d'un sincère amour de l'arf.
ROSTWOUOWSKl (J — N ),
musicien li\e à Varsovie dans la première moitié
du dix-neuvième siècle, s'est fait connaîlre
comme compositeur religieux. On a de lui plu-
sieurs messes, dont une a été exécutée en 1837
dans l'église de Leszno, chez les pères carmé-
lites, et dont une autre, écrite sur texte polo-
nais, a été entendue en 1842 chez les Piaristes.
Vwc autre composition du même artiste, inti-
tulée Ilymn do Boga-Rodzioj (Hymne à la Mère
de Dieu), a été chantée à Varsovie en 1837.
* ROSZAVOELGYI (Marc), compositeur
hongrois, était né en 1787. — Un éditeur de mu-
sique du même nom, Jules Roszavœlgyi, pro-
bablement parent de cet artiste, était à Pesth le
chef d'une importante maison d'édition musi-
cale, et mourut en cette ville le 18 août 1861.
Il avait, dit-on, donné une vive impulsion à l'art
national, qu'il encourageait de tous ses efforts.
* IIOTA (André), musicien italien, né à
Bologne vers 1553, mort en cette ville en juin
1597, à l'âge de quarante-quatre ans, ainsi que
le prouve son épilaphe, reproduite par le
P. Martini, succéda à Spontone {Voy. ce nom)
dans les fonctions de maître de chapelle de la
basilique de San-Petronio. Il avait auparavant
longtemps séjourné à Rome, où la renommée
qu'il s'était acquise prouve son habileté, et où
il avait ouvert une école de musique qui était
très-fréquentée, bien qu'elle se trouvât en con-
currence avec celles de Palestrina et de Nanini.
Ce seul fait donnerait une idée de son talent, si
Ton n'avait, en faveur de celui-ci, le témoignage
authentique du cardinal San-Sisto ( Filippo Bon-
compagni), neveu du pape Grégoire XIII. C'est
en 1583 , à peine âgé de trente ans, que Rota
devint maître de chapelle de San-Petronio, et le
conseil de fabrique était si satisfait de ses ser-
vices qu'il ne manquait aucune occasion de le lui
prouver, soit par des gratifications ajoutées à
son traitement ordinaire, soit i)ar les bons pro-
cédés employés envers lui. Rota paraît avoir
été un artiste extrêmement distingué, qu'une
mort précoce a enlevé à la gloire qui l'attendait.
On trouvera de plus amples détails à .son sujet
dans le solide écrit de M. Gaspari : Memorie
risguardanti lasioria dell' arte musicale in
Bologna al XVI secolo. Outre les recueils si-
gnalés dans \dL Biographie universelle des Mu-
siciens et publiés sous le nom de Rota, cet écri-
vain cite trois compositions manuscrites du
grand artiste : un Dixil Dominus à 8 voix, le
motet llodie Christus natus est à 9 voix, et un
Magnificat à 12 voix en trois chœurs.
ROTA (Giuseppe), chef d'orchestre et com-
positeur italien, né, je crois, à Trieste, a rempli
les fonctions de chef d'orchestre au théâtre
communal de cette ville. 11 est l'auteur des ou-
vrages dramatiques suivants : 1° Ginevra di
Scozia, 3 actes, Parme, 1862; 2° Béatrice
Cenci, 3 actes, 18G3 ; 3° Pene^pe , Trieste,
théâtre communal, avril 18GG; 4° i Romani
in Pompejano. Inventeur d'un système que
l'on dit fort ingénieux et grâce auquel il rend
aux sourds-muets l'avantage de la parole,
M. Rota s'est fixé depuis plusieurs années à
Paris, où il a expérimenté ce système d'une fa-
çon pratique, et, dans des expériences publi-
ques d'un grand intérêt, a obtenu des résultats
aussi surprenants qu'inattendus.
ROTII (Franz), musicien allemand contem-
porain, est l'auteur de plusieurs opérettes ré-
cemment représentées à Vienne, entre autres die
Yorstadtprinzessin (4 actes), et e/n Mann fiir
Ailes (4 actes). t^Wîii-
Un artiste du même nom, M. Louis Roth, a
donné récemment à Pestli un opéra-comique en
3 actes intitulé Don Quichotte.
ROUIÎIER(H ), pianiste, professeur au
couvent du Sacré-Cœur à Paris, a publié plu-
sieurs ouvrages d'enseignement qui révèlent
chez leur auteur de solides et sérieuses qualités
pratiques; 1° Éitide du mécanisme du piano
(réédition, un volume; 2" édition, 2 volumes),
Paris, Richault; 2° les Trois premières années
du piano, école progressive {contenAni, à la
suite d'un Exercice journalier, un choix con-
sidérable de morceaux pris dans les œuvres
des maîtres du clavecin et du piano), Paris, Ri-
chault ; 3" l'Art de préluder et de moduler dans
tous les tons majeurs et mineurs, à l'usage
des pianistes, organistes, accompagnateurs
et chanteurs, Paris, Richault. Le même artiste
a donné chez le même éditeur, sous le titre
général d'Œuvres classiques pour le piano à
quatre mains, une série considérable de réduc-
tions et transcriptions de symphonies, quin-
tettes, quatuors et trios d'Haydn, Mozart, Bee-
thoven et Weber. On doit au.sssi à M. Roubier
un certain nombre de morceaux de genre pour
son instrument.
* ROUBIN (Amkdée DE), compositeur ama-
teur, a fait jouer le G juillet 1866, aux Folies-
Marigny, une opérette en un acte : Quai Mala-
quais. M. de Roubin a beaucoup écrit pour le*
ROUBIN — ROUSSEAU
449
sociétés chorales ; nous citerons paimi ses pro-
ductions en ce genre : Messe très- facile , à 4 voix
«l'iiommes , avec orgue orf. lib. (U. Gautier,
éditeur) ; Oit s'en vont les rêves, ciiœur à 4 voix
«l'iiommes (Gambogi frères); les Rêveries du bi-
vouac, ii\. {F. Gauvin) ; Au gré des flots, id.;
les Pécheurs vénitiens, M.; la Ronde deséco-
liers, id. ; les Jeunes Soldats, chœur à 3 voix
égales (V. Lory), etc. Son dévouement à l'in.s-
titutionorpliéonique avait valu à M. de Roiibin,
dans les dernières années de l'Empire, sa no-
mination aux fonctions d'inspecteur des or-
phéons de l'Eure, département qu'il habite.
J. C— z.
* ROUGET DE LISLE (Claude-Joseph),
poète et compositeur français , auteur de la
Marseillaise: — 11 sera impossible de s'occuper
désormais de l'histoire de la }farseillaise et de
son immortel auteur, sans consulter les deux
écrits .s^uivants : 1" Rouget de Liste et « la
Marseillaise», par J. Poisie-Desgrange-, Paris,
iJaciielin-Dellorenne, 1864, in-lS avec portrait ;
2" Rouget de Liste. La vérité sur la paternité
de « la Marseillaise ». Faits et documents
authentiques, par A. Rouget de Lisle, Paris,
1865, in-8°. Je signalerai aussi un article de
M. Gindre de Mancy père : Rouget de Lisle, pu-
blié dans la Revue littéraire de la Franche-
Comté âii 1"" novembre 1864, et toute une série
de renseignements et de faits relatifs à la Mar-
seillaise donnés par M. Anatole Loquin {Voy.
ce nom) dans son intéressant recueil ; la Musique
à Bordeaux (1877). Ce dernier et très-impor-
tant travail a été reproduit par son auteur dans
un volume intitulé : les Mélodies populaires de
la France, paroles, musique et histoire, pre-
mière série, Paris, Richault, 1879, in-8'.
La date de la mort de Rouget de Lisle est, non
3e27, mais le26 juin 1836, ainsi que le constate
son acte de décès relevé à la mairie de Choisy-
le-Roi.
UOUGXOiV (Paul-Louis), pianiste, profes-
seur et compositeur français, est né à Poitiers
(Vienne) le 24 août 1846. 11 fut admis au Con-
servatoire de Paris le 10 janvier 1862, et y de-
vint successivement l'élève de Baliste pour le
solfège, (le Bazin pour l'harmonie et accompagne-
ment, et de M. Ambroise Thomas pour la fugue
•et la composition. Jl obtint une première mé-
daille de soKége en 1865, un troisième accessit
d'harmonie en 1868, et le premier prix de fugue
en 1870. Trois ans après, en 1873, M. Rougnon
.était nommé répétiteur de solfège au Conserva-
toire. On doit à cet artiste, outre divers mor-
ceaux de genre pour le piano et quelques mé-
lodies vocales, deux recueiis intéressants :
k:ocr. lmv. des musiciens. — supil. —
1° Quinze Études préparatoires de mécanisme
et de style, pour le piano ; 2° V École du Pia-
niste, sorte de cours progressif de piano, divisé
en deux parties, et qui constilue un ouvrage
très-recommandable. M. Paul Rougnon a fait
représenter sur le petit théâtre des Folics-Mari-
gny une opérette intitulée Ze Prince charmant.
* ROUSSEAU (Je\n-J\c«)ues). — L'auteur
du Devin du village fut un des combaltanis
les plus acharnés de la fameuse guerre des Bouf-
fons; il y prit part dès le commencement, et
resta tout le temps sur la brèche. A un moment
donné, désireux de se distinguer par une action
d'éclat, il se jeta dans la mêlée, seul et tèle
baissée, daubant à tort et à travers, tirant au
hasard , au risque de se blesser lui-même. Il
nous a semblé qu'une bibliographie de celte
grande querelle musicale serait à sa place
au nom de celui qui fut le plus militant de tous
ces singuliers lutteurs; nous la |.ublions donc
ci-après, aussi exacte que possible, et certaine-
ment plus complète qu'on ne l'a jamais donnée.
Pour obvier aux erreurs fréquentes dans les-
quelles nombre d'écrivains sont tombés en ne
connaissant pas l'ordre d'apparition de ces
brochures, nous les énumérons suivant l'époque
de leur publication; puis, pour éviter toute con-
fusion dans l'esprit du lecteur, nous avons établi
cinq divisions, repré.sentant logiquement les
différentes péripéties de la lutte.
A. L\ Lettkë sur, Omphale. — 1. Grimm.
Lettre de M. Grimm sur Omphale, trag. lyri-
que, reprise par l'Académie royale de ynusi-
quele li janvier 1752, s. I., 1752, in-8'', 52 pp.
Cette brochure, parue en février, mit littéra-
lement le feu aux poudres. Elle est rare; on l'a
réimprimée dans le .Supplément à la Correspon-
dance littéraire de MM. Grimm et Diderot,
Paris, t814, in-S". — 2. D***. Remarques au v,
sujet de la lettre de M. Grimtn sur Om-
phale, Paris, 1752, in-8°, 28 pp. — 3. Grimm.
Lettre de M. Grimm à M. Vaibé Raynal, sur
les remarques au sujet de la lettre d'Om-
phale, à Paris, le jour de Pâques, 2 avril
1752, à la sortie du concert. Cette réponse,
insérée dans le .^/ercwrp de mai, p. 187 (5 pp.),
a été reproiluite dans le Supplément à la Cor-
respondance de Grimm et Diderot. — 4. (J.-J.
Rousseau.) Lettre à M. Grimm, au sujet des ^
remarqties ajoutées à sa lettre sur Omphale
(Paris), 1752, in-8", 29 pp. Une des pièces les
plus rares de la collection ; heureusement, elle
a été reimprimée en entier dans presque toutes
les éditions des œuvres de Rousseau publiées
depuis celle de Lefèvre de 1819. Les éditions de
t764 et 1776 n'en contenaient qu'un extrait.
T. II. 29
4ë0
ROUSSEAU
^
B. Les Boiffons a Paris. — 5. (D'Holbacli.) ^
Lettre à une dame d'un certain âge, s«r
l'état présent de VOpéra, en Arcadie, 1752,
in-8", 2 éditions, 17 pp. ou 11 pp. Publiée trois
mois après l'arrivée à Paris des Bouffons, qui
débutèrent le 2 août 1752, cette lettre n'eut pas
de réponse ; mais en revanche les discussions ,
ou plutôt les disputes, furent des plus animées.
On ne parlait plus que musique italienne ou fran-
çaise, dans les salons, et surtout dans les cafés,
oii les verres et les tasses, vides ou non, servi-
rent plus d'une fois d'arguments péremploires.
Les tliéâlres , de leur coté, n'eurent garde de
laisser passer sous silence un sujet qui passion-
nait également la cour et la ville. Comme on le
verra plus loin, quelques comédies, renfermant
des scènes assez importantes sur l'actualité du
moment, figurent dans la liste de ces brochures
spéciales ; mais nous devons dire en passant
que presque toutes les pièces jouées à cette
époque faisaient allusion, plus ou moins direc-
tement , à cette grande querelle , principalement
dans les vaudevilles de la fin. Les tréteaux de
la foire discutèrent aussi à leur manière et les
prophéties et les sons d'Italie; on y exécuta
même un certain concert des Chats, opéra
miaulique, qui fit courir la foule.
C. Le Petit Prophète. — 6. (Grimm.) Le
Petit Prophète de Boehmischhroda, s. 1. n. d.,
in-8", 58 pp. avec un frontispice à l'eau-forte.
Plusieurs éditions, une entre autres sous le titre
(le : tes Vinrjt-un Chapitres de la Prophétie de
Gabriel Joannes, etc., iu-12. La satire de Grimm
parut dans la première quinzaine de janvier
1753; elle eut un grand retentissement, et l'é-
motion des dissidents, déjà passablement sur-
excitée, se traduisit par une véritable avalanche
de plaquettes de toutes sortes. Mais avant d'ar-
river à ces nombreuses réponses, et pour con-
server l'ordre des dates , nous devons men-
tionner la comédie de Boissy, laquelle, écrite et
répétée avant l'ajjparilion du Prophète, ne
pouvait, par conséquent, en rien dire. —
7. Boissy. La Frivolité, comédie en i acte et
en vers, représentée pour la V" fois par
les Comédiens-Italiens le 23 janvier 1753,
Paris, 1753, in-8", 'iS pp. et 9 pp. de musique.
Cette pièce eut beaucoup de succès ; M"" Fa-
vart imita à s'y méprendre le jeu, la danse
elle chant de la Tonelli. — 8. (L'abbé Voisenon.)
Réponse du coin du Roi au coin de la Reine ,
s. L, datée du 25 janvier 1753. Plusieurs éditions,
dont la 3' ajoutée, en continuant la pagination,
à une édition du Pedt Prophète. — 9. ^U'Ilol-
bach.) Arrêt rendu à Vamphithiâtre de CO-
péra sur la Plainte du milieu du Parterre,
intervenant dans la querelle des deux coins,
s. 1. n. (!., in-8", 15 pp. Poulet-Malassis possé-
dait un recueil de pièces sur la querelle des Bouf-
fons avec la signature de J.-J. Rousseau sur le
premier titre, ce qui lui fit supposer que ce vo-
lume avait a[)partenu au citoyen de Genève.
Comme l'exemplaire de V Arrêt rendu, etc.,
(|ui se trouvait dans ce volume portait, de la
mémo main que la signature du titre, ces mots :
« par Diderot , » il concluait de là et de ce
qu'il ignorait sur quelle autorité Barbier avait
attribué celte brochure à d'Holbach, qu'il fallait
la restituer à Diderot. Sans entrer dans des
détails qui nous entraîneraient au delà des li-
mites d'une simple bibliographie, nous main-
tiendrons celle brocliure à d'Holbach, et cela
d'après la France littéraire de 17G9, que
Poulet-Malassis a omis de consulter, et surtout
d'après la brocliure de Caux de Cappeval, un
des combattants , dans laquelle il dit que cet
Arrêt venait encore soit d'Allemagne, soit d'un
Allemand, comme le Petit Prophète. — 10. Dé- )i^
clarution du Public, au sujet des contestations
qui se sont élevées sur la musique, s. I. n. d.,
in-8", 7 pp. — 11. (Jourdan.) Le Correcteur X
des Bouffons à l'Écolier de Prague, s. 1. n. d.,
in-8", 20 pp. — 12. (Pidansat de Mairoberf.) Les ..
Prophéties du grand prophète Monet, s. I.,
1753, in-8", 16 pp. La meilleure plaisanterie,
peut-être, de toute la série. — 13. (J. Cazotte.)
La Guerre de l'Opéra. Lettre écrite à une yL
dame de province, par quelqu'un qui n'est
ni d'un coin ni de l'autre , s. I. n. d., iu-8', 2i
pp. — li. (Suard.) Lettre écrite de l'autre
monde, par l'A. D. F. (l'abbé Desfonfaines )
à M. F. (Fréron), s. 1. n. d., in-s°, 37 pp.
L'abbé de la Porte, dans la France littéraire
de 1769, attribue cet écrit à Suard, et comme il
y est malmené à deux reprises différentes, on
peut croire qu'il était bien informé. Cependant
Suard, né en janvier 1734, n'avait alors que dix-
neuf ans ; il est vrai que, venu à Paris en 1752
et reçu à son arrivée dans les salons de M""*
Geoffrin, d'Heivétius et du baron d'Holbach, il
fut peut-être encouragé ou aidé par l'un des
habilués de ces cénacles. — 15. L'Anti-Scurra, ^
ou Préservatif contre les Bouffons, s. I., daféfr
du 6 février 1753, in-S", 8pp. eu vers. — 16. La
Reforme de l' Opéra, s. I.,daléedu9février 1753,
in-S", 8 i)p. en vers. — il . Épitre aux Bouffa-
ni.s<es, s. 1., datée du 12 février 1753,in-8°, 8 pp.
en vers. — 18. Réflexions liriques (sic), s. I.,.
datée du 16 février 1753, in-S", en vers. De
sijie identique et im|)rimés en parfaite confor-
mité de caractères et de dispositions typographi-
ques, ces quatre poèmes paraissent être du
ROUSSEAU
451
même auteur. En effet YÉpttre est signée : PAnli-
Scurra, titre de la première brochure; puis,
Jourdan dans sa Seconde lettre (n" 27) se plaint
de ce qu'un « certain homme qui se croit poète
se distingue par sa malheureuse fécondité, en
accablant le public tous les deux ou trois jours
de deux ou trois-cents vers. » D'autre part,
comme les Adieux aux Bouffons, placés à la
fin d'une autre brochure également en vers,
Apologie du goût français, etc. (a" 53), ne sont
que la reproduction de l'Anti-Scurra, il faut,
croyons-nous , attribuer ces quatre poèmes à
l'auteur reconnu du cinquième, soit à Caux de
Cappeval. — \^. Au Petit Prophète de Boes-
mickbroda, au Grand Prophète Monet, etc.,
s. !., datée du 22 février 1753, 13 pp. Poulet-Ma-
lassis a cru que cette pièce était de Diderot, parce
qu'elle figurait avec le nom de celui-ci, écrit à la
main, dans le recueil supposé avoir appartenu à
Rousseau dont nous avons parlé, et parce qu'on
y lit ces mots : « Si du milieu du parterre où
j'élève ma voix , » ayant quelque rapport avec le
titre de la brochure n" 9. Nous avons vu que
cette dernière pièce était sans aucun doute du
baron d'Holbach -, mais comme Diderot, tou-
jours disposé à donner des conseils, put très-bien
aider celui qui était son amphitryon en môme
temps que celui des philosophes bouffonistes, il
est très-admissible qu'il y ait eu confusion dans
les souvenirs de Rousseau; par conséquent,
nous attendrons des preuves plus décisives pour
déterminer la paternité d'un écrit qui, en somme,
ne peut en rien honorer la mémoire de Diderot. —
20. L'Apologie du sublime bon mot, etc., s. I.,
datée du 28 février 1753, in-S", 12 pp. Réponse di-
recte à la brochure précédente. Fétis l'a attribuée
à A. Parisot (?). —2i. Jugement de l'orchestre
de V Opéra, s. I. n. d., petit in-8", 8 pp. —
22. Lettre critique et historique sur la mu-
sique françoise, la musique italienne, et sur
les Bouffons, à Mme ©., s. 1. n.d., in-8°, 20
pp. Fétis attribue cette brochure à l'Héritier (?).—
23. (F. L. C. Marin.) Ce qu'on a dit, ce qu'on a
voulu dire. Lettre à M>"e Folio, s. I. n. d., deux
éditions in-S", 16 pp. ou 13 pp. — 24. Ce que
l'on doit dire. Réponse de Madame Foliot à la
lettre de Monsieur***, s. 1. n. d.jin-S", 8 pp. —
25. Les Trois Chapitres, ou la Vision de la nuit
du mardi gras au mercredi des Cendres , s.l.
n. d., in-8'', 36 pp. Facétie dans le style du Petit
Prophète et faisant l'apologie du Devin du vil-
lage, représenté le 1*^' mars 1753, six jours avant
le mardi gras. Cette brochure n'avait été citée
ni dans les écrits appartenant à la querelle des
boutfons, ni dans les catalogues ou bibliogra-
phies du temps; elle resta inconnue jusqu'au
jour où Taschereau la publia dans le 1. 1''' de lu
2« série de la Revue rétrospective {i8^5). M. Ra-
venel l'avait trouvée à Neuchàtel dans les pa-
piers de Rousseau, et, sans dire sur quoi l'asser-
tion était basée, on publia les Trois Chapitres
comme étant de Diderot. Le fameux volume de
Poulet-Malassis contenait cette pièce avec le
nom de Diderot, écrit de la main de Rousseau ,
toujours suivant les apparences. Il n'en a pas
fallu davantage à A.ssézat , et il a publié sans
hésiter cette dernière brochure, de même que les
n°' 9 et 19, dans le Xir vol. des Œuvres com-
plètes de Diderot. Avant de nous prononcer,
nous attendrons la découverte de preuves plus
convaincantes, tout en reconnaissant qu'il n'y
aurait rien d'impossible à ce que Diderot ait écrit
les Trois Chapitres. Il est supposable que cette
brochure ne fut pas mise en vente, et qu'on la
détruisit; ce qui explique son extrême rareté. —
26. La Paix de l'Opéra, ou Parallèle impar-
tial de la musique françoise et de la musique
italienne, Amsterdam, 1753, in-12, 40 pp.
C'est un extrait du volume de Raguenet : le
Parallèle des Italiens et des François en ce
qui regardela musiqueetles opéra(i:02), avec
quelques réflexions. — 27. (Jourdan.) Seconde
lettre du Correcteur des Bouffons à l'Écolier
de Prague, s. 1. n. d , in-8°, 22 pp. — 28. (Fré-
déric II, roi de Prusse.) Lettre au public, par
Main de Maître, Francfort et Leipsic, la Haye,
1753, in-16, x.vxii pp. Il y eut plusieurs édi-
tions; celle que nous indiquons ici contient,
malgré son titre au singulier, trois lettres et
une Réponse du baron de Zopenbrug, mi-
nistre de S. M. Prussienne, au comte Rinon-
chetti, !<''■ sénateur de la Répub. de Santo-
Marino. D'après Barbier, les trois lettres au-
raient été publiées isolément. Quoi qu'il en soif,
c'est là, vraiment, un triste échantillon du style
et de l'esprit de Sa Majesté Prussienne! —
29. Relation véritable et intéressante du
combat des Fourches Caud'mes , livré à la •
place Maubert, au sujet des Bouffons, s. I.,
1753, in-8°, 15 pp. Plaisanterie en style pois-
sard, imitation de Vadé. — 30. J.-J. Rousseau.
Lettre d'un symphoniste de l'Académie
royale de musique à ses camarades. Cette
lettre fut écrite alors qu'on répétait l'intermède
italien, il Paratajo, qui ne fut représenté que
le 23 septembre 1753. Rousseau parie bien en
commençant , comme le faisait l'auteur des Trois
Chapitres, du départ des Bouffons, lequel n'eut
réellement lieu qu'en mars 1754, mais on an-
nonçait sans cesse leur renvoi comme une chose
décidée, et cependant ils ne partaient pas et con-
tinuaient^à monter de i ouvelles pièces. Si
452
ROUSSEAU
celte facétie, un peu familière, ne fui pas im-
primée en brochure, il est du moin^; prolialilc
que le coin du roi en eul connaissance. On la
trouve dans les œuvres compièles de son au-
teur.
D. L\ Lf.TTUE SIJK L,V MUSIOLE lUANÇAlSi:. —
31. J.-J. Rousseau. Lettre sur la musique
françoise, s. 1., 1753, in-S», 92 pp. Plusieurs
éditions. La lulte parais>ait se calmer et les
combattanis n'y mettaient plus la môme ar-
deur, lorsque, vers la mi-novembre 1763, Rous-
seau s'imagina de publier son fameux lactutn.
Ce fut alors comme un réveil général , cl de
tous côtés le malheureux fut assailli par Us
réfutations et les critiques les plus violentes. —
32. (Fiéron.) Lettres sur la musique française,
en réjionse à celle de Jean-Jacques lious-
seau, Genève (Paris), 1754, in-8°, 64 pp. Malgré
sa date, nous faisons figurer ici cet écrit, parce
qu'il n'est que la réimpression de deux aili-
cles parus dans les Lettres sur quelques écrits
de ce temps, de Fréron, à la date des 30 no-
vembre et 20 décembre 1753. — 33. (Cazotte.)
Observations sur la lettre de J.-J. Rousseau au
sujet de la musique françoise, s. I., 1753,
in 8°, 19 pp. — 34. Yzo, Lettre sur celle de
M. J.-J. liousseau, citoyen de Genève, sur lu
musique, s. 1., 1753, in-12,24 pp. — 35. (Tra-
venol.) Arrest du conseil d'État dWpotlon,
rendu en faveur de V orchestre de V Opéra
contre le nommé J.-J. Rousseau, copiste de
musique, eic, Montparnasse, 1753, in-12, 14
pp., vers et prose. — 3g. Bàlon le jeune. Exa-
men de la lettre de M. Rousseau sur la
musique françoise, dans lequel on expose le
plan d'une bonne musique propre à notre
langue, s. 1., 1753, in-8", 3C pp.; 2* édit. 1754,
43 pp. Tout en ayant l'air de combattre Rous-
seau, cet examen lui donnait raison. On re-
procha à BAton d'avoir prêté son nom à Diderot,
formellement accusé par l'un des combattants
d'être le vérilal le aulcur de cette feinte. —
37. (De laMorlière.) Lettre d'un sage à un
homme très-respectable et dont il a ttesoin, s.
I. n.d. (1753), petit in-8°, 18 pp. — 38. (Cosie
d'Arnobal.) Doutes d'un Pyrronien, proposés
amicalement à J.-J. Rousseau, s. 1., 1753,
in-8", 36 pp. — 3'J. Chevrier. La Revue des théâ-
tres,comédie en 1 acte, en vers, représentée à
la Comédie- Italienne le 22 décembre 1753.
Nous n'avons pu trouver celte pièce, qui, quoique
jouée une seule fois, a néanmoins été imprimée.
Fréron, dans le I"" volume de son Année litté-
raire, p. 35, et Desboidmiers, dans le VI* vol. de
V Histoire du théâtre Italien, en ont donné des
evirails. — 40 et 41. (Fréron.) Suite des lettres
sur la musique françoise, en répome à celle
de J.-J. Rou.s.seau. A la (in : Lettre de Jean-
Jacques Raudinet, citoyen de Gonesse , à
maître Mcolas, magister de Chaillot, à Ge-
nève (t*aris1, 1754, in-8°, 40 pp. Les premières
letires parurent dans les Lettres sur quelques
écrits de ce temps, de l'auteur, en janvier 1754.
Quant à la Lettre de J.-J. liaudinet, imprimée
à la suite de cet écrit de Fréron, il est dit en
note qu'elle n'est pas de lui , ce que nous
croyons sans peine. — 42. (L'abbé d-e Caveirac.)
Lettre dhm Visigoth , à M. Fréron, sur sa
dispute harmonique avec M. Liousseau. Sep-
timaniopolis, 1754, in-8", 20 pp. — 43. (De Bon-
neval.) Apologie de la musique et des inusi-
cicns français, contre les assertions peu mé-
lodieuses, peu mesurées et mal fondées du
sieur J.-J. Rousseau, ci-devant citoyen de Ge-
nève, s. 1. n. d., in-8°, 15 pp. — 4'). (P. de Mo-
rand.) Justification de la musique françoise,
contre la querelle qui lui a été faite par un
Allemand et un Allobroge, la Haye (Paris),
1754, in-8°, 55 pp. L'auteur accuse Rousseau
d'avoir puisé ses arguments dans l'Esprit des
beaux-arts d'Estève.— 45. (Laugier.) .l/;o/oj«e
de la musique françoise , contre M. Rous-
seau, s. 1., 1754, in-8'', 78 pp. Peut-être la
meilleure réponse qui fut faite à Rousseau; elle
a été insérée dans le t. II de l'édition des
ouvres de ce dernier publiée à Neuchàtel en
1764. — 46.(Patu et Porlelance.) Les Adieux
du goût, comédie en 1 acte et en vers, re-
présentée par les Comédiens-François, le mer-
credi 13 fév. 1754, Paris 1754, in-12, 64 (ip. et
14 pp. de musique. — 47. Chevrier. Le Retour
du goût, comédie en 1 acte et en vers libres,
représentée par les Comédiens-Italiens le
lundi 2b fév. 1754, Paris, 1754, in-12, 44 pp.
Ces deux pièces renferment plusieurs scènes
importantes, ajant trail à la polémique des deux
musiques. — 48. (Robineau.) Lettre d''un Pa-
risien, contenant quelques réflexions sur celle
de M. Rousseau, en France, 1754, in-8", 15 pp.
— 49. (Le P.CasIel.) Lettres d'un Académicien
de Bordeaux sur le fonds de la musique, à
l'occasion de la lettre de M. R*** contre la
musique françoise, tome I"" (unique), Londres
et Paris, 1754, in-12, 74 pp. — 50. (Le P. Cas-
lel.) Réponse critique d'un Académicien de
Rouen à l'Académicien de Bordeaux, sur le
plus profond de la musique (1754), in-12, 36
pp. Notre exemplaire commence à la page 1 et
n'a pas de litre frontispice : nous ignorons s'il y
en cul un. On le voit , le Père Caslel se ré|ioM-
dait à lui-même. — 51. Kouvelle lettre à
M. Rousseau de Genève, sur celle qui parut
. 4,
ROUSSEAU
453
de lui, il y n quelques mois, contre la mu-
sique françoise, par le M... de C....,s. 1., )75'i,
in-8", 10 pp. Faut-il lire sous ces initiales : le
marquis de Cliastellux ? 11 tétait alors dans sa
vingtième année. — 52. (Travennl.) La Galerie
de IWcndémie royale de 7)iusique, confenanl
les portraits, en vers, des principaux sujets
qui la composent en la présente année 1754.
Dédiée à J.-J. Hoiisseau de Genève, copiste de
musique, philosophe, orateur, grammairien,
historien, théologien, mathématicien, peintre,
poète, musicien, comédien, médecin, chirur-
gien, apothicaire, etc., etc., par un zélé par-
tisan de son système sur la musique fran-
çoise, 8. 1., 1754, in-S", 62 pp. L'ëpître dédica-
toirc a 50 pages; elle est écrite dans un style
(|ui n'est certes pas celui de Travenol , tête pas-
sal)lement fêlée et qui n'eut jamais dans ses écrits
le hon sens qui se trouve dans celte dédicace.
En revanche, les portraits, sans le moindre
doute, sont bien de lui. — 53. (Caux de Cap-
peval.) Apologie du goù'. françois, relative-
ment à l'opéra. Poème avec un discours apo-
logétique, et des adieux aux Bouffons, s. I.,
1754, in-8", 80 pp. VotI joli titre frontispice à
leau-forfe et non signé, où l'on voit Rous-îoau
recevant une ruade du cheval Pégase et deux
satyres fustigeant le Petit Prophète. — 5i.
(L'abbé Arnaud.) Réflexions sur la musique en
général et sur la musique françoise en par-
ticulier, s.)., 1754, in-8", 27 pp. — 55. Disser-
tation sur la musique françoise et italienne
par M. VA*** p******\ Amsterdam, 1754,
petit in 8°, 61 pp. Notre exemplaire porte en
écriture du temps : « par M. l'abbé Pellegrin ,
chanoine d'Aix, frère de celuy qui a fait des
opéras. » — 56. Rameau. Observations sur
notre instinct pour la musique et sur son
principe ; où les moyens de reconnaître l'utt
par l'autre, conduisent à pouvoir se rendre
raison avec certitude des différens effets de
cet art, Paris, 1754, in-S", xvi et 125 pp. —
57. C. H. Blainville. L'Esprit de Vart musical,
ou Réflexions sur la musique et ses diffé-
rentes parties, Genève, 1754, in-S", 130 pj).,
frontispice gravé. Ces deux dernières publica-
tions, de même que les lié flexion s de l'abbé
Arnaud, se rattachent bien à la polémique,
quoiqu'elles n'en traitent pas exclusivement. —
58. (Dandré-Bardon.) V impartialité sur la
nmsique. Épitre à M. J.-J. Bousseau de Ge-
nève, par M. D. jB.,s. I.,17i4,inr4", 36 pp. —
59. (L'abbé J. L. Auberl.) Béfutation suivie
et détaillée des principes de M. Bousseau de
Genève, touchant la musique françoise,
Paris, 1754, in-8", 98 pp. — 60. (De Roclie-
mont.) Réflexions d'un patriote sur l'Opéra
françois et sur l'Opéra italien, qui présen-
tent le parallèle du goût des deux nations
djns les b> auxarts, Lausanne, 1754, in-S",
XII et 137 pp. — 61. Lettre de MM. du coin
du Boi, à MM. du coin de la Beine, sur la
nouvelle pièce intitulée : la Servante mai-
tresse, s. 1. n. d.,in-12,24 pp. Brochure inconnue
jusqu'ici et dont nous n'avons trouvé l'indication
nulle part. Notre exemplaire n'a pas de lilre
froidispice ; celui que nous donnons est en tête
de la première page. La pagination va bien de
1 à 24, et aprè-; la signature : M., on lit le mot :
Fin. Il s'agit, croyons-nous, d'une brochure for-
mant un tout, et non de l'extrait d'un volume.
C'est une des bonnes publications de la série.
Arrivée à la tin des hostiliiés, il est piobable
que, se vendant mal, on la détruisit; elle est
excessivement rare.
E. EeiLOCiE. — 62. (J.de Villeneuve). Lettre
srcr le mcchanisme de l'Ojjcra italien, ni
guelfe, ni gibelin; ni ivigh, ni Ihoris [i\c),
Naples et Paris, 1750, in-12, 122 pp. —
63. (D'Alembert.) De la liberté de la musique.
Cet écrit ne fut pas publié séparément; il fait
partie du tome IV des Mélanges de littérature,
d Histoire et de philosophie de l'auteur, et se
trouve, pour la première fois , dans l'édition de
1759.
Maintenant, nous avons à parler de plusieurs
sortes de publications mentionnées dans les bi-
bliographies comme faisant partie de la querelle
des Bouffons, soit celles que nous n'avons trou-
vées dans aucune bibliothèque et que pour celte
raison nous n'avons pu classer avec certitude,
soit celles qui n'appartiennent réellement pas à
cette polémique musicale, soit enlin celles qui
n'ont jamais existé. — 1. Lettre sur ta musi-
que, par M. le vicomte de la Pétarade, ama-
teur de basson. Citée dans le catalogue du li-
braire Duchesne placé à la lin de la seconde édi-
tion âeVHisloire de l'Opéra de Durey deNoin-
ville. — 2. Supplique de VOpéra à l'Apollon
de ta France ait/..., également citée dans le cata-
logue ci-dessus. Manory, l'avocat de Travenol,
appelait Voltaire : l'Apollon de la France. Si
cette brochure existe, ne se ratlacherait-ellepas
au fameux procès Voltaire-Travenol? N'y a-t-il
pas plutôt confusion avec le n" 35 : Arrest du
conseil d'État d'Apollon, etc.? — 3. Essai sur
le goût ancien et moderne de la musique
françoise relativement aux paroles d'opéra,
1754, in-4°, 11 pp. Attribué à l'ahbé Descréau
par Barbier, ce que nous acceptons pour vrai.
Mais cet écrit appartient-il à la querelle des
Bouffons ? Il a échappé à toutes nos recherches.
454
ROUSSEAU — ROUSSELOIS
— 4. Le Uè formateur de Z'Oper«. N'existe pas.
Il s'agit de l'auteur anonyme delà Réforme de
l'Opéra, désigné par un des combattants sous
le nom de Réformateur, d'oii un bibliographe
allemand a cru lire le titre d'une nouvelle bro-
chure. — 5. Vaudeville des philosophes du
siècle. Ce vaudeville, ajouté à la pièce de Dan-
court, les Fées, reprise au Théâtre-Français,
parait avoir été gravé à part , mais comme en
somme il n'est ici question que de quatre vers,
nous ne pouvons les compter comme une bro-
chure. On les trouvera àan^ l'Année Ufféraire,
*. 1, p. 354 (1). — 6. (Chevrier.) Le Quart-
d'heure d'une jolie femme, etc., oiivrage
presque moral dédié à Messieurs les habi-
tants des coins du Roi et de la Reine, etc.,
Genève, 1753, in-12. Roman dans lequel notre
sujet n'est mentionné que par le titre et quelques
mots de la dédicace. — 7. La Nouvelle Bigar-
rure, p. 140. C'est un recueil périodique, dans
lequel on trouve accidentellement des articles
sur la musique. Fétis a cru à une brochure de
li pp. L'article de la page 140 a trait à l'His-
toire de l'Opéra de Durey de Noinville. —
8. Constitution du patriarche de l'Opéra qui
condamne cent une propositions extraites de
deux écrits intitulés : Réflexions sur les
vrais principes de l'harmonie, et Lettre sur
Voriyine et les progrès de l'Académie royale
de musique, Cyteropolis, 1754, petit in-8°, 32
pp. Cette plaquette a bien été publiée pendant
la mêlée, mais ce n'est qu'une spéculation d'un
libraire voulant profiter du succès qu'obtenaient
alors les publications sur la musique et sur
l'Opéra; il réimprima purement et simplement
le petit volume attribué à Chevrier et qui parut
daté du 1" novembre 1736, sous le titre de :
la Constitution de l'Opéra. — 9. Lettre d'un
HermileàJ.-J. Rousseau, s. \., avril 1753. Félis
s'est trompé en ajoutant au iiire: sur la musique
française et en classant ce petit écrit dans la
guerre des Bouffons. Bonneval, qui en est l'au-
teur, y parle incidemment de l'avertissement
du Devin du village, mais il ne vise ni la mu-
sique, ni les Bouffons. — 10. Observations
sur la lettre de M. Rousseau, de Genève, à
M. Grimm , par M. Gautier, chanoine ré-
gulier, Nancy, 1752, in-12, 48 pp. Cette bro-
chure a trait au Discours sur les sciences et
(1) Outre les couplets de vaudcvUlcs,on fit aussi des
chansons, dont quelques-unes furent imprimées sur des
feuilles volantes. Nous posièdons celle qui coiDiuence
ainsi :
Bouffons les mardi,
Bouflons les jeudi,
Aurons (Sic) une fin prochaine, etc. -/^
les arts de Rousseau, et non à la polémique
musicale.
Nous complétons nos renseignements biblio-
graphiques en donnant ici les titres de quelques
publications récentes sur une guerre qui, on
l'a vu, coûta passablement d'encre aux combat-
tants : F. de Villars. La Serva Padrona. Son
apparition en 1752, son influence, son ana-
lyse. Querelle des Bouffons Paris, ,Castel,
1863, grand in-8°, 48 pp.; — Jules Cariez.
Grimm et la musique de son temps, Caen,
1872, in-8°,41 pp.; —Adolphe Jullien. La Mu-
sique et les philosophes au dix-huitième
siècle, Paris, Baur, 1873, grand in-8°, 68 pp.
On nous permettra de passer sous silence une
fouie d'articles sans grande valeur, publiés çà et
là dans les revues et journaux de musique.
Er. t.
ROUSSEL (Pierre), joueur de viole, mu-
sicien de la chambre du roi Charles IX, exerça
la charge fameuse de roi des ménétriers. Sur
l'acte de baptême de son fils Jehan , daté du
15 septembre 1572 et cité par Jal dans sou Dic-
tionnaire critique de biographie et d'his-
toire, il prend le titre de « roy des joueurs
d'instruments du royaume de France ». C'est
tout ce que l'on sait de cet artiste, resté jusqu'ici
absolument inconnu.
ROUSSELOIS ( Marie- WiLHELMi>E DE
ROUSSELLOIS, connue sous le nom de M"'),
cantatrice dramatique renommée, naquit à
Vienne (Autriche), le 26 février 1765 (1). Tout
ce qu'on sait sur les commencements de sa car-
rière, c'est qu'en 1784 elle était première can-
tatrice au théâtre' d'opéra français de Cassel , et
qu'on vantait déjà son double talent de comé-
dienne et de musicienne. Congédiée en 1786,
avec la plupart de ses camarades, elle se rendit
à Paris, où bientôt elle fut engagée à l'Opéra.
Elle parut pour la première fois sur ce théâtre
dans le rôle de Clytemnestre d'iphigénie en
Aulide, de Gluck. « Sa figure, disait un recueil
de l'époque, est peu agréable, et sa taille
trop massive; mais ces deux défauts semblent
disparaître aux yeux du public quand elle a dé-
ployé l'étendue de sa voix, l'une des plus belles
(I) L'acte de décès de M"' Rousselois, Inscrit à l'état
civil de Bruxelles, porte son nom ainsi orthographié: De
Houssellois Tout porte à croire que celte (rande artiste,
quoique née à l'étranger, était d'origine et do famille
française; la contexture de son nom l'indique, ainsi que
sa carrière, exclusivement française, et enfin ses atta-
ches ultérieures de famille, puisque ses filles et ses pe-
tites-filles brillèrent au nombre des •meilleures comé-
diennes françaises. a. r.
ROUSSELOIS
qui existent. Celle cantatrice est tellement mu-
sicienne , elle possède si parfaitement l'art de
ménager ses moyens, pour les [faire ressortir,
qu'elle exécute avec la même supériorité l'a-
riette de bravoure et la romance, la musique
de Gluck et le vaudeville. Elle a, d'ailleurs,
comme actrice, un talent digne des plus grands
éloges. Sa diction est juste et nuancée; son dé-
bit a, selon les rôles, de l'énergie ou de la lé-
gèreté, de la noblesse ou du comique, de la
finesse ou du sentiment. On l'a vue plusieurs
fois remplir ceux de grandes coquettes avec un
talent égal à celui de nos meilleures actrices.
Tout Paris se rappelle la manière vive et spiri-
tuelle dont elle a joué le joli rôle de soubrette
dans l'opéra des Prétendus... »
Après avoir été forcée de quitter l'Académie
royale de musique, où elle avait créé avec succès
le rôle princijtal du Démophon, de Yogel , mais
oii elle éclipsait un peu trop M'^' Maillard ,
son chef d'emploi, M""' Rousselois prit un
engagement en province , et ensuite à Bruxel-
les, où elle débuta le 2 octobre 1800 dans Di-
don, de Piccinui. De Bruxelles elle se rendit à
Rouen , revint dans la première de ces deux
villes en 1804, y passa les trois ou quatre années
qui suivirent, puis retourna à Rouen, où elle
faillit périr dans l'incendie qui consuma le théâtre
le 28 janvier 1810. Elle s'échappa fort heureu-
sement par une fenêtre, plus fortunée que
plusieurs de ses camarades, qui trouvèrent la
mort au milieu des flammes.
A partir de 1815, m'^^ Rousselois, de retour
en Belgique, ne quitta plus ce pays ; elle fit par-
lie sans interruption de toutes les troupes qui
se succédèrent à Bruxelles, jouant à la fois les
caractères dans la comédie et les premières
duègnes dans l'opéra et le vaudeville. Quelques
vieux amateurs se la rappellent encore, lorsque
(1820), à côté de ses deux petites-filles, deve-
nues plus tard M'"'* Génol et Yolnys, elle dé-
ployait un entrain, une verdeur, un naturel qui
défiaient le temps et les orages. Peu d'années
avant l'époque de sa retraite, le public ne man-
quait jamais d'applaudir avec transport ces deux
vers de la Fausse Magie, appliqués à la canta-
Irice quasi septuagénaire dont la voix se re-
trouvait encore »i belle dans la musique de
Grélry.
Et voilà, voilà de ces femmes;
On n'en fait plus, c'est du l)on temps.
Elle quitta définitivement le théâlre le 31
mai 1838. La représentation donnée à cette
occasion fut extrêmement brillante ; le public y
était accouru en foule. Malgré ses soixante-
treize ans, la bénéficiaire s'acquitta encore par-
faitement des rôles qu'elle jouait pour la der-
nière fois dans les Voitures versées et le Ga-
min de Paris. Aussi^le public lui fil-il une de
ces ovations comme il en sait faire à ses altis-
tes de prédilection.
m"" Rousselois est morte à Bruxelles, le 8
novembre ^ 1850, à l'âge de quatre-vingt-cinq
ans (1).
F. D.
(1) M"» Rousselois a eu deax de ses filles actrices
comme elle : l'une, M""^ Fay, femme du chanteur et
compositeur de ce nom ; la seconde, M"'= I.eniesle,
qui débuta au théâtre de la Monnaie, de Bruxelles, le
11 mai 1818, obtint sur cette scène des succèi éclatants,
et mourut à Paris, au mois de juin i8i8, dans un ûge
encore peu avancé. Ces deux artistes étaient dignes de
leur mère.
Fétis a fait une confusion lorsqu'il a dit, à l'article
Fay, que ce compositeur avait épousé M'" Rousselois,
tandis qu'en réalité c'est de sa fille qu'il devint le mari.
Voici la notice qu'on trouve sur M""' Fay dans la liiogra-
phie universelle et portative des contemporains :
« Fay (M"'<^ Jeanne), née en I78l, est fille de iM'"» Rous-
selois, l'une des meilleures actrices et cantatrices qui
aient paru à l'Académie royale de musique, qu'elle fut
forcée ne quitter, parce qu'elle j éclipsait M"^ >lalllard,
son chef d'emploi. (Le fait est exact, quoique singulier,
et Mme Fay, comme auparavant sa mère, fut à lOpéra
la rivale sagrifiée de Mlle Maillard.) Mme Fay, héritière
du double talent de sa mère, lïîais douée d'un physique
beaucoup plus agréable, a éprouvé les mêmes entraves.
Sans études préliminaires, mais excellente musicienne,
elle débuta fort jeune, en i797, au théâtre Feydeau,
sous le nom de Mme Bachelier, dans les grands rOles de
.Tulietle dans iiowieo, de Séraphine dans /« CareDit', et
de Lodoislca ; elle y montra une intelligence et une
énergie au-dessus de son âge, et fut jugée digne de
remplacer Mme Scio : mais bientôt des intrigues l'obli-
gèrent de passer au théâtre Favart, où elle eut les
mêmes succès et les mêmes désagréments. .4yant
épousé M. Fay, elle voyagea avec lui et fit par-
tout une ample moisson de lauriers et d'argent ; par-
tout elle excita l'enthousiasme, et les journaux des
départements ne lui épargnèrent pas Its louanges. Le
bruit de ses talents la fit rappeler à Paris. Elle parut
au théâtre Feydeau, en isi8, dans Isaure de Raoul
Barbe-Bleue. Mais le volume de sa voix, l'expression
de sa physionomie et de son jeu, la noblesse de sa taille,
la firent juger plus convenable à l'.tcadémie royale de
musique, pour remplacer Mine Branchu, qui songeait à
se retirer. Mme Fay y débuta en 18i9, et joua succes-
sivement les rôles d'.\rmide, de la Vestale, de Clytem-
neslre dans Iphigcnie en Aulide, de Climéne dans Pa-
nurge, de DiJon, etc. Les applaudissements qu'elle y ob-
tint lui valurent un ordre de réception; mais de nou-
velles intrigues la forcèrent de quitter au bout d'un
an. On s'était flatté de la voir rentrer â l'Opéra, eu
18Î2, après la retraite de Mme Branchu ; mais l'altente
du public fut cruellement déçue; car aucune des actri-
ces qui ont paru ou qui sont encore à ce théâtre, ne
possède assurément l'ensemble des quaUiés qui distin-
guent les talents de Mme Fay. C'est ainsi que, sous
une administration sans lumières et sans énergie, dnns
les choses d'agrément, comme dans les affaires Impor-
tantes, la médiocrité l'emporte trop souvent sur le mé-
rite. Mme Fay. éloignée dj la scène dans un âge où la
conservation de tous ses moyens lui promettait encore
456
ROUSSELOT — ROXAS
IIOITSSELOT (Scipioin), \ioIoncelliste et
coiii(tosilem' liistingiié, né au commencement
de ce siècle, (it son éducation musicale au Con-
seivatoire de Paris, où il fut admis dans la
classe de violoncelle de Baudiot, et où il obtint
un premier prix au concours de 1823. 11 étudia
ensuite l'harmonie et la composition ' avec Rei-
clia, et bientôt se fit connaître par la produc-
tion de plusieurs œuvres de musique de cham-
bre ou de musique symphonique qui décelaient
un artiste instruit, bien doué et digne de sin-
cères encourafiemenls. Le 9 février 1834, M.
Uousselot faisait exécuter, à la Société des
concerts du Conservatoire, une symphonie qui
était très-bien accueillie du public, et peu
après la Société de musique de chambre fondée
par les frères Tilmant (Voij. ce nom) faisait
applaudir quelques unes de ses compositions
en ce genre. 11 fut moins heureux au théâtre,
qu'il n'aborda d'ailleurs qu'une seule fois, en
donnant à l'Opéra-Comique un ouvrage en un
acte, Zurich, qui ne fut que médiocrement
heureux par suite de la faiblesse du poème et
des allures un peu trop ambitieuses de la parti-
tion. Depuis lors, M. Rousselolest allé se fixer en
An.'leterre, et l'on n'en a plus guèreenteniiu parler.
Je citerai les ouvrages suivants, presque tous
publiés chez l'éditeur Richault, parmi ceux qui
sont dus à cet artiste honorable: 1'^ Sympho-
nie à grand orchestre ; Sextuor pour hautbois,
clarinette, cor, basson, violoncelle et contre-
basse (Paris, Catelin) ; 5 grands Quintettes
pour 2 violons, alto, violoncelle et contre- basse,
op. 14, 16, 21, 23 et 2C; 3 Quatuors pour 2
violons, alto et violoncelle, op. 10; 4' Qua-
tuor, id., op. 25; Trios pour piano, violon et
violoncelle, op. 7 ; 3 Sonatines pour violon-
celle et basse, op. 2 ; Thème varié pour vio-
loncelle, avec accompagnement de piano ou de
quatuor, op. 8 ; Variations sur il Crociato pour
violoncelle ou violon, avec accompagnement
de piano, op. 11 ; Variations faciles pour vio-
loncelle, avec accompagnement de 2 violons et
alto ou piano, op. 12 ; 1" Morceau de salon
pour violoncelle et piano, op. 13 ; Mélange sur
deux airs languedociens pour violoncelle, avec
accompagnement de piano, op.l9; Nocturne
pour piano et violon, op. 9.
Un frère de cet artiste, M. Joseph-François
Ponsselo/, virtuose fort distingué sur le cor,
est né le 6 février 1803. Il lui ailmis au Con-
servatoire, dans la clas.se de Dauprat, et obtint
un second prix décor au concours de 1822, et
de longs succès, paraît sVIre consacrée cntU-remcnt an\
soins particuliers qu'eiigealcnt les dispositions précoces
et l'cdiicalion.lliéûtrale dejia ûlle. •
le premier prix l'année suivante. 11 fit ensuite
partie des orchestres de l'Opéra, de la Société
des concerts du Conservatoire, où il se produi-
sit parfois comme soliste, et de la chapelle
royale. M. J.-F, Rousselol vit aujourd'hui re-
tiré à Argenteuil, près Paris.
* ROVETÏA (Jk.4n). — Dans la seconde
édition de son Amiuario musicale, M. Palos-
chi fixe la date de la mort de cet artiste au 23
octobre 1668.
ROVIRA (A ), compositeur espagnol,
est l'auteur d'im opéra italien, Sennondo il
(jeneroso, qui fut représenté sur le théâtre
principal de Barcelone, le 6 janvier 1839. Je
n'ai pu découvrir aucun autre renseignement
sur cet artiste.
ROXAS (Emanlei.e DE), compositeur ita-
lien d'origine espagnole, est né à Reggio de
Calabre le 1" janvier 1827. Destiné à la car-
rière des armes, que sa famille avait parcourue
pendant plusieurs générations, il devait être
placé à l'école de marine lorsque, sur ses ins-
tances, son père consentit à lui laisser suivre son
penchant pour la musique. Il entra alors au Con-
servatoire de Naples, où tout d'abord iTse
livra à l'étude du hautbois; mais bientôt il
abandonna cet instrument, et devint élève de
Busti, puis de Crescentini pour le chant. Dans
le même temps, il commença l'étude de l'har-
monie avec Giacomo Cordella, et enlin fil un
cours complet de contre-point et de composi-
tion avec Francesco Ruggi.
Ayant quitté le Conservatoire en 1847 , il
écrivit aussitôt un opéra en 2 actes, la Fiylia
di'l Sergente, qui fut représenté avec succès,
l'année suivante, sur un petit théâtre de Na-
ples aujourd'hui disparu. Au mois de juillet
1852, il donnait au théâtre Nuovo un opéra
bouffe en 3 actes, intitulé Gisella, que le pu-
blic reçut avec la même laveur. Tout en s'oc-
cupant aussi de musique religieuse, M. de Roxas
écrivit un troisième ouvrage dramatique, Rita,
qui, moins heureux que les précédents, fut ac-
cueilli avec froideur au théâtre du Fondo,
en 1857. Ce fut alors que la mort de son
père et certaines circonstances de famille vin-
rent obliger le compositeur à renoncer à la car-
rière du théâtre A partir de ce moment, il
n'écrivit plus guère qu'un certain nombre de
romances et mélodies, et consacra presque en-
tièrement son activité à l'enseignement du
chant. Il forma sous ce rapport d'excellents
élèves, parmi lesquels on se plait surtout à ci-
ter deux chanteurs dramatiques fort distingués,
qui ont été applaudis par toute l'Europe, le té-
nor Mario Tiberini et le baryton Luigi Colonnese.
ROXAS — RUBINSTEIN
457
M. de Roxas a publié, chez l'éditeur Ricordi
(Milan), quatre albums de chant; chez l'éditeur
Coltrau iN.ipies), deux albums intitulés /eZf/<>:;;e
?i/if)olitane et fmmagine d' a viore ; chez MM.
Giudici et Strada (Turin), deu\ autres recueils
du môme genre. Comme compositeur de mu-
sique religieuse, on lui doit une Messe de Glo-
ria, un Magnificat, un Tantum ergo, les
Sept Paroles de Jésus-Christ, oratorio à 3
voix avec accompagnement de petit orchestre
et piano, et plusieurs motets. — M. de Roxas
est chevalier de l'ordre de la Couronne dllali".
Depuis 1873, il remplit les fonctions de profes-
seur de chant au Conservatoire de Naples.
ROY (Paui,), musicien français, fixé à Al-
ger comme professeur de musique, est l'auteur
d'un traité publié sous ce titre : Enseignement
rationnel de la musique (2 volumes in-8").
ROYER (Alphonse), auteur dramatique
français, né à Paris le 10 septembre 1803, y
eit mort le 11 avril 1875. On lui doit les li-
vrets, originaux ou traduits, des opéras sui-
vants, tous écrits en société avec Gustave
Waëz : Lticie de Lamermoor, la. Favorite,
Othello, Don J'asqnale, Jérusalem (i Loin-
bnrdi), Robert Bruce. Alphonse Royer, qui
avait été directeur du théâtre de l'Odéon, de-
vint directeur de l'Opéra le 1*' juillet 1856 et
Conserva cette situation jusqu'au mois de dé-
cembre 1802. Depuis cette époque, renonçnnt
au théâtre d'une façon active, il en fit l'objet
d'éludés littéraires importantes, traduisant les
œuvres d'Alarcon, de Tirso de Molina, de Carlo
Gozzi, et publiant une médiocre Histoire univer-
selle du Théâtre (Paris, Franck, 1869-1877 ,
fi vol. in-8°). Lors de l'inauguration de la nouvelle
salle de l'Opéra, il a publié aussi une Histoire
de l'Opéra (Paris, Bachelin-Dellorenne, 1875,
petit in- 8° avec portraits), qui peut être agréable
aux gens du monde complètement ignorants des
phasi's historiques de notre première scène
lyrique, mais pour laquelle l'auteur a négligé
de remonter aux sources, et qui, par consé-
quent, ne contient aucun fait nouveau, aucune
vue particulière, aucun document inédit , et
bien moins encore de vues d'ensemble et de
résumé philosophique.
ROZET ( ). — Un artiste de ce nom a
fait représenter à Lyon, au mois de septembre
1845, un opéra-comique en un acte intitulé la
Jeunesse de Charles XI I.
ROZROSNY (R ), compositeur lion-
grois, est l'auteur d'un opéra romantique, qui
a été représenté sous ce litre : Svatojnncky
Prondy, sur le théâtre national de Pestb, au
mois d'octobre 1871.
RrBE.\ (A ), compositeur allemani
contemporain, a éciit lu inusi(|ue d'un petit
ouvrage de circonstance, Vor hundert Jahren
{Il y a cent ans), qui a élé représenté le 7
octobre 1&78, sur le théâtre royal de Munich,
poiu- célébrer le centième anniversaire de l'i-
nauguration de ce théâtre.
RURERTI (CosTANTiNo) , violoniste et
compositeur italien du dix-huitième siè(U^,
était né à >'aples et résidait en cette ville.
Membre de la chapelle royale, il lit représenter
sur le théâlre ISuovo, en 1735, un opéia inti-
tulé j^ Filippo.
* RURIXI (Jean-B.vptiste), célèbre chan-
teur italien. — Cet artiste fameux a publié :
1° 12 Leçons de chant moderne, pour ténor
ou soprano, Paris, Bernard-Latte (1839), avec
portrait; 2° /M diei<^ hommages et souvenirs à
.'•on élève mademoiselle de Flahauf, Paris, Ber-
nard-Latte, avec portrait de l'auteur dans sou
costume à'i Puritani. Ce dernier recueil con-
tient six morceaux : le Pendez-vous de nuit,
romance ; une Prière, id.; llvgrets et Souve-
nir, ariette ; Ma belle promise, air ; la Rose,
duettino; l'Adieu, duetto.
M'"' Rubini, Française de naissance et d'ori-
gine, et dont le nom de demoiselle était Adèle
Chomel, s'était fait connaître d'abord sous
celui de Comelli, et avait obtenu de grands
succès en Italie et en Angleterre, eu compa-
gnie de son mari. Elle est morte à Milan, au
mois de janvier ou février 1874.
* RUBIMSTEIX (Antoine), l'un des ar-
tistes les |)lus remarquables de l'époque ac-
tuelle, est considéré aujourd'hui comme le chef
de l'école musicale russe. Virtuose de premier
ordre, remarquable par la fougue de sou exé-
cution, la grandeur, la puissance et souvent
la noblesse de son jeu, pourvu d'une solide
instruction et d'une vaste connaissance de
toutes les œuvres et de tous les styles, il lui
manque malheureusement les qualités de charme
et d'émotion sans lesquelles il n'est pas d'ar-
tiste accompli. Admirable au point de vue de
la sonorité qu'il lire de l'instrument, des inian-
ces qu'il sait lui faire rendre, des qualités ner-
veuses d'une exécution pleine de souplesse et
d'imprévu, de hardiesse et d'autorité, M. Ru-
bin.stein étonne et frappe ses auditeurs p'us
qu'il ne les charme. Il y a quebiue chose d'a-
brupt, de sauvage dans ce jeu viril jusqu'à
l'excès, et qui ne connaît pour ainsi dire ni la
grâce ni la tendresse. Ce n'en est pas moins
un artiste de haute lignée, d'un talent magni-
fique, et d'un ordre exceptionnel.
Comme compositeur, M. Rubinstein peut être
458
RUBINSTEIN
apprécié à peu près de même que comme vir-
tuose. Plus violent que vigoureux, plus étrange
que foncièrement original, plus habile au point
de vue teduiique que fertile en ce qui con-
cerne l'imagination, il est fort loin cependant
d'i'^tre le premier venu, et son talent heurté
mais [Hiissant, parfois brutal, mais grandiose,
a|)pelle forcément l'intérêt et s'impose à l'at-
tenkion. Les opéras de M. Rubinstein ont subi
des chances diverses, et sont d'ailleurs très-
inégaux en valeur, non-seulement entre eux,
mais dans leurs diverses parties. On ne peut
nier cependant que Feramors et le Démon
n'aient obtenu des succès très-réels. Ses deux
oratorios, la Tour de Babel et le Paradis
perdu, ont été moins complètement heureux.
Le premier de ces ouvrages a paru à la fois
bien lourd et bien monotone lorsque l'auteur est
venu le faire entendre à Paris en 1875, et Ion
n'y a remarqué que les trois jolis petits clio'urs
des enfants de Cham, deSem et de Japhet. Quant
au second, il- ne semble avoir été accueilli, à
Saint- Pétersbourg, qu'avec un succès relatif. En
ce qui concerne sa musique symphonique, elle
est beaucoup plus prisée en Allemagne qu'en
France, où l'on a reçu avec une certaine froi-
deur la symphonie; l'Océan et le tableau mu-
sical intitulé Ivan IV. Il y a sans doute dans
ces œuvres de grandes qualités de facture, une
science magistrale de l'instrumentation et un
sentiment remarquable des effets d'orchestre,
mais on y voudrait une inspiration plus sou-
ple, plus brillante, et surtout plus généreuse.
Parmi ses compositions pour le piano, il faut
tirer de pair quelques-uns de ses concertos
de piano, particulièrement le cinquième,
qui est une production extrêmement remar-
quable, et que M. Rubinstein exécute avec
une incomparable [maestria. Enfin, si M. Ru-
binstein laisse à désirer, dans sa musique de
chambre, un style moins heurté, moins iné-
gal et moins violent, il a produit un grand
nombre de lieder dont la forme et l'inspiration
sont vraiment originales, particulières et sa-
voureuses.
M. Antoine Rubinstein, qui a rendu de grands
services à l'art musical russe en créant, en
1862, le Conservatoire de Saint-Pétersbourg, et
en imprimant aux concerts philharmoniques de
cette ville une direction excellente, n'a cepen-
dant jamais renoncé complètement à ses voya-
ges artistiques, qui lui ont valu de nombreux
et brillants succès. Il a parcouru plusieurs
fois l'Allemagne, où sa musique est inscrite sur
les programmes de tous les concerts, il a visité
la Belgique en 18GG, est venu à Paris en 18C8,
1870 et 1875, et s'est fait entendre de nouveau,
en 1878, à Bruxelles, où il a remporté de vé-
ritables triomphes. En somme, qu'on le con-
sidère comme virtuose ou comme composi-
teur, M. Rubinstein est un artiste incomplet
sans doute, profondément inégal, mais prodi-
gieusement doué, d'une valeur véritablement
exceptionnelle, et qui a fait assez pour que son
nom tienne désormais une place toujours hono-
rable, parfois brillante, dans l'histoire de l'art
musical.
Voici un catalogue étendu, quoique encore
très-incomplet, des œuvres de M. Antoine Ru-
binstein. — Musique dramatique et oratorio.
Dimitri Donskoï, opéra en 3 actes, Saint-Péters-
bourg, 1832; Tom le fou; les Enfants des
Landes, Vienne, i86l; Feramors, Dresde, théâ-
tre royal, 22 février 1863; le Démon, opéra
« religieux » en 3 actes, Saint-Pétersbourg, 25
janvier 1875; les Macchabées, Berlin, 17 avril
1875; Néron; la Venr/eance ^ un acie (non re-
présenté); les Sept Chasseurs sibériens (non
représenté) ; la Tour de Babel, oratorio, exécuté
au festival rhénan de Dusseldorf, en 1872; le
Paradis perdu, oratorio, Saint-Pétersbourg,
17 décembre 1876. — Musique symphonique.
L'Océan, symphonie; Symphonie dramatique;
2 Symphonies; Ivan IV, composition caracté-
ristique pour orchestre, op. 79 ; Don Quichotte,
composition caractéristique pour orchestre, op.
87. — Musique vocale. Hécube, air avec ac-
compagnement d'orchestre, op. 92, n° 1 ; Agar
dans le désert, scène dramatique avec accom-
pagnement d'orchestre, op. 92, n" 2; le Lyrique
et le Requiem pour Mignon, vaste composition
écrite sur un texte tiré du Wilhelm Meister de
Gœthe, op. 91; Mélodies Persanes; musique
pour le Faust, de Ga'lhe ; 10 lieder, op. 83;
un très-grand nombre de lieder et mélodies vo-
cales à une ou plusieurs voix. — Musique ins-
trumentale. Sextuor pour instruments à cordes;
Quintette pour piano, deux violons, alto et vio-
loncelle (en so^ mineur); Quintette pour piano,
flûte, clarinette, cor et basson, op. 55 ; Quatuor
pour jiiano, violon, alto et violoncelle (en ut
majeur), op. 66 ; 3 quatuors pour instruments à
cordes, op. 17 ; 2 quatuors pour instruments à
cordes (ioi mineur, mi mineur), op. 9(>; Qua-
tuors pour instruments à cordes, op. 47; 2 Trios
pour piano, violon et violoncelle (fa majeur, sol
inineiu), op. 15; Trio, id. (5/ majeur), op. 52;
Trio, id. (ut mineur), op. 85; 1'* sonate pour
piano et violon (sol majeur), op. 13; T' Sonate,
iii. (la mineur), op. 19; Grand Duo pour piano
et violon sur le Prophète (avec M. Vieuxtemps);
Romance et Caprice pour piano et violon, op. 86 ;
RUBINSTEIN — RUEG
459
Sonate pour piano et alto, op. 49 (arrangée pour
piano et violon par Ferdinand David) ; 2 Sonates
pour piano et violoncelle (ré majeur, sol majeur),
op. 18 et 39 ; Concerto pour violoncelle, avec
accompagnement d'orchestre; 1*"", 2", S"", 4* et
5' Concertos pour piano, avec accompagnement
d'orchestre; Fantaisie pour piano, avec accom-
pagnement d'orchestre, op. 84 ; Sonate pour
piano, op. 89; 4* Sonate pour piano {la mineur),
op. 100; 6 Études, id., dédiées à M""' Marie
Pleyel, op. 23 ; 6 Études, id., dédiées à M™" Clara
Schumann, op. 24; 6 Études, id., op. 81; 2
Grandes Études, id., op. 93; Ondine, étude,
id., op. 1 ; 2 Mélodies, id., op. 3; 2 Fantaisies
sur des chansons populaires russes, op. 2; Ma-
zurka-fantaisie, op. 4; 3 morceaux {Polonaise,
Cracovienne, Mazarke), op. 5; Tarentelle,
op. 6 ; linproniptu-Caprice, op. 7 ; 3 morceaux
{Tinproniptu, Berceuse, Sér&nade), op. 16 ;
Acrostiche, op. 37 ; 5 morceaux {Caprice, Noc-
turne, Scherzo, Romance, Toccaia), op. 69;
3 Morceaux {Nocturne, Mazurke, Scherzo), op.
7\; le Bal, fantaisie en 10 numéros ; Album des
danses populaires des différentes nations, op_
82 ; Thème et Variations, op. 88.
RUBIXSTEIN (NicoL.vs), frère du précé-
dent, est né en 1835 à Moscou. Dès son enfance,
il avait révélé des dispositions remarquables
pour la musique ; à l'âge de sept ans, on com-
mençait à le produire avec son frère dans des
tournées artistiques- en Russie. Toutefois il re-
connaît avoir fait ses études les plus sérieuses à
Berlin ; il s'y perfectionna pour le piano avec
Kullak et apprit la composition avec Dehn,
qui était aussi le maître d'Antoine Rubinstein et
avait aussi réformé l'éducation de Glinka. Après
son retour à Moscou, sa famille l'obligea vaine-
ment d'entrer à l'Université, dans la faculté de
droit : la vocation musicale reprit le dessus. Eu
Russie, il était considéré comme l'égal de son
frère, mais celui-ci ajoutait aux mérites éminents
du virtuose le prestige du compositeur, et décu-
plait sa renommée en faisant des tournées à
travers foute l'Europe et même en Amérique.
Nicolas Rubinstein, au contraire, s'est tellement
voué à l'enseignement qu'il a négligé la compo-
sition, et jusqu'en ces derniers temps il se con-
tentait comme virtuose de l'admiration enthou-
siaste de ses compatriotes.
En 18:^9, c'est-à-dire à vingt-quatre ans, il fonda
la Société musicale russe de Moscou, et il n'a ces-
sé d'en diriger les concerts syraphoniques ; cha-
que année il organise une vingtaine de program
mes, où les maîtres étrangers alternent avec les
nationaux; c'est ainsi, et grâce à lui, que bon
nombre d'œuvres de l'école française contempo-
raine sont populaires à ISIoscou. En outre, Nico-
las Rubinstein va tous les printemps donner des
concerts à Saint-Pétersbourg pendant le carême.
En 1864, il a fondé le Conservatoire de mu-
sique de Moscou, dont il est toujours directeur.
Ce Conservatoire est aussi actif que celui de
Saint-Pétersbourg; les classes de composition et
celles de piano y sont particulièrement fortes.
Ce ne sont pas seulement ses mérites de vir-
tuose et de professeur qui ont fait sa popularité,
mais aussi ses qualités de cœur et d'esprit. Du-
rant la dernière guerre d'Orient, il a donné des
concerts dans trente-trois villes de Russie au
profit des blessés, et a versé des sommes con-
sidérables dans la caisse de la société de la Croix-
Rouge.
Lors de l'Exposition universelle de Paris en
1878, il fut désigné pour venir organiser trois
concerts russes au palais du Trocadéro, et il se fit
enfin apprécier du public cosmopolite comme pia-
niste et comme chef d'orchestre. On connaît les
programmes de ses trois concerts nationaux
russes, et l'on sait que le succès en fut si grand
qu'il fallut donner une quatrième séance.
G. B.
RUBIO (Jaci-nto), est l'auteur d'un Traité de
transposition publié sous ce titre : Observa-
ciones y reglas sobre el trasporte mitsical,
Mexico, I8.j6.
RUBIO (Angel), musicien espagnol contem-
porain, a fait représenter au théâtre Apolo, de Ma-
drid , au mois de mars 1879, une zarzuela en
un acte intitulée la Salsa de Aniceta.
* RUDERSDORFF (Joseph), violoniste,
né à Amsterdam, est mort à Kœnigsberg au
mois de mars 186G.
RUDORFF (Ernest), compositeur alle-
mand, s'est fait connaître récemment par la
publication de quelques œuvres, entre autres :
Ouverture sur le conte de Ludwig Tieck : Ehbert
le blond, op. 8; Audante, scherzo et finale pour
orchestre, op. 15; Sérénade pour orchestre, op.
20 ; Variations pour orchestre sur un thème
original, op. 24; etc.
RUEG (Benedict), musicien suisse, né à
Uznach, près du lac de Zurich, vivait à la fin
du dix-septième siècle et au commencement du
dix-huitième. Il fut maître de chapelle du cou-
vent de Wettingen, près de Bade (Argovie), et
publia plusieurs ouvrages parmi lesquels on
cite surtout le suivant : Corona Mariana stel-
larum duodecim, seu totidem Salve Regina :
3 Vocibiis, 2 violinis et 2 clarinis necessariis :
5 ripien-vero, et 3 violis ad libitum una cum
duplici Basso continuo ; compilata a R. P. F.
Benedicto Rueg, celeberrimi Monast. B. V. de
460
RUEG - RUFER
M mis niella Musicx Pr.vfccio ac. Philos.
Viof. orilni. 0|». Il, 1703.
ItIJKLLK (Chaki.es-E^iii.k), liellénisie flis-
lin^ue, a qui ses connaissances musicales ont
pfiiinis Je lioler notre lilléraluie spéciale de
travaux intéressants, est né à Paris le 24 oclo-
liic 18:53. .\llatljé au niinislère de l'Instruction
|)nhli(iue (division des sciences et lettres) en
l.S.)i), il devenait à la môme époque le secrétaire
de .J.-.\.-H. Vincent [Voy. ce nom), qu'il aida
constamment de son intelligence et de son dé-
vouement dans ses laborieuses recherches sur
l'art musical des Grecs, et c'est sous les yeux
de ce savant que M. Ruelle entre|)rit la traduc-
ti')n des Éléments harmoniques rl'Aristoxène,
traikulion qui manquait à la France. La mort
suiprit le maître avant que son disciple n'eût
achevé son œuvre, mais celle-ci n'en fut pas
moins menée à bonne (in, et la traduction de
M. Ruelle tut publiée sous ce titre : Eléments
harmoniques crArisloxene, truduils en fran-
rais-pour la première fois, d'après un texte
rch-a sur. les sept manuscrits de la Bibliothè-
que impériale et sur celui de Strasbourg, par
Cil. -Km). Ruelle (Paris, Pottier de Lalaine, 1870,
in-8"). Dans un avertissement plein d'inlérêt, le
traducteur fait une sorte d'historique de la vie
il'Aristoxène et de ses écrits, et le texte de son
auteur est élucidé par lui à l'aide de notes nom-
breuses et savantes. Le travail de M. Ruelle a
été couronné par l'Association pour l'enseigne-
ment de-i études grecques.
En I87i, M. Ruelle publiait l'opuscule sui-
vant, qui avait été inséré daboid dans les
Comptes-Rendus de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres : ISolices et variantes d'un
manuscrit grec relatif à la musique qui a
pvri pendant le bombardement de Strasbourg
(Paris, Donnaud, 1871, in-8" de 4 pp.); puis,
ajant été charj^é par le gouvernement français,
au mois d'octobre de la même année, d'une mis-
sion qui avait pour but la recherche, dans les
bibliothèques de l'p]spagne, des manuscrits grecs
contenant des textes inédits relatifs à la nuisique,
il rapporta de son voya;;e les éléments des deux
publications suivantes : 1" Etudes sur l'ancienne
musique grecque. Rapports à M. le ministre
de l'Instruction publique sur une mission
littéraire en Espagne (Paris, Impr. nationale,
187Ô, in-8°); 2° Traduction de quelques textes
grecs inédits, recueillis à Madrid et à l'Es-
curial : lettres de Psellus, fragments ano-
nymes sur ta musique et sur l'accentuation
grecque, table des chapitres du Dynaméron
du médecin Elius Promolus (Paris, Duran I,
1875, in-S").
Outre ces travaux dont l'inlérôt et l'utilité
n'ont pas besoin d'être démontrés, M. Ruelle a
publie, sur les questions spéciales qui l'intéres-
sent en ce qui concerne la musique, un assez
grand nombre d'articles dans l'Univers musical,
la Revue et Gazette musicale, le Bibliographe
musical et la Revue archéologique.
RUELLE (Jules), écrivain français, colla-
borateur du Monde artiste et de \'Arl musical,
ancien rédacteur du Messager des théâtres, a
été secrétaire du Ïhéàtie-Lyrique et de celui
de l'Athénée. Il e.st l'auteur d'une brochure
anonyme publiée sous ce titre ; la Musique et
le théâtre en 1871 (Paris, impr. Renou et
Maulde, juin 1871, in-4") ; celte brochure, écrite
à l'instigation de M. Maitinet, alors directeur du
Théâtre-Lyrique, qui venait d'êlre incendié pen-
dant les événements de la Commune, était un
plaidoyer en faveur de ce théâtre, auquel l'As-
semblée nationale semblait dis|)0sée à retirer sa
subvention ; elle ne fut point mise dans le com-
merce, mais seulement distribuée aux membies
de l'Assemblée et aux journalistes spéciaux.
Lorsque M. Martinet eut rouvert, à ses risques
et périls, le Tliéàtre-Lyrique dans la petite salle
de l'Athénée, et qu'il y eut fait de mauvaises
affiiires, M. Ruelle lui succéda comme directeur.
Il ne fut pas plus heureux, malgré l'activité qu'il
déploya et les services qu'il rendit pendant sa
courte administration.
RU F (S ), écrivain allemand, auteur de
plusieurs ouvrages philosophiques et scienlili-
ques, s'était pris de passion pour la vie et les
travaux habiles du fameux luthier tyrolien Jacob
Stainer. Il lui a consacré une notice biografthique
qu'il a publiée sous ce titre : le Fabricant de
violons Jacob stainer. Ruf est mort à Hall
(Tyrol), le 11 avril 1877, à l'âge de soixante-
quinze ans.
RÙrER (PHiLir'PE-BvRTHOLOMÉ), pianiste et
compositeur, fds d'un pianiste et organiste alle-
mand né en 1810 et qui .s'établ'it à Liège en
1830, naquit en cette ville le 7 juin 1844. Il lit
ses études musicales au Conservatoire de Liège,
où il obtint en 1865 le premier prix de fugue,
après s'être vu décerner, l'année précédente, la
méiiaille de vermeil dans les classes de piano
et d'orgue. Il prit part ensuite (186>>) au concours
de Rome, où il obtint une mention honorable
avec sa cantate ta Fille de Jephté, et concourut
une seconde fois sans résultat. Devenu répéti-
teur de piano dans l'établissement dont il avait
été l'élève, M. Rùfer accepta en 1867 la situation
de maître de chapelle à Kssen, sur le Rhin, où il
se fit remarquer dans la direction des concerts,
puis, en 1871 , alla se fixer à Berlin, où il occupa
RUFER — RUGGI
461
pendant quelque temps la place de professeur
de piano au Conservatoire-Stern.
Comme compositeur, M. Rùfer s'est fait con-
naître par la publication de diverses œuvres qui
ne manquent ni de style, ni de distinction, et
dont voici une liste étendue : Sonate pour piano
et violon, op. I; 4 lieder avec piano, op. 2;
3 /ieder sur des paroles de Gd'tlie, op. 3; 3 lie-
der, op. 4; Ouverture de concert, à j^rand or-
chestre, op. j; 4 lieder, op. 6; 3 Clnrurs pour
voix d"liommes, op. 7 ; 3 Suites pour violoncelle,
avec acconiiiagnenifnt de piano, op. 8 ; 3 lieder,
o;i. 9; 3 Morceaux de piano à 4 mains, op. lO;
3 lieder, op. Il ; 4 lieder, op. 12 ; 3 Suites p ur
violoncelle, avec piano, op. 13; Morceauv de
fantaisie, pour piano, op. 14 ; 3 Chœurs, op. lô ;
Sonate pour orgue, op. 16; 3 lieder, op. 17;
Chanson de Mai, à 3 voix, op. 18; 3 lieder,
op. 19 : Quatuor en ré mineur, pour 2 violons,
alto et violoncelle, op. 20; Tarentelle pour
piano, op. 21; 4 Morceauv pour piano, op. 22;
Symphonie en fa majeur, pour otchesire, op.
23; Scherzo, op. 24; Ouverture de concert,
op. 29; Ouverture dramatique.
M. Riifer s'est fait une situation fort hono-
rable à Berlin, on il est très-cons'déré à la fois
comme professeur et comme compositeur.
* KUFFO (Vincent), compositeur italien du
seizième siècle. — A la liste des nombreux ouvra-
ges de cet artiste, il faut ajouter -. Il primo lihro
di Madrigali cromatici à 4 voci, con la givnla
di alquanti madrigali del mcdesimo autore,
noiatnente con ogni diligentia ristampato et
correftn. Venezia, Antonio Gardane, 1552.
* RUGGI (Fkançois), compositeur et l'un
des théoriciens les plus renommés de l'école na-
politaine, naquit à Naplesle 21 octobre 1767. Il lit
ses éludes au Conservatoire de la Madone de
Loreto, et y devint l'élève préféré du célèbre
Fenaroii, qui lui enseigna l'harmonie, le contre"
point et la composition. Fort jeune encore, il
écrivit beaucoup et avec talent, car il n'avait (pic
vingt-sept ans lorsqu'il fut l'objet d'un hommage
tel qu'on n'en reçoit guère à cet âge : le 2 fé-
vrier 1795, le conseil des Élus de la ville de Na-
ples lui écrivait, à la suite d'une de ses délibé-
rations : — X Vous avez donné les preuves dune
« si grande habileté dans les œuvres que vous
« avez fait connaître dans cette capitale au mi-
« lieu d'applaudissements universels, que leurs
« Excellences ont résolu de vous nommer mai-
« tre de chapelle extraordinaire de cette ville
« très fidèle...»
Dès cette époque, Ruggi arait lieureusement
abordé le théâtre en fai.sant représenter à >ia-
ples, avec succès, deuxopéras sérieux intitulé^ là
Félicita compila et l'Ombra di Aine. En 1796,
il donnait à Milan un opéra .«emisérieux en 2
actes, la Guerra aperta, qui fut moins favo-
rablement accueilli, et un autre ouvrage boulfe,
Sof'fi. Trippone. On assure que ce dernier conte-
nait des allusions politi(pies qui se firent jour à la
scène, mais qui lui avaient été tenues secrètes;
il en conçut un tel dépit que jamais plus il ne
voulut travailler pour le théâtre. A j>arlirdece
jour, en effet, il ne s'exerça plus absolimienl (pie
dans la musique sacrée, où d'ailleurs il ht preuve
d'une rare fécondité; décrivit surtout iinnonjbre
d'œu vies considérable pour le couvent de Regiiia
Cœli, dont il était le maître de chapelle. H s'a-
donna aussi à l'enseignement du chant , dans letpiei
il était fort habile, et devint le professeur des
lilles de Murât, lorsque celui-ci eut été fait roi
de Naples. En 1823, à la mort de Giacomo Trit-
to, Ruggi fut nommé professeur de conlre-[u) nt
et de composition au Conservatoire, et la, dans
l'espace de vingt ans, il forma un grand nombre
d'excellents élèves et acquit la réputation d'un
théoricien de premier ordre. Cet artiste ns c'c-
table et distingué mourut à Naples, le 23 janxicr
1845, à l'âge de soixanle-dix-sept ans. Élève de
Fenaroii, dont il ne cessa de propager les sid-
nes doctrines, lié d'une vive amitié avec Zin-
garelli, auquel il succéda comme membre de
l'Académie des Beaux-Arts de Nafiles, Ruggi lut
le maître de Bellini, de Carafa et d'une foule
d'arti.stes distingués qui professaient pour lui le
|tlus profond respect et lui témoignaient la plus
tendre et la plus sincère affection.
Le nombre des compositions religieuses de
Francesco Ruggi est extréinementconsidérablo, et
je n'en saurais dresser ici un catalogue complet
et détaillé; les plus importantes sont les suivan-
tes : 10 Messes à 2, 3, 4, 5 et 8 voix, avec ac-
compagnement soit d'orgue, soil d'orchestre ; ta
Passion selon saint Jean, oratorio; Tre Ore
di agonia, oratorio ; Giosué al Giordano, ora-
torio ; 2" Te Deuin à 2, 4 ou 5 voix, avec ac-
com(iagnement d'orgue, ou de petit ou de grand
orchestre ; Slabat Mater, à 2 voix avec orgue;
Cantate sacrée à 5 voix avec orchestre; Messe
funèbre à 3 voix avec orgue ; 2 Magnificat
à 3 et 4 voix; Salve Kegina pour 3 voix d'hom-
mes, avec clai inette et violoncelle ; Salve Re-
gina |iour 3 voix de .soprano avec orgue; Salve
Regina pour ténor solo, avec ciiœur et grand
orchestre ; 2 Miserere à 3 et4 voix, avec accom-
pagnement d'instruments à cordes; 4 Christits
et Miserere; entin un grand nombre de motets
divers, à une ou plusieurs voix, avec accompa-
gnement d'orgue, ou de grand orchestre, ou
d'instruments à vent, ou d in>truirents à cordes.
462
RUGGI — RUMMEL
RUC.GI (FKA>r.F.sco), compositeur italien, né
à Naples en 182G, a commencé l'étude de la
musique avec Luij;i Capotorti et Francesco Lan-
zilli, et eut ensuite Pietro Casella pour profes-
seur d'harmonie et de contrepoint. 11 est l'au-
teur des opéras suivants : ï" una Festa dipacse
(3 actes, Naples, théâtre Nuovo,1856) ; 2° i Due
Cifl6««//a (farce en un acte, id.,id., 1860), petit
ouvrage qui obtint un vif succès et qui est tou-
jours au répertoire des scènes napolitaines ;
3" Loretta l'indovina (4 actes, Naples, tliéàtre
Bellini, 1862) ; ^i" ISadilla, o la statua di carne
(5 actes, id., id., 13 janvier 18G8). M. Ruggi
a publié quelques mélodies vocales, et a écrit
aussi de nombreuses œuvres de musique reli-
gieuse.
Un compositeur du nom de Ruggi a donné au
petit théâtre Santa-Radegonda, de Milan (avril
1868), un opéra bouffe en 3 actes, la Donna
romantica, qu'il avait écrit en société avec
trois autres artistes, MM. Buonomo, Campanella
et Valente. Je ne saurais affirmer que c'est le
mAme que celui dont il est ici question, mais
je suis volontiers porté à le croire.
1\ÛHLMANI\ (Adolphe-Jules), pianiste,
virtuose remarquable sur la trompette et écri-
vain musical, né à Dresde le 28 février 1817,
mort en cette ville le 27 octobre 1877, apprit la
théorie de l'art avec Jules Otto, mais, dit-on, se
forma surtout lui-même. Devenu musicien de
chambre à la chapelle royale de Dresde, il fut
l'un des fondateurs de la Réunion des musi-
ciens et devint professeur au Conservatoire, où il
était tout à la fois chargé d'une classe de piano
et du cours d'histoire de la musique. Riihlmann
s'est fait connaître comme écrivain spécial en
prenant part à la rédaction de divers recueils,
particulièrement à celle de la I^ouvelle Gazette
musicale dirigée par Schumann. Il fut lié d'ail-
leurs d'une étroite amitié avec cet artiste,
comme il le fut aussi plus tard avec M. Richard
Wagner, ses principes en matière d'art étant
toujours ceux du parti le plus avancé. Riihlmann
était, au surplus, un homme intelligent et un
véritable artiste.
RUIZ (Glstwe-Raphael), compositeur fran-
çais, né à Nevers (Nièvre) le 6 mars 1840, a été,
au Conservatoire de Paris, l'élève de Leborne
pour la fugue. Ayant pris part au concours de
Rome en 1863, il obtint une mention honorable;
mais les épreuves des années suivantes ne lui
furent pas favorables. Étant parti pour l'Italie,
M. Ruiz voulut se produire en ce pays comme
compositeur, et donna au théâtre de la Fenice, de
Venise, un opéra intitulé Orio Soranzo ; cet ou-
vrage, joué au mois d'avril 1870, subit une
chute complète ot ne put obtenir plus d'une re-
présentation. Après être revenu passer quelque
temps en France, M. Ruiz retourna en Italie, et
écrivit un second ouvrage dramatique, Wallens-
tein, qu'il fit jouer sur le théâtre communal de
Bologne, le 4 décembre 1877, et qui ne fut pas
beaucoup plus heureux que le précédent.
*RUlVlMEL(CnUÉTIEN-FRANÇOIS-LOLIS-FRÉ-
déric-Alexanm'.e), pianiste de premier ordre,
clarinettiste, violoniste, compositeur et chef d'or-
chestre, maître de chapelle du duc de Nassau,
était né à Brichsenstadt, en Bavière, le 27 novem-
bre 17s7. Virtuose hors ligne, il avait obtenu de
très-grands succès sous ce rapport, non-seule-
ment en Allemagne, mais dans les pays étran-
gers, et notamment en Belgique, où il se trou-
vait en 1824. Rummel avait été, à Mannheim,
l'élève du violoniste Ritterel <i'un maître de cha-
pelle nommé Wagner, qui lui donna les leçons
décomposition. Il reçut aussi des conseils de
l'dbbé Vogler. En 1800, après avoir refusé un
brillant engagement, il accepta la place de chef
de musique du 2" régiment d'infanterie de Nas-
sau, avec lequel il lit la campagne d'Espagne,
de 1808 à 1813, sous le roi Joseph. Il se maria
dans ce pays. Fait prisonnier de guerre, il recou-
vra sa liberté en 1814, s'en fut à Wiesbaden, et
termina sa carrière militaire à Waterloo.
Nommé alors professeur de musique dans un
établissement public (pedagogium), Rummel fut
chargé par le duc de Nassau de lui organiser une
chapelle, qu'il dirigea jusqu'à l'époque (1841) où
elle fut dissoute et remplacée par l'orchestre du
théâtre de Wiesbaden. Cette chapelle fut bientôt
l'une des plus renommées de l'Allemagne, tant
à cause du mérite des artistes qui la composaient
que pour l'excellence de son exécution sous la
direction de Rummel.
Rummel, qui se fit entendre avec succès comme
pianiste dans les principales villes de l'Allemagne,
de la Suisse et des Pays-Bas, s'est montré fé-
cond comme compositeur. Il a écrit un nombre
considérable d'œuvres, dont une partie seule-
ment a été gravée, et où l'on remaniue un cours
complet d'éducation pour le piano à l'usage de
la princesse de Nassau, dont il était le professeur.
Sa sonate en fa a été écrite à Vienne, sous les
yeux même de Beethoven, qui portait la plus
vive amitié à Rummel. Parmi les élèves de cet
artiste remarquable, qui est mort à Wiesl)aden
le 13 (et non le 12) février 1849, on cite son fils
Joseph, ses deux filles Joséphine et Francisca,
MM. Josejih et Edouard Gregoir, Vander Does,
StadtIVId, etc.
RUMMKL(M"« Joséphine), fille et élève du
précédent, née à Man/.anarès (Espagne) le 12 mai
RUMMEL — RUSÏIGI
463
1812, devint une pianiste fort distinguée et fut
attachée comme professeur à la cour de Nassau.
Elle est morte en chemin de fer, entre ^Vieshaden
et Mayence, le 19 décembre 1877.
KUMMEL (Joseph), frère de la précédente,
est né à Wiesbaden, le 6 octobre 1818. Élève de
son père, il a été longtemps professeur de piano
à Paris, puis s'est fixé à Londres, où il réside
encore aujourd'hui. M. J. Rummel s'est fait con-
naître par la publication d'un grand nombre de
transcriptions, fantaisies et petits morceaux de
genre, écrits dans les conditions d'une exécution
généralement très-facile et pour la plupart des-
tinés aux enfants. Parmi ces compositions, je
signalerai les suivantes : Perles enfantines,
32 mélodies tirées des opéras les plus célèbres ;
Becréaiions mélodiques, arrangements faciles
et brillants sur les oi)éras de G. Verdi ; les Suc-
cès dramatiques, transcriptions ; 6 Impromp-
tus de salon; Bouquet de înélodies, 8 uwv-
ceaux sur des airs d'opéras; Fleurettes drama-
tiques, 12 récréations mignonnes; Échos des
opéras, 12 fantaisies. Couronne de mélodies,
12 amusements très-faciles sur des airs d'opéras;
8 Mosaïques sur des opéras de Verdi ; fleurs
d'Italie, 8 morceaux ; Bouquets mélodiques,
16 morceaux ; Bonbonnière des pianistes, etc.,
etc. M. Rummel a publié aussi une Méthode
élémentaire de piano.
* RL'MMEL (l-"RA>iciscA), sœur des précé-
dents, née à Wiesbaden le 4 février 1821, fut,
comme eux, élève de son père pour le piano, puis
étudia le chant, d'abord à Paris avec Bordogni,
puis à Milan avec Lamberti. En 1843, elle tenait
l'emploi de première chanteuse au théâtre de
Wiesbaden, puis elle accompagna son père en
Allemagne et en Belgique, où elle donna des con-
certs. Elle épousa le fameux éditeur de musique
Pierre Schott, de Bruxelles, dont elle est veuve
depuis 1873.
IIUMMDÏ (Franz), petit-fils de Chrétien
Rummel et neveu des précédents, est né le 1 1 jan-
vier 1853 à Londres. Son père, établi en cette ville,
lui enseigna les premiers principes de la musi-
que, et l'envoya ensuite à Bruxelles pour suivre
les cours du Conservatoire, où il fut admis dans
la classse de M. Louis Brassin. 11 en sortit en 1872,
et depuis lors s'est lait entendre avec succès en
Angleterre, en France, en Allemagne et en Bel-
gique. Il est aujourd'hui considéré comme un
des meilleurs pianistes de l'école belge. Depuis
1878, il est fixé en Amérique.
* RUi\G (Henri), compositeur danois et pro-
fesseur dédiant, est mort à Copenhague le 13 dé-
cembre 1871, à l'âge de soixante-quatre ans. Il
remplissait les fonctions de maître de chant au
théâtre t'.e cette ville et était directeur du cercle
Cecitia.
*RUOLZ (Henri, vicomte DE).— Auxouvra-
•ges cités au nom de ce compositeur, il faut ajou-
ter : Attendre et courir, opéra-comique en un acte
donné à l'Opéra-Comique en 1830. M. de Ruolz
est aussi l'auteur d'une scène lyrique, Marc/ ue-
rite, qui fut chantée à l'une des séances de la
Société des concerts du Conservatoire, le 19 mars
1837, par la célèbre cantatrice M'"^ Cornélie
Falcon.
Né à Paris le 5 mars 1808, M. de Ruolz a élé
autorisé, en 18j4, à joindre à sou nom celui tie
son aïeul maternel et à s'appeler désormais de
Ruolz-Fontenay (1).
liCSSO (Raphaël).— Un arlitle de ce nom
a fait représenter à l'Opéra-Comique, le 29 no-
vembre 1828, un ouvrage en un acte, intitulé
l'Exil de Rochester.
* UUSSO (MicuELANGELo), pianiste italien
fort remarquable et professeur, s'était, après
de nombreux voyages, fixé à Naples, sa ville na-
tale, et était devenu professeur au Conservatoire,
où il a formé de nombreux et excellents élèves.
Il s'est démis de ces fonctions il y a quelques
années.
RL'STlCl(GnJSEppE),néà Lucques vers 1752,
fut maître de chapelle de l'église primatiale de
Massa-Carrara. Organiste médiocre, cet artiste
s'est fait connaître par un certain nombre de
compositions religieuses, dont il ne reste plus
aujourd'hui aucune trace. De 1782 à 1805, il
écrivit pour les fêtes de sainte Cécile de Luc-
ques quatre services solennels à quatre voix
concertantes, avec accompagnement d'orchestre.
ItUSTlCI (Jacopo), sans doute frère du
précédent, naquit à Lucques vers l7C6, et fut
maître de musique et de piano à l'institut Saint-
Dominique de cette ville, en même temps que
chef des chœurs au théâtre. Il a écrit un certain
nombre de compositions religieuses à 2 et à 4
voix, et un hymne à 4 voix et orchestre exécuté
à la fête de sainte Cécile de 1820. Cet artiste
est mort à Lucques le 6 mars 1827.
RUSTICI (Alessandro), fils du précédent,
né à Lucques le 18 avril 1798, fut élève de l'abbé
Santucci, professeur à l'institut Saint-Domini-
que. On connaît de ce compositeur diverses
pièces religieuses à 2 et à 4 voix, une messe qui
fut exécutée à la fête delà Santa- Croce, et sept
services ecclésiasliques à grand orchestre écrits
par lui, de 1821 à 1850, pour la célébration de
la fête de sainte Cécile. Alessandro Rustici mou-
rut à Lucques le 15 juin 1856.
(1) Voyez Annuaire de la noblesse de France, par M.
Borel d'Hauterive, année 183'», p. 317.
i64
HUSTICI - RUT A
* IIL'STICI (JosK.i'ii), naquit à Lucques en
l,sl3. l.lèvetle Doiiieniro Qiiilici, il devint habile
orj;ai»isl(', excellent aicoinpagnaleiir, et bon pro-
JVsàeiif àe chant et «le piano. Outre l'opéra qu'il
ht représenter à Milan, il écrivit un cprlain
nombre cfe con)positions relij^ieuses : messes,
Tt^pres, motets, etc.; un Miserere à 4 voix avec
orchestre, dont on «lit le plus grand bien, et quel-
ques cantates da caméra. Cet artiste est mort
h IjUcqiies le i noveuibre 185G.
IIUTA (MicnuLE), professeur, compositeur
et musicographe ihilicn, est né à Caserla en 1827.
Son père, Vincen/o lUita, et son aïeul, Michèle
Kula, musiciens l'un et l'autre, avaient fait leurs
éludes au Conservatoire de Xaples, sous la direc-
tion du célèbre théoricien Tenaroli. C'est aussi
dans cet établissement que l'artiste dont il est ici
question, après avoir étudié avec son père et son
grand-père les premiers éléments de l'art, pour-
suivit et termina .son éducation. Il fut élève de
Lanza pour le piano, de Cimarosa fils et de
Crescentini pour le chant, de Gennaro Parisi
pour l'harmonie, enfin de Francesco Ruggi et de
Carlo Conti pour le contre-point et la composition.
Les événements de 1848 vinrent exalter sa jeune
imagination au point de lui faire abandoimfr
furtivement le Conservatoire, pour aller s'enrôler
parmi les volontaires que réunissait la |)rincesse
de Helgiojoso pour la guerre de l'indépendance
italienne. 11 partit donc pour la Lombardie, et
c'est alors qu'il écrivit deux hymnes patriotiques
dont l'un fut publié par l'éditeur Ricordi, de
Milan.
Après le désastre de Novare, il revint à Naples,
oii la prudence lui conseillait de se montrer le
moins possible. Il se condamna donc à une re-
traite momentanée, et c'est dans la solitude qu'il
conçut et écrivit plusieurs ouvrages (iidactiques
dont voici les titres -. Corso compléta di coiii-
posizione (>'aples, Cottrau), Corso compléta di
canto corale (id., Maddaloni), Gram^natica ele-
mentare di viusica (Milan, Ricordi), Brève
Mciododi canto (Naples, Tramater), Atinala-
ziorii ed iltus(razioni\w\ir le traité de Fenaroli
inUMù Régale e Parlimenti (id., Del Monaco .
bans le même temps il publiait, dans la Gazzet-
tn musicale de Naples, une série d'études sous
le litre de Ricordi pei giovani compositori.
Après avoir terminé ces importants travaux,
M. Ruta se livra avec ardeur à la composition.
11 (it représenter en 18.»3 un opéra semi sé-
rieux intitulé Leonilda, et en ISaa il donnait au
théâtre du Fon<io, de Naples, un second ouvrage
dramatique, Diana di Vitnj. Il écrivit ensuite
une grande cantate pour rinauguraliondu théâtre
Piccinni de Rari, (il représenter un troisième
opéra, l'Imprésario per progeito (Naples, th.
.Mercadante, 1873) et publia successivement
six albums de mélodies vocales : Canti d'a-
more, Aurorae (ramonto, Memorie e Sospiri,
lùa délia Campania, Eco de' Monii Tifa-
tnii, et PArpa viia. La musique religieuse
l'attirail aussi, et il composa deux messes à i
voix et orchestre, trois messes alla Palestrina,
deux messes à 3 voix d'hommes avec accompa-
gnement de harpe, harmonium, violons et con-
tre-basse, un Jiequiem a i voix et orchestre,
un Te Deum et plusieurs motets. Enfin, cet ar-
tiste s'est fait, depuis plusieurs années, une sorte
<le spécialité en écrivant des morceaux de chant
pour les drames et comé<lies représentés sur les
théiilres non lyriques de Naples, et pour les re-
vues de fin d'année. On lui doit lu musique
d'un ballet intitulé Imelda. Il a publié aussi des
mélodies à une ou plusieurs voix, et un assez grand
nombre de morceaux de genre pour le piano.
M. Ruta, quia en portefeuille les partitions
de deux opéras qui jusqu'ici n'ont pas été repré-
sentés, Caterina et Marco Bozznri, s'occupe
activement aussi de littérature musicale. Feuille-
toniste spécial d'un journal politique de Naples,
(7 Carrière del mattino, il a fondé et il dirige
une feuille purement artistique, lu Miisica. Il a
publié récemment un petit livre intéressant, don-
né i>ar lui sous ce titre : Storia criiica délie
condizioni délia musica in Italia e del Cau-
ser vatorio di S. l'ietro a Majella di ^apoh
(Naples, Detken et Rocholl, 1877, petit in-8";.
Cet écrit, dont le titre n'est pas sulfisamment
justifié, et qui serait mieux intitulé ; Eludes sur
la réorganisation el la régénération du Con-
servatoire de Naples, n'en est |)as moins foi t
utile, et rempli d'idées pratiques et fécondes,
de vues saines et élevées sur son art ; c'est l'œu-
vre d'un artiste instruit, d'un professeur inlelli-
gent et digne de ce nom. M. Ruta est d'ailleurs
l'un des professeurs du Conservatoire de Naples,
après en avoir été l'un des élèves les plus distin-
gués.
Le nomlire des œuvres publiées par cet artiste
s'élève aujourd'hui à plus de soixante, parmi
lesquelles je mentionnerai encore un recueil de
6 Canti patriotici, le Canzoni del Fausla [i
chan.sons\ un Traltato d'armonia, adopte pour
les classes du Conservatoire de Nnples, divers
morceaux écrits pour la traduction italienne du
drame d'Alexandre Dumas, Don Juan de Ma-
rana, la musique d'une petite revue-opéra : %in
lirano di Hivisla del 1867 (th. du Fondo, 3
janvier 1868), etc.
Ine fille de M. Ruta, M'" Gilda Ruta, élève
de .'OU pèie, el à la (ois pianiste, cantatrice el
RUTTA — HZEWUSKI
465
compositeur, s'est souvent distinguée dans les
concerts et a publié quelques compositions.
* RUTIiVI (Jean-Marc), pianiste et compo-
siteur italien.— A la liste de ses ouvrages drama-
tiques, il faut ajouter les suivants : 1° Ezio, Li-
vourne, 1764 ; 2" l'Olandese in Italia, Flo-
rence, 1705; Z° Zvlisma,¥\o\&nct, illl.
*RUTI\I (Ferdinand), fils du précédent. —
Parmi ses ouvrages dramatiques, je citerai les
trois suivants : i" il Matrimonio per indusiria,
Florence, 1792 ; 2" il Locandiere deliiso, Flo-
rence, 1794 ; 3" la Prova del dramma scrio,
Florence, 1797.
RZE\VUSKI(Wencf.slas, comte), amateur
polonais distingué, est l'un des compositeurs
qui ont mis en musique ksChants historiques de
Niemcewicz. Auteur d'un certain nombre de ro-
mances élégantes, le comte Rzewuski a composé
une messe de Requiem pour la mort du célèbre
Thadée Czacki (1818).
<^*-^s-
BIOGK. UNIV. DES MUSICIENS. — SVPPL. — T. II.
30
* SAlîADIIM (Bernard), compositeur dra-
matique italien, maître de ciiapelle de la cour de
Parme, a écrit les deux ouvrages suivants, qui
n'ont pas été compris; dans la liste de ses œu-
vres : 1° Circe abbandonaia da Ulisse, Parme,
1G9'2: 2" Talestri innamorata di Alessandro
«ifljno, Parme, 1693. L'opéra intitulé i^ Favore
degll Dei n'a pas été représenté à Venise en
1689, mais à Parme en 1690, à l'occasion du
mariage du prince Odoard, (ils aîné du duc de
Parme. Le livret de cet opéra, qui est orné de
quinze gravures, est précédé d'une préface dans
laquelle il est dit que le théâtre de Parme est le
plus maestoso qu'on connaisse, et que la repré-
sentation de l'opéra durera sept heures.
* SABLIÈRES (Je\n DE GRAIVOUIL-
HET, sieur DE), écuyer, intendant de la mu-
sique de Monsieur, duc d'Orléans, frère de
Louis XIV. — J'ai retrouvé les divers noms
de cet artiste dans le livre d'Eudore Soulié : Re-
cherches sur Molière et sur sa famille, où
l'auteur reproduit sa signature, telle qu'il l'avait
apposée comme témoin au mariage de Jean-
Baptiste Auhry et de Geneviève Béjard. J'ai re-
trouvé aussi la trace d'un opéra" inconnu de Sa-
blières, que le Mercure de février 1679 rnenlion-
nait en ces termes : — « Je vous ay parlé dans
nia lettre du dernier mois des réjotiissances par-
ticulières qui se sont faites en divers lieux du
royaume à l'occasion de la paix d'Espagne. On
ne s'est pas contenté à Montpellier d'allumer
des feux, et d'y faire éclater toute la joye que
font paroistre les peuples dans ces sortes de ren-
contres. On y a préparé une manière d'opéra
Irès-agréable, et M. de Sablières, qui en est
l'auteur, en a donné le divertissement pendant la
tenue des États de Languedoc, à Monsieur le
cardinal de Bonzi, qui comme vous sçavez est
président né de ceux qui s'y tiennent, en qualité
d'archevestiuc et de primat de Narbonne. » Le
Mercure donne une ample analyse du poëme de
cet opéra, qui comprenait un prologue et trois
actes, mais il borne là tous ses renseignements,
et ne donne même pas le lllre de l'ouvrage.
* SA ÏJOLÏ (Nicolas), dont les noëls sont
fameux depuis plus de deux siècles el se chantent
encore aujourd'hui dans toute la Provence, na-
quit àMonteuXjdans le diocèse deCarpentras, le
30 janvier loU, et mourut à Avignon le 25 juil-
let 1675. Devenu deuxième bénéficier de Saint-
Pierre, l'église collégiale de cette dernière ville, il
enjfut aussi, |iendant de longues années, le maître
de chapelle et l'organiste, et c'est pendant ce
temps qu'il mit au jour plus de cent noëls, dont
il écrivait les paroles en langue provençale, et
dont, la |)lupart du temps, il composait aussi
la nmsique; ces petits poëmes se font remar-
quer, au double point de vue littéraire et mu-
sical, par une grâce charmante, une naïveté rare
et un heureux sentiment poétique el mélodique,
qualités qui l'ont fait surnommer le troubadour
du dix-septième siècle. » S'il avait pu, a dit
de lui Fortiad'Urban, chanter l'amour, les belles
et les exploits de l'ancienne chevalerie, il aurait
obtenu une place très-distinguée'parmi les pre-
miers poètes de la nation. Ses noëls, qui sont
tout autant d'hymnes, respirent une naïveté tou-
chante et presque sublime. » Un grand nombre
des paroles de Saboly ont été mises en musique
par d'autres compositeurs, et l'on trouve parfois
jusqu'à trois ou quatre airs différents pour un
seul noel ; mais les meilleurs sont toujours ceux
de Saboly lui-même. M. Auguste Boudin a pu-
blié une notice biographique sur Nicolas Saboly.
SxVCCHI (V ), compositeur italien, est
l'auteur d'un drame lyrique, Cleopatra, qui a
été représenté au théâtre Carcano, de Milan, le
23 novembre 1877. Cet ouvrage n'a obtenu au-
cun succès.
* SACCHIIVI (Antoine-M4rie-Gaspard).—
On peut consulter, sur la carrière française de
cet artiste admirable, un livre intéressant de
M. Adolphe Jullien : la Cour et l'Opéra sous
Louis XVI ; Marie-Antoinette et Sacchini ;
Salieri ; Favart et Gluck, Paris, Didier, 1878,
in-12.
A la liste des ouvrages de Sacchini, il faut
ajouter : il Finto Pazzo per amore, « farsa »
à une voix qui fut représentée en 1771 à Poggio a
cojano, propric'té royale sise (très de Florence.
* SAEMAi\I\ (Charles-IIenri), musicien
allemand, naquit à Kœnigsberg le 30 seplem-
hre 1790, et mourut en cette ville le 29 jan-
vier 1860.
SAETTA (ViNCENzo), pianiste, compositeur
et professeur, né à Naples en 1836, a étudié la
théorie de l'art avec le haron Slalfa et avec Mer-
cadante. Dès l'âge de dix-neuf ans, il se livra â
SAETTA — SAINT-CHRISTOPHE
467
la carrière de l'enseignement, fil paraître un
premier ouvrage théorique, puis une Méthode
complète de piano pratico-théorico-normale,
et publia enfin un ouvrage qui porte ce titre :
la Scienza esletica, traitato di Armonologia
(?) e Prescrizione del gusto per divenire vero
compositore filosofo e pratico.
SAIIX D'AROD (Prosper), compositeur de
musique religieuse, né à Vienne (Isère) en 1814,
étudia la composition avec Paër et Halévy. En
1841, il remportait le grand prix unique d'un
concours ouvert dans tous les pays catholiques,
parla Société de Sainte-Cécile, de Rome, pour la
composition d'une messe solennelle avec sali,
chœurs, orgue et orchestre, à l'occasion des so-
lennités de la canonisation de saint Alphonse de
Liguori. Son œuvre l'emportait sur celles pré-
sentées par Benoist, Dietsch, Lefébure-Wély,
Niedermeyer, etc., et elle était exécutée sous sa
direction , en l'église Saint-Louis-des-Français,
dans une cérémonie magnifique présidée par le
pape en personne.
Après avoir essayé, de concert avec Danjou,
de reconstituer l'ancienne école de Choron, dis-
parue depuis plusieurs années, M. Sain d'Arod
prenait part en 1852, en compagnie du prince de
la Moskowa, de Danjou, de Dielsch et de Nie-
dermeyer, à la fondation de l'École de musique
religieuse dont ce dernier devint le directeur et
qui est aujourd'hui confiée à un de ses gendres,
M. Lefèvre [Voy. ce nom). Il voyagea ensuite
en Italie, puis, à son retour en France, créa une
quinzaine de maîtrises dans diverses grandes
églises de province. En 1860, lors des fêtes or-
ganisées à Paris pour la rentrée de l'armée d'Ita-
lie, il fit exécuter à Notre-Dame un Te Deiim
solennel, et peu après parcourut les grandes
villes des départements en donnant des audi-
tions de sa grande messe de Rome, auditions
dont le produit total, qui ne s'éleva pas à moins
de 80,000 francs, fut généreusement abandonné
par lui à diverses bonnes œuvres. C'est à ce
propos qu'il fut, par le souverain pontife, élevé
à la dignité de commandeur de l'ordre de Saint-
Grégoire- le-Grand et nommé maître de chapelle
ad honorem. Devenu maître de chapelle à
l'église Sainl-Sulpice, de Paris, M. Sain d'Arod
s'est dérais de cet emploi au mois de novembre
1867, et depuis lors il a été nommé inspecteur
des maîtrises de province.
Outre sa Messe de Borne, qui est considérée
comme une œuvre d'une rare valeur et d'une
grande inspiration, M. Sain d'Arod a publié les
compositions suivantes : 1° Répertoire à l'usage
du chœur et du séminaire de Saini-Sulpice,
recueil de 60 motets, Paris, Repos, 2 vol. in-S";
2 Messe à 4 voix d'hommes et orgue, dédiée à
Meyerbeer, Paris, Régnier-Canaux ; 3 ' Messe de
charité, pour soprani, ténor.s, barytons et bas-
ses, Paris, Meissonnier; 4° Te Deum militaire,
à 4 parties et à grande symphonie, Paris, Be-
noist; 5" Te Deum en contre-point à 4 parties,
sur le chant de la liturgie, Paris, Repos ; 6« Li-
tanies, id., id.; 7° Regina cœli, pour ténor et
basse, avec orgue, Turin, Magrini ; 8° Ave Ma»
riakZ voix, avec orgue, Turin, Giudici etStra-
da; 9° Tantum ergo à 3 voix, avec orgue,
Paris, Pégiel; 10° 0 Salutaris, Paris, Richault;
1 1"' la Création, ode-oratorio, Paris, Schonem-
berger; 12° la Fin des temps, ode-oratorio,
Bruxelles, Katto; 13° Trio pour piano, violon et
violoncelle, Paris, Richault ; 14° Ode à la mé-
moire de Ponsard; 15° Quelques mélodies vo-
cales.
De 1864 à 1870, M. Sain d'Arod a donné au
Moniteur universel quelques articles de cri-
tique musicale d'un faible intérêt.
* SAL\T-AMAIXS (Louis-Joseph). — A la
liste des ouvrages dramatiques de cet artiste, il
faut joindre les deux suivants : Vlsle déserte,
opéra-comique en 2 actes, donné au théâtre des
Jeunes-Artistes, 1801; la Fée Urgèle, remise en
musique, et représentée à Brest en 1803. Oa
trouve aux Archives de l'Opéra, à Paris, la par-
tition autographe d'Oroës, tragédie lyrique en
5 actes de Saint-Amans, qui avait sans doute été
reçue à ce théâtre, mais qui n'y fut jamais re-
présentée.
* SAlI\T-AUBIi\ (Alexandrine). — Cette
chanteuse remarquable, qui en 1812 avait épousé
Joly, acteur du Vaudeville, et qui s'était retirée
du théâtre en 1817, devint veuve quelques an-
nées après. Elle se remaria plus tard avec un
riche marchand de bois de Nevers, nommé Ou-
daille, auquel elle survécut aussi. Elle est morte
à Saint-Saulge (Nièvre), au mois d'avril 1867.
SAINT-CHRISTOPHE (Mademoiselle),
cantatrice du dix-septième siècle, se fit d'abord
remarquer, en compagnie de M'"^» Hilaire, la
Barre, Raymond et des deux sœurs de Serca-
manan, dans les récits des ballets et divertisse-
ments qui se jouaient à la cour et chez les grands
seigneurs, et se distingua surtout dans le Ballet
des Arts, qui fut représenté à Vincennes le
8 janvier 1663. Elle faisait partie delà musique
du roi. Engagée par Lully à la fin de 1674, elle
débuta à l'Opéra le 11 janvier 1675, jour de la
première représentation de Thésée, dans lequel
elle jouait le rôle de Médée. Sa voix était su-
perbe, son physiqae plein de nol)Iesse, et elle
joignait à ces dons naturels le goût et le senti-
ment de la scène. Aussi Lully n'hésita-t-il pas à
4G8
SAINT-CHRISTOPHE — SAINT-JULIEN
lui eonfier le rôle capital de cet ouvrage, dont
elle s'acciuilta à la satisfaction générale. Elle
joua successivement Cybèle dans A>ys, Junon
dans Isis, la Reine dans Psyché, Sténobée dans
Belleroplion, Cérès dans J'roserpiue, la Nuit
dans le Triomphe de V Amour, et enlin Cas-
siope dans Persée. Après avoir créé ce dernier
rôle, et à la suite d'un séjour de sept ans en-
viron à l'Opéra, elle demanda son congé (1682),
l'obtint, et se relira dans un couvent, où elle
prit Je voile au bout de peu de temps. Dans leur
Histoire rfe /'Opéra, restée jusqu'ici manuscrite,
les frères Parfait disent que « mademoiselle de
Saint-Cbristophe étoit grande. Lien faite, belle
et vertueuse. »
SAIMT-DIDIER (M""' la comtesse de),
compositeur amateur, a écrit, sur des (wrolesdu
comte de Lagarde-Messener, la musique d'une
cantate intitulée : Il est rendu, » chant royal, «
qui fut chantée par Huet, à i'Opéra-Comique,
le 30 septembre 1820.
* SAIIXT-ÉVREMOXD (Charles-Mau-
GLETEL DE SAiisT-DENis,seigneur DE).— Parmi les
œuvres littéraires de cet écrivain c^ui touchent
à la musique, il est nécessaire de citer les Opéra
(sic), comédie en cinq actes et eu prose avec
des divertissements, qui, je crois, ne fut jamais
représentée. Cet ouvrage est d'autant plus inté-
ressant qu'il est le seul, à notre connaissance,
où il soit fait une critique raisonnée du talent
de Cambeit, le grand arliste à qui nous devons
les premiers opéras représentés en France, la
Pastorale, Pomone, les Peines et les plaisirs
de Vamour. Au second acte de cette comédie,
un des personnages, M. Guillaut, s'exprime ainsi
au sujet de ce grand musicien, en parlant de son
Ariane, qui ne fut jamais jouée -. — « La poésie
fut pareille à celle de Pomone, pour élre du
même auteur, et la musique fut le chef-d'opuvre
de Cambert. J'ose dire que les plaintes d'Ariane,
et quelques autres endroits de la pièce, ne cè-
dent presque en rien à ce que Baptiste (Lully) a
fait de plus beau. Cambert a eu cet avantage
dans ses opéras, que le récitatif ordinaire n'en-
nuyoit pas, pour être composé avec plus de soin
que les airs mêmes, et varié avec le plus grand
art du monde. A la vérité, Cambert n'entroit
pas assi'Z dans le sens des vers, et il manquoit
souvent à la véritable expression du chant, parce
qu'il n'enlendoit pas bien celle des paroles. Il
aiinoit les paroles qui n'cxprimoient rien, pour
n'être assujetti à aucune expression, et avoir la
liberté de faire des airs purement à sa fantaisie.
ISanette, Brunelte, Feuillage, Bocage, Ber-
gère, Fougère, Oiseaux et Hameaux, lou-
cboioiit particulièrement .«ion pénie. S'il falioit
tomber dans les passions, il en vouloit de ces
violentes, qui se font sentir à tout le monde. A
moins que la passion n.e fût extrême, il ne s'ea
appercevoit pas. Les sentimens tendres et dé-
licats lui echappoient. L'ennui, la tristesse, la
langueur, avoient quelque chose de trop secret
et de trop délicat pour lui. il ne connoissoit la
douleur que par les cris, l'altliction que par les
larmes. Ce qu'il y a de douloureux et de plain-
tif ne lui étoit pas connu.... 11 avoit un des plus
beaux génies du monde pour la musique; te plus
entendu et le plus naturel : il lui falioit quel-
qu'un de plus intelligent que lui, pour la direc-
tion de son génie. J'ajouterai une instruction
qui pourra servir à tous les savans en quel-
que matière que ce puisse être : c'est de re-
chercher le commerce des honnêtes gens de
la cour, autant que Cambert l'a évité. Le bon
goût se forme avec eux : la science peut s'ac-
quérir avec les savans de profession ; le boa
usage de la science ne s'acquiert que dans le
monde. «
Saint-Évremond parlait évidemment par la
bouche d'un de ses personnages. Ce jugement
n'en a que plus de prix, étant celui d'un con-
temporain de Cambert, et le seul qui nous soit
resté au sujet de cet arliste célèbre.
-^ SAli\T-GE01\GES(Le chevalier de). —
Aux quelques opéras écrits par ce virtuose célè-
bre, il faut joindre /e Marchand de marrons,
opéra-comique en 2 actes, donné au théâtre Beau-
jolais en 1788. Un écrivain français, Roger de
Beauvoir, a publié sous ce titre : le Chevalier
de Saint-Georges, un roman dans lequel il a mis
cet artiste en scène, en abusant un peu trop de
ses facultés d'imagination.
SAIAT-IIILAIHE. — Voyez QUEUX
DE SAI\T-HILAIRE (Le marquis DE).
SAli\T-JULIE\ (CLÉMEiXCEAU
DE), compositeur amateur, reçut des leçons de
composition d'Adolphe Adam, et lut en diverses
occasions son collaborateur. Il écrivit avec son
maître une messe à 3 voix qui fut exécutée
dans diverses églises de Paris, ainsi que la mu-
sique d'un grand ballet en 3 actes et un pro-
logue, la Filleule des Fées, dont la représen-
tation eut lieu à l'Opéra le 8 octobre 1849. Pré-
cédemment, M. de Saint-Julien avait composé
un opéra-comique en un acte, la séraphina,
qu'Adam avait reçu à l'Opéra national alors
qu'il était directeur de ce Ihéiiiro; celui-ci
ayant disparu à la suite des événements de
1848, l'auteur porta son;ouvrage à I'Opéra-
Comique, où, malgré la protection de son maître,
il eut la i)lus glande peine à le faire jouer. On le
mitjipourtant en répétitions, mais on le trouva
SAINT-JULIEN — SAINT-SAENS
469
•trop court et on lui fit ajouter un acte-, puis,
après l'avoir étudié de nouveau sous cette nou-
velle forme, on le trouva trop long, et l'on
supprima l'acle ajouté. Enlin, après mille vicis-
situdes, la Seraphina fut rei)résentée, sans
grand succès, le 17 août 1851, avec M. Audran,
Sainte- Foy et M"" Leinaire comme interprètes.
Depuis lors, le compositeur n'a plus fait parler
de lui.
Peniiant une absence de quelques semaines
d'Adam (mars 1851), M. de Saint-Julien rédi-
gea à sa place le feuilleton musical du journal
l'Assemblée nationale. Il a publié, en 1847,
un album de romances.
SAIJXT- LÉON (Charles-Victor-Arthdr),
danseur, cliorégraphe, violoniste et compositeur,
naquit en 1815 selon les uns, selon d'autres le
17 avril 1817, et enfin à Paris en 1821, s'il faut
en croire la notice donnée sur lui par M. Th. de
Lajarle dans son Catalogue de la bibliothèque
de VOpéra. C'est à M. de Lajarte que j'emprun-
terai, d'ailleurs, les renseignements suivants
sur cet artiste, dont le vrai nom de famille
aurait été Michel : — « Son père était maî-
tre de ballets du théâtre royal de Stuttgart et
lui donna les premiers enseignements de son
art. Saint-Léon commença de bonne heure sa
double carrière de danseur et de violoniste,
puisque dès l'âge de quatorze ans il se faisait
entendre dans les concerts et dansait, pour ses
débuts, sur le' théâtre de Munich, dans un
ballet écrit par Pentenrieder. A partir de 1838,
Saint-Léon ne s'arrête plus dans sa vie de voya-
ges et de succès, dansant des pas et jouant des
concertos de sa composition, tantôt à Bruxelles,
en Autriche, en Italie (1843), où il donne pour
!a première fois, avec M'" Fanny Cerrito, son
ballet de la Vivandière et le Postillon, puis
en Angleterre, en Hongrie. Saint-Léon débute
à Paris (octobre 1847), dans la Fille de marbre,
avec sa femme. M"' Fanny Cerrito-Saint-Léon ;
puis il recommence ses voyages pour revenir
l'année suivante à Paris se faire applaudir
dans le Violon du Diable (1849), qui avait été
Joué en Italie sous le litre de Tartini le vio-
loniste.Le Portugal et l'Espagne l'applaudissent
bientôt après, à leur tour. La plus belle partie
de la carrière de Saint-Léon s'est écoulée en
Russie, à Saint-Pétersbourg et à Moscou, où il
allait chaque année et où il faisait représenter
des ballets d'action tenant tout le spectacle,
qui font le bonheur du public russe et qui
ne .«ont usités qu'en Russie. «
Saint-Léon avait épousé en Italie M"' Cerrito,
qui était l'une des plus admirables danseuses de
son temps. Lorsqu'il fut engagé avec elle h
l'Opéra, il traça, pour ce tliéâtre, les scénarios
des ballets suivants : la Fille de marbre (1847),
la Vivandière (1848), le Violon du Diable
(1849), où il se produisait tout à la fois comme
chorégraphe, comme danseur, comme violoniste
et comme compositeur des morceaux qu'il exé-
cutait, Stella ou les Contrebandiers (1850),
et Pâquerette (1851). En 1853, Saint-Léon se
montrait au Théâtre-Lyrique dans deux opéras-
ballets où il dé|iloyait les mêmes talents : le
Lutin de la vallée (22 janvier), et le Danseur
du roi (22 octobre); on assure qu'il avait une
part importante dans la musique de ces detix
ouvrages, dont le compositeur Eugène Gautier
avait écrit l'autre partie. Plus lard, à la suite
de nouveaux voyages, Saint-Léon, qui avait per-
sonnellement renoncé à la danse, fit encore, soit
seul, soit en collaboration, les scénarios de quel-
ques ballets représentés à l'Opéra : Diavolina
(1863), IS'éméu ou l'Amour vengé (1864), la
Source (186C), Coppéiia ou la Fille aux ijeux
d'émail. Cet excellent artiste, qui était un
esprit aussi cultivé que distingué et un par-
fait honnête homme, était en Allemagne lors-
qu'éclata la guerre [de 1870-71; il s'enipreisa
de revenir à Paris, et mourut en cette ville
le 2 décembre 1870.
« M. Saint-Léon, disaii Castil-Blaze dans son
Académie impériale de musique, possède un
très-beau talent sur le violon; les difficultés
qu'il exécute sont diabaliques et parfaitement
adaptées à la situation. Les chants de son ar-
chet auraient toute la séduction, l'élégance qui
doivent charmer rorcille et le cœur, s'ils ne
laissaient à désirer à l'égard de la qualité du
son. » Ce qui est certain, c'est qu'uniquement
considéré au point de vue du virtuose, Saint-
Léon remporta des succès éclatants et répétés,
* SAI\T-SAËXS (Ckakles-Camille), pia-
niste, organiste et compo.-iteur français, a con-
quis en France et à l'étranger, tant comme vir-
tuose que comme compositeur, une grande
notoriété, quoique la nature de son talent, d'ail-
leurs incontestable sous de certains rapports,
n'ait pas été sans susciter de vives critiques.
Musicien laborieux et d'une instruction aussi
solide qu'étendue, exécutant très-remarquable
au point de vue du mécani.smc et de la virtuosité
pure, compositeur fécond et d'une étonnante
habileté technique, M. Saint- Saëns manque mal-
heureusement, à tous égards, de poésie, de
chaleur d'âme et de spont.anéité; ses œuvres,
comme son jeu, pèchent par l'inspiration, par la
tendresse, par le charme, et l'artiste, s'il étonne
souvent par la puissance, par l'habileté, par
une expérience indiscutable, par une science
470
SAINT-SAENS
prodigieuse de l'effet et de la couleur, n'émeut
en aucun cas et ne transporte jamais l'âme dans
les sereines et pures régions de l'idéal entrevu
par les pocles. Son esprit sec, son jeu nerveux,
son tempérament glacé, laissent sans cesse à
désirer ce je ne sais quoi qui repose l'âme, ré-
chauffe le cœur et fait monter les larmes aux
yeu\. Aussi M. Saint-Saëns n'a-t-ii cessé jus-
qu'à ce jour d'être discuté avec âpreté, et ses
compositions, parfois favorablement accueillies
par les uns, ont-elles amené de la part des autres
une critique sévère et généralement raisonnée.
C'est ainsi que, dans un article de la Revue et
Gazette musicale de Paris (22 mars 1863),
M. Adolphe Botte, ayant à apprécier quelques
compositions nouvelles du jeune artiste, s'expri-
mait en ces termes : — » Il y a toujours Infini-
ment de talent dans les ouvrages de M. Saint-
Saëns ; mais tantôt, comme dans cette symphonie
(en ré), le style fugué, une concision exagérée,
une instrumentation un peu vide (et où est pro-
diguée celte puérile antithèse de la flûte et du
hautbois, dialoguant avec la masse des instru-
ments), ne laissent que trop voir la pauvreté de
l'invention première; tantôt, comme dans son
concerto de violon, des développements trop
longs, des harmonies plus correctes que belles,
enlèvent toute proportion à l'œuvre et cachent
complètement l'idée mélodique. Mais, dira-t-on,
y a-t-il des idées mélodiques dans la musique de
M. Saint-Saëns? Oui, il y en a ; pas en profusion
assurément, mais enfin, dans ses concertos, par
exemple, on en trouve. Malheureusement, avec
sa crainte d'être commun, son amour du détail
et de la couleur, l'auteur précipite bientôt ses
thèmes dans un tlot d'imitations, de canons, où
ils disparaissent tout à fait, pressés et étouffés
sous une forme qui manque d'air et de naturel,
sous une harmonie trop serrée, sous un réseau
de dissonances, de cadences évitées, qui fait
perdre de vue la tonalité et qui déroute l'oreille.
Cette monotonie des surprises et des coquetteries
ne vaut pas mieux que l'autre. En somme, tous
ceux qui connaissent les diificultés du style
symphonique, accordent largement à M. Saint-
Saëns presque tous les genres de mérite que
donne l'étude ; quant à la grâce et à l'abondance
mélodique, c'est tout autre chose. »
D'autre part, et plus récemment, M. Adolphe
Jullien, dans le journal le Français (juin 1872),
parlait en ces termes de M. Saint-Saëns et de
ses «ruvres : — " J'ai entendu (juanfité de mor-
ceaux de M. Saint-Saëns : symphonies, quatuors,
concertos, musique de piano, mélodies, jusqu'à
sa ciuilatc de Promélliée, qui fut couronnée à
l'Expoj^iiion de 1867. Or, ces auditions m'avaient
appris que, si la science musicale n'a plus de
secrets pour M. Saint-Saëns, il est, en revanche,
peu de compositeurs auxquels l'inspiration
tienne plus rigueur. Tous ces ouvrages déno-
taient une extrême habileté de main, mais aussi
une grande pauvreté d'idées. Dans les morceaux
même que j'avais le plus goûtés, ce n'était pas
l'imagination, mais le savoir qui donnait à telle
ou telle page de la couleur. Ce n'était qu'effets
de timbres et de rhythme, que curieuses com-
binaisons d'orchestre, bref, une musique qui
frappait l'oreille sans rien dire à l'esprit. Une
qualité me paraissait surtout faire défaut, le
sentiment dramatique; la nature sèche de l'au-
teur semblait le destiner plutôt aux développe-
ments scolasliques de la musique d'église qu'aux
entraînements passionnés de la musique drama-
tique.
« Et pourtant il n'avait qu'une ambition, faire
jouer un opéra de sa façon. Depuis nombre
d'années, il s'en allait frapper aux portes de
chaque théâtre : toutes s'ouvraient, puis se re-
fermaient devant lui.... Toujours est-il qu'il a,
enfin! fait représenter un opéra. Quand je dis :
opéra, c'est que le mot est sur l'alfiche. Dans
Djamileh (de Georges Bizet), il n'y avait qu'un
sujet de pièce ; il y a moins encore dans la
Princesse jaune. C'est un rêve Avec un
poëme de ce genre, le musicien échappait à tous
les dangers de la scène : un tel essai ne pouvait
rien prouver à l'égard de son aptitude drama-
tique. Cet ouvrage est très-court, et pourtant il
a dû demander à l'auteur une grande somme de
travail. Chaque page porte l'empreinte d'un la-
beur assidu ; chaque mesure, chaque note a dû
être discutée, pesée ; mais aussi, dès que l'auteur
s'oublie, sa musique prend une teinte vulgaire
qui frappe d'autant plus vivement que le contraste
est plus brutal. La musique imitalive y joue un
grand rôle ; quant à la musique proprement dite,
on y peut noter beaucoup d'effets d'une re-
cherche curieuse, mais on y chercherait vaine-
ment quelque gage de la puissance dramatique
de l'auteur.... Il faut avouer que l'audition d'un
opéra aussi vide d'inspiration et aussi plein de
science et de travail ne laisse pas de lasser ceux-
là même qui sont le plus faits à cette étude :
l'esprit se fatigue à saisir au passage les moin-
dres intentions de l'auteur de peur de lui faire
tort d'aucune. Aussi bien, je crois qne c'est un
bonheur pour l'auteur de n'avoir pas débuté par
le Timbre d'argent. Trois actes de ce genre-
là, c'eût été trop pour une première fois. »
Enfin, plus récemment encore, un critique
allemand très-réputé, M. Edouard Hanslick,
analysait ainsi, dans la Nouvelle Presse libre^
SAINT-SAENS
471
de Vienne (avril 187C), la nalure musicale du
compositeur: — « Depuis IJerlioz, Camille Sainl-
Saëns est le premier musicien qui, n'étant pas
Allemand, ait écrit delà musique instrumentale
pure, et créé dans ce genre iJes œuvres de valeur
et originales dont la réputation ait passé les
frontières de la France. Berlioz a exercé sur lui
une influence incontestable; il suffit, pour s'en
convaincre, de considérer les titres de ses ou-
vrages, qui rentrent presque tous dans le genre
de la musique pittoresque {Danse macabre,
Pltaeton, Omphale), et en outre de remarquer
certains effets d'instrumentation qu'il affectionne
particulièrement, à l'exemple de Berlioz : ainsi
l'emploi fréquent des harpes, des pizzicati de
violons, etc. De là il ne faut cependant pas con-
clure que Saint-Saëns soit un imitateur ou un
continuateur de Berlioz. Berlioz est un maître
exceptionnel ; Saint-Saëns ne l'est point. S'il n'a
pas l'originalité de génie de Berlioz, Saint-Saëns
est du moins un meilleur musicien que Berlioz,
qui, à vrai dire, était avant tout un poète se
servant d'éléments musicaux. Malgré fout son
génie, Berlioz était un homme perdu quand il
n'avait pas pour se soutenir une matière poéti-
que, un sujet, quand il ne pouvait pas faire de
la couleur. Jamais il n'aurait pu produire,
comme Saint-Saëns, une œuvre aussi exclusive-
mont musicale de forme et <i'idée qu'un quintette
ou un trio. Et c'est là ce qui rend précisément
intéressante la personnalité du jeune maître
français, c'est que, par le talent et le travail, il
se soit élevé jusqu'à cette région supérieure de
son art où les séductions d'une spécialité essen-
tiellement française auraient pu l'empêcher d'at-
teindre.... Ce qui le dislingue, ce n'est ni la
profondeur, ni l'originalité de la pensée -, son in-
vention mélodique n'est pas très-riche; il lui
inanf[ue encore davantage la profondeur du sen-
timent, dont l'absence se fait sentir surtout dans
ses adagios ; mais il y a partout dans les œuvres
de Saint-Saëns de l'esprit, de l'humour,' beau-
coup de qualités d'apparat, une piquante vivacité
d'allure, et par-dessus tout ses compositions ré-
vèlent une éminente habileté de facture, une
facilité extrême à manier indistinctement tous
les genres d'ex|)ression musicale. »
On voit que M. Hanslick, quoique plus indul-
gent que les deux écrivains cités plus haut, en
arrive à peu près aux mêmes conclusions, con-
clusions qui s'accordent avec le jugement que
j'ai porté moi-même sur le talent de M. Saint-
Saëns. En réalité, le tempérament musical de
M. Saint-Saëns est sec, nerveux, absolument
dépourvu de tendresse, de sentiment et de pas-
sion, et l'artiste ne peut donner le change sur
la pauvreté de ses idées, sur la stérilité de sort
imagination, qu'à l'aide d'une habileté technique
incontestable, d'une instruction aussi soliiie que
variée, d'une profonde connaissance des effets et
d'une prodigieuse dextérité. Or, la musique étant
l'art de charmer et d'émouvoir, ce sont là des
qualités pour ainsi dire négatives, et qui ne sau-
raient remplacer les dons naturels qui seuls font
les vrais poètes, les grands créateurs. Jamais,
je le crains, M. Saint-Saëns ne pourra être compté
au nombrede ces derniers.
A'ers 1852, la Société Sainte-Cécile, de Paris,
habilement dirigée par M. Seghers, et qui avait
coutume de consacrer chaque année un concert
à l'exécution d'œuvres de jeunes compositeurs,
ayant reçu une symphonie anonyme et l'ayant
jugée digne d'être offerte à son public, fil en-
tendre cette symphonie dans une de ses séances.
L'œuvre parut remarquable, particulièrement au
point de vue de la forme, surtout le (inale, écrit
pour double orchestre, et ce n'est qu'après l'exé-
cution qu'on apprit que l'auteur était M. Saint-
Saëns, âgé seulement alors d'enuron dix-sept
ans. C'est à peu près à cette époque que le
jeune artiste se présentait, pour la première fois,
au concours de Rome. N'ayant pas réussi dans
cette première épreuve, il voulut la tenter de
nouveau, douze ans plus tard, en 1864; cette
fois encore il échoua complètement, et le grand
prix fut décerné à M. Victor Sieg. En 1867,
M. Sainl-Saèns prit part à un autre concours,
celui qui était ouvert pour la composition d'une
cantate destinée à être exécutée pour l'inaugu-
ration de l'Exposition universelle; cette fois,
son œuvre fut courormée (les Aoces de Pro-
mctliée), et ce succès lui valut le ruban de che-
valier de la Légion d'honneur. En 1868, il faisait
exécuter à Versailles, pour les fêles du cente-
naire du général Hoche, une autre cantate dont
les paroles lui avaient été fournies par le poète
Emile Deschamps. Mais, comme tous les com-
positeurs, le théâtre attirait M. Saint-Saëns, bien
qu'il ne paraisse en aucune façon doué des
qualilés qui conviennent à la scène. Un acte
donné par lui à l'Opéra-Comique, la Princesse
jaune, fut l'objet des critiques les plus vives, et
n'obtint qu'un très-petit nombre de représenta-
tions; il en fut de même d'un ouvrage plus im-
portant,/e Timbre {Varcjent, qui, d'abord reçu
au même théâtre, fut joué ensuite au Théâtre-
Lyrique, où il n'obtint aucun succès. Depuis
lors, le compositeur a cru devoir aller jusqu'à
Wcimar pour y faire repr('scnler un grand opéra
biblique intitulé Sumson et Dalila, et il a donné
sur le Grand-Théâtre de Lyon un drame lyrique
qui avait pour titre Élienne Marcel. Il faisait
472
SAINT-SAENS
exécuter aussi, dans nos grands concerts, des |
n poèmes symphoniques » intitulés Phaélon,
le Rouet cVOmphale, la Danse macabre, la
Jeunesse d'Hercule ; mais ces compositions,
remarquables par un savoir profond, de
grandes qualités de facture et la science de
l'orchestre, laissaient toujours à désirer sous le
rapport de la clarté, de l'inspiration, du vrai
sentiment musical, et soulevaient le plus souvent
des protestations violentes de la part du public.
M. Sainl-Saëns réussissait mieux à se concilier
ses auditeurs avec sa musique de chambre, ses
concertos et quelques-unes de ses mélodies vo-
cales. D'ailleurs, M. Saint-Saëns, dont l'activité
est remarquable, ne se laissait pas entièrement
dominer par ses travaux de composition ; il ne
cessait de se produire aussi comme virtuose,
et faisait même de fréquents voyages artistiques
soit en Allemaf;ne, soit en Autriche, soit jusqu'en
Russie. En même temps il remplissait les fonc-
tions d'organiste à l'église de la Madeleine, fonc-
tions qu'il n'a résignées que dans ces dernières
années, et il s'essayait encore dans la critique
musicale; sous ce rapport il a rédigé, mais pen-
dant quelques mois seulement, le feuilleton spé-
cial du journal le Bon Sens, devenu pou après
VEstafette. En résumé, M. Saint-Saëns est un
musicien très-laborieux, très-actif, fort instruit
et d'une habileté indiscutable, mais auquel pa-
raissent manquer les qualités ou plutôt les fa-
cultés qui font les créateurs et les grands artis-
tes.
Voici une liste, que je crois bien près d'être
complète, des œuvres de M. Saint-Saëns. —
A. Musique dramatique. 1° la Princesse jaune,
un acte, Opéra-Comique, 12 juin 1872, op. 30,
Paris, Durand-Schœnwerk ; 2° le Déluge, poème
biblique en 3 parties, concert du Cliâtelet, 5
mars 187G, op. 45, id., id.; 3° le Timbre d'ar-
gent, opéra fantastique en 4 actes, Théâtre-
Lyrique, 23 février 1877, Paris, Choudens;
4° Sarnson et Dalila, drame biblique en 3 par-
ties, théâtre de Weimar, 2 décembre 1877,
Paris, Durand-Schœnwerk ; 5° L'iiennelMarcel,
drame lyrique en 4 actes et 6 tableaux, Grand-
Théâtre de Lyon, 8 février 1879; 6" les Aoces
de Prométhée, cantate pour sali, chœurs et or-
chestre, palais de l'Industrie, 1*"^ septembre
1867 ; 7° Cantate, pour la célébration du cen-
tième anniversaire de la naissance du général
Hoche, exécutée à Versailles, le 2i juin 1868,
par des sociétés chorales de Paris et de Ver-
sailles avec accompagnement de la fanfare de
M. Sax. — B. Musique svMPnoNiQUE. 7° bis 1"
Symphonie (en mi bémol), exécutée par la Société
biinte-Cécile, de Paris; Paris, Richault; 8" 2"
Symplionie(en /a), exécutée en 1856 parla Société
Sainte-Cécile, de Cordeaux; 9° 3° Symphonie
(en la mineur); 10" 4*^ Symphonie (en ré), exé-
cutée à Paris au mois de mars 1803; 11° le
Rouet d'Omphale, poème symphonique, op. 31,
Paris, Durand-Schœnwerk; 12" Phaéton, id.,
op. 39, id.. id.; 13" la Danse macabre, id.,
op. 40, id., id.; 14° la Jeunesse d'Hercule, id.,
op. 50, id., id.; 15° Suite pour orchestre {Pré-
lude,Sarabande, Gavotle, Romance et Finale),
op. 49, id., id.; 16° Marche héroïque, pour or-
chestre, op. 34, id., id.; 17° Ouverture de Spar-
iacus, couronnée en 1803 dans un concours
ouvert par la Société Sainte-Cécile, de Bordeaux.
— C. Musique religieuse. 18° Messe à 4 voix,
orchestre et deux orgues, Paris, Richault;
19° Messe de Requiem à 4 voix, chœur, orgue
et orchestre , op. 54 ; 20° Cœli enarrant, psaume
XVIII, pour soli, chœurs et orchestre, op. 42,
Paris, Durand-Scliœncwerk ; 21° Oratorio de
Noël, pour voix seules, cho'ur et orgue, op. 12,
id., id.; 22° Ave verum pour soprano et con-
tralto, Paris, Pégiel; 23° 4i;e ve/«?w pour 2 so-
pranos et 2 contraltos, avec cor chromatique
obligé, id., id.; 24° 0 Salutaris pour mezzo-
soprano, id., id.; 25° Tantum ergo à 3 voix et
à grand cbduir, id., id.; 20° Trois Ave Maria
pour soprano solo, id., id.; 27° Ave Maria pour
soprano et contralto, id., id.; 28° Inviolata
pour mezzo-soprano, id., id.; 29° Sub tuum
pour soprano et contralto, id., id. — D. Musique
INSTRUMENTALE. 30° Quintctle (en la mineur)
pour piano, 2 violons, alto et violoncelle, op.
14; 31° Quatuor (en si bémol) pour piano et
instruments à cordes, op. 41 ; 32° Trio (en fa
majeur) pour piano, violon et violoncelle, op. 18 ;
33° Sonate (en ut mineur) pour piano et violon-
celle, op. 32, Paris, Durand - Scha'nwerk ;
34" Suite pour piano et violoncelle, op. 16,
Paris, Maho; 35" Romance pour piano, orgue et
violon, op. 27, Paris, Durand-Scli(rn\verk;
36° Introduction et Rondo pour piano et violon,
op. 28, id., id.; 37" Romance (en /'«) pour cor
ou violoncelle et piano, op. 36, id., id.; 38° Ro-
mance (en ré bémol) pour tlùte ou violon et
piano, op. 37, id., id ; 39" Berceuse (en si bé-
mol) pour piano et violon, op. 38, id., id.;
40° Romance (en xit) pour i)iano et violon, op.
48, id., id.; 41° Tarentelle pour flûte et clari-
nette, avec accompagnement d'orchestre, Paris,
Richault ; 42" Variations sur un thème de Beetho-
ven, pour 2 pianos, op. 35, Paris, Durand-Schon-
werk; 43" 6 Duos pour harmonium et piano,
Paris, Girod ; 44" Allegro appassionalo, pour
violoncelle et piano, op. 43, Paris, Durand-
Schœnwerk; 45" Occident et Orient, marche
SAINT-SAENS — SAINTE-FOY
473
pour piano à 4 mains, op. 25, id,, M.; 46° l*' Con-
certo (en ré) pour piano, avec accompagnement
d'orcheslre, op. 17, id., id.; 47° 2" Concerto
(en soi mineur), id., id-, op. 22, id., id.; 48° 3*
Concerto (en mi bémol), id., id., op. 29, id.,
id.; 49" 4* Concerto (en u( mineur), id., M., op.
44, id., id.; 50" Concerto (en ut), pour violon,
id.; 51" Concerto (en la mineur) pour violon-
celle, id., op. 33, Paris, Durand-Scliœnwerk;
52" Mazurka pour piano, op. 21, id., id.; 53" Ga-
votte (en îd mineur) pour piano^ op. 23, id., id.;
54" 2^ Mazurka pour piano, op. 24, id., id.;
55° 6 Études pour piano, op. 52, id., i<l.; 56" Ro-
mance pour violon, op. 51, id., id.-. jT" Béné-
diction nuptiale, pièce d'or^^ue, Paris, Pégiel ;
58" Élévation ou Communion pour orjsue, id.,
Id.; 59" 6 Bagatelles pour piano, Paris, Richault;
60° 2 Morceaux pour harmonium, Paris, Girod ;
61" 3 Rapsodies bretonnes (cantiques bretons),
pour orgue, Paris, Pégiel. — E. Musique de
CHANT. 62° Ode à Sainte Cécile, pour voix
seule, ciiœur et orchestre; 63" Scènes des fjo-
races, de Corneille, avec accompagnement de
piano, op. 10, Paris, Durand -Schœnwerk ;
64" les Soldais de Gédéon, double chœur à
4 voix d'hommes, sans accompagnement, op. 46,
id., id.; 65" Mélodies Persanes, pour chaut et
piano, op. 26, id., id.; 66° 20 Mélodies, pour
chant et piano, Paris, Richault; 67° Chanson de
.grand-père, chœur à 2 voi\ de femmes, avec
piano ou orchestre, et Chanson d'ancêtres, pour
barylon-solo avec chœur d'hommes, op. 53;
68° Tristesse, sonnet ; Vogue la galère, barca-
rolle; Canzonelta Toscana ; Alla riva del Ti-
bro, et diverses autres mélodies vocales. — On
doit à M. Sainl-Saëns 12 transcriptions de di-
vers fragments de Jean-Sébastien Bach pour le
piano, trois transcriptions extraites des quatuors
de Beethoven, et quelques autres encore.
* SAirV'TE CÉCBLE. — Ou a publié en
France, dans ces dernières années, les ouvrages
suivants sur celte sainte, considérée d'une façon
un peu débonnaire coinme la patronne des mu-
siciens : 1° Sainte Cécile, poème tragique, par
le comte de Ségur, Paris, Bray, 1868, in-16;
2° Histoire de Sainte Cécile, vierge et martyre'
patronne des musiciens, par l'abbé Thiesson,
Paris, Josse, 1870, in-12; 3° Sainte Cécile et
la société romaine, par don Guéranger, Paris,
Firmin-Didot,1875, grand in-8°avec nombreu.ses
gravures. On a représenté à l'Opéra-Comique,
le 19 septembre 1844, un ouvrage en 3 actes,
la Sainte-Cécile, dont les paroles avaient été
écrites par Ancelot et de Comberousse, et la
musique par Montforf.
SAIi\TE-CROIX (M™-^ DE), compositeur
amateur, a étudié l'harmonie sous la direction
de M. J.-B (le Coninck, et a fait représenter les
opérettes dont les titres suivent : 1" les Uendez-
vous galants, un acte. Athénée, 23 janvier 1873j
2° Madame de Rabucor, un acte, Bouffes-
Parisiens, 5 février 1874; 3° Pygmalion, un
acte, théâtre Déjazet, 9 février 1875; 4° la
Chanson du Printemps, un acte, théâtre de
Versailles, 28 mars 1875.
SAIMTE-FOY (CHAnLEs-Louis PUBE-
REAUX, dit), chanteur scénique, né à Vitry-
le-François le 13 février 1817, était fils d'un
soldat du premier empire. Sorti du collège en
1836, il vint à Paris et entra aussitôt au Conser-
vatoire, où il devint l'élève de Panseron et de
Garaudé pour le chant, et de Morin pour l'opéra-
comique. Il débuta à l'Opéra-Comique au mois
de mai 1840, dans l'emploi bouffe auquel Trial,
son fondateur, donna son nom naguère, et qui
avait été tenu dans la suite par Moreau, Lesage
et T'éréol. Sa voix aiguë et nasillarde ne fut
jamais bien agréable à entemire, mais il en savait
tirer des effets très-comiques, et il s'en servait
avec une habileté très- réelle.
Dès ses débuts, Sainte-Foy fit preuve d'un
excellent jeu scénique, toujours amusant, em-
preint selon les cas de ruse ou de naïveté, et qui
était servi par une physionomie très-mobile et
des allures étranges qui ne tombaient jamais
dans la trivialité. Parmi les rôles du répertoire
que Sainte-Foy reprit avec le plus de succès, il
faut citer ceux de l'Anglais d;ins Fra Diavolo,
de Dickson dans la Dame Blanche, de Canla
relli dans le Pré-aux-Clercs, du grand cousin
dans le Déserteur, de maître Lerond dans Jo-
eonde, de l'Auvergnat dans Jeannot et Colin,
puisencore les Rendez-vous bourgeois, Zampa,
Marie, le Tableau parlant, les Deux Chas-
seurs'el la Laitière. Il réussit pleinement dans
l'emploi qu'il avait adopté et qui lui convenait
si bien, et les créations ne se firent pas attendre
pour lui. Parmi les meilleures, nous citerons
celles qull fit dans Giralda, le Caïd, la Fée
aux Roses, le Carillonneur de Bruges, le
Pardon de Ploërmel, Jocrisse, le Joaillier de
Saint-James, le Voyage en Chine, les Absents,
le Fils du Brigadier, Zilda, etc., etc. Son
talent était d'ailleurs très-souple, et nous nous
rappelons le succès de larmes qu'il obtint au
troisième acte du Joaillier de Saint-James, de
Grisar, en chantant de la façon la plus tou-
chante des couplets que la salle voulut entendre
jusqu'à trois fois.
En 1869, Sainte-Foy, engagé par la Russie,
quitta l'Opéra- Comique et se rendit à Saint-
Pétersbourg, oîi l'on ne comprit pas la finesse
474
SALNTE-FOY
SALNTON-DOLBY
de son jeu. 11 n'y resta pas longtemps, et, de
retour à Paris, alla se fourvoyer aux Folies-Dra-
matiques, où il ne passa qu'un instant, pour y
jouer la Belle Bourbonnaise. Sa santé, du
reste, s'était déjà altérée, et il était sous le coup
de la maladie qui devait l'emporter. Il dit adieu
au théâtre, et se retira dans une petite propriété
qu'il possédait à Neuilly. C'est la que, depuis deux
ou trois ans, la paralysie l'avait cloué, lorsqu'il
iTiOurut le 1" avril 1877, la santé et la raison
l'ayant abandonné.
Sainte-Foy avait épousé une chanteuse,
M'" Clarisse Henri, qui avait débuté la même
année que lui à l'Opéra-Comique, mais qui pres-
que aussitôt avait renoncé au théâtre. Les deux
époux, d'ailleurs, ne vécurent pas longtemps
ensemble.
SAIAITIS (Auguste); compositeur et pro-
fesseur français, né à Montauban (Tarn-et-Ga-
ronne) vers 1820, suivit d'abord la carrière com-
merciale, puis se livra à l'étude de l'harmonie
et de la composition sous la direction d'un ar-
tiste instruit, J.-B. Labat, organisie de la cathé-
drale de Montauban. En 1846, il fonda en celte
Tille une société chorale à latjuelle il consacra
tous ses soins, et pour laquelle il écrivit plu-
sieurs choeurs qu'elle chantait avec succès dans
les concours. Ces chœurs furent bien accueillis,
et bientôt RI. Sainlis, qui prenait une part active
aux progrès du chant populaire, vit son nom
rapidement répandu dans le milieu orphéonique.
Au nombre de ses chœurs les mieux réussis, on
cite les Braconniers, la Fête aux Champs, les
Quatre Saisons, les Pèlerins, les Enfants du
peuple, les Mi7ieiirs, En 7ner, les Paysans, la
Veillée, le Secret, Gaule et France, la Mine,
Sur les remparts, le Jour du combat. Oui et
Non, les Proscrits, les Maçons, la Bienvenue,
Éveillez-vous, les Enfants du peuple, le
Printemps, etc. Directeur de l'école gratuite de
chant de Montauban, M. Saintis s'est fait con-
naître aussi par diverses autres compositions :
une messe brève à 3 voix avec orgue, divers
cantiques, des romances, quelques pièces de
genre pour le piano et des morceaux de musique
de danse.
* S.\K\TO\ (PnospER- Philippe -Cathe-
rine), violoniste remarquable, fils du chef d'une
des plus importantes maisons de commerce de
Toulouse, était destiné par son père à la profes-
sion d'avocat. Après avoir fait toutes ses études
au collège de Toulouse, il s'y fit recevoir bache-
lier es lettres en 1830, et y fit sa première année
de droit. La crise commerciale causée par la
révolution de 1830 ayant fait perdre h son père
toute sa fortune, M. Sainlon, qui avait obtenu
quelques .'^uccès comme violoniste amateur, et
sur (pu la musique exerçait un attrait irrésis-
tible, abandonna le droit pour embrasser la
carrière artistique.
C'est alors qu'il se décida à venir à Paris,
où il fit de brillantes études au Conservatoire,
dans la classe d'Habeneck. Après avoir, pendant
deux ans, fait partie de l'orchestre de l'Opéra
et de celui de la Société des concerts, il quitta
Paris pour entrepremire un grand voyage artis-
tique, visita successivement l'Italie, l'Allemagne,
la Russie, la Finlande, la Suède, le Danemark,
l'Espagne, obtenant partout de très-grands suc-
cès. De retour en 1840 à Toulouse, il y fut
nommé professeur au Conservatoire, et y de-
meura jusqu'en 1844, époque à laquelle il fit sa
première visite à Lomlres. Malgré les difficultés
qu'il éprouva tout d'abord à s'y faire entendre,
une heureuse occasion s'étant présentée, il fut
accueilli avec une telle faveur qu'il y retourna
l'année suivante. C'est alors qu'il se décida à se
fixer en cette ville, ayant été nommé successive-
ment professeur de violon à l'Acailèmie royale
de musique, violon-solo de l'orchestre du théâtre
de Sa Majesié et violon-solo de la reine d'An-
gleterre (il s'est démis seulement de ces der-
nières fonctions en 1856). Il a formé à l'Aca-
démie royale de musique un grand nombre d'é-
lèves, qui tous sont devenus des artistes dis-
tingués et occupent de brillantes positions.
Depuis lors, M. Sainton n'a quitté l'Angleterre
que pour faire sur le continent i)lusieurs voyages
artistiques, particulièrement en 1848, où il alla
se faire applaudir en Hollande, et en ISôO, où il
se fit entendre avec un grand succès à la Société
des Jeunes-Artistes, dirigée par M. Pasdeloup.
En 1860, il épousa miss Dolby, la célèl)re canta-
trice anglaisequi fait l'objet de la notire suivante.
Comme compositeur pour son instrument,
M. Sainton a écrit : 2 Concertos, avec accom-
pagnement d'orchestre; un Solo de concert; un
Rondo-Mazurka; 3 Romances; 3 Etudes carac-
téristiques; une Tarentelle; plusieurs Fantaisies
sur Lucrezia Borgia, la Fille du Réyimcnt,
liigoletto, la Traviata, Faust, il Trovatore,
et plusieurs airs variés avec accompagnement
de piano et d'orchestre. M. Sainton est cheva-
lier de l'ordre de la Couronne de chêne, des
Pays-r.as.
SA1AT(>XDOLBY(Chariottf DOLBY,
épouse S.\I\TOÏV, connue sous le nom de
Madame), femme du précédent, l'une des canta-
trices de concert les |)lus renommées de l'An-
gleterre, est née à Londres en 1821. Elle reçut
son éducation artistique à l'Académie royale de
muijique de celte ville, et son admirable voix
SAINTON-DOLBY — SALAMAN
475
de contralto, son assiduité à l'étude et ses heu-
reux dons naturels en firent une des plus brillan-
tes élèves que cette institution eût encore possé-
dées. Lorsque le moment fut venu pour elle de se
produire en public, miss Dolby résolut de se dé-
rober aux occasions tentantes que pourrait lui
offrir la scène lyrique, et voulut consacrer son
talent à l'exécution des oratorios de Hœndel et
des autres grands maîtres, ainsi qu'à l'expan-
sion de la musique nalionale; la conservation
de la traditionnelle ballade anglaise, dans toute
sa vérité, sa sinnplicilé et sa sensibilité, est due
principalement aux efforts intelligents de cette
grande artiste, devenue étonnamment populaire.
Dans ces deux genres, miss Dolby ne connut
bientôt aucune rivale. Mendeissobn, qui l'en-
tendit à Londres dans son Paiilus, lut si frappé
de son talent et de la beauté de sa voix, qu'il
lui dédia un de .ses recueils de lieder (op. 57),
et qu'il écrivit expressément pour elle la partie
de contralto de son oratorio Elle. C'est lui qui
la fit engager, en 1846, par l'administration des
concerts du Gewandhaus, de Leipzig, où elle
demeura pendant toute la saison d'biver, et où
elle reçut, aussi bien que dans plusieurs autres
villes du continent, les témoignages de l'admi-
ration la plus sincère et la plus vive.
Miss Dolby avait atteint l'apogée de sa re-
nommée lorsqu'elle épousa, en 18G0, M. Sainton,
l'excellent violoniste. Elle continua sa carrière
jusqu'en 1870, époque à laquelle elle fit ses
adieux au public, et à partir de ce moment con-
sacra toute son activité au développement d'un
plan depuis longtemps formé par elle, lequel
consistait dans la création d'une école particu-
lière de chant, et dans la publication d'un livre
renfermant le résumé de ses observations et de
ses principes sur l'enseignement du chant.
M"" Sainton-Dolby créa, en effet, une Académie
vocale où les élèves affluèrent et où elle forma
plusieurs chanteurs excellents, et elle publia un
traité de l'art du chant dont il a été fait plu-
sieurs éditions.
M"^ Sainlon-Dolby s'est fait connaître aussi
comme compositeur. Après avoir écrit quelques
mélodies vocales qui sont devenues extrêmement
populaires, elle voulut affirmer sa valeur dans
une œuvre plus sérieuse et de plus vastes di-
mensions; c'est alors qu'elle composa une grande
cantate pour voix seules, chœurs et orchestre,
la Légende de Sainte Dorothée, qui fut exécu-
tée pour la première fois avec un très-grand
succès à Londres, dans la salle Saint-James, le
14 juin 1876, et qui fut reproduite ensuite, avec
le même bonheur, dans différentes villes du
Royaume-Uni.
SALA (Antonio), compositeur espagnol re-
marquable dans le genre religieux, naquit vers le
commencement du dix-huitième siècle à Aytona,
village de la province de Lérida, et devint en
1738, à la suite d'un concours, maître de cha-
pelle de Lérida. Il remplaçait dans cet emploi
un artiste estimé, nommé Domingo Teixido. Sala
fut, dit-on, l'un des compositeurs religieux les
plus distingués de son temps, et sa musique,
sans manquer ni de goût ni d'in.spiration, révèle
un artiste rompu à toutes les habiletés du con-
tre-point. On cite surtout, parmi ses œuvres,
plusieurs messes à deux chœurs d'un effet im-
posant, et une autre messe à grand orchestre
qu'on exécutait encore dans ces dernières années.
Sala mourut à Lérida, dans un âge très-avancé,
le 22 janvier 1/94.
SALA (Marco), compositeur italien contem-
porain, a publié chez l'éditeur M. Ricordi, à
Milan; plusieurs albums de musique de danse :
Danze del Carnevale (5 morceaux); Ricordi
di SanMavrizio (4 morceaux); Danze (7 mor-
ceaux); Danze (5 morceaux). On lui doit aussi
des valses et un grand nombre d'autres morceaux
de danse détachés, un recueil de pièces de piano
intitulé Fogli d'album, un recueil vocal : Cin-
que mélodie, des romances, barcarolles, canzo-
nettes, etc.
Un artiste du même nom, M. Giuseppe Sala,
a fait ses études au Conservatoire de Milan, où
il était élève des classes d'orgue et de composi-
tion. J'ignore lequel des deux est l'auteur d'un
opéra sérieux, Ginevra di Monreale, qui a été
représenté il y a quelques années, et d'un autre
ouvrage du même genre, Bice AUghieri, qui a
été joué sur le théâtre Neuf, de Vérone, au mois
de novembre 1865.
SALADIXI (GiROi.AMo), écrivain italien, est
l'auteur de l'écrit intitulé : Nuovo Metodo délie
proporzioni geomelrica, aritmeiica ed anno-
nica (Bologne, 1761, in-S°).
SALAMAN (Charles-Kensington), pianiste
et compositeur anglais, né à Londres le 3 mars
1811, reçut une bonne éducation musicale, et
se fit entendre pour la première fois en cette
ville à l'âge de vingt ans, après quoi il se pro-
duisit avec succès dans les provinces anglaises,
et voyagea ensuite en Allemagne et en Italie en
donnant des concerts. M. Salaman a publié un
assez grand nombre de compositions pour le
chant et pour le piano, et il s'est fait appré-
cier aussi de ses compatriotes en faisant de
nombreuses lectures et conférences sur l'esthé-
tique musicale et sur l'histoire de l'art. L'un
des fondateurs de la Société musicale de Londres,
il a été pendant plusieurs années le secrétaire
476
SALAMAN — SALDONI
de celte association artistique. M. Saiaman, dont
l'enseignement a toujours été très-roclierclié, a
été élu en 1847 membre de la Société de Sainte-
Cécile, de Rome.
* SALARI (François). — On connaît de cet
artiste un opéra intitulé il Marchese carbonaro,
qui fut représenté à Venise en 1776.
SALAS (l''nANCisco), chanteur espaj^nol dis-
tingué, né à Grenade, (ut|élève du ténor Va-
lencia, et vint jeune à iMadriii, où, par la pro-
tection de cet artiste, il fut engagé au tliéàlre de
la Cruz, alors dirige par Carnicer, pour chanter
des rôles secondaires dans les opéras italiens ou
espagnols qu'on y représentait. Il[suf, dans cette
tàclie suballerne, donner rapidement la mesure
de sa valeur, se fit confier des rôles plus impor-
tants, et bientôt obtint de très-grands succès
dans l'emploi de basse chantante et de buffo ca-
ricato. Il faisait littéralement fureur dans cer-
tains ouvrages, notamment dans la Chiara di
Rosemberg de Donizetli.
Salas voyagea ensuite en Espagne, se fit
applaudir dans plusieurs villes importantes, puis
revint à Madrid, et s'associalde cœur à l'idée de
quelques jeunes auteurs et^ compositeurs, entre
autres MM. Oiona, Barbieri, Gazfarnbide, qui
voulaient faire revivre la zarzuela, l'opéra na-
tional espagnol. Il était devenu alors directeur
du théâtre italien de Madrid, mais, une fois
son contrat terminé, il prit la direction de la
nouvelle scène nationale qui se fondait et lui
donna tous ses soins. L'entreprise pourtant ne
fut pas heureuse dans ses commencements, et
Salas, après avoir passé i)arde cruelles épreuves,
crut devoir l'abandonner et la confier à un
successeur.
Cet artiste estimable, qui pendant de longues
années fut exlraonlinaireinent populaire à Ma-
<lrid, mourut en cette ville le 20 juin 1875. Il a
écrit la mu,sique de quelques romances et chan-
sons, qu'il intercalait dans les pièces jouées par
lui.
* SALDOM (B\ltas.\r), compositeur et
historien musical, est l'un des artistes les plus
remarquables, les plus intelligents et les mieux
doués que l'Espagne ait produits dans le siècle
présent. Non-seulement M. Saldoni est un pro-
fesseur fort distingué, non-souleinent il a donné
des preuves d'une rare fécondité comme compo-
siteur, mais il aurait pu rendre d'immenses
services comme historien de l'art espagnol, s'il
n'avait rencontré auprès de ses compatriotes
une indifférence si complète et si coupable.
Son Résumé historique de l'école de musique
du monastère de Montserrat est une publica-
tion fort intéressante malgré ses proportions
modestes, et quant à son Diccionario biO'
grafico-bibtiogrojico de efeniérides de mttsicos
espanoles, c'eût été, si la [lublicalion n'en avait
été si fâcheusement interrompue après le pre-
mier volume, une oeuvre d'une immense utilité.
La forme générale de l'ouvrage était évidemment
défectueuse, car, pour un tel livre, rien ne vaut
l'ordre alphabétique; mais la sûreté des infor-
mations, la bonne foi de l'auteur, l'indulgente
imparlialilé de .sa critique, faisaient de son Dic-
tionnaire une œuvre sérieuse, digne, honnête,
appelée à prendre place dans toute bibliothèque
artistique bien ordonnée.
Je ne saurais refaire ici la biographie de
M. Saldoni, bien qu'elle ait été à peine esquissée
dans la Biographie universelle des Musiciens,
et je dirai seulement que cet artiste vénérable,
maître encore, à l'heure présente, d'une |ietite
chapelle de Madrid, membre de la section de
musique de l'.Académie des Beaux-Arts, semble
avoir renoncé aux travaux de com|)osilion qui
l'ont si longtemps occupé; mais je vais essayer
de dresser, d'une façon sommaire, la liste de ses
œuvres, afin de donner une idée de sa fécondité
et de sa puissance lahoiieuse.
Musique dramatique. — 1° El Triunfo del
amor, opérette en un acte, jouée sur un théâtre
paiticulier, 1826; 2° Saladino e Cloiilde, opéra
italien en 2 actes, dont un fragment seulement
a été chanté au théâtre de la Cruz, en 1833;
3" Tperjuestra, opéra italien en 2 actes, Ma-
drid, lii. de la Cruz, 20 janvier 1838; 4° Cleo-
nice, regina di Siria, id., id., id., 2i janvier
1840 ; 5'' Boabdil, ultimo rey vioro de Gra-
nada, opéra espagnol en 3 actes, non re|iré-
senté; 6» el Rey y la Coslurera, zarzuela en
3 actes, id.; 7° la Cor le de Monaco, zarzuela
en un acte, Madrid, th. de la Zarzuela, IG fé-
vrier 1857; 8" Guzman il Biiono, opéra italien
en 3 actes, non représenté; 9° las Maridos en
Ins Mascaras, zarzuela en 2 actes, Barcelone,
Champs-Elysées, 26 août 18(!4. — Musique re-
ligieuse. 10" Messe de Gloria (en mi bémol
majeur), avec orchestre; 11 Messe âc Gloria
(en ni), id.; 12° Bosario, id.; i3° Santo Dios,
id.; 14" Slabal Mater, id.; 15° Miserere, id. ;
16° diverses autres compositions religieuses, avec
orchestre; 17° Salve Regina à 4 et 8 voix,
avec piano et instruments à cordes; \8" Slabai
Mater à 2 voix, avec harmonium ou piano;
19° diverses compositions religieuses, avec piano
et instruments à cordes ; 20° un grand nombre de
motets, hymnes, cantiques à une, 2, 3, 4, 6 voix
et plus, avec orgue ou piano; 21° 70 versets
pour orgue; 22» 29 versets, id.; 23° 31) versets,
id. ; 24° 72 versets, id.; 25" 12 versets, id.;
SALDÛM — SALIERI
477
26° fugues (14) pour orgue. — Misiole sympho-
MQUE. 2V A mi pairia, grande symphonie pour
grand orchestre, bande militaire et orgue obligé;
28° quatorze morceaux de genre pour orchestre.
— Ml'sique de chant. 29° Hymne au Dieu des
Arts, cantate exécutée au Lycée de Madrid, en
1842; 30° Hymne national.Lycée de Madrid, 1843-,
31° plusieurs marches, chœurs, morceaux à une,
2, 3 et 4 voix, avec accompagnement d'orciieslre ;
32° environ 40 morceaux à une ou plusieurs
voix, avec accompagnement de piano. — Mu-
siQin DE PIANO. Environ trente morceaux de sa-
lon ou de concert. — Enfin, à tout cela il [;nit
ajouter divers morceaux pour musicpie rnililaire,
quelques chansons andalouses, puis une i\ou-
velle Mclhode de solfège et de chant adoptée
pour les classes du Conservatoire de Madrid, et
un Recueil de 24 Vocalises adopté dans le même
établissement.
* SALIERI (Antoine), t- Pour ne parler
que de la carrière de Salieri en France et des
divers ouvrages qu'il écrivit en vue de l'Opéra
de Paris, il y a trois rectifications importantes à
faire à toutes les notices précédemment publiées
sur ce grand compositeur; je ne ferai que les
exposer en résumant certains passages du long
travail sur cette période de la carrière de Sa-
Ikri qui forme la seconde partie de mon ouvrage :
la Cour et l'Opéra sous Louis XVI (un vol.
in-18, Paris, Didier, 1877).
Il s'agit d'abord de la lettre rendue publique
par laquelle Gluck déclarait que Salieri était le
seul et unique auteur de la musique des Da-
naïdes. Mais la date même de cette lettre (de
Vienne, 26 avril 1784) moutrail bien que du
lîoullet l'avait depuis longtemps en poche — le
courrier ne mettant pas vingt jours pour venir
de Vienne — et qu'il n'attendait que le moment
favorable pour la produire : ce subterfuge
employé par Salieri et son collaborateur était
singulièrement inconvenant pour le public et peu
honorable pour eux-mêmes. On s'est ingénié
depuis lors à trouver des excuses au retard que
du Pioullet avait mis à publier la lettre de Gluck,
et Félis assure que ce fut une clause exigée par
l'éditeur de musique Deslnuiiers. « J'ai vu, dit-
il, l'acte de vente où l'éditeur s'engageait à payer
douze cents livres, à la condition que le nom
de Gluck resterait .sur l'affiche jusqu'à la trei-
zième représentation ; ce ne fut que le matin
même de celte représentation que [larut dans
les journaux de Paris une lettre où Gluck dé-
clarait que Salieri était l'unique auteur de la
musique des Danaïdes. » Tous les écrivains,
M. Desnoiresterres en dernier lieu, ont assuré
aussi que la lettre de Gluck ne parut qu'après
la douzième représentation. C'est une f rreur ,
un simple rapprochement de dates va le prouver
et mettre à néant l'excuse précitée et toutes
autres qu'on pourrait imaginer. La lettre révé-
latrice fut insérée dans le Journal de Paris du
16 mai. Or, à celte date, les Danaïdes ne
comptaient encore que six représentations, celles
des 26 et 30 avril, 4, 7, Il et 14 mai; la dou-
zième n'arriva qu'en juillet. Nul doute (lue si
la clause que Fétis prétend avoir vue eût existé,
Salieri aurait attendu jusque-là pour divul-
guer la vérité. Le motif réel du retard apporté
à la publication de la lettre de Gluck est que
Salieri voulutattendie d'avoir palpé les 12,000 li-
vres qu'il devait, d'après son traité, toucher
comme représentant de Gluck et après la
troisième représentation. Cette représentation
eut lieu le 4 mai; les formalités de paiement et
de décharge demandèrent quelques jours, puis
Salieri laissa encore s'écouler quelque temps
avant de jeter bas le masque. [Cette explication
est peu honorable, mais c'estjla seule que les
faits et les dates ne démentent^pas.
Le second point traite d'une question de chif-
fres. Castil-Blaze et Fétis se trompent double-
ment en disant que Salieri reçut « 10,000 fr.
pour sa partition des Danaïdes, 3,000 fr. de
frais de voyage et un cadeau royal. » D'abord,
il toucha 12,000 livres (et non 10,000) de l'Opéra;
de plus, les 3,000 livres supplémentaires et le
cadeau royal ne font qu'un. Le chiffre de
10,000 livres, indiqué par ces auteurs, montre
qu'ils n'ont pas eu connaissance du traité ori-
ginal consenti par Salieri. Les écrivains con-
temporains eux-mêmes n'eu ont pas connu les
termes précis et ne |)arlent sur ce sujet que
d'après les rapports et les on-dit qu'ils récol-
taient de divers côtés.
En dernier lieu, j'ai voulu m'assurer si Sa-
lieri, outre les Danaïdes, les Horaces et Tarare,
avait encore composé pour Paris trois opéras
qui ne furent pas représentés, à savoir : Chi-
mène et Rodrigue, tragédie lyrique en cinq actes
(1788); la Princesse de Dabylone, en trois
actes (1789), et Sapho, également en trois actes
(1790), et si ces partitions, composées à ces dates
ainsi précisées par les biographes, mais non
exécutées, se trouvaient effectivement « dans les
carions de l'Académie de musique de Paris ».
Je me suis naturellement adressé à M. Nuitter
pour dissiper ou confirmer mes doutes et j'ai pu
vérifier que ces trois |)arlitions se trouvent en
effet aux archives de l'Opéra, — mais, comme
bien je pensais, la Chiméne est celle de Sac-
chini, la Princesse de Bobylone,ce\le de Kreut-
zer, et la Sapho, celle de Reiclia. Les dales
4-8
ISALIERI — SALOMOiN
données plus haut ne concordent môme pas avec
la ivpri'senlalion de ces opéras, qui furent joués
en 1784, 181j et 1822 (1).
An. J — N.
* SALOMAN (SrECFRiED). — Cet artiste
fort distingué a (dit représenter à Moscou, le
7 janvier 1868, un opéra intitulé la Rose des
Carpatlies.
* SALOMAX (M'°^ Henkiette IVISSElX).
— Api es avoir renoncé à la carrière dramatique,
cette artiste remarquable s'était fixée à Saint-
Pétersbourg, où elle s'était consacrée à l'ensei-
gnement du chant. D'abord chargée d'une classe
au Conservatoire de cette ville, M"* Nissen-
Saloman n'avait pas tardé à y renoncer, pour ne
plus donner ses soins qu'à ses élèves particu-
lières. Ses succès n'ont pas été moins grands
comme professeur que comme artiste, et elle a
formé un grand nombre de cantatrices qui ont
brillé non-seulement sur les grands théâtres
de Saint-Pétersbourg et de Moscou, mais aussi
sur d'importantes scènes étrangères. Parmi les
principales élèves de M"^ Nissen-Saloman, il
faut citer M"** Raab, une des meilleures artistes
de l'Opéra russe de Saint-Pétersbourg , m"^ de
Reszké, qui est attachée depuis plusieurs an-
nées à l'Opéra de Paris, M""^ Anna de Belokha
(Belocca), qui s'est déjà fait un nom dans la
carrière italienne, M^'*' Lawrovsky, M"' Wal-
ter-Kamensky, M"' Bitchourine, etc. M'"" Nis-
sen-Saloman est morte à Hartzbourg , au mois
de septembre 1879.
SALOMÉ {Théodore-Cés\r), musicien fran-
çais, né à Paris le 20 janvier 1834, a fait ses
études musicales au Conservatoire de cette
ville, où il fut l'élève de Bazin pour l'har-
monie et accompagnement, de M. Ambroise
Thomas pour la fugue et la composition, et de
Benoist pour l'orgue. Il obtint les récompenses
suivantes ; en 18r)5, deuxième accessit d'har-
monie; en 1856, le deuxième accessit d'orgue; en
1857, deuxième prix d'harmonie etj deuxième
second i)rix d'orgue; en 1858, troisième accessit
de fugue; en 1859, deuxième accessit de fugue;
en 1861, premier second grand prix de Rome.
Malgré ce dernier succès, M. Salomé ne s'est
guère produit comme compositeur, et l'on ne
connaît de lui, en dehors de quelques morceaux
do peu d'importance, que des fragments de sym-
phonie exécutés à la Société nationale de musi-
que en 1877, et im recueil de dix [)ièces d'orgue
(1) A la liste générale des œuvres de Salicri, il faut
iijoutcr la luusiquc d'un « divertissement théâtral • écrite
l)ar lui sur un livret de Da Ponte, Prima la timsica, poi
le parole, lequel fut représenté à SchœDbrunn durant le
carnaval de 1783. — A. P,
publié à Londres. M. Salomé est organiste du
petit orgue à l'église de la Trinité.
* SALOMOiV (Jean-Pierre), violoniste
allemand, mourut à Londres le 25 novembre
1815. La Revue et Gazette musicale de Paris
a publié, dans son numéro du l'"' juillet 186(3,
une lettre que Beethoven avait adressée devienne
à cet artiste, à la date du l"juin 1815.
SALOMO\ (Hector), compositeur, est né
le 29 mai 1838, à Strasbourg, d'une famille peu
aisée. 11 commença dès son plus jeune âge l'é-
tude de la musique, entraîné qu'il était par une
vocation irrésistible, et en 1847 commençait à
travailler le violon , instrument pour lequel il
éprouvait une véritable passion. Son père étant
mort peu de temps après, cet événement vint
interrompre ses premiers travaux, et ce n'est
qu'un peu plus tard que le jeune Salomon, alors
âgé de onze ans , commença l'étude du piano
sous la direction de M. Frédéric Leutz. Venu à
Paris pour s'y perfectionner, il entra en 1850
au Conservatoire , dans la classe de solfège de
M. Savard, et l'année suivante remportait le
premier prix. Admis en 1852 dans la classe
d'harmonie et accompagnement de M. Bazin,
il remportait un second accessit en 1853 et un
second prix en 1855, après quoi il passait dans
la classe de composition d'Halévy. Pendant tout
ce temps il continuait l'étude du piano, d'abord
avec M. Jonas, puis avec M. Marmonlel.
Les nécessités de la vie contraignirent M. Sa-
lomon à quitter le Conservatoire pour accepter
un emploi d'accompagnateur aux Bouffes-Pari-
siens , où il écrivit la musique d'un ballet, Fas-
cination, qui fut représenté à ce théâtre en 1856.
En 1860, il entrait au Théâtre-Lyrique pour y
remplir les mêmes fonctions, et y restait jusqu'en
1870. Il fit jouer à ce théâtre, le 13 juin 1866,
un joli petit opéra-comique en un acte, les Dra-
gées de Suzette , et écrivait ensuite la musique
d'une cantate, le Génie de la France, qui
y était exécutée le 15 août suivant; enfin, le
13 septembre 1877, il y donnait un nouvel ou-
vrage, en un acte, l'Aumônier du régiment,
dont le livret était tiré d'un ancien vaudeville,
et'qui était bien accueilli par le public.
M. Salomon, qui depuis 1870 a quitté le
Théâtre-Lyrique j)our passer en qualité de se-
cond chef des chœurs à l'Opéra , où il remplit
aujourd'hui les fonctions de chef du chant, a
beaucoup composé. Outre deux symphonies, un
quatuor pour instruments à cordes, «une sonate
pour piano et violon , près de 200 mélodies vo-
cales, tant publiées qu'inédites, quelques mor-
ceaux de musique religieuse, un certain nombre
de romances sans paroles pour piano seul, piano
SALOMON — SALVAYRE
479
et violon, ou piano et violoncelle, il a en porte-
feuille cin({ ouvrages dramatiques , parmi les-
quels se trouvent Biunca Capello, grand opéra
en 4 actes, les Contes d'Hoffmann, drame
lyrique en 5 actes, et un opéra-comique en un
acte, intitulé Lubin Dandïn. 11 a pulilié ré-
cemment un joli recueil de 20 Mélodies avec
accompagnement de piano ( Paris, Brandus,
in-S»).
SALYATOR ( ). — Un compositeur
français de ce nom a fait représenter en 1802, sur
le théâtre de Toulon, un opéra bouffe intitulé
l'Ombre d'Argentine.
SALVAYRE (Gervais-Bernard), compo-
siteur françai'?, né à Toulouse (Haute-Garonne
le 24 juin 1847, a fait ses premières éludes musi-
cales à la maîtrise de la cathédrale de cette ville,
où il eut pour condisciple M. Gailhard , jeune
chanteur qui tient aujourd'hui l'emploi des
basses chantantes à l'Opéra. Il entra ensuite au
Conservatoire de Toulouse, où il se livra à
l'étude du piano, du violoncelle et de l'harmo-
nie. Il obtint un premier prix de \ioloncelle
dans la classe de M. Garreau. C'est là que
M. Amhroise Thomas, dans une de ses tournées
d'inspection dts écoles musicales des départe-
ments, le remarqua, le fit venir à Paris, et le
fit admettre au Conservatoire, où il devint l'élève
de M. Benoistpour l'orgue, et de MM. Ambroise
Thomas et Bazin pour le contre-point et la fugue.
Il obtint en 1866 le second accessit d'orgue et
le troi>ième accossit de fugue, en 1867 le second
prix d'orgue et le second accessit de fugue , et
en 1868 le premier prix d'orgue. Dès 1867, il
prenait part au concours de composition musi-
cale pour le grand prix de Rome, mais il n'y fut
pas heureux les premières années; ce n'est qu'en
1871 qu'il se voyait décerner le second prix
pour cette partie supérieure des études, et
l'année suivante il remportait le premier grand
prix pour sa cantate intitulée Calypso.
A la lin de 1872, M. Salvayre partait donc
pour Rome, emportant avec lui le livret d'un
grand opéra en 3 actes , le Bravo, qu'il comptait
mettre en musique pendant son séjour dans la
ville éternelle. Artiste laborieux, persévérant et
bien doué, il ne faillit d'ailleurs à aucune des
obligations que lui imposait son titre de lauréat
de l'Académie desBeaux-Arts, et il fit poncluelle-
nient chaque année, à cette compagnie, les en-
vois exigés par le règlement, ce qui ne l'em-
pêchait pas de s'occuper d'autres travaux. C'est
ainsi qu'il écrivit, dans le cours des quatre an-
nées pendant lesquelles il resta pensionnaire de
l'Académie, plusieurs ouvrages sérieux dont il
sera parlé plus loin, sa partition du Bravo, et
cinq mélodies italiennes qui furent publiées par
l'éditeur M. Ricordi, de Milan.
De retour à Paris au commencement de
1874, le jeune artiste fit d'abord exécuter aux
Concerts populaires (22 mars) une « ouverture
symphonique >•, puis, engagé comme chef du
chant à l'Opéra populaire du Cliûtelet, dont
l'existence devait être si courte, il fut chargé
d'écrire la musique d'un divertissement intercalé
dans les Amours du Diable, de Grisar, dont
la reprise eut lieu à ce théàlre au mois de no-
vembre 1874. Presque dans le même temps,
l'adunnistration des Beaux-Arts faisait exécuter,
dans la salle du Conservatoire et pour la séance
d'audition des envois de Rome, un Slabat Ma-
ter du la composition de M. Salvayre, œuvre
intéressante, qui ne manquait ni de couleur ni
d'énergie. En 1870, M. Salvayre faisait entendre
aux concerts du Châtelet la Résurrection,
« symphonie biblique » en 4 parties qui cons-
tituait aussi l'un de ses envois de Rome, mais
qui avait été adressée à l'Académie des Beaux-
Arts sous un titre différent :^e,//({/e»ie)i< dernier.
Cependant, M. Salvayre songeait à se produire
à la scène et à faire connaître sa partition du
Bravo, sur laquelle il fondait de sérieuses es-
pérances. Le Théâtre-Lyrique , disparu depuis
quelques années, venait de se reconstituer dans
l'ancienne salle de laGaîlé, sous la direction de
M. Albert Vizentini. Le Bravo fut reçu à ce
théâtre, bientôt mis à l'étude, et offert au public
le 18 avril 1877. L'ouvrage, sans jjrésenter une
grande originalité, décelait du moins un artiste
instruit, en possession de qualités réelles, et
doué d'un fempérartient dramatique incontes-
table. Il fut bien reçu du public et de la critique,
et l'auteur se vit aussitôt chargé, par la direc-
tion de l'Opéra, d'écrire la musique d'un ballet
en un acte, le Fandango, qui fut représenté à
ce théâtre le 2G novembre 1877. Avant la fin de
cette même année , on exécutait encore au Con-
servatoire, pour l'audition des envois de Rome,
deux compositions de M. Salvayre : le Psaume
CXIII, pour so/i, chœurs et orchestre , œuvre
distinguée , et un charmant « air varié pour
instruments à cordes ».
M. Salvayre est un des artistes qui honorent
le plus la jeune école musicale française. Il est
aussi, malheureusement, l'un de ceux qu'effa-
rouche le plus la critique. Mais M. Salvayre est
assez bien doué pour que ce défaut disparaisse
rapidement, et qu'il en vienne à comprendre
l'utilité du rôle de la critique, lorsque celle-ci est
sincère et qu'elle agit pour le seul bien de l'art.
Parmi les œuvres publiées de M. Salvayre, je
signalerai la partition pour piano et chant du
480
SALVAYUE — SAMUEL
Braro (Paris, Lemoine), cello du S/abat Mater
(Paris, lliirtinann), et cinq mélodies ilaliciines
dont voiti les titres : Sospiii miel ! Inymmora-
nienio, Dolore del fradimen/o, Serenata ro-
mana,Seronata di Francesca da fi/HU/ii (Mi-
lan, Ricordi). — Une scène instruinenlale, les
Bacchantes, envoyée par l'auteur avec le
Psaume CXIIl à l'Académie des lîeauxArts, a
donné lieu, avec cette dernière composition, à
ce jugement motivé de l'Académie : » Les deux
ouvrages qui viennent d'êlre examinés justifient
pleinement Ips espérances que les piéccdents
envois de M. Salvayre avaient lait concevoir.
Ce jeune compositeur, déjà plusieurs fois ap-
plaudi par le public , semble appelé à un bel
avenir. 11 est de ceux qui, prémunis par de
longues et fortes éludes contre les écueils que
tant d'autres n'ont pas su reconnaître et éviter,
marchent résolument dans la bonne voie. »
* SALVl (LoRENzo), chanteur dramatique
italien, était né à Bergame en 1810, et non en
1812. 11 est mort à Bologne, au mois de février
1879.
*SALVI (Matteo), compositeur italien,
pendant de longues années fixé à Vienne, serait
né près de Bergame, en 1820, s'il faut en croire
une notice, accompagnée d'un portrait , publiée
sur lui par un journal de Vienne, die Blxiter
fur knnst Wissen wid Antike, dans son nu-
méro du 10 novembre 186G. Selon un aulre
biographe, Francesco Regli (D/sio'iario biogra-
fico), M. Salvi aurait été à Bergame l'élève de
Doni/.etti , et non de Mayr. Quoi qu'il en soit,
après avoir été chef d'orchestre d'une compagnie
d'opéra italien à Berlin , puis à Vienne, M. Salvi
se fixa dans cette dernière ville, où il fit repré-
senter sur le théAtre de la Porte-Cavintbie, en
1847, un opéra intitulé Cailcrina Howard, et
011 il se livra ensuite à l'enseignement du chant.
En 18GI, il fut nommé directeur de l'Opéra de
la cour, et conserva ces fonctions pendant plu-
sieurs années. Après un séjour d'environ trenle
années dans la capitale de l'Autriche, M. Maltoo
Salvi fut appelé, au mois d'octobre 1876, à la
direction du Lycée musical de Bergame, où il
succéda à M. Alessandro Mni , qui venait de se
démettre de ces fonctions. M. Salvi a fait exé-
cuter à Vienne, pour une cérémonie publique,
une messe volive qui est considérée comme une
O'uvre dislingnée.
Le fière de cet artiste, M. Luigi Salvi, est
professeur de chant au Lycée musical de Ber-
gaiiio.
SALVIANI ( ), compositeur italien, a
fait rciiréscnter sur le théâtre ducal de Parme,
le 30 juin 1831, un opéra boulfe intitulé l'Ac-
quistoper rnggiro, ossia la Casa da vendere,
qui n'obtint aucun succès.
SAMKA'TIxM (S ), violoniste, profes-
seur et compositeur pour son instrument, né à
Middelbourg en 1816, a résidé |)endaut longues
années à Lceuwarden , après quoi il s'est fixe à
Amsterdam. On connaît de lui les compositions
suivantes, toutes pour le violon: 1° Élégie;
2° Fantai.sie sur AJina Bulena; 3° Marche ma-
çonnique; 4" 10 Études ; 5" 12 Éludes; 6" Con-
certo; 7° Introduction et variations; 8° 10 Mor-
ceaux.
* SAIMPIERI (Le marquis François). —
Aux ouvrages dramatiques de cet artiste, il laul
ajouter un opéra sérieux intitulé gl' lllinesi,
qui fut représenté en 1823 au grand théâtre de
Bologne.
SAMPIETRO (GiuLio), musicien italien du
dix-septième siècle, est l'auteur de l'ouvrage
suivant : Délie grazie di 7nusica moderna, di
Giîilio Sampietro di Negro (Venise, 1C25),
cité par Quirin Van Blankenhurg dans ses Ele-
menta musica comme un de ceux qu'il étudia
dans sa, "jeunesse.
* SAMUEL (Adolphe), compositeur et pro-
fesseur belge , est aujourd'hui directeur du
Conservatoire de Gand.
Après qu'il eut obtenu en 1845, à Bruxelles,
le grand prix de coiiiposilicin musicale , M. Sa-
muel fit un grand voyage en Italie et en Alle-
magne, et .séjourna particulièrement à Leipzig,
où il connut Mendelssohn, qui le prit en affec-
tion et auprès duquel il termina son éducation
musicale de la façon la plus avantageuse. De
retour à Bruxelles, il s'y fit une situation bril-
lante, et en 1865 il eut l'idée d'acclimater en
cette ville des concerts populaires de musique
classique, à l'imitation de ceux que M. Pasde-
loup [Voy. ce nom) venait de fonder à Paris
avec un succès colossal. Les concerts populaires
de Bruxelles obtinrent, eux aussi, une vogue
considérable, et imprimèrent une active impul-
sion au déveloi>pement du goût musical en Bel-
gique; ils firent connaître en ce pays les meil-
leures productions de l'école nationale, qui
jusqu'alors n'avait pas de débouchés , et celles
de la jeune école allemande, en même temps
qu'ils révélaient au public un certain nombre
d'œuvres importantes des grands maîtres : Bach,
Mozart, Beethoven, Mondelssohn, Schiimann ,
qui y étaient encore inconnues. En 1SG9, M. Sa-
muel fut chargé par le gouvernement belge
d'organiser de grands festivals annuels de mu-
si(]ue classique à l'instar des fameuses fêtes mu-
sicales du l'.as-niiin, et le premier de ces festi-
vals eut lieu sous sa direction à Bruxelles,
SAMUEL — SAN-GIACINTO
481
<]aiis la nouvelle gare du Midi, qui fut inaugurée
à celte occasion (septembre 18G9). Le chœur
étiiit composé de 1,200 chanteurs, l'orchestre de
150 artistes, elle programme des trois journées
traditionnelles comprenait, entre autres œuvres,
le Messie, de Hœndel , exécuté pour la pre-
mière fois en Belgique, les Ruines d'Athènes et
la Symphonie en la, de Beethoven, |le Lucifer de
M. P. Benoit et une symphonie de M. Ad. Sa-
muel; les principaux solistes étaient M"" Marie
Sasse , MM. Vieuxtemps et Auguste Dupont.
Cette grande solennité artistique ne réunit pas
moins de 8,000 auditeurs, accourus de toutes
les parties du pays et même de l'étranger, et le
succès en fut éclatant. A cette occasion, M. Sa-
muel fut promu au grade d'officier de l'ordre de
Léopold. En 1871, M. Samuel fut appelé à la di-
rection du Conservatoire de Gand, qui reçut
alors, avec une subvention de l'État , le titre de
Conservatoire royal; sous la direction d'un ar-
tisle aussi distingué, cet établissement, dont
l'importance était déjà considérable, prit un
nouvel et plus grand essor, et il est considéré
aujourd'hui comme une école de premier ordre;
il est, à l'heure actuelle, fréquenté par plus de
600 élèves , et ne comprend pas moins de 65
cours. Le 8 janvier 1874, M. Samuel a été élu
membre effectif de l'Académie royale de Bel-
t;i(|ue, pour la classe des beaux-arts.
Voici la liste des œuvres de M. Adolphe Sa-
muel, telle qu'elle a été publiée dans la Diblio-
grnphie académique de l'Académie royale de
Belgiqne (édition de 1874) : — Musique drama-
tique ET VOCALE, r II a rêvé, opéra-comique
en 3 actes, 1845; 2° Giovanni da Procida,
opéra sérieux italien en 4 actes, 1848; 3° 3Ia-
deleine, opéra-comique en un acte, 1849; 4° les
Deux Prétendants, grand opéra en 3 actes,
1S.)1 ; 5° l'Heure de la retraite, oiiéra-comique
en ?. actes, 1852; 6" Ouverture, entr'acte, ro-
mance et musique mélodramatique pour les
Gueux, drame de M. Charles Potvin , 1864;
1° la Vendetta, cantate, 1845; 8° Cantate pour
voix d'homme et instruments de cuivre, com-
posée pour le 25« anniversaire de l'indépendance
nationale, 1855; 9° Cantate nationale, pour deux
chœurs et orchestre d'harmonie, composée pour
l'inauguration de la colonne du Congrès, 1859;
10" Mélodies diverses pour chant et piano, pu-
bliées à Cologne, Mayence, Paris et Bruxelles;
1 1° 4 chœurs à voix égales, avec piano (Bruxel-
les, Meynne) ; 12° ClioMir pour Esther, tragédie
de Racine, pour voix mixtes, avec orchestre
(Bruxelles, Schotl) ; 13" 3 chœurs à voix égaies,
s.ms accompaanement (Bruxelles, Kallo);
li" Ave Maria pour chœur, orchestre et or-
BIOGR UNIV. DES MUSICIENS. — SUI'PL. -
gue; 15" 4 Motels {Ave Maria, Salve Regina,
Pater noster, Tantum ergo) pour chœur et
orchestre (Bruxelles, Katto) ; Iti" Prière pour
l'inauguration du temple Israélite de Bruxelles
(1878), pour voix seules, chœur et orgue. —
Musique instrumentale. 17" 1''^ Symphonie à
grand orchestre (en la majeur); 18" 2^ sym-
phonie (en la mineur) ; 19" S» symphonie (en
vii mineur) ; 20° 4' symphonie (en ré mineur) ;
21" 5' symphonie (en si bémol); 22" Ouverture
de concert (en fa); 23" Ouverture de concert
(en ré) ; 24" Roland à Roncevaux, fragments
symphoniques; 25" 2 Quatuors pour instru-
ments à cordes (en mi bémol et en si mineur) ;
20" Divers morceaux de piano.
On doit aussi à M. Adolphe Samuel un Cours
d'accompagnement pratique H de basse chif-
frée (Bruxelles, Schott), et un grand nombre
d'articles de littérature et de critique musicales,
publiés dans divers journaux et recueils, la
Revue trimestrielle, la Civilisation, la Flan-
dre libérale, l'Indépendance belge, l'Écho de
Bruxelles, le Télégraphe, l'Art universel.
M. Samuel a donné aussi dans un recueil de ca-
ractère national, la Patria Leigica, un grand
travail historique sur la musique et les musi-
ciens belges, travail qui lui a valu quelques cri-
tiques un peu vives et qui semblent fondées, re-
lalivement à ses inexactitudes, ses erreurs et
surtout ses omissions. Enfin, on lui doit encore
un résumé sur les Instruments de musique à
V Exposition de Paris, publié dans la Bel-
gique à l'Exposition tiniverselle de 1878.
SAI\-FIORE\ZO (Cesap.e), pianiste et
compositeur italien, né à Gênes le 17 mars
1834, s'est fait connaître par ia publication d'un
assez grand nombre d'œuvres (lour le piano et
pour le chant , parmi lesquelles je signalerai
les suivantes : Tre Romanze , 1" album ;
Scène caratleristiche, 3 morceaux pour le
piano; Illusioni caratterische, 3 morceaux
pour le piano; le Quattro Parti dcl mondo,
4 morceaux pour le piano; la Divina Comme-
dia, illustrations dramalico-musicales, 4 mor-
ceaux pour le piano; enfin, (quelques duos pour
piano et harmonium. Au mois de janvier ou fé-
vrier 1879, M. San-Fiorenzo a fait représenter
au théâtre Dal Terme, de Miian, un opéra inti-
tulé il Taumaturgo.
Un artiste du même nom , M. L. San-Fio-
renzo, vraisemblablement parent de celui dont
il est ici question, a publié quelques morceaux
de danse pour le piano.
*SAX-GïACIMTO (Stefano Mira e Siri-
GNANo, marquis DE). — Ce dilettante passionné
a réuni récemment en un \r.lume un certain
T. II. 31
482
SAN-GIACINÏO — SANDI
nombre de travaux et d'articles relatifs à la mu-
sique, et publiés par lui dans divers journaux.
Ce volume a paru sous le titre de Biografie e
Cose varie (Palerme, 1873, in-12), et contient,
entre autres, divers chapitres sur Pacini, Ila-
lévy, Rossiiii, Mercadante, Pacciiiarotli, les
psaumes de Marcello, etc., etc. (1). Sur le dos
de ce volume, l'auteur donne les titres d'un assez
grand nombre de compositions musicales livrées
par lui au public, et qui consistent en varia-
tions pour le piano, valses, polkas, mazurkas,
quadrilles à quatre mains, canzonettcs, ariette*;
parmi ces dernières, j'en remarque une intitulée:
Mi disse un pastore, « arietia musicata su pa-
role di G. Rossini, >• et parmi les compositions
restées jusqu'ici inédites il faut signaler des
cantates, des sonates, et une symphonie à or-
chestre.
M. le marquis de San-Giacinfo est né, non en
1809, comme il a été dit, mais le 22 février
1803.
*SAN-JACIIVTO (Le marquis DE). -
Voyez SAX GIACIXTO.
* SAXCIIEZ DE LA MADRID (Ven-
tura). — C'est le 27 janvier 1841 que cet artiste
espagnol lit représenter au théâlre de la Cruz,
à Madrid, son opéra italien intitulé Za Congiura
di Venezia.
SAl\CHEZ-GABANACH ( François de
Pacle), compositeur espagnol, est né à Barce-
lone le 6 février 1845. D'abord élève d'un artiste
nommé Pedro Llorens, puis de Raimondi Giii,
avec lesquels il travailla le solfège et le piano ,
il étudia ensuite la composition avec M. Gabriel
Balart(roy. ce nom). A dix-huit ans,''en 1863,
il écrivit une ouverture de i>//«erre qui fut exé-
cutée aux Champs-Elysées de Barcelone, et une
autre ouverture qu'il fit entendre au théâtre
principal. En 1864, il produisit une troisième
ouverture, dédiée à la mémoire de Meyerbeer,
et le 23 mars 1867 il donnait sur le théâtre du
Lycée, de Barcelone, son premier opéra, Ra-
habba, dont son père lui avait fourni le livret,
et qui fui accueilli avec succès. Depuis lors,
cet artiste a écrit les paroles et la musique de
deux autres opéras, Giuseppe, et le Ghironde;
je ne saurais dire si ces deux ouvrages ont
été représentés. On lui doit encore une
messe de ncquiem écrite à la mémoire de sa
sœur, et deux ouvertures portant pour titre,
M On y trouve aiis.si rcprortuit l'écrit (|iii jivalt p.ini na-
guère son'; forme de brochure: Osicrvaziohi sul pariit-
Iclo di licllinie Hossiui. l.'aiilenr ;ivait slf,'iU! cet opus-
cule : Marchescdl .S.in .lacinlo, tandis que le voliiniedont
Uist ici t|ncstion tst publié, on le voit, .sous le nom de )
.S'ciano Mira c Siripnnno, marchcse dl San-Ciaclnto.
l'une : A ma patrie et pour ma patrie, et
l'autre : In Mort de Salvador.
SAXCIIIOL! (GiLi.!A),née à Milan en 181.4,
s'était d'aboid vouée à la peinture, mais à seize
ans sa belle voix ayant été remarquée, son père
lui fit étudier le chant sous la direction de
Vaccaj, sans toutefois la destiner au théâtre.
Restée veuve de bonne heure et presque sans
fortune, elle accepta d'abord un engagement
pour Rome, où elle débuta avec éclat dans
la JSorma, puis pour Londres, où ses succès
ne furent pas moins brillants. Lumley en parle
avec éloge dans ses Mémoires sur l'Opéra ;
on peut voir aussi à son sujet le Dizionario
biografico de Regli. M"= Sanchioli > manqué,
comme l'Albertini , la Gallctti et tant d'autres ,
à la gloire de l'Opéra Italien de Paris. C'est elle
qui a créé le Prophète en Italie, avec le plus grand
succès. Meyerbeer ne tarissait pas d'éloges sur
son compte, et il aurait voulu la voir engager
à l'Opéra, lors de la retraite prématurée de
M™= Tedesco; mais son accent par trop italien
empêcha la conclu.sion de cette affaire. Regli ra-
conte un trait curieux de la vie de cette artiste.
Quelques années avant la chute des Bourbons de
Naples (1860), Y imprésario de San-Carlo
avait engagé M"" Sanchioli précisément pour
chanter le rôle de Fidès dans le Prophète ; l'en-
gagement était signé de part et d'autre, et l'ar-
tiste s'apprêtait à se rendre à son poste, lorsque
le ministre de la police lui fit défendre l'entrée
du bienlieureux royaume à cause de ses opinions
libérales.
M""" Sanchioli, remariée à M. Aparici, auteur
dramatique espagnol, s'est fixée à Pau depuis
quelques années et se consacre à l'enseignement
du chant. J. D. F.
SAI\D (Beuthe eux, épouse), chanteuse
dramatique éminente, née à Pesth (Hongrie) en
1845, fut amenée à Vienne à l'âge de six ans,
et fit son éducation musicale au Conservatoire
des amis de la musique de cette ville. Engagée
d'abord à Nuremberg, puisa Slutlgard, elle ap-
partient depuis 1868 au personnel de l'Opéra
im[iérial" de Vienne.
jyjme Ehn-.Sand possède une superbe voix de
sopiano, particulièrement admirable dans ses
cordes hautes. Les principaux rôles qu'elle a
créés à Vienne sont ceux de Juliette dans Ro-
méo et Juliette, de Mignon, de Carmen, et
d'Oi)liélie dans Hamlet. J. B.
SAXDI (Franxesco), musicien italien , fut
admis au mois de novembre 1850, comme élève
de composition, au Conservatoire de Milan, et
ne quitta cet établissement qu'au bout de huit
ans, en septemlire 1858. Il remplit cnsnito les
SANDI — SÂNSONE
483
fonctions de maestro concertatore en second
au tlKlàtrede la Scala, et se fit connaître par un
Traifolo d'istromentazione pratica, qui fut
approuvé par le Conservatoire. Cet artiste mou-
rut à Feltre, au mois de mars 1868.
* SAXDOA^I (Pierre-Joseph), a écrit un ora-
torio, il Trionfo délia grazia, qui fut exécuté à
Bologne en 1705.
SAXDRE (Gustave), pianiste et composi-
teur français, s'est fait connaître depuis une
dizaine d'années par la publication de quelques
œuvres peu nombreuses, mais intéressantes,
écrites avec un grand soin, non dépourvues
d'inspiration, et qui témoignent en faveur des
bonnes études, de l'esprit ouvert et des larges
tendances de leur auteur. Parmi ces produc-
tions dignes d'estime et de sympathie, je cite-
rai un élégant et joli recueil de pièces de piano,
Feuilles d'album (op. 16), contenant cinq
morceaux distingués, une suite de 12 valses à
4 mains (op. 17), dont quelques-unes sont tout
à fait charmantes , un Quatuor en mi bémol
pour piano et instruments à cordes (op. 15)
d'un style excellent, et une Marche caractéris-
tique à 4 mains (op. 13), d'un heureux carac-
tère. Au nombre des autres œuvres de M. San-
dre, on trouve encore : 4 Ballades à une voix,
op. 8 (1. Ophélia; 2. la Fleur d'or ; 3. Com-
plainie ; 4. Chanson du rouet), l-'antaisie
rondeau pour piano et violon, op. 12, Scher-
zo vivace pour piano, op. 1, Bourrée d'AU'
vergne, id., op. 2, 6 Pièces à 4 mains (en 3
livres), op. 10, une sonate pour piano et vio-
lon, etc.
* S.WELU (GuALTiERo), compositeur
italien, est mort le 15 décembre 1861. La liste
des ouvrages dramatiques de cet artiste doit
s'augmenter de ceux dont les titres suivent :
1° il Fornaretfo, opéra sérieux représenté à
Parme le 24 mars 185t ; 2" Tradita, drame
lyrique en 4 actes, donné sur le théâtre de la
Fenice, de Venise, dans la saison du carnaval
de 1851-1852; 3° CojHoerts, opéra sérieux en
3 actes, joué au théâtre Regio, de Turin, en
1852 ; 4° Oftavia opéra sérieux, qui tomba à
la Scala, de Milan, le 11 février 1854; 5" Geti-
naro Annese. J'ignore la date et le lieu de
représentation de ce dernier.
SAIXGERMANO (Luici), compositeur
italien, né à Arpino (province de Caserte) le
14 octobre 1846, fit ses études littéraires au
collège de sa ville natale, puis, s'étant rendu
à Rome en 1864 , y reçut ses premières
leçons de musique de M. Filippo Murchetti
( Voy. ce nom). L'année suivante il parlait
pour Naples, où, recommandé à Mercadante
par son oncle Carlo Conti, il suivait, sous la di-
rection de ce maître et avec l'assistance de
MM. Claudio Conti et Ralfaelc de Pantis, un
cours complet de contre-point et de composi-
lion. M. Sangermano, qui se destinait à la car-
rière du théâtre, «iébuta sous ce rapport au
théâtre Re, de Milan, où il lit représenter, au
mois de mai 1869, un opéra semi-sérieux in-
titulé Goretla. Le bon accueil obtenu par ce
premier ouvrage lui donna la facilité de pro-
duire au théâtre San-Carlo, de Naples, un
drame lyrique en 4 actes, Regina e Favorita,
qui y parut le 24 mai 1871. Celui-ci fut
sévèrement accueilli et n'obtint, je crois, qu'une
seule représentation, malgré la présence de
deux grandes cantatrices, m"-^' Krauss et Wald-
mann, qui en remplissaient les deux principaux
rôles. L'inspiration manquait à la musique
de cet ouvrage, conçue, dit-on, selon les doc-
trines les plus abstraites de l'école allemande
la plus avancée. Depuis lors, le jeune artiste a
écrit un troisième opéra, Clelia Olgiaio, qui
n'a pas encore été représenté.
M. Sangermano a publié cinq recueils de mé-
lodres vocales et quelques autres morceaux de
chant détachés. Il a écrit plusieuis compo-
sitions religieuses : psaumes à 4 parties, vêpres
motets, etc., une grande symphonie, des qua-
tuors pour instruments à cordes, et divers
morceaux de musique de danse.
SANGIORGi ou SAN GÎORGB (Filippo),
compositeur italien, a été pendant plusieurs
années chef de la musique de la garde natio-
nale de Rome. J'ignore s'il occupe encore ac-
tuellement ces fonctions. M. Sangiorgi est ho-
norablement connu dans sa patrie par plusieurs
ouvrages dramatiques qui semblent avoir ob-
tenu des succès assez marqués, mais dont au-
cun, cependant, n'a pu franchir les limites de
l'Italie. Voici la liste de ces ouvrages : 1° la
Mendicanle, Rome, 1861 ; 2° Iginia d'Asti,
Rome, 1862 ; 3° Guisemherga da Spoleto,
ouvrage qui, parfaitement accueilli à Spoleto
au mois de septembre 1864, a été presque aus-
sitôt reproduit dans plusieurs villes importantes
et reçu avec la même faveur; 4° Giuseppe
Balsamo, Milan, théâtre Dal Vorme, novembre
1873 ; 5" Diana di Chavernij, Rome, théâtre
Argentina, 27 novembre 1875. J'ignore si M. San-
giorgi a produit quelques compositions en dehors
du Ihtâtre.
SAXSOA'E (.Michèle), compositeur italien,
aveugle de naissance, s'est fait connaître par
un opéra sérieux, liuggiero di Sangineto, qui
a été représenté sur le théâtre du Fondo, de
Naples, au mois de septembre 1859. Cet ou-
484
SANSONE — SANTLEY
vrage obliiit un très-granii succès lors de son
appaiilioii, et fut l'objet de maniloslations en-
thousiastes de la part des coinpalrioles de
l'auteur aussi bien que d'cMoges unanimes de la
part de la critifpio. L'artiste, cependant, n'a
plus fait parier de lui depuis lors, et n'a pro-
duit aucune œuvre nouvt'ile.
SA.\ TA-COLOMA SOUUGET (M™' Eu-
GiiME DE), née à Bordeaux le 8 février 1827, fille
de M. de Santa-Coloma, consul général de la
Confédération Argentine, mariée en 1849 à un
armateur de Bordeaux, montra dès son enfance
des aptitudes musicales extraordinaires. En
1830, à moins de quatre ans, elle se mil un jour,
au piano, à jouer l'air de la Parisienne, que les
orgues de Barbarie rendaient alors populaire.
A cin(i ans, elle recevait ses' premières leçons
de piano de M""" Dufresne, (ille du célèbre
chanteur de l'Opéra.
A l'âge de quatorze ans, au retour d'un
voyage à Paris où elle avait pris des leçons de
Ziinniermann et de Bertini, elle joua pour la
première fois en public à Bordeaux, dans un
concert du Cercle |)billiavmonique, le concerto
de Ries. Elle fut initiée aux lois de l'harmonie
par M. Colin, chef d'orchestre du Grand Tliéà-
tre de Bordeaux, et père du professeur actuel
du Conservatoire. A 17 ans, m"' Smla-Coloma
révélait des facultés vocales exceptionnelles , et
son or-;ane, d'abord un peu rude, fut assoupli
et dirigé par les leçons du professeur espagnol
Arrégni. C'est en 1847 qu'elle obtint, à Paris,
une suite de triomphes. Elle y produisit quel-
ques-unes de ses premières œuvres : le Chant
du crépuscule, A une jeune fille, Chante
Madeleine, etc., publiées depuis par l'éditeur
Mtissouuier. Une barcarolle intitulée vne
£"/oi/e avait déjà paru en 1842 chez Escudier.
Fendant ce séjour à Paris, la double person-
nalité artistique de M"° Santa-Coloma s'af-
firma à la fois. Ilalévy, après l'avoir entendue,
offrit de lui écrire un rôle nouveau si elle vou-
lait débutera l'Opéra, et le comité de la Société
des gens de lettres lui écrivit une lettre conçue
dans les ternies les plus flatteurs, pour la prier
de lui envoyer un autographe lyrique pour
V Album qu'il préparait.
M""' Sourget, vers 18G4, a fait représenter,
dms un salon, un opéra en un acte, l'Image,
sur des paroles de Scribe. Depuis lors, de nou-
velles compositions (lour le chant ont été pu-
bliées par elle chez Gérard. La mélodie intitulée
C'fsl ton no?)i a été tout récemment transcrite
pour le piano par Francis Piaulé. ICnlin, une
o- ivre iiiq)ortanfe, un grand trio instrumen-
lal, édité en 1872 par Gérard, semble indi-
quer que 'le talent de madame Santa-Coloma
Sourget vient d'entrer dans une voie nouvelle.
Il y a, dans les (cuvres de cette artiste distin-
guée, une qualité inappréciable : le charme. On
peut leur rcproclier un peu trop de laisser-
aller dans la forme ; mais les idées en sont
heureuses, spontanées. Plusieurs de ses mélo-
dies pour le cliant ont obtenu un vrai succès.
A. L — N.
SA!XTESTEBAN(J... -A....), compositeur
et éditeur de musique espagnol, établi à Saint-
Sébastien, a publié vers 1878 uu recueil de chan-
sons po|)ulaires basques, notées par lui avec ac-
compagnement de piano ; ce recueil est curieux
et intéressant. M. Santesteban a écrit et publié
aussi quelques morceaux de musique légère
|)Our le piano.
SAJ\TIS ( DE), compositeur russe
contemporain, a écrit la musique d'un opéra
en 4 actes, qui a été représenté sur le théâtre
iMarie, de Saint-Pétersbourg, au mois de jan-
vier 1874. Cet ouvrage n'a pas eu de succès.
SAA'TLEY (Chaules), chanteur dramatique
remarquable, est né à Liverpool vers 1835.
Après avoir reçu dans son pays une très-bonne
éducation musicale, il alla passer quelque
temps en Italie pour s'y perfeclionner dans
l'art du chant, puis, de retour en Angleterre,
il fut engagé dans la troupe d'opéra anglais que
dirigeaient alors au tliéâtre Covent Garden, de
Londres, miss Louisa Pyne {Voy. ce nom) et
M. Harrison. Le public ne le remarqua pas
tout d'abord, mais lorsqu'on 18G0 il parut
ilans le rôle de Rhineberg d'un opéra nouveau
de Wallace, Lurline, son succès fut très-grand,
et il (ut aussitôt classé au nombre des premiers
barytons de l'Angleterre. Il se montra ensuite,
avec le même bonheur, dans Amber Witche,
du môme maître, the Lilly of Killarney, de
M. Benedict, the Puritans Daughler, the Ar-
murer of Nantes, de Balfe, où le public
apprécia chez lui, avec un très-réel talent de
comédien, une voix d'une puissance et d'une
étendue surprenantes, ne comprenant pas
moins de deux octaves, et partant des notes
graves de la voix de basse pour atteindre, dans
le registre élevé, aux sons d'un vériliible ténor.
Après avoir, pendant quelques années, brillé
dans l'opéra anglais, M. Santley aborda avec
autant de succès l'opéra italien. Engagé en 1864
au tliràtre de Sa Majesté, il alla faire une sai-
son à Barcelone en 18G5, une autre à la Scala
de .Milan en 18G6, revint à Londres, et du théâ-
tre (le Sa Majesté passa plus tant à ceux de
Covent Ganlcn (I80'J) M de Drury Lane (,1^70).
Il se produisit successivement, et toujours
SANl'LEÏ — SAilASATE
485
avec bonheur, dans la plupart des ouvrages
du répertoire : Maria, les Joyeuses Commè-
res de Windsor, il Trovatore, Rigolelto,
Médée, le Pardon de Ploermel, la Flùle en-
chantée, les Huguenots, Hamlet, Oberon,
Faust, il Teinplario, etc. Mais ce n'est pas
seulement comme chanteur drainalitiue que
!\I. Santley acquit une renommée éclatante et
incontestée ; il ne réussit pas moins en se pro-
duisant dans les concerts, dans h's festivals, et
surtout en prenant part aux exécutions d'ora-
torios qui sont si fréquentes en Angleterre; il
s'est souvent fait entendre aux belles séances
de la Société philliarmonique et des Concerts
populaires, de même qu'aux grands festivals
de Londres ou des provinces, et n'obtint pas
moins de succès en chantant le Paulus ou
VËUe de Mendeissohn, que le Messie, Israël
en Egypte on tel autre chef-d'œuvre de Haindel,
ou des œuvres nouvelles telles que !Saaman de
M. Costa, ou la Légende de sainte Cécile de
M. Bénédict.
En 1872, M. Santley fit un voyage en Amé-
rique, et se fit entendre avec le plus grand
succès à l'Académie de musique de New- York.
Il revint ensuite dans sa patrie, et, en 1875,
lorsque M. Cari Rosa, le chef d'orchestre, vou-
lut, en compagnie de sa femme, l'excellente
cantatrice M"" Parepa-Rosa, faire revivre l'o-
péra anglais au prix d'un nouvel effort, il
trouva M. Santley tout prêt à le secomier. Ce-
lui-ci fit donc partie de la troupe que M. Rosa
réunit au Princess's Théâtre , de Londres, et
avec laquelle il entreprit ensuite une grande
tournée dans les provinces. Dans cette nou-
velle campagne, M. Santley aborda plusieurs
rôles qu'il n'avait pas joués encore, et se mon-
tra dans /e Vaisseau fantôme, dam tes Noces
de Figaro, dans la Bohémienne et dans quel-
ques autres ouvrages. Mais son succès le plus
éclatant fut celui qu'il remporta dans Zampa,
où l'on assure qu'il est incomparable. Quand
M. Cari Rosa transporta sa troupe au Lyceum,
M. Santley, qui depuis longtemps, parait -il,
avait le désir de jouer Joconde, de Nicolo, (it
lui-même l'adaptation anglaise du livret de
cet opéra, et le chanta d'une façon tout à fait
supérieure.
En résumé, M. Santley est un chanteur et un
acteur remarquable, et l'un des meilleurs ar-
tistes que possède en ce moment l'Angleterre.
SAA'TO COPPA ( ...), compositeur
italien, est l'auteur d'un opéra sérieux, Cos-
tanza Francavilla, qui a été représenté à
Milan, sur le théâtre Carcano, en 1869.
• SAKTUCCI (Marco). — Au nombre des
compositions manuscrites de cet artiste, il faut
ajouter un Magnificat a 4 voci et Sei Cantate
a voce sola di soprano. M. le docteur Basevi,
de Florence, possède des copies de ces ou-
vrage*.
SARASATE (MAUTiN-MruTON), l'un des
virtuoses violonistes les plus remarquables et
les plus accomplis de l'époque actuelle, est né à
Pampelune, dans la Navarre, le 10 mars 1844.
Espagnol par sa naissance et son origine,
M. Sarasate appartient à la France par son édu-
cation artistique, et de tous les virtuoses qui
se sont produits depuis vingt ans, il est celui
qui continue avec le plus d'éclat et de la façon
la plus directe les nobles traditions de notre
grande école de violon. Admis au Conserva-
toire de Paris au mois de janvier 1856, dans
une classe de solfège et dans la classe de vio-
lon de M. Alard, il prenait part aux concours
en 1857, après dix-huit mois d'études, et, après
avoir obtenu un premier prix de solfège, il
remporiait im des plus beaux premiers prix
de violon qu'on eût v\is depuis longtemps. 11
était seulement alors âgé de treize ans. 11 en-
trait ensuite dans la classe d'harmonie de
M. Reber, et, pour cette partie de l'art.^obtenait
un accessit en 1859.
Enfant prodige, le jeune Sarasate se fit rapi-
dement entendre en public, et bientôt fut re-
cherché dans tous les salons, où chacun lui
faisait fête et où ses succès se renouvelaient
chaque jour. Au bout de quelques années, il
entreprit quelques courts voyages, principale-
ment en Espagne, sa patrie, où il n'est pas be-
soin;de dire qu'il fut reçu avec sympathie ; mais
il revenait toujours à Paris, où il résidait régu-
lièrement et où le public ne cessait de lui faire
fête.
Toutefois, c'est dans ces dernières années
que la renommée de M. Sarasate s'est établie
sur des bases inébranlables, le talent de l'ar-
tiste, mûri par un travail incessant, ayant ac-
quis toute son ampleur, ayant pris son entier
essor, et se faisant surtout remarquer par les
qualités du style le plus pur, le plus sévère et
le plus noble à la fois. C'est alors que le vir-
tuose fit apprécier toute l'élévation de son ta-
lent en faisant entendre, soit aux Concerts po-
pulaires, soit aux concerts du Chàtelet, soit aux
admirables séances du Conservatoire, diverses
œuvres écrites expressément à son intention,
entre autres le joli concerto de M. Max Bruch,
celui de M. Edouard Lalo et la Symphonie es-
pagnole du même auteur. M. Sarasate exécutait
aussi tantôt le concerto de Beethoven, tantôt
celui de Mendeissohn, et dans ces œuvres de
48G
SARASATE - SARRIA
genres d de caractères si divers il faisait ad-
mirer la souplesse de son style, la fierté d'un
jeu plein d'iMé^'^Bce et de cliarme, la perfection
de son niécnnisme, la pureté merveilleuse d'un
son qui brille moins par la puissance que par
son exquise limpidité, enfin un phrasé parfait,
une étonnante facilité d'archet et un chant
plein de grâce et de sentiment. Le public
était tenu sous le charme par le jeu du vir-
tuose , et l'accueillait chaque fois avec enthou-
siasme.
En 1870 et 1877, M. Sarasate entreprit un
grand voyage artistique. Après s'être fait enten-
dre à Vienne, où il ne fut pas moins bien reçu
qu'il l'avait toujours été à Paris, il parcourut
toute l'Allemagne, visita Breslau, Schwerin,Dus-
seldorf, Cologne, Bonn, Halle, Pesth, Bade,
Hanovre, etc., partout excitant l'enthousiasme
et recueillant les applaudissements. Après avoir
été à Londres et à Bruxelles, il partit pour Ber-
lin, où, dans quatre concerts donnés par lui au
théâtre de l'Opéra, il remporta de véritables
triomphes (1). Au moment où cette notice est
écrite (mai 1878), on assure que M. Sarasate
.s'apprête à partir pour la Russie, où il retrouvera
assurément les mêmes succès.
Les compositions de M. Sarasate sont d'im-
portance secondaire. Parmi celles qu'il a pu-
bliées jusqu'ici, je citerai : Confidence, romance
sans paroles, op. 7 iSouveyiir de Domont, valse
de salon, op. 8; le Sommeil, nîélodie, op. 11;
Moscovienne,o'^. 12; Mosaïque sur Z«?«;;(7, op.
15 ; Prière et Berceuse, op. 17; Don Juan,
fantaisie concertante pour piano et violon ; Airs
Bohémiens , Fantaisie sur Fmist, Airs espa-
gnols ; etc.
SAlll (Thomas), compositeur, né à Ajaccio le
8 janvier 1832, a fait à peu près seul son éduca-
tion technique. Dans sa modeste sphère d'ac-
tion, il a rendu des services à l'art musical
comme professeur et comme chef d'orchestre.
Vers 1863, il a fait jouer au théâtre d'Ajaccio
un opéra en 3 actes, Ivanoé, qui a été donné
plusieurs fois pendant deux années consécutives
par une troupe italienne. Il a écrit aussi un petit
opéra-comique sur un poème français qui n'a pas
encore été exécuté jusqu'à ce jour, un assez
grand nombre de romances, des morceaux de
genre et de danse pour le piano, et des marches
ou des pas redoublés pour la musique de la
(1) Les joiirnain allern.inils qui, pondant les récents
voyaRos (le M. Sar.isale en Allcnia^:no, ont pnblié .sur lui
des notices biograpliiques, l'ont tous appelé l'ablo de
Sarasate. J'ai relevé les noms et les renseignements re-
latifs a la naissance de M. Sarasate sur les registres
d'inscrlpllon du Conservatoire de Paris, dont II a été l'é-
lève.
ville. Cet artiste n'a jamais quitté la Corse, où
réside sa famille.
Al. R — d.
* SAHMIEXTO (Salvatoue), compositeur
Italien. — Selon lanoticequeM.FrancescoFlorimo
( Foy. ce nom) a consacrée h cet artiste, il serait
né à Païenne en 1817 et aurait été, au Conser-
vatoire de Na|ilfs, l'élève de Furno, de Zinga-
relli et de Donizetti. A la suite de son séjour en
France, Sarmiento retourna à Naples, où, en
1854, le roi le nomma maître de sa chambre et
de sa chapelle. Il mourut en cette ville le 13 mai
1869. Aux ouvrages dramatiques de ce composi-
teur, il faut ajouter Eloisa (2 actes, Naples, th.
duFondo, 1841), et Elmira (Parme, th. Ducal ,
1851). Il a écrit beaucoup de musique religieuse
pour le service de la chapelle royale de Naples ,
entre autres une cantate sacrée : le Tre Ore
deW aQonia,unemesse funèbre, de nombreuses
messes de Gloria, un Dixit Dominus, \xn Ma-
gnificat, des Litanies et im Tanlum ergo.
Un artiste du nom de Pierre Sarmienio était,
vers 1855, professeur de llùte au Conservatoire
de Madrid. J'ignore si c'est un parent du précé-
dent.
* SARO (J....-HENKI), est aujourd'hui chef
de musique d'un régiment de l'armée prussienne.
Il a obtenu des succès en 1872, en Amérique,
où il était allé donner des concerts avec son
corps de musique. Les compositions de cet
artiste, consistant surtout en ouvertures, mar-
ches, q'uadrilles et morceaux de danse divers,
s'élèvent au chiffre de cent environ.
* SAlliU (Dominique). — La liste des com-
positions de cet artiste doit s'augmenter des
œuvres suivantes : i°Par(enope, opéra sérieux
en 3 actes, Naples, th. San-Bartolomeo, 1722;
2" Siroe, re di Persia, id., id., id., 1725;
3" Bérénice, id.,id., id., 1732 ,-4° Achille in
Sciro, id., id., th. San-Carlo, 1737; 5" Lucio
Vero, opéra sérieux en 3 actes ; 6° Valdemaro,
id.; 7° Cantates pour voix seule, avec basse;
8° 3 Sérénades à 3 et 4 voix; 9" Concerto pont
2 violons, fliile, alto, violoncelle et basse.
SARRIA (Enrico), compositeur dramatique,
est né à Naples le 19 février 1836. Élève de
Raffaele Gentile Vitale pour le piano, de Nicola
Fornasiniet ensuite du baron Giuseppe Staffa
pour l'harmonie et la composition, il n'était âgé
que de dix-sept ans lorsqu'il (it son début à la
scène en donnant au théâtre Nuovo, de Naples,
en 1853, un opéra bouffe intitulé Carmosina,
([iii obtint un grand succès. Cet ouvrage fut
suivi de Donna Manuela, donné par le jeune
compositeurau mémethéâtreen iSbd, cl à' Estel-
la, joué au théâtre du Fondo en 1858. Après
SARRIA
SASSAROLI
487
un long silence, M. Sania rentra dans la car-
rière et remporta un énorme succès avec Babbeo
e V Intrigante, opéra bouffe qui obtint en 1872
près (le 150 représentations au théâtre Rossini,
et qui fut repris ensuite au tbéiUi;e Nuovo. De-
venu pianiste accompagnateur au théâtre Mer-
cadante (ex-Fondo), M. Sarria y a fait représen-
ter encore deux ouvrages importants: Guidclla,
opéra semi-sérieux donné le 25 mai 1875, et
la Campana delV Eremitaggio, qui fut offerte
au public le 25 septembre suivant. Ce dernier,
dont le livret était simplement traduit de l'opéra
français les Dragons de Villars, semble avoir
été bien accueilli. Enfin, M. Sarria a donné
encore au théâtre Nuovo, le 17 février 1878, un
opéra-comique intitulé gll Equivoci.
SASIRUS (Pierre-Frf.déric), mathémati-
cien, né à Saint-Alfrique (Aveyron), vers la (In
du dix-huitième siècle, a mis au jour des tra-
vaux qui honorent la science française et qui
lui ont fait un renom mérité. Auteur de
nombreux Mémoiies présentés à l'Académie
des sciences, et dont plusieurs, couronnés par
elle, ont trouvé place dans les Comptes-rendus
de cette compagnie, M. Sarrus n'est cité ici
que pour l'écrit suivant : Essai sur la théorie
du son, tribut académique présenté à la Faculté
des sciences de Montpellier pour obtenir le grade
de docteur es sciences (Montpellier, I82i, in-î").
SASS (Marie-Const.\nce SASSE, dite
d'ubord SAX, puis), chanteuse remarquable,
fille d'un chef de musique militaire belge, naquit
à Gand le 26 janvier 1838. A la mort de son
pète, elle fut admise au Conservatoire de sa ville
natale, puis fut obligée, pour vivre, de donner
quelques leçons. Engagée au Casino des Galeries
Saint-Hubert, à Bruxelles, elle y resta environ
dix-huit mois, puis vint à Paris, où elle chanta
dans divers cafés-concerts, d'abord au café des
Ambassadeurs des Champs-Elysées, puis au
Casino du Palais-Royal, et enfin au café du
Géant, situé alors sur le boulevard du Temple,
entre la rue du Temple et le passage Vendôme.
M™'^ Ugalde ( Voy. ce nom) l'ayant entendue dans
ce dernier établissement, s'intéressa à elle, s'of-
frit à lui donner des leçons, et s'employa pour
la faire entrer au Théâtre-Lyrique, où elle fut
effectivement engagée par M. Carvalho.
C'est le 1" octobre 1859 que M"« Sass débuta
à ce théâtre, sous le nom de Marie Sax, dans
le rôle de la comtesse des Noces de Figaro. Sa
réussite fut complète, et elle joua bientôt dans
Orphée, dans Philémon etBaucis et dans Robin
des Dois. Mais au bout de quelques mois elle
était engngée à l'Opéra, où elle débutait, le
3 août 18( 0, dans Robert le Diable. Sa voix
puissante, étendue et sonore fit merveille dans
le rôle de Valentine, et, quoicjue l'expérience et
le style manquassent encore à la nouvelle can-
latrice, ou s'aperçut bien vite qu'elle pourrait
rendre de grands services et tiendrait bientôt
le premier rang. En effet, elle joua successive-
ment la Juive, le Trouvère, les Huguenots,
avec un succès croissant, les (jualités de sa voix
admirable se développant de plus en plus, et
l'intelligence dramatique lui venant avec l'ha-
bitude de la scène et du public. Les Vêpres Sici-
liennes, Don Juan achevèrent de mûrir son
talent, et elle se vit chargée de créations très-
importantes f dans le Tannhàuser de M. Ri-
chard Wagner, Z>oH Carlos de M. Verdi, et sur-
tout l'Africaine^ où le rôle- de Sélika lui fit le •
plus grand honneur.
Mariée au mois de mars 1864 avec M. Cas-
tan, ditCastelmary, chanteur de province qu'elle
avait fait engager à l'Opéra, etdontellese sépara
judiciairement en janvier 1807, M"» Sass sévit
intenter un procès par son compatriote,
M. AdolpheSax, facteur d'instruments de cuivre,
qui réussit à lui faire défendre de porter son nom.
Ce fut alors qu'après avoir porté pendant plu-
sieurs années ce nom de Marie Sax, puis Marie
Saxe, elle adopta celui de Sass, qui différait
peu de son nom véritable. Cette artiste resta à
l'Opéra jusqu'au mois de septembre 1870 ; la
guerre lui fit alors quitter la France, et depuis
lors elle a modifié sa carrière, en s'adonnant au
chant italien, et a parcouru avec les plus grands
succès les principales villes de l'Italie.
La voix de M"<= Sass est d'un timbre admi-
rable, d'une irréprochable justesse, d'une soli-
dité à toute épreuve et en môme temps d'un
velouté parfait. Le talent de la cantatrice, sans
être à la hauteur de la beauté de son instrument,
n'en est pas moins remarquable à beaucoup d'é-
gards, et brille, en dehors d'une bonne exécu-
tion vocale, par de rares qualités d'énergie et
de passion.
SASSAROLI (ViNCENzo), organiste et com-
positeur, neveu et élève de Mercadante, est né à
Tolentino. Il a fait représenter en IS72 au théâ-
tre Doria, de Gènes, un opéra sérieux intitulé
Riccardo, ducadi York, dont û avait écrit les
paroles et la musique et qui lifua fiasco com-
plet, et il est aussi l'auteur d'un opéra bouffe,
Santa Lucia, qui, je crois, n'a point été livréau
public. On lui doit encore quelques compositions
religieuses, entre autres une messe à grand
orchestre et un Tantum erpo, . exécutés tous
deux à Orvieto. M. Sassaroli a publié une bro-
chure qui a.fait quelque bruit en Italie : Consi-
derazioni sullo sialo altuale deli'arle 7nusi'
488
SASSAUOLI — SATTER
cale in Ilalii e sull'imporlanza artistica
delV opéra Aida e délia messa di Verdi (Gênes,
1876, in-8° rie 44 pp.). Dans cette brochure,
l'auteur renouvelait le défi qu'il avait adressé
sous forme de lettre à M. Rie ordi, directeur delà
Gazzelta mu:4cale de Milan et éditeur des
œuvres de M. Verdi, et à M. Verdi lui-même;
cette lettre est trop curieuse pour que je ne croie
pas devoir la traduire ici. La voici :
« Très-cher Monsieur, après avoir balancé
quelque peu, je me suis décidé à entendre aussi
Aida, opéra que d'ailleurs j'avais déjà lu ; et
maintenant le but de cette lettre n'est pas de
vous faire connaître le jugement que j'en ai porté
soit à la lecture, soit à l'audition; seulement,
je vous prie de prêter la plus grande attention à
ce que je vais vous dire. Je vous demande la
permission (attendu que l'opéra susdit est votre
propriété) de mettre en musique à mon tour le
livret A' Aida. Dites-le au maestro Verdi , et
voyez s'il consent à soutenir la comparaison avec
moi; je suis pi et à me mettre à ce travail aux
conditions suivantes : l'opéra sera fait sur le
même livret, sans y rien ajouter, sans en rien
retrancher, sans y changer quoi que ce soit; la
musique sera écrite dans l'espace d'une année à
partir de l'accen-ation de ces propositions ; l'opéra
sera payé 20*100 francs, c'est-à-dire, 5,000
francs lors do la remise de chaque acte; ces
sommes seront consignées entre les mains d'une
tierce personne de commune confiance, jusqu'à
l'achèvement d-^ l'cuvre, laquelle sera jugée
par un jury composé de trois maestri choisis
par moi , de trois choisis par Verdi , et
d'un choisi par les six réunis. Comme je
me verrai forcé d'abandonner mes leçons
pendant une année pour pouvoir exécuter ce
traité, on prélèvera sur la somme susdite une
part suffisante pour me permettre de vivre sans
m'occuper d'autre chose. Si l'œuvre est jugée
défavorablemeul, l'argent sera relire par le
déposant, moins le susdit prélèvement. Il me
sera permis d'associer à mon travail quelques-
uns de mes élives, qui fourniront les morceaux
les moins import ints de l'opéra, saufà moi de faire
tout en cas d'cpposition. Comme vous le voyez,
c'est un défi que je jette à Verdi, et à vous son
éditeur, et auqu-dje verrai comment vous répon-
drez. Dans ce combat, l'unique risque que vous
couriez consiste dans le prélèvement spécifié ci-
dessus, que toutefois je pourrais vous fiiire
garantir. Je verrai, d'autre part, si avec toutes
ces propositions vous lois-serez échapper l'occa-
sion de pouvoir m'écraser et de 'me faire taire
une fois, et de pouvoir vous écrier triomphale-
ment : « Nos télégrammes du Caire, de Paris
et de Naples qui proclamaient Verdi invinci!)lt>
étaient tous spontanés, et rien n'y était arrangé
par nous. » Je saisis l'occasion, etc.
« ViNCENZO SaSSAROLI. m
M. Sassaroli s'en allait en effet criant sur les
toits que la partition iVAida et la musique du
ne(juieinâe\ev(Vi indiquaient un profond abais
sèment del'artnational,et qu'il se faisait fort, pour
sa part, do faire beaucoup mieux. M. Ricordi
ayant insiré sa lettre dans la Gazzetfa musicale.
et l'ayant accompagnée de quelques plaisante-
ries, M. Sassaroli revint à la charge par une
seconde épître, plus développée encore, dans
laquelle il renouvelait sa proposition, affirmant
que si elle était de nouveau repoussée, c'est que
M. Ricordi aurait peur de se voir vaincu, avec
M. Verdi, dats le combat proposé. Ce combat
n'eut pas lieu d'ailleurs, M. Ricordi ayant refusé
une seconde fois, avec la plus grande netteté,
les propositions qui lui étaient faites.
SATTER(Gust\ve), pianiste aulrichientrès-
remarquable et compositeur distingué, est né à
Vienne le 12 février 1832. Son père, médecin
fort habile, voulait lui faire suivre la même car-
rière, et, après lui avoir fait commencer à Vien-
ne ses étud. s spéciales, l'envoya à Paris pour
y terminera* 1 éducation; mais le jeune homme,
dont le taleat sur le piano était déjà des plus
remarquable.^ i t qui ne rêvait que des succès
artistiques, s'embarqua un beau jour pour l'A-
mérique afin d'y faire apprécier ses qualités de
virtuose. Il; arriva dans ce pays en 1854 et y
re.sta jusqu'en 1860, remportant de véritables
triomphes et se voyant accueilli avec une égale
faveur au Brésil et dans toutes les grandes villes
de l'Union américaine. De retour en Europe, il
se prodiiit^en 1SG2 à Paris, où Berlioz le signale
avec chaleur au public, puis va se faire entendre
à Vienne, où ses coin|)atriotes le reçoivent avec
une sorte d'enthousiasme. Ses succès ne sont
|)as moins grands à Leipzig, à Pesth, à Dresde,
à Copenhague et à Stockholm. Depuis lors,
M. Satler s'est fait applaudir dans divers pays,
particulièrement en Norwége et en Belgique.
C'est, en réalité, un virtuose d'un rare mérite
et fort distingué.
M. Satter s'est produit aussi comme compo-
siteur. Ses premiers ouvr.iges, désavoués par
la suite, furent publiés à \ienne. chez l'éditeur
M. Meclielti. Plus tard, il a publié un grand
nombre d'o'uvres pour le piano, principalement
à Leipzig (Kisiner), et l'on cite particulièrement
des études, 3 sonates, une transcription de l'ou-
verture de Tannfiàuser et des fantaisies sur
des molifs d'opéras. On connaît aussi de M. Sat-
ter trois ouvertures de concert : Loreley, Jules-
SATTEU — SAVAKD
489
Césnr et Andie Fieude,\ deux symphonies à
grand orchestre, et une autre composition
symphoiiique intitulée Washington.
M. Satlera été, je crois, en 18C6, chef d'or-
chestre des concerts de la cour, à Hanovre.
SAUGEOAI(J...-M....-M ), est l'auteur,
avec M. Anatole Loqum [Voy. ce nom), d'un
écrit publié sous ce, titre : Lettres sur l'ensei-
gnement populaire de la musique, Cordeaux,
impr. Gouuouilhou, 1861, in-8° de 32 pp.—
La femme de cet écrivain. M™' Zélie Saugeon,
née Faget, professeur et compositeur, a ensei-
gné la musique pendant trente ans à Cordeaux,
d'après le système du meloplaste ; elle avait
été l'élève de Pierre Galin et d'Aimé Paris. On
lui doit un Questionnaire de musique vocale,
dont les principes sont ceux de la méthode
Galin, un recueil d'Airs tr/piques, et un cer-
tain nombre de morceaux de piano et de mé-
lodies vocales, le tout publié à Cordeaux.
M""" Zélie Saugeon est morte à la Tresne (Gi-
ronde), au mois d'octobre 1878.
SAUTOIX (Jean-Gaptiste), musicien belge,
qui vivait à la fin du dix-septième et au com-
mencement du dix-huitième siècle, remplissait
les fonctions d'organiste du chapitre royal de
Sainte-Wandru, à Mons. Il écrivit la musique
d'un opéra en 3 actes qui portait ce titre singu-
lier : V Alliance de Climène avec le jubilé. Cet
ouvrage fut joué le 31 août 1711, dans la maison
des filles de Notre-Dame, de Mons, par les
jeunes pensionnaires de cet établissement, pour
fêter le jubilé de la supérieure de la communauté.
. SAUVAGE-TRUDirS] ( ), riche ama-
teur ae musique, né à Goulogne-sur-Mer, est
morten cette ville au commencement de l'année
1877. Il avait écrit la musique de deux petits
opéras-comiques en un acte, les Deux Cousines
et le Précepteur, qu'il avait fait jouer sur le
IhéAIre de sa ville natale ; il avait même réussi
à faire représenter ensuite à Paris, sur le théâ-
tre de la Renaissance, le premier de ces deux
très-médiocres ouvrages.
SAUVAGEOT (Charles), violoniste , né
à Paris le 6 novembre 1781, fut un des pre-
miers élèves admis au Conservatoire lors de sa
création, et y eut pour professeur Blasius. Il
était âgé de quinzeans seulement lorsqu'il obtint
le premier prix de violon au concours de l'an
VI. Il n'est pas exact, comme on l'a dit, qu'à
l'âge de seize ans il faisait partie de l'orchestre
de l'Opéra, car en 1800 il n'était pas encore por-
té sur les listes du personnel. Je crois que c'est
vers cette époque qu'il entra à ce théâtre ; à coup
sûr il y était en 1804, et il y resta jusqu'un peu
après 1830. En même temps que sa place de
second violon à l'orchestre de l'Opéra, il occupait
un emploi modeste dans l'administration des
douanes, on il parvint au grade de vérificateur.
Sauvageot avait du goût, et il aimait les arts.
Avec l'aide unique des modiques ressources que
lui procuraient ses doubles fonctions, il forma,
dans le cours de sa longue existence, une collec-
tion si précieuse, si intelligemment choisie, qu'on
ne l'évalua guère à moins d'un million, et qu'elle
olfrait des pièces d'un prix inestimable, surtout
en ce qui concernait les objets de l'époque de la
Renaissance. Cet artiste honorable, doublé d'un
connaisseur éclairé, mourut en homme de bien,
le 30 mars 1860, léguant sa riche collection au
musée du Louvre.
*SAUZAY (Eugicnk), violoniste, composi-
teur et écrivain sur la musique, a publié sous
ce titre : l'École de l'accompagnement,
ouvrage faisant suite à l'Étude sur le qua-
tuor (Paris, Didot, 1869, in-S»), un écrit
important qui, comme ce dernier, est écrit
dans une langue élégante et contient sur l'art
des vues utiles et élevées. De même que le
premier ouvrage, le second contient un catalogue
tiiématique complet de l'œuvre des trois grands
maîtres allemands, Haydn, Mozart, Beethoven,
dans le genre dont traite le livre, suivi d'un cata-
logue complémentaire, non thématique, des com-
positeurs les plus remarquables qui, après eux,
se sont distingués dans la musique de chambre.
La partie de l'ouvrage intitulée : Questions
usuelles est pleine d'aperçus piquants et d'obser-
vations appuyées par l'expérience. Parmi les com-
positions de M. Sauzay, je citerai la musique
écrite par lui pour les intermèdes de Georges
Dandin et ceux du Sicilien , de Molière , qui
a été exécutée avec un vif succès dans divers
concerts ; ces deux partitions, écrites avec im goût
très-pur, dans un style d'une simplicité un peu
archaïque, renferment des inspirations charman-
tes et font le plus grand honneur à leur auteur.
A côté de ces importantes compositions, il faut
citer ausside nombreuses mélodies pour le chant
sur des pièces bien choisies de nos poètes, entre
autres une Chanson sur d'anciennes paroles,
avec accompagnement de violon, dont le motif
est charmant et d'un effet irré>istible. — Y.
* SAVARD (Marie- Gabri EL -Avglstin),
professeur et théoricien français, est aujourd'hui
professeur d'harmonie et accompagnement au
Conservatoire de Paris. A la liste de ses ouvra-
ges, il faut ajouter un petit manuel publié sous
ce titre : Premières notions de musique, et
dont il a été fait douze éditions (Paris, Hachette,
petit in-S" oblong), et un recueil important :
Études d'harmonie pratique, partimenti prO'
490
SAVARD — SAVOJA
gressifs, basses et chants donnés et réalisés
(2 vol. in-S").
SAVARY (Toussaint), compositeur, né en
JVormaniiie vers le milieu du seizième siècle,
obtint en 1584, au concours du puy de musique
d'Evreux, le priv de l'orgue d'argent pour le
motet : Ne recorderis. Quatre ans après, en
1588, au môme concours, il remporta le prix de
la lyre d'argont pour une chanson française:
Dybedijbcdon.
SAVARY (Edmond), pianiste, professeur et
compositeur français, a été admis en 1848 au
Conservaloin; <ie Paris, où 11 a obtenu un se-
cond prixUie piano en 1850, et le premier prix
enl852. Il se consacra ensuite à l'enseignement,
tout en se livrant à divers travaux de composi-
tion, et fil représenter au Théâtre-Lyrique, le
13 octobre 18G5, un opéra-comique en un acte
intitulé le Rêve. On connaît aussi de cet artiste
des sonates pour piano et violon, quelques mor-
ceaux pour orgue, etc. M. Savary est fixé
aujourd'hui comme professeur à Saint-Hélier,
dans l'ile de Jersey.
* SAVl ( Louis ). — Voyez SAVJ
(Louis).
*SAV'^liM!ELL! (Angelo), professeur de chant,
est né, selon les uns, à Vérone, selon d'autres à
Goritz, en 1800. Admis au Conservatoire de
Milan en 1 808, il y étudia d'abord le basson avec
Buccinelli, puis la composition avec Asioli.
Cependant, il travaillait aussi le chant, pour
lequel il avait de l'inclination, ce qui ne l'empê-
cha pas d'accepter, en 1820, l'emploi de 1" bas-
son à la chapelle ducale de Lucqueset au théâtre
de cette ville. D'humeur assez capricieuse, il ne
conserva pas longtemps celte position, alla
se fixer dans une autre ville d'Italie, puis partit
pour l'Espagne, où il épousa une chanteuse,
Mathilde Palazzesi, qu'il suivit dans ses voyages,
et qu'il eut la douleur de perdre, en I8i2, à Bar-
celone. Savinulli revint alors en Italie, s'y occupa
de commerce, et fit de fort mauvaises affaires.
C'est alors que, songeant à assurer enfin son
existence, il se consacra à l'enseignement du chant,
et se mil à publier des Méthodes et des ouvrages
didactiques;: la Scuola delcanto; VAvviamenlo
nWartedel canfo; Prime Nozinni musicali ;
Corso elementare di dirmione c solfcggio. On
lui doit aussi deux ouvertures, une messe à
grand orchestre, et un assez grand nombre de
romances. Savinelli est mort à Florence le 17
mai 1870. Il était professeur de solfège à l'Ins-
titut musical de cette ville.
* SAVJ (Louis), composilein- et violoniste i(a-
lis^n. — Celartistii a publie chez l'éditeur Ricordi,
de Milan, un recueil de 12 Duos et un Caprice
pour violon et contre-basse, et un autre recueil de
3 Duos pour les mêmes instruments. Les deux
ouvrages dramatiques indiqués au nom de Savj
sous les titres de l'Avaro eiun Episodio di San
Michèle, n'en forment qu'un seul, qui a été re-
présenté sous celui-ci : l'Avaro, ossia îcn Epi-
sodio del San Michèle.
S.VVOJA (Paolo), musicien italien, est né
à Gerace le 17 aoilt 1820. Sa mère, sœur du
fameux chanteur Nicolas-Antoine Manfroce, qui
avait reçu une excellente éducation musicale,
lui enseigna elle-même les premiers éléments de
l'art, après quoi l'enfant fut envoyé à Naples.
Muni de bonnes recommandations pour le minis-
tre de l'Instruction publique, il fut d'abord confié
aux soins d'un élève du Conservatoire, nommé
Garofalo, et au bout d'un an d'études se voyait
admis dans cet établissement, comme élève de
Ruggi pour le contre-point, ensuite de Donizetti,
et eiiiin, lors du départ de celui-ci, de Merca-
dante. Lorsqu'il eut terminé ses études, il ac-
cepta l'emploi de chef de musique au 3° régi-
ment suisse, passa plus lard en la même qua-
lité dans un régiment de la garde royale, et
conserva ce poste jusqu'en 1859, époque de la
dissolution de l'armée napolitaine. A partir de
ce moment, il se livra à l'enseignement, et il
est aujourd'hui chef de la bande militaire du
théâtre San-Carlo, de Naples.
M. Savoja a abordé par deux fois la scène, en
donnant au théâtre Nuovo, de Naples (1857) un
opéra bouffe en trois actes, un Maestro di
musica. ed unPoeta, et au théâtre Goldoni un
autre ouvrage intitulé Cristianella, dont la
musique était l'œuvre de plusieurs composi-
teurs. Une trop grande timidité l'a empêché, dit-
on, de poursuivre celte carrière, mais il a pro-
duit beaucoup dans le genre de la musique reli-
gieuse. On lui doit, sous ce rapport, les compo-
sitions suivantes : Messe à 3 voi\, avec orciies-
tre, en /a mineur; Grande messe à 3 voix, avec
orchestre militaire; Tantum ergo pour voix de
basse, avec solo de cor anglais ; Taniitm ergo
à 3 trois voix avec orchestre; Tantum ergo
pour voix de basse, avec chœur; Slabat Mater
à 2 voix, avec petit orchestre; Stabat Mater
à 3 voix; Hymne choral eu l'honneur de saint
Louis, avec orchestre militaire; Libéra pour
voix de basse avec chœur, solo de cor anglais et
orchestre militaire. Parmi les autres productions
de cet artiste, on remarque encore : trois ouver-
tures à grand orcheslre (en mi mineur, 7"e majeur
et M^ mineur); quatre marches funèbres pour
musique militaire ; dix marches pour musique mi-
litaire ; une mélodie pour cor, avec accompagne-
ment d'orchestre, et un grand nombre de pas
SAVOJA .
redoublés, morceaux de danse, etc., pour mu-
sique niililaire.
Un clianleur bouffe du même nom, M. Pos-
quale Savoja, né à Naples le 27 janvier 1819,
s'est fait une brillante réputation dans l'emploi
des basses comiques. C'est lui qui a créé, avec
un énorme succès, le rôle de Cola dans l'opéra
fameux de Petrella le Precauzioni, écrit expres-
sément à son intention. M. Savoja, qui fait par-
tie aujourd'hui du personnel du tiiéâlre Nuovo,
de Naples, a joué dans plus de trois-cents ou-
vrages.
SAWER (Théodore), habile constructeur
d'orgues du dix-neuvième siècle, ne m'est connu
que par la notice suivante, qui lui a été consacrée
dans le Nouveau Manuel complet du facteur
d'orgues (Paris, Roret, 1849) : — « 11 travailla
quelque temps comme ouvrier dans les ateliers
de M. Abbey, qu'il quitta pour passer en qualité
de contre-maître dans ceux que venait d'ouvrir
la maison Daublaine. Son talent contribua beau-
coup à la prospérité de cet établissement, dont
les premiers essais n'avaient pas été heureux,
et quoiqu'il n'ait attaché son nom à aucun des
instruments à la construction desquels il a con-
couru, il ne s'en est pas moins acquis la réputa-
tion d'artiste distingué dans sa profession. Son
esprit d'ordre et l'habitude qu'il avait acquise
dediriger des travaux importants, le firent pla-
cer à la tète de la suceurs aie que la maison Dau-
blaine et Coliinet fut obligée d'établir à Lyon
pour satisfaire aux nombreuses commandes
des villes du Midi, et il y resta jusqu'en 1848,
époque à laquelle, tous les travaux de cette
contrée étant terminés, elle fut supprimée. Alors
M. Sawer se retira à Montpellier, où il s'occupe
de l'entretien des orgues et des pianos.
* SAX (Charles-Joseph), facteur d'instru-
ments, naquit à Dinanl, non en 1793, mais le
l*' février 1791. il est mort à Paris le 26 avril
18C5.
SBOKGÏ (Giuseppe-Maria), pianiste, vio-
loncelliste, compositeur et professeur, né à Flo-
rence le 30 mars 1814, est sans doute le fils et
le petit-fils des deux artistes de ce nom men-
tionnés au t. Vil delà Biorjraphie universelle
des Musiciens. Il fit ses études musicales dans
sa ville natale, ayant pour professeurs A. Pala-
futi pour le piano, Gaetano Giorgeiti pour le
violoncelle, et P. Picchianli pour la composition.
Son éducation terminée, il se livra à l'ensei-
gnement du chant, du piano, du violoncelle et de
la composition, et devint premier violoncelle au
théâtre de la Pergola, à l'orchestre duquel il
resta attaché pendant quarante ans. II fit aussi
partie, comme violoncelliste, de la musique de
SGAllD
491
la chambre et de la chapelle de Léopold II, duc
de Toscane.
M. Sborgi a produit un assez grand nombre
de compositions, parmi lesquelles il faut citer
surtout un concerto de violoncelle, et un con-
certo pour violoncelle et piano. On lui doit
aussiquelquesopéras : 1» Demofoonte, Florence,
1836 ; 2° il Giorno natalizio; 3° Ippolila degli
Azzi (I), Arezzo, 1838; 4° il Tesoro, Flo-
rence, théâtre Uossini.
SCAPPA ( ), compositeur italien, a
fait représenter à Milan, vers 1816, un opéra
intitulé le Tre Eleonore.
* SCARAMELLI (Joseph), est mort à
Trieste au mois de février ou de mars 1862. Cet
artiste était né, non en 1761, comme il a été im-
primé par erreur, mais en 1781. Son fils était, à
l'époque de sa mort, chef d'orchestre à Trieste,
et c'est évidemment lui qui écrivit, eu compagnie,
de 'vhissi, la musique d'un ballet intitulé Uriella,
qui fut représenté sur le théâtre de la Scala, de
Milan, en 1854.
SGARAA'O (Oronzo), jeune compositeur
dramatique italien, a abordé pour la première
fois la scène avec un opéra intitulé la Forza del
Danaro, qui a été représenté à Nafiles, sur le
théâtre Nuovo, le 22 février 1873. Le succès de
cet ouvrage, dont la musique renfermait de
bonnes qualités, fut compromis par la faiblesse
du poème. Cinq ans plus tard, le 6 janvier 1878,
le compositeur reparais.sait sur le même théâtre
avec un drame lyrique en 3 actes, Griselda, o la
Marchesana di Saluzzo, et il faillit, cette fois
encore, être victime des fautes de son collabora-
teur. Toutefois, la critique sut tenir compte à
M. Scarano de ses efforts, de son bon vouloir et
de ses qualités, et il est à croire que le jeune
artiste pourra, dans un avenir prochain, donner
la mesure de sa valeur.
Ké à Moltola, dans la province de Lecce,
M. Scarano a fait ses études musicales à Naples,
sous la direction de M. Giorgio Miceli.
SCARD ( ), compositeur, a fait repré-
senter au mois de juin 18'i6, sur le théâtre de
Montmartre (commune de la banlieue de Paris au-
jourd'hui annexée à cette ville), un opéra-comi- -
que en un acte intitulé la Tète de Méduse. Ce
petit ouvrage a été joué ensuite, au mois dejan-
vrier 1848, à l'OpéraNafional. Depuis lors, on
n'a plus entendu parler du compositeur. M. Scard
a publié sous ce titre : Harmonies françaises,
une grande collection demorceaux de chant, air.s,
{!) Cet ouvrage est celui que FcMIs hi^sitait à attribuer
à Oaetand Sborgi, en en fixant d'jilleiirs l'apparition à
l'annf'e 18ifi.
Ad2
SGAKU — SGHADj
romances, duos, trios et quatuors, écrits pour
toutes les voix et dans toutes les conditions vo-
cales.
SCARIA (Emile), un des chanteurs alle-
mands les plus excellents de ce temps, naquit
vers IS.iSen Styrie. Il se voua d"aberd aux études
juridiques, mais ayant reconnu qu'il possédait
une belle voix, il commença à la cultiver à
Vienne, en 1856. Après avoir débuté sur divers pe-
tits théâtres de l'Autriche, il partit pour Londres
en 1860, y travailla avec ardeur sous la direction
de Garcia, et ne quitta cette ville que lorsqu'il
fut devenu un chanteur accompli. Engagé d'a-
bord à Dessau, puis à Leipzig, puis au théâtre
de la cour, à Dresde, d'où sa renommée se ré-
pandit bien vile au dehors, il vint enfin débuter
à l'Opéra impérial de Vienne, où il obtint de
grands succès et dont il est encore aujourd'hui
l'un des artistes les plus aimés du public.
M. Scaria est doué d'une voix de basse étonnam-
ment puissante et d'un timbre superbe, dont la
grande étendue lui permet de chauler tour à
tour Sarastro de la Flûte enchaniée, et Don
Juan. Il s'est fait surtout une grande réputation
dans les ouvrages de M. Richard Wagner, et il
a créé à Vienne, d'une façon splendide, le rôle de
Wotan dans V Anneau des Nibelungcn. Ce qui
n'empêche pas M. Scaria, dont le talent est très-
souple, de briller dans le genre comique, où il
fait preuve d'une verve éblouissante.
J. B.
*SCHACHNER (Rodolphe), compositeur
allemand, est aujourd'hui (ixé à Vienne. C'est
là qu'il a produit son chef-d'œuvre, l'oratorio
intitulé le Retour d'Israël de V Egypte, qui est
toujourd exécuté en Allemagne avec le jilus grand
succès. '
J. B.
*SCIL\D (Joseph). — Depuis 1847, Schad
s'était fixé à Bordeaux, où sa clientèle de leçons
et ses relations lui donnaient une belle position
artistique. Il avait fait représenter au Grand-
Théâtre de cette ville, en 1864, un ballet en
un acte, Franizia, composé sur un livret de
M. Eugène Duval. Franizia a obtenu un grand
succès, qui s'est traduit par une longue suite de
représentations. — Schad est mort à Bordeaux,
le 4 juillet 1879, à l'âge de 67 ans. Il était né,
non à Vurzbourg, mais à Steinach, en Bavière,
leemai 1812.
Voici la liste complète des compositions mu-
sicales de Joseph Schad :
Œuvres numérotées : Mélangessur des motifs
de l'opéra le Cornet, op. 2. — Air suisse, op.
3. — Rondo suisse, op. 4. — Premiers exerci-
ces pour les commençants (Schonenberger), op.
5. — Trois nocturnes dédiés à Chopin (Richault),
op. 6. — Lllciireux Suisse, op. 9. —Études,
premier et deuxième livres (Schonenberger), op.
10. — Deux sonatines, op. 11. — Le Départ
du jeune marin, fantaisie sur une romance de
Lafon (Bernard-Latte), op. 12. — Souvenirs de
la Vallée, valses expressives (Brandus), op.
14. — Wai'ila, souvenir du Tyrol, divertisse-
ment (A.Leduc), op. 16. — Le Soupir, mé\o(iie
(Chabal) op. 19. — Fantaisie sur la romance :
Adieux, bords chéris de la Seine, de Bérat
(Madame Guérin), op. 20. — Le Retour en Suisse,
valses expressives (Brandus), op. 2t. — La Gra-
cieuse, valse, op. 22. — Sérénade, de'.Schubert,
morceau de salon (Brandus), op. 2.3. — La Scin-
tillante, grande valse brillante (Richault), op.
24. — Le Chant de Madone, andante pour
piano et violon (Richault), op. 25. — Deux Ames,
mélodie (Richault), op. 26. — Le Casse-bras,
grande étude (chez Hofmeister, à Leipzig, op.
27. — Morceau de concert sur le sextuor de
Z,Mcie (Bernard -Latte), op. 28. — Grande fan-
taisie sur le célèbre Te Deum d'Haydn (Bran-
dus), op. 29. — Grande iantai.sie sur un thème
de Belisario de DonizelU (Pacini), op. 30. —
Douze études, pour les petites mains, l'"' livre
(Meissonnier), op. 31. — La Pensée, mélodie
transcrite (Meissonnier), op. 32. — Douze études
faciles pour le piano, livre II (Leipzig, chez Hof-
meister), op. 33. — Gemma di Vergi, divertis-
sement (Bonoldi), op. 34. — Grazioso, nocturne
(Bonoldi), op. 35. — Petit Ange, première mé-
lodie-valse (Lemoine), op. 36. — Les Charynes
de Bordeaux, scherzo-valse (Bonoldi), op. 37.
— La Rose des Alpes, romance sans paroles,
(Bonoldi), op. 38. — La Rose des Alpes, 2« édi-
tion revue et corrigée (Ravayre-Raver), op. 38
bis. — La Fleur des Alpes, tyrolienne variée
(Heugel), op. 39. — Amour à Jésus-Christ,
l. « Ils ne sont plus les jours de larmes », can-
tique du R. P. Hermann (Ravayre-Raver), op. 40.
— Célèbre valse du Désir, de François Schu-
bert, variée ^Heugel), op. 41. — Amour à Jé-
sus-Christ, II. « Je dors et mon cœur veille >»
(Ravayre-Raver), op. 42. — Amour à Jésus-
Christ, III, « Mystère de foi » (Ravayre-Raver),
op. 43. — Valse en octaves (Bordeaux, chez
l'auteur), op. 44. — Mater dolorosa, chant d'é-
glise franconien (ib., ih.), op. 45. — Le Muguet,
fleur de Mai, nocturne (ib., ib.), op. 48. —
/>'/»f/f'x, valse-étude (ib., ib.), op. 47. — Pre-
mière absence, pensée fugitive (à Bor-
deaux, chez l'auteur), op. 48. — Légende, pensée
musicale écrite en vers (ibid.), op. 49. —
Jeanne , deuxième tyrolienne (ibid.), op. 50. —
Brise des Alpes, troisième tyrolienne (ibid.).
SCHAU — SCHAFFiNER
493
op. 51. — Ivana, mazurka de salon; (ibid.),
op. 52. — Adieic au Monde, du R. P. Her-
mcinn, transcrit pour le piano (ibiil.), op. 53.—
Gammes chromatiques, dédiées à M'"= Rœder,
étude de vélocité (ibid.), op. 54.— Tarentelle
(ibid.), op. 55. — Dernière pensée de Weber,
de Reissiger, variée (ibid), op. 5G. — Air fa-
vori allemand, varié (ii)id.), op. 57. — La
Rieuse, mazurka de salon (ibid.), op. 58. —
La Caille, valse (ibid.), op. 59. — Les Oc-
taves, gvànàc étude de concert (ibid.), op. CO.
— Le Tremble, grande élude de concert
{ibi.l.), op. 61. —Grand concerto de piano, dédié
à Franz Liszt (ibid.), op. 62. — V Étoile du
Soir, nocturne (ibid.), op. 63. — Gammes
diatoniques. Études de vélocité (Ravayre-
Raver),op. 64. — Reviens, mélodie (Heugel),
«p. 65. — Siyriana, mazurka (Heugel), op. 66.
— Le Fremersberg, chanson (Heugel), op. C7.—
Mandolina, boléro (Heugel), op. 68.— Chamou-
nix, valse (Heugel), op. 69. — G«/op, polka
(Heugel), op. 70. — Roméo et Juliette, trans-
cription d'après Gounod (Clioudens), op. 71. —
Ave Maria de Ch. Gounod (Heugel), op. 72. —
Le Robe azur, d'Yradier, transcrite (Heugel), op.
73. — Le Galop des gazelles (Schott), op. 74. —
Souvenir de Royan (Schott), op. 75. — Ar-
mina (Schott), op. 76. —Orphée de Gluck (ib.),
op. 77. — Souvenir, de François Schubert,
transcription (ib.), op. 78. — Un thème de Cb.
Marie de Weber (ib.), op. 79.— Valse Brillante
(ib.), op. 80. — Z-ore/ey, chanson du Rhin (ib.),
op. 81.— Mélodie et impromptu (ib.), op. 82. —
irt iUoHcAe, valse (ib .), op. 83.- Iphigénie en
Tauride, de Gluck (ib.), op. 84.— Sur la mon-
tagne (ib.), op. 85.— Armide, de Gluck (ib.),
op. 86. — Souvenir de Weber, op. 87. — Mo-
ment musical, de Scubert, vawé, op. 88. —
i4/ceî>^e, de Gluck, transcription, op. 89. — Fran-
tzia, ballet de J. Schad, deux suites, op. 90. —
Oi[)(ro?j, transcription, op. 91. — Marie, Étoile
des ?«er5, de l'abbé Donis, »p. 92. — Berceuse
i-rcole, op. 93. — JViime ces chants, de l'abbé
Donis, op. 94. — Fille du ciel, transcription
d'un cantique de l'abbé P. Donis (Schot), op.
9b.
Œuvres s.ws nuiiéros : Lindler national
bavarois (Genève, chez Friard Larpin). — Les
Plaintes de la jeune fille, mélodie de Schubert
(Ricbault). — Souvenirs de Munich, suite de
valses (Meissonnier). — Deux Polkas (A. Leduc).
— Deux mazurkas (Bernard-Latte). — Les
■C loches deQuasimodo , nocturne caractéristique
.pour piano (Vienne, chez Haslinger). — Valses
■expressives (1).
;t) cotées, par erreur, op. 19.
Citons encore, pour être absolument complet :
Vokynette, polka (Heugel). — Polka (A. Le-
duc). —Florence, polka (à Bordeaux, Ravayre-
Raver). — Minuit, mélodie (Bonoldi). — La
Vierge de Domremy, mélodie (L. Mayaud). —
Tyrolienne (à Bordeaux, l'auteur). — Jeune
fille, mélodie (Heugel).
Plusieurs autres œuvres de J. Schad, annon-
cées sur différents catalogues, n'ont jamais été
publiées ; ce sont : Le Carnaval de ]'cnise,
varié. — iVe pats pas, tyrolienne, chant et
transcri[ition pour le piano — Chant jiational.
— L'Aérolilhe, grande [étude de concert. —
4* acte de Lucie.
A. L — N.
* SCIIAEFFER (Henki), ancien ténor du
théâtre de Hambourg, est mort à Cassel, le 28
novembre 1874.
'* SCIIAEFFER i^AiiGUSTE),a fait représenter
en 1801, sur l'un des théâtres de Berlin, un opé-
ra-comique en 3 actes intitulé Junker Habakuk.
SdlAEKEl^ (Jean-Hubert), compositeur,
né à Weert (Limbourg), le 2 janvier 1832, est
le (ils d'un organiste et reçut de son père ses
premières leçons de musique. Admis au Conser-
vatoire de Bruxelles en 1853, il y suivit la classe
d'orgue, puis devint élève de Tilborgs pour
l'harmonie et de Fétis pour le contre-point et la
fugue. Après avoir obtenu dans cette école les
deux premiers prix d'harmonie et de com-
position, il ne iput, réussir à se faire nommer
professeur au Conservatoire de la Haye, et alla
s'établir à Amstentam, où il se livra à l'ensei-
gnement et à la composition et fil e.\écuter une
messe à 3 voix et orgue. En 1859, il épousait
une jeune cantatrice, M"" Ariaans, et deux ans
plus tard il partait pour Java, visitait Batavia,
puis se fixait comme professeur à Samarang,
oii il trouvait un emploi d'organiste. De retour
en Européen 1868, il établissait définitivement
sa rési<lence à Bruxelles, qu'il n'a pas quitté de-
puis lors. M. Schaeken a publié les compositions
suivantes : Te Deuni à 4 voix, avec orgue ; 24
morceaux pour orgue dans tous les tons majeurs
et mineurs; 24 cantiques ; 62 études de chant;
OSalutaris, à 3 voix; 3 mélodies avec accom-
pagnement de piano, etc.
* SCHAFFA'EU (Nicolas-Albert), ciief
d'orchestre et com^iosileur. — A la liste des ou-
vrages de cet artiste distingué, il faut ajouter
sept quintettes pour 2 violons, alto, violon-
celle et contre-basse, op. 32, 33, 34, 35, 36, 37 et
38, publiés à Paris, chez Ricbault. Après avoir
quitte Rouen, Schaffneralla remplir les fonctions
de chef d'orchestre au Grand-Theàlrc de Bor-
deaux. Il est mort en 1860.
49-i
SCHAFFNER — SCHEBEK
C'est pendant son séjour à Rouen que Scliaffnor
se vil intenter un procès singulier, qui pourrait
presque prendre place parmi les causes célèbres
et qui égaya la ville pendant tout un grand mois.
En sa qualité de chef d'orchestre du théâtre des
Arts, il avait eu ridée de donner, le 15 octobre
1829, à l'issue de la première représentation des
Deux ISuits, une sérénade à Boieldieu. Certains
agents d'une police trop cliatouilicuse avaient vu,
dans ce fait d'un hommage rendu publiquement
par ses compatriotes à un artiste célèbre, une con-
travention à certains règlements sur la police des
rues. En conséquence, Schaffner fut cité à com-
paraître devant le tribunal, et, malgré le ridicule
de celte affaire, se vit condamner à onze francs
d'amende et aux dépens. En faisant connaître
l'issue de ce procès, qui, à l'audience môme, fut
agrémenté des incidents les plus burlesques, un
journal local, le iYe!<str?m, déclarait ouvrir une
souscription, dont le montant^ qui ne pouvait dé-
passer vingt-cinq centimes par souscripteur, était
destiné à payer l'amende infligée au « coupable »
et à couvrir les frais de ce procès orijiinal. Il va
sans dire que les souscriptions arrivèrent par
centaines, et que Boieldieu ne fut pas ledernier à
envoyer la sienne. La relation de cette affaire fut
publiée sous ce titre : Précis du procès de la sé-
rénade donnée le [hoclobre 1829 à M. Boiel-
dieu (Rouen, impr. Marie, 1829, in-8° de 16 pp.).
SCHAFFNER ( ), artiste belge, a
écrit la musique de V Amant Diable, opéra-co-
mique en un acte qui a été représenté sur le
théâtre de Gand le 5 février 1817.
SCIIARVVEMÎA (Philippe), composi-
teur allem:md, né à Samfer (Prusse), le 25
février 1847, s'est fait connaître d'une façon
avantageuse, en ces dernières années, par di-
verses œuvres qui ont été bien accueillies du
public. Je citerai seulement les suivantes : Scènes
de danse, pour piano, op. 6 ; Romance et scherzo
pour piano et violon, op. 10 ; Faniaisie-Slilck,
pour piano, op. 11 ; Humoresque en forme de
danse et mazurka, id., op. 13; 3 Morceaux de
concert, pour piano et violoncelle, op. 17 ; Mis-
cellanées, G morceaux pour piano, op. 18;Séré-
nade pour orchestre, op. 19; 2 Polonaises pour
orchestre, op. 20 ; Cavatine pour violoncelle,
avec accompagnement de piano, op. 22; Schcr-
sino, pour piano; Menuet cl Jilouvemenl per-
pétuel, pour violon, avec accompagnement de
piano, op. 24 ; Caprice pour piano, op. 25 ;
Albuinhhrtter, 5 pièces pour piano, op. 27.
M. Philippe Scharvvenka a fait ses études à
la nouvelle Académie do musique de Berlin, di-
rigée par Théodore Kuliak. 11 est aujourd'hui
professeur dans cet établissement.
SCiLVR\VEXKA(XAviER),pianisleet com-
positeur allemand, frère du précédent, est né le
6 janvier 1850 à Samter (Prusse). Il a fait ses
études, comme son frère, à la nouvelle Académie
de Berlin, et s'est fait ensuite connaître et appré-
cier en Allemagne par un certain nombre de
proiiuctions importantes, qui semblent avoir
excité un vif intérêt et qui lui ont valu une ho-
norable notoriété. Voici la liste des composi-
tions de ce jeune artiste qui sont venues à ma
connaissance : Novelette et mélodie, 2 pièces
pour piano, op. 22 ; Wanderbilder, pour piano,
op. 23 ; 4 Danses pour piano à 4 mains, op. 24 ;
2 Romances pour piano, op. 25 ; 6 Valses pour
piano, op. 2S; 2 Danses polonaises, id., op. 29 ;
Valse-impromptu, id., op. 30 ; Concerto pour
piano, en si bémol, avec accompagnement d'or-
chestre, op. 32 ; Romance pour piano, op. 33;
Quatuor en fa majeur pour piano, alto, violon
et violoncelle, op. 37 ; Sonate pour pianoetviolon,
en ré mineur; Impromptu dans le style hon-
grois , 2' sonate pour piano, op. 3G. M. Xavier
Scharvvenka ne s'est pas borné à des succès de
compositeur, et s'est fait apprécier aussi comme
virtuose ; habile pianiste, il s'est produit assez
fréquemment sous ce rapport, notamment à l'A-
cadémie de chant de Berlin, et au Gewandhaus,
de Leipzig. Ce jeune artiste paraît destiné à un
avenir brillant. Son oeuvre la plus accomplie est,
dit on, son second concerto de piano, qu'il a
fait entendre à Berlin, au commencement de
1879, avec un très-grand succès.
SCïiEBEK (Edmond), docteur en droit, con-
seiller impérial, secrétaire de la chambre de
commerce et industrie de Prague, est né à Pé-
tersdorf, en Moravie, le 22 octobre 1819. Bien
que les questions artistiques fussent très-étran-
gères à ses occupations ordinaires , il s'éprit d'une
vive passion pour la musique, et fonda à Prague,
avec deux artistes de ses amis, Barnabe Weiss
et Joseph Krejci, une entre[)rise de concerts qui
devint rapidement florissante. Il s'occupa beau-
coup aussi delà facture et de l'histoire des instru-
mentsà archet, cequilui donna l'occasion de rédi-
ger, à propos de l'Exposition universelle de Paris
de 1855, un rapport sur la facture instrumentale
qui trouva place dans le compte-rendu oflirie!
autrichien et qui fut aussi publié à part (Vienne,
impr. de l'État, 1858). M. Schebek a publié deux
auties opuscules : la Fabrication des violonsen
Italie et son origine allemande (Prague, 1874),
et Deux lettres sur G. G. Frohbcrgvr, or-
ganiste impérial de Vienne (ib.) ; le litre du
premier de ces deux écrits indique facilement
son but et les visées de l'auteur, qui tend à prou-
ver que l'art de la lutherie moderne est sorti
SGIIEBEK — SCHIRA
495
tout d'abord de mains allemandes, en constatant
que ICerlinoet Duiffopruf^ar, Allemands de nais-
sance et d'origine, se sont tous deux fixés en
Italie, où ils ont exercé leur profession et sans
doute formé des élèves. Ce petit écrit de 28 pages
est d'ailleurs très-intéressant, très-instruc.lif
malgré ses dimensions modestes, et utile pour
qui veut connaître rapidement et sommairement
les origines et les progrès de l'art de la killierie;
une traduction anglaise en aéle faite par M. Wal-
ter E. Lawson.
SCIiEBOR (L ), chef d'orcliestre et
compositeur bohémien, a fait ses études musi-
cales au Conservatoire de Prague. Devenu se-
cond chef d'orcliestre au théâtre national de
cette ville, il y a fait représenter, le 19 octobre
1865, avec un succès éclatant, un opéra intitulé
les Templiers de Moravie. Deux ans plus
tard, au moisd'octobre 1807,11 donnait au môme
théâtre un nouvel ouvrage, Drahomira, qui
était reçu avec une égale faveur.
*SCnECH\EU-WAAGEX (M°>' Na-
nette), cantatrice allemamie fort, distinguée, est
morte à Munich, sa ville natale, le 30 avril 1860.
* SCÎSELLER (Jacques), violoniste, est
mort en 1800, dans un village de la Frise.
SïlEPHERDSON (W....), écrivain musi-
cal anglais, est l'auteur de l'opuscule suivant,
publié dans ces dernières années : the Organ,
hints on its construction, parchase, and
préservation {Conseils sur la construction,
V achat et la conservation de l'orgue) ,
in-8°.
SCIÎERMERS (François-Corneille), pia-
niste, professeur et compositeur, fils d'un
chantre de la cathédrale d'Anvers , naquit
en cette ville le 11 novembre 1822. 11 fit
de bonnes études musicales, et produisit tout
d'abord, en 1845, une cantate intitulée la Nati-
vité du Seigneur, qui lui valut une récom-
pense de l'Académie des Beaux-Arts. En 1853, il
fit représenter à Gand un opéra-comique en un
acte qui avait pour titre le Teneur de livres
et qui fut bien accueilli. Fixé à Anvers comme
professeur de piano, cet artiste y a fait exécuter
différentes œuvres, entre autres deux ouvertu-
res ; on lui doit diverses autres compositions,
telles que motets, quatuors, chœurs sans accom-
pagnement, etc.; mais presque rien de tout cela
n'a été publié. Scliermers est mort à Anvers le 2
juillet 1874.
' SCIUASSÎ (Gaétan-M.\iiîf.>. — Cet artiste,
qui était virtuose au service du prince d'Harms-
tad,a écrit la musique d'un divertissement dra-
matique intitulé Zanina finta contessa, qui fut
représenté à Modène le 2 février 1827, et dont
les paroles étaient moitié en italien, moitié en
dialecte.
SCSîIMOM ( ), musicien allemand, a
écrit la mu.sique d'un opéra-comique en un acte,
Huse contre ruse, dont le sujet était tiré de la
fameuse comédie française de Dumaniant, et qui
fut représenté à Berlin, sur le théâtre Fiiedrich-
Willieliiistadt, au mois de mai ISGl.
* SCÎIL\DELMESSTER (Louis), et non
Schindelineisser, coiiq)bsileur, a fait représen-
ter à Darmstadt, en 1861, un opéra intitulé Mé-
lusine.
* SCÏIINDLER (Antoine), directeur de mu-
sique, l'ami et le biographe de Beethoven, est
mort le IG janvier 18G4.
SCH8RA (Francesco), compositeur dra-
mati(]ue et chef d'orchestre italien, est né à
Malte dans les premières années de ce siècle (1).
Sa famille, qui était originaire de Milan,
le conduisit de bonne heure en cette ville et
le fit admettre au Conservatoire, où il entra le
13 août iSlS, le lendemain du jour où son frère
avait fait lui-même sou entrée dans cet établis-
sement. Francesco Schira ne reçut au Conser-
vatoire que d£s leçons de composition, ce qui
prouve que son éducation devait êire déjà assez
avancée, et son maître fut Francesco Basily ;
toutefois il n'y resta pas moins de neuf ans et
demi, et ne quitta l'école que le 31 janvier 1823.
Cinq ans euviron s'écoulèrent avant qu'il put
se produire au théâtre, car ce n'est que le 17
novembre 1832 qu'il donna à la Scala, de Mi-
lan, son premier opéra, Elena e Malvina,
qui ne fut pas très-heureux (2). Presque aussi -
(i| La Biographie universelle des Musicietis a établi
une confusion au sujet du nom de Schira, en faisant,
de deux artistes, dont l'un s'appelait J'raiiçois Sc/iira,
et l'autre F'incent Schira, un seul musicien réunissant
les deuî prénoms de François-Vincent .Scliira. Ln con-
fusion était faclli", en presi'nce du peu de soin dont,
Jusqu'à CCS derniers temps, les Italiens donnaient la
preuve en matière d'histoire musicale. J'ai été moi-
même .-issez long à la découvrir, d'aul.uit que les deux
frères Schira ont fait leurs études au Conservatoire de
Milan à la même époque, que tous deux ont commence
leur carrière musicale en cette ville, que tous deux ont
écrit de nombreuses partitions de ballet, que tous deux
enfin ont voyagé longtemps hors de leur pays et ont
été fixés pendant un certain temps à Lisbonne.
Quant a celui qui m'occupe en ce moment, Francesco
Scliirj, un écrivain it.ilien, Francesco Regli, le fait
naître en 18I6 d:ins son Dizionario biograflco. Mais
comme les registres du Conservatoire de Milan aitestent
qu'il entra dans cet établssemenl an milieu de l'année
1813, alors qu'il aurait été âgé de trois ans environ, j'ai
peine a cruire que sa précocité ait été telle ; et sans
pouvoir fixer d'une façon précise la date de ta nais-
sance, Je crois pouvoir reculer celle-ci au commencement
de ce siècle.
(2) Je voudrais éviter les erreurs, et tâcher moi-même
de ne pas nn luvclcr la confusion que Je viens de si-
•lOfi
SCHlllA — SOULAGER
tôt il accepta un ensasîeinoiit qiirlui était pro-
posé comme clu-f d'orctiestre du tlicàlie San-
Carlos, de Lisbonne, et partit pour le Portugal.
A Lishonne, il écrivit la musique non-seule-
ment de plusieurs ballets, et de diverses canta-
tes, mais encore de quelque.'? opéras, parmi
:"squi'ls on cite ceux qui avaient pour litre i
Cavalieridi Valenza et il Fanatico per la
musica. Après être dom.euré six ans en celte
\ille, où il était devenu professeur de ciiant au
Conservatoire, il se rendit à Londres. Là, il
continua ses travaux de composition, tout en
se livrant à l'enseignement du ch;mt. On as-
sure que c'est lui qui forma le talent de la célè-
bre cantatrice anglaise miss Luisa Pyne, et qui
perfectionna celui du ténor Mario, lequel resta
pendant trois ans sous sa direction.
A Londres, M. Francesco Schira écrivit la
musique de deux opéras anglais, Hlina, et Thé-
rèse ouVOrpheliîte de Genève, qui mirent en
relief le talent de son élève, miss Luisa Pyne.
Puis, après un voyage et un séjour assez pro-
longé à Paris, il y retourna en qualité de di-
recteur de la musique de l'Opéra anglais de
DruryLane , et écrivit pour ce théâtre un
nouvel ouvrage, Kenihrorlh , qui ne put être
représenté par suite de la faillite de l'entreprise.
11 se décida alors, je pense, à revenir en Italie,
car, peu de temps après, il composa un opéra,
Mcolo de ' Lapi, pour le théâtre Regio de
Turin, mais celui-ci encore fut menacé de ne
pas voir le jour, le directeur de ce théâtre étant
mort avant qu'il pi1t être joué ; toutefois,
.M. Schira réussit à faire représenter à Londres,
au théâtre de la Reine, son Mcolo de' Lapi, qui,
fort bien chanté pour les deux rôles principaux
par M"""' Tieljens et Trebelii, obtint un vif
succès (mai 18C3). Depuis lors, cet artiste a
produit deux autres opéras, l'un, Selvaygia,
donné au théâtre de la Fenice, de Venise, le 20
i.vrier 1875, l'autre. Lia, représenté dans la
même ville le "25 mars 1876. Cependant, il est
toujours fixé à Londres, où il occupe une bril-
lante siluation comme professeur, et où il a pu-
blié un grand nombre de composîtions vocales
(fiinlcr. CcLi me sera peut-être difficile, c:ir Je siiLs
fii.lige (l'agir mi peu par induclion. Les documents Ita-
lîms inenlioniKMit, sous le nom d'un composîtcur nommé
Schira, mais sans y joindre aucun prénom, quatre bal-
lets qui ont été représentes à laSciia en 1820,1828 et
1529. Je crois devoir atlribucr la musique de ces ballets
;i vinccnzo Schira, qui était sorti du Conservatoire en
1921 plus de six ans avant son frère Francesco. D'ail-
leurs, il parait bien établi que l'opéra li'Eleiia e Mal-
iina est le premier ouvra','e de celui-ci. Mais on con-
ç,i|t que la crrtiludc est difficile à obtenir cm ce qui
concerne les ouvrai:cs respectif» des deui frères, et Je
SUIS bien oblige de déclarer que Je marche Ici un peu a
l'.ivcniure.
(pii ont été toujours très-bien accueillies par le
public anglais. C'est ainsi qu'il a écrit, sur pa-
roles anglaises, une quantité de so7igs à une ou
plusieurs voix : Aller long years, Moonbeams,
Onlij apart, Angel's food, Whm music
c/iarms, etc., et qu'il a fait exécuter au grand
festival de Biruiingham (aoi'it 1873} nue cantate
avec orchestre ini'Uuïée (he Lord of Burleigh.
On lui doit aussi un recueil de 6 mélodies ita-
liennes : Dalla velia délie Alpi (Milan, Ri-
cordi), 2 polonaises pour orgue, etc. M. l'ran-
cesco Schira est oflicier de l'ordre de la Cou-
ronne d'Italie.
SCSIJUA (ViNCENzo), frère du précédent,
compositeur et chef d'orchestre comme lui, était
né à Madrid au commencement de ce siècle,
et, amené à Milan par ses parents, fut admis
au Conservatoire de cette ville le 12 août 1818.
Il en sortit le 12 septembre 1821, et après
quelques années commença à écrire la musique
de plusieurs ballets qui furent représentés au
théâtre de la Scala. Voici les titres de ceux
dont j'ai eu>onnaissance : 1° la Sposa di Mes-
sina (14 octobre 1826); 2" gli Empirici (31
octobre 182S); 3" Rosmunda (janvier 1829);
4" Duondelmonte {1 février 1829) ; 5" il Raja
e le Dajadere (en .société avec Mussi, 16 août
1843). Plus tard, il alla remplir au théâtre
San-Carlos, de Lisbonne, les fonctions lie chef
d'orchestre, que son frère avait occupées quel-
ques années auparavant. C'est en cette ville
qu'il est mort, en 1857, victime de la terrible
épidémie de choléra qui sévissait sur la capi-
tale du Portugal.
SCimiA (Maugherita), cantatrice, sœur
des deux précédents, fit, ainsi qu'eux, son édu-
cation iniisicale au Conservatoire de Milan, où
elle fut admise le 8 novembre 1814, et qu'elle
quitta le 10 août 1821. Elle aborda la carrière
dramatique, et chanta non sans succès sur di-
vers théâtres d'Italie. Mais elle perdit sa voix
d'une façon as.sez rapide, et dut abandonner la
scène pour se borner à l'enseignement. Elle était
encore , en 1860, professeur de chant à Milan.
SCHIIlMEll (Adolphe), compositeur al-
lemand, a écrit les paroles et la musique d'une
opérette intitulée la C liasse du R<'gC7i(, qui a été
représentée à Vienne, sur le Ihéàlre de l'Harmo-
nie, au mois de mars 1SC6.
* SCÏIL.î:CFJI (Hans), compositeur et
professeur allemand, a rempli pendant plusieurs
années les fondions de directeur du Mozar-
ieinn, de Salzbourg. 11 a donné en cette ville,
au mois de mars ou d'avril 1873, un opéra
intitulé Hans Ilaidekuh, et il a fait représen-
ter encore, en 1878, sur le théàire Wolters-
SCHLiEGER — SCIILOTTMANN
497
dorff, de Berlin, un opéra qui avait pour litre
Prins Heinrich und lise, et qui ne paraît
avoir obtenu qu'un médiocre succès.
* SCHLESIÎVGEU (Maurice-Adolphe),
éditeur de musique, est mort à Baden-Baden
au mois de février 1871. — Son frère, Henri
Schlesinger, éditeur de musique à Berlin, est
mort en cette ville, au mois de décembre 1879, à
l'âge de 7?. ans. Il avait succédé à son père, et son
successeur est M. Robert Lienau.
* SCHLETTERER (Haks-Michel), com-
positeur, instrumentiste et écrivain musical
allemand, a publié les ouvrages suivants : His-
toire de la musique d'église ,• Histoire de la
musique dramatique et de la poésie en Alle-
magne; Jean-Frédéric Reichardt, sa vie et
ses oeuvres. Il a donné encore un court écrit
sur M. Richard Wagner. On connaît aussi de
cet artiste, entre autres compositions, une
grande cantate , la Fille de Jephté, pour 2
voix de femmes, chœur et accompagnement de
piano, op. 50.
* SCHLICK (Arnold), organiste renommé,
vivait aux quinzième et seizième siècles. — Ou-
tre l'ouvrage cité par Félisau nom de cet artiste,
qui parait avoir été fort distingué {Tablaluren
eilicher Lobgesang und Lidlein uffdii' Orgeln
und Lauten), on lui doit encore le suivant :
Spiegel der Orgelmacher und Organistcn
(Miroir des fadeurs d''orgue et de l'orga-
niste), Mayence, Schœffer, 1511, qui serait
antérieur d'une année. Ces deux écrits, fort in-
téressants, paraît-il, ont été réimprimés en 18G9
par les soins de la Société d'arciiéologie musi-
cale de Berne, pour ses seuls membres.
SCHLIEBÎ^ER (Gotthold), compositeur
allemand, a fait ses débuts à la scène en donnant
à Leipzig, sur le théâtre de la ville, en 1861, un
opéra intitulé le Comte de Santarem. Deux ans
après, au mois de mars 1863, il faisait représen-
ter à I^rague un second ouvrage, Kizzio, drame
lyrique en 5 actes, qui, de même que le précédent
était bien accueilli du public. Cet artiste a en-
core fait représenter les trois ouvrages suivants ■
Student und Baiier {Etudiant et Paysan),
Berlin; der Lost trïtger {le Portefaix); et der
Liebeiring {l'Anneau d'amour), Dâle, mars
1879. M. Schliebner, qui est né à Lindenberg,
près Beeskow, en 1820, a composé aussi des lie-
der et des morceaux de musique instrumentale
et religieuse.
* SCHLOESSER (Louis), compositeur et
violoniste, est né à Darmstadt en 1800v et fit
ses études musicales à Vienne, où il fut l'élève
de Mayseder pour le violon, de Rinck, Seyfried
et Salieri pour la composition. 11 vint ensuite
BIOr.R. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
se perfectionner à Paris, où il reçut des leçons
de Kreutzer pour le violon et de Lesueur pour
la théorie de l'art. Devenu maître de chapelle de
la cour à Darmstadt, il s'y fit connaître avanta-
geusement, non-.seulement comme virtuose et
compositeur, mais encore comme critique et
écrivain musical ; sous ce dernier rapport, il
occupe en Allemagne une place considérable.
A la liste des œuvres de cet artiste estima-
ble, il faut ajouter les suivantes : Benvenuto
Cellini, die Jahreszeiten, opéras ; musique
pour le Faust, de Gœtlie ; plusieurs .sympho-
nies; une messe; des quatuors pour instru-
ments à cordes ; des ouvertures de concert ; des
concertos et des morceaux de genre pour
piano; des lieder, des chœurs, etc.
* SCULOESSER (Adolphe), pianiste et
compositeur, fils du précédent et son élève, a
fait avec lui son éducation musicale. Né à Darm-
stadt le 1" février 1830, il était à peine âgé
de dix-sept ans lorsqii'en 1847 il attira l'atten-
tion du public de Francfort, où il se produisit
à la fois comme virtuose et comme composi-
teur. Après avoir fait plusieurs voyages ar-
tistiques en Allemagne, en France et en Angle-
terre, il se fixa à Londres, où depuis 1854 il
est établi comme professeur. II a obtenu aussi
en celte ville de grands succès d'exécutant, et
il y donne chaque année, sous le titre de SchU'
mann evenings, des concerts entièrement con-
sacrés à l'audition d'œuvres de ce maître. Parmi
les principales œuvres de M. Adolphe Schlœsser,
on distingue un quatuor et un Irio pour piano
et instruments à cordes, puis des morceaux de
genre pour le piano, des chœurs et des lieder à
une ou plusieurs voix.
SCHLOSSER (Théodore), pianiste et
fompositeur pour son instrument, vivait au
temps où Berlioz, dont il fut l'ami, obtenait de
grands succès en Allemagne, et publia à Paris,
chez l'éditeur Richault, un certain nombre de
compositions qui se distinguaient parla verve,
le mouvement et l'originalité. Je citerai parti-
culièrement les suivantes : 3 mazurkas, op. 16 ;
Galop brillant, op. 17 ; Introduction, thème et
variations, op. 21 ; Petite Rêverie, op. 24 ;
Contraste, caprice, op. 25 ; 20 Études, ser-
vant à développer le mécanisme, le rhythme, le
sentiment, et à acquérir du style ( en 2 suites),
op. 28 ; 2' Nocturne, op. 29 ; une Nuit à Ve-
nise, fantaisie, op. 30 ; Pensées musicales (en
2 suites), op. 38, etc., etc. Je n'ai pu recueillir
aucim renseignement sur cet artiste.
SCHLOTTMAIXrV (Louis), musicien alle-
mand, né à Berlin le 12 novembre 1826, est
encore aujourd'hui fixé en cette ville, où son
T. II. 32
498
SCHLOTTMANN — SCHMITZ
•nseignenienl est frès-recheiché. Élève de W.
Tauliert pour le piano et du fameux lliéoricien
Dehn pour la composition, M. Schlottmann (it
avec ces deux maîties des éludes excellentes
et très- complètes. 11 s'est produit fréquemment
comme virtuose et toujours avec succès, no-
tamment à Londres, où son talent (ut Irès-ap-
précié en 1850. Il s'est fait connaître avantageu-
sement aussi comme compositeur, et a écrit
des ouvertures et divers morceaux d'orchestre,
des lieder, des |)ièces de piano ; on cite sur-
tout de lui une ouverture de Roméo et Juliette,
un Concertstiick, op. 40, un recueil de 10
lieder sur des vers de Gœtlie, et une grande
scène sjmplionique : Trauermarsch.
* SCHMID (ÏOBiE). — Une particularité
de la vie de cel Allemand, facteur de pianos,
nous permet de rectitier la date 1796, que
Fétis donne comme celle de sou arrivée et de
son établissement à Paris. Scliinid est, en effet,
ie constructeur de la première guillotine, qu'il
fit exécuter dans ses ateliers d'après les plans
d'Antoine Louis, secrétaire perpétuel de l'Aca-
démie de chirurgie, et qui fut inaugurée sur la
place de Grève, le 25 avril 1792. il avait d'ail-
leurs pu mériter la confiance ilu gouvernement
par le iiombie et l'ingéniosité de ses inventions :
on lui devrait un scaphandie, une charrue
mécanique, une échelle de sauvetage pour les
incendies, etc. On trouve aussi dans les ar-
chives du Conservatoire des arts et métiers un
brevet qu'il prit pour un « piano-harmonica
qui file et enfle les sons à volonté, de sorle
que l'on entend le violon, l'alto et la basse,
et que, moyennant une nouvelle pédale, on
peut jouer les morceaux de musique qui mon-
tent à six octaves sur un piano de cinq octa-
ves « (idée reprise de|)uis et perfectionnée
sous le nom de « piano-quatuor » ). Tobie
Sciimid demeurait rue de ïhionville, ci-de-
vant Dauphine, à l'enseigne du Musée. — Y.
* SCH3HDT (Joseph), violoniste, est mort
à Buckebourg, sa ville natale, le 15 mars 1865.
* SCIIMIDT (Marie-Henri), ancien ténor
-des théâtres de Vienne, Berlin, Cassel, Breslau,
etc., compositeur, auteur d'un écrit intitulé : Du
chant et de l'opéra, est mort à Berlin le 3 mai
1870. Il était né à Lubeck le 18 février 1808.
* SCII-UIDT (Gustave), compositeur et
chef d'orchestre allemand, remplissait ces der-
nières fonctions au théâtre de Mayence lors-
qu'il y fit jouer, au mois d'avril t8(<2, dans
une représentation donnée à son béiulice, un
opéra qui avait pour titre la Fidélité des Fem-
mes, et qui fut reproduit plus tard à Brunswick,
sur le théâtre de la cour, sous celui de Conrad.
Au mois de janvier 1863, le même artiste donnait
à Breslau un autre opéra , intitulé la Réole.
* SCII3IITT (Aloïs), est mort à Francfort-
sur-ie-.Mein le 25 juillet 186G. M. Heinrich
Henkel a publié sur cet artiste célèbre un livre
intitidé : Leben und Werken von D^ Aloys
Sc/nnitt ( Vie et œuvres du D' AloysSchmitt),
Francfort, Savenlajnder, in-8° avec portrait et
fac-simite.
* SCHMITT (Jacoces, ou plutôt Jacob),
pianiste et compositeur allemand, naquit à
Obernbourg, non en 1796, mais le 2 novembre
1803. Il est mort à Hambourg au mois de juin
1853. Le nombre des œuvres publiées par cet
artiste dépasse trois cent vingt-cinq.
SCH3HTT (Georges), organiste, compo-
siteur et écrivain musical français, né dans la
première partie de ce siècle, a occupé (icndant
longtemps les fonctions d'organiste du grand
orgue à l'église Saint-Sulpice, à Paris. Artiste
habile et pourvu d'une bonne instruction,
M. Georges Schmitl s'est fait connaître par la
publication d'un assez grand nombre de compo-
sitions pour l'orgue, et il a donné sous ce ti-
tre : Musée de l'organiste, un recueil intéres-
sant de 101 morceaux choi.sis des compositeurs
célèbns anciens et modernes, pour le service
religieux au grand orgue, divisé en 4 livres
(Paris, Richault). Cet artiste a voulu s'essayer
aussi au théâtre, mais ses essais en ce genre
n'ont produit qu'un faible retentissement : c'est
ainsi qu'il a donné en 18C6, au théâtre Déjazet,
un opéra-comique en 3 actes intitulé la Belle
Madeleine, et le 12 novembre 1867, au théâ-
tre des Menus - Plaisirs, une opérette en un
acte qui avait pour litre le Mariage à l'en-
ctume. M. Georges Si.hmitt a écrit le premier
volume du Nouveau Manuel complet de l'or-
ganiste, publié par Roret, dont le second vo-
lume est dû à Charles Simon et le troisième à
Miné. Cet artiste a été aussi organiste de l'é-
glise des Carmes, et il a eu le titre de maître
de chapelle de la reine d'Espagne.
SCHMITZ (Jean-Englebert), organiste et
compositeur néerlandais, né à Harlem le 22
novembre 1800, a occupé simultanément et
pendant longues années les fonctions d'organiste
à Harlem et à Rennebioek, près de cette ville.
Très-amoureux de son art, il a été, pendant
trente ans, directeur de la société Zang en
Vriendschap, qu'il avait contribué à fonder,
et il a obtenu plusieurs prix dans divers con-
cours ide composition ouverts parla Société
musicale des Pays-Bas. On cite, parmi ses
œuvres publiées : Landelijke avondstond,
cantate pour solo, chœur et orchestre; Ode
SGHMITZ — SGHNOW
499
aan God, cantate; 6 Chœurs pour voix d'hom-
mes ; Chants d'enfants, à 2 et 3 voix ; des
lieder ; Tantum ergo avec chœur et orclies-
tre. M. Schmitz a encore écrit : De Migdad,
cantate, des messes, des romances et des chants
de divers genres. Cet artiste est mort à Har-
lem le 5 juin 1872.
SCHI^AUIIELT (Henri) , compositeur
allemand, a fait représenter à Salzbourg, au
mois de mars 1868, un opéra romantique inti-
tulé die Rose von Hallwyl.
SCHIVEIDER (Jean-Joseph), organiste,
compositeur et professeur, a occupé pendant
longues années, à Bordeaux, une situation ar-
tistique importante. Organiste de l'église Saint-
Pierre, de celte ville, professeur aux écoles
laïques, membre du comité d'examen de la So-
ciété de Saillie- Cécile, il était reconnu comme
un excellent théoricien, un contrapuntiste ha-
bile et un compositeur distingué. Auteur d'un
Manuel de l'enfant de chœur, écrit en so-
ciété avec quelques autres artistes, il a publié
toute une série de motets pour orgue (Bor-
deaux, Willemot) et un très-grand nombre de
morceaux de chant à l'usage des pensionnats
et des communautés (Bordeaux , Ravajre-
Raver), parmi lesquels des chœurs pour voix
d'enfants. On doit aussi à cet artiste la mu-
sique d'un opéra-comique en un acte, le Com-
père Lustncru, qui a été représenté en 1868,
à Bordeaux, dans les salons d'un amateur.
Schneider est mort à Talence (Gironde) le 29
juin 1877.
SCHIVEIDER (Jost), capilulaire au cou-
vent deMury, né à Lucerne, fut un des facteurs
d'orgues les plus estimables de la Suisse au dix-
huitième siècle.
* SCHrVEITZUOEFFER (Jean-Made-
leine), étail né, non à Paris, mais à Toulouse,
le 13 octobre 1785. On peut à ce sujet consul-
ter V Histoire du Conservatoire, de Lassaba-
thie'. Schneil/.hœffer avait été nommé professeur
d'une classe de solfège, dans cet établissement,
le 1" avril 1807, et le 1" septembre 183t il
était devenu professeur de la classe des chœurs
pour les hommes. Jl prit sa retraite le 1«' jan-
vier 18jl, et mourut à Paris le 4 octobre 1852.
Il faut ajouter, à la liste des ouvrages donnés
à l'Opéra par cet artiste fort distingué, la Tem-
pête ou l'Ile des Génies, ballet-féerie en 2 ac-
tes représenté le 15 septembre 1834, et dont le
scénario avait été tracé par Adolphe Nourrit
et Coralli.
• SCHiyiTGER (Arp), et non Schnitker,
facteur d'orgues allemand, naquit à Hambourg
le 2 juillet 1648, et mourut en 1718 ou 1719.
Le journal Cœcilia, d'Utrecht, a publié une
notice sur cet artiste dans son numéro de
mai 1853.
* SCH-AflTGER (François-Gaspard), fils
du précédent , est mentionné ici uniquement
pour la rectification de la forme de son nom,
qui ne doit pas s'écrire Schnitker.
* SCH]\rrRER. — Voyez SCH.^ITGER.
SCH]\OVV , pseudonyme sous lequel
GEÎVOUD (Jkan-Baptiste-Marie-Gabriel) a
publié des compositions estimables. Gabriel
Genoud était né à Marseille le 7 septembre
1805. Il commença ses études musicales dans
cette ville, et les compléta au Conser\atoiie de
Paris. Il revint ensuite à Marseille, où il a
passé toute sa vie, partageant son temps entre
les occupations de l'enseignement, auquel il
s'était voué avec un zèle scrupuleux, et ses
fonctions d'organiste à l'église desCharlreux,
qu'il a remplies jusqu'à sa vieillesse avec une
touchante assiduité. Modeste et très-réservé,
Genoud ne chercha jamais à se faire valoir.
L'ancienne et belle église des Chartreux étant
située presque dans la banlieue de la ville, on
n'avait que bien peu d'occasions de l'entendre
jouer de l'orgue, quoiqu'il eût à sa disposition
un bon instrument. Aussi était-il à peu près
inconnu de la génération actuelle. Genoud n'é-
tait pourtant pas sans valeur. Il connaissait
à fond la musique classique et, quoique ses
préférences fussent pour les maîtres les plus
anciens, il savait apprécier les productions
contemporaines. Il avait même, — don char-
mant et rare entre tous, — cette sympathie
qui va au-devant de la jeunesse et encourage
chez elle tout effort sérieux. C'est ainsi qu'on
le vit, déjà âgé, — en 1870, — sortir de sa vie
retirée pour s'enrôler dans des chœurs groupés
en vue de faire entendre une œuvre iné-
dite, et prêter au jpune auteur l'appui de son
autorité, en donnant à tous l'exemple du
dévouement et d'une noble abnégation artis-
tique. — Comme pianiste, Genoud avait le
jeu sec et sans grand coloris. Il avait l'ancienne
manière de jouer du |)iano. Mais, au piano
comme à l'orgue, il était solide et correct. Ses
compositions ont le même caractère. Il n'osait
les produire par suite d'une extrême timidité,
et la plupart sont restées inédites ; un très- petit
nombre ont élé publiées. Encore ne se décida-
t-il à les livrer que sous le pseu<lonyme men-
tionné en tête de cette notice. On peut citer
parmi celles-ci : Rondeau brillant en mi bémol
pour piano (éditeur, Benoît à Paris); Scherzo
en sol (id.) ; Scherzo en fa (id.) ; Rondoletto
en si bémol (éditeur, Meissonnier à Paris) ;
500
SGHNOW
SGHOËLGHER
Polonaise en ré (id.) — Homme de bien,
de convictions simples el profondes , Genoud
s'est éteint en 1877, regretté de tous ceux qui
l'avaient connu et approché. — Al. R — d.
* SCIIIXYDER DE AVARÏE3fSÉE
(Xavier), compositeur, théoricien et critique
musical, est mort à Francforl-sur-le-Mein, le
27 août 1868. Il était né le 18 avril 1786.
* SCIIOBEULECIII>EU (Sophie DAL-
L'OCCA , épouse), cantatrice dramatique
célèbre, s'est vue forcée, par suite de revers de
fortune, de retourner à Saint-Pétersbourg et de
s'y li\rer à l'enseignement du chant. C'est en
cette ville, et non à Florence, qu'elle est morte
au mois de janvier 1864. Suivant YAnnuario
musicale de M. Paloschi, M™^ Schoberlechner
serait née à Bologne en 1809.
SCHOELCIIEU (Victor), homme politique
français, membre inamovible du Sénat, est né
à Paris le 21 juillet 1804. Il lit dans sa jeu-
nesse plusieurs voyages aux Antilles, visila
les colonies anglaises et espagnoles de l'Atlan-
tique, le Sénégal, une partie de l'Orient, et à
la suite de ces voyages, devenu sous-secrétaire
d'État au ministère de la marine après la révo-
lution de 1848, il proposa et lit adopter le dé-
cret qui abolissait l'esclavage dans les colonies
françaises. Nommé représentant du peuple
pour la Guadeloupe a l'Assemblée consti-
tuante et à l'Assemblée législative, M. Scliœl-
cher, au 2 décembre 1851, défendit la constitu-
tion les armes à la main, fut blessé d'un coup
de baïonnette et dut, pendant foute la durée de
l'empire, se réfugier en Angleterre. Il ne revint
en France qu'au mois d'août 1870, et rentra
aussitôt dans la vie politique.
Mais ce n'est pas à ce point de vue que j'ai à
parler ici de M. Schœlcher. Je n'ai même rap-
pelé les grands traits de sa carrière militante
que pour expliquer de quelle façon il en est
venu à s'occuper de musique et à rendre les ser-
vices que je vais signaler. Pendant ses voyages
d'outre-mer, M. Schœlcher eull'idée de réunir,
soit en Afrique, soit en Amérique, toute une
série d'instruments primitifs à l'usage des peu-
plades sauvages de ces contrées ; ces instru-
ments très-curieux, rapportés par lui en Europe,
furent, lois de son retour en France, l'ohjct
d'une intelligente libéralité : il en fit don au
Musée instrumental du Conservatoire de Paris,
qui se trouve ainsi en possession d'une collec-
tion d'un genre particulier et remarquable h
beaucoup d'égards.
D'autre part, le séjour de M. Scluelcher en
Angleterre le fit s'éprendre d'une véiilabie pas-
sion pour les œuvres de Hœndei, qu'il avait
occasion d'entendre fréquemment, et pour la
vie de ce maître immortel. Il s'occupa donc
bientôt d'écrire une histoire de ce grand
homme, qui lut publiée en anglais sous ce
titre : Ihe Life of H andel {Londres, 1857,
in-8°), mais dont jusqu'ici, malheureusement,
l'auteur n'a pas songé à nous donner le texte
français, bien qu'il ait inséré de nombreux
fragments de son livre dans le journal la France
musicale. Pour écrire cet ouvrage, M. Schœl-
cher s'était entouré de tous les documents pos-
sibles ; à force de soins, de recherches, de
dépenses, il avait réuni non-seulement tontes
les éditions des œuvres de Ikemiel, mais encore
les livrets de ses opéras et de ses oratorios,
les écrits dont il avait été l'objet, le» portraits
qui avaient été faits de sa personne, et, par une
sorte d'extension naturelle, jusqu'aux œuvres
des musiciens qui vivaient de son temps en
Angleterre ou dont les productions étaient goû-
tées du public anglais. On peut se faire une
idée de l'intérêt que peut offrir, pour I histoire
de l'art, une collection si intelligemment
ordonnée et poursuivie sans relâche, par un
homme actif et valide, pendant près de vingt
ans !
M. Schœlcher n'a pas voulu garder par devers
lui des trésors si inestimables. De môme qu'il
avait fait don au Musée du Conservatoire de sa
curieuse série d'instruments de musique, il
offrit généreusement à la bibliothèque de cet
établissement tout l'ensemble de la riche et pré-
cieuse collection de documents de toute sorte
qu'il avait réunis sur Hœndei, collection qui ne
(orme pas moins de cinq-cents volumes et qui
n'a pas son égale au monde, même en Angle-
terre, oii l'admiration pour le maître est portée
à un si haut degré. On jugera de sa valeur et de
son importance exceptionnelle par les lignes sui-
vantes, que traçait à son sujet Eugène Gautier,
dans le Journal officiel du 3 janvier 1877 :
« La collection Schœlcher, aujourd'hui à
l'abri des hasards, occupe dans la bibliothèque
du Conservatoire une centaine de cartons cou-
verts de maroquin noir. Nous avons été mis à
même de voir ces trésors, el nous allons en
parler avec quelques détails. M. Schœlcher, qui,
après un long séjour dans la capitale de la
Grande-Bretagne, est arrivé à connaître la lan-
gue anglaise comme sa langue maternelle, est
l'auteur d'un important et remarquable travail
publié à Lonlies sur la vie et les ouvrages de
Hajndel. La collection du Conservatoire com-
mence donc par une réunion coin[)ii'te el pré-
cieuse de toutes les éditions connues de H;ende!.
Au point de vue de la valeur de la collection,
SCHCELCHER — SCHOLZ
501
cela est inappréciable ; mais ce qui , comme
intérêt et comme pittoresque, a encore plus de
prix à nos yeux, c'est la secomie partie de cette
collection. On y trouve plusieurs carions pré-
cieux remplis des fameux opéras de Bononcini,
presque inconnus en France : Asturtus, 1720 ;
Griselda, 1722; Farnace, 1723. On y rencon-
tre plusieurs pièces rarissimes de ce Crotch,
le jeune prodige que son père essaya d'opposer
aux souvenirs encore vivants de Mozart, et
dont l'âge mûr ne tint pas les promesses de
sa jeunesse. Voici l'opéra de Rosemonde de
Clayton; voici un souvenir du théâtre italien
de Londres, une longue et agréable série de
fragments des ouvrages de Cimarosa, de Pai-
siello, et de ce Gugliemi, si peu connu en
France et encore si populaire en Angleterre;
Gugliemi, le maestro spadassin , le compo-
siteur à la plume élégante, à l'épée mor-
telle ; Gugliemi, qui se lit aimer de presque
autant de cantatrices qu'il tua ou blessa
de rivaux. Il y a dans les Délices de l'Opéra
italien, dont nous parlons, des pièces char-
mantes de Gugliemi. Cette série de chants mé-
lodieux, imprimée à Londres dans le dernier
tiers du dix-huitième siècle, présente aussi
comme typographie un intérêt assez grand.
George III régnait, et le frontispice des Déli-
ces de COpéra nous présente une assemblée
de dieux et de déesses, où le goût des artistes
hanovriens amenés parîGeorges l" se fait encore
sentir. On voit là de gros Apollons et des Vénus
rebondies qui n'ont plus rien de commun avec
les types grecs. La forte encre de Chine avec
laquelle ils sont imprimés, ne rappelle en rien
non plus la lumière sereine du soleil de l'Attique,
mais bien plutôt les brouillards de Londres.
« Ce qui nous a le plus frappé dans la col-
lection Schœlcher, par son intérêt et sa rarelé,
c'est une suite d'airs anglais de toutes les épo-
ques, rassemblés, vers 1797, par Joseph Bail-
don, qui mit de longues années à recueillir
cette suite de monuments curieux. Tous les
chants poétiques, politiques et même séditieux
qu'inspirèrent les événements qui, sous les
George, de 1715 à 1744, firent tant pleurer
les épouses et les mères, et sortir dehors tant
de gentilshommes d'Ecosse et d'Angleterre,
ont été écrits par Baildon et accompagnés
d'harmonies parfois trop modernes. Quand on
voudra retrouver la musique des innombrables
chansons locales et jacobites dont Waller Scott
est rempli, alin d'en faire un volume de mu-
sique, on trouvera les éléments de ce volume
dans la collection Schœlcher, et sous ce titre :
TheLawrel a new collection ofenglishsongs.
« Là sont certainement les airs de ces chan-
sons citées dans Redgauntlet :
Enfoncez sur vos fronts vos casques redoutables.
Passez la frontière avec mol I
« Ou :
Mon cœur n'est 'point Ici,
Il est sur la montagne !
« Ou encore :
J'aime toujours mon cher Chariot.
D'autres, je sais, ne l'aiment guère, etc.
« Le fonds Schœlcher, comme on commence
à dire au Conservatoire, sera beaucoup con-
sulté, et ses précieux cartons vont perdre en
tranquillité ce qu'ils gagneront en utilité et en
réputation. Que le généreux donateur du fonds
Schœlcher soit donc et avant tout remercié ! »
SCHOEZV (MoRiTz), violoniste allemand et
compositeur pour son instrument, né à Krônauen
en 1808, futélève de Spohret a publié une méthode
élémentaire pour le violn, des duos faciles dans
les différentes positions, des études, des trans-
criptions, des fantaisies pour violon et piano sur
des mollis d'opéras, etc. Le nombre de ces pu-
blications s'élève à plus de cinquante ; elles ont été
faites pour la plupart chez l'éditeur Leuckart, à
Leipzig. M. Moritz Scliœn est directeur de mu-
sique à Breslau depuis 1865.
SCH0EÎ\B1L;RG (Hihiar), musicien con-
temporain allemand ou Scandinave, a publié dans
ces dernières années, notamment chez les édi-
teurs Bote et Bock, de Berlin, un assez grand
nombre de morceaux et pièces de genre pour
le piano, consistant en marches, fantaisies,
rêveries, idylles, mélodies, pièces caractéristi-
ques, etc. Le nombre de ces compositions pu-
bliées s'élève aujourd'hui à plus d'une cen-
taine. — Je n'ai pu découvrir aucun autre
renseignement sur cet artiste.
* SCHOLZ (Bernard), compositeur et
chef d'orchestre, ancien maître de chapelle du
roi de Hanovre, a dû quitter ces fonctions à
la suite de la dépossession de ce souverain.
Après avoir passé quelque temps à Florence,
il alla s'établir à Berlin, où il demeura jus-
qu'en 1870, puis fixa son séjour à Breslau.
Dans ces dernières années, M. Bernard Scholz
a fait représenter plusieurs ouvrages dramati-
ques, qui semblent avoir été favorablement
accueillis par le public et dont voici les titres :
les Hussards de Ziethen (Breslau, 1869) ;
Morgiane (1870) ; Golo (1875) ; le Trompette
de Sacliingen (1877). On lui doit aussi un
grand Requiem, 2 ouvertures de concert, des
quatuors pour instruments à cordes, des trios,
des sonates pour piano, enfin des lieder et
502
SCHOLZ — SCTTREIBER
des chœurs assez nombreux. Les œuvres de
M. Homard Scliolz sont frcquetnment exécu-
tées dans les concerts en Allemagne, et le font
considérer coinme un artiste fort estimable.
SCIIOLTZ (Heiiumann), pianiste allemand
distingué et coniimsiteur, est né à lîreslau le
9 juin 1845. D'abonI élève d'un artiste nommé
Brosig. il se rendit vers 1864 à Leipzig, où il
étudia avec MM. Plaidy et Riedel, et eniin, sur
les conseils de Liszt, partit pour Municii, se
fit admettre au Conservatoire de cette ville et
y eut pour maîtres MM. Hans de Biilow el
Rheinberger. Devenu un virtuose remarquable
sur le piano, M. Herrmann Scbollzalla s'établir
en 1875 à Dresde, où il a obtenu de vifs succès
en donnant, avec MM. E. PVigerl et F. Bœch-
man, des séances intéressantes de trios. Les
œuvres publiées par cet artiste sont déjà nom-
breuses, et parmi elles je citerai les suivantes :
Variations pour piano, op. 27 ; Variations, id.,
op. 31 ; G Pièces de caractère, id., op. 32 ; Fan-
taisie, id., op. 33 ; 2* et 4' Barcarolles, id., op.
35 et 4G ; Variations .sur un thème original, id.,
op. 36 ; Miedchenlieder, id., op. 37; 4 Pièces
de caractère, id., op. 38; Lyrittche Blœser,
9 pièces, id., op. 40; Sonate, id., op. 44 ;
Buch der Lieder, 8 pièces, id., op. 45; Elé-
gie, id., op. 48 ; 2 Pièces, id., op. 49; Nacht-
gesang, pièce, id., op. 50; Trio pour piano,
violon et violoncelle, op. 51. Un concerto de
piano encore inédit de M. Herrmann Scholtz
a été exécuté avec succès, par l'auteur, dans
diverses villes, entre autres à Mannheim, à
Munich et à Breslau.
SCHOOFS (François-Xavier), compositeur
et professeur belge, né à Saint-Trond en 1835,
a fait ses études au Conservatoire de Liège, où
il fut élève de M. Ledent pour lé piano et de
Daussoigne-Méhul pour la composition. Plus
tard il s'est ti\é comme professeur en cette ville,
sans que les devoirs de l'enseignement lui fissent
négliger son goût pour la composition. Parmi
les proiluctions assez nombreuses de cet artiste,
qui se distinguent, dit-on, par une grâce tendre
et délicate, on cite un album de 30 romances,
un Recueil de 50 cantiques flamands, un Recueil
decanti(]ues français et de litanies, une messe
à 4 voix, un Chant de ISoël, un 0 Salutoris
à 2 voix, un Ecce panis à 3 voix, el divers
morceaux de genre pour le piano. La plupart de
ces ouvrages ont été publiés à Liège, chez
M"" V" Muraille.
SCIIOUTMANIV ( ), est l'inventeur
d'un instrument dont les Annales de. la Musi-
que, publiées en 1820 par César Gardeton, fai-
saient la .singulière description que voici : —
« M. Schortmann, de Buttstaed, est l'inventeur
d'un instrument qui parait devoir faire beaucoup
de sensation dans le monde musical. Il rend
dans toute sa force et sa pureté le son de l'har-
monica, de la clarinette, du cor, du haulbois,
et le coup d'archet du violon. L'instnunent a
des touches pareilles à celles d'un piano; mais
on en joue d'une tout autre manière. Les tons
sont prodinis par de petits hâtons de bois brûlé,
de grandeur et d'épaisseur différentes, mis en
vibration par un courant d'air. Le pianissimo
ressemble parfaitement à la harpe d'Éole. L'au-
teur a employé quatre ans à méditer l'invention
de cet instrument, et il se dispose maintenant à
voyager pour le faire entendre dans les grandes
villes de l'Europe. »
* SCHOTT, est le nom d'une famille d'édi-
teurs de musique dont la maison, qui compte
aujourd'hui un siècle d'existence, fut fondée par
Bernard Schott à Mayence, en 1780, et devint
bientôt l'une des plus considérables de foute
l'Europe. Bernard Schott, étant mort en 1817,
eut pour successeurs ses deux liis, J.-J. Schott
(né le 12 décembre 1782, tnort le 4 février 1855),
qui était déjà dans les affaires depuis 1800, et
A. Schott. En 1840, la maison passa aux mains
de .son neveu Franz-Pliiiippe Schott, homme in-
telligent et laborieux qui, par son activité, sut
donner encore une plus grande extension à ses
opérations; Franz- Philippe Schott, qui avait
conquis une position considérable et était devenu
bourgmestre de Mayence, mourut subitement
à Milan, le 8 mai 1874, pendant un voyage qu'il
avait fait en cette ville. Sa femme, née Betty de
Braunrasch, qui était une pianiste remarquable,
lui survécut peu, et mourut à Mayence le 5 avril
1875. La maison Schott est administri'e aujour-
d'hui par M. Peter Schott neveu, né à Bruxelles
et Belge de nationalité, aidé d'un de ses cohé-
ritiers, M. Louis Strecker, le troisième, M. Franz
de Landwehr, étant encore mineur. — La grande
librairie musicale Schott, dont le siège principal
est toujours à Mayence, possède d'importantes
succursales à Bruxelles, Paris, Londres, Leipzig
et Rotterdam, et son fonds se compose d'envi-
ron 23,000 œuvres de tout genre. Parmi celles-
ci, on cite la symphonie avec chœurs et la Messe
solennelle de Beethoven, des opéras de Rossini,
Auber, Donizetti, M. Richard Wagner (entre
autres les Meistersinger et le Ring der ISiebe-
liingcn). La maison Schott, qui |)ublie à Bru-
xelles un journal intitulé le Guide musical, est
la première qui ait employé la lithographie pour
l'impression d(î la musique.
S<]lilt Kilt 1:11 (Jean), moine et compositeur
suisse, né à Arlh en 1716, entra fort jeune au
SCHREIBER — SCHUBERT
503
couvent de Saint-Urban pour y faire son noviciat,
y prononça ses v(eux en 1738 et ne quitta plus
cet établissement jusqu'en 1800, époque où il
mourut, âgé d'environ 84 ans. 11 étudia la com-
position au couvent, et pul)lia les ouvrages sui-
vants : 1" Fasciculus Ariarvm vigenti quatuor,
^loriosae Virgini... Quorum XII. Dmlto XII.
Solo. 1 violin., viola e cluplici basso Op. 1,
1747; 2° Missale Cistercienne vnisicum, corn-
plectens VI 7nissas cum Appendice II. Re-
quiem a 4 voc. 2 viol., vida., 2 clarin., vel
coc. Op. 2, 1747 ; 3" Adoratio Dei ppr XV Of-
fertoria solemnia a 4 voc, 2 viol., etc. Op. 3,
1750.
SCIIROEDER (Carl), violoncelliste remar-
quable et compositeur pour son instrument, est
né à Queillinhurg le 18 décembre 1848. Dès son
plus jeune âge il se livra avec ardeur à l'étude
de la musique, et, devenu à Dessau l'élève de
Drescbler, il avait à peine accompli sa huitième
année qu'il se faisait entendre avec succès dans
les concerts. En 1862, il faisait partie de l'or-
chestre de la chapelle de la petite cour de Son-
dershausen. Un peu plus tard, il alla faire un
voyage à Saint-Pétersbourg, puis vint à Paris,
et en 1869, ayant fondé avec ses trois frères,
Hermann, Franz et Aiwin, un quatuor qui prit
le nom de Quatuor Sc/irœder, il commença à
parcourir avec eux les principales villes du
nord de l'Allemagne en donnant des concerts.
M. Sclirœder, malgré son jeun^ âge, s'était ac-
quis déjà une brillante renommée, lorsqu'au
mois d'octobre 1874 il fut appelé à Leipzig pour
y tenir la partie de violoncelle-solo à l'orchestre
de la célèbre société musicale du Gewandhaus,
qu'il remplit encore aujourd'hui.
M. Schrœder, qui a été l'élève de M. Frédéric
Kiel pour la composition, a |)ulilié pour son
instrument un assez grand nombre d'œuvres
importantes, parmi lesquelles Je citerai les sui-
vantes ; ISouvelle grande Méthode théorique
et pratique de violoncelle, en 4 parties, op.
34; Éludes d'orchestre, pour violoncelle;
Études techniques, h\., adoptées par le Conser-
vatoire de Leipzig, op. 35; Concerto, avec ac-
compagnement d'orchestre ou de piano, op. 32 ;
Concert-Mazurka, avec accompagnement de
piano, op. 33: Tarentelle napolitaine; etc.
-^ SCHROEDER-DEVRIEÎXT (Wilhel-
mine), célèbre cantatrice allemande, est née non
le 6 octobre 1805, mais le 6 décembre 1804,
d'après tous les historiens allemands contempo-
rains.
* SCnROEDER-STEINMETZ (Nicolas-
Guillmme), administrateur et homme politique
néerlandais, amateur très-distingué de musique,
était né le 25 juillet 1793 à Groningue, et
mourut en cette ville le 12 novemhre 1826 (1).
Parmi ses compositions nombreuses, il faut
surtout citer les suivantes : Divertissement à
grand orchestre; Fughetta pour piano; Thème
et variations pour 4 instruments à cordes ; 'Va-
riations pour piano; De Watersnood, cantate
pour clKï'ur et orchestre ; Chant funèl)re à 4 voix ;
plusieurs chœurs pour voix d'hommes sans ac-
compagnement. Cet homme distingué, qui pos-
sédait une riche bibliothèque musicale, a puhlié
divers écrits sur la musique et les musiciens,
entre autres Mozart, Rossini et Holfmann. Lui-
même a été l'objet d'une notice biographique,
due à B -H. Lulofs.
* SCHUBERT (Franz-Pierre). — Les
écrits suivants ont été publiés en Allemagne sur
cet artiste célèbre : Franz Schubert, biographie
musicale, par le docteur K. von Helborn (une
traduction anglaise de cet ouvrage, due à M. Ed.
Wilberforce, a été publiée à Londres, chez
W. Reeves, in 8°) ; Franz Schtibcrt und seine
lieder (F. Schubert et ses liedcr), par J. Risse,
Hanovre, Riiinpler, 1871; Franz Schubert,
sein leben und seine werke (F. Schubert, sa
vie et ses œuvres), par Aug. Reissmann, Berlin,
J. Guttenlag, 1873, in-8'' avec portrait et fac-
similé ; je crois que c'est cet écrit qui a été
publié en anglais sous ce titre : Life of Franz
Schubert, traduit par Arthur Duke Coleridge,
avec un appendice par George Grove, Londres^
W. Reeves, 2 vol. in-S° avec portrait. — Deux
biograpbiesde Schubert ont aussi paru en France':
F. Schubert, sa vie, ses œuvres, son temps,
par H. Barbedette, Paris, Heugel, 1866, gr.
in 8" avec portrait et autographes; et Franz
Schubert, sa vie et ses œuvres, par M"^ A.
Audiey, Paris, Di<lier, 1871, in-12. — Un des
plus jolis opéras de Schubert, la Croisade des
Dames, traduit par M. Victor Wilder, a été joué
à Paris, sur le petit théâtre des Fantaisies- Pari-
siennes, vers 1868.
SCHUBERT ^François-Louis), compositeur
et chef d'orchestre, né en 1804 à Durenberg,
étudia la musique avec GroUmann, et entra
d'abord, en 1824, comme employé dans la grande
maison île librairie musicale de Breitkopf, d'où
il passa ensuite chez l'éditeur Hofmeisler. Au
bout de quelques années, en 1831, il accepta et
remplit les fonctions de chef d'orchestre au
théâtre de Géra. Plus tard il se fixa à Leipzig,
et publia de nombreuses compositions chez
Schuberlb, Breitkopf, et autres éditeurs. Cet
(1) Telles sont les dales que donne H. VA. Gregoir, dans
son livre : les artistes musiciens néerlandais. \
504
SCHUBERT — SCHUCHT
artiste est mort à Leipzig le 19 mars 1868 (1).
•SCnUBERT (François), violoniste et com-
positeur, est mort à Dresde au mois d'avril 1878.
SCHUBERT (Camille), est le pseudonyme
sous lequel s'est fait connaître, comme compo-
siteur, un artiste qui était en même temps
éditeur de musique à Paris sous son véritable
nom de Camille Priiipp. M. Priiipp, né, je crois,
vers 1810, tint pendant de longues années, sur
le boulevard des Italiens, un établissement de
librairie musicale auquel il a renoncé il y a peu
de temps, et qu'il aclialandait surtout de ses
propres ceuvres, publiées sous le nom de Camille
Schubert. Celles-ci, dont le nombre ne s'élève
guère à moins de quatre-cents, consistaient sur-
tout en transcriptions, fantaisies légères sur des
thèmes d'opéras populaires, et en morceaux de
musique de danse : quadrilles, galops, polkas,
rédowas, etc. Parmi ses autres compositions,
on remarque : environ 30 romances; une collec-
tion d'ouvertures célèbres arrangées pour le
piano à 4 mains; 2 marches caractéristiques,
pour piano, op. 142 et 143; 3 Nocturnes, id.,
op. 190; Romance et sérénade, id.; Menuet de
la cour, id.; la Fêle des palineiirs, id.; 3 Mé-
lodies sans paroles, id., op. 379; Hymne à
l'Élerncl, chœur à 2 voix de femmes; Fête du
Prinlemps, id.; la Fêle de la Rosière, Espé-
rance et Souvenir, les Cloches du monastère,
choeurs à 3 voix de femmes; Invocation à
l'harmonie, les Chasseurs tyroliens, les
Veilleurs de nuit, chœurs à 4 voix. Cet artiste
a fait exécuter au mois de mars 1855, dans
l'église Saint-Eustiiche, une grande Messe solen-
nelle, dont les soli étaient chantés par MM. Bus-
sine et Jourdan, de l'Opéra-Comique.
SCIILIÎEUT (Louis), compositeur allemand
contemporain, a fait représenter sur le théâtre
d'Altenl)ourg, le 2 mars 1879, un opéra en
3 actes intitulé Faustina Hasse. Précéilemment,
cet artiste avait fait jouer sur divers théâtres
quelques opérettes dont j'ignore les titres,
ife SCIII]IU:IITII(Julii]s-FerdinaindGeorges),
né à Magdehourg le 14 juillet 1804, mort à
Leipzig le 9 juin 1875, fut l'un des éditeurs de
musique les plus considérables de l'Allemagne
(1) Je seraU tenté de croire que c'est à François- Louis
Schubert que sont dus un certain nombre de petits ma-
nuels publics sous le nom de F. L. Schubert, et dont
TOlcl les lltrrs : ^ Il C der Tonkiinst, ober dus Uif-
/ensicUrdi/jsIc fur Musiker ttnd /rnindc der To/ikiinst
(Leipzig', MiTsi burgcr, iii-i2); Inftrtimentutiomlebre
inach den Hediir/inssen der gegenwart (id., Id., IJ.) ;
hatcchismun der gisunqlehre (id., id., Id.X; Die f'iolin,
ihr weseii, titre Oedevtuny uiid behandlunij ait snlo und
orchester instrumint (Id., Id., Id.); Die Orgel, ihr bail,
ifire gesrhichte wid behuiidluug (id., Id., id.). Il a été
fiat plusieurs cdillons de cts petit s traités.
et le chef de la maison J. Schuberth et Cie de
Leipzig et de New- York. Il étudia la musique
de bonne heure, et dès l'âge de quinze uns, en
1819, entrait comme employé dans la maison
Heinrichsholer, de Magdebourg. Sept ans plus
tard, en 1826, il fondait une librairie à Ham-
bourg, puis enfin s'établissait détinitivement à
Leipzig, comme éditeur de musique. De cette
ville il fit plusieurs voyages aux États-Unis, et alla
établir un comptoir à New-York. Il accompagna
même le grand violoniste Vieuxternps à Mexico.
Ses affaires en Amérique prenant une exten-
sion considérable, Schuberth crée en ce pays
des journaux, des sociétés de musique, y publie
de petits manuels biographique.s, et, amateur
passionné de violon, écrit un quatuor pour ins-
tiuments à cordes, qu'il exécute dans des .soirées
intimes. Sa femme, née Bertlia Prœger, pianiste
distinguée, s'y produit et s'y fait remarquer
comme virtuose. En 1874, Schuberth revint se
fixer définitivement à Leipzig, oii il continua ses
publications. On connaît ses belles éditions des
(l'uvres de Chopin, de Mendeissohn, de Liszt,
(le Sch.umann, de Wallace, de M. Rubinstein.
Le catalogue de sa maison comprend plus de
6,000 numéros.
Entre autres écrits, on doit à Julius Schuberth
un petit manuel biographique et encyclopédique .
de la musique publié sous ce titre : Kleines
Musikalisches Conversations Lexikon fiir
Tonkunsiler und Musikfrexinde. Il a été fait,
du vivant de l'auteur, onze éditions de ce petit
ouvrage, et en ce moment (1878) M. Robert
Musiol en prépare une douzième. La direction
de la maison Schuberth et Cie est aujourd'hui
aux mains de M"® veuve Schuberth, assistée
d'un de ses neveux.
* SCHUBERTH (Louis), contrebassiste et
compositeur allemand, est mort à Saint-Péters-
bourg au mois de juin 1850.
SCHUCHT (JouANN-F ), écrivain musi-
cal et compositeur allemand, docteur en philo-
sophie, est né en 1832 à Holzthaleben, dans la
Thuringe. Il se livra de bonne heure à la pra-
tique du piano, puis travailla la composition,
qu'il étudia sous la direction de Morilz Haiipt-
iiiann, de Schnyder de Wartensée et de Spohr.
On connaît de cet artiste trois symphonies,
plusieurs ouvertures de concert, des quatuors
pour piano et instruments à cordes, des tieder
et un certain nombre de morceaux pour le
piano. Il a écrit aussi les paroles et la musique
d'un opéra qui a été représenté sous ce litre :
les Français à Madrid. Ayant fait à Berlin la
connaissance de Meyerbcer, M. Sdiuchl publia
sur ce grand homme un écrit intitulé : Meyer-
SCHUGHT — SCHWAB
505
beer's leben und bildungsgang, Leipzig, Ma-
thas. Depuis lors, il a livré au public divers
ouvrages didacliques dont voici les titres :
Wegwaiser in der tonkunst {Guide pour la
composition); Paiiiturenkennlniss {Étude des
parutions) ; Kleines Lezikon der Tonkunst
{Petit Dictionnaire delà composition), Leipzig,
Matbas; Gruiidriss einer practischen Hur-
monielehre {Plan d'un enseignement pra-
tique de V harmonie), Leipzig, Kahnt.
M. Schuchf, qui depuis longues années est
fixé à Leipzig, est l'un des collaborateurs assidus
du journal qui se publie en cette ville sous le
titre de Nouvelle Gazette musicale {Neue
Zeitschrift fur Musik), Il a publié une biogra-
phie de Chopin : Friedrich Chopin und seine
werke, Leipzig, Kahnt, 1880, in-S".
SCHL'LTHES( Wilhelm), compositeur con-
temporain, établi, je crois, à Londres, s'est fait
connaître par la publication de diverses œuvres
de musique religieuse : 12 Hymnes latines, avec
accompagnement d'orgue; Guirlandes de Mai,
hymne avec accompagnement d'orgue ; Cor Jesu,
salus in te sperantum, motet pour trois voix
égales et chœur, avec orgue; Vent, Domine,
motet pour quatre voix égales et chœur, avec
orgue; etc.
SCHLLZ-BEUTHEIX (H....), musicien
contemporain, a publié dans ces dernières an-
nées quelques compositions parmi lesquelles je
citerai les suivantes : Sérénade hongroise
pour violon et piano, op. 9; Pièce caractéristi-
que pour le piano, à 4 mains, op. 10; 5 pièces
pour piano, en forme de suite, op. 19; 4 pièces
pour piano, en style héroïque, op. 22 ; 3 pièces
de piano, cycle en forme de sonate, op. 23;
Pièces de piano, op. 24. M. Schulz-Beutlien a
abordé une fois la scène, en donnant sur le
théâtre de Zurich, au mois de mars 1879, un
grand opéra \niii\i\é der Zauberschlaf {le Som-
meil magique).
SCHULZ-SCHWERIIV (C ), musicien
allemand contemporain, ne m'est connu que par
quelques compositions symphoniques qu'il a fait
exécuter dans les concerts en ces dernières an-
nées : Grande Marche triomphale. Ouverture de
Torquaio Tasso, Ouverture de la Fiancée de
Messine, etc.
SCHULZ-AVEIDA (J ), musicien alle-
mand contemporain, s'est fait connaître par la
publication de morceaux et de pièces de genre
pour le piano, dont le nombre ne s'élève guère à
moins de deux-cents, et parmi lesquels, je crois,
il n'est rien de bien important. Je n'ai pu réunir
aucuns renseignements sur cet artiste.
* SCHUMAINN (Robert). — L'ouvrage es-
timé que M. J. von Wasielewski a publié sur cet
artiste célèbre : Robert Schumann, Fine bio-
graphie (Dresde, Kuntze, 1858, in-8"), a été
traduit en anglais sous ce titre : Robert Schu'
mann's life and letters, traduit par A. L.Alger,
avec préface par W.-A. Barrctt, Londres, W.
Reeves, in-8°. Une traduction anglaise a été
faite aussi du recueil des écrits de Schumann
sur la musique : Music and Musicians, essays
and criticisms, publié, traduit et annoté par
Fanny-Raymond Ritter, Londres, W. Reeves,
in-8° avec portrait. Une autre biographie de
Schumann a paru en Allemagne : Robert Schu-
mann, sein leben und seine werke, par Au-
guste Reissmann, Berlin, J. Guttentag, 1865>
in-8°. En France, il faut signaler, outre un
très-intéressant article de M. le baron Ernouf i
Robert Schumann, sa vie et ses œuvres, pu-
blié dans la Revue contemporaine du 31 jan-
vier 1864, l'écrit suivant : Un successeur de
Beethoven , Elude sur Robert Schumann ,
par Léonce Mesnard, Paris, Sandoz et Fischba-
clier, 1876, in-8'^ de 84 pages. En Belgique,
M. Maurice Kufferath a donné sous ce titre :
Hector Berlioz et Robert Schumann (Bruxel-
les, Sannes, 1879, in-8° de 56 pp.), une traduc-
tion anonyme de plusieurs articles consacrés par
Schumann à différentes œuvres de Berlioz dans
la ISouvelle Revue musicale de Leipzig. Enfin,
l'éditeur J. Schuberth, de Leipzig, a publié le
texte allemand, avec une traduction française
de M. Liszt, des Conseils aux jeunes musi-
ciens deScbumann, Leipzig et New-York, s. d.,
in-l6 de 3j pp., et les éditeurs MM. Durand-
Schœnevcerk ont donné la traduction seule de ce
petit écrit, sous ce litre : l'Art du piano, con-
seils extraits de V Album dédié à la jeunesse,
par Robert Schumann, traduits de l'allemand
par Franz Liszt, Paris, s. d., in-16de 19 pp. (1).
SCHWAB (François-Marie-Louis), com-
positeur et critique musical français, est né à
Strasbourg le 18 avril 1829. Doué de disposi-
tions précoces pour la musique, il étudia le piano
avec Ed, Hausser, l'harmonie avec Ph. Hoerter,
et fut dirigé de bonne heure vers l'étude des
grands maîtres classiques. Étant encore au col-
lège, il dirigeait déjà un orchestre d'amateurs, et
(1) La veuve de ce corapositeur, Mme Clara Schumann,
née Wicck, pianiste de premier ordre, a conservé un vé-
ritable cuUe pour la mémoire de son mari et ne néglige
aucune occasion de se consacrer à sa gloire. On trouve
des renseignements intéressants sur cette grande artiste
et sur sa famille dans l'écrit suivant : Notices biographi-
ques de Frédéric Ifieck et de ses deux filles, avec des
lettres inédites de Hans de llûlow, Czerny. Robert
Scàumann, Carl-Ularia de freber. par A. Von Meisch-
ner. Leipzig, Mutthes, 187S, in-Sï de i28 pp., atec portraits.
506
SCHWAB — SCIROLI
il était fort jeune lorsqu'il se produisit comme
compositeur avec des ouvertures et des mor-
ceaux de chnnt exécutés dans sa ville natale,
soit au lliéAtre, soit dans les concerts, avec un
véritable succès. Son début en ce s^nre fut une
valse k ^rand orchestre, dédiée'à M"' Teresa Mi-
lanollo. Il lit entendre ensuite plusieurs œuvres
d'une importance plus considérable, entre autres
une messe solennelle, et plusieurs opéras-comi-
ques qui furent joués avec un grand succès à
Strasbourg et à B;ide. En même temps, il se li-
vrait à d'excellents travaux de critique musi-
cale, devenait le feuilletoniste attitré du Courrier
du Bas-Rhin, dans lequel il passait régulière-
ment en revue le mouvement musical si impor-
tant de Strasbourg et de Bade, et collaborait à
la Gazette musicale de Paris et à Vlllusira-
tion de Bade. Un journal parisien a dit que
M. Fr. Schwab était « une des gloires musica-
les de la province, » et Vllluslration de Bade
appréciait ainsi son talent : — « Ses œuvres se
distinguent par l'inspiration, la finesse, l'origina-
lité, mélodie abondante et distinguée, clarté et
verve françaises imies à l'étude approfondie des
grands maîtres classiques. Indépendamment de
son talent de compositeur, Schwab est encore un
critique musical des plus compétents, dont les
articles font autorité, et un grand nombre de
feuilles spéciales ont publié ses intéressantes et
savantes éludes. »
Voici la liste des compositions de M. Schwab.
— Musique dramatiqle. 1" La nuit, tous tes
chats sont gris, opéra-comique en 2 actes, pa-
roles de M. Ph. Mutée, joué à Strasbourg en
1858; 2° les Amours de Sylvio, opéra-comique
en un acte, joué sur le théâtre des Salons de la
Conversation, à Bade, en 1861, par MM. Mon-
taubry, Sainte-Foy, Balanqué, m"" A. Faivre
et Louisa Singelée, livret de MM. Michel Carré
et Jules Barbier ; 3" les Deux Consulta/ions,
opéra-coini(|ue en un acte, paroles de M. Gran-
sard, représenté au lycée de Strasbourg, par les
élèves de cet établissement, le 9 aoi^it 1807. —
MrsnjiE iiF.i.ioiEiSE. 1" Messe à grand orches-
tre, avec soli et cbœurs, exéculée d'abord à
Strasbourg, en 1859, ensuite à Madrid, puis à
Bade, par les chanteurs du Théâtre-Italien et
l'orchestre de la cbaijelle de Bade, et enfin à
Paris, à Saint-Eustache (Heugel, éditeur);
2° Benedictus, 0 Saltitaris, et divers autres
morceaux. — Musique de concert . 1" Valse à
grand orchestre {\8hO); T Grande Fantaisie
pour clarinette, avec orchestre (1859), écrite
pour le fameux clarinettiste Wuille et exécutée
en 1859 au grand festival de Bade sous la direc-
tion d'Hector Berlioz, au festival de Mulhouse
en 18C0, et à Paris, au concert Besselièvre , en
1862; 3° SjIo de saxophone, écrit pour le même
virtuose (18C0), qui. à l'aide de ce morceau, fit
connaître cet instrument à Bade; 4" Cantabile
pour violoncelle (Choudens, éd.) ; 5° Concertino
pour violoncelle(Flaxland). — Musique dechant.
1" les Voix de la Lyre, grande cantat(> écrite,
sur des paroles de Méry, pour le grand festival
de Strasbourg en 1863; 2" /e Dernier Chant de
Corinne, scène pour soprano, avec acoinpagne-
ment d'orchestre ; 3° /a Vision, mélodie pour
ioprano ; i" le Lac Léman, mélodie pour ba-
ryton ; 5° V Alsace, chœur à quatre voix d'hom-
mes; 6° Gambrinus, id.; 7° Agnus Dei pour voix
de contralto avec orgue, Paris, Choudens.
M. Schwab, qui a reçu, à différentes reprises,
des félicitations et des marques d'amitié de quel-
ques-uns de nos grands maîtres, MM. Gounod,
Ambroise Thomas, Reyer, Gevaert, a dirigé avec
de brillants résultats, de 1871 à 1874, l'excel-
lente société chorale l'Union musicale, et est
aujourd'hui le rédacteur musical spécial du
Journal d'Alsace. Il est officier d'Académie, et
chevalier des ordres de Charles III d'Espagne et
de la maison Ernestine de Saxe.
SCH WARZ (WiLHELM), musicien allemand,
docteur en philosophie et professeur de chant,
naquit à Stutlgard le 11 mai 1825, et mourut à
Berlin le 4 janvier 1878. Il étudia d'abord la phi-
lologie el la théologie pour devenir prêtre, mais
renonça ensuite à entrer dans les ordres, et
après s'être adonné à l'étude du chant, il aborda
le théâtre et remplit pendant plusieurs années
rem|)loi des ténors sur plusieurs scènes alle-
mandes. Après avoir effectué un voyage à
Vienne, à Venise et à Milan, il s'établit à Ham-
bourg comme professeur de chant, et bientôt
publia en cette ville un traité intitulé : Système
de Vart du chant d'après les lois physiologi-
ques (Hambourg, Hellwig, 1857). L'année sui-
vante il alla fixer sa résidence à Berlin, où il
forma un grand nombre d'élèves, parmi les-
quelles M"" Harriers-Wippern {Voy. ce nom),
cantatrice dramatique distinguée, morte récem-
ment. C'est en cette ville que lui-même est mort,
à l'âge de cinquante-deux ans.
Outre l'ouvrage signalé ci-dessus, Schwarz a
encore publié l'écrit suivant : la Musique
comme langue de sentiment, en rapport
avec la voix et Vart du chant (Leipzig, Kahnt,
1860). Il a aussi fourni un certain nombre d'ar-
ticles à différents journaux.
* SCIROLI (Grégoike), compositeurdrama-
tique italien du dix-huilième siècle. — Aux ou-
vrages mentionnés sous le nom de cet artiste,
il faut ajouter les suivants ; U Nnamorate cor-
SCIROTJ — SECHTER
507
revale, et il Finto Pasiorella {sic), représentés
tous deux au tliéâtre Nuovo, de Naples, le pre-
mier en 1752, le second en 1755; et Alessan-
dro nelle Indie, qui fut donné à Bologne en
1774.
SCOFFIERO (Celestino), écrivain mu-
sical italien, est l'auteur d'un opuscule publié
sous ce titre : Cenni storici intorno al re dei
musicali islrumenti, Vorgano, e brève descri-
zione délia sua itruttura. Je ne connais de ce
petit écrit que la seconde édition, publiée en t878,
à Oneglia, cliez l'imprimeur Ghiliui, et qui forme
une brochure de 24 pages.
* SCOLARI (GiusEPPE). —A la liste des ou-
vrages dramatiques de ce compositeur, il faut
ajouter un opéra intitulé il Finio Cavaliero.
SCOI^TIIOO ( ), musicien italien, a
fait représenter à Milan, sur le théâtre Dal
Veime, le 18 juin 1879, un opéra en 4 actes, in-
titulé Malelda.
SCOTO (M....), professeur italien contem-
porain, est l'auteur d'un petit manuel publié
sous ce titre : Grammatica elementare di 77iu-
sica divisa in quattro lezioni, op. 16, Milan,
Lucca. J'ignore quels sont les autres ouvrages
de cet artiste, qui, je crois, est professeur de
chant dans les écoles municipales de Molfetta.
* SCUDO (P ), critique et écrivain musi-
cal, né à Venise le 8 juin 1806, est mort à Blois
le 14 octobre 1864. Scudo a collaboré, en ce qui
concerne la musique, à un certain nombre de
journaux et recueils périodiques -. la Bévue et
Gazette musicale de Paris, la Réforme, la pre-
mière Revue de Paris, la Revue indépendante,
le Musée des Familles, le Siècle, VOrdre,
l'Art ynusical, et enfin la Revue des Deux-Mon-
des, où pendant plusieurs années ses articles,
écrits avec élégance, mais d'une critique un peu
superficielle, étaient fort remarqués. Il a donné
aussi quelques articles à V Encyclopédie géné-
rale de MM. Firmin-Didot, et à la seconde édi-
tion du Dictionnaire de la Conversation et de
la Lecture,
Parmi les volumes publiés par Scudo, V Année
musicale ne comprend que trois années, por-
tant les dates de 1860, 1861 et 1862 (Paris,
Hachette, in-12); mais un quatrième volume a
été donné sous ce titre : la Musique en 1862
(Paris, Helzel, in-12, 1863). Scudo a donné à la
Revue des Deux-Mondes un roman musical,
Frédérique, « suite du Chevalier Sorti, u qui
n'a point été publié en volume, non plus que les
biographies de divers sopranistes célèbres : Cres-
centini, Velluti, etc., insérées dans le môme re-
cueil. Les deux premiers ouvrages livrés au
public par cet écrivain n'avaient aucun rapport
à la musique; l'un était intitulé Physiologie
du Rire, et le second avait pour titre les Partis
politiques en province (1838, in-S"). Scudo,
dont l'exagération d'esprit était évidente, et qui
était doué d'une forte dose de vanité, donna,
vers le milieu de l'année 1803, des signes non
équivo(pies d'un dérangement des facultés in-
tellectuelles ; bientôt il fut atteint d'une véri-
table folie qui devint assez rapidement furieuse,
et il mourut à Blois, au milieu d'une famille
amie qui lui était profondément attachée, et
qui avait poussé le dévouement jusqu'à le re-
cueillir en cet état.
Dans un de ses ouvrages de crilique {Année
musicale, Z" année, p. 189), Scudo dit avoir
reçu des leçons d'harmonie de Chelaid.
SEBASTIAN! (Ehnesto), pianiste et
compositeur italien, né à Naples le 6 janvier
1843, fut élève de Ferdinando Bonamici pour
le piano, él pour la composition de Yincenzo
Fiodo et^ de Giovanni Moretti. Il a fait repré-
senter sur le théâtre Bellini , de Naples , au mois
de novembre 1867, un opéra bouffe en trois actes
intitulé il Marchese Taddeo, qui fut très-bien
accueilli, et peu de temps après il entreprit un
voyage artistique à la suite duquel il se fixa à
Tuni^, oii il réside encore aujourd'hui. Pour-
tant il a fait retour un instant dans sa ville
natale pour y faire représenter, sur le théâtre
de la Fenice, le 23 novembre 1876, un second
ouvrage dramatique, il Povero Diavolo. Cet
ouvrage, dont le livret, selon la coutume ita-
lienne, était tout simplement calqué sur celui
de notre opéra français la Part du Diable,
seml)le avoir été favorablement reçu par le pu-
blic. Depuis lors M. Sébastian! a encore donné,
sur l'un des théâtres de Borne (août 1878), un
troisième opéra, Raffaele e la Fornarina,
dont il avait écrit les paroles et la musique;
celui-ci a été moins heureux que les précédents ,
et n'a obtenu qu'un méiliocre succès.
SECCHI (Benedetto), compositeur italien,
né à Mondovi le 28 janvier 1831, a fait ses
études au conservatoire de Milan, où il a suivi
les classes de piano et de composition de 1844
à 1847. Il a fait représenter avec succès le 22 oc-
tobre 1856, sur le théâtre de la Canobbiana, de
Milan, un opéra sérieux intitulé la Fnnciulla
délie Asturie. Je n'ai aucun autre renseigne-
ment sur cet artiste, qui de|)uis lors , et malgré
le bon act ueil fait à son ouvrage, ne s'est pas
de nouveau proiiuit à la scène.
* SECHTER (Simon), ancien organiste de
la cour de Vienne et professeur au Conser-
vatoire de cette ville, est mort le 10 septembre
1867. Sechter fut l'un des plus savants contra-
508
SECHTER — SEHON
punlistes du dix-neuvième siècle, et son enseigne-
ment, devenu célèbre, était recherché par toute
l'Allemagne. 11 a compté parmi ses élèves Thal-
berg, Pauer, Th. Dœhler, Dœrfeld, Lœwe, Ad.
Henselt, Vieuxteraps, les princes Constantin
et Georges Czartoryski, etc.
Sous le pseudonyme de Enist Heiter, Sechter
avait fait représenter sur le théâtre de Josephs-
tadt , à Vienne , le 12 novembre 1844, un opéra
burlesque intitulé Ali Hilsch-Uatsch.
SECOi^iD (Albéric), romancier et vaudevil-
liste, né à Angoulêine le 17 juin 1817, est mort à
Paris vers 1872. Il a publié sous ce titre : les
Petits Mystères de l'Opéra (Paris_, 1844, in-8°),
une sorte de chronique plaisante de notre pre-
mière scène lyrique, et sous cet autre litre :
Misères d'un prix de Rome (Paris, 1868, in-
12), un roman dont le héros est un musicien
découragé.
* SEDLAZER (Jean), flùtiste^est mort à
Vienne le 11 avril 1806.
SEGHERS (François-Jean-Baptiste), vio-
loniste et chef d'orchestre distingué, né à
Bruxelles au mois de janvier 1801, commença
ses études musicales avec un de ses oncles, prit
ensuite des leçons de Gensse, violon-solo du
Grand-Théâtre de Bruxelles, puis vint à Paris
et fut reçu, au Conservatoire, dans la classe de
Baillot. 11 fut l'un des fondateurs de la Société
des concerts du Conservatoire, fit partie de cet
orchestre admirable jusqu'en 1848, et l'année
suivante fonda la Société de Sainte-Cécile, établie
sur les mêmes bases, et qui donnait ses séances
dans la salle du casino Paganini, rue de la
Chaussée-d'Antin. M. Seghers donna, dans la di-
rection de cette société, des preuves d'un véri-
table talent de chef d'orchestre, surtout en ce
qui concerne la symphonie, et, musicien aussi
instruit qu'intelligent, il fit connaître au public
parisien un grand nombre d'œuvres importantes
qui jusqu'alors n'avaient pas été exécutées en
France, entre autres la musique de Preciosa et
la Jubel-Ouveriure, de Weber, la symphonie-
cantate, la 4" symphonie et les ouvertures de Men-
delssohn, la symphonie en ut et l'ouverture de
Rosemonde, de Schubert, l'ouverture de Maii-
fred, de Robert Schumann, etc. De plus, M. Se-
ghers exerçait une large hos|)ilalilé à l'égard des
jeunes compositeurs et des musiciens français,
et c'est lui qui lit entendre les symphonies et di-
Tcrses œuvres de M. Gounod, l'ode à sainte Cé-
cile et la première symphonie de M. Saint-Sacns,
les symphonies de M. Reber et de M. Gouvy, la
Fuite en Egypte et l'ouverture du Carnaval
romain, de Berliox, le Jugement dernier, de
M. "Weckerlin, etc., etc. Malheureusement, des
difficultés intérieures amenèrent, vers 1854, la
retraite de M. Seghers, qui fut rapidement suivie
de la dissolution de la Société de Sainte-Cécile.
Depuis lors, M. Seghers n'a plus fait parler de
lui, et vit retiré à Paris.
SEGLR (Anatole, comte DE), fils du comte
Eugène de Ségur, ancien pair de France, est né
en 1821. La carrière administrative qu'il suivit
sous le second empire, où il devint préfet de la
Haute-Marne, puis conseiller d'État, ne l'empê-
cha pas de se livrer à la culture des lettres.
Entre autres ouvrages, M. de Ségur publia
Sainte Cécile, poème tragique en deux parties
et quatre actes (Paris, Bray, 1868, in-t6), qui
lui valut en 1869 un prix à l'Académie fran-
çaise.
SEHELLE (Edouard), professeur allemand
et écrivain musical distingué, est né, croyons-
nous, à Berlin, entre les années 1825 et 1830.
Nous ignorons les détails de son existence, mais
nous pensons qu'avant de se fixer à Vienne, il
doit avoir passé quelques années à Paris et à
Rome. M. Sehelle a publié un écrit très-intéres-
santsur la représentation à Parisdu Tannhàuser
de M. Richard Wagner, écrit dans lequel son su-
jet l'amenait à rappeler, d'une façon très-ingé-
nieuse, la fameuse guerre des gluckistes et des
piccinnisles au siècle dernier. Depuis lors, il a
livré au public un ouvrage très-impoi tant sur les
chanteurs de la chapelle Sixtine à Rome (Vienne,
Golthardt, 1875), ouvrage dans lequel on trouve
des renseignements précis et pleins d'intérêt sur
le développement de cette école et sur les artistes
qui s'y sont formés. Depuis 1862, M. Sehelle
a succédé à M. Hanslick comme feuilletoniste
musical du journal la Presse, de Vienne.
J. B.
SEH03f ( Le chevalier Edouard), composi-
teur autrichien distingué, connu sous le pseu-
donyme à'Engelsberg, est né à Engelsherg, en
Silésie, le 23 janvier 1825. Il s'adonna à l'étude
du droit, et, après avoir été reçu docteur de
l'Université de Vienne, entra dans la magistra-
ture et fut pensionné comme conseiller en
1878. Dès sa jeunesse, M. Sehon s'était beau-
coup occupé de musique, encouragé par son
père, qui était amateur de cet art cl qui chan-
tait avec goût; il étudia seul la composition, à
l'aide du traité de Reicha, et acquit la connais-
sance de l'instrumentation en analysant les gran-
des (Tuvres de Berlioz. Il écrivit surtout beau-
coup de chœurs pour voix d'hommes, et devint
le compositeur favori du Mànnergesangsverein
de Vienne, qui chante partout ses chœurs avec
le plus grand succès, et a rendu populaire le
nom d'Engelsberg. M. Sehon a publié sous ce
SEHON — SELLT
509
nom, jusqu'à ce jour, environ 70 chœurs, soit
sérieux, soit gais; ces compositions sont trcs-
méloiliques, et écrites avec une grande habileté.
Il faut surtout citer celles qui ont pour titre :
les Scènes amusantes de bal, le Quadrille des
Fous, Annahell Lee et le Liederspiel. Cette
dernière est d'une invention gracieuse et d'une
mélodie charmante.
J. B.
* SEIDEOIAIVIV (Eugène), et non Sei/del-
mann, compositeur allemand, était né le 12 avril
1800, et mourut à Breslau le 31 juillet 1864.
La femme de cet artiste, née Marie Dick-
mann, vit le jour à Elbing le 5 novembre 1817,
et devint une cantatrice dramatique distinguée.
Après s'être fait remarquer sur divers théâtres,
entres autres à Berlin, Hanovre et Breslau, elle
abandonna cette carrière dans toute la force de
la jeunesse, et se retira en 1845.
SEIDL (J.... -Chrétien), chef d'orchestre et
compositeur allemand, s'est fait connaître par
la publication d'un grand nombre de lieder qui
obtinrent du succès et dont plusieurs devinrent
populaires. Il avait fondé à Munich une société
de concerts particulièrement destinée à l'exécu-
tion des œuvres des maîtres modernes, et qui
avait été fort bien accueillie. Cet artiste est mort
à Munich au mois de septembre 1861.
* SEIDLER (Madame Caroline), née Wra-
nitzki, chanteuse dramatique renommée, née
en 1794, est morte à Berlin le 4 septembre 1872,
à l'âge de soixante-dix-huit ans.
SEIFRIZ (Max), compositeur allemand, a
écrit la musique d'un poème dramatique intitulé
Ariane à ISaxos, qui a été représenté en 1860,
à Lœwenberg.
SEISS (Isidore), pianiste, professeur et com-
positeur allemand contemporain, s'est fait en-
tendre avec quelque succès en Allemagne et en
Belgique, et est aujourd'hui professeur au Con-
servatoire de Cologne. Parmi ses composilions,
on remarque : 3 Pièces pour piano, op. 7 ; 3 So-
natines pour piano, op. 8; Interviezzo pour
piano, op. 9; Études de bravoure, pour piano,
op. 10; Préludes pour piano, en formes d'études,
op. 12 ; Fantaisie pour piano en forme de Toc-
cata, op. 1 1 ; Adagio pour violoncelle, avec
accompagnement d'orchestre, op. 13; Valse fan-
tastique pour piano, à 4 mains, op. 15 ; Cadence
pour un concerto de Weber, op. 32 ; Scène et
Marche à grand orchestre, op. 16 ; Pièce lyri-
que pour piano, op. 17. Tontes ces œuvres ont
été publiées par la maison Schlesinger (Robert
Lienau), de Berlin.
* SÉJAIV (Louis), organiste français, est
mort à Paris au mois d'avril 1849.
SELDErV (Camille). — Voyez KRIIMTZ
(M"'' DE ).
* SELIGMAIVIV (Hippolyïe-Prosier), vio-
poncelliste et compositeur pour son instrument.
A la liste des œuvres de cet artiste, j'ajouterai les
suivantes : t° Howmage à Auber, caprice, avec
piano, op. 55; 2" Album algérien, 4 morceaux
caractéristiques, id., op. 60; 3" Concerto, id.,
op. 70; 4° Anriante et rondo de concert, id., op.
75; 5° Dernier chant d'amour, id., op. 76;
6° Caprice humoristique et chanson havanaise,
id., op. 77 ; 7° le Secret, id., op. 79; 8" Dans
les nuages, id., op. 80; puis diverses fantaisies
sur des motifs d'opéras : les Huguenots, op. 58,
le Pardon de Ploërmel, op. 69, Joconde, op.
72, l'Africaine, op. 78, Martha, op. 82, les
Dragons de Vdlars, op. 90, l'Ombre, op. 94,
etc., etc. M. Seligmann s'est essayé dans la cri-
tique musicale, et a donné quelques articles à
divers journaux.
SELITTI ou SELITTO (Giuseppe), com-
positeur dramatique italien, vivait dans la pre-
mière moitié du di\- huitième siècle, et a fait re-
jrésenter les ouvrages dont voici les titres : iTO-
ronte, ovvero il Custode di se s/esso, Naples,
théâtre des Fiorentini, 1730; 2° i Due Baroni,
id., id., 1736; 3° VAmor comico, id., id., 1749.
J'ignore si cet artiste a écrit d'autres opéras, et
le n'ai pu découvrir sur lui aucun renseigne-
ment.
SELLENICK ( ), compositeur et
chef de musique militaire, remplissait, il y a une
vingtaine d'années, les fonctions de chef d'or-
chestre au théâtre de Strasbourg. Fils d'un chef
de musique d'origine styrienne, il naquit en
cette ville vers 1820, et, fort jeune encore, apprit
à jouer de plusieurs instruments, entre autres
du violon et du cor. Devenu chef de musique
au 2*^ régiment de voltigeurs de la garde impé-
riale, il fit en cette qualité la campagne d'Ita-
lie et celle de 1870. M. Sellenick a écrit la
musique de Crispin rival de son maître, opéra-
comique en 2 actes dont le livret avait été tiré
de la célèbre comédie de Lesage qui porte ce
titre, et qui fut représenté au Théâtre-Lyrique,
le 1^"" septembre 1860. M. Sellenick s'est fait con-
naître aussi comme compositeur de musique mi-
litaire. Il remplit aujourd'hui les fonctions de
chef de musique au régiment de la garde ré-
publicaine. .M. Sellenick est chevalier de la Légion
d'honneur.
*SELLI (Prospero).— Aux ouvrages drama-
tiques mentionnés au nom de cet artiste, il faut
ajouter Ricciarda, opéra sérieux représenté au
théâtre San-Garlo, de Naples, vers 1840, et
Ada Marescotti, joué sur le théâtre de Viterbp
510
SELLI — SENEKE
aux environs de Tannée 1865. Quant à Medea,
cet ouvrage a été donné au lht<\tie Apollo, de
Rome, non en IS'il, mais on 1839.
* SELLI\t;R (JosKpn), iiaulhoïste allemand,
est mort à Vienne le 17 mai 1843.
SEMET (TiiKoi'nii.E-AiMÉ-ÉMiLE), composi-
teur dramali(]ue français, est né à Lille (Nord)
le G septembre I824 (1). Son père, qui était
employé à la recette générale du département,
le fil admettre au Conservatoire de celte ville,
où il étudia le violoiicclle et fut, pour l'harmonie,
élève de Pierre Baiimann. M. Semet était très-
jeune encore lorsqu'il composa et fit exécuter
quelques morceaux d'orcliestre par une société
musicale de Lille; la municipalité de sa ville
natale lui accorda alors une pension qui lui
permit de venir à Paris terminer ses études. Le
jeune artiste prit en effet le chemin de la capi-
tale, et, en 1845, fut aduiis au Conservatoire
dans la classe de composition d'Halévy.
Après (juelqiies années passées au Conserva-
toire, M. Semet se livra à l'enseignement, tout
en cherchant à se produire au théâtre, ce qui,
à cette époque surtout, était particulièrement
difficile. Ai)rès avoir fait jouer dans une société
un petit opéra dont j'ignore le litre, il fut chargé
par la direction du théâtre des Variétés d'écrire
quelques airs nouveaux pour un vaudeville en
2 actes que M. Anicet Bourgeois avait tiré du
joli roman de George Sanii : la PeiUe Fadette,
et qui lut représenté sous ce titre, à ce théâtre,
le 28 décembre 1850. Mais c'était là bien (leu
de chose, et il fallait vivre; bientôt, M. Semet
accepta donc un enq)loi de timbalier dans l'or-
chestre de rO|)éra, emploi qu'il conserva pendant
longues années, même quand il se fut fait un
nom comme compositeur.
Enfin, loisque M. Carvallio, avec lequel il
s'était lié au Conservatoire, eut été placé à la
tête du Tbeûlre-Lyri(|ue, M Semet se vit charge
par lui d'éciire la musique d'un opéra-comique
en 2 actes, les Nuits d' Espagne, qui fut repré-
senté le 26 mai 1857. Cet ouvrage aimable, écrit
avec grûce et distinclion, fut accueilli |)ar le
public avec une laveur marquée et fit eonnailre
du coup le nom du composileur. Celui-ci s'oc-
cupa aussitôt il'ime seconde partition, la De
moisel le d'honneur, et cel ouvrage, en 3 actes,
fut joué le 30 deceMd)rc 1857. Comme il arrive
souvent à la suite d'un premier succès éclatant,
(I) Le Dictionnaire des Contemporains fait n;iitre
M. Sciutt U' 8 hcplitiibre l82c; un autre biofiraplif d^nne
pour date dr sa nai^sance lo 4 décembre i82o J'ai lieu de
croire que la date que Je donne ici est la seule exacte,
puisque c'( st C(;lle (|ue J'ai relev(?e sur les registres d'à 1
njission du Conservatoire de Paris.
cette nouvelle production du jeune musicien fut
reçue avec froiileuret défiance, bien que l'œuvre
fût plus vigoureuse et qu'elle dénotât un talent
réel ; la malechance aussi s'en mêla, la maladie
d'une artiste vint interrompre les représentations,
qui ne purent être reprises qu'au bout d'un cer-
tain temps, et, bref, la Demoiselle dlionneur
ne fut pas heureuse.
M. Semet se releva brillamment avec Gil-Blns,
opéra-comique en 5 actes qu'il donna au même
théâtre le 26 mars 1860, et qui obtint un grand
succès, grâce au mérite et à la vive allure de
la musique, et aussi au talent et à la verve
endiablée qu'y déployait la piincipale interprèle,
M"": Ugalde, chargée du rôle de Gil-Blas. On a
surtout gardé, de cet opéra, le souvenir d'une
sérénade qui devint rapidement populaire et qui
se vendit par milliers d'exemplaires. Le compo-
siteur fut moins heureux avec Ondine, très-
faible ouvrage en 3 actes qu'il donna au Théâtre-
Lyrique le 7 janvier 18G3, et qui, si j'ai bonne
mémoire, ne put même atteindre le chiffre de
dix représentations; on remarqua seulement
dans la partition une chanson, dite « chanson
de la taupe, » qui était un petit bijou. Enfin,
en 1869, M. Semet abordait la scène de l'Opéra-
Comique avec un nouvel ouvrage en 3 actes, la
Peiiie Fadette, dont le poème, tiré encore du
roman de George Sand, n'avait cependant rien
de commun avec la petite pièce dont il avait na-
guère écrit la musique pour le Ihéàtre des Va-
riétés. Cette nouvelle partition, d'un style par-
fois un i)eu recherché, n'en était |)as moins
remarquable à divers égards, et dénotait un
véritable progrès dans la manière du composi-
teur, surtout par rapport à la vérité scénique et
au maniement de l'orchestre. Pourtant, depuis
lors, M. Semet ne s'est pas repioduit au théâtre.
En dehors des ouvrages qui viennent d'être
énumérés, M. Semet, qui est un artiste bien
doué et vraiment distingué, n'a écrit qu'une
cantate, la Fête de Napoléon III, qui a été
exécutée à rO|)éra le 1 5 aoilt 1862, et la musique
des divertissements dansés des Pirates de la
Savane, pour la reprise de ce drame qid fut faite
en 1867 au théâtre de la Gaîfé. M. Semet est
chevalier de la Légion d'honneur.
SEi>Eïi.E (Tehesa), musicienne italienne,
née vers 1848, s'était fait connaître par la
musique d'un opéra intitulé le Due Atmclir, qui
avait été re|irésenté à Rome , sur le théâtre
Argenlina. On connaissait d'elle aussi <|uelques
romances et mélodies vocales, ainsi que des
morceaux de musi(iue de danse. Cette jeune
artiste est morte à Rome, au mois de novembre
1875, à peine âgée de vingt-sept ans.
SERASSI
oH
SERASSI, est le nom d'une famille de fac-
teurs d'orgues célèbre en Italie, et dont la re-
nommée n'a cessé d'être vivace depuis le com-
mencement du dix-huitième siècle jusqu'à nos
jours Deux membres de celle dynastie, Jo-
seph Il et Charles, ont seuls été menlionnes dans
la Biographie universelle des Musicieus ; '}e
Tais faire connaître ici ceux de ces arlisles sur
lesquels Fetis n'a pas donné de renseignements.
SEUASSI (Joseph), dit il vecchio, est né à
Gordano, dans la [)aroisse de Gandola, sur le
lac de Corne, en 16'J4. Il s'établit dès sa jeunesse
à Bergame, où il s'adonna à l'étude de divers
instruiuenls à vent, et oii il cultiva ensuite l'or-
gue de façon à devenir fort habile sur cet ins-
trument. Doué par la nature d'une grande ;.pti-
tude pour la mécanique, il se mit bientôt à
étudier alteiilivement les principes de la fabri-
cation des orgues, en observant le système de
con^tructio^ des orgues établies par les Ante-
gnali, dont plusieurs spécimens excellents exis-
taient encore dans la contrée qu'il habitait. C'est
donc d'apiès les meilleurs procédés en usage de
son temps que Serassi le vieux s'adonna à la
facture des orgues, dans laquelle il déploya un
talent remarquable et un esprit novateur dans
le bon sens du mol, en réduisant à d'exactes
proportions les sommiers, le vent el les tuyaux,
pour la fabrication desquels il n'employait jamais
qu'un métal excellent et choisi avec le plus
grand soin. Serassi produisit ainsi un grand
nombre d'instrumenls, qui se distinguaient par
des qualités supérieures, et parmi lesquels on
cite surtout l'orgue de San-Pelegrino dans le val
Brembana, celui île Saint-Uominiqne à Lodi (qui
a été place depuis dans la cathédrale de cette
■ville), et celui de la Bienheureuse-Vierge de Ca-
ravaggio, dans lequel il lit usage de registres
entièrement nouveaux. Il mourut en 17G0 à
Crema, où \\ se trouvait pour la construclion
d'un oigue.
SEUASSI (AîUDREA-LuiGi), second fils de
Joseph (1), naquit à Bergame le 19 mai 1725.
Il reçut une excellente éducation littéraire el
musicale, et composa dans sa jeunesse des
messes, des hymnes, des psaumes et diverses
autres oeuvres de musique religieuse qu'il fit
eotenure avec succès. Il suivit néanmoins la
(t) Son frère aine fier- Antonio, premier fils de Joseph
le vieux, ne a Birgame le n février 1721, fut un écri-
vain distingue et entra dans les ordres. Il jouait bien du
clavecin el liu v.olun, iiisiruinent qu'il avait ciudié avec
Kerleniis, d l'école duquel il fut le condisciple du célè-
bre Lolli. Il avait acquis aussi, grâce à son père, de gran-
des coniiai>saiices d^iis la faL;ricaùon des orgues. 11 mou-
rut le 19 fevrer \'^\, au luomeot où il venait d'accom-
plir sa soiiaate-dixiënie année.
carrière de son père, et, comme lui, consacra
son existence à la facture des orgues, apportant
aussi dans leur fabrication les progrès que son
intelligence et son esprit d'initiative lui faisaient
juger nécessaires. Parmi les excellents instru-
ments sortis en grand nombre de ses mains, on
cite tout particulièrement l'orgue de la cathé-
drale de Crema, celui du dôme de Parme, qui
lui valut comme récompense extraordinaire une
médaille d'or et un cadeau de deux-cents onces
d'argent travaillé, et celui de l'église San-Bar-
lolomeo de la même ville, dans la construction
duquel son fils Joseph l'avait aidé, et qui lui
valut l'honneur d'une inscription élogieuse tracée
sur une table de marbre et placée dans l'église.
Il construisit aussi des orgues pour les cathé-
d.-ales de Fossano, d'Intra, de "Vigevano, de Bor-
gomanero, etc. Andrea-Luigi Serassi avait épousé
une jeune fille d'une famille riche et distinguée,
Catherine Bertarelli, qui lui donna trois fils.
Sa femme étant morte en 1756, il se résolut à
entrer dans les ordres et se fit bientôt or-
donner prêtre, ce qui ne l'empêcha point de
continuer sa profession, dans laquelle il acqué-
rait chaque jour une plus grande renommée.
11 mourut en 1799, âgé d'environ soixante-qua-
torze ans.
• SEUASSI (Giovanni-Battista), frère du
préc 'dent et troisième fils de Joseph le vieux,
naquit à Bergame le 9 mai 1727, se sentit de
bonne heure une vocation pour la carrière sa-
cerdotale, et entra dans les ordres. Toutefois, il
n'en étudia pas moins la musique avec ardeur,
et acquit rapidement sur l'orgue un talent qui
était très-apprécié. « Il délectait, dit le com-
positeur Simon Mayr dans la série de notices
biographiques qu'il a consacrées aux Serassi,
parce qu'il sut accommoder les cantilènes que
lui inspirait son génie naturel à la nature des
dilférenls registres destinés à l'imitation des
divers instruments; il sur prenait, parce qu'étant
très instruit dans l'art de l'harmonie, il savait
employer une grande variété dans les réponses,
les imilalions, les fugues, les canons, etc. ; et
il édifiait selon la dévotion et la piété la plus
pure, parce qu'il usait d'un style convenable
à la majesté du lieu, à la gravité des au-
gustes cérémonies, et au caractère sublime du
service divin. «
L'abbé Jean-Baptiste Serassi ne fut pas seu-
lement un organiste fort distingué ; il s'exerça
aussi dans la composition, écrivit un grand
nombre de sonates pour son instrument, et mit
encore au jour plusieurs compositions vocales
religieuses; enfin, il suivit les traditions de
sa famille en acquérant de grandes connais-
512
SERASSI — SÉROW
sances dans la fabrication des orgues, et aida
souvent son frère André dans la construction
des instruments dont celui-ci ttait chargé. Il
fut, avec lui, accueilli d'une façon très-distin-
guée à la cour de l'infant duc de Panne,
qui le combla de faveurs. Cet artiste esli-
mable mourut le 13 mai 1808, à l'âge de
quatre-vingt-un ans (1).
* SEUASSI (Joseph 11), né à Bergame le
16 novembre 1750, mourut le 19 février 1817
et accrut encore, par ses talents, la renomun e
de sa famille. La notice qui lui a été consacrée
dans la lUor/raphie îiniverseile des Musiciens
n'a nul besoin d'être complétée. J'ajouterai seu-
lement que Jose()h Serassi publia en 1815 le
Catalogo degli orgnni fabricati da' Serassi,
dont le nombre s'élevait alors à 345, et qu'il
semble s'être élevé plus haut encore que ses
prédécesseurs dans l'art qu'il exerçait. « Ses
o'uvres, dit Simon Mayr en parlant des ins-
truments construits par lui, furent chantées par
des poêles distingués, récompensées avec des
largesses extraordinaires par des mécènes il-
lustres, et ses inventions exaltées par des hom-
mes intelligents, Gervasoni (dans sa Sciiola di
musica), Schultesius (dans son Mémoii-e sur
la jnusique d'église), et par beaucoup d'au-
tres. »
La famille Serassi a continué jusqu'à nos
jours à se distinguer dans la fabrication des
orgues. Du mois de novembre 1815, époque oii
fut publié le Catalogo de Joseph Serassi, jus-
qu'en lfe34, 163 instruments nouve.iux avaient
été construits par elle. Enfin, dans un nouveau
catalogue imprimé à Bergame en 1858,1e nombre
des instruments construits par les Serassi s'éle-
vait à 654.
* SEI\Ii>'G (François-Guillaume) , musicien
allemand, est né à Finsterwalde le 26 novem-
bre 1822. Après avoir étudié à Berlin avec
MM. A.-\V. Bach et Grell, il devint en 1851
professeur de musique au séminaire de Kie-
penick, d'où il passa en la même qualité à
Franzberg, et en 1855 à Barhy. En 1871 il se
fixa à Strasbourg comme professeur en chef au
séminaire, et il fonda en cette ville une société
de chant. M. Sering rédige depuis quelques
(i|Unc fille de Joseph \crvicuji, Mdrie-Catherinc Serassi,
sœur (l'Andri'-Louis, (le l'Icrre-Antoine et de Jean-llip-
tiste.née le I8 septembre 1723, élève de l'organisic sihinl
et douée d'une vulx ailiiiinible, devint une chunteusc re-
ninrquable et une virtuose d'une rare hibileté sur l'orgue
et sur le clavecin. Elle eut, ainsi que deux de ses frères,
des désirs religieux, et prit le voile en 1743 dans le nio-
nasière de .San lienedHtn in (.undino. Elle mourut dans
toute la force de la jeunesse, a l'âge de trente-trois ans
seulement, le 11 décembre 17S6.
années la revue musicale Euierpe, fondée par
E. Hentschel. Les compositions publiées de cet
arliste sont au nombre d'une centaine environ,
parmi lesquelles on remarque : École de vio-
lon, op. 31; École élémentaire de violon, op.
9i ; Traité d'harmonie ; puis un Traité théo-
rique et pratique du chant en chœur et en
solo, des études de piano, des morceaux pour
l'orgue, de nombreux lieder, des compositions
pour l'église, etc.
SilUOAV^ (Alexanobe), compositeur drama-
tique, le musicien le plus renommé de l'école
russe après Glinka {Voij. ce nom), naquit vers
1820. Fils d'un avocat, il fit preuve, dès ses plus
jeunes années, d'une grande intelligence et d'ap-
tiludes très-diverses, étudiant l'histoire natu-
relle, apprenant facilement les langues étran-
gères (outre le latin et le russe, il parlait le
français, l'anglais et l'italien), montrant un goût
prononcé pour le théâtre, s'exerçant au dessin,
et enfin, par-dessus tout, adorant la musique. Il
reçut ses premières leçons de piano d'une vieille
demoiselle, sa parente, mais n'eut point, à
proprement parler, d'éducation musicale. Voici
ce que dit à ce sujet M. W. de Lenz, qui fut son
ami, dans une rapide étude consacrée à cet ar-
tiste : — "En 1834, le père de Sérow fit entrer
son fils à l'École de droit de Saint-Pétersbourg.
Il en sortit en 1840, avec un numéro d'honneur,
le deuxième, et entra aussitôt au département
du Sénat. A l'école, Ch. Schuberth lui avait
donné des leçons de violoncelle; il ne continua
point cet instrument. La vieille demoiselle au
piano et Schuberth, voilà donc tout son ensei-
gnement musical; le reste, il le fit lui-même.
Dès sa sortie de l'école, Sérow passa sa vie dans
les livres de théorie musicale , en toutes langues,
de tous les temps, depuis les Bach, les Kirnber-
ger, les Albrechtsberger, les Fiirk, les Catel, jus-
qu'à Marck, en écrivant pour son usage la critique
des ouvrages, qu'il trouvait tous insuffisants,
beaucoup trop peu philosophiques. Il exceptait
bien un peu le livre de Marck. Il était en proie à
la pensée de fonder une théorie plus simple,
mieux assise. Plus il avançait dans cet immense
labeur, plus il négligeait son service au Sénat. Il
fut transféré en Crimée, en qualité de vice- pré-
sident d'un tribunal de justice. « J'écrivais de
« petites fugues pendant les rapports, — me di-
« sait-il,— de jolies petites fugues. Un jour qu'il
« s'agissait du vol d'un cheval, on voulut avoir
« mon opinion; je répondis que je n'avais abso-
« lument rien entendu, et levai la séance. Je tra-
« vaillais alors à mon premier opéra, une Auit
« de 7)ini ; jC. lai brillé, il était horrible! » Sé-
row quitta la carrière judiciaire, au plus grand
SEROW
513
désespoir de son père, et revint à Saint-Péters-
bourg, où nous l'avons rencontré censeur avec
un traitement des plus modiques. »
La façon toute pratique et tout isolée dont il
fit l'étude de la théorie musicale développa dans
■de larges proportions, chez Sérow, un sens cri-
tique dont il possédait le germe, dit-on, à un
haut degré. Mais aussi peut-on croire que cet
enseignement tout personnel troubla un peu
l'équilibre de ses puissantes facultés musicales.
En effet, Sérow, qui était un ardent admirateur
des œuvres les plus abstraites de la dernière
manière de Beethoven et un sectateur acharné
des doctrines de M. Richard Wagner, semblait
trouver dans Beethoven ce que d'autres y cher-
cheraient en vain -. un souvenir des anciens
modes grecs ! et il s'était pris pour ceux-ci d'un
tel amour qu'il rêvait une transformation de la
garnme moderne à leur profit, et qu'il les aurait
volontiers transportés à la scène. Sous ce rapport
il a laissé, paraît-il, des représentants de ses
idées dans son pays, et l'on assure que toute une
jeune école musicale russe s'en est entichée un
peu plus qu'il ne faudrait (1).
Quoi qu'il en soit, Sérow songea tout à la fois à
répandre ces idées à l'aide de la plume et de la
parole, et à aborder la scène comme compositeur
dramatique. Devenu censeur à la poste de Saint-
Pétersbourg pour les journaux étrangers, il
n'était pas tellement absorbé par ses fonctions
qu'il ne trouvât le temps de s'occuper sérieuse-
ment des questions qui l'intéressaient et lui te-
naient à cœur. 11 commença par publier dans une
revue, le Panthéon, une série de lettres polé-
miques destinées à réfuter les idées ré()andues
par son compatriote Oulibicheff dans sa Nou-
velle Biographie de Mozart, puis une impor-
tante brochure dans laquelle il combattait les
théories émises par son autre compatriote,
M. de Lenz, dans le livre intitulé Beethoven et
ses trois styles (1853). Tout cela pour la plus
grande gloire de la dernière manière de Beetho-
(I) Voici ce que dit à ce sujet M. Gustave Bertrund
dans son livre très-intéressant, /es Nationalités musi-
cales étudiées dans le drame lyrique .- — « La nouvelle
école russe veut avoir non-seulement un style, mais une
langue musicale à elle seule. Sa frayeur est si grande
d'être encore accusée d'imitation, qu'elle prétend répudier
jusqu'à la Kammc it.ilo franco-germanique et tout ce sys-
tème de tonalités et de modulations que l'on considérait
depuis trois siècles comme la base de toute civilisation
musicale; il s'agirait d'introniser un autre système de
gammes, une autre grammaire, une autre syntaxe I....
Voyons pourtant quelle est cette langue nouvelle. Hé-
las! elle est nouvelle à force d'être ancienne ; le plus
souvent lesnovatcurs ne sont que des réactionnaires dé-
guisés. La tonalité russe ne serait autre chose que la to-
nalité du plam-chant, conservée très-purement dans la
plupart des chansons populaires de la Russie
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
ven. Sérow collabora aussi à plusieurs autres
journaux russes, donna d'assez nombreux ar-
ticles decritiqueau JorirnoZ (français) de Saint-
Pétersbourg, et fut de 1856 à 1860 l'un des prin-
cipaux collaborateurs, sinon même le directeur
d'une feuille spéciale , la Revue théâtrale et
musicale. Simultanément, il mettait sa parole
au service de l'art qu'il adorait. C'est ainsi que,
dans le cours des hivers de 1858 et 1859, il
donna, dans l'une des salles de l'Université, une
série de dix conférences historiques et esthéti-
ques sur la théorie de la musique, qu'au printemps
de 1864 il reprit ses séances en s'attachant au
drame mu-iiical, qu'en 1865 il fit, au Conserva-
toire de Moscou, six conférences sur le même
sujet, et qu'enfin, au mois de janvier 1870,
il consacra encore, dans la salle du Club des
artistes à Saint-Pétersbourg, six séances à l'é-
tude du développement de l'opéra.
Mais tout cela ne lui faisait pas négliger la
carrière qu'il prétendait fournir comme compo-
siteur. Sous ce rapport, il débuta (juin 1863)
par un opéra en 5 actes, Judith, dont il avait
écrit les paroles et la musique, et qui fut très-
bien accueilli du public. On reprocha bien à
l'auteur des tendances un peu trop wagnériennes,
la prédominance qu'il semblait accorder trop
complaisamment à la partie instrumentale sur
la partie vocale et son insouci relatif de la pensée
mélodique proprement dite; mais on lui reconnut
aussi de grandes qualités dramatiques, l'en-
tente de la scène, et une rare puissance dans
l'emploi des grandes masses. Bref, le succès fut
d'autant plus grand qu'il s'y mêlait un sentiment
patriotique, le public se trouvant enchanté de
pouvoir applaudir un compositeur national, et
l'artiste se vit l'objet de la reconnaissance de
tous et de la sympathie personnelle d'une prin-
cesse du sang, la grande-duchesse Hélène, qui
le récompensa richement pour l'œuvre dont il
venait de doter son pays.
Après avoir pris dans la Bible le sujet de son
premier ouvrage dramatique, Sérow voulut
puiser dans les annales nationales celui de son
second opéra, et il écrivit bientôt le texte et la
musique de Bognéda, drame lyrique en 5 actes,
qui, comme le précédent, fut représenté à Saint-
Pétersbourg (novembre 1865), et dont le succès
fut plus considérable encore. Voici, à propos de
cet ouvrage, l'opinion d'un critique français, qui
a bien étudié , et sur place, la musique russe ; il
parle ainsi de Sérow : — « Dans sa Judith, que
nous n'avons pu entendre , le wagnérisme, dit-
on, coulait à pleins bords. Dans son opéra de
Bognéda, nous avons pu constater d'étranges
contrastes de styles différents , reliés ensemble
T. II. 33
514
SÉllOW — SERPETTE
par une volonté toute-puissante , mais non fon-
dus. S'agit-ii d'exprimer les passions inquiètes
de Rojjncda et de Roualde, voici les procédés
tourmentés du wagnerisme quf prédominent.
Sagit-il de mettre en scène les divertissements
d'une cour primitive, le style aussitôt se fait
très-simple d'harmonie, très-clair de mélodie et
très-carré de rythmes. Toutes les fois que re-
viendra l'élément chrétien, le style imitera très-
exactement les allures spacieuses de la musique
d'égli.se; quelques alleclations d'archaïsme se
feront remarquer dans certains passages reli-
gieux ou populaires; puis, tout redeviendra fa-
cile, pur et gracieux pour les chansons des
femmes du terem.... On peut dire que ces ma-
nières diverses se plaquent trop distinctement
sur telles ou telles régions de l'œuvre. On ne
songe pourtant pas à se plaindre des disparates,
parce que chacune des nuances est toujours em-
ployée à propos : l'unité d'inspiration résulte de
cette application constante à tirer sincèrement la
musique du drame même. C'est l'idéal, en effet,
que doit se proposer tout compositeur drama-
tique ; mais il ne faut pas que l'effort et la pré-
méditation se trahissent. Or, en ocoutani le
drame lyrique de Rognéda, on se fent en face
d'une œuvre inspirée sans doute, mais encore
plus voulue qu'inspirée. Telle est l'impression
générale (1). »
Ce ne fut plus une princesse de la famille im-
périale, ce fut le tzar lui-même qui voulut ré-
compenser le compositeur de son second succès,
et qui lui constitua sur sa cassette une pension
annuelle de l,'.iOO roubles. Sérow, qui était sans
fortune, fut délivré alors de toute espèce d'in-
quiétude et de souci matériel , et put se livrer
sans contrainte à l'exercice de son art. Bientôt
il songea à écrire un nouvel opéra, le Pouvoir
du Diable, dont il avait emprunté le sujet à
une comédie d'OstroAvski et qu'il avait divisé en
4 actes. Mais il n'eut pas le temps de s'occuper
de la représentation de cet ouvrage, et mourut
subitement, le i*"" février 1871, dans toute la
force de l'âge, ayant à peine accompli sa cin-
quante et unième année.
Sérow peut être considéré comme un artiste
brillant, intelligent, bien doué, mai.s qui, sans
doute, n'a pas eu le tenq>s de donner sa mesure
en tant que créateur. On peut supposer que ses
études esthétiques l'auraient beaucoup servi dans
sa carrière de compositeur, soit en lui faisant
entrevoir des voies nouvelles, soit, tout au moins,
en l'empèchanl de s'aventurer sur des routes
qui ne lui auraient pas été favorables. Il ne lui
(1) Gustave Rertbaivd, Jei Nationalités mmicuUf
itvdides dant le drame lyrique, p. 329-330.
a pas été donné d'atteindre son plein épanouis-
.sement, et le regret doit en être d'autant plus
vif qu'il semblait doué comme les plus vigou-
reux et les plus forts, et qu'il eût f;iit incontes-
tablement honneur à son temps et à son pays.
En dehors de ses œuvres dramatiques, on con-
naît fie Sérow un Stabat Mater pour trois voix
de femmes. ■
SERPETTE HE^Rl-CHARLEs-A^TOI^E-G\s.
ton), compositeur, e.st (ils d'un riche industriel
de IVantes, et naquit en cette ville le 4 novembre
1846. Il fit des études littéraires extrêmement
brillantes, et, après avoir fait son droit , se fit
ensuite recevoir avocat. Cependant, il éprouvait
une véritable passion pour la musique, et, tout
en ne négligeant point ses autres travaux, il l'a-
vait étudiée d'une façon très-sérieuse. Vers
1868, il entra au Conservatoire, dans la classe
de composition de M. Ambroise Thomas, et en
1869 il se présenta au grand concours de l'Ins-
titut. 11 ne fut heureux ni cette année, ni la
suivante, mais en 1871 il obtenait le premier
grand prix de Rome. Sa cantate, intitulée Jeayme
d'Arc, et dont les paroles avaient pour auteur
M. Jules Barbier, fut exécutée à l'Opéra le
24 novembre de cette année, avec M"* Rosine
Bloch, MM. Gailhard et Richard pour inter-
prètes; d'un heureux caractère mélodique, cette
composition se distinguait aussi par de bonnes
qualités de facture et fut généralement bien
accueillie par la critique.
Après avoir été passer quelque temps en Italie,
M. Serpette revint à Paris, et accepta d'écrire la
musique d'une opérette bouffe en trois actes,
la Branche cassée , qui fui représentée au
théâtre des Bouffes-Parisiens le 23 Janvier 1874.
Ce premier ouvrage scénique ne reproduisait pas
les qualités qu'on avait cru reconnaître dans la
cantate qui avait valu le prix de Rome au jeune
artiste, et se faisait remarquer par une facilité
un peu banale. Au mois de mai 1875, M. Ser-
pette se présentait de nouveau au public , cette
fois au théâtre des Variétés, avec un autre ou-
vrage en trois actes, du même genre, le Ma-
noir de Pic-Tordu, qui ne valait guère mieux
que le premier et n'affichait d'ailleurs que de
modestes prétentions. Il retournait ensuite aux
Bouffes-Parisiens, où il donnait le Moulin du
Vert Galant (3 actes, 12 avril 1876), et la Petite
Muetle (3 actes, 3 octobre 1877), et un peu
plus tard il donnait aux Fantaisies Parisiennes, de
Bruxelles, laiSuitde St-Germahi (3 actes, mars
1880. 11 est fâcheux de voir un jeune artiste pourvu
d'une bonne instruction, avant fait d'eNcellentes
études qui lui ont valu l'honneurd'obtenir legrand
prix de Rome, et qui n'apas pour lui l'excuse du
SERPETTE — SERVAIS
515
besoin, se lancer dansia voie de la musique buries-
queet manquer véritablement de respect pour son
art, alors que tani d'autres lui donnent de meil-
leurs exemples et conservent , même dans des
situations dilficiles, le souci de leur avenir et de
leur bonne renommée.
Deux morceaux de la cantate Jeanne d'Ai'c
entêté publiés à Paris, par la maison Heugei.
On a gravé aussi de M. Serpette quelques mé-
lodies vocales. M. Serpette a doiuié deux ou trois
articles de critique musicale dans une feuilla
littéraire sans conséquence, le Diable boiteux,
dont l'existence a été fugitive (1879).
* SEIIUA (Jean), compositeur et cbef d'or-
chestre, est mort à Gênes au mois de décembre
1876. Il avait été pendant plusieurs années
maestro concerlatore au Ihéàlre Carlo-Felice ,
de cette ville.
SEIIUAO (Paolo), compositeur italien, est
né à Philadelphie, dans les Calabres (province
de Cafanzaro),en 1830. Ayant commencé l'étude
du piano dès sa plus tendre enfance, il obtint
un tel succès en exécutant à l'âge de huit ans,
sur le théâtre de Cat^mzaro , un concerto de
Steibelt, que le conseil provincial intercéda
auprès du roi de Naples pour que l'enfant fût
admis au Conservatoire de la capitale, il entra
en effet en 1839 dans cet établissement, où il
eut pour maîtres Francesco Lanza pour le piano,
Gennaro Parisi pour l'harmonie accompagnée,
et enfin Carlo Conti et Mercadanle pour la
composition. Il avait déjà donné des preuves de
ses bonnes dispositions et avait écrit plusieurs
morceaux religieux avec accompagnement d'or-
chestre, lorsque éclatèrent les graves événements
de 1848. Bien qu'à peine âgé de dix-huit ans, il
quitta furtivement l'école, s'enrôla comme vo-
lontaire dans la garde nationale de Naples, et
dans la sanglante journée du 15 mai fit résolu-
ment le coup de feu sur les barricades de la rue
de Tolède. Mais lorsque l'insurrection eut été
vaincue, le jeune patriote dut se cacher et se
tenir à l'écart, pendant plusieurs mois, dans le
logis d'un ami dévoué. Cependant, il (init par
rentrer au Conservatoire, et y termina complè-
tement ses études.
En 1852 il quitta cet établissement, après avoir
écrit pour le théâtre du Fondo un opéra intitulé
V Imposture, dont les événements politiques ne
permirent pas la représentation. Il en fut de
même d'un second ouvrage, Dionorade' Bardi,
qui ne put paraître à la scène, l'auteur étant sys-
tématiquement éloigné du théâtre par une police
ombrageuse qui ne lui pardonnait pas ses prin-
cipes libéraux. 11 lui fallut donc attendre jus-
qu'en 1857 pour voir enfin représenter au théâtre
du î'ondo son Giambattistu Pergolesi, opéra
semi-seiieux en 3 actes, qui fut favorablement
accueilli par le public. A cette époque, M. Serrao
s'était livré avec ardeur à l'enseignement, et
produisait en môme temps beaucoup de musique
de piano. Plusieurs années s'écoulèrent donc
avant qu'il s'occupât d'un nouvel opéra, et ce
n'est que le 8 décembre 1805 qu'il put doniiîr
au théâtre San-Carlo son drame lyrique de la
Duchessa di Guisa, dont le succès fut trè.s-ho-
norable, et que suivit, le 23 avril 1868, il Fi-
(jliuol prodigo, joué au même théâtre. Ce
dernier fut accueilli froidement, et n'oidint que
peu de représentations. Depuis lors, M. Serrao,
qui est depuis plusieurs années professeur de
contre-point au Conservatoire de Naples, s'est
consacré tout entier aux soins de son enseigne-
ment ainsi qu'à la composition non dramatique.
En dehors des ouvrages cités dans le cours de
cette notice, il faut mentionner, parmi les com-
|)ositions de M. Serrao : 1° Gli Ortonesi in
Scio, oratorio en 2 parties exécuté à Ortona,
lors du centenaire célébré en 1859; 2" Hymne
au roi Victor- Emmanuel If, pour 2 chœurs
et orchestre (Naples, th. du Fondo, 29 juillet
1871); 3° Omaggio a Mercadante, symphonie
funèbre; 4° Messe à 4 voix et orchestre-,
5" Messe de Requiem, exécutée aux funérailles
de Mercadante; 6° Magnificat à 4 voix et or-
chestre ; 7° Salve Regina pour voix seule et
orchestre; 8° i Taiitum ergo ; 9° Ouverture à
grand orchestre ; 10° Album de six morceaux de
chant; 11" Te Deum h 4 voix et orchestre;
12° le Tre Ore d'agonia, à 4 voix et orchestre;
13° 2 Fugues pour piano; 14° 4 Romances sans
paroles, pour piano; 15" 4 Tarentelles, id.;
16" 2 Études, id.; 17° 8 Mazurkas, id.; 18°
3 Mélodies, id.; 19° enfin, plusieurs motets avec
accompagnement d'orgue ou d'orchestre , et un
grand nombre de morceaux de genre et fantai-
sies pour le piano, écrits pour la plupart sur des
thèmes d'opéras en vogue.
M. Serrao est, avec M. Giuseppe Puzone (Voy.
ce nom), l'un des deux chefs d'orchestre du
théâtre San-Carlo.
*SEIIVAIS (Adrien-François) .violoncelliste
célèbre, né le 6, et non le 7 juin 1807, est mort
à Hal, sa ville natale, le 26 novembre 1866 (1).
Au commencement de cette année, il avait
fait un troisième voyage en Russie, où il avait
(i) M. Edouard Grcgoir, placé cependant lie manière à
être bien Informé, dit, au t. III de son l'antficon musi-
cul, que les funérailles de Servais ont été célébrées a Haï
le 6 iléceiiibre i866, ce qui ferait supposer qu.' la mort de
l'artiste serait du moine mois. C'est une erreur : Serval»
mourut le 26 novembre, et ses obsèques furent célébrées
le 29 novembre.
516
SERVAIS — SGAMBATI
obtenu naguère de très-grands succès, et l'on
croit que ce voyage, entrepris dans une saison
rigoureuse, ne contriliua pas peu i\ développer
le germe du mal qui reni|)orta. Le 1*^' octobre
1871, la petite ville de Hal élevait à l'artiste qui
ravHif illustrée une statue due au ciseau de
M. Godebski, beau-frère de celui-ci, et une
cantate, dont la musique avait été écrite par
M. Edouard Lassen, était chantée en cette cir-
constance. On a publié une Biographie de F.
Servais, suivie de la relation de ses funé-
railles (Hal, Vanderbroeck-Desmeth, 1866, in-
8" de 3ti pp.), quia été copiée littéralement,
sans indication de source, dans VAnnuaire dra-
matique (belge) de 1843.
Le fds aîné de cet artiste, M. Joseph Servais,
violoncelliste comme lui et digne du nom qu'il
porte, né à Hal le 23 novembre 1850, est aujour-
d'hui professeur de violoncelle au Conservatoire
de Bruxelles. Il a été nommé récemment che-
valier de l'ordre de Léopold. Son second fils,
M. François- Mathieu (dit Franz) Servais, né
aus.si à Hal, élève du Conservatoire de Bruxel-
les, a obtenu le prix de Rome au concours de 1 873
pour sa cantate la Mort du Tasse.
SEUVEL (Edmond), compositeur, est né
à Clermont-l'Hérault, le 4 janvier 1829. Il reçut
les premières leçons de musique de son père, qui
était ménétrier, et montra de bonne heure d'heu-
reuses dispositions. Dès l'âge de quinze ans, il
fut attaché au théâtre de Montpellier en qualité
de premier violon, et fut nommé peu de temps
après répétiteur. Trois ans plus tard, il s'engagea
comme musicien dans un régiment et devint
chef de musique. Au bout de quelques années,
il quitta le service, et, de retour dans ses foyers,
.s'efforça d'étendre ses connaissances techniques.
Cet artiste a fait représenter à Montpellier :
le Camp de Maestrich, grand opéra en deux
actes ; le Roman d'une veuve, opéra-comique
en un acte; les Lucioles, opéra-comique en un
acte; Simone, opéra-comique en un acte; enfin
une Aventure sous la ligne, opéra-comique en
un acte. — On a aussi de lui plusieurs cantates,
des fantaisies pour piano ou violon, et diverses
romances, entre autres tin Soupir de Faust,
production d'ailleurs assez médiocre, qui a eu
de la vogue (1).
Al. K — D.
SEIU lEU (M"" H ), pianiste et pro-
fesseur français, est auteur d'une Méthode
élémentaire et i^rogressive de chant à l'usage
(1) M. Edmond Servel est l'auteur d'un opuscule ainsi
Intitulé : Projet d'enseignement populaire de lu musique
pouvant amener lu création d'un Conservatoire à .Vont -
peliier (Montpellier,. Inipr. Gras, iBfifi, in-l2 delV pp.— a. P.
de toutes les voix, avec une seconde partie àd
libitum et accompagnement de piano, Paris,
Sclionenherger. On lui doit aussi un Exercice sur
le trille, \yo\iv le piano, op. 11, id., id., et quel-
ques compositions pour le piano, parmi les-
quelles je signalerai les suivantes : 4 bagatelles,
op. 6, 7, 8 et 9; 3 airs variés à 4 mains, op. 3 ;
Simple mélodie, à 4 mains, op. 5; Variations à
4 mains sur i Monlecchi ed i Capuleti, op. 10.
Je n'ai pas d'autres renseignements sur cette
artiste.
SEUVVACZYl^iSKI (Stamslas), violoniste
et compositeur polonais distingué, commença sa
carrière de virtuose à Léopol, vers 1820. Son
talent, dit-on, n'était pas à cette époque .sans
analogie avec celui de Mayseder. En 1822, après
s'être fait entendre à Varsovie, cet artiste se
fixa en cette ville, où il s'était vu très-bien ac-
cueilli, et devint premier violon à l'orchestre du
grand théâtre, ce qui ne l'empêcha pas dans la
suite de voyager et de donner des concerts. Il
se faisait remarquer par un jeu tout à la fois
brillant, passionné et mélancolique. Il a jiublié
pour le violon un certain nombrede compositions,
parmi lesquelles il faut surtout citer : Introduc-
tion et Variations brillantes sur un thème de
Rossini, avec accompagnement d'orchestre, op.
8 (Leipzig); Introduction et Variations sur un
thème hongrois, avec accompagnement d'un
quintette, op. 9 (idem); Polonaise brillante
(idem).
SESSA ( ), compositeur italien, aécrit
la musique de Cuor di mariiutro, opéra qui a
été représenté à Reggio le 3 juin 1876.
SEWELL (John), organiste et compositeur
anglais contemporain, a été pendant cinq ans
l'élève de M. E. W. Go ver, à Biidgnorth (comté
de Salop), et est devenu, en 1843, or;;aiiisle et
chef de choeurs de l'église de Saint-Léonard, de
cette ville. On connaît de cet artiste diverses
compositions, consistant en antiennes et services
religieux.
* SEYDELMAIMV (Eugène). - Voyez
SEIDELMAIMX.
SrO>DmiXO (Giovanm-Battista), guita-
riste italien du dix-septième .siècle et compo-
sileur pour son instrument, a publié le recueil
suivant : Trattenimeufo virtuose, disposto in
leggiadrissisme sonate per la chilarra, Mi-
lan, 1C37.
Sr./VMBATI (G ), piani.ste, compo-
siteur et professeur italien contemporain, né à
Trevi, est fixé à Rome, où il est considéré comme
le grand apôtre de la musique dite de l'avenir.
L'un des élèves préférés de Liszt, dont il partage,
en les exagérant encore, les idées déjà souvent
SGAMBATI — SIEG
517
extravagantes, il semble s'être donné pour mis-
sion de faire triomplier ces idées, aussi bien que
les théories les plus nébuleuses de iM. Ricliard
Wagner. Artiste remarquable au surplus et vir-
tuose de premier ordre, M. Sgambati exécute,
dit-on, d'une façon admirable les œuvres de
Beethoven, de Chopin, de Schuinann, ainsi que
la musique la plus enchevêtrée de son maître
Liszt. Ses compatriotes le considèrent aussi
comme un compositeur remarquable , mais
quand il ne se laisse pas entraîner par des exa-
gérations et des extravagances de parti pris;
fout au moins estime- f-on quelques-unes de ses
compositions pour le piano ou pour l'ensemble.
M. Sgambati en a publié un grand nombre, ainsi
que plusieurs recueils de mélodies à une ou plu-
sieurs voix. Par malheur, sa musique vocale est
écrite de telle façon, et avec un tel mépris de
l'instrument auquel clic est destinée, qu'elle est
absolument inchantable. En résumé, on peut dire
de M. Sgambati que c'est un artiste d'un rare ta-
lent, qui a mis de précieuses facultés au service
d'une cause impossible, et qui est complètement
dévoyé.
SHARP (EmvARD), pianiste anglais contem-
porain et compositeur pour son instrument, a
publié à Londres un certain nombre d œuvres
parmi lesquelles on remarque une Sonate en mi
mineur, un Rondo grazioso, une série de Pièces
caractéristiques, etc., etc.
SIBONI (Erik), compositeur, fds du ténor
Joseph Siboni (V. Biographie universelle des
Musiciens, t. VIII), est né à Copenhague le 26
août 1828. Élève de J.-P. Hartmann et du Con-
servatoire de Leipzig, il est devenu un compo-
siteur distingué et s'est fait dans sa patrie une
réputation méritée. Parmi ses œuvres publiées,
il faut citer un quatuor pour piano, violon, alto
et violoncelle, des pièces de piano, des lieder,
des chœurs, etc., le tout conçu, dit-on, sous
l'influence de Mendelssohu et de Robert Schu-
mann. On lui doit aussi deux symphonies, des
ouvertures de concert, et enfin deu\ opéras qui
ont été joués avec succès; l'un a pour ■titre La-
reie(/; l'autre, m\i{\x\é la Fuite de Charles II,
a été représenté à Copenhague au mois de no-
vembre 18C1. M. Siboni réside à Gorôe, ville
située près de Copenhague, où il se livre à l'en-
seignement.
La femme de cet artiste, M""" Siboni, née
Briill, est une pianiste remarquable.
■* SICARD (Laurent), compositeur fran-
çais du dix-septième siècle, était très-prise de
son temps. — « Parmi les musiciens contem-
porains de Lambert (dit Titon du ïiiict dans
son Parnasse français), Sicard réussissoit très-
bien dans les airs à boire; on a de lui des airs de
basse-taille d'un très-grand goût. » Outre les
recueils ipie Sicard a publiés chez Ballard, il a
inséré quelques airs dans /e Nouveau Recueil
des plus beaux vers mis en chant (Paris, G.
de Luyne, 1680, in- 12). On assure qu'il a eu
part à la musique de quelques ballets.
SICARD (F ), professeur de musique,
est l'auteur d'un petit Traité de transposition
(Paris et Nantes, 1852, in-4'' de 15 pp., avec
tableaux).
* SIEBECK (At'GUSTE-UAvm-HENni). — Cet
artiste a publié un Petit Traité de composition
pour les amis et les amies de la musique
{Kleine Compositions lehre, etc.), Tubingue,
1850, in-8" de 252 pp.
* SIEBER ( Ferdinand), chanteur^ compo-
siteur et professeur allemand. — Les œuvres pu-
bliées par cet artiste atteignent aujourd'hui le
chiffre de 120 environ. Je signalerai, entre autres,
les suivantes : l'Art du chant, divisé en deux
parties; 1"^^ partie : Principes théoriques, op.
110; T partie : Études pratiques, op. 111; Vo-
calises et .solfèges pour soprano avec accompa-
gnement de piano, op. 30; pour mezzo-soprano,
op. 31 ; pour contralto, op. 32 ; pour ténor, op.
33 ; pour baryton, op. 34; pour basse, op. 35 ; 10
Vocalises et solfèges pour soprano avec piano,
op. 112;id.pourmezzo-soprano,op. 113;id.pour
contralto, op. 11 i; id. pour ténor, op. 115; id.
pour baryton, op. 11 G; id. pour basse, op. 117; la
Rose des Alpes, chàni avec accompagnement de
piano, op. 102 ; divers recueils de lieder, chan-
sons, etc.
SIEG (Constant), pianiste, organiste et com-
positeur, est auteur d'un assez grand nombre de
compositions religieuses, vocales ou instrumen-
tales, de petits morceaux de piano à l'usage des
enfants, et de morceaux de musique de danse.
Parmi.les œuvres publiées de cet artiste, on peut
signaler : 1° Gammes harmoniques ou gammes
par accords, dans tous les tons majeurs et mi-
neurs et dans les différentes positions, pour
piano ou orgue, op. 41 (Paris,Mackar); 2° 60 Ver-
sets courts et faciles, pour orgue ou harmo-
nium, op. 48 (id., id.); 3" Dix Motets faciles, à
deux voix égales, op. 49 (id., id.); 4" Messe
facile, à deux voix, soli et chœurs, op. 50 (id.,
id.); 5"^ 1"' Recueil de compositions faciles,
pour orgue ou harmonium, op. 51 i^id., id.); 6"
Marche religieuse à Notre-Dame-des-Victoires,
pour piano ou orgue, op. 65 (id., id.) ; 1° 3Iar-
che solennelle à Sa Sainteté Pie I.X, pour piano
ou orgue, op. GO vid., id.); 8" Six Romancines
pour enfants (id., id.) ; 9" Causeries musicales,
10 morceaux de piano, op. 52-61 (id., id.);
518
SIEG — SIKEMEIER
10° les Grâces enfantines, 6 morceaux faciles
(id., id.) ; 11° 15 Romances pour la jeunesse,
elc, etc.
SIEG (Charles-Victor), compositeur, fils
du précédent, est né à Turckeiii\ (Flaut-Rliin),
le 8 aoiU 1837, et a fait ses éludes au Conser-
vatoire de Paris, où il eul pour prolesseiu' d'or-
gue Benoist et pour professeur de composition
M. Ambroise Thomas. Ajirès avoir obtenu un
troisième accessit d'orgue en ISCI, le premier
l'année suivante, el le second prix en 18f>3,
M.Siegscprésenta,en 1864,au concoursde l'Ins-
titut ; reçu le dernier sur cinq à la suite de l'é-
preuve préjtaraloire, il obtint néanmoins le pre-
mier prix d'emblée, et sa cantate, intitulée
Iranhnè (paroles de M. Victor Roussy), fit
bon effet à l'Opéra lorsqu'elle y fut exécutée, le
18 novembre de la même année, chantée par
m"» de Taisy, MM. Morère et Dumeslre. De-
puis cette époiiue, M. Sieg s'est livré à l'ensei-
gnement, sans même essayer de faire jouer un
opéra-comique qu'il a depuis longtemps en por-
tefeuille. Je ne connais de lui que trois Covi-
posit tons pour le piano, publiées à Leipzig il
y a une dizaine d'années, et divisées eu trois
livres : œuvre 1, Trois Impromptus; œuvre 2,
Tarentelle; oeuvre 3, Caprice-Valse.
SIEMKUS (Charlks-Hf.nki- Auguste), mu-
sicien allemand, né à Goldenstedt (Oldenbourg)
le 7 mai 1819, a été l'élève de K. Arnold pour
le piano, et en 183'J étudiait la composition avec
Seyfried. Après un long séjour en Hongrie, il
se fixe à Hambourg, dix ans après "part pour
l'Angleterre et s'établit à Manchester, puis, en
1864, revient en Allemagne et fixe sa résidence
à Dresde. Il eslmorl en cette ville le 30 novem-
bre 1876. Siemers a publié diverses compositions
pour le piano, et un assez grand nombre de re-
cueils de lieder à plusieurs voix.
SIEUAKOWSKI (L'abbé Venceslas DE
ROGl'SEAVVICÉ, comte), né en Pologne en
1741, mort en 1806, fut un écrivain fécond, un
patriote ardent, et un protecteur intelligent de
l'art musical, qu'il avait cultivé dès ses jeunes
années. Chanoine et prévôt de la cathédrale
de Cracovie, il fonda de ses deniers, en cette
ville, une école de chant qui donna à la Polo-
gne un certain nombrcd'artistes distingués. Cette
école, dont la |)remiére pensée ai)[iai tenait à
l'évéque de Cracovie Kajetan Sollyk, fut orga-
nisée par les soins de l'ahbi' Sierako^\sKi, qui
fit venir à ses frais, de Bohème, les artistes des-
tinés à en être les professeurs : J. Golumbek
pour le chant, Lang pour le piano, et Trancois-
Xavier Iwatzer. Klle prospéra rapidement, el le
directeur du théâtre de Varsovie, Roguslawski,
y venait volontiers recruter les sujets de sa
troupe, parmi lesquels on cite le chanteur bouffe
Szczurowski et ValentinKrafzer. L'abbé Siera-
kowski est auteur d'un ouvrage intitulé : l'Art
musical pour la jeunesse du pays (Cracovie,
1795-1796, 3 vol. in-S").
SIEV'EIIS (Jacques-Feudinaind), habile fac-
teur de pianos, né à Saint-Pétersbourg le 10 juin
1809, apprit dans sa jeunesse à jouer de la llûte,
du violon et du piano, et en 1835 environ alla
fonder une fabrique de pianos à tapies, oii il se
(il ime grande renommée non-seulement par la
bonté el l'excellente qualité des instruments qui
sortaient de ses ateliers, mais aussi par la pu-
lication d'un écrit important dont il est l'au-
teur, et qu'il a donné sous ce titre : il Piano-
forte, (juida pratica per costrtittori, accor-
dafori, dilettanti e possessori ai pianoforti
(Naples, 1868, 2 volumes, dont un orné de
figures, et un formant un atlas de 16 planches
reproduisant, dans leurs proportions naturelles,
les dessins de toutes les parties intérieures du
piano). Cet ouvrage, le premier de ce genre qui
eût paru en Italie, était fort bien fait et obtint
fout le succès qu'il méritait. Il ne fut pas moins
bien accueilli à l'étranger, et se vit même, en
Allemagne, l'objet non-seulement d'une imita-
tion, mais d'une contrefaçon grossière et impu-
dente, faite au mépris des droits de l'auteur et
de la plus vulgaire honnêteté, avec la reproduc-
tion, dans des proportions réduites, de toutes
les planches de l'œuvre originale. L'auteur n'en
a pas moins rendu un signalé service à l'art de
la fabrication du piano, et il serait à souhaiter
que son ouvrage fût dans les mains de tous les
facteurs dignes de ce nom.
Il est à supposer que .J.-F. Sievers est le fils
de Georges-Louis-Pierre Sievers, musicographe
allemand, auteur de nombreux écrits sur l'art,
qui s'établit à Rome en 1824. (V. Biographie,
t. VIII, p. 34.) Ce facteur distingué est îuort
à Naples, au mois de juin 1878.
SIREMEIEK (J -H ), pianiste très-
distingué, l'un des meilleurs que les Pays-
Ras possèdent depuis la mort d'Ernst Lnbeck,
est né à Amsterdam en 1838. Il a eu tout d'a-
bord la renommée d'un enfant prodige, et, de
-sa dixième à sa douzième année, il se fit entendre
avec succès dans les villes principales de sa
patrie. En 1850, il fut admis au Conservatoire
(le Rruxelles, oii il travailla avec M. L. Godi-
neau, remporta le prix en 1855, et retourna en-
suite dans les Pays-Bas pour se fixer à Rot-
terdam el s'y livrer à l'enseignement.
Depuis quehiues années, M. Sikemeier est
professeur de piano à l'École de musique de
SIKEMEIER — SILVA (DA)
5i9
Rotterdam, et il se fait entendre souvent dans les
concerts, où il obtient toujours de grands et légi-
times succès.
Ed. de h.
SILAS (Edmond), pianiste et compositeur de
granfl mérite, né à Amsterdam en 1827, a fait
ses premières études en Allemagne, à Mannheim,
avec un mu>i( ien du théâtre, nommé Neher.
C'était un véritable enfant prodige, car à l'âge
de dix ans il se fît entendre en public à Mann-
heim. En 1840, il donna son premier concert à
Amsterdam avec beaucoup de succès. En 1842
il partit pour Paris, où il travailla le piano avec
Kalkbrenner, puis il entra au Conservatoire de
cette ville, d'abord dans la classe d'orgue de
M. Benoist, puis dans celle de composition
d Haiévy ; ayant pris part au concours de 1847,
il y obtint le T accessit d'orgue, se vit décer-
ner le premier accessit l'année suivante, et
remporta le premier prix en 1849.
En 1850, M. Silas se rendit en Angleterre, se
fit entendre d'abord à Liverpool, dans un con-
cert de la Société philharmonique, où il fut
applaudi comme pianiste et comme compositeur,
puis débuta à Londres, à la Musical Union de
M. Ella, où son talent fut très-discuté. Le jour-
nal le Times, .surtout, le maltraita impitoya-
blement, en lui disant, entre autres choses,
« qu'un artiste devrait toujours éviter d'obte-
nir un premier prix au Conservatoire de Paris. »
M. Silas finit pourtant par se fixer à Londres, et
ne tarda pas à s'y faire une réputation fort ho-
norable comme |)ianiste et comme compositeur.
Le bagage musical de cet artiste distingué
est assez volumineux, et il a écrit des ouvrages
fort importants, parmi lesquels nous citerons
les suivants : Messe à 4 voix, avec orgue, cou-
ronnée en Belgique au concours international
de musique sacrée ouvert en 1866; Joas, ora-
torio exécuté avec succès au festival de Norwich,
en 1863 ; symphonie en la, exécutée à la Mu-
sical Society, de Londres ; Nitocris, opéra écrit
sur un poème anglais et encore inédit; deux
concertos pour piano et orchestre; plusieurs
cantates; un Ave verum; deux O Salut ar is j
Ouverture et entr'af;tes pour un drame intitulé
Fanchette; une symphonie burlesque; un traité
historique et pratique sur la notation musi-
cale (en anglais); enfin, une quantité d'œuvres
fort distinguées de musique de chambre.
M. Silas, qui, incontestablement, est un artiste
doué d'une organisation musicale des plus re-
marquables, termine en ce moment une nou-
velle symphonie (1).
, Éd. de h.
(0 Parmi les compositions de M. Silas, on peut signaler
* SÏLCHER (Frédéric), directeur le mu-
sique à Tubingne, a publié un Traité d'har-
monie et de composition, exposé clairement
et populairement (Harmonie und compost-
tion lelire, etc.), Tubingue, 1851, in-S" de 188
pages. Cet artiste est mort àStuttgard le 26 août
1860.
* SILVA (David'.POLL DA), a obtenu le
premier prix (une médaille d'or) au concours
de composition musicale ouvert en 1871 par la
Société de Sainte-Cécile, de Bordeaux. Sa par-
tition couronnée, — un Stabat Mater pour
chœurs et orchestre, — est une œuvre de
premier ordre. En 1866, M. Poil da Silva avait
obtenu au concours de symphonie de la même
.société deux mentions honorables.
Et cependant, l'auteur de ces compositions
importantes, et de tant d'autres encore, était
devenu complètement aveugle! Mais sa mère,
M""* Anaïs da Silva, femme de l'esprit le
plus distingué, s'était habituée à écrire, sous
sa dictée, mesure par mesure et noie par note,
ses inspirations, au fur et à mesure qu'elles lui
venaient. C'est grâce à son touchant amour ma-
ternel et à son admirable dévouement, que les
œuvres de son fils existent, que le nom de
Poil da Silva parviendra à la postérité !...
Une grave maladie est venue interrompre le
cours des travaux de cet artiste sérieux, marié *
le 21 décembre 1872 à M*'" Lucile Prieusier.
Transporté à Clermont (Oise), dans une maison
de santé, il y est mort le 9 mai 1875. C'était,
sans contredit, un des compositeurs à la fois les
plus féconds et les plus originaux de notre épo-
que.
Voici le catalogue complet de ses œuvres :
1" Ouvrages gravés. Valentine de Milan,
quadrille (Ravayre); la Jeune Fille et Rossini,
mélodie (l\avayre); Ode à la Vierge pour 3 voix
et orgue, op. I2 (Richault); Deux romances
sans paroles, pour violon et piano, op. 13
(Girod); la Ronde des Lutins, rondo-caprice
pour piano, op. 14 (Girod); Invocation, qua-
tuor, op. 15 (Alexandre); la Chasse aérienne,
rondo-scherzo pour piano, op. 16 (Flaxiand) ;
Huit mélodies, chant et piano, op. 17 (Richault) ;
Pleurs et Sourires, pensées musicales, 1"^ et
2' suites, op. 18 (Richault); Polonaise bril-
' tante pour piano, op. 19 (Girod); 0 Satutaris,
pour ténor et chœur, op. 20 (Richault) ; Trois
nocturnes à deux voix, op. 21 (Richault) ; Duo
en mi bémol pour piano et violoncelle, op. 22 (Ri-
chault) ; Six mélodies pour chant et piano, op.
encore un Magnificat à 4 voix avec orgue et orchestre,
et toute une série de pièces originales pour l'orgue.
A. P.
K20
SILVA (DA) — SIMIOT
23 (Richault) ; Pleurs et Sourires, 3' et 4* sui-
tes pour piano, op. 24 (Richault); Trio en sol
mineur, pour piano, violon et violoncelle, op.
25 (Richault) ; Ave Maria pour soprano, mezzo-
soprano et orgue, op. 26 (Richault) ; Six mélo-
dies cUantei piano, op. 27 (Richault); Quatuor
en ré majeur, op. 28 (Ricliaull); Trio en ut ma-
jeur, op. 29 (Richault); Six mélodies pour
chant, op. 30 (Richault); 4 ^flZwecca, texte d'Al-
fred de Musset; .S/x mélodies, op. 32 ^Richault) ;
le Chant de Fionnualla, ballade, op. 33 (Ri-
chault) ; 5e/Tez«e pour piano, o|». 40 (Brandusi ;
Pensées intimes, quatre suites pour piano, op.
47 et 48 (Brandus); Veni Creator, 4 voix et
orgue (Richault) ; Adoremus, solo pour baryton,
op. 50 (Richault) ; Villanella, chœur de fem-
mes, op. 51 (Richault); Souvenez-vous des
morts! chant et orgue, op. 52 (Richault); la
Vague, allégorie pour soprano, avec chœur et
orchestre, op. 53 (Richault) ; les Guerriers de
Lucifer, scène-ballade, chœur et orchestre, op.
54 ; les Bateliers canadiens, chœur et orches-
tre, op. :)5; J'aspire à toi, pour ténor, cor,
violoncelle, op. 56 (Richault) ; la Valse, mélo-
die, ténor et orchestre, op. 57 ; Dieu le veiit,
quatre voix d'hommes, op. 58 (Richault^ ; les Ti-
railleurs, chœur sans accompagnement, op. 59;
les Elfes, chœur pour voix de femmes avec or-
. chestre, op. 60 ; Noustechantons, dnuit ! chœur
sans accompagnement pour voix d'hommes (Ri-
chault), Rêverie, sérénade avec violon obligé, op.
62 (Richault); Trois mélodies, pour piano et
chant, op. 63; Trois mélodies, idem, op. f'4 (Ri-
chault); Trois mélodies, pour chant et piano, op.
65 (Richault); Deux nocturnes à 2 voix (Ri-
chault); la Chasse aux lions, chœur à 4 voix,
op. 67 (Richault); la Française, cantate avec
soli et chœurs; 18 chœurs (Richault); un Duo
pour piano et violoncelle (sous presse chez Ri-
chault) ; l'Ile aux cocotiers, Fleur des Antil-
les, d'Octave Giraud (id., idem); les trois Pen-
sées, Moins que vous, Veni Creator, Deux
duetini (id., idem).
Voici maintenant la liste des ouvrages laissés
en manuscrits par ToU da Silva : — I. Mu-
sique DE ii.\No. Recueil de 16 mélodies, pen-
sées intimes en 4 suites; Jiegrets, romance sans
paroles; Soirs d'automne j l'Aurore^ Décep-
tion; 8 mélodies; le Délire, grande étude;
!*■" Nocturne en sol majeur ; Scène et fantaisie
en ut mineur; 2 Valses brillantes; 6 Mazur-
kas; Andanle pour piano seul; le Réveil, de
la nature, caprice; 6 Études caractéristiques ;
6 Eludes faciles;! Morceaux de genre ; l'Ou-
bli, romance sans paroles; Fantaisie sur le Pro-
phète; Grande Valse en la bémol ; Vlmpromp-
tu, en mi hémo\; Symphonie k 'i mains; Valse
à 4 mains; Sonate pour piano seul; Suite en
fa mineur. — II. Musique d'ensemble. Septuor
en sol mineur, pour 2 violons, 2 altos, 1 violon-
celle, piano et contre-basse; Quintette en ré ma-
jeur, pour piano, \iolon, alto, basse, et contre-
basse ; Quatuor en ré majeur, pour piano, vio-
lon, alto et violoncelle; Sonate en si mineur,
pour piano et violon; Sude en si mineur,
pour piano et violoncelle; Scène romantique en
la bémol, eu quatre suites, pour piano et violon.
— m. Musique de chant. Trente-quatre mé-
lodies inédites, avec accompagnement de piano ;
Seize chœurs pour voix d'hommes; Six chœurs
pour voix d'hommes et de femmes; ISeuf chœurs,
id., avec orchestre. — IV. Musique d'orches-
TKE. Première Symphonie en si bémol (couron-
née à Bordeaux en 1866) ; Seconde SymphoniCf
Épisode de la vie d'un poète (couronnée à
Bordeaux en 1866); Charlemagne, ouverture
symphonie; laMarche des Francs;Barcarolles;
la Danse moresque ; Richard en Palestine,
suite d'orchestre en 4 parties. — V. Musique de
THEATRE, ET MUSIQUE DE CHANT ET ORCHES-
TRE. Moïse au mont Sinaï, oratorio pour soli^
chœurs et orchestre; Judith, oratorio; Clovis,
ode-symphonie ; Cantate, en mi bémol ; les Noces
de Prométhee, canlàiii ; la TF^'yre, grand opéra en
5 actes ; Gunem, ou la Favorite du calife, opéra-
comique en 3 actes; la Sulamite, ballet orien-
tal en 2 actes; l'Avalanche, opéra-comique en
un acte ; Un, deux, trois Serpents, opéra bouffe
en un acte; Stabat Mater pour orchestre,
chœurs et soli.
A. L — N.
SIMIOT (André), compositeur français, est
né vers 1815. Cet artiste, qui a été chel de chant
au Grand-Théâtre -Parisien lorsqu'on y repré-
senta la Jeanne d'Arc de M. Duprez, et chef d'or-
chestre du théâtre Rossini pendant sa courte
existence, a fait représenter : 1" Venise la
belle, opéra-comique en un acte, Lyon, 1853;
2" le Portrait de Séraphine, opérette en un
acte, Folies-Nouvelles, 1857 ; 3° tin Suicide en
partie double, opérette en un acte, théâtre des
Jeunes-Artistes, 30 mai 1868; 4" l'Africain,
grand opéra en 5 actes (paroles et rnusi(|ue),
donné au café-concert de Tivoli le 10 février
1872. M. Simiot est encore auteur d'un Te Deum
exécuté à Besançon le 15 août 1867, et de
quelques opérettes, entre autres les Mariés
de Nanterre, données sur le petit théàlre par-
ticulier du cercle Pigalle. Cet artiste s'est es-
sayé aussi à faire de la criliqiie musicale, et il
a collaboré à l'Écho des Orphéons et à l'Or-
phéon.
SIMLER — SINGELÉE
52t
SI5ILLU (J -W....), pasteur et musicien
du dix-septième siècle, naquit vers 1C05 à Zu-
rich, où il lit ses études de théologie, (il un
voyage en France, et, après un court séjour à Paris
et un autre à Genève, fut nommé pasteur à
Utiken en 1C29, et allait remplir deux ans après
les mêmes fonctions à Herliberg. Il mourut en
1672. Simier a publié un recueil de chants dont
voici le titre : Deutsch Gedichte, darinnen : 1.
Haupt begrif/Iiche Inhalte clen Psahnen Da-
vids; 2. Underschiedliche aiif zeiten und An-
lasse gerichteteGesunge;^. Allerhand erbau-
iche Ueberschriften, etc., enthaltend seind,
Zurich, Boiimer, 1648. Ce recueil, qui contient
cinquante chants à quatre parties, a été réédité
plusieurs fois, en 1653, 1662, 1688, etc., eton en
a fait une édition en langue romanche.
* SIMO-^ (Louis-Victor). — Cet artiste a
écrit, en société avec Foignef, la musique de
deux opéras-comiques qui ont été représentés
au théâtre Montansier ; la Boiteuse (un acte),
le 17 avril 1791, et l'Apothicaire (2 actes), en
1793.
* SOION (Jean-Henri), compositeur et vio-
loniste belge, né à Anvers au mois d'avril 1783,
mort en cette ville en 1861, y commença ses
éludes musicales à la maîtrise de Saint-Jacques.
Ses dispositions étaient telles qu'à peine âgé de
liuit ans, raconte-t-on, il dirigeait à grand or-
chestre l'exéculion d'une messe de Kraft. Plus
tard, il vint à Paris, où il reçut des leçons de
la Houssaye et de Rode pour le violon, de Gos-
sec, de Catel et de Lesueur pour la composition.
Puis il retourna à Anvers, où il se lit une grande
situation comme violoniste et comme composi-
teur. « Plusieurs de ses compositions religieuses
et chorales, dit M. Ed. Gregoir dans ses Artistes
musiciens belges, ont été exécutées en pu-
blic, qui a toujours apprécié à sa juste valeur
la musique savante et mélodieuse de notre com-
patriote. H. Simon, le plus populaire de nos au-
teurs classiques, est du petit nombre de ceux qui
savent concilier une harmonie abondante et
claire avec une mélodie distinguée, originale,
et parfois large et grandiose. Ses compositions
respirent la grandeur et la solennité, et sont d'une
belle facture. Ses chœurs, d'une assez grande
difficulté, sont empreints d'une couleur alle-
mande, école que Simon affectionnait particu-
lièrement. En général, l'orchestration de ses
œuvres est riche, puissante et remplie d'effets
inattendus. »
On doit à cet artiste : 3 messes à grand or-
chestre; plusieurs oratorios, entre autres celui
intitulé Judith ou le Siège de Bélhulie; 7 con-
certos pour le violon; plusieurs airs variés et
fantaisies pour le même instrument; diverses
cantates; un trio pour 2 violons et basse; une
ouverture; la Voix du soir, double chœur; un.
Poème à V Alhambra, chœur sans accompa-
gnement; des motets, diverses autres compo-
sitions chorales, etc. Simon lit beaucoup d'é-
lèves, parmi lesquels on cite surtout Meerts,
qui fut professeur de violon au Conservatoire de
Bruxelles, Janssens, compositeur anversois re-
marquable, et M. Vieuxtemps.
SIMON ( ), organiste français qui a
joui d'une grande renommée, était né dans les
dernières années du dix- huitième siècle. Artiste
d'un mérite supérieur, esprit fort distingué, il
se lit une situation brillante, était à la fois ti-
tulaire de l'orgue de l'église de Notre-Dame-
des-Victoires à Paris et de celui de la basilique de
Saint-Denis, professeur d harmonie à la maison,
royale de Saint-Denis et membre de l'Institut
historique de France. Dans son Manuel de l'or-
ganiste, M. Georges Schmitt, qui le connut per-
sonnellement, analyse son talent de la façon la
plus chaleureuse : — « M. Simon, dit-il, le doyen
des organistes, qui touche l'orgue de la basi-
lique de Saint-Denis, est l'artiste à qui nous de-
vons en grande partie le perfectionnement de
l'orgue d'aujourd'hui. C'est lui qui le premier
a fait usage des pédales de combinaison et
d'autres effets. Son jeu est varié, riche en effets
saisissanis, ses combinaisons de différents jeux,
produisent des timbres nouveaux et peu connus.
Il joue ce grand instrument de Saint-Denis
d'une manière supérieure, son beau talent se
présente là dans toute la plénitude de sa puis-
sance. Son style est lié, sa manière de toucher
large et accentuée, et il excelle dans le vrai ca-
ractère à donner aux différents jeux de l'or-
gue. » Simon est mort à Paris, au mois de mai
ou de juin 1866, à l'âge de soixante-dix-huit
ans. Il était chevalier de la Légion d'honneur et
de l'ordre de Saint-Sylvestre. Y.
SIMOIVE ( DK ). écrivain italien, est
l'auteur d'un opuscule publié sous ce titre : Délia
niusica melodrammatica, ragionamento, ta-
pies, 1859, in-S".
SIMONETTI (F ), pianiste et composi-
teur italien, est l'auteur d'un ouvrage didactique
publié sous ce titre : Cenni sul modemo mec-
canismo del pianoforte (1875).
* SINGELÉE (Jean-Baptiste), violoniste,
chef d'orchestre et compositeur belge, est mort
à Ostende le 29 septembre 1875. Après avoir
rempli l'emploi de chef d'orchestre au théâtre
et au casino de Gand, il avait occupé les mêmes
fonctions au théâtre d'Anvers; de retour à
Bruxelles, il était devenu second chef au théâtre
622
SLNGELEE — SINICO
do la Monnaie, sous la direction de Ch.-L.
Hanssens, puis premier chef à la mort de ce-
lui-ci. Il dirigea aussi pendant tnu'k|ues an-
nées les concerts de l'Association des artistes
musiciens de Bruxelles. Les compositions gravées
de Slngelée s'élèvent au chiffre de 140 environ.
Il a écrit, en société avec Sor, la musique d'un
ballet, Arsène ou la Baguette magique, qui
a été représenté à Bruxelles en 1845. — Une
fille <le cet artiste, M'"^ Louisa Slngelée, vio-
loniste distinguée et chanteuse dramatique, fit
son éducation musicale au Conservatoire de
Bruxelles et fut son élève pour le violon. Elle
voyagea avec son père en donnant des concerts,
puis embrassa la carrière du théâtre. Vers 1872
elle faisait, à Paris, partie delà troupe de l'Athé-
née, et en 1877 elle (it une courte apparition au
Théâtre-Lyrique. Elle s'est produite aussi, sous
le nom de M"' Singelli, sur l'une des scènes
italiennes de Londres.
SI>ICO (FiiANCEsco), compositeur, profes-
seur el théoiicien, naquit àTriestele 12 décembre
1810 (I).Fils d'un marchand quincaillier originaire
de Brescia, il entrait à quinze ans comme em-
ployé dans une maison de commerce, mais aban-
donnait bientôt cette carrière pour se livrer à
l'étude de la musique, vers laquelle il se sentait
invinciblement attiré. D'abord élève d'un orga-
niste nommé Andreuzzi, il prit ensuite des leçons
de Farinelli, maître de chapelle distingué. A
22 ans, il devient directeur de la Société phil-
harmonico-drainatique de Trieste, se fait rapi-
dement remarquer par l'habileté qu'il déploie
dans l'exercice de ces fonctions, débute bientôt
comme compositeur en écrivant des chœurs pour
une tragédie de Somma, Parisina, produit en-
suite plusieurs oeuvres de musique sacrée, puis
enfin fait jouer en 1841, sur le théâtre Mauroner,
un opéra intitulé t Virtuosi di Barcellona.
Mais ce n'est pas à ces travaux en ce genre
<ju'il devra la renommée qui s'attachera à son
nom. En 1843, Sinico devient maître de la cha-
pelle des Jésuites de Trieste, et il s'occupe
alors, une fois sa position matérielle assurée,
de réaliser le rêve qu'il caressait depuis long-
temps, celui de doter sa ville natale d'institu-
tions musicales qu'elle ne connaissait pas, et
d'en faire une grande cité artistique et harmo-
nieuse. Rien ne lui cofitera pour atteindre son
but : ni peines, ni soins, ni efforts de toutes
sortes-, il saura aplanir toutes les difficulté.^,
renverser tous les obstacles, venir à bout de
(1) On verra, par la lecture d'' cette notiic et des deux
suiv;iiitcs, qu'on doit annuler la notice Joseph .Sinico
Insérée au t. Vlll de la Biographie universelle des Mu-
siciens.
tous les mauvais vouloirs, défier toutes les ja-
lousies, vaincre enfin jusqu'à la force d'inertie
et se faire aider par ceux-là môme qui d'abord
étaient les plus opposés ou les plus étrangers à
ces idées.
Dès 1843, Sinico, après s'être assuré la pro-
teefion d'un haut et infiiient personnage, le
comte Stadion, sollicite et obtient de la municipa-
lité de Trieste un décret par lequel, sur le rap-
|M)r( d'une commission spéciale, une école de
chant pour 80 enfants est instituée et placée
sous sa direction. Il se met aussitôt à l'a-uvre,
entreprend l'éducation musicale de ces enfants
à l'aide de la méthode Wilhem, et les résultats
sont tels qu'au bout de peu de temps il peut
les faire entendre en séance publique et leur
faire exécuter plusieurs hymnes et chants qu'il
avait écrits à leur intention. Profitant de l'effet
de surprise et de plaisir produit par cette expé-
rience, il obtient l'ouverture d'une seconde école
d'enfants dans la vieille ville, et d'une école do-
minicale pour les ouvriers des deux sexes qui
voudraient se livrera l'étude du cbant choral. Ce
n'est pas tout, et au bout de dix autres mois d'é-
tudes et d'expériences, ne se tenant point pour
satisfait, re.stant insatiable dans ses généreux
désirs comme il était infaligable dans son œuvre,
il deiïiande et se voit accorder que l'enseigne-
ment musical sera désormais administré dans
huit écoles populaires et dans deux écoles norma-
les, toutes placées sous sa direction supérieure
et son inspection, avec cinq professeurs placés
sous ses ordres.
Sa vie tout entière fut alors consacrée à la
noble entreprise qu'il avait su réaliser. A part
le temps qu'il lui fallait accorder à sa chapelle,
il ne s'occupait que de ses écoles, de ses élèves,
écrivant pour eux des méthodes, des traités,
des hymnes, des chœurs sacrés ou profanes,
leur prodiguant ses soins, ses leçons, ses con-
seils, les surveillant sans cesse, leur faisant ap-
prendre de grandes œuvres, multipliant les ex-
périences publiques, les grandes séances, leur
faisant exécuter des oratorios de Ha^ndel et de
Haydn, des messes de Cheriihiniet de Beethoven,
conviant à ses concerts un public toujours plus
enthousiaste, et, pour que la charité n'y perdît
rien, donnant la plupart du temps ces concerts
au profit de quelque oeuvre bienfaisante ou des
victimes de quelque malheur public. C'est alors
que dans une vaste .salle, en présence d'une
foule immense, on le voyait, enthousiaste et
lier, se placer à la tête de ces mille ou douze
cents chanteurs, hommes, femmes et enfants,
s'en faire obéir au moindre signe, et obtenir
d'eux des exécutions merveilleuses, magistrales,
SINICO — SIVRY (DE)
523
qui faisaient naître cliez tous l'émotion et exci-
taient l'admiration des auditeurs. Toute lexis-
lencc de Siuico se traduisit ainsi en travaux
incessants, en luttes continuelles, d'abord pour
établir ses écoles , puis pour les maintenir, en
dépit des mesquineries et des prétentions à l'é-
conomie de la municipalité de Trieste, enfin
pour obtenir d'elles tout ce qu'elles pouvaient
donner au point de vue de l'art et de la inorali-
sàtion générale. Là est son rôle, là est sa lâche,
là, pourrait-on dire, est sa gloire, et c'est ce qui
a rendu son nom impérissable dans la ville où
il a vu le jour, et qu'il n'a cessé, je crois, d'ha-
biter jusqu'à sa mort.
Je ne saurais donner la liste des nombreuses
compositions de Sinico. En dehors des œuvres
écrites par lui pour ses écoles, on lui doit de
nombreuses messes, des hymnes, des motets,
etc., composés pour le service de la chapelle des
Jésuites. On cite aussi de lui les partitions de
deux opéras restés inachevés : Rosmunda, et
Zaira. Cet homme de bien, cet artiste de ccrur
et de talent, mourut à Trieste le 18 août 1865.
SIAICO (Giuseppe), frère cadet du précé-
dent, naquit à Trieste vers 1812, commença son
éducation musicale avec lui, et devint un chan-
teur distingué. C'est évidemment de lui que
Fétis a parlé quand il a dit qu' « il y a eu un ténor
de ce nom qui a chanté à Madrid en 1841, a
Oporto vers la même époque, puis à Florence
et à Milan. » Depuis lors, je crois qu'il a aban-
donné la carrière théâtrale pour se livrer à l'en-
seignement du chant.
Sl>ICO (Grseppe), compositeur dramati-
que, fils de Francesco Sinico, est né à Trieste
le 10 février 1836. Il commença d'abord par
aider son père dans ses rudes travaux d'ensei-
gnement, et publia à ce sujet une méthode qui
a paru sous ce titre : Brève Metodo teorico-
pratico di canio clementare per uso délie
scuole popolari di canto per adulti. Plus
lard il se livra à la composition, et songea à
aborder la scène. Il était fort jeune encore lors-
qu'il fit ainsi ses débuts avec un opéra de demi
caractère, i Moschettïeri, qui fut représenté à
Trieste le 26 mars 1859. En 1861, il donnait à
Trieste son second ouvrage dramatique, Aurora
di Ncvers, et au mois de décembre de l'année
suivante il faisait jouer, dans la même ville, un
troisième opéra, intitulé Marinella. Ces divers
ouvrages furent accueillis avec faveur, et pour-
tant, depuis lors, M. Sinico ne s'est plus pré-
senté à la scène et n'a plus fait parler de lui.
Une artiste de la même famille. M™- Cam-
pobello)ii Sinico , chanteuse de talent, fiiit de-
puis près de quinze ans partie de l'une des
deux compagnies italiennes de Londres, où elle
a obtenu de réels succès. J'ignore si elle est la
fille de Francesco Sinico ou de son frère, ou la
femme du précédent artiste, l'auteur de Mari-
nella et d'è Moschettieri.
SIIMiKF^ (Emile). — Un écrivain belge de ce
nom a publié un petit volume ainsi intitulé :
Description succincte de pliisie^irs opéras,
contenant l'analyse des livrets des opéras sui-
vants, V Africaine, Tunnhxuser , le Prophète,
la Juive, les Huguenots, Guillaume Tell et
Robert le Diable (Bruxelles, Pool, lS7'i, in-
12). Tout en analysant ces livrets, l'écrivain
donne volontiers son .sentiment sur la nature et
la portée musicale des œuvres dont il entretient
son lecteur; il dit d'ailleurs dans sa préface :
« Bien des jeunes gens n'ont ni le temps, ni les
moyens, ni les dispositions nécessaires pour lire
des livrets et des con)pfes-rendus d'o]iéras jjCe
petit volume contient la description et l'analyse
résumées de sept principaux opéras du réper-
toire courant; notre but, en le publiant, est de
porter la génération nouvelle à aller entendre
souvent ces chefs-d'o'uvre et de lui fournir des
éléments d'appréciation. » Grand amateur de
tous les arts, Sinkel, qui était né vers 1822 et
qui avait commencé par être officier de marine,
devint rédacteur en chef d'un journal politique
hebdomadaire de Bruxelles, le Droit. Il est
mort à Ixelles-lez-Bru\elles, le 18 septembre
1876, à l'âge de cinquante-trois ans.
SII\I (LuiGi), pianiste et compositeur italien,
mort à Naples le 23 mars 1870, a publié pour
son instrument une centaine de compositions,
dont les unes originales, d'autres écrites sur des
motifs populaires ou des thèmes d'opéras célè-
bres. Parmi les premières, je citerai celles qui
ont pour titre l'Addio a Malla, romance; il
Pianto, à la mémoire de Beethoven; l'Addio,
romance et étude; Urania, pensée; la Corsa
del Beduino; la Danzatrice Eç/iziana; îtn
Pensiero ; Tarentelle; etc., etc.
* STROTTI (François), était virtuose de la
chambre de la duchesse de Modène. Il a fait re-
présenter sur le théâtre de Modène, en 1783,
un opéra intitulé Zenobia.
* SIVOIII (Eunest-Camille), violoniste ita-
lien fort remarquable, est né à Gènes non le 6
juin 1817, mais le 25 octobre 1815.
SIVRY (Charles DE), chef d'orchestre du
petit théâtre des Délassements-Comiques à
Paris, puis des Folies-Marigny, a fait repré-
senter les opérettes suivantes, toutes en un acte :
1" le Rhinocéros et son enfant, Délassements-
Comiques, 3 septembre 1874; 2° de Chryso-
cale, id., 22 octobre 1874; 3° Jolicœur, Fan-
524
SIVRY (DE) — SMART
taisies-Oller, 2i janvier 1877; 4° Tous gentils-
hommes, id., 20 mars 1877. Cet artiste, qui
prend une part de collaboration à une petite
feuille musicale, le Progrès artistique, a écrit
Ja musique d'une sorte de poëme symphonique,
la Légende d'Hiram, qui a été exécuté le 24
octobre 1878, dans la salle des fêles du palais
du Trocadéro, pour une grande solennité franc-
maçonnique.
SKIBIiXSlir (LiouRiTcn), pianiste et com-
positeur, porte le titre de pianiste de la cour de
Roumanie. Il a écrit la musique du premier
opéra composé sur un texte roumain, lequt'l
portait pour titre Verful eu dor {la Cime du
désir), et a été représenté sur le théâtre national
de Bucharest le 6 février 1879. Le livret de
cet opéra était l'a^uvre de la princesse régnante
Elisabeth de Roumanie, qui l'avait signé du
pseudonyme de P. de Laroc.
SKRAtil» ou SRROtîP (François;, com-
positeur et chef d'orchestre distingué, naquit à
Vosic (Bohême) le 3 juin 1801 (1). Fils d'un
maître d'école qui lui enseigna les premiers élé-
ments de la musique, il fréquenta plus tard le
lycée de Prague, chanta comme enfant de clio-ur
dans les églises de cette ville, et enfm y étudia
le droit à l'Université. Plusieurs amateurs de
musique ayant conçu le projet de faire repré-
senter, au profit d'une onivre de bienfaisance,
un opéra en langue bohème, Skraup se chargea
de traduire en cette langue le livret d'un opéra
allemand de Weigl, la Famille suisse, et l'ou-
vrage fut ainsi représenté le 23 décembre 1823.
C'était le premier essai de ce genre , le pre-
mier opéra ainsi joué à l^rague dans la langue
nationale, et, la tentative ayant réussi, on se mit
bientôt en devoir de traduire ainsi divers opéras
allemands, italiens et français.
Néanmoins, on désira bientôt posséder un
véritable opéra national , et Skraup écrivit la
musique d'un ouvrage intitulé der Drahlbindcr,
qui fut joué avec succès. En 1827, lorsqu'il eut
terminé son droit, Skraup entra au théâtre na-
tional de Prague en qualité de second chef d'or-
chestre; c'est alors qu'il donna sur ce tliéûtre
l'opéra qui avait pour litre Udalrich et Bo-
zena, et qu'en 1834 il (il la musique d'un vau-
deville national, la Fête des cordonniers de
Prague, qui obtint un succès énorme, parce
qu'il y avait intercalé des danses et des chansons
populaires, dont l'une : Où est ma patrie?
devint par la suite l'hymne du peuple bohème.
(0 Une confusion s'est établie, dans la Dinriraphie uni-
verselle des Musiciens, enire le» deux frères François
et Jean Skraup. La présente notice et celle qui la suU
rétabliront les faits. — A. P.
Skraup écrivit enguite la musique d'une tra-
gédie : Brudermord (1835), l'opiéra Ze Sojir/e rfe
Libussa, et un autre opéra, en langue allemande,
intitulé la Fiancée du gnome (1836).
Nommé le l*"" janvier 1837 premier chef
d'orchestre du Laudestheater {Ihéàire i]a pays),
à Prague, il conserva cet emploi pendant vingt
ans, jusqu'en 1837, époque à laquelle il fut
pensionné. En 1848 il lit représenter l'opéra
allemand Draliomira, et quelques années plus
tard celui intitulé Meergeusc.
Skranp s'est acquis un renom brillant comme
chef d'orchestre, tant au théâtre qu'au con-
cert. C'est à lui que la ville de Prague doit
d'avoir connu le Hollandais volant, le Tann-
hàuser et Lohengrin, de M. Richard Wagner.
De plus, il a eu le mérite d'activer la vie mu-
sicale en celte ville.
Après avoir été pensionné, il se rendit en 1860
à Rotterdam, pour y occuper les fonctions de
chef d'orchestre au théâtre. C'est là qu'il mou-
rut, le 7 février 1862.
Outre les opéras ci-dessus mentionnés, outre
une ouverture pour la tragédie de Kolar : la Mort
de Zislio, Skraup a encore écrit une quantité
d'autres ouvrages, des messes, des quatuors, des
danses, et des lieder en langues bohème et
allemande. Plusieurs de ces lieder, d'un tour
très-mélodique, ont pénétré parmi le peuple et
sont considérés en quelque sorte comme des
chants nationaux. On a trouvé dans les papiers
de Skraup, à sa mort, la partition d'un opéra
allemand intitulé Colombus. Skraup est regardé
comme le compositeur bohème par excellence.
J. B.
SKUAUP ou SKllOl P (Jean-Népomucè-
ne), compositeur, frère du précédent, naquit le
15 septembre 1811 à Vosic, et mourut à Prague,
où il était devenu maître de chapelle de la
cathédrale, le 18 novembre 1865. On connaît de
lui des compositions religieuses, des lieder et
divers ouvrages théoriques en langue bohème (1);
mais il est loin d'avoir acquis une renom-
mée semblable à celle de son frère. Après sa
mort, on a représenté à Prague deux opéras de
cet artiste : l'un, en langue bohème, intitulé
les Suédois devant Prague; l'autre, en alle-
mand, ayant pour titre Vineta.
J. B.
SMAIIT (Sir Gkorge-Thomas), organiste et
compositeur de la chapelle royale de Saint-
James, à Londres, né on cette ville au mois de
(1) Dont: un pnblk^ sons ce litre : Fcole théorique
et pratique de musique pour les professeurs et les di-
rccrrurs de 7naUrises (Prague, 1862, in-S" de 254 pp.).
- A. P.
SMART — SMEÏANA
525
mai 1776, y mourut le 23 février 1867, à l'à^e
de 90 ans accomplis. George Smart est l'un des
musiciens anglais qui ont parcouru dans leur
pays la plus longue et la plus lionorable car-
rière, et il s'est l'ait remarquer tout à la fois
comme organiste, comme compositeur de mu-
sique sacrée et comme chef d'orcliestre. A peine
âgé de trente-cinq ans, en 1811, sa renommée
était telle qu'il fut créé chevalier par le duc de
Richmond, alors lord-lieutenant en Irlande. 11
a i)ris, pendant un demi-siècle, une part très-
aclive et très-importanle aux progrès de l'art
musical en Angleterre.
De grands souvenirs se ratlachent au nom de
cet artiste vraiment distingué. Comme directeur
de concerts, c'est lui qui, dit-on, forma la Son-
lag et M™" Jenny Lindà l'exécution de la mu-
sique d'oratorio. Comme chef d'orchestre d'o-
péra, c'est sous sa direction que VOberon de
Weber fut représenté pour la premièie fois au
théâtre Covent-Garden, et c'est dans sa propre
résidence, Greet-Portland street, n° 91, qu'ex-
pira l'illustre auteur de ce chef-d'œuvre. C'est
lui aussi qui, en 18.36, dirigeait l'orchestre du
festival de Manchester, le jour où l'infortunée
Marie Malibran chanta pour la dernière fois.
■<( M™« Malibran, disait alors un biographe, déjà
souffrante, chanta un duo (avec M""* Caradori)
qui exigeait de grands efforts <Ie voix et qui
fut redemandé. La célèbre cantatrice, après
avoir fait des signes suppliants , s'adressa à
George Smart, qui dirigeait l'orchestre, et lui
dit : « Si je lépète, j'en mourrai. — Alors,
madame, lui répondit George Smart, vous n'a-
vez qu'à vous retirer, et je ferai des excuses au
public. — Non! répliqua-t-elle avec énergie,
non; je chanterai! mais je suis une femme
morte. » La pauvre grande artiste avait dit
vrai .
Sir George Smart avait dirigé la musique au
couronnement du roi Guillaume IV et de la reine
Adélaïde, ainsi qu'à celui de la reine Victoria.
C'est lui qui, en 1813, fonda à Londres la Phil-
harmonic Society, et qui le premier fit con-
naître en Angleterre les œuvres de Beethoven,
de Franz Schubert, de Weber et de Schumann.
Il a donné, par son aciivité, son intelligence et
son énergie, une grande impulsion à l'art mu-
sical en Angleterre.
SMART (Henri), neveu du précédent, coin-
positeur remarquable qui fut le premier organiste
de l'Angleterre, naquit à Londres le 25 octobre
1812 et a joui dans sa pairie d'une renommée
que justifiait un talent de premier ordre. Mem-
bre du Collège des orgaHisles, organiste de l'église
Saint-Pancrace, à Londres, M. Henry Smart n'a
cessé, quoique aveugle, de se livrer à de nombreux
travaux de composition, tout en faisant admirer
ses rares qualités commeorganiste, (|ualités aussi
remarquables sous le rapport de l'exécution pro-
prement dite, de l'expression, du sentiment et du
caractère, qu'en ce qui concerne l'improvisation,
où il se montrait d'une extrême habileté. Par-
mi les teuvres de cet artiste très-dislingué, il
faut surtout signaler une grande cantate avec
orchestre. Bride of Dunkeron{la Fiancée de
Dunkeron), exécutée au festival de Birmingham
en 1864; une autre cantate, pour voix de femmes,
IheFis/iennaidens [les Filles du pêcheur) ■ une
troisième composition du même genre, King
l'orné's Duughter, exécutée à Londres en 1871 ;
plusieurs grands services pour orgue, et une
quantité innombrable de mélodies vocales {songs)
qui ont rendu son nom populaire et dont la
plupart ont obtenu une véritable vogue.
Henry Smart a écrit aussi de nombreux mor-
ceaux de chant à deux, trois et quatre voix,
presque toujours féminines; ses duos surtout
ont été bien accueillis du public, et l'on cite
particulièrement ceux qui ont pour titre Beyond
the Finis, Blay, the Land of Dreams,Farewell,
the McUing of the snow, Summer of the Si-
lent Heart, On Como's lake, 0 Breathe, ye
sweet roses, etc., etc.
Henry Smart, qui mourut à Londres le 6
juillet 1879, était le fils d'un violoniste distingué.
Une pension de cent livres sterling sur la liste
civile lui avait été accordée peu de temps avant
sa mort. Il n'en a pu profiter.
SMET VAN TIENE]\ (Théodore), facteur
d'orgues à Dulfel , dans la province d'Anvers,
naquit à Gbeel le 1^' janvier 1782. Après avoir
fait son apprentissage à Malines, chez Van
Overbeck , il se fixa à Dufl'el , et sut se faire
une renommée par son habileté et sa probité.
Il construisit des Instruments estimés pour
les villes de Diest, Louvain, Houthem, Lenth,
Malines, Tessenderloo, Broechem, Schaffet,
Herenthals , Jodoigne, Londerzeel , Ranst,
Wortel , Klyn-Vort, Anvers, Bouchoul, Wes-
terloo, etc. Cet artiste mourut à Duffelle 21 no-
vembre 1853.
SMETANA (Frédéric), chef d'orchestre
et compositeur distingué , est né en Bohême le
2 mars 1824. Doué de rares dispositions musi-
cales, ce ne fut cependant qu'après de lon-
gues prières qu'il parvint à décider son père
à lui laisser suivre son penchant. Il devint alors
l'élève, en 1843, du célèbre Prokscli, l'un des
théoriciens et des maîtres de piano les plus
renommés de Prague. En 1846, il fit la con-
naissance de Robert Schumann et de sa femme.
526
SMETANA — SMITS
grâce auxquels il îe familiarisa avec les œuvres
de Jean-Sébasiien Bach. Deux ans après, il
ouvrait à Prague une école tle musique, et
il épousait une pianiste fort habile, M''"" Cathe-
rine Kolar. En 1850, il organisa d'intéressantes
soirées de quatuor, et en 1836, lorsque Liszt
se rendit à Prague pour assister à l'exécution
projetée de sa messe de Gran, M. Smelana fré-
quenta journellement cet homme illustre, aux
conseils duquel son talent dut de prendre un
essor iinprévu.
Dans le courant de cette dernière année,
M. Smetana fut engagé, par l'entremise de
Dreyschock , comme chef d'orchestre de la So-
ciété philharmonique de Gothenbourg, en Suède.
Il se rendit donc en cette ville avec sa femme;
par malheur, le climat rigoureux du pays fut
fatal à celle-ci, qui tomba gravement malade.
M. Smetana s'empressa alors de la reconduire
en Bohême ; mais le mal avait fait de tels pro-
grès que l'inforlunée mourut dans le cours du
voyage, à Dresde, et que son mari ne put que
ramener à Prague ses restes mortels. Étant allé
reprendre son poste à Gothenbourg, M. Smetana
quitta cette ville pour faire un grand voyage
en Suède et en Allemagne (1861), après quoi il
revint à Prague, où il fut engagé en qualité de
premier chef d'orchestre au Théâtre-National.
C'est là qu'il lit représenter plusieurs opéras,
tous écrits sur texte bohème, et qui obtin-
rent du succès. Malheureusement, une infirmité
particulièrement douloureuse pour un musicien
vint , en 1874 , obliger l'artiste à résigner des
fonctions qu'il remplissait avec un véritable ta-
lent : il était devenu complètement sourd.
On cite, parmi les compositions pour le piano
de M. Smetana, un Allegro capriccioso en si mi-
neur dédié à Dreyschock, et parmi ses œuvres
symphoniques une marche solennelle qui fut
exécutée à Prague pour le trois-centième anni-
versaire de la naissance de Shakspeare. Quant
à ses opéras, les Branibor en Bohême, la
Fiancée cendue (1866), Dalibar (1868), et le
Baiser, ce dernier est considéré comme le meil-
leur (1).
J. B.
SMITH (ïnoMAS;, luthier anglais qui ne man-
quait pas d'habileté, vivait à Londres en 1750.
Il fut l'élève de Peter Wamsley et le maître
de John Norris.
|i) Voici, )c crois, les dates précises de la représentation
des ouvrages dramatiques de M. Smetana : 1° les Bra-
nibor en Bohi'me, 5 janvier 1866; S" la l'iancec fendue,
30 mai 1866; 3» Dalibar, I8iî8; 4" un llaiier, î acics,
décemDrc l876;ôoifi Secret, 3 actes, J8 septembre i878.
A. P.
SMITH (William), autre luthier anglais,
était établi à Londres vers 1770. J'ignore s'il
était paient du précédent.
SMITH (Robert), artiste anglais contempo-
rain, est l'auteur d'un écrit publié sous ce titre ;
Harmonies, or the philosophy of viusical
sounds {Harmonies, ou pliilosophie des sons
musicaux).
SMITH (Le docteur J ), théoricien an-
glais, est l'auteur de l'ouvrage suivant, publié il
y a quelques années : Treatise on the Iheorij and
practice of Music, uith the principles of har-
mony and composition {Traité de la théorie
et de la pratique de la musique, avec les
principes de Vharinonie et de la composition),
Londres, in-4°.
SMITH (SiDNEï), pianiste anglais distingué ,
professeur et compositeur, s'est fait une grande
réputation à Londres par la publication d'une
innombrable quantité de moi'ceaux de piano,
consistant en transcriptions ou fantaisies sur des
motifs d'opéras célèbres, en paraphrasesd'œuvres
de grands maîtres, enfin en petites compositions
faciles et de peu d'iinportance. Le nombre de
ces bagatelles s'élève aujourd'hui, dit-on , à plus
de deux-cents. M. Sidney Smith a mis ainsi
à contribulion la plupart des opéras aimés du
public: Martha, les Diamants de la couronne,
les Noces de Figaro, les Huguenots, Lucrezia
Borgia, Robert le Diable, Jligoletlo, Zampa,
Oberon, Don Pasquale, Guillaume Tell,
Faust, la Favorite , la Somnambule, la Fille
du régiment, Don Juan , la Traviata , Fra
Diavolo, etc., etc. Quant aux compositions
pins ou moins originales de M. Sidney Smith,
ou y rencontre des sérénades, des berceuses,
des mélodies, des polonaises, des nocturnes,
des galops, des caprices, des élégies, des mor-
ceaux de salon, élégants, brillants, militaires,
caractéristiques, que sais-je?M. Sidney Smith
a publié aussi une Méthode de piano.
SMITS (Willem), compositeur de musique et
écrivain, est né à Amsterdam en 1804. il a
consacré une partie de sa vie à la propagation
et à l'amélioration de la musi([ue vocale po-
pulaire dans les Pays-Bas, et c'est lui qui a fondé
à Amsterdam la premièie école de chant po-
pulaire, école dont il est le directeur.
M. Sniits n'a rien composé de bien remar-
quable, quoi(iue son bagage musical soit assez
volumineux; mais la quantité l'emporte de beau-
coup sur la qualité. Ses compositions sont cor-
rectement , honorablement écrites , mais c'est
tout ce que l'on peut en dire. Au surplus,
.M. Smits ne paraît guère viser à la postérité Cet
artiste est décoré de l'ordre néerlandais de la
SMITS — SCEDERMAN
527
Couronne de chêne, et membre de mérite de
la Sociélë pour l'encouragement de l'art musical
dans les Pays-Bas (1). ,
ÉD. DE H.
S]\OECK(Ci':sar). amateur de musique belge,
né vers 1825, est le possesseur d'une des plus
belles collections d'instruments de musique qui
existent en Europe. C'est à Renaix, où il exerce
les fonctions de notaire, qu'Usa réiuii et amé-
nagé cette superbe collection. A la fois nombreuse
et choisie, celle-ci est disposée avec adresse
et avec goût dans plusieurs salles généreuse-
ment éclairées; on y trouve des spécimens
d'instruments de tout genre , tous dans un par-
fait état de conservation : épinettes et virginales,
clavecins et clavicordes , basses et dessus
de viole , luths et mandores , tympans et ma-
nicordions , serpents et bassons , oliphants et
musettes, Hiltes à bec et flûtes traversières ,
clarinettes et cors de basset , tambourins et
trompettes marines, binious et claquebois, psal-
térions et crotales, castagnettes et lyres de toutes
sortes, pifferi et tambours de basque , cytliares
et sistres, pochettes et chapeaux-chinois, man-
dolines et flrttps de Pan, etc., sans compter les
instruments modernes, et les fantaisies excen-
triques de tel ou tel facteur obscur ou renommé.
Le propriétaire de ce musée remarquable,
enfoui dans une petite ville de province, en fait
les honneurs avec une grâce charmante, au ser-
vice de laquelle il met un vrai savoir et une
inteUigence très-déliée. J'ai pu m'en rendre
compte, il y a quelques années, lorsque le ha-
sard m'a mis à même d'admirer sa collec-
tion. Non-seulement M. Snoeck connaît à mer-
veille l'histoire de tous les instruments, mais il
a appris, tout seul et comme sans s'en douter, à
jouer de tous ou de presque tous : je l'ai vu,
dans l'espace de deux ou trois heures, jouer
(i) .auteur (l'un opéra en 3 actes, De Celofte, qui a été
représenté avec succès à Amsterdam en 1840, et d'une can-
tate piiur clireuis et orchestre intitulée De If^etcnschap,
M. Siuits a publié, outre une Méthode de chant populaire
très-répandue, les compositions suivantes : 3 messes à 3
voix d'hommes avec orgne; Ma<jniflcat ixZ voix d'hommes,
Si choeurs et chorals (en 2 livres), à l'unisson ou à plu-
sieurs voix; 6 chœurs d'enfants .'i 3 voix égales, ù l'usage
des écoles; Ernst en Litiiii, chœurs, canons et tieder (en
2 livres) ; De eere Gods, hymnes pour clueurs et or-
chestre; 2 chants pour voix d'hommes; 3 chœnrs; Ckan-
S071S d'evfants; 18 chants à 2 voix; Quatuor pour 2 so-
pranos, contrilto et baryton, avec piano. Parmi le
œvres non publiées de cet artiste, il faut citer: plu-
sieurs messes à S voix d'hommes, avec orgue; Ouvertures
à grand orchestre; De p?-o/««(idi.? pour voix d'hommes
avec orgue; l'ange lingua ; Salve Regina; <) quant
suatis, pour vdix d'hommes; Uet Landlevcn, cantate;
enfin, un nombre considérable de chœurs, mélodies et,
chansons, — A. I".
du clavecin, du violon, de la flûte, de la cla-
rinette, du cor anglais, du serpent, et de bien
d'autres instruments. Il connaît parfaitement
l'étendue, le timbre, la qualité, l'âge, la natio-
nalité (le tous les spécimens qu'il possède, et
il est toujours prêt à donner sur chacun d'eux
un renseignement sûr, exact et précis.
Il y a plus de trente ans que, tourmenté par
cette pa.ssion intelligente et lui consacrant une
notable partie de sa fortune, M. Snoeck a com-
mencé à former sa collection. Rien ne lui a coûté
pour l'enrichir : ni peines, ni soins, ni dépenses,
ni voyages. Connu non-seulement dans foute la
Belgique, mais encore à l'étranger, entretenant
une correspondance très-active avec tous ceux
dont les relations peuvent lui être utiles, tenu
jour par jour au courant de tous les faits qui
peuvent l'intéresser, il n'hésite pas, dès qu'un
objet lui est signalé, à courir à sa recherche,
se rendant indifféremment en Angleterre ou en
Allemagne, en Hollande ou en France, en Suisse
ou eu Italie, en Espagne ou en Portugal, et en
revenant rapidement , une fois en possession de
l'échantillon convoité. On comprend qu'avec de
telles façons d'agir, une collection de ce genre,
entreprise il y a plus d'un quart de siècle, ait
pu devenir aussi considérable qu'intéressante. De
fait, elle est aujourd'hui, ainsi que je l'ai dit,
l'une des plus belles et des plus riches qui soient
en Europe.
* SOBOLEWSKI (Edouard), violoniste,
compositeur et écrivain sur la musique, né à
Kœnigsberg non en 1804, mais le l" octobre
1808, avait quitté l'Allemagne en 1859 pour
aller s'établir à Saint-Louis (Amérique), où il di-
rigeait la Société philharmonique. Il est mort en
cette ville le 23 mai 187'i.
SOEDEUMAN (Auguste-Jean), composi-
teur .Scandinave, né à Stockholm le 17 juillet 1832,
commença dans sa patrie l'étude de la musique,
pour laquelle il montrait de remarquables ap-
titudes, et alla terminer son éducation artistitjue
à Leipzig, où il eut pour maîtres Richter et le
fameux théoricien Moritz Hauptmann. C'est en
Allemagne qu'il commença à se faire connaître
avantageusement comme compositeur, faisant re-
présenter, le 12 septembre 1856, une opérette
intitulée Hinandes fœrsta lœrospons , faisant
exécuter dans les concerts des ballades et di-
vers morceaux de chant avec accompagnement
d'orchestre, et écrivant une musique nouvelle
pour la Jeanne d'Arc de Schiller. En 1862,
Sœderman fut rappelé à Stockholm, pour y oc-
cuper les fonctions de chef d'orchestre au grand
théâtre, fonctions qu'il conserva, je crois,
jusqu'à sa mort, arrivée en cette ville le 10 fé-
528
SCEDERMAN — SOLIÉ
Trier 1876. Sœderman était considéré en Aile-
marine comme un artiste fort distinsiié, et par
ses compatriotes comme un de leurs composi-
teurs le» plus originaux. On connaît de lui
une messe pour voix seules, chœurs et or-
chestre, qui est, dit-on, une œuvre remar-
quable à beaucoup d'égards.
SOFFI (Pasquale), compositeur de musique
religieuse très-estimé, naquit à Lucqnes vers
1732. Excellent organiste, il forma sous ce rap-
port un grand nombre d'élèves dans le sémi-
naire de San-Giovanni. Ses compositions pour
la semaine sainte, qui consistent en inesses, vê-
pres, motels, . introït, benedictus, miserere à
3 et 4 voix, s'exécutent encore aujourd'hui dans
sa ville natale, et sont, dit-on, d'un admirable
effet. De 1761 à 1807, cet artiste écrivit vingt et
un services à grand orchestre qui furent exé-
cutés par les soins de la compagnie de Sainte-Cé-
cile, à l'occasion de la fête de sa patronne. Suffi
a écrit aussi un oratorio : Saint Thomas apo/re,
dont la partition est conservée dans les archives
de la congrégation des Anges gardiens. Parmi
ses meilleurs et .ses nombreux élèves , on cite
particulièrement Domenico Quilici et Donato
Barsanti. Softi mourut à Lucques en 1810.
SOFFIlEDmi ( ), musicien ita-
lien, a écrit la musique d'un opéra bouffe, il
Maestro del signorini, qui a été représenté sur le
théâtre philodramatique de Livonrne, au mois
de mars 1872.
*SOLEIlA (Thémistocle), compositeur dra-
matique et librettiste italien, naquit le 25 décem-
bre 1819. Adix-liuitans,ildébuta dans la carrière
littéraire par un volume de vers, i Miei primi
Canti, qui produisit sensation et qui lit dire aux
Italiens: A'ous avons un poète! Bientôt il se
produisit aussi au théâtre, tout à la fois comme
poète et comme compositeur, d'abord en faisant
«xécuter à la Scala, de Milan, un hymne intitulé
la Melodia (25 novembre 1839), puis en don-
nant au même théâtre un opéra sérieux, llde-
gonda, dont il avait écrit les paroles et la um-
sique, et qui fut bien accueilli (20 mars 1840).
Peu de mois après, le 4 octobre de la même
année, il affrontait de nouveau le public re-
doutable de la Scala en fai>ant représenter un
opéra semi-sérieux, il Contadino diAgliate. Kn
1842, il donnait à Modène la Fanciulla di Cas-
ielguelfo, qui n'obtenait (ju'un médiocre su(;cès,
et peu après il se produisait à I^adoue avec un
ouvrage intitulé Genio e Sventura. Enfin, il
a donné encore, en Espagne, la Sorclla di Pe-
iagio. En somme, le talent de Solera, comme
compositeur, était médiocre , et sa faculté créa-
trice semblait procéder moins d'une imagina-
lion généreuse que de l'imitation de certains
artistes renommés, particulièrement de M. Verdi
Mais ce ijui a fait sa réputation, ce .sont .ses li-
bretli, qui l'ont fait quelquefois comparer par
ses compatriotes à Felice Romani, bien qu'il
soit resté, malgré des qualités réelles, au des-
sous de ce poète aimable et élégant. Non-seu-
lement Solera a écrit les livrets des ouvrages
mis par lui en musique, mais lorsqu'il vit qu'il
ne réussissait que médiocrement comme com-
positeur, il se mit à écrire des poëraes pour ses
confrères. Entre autres, il a fourni à M. Verdi
ceux de Nabucco, d'i Lombardi, de Giovan-
na d'Arco, à'Attila, à Villanis ceux de Vascon-
cello, A'Alfonso III, d' Emanuele-Filiberto, à
Secchi celui de la Fanciulla detle Asturie, à
.M. Buz/,i ceux de Sordello et de V Indovina,
à M. Péri celui de l'Espiazione, à M. Ron-
chetti celui de Pergolesi, à M. Ponchielli celui
de la Stella del Monte, etc., etc. Dans ces der-
nières années, Solera, transformant d'une
étrange façon sa carrière, alla se fixer en
Egypte, oii il remplit auprès du vice-roi les fonc-
tions de directeur général delà police; mais ses
habitudes fantaisistes, son désir d'indépendance
ne pouvaient longtemps s'accommoder d'une
telle situation; au bout de quelques années il
revint en Italie, oii il mena une sorte d'existence
de bohème, qui le fit bientôt tomber dans la
misère; un instant, on prétendit (ju'il exerçait
à Paris le métier de marchand brocanteur.
La vérité est qu'il mourut à Milan, le 21 avril
1878.
•* SOLIÉ (JiîAN-PiERUE SOULIÉ ou SOU-
LIFU dit). — Aux ouvrages dramatiques dont
cet artiste intéressant a écrit la musique, il faut
ajouter les suivants : r la Moisson, th. Favart,
5 septembre 1793; 2" le Plaisir et la Gloire,
un acte, id., 19 janvier 1794; 3" Quatre Maris
pour un, un acte, th. des Jeunes-Artistes, 26
avril 1801; 4" le Petit Jacquot , un acte, th.
Monlansier, 26 juillet 1801; 5° V Oncle et le Ne-
veu,un acte, id., 26 novembre 1803; 6» Agathe
et TJsmore. Il a aussi une part au Congrès des
Ixois, ouvrage représenté au théâtre Favart en
1793, et dont la musique avait été écrite par une
douzaine de compo>iteurs. Quant à ro])éra-co-
mique intitulé : Lisez Plutarque, il y a erreur
en ce qui le concerne; la musique de ce petit
ouvrage, représenté au th. l'avart le 21 décem-
bre 1801, était de Plantadc; Solié a écrit la mu-
sique d'une autre pièce en un acte, qui avait
pour titre Plutarque, et qui avait été Jouée au-
jiaravant an même théâtre, le fi octobre 1800.
Un des lils de Solié se noya dans la Seine en
1802, ainsi qu'en témoigne une pièce de vers
SOLIÉ — SOMIS
529
publiée dans le Courrier des spectacles du
5 fructidor an X, et adressée à Solié père. J'i-
gnore si c'est celui-là ou un autre, mais c'est
aussi un fils de Solié qui écrivit la musique d'un
opéra-comique en 2 actes, le Fifre et le Tam-
bour, joué au théâtre des Jeunes-Artistes, le
16 juin 1801.
SOLIÉ (Charles), chef d'orchestre et com-
positeur, est, je crois, le petit-fils du précé-
dent et le fils d'Emile Solié. Il a rempli pendant
plusieurs années, avec talent, les fonctions de
premier chef d'orchestre au grand théâtre de
Nantes; il en a même été un instant le direc-
teur. Il est aujourd'hui chef d'orchestre du
théâtre français de Nice, où il a fait représenter
avec succès, le 5 avril 1879 , un opéra-comique
en 3 actes intitulé Scheinn Baba ou Vlntrigxic
au harem.
* SOLI\ A (Charles-Evasio), a fait repré-
senter au théâtre de la Scala, de Milan, en
1824, un opéra qui avait pour titre ^tom e
Malvina. Je crois qu'on lui doit aussi un autre
ouvrage dramatique, intitulé Bérénice d'Ar-
menia. Parmi les compositions que cet artiste
a publiées en dehors du théâtre, je signalerai un
Veni Creator à 3 voix, et un chant funèbre à
4 voix avec deux cloches, écrit à la mémoire
de Mayr, sous ce titre : Compianto sulla tomba
di Mayr. Il a publié encore diverses autres
compositions religieuses : Te Deum pour voix
seules et orgue; les psaumes 112 et 128, avec
orchestre ; De profundis à la mémoire de son
àh;Ave Maria, Pater nos fer, Salve Regina
pour chœur de voi\ égales ; Veni Creator et
Ave maris Stella.
Sohva avait étudié, au Conservatoire de Mi-
lan, sous la direclion d'Asioli et de Federici.
En 1821, il avait élé appelé à remplir au Con-
servatoire de Varsovie les fonctions de profes-
seur de chant, et il y forma de fort bons élèves.
11 resta en cette ville jusqu'en 1832, époque à
laquelle il partit pour Saint-Pétersbourg, où il
devint maître de chapelle, directeur de l'Opéra,
directeur de la musique vocale de l'école impé-
riale des théâtres, et professeur de chant de la
grande-duchesse Alexandra. De retour en Italie
en 1841, il s'établit ensuite à Paris, où il mourut
le 20 décembre 1853.
SOLLOIIUB (Vladimir-Alexandrowitch,
comte), écrivain russe fort distingué, né à Saint-
Pétersbourg en 1814, s'est trouvé mêlé à la
longue et vive polémique excitée en France par
les ardeurs exagérées des propagateurs de la
méthode Galin-Paris-Chevé. Chargé par l'em-
pereur de Russie d'une sorte de mission offi-
cieuse qui se rattachait à la création d'un Con-
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
servaloire à Saint-Pétersbourg, M. le comte Sol-
lohub voulut se rendre compte de la valeur des
diverses méthodes d'enseignement élémentaire
de la musique en usage à Paris. II assista, entre
autres, aux leçons données alors par Emile
Chevédansl'amphitliéâtrede l'Éculi' de médecine,
et se prit aussitôt d'enthousiasme pour son sys-
tème. Après une lettre écrite à ce sujet au jour-
nal r Indépendance belge, et qui fut ensuite pu-
bliée à part sous ce titre : Lettre du comte Sol-
Inhïib au rédacteur de l'Indépendance belge 5wr
la méthode Galin-Paris-Chevé (Paris, Bour-
dilliat, 1859, in-8"), M. Sollohub donna, au
Journal de Saint-Pétersbourg ,\m& série d'ar-
ticles dans lesquels il répondait à la brochure
publiée en France par les adversaires du sys-
tème Galin et qui était intitulée : Observations
de quelques musiciens et de quelques ama-
teurs sur laméthode Chevé. La polémique, très-
courtoise d'ailleurs et très-habile de l'écrivain
russe, offrant une longue apologie de cette mé-
thode, Chevé n'eut garde de la laisser perdre, et
recueillit en une forte brochure l'écrit du comte
Sollohub, qui parut sous ce titre : les Musiciens
contre la musique, par le comte Sollohub
(Paris, Ciievé, août 1860, in-8° de 86 pp.). Je
ne sache pas que M. Sollohub se soit mêlé autre-
ment aux questions musicales.
* SOMIS (Giovanni-Battista), l'un des plus
fameux violonistes de l'école italienne et le fon-
dateur de l'école piémontaise, naquit en 1676 (I),
d'une famille distinguée. Il s'adonna dès sapins
tendre enfance à l'étude de la musique et du vio-
lon, et, fort jeune encore, se rendit à Rome et à
Venise dans le but d'y connaître les grands ar-
tistes qui faisaient alors la gloire de ces deux
villes. A Venise, il reçut des conseils du célè-
bre Antonio Vivaldi, qui était directeur du Con-
servatoire de la Pietà ; mais tout en prenant ce
grand maître pour modèle, tout en admirant
aussi le jeu noble et savant de Corelli, il prit
soin de conserver sa personnalité propre et se
fit remarquer, dans la suite, par une exécution
d'une grâce et d'une élégance pleines d'origi-
nalité, dont il sut transmettre les traditions à
ses deux meilleurs élèves, Giardin et Chia-
bran.
Lorsqu'au retour de ses voyages^ Somis se pro-
duisit à Turin, son talent remarquable ûtsensa-
(I) Fétis, en écrivant sa notice sur Somis, n'avait évi-
demment à sa disposition que des renseignements insur-
ûsants et manquant de précision; il le confond d'ailleurs
un peu avec son frère (dont il ne parle p.Ts). Je rétablis
Ici les faits, parllculiërement avec l'aide du livre de Kran-
cesco l\egli ; Storia del violino in Piemonte (Turin,
1863, in-so).
T. II. 34
530
SOMIS - SONiNTAG
lion sur ses compatriotes, et il acquit rapide-
ment une renommée légitime, due à ses rares
qualités de virtuose et à l'expression touchante
qui! apportait dans son jeu. Le roi de Sardai-
gne, l'ayant entendu, ne put s'empêcher de l'ad-
mirer, et le nomma bientôt premier violon et
directeur de sa chapelle et de sa chambre, poste
dans lequel Somis lit preuve des plus grandes
qualités. Cet artiste justement célèbre mourut à
Turin, le 14 août 1763, âgé d'environ quatre-
vingt-sept ans.
Somis ne borna pas ses succès à son pays. Il
vint à Paris en 1733, s'y fit entendre au Concert
spirituel et dans des réunions privées, et, quoi-
qu'il approchât alors de la soixantaine, il pro-
duisit sur le public une impression vive et pro-
fonde. Le Mercure de France en parlait en
ces termes : — « Le sieur Somis, fameux joueur
de violon du roy de Sardaigne, a exécuté diffé-
rentes sonates et concertos dans la dernière per-
fection, et a été très-applaudi par de nombreuses
assemblées que la justesse et la brillante exécu-
tion de ce grand maître y avoient attirées. »
D'autre part, Hubert Le Blanc, l'auteur de l'é-
trange petit livre connu sous ce titre : Défense
de la basse de viole contre Us entreprises
du violon et les prétentions du violoncel,
louait ainsi Somis dans ce factum (1700) : «Somis
parut sur les rangs; il étala le majestueux du
plus beau coup d'archet de l'Europe. Il franchit la
borne où l'on se brise, surmonta l'écueil oii l'on
échoue, en un mot, vintàboutdu grand oeuvre sur
le violon : la tenue d'une ronde. Un seul tiré
d'archet dura au point que le souvenir en fait
perdre haleine quand on y pense, et parut sem-
blable à un cordage de soie tendu qui, pour ne
pas ennuyer dans la nudité de son uni, est en-
touré de festons d'argent, de tiligranes d'or en-
tremêlés de diamants, de rubis, de grenats et
surtout de perles : on les voyait sortir du bout
des doigts. La Musique descendit de l'Olympe,
et, ayant son dessein, mit dans l'esprit aux dames
de faire accueil à Somis. il fut reçu tantôt chez
les unes, tantôt chez les aulres, et ce, l'espace
d'un mois, sans que durant ce temps il fùlmen-
tion de porter un jugement où Ion songeât seu-
lement à lui opposer un rival. » Ce style amphi-
gourique, mais non railleur, donne la mesure
des succès que Somis remporta à Paris. —
Comme compositeur, on ne connaît de cet ar-
tiste qu'un recueil de .sonates : Opéra prima di
sonate a violino e violoncetto o cembalo,
Rome, 1722.
La fille de ce grand virtuose, Maria-Cristina
Somis, cantatrice d'un talent supérieur, devint
la femme du peintre français Carie Vanloo, qui
la connut lors de son premier séjour en Italie.
l'allé vint à Paris avec son mari en 1734, se fit
entendre dans le monde, et conquit aussitôt une
très-grande renommée. Elle importail en France
la musique et le grand style vocal italiens, qui y
étaient alors complètement inconnus, et comme
elle joignait à un talent de premier ordre une
voix expressive et d'une rare beauté, elle fit aus-
sitôt tourner toutes les têtes et obtint à la cour
et dans le monde les succès les plus llatleurs.
Dandré Bardon.danssa Vie de Carie Vanloo, en
faisait l'éloge en ces termes : — « La belle voix
de madame de Vanloo, les grâces qu'elle met
dans son chant, le choix des airs agréables et
pathétiques que son discernement présente aux
Français, gagnent tous les cœurs à la musique
italienne; on en goûte pour la première fois le
charme délicieux. Ce genre est fêté dans les
plus belles assemblées; telle est l'époque de son
établissement en France. » On assure que
jyjme Yanioo donua des leçons à deux des meil-
leures chanteuses de l'Opéra, M*'" Fel et Petit-
pas (1).
S03IIS (LoRENzo), frère du précédent, fut
comme lui violoniste, et a composé aussi des so-
nates pour violon avec accompagnement de vio-
loncelle. Les portraits des deux frères, peints à
l'huile, furent offerts au P. Martini, en 1765,
par Ignazio Somis , leur frère. Ils sont aujour-
d'hui dans la galerie du Lycée musical de Bo-
logne.
SOi\INET ( ), musicien français, a
écrit la musique d'un ballet en 3 actes, Oberon,
qui fut représenté au théâtre de la Monnaie, de
Bruxelles, le 21 septembre 1836. Ce doit être
le mathématicien Hippolyte Sonnet, né vers
1800 et mort il y a trois ou quatre ans,
après avoir été professeur à l'École centrale et
inspecteur de l'Académie de Paris. A la veille
d'être reçu docteur es sciences, Sonnet avait
été compris dans le licenciement de l'Ecole nor-
male en 1822, et il avait dû chercher dans la
musique un moyen de vivre ; il voyagea alors
beaucoup à l'étranger, en qualité de chef» d'or-
chestre, et se donna complètement à un art au-
quel il renonça tout à fait par la suite ; il a pu-
blié uti recueil classique de morceaux do chant :
Polymnieiii^yj, in-4 "), avec le savantM. L.Qui-
cherat, très-versé aussi dans l'art musical. — 'S .
* SO-^I^TAG ou SOISÏAi; (IIknriette-
GEKTRuni>W\Li'UUGis ) , comtcsse IlOSSI ,
cantatrice célèbre. — Plusieurs écrits ont été
publiés sur celte grande artiste ; le premier, paru
(1) V. Castil-Blaïc, l'académie impériale de mutignf,
t. 1", p. iSt» 460.
SONNTAG — SORIA
531
en Angleterre, est ainsi intitulé : A Memoir on
tbe countess de Ilossi (Madame Sontag) pu-
blis hed by Milchell, Londres, in-8"; un autre
a été donné en France sous cetiire : Biographie
de la comtesse Rossi, Paris, Sartorius, 1850, in-
18. Uu journal de Paris, la Musique, avait in-
séré, dans son numéro du 13 janvier 1850, une
notice sur M»' Sontag due à Théophile Gautier
et intitulée l'Ambassadrice; cette notice l'ut im-
primée et publiée peu de temps après en Belgi-
que, sous forme de brochure : L'Ambassadrice,
biographie de la comtesse Rossi, Bruxelles,
Stapleaux, 1850, in-18. M'"-^ Sontag a fourni
aussi à Rellstab {Voy. ce nom) le sujet d'un
roman satirique donné par lui sous ce titre :
Henriette ou la Belle Cantatrice, lùifin, on n'i-
gnore pas que le livret de ro|)éra de Scribe et
Auber, l'Ambassadrice, dont l'hérome s'appelle
aussi Henriette, a été inspiré de même par les
événements de la vie de la célèbre artiste.
D'après l'inscription placée sur sa tombe, la
date de la naissance de M'""' Sontag est le 3
janvier ts06, et non le 13 mai 1805.
Une sœur cadette de cette admirable artiste,
M''^ Nina Sontag, avait, comme elle, em-
brassé la carrière du théâtre, puis, à l'âge de
quarante ans environ, avait pris le voile au
couvent de Marientbal, dans la Saxe. C'est là
qu'elle est morte, dans un âge avancé, le 22 sep-
tembre 1879. — Un frère de ces deux artistes,
Cari Sontag, avait aussi appartenu au théâtre.
Il a publié sur sa sœur une monographie ainsi
intitulée : Henriette Sonntag, aus Karl Sonn-
tag's Bijbhnonerlcbnissen (Souveniisdetliéâlre),
Hanovre, Helwig, 1875. — Il reste deux autres
frères de la célèbre cantatrice, dont un est colo-
nel dans l'armée autrichienne.
Quatre ans après la mort d'Henriette Sontag à
Mexico, en 1858, ses restes lurent ramenés au
couvent de Marienthal, retraite de sa sœur, qui
l'aimait tendrement; toutes deux y reposent au-
jourd'hui dans le même tombeau.
SOIM'HEOI (Henri), chanteur dramatique
allemand très-renommé, est né en Wurtemberg.
Doué d'une splendide voix de ténor, il étudia
le chant sous la direction du ténor Haizin-
ger, et fut engagé pour toute sa vie au théâ-
tre de Stuttgard, avec le titre de chanteur de
la cour. Pendant les voyages qu'il faisait cha-
que année à l'époque de la fermeture du théâ-
tre de Stuttgard, il se faisait entendre sur les
scènes les plus importantes de l'Allernagne, et
partout excitait la plus grande admiration. Quoi-
que aujourd'hui avancé en âge, il est considéré
comme le plus parfait Eléazar qu'on ait entendu
jamais en Allemagne dans la Juive, et non-seu-
ement il chante, mais il joue ce rôle d'une fa-
çon incomparable. La voix forte et sonore de
M. Sonlheim est celle du véritable ténor héroï-
que ; il possède eu même tem[)s une telle habileté
dans l'emploi de la voix mixte, et ses nuances
dansle piano sont d'un si excellent effet, que l'un
de ses triomphes fut aussi le rôle de Georges
Brown de la Dame blanche. 11 a obtenu
encore de grands succès dans Astorgu, dans les
Huguenots, Guillaume Tell, etc.
M. Sontheim a pris récemment sa retraite,
avec une pension et le titre de membre d'hon-
neur du théâtre de la cour de Stuttgard. Il vit
aujourd'hui dans sa piopriélé de lebenhausen,
située près de cette ville. J. B.
* SOU (Fekdinani)), ou plutôt Sors, ainsi que
l'écrivent ses compatriotes, guitariste célèbre
et compositeur, naquit à Madiid non le 1" fé-
vrier 1780, mais le 14 février 1778. Son opéra
Télémaque dans l'ûe de Calypso fut représenté
au théâtre Principal de Barcelone , le 19 mai
1798 (1). Pour ce qui concerne sa carrière tran-
çaise, le ballet de Cendrillon, dont il avait écrit
la musique, fut joué à l'Opéra le 3 mars 1823. Il
a fait encore, en société avec Schneitzhoeffer, lu
musique d'un petit ballet en un acte, le Sicilien
ou l'Amour peintre, qui fut donné au même
théâtre le 11 juin 1827, et avec Singelée celle
d'un autre ouvrage du même genre, Arsène ou
la Baguette magique, dont la représentation
eut lieu à Bruxelles en 1845, plusieurs années
après sa mort.
SOIIACI (Paolo), chef d'orchestre et com-
positeur italien, naquit en Sicile. Il fil repré-
senter en 1871, sur l'un des théâtres de Mes-
sine, un opéra qui avait pour titre Eleonora da
Romano. En 1875, il remplissait au théâtre de
Côme les fonctions de maestro concertatore,
et le 9 octobre 1876 il donnait sur la petite
scène de Santa-Radegonda, de Milan, un nou-
vel ouvrage dramatique, intitulé Ginevra. Peu
de temps après, au mois de février 1877, il
mourait à Milan.
SOIIDELLI (Giuseppe), compositeur italien,
a fait représenter à Pavie, en 1846, un drame ly-
rique intitulé la SolUaria dette Asturie.
SORIA (.Iules DIAZ DE), chanteur dis-
tingué, est né à Bordeaux, de père et mère
français, originaires du Portugal. A huit ans, il
entra en qualité d'enfant de chœur à la synago-
gue de Bordeaux, et, jusqu'à l'âge de treize
ans, s'y lit entendre comme soliste. Il avait
(1) Je tire ces renseignements d'un écrit publié récem-
ment en Espagne . Calendario Urico italiano, par
M. Joaquin Meras (Madrid, Romero y Marïo, 1817, ln-8»).
532
SORIA.
alors une voix de soprano très-étendue. A douze
ans, il fut admis à la Société Sainte-Cécile, et,
pendant deux ans, y apprit le solfège. Cepen-
dant l'époque de la mue était arrivée, et sa voix
d'enfant l'avait abandonné pour faire place à
une lia.sse chantante assez, caractérisée. En môme
temps, M. de Soria faisait ses premiers pas dans
la carrière commerciale, à laquelle il était des-
tiné, et (Ju'il n'a jamais abandonnée. Chargé de
voyager pour la maison qui se Tétait attaché, il
eut occasion, en 186 i, de visiter l'Italie et d'y
suivre les chanteurs les plus en renom. Cette
circonstance développa ses heureuses disposi-
tions pour léchant. Sa voix était devenue défini-
tivement un baryton d'une excellente qualité.
Il voulut mettre en valeur les ressources de ce
généreux organe et se perfectionner par l'étude,
en s'appropriant les procédés des artistes dont le
talent et la méthode l'avaient plus particulière-
ment frappé. Pendant une seconde tournée, il se
produisit à Marseilledansdes réunions privées, et
y fit sensation. De retour en Italie, il chanta de-
vant Donzelli, Liverani, Verdi, qui le comblèrent
d'éloges, et devant Mercadante, qui lui dit: Je
vois bien que vous n'avez jamais eu de profes-
seur : coniimiez àn'en pas avoir ; vous ri'avez
rien à apprendre d'eux. En novembre 18G6,
M. de Soria fut chargé par la municipalité de Ve-
nise d'interpréter sur le graml canal une ballade
pour solo et choeur, écrite par le conipositeur
Tessarin pour célébrer l'entrée de* troupes ita-
liennes. Depuis cette époquejusqu'en 1873, M. de
Sorid .se fit entendre fréquemment dans les
grandes villesd'Europe,où ses affaires l'amenaient
d'une façon en quelque sorte pér'iodique, et y
acquit une autorité toujours grandissante. Son
arrivée dans chacune d'elles était d'e plus en
plus fêlée, et sa présence était l'occasion des
auditions musicales les plus courues. A Rome,
il était particulièrement choyé par les élèves de
l'École française. Pendant l'année néfaste 1871,
il prit part dans celte ville à un concert inter
national, ou il eut à cœur de faire applaudir,
à ce moment, des compositions françaises par
UB public cosmopolite. En 1873, il fit sa pre-
mière apparition à Paris sur la scène du Con-
servatoire et obtint un vif succès à côté de
Mme Carvallio, de MM. Planté, Alard et Dancla.
Il se décida alors à demander à son talenl autre
chose (|ue des satisfactions d'amour-propre. 11
se produisit dans beaucoup de salons à Paris et
participa à une tournée organisée i)ar Vimpresa-
rio Ulmann, tournée dans laquelle il parcourut
la province encompagniede MM. Planté, Léonard,
Alard,Sivori,FranchommeeldeM"'' Marimon. Il
alla en Angleterre, en Italie, en Autriche, oii les di-
recteurs du Conservatoire de Vienne lui deman-
dèrent une audition; dans les principautés Danu-
biennes, en Turquie, en Russie et en Grèce. A
Athènes, où l'on organisa en son honneur deux
concerts dont le produit devait aidera la fonda-
tion d'un Conservatoire national, M de Sori i eut
uu succès d'enthousiasme, et le, roi, l'ayant
mandé dans son palais, le décora de l'ordre
du Sauveur. En 1877 , il fut appelé à Paris
par le consistoire israélile, qui inaugurait
le temple de la rue Buffaull, pour contribuer
par son talent à l'éclat de la cérémonie. Peu
après, il joua Hamlet à Nice sur une scène par-
ticulière qui avait été installée à l'occasion d'une
fête de chanté. M. de Soria a chaulé aussi
plusieurs fois à Paris dans les réunions officielles,
à Londres devant le prince de Galles , en
Italie devant le prince Ilumbert. Gounod a écrit
pour lui son charmant duo-barcaroUe et la
pièce : 0 dille tu. Félicien David l'avait en
très-haute estime , et la presse technique alle-
mande, qui lui a été favorable, a loué sa façon
d'interpréter les mélodies de Schubert et de
Schumann. Enfin, des offres brillantes lui ontété
faites pour prendre le théâtre, et y créer des
rôles spécialement écrits pour lui. M. de Soria a
résisté jusqu'à ce jour à ces propositions sédui-
santes, préférant s'en tenir à la spécialité de
chanteur de concert, dans laquelle il a fait sa
réputation.
M. <le Soria possède un baryton élevé, sonore et
moelleux. L'étendue de cette voix, chaude et bien
timbrée, est encore accrue par des sons de tête
très-purs, dont le caractère se rapproche beau-
coup de ceux du ténor. C'est ce qu'on appelle
un Martin. L'émission est facile, et la voix se
trouve en quelque sorte toute posée sur les
lèvres, comme chez les chanteurs formés à la
grande école italienne. Ce qui caractérisée sa
manière, c'est l'absence de tout effort et une
étonnante facilité à varier les timbres. L'artiste
trouve dans cette opposition de liinbres une
source d'effets tout particuliers, — soit en passant
de la voix sombrée habilement ménagée à la
voix claire réduite à une ténuité telle qu'elle
arrive à la blancheur, — soit en faisant se
succéder l'un à l'autre ces deux timbres par des
nuances graduées qui modifient insensiblement la
couleur du son. C'est môme là, on peut le dire,
ce qui le distingue de la plupart des artistes
contemporains, dont l'organe est déiraîcbi et le
chant rendu monotone par l'usage presque
exclusif de la voix sombrée.
Quelques critiques à Paris se sont montrés
sévères à l'égard de M. de Soria, et ont contesté
son talent. On peut lui reprocher un p.'u d'affé-
SORIA — SOURINDRO MOHUN TAGORE
533
terieetdes oppositions trop multipliées, que le
sens des paroles ou de la phrase musicale ne
justifie pas toujours. Il est possible aussi que ce
talent délicat , susceptible pourlant d'énergie, ne
fût pas de mise dans le drame lyrique et ne put
en affronter les fatigues. Mais on n'en saurait
nier le charme, ni l'aclion sur le public. Tel qu'il
est, il n'est pas sans analogie avec celui de Ga-
rât, qui, dans un autre temps et avec des qua-
lités supérieures, ne rechercha pas plus que M. de
Soria les triomphes du théâtre, et dut aussi à sa
nature et à ses propres observations plus qu'à
la science et à une forte éducation.
Al. R - d.
* SORIA3iO FLERTES (M vri\ino), com-
positeur et musicogiaplie espagnol, est l'auteur
des deux écrits dont voici les titres : 1" Memoria
sobre las sociedades corales en Ëspaàa ; 2"
Espana artistica é industrial en la Exposi-
eion de 1867, un vol. in-S". Soriano Fuerles est
mort à Madrid, au mois d'avril 1880.;
SOSSOi^ ( ), clerc tonsuré, compositeur,
devint vers 1775 ou 1780 directeur de la maîtrise
de l'église Saint- Pierre, deCatn. Il fit exécuter
dans celte église un Magnificat Dominus,
motet à grand chœur et à grand orchestre, et à
l'église des Cordeliers, en 178.5, pour la fête que
l'Université fit célébrer en actions de grâces de la
naissance du Dauphin, un Te Deum et une
messe à grand orchestre. Le 9 octobre 1793,
Sosson était nommé maire de la ville de Caen.
Au commencement de ce siècle, cet artiste, ex-
clerc tonsuré, ex-maître de chapelle, ex-officier
municipal, se livrait à l'enseignement de la
harpe et de la lyre.
SOUBIES (Albert) , critique musical
français, est né à Paris le 10 mai 1846. Après
avoir fait de bonnes études littéraires au lycée
Loiiis-le-Grand, il étudia le droit et se fit re-
cevoir avocat. Cependant, il se sentait attiré vers
la musique, qu'il avait cultivée en amateur, et
il suivit au Conservatoire le cours d'harmonie de
M. Savard, après quoi il entra dans la classe de
fugue et de composition de Bazin, tout en tra-
vaillant l'orgue avec M. Alexandre Guilmant.
Après avoir acquis ainsi une instruction solide,
M. Soubies s'occupa d'histoire et de critique ar-
tistiques, et tout d'abord songea à. reprendre,
après soixante années d'interruption, la publica-
tion du célèbre almanach des spectacles connu
naguère sous le titre de Spectacles de Paris.
Aidé d'un de ses amis, M. Paul Milliet, il fit
paraître en 1875 le premier volume de cette nou-
velle colledion, qu'il intilula ainsi : «. Almanach
des spectacles, continuant l'ancien Almanach
des spectacles publié de 1752 à 1815, tome
premier (XL1X« de la collection), année 18/4 »
(Paris, Jouausf, 1875, in-18 avec une eau-forte).
M. Soubies donna ensuite, seul (excepté le troi-
sième volume, que son frère a signé avec lui), les
deuxième , troisième, quatrième et cinquième
années de cette nouvelle série, publiée avec un
soin et un luxe typographique du meilleur goût et
accompagnée de portraits qui la rendent double-
ment intéressante. Depuis quelques années, le
même écrivain signe du pseudonyme : B. de
Lomagne, les articles de critique musicale du
journal le Soir. Il s'occupe en ce moment d'une
histoire des principaux théâtres de Paris depuis
1848.
*SOUBRE (Etienne-Joseph) , composi-
teur, directeur du Conservatoire de Liège, est
mort en cette ville le 8 septembre 1871. Le
grand violoniste Henri Vicuxtemps a écrit sur
cet artiste une notice biographique qui a été
publiée dans Winnuaire de l'Académie royale
de Belgique et dont il a été fait ensuite un ti-
rage à part (Bruxelles, Hayes, 1872, in-12).
Deux filles de cet artiste, m"" Mariette et
Anna ',Soubre, se sont consacrées à la carrière
du chant.
*SOULLIER DE ROBLAIN (Ciiarles-
Simon-Pascal), écrivain musical, est mort à
Paris dans les premiers jours de janvier 1879.
Après être retourné dans son pays natal, cet
artiste était revenu, vers 1871, se fixer à Paris,
oii il avait pris part à la rédaction de divers
journaux, entre autres l'Art musical et la Chro-
nique musicale ;'û y publia ensuite un écrit aussi
prétentieux qu'incompréhensible, ainsi intitulé :
les i\'éogammes. essai scientifique d'une nou-
velletfiéorie musicale appliquée au développe-
ment du mystère de l'origine des modes et des
ions, Paris, E^cudier, s. d. (1877), petit in-8°.
Cela est aussi médiocre que les autres produc-
tions de l'auteur, parmi lesquelles il faut encore
signaler un Annuaire musical, ou Guide des
compositeurs, professeurs, artistes, amateurs,
facteurs d'instruments et éditeurs de musique,
pour 1855, Paris, Sylvain-Saint Etienne, in-8°.
SOURirVDRO MOHUN TAGORE,
rajah indien, dilettante passionné, a fondé à Cal-
cutta l'École de musique du Bengale, dont il est
le président. Cette école indigène, due à son ini-
tiative, organisée sur les mêmes bases que nos
Conservatoires européens et entretenue presque
exclusivement à ses frais, s'est ouverte le 3 août
1871; elle publie des rapports annuels sur la.
marche de l'institution, et c'est par l'un de ces
rapports, le troisième (1874-75), qu'on apprend
qu'à la fin du mois de juin 1875 l'école comptait
huit professeurs, tous indigènes, dont deux pour
o3i
SOURINDRO MOHUN TAGORE — SPEIDEL
la sitara, un pour le bahoolinon violon, un poul-
ie mrdunga (instrument de percussion, servant
à l'accompaf^neinent), trois professeurs de chant,
et un de tiiéorie rnusicnle. L'établisserncnt était
fréquenté alors par soixante élèves, qui y rece-
vaient l'instruction musicale moyennant une
rétribulion d'une roupie par mois. Les priv dé-
cernés à ces élèves à la lin de l'année scolaire
consistent, comme en Europe, en instruments
et en livres d'éludé. Des témoignages très-éio-
gicu\ d'Européens, qui paraissent versés dans la
connaissance des choses de la musique, mon-
trent l'École de musique de Calcutta en pleine
voie de prospérité.
Ce ne serait pas assez dire que de donner au
rajah de Tagore la qualification de dilettante.
Théoricien, compositeur et poète, il a fait de
l'art une élude approfondie, et on lui doit, entre
autres, les publications suivantes : 1° Sangita-
5dra-Son^/'rt/ia5 (littéralement : Musicx essen-
tise colledio), Calcutta, 1875, ouvrage qui, si
l'on s'en rapporte au titre et à la table des ma-
tières, paraît une coinfiilation d'anciens traités
de musique, publiée et annotée par le savant
rajah; il est divisé en six parties, dont la pre-
mière traite des sons {ndda-adht/àijas], la se-
conde, des modes {râga-adhyâyos), la troisième,
de l'enchaînement drs sons et des rhythines,
c est-à-dire de la composition {prabandlia-ad-
/i^dyas), la quatrième, des instruments {vâdya-
adhyàijas), la cinquième, de la mesure {tâla-
adhyâijas), enfin, la sixième et. dernière, de la
danse {nrtya-adhyâgas) ; 2" Victoria-Giiikà
(Calcutta, 187.5, in-S"), recueil de 118 chants
sanscrits, relatifs aux faits principaux de l'his-
toire d'Angleterre depuis la conquête normande
jusqu'à ré|)oque actuelle, dont la poésie et la
musique sont du rajah de ïagore (avec une
transcription en langue musicale européenne ac-
compagnant la notation hindoue); 3" 50 Chants
sanscrits (quatrains et distiques) en l'honneur
du prince de Galles, poésie et musique du rajah
de Tagore.
Le rajah Sourindro, quia fait don au musée
du Conservatoire de Bruxelles d'une collection
complète des instruments de musique hindous,
et à l'Académie royale de Belgique de toute une
série de publications et d'ouvrages relatifs à la
musique imlienne, est membre associé de l'Aca-
démie de Sainte-Cécile de Rome.
* SOW IfMSKI (Albert), pianiste polonais,
compositeur distingué et écrivain musical, est
mort à Paris, le 5 mars 1880.
SOVKK-VVILLEMET (H -F ), bi-
bliotliécaire en chef et conservateur du cabinet
d'histoire naturelle de la ville de Nancy, a inséré
des sciences, lettres et arts de Nancy, un tra-
vail ainsi intitulé : Observations sur la gamine
en 183r., dans les Mémoires de la Société royale
mineure. Il a été fait un tirage à part de
cet écrit (Nancy, Thomas, 1837, in -S» de 17
pp.).
SOZZf (Liiioi), compositeur italien, est l'au-
teur d'un opéra semi-sérieux, le Memorie del
Diavoto, dont le livret était imité de la pièce
française du même titre, et qui a été représenté
à Milan, au théâtre Carcano, dans le cours du
mois de décembre 1864. I^e C"" octobre 1879, le
même artiste, ou un artiste du même nom, don-
nait an théâtre de Lecco un autre opéra intitulé
Adelina.
* SPAETH (André), compositeur, ancien
maître de chapelle de la cour de Saxe-Cohourg,
est mort à Gotha au mois de mai 1876. Cet
artiste était né à Rossach (et non Kosvich).
SPARK (William), organiste anglais,
docteur en musique, est, je crois, fixé à Leeds.
M. Spark, qui est un artiste distingué, est le
directeur d'une publication intéressante, the
Organïst's Qnarterly Journal of original co)i,-
positions, dans laquelle il fait connaître des
œuvres originales des principaux organistes an-
glais ou étrangers. Entre autres publications faites
par M. Spark, je citerai aussi un recueil de
Vingt Marches célèbres, arrangées pour l'orgue,
avec pédale obligée.
SPEIDEL (Wiluf.lm), compositeur allemand
distingué, est né à Ulm le 3 septembre 1826. Son
père, excellent chanteur, lui apprit les éléments
de la musique, après quoi il fut envoyé à Mu-
nich pour s'y perfectionner sons la direction des
deux frères Ignace et Franz Lachner. En 1832 il
faisait à Leipzig, avec un très-grand succès, ses
débuts comme virtuose pianiste, et un peu plus
tard il faisait la connaissance de Schumann,
dont il subit vivement l'influence. En 1854 il ob-
tint un emploi de directeur de musique à Ulm,
mais lors de la fondation du Conservatoire de
Stultgard il y fut appelé comme professeur, et
conserva ces fonctions jusqu'à l'année 1874, épo-
qiie où il fonda lui-môme, dans cette ville, un
institut musical qui comi»le aujourd'hui plus
de cent élèves.
Directeur du Mânnergesangvercin de Stiitt-
gard, M. Speidel a public environ 60 compo-
sitions, parmi lesquelles on cite sa belle mu-
sique pour la tragédie d'ŒhlenschIager, le Roi
de Helge, des trios, des quatuors, des sonates,
beaucoup de pièces de piano, et une quantité
d'excellents chœurs pour voix d'hommes.
M. Speidel a fait aussi une édition des sonates
d'Haydn et des œuvres de piano de Mendelssohn,
SPEIDEL — SPITTA
535
et, avec M. Singer, une édition des sonates pour
piano et violon de Mozart. J. B.
SPEIDKL (Louis), écrivain et critique mu-
sical autriciiien distingué, frère du précédent,
est né à Ulm le 11 avril 1830. Il apprit la mu-
sique de son père et de son frère, et après avoir
terminé sesétudes philosophiques à l'Université
de Munich, il devint collaborateur de la Gazette
générale d'Augshourg. En 1853, il se fixa à
Vienne comme correspondant de ce journal, et
bientôt fut chargé en cette ville du feuilleton de
la Presse. Lors de la création de la Nouvelle
Presse libre., il fut appelé à y écrire le feuilleton
littéraire et théàlral, qu'il a conservé jusqu'à ce
jour et où il a déployé un rare talent; cela ne l'a
pas empêché de prendre part, en ([ualité de cri-
tique musical, à la rédaction du fameux journal
Fremdenblatt, où ses articles sont recherchés
et lus avec avidité. Dans les articles que
M. Speidel écrit pour celle feuille importante,
il relate de la façon la plus piquante tous les
événements delà vie musicale de Vienne; ses cri-
tiques sont courtes, mais justes, remplies de sail-
lies mordantes, et étincelantes d'esprit.
M. Speidel est un des adversaires les plus
acharnés de M. Richard Wagner; ses analyses
des dernières œuvres de ce maître sont de véri-
tables modèles d'une polémique énergique, d'une
critique vigoureuse en même temps que spiri-
tuelle, et restant toujours dans les limites des
plus strictes convenances. L'écrivain possède
d'ailleurs de vastes connaissances musicales, et
une instruction aussi solide et variée que pro-
fonde et étendue; son style est irréprochable, et
il est certainement l'un des critiques les plus
considérés et les plus considérables de Vienne.
Les convictions artistiques de M. Speidel ne
sont d'ailleurs jamais influencées par qui ou par
quoi que ce soit, et l'indépendance avec laquelle
il exprime franchement et ouvertement son opi-
nion donne à tout ce qui sort de .sa plume une
énorme importance. J. B.
"SPEIER (Wilhelm), violoniste et compo-
siteur, est mort à Francfort-s\ir-le-Mein le 5 avril
1878.
SPEIVCEIl (Charles-Child), pianiste et
professeur anglais, est l'auteur d'un manuel qu'il
a publié sous ce titre et dont il n'a pas été fait
moins de huit éditions : Music, a rudtrnentary
and practical ireatise on {Traité élémentaire
et pratique de la musique, avec de nombreux
exemples), Londres, Lockwood. Cet artiste a
publié enmre le traité suivant : the Pianofortc,
the rudiments of the art of playing [le Piano,
éléments de l'art de Vexécutant], Londres,
Lockwood, in-t2.
*SPEll A1>ZA" (Giovanni-Antonîo), composi-
teur dramatique italien de la première moitié du
dix-neuvième siècle, est mort fou, à Milan,
en 1850. Francesco Regli, au Dizionario bio-
grafico duquel j'emprunte ce renseignement, dit
qu'il était alors âgé de trente-huit ans, ce qui re-
porterait la date de sa naissance à 1812, et non
à 1816. A la liste des partitions de cet artiste,
il faut ajouter deux opéras bouffes, l'Allogio mi'
lilare, et Java. Selon Rfgli, Speranza aurait fait
son début dans la carrière, non à Naples avec
Gianni di Parigi,mA\?, à Turin, avec « Due f?'-
garo. Ce biographe est évidemment dans l'erreur,
car l'ouvrage intitulé i Due Figaro ne fut pas
joué d'origine à Turin, comme il le dit, ni à
Naples en 1838, comme l'a dit la Biographie
universelle des Musiciens, mais sur le théâ-
tre ducal de Parme, le 20 avril 1840. Speranza
était né à Mantoue.
SPETIll]>iO (Francesco), jeune composi-
teur italien, élève du Conservatoire de Palerme
et de M. Platania, directeur de cet établisse-
ment, a fait représenter sur le petit théâtre du
Conservatoire, par ses condisciples, au mois de
novembre 1876, un opéra sérieux en trois actes
intitulé Filippo If. Les journaux locaux ont
adressé de grands éloges à cet ouvrage, dont le
succès paraît en effet avoir été exceptionnel, car
il n'a pas été joué moins de huit (ois.
SPIG.V (L ), musicien italien, a écrit la
musique d'il Barbiere e l'Avaro, opéra bouffe
qui a été représenté à Parme au mois de fé-
vrier 1876. Le même arliste est l'auteur d'une
méthode de chant qu'il a publiée sous ce titre :
Brève Guida per l'allievo di canto, con 32
eserciztpel vocalizzo. Milan, Lucca, in-8°.
*SPIiXI)LEll (Fritz), pianiste et composi-
teur allemand, n'a cessé de produire depuis plus
de trente-cinq ans, de telle sorte que le nombre
(le ses œuvres publiées dépasse aujourd'hui le
chiffre de 300, comprenant un bien plus grand
nombre de morceaux, car il est tel recueil de
M. Spindler qui en contient quatre, cinq, six et
mémedavantage. Parmi ces recueils, je signalerai,
entre autres, les suivants : Studienblxlter, op.
245; Im Wald und auf der Haide, 10 pièces
de caractère, op. 258 ; Libellules, 6 airs de
danse, op. 294 ; 6 sonates brillantes à quatre
mains, op. 296 ; Musikalische Gedenkblxtter,
4 morceaux à 2 mains, op. 299; Waldlieder,
6 morceaux, op. 300 ; Kornblumen, 5 morceaux,
op. 304 ; etc. Puis, une quantité innombrable de
pièces détachées de toute forme et de tout genre.
J'ignore quelle est la valeur de toute cette mu-
sique.
SPITTA (Emmanuel-Philippe), écrivain mu-
536
SPITTA — SPONTINI
sical allemand dislingué, actuellement professeur
d'histoire de la musique à l'École musicale de
Berlin, est né à Leipzig le 27 décembre 1841.
M. Spitla s'est acquis une grande renommée par
sa biographie du célèbre Jean-Sébastien Bach,
dont le premier volume seul a paru à Leipzig,
chez les éditeurs Breitlioptet Ikertel, et dont le
second et dernier est en ce moment sous presse
(1879). Cet ouvrage, aussi remarquable par l'a-
bondance des renseignements que par la solidité
du style, est utile non-seulement par les détails
pleins d'intérêt qu'il donne sur le grand Bach,
mais aussi par les faits qu'il révèle sur les grands
artistes qui l'ont précédé, tels que Buxtehude,
Wachelbel, etc.
J. B.
•SPITZEDEIl-VIO (M™-^ Bettï), canla-
trice dramatique allemande, est morte à Munich
au mois de décembre 1872.
SPOETH (Jean-Adam), constructeur d'or-
gues allemand fort habile, qui vivait dans la se-
conde moitié du dix-huitième siècle, est l'auteur
du bel orgue de la cathédrale de Ratisbonne.
qui date de cette époque.
*SPOHR (Louis), violoniste célèbre et com-
positeur. — Les ouvrages suivants ont été pu-
bliés sur cet artiste illustre : Louis Spohr's
Selbslbiographie {Autobiographie de Louis
Spohr), Cassel, Wigand, 1860-1861, 2 vol. in-8°,
avec portrait et fac-similé; Louis Spohr, sein
leben und u-irken, dargestellt von seinem
Schiller Alexander Malibran {Louis Spohr, sa
vie et ses œuvres, par son élève Alexandre
Malibran), Francfort-sur-le-Meiii, Sauerlander,
1860, in-8» avec portrait(l). Grabrede,gehaUen
bei der feierlichen Beisetzung des verewigten
General-Musikdireciors und Hof-Kapell-
meisters Dr Louis Spohr am 25 october 1859,
von L. Jatho {Discours funèbre prononcé sur
la tombe de Louis Spohr, etc., par L. Jatho),
Cassel, Wigand, une 1/2 feuille in-8'. — La Stid-
deutsche Mxisihzeiiung {Gazette musicale du
sud de l'Allemagne) a donné, vers 1860, une
série de quatorze articles intitulés : Esqiiisses
de la vie de Louis Spohr d'après son Auto-
biographie. En 1860 et 1861, la Revue et
Gazette musicale de Paris a extrait et traduit
divers épisodes du môme ouvrage.
* SPOIXTIIXI (Loi is-Gaspaud- Pacifique). —
Le centième anniversaire de la naissance du
grand compositeur a été célébré deux fois à Ma-
jolati, son village natal, d'abord à sa vraie date
(1) Alexandre Malibran (f-'o^. cenom|, violoniste, chef
(l'orchestre et écrivain musical français, avait longtemps
liabllC- l'Allemagne.
(septembre 1874) d'une façon un peu mes-
quine, puis un an|)lus tard avec plus d'éclat. Ce
petit bourg s'était piqué d'honneur et s'était
efforcé, avec son peu de ressources, d'honorer
dignement la mémoire du maître illustre à la
générosité du([uel il doit la fondation d'un bel
hospice de vieillards. Nombre de villes étaient
ofiicielleiuent représentées à cette fête, dont le
programme musical .se bornait à un hymne de
circonstance composé par le maestro Emilio
Stacchini, de Jesi, et chanté en plein air, devant
l'hospice, par quatre-vingts voix : quarante en-
fants et autant d'hommes. Discours, tombola,
feux d'artifice, etc., aidaient à remplir la journée.
Quelques jours après, la ville de Jesi , voisine
de Majolati, célébrait aussi ce centenaire, par de
belles représentations de la Vestale. Cette re-
prise attira en cette ville beaucoup d'étrangers,
désireux d'entendre le chef-d'œuvre de Spontini
très-bien exécuté par M"^ Wanda Miller, une
excellente Julia, par M'"* BarlaniDini, par le
ténor Tasca De-Capellio, le baryton Sparapani
et la basse Miller.
Il y a plusieurs corrections à faire aux bio-
graphies de Spontini les plus répandues jusqu'à
ce jour, notamment pour la période qui s'étend
depuis son arrivée à Paris ju.squ'à la représen-
tation de la Vestale. Ces années d'essais et de
revers sont souvent les plus intéressantes à con-
naître dans la carrière des grands compositeurs,
mais elles .sont aussi les moins connues parce que
les premiers biographes s'occupent toujours des
années les plus glorieuses, pour lesquelles les
preuves et témoignages sont beaucoup plus fa-
ciles à réunir : de là quelques erreurs que je
relèverai par ordre de date en suivant simple-
ment l'étude sur les Commencements de Spon-
tini (1774-1807), que je publiai à la Chronique
musicale, en octobre 1875, à l'occasion du
centenaire du grand compositeur.
Voici d'abord l'ordre exact et la date précise
des ouvrages écrits par Spontini pour l'Opéra-
Comique de Paris : Z« Petite Maison, 12 mai
1804; Milton, 27 novembre 180 i ; Julie ou le
Pot de fleurs, 12 mars 1805. Julie est bien
postérieure d'un an à Milton, et n'offre même
pas l'intérêt qu'on lui attribue parfois de faire
connaître le point de départ de Spontini, et,
les partitions qu'il écrivit en Italie taisant dé-
faut, (l'accuser la prodigieuse transformation
qui s'opéra tout à coup dwns ses facultés. On
a dit, en effet, que cette pièce avait été jouée
d'abord un an plus tôt, à la fin de mars 1804,
et que l'insuccès avait déci<lé Spontini à retirer
sa partition pour y faire des changements. Julie
serait ainsi le premier ouvrage français de Spon-
SPONTINI
SPONTONE
337
tini, au lieu de la Petite Maison, et cette re-
présentation, en mars 1805, ne serait qu'une
reprise. C'est là une erreur : il suffit, en effet,
de suivre les spectacles de chaque jour donnés
par les journaux <lu temps, pour s'assurer que
Julie n'avait |)as été jouée, même une fois, en
mars 1804, et que la première représentation
date seulement de mars 1805. On peut trouver
l'explication de l'erreur dans ce fait que la
musique, composée d'abord par Fay, avait é(é,
comme le dit Geoffroy dans ses feuilletons des
Débats, jugée inexécutable par les comédiens
et remplacée par celle de Spontini.
Il me paraît également certain que Spontini
ne donna pas d'oratorio de sa composition aux
concerts spirituels de l'Opéra- Italien, et par con-
séquent que la cabale qui aurait empêché cette
exécution d'aller jusqu'à la tin est tout imagi-
naire. D'après les circonstances si précises qu'on
rapporte, cette scène scandaleuse n'a pu avoir lieu
que pendant les jours saints de 1806 ou de 1807,
puisqu'elle fut provoquée par ce fait que la
Vestale était en pleines répétitions; or en
1805 on ne s'en occupait pas encore, et en 1808
toute cabale avait désarmé devant l'éclatant
succès du nouvel opéra. Les journaux du temps
nous ont transmis les programmes des concerts
spirituels des années 1806 et 7, programmes qu'ils
inséraient la veille ou le matin même en insis-
tant sur l'œuvre ou l'artiste qui devait former
le principal attrait du concert : il est donc hors
de doute qu'ils n'auraient pas manqué d'ap-
puyer sur une uuuvre religieuse du compositeur
dont tout le monde musical se préoccupait
si fort. Il n'en est rien. En 1806, la troupe ita-
lienne qui donnait des représentations au Théâtre
de l'Impératrice, situé rue de Louvois, n'organisa
qu'un concert spirituel , pour le mercredi de la
semaine sainte, et y fit entendre le Stabat Mater
d'Haydn. En 1807, l'année précisée par Fétis, il
y eut trois concerts : les deux premiers (jeudi
et vendredi saints, 26 et 27 mars) étaient com-
posés « des plus beaux morceaux des oratorios
du célèbre Gnglielmi, Sisara e Debora et
Giudite e Olo/erno » ; le troisième et dernier
eut lieu le samedi, et M. Casimir y exécuta
brillamment plusieurs morceaux sur la harpe.
Mais nul indice de Spontini ni d'oratorio de sa
façon, avant ni après aucun concert.
Il est aussi avéré que, malgré la protection
active de l'impératrice. Napoléon non-seule-
ment ne soutint pas Spontini et ses collaborateurs,
mais qu'il méconnut même leurs droits acquis,
d'abord pour faire jouer l'opéra apol03éli(|ue
du Triomphe de Jrajan, puis la Mort d'Adam,
l'opéra de Lesueur, dont il appréciait particuliè-
rement la musique froide et majestueuse. Oii
donc de Lornénie, Raoul-Rochette et Castil-
Blaze, se copiant à la file, ont-ils pris l'anec-
dote d'après laquelle ce serait précisément
l'empereur qui aurait protégé Spontini en em-
pêchant la Vestale de succomber sous les
intrigues des envieux ? La scène qu'ils préten-
dent s'être passée à un concert des Tuileries
n'est que roman l'outre que l'empereur, qui n'ai-
mait aucunement la musique, était incapable
de développer sa pensée comme on le rapporte
sur une oeuvre musicale quelconque, la sup-
plique à lui adressée par Jouy et Spontini et les
pièces des archives de l'Opéra prouvent en
toute évidence qu'il n'appuya jamais l'opéra de
Spontini, et que, bien au contraire, il le rejeta
toujours au second rang, d'abord après le
Triomphe de Trajan, puis après la Mort
d'Adam. Cette dernière décision aurait peut-
être été un arrêt de mort pour le chef-d'œuvre
de Spontini, si un bienheureux hasard n'avait fait
que la partition de Lesueur ne se trouva pas
prête au moment précis où il fallait la livrer au
copiste. Spontini sut assez bien profiter de ce
coup de fortune pour reconquérir son tour de
représentation; la Mort d'Adam fut reculée
de plus d'un an, et la Vestale, d'abord annoncée
pour le vendredi 11 décembre, fut définitivement
exécutée le mardi 15 décembre 1807 (1).
Ad. J — N.
* SPONTONE (Bartolomeo), musicien ita-
lien du seizième siècle, vivait non à Venise, mais
à Bologne, où il occupait les fondions de maître
de chapelle de la collégiale de San-Petronio.
Homme distingué, musicien éminent, aussi ap-
précié pour son remarquable talent que pour
ses qualités morales et sa haute valeur person-
nelle, cet artiste occupait une grande situation,
et sa renommée était grande non-seulement à
Bologne, mais dans toute l'Italie. Il avait com-
mencé l'étude du contre-point à Bologne, avec
le vieux maître de chapelle Nicole Manlovani ,
et avait continué ses études à Rome, d'abord
avec Jacques de Ponte, puis avec le célèbre
Morales. Né à Bologne vers 1529, comme l'éta-
(1) Oeiix publicalions ont été faites ;'i l'occasion des
fêtes célébrées à Majolati et à Jesi pour le centennire
(le Spontini : 1° Fita di Catpare Spontini, par Alcibiade
Moretti, Imola, 1875, petit Jii-S» de 36 pp.; 2» hicordo del
primo centenario di Spontini, .lesi, in-8. Il faut citer
aussi une 1 ublication allemanile faite sur ce grand ar-
tiste : Spontini in Dcustchland, etc. (Spontini en Alle-
magne, ou Appréciation impartiale de ses procédés
pendant tes dix dernières années de son séjour en ce
pai/s), Leipzisr, Sieinacker et Harlknoch, I83O, in-8°. La
veuve de Spontini, qui était la fille de Séb.islien Erard et
la sœur de l'Ierre Érard, est morte à Passy (l'aris), le 30
septembre 1878. — \.P.
538
SPONTONE — SQUARCIALUPl
blil (l'une façon très-probable M. Gaspari dans
ses Memorie risguurdanti la sloria delV arte
nmsicnle in Bologna ni XVI sexolo, il retourna
dans sa ville natale après avoir terminé son
éducation à Rome, et commença modestement
sa carrière en entrant comme chantre à la l)a-
siiique de San-Petronio, en 1551. U abandonna
cet emploi l'année suivante, et ce n'est que
vingt-cinq ans plus tard, en 1577, qu'il rentra
dans cette église en qualité de maître de cha-
pelle, avec un traitement de vingt lires par mois.
Ce traitement était mince, mais le chapitre était
si satisfait des services de Spontone, qu'il l'aug-
mentait spontanément par des gratifications et
des libéralités qui n'étaient pas habituelles. Tou-
tefois, et en raison du mauvais élal de sa santé,
Spontone ne conserva ces fonctions que pen-
dant six ans, jusqu'au mois de juin 1533; on
le retrouve en 1588 à Vérone, où il occupe celles
de maître de musique de la cathédrale. On ignore
l'époque de la mort de ce grand artiste.
Voici la liste des œuvi-es de Bartolomeo Spon-
tone : 1° il Primo libro di mndngali a 4 voci ,
Venise, Scoto, 1558 ; 2' il Seconda libro de ma-
drigali aàvoci,con tina canzone, Venise, Gar-
dano, 1567;3° Libro (erzo de madrigali a i>
voci, Venise, Gardano, 158:i; 4" Missarum
quinis, senis et octonis vocibus, liber priinus,
Venise, 1588. On trouve aussi des compositions
de cet artiste dans les recueils suivants, qui doi-
vent être ajoutés à ceu\ qui ont été signalés dans
la Biographie iiniverselle des Musiciens :
1° Di Cipriano de Rorc il quinto libro di
madrigali a 5 voci, insieme alcuni de dii^ersi,
Venise, Gardano, 1568; — 2° i Dolci Frutii
primo libro de vnghi et diletteooli madrigali
di diversi ecceUentissimi auftori , Venise,
Scolto, 1570; — 3° Mnsica di XIII autori il-
lustri, a 5 voci, Venise, Gardano, 1576; —4° il
Primo Flore délia Ghirlandn musicale, n 5
Toci... di diversi ecceUentissimi musici, Ve-
nise, Scotto, 1577; — 5" il Lauro secco, libro
primo di madrigali a 5 voci di diversi au-
tori, Ferrare, Baldini, 1582; — 6° il Gatidio,
primo libro de madrigali de diversi eccelleu-
tissi7niviusici,a^ ?ocJ, Venise, Scotto, 1586; —
7° Spoglia amorosa , viadrigali a 5 voci de
diversi ecceUentissimi musici, Venise, Gar-
dano, 1592.
Bartolomeo Spontone eut un frère, Ales-
sandro Spontone, qui fut son élève et qui devint
un musicien pratique hahili'. On ne dit pas qu'il
se soit livré à la composition.
SPOUCK (I-e comte RrnoLi'HE), compositeur
alleman 1 contemporain, est l'auteur d'un opéra
romantique, das Mixenm^'de/ien [l'Ondine) ,
qui a été représenté avec succès au Landes-
théâtre de Prague, au mois de février 1877.
* wSI»OLimi(Vi;NCESLAs). — Cet artiste, qui
prenait siur ses compositions le titre de « com-
positeur de S. A. ^W le prince de Carignan »,
a publié les œuvres suivantes : 6 Sonates en
duo pour deux violoncelles; Sonates pour le
violoncelle, op, 'i, 12, 13 et 14 (Paris, Leclerc).
.Te ne connais pas ses autres productions.
*S(J>LAKCIALL1»I ou SCHÎ^^AKCIA-
LUPI (Antoine). — M. Fétis, dans sa Biogra-
phie universelle (2"" édition), assure que ce musi-
cien célèbre était organiste au service de Laurent
lie Médicis, dit il Magni/ico- cette asseition
n'est pas exacte, puisque Squarciahipi, issu de
famille noble ayant juridiction féodale sur plu-
sieurs cliâteau\ du Val-d'Elsa, n'était jtas par
conséquent aux gages d'un Médicis, mais comj)-
tait au nombre des amis personnels de ce der-
nier, dont il soutint la fiimille au milieu des
troubles qui désolèrent à cette époque la répu-
blique florentine. Du reste, cette rectification a
peu d'importance , mais nous fournit l'occasion
de consigner ici les noms de quelques anciens
maîtres auxquels nous ne saurions assigner une
place mieux appropriée dans le cours de cet ou-
vrage.
Le manuscrit ayant appartenu à Squarcialupi,
et dont parle M. Fétis , existe à la bibliothèque
Latirenziana de ¥\ovence (c.lxxxvii); il ren-
ferme des compositions de plusieurs anciens
maîtres dont les noms suivent : Giovanni da
Cascia da Firenze, Vincenzo abale Riminese,
Lorenzo da Firenze, Xiccolo Preposto Peru-
gino, Fr. Bartolino da Padova, Francesco
Cicco (Landino) da Firenze, Frate Egidio e
Frate Guglielmo, Agostiniani Francesi Zac-
caria, cantore Pontificio, Andréa da Firenze.
organista. Il y a, en outre, dans le même ma-
nuscrit, les titres de deux autres chansons de
Paolo abate, et de Messer Giovanni da Fi-
renze, organista, dont cependant la musique
n'a pas été notée.
Le savant chanoine Bandini affirme, dans son
catalogue illustré de la bibliothèque Lauren-
ziana, que tous ces musiciens, sauf Landino,
sont entièrement inconnus. Nous croyons que
Bandini était dans le vrai en émettint cette
assertion : en effet, toutes nos recherches pour
trouver quelques renseignements sur leur
compte ne nous ont fourni que la date, d'ailleurs
incertaine, de la mort de Giovanni da Firenze
{Voy. ce nom). Ce qui nous semble pouvoir être
assuré, c'est qu'ils ont dû fleurir du quatorzième
siècle à la moitié du quinzième, et qu'ils ont dû
jouir d'une belle réputation à leur époque, en se
SQUARCIALUPI — STAHL
539
basant sur ce fait qu'un musicien distingué comme
Squaicialupi s'était donné la peine de recueillir
leurs coinposilions, et de les faire copier sur
un livre magnifique de parchemin, enluminé
et enrichi des portraits de tous ces maîtres
placés en téie de leurs compositions respectives.
L.-F. G.
SREZI^EWSKI ou SREZINKFSKI
( ), est l'auteur d'un ouvrage sur les chants
populaires des Zaporogues,^ intitulé : Zaporoz-
kaia Starina (Charkow, 1830-1838).
* STARILE (François), compositeur ita-
lien, naquit à Polenza en 1804, et lit ses étu-
des musicales au Conservatoire de Naples, oîi il
fut l'élève de Salini pour le solfège, d'Elia pour
le piano, enfin de Furno et de Zingarelli pour
l'harmonie, le contre-point et la composition.
Après avoir écrit, pour le petit théâtre du Con-
servatoire, une opérette comique intitulée lo
Sposo al lotlo (1826), il quitta cet établissement
en 1828 et se livra à l'enseignement du chant et
du piano. En 183G, il faisait représenter au théâ-
tre San-Carlo un opéra sérieux, l'almiia, qui
péchait par l'invention mélodique, mais qui ce-
pendant fut assez bien accueilli. Un peu plus
lard, il retourna à Potenza, sa ville natale, où
il mourut en 1856. On connaît de cet artiste,
resté obscur, une messe et quelques autres com-
positions religieuses.
STACCHINI ( ), compositeur italien,
est l'auteur de la musique d'un hymne en l'hon-
neur de Spontini, qui fut exécuté en 1875 à Ma-
jolafi, lors des fêtes célébrées à l'occasion flu
centenaire du grand artiste.
STAES (Guill.\ume), organiste et claveci-
niste belge fort distingué, fut nommé, vers
1750, organiste de la chapelle royale de Bruxel-
les. On suppose que c'est en 1780 que son
fils, dont il fut le maître, lui succéda dans cet
emploi, et cette époque fut peut-être celle de
sa mort. On ne parait connaître aucune com-
position de cet artiste, dont le talent était des
plus remarquables.
* STAES (Ferdinand-Philippe-Joseph), or-
ganiste et claveciniste, fils du précédent, fut
aussi son élève, et, comme on vient de le voir,
lui succéda dans les fonctions d'organiste de la
chapelle royale de Bruxelles. A la liste de ses
œuvres, il faut ajouter un cinquième livre de 3
Sonates pour clavecin ou piano, avec violon et
violoncelle (Bruxelles, Vanypen), et un recueil
intitulé Idées de campagne pour clavecin ou
piano, avec accompagnement d'un violon, vio-
loncelle et 2 cors, op. 7 (id., id.).
* STAFFA (Le baron Joseph), dilettante
napolitain, avait fait de bonnes études musicale.s
d'abord avec Francesco Ruggi, puis avec Gia-
como Tritto. Possesseur d'une fortune qui lui
assurait l'indépendance, il ne cultiva l'art qu'en
amateur, mais en amateur pratiquant et actif,
comme compositeur d'abord, ensuite comme
l)rofesseur. Il se livra fort jeune à la composi-
tion dramatique, et fit représenter les ouvrages
suivants : 1" Priamo alla tenda di Achille,
Naples, théâtre San-Carlo, 19 novendjre 1828;
V Francesca da Rimini, id.,id., 12 mars 1831 ;
3" un Malrimonioper ragione, 2 actes, Naples,
théâtre du Fondo, 1835; 4° la Batlaglia di
A'flyomno, Naples, théâtre San-Carlo, 25 février
1837; 5° la Zingara, Naples, théâtre Nuovo,
1845; 6" ii M erciaiuolo ambulante, id., id.,
1846; 1° Alcesle, Naples, théâtre San-Carlo,
1851. L'insuccès obtenu par ce dernier ouvrage
décida l'auteur à ne plus aborder la scène. On
lui doit encore une messe pour orchestre et
chœurs, qui, exécutée au mois de novembre
1859 dans l'église de Santa-Maria la Nttova.
fut accueillie défavorablement et lui enleva de
même le désir <ie s'occuper davantage de musi-
que religieuse. Depuis lors il n'écrivit plus, dans
quelque genre que ce fût.
Fort instruit dans son art, connaissant toutes
les œuvres classiques allemandes, ami sincère
du progrès sans vouloir franchir les bornes que
lui assigne le sens commun musical, très-épris
des grandes compositions de Meyerbeer et de
celles de son compatriote Verdi, le baron Staffa,
doué de grandes facultés d'assimilation, ne pos-
sédait pas le génie de l'invention. Quoiqu'il fût,
dit-on, un théoricien fort distingué, il ne fut
jamais qu'un médiocre compositeur, et ne put
obtenir de succès véritables. Après avoir aban-
donné la carrière en tant que créateur, il prodi-
gua ses leçons et ses conseils aux jeunes artistes
qui venaient les lui demander, et sut se rendre
uiile en ouvrant la voie à ceux qui venaient
après lui. Il aimait d'ailleurs l'art avec une véri-
table passion, et le cultiva toujours avec amour.
Il a publié un Traité d'harmonie ainsi qu'un
Traité de composition, et a fondé à Naples un
journal intitulé la Musica, qui, je crois, n'a eu
qu'une courte existence. Pendant plusieurs
années, Slaffa dirigea l'orchestre du théâtre du
Fondo et du théâtre Nuovo. Cet homme distin-
gué, qui était né à Naples au mois de décembre
1807, mourut en cette ville le 18 mai 1877,
dans sa soixante-dixième année. Il était membre
et avait été président de la section musicale de
l'Académie des sciences, lettres et arts de Na-
ples.
STAHL (Nicolas), un des meilleurs facteurs
de pianos de Varsovie, mourut en 1850. Ses
540
STAHL — SÏARR
instruments étaient très-appréciés en Pologne, à
cause de leur solidité.
STAIi>iKU(JoiiN}, docteur en musique, théo-
ricien et écrivain musical auf^lais, s'est fait con-
naître par un assez grand nombre de publications
parmi lesquelles je signalerai les suivantes : 1 " (he
Music of (he Bible [la Musique de la Bible,
avec un aperçu du développement des instru-
ments de musique moderne, depuis les anciens
lypesjusqu'ànosjours),in-8";2''i4 Dictionaryof
musical tenns {Dictionnaire des termes de
musique), en société avec M. W. A. Barrett,
Londres, Novello, in-S"; A Treatise on har-
mony {Traité d'harmonie et classification des
accords, avec questions et exercices à l'usage
des élèves), Londres, Novello, ouvrage dont il
a été fait quatre éditions ; 4 " Christmas Carols
(Chants de Aoël, vieux et nouveaux), paroles
éditées par le Rév. Henry Ramsden Bramley»
musique éditée par John Stainer, id., id.; 5" the
School round book {Livre de rondes enfan-
tines), collection de 100 rondes, catches et ca-
nons, paroles éditées par le Rév. J. Povvell Met-
calfe, musique éditée par John Stainer, id., id.
M. Stainer a donné aussi une nouvelle édition,
avec additions, du Manuel de chant de Richard
Mann. Comme compositeur, on doit, entre autres
productions, à M. Stainer une cantate intitulée
the Dangter ofjairus, Magnificat et un Nune
dimittis, et un certain nombre de songs ou mé-
lodies vocales.
STAirVLEirV - SAALEIIVSTEI3f (Le
comte Lol'is-Charles-Georges-Cokneili.e DE),
amateur distingué de musique et compositeur, na-
quit en Flongrie le 3 juillet 1819, et mourut à
Angleur-lez-Liége le 22 novembre 1867. Fils d'un
diplomate, les services qu'il rendit dans la car-
rière militaire ne l'avaient pas empêché de se
livrer avec ardeur à l'étude de la musique. Il
acquit d'abord sur le violoncelle un talent re-
manjuable de virtuosité et d'expression, puis se
consacra à la composition, et sous ce rapport
obtint en Allemagne de vifs succès. Le comte
de Stainlein vint en 1.S57 à Paris, et y donna,
en compagnie de MM. Sivori, Casimir Ney, Van
Gelder et Ernst Luheck, quatre séances de mu-
sique de chambre dans lesquelles il lit apprécier
son habileté comme exécutant, tout en faisant
connaître plusieurs œuvres importantes de sa
composition •• deux quatuors pour instruments
à cordes (en sol mineur et en ut majeur), un
trio pour piano , violon et violoncelle, et une
sonate pour violoncelle et piano. Cet homme
distingué se fixa pbis tard en Belgique, où il
épousa une dame Nagelmackers, de Liège.
STALDER (DoMiNiQUE-XwiEu), musicien
du dix-huitième siècle, naquit à |Lucerne en
1725, et montra dès sa jeunesse de telles dis-
po.sitions pour la musique qu'il fut envoyé
en Italie, aux frais de la municipalité de sa
ville natale, pour y faire ses études. S'étant fixé
plus tard à Londres, il s'y vit très- recherché
comme professeur et y amassa une petite for-
tune, après quoi il (juitta l'Angleterre pour rem-
plir les fonctions de maître de chapelle du
prince de Monaco, et accepter ensuite un em-
ploi chez le prince de Condé. Ce fut alors qu'il
donna à Paris des concerts qui furent très-suivis.
Cependant il retourna dans sa patrie, devint
pendant quelque temps rector chori à Herr-
gottswaldt, puis organiste à Lucerne, et, jeune
encore, mourut en cette ville en 1765. Deux
motets manuscrits de cet artiste figurent dans
les archives des couvents d'Engelberg et d'Ein-
siedeln, un In exitu Israël et un In te Domine
speravi. Il a publié à Paris : T Sei Sinfonie
a due violini, alto-viola e basso; T Sei Trio
a due violini e basso; 3" Sei Sinfonie a quat-
tro parte, con corni.
* STAMATY (Camille-Marie), est mort à
Paris le 19 avril 1870. Cet artiste distingué
avait été nommé chevalier de la Légion d'hon-
neur le 16 août 1862.
STA]\rOIlD (Charles Villiers), composi-
teur anglais, ne m'est connu que par deux pro-
ductions importantes, exécutées à Londres en
ces dernières années. Lune est un trio en sol
majeur pour piano, violon et violoncelle; l'autre,
une symphonie à grand orchestre qui a obtenu
le second prix dans le concours de l'Alexandra
Palace, en 1876, 'et dont l'exécution a eu lieu
trois ans plus tard au Crystal Palace. Sans s'im-
poser par leur originalité, ces deux compositions
sont, dit-on, fort estimables, et dénotent un ar-
tiste instruit et expérimenté.
STAISISTREET (Henri-Dawson), pianiste,
organiste et compositeur anglais contemporain,
a fait ses études à la maîtrise de l'église cathé-
drale d'York, et s'est fait ensuite recevoir ba-
chelier, puis docteur en musique. Il est aujour-
d'hui organiste de l'église paroissiale de Bandon,
dans le comté de Cork. On connaît plusieurs
compositions importantes de cet artiste, entre
autres les psaumes 16 et 69.
STAIIK (IkiMi'iiRV-JoiiiN), pianiste, organiste
et compositeur anglais contemporain , membre
du collège des organistes, s'est fait recevoir
licencié en musique en 1874, et l'année suivante
a obtenu le grade de bachelier en musique à
riTniversifé d'Oxford. Aujourd'hui professeur
d'harmonie pour la classe des femmes au Tri-
nity- Collège de Londres, il remplit aussi les
SïARK — STAUDIGL
541
fonctions d'organiste et de chef de chœurs à
l'église de la Trinité. M. Stark est l'auteur de
diverses compositions religieuses : Service du
soir en ré, avec orchestre-, Fraise the Lord
{Gloire au Seigneur), antienne; motets, mor-
ceaux pour orgue, etc.
STAllK (Lidwig), musicien allemand con-
temporain, professeur au Conservatoire de Slutt-
gard, est l'auteur, en société avec un autre
professeur au même établissement, M. Sigismond
Lébert, d'une grande méthode de piano, dont
une traduction française, due à M. Victor
Wilder, a été publiée à Bruxelles, chez l'édi-
teur M. Schott, sous ce litre : École du pia-
niste, offrant un enseignement systématique
et gradué, depuis les notions les plus élé-
mentaires jusqu'au i études les plus élevées.
On connaît aussi de M. Ludwig Stark plusieurs
compositions, entre autres un quatuor pour ins-
truments à cordes, ainsi qu'un ouvrage intitulé
Neue phdharmonischc Bibliothfk.
STAIIRE (JoHANiNF.s) , compositeur alle-
mand, est l'auteur d'un opéra-comique en 3 actes,
die Fremden {les Étrangers), qm a été repré-
senté à Mannheim le 1*"" mai 1877.
STAS!>Y ( ), musicien allemand, a fait
représenter à Majence, au mois d'avril 1879,
un opéra intitulé les Deux Orfèvres.
STAL'DIGL (Joseph), l'un des plus célèbres
chanteurs allemands de ce siècle, naquit à Wol-
lersdorf, dans la basse Autriche, le 14 avril 1807.
Son père était chasseur dans ce petit village,
et l'enfant était destiné à devenir maître d'école.
Un instituteur du voi.sinage lui apprit, dès l'âge
de sept ans, à chanter et à jouer du violon, et
le 1^"' novembre 1816 11 fut admis comme en-
fant de chœur à Wiener-Neustadt; il y fit de
si grands progrès sous la direction du chef de
«hfpurs de l'endroit, Antoine Herzog, qu'il de-
vint soliste. Il commença l'élude du latin , et
apprit en même temps à dessiner, ne pouvant
faire de progrès sur le violon. L'architecte Koch,
à Wiener-Neustadt , à qui l'on avait fait re-
marquer son habileté pour le dessin, songeait
à le prendre pour élève, l'enfant étant obligé de
quitter sa place à cause de la mue de sa voix;
mais les parents du jeune Staudigl ne furent
pas de cet avis, et comme leurs modiques res-
sources ne leur permettaient pas de lui faire
faire ses études |)hilosophiques, ils exigèrent de
nouveau de leur (ils qu'il travaillât pour devenir
maître d'école.
A cette époque, le jeune homme reçut d'un de
ses anciens maîtres, prêtre à l'abbaye de
Zwettel, une lettre lui annonçant qu'il s'était
chargé detoutpourlui à Krems, et qu'il y pourrait
continuer ses études sans soucis. Il se rendit
donc à Krems le 2 novembre 1823, se perfec-
tionna dans l'étude du dessin, et, à Pâques de
l'année suivante, se voyant de nouveau dé-
pourvu des moyens nécessaires pour continuer
son éducation, entra comme novice à l'abbaye
de Molk , dépendant de l'ordre de Saint-Benoît.
Le 1" novembre suivant, il reçut l'habit de
l'ordre, prit un peu plus tard la direction de
l'école de dessin de l'abbaye, puis recommença
à s'occuper de l'étude du chant avec ardeur.
Cependant, ne se sentant aucun goftt pour
l'état ecclésiastique, il quitta l'ordre le 13 sep-
tembre 1827, et s'en fut droit à Vienne. Dénué
de toute ressource, il chercha d'abord à se faire
recevoir comme chanteur à la chapelle de la
cour, ce qu'il ne put obtenir, 'sa voix, lui di-
sait-on, n'élant pas as.sez exercée. A cette
époque;, le comte de Gallemberg recrutait des
artistes pour le Ihéàtre de l'Opéra de la cour,
et Staudigl fut engagé comme choriste à ce
théâtre le 1" septembre 1828. Dans l'impossi-
bilité de se créer les moyens nécessaires pour
étudier la médecine, comme il l'avait désiré,
il s'appliqua à perfectionner sa belle voix de
basse. Mais il eut à lutter pendant longtemps
avant de voir s'améliorer la situation subalterne
qu'il occupait au théâtre. Un jour pourtant,
une circonstance imprévue vint le mettre à
même de se produire avec avantage : l'artiste
qui jouait le rôle de Pietro dans la Muette de
Portici étant tombé subitement malade (17 oc-
tobre 1830), Staudigl fut chargé de le remplacer,
et le bonheur avec lequel il accomplit son début
fixa enfin son sort. Il fut engagé pour cinq
ans, avec de meilleurs appointements.
A partir de ce moment, Staudigl travailla le
chant avec une nouvelle énergie, se mit sous
la direction du célèbre Cicimara, qui lui apprit
les rôles de .son répertoire, et, devenu l'un des
favoris du public, ne cessa, jusqu'à l'année 1845,
d'obtenir les plus vifs succès au théâtre de la
cour. En 1841, il alla se faire entendre à Lon-
dres, enthousiasma les Anglais, et lorsqu'en 1843
il retourna en cette ville et y chanta en anglais,
la joie du public ne connut plus de bornes.
Lumley, directeur de l'opéra italien , l'engagea
pour la saison de 1846, et son succès ne fut
pas moins grand.
Au mois d'avril 1845, Staudigl avait quitté le
théâtre de la cour, pour passer, en qualité de
premier régisseur, au théâtre de la Wien, ofi
le directeur Pokar avait établi une troupe lyrique
pour faire concurrence à l'Opéra impérial. Stau-
digl chanta à ce théâtre avec Jenny Lind, qui
se faisait entendre à Vienne pour la première
542
STAUDIGL — STEFAN I
fois, et avec plusieurs autres artistes remar-
quables, tandis que Meyerbeer, Balle et Lorlzing
y (iirif^eaicnt eu personne l'exéciitioa de leurs
œuvres. C'étaient là des soirées brillantes et vé-
ritablement artistiques.
En 1848, Staudif^l retourna au théâtre de la
cour, mais en 1854 il en lut congédié par
M. Cornet, directeur, pour une raison injuste, et
le chagrin qu'il ressentit de ce fait fut la pre-
mière cause d'une maladie mentale qui se dé-
clara bienlôt chez Staudigl, et prit bientôt de
tels développements qu'en 1856 il fallut trans-
porter ,1e pauvre artiste dans une maison de
fous, à Diehliiig, près de Vienne. 11 ne quitta
plus cet élabli^sement, où il mourut , complè-
tement fou, le 28 mars 1861.
Staudigl avait des aptitudes universelles.
Exécutant fort habile sur l'orgue et sur le piano,
chanteur de premier ordre, dessinateur remar-
quable, il avait aussi du talent comme peintre,
composait de jolis lieder, et s'exerça avec bon-
heur dans la photographie ; enfin , il apprit,
sur la (in de sa vie, l'anglais de façon à le
parler avec élégance, et jouait Uès-bieu aux
échecs, ainsi qu'au billard. C'était un homme
aimable, rempli de cœur, et des plus distingués.
La ville de Vienne lui conféra le droit de bour-
geoisie et sa grande médaille d'or, le plus grand
honneur qu'elle puisse accorder.
Staudigl fut assurément l'un des plus grands
chanteurs de ce siècle. Sa voix de basse spleii-
dide avait une étendue de près de trois oc-
taves, l'égalité en était parfaite dans tous les
registres , l'intonation d'une justesse incompa-
rable, eniin l'étoffe eu était à la fois métallique
et veloutée, de façon à produire les effets les
plus merveilleux. Quant à l'habileté du chan-
teur, elle n'avait point d'égale : son goût était
parfait, son sentiment dramatique très-inlen<e,
son phrasé ma<;ni(ique, enlin sa respiration était
longue et habile, et il battait le trille avec une
précision, une justesse et une perfection éton-
nantes. Parmi les nombreux ouvrages qui com-
posaient le répertoire de Slaudigl, il faut sur-
tout citer la Fldlc oicluiiiléc, r Enlèvement
au sérail, freischutz. Don Juan, Moïse, les
Noces de Figaro, Hobert le Diable, les Hu-
guenots, la Juive, Martlia, etc. 11 chantait
aussi avec une grûce surprenante les ouvrages
légers d'Auber et de Boieldieu. Il ne brillait pas
moins comme chanteur d'oratorio et d'église
(il fut reçu à la cha|)elle de la cour en 1831),
et la simplicité sublime, pieuse, qu'il déployait
dans les oratorios de Ha^ndel et ih; Haydn, dans
l'exécution des messes, était incompaiable.
Enfin, comme chanteur de lieder, il atteignait
la perfection idéale, et touchait ses auditeurs
jusqu'aux larines.
Apiès la mort de Staudigl, on plaça sur la
maison où il était né, à Wollersdorf, une plaque
commémorative , et on lui éleva a Vienne un
monument magnifique, qui fut solennellement
inauguré en présence d'une foule d'artistes.
Le fils cadet de ce grand artiste, M. Joseph
Staudigl, né vers 1850, a embrassé la carrière
paternelle. Doué d'une belle voix de baryton, il a
fait ses études au Conservatoire de Vienne, et
il est engagé en ce moment (1879) au théâtre
de la cour, à Carlsruhe.
J. B.
STAUFFER (Théodore), musicien suisse,
occupait les fonctions de chef d'orchestre à Cons-
tance lorsqu'il fit représenter sur le théâtre de
Lucerne, ,dans le cours de l'année 1869, une
opérette intitulée les Touristes. Plus tard, le
même artiste écrivit les paroles et la musique
d'un opéra-comique en deux actes, Anyéla ou
la Vision, qui fut joué avec succès à Zurich,
au mois de décembre 1875.
STECHER (Hermann), musicien allemand,
est né à Gazen, près de Pegau, le 6 février 1835.
Dès l'âge de dix ans il jouait déjà de l'orgue, et
à douze ans, sans avoir encore reçu aucune ins-
truction théorique, il écrivait de petites compo-
sitions. Plus tard, il étudia le violon. De 1850
à 1854 il était au séminaire de Grimma. Depuis
1868, il est professeur de musique au séminaire
royal d'Annaberg. Cet artiste a publié une cin-
quantaine d'œuvres de divers genres, soit pour
l'orgue, soit pour le violon.
STEElXHLiIS ITjerko), organiste et com-
positeur néerlandais, né à Appingedam en 1840,
a fait ses études musicales au Conservaloire de
Leipzig, où il eut pourmaîtres Moschelcs, MiM. E.
Richtpr et Cari Reinecke. II devint ensuite, à
son retour dans sa patrie, organiste de la nou-
velle église de Groningue. Comme compositeur,
on lui doit, entre autres productions : Varia-
tions symphoniqiies, pour piano; Bloemen, 12
chants d'enfants à 3 voix; 2 lieder pour ba-
ryton ; Allegro de concert, pour piano et vio-
lon ; Nocturne, Scherzo, et divers autres mor-
ceaux de piano.
*STEFAI>II (Jean), violoniste et composi-
teur, mourut non en 1819, comme il a été dit
par suite d'une erreur typographique, mais le
23 février 1829.
STEFA I^I ( I)E),compositeur italien,
a fait représenter au théâtre Manzoni, de Milan,
le 1 'juillet 1874, un opéra intitulé Céleste. Un
musicien du même nom a publié, dans la même
ville, un certain nombre de fantaisies pour haut-
STEFANI — SÏEINKIJHLER
543
boisavec accompagnement de piano, écrites sur
des mol ifs d'opéras. Jignoie si c'est le même.
STEFFE]\OiAE (M™'' Bina), cantatrice dra-
matique distinguée, née à Turin en 1825, lit
son éducation inusicsie à Bologne, sous la di-
rection de Bertinotti, et débuta en 1842 à Ma-
cerata, où elle fut reçue avec une vive sympa-
thie. Elle se produisit ensuite à Modène, lloine,
Lucques, Turin, Vicence, Padoue, Venise, Flo-
rence, et parlout se vit accueillir avec le plus
franc succès. Sa bi'lle voix de soprano, étendue
et claire, comluite avec goût et aidée par un
rare sentiment dranialique, sa grande intelli-
gence de la scène, en avaient fait rapidement
une des artistes les plus aimées du public. En-
gagée au théâtre italien de Londres, elle s'y fit
surtout applaudir dans Ernani et dans le Nozze
di Figaro, et, après deux saisons passées en
cette ville, elle partit pour l'Ainériiiue, où ses
succès furent éclatants. Elle se (il entendre à
la Havane, à New- York, à Boston, à Fliiladel-
plùe, à Mexico, puis, au bout de sept ans, elle
revint en Europe et se produisit avec autant de
bonheur à Vienne. C'est de cette ville qu'elle
fut engagée au Théâtre-Italien de Paris, où elle
vint débuter en 1855, et où elle resta l'année
suivante. En 1859, M"" Steffenone retourne à
l'Opéra impérial de Vienne, en 1860 et 18G1 elle
fait deux nouvelles saisons au théâtre San-Carlo
de Naples, mais à partir de 1862 elle semble
renoncer à la carrière. A ce moment, en effet, on
perd complètement sa trace, et depuis cette épo-
que on n'en entend plus parler en aucime façon.
STEGGAL (Chaules), pianiste, organiste
et compositeur anglais contemporain, a accom-
pli ses études musicales à l'Académie royale de
musique de Londres, sous la direction de Slern-
dale Bennett. 11 s'est fait recevoir docteur en
musique en 1851, et est devenu, l'année sui-
vante, professeur d'orgue et d'harmonie à l'A-
cadémie royale de misiqne; à cette époque, il
remplissait les fonctions d'organiste à ia cha-
pelle du Christ, et depuis il a lempli le même
poste dans diverses églises. Connue composi-
teur, on doit à M. Steggal une Antienne de fê-
te pour voix et orchestre, une Cantate sacrée
pour voix et orchestre, le 33*^ Psaume, des Ou
vertures de concert, des services pour l'église,
des antiennes, etc., etc.
STEI.\ (.Jean Joseph), artisan français ha-
bile, s'est fait connaître comme facteur d'orgues.
i< Né à Besançon Ie23 avril 1809(dit le Manuel du
facteur d'orgues), il travailla d'abord dans l'é-
bénisterie; il entra ensuite dans les ateliers de
facture d'orgues en grand; et après une longue
pratique acquise dans cet art, comme ouvrier,
il se livra à de nombreuses études et lit de
grandes recherches pour arriver à construire un
orgue portatif et peu coûteux, 'qui, dans les églises
pauvres, et surtout celles de campagne, pût rem-
placer un grand orgue. Entin il parvint à pro-
duire un instrument à anches libres, dont les
résultats attirèrent l'attention de la Société d'en-
couragement pour l'industrie nationale, et il en
obtint un rapport très-honorable, imprimé dans
les Annales de celte société, 12 mai 1847, avec
deux planibes, chez M'"" V^^' Bouchard-Huzard,
rue de l'Éperon, n" 7. »
*STEIl^EI\ ou plutôt STAINER (Jac-
ques), fameux luthier tyrolien. — Un écrivain et
philosophe allemand, S. Ruf, a consacré à cet ha-
bile artiste une notice qu'il a publiée sous ce ti-
tre : le Fabricant de violons Jacob S/ainer.
STEIIVER ( ), musicien suisse du dix-
huilième siècle, vivait à Winterlbur, où il a pu-
blié les deux petits ouvrages suivants : 1" Ver-
misclile Lieder mil Melodien aufs Klavier ;
2" Gesànge mil Bajleiluug des Klaviers.
STEirMHAIlT (W ), compositeur alle-
mand, est l'auteur d'un opéra-comique intitulé
Héro et Léandre, qui a été représenté au mois
de mars 1868 sur le théâtre de Magdebourg. Cet
artiste était à celle époque mailre de chapelle
du roi de Wurtemberg.
ST£I]>KUIiLEU (Emile), pianiste, violo-
niste et compositeur, né à Dusseldorf le 12 mai
1824, commença l'étude de la musique dès l'âge
de quatre ans, et apprit de son père à jouer du
violon et du piano, il avait dix ans seulement
lorsqu'il se fit entendre pour la première fois,
sur ces deux instruments, au théâtre de Dussel-
dorf, et un peu plus lard dans les villes voi-
sines. 11 reçut des leçons de composition de
Mendeissohn, et il n'était encore âgé que de
seize ans lorsqu'il écrivit plusieurs morceaux de
|iiano et la musiiiue d'un petit opéra eu un acte,
die Alpenhiitle. L'année suivante, il se rendit à
Frandort, où il compta bientôt au nombre des
meilleurs pianistes, compléta en cette ville ses
études .sous la direction d'Aloys Sclimitt, puis,
en 1842, alla s'établir à Lille comme professeur.
Steinkuhler aurait sans doute terminé ses jours
à Lille, si les évéïiemenls politiques et militaires
de 1870 ne l'avaient obligé à quitlcr la France;
il alla fixer alors son .séjour à Gand, mais il y
mourut au bout de deux années, le 2t novembre
1872. Cet artiste a publié, tant en France qu'en
Allemagne, environ quatre-vingt-dix composi-
tions de divers genres, consistant en ouvertures
pour orchestre, trios pour piano et instruments
à cordes, sonates, études et morceaux de genre
pour le piano, romances, lieder, etc.
544
STEINWAY
STEi:\^VAY (Henri STEI.^VVEG dit),
fondateur et chef d'une des plus importantes
fabriques de pianos de l'Amériiiue, naquit le
15 février 1797 à Seesen, petite ville du duché
de Brunswick. Simple menuisier, il montra dès
sa plus tendre jeunesse un goût prononcé pour
la musique et surtout pour les instruments, et
il occupait ses moments de loisir à en construire
de diverses sortes, guitares, cithares, etc. Son
penchant le («oussa à se mettre en apprentissage
chez un facteur d'orgues de Goslar, et bientôt
il s'établissait pour son propre compte et com-
mençait à fabriquer des pianos. Mallieureuse-
raent pour lui, son petit pays offrait peu de res-
sources à son esprit entreprenant, et, lorsque ar-
riva 1848, les événements politiques qui trou-
blèrent si profondément l'Allemagne vinrent
ruiner son commerce encore peu Horissant. 11
porta alors ses regards au delà de l'Océan, et
envoya à New-York l'un de ses fils, Charles,
pour làter le terrain et voir si l'on ne pourrait
fonder en cette ville un établissement industriel.
Un an après, Steinway père émigrait pour l'A-
mérique avec ses trois autres fils, Wilhelm,
Henri et Albert, et chacun d'eux se plaçait chez
différents facteurs d'instruments. Enfin, en 1853,
Henri Sleinway fondait avec ses fils la fabrique
de pianos qui porte son nom. Deux anmes s'é-
taient à peine écoulées que ce nom devenait fa-
meux par toute l'Amérique, car la maison Stein-
way ayant envoyé à l'Exposition de i'indu.strie
(ie VAmericati Institiite un piano construit d'a-
près un système entièrement nouveau, ce piano
faisait décerner par le jury, à ses auteurs, le
premier prix consistant en une médaille d'or.
Dès lors la fabrication de la maison Steinway
prit une grande extension, et le chef de cette
maison entreprit de se faire connaître jusqu'en
Europe et d'y lutter avec les facteurs les plus
en renom, il envoya donc plusieurs instruments
à l'Exposition internationale de Londres (186'2),
où ils obtinrent un tel succès que l'unique ré-
compense de cette exposition leur fut décernée.
C'est alors que commença, en Amérique, une
lutte énergique entre la fabrique de MM. Stein-
way et celle de MM. Chickering (l'o^. ce nom),
lutte qui se prolongea jusque sur le continent
européen, surtout à l'occasion de l'Exposition
universelle de Paris de 1867, où les deux mai-
sons rivales se trouvèrent en présence, et ou
elles combattirent à l'aide de procédés qui n'é-
taient pas toujours du meilleiu- goi'it.
Dès le 20 décembre 1859, la maison Steinway
avait pris un brevet pour un système de piano
à queue qui faisait disparaître certains défauts
que l'on reprochait aux instruments américains.
Voici comment, dans les Rapports du jury in-
ternational de l'Exposition universelle de 1867,
Eétis, rapporteur de la classe 10, appréciait ce
système, ainsi que les produits exposés par la
maison Steinway :
•< Dans ce système, le cadre en fer reçut une
dispoiiition nouvelle pour le placement des cor-
des et des traverses. Le placement de ces cordes,
en forme d'éventail, fut adopté, en divisant leur
ensemble sur les divers chevalets de la table
d'harmonie. Dans le dessus du piano, on continua
de placer les cordes parallèlement à la direction
des marteaux, parce qu'il avait été reconnu, dans
le piano carré, que cette position des cordes pro-
duit des sons plus intenses dans cette partie de
l'instrument. Dans le médium, les cordes furent
tendues en forme d'éventail, de droite à gau-
che, autant que l'espace le permettait. Les cor-
des de la basse, filées sur acier, furent tendues
de gauche à droite, au-dessus des autres, sur
un chevalet plus élevé et placé derrière le pre-
mier.
« Les avantages de ce système sont ceux-ci :
1 " La longueur des chevalets de la table d'har-
monie est augmentée, et l'on peut profiter de
grands espaces qui n'avaient pas été utilisés
jusque-là; 2° l'espace d'une corde à l'autre est
agrandi, d'où il suit que leur résonnance se
développe plus puissamment et plus librement;
3 les chevalets posés plus au centre de la table
d'harmonie, et conséquemmeni plus éloignés des
bords ferrés de la caisse, agissent avec plus d'é-
nergie sur l'élasticité de celle table, et favori-
sent la puissance du son; de plus, en gardant
les mêmes dimensions pour l'instrument, la lon-
gueur des cordes se trouve augmentée; -i" la
position des cordes du médium et de la basse,
vers la direction du coup de marteau, produit
des vibrations circulaires, d'où résultent des
sons moelleuv et purs.
« Le système du croisement des cordes n'est
pas nouveau ; il a été essayé plusieurs fois sans
succès, mais il était employé sans intelligence-
car, au Jieu de favoriser les vibrations des cor-
des, en les écartant, on y portait atteinte en
rapprochant ces cordes l'une de l'autre...
"■ Les pianos droits ne sont en usage dans les
États-Unis que depuis peu d'années. MM. Stein-
way ont introduit dans la construction de ce
genre d'instruments de nouvelles combinaisons
qui en assurent la solidité, si nécessaire dans le
climat à température variable des États-Unis.
Ces améliorations consistent en un double cadre
en fer, avec plaque d'attache et barrages, fondus
en une seule pièce. Le côté gauche de ce cadre
reste ouvert, et par cette ouverture se glisse la
STEINWAY — STEPHENS
545
tabie (i'harnioine ; à celle-ci s'adaple un appa-
reil S'pécial, lei]iiel consiste en un cerlain nom-
bre (le vis qui servent à comprimer ses bords à
volonté.
» Le succès de celte combinaison, pour la
beauté du son et la soliiiité de l'accord, a déler-
miné MM. Sloinway à appliquer le même sys-
tème à la construction des pianos à queue, dont
la puissance du son est devenue plus cli.iiit mie
et plus syin|)atiiique par ce moyen de com|iios-
sion facultative. JMM. Steinway ont été brevetés
le .5 juin 1866 pour cette importante améliora-
tion.
'< De ce qui vient d'èlre dit se tire la consé-
quence que le grand son des pianos est une véri-
table conquête pour l'art ; conquête dont les ré-
sultats pourront s'a;irandir par des perfectioiine-
ir.enls i'uturs, mais dont le mérite actuel ne
peut être mis en doute, si ce n'est par des pré-
jugés d'babituile...
« Les pianos de MM. Sleinvvay pèreet fils ont
l'ampleur saisissante et le volume, auparavant
inconnu, d'un son (jui remplit l'espace. Brillan-
te dans les dessus, clianlanle dans le médium, et
formidable dans la basse, cette sonorité agit avec
une puissance irrésistible sur l'organe de l'ouïe.
Au point de vue de l'expression, des nuances
délicates et de la variété des accents, les instru-
ments de M_^I. Steinway ont sur ceux de MJf.
Ciiickering un avantage qui ne peut être con-
testé ; on y entend beaucoup moins le coup de
marteau, et le pianiste sent sous sa main un
mécanisme souple et facile, qui lui'permet d'être
à volonté puissant ou léger, véhément ou gra-
cieux. Ces pianos sont à la fois l'instrument du
viituose qui veut frapper par l'éclat de son exé-
cution, et celui île l'artiste qui applique son ta-
lent à la musique de pensée et de .sentiment (pie
nous ont laissée les maîtres illustres; en im mot,
ils sont en même temps des pianos de concert
et de salon, doués d'une sonorité exception-
nelle. »
La maison Steinway obtint à l'Exposition de
1807 une grande médaille d'or, et depuis loi s elle
n'a cessé de prospérer. A l'heure présente, elle
fabrique pai' année plus de deux mille pianos. En
1861, Charles Steinway fils mourut à New-Yori»,
et son frère Henri en 1865. Théodore, l'aîné des
cinq frères, qui était rcirté à Brunswick, quitta
l'Europe alors pour aller prendre part aux tra-
vaux de la fabrique, où il s'occupe particulière-
ment delà construction des instruments^ tandis
que Willielm est surtout chargé de la [)artie
financière de l'entreprise. Henri Steinway pèie
est mort à New-York le 6 février 1871, au
moment où il allait ac( omplir sa soixantc-qiia-
Bioc.n. LNiv. ni:s musiciens. — sippl. —
torzième année, et l'un de ses autres fils, Albert,
est mort en 1877.
* STi:i'ii!:\ DK la3iai)i:lai.>e. —
Voyez LA MADELAIM-: (Stépuen DE).
STFP!I5-]_>S (Katueuine), comtesse douai-
rière d'ESSEX, cantatrice anglaise qui a joui
pendant ()lusieurs années d'une renommée véri-
table, était la fdle d'un sculpteur et doreur sur
bois, et naquit le 18 septembre I79'i. I^JIe mon-
trait de bonnes (îis|)ositions pour la musi(iuc, et
était douée d'une voix de soprano superbe et
d'une rare étendue. Elle fut, en consétiuence,
confiée aux soins de Lan/a, fils du compositeur
de ce nom, qui avait suivi son père à Londres et
s'y était û\é comme professeur de chant. Elle
était à peine âgée de treize ans lorsque, en
1807, sa famille lui fit contracter un engage-
ment de cinq années avec son maître, qui la lit
chanter successivement à Bath, à Soulliampton,
à Bristol, et au Panlheon-I lieatre, de Londres.
A l'expiration de cet engagement, devenue élève
de Welche, elle débuta à l'opéra anglais de
Covent-Garden, dans le rôle de Mandane d'i4-
taxercès (sans doute celui d'Arne), après quoi
elle se montra dans deux opéras de Linley, les
Mendiants et la Duègne {(lie Duenna).
Api es avoir passé quelques années à Covent-
Garden, où elle obtenait de \ifs succès, miss
Stophens quitta ce thé;\lre pour celui de Drury-
Lane, puis, au bout de peu de temps, on lui
offrit à l'Opéra italien la succession de la Catala-
ni, qui revenait se fixer à Paris. Elle ne ci ut pan
devoir accepter, à cause de sa connaissance in-
suffisante de la langue italienne, et se borna à
poursuivre la carrière qu'elle avait entreprise.
En 1S38, miss Stephens, qui dejniis plusieurs
années avait quitté le théâtre et ne se faisait plus
guère entendre que dans les concerts et dans les
salons de la haute aristocratie, devint la second(i
femme du cinquième comte d'Essex, lequi I
mourait Tannée suivante, la laissant veuve sans
enfants.
* STEPHENS (CnAnLEs-Enw\RD), orga-
niste, pianiste, violoniste tl compositeur anglais,
neveu delà précédente, a rempli les fondions
d'organiste successivement dans plusieurs égli-
ses de Londres, à Saint-.Marc, à la Trinité, a
Saint-Jean, à Saint-Clément et à Saint-Sauveur,
^leinbre et plusieurs fois élu directeur de la So-
ciété philharmonique de Londres, Miembre hono-
raire de l'Académie royale de musi(jiie et du col-
lège de la Trinité, M. Stephens, absorbé par ses
travaux de composition et les exigences de s,»
situation de professeur très-recherché, ne s'est
|)ioiluit ([ue rarement en public dt;pijis un cer-
tain nombre d'années. Voici la liste de sesprin-
T. n. 35
540
STEiniE.NS — STOCK il AL'SEN
cipalcs iipuvres publiéi'sjusqu'à ce jour : Trio pour
l'iano, ^iolon et violoiiCflle, op. 1 ; Quatuor
pour 2 \i(i!ous, allô et violoncelle, op. '>; Mor-
ceaux poui" l'orgue, op. 3; Duo concertant pour
2 pianos, op. 4 ; seconde série île 2 morceaux
pour l'orgue, op. 7; 1'*^ Grande .Sonate pour pia-
no, op. 8 ; Fantaisie pour Jorgue sur le tHioral :
Saint-James, op. Il ; 3*" série de 2 morceaux
[)our l'orgue, op. 15; Olfertoirc pour orgue, op.
10; Duo brilhnl pour piano à i inains, op. 19;
2 Services complets pour l'église anglaise. A
tout cela il faut ajouter divers morceaux de
genre pour piano, plusieurs autres coinposilions
pour l'orgue, et un certain nombre de morceaux
<le cliant.
STi-JUUICîI (XicoLA>;, tuinposileur con-
temporain, a fait une partie de .nBS éludes musi-
cales au Conservatoire de Milan, où il a été admis
dans une classe de violon au mois de no-
vembre 1852, et d'oii il est sorti au mois de sep-
tembre 1857. Cet artiste ne m'est connu que par
les deux opéras italiens dont voici les titres :
\° Desiderio, duca cV Islria,](méh. Zaraen 1861;
2" la Madré slara, représenté au théâtre com-
munal de ïrieste au mois d'avril 1SC5. J'igriore
s'il a écrit d'autres ouvrages,
STEU^' (TuiioDonEj, organiste du Temple-
Neuf de Strasbourg et coivipositeur, artiste
fort distingué, a publié sept Recueils de mor-
ceaux d'orgue qui peuvent se jouer sur l'har-
monium, en supprimant de ces morceaux la
portée écrite en petites notes qui doit servir
pour la pédale. Ces recueils sont pleins d'inté-
rêt, et décèlent un artiste instruit^ habile et
élevé à bonne école.
STliVEiVS (Frédéric), professeur et compo-
siteur, a été nouuné en 1879 directeur du Con-
servatoire nouvellement fondé à Alhènes. Je n'ai
aucun renseignement sur cet artiste, qui a écrit
quelques morceaux pour un drame : Libres! re-
présenté en 1873 au théàlrede la Porle-Sainl-
.Martin, à Paris.
* SïÉYirV (Simoin). — Ce savant était né à
T$ruges en 1648, et mourut à la Haye en 1720.
Il a paru un écrit intitulé Simon Stévin et
M. Dumorlier (par Sjlvain Van de Weyer),
Mieuporl, 1845.
STKW AUT (M'"^), est l'auteur d'un opéra
liouffe, la Suocera, dont elle a écrit les paroles
et la musique, et qu'elle a l'ail représenter sans
succès sur le Ihéàlre Nuovo, de Naples, au mois
d'avril 1877.
♦ SÏIAVA (François-Marie), était né à
Lucques, en 1C40, et mourut en cette ville
en 1702.
STICII (Joseph), compositeur dramatique
allemand, est l'auteur d'uu opéra intitulé der
Gei(jer zu G ihûitd (le Ménétrier de Gnuiud),
qui a été représenté sur le théâtre de Dus.sel-
dorf, au mois de mai 1875.
STIEIIL (HE.NRI-F....-D ....), composi'.eur
allemand contemporain, né à Lubcck le 5 aof;!
1829, est le deuxième (ils d'un artiste qui était
estimé connue oiganiste et comme professeur
de piano (1). M. Henri Stiehl a longtemps
hahité la Russie, et a rempli pendant tlix an-
nées les fonctions d'organiste à i'église Saint-
Pierre, de Saint-Pétersbourg. Il fit ensuite plu-
sieurs voyages en Allemagne, en Angleterre et
en Italie, et depuis 1875 il a fixé sa résidence
à Belfast (Irlande), où il est devenu directeur
de lu Société pliilluirmoniquc.
On connaît de M. Sliehl diverses composi-
tions aimables et élégantes, parmi lesquelles il
faut signaler une jolie sonate pour violoncelle et
piano, des Irios et des quatuors pour piano et
instruments à cordes, des morceaux de genre
pour piano seul, des chœurs, etc. Il a écrit
aussi deux opérettes : Jerij et Bathilde, et le
Chercheur de trésors. Le chiffre de ses œuvres
publiées s'élève à cent environ.
Le frère aîné de cet artiste, M. Charles-J.-
Ch. Sliehl, né à Lubeck lu 12 juillet 1S26, a
été, de 1848 à 1858, organiste et directeur de
la Société de chant à Jever. Il devint ensuite
ilirecteur de la musique grand-ducale à Eu tin,
où chaque année ont lieu, sous sa direction, de
grandes fêtes musicales. M. Charles Stiehl a
publié quelques lieder et des compositions
pour le piano.
STIERLIIM (Ambuoise), musicien suisse, né
à Siikingen en 17G7, l'ut un organiste remarqua-
ble. Entré au couvent de Mariaslein à l'âge de
vingt-deux ans, il ne le quitta plus jusqu'en 1809,
époque de sa mort. On doit à cet artiste de
nombreuses compositions du genre religieux,
parmi lesquelles on cite particulièrement : Six
vespres, une douzaine de messes à 3 et 4 voix-
avcc accompagnement d'orgue, des Magnificat,
des offertoires, des motets de divers genres,
etc. — Son frère, Augustin Stierlin, né en 1778,
entra aussi au couvent de Mariastein, y prononça
ses vu'ux en 1801, etdevint organiste du chapi-
tre. Il mourut, en 1822.
STOCKIIAUSEiV (SCHMLCK, épouse),
cantatrice distinguée, née à Guebwiller
Jlaut-Rhin) en 1803, lit son éducation musi-
cale à Paris, sous la direction du composi-
teur Catruffo, qui était un excellent professeur
(i) 11 s"appel;iit Jean Stiehl, et élalt ne ù Lubcck le
9 juillet isoo. 11 mourut en cette ville leâ7tjuin i^To.
fi
SÏOGKHAUSEN — STOLZ
5-47
<le cliant, el devint uiiearlisle de premier ordre.
Après avoir épousé un harpiste allemand, Franz
Stociiliausen, qui était né à Cologne en 1792 (1),
elle alla se; fixer en Angleterre, où pendant
douze années, de 1830 à 1842, elle obtint de
tiès-grands succès dans les concerts, se voyant
classée par le public dilettante sur le même rang
que les artistes les plus célèbres de celte épo-
que, M'»'-"^ Caradori-Allan, Clara Novello, Giulia
Grisi, Persiani, etc. M'"^ Stockhausen, qui avait
j)erdu son mari vers 1868, est morte à Coimar
le 6 octobre 1877.
* STOCKIIAUSEl\ (Jclius), fils aîné de la
précédente, est né à Paris le 22 juillet 1826. En
1SG4, cet artiste se fixait à Haudiourg, qu'il
quittait quelques années plus tard pour se ren-
dre à Suttgard, où il devenait cliauteur de la cour.
Depuis 1874, il est directeur du Conservatoire-
Stern, à Berlin.
Je rappellerai ici pour mémoire la conduite
indigne tenue par ce personnage à la suite de la
guerre de 1870-1871. >îé à Paris d'un père étran-
ger et d'une mère française, ayant reçu son édu-
cation musicale au Conservatoire de cette ville
et pendant ce temps ayant été logé et nourri
chez une dame française, sa marraine, ayant enfin
passé ia plus grande partie de son existence à
Paris, où il possédait naturellement de nombreu-
ses relations, M. Stockhausen ne craignit pas
d'outrager et d'insulter la France de la façon la
plus odieuse, oubliant en un jour toat ce qu'il
lui devait et faisant volontairement litière de tous
seutiments de convenance et d'honnételé. Ce fut
à ce point qu'un certain nombre d'artistes de
i'Opéra-Coraiqiie, écœurés des platitudes de ce
triste sire, qu'ils avaient connu naguère à ce
tliéàtre, crurent devoir, par une lettre collec-
tive et rendue publique, manifester leur mépris
à son égard et prolester contre une conduite
qu'ils qualifiaient selon les mérites.
STOCKHAUSEN (Franz), frère du précé-
dent, né à Guebwiller le 30 janvier 1839, n'eut
d'autre maître que son père jusqu'à l'âge de
dix-huit ans. 11 vint ensuite à Paris, où il re-
çut des leçons de piano de M. Alkan, puis,
en 1860, termina ses études au Conservatoire.
En 1862, il acceptait les fonctions de directeur
de chœur à Thann (Alsace), et en I8GG il
suivait son frère à Hambourg. En 1868, il se
fixait à Strasbourg, prenait en cette ville la di-
rection de la Société de chant sacré, puis celle
du chœur de la cathédrale, et en 1871, après
la retraite de M. Hasselmans, alors directeur
du Conservatoire, il le remplaçait dans ces fonc-
tions, qu'il a conservées jusqu'à ce jour.
(I) V. biographie universelle des Musiciens, t. VII.
* STOER (Kaiil). — Voyez STÔll (K.uil).
*SrOKSSKL (Nicolas), chef de musique,
est moit à Louisbourg le 13 mai 1839.
* STOLTZ (tlosiM-), et non pas STOLZ,
est remariée depuis plusieurs années et est de-
venue baronne de Kefschendorf. Complètement
retirée du théâtre depuis plus de vingt ans, elle
s'est essayée dans la composition et a publié, on
1S70, un recueil de six mélodies pour chant
avec accompagnement de piano (Paris, Schœn
et Laval, in-8"). Aux publications dont cette
artiste a été l'objet, il faut ajouter les deux sui-
vantes : lo Rosine Sfollz, par M"« Eugénie Pé-
rignon (Paris, 1847, m-S");'!" A Rosina Stollz,
1854 (Parigi, stamperia Brière, in-S"). Ce dernier
écrit est un petit poème italien, qui porte, à la
fin de la brochure, la signature : Eugenio Cai-
mi (1).
STOLTZ (Jules) , pianiste, organiste et
compositeur français, né vers 1850, a fait de
bonnes études à l'Ecole de musique religieuse
fondée par Niedermeyer, où il est aujourd'hui
professeur de solfège. M. StoKz a donné, dans
ces dernières années, des séances d'orgue du
genre des récitals anglais, et il y a fait appré-
cier un talent solide, correct et distingué. On
connaît de lui, outre plusieurs compositions
p<iiir l'orgue, un grand oratorio pour soli,
cho'urs, orchestre et orgue, la Ptjihonisse
d'Eudor ou Saiil évoquant l'ombre de Sa-
intieJ^ qu'il a fait exécuter le 28 avril 1880.
SrOLZ (Teresinv), canlalrice dramatique
distinguée, née à Trieste vers 1840, a fait, je crois"
ses études musicales en Italie. En «865, elle
était engagée au théâtre de la Scala, de Milan,
ou elle se faisait entendre avec succès dans la
GiGvanna dWrco, de Verdi, puis dans DonCar-
los et /a Forza del Destina. Elle se produisit
ensuite à Gênes, à Padoue, à Turin, à Venise et
dans diverses autres villes, puis revint à la
Scala, où elle obtint un véritable triomphe par
le superbe talent vocal et scénique qu'elle dé-
ploya dans le rôle d'Aida du chef-d'œuvre de
(I) Depuis que cette notice est écrite, Mme Stollz s'est
reni,iriée de nouveau. Voici les détails précis qu'on lirait h ce
sujet dans un jourml spécial, le Guide musical, de Bruxelles
du 4 avril |S7S :
« Mme Soltz,' qui fit les beaui jours de l'Opéra, vient de
se remarier à Panopelune avec don Emmanuel de Godoy,
prince de la Paix.
« C'est pour la quatrième fois que l'ancienne chanteuse
«allume le flambeau d'iiyménée. i» Ses trois précédents
époux furent : 1" M. Auguste Lescuyer, avocat de Rouen •
i" un baron ou comte Stohenau de Ketsthendorf ; 3» ua duc
Carlo Raimondi Lesignano di San-Marino. Le premier de
ces mariages, nous pouvons le certifier comme authentique
car il est inscrit à l'état civil Je la ville de B ruxelles, sous la
date du 2 mars 1837. » ,^
548
S roi z
STUADELLA
Venli, qui faisait sa première apparilion eu Italie
après avoir élé créé au Caire. C'est elle aussi
qui vint icmplir ce rôle à Paris tleux ans p!i;s
lard, et qui alla le jouer ensuite au tliéillre San-
Carlo, de Naples. Eulin, c'est encore à M'" T(-
rcsina Stulz que Verdi confia, on 1874, l'exé-
cution d'une des parties (3e son a(hniral)Ie messe
de Requiem, lorsque cet ouvrage fut exécuté à
Milan, d'abord, puis à Paris, dans la salle du
théâtre de l'Opera-Comique. Parmi les ouvrages
qui constituaient le répertoire de celte artiste re-
marquable, il faut citer l'Africaine, laVestale
(Mercadante), lo Favorite, un Ilallo in vios-
cheru, Huy BUis, etc. Je crois que M"" Stolz
s'est mariée il y a trois ou quatre ans, et qu'elle
vit aujourd'hui retirée à Bologne.
STOAli (J... -T...), organiste anglais, fixé à
]\otlinghain, a entrepris sous ce titre : the Clcis-
sical Organiste, luie publication importante con~
sistant en un choix 'de compositions des plus
grands maîtres, Hsendel, Mozart, Beellioven, etc.,
arrangées pour l'orgue avec pédale obligée. 11 a
déjà paru 4 volumes (in-folio oblong) de celte
publ'ication.
* S'I'OIl (Karl), compositeur distingué, a
célébré à Weimar, le 28 mai 1877, le cinquan-
tième anniversaire de sa carrière d'artiste. Lors-
que le grand virtuose Liszt quitta cette ville, ce
fut M. Stor qui le l'emplaça comme chef d'or-
chestre à l'Opéra; plus tard, une maladie dfs
yeux l'obligea de résigner ces tondions.
Parmi les ceuvres les plus importantes de cet
artiste, il faut signaler en premier lieu le Citant de
la cloche, grand poéine sjmplionique écrit d'a-
près le poème célèbre de Schiller; cet ouvrage
très- remarquable a été exécute en t875. M. Stor
a écrit aussi de la musique i>our divers drames .-
Macbeth, Luther, Henri de Schirerin, plu-
sieurs ouvertures, une sérénade pour violon-
celle avec orchestre, des chœurs, des lieder, etc.
Ses compositions atleigneutaujourd'hui lecliillro
d'une centaine environ.
• STOLI.I.IG (lioMOisr)), dilettante et écii-
vain français, est né à Paris le 5 décembre
1845. Employé supérieur h l'administration (ie>
postes, son goût très-vif i)0ur les choses de la
musique et du théâtre ne s'en est pas moins
m;mifesté avec intensité, et ses fonctions no
l'ont pas empêché de prendre part, pour ce (jui
concerne les questions artistiques, à la rédac-
tion de divers journaux, entre autres V Électeur
libre, le Courrier d'État , t'Ercnetnent, tu
Tribune, l' Homme libre; il est chargé aujour-
d'hui de la chronique quotidienne du théâtre
et de la musique au National et au Petit .\a-
iional. En 1875, M. Stoullig a commence, ou
société avec M. Edouard Noèl, la publication
des Annales du théâtre et de la musique,
(jui paraissent chaque année, sous la torme
d'un gros volume iu-12 (Paris, Charpentier), et
(|ui offrent un résumé très-exact, très-complet et
tros-intelligont du mouvement musical ot théâ-
tral de la france, et même de l'étranger. De-
puis longtemps nous n'avions possédé, en France,
une publication spéciale aussi .soignée et aussi bien
conq)rise. M. Sloullig s'y est personnellement
chargé de tous les chapitres concernant les théâ-
tres lyriques, les concerts et la bibliographie.
Les Annales du théâtre et de la vinsique
com|>reunent à l'heure présente cinq volumes
pour les années 1875,1876, 1877, 1878 et 1879.
ST0L310î\ (Oscar), compositeur belge,
né à Liège le 20 août 1«33, se destinait d'abord
au barreau, mais fut emporté par sa passion pour
la musi(|ue, dont il avait appris les éléments
dans son enfance. Il fit alors un cours comiilet
de théorie sous la direction d'un artiste ilislin-
gue de Liège, Wanson, et se livra ensuite à la
littérature et à la composition dramatiques, se
produisant à la scène par lesouvrages dont les ti-
tres suivent : 1" Phœdé, opéra-comique en un
acte (paroles et musique), I5ruxelles, théâtre de
la Monnaie, 19 janvier 18C0 ; 1" Endijmion,
ballet, id., id., 1860; 3° la Ferme de Frede-
ricksborg, opéra-c^uique en un acte (paroles et
musique), Liège, lO mars 1802; 4° l'Orco, opéra
fantastique en 2 actes et 3 tableaux, Bruxelles,
théâtre de la Monnaie, 8 janvier 18G4; 5" la
Jieine des Prairies, ballot en trois tableaux, id.,
id., 24 octobre 18(55; 6" le jSauj'rage, ballet
en un acte, id., id., \U^&•,1^ la Fée amou-
reuse, ballet en 2 actes, id., id., 1867 ; 8" les
Fumeurs d'opium, opéra bouffe (paroles et
musique), Bruxelles, th. des Galeries-Saint-Hu-
bert, 1809; 9" les Belles de Nuit, ballet en nu
acte, Bruxelles, th. de la Monnaie, 1870 ; 10"
la Madone, ballet en 2 tableaux, id., id., 7
février 1871 ; 11° les llannetons, opéra bouffe
(paroles et musique), id., th. des Galeries-Saiiil-
lliihert, 1S71 ; 12" la Moisson, ballet, id., th.
do la Monnaie, 2« septembre 1875. M. Slou-
mon, qui est aussi l'auteur de trois comédies le-
présentées aux Galeries-Saint- Hubert, la Sonate
paihél/quc, une Crève et le Fil à la patte, a
collaboré, pour la critique théâtrale, à flenx
journaux de Bruxelles, la Chronique et le
Guide musical. r:)opuis 1875 il a pris, on so-
ciété avec M. Calabresi , la direction du théâtre
de la Monnaie, de cette ville.
* Sril \l)i:i.l..\ (Ai-EXVNDRiî). —.Un criti-
que italien distingué a publié sur cet artiste cé-
Icbre un écrit important,' dont voici le titre -.
STRADELLA — STRAUSS
549
Belle Opère di Alessamlio Slradella esistetiti
neW Archivio musicale delta H. Biblioleca
PaUilina di Modeiia, eleiico, con prcrazione
enotecii Angelo Catelaiii {Modcna, Vinceii/j,
1>66, iii-4"). Vers la même époque, un écrivain
français, P. Richard, conservateur à la Biblio-
thèqiie impériale de. Paris, publiait une étude
sur ce compositeur dans le journal le Ménes-
trel. On sait enfin que Slrad<;lla a fourni le sujet
et le titre de deux opéns, dont l'un est dil à
INiedeniieyer et l'autre à M. de Flotow.
* STRAUSS (Joseph), né à Briuin en
1793, est mort à Carl>rulit\ frappé d'apoplexie,
le 1" décembre 18G0. Les journaux français
ont alors confondu cet artiste avec Johann
Strauss le père, chef d'orchestrée! fameux com-
positeur demusi({ue de danse.
STUAISS (Johann), fils du célèbre
compositeur de danse Johann Strauss, est né à
Vienne le 25 octobre 1825. Destiné par son
père au commerce, il fil les éludes nécessaires
pour embrasser cette carrière, mais fut entraîné
à l'abandonner par son penchant pour la mu-
sique. Chaleureusement secondé par sa mère
dans ses projets, il devint l'élève de Dreschler,
maître de chapelle de la cathédrale de Saint-
Etienne, et il n'avait pas encore accompli sa
dix-neuvième année lorsque, le 15 octobre 18iï,
il lit ses débuts de chef d'orchestre et de com-
positeur à la têle d'un orchestre formé par lui.
A la mort de son père, en 1849, il prit la direc-
tion de l'orchestre de celui-ci, et donna des con-
certs à Vienne jusqu'en 1859. Les premières
valses qu'il fil entendre : Chansons d'amour,
Ver luisant, Sons de Rhadamante, aimables,
gracieuses, pleines de charme, eurent le plus
grand succès et attirèrent sur lui l'attenlion gé-
nérale. Les heureuses qualités qui distinguaient
ses premières compositions en ce genre ne l'a-
bandonnèrent point par la suite, et ses autres
valses : Feuilles dumatin,Sur les montagnes,
Vienne '.nouveau, Feuilles volantes. Vin,
femmes et c/ian^, obtinrent un succès égal, que
partagèrent ses charmantes polkas, ses mazur-
kas et ses quadrilles.
La renommée de M. Johann Strauss s'élcn-
dant chaque jour, il fut engagé, pendant l'été
de 185G, par la compagnie du chemin de fer de
Tsarskoë-Selo, pour diriger des concerts en
Russie. Il donna donc annuellement une série
de conterts au Vaux-Hall, et plus tard à Saint-
Pétersbourg. A partir de ce moment il fit de
nombreux voyages à la tête de son orchestre,
dans toute l'Allemagne, en Italie, en France, en
Angleterre et jusqu'aux États-Unis, toujours et
partout retrouvant le succès. Chaque hiver, il
revenait à Vienne, où bientôt l'empereur d'Au-
triche le nomma chef d'orchestre des bals de la
cour, emploi qu'occupe aujourd'hui son frère
cadet Edouard Strauss, dont il est question plus
loin. En 18G.3, M. Johann Strauss ayant épousé
une chanteuse distinguée, M"^ JeKyTreffz (l),il
confia son orchestre à ses deux frères, Joseph et
Edouard, et parut ne plus s'occuper de musique.
En 1870, M. Johann Strauss rentra dans la
lice, mais, m modifiant sa carrière, il commença
une nouvelle jihase de sa vie artisli(|uc. Sur les
conseils de sa femme, il écrivit une opérette
intitulée la Reine Indigo, et cet ouvrage, re-
présenté au théâtre de la Wieden, reçut un
arcueil si chaleureux de la part du public, que
le compositeur se décida facilement à pour-
suivre la nouvelle voie qu'il avaitchoisie.il fit
jouer alors successivement le Carnaval àliome
(1873), Fledermaus {la Chauve- Souris, 1874),
Cngliostro (1875), Mnthusnlem (1877), et
Blinde Knh {CoUn-maillnrd, 1878). De tous
ces ouvrages, c'est Fledermaus qui obtint le
succès le ' plus prononcé et le plus décisif (2).
Comme compositeur de valses, M. Johann
Strauss s'est fait un renom exceptionnel; la
fraîcheur des idées, la nouveauté des rhythmes,
l'ingéniosité de l'harmonie, le piquant de l'ins-
trumentation, donnent à ses compositions en ce
genre une originalité réelle, et il est juste de
dire, comme l'a fait remarquer l'excellent criti-
que viennois, M. Hanslick, qu'il a donné un
grand élan et des développements inconnus à
l'ancienne et étroite forme de la valse. Il a
d'ailleurs comimsé plus de 400 morceaux de
danse de tout genre, mais ce sont ses valses
surtout qui ont rendu son nom populaire, ce
sont elles qui ne cessent de charmer et d'en
chanter les auditeurs, et qui les entraînent à la
(1) Celte artiste est morte à Hictziiig, près de Vienne, le
9 avril 1878. Voici comment en parlait alors un journal- —
« Mme Johann Strauss, femme du célèbre compositeur et chef
d"orchestre, avait été, avant son mariage, une cantatrice Irês-
rccherchée et frès-fétée, sous le nom de Jelly Treffz. C'était
une véritable charmeresse, que le nionde dilettante viennois
idolâtrait, et qui retrouva les mêmes triomphes à Londres
lorsque, abandonnant la carrière théâtrale, elle s'y fit connaî-
tre comme cantatrice de concerts. De retour à Vienne, elle
épousa Johann Strauss, dont elle a partagé depuis la vie vova-
gcuse et les grands succès. Tous ceux qui la connaissaient
regrettent en elle une femme aitinble et bonne en même
temps qu'une artiste de race.» M.Johann Strauss est re-
marié depuis les derniers mois de 1878. — A. P.
(2) Le 'il avril 1875 on donnait à Paris, sur le théâtre de
la Renaissance, une traduction de la Heine Jndif/o. Le 30 oc-
tobre 1877, le même théâtre représentait la Tzlijane, sorte
de pastiche où l'on avait fait entrer la plus grande partie de
1 a musique de Fledermaus, quelques pages de Caijlioslro, et
pour k-quel M. Johann Slraus- avait écrit expressément divers
morceaux nouveaux. —A. I'.
STRAUSS
STHEPPOM
danse en quelque sorte malgré eux. L'une
d'elles, intitulée leBeau Danube bleu, a obtenu
une vogue sans pareille; célèbre par toute
TEurope, elle est devenue pour Vienne et les
Viennois comme une sorte de cliant national,
et le docteur llanslick, que nous venons déjà
de citer, constate qu'à côté de l'Hymne autri-
chien d'Haydn, consacré à la gloriiication du
souverain et de la famille régnante, celte valse
peut être considérée comme le chant de fôte de
la ville et du peuple de Vienne, comme une
sorte de « Marseillaise de la paix « sans
paroles. J. p,.
STIIAUSS (Joseph), frère du précédent
et deuxième (ils de Johann Strauss le père, na-
quit à Vienne le 20 août 1827. Bien qu'il se
destinât à la profession d'ingénieur, il étudia
aussi la musique avec passion, et acquit un
véritable talent sur le piano. Son frère aîné
ayant été oblige de faire une cure prolongée
dans ,une ville d'eaux, Joseph se chargea, pen-
dant son absence, de la direction de son orches-
tre, le dirigea avec un brillant succès, et lors-
que Johann fut rétabli, ils partagèrent les fonc-
tions de chef de cet orchestre. Plus tard,
quand Johann renonça délinitivement à celte
carrière, il fut remplacé par son second frère
Edouard, qui dirigea concurremment avec Joseph .
Celui-ci fit, avec ses musiciens, une série de
voyages en Allemagne et en Russie, pour don-
ner des concerts, et en 1S70 il entreprit la di-
rection des concerts du jardin suisse de Var-
sovie Mais, atteint d'une violente maladie de
nerfs, il arriva malade en cette ville, et comme
il n'avait pu amener son orchestre et ipi'il éiait
obligé de faire exécuter ses compositions pai-
des musiciens étrangers, les contrariétés et l'ir-
ritation qu'il éprouvait hâtèrent ;une catastrophe
qui semblait inévitable. Frappé d'une apoplexie
du cerveau, il dut se faire transporter à Vienne,
mais il mourut le lendemain même de son ar-
rivée en celle ville, le :>:> juillet 1870.
Joseph Strauss s'est fait, ainsi que son père et
son frère, un nom comme compositeur de musi-
que de danso,niais son genre semble serapprocher
plutôt de celui de Joseph Lanncr,et sa musique
est empreinte d'une sorte de mollesse rêveuse et
de tendresse mélancolique. Celles de ses compo-
sitions qui le caractérisent le mieux sous ce
rapport sont les valses : Roses d'automne,
les Hirondelles du village, Saluluiions alle-
mandes. Sons du cœur; les polkas : Yeux
amoureux, Polka de V Étoile du soir ; et les
charmantes polkas-mazurkes : Pensée, Géra-
nium, Idylle, Nachlschatlcn, et surtout la per-
de ce genre, FrauenlierziCccur de femme).
sa plus noble ccmposiiion. La polka intitulée
Pizzicato, qu'il a composée avec son frère Jo-
hann et qui est écrite pour les seuls insfru-
monlsà cordes, est charmante et d'un caractère
très-piquant. Le nombre de ses compositions
originales s'élève à 283, auxquelles il faut ajou-
ter environ 300 arrangements pour orchestre.
J. B.
STRAUSS (ÉDOiAun), frère des précédents
et troisième (ils de Johann Strauss le père, est né
à Vienne le 15 mars 1835, et fil ,ses études au
collège impérial et royal de Thérèse. Son père
voulait lui faire embrasser la carrière diploma-
tique, mais, comme ses frères, il avait le goiltde
la musique et s'y consacra tout entier. Devenu
élève de Godefroid Preyer, maître de chapelle
de la cour, il acquit im véritable talent de vir-
tuose sur le piano, sur le violon et sur la harpe.
En 1861, il commença à conduire quelques con-
certs,'et lorsque Johann Strauss se retira, il diri-
gea l'orchestre avec Joseph. A la mort de celui-
ci, resté seul, il augmenta le nombre de ses
musiciens et le porta à cinquante. En 1872, il
fut nommé chef d'orchestre des bals de la cour.
C'est lui qui dirige encore aujourd'hui les célèbres
concerts Strauss, si fameux à Vienne, et il a su»
en maintenant la tradition de sa famille, leur
conserver leur ancienne splendeur. Éflouard
Strauss est le meilleur, on pourrait dire l'uni-
que interprète de la musique de son père et de
ses frères, qu'il fait exécuter avec toute la verve
et la grâce qu'elle exige et qu'elle comporte.
Ainsi que ses frères, il admet dans ses program-
mes de concert des pièces classiques de Haydn,
de Beethoven, de Mozart, de Berlioz, des frag-
ments d'opéras d'Auber, de Wagner, de Bizet,
de Delibcs, enfin des lieder de Schubert, de
Schumann, deRubinstein, pour la plupart arran-
gés par lui-rnéme. Edouard Strauss a publié
jusqu'à ce jour 139 compositions, dans lesquelles
il s'est appliqué à marcher sur les traces de
son père et^de ses frères, et à suivre leur exem-
ple. ' -T. B.
STREARÎlOr.. —Voyez. GOlîîiA ERTS.
*ST«l-;Kr>GER (Matmias), violoniste et
compositeur, ancien chef d'orchestre de ballet
à l'Opéra de Vienne^ auquel il resta attaché
pendant 45 ans, est mort en cette ville le 12 té-
vrier 187'i.
*STr.l-:Pl''OM (Felicuno). — Cet artiste a
fait représenter à Vienne, en 1S23, un -opéra
sérieux intitulé Iranccscuda Riinini.
Sa fdle, M"" Gh/5<'/9/)«'na Strepponi, canlalrice
dramatique dislinguée, née à Lodi le 8 septem-
bre 1815, est devenue, depuisjongues années
l'épouse de 31. Verdi.
STHIGELLI — SULLIVAN
0.)1
STHïGELHjÎ (GicsF.ppii), musicien itaiien, a
écritja nmsique d'un drame lyrique en i actes,
/ FKjlidi Borgia, qui a été représenté au théâ-
tre (le la Seala, de Milan, le 29 septembre 180G.
STRIGLIONÏ (FiLireo), né à Lucques .vers
1050, a fait reprc-scnleren 1678, sur le théàire
de I^ivoiirne, un scherzo comique dont le titre
est oublié aiijourd'luii. Ou assure que cet artiste
moiniit vor,^ 1750.
*STÎltJMPHLER (.1 ), habile facteur
d'orgues néerlandais, naquit à Amsterdam vers
le milieu du dix-huitième siècle, et mourut
en celle ville en 1810. 11 acquit la réputation
d'unartiste distingué dans son genre, et conslrui-
s'I trente-six orgues, parmi lesquelles on cite
surtout celles qu'il plaça à Amsterdam, à Weesp,
à "Warmcnhuizen, à Ryp, à Purmerend, à
iùilvhuysen, à Welsen, à Wormer, à SloterdvK
et à Alkinaar.
STLDZîr^"SKI(PiEURE),organisteàCracovie,
attaché à la cathédrale de celte ville, professeur
de la classe des instruments de cuivre à l'i^lrole
de musique, est considéré comme unartisie fort
liislingué. Il a écrit la musique de Lobzoïvianie,
opéra-comédie joué avec succès à Varsovie et
dans d'autres villes de la Pologne.
STULICHI (Antonio), violoniste napolitain
du dix-huitième siècle, a publié eu France nn re-
cueil de .Se* Sonafe a r'iolino solo, flanto tra-
vcisicro 0 oboe e violone o cembalo, op. pri-
ma (Paris, Boivin).
SUCHEÎl (JosEPu), chef d'orchestre et com-
positeur, est néà Saint-Golthard (Hongrie), en
1S43. 11 fit ses études musicales à Vienne, et
termina son cours de contre-point sous la direc-
tion de Sechter. Après avoir été élu chef
d'orchestre de la Société académique de chan-
!eurs de Vienne, il devint répétiteur à l'Opéra
impérial. A l'ouverture de l'Opéra-Comique, en
lS7'i, il fut engagé à ce théâtre comme chef
d'orchestre, et alla ensuite tenir le même emploi
à Leipzig (1876), puis à Hambourg (1878). M. Su-
.■.lier a acquis une grande renommée en Allemagne,
par la façon extrêmement remarquable dont il a
<iirigé, à Leipzig, l'exécution de la tétralogie des
Aiebeliingen, de M. Richard Wagner. En 1877,
cet artiste habile épousa une cantatrice ■Iramati-
que, M"'^ llasselbecli, attachée comme lui an
théâtre de Leipzig, où elle s'était fait aussi une
situation considérable par le talent qu'elle dé-
ployait dans l'interprétation des ouvrages de
M. R. Wagner.
Plusieurs compositions de M. Sucher ont été
publiées, parmi lesquelles nous citerons les
suivantes : Lied und Liebe {Lied et Amour),
cycle de Ueder ; Aus alien M.rlirclien (D'rtn-
c<>/is Co«/es)^ composilion pour chœur de voix.
de femmes ; Waldfrnule.in {la Demoiselle de la
forêt), scène dramatique pour voix seule,
chœur et orchestre; lu Bataille navale de Lv-
pante. M. Sucher a fairexéculer toutes ces
œuvres à Vienne, dans un concert organisé à
cet effet. Au mois d'avril t-S79, il a fait entendre
encore à Vienne, avec beaucoup de succès, un
hymne pour soli, chœur et orchestre. Los
œuvres de ^î. Sucher, conçues dans le système
wagnérien, se font remarquer par un profond sen-
timent dramatique. J. B.
SlLLfl'A3i(AnTnt.n-S[:\MOiiO,piiinisle,chef
d'orchestre et compositeur, l'un des artistes les
plus distingués de l'Angleterre à l'époque actuel-
le, est né à Londres le 13. mai 1842. Il a fait d'ex-
cellentes éludes à l'Académie royale de musique,
dont il était l'un des élèves boursiers, et s'est
ensuite livré avec ardeur à la composition, tout
en se faisant connaître et apprécier comme un
chef d'orchestre habile. En tant que composi-
teur, M. Sullivan s'est exercé dans presque tous
les genres, et, tout.en se produisant au théâtre,
a écrit aussi des oratorios, des cantates, de la
musique religieuse et symphonique et des mélo-
dies vocales. L'une de ses premières productions
fut une bouffonnerie musicale, //«e Contraban-
dista, qui fut donnée sur un petit théâtre d'opéra
anglais {Saint-Georges Opera-House) le 25 no-
vembre 1807; deux ans après (septembre I8r.9),
il faisait exécuter au festival de Worcester un
oratorio intitulé^ the Prodigal Son {V Enfant
prodigue], et le le' mai 1872 il faisait entendre
au Crystal Palace un grand Te Deum pour
soli, chœurs et orchestre dans une cérémonie
d'actions de grâce pour le rétablissement de la
santé du prince de Galles. Il obtint un très-
grand succès en produisant au festival de Bir-
mingham (août 1873) un nouvel oratorio, Ihe
Light ofthc World {la Lumière du Blonde),
et enfin donna au théâtre de l'Opéra-Comique,
le 17 novembre 1877, un ouvrage en 2 actes,
ihe Sorcerer {le Sorcier), qui fut très-bien ac-
cueilli, et bientôt suivi d'un autre ouvrage
du même genre, le Pinafore, joué au même
tliéâtre (mai ou juin IS78). Ce dernier obtint un
succès colossal.
Mais là ne se bornent pas les travaux de com-
position de M. Sullivan. Entre autres ouvra-
ges, on lui doit encore deux cantates : le Juge-
ment du jury, et Siir terre et sur mer, une
symphonie en mi pour orchestre, une ou-
verture di ballo, une autre ouverture avec
ce titre -. In MeVinriam, divers morceaux
symphoniques écrits pour un drame de M. Cal-
vert, Henri VIII,ti, sous le titre de Masca-
552
SULLIVAN — SUxNYER
rade, loiite une série de morceaux do diant et
de danse (Sp/v^/|(7(/c, Bourrée, Danse des Pier-
rots et des Arlequins) pour le Marchand de
Venise, de Shakspeare. M. Sullivan a publié
aussi un assez srand nombre de sangs ou mélo-
dies vocales : tlie Distant s/iore, Tendcr and
True, theJud(/e''i Song, Golden Pays, Lookinrj
back,Looking foruard, Eirds in the Night,
Marij Morison, Sweetliearls, Thouart weanj,
Liring poems, eic. Enfin, on coniiaif encorede
M. Sullivan diverses compositions rclii^ieuses :
un Te Deutn et Domine salvam fac Reginam,
«n Jubilate et Kijrie, et d'assez nombreuses
antiennes pour une ou i)lusieurs voix, avec ou
sans chœurs.
M. Arlliiir Sullivon a ('Xé le chef d'orchestre de
diverses entreprises ou sociétés arlisti(iues. lia
dirigé les concerts du théâtre Covent-Garden,
<hi Crystal Palace et de rAquariurn de West-
minster, ainsi que les séances de la Société
orchestrale d'amateurs, où l'un des fds de la
reine Victoria, le duc d'Edimbourg, tenait sa
partie au premier pupiire des premiers violons.
C"est sous le patronage de ce prince, amateur
fort distingué de musique, que fut fondée et ou-
verte en 1876 la nouvelle grande école musicale
de South-Kensington [National trolning Sc/iool
for music), dont M. Sullivan fut nommé direc-
teur, en se chargeant de l'enseignement d'une des
classes de composilion. M. Sullivan, qui, l'année
précédente, avait été nommé professeur de com-
posilion,en remplacement de Stecndale Bennett, à
l'Académie royalede musique, àlaquelle il appar-
tenait déjà comme professeur, dut donner sa dé-
mission pour prendre possession de ses nouvel-
les fonctions, et on lui reprocha avec quelque
aigreur d'abandonner ainsi un élablissement
dont il avait été l'élève, pour prendre la direc-
tion d'une institution en quelque sorte rivale de
celui-ci. Quelques explications très-correctes et
très-lo\ales firent bientôt cesser toute lâcheuse
inter[)rétation de la conduite de l'excellent ar-
tiste.
*Slil/rZlîB:il(;E!l (Jkan-Ulrich), vécut
dans la seconde moilié du dix-septième siècle et
dans la première moitié du dix-huitième. On sait
aujourd'hui que cet artiste naquit en Suisse, et
l'on croit (lue ce fut à Saint- Gall. Il fut nommé,
en 1670, zinkenist (joueur de zink) et direc-
teur de la musique vocale et instrumentale de
la ville de lîerne. « Suitzberger était un musi-
cien de talent, dit M.George Bec Ker (la Musi-
que en Suisse), ses mélodies sont simples et
expressives, son harmonie riche sans être sur-
chargée. » Le recueil de Psaumes de David mis
en musique par cet artiste et signalé dans la
lliographie universelle des Musiciens, à la
date d>! 1727, est une réimpression, car cet
ouvrage a été publié pour la première fois en
1G75. L'année précédente, il avait livré au
public un autre recueil dont voici le titre :
Saloinons dess Ebreischen Kônigs Geistlich,
Wot'illust oder Ilohes Lied : In Palmen oder
Dattelreimen^ mit beigefiigten Neivem, vom
fiirlrefflichen Johann Schoppen geselzten,
Sangweisen,aiich Kurlzen ErliUiruncjen des
geistltchen Versiandes, Beides nach art der
Gespràch Spiele, auff offentlicher Schau-
bnrg filrgeslellel durch Filip von Zezen,
Jclzvnderaber auf vielfaltige anhalten und
begàhren, noch mit einer SiimnievervoUiom-
mnet und mit vielen Melodeyen vermehret :
von Johann Ulrich Siiltzbergern; mus. und
Zinkenistenin Bern, Berne, Sonnieitner, 1674,
in-S". Ce recueil contient 35 chants à trois par-
ties, dont 15 sont entièrement de Suitzberger, et
20 du violoniste Jean Schopp (V. Biographie
universelle des Musiciens, t. Vil), auxquels
il a ajouté une partie. On suppose que Suitzber-
ger est mort en 1735 ou 173<1. Cequi est certain,
c'est qu'à partir de cette dernière année, les
éditions de son fameux psautier (pendant près
d'un siècle, on en a fait régulièrement une ou
deux par an) portent sur le titré Welland,
« feu » J.-U. Suitzberger.
SULZEIl ( ), estle nom d'un composi-
teur qui a fait représenter avec succès à Prague,
au mois d'août 1865, un opéra intitulé Jean de
.\aples.
SLWKIV (R....-Le\ndro), professeur et
compositeur espagnol distingué, est né à Masto-
rell, dans la province de Barcelone, le 13 mars
1833. Dès l'âge de cinq ans, il fut confié par sa
famille aux soins d'un excellent maître, Matco
Ferrer (Fo!/. ce nom), sous la direction duquel il
fitlouleson éducation musicale, et qui lui ensei-
gna le contre-point, l'harmonie, la fugue et la
composition. A peine âgé de dix-neuf ans,
M. Sunyer obtint au concours la place de maître
de chapelle de l'église de Santa-Maria del
l'ino, deBarcelone.mais il dut la résigner au bout
d'un an par suite de son refus d'entrer dans les
ordres , ce qui était une condition attachée à
l'exercice de cet emploi.
C'est alors qu'il se décida à se consacrer à l'en-
seignement, sans toutefois négliger de grands
travaux de composilion qu'il avait entrepris
déjà. De cette époque de sa vie datent plusieurs
messes, des motets, des psaumes, et diverses
autres compositions religieuses, notamment un
Te Dcum à deux chœurs fugues, dans le genre
classique, dont on dit le plus grand bien.
SUNYKR — SUPPÉ
5r)3
M. Sunyer voulut aussi s'essayer au lliéûtie, et
écrivit un opi-ra, Don Alfonso cl casIo, qu'il
(iédia au prince des Asluries(aujourd'iini Alpiion-
se XII), et qui, soumis à ' l'examen d'un jury,
fut l'objet d'un rapport très-favorable. Néan-
moins, l'ouvrage, — comme tant d'autres! — ne
pul parvenir à se produire à la scène ; mais il
valut à son auteur le brevet de cbevalierde l'or-
dre de Cliarleslll
Du drame lyrique, où ses efforts restaient
infructueux, M. Sunyer passa à la zarziiela ; ici
il trouva sa voie, et ses productions en ce genre
obliurent un grand succès, aussi bien à Barcelone
<iu'à Madrid. Parmi ses zarzuelas les plus applau-
dies, il faut surtout citer los Tios de sus sobii-
nos (les Oncles de ses neveux), las Mvgeres
(Ici siglo [les Femmes du siècle), 2 actes,
Bouffes-Madrilènes, 29 avril 1867, et la Poil-
ticomania. Cirque, 17 mai 18G7.
On doit à M. Sunyer la fondation du Conserva-
toirt» de Barcelone, aujourd'hui malheureuse-
ment disparu, mais dont l'existence, si elle a été
courte, n'en a pas moins été brillante. Cet artiste
distingué, qui a formé de nombreux élèves deve-
nus d'habiles musiciens, et qui a écrit un grand
nombre de morceaux de genre pour le piano, a
été récemment nommé professeur honoraire
du Conservatoire de Madrid.
*SLIPPÉ ( Franz DE ), :clief dorcliestre et
compositeur autrichien renommé, issu d'une
famille originaire de la Belgique, est né à Spalalo,
en Dalmatie, le 18 avril 1820 (et non 1823,
comme il a été imprimé par erreur). Son grand-
père avait quitté la Belgique pour aller se fixer à
Crémone, et ses parents étaient nés en cette
ville. Lors de la naissance du futur artiste, son
père occupait à Spalato des fonctions adminis-
tratives, et cinq mois après, par suite d'avance-
ment, il dut changer de résidence et se rendre
à Zara. Grand amateur de musique, M. de
Suppé père encouragea de l)onne heure chez son
fils les dispositions que celui-ci témoignait pour
cet art'-, l'enfant apprit seul à jouer ,de la flûte,
et à peine âgé de neuf ans écrivait même deux
petits morceaux pour cet instrument; cependant,
comme en cette circonslance il avait négligé ses
devoirs de collège, il reçut de son père une
semonce qui se termina par la destruction de
ces premiers essais de composition. Mais, à peu
de temps de là, le jeune Suppé ayant organisé,
pour l'anniversaire de la naissance de son père,
une petite fête musicale dans laquelle il exécuta
un nouveau morceau écrit par lui pour la llùte,
M. de Suppé, touché de cette intelligente persis-
tance, consentit à lui faire donner des leçons de
musique.
C'est alors que l'enfant fut confié aux soins
d'un artiste dislingué, Giusoppe Ferrari, qui
faisait partie de lamusiquedu régiment « Baron
Gepperl m, et qui lui enseigna d'une façon ra-
tionnelle les jirinci|)es et le mécanisme de la
tlùle. Dès cette époque, et sans rien connaître
encore de la théorie musicale, le jeune Suppé
écrivit toute une série de duos pour deux flûtes.
Dans le même temps, il participait, soit à l'or-
clie.stre comme flùlisle, soit dans les rhoï-urs
comme soprano, aux exécutions de musique
religieuse qui avaient lieu dans la cathédrale
de Zara sous la direction du maître de chapelle
de Cigalla, et c'est là ce qui lui donna l'idée de
composer, à peine âgé de treize ans, une messe
qu'il eut la chance de pouvoir faire entendre en
public. Il écrivit aussi la musique d'une opé-
rette corai(|ue, ia f'OHîwe, qu'il joua lui-môme
encompagniede quebpies-uns de ses camarades.
M. de Suppé avait quinze ans lorsqu'il perdit
son père. Sa mère alla se fixer alors à 'Vienne,
afin que le jeune homme put terminer .ses étu-
des littéraires au Gymnase de cette ville, et
étudier ensuite la médecine. Mais la science
le tentait peu, et il ne songeait qu'à l'art qu'il
chérissait. Bientôt il se consacra sans réserve à
l'élude de lamusique, se fit ailiaettre au Conser-
vatoire devienne, y devint l'élève du professeur
Salzmann pour l'harmonie, et un peu plus tard
travailla, dans le même établissement, lecontre-
point et rinstrumentation sous la direction de
Sachteret deSeyfried. Il fit des progrès rapides,
et une messe qu'il composa à celte époque lui
valut les éloges de Sechter, à cause de la
bonne disposition d'une fugue qu'il y avait intro-
duite.
Donizctli venait d'arriver à Vienne, oii il
était appelé parla prochaine représentation de sa
Lindadi Chamounix, qu'il avait écrite expres-
sément pour l'Opéra impérial de cette ville.
Peu de temps après, il était nommé maître [de
chapelle de la cour. C'est alors que le jeune de
Suppé, qui était son parent, fit sa connaissance.
Donizetti, sur sa demande, consentit de grand
Cd'ur à lui donner ses soins, et c'est sous la
direction de ce maître illustre que le jeune artiste
termina son éducation, s'appliquant surtout à
l'étude et à la lecture assidue des œuvres des
maîtres classiques et des anciens Italiens. Bien-
tôt, et quoiqu'd fût encore adolescent, on le
nomma professeur suppléant au Conservatoire,
presque en même temps qu'il fut engagé au
théâtre Josephstadt pour y remplir les fonctions
de chef d'orchestre. Il écrivit pour ce théâtre la
musique d'un vaudeville qui obtint un tel succès,
qu'il fut au.ssilôt appelé à celui de Presbourg
SUPPÉ — SLRE.MONT
(Hongrie), cii qualité de premier chef d'ordies-
re. Après trois ans de séjour en celte ville, il
retourna à Vienne, et accepta le môme eni;>loi
au théâtre -1» der TV/en, où eut lieu sous sa
direction la première représentation de l'Etoile
du A'ord, de M.'verheer, et où il fit jouer d«ux
opéras de sa coinposiliou : la Fille de campagne
et Paragraphe NI. En 1869., M. de Suppé quitta
le théâtre An der Wien pour le théâtre du
Quai, puis celui-ci ayant été déiruit peu de temps
aprè-i par i;n incendie, il entra au théâtre de
Leopoldsladt, qu'il n'a pas quitté depuis lors et
011 il n'a cessé d'obtenir les plus grands succès
comme compositeur et comme chef d'osthestre.
M. de Suppé a fait preuve d'une étonnante
fécondité. En dehors des vingt opérettes on
opéras bouffes qu'il a fait représenter, pres-
que toujours avec un brillant succès, en <le-
hors des deux .cents vaudevilles dont il a écrit
la musique pour les théâtres dont il était le
chef d'orchestre, il a publié près de deux
mille compositions de tout genre, consistant
principalement en lieder, chœurs pour voix
d'honunes, airs, romances, mélodies, etc.
Voici une liste assez étendue des produc-
tions dramatiques de M. de Suppé : 1° la
Jeune campagnarde, 3 actes, Vienne, 7
août 1847; 2° Paragraphe lll , Vienne, 8
janvier 1858; 3" le Pensionnat, un acte,
Vienne, 24 novembre 1860 ; 4° la Tireuse de
caries, un acte, Vienne, 1^'' avril 1862 ; 5"
Dix Filles et pas de mari {Zehn M'àdchcn
und hein Mann), un acte. Vienne, 25 octo-
bre 18C2 ; G" les Mauvais Garçons, un acte,
Vienne, 19 avril 1863; 7° la Vengeance,
Vienne, mars 1864 ; 8° Pique-Dame, 2 actes,
Vienne, 22 juin 1864: 9" Franz Schtcber/,
un acte, Vienne, 10 septembre 1864; 10° la
Belle Galathée (Sc/iœne Gnlathea), un ac-
te. Vienne, Carl-Théàtre, 9 septembre 1865 ;
11° Cavalerie légère, 2 actes, id., id., 21
mars 18CG ; 12" Freiga, 2 actes, id., id., 23
octobre 1866 ; 13° Exploits de bandits, un
acte, Vienne, 27 avril 1867 ; 14" Madame
Meislerin, 3 actes. Vienne, 20 janvier 1868;
15° le Supplice de Tantale, un acte, Vienne,
3 octobre 1868; 16° Isabelle, 1 acte, vienne,
5 mars 1869; 17° la Jeune Fille de Dra-
gant, 3 actes, Prague, 23 juillet 1870; 18"
Cannebas, Vienne, 1870 ; ly» Fatinitza,
3 actes, Vienne, 5 janvier 1876; 20" le Dia-
ble sur terre, 3 actes, Vienne, 5 janvier 1878 ;
21° enfin, Jioccacio, qui est sa dernière leu-
vre représentée. De tous ces ouvrages, un
seul, Fatinitza, est connu en France ; après
avoir valu à son auteur un véritable triomphe
à Vienne, puis à Berlin, Fatinitza a été jouée
à Bruxelles, et ensuite à Paris, au théâtre des
IS'ouveaufés (mars 1879), avec un succès reten-
tissant et prolongé.
Mais M. de Suppé n'est pa? seulement un
musicien plein de verve, de jeunesse et de
gaieté en ce qui concerne le théâtre. Tempéra-
ment éclectique, soutenu par une excellente
éducation, alliant la grâce italienne à la pro-
fondeur allemande, il a écrit plusieurs œuvres
importantes et sérieuses qui révèlent un ar-
tiste très-instruit et heureusement inspiré,
entre autres une messe solennelle en ut mi-
neur, un grand Requiem pour voix seules,
chœur et orchestre, des symphonies, des ou-
vertures de concert, des quatuors pour ins-
truments à cordes, etc. Parmi ses comi)osi-
tions vocales, il en est deux surtout qui sont
devenues étonnamment populaires dans sa pa-
trie : c'est le lied, 0 toi, mon Autriche ! qui
a presque aujourd'hui le caractère d'un chant
national, et un autre lied qui, sous le titre de
Tantum ergo, n'en est pas moins un vrai
petit chef-d'œuvre de musique comique. En
ré>umé, M. de Suppé est l'un des musicien?
les plus distingués et les plus populaires de
l'Autriche actuelle. J. B.
SUIIEMOIXT (Pierre-Jean) , compositeur
belge, naquit à Anvers en 1762. Il fit de
bonnes études musicales , et .se livra de
bonne heure à l'enseignement et à la composi-
tion, écrivant tour à tour des opéras, des can-
tates, des symphonies, des messes, des ouver-
tures, etc. Eu 1804, il fait exécuter aux funé-
railles de son ami J. E. Pauwels, une Missa
funerale,- en 1805, 1807, 1809 et 1819, il pro-
duit quatre autres messes avec orceslre ; es
1810 il obtient, conjointement avec Verbeyen,
le premier prix pour la composition d'une
cantate sur la bataille de Waterloo, mise au
concours [)ar la Société royale des Beaux-Arts
de Gand ; l'année suivante il remporte le prix
pour une autre cantate, de Toonkunst, mise
au concours par l'ln4itut des Pays-Bas ; enfin,
en 1824, il fait représenter à .\nvers un opéra-
comique en trois actes, intitulé les Trois Cou-
sines. Parmi les autres compositions de Sure-
mont, il faut citer : ['Invocation à lu paij ,
chœur pour voix de femmes; Nederlandsch
Zegepraal, cantate ; une Symphonie pour
musique d'harmonie; des ouvertures, des mo-
tets et quelques œuvres de moindre impor-
tance. Suremont est aussi l'auteur de l'écrit
suivant : Opuscule apologétique sur les mé-
rites des célèbres musiciens belges aux qua-
torzième, quinzième et seizième siècles
SL'HKMONT — SVBNDSEN
p^- -v <o
(Anvers, Schœsetters, 1823), opuscule qui (ut
l'objet d'un rapport défavorable au concours
ouvert sur ce sujet, en 1826, par l'Institut des
Pays-Bas. Cet artiste; estimable est mort à
Anvers le 8 mars 1831.
SLTTEll (Jean-David), écrivain artistique,
naquit à Genève d'un père genevois et d'une
mère française, le 12 janvier 1811 (1). Douédune
grande ambition intellectueik', il se livra de
bonne heure, avec passion, à l'étude de la plii-
iosopiiie, de la physique et des mathématiques,
menant de front, pendant tout le cours d'une
existence laborieuse, la musique, la peinture, les
sciences d'observation et la littérature. Il apprit,
très-jeune, à jouer du violon, de la guitare et de
la flûte, et étudia la composition avec André
Spaëth. 11 se produisit avec succès <ians les
concerts, comme flûtiste, et, venu à Paris en
ISil, il entra comn>e alto à l'orchestre des con-
certs Paganini, tout en ; prenant des leçons
avecTulou.
Riais Sntter était un esprit réfléchi, qui
cherchait à se rendre compte des choses. Il ne
se contenta pas d'être un exécutant plus ou
moins habile, et voulut établir les lois du style
musicai, après quoi il s'occupa de la nature es-
thétique de l'art, puis de l'histoire même de cet
art, et en vint enfin à vouloir réformer la science
de l'acoustique. Par malheur, Sutler, avec son
intelligence très-déliée et très-subtile, appar-
tenait à cette classe d'hommes qui se figurent
que rien n'a été fait avant eux, qu'ils sont une
sorte de Messie apportant avec lui la lumière
et la vérité, et qui considèrent tout ce qui a
été fait jusqu'à eux comme entaché d'erreur et
atteint d'impuissance. Avec cela, esprit unique-
ment réfl('chi, dénué de faculté créatrice et de
spontanéité, il ne savait pas faire la part de l'ima-
gination, traitait l'art comme une chose mécani-
(jue et mathématique, prétendait subordonner
absolument l'inspiration à la science, et rava-
lait la manifestation artistique à une question
de formule et de procédé. On comprend l'effet
morbide de semblables^lhéories, destructives de
tout sentiment, et qui sont la négation même
de l'art. Telles étaient pourtant celles de Suttcr,
dont la bonne foi d'ailleurs n'était pas douteuse,
mais qui, par cela même, était destiné à l'im-
puissance. C'est pour cette raison sans doute
qu'il ne put jamais trouver un éditeur pour les
trois grands ouvrages qu'il avait si laborieuse-
ment enfantés, un Traité d'acoustique, une
Histoire de la musique depuis les Grecs jus-
(t) Je liens cette date de Siitter lui-même, qui me si-
gnala comme inexacte celle du 31 liécemfjre^donntc par
le Dictionnaire Larousse.
^u'à nos jours, et un Traité d'esthétique mu-
sicale; il put seulement, peu de mois avant sa
mort, publier dans un journal spécial, "/'^ri mu-
sical, une partie de son Histoire de la musique,
celle ()ui avait rapport à la période grecque. Ce
travailleur acharné et intelligent, mais dévoyé,
était si convaincu de l'excellence de ses doc-
trines, qu'il m'écrivait, dans une note le con-
cernant : — « On ne sera pas surpris de voir
sortir de la môme plume tant d ouvrages dont
un seul attrait suffi à illustrer son auteur,
quand on saura que ce travailicur infaligable a,
pendant plus de cinquante-cinq ans, consacré son
existence à l'étude et à la pratique des sciences et
des arts. » Hélas ! tous tant que nous sommes,
nous consacrons notre existence à l'élude, en y
appliquant toutes nos facultés ; mais nous pui-
sons notre force, non dans le dédain des efforts
d'autrui, mais, au contraire, dans le désir que
nous avons de mettre à prolit les travaux[de nos
devanciers pour compléter^ dans notre sphère
d'action et par notre effort personnel, la somm<»
des connaissances générales et le patrimoine in-
tellectuel de l'humanité. Voilà ce dontSutter n'a
pas su ou voulu se rendre compte; il a prétendu
marcher seul, il a cru que lui seul avait la science
et possédait la vérité, il a voulu se poser en
prophète, et il n'a pas été compris parce qu'il
était incompréhensible.
Sutler est mort à Paris, le 3 mars 1880.
SVENDSEiy (Johan-Severin), compositeur
norwégien, est né à Christiania, le 30 septem-
bre 1840, de parents peu fortunés. Bien que
n'ayant pas encore atteint quarante ans, il la
déjà fourni une carrière toute de voyages et
d'aventures. Il montra de bonne heure une
véritable passion pour l'état militaire et de
rares dispositions pour le violon, que son père
commença de lui apprendre et sur lequel il de-
vait acquérir un vrai talent. D'une constitution
robuste et Irès-développé dès l'âge de quinze
ans, il entra alors comme chasseur dans l'ar-
mée norvégienne ; mais, dès qu'il fut soldat,
son goût militaire ne tarda pas à s'affaiblir, et
il se retourna avec énergie vers la carrière
musicale. Il débuta d'abord comme clarinelle,
puis comme flûtiste, dans la musique même du
régiment, sans négliger pour cela l'étude du
violon. Il saisissait, au contraire, toutes les
occasions de s'y exercer. C'est ainsi qu'il s'en-
gagea comme violon-solo pour accompagner
un cours de danse, et, pendant la durée des
leçons, il accommodait à toutes les danses
imaginables les études les plus ardues de
Kreutzer et de Paganini. A vingt et un ans, il ob-
tint son congé militaire, et parcourut la Suède
5o6
SVENDSEN
ri le 1101(1 (le rAllemaguc en jouanl du violon
ilans les concerts; c'est à la suite d'un orcliestre
aiiilnilaiit (lu'il arriva un beau jour à Lubeck
où le docleur Lèche, consul de Suède et Nor-
wége en cette ville, le reçut avec une bonté
presque paternelle, et c'est grâce à ce protec-
leur inalteniiu que Svendscn obtint du roi
Charles XV une pension que lui permit daller
leiminer ses études musicales au Conserva-
toire de Leipzig. Le jeune homme y entra
Cil 18G3, et il y resta plus de trois ans, pen-
dant lesquels il eut pour professeurs d'harmo-
nie Hauptmann et Richler, et comme maître
de violon le célèbre virtuose Ferdinand Da-
vid. Au printemps de 18G7, Svendsen quitta
le Conservatoire et entreprit un grand voyage
artistique ; il alla en Danemarck, en Ecosse,
en Irlande, en Angleterre, puis retourna en
Norwége où il donna deux grands concerts
qui lui valurent un triomphe complet. L'année
suivante, il vint à Paris, où il séjourna deux
ans, et comme il fallait vivre, il accepta d'en-
trer à l'orchestre de l'Odéon (!), puis il re-
tourna à Lei|)zig, où il remplissait en 1 870 les
fonctions de concert meisier de la Société
Euterpe, rivale du Gewandhaus, En 1871, il
parlait pour les États-Unis, où il prenait
témme, et l'année suivante, il était rappelé
à Christiania pour y diriger des concerts offi-
ciels. 11 passait enfin l'hiver 1877-78 en Italie,
l'-été de 1878 à Londres et arrivait en octobre
à Paris, où il réside encore aujourd'hui, pro-
fitant ainsi de la pension que le roi Oscar II
lui a attribuée, ainsi qu'à Edouard Grieg, pour
leur permettre de se livrer à la composition
en toute liberté d'esprit. La première fois que
ces deux compositeurs furent étudiés en
France avec l'allenliou qu'ils méritent, ce fut
dans un arlicle que je m'honore d'avoir
écrit dès 1875 et qui ne produisit pas, {laraît-il,
une petite émotion lorsqu'il parvint à Chris-
tiania. La première fois qu'on exécuta quel-
qu'une de leurs œuvres à Paris, ce fut à l'Ex
position universelle de 1878, dans la séance de
musiiiue de chambre norvvégicnne on la sonate
en fa de Grieg pour piano et violon et l'octuor
pour cordes de M. Svendsen produisirent le
jilug grand effet. Ce succès ne fut |ias perdu
pour M. Svsndspu, puisque, dans l'hiver qui
suivit, M Pasdeloup exécuta une de ses belles
Bapsodies noruégiennes et que les concerts
populaires d'Angers jouèrent sa symphonie en
ré majeur.
Svendsen ne se dislingue pas i)ar une fécon-
dité extraordinaire, car le nombre de ses œu-
vres n'atteint pas encore la trentaine ; mais il
n'en est aucune qui n'appartienne au genre
élevé. Ses premiers essais, comme musicien de
régiment, étaient écrits d'emblée pour or-
chestre ; il n'est donc pas («tonnant qu'il ait
très-vite acquis une grande habileté de main
dans l'art de combiner et de nuancer les tons
de l'orchestre. ISIais cette connaissance appro-
fondie des ressources orchestrales dégénère
parfois en défaut, 'lorsque l'auteur se lance dans
des combinaisons où il s'occupe avant tout de la
facture, de la forme extérieure. Cela est par-
ticulièrement sensible dans son morceau hu-
moristique : le Carnaval à Paris, on il a fait
de la musique exclusivement descriptive, non
sans un grand talent et une rare habileté. Les
morceaux symphoniques de M. Svendsen sont
généralement bien conçus et bâtis avec art,
encore qu'il fasse un usage trop fréquent des
petits motifs et des phrases'écourtées. Ses thè-
mes de scherzos et d'allégros sont gracieux
et séduisants, son orchestration abonde en re-
cherches piquantes; enfin, il sait faire un em-
ploi très-beureux des contrastes et faire alter-
ner dans un même morceau les émotions ter-
ribles et les mélodies gracieuses ou caressan-
tes. Il marque même pour ce procédé une pré-
dilection qui pourrait l'entraîner à l'excès et
qui prête à certains morceaux' une apparence
de mosaïque, lorsqu'un début pompeux et
grandiose amène sans transition et sans raison
apparente une série de développements gra-
cieux et de rhythmes légers. Ces critiques
de détail n'atténuent en rien le mérite de ce
musicien, dont j'ai voulu étudier le talent dans
ses faces principales, en opposant ses moin-
dres défauts à ses brillantes qualités. Les
premières de ses qualités sont une personna-
lité bien franche, parfois même un peu bizarre,
une couleur poétiipie en ses andantes, une
fantaisie délicieuse en ses scherzos, dont les
idées 'et les développements lui aiiparliennent
bien en propre. Cette personnalité, encore un
peu noyée dans sa première symphonie, se dé-
gage plus nettement dans la seconde, dans
l'ouverture de Sigurd le mauvais, et surtout
dans son quintette et son octuor pour instru-
ments à cordes : c'est là le genre où il me
parait exceller et devoir pas.ser maître. En
résumé, les qualités, 6t des qualités qu'on
n'acquiert pas, l'emportent de beaucoup dans
la balance ; on peut donc fonder de sérieuses
espérances sur ce compositeur dans un genre
où notre époque n'est pas trop riche, et il
faudra suivre avec attention et intérêt le
déveIopi)ement ultérieur du talent symphoni-
que de M. fevendscn.
SVENDSEN — SZAMOTtlLSKI
5o7
Voici l.i liste très-complète des compositions
de M. SveiKisen , rangées ]>ar numéros (l'œu-
vre : 1" Quatuor pour cordes en la mineur ;
_ 2° Cii.insons pour voix d'hommes ; — 3°
Ottetto en la majeur pour deux violons, deux
altos et deux violoncelles ; — 4° Symphonie
en ré majeur ; — 5» Quinletle en ut majeur
pour deux violons, deux altos et violoncelle;
— 6" Concerto en la majeur pour violon et
orchestre ; — 7° Concerto en ré majeur pour
violoncelle et orchestre ; — 8° Sigurd Slembe
(Sigurd le mauvais), introduction' symphoni-
(pie en ut majeur pour le drame de IJjornst-
jerne Bjornson ; — 9° le Carnaval à Paris,
épisode pour orchestre; — 10" Marche funèhre,
pour les obsèques du roi Charles XV ; — ir
Zoraïdée, légende pour orchestre; — 12"
Polonaise de fête, pour orchestre; — 13"
Marche solennelle pour le couronnement
d'Oscar II et de son épouse Sophie à Uron-
theim, le 18 juillet 1873 ; — 14" Fête nuptiale
à Dévre, pour orchestre; — 15" Symphonie
en si bémol majeur, exécutée pour la pre-
mière fois au Gewandhans de Lei[)zig le 8 no-
vembre 1877 ; — IG" Marche humoristique,
composée [lour une fête dans une société
d'artistes, à Christiania ; — 17° Rliap-
sodie norivégienne u" !, pour orchestre;
— 18" Roméo et Juliette, ouverture pour
orchestre; — 19" Rhapsodie norwégiennc
i\" 2 ; — 20" Quatuor pour cordes ; —
21" et 22" Rhapsodies norircgiennes
n-'* 3 et 4 ; — 23° Cinq mélodies pour voix
avec piano, poésies allemandes de Bodenstedt
[Mirza schaffij) et françaises de Victor Wilder;
— 24" Quatre mélodies pour une voix avec
piano, traduites en français par Victor Wilder.
De plus, M. Svendsèn a orchestré divers
morceaux de Bach, Schubert, Liszt et Schu-
inann ; il a aussi arrangé pour petit orches-
tre de cordes différentes mélodies popu-
laires, deux d'Irlande, une de Norwége et
deux de Suède ; il a enfin |iublié sans numéro
d'ordre une mélodie avec piano, la Violelle,
qui se chante en norwégien, en anglais et en
allemand. Au. J— x.
* SAVELIIVCK (Jean-Pierre), organiste
néerlandais, mourut non en 1622, mais le
9 octobre 1G21.
SYLVESTRE (François-Xavier), né à La-
coste (Vauclusi^) en 1793, mort à Aix (Bouches-
du-Rhôno) le 27 juillet 1856, a joui en Provence
d'une certaine notoriété. Ce fut à Cavaillon
qu'il reçut le premier enseignement régulier
de iniibique et de violon d'un professeur nommé
Dérive. Appelé à l'âge de dix-huit ans sous les
drapeaux, il se fit remarquer par ses aptitudes
spéciales, et fut nommé sous-chef de musique.
A la chute de l'ILinpire il retourna dans ses
foyers, et en 1817 se maria à Lauris. H com-
pléta dans cette petite ville ses connaissances
musicales sous la direction de Garnier, ex-haut-
bois de ropéra et de la chapelle royale, qui
y vivait retiré. Il habita ensuite Forcal(|uier,
puis se (ixa délinitivement à Aix, où il a ter-
miné sa carrière. En 1829, il fut choisi pour
diriger la maîtrise de l'église métropolitaine
d'Aix, que Félicien David venait de quitter, et
où André Campra avait fait jadis ses études,
juscju'en 1679. Il conserva ces fonctions de maî-
tre de chapelle jusqn'cà sa mort.
Sylvestre a beaucoup écrit. Celles de ses
œuvres qui méritent le plus d'être mention-
nées sont les Psaumes 110,'lll et 112 et quatre
messes pour soti, chœurs et orchf stre ; l'une
d'elles, dédiée à sainte Cécile, fut entendue
pour la première fois à Aix en 1836, et y a
été depuis assez fréquemment exécutée. On
connaît encore de lui diverses cantates, entre
antres celle de Saùl et une autre pour les
victimes de la Guaileloupe, beaucoup d'an-
tiennes, motets et cautiquL\s, et des leçons et
solfèges pour ses élèves.
Ces ouvrages sont d'une assez bonne facture
et témoignent d'une grande facilité mélodique.
IMaiheureuseinent le choix des idées n'est nul-
lement épuré, et le style se ressent beaucoup
du milieu étroit où Sylvestre a passé sa vie
depuis sa première enfance. On peut appli-
quer à tous ses travaux l'appréciation très-
exacte que d'Orligue a portée, dans ce .sens,
sur la messe à sainte Cécile dans la Musi-
que à VÉrjlise (page 129).
Sylvestre était un artiste laborieux et mo-
deste. Il a rendu de réels services comme
professeur et maître de chapelle, et sa mort
causa d'unanimes regrets.
Al. R— d.
SZAl^lOTLXSîil (Vexceslas), Venceslaus
SamotuUensis, musicien fameux du seizième
siècle, naquit à Szamotuly, et fit ses études
littéraires d'abord au collège de LuKzanki,
à Posen, puisa Cracovie. Admis ensuite comme
secrétaire chez Jérôme Chodkiewicz, hetman
de Lithuanie, il se fit recevo'ir docteur en
philoso|)hie à l'Univeisité de Cracovie, puis se
consacra à la culture de la poésie et de la
musique, sans négliger les mathématiques.
Nommé plus tard directeur de la musique du
roi de Pologne Sigismon I-Auguste, il écrivit
des mélodie^ pour les Lamentations de Jéré-
mie et composa un grand nombre de chants
SZAMOTULSKI — SZCZUP.OWSRl
sacrés qui liront l'admiration générale ; con-
!cnii>orain de .lean WirbKowski. il composa
aussi plusieurs cantates pour ce chanteur cé-
lèbre, qui n'a jamais eu d'éj^al dans son pays.
Tous les écrivains polonais sont unanimes dans
les louanges •(|;i ils ont accordées à la mé-
moire de Szainotiilski, et l'iiisloricn Simon
Sfarowolski, <|ui lui a consacré une notice
dans ses Cent illusirca PoUmais, en parle
ainsi à la fin de celle notice : « On dit qu'Am-
phion fléchit par ses chants mélodieux les ro-
chers immobiles et attendrit les pierres ; mais
voici que, de sa douce voix, un nouvel Am-
phion attendrit les hommes du Nord.... » Ses
contemporains le considéraient comme un di-
gne émule des grands maîtres de l'Italie. Mal-
heureusement cet artiste mourut jeune, à peine
Agé de quarante-trois ans, et avant d'avoir pu
donner la mesure complète de ses facultés.
Tous les recueils de chant religieux publiés en
Pologne dans le cours du seizième siècle con-
tiennent des mélodies de Venceslas Szamo-
tulski, désignées par ses deux initiales : V. S.
On cite parmi ses compositions : Alléluia
(Cracovie, Andrysovic) ; Christe qui luv es
cl dies, motet à quatre voix, sur paroles po-
lonaises (idem, idem); chant d"André Trzy-
cyeski, Ach moij niebieski panie, mélodie à
([uatre voix, cantus, altus, ténor et basse
(idem, idem) ; Prière dit, soir, à quatre voix
(idem, idem); Inclina, Domine, aurem iiiam,
psaume 85, .sur paroles polonaises ; Beatus
rir qui non nbiit in concilio iinpiorum, mo-
tet à quatre voix, sur paroles polonaises ; Do-
mine, qiiis habitabit in tabernaculo tito,
psaume 14, à quatre voix, sur paroles polo-
naises (Cracovie, Andrysovic).
SZCZEPA^OAVSKI (Stanislas), l'un des
virtuoses sur la guitare les itlus remarquables
qu'ait produits le dix -neuvième siècle, naquit
en 181 i dans le Palatinat de Cracovie. Ayant
fait un voyage à Edimbourg dans ses jeunes
aimées, il commença l'étude de son inslnunent
avec Horeçki {Voyez ce nom), alors établi en
celte ville , puis, étant venu à Paris, prit des
leçons avec Sor, qui lui enseigna aussi la
composition. Après avoir ainsi terminé son
éducation, il retourna à Edimbourg, donna
son premier concert, qui produisit une véri-
table sensation, et entreprit un grand voyage
musical à travers l'Europe, se faisant entendre
successivement à Londres, à Berlin, où la
jeunesse polonaise lui offrait un banquet , à
l'osen, où il donnait quinze concerts, à Cra-
covie, où il n'en donnait pas moins, à Varso-
vie, à Saint-Pétersbourg, où il se produisait trois
ois de suite au théâtre Michel, à Wilna, cii il
était accueilli avec enthousiasme, et dans
d'autres villes encore. Szczepanowski ne resta
pas longtemps dans sa patrie, et reprit bien-
tôt le cours de ses pérégrinations, visitant
cette fois les provinces danubiennes, la Tur-
quie, la Syrie, et se faisant applaudir à Kùow,
Bucharest, Ibralïa, Warna, Constantinople,
Smyrne , etc. , puis traversant l'Europe cen-
trale , et allant chercher le succès jusqu'en
Espagne. Partout il recevait le même accueil,
et se voyait fêté par ses auditeurs. En 1855,
comme il visitait de nouveau l'Allemagne, une
feuille germanique, ïlllustrirte Zeitung, pu-
bliait sa biographie et son portrait, Szczepa-
nowski ne se bornait pas d'ailleurs à pincer
de la guitare ; il possédait aussi un talent dis-
tingué sur le violoncelle, et se faisait souvent
entendre sur cet instrument. Mais il n'a écrit,
je crois, que pour la guitare, et l'on cite,
parmi ses compositions : 1° Fantaisie [sur un
air anglais; 2° la Jota Arragonesa, variée ;
?," Introduction et Variations sur un thème
de Sor, pour la main gauche seule; 4" Dif'
ficullés de la guitare (Andante et Mazurek,
suivis d'une valse fantastique) ; 5° Souvenir
de Varsovie, pot-pourri militaire; 6° Varia-
tions sur un air polonais; 7° Duo comique sur
le. Carnaval de Venise ; 8° Mazureks origi-
nales; 9" Quatre Mazoures (Londres, Cocks)
etc.
SZCZLROlVSîvI (JE.VN-NÉPOMLCt:NE) , un
des chanteurs les plus remarquables qu'ait
possédés la Pologne, naquit en 1771 ;"> Pine-
zow, «lans ,1e Palatinat de Cracovie. Cet ar-
tiste extrêmement distingué, doué d'une voix
de basse-taille forte et vibrante, conserva cette
voix pendant près de'soixante ans. Après avoir
fait son éducation musicale dans sa ville na-
tale, il débuta, en 1787, sur le théâtre de Cra-
covie, puis se fit entendre sur ceux de Dubno
et de Lublin ; mais ce milieu modeste ne suf-
fisant pas à son ambition, il s'engagea à Var-
sovie, dans la troupe du célèbre directeur
Boguslawski, et y débuta avec succès, en 1793,
ilans la Frascatana, de Paisiello. Au bout
de deux ans, il partit pour Léopol, où il resta
quatre années, puis revint à Varsovie où il
fut jusqu'en 1806 le principal soutien de l'opéra
polonais. Il entreprit alors un nouveau voyage,
visita Dubno, Tulc/yn, Kamienieç-Podolski,
et, une fois de retour à Varsovie, ne quitta
plus cette ville jusqu'à la fin de sa carrière.
Alors commença la plus belle période de la
vie artislicpie de Szczurowski, qui se montra
tour à tour, avec le plus grand succès, dans
SZCZURONYSKI
S/ÉKELY
Soi)
ÏAxur, de Salieri, dans la Vestale, de Spon-
tiiii, dans Don Jîiun et la Flàle magique,
de Mozart, dans le Turc en Italie, le Bar-
bier de Séville et la Pie voleuse, de Ros-
>\u\, dans VAgnese , de Paër, dans Robert le
Diable, de :Meyeibeer. « Dans tous ces rôles,
ilit M. Albert Sowinski, il brilla comme chan-
teur, aiiné du public, estimé des artistes,
toujours exact à remplir ses devoirs et em-
l)ressé à rendre service à ses confrères. Indé-
liendamment des opéras traduits, il remplit des
rôles importants dans les opéras polonais de
Charles KurpinMvi. 11 fut très-applaudi dans
les personnages de Lancelot, du Palais de
f.ucifer et de Czaromijsl. En i837, la direc-
tion des lliéàlres de Varsovie lui accordt une
représentation à son bénéfice à l'occasion de
son jubilé (cinquante ans de service). Le
Turc en Italie fut monté avec magnifi-
cence ; tous les artistes parurent dans les dif-
férents costumes; le bénéficiaire, rappelé après
chaque moi'ceau, remercia l'assemblée dans
une pièce composée exprès pour la circons-
iance, par le maître de chapelle, Charles Kur-
pinslii, après laquelle le ténor Dobrski chanta
des couplets en l'honneur du bénéficiaire, et
i la fin de cette solennité les artistes lui of-
frirent une bague précieuse avec cette inscrip-
tion : Pamiontka od artystow (Souvenir
(i'artistes). » En 1845, Szczurowski se lit en-
tendre une dernière fois dans une séance donnée
pour célébrer le vingt-cinquième anniversaire
lie la fondation, à Varsovie , des concerts de
la liessource marchande. Il était alors âgé de
soixante- quatorze ans. Il moiuut peu d'années
après.
SZEKELV (Eméhiquk), pianiste et compo-
siteur, distingué, est; né à Matyfalva (Hongrie)
le 8 mai 1823. Après avoir reçu une bonne
éducation musicale, il fit, en 1816, un voyagea
Paris et à Londres, puis rentra dans sa patrie
et se fixa en 1850 à Budapest. Il y occupe au-
jourd'hui une situation considérable comme com-
positeur, virtuose remarquable et professeur re-
cherché.M. Székely a écrit beaucoup et dans di-
vers genres : pièces .symphoniiiues, concertos et
sonates pour le piano, etc. Le nombre de ses
compositions publiées (pour la plupart chez l'é-
diteur Rozsavolgyi, à Budapest) s'élève à 60 en-
virons. Ses morceaux de salon pour le piano, en
style hongrois, sont les plus renommés et les
plus répandus; ce sont généralement des trans-
criptions brUlantes de chants nationaux, ou des
conqiositions écrites sur des motifs populaires.
La plus belle de ses fantaisies hongroises est
un morceau intitulé Souvenir du lac de Balu-
ton, du nom d'un lac qui est situé d'une façon
romantique au milieu de la Hongrie. M. Székely
a publié aussi diverses transcriptions sur des
motifs de deux opéras d'Erkcl : Hunijady et
Bankban.
J. B
* ï.\CCni:>^\l\DI (Nicolas). — C'est le
14 mars 1859, et non au mois de janvier 18G0,
que ce chanteur célèbre est mort à l^lorence.
D'autre part, la date de sa naissance est le
3 septembre 1772, et non le 10 seplemiin'
177G.
TACC1II>,\RD1 (GuiDo), jeune compo-
siteur italien, élève, je crois, de M. Mabellini,
a fait ses débuts à la scène en écrivant avec
quelques jeunes confrères, MM. Baccbini, De
Champs, Felici, Gialdini et Usiglio, la partition
d'un petit o|)éra bouffe, la Secc/iia rapita, qui
fut représenté sur le théâtre Gokloni, de Flo-
rence, au mois d'avril 1872. Le 22 octobre de la
même année, il donnait, seul, au théâtre Nuovo,
de la même ville, un autre ouvrage bouffe inli-
tulé i Conti senza Voslo. Enfin, le 25 février
1874, le théâtre des Loges offrait à son public
une nouvelle bouffonnerie, Vidolo Cinese, dont
la musique' avait encore été écrite par M. Tar-
chinardi et trois autres jeunes artistes, Mi\L De
Champs, Felici et Gialdini.
TAC-COE>' ( ), musicien français,
a fait représenter à Nanles, au mois de juillet
1872, un opéra-comique en un acte intitulé
Jean le duc.
TADDELCCI ( ), jeune compositeur
italien, était âgé seulement de dix-huit ans lors-
qu'il (It repré.senter le Ifi avril 186S, sur lelhéâde
delà Pergola, de Florence, ,4/ H((c/e, opéra can-
tate en deux parties.
* TADOLOÎ (Jean), compositeur dramali-
que 'italien, est mort à Bologne le 2'J novembre
1872.
* T AKr.LICHSBKCK (Tuobas), composi-
teur et vio'oniste, est mort à Bade le 4 octobre
18C7.
TAGLIAFICO (Josepii-Dievdonné), né à
Toulon, déparent» iinlicns, le 1"" janvier I>S2l,fi!
de remanjuables éludes au collège Henri IVà Pa-
ris, où il obtint en 1837 un accessit au prix
d'honneur du grand concours. Destiné au bar-
reau, il fit son droit à Paris; mais des succès de
salon comme chanteur déterminèrent sa voca-
tion pour le théâtre. Instruit par Piermarini
pour le chant et par Lablaclie pour la scène, il
d'ibula en 18i4 aux Italiens, de Paris, el eu
1847 à Londres. Depuis cette époque, il n'a pas
manqué une ^eule saison à Covent-Garden.
Il a chanté dans les intervalles en Russie, en
.\llemagne, en .Amérique. M. Tagliafico est l'au-
teur de beaucoup de traductions françaises des
maîtres italiens, espMgnols et anglais. Comme
compositeur, il a produit quelques œuvres de
.salon dont certaines, telles que le Duo co-
inique de Saint-Janvier, ont obtenu un grand
succès. La correspondance anglaise adressée au
Ménestrel depuis quinze ans, sous le pseudo-
nyme de de Retz , est également de M. Taglia-
fico.
J. D. F.
TAGLIOAfI (Fekdinando) , compositeur,
professeur de chant et écrivain musical, né à
Naples le 14 septembre 1810, est le fils du fa-
meux choiégrapiie Salvatore Taglioni. Il com-
mença dès ses plus jeunes années l'étude de
la musique et du piano, puis, ayant été envoyé à
Lucques pour y faire son éducation littéraire,
il y devint en même temps l'élève de Massimi-
liano Quilici j^our le piano et de Doinenico Qui-
lici pour riiaimonie et le confie-point ; enfin,
étant retourné à Niples en 1828, il .compléta
ses connaissances artistiques avec Raiinondi et
le comte Galleinberg. qui lui fit particulièrement
travailler l'instrumentation. Après avoir écnt
pour le théâtre du Fondo deux opéras qui fu-
rent bien accueillis, i Gualderano (1838), et
/ Due Mardi (1839), M. Taglioni se livra avec
succès à l'enseignement du chant et forma
d'excellents élèves, parmi les(iiiels on cite sur-
tout la Borghi-Mamo, W" Elena Angri, et le té-
nor Braham, devenus si célèbres depuis. INommé
en 1842 directeur de la chapelle de la B. S. Casa
di Lanciano, il conserva ces fonctions jusqu'en
1849, écrivant de nombreuses (euvres de mu-
sique religieuse, soit a cappella, soit à grand
orciiestre, entre autres deux grands Miserere,
un Te Deum et un oratorio intitulé Maria.
Durant son séjour à Lanciano, M. Taglioni fut
chef d'orchestre du théâtre de cette ville.
Mn 18'i9, il revint à Na|>les, où il remplit
jusqu'en 18.'j2 l'emploi de maestro concerla/ore
au théâtre San-Carlo; à celle époque il du!
émigrer pour se soustraire à deux condanma-
t'ous qu'il avait subies pour faits politique?.
Après avoir obtenu sa grâce, il fixa de non-
TAGLIONI
TALEXY
361
veau son séjour à Naples, où il prit la direc-
lioti (le la Gazzettu musicale; puis, en 18ôG,
il introduisit, le premier en Italie, les concerts
historiques classiques^ avec commentaires
écrits par hii-mèinp. C'est aussi lui qui, en
lS6i, proposa l'idée d'un congrès musical italien,
ilont, lors de sa réunion, il fut nommé prési-
dent. Enfin, c'est encore iM. Ta};iioni qui, le pre-
imier, s'occupa de i'enseisincment du chant
choral en Italie, et fonda la première école de
be genre à Naples en 1865.
f M. Taj^lioni n'a pidilié qu'un pelit nombre
ide ses compositions : 2 romances, quelques
duos pour piano et violon, un recueil d'exer-
iCices et de mélodies jiour l'enseignement du
chant choral. Voici la liste de ses écrits rela-
tifs soit à la théorie, soit à l'enseignement de
la musique : i" l'rogcflo diri/brme musicall
dklattkhe, cJiiesastiche , teatrali (ISCI);
i" Discorso inaugurale, délia Socielàdel Quar-
letlo (1862); 3° Proposta di un regolamen/o
per Vinsegnamenlo obbligalorio délia musica
nelle scuole primarie e normali ( 1 865) ; 4" Dis-
corso inatigurale del 1° Congresso musicale
italiano (1865); 5° la Queslione del collegiodi
miisica (iliOC)}; 6" Osservazioni iiilonio alla
rclazione délia commissionne d'iachiesta per
le scuole di musica nel R. Albergo de' Poveri
(fSG7); 7" Lezinni popolari di letlura musi-
cale deiiale per Vinsegnamenlo simuUaueo
(1868); 8" VOrganico del collegiodi musica,
ixservazioni e pensieri {\HG'.)}; 9° Metodo ra-
zinnale per l'insegnamento del canto coralc
mile scuole in faut m e popolari (IS'i); iO''3fa-
uitale per Vinsegnamenlo pratico de' cnnli
per udizione (1870); 11" Mnntiale dirudi-
nienli elemenlari ])er Vinsegnamenlo leorico
dfi canto coralc nulle scuole popolari {{870) ;
l'î" Diserjno di un corso diesfetica musicale
(1873). Outre ces écrits, M. Tnj^lioni a publié
lians divers journaux un grand nombre de bio-
graphies artistiques et d'articles de critique et
(l'histoire musicales. M. Taglioiiiest membre de
diverses académies, et chevalier de l'ordre
des SS. Maurice et Lazare.
TAI\ ( ), violoniste et compositeur,
a fait représenter en ISo'i, sur le théâtre des
Jeunes-Élèves, deux. |)etils opéras-comiques en
un acte : 1" la Raison, VHgmen et V Amour;
2" une Heure d'Alcihinde. Il a écrit aussi la
musique de plusieurs drames joués aux bou-
levards. En 1807, il était premier violon au
théâtre de la Gaîté ; peu d'années après , il
descendait au second violon, ce qui indiquerait
qu'à cette époque il n'était déjà plus jeune.
J 'ignore les dates de sa naissance et de sa mort.
BIOCU UNlV. DES MUSICIENS. — SUI'I'L. -
TAJAN-UOGIi (D ), musicien etécri vain
français, a publié en 1867, dans la Revue phi-
losophique et religieuse, l'écrit suivant : « les
Beaux- Arts aux Etats-Unis d'Amérique,
deux discours prononcés à New-York, les 27
et 31 mai 1856, par M. D. Tajan-Rogé, » dont
il a été fait un tirage à part (Paris, Be;fel,1857,
in-S" de 72 pp.). Le second de ces discours
porte pour titre : État général de la musique
et de Vopéra lyrique. Le même écrivain a pu-
blié une brochure intitulée : Hommage à la
mémoire de Ikiillot (Paris, Le Chevalier, 1827,
\n-V\ de 2i pp.), un écrit plus étendu qui,
sous ce titre • Mémoires d'un piano, trace le
récit de voyages faits par l'auteur en Asie et
en Ani(|ue, une brochure de polémique intitulée
Fausses noies, et enfin un autre opuscule, non
signé : <^ le Festival de Birmingham, ^ay un
Welche. i. Tajan-Rogé, qui avait pris part à la
rédaction du journal VArenir musical (1853),
est mort à Paris au mois de mars 1878, âgé de
75 ans. Il avait séjourné longtemps à Saint-Pé-
tersbourg, où il faûsait partie de l'orchestre du
théâtre impérial. Dans sa jeunesse il avait ap-
liarlenu, connue Télicien David, à la secte saint-
simonienne.
T ALIJW (Adkien), pianisleet compositeur
français, né vers 1820, s'est consacré de bonne
heure à l'iMiseiguemeut, tout en se faisant con-
naître par la publication d'une a.ssez grande
quantité de morceaux de genre pour le piano,
morceaux auxquels leur grâce facile valut un
succès assez vif auprès des amateurs. En 1860,
M. Talexy eut la singulière idée de .se faire di-
recteur do théâtre, et de conduire à Londres
une troupe d'acteurs non lyriques. Cette expé-
dition ne fut pas heureuse, et bientôt il re-
commençai! à donner des leçons et à compo-
ser. Dans CCS dernièies années, il a écrit lamu-
siipie de quelques opérettes en un acte, dont
voici la liste : i° îin Garçon de cabinet, I-'olies-
Mariguy, mai 1872 ; 2° la Fête des lanternes,
id., 2 octobre 1872 ; 3° le Boulon perdu, P.ouf-
fes-Parisieus, 7 mars 1874; 4" le Secret de
Rose, café-concert de la Pépinière, 30 octobre
1875; 5* le Garçon malgré lui, Folies-Oller,
12 mai 1877; 6" Quand on manque le coche,
I^ouffes-Parisiens, 5 mai 1878.
Les compositions de M. Talexy pour le piano
sont au nombre de cent cinquante environ,
parmi lesquelles il faut smlout ciler une Mé-
thode élémentaire et progressive de piano
(Paris, Colombier), un recueil de 20 Études ex-
pressives, o\^. 80(i.i., id.), et des morceaux de
salon originaux : Promenade sur Veau, le
Coucher des oiseaux. Bruits des champs
T. II. 36
iOfî
TALEXY - 'lAPPEllï
!\'ttit ètoilée, Bona sera, Privre à la Madone,
Marche des fifres, Araujuez, la Pagode,
Jlymne à Cèrès, Chœur d^adieu, etc. Cel
artisic a publié aussi des fantaisies sur des
motifs d'iipéras et un assez grand nombre de
morceaux de musique de danse.
TAMBi:ilLICIv (ENRico),céIèlire ténor ita-
lien, est né à Rome le 16 mars 1820. Fils d'un
employé au Trésor, il était destiné par son père
à la carrière du barreau, et envoyé d'abord à
rUniversité de Bologne; mais le jeune homme
avait une Ame d'artiste, une voix merveilleuse,
et il abandonna tout pour se consacrer à l'é-
lude du dianl, sous la direction d'un ancien
ténor nonuné Guglielmi. 11 fit de rapides pro-
grès avec ce maître, et après deux années d'un
travail assidu il |>ut débuter au théâtre du
Fondo, de Naples, dans GiuUetta e Romeo de
Bel Uni. Son succès fut si grand, dès sa pre-
mière apparition, qu'on l'appela aussitôt au
grand théâtre San-Cailo, oii il se vit accueillir
avec un véritable enthousiasme dans la Norma
et Gemma di Vergij.
Un piiysique superbe, une physionomie noble
et théâtrale, une voix aussi remarquable par sa
fraîcheur et sa limpidité que par sa puissance
et sa grandeur, un style d'une rare pureté, un
cliant patliélique et animé, enfin un rare sen-
timent de la .scène et de ses exigences, telles
étaient les qualités de M. Tamberlick, qui fut
certainement, [avec M. Fraschini,M'"'^' Alboni et
Frezzolini, l'un des derniers représentants de
tette grande école du beau chant italien, si
déchue aujourd'hui.
Après avoir fait fureur à Naples, M. Tamber-
lick partit pour Lisbonne, où l'appelait un brillant
engagement. Il se produisit ensuite à Madiid,
à Barcelone, à Londres et à Saint-Pétersbourg,
après quoi il alla faire une tournée triomphale
dans les deux Amériques. C'est en 1858 qu'il
vint pour la première fois à Paris, où, il laul
bien le confesser, le public accourut en foide
tout d'abord plutôt pour entendre le fameux
ut dièze qu'il faisait sonner avec tant d'éclat,
que pour apprécier et admirer les belles et
nobles qualités qui constituaient son talent.
Toutefois, les connaisseurs ne s'y trompèrent
pas, et trouvèrent en lui l'un des plus beaux
chanteurs qu'on eût depuis longtemps entendus.
Le réjiertoire de M. Tamberlick se composait
des grands ouvrages sérieux, Olello, Pollalo,
il Trovatore, la Forza del Destino, liigolclto,
auxquels il joignait, à l'étranger, les traductions
de nos opéras français : Guillaume Tell, Ro-
bert le Diable, les Huguenols, la Muette,
le Prophète, r Africaine, le Pardon de Plo-
ërmel, etc. Avec la. Muette, entre autres, il
obtiÊit un succès fou à Madrid, où il se trou-
vait lors de la révolution de septembre 1808. Il
était de retour à Paris l'année suivante, et y re-
vint encore en 1877, aux derniers temps de
notre théâtre italien. Mais alors, âgé déjà de 57
ans, il n'était plus que l'ombre de lui-même,
et, malgré ses efforts, son succès fut négatif.
Je crois qu'aujourd'hui il a complètement re-
noncé au théâtre.
*ÏAMI{Lni:VI (ANTorNE), chanteur re-
in irquable, est mort à Nice le 9 novembre 187G.
Après avoir définitivement quitté le théâtre, il
s'était retiré dans une fort belle propriété ([u'il
avait acquise dans les environs de Sèvres, à
deux pas de Paris, et c'est seulement en 1871
que l'état de sa santé l'obligea d'aller se fiver
à Nice. Tamburini avait épousé dans sa jeunesse
la cantatrice Marietia Gioja, qui était elle-
même une artiste distinguée. Peu de mois après
sa mort, on a publié sur Tamburini l'écrit sui-
vant : Tamburini et la musique italienne,
par Jacques de Biez (Paris, Tresse, 1877,in-12).
ÏAMIILUIIMI ( ), compositeur italien,
était mort depuis peu de temps lorsqu'on a
représenté sur le théâtre Carcano, de Milan, il
y a qutlques années, un opéra bouffe, i Due
Ilaitani, dont la musique avait été écrite
par lui. Cet ouvrage n'obtint aucun succès.
TANARA ( ), compositeur dramati-
que italien, a fait ses débuts au tliéàlre en fai-
.«ant jouera Turin, au mois de mai 1870, un
opéra intitulé Rila. Au mois de juillet 1S75,
il donnait au théâtre Balbo, de cotte ville, il
Castello dei fantasmi, o\^érel{e bouffe dont il
avait écrit la musique en société avec M. Boz-
zolli. Enfin, le 10 juin de l'année suivante, il
faisait représenter, toujours à Turin, une
autre bouffonnerie intitulée il Vicerè del Mes-
sico.
TA'>'C10iM ( ), musicien italien, a
fait représenter en 1869 sur le théâtre Allieri,
de Tuiin, mi opéra bouffe intitulé la Serva
padronn.
TAiNZ (Ai.ovs), musicien allemand, di-
recteur du Mozarteum de Salzbourg, s'était
fait connaître, comme compositeur, par plu-
sieurs o'uvrcs importantes, entre autres deux
messes, une ouverture de concert, et des qua-
tuors. Cel artiste mourut subitement le 17 avril
18(11, à ?al/,hourg, au moment où , venant
de s'asseoir au piano, il s'apprêtait à faire la
répétition d'un concert. Il était âgé seulement
de (iiiaraiite-cpiaire ans.
TAl'li'KIV J' (Wii.uELJi), musicogra(»he alle-
mand, est né à Ober-ïiiomaswaldaUjprèsBunzlau
TAl'Pr:i\T — TAUCHl
503
(Silésic), le 19 février 1830. Après sêlre consa-
cré (l'abord à l'enseignement, avoir été [iro-
l'esseiir en divers endroits, il se rendit en 1850 à
Berlin dans le but de s'adonner exclusivement à
la musique. C'est à la Nouvelle Académie de la
musique de cette ville qu'il reçut, du professeur
Delin, son instruction dans cet art. Il com-
mença à se faire connaître, en 186C, par la pu-
blication des deux écrits suivants : Masi/aiiis-
che Studien (Éludes musicales), et Musihund
MusikaUsche erziehung {Musique et éducation
musicale), Berlin, Gulfentag. Il donna ensuite
u!i opuscule tbéorique : dus Verbot der quin-
ten parallelen {la Défense des quintes paral-
lèles) (1). Le dernier et le plus étrange écrit
de M. Tappcrt est celui qu'il a publié sous ce
titre, dont la prolixité est au moins remarqua-
ble : Ein Wagner-Lexikon ^\ œrterbuch der
UuhœJlicJihcU, cnlJia/tend grobc, ha'hnende,
gehessige und verlecumderische ausdrilchc,
Wetche gegcn den Meister Richard Wagner,
seine wcrke und seine anhanger von dcn
feindcn undspœtlcrn gebraacht worden sind,
zur gemuths-ergœizung in mûssigen slunden
gesammelt von Wilhelm Tappert {Lexique
wagnérien, dictionnaire d'incivilité, conte-
nanties expressions grossières, méprisantes,
haineuses et calomnieuses qui ont été em-
ployées envers nintire Richard Wagner, ses
cruvres et ses partisans, par ses ennemis et
ses insulteurs, réunies dans les heures d'oisi-
veté, pour l'agrément de l'esprit, par Wil-
lielm Tappert], Leipzig, Frilzscb, 1878. En
ciierchant bien, M. Tappert n'aurait pas grande
(lil'liculté à construire un aulre lexique, qui
serait la contre-partie de celui-ci , et dans
le(iuel il pourrait recueillir, « pour l'agréineiit
(le l'esprit, » les expressions viles et calom-
nieuses qui ont été appliquées par les idolâtres
(ie M. Ricliard Wai^ner à ceux qui ne partagcnl
pas leurs senliments; l'un serait aussi utile que
l'autre, et prmiverail que la palme de la po-
litesse n'appartient pas plus à son parti (pi'.iu
parti oppose.
M. Tappert, quia publié quelques recueils de
lieder, et qui a pris part à l'enseignement dr
l'Ëcole de musique fondée par Tansig, est de-
venu récemment l'un des collaborateurs de la
youvelle Gazette musicale universelle alle-
mande. Dans son livre : Études musicales,
cet écrivain, à la suite d'un grand nombre
de ses compatriotes, a voulu dire son mot sur
la Marseillaise, qui a préoccupé tant de cer-
(1) Ce que nous appelons im France, en luirmonio, le?
« quintes con^ocn'ive; ».
veaux allemands; sans produire aucune preuve,
aucune indication précise, même aucun rensei-
gnement d'une valeur quelconque à l'appui d(!
son dire, il se borne à affirmer sommairement
que la musi(|ue de ce cbani célèbre n'est point
de I\ougel de Lisle, et que celui-ci l'a simple-
ment empruntée à un compositeur allemand par-
faitement inconnu, nommé Ilolzbauer, lequel
est l'auteur de vingt et une messes dont au-
ctme n'a été gravée et qui sont restées abso-
lument inconnues. Ce serait pourtant dans l'une
de ces messes que Rouget de Lisle aurait trouvé
le motif de son hymne immortel. Il faut re-
marquer que d'autre part l'organiste Ilamma
{Voy. ce nom), compatriote de M. Taïqiert, a
affirmé avoir découvert, dans le Credo d'une
autre messe d'un autre de ses compatriotes,
Hollzinann, la mélodie que Kouget de Lisle
aurait appliquée sans vergogne aux stioplios de
la Marseillaise. Il serait bon cepcn<iant que
messieurs les Allemands s'entendissent entre
eux à ce sujet, afin de ne pas paraître trop
ridicules.
*TAIl ADE ( ).— Cet artiste, qui fut
pensionné par l'Opéra à sa retraite de l'orcliesire
de ce théâtre, et qui était attaché aussi au Con-
cert spirituel, a publié un Traité du violon,
ou Régies de cet instrument (Paris, m"° Gi-
rard, in-Pde 60 pp.). D'autre part, le petit li-
vre publié en 1785 sous le titre de Tablettes des
Musiciens, mentionne^ ainsi ce comi)ositeur :
« Tarade, excellent violon^ pensionné de l'Aca-
démie royale, a fait plusieurs sonates, un Traité
de violon et une Méthode de principes pour la
clarinette. -■> Tarade était aussi éditeur, et sa
femme graveuse de musique ; celle-ci prenait
même le titre de " graveuse de musique de la
reine, » ainsi qu'on peut le voir sur certaines
publications musicales de la seconde moitié du
elix-huitiènie siècle.
TAIlilÉ DES SA51L03,S (M"'«), compo-
siteur-amateur, est l'auteur d'un drame lyriipie
en .3 actes, i Batavi, qui aélé représenté à l-lo-
lence, sur le théâtre de la Pergola, avec un
très-vif succès. Cet ouvrage, écrit sur un livret
français intitulé le Siège de Leyde, avait été
primitivement reçu au Théâtie-Lyrique de Taris,
ou pourtant il ne ]nd parvenir à être repré-
senté. — M. Edmond Tardé, fils de M'"*" Tarbc
des Sablons, après avoir été charge, sous ie
pseudonyme de Zanoni, de la ciiti(|ue musi-
cale au journal le Figaro, a fondé en ISC'J le
journal le Gaulois, qu'il n'a cessé de diriger
que depuis (jueliiues inois.
* TAKCIil (A.NGELo), compositeur drama-
tique napolitain. — Aux ouvr.:;:cs !c ce! aili, .;
oG-4
TAUCHI — TASKIN
ilfaut ajouler ifl Général suédois, opéra-comi-
(1110 en (ic\i\ actes, qui fui lioniié au tliéàlre
l'avait, à Paris, le 17 lloival an Vil. Selon
.M. Francesco Floriino, l'hislorien des conser-
valoires de Naples, le premier opéra de Tarchi,
écrit par lui en 1781, pour être Joué par ses
( oinpagiions d'elude, avait pour litre VArche-
fiello, el non VArchilcllo. J'ignore si l'arciii
avait refait en entier la iniisiiiue des iSozze. di
Figaro; toujours est-il que Vliidke des Ihéù-
frcs d'Italie pour 1737-88 contient (p. 107)ceUc
singulière mention relative aux ouvrages repré-
sentés ;\ Monza pen.lant l'automne de 1787 :
le Aozze (il Figaro, avec chœurs; le premier
et le second acte, niusiquedumaes/roWolfango
.Mozart; troisième et quatrième acte, musi(]ue
nouvelle du maestro Angelo Tarchi. Enfin,
Tarchi a encore fait représenter à Livourne, en
1785, un opéra intitulé // Malrimonio per con-
Irai/empo, el j'ai trouvé dans la Clironiqne de
l'Opéraitalien à Madrid de M. Carmena y
.Millan, la trace d'un autre ouvrage de lui,
Dorval e Virginia, op('ra bouffe qui était joué
en cette ville fpeut-ètrc après l'avoir été en
Italie) le 10 janvier 1795.
TARDIi:U DE iiialle\ilij:
^jjmc CiiAitLOTTKj, piauiste française fort distin-
guée, s'est fait remarquer dans les concerts par
les qualités d'un jeu souple, brillant et plein de
grAce. Celte artiste, ijui send)le ne se plus faire
entendre que rarement, est l'auteur de quebpies
comi)Ositions aimables : Granrie valse brillante,
op. 2; Romances sans paroles, op. 3; 1" et T
Préludes, op. 4 el 5 ; Carillon, op. fi; Berceuse,
op. 7; etc.
TARDIF (Lucien), s'est fait connaître à Mar-
seille comme comiwsiteur par une messe à
'i voix d'hommes avec aecomiiagncment de
quatuor et orgue, qui a été chank'e à l'église
>'i)tre-Daine-du-Mont de <;elte ville ; — une
ouverlure qui a été exécutée à Marseille aux
Concerts populaires, et, à Monaco, |)ar l'ex-
cellent orchestre de Monte-Carlo ; — ([uelqiir.v
morceaux de genre el de danse pnui' le piano,
et quelques mélodies jiour la voix. Vw petit
uond)re de ces dernières compositions seule-
ment a été jinblié ju-ipi'à ce j<uir.
Al.. U — u.
TAUDIF (L'.djlié J ), est auteur d'une
Méthode élémentaire et pratique de plain-
c liant (Angers, Harassé, 1860, in- 8"). On a
aussi de lui un Essai sur les nevmcs, insère
dans la IViblioihèqxie de tl'.'colc des chartes
iParis, Durand, 1853).
TA RIO I' (ALEXVNDni:- Josi-rn- Di'.sinE j , lils
d'un artiste qui lut, de 1821 à 1824, chef du
pensioimat au Conservatoire de Paris, naqni
à Paris le l-^- juillet 1802. 11 étudia, la liarpe
et fit partie, comme harpiste, de l'orchestre
de rO|)éra et de celui de la Société des con-
certs. En 1819, à peine âgé de 17 ans, il de-
venait répétiteur de solfège au Conservatoire,
puis successivement répétiteur au pensionnat
08?2), accompagnateur (1827), professeur des
clio'urs (1833), et enfin professeur titulaire de
solfège (!•=' janvier 1840). Il a fait exécuter à
i'eglise Sainl-Kuslache, en 1861, une messe à
3 voix, chœurs et orchestre de sa composition,
mais ne put jamais réussir à se produire au
théâtre, bien qu'il ait écrit quelques ouvrages,
entre autres un opéra-comique intitulé la Fille
du Soldat. Tariot est mort à Paris, le 23
août 1872.
TARISIO (Luu;i), célèbre colporteur d'ins-
frnmenls, né à Fonlanetto, près de Milan, était
bien connu des anciens luthiers parisiens, et a
apporté à Paris et à Londres, de 1820 à 1846,
presque tous les admirables instruments qui
s y trouvent des anciens maîtres, les' Aiuati,
les Stradivarius, les Guarnerius, les Bergouzi,
les Riiger, les Montagnana, etc., aujourd'hui si
rares et si recherchés.
Tarisio avait fait ses premiers voyages à
pied, portant dans une sacoche le.s chefs-d'œu-
vre de l'école de Crémone et de Brescia,
qu il découvrait en Italie avec un rare ins-
tinct. Plus tard, il voyageait avec de grandes
malles remplies d'instruments entiers ou frac-
turés. Il savait tout le prix d'uu manclu;
original, d'une tète, d'une table ou d'un fond
que tel luthier attendait impatiemment pour
rétablir dans son état primitif un instrument
de maître. Personne n'égala jamais Tarisio
dans celle chasse arLisliiiue et d'uu genre si
singulier. Tarisio mourut en Italie, après avoir
amassé une petite fortune.
J.G _ Y.
TARrVOAX SKI (Adsm), chef d'orcbeslrc et
(ouqiositeur polonais, était, en 184), chef d'or-
chestre du Ibéàtre des Variétés de Varsovie,
in)ur lequel il écrivit la musique d'une piè( e
intitulée : Tu lir/it , et, d'une autre (jui avait
pour titre : Gazrla sondowa {la Gazette des
Tril)unuux). Cet artiste a fait chanter chez
les moines Auguslins, de Varsovie, un Gra-
dnale de sa composition, et il a fait exécuter
au Ihèàtre el dans les bals un certain nombre
de Ma/iueks, qui ont été publics chez l'édi-
teur Klukowski.
* TASKIN (PASc.\L),^u;lèbre facteur de cla-
vecins, naquit non à Liège, vers 1730, mais
à Tlieux (province de Liège), en 1723.
TASKIN — TAUSIG
503
* TASKIN (IIf.nri-Joseph-Pascai.) , (ils
du [)rt!cé(ienf, naquit à Versailles le 24 aoill 1779,
et mouMil à Paris non en 1837, mais le 4
mai 1832.
*T Al i{B:îlî"(CiiAiir,Eâ-GoTTHiiEi)-WiMit:i.M).
— A la liste des principaux ouvraj^es de cet
artiste fécond et distingué, il faut ajonlcr les
suivants : Cesario, opéra représenté en 1874,
à Berlin, avec un vif succès ; musique pour
Phcdre, tragédie en 5 actes avec chœurs et
morceaux symphoniqiies, donnée au théâtre
royal de cette ville le 4 avril 1808 ; 2'^^ Con-
certo de piano, avec accompagnement d'or-
ciieslre, op. 189 ; Concerto pour violoncelle,
avec accompagnement d'orclieslre, op. 173 ;
20 K'uiderlieder, op. 138 et 148 ; 4 Pièces
pour le piano, op. 187 ; etc.
TALRERT (Éunest-Édou.vud), compositeur
et écrivain musical allemand, est né à Ucgens-
walde, dans la Poméranie, le 25 septembre
1838. Après avoir fait à Bonn de solides éludes
de théologie et de philologie, il se lia d'amitié
avec le compositeur Albert Dietrich {Voy. ce
nom), qui exerçait alors en celte ville les fonc-
tions de chef d'orchestre, et sous son iniluence
il se livra avec ardeur à l'élude de la musi-
<pie. Il se rendit un peu plus tard à Berlin, oii
il lit un cours de contrCz-point sous la direction
de M. Frédéric Kiel, l'un des plus grands ar-
tistes de l'Allemagne contemporaine, puis
visita Leipzig et Weimar. Depuis lors, et tout
en étant chargé de la critique musicale au
journal la Poste, M. Taubert a publié di-
verses compositions, parmi lesquelles on re-
marque un quintette pour piano et instru-
ments à cordes, des quatuors pour 2 violons,
alto et violoncelle, des morceaux de piano à 2
ou à 4 mains, des |)ièces pour violon et
piano, divers recueils de liedcr à une ou
plusieurs voix, des Mélodies toscanes, etc-,
etc.
TAUDOU (Antoine-Antonin-Bauthélem\) ,
violoniste et compositeur, né à Perpignan le
24 août 18^6, est le dernier et le seul survi-
vant des cinq hls d'un in>tituteur de celle
ville. Doué de grandes dispositions musicales,
il fui envoyé fort jeune à Paris par sa famille,
cl entra au Conservatoire, oîi il fit des études
exceptionnellement brillantes, ainsi que le cons-
tate la série des récompenses qui lui furent
décernées dans l'ordre suivant : en 18G2, se-
conde médaille de solfège; en 1863, première
médaille de solfège et premier accessit de vio-
lon; en 1865, second prix de violon, et pre-
mier prix en 1806 ; en 1867, premier prix^d'har-
monie ; enfin, en 1868, premier prix de contre-
point et fugue. M. Tauilou avait eu pour
professeurs au Conservatoire M. Massart pour
le violon, M. Savard pour l'harmonie, M. Reher
pour la fugue et la com|)osition. Violonisl.'
exlrèmenient distingué, au jeu élégant et lin,
liarnioidste habile el musicien consommé, il
avait, à peine âgé de vingt-deux ans, oblenii
dans notre grande école de musique toutes les
récompenses qu'un élève puisse ambitionner.
Iji 18(i9, il se préscida au concours de l'insti-
(ut, et pour son coup d'essai se vit décerner
11! premier grand prix de composition musi-
cale.
Malheureusement, la santé du jeune artiste
laissait beaucoup à désirer, et M. Taudou dut
demander au ministre des Beaux-Arts l'autori-
sation de rester à Paris et de ne point faire
le voyage de Rome, ce qui lui fut sans peine;
accordé. Depuis cette époque, il se livre à des
travaux de composition sérieux; il a fait en-
tendre en 1872, à la Société philharmonique,
une Marche-ballet d'un joli effet ; en 1873,
au concert Danbé, deux bleuelles instrumen-
tales , Chant d'automne et Marche noctur-
ne ; en 1874, dans nne .séance de musique di;
chambre, un trio en sol majeur pour piano,
violon et violoncelle ; enfin, à l'une des
séances de la Société des concerts du Conser-
vatoire, un conceilo de violon, qui a èti-
exécuté par M. Desjardins. On lui doit aussi
une cantate écrite pour l'inauguration à Per-
pignan de la statue de François Arago, et exé-
cutée en cette ville en 1879. M. ïaudou, qui
a fait partie de .l'orchestré de l'Opéra et qui
est membre de la Société des concerts du Con-
servatoire, a écrit aussi et publié quelquis
mélodies vocales, ainsi qu'un trio pour llùte,
alto et violoncelle.
* T \L'SICl(Cn.vuLE*, pianiste renommé, né
il Varsovie le 4 novembre 1841, est mort à
Leipzig, du typhus, le 17 juillet 1871. Elève
d'abord de son père, puis de Liszt, il s'était
fait une grande réputation de virtuose, et,
quoique plus jeune que UM. Hans de Bii-
low et Antoine Rubinslein, visait à les surpas-
ser au point de vue du mécanisme et de l'exé-
cution matérielle, reconnaissant son infériorité
sous le rapport du style el <lu sentiment ar-
tistique. Aussi .ses études, dit-on, étaient
sans cesse dirigées vers ce but, et l'on assure
qu'il passait chaque jour trois heures consé-
cutives ail travail purement mécanique du
piano. — La veuve de cet artiste, M""" Séra-
phïna Taiiskj, née Vrabélij, est une pianiste
fort distinguée. Native de Presbourg, elle
habite Vienne depuis plusieurs années.
5 no
TAYLOR — TEICIIMAN
TAYLOn ( ), luthier anglais, était
«'labli à Londres au commencement du dix-
neuvième siècle. Il iuiituil surtout les instru-
ments de Joseph Panormo.
TAVLOIl (John), théoricien et professeur
anglais, est l'autour d'un traité récemment
publié sous ce titre : Text-Book of {lie science
of music [Manuel delà science de la mu-
sique, Londres, Gcori^e Pliih'p, in-8"). Ce
manuel, divisé en trois parties : mélodie,
harmonie et contre-point, composition, est fait
avec le plus j^rand soin, et forme un traité
véritable et complet de composition musicale ;
en ce qui concerne l'harmonie proprement dite,
l'auteur s'est inspiré des travaux et des doc-
trines de deux de ses com|)alriotes, MM. Day
(t G. A. Macfarren ; pour ce qui est du contre-
point , il a tiré lu plupart de ses exemples
des œuvres de deux gramls théoriciens, Albre-
chlsberger et Cberubini. L'ouvrage de M. John
Taylor est ]considéré en Angleterre comme
excellent.
Je ne sais si c'est le même artiste, mais
c'est toujours un écrivain du nom de Taylor,
qui a publié un autre ouvrage sous le titre
suivant : le Son et la Musique, traité non
mathématique siir la constitution physi-
que des sons musicaux et de l'harmonie
(Londres, [in-8").
T.VYLOU (William), musicien anglais con-
temporain, bachelier en musique, est l'auteur
de diverses compositions, parmi lesquelles on
remarque im oratorio intitulé Saint -Jean- Bap-
tiste.
TEDESCO (M""= FoitTLN\TA),chanteuse dra-
matique d'un grand talent, née à'Mantoue le
14 décembre 1826, commença l'étude de la
musique à l't'ige de quatorze ans, et devint
l'élève particulière du compositeur Vaccaj, qui
était alors directeur du Conservatoire de Mi-
lan. Kilo n'avait pas encore accompli sa dix-
huitième année lorsqu'elle débuta au théâtre
de la Scala, de cette ville, le 26 novembre
18ii, dans un opéra nouveau de Pasqualc
Bona, i Luna ed t Perollo. Favorablement
reçue par le public, elle joua ensuite Guil-
laume Tell, Iloberlo Devereui, puis parut
dans deux autres ouvrages nouveaux, i Bur-
fjravi, do Salvi, et Saul, de Cannelo. lùiga-
gée pour Vienne, où elle obtint de brillants
succès, elle ■ partit bientôt pour rAinéri(|iie, et
chanta successivement à New-Vork, à Philadel-
phie, à Boston, à la Havane, où on lui (it d'indes-
criptibles ovations. C'est de là qu'ellevint à Pari'^
et (|uelle débuta, le ô novembre 18jl, dans le
rôle de Calarinade/« Jteine de Chypre, ba taille
majestueuse, sa beauté idéale, son admirable-
voix de contralto, ])uissamment aidée par une
grande science de l'art <lu chant, par une
passion intense et par un sentiment pathétique
inconteslable, la firent accueillir avec une
sympathie chaleureuse. Après lu Heine de
Chypre, elle se montra dans le Prophète et
dans la Favorite, où elle n'obtint pas moins
de succès, puis elle fit deux créations im-
portantes dans le. Juif errant, d'IIalévy, et
la Fronde, de JNieiiermeyer.
M™'^" Tedesco quitta l'Opéra en 1837, alla
se taire entendre à Venise, passa trois années
au théâtre San-Carlos, de Lisbonne, puis, à
la lin de 1800, revint à l'Opéra, où elle était
encore en 1862. En 1864 *^\\c retournait à
Lisbonne, et allait faire ensuite une saison
brillante à Madrid. Jl est supposable que
peu de temps après elle jugea à propos d'a-
bandonner uue carrière qui pour elle avait été
pleine d'éclat, car, depuis 1806 ou environ, on
n'a plus entendu parler de cette grande aitiste.
jj^iiil' Tedesco était une cantatrice d'un très-
grand talent, qui, aux qualités de la virtuose,
joignait l'iiabilelé et l'intelligence de la tragé-
dienne lyrique. Sous le rapport scénique pro-
prement dit, on peut affirmer que son jeu
était d'une rare souplesse, car, pathétique et
puissante au possible dans des ouvrages tels
que le Prophète, Anna Bolena, il Trovatore,
tSina pazza per amore, elle était pleine de
malice, d'enjouement et d'entrain dans des
opéras bouffes ou di mezzo caraltere tels que
la liegina di Golconde ou le Barbier de Sé-
ville.
Un frère de cette artiste, M. Major Te-
desco, a fait exécuter en 1860, à Naples,
deux ouvertures et une messe à grand or-
chestre de sa composition.
TEKTr.lv> (Allxandri-:), criticpie musical
anglais, a publié récemment, sur les sympho-
nies de Beethoven, une étude analytit[ue a la-
quelle il a donné ce titre . Beethoven s sympho-
nies critically discussed (Londres, W. Beeves,
iu-s").
TKEl lilXS (Joseph), facteur d'orgues néer-
landais (]ui jouit en sou temps d'une grande répu-
tation, nai|uit en 1773 et mourut à. \mslerdam en
1836. 11 fut élève en cette ville de Strumphler, et
construisit un grand nombre d'instruments
pour les églises catholiques de la Hollande.
Parmi les meilleurs, on cite l'orgue de Wur-
vermeer, et celui qu'il |)laça dans l'église Pots-
lioorn à Amsterdam.
TEKJIW.W (Amoim;), violoniste, chan-
teur et compositeur, né au commencement de
TI-ICHMAN — TRN BRINR
5G7
ce siècle, a joui à Varsovie, où il était fixe,
(le la renommée d'un artiste distiiif^iié. D'aboi d
attaché à roicbeslre du grand théâtre de cette
ville en qualité de violoncelle-solo, il s'est
ensuite fait remarquer comme ciiantcur et
comme compositeur, produisant lui-même ses
(cuvres et les chantant avec une voix superbe,
que relevait encore un goût délicat. A'ers 18i5,
M. Teichman fut nommé professeur de chant
à l'Institut d'Alexandre. Cet artiste a écrit
beaucoup de mélodies vocales et de morceaux
de musique religieuse ; on connaît surtout de
lui : 1° Ave Maria pour voix setile, avec ac-
compagnement de violoncelle ; 2" Salve Re-
gina, pour voix de ténor; 3" Offertoire; 4°
l'Addio (Pozegnanie), barcarolle (Varsovie,
Sennewald) ; 5" Mélodie pastorale, avec pa-
roles françaises et polonaises (id., Spies); C
la Quêteuse, romance; etc.
* TELLSC (GriLL-vuME), maître de chapelle et
compositeur allemand, connu par pUisieuis
opéras et par un grand nombre d'teuvrcs de
musique religieuse, exerça les fonctions de
chef d'orchestre successivement aux théâtres
de Magdebourg et d'Aix-la-Chapelle, ainsi
(iu'cà la salle ICioll et au théâtre Friedrich-
Wdhelmstadf, de Herlin. Il mourut en cette
dernière ville, au mois de mai 1862. — Il y a
tout lieu de croire que cet artiste ne fait qu'un
avec les deux compositeurs mentionnés, au
tome VIII de la Biographie universelle des
Musiciens, sous les noms de Telle (Guil-
laume), et Telle [Withelm).
* TELLEFSEN (Tiiom.\s-Dvke-Acl\nd), pia-
niste, professeur et compositeur norwégien
établi à Paris, est mort en cette ville au mois
d'octobre 1874.
TEMPÏ.'l (SïEFANo), violoniste, profes-
seur, compositeur et critique italien, naqiiit à
Racconigi (Piémont), le 5 décembre 1832. Fils
d'un chef de musique militaire, il commença
(lès l'âge de cinq ans, sous sa direction, l'étude
de la musique, et à sept ans celle du violon, qu'il
continua jusqu'à l'époque où, envoyé en France
pour y taire son éducation littéraire, il entra au
collège d'Alais. De retour en Italie en 1849, il
compléta .ses études musicales avec un excel-
lent maître, Luigi Felice Rossi, puis se livra à
l'enseignement et devint chef d'orchestre du
théâtre Sutera, à Turin. Nommé en 1833 maître
de chapelle de la collégiale de Triuo, dans la
province de Verceil, il conserva ces fonctions
jusqu'en 1859, puis retourna à Turin, oii il prit
la direction de l'orchestre du théâtre Carignan.
En 1861, il fut appelé à faire partie de la cha-
pelle royale, puis succéda à Rossi comme pro-
fesseur de deux écoles de la ville. Enlin, en
1808, il devint professeur de violon au Lycée
uuisical de. Turin, en même temps (pi'il était
chargé de la direction des écoles de chant cho-
ral de cette ville.
IM. Tempia s'est fait remarquer comme com-
positeur. On cite surtout parmi ses meilleures
(l'uvres une messe solennelle écrite en 18C4
pour l'anniversaire de la mort du roi Charles-
Albert, et une autre messe, à i voix, écrite pour
la chapelle royale de Lisbonne sur la demande
de la reine de Portugal. On lui doit aussi
un hymme à 4 voix alla Paleslrina : Ave.
virgo singularis, ainsi qu'un assez grand nom-
bre de productions de divers genres pour le vio-
lon, entre autres les suivantes : 12 Études, dédiées
à M. Charles Dancla (Milan, Lucca); 1<;' Thème
varié (id., id): Pensées d'un malade, romance
sans paroles ; 3 Morceaux caractéristiques pour
piano et violon, op. 130; Bécréatio)ts du
jeune violoniste, 7 petites Fantaisies faciles avec
accompagnement de piano ou d'un second vio-
lon. M. Tempia a livré encore au public un Can-
zoniere délie scuole e délie famiglie, recueil de
chansons faciles avec accompagnement de'piano,
quelques morceaux de danse distingués pour cet
instrument, et plusieurs romances. Enfin, on
connaît encore de lui quelques pièces sympho-
niipies, parmi lesquelles une fantaisie ayant
pour titre la Caravane, et il a fait représenter
à Turin, en 1869, une opérette intitulée Aviore
c Capriccio. "'
M. Tempia, qui est un esprit fort distingué,
ouvert et libéral, et qui a fait d'excellentes études
littéraires, s'est aussi beaucoup occupé de criti-
que et de littérature musicales. Collaborateur
de plusieurs journaux artistiques, la Gazzelta
musicale de Milan, la Scena de Venise, etc.,
il est depuis longues années chargé de la ré-
daction du feuilleton spécial d'une des premières
fî^uilles politiques de Turin, la Gazzetta Pie-
montese. Il a publié sous ce titre : Studii sulla
musicografia (1873), un écrit important et qui
n'a pas été mis dans le commerce, dans lequel
il réclamait une réforme de l'écriture musicale
usuelle, qui lui semble trop compliquée et in-
suffisamment claire (i)."]
TEIN lîIUNK (Jules), compositeur très-dis-
tingué, bien que fort peu connu dans sa patrie,
joint à un mérite réel une modestie presque
exagérée et bien rare parmi les musiciens. Il
est né en novembre 1838 à Amsterdam, où son
(I) Au moment où je corrige lus épreuves de celle nolice,
j'apprends que 'l'eiiipia est mort subitement .'i Turin, le -23 no-
vembre 1878.
3G8
TEN BRINK — TERBY
père s'occupait de ciirniiic iiuisicale. Ses prc-
inièiTS levons dp |)iano et de violon lui lurent
<loniiées par JJernaid Kocli, et il prit des leçons
de composition de M. ilein/e, compositeur alle-
mand lixé à Amsterdam depuis de nombreuses
années. Kn IS5S il partit pour Bruxelles, où il
tiavaiila pendant une année avec; M. Auguste
Dupont, et en 1S,")9 il se rendit à Leipzig pour
y terminer son éducation musicale sous la direc-
tion de M. l'r. i^ichter, professeur de contre-
point Irès-connu en Allema_i;ne. Vers la lin de
1860, il mit le cap sur Lyon, oii il demeura pen-
dant plusieurs années et oii il dirigea une société
mu.-icale.
Knl868, M. Ten Brink se li\a délinitivement
à Paris, et il eut la chance d'y trouver de nom-
breux élèves, d'y travailler beaucoup et d'y |)ro-
duire des ceuvres. très-sérieuses. Au bout de
<|uelques années, les portes des Concerts popu-
laires s'ouvrirent pour lui, et il y fit exécuter deux
com|iositions importantes : en 1874, une suite
d'orcbestre, œuvre fort honorable et qui l'ut liès-
bien accueillie; et en février I87G, un « Poème
sjm|>lionique ». Déjà, en lSf,Vi,M. Ten BrinK avait
fait représenter au tliéâlre de rAtlién(''e un opéra-
cotniipie en nu acte, Cnlonicc, que la critique
avait reçu avec faveur, mais qui, par suile de
la situation fâcheuse dans laiiuelle se trouvait
ce théâtre, n'avait pu être joué que six lois.
M. Ten lîrinck a beaucoup écrit. Il a en por-
tefeuille plusieiu's o'uvresde musique de cham-
bre, un grand opéra en 5 actes, et une foule de
compositions de moindre importance (1).
En, ni; IL
TI>]N C/\TE (André), violoncelliste el com-
positeur néerlandais, né à Amsterdam en 1796 el
d'abord destiné au commerce, commença fétude
de la musique à l'âge de quatorze ans seulement,
et devint élève de l'erli'lman. Après avoir écril
plusieurs quatuors et quinlctles, des concertos
pour in-lruinents à veid, des cantates pour
cbo'ur et orelicstre, il se décida à aborder la
scène el fit représenter en IS.SI, à Amsterdam,
un opéra-ballet en 3 actes inlitidé Scid et Pal-
mire ; cet ouvrage ayant été bien accueilli, il
donna en 183.'> un second opéra, Consffnifhr,
qui obtint un égal succès. Il n'en fut pas de
même de sa troisième o'ovie dramatique, IS'innti
Pompilius, qui, donni'-e encrueii Amsterdam, fui
moins heureuse que les précédentes. Ten Cale,
qui a écril aus.si et publié des chants poiu- les
(I) Depuis que ceUe notice i'«l (■ciito, M. ïeii Ilriiik :i ilonm-
à Taris (1878) un concert dan' le.|iiel il ;i lail entenilie piii-
sicurs (cuvres nouvelles furl inipoi tantes ; une symphonie en
mi m.njenr, des l'riiKnn'nis d'une densiènio «nile d'orclie-lic ri
un concerto de violon avec orcheçire. — A. P.
écoles, des cliœurs à 4 voix, et des cantiques
rendit des services à l'art et a beaucoup contri-
bué, par sou zèle et son activité, à l'expansion
<le la musique dans les Pays-Bas. Il mourut à
Harlem, le 27 juillet 1858.
'rilAIB]l«S(Ci'iLLVi.Mi;-Ai.iiKKT), violoniste et
conqwsileur belge, né à Louvain en 17j8, était
fixé dans les premières années de ce siècle à
Amsterdam, où il se livrait à l'enseignement tout
en occupant l'emploi de premier violon au !béà-
lie français de cette ville. Il moiuut à Amster-
dam le 12 fi'vrier 1820. On connaît de cet ar-
tiste .3 sonates pour alto, plusiem's concertos
pour violon avec accompagnement de deux altos
(publiés à Hambourg, chez Bo-hme), des l'an-
laisies et variations pour violon, etc.
TE^NSïll<:r)T(J -C ), compositeur, né
en 1807 à Allstedt, dans le duché de Saxe- W'eiinar,
fut admis en 182r> à l'école normale de Weimar.'
C'est dans cette ville (pi'il étudia l'orgue et l'har-
monie sous la direction de Tœpfer, après quoi
il reçut des leçons de Hse.ser. En 1830 il devint
directeur de concerts à léna, et en 183G il se fixa
à Louvain, où il était appelé comme professeur;)
l'Ecole de musique. Il conserva ces dernières
fonctions pendant plus de vingt ans. Cet artiste,
qui a publié à léna un recueil de 6 iiedcr alle-
mands, et en Belgicpie un clueur à 8 voix
d'hommes intitulé les Quatre Saisons et une
Mardie de la garde civique helije, a écrit en
18.">2 une grande cantate pour la visile de la fa-
mille royale à Louvain. Ou connaît encore de lui
la Bencontre, grande scène pour voix d'hom-
mes et orchestre couronnée dans un concours
ouvert à Dnnkerque, des clueurs, des chansons,
et <les divortissemenis à grand orchestre.
TEI^l>iSTI-:r)T (Aucuste), .sans doute fils du
précédent, fixé à Louvain, où il mourut en ISTH,
a l'ait reprt'senter à IJruxelles, dans lUie létmion
|)rivée, le 25 septembre 1871, un opéra en 3
actes intitulé Quinlijn Mfisijs.
Tl:;iîi5\ (Joseph), violoniste et maître de
chapelle, né à Louvain le 25 décembre 1780, est
mort en celle ville le 23 février 1800. Il fil si's
étuiles musicales à Bruxelles sons la direction
d'im artiste fort remaniuable, le violoniste' l'aii-
wels, puis n'\int'Se fixer jiour tmijoius dans, si
ville natale. V.w ISOO il fonda à Louvain une aca-
démie de musi(pi(>, dans laiiuelle il n'euseignail
d'abord que le violon; ce ne fut que queliiue-
années plus tard qu'il créa dans cet établisse-
ment une classe de chant. GrAce aux intelligents
efforts de Terby, la musi(|ue, jusque-là négligée
à Louvain, devint un art à la mode, le goiit s'en
répandit de plus en plus (ba(piejour, et bienlot
1 le professeur se vit à même d organiser d'impôt-
TERBY — TKSSATIIN
jG9
tantes fôlfts musicales, à l'instar des grandes
villes voisines. Kn l,S33,T(;rI»y fui nommé maître
(iecliapelle de la cathédrale Saiiil-l'ierre,eu IS-l''.
il fonda la Société lyrique de cliant d'ensemble,
eniiii il prit sa retraite en 1852.
Terby, qui était, à fous les points de vue, un
artiste fort intelligent, avait formé une magnili-
(|ue collection de musique religieuse, dramati-
(|ue et iiisf rumenfale, de livres relatifs à l'art mu-
sical, eiilin d'instruments à cordes des plus célè-
bres luthiers. J'ignore ce qu'est devenue cette
collection, qui n'a pu trouver «l'acquéreurs lors-
«lu'elle l'ut mise en vente ajjiès la mort de sou
propriétaire, les 24 et 25 octobre 18C0. Le cala-
logue, qui en fut publié alors (Louvain, Cue-
lens, in-8" de 50 pp.), comprenait 574 morceaux
de musique religieuse, 332 morceaux de musi-
(jue dramatique, 112 morceaux de musique sym-
phoni(|ue, is;; morceaux de musique de cham-
bie, 2(5 violons de choix, dont un Stradivarius
et deux Arnali, deux violoncelles, une contre-
basse, une harpe, etc. Terby avait consacré plus
d'un demi-siècle à rechercher tous ces docu-
ments précieux, d'autant plus précieux même
qu'en ce qui concernait la musique proprement
dite, quelques-uns étaient inédits. Dans cette col-
lection remarquable, (|ui f)artait de l'époque cii
brillaient Orlando di Lasso et ses contemporains,
un voyait la musique instiumenlale se dévelop-
|ier, chronologiquement, avec une importance
iliaque jour croissante ; depuis le milieu du sei-
/ièmesiècle, les auteurs célèbres s'y succédaient
sans interruption jusqu'à l'époque actuelle; les
écoles italienne, llamande, Iraiiçuise et allemande
y étaient au grand complet, et dans l'école ita-
lienne la branche naiiolilaine surtout était abon-
damment représentée ; les copies inédites étaient
excellentes, et d'autant plus intéressantes
i|u'elles ne se trouvaient nulle part ailleurs. En
lui mot, c'était un véiitable trésor artistique,
et tel qu'on en rencontre bien l'arement.
Au nombre des élèves formés par Terby, il
l'.mt citer ses ilcux lils, Joseph et François, tous
deux violonistes distingués et compositeurs pour
leur instrument. Le [)rernier, né à Louv.iin le
'i juillet 1808, vint à Paris en 18^5 avec Charles
de IJériot et prit des leçons de Robberechts; lU
retour en Belgique en 1830, il reçut le litre de
violon honoraire du roi des Pays-Bas, puis, étant
venu se fixer à Paris, il devint premier violon-
solo et second chef d'orchestre du Théâtre-Italien.
A la mort de son père, il alla lui succéiler
comme maître de chapelle à l'église de Louvain.
Il mourut en cette ville le 19 mai 1879. Collec-
tionneur passionné de musique et d'instrumenls,
il a laissé à sa mort une collection remarquable
dont le catalogue a été publié {Catalogue ile la
belle collcdion de violons italiens, ardiels
de Tourte, musique de chambre et manuscrits
précieux des grands mailres anciens et mo-
dernes, délaissée par feu M. Josepli Terbij,
Louvain, 1879, in-8" de l 'i pp.), «t qui, entre
autres objets précieux, com|)renait les manus-
crits autographes de plusieurs concertos inédits
de Tartirn. — Le frère de celui-ci, François
Ti'rhij, né à Louvain eu 1813, est professeur de
violon à l'Académie de musique de cette ville.
Il a publié, chez les éditeurs Schott frères,
quelques compositions ]iour sou instrument.
* Ti:i\ï\ADE(JLIAS ou TKIU; \DKL-
L AS (DO.:»nNlQUE-MlCIlEL-BARNABÉ). — AuX
ouvrages dramatiques de ce compositeur, il faut
ajouter gPlnlriglii délie cantariue, opéra-
bouffe représenté ;\ Naples, sur le théAtre des
l^iorcnlini, en HIO.
"Tl'ir.îlV (LÉoNAnn), chef d'orche.'îtrc et
compositeur belge, est né à Liège le 13 février
1810. Il (it exécuter en 18i9, en présence du
roi et de la reine des Belges, une Cantate-séré-
nade qui lui avait été demandée par la régence
de Liège, et l'année suivante une Élégie harmo-
nique pour voix d'hommes, violon-solo et or-
chestre, qu'il avait composée en mémoire de sou
ami François. Prumc, violoniste extrêmement
distingué.
TEUSCÎIAK (Auolpue), llùtiste allemand
et compositeur pour son instrument, est né
en 1832 à Hermannstadt, et a fait son éduca-
tion musicale au Conservatoire de Vienne, où,
admis en 1850, il remporta le premier prix de
flûte en 1852. Il entreprit alors un grand voyage
arti.stique,se rendit d'abord à Berlin,à Hambourg,
puis à Londres, visita l'Angleterre, l'Ecosse et
l'Irlande, vint en France en 1853, et retourna
dans sa patrie. En 185G, il quitta de nouveau
l'Autriche pour aller à Saiut-Pélersbo\irg. Eu
1859, il se fixa délinitivement à Vienne.
M. Terschalv a publié plus de 150 compositions
pour la llùte, avec accompagnement d'orches-
tre ou de piano.
ÏESIER. - Voyez lîEISKT (DE).
TESSAIUrV (Imuncesco), compositeur! et
pianiste italien, né à Venise le 8 décembre 1820,
a reçu une solide éducation musicale, et a été
l'élève pour le piano du virtuose compositeur
.\ntonio Fanua, et pour la composition deG.-B.
Ferrari. Après avoir terminé ses éludes, il se
livra à l'enseignement, tout en produisant un
assez grand nombre d'œuvres de divers gen-
res. Il publia d'abord quelques morceaux de
concert pour le piano, écrits pour la plupart sur
' des thèmes d'opéras et qui parurent chez les
oTO
TESSARIN — THEHN
éditeurs Lucca et Canti, de Milan-, puis il écri-
vit un f^raïui (iraine luique en 3 actes, î'UKhno
Abencerragio, qui lut représenté à Venise, sur
le théâtre de la Fenice, pendant la saison du
carvanal l857-t858. On connaît aussi, de
M. Francesco Tessariii, diverses compositions
religieuses, entre autres une inesso et dos
psaumes; mais je crois que ses ouvrages en ce
genre sont restés inédits.
TKSS VUl.'^ (Angelo), piaidste et composi-
teur italien, vraisemblablement parent du précè-
dent, est né à Venise le 16 août 1834. Après
avoir fait de bonnes éludes, i! s"est livré à l'en-
seignement du ciiant et à la composition. On lui
doit divers morceaux, de genre pour le piano :
Valse mélodique, op. 2; Danse des diables, o[).
4; 2 romances sans paroles, op. 5; Ballade, op.
7; le ifêw, nocturne, op. 8; Grande valse-caprice,
op. 10, etc.; il a publié aussi des mélodies vo-
cales, entre autres un album de six morceaux,
intitulé Brezze délia Laguna , et diverses
compositions pour voix seule avec cbœur et
orchestre. M. Tessarin a fait exécuter au théâtre
de la Fenice, de Venise, le 6 avril 1875, pour
une cii'constance politique, une sorte de grande
cantate : Inno-Salulo, avec chœurs et orches-
tre.
TESSITORE ( ), compositeur italien,
est l'auteur d'un opéra en 4 actes, Elisa, qui a
été représenté à Turin en 1879.
*TETTA31AINZI (Le P. Fkançois-Fabiiice\
- Je rétablis ici l'orthographe exacte de ce
nom, qui a été imprimé à tort sous cette forme -.
Tetamanzi.
*THAL5ia-:ilG (Sir.iSMOND), piani.stecélèbie,
est mort à Naples le 27 avril 1871. L'opéra de
ce compositeur intitulé Crislïna di Svczia n'a
pas paru pour la i)reniière fois en Italie, ainsi
qu'il a été dit par erreur; la représentation en
a eu lieu à Vienne, au théâtre de la Porle-Ca-
rinthie, en 18G5. — Sigismond Tbalberg était le
fds naturel du prince Mauiice Dietrichslein et
de la baronne de Wetzlar.
TU V>>I{8':i\(l (HENin BE), avocat à la cour
d'appel de Paris, grand anudcur de musi([ue,
né en Alsace vers 1848, a publié un opuscule
ainsi intitulé -.'le Centenaire de Jioieldieii,
anecdotes et>nnvenirs (Paris, s. d. [avril 1875J,
Ilaulard, in-18 d(! U3 i>p.). Cette brochure, bour-
rée d'erreurs, ne contient aucun renseignement
nouveau sur le grand artiste qui en est l'objet.
M. de Thannberg a annoncé plusieurs autres
travaux sur la musique : JSotice biographique
sur Berlioz, les Maîtrises (étude), les Fcmme.i
vnisicirnncs, dont aucun n'a encore été publié.
TllAVEli (ALEXANuut), diplomate amé-
ricain, actuellement (i.xé à Leip/ig, y travaille
à une grande biograjjliie de Beethoven qu'il fera
paraître en langue anglaise aussitôt qu'elle sera
achevée, mais dont une traduction allemande
est publiée à Berlin, chez l'éditeur Weber,
volume par volume. Le.> trois premiers ont été
déjà livrés au [)ublic, et le quatrième et dernier
doit suivre prochainement. Cet ouvrage consi-
dérable, quia produit in Allemagne une sensa-
tion profonde, nous renseigne admirablement
sur l'existence extérieurede Beethoven, mais sans
doimer aucun détail sur ses œuvres, l'auteur
n'étant mallieureusement pas musicien ; il fait
justice de maintes légendes dépourvues devéritc,
entre autres celle relative au prétendu amour
du maître pour Julie Guicciardi, et de maints
récits absolument inexacts, comme ceux qui
concernent la pauvreté supposée de Beethoven.
En même temps, la narration très-attachante de
M.Tbayerfait connaître, apprécier et aimer le
grand homme, tout en apportant la précision la
plus rigoureuse sur les faits qui ont marqué sa
vie et sa carrière. Il n'est pas inutile de dire
que M. Thayer a reçu d'Otto Jahn {Voy. ce
nom), à la mort de celui-ci, tous les documents
qu'il avait réunis depuis de longues années,
dans le monde entier, sur Beethoven, dont il
voulait lui-même retracer la vie, ainsi qu'il
avait fait pour Mozart.
TliEEUlVES ou TEEUS, nom de deux
facteurs de clavecins, Jacques et Louis, établis
en cette qualité à Anvers, au milieu du seizième
siècle, et reçus tous deux, en 1558, dans la
gilde de St-Luc.
THEÎII\' (Carl) , compositeur, pianiste,
chef d'orchestre et professeur, est né à Tglo
(Hongrie), le 13 août 1817. Dès 1841 il remplis-
sait les fonctions de chef d'orchestre au théâtre
national de Pestb^ où il lit repré.senter, outre
quelques opérettes d'une importance secondaire,
les opéras dont voici les titres : Gizula, le Siigr
de Tihung et le. Malade imaginaire. De 1853 à
18G4, M. Carl Thern fut professeur décomposi-
tion au Conservatoire de Pesth, et il dirigea
ensuite, pendant cinq années, la Société d< s
amis de la musique. Outre ses productions dra-
matiques, il a publié une cinijuantaine de com-
positions.', parmi lesquelles on distingue des
chu'urs, des lieder et des [tièces de divers
genres pour le piano.
Les deux lilsde cet artiste, M. Willi Thern,
né le 22 juin 1847, et M. Louis Thern, né le 18
décembre 1848, sont tous deux pianistes distin-
gués, et n'ont pas de rivaux, dit-on, pour l'en-
semble dont ils font preuve lorsqu'ils se (ont
entendre siumllanéinent. Ils ont fait apprév'er
THERiN
THILLON
STl
eur talent non-seulement dans leur patrie, mais
à Paris, où ils se sont produits dans les salons
(le plusieurs grands artistes : Rossini, Berlioz,
M. Vieu\teinps, à Londres, oii leur succès a été
très-grand aux concerts du Palais de cristal, .'i
Liverpool, et enfin dans toute l'Allemagne,
qu'ils ont parcourue au bruit des applaudissc-
men
THIBAU (Achille), compositeur belge, a
fait exécuter à Turnhout, à l'occasion d'une
comiiiémordlion patriotique (octobre 1876), une
cantate flamande intitulée de Feestzang, pour
voix de femme seule avec chœur d'hommes. Cet
artiste a écrit aussi un grand drame lyrique sur
paroles flamandes, Philippe Van Artevelde,
qui jusqu'ici n'a pas été représenté.
*TH1ÉI{ALLT (Le baron 1>aii.-Cu\ules-
I^n.vNçois-ADUiEN-HEMU-DiEui)ON«K), cst mort
à Paris le 14 octobre 1846.
TIlïEF.E (Luuwu;), organiste et composi-
teur allemand contemporain, est considéré dans
sa patrie 'comme un artiste remarquable. Entre
autres œuvres importantes, on lui doit un Trio
pour piano, violon et violoncelle, une Fantaisie
chromatique et Fugue pour orgue, un Thème
avec variations, id., 2 Pièces de concert, id.,
une Pièce de concert et Adagio, id., et diverses
autres compositions. J. B.
TIÎÎELE (Richard), compositeur allemand,
est l'auteur d'un opéra qui a été représenté sur le
théâtre de Linz, en 1872, sous ce titre : les Mu-
siciens du village.
TIIIELEMANS (Pierre), compositeur bel-
ge, né à Leeuw-Saint-Pierre (Bruxelles) le .22
lévrier 1825, a fait ses études au Conservatoire
de Bruxelles, et a pris part en 1853 au concours
de Rome. Devenu organiste à l'église Sainte-
Catherine, cet artiste quitta ensuite Bruxelles
pour se fixer en France, et fit représenter à
Rennes, au mois de mars 1867, un opéra-comi-
que intitulé Michel Colomb.
TIIIEUFELDEII (Albert), compositeur
contemporain, est né à Miihlhausen, le 30 avril
1846. Il fit ses études musicales à Leipzig, oîi
il lievint l'élève de Moritz Hauptmanu et de E.
F. Richter, tout on travaillant à l'Université, où
il obtint le doctorat. Il fut engagé ensuite à
Flbing comme directeur de musique, et de là se
rendit en 1800 à Brandebourg, où il reuq)lit les
fonctions decffl?j<oretde professeur au Gymnase.
On n'a guère publié de cet artiste que (|uel-
ques mor(;eaux de piano et des lieder, qui for-
ment six numéros d'œuvre ; mais il a fait exé-
cuter plusieurs fois une symphonie à grand
orchestre, ainsi qu'une composition pour choMirs,
voix seules et orchestre, intitulée Zlaturog, qui a
obtenu du succès à Brandebourg. On connaît
aussi de lui des quatuors pour piano, violon, alto
et violoncelle, et des sonates do |)iano, Enfin,
M.Thierfelder a en portefeuille un opéra roman-
tique en 3 actes, die Jungfrau von Kœnigsee
[la Vierge du lac du Roi), dont une exécution
intime a eu lieu à Brandebourg, lo 30 juin 1877,
par les membres d'une société d'amateurs, la
Singakademie.
THIEIUOT (Ferdlwnd), compositeur et
chef d'orchestre allemand, est né à Hambourg
et a fait son éducation artistique sous la direc-
tion de MM. Marxsen et Johannes Brahms. Après
avoir terminé ses études, il devint directeur de
musique dans sa ville natale, puis remplit suc-
cessivement les mômes fonctions à Leipzig
(1867), à Glogau, et en dernier lieu à Graz, où
je crois qu'il est encore aujourd'hui fixé.
M. Thieriot a publié un certain nombre de
compositions, parmi lesquelles je signa-
lerai les suivantes : Loch Loiaond, fantaisie
pour voix et orchestre, op. 13; IS'alur icnd Le-
bensbilder, op. 18; Am Traunsee, pour baryton
solo et chœur de femmes, avec accompagne-
ment d'instruments à cordes, op. 19; 6 lieder,
op. 21; Sonate pour piano et violon, op. 24;
lieder pour voix de femmes, avec accompagne-
ment de piano, op. 25 ; 2 pièces pour violoncelle,
avec accompagnement de piano, op. 20; 8 pièces
pour le piano, op. 27; 4 fantaisies pour piano et
violon, op. 28.
TilIESSOî^ (M. l'abbé), chanoine honoraire
de Troyes, membre de la Société académique de
l'Aube, est auteur du livre intitulé : Histoire
de sainte Cécile, vierge et martyre, patronne
des musiciens (Paris, Josse, 1870, in-12). Ce
livre n'est qu'un récit romanesque, dans lequel
l'écrivain reproduit tous les faits miraculeux
repoussés par l'histoire, en se demandant tout
simplement pour quel motif on refuserait de
les croire. « Serait-ce, dit M. l'abbé Thiesson,
parce qu'il s'agit là de faits surnaturels, incom-
préhensibles, mystérieux .^ Mais n'en est-il pas
ainsi de tous les miracles ? » On coujprend
quelle peut être la valeur d'un écrit reposant sur
de tels principes scientifiques. Seize ans aupa-
ravant, M. Thiesson avait publié l'opuscule sui-
vant : Notice sur l'orgue d'Avallon construit
par M. Paul Chazelle pour l'égliseSt-Pierre-
St' Lazare, contenant l'exposé de tous les
progrès de la facture d'orgues jusqu'à ce jour,
Plancy, 1854, gr. in-8" de 110 pp.
THILLON(Anna HLIMT, épouse),chanteuse
dramatique, naquit à Calcutta en 1819, et fut
élevée à Londres, où elle reçut une brillante
éducation et fit de bonnes études musicales.
572
TITILLON — TllOINAN ;
Ayant perdu sttn père, M"« Iliinl, dont la voi\
était cliannanlo, songea à utiliser le talent
qu'elle avait atuiuis, et, suivie de sa mère et de
sa so'ur, iiiiitla l'Aii^lelcrrc cl\int en France
pour y tenter la lorlnnc. Ayant débarqué au
Havre, elle y donna «luelijues concerts dans les-
(luelselle oblinl du succès, et bientôt épousa en
cette ville M. Tliillon, chef d'orchestre de la
Société ;)liilliannonii|uo. l'.lle s'adonna alors au
lliéàtre, paicourutla province avec son mari, et
joua les premières chanteuses à Clermoul et à
Nantes, oii elle fut accueillie avec la plus grande
faveur. C'esl dans cette dernière ville qu'Anté-
nor Joly, qui venait d'obtenir à Paris le privilège
d'un nouveau théâtre lyrique, celui de la Renais-
sance, el (jui cherchait à former sa troupe, en-
tendit M'"': Anna 'l'Iiillon , et l'engagea aussilôl.
M""' Anna Tliillon vint en effet à Paris, et
débuta à la Renaissance, le 15 novembre 1838,
dans un opéra de Grisar, Ladij Melvil. La
beauté exquise de celle jeune femme, sa voix de
soprano s/ogra/o, merveilleusement timbrée, sa
grande élégance, tout, jusqu'à son opulente
chevelure blonde et à son accent légèrement
britannique, tout contribua à lui attirer les
bonnes grâces du public, qui lui (it uu très-
grand succès. « M""-' Anna Tliillon, disait alors
le Monde dramatique, est une jeune canta-
trice anglaise, qui a obtenu en province et sur
des scènes assez élevées, des succès mérités.
Cette actrice est douée d'une charmante figure,
ses manières ont de la giAce, de la dislindion,
et son accent légèrement britannique n'est pas
sans quelque charme. Quant à la voix de la
canlalrice, c'est un mélange de douceur, de
Ib'xibililé, (p:i lui donne (]ui'l(]ue analogie avec
celle de M""-' Damoreau; son timbre est ravis-
sant, et ses sons d'une exquise pureté, d'une fraî-
cheur native. C'esl à la fois le chant élégant et
perlé du rossignol et le gazouillement gracieux de
la fauvette. M""' Tliillon, avec de pareils avanta-
ges, ne pouvait qu'obtenir un succès complet ;
aussi le public lui a-t-il décerné.la plus flatteuse
des ovations, et l'a-t-il couverte de bravos.... »
Les artistes sévères trouvaient bien que la
nouvelle cantatrice màn<]uail un |)eu de style
et de gofit ; mais, en somme, sa voix était char-
mante, conduite avec farililé et habileté, et le
pnlilicn'en demandait pas davantage. M'"" Anna
TLillon chanta successivement à la Renaissance
dans la Chaste Suzanne, dans l'Eau merveil-
leuse, (\i\ns Lucie de Lamermoor, ef, son suc-
cès augmentant chaque jour, l'Opéra-Comique
songea à l'attirer à lui, et lui offrit un engage-
ment, (jui fut accepté. Bientôt elle débutait à ce
Ibeàlre, oii la faveur du public la suivait, el ou
plusieurs créations vinrent augmenter la renom,
inée qu'elle s'était acquise. C'est ainsi qu'elle
établit à rOpéra-Comique les principaux rôles des
ouvrages suivants : les Diamants de la Cou-
ronne, le Duc d'Oloune, le Puils d'amour, la
Part du Diable, Sainte-Cécile, Cagliostro, el
qu'elle reprit avec beaucoup de succès liichard
Cœur-de-Lion. Cependant, la vogue dont
M'"' Anna Thillon avait été l'objet liuit par se
calmer, et au bout de cinq ans à peine elle quit-
tait l'Opéra-Comiiiue. A la fin de 1847, après
avoir été donné des représentations dans diver-
ses villes des départements, elle était engagée au
Princess^s-Tlieatre, de Londres, oii elle débu-
tait dans l^ Ambassadrice. Klle n'y resta que peu
de temps, revint en France, se fit entendre pen-
dant quelques années à Paris dans les concerts,
puis disparut complètement et ne fit plus en au-
cune façon parler d'elle. J'ignore ce qu'est deve-
nue cette artiste, aimable sans doute, mais dont
la vogue fut plutôt un effet de l'engouement que
du jugement réfléchi du public.
THIAIl S (Le baron Alepiît DE) , juriscon-
consulte et homme politique allemand, conseil-
ler à la cour d'appel de Cologne, puis membre
duReichslag prussien, est l'auteur d'un ouvra-
ge important publié sous ce litre : die Harmoni-
kale Sijmbolik des Alterihums {l'Harmonie
el le symbolisme dans Vantiquité), Cologne
2 volumes, 1868-1876. Ce personnage est mort
à Cologne, le 6 novembre 1878, à l'âge de
soixanle-douze ans.
THIOjWILLE (M'""), professeur de chant
et de solfège, a publié un petit ouvrage élémen-
taire dont voici le titre : Qneslionnaire sur ta
musique, principes choisis dans les meilleurs
solfèges (Paris, Choudens [1875], petit in-S").
TIlOI!>AN (Ilhnkst), est le pseudonyme
sous lequel s'est fait connaître un écrivain mu-
sical distingué, M. Antoine- Ernest Hoquet. Né
à Nantes le 23 janvier 18?.7, M. Tlioinan vint
Il Paris en 1844 pour y apprendre le commerce,
passa en Angleterre en 1851, puis revint en
l'rance et fit ensuite plusieurs voyages aux
Antilles, en Ru-ssie, en Italie, etc. Son active
carrière commerciale n'empêcha pas M. Thoi-
n.in de se livrer à son goût prononcé pour la
nuisique: il avait étudié le piano et le violon-
celle, et bientôt l'histoire de l'art le préocciip.'i
à un tel point qu'il commença à rassembler avec
passion tous les livres qui avaient trait à ce su-
jet. Sa bibliolhè(|ue musicale, commencée vers
18G0, est assurément, dans sa spécialité, l'une
des plus riches que l'on connaisse; tout en pos-
sédant un grand nombre d'ouvrages étrangers,
il s'est altaché particulièrement à la liltéralure
THOINAN — THOMAS
573
musicale française, et sous ce rapport sa col-
lection est beaucoup plus fournie que ne l'é-
taient celles d'Adrien de la Fage, de Farrenc, et
riK^iac celle de Fétis, dont les catalogues ont été
publiés. A l'aide de ces précieux documents et
de ceux qu'il ne cesse de reciiercher dans nos
divers dépôts publics, notamment aux Archives
nationales, M. Thoinan s'est livré à des éludes
tiès-sérieuses et a jMihlié plusieurs écrits inté-
ressants dont voici les titres: 1" la Musique
à Paris en 18G2 (en société avec M. Al-
bert de Lasalle), Paris, Morizot, 18(J3, in-fi ;
2" les Origines de la chapelle-musique des
souverains de France (publié d'abord dans un
recueil intitulé les Veillées chrétiennes), Paris,
Claudin, 18G4, in-12;3'' la Dèploration de Guil-
laume Crestin sur le tripas de Jean Ockcg-
hcni, musicien, premier chapelain du roi de
France, Paris, Claudin, 18()i,in-8"; 4" Maa-
ijurs , célèbre joueur de riole, musicien du
cardinal de Richelieu, etc. , sa biographie, sui-
vie de sa Response faite à un curieux sur le
sentiment de la musique d'Italie, avec notes
et éclaircissements, Paris, Claudin, 1865^ in-8";
5" Antoine de Cousu et les singulières desti-
nées de son livre rarissime : « la Musique uni-
verselle », Paris, Claudin, 18ti6, in-12; G" Cu-
riosités musicales et autres, trouvées dans
les œuvres de Michel Coijssard, de la Compa-
gnie de Jésus, Paris, Claudin, 186G, in-12;
1" un Bisaïeul de Molière. Recherches sur les
Mazuel, musiciens des XVF" et XVIF siè-
cles, alliés de la famille Poquelin, Paris,
Claudin, 1878, in-12 Ei/evier; 8" Louis Cons-
tantin, roi des violons, avec un fac-similé
de brevet de maître joueur d'instruments
de la ville de Paris, I^arls, Baur, 1878, in-
4° ; 9" Notes bibliographiques sur la guerre
musicale des gluckistes et des piccinnistes,
Paris, R.iur, 1878, in-S".
M. Tlioinan a réimprimé, en l'accompagnant
d'une préface et de notes intéressantes, un des
livres les plus rares et les plus curieux de la
littérature musicale française : VEniretien des
Musiciens, par Annibal Gantez, Paris, Claudin,
1878, in-12. Enfin, on lui.doit encore une bro-
(bure satirique ainsi intitulée : l'Opéra « les
Troyens » au Père-Lachaise, lettre de feu
ISantho, ex-timbalier soliste, >ilc.,Vairis,'Io\\ni},
l8Go, in-S". M. Tlioinan a collaboré à divers
journaux spéciaux, la Semaine musicale, l'Art
musical, la France musicale et la Chroni-
que musicale. Il est aussi l'un des collabora-
teurs (lu présent Supplément.
* THOMAS (Georces-Sébastiejn), maître de
chapelle et directeur de la musique du grand-
duc de Ilesse-Darmstadt, était né à Perma-
sens, le 17 décembre 1788, d'une famille atla-
cliée au service de la cour. Dès l'âge de onze
ans il donnait des concerts, et il ac(iuil un ta-
lent hors ligne sur le violon et sur le cor de
chasse, dont il tirait des sons d'une douceur
merveilleuse. Il fut l'un des condisciples de We-
ber et de Meyerbeor à l'école de l'abbé Vogier.
Compositeur estimé, il a laissé des symphonies,
des ouvertures, des quatuors, etc. Cet artiste
est mort à Darmstadt, le 4 septembre 18G6.
* TÎÎOIIAS ( CIIAKLES-LOUIS-AMIUIOISIC ) ,
compositeur, l'un des maîtres de l'école fran-
çaise du dix-neuvième siècle, est aujourd'hui
directeur du Conservatoire de Paris, et a suc-
cédé dans ces fonctions à Auber, mort en 1«71.
La haute situation artistique qu'occupait M. Am-
broise Thomas et la parfaite honorabilité de son
caractère l'appelaient tout naturellement à rem-
placer le maître illustre dont il fui toujours l'ami
le plus dévoué. Sous son administration, l'école
dont l'avenir lui est confié a repris un nouvel
essor, a vu réaliser des réformes et des progrès
depuis longtemps réclamés par l'opinion publi-
que, et a continué de se maintenir au premier,
rang des iuslitulions du même genre qui exis-
tent en Europe.
Comme compositeur, M. Thomas n'a cessé
d'accjuérir de nouveaux titres à l'estime el à la
sympathie des artistes et du public. Parvenu au
faîte de la renommée, deux ouvrages ont particu-
lièrement contribué à étendre encore sa popu-
larité non-seulement en France, mais par toute
l'Europe, et à ajoiilcr à l'éclat de son nom ; je
veux parler de Mignon, dont l'énorme succès
s'est traduit à rOi)éra-Comi(iue par une série de
plus de quatre cents représentations, et A^Hum-
let, dont le retentissement n'a pas été moindre
<à l'Opéra. Ces deux ouvrages, traduits en ita-
lien, n'ont pas été moins heureux sur toutes les
grandes scènes de l'Europe et de l'Amérique
qu'ils ne l'avaient été à Paris.
Une chose est remarquable, si l'on compare
les dernières œuvres do M. Thomas à celles qui
les ont précédées : c'est l'évolution qui s'est opé-
rée dans le talent, dans la manière du composi-
teur. Devenu maître absolu de tous les secrets
de son art, rompu à foutes ses difficultés pra-
tiques, on dirait que l'idéal entrevu jusqu'à ce
jour par l'artiste ne le salisFait pas pleinement,
et que son regard embrasse un horizon plus
vaste, plus lumineux, plus complet. Après avoir
eu la grâce et l'élégance dans la Doid>le Echelle,
dans le Panier fleuri, dans la Tonelti, avoir
ri à belles dents, de ce rire large et sensuel des
Italiens, dans son fameux Caïd, après avoir
oi4
THOMAS
donné «ne note mélancolique cl tendre, fière et
clicvaleresqiu', d,ins Raymond et dans le Songe
d'une nuit d'été, voici qne les deux dernières
œuvres du musicien, Mignon et Ilamlet, attes-
tent de nouvelles recherches, un ohjeclif encore
inconnu, et nous transportent dans des régions
encore inexplorées par lui. Artiste d'un tempé-
rament plein de souplesse et de vigueur, de poé-
sie et de clialour d'àme, esprit médilalif et cul-
tivé, M. Tlioiuas n'a certainement pas dit son
dernier mot, et l'on est en droit d'attendre de lui
une cnuvre tout à fait grandiose, hors ligne, se
présentant comme la synthèse et le couronne-
ment de sa carrière, carrière peut-être plus noble
et plus laborieuse encore qu'éclatante, mais qui
nous montre un artiste plein de foi, d'élévation,
d'enthousiasme et d'honnêteté.
Voici la liste complète des productions drama-
tiques de M. Ambroise Thomas : I" la Double
Echelle, un acte, Opéra-Comique, 23 août 1837;
2" le Perruquier de la Régence, 3 actes, id.,
avril 1838; 3" la Gipsi/, ballet en 3 actes (eu
.société avec Benoist et Marliani), Opéra, 28 jan-
vier 1833; 4" le Panier fleuri, un acte, Opéra-
. Comique, 6 mai 1839; 5° Carline, 3 actes, id.,
24 lévrier 18iO; C" le Comte de Carmagnola,
2 actes. Opéra, 19 avril 18il ; 7° le Guérillero,
2 actes, id., 2 juin 1842 ; 8" Angélique et Mé-
dor, un acte, Opéra-Comique, 10 mai 1843;
9'' Mina ou le Ménage à trois, 3 actes, id.,
10 octobre 1843; 10° Betty, ballet en 2 actes.
Opéra, 10 juillet 1846; 11" le Caïd, 2 actes,
Opéra-Comique, 3 janvier 1849; \2" le Songe d'une
nuit d'été, 3 actes, id., 20 avril 1850; 13" Bay-
mond ou le Secret de la JHeine, 3 actes, id.,
5 juin 1851; 14° Cantate pour l'inauguration île
la statue de Lesueur, exécutée à Abbeville le
10 août 1852; la TonelU, 2 actes, Opéra-Comi-
que, "30 mars 18j3; IG" la Cour de Célimène,
2 actes, id., 11 avril 18r)5; 17" Psyché, Z actes,
id., 26 janvier 1857 (repris au même théâtre,
avec de nombreux et importants changements,
le 21 mai 1878;»; 18° le Carnaval de Venise, 3
actes, Opéra-Comique, 9 décembre 1857; 19" le
Jioman d'Elvire, 3 actes, id., 3 février 1860;
20° Mignon, 3 actes, id., 17 novembre 1860;
21" Ilamlei, 5 actes, Opéra, 9 mars 1868;
22° Gille et Gitlotin, un acte, Opéra- Comique,
22 avril 1874; 23° Nommage à Boieldieu, can-
tate exécutée lors des fêtes du centenaire de Boiel-
dieu, à Rouen, le 13 juin 1875. Parmi les coni-
positions de M. Ambroise Thomas en dehors du
théâtre, je citerai les suivantes : Messe solen-
nelle, exécutée le 22 novembre 1857, en l'église
Saint-Eustaclie; Marche religieuse à grand or-
chestre, exécutée à Notre-Dame en 1865; 3 Mo-
tets avec accompagnement d'orgue (1. Veni
spnnsa; 2. Sub tuum; 3. 0 salutaris); Souve-
nir d'Italie, 6 romances italiennes et vénitien-
nes, pour chant et piano-, la Vapeur, le Chant
des ajnis, le Tyrol, France, V Atlantique, les
Archers de Bouvines, le Carnaval de Rome,
les Traîneaux, le Temple de la Paix, la l\uit
du sabbat, etc., chœurs orphéoniques, dont
<pielques-uns sont de véritables compositions
iyri(pies et des productions de premier ordre.
La cantate Hcrmann et Kctty, qui a valu à
M. Ambroise Thomas le iiremicr grand prix de
Rome, a été gravée. M. Thomas a en portefeuille
un grand opéra terminé et encore inédit : Fran-
çoise de Rimini.
Les trois écrits suivants ont été publiés sur
V Hamlet de ^\. Ambroise Thomas : 1" Théâtre
impérial de VOpéra. Hamlet. Distribution des
rôles, analyse de la pièce, biographie des
auteurs et des artistes, par Burtai et Goizet,
Paris, 1868, in-S"; 2° Hamlet, grand opéra en
5 actes, paroles de MM. Micliel Carré et Ju-
les Barbier, musique de M. Ambroise Tho-
mas, étude littéraire et musicale, par Hyacinthe
Kirsch, Liège, impr. de Thier, 1872, in-18 de
36 pp.; 3° r« Amleto » del maestro Ambrogio
Thomas a Venezia, arlicoli dl P. Faustini,
estratti dalla « Gazzetta di Venezia » et
dalla 't Gazzetta musicale di Milano, « s. 1,
[Venise], impr. de la Gazzetta, mars 1876, in-S"
de 27 pp.
THOMAS (Tukodoke), musicien allemand
li.xé depuis longues années en Amérique, ou il
s'est fait une grande réputation comme chef
il'orchestre, est né dans la Frise orientale (Ha-
novre) le 11 octobre 1835. Il étudia le violon
,-ous la direction de son frère, qui était lui-même
habile violoniste et excellent musicien, et partit
en 1845 pour l'Amérique, où sa famille emi-
grait. Il était à peine âgé de quinze ans lors-
qu'il fut appelé à faire partie, en qualité de pre-
mier violon, de l'orchestre de la compagnie ita-
lienne organisée par le fameux entrepreneur
Barnum pour les représentations de M'^"' Jenny
Liud, et il accompagna cette célèbre cantatrice
dans son voyage à travers l'Amérique. Devenu
chef d'orchestre, il organisa à New-York, en
1855, des soirées de musique de chambre qui
durèrent quatorze ans; neuf ans après, en 1864,
il créa de grands concerts symphoniques, puis
de grands concerts en plein air, dans la direc-
tion desquels il déploya un talent remarquable,
qui obtinrent un immense succès, et qui ne ces-
sèrent (|u"en 1875. A plusieurs reprises, il visita,
à la tête de son orchestre, considéré comme
l'un des meilleurs du monde entier, les princi-
THOMAS — TUCRNER
o/o
pales villes de l'Union américaine, et ces voya-
ges furent aussi productifs an point de vue ma-
tériel que brillants sous le rapport artistique. 1!
est certain que M. Théodore Thomas a conquis
aux États-Unis une renommée absolument ex-
ceptionnelle, et qu'il y est considéré comme l'un
des premiers artistes de ce temps. Depuis 1878
il est fixé à Cincinnati, où il a pris la direction
du Conservatoire récemment fondé en cette
viljp. — Bien que sa réputation soit beaucoup
moins considérable comme compositeur que
comme chef d'orchestre, M. Thomas s'est pour-
tant fîiit apprécier sous ce rapport; on lui doit
liliisieurs ouvertures de concert, des quatuors
l»our instruments à cordes, des lieder et divers
morceaux de genre.
TIIOMÉ (FuANçois-Lro-JosKi'U, dit Fkain-
cis), pianiste et compositeur, né à Port-Louis
(ile Maurice) le 18 octobre 1850, vint fort jeune
à Paris, qu'il n'a plus quitté depuis, et fui admis
en 1866 au Conservatoire, d'abord dans la classe
de piano de M. Marmontel, puis dans celled'har-
monie de M. Duprato- 11 obtint en 1869 un se-
cond prix d'harmonie, et en 1870 un premier
prix de fugue. Depuis lors il s'est livré, je crois,
à l'enseignement. M. Thomé a publié un certain
nombre de morceaux de piano d'une forme élé-
gante, il a écrit une ou deux opérettes qui
ont été jouées dans les salons, et il a fait exé-
cuter récemment une ode-symphonie pour soZi,
chœurs et orchestre, intitulée Hymne à la
nuit.
TIIOMELO (J ), organiste fort dis-
tingué du dix- huitième siècle, semble être le
chef d'une famille d'artistes de ce genre, qui
était originaire de la Brie. Il était, en 1667,
l'un des quatre organistes de la chapelle de
Louis XIV, les autres étant Gabriel Nivers, J.
Buterne et N. Lebègue, et en même temps tenait
à Paris l'orgue de l'église Saint-Jacques-la-Bou-
cherie. Ami intime de Charles Couperin, il fut
le premier maîlre du fils de ce dernier, Fran-
çois Couperin, celui que plus tard on appela
Couperin le Grand. Titou du Tillet, dans son
intéressant Parnasse français, rend plus d'une
fois hommage au talent de J. Thomelin, qui
était très-apprécié du public parisien, et, entre
autres, rappelle ainsi son souvenir -. — « Dans le
même temps que Louis et Charles Couperin,
Tomelin (sic) se distingua aussi beaucoup dans
l'art de toucher l'orgue, et tous les curieux en
musique allaient en grande foule l'entendre les
jours de grandes fêtes, principalement la veille
et le jour du saint, patron de cette église (l'é-
glise Saint-Jacques). Il a laissé quelques pièces
manuscrites pour l'orgue, et surtout pour le cla-
vecin, qui ^mériteroient bien la gravure ou l'im-
pression. »
Un autre Thomelin, Lovis- Antoine, fut or-
ganiste de l'église Saint-Aspais, de Melun, en
1746, et un troisième, Louis- Jacques, remplis-
.sait en 176i les mêmes fonctions à l'église No-
tre-Dame de la même ville. Je n'ai eu connais-
sance de l'existence de ces deux artistes que par
l'opuscule de M. Th. Lhuillier: Notes sur quel-
ques inusiciens dans la Brie.
THOOFT (G -F ), est ce qu'on ap-
pelle généralement un amateur, un dilettante,
parce que ses parents avaient de la fortune et
qu'il ne s'est occupé de musique que par amour
de l'art. Mais comme il possède un véritable ta-
lent d'artiste et que, parmi les rares composi-
teurs néerlandais, il occupe un rang fort hono-
rable, il a droit à une place dans la Biographie
universelle des Musiciens.
M. Tliooft est né à Amsterdam en 1829. Il s'a-
donna d'abord aux études scientifiques, travailla
et étudia pendant plusieurs années à l'université
de Leyde, mais il fut atteint d'une maladie de
l'ouïe, d'une surdité chronique qui l'empêcha
de terminer ses études de jurisprudence. C'est
alors qu'il se consacra complètement à la musi-
que, et qu'il se mit à étudier le piano avec
M. Vander Does et la composition avec M. J.
Dupont, de Rotterdam,
En 1852 il se dirigea vers Leipzig, on il tra-
vailla pendant plusieurs années avec le célèbre
Hauptmann et avec Richter. On exécuta plusieurs
ouvrages de lui dans cette ville, et une de ses
ouvertures, la Pucelle d'Orléans, y obtint un
certain succès. En 1855, et après un court sé-
jour à Paris, il revint dans sa patrie et se fixa à
Rotterdam, où il réside encore. Il y écrivit un
opéra en 3 actes, Aleïde de Hollande, et il eut
la chance et le rare privilège de voir cet ou-
vrage représenté dans plusieurs villes de l'Alle-
magne et des Pays-Bas, où il fut très- favorable-
ment accueilli (1).
M. Thooft est un des rares compositeurs néer-
landais qui aient produit de la musique drama-
tique, dont on s'occupe fort peu dans les Pays-
Bas. On lui doit encore trois symphonies, une
symphonie avec chœurs qui a été couronnée par
la Société pour l'encouragement de l'art musical,
des trios, des lieder, et beaucoup d'autres com-
positions. 11 s'occupe aussi lie littérature et de
critique musicales, et pemlant plusieurs années il
a été rédacteur en chef de la revue musicale
néerlandaise CœciVa. Ed. di: H.
THLIIT^EU (Théodore), piani.ste-composi-
(1) Cet ouvrage fut représenté àRotterdam le 10 mirs 1866
- A. P.
576
TllURNER
leur, ost né à rfaffensheim (Haiit-Rirm)le 13 ài'-
ceinl)rc ls.!:î. — Appaitcnant à une famille
qui com])le beaucoup (i'arlistes, il re^ut de
très-bonne heure les premières leçons de piano
et, à treize ans, fui admis au Conservatoire de
Paris dans la classe de Zimmermann, où il
avait pour condisciples Georges lîi/.et, IManlé,
Joseph Wieniawski et Kelterer. Après une
année d'étu les il obtenait un accessit, et l'an-
née suivante (ISiU) le premier prix de piano
avec Wieniawski. Il apprenait en même temps
l'harmonie avec Hazin et le contre-point avec
Zimmermann. Il demanda aussi des conseils à
.M. Alkan l'ainé, musicien d'une haute valeur,
i|ui lui donna le goût des œuvres de J. S.
Ilach. En 1850 il alla se lixer à Toulon. II y
resta neuf ans et y remplit les fonctions d'or-
i^aniste à l'égli-se de Saint-Jean, puis à la cathé-
drale. Vers 185'J il, vint à Marseille, oii il est
resté jusqu'à ce jour. Son talent y a reçu
une vive impulsion ; car il y a trouvé un mi-
lieu artistique actif et un groupe de musi-
ciens (|ui ont conservé, avec les plus saines
traditions, le goût et le culte du grand art.
Accueilli avec une faveur exceptionnelle, M. Th.
Thurner ne se laissa pas éblouir par de
bruyants succès de salon, et ne cessa de tra-
v.iiller à perfectionner son talent. En 18C4
il fut nommé professeur de piano au Conser-
vatoire, et y forma d'excellents élèves dont
plusieurs se sont voués avec succès à l'ensei-
gnement. Il a donné sa démission eu 1874, peu
de temps après une fatale mesure qui a rno-
dilié la situation de cette utile école, en rom-
[lant les liens qui la rattachaient au Conser-
vatoire de l'aris. En ISGi, il fonda avec
.MM. Cil. C.raffet Aug. Tolbecque' des séances
pul)li(iues de trios, dont le but était de pro-
pager les œuvres de la nouvelle école ro-
man(i(|ue. Ces séances durèrent six ans, soit,
jusiiu'en 18G9. A celle époque se développa
chez lui une prédilection marquée pour les
dernières œuvres de Dectlioven et les produc-
tions allemandes contemporaines, qu'il a plu-
sieurs fois fait entendre à Marseille. Contraire-
ment à ce (jui est arrivé à plus d'un esprit
(lislirigué, cette inihience lui a été salutaire.
Son jeu y a acquis quelque chose de plus viril
et son talent de compositeur s'est élevé et
s'est coloré, sans rien perdre de la clarté, qui
semble être une obligation naturelle de la pen-
sée pour les artistes de notre pays. Ses der-
nières œuvres témoignent d'un vrai tempéra-
ment musical, et accusent un progrès marqué
sur la forme élégante, brillante, mais sans por-
tée, de ses premières composilions. On peut
citer surtout la Polonaise en ré bémol, le
J'rio en ré majeur ()our piano, violon et vio-
loncelle, et le Concerto pour piano et or-
cliestre en sol mineur qu'il a produit en
1872, au ThéiUro- Valette, dans un grand festi-
val au prolit de lœuvre d'Alsace et Lorraine.
Son style .semble y procéder de Mendeissohn,
Schumann, et surtout peut-être de Ruhinstein.
Comme exécutant, M. Th. Thurner a ce je ne
sais (pioi, diflicile à délinir, qui constitue un
talent personnel. Il a au plus haut degré l'é-
galité de doigts, la sûreté du mécanisme et
aussi la grâce et la délicatesse. C'est après
Planté, avec lequel il a plus d'un rapport, un
des pianistes français dont le jeu est le plus pur.
Son talent d'organiste n'est pas moins re-
manpiable. A|»rès avoir tenu l'orgue de l'é-
glise St-Cbarles, il a depuis plusieurs années
à sa disposition, à l'église St-Joseph, un puis-
sant instrument de Cavaillé-Coll. Il a le ma-
niement adroit et rapide des jeux et se mon-
tre très-habile sur le clavier des pédales, dont
les organistes français négligent trop souvent
l'étude. Il a aussi une heureuse faculté d'im-
provisation ; il y apporte toujours l'ordre, la
clarté, le plan, la méthode indispensable à
toute improvisation sérieuse.
Voici la liste à peu près complète des
(ruvres de cet artiste :
Chez Lcmoine : Six romances sans
paroles; Barcarolle ; Tarentelle; Saruk
la baigneuse; Souvenir de Gmbioiller.
— Chez Meissonnier : Moderato; deux Val-
ses dans le style de Chopin; Wiegenlied.
— Chez Richault : Polonaise en si mi-
neur; Elude Toccata; Chanson de matelots;
2''- Polonaise en ré bémol; Souvenir de
Valfrais. — Chez Carbonel, à Marseille ;
Menuet ; 2 Valses romantiques ; liluette ;
Uarcarolle ; Scène matinale. — Non encore
publiés : Ilumorcsque ; Sous les pins,
élude; Pastorale pour orchestre; Grand
Trio en ré majeur, j)our piano, violon el
riolnncellc ; Concerto en sol mineur, pour
piano et orchestre. Ai,. R — n.
TilLllîMvll (A ), professeur de piano,
est devenu, après avoir collaboré à la France
musicale et au Grand Journal, l'un des ré-
dacteurs de la lierue el Gazette tnusicale ,
où il a donné quelques travaux intéressants.
M. Thurner a publié aussi un petit volume
intitulé les Transformations de Vopéra-vo-
mique (Paris, Castel, in-12, 1865) ; malheu-
reusement, il ne paraissait pas avoir étudié
son sujet d'une façon assez complète, car les
jugements portés par lui sur certains musi-
TllURNER — TIERSOÏ
577
ciens dislingués, sur Devienne entre autres,
sont au moins hasardés. M. Tliurner s'est
produit aussi comme compositeur, avec quel-
ques œuvres qui dénotaient un talent réel et
un bon sentiment de l'art ; entre autres pro-
ductions estimables, on connaît de lui un
allegro de concert pour piano, violon et vio-
loncelle, un scherzo pour piano et violon, un
lamenio pour violoncelle avec accompagne-
ment de violon, deux tarentelles pour piano
àeul, enfin nombre de morceaux de genre
()our piano et des mélodies vocales d'un tour
lioureux et caractéristique.
* THYS (Alphonse). — Cet artiste a pu-
blié la partition pour chant et piano d'un petit
opéra de salon intitulé les Echos de Rosine.
11 est mort à Bois-Guillaunîe, près Rouen,
dans les premiers jours du mois d'août 1879.
Avant de faire jouer quelques pièces à l'O-
péra-Comique, Thys avait commencé, ainsi
qu'Adolphe Adam, par écrire de nombreux
morceaux de musique nouvelle pour des piè-
ces qui se jouaient sur des théâtres de genre,
le Gymnase, le Vaudeville, etc. ; c'est ainsi
qu'il composa les airs de la Belle Limona-
dière, de la Nuit au Sérail, qui devinrent
populaires et servirent longtemps de timbres
pour les vaudevilles. Il avait été, avec Ernest
Bourget {Voy. ce nom), l'un des fondateurs et
des membres les plus actifs de la Société des
auteurs, compositeurs et éditeurs de musique,
dont il fut plusieurs fois élu président.
THYS (Madame SÉBAULT, née Pau-
line), née vers 1836, est la fille du précé-
dent. M^''' Thys a commencé de bonne heure
à se faire connaître par un assez grand nom-
bre de chansonnettes et de romances, qui
obtenaient de certains succès de salon. Elle
voulut ensuite aborder le théâtre, et donna
aux Bouffes-Parisiens, en 1857, une opérette
en un acte, la Pomme de Turquie, dont
elle avait écrit les paroles et la musique ;
c'est comme librettiste et comme composi-
teur qu'elle produisit encore, en 1860, deux
autres petites opérettes. Quand Dieu est dans
le ménage. Dieu le garde, exécutée dans
un salon, et la Perruque du Bailli, jouée
à la salle Herz, dans un concert. Le 24
mai 1862, M"^ Thys faisait représenter au
Théâtre-Lyrique un opéra-comique en deux
actes, le Pays de cocagne, composé sur
un poëme de M. de Forges, et en 1865, dans
un spectacle extraordinaire de jour donné au
Vaudeville, elle faisait entendre des fragments
d'un autre opéra-comique. Manette, dont
elle avait encore écrit-le livret et la partition.
BIOGR. UMV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
Enfin, le 19 octobre 18V8, elle donnait à l'Al-
cazar, de Bruxelles , une opérette en 3 actes,
le Cabaret du Pol-Cussé. W'"" Thys-Sébault,
qui a publié quelques romans, a encore en
portefeuille un opéra-comique en 3 actes,
le Fruit vert, dont elle a, selon sa cou-
tume presque constante, écrit la musique sur
ses propres paroles.
TIBAUT (Vincent) , facteur de clave-
cins, exerçait sa profession à Toulouse dans
la seconde moitié du dix-septième siècle. Je
n'ai pu découvrir aucun renseignement sur
cet artiste, d'ailleurs extrêmement distingué si
l'on en juge 'par un très-charmant clavecin à
deux claviers, exécuté par lui, et qui fait
partie de l'intéressante collection d'instruments *
de musique réunie par M. Tolbecque, vio-
loncelliste à Paris. Ce joli clavecin porte l'ins-
cription suivante : Fuit par moy, Vincent
Tibaut, à Tolose, 1C79. y
ÏICCI (Rinaldo), professeur et théoricien
itahen, est l'auteur d'un Trattato di contrap-
punto qui a été publié à Sienne en 18i5. On
lui doit aussi un manuel qui a pour litre :
Principj elementari di musica, ad uso dei
giovani délia scuola di Siena ; je ne connais
que la seconde édition de cet ouvrage, qui
a paru à Sienne en 1840. Il est supposable
que c'est le môme artiste (c'est du moins un
artiste portant le même nom) qui a fait re-
présenter le 30 janvier 1866, sur le Grand-
Théâtre de la même ville de Sienne, une
opérette bouffe intitulée la Vivandier a al
campo di Federico II.
TIERSCH (Otto), théoricien et écrivain
musical allemand, est né à Kaibsrieth, dans
le duché de Saxe-Weimar, le 1"^' septembre
1838, et a fait ses éludes sous la direction de
J. G. Tœpfer, de L. ErK et de H. Bellermann.
Il est, depuis 1861, professeur de la théorie de
l'art au Conservatoire-Stern, à Berlin. On lui
doit les ouvrages suivants : 1" System und
Met/iode a-** Harmonielehre, Leipzig, Breit-
kopf et Hœrtel ; T Elementarbuch der musi-
kalischen Harmonie und Modulationslehre,
Berlin, Oppenheim, 1874 (ouvrage traduit eu
anglais par le professeur Dœlker et publiii à
Albany) ; 3" Kurze praktische generalbnss
Harmonie und Modulationslehre, Leipzig',
Breitkoph et Haîrtel, 1876. M. Otto Tiersch a
fourni quantité d'articles à différents journaux,
entre autres à la A'cue Berliner Musikzei-
tung, et à la IS'eue Zeitschrijt fur Mu-
sik.
TIERSOT (Edmond - Piebre - Lazare),
médecin et homme politique, né le 29 août
T. II. 37
378
TIERSOT — TIETJENS
1822 à Dourg-en-Bresse, est directeur d'une
société orpiiéonique fondée par lui au lieu
de sa résidence. M. Tiersot, qui avait étu-
dié avec soin toutes les questions intéressant
la théorie musicale, écrivit pour les jeunes
membres de cette société le petit traité sui-
vant :] Leçons élémentaires de lecture vui-
sicale (Bourg, impr. Dufour, 1807, in-8"). Ce
petit livre était dédié par son auteur à George
HainI, alors chef d'orchestre de l'Opéra.
M. Tiersot est membre de la chambre des dé-
putés pour le département de l'Ain. — Son
fils, M. Julien Tiersot, élève d'une des classes
de composition du Conservatoire de Paris, est
le rédacteur musical d'un recueil périodique,
la Réforme.
TIETJE3fS '(Thérèse-Jeanne-Alexandra
TITIEîVS, connue sous le nom de), cantatrice
dramatique à laquelle son admirable talent valut
une immense renommée, était née à Hambourg
d'une famille hongroise (1). Elle donna dès l'âge
le plus tendre des signes non équivoques de la
vocation qui devait l'entraîner vers le théâtre, et
dès 1 849 elle débutait, sur le théâtre de sa ville na-
tale, dans la Lucrezia Borgia deDonizetti,|qui lui
valut un succès considérable. On raconte qu'un
jeune homme, possesseur d'une fortune considéra-
ble, s'en éprit ardemment après l'avoir entendue
lors de ses débuts, et demanda sa main, mais
se vit repoussé par elle parce qu'elle ne voulait
à aucun prix abandonner la carrière qu'elle avait
embrassée; cependant, la jeune fille étant orphe-
line, son tuteur crut devoir interposer son au-
torité, et lui fit promettre de renoncer à la
scène pendant une année, sauf à y reparaître
ensuite si elle persévérait dans sa résolution.
M"*^ Tietjens supporta impatiemment une partie
de cette épreuve, mais, avant que celle-ci ftlt
terminée, elle quitta Hambourg pour débuter
à Francfort, où elle fut accueillie avec la plus
grande faveur, puis, en 1856, se vit engager au
théâtre impérial de "Vienne, où ses succès fu-
rent éclatants. Après avoir passé deux années
sur cette scène importante, elle signa un traité
avantageux avecM. Lumiey, directeur du Théâ-
tre de la Reine, à Londres, et fit son apparition
en celte ville dans le rôle de Vaienline des Hu-
(I) Lors de la mort de M'"» Tietjens, la plupart des no-
tices nécrologiques publiées dins les Journaux lixaicnt
l'cpoquede sanalssince à l'année 1834 .d'autres donnaient
la date plus précise du 17 Juillet 1333 ; enfin sa pierre tu-
mulalreau cimetière de Kensall-Green (Londres) portait
une Inscription indiquant que la grande artiste (italt
morte âgée de 46 ans. Je me borne à mentionner ici ces
divers renseignements, n'ayant pas les moyens de choi-
sir entre oui et de les contrôler d'une manière efficace.
giienots. Ce début fut pour elle un triomphe,
et la classa d'emblée parmi les cantatrices de
premier rang qui faisaient la gloire de la grande
scène italienne de Londres. Dès lors elle se
fixa pour toujours en cette ville, qu'elle ne quitta
plus qu'accidentellement, en 1863 pour venir se
faire entendre à l'Opéra de Paris dans de? con-
ditions de santé assez peu favorables à son ta-
lent, et en 1875 pour aller faire une brillante et
fructueuse tournée aux États-Unis. Au commen-
cement de 1877, elle fut atteinte d'une maladie
contre laquelle elle lutta avec le plus graml cou-
rage, mais après plusieurs mois de cruelles souf-
frances, elle s'éteignit, le 3 octobre de cette an-
née, dans toute la force de l'âge et dans tout
l'éclat d'un talent qui ne s'était jamais démenti.
Pendant près de vingt ans, M''-^ Tietjens (ut la
gloire et le soutien de Her Majesti/s Théâtre;
c'est sur elle, sur sa voix magnifique et d'une
infatigable solidité, sur son double talent de
cantatrice et de tragédienne, que reposait la
plus grande partie du répertoire, et c'est à elle
qu'on revenait toujours après les essais plus ou
moins heureux des cantatrices de passage. Les
critiques anglais n'hésitaient pas à la comparer
à trois grandes artistes disparues, la Schrœder-
Devrient, la Pasta et la Grisi, et la réunion de
ces trois noms indique assez quelle était la va-
leur de la cantatrice qui semblait les résumer.
Son répertoire était prodigieu'^ement vaste et
singulièrement varié, et comprenait les rôles les
plus opposés : Lucrezia Borgia, Semiramide,
Maria. Fidelio, le ISozze di Figaro (la com-
tesse), là Favorite, il Trovatore, Don Giovanni
(Anna), la Flûte enchantée (Pamina), Aorma,
un Ballo in maschera, Ernani, Faust, Lo-
hengrin (Artrude), le Freischiitz (Agathe). Bo-
bert le Diable (Alice), les Huguenots (Vaien-
line), Lucia di Lamermoor, etc., etc.
Nature ardente et passionnée, artiste inspirée
et digne de la plus complète admiration, la Tiet-
jens était douée d'une voix égale et pure, sympa-
thique et puissante, et la largeur de son slyle,
la souplesse et la flexibilité de son talent, se prê-
taient aussi bien à l'exécution de l'oratorio qu'à
l'interprétation du grand drame lyrique et de
l'opéra (le demi-carnctère. A tous ces mérites,
elle joignait la conscience, le zèle, le respect du
public, le feu sacré et l'amour de .son art. Son
nom sur l'affiche, disait un journal de Londres,
VAthenxum, était pour le public une sotte
d'assurance contre les changements de spectai lo
ou les relâches pour cause d'indisposition. Elle
ne fit même pas solliciter l'indulgence lorsqu'elle
donna, le 19 mai 1877, sa dernièie représenta-
tion dans cette même Lucrezia Borgia qui avait
TIETJENS — TILMANT
579
été son premier début à Hambourg vingt-huit
ans auparavant. Et pourtant elle souffrait déjà
cruellement du mal qui devait l'emporter. Elle
faillit, à plusieurs reprises, s'évanouir dans sa
loge, mais sachant qu'elle avait à subir le lende-
main une opération chanceuse : J'irai jusqii'mc
bout, s'écriait-elle en se redressant, cl si je dois
mourir, eh bien, f aurai du moins joué Lu-
crèce encore une fois. El elle le joua mieux que
jamais ; la souffrance ajoutait encore à l'intensité
de son sentiment tragique^ et son cri de déses-
poir après la mort de Gennaro, sa dernière note,
son adieu suprême au théâtre, sont restés un
souvenir pour tous ceux qui l'ont entendue.
Cela rappelle la dernière soirée et les derniers
moments de la Malibran.
Femme distinguée et femme de cœur, bonne,
généreuse, bienfaisante, la Tiefjens était aussi
aimée, respectée et estimée comme femme qu'ad-
mirée comme artiste. Pendant sa maladie, la
reine Victoria faisait prendre fréquemment de
ses nouvelles, et sa mort fut un deuil véritable
pour la ville de Londres.
TIETZ (Hermann), pianiste allemand, né à
Driesen le 8 mars 1844, s'adonna d'abord à l'é-
tude de la chimie, qu'il abandonna plus tard
pour se livrer exclusivement à la musique. Il
fut élève de Kullak à la nouvelle Académie de
Berlin, dont il devint l'un des professeurs en
1866. Fixé à Gotha en 1868, son talent distingué
le fit nommer, l'année suivante, pianiste de la
cour.
Un artiste du même nom et peut-être de la
même famille, M. Philippe Tietz, s'est fait
connaître en ces dernières années par la publi-
cation d'une centaine de compositions de divers
genres. Je n'ai pu| recueillir sur lui aucun ren-
seignement.
TILLIARD ( ), musicien français
contemporain, s'est lait une spécialité de la com-
position d'innombrables morceaux écrits pour
musiques d'harmonie ou fanfares. Le nombre
ae ses compositions en ce genre s'élève à plu-
sieurs centaines, et il les publie principalement
dans un Journal spécial de musique militaire,
fondé par lui depuis une quinzaine d'années,
« à l'usage des musiques municipales, sociétés
d'amateurs, collèges et pensions ». Tout cela, il
faut le dire, est peu musical, et de médiocre
qualité. M. Tilliard a publié aussi une Méthode
de cornet à pistons otc bugle et [une Méthode
d^alto ou saX'horn.
TILMAN (Alfred), compositeur et pia-
niste belge, né à Bruxelles le 3 février 1848, a
fait ses études musicales au Conservatoire de
cette ville, dont il a été l'élève depuis 1866 jus-
qu'en 1871. En 1870, il obtint dans cet éta-
blissement les premiers prix de piano, de con-
tre-point et fugue, et l'année suivante une men-
tion honorable lui fut décernée au concours de
Rome.
C'est surtout par d'importantes compositions
dans le genre religieux que M. Tilman s'est fait
connaître jusqu'à ce jour. Après un 0 Sacrum,
qui avait attiré l'attention sur lui, il écrivit, pour
le 25^ anniversaire de la mort de la reine des
Belges, une messe de Requiem qui fut exécutée
dans l'église de Notre-Dame de Laeken ( Bruxelles)
en 1873, et deux .fois reproduite depuis lors.
En 1877, il fit entendre dans l'église de Sainte-
Gudule, de la môme ville, un Te Deum solennel.
Ces diverses productions furent accueillies par
la critique avec des éloges que tempéraient des
réserves assez importantes. M. Tilman a publié :
Hymne à la nature, chœur à 4 voix; la Chute
des feuilles, solo avec chœur ; les Blés sont
7nùrs,«. strophes jubilaires»; 2 Ballades ca-
ractéristiques ; Ave Maria, etc. On connaît
encore de lui un Recueil de 24 fugues à 2 et
3 voix ; Marnix, scène pour voix de basse ;
Chant sacré, exécuté à Louvain en 1874 ; Qua-
tuor pour 4 cors ; et diverses autres composi-
tions. Au mois d'août 1878, à l'occasion des
fêtes célébrées à Bruxelles pour les « noces
d'argent » du [roi et de la reine des Belges,
M. Tilman fit exécuter à l'Alcazar de cette ville
une grande Cantate patriotique qui produisit
sur le public une heureuse impression. On con-
naît aussi de lui une cantate d'un autre genre,
la Sirène, pour voix seules, chœurs et orchestre,
qui a été exécutée à Gand au mois de décembre
de la môme année.
TILMAIVT (Théophile-Alexandre), violo-
niste et chef d'orchestre français, né à Yalen-
ciennes (Nord) le 8 juillet 1799, fit ses études au
Conservatoire de Paris, où il devint élève de
Rodolphe Kreutzer, et où il remporta un pre-
mier prix de violon. Peu de temps après, il en-
trait en qualité de premier violon à l'orchestre
du Théâtre-Italien, et allait, en 1825, tenir le
môme emploi à celui de l'Opéra. En 1834, il
rentrait au Théâtre-Italien comme second chef,
et en 1838 il y devenait premier chef d'orches-
tre. Malgré les imperfections d'une éducation
théorique très-incomplète, sinon tout à fait nulle,
Tilmant possédait un sens musical si parfait et
si sûr, dea qualités naturelles si rares, il savait
donner à l'exécution des ouvrages tant de fe»,
tant de verve, tant d'éclat, tout en restant abso-
lument maître de lui-même et du personnel
placé sous ses ordres, qu'il se fit aussitôt re-
marquer et considérer comme un artiste excep-
580
TILMANT — TINEL
liûunel en son genre. Violoniste fort distingué
d'aiileuis, il s'était déjà fait une brillante re-
nommée par le style plein d'ardeur et de pureté
(]ii"il apportait dans l'interprétation de la grande
musique classique; aussi obtint-il de grands
succès lorsqu'il fonda en 1838, avec sou frère,
violoncelliste fort habile, une société de musi-
que de chambre dans laquelle il faisait exécuter,
en même temps que les grandes œuvres d'Haydn,
de Mozart et de Beethoven, les compositions
modernes de plusieurs jeunes musiciens, entre
autres celles de MM. Rousselot et Henri Ber-
tini. Tilmant se distingua aussi en dirigeant les
concerts du Gymnase musical, fondés en 1835,
et dans lesquels on entendit les œuvres sympho-
niques de Berlioz et de Turbry. Au reste, ce
qui prouve bien sa rare valeur, c'est que dès
l'origine de la Société des concerts du Conser-
vatoire (1828), dont il fut un des fondateurs,
Tilmant avait été choisi comme second chef
d'orchestre de cette compagnie, qui, sous l'impul-
sion énergique et intelligente d'Habeneck, devait
devefiir si rapidement célèbre.
En 1S49, lorsque Théodore Labarre se vit
obligé de résigner les fonctions de [)remier chef
d'orchestre qu'il remplissait à l'Opéra-Comique,
Tilmant fut appelé à lui succéder. Cette époque
fut la plus brillante de sa carrière. Pendant
les vingt années qu'il conserva cet emploi,
Tilmant se fit remarquer non-seulement par
le soin qu'il apportait dans la direction des
études, mais par l'éclat qu'il savait donner
à l'exécution des ouvrages. C'est lui qui
monta, entre autres œuvres importantes, la Fée
aux Roses, les Porcherons, le Songe d'une
nuit d'été, Giralda, la Dame de pique, Gala-
ihée, le Père Gaillard, Marco Spada, V Étoile
du JS'ord, Manon Lescaut, Psyché, Quentin
Durward, le Pardon de Ploérmel, etc. H prit
sa retraite en 1868, et alla se fixer à Asnières,
près de Paris. En 1860, à la mort de Girard, il
avait été élu premier chef d'orchestre de la So-
ciété des concerts ; mais il n'avait gardé ces
fonctions que pendant trois années, et au bout
de ce temps avait donné sa démission. En 1861,
il avait été nommé chevalier de la Légion d'hon-
neur. Cet artiste honnête et distingué mourut à
Asnières, le 7 ou le 8 mai 1878. — Le frère
puîné de cet artiste, M. Alexandre Tilmant,
né à Valenciennes en 1808, étudia le violon-
celle et fut, comme lui, élève du Conservatoire
de Paris, où il eut pour maître M. Vasiin et
où il remporta un premier prix en 182'J. Exé-
cutant remarquable, une timidité invincible
l'empêdia malheureusement de jamais se pro-
duire en public comme soliste ; mais il excellait
dans l'interprétation de la musique de chambre,
et sous ce rapport il obtint de véritables succès
dans les si^ances de quatuors qu'il organisa avec
son frère et qui durèieiit plusieurs années.
Alexandre Tilmant fut un des fondateurs et des
membres les plus zélés de la Société des con-
certs du Conservatoire, à laquelle il resta atta-
ché pendant quarante-cinq ans,'; et il lit long-
temps partie de l'orchestre du Théâtre-Italien,
il est mort à Paris le 13 juin 1880 (1).
THIPE I Jean-Gcillaume), facteur d'orgues
néerlandais, né en 17G0 au village de Glaan, lit
son apprentissage à Groningue, chez Lohman, et
y resta sans doute longtemps ouvrier, car il ne
quitta l'atelier de celui-ci qu'en 1806. C'est pro-
bablement à cette époque qu'il s'établit à son
compte. De 1813 à,1835, Timpe construisit un
certain nombre d'orgues de grandes dimensions,
et beaucoup de petites orgues de chapelle. On
cite, parmi ses meilleurs instruments, ceux qu'il
plaça à Zutphen, à Groningue, à Embden, à
Veendam, puis ceux d'Amsterdam, de Duiven,
de Bedam, de Middelbert et de, Blankenheim.
Timpe mourut vers 1840.
* TOCTORIS (Jean). — D'après des do-
cuments récemment découverts et mis au jour
par M. Edmond Vanderstraeten (2), le vrai nom
de ce célèbre musicien serait Jean de Vaeruere
(nom latinisé ensuite, comme c'était la coutume
à cette époque), et il serait né non à Nivelles,
comme on l'a cru jusqu'à ce jour, mais à Po-
periiighe, en 1446. Tinctori<, d'après le même
écrivain, serait mort en 1511.
TI3ÎEL (Edgar), pianiste et compositeur bel-
ge, est né le 27 mars 1854 à Sinay, où son père
remplissait les fonctions d'instituteur et d'orga-
niste. Dès l'âge de huit ans il se fit entendre
en public, et, encouragé par le succès qu'il obtint,
son père résolut de lui faire continuer ses études
au Conservatoire de Bruxelles, où l'enfant fut
admis au mois d'octobre 1863. Il y devint élève
de MM. Michelot, Mailly et Samuel, obtint un
premier prix d'harmonie en 1870, et, étant entré
dans la classe de M. Brassin, se vit décerner le
premier prix de piano en 1H73. H commença
alors à se produire comme virtuose et à faire
apprécier un talent que l'on dit plein de souples-
se, de délicatesse et de grâce, mais ne négligea pas
pour cela de continuer ses études théoriques, et
devint élève de MM. Gevaertet Kufferath pour
le contre-point,, la fugue et la composition. En
(1) I.e Dictionnaire des contemporains a confondu en
un seul Individu les deux fri-rcs Tilmant, et a lait du
même artiste un violoniste, un Tioloncelliste et un chef
d'orchestre.
(ï) La musique aux l'ays-IJas, t. IV.
TINEL — TillON
581
1877, s'étant présenté au concours de Rome, il
remporta le premier grand prix de composition
musicale, et sa cantate sur texte flamand, de
Klokke Roeiand (pour soli, chofiirs et nrclies-
tre), exécutée publiquement à l'Académie royale
de Belgique, le 2't septembre 1877, tut accueillie
par kl critique avec une faveur que rencontrent
rarement à un pareil degré les lauréats du grand
concours. Presque aussitôt M. Tinel, qui paraît
doué d'une rare facilité de production et d'une
heureuse ardeur au travail, commença la publi-
cation d'un assez grand nombre de compositions
pour léchant ou pour le piano, compositions qui le
tirent bien venir du public. Voici la liste de
celles qui ont paru jusqu'à ce jour, et qui toutes
ont été publiées par la maison Schott, de Bruxel-
les: 4 Nocturnes pour chant, op. 1; Scherzo (en «7
mineur), pour piano, op. 3; 3 liedet (sur paroles
flamandes), op. 4; 4 Mélodies pour chant, op.
5; 2 Mélodies pour chant, op. 6; Imprornptu-
valse et chanson, pour piano, op. 7; 7 lieder
(texte allemand et flamand), op. 8 ; 1"^* Sonate
pour piano, op. 9; 4 lieder (texte allemand
et flamand), op. 10; 5 lieder (id.), op. 11 ;
Cycle de 14 chants (texte flamand), op. 12; 4
lieder (texte flamand), op. 13 ; Au Printemps,
5 morceaux de fantaisie pour piano, op. 14;
de Klokke Roeiand, cantate pour s^oli, chœurs
et orchestre, op. 17; le Petit Postillon, chan-
sonnette ; le Mois de mai (à Marie), mélodie.
TirVTO (Michèle), pianiste et compositeur
pour son instrument, est né à Aversa (province
de Caserta), dans l'ancien royaume de Naples,
le 10 février 1822. Fils d'un maître de chapelle,
il fut admis à l'âge de neuf ans au Conservatoire
de Naples, où il devint l'élève de Lanza et de
Nicolas Nacciarone, et où il eut des leçons de
Zingarelli, puis, après la mort de celui-ci, de
Mercadante pour la composition. Arrivé au ter-
me de ses études, il se consacra sans réserve à
l'enseignement du piano, et n'a cessé de former
de nombreux élèves. M. Tinto a publié une
centaine de morceaux de genre pour son instru-
ment, soit originaux, soit écrits sur des motifs
d'opéras.
Deux fils jumeaux de cet artiste, IMM. Luigi
et Pasquale Tinto, nés à Naples le 30 mai
185S, sont pianistes ainsi que leur père, à qui ils
doivent leur éducation.
TirVTORER Y SEG ARRA (Pedro),
professeur et compositeur espagnol, est né à
Palma (Majorque) le 12 février 1814. Ses parents,
qui avaient fui de Barcelone lors de l'invasion
française, étant revenus se fixer en cette ville, il
y étudia le solfège, le piano et la composition
avec Ramon Vilanova, puis entra au Conser-
vatoire, où il devint élève d'Albeniz pour le
piano et de Carnicer pour la composition. En
18,'i4 il vint à Paris, où il se perfectionna sous
la direction de Zlmmermann, puis, en 1836,
alla s'établir à Lyon, où il demeura quatorze ans
et où il fut professeur de musique au collège
municipal. Depuis, il est retourné à Barcelone,
où il se livre à l'enseignement et à la composi-
tion. On doit h M. Tintorer un assez grand
nombre d'œuvres de divers genres, parmi les-
quelles je citerai les suivantes : 2 Messes à 4
voix, chœur et orchestre; un Stabat Mater
à 4 voix, chœur et orchestre; un Te Devm à
4 voix et orchestre ; 2 Symphonies pour orches-
tre ; Quatuor pour piano, violon, alto et vio-
loncelle (Paris, Richault) ; 2 Quatuors, id.;
Quatuor pour instruments à cordes ; Trio pour
piano, violon et violoncelle (Paris, Gérard) ;
2 Duos pour piano el violon ; Duo pour piano
et violoncelle ; enfin, divers morceaux de gen-
re pour piano seul. Parmi les dernières publi-
cations de cet artiste, il faut mentionner : un
recueil de 25 Études de mécanisme et de style,
op. 102, qui a paru chez l'éditeur Vidal y Roger,
et dont on dit le plus grand bien ; 20 Études de
vélocité,op. 103; 25 Études, op. 100; 12 Gran-
des Éludes, op. 101; Méthode théorique et
pratique de piano, op. 104.
TIRII\DELLI(Gicuo), compositeur italien,
a fait représenter à Conegliano, le 2 octobre
1877, un opéra bouffe en 4 actes, intitulé Elda.
Ce jeune homme, alors âgé seulement de dix-
huit ans, n'avait pas encore achevé .ses études, et
comptait au nombre des élèves du Conservatoire
de Milan.
TIR03Î (Aux), amateur de musique et écri-
vain français, occupait les fonctions de chef du
secrétariat général du ministère de la maison de
l'empereur et des beaux-arts, lorsqu'il publia un
livre auquel il avait donné ce titre : Études
sur la musique grecque, le plain-chant et la
tonalité moderne (Paris, imprimerie impériale,
1866, grand in-8'>). Cet ouvrage, écrit dans une
langue claire et facile, était le fruit des loisirs
d'un homme du monde qui n'était qu'imparfai-
tement familiarisé avec les questions très-ardues
et parfois très-obscures qu'il avait eu le louable
désir d'éclaircir etde vulgariser. Si l'auteur émet-
tait quelques idées saines, et d'ailleurs générale-
ment adoptées, au point de vue des données
générales de l'art, il n'apportait que des lumières
bien restreintes sur ce terrible sujet de la musi-
que grecque, qui a passionné tant d'écrivains, et
il se lançait plus qu'il n'eût fallu dans le champ
de l'hypothèse et de la fantaisie, si dangereuses
en pareilles matières. D'autre part, et en ce qui
582
TIRON
TOFAXO
concerne le système liarmonique moderne, il
professait des théories singulièrement cavalières,
et qui eussent été presque complètement des-
tructives de l'art qu'il prétendait servir. En réa-
lité, le livre dont il est ici parlé n'a ajouté quoi
que ce soit aux connaissances qu'on possédait
sur les sujets qui s'y trouvent traités, et son
utilité reste problématique. Tiron,quieslmort à
Paris le 6 août 1873, âgé de 74 ans, avait fait
pressentir la publication d'un second ouvrage,
qu'il n'a sans doute pas eu le temps d'achever.
Ses manuscrits ont été gracieusement offerts par
sa famille à la bibliothèque du Conservatoire.
TIIIPEIMM] (Victor.), théoricien et profes-
seur français, s'est depuis longues années con-
sacré à l'enseignement du piano, et a publié sous
ce titre général : Cours complet de musique
appliqué au piano, toute une série d'ouvrages
didactiques comprenant : 1° Méthode depiano,
en 3 parties, Paris, Brandus, 2" Solfège élémen-
taire, id., là.; i" Cent Études graduées., divi-
sées en 5livres(l. Études primaires ; 2. Études
élémentaires ; 3. Études de genre ; 4. Etudes de
vélocité; 5. Études des tonalités). Dans un rap-
port présenté par elle sur cet ouvrage, la section
de musique de l'Académie des Beaux-Arts s'ex-
primait en ses termes : — r. L'ouvrage de
M.Tirpenne, intitulé Cours complet de musique
appliqué au piano, nous a semblé, par sa forme
et son étendue, mériter une attention particu-
lière. C'est une sorte d'encyclopédie qui a le
double avantage d'être à la fois un guide sûr
pour la longue et sérieuse étude du piano, et
d'offrir à l'élève des connaissances théoriques
très-variées, depuis les premiers rudiments de
la musique jusqu'à l'étude de l'harmonie, de la
transposition et du plain-chant. C'est une idée
heureuse sans doute que d'avoir voulu réunir en
un seul corps d'ouvrage tous les éléments pro-
pres à former, non-seulement des pianistes habi-
les, mais aussi de bons musiciens. » Outre cette
vaste publication, on doit à M. Victor Tirpenne
une Grammaire musicale par demandes et par
réponses, et nn Petit Solfège, composé spécia-
lement pour les pensionnats.
TIZZA]>iI (ViNCENzo), pianiste et professeur
italien, fixé à Naples, est l'auteur d'un très-bon
recueil d'études pour le i)iano, qu'il a publié
sous ce titre : Studii suite sepiime diminuiti
ntilissimi per rendereforli ed indipenti le dit a.
Milan, Lucca. Cet artiste a publié quelques
compositions pour le piano ou pour le chant,
entre autres une jolie ballade pour voix de sopra-
no : la Yenditrice di fragole.
TOUl.X (llu;uAiii)), luthier anglais, (ixo à
l/)ndres au commencement de ce siècle, avait
fait son apprentissage chez Perry, à Dublin. Ses
instruments sont aujourd'hui très-recherchés en
Angb^terre, et l'on assure que pas un ne savait
comme lui tailler la tête d'un violon. — Cet
artiste eut un fils, qui comme lui fut luthier.
TODT (Jean-Aigi'Ste-Guill\lme), violo-
niste, pianiste et l'un des meilleurs organistes de
notre temps, est né à Dusterorl le 20. Juillet
1833. Après avoir étudié assidûment le violon
et le piano jusqu'à Tàge de dix-huit ans , il con-
sacra tout son temps! à l'étude de l'orgue,
qu'il travailla à Berlin avec A. -W. Bach, et devint
en ce genre un artiste extrêmement remarquable.
Devenu par la suite professeur de chant et orga-
niste à Steltin, il n'a pas cessé depuis lors
d'habiter cette ville. M. Todt est aussi un com-
positeur distingué; parmi ses œuvres, dont on a
publié environ quatre-vingts, on remarque un
oratorio, une symphonie à grand orchestre, des
psaumes, des sonates et sonatines pour piano,
des morceaux pour piano et orgue, des chœurs,
des lieder, etc.
* TOEPFER (Jean-Gottlob), compositeur,
organiste et écrivain musical, est mort à Wei-
mar le 8 mai 1870.
TOFAI\0 (Glstave), pianiste, professeur
et compositeur, est né à Naples le 22 décembre
1844. 11 commença l'élude du piano à l'âge de
onze ans, et fut successivement élève de Gas-
trucci à Pisp, de Domenico Caldi à Turin, de
Stefano Golinelli à Bologne, et enfin, à Na-
ples, de Giuseppe Lillo, d'Antoine Coop et de
Luigi Siri. Il suivit ensuite un cours de compo-
sition avec le baron Giuseppe Staffa. En 1872,
lors de la retraite de son ancien maître Golinel-
li, il fut nommé professeur de piano au Lycée
musical de Bologne. M.Tofanoa publié de nom-
breuses compositions pour le piano et pour le
chant, il a fait exécuter une cantate intitulée
Margherila délie Alpi (Naples, th. San-Carlo,
18C9), un Hymme choral à l'occasion du 7"' Con-
grès pédagogique (^aples, th. du Fondo, 1871);
il a écrit en société avec MM. Baur, Marenco
et Dall'Argine la musique d'un ballet intitulé
Alpha et Oméga (Naples, th. San-Carlo, dé-
cembre 1872), et enfin il a fait représenter sur
le théâtre du Corso, de Bologne, le 14 mars
187j, sous le titre à'Amore e suo tempo, un
opéra semi-sérieux dont il avait à la fois tracé
le livret et composé la musique. Ce dernier ou-
vrage n'a obtenu que peu de succès.
M. Tofano est considéré en Italie comme l'un
des meilleurs pianistes de l'école actuelle; son
jeu mt'Iancoli(|ue, élégant et passionné, son exé-
cution correcte cl précise, sa grande connais-
sance des œuvres des maîtres, lui ont valu de
TOFANO — TONASSI
583
grands succès, parliculièrement à Naples et à
Bologne, et l'ont fait classer au premier rang.
TOLBEC<J»UE ( Isidore- Joseph), né à
Hanzinne (Belgique), le 17 avril 1794, fut d'a-
bord soldat, puis devint chef d'orcliestre de bals.
Il est mort à Vichy le 10 mai 1871. Il était,
ainsi que ses frères, fixé depuis longtemps en
France.
* TOLBECQUE (Jean-Baptiste-Joseph),
violoniste, compositeur et chef d'orchestre,
frère du précédent. — Avant de s'adonner à la
composition de la musique de danse, où il fit
preuve d'ailleurs d'un véritable talent, cet
excellent artiste avait essayé de se produire d'une
façon plus sérieuse. Il avait écrit, en société,
avec Gilbert et Guiraud, un opéra-comique en
un acte, Charles V et DuguescUn, qui fut repré-
senté à rodéon le 3 octobre 1827. Plus tard
Toibecque écrivit, en société avec M. Deldevez,
la musique de Vert-Vert, ballet en 3 actes qui
fut donné à l'Opéra le 24 novembre 1851. Jean-
Baptisle-Joseph Toibecque mourut à Paris le
23 octobre 1869.
*TOLBECQLE (Alguste-Joseph), frère
des précédents, a occupé pendant plusieurs an-
nées le poste de violon-solo à lorchestre du
Théâtre de la Reine, à Londres. Il est mort à
Paris le 'il mai 1869.
* TOLBEC(^UE (Auguste), violoncelliste
distingué, fils du précédent, a été professeur
de violoncelle au Conservatoire de Marseille, de
1 805 à 1871. Il est ensuite revenu à Paris, où il
fait partie de la Société des concerts du Conser-
vatoire. M. Auguste Toibecque avait formé une
très-belle et très-remarquable collection d'ins-
truments de musique, qu'il voulut, il yia quelques
années, céder au gouvernement français pour en
enrichir le musée du Conservatoire; malheureuse-
ment, le ministère des beaux-arts se fit maladroi-
tement tirer l'oreille, et la riche collection de
M. Toibecque fut acquise par le gouvernement
belge.
TOLBECQUE (Jean), violoncelliste et orga-
niste, fils du précédent, est né à Niort le
•7 octobre 1857. Il obtint le premier prix de
violoncelle en l869 au Conservatoire de Marseil-
le, comme élève de son père, puis vint avec
lui à Paris, se fit admettre au Conservatoire,
dans la classe de Chevillard, et obtint le second
prix de violoncelle en 1872 et le premier en
1873. En cette dernière année, devenu élève de
M. César Franck, il obtenait aussi un premier
accessit d'orgue. Il fait partie aujourd'hui de
l'orchestre de l'Opéra-Comique.
T0L03IEI ( ), musicien italien, est
l'autfur d'un opéra bouffe, il Rilorno del cos-
crilto, qui a été joué à Vienne le 11 avril 1875.
* TOMEOIM (Pellegrino), est né à Luc-
ques, non en 1759, comme il a été dit parerreur,
mais en 1729. Successivement maître de chapel-
le de la collégiale de San-Micbele, puis de la
collégiale de Camaiore, et enfin du dôme de
Pietrasanta, il écrivit beaucoup de musique reli-
gieuse. On a conservé de lui une messe à 4 voix,
une autre »n pastorale, un Kyrie à 4 voix
avec instruments, trois messes à 4 voix a cap-
pella, un Ecce sacerdos à 4 voix, divers motets,
un Magnificat à deux chœurs avec orgue obligé,
et un Recordare Domine pour voix de soprano.
En 1761, Pellegrino Tomeoni écrivit quelques
morceaux dramatiques et des récitatifs pour la
Zenobia de Métastase, qu'on représentait au
théâtre de Lucques. A cette époque, il remplis-
sait à ce théâtre les fonctions de maestro al
cembalo.
T030IASI (........ DE), compositeur ita-
lien, est l'auteur d'un opéra sérieux, Guido e
Ginevra, qui a été représenté à Naples, sur le
théâtre San-Carlo, en 1856, et d'un opéra bouf-
fe, Ser Pomponio, qui a été donné au théâtre
Nuovo, de la même ville, au mois de septembre
1859. J'ignore où et quand a été joué un autre
ouvrage dramatique du même artiste, qui avait
pour titre Errico di Svezia.
ÏOÎVASSI (Pietro), violoniste, violoncellis-
te, chef d'orchestre et compositeur, né à Venise
au mois de septembre 1801, mort en celte ville
le 5 novembre 1877, me paraît devoir être le
fils du Pietro Tonassi dont la notice est insérée
au t. VIII de laBiographie universelle des Mu-
siciens. N'ayant pu découvrir sur cet artiste de
renseignements plus directs et plus récents que
ceux qui sont contenus dans le Dizionario bio-
grafico de Francesco Regli, je ne crois pouvoir
mieux faire que de les traduire et de les repro-
duire ici.
« Pietro Tonassi, dit Regli, eut de son père
les premiers rudiments de l'art de jouer le
violon, et plus tard reçut une année de leçons
du professeur Caméra pour le même instrument,
et rien de plus. De 1828 à 1832 il fut premier
violon et chef d'orchestre au grand théâtre de
la Fenice, de Venise, et ensuite premier vio-
loncelle au même théâtre ; à la même époque,
il fut pendant six années chef de la musique de
la marine impériale et royale. En 1841 il se ren-
dit à Milan, auprès de l'éditeur Ricordi, en qua-
lité de compositeur, rédacteur et correcteur, et
y demeura quatre années environ. Puis il re-
tourna à Venise, où il se trouve encore présen-
tement (1860). En ne tenant pas compte d'un
grand nombre de fantaisies, pots-pourris, ré-
584
ÏONASSI - TOSTIJ
ductions pour tous les instruments, ses notables
compositions sont : une messe de Requiem à
3 voix, avec accompagnement d'altos, violons et
basses, 4 trompettes, 4 cors et 3 trombones ;
une messe à 4 voix, avec grand orchestre; une
antre messe à 3 voix, id.; 3 messes à 3 voix et
ori^ue ohW'^é; Miserere à 2 voix, ténor et basse,
accompagnement de piano et violon oblig*', etc.
« Ce célèbre virtuose et compositeur a mis
aussien musique la Noél, la Passion, la I\ésurrec-
tion, les Hymnes sacrés de Manzoni à 4 voix
avec grand orchestre, une grandiose sympho-
nie dans le style classique pour grand orchestre,
il Cinque Maggio pour baryton et chœur avec
grand orchestre, 7 grandes ouvertures pour
grand orchestre, beaucoup d'ariettes da caméra,
et bien d'autres choses. Il a écrit un opéra semi-
sérieux intitulé una Costanzn rara, qui n'a
jamais été représenté. »
*TORLKZ ( ) professeur de musique
et compositeur, vivait à Clermont-Ferrand vers
le milieu du dix-huitième siècle. Il écrivit la
musiq4ie d'une pastorale en un acte, le Départ
du guerrier amant, qui fut représentée en celte
ville au mois de février 1742.
TORIlA3IORELL(MlCHEI,-B0NAVENTliRE-
François), né le 16 février 1786 à Gisona (Espa-
gne), fut tour à tour chef de musique militaire en
France,enHollande(15' régiment) et en Belgique
(7'' de ligne). Il avait du talent sur la clarinette, et
publia, outre un ouvrage didactique pour les
orphéons, beaucoup de compositions pour har-
monie militaire ainsi que des airs variés pour
son instrument. En 1821, il devint chef d'orches-
tre de la Société de l'Harmonie d'Anvers, et fit
représenter en cette ville, le 1*"' février 1825,
un opéra-comique intitulé le Fxitur de pro-
vince. En 18:J6, le 31 octobre, il donna sans
succès à Bruxelles un autre petit opéra-comi-
que, le Mari de circonstance, écrit sur un li-
vret mis originairement en musique par Plan-
tade. Il quitta alors le service belge, fut décoré
de l'ordre de Léopold, et vint s'établir à Paris, où
il est mort le 24 décembre 1871, âgé de près de
quatre-vingt-six ans. Torramorell a publié, en
société avec M. Félix Clément, une Méthode de
musique vocale graduée et concertante pour
apprendre à solfier et à chanter à une et ù
plusieurs voix, avec accompagnement de
piano (Paris, Firmin-Didot, in-8°).
ÏOIMIÏ AAI (EtCKMo), compositeur et pro-
fesseur italien, l'un des promoteurs de l'ensei-
gnement du chant choral dans sa pairie, a pu-
blié un opuscule didactique intitulé : Principii
elcmentari di nuisica applicali al canto enra-
ie,per iiso délie scuole comunali maschili e
femminili di Milano (Milan, Ricordi), et isn
Solfeggio in do maggiore per gli alunni dclle
scuole civiche di Milano (id., id.). Cet artiste
a fait représenter sur le théâtre de la Scala, le
17 mars 1852, un drame lyrique intitulé Carlo
Magno, qui a obtenu un vif succès. Deux ans
après, le 23 novembre 1854, il donnait sur un
autre théâtre de Milan, celui de la Canobbiana,
un second ouvrage dramatique, Anna Campbell,
qui était loin d'être aussi heureux. Je ne sache
pas qu'il ait depuis lors abordé de nouveau la
scène. Torriani, qui a publié quelques mor-
ceaux de piano, est mort à Milan au mois de
février 1872, à l'âge de quarante-sept ans.
Un artiste du même nom, vraisemblablement
parent du précédent, M. Antonio Torriani,
remplit les fonctions de premier basson à l'or-
chestre de la Scala, et a publié quelques mor-
ceaux pour son instrument, et quelques duos
pour flûte et basson écrits en société avec
M. P. Morlacchi.
TOSCANI (D. Antonio), musicien italien,
né à Parme en 1744, mourut en 1805. Il fut
maître de chapelle dans sa ville natale. M. le
docteur Basevi, de Florence, possède en manus-
crit, de cet artiste, des Responsorj per la set-
timana sauta, et un recueil de « Leçons prati-
ques de contre-point dictées par le P. Gio. Bat-
tista Martini à D. Antonio Toscani. »
* TOSI (JosEPH-FÉux), fut élu, en 1679,
prince de l'Académie des Philharmoniques de
Bologne.
* TOSI (Pierrr-François). — Une excel-
lente traduction française du célèbre Traité de
chant de cet artiste a été publiée récemment
sous ce titre : l'Art du chant, opinioits sur
les chanteurs anciens et modernes, ou obser-
vations sur le chant figuré, pur Pierfran-
cesco Tosi, traduit de l'italien et accompa-
gné de notes et d'exemples, par Théophile
Lemaire ( Voy. ce nom), Paris, Rosthschild,
1874, in-16.
TOSOllOM (A ), professeur italien con-
temporain, est l'auteur d'un ouvrage didactique
publié sous ce titre : Traité pratique d'ins- '
trumenlation, ou Notioiis générales sur le
caractère et stir la propriété des instruments
de musique, tant anciens que d'invention et
de perfectionnement récents, qui servent ac-
tuellement dans les orchestres, bandes et fan-
fares , Milan, Lucca.
TOSTI (F....-PA0L0), compositeur italien
contemporain, s'est fait connaître par la publi-
cation de qucl<)ues mélodies vocales d'une grâce
exquise et d'un charme pénctiant, Il a donné
ainsi, chez l'éditeur M. Ricordi, de Milan, un
TOSÏI — TRAGIENSE
585
recueil intitulé Pagine d'album et quelques
mélodies détachées sur paroles italiennes ou
françaises. M. Tosti a publié aussi un recueil e\-
trêmeinent intéressant de Canti popolari abruz-
ies«, transcrits par lui avec paroles italiennes de
M. Petrosemolo, traduites du dialecte, recueil
très-précieux et composé de chansons pleines
d'originalité, de saveur et de mélancolie.
TOURiXAILLON (Henri), compositeur et
organiste, titulaire du grand orgue de la cathé-
drale d'Orléans, a publié récemment sous ce
titre : Devant Dieu , un recueil considérable
de morceaux pour orgue. Il avait déjà donné,
chez l'éditeur M. Colombier, une suite de;4 Of-
fertoires et de 4 Élévations qui forme la 18* suite
d'une publication faite sous le titre d^Aréne
des organistes.
ÏOUUS (Jacques), organiste et composi-
teur néerlandais, né à Rotterdam en l759,
reçut une bonne éducation littéraire et se des-
tinait à la carrière commerciale. Ce n'est qu'à
l'âge de seize ans qu'il commença à étudier la
musique, ayant pour professeur d'orgue Brui-
ninkhuijzen et J. Robbers. Il se livra ensuite
à l'enseignement et à la composition, et rem-
plit les fonctions d'organiste d'abord à Maass-
luis, et plus tard à Rotterdam. On connaît
de cet artiste plusieurs compositions impor-
tantes, entre autres un Te Deum, une sym-
phonie à grand orchestre, les psaumes de Da-
vid pour orgue et piano, avec préludes et inter-
mèdes, un concerto pour le piano, des sona-
tes, fantaisies et variations pour le même ins-
trument, une cantate, trois ouvertures, etc.
Jacques Tours mourut le 11 mars 1811.
TOL'RS (Barthélémy), fils du précédent, or-
ganiste, violoniste et maître de chapelle à Rot-
terdam, naquit dans celte ville le 19 août
1797. Il fut, en 1813, nommé organiste de
la nouvelle église (Nieuwekerh), et en 1830, à
la mort de Robbers, il le remplaça comme or-
ganiste à l'église Saint-Laurent, où il donna
des séances d'orgue qui ne manquaient pas
d'intérêt et qui attiraient d'ordinaire un grand
concours d'amateurs et de dilettanti.
Tours fut un des fondateurs delà société phil-
harmonique Eruditio miisica, qui, en 1820,
inaugura des concerts à Rotterdam. Pendant de
nombreuses années, il a contribué à fonder et
à soutenir en celte ville des séances de musi-
que de chambre, et après avoir été pendant
longtemps un des meilleurs soutiens de l'orches-
tre de Rotterdam, il y dirigea les concerts phi-
harmoniques et autres. Tours mourut dans sa
ville natale, au mois de mars 1864. Éd. de H.
TOURS (Berthold), artiste anglais ou fixé
en Angleterre, violoniste, pianiste, professeur et
compositeur, est l'auteur d'une petite Méthode
fie violon publiée sous ce titre : the Violin
(Londres, Novello), et d'un Album juvénile
contenant 8 morceaux caractéristiques pour le
piano à 4 mains (id., id.). 11 a publié un certain
nombre de songsou mélodies vocales, et diver-
ses autres compositions. Je n'ai pu découvrir
aucun autre renseignement sur cet artiste.
TOUTA]>lT (L -C ), professeur de
musique, est l'auteur de l'ouvrnge suivant :
Théorie musicale, principes généraux (Poi-
tiers, lith. Pichot, 1845, in-4°J.
ÏOWERS (Jon^), compositeur, organiste
et pianiste anglais contemporain, fixé à Man-
chester, a fait de très-bonnes études d'abord à
la cathédrale de Manchester, puis à l'Académie
royale de musique de Londres, et enfui à Ber-
lin, où, en 1860, il était l'élève du célèbre pro-
fesseur Marx, auprès duquel il resta trois années.
Devenu oi'ganiste à Manchester, où il a dirigé
successivement plusieurs sociétés de chant,
M. Towers s'est fait connaître par diverses
compositions pour le piano et pour le chant.
Il s'est occupé aussi de littérature musicale,
et sous ce rapport on a de lui, entre autres
écrits, celui intitulé : Mortality ofmusicians , et
Beethoven, a Centenary Memoir, etc.
TOYON (Paul MARY DE), écrivain di-
lettanle, a publié sous ce titre : lu Musique
en 1864, documents relatifs à l'art musical
(Paris, Arnauld de Vresse, in-12), un an-
nuaire dont le plan n'avait pas été suffisam-
ment étudié, mais qui aurait pu néanmoins
rendre quelques services. Un second volume
seulement a paru sous ce titre : la Musique
<?n 1865-66. M. de Toyon avait annoncé un
ouvrage d'un autre genre : Halévij, sa vie et
ses œuvres, avec catalogue annoté ; mais il ne
semble pas avoir donné suite à son projet, car
ce volume n'a jamais paru.
* TOZZI (Antoine). — A la liste des opé-
ras écrits par ce compositeur, il faut ajouter
celui qui porte pour titre i Due Ragazzi savo-
jardi, qui fut représenté à Barcelone en 1794.
* TRAETTA (Thomas). — Un écrivain ita-
lien, M. Vincenzo Capruzzi, a publié sur cet
artiste célèbre un opuscule intitulé Traettu c la
vnisica, Naples, 1878.
TRAGIEIVSE "(Laurisio), écrivain italien
du dernier siècle, a pubhé l'ouvrage suivant :
Deivizi edeidifeiti del moderno teatro, e
del modo di correggergli e d'emenderli. Ra-
gionamenti VI. Rome, 1753. Le véritable
nom de cet écrivain était Giovan-Anlonio
Bianchi, de L'icques.
586
TRAYENTI — TIIIBOU
TRAVEIXTI (Andréa), professeur de chant
et compositeur, né à Naples en 1825, a fait
toutes ses études musicales sous la direction
du baron Giuseppe Staffa {Voy. ce nom). Il
fit représenter le 22 novembre 1858, à Rome,
sur le théâtre Argenlina, i Promessi Sposi,
opéra sérieux qui Cul bien accueilli du public.
Il passa ensuite quelques années à Paris, puis
à Londres, comme professeur. De retour à
Naples en 18G0, il y resta plusieurs mois, puis
de nouveau s'alla (ixer à Londres, où il réside
encore aujourd'hui et où, dit-on, son ensei-
gnement iest recherché. II a publié, surtout
en cette ville, de nombreux morceaux de
chant.
TIIAVERSARI (Antonio), musicien ita-
lien contemporain, né à Ravenne, fut élève du
Conservatoire de Naples, où il reçut, au dire
de Francesco Regli dans son Dizionario bio-
grafico, des leçons de Donizetti. 11 se livra en-
suite à la composition, écrivit plusieurs messes,
diversescantafes, et produisit aussi quelques opé-
ras. Voici les titres de ceux de ses ouvrages dra-
matiques qui sont venus à ma connaissance: 1° il
Fuoritscito, 2° la Leitera dï raccomanda-
zione ; 3" gli Originali; 4" Don Cesare di Ba-
zan; 5" li Diavolo, oïl Conte di San-Gennaro.
Trois autres opéras , la Novella Eloisa, Eros-
trato, il Rinnegato, ont été encore écrits [)ar
cet artiste, mais je ne crois pas qu'aucun d'eux
ait été représenté.
TREHDE (G ), musicien allemand con-
temporain, est l'auteur d'une innombrable quan-
tité de petits morceaux et de fantaisies de
piano qui paraissent rencontrer une grande
faveur auprès des amateurs de ce genre de mu-
sique, mais qui ne comptent guère au point de
vue de l'art proprement dit. Ces sortes de pro-
ductions, beaucoup plus communes en Allema-
gne qu'on ne serait en droit de le supposer
d'après le rigorisme de ce pays en matière in-
tellectuelle elles prétentions qu'il affiche à une
suprématie artistique universelle, y trouvent
cependant, avec un débit facile, un public très-
disposé à en faire sa nourriture quotidienne. Ce
qui le prouve, c'est que le nombre des com-
positions de M. Treiide publiées jusqu'à ce jour
dépasse le chiffre de quatre cents.
TREMAIS ( DE), musicien qui vi-
vait dans la première moitié du dix-huilièine
siècle, a publié un livre de Sonates pour le
violon et pour la Jlùte, avec la basse con-
tinue (Paris, Boivin, 1736).
TRÉ310ILLE (Le duc DE LA), gentil-
homme de la chambre de Louis XV, sest pro-
duit conmie compositeur amateur, en écrivau\.
la musique d'un opéra qui avait pour titre
les Quatre Parties du monde. De Léris,
dans son Dictionnaire des théâtres, parlant
d'un opéra de Mion ainsi intitulé, ajoute ; « En
1740, on exécuta chez M. le chevalier d'Orléans,
grand-prieur de France, trois actes d'un opéra
sous le même titre, dont les paroles et la mu-
sique étoienl de M. le duc de la Trémoille,
premier gentilhomme de la chambre, mort en
1741, âgé de trente-cinq ans. »
* TREI>TO (ViTTORio). — A la liste des pro-
ductions dramatiques de cet artiste, il faut ajou-
ter un opéra sérieux intitulé (7e?»e»:a d''En-
traguez, qui a été représenté sur le théâtre de
la Fenice, de Venise, en 18iy, et un opéra
bouffe, la Baronessa immaginaria, qui fut
donné à Florence en 1804.
TREVES (GucoMo), professeur et com-
positeur italien, est né à Milan le 26 octobre
1818, et depuis prèsdetrente ans occupe les fonc-
tions de professeur de solfège au Conservatoire
de cette ville. Il a publié un recueil de 18 Sol-
/e'ges faciles pour mezzo-sopiano, et s'est es-
sayé une fois à la scène en faisant représenter
au théâtre de la Scala, le 10 novembre 1847,
un drame lyrique intitulé Agamemno. L'in-
succès complet de cet ouvrage le découragea
sans doute, car je ne sache pas que depuis
lors il ait tenté un nouvel essai.
TRIROUf ), l'un des acteurs qui ob-
tinrent le plus de succès à l'Opéra dans la
première moitié du dix-huitième siècle, entra
à ce théâtre en 1721, ft prit sa retraite en 1742,
Il avait une très-belle voix de haute-contre,
et, quoique son nom soit aujourd'hui complè-
tement oublié, personne, dit Laborde, n'a
jamais mieux joué que lui, ni joui d'une plus
grande réputation. C'est le 13 novembre 1721
que Tribou débuta à l'Opéra par le nMe du
Soleil dans une reprise du Phaéton, de Lully,
et il y fut si bien accueilli que peu de se-
maines après il paraissait avec succès dans le
rôle de Phaéton même. Par la suite, il fit de
nombreuses créations dans Renaud, Piriihoiis,
les Fêtes grecques et romaines, les Eléments,
les A7nours des dieux, Tarsis ei Zélie, les
Amours des déesses, End i/mion,Jephté,les Sens,
l'Empire de r^woH/- (Hip|)ol)te), Hippolyte
et Aricie, Achille et Dcidamie, les Grâces, les
Indes galantes, Scanderberg (Scaiidci herg), le
Triomphe de l'Amour, Castor et Pollur (Cas-
tor), les Caractères de l'Amour, Zaïde, reine
de Grenade. La plupart de ces créations étaient
fort importantes, et il est remarquable de voir
que c'est cet artiste, dont la renommée a disparu
■ d'une façon si ab.solue, qui a joué presque tous
TRIBOU — TROMBETTl
587
les grands rôles despremiers opéras de Rameau.
Tiibou mourut en 1761.
'TlUEBERT (Charles-Louis). — Cet artiste
n'avait pas abandonné, comme il a été dit par
erreur, l'exercice de son talent sur le hautbois
pour se livrer exclusivement à la fabrication
des instruments. Depuis longues années, Triebert
était premier hautbois au Tbéàtrc-ltalien et à
la Société des concerts, et vers 1800 il avait
succédé à Verroiist comme professeur de haut-
bois au Conservatoire. Atteint d'une fluxion de
poitrine au commencement de 1867, il alla
chercher à Hyères un climat plus propice à sa
santé, et c'est peu de temps après son retour
qu'il s'éteignit, le 18 juillet de la même année,
à Gravelle-St-Maurice, près Joinville-Ie-Pont
(Seine).
Un frère de cet artiste, Frédéric Triebert,
facteur d'instruments à ventet hautboïste comme
lui, né à Paris le 1'' mai 1813, est mort en
cette ville au mois de mars 1878. Un fils de celui-
ci est un de nos hautboïstes actuels les plus
distingués.
* TRITTOou TRITTA (Jacques). — A la
liste des ouvrages dramatiques de ce composi-
teur, il faul ajouter Aiessandro in Efeso, opéra
sérieux représenté en 1804 au théâtre national
de Mantoue, et Cesare in Egitto, donné à
Napies en 1810.
Dans la notice qu'il a consacrée à ce compo-
siteur [Miscellanées musicales, p. 173), Adrien
de la Page, qui s'appuyait sur des renseigne-
ments obtenus directement de son propre (ils,
affirme que son véritable nom était Giacovio
di Turitto et qu'il était né à Altamura non en
1732, mais en 1735 ou l736. De son côté,
M. iM'ancesco Florimo, qui avait lieu aussi
d'être bien informé, le fait naître en 1735, cer-
tifie qu'il s'appelait di Turillo , et fait savoir
qu'il fut admis au Conservatoire de la Pietà de
Turchini en 1743. Selon de la Page, Tritto
serait mort non le 17, mais le 10 septembre
1824.
" TROESTLER (Bernasd). — Une erreur
typographique a fait tronquer le nom de cet
artiste, qui a été écrit à tort Troessler dans la
Biographie universelle des Musiciens. D'autre
part, il faut signaler que le Traité d'harmonie
et de modulation de Troc'^Uer a été publié chez
Vogt, et non chez Pleyel, et qu'on lui doit
encore un autre ouvrage d'enseignement intitulé:
Répertoire des organistes, contenant la par-
tie de l'orgue de Voffice divin de l'année et
terminé par un grand nombre de pièces d^or-
gue (Paris, JanetetCotelle, in-folio).
TROMAIX (Tfiomas), pianiste, organiste et I
compositeur anglais contemporain, fixé à Bir-
mingham, né vers 1828, a rempli, depuis 1848,
les fonctions d'organiste dans diverses églises.
Il s'e.st fait connaître, comme compositeur, par
la pid)licalion d'un certain nombre de pièces
pour l'orgue et le piano, par des antiennes,
des services de chant pour l'église, et enfin par
une grande cantate : Bij the tcaters of Ba-
bylon.
* TR03IBETTI (AscANm), composilcur
italien du seizième siècle, né à Bologne, s'appli-
qua dès sa plus fendre enfance à l'élude de la
musique, et devint un artiste fort habile. 11 n'a
pas vécu à Napies, ainsi qu'il a été dit dans
la Biographie universelle des Musiciens,
quoiqu'il ait mis en musique des chansons
napolitaines, et paraît n'avoir pas quille sa
ville natale, car sur le frontispice de presque
toutes ses œuvres il prend le titre de » Musi-
cien de rillustrissimc Seigneurie de Bologne »(1).
De 1583 à 1.589, il fut maître de chapelle de
l'église des chanoines de Snn-Giovanni in
Monte de cette ville , et à partir de cette an-
née 1589 on le perd complètement de vue, ce
qui peut d'autant plus faire supposer que cette
époque est celle de sa mort, qu'en 1591 son
frère [Giralomo Trombetti devint à son tour
maître de chapelle à San-Giovanni.
En dehors de ses chansons napolitaines, As-
canio Trombetti a livré à la publicité plusieurs
oeuvres importantes : 1" il Primo libro de Ma-
drigali a 5 voci, Venise, Gardano, 1583; 2° il
Primo Libro de Madrigali a 4 voci, Venise,
Gardano, 1586 (contient 21 madrigaux); 3" il
Primo Libro de Motetti a 5, 0, 7, 8, 10 et 12,
Venise, Gardano, 1589 (dédié au duc Alphonse
d'Esté et de Ferrare, et ne contenant pas moins
de 38 compositions); 4° un madrigal à quatre
voix, qui offre cette particularité qu'il est l'une
des premières œuvres musicales imprimées à
Bologne (1587), chez Giovanni Rossi.
TR03IBETTI (Giholamo), frère du pré-
cédent, naquit à Bologne, et fut comme lui un
musicien distingué. Virtuose habile sur le trom-
bone, il faisait aussi partie de la musique de la
seigneurie de Bologne, et il succéda à son fière
comme maître de chapelle de l'église de San-
Giovanni in Monte. Toutefois, on ne connaît
de lui qu'un recueil de compositions -. il Primo
Lihro de Madrigali a 5 voci (Venise, Gar-
dano, 1590), contenant 23 morceaux; mais il
avait commencé à se faire connaître en insérant
quelques morceaux dans les recueils publiés
( 1) C'est-à-dire qu'il prenait part comme iostrumenliste
aux concerts de cette scgiicurle.
o88
TROMBETTI — TSCHAIKOWSKY
par son frère. C'est ainsi qu'on trouve un ma-
drigal de lui dans le recueil donné par ce der-
nier en 1583, deux dans celui de 1586, et deu\
motets dans le recueil de 1589. Girolamo Trom-
betti conserva ses fonctions de maître de cha-
pelle jusqu'en 1G24, et l'on peut supposer qu'il
mourut dans le cours de cette année ou de
l'année suivante. Toutefois, on a la certitude
qu il n'était plus vivant en 1628.
* TRO^fCI, est le nom d'une dynastie de
facteurs d'orgues originaires de Pisloia, qui
s'est perpétuée jusqu'à nos jours, et qui n'a
connu de rivale que celle des Serassi (Voij.
ce nom), de Bergame. Fondée par Anton-
3Iaria Tronci, cette maison existait dès les
premières années du dix-huitième siècle. Elle
passa dans les mains de Filippo et Antonio
Tronci frères, et ensuite dans celles des deux
fils du premier, Luigi et Benedetto Tronci.
Ce dernier, né en 1786, donna surtout une
grande importance à la fabrique, par les amé-
liorations et les procédés nouveaux qu'il ap-
porta dans la iacture. Filippo II, fils de Luigi,
se fit remarquer aussi par son talent person-
nel, et l'on en cite comme exemple l'orgue
de l'église de 'Saint- Pierre de Pistoia, construit
par Luigi et son neveu Filippo, qui compte
deux pédaliers, 65 registres et trois claviers à
mains, et qui est, dit-on, un instrument de
premier ordre. Un grand nombre d'orgues
célèbres en Italie sortent des ateliers de la fa-
brique Tronci, qui n'a cessé de conserver sa
renommée, et qui a envoyé des instruments
jusqu'en Syrie, à Bethléem, et à l'église du
Saint-Sépulcre de Jérusalem (1).
TROPLO^fG (R.vYMOiSD-TnÉODORE), magis-
trat et jurisconsulte , membre de l'Institut,
président du Sénat sous le second empire,
estnéà Saint-Gaudens (Haute-Garonne) le 8 oc-
tobre 1795, et mort à Paris le 2 mars 1869.
Grand amateur de musique , Troplong a pu-
blié dans la Bévue européenne duj 31 dé-
cembre 1858 une étude intitulée l'Armide de
(1) Je tire ces renseignements d'une broi'.hurc de 1\I. G.-
C. Rospifîlinsl : JVotizie dei maestri ed artisti di
musica pistoiesi (Pistoi.i, Niccolai, |S78, in-12J. Par
cet écrit, je suis en mesure de relever une erreur de
la Biographie itnivfraetle des Hlmieiens, qui cite
comme fils de Benedetto Tronci : Pietr^i. .Ag iti et Giosué.
l'ietro Àqati étaient li- prénom elle nom d'un élève et
ouvrier de la fabrique Tronci, qui, dans la seconde uini-
tie du dix-huitième siècle, ouvrit lul-méinc un atelier
de facteur d'orgues a Pistoia, et eut pour successeur son
flis Ciosuè Àqati. Celui-ci, plus habile que son père,
acquit une grande renommée, et la maison Agati n';i
pas consiruit jusqu'à re jour moins de r>oo orgues, dont
un grand nombre pour l'étranger, entre autres pour li:-
gypte et le Cblli.
Gluck, dont il a été fait un tirage à part
(Paris, 1859, in-8'').
TIIUMPEU (NicoL.vs-JosEPu), général-ma-
jor dans l'armée belge, excellent musicien, né
à Bruxelles le 19 avril 1799, a publié en cette
ville un opuscule ainsi intitulé : Des musiques
militaires et de Vavenir des jeunes com-
positeurs belges. Il est mort le 24 octobre
1865.
* TRUTSCHEL (A....-L -E ), orga-
niste, est mort à Rostock le 12 janvier 1869.
11 était né à Grafenau (Thuringe) le 27 aoiil
1787.
TRUTSCIIEL (Antoine), pianiste et com-
positeur, fils du précédent, né à Rostock le 15
octobre 1832, fut élève de Moscheles et compte
aujourd'hui parmi les meilleurs organistes de
l'Allemagne. 11 a publié un certain nombre de
compositions pour l'orgue et pour le piano.
ÏRUZZI (Alessandro), pianiste, profes-
seur et compositeur, né à la fin du siècle der-
nier ou au commencement de celui-ci, mort
à Milan le 19 octobre 1860, s'est fait con-
naître par la publication d'une cinquantaine
de morceaux de piano, consistant en fantai-
sies sur des airs d'opéras célèbres, en mar-
ches et en morceaux de danse.
TRIZZÏ (Luigi), sans doute frère du pré-
cédent, pianiste, professeur et compositeur
comme lui, né à Mantoue le 29 septembre
1799, est mort à Milan le 6 octobre 186i. Ou-
tre une Méthode complète de piano, cet ar-
tiste a publié plus de six cents morceaux
de genre pour cet instrument, formant des sé-
ries considérables et écrits, pour l'imineiise
majorité, sur des chants populaires, des mélo-
dies célèbres ou des thèmes d'opéras en vogue .
Je citerai, entre autres, les recueil'; suivants :
Primizie del pianista (15 sonatines sur des
thèmes d'opéras), op. 367 ; le Speranze ma-
terne (39 sonatines), op. 88; la Gioja délie
madri (166 sonatines), op. 67 ; i Zeffiretli
(13 morceaux) ; la Primavera (80 divertis-
sements) ; Eden musicale (16 morceaux\ op.
93; Diorama teatrale (13 morceaux); lE-
mulazione (33 morceaux) ; VEta delV oro
(16 morceaux) ; l'Arpa italica; Ftori mclo-
dici , etc., etc.
Un artiste de la même famille, M. l'aolo
Truzzi, né à Milan le 27 octobre 1840, a fait
ses études au Conservatoire de celte ville, où
il est resté depuis 185'! jusqu'à 1861. 11 s'est
ensuite livré à l'enseignement, et s'est fait con-
naître aussi par la publication de divers mor-
ceaux pour le piano.
TSCIIAÏSÎOWSKY (Pierre-Iuitsch),
TSGHAIKOWSKY
589
compositeur, l'un des représentants les plus dis-
tingués et les plus estimés de la jeune école musi-
cale russe.est né dans le district d'Ural,le 25 avril
1840. On assure que ce n'est qu'à l'âge <le vingt
ans qu'il commença à s'occuper sérieusement de
musique ; il fit alors, dans sa |)atrie, au Con-
servatoire de Saint-Pétersbourg, des éludes
très-sévères, qu'il poussa fort loin, puis il alla
se perfectionner en Allemagne, où il suivit le
courant des esprits et devint, dit-on, un ar-
dent partisan des doctrines et des œuvres de
Robert Schumann. De retour en Russie, il com-
mença à se livrer avec une sorte de fièvre à
de nombreux travaux de composition, en même
' temps qu'il consacrait une partie de son temps
à l'enseignement. C'est ainsi qu'après avoir
présenté au public quelques œuvres intéres-
santes, M. ïschaikowsky se vit nommer pro-
fesseur de composition au Conservatoire de
Moscou.
Au surplus, le jeune artiste sut conquérir
de bonne heure une importante notoriété. Après
la publication de plusieurs compositions ins-
trinnentales qui décelaient, en même temps
qu'un rare talent de forme et une réelle habi-
leté de main, d'heureuses facultés en ce qui
concerne l'inspiration, il songea à se produire
au Ibéàtre, qui est, en Russie, comme en
France et en Italie, le principal objectif des
musiciens. 11 débuta sous ce rapport par un
opéra intitulé le Voivode, qui fut représenté
à Moscou, au mois de février 1869, et favora-
blement accueilli. Cet heureux essai n'arrêta
pas l'essor que M. TschaikowsUy avait donné
d'autre part à son imagination, et le jeune artiste
continua de se faire connaître par des œuvres
de genres très-divers, toutes conçues et exécu-
tées sérieusement, et décelant la noble ambition
de marcher sur la trace des grands maîtres. C'est
ainsi que, dans l'espace de quelques années,
il produisit successivement trois symphonies,
un concerto de piano avec orchestre, plusieurs
quatuors pour instruments à cordes, des ou-
vertures de concert, divers recueils de mélo-
dies très-savoureuses, et enfin un grand nom-
bre de morceaux divers pour le piano.
Au mois de mai 1874, M. Tschaïkowsky
reparaissait à la scène en donnant, sur le théâ-
tre impérial de Saint-Pétersbourg, un nouvel
opéra intitulé Apritschnik, dont le succès fut
très-vif et qui valut à son auteur le prix de
300 roubles d'argent institué par le Comité de
musique russe en faveur du meilleur drame
lyrique delà saison. A cette époque déjà, la
grande-duchesse Hélène de Russie avait dé-
cidé- qu'un concours serait ouvert, avec un
premier prix de 1,000 roubles et un second
de 500 roubles, pour la mise en musique du
livret d'un opéra qui avait pour titre Vahoul
le Forgeron. Ce livret, tiré par M. PolowsKy
d'une nouvelle de Nicolas Gogol, avait été écrit
poiu- le compositeur Serow {Voy. ce nom), qui
s'en était enthousiasmé, mais qui était mort
avant d'en pouvoir tirer parti. La commission
chargée de juger le concours avait reçu cinq
partitions ; elle accorda le premier prix à celle
qui portait |)Our devise : Ars longa, vita bre-
vis, et qui était l'œuvre de M. Tschaïkowsky.
L'ouvrage couronné fut aussitôt mis à l'étude,
et Yalioul le Forgeron fut représenté solen-
nellement, le 10 décembre 1876, sur le théâtre
Marie, de Saint-Pétersbourg, où les principaux
rôles en étaient tenus par MM. Melnikow et
Kommissarjevsky, M"' Raab et M"eiBitchou-
rine. Bien que le succès de l'œuvre ait été
très-grand à la première représentation, la
critique cependant dut faire des réserves^ et
fit remarquer que le jeune compositeur, sa-
crifiant plus qu'il n'eût fallu à des doctrines
musicales antiscéniques et fort en honneur
depuis quelques années, semblait avoir pris
à tâche d'être beaucoup moins mélodique dans
son œuvre nouvelle que dans ses précédentes
compositions; on lui reprocha surtout de se
montrer étrange pour éviter la banalité, de
changer avec beaucoup trop de fréquence de
rhythme et de mesure, et de substituer trop
souvent une mélopée vague à; la véritable idée
musicale. Le meilleur de la partition consistait,
disait-on, en des fragments symphouiques
exquis, orchestrés de main de maître, et dans
des airs de ballet charmants, pleins de verve ,
d'un tour très-original, et d'une grande élé-
gance de forme et d'inspiration.
En réalité, M. Tschaïkowsky est l'un des
artistes les mieux doués et les plus intéres-
sants de la jeune école musicale russe. Esprit
un peu indécis peut-être, un peu trop imbu
parfois des idées fâcheuses qui depuis un
quart de siècle travaillent tant de cerveaux,
son éclectisme un peu nuageux l'a sans doute
empêché jusqu'ici de donner la mesure com-
plète de sa valeur. C'est pour cela que son
originalité ne s'est pas affirmée encore d'une
façon éclatante, et que ses œuvres , d'une
nature et dune inspiration fort inégales, se
font remarquer tantôt par des qualités vérita-
blement exquises, comme son beau concerto
de piano et ses jolies mélodies vocales, si sa-
voureuses et si originales, tantôt par une sorte
d'obscurité] voulue, par un style tendu à l'ex-
cès, par une bizarrerie cherchée et fâcheuse
590
TSCHAIKOWSRY — TURLE
qui en rendent la compréhension diflicile et
l'audition on ne peut plus fatigante, comme
dans sa fantaisie symplionique sur la Tempête
de Shakespeare et son ouverture de Roméo
et Juliette. On retrouve un peu de tous les
styles dans la musique de M. Tschaïkowsky,
aussi bien celui de Schumann que celui de
M. Richard Wagner, et celui de Berlioz que
celui de Meiidelssohn; de là le manque de
fixité dans les moyens, d'unité dans le talent,
de précision dans les résultats; de là aussi la
difliculté;, pour la critique, de classer l'artiste
et de lui assigner la jtlace qu'il est en dioil
d'occuper. Mais, à tout prendre, il n'en reste
pas moins que M. Tschaïkowsky est un ar-
tiste fort remarquable, un musicien instruit,
souvent inspiré, maître de tous les secrets de
son art, connaissant et employant à merveille
tontes les ressources de l'orchestre, et à qui
l'on ne saurait reprocher que de sacrifier i)ar-
fois le côté idéal de la musique à la recher-
che de l'effet matériel et brutal.
Voici la liste des œuvres de M. Tschaï-
kowsky : le Foïvode, opéra, Moscou, février
1869 ; Opritschnlk, opéra , Saint-Pétersbourg,
mai 1874 ; VukoxU le Forgeron, opéra fan-
tastique en 4 actes, Saint-Pétersbourg, 10 décem-
bre 1876; le Lac des cygnes, ballet (j'ignore
si cet ouvrage a été représenté) ; Snégourots-
chka {Fille de neige), conte dramatique d'Ors-
rowsky, mis en musique avec airs, chœurs,
entr'actes et airs de ballet ; Symphonies à
grand orchestre, N"' 1, 2 et 3 ; /a Tempête
(d'après Shakespeare), fantaisie pour orches-
tre, op. 18; Ouverture de Roméo et Juliette ;
Ouverture triomphale, sur l'Hymne national
danois, op. 15 ; Francesca da Rimini, fan-
taisie pour orcliestre, op. 32 ; Concerto pour
piano, avec accompagnement d'orchestre, op.
23 ; Concerto pour violon, avec accompagne-
ment d'orchestre, op. 35 ; Sérénade mélanco-
lique pour violon, id. , op. 26; Valse-scherzo
pour violon, id., op. 34 ; 3 Quatuors pour
2 violons, alto et violoncelle, op. 11, 22 et
30 ; 6 Romances russes, pour chant, avec
piano, op. 6 ; 6 Romances russes, id., op.
27 ; 6 Romances russes, id., op. 28 ; Scherzo
à la russe, impromptu pour piano, op. 1 ;
Souvenir de Hapsal, 3 morceaux de piano
(1. Ruines d'un château; 2. Scherzo; 3. Ro-
mance sans paroles), op. 2 ; Valse, pour
piano, op. 4 ; Romance, id., op. 5; Valse-
scherzo, id., op. 7; Cappriccio, id., op.
8; 3 Morceaux, id. (Rôverie, Polka, Mazuika),
op. 9 ; 2 Morceaux, iil. (Nocturne, Humores-
que), op. 10; 6 Morceaux, id. (1. Rôverie;
2. Scherzo humoristique ; 3 Feuillet d'al-
bum ; 4. Nocturne; 5. Capriccioso ; 6. Thème
avec variations), op. 19 ; Album d'enfants,
24 morceaux faciles pour piano, op. 39 ; 12 Mor-
ceaux pour piano, op. 40 ; Variations sur un
thème rococo, pour violoncelle, avec accompa-
gnement, de |)iano, op. 33. M. Tschaikowsky
a publié un arrangement, pour la main gauche
seule, du Mouvement perpétuel de Weber,
et un recueil de 50 Chansons populaires
russes, arrangées à 4 mains.
TSCHIRCH (Adolphe), pianiste, organiste
et compositeur, était l'aîné de sept frères mu-
siciens, dont trois : Wilhelm, Ernest et Ro-
dolphe, ont eu leurs noms inscrits dans la
Biographie universelle des Musiciens. Admi-
rateur passionné de la grande musique d'é-
glise, Adolphe Tschirch se ht connaître par'
diverses compositions pour l'orgue, le piano et
le chant , et collabora à la Aeiie Berliner
M/izikzeitnng. Il mourut à Guben le 27 août
1875, laissant vivant un seul de ses frères,
Wilhelm Tschirch, maître de chapelle à Géra.
11 était né le 8 avril 1815.
TSCHIRCH (JcLEs), frère du précédent,
organiste et compositeur, naquit en 1820 et
mourut le 10 avril 18C7 à Hirschberg, en Silésie,
où il était considéré comme un organiste de
premier ordre. On connaît de lui un ceitain
nombre de compositions pour le piano.
* TSCHIRCH (RoDOLHiE), frère des précé-
dents, est mort à Berlin le 17 janvier 1872. Il
était né, non en 1821, mais le 17 août 1825.
* TLLOU (Jean-Louis), flûtiste célèbre,
est mort le 23 juillet 1865 à Nantes, où il s'é-
tait retiré depuis quelques années. Le nombre
des œuvres publiées pour son instrument par
cet excellent artiste s'élève à plus de cent,
parmi lesquelles il faut distinguer quinze grands
solos, écrits pour la plupart à l'occasion des
concours du Conservatoire, avec accompagne-
ment d'orchestre, de quatuor ou de piano.
TURII>A ( ), compositeur italien re-
marquable dans le genre religieux, est maître
de la chapelle du roi d'Italie, et occupe ces fonc-
tions depuis 1858. Je n'ai pu recueillir aucun
renseignement biographique surcetarliste, que
l'on dit fort distingué, et je ne puis que donner
la liste de quelques-unes de ses œuvres : iMise-
rere avec orchestre; 3 messes avec orchestre,
exécutée^ dans l'église de San-Giovanni, de Tu-
rin, en 18G0 et 1862; Lamentazioni, avec or-
chestre; Profezia, avec orchestre , etc.
TLKLE (J ), musicien anglais, est
l'auteur d'un recueil de Psaumes et hymnes
pour le service religieux public. Le même
TURLE — TYNDALL
591
artiste a publié, avec M. E. Taylor, un manuel
intitulé le Livre du Chant; l'art du chant
à première vue enseigné à l'aide d'exercices
progressifs {tlie Singing Bock, etc.).
* TUR^HOUT (Jean DE). —Un savant
musicographe beige, M. Léon de Burbure, a re-
trouvé récemment le véritable nom tie cet artiste.
Il a fait connaître le résultat des recherches faites
par lui à ce sujet dans une note dont il a donné
lecture à l'Académie royale de Belgique (1),
et dont voici le passage important : — « Jean
de Turnbout, né probablement à Turnbout, ne
s'appelait ni Fijens, ni Fienus. Son nom de fa-
mille était Jacques. Soit que ce nom eût paru
trop vulgaire pour un artiste, soit que celui-ci
eCit en lui-même quelque raison spéciale de le
cacher ou de l'abandonner, on ne le lui donna pas
une seule fois dans les comptes relatifs à sa po-
sition ol'ticielle à la cour des archiducs; le nom
de Jean Jacques ne fut pas inscrit sur une seule
de ses œuvres imprimées. Mais la forme incom-
plète Jean de Tiirnhout ne pouvait remplacer
celle de J<an Jacques dans les actes authenti-
ques où intervenaient d'autres membres de sa
famille. C'est dans un document de celte espèce
que j'ai trouvé notre compositeur sous son véri-
table nom, accompagné de son titre de maître
de la chapelle du duc de Parme. Dans cet acte,
passé (levani la chambre des pupilles, à Anvers,
le 19 mars 1589, interviennent plusieurs parents
de notre artiste et l'artiste lui-même, qu'on qua-
lifie de mai/re Jean Jacques, fils de Gérard,
viaûre de la chapelle de Son Altesse [meester
Jan Jacques, Gheerts^sone, sangmeesler van
Zyne Hoocheijt). Celui-ci vient, avec son pa-
rent et cotuteiir, Pierre Verdonckt, rendre
compte de la gestion des biens que leur cousin,
Jean Jacques le jeune, âgé de 25 ans, fils de
Jean Jacques le vieux, avait hérités de ses grands
parents durant sa minorité. »
Il est donc établi maintenant que l'artiste
dont il est Ici question doit être désigné désor-
mais sous le nom de Jean Jacques, dit Jean
de Tant haut.
TLIIOU'ICZ (X ), pianiste et compo-
siteur polon;iis du dix-neuvième siècle, s'est fait
connaître par un certain nombre d'œuvres pu-
bliées à Léopol, chez l'éditeur Milikowski :
1° Cinq M azureks ; 2" Exercices journaliers,
pour acquérir V agilité des doigts, etc.
TL'SQLETS Y 3IAIG:\0> (Estévan),
négociant et dilettante espagnol, né vers 1831,
se livra de bonne heure, et pour son seul agré-
(1) Cette note a été insérée dans les Bulletins de l'A-
cadcinie, 2< série, t., XLVI, n" 12; 1873. Il en a cté tiré
des exemplaires à part t* pp. in-8»).
ment, à l'élude de la musique, qu'il ne cessa de
cultiver.tout en suivant la carrière du commerce,
à laquelle il était destiné par sa famille. Il reçut
pendant trois mois des leçons de solfège d'un ar-
tiste nommé Sivilla, apprit seul le piano, et, après
avoir eu seulement quelques conseils de M. Fran-
cisco Andrevi, s'attacha setd à l'étude de l'har-
monie et de la composition, sans autre guide que
la lecture attentive de divers traités théori([ues
et des partitions des grands maîtres. Bien que
la musique ne fiît jamais pour lui qu'un délasse-
ment et une distraction, il écrivit un assez grand
nombre de compositions de divers genres, parmi
lesquelles on remarque surtout un Siabat Muter
avec accompagnement de piano, harmonium et
violoncelle, un ballet-pantomime en un acte, et
deux zarzuelas, dont l'une intitulée Geroma
la castanera, et l'autre la Molinera y el Viejo
vcrde. Ses autres œuvres comprennent une
douzaine de morceaux de danse pour le piano,
autant de pièces de genre pour le même instru-
ment, 3 morceaux pour violoncelle et piano, un
O Saluiaris, un Ave Maria, un Salut à la
Vierge, et environ cinquante morceaux de chant
à une voix, écrits sur paroles espagnoles, cata-
lanes, italiennes ou françaises. Quelques-unes
de ces compositions ont été publiées par l'édi-
teur M. Andrés Vidal, d'autres sont restées
inédites. Tusquets y Maignon est mort le 7 no-
vembre 1876, à l'âge de quarante-cinq ans.
TY'LEII(Sarah), écrivain anglais, est l'aufeur,
avec un autre écrivain nommé J. Watson, d'un
ouvrage publié sous ce titre : Songstresses of
Scotland [Chanteuses d'Ecosse), 2 vol. in-8°.
T YISDALL (John), physicien irlandais et l'un
des premiers savants de la Grande-Bretagne,
professeur de physique à l'Institution royale de
la Grande-Bretagne et surintendant de cet éta-
blissement, où il a succédé à Faraday, est né
vers 1820 à Leighiin-Bridge, près de Carlow. Il
est depuis longtemps fameux par ses nombreux
et solides travaux, par ses belles études sur la
chaleur rayonnante et sur l'électricité, par les
explorations hardies et périlleuses qu'il a fré-
quemment entreprises dans l'intérêt de la science.
M. Tyndall n'est cité ici que pour son livre
sur le Son (Sound), composé d'un cours de
huit lectures faites par lui à l'Institution royale,
et qui forme un traité complet et lumineux
sur la matière, rendant, comme il le dit lui-
même, la science de l'acoustique accessible à
toutes les personnes intelligentes, en y compre-
nant celles qui n'ont reçu aucune instruction
.scientifique particulière. « J'ai traité mon sujet,
dit l'auteur, d'une manière tout à fait expéri-
mentale, et j'ai cherché à placer tellement
592
TYNDALL — TZARTZELEV
chaque expérience sous les yeux et dans la
main du lecteur, qu'il puisse la réaliser lui-
même ou la répéter. Mon désir et mon but ont
été de laisser dans les esprilsilts images si nettes
des divers phénomènes de l'acousticiue, qu'ils
les saisissent et les voient dans leurs rapports
réels. >i Une traduction française du beau livre
de M. Tyndall a été faite sous ce titre : le Son,
par .M. l'abbé Moigno (Paris, Gaulhier-Villars.
1809, in-8° avec nombreuses figures).
TVWEUSLS ( ), était luthier des priu-
cesde la maison de Lorraine en 1520. On connaît
de cet artiste quelques instruments qui offrent
une certaine analogie avec la facture d'André
Aniati. Tywcrsus habitait le château de Ravenel,
résidence habituelle de ses protecteurs, à une
lieue environ de Mirecourt.
J. G — Y.
TZAIITZÉLEV (I\r« la princesse). —
Voyez LAVnOTSKY, (Elisabeth).
u
* UCCELLI (Madame Carolina), composi-
teur dramatique, est morte vers 1855.
UKTZ ( ), compositeur allemand, a fait
représentera Darmsladt, en 18G9, un opéra in-
titulé Othon l'archer.
UGALDE (Delphine BEAL'CÉ, dame),
cantatrice distinguée, naquit à Paris le 3 décem-
bre 1829. Pelite-fiile, par sa mère, de l'excel-
lent guitariste Porro, qui fut éditeur de musique,
elle reçut de celle-ci, qui était très-bonne musi-
cienne, presque toute son éducation artistique.
Dès l'âge de six ans elle jouait du piano, à neuf
ans elle donnait des leçons, et à onze ans elle
obtenait un grand succès en se faisant entendre,
aux côtés* de ces grands artistes qui s'appelaient
Rubini, Lablache et Tamburini, dans un concert
donné à la salle Herz. Remarquée par le prince
de la Mosliowa, cet amateur, qui avait le talent
d'un altiste, l'engagea pour chanter les solos dans
les séances de la Société de chant classique, so-
ciété fondée et dirigée par lui, exclusivement
composée de dilettantes, et dont la jeune Del-
phine Beaucé était la seule artiste; elle acquit là,
par la fréquentation et l'étude des œuvres des
grands maîtres, une instruction pratique qui dé-
veloppa d'une façon considérable son sens artis-
tique et exerça une utile et bienfaisante influence
sur la suite de sa carrière.
La jeune fille, pourtant, se destinait au théâtre.
Elle devint élève de Moreau-Sainti, et fit ses pre-
miers pas en ce genre sur la petite scène d'ama-
teurs connue sous le nom de théâtre de la Tour-
d'Auvergne, où elle se montrait à la fois dans
la comédie et dans l'opéra- comique. C'est alors
que M. Limnander, qui se préparait à faire
jouer à l'Opéra-National son opéra les Monténé-
grins^ la fit engager pour en remplir le principal
rôle. La révolution de février 1848 étant surve-
nue, et le théâtre ayant fermé ses portes,
m"" Beaucé se vit obligée d'accepter les propo-
sitions qu'on lui faisait pour chanter au Château-
des-Fleurs, établissement de concerts situé aux
Champs-Elysées. Mais avant qu'elle y eût paru,
M. Limnanier, qui avait porté et fait recevoir
sa pièce à l'Opéra-Coraique, y faisait engager
aussi sa jeune interprète.
C'est donc dans le courant dcl'anrée 1848 que
M"" Ugalde fit "ses débuis à l'Opéra-Comique,
BIOGR. UNIT. DBS MUSICIENS, — SUPPL. —
OÙ elle parut d'abord dans le Domino noir et
dans l'Ambassadrice avec un véritable .succès.
Elle créa ensuite plusieurs rôles qui lui firent
beaucoup d'honneur, dans le Caïd, les Mon-
ténégrins, le Toréador, la Fée aux Roses, le
Songe d'une nuit d'été, la Dame de pique, la
Tonelli, et surtout dans Galathée, qui conve-
nait à merveille à la nature de son talent fou-
gueux et expansif.
Tout d'un coup, une maladie grave des cordes
vocales vint éloigner l'artiste de la scène. On put
croire un instant qu'elle avait complètement
perdu la voix. Cependant, après avoir quitté
rOpéra-Comique, elle put entrer aux Variétés
pour y jouer Roxelane dans les Trois Sultanes,
de Favart, ouvrage auquel M. Jules Creste
avait, à son intention, ajusté quelques morceaux
de chant. Puis, à la suite d'un voyage aux Py-
rénées, M"' Ugalde rentra au théâtre Favart
(1854), où elle créa, entre autres, le rôle de
l'Amour dans Psyché. Engagée ensuite au
Théâtre-Lyrique pour y jouer celui de Suzanne
dans les Noces de Figaro (1858), elle y créa
la Fée Carabosse et Gil Blas, où elle retrouva
tous ses succès passés, après quoi elle rentra de
nouveau à l'Opéra-Comique, pour le quitter
encore au bout de peu de temps. Elle fit alors
une apparition à la Porte-Saint-Martin, où l'on
arrangea pour elle un rôle chantant dans une
reprise de la Biche aux Bois, et de là fut en-
gagée aux Bouffes-Parisiens par M. Varney, qui
lui fit faire deux excellentes créations dans les
Bavards et dans les Géorgiennes.
M"« Ugalde, qui avait perdu son premier
mari en 1858, et qui avait épousé en secondes
noces M. Varcollier, prit avec celui-ci la direc-
tion des Bouffes-Parisiens, au mois de septembre
1866 ; mais sa direction ne dura pas plus de six
mois et demi, pendant lesquels elle joua un
rôle important dans les Chevaliers de la table
ronde et fit représenter une Halle au moulin,
opérette dont elle avait écrit la musique (1 1 jan-
vier 1867). Depuis lors elle n'a plus fait beau-
coup parler d'elle, et s'est bornée à quelques
tournées en province.
Douée d'une voix superbe, chaude et colorée,
mais qui perdit assez rapidement une partie de
son éclat, cette artiste était remarquable par sa
T. II. .38
594
UGALDE — UHIO
fougue, sa verve, son entrain, par la hardiesse
de ses traits, par la larj^eur de son phrasé, et,
sinon par le style, du moins par un grand senti-
ment musical. Dépassant parfois le but en raison
de sa nature expansive, elle n'en produisait pas
moins un grand effet, parce qu'il y avait en elle
l'étoffe et le tempérament d'une grande artiste, et
qu'elle se livrait tout entière. Ses défaillances
étaient rachetées d'ailleurs par les qualités d'une
excellente musicienne. M™' Ugalde a, dit-on,
formé plusieurs élèves, dont la plus remarquable
est assurément M"" Marie Sass (Voij. ce nom).
Sa fille et son élève, M"' Marguerite Ugalde,
âgée de dix-huit ans environ, a débuté d'une
façon heureuse à l'Opéra-Comique, au commen-
cement de 1880, dans la Fille du régiment.
Depuis qu'elle semble avoir tout à fait quitté
la scène, M™* Ugalde s'est beaucoup occupée de
composition. Elle a fait entendre récemment,
dans un concert (1878), toute une série de mélo-
dies vocales, dont quelques-unes étaient vraiment
aimables et écrites avec goût, et elle a en por-
tefeuille la musique d'une opérette en 3 actes,
les Quatre Fils Aymon, qui jusqu'ici n'a pas
été représentée.
tlGOLIISI (Disma), compositeur et profes-
seur italien, né à Florence en .1755, mourul^cn
1828. Il fit ses études sous la direction de Bar-
tolomeo Felici, théoricien renommé qui tenait à
Florence une école de contre-point, et se fit con-
naître en écrivant beaucoup de musique pour
l'église, et aussi nombre de petites cantates,
ariettes, canons, fugues et solfèges. En 1811, à
la suite d'un concours, cet artiste fut nommé
professeur de contre-point dans les écoles de mu-
sique de l'Académie des Beaux-Arts de sa ville
natale. Il y a fonné beaucoup de bons élèves,
parmi lesquels il faut surtout citer Luigi Pic-
chianti, qui a publié sur son maître une intéres-
sante notice biographique.
* ULRICH (Hugo), compositeur allemand,
est mort à Berlin le 22 mai 1872.
* UINGEU ou UNGOEU (Caroline), canta-
trice remarquable, est morte le 23 mars 1877
dans sa villa de la Conce|ition, située, je crois,
près de Florence. Fille d'un conseiller aulique
qui était professeur à l'Académie Thérésienne de
Vienne, et d'nne mère qui descendait d'une noble
famille polonaise (Anna Karvvinska, baronne de
Karwin), elle naquit non à Vienne en 1800, mais
à Stidihveisscnburg le 28 octobre ISO.'.. Ses prc-
inièresleçons de musique lui furent données par un
professeur vénitien nommé Mozatti ou Musatti, qui
demeurait à Vienne, et elle commença à se faire
entendre dans des oratorios de Bach, de Hiendel
et de Haydn. C'est le 24 février 1821 qu'elle
aborda le théâtre eu chantant Cosi fan lutte, de
Mozart, et en 1824 elle eut l'Iionncur de parti-
ciper à la première exécution de la neuvième
symphonie avec chœurs de Beethoven, en chan-
tant, aux côtés de la Sonntag, la partie de con-
tralto de ce chef-d'oeuvre. C'est l'année suivante
qu'elle entreprit la carrière italienne, où elle
trouva aussitôt de grands succès. Doni^etti écrivit
pour elle Parisina, Belisario et Maria di
ii«(/e?!s; Beliini, la Straiiiera; VM\n\, Niohv,
Furio Camilto et i Cavalieri di Valcnza; Mer-
cadante, le Due illustri lUvali. Après [)lus de
vingt années passées au tbeàlre, cette grande ar-
tiste se retira, se faisant entendre une dernière
fois, à Dresde, le 5 septembre 1843. On attribue
;\ Rossini cette appréciation caractéristique de
la nature artistique de Caroline Unijher : Ardeur
du Sud, énergie du Nord, poitrine de bronze,
voix d'argent, talent d'or. La forme en parait
tout au moins un peu prétentieuse, dans son
laconisme recherché.
tlIMA (Guiseppe), pianiste, professeur et
compositeur italien, né à Dogiiani le 2 février
1818, mort à Recanali le 23 novembre 1871, a
résidé pendant de longues années à Turin, oii
il se hvrait à l'enseignement et à la composi-
tion. Le nombre de ses œuvres pour le piano
est très-considérable, et s'élève à plus de deu\-
cents, dont la plupart sont écrites sur des
thèmes d'opéras en vogue. On cite cependant
parmi ses productions les mieux réussies une
Sonata appassionata en ré mineur, ainsi
([u'une grande Marche pour le couronnement
du roi Victor-Emmanuel. Il a publié aussi, en
huit fascicules, tout un cours d'exercices pour
le piano, qui a paru à Mihin, chez l'édileur
M. Canti. Unia. qui était un virtuose habile et
distingué, avait le titre de pianiste du roi
d'ItaUe.
UllBAIV (Heinricm), violoniste allemand cou
temporain et compositeur, s'est fait coiinailio
par plusieurs œuvres importantes, qui parais-
sent avoir été bien accueillies et parmi lesquelles
je citerai les suivantes : Friihling, symphonie
pour orchestre; Ouverture de Scheherazade ;
concerto de violon, avec orchestre, op. 22;
2 pièces de concert pour violoncelle avec or-
chestre, op. 23; 6 pièces pour violon et piano ;
Romance pour violon, avec pelit orchestre, op.
17 ; Barcarollc pour violoncelle, id.,'op. 18 : etc.
lililUN ( ), est auteur d'une Méthode
de cor à trois pistons ou cylindres, prd)liee
à Paris, chez Richault.
* UIllO (Fraisçois-Antoine), a écrit pour le
service du prince de Toscane Ferdinand de Mé-
dias une cantata da caméra (1696), l'oratorio
I
URIO — UZÉPY
595
(ieSansone (1701), et uq autre oratorio, Mad-
dalcna cnnvertita (1706).
UUOLllAllT (Tiioins), lutliicr habile,
exerçait sa profession à Londres vers la lin du
dix-septième siècle. Ses produits ressemblent
beaucoup à ceux de Jacob Rayman, ce qui fait
supposer qu'il a dû recevoir des conseils de cet
artiste, si même il n'a pas été son élève. Les
instruments de Thomas Urquhart sont estimés
en Angleterre. Urquliart a été le maître de Nor-
man, qui fut, dit-on, l'un des meilleurs luthiers
de ce pays au dix-huitième siècle.
* LUSILLO (Fadio). — Cet artiste, venu
sans doute fort jeune dans les Pays-Bas, devint,
en 1725, musicien particulier de l'évêque de
Tournai, et resta au service de ce prélat pendant
Iri'iite-quatre ans, c'est-à-dire jusqu'à l'année
1759, qui fut probablement celle de sa mort. Il
aurait donc passé en Belgique la plus grande
partie de son existence. (V. l'ouvrage de M. Van-
der Straeten, la Musique aux Bays-Bas.)
USIGLIO (Emilio), chef d'orchestre et com-
positeur dramati(|ue italien, est né à Parme, le
8 janvier 1841, et a été l'élève d'un excellent ar-
tiste, M. Teodulo Mabellini, de Florence. Dès le
mois de septembre 1861, il abordait la scène en
donnant au théâtre Viclor-limmanuel, de Turin,
un opéra bouffe en 4 actes, la Locandiera, qui
ne réussit que médiocrement. Trois ans plus
tard (juin 1864), il faisait représenter sur le petit
théâtre Santa-Radegonda, de Milan, son second
ouvrage dramatique, «;i' Eredilà in Corsica,
qui n'était pas beaucoup plus heureux. A peu
près à la même époque, M. Usiglio devenait di-
recteur du théâtre Goldoni, de Livourne, et son
exploitation se terminait par une catastrophe.
Reprenant la [)lnme du compositeur, il écrivit
alors (in nouvel opéra bouffe, le Educande di
Sonento, qui obtint au théâtre Alfieri, de Flo-
rence, le !''■ mai 1868, un succès auquel, dit-on,
la bonne humeur et les qualités du livret furent
loin d'être étrangères; cet ouvrage, le seul de son
auteur qui ait vraiment rencontré la fortune, fut
joué par toute l'Italie, et produit parfois sous le
titre de la Figlia del générale. Il fut suivi delà
Scommessa, dont le sort fut loin d'être aussi
heureux au théâtre du prince Humbert, de Flo-
rence (août 1870). Depuis lors, M. Usiglio a pris
une part de collaboration à la Secchia rapita,
petit opéra bouffe dont les autres auteurs étaient
MM. Bacchini, De Champs, Felici, Giaidini et
Tacchinardi {Voy. ces noms), et qui fut repré-
senté au tliéàtre Goldoni, de Florence, en 1872,
et il a donné au théâtre royal de Madrid (février
1879) un opéra intitulé le Donne curiose.
M. Usiglio s'est produit aussi comme chet
d'orchestre, et a rempli successivement ces fonc-
tions dans plusieurs théâtres fort importants, au
Pagliano, de Florence (1872), àl'Apollo, de Rome
(1874), au Communal, de Bologne (1875), à la
Feuice, de Venise (1876), enfin au Théâtre-Ita-
lien de Paris (1877). Il est cependant fort loin
de réaliser l'idéal du chef d'orchestre, et manque
à la fois de précision, de souplesse et de fer-
meté, malgré ses incontestables qualités de mu-
sicien.
* UUTEIVDAL (Alexandre), et non UT-
TEIVDALç, musicien flamand ou néerlandais
du seizième siècle, n'était pas maître de cha-
pelle de l'empereur F'erdin and I", mais bien de
l'archiduc Ferdinand d'Autriche, comte de Ty-
rol, et recevait, en cette qualité, un traitement
de 10,950 maravédis. Cet artiste mourut le
8 mai 1581 à Inspruck, ainsi que le prouve une
lettre d'un de ses confrères, publiée par M. Vander
Straeten dans le troisième volume de son ou-
vrage : la Musique aux Pays-Bas, auquel
j'emprunte les éléments de cette notice rectifi-
cative.
LZÉPY ( ), compositeur, a écrit la
musique de l'Alcade, opéra-comique en un
acte qui a été représenté au Théâtre-Lyrique !<■
9 septembre 1864. Cet artiste ne s'est fait con-
naître d'aucune autre façon.
* VACCAJ (Nicolas). — Ce compositeur
distingué est Fauteur d'une méthode de chant
dont l'éditeur Ricordi, de Milan, a fait une édi-
tion italienne et française : Metodo di canio
itallano per caméra. Il a écrit aussi, princi-
palement pendant son séjour en Angleterre, toute
une série d'ai?s de chambre remarquables par
la fraîcheur de leur mélodie et leur originalité;
le même éditeur les a publiés; sous ce titre :
12 Ariette per caméra, per l'insegnamento
del Bel-Canto Ualiano, ainsi qu'uH recueil de
4 Romanze po'ifume, et plusieurs morceaux de
chant détachés : la Soliiudine, Amor corris-
posto. Api erranti, Chï non la vede, Ogni
icffiro che spira, ariettes; il Dolore, chaut;
Guardami il riso, cavaline; Cara, consolati,
duetto; Verginella desolata, romance pour une
voix, avec accompagnement de deux voix ad li-
bitum. Vaccaj a pris part, avec Coppola, Doni-
zetli, Mercadante et Pacini, à la composition
d'une cantate funèbre : In morte di Maria Ma-
libran, qui fut exécutée au théâtre de la Scaia,
de Milan, le 17 mars 1837.
Dès 1844, Vaccaj avait abandonné la direction
du Conservatoire de Milan pour aller se reposer
au milieu de sa famille, à Pesaro. Il ne s'en
éloigna plus que pour aller écrire et faire repré-
senter à Rome, sur le théâtre Argentina, son
opéra Virginia, qui obtint un plein succès. Ce
fut son dernier ouvrage dramatique. Sa santé
chancelante l'obligea à retourner ensuite à Pe-
saro, où il mourut le C août 1848. — M. Giulio
N'aecaj, fils de cet artiste remarquable, préi»are
en ce moment, à Rome, une biographie com-
plète et détaillée de son père.
VACBlEll (Loiis), docteur en médecine de
la Faculté de Paris, aide-major stagiaire au Val-
de-Grâce, est luuteur de l'écrit suivant : De la
voix chez Ihomme, au point de vue de sa
formation, de son étendue et de ses registres
(Paris, G. Masson, 1877, in-8° de 62 pp., avec
figures). Cet écrit emprunte un intérêt particu-
lier aux connaissances musicales de son auteur,
(jui a fait do bonnes études de chant au Conser-
vatoire de Lyon, et qui s'est lait entendre parfois
dans les concerts sous le pseudonyme de Louis
Dalvard.
V'AGGIfN'I (Agostino), professeur italien, nô
à Gênes le 1" novembre 1824, s'est livré dès
l'âge de vingt ans à l'enseignement du chant, et
spécialement du chant choral, après avoir fait
toutes ses études sous la direction de Miresky
et de Mandanici. En 1836, il a publié une Mé-
thode pour renseignement du chant choral,
dont il a été fait trois éditions successives, et peu
de temps après il fut nommé professeur de chant
d'ensemble dans l'école normale féminine et dans
les écoles municipales de Gênes. M. Vaggini est
aussi l'auteur d'une méthode de piano publiée
chez Ricordi, à Milan, sous ce titre : le Mettre
de piano, méthode récréative en forme de gram-
maire raisonnée. On lui doit encore un certain
nombre de morceaux de musique de danse,
ainsi qu'un hymne national intitulé Viva l'italia
e il Re !
VAILLAI>'T (A ), compositeur qui vivait
dans la première moitié du dix-huitième siècle,
était attaché comme musicien à la chapelle éche-
vinale de Valenciennes. Il a fait représenter à
Mons les deux ouvrages suivants : 1° les Plai-
sirs de Marimont, pastorale en un acte, 1708;
2" le Retour des plaisirs , opéra en un acte, 1719.
VALDRIGHI (Le comte Luigi-Francesco),
dilettante italien contemporain, est l'auteur d'un
opuscule qui a été publié en 1878 sous ce titre :
Ricerche sulla liuleria e violineria modenese
aniica e moderna. Ce petit écrit, imiquoment
consacré, comme son titre l'indique, à retracer
sommairement l'histoire des luthiers de l'école
de Modène, avait paru d'abord sous forme d'ar-
ticles dans le journal il Ciitadino.
M. Vaidrighi a publié ensuite sous ce titre :
Mnsurgiana, un second opuscule dans lequel
il décrit deux instruments, la scrandola et le
psaltérion, qu'il considère comme les deux an-
cêtres du piano (Modène, Olivari, 1879, in-12 de
54 pp. avec 2 planches). Enlin il a livré encore
au pubhc une troisième et intéressante bro-
chure, ainsi intitulée : Di una busla di antichi
e rari strumenii di fiaio (Florence, Guidi, in-
12).
VALE]\SII\ (GiORCm), musicien italien, est
l'auteur de la Capricciosa, opéra semi-sérieux
qui a été représenté au théâtre des Loges, de
Florence, le 28 février 1874.
VALE]\TE (G ), est le nom d'un corn-
VALENTR — VALENTINO
597
posileur qui a fait représenter à Molfelta, en
1865, un drame lyrique intitulé Roberio dé' Gke-
rardini. Il a donné aussi sur le théitrc Nuovo,
de Naples, un opéra bouffe, la Festa dcll' Ar-
chitiello, et sur celui des Variétés, de la même
ville, un autre ouvrage bouffe, » Cabalisti di
prima for:.a (12 juin 1875).
VALENTI (André-Avelino- Joseph -Pere-
cr.iN), pianiste et compositeur espagnol fixé de-
puis longtemps à Paris, est né à Barcelone le
10 novembre 1829. Admis en 1849 au Conserva-
foire de Paris, dans la classe d'Elwart, il y rem-
porta un second accessit d'barmonie en 1851, et
l'année suivante entra dans la classe de compo-
sition de Carafa. Son éducation terminée, il
s'est livré à l'enseignement et à la composition.
M. Valenli a fait représenter à Madrid et à Bar-
celone deux opéras espagnols, el Colegial et
Don Serapio de Bobadilla; il a écrit unStabat
H/afer et un oratorio intitulé Judith, et il a pu-
blié, entre autres œuvres, un traité de solfège,
une Messe pastorale à 3 voix, avec accompagne-
ment de piano ou orgue, une Petite Messe à 2
voix égales, avec accompagnement d'orgue ou
d'harmonium, un Domine salvum, quelques
mélodies vocales : la Colombe, Malfildtre, etc.
Le 6 juin 1879, il a fait représenter à l'Opéra-
Comique un petit ouvrage en un acte : Em-
brassons-nous, Folleville, qui n'a pas obtenu
de succès.
VALEI^TirVI (MiCHELAN'GELo), compositcur
italien qui vivait au milieu du dix-huitième
siècle, a fait représenter en 1748 à Naples, sur
le petit théâtre des Fioreulini, un opéra bouffe
intitulé la Villana nobile. Peut-être cet ar-
tiste est-il le père du compositeur Jean Valen-
tini, dont il est ])arlé au tome VIII de la Bio-
graphie universelle des Musiciens. Je ne sau-
rais le dire pourtant, car je n'ai pu recueillir
sur lui aucun autre renseignement que celui re-
latif à l'ouvrage dont le titre est rapporté ci-
dessus.
VALElNTrM (Le P. Domenico), composi-
teur, né à Lucques dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle, est auteur d'un oratorio in-
titulé la Mort d'Abel, qui fut exécuté à Venise,
chez les Pères de l'Oratoire. On ignore la date
de la mort de cet artiste.
* VALEIXTirSI (Charles), né à Lucques
vers 1790. — Outre ses opéras, qui sont au nom-
bre (le dix-sept, ce compositeur a écrit un grand
nombre de messes, de vêpres, de motets, et un
oratorio : les Sept Paroles de Jésus-Christ,
avec accompagnement de piano, dédié à la prin-
cesse Marie-Thérèse de Savoie. Devenu maître
de chant, il publia à Lucques, en 1848, un re-
cueil de vocalises. Valentini, qui avait été élève
de Giovanni Pacini, mourut dans sa ville natale,
le 1" avril 1853.
VALEÎ>T1!\0 (Henri-Justin-Joseph), un
des plus excellents chefs d'orchestre qu'ait pos-
sédés la France, naquit le 14 octobre 1785 à
Lille, où son père, Italien d'origine, était attaché
comme pharmacien à l'hôpital mililaire. Dès
l'âge de quatorze ans il était chef d'orchestre en
province, et déployait dans ces fonctions diffi-
ciles de rares qualités. Ayant épousé en 1813, à
Metz, la nièce du compositeur Persuis, alors di-
recteur de la musique à l'Opéra, il obtint tout
naturellement la protection de celui-ci ; cependant
il ne paraît pas que cette protection se soit ma-
nifestée d'une façon fort efficace, car ce n'est
que peu de mois après la mort de Persuis, c'est-
à-dire en 1820, que Valentino lut engagé à l'O-
péra comme second chef d'orchestre, alors que
Kreutzer était premier. En 1824, au départ de
ce dernier, il fut appelé à exercer les fonctions de
premier chef, en partage avec Habeneck, chacun
d'eux devant diriger les études et l'exécution
d'un ouvrage nouveau sur deux qui étaient pré-
sentés au public. Parmi ceux que Valentino
monta ainsi pour sa part, il faut citer la Muette
de Portici, Guillaume Tell, le Serment, le
Dieu et la Bayadère, et Olympie. Ce dernier
était pourtant échu à Habeneck ; mais, à l'une des
répétitions générales, une discussion d'une ex-
trême violence s'étant élevée entre Habeneck et
Sponlini, Valentino fut chargé d'en diriger l'exé-
cution, qui fut superbe sous ses ordres. On assure
qu'Habeneck en conçut contre lui un vif ressenti-
ment, bien que Valentino fût resté complètement
étranger aux incidents qui s'étaient produits, et
que les effets de ce ressentiment ne furent pas
sans influence sur les causes qui amenèrent, quel-
ques années plus tard, la retraite de Valentino.
Valentino était d'ailleurs un chef d'orchestre de
premier ordre. Doué d'un talent à la fois énergi-
que et souple, soigneux des moindres détails,
sachant inspirer la confiance et le respect à tous
ceux qui étaient placés sous ses ordres, il exci-
tait non-seulement l'admiration du public, mais
celle de tous les artistes du chant, de la danse,
des chœurs et de l'orchestre. D'autre part, sa
nature bienveillante et droite, son caractère ferme
et juste lui conciliaient les sympathies générales
et lui donnaient une grande autorité morale.
C'est précisément la droiture et la fermeté de
son caractère qui devinrent la cause, ou tout au
moins le prétexte, de son départ de l'Opéra.
Lorsqu'en 1830 le docteur Véron eut été appelé
à la direction de ce tbéAtre, l'un de ses premiers
soins fut de chercher à diminuer les traitements
598
VALENTINO ~ VALIQUET
déjà si faibles des artistes de rorcliestic. Va-
lentino aima mieux se retirer que de paraître
souscrire à une mesure qu'il considérait conune
inique. C'est alors que la direction de l'Opéra-
Comique, qui désirait se l'attacher, lui fit faire
des offres avantageuses et qui furent aussitôt
acceptées. Vaienlino fit liquider sa pension «^
ropéra, laquelle fut fixée à 1/iOO francs, et alla
succéder à lOpéra-Comique à Crémont (IS.'il).
Pendant son séjour à ce théâtre, il se fil parti-
culièrement remarquer en dirigeatit, avec le ta-
lent dont il avait déjà donné tant de preuves,
l'exécution des deux admirables chefs-d'd'uvre
i'Hérold, Zampa et le Pré aux Clercs, puis
celle de l'Éclair, de Lestocq, du Cheval de
bronze, à'Actéon, des Chaperons blancs, du
Chalet et du Postillon de Lonjumeau.
Au bout de quelques années pourtant, Va-
lentino quittait l'Opéra-Comique, et, après s'être
retiré quelque temps à Chantilly, il fondait en
1837, dans la salle Saint-Honoré (connue encore
aujourd'hui sous le nom de Salle Valentino),
les premiers concerts populaires de musique
classique qui aient été connus en France. Il re-
cruta, au concours, un orchestre de 85 exécu-
tants composé déjeunes artistes dont la plupart
se sont fait depuis lors un nom distingué, et
qui, faisant leurs premières armes sous la di-
rection d'un maître habile, s'initiaient à la con-
naissance des grands chefs-d'œuvre de la mu-
sique symphonique. Il suffira de citer, parmi ces
artistes, les violonistes Maurice Singer, Aîné,
Deloffre, Armingaud, les violoncellistes Pillet et
Offenbach, les flûtistes Rémusat et Bauller, les
hautboïstes Verroust et Triebert, le clarinettiste
Lecerf, le bassoniste Jancourt, les cornistes Ba-
neux père et Urbin, etc.
Les concerts classiques avaient Heu quatre
fois par semaine, les lundi, mercredi, vendredi,
et dimanche, à la salle Saint-Honoré, sous la di-
rection de Valentino ; toute la musique de virtuo-
sité, solosou duos concertants, était dirigée par
le second chef, Joseph Habeneck, frère du chef
d'orchestre de l'Opéra; les mardis, jeudis et
samedis étaient consacrés à la musique légère,
et c'est un excelleht artiste, Fessy, qui tenait
alors le bâton conducteur. Les prix d'entrée
étaient fixés à 2 francs pour les concerts classi-
ques, et à 1 franc pour les autres jours. Par
malheur, Valentino avait devancé son temps, et
le moment n'était pas encore venu de faire en-
tendre au public de la musique sérieuse. Après
quelque temps de vogue, le succès s'affaiblit peu
à peu, et bientôt la lutte ne fut plus possible.
Bref, et au bout de trois ans environ, les sym-
phonies die Beethoven ayant drt céder la place
aux quadrilles de Tolbecque et de Musard, Va-
lentino, qui n'aurait jamais consenti à diriger
un orchestre de danse, se sépara de l'entreprise.
En 1841, il se retira déliuilivement à Versailles,
C'est là qu'en 1840 Léon Pillet, alors direc-
reclenr de l'Opéra, alla lui proposer de rentrer à
ce théâtre pour y monter Robert Bruce, la santé
chancelante d'Habeneck ne lui permettant plus
de conserver ses fonctions. Léon Pillet offrait à
Valcnlinoun traitomentannuel de 15,000 francs,
avec une représentation à bénéfice; mais, au re-
gret de tous les artistes qui l'avaient connu, Va-
lentino, déjà vieux à celte époque, ne put se dé-
cider à quitter sa retraite et à rentrer dans la
vie active. Cet artiste remarquable est mort à
Versailles, le 28 janvier 1865, âgé de près de
quatre-vingts ans.
VALEj\ZA (Achille), compositeur italien,
réinpiissait en 1872 les fonctions de chef d'or-
chestre au petit théâtre delà Fenice, de Naples.
Le 2 juin 18C6 il avait fait représenter sur ce
théâtre nn opéra en 3 actes, le Fate, qui avait
été accueilli avec faveur; il écrivit ensuite la
musique d'une féerie intitulée il Finimondo, qui
fut donnée sur la même scène le 25 septembre
1872.
VALIQUET (H ), pianiste, professeur
et compositeur français, s'est surtout adonné à
la composition de petites études et de petits
morceaux faciles, écrits spécialement en vue des
enfants. On peut citer, entre autres, les recueils
suivants : les Grains de sable, G morceaux sur
les cinq notes, op. 17; les Brins d'herbe, 6 pe-
tits morceaux faisant suite aux Grains de sa-
ble; Contes de Fées, n petits morceaux, op..
18; les Soirées de famille, id., oi). 19; les
Premiers Pas, 15 éludes très- faciles pour les
petites mains, op. 21; le Progrès, 15 études très-
faciles pour les petites mains, op. 22 ; le Succès,
15 éludes progressives pour les petites mains,
op. 23; les Refrains de l'enfance, petites trans-
criptions variées; Chansons de Nadaud, 12 pe-
tites fantaisies sans octaves ; Récréations reli-
gieuses, 25 canti(jues célèbres ; Concerts des
Bouffes, 24 petites fantaisies sans octaves, op.
37; Exercices rhythmi<jues eu mélodiques du
premier âge; le Berquin des pianistes, 12 pe-
tits morceaux ; École concertante des petites
mains, 12 morceaux à 4 mnins; la Moisson
d'or, 25 pelit-s morceaux très-faciles, op. 41;
la Nouvelle 3toisson d'or, id., elc. Valiifuet a
publié aussi un grand nombre de transcriptions
et fantaisies détachées sur des airs d'opéras.
Cet artiste, qui avait été l'élève de Choron, est
mort à Paris, au mois d'avril 1879, à l'âge de
soixante-deux ans.
VAN DE VYVERE - VAN DEN I300RN
590
VAIS DE VYVERE (Edouard-François),
prêlre et (oinpositeur belge contemporain, né à
Waeisthoot, a fait son éducation musicale à
Gand, sous la direction d'un luofosscur nommé
Alsters, et s'est perfectionné ensuite par la lec-
ture (les ouvrages des auteurs allemands et
français. Nommé en 1839 professeur de musi-
(|ue à l'école normale épiscopaie de Saint-Nico-
las, il quitta cette position en 1S47. Il est au-
jourd'hui curé à NieuKerken. M. Van de Vyvere
s'est fait connaître par la publication de diver-
ses compositions religieuses, dont les plus im-
portantes sont une messe h 3 voix avec orgue,
uu recueil de 4 motets à 3 voix avec orgue, et
une cantate pour la f' communion, avec piano.
On lui doit aussi plusieurs chœurs à 4 voix sans
accompagnement, et quekjues productions de
moindre importance.
VAIV DE WEYElt (Jean-Sylvain), homme
d'État belge, ancien ministre plénipotentiaire à
Londres, né à Louvain le l'J janvier 1802,rnorl
à Londres le 23 mai 1874, est l'auteur d'un
écrit rarissime : Lettres sur les Anglais qui
ont écrit en français (Londres, petit in-8°, tiré
h 25 exemplaires seulement). On trouve dans
cet opuscule une biographie de Thomas Haies,
connu sous le nom de iVHèle, d'Hèle l'excenlri-
fiue, qui fournit à Grélry les livrets de trois de
ses opéras, et, chemin faisant, l'auteur donne des
détails intéressants sur l'état de la musique au
temps du célèbre compositeur liégeois.
* VAIN DElN ACîiESV (Jean), composi-
teur belge contemporain, a occupé pendant plu-
sieurs années les fonctions de chef d'orchestre
au théâtre flamand d'Anvers, sur lequel il a
fait représenter les opéras suivants : 1° Vijf
janr gewaclit, un acte, 9 décembre 1855; 2°
Ten aventuur van Keizer Karel, un acte, 23
janvier 1856; 3° De Dorpsmeeting, nn acte,
21 octobre 1857 ; 4" De Zinnelooze Van Ostade,
un acte, G décembre 1857; 5" Monr en Cris-
pijn, 5 décembre 1858.'; f." llomco en Mariette,
un acte, 26 octobre 1859; 7° Ilet Lied van
Margot, 2 actes, 2G octobre 1859; 8» Nagerons
de geiienwaclitsler, 2 actes, 5 janvier 1802; 9"
Van Dycii te Saventliem, un acte, 7 janvier
1863; 10° Koppen en Lctleren, un acte, 12
novembre 1866.
VAIN DEÎN liEïlGïiE (Philippe), compo-
siteur amateur belge, né à Menin en 1822, étu-
dia très-sérieusement la musique tout en fai-
sant ses études littéraires au collège de Namur
et à l'Université de Louvain. Plus tard, il con-
nut Thalberg et M. Henri Herz, qui lui donnè-
rent de bons conseils, reçut des leçons d'orgue
et de contre-point de M. Ferdinand Ililler, et
enfin établit des rel.Uinns qui ne lui furent pas
inutiles avec F. KiunstedI, Schuloff et Dreys-
cliocl<. Comme virtuose sur le piano, M. Van
den Berghe s'est fait entend le non-seulement
en Belgique, mais à Paris et à Londres ; comme
compositeur, il a publié, entre autres œuvres :
i8 Études de genre pour orgue ; Études de con-
cert pour piano ; Concei to pour le piano ; Pré-
ludes et fugues pour orgue, et un grand nombre '
de morceaux détachés pour le piano. On connaît
encore de lui un Te Deum ; G messes; de nom-
breux motets; des versets pour orgue; des
psaumes ; plusieurs cantates avec orchestre ; 24
Études caractéristi(iues pour le piano; entin des
quatuors, des sonates, des fugues, des chœurs.
VA1> DE?f BOGAEHDE(GniSEERT), fac-
teur de clavecins, né à Gand dans la première
moitié du seizième siècle, alla s'établir à Anvers.
En 1558 il se faisait inscrire dans la gilde de
Saint-Luc, et le 3 mars de l'année suivante il
était reçu dans la bourgeoisie d'Anvers,
VAIV DEN Ii001\l\ (Jean), né à Grons-
veld (Limbourg hollandais) en 1826, fit ses étu-
des au Conservatoire royal <le Liège [dirigé par
Daussoigne-Méhul, et y remporta le 1" prix
de piano. Il vint ensuite habiter Paris, dont le
séjour eut la plus heureuse iniluence sur le dé-
veloppement de son talent, et où il publia (chez
Heugel) son premier morceau de concert : la
Ptage, dédié à son maître M. J. Jalhenu. Re-
venu à Liège, il s'y lit fréquemment entendre
dans les concerts, organisa des séances de mu-
sique classique avec M. Jebin-Prume, violoniste,
M. Léon Massait, violoncelliste, et d'autres ar-
tistes , et s'y créa une brillante réputation par
son interprétation élevée des maîtres de l'art.
Il fit également apprécier son talent à Bruxelles
(salle d'Harmonie), à Spa, où il joua fréquem-
ment, et parcourut .succcssiveinefltune partie de
la Hollande, de l'Allemagne, de la Suisse et de
l'Angleterre. A Aix-la-Chapelle, Wiesbade, Ge-
nève et Londres notamment, ses qualités artis-
tiques furent des mieux accueillies. Établi à
Liège depuis nombre d'années, M. J. Van den
Boom, malgré le professorat, n'a cessé de se
produire chaque hiver dans les principaux cer-
cles, tels que l'Union des'arlistes, la Légia (cé-
lèbre société chorale), etc. Les morceaux com-
posés par cet artiste qui ont obtenu le plus
grand succès, sont des duos pour piano et
haimonium, où les qualités respectives des
deux instruments sont habilement mises en re-
lief. Y.
VAN DEN BOORN (Edouard), frère du
précédent, né à Gronsveld en 1829, fit ses études
au Conservatoire royal de Liège, et y remporta
GOO
VAN DEN BOORN — VAN DEN DRIES
le 1*' prix (le piano. Sans cesser de cultiver cet
insliument, il s'attacha en même temps à l'étiiile
de l'harmonium, dont il sut bientôt saisir le vé-
ritable caractère et déployer toutes les res-
sources artistiques. Il composa plusieurs mor-
ceaux pour ce dernier instrument. Ceux qui ont
été joués avec le plus de succès par l'auteur
ont pour titres : Rayon d'espoir, Dans les mon-
tagnes. Grand caprice de concert, etc. Plu-
sieurs transcriptions ingénieuses de quelques-
unes des principales pages de Mozart, de Beetiio-
ven et autres grands maîtres, et leur exécu-
tion colorée ne contribuèrent pas peu à faire
connaître le goût pur et élevé de l'artiste.
M. E. Van den Boom voyagea avec son frère
et partagea ses succès, jouant tour à tour
de l'orgue ou du piano. Cet artiste est égale-
ment connu comme littérateur et critique musi-
cal. 11 a collaboré successivement à la Revue
musicale de Bruxelles, au Moniteur des Théâ-
tres de la même ville, à l'Europe artiste de
l'aris, au Ménestrel^ et a donné de nombreux
articles de musique au journal la Meuse de
Liège, et au Courrier de la Meuse. Enfin il a
obtenu, en 1858, la médaille d'or au concours
institué par la Société d'émulation à Liège sur
cette question : De Vinjluence réciproque
de l'industrie sur les Beaux-Arts, et des
Beaux- Arts sur riadust rie (1 vol. in-12, Liège,
imprimerie de L. de Thier et Lovintorse, 1861).
M. E. Van den Bourn s'est distingué aussi
comme poète, dans des hommages rendus à la
mémoire de Meyerbeer, Moschelès, Rossini et
autres grands maîtres. Son hommage à Rossini
a étédéclamé au Théâtre-Royal de Liège, ainsi que
la pièce adressée à Adeliiia Palti. Son poème à
la mémoire de Fétis tut récité par M. Kronké à
la Société de l'Union des artistes, de Liège. Cette
dernière piècef ainsi que celles dédiées à Rossini
et à la Patti, figurent dans les A nnales de C Union
des altistes. Celle sur Meyerbeer a été publiée
dans le journal la Comédie, de Paris. Un autre
poëme sur la symphonie de Ralf inlilulée
Im Walde, exéculée pour la 1" fois à S|)a, a
paru dans les journaux de celte ville. Dans
une séance de l'Union des artistes, M. E. Van
den Boom a lu lui-mêrne un grand poi-mc musi-
cal qui a pour titre VAlpcnhurn (leCor desAlpes).
La plupart de ces pièces ont paru dans les
journaux de Liège. M. E. Van den Boom se pro-
pose d'en publier un recueil complet. — Y.
VAIXDE.^ BOSCH (PiiciiRF.-JosEr-u), cla-
veciniste distingué et organiste de la cathédrale
d'Anvers, naquit à liobokcn eu 1730 et se fixa
en 1762 à Anvers, oii il devint, trois ans après,
organiste de la cathédrale, conservant cel em-
ploi jusqu'en 1797. On vantait beaucoup le ta-
lent de cet artiste, dont l'habileté sur la pédale
était prodigieuse, et qui, excellent musicien, de-
vint l'accompagnateur de tous les concerts. Il
exerça une grande influence sur le mouvement
musical à Anvers, et son Jugement était considéré
comme infaillible. « Quand un artiste étranger
venait se produire aux concerts, dit M. Ed. Gre-
goir {Artistes musiciens belges), Yiu\ den Bosch
donnait le mot d'ordre. Il occupait ordinairement
une place fixe aux couceris, et le public avait
l'aîil sur lui; aussi le succès de l'artiste dépendait
des signes d'approbation ou de désapprobation
de Van den Bosch ; un mouvement décisif de sa
part, et le public acclamait avec frénésie le ta-
lent de l'artiste. Jamais nous n'avons vu une
pression aussi influente que celle de notre or-
ganiste. »
Il paraît, néanmoins, que le mérite de Van
den Bosch, très-réel au point de vue de l'exécu-
tion, était mince en ce qui concerne la compo-
sition. Ses œuvres, consistant en sonates et
concertos, sont absolument médiocres, soit
qu'on en considère l'harmonie, le sentiment
personnel ou la forme générale, et la simplicité
en est par trop élémentaire. Cet artiste, dont la
valeur semble avoir été surfaite de son vivant,
mourut à Anvers le 19 février 1803.
* VAl^DElN'IlUOIîCïv (OxnoN-JosEPH),
virtuose sur le cor et compositeur, ancien pro-
fesseur au Conservatoire de Paris. — Au nombre
des ouvrages écrits par cet artiste, il faut ajouter
les deux suivants -.le Codicile ou tes Héritiers,
o|)éra-comiqiie en un acte représenté au théâtre
Montansier le 5 août 1793 ; et l'Anniversaire
ou la Fêle de la Souveraineté, scène lyrique
exécutée au théâtre de l'Ambigu-Comique le
30 ventôse an VI.
VAIS 13EÎ\ DlîïLS (Jean), flûtiste et com-
positeur belge contemporain, né à Anvers, a été
attaché pendant plusieurs années eu qualité de
flûtiste au théâtre royal de celte ville. Comme
compositeur, on lui doit une cantate pour voix
seules et chœurs, exéculée à Deuriie, une grande
scène pour chœurs, orchestre et orgue, et un
chant patriotique intitulé : Hommage à S. M.
Leopold H. lia publié plusieurs motets avec or-
chestre, diverses autres compositions religieuses ,
des mélodies vocales, et quehpies morceaux
pour |)iano, pour flûte et pour cornet à pistons.
Dans ces dernières années, M. Van den Dries
est devenu direclcur-gèrant du journal l'Escaut,
l'une des principales feuilles politiques d'Anvers,
et il publie depuis lors dans ce journal d'assez
nombreux articles de critique musicale et théâ-
trale. , ,
VANDEN EEDEN - VAN DER LINDEN
601
VAINDEÎV EEDEN (Jean-Baptiste), com-
posilt'ur bclj;e, né à Gand le 26 décembre 18V2,
a fait do brillantes éludes au Conservatoire de
sa ville natale, et a concouru ensuite à Bruxelles
pour le prix de Rome. Dès son premier con-
cours, en 1S65, il obtenait le second prix, su-
bissait inutilement une seconde épreuve en
1807 (le concours de Rome n'a lieu en Belgiijue
que tous les deux ans), enfin en 1869 se voyait
décerner le premier prix pour sa canlale lla-
niande : Faust'laalste Nalclit (la Dernière
Nuit de Faust). Depuis lors, M. Vanden Eeden
a écrit cl fait exécuter à Anvers, pour l'inaugu-
ration au théâtre de cette ville de la statue d'Al-
bert Grisar, une cantate qui a produit une bonne
impression, puis il a fait entendre à Gand un
scherzo symphonique, et aux Concerts populaires
de Bruxelles un morceau d'orchestre intitulé
Marche des esclaves. On connaît aussi de lui
un oratorio, le Jugement dernier, qui a élé exé-
cuté à Malines, le 4 septembre 1807, à l'une des
séances du congrès catholique qui se tenait ators
en cette ville, un ouvrage intitulé Brutus et
qualifié d'« oratorio historique » et une composi-
tion symphonique ayant pour titre la Lutte au
XVI' siècle.
Parmi les composilions publiées de cet ar-
tiste, je signalerai les suivantes : Judith ou le
Siège de Bétkulie, grande scène à 3 voix ; les
Couronnes, chicur; Vaderlandsche volksUede-
ren, c chants patriotiques; sonate-offertoire,
pour orgue ; 4 préludes pour le même instrument ;
et quelques morceaux détachés pour piano.
M. Vanden Eeden est aujourd'hui directeur
de l'École de musique de Mons.
VAIV DEIX ELSCBE ou VAN ELSEN
(Jacqlks), fut l'un des derniers facteurs de cla-
vecins qui exercèrent leur profession il Anvers,
où il se lit recevoir, en 171 7, dans la gilde de
Saint-Luc. Il vivait encore en cette ville en 17;)1.
* VAN DEN GIIEVN (Mattuias), célèbre
organiste, claveciniste et carillonneur belge.
M. Van Elewyck (Voy. ce nom), qui s'est pris
d'une véritable passion pour la mémoire de cet
artiste remarquable, a publié sur lui une notice
importante : Matthias Van den Gheyn, le plus
grand organiste et carillonneur belge du
18^ siècle, et les célèbres fondeurs de cloches
de ce nom depuis \iibOj%isqu'à nos jours, Pa-
ris, Lethielleux, 1802, in-8°. Le même écrivain
a publié un choix de compositions de ce maître :
Matthias Van den Gheyn, le plus grand orga-
niste belge du XVIIP siècle, recueil de pro-
ductions légères pour piano ou pour orgue,
publié par Xavier Van Elewyck, Bruxelles,
Schott, ia-f°. Enfin, M. Van Elewyck a consacré
à Van don Gheyn tout le premier volume de sa
balle Collection d'œuvres composées par d'an-
ciens et de célèbres clavecinistes flamands
(Bruxelles, Schott, iu-f") ; ce volume contient
6 suites de pièces de clavecin, op. 3, 6 Diverti-
menti pour le môme instrument, 2 préludes
pour orgue, et 2 préludes pour carillon.
* VANDER DOES (Charles), pianiste
néerlandais fort distingué et compositeur dra-
ruatique, ancien professeur de piano à l'tlcole
de musique de la Haye, commissaire royal des
pensionnaires du roi des Pays-Bas, et président
de l'Association des artistes musiciens de la
Haye, est mort en cette ville le 30 janvier 1878.
11 était né à Amsterdam le 6 mars 1817, et non
en 1821, ainsi qu'd a été dit.
VAN DEU ELST (Aert ou Arnold), fac-
teur de clavecins à Anvers, fut inscrit sur les
registres de la corporation de Saint-Luc en 157C.
VAN DER GIJIi>STE(PuiUiE), composi-
teur belge, né àCourtraien 1789, est l'auteur
du premier opéra composé sur des paroles tla-
mamles et ainsi présenté au public (1). Cet ou-
vrage avait pour titre : Het pruissisch Soldaten
Kwariier, et fut joué pour la première fois en
1810, à Courtrai. Van der Ghinste, qui lut pen-
dant de longues années maître de chapelle de
la grande église de Courtrai, mourut dans sa
ville natale le 21 octobre 1861. On connaît de
lui les compositions suivantes : l^e messe à
3 voix, avec orgue (Courlrai, l'auteur); Missa
pro defunctis, à 3 voix (en manuscrit) ; 3* messe
(en manuscrit); Missa solemnis (en manuscrit);
Ave Maria avec orchestre (en manuscrit) ; Be-
ginu cceli à 3 voix, avec orgue; 12 pièces fa-
ciles pour piano (Courtrai, l'auteur); thème
varié pour piano ou harpe.
VANDER HAGEN (Armand), clarinettiste
et compositeur belge, né vers le milieu du dix-
huitième siècle, vint s'établir j\ Paris, où ii fit
[)arlie de ,1a musique de la garde des consuls.
H publia un recueil de Douze petits airs et six
duos pour 2 flûtes, un autre recueil de Duos
pour G fiâtes tirés des opéras-comiques ; puis
les airs d'une Folie, deMéhul, mis en harmonie,
et les airs de Picaros et Diego, de Dalayrac,
mis en harmonie. Cet artiste mourut à Paris en
1822; il était alors, depuis plusieurs années,
attaché à l'orcheslre de la Comédie-Française
en qualité de seconde clarinette.
VAN DER LINDEN (C ), composi-
(I) Un autre musicien belKC Pierre Verheycn, né à
G;ind en 1780 et raort en iSlï, avait composé, antérieure-
ment à Van der Ghinste, un opéra flamand : De Jagt-
partij van llendrih /f , mais cet ouvrage ne fut Jamais
rcproenté.
602
VAN DEi; LINDFN — VANDERSTRAETEN
tour néerlandnis, est né à Dordrechten 1839, et
montra dès sa plus tendre enfance de rares
dispositions musicales. A l'âge de sept ans, et
sans avoir travaillé avec aucun professeur, il
composait de petils cfiœurs à quatre parties.
A dix ans, il fut présenté à Coiime, directeur
de musique à Dordrecht, qui lui donna des le-
çons d'harmonie et de contre-point pendant plu-
sieurs années, et il prit en même temps des le-
çons de piano de M. J. Kwast.
Après avoir fini ses études, il fit un voyage
artislique à Bruxelles, Liège et Paris, et re-
tourna en 18f)2 à Dordrecht, pour y fixer sa
résidence. 11 y dirigea plusieurs sociétés cho-
rales, la société philharmonique KunstmineiVà
musique militaire de la garde nationale. Actuel-
lement il fait partie du comité de la Société des
artistes musiciens néerlandais, et en est un dis
membres les plus actifs.
M. Van der Linden a composé deux opéras,
Téniers et le Mariage au tambour, qui n'ont
pas été représentés ; il a écrit des ouvertures
pour orchestre, des ouvrages pour chœurs et or-
chestre, des mélodies, et des arrangements pour
musique militaire. C'est un jeune musicien fort
estimé. Éd. de H.
♦ VANDER PLA3fCKE:V (Corneille, et
'non CiivRLEs), violoniste et clarinettiste, était né
à Bruxelles non le 22, mais le 23 octobre 1772,
et mourut en cette ville non au mois de janvier,
mais le 9 février 18'i9.
* VA!\DERSTUAETETV (Edmond), et non
Vanderstraet (I), écrivain musical belge, est
né à Audenarde le 3 décembre 1826. Il fit ses
premières études littéraires au collège d'Alost,
et termina son éducation à l'Université de Gand.
Voici la liste de ceux de ses ouvrages qui ont la
musique pour objet : 1° Coup d'œilsîir la mu-
sique actuelle à Audenarde. Ce que nous
sommes, ce que nous pouvons devenir, Aude-
narde, Rousse, 1851, in-12; 2° Notice sur
Charles-Félix de Hollnndre, compositeur de
musique sacrée, Gand, de Busscher, 1854, in-S" ;
3° Notice sur les carillons d'Audenarde, id.,
id., 18.55, in-S" ; 4" Recherches S2tr la musique
à Audenarde avant le XIX^ siècle, Anvers,
Buschmann, 1856, in-S" ; 5° Examen des chants
populaires des Flamands de France, publics
par E. de Cousscmaher, Gand, Hebbelynck,
1858, in-8°; C Jacques de Goiiy, chanoine
d'Embrun, Anvers, Buschmann, 1863, in-S";
(1) II est difficile de fixer au Juste l'orlhcsr.iphe du num
de eelécrl»alu, car M signe tantôt fandenlraeten en un
seul mot, tantftt frauder Straeten en deux mnts, et ses
livres mCme prodalsent i tantôt l'uiic, tantôt l'autre
forme de son Dom.
7" Jean-François-Joseph Janssens, composi-
teur de musique, Bruxelles, Sannes, 18G6, in-12;
8° la Musique aux Pays-Bas, documents
inédits et annotés, Bruxelles 1SG7-1880, 5 vol.
in-S" (ouvrage non encore terminé) ; 9" le Noor-
dsche Balck [instrument à cordes] du Musée
communal d'Ypres, Ypres, La Fontcyne,
1808, in-S° ; 10" Wagner, Verslag aan den
heer ministervan Binnenlandsche Zaken (rap-
port au ministre de l'intérieur sur les fêtes wa-
gnériennes de Weiraar, écrit en français par
l'auteur et publié en une traduction flamande
due à MM. Julius Host et Jean Van Droogon-
broeck, dit Ferguut), Bruxelles, de Ries, 1871,
in-lG; 11° le Théâtre villageois en Flandre,
Bruxelles, Glaassen, 1874, t. I, in-8» (ouvrage
non encore terminé); 12" les Musiciens belges
en Italie, rapport à M. le ministre de l'inté-
rieur, Bruxelles, 1875, in-S"; 13" Sociétés dra-
matiques des environs d'Audenarde, Gand, de
Busscher, in-S"; 14" Voltaire musicien, Pàùs,
Baur, 1878, in-8"; 15" la Mélodie populaire
dans l'opéra Guillaume Tell de Rossini, Paris,
Baur, 1879, in-8'; IG" Lohengrin, Instrumenta-
tion et philosophie, Paris, Baur, 1879, in- 12 ;
17° Turin musical, pages détachées; Chan-
sons populaires ; Concerts ; Théâtres lyriques ;
Critique musicale; Wagnérisme; Audenarde,
Van Eechante, 1880, in-8».
Après avoir quitté la Belgique il y a quelques
années, M. Vanderstraeten s'était fixé à Dijon,
qu'il habita pendant assez longtemps, bien que
ses sympathies et son estime pour la France
soient beaucoup plus que médiocres-, en effet,
malgré l'accueil courtois qu'il a toujours reçu
en ce pays, il le considère ouvertement comme
le réceptacle de toutes les hontes et de toutes
les décadences, et ne laisse guère échapper l'oc-
casion de le traiter avec le dédain le plus mé-
prisant, le rejetant sans façon au rang le plus
infime des nations prétendues policées; aux
yeux de ce gallophobe enragé, évidemment
désolé d'être obligé d'employer la langue fran-
çaise pour se faire comprendre de ses compa-
triotes, l'Allemagne représente seule, dans l'u-
nivers, la civilisation, la probité, la grandeur et
l'intelligence. Cela ne l'a pas empêché, comme
je l'ai dit, de séjourner pendant quelques an-
nées à Dijon, après quoi il est retourné à Bru-
xelles, oii il réside aujourd'hui de nouveau.
On a publié sur cet 'écrivain un petit pamphlet
ainsi intitulé : A Monsieur Edm. Vander Strae-
ten, commis aux archives du royaume; cet
écrit, qui forme une demi-feuille d'impression,
soit 8 pages in-8°, est signé : J. Lewardt, et dal.-
de Bruxelles, 14 mai 1869. Une notice sur le même
VANDERSTRAETEN — VAN DUYSE
603
artiste, écrite en français par M. Meerens {Voy.
ce nom), mais, jeciois, non publiée, a (!'té tra-
duite en italien par M. G. Muzzi et imprimée à
Rome en 1877.
VAI>i Di:i\ STiJCKEIX (Franck), jeune
compositeur né à Fréilcrickburg (Texas), au mois
d'octobre 1SÔ8, d'un père belge et d'une mère
allemande, fut amené à Anvers à l'Age de sept
ans, et commençait deux ans après l'étude du
violon. Il avait écrit déjà quelques composi-
tions lorsqu'il se fit admettre au Conservatoire
de cette ville, où il devint en 1873 l'élève de
M. Pierre Benoit. Bien que M. Van der Stii(;kea
soit encore à l'heure présente assis sur les bancs
de l'école (I878), il s'est cependant produit à
plusieurs reprises comme compositeur. Entre
autres œuvres, on connaît de lui : la musique
d'un ballet qui a été représenté au théâtre royal
d'Anvers vers 1875; un Te Deum, exécuté
phisieurs fois à l'église Saint-Jacques de cette
ville; une marche pour l'anniversaire de la fon-
dation de l'école allemande; une cantate an-
glaise, the last Jiidgement {le Jugement der-
nier), exécutée par les soins de la colonie an-
glaise d'Anvers ; divers chœurs pour voix d'hom-
mes ou d'enfants; enfin, de nombreuses mélo-
dies vocales, <lont six en un recueil publié par
l'éditeur M. Schlesinger, de Berlin.
VAJ\DERSYPE]\(CHARLEs),néàBruxelles
le 4 décembre 1818, attaché aux archives
de l'hôtel de ville de Bruxelles, a publié, en
1880, chez Bruyiant-Christophe en cette ville, un
volume in-8° de 142 pages, orné de 7 gravures
(portraits, médailles, vues, musique, etc.) et ayant
\Mnït\lre lia Brabançonne, chant national de
la Belgique, avec la biographie des deux auteurs,
l'un, Jenneval, poète et artiste dramatiijiie fran-
çais, qui fut tué en octobre 1830 en combattant
avec les patriotes belges contre les Hollandais;
l'autre, François Campenhout, chanteur et com-
positeur, sur lequel l'écrivain donne des détails
très-curieux et pour la plupart inédits. (V.
Biographie tiniverselle des Musiciens, t II,
p. 166 et Supplément, t. I, p. 145.) •
F. D.
Y^ANDERVELPEN (Jean-Baptiste), com-
positeur belge, né à Malines le 18 février 1834,
a fait ses études musicales au Conservatoire de
Brnxelles, où il fut l'élève de M. Lemmens pour
l'orgue, de Bosselet pour l'harmonie, et de Fétis
pour la fugue et la composition. En 1859, ayant
pris partau concoursde Rome, il obtintune men-
tion honorable, et le second prix lui fut décerné
en 18C1, pour sa cantate intitulé* Agar dans le
désert. On connaît de cet artiste quelques
morceaux de piano, des compositions pour mu-
sique d'harmonie, et une opérette, le Voyage en
Suisse, qui a] été jouée à Arlon en 1873.
VAIN l)i:il VOOIIT (JiAN), facteur de
trompettes, était établi en 16'.*.9 à Anvers.
VAIN DIKI'EJMVVCK (Louis), facteur de
clavecins, vivait à Anvers, où il exerçait .sa pro-
fession, dans les dernières années du seizième
siècle.
A A>' DICTER est le nom de toute une
famille de facteurs d'oigues, dont les membres
exercent cette profession depuis trois quarts de
siècle.
VanDintei! (p. -F.), premier du nom, naquit
en 1785 à Rotterdam, et alla s'établir du côté
du Rhin avec un de ses fils. Il mourut à Tege-
len (Limbourg), le 18 août 1854.
Vai\ Dimeu (P. -a.), son fils et sans doute
son élève, s'établit d'abord à Tirlemont, et plus
tard, en 1857, à Maeseyck. On doit à cetartisle
des instruments estimables, parmi lesquels l'im
(les meilleurs était l'orgue qu'il construisit en
1854 pour l'église Saint-Marlin, de Courtray, et
qui fut détruit en 186'2 dans l'incendie de cette
l'glise. En 1864, M. P.-A. Van Dinter avait
déjà construit soixante-quatre orgues de diverses
dimensions.
VAN-DiNTEu(il/a^//««.«), frère du précédent et
son élève, est depuis longtemps déjà établi à
Weert.
VAN-DiNTER(frfl«fo/s), frère des précédents,
est, depuis longtemps aussi, fixé à Monhein-sur-
le-Rhin, comme constructeur d'orgues.
Un quatrième fils de P. -F. Van-Dinter par-
tit pour la Suisse, lors de la mort de son père,
pour y terminer ses études dans la facture des
orgues.
VAN DCVSE (FlorimOxNd), avocat belge,
né à Gand le 4 août 1843 et inscrit au barreau
de cette ville, n'a cultivé la musique que pour
son agrément. Il n'en a pas moins reçu une édu-
cation artistique très-complète, et s'est fréquem-
ment produit comme compositeur. Élève du
Conservatoire de Gand, où il a remporté un
prix d'harmonie, M. Van Duyse était très-
jeune quand il aborda la scène, où il s'est fait
connaître par les ouvrages suivants : 1° Teniers
te Grimbergen, Gand, 15 juillet 18C0; 2" le
Médaillon de Mariette, Gand, 20 mars
1861; 3° Een die f in huis, un acte, Anvers,
1861 ; 4° De Zoete in val, un acte, Anvers, Sniars
l863;ù°Rosalinde, 3 actes, Anvers, 17 jan-
vier 1864 ; 6° De Nackt, ode-symphonie,
1867; 7° Sa^an, 3 actes et prologue, Gand,
7 février 1869; &° De Wildstrooper, 2 actes,
Gand, 6 novembre 1870.
Après avoir fait représenter ces divers ou-
604
VAN DUYSE — VAN EYREN
vrages, M. Van Duysc se présenta au concours
(le Rome en 1873, et se vit décerner le second
|)ri\ pour sa cantate flamande : Torquato
Tasso's dood. Il a en portefeuille un opéra en
2 actes, Lena, non encore représenté jusqu'ici.
M. "Van Duyse est fils d'un poète flamand distin-
gua^-
VAI\ EESBUOECK (Jean), facteur fde
luths, né dans la seconde moitié du seizième
siècle à Mariakerck, exerçait sa profession à
Anvers, et l'ut reçu bourgeois de celte ville le
9 décembre 1583.
VAÎ\ EIJSDEN ou EYSDErV (Jacques),
musicien néerlandais, né à Dordrecht le
18 février 1839, commença ses études musicales
à Rotterdam, se lit ensuite admettre au Conser-
vatoire de Bruxelles, puis eniinalia achever son
éducation à Leipzig. 11 revint à L'trecht, s'éta-
blit auprès de sa famille, fit partie en cette ville
d'une société de musique de chambre, et publia
diverses compositions : Quintette (couronné au
concours ouvert par la Société musicale des
Pays-Bas); 6 liederh 1 voix ; 3 lieder à 1 voix;
Ouverture à grand orchestre; Polonaise pour
violon et orchestre, etc. Il écrivit aussi, pour
une société de Rotterdam, une cantate qui fut
exécutée sous sa direction, et qui lui valut une
médaille d'or. En 1862, M. Van Eijsden quitta
son pays pour aller remplir au théâtre de Go-
Ihenbourg (Suède) les fonctions de chef d'orches-
tre.
* VAIS ELE1VYCK (Leicbevalier Xavier-
Victor), amateur fort distingué de musique, est
né le 24 avril 1825 à Ixelles-lez-Bruxelles, dont
son père, docteur en droit, était le bourgmestre.
Il renonça à la carrière diplomatique, à laquelle
il était destiné, pour se livrer exclusivement à
ses goùls artistiques. Depuis douze ans,
M. Van Elewyck dirige, à titre d'amateur,
la maîtrise de la cathédrale de Louvain, qui
compte un personnel de 80 exécutants, et où
tous les dimanches et fêtes on emploie le grand
orchestre. Comme compositeur, il a écrit envi-
ron cinquante motets avec orchestre, dont une
vingtaine ont élé publiés avec accompagnement
d'orgue (Bruxelles, Katto); il a publié aussi
qnehpies compositions pour musique de sym-
phonie ou dharmonie, pour le chant et pour le
piano.
M. Van Elewyck, qui s'est fait connaîtie
aussi comme écrivain spécial, et qui collabore à
plusieurs journaux belges, français, anglais
et italiens, a publié, en société avec M. le cha-
noine T.-J. de Vroye, un écrit ainsi intitulé :
De la musique religieuse, les congrès de .i/«-
/ùfcs (1803 et 1864) et de l>aris{i&Gû), et la
législation de PÉglise sur cette matière (Paris,
Louvain et Bruxelles, 1866, in-8°). Chargé par
son gouvernement, en 1875, de visiter les con-
servatoires, maîtrises et écoles de musique de
l'Italie, il a adressé à son retour, au ministre
de l'intérieur, un rapport qu'il a publié ensuite
sous ce titre : De l'état actuel de la musique
en Italie (Bruxelles, Rossel, 1875, in-8°), et
dans lequel il fait connaître dans tous ses détails
le mouvement musical de l'Italie contemporaine.
Une traduction anglaise de ce document a paru
à Londres. Enfin, M. Van Elewyck s'est fait
l'éditeur d'une publication aussi intéressante au
point de vue artistique que sous le rapport his-
torique, et qu'il a donnée sous ce titre : Col-
lection d'œuvres d'anciens et célèbres claveci-
nistes flamands, recueillies et publiées par le
chevalier X. Van Elewyck, Bruxelles, Schott, 2
vol. in-folio.
* VAi^ EYREN (Jean-Albert), pianiste,
violoniste, organiste et compositeur néerlan-
dais, est mort à Elberfeld, au mois de septem-
bre 1868 (1).
Lorsque, après avoir terminé ses études à
Leipzig, il revint dans sa patrie en 1847, Vau
Eyken se fit entendre en plusieurs circonstances
avec un succès éclatant, et l'année suivante il
fut choisi, entre trente-cinq concurrents, pour
remplir les fonctions d'organiste à l'église réfor-
mée d'Amsterdam, emploi qu'il résigna en
1853 pour accepter celui d'organiste à l'église
du Sud et de professeur à l'Ecole de musique de
Rotterdam. Il ne resta pas longtemps en celte
ville, et en 1854 il devint organiste de lagramle
église réformée d'Elberfeld. C'est là qu'en 18C0
il donna environ trente concerts d'orgue, qui
attirèrent la foule, et dans lesquels il exécuta
de nombreuses compositions de J.-S. Bach, de
Mozart, de Beethoven, de Ritter, de Hesse, de
Fischer, de Topfer, de Mendelssohn, de Kùhms-
tedt et de beaucoup d'autres artistes célèbres.
11 se fit entendre ensuite, avec le môme succès,
dans plusieurs villes de l'Allemagne, à Leipzig,
à Dreade, à Hambourg, à Hanovre, à Dussel-
dorf, etc., et, sur le désir exprimé par le roi de
Prusse, joua l'orgue à l'inauguration de la basi-
lique de Trêves. Nommé membre de mérite de
la Société musicale des Pays-Bas, Van Eyken
remporta plusieurs prix dans les concours
ouverts par cette compagnie.
(U Cette notice complémentaire aurait dû être clnsscc
dans le premier volume de ce Supplément. Le lecteur
voudra bien -•se reporter, pour l'artiste qui en est l'oli)ct
au t. 111 de la /tiurjraphie universelle des Musiciens
Eyken {Jean-Albert Vax).
VAN EYKEN — VAN HERZEELE
605
Les compositions de cet artiste sont nombreu-
ses et remarquables ; il faut citer surtout parmi
elles : 1° 150 chorals avec préludes, à l'usage
des églises réformées ; 2° 6 chansons d'enfants,
à trois voix ; 3" quatre romances, sur paroles
hollandaises; 4° trois lieder; 5° trois lieder
pour baryton ou contralto ; 6° cinq lieder pour
soprano, alto, ténor et basse , ?<> Minnezang,
paroles deBilderdijk, pour contralto ou basse;
8° six lieder, op. 12; 9" cinq mélodies, op.
33; 10° Der Thurmwart von Lima, ballade;
ir six chœurs à l'usage des sociétés de chant;
12° quatre romances, sur paroles allemandes de
Siebel ; 13" Lucifer, drame couronné par la
Société musicale des Pays-Bas, et dédié à la
grande-duchesse de Weimar ; 14° Nixen, bal-
lade; 15" Hymne, pour chœur et fanfares;
IG" Variations pour orgue sur un thème natio-
nal hollandais ; 17° Trois sonates pour orgue ;
18° Transcriptions pour orgue; 19° les plus jolies
fugues de Bach (extraites du Clavecin bien
iempér^, transcrites et doigtées pour l'orgue;
' 20" Toccato und Fuga, op. 38 ; 21° .sonate
pour piano et vioJon, op. 18 ; 22° Deux Mazur-
kas pour piano ; 23° Grande marche pour piano,
à quatre mains; etc., etc.
VAN EYSDEPf (Jacques). — Voyez Y ATS
EIJSDErV.
VArV EYSDONCK (Paul), facteur d'or-
gues néerlandais, naquit à Helmond dans les
premières années du dix-hiiitième siècle, et
mourut à Gemert, où il s'était fixé, en 1773.
On a perdu la trace de la plupart de ses ins-
truments, quoiqu'il en ait construit un grand
nombre, et l'on ne peut plus guère citer que
ceux qu'il a placés à Oerschot et à Elst.
\^\I\ EVSDONCIv (Léonard), fils du pré-
cédent, comme lui facteur d'orgues et sans
doute son élève, naquit à Gemert en 1735 et
mourut à Oss le 8 avril 1812. 11 était aussi fac-
teur de clavecins.
VAN GEEUTSOM(jE\N),typographe musi-
cal hollandais, était établi à Rotterdam au milieu
du dix-septième siècle, précisément à l'époque
où Pierre Phalèse publiait en l^'landre ses super-
bes éditions, devenues si justement célèbres.
« Van Geerlsom était musicien, dit M. Vander
Straelen dans son ouvrage ; la Musique aux
Pays-Bas. Son nom, placé en tète d'une collec-
tion de motets, éditée par lui, le prouve. »
VAN GHELUWE (Léon), compositeur
belge, est né le 15 septembre 1837 à Wanneg-
hem-Lede, près d'Audenarde. Dès l'Age de
quinze ans, il composa une messe, qui, mise
quelques années après sous les yeux de
M . Gevaert, le fit encourager par celui-ci, ce
qui décida ses parents à l'envoyer à Gand, où
il se rendit à l'âge de dix-neuf ans, en 1856.
Là, il entreprit de sérieuses études, qui le mi-
rent à môme de prendre part à Bruxelles, en
1863, au concours de Rome, où il obtint l'acces-
sit. Il concourut de nouveau en 18G5 (on sait
qu'en Belgique le concours de Rome n'a lieu
que tous les deux ans); mais, étant tombé ma-
lade en loge, il ne put achever sa cantate. Enfin
il obtint le second prix en 1867, et, quoique
cette récompense ne lui donnât pas le droit
d'aller à Rome, le gouvernement belge, voulant
l'encourager, lui donna les moyens de voyager
pendant deux ans à l'étranger.
M. Van Gheluwe visita en effet, en 18G8
et 1869, l'Allemagne et l'Italie, et à son retour
le gouvernement lui demanda un rapport sur
l'état de l'enseignement musical élémentaire
dans ces deux pays et en Belgique. C'est à ce
travail qu'il dut, en 1870, la place de délégué-
inspecteur des écoles de musique de Belgique,
qu'il occupe encore aujourd'hui. Depuis cette
époque, M. Van Gheluwe, après avoir été pen-
dant plusieurs années professeur au Conserva-
toire de Gand, est devenu, dans ces derniers
temps, directeur de l'école de musique de
Bruges.
Cet artiste a publié, sous un pseudonyme,
plusieurs œuvres de musique d'église, et sous
son nom véritable un certain nombre de mélo-
dies vocales. Il a écrit aussi un oratorio, Venise
sauvée, qui, je crois, n'a pas encore été exécu-
té jusqu'ici, et un opéra (\a.msindf Philippinne
van Vlaanderen, qui a été joué à Bruxelles le
18 mars 1876. La cantate qui lui avait valu un
second prix de Rome, le Vent, fut exécutée à
Gahd en 1867.
M. Van Gheluwe a épousé, en 1878, une jeune
pianiste distinguée qui s'est fait connaître aussi
comme compositeur, M"° Marie Simonis.
VAN IIAESDONCK (F ), musicien
belge, fit représenter à Termonde, le l""- février
1807, sur le tbéâtre de la Société des Amis des
arts, un opéra en un acte intitulé Nadir ou
r Orphelin d'Afrique.
VAN HERZEELE (François), compositeur
et virtuose sur la clarinette, est né à Gand en
1830. Elève du Conservatoire de cette ville, il
y étudia d'abord la clarinette, puis reçut des
leçons d'harmonie de Mengal et de Girschner.
Plus tard il eut, dit-on, des conseils de M. Ge-
vaert. Entré en 1850 au régiment des Guides
en qualité de première clarinette, il devint, en
1853' chef de musique au 12* de ligne, et con-
serva cetemploi jusqu'en 1S58. Après s'être vu
I couronner dans divers concours de composition,
606
VAN HERZEELE — VAN MALDEGHEM
particulièrement à Gand, pour une cantate inti-
tulée rfe .Sc^oo?ie A'wnsfen in België (1858^, il
fit représenter dans la inôme ville deux opéras :
Het Zoi7i€rltef{l8b9), et Ilotse Botse (1860).
En 1861, il alla s'établir à Sottegera, et y fonda
une école de musique. M. Van Herzeele a écrit
environ deux-cents compositions de différents
genres, dont quelques-unes ont été publiées.
VAiN HIIIÏUM (Nicolas), est le premier
membre connu d'une famille de facteurs d'or-
gues flamands. Il naquit sans doute vers le
milieu du dix-huitième siècle, alla faire son
apprentissage en Allemagne, principalement à
Cologne, et revint ensuite dans sa patrie. — Son
fils, Bernard Van Hirtum , né le 21 mars
1792 à Hilvarcnbeek, dans le Brabant septen-
trional, fut élève de son père et construisit un
grand nombre d'instruments. — Enfin, M. Jean
Van Hirtum, fils de ce dernier, né en 1819, a
embrassé la même carrière.
VAIV UOtY' (Gl'stave-Jean-Const.vnt-
Marie), compositeur belge, né à Malines le 26
octobre 1835, étudia d'abord la peinture, puis
s'adonna à la musique, et fit de bonnes études
au Conservatoire <le Bruxelles, où il remporta les
prix d'barmonie et de composition. 11 prit part
aux concoursde Rome de 1859,1861, 1863 et 1865,
obtint une mention honorable en 1861, et le
second deuxième prix en 1865, avec la cantate
intitulée de Wind. Nommé en 1868 directeur
de l'Académie (école) musicale de Malines, il
est devenu aussi maître de chapelle de Téglise
Saint-Pierre, de cette ville. M. Van Hoey, qui
avait été admis au cours de paléographie donné
par Fétis, y fit preuve d'aptitudes remarquables,
ainsi qu'en témoignent ces lignes d'un rapport
de Félis lui-même : — " Trois mois de leçons
et d'études lui ont sutli pour acquérir les connais-
sances des combinaisons difficiles de tous les
signes de notation des XV<= et XVP siècles, et
pour être capable de faire des traductions cor-
rectes. »
M. Van Hoey a fait représenter les ouvrages
suivants : T Een Schilders mesdag (la Fête
d'un peintre), Bruxelles, th. du Cirque, 1865;
2» la Saint- Luc, id., id., 18G5; 3" het Eerek-
ruis (la Croix d'honneur), Louvain, 1868; 4° le
Féofter, Malines, vers 1872. On connaît aussi
de lui deux grandes cantates, qui ont été exécu-
tées en 1862 et 1875, plusieurs ouvertures, des
messes avec orgue ou orchestre (dont une écrite
pour le congrès catholique tenu à Malines en
1866), des motets, des offertoires, et enfin des
mélodies vocales sur paroles françaises ou fla-
mandes, des chœurs pour voix d'homnaes et di-
verses compositions pour le piano.
*VAI\ nCLST (Félix-Alexandre), profes-
seur à l'Université de Liège, est mort en cette
ville le 12 avril 1872.
VAIV LAMPKÏIEN (Michel), professeur,
bibliographe et compositeur belge, né à Bruxel-
les le 26 décembre 1826, a fait ses études au
Conservatoire de cette ville, où il obtint à
l'unanimité, en 1845, le premier prix de lecture
musicale. Dans le cours de la même année il
devenait répétiteur dans cet établissement, et
plus tard était nommé professeur adjoint, puis
professeur titulaire de la classe d'enseignement
supérieur du solfège. En 1859, M. Van Lampe-
ren, sur la proposition de Félis, se voyait dési-
gné pour remplir les fonctions de bibliothécaire
au Conservatoire; la bibliothèque n'existait
guère alors qu'à l'état embryonnaire, et tout y
était pour ainsi dire à créer. M. Van Lamperen
se mit résolument à l'œuvre, enrichit rapide-
ment et d'une façon considérable le dépôt confié
à ses soins, et, tout en s'occupant avec ardeur
de l'augmenter sans cesse, songea à en dresser le
catalogue, à la confection duquel il apporta une
conscience et une patience infatigables. Ce docu-
ment|iraportant,qui comprend prèsde5,000 numé-
ros, et qui forme un volume de 340 pages grand
in-8'', fut publié en 1870 sous ce titre ; Catalogue
de la bibliothèque du Conservatoire royal de
musique de Bruxelles, dressé par ordre de
matières , alphabétique et ; chronologique
(Bruxelles, Pool et C''=). Le second volume de ce
catalogue est en préparation, et contiendra envi-
ron 4,000 numéros.
M. Van Lamperen a publié chez l'éditeur
M, Schott, à Bruxelles, les compositions suivan-
tes : Ave Maria à 2 voix, avec orgue; Ave
Maria pour soprano solo, avec orgue et harpe;
0 cor amoiis, pour ténor solo et chœur, avec
orgue ; Ave maris Stella à 3 voix, avec orgue ;
Tota pulchra es pour voix seule et chœur,
avec orgue ; 2 Nocturnes pour piano.
M. Van Lamperen est officier de l'ordre de
Guadalupe, et chevalier de l'ordre de la Cou-
ronne de chêne.
VANLOO (M"» CARLE). — Voyez. SO -
ans.
* VAIV MALDEGHEM (Robert-Ji-liek).
— Cet artiste, qui a pris une grande part à l'ex-
pansion du chant choral en Belgique, a été le di-
recteur et le fondateur de deux sociétés de chant et
a écrit de nombreux chœurs flamands ou français,
qui pour la plupart ont été insérés dans une
collection publiée par lui, Rfiyn-en-Scheldegal-
men, et dans un journal mensuel de musique
intitulé Cecilia, qu'il publiait avec son frère Éva-
riste. On lui doit aussi une inesse des mort s
VAN MALDEGHEM — VAN STEEL ANT
C07
pour quatre voix d'hommes et orgue, plusieur s
autres messes, un Stabat Mater avec orclieslre,
le Psaume 67, une Méthode d'orgue, une scène
lyrique avec orcliestre intitulée Bretjdel et de
Coninck, enfin des canons, des mélodies, des
cantiques, des motets et un nombre très-consi-
dérable d'autres compositions religieuses.
VAIV MALDEGHJiM (Évariste), frère du
précédent, est né comme lui à Denterghem et a
été son élève. 11 a publié sous ce titre : Orphée,
une méthode de chant à l'usage des maisons d'é-
ducation, en français et en flamand. On connaît
aussi de lui des chœurs, des chansons burles-
(jues et des motets. Il a publié pendant plusieurs
années, avec son frère I\obert-Julien, un journal
mensuel de nmsiqiie intitulé Cecilia, qui était
illustré ()ar un autre de leurs frères, M. Eugène
Van Maldeghem, peintre d'histoire non. sans
mérite.
La famille Van Maldeghena comprenait un
quatrième frère, Jean- Baptiste Van Malde-
ghem, professeur et musicien distingué, dit-on,
qui était né à Denterghem en 1803 et qui mourut
à Bruxelles le 24 décembre 1841.
* VArV MALDER (Pierre), compositeur et
violoniste belge. — Lorsque cet artiste fit jouer
à la Comédie-Italienne la Bagarre, petit opéra-
comique qui avait été retouché par Philidor et
qu'im poème détestable empêcha d'être joué
plus d'une fois, il avait déjà donné à Bruxelles
deux ouvrages de ce genre, le Déguisement pas-
toral (un acte), représenté le 12 septembre
1759, et les Précautions inutiles, jouées en
1760. Le 4 novembre 1766, de retour en Belgi-
que, il abordait une dernière fois la scène avec
le Soldat par amour, opéra-comique en un
acte, qu'il donna à Bruxelles (1). Comme vio-
loniste, cet artiste avait, dit-on, reçu des le-
çons de Tartini.
Van Malder avait nn frère, musicien comme
lui, auquel Choron et Fayolle ont consacré la
petite notice suivante dans leur Dictionnaire his-
torique des musiciens : — « Van Malder, frère
du précédent, et après la mort de ce dernier
directeur de l'orchestre de Bruxelles, étudia, en
1754, la musique chez Marlinelli, à Venise. Il
était grand virtuose sur le violoncelle. En
1754 (2), il fut appelé à la chapelle du duc de
Wurtemberg, à Stuttgard. »
(1) Dans ses î\lusicient belges, M. Edouard Gregolr cite
encore deux petits opéras de Van Malder : Lorenzo Bo-
logna, et la, l'olitesse, qui auraient été représentes à
Bruxelles en ITB».
(2) Une (aute typographique fait Ici reproduire la même
date pour deux faits différents. C'est TraUemblablemcut
1764 qu'il faut lire la seconde. fols. ■
L'Histoire du théâtre français en Belgique
de M. Frédéric Faber, dont quatre volumes ont
paru et dont le dernier est sous presse, nous
apprend qu'un François Van Malder, sans doute
fils de l'un de ces deux artistes, était, de 1800
à 1811, l'un'des trois « entrepreneurs -sociétaires
du grand théâtre de Bruxelles ».
VA]\ I\EEUou VArV INEEREN, né à
Nyel, près de Juliers, au commencement du
seizième siècle, fut un fadeur de clavecins dis-
tingué. Établi à Anvers, et reçu dans la bour-
geoisie de celle ville en 1542, il y exerçait encore
sa profession en 1558, époque à laquelle il en-
trait, avec neuf de ses confrères, dans la gilde
de Saint-Luc.
VAIN OOUDT(A -W ), écrivain mu-
sical néerlandais, s'est fait connaître par deux
ouvrages^ importants, qui, dit on, sont dignes
d'estime et d'attention. L'un a pour titre : Essai
d'une histoire de la musique {Proeve eener ges-
chiedenis der tnuzijk) , Dcesberg, A. Schal-
tenkerk, 1860 ; l'autre est intitulé : Essai d'une
histoire du chant protestant {Proeve eener gcs-
chiedenis vanhet protcstantsche Kcrkgezang),
Deventer, J. de Lange.
VAiX PEBOIIG (Je\n ou Hans), facteur
de clavecins, vivait à Anvers au milieu du sei-
zième siècle, et se faisait recevoir danslagilde
de Saint-Luc en 1558.
VAIV REYSSCUOOT (D....-L -II ...),
organiste et compositeur belge, arrière-petit-iils
du peintre de ce nom, est né à Gand en 1832.
Il commença par être enfant de chœur, puis fut
admis au Conservatoire de Gand, où il étudia la
composition avec MM.Gevaertet Girschner. Il
devint plus tard organiste aux églises des Jésui-
tes et du collège Sainte-Barbe. Parmi les nom-
breuses compositions de cet artiste, publiées ou
inédites, on cite : Trio pour piano,violon et violon-
celle; 12 Morceauxoriginaux pour pianoou orgue;
Sonate |)Our piano et violon; 15 Chœurs à 3 et
4 voix ; Cantate flamande à 4 voix ; 30 Motets ;
Cantique de Aoèl ; 10 Morceaux en plain-
chant mesuré et harmonisé, avec orgue; enfin,
divers morceaux religieux à une ou plusieurs
voix, et des mélodies, romances, etc. M. Van
Reysschoot a fait représenter à Gand, le 27 dé-
cembre 1864, un opéra-comique intitulé : A;
roi ni reine.
V/IÎV STEELANT (Philippe), musicien
flamand du dix-septième siècle. Dans un recueil
collectif : Cantiones natalilix, seuLaudes B.
Marix, quatuor, quinque et sex vocum (Gand,
1651, in-4°), on trouve diverses compositions
de cet artiste. On connaît aussi de lui un Dies
ira' h quatre voix sans accompagnement, et une
608
VAN STEELANT — VASGONCELLOS
messe de Requiem à six voix et cinq instru-
ments.
VAiy UFFEL (François), facteur de clave-
cins à Anvers, fut reçu à ce titre, en 1606,
dans la corporation de Sainl-Luc.
V'AIX \ÔLXE3I (J....-B ), violoncel-
liste, compositeur et professeur belge, l'un des
propagateurs les plus ardents du chant choral à
Bruxelles, est né à Uccle-lez-Bruxelles le 30 no-
vembre 1817. Admis en 1833 au Conservatoire
de Bruxelles, il y suivit les cours de solfège, de
violoucelle (classe de Plate!) et de composition,
et obtint un premier prix de solfège en 1835, un
second prix de violoncelle et un second prix
de composition en 183G. Plus tard, il devint ré-
pétiteur, puis chef des chœurs au théâtre de la
Monnaie, directeur des cours populaires de chant
d'ensemble à Bruxelles, et enlin professeur de
solfège au Conservatoire; chef de musique de la
^i" légion de la garde civique, directeur de la
Société royale des Artisans-réunis, entin pr o-
fesseur de musique àl'Athénée. M. Van Volxem,
qui n'a cessé de s'occuper activement du progrès
et de la diffusion du chant choral en Belgique,
a été nommé en 1869 chevalier de l'ordre de Lèo-
pold.Cetartiste a publié un recueil de 11 Chœurs
à 3 voix pour enfants (Bruxelles, Katto),
55 Exercices de solfège à 2 t'oja? (id.,id.), un
Solfège progressif à 1 ou ,2 voix (id., id.), et
un grand nombie de chœurs à 4 voix sans
accompagnement.
VAIVIMiM (C ), théoricien italien qui
vivait dans la première moitié de ce siècle, ne
m'est connu que par un manuel de plain-chant
qu'il a publié sous ce litre : Regole di canlo fer-
mo, conformi al sisiema moderne francese,
Florence, 1826.
VAAALCCI (Le P. Domenico-Francesco),
compositeur et professeur, naquit à Lucques en
1718, et reçut une excellente éducation musi-
cale. Nouimè en 1743 maître de la chapelle de
l'archevêché, où il enseignait le plain-cliant et le
violoncelle, il eut l'honneur d'être le premier
maître de Boccherini. Compositeur d'un vrai
mérite, il écrivit beaucoup, et la plupart de ses
œuvres sont aujourd'hui conservées dans les
archives de la Congrégation des Anges gardiens
et dans celles de l'archevêché. On a de lui six ora-
torios, dont Abel, composé en 1757, et la Pas-
sion de N.S. Jésus-Christ, en 1762 ;une messe
à 4 voix, une autre à 8 voix, des motets pour
la semaine sainte, et neuf services religieux à
grand orchestre écrits, de 1740 à 1771, pour la
fête de sainte Cécile. L'abbé Vannucci, qui
mourut à Lucques en 1776, a toujours joui dans
sa ville natale de la réputation d'un artiste fort
distingué, et il forma, à l'école de musique de
l'archevêché, un grand nombre d'excellents
élèves.
VARELA SILVARI ( ), écrivain
espagnol contemporain, a publié à la Corogne,
en 1875, un livre intitulé: Galeria biografica
de musicos gallegos, qui contient trente et une
notices sur les musiciens nés dans la province de
Galice. Je n'ai pas eu cet ouvrage sous les yeux,
et n'en puis autrement parler.
VARISCniiN'O (GiovANM), compositeur
dramatique italien, vivait à Venise dans la se-
conde moitié duîdix-seplième siècle. Cet artiste
ne m'est connu que par les deux opéras qu'il
a fait rei)résenter sur le théâtre Sant'Angelo,
de cette ville, l'un, VOdoacre, en 1680, l'au-
tre, l'Amante forlunuto per forza, en 1684.
* VAKi\EY (Pierre- Joseph-Alphonse). —
Cet artiste était devenu, en 18G5, chef d'orches-
tie du Grand-Théâtre de Bordeaux, et l'année
suivante directeur et président de la Société de
Sainte-Cécile de cette ville, de laquelle dépend
une école de musique très-importante. Il renon-
ça à ces fonctions en 1878. Pendant son séjour
à Bordeaux, il lit représenter au Théâtre-Fran-
çais (11 février 1868) une Leçon d'amour, opé-
ra-comique en un acte dont le livret lui avait été
fourni par son fils, Edouard Varney, mort
depuis. — Varney est mort à Paris, le 7 février
1879. Il était l'auteur du fameux Chant des
Girondins : « Mourir pour la patrie, » qui
jouit d'une si grande popularité et qui fut comme
le symbole musical de la révolution do 1848 ;
ce chant avait été écrit pour un drame d'Alexan-
dre Dumas, le- Chevalier de Maison- Rouge,
représenté en 1847 au Théâtre-Historique, et il
est juste de remarquer qu'en cette circonstance,
le poëte et le musicien s'étaient souvenus un
peu trop fidèlement de l'un des Cinquante
Chants français de Rouget de Liste.
Varney est l'auteur du Rapport sur le con-
cours de composition musicale ouvert pour
l'année 1871-1872 par la Société de Sainte-Cécile
(Bordeaux, brochure in-8°).
VAIlVARO(P ),pianisteet compositeur,
a écrit la musique d'un opéra sérieux, Carlo di
Borgogna, qui a été représenté en 1862 à Val-
ladoilid. Cet artiste a publié chez l'éditeur
Ricordi, de Milan, deux albums de mélodies
vocales, et im chœur religieux -. Preghiera del
maitino, avec accompagnement de piano. On lui
doit aussi quelques morceaux pour cet instru-
ment, écrits pour la plupart sur des thèmes d'o-
péras.
VASGONCELLOS (Joa^l'Im DE), écri-
vain musical portugais fort distingué, s'est cf-
VASCONCELLOS — VASSEUR
609
forré, depuis un certain nombre d'années, d'at-
tirer l'attention du public sur les faits qui ont
marqui^dans l'histoire de l'art musical dans sa
patrie, et sur les artistes, nationaux ou étran-
gers, qui se sont distingués en Portugal. Assez
heureux pour jouir d'une position iudépendaule,
qui lui permettait de se livrer sans contrainte
aux études qui lui étaient chères, M. de Vas-
concellos n'a pas hésité à entreprendre de longs
voyages pour se mettre à la recherche des do-
cuments nécessaires à ses travaux, et, entre
autres, il a séjourné assez longtemps à Paris et
à Berlin pour y visiter les bibliothèques si im-
portantes de ces deux \illes et y puiser les ma-
tériaux dont il avait besoin.
Le [)remier ouvrage publié par M. de Vascon-
cellos est un Dictionnaire des musiciens portu-
gais, qu'il a donné sous ce titre : Os Musicos
porliiguezes{bwgraphia-hibliographia), Porto,
1870, 2 vol. in-S". Ce livre, fait avec le plus grand
soin, est venu combler une lacune dans la litté-
rature musicale européenne, et fait beaucoup
d'honneur à son auteur, au <louble point de vue
(le la conscience historique et des connaissances
musicales dont il y a fait preuve ; grâce à lui,
beaucoup d'erreurs ont été corrigées sur les
musiciens portugais dont on avait précédem-
ment retracé la vie et la carrière, et un grand
nombre d'artistes ont été révélés dont les noms
étaient jus(|u'à ce jour restés inconnus. Par la
|Hibiicaliou de cet ouvrage, M. de Yascon-
cellos a rendu un véritable service à l'art et à
.sou pays. Quelques années plus tard, cet écri-
vain a entrepris sous ce titre : Archeologia ar-
lislica, une publication intéressante dans la-
i[uelle la musique a trouvé sa place ; le premier
fascicule du premier volume de cette publication
était consacré entièrement à une cantatrice
célèl)re, M'"" Todi, que le Portugal revendique
comme une de ses gloires et dont le talent a fait
l'admiration de l'Europe entière. Luiza Todi,
esludo critico, tel est le titre que M. de Vas-
concellos a donné à ce travail plein d'intérêt
(Porto, 1873, petit in-4"' de 157 pp.), qui abonde
en détails neufs et inconnus sur la grande artiste
et sur sa rivalité avec la fameuse M'"" ftlara. Le
troisième fascicule de la même publication
est de nature à attirer aussi l'attention des mu-
eiciens et surtout de ceux qui, parmi eux , se
piquent de connaissances en bibliographie ; c'est
un Eiisaio critico sobre o catalogo d'el reij
D. Jodo /r (Porto.. 1873, petit in-4o de 102-vii
pp.), ce fameux roi Jean IV dont la riche bi-
bliothèque musicale était une des merveilles de
son ^temps. M. de Vasconcellos ne s'est pas
borné à rédiger cet Es'^ai critique sur le cata-
BtOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPI'L. —
logue célèbre de l'admirable bibliothèque musi-
caledu roi Jean IV, dont, par malheur, la pre-
mière partie seule avait été publiée sur l'ordre
^l par les soins de ce prince, il a préparé une
nouvelle édition de celte première partie, qu'il
a annoncée sous ce titre : Catalogo da livraria
de musica d,^el rcij D. Jodo I V,pritneira parte,
iinica piiblicada, nova cdiçâo critica scgxmdo
a de U'.'iî), prccedida d'uina exposicûo histo-
rica da arte aie vieado do seculo XVI f, e en-
riquecidacom um belloretrato de D. Jodo IV,
com um volume supplementar de notas e ad-
ditamentos ineditos.
M. de Vasconcellos saisit d'ailleurs toutes les
occasions de rappeler l'histoire des hauts faits
de l'art musical dans sa patrie, et de faire con-
naître les artistes qui ont été l'honneur et la
gloire du Portugal. Il a publié, sous ce rapport,
nombre d'articles intéressants dans divers jour-
naux, et, à ma sollicitation, il n'a pas hésité à
fournir au Supplément de la Biographie uni-
verselle des Musiciens toute une série d'arti-
cles qui se font remarquer par leur exactitude
historique et les excellents renseignements qui
y sont contenus.
A AS<JiLEZ Y G03IEZ (Marivno), chef
d'orchestre et compositeur espagnol, né à Gre-
nade le 3 février 1831, fut en cette ville l'élève
de Baltasar Mira, organiste de la chapelle royale,
el, aprèsavoirterminé ses études, alla s'établir à
Madrid, où il fut pendant deux ans chef d'or-
chestre du théâtre de la Zarzuela. Plus tard, il
remplit les fonctions de maestro concertatore
au théâtre royal.
M. Vasque/, a écrit et fait représenter plu-
sieurs ::a?';i«e^as , parmi lesquelles je citerai les
suivantes : los Mosqueieros de la Reina, 3
actes ; el Cervecero de Preston, ,3 actes; cl
Ilijo de Don Juan, un acte ; la Franqueza.
unacte; Malaro morir, un acte; Por un inglës,
un acte. On lui doit aussi quelques compositions
religieuses, entre autres plusieurs messes à
grand orchestre, et une messe de Requiem qui
a été exécutée à Grenade pour une cérémou'e
oflicielle.
\ ASSJELIl (Félix.-Augustin-Josi:ph-Léo!s),
organiste et compositeur,| est né à Bapaume
(Pas-de-Calais) le 28 mai 1844. Fils de l'orga-
niste de l'église de cette ville, il reçut de son
père ses premières leçons de musique, puis
fut envoyé à Paris, où, sur la recommandalion
de révoque d'Arras, il obtint une bourse pour
entrer à l'École de musique religieuse, fondée
et dirigée par INiedermeyer. Élève à la fois,
dans cet établissement, de Dietsch et de Nie-
dermeyer, il en sortit au bout de six ans d'é-
T. 11. 39
610
VASSEUU — VAllCORBEIL
tudes avec un premier prix de piano et un pre-
mier prix d'orgue. Il avait di\-huit ans.
Peu de tem|)s après, une [)lace d'organiste
se trouvant vacante à l'église de Saint-Sympho-^
ricD, à Versailles, le jeune artiste concourut
et l'emporta sur ses rivaux. Au mois de mai
1870, il fut appelé à remplir les mêmes fonc-
tions à la calliédrale , fonctions qu'il occupe
encore aujourd'hui.
Mais le démon du théâtre tentait le jeune
organiste. Sous ce rapport, il débuta d'une fa-
<;on obscure cl fâcheuse, en faisant représen-
ter dans un café-concert, à l'Alcazar, une opé-
rette intitulée : Vil fi, deux fi, trois figurants y
que l'ineplie du livret fit tomber avec fracas.
M.Vasseurne se découragea pas. Le hasard ayant
fait que le Ihéàtre des Bouffes-Parisiens, alors
dans une situation lamentable, eût besoin d'une
pièce écrite dans des conditions d'une extrême
rapidité, M. Yasseur s'offrit à faire cette pièce,
qui fut écrite par les auteurs, composée par lui,
montée et représentée en moins d'un mois, et
dont le succès, qui sauva le théâtre de la ruine,
se traduisit par une série de plus de 200 repré-
sentations. Je veux parler de la Timbale d'ar-
gent, qui mit aussitôt en lumière le nom du
compositeur. La partition de cet ouvrage est,
à mon sens, la meilleure de toutes celles qu'a
écrites jusqu'à ce jour son auteur ; elle se
faisait remarquer par des idées assez heureuses,
une bonne manière d'écrire les parties vocales,
et un juste sentiment de la scène.
Depuis lors M. Vasseur n'a pu [retrouver
un semblable succès. Cela tient peut-être à ce
qu'il |)roduit trop hâtivement, et n'apporte pas
assez de soin dans ses compositions. Toujouis
est-il qu'on ne retrouve pas dans la plupart de
ses derniers ouvrages la jeunesse et la fraîcheur
de cette première production, et qu'ils se font re-
marquer plutôt par une facilité un peu banale qui
louibe parfois dans la vulgarité. La soif du suc-
cès semble avoir ^dévoyé ce jeune artiste, qui
pourtant ne parait manquer ni de talent ni de fa-
cultés, et qui > été poussé par une chance
singulièrement diflicile et rare à rencontrer.
Voici la liste de ses productions dramatiques :
1° Un fi, deux fi,' trois figurants, un acte,
Alcazar; 2" la Timbale d'argent, 3 actes,
Bouffes-Parisiens, y avril 1872; 3° la Petite
Heine, 3 actes, Boutfes-Parisicns, 9 janvier
1873 ; 4" le Grelot, un acte, Bouffes-Parisiens,
20 mai 1873 ; 5" le J\oi d'Yvetot, 3 actes,
Bruxelles, {25 octobre 1873 (et plus tard à
Paris, Jau théâtre Taitbout, le 3 avril 187G) ;
6" les Parisiennes, 5 actes, Bouffes-Parisiens,
31 -mars 1874; 7" la Famille Trouillat,
3 actes, Renaissance, 10 septembre 1874 ; 8" la
Blanchisseuse de Berg-op-Zoom, 3 actes,
Polies-Dramatiques, 27 janvier 1875 ; 9 " la
Cruche cassée, 3 actes , théâtre Taitbout,
27 octobre 1875 ; 10' la Sorrentine, 3 actes,
Bouffes-Parisiens, 24 mars 1877; ii" l'Oppo-
ponax, un acte, Bouffes-Parisiens, 2 mai 1877 ;
12" le Droit du Seigneur, 3 actes, Fantaisies-
Parisiennes (th. Beaumarchais), 13 décembre
1878; 13" le Billet de logement, 3 actes, l^an-
taisies-Parisiennes, 15 novembre 1879.
M. Vasseur a publié aussi : 1° Méthode
d'orgue-harmonium ; 2" l'Office divin pour
orgue, contenant la 1™ et la 3'" messes com-
plètes de Dumont, offertoires, antiennes pour
le Magnificat, entrées, sorties, élévations, etc.,
etc. ; 3" un grand nombre de transcriptions
d'opéras célèbres pour l'orgue, et quelques
fantaisies pour le piano. Le 25 novembre
1877, M. Vasseur a |fait exécuter à la cathé-
drale de Versailles un Hymne à Sainte-Cé-
cile pour soprano solo^ orchestre et orgue,
qui est une compo.sition distinguée.
Dans le courant de l'année 1879, M. Vasseur
a eu la singulière idée de se faire directeur de
théâtre; il rouvrit la petite salle Taitbout pour
en faire, sous ce mauvais titre, le Nouveau-Ly-
rique, une nouvelle scèue musicale. Son entre-
prise n'obtint aucun succès, et au bout de quel-
ques semaines il n'en était plus question.
Lu frère aîné de cet artiste est organiste
d'une des églises de Versailles.
\ AL'COUlîIilL ( Auguste-Emmanuel),
couii)ositeur français, né à Rouen en décembre
1821, est le fds d'un excellent comédien qui
pendant quarante ans se lit applaudir à Paris
sous le nom de Ferville, qu'il avait adopte
au théâtre. M. Vaucorbeil, qui apprit de
jVpuc Yigano les principes du chant, fil son
éducation musicale au Conservatoire de Pa-
ris, où il fut l'élève de Kuhn pour le sol-
fège, de M. Marmontel pour le piano, et de
Dourlen pour l'harmonie. 11 étudia la fugue
et la composition sous la direction personnelle
de Cherubini, dont il fut un des derniers élè-
ves. Pourvu d'une excellente et solide instruc-
tion, qu'il compléta ensuite par la lecture
assidue des œuvres des grands maîtres, M. Vau-
corbeil commença à se faire connaître, comme
conqjositeur, |)ar la publication de plusieurs
mélodies vocales écrites avec style et emprein-
tes d'une émotion pénétrante. Bientôt il pro-
duisait plusieurs teuvres d'un genre plus élevéj
entre autres des sonates pour piano et violon,
et deux quatuors pour instruments à cordes,
qu'il fit entendre dans un concert donné par
VAUCOllBEIL — VAUTIÏROT,
Gll
lui à la salle Erard, et dont J. d'Orligue par-
lait en ces termes dans le feuilleton du Jour^
nul des Débals. — « Nous avons déjà parié
de ces deux quatuors de M. Vaucorbeil, qui
lui assurent une place si distinguée parmi les
conn)ositeurs >lc musique instrumentale. Le
scherzo et l'adagio du premier, en ré, ont
excité les plus vifs applaudissements de l'au-
ditoire, qui s'est montré émerveillé du thème
varié en mi bémol et de l'admirable (inale du
second, en ut mineur. Il est impossible, en
effet, de joindre plus d'élévation dans les idées
à plus de science, de finesse, d'imagination,
d'esprit et de développements ingénieux. «
Le 13 avril 1863, M. Vaucorbeil abordait
la scène en donnant à l'Opéra-Coinique un
agréable ouvrage en 3 actes, Bataille d'a-
mour, dont le livret, tiré d'une ancienne co-
niédie de Dumaniant ; Guerre ouverte ou
Ruse contre Jluse, lui avait été fourni par
M. Victorien Sardou. Cet ouvrage était joué
par MM. Montaubry, Crosti et Sainte-Foy,
M'"^' Baretti, Bélla et Révilly. Quelques années
I)lus tard, le compositeur publiait sous ce titre.:
InliiniléSflanc. double suite de pièces de piano
d'un style très-pur et du sentiment le i)lus dé-
licat, et il faisait entendre à la Société des
conceits du Conservatoire une grande scène
lyrique avec chœur : la Mort de Diane,
• • <|ui, chantée par une grande artiste, M"* Ga-
brielle Krauss, obtenait aiq)rès du public dif-
ficile de ces admirables séances un succès très-
vif et très-mérité. C'est dans le môme temps
qu'il réunissait en un recueil plein d'intérêt
(Paris, lleugel, iu-8") la série des mélolies vo-
cales qui avaient paru séparément à diverses
époques.
Au mois de mars 1872, M. Vaucorbeil avait
été nommé commissaire du gouvernement
près les théâtres subventionnés. Peu après,
la Société des compositeurs de musique l'élut
pour son président, el c'est grâce à son action
intelligente, à son dévouement infatigable, à
son zèle de chaque jour que cette conqKignie,
dont l'existence était jusqu'alors en partie
ignorée, doit la grande importance qu'elle a
conquise et le rôle utile (ju'elle joue aujour-
d'hui, au grand profit île l'art et des artistes.
L'esprit sagace, pratique et libéral de M. Vau-
corbeil a su développer avec une rare intelli-
gence le côté utile d'une association si inté-
ressante, et sur son initiative la Société a pu
mettre vigoureusement à profit les éléments
si puissants qu'elle possédait dans son sein.
Les fonctions administratives dont M. Vau-
corbeil était chargé, celles de président de la
Société des compositeurs, qu'il se vit obligé
«le résigner au boul de quelques années, ont
interrompu pendant un temjts sa carrière
active de compositeur. Cependant il a en por-
tefeuille un grand opéra complètement terminé,
Mahomet, écrit sur un poème de M. Henri
de Lacretelle, et dont des fragments ont été
entendus aux concerts du Conservatoire. Aux
œuvres de cet artiste distingué qui ont été
mentionnées ci-dessus, il faut ajouter quehiues
conqiositions religieuses publiées naguère dans
le journal lu Maîtrise : le Cantique des
trois Enfants, sur des paroles de Pierre Cor-
neille ; un Cantique à 3 voix sur une para-
phrase du Magnificat ; Kyrie à 3 voix -, Ave
verum, antienne à 2 voix égales. Enfin on
lui doit encore une sonate pour alto, et une
« méditation » pour jjiano, le Néophyte, ins-
pirée par un tableau de M. Gustave Doré.
M. Vaucorbeil est chevalier de la Légion
d'honneur. lia épousé, il y a quelques années,
une aimable cantatrice belge, m"'^ Annah
Siernbcrg, qui a obtenu des succès au théâtre
de la Monnaie, de Bruxelles, et qui a fait une
courte apparition à l'Opéra de Paris (1).
1 AUDIIV (Jean-Fkaixçois), écrivain fran-
çais qui s'est mêlé avec une grande ardeur au
mouvement orphéonique, a été successive-
ment le rédacteur en chef de deux feuilles spé-
ciales, VOrphéon et la France chorale, et
a fondé ensuite un autre journal, l'Orphéon
illuslré, dont l'existence s'est bornée à quel-
ques mois. Auteur des Plaisantins de la mu-
sique (Paris, Perrotin, 1861, in-8), écrit dirigé
contre les partisans de la musique eu chiffres,
Vaudin a publié sous ce litre : Gazettes et
Gazellers (Paris, Dentu, 1860-1863, 2 vol.
in-12), une histoire critique et anecdotique de
la presse parisienne, dans laquelle on trouve
quelques notes sur diftërents journalistes et
écrivains français sur la musique. Vaudin est
mort le 16 mars 1869.
VAUTllUOT (François-Eugèke), profes-
seur de chant au Conservatoire et chef du chant
à l'Opéra, né à Paris le 2 septembre 1825, est
mort en cette ville le 18 avril 1871. 11 lit de
Irès-bonnes éludes, d'abord à la maîtrise de
l'église de la Madeleine, sous la direction de
Trévaux, puis au Conservatoire, où il fut
couronné pour la fugue et pour l'orgue. Peu de
temps après avoir terminé ses études musica-
les, il entra comme accompagnateur et chef
du chant à l'Opéra-Comique, puis, en février
(1) UcpuU le 5 juillet 1B79, M. V«ucorbell a succédé
a M. Ilalaii^ler comme direclear do tbcàtre de l'Opéra.
61-2
VAUTHHOT — VENTURELLl
1850, succéda à IM. llenii Polier, à l'Opéra,
en qualité dcclicf du chant. En 1865, à la
mort de Fontana, il devenait professeur de
cliant au Conservatoire, et presque en môme
temps était appelé à remplir les fonctions de
chef do chant à la Société des concerts. Mu-
sicien fort instruit et très-expérimenté, accom-
pagnateur de premier ordre, artiste distingué
et tous égards, Yauthrot n'a, croyons-nous,
rien laissé comme compositeur. On lui doit la
réduction au piano, très-hahiiemenl faite, des
partitions de divers ouvrages représentés à
rOpéra-Comique et à l'Opéra. Les réductions
de l'Africaine et d'IIamlet lui font notam-
ment grand honneur.
VAUTRIIV ( ), était un habile facteur
d'orgues français. On n'a cependant d'autre ren-
.seignement sur lui que cette courte notice, dont
il estl'ohjel dans le Manuel du facteur d'orgues
(l'aris, Roret, 1849) : — « Vautrin, élève de
Dupont, facteur d'orgues à Nancy, vivait vers
le milieu du dix-huitième siècle. 11 a continué
l'orgue de la cathédrale de cette ville, dont les
travaux avaient été interrompus par la mort de
Dupont. En 1818, il lit d'importantes augmenta-
lions à ce même instrument, et il venait de les ter-
miner lorsqu'il mourut, âgé de 94 ans, en disant
qiCil commençait à comprendre Vorgue. »
. *,VAVASSEUri (Nicolas LE). — Dans un
écrit intéressant, la Musique à Caen de lOGG
ù 1848, M. Jules Cariez donne les lieu et
date de naissance de cet artiste, qui serait né
à Bernay en 1G58. Huct, le célèbre évêqut?
d'Avranches, dans son livre : les Origines de
Caen, dit de Le Yavasseur que, « s'il céda à
d'autres le prix dos grâces et de l'élégance de
la composition, il n'y en eut aucun à qui il ne
|)ût disputer le prix de la profondeur du sa-
voir. » Ce jugement est inléressaiil en ce que
liuet, contemporain de Le Yavasseur et bon
musicien lui-même, avait pujuger personnelle-
ment de la valeur des œuvres de l'arliste.
VECCSllOTTl (LuiGi), compositcuritalien,
né à Castel-Clementino, petit pays voisin de
Ferme, le 4 mai 1804, api»ril dès ses plus jeunes
années les éléments de la musique, se rendit
ensuite, à l'âge de onze ans, à Feiino, oii il
étudia le piano et l'accompagnement avec un
artiste nommé Curci, quitta celui-ci pour aller
travailler Tharmonie à Bologne sous la direc-
tion <Iu P. Matlt'i, et enfin, à la mort de ce der-
nier, partit pour Milan, cl se lit recevoir au
Conservatoire de celte ville, où il eut pour
rriaîlre de composition Federico. Après avoir
terminé ses études, il écrivit deux opéras, dont
j'ignore les titres, ([u'il (il représenter à Rome,
et dont le succès très-réel ne l'empêcha point
de renoncer pour jamais à la composition dra-
matique. En 1827 Yecchiotti fut appelé à
diriger la chapelle métropolitaine d'Urbino, et
en 1841 il abandonna ces fonctions pour occuper
celles de maître de chapelle et de directeur de
la basilique de Loreto, qu'il conserva jusqu'à
sa mort. Il écrivit, pour le service de ces deux
chapelles, un grand nombre d'œuvres de mu-
sique sacrée, qui se distinguaient par un style
très-pur [etj de remarquables qualités. Ces
œuvres," dont la plupart sont restées en ma-
nuscrit, consistaient en messes, hymnes, psau-
mes, motets, etc. Yecchiotti est mort le 10 fé-
vrier 1863.
VECOLI (Francesco), compositeur, né à
Lucques vers 1550, a publié à Venise, en
1581, un recueil de motets à 5 voix.
* VECOLI (Recolo), compositeur italien,
n'était point napolitain, mais était né à Luc-
ques. Il concourut en 1586 au puy de musi-
que d'Évreux, et y remporta, pour un De pro-
fundis de sa composition, le prix de la harpe
d'argent.
* VEIT (Weszel-Henri), magistrat et com-
positeur, président du tribunal du cercle, est
mort à Leitméritz (Bohême), le 15 février 1864.
Parmi ses compositions nombreuses, on re-
marque une messe, une symphonie, et divers
morceaux de piano.
* \ E3(TO (Mathias). —Cet artiste a écrit,
en société avec Floriano Gessmann, un opéra
intitulé la Zingara , qui fut représenté à
Florence en 1771.
\E:\TÎJUA (Giuseppf.), compositeur ita-
lien, vivait dans la première moitié du dix-
huitième siècle. Cet artiste, sur lequel je n'ai
pu découvrir aucun renseignement particulier,
est l'auteur d'un opéra intitulé Prizeta cor-
revata, qui était représenté au théâtre Nuovo
d'A versa, en 1732.
l'ErVTUllA (LioNELLo), compositeur, né à
Triesle, est l'auteur d'un opéra intitulé Aida,
qui a été représenté il y a quelques années.
Avant de se produire comme musicien dramati-
que, cet artiste s'était fait connaître comme criti-
que et écrivain musical, et avait été sous ce
rapport le collaborateur de divers journaux,
entre autres de la Scena, l'une des feuilles
artistiques les plus intéressantes de l'Italie.
Sous ce litre, la Musica delV Avvenire , il
avait notamment publié dans ce journal une
série d'articles remarquables par la laigeur
des vues et la clarté du style.
\ E^TLRELLI ( ), compositeur ita-
lien, est l'auteur d'un opéra sérieux, il Conte
VENTURELLI — VERCKEN DE VREUSCHMEN
613
di Lara, qui a élé représenté avec succès à
Florence, !e 22 février 187G.
lliiNZAIVO (Li:ii:i), violoncelliste et compo-
siteur italien, né à Géncs vers 1815, s'est fuit
connaître d'abord par la publication d'un assez
grand nombre de mélodies vocales qui ont été
bien accueillies du public, et dont la plus fa-
meuse est la valse chantée connue sous le nom
de.valsede rcn:«HO, qui fut écrite pourM""'Gas-
sier, et que celte grande artiste rendit popu-
laire par toute l'Europe en l'intercalant dans la
scène de la leçon de chant du Barbier de Se ville.
t'armi les autres compositions vocales de Ven-
zano, je citerai la Zingarella, « chant fantas-
tique » pour voix de soprano avec accompagne-
ment d'orchestre, la Prcghiera aSanVAnna,
la Fioraja di Genova, un Fiore, Beppeinna-
vioralo, l'Arrivo, etc. Venzano a écrit aussi la
musique de plusieurs ballets, entre antres Lidia
(l'u société avec MM. Corradi et Olivari), re-
présenté au théAtre Carlo-Felice, de Gènes, le
11 mars 1865, et Benvenulo Cellini. Enfin, cet
artiste adonné dans la salle Sivori, de la même
ville, le 25 avril 1873, un opéra bouffe en 2
actes intitulé la Notte degli schiaffi.
Yenzano remfvlissait les fonctions de premier
violoncelle à l'orchestre du théâtre Carlo-Fclice,
et de professeur de cet instrument à l'Inslitul
musical civique de Gènes. Il est mort en cette
ville à la suite d'une maladie de poitrine, le
27 janvier 1878, à l'âge de soixante-trois ans.
l"EI\A-LOIlI3fI (Carlotta-Enrichetta
]\OESEU, femme), cantatrice allemande de
nai-ssance et d'origine, née dans les dernières
années du dix-huitième siècle, morte au mois
de janvier 1866, parcourut, sous son nom de
demoiselle, une brillante carrière, chanta à la
Scala de Milan, en compagnie du célèbre ténor
Tacchinardi, et obtenait en 1807 d'immenses
succès à Vienne et à Prague. On assure qu'elle
fut la première chanteuse en Italie qui revêtit
1 'habit masculin, ce qui la mit en rivalité d'em-
ploi avec les plus fameux virtuoses de l'époque,
les sopranistes Crescentini, Velluti et autres.
Vers 1814, elle épousa l'avocat Vera, un des
jurisconsultes romains les plus dislingués, et
quitta le théâtre, où plus tard sa lille, la
prima donna Sofia Vera-Lorini, devait se
faire à son tour une brillante renommée. Spohr,
dans ses Mémoires , parle avec éloges de
M'"' Yera-Lorini, et Hoffmann, dans l'un de ses
Contes fanlasliques, lui a consacré un cha-
pitre entier (1). ... ,.y
(U Je crois que c'est par erreur que certains biographes,
dont j'ai suivi l'excrapl(>, ont appelé cette cantatrice
Mme fera-Lorini. Ce nom appartenait à ta fille, qui
VEIIA (Eduardo),; fils <le la précédente,
professeur de chant et compositeur italien, est
né vers 182r>. Il .s'est acquis comme professeur
une grande réputation, non-seulement en Italie,
où, entre autres élèves, il a enseigné le chant
à la princesse Marguerite de Savoie, mais aussi
à Londres, où il a élé établi petidant plusieurs
années et où sa clientèle se recrutait surtout
dans les grandes familles de l'aristocratie an-
glaise. Il est aujourd'hui fixé à Rome. M. Vera,
qui a reçu d'ailleurs une bonne éducation mu-
sicale, s'est produit aussi comme compositeur,
et a écrit la musique de plusieurs opéras sé-
rieux ; j'ignore s'il en a produit d'autres que
les trois suivants, qui seuls sont venus à ma
connaissance : T Adriana Lecouvreur (Milan,
théâtre de la Scala, 17 octobi'e 18i3); 2" A-
nelda di Messina (Lisbonne, théâtre San-Car-
los, 5 décembre 1858); 3° Valeria; ce der-
nier représenté en 1869 au théâtre communal
de Bologne. Il a publié aussi différents recueils
de mélodies vocales, dont deux ont paru à Mi-
lan, chez l'éditeur M. Ricordi.
Lasœurdecet artiste, M''"^ Sofia Vera, mariée
aujourd'hui àM. Lorini, chanteur et imprésario,
est une cantatrice de grand talent, qui n'a pas
moins brillé dans le chant dramatique que
dans l'interprétation des jolis poèmes musicaux
de l'école allemande classique. Mm" Vera-
Lorini a appartenu en 1850 au Théàtre-Ilalien
de Paris, puis elle s'est fait entendre en Italie,
en Angleterre et en Amérique, toujours avec
succès. De retour de Rio-Janeiro en 18.59, elle
se produisit avec le même bonheur à Bologne,
à la Scala de Milan et à Naples.
* VEl\lîOî>3IET ( ). —M. le docteur
Abramo Basevi, de Florence, possède un ma-
nuscrit sur parchemin, du seizième siècle, qui
contient quatre compositions de cet artiste,
dont Fétis déclarait n'avoir jamais connu
([n'un seul morceau. M. Basevi a fait faire ime
copie de ce manuscrit précieux, et a donné
celte copie à l'Académie royale des Sciences
de Bruxelles.
l'EîllMlL'GGEIN (Théodore), luthier et
musicien instrumentiste, vivait dans la première
moilié du dix-septième siècle à Anvers, où il
construisit, en 1641, une contre-basse pour le
jubé de la cathédrale.
\ EllCREN DE VP.ELSCSÏ^ïE:V (Léon),
amateur de musique et composileur, est né à
Liège (Belgique) le 15 octobre 1828. Après avoir
épousa le chanteur Lorlnl. Peut-être pourtant, lorsque
rclle-ci eut titii mariée, prit-on à tort l'haliitude de désigner
aussi Mme Vera .mCre sous le double nom que sa fille
avait adopté.
614
VERCKEN DE VREUSGIIMEN — VERDI
fait son droit et sVtre fait recnvoir avocat, il
devint en 1852 socrt'-laire de l'Institut et de la
Cliambre de commerce d'Anvers, fut un peu plus
lard consul de Porse, et enfin, se lançant dans
les affaires, se vit nommer administrateur de
plusieurs sociétés financières et de chemins de
fer. Cependant M. Vercken, qui avait reçudans
sa jeunesse une bonne éducation musicale, con-
sacrait une partie de son temps h la pratique de
l'art et s'occupait de composition. Dès 1851 il
publiait à Anvers, chez l'éditeur Possoz, plu-
sieurs mélodies, duos et ballades, faisait pa-
raître l'année suivante deux, recueils de Chants
f/;< soir (Paris, Chabal), et plus tard des morceaux
de piano : caprices, suite de>alses, Études mélo-
diques, etc. En 1803 il faisait exécuter à Anvers
un grand chœur à 8 \oïx,les Lévites dît Temple,
avec soli et orchestre, dans le même temps
faisait entendre à la cathédrale divers motets à
4 voix et orchestre, et enfin écrivait une bal-
lade symphunique, le Tambour sur mer, sorte
de grande cantate [lour soli, chmurs et or-
chestre, composée sur un texte imité du poète
danois Œhlenschiaeger. Peu de temps après, en
1865, M. Vercken faisait exécuter à Anvers un
opéra-comique en deux actes, la Légende du
diable, et en 1871 il donnait h Bruxelles, sur
le théâtre des Galeries-Saint-Hubert, une opé-
rette en un acte intitulée /4 la mer. A la même
époque il faisait répéter au théâtre de la Mon-
naie, de cette ville, un opéra-comique en deux
actes, le Chemin de Venise, dont les circons-
tances politiques empêchèrent la représentation.
Enfin, le 6 juin 1873, il faisait jouer à Paris,
au Théâtre-Lyrique (Athénée), un gentil petit
ouvrage en un acte intitulé Pierrot fantôme.
M. Vercken, qui a fait encore exécuter ?i
Lille (1870) une Marche inaugurale pour la
cérémonie d'ouverture du chemin de fer de
Lille à Valenciennes, et qui a en portefeuille
un opéra-comique inédit, le Mystère, s'est aussi
occupé de critique musicale. Il a rédigé, de
18G0 à 1803, le feuilleton musical du principal
journal d'Anvers, le Précurseur, et a publié
de nombreux articles dans V Union commerciale
et dans trois feuilles parisiennes qui n'ont eu
(ju'une courte existence : l'Eclair, le Nouvel-
liste et le Journal officiel des Théâtres.
* VKUDI (Giusicppe), le plus fameux com-
positeur de l'Italie contemporaine, n'est pas né
le 0 octobre 1814 à IJussefo, comme tous les
l)iographcs l'ont écrit jusqu'à ce jour, mais le
9 octobre 1813, â Roncolo, petit village peuplé
seulement de 9.00 habitants, situé à trois uiillcs
environ de la petite ville de Bussefo, et dans
lequel son père, simple paysan, tenait une mo-
deste auberge de campagne (1). Il dut les bien-
faits de son éducation musicale à la munici])a-
lité de Busseto, qui lui accorda une bourse pour
aller étudier à Milan, et à un dilettante intelli-
gent, Antonio Barezzi, qui compléta pendant
plusieurs années les ressources dont il pou-
vait avoir besoin, et dont il épousa la fille. Plus
tard, et celle-ci étant morte. Verdi se maria
en secondes noces avecune cantatrice distinguée
qui avait été l'une des meilleures interprètes de
ses oeuvres, m"'' Giuseppina Strepponi, fille
du compositeur de ce nom.
La renommée du cctmpositeur s'est agrandie
dans ces dernières années et a pris un nouvel
essor, par suite de la production de trois ceu-
vres, dont les deux dernières surtout révélaient
luie évolution profonde dans son esprit et
un changement très-remarquable <lans son
style. Don Carlos, o\^éïA français en 5 actes,
représenté à l'Opéra de Paris, le 11 mars 1867,
donnait déjà les preuves d'un effort vigoureux
du maître en vue de serrer de plus près la vérité
dramatique, et d'amener l'alliance aussi com-
plète que possible du discours musical avec tous
les détails de l'action scénique. DoîiCarZos était
une œuvre beaucoup plus rélléchie, beaucoup
plus étudiée que les compositions antérieures de
M. Verdi, et si elle man((uait parfois de jet,
de spontanéité, elle n'en était pas moins remar-
quable à divers égards, et surtout sous ce rap-
port de la recherche exacte, consciencieuse, de
la véritable expression dramatique, que, dans
une œuvre suivante, le compositeur allait dé-
ployer dans toute sa grandeur et tout son éclat.
Peu de temps après, le khédive (vice-roi)
d'Egypte, Ismail-Pacha, inaugurait au Caire un
théâtre italien qu'il venait de faire construire
en cette ville. Pour donner une plus grande
importance à ce théâtre et appeler sur lui l'at-
tention même du public européen, il eut l'idée
de demander à M. Verdi s'il voudrait écrire un
ouvrage nouveau pour le Caire, lui proposant
un livret qui avait pour titre Aida et le priant
de fixer lui-même ses conditions. M. Verdi de-
manda 4,000 livres sterling (100,000 francs), qui
(i) Sous ce titre : Verdi, souvenirs anccdotique.'!, j'ni
publift en 1878, dans le journal /<■ Mcjicstrel, une série
d'articles bioRvapliiqucs dont les renseignements, trùs-
préeis et pour la plupart inconnus, m'avaient été four-
nis en Italie par un ami intime du maître, qui le con-
naissait depuis sa Jeunesse. J'y renvoie le lecteur eti-
ricui de connaître tous les faits intéressants de la vie
et de la carrière de l'auteur de Ilirjoletto et de la Tra-
viata. Une traduction Ualienne de cet écrit, en ce mo-
ment .sons presse, va paraître incessamment à Milan.
par les soins de l'edllenr M.Rieordi, Tue traduction es|)a-
gnole est près de par.iitre aussi à Madrid. Une troisième,
en allemand, a él<- • "itlién dans la JYetie Berlincr iViisi/,-
zcitvnq.
VEHDl ~ VF.nr.ER (DU)
615
lui ftiiPiit affonl(^e<; , et il se init aussitôt à Vcnn-
vi(>. Celle-ri achevée, les étinlosen furml rom-
nipncées, et Aida fut représentée sur le tliéi'i-
fre lini>érial du Caire, le ?.'i décembro 1871 ,
avec un succès colossal, qui se renouvela sur
la scène de la Scala, de Milan, lorsqu'elle y pa-
rut peu de semaines après, et successivement
dans toutes les grandes villes de l'Europe, et
particulièrement à Paris. La partition à' Aida
est une œuvre de premier ordre, d'une grande
puissance et d'une rare intensité d'effet, qui
se fiiit remarquer par une déclamation ina-
gnitique et pleine de noblesse, par une couleur
éclatante, par un sentiment pathétique et |ias-
sionné que l'auteur n'avait encore jamais mani-
festé à un si haut degré, enfin par une re-
cherche singulièrement heureuse de la nouveauté
harmonique et du coloris instrumental. Les
grandes lignes de l'œuvre sont vraiment monu-
mentales, son architecture est grandiose, l'ins-
piration yestpuissanfe, et l'ensemble en est aussi
sévère qu'harmonieux. Aida venait couronner
d'une façon superbe, glorieuse, pourrail-on dire,
la cairière inégale sans doute, mais déjà bien
brillante du maître.
Une production d'un genre bien différent allait
montrer son génie sous un jour tout nou-
veau. Dans les premiers mois de 1873 mourait à
Milan, chargé d'ans et de gloire, l'un des hommes
les plus justement célèbres de l'Italie contempo-
raine, l'un des plus grands patriotes, l'un des
poètes les plus exquis qu'ait produits cette
terre si fertile sous ce doublejrapport, Alessan-
dro Manzoni. Verdi, qu'une affection profonde et
presque filiale allacliait à ce grand homme, se
rendit aussitôt à Milan pour proposer à la mu-
nicipalité de cette ville d'écrire, en l'honneur
de Manzoni, une messe de Requiem qui serait
exécutée l'année suivante, pour l'anniversaire de
sa mort. L'offre fut acceptée avec^empresscment,
et en effet, le 22 mai 1874, le Reqviem de
Verdi fui produit dans l'église San-Marco, de
Milan, avec une solennité et un éclat exception-
nels ; les soli étaient chantés par M'"''' Teie-
sinaStolz et Waldmann, MM. Capponi et Maini,
et le compositeur en personne dirigeait l'or-
chestre, composé de 100 exécutants, ainsi que
le chœur, qui en comprenait 120, et dont fai-
saient modestement partie quelques uns des
meilleurs artistes lyriques de l'Italie.
Le Requiem à la mémoire de Manzoni fut
accueilli avec un tel enthousiasme, qu'il fut dé-
cidé que trois autres exécutions en seraient
faites au théâtre de la Scala, où la foule se
porta avec une sorte de fureur, et où les mani-
festations d'admiration, qui n'avaient pu que se
laisser entrevoir dans lenceinle d'une église, se
donnèrent librement carrière. Il en fut de même
h Paris, où,':huit jours après, les mêmes artistes
vinrent chanter le Requiem, dans la .salle de
l'Opéra-Comique, encore sous la direction de
l'auteur. Depuis lors cette œuvre magistrale a
été admirée par toute l'Europe, rencontrant par-
tout la môme faveur.
11 est certain qu'avec Aida, comme avec le
Requiem, Verdi a acquis des titres beaucoup
plus importants à l'estime publique qu'avec ses
compositions précédentes. Dans ces deux o-u-
vres grandioses, son génie s'est assoupli, civilisé,
si l'on peut dire, son inspiration, naguère iné-
gale, farouche, heurtée, a gagné en grandeur,
en égalité, en sérénité; son sentiment de l'har-
monie s'est montré beaucoup plus châtié, plus
vivant, plus varié, enlin son orchestre a pris
un aplomb, un corps, un ensemble, une cohé-
sion, qu'on ne lui connaissait pas jusqu'alors.
Sous le rapport de la forme enfin, aussi bien
qu'en ce qui concerne le fond, le compositeur
s'est montré, dans ces deux (euvres, dix fois su-
périeur à ce qu'on pouvait attendre de lui.
Depuis lors, malheureusement, il n'a rien pro-
duit de nouveau.
En dehors de ses œuvres dramatiques, voici
la liste des rares compositions du maître qui
ont été publiées : C Romances {\.Non i'accox-
iare alluma; 2. More, Elisa, lo stanco poêla;
3. In solitaria Slanza;^i. NelVorror dinoile
oscura; 5. Perdu fa ho la pace; G. Deh! pie-
ioso); — Albiun de fi romances (1. il Tramonfo;
1. la Z ingara; 3. Ad una [esta; 4. lo
Spazzacamino ; T^. il Mislero; G. Brindisi);
— l'Esule, chant pour voix de basse; — la
Sedw^ione, id.; — il Poierello, romance; —
Jit dici clic non m'ami, « stornello ■»; Guar-
dache hianca liina, nocturne à trois voix,
avec accompagnement de flûte obligée; — Qua-
tuor pour 2 violons , alto et violoncelle.
Verdi est sénateur du royaume d'Italie.
VERDYEÎV (Chrétien-Éuile), musicien
belge, né à Louvain le fi mai 1827, a fait repré-
senter à Liège, en 1858, un opéra-comique inti-
tulé le Fou du Roi.
VERGEU (Virginie MOREL, épouse 1>U\
pianiste distinguée, naquit à Metz en 1790. Bien
que privée d'une véritable direction dans ses
études musicales, elle jouait à douze ans du
piano d'une manière remarquable. Des artistes
de mérite passant à Metz conseillèrent h sa
mère d'aller chercher à Paris le développement
des dispositions de la jeune Virginie. En 1814
la mère et la lille s'arrachèrent courageusement
à une'Jexistencc honorable et [lucrative pour
616
VERGER (DU) — VERRIMST
s'exposer aux tristes chances de la vie de l'arjs,
où l'isolemenl et les privations de, tout genre
les alti'iidaient. Virginie More!, dès son entnu'
au Conservatoire, fut accueillie, écoutée favora-
blement par le jury, encouragée tout particu-
lièrement par Mëluil, et se fixa à Paris après
avoir obtenu le premier prix de piano. Mai-
grêles fatigues du professorat, elle se mit, sous
la direction de Reicha, à l'étude de l'harmonie.
De 1820 à 1828, plusieurs de ses compositions
parurent et furent goûtées. Elle devint profes-
seur de piano de la duchesse de Berry, à
laquelle elle dédia trois duetCnii pour piano et
violon d'un excellent style et pleins de charme.
A cette époque, elle reçut de démenti de précieux
conseils, où elle puisa cette manière large, ex-
pressive, qu'on remarquait chez cette arti.ste.
Elle reçut aussi quelques leçons de Hummel.
En 1829 commença une existence nouvelle pour
Virginie Morel. Elle épousa le baron du Verger,
lieutenant-colonel d'état-major, devenu plus
tard général, et le suivit, après la révolution
de 1830, à Alger, où plus que jamais elle s'oc-
cupa de son art et se livra à la composition.
Après la mise à la retraite de son mari, elle se
fixa avec lui au chàleau du Verger, où elle
mourut en 1870.
Les compositions de M'"° du Verger, pu-
bliées chez Richault, sont : l'' une sonate pour
piano ; 2° trois duetlini pour piano et violon;
3" une fantaisie sur un air anglais ; 4° variations
brillantes sur un air allemand; 5" huit études
mélodiques; G° une valse brillante, la Mascara ;
7° Virrjinla, valse.
M""^ [du Verger a laissé des com[)ositions
inédites, toutes remarquables, dont elle a légué
les manuscrits à M"'e A.- Delhou, née Cléau,
son élève et son amie, pianiste distinguée elle-
mftme. Y.
* VERHEVEIX (Pierre). — A la nomen-
clature des compositions de cet artiste hono-
rable, il faut joindre un Divertissement lyrique
qui fut exécuté à Sammerghera le 2â août 1788,
à l'occasion d'une visite faile au curé de celte
localité par le prince Ferdinand de Lobkowilz,
évêque de Gand.
VEIl.MKL'LEl^ (A....-C....-G....), dilet-
tante distingué, excellent protecteur des aris et
des artistes dans le royaume des Pays-Bas, na-
quit à Rotterdam eu 1798. C'est lui qui fonda,
lel20 avril 1829, la Société pour l'encourage-
ment de l'art musical dans les Pays-Bas, société
universellement connue, célèbre dans ce pays,
et,dont il est resté le secrétaire général jusqu'à
sa mort. C'est à Vermeulen que les Pays-P.as
doivent une jiarlie de leur pro'^périte dans le
mouvement musical du dix-neuvième siècle, et
pendant de bien longues années il n'a cessé
d'en pour.suivre le développement avec autant
de zèle que de succès.
H reçut le grand diplôme d'honneur de la So-
ciété pour l'encouragement de l'art musical, de
l'Académie de Sainte-Cécile de Rome, et de l'A-
cadémie royale des Arts de Berlin, ainsi qu'une
médaille d'or du roi de Suède et une de I ex-
roi de Hanovre. Il était chevalier des ordres du
Lion Néerlandais, de l'Aigle rouge et du Faucon
blanc, et membre de l'Académie de Stockholm.
Vermeulen mourut à Rotterdam au mois de
juillet 1872. Éd. de H.
\'EI\1\AY (L'abbé Augustin), a écrit la mu-
sique d'im recueil de chants religieux, intitulé :
Litanies de la bienheureuse Marguerite-
Marie. Ce recueil, composé de trente-cinq can-
tiques à une ou plusieurs voix, avec accom-
pagnement de piano, a été publié en 1875
(Paris, Haton, 1 vol. in-8).
VÉRO> ou VEUa\OI\ ( ), luthier
français, contemporain de Bocquay, de Pierret
et de Despons, vivait à la lin du seizième et au
commencement du dix-septième siècle. Au mois
de juillet 1599, il signa, en compagnie des trois
artistes ci-de.ssus, ses confrères, les statuts des
lulliiersconstituésen corps, statuts qui furent ap-
prouvés par le roi Henri IV. Y.
g;,/ ^'EllIIÏMST (ViCTOR-l<nÉDÉRif.). — Cet
artiste distingué, qui occupe les fonctions de
première contre-basse à l'orchestre de l'Opéia
ainsi qu'à la Société des concerts du Conserva-
toire, a publié un grand nombre de compositions
de divers genres, dont les plus importantes
consi.stent en cinq messes, et environ quinze
motets à une, deux, trois et quatre voix, la
plupart avec accompagnement d'orgue et quel-
quefois de contre-basse. Pour l'enseignement,
M. Verrimst a^ publié -. 1° Méthode complète
pour la contre-tKisse à quatre cordes, adoptée
par le Conservatoire (Gérard) ; 2° École des
diverses positions pour le violoncelle (Hic-
lard) ; 3" Douze petits morceaux caractéristi-
ques, pour le piano à 4 mains, en forme d'études
sur cinq notes, l"^ suite (Gérard); 4° Douze
petits morceaux caractéristiques, 2c suite
(id.) ; 5" Douze rondes enfantines, 3^ suite (id.) ;
C" Douze petites transcriptions très-facites
sur des opéras célèbres, i" suite (id.); Panto-
mime, huit petits morceaux caractéristiques,
5" suite(id.). Les autres compositions deM.A'er-
rimst comprennent des chœurs orphéoniques,
quelques morceaux de genre pour le piano, et
un certain nombre de mélodies vocales et chan-
sonnettes. En 1873, dans ses den.x concerts
VERRTMST — VIA DANA
617
spirituels du vendredi saint et du dimanclie de
Pâques, la Sociélé des concerts du Conserva-
toire a exécuté le Kijric et le Gloria de la
5'' messe de M. Verrimst. Cet artiste très-iio-
norable a publié sous ce titre : Rondes et Chan-
sons populaires (Paris, Hachette, in-S"), un
recueil intéressant dont les acconipa};netnents
sont écrits avec soin et avec goût.
VERSTOA SIîY ( ), compositeur russe
contemporain, a remi)li les fonctions d'inspecteur
des lliéàtres de Moscou, et est mort en cette
ville au mois de novembre 1862. VerstovsKy a
écrit la musique de deux ou trois opéras, dont
l'un surtout, intitulé la Tombe d'Askold, obtint
un vif succès et resta pendant plus de vin^t ans
au répertoire. Un autre de ses ouvrages avait
pour titre Gromoioï.
VESPOLI (LiJici), professeur de piano au
Conservatoire de Naples et compositeur, est né
à Avellino le 12 janvier 1834. Fils d'un compo-
siteur de musique religieuse, il en reçut ses
premières leçons, et se fit admettre ensuite
au Conservatoire de Naples, où il devint l'élève
de Miclieiangelo Rus.so pour le piano, de Gen-
naro Parisi pour l'harmonie, puis de Mercadante
pour la composition. Après avoir terminé
ses études, il écrivit la musique d'un opéra
en 3 actes, la Cantanle, qui fut représenté
avec succès au théâtre du Fondo, de Naples,
en 18.58; mais, malgré cet heureux début,
une limidité naturelle et une trop grande dé-
liance de lui-même l'empêchèrent de poursuivre
la carrière du théâtre. 11 se livra alors à l'en-
seignement, et devint professeur dans réta-
blissement dont il avait été l'élève. Comme com-
positeur, on doit à M. Vespoli un recueil de
12 litndes pour le jùano, deux ouvertures à
grand orchestre et quchpies morceaux de genre
et de danse pour son instrument.
VESTV VLf (FÉLicni; , canlatrice dramati-
que, issue d'une noble et riche famille polon.iise,
naciuit selon les uns à Stettin eu 1829, selon d'au-
tres à Varsovie en 18;{1. Son père avait le titre
de comte et le grade de général dans l'armée
prussienne. I^a jeune tille, qui était douée d'un
physique majestueux et d'une opulente beauté,
avait le goftt des arts. Elle s'essaya dès son
jeune âge, à lîerlin, comme actrice dramatique,
obtint des succès, puis, ayant découvert qu'elle
possédait une magnifique voix de contralto, elle
résolut de cultiver cet admirable instrument et
alla prendre, en Italie, des leçons de Mercadante
et de Pielro Romani. Son éducation musicale ter-
minée, elle fut engagée au théâtre de la Stala,
de Milan, où elle débuta, en 1853, dans le nJle
d'Azucena du Trovatore, qui lui valut un triple
succès de femme, de cantatrice et de tragé-
dienne lyri(]ue.
Ce premier succès lui valut un brillant enga-
gtment à Londres, où elIt; fut reçue avec une
grande faveur. Bientôt après elle partit pour
rAriiéri([ue, en compagnie de Mario et de la
Urisi, etselil applaudir iiNew-YorUetà Mexico,
en se montrant dans Romeo e Giuliella, dans
Semirumide et dans il Trovatore. Eu 1859,
elle lit une courte apparition à l'Opéra de Paris,
où l'on monta pour elle une traduction de Romeo
e Ginlietta, puis elle retourna en Amérique, où,
abandonnant la carrière lyrique pour le drame
shaKespearien, elle obtint de véritables triom-
phes et amassa une fortune considérable en
jouant en anglais les œuvres du grand poêle,
et particulièrement Ilamlet, qui lui valut une
immense renommée. M'"" Vestvali, dont les
journaux avaient annoncé prématurément la
mort en 18G3, est morte à Varsovie, le 3 avril
1880. Elle laissait une lille, qui suit en Améri-
que la carrière maternelle.
l EZZOSI ( ), compos'iteur italien, a
écrit la musique de Caterina Howard, drame
lyrique qui a été représenté à Calane en 1869.
* V IADAI\ A (Louis GllOSSi, connu sous
le nom de), moine et musicien italien, n'est pas
né à Lodi, comme on l'avait cru jusqu'à ce jour,
mais à Viadana, gros bourg du pays de Man-
tone. Son nom de famille était Grossi, mais,
comme il arrivait assez fréi^uemrnent pour les
artistes à cette époque, on le désigna sous celui
du pays où il avait vu le jour, et il fut appelé
dans la suite Viadana. Dans un travail étendu,
sérieux et important de M. Antonio Parazzi, pu-
blié .sur ce compositeur par la Gazzetta mu-
sicale de Milan (187G-1877), les faits sont éta-
blis à ce sujet de la façon la plus aulhcnlique;
M. Parazzi n'a pu, il est vrai, établir la date
précise de la naissance de Viadana, mais il
prouve, par des documents certains, que sa
famille habitait le bourg dont il a pris le
nom, que tous ses frères y sont nés, et que
ce nuisicien a dû y naître vers I56i. Après
avoir retracé la vie et la carrière de Via-
dana, l'écrivain donne la liste complète de ses
œuvres, liste à l'aide de laquelle je vais com-
pléter celle qui a été publiée dans la Biogra-
phie universelle des flJusiciens. Voici quelles
sont les compositions de Viadana qui n'ont pas
été mentionnées par Fétis : — 1° Canzonetle a
qualtro voci, con un dialogo a otlo di ninfe
e pastori, e un' aria di canzon francese per
sonare, Venise, Amadino, 1590, in-4"; 2" Can-
zonetle a trevoci, libro primo, id., id., 1594,
in-4"; 3" Mtssarum cum quatuor voclbus
ki
6(8
VIADANA — VIALLON
nunc primnm in lucem editvs liber primiis,
Vonise, (:>iir., in-'i" (il a Hé fair au moins liiiit
édilions de ccl ouvrage) ; /i" fAidovici Viadanae
Psalmi omnes qui a S. lîomana Ecdesio in
solemnitatilnis ad Vesperasdecaniari soient,
Cum diiobus Magnificat tum vira voce, ium
onini instrumentonim génère, cantatu com-
modissimi, Cum quinque vocibus nunc pri-
mnm in lucem edUi. Liber secundus, Venise,
lf)04, in-4" ; 5" Lilanie che si cantano nella
Santa Casa di Loreto, et nelle Ckiese di
Roma ogni sabbato, et feste délia Madonna
a 3, a 4. a à, a C, al, a s, et 12 î;oci, Venise,
lfi07, in-4" (2° édition); 6" Concerii ecclesias-
tici a una, a due, a tre, et a quottro voci, con
il basso continuo per sonar neW organo, libio
secondo, Venise, iC07,,in-
4"
Completorium
romanum quaternis vocibus decanlandnm,
una cum basso continuo pro organo, Venise,
lfi09, in-4» ; 8" Responsoria ad Lamentationes
lUeremix prophetge, qux in maioris hebdo-
madae officiis concimintur cum quatuor vo-
cibus, Venise, 1609, in-4"; 9" Salmi a quattro
roci pari col basso per Vorgano, breri, com-
modi et ariosi, Con dui Magnificat, Venise,
IfilO, in-4" ; 10" Lamentationes Hieremix pi'o-
phctrc in majori hebdomada concinendx qua-
tuor paribus vocibus, Venise, 1010, in-4°
(2'' édition) ; ir Venfiquattro Credo a canto
ferma sopra i tuoni delli Hinni che Santa
Chiesuusa cantare, co^ ^'^rse//o Etincarnatiis
est in musica, à chi place, Con le quattro
Aniiphone délia Madonna in ttiono feriale,
Venise, 1619, in-f ; 12" Missa defnnctorum
tribus vocibus, lf,G7, in-4'' (édition posthume).
L'écrit de M. Antonio Parazzi dont il est parlé
plus haut, et qui a paru d'abord dans la Gaz-
zella musicale de Milan, a été depuis publié
sous ce titre : Delta viia e délie opère musi-
cali di Lodovico Grossi-Viadana, Milan, 1876.
"\'IALO-> (Antoine), musicien français, né
le 17 décembre 1814, mort le 4 mars 1866, avait
été d'abord graveur de titres de musique, et
sous ce rapport avait fait preuve d'un talent
exceptionnel. Un jour, il se passionna pour le
système de la notation par le chiffre, se fit
éditeur pour aider efficacement à sa propau;a-
tion, et, gravant lui-même les morceaux qu'il
publiait, fondaen quelque sorte la première biblio-
llièque de l'école du chiffre. Plus tard il aban-
donna le système Cbevé, et se porta avec au-
tant d'ardeur dans le camp qui lui était hostile,
c'est-à-dire du côté de l'Orphéon. C'est alors
qu'il commença à fournir à Adam et h Clapisson
les paroles d'un grand nombre de chœurs dont
ceux-ci écrivaient la musique, et que lui-même,
bientôt, on composa toute une série, parmi
lesquels il faut citer la Mascarade, les PU-
cheurs napolitains, le Baptême des cloches,
l'Orphéon au bal, la Fournaise, Dans les
champs. Heureux oiseaux, la Couronne
triomphale. Parfums prinianiers, etc., etc.
1 1 VLL03i (Jcstimen-Pieure-Marie), com-
positeur, théoricien et professeur français, né à
Paris le 31 mars 1806, fut admis au Conserva-
toire, dans la classe de Reicha, et obtint en
1831 un second prix de contre-point et fugue.
Devenu répétiteur de son maître dans cet éta-
blissement, il ne quitta cette situation que pour
entrer, en 1838, comme professeur de compo-
sition au Gymnase musical militaire ; il conserva
ces fonctions jusqu'à la disparition de cette
école spéciale, disparition fâcheuse à tous
égards. Professeur de musique au collège des
Jésuites de Vaugirard, Viallon, en même temps
qu'il consacrait ainsi la plus grande partie de
son temps à l'enseignement, tenait successive-
ment le grand orgue aux églises Saint-Paul,
Saint-Louis, Saint-Philippe-du-Roule, et pen-
dant vingt-cinq ans restait titulaire du petit
orgue de h Madeleine. Travailleur infatigable,
il trouvait encore la possibilité de composer des
œuvres assez nombreuses, et d'écrire des traités
didactiques remarquables, qui font honneur à
l'enseignement musical français.
Viallon forma, au Gymnase militaire, un
grand nombre d'artistes qui devinrent dans
l'armée d'excellents chefs de musique; très- ar-
dent dans la propagation de la musique popu-
laire et de tout ce qui se rattache à l'orphéon,
il instruisit aussi beaucoup de chefs de sociétés
chorales ou instrumentales. L'application sé-
rieuse de son esprit, son ensoif^nement très-ra-
tionnel, très-logique, très-intelligent, faisaient re-
chercher ses leçons et lui avaient acquis un re-
nom légitime.
Comme théoricien, on doit à Viallon plusieurs
traités importants et justement estimés : un
Traité d'harmonie, nn Résumé hannoniqtie
qui est l'abrégé du précédent ouvrage, un ma-
nuel intitulé Instrumentation et Orcliestra-
tion, un Solfège vocal et instrumental pour
enseignement collectif ou particulier. Il a
laissé inédite une Grammaire générale de
composil/on musicale qui ne devait pas former
moins de quatre volumes, et qui est grande-
ment louée par ceux qui en ont eu connais-
.sance. Comme compositeur, il a publié les ou-
vrages suivants : le Mois de Marie, oratorio
]tour voix seules et clurur ; Magnificat à 3 voix,
avec accompagnement d'orgue; 6 Offertoires
pour orgue, sur des cantiques, en 3 suites ;
VIALLON — VIARDOT
G19
2 Noëls variés, pour orgue; la Bonne Fête,
chœur à 5 voix, avec orgue ou piano; Chœur
Cacile à 3 voix, avec musique niiiifaire on piano ;
Retraite en forêt, scène orphéonique à 4 voix
et -i instruments à pistons; Barcarolle, le
Myosotis, le Tirage au sort, chœurs à 4 voix
d'hommes sans accompagnement ; enlin un assez
grand nombre de morceaux pour fanfare ou
musique militaire.
Vialion est mort subitement à Paris, le 4 fé-
vrier. 1874.
VIARDOT (Michei-le-Pauline GARCIA,
épouse), cantatrice française d'un admirable
talent, née à Paris le 18 juillet 1821, est la fille
du grand chanteur Garcia et la sœur de la cé-
lèbre Maria Malibran. Elle'était à peine Agée de
trois ans lorsque son père quitta la France,
emmenant toute sa famille en Angleterre, puis
aux Étals-Unis et au Mexique. C'est à Mexico
que la jeune Pauline prit ses premières leçons
(le piano avec Marcos Vega, organiste à la cathé-
drale. Peu de temps après (1828), toute la fa-
mille revenait en Europe, et pendant la traver-
sée Garcia faisait connaître à sa fdle les premiers
éléments de l'art du chant ; plus tard elle étudia
sérieusement le piano avec Meysenberg, puis
avec Franz Liszt, et travailla l'harmonie avec
Reicha. Après la mort de son père (1832), elle
habita Bruxelles avec sa mère, et c'est là
qu'elle termina son éducation musicale. Après
s'être produite en cette ville d'abord dans des
salons particuliers, elle chanta pour la première
fois en public, avec un très-grand succès, dans
un concert donné au bénéfice des pauvres
(13 décembre 1837), el où elle se montra en
compagnie de son beau-frère, le célèbre violo-
niste Charles de Bériot. Elle partit presque aus-
sitôt pour l'Allemagne, avec ce dernier et
M""" Garcia, sa mère, se fit applaudir à Berlin,
h Dresde et à Francfort, puis vint à Paris en
1838, et s'y produisit aussi dans les concerts.
m"« Pauline Garcia songeait cependant à
aborder le théâtre. Pourvue d'une instruction
musicale des plus complètes, douée d'une or-
ganisation exceptionnelle, possédant une admi-
rable voix de contralto, qui, partant du /"«grave,
parcourait une étendue de deux octaves et demie
et atteignait Vut aigu, parlant avec une égale
facilité le français, l'anglais, l'espagnol et l'ita-
lien, il semblait qu'elle n'eût qu'à paraître de-
vant le public pour obtenir les succès les
plus brillants. Engagée au) King's Théâtre, de
Londres, elle y débuta en effet, le 9 mai 1839,
dans le rôle de Desdemnna à'Otello, de la fa-
çon la plus heureuse. Elle ne fut pas accueillie
avec moins de faveur dans les salons de la haute
aristocratie anglaise, et même chez la reine, où
l'Ile fut appelée plus d'une fois à se faire en-
tendre. M. Louis Viardot, alors directeur du
Théâtre-Italien de Paris, ayant entendu parler
de la jeune cantatrice, se rendit à Londres pour
pouvoir juger par lui-même de ses talents, et
lui proposa aussitôt un engagement, qui fut
accepté. M"* Pauline Garcia débuta à Pa-
ris le 8 octobre 1839, chanta successivement
Otello, Cenerentola, il Barbiere di Siriglia,
Tancredi, et se fit admirer dans ces divers
ouvrages. Au bout de deux années, elle deve-
nait l'épouse de M. Viardot, qui abandonnait
alors la direction du Théâtre-Italien, et accom-
pagnait bientôt sa jeune femme dans une série
de voyages que celle-ci entreprenait à l'étranger.
M'"" Viardot parcourait successivement l'Es-
pagne, l'Italie, l'Allemagne, la Russie, l'Angle-
terre, se produisait sur les plus grandes scènes
de Vienne, de Berlin, de Saint-Pétersbourg, de
Moscou, de Londres et d'autres villes, et trou-
vait partout des admirateurs enthousiastes.
Sur la demande de Meyerbeer, M""' Viardot
fut engagée à l'Opéra pour y créer le rôle si
pathétique de Fidès, du Prophète (1849), dans
lequel elle se montra tragédienne aussi émou-
vante que cantatrice incomparable. Elle alla
jouer ensuite ce rôle à Berlin, à Saint-Péters-
bourg et à Londres, et peu de temps après
rentra à l'Opéra poiu- s'y montrer dans la Sapho
de M. Gounod, à qui elle avait, par son influence,
ouvert les portes de ce théâtre. M""" Viardot
se reproduisit, pendant plusieurs années, sur
diverses scènes importantes de l'étranger, puis,
en 1859, elle consentit, à la sollicitation de Ber-
lioz, à contracter un engagement avec le Théâtre-
Lyrique pour y remplir le rôle d'Orphée dans
la restitution brillante Iqui fut faite du chef-
d'œuvre de Gluck. L'admirable talent de la
cantatrice, sa connaissance des grandes tradi-
tions artistiques, la pureté, la grandeur et la
noblesse de son style, ses grandes qualités
dramatiques, lui valurent dans ce rôle un succès
éclatant, qui se poursuivit pendant une série de
cent cinquante représentations et qui fit accourir
tout Paris au Théâtre-Lyrique. Le sculpteur
Aimé Millet modela un buste magnifique de
jyjme viardot dans le costume d'Orphée, qu'elle
portait avec une aisance et un sentiment de
l'antique vraiment merveilleux. Depuis cette
époque, cette grande artiste ne s'est plus fait
entendre à Paris.
M™" Viardot, dont l'éducation musicale a été
très-complète, s'est fait connaître comme compo-
siteur,d'abord en publiant un assez grand nombre
de mélodies vocales : En mer, l' Absence, T Exile
620
VIÂRDOT - VIDAL
polonais, l" Abricotier, Villanella, Adieubeaux
jours, l'Enfant et la Mère, la Chanaon de
Loïc, un Jour de printemps, la Luciole,
V Enfant de la montagne, la Chapelle, Ma-
rie et Louise, Solitude, le Chêne et le Ro-
seau, rombre et le Jour, la Petite Cherricre,
etc. On lui doit aussi une série de 12 Mé-
lodies sur des poésies russes, 6 Mazurkas de
Chopin arrangées pour la voix, 6 Morceaux
pour piano et violon « composés pour son fils
Paul », et un choix de morceaux classiques
pour le ciiant, avec accompagnement de piano.
Enfin elle a écrit encore la musique de trois
opérettes : le Dernier Sorcier, l'Ogre, et Trop
de femmes, qu'elle a fait représenter chez
elle, àlîade, en 1807, 1808 et 18G9. M""= Yiar-
dot passe pour être l'auteur des accompagne-
ments de piano des études de violon de son
beau-frère Ch. de Bériot.
La fille aînée de cette grande artiste,
M""' Louise Héritte-Viardot, s'est adonnée
à la composition ; on connaît d'elle, entre
autres œuvres, un quatuor pour piano, violon,
alto et violoncelle, un trio italien pour voix de
femmes, et un assez grand nombre de mélodies
pour une ou deux voix. Elle a écrit aussi les
paroles et la musique de deux opéras-comiques,
dont l'un, Lindoro, en un acte, traduit en al-
lemand, a été représenté à Weimar au mois de
mai 1879 ; quant à l'autre, qui est en 2 actes, et
qui a pour titre les Fêtes de Bacc/ius, elle en a
fait entendre récemment plusieurs fragments |à
Stockholm, en en dirigeant elle-même l'exécution
(mars 1880). — Deux autres filles de jM'"'^ Yiar-
dot. M'"" Chamerot-Viardotet M"'^ Marianne.
Viardot, se sont produites avantageusement
comme cantatrices dans les concerts. Enfin, son
fils, M. Paul Viardot, élève de M. Léonard {voij.
ce nom), est un violoniste distingué ; il s'est
fait entendre ponr la première fois à Paris,
aux Concerts populaires (novembre 187C),'dans
l'élégant concerto de Mendclssohn, et depuis il
a obtenu des succès à Londres, à Bruxelles et
à Stockholm. |
VICSXOÎXTE (Ernesto), compositeur ita-
lien, naquit à Naples le 2 janvier 1830. Il com-
mença l'étude de la musique à l'âge de huit ans,
cf, après avoir pris des leçons de piano d'un
professeur nommé Lavigna, il fut admis au Con-
servatoire de Naples, où il devint l'élève de
Giuseppe Lillo pour l'harmonie et de Carlo
Conti pour le contre-point et la composition.
Avant d'avoir terminé ses études, il fit exécuter
à l'église Saint- Georges une messe pour voix seu-
les, chœur et orchestre, et fit représenter au
tliéùtre du Fondo (1856) un opéra en 3 actes.
intitulé Evelina, qui obtint un véritable succès.
11 quitta le Conservatoire l'année suivante, et se
livra aussit(5t à la composition et à l'enseigne-
ment. En 1802 il donnait au théâtre San-Carlo
un grand drame lyrique, Luisa Strozzi, et ce
n'est qu'après un silence de dix ans qu'il y
produisait un nouvel ouvrage, Selvaggia. Mais
en dehors de la scène il produisit de nombreuses
compositions de divers genres, entre autres les
suivantes : Messe, Credo et Dixit, avec petit
orchestre ; Messe, Credo et Dixit, à la Pales-
frina; Dixit, avec grand orchestre; le Tre Ore
di Maria desolata ; 3 cantates religieuses-, 31a-
gnifical à 3 voix et orchestre; plusieurs al-
bums de mélodies vocales ; Ouverture à grand
orchestre ; Concerto pour deux piano.s ; Chansons
sacrées ; beaucoup de romances, chansons,
mélodies à une ou plusieurs voix; un grand
nombre de morceaux de genre et de danse pour
le piano. — Viceconte est mort presque subite-
ment à Naples, le 18 mars 1877, âgé seule-
ment de quarante et un ans. Il laissait, complè-
tement achevé, un opéra intitulé Benvcnulo
Cellini. Cet artiste estimable avait fait ses
débuts de compositeur dramatique alors qu'il
était encore élève du Conservatoire de Naples,
en faisant représenter sur le petit théâtre de cet
établissement un opéra bouffe, il Traviato,
qu'il avait écrit en compagnie de quatre de ses
condisciples, MM. Conti, VespoU, Menzitieri ci
Carelli.
^'ICII\I (Luigi), compositeur dramatique
italien, a fait ses débuts à la scène en donnant
sur le Grand-Théâtre de Brescia, le 20 janvier
1860, un opéra sérieux en 3 actes intitulé
Aneldo da Salerno. Cinq ans après, en 1871,
il faisait représenter à Bergame un second ou-
vrage dramatique, Gian-Maria Visconti, (jui
faisait un fiasco complet. Depuis lors il n'a
plus fait parler de lui.
* YIDAL (Jean-Joseph), violoniste. — Cet
artiste distingué était devenu, en 1829, chef
d'orchestre du Théâtre- Italien, alors dirigé par
Severini ; il ne garda ces fonctions que pen-
dant deux années, ayant remplacé Grasset et
précédé Girard. Il fut aussi chef d'orchestre
de l'Athénée musical (1836) et premier violon
de la chambre du roi Louis-Philippe. Vidal est
mort le l'i juin 1807. Il n'avait point remporté
de prix de violon au Conservatoire, comme
cela a été dit par erreur.
VIDAL (Louis-AiSTOiNE), musicographe
français, est né le 10 juillet 1820 à Rouen, où
son père, originaire d'ime vieille famille du
barreau de Nîmes, fut pendant longtemps
directeur de la Banque de la ville, devenue
VIDAL
621
plus tard succursale déjà Bauque de. France.
Il se livra de bonne heure à l'étude de
la musique, qu'il ne cultiva cependant que
pour son plaisir, et étudia le violoncelle sous
la direction de M. Franchomme ; mais la littéra-
ture musicale attirait surtout son atlenlion, et
c'est comme écrivain spécial qu'il trouve sa
place dans ce Dictionnaire.
Depuis longues années, M. Vidal avait
recueilli des notes nombreuses et intéressantes
sur l'histoire de l'art instrumental, et il son-
geait à utiliser ces notes, lorsque, causant un
jour de ses projets avec un de ses amis, aqua-
forliste amateur fort distingué, M. Frédéric
Hillemacher, celui-ci lui proposa de s'associer
au travail qu'il entrevoyait et d'illustrer le
livre dont il avait conçu la pensée. Cette offre
modifia aussilôt les idées de M. Vidal, lui per-
mit de les compléter, et c'est alors qu'il songea
sérieusement à entreprendre, sur un plan beau-
coup plus vaste que celui qu'il avait rêvé,
l'ouvrage auquel il voulait attacher son nom.
Les df'ux amis se mirent bientôt à l'œuvre,
et M. Vidal jiut lancer, au commencement de
1876, le premier volume du livre important
qu'il a publié sous ce titre : les Instruments
à archet, les feseitrs, les joueurs d'instru-
ments, leur histoire sur le continent européen ,
suivi d'un catalogue général de la musique
de chambre, Paris, J. Claye, in-4°. Le second
volume de cet ouvrage a paru en 1877,' le
troisième et dernier en 1878. Son sujet
et l'importance que l'auteur lui avait donnée,
son format exceptionnel, le luxe de la publica-
tion, enfin le nombre et la beauté des planches
qui l'accompagnaient (le nombre de ces eaux-
forles ne s'élève pas à moins de 120), signalè-
rent tout naturellement ce livre à l'attention
du public spécial, aussi bien à l'étranger qu'en
F'rance (1), et firent de son ajjparition un vé-
(1) M. Frédéric IliUemaclier, qui a été en celte circons-
l:ince le collaborateur dévoué de IM. Vidal, est le frère
du peintre bien connu de ce nom. Attaché depuis sa fon-
dation à la grande compagnie des Quatre-Canaux, dont
il est aujourd'hui le directeur, il n'a cessé, malgré l'im-
portance de ses fonctions administratives, de se livrer
;ivec ardeur à la culture de l'art, et est devenu l'un de
nos aqua-fortisti s les plus habiles et les plus réputés. C'est
lui qui a publié, sur les Princcp%, la fameuse édition en
huit volumes des œuvres de Molière, accompagnée de
toute une série de magnifiques eaux-fortes gravées par
lui sur les dessins de son frère, et qu'il a fait suivre
d'une éiilion semblable de ^zciae. Ses. Illustrations An
livre de M. Vidal ne sont pas moins remarquables, et
l'on peut surtout recommander aux amateurs et aux his-
toriens de l'art toute la série superbe des portraits repro-
duits par lui de divers compositeurs, des grands virtuoses
du violon et du violoncelle, et des luthiers célèbres. Cela
forme un ensemble de documents inestimables, qu'on ne
ritable événement artistique. C'était la pre-
mière fois, en effet, qu'im travail vraiment d'en-
semble était fait sur les inslruments à archet.
lAI. Vidal s'était efforcé de retracer aussi exacte-
ment que possible l'histoire de ces instruments
et des diverses transformations qu'ils avaient
subies dans le cours des siècles, celle de ces arti-
sans modestes, ?nais sublimes, qui, tels que les
JJergonzi, les Arnati, les Guarneri, lesStradivari,
en avaient porté la fabrication et la constiuction
à un point de perfection vraiment idéale,
enfin celle des artistes immortels qui, comme
les Leclair, les Gaviniés, les Violli, les lîoile,
les Duport, les Romberg, ont su leur faire
parler un langage éclatant et merveilleux.
L'cruvre était ardue, difficile, et surtout un
peu effrayante par les proportions que lui avait
données l'auteur. On peut dire, bien que quel-
ques réserves soient de mise sur certains
points, que M. Vidal s'en est tiré à son hon-
neur. Il y a certainement des lacunes, des
oublis, des erreurs à signaler dans son livre ;
mais, encore un coup, nous ne devons oublier
ni l'ampleur avec laquelle il a traité son sujet,
ni les mille détails avec lesquels il s'est
trouvé aux prises, ni le service qu'il a rendu
en réunissant dans un seul ouvrage une foule
de renseignements et de documents qiu étaient
épars dans des centaines de volumes et que
souvent on ne savait où trouver. C'est une
grosse chose et une grande audace, pour un
écrivain, que de s'attaquer du premier coup à
un sujet si vaste et à une (euvre de cette nature,
sans s'être rompu par avance à des travaux
moins importants ; M. Vidal n'a pas échappé à
l'inconvénient qui résulte d'une telle façon de
procéder. Mais, tel qu'il esf, on peut dire de
son livre que non-seulement c'est un livre
utile, mais aussi que c'est un livre nouveau,
qui n'avait encore été essayé nidlc part, et
que la France est la première à posséder.
VIDAL (Françols), né à Aiv le li juillet
1832, a publié un volume en langue provençale
avec traduction littérale en regard, intitulé
lou Tambourin , Musique, Poésie et Prose
provençales (Aix, Remondet-Aubin ; — Avi-
gnon, J. Romanille), Cet ouvrage comprend
trois parties :
La première, qui est l'histoire du tambou-
rin et du galoubet, contient des indications sur les
origines de ces deux inslruments, les pays où
ils sont en honneur, et les traditions qui s'y rat
tachent. — La seconde est une méthode de
galoubet suivie d'études et d'exercices.
trouverait réunis nulle autre part, et qui font le plus
grand honneur au talent de M. Hillemacher.
622
V VIDA.L— VIEL
La troisième est la collection des airs populaires
de Provence, autrefois en usage [pour les fôtes
religieuses, les aubades, les romèrages, les
farandoles et danses diverses, et les jeux.
L'ouvrage de M. Vidal n'est pas une étude
d'archéologie poursuivie dans un esprit et
avec une méthode scientiliques. Cependant
les recherches sérieuses n'y manquent pas;
les citations intéressantes y abondent, et
aussi les souvenirs des gens et des choses de
Provence qui se pressent dans la mémoire de
l'auteur, à l'occasion de l'instrument favori.
Tout cela est présenté sous une forme alerte,
dans le ton d'une conversation de bonne hu-
meur, et avec ce plaisir et ce talent de ra-
conter particuliers aux méridionaux. Il s'en
dégage je ne sais quel 'parfum ensoleillé du
pays. C'est cette couleur locale, où on ne sent
rien de voulu, ce sont ces renseignements re-
cueillis avec un soin jaloux sur des ^traditions
de plus en plus effacées , qui font l'intérêt dn
livre de M. Vidal. — L'auteur a été couronné
comme écrivain provençal aux Jeux Floraux
d'Api en 1862, d'Avignon en 1874, de Monteux
et de Forcalquier en 1875.
Lou Tambourin est dédié à Gaspard Michel,
capouUé (chef) ciel Tambourinaire. — Louis-
Gaspard Michel, surnommé communément le
Père Michel, faisait partie d'une véritable dy-
nastie de tambourinaires. Son père François,
son aïeul Pascal, ses beau -frère et neveu,
avaient acquis une réputation locale, tant comme
tambourinaires, que comme^facteurs de galou-
bets. Le Père Michel était né à Aix le 6 sep-
tembre 1786, et mourut dans cette même
ville en mars 1872, à l'âge quatre-vingt-six
ans. Il était lulhier de profession et mar-
chand de sa propre musique. Nommé pro-
fesseur de tambourin au Conservatoire d'Aix,
il apprit à jouer de tons les instruments à plu-
sieurs générations. 11 a écrit une innombrable
quantité de morceaux de toutes sortes, parmi
lesquels ligurenl même des quatuors pour instru-
ments à cordes. Il composait ces morceau.v à la
première demande de ses élèves, les appropriait
à leur goût et à leur degré d'instruction musicale,
elles leur vendait à vil prix. Quoi qu'on puisse
penser du talent du Père Michel, cette bizarre
(igure de musicien n'en est pas moins curieuse
à signaler. Elle semble appartenir à une autre
époque.
A l'occasion du livre de M. Vidal, on peut
encore rappeler le nom du tambourinaire Phi-
lippe Buisson. Buisson a fait son tour de France,
et sa notoriété a été au delà de sa province.
Al. R — d.
VIDAL Y ROGER (Andrés), le doyen des
éditeurs de musique de l'Espagne, est né à Bar-
celone le l'J juin 1807. La maison de commerce
de musique qu'il dirige en cette ville avec habi-
leté date de 1826, c'est-à-dire de plus d'un demi-
siècle. M. Vidal a publié un très-grand nombre
d'ouvrages d'auteurs espagnols et quelques opéras
qui ont été joués avec succès à Barcelone, ainsi
qu'une quantité considérable de zarzuelas. En
outre, il a été le fondateur, et pendant treize
ans le directeur propriétaire d'une feuille artis-
tique importante, la Espam musical. Le gou-
vernement espagnol a récemment récompensé le
zèle de M. Vidal et les services qu'il a rendus à
l'art musical national avec la croix de l'ordre
de Charles III, dont le vénérable et intelligent
éditeur a été décoré à l'occasion du mariage du
roi Alphonse. y.
VIDAL Y LLIMOIVA (A?(Dré9), éditeur de
musique et musicien distingué, fils du précé-
dent, est né à Barcelone le 5 juin 1844. Il fit
ses éludes musicales en France et en Allemagne,
et, de retour à Barcelone, écrivit plusieurs zar-
zuelas qui obtinrent un grand succès, ainsi que
divers morceaux de musique de chambre qui
furent très-remarques. M. Vidal s'établit à Ma-
drid en 1874, et il est aujourd'hui l'éditeur le
plus important de toute l'Espagne. Il a publié
plusieurs opéras espagnols, et \q& zarzuelas les
plus populaires de MM. Barbieri, Arrieta, Ou-
drid et Caballero. Y.
VIEILLARD DE BOIS3IARTIN
(Pierre-Ange), né à Rouen le 17 juin 1778, mort
à Paris le 12 janvier 1862, était un grand amateur
de musique. Administrateur de la bibliothèque de
l'Arsenal, et plus tard, sous le second empire,
bibliothécaire du Sénat, il s'occupait de théâtre
et de poésie, et écrivit les paroles de sept can-
tates qui furent choisies par l'Académie des
Beaux-Arts pour le grand concours de compo-
sition musicale: Herminie {\%Vi), Atala{i^\ii),
Œno«e (1815), Sophonisbe (1820), Agnès Sorel
(1824), Cléopâtre (1829), Imagine (1845). Cet
écrivain, qui avait été lié dans sa jeunesse avec
un grand nombre d'artistes, publia, peu d'années
avant de mourir, une pâle notice biographique sur
Méhul : Méhul, sa vie et ses œuvres (Paris, 1859,
petit in-8° de 56 pp.). qui est pourtant tout ce que
nous possédons sur cet artiste admirable.
VIEL (Eumond), est l'auteur d'un opuscule
publié sous ce titre : Projet d'un Opéra popu-
laire à Paris (Paris, Denlu, 1870, in-S" de
16 pp.). Viel était en 1840 l'un des rédacteurs
ôa Bulletin musical j)ublié par la maison Heugel
et Meissonnier; il devint ensuite l'un des colla-
borateurs du journal le Méneslrel, publié par
VIEL) — VIETTI
623
les mêmes éditeurs. C'était un dilettante pas-
sionné. Il est mort à Paris au mois de février
187G.
VIE^iOT (Edouard), pianiste et compositeur
amateur, né vers 1825, s'est pendant longtemps
occupé de musique, malgré la situation qu'il oc-
cupait dans l'armée, où il était capitaine de cui-
rassiers. Outre un nombre considérable de mor-
ceaux de musique de danse, il a publié aussi plu-
sieurs morceaux de genre pour le piano ; Taren-
telle élégante; Nocturne-, Sérénade; Norina,
élégie; Fantasia, GcUomina, Zuleika, valse
de concert; Yvonne, Fa^en^^«e, romances sans
paroles; etc., etc.
* V'IERLirMG (Georges), compositeur alle-
mand. — Parmi les compositions nombreuses de
cet artiste, je citerai les suivantes : le Psaume
137 (et non 127, comme il a été imprimé par
erreur), pour ténor solo, chœur et orchestre,
op. 22 ; V Enlèvement des Sabines, pour voix seu-
les, chœur et orchestre, op. 50; le 100'' Psaume,
pour chœur a cappella, op. 57; Quatuor pour
instruments à cordes, op. 56; trois Phanta-
sieslûcke pour violoncelle et piano, op. 55 ; trois
P hantasiestûcke ponr piano et violon, op. 41;
Fantaisie pour piano et violon, op. 17 ; 3 Im-
promptus pour piano, op. 53; Zechcantate,
pour chœur et orchestre, op. 10; 2 Kyrie pour
chœur a cappella, op. 29; Héro et Léandre,
composition en forme d'oratorio, op. 30; Znr
Weinlese, pour chœur et orchestre, op. 32; di-
vers recueils de chœurs a cappella, en forme
de lieder, pour différentes voix, op. 11, 18, 19,
26, 28, 34, 35, 37, 47, 52 ; recueils de chœurs
avec accompagnement de piano, op. 1, 38, 39,
42; etc.
V lETTI (Caroline), cantatrice remarqua-
ble, est née à Turin le 3 février 1820. Son père,
Carlo Yietti, ingénieur au service de Victor-Em-
mauuel l" et de Charles-Félix, rois de Piémont,
cultivait la musique avec passion et jouait du
violon. Sa mère, Félicita, née Valenti, était la
fille d'un officier en retraite. De ce mariage
étaient nés quatorze enfants ; Caroline Yietti était
le douzième.
Ayant montré de bonne heure des dispositions
pour la musique, elle fut placée dès l'âge de onze
ans à l'Accademia Filarmonica de Turin, et pen-
dant quatre ans y fit de solides études sous la
direction d'excellents professeurs, notamment
de Joseph Montanino pour le solfège, et de Carlo
Tomniasoni pourléchant. Dès la troisième année
de son séjour à l'Académie, elle avait remporté
tes premiers prix de chant, de ttiéorie musicale
et de déclamation. Mais étant trop jeune encore
pour entreprendre la carrière théâtrale, elle
avait demandé et obtenu de rester un an de plus
à l'Académie. Cet exemple est à citer aux jeunes
chanteurs d'aujourd'hui qui, ne se souciant nulle-
ment d'acquérir une éducation complète de chan-
teurs et de musiciens, n'aspirent qu'à quitter les
bancs de l'école pour aborder le théâtre.
En 1830, Caroline Viclti débuta, comme con-
tralto, au théâtre Carignano,de Turin, dans les
o|)éras Zadig e Ariastea et la Donna del
Lago, qu'elle chanta avec le célèbre ténor Don-
zelli, Je baryton Salvatori, et M'"" Orlandi.
Elle eut un vif succès. Mais n'ayant que seize
ans, et ne pouvant encore supporter les fatigues
de la vie de théâtre, elle prit un repos d'une
année, et en profita pour perfectionner son ta-
lent. Elle se rendit dans ce but à Milan et y ie(,ut
les conseils de Luigi Mauri, directeur du Con-
servatoire de cette ville. Dès l'année suivante,
elle aborda définitivement la scène et fut en-
gagée à la Fenice, à Venise, où elle chanta, avec
M'"' Pasta, Donzelli, et la basse Cartagenova,
Semiramis, Anna Bolena, et les principaux
ouvrages du répertoire. En 1839 elle chanta à la
Scalade Milan, etjusqu'en 1841 y tint son emploi
avec les meilleurs chanteurs de l'époque. Elle
fut notamment chargée d'un des premiers rôles
(avec les ténors Donzelli et Guasco, le baryton
Badiali, la basse Marini, les cantatrices Schober-
lechner et Gulber) dans une cantate com-
posée par Vaccaj à l'occasion du couronnement
de l'empereur d'Autriche, François II. Cette
cantate fut exécutée en grande pompe devant l'em-
pereur et sa cour. En 1841, Caroline Vietli
chanta à Rome, à Gènes, et sur les principales
scènes d'Italie. En 1842 elle vint à Marseille, sous
la direction Gorla, et y eut un succès d'enthou-
siasme, surtout dans Lucrèce Borgia, Semira-
mis, Tancrède et i Capuleti. De Marseille
elle retourna à Milan, et fut engagée aux théâtres
italiens de Moscou et Saint-Pétersbourg, où elle
resta de 1843 â 1845, avec Rubini, Salvi, Tam-
burini, M""" Viardot et Castellan. En 1846 elle
revint à Marseille, sous la^direction de M. Pro-
vini, qui avait réussi à grouper autour de lui une
troupe d'élite, dans laquelle on comptait
M"'" Rossi-Caccia, la basse Alizard et le comique
Yincenzo Galli. En 1847 elle chanta à Barcelone,
et en 1848 à Londres, en compagnie de Jenny
Lind, Tamburini et Gardoni. Cette môme année^
elle créa à Milan Lnigi 1% opéra de Mazzucato.
Elle alla ensuite à la Havane avec Salvi, Marini,
Badiali, M™" Bosio, Tedesco et Steffenone, piiis^
parcourut pendant six ans l'Amérique avec ces
mêmes artistes, et plus tard avec M°«^ Grisi et
Mario, qui faisaient une tournée. — A l'arrivée
de M"* Soutag à i\ew-York, Caroline Vietti fut
624
VIETïI — VIEUXTEMPS
engagée dans la troupe dont faisait partie cette
éininente cantatrice, et la suivit à Mexico, où les
représentations furent brusquement interrom-
pues par le choléra. Elle donna Lucrezia Borgia
avec M""'Sontag, qui, ce même soir, fut atteinte
parle terriblelléau. Peudejoursaprès, M""" Soiitag
mourait, prescpie dans ses bras. — De retour en
Europe en 1857, Caroline Vielti chanta en Portu-
gal et en Espagne, puis, en 1859, pour la troi-
sième fois, à Marseille, sous la direction Montelli.
En dépit de la fatigue que trahissait sa voix,
elle retrouva dans cette ville ses anciens succès,
grâce à l'ampleur et à la perfection de sa mé-
thode. Elle fut surtout très-applaudiedans Sémi-
ramis et Lucrèce Borgia : elle lançait le brin-
disi de ce dernier opéra avec un brio et une au-
torité de style qui s'imposaient au public. —
Après de nouveaux voyages artistiques en Italie
et en Ecosse, Caroline Vietti revint en 1861 à
Marseille, où elle avait contracté un mariage
honorable avec un négociant, M. Vertiprat. Elle
n'a pas'quitlé depuis cette ville, et s'y est vouée
avec succès à l'enseignement.
Douée d'une belle voix de contralto, Caroline
Vietti a fait particde cette génération de chanteurs,
aujourd'hui disparue, qui a interprété avec une
perfection rare et fait applaudir dans le monde
entier les œuvres de Rossini, Doni/etti, Bellini et
Mercadante. 11 semble qu'on ne puisse retrouver
ni le grand style, ni même les voix de cette
époque, et surtout ces magnifiques contralii
dont nousavons pour types Arsacede,Se??ii/-ftHi<5,
Malcolm de la Donna del Lago, Isabella de
l'italiana in Alrjicri, Roméo de i Capulcii,elc.
— Soit par un caprice de la nature, soit par suite
des exigences d'un réi>ertoire violent, dont la fessi-
tura trop étendue dénature les voix, on n'entend
|)lus au théâtre, — on fait de voix de femmes gra-
ves, — que des mezzo-soprani d'un clavier inégal,
chez lesquels les registres de tête et de poitrine
semblent toujoursmal soudés. Caroline Vietti avait
un véritable contralto, — un peu court peut-être
pour les ouvrages contemporains, tels que la
Reine de Chypre ou le Prophète, — mais
large, plein, sonore, d'une pureté et d'une égalité
remarquables. Elle avait à la fuis la flexibilité et
l'ampleur. Ayant poursuivi toute sa carrière au
milieu des plus éminenis chanteurs, elle avait
les traditions de la grande école italienne dont
elle a été en quekiue sorte un des derniers re-
présentants. 11 est regrettable, pour sa renommée,
que Caroline Vietti ne se soit jamais produite à
Paris. Mais ceux (\w. l'ont entendue peuvent
affirmer qu'elle a été une des cantatrices dis-
tinguées de ce temps.
Al. R — d.
* VIEUXTEMPS (Henri), violoniste ad-
mirable, a été cruellement éprouvé dans ces der-
nières années. Une paralysie du bras droit est
venue l'empêcher de se livrer à l'exercice de son
art, et quoiqu'un mieux assez sensible se soit pro-
duit depuis lors dans sa situation, il a dû cependant
renoncer complètement à se faire entendre en pu-
blic. M. Vieuxtemps est fixé aujourd'hui à Pa-
ris, où il continue de se livrer à la composition.
Il a publié récemment, sous le titre de Voix in-
times, un recueil de 6 pensées mélodiques pour
violon, avec accompagnement de piano (Paris,
Brandus), et un Concerto pour violoncelle, avec
piano ou orchestre (id., id.). A ses oeuvres pu-
bliées antérieurement, il faut ajouter les sui-
vantes : 3 Morceaux de salon, avec accompagne-
ment de piano; Duo pour piano et violon sur ieZ)?<c
d'Olonne, en société avec M. Ed. WoUf; Grande
Fantaisie sur Obéron, op, 14; Duo brillant pour
piano et violon, sur des airs hongrois, en société
avec Erkel; Fantaisie, id., sur les Huguenots,
avec Joseph Grcgoir; Duo, id., surZe Prophète
avec M. Rubinstein; Grand duo pour violon et
violoncelle sur les' Huguenots, avec Servais.
Tous ces ouvrages ont été publiés chez l'éditeur
M. Rrandus.
M"" Vieuxtemps est morte à la Celle-Saint-
Cloud, près Paris, le 29 juin 1868. On a
publié sur M. Vieuxtemps l'écrit anonyme
suivant, dont l'auteur est M. Félix Delhasse :
//. Vieuxtemps. Erratum de la « Bio-
graphie universelle des Musiciens » j)ar
M. Félis, Bruxelles, Wouters, 1844, in-8" de
7 pages. — Comme membre de l'Académie
royale de Belgique, M. Vieuxtemps a lu dans
une séance de cette compagnie une ISodce bio-
graphique sur Elicnnc-Jcan Soubre, notice
qui a été publiée dans VAnnuaire de l'Aca-
démie pour 1872, et dont il a été fait un tirage
à part (Bruxelles, Hayes, 1872, in-12).
i lELiXTEMPS (JEÂN-JosEPn-LiîciiîN). frère
du précédent, jùaniste, élève d'Edouard Wolf,
est né à Verviers, le 5 juillet 1828, et s'est pro-
duit en public pour la première fois dans un
concert donné par son frère Henri, au théâtre
delà Monnaie de Bruxelles, le 19 mars 184:). Il
s'est établi dans cette ville Comme professeur de
piano et il a publié quantité de morceaux pour
son instrument (caprices, mazurkes, valses,
fantaisies, ballades, romances, etc.). Il en est d'au-
tres qui ont été exécutés sans avoir été gravés
(des septuors, quatuors, trios sonales, éludes,
fantaisies, etc.). y.
\ J EL VTEMPS (JuLcs-JosEPH-EnNEST),
frère des précédents, né à Bruxelles le 18 mars
1832, est violoncelle-solo des conceris Halle à
VIEUXTEMPS — VILLANIS
G25
Manchester, après avoir été longlemps atlaclié
en la même qualité au théâtre italien de Lon-
dres. — Y.
VIGIVOIX ( ).'— On a publié sous ce nom
une brochure intitulée : Enseignement de la
musique vocale (Paris, 18G0, in-S" de 16 pp.).
VIGIVOZZI (Egisto), compositeur italien, a
écrit la musique d'un opéra bouffe intitulé Elena
eMalvina, qui fut représenté sur le théâtre San-
Benedetto, de Venise, pendant l'automne de
1835. Je crois qu'ensuite il en a produit un se-
cond, sous le titre de la Sposa. Cet artiste a
publié un recueil de chant : mia Serenata sulla
Neva, qui comprend trois ariettes et trois noc-
turnes à 2 voix.
VILAMALA ( ), compositeur espa-
gnol, est l'auteur d'une zarzuela intitulée la
Trompa de Eustaquio, qui a été représentée à
Madrid, sur le théâtre des Bouffes-Madrilènes,
le 29 janvier 1867,
^'ILAIVOVA (Ramon), compositeur espagnol
distingué de musique religieuse, naquit à Bar-
celone le 21 janvier 1801. Dès l'âge de huit ans,
il commença l'élude du solfège avec un artiste
nommé José Ferres, partit peu de temps après
avec sa famille pour Berga, et là, devenu enfant
de chreur, continua cette étude avec un prêtre
nommé Jaime Domenech. De retour à Barce-
lone en 1814, il devint l'élève de Francisco Que-
ralt pour l'harmonie et la composition, et reçut
aussi des leçons deMateo Ferrer. 11 s'appliqua en-
suite à connaître et à étudier les grandes œuvres
de musique religieuse qui s'exécutaient dans les
églises de sa ville natale, après quoi il partit en
1829 pour Milan, où il se perfectionna sous la
direction de Piantanida.
Après un an de séjour à Milan, il revint dans
sa patrie, et fut nommé maître de chapelle de la
cathédrale de Barcelone. Il renonça en 1833 à
cet emploi pour accepter celui de directeur de la
musique au théâtre de Valence, mais justement
ce théâtre vint à fermer par suite de la mort du
roi Ferdinand VII. 11 revint donc se fixer défini-
tivement à lîarcelono, où il se livra à l'enseigne-
ment et à la composition, et qu'il ne quitta plus
depuis lors. Artiste intelligent, professeur vénéré,
homme de cu'ur et de bien, il est mort en cette
ville, au mois de mai 1870, âgé de soixante-neuf
ans.
Parmi les nombreuses compositions religieuses
de Ramon Vilanova, qui sont très-estimées en
Espagne, on cite particulièrement la messe de
Requiem écrite par lui en 1838, et qui fut exé-
cutée dans la cathédrale de Barcelone pour le
service funèbre des victimes de la guerre civile
qui désola l'Espagne de 1833 à 1839, puis deux
BIOCR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPfL. —
autres messes de Requiem, écrites postérieu-
rement. Au nombre de ses meilleurs élèves, on
mentionne MM. Vicente Ciiyas, Mariano Obiols,
Pedro Tintorcr, Antonio Rovira, José Pique y
Cavero, et Casanas.
\ ILUAIl (MiiïosLAw), compositeur et poëte
hongrois, mort dans sa propriété de Kalz, près
de Pesth, le 6 août 1871, est l'auteur d'un opéra
intitulé Jamska Ivanha, et d'un grand nombre
de chansons qui lui ont fait une renommée et
sont devenues populaires parmi ses compatrio-
tes.
VILL ATSIS (Angelo), compositeur dramati-
que, né à Turin en 1821, est mort le? septembre
1865. Fils d'un avocat distingué de Turin, il
embrassa d'abord lui-même la carrière du
barreau, puis l'abandonna pour se livrer à la
passion indomptable qu'il éprouvait pour la
musique. Il se plaça alors sous la direction du
maestro Luigi-Felice Rcssi, suivit avec lui un
cours complet d'éducation musicale, et au bout
de peu d'années se vit en état d'aborder la
scène, but de ses désirs ardents. Il s'essaya
pour la première fois vers 1849, en donnant au
théâtre Gerbino, de Turin, une faj'sa intitu-
lée i Saltimbanchi in Ispagna, qu'il fit re-
présenter sous le couvert de l'anonyme et qui
fut fort bien accueillie néanmoins. Encouragé
par le résultat favorable qu'il avait obtenu avec
ce premier et timide essai, il se décida à pour-
suivre la carrière de la musique dramatique et
donna par la suite huit autres ouvrages, presque
tous fort importants, qui subirent des sorts divers,
mais qui révélèrent chez Villanis un talent ho-
norable et distingué. En voici les titres : 1° la
Spia, 0 il Mercaiuolo americano, opéra
serai-scria en 4 actes (Tin'in, th. Sutera, 1850) ;
2** la Figlia del Proscritto, opéra sérieux (Tu-
rin, th. Carignan, 1851) ; 3° la Regina di Leone
(Venise, th. Apollo, 1851), ouvrage qui, ainsi
que le précédent, obtint un grand succès ;
4" Alina, o il Matrimonio d'ima cantante,
opérette bouffe (Turin, th. National, vers 1853);
5" la Vergine di Kent, opéra sérieux en 4 actes
(Turin, th. Regio, février 1856) ; 6° Una Notte
di festa, opéra sérieux (Venise,' 1858), repré-
senté sous ce titre, mais publié sous celui
à' Emanuele-Filiberto avec une dédicace à
Victor-Emmanuel, roi d'Italie; 7° Vasconcello
(Milan, th. de la Scala, 1859) ; 8° Bianca degli
Albizzi (Milan, th. de la Scala, 1865).
La On d'Angelo Villanis fut lamentable. Cet
artiste avaft un jeune fils qu'il aimait tendre-
ment , et qu'il avait placé au collège d'Asti ;
l'enfant tombe un jour d'une fenêtre, et dans
sa chute se casse un bras. Les médecins, ap-
T. U. 40
626
VILLANIS
pelés aussitôt, déclarent que pour lui sauver
la vie l'amputation est indispensable. Le pauvre
père, mandé en tonte liàfe , devient fou en
voyant la situation de son lils ; il est ramené
dans sa famille, mais sa folie devient bientôt
furieuse, et il meurt au bout de quelques jours,
dans un horrible délire, à peine âgé de qua-
rante-quatre ans.
En dehors du théâtre, on a publié de cet
artiste quelques compositions vocales, entre
autres un recueil élégant de Sei Canzoni po-
polari (1).
VILLAROSA (Le marquis DE), dilettante
et écrivain musical italien, esj, l'auteur d'un
recueil biographique intitulé Memorie dei com-
posHori di miisica del regno di Napoli (Na-
ples, Impr. royale, 1840, in-8"), et qui, comme
l'indique son titre, était exclusivement con-
sacré aux musiciens napolitains. Quelque in-
complet que soit cet ouvrage, il est resté pen-
dant longues années le seul que l'on piU con-
sulter sur les grands artistes qui avaient fait
partie de cette admirable école napolitaine, si
féconde et si brillante, et l'on doit savoir gré
au marquis de Villarosa du soin qu'il avait
pris de grouper tous ces noms glorieux
et de retracer la vie de tant d'artistes jus-
tement célèbres. On doit au même écrivain
. une notice sur Pergolèse, qu'il a donnée sous
ce titre : Lettera biografica intorno alla pa-
tria ed alla vita di Gio. Battista Pergolèse,
célèbre composilore di musïca. Je ne connais
de cet opuscule qu'une seconde édition, publiée
à Naples, en 1843, dans le format in-8°.
VILLAPiS (Louis-Hector, maréchal, duc
DE), né à Moulins en 1653, mort à Turin en
1734, — qui sauva la France à Denain, —
doit être mentionné ici pour la protection
éclairée qu'il accorda aux arts. Vers 1712 il
avait été reçu membre de l'Académie française.
En 1716 il fut nommé gouverneur général de
Provence, et sa venue fut célébrée dans le pays
par des hommages de toute sorte, notamment
à Marseille, où un prologue de circonstance
mis en musique par Campra fut donné au
théâtre. Le maréchal de Villars se montra très-
attaché à la province dont l'administration
(1) En 1861, la municipalité rie Turin avait nommé,
pour élaborer un projet de création d'un institut musi-
cal en celle ville, une commission rie quatre conseillers
communaux cl rie quatreartistcs, qui étaient MM. Uiigi
Luzzi, Antonio Marcliisio, Lui},'! l'abbrica et Angelo
Vili.mis. Villanis fut clioisl comme rapporteur de celte
commission, et le projet rédigé par lui, trés-clairement
et trés-élégamment écrit, fut publié en feuilleton dans
ics numéros du journal l'Opinione des 30 décembre 1861,
i"-"^ et 3 janvier 1862.
- VILLARS
lui avait été confiée. Il lui rendit de signalés
services, et s'efforça particulièrement d'y dé-
velopper par tous les moyens le goût des choses
de l'esprit. Vers 1726 il encouragea la fondation
de l'Académie de Marseille, qui depuis quebjue
temps cherchait à se constituer, et obtint
pour elle des lettres patentes du roi et l'allilia-
tion à l'Académie française. Il fut le premier
protecteur de cette compagnie, et institua
un prix annuel d'éloquence et de poésie qui
devait être décerné par elle. Aussi, les pre-
mières médailles de l'Académie de Marseille
portent-elles les armes de son illustre patron.
Ce fut également sous les auspices du maré-
chal de Villars que se forma à Marseille, en
1717, une Académie de musique. En 1728,
grâce encore à l'appui du maréchal, cette
académie reçut, à son tour, des lettres pa-
tentes. C'était une véritable Société de con-
certs appuyée par un certain nombre de sous-
cripteurs, qui donnaient chacun dans l'origine
60 livres par an. Protégée par le gouver-
neur, dirigée par des commissaires renouvelés
chaque année et choisis parmi les notables de
la ville, jouissant de diverses immunités, et
ayant par contre certaines charges, la Société
des concerts hâta les progrès de l'art musical
à Marseille. Elle donnait fréquemment des
séances, et fut la première à organiser des
concerts spirituels au profit des pauvres,
avant même Paris, où le premier concert spi-
rituel date, dit-on, de 1725. Ces auditions eurent
lieu d'abord dans la rue Venture (autrefois
rue du Vieux-Concert), puis dans une salle
construite place Royale, qui fut démolie sous
la Terreur. — C'est, en effet, à cette époque
seulement que cesse sa bienfaisante action.
— Les programmes, dont le niveau s'élève peu
à peu, comprennent tous les genres de musi-
que : symphonies, motets, airs dramatiques,
ariettes, concertos, etc., et l'on y voit suc-
cessivement figurer les noms des compositeurs
Rameau, Pergolèse, Lalande, Lulli, Mondonville,
d'Auvergne, Campra, Rebel et Francœur,
Mouret l'Avignonnais, etc. En dernier lieu,
on exécutait à chaque concert une sympho-
nie de Haydn ou de Pleyel. Quelquefois même
c'étaient des œuvres locales de Rey, maître
de musique des concerts, de Beck, qu'on ap-
pelait le Gluck de la Provence , du chef d'or-
chestre Legrand, etc. En 1761, cette société
ne comptait pas moins de 45 sujets. Parmi
les solennités les plus remarquables préparées
par elle, il faut citer celles des 15 et 17 mai 1720,
en l'honneur de la duchesse de Modène, fille du
régent de France; — du 5 avril 1742, pour la
VILLAUS
627
réception de don Philippe, infant d'Espagne,
de passage à Marseille; — de 1744, à l'occa-
sion de la convalescence de Louis XV; — de
1777, pour fêler le comte de Provence. Au
nombre des musiciens les plus distingués qui
la; dirigèren!, se trouvent Lainenf Bellisscn,
élève de Poitevin et maître de chapelle de
l'abbaye de Saint-Victor, qui écrivit beaucoup
de musique religieuse fort prisée de son temps,
et Rey, maître de concerts, dont un motet,
Nunc (limitas, était particulièrement estimé.
— L'idée de cette belle institution fut reprise
vers 1805 et poursuivie jusqu'en 1839 par l'as-
sociation des Concerts Thubaneau, qui fut
véritablement la continuation des Concerts
entrepris en 1717. Les Concerts Thubaneau
rendirent en Provence les plus éminents ser-
vices à l'art musical. Il suflit, pour les faire
apprécier, de rappeler qu'on y entendit et qu'on
y applaudit les symphonies de Beethoven de
1821 à 1827, alors que Paris hésitait encore
à acclamer ces immortels chefs-d'œuvre. —
L'Académie de musique fondée par le maréchal
de Villars eut aussi son action sur l'Académie
de Marseille. En 1766, cette dernière compa-
gnie (qui avait compté plusieurs membres très-
distingués, entre autres Jean-André Peyssonnel,
à qui l'on doit des découvertes du premier or-
dre sur le corail) s'adjoignit une classe des
Beaux-Arts. Plus tard, une section spéciale
fut réservée à la musique. Le 5 ventôse an
IX, deux musiciens de talent, Delattre et Le- ■
grand, y furent admis; peu après, Alexandre
Louet y entra à son tour (voir ces noms dans
la Biographie tinïverselle de Fétis et dans le
Supplément). Le 25 lloréal an XII, l'Acadé-
mie de Marseille forma le projet d'ouvrir un
Conservatoire de musique, dont la direction
devait être conliée à Delattre. Ce projet, qui,
après bien des débats, ne fut pas mis à exé-'
cution, devait être repris plus tard. En 1822,
M. Barsolti fonda le Conservatoire existant
aujourd'hui à Marseille, qui est une véritable
pépinière d'artistes. — On voit quelle chaîne
de traditions fécondes avait nouée l'intelligente
initiative du maréchal de Villars. Il y aurait
injustice à ne pas reporter à cette glorieuse
personnalité l'honneur d'avoir créé des institu-
tions artistiques qui ont été l'origine de nos
institutions actuelles. Les contemporains du
maréchal apprécièrent foute la portée de ses
bienfaits. Quand il mourut, ce fut en Provence
un deuil général. L'Académie de Marseille fut
l'interprète des sentiments de la population,
par l'organe de deux de ses membres ; Charles
de Peyssonnel fit l'éloge funèbre du. maréchal
en séance publique, . et de la "Visclède lut une
ode de circonstance. L'Académie ouvrit aussi
un concours de poésie destiné à perpétuer le
souvenir de son fondateur. Cinq des meilleures
pièces écrites à cette occasion furent insérées
dans le Recueil de l'Académie publié en 1735.
Al. R— n.
VILLARS (Honoré- AnMAND, duc DE), fils
du précédent, né en 1702, mort aux Aigalades,
près Marseille, en 1770, succéda à son père dans
ses diverses dignités , notamment <lans sa
charge du gouvernement de Provence et dans
son fauteuil à l'Académie française. Le duc
de Villars contribua aussi activement que
possible au développement des institutions
fondées par le maréchal , et beaucoup des
progrès rappelés dans la notice ci-dessus lui
sont dus. Il soutint du prestige de son autorité
l'Académie de Marseille, et tint à honneur de
la présider souvent. En 1767 il institua pour
cette compagnie un nouveau prix destiné à en-
courager les sciences, et, en mourant, lui légua
un capital de 20,000 livres. Il protégea d'une
façon continue l'Académie de musique et sur-
tout peut-être le théâtre de Marseille, qu'il
suivait très-assidûment et qu'il aimait avec
passion. On retrouve le nom du duc de Villars
associé à foutes les solennités et à toutes les
créations artistiques de celte époque. La secon-
de série des médailles de l'Académie de Mar-
seille porte son effigie. On peut dire que les
bienfaits du duc furent aussi intelligents que
persévérants. Aussi, en Provence, confondit-on
les deux Villars dans une même reconnais-
sance. En dépit de vices qui déparaient ses
belles qualités, le fils fut unanimement regretté,
comme l'avait été le père. Il mérite d'être men-
tionné parmi les bienfaiteurs de l'art en pro-
vince.
Al. R— d.
VILLARS (Franz DE), amateur de musique
et de peinture, naquit à l'île Bourbon le 20
janvier 1825. Venu de bonne heure en France,
oii il termina son éducation littéraire, il y
prit le goût de la musique, étudia la flûte,
puis travailla l'harmonie sous la direction de
M. Deldevez. Il a rédigé pendant un temps
le feuilleton musical de l'Europe, journal
français de Francfort, et a collaboré activement
à l'Art musical. On lui doit les publications
suivantes : 1° la Serva padroria, son appari-
tion à Paris en 1752, son analyse, son influence
(Paris, Castel, 1803, gr. in-S") ; 2° Notices sur
Luigi et Federico Ricci, suivies d'une analyse
critique de Crispino e la Comare (Paris, Mi-
chel-Lévy, 1800, in-12) jS'/cs deuxlphujénie de
628
VILLARS — VILLERS
GZ«cA (Paris, Liepmannssohn, 1868, in-S»). Les
Notices sur Luigi et Federico Ricci sont par-
ticulièrement intéressantes, ayant été rédigées
d'après des documents fournis par le survivant
des deux frères. F. de Villars est mort à Paris,
au mois d'avril 1879.
VILLATE (Gaspar), musicien américain,
est né à Cuba le 17 janvier 1851. Possesseur
d'une fortune considérable et cultivant l'art en
amateur, il commença dans sa patrie son édu-
cation musicale, puis la termina à Paris, où
il suivit, je crois, comme auditeur, une des
classes du Conservatoire. M. Yillate commença
par publier quelques romances, quelques mé-
lodies vocales, puis il écrivit un opéra italien
en 4 actes, Zilia, qu'il fit représenter sur le
Théâtre-Italien de Paris le 1" décembre 1877.
La partition de cet ouvrage, extrêmement
faible, n'offrait qu'une imitation flagrante et
banale du style de Donizelti et de celui de
M. Verdi. Zilia ne put se soutenir à la scène,
malgré le talent qu'y déployaient ses deux
principaux interprètes, M"« Elena Sanz et
M. Tambe.rlick. Depuis lors, M. Villate a donné
au théâtre royal de la Haye un opéra français
en 4 actes et 7 tableaux, la Czarine, qui paraît
avoir reçu un accueil favorable (2 février 1880).
VILLEBICHOT (A DE), composi-
teur français, né vers 1820, a fait de bonnes
études décomposition avec M. Maleden, et est
devenu plus tard chef d'orchestre dans dif-
férents cafés-concerts de Paris, entre autres à
l'Alcazar et au Café des Ambassadeurs. Jl a
écrit pour plusieurs de ces établissements
un assez grand nombre d'opérettes et de saynè-
tes qui y ont été représentées et parmi les-
quelles je citerai les suivantes : Marjolaine,
Roublard le Canotier, l'Héritage de mon
oncle, la Tour du Nord, un Homme agaçant,
les Hidalgos de Paris, Mademoiselle J''or-
donne, le Lion en cage, le Bailli de Croque-
tendron, Turlurette,la Tyrolienne, un Bal à
la sous-préfecture, une Minute trop tard, la
Corde cassera, Blagados et Bêtinet, les Deux
Maris garçons, les- Deux Scélérats, les Deux
Postillons, Vengeance, la Grève des femmes,
etc.
M. de Villebichot a donné au théâtre Déjazet
un ouvrage plus important, Nabuco, opéra
bouffe en 3 actes, qui n'était pas dépourvu de
bonnes qualités. Cet artiste a publié, en 18'j8,
une brochure sur l'état de rcnseif;ncnient musi-
cal et les réformes qu'il lui semblait utile d'y
apporter.
VILLEBLAIXCIIE ( ), compositeur
français, a écrit la musique d'un opéra-co-
mique en 2 actes, les Fiançailles des Roses,
qui a été représenté au Théâtre- Lyrique le
21 février 1852. Je ne sache pas que cet ar-
tiste se soit produit d'aucune autre façon.
A'ILLEBOIS ( ), compositeur russe
contemporain, descend d'une ancienne famille
française, dont le chef, soldat courageux, fut,
dit-on, l'un des compagnons de Pierre le Grand.
M. Villebois est l'auteur d'un opéra intitulé
Nataschha, dont la valeur est mince et qui a
été représenté sur le théâtre Marie, de Saint-Pé-
tersbourg, en 1863. Il a publié un^recueil in-
téressant de chants populaires russes.
* VILLENEUVE (André-Jacques). — Ce
musicien est l'auteur de la Princesse d'Élide,
opéra-ballet héroïque en trois actes et un pro-
logue, dont il écrivit la partition sur un livret
de l'abbé Pellegrin et qui fut représenté à
l'Opéra le 20 juillet 1728. Villeneuve, qui avait
été maître de musique de la cathédrale d'Aix
(et non d'Arles), était venu sans doute se fixer
à Paris, car, au mois d'avril 1727, il faisait
exécuter au Concert spirituel une œuvre im-
portante, le Psaume 96, mis en musique par
lui sur une traduction française de l'abbé Pelle-
grin. Quinze ans auparavant, le 4 janvier 1712,
il faisait entendre une cantate intitulée Thétis,
écrite par lui sur des vers de la Mothe, pour
fêter le rétablissement de la santé du comte de
Toulouse.
Un artiste nommé Villeneuve publia à Paris,
en 1756, une Nouvelle Méthode pour appren-
dre la musique et les agréments du chant
(Paris, 1756, in-4° oblong) ; ce doit être le
mêmeque celui dont il est ici question, car, à cette
date de 1756, l'almanach intitulé les Specta-
cles de Paris mentionne Villeneuve au nombre
des musiciens vivants qui ont travaillé pour
l'Opéra. Il existait donc encore à cette épo-
que, bien qu'il fût évidemment fort âgé (1).
* A ILLERS (Le baron Henri-Louis-Martin
DE), né à Eu le 21 juillel 1780, devint successi-
vement maire de Neufchâtel, membre du Conseil
général de la Seine-Inférieure, député, repré-
sentant du peuple, et chevalier de la Légion
d'honneur. Ses travaux de littérature et ses
œuvres musicales lui donnèrent entrée à l'Aca-
démie des sciences, belles-lettres et arts de
Rouen, ville qu'il a longtemps habitée, et dans
(!) J'ignore si c'est d'une parente de cet artiste qu'il est
question dans ces lignes que publiait le Mercurcde France
de décembre 1770: — « Le jeudi i" novembre, il y a
eu concert spirituel On a fort ;ipplaudi à l'exécution
de M'ie de Villeneuve, qui a joué avec lépéreté et pré-
cision surin mandoline un concerto de M. Kritzeri. Cette
virtuose se proposoit de jouerun concerto sur leclavessin,
irais les arrangemens du concert ne lelui ont pas permis.
VILLERS — VINCENS
629
laquelle il est mort, le 8 novembre 1855. Il
y exerça égaiement, pendant plusieurs années,
les fonctions de président de la Société philhar-
monique.
M. Martin de Villers pouvait être consi-
déré, en effet, comme un amateur sérieux et
instruit ; il avait étudié la composition sous la
direction de Berton, dont il était l'ami, et, in-
dépendamment d'un opéra qui, croyons-nous,
n'a pas été représenté, il avait écrit diverses
œuvres de musique de chambre, lesquelles
n'ont été publiées qu'après sa mort, et par
les soins de M. Ch. Dancla. Ces œuvres con-
sistent en six quatuors pour deux violons, alto
et violoncelle, trois trios pour piano, violon et
violoncelle, un quatuor pour piano, violon,
violoncellej et contre-basse, un quintette pour
piano, deux violons, alto et violoncelle, et un
autre quintette pour piano, harpe, hautbois,
cor et contre-basse. Parmi les œuvres manus-
crites de M. de Villers, nous citerons une ou-
verture qui fut exécutée en 1836, à la séance
publique de l'Institut.
Il a laissé également quelques écrits, notam-
ment les suivants, qui se rattachent à la musi-
que : Discours sur le rang qui appartient
dans l'ordre moral et intellectuel aux Let-
tres et aux Arts (Précis des travaux de
r Académie de Rouen, 1840). — Notice sur la
Société philharmonique de Rouen (id. 1842 ;
Revue de Rouen, 1843 ; Annuaire normand,
1843). — Dissertation sur l'enseignement de
la musique par la méthode Galin-Paris-
Chevé (Académie de Rouen, 1850). — Quel-
ques considérations générales sur la musi-
que religieuse à l'occasion d'une messe de
M. Vervoitte, maître de chapelle de la ca-
thédrale de Rouen (id., 1853).
J. C— z.
VILLIERS STAINDFOIlD(C ), orga-
niste, pianiste et compositeur anglais, exerce les
fonctions d'organiste au Trinity Collège de Cam-
bridge, en même temps qu'il est conductor de
la Société musicale de cette ville. J'ai le regret
de ne posséder aucun renseignement sur cet
artiste, qui paraît fort distingué, et d'être obligé
de rae borner à mentionner quelques-unes de
ses œuvres. L'une des plus intéressantes est une
symphonie à grand orchestre qui fut envoyée
par l'auteur au concours ouvert en 1876 par les
directeurs de VAlexandra Palace, et qui, je
crois, obtint le second prix, le premier étant
décerné à la composition de M. G.-E. Daven-
port, sur quarante-six manuscrits envoyés.
M. Villiers Standford a écrit aussi des airs et
des entr'actes pour une tragédie de Tennyson,
Qîieen Mary, une ouverture pour le festival de
Gloucester, en 1877, et il a publié le Psaume 46
pour voix seules, chœurs et orchestre, un trio
pour piano, violon et violoncelle, une sonate
pour piano et violon, des mélodies vocales, etc.
A^ILLOIIXG (ALEXAPtDRu), pianiste et pro-
fesseur russe fort distingué, compositeur pour
son instrument, a été le maître des deux
grands virtuoses MM. Antoine et Nicolas Ru-
binstein, et a formé un grand nombre d'autres
élèves à Saint-Pétersbourg, où son enseigne-
ment était très-renommé. On lui doit diverses
compositions, parmi lesquelles un concerto de
piano et un concerto do violon, tous deux
avec accompagnement d'orchestre, et une
grande Méthode publiée .sous ce titre : l'Ecole
pratique du piano, dont il a été fait une
édition française (Paris , Heugel). Dans cet
ouvrage, dont l'originalité est parfois excessive,
on trouve pourtant quelques idées neuves et
utiles. Villoing est mort à Saint-Pétersbourg,
au mois de .septembre 1878,
VINCE]\S (Pierre -Joseph - Denis - Au-
guste), compositeur, naquit le 5 novembre 1779.
Membre d'une vieille famille marseillaise dans
laquelle le culte de la musique a toujours été en
honneur, il ne s'occupa pourtant qu'en amateur
de cet art aimé par lui jusqu'à la passion. Il
paraissait même tenir à cette qualification d'a-
mateur, car on la retrouve à côté de son nom
sur toutes ses publications et sur tous les pro-
grammes mentionnant quelque pièce de sa
composition. Auguste Vincens appartenait à
une véritable dynastie d'assureurs maritimes,
profession à laquelle se sont voués successi-
vement son aïeul Gaspard, son père Mathieu,
son fils Antoine et son petit-fils Charles. Quoi-
que destiné à suivre cette carrière , il étudia
sérieusement la musique et apprit l'harmonie
d'une façon à peu- près complète. Pendant un
quart de siècle, il fut un des organisateurs les
plus actifs de toutes les auditions et un des sou-
tiens les plus dévoués de toutes les fondations
pouvant développer à Marseille le goût de l'art
musical. Après que les églises eurent été rendues
au culte catholique, il s'attacha avec un groupe
d'hommes éclairés, MM. Albrand, VitalGilly,
Mey, Reymonencq, Lecourt, à la restauration
à Marseille de la musique religieuse. Il fut
même longtemps maître de chapelle de la ca-
thédrale. Il prit aussi une grande part à la
création et à la prospérité des Concerts Thu-
buneau qui, de 1805 à 1839, firent beaucoup
à Marseille pour le grand art. On y faisait
entendre des fragments de musique sym-
phonique , dramatique ou religieuse des meil-
630
VINCENS — VINCENT
It'tirs inaîlres anciens cl modernes, et sou-
vent les concerts, dirigés avec un rare esprit
d'initiative, coniprenaienl des œuvres nouvelles,
nationales ou étrangères, encore inconnues
en France. — Le 29 mars 1827, Auguste Vin-
cens fut reçu membre de l'Académie de Mar-
seille, en même temps que le professeur d'har-
monie Macarry. Il fit pour cette compagnie
un intéressant rapport sur les ouvrages de
musique d'un de ses membres, M. de Valer-
nes. Auguste Vincens passa toute sa vie dans
ce cercle d'artistes et d'amis qu'il affection-
nait tant, et dans lequel sa gaieté, sa verve
gauloise et son esprit l'avaient en quelque
sorte rendu populaire. On peut même dire qu'il
mourut au milieu d'eux, car le 7 février
1S36 il fut frappé d'une attaque d'apoplexie,
l'archet à la main, en dirigeant l'exécution
d'une messe en musique dans l'église de Saint-
Victor.
Voici la lisle des principales compositions
d'Auguste Vincens :
Popule meus pour' orchestre et chœur (Pa-
cini, éditeur à Paris); Tantum ergo, motet à
trois voix sans accompagnement (Dufaut et
Dubois, éditeurs, Paris) ; 0 salutaris Hostia ;
Panis angelïcus ; Domine salvum fac ; Re-
quiem xternam, motets à trois voix sans ac-
compagnement, dédiés àLesueur (Dufaut et Du-
boiSj éditeurs); Salve Regina, motet à trois
vois sans accompagnement (Boisseiot, éditeur
à Marseille); Trois Romances avec accompa-
gnement de piano ou de harpe (Boisselot, édi-
teur); Couplets et chœur en l'honneur de la
duchesse d'Angoulèrae, chantés en sa présence
au Grand-Théâtre de Marseille; Ouverture
pastorale à grand orchestre ; Ouverture de
concert à grand orchestre , composée pour
l'inauguration de la nouvelle salle où se trans-
portèrent les Concerts Thuhaneau ; Andante
religioso pour orchestre; Marche pour bande
militaire ; Magnificat pour orchestre et chœur ;
Ave Regina 3i\ec accompagnement de quatuor;
Ave maris Stella avec accompagnement de
quatuor; De Profundis pour orchestre et
chœur. Cette dernière pièce fut exécutée à ses
obsèques, et le manuscrit fait partie de la biblio-
thèque du Conservatoire de Marseille.
Al. R — d.
*VIiyCENT(ALEXANDRE-j0SEPH-HYDULPHE),
est mort à Paris le 26 novembre 1868. Cet écri-
vain laborieux a tellement prodigué ses écrits
sur une foule de sujets relatifs à la musique,
qu'il est bien difficile d'en dresser une liste
exacte et complète. Je vais du moins citer tous
eux qui sont parvenus à ma connaissance, en
dehors de ceux déjà signalés par la Biographie
universelle des musiciens. — 1° Note sur la
tncsse grecque qui se chantait autrefois à
V abbaye de] Saint- Denis (Paris, Didier, 1864,
gr. in-8°) ; 2° Explication d'une scène relative
à la musique représentée sur un vase grec
du musée de Berlin (Paris, Laliure [1839], in-
8° de 7 pp., avec planche); 3° Introduction au
traité d'harmonique de Georges Pachymère
(Paris, in-4°, avec 4 planches gravées) ; 4° Des
notations scientifiques à l'école d'Alexandrie
(Paris, 1846, in-8''); 5° Communication faite à
l'Académie des Beaux-Arts dans la séance
du 4 mars 1854. Quarts de ton et principe
harmonique (Paris, 1854, in-S" de 7 pp.);
6° Emploi des quarts de ton dans léchant gré-
gorien, constaté sur l'antiphonaire de Mont-
pellier (Paris, Leleux, 1854,^1-8" de 8 pp.);
7° Notice sur la vie et les ouvrages d'Auguste
Bottée de Joif/mon (Paris, Crapelet, 1851, in-
8°) ; 8° Pédagogie musicale. Sur une clef uni-
verselle (Rennes, impr. Vatar, 1856, in-8°);.
9" Rapport fait à la section d'archéologie, le
30 avril 1855, sur des feuillets de musique
communiqués par M .Maurice Ardant, corres-
pondant à Limoges (Paris, 1856, in-8» de 4 pp.
de texte et de 4 pp. de musique) ; 10° Supplément
aune précédente note sur l'emploi des quarts
de ion dans le chant liturgique (Paris, in-8»,
1856); ii" Acoustique. Théorie de la gamme
(Paris, 1858, in-8» de 7 pp.); 12° Lettre sur la
musique des Grecs, adressée à l'Académie
royale des inscriptions et belles-lettres de
Paris (Sèvres, René, 1838, in-8° de 3 pp.);
13° Communication d'une lettre de M. Nisard,
relative à la faculté remarquable dont jouit
U7i enfant de sept ans, d'apprécier la tonalité
du discours parlé [Paris, Bachelier, 1851, in-4°
de 2 pp.). Tous ces écrits ont été d'abord insérés
dans des recueils scientifiques, artistiques ou lit-
téraires, et ensuite publiés à part. J'en vais ci-
ter encore quelques-uns, mais sans pouvoir dire
si ceux-ci ont été l'objet d'une publication par-
ticulière; 14" Mémoire sur la théorie des
battements et l'accord de l'orgue {Annales de
chimie et de physique, 1849); 15° Discours sur
la musique des anciens Grecs, lu au Congrès
scientifique d'Arras (1853) ; 16° Nouvelles con-
sidérations sur la musique et la versification
au moyen âge {Correspondant, juin 1855);
17° Sur la théorie de la gamme et des ac-
cords (Comptes-rendus de l'Académie des scien-
ces, 1855); 18" Sur un procédé démodulation
au moyen de trois accords (1833) ; 19° Diverses
notes sur le calyndrier, sur le système métri-
que cl sur la 7misique des Grecs, aie sujet d'un
VINCENT — VITZTIIUMB
631
manuscrit c?(z Traité des lois de Gemislhus PU-
thon, découvert par M. Vincent (1842); IQ' Sur
la poésie lyrique des Grecs et le vers doch-
miaque {Bévue archéologique, 1845); 21" Sur
un rituel païen que possède la Btbliothèque
du roi [Revue archéologique, 1842); 22" ISote
sur une formule générale de modulation
(Lille, 1832).
M. Vincent a été le sujet des écrits suivants :
i" Notice sur A. -J.- II. Vincent, par E. Havet
(Paris, 1869, in-8°); 2° i»/. Vincent, membre
de l'Académie des inscriptions et belles-let-
tres, par M. Tisseron (extrailiies Annales his-
toriques et biographiques, Paris, 1863, gr. in-
8" de 3 pp.); 3" Manuscrits relatifs à la
musique des Grecs anciens, publiés par
M. Vincent ; compte-rendu de cet ouvrage,
par Lecomte (Paris, 1847, in-8" de 8 pp.) ; 4" les
Gloires d'Uesdin. M. A.-J.-H. Vincent, de
l'Iustitut, par M. l'abbé Fromentin (Boulogne,
Magnier, 1869, in-8° de 60 pp.).
VIÎVYALS Y GALI (Le P. José), moine
et musicien espagnol, né en 1770 ou 1771 àTar-
rasa, dans le diocèse de Barcelone, l'ut élève du
collège de musique de la fameuse abbaye de
Monlserrat, dont il devint ensuite le maître de
musique, après avoir fait profession le l'^"' mai
1791. Le P. Vinjals écrivit un certain nombre
de morceaux religieux qui, paraît-il, n'étaient
point sans valeur, mais que l'on croit tous per-
dus aujourd'hui. I! mourut à Tarrasa, sa ville
natale, le 10 janvier 1825.
VIOLA (Le P. Anselmo), prêtre et musi-
cien espagnol, naquit à Torruela, dans l'évêclié
de Gérone, en 1739, et fut élève du fameux mo-
nastère de Montserrat, oii il étudia la composi-
tion avec le P. Marti. Il lit de rapides progrès
sous la direction de ce maître habile, prit l'habit
de moine en 1756, et, un peu plus tard, fut en-
voyé au couvent que les religieux de Montserrat
possédaient alors à Madrid. Là, il se fit connaître
par de remarquables compositions sacrées, dont
quelques-unes furent exécutées à la chapelle
royale, puis il fut rappelé comme professeur au
collège de Monlserrat, où pendant trente ans il
forma un grand nombre d'élèves. Arrivé à l'ûge
de 56 ans, l'état fâcheux de sa santé l'obligea de
renoncer à ces fonctions, pour ne plus remplir
que celles de maître de chapelle. Il ne put même
conserver longtemps celles-ci, passa ses derniers
jours à l'infirmerie du couvent, et mourut le
25 janvier 1798,. avant d'avoir accompli sa
soixantième année.
La musique du P. Viola se faisait remarquer,
dit-on, par l'originalité des idées, l'habilelé et
la hardiesse des modulations, et la pureté du
contre-point. Extrêmement laborieux, on assure
que pas un maître n'a écrit autant que lui à l'é-
cole de Montserrat, soit jiour le service de la
chapelle, soit pour l'instruction des élèves.
"* VIOLE (lloooLPUE), pianiste, organiste et
compositeur, est mort à Berlin le 7 décembre
1867.
VIOTTA (Henui), musicien et écrivain
néerlandais contemporain, a commencé récem-
ment (1879) la publicjition, sons ce litre : Lexi-
con der Toonkunst, d'un grand dictionnaire de
musique à la fois technologique et biogra|)lii-
que. Cet ouvrage, qui s'est annoncé, dit-on, d'ime
façon avantageuse, est publié à Amsterdam, à
la librairie Biirinann et Roothaan,
VlllET (Fr.ÉuÉuic), compositeur, maître de
chapelle de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois,
à Paris, a fait ses études aux maîtrises des égli-
ses Saint-Merry et Saint-Roch, puis termina son
éducation musicale avec J.-B. Stiegler, qu'il ac-
compagna dans un voyage en Allemagne. Dès
l'âge de seize ans, M. Viret dirigeait le chœur
de l'église Saint-Merry ; plus tard, en 1854, il
devint maître de chapelle de Saint-Germain-
l'Auxerrois, où il se trouve encore aujour-
d'hui.
Parmi les nombreuses compositions de cet ar-
tiste, je citerai les suivantes '• Six messes solen-
nelles ; 60 Motels à une ou plusieurs voix ; un
Recueil de cantiques à Marie, pour 4 voix
d'hommes; V Egypte, ode-symphonie pour voix
d'hommes et de femmes; les Pionniers du genre
humain, cantate pour voix d'hommes et de
femmes, sans accompagnement; 30 chœurs pour
voix d'hommes, sans accompagnement; la Pas-
sion; Chants du psalmiste, collection de psau-
mes pour 4 voix d'hommes; les Veillées des
salons, recueil de mélodies vocales, etc., etc.
VISSLAN (M ). — Un écrivain italien
de ce* nom, sur lequel je n'ai pu découvrir au-
cun renseignement, est l'auteur d'un diction-
naire de musique publié sous ce titre : Dizio-
nario delta musica, ossia raccolta dei prin-
cipali vocaboli îtaliani e francesi. Milan,
18i6.
* VITALI (Jean-Baptiste). — Ce compo-
siteur a écrit la musique d'un oratorio en deux
parties, Giona, qui fut exécuté à Modène en
1689, et celle d'une action dramatique intitulée
V Ambizione debellata, ovvero la caduta di
Blonniuih, aussi en deux parties.
* VITZTHUMB (Ignace). — La lettre ini-
tiale du nom de cet artiste est un V et non un
■W, comme l'indique la V édition de la Bio-
graphie universelle des musiciens de Fétis
(t. VIII, p. 48i). De plus, la date donnée pour la
632
VITZTHUMB — VIZENTINI
naissance est fautive : celle-ci doit Ctre fixée au
20 juillet 1723, au lieu du 10 juillet 1720. D'ail-
leurs, le nom peu euphonique de Vitzthumb avait
été transformé en celui de Fiston par le vul-
gaire et même par un certain Topeliers, auteur
d'un Précis de l'histoire des chambres de rhé-
torique et des sociétés dramatiques belges
(Bruxelles, Wouters, 1864). Il en est peu qui
aient fait autant que lui pour l'avancement de
l'art musical en Belgique. L'orchestre, les
chœurs, les sociétés de musique,;ies artistes eux-
mêmes, tout, en un mot, se ressentit de l'habi-
leté, du talent et de l'intelligence de Vitzthumb.
C'est sous sa direction que furent montées à
Bruxelles les nouveautés en vogue de l'époque :
Zëmire et Azor, Iphigénieen Aiilide, Alceste,
le Magnifique, les Mariages Samnites, etc.
Compositeur médiocre, mais théoricien d'un
grand mérite, il forma plusieurs élèves distin-
gués : son gendre Henri Mees, Ferdinand Staes,
Verheyen, Englebert Pauwels, etc. Outre des
symphonies, des messes et des motets, il a mis
en musique trois opéras : 1" le Soldat par
amour, en 2 actes, paroles de Bastide, en colla-
boration avec Van Maldere et représenté à
Bruxelles le 4 novembre 1766; 2° Céphalide
ou les autres Mariages Samnites, en 3 actes,
paroles du prince de Ligne, en collaboration avec
Cifolelli, Bruxelles, 1777 ; 3" la Foire de vil-
lage, en 2 actes, 1786, Aucune de ces partitions
n'a été gravée.
Il existe de cette époque un fort joli portrait
de Vifzlhumb, gravé par Cardot. Les traits du
« directeur de l'orchestre de Bruxelles, » comme
il est dit dans l'exergue, respirent à la fois l'in-
telligence, la finesse, la bonhomie et une certaine
fermeté de caractère. Au-dessus du portrait se
trouvent les attributs de la musique : une lyre
surmontée d'un soleil, un hautbois, des parti-
tions reliées, un bâton de mesure ; au bas, les
vers suivants :
Le calme des vertus et le feu du génie
Sont unis dans ces traits, par le burin tracés:
Ses talents et son nom seront par Polymnie
Au temple de Mémoire avec honneur placés.
En ces derniers temps, il a été publié à Bruxel.
les deux brochures Irès-curieuses, où Vitzthumb
est mis en scène dune manière fort honorable
el comme homme et comme artiste {Voyez ar-
ticle PioT, p. 348).
Vitzthumb avait laissé deux enfants -.^i'^ Paul-
Joseph-Ghislain, né le 3 mars 1751 à Bruxelles,
où il est mort le 21 mai 1838. Il avait été tim-
balier de la chapelle du prince Charles de Lor-
raine et du théâtre royal, de 1769 à 1831, épo-
que de sa retraite ; — 2» Marie-Françoise-Ghis-
laine, née à Bruxelles le 24 octobre 1753, pre-
mière chanteuse du théâtre, et qui, devenue
M'"^ Henri Mees, suivit son mari en Russie, où
elle est morte [Voy. ce nom, [t. VI, p. 54).
Leur fils, Joseph-Henri Mees, est celui dont il
est question au présent volume, p. 197.
F. D.
VIVIAIVI (Le P. Felice), compositeur de
musique religieuse, né à Lucques vers 1672,
est mort en 1751. Il a écrit beaucoup de psau-
mes, de motets, et des messes à 2 ou 4 voix,
avec ou sans accompagnement d'orchestre. De
1701 à 1723, la compagnie de Sainte-Cécile de
Lucques a exécuté douze fois des services so-
lennels à grand orchestre, de la composition de
cet artiste.
VIVIANI (LuiGi), compositeur italien qui
vivait dans la première moitié de ce siècle,
a écrit la musique d'un opéra sérieux, VEroe
francese, qui a été représenté au grand théâ-
tre de Brescia en 1826. Je n'ai pas d'autres ren-
seignements sur cet artiste, resté complètement
obscur, si ce n'est qu'il composa, en société
avec Panizza, la musique d'un grand ballet,
Merope, qui fut donné sur le théâtre de la
Scala, de Milan, en 1832.
*■ VIVIER. (Albert-Joseph), est né à Huy
(Belgique) le 15 décembre 1816. Cet artiste
estimable et modeste, qu'on ne doit pas con-
fondre avec le virtuose excentrique et bruyant
qui porte le même nom, a depuis plusieurs an-
nées abandonné l'exercice de son art. Il dirige
aujourd'hui, à Bruxelles, un dépôt d'une fa-
brique de cristaux. [Le Traité d'iiarmonie de
M. Vivier est parvenu aujourd'hui à sa sixième
édition.
VIZEI^TIÎVI (Albert), violoniste, compo-
siteur, chef d'orchestre et écrivain sur la mu-
sique, est né à Paris le 9 novembre 1841. Des-
cendant d'une famille italienne qui depuis en-
viron deux siècles appartient au théâtre et
dont un membre vint jadis s'établir en France,
où il fut célèbre à la Comédie-Italienne, il a
fait ses études musicales au Conservatoire de
Bruxelles, où il devint l'élève de M. Léonard
et de Fétis, et où il obtint un premier prix de
violon eu 1860 et un premier prix de compo-
sition en 1861. Après avoir rempli un instant
les fonctions de second chef d'orchestre au
théâtre d'Anvers, il revint se fixer à Paris,
entra aux Bouffes-Parisiens, puis au^iThéâtre-
Lyrique en qualité de violon-solo, et se fit en-
tendre avec succès dans les concerts. Dans le
même temps, il commençait h se produire
comme écrivaia dans plusieurs journaux et pu-
VIZENTINI ~ VOGEL
633
bliait, sur le IhéiUre et sur la musique, des
articles dans lesquols il savait ailier à un fond
solide une forme vive, aimable et spirituoile.
Il collabora ainsi au Charivari, à l'Enir'acte,
au Grand Journal, au Paris-Magazine, à
l'Événement illustré, à l'Éclair, et fonda
même une feuille théâtrale, "^Ze Télégraphe, qui
n'eut qu'une courte existence.
Devenu chef d'orchestre an théâtre de la
Porte-Saint-Marlin, ce qui ne l'empêcha pas de
remplir le même office, avec une troupe d'o-
pérette française, à Londres, dans les provin-
ces anglaises et jusqu'en Irlande, M. Vizentini
fut ensuite engagé en la même qualité par
M. Offenbach, au théâtre de la Gaîté, où il
occupait en même temps les fonctions d'admi-
nistrateur. Au bout de quelque temps, M. Of-
fenbach ayant manifesté l'intention de se reti-
rer, M. Vizentini lui racheta ses droits sur ce
tbéâtre, et en devint le directeur. Mais son
intention n'était pas de continuer l'exploitation
du genre de la féerie et de l'opérette. Se souve-
nant qu'il était musicien, M. Vizentini conçut
le louable projet de reconstituer le Théâtre-
Lyrique, disparu depuis quelques années, et de
l'installer dans la salle de la Gaîté. Vivement
soutenu, en cette circonstance, par les compo-
siteurs, par la presse et par l'administration
supérieure, il obtint du ministère le privilège
du Théâtre-Lyrique et de l'Assemblée natio-
nale la subvention nécessaire à son existence.
II se mit aussitôt à l'œuvre, réunit une troupe
remarquable, s'occupa de former un réper-
toire, et inaugura son entreprise, le 5 mai
1876, par la première représentation d'un
opéra nouveau en 5 actes, Dimitri. Puis, tout
en remontant un grand nombre d'anciens ou-
vrages, voulant frapper un coup d'éclat, il réus-
sit à offrir au public un opéra dont on parlait
depuis longues ; années, Patil et Virginie, de
M. Victor Massé, qui obtint un immense suc-
cès. Déployant une activité extraordinaire, il
donna ensuite plusieurs ouvrages importants
dus à de jeunes compositeurs, entre autres
le Timbre cfargent, de M. Saint-Saëns, le
Bravo, de M. Salvayre, V Aumônier du régi-
ment, de M. Hector Salomon, etc. Pourtant,
malgré d'incontestables qualités artistiques,
en dépit des sympathies dont il était entouré,
les défauts d'une administration imprévoyante
vinrent entraver la réussite de M. Vizentini.
Après vingt mois d'exploitation, il dut renon-
cer à son privilège, et le Théâtre-Lyrique fut
fermé dans les premiers jours du mois de
janvier 1878. Depuis lors, M. Vizentini est de-
venu chef d'orchestre .,de l'Hippodrome. Il oc-
cupe aujourd'hui, au théâtre italien de Saint-
Pétersbourg, les doubles fonctions de chef d'or-
chestre et de régisseur général.
Comme compositeur, on doit à M. Vizentini
la musique de deux opérettes en un acte, la
Tsigane (Foiies-Marigny, 1865), et le Moulin
Ténébreux (Bouffes-Parisiens, 18G9), celle de
deux cantates exécutées au Vaudeville et à la
Porte-Saint-Martin, et de plusieurs diames re-
présentés à ce dernier théâtre ainsi qu'à la
Gaîté, entre autres iVos Ancêtres, Cadio, Pa-
irie, le Bossu, etc. Il a publié aussi quelques
fantaisies pour violon avec accompagnement de
piano. Comme écrivain, il a donné un petit
volume humoristique intitulé Derrière la toile
(Paris, Faure, 186S, in- 12).
* VOGKL (Chakles-Louis-Adolpue), com-
positeur, né à Lille au mois de mai 1808, vint
à Paris, après avoir commencé ses études
dans sa ville natale, et se (it admettre au Con-
servatoire. Sa réputation de compositeur com-
mença à s'établir tout d'un coup en 1830, par
le chant patriotique intitulé les Trois Cou-
leurs, qu'il écrivit en une nuit, au lendemain
de la révolution de Juillet, et qui devint aus-
sitôt populaire. Le 16 décembre de l'année sui-
vante, il donnait au théâtre des Nouveautés
son premier ouvrage dramatique, le Podestat,
opéra-comique en un acte, qui fut repris à
l'Opéra-Comique le 3 avril 1833. 11 espérait
faire jouer à ce dernier théâtre un ouvrage en
3 actes, Marie Stuart, mais il n'y put parve-
nir. C'est alors qu'il commença à écrire des
romances et scènes dramatiques qui obtinrent
de grands succès, puis diverses œuvres de
musique de chambre, et enfin un oratorio, le
Jugement dernier, qui fut exécuté avec décors
et costumes au théâtre de la Renaissance, dirigé
par Anténor Joly.
Après avoir écrit et fait jouer à la Haye son
opéra le Siège de Leyde, qui fut accueilli en
cette ville avec enthousiasme, M. Vogel revint
à Paris, où, après plusieurs années passées en
démarches infructueuses, il fit enfin recevoir
au Théâtre-Lyrique la Moissonneuse, opéra
en 4 actes qui fut représenté le 3 décembre
1853. Mais alors recommencèrent les déboires
de l'artiste, qui présenta inutilement deux ou-
vrages à l'Opéra, sans pouvoir forcer les por-
tes de ce théâtre. Il donna alors aux Bouffes-
Parisiens, le 21 septembre 1857, un petit acte
intitulé Rompons ! puis écrivit pour le théâtre
des jeux de Bade un autre opéra-comique en
un acte, le Nid de Cigognes, qui, donné sur
ce théâtre au mois de septembre 1858, fut
ensuite traduit en allemand et joué à Stutl-
634
VOGEL — VOGT
gard. Quelques années après, M. Vogel donnait
sur la toute petite scène des Folies-Marigny
une opérette intitulée : Greclin de Phjoche !
(19 octobre 1860). Enfin, le 23 octobre 1875,
il faisait représenter à la Renaissance la Fil-
leule du Roi, opéra-comique qui avait été
joué avec succès à Bruxelles quelques mois
au|)aravant, et qui fut froidement accueilli à
Paris.
En dehors du théâtre, M. Vogel a écrit plu-
sieurs symphonies, des quatuors et des quin-
tettes pour instruments à cordes, des cliœurs,
et divers morceaux religieux. L'Académie des
Beaux-Arts lui a décerné, il y a quelques an-
nées, le prix Trémont.
Il n'est pas inutile de faire savoir que M. Vo-
gel est le petit-fils de Jean-Christophe Vogel,
l'auteur de Démophon, opéra dont l'ouverture
est restée longtemps célèbre.
VOGEL (Guii.lxume-Maurice), musicien
russe distingué, est né à Sorgau, en Sibérie,
le 9 juillet 1846. Il a fait son éducation mu-
sicale en Allemagne, d'abord à Sleinau, près de
M. E. Richter, puis au Conservatoire de Leip-
zig. Depuis 1868 il est fixé en cette dernière
ville, où il est rédacteur; du journal der Ton-
halle, dirige plusieurs sociétés de chant et
est très-recherché comme professeur. M. Vogel
s'est fait connaître aussi, depuis quelques an-
nées, par la publication de diverses composi-
tions qui ont été bien accueillies et dont le
nombre s'élève à une quarantaine environ, tant
pour le piano que pour le chant. Ces compo-
sitions consistent en lieder pour une ou plu-
sieurs voix, sonates ou sonatines pour le piano,
ainsi qu'en ouvrages didactiques pour cet ins-
trument.
VOGL (Henri), chanteur dramatique alle-
mand et l'un des interprètes préférés de M. Ri-
chard Wagner, est le fils d'un maître d'école,
et naquit en Bavière le 13 janvier 1845. D'abord
enfant de chœur à Munich, il songea, comme
son père, à se consacrer à la carrière de l'en-
seignement , et en 1862 accepta un emploi de
maître d"école dans un petit centre bavarois.
Cependant, ayant découvert qu'il possédait une
belle voix de ténor^ magnifiquement timbrée,
conçut la pensée d'étudier le chant en vue
d'aborder le théâtre. Il fit alors de sérieuses
éludes sous la direction de Franz Lachner, et le
5 novembre 1805 il débutait avec le plus grand
succès à Munich, sur le théâtre de la cour, dans
le rôle de Max du Freisckûlz. Depuis ce temps,
M. Vogl est devenu l'un des premiers ténors
héroïques allemands, son répertoire est très-
étcndu, et il est surtout inimitable dans les
ouvrages de M. Wagner. Après la mort du
chanteur Schnorr, il est le premier qui ait
chanté le plus difficile de tous les rôles écrits
par ce maître, celui de Tristan dans Tristan cl
Iseulde; il y obtint le plus grand succès à
Munich en 1869, et à Weimar en 1874. M. Vogl
est aussi très-remarquable dans l'oratorio, et
il est vraiment magnifique dans l'Evangéliste
de la Passion selon Saint-Mathieu de J.-S.
Bach. Sa voix superbe, étendue et très-élevée,
est aidée par une déclamation parfaite et une
expression dramatique remplie de vérité.
VOGL (TuÉKÈSE TH03IAS, épouse),
femme du précédent et l'une des cantatrices
dramatiques les plus renommées de l'Allema-
gne, est née le 12 novembre 1845 à Tutzwing
(Bavière). Après avoir étudié le chant avec
Hauser, elle fut engagée, en 1864, au théâtre de
la cour à CarUruhe, et, l'année suivante, après
un brillant début, prenait place sur celui de la
cour, à Munich, qu'elle n'a pas quitté depuis
lors. En 1868, elle a épousé M. Vogl. Comme
son mari, M°"= Vogl brille surtout dans le ré-
pertoire de M. Richard Wagner, et le succès
des deux époux a surtout été éclatant dans
Tristan et Iseulde.
* VOGLER (L'abbé Georges-Joseph). —
M. Théodore Nisard a pubhé sous ce titre :
l'Abbé Vogler, une Notice sur ce célèbre théo-
ricien (s. 1. n. d. [Paris], Repos, in-8° avec
portrait).
* VOGT (Auguste- Georges-Gustave), an-
cien professeur de hautbois au Conserva-
toire, le doyen des hautboïstes français, est
mort à Paris le 30 mai 1870. Il avait pris sa
retraite de professeur non en 1844, comme
il a été dit par erreur, mais seulement le 1"^
novembre 1853. Comme il avait été nommé
professeur adjoint le 1" octobre 1802, et pro-
fesseur titulaire le 1" avril 1816, il avait donc
exercé ces fonctions pendant plus d'un demi-
siècle.
VOGT (Jean), compositeur allemand, né à
Gross-Tinz, prèsLiegnitz (Silésie prussienne), le
17 janvier 1823, est le fils d'un meunier, et eût
été meunier comme son père, si le goût de la
musique ne l'avait emporté en lui sur toute au-
tre considération. Il apprit de bonne heure à
jouer du piano et de l'orgue, devint à Berlin, en
1845, l'élève de Bach et de Greil, puis alla étu-
dier pendant deux ans à Breslau sous la direc-
tion de Hess et de Seidel. En 1850, muni d'excel-
lentes recommandations pour Henselt, il part
pour Saint-Pétersbourg, s'y fait connaître avan-
tageusement, et bientôt s'y voit très-recherché
comme professeur de piano. En 1855, il entre-
VOGT — VOLKMANN
635
prend un grand voyage artistique en Allemagne,
en Angleterre et en France, et en I8ô7 il visite
successivement Leipzig, Vienne, lîerlin, Breslau,
Weimar, en faisant entendre plusieurs de ses
compositions. Dans son premier voyage il avait
fait exécuter avec succès, à Liegnitz, un orato-
rio intitulé la Résurreclion de Lazare.
En 18G1, M. Vogt se fixe à Dresde, en 18G5
il devient professeur au Conservatoire de Leip-
zig, puis, doué d'une humeur un peu capricieuse,
il s'embarque en 1871 pour New-York. Un ac-
cident lui arrive en cette ville, il se casse un
bras, et bientôt revient en Europe. Depuis 1873,
il parait fixé définiliveuienl à Leipzig.
Pianiste fort distingué, M. Yogt a obtenu de
grands succès comme virtuose, et s'est vu bien
accueilli partout où il s'est fait entendre. Il est
fort estimé aussi comme compositeur, et le nom-
bre de ses œuvres publiées s'élève aujourd'hui à
150 environ. Parmi ces œuvres il faut citer, ou-
tre l'oratorio de la Résurrection de Lazare,
plusieurs quatuors et trios'pour piano et instru-
ments à cordes, des sonates de piano, enfin un
grand nombre de morceaux de genre ou de
caractère pourle môme instrument, à deux ou
à quatre mains, dont quelques-uns écrits sur des
motifs d'opéras.
VOIGT (Charles), musicien allemand, né à
Hambourg le 29 mars 1808, est mort en cette
ville le 6 février 1879. Il fut élève de J.-J. Beh-
rens pour le piano, et étudia la théorie de l'art
d'abord avec J.-H. Clasing, puis avec F.-W.
Gruud et Moritz IIau[)tmann à Cassel. Il a dirigé
la société de Sainte-Cécile à Francfort, et plus
tard, à Hambourg, une autre société du même
nom. J'ignore si cet artiste, qui avait de la va-
leur, s'est produit comme compositeur.
VOIRO (François-Nicolas), luthier fran-
çais, s'est fait une spécialité de la fabrication
des archets, où il a acquis une supériorité in-
contestable. Ses produits, fort estimés, en font
le digne successeur de ces archellistes fameux
qui s'appelaient Tourte , Lnpot et Peccate. Né
à 31irecourt le 1" octobre 1833, M. Voirin, qui
était parent de Jean-Baptiste A'nillaume, entra
en 1855 dans l'atelier de ce luthier fameux, et
y resta, en qualité d'ouvrier aux pièces, jusqu'à
la fin de 1869. Au mois de janvier 1870, il s'é-
tablit à son compte, et commença sa réputation
en produisant une grande quantité d'archets dont
les artistes et les amateurs apprécièrent aussitôt
les bonnes et solides qualités. Déjà, à l'Exposi-
tion universelle de Paris de 1867, M. Voiriu s'é-
tait vu décerner une mention honorable comme
collaborateur de J.-B. Vuillaume; il obtint en-
suite diverses récomponses aux expositions de
Portugal et d'Angleterre, et se lit tout particu-
lièrement remarquer, à l'Exposition universelle
de 1878 (Paris), par une série de vingt-six ar-
chets (le violon, d'alto, de violoncelle et de con-
tre-basse d'une exécution parfaite.
* VOLCîOIAU (A... .-B....-W)lhklm), or-
ganiste et compositeur allemand. — Le nombre
des œuvres publiées par cet artiste est devenu
très-considérable; l'une des dernières, compre-
nant plusieurs adagios pour l'orgue, porte le
chiffre d'œuvre 357.
* VOLDER (Pierre-Jean DE). — Outre la
Jeunesse de Henri V, qui fut représentée à Gand,
on cite encore un autre opéra en trois actes de
ce compositeur, le Château de Lochleven, joué
dans la même ville le 29 mars 182G. A cette
époque, de Volder dirigeait à Gand les concerts
de la Sodalité,
Le fils de cetartiste, Henri de Volder, né à An-
vers en 1794, partagea les travaux de son père
et lui succéda dans la direction de sa fabrique
d'orgues. Il mourut à Bruxelles le 18 mars 1865,
laissant à son tour cet établissement important
à ses deux fils, MM. Charles ni Léon de Volder,
qui continuent les traditions de la famille.
VOLKMAIMV (Frédéric-Robert), musi-
cien allemand, qui vit retiré en Hongrie, est
regardé en Allemagne comme un des composi-
teurs les plus sérieux et les plus solides de ce
temps. Il est issu d'ime famille de musiciens,
car son père était cantor à Lommarch, dans
la province de Misnie : c'est là qu'il naquit, le 6
avril 1815, avec un frère jumeau qui mourut
aussitôt. Il apprit le piano et l'orgue sous la di-
rection de son père, et, dès l'àge de douze ans, il
avait acquis une telle habileté sur ces deux ins-
truments, qu'il touchait l'orgue au service divin
et remplaçait son père au piano pour faire étudier
leurs parties aux enfants de chœur. M. VolKmann
se destinait, comme son père, à la carrière de
l'enseignement musical ; mais sur le conseil
d'Auscher, directeur de musique à Fribourg, il
se rendit en 1836 à Leipzig, pour s'y consacrer
entièrement à la composition. Trois ans après,
il séjourna à Prague et de là gagna la Hongrie,
qui est devenue sa seconde patrie. Il est aujour-
d'hui professeur de composition à l'école de mu-
sique de Pesth. Symphonies, musique de cham-
bre, concertos pour violoncelle, violon ou piano,
morceaux pour piano à deux et quatre mains,
pièces vocales à une ou plusieurs voix, ce com-
positeur s'est essayé dans tous les genres de
musique vocale et instrumentale, sauf l'opéra.
Les compositions de M. Volkmann que j'ai en-
tendues comme cellcsqucj'ai lues, saiiuisique de
chambre comme celle pour orchestre, ne me
G36
VOLRMANN
permettent pas de partager la haute opinion que
ce musicien a insjiiiée de lui à ses compatriotes.
Il paraît sans doute posséder une grande con-
naissance de son métier, avoir un juste et sé-
rieux idéal et ne pas sacrifier aux tendances
trop répandues de nos jours à dégrader l'art
musical, mais l'inspiration parait lui faire dé-
faut, et, en outre de l'originalité, cette élévation
de pensée et cette richesse de facture qui peut
parfois, dans la musique symphoniqne, dissimu-
ler un peu la pauvreté ou la banalité des idées.
La plupart de ses œuvres sont sagement^ écrites
et habilement composées, mais elles manquent
de relief, de chaleur, et ne peuvent par conséquent
produire un puissant effet sur le public; le
musicien seul peut en tirer profit et en apprécier
la sage ordonnance. Sa grande ouverture de lU-
chard III, qu'on peut prendre pour modèle
des œuvres orchestrales de l'auteur, à cause de
son importance et du succès qu'elle a obtenu et
aussi parce que l'auteur l'a composée dans la
forte maturité de son talent, a le tort de vouloir
reproduire à la fois les principaux épisodes de
la tragédie de Shakespeare. Il en résulte une
série de fragments décousus d'inégale valeur qui
éparpillent l'attention de l'auditeur, au lieu de
la concentrer sur une pensée dominante. L'au-
teur, bien qu'il connaisse à fond les ressources
de son métier, n'a pu réussir, malgré sa science,
à former un tout grandiose de cette longue com-
position, où l'on rencontre de beaux effets d'or-
chestre, de la tendresse, de la grandeur même
et du pathétique, mais où le défaut d'unité se
fait trop vivement sentir. Il en est de même de
ses compositions pour piano et de ses morceaux
de musique de chambre, dont plusieurs, notam-
ment le deuxième quatuor en sol mineur et le
quatrième en mi mineur, ont été exécutés aux
séances de nos différentes sociétés d'instruments
à cordes. Son Noclurne et ses Esquisses de
voyage, huit morceaux pour piano seul, comme
son Livre d'images, recueil de six pièces à
quatre mains, dédiées à ses neveux Oscar et
Paul Yolkmann, comme sa suite de douze poè-
mes intitulée Visegrad, comme les Danses al-
lemandes et les Mélodies hongroises, dénotent
la même facilité banale dans les idées mélodi-
ques et sont, en outre, d'une contexture bien
maigre et peu intéressante. Au résumé, M. Yolk-
mann peut être un musicien très- sérieux et un
excellent professeur, mais il me paraît manquer,
je ne dirai pas de génie, mais môme de puissance
créatrice, et la plupart des compositions que je
connais^de lui sont dépourvues de toute em-
preinte personnelle.
Si considérable que soil le catalogue des œu-
vres de M. Robert Volkmann, j'ai pu arriver à
le dresser aussi exactement que possible, en
le divisant, pour plus de clarté, en trois grandes
séries, celle du chant, celle du piano, celle des
autres instruments. — Musique vocale. — Cinq
Ueder de Joseph de Eicbendorff, pour voix seule
(op. 2). — Trois poésies pour soprano ou ténor
(op. 13). — Trois Ueder pour mezzo-soprano
(op. 16). — 1'^ messe en re majeur, pour voix
d'homme avec soH (op. 28). — 2" messe en la
bémol majeur, pour voix d'hommes sans soli,
(op. 29). — Six Ueder pour voix d'hommes,
en deux suites (op. 30). — Trois Ueder, pour
ténor (op. 32). — Trois chants religieux, pour
chœur avec piano (op. 38), dont le premier, Con-
fiance en Dieu, a été arrangé par l'auteur
pour chœur, orchestre de cordes, deux flûtes
et deux cors. — A la nuit, morceau de fan-
taisie pour voix d'alto solo avec orchestre (op.
45). — ; Recueil de Ueder de Betti Paoli pour
voix d'alto avec piano (op. 46). — Offertoire
pour soprano solo, chœur et orchestre (op. 47).
— Trois Ueder pour chœur d'hommes (op. 48).
— Sappho, scène dramatique pour soprano solo
et orchestre (op. 49). — Trois Ueder pour ténor
ou soprano (op. 52). — La ConverUe, de Gœ-
the, pour soprano (op. 54). — Du petit berger
et Souvenir, deux Ueder pour mezzo-soprano
avec piano et violoncelle (op. 56). — Amour
constant et Au Sommeil, deux Ueder pour
voix d'hommes (op. 58).— !Soèl, pour chœur
et soli (op. 59). — Hymne en vieil allemand,
pour double chœur de voix d'hommes (op. 64).
— Air d'église, pour baryton avec instruments
à cordes et llûte (op. 65). — Trois Zierfer pour
soprano avec piano (op. 66). — Six duos pour
soprano et ténor, sur un texte en vieil allemand
avec piano (op., 67). — Deux chants religieux
pour chœur complet (op. 70). — Trois épitha-
lames pour chœur complet (op. 71). — Trois Ue-
(Ze/'pour ténor avec piano (op. 72). — Recueil de
chants allemands, chœurs choisis pour la jeu-
nesse. — I^oël du XIP siècle, pour chœur et
soli. — Musique de piano. — Tableaux de fan-
taisie (op. 1). — Dithyrambe et Toccata (op.
4). — Souvenir de Marolh, impromptu (op. 6).
— Nocturne (op. 8). — Livres d'images mu-
sicales, 6 pièces à deux et quatre mains (op.
11). — Sonate en ut mineur (op. 12). — Livre
des chants (op. 17). :— Danses allemandes
(op. 18). — Cavaline et Barcarolle (op. 19).
— Mélodies hongroises (op. 20). — Visegrad,
douze pièces pour deux ou quatre mains, ins-
pirées à l'auteur par la vue des ruines du châ-
teau fort de Visegrad, situé sur un ro( her au
bord du Danube et résidence favorite des
VOLKMANN — VUILLAUME
637
rois de Hongrie (op. 21). — Quatre marches
(op. 22). — Esquisses de voyage, liuit pièces
(op. 23). — Esquisses hongroises, sept piè-
ces à deux on quatre mains (op. fii). — Inier-
viezzo (op. 25). — Variations pour deux pianos
sur un thème de Hœndel (op. 2G). — Chan-
sons de la grand'mère, morceaux à quatre
mains pour enfants (op. 27). — Improvisations
(op. 36). — Les Heures du jour, douze
pièces en quatre suites : 1° le Matin, 2° le
Midi, 3° le Soir, 4" la Nuit (op. 39). — Trois
marches, à quatre mains (op. 40). — Aie tom-
beau du comte Széchenyi, fantaisie (op. 41).
— Morceau de concert en ut pour piano et or-
chestre ou deuxième piano (op. 42). — Bal-
lade et Scherzetto (op. 51). — Rondino et
Marche-caprice, à quatre mains (op. 55). —
Sonatine à quatre mains (op. 57). — Capricietto,
— Six tableaux de fantaisie : Nocturne, Idylle,
la Nuit de Walpurgiss, Danse de sorcières,
Humoresque, Élégie. — Chant du vin du
Rhin, variante d'un morceau des Esquisses
hongroises. — Quatre lieder de Mozart {la Vio-
lette, le Sentiment du soir, A Chloé, Chant
d'adieu) et cinq lieder de Schubert, tirés du
recueil la Belle Meunière {Soir de fête, Salut
matinal, Fleurs du Meunier, Couleur de
Vamour, Fleurs desséchées) arrangés pour
piano. — Musique instrumentale. — Trio en
/a majeur, pour violon, violoncelle et piano
(op. 3). — Trio en si bémol mineur, id. (op. 5).
— Romance pour violoncelle et piano (op. 7).
— !*"■ quatuor, en la ?nmez«/' , pour instruments
à cordes (op. 9). — Chant du Troubadour,
pour violon ou violoncelle et piano (op. 10).
— 2^ quatuor, en sol mineur, pour instru-
ments à cordes (op. li). — AUegretto-capric-
cio, pour violon et piano (op. 15). — Rhapso-
die, pour violon et piano (op. 31). — Concerto
en la mineur, pour violoncelle (op. 33). — 3*
quatuor en sol, pour instruments à cordes (op.
34). — 4" quatuor, en mi mineur, id. (op. 35).
— 5= quatuor, en fa mineur, id. (op. 37).
— G» quatuor, en mi bémol, id. (op. 43). —
1" Symphonie, en ré mineur (op.' 44). — Ou-
verture de fête, pour grand orchestre, composée
pour le 25« amiiversaire de la fondation du Con-
servatoire de Pesth (op. 50). —2<'Symplionieensi
bémol {o\i. 53). — V^ Sonatine enia mineur,
pour piano et violon (op. 60). — 2' Sonatine en
mi mineur, id. (op. 61). — 1" Sérénade, twid,
• pour orchestre d'instruments à cordes (op. 62).
— 2» Sérénade, en fa, id. (op. 63). — Ouver-
ture de Richard III, d'après Shakespeare
(op. G8). — 3 Sérénade, en ré mineur (op.
69). Ad. J— n.
VOREIVllORCn ou VORNENBERCH
(Piehre), né à Cologne au commencement du
seizième siècle, vint s'établir à Anvers et fut
reçu dans la bourgeoisie de cette ville, le
25 juin 1542, comme facteur de clavicordes.
Dix ans plus lard, en 1552, il se faisait ad-
mettre dans la gilde de Saint-Luc comme fac-
teur de clavecins.
VUTES (DE). — Voyez DE \ RIES.
* V'ROVE (Le chanoine Théodore-Joseph
DE), artiste qui s'est spécialement occupé de
toutes les questions relatives à la musique re-
ligieuse, a publié, en société avec M. Van
Elewyck {Voy. ce nom), l'écrit important dont
voici le titre : De la musique religieuse, les
congrès de Matines (1863 et 18G4) et de Paris
(18G0), et la législation de l'Église sur cette
matière, Paris, Louvain et Bruxelles, 18GG,
in-8°. De Vroye est mort à Liège le 29 juillet
1873.
VUILLAUME (Jean), luthier français, exer-
çait sa profession à Mirecourt dans la première
moitié du dix-huitième siècle. Le fameux luthier
Jean-Captiste Vuillaume, dont il est parlé plus
loin, possédait de lui un violon d'une facture
assez médiocre, qui était marqué d'une éti-
quette ainsi conçue : Fait par moy, Jean
Vuillaume, à Mirecourt, 1738. Il semble
probable que cet artiste était membre de la fa-
mille des luthiers dont il est question ci-après ;
cependant, malgré les recherches faites à ce
sujet, aucune certitude n'a pu être obtenue.
VUILLAUME (Claude), chef de la fa-
mille des luthiers de ce nom, naquit à Mire-
court (Vosges) en 1772, et exerça sa profession
dans cette ville, où il s'occupait surtout de la
fabrication des violons à bon marché. Il eut
quatre tils, qui suivirent la même carrière, et
qui commencèrent tous avec lui leur appren-
tissage. Claude Vuillaume mourut en 1834.
VUILLAUME (Jeaj<- Baptiste), lils aîné
du précédent, l'un des artistes qui ont le plus
honoré la lutherie, naquit à Mirecourt le 7 oc-
tobre 1798. Il fit son apprentissage avec son
père, et venait d'accomplir sa dix-neuvième
année lorsque, en 1818, il accepta de venir
travailler à Paris, chez Clianot. En 1821, il
quitta celui-ci pour entrer chez un fabri-
cant d'orgues nommé Lété, qui tenait aussi
un magasin de lutherie et qui avait été membre
de la maison Clianol-Lété-Simon aîné et
Payonne. Il devint bientôt l'associé de Lété,
qui était gendre de l'excellent luthier Pique,
alors retiré, et tous deux s'établirent, sous la
raison sociale Lété et Vuillaume, au n° 30 de
la rue Oroix-des-Pelits-Chanips, cette rue qui
638
VUILLAUME
fut pendant si longtemps comme le quartier
gént^ral de la lulherie parisienne. Les fréquents
entretiens qu'il avait avec Pique, artiste exercé
et fort distingué, ne furent pas sans influence
sur l'esprit chercheur et investigateur de Jean-
Bapli>te Vuillaume, et les relations qu'il établit
vers la même époque avec le célèbre acousti-
cien Savarl, achevèrent de former son expé-
rience et de mûrir sou talent, en l'aidant effica-
cement dans ses recherches pour analyser et
retrouver les secrets de l'admirable fabrication
des luthiers italiens de Crémone et de Brescia.
Au bout de quelques années, en 1828, Vuil-
laume rompit son association avec Lété pour
s'établir seul, et s'installa au n° 4C de la rue
Croix-des-Petils-Champs, où il demeura pen-
dant près de trente années. « Établi pour son
compte à l'âge de vingt-neuf ans, dit un de
ses biographes (1), poussé par la ferme volonté
de parvenir, il devait en trouver les moyens.
11 chercha d'abord à construire par lui-même
des instruments neufs auxquels il donnait tous
les soins dont il était capable; mais cela se
vendait lentement et mal, le désir des amateurs
n'était pas là. L'enthousiasme pour la vieille
lutherie italienne commençait à se produire :
amateurs et aitistes n'avaient qu'un rêve,
posséder mi Stradivari, un Amati ou un Guar-
neri ! Vuillaume comprend, se met à l'œuvre,
et, après de nombreux essais et un travail ob-
stiné, offre un beau jour pour la somme de
trois cents francs un magnifique violon de
Stradivari, signé du grand maître, et ayant une
sonorité remarquable! A peine vu et essayé,
rinstriunent est enlevé d'enthousiasme. La
voie était trouvée : et, depuis ce moment, il
ne peut suffire aux demandes d'imitations qui
lui arrivent de toutes les parties du monde. Ce
fut l'origine de la grande fortune de J.-B. Vuil-
laume. Les violons se vendaient 300 francs et les
violoncelles 500 francs... Le succès que ren-
contrèrent ces copies'n'empêcha pas Vuillaume
de continuer ses recherches en vue d'améliorer
toutes les conditions de la facture. Son esprit
actif et intelligent n'avait pas de repos; les plus
beaux instruments italiens qui lui passaient jour-
nellement pas les mains (et leur nombre était
grand) lui avaient tous laissé leur secret ; mais
parmi les grands auteurs de la belle époque, un
seul était devenu son idole : A. Stradivari était
pour lui le nec plus xillra de la perfection. Aussi
l'a-t-il étudié et analysé jusque dans ses plus
minces détails : qualité des bois, épaisseur des
tables, hauteur des voûtes, dimensions de tout
genre, volutes, vernis, conditions acoustiques,
(1) M. Vidal : les Instruments â arc/iet.
rien ne lui a échappé ; tout a été tellement
fouillé par lui, qu'il en est arrivé à connaître
Stradivari, on oserait presque dire, mieux que
le grand artiste ne se connaissait lui-même....
Ses recherches sur la qualité des bois à em-
ployer ont été incessantes. Il avait parcouru la
Suisse, leTyrol, rillyrie, achetant des érables et
des sapins vieillis en grume, de vieux meubles, de
vieux parquets : tout cela, transformé par lui
en violons et violoncelles, lui avait fourni des
résultats qui étaient la source de remarques
utiles et intelligentes.... Le vernis fut l'objet
d'une étude constante de sa part. Depuis la
disparition de la belle école italienne, il n'y a
pas un seul luthier en Europe qui ait retrouvé
le vernis des Stradivari, Guarneri, etc. ; J.-B.
Vuillaume seztZ est parvenu à en approcher de
si près, qu'il en a saisi la finesse, la nuance,
et la légèreté solide. Tous les instruments sortis
de ses mains, surtout depuis l'année 1859, ne
laissent rien à désirer sous ce rapport. Mal-
heureusement il a emporté son secret dans la
tombe, et il n'a été rien retrouvé sur ce sujet
dans les nombreuses notes qu'il a laissées. »
Ces éloges, je l'avoue, me paraissent un peu
excessifs, et depuis quelques années on semble
être revenu de l'engouement qu'avait excité l'ap-
parition des instruments de Vuillaume, engoue-
ment dont l'exagération était manifeste. Toute-
fois, et pour remettre les choses en leur place,
le talent de Vuillaume était réel, 'et lui valut de
nombreuses récompenses dans la plupart des Ex-
positions auxquelles il prit part pendant le cours
de sa longue carrière. Dès 1827 il obtenait une
médaille d'argent (Paris), qui lui était décernée de
nouveau en 1834 (Paris); en 1839 (Paris) et 1844
(Paris), il remportait deux médailles d'or; en
t851, à l'Exposition universelle de Londres, où
il produisait, avec son octobasse perfectionnée,
deux magnifiques quatuors d'instruments à archet,
il se voyait adjuger la grande council medal, et le
gouvernement français lui accordait ensuite le
ruban de la Légion d'honneur; enfin, en 1855, à
l'Exposition universelle de Paris, il obtenait la
seule grande médaille d'honneur qui fût décer-
née. A partir de ce moment, il lut déclaré Jiors
concours.
Vuillaume, d'ailleurs, travailla jusqu'à son
dernier jour, et se fit toujours remarquer par
des inventions soit utiles, soit ingénieuses, qui
donnent des preuves multiples de sa continuelle
activité d'esprit. On lui doit un instrument
nommé par lui contralto, qui,' sans différer de
l'alto comme étendue et comme accord, mais
construit dans des formes nouvelles, se dis-
tingue oar une rare ampleur de son; il imagina
VUILLAUME
639
aussi une odobasse, dont, ainsi que le précé-
dent, on voit un échantillon au Musée instru-
mental du Conservatoire de Paris (I); Il faut ci-
ter encore, au nombre des innovations dues à
cet esprit iiivcntil', une pédale sourdine, pro-
duite |)ar lui à I exposition universelle de 1867;
puis une machine au moyen de laquelle il don-
nait aux cordes de boyau une égalité de cali-
bre telle que, selon lui, elles offraient une jus-
tesse absolue dans toute leur longueur; enfin,
l'archet à hausse fixe et l'archet en acier
creux.
Jean-Baptiste Vuillaume, qui depuis environ
vingt ans avait quitté ses ateliers de la rue
Croix-des-Petits-Cliamps pour aller s'établir
dans une maison qu'il possédait aux Ternes,
rue Demours, n° 3, est mort dans celte maison
le 19 mars 1875. Une de ses filles avait épousé
M. Alard, l'excellent violoniste.
VUILLAUME (Nicolas), deuxième fils de
Claude Vuillaume, naquit à Mirecourt en 1800,
travailla longtemps avec son père, puis, devenu
veuf en 1832, se décida à venir à Paris, chez
son frère Jean-Baptiste, auprès duquel il resta
pendant dix années. En 1842 il retourna à Mi-
recourt, s'y établit pour son compte, et se livra
particulièrement à la fabrication de la lutherie
(i) — « Cet Instrument, haut de 4 mètres, imaginé par
J.-B. Vuillaume en 1849, et perfectionné par lui en 1851,
est monté de trois cordes {ut, sol, ut). Il a quatre notes
au grave de plus qui> la contre-basse ordinaire. — Les di-
mensions de l'octobasse ont exigé l'invention d'un méca-
nisme spécial : au moyen de leviers, des doigts d'acier
viennent se placer sur les cordes à la façon d'une barre,
en sorte que l'exécutant, dans chaque position du doigt
d'acier, a toujours à sa portée trois degrés, dont le
deuxième est la quinte, et le troisième l'octave de
l'autre. L'appareil des leviers est fixé au cûté droit de
l'instrument, et l'on agit sur les bascules à l'aide
d'un pédalier. — Il n'existe plus qu'une octobasse
comme celle-ci : elle est en Russie. » — {Le Musée du
Conservatoire national de viusique. Catalogue de cette
collection.)
commune. Il obtint une médaille de bronze à
l'Exposition universelle de Paris de 1855, pour
divers instruments à 1res- bas prix. 11 est mort
en 1871.
VUILLAUME (NicoLAS-FR\Nr.O!s), troi-
sième (ils de Claude Vuillaume, naquit à Mire-
court le 13 mai 1802, fit son apprentissage avec
son père, vint ensuite travailler à Paris, auprès
de son frère Jean-Baptiste, puis, ayant acquis
une très-réelle habileté, alla s'établir en 187,8 à
Bruxelles, qu'il ne quitta plus jusqu'à sa mort,
c'est-à-dire pendant près d'un demi-siècle. De-
venu en cette ville luthier du Conservatoire, il
ptit part aux deux Expositions qui y eurent lieu
en 1835 et 18il, lesquelles lui valurent une mé-
daille d'argent, se produisit aussi aux Exposi-
tions universelles de Londres, Paris et Dublin,
obtint une médaille de première classe, et en-
fin se vit décerner aussi une médaille de pre-
mière classe à l'Exposition universelle de Vienne
(1873). A la suite de ces succès, il fut nommé
chevalier de l'ordre de Léopold. Nicolas-François
Vuillaume mourut à Bruxelles le 14 janvier
1876.
VUILLAUME (CLAunE-pRANçois), qua-
trième fils de Claude Vuillaume, naquit à Mire-
court au mois de mars 1807, et, ainsi que ses
frères, fitson apprentissage chez son père. Mais
plus tard il modifia sa carrière, et abandonna
la lulheiie pour se livrer à la fabrication des
orgues.
VUILLAUME (Sébastien), fils du précé-
dent, luthier, est établi à Paris. Il a obtenu une
médaille de bronze à l'Exposition universelle de
Paris (1867), et une médaille d'argent à l'Ex-
position du Havre (1808). Unique possesseur
aujourd'hui de la machine à tailler les archets
inventée par Jean-Baptiste Vuillaume peu de
temps avant sa mort, M. Sébastien Vuillaume
continue la fabrication des archets d'après le
système de son oncle.
w
1VACHS (Frédéric), compositeur, né vers
1825, a publié un grand nombre de morceaux
faciles pour le piano, de romances et de chan-
sonnettes, et a fait jouer, dans de petits théâ-
tres et des cafés-concerts, les opérettes suivan-
tes, toutes en un acte : 1° le Bel Adonis,
Folies-Bergère, 1872; 2° la Belle KalUcha,
id., id. ; 3° C'est un prodige! id,, 1873; 4» la
Leçon d'amour, Bouffes-Parisiens, 1873;
5° Amour et Cor de chasse, concerts des Por-
cherons, 1874; 6° Une pleine eau à Chatou,
Folies-Bergère, 1874 ; 7" Tata che:i Toto, id.,
id. ; 8° Grain-de- Beauté, th. des Familles,
1875; 9» Madame le Boclexir, Eldorado, 1875 ;
10" les Volontés de mon oncle, Folies-Bergère,
1876; 11" les Feuilles mortes. Parmi les pu-
blications de M. "Wachs relatives au piano, il
me suffira de citer les suivantes : Récréations
lyriques des jeunes pianistes, 48 petits mor-
ceaux sur des airs d'opéras ; la Gerbe d'or,
40 transcriptions faciles; les Feuilles d'al-
bum, 50 transcriptions mignonnes. Tout cela
est écrit surtout en vue des petits enfants et
des commençants. M. Wachs est maître de cha-
pelle à-l'église Saint-Merry.
WACHS (Etienne-Victor-Paul), organiste
et compositeur, fils du précédent, est né à Paris
le 19 septembre 1851. Admis au Conservatoire,
dans la classe d'orgue dirigée par'Benoist et
ensuite par M. César Franck, il obtint le pre-
mier prix au concours de 1872. Un peu plus
tard, il devint organiste de l'église Saint-Merry,
où il exerce encore aujourd'hui ces fonctions.
On doit à ce jeune artiste un Petit Traité pra-
tique d'harmonie et un Petit Ti-aité pratique
de contre-point et fugue, qui on paru chez
l'éditeur M. Egrot. M. Paul Wachs a publié
aussi quelques morceaux de musique légère
pour le piano.
WACHTEL (TnÉODORE), chanteur alle-
mand très-renommé, né à Hambourg en 1824, est
le fils d'un cocher et loueur de voitures, dont il
embrassa la profession et auquel il succéda à sa
mort, restant avec sa mère à la tète de la mai-
son. C'est au hasard qu'il dut la révélation de
la belle voix de ténor qu'il possédait et dont
on lui conseilla aussitôt de tirer parti. Il prit
alors un professeur (M"' Grandjean, à Ham-
bourg), se livra assidûment h l'étude du chant,
et bientôt fut en état de se produire à Hambourg,
d'abord dans des concerts, et ensuite au théâtre.
Encouragé par l'accueil qu'il reçut de ses com-
patriotes, il se montra successivement sur les
scènes de Schwerin, de Dresde, de Vurtzbourg,
de Darmstadt, voyant chaque jour augmenter
ses succès et s'affermir sa réputation. Engagé
en 1854 à Hanovre, il resta quatre ans en cette
ville, partageant l'emploi de premier ténor avec
M. Niemann (Voy. ce nom), et il y devint l'idole
du public. De Hanovre, M. Wachtel alla à Cas-
sel, puis au théâtre de la cour, à Vienne, et
vers 1864 il fut appelé à l'Opéra royal de Ber-
lin, où il fit fureur. Dès cette époque, il allait
passer chaque année une saison à Londres,
chantant l'opéra italien au théâtre de Covent-
Garden et se faisant entendre fréquemment
dans les concerts. Vers la fin de 1869, M. Wa-
chtel vint faire une fugitive apparition au
Théâtre-Italien de Paris, où il se montra dans il
Trovatore; la voix de l'artiste était fatiguée,
le chanteur parut vulgaire, et son succès fut né-
gatif. Depuis lors, néanmoins, il a continué bril-
lamment sa carrière en Allemagne.
Au beau temps de cette carrière, M. Wachtel
était doué, dit-on, d'une voix dont l'étendue et
la puissance étaient surprenantes, et il se fai-
sait remarquer par la grande flexibilité de
son talent de comédien, qui lui permettait d'a-
border avec le même bonheur les rôles des
genres les plus opposés, et de jouer tour à tour
Guillaiime Tell, Don Juan, le Trouvère, les
Huguenots, Lucie de Lamcrmoor, le Pro-
phète, Stradella, la Dame Blanche, le Pos-
tillon de Lonjumeau, etc. Ce dernier ouvrage
lui valut toujours ses plus grands triomphes,
parce qu'il rappelait au public son origine et sa
profession première, que l'artiste le jouait avec
une désinvolture toute particulière, et que (ses
compatriotes l'ont dit et redit sur tous lestons)
il y faisait claquer son fouet d'une façon inimi-
table. M. Wachtel se vante d'avoir joué plus de
mille fois le Postillon de Lonjumeau.
Un fils de cet artiste, Théodore Wachtel,
d'abord orfèvre, et qui avait ensuite, comme son
père, embrassé la carrière du chant, qui ne lui
avait pas été aussi favorable, avait été obligé,
WACHTEL — WAGNER
641
pour raison de santé, de reprendre son premier
état, et s'était établi à Dessau. Il y mourut peu
de temps après, au mois de janvier 1875, à l'âge
de trente ans.
* WACKENTHALER (Joseph), est mort
à Strasbourg le 3 mars 18C9.
AVACREll]\AGEL (Philippe), écrivain
allemand, est connu pour une Hisloire du
chant religieux allemand, qu'il a publiée à
Stuttgard en 1841. Wackernagel est mort à
Dresde, le 20 juin 1877, à l'âge de soixante-dix-
sept ans.
WAELPUT (Henri), compositeur lielge,
né à Gand le 2G octobre 1845, reçut dans celte
ville sa première éducation musicale, puis
alla terminer ses études au Conservatoire de
Bruxelles, où il obtint le premier prix de com-
position en 1866. Ayant pris part l'année sui-
vante au concours de Rome, il remporta d'em-
blée le premier prix pour sa cantate flamande
hct Woud {la Forêl). En 1869, M. Waeiput
fut appelé, malgré sa jeunesse, à la direction
du Conservatoire de Bruges, prit une part ac-
tive au mouvement musical de cette ville, de-
vint clief d'orchestre au théâtre, et fonda des
concerts populaires qui obtinrent un grand suc-
cès. Pourtant, il quitta Bruges en 1871, et alla
se fixer à Dijon, où il demeura plusieurs an-
nées. De retour en Belgique en 1875, il s'éta-
blissait dans sa ville natale, où il devenait chef
d'orchestre du grand théâtre, et, le 9 janvier
1876, il donnait au Palais-Ducal, à Bruxelles,
un grand concert avec orchestre et chœurs
destiné à faire connaître quelques-unes de ses
compositions les plus importantes. Il fit entendre
sous sa direction, dans cette séance, sa 2* sym-
phonie, écrite à la mémoire de Charles-Louis
Hanssens, divers morceaux d'un opéra flamand
inédit, Berken de Diamant slijper {Berken le
lapidaire), des fragments de ses Si" et 4" sym-
phonies, et une cantate, de Zegen der Wa-
pens {la Bénédiction des arvies), composée à
l'occasion d'une visite faite à Gand par les rif-
jlemen anglais, et dans laquelle on trouvait un
arrangement très-curieux du God save the
Queen et de la Brabançonne, le chant national
belge. Ces diverses œuvres furent accueillies
avec une grande faveur, et donnèrent une heureuse
idée du talent de leur auteur. Depuis lors,
M. Waeiput a fait exécuter à Gand une cantate,
la Pacification de Gand, que le public n'a pas
moins bien reçue. Parmi les autres composi-
tions de cet artiste, je citerai : Hans Memling,
marche festivale pour orchestre; Memling,
cantate pour soli et chœurs; un recueil de
6 lieder avec piano ; un autre recueil de 20 lie-
mOCR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. -
der avec piano; un autre recueil de mélodies
nouvelles, etc., etc.
* YVAELUAINT (Hubert).— Neuf chansons
de cet artiste fameux sont insérées dans le re-
cueil divisé en six livres que Pierre Phalèse
publia à Louvain en l.'");)5-155G, et dont le pre-
mier parut sous ce titre : Premier livre des
chansons à quatre parties, nouvellement com-
posez (sic) et mises en musique, convenables
tant aux instrumentz comme à la voix
(Louvain, 1555, in-4°).
Il parait établi d'une façon certaine aujourd'hui
que cet artiste fameux n'a vu le jour ni à Ath ,
ni à Arras, ni à Anvers, mais bien à Tongerloo,
petit village de la Canipine, dans l'ancien duché
de Brabant.
'' WAGENSEIL (Georges-Christophe),
compositeur allemand, naquit en 1717 (et non
en 1688, comme il a été dit), et mourut le
1"'' mars 1779, à Vienne. On connaît de lui un
ouvrage intitulé i Lamenti d'Orfeo, qui a été
joué en cette ville le 26 juillet 1740.
* WAGNER (GuiLLAUHE-RicnAr,n),compo-
siteur dramatique allemand. — Il est difficile
d'apprécier, d'une façon précise et nette, la
valeur de cet artiste à la fois étrange et puissant,
auquel son immense vanité, son incommensu-
rable orgueil, son absence absolue de sens
moral, son mépris complet du public, son dé-
dain superbe pour tout ce qui n'est pas lui, sa
haine pour tous les grands artistes qui l'ont
précédé, ont fait une singulière situation dans le
monde. M. Wagner, dont il y aurait puérilité à
nier la vaste intelligence et les rares facultés
musicales, a été et est encore discuté avec une
âpreté, une ardeur, une énergie dont il existe
peu d'exemples dans l'histoire de l'art; on peut
tlire que, en ce qui le concerne, l'Europe musi-
cale est divisée en deux partis immenses, en
deux camps gigantesques, dont l'un tient pour
le musicien novateur à ([ui l'on doit Tristan
et Ysolde et la tétralogie des Nibelungen, tan-
dis que l'autre est absolument hostile à son tem-_
péiament réformateur et à la conception qu'il s'est
formée du drame lyrique. Qu'on ne s'y trompe
pas, en effet : ce n'est pas seulement en France
que M. Wagner, avec des partisans résolus,
trouve aussi des adversaires déclarés de sa per-
sonnalité aitistique et de ses théories. En Alle-
magne, le terrain n'est pas plus uni à son égard,
et à Vienne, comme à Berlin, comme à Munich,
comme ailleurs, s'il trouve des sectateurs
enthousiastes, il rencontre aussi des ennemis
ardents qui battent en brèche et son système,
et ses doctrines, et ses œuvres. Il est vrai que
tous les wagnériens, allemands ou français, ont
T. II. 41
642
WAGNER
cela de commun avec leur idole : qu'ils considè-
rent comme de simples imbéciles ceux qui ne pen-
sent pas comme eux, les traitent avec une bien-
veillance dédaigneuse, et se figurent modestement
qu'ils possèdent seuls la lumière, l'intelligence,
la sincérité, le sens de l'art, et, pour tout dire
d'un mol, la vérité.
Pour moi, qui ne suis ni d'un camp ni de
l'autre, qui cherche celte vérité avec courage,
honnêteté et persistance, et qui ne me flatle pas
de la posséder tout d'abord, je répète qu'il est
fort difficile d'apprécier sainement, complètement
la valeur et la portée artistique de M. Richard
Wagner; et cela d'autant plus que, malheureu-
sement, la nature morale de l'homme peut, jus-
qu'à un certain point et quant à présent, influer
sur le jugement qu'on est porté à exprimer relative-
ment à ses œuvres. Il n'est pas toujours aussi facile
qu'on le croit de séparer l'homme de l'arlisle;
M. Wagner lui-même l'a déclaré plus d'une fois.
Bien plus -. selon lui, on ne peut vraiment admirer
le second que quand on aime et qu'on estime le
premier. Or, c'est ici, je l'avoue, que la route
me paraît difficile, quand je me rappelle, par
exemple, que M. Wagner, accueilli par Meyer-
beer en France avec une bienveillance toute
particulière, n'a cessé de souiller et de ternir la
mémoire de ce grand homme; que M. Wagner,
après avoir reçu de M. Hans de Bùlow les preu-
ves les plus touchantes d'affection et de dévoue-
ment, n'a rien trouvé de mieux, pour le remer-
cier, que de lui ravir sa femme; que M. Wagner,
l'ancien révolutionnaire ardent et hautain, s'est
fait le plat courtisan que l'on sait et s'est mis
sans vergogne à la remorque d'un souverain
dans l'unique but de faire sa fortune artistique; que
M. Wagner, pour se venger de ses insuccès en
France, l'a insultée de la façon la plus odieuse et
aurait voulu, dans sa haine, la rayer du nombre
des nations; que M. Wagner enfin, effarouché
même par la gloire des grands artistes qui l'ont
précédé, n'a cessé, dans ses écrits, de déverser
l'outrage sur des hommes tels que Mendels-
sohn, Meyerbeer, Halévy, Berlioz, et que, dans
le journal qu'il a fondé récemment à Bayreuth
pour sa propre glorification, il fait indignement
injurier les ombres de Schumann et de maint
autre compositeur dont la renommée ne saurait
cependant nuire aujourd'hui à celle de l'iras-
cible maître saxon.
Le jugement du public, relativement à
M. Wagner, e.st donc peut-être plus influencé
qu'on ne pourrait le croire par la conduite et le
caractère de l'homme privé ; je ne prétends
point que le public ait raison, et me borne à cons-
tater le fait. 11 est certain que M. Wagner, tou-
jours hautain, dur, sec, cassant, orgueilleux,
indulgent à lui-même et singulièrement mépri-
sant envers les autres, n'est que médiocrement
fait pour exciter la sympathie et faire naître la
bienveillance. Et si l'on veut bien remarquer
que l'idéal artistique de M. Wagner pousse non
pas seulement à une réforme, mais à une révo-
lution musicale presque radicale, qu'il veut
faire litière de tout nn passé glorieux en affec-
tant le mépris le plus insolent pour des artis-
tes et des œuvres que chacun s'était plu jus-
qu'à ce jour à respecter et à admirer, enfin qu'il
prétend détruire jusqu'aux traces de ce passé
et reconstituer l'art sur des bases entièrement
nouvelles, on comprendra que ses nombreux ad-
versaires soient pour le moins aussi ardents à le
poursuivre et à le combattre que ses nombreux
partisans le sont à le glorifier et à le défendre.
La puissance artistique de M. Richard Wa-
gner est incontestable; et ce qui le prouve, c'est
l'influence qu'il exerce à un certain point de
vue, depuis une vingtaine d'années, sur tous
les jeunes musiciens de l'Europe, que ce soit en
Allemagne, en France, en Belgique, en Russie,
ou jusqu'en Italie. Mais je dis : à un certain point
de vue, parce que cette influence est forcément
limitée. En effet, l'idéal rêvé par M. Wagner
me semble ne jamais devoir être réalisable ; j'en
vais expliquer les raisons, qui feront compren-
dre les limites que je crois fatalement assignées
àl'action génératrice ou régénératrice de l'artiste.
On ne voit généralement qu'une individua-
lité chez M. Wagner; or, à mon sens, il y en
a deux, tout à fait distinctes, mais qui unissent
leurs facultés dans la recherche du buta attein-
dre, lequel but est la réforme du drame lyrique :
il y a l'esthéticien d une part, de l'autre le musi-
cien proprement dit. L'esthéticien ne s'est pas
contenté, et ne pouvait pas se contenter d'être
musicien ; cela ne lui aurait pas suffi. Pour opé-
rer la réforme qu'il rêvait, pour agir en toute
liberté et sans être gêné par une collaboration
qui ne l'aurait pas toujours servi à ses souhaits,
il lui a fallu devenir poêle dramatique et se faire
son propre collaborateur. La visée de M. Wa-
gner est immense, tellement immense qu'elle en
arrive à devenir chimérique. M. Wagner a vou-
lu d'abord réformer la musique dramatique
puis réformer le poëme du drame musical, puis
enfin réformer jusqu'aux coutumes théâtrales,
jusqu'au public, et jusqu'à la structure, à la con-
figuration et à l'aménagenient des salles desti-
nées aux représentations lyriques. On ne croira
pas que j'exagère, car les faits sont là pour
confirmer mes assertions, et je vais essayer de
les rappeler rapidement.
WAGNER
643
Dans son premier opéra représenté, Rienzi,
M. Wagner ne s'est guère écarté des opinions
reçues, des traditions adoptées. L'œuvre est bril-
lante, (ière, d'une allure noble et chevaleres-
que, mais déjà d'un style tendu, et d'un carac-
tère excessif en ce qui concerne l'emploi de
l'orcliestre. Toutefois, elle est coulée dans le
moule habituel de l'opéra, divisée en actes qui
contiennent des airs, des chœurs, des duos, des
trios, morceaux d'ensemble, etc. Certains épi-
sodes sont saisissants (parfois, il est bon de le
remarquer, avec certaines réminiscences ita-
liennes), mais l'ensemble de l'œuvre est si géné-
ralement éclatant, tout y est mis dans une lu-
mière si intense et si vive, sans oppositions ni
ombres, qu'elle est déjà fatigante et laborieuse
à entendre.
Le Vaisseau fantôme, qui vint après Rienzi,
est assurément plus personnel, plus original. Le
poëme ne manque point d'intérêt, la musique ne
manque point de variété, et l'auteur, s'il a
recherché la nouveauté dans certains détails de
forme, n'a cependant pas entrepris d'accomplir
encore la révolution qui déjà grondait dans son
cerveau. C'est dansée Vaisseati fantôme qu'on
trouve pour la première fois l'emploi de certains
motifs, de certaines phrases particulières des-
tinées à caractériser la nature psychologique et
morale de divers personnages. En un mot, l'œu-
vre est puissante, non sans certaines étrangetés,
mais elle n'a pas encore rejeté loin d'elle le vieux
vêtement du vieil opéra. Là encore on trouve
des airs, des chansons, des ballades, des chœurs,
des trios, et, — qui le croirait ? — jusqu'à uneca-
vatine. La partition du Vaisseau fantôme ren-
ferme d'ailleurs, à côté d'épisodes vigoureux
comme l'ouverture et l'air du Hollandais, des
pages pleines de charme et de grâce, telles que
le chœur des (ileuses et la cavatine d'Erik.
Avec Tannhâuser, et plus lard avec \Lohen-
grin, nous commençons à faire connaissance
avec le système qui trouvera son plein épa-
nouissement, son entier accomplissement d'a-
bord dans Tristan et Ysolde, puis dans la té-
tralogie des ISihelungen. Dans Tannhâuser,
M. Richard Wagner commence à rompre vio-
lemment avec les habitudes du passé; pourtant,
cette rupture n'atteint pas encore la forme et
la structure de l'œuvre prise dans son ensemble,
mais seulement la forme et la structure des mor-
ceaux. L'artiste n'a pas jugé à propos d'enlever
à son drame, comme il le fera plus tard, tout
intérêt scénique, tout mouvement, toute action ;
à ce point de vue même, il y a dans Tann.
hàuser des scènes caractéristiques et émou-
vantes ; seulement, l'ouvrage se fait aussi remar-
quer par des longueurs cruelles, faites pour
exercer déjà la patience de l'auditeur le mieux
prévenu et le plus attentif. .Sous le rapport pure-
ment musical, on peut constater que l'auteur
fait en sorte de s'écarter des sentiers frayés jus-
(lu'à lui. Déjà nous voyons que la régularité de
la phrase le préoccupe peu, que le discours
sonore s'étend à perle de vue, sans repos, sans
point d'arrêt, que le retour de l'idée mélodique
est rigoureusement évité, que les périodes
nouvelles succèdent incessamment aux périodes,
sans que l'oreille, tendue à l'excès et succombant
sous l'effet de la fatigue attentive, rencontre
jamais un point de repère, jamais un ressou-
venir sur lequel elle puisse s'appuyer et se
reposer un instant. La contention d'esprit exi-
gée par l'audition d'une telle œuvre est déjà
excessive, et exige une prédisposition intellec-
tuelle particulière, d'autant que certains épiso-
des, principalement celui de la lutte des chan-
teurs, .sont d'une longueur et d'une étendue
inusitées. Une remarque est à faire pourtant,
au sujet de Tannhâuser : c'est que, dans cet
ouvrage, M. Wagner n'a pas dédaigné complè-
tement de faire entendre, dans les duos, l'ac-
cord de deux voix et leur audition simultanée.
Profitons-en ; car, à partir de Lohengrin, cette
jouissance, trop musicale" et trop poétique sans
doute, nous sera interdite à jamais.
La seconde manière de M. Richard Wagner,
très-accentuée dans Tannhâuser, s'accuse
complètement dans Lohengrin. Les tempéra-
ments artistiques à la fois libéraux et modérés
consentent volontiers à accompagner le musi-
cien jusqu'à cette œuvre puissante et passionnée;
mais ils se refusent à aller plus loin, car elle
leur semble former la limite extrême des ten-
dances réformatrices qu'on peut admettre dans
la conception de l'opéra moderne. Mais avant
de parler moi-même de Lohengrin, je veux
donner un échantillon des théories étranges que
fait germer dans les cerveaux les mieux équi-
librés l'étude acharnée du système théâtral et
musical de M. Richard Wagner. Voici ce qu'un
Français, qu'on dit homme de goût et esprit
éclairé, n'a pas hésité à écrire sur ce sujet;
j'emprunte les lignes qui suivent au livre de
M. Edouard Schuré, le Drame musical (1) -.
«.... Le passage de Tannhâuser à Lohengrin
marque dans la vie de Richard Wagner une de
ces transformations profondes, j'allais dire une
de ces élévations subites. Deux courants éga-
lement forts avaient agité sa jeunesse : d'une
part, une vigueur extraordinaire de nature et
(1) T. Il, p. lOG-lll.
644
WAGNER
ce puissant instinct des sens qui est comme l'ai-
gnillon (lu tempérament artistique le poussaient
;\ jouir de la vie, à s'y lancer à corps perdu, à
en courir tous les liasards, en explorer tous
les recoins; de l'autre, un désir souverain, une
imagination merveilleuse, un idéalisme trans-
cendant l'entraînaient aux plus hautes régions
de l'espiit. Depuis son adolescence, ces deux
courants l'avaient dominé tour à tour, et cela
sans trop se nuire, sans presque se déranger.
Toutefois ses dernières expériences l'avaient
amené à prendre possession de la meilleure par-
tie de lui-même et à s'y réfugier comme en un
sanctuaire contre les atteintes du monde exté-
rieur.
« Maître de chapelle à Dresde, toutes les
portes s'étaient ouvertes devant lui. Il avait vu
de près ce monde du théâtre et de l'opéra où
l'homme et la femme qui ne trouvent point de
satisfaction dans l'étroitesse de notre vie bour-
geoise vont chercher parfois un plus libre épa-
nouissement. Au premier moment, Richard
Wagner s'était jeté dans ce milieu avec sa fou-
gue habituelle, comme pour en avoir le dernier
mot. 11 connut bientôt le fond de misères, de
tristesses, de corruptions qui se cache sous sa
chatoyante fimtasmagorie. Le dégoût le saisit.
11 voyait par l'exemple d'une actrice de génie,
la Scbrœder-Devrient, ce qu'une belle âme peut
souffrir de froissements etdetortures lorsqu'elle
entre en contact par ses plus nobles aspirations
avec ce .monde inférieur et frivole. Dans sa
destinée il avait vu le miroir de ses propres
déceptions. Sortir de ce milieu, en trouver
un supérieur, s'élever au-dessus des tristes
plaisirs et des frivolités décevantes de la société
moderne, tel fut son effort. De cette aspiration
à un élément pur, virginal et si élevé au-dessus
de la réalité contemporaine qu'il lui semblait
encore inaccessible, naquit le Tunnh'ùuser.
« Ma vraie nature, qui m'était revenue par
« dégoût de la société moderne et dans la
« recherche de quelque chose de plus noble,
« embrassa d'une violente et fervente étreinte
« les deux forces extrêmes de mon être et les
« joignit en un seul courant. L'achèvement du
« Tannkùuser m'absorba dans une activité si
« dévorante, que |)lus j'approchais de la lin de
« ce travail, \)lus je fus dominé par l'idée fixe
« qu'une mort rapide m'empêcherait de le ter-
« miner. En écrivant la dernière note j'éprouvai
« le soulagement d'un homme qui échappe â
« un danger mortel. »
« Dès que l'œuvre fut terminée, un grand
apaisement succéda â cette ébullition fiévreuse.
Le côté éncrgiquement terrestre et hardiment
sensuel de cette nature puissante et concentrée
s'était exprimé tout entier dans la montagne
enchantée et daus la séduisante création de
Vénus. L'autre côté s'en trouva comme dégagé
et affranchi. Cette hauteur où Tannhàuser as-
pire du fond des grottes de la déesse païenne, où
il se sent attiré par un rayon céleste qui lui
vient à travers Elisabeth^ l'artiste, d'un fort
coup d'aile,'.s'y était élevé. Il avait laissé loin der-
rière luil'opéra, la vie de théâtre, les misères de la
réahté. Son âme et sa pensée planaient main-
tenant dans l'atmosphère pure et suave d'un
éther lumineux. Il éprouvait une sensation pa-
reille à celle dun voyageur qui, cheminant dans
un marais bourbeux sous les lourdes vapeurs de
la plaine, se verrait enlevé soudainement loin
du monde habité sur une cime des Alpes, où
nous enveloppent les bleus océans de l'air et
courent les frissons vivifiants des libres espaces.
Un nouveau sentiment de solitude l'envahit.
Mais c'était une solitude délicieuse, bienfaisante,
enchanteresse, celle de l'âme qui loin des hom-
mes a conquis son royaume éternel et se sent
une avec lui. De quelle fierté l'homme parvenu
à cette hauteur plonge dans les vallées noyées
de brume à ses pieds ! de quelle chaste volupté
il embrasse l'horizon des neiges éternelles !
Heureux le penseur, heureux le sage qui peu
vent demeurer sur cette cime. Pour eux plus
de lutte, plus de déception. Le passé, le présent,
l'avenir se confondent à leurs yeux dans une
sereine contemplation, les chaudes exhalaisons
des passions humaines se résolvent comme de
légères nuées.dans le ciel limpide de la pensée
pure, les bruits stridents des luttes terrestres se
fondent dans l'harmonie des sphères. Moins
calme, moins libre de souffrance et pourtant
plus heureuse peut-être est l'âme passionnée de
l'artiste lorsqu'elle est i)arvenue à ces régions
sublimes. Pour elle la contemplation est un rêve
ardent, et la possession de cette félicité su-
prême est un sentiment qui la consume. Elle ne
peut voir l'éternelle vérité que sous le voile
changeant de Maia : ainsi la révélation même
du divin devient drame et souffrance. Car son
plus grand besoin n'est pas celui de comprendre
et de se reposer, mais de s'épancher à plein
torrent et de se communiquer aux autres. « A
« peine, dit Richard Wagner, me sentis-je enve-
«■ loppé de cette solitude pleine de félicité,
« qu'elle éveilla en moi un désir nouveau et
« impérieux, le désir qui nous attire des
■< hauteurs vers les profondeurs, qui dans le
« lumineux éclat du ciel le plus chaste et le
« plus pur nous fait chercher l'ombre familière
« de l'amour humain. » Or ce désir est celui
WAGNER
645
même qui fait descendre Lohengrin, le cheva-
lier du Saint-Graal, de sa iiauteur azurée vers la
ciiaude poitrine de la terre, et qui lui fait pré-
férer à son royaume bienheureux la lutte au
milieu des hommes, parce qu'il cherche parmi
eux ce qu'il ne saurait rencontrer dans le
splcndide héritage de son père : la pleine effu-
sion de l'amour. C'est le désir même du héros,
du génie, de toute nature supérieure; ils brû-
lent de verser leur propre bonheur aux natures
humbles et aimantes qui d'avance les devinent
et d'élan les comprennent. »
Si jamais au monde il y a eu pathos inintelli-
gible et obscur, je crois que c'est bien celui-ci.
Que veut dire ce langage mystique jusqu'à l'in-
accessible, boursouflé jusqu'à l'incompréhen-
sible ? Est-il donc besoin de phrases si redou-
tantes, de comparaisons si forcées, d'images si
contournées pour déclarer que l'on trouve
M. Wagner le plus grand musicien dramatique
qui ait jamais existé, et qu'auprès de lui les
Gluck, les Salieri, les Spontini, les Weber et les
Meyerbeer sont de pauvres garçons ? Car c'est
évidemment à cela que tend M. Schuré. Il est
remarquable, en effet, que tous les partisans de
M. Wagner font singulièrement bon marché de
tous ceux qui ont existé, produit et créé avant
lui, et qu'il semble, d'après eux, être venu au
monde tout d'une pièce et sans avoir eu besoin,
tellement son génie était puissant, de proliter
d'aucun des efforts et des travaux de ses devan-
ciers. C'est se constituer une idole à bon marché,
et d'un coup effacer l'histoire de l'art au profit
d'un seul artiste (1).
(I) J'ai dit que les wagnériens étaient impitoyables pour
ceux qui combattent ou qui ne partagent pas leur ma-
nière de voir, et qu'ils le prenaient de haut avec eux, les
accablant sans pitié sous le poids de leur immense supé-
riorité. C'est ainsi qu'à propos de Tristan et Y solde, dont
il se montre l'admirateur ardent tout en convenant que
l'œuvre est d'une compréhension diflicile, M, Schuré en
vient à dire : — « Mais, objecteront certains critiques, à
quoi bon des œuvres qui réclament tant d'efforts et
qui d'ailleurs sont comprises de si peu de gens ? A
cela on peut répondre : Tout ce qui est graud est dif-
ficile et rare ; ou mieux encore par ce mot de Berlioz : //
serait vraiment déplorable que certaines œuvres fussent
admirées par certaines gens. »
Ceci revient à dire que M. Schuré et ses pareils sont
seuls intelligents, seuls capables, seuls de bonne foi, et
que les obstinés qui ont l'audace de ne pas admirer les
yeux fermés toutes les merveilles de M. Uichard Wagner
sont, sinon des malfaiteurs artistiques, au moins de sim-
ples ignorants, des pauvres d'esprit dépourvus de tout sens
commun, de tout sens poétique, incapables de toute
perception élevée, de toute sensation généreuse et vive.
Les wagnériens ont de ces politesses et de ce^; modes-
ties. 11 est donc impossible, et il serait d'ailleurs inutile,
d'entrer en discussion avec des gens qui se bornent à
rendre des oracles, et qui ont à ce point la science in-
J'en reviens à Lohengrin, oîi, comme je l'ai
dit, s'accusent nettement les tendances réforma-
trices de M. Wagner, quoitiue nous soyons loin
encore de la manifestation exacte de ces tendan-
ces, qui ne deviennent complètes et ne prennent ab-
solnmentcoi'ps que dans \*i9<Nibelungen, expres-
sion achevéede l'idéal entrevu par l'artiste. Aussi
af(irme-t-on que M. Wagner dédaigne aujour-
d'hui la partition de Lohengrin, et la considère
comme une de ses œuvres les plus imparfaites.
Cela me paraît fâcheux, car, ainsi que je le fai-
sais observer plus haut, c'est précisément celle-
là que préfèrent les esprits à la fois progressistes
et résolus qui prétendent ne se point payer de
chimères et qui considèrent la scène lyritiue
non comme un laboratoire d'impossibilités, mais
comme un lieu de plaisir élevé, délicat, intelli-
gent et intelligible, comme une source 'de jouissan-
ces et d'émotions qui n'exigent pas, de qui les
veut goûter, une tension intellectuelle voisine
de la souffrance et amenant comme une obli-
tération des facultés cérébrales.
Dans Lohengrin, M. Wagner, en tant que
poète lyrique, n'a pas encore fait absolument bon
marché de l'action dramatique ; il a bien voulu
condescendre à tracer encore (quoique rarement)
quelques scènes presque mouvementées. Cepen-
dant l'étude psychologique des personnages,
cet élément radicalement hostile au théâtre,
l'analyse de leurs sentiments intimes, acquiert
déjà beaucoup trop d'importance, et le poème
est hérissé de longueurs qui rendent l'œuvre
interminable. En ce qui concerne la musique,
nous voyons ici que l'auteur, sous prétexte de
bannir la convention (comme si le théâtre, et
surtout le théâtre musical, n'était pas un com-
posé de conventions t), se prive volontairement
de moyens d'effet et d'expression qu'on n'avait
jamais songé à exclure de la scène. C'est ainsi
que dans les duos et dans les trios il se défend
de faire chanter les voix simultanément, et ne
fes fait jamais entendre que séparément et l'une
après l'autre; d'où il suit que l'action musicale s
compose uniquement d'une série ininterrompui;
de solos, et que le mariage de deux ou plu-
sieurs voix, cet effet d'un charme si puissant,
qui donne une impression toujours vive et tou-
jours nouvelle, disparaît de la façon la plus abso-
lue. D'autre i)art, toujours sous prétexte de
vérité, M. Wagner se défend non-seulement de
redoubler les paroles, ce qui serait compréhen-
sible, mais de reprendre jamais un motif, de le
traiter à l'aide des artifices que la science met
à la disposition du compositeur, de le travailler
fuse, la conscience de leur valeur et le senUment de leur
impeccabilité.
646
WAGNER
de diverses sortes, de façon à en faire jaillir des
effets nouveaux, tantôt piquants et imprévus,
tantôt pleins de puissance, de couleur et d'éner-
gie. Il en résulte, avec le procédé de n'employer
jamais qu'une voix, que le dessin mélodique se
présente presque toujours sous la forme d'une
longue mélopée se distendant à perte de vue,
d'un récitatif plus ou moins mesuré, rliythmé
arbitrairement, modulé à l'extrême, et qui donne
non point l'idée d'une sensation musicale pro-
prement dite, mais bien, si je puis m'exprimer
ainsi, celle d'un éternel dialogue polytonique.
Toutefois, non à cause de ce système, qui impose
à l'auditeur une extrême fatigue, mais malgré ce
système, Lohengrin reste une œuvre puissante,
émouvante, sans doute inégale et démesurément
longue, mais où éclate, en élans superbes, le feu
du génie. La passion, si elle n'y domine pas tou-
jours, s'y fait du moins une large place, l'étude
des sentiments, bien que parfois exagérée, y est
traitée avec beaucoup d'art, le style en est d'une
ampleur rare, et la richesse orchestrale, trop
souvent poussée à l'excès, n'en est pas moins,
souvent aussi, splendide et lumineuse. Aussi, de
tous les opéras de M. AVagner, Lohengrin est-
il resté partout le favori du public, celui qu'on
représente le plus souvent et qui attire le plus
volontiers les spectateurs.
Mais M. Wagner ne pouvait s'en tenir à Lo-
hengrin. Il avait un système, et il voulait pous-
ser la pratique de ce système à l'outrance der-
nière. L'idée d'un complet renversement des cou-
tumes en ce qui concerne le drame lyrique, d'une
destruction de l'ancien opéra, dont il voulait ab-
solument briser le moule, continuait de hanter son
imagination. Pour lui, Gluck avec Alceste et les
deux Iphigénie, Salieri avec Tarare, Sacchini
avec Œdipe à Colons, Spontini avec Fernand
Cortez, Rossini avec Guillaume Tell, Weber
avec Freischûtz et Oberon, Meyerbeer avec les
Huguenots et le Prophète, n'étaient que de pau-
vres sires, dont la gloire était indignement usur-
pée. Foin de ces hommes sans conscience, de ces
créateurs sans génie, de ces artistes sans intelli-
gence, de ces œuvres sans portée, de cette mu-
sique impuissante et misérable, de cet art avilis-
sant! M. Wagner, une fois ses prémisses posées
et son terrain préparé, se présente résolument à
la foule avec le drapeau de la réforme, ce dra-
peau sur lequel on pourrait inscrire pour devise :
La vérité, c'est Vennuil eXie, ses larges plis il
fait sortir l'nnivre éclatante et vraiment révolu-
tionnaire : Tristan et Ysolde !
C'est en effet dans cette œuvre, représentée
pour la première fois à Munich le 10 juin 1865,
que M. Wagner mit véritablement son système
en pratique pour la première fois. L'artiste avait
emprunté le sujet de son nouveau drame au
cycle fameux de la Table ronde; mais, comme
poète dramatique, il n'avait pas su le rendre
intéressant, et comme musicien il avait vrai-
ment abusé de la patience et de la bonne volonté
du public, encore insuffisamment préparé à une
telle épreuve. Ici, non-seulement le compositeur
a dédaigné les ensembles vocaux comme consti-
tuant sans doute un moyen d'action trop volup-
tueux, mais encore il a banni de sa partition la
forme chorale, cet élément si puissant et si noble
de variété dans l'unité. Pendant tout le cours
d'une œuvre dont l'exécution ne dure pas moins
de cinq heures, on n'entend donc que des voix
isolées ; et encore, par l'effet d'une volonté al-
tière et audacieuse, ces voix ne sont pas traitées
avec le sentiment de la prédominance qui leur
appartient légitimement dans le drame lyrique,
mais elles prennent simplement une part quel-
conque dans l'ensemble sonore, sont volontaire-
ment fondues et confondues par le musicien dans
cet ensemble, reléguées au rôle de simple unité
symphonique, et n'acquièrent pas plus d'impor-
tance que tel ou tel instrument de l'orchestre.
Notez que l'artiste qui agit de cette façon avec le
plus admirable élément musical que l'on puisse
concevoir exprime la prétention d'avoir découvert
et résolu, dans toute sa iigueur,|la' vérité scénique
appliquée au drame lyrique ! Mais s'il en est
ainsi et si, dans le drame lyrique, la voix hu-
maine est traitée sur un pied d'égalité parfaite
avec les instruments, ce n'est plus un opéra que
nous entendons, mais une immense symphonie
vocale et instrumentale, et il n'y a point déraison
qui vous empêche de faire descendre les chan-
teurs dans l'orchestre ou de faire monter celui-ci
sur la scène... Quant au procédé mélodique em-
ployé par le compositeur, c'est la mise en pra-
tique, poussée à ses dernières limites, à son ca-
ractère le plus, excessif, de celui que nous lu
avons vu essayer dans ses œuvres antérieures :
c'est-à-dire des périodes interminables, d'une lon-
gueur invraisemblable, succédant incessamment
à des périodes d'une pareille étendue, sans jamais
un point de repos, sans une répétition de parole,
sans le retour, à jamais proscrit, d'une phrase
musicale précédemment entendue. Qu'il y ait par-
fois, et malgré ce procédé, dans le cours d'une
œuvre d'aussi longue haleine, un fragment su-
perbe, un élan magnifique, on peut le croire sans
peine, étant donné le génie très-réel du musicien ;
mais que celte (ruvre, considérée dans son en-
semble, soit destructive d'une véritable jouis-
sance inlellecluelle et artistique, qu'elle amène,
avec la tension continuelle des nerfs et de l'esprit
i
WAGNER
647
une fatigue meurtrière et un ennui profond, c'est
ce qui n'est pas moins incontestable. Tel est pour-
tant l'objectif obstinément poursuivi par M. Wa-
gner, tel est le rêve réalisé par lui, tels sont,
selon lui, le but et les tins dernières d'un art
qu'on a toujours considéré comme enchanteur ( 1 ) !
Cependant, après Tristan et Ysotde, M. Wa-
gner jugea à propos, sans renoncer à ses princi-
pes, d'offrir au public une œuvre qui, par son
genre et par sa nature, contrastai d'une façon
complète avec ses productions antérieures. Il
voulut s'attaquer, musicalement, à l'élément bouf-
fon, et écrivit le poërne et la musique des Maî-
tres chanteurs de Nuremberg. J'ai à peine be-
(1) Un écrivain français qui se donne comme un admi-
rateur de M. Richard Wagner s'exprimait pourtant ainsi
en rendant compte, dans le journal le Temps (mars 1876),
de la représentation de Tristan'et Ysolde qui venait d'a-
voir lieu à l'Opéra de Berlin ; — « Wagner n'a pas étii
heureui quand il a emprunté au cycle de la Table ronde
les romanesques aventures de Tristan et Yseult, pour les
mettre en musique. Ici, ce n'est plus la volonté humaine
qui lui sert de ressort dramatique, c'est un breuvage, la
fatalité d'une ivresse animale.... Ce Tristan et cette Yseult
nous laissent en somme plus que froids. Fiancée à un
vieux roi de Cornouailles, Yseult aime en secret le gar-
çon d'honneur qui est venu solliciter sa main au nom de
ce monarque, et Tristan ne la trouve pas trop mal, mais
il est vertueux comme Joseph. La jeune Putiphar se dé-
cide à l'empoisonner; toutefois le pliiltre qu'elle lui verse
est, à son insu, un philtre d'amour, dont ils boivent tous
les deux. Avant cette libation, ils nous intéressent encore
dramatiquement; après, l'intérêt qu'on prend à eux de-
vient pathologique. C'est un couple intoxiqué, rien de
plus. Le roi Marke découvre cette intrigue, se plante gra-
vement devant les coupables, et, au lieu de percer Tris-
tan de son épée ou de l'envoyer en prison, le punit d'une
mélopée wagnérienne longue, montre en main, d'un quart
d'heure. Ce châtiment, qui rejaillit sur la salle, détermine
Tristan au suicide, — rien de plus naturel; — mais le
traître Melot se charge de l'introduire aux sombres ré-
gions de la mort. Le chevalier n'étant que blessé, il en ré-
sulte un troisième acte. Celui-ci se passe en Eretigne, et
l'obstination de Tristan à ne pas mourir plus vite prouve
qu'il n'est pas sans motif du Finistère, ot. l'on a géné-
ralement la tête aussi dure qu'en Westphalle. Dans tout
cela il y aurait lieu sans doute à mélodies, si Wagner, cette
fois, les cherchait. Mais Tristan et Yseult diffère pro-
fondément de Lohengrin et de Taniihduser, oii les mélo-
dies abondent.... Dans Tristan et Y^teult, tout révèle la
manie, l'idée fixe. On sent un homme qui chevauche un
dada, qui recherche de propos délibéré, comme pour se
démontrer à lui-même sa supériorité sur le commun des
hommes, l'inattendu dans la monotonie. Wagner déploie
en eflet les ressources d'un esprit prodigieusement inven-
tif pour produire une impression totale constamment la
même. C'est un phénomène en apparence contradictoire
que cette variété de moyens n'engendrant qu'une sensa-
tion d'uniformité ennuyeuse. Mais plus cela change, plus
c'est la même chose. Ajoutez l'abus des moyens violents,
le tapage élevé à la hauteur d'un principe musical, le
Vague taisant loi, l'hyperbole à tous les degrés, et — per-
mettez-moi de le dire en ôtjnt mon chapeau devant no-
tre grand polSte — « ce que dit la bouche d'ombre i>
traduit en vacarme insensé parles cent voix de l'orches-
tre. »
soin de dire que, chercliaiit partout l'imprévu et*
la nouveauté (peut-être est-ce là la qualité domi-
nante et comme la cara(;léristique du tempéra-
ment théâtral de M. Richard Wagner), il s'éloi-
gnait autant, dans cette œuvre, du genrede l'opéra-
comique français que des pasquinades foraines
de son compatriote M. Offenbach. Mais, il faut
bien le déclarer, l'auleurde Lohfngrin n'a pas
le génie du rire, et son comique lourd, forcé,grima-
çant, sans grâce et sans légèreté, est loin d'être
amusant. Le livret des Maîtres chanteurs avait
la prétention de peindre les mœurs populaires de
l'Allemagne au moyen-àge, de faire connaître lavie
et les coutumes des trouvères d'outre-Rhin, ces fa-
meux Minnesànger &t Meistersinger,àersippdet
la lutte qui s'établit entre eux, et enfin de tirer des
incidents de cette lutte une sorte de morale artis-
tique en faveur du progrès intellectuel sur la
tradition immobilisée, de revendiquer la libre
allure de l'art et sa complète indépendance. On
pourrait presque dire que c'est un plaidoyer pro
domo sud que M. Wagner esquissait dans cet ou-
vrage. Par malheur, je l'ai fait remarquer, la
verve comique n'est pas, ni musicalement ni lit-
térairement, ce qui caractérise son génie ; aussi,
malgré les quelques bonnes pages très-rares que
l'on rencontrait dans le poëme et dans la parti-
tion des Maîtres chanteurs, l'œuvre n'obtint-
elle qu'un succès relatif, en dépit de l'immense
concert de louanges qui en avait préparé l'appa-
rition et du mal que s'étaient donné les partisans
de l'auteur et l'auteur lui-même pour crier d'a-
vance au chef-d'œuvre. Ce qui est certain, c'est
que la partition des Maîtres chanteurs, longue
et obscure, épaisse et touffue jusqu'à l'excès,
fertile en combinaisons orchestrales d'un carac-
tère presque inaccessible à la masse du public,
offrant à chaque instant des partis-pris d'extra-
vagance et comme des rébus absolument indé-
chiffrables, provoque chez l'auditeur le plus dé-
teiminé une lassitude cruelle et une souffrance
véritable. Aussi, quelques efforts qui aient été
faits en sa faveur, est-elle fort loin d'approcher
de la popularité très-réelle qui s'est attachée au
Tannhàuser et à Lohengrin.
Mais nous voici arrivés à l'œuvre typique de
M. Richard Wagner, celle que le maître a entourée
de tout son amour, de toutes ses prédilections,
celle qui représente le mieux ses théories et ses
tendances, qui personnifie réellement son génie
et qui donne la mesure exacte de son tempéra-
ment et de sa volonté artistiques ; l'Anneau
du Nihelung. Il ne s'agit pas ici, comme le
vulgaire pourrait le croire, d'un simple opéra, mais
d'une « tétralogie, » c'est-à-dire de quatre opéras
en un seul, d'une œuvre immense divisée en
648
WAGNER
•quatre parties dont cliacune foirae séparément
un drame lyrique complet, rattaché aux trois au-
tres par un lien commun et par l'unité du sujet.
L'idée n'était pas neuve, sinon au point de
vue musical, du moins au point de vue théâ-
tral, car, sans remonter jusqu'à Beaumarchais et
à son Figaro^ jusqu'à Scliiller et à son Wal-
lemtein, elle avait été mise en pratique chez
nous, il y a trente-cinq ans, par Alexandre Du-
mas; et Dieu sait si les hrocards plurent sur
notre grand romancier lorsqu'il s'avisa de tirer
de son Monte-Cristo un drame colossal en
quatre soirées, dont chaque partie formait un
tout conqilet ! Mais il paraît que ce qui était
ridicule chez un dramaturge français ne pouvait
qu'être sublime chez le rénovateur musical
allemand du dix-neuvième siècle. Autres temps,
autres contrées, autres mœurs (1)!
L'ambition de M. Wagner — il l'a dit et répété
en mainte circonstance — était de prouver à l'Alle-
magne qu'elle pouvait avoir un art scénique na-
tional, au lieu de vivre servilement sous ce rap-
port aux dépens des autres nations, et d'être
lui-même le créateur de cet art. Le sentiment
était assurément élevé s'il était sincère ; on peut
toutefois se demander si M. Wagner ne parlait
pas ainsi pour flatter la fibre populaire et pour
se faire, sous couvert de patriotisme, des partisans
plus nombreux et plus dévoués, qui l'aideraient
de tons leurs efforts dans la réalisation des pro-
jets qu'il méditait. Il ne s'agiss-ait pas de peu de
chose en effet, et l'union de tous les bons vou-
loirs n'était pas de trop pour l'exécution du plan
gigantesque que l'artiste avait conçu.
J'ai dit plus haut que M. Wagner avait la pré-
tention, ou, si l'on veut, l'ambition de réformer
non-seulement la musique dramatique et subsi-
diairement le poème du drame musical, mais
encore jusqu'aux coutumes théâtrales, jusqu'au
public, enfin jusqu'à la structure,, à la configura-
tion et à l'aménagement des salles destinées aux
représentations lyriques. Le théâtre ne doit pas
être un lieu d'amusement et de récréation intel-
lectuelle, s'est dit M. Wagner, mais une sorte de
sanctuaire interdit aux profanes et comme une
espèce de prison temporaire de laquelle toute
pensée extérieure doit être chassée , d'oîi doit
être banni tout souvenir, toute idée, toute ré-
flexion qui n'a pas pour objectif immédiat la
contemplation exclusive, absolue, sans distrac-
(t) Même au point de vue musical on peut dire que, de
ce fait, M. Wagner n'a rien inventé. Le 13 février 1787,
Scdaiiie et Grétry donnaient à la Comédie-Italienne deux
pièces dont l'une était le complément de l'autre : le Comte
d' llbcrt (en -2 actes), et la Suite du Comte d'Albert (en
un acte). 11 y avait là le germe de l'idée tétralogique de
M. Richard Wagner.
tion aucune, du spectacle qu'on est venu cher-
cher. Aux yeux de ce réformateur exigeant, le
théâtre moderne devient un temple, et le spec-
tateur une sorte de patient ; quant à la distrac-
tion intelligente que celui-ci cherche à se procurer,
bien loin de constituer un plaisir, elle doit se
transformer en une obligation visuelle et auditive
absolument tyrannique, sévère et pleine d'austé-
rité, qui semble devoir constituer plutôt un sup-
plice que cette dilatation des hautes facultés mo-
rales, que cette joie de l'esprit et des sens qui
accompagnent, chez un être bien disposé, la vue
ou l'audition d'une belle oeuvre d'art ; en un mot,
celui qui met le pied au théâtre semble y venir
moins pour admirer un beau spectacle dans
toute la liberté de son imagination, que pour y
exercer ce qu'on pourrait appeler une fonction et
comme une sorte de sacerdoce.
On sait maintenant en quoi consistait, au point
de vue théorique, la réforme projetée par M. Ri-
chard Wagner ; on va voir quels moyens il em-
ploya pour la faire passer dans la pratique, au
moins autant qu'il dépendait de lui. « Malgré le
succès de ses premiers opéras sur beaucoup de
théâtres étrangers, dit M. Schuré, malgré le goût
croissant du public allemand pour sa musique et
ses poèmes, Richard Wagner a renoncé depuis
longtemps à tout rapport avec les théâtres exis-
tants. Une conviction s'était formée dans son es-
prit pendant sa longue carrière, c'est que tes
conditions premières de nos théâtres d'opéra
s'opposent aux innovations fécondes et décisives.
Il comprit qu'une institution avant tout indus-
trielle et commerciale, qui doit gagner le plus
d'argent possible pour subsister, ne peut servir
loyalement le grand art. Il avait constaté aussi
que l'habitude des représentations quotidiennes
ravale souvent le théâtre à un divertissement
frivole (1). Enfin, la construction même de nos
salles d'opéra ne répondait nullement à ses in-
tentions esthétiques. Ainsi naquit peu à peu dans
son esprit l'idée de fonder une institution entiè-
(1) Ainsi, voilà qui est convenu : quand le théâtre de
Prague montait Don Juan, quand l'Opéra de Paris mettait
à la scène Orphée, Alceste, la F'estale, Guillaume Tell,
la Juive, le Prophète, quand notre Opéra-Comique présen-
tait au pul)licyo.sfp/i et le Pré aux Clercs, quand le théâtre
Kœnigstacit de Berlin produisait le Freiscliûtz, quand on
donnait à l'Opéra impérial de Vienne il lllatrimonio se-
greto et Euryanthe, dans la salle de Covcnt-Garden de
Londres, Oberon, à la Scala de Milan, Aida, aucun de
ces théâtres ne servait « loyalement » le grand art, et
l'habitude des représentations quotidiennes ravalait le
théâtre « à un divertissement frivole ». C'est une belle
chose, convenons-en, que des opinions « loyalement >•
exprimées, et que ce mépris touchant de messieurs les
wagnériens pour les grands artistes, les grandes œuvres
et les grandes entreprises qui ont précédé l'apparition de
leur idole ou qui lui sont restées étrangères.
I
WAGNER
649
renient dislincte de nos tliéâfres , par l'esprit
comme par la forme, par le (;;enre des repré-
sentations comme par la structure de l'édifice. »
II y avait déjà longtemps que M. Wagner, l'an-
cien révolutionnaire qu'une condamnation à mort
avait obligé de fuir de son pays, s'était réconcilié
avec les grands de la terre pour le hien de sa
cause artistique; l'insurgé saxon de 1848 était
devenu le commensal, l'hôte assidu et le courti-
san d'un prince dilettante, le roi Louis de Ba-
vière, dont la protection lui avait été très-utile
et l'aide fort eflicace. C'est grâce au roi Louis
qu'il avait pu faire représenter à Munich, dans
des conditions tout exceptionnelles, sou opéra
de Tristan et Ysolde ,■ c'est à lui qu'il eut re-
cours pour la représentation, autrement difficile,
de sa fameuse tétralogie do l'Anneau du Nlbe-
limg, pour laquelle, étant donnés ses projets et
ses désirs, tout était à créer : théâtre, matériel et
appareils scénicjues, personnel, et jusqu'au public.
Il s'agissait d'abord de procéder à la construc-
tion d'un théâtre conçu selon les idées du coinpo-
.siteur, et dans le but qu'il avait^déterminé. Ce
théâtre, pour ne point voir ses représentations
« ravalées à un divertissement frivole, » ne devait
en donner chaque année qu'un petit nombre,
pendant la saison d'été, et devant un public d'au-
tant plus et mieux choisi qu'on lui en ferait
payer la jouissance fort cher, — environ 100 francs
par place et par représentation. Ces représen-
tations prenaient le litre de « représentations
modèles, » et c'était en vérité le moins qu'on
pût faire pour des spectateurs qu'on étrillait de
la sorte. M. Wagner, en effet, n'entendait en
aucune façon faire lui-môme les frais de son en-
treprise, et prétendait que ses admirateurs fus-
sent ses soutiens et ses bailleurs de fonds. C'était
bien le moins. Il s'adressa donc, en premier lieu,
à son royal protecteur, grâce auquel il obtint la
concession du terrain sur lequel devait s'élever le
fameux théâtre; ce terrain était situé aux portes
de Baireuth, l'une des villes les plus paisibles et
les moins connues de la Bavière. Puis, M. Wa-
gnerouvritpar toute l'Allemagne une souscription
publique, destinée à lui procurer les ressources
qui lui étaient indispensables, j'ai à peine besoin
de dire qu'il ne s'agissait nullement d'un emprunt,
et que les sommes versées ne devaient, en aucun
cas, être remboursées. L'idée d'ailleurs était
assez ingénieuse, et le mécanisme de l'affaire —
puisque cela devenait une affaire — consistait en
ceci : trois séries de représentations de la téti-a-
logie, formant un ensemble de douze soirées, de-
vaient être données au futur théâtre de Baireuth,
à une époque qui restait à fixer; on ouvrait
une sorte de liste d'abonnement pour chacune de
ces séries de représentations, et le prix (uniforme)
de chaque place pour chaque série était fixé à
300 marks (375 francs). On obtenait ainsi, je
crois, pour le total de la souscription, une somme
de deux millions et demi à trois millions de francs,
que l'on pensait devoir suffire à couvrir les frais
de l'entreprise. Dès que cette idée fut lancée, ce
fut, par toute l'Allemagne, un tapage et un remue-
ménage dont on ne se fait pas d'idée ])0ur la faire
réussir (1). Bref, au bout de quelque temps, on
se mit à l'œuvre à Baireuth, et les travaux fu-
rent entamés, sous l'œil du maître, avec une cei'-
taine énergie.
Une description du théâtre de Baireuth n'est
pas inutile, pour donner une idée des conditions
dans lesquelles M. Wagner voulait placer le pu-
blic qu'il conviait aux « représentations modèles »
de sa tétralogie. Je ne saurais mieux faire que
de l'emprunter au livre de M. Schuré, qu'on ne
suspectera pas de froideur à cet égard.
« Le nouveau théâtre de Baireuth, dit cet écri-
vain, s'élève sur une colline en pente douce, à
vingt minutes de la ville, et de ce monticule do-
mine la contrée. Le principe général qui a présidé
à sa construction a été de conformer l'intérieur
de l'édifice aux besoins esthétiques les plus élevés
du spectateur moderne. De ce principe décou-
lait une première nécessité, celle de rendre l'or-
chestre invisible. De quoi s'agit-il au théâtre.^
De disposer l'œil du spectateur à la vision précise
d'une image scénicpie, et, par conséquent, de dé-
tourner son attention de tous les objets réels qui
pourraient s'interposer entre lui et cette image.
Alors seulement l'édifice répondra à sa destina-
tion et sera, selon la signification môme du mot
grec, un theatron, c'est-à-dire une salle pour
voir. Or, tous les théâtres actuels ont l'inconvé-
nient de détourner le spectateur d'une telle disposi-
tion par la vue de l'orchestre et par la structure de
la salle, car ils semblent plutôt faits pour laisser
aux spectateurs le plaisir de se regarder entre
eux que pour concentrer leur attention sur la
scène. Ici, au contraire, on voulait avant tout la
plus grande illusion possible, enlever le specta-
teur à tout souvenir de la réalité, et provoquer en
lui un état d'âme favorable à la vision des chose's
idéales.
« La salle a la forme oblongue d'un secteur
de cercle, comprenant environ le sixième de la
(1) On a beaucoup IiIAiik-, non sans raison, les proccdùs
misen reavre par Mcyerbccr pour attirer, par avance, l'at-
tention du public sur ses ouvrages et eu assurer préven-
tivement le succès. Mais, au point de vue de la réclainf;
effrontée, du cliaiialanismc iiupudent eraplijyés dans ce
sens par M. Hii:hard Wagner, les procédés éiéinentaires
de Meycrbccr ressemblent à des jeux d'ailarit.
650
WAGNER
circonférence. Les gradins s'y élèvent en amphi-
tliéAlre à la manière antique, mais avec une in-
clinaison plus légère,et se terminent en haut par un
sful rang tle loges. Les côtés de la salle sont for-
més par une série de parois parallèles à la scène,
et terminées chacune par une colonne décorative.
Le spectateur, assis en un point quelconque de
cet amphithéâtre, se trouve ainsi comme sous la
colonnade d'un vaste portique qui se rétrécit
graduellement, et aboutit au cadre scénique.
« De distance en distance, ces colonnes s'éche-
lonnent à droite et à gauche, le long des gradins.
La ligne de leurs soubassements répond à la li-
gne de la rampe. Pilastres et colonnes forment
donc à la scène une série de cadres successifs
dont la perspective l'isole complètement. De là,
une illusion d'optique qui fait paraître la scène
plus éloignée et les personnages plus grands que
nature. L'orchestre invisible est ici l'abîme mys-
tique qui sépare le monde idéal du monde réel.
Les harmonies qui s'en échappent et qui roulent
de portique en portique semblent venir de par-
tout et de nulle part. Sous leurs effluves pénétran-
tes, l'âme entre dans un état de demi-rève vi-
sionnaire. Elle pourrait se croire dans un de ces
temples antiques, où à certains jours, au dire
du peuple, trépieds, colonnes et statues entraient
en vibration et se mettaient à résonner sous un
souffle inconnu. Et, lorsque enfin la toile se lève,
le spectateur est préparé à la vision des plus
merveilleux spectacles. »
Tel était, en ce qui se rapporte au public, le
caractère particulier du théâtre de Baireuth. Quant
à l'aménagement de la scène, sans différer sensi-
blement de ce qu'on rencontre dans les grands
théâtres publics, il était conçu de manière à fa-
ciliter les plus grands prodiges de la mécanique
et de la splendeur scéniques, et aussi, naturelle-
ment, à compléter l'illusion du spectateur. Il faut
dire que dans les quatre pièces qui formaient
l'ensemble de sa tétralogie, M. Wagner avait ac-
cumulé les plus grandes merveilles de la mise en
scène et ce que l'art du décor et de la perspec-
tive théâtrale peut présenter de plus riche, de
plus étonnant et de plus nouveau. Au reste, et
quelle que soit l'opinion (|u'on ait à exprimer sur
M. Wagner uniquement considéré comme musi-
cien, il est impossible de nier la puissance éner-
gique et la haute valeur intellectuelle de l'artiste
qui a pu rêver une conception aussi gigantesque
(juc la tétralogie des Nibehmgen, qui a su la
réaliser, et qui, ensuite, par quelques moyens
que ce soit, s'est occupe de la présenter au pu-
blic dans des conditions exceptionnelles, sur un
théâtre construit d'après ses propres idées et à
l'aide de procédés scéniques combinés par lui,
enfin par un personnel vocal et instrumental
choisi, formé, stylé par lui, de façon que tout
partît de son cerveau, portât son empreinte et
obéît à son inspiration. Il y a là, évidemment,
un côté grandiose qui saisit l'imagination d'une
sorte de respect (1).
Une fois que tout fut prêt, on s'occupa d'arrê-
ter la date des représentations de V Anneau du
Nibelung (c'est le litre général de la tétralogie) ,
qui fut fixée ainsi qu'il suit : le 13 août 1876,
l'Or du Rhin, prologue; le 14 août, la Walky-
rie, première partie; le 16, Siegfried, seconde
partie; enfin, le 18, le Crépuscule des dieux,
troisième partie. Il va sans dire qu'à cette pre-
mière série de représentations, qui avait un ca-
ractère presque diplomatique et officiel, le pu-
blic était composé de telle façon que son
enthousiasme était en quelque sorte certain d'a-
vance'; le succès, très-accentué, ne fut pas com-
plet cependant, tellement l'œuvre, prise dans
son ensemble, montrait d'inégalités et, à côté de
parties vraiment belles et majestueuses, mais
par malheur trop rares, présentait de longueurs,
de lourdeurs, de partis- pris et d'exagérations
de toutes sortes. Ce succès s'amoindrit considé-
rablement aux deux séries suivantes de représen-
tations, où le public était moins trié, et où le
très-grand talent des interprètes ne parvenait que
difficilement à le faire sortir de sa froideur et de
sa réserve; ces interprètes avaient été choisis
parmi les premiers chanteurs de l'Allemagne :
c'étaient MM. Niemann, Schlosser, Betz, Niering,
Unger, Gura, Kœgel, M'"" Materna, Scheffzky
et Weckerlin. Il serait difficile d'imaginer l'effet
de fatigue et de lassitude produit sur le public
par la représentation de l'Anneau du Nibelung,
malgré quelques épisodes superbes contenus dans
les diverses parties de cette œuvre d'un déve-
loppement en dehors de toutes proportions ; il
était évident pour tous quele résultat atteint ne
répondait pas à la grandeur de l'effort, et que,
en somme, on était loin d'être en présence du
chef-d'œuvre si bruyamment et si pompeuse-
ment annoncé. Bref, si ce ne fut pas une décep-
(1) Néamoins, il est permis de constater que la réalité
ne répoQdit pas complètement aux désirs et aus projets
cclos dans le cerveau du réformateur. Plus d'un specta-
teur irrespectueux s'est permis de railler le théâtre de Bai-
reuth, d'en trouver la construction à la fois ruide, mes-
quine et sans grice, et de ne lui reconnaître qu'uu point
de contact fort éloigné avec les admirables produits du
génie arcliiiectural de la Grèce antique. Quant aux fameux
prodiges de mise en scène dont il fut tant parlé, si quel-
ques effets étaient vraiment réussis, d'autres tombaient
dans le ridicule le plus vulgaire, et l'on a surtout cité
la fameuse chevauchée des Walkiires comme étant d'ua
burlesque achevé.
WAGNER
651
tion, ce ne fut pas davantage une révélation, et
les spectateurs ue partagèrent pas tout à fait l'o-
pinion de M. Richard Wagner, qui, dans un dis-
cours public, s'écriait, avec sa modestie accou-
tumée : Nous avons montré maintenant que
nous avons un art, se mettant ainsi, de propos
délibéré, au-dessus de tous les grands poètes et
de tous les grands musiciens de l'Allemagne, et
effaçant à son profil les grands noms de Gœtlie
et de Schiller, de Gluck et de Mozart, de Beetho-
ven et de Weber, sans compter les autres.
On se fera une idée de l'effet produit par la re-
présentation de l'Anneau du ISihelung sur
les esprits impartiaux, par ces lignes du corres-
pondant d'un journal spécial français, la Revue
et Gazette musicale de Paris : — « On ne peut
refuser son admiration à un homme quia conçu,
osé commencer et mener à bonne lin une sem-
blable entreprise. C'est un puissant cerveau;
il a la hardiesse, la persévérance, non moins
que la confiance en lui-même, qui est^aussi une
condition de réussite. Mais cette confiance, il la
pousse jusqu'à l'exlrême, jusqu'à un orgueil
parfois insensé. Il s'est llatté d'avoir créé un
nouvel art allemand, c'est-à-dire, pour lui (et
quoiqu'il ait fait mine de s'en défendre), l'art
universel, d'après des principes exposés depuis
longtemps dans ses écrits. Ces principes, je les
crois faux en grande partie ; et comme la tétra-
logie est l'œuvre qui, jusqu'ici, s'y conforme le
mieux, je ne saurais la considérer comme l'idéal
du drame lyrique. Il y a beaucoup à prendre
dans les idées qui ont présidé à la création de
V Anneau du Albelung; il y a tout autant à
laisser... "Wagner dramaturge manque de l'ins-
tinct scénique, du sentiment, de la mesure ; s'il
conçoit de belles scènes, il les amène sou-
vent fort mal, ou les noie dans de fatigants
détails. A la vérité , c'est là quelquefois ,
mais ce ne peut être toujours, un raffinement,
une manière d'employer le repoussoir. Il sait
faire parler la passion, violente ou tendre ; il
n'a point la finesse, et sa gaieté est grosse.
Wagner musicien est, par bien des côtés, un
homme de génie. Mais là, encore, on sent le
défaut de mesure. Il aime trop à frapper fort
(et parla je neveux pas dire faire beaucoup de
bruit) pour frapper toujours juste. La mélopée,
ce compromis continu entre le récitatif et la
mélodie, est bien ce qui convient à ce tem-
pérament impatient de tout frein et de toute limi-
te. Avec la mélopée, rien ne vous oblige à vous
arrêter; on peut aller au bout du monde. J'ajou-
terai cependant que si les vieilles formes mélo-
diques de l'air, de la romance, etc., sont l'ob-
jet d'une réprobation absolue pour Wagner, il
n'hésite pas à chanter à l'italienne lorsqu'il a à
exprimer les élans passionnés , les ardeurs sen-
suelles; dans ce cas, il puise à la vraie
source, et il n'a pas tort. Son harmonie est
nourrie, ferme, très-recherchée le plus sou-
vent, parfois dure et heurtée ; jamais une disso-
nance n'a effrayé l'auteur de Tristan. L'art du
chant |)ro|)rement dit, du moins tel qu'on l'a
toujours compris jusqu'ici, n'a qu'un emploi fort
restreint dans cette musique ; il est réduit à la
pose du son et à l'expression -, quant à la vir-
tuosité vocale, elle n'existe pas pour Wagner.
Symphoniste de premier ordre, il sait admi-
rablement peindre en musique ; il pousse même
ce talent jusqu'au réalisme, jusqu'à l'abus. 11
y a assurément du procédé dans ce faire magis-
tral ; mais il est employé avec tant d'art, si bien
dissimulé, qu'il ne choque nullement. Pas si
caché cependant qu'on ne le trouve en le cher-
chant, et c'est ce qu'ont fait plusieurs jeunes
compositeurs qui se le sont assez bien assimilé :
preuve que c'est un procédé. En résumé, des
artistes divers qu'il y a en Wagner, je crois que
c'est le musicien seul qui demeurera, réserve
faite de quelques principes justes sur l'essence
du drame lyrique, et qui ne sont probablement
pas ceux auxquels il tient le plus. »
En réalité, et malgré tout le bruit qui se fit
autour d'elle^ la tentative audacieuse de Baireuth
fut loin d'être couronnée d'un succès décisif.
M. Wagner est resté, après, ce qu'il était avant ,
un artiste puissant, hardi jusqu'à l'aventure,
doué d'une façon remarquable, mais manquant
d'équilibre et dévoré d'une ambition supérieure
encore à ses facultés. L'apparition de l'Anneau
du Nibelung est loin d'avoir réduit ses adver-
saires au silence, d'autant plus que le triomphe
théâtral et emphatique des premiers jours n'a
abouti, en somme, qu'à un mécompte assez amer
en ce qui touche le résultat matériel de l'entre-
prise. En effet, les listes de souscription pour
les trois séries de représentations de Baireuth
étaient loin d'être remplies lorsqu'on se décida
à inaugurer enfin le théâtre ; l'empressement du
public, malgré la puissance des procédés mis en
<euvre pour l'exciter, avait été fort loin de ré-
pondre à l'espoir qu'on avait fondé sur lui, et,
|)our la seconde et la troisième série, les places
se négocièrent, sur lieu, à un taux singulière-
ment inférieur au prix qui avait été fixé tout
d'abord. De fout celait résulta, à la fin des re-
présentations, un déficit assez considérable, qui
se traduisait par une somme de plusieurs cen-
taines de mille francs. Toutefois, après comme
avant, M. Wagner resta inflexible à l'égard de
son escarcelle, se refusant à lui laisser courir
652
WAGNER
aucim (langer; il se borna, avec une dignité
olympienne, à accepter les services qui lui
étaient offerts de divers côtés dans le but
d'éteindre le déficit en question ; c'est pour
atteindre ce but que divers théâtres allemands
donnèrent des représentations au profit de
« l'œuvre de Baireulli, » et que le fameux
chef d'orchestre M. Hans Richter, qui avait
dirigé l'exécution de V Anneau du Aibelung,
s'en alla donner à Londres, au bénéfice de la
même œuvre, toute une série de concerts wagné-
riens. Je crois qu'aujourd'hui, à l'aide de ces
ressources extraordinaires, l'équilibre financier
de l'entreprise est rétabli; mais il ne parait pas,
après un insuccès matériel si flagrant, qu'on
soit près de renouveler l'épreuve. En effet, mal-
gré tous les efforts tentés depuis 1876, malgré
tous les appels vainement adressés à la bourse
du public allemand, il n''a pas été possible d'or-
ganiser depuis lors, à Baireuth, même une série
nouvelle des fameuses « représentations modè-
les ». Quant aux autres théâtres de l'Allemagne,
il va sans dire qu'aucun jusqu'ici ne s'est avisé
de donner régulièrement, dans son entier, la
tétralogie de l'Anneau du Aibelung ; diverses
parties seulement en ont été représentées sur
diverses scènes, et, entre autres, la WalKyrie
semble avoir obtenu, à l'Opéra impérial de
Vienne , un certain succès ; mais presque
partout il a fallu pratiquer de larges cou-
pures dans les fragments par trop développés
de celte o'uvre par trop colossale, dont telle
partie forme à elle seule un spectacle de sept
heures, et dont le prologue, VOr du Rhin,
comprend un seul acte dont l'exécution dure
deux heures trois quarts ! Un artiste qui ne
veut point se rendre compte des nécessités pra-
tiques de l'art et qui, de propos délibéré, se
place ainsi en dehors de ses conditions matériel-
les les plus élémentaires, n'a à s'en prendre
qu'à lui-même de l'insuccès qui accueille ses
œuvres. En réalité, on ne peut dire que l'Anneau
du Aibelung ait été jusqu'à ce jour fort heureux
en Allemagne. Aujourd'hui, M. Richard Wagner
travaille à la musique tl'un nouvel opéra, Par-
sifal, dont le poume, écrit par lui, comme à
l'ordinaire, est publié par avance, ainsi qu'il l'a-
vait fait naguère poui sa tétralogie (1). Cet ou-
vrage est encore destiné au théâtre de Baireuth,
(1) M. Wagner a le désir d'Otre pris pour un grand
poiSte, aussi bien que pour un grand musicien ; ses
compatrlotis ne partagent pas, sous ce rapport, la bon-
ne opinion qu'il a de lui-niùme. Treize ans avant la
représentation de sa tétralogie, en 1863, il en publia le
le\te sous ce titre : a VJnneaa du NXbclung, fôtc scé-
niquc pour trois jours et une soirée comme prologue, •
Malgré le bruit qui, des celle époque, se faisait déjà dc-
et dans ce but de nouveaux et pressants appels
sont adressés par les comités vvagnériens aux
souscripteurs allemands désireux d'encourager
la grande œuvre ; mais, malgré toutes les in-
citations, le public est loin de se montrer em-
pressé de fournir les 12 ou 1,500,000 francs né-
cessaires à l'accomplissement de cette œuvre.
J'ai constaté, au commencement de cette no-
tice, l'influence que M. Wagner exerce, depuis
une vingtaine d'années, sur les musiciens de
toutes les parties de l'Europe, en faisant remar-
quer que cette influence était forcément limitée.
Il n'est pas un pays, en effet, où l'action de cet
artiste ne se soit fait sentir ; mais cette action est
soit féconde, soit morbide, selon la façon dont
elle s'exerce, et en tous cas elle ne saurait
jamais être entière. On n'observe pas assez, ai-
je dit, qu'il y a deux personnalités distinctes dans
M, Wagner : d'une part, l'esthéticien, de l'autre,
le musicien; or, il est évident pour moi que l'un
fait tort à l'autre, et que si M. Wagner avait
consenti à n'être que musicien, il aurait écrit
des œuvres plus puissantes, plus égales, mieux
équilibrées, et par cela même plus durables.
Les jeunes artistes qui depuis tant d'années
subissent, plus ou moins volontairement, l'at-
traction exercée par ce génie très-réel, mais
prodigieusrnent inégal en ses facultés, ne se
rendent pas suffisamment compte des conditions
de son être artistique, et n'aperçoivent pas la
double personnalité que je signale en lui. Quoi
qu'ils en aient cependant, ils sentent très-bien,
en France pour le moms, qu'ils ne peuvent pas
le suivre partout et l'imiter de toute façon,
parce que le public se refuserait à les suivre
eux-mêmes, le génie latin étant absolument oppo-
sé, de son essence, à certaines tendances ultra-
germaniques du prétendu réformateur. Qu'on
essaie donc, chez nous, d'écrire des opéras d'une
durée de sept heures ! que l'on s'avise de con-
cevoir une grande œuvre lyrique sans le secours
des chœurs et sans que jamais deux ou trois
voix se fassent entendre simultanément ! que
l'on ose mettre à la scène un drame musical
dont toute action proprement dite sera sévère-
ment proscrite, qui se bornera à une éternelle
analyse des sentiments humains ou au spectacle
d'une rêverie vague, extatique et sans objet !
que l'on ait, enfin, la prétention de faire accepter
au public un opéra qui se fasse remarquer par
l'absence voulue de tout rhythme accusé, par
une mélopée interminable marchant sans cesse
do modulation en modulation, sans que jamais un
morceau d'une forme appréciable et convenue
puis longtemps, autour du nom de M. Wagner, cette
publication se perdit au milieu de l'iudllférence générale.
WAGNER
653
vienne reposer l'oreille de l'auditeur et lui pcr-
nieltro de se retrouver au milieu des fils d'un
labyrinthe inextricable!... Tel est pourtant le
système de M. Wagner.
Or, voilà précisément où quelques musiciens
s'égarent, en confondant le systè^ne d^M. Wa-
gner eslliéticien avec la manière de M. Wagner
musicien. Du premier, il faut presque tout re-
pousser, parce que, quoi qu'il on dise, il n'a pas le
vrai sens du tbéàtre, parce que, s'il a la passion, il
n'a.ni le mouvement ni l'action, ni le sentiment des
contrastes, parce qu'il lui manque la mesure et
le goût, ces deux qualités essentielles qu'aucune
autre ne saurait remplacer, parce qu'enfin il est
excessif en tout, qu'il prend l'emphase pour la
noblesse, la boursouflure pour l'éloquence et l'in-
fini pour la grandeur. En réalité, M. Wagner, es-
théticien, n'a rien apporté de nouveau dans l'art, à
moins que l'on ne considère comme une nouveauté
esthétique le fait d'avoir écrit un opéra en douze
actes et en quatre journées ; à ce prix, le titre de
novateur s'acquerrait facilement, car il sufMraità
un compositeurj'de mener à terme un drame ly-
rique en vingt actes et en six journées pour pa-
raître plus fort et plus audacieux que l'auteur
de V Anneau du ISibelung.
Sous ce rapport, donc, je crois que l'action
de M. Wagner sur l'art, sur les artistes, sur le
public, est destinée à devenir forcément, abso-
lument, radicalement nulle. Mais il n'en est pas
(le même si je le considère uniquement comme
musicien, en faisant, abstraction de ses préten-
tions à une réforme complète de l'art lyrique,
et en rendant justice aux progrès rationnels
qu'il cherche à introduire dans la musique dra-
matique. Ici, il m'est permis d'admirer la
puissance de conception de l'artiste, son génie
mille et audacieux, la passion ardente qu'il sait
traduire en accents émouvants , la couleur
étonnante qu'il sait répandre sur certaines par-
ties de ses œuvres, le relief merveilleux qu'il
donne à l'orchestre, enfin les éléments nouveaux
qu'il a introduits dans la science de l'harmonie
aussi bien que dans l'art de l'instrumentation.
Sur ce terrain, on ne saurait le nier, M. Wagner
est un grand, un très-grand artiste, que je crois
qu'il ne faut pas imiter, mais auquel on peut
emprunter utilement certains r.noyens d'action,
certains procédés, non crûment et d'une manière
servile, mais en les combinant avec les éléments
de l'art moderne de façon à enrichir le domaine
de cet art, à le renouveler et à le rajeunir.
Voilà, selon moi, à quoi doit se borner la
puissance dominatrice, l'action, l'influence de
M. Wagner. En ce qui concerne la France, il n'y
a guère à craindre qu'elle s'étende au delà des
limites que je viens d'indiquer, le contre-poids
nécessaire à des doctrines débilitantes se trou-
vant dans la nature même de notre génie, qui
se distingue par le goût, la mesure et surtout la
précision ; aussi,'j après le trouble momentané
qu'aura causé dans le cerveau de nos jeunes musi-
ciens ra)»parition des ceu vresde l'auteur, de Trislun
et l'soWe, l'équilibre se rétablira de lui-môme et
notre tempérament reprendra rapidement ses
droits. La crise sera évidemment plus longue en
Allemagne, où l'influence de M. Wagner est non-
seulement prépondérante, mais exclusive, parce
que ce pays ne possède pas,dansun ordre d'idées
dilférent, un artiste assez vigoureux pour démon-
trer par le contraste, à l'aide de Jses œuvres,
le principe funeste et pernicieux contenu dans
le système général du « réformateur ». Pour
expliquer complètement ma pensée, l'Allemagne
me paraît condamnée à subir, longtemps encore,
les effets de l'esthétique de M. Richard Wagner ;
la France, après quelques instants d'hésitation,
en sera quitte pour s'approprier quelques-iinesdes
qualités de sa musique, qui viendront compléter
le bagage scientifique de nos artistes sans faire
courir aucun risque à l'art national et à sa mar-
che rationnelle.
Voici la liste des œuvres dramatiques de
M. Richard Wagner : 1° la Novice de Païenne,
Magdebourg, 29 mars 1836 ; 2» Rienzi, le der-
nier des tribuns, Dresde, 20 octobre 1842 ;
3° le Hollandais volant (connu aussi sous ce
titre : le Vaisseau fantôme), Dresde, 2 janvier
1843; 4° Tannhïiuser, Dresde, 19 octobre
1845; 5" lohengrin, Weimar, 28 août 1850;
6' Tristan et Ysolde, Munich, 10 juin 1865 ;
7" les Maitres-chanleurs de Nuremberg,Myxmch,
21 juin 1868 ; 8'^ l'Anneau du Nibelung, tétra-
logie : a. das Rhelngold [VOr du Rhin), prolo-
gue, Raireuth, 13 août 1870; b. die Walkûre
{la TFa;/,yrie), r''partie,Baireulh,|l4août 187C;
c. Siegfried {Siegfrid), 2" partie, Baireuth, 1q
août 187G; d. Gôtterdùmmerung {le Crépus-
cule des dieux), 3'- partie, Baireuth, 18 août
1876 (1). A ces divers ouvrages, il faut ajouter
le premier opéra écrit par M. Wagner , les
Fées, qui n'a jamais été représenté, ci Par si f al,
sa dernière composition dramatique, qui, s'il
plaît à Dieu et aux souscripteurs allemands, qui
sont vigoureusement sollicités à cet effet, verra
le jour sur le théâtre de Baireuth, dans l'été de
(1) Il faut remarquer qu'avant les « représentations
modèles » et rexécution intégrale i Baireuth do la tétra-
logie <ie& Nibeiun(ien, la //a//tyrie avait été représen-
tée à Munich, le 2G juin 18"0, peu de temps avant l'appa-
rition à la scène, aussi en celte ville, de COr du lifmi.
654
WAGNER
1881. (On sait que deux ouvrages de M. Wagner,
traduits en français, ont été représentés à Paris :
Tannhàuser, qui lut accueilli à l'Opéra, le
13 mars 1861, avec une brutalité fort maladroite,
et Rienzi, qui parut sans hostilité mais sans suc-
cès au Théâtre-Lyrique, en 18G9, sous la direc-
tion de M. Pasdeloup.M.Pasdeloup, qui est un par-
tisan déterminé des doctrines de M.Richard Wa-
gner, n'a cessé de[)uis quinze ans de faire ses
efforts, aux Concerts populaires, pour l'acclima-
tation en France des œuvres d'un artiste qui, lui,
n'a cessé de traîner notre pays aux gémonies ; il y
a même fait entendre récemment, presque en son
entier autant du moins que le permettait la
forme du concert, la partition de Lohengrin.)
En dehors du théâtre, M. Wagner a très-
peu écrit : on ne connaît guère de lui que trois
mélodies sur paroles françaises. Dors, mon en-
fant. Mignonne, Attente, une Marche d'hom-
mage dédiée au roi de Bavière, une Marche
impériale exécutée au couronnement de l'em-
pereur Guillaume de Prusse, el une Marche du
centenaire, pour la célébration du centième armi-
versairede l'indépendance des Etats-Unis d'A-
mérique. Par parenthèse, cette marche, qui, si
j'ai bonne mémoire, a été payée a son auteur la
bagatelle de 25,000 francs, a produit l'effet le
plus piteux lors de son exécution el est l'œuvre
la plus plate et la plus informe qui se puisse
concevoir. C'est du moins ce que tous les jour-
naux étrangers ont constaté à l'envi.
M. Wagner, qui est plus prolifique encore
comme écrivain que comme compositeur, possè-
de un bagage littéraire très-considérable ; il a
publié de nombreux écrits, dont plusieurs ont eu
diverses éditions. Une édition complète de ces
écrits, formant neuf volumes in-octavo, a été
faite, il y a quelques années, par l'éditeur E. W.
Fritzsch, de Leipzig, sous ce titre: Gesammel-
te Schriflen und Dichtungen {Écrits et
poèmes réunis, de Richard Wagner). Voici le
détail de celte édition : Tome I»*". Prologue de
l'édition complète ; Introduction ; Esquisse
autobiographique (1842),- « la Novice de Pa-
ïenne, » résumé du sujet de l'opéra; Menzi, le
dernier des tribuns; un Musicien allemand à
Paris, récits et mémoires, 1840 et 1841(1. Un
Pèlerinage à la maison de Beethoven. 2. La
Fin d'un musicien à Paris. 3. £/ne Soirée heu-
reuse. 4. Sur la musique allemande. 3. Le
Virtuoseet l'Artiste. G. L'Artisteet la Publici-
té. 7. Le Stabat Mater de Bossini). De l'ou-
verture. Le ^'^ Freischûiz» à Paris. Compte-
rendu dhm nouvel opéra parisien {la Beine de
Chypre, d'IIalévy). Le Hollandais volant.
— Tome II. Introduction. Tannhàuser. Comp-
te-rendu de la translation dans sa patrie,
de Londres à Dresde, des restes mortels de
Weber ; discours sur la tombe de Weber ;
chant pour les funérailles. Compte-rendu
de l'exécution de la d" symphonie de Bee-
thoven en 184G, avec le progranune. Lohen-
grin.«. Die Wibelungen, » histoire universelle
de la légende. Le Mythe des « Nibelungen, »
avec le plan d'un drame. Toast à la fête
commémorative du 300* anniversaire de la
fondation de la Chapelle royale de musique
de Dresde. Projet d'' organisation d'un théâtre
national allemand pour le royaume de Saxe
(1849). -Tome III. Introduction aux tomes IJI
et IV. L'Art et la Bévolution. V Œuvre d'art
de l'avenir. <i Wielandle forgeron, » projet
d'un drame. Art et climat. Opéra et drame,
V^ partie : VOpéra et la nature de lamusique.
—Tome IV. Opéra et drame, 1" partie : le Dra-
me et la nature de la poésie dramatique ;
3<= partie : poésie et musique dans le drame
de l'avenir. Une communication à mes amis.
— TomeV. Introduction aux tomes V et VI.
De la Fondation-Gœlhe, lettre à Franz Liszt.
Un théâtre à Zurich. De la critique musica-
le, lettre au directeur du « Nouveau Journal
de musique. ■» Le Judaïsme dans la inusique.
Souvenirsde Spontïni. Nécrologie de L. Spohr
et du maître de chœurs W. Fischer. L'Ouver-
ture rf'Iphigénie en Aulide de Gluck. Sur la
représentation du Tannhàuser. Note sur la
représentation de l'opéra le Hollandais volant.
Commentaires -programmes (1. Symphonie
héroïque, de Beethoven; 2. Ouverture de
Coriolan; 3. Ouverture du Hollandais volant;
4. Ouverture du Tannhàuser; 5. Prélude de
Lohengrin). Sur les poèmes symphoniques de
Franz Liszt, lettre à M. W... L'Or du Rhin,
prologue de la fête théâtrale : l'Anneau du
Nibelung. — Tome VL L'Anneau du Nibelung,
fête théâtrale : la Walkyrie, l''«70M?'«ce; Sieg-
fried, 2"^ journée; le Crépuscule des dieux,
'i'' journée. Compte-rendu final dît résultat et
des circonstances qui ont accompagné l'exécu-
tion de la fête théâtrale l'Anneau du Ni belung.
— Tom^ y \\.\Tristan et Ysolde. Lettre à Hec-
tor Berlioz. » Musiqtie de l'avenir : » A un ami
français {M . Fr. yillot),commeprologued''une
traduction en prose de mes livrets. Compte-
rendu épistolaire de la représentation du
Tannhàuser à Paris. Les Maîtres chanteurs
de Nuremberg. Le théâtre de VOpéra de Vien-
ne. — Tome VIII. A l'ami royal, poème. Sur
État et Religion. Art allemand et politique
allemande. Rapport à S. M. le roi Louis II
de Bavière sur une écote allemande de musi-
WAGNER
655
que à ériger à Munich. Mes souvenirs de
Louis Schnorr de Carolsfeld. Dédicace de la
seconde édition «/'Opéra et drame. Critique
(Préface, a. W. H. Riel',b. Ferdinand Hiller;c.
Un Souvenir de Bosaini ; d. Edouard Dcvrient.
e. Eclaircissemenls sur le Judaïsme en
musique). Sur la direction de la musique.
Trois Poèmes.— Tome IX. A l'armée allemande
entourant Paris (janvier 1871). Une Capitu-
lation, comédie à la manière antique. Souvenirs
sur Auber. Beethoven. De la destinée de l'opé-
ra. Des comiques et des chanteurs. Sur la
9^ symphonie de Beethoven. Lettres et petits
mémoires (l.Lettreà un acteur sur la nature
de l'art dramatique ; 2. Idée de la nature de
l'opéra allemand actuel; 3. Lettre à un ami
italien sur la représentation de Lohengrin
à Bologne ; 4. Lettre au syndic, de Bologne;
5. A Frédéric Nietzsche, professeur de philo-
logie classique à Bâle ; 6. Sur la dénomina-
tion (^ drame musical » ,• 1 . Introduction à
une lecturedu Crépuscuiedes dieux devant une
assemblée choisie a Berlin). Bayreuth . Six
plans architecloniques du théâtre pour la fête
scèniqîie.
L'éditeur Scholt, de Mayence, a publié en
187G, lors des fêtes de Baireuth, les livrets des
quatre poèmes de la tétralogie, conformes à la
représentation : VOr du Rhin, la Walkyrie,
Siegfried et le Crépuscule des dieux. Depuis
lors, M. Wagner a livré aussi à la publicité le
poème de Parsifal, l'opéra qui doit être repré-
senté en 1881.
On a prodigieusement écrit, particulièrement
depuis vingt ans, sur, pour ou contre M. Richard
Wagner, et non-seulement en Allemagne, mais
en France, en Angleterre, en lielgique, en
Hollande, et jusqu'en Italie, en Espagne et en
Suisse. Je serais fort embarrassé, je l'avoue, de
dresser une nomenclature exacte et surtout
complète do tous les livres, brochures, apologies,
libelles, pamphlets, enlin écrits de toutes sortes
dont cet^arliste a été l'objet ou le prétexte ;
cependant, je vais inscrire ici les litres de tous
ceux qui sont venus à ma connaissance : —
1° LoJienyrin et Tannhàuser, par Franz Liszt
(en français), Leipzig, Brockliaus, 1851, in-8" ;
2» Bichard Wagner, par ChampHeury, Paris,
Bourdillat, 18G0, in-S^de 16 pp.; 3° un Nou-
veau petit Saint Jean précurseur; grande
explosion exotico-héléroclyte ; Bichard Wa-
gner, feuille volante in-8°, signée : J. L. [Lardin],
et datée : « Paris, février 18G0 » (typ. E. Meyer) ;
4° Richard, Wagner, par Charles de Lorbac,
Paris, Havard, 18C1, in-18avec portrait et auto-
graphe; à" Richard Wagner et <( Tannhàuser »
à Paris, par Charles Baudelaire, Paris, Denlu,
1801 , petit iu-8" de 70 pp.; 6" le « Tannhàuser » à
Paris et la troisième guerre musicale, par
Edouard Scballe, traduitde l'allemand par Albert
Heuzay, Paris, 18G1 ; l*" la Nouvelle Allemagne
musicale. Richard U'a(//te/',parA.deGasperini,
Paris, Heugel, 18CC, gr. in-8" avec portrait et
autographes ; 8'' Théâtre de la llenaissance.
Concerts d'été. « Bienzi. » Richard Wagner,
ïcuiUetona du Phare de la Loire des 18, 19,20,21
juillet 1809, par Edouard Garnier, Nantes, impr.
Mangin, in-18 de 08 pp.; 9° Richard Wagner,
Vhommeel le musicien, à propos de « Bienzi,n
Paris, Dentu, 1869, in-8" avec portrait; 10"
Étude sur Richard Wagner à ^occasion de
« Rïenzi, » par Hippolyte Prévost, Paris, 1809,
in-8'' de 10 pp.; 1 1° Esquisse sur Bichard Wa-
gner, par Charles Grandmougin, Paris, Flax-
land, s. d. [octobre 1873], in-8° de 75 pp.;
12" Bichard Wagner à Bayreuth, par Frédé-
ric Nietzsche, professeur de philologie classique
à l'université de Bàle, traduit (dans un français
illisible et barbare) par Marie Baumgartner,
Schloss-Cheinnitz, Schmeitzner, 1877, petit in-8»;
13" /a Walkyrie, grand opéra en 3 actes, musi-
que de Wagner, Bruxelles, alliance typographi-
que, 1878, in-10 de 16 ipP-; 14° Essai de
traduction analytique sur le « Parsifal, »
pièce d'inauguration théâtrale de Bichard
Wagner, par Jules de Brayer, Paris, Schott,
1879, in-16 ; 15° « Lohengrin, » instrumenta-
tion et philosophie, par Edmond Vander Strae-
ten, Paris, Baur, 1879, in-12 de 37 pp. (1) ;
(1) Pour èlro complet en ce qui concerne la bibliogra-
phie française relative ;1] M. Richard Wagner, Je dois
ajouter que tout le second volumedu livre de M. Edouard
Schuré, le Drame musical (Paris, Sandoz et Flschbaclier,
1873, 2 vol. in-S°;, est consacré à M. Richard Wagner, et
que l'ouvrage de M. scluirc a été traduit en allemand
par SI. H. von Wolzogen et publié sous ce titre : das
jMusihalisclie Draina (l-eipzig, Schlnemp). .le dois men-
tionner aussi le tratail que Fétis a publié, dans la
Revue et, Gazette musicale de Paris (ner des 6, 13>
20, 27 juin, 11,25 juillet et 8 août 18321 sous ce.titre :
lUc/iard TFaçiner, sa vie, son système de rénovation
de l'opéra, ses œuvres comme poète et comme musicien,
son parti en Allemagne, apprccialion de la valeur de
ses tdees. EnDn, je ferai rcmarqucrîque, outre la publi-
cation à Paris de ses Quatre Poèmes d'opéras, préce-
dis (l'une lettre sur la musique {Paria, Librairie nou-
velle, 1860, ln-12), on a donné la traduction en langue
française de; quelques-uns des écrits dcM. Richard Wa-
gner : 1° .irt et politique (traduclion anonyme de
M. Jules Guillaume), Bruxelles, impr. Sanncs, 1868, in-8;
2° le Judaïsme dans la musique (traduction anonyme de
M. Jules Guilliaunic^. liruxelles, Sanncs, 1869, in-8 de
31 pp.; 3° Richard If'agner et la neuvième symphonie
de lieethoven. Conanentairc-profjrainme pour cette
symphonie et observations au sujet de son exécution,
par Rich.ird Wagner, traduit par M. K. (Maurice Kuf-
ferath), Paris et Bruxelles, Schott, ISIS, 'n-8 de 46 pp.; 4°
656
WAGNER
16" Richard Wagner, der Zukunftsmusïk
Heiland von der œffentlichcn Meinung
(Ricliard Wagner, le sauveur de la musique de
l'avenir, r(''i)onse à sa brochure frivole ; le
Judaïsme dans la musique), par un chrétien,
Leipzi};, Arndt, 1809; 17° Richard ^yagner
und das Jiidenthum, ein Beitraq zur cultur-
geschichte unserer zeit (Richard Wagner et le
judaïsme , supplément à l'histoire de notre
temps) , par un impartial , Elberfeid , Lucas,
1869; 18° Richard Wagner und Offenbach
(Richard Wagner et Offenbacli), par un ami
de la musique, Altona, 1871; 19° Herr Ri-
chard Wagner und seine neueste schrifte
« das Judenthum in der Musik » (Monsieur
Richard Wagner et son nouvel écrit : les Juifs
dans la musique), par le D' B., Breslau, Hei-
denfeld, 1869; 20° Richard Wagner's Leben
und TF/r/i en (Richard Wagner, sa vie et ses œu-
vres), par Cari. Fr. Glasenapp, Cassel, Maurer,
1876-77,2 vol. in-S"; 21° Wagner- Katalog,
chronologisches Verzeichniss der \von und
ûber Richard Wagner erschienenen Schrif-
ten, Musiktverke (Catalogue Wagner, liste chro-
nologique de tout ce qui a paru pour et contre
Richard Wagner en tant qu'écrivain et musicien),
par Emericb Kastner, Olfenbach, J. André, 1878;
22° die Musik und ihre classiker in Auss2)ru-
chen Richard Wagner's (la Musique et les clas-
siques jugés par Richard W^agner), Leipzig,
Schloemp ; 23° Buhnenfestspiele in Batjreuth,
ihre Gegnerund ihre zukunft (les Fêtesthéâtra-
Ins de Bayreuth, leurs antagonistes et leur avenir),
par M. Pliiddemann, Leipzig, Schiœmp; 24° Ri-
chard Wagner %ind die national idée (Richard
Wagner et l'idée nationale), par Adalbert Hora-
witz, Vienne, J.Guttmann, 1874; 25° die Aiif-
fûhrung von Beethoven''s neunter Symphonie
unter Richard Wagiier in Bayreuth (Exécu-
tion de la 9" Symphonie de Beethoven par Ri-
chard Wagner à Bayreuth) , par H. Porges: 26°
Richard Wagner. Streiflichter auf D"" Pusch-
mann'spsychiatrischestudieiKidmrdViidgner.
Fusées sur ses études psychiatriques du D"" Pus-
chmann), par le D"' Franz Herrmann, Munich,
Ricliaril JVaqncr et les Parisiens, traduction com-
plète (par M: Victor Tissot) de la comédie de M. Ri-
chard Wagner contre l'aris assiégé, avec une préface
et un portrait de l'auteur, Paris, ?.(!, (novembre iS76),
in-4° de 16 pp., formant un supplément du journal l'É-
clipsc. Ce dernier écrit, indigne du dernier des saltim-
banques littéraires, est la production la plus niaise, la
plus inepte et la plus grossière qui se puisse concevoir;
l'écrivain qui, en France et dans de lellcs circonstan-
ces, se serait rendu co\ipable d'une telle infamie, se
serait mis au ban de l'opinion publique et aurait fait
rougir de bonté tous ses compatriotes.
Cari Merkoff; 27° Richard Wagner und Scho.
penhauer (Richard Wagner et Schopeiihaucr),
par Friedrich von Hausegger, Leipzig, Sclilo'mp ;
28° Wotan, par Aloys Hœfler, Yienne, J. Wel-
lishausser; 29° Richard Wagner in seinen
Kûnstlerischen Bestrebungen und seinen Be-
dentung fur eine nationale Kultur (Richard
Wagner dans ses efforts artistiques et dans ce
qu'il entend par une éducation nationale), par L.
Schemann, Wolfenbuttel, J. Zwissler; 30" die
Sprache in Richard Wagner's Dichtungen (la
Langue des poésies de Richard Wagner), par
Ilans von Wolzogen, Leipzig, Schiœmp, 1877, in-
%° \^\.° i'. Rheingold"^und«- Walkiire«. in Wien
{\eRheingold et la Walkijriek Vienne), par Ves-
terlein„Vienne, K. Konegen; 32° Deutsche Schrif-
ten ( Écrits allemands), par Paul de Lagarde,
Gœltingue, Dietrich ; 33° Thematischer Leit-
faden durch die Musik zu Wagner's Feslspiel
« der Ring des ISibelungen » (Guide.thématique
de la musique de l'Anneau du JSibelung de
Wagner), par Hans von Wolzogen, Leipzig,
Schiœmp, 1876, in-8°; 34° Erlàuterungen zu
Richard Wagner's Nibelungen-Drama (Ex-
plication pour le drame des Nibelungen de Ri-
chard Wagner), par Hans von Wolzogen, Leipzig,
Schiœmp, 1878, in-8°; 35° Ein Wagner- Lexicon.
Wœrterbuch der Unhœflichkeit, enthaltend
grobe, hœhnende, gehxssige und verlœumde-
rische Ausdriicke, welche gegen den Meister
Richard Wagner , seine werke und seine An-
hxnger von den Feinden ïind Spœttern ge-
braucht worden sind (Lexique wagnérien, dic-
tionnaire d'incivilité, contenant les expressions
grossières, méprisantes,haineuses et calomnieuses
qui ont été employées envers maître Richard Wa-
gner, ses œuvres et ses partisans, par ses ennemis
et ses insulteurs, réunies dans les heures d'oisi-
veté, pour l'agrément de l'esprit, par Wilhelm Tap-
pert, Leipzig, E. W. Fritzsch, 1878 ; 30° Richard
Wagner und sein Biihnenfesispiel (Richard
Wagner et sa fête théâtrale), parOtto Gumprecht,
Leipzig, 1873 ; 37° Weimar und lena (Weimar et
lena), par Adolphe Stahr, 1852; 38° die Geschi-
chte von Richard TFog'Her's Tannhàuser in Pa-
ris (Histoire du Tannhàuser de Richard Wagner
à Paris), par Paul Lindau, Stuttgard, Krônc;
39° Richard Wagner in Bayreuth (Richard
Wagner à Bayreuth), par Friedrich Nietzsche,
Schloss-Chemnitz, Schmeilzner; 40° das Griin-
derthum in der Musik. Ein Epilog zur Bayreu-
ther Griindsleinlegung (la Manie des fonda-
tions musicales; un^épilogue à la fondation de Bay-
reuth), Cassel, vers 1872; 41" Grundlageund
Aufgabe des allgemeincn patron atvereines
zur p/leige und erhaltung der Bûhnenfests,
WAGNER — WALLACE
657
piele iu Bayreuth (Commencement et fin de
l'association générale de patronage pour le sou-
tien et la conservation de la fête tliéâtraie de
Bayreuth), par Hans von Woizogen, Sciiloss-
Chemnilz,Schmeitzner-,42*' Richard Wagner,
lus iendencies and théories (Richard Wagner, ses
tendances et ses théories), par Edward Dannreu-
ther, Londres, Augeuer, 1873, in-8° ; 43" Letters
from Bayreuth, descriptive and critical, of
Wagner's der « Ring des Nibelungen » (Lettres
descriptives et critiques de Bayreutli, sur VAn-
neau du Nibelung de Riciiard Wagner), par
Joseph Bennett, correspondant spécial du Daily
Telegraph, Londres, in-S"; 44° Richard Wa-
gner's zijn leven, richting en streven bek-
nopte schots uitgegeven bij gelegenheid van
het Wagner-concert van Rotte's Mannenkoor
(Richard Wagner, sa vie, sa direction, sesjuttes,
à l'occasion du concert- Wagner donné par la
Société chorale van Rolte, dirigée par Ludwig
Félix Brandis), Rotterdam, 1878, J.-P. Blader-
groen, in-8° de 23 pp.; 45° Wagner- Muzikale
feesten van Weimar (Fêtes musicales de Wa-
gner, à Weimar), par Edmond Vander Slraeten,
Bruxelles, de Ries, 1871, in-16 de 38 pp. (tra-
duction en langu« flamande, par MM. Julius
Hoste et Jean van Droogenbrœck, d'un rapport
rédigé en français et adressé au ministre de l'in-
térieur de Belgique sur les fêtes de Weimar);
46° Rossiiii e Wagner, o la Musica italiana
e la musica tedesca (Rossini et Wagner, ou la
Musique italienne et la musique allemande), par
Carlo Magnico, Turin, Candeietti, 1877, in-12 de
64 pp. ; 47° Riccardo Wagner ed i Wagneristi
(Richard Wagner et les Wagnériens), par Fran-
cesco Florimo, 1876, in-8° ; 48° il « Lohengrin »
di Riccardo Wagner, par G. -P. Zuliani , pro-
fesseur d'histoire et d'estliétique au Lycée musi-
cal de Rome, Rome, Botta, 1880; 49° Ricardo
Wagner, ensayo biografico-critico, par Mar-
sillach Lleonart, avec un prologue épistolaire
étendu par le D'' José de Letamendi, Barcelone,
Texido y Parera, s. d. [1878], petit in-8° avec por-
trait, autographe et vue du théâtre de Baireuth.
Je ne dois pas oublier de dire que M. Richard
Wagner a fondé à Baireuth un journal spécial,
destiné à propager et à défendre avec ardeur ses
doctrines, et qui peut être considéré comme
son Moniteur personnel et officiel. Ce journal,
qui parait chez l'éditeur Th. Burger, par livrai-
sons de 56 pages in-8°, est ainsi intitulé : Bay-
reutherBldlter, Monatschrifl des Bayreuther
Patronatvereines (Feuilles de Baireuth, bulle-
tin mensuel du patronat de Baireuth), rédigé,
avec la collaboration de Richard Wagner, par
Hans von Woizogen. C'est là-dedans que M. Wa-
BIOGR, UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. -
gner fait outrager et injurier chaque jour,
quand il ne se charge pas lui-même de cette dé-
licate besogne, tous les grands musiciens qui ont
été et qui restent la gloire de l'Allemagne : Men-
delssohn, Meyerbeer, Robert Scluimann,etc., etc.
Il n'est pas un numéro de ce journal qui ne pro-
voque, sous ce rapport, l'indignation et les nau-
sées de tout homme qui a le sentiment du beau
dans l'art en même temps que le respect de la
mémoire et de l'honneur des grands artistes.
* WALCKIERS (Eugène), flûtiste et com-
positeur pour son instrument, est mort à Paris
le 1*' septembre 1866. Il était né à Avesnes,
non en 1789, mais le 22 juillet 1793.
"WALD3IA]\i\ (Ludolf), chanteur et com-
positeur allemand, a écrit les paroles et la mu-
sique d'un opéra-comique en 3 actes, Senora
Matida Florida ou les Joyeux Moines du
couvent de Saint-Just, qui a été représenté au
théâtre Waltersdorff, de Berhn, en octobre 1878,
et dans lequel il remplissait le rôle principal. Cet
ouvrage n'a obtenu qu'un médiocre succès. Pré-
cédemment, au mois de juin ou de juillet 1876,
cet artiste avait donné sur le théâtre Wallner,
de la même ville, une opérette intitulée la
Fiancée du Vhlan.
WALE (IIenrt-William), compositeur et
organiste anglais contemporain , bachelier es
musique et membre de l'Académie d'Oxford,
membre du Collège des organistes, exerce au-
jourd'hui les fonctions d'organiste et de chef de
chœurs à l'église Saint-Pierre, de Leicester, ea
même temps qu'il est chef d'orchestre de l'Union
orchestrale de la même ville. On doit à cet ar-
tiste plusieurs compositions importantes, entre
autres une symphonie en sol et une cantate sa-
crée intitulée Joël, plus des mélodies vocales,
des morceaux d'orgue et diverses œuvres de
musique de chambre.
* WALKER (Eberhard-Friedrich), fac-
teur d'orgues distingué, était né à Cannstadt,
dans le Wurtemberg, en 1795, et est mort à
Ludwigsburg, en Bavière, le 4 octobre 1872.
Son chef-d'œuvre, dit-on, est l'orgue célèbre de
la cathédrale d'Ulm ; il en a construit d'autres
à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Agrara et dans
diverses villes d'Amérique.
*AVALLACE (William-'Vincent), virtuose
extrêmement distingué sur le piano et sur le vio-
lon, compositeur fort remarquable et d'une rare
fécondité, naquit à Waterford (Irlande), non en
1815, mais le 1«'' juin 1814. Son existence fut
aventureuse et des plus romanesques, ses succès
furent énormes dans les deux mondes, en An-
gleterre aussi bien qu'en Amérique, en Allema-
gne comme aux Indes ou en Autralie. Wallacc
T. II. 42
658
WALLACE — WALLWORTH
peut être considéré comme le restaurateur de
l'opéra anglais, et l'on ne peut que regretter
que sa vie courte et si étonnamment acciilenlée
ne lui ait pas permis de travailler davantage
pour la scène, où deux de ses opéras surtout,
Lurline et Maritana, furent accueillis avec
transport, aussi bien à Londres que dans les
grandes villes d'Allemagne. Il fut même question
un instant de représenter le premier de ces
ouvrages à Paris, d'abord à l'Opéra, puis au
Théâtre-Lyrique, et M. Sylvain-Saint-Etienne
en avait fait une traduction. Outre ces deux opé-
ras, VVallace a fait jouer encore Mathilda of
Hungary, t/ieAmber Witch [la Sorcière d'am-
bre), Lové's Triumph {le Triomphe de
Vamour), et the Désert Flower [la Fleur du
Désert). De plus, il a laissé complètement ache-
vées les partitions de deux opéras anglais, the
Maid of Zurich et Estrella, et de deux opé-
ras italiens, Gulnare et Olga, dont divers frag-
ments ont été exécutés à Wiesbaden.
Cet artiste, auquel il ne manqua peut-être
qu'une plus grande dose d'originalité pour être
un créateur de premier ordre, mourut âgé seu-
lement de 51 ans, le 12 octobre 1865. Depuis
plusieurs années il était miné par la maladie;
les médecins, après l'avoir envoyé d'abord en
Amérique, lui conseillèrent ensuite de venir se
faire soigner en France; mais, après d'épou-
vantables et longues souffrances, il s'éteignit au
château de Bagen (Haute-Garonne), résidence
d'un de ses amis chez lequel il avait reçu une
touchante hospitalité. La mort de Wallace fut
pour l'Angleterre une sorte de deuil national, et
pendant plusieurs mois les journaux de ce pays,
comme ceux d'Amérique, où il avait longtemps
séjourné, furent remplis de détails sur le grand
artiste. Ses restes furent transportés à Londres,
où on lui fit de splendides funérailles. Des sous-
criptions furent ouvertes en cette ville et des
concerts y furent donnés, ainsi qu'à New- York,
pour couvrir les frais du monument que l'on
voulait élever à sa mémoire. Enfin, les regrets
furent unanimes par toute la Grande-Bretagne,
où Wallace était considéré comme le seul artiste
capable de relever et de soutenir le drapeau de
l'art musical national, en ce qui concerne le
théâtre. Tous les détails intéressant la vie et
l'importante carrière de Wallace ont été réunis
dans uu écrit étendu, publié en France peu de
temps après sa mort : William- VincentWal~
lace, étude biographique et critique, par Artliur
Pougin (Paris, Ikelmer, 1866, in-8°). Celte notice
résume tout ce que les feuilles anglaises et amé-
ricaines ont fait connaître sur l'artiste à cette
époque.
En dehors de ses opéras, connus ou inédits,
d'une cantate, restée inédite aussi, d'une messe
écrite et exécutée à Mexico, mais non publiée,
d'une foule de compositions restées manuscrites,
Wallace a livré au public plus de deux cents
morceaux de chant : romances, nocturnes,
cavatines, ballades, hymnes, sérénades, tyro-
liennes, canzonettes, etc., et un nombre égal de
morceaux de musique instrumentale, fantaisies
de concert, morceaux de salon, variations sur
des airs d'opéra ou des mélodies populaires, ro-
mances sans paroles, préludes, études, et aussi
de musique de danse, valses, polkas, schofischs,
mazurkas, etc., etc. Enfin, Wallace a pris part
à une nouvelle édition des Études de Czerny,
faite par une des [premières maisons de com-
merce de musique de Londres.
WALLACE (Madame), écrivain musical
anglais, a donné la traduction anglaise du livre
de M'"^ Elise Polko sur Mendelssohn : Réminis-
cences of Félix Mendelssohn- Bartholdy, et de
la correspondance de ce grand artiste : Letters
from Italy andSwitzerland, by Félix Mendels-
sohn-Bariholdy. Elle a traduit aussi de l'alle-
mand un recueil de Lettres de musiciens célè-
bres : Gluck, Haydn, Bach, Weber, etc.
*WALLERSTEI]\ (Antoine), compositeur
de musique de danse, s'est fait une grande re-
nommée sous ce rapport, et a publié environ
300 recueils ou morceaux détachés. La vogue
qui s'est attachée aux compositions, d'ailleurs
gracieuses, de cet artiste ne semble pas près de
s'éteindre. Une rédowa de M. Wallerstein, inti-
tulée un Premier Amour, a été célèbre par
toute l'Europe, s'est jouée sur tous les orgues de
Barbarie, et s'est vendue à plus de cent mille
exemplaires. Le nom de M. Wallerstein est si
populaire en Allemagne pour la musique de
danse, que certains éditeurs de ce pays, pour
allécher le public, n'ont pas craint de mettre ce
nom sur des morceaux qui n'étaient pas de lui ;
le compositeur a dû réclamer, par la voie des
journaux, contre ce subterfuge.
M. Wallerstein est né à Dresde non en 1812,
mais le 28 septembre 1813.
VV^ALLIXER. (Edmond), musicien allemand
contemporain, est l'auteur, entre autres compo-
sitions, de trois opérettes de salon dont les par-
titions pour chant et piano ont été publiées :
1° ein Damen-Kaffee; 2° das Testament ;
3° der Maskenball.
WALLWORTH (T -A ), profes-
seur de chant à l'Académie royale de musique
de Londres, est l'auteur d'un traité publié sous
ce titre : the Art of singing {l'Art de chanter),
cours d'étude et de pratique pour la voix (Lon-
WALLWORTH — WANSRI
659
dres, l'auteur). Il a été fait récemment une
nouvelle édition, revue et corrigée, de cet ou-
vrage. M. Wallworth faisait partie en 1859 de la
compagnie d'opéra anglais réunie au théâtre
Covcnt-Garden sous la direction de M. Harris-
son et de miss Louisa Pyne.
VVALTER (Gustave), ténor et célèbre
chanteur dramatique allemand, est né à Bilin
(Cohôme) en 1835. 11 étudia d'abord les scien-
ces techniques à Prague, tout en étant enfant
de choeur dans une église, et plus tard occupa
un emploi dans une fabrique de sucre. Mais sa
voix d'enfant étant devenue un beau ténor, exci-
ta une telle sensation qu'il se décida à la perfec-
tionner sous la direction du professeur Vogt.
En 1856, M. Walter fut engagé à l'Opéra de la
cour, à Vienne, et aujourd'hui encore il est l'un
des artistes préférés de ce théâtre. M. Walter
est, si l'on peut dire, le Capoul de Vienne; sa
voix, d'un caractère doux et tendre, est d'un
timbre charmant, et il chante d'une façon déli-
cieuse. Les ouvrages dans lesquels il obtient le
plus de succès sont Faust, Mignon, Carmen,
le Domino noir, la Dame blanche, la Flûte
enchantée, Don Juan, les Huguenots, etc.
M. Walter est aussi un excellent chanteur de
liecler ; il dit ceux de Schubert dans la perfec-
tion, et il a rendu populaire à Vienne la char-
mante mélodie de M. Gounod : Au printemps.
J. B.
WALTER (GRAZIANI-), compositeur,
a fait représenter à Florence, sur le théâtre Nuo-
vo, le 19 avril 1879, un opéra intitulé Silvano.
WAMIiACII (Emile), violoniste, pianiste,
organiste et compositeur, est né à Arlon, dans
le Luxembourg beige, en 1854. A l'âge de qua-
tre ans on lui mit un solfège sous les yeux, et à
cinq un violon entre les mains. Ses progrès
furent si rapides qu'au bout de deux années
son professeur, M. Hoeben (sa famille s'était
alors (ixée à Anvers), le fit entendre dans une
séance donnée par l'École de musique. Lorsque
le jeune Wambach eut atteint l'âge de onze ans,
il se rendit à Bruxelles et se fit admettre au
Conservatoire de celte ville, dans la classe de
violon de M. Colyns. De retour à Anvers, il
devint, à l'École de musique, l'élève de M. Pierre
Benoît pour la composition, et reçut aussi des
leçons de MM. Mertens, Hennen et Callaerts,
organiste.
Quoique très-jeune encore, M. Wambach s'est
déjà fait connaître par un grand nombre de
compositions, parmi lesquelles il faut surtout
signaler lessuivantes:Fees^-MarcA pour orches-
tre, exécutée en 1870 au théâtre royal d'Anvers ;
cantate pour les fêtes de Rubens, exécutée en
1877 au Cercle catholique de la même ville;
Aan de Voorden van de Schelde {Aux Eives de
l^ Escaut), poëmesymphonique; Feest-Cantate;
Aalhans Parabol (Parabole de Nathan),
drame sur paroles flamandes ; Hymne sacris
solemniis, pour orchestre et chœurs; de Lente
{le Printemps), chœur pour voix de femmes,
avec orchestre; Memorare, pour chœurs et
orchestre; Vlaanderland {le Pays de Flandre),
pour chœur de voix d'hommes et orchestre ;
Burlesca, fantaisie humoristique pour orches-
tre ; Fantaisie pour orchestre, n" 2 ; Ave venim
et 0 Salutaris; Ave verum ; Tantum ergo;
Fantaisie pour violon et orchestre ; enfin des
lieder, des valses, des morceaux de piano, etc.
WAMSLEY (Peter), l'un des luthiers an-
glais les plus habiles du dix-huitième siècle,
était établi à Londres, où il se fit remarquer
pour la bonne facture de ses violoncelles et de
ses altos. Les Anglais tiennent pour fort estima-
bles ses copies de Stainer. Peter Wamsley fut
le maître du luthier Thomas Smith.
*\VAIVSKI (Jean), compositeur et violoniste
distingué, qui naquit en 1762, dans la Grande-
Pologne, jouissait d'une grande renommée et
écrivit plusieurs opéras qui furent représentés
à Posen avec succès. Ses compositions de mu-
sique religieuse, conçues dans un bon style,
écrites avec soin, étaient exécutées dans un
grand nombre d'églises. « Mais c'est surtout, dit
M. Albert Sowinaki, dans les chants nationaux,
les polonaises, les mazureks, les marches mili-
taires et d'autres pièces détachées, comme des
duos pour violon et violoncelle, que Jean
Wanski s'est acquis une grande popularité. Il
fut pendant trente ans le seul compositeur en
renom dans la Grande-Pologne, et ainsi que
Charles Kurpinski, son neveu, qui tient en Polo-
gne la première place parmi les compositeurs
nationaux, Jean Wanski tenait, dans son temps,
le sceptre de la composition à Posen par ses
symphonies et ses messes. » Cet artiste est
mort dans les premières années de ce siècle.
\VA]\SKI (Jëan-Népomucèise), fils du
précédent, compositeur et violoniste, naquit
dans le grand -duché de Posen au commencement
de ce siècle, fit de bonnes études littéraires à
Kalisztout en travaillant le violon, alla ensuite
terminer son éducation musicale à Varsovie, puis,
au bout de quelques années, quitta la Pologne et
partit pour la France. Arrivé à Paris, il eut le bon
heur de recevoir pendant quelques mois des leçons
de Baillot , et son talent s'en ressentit d'une
façon considérable. Il commença alors à voya-
ger en donnant des concerts, .se rendit d'abord
en Espagne, visita Valence, Barcelone et Ma-
660
WANSKI — WAREZ
drid, où il fut très-bien accueilli, parcourut en-
suite le midi de la France, Montpellier, Nîmes,
Aviijnon, Aix, puis traversa l'Italie méridionale,
se faisant entendre à Livourne, lîoiogne, Floren-
ce, Rome, Naples, dans toute la Sicile, allant
jusqu'à Malte, puis revenant à Florence et à
Rome, où il était reçu membre de l'Académie de
Sainte-Cécile, rentrant en France par Lyon, et
enfin se rendant en Suisse, Ces longs voyages,
paraît-il, ne l'avaient pas rendu plus riche, car,
étant tombé malade d'une lluxion de poitrine
à Saint-Gall, il allait mourir, seul et sans res-
sources, dans un hôtel garni de cette petite ville,
lorsqu'un matin il voit entrer dans sa chambre
le comte Alexandre Sobanski; celui-ci, en-
fant comme lui de la Pologne, ayant appris
qu'un artiste polonais se mourait loin de
sa patrie, l'aida généreusement de sa bourse et
de ses soins, et le fit transporter à la maison de
santé de Winthertnr, où, au bout d'un hiver, il
put se rétablir, grâce à la sollicitude de son
digne compatriote et de sa femme, M"* la
comtesse Sobanslsa.
Les médecins ayant engagé M.Wanski à habiter
le midi de la France, il alla se fixer à Aix en
Provence (1839), s'y établit comme professeur
tout en se livrant à de nombreux travaux de
composition, et s'y maria avec une Française.
Voici la liste des œuvres de M. Wanski: 1° Gran-
de Méthode de violon; 2° Petite Méthode de
violon, pour les commençants; 3° Méthode
complète d'alto ; 4° V Harmonie, ou la Science
des accords à l'usage des élèves; b° Gymnas-
tique des doigts et de V archet ; 6" Douze Élu-
des brillantes, pour acquérir différents coups
d'archet ; 7° Douze Études, pour acquérir l'a-
gilité des doigts; 8° Six Études faciles, pour
violon seul; 9° Six Études pour l'alto; 10»
Douze Mélodies en forme de caprices,\)o\xi vio-
lon seul ; 1 1° Trois Fugues (études de double-
corde) ; 12° Douze Variations sur iin thème
original, pour l'exercice de l'archet ; IS'' Six
grands Caprices de concert, avec accompa-
gnement de piano; 14" Concertino, avec accom-
pagnement d'orchestre ; 15'^ Fantaisie sur la
Norma, avec piano, quatuor ou orchestre ;
16° Air national angkis, varié, avec piano ou
quatuor; 17° Morceau de concert sur Lucia di
Lamermoor, a\ec p'iàiio ou orchestre; 18° Air
polonais varié, avec piano, quatuor ou orchestre;
19° Variations sur la Romanesca, avec piano ou
quatuor; IQ'^ Carnaval de t'arsoDie, variations
de bravoure, avec piano; 21" Souvenir des
Puritains, morceau de salon, avec piano ;
22° Air algérien pour deux violons concertants,
d'après le duo de Kalkbrenner et Artôt, avec I
orchestre ; 23» Fantaisie pour alto sur des thè-
mes du Prophète, avec piano ou quatuor ;
24° Fantaisie pour alto sur des motifs de Guil-
laume Tell, avec piano ou quatuor,
* WAISSON (François-Antoine-Alphonse) .
— A la liste des ouvrages de ce compositeur, il
faut ajouter les suivants : 1° les Deux Marins,
opéra-comique en 2 actes, non représente :
2° un quintette pour deux violons, deux altos et
violoncelle; 3° huit quatuors pour instruments à
cordes ; 4° les Franchimontois, cantate; 5° huit
ouvertures à grand orchestre ; 6" une Fantaisie
pour piano et violon; 7° une Fantaisie pour
piano et flûte.
WARCHOUF (M-^e S,... DE), écrivain
français, est l'auteur d'un ouvrage pédagogique
publié sous ce titre : Vélocifère grammatical,
ou la Langue française et l'orthographe ap-
prises en chantant, Paris, 1806, petit in-8°.
"WARD ou WIARD (Jules), compositeur
français dont le nom semble indiquer une ori-
gine étrangère, fit représenter à Lyon, où il était
fixé depuis longues années, un opéra-comique en
un acte, Voici le jour, el écrivitaussi pour le théâ-
tre de cette ville la musique de plusieurs ballets
qui furent bien accueillis. Il s'était fait con-
naître par un certain nombre de compositions
profanes et religieuses, parmi lesquelles quelques
pastiches réussis de la musique du moyen âge
sur les sonnets de Clément Marot. Membre ti-
tulaire de l'Académie des sciences, belles-lettres
et arts de Lyon, il avait publié aussi plu-
sieurs opuscules littéraires, dont le dernier
était une excellente brochure sur la régénération
des théâtres de cette ville, et dont un autre
était intitulé: Aperçus généraux sur la mu-
sique, son introduction dans l'église et ^ses
phases diverses jusqu'au seizième siècle, Lyon,
Pinier, 1866, in-8°. Ward mourut à Ju-
jurieux, au mois d'août 1866, laissant plu-
sieurs œuvres inédites, entre autres un grand
opéra en cinq actes, Vellèda ou le Guy de
chêne.
WAREZ ( ), auteur dramatique de
dixième ordre , fut pendant longues années
régisseur général du théâtre de la Galté. Il rédi-
gea, en société avec le chansonnier Charrin , le
recueil intitulé: Mémorial dramatique ou Al-
munach théâtral, dont il parut treize années,
de 1807 à 1819 (Paris, Hocquet, in-24). Quoique
ce recueil laisse beaucoup à désirer sous divers
rapports^ il n'en est pas moins utile à consulter
pour les renseignements qu'il donne sur les
théâtres de Paris à cette époque. La collection,
comme celle de tous les recueils de ce genre , en
est d'ailleurs devenue très-rare.
WARGOCKI — WAROT
661
VVARGOÇRI ( ), écrivain polonais
est l'auteur d'un ouvrage sur les instruments de
musique en Pologne : 0 insirumentach muzy-
cznych, ouvrage dans lequel on trouve des dé-
tails et des renseignements intéressants sur la
forme et l'usage de ces instruments au seizième
siècle.
WARINOTS (Henry), chanteur, professeur
et compositeur belge, est né à Bruxelles le 1 1
juillet 1832. Il reçut de son père, artiste distin-
gué, les premières notions de la musique, puis,
en 1849, entra au Conservatoire de Bruxelles,
où il remporta successivement les prix de
piano, d'orgue el d'harmonie, après quoi il étu-
dia le contre-point sous la direction de Fétis.
Son éducation terminée, il s'aperçut qu'il était
doué d'une agréable voix de ténor ; s'adonnant
alors à l'étude du chant, il remporta, dans la
même école, les prix de chant et de déclama-
tion lyrique, et résolut d'embrasser la carrière
théâtrale.
En 1856, M. Warnots tit ses débuts comme
ténor léger sur le théâtre de Liège, et il tint
successivement cet emploi sur plusieurs scènes
importantes de la France, de la Belgique et de
la Hollande; il appartint même un instant au
personnel de l'Opéra-Comique, à Paris. Il n'a-
bandonnait cependant pas tout à fait la compo-
sition, publiait à Paris , chez Richault, et à
Bruxelles, chez Schott, plusieurs albums de
mélodies vocales ainsi que divers morceaux
de musique religieuse, et en 1865, se trouvante
Strasbourg, faisait représenter dans cette ville
(24 janvier) un opéra-comique en un acte, une
Heure de mariage, qu'il avait écrit sur le
poème mis jadis en musique par Dalayrac et
dont il remplissait le principal rôle.
Cependant, désireux de rentrer dans son
pays, il accepta un engagement au Théâtre
National de Bruxelles, pour y chanter en fla-
mand l'opéra /^rans Acke.rmann, dans lequel il
obtint un succès considérable. Nommé, profes-
seur de chant au Conservatoire de cette ville
par un arrêté royal en date du 30 décembre
1867, il abandonna tout à fait le théâtre l'année
suivante, pour se consacrer exclusivement à
l'enseignement du chant, qu'il avait étudié à
Paris sous la direction de M. Faure. A la suite
du grand festival qui eut lieu en 1869 à Bruxel-
les, et dans lequel il avait rempli les fonc-
tions de chef du chant, il fut appelé à la direc-
tion de la Société de musique de cette ville. En
1870, il fonda à Saiut-Josse-ten-Noode-Schaer-
beeck (banlieue de Bruxelles) une école de mu-
sique quia produit d'excellents résultats et qu'il
dirige encore , et en 1876, à la suite d'un tra-
vail fort apprécié qu'il fit sur Vlnstructionmu-
sicale dans toutes les écoles communales,
il fut nommé directeur- inspecteur des écoles de
Saint-Josse-ten-Noode. Parmi les compositions de
M. Warnots, il faut encore citer une cantate pa-
triotique qui a été exécutée au théâtre de Gand
au mois de mars 1867.
M'^'= Elly Warnots, fille de cet artiste, née
à Liège en 1857, a été l'élève de son père, et
est devenue une cantatrice distinguée. Après
s'être produite avec succès à Bruxelles, d'a-
bord dans des concerts, aux séances du Con-
servatoire, de l'Association des artistes musiciens,
des Concerts populaires, elle a abordé, la scène
en débutant, au mois de septembre 1878, sur
le théâtre de la Monnaie. Elle est aujourd'hui
la favorite du public de ce théâtre.
WAROT (Charles), violoniste, chef d'or-
chestre et compositeur, né à Dunkerque le 14 no-
vembre 1804, reçut de son père ses premières le-
çons de musique, et fut aussi, dit-on, élève d'un
musicien aveugle qui avait longtemps séjourné à
Paris elqui s'était ensuite fixé à Anvers, le com-
positeur Frixer, dit Fridzeri. C'est à Anvers que
le jeune Warot reçut des leçons de Fridzeri,
qui tenait un magasin de musique en cette
ville et qui y mourut, non en 1819, comme il a
été dit dans la Biographie universelle des Mu-
siciens, mais le 16 octobre 1825.
Après avoir acquis une grande habileté sur le
violon, s'être fait entendre avec succès à An-
vers et à Maëstricht, Warot se livra exclusi-
vement à l'étude de la composition. S premier
essai fut un opéra en deux actes, V Aveugle de
Clarens ou la Vallée suisse, qui fut représenté
à Anvers le 13 janvier 1829 et très-bien reçu
du public. Mais la révolution belge de 1830
ayant entièrement ruiné son père, le jeune ar-
tiste se vit obligé d'accepter l'emploi qui lui
était offert de second chef d'orchestre au théâ-
tre de la Monnaie, de Bruxelles. Une fois en
cette ville, il écrivit plu.sieurs autres opéras- co-
miques, VOfficieux ou V Enlèvement (3 actes),
Lequel des trois ? (2 actes), Lord Mairend (3 ac-
tes), le Pirate (3 actes), mais ne put réussir à
faire représenter aucun de ces ouvrages. Il
mourut à Bruxelles, dans toute la force de la
jeunesse, le 29 juillet 1836.
Quoique mort si jeune, Warot avait beaucoup
écrit. Outre les ouvrages qui viennent d'être
cités, il a laissé les compositions suivantes : 3
Messes solennelles ; une messe de Requiem , à
grand orchestre, qui a été exécutée à ses fu-
nérailles; un Lauda Sion ; un Salve Regina ; un
Cantique de Noël ; l'Enfant de la Patrie, chant
national belge ; le Sarraxi, chanson patrie-
6G2
WAROT — WASIELEWSRl
tique; les Belges au tombeau de M. le comte
F. de Mérode, chanson patriotique; leNaufrage
de Cadet-Roussel, opéra-folie en 2 actes, joué
à Anvers en 1829 par une société d'amateurs;
enfin, des morceaux d'harmonie, des cantates,
des motets, etc.
WAROT (Victor), frère du précédent, com-
positeur et professeur, né à Gand en 1808, fut aussi,
dit-on, élève de Fridzeri. Warot, paraît-il, apprit
à jouer de presque tous les instruments, et acquit
ainsi une rare connaissance des ressources de
l'orchestre. Il fut chef d'orchestre à Amsterdam
et dans diverses autres villes, vint en France,
passa plusieurs années à Dijon, se fixa pendant
quinze ans à Rennes comme professeur, puis, en
1855, s'établit définitivement à Paris. Il est
mort, dans le courant du mois de juillet 1877, à
Bois-Colombes (Seine), dans une campagne qui
lui appartenait.
Comme son frère, Victor Warot s'était acti-
vement exercé dans la composition. Il avait
fait représenter à Dijon deux opéras-comiques,
la Reine est là et les Pénitents rouges (1834),
et l'on connaît encore de lui trois ouvrages
du même genre, la Novia, l'Épicier de
Paris et Camille et Dolincé. Il a écrit aussi
divers morceaux symphoniques, des quatuors,
des cantates, une messe à grand orchestre,
une cantate tirée du psaume 46, et diverses
compositions religieuses de moindre importance.
WAROT (Constant-Noel-Adolphe), frère
des précédents, violoniste et professeur, naquit à
Anvers le 28 novembre 1812. Il s'adonna de bonne
heure à l'étude du violoncelle, acquit un talent
remarquable sur cet instrument, et en 1852 lut
nommé professeur au Conservatoire de Bruxel-
les. Il mourut à Saint-Josse-ten-Noode-lez-
Bruxelles le 10 avril 1875. Virtuose distingué,
très-habile dans l'exécution de la musique
classique, Warot s'était fait le renom d'un ex-
cellent professeur. Outre une bonne Méthode
pour le violoncelle, adoptée pour l'enseignement
dans les deux Conservatoires de Bruxelles et
de Gand, il a publié les compositions suivantes:
Duo pour 2 violoncelles ; Air varié et Fantaisie
pour violoncelle, avec accompagnementde piano;
la Chasse, chœur à 4 voix d'hommes ; 40 le-
çons mélodiques à 2, 3 et 4 voix, à l'usage des
écoles ; plusieurs romances et mélodies vocales.
WAROT (Victor- Alexandre- Joseph), chan-
teur dramatique, fds de Victor Warot, est né
à Verviers le 18 septembre 1834. Doué
d'une agréable voix de ténor dont le principal
défaut est d'être un peu trop gutturale, il re-
çut une bonne éducation musicale et débuta
à l'aris, au tUéâtrc de l'Opéra-Comique, vers
1858, dans l'emploi des seconds ténors Chan-
teur de goût, il sut se faire applaudir dans
quelques rôles du répertoire courant, tels que
Lalimer du Songe d'une nuit d'été, et bientôt
prit possession du véritable emploi des ténors
légers ; il joua alors la Dame blanche, Hay-
■dée, le Pré aux Clercs, Zémire et Azor, et
fit diverses créations dans des ouvrages nou-
veaux. Don Gregorio, Rita ou le Mari battu,
etc. Au bout de quelques années, il fut engagé
à l'Opéra pour y chanter les ténors de grâce,
s'y montra dans la Juive, la Mule de Pedro,
le Docteur Magnus, mais bientôt quitta Paris
pour aller chanter le grand répertoire lyrique
au théâtre de la Monnaie, de Bruxelles, où il
obtint de très-vifs succès. Il est resté attaché à
ce théâtre depuis 1868 jusqu'à 1874. Tout ré-
cemment, M. Warot a été engagé à la Gaîté
pour l'entreprise éphémère d'Opéra populaire
dont l'essai a été fait à ce théâtre, et il y a
créé le rôle de Pétrarque dans le Pétrarque de
M. Hippolyte Duprat, ouvrage dont l'insuccès
a été éclatant.
" IVARTEL (Atala - Thérèse - Annette
ADRIEIV, femme), épouse du chanteur de ce
nom, née à Paris le 2 juillet 1814, fut une pia-
niste très-remarquable. Elle brilla dans les con-
certs, et fut la première de son sexe qui eut
l'honneur de se faire entendre aux séances de
la Société des concerts du Conservatoire. Son
père était le chanteur And rien, dit Adrien l'ainé,
qui était né à Liège le 26 mai 1767 (et non en
1776, comme il a été dit par erreur), et qui
fut artiste de l'Opéra et professeur de déclama-
tion lyrique au Conservatoire de Paris. Ma-
dame Wartel obtint de très-grands succès en
Allemagne, et publia un excellent livre intitulé :
Leçons écrites sur les sonates pour piano
seul de L. Fan Beethoven. Elle mourut peu de
temps après, à Paris, le 6 novembre 1865.
jyjme Wartel avait exercé les fonctions d'accom-
pagnateur au Conservatoire de Paris (1831), où
elle fut nommée ensuite professeur adjoint de
solfège; elle donna sa démission en 1838.
WASIELEW^SRI (Joseph-W DE), é-
crivaiu musical allemand, est né à Gross-Laesen,
près Dantzig, le 17 juin 1822, et a été, de 1843
à 184j, élève du Conservatoire de Leipzig. De-
venu premier violon à l'orchestre du Gewand-
haus de cette ville, il fut ensuite concert-
meister à Dusseldorf, où il avait été appelé par
Robert Schumann. De 1852 à 1855, il remplit
les fonctions de directeur de musique à Bonn,
eten 1873 fut appeléen la même qualité à Dresde.
M. de Wasielcw.ski est l'auteur d'un] livre
important, die VioUne in XVI Jahrhunderl
I
I
WASIELEWSKI — WEBER
663
{le Violon au seizième siècle, Leipzig, 1869,
in-S"), qui est considéré comme l'un des meil-
leurs écrits el «les plus considérables qui existent
sur la matière. Coutinuant ses recherches sur
une époque dont l'histoire musicale est encore
obscure et comme enveloppée de ténèbres, M. de
Wasielewski a mis au jour, quelques années
plus tard, un second ouvrage ainsi intitulé :
GesckicfUe der instrumentalmusik im XVI
Jahrhundert {Histoire de la musique instru-
mentale au seizième siècle, lierlin, Guttentag,
1878, in-8''del70 pp. avec planches), ouvrage
qui fut accueilli avec faveur et qui méritait,
par l'excellence de ses recherches et la sûreté
de ses informations, le succès qu'il a obtenu.
M. de Wasielewski a donné quelques autres
travaux importants dans divers journaux alle-
mands, entre autres une étude intéressante Sur
Robert Schumann, étude dont une traduction
française un peu trop fantaisiste, due à M. F.
Herzog, a été publiée, il y a une douzaine
d'années, dans le journal le MénestreL
M. de Wasielewski occupe aujourd'hui les
fonctions de directeur de musique à Bonn.
WASSEREAU ( ), compositeur au-
jourd'hui inconnu, qui vivait dans la première
moitié du seizième siècle, a fourni à l'imprimeur
Pierre Attaignant, pour le recueil de chansons
à 4 parties publié par lui vers 1530, la musique
des deux chansons suivantes : Hur le joly jonc
et Secours Hellas par amour.
WATSOIV (Thomas), facteur et accordeur
de clavecins, vivait à Anvers en 1660.
WAUBERT DEPUISSE AU(Jean-Louis-
Th...), amateur néerlandais de musique, notaire
au Lemmer, sur le Zuiderzée, s'est fait con-
naître comme violoniste et coinme compositeur.
En 1822, il se faisait entendre à Amsterdam,
dans un concert de la société Félix Meritïs. Il
a publié les compositions suivantes : Marche
triomphale, pour piano à 4 mains ; 3 Divertis-
sements pour piano ; 3 lieder sur paroles alle-
mandes; 8 Mélodies vocales; Marche dédiée à
la garde nationale de Leeuwarden. On connaît
encore de lui : Concerto pour violon et clarinette ;
3 Ouvertures à grand orchestre; Quatuor pour
instrumenls à cordes; Frans van Mieris, opé-
rette ; plusieurs cantates, etc.
WAUCAaiPT (Edmond), flûtiste et compo-
siteur belge, né à Tournai le 22 avril 1850, mon-
tra dès l'âge le plus tendre de bonnes disposi-
tions musicales, fut admis à l'école de musique
de .sa ville natale, et, ayant à peine accompli sa
neuvième année, exécutait en public un solo de
flûte de Tulou. En 1863 il remporta le premier
prix de flûte, et en 1867 le prix d'honneur. _
Pourtant, le jeune artiste étant devenu orphe-
lin, se fit clerc de notaire pour vivre, et même,
dit-on, devint ouvrier dans une fabrique. Mais
grâce à l'appui d'un homme bienveillant, il put
continuer ses études musicales interrompues,
fut admis au Conservatoire de Bruxelles, où
le premier prix de flûte lui fut décerné en
1869, étudia l'harmonie avec Bosselet, et en
1871 fut engagé comme flùte-solo au théâtre de
Gand. Il songea alors à se livrer à la compo-
sition, et écrivit pour la scène plusieurs ou-
vrages qui paraissent avoir été bien accueillis
du public ; 1° un Déraillement, opérette en un
acte. Tournai ; 2° un Mariage espagnol, opéra
à grand spectacle, Tournai ; 3° la Belle Ton-
nelière, opéra-comique en 2 actes. Tournai, fé-
vrier 1876 ; 4° le Cabaret de Ramponneau,
opéra-comique en 3 actes, Liège, théâtre du
Gymnase, 5 janvier 1877.
M. Waucampt est aujourd'hui directeur de
l'École de musique de Peruweiz.
AVAUTIER (Ed ), est l'auteur d'un
Cours de Mélodie, théorique et pratique, Pa-
ris, 1847, in-8°.
* WEBER (Charles-Marie-Frédéric-Er-
NEST,ibaron DE). — Cet artiste admirable n'é-
tait pas né le 18 décembre 1786, comme il le
croyait lui-même, car voici la traduction de
son acte de baptême, 'daté du 20 novembre :
— « En l'an 1786, le 20 novembre, a été bap-
tisé Carl-Maria-Friedrich-Ernest von Weber (1),
fils légitime du maître de chapelle François-
Antoine von Weber et de dame von Brcnner,
tous deux de la religion catholique. Parrain :
S. A. le prince Charles de Hesse, représenté
par le grand-veneur de la cour, M. von Witzle-
ben ; marraine ; S. A. la duchesse douairière
d'Oldenbourg, à Eutin, représentée parla grande
maîtresse de la cour. M"* du Hamel. » Il est
donc probable que c'est le 18 novembre 1786
qu'est né Charles-Marie de Weber, et qu'il
aura été baptisé le surlendemain de sa nais-
sance (2).
Voici la liste des écrits qui, dans ces der-
nières années, ont été publiés sur Weber :
V'Carl-Maria von Weber. Einlebensbild {Por-
trait de ta vie de Charles-Marie de Weber),
par Max-Maria von Weber (son fils), Leipzig, Er-
nest Keil, 1864-1868, 3 vol. in-16 (3); 2" Carl-
(1) On voit aussi qu'un des prénoms de Weber est dif-
férent de celui qu'on croyait être le sien : Ernest, au lieu
dVusasfe.
(2) On peut consulter, sur ce sujet, un article fort In-
téressant publié dans la Neue Berliner Musik-Zeitung
du 28 novembre 1853.
(S) I,a Revue el Gazette musicale de Paris a d^nné
(1863-1868) un loug rcsunié de ce travail, résume eulre-
664
WEBER — WECRERLIN
Maria von Weber, roman eu 3 parties, par He-
sibertRau, Leipzig, Tliomas, 1865, 2 vol.in-S";
3° Carl-MuTia von Weber in seinen werken
{Charles-Marie de Weber dans ses œuvres,
liste clironologique et thématique de l'ensemble
de ses compositions), par F.-W. Jàhns, Berlin,
Schlesinger, 1871, in-S"; i° Carl-Maria von
Weber, eine lebenssfcizze nach authentischen
quellen (Esquisses de la vie de Charles-Ma-
rie de Weber, d'après des sources authenti-
ques), par F.-W. Jahns, avec un portrait iné-
dit de Weber, en photolithograpbie, Leipzig,
F.-W. Grunow, 1873; 5° Weber, par H. Bar-
bedette , Paris, Heugel , 1862 , grand in-8° ;
6° Histoire du « Freischûtz », par Edmond Neu-
komm, Paris, Faure, 1867, in- 12 ; 7° Lettres
de Gluck et de Weber, publiées par L. NohI,
traduites par Guy de Cbarnacé, Paris, Pion,
1870, in-12. Il faut signaler aussi : Freischûtz-
^Mc/i, de Frédéric Kind (Leipzig, Gœschen, 1843),
écrit qui renferme une série de lettres adressées
par Weber à son collaborateur Kind, auteur
du livret du Freischûtz.
* WEBER (Franz), compositeur, violoniste,
organiste et chanteur, est mort à Cologne le
18 septembre 1876. Il était né en cette ville le
26 août 1805.
WEBER (H ), écrivain contemporain,
est l'auteur d'un livre important publié sous ce
titre : Geschichte des Kirchengesanges (His-
toire du chant d'église dans la Suisse alle-
mande réformée depuis la Réformation,
avec une description exacte des livres de chants
d'église du seizième siècle), Zurich, Schultess,
1877.
WEBER (JoHANNEs), écrivain musical fran-
çais, est né en Alsace vers 1820. On lui doit un
Traité élémentaire d'harmonie (Paris, l'au-
teur), un Traité analytique et complet de
l'art de moduler (id., id.), et une traduction
française de la Méthode d'harmonie de Charles
Basier, qu'il a donnée sous ce titre : Carte rou-
tière des modulations harmoniques, ou Plan
figuratif des relations des tons (Paris, Perro-
tin, 1850, in-f" de 11 pages avec 2 planches).
Depuis sa fondation, c'est-à-dire depuis l'année
1861, M. Weber est chargé de rédiger la partie
musicale du journal le Temps. Cet écrivain a
collaboré à la Critique musicale d'Alexis Aze-
vedo {Voy.ce nom), kld Revue et Gazette mu-
sicale de Paris, à la Revue germanique, et il
est le correspondant artistique de la Revue
Savoisicnne, qui se publie à Annecy (1).
pris par Paul Smith (Edouard Monnais), et continué,
après la mort de celui-ci, par M. Edmond Neukomm.
(!) lin dehors de la musique, M, Weber a pubUO l'opus-
WEBER (Edmond), pianiste et composi-
teur, né en Alsace et pendant de longues années
établi à Strasbourg, a quitté cette ville après
les événements de 1870-71, et est allé se
fixer à Angers, où il s'est consacré à l'ensei-
gnement. En 1868, M. Weber avait fait re-
présenter à Strasbourg un opéra intitulé le
Roi des Aîdnes, qui avait été fort bien ac-
cueilli.; le 2 mars 1876, il a donné sur !e théâtre
(l'Angers un opéra-comique en 2 «ctes, Rosita,
dont un de ses compatriotes alsaciens, M. Long-
champ, lui avait fourni les paroles, et qui ,n'a
pas été moins bien reçu. M. Edmond Weber a
publié, en dehors du théâtre, un certain nom-
bre de compositions vocales et [instrumentales,
parmi lesquelles je citerai les Mois, joli recueil
de douze esquisses musicales pour le piano,
écrites dans un style qui rappelle celui de
Mendelssohn, et trois bons chœurs pour voix
d'hommes : Sur les Monts, Aubade, 0 Phara-
mond !
* WECKERLIJX (Jean -Baptiste -Théo-
dore). — La première œuvre un peu impor-
tante de ce compositeur fut exécutée dans la
salle du Conservatoire de Paris le 5 décembre
1847 ; c'était une suite de « scènes héroïques »
pour soli, chœurs et orchestre, qui avait pour
titre Roland, et qui n'a pas été publiée. Dans
ce même concert, Ponchard chantait deux mé-
lodies du jeune artiste, avec accompagnement
d'orchestre.
De 1850 à 1855, M. Weckerlin, comme chef
du chant et des chœurs, fut le collaborateur actif
et dévoué de M. Seghers (Voy. ee nom) aux
concerts de la Société Sainte-Cécile, dont ce
dernier était le chef d'orchestre. C'est là qu'on
entendit pour la première fois à Paris diverses
œuvres de grands maîtres anciens ou modernes,
entre autres le Chant élégiaque et la Fantaisie
pour piano, orchestre et chœurs de Beethoven,
la musique de Preciosa de Weber, qui obtint
un immense succès, le Ballet de la Reyne,
des fragments de l'Élie de Mendelssohn, les sym-
phonies de M. Gounod, la Fuite en Egypte de
Berlioz, l'ouverture du Tannhàuser de M. Ri-
chard Wagner, et quantité de chœurs anciens
que M. Weckerlin remettait au jour, ainsi que
quelques-unes de ses compositions.
M. Weckerlin a fait représenter au Théâtre-
Lyrique, en 1877, un joli et élégant opéra-co-
mique en un acte, intitulé A Fontenoy, et le
31 mai 1879 il donnait à Colmar un ouvrage
en 4 actes écrit sur un poème en dialecte alsacien,
cule suivant : la Maison et les Souvenirs de Jeanne
d'Jrc, d Oomremy,
WECRERLIN — WEHLE
665
D'rverhâxV Herbst {la Vendange ensorcelée),
qui obtenait un très-vif succès auprès de ses
compatriotes. Au nombre des œuvres publiées
par lui, nous citerons les suivantes : 1° l'Inde,
ode-symphonie exécutée aux concerts du Grand-
Hôtel en 1873 (partitions pour orchestre et
pour piano, Paris, Heugel) ; 2° la Forêt, sym-
phonie en fa (partitions pour orchestre et pour
piano, Paris, Brandus) ; 3° la Laitière de Tria-
non, opéra de salon, joué chez Rossini le 18 dé-
cembre 1858 (Paris, Heugel) ; 4° les Soirées
parisiennes, six chœurs pour voix mixtes,
avec accompagnement de piano (Paris, Flax-
land) ; 5° les Poètes français mis en musique
parJ.-B. WeckerHn,\V^ série, duXHPauXVnr
siècle, avec une notice biographique sur chaque
poète (Paris, Flaxiand, 1868); 6° Échos d'An-
gleterre, mélodies populaires de l'Angleterre,
de l'Ecosse, de l'Irlande et du pays de Galles,
transcrites avec accompagnement de piano (Pa-
ris, Durand -Schœnewerk). Quant aux mélo-
dies détachées de ce compositeur, dont plu-
sieurs ont obtenu un véritable succès de vogue,
leur nombre dépasse aujourd'hui trois-cents.
Enfin, il faut signaler encore plusieurs suites
symphoniques pour piano à 4 mains publiées
chez l'éditeur M. Grus, et diverses séries de
l'ùndlers alsaciens, également à 4 mains (Paris,
Colombier).
En 1869, sur la présentation d'Auber, alors
directeur du Conservatoire, M. Weckerlin fut
nommé « préposé à la bibliothèque » de cet
établissement, et en 1872 ce titre fut changé
en celui, plus convenable et plus exact, de « bi-
bliothécaire. » Après la monde Félicien Da-
vid, il fut nommé bibliothécaire en chef le 9 sep-
tembre 1876. Chargé aussi des fonctions d'ar-
chiviste et bibliothécaire de la Société des com-
positeurs de musique, M. Weckerlin, qui s'est
toujours occupé de littérature musicale, a inséré
dans les Bulletins de cette compagnie quel-
ques morceaux intéressants, entre autres une
notice sur la chanson populaire (dont il a été
fait un tirage à part sous ce titre : Chants et
chansons populaires du printemps et de l'été),
une Histoire de la contre-basse, une disserta-
tion de 30 pages, avec fac-similé, sur l'histoire
de l'impression de la musique en France, etc.
11 a publié aussi un volume intitulé « Musi-
ciana, extraits d'ouvrages rares ou bizarres,
anecdotes, lettres, etc., concernant la musique et
les musiciens, » Paris, Garnier, 1877, in-12.
Particulièrement épris de tout ce qui concerne
la chanson et son histoire chez les différents
peuples, cet artiste distingué s'est formé, sur
ce sujet, une collection considérable, compre-
nant plusieurs milliers de voliltnes, et que sa
richesse rend unique en son genre.
En 1875, l'Académie des Beaux-Arts ayant mis
au concours un Mémoire sur l'histoira de l'ins-
trumentation depuis le seizième siècle jusqu'à
l'époque actuelle, M. Weckerlin concourut ; le
prix ne fut point décerné, mais deux médailles
furent accordées, dont une de mille francs à
M. Weckerlin. Il n'a pas encore livré ce tra-
vail intéressant à la publicité.
M. Weckerlin est l'un des collaborateurs du
Supplément à la Biographie universelle des
Musiciens.
WEIILE (Charles), pianiste et compositeur
distingué, est né à Prague (Bohême), le 17 mars
1825. Destiné d'abord au commerce, il fut em-
ployé dans les bureaux de divers négociants,
d'abord à Leipzig, puis à Marseille et à Paris.
Il sentit se réveiller en France ses goûts pour la
musique, qu'il avait étudiée dans ses jeunes
années, et Thalberg, dont il fit connaissance ,
l'engagea fortement à développer et à mettre
à profit ses dispositions pour cet art. Muni de
lettres de recommandation de ce grand artiste,
il résolut donc de suivre ses conseils, retourna
à Leipzig, où il étudia pendant trois ans sous
la direction de Moscheles et de Richter, puis se
rendit à Berlin, où il se perfectionna avec
M. Kullak.
De retour à Paris en 1853, M. Charles Wehie
y fit connaître un talent de virtuose fort dis-
tingué, et y publia des compositions intéres-
santes, qui se distinguaient par une forme élé-
gante, des idées heureuses et la recherche de
rliythmes curieux et inusités. Après un séjour
de plusieurs années en France, il entreprit un
grand voyage artistique en Amérique et en
Océanie, qui fut, dit-on, une sorte d'étrange
odyssée et qui dura plusieurs années, pendant
lesquelles l'artiste, ne se contentant pas d'ex-
plorer les pays civilisés, visita aussi les con-
trées les plus sauvages et courut les aventures
les plus étonnantes. Je crois qu'il est aujour-
d'hui de retour en Europe, sans avoir réussi à
amasser les richesses qu'il avait rêvées.
Parmi les œuvres, vraiment distinguées, de
M. Charles WehIe, je mentionnerai les sui-
vantes : Sonate en ut mineur, op. 38 ; Marche
cosaque, op. 37 ; Tarentelles, op. 5 et 56 ; Al-
legro à la hongroise, op. 81 ; Impromptus, op.
10 et 73 ; Ballade nocturne, op. 79; Sérénade na-
politaine, op. 31; un Songe à Vaucluse, op.
30; Fête Danubienne, op. 32; 3 Morceaux,
op. 80 ; Chanson bohème, op. 75 ; 6 Bohémiennes,
op. 9 et 17 ; Valse brillante, op. 21 ; 2 Berceuses ;
3 Nocturnes; Ballade en sol mineur, op. 11;
666
WEHLE — WELDON
2 Valses, op. 18 ; le Dahlia, op. 24, etc., etc. La
plupart (les compositions de M. Ch. Vehle ont
été publiées par l'éditeur M. Richauit.
■WEIDT (Henri), compositeur allemand,
né à Cobourg, a occupé pendant quelque temps
les fonctions de directeur de musique à Cassel.
Après s'être d'abord fait connaître par la publi-
cation de quelques lieder, il a abordé la scène
à Hambourg, en faisant représenter sur le
théâtre de cette ville, au mois de mai 1851, un
opéra en 2 actes intitulé Madeleine. Il alla se
fixer ensuite à Pesth, où il donna les ouvrages
suivants : Qu'est-ce que l'amour? un acte,
1863; les Fiançailles dans la cave, un acte,
28 mars 1864 ; le Marquis d'Entragues,
30 mai 1864; la Révolte au sérail, un acte,
18 janvier 1865. Le dernier ouvrage de M. Weidt
est un grand opéra en 4 actes, Adelma, qui a
été donné à Temeswar le 2 janvier 1873.
\VEI]>ERT (Antoine), compositeur et
professeur, né en Bohême en 1750 ou 1751,
fut d'abord professeur de musique à Ragolin,
chez le comte Raczynsky, et vint s'établir
fort jeune à Varsovie, où il resta jusqu'à
sa mort, occupant une position brillante et
enviable. Devenu successivement maître de
chapelle du roi de Pologne Stanislas-Auguste
Poniatowski, professeur au Conservatoire de
musique et membre de l'orchestre du grand
théâtre, il se fit connaître comme compositeur
dramatique en écrivant pour ce tliéâtre la mu-
sique de trois opéras, Niepotrzebny Skrypul
{le Scrupule inutile), Donerweter, et Diabel
alchimista (le Diable alchimiste). H écrivit
aussi pour l'église, et l'on cite comme un de
ses meilleurs morceaux en ce genre un Offer-
toire, exécuté en 1837 à l'église des Augustins.
En parlant de ce morceau, le Courrier de Var-
sovie donnait à Weinert la qualification de
doyen des artistes polonais. A celte époque, en
effet, il était déjà fort vieux, et pourtant il ne
mourut qu'en 1850, alors qu'il était entré dans
sa centième année, et qu'il jouissait depuis long-
temps d'une pension de retraite que lui avaient
méritée soixante et un ans de bons services.
Weinert était père de seize enfants. L'un
de ses fils, Philippe Weinert, né à Ragolin
en 1798, élève de Jean Gommcrt pour les prin-
cipes de la musique, d'un piolésseur français
nommé Brice pour le chant, était doué d'une jolie
Voix de ténor, et devint un chanteur de talent
et l'un des artistes dramatiques les plus re-
nommés de la Pologne. Son jeu animé, sa jolie
voix et son physique agréable lui firent tenir
une place distinguée au grand théâtre de Var-
sovie. Malheureusement, une rivalité fâcheuse
qui s'établit à ce théâtre, entre le ténor Pol-
kowski et Philippe Weinert, fut fatale à ce der-
nier, qui fut obligé de quitter la scène. Mis
dans la nécessité de donner des leçons pour
nourrir sa famille, il perdit sa voix et mourut
presque de misère, en 1843, à l'hôpital évangé-
lique de Varsovie. Tous les artistes de la ville
accompagnèrent ses restes jusqu'au cimetière,
ayant à leur tête son pauvre père, alors âgé de
quatre-vingt-quatorze ans environ. —Le second
fils d'Antoine Weinert, Pierre Weinert, mort
jeune en 1827, musicien aussi, était professeur
de piano au Conservatoire de Varsovie.
WEISS ( ), compositeur allemand, a
fait représenter sur le théâtre de Cobourg, en
1861, un opéra qui avait pour lilre la Pucelle
d'Orléans. J'ignore si cet artiste est un de ceux
du même nom qui sont mentionnés au tome VIII
de la Biographie universelle des Musiciens.
WEISSEIXBORIV (E ), musicien al-
lemand contemporain, a publié plus de cent
morceaux de musique de danse pour le piano :
valses, polkas, etc.
WEISSHEIMER ( ), compositeur
allemand, est l'auteur d'un opéra intitulé Théo-
dore Kœrner, qui a été représenté à Munich en
1872. Le 22 mars 1879, il donnait sur le théâtre
de Carisruhe un autre ouvrage dramatique,
Maître Martin et ses compagnons, dont le
sujet était emprunté à la nouvelle célèbre d'Hoff-
mann.
* WEKERLIIM (Jean -Baptiste-Théodore).
— Voyez WECKERLIN.
WELDOIH (M"' Georgina), cantatrice an-
glaise et professeur de chant, née à Londres le
24 mai 1837, a attiré l'attention sur elle, en ces
dernières années, grâce aux relations qu'elle a
entretenues avec M. Gounod, lors du long séjour
que ce maître a fait à Londres. C'est chez M. et
jjmc weldon que M. Gounod logeait en cette ville ;
c'est là qu'il a fondé et qu'il exerçait la société de
chant à laquelle il avait donné le nom de Gounod's
Choir; c'est là enfin qu'il écrivit la partition
de son Polyeucle. Ce n'est pas ici le heu de
parler des dissentiments qui ont éclaté pins
tard entre M. Gounod et M""*^ Weldon, mais
quelques-uns des faits qui y ont donné lieu ap-
partiennent cependant à l'histoire musicale de
ce temps et veulent être rappelés. Ainsi, il est
certain que lorsque M. Gounod quitta Londres
pour revenir en France, M™^ Weldon eut la
prétention de s'approprier tous ses manuscrits,
soit musicaux, soit littéraires, entre autres la
partition de Polyeucle, et que si elle finit par
lui rendre les premiers, elle conserva les autres,
et en fit même l'objet de diverses publications.
WELDON ~ WESLEY
667
C'est ainsi que M™*' Weldon publia d'abord
un écrit qui parut sous ce titre : la Destruc-
tion du Poiyeucte de Ch. Gounod, mémoire
justificatif par M™* Georgina Weldon (Paris,
Paul Dupont, 1875, Jn-12 de 31 pp.). Peu après,
elle lançait une seconde publication : Autobio-
graphie de Ch. Gounod et articles sur la rou-
tine en matière d'art, édités et compilés avec
une préface, par M"" Georgina Weldon (Lon-
dres, l'auteur, s. d., petit in-8° de 116 pp.); ce
petit livre était un recueil d'écrits, précédé
d'une préface de M'^^" Weldon en un fran-
çais barbare. M"' Weldon avait encore an-
noncé trois autres publications : 1» 125 lettres
de Ch. Gounod et autres lettres et docu-
ments; T Mon Orphelinat et Gounod en An-
gleterre; 3" les Concerts Gounod et autres ar-
ticles sur le métier musical (c'est-à-dire, sans
doute, sur la profession de musicien). J'ignore si
tout cela a paru, mais j'en doute. Toutefois,
]yime Weldon a encore publié un écrif, cette fois
en anglais, dans lequel il est longuement ques-
tion de M. Gounod : Musical Reform (Londres,
l'auteur, 1875, in-8° de 102 pp.).
Avant ses démêlés avec l'auteur de Faust,
jyjme Weldon avait mis au jour l'opuscule sui-
vant : the Quarrel of the Royal Albert Hall
Company loith M. Ch. Gounod (Windsor,
Oxley, 1873, in-8° de 54 pp.), et ce petit travail
avait été lui-même précédé d'une sorte de court
exposé de sa méthode d'enseignement : Hints
for pronunciation in singing with proposais
for a setf-supporting Academy (Londres,
Goddard, 1872, in-8° de 19 pp.).';
lyjme wcIdon, qui est douée d'une jolie voix
de soprano et qui chante avec goûl, était l'in-
terprète préférée de M. Gounod pendant le sé-
jour du maître à Londres ; c'est même elle
qu'il chargea de chanter ici sa cantate Gallia,
lors de la première exécution à Paris de cette
composition, par la Société des concerts du Con-
servatoire. On a répandu récemment (1878) le
bruit que cette artiste, dont les allures parais.<^ent
vraiment un peu excentriques dans la vie privée,
était devenue folle, et les journaux anglais ont
annoncé qu'elle avait dû être enfermée dans une
maison de santé. Je ne sais si ce fait est exact,
mais il me semble qu'il n'a pas été démenti.
* WELLER (Frédéric), hautboïste et an-
cien chef de musique* militaire, est mort à
Zerbst le 30 mai 1870. Il était né à Wœrlitz en
1786.
WELTIG (Charles), compositeur et chef
d'orchestre allemand, naquit à Goslar en 1826.
Il suivit les cours du Conservatoire de Leipzig, où
il fut l'élève de Moritz ilauptmaun et de Meudels-
sohn. En 1855 il devint chef d'orchestre du
théâtre de Brùnn, et il monrut en cette ville
en 1859. Weltig a composé des pièces de piano
(entre autres neuf impromptus à 4 mains, char-
mants de bon goiTit, publiés à Vienne chez
Schreiber), et de beaux lieder.
J. B.
VVERIVnARD (Otto), est le p.seudonyme
sous lequel le duc Ernest de Saxe-Cobourg-
Gotlia a fait représenter à Vienne, le 19 octobre
1871, un opéra dont il avait écrit la mu.sique :
le Cordonnier de Strasbourg.
WEUSCHIVEIDEIl ( ), compositeur,
a écrit la musique d'une opérette- vaudeville en
5 actes et 6 tableaux, le Tour du cadran, qui a
^té représentée à Lyon, sur le petit théâtre des
Folies-Lyonnaises, au mois de juin 1879.
* WÉR.Y (Nicolas-Lambert), violoniste. —
Cet artiste fort remarquable est mort à Bande,
dans le Luxembourg, le 6 octobre 1867. Il était
né à Huy le 9 mai 1789. L'enseignement de
Wéry était justement réputé, et durant sa longue
carrière de professeur au Conservatoire de Bru-
xelles il forma un grand nombre d'excellents
élèves, parmi lesquelsoncitesurtoutMM. Préaile,
Masset, B. de Loos, Wynen, Clovis Verbeck,
Smit, Couseran, Dubois, Putzeys, Vranckx, Sin-
gelée, Colyns, etc., etc.
* "WESLEY (Samuel), célèbre organiste an-
glais. — Une publication récemment faite en
Angleterre est venue rappeler l'attention sur la
mémoire de cet artiste remarquable. Sous ce
titre : Lettres relatives aux œuvres de Jean-
Sébastien Bach (Lettersreferring to theworks
of John Sébastian Bach), sa fille, M^^° Eliza
Wesley, a livré au public un recueil de lettres,
restées jusqu'ici inconnues, que Samuel Wesley
avait adressées naguère à l'un de ses amis et
confrères, l'organiste Jacobs. Cette correspon-
dance, qui commence au 17 septembre 1808, a
surfout trait aux efforts intelligents que faisait
alors Wesley pour amener le public anglais à
comprendre et admirer les œuvres immortelles
du vieux Sébastien Bach, qui jusqu'alors lui
étaient complètement inconnues. On sait que
Burney lui-même s'était refusé à rendre justice
au génie du vieuxmaître, et cela, il faut bien le
constater, parce qu'il n'avait pas pris la peine
de l'étudier. C'est grâce à l'intelligence, à la per-
sévérance de Wesley, que ses compatriotes en
arrivèrent enfin à discerner et à apprécier l'im-
mense valeur des œuvres de Bach ; mais ce n'est
pas sans lutte et sans opposition que Wesley
atteignit son but, et ce n'est qu'au bout de
longues années d'un combat opiniâtre contre la
routine et les préjugés qu'il put se flatter d'avoir
668
WESLEY — WETTERHAHN
remporté la victoire. Les lettres de Samuel
Wesley ne sont d'ailleurs pas intéressantes à ce
seul point (le vue, et en ce sens qu'elles donnent
une haute idée de son caractère, de son intelli-
gence et de son sens artistique; elles sont très-
curieuses aussi parce qu'elles font connaître un
côté tout particulier de la société anglaise au
commencement du dix-neuvième siècle, et
qu'elles donnent une idée exacte, précise et ori-
ginale des coutumes et des traditions musicales
de l'époque. Sous ce rapport, on peut dire que
peu de lectures sont aussi instructives, aussi
utiles et aussi pleines d'intérêt.
WESLEY (Samuei-Sébastien), organiste et
compositeur de musique religieuse, neveu du
précédent et fils du fameux Charles Wesley, si
réputé lui-même sous ce rapport ( Voy. ce nom au
t. VIII de la Biographie universelle des Mu-
siciens), était né dans les dernières années dii
dix-huitième siècle. Il sut acquérir en Angle-
terre, sa patrie, une renommée presque égale à
celle de son pèi'e, et obtint le titre très-recherché
de docteur en musique. Cet artiste fort distingué
est mort à Gloucester, le 19 avril 1876, dans un
âge très-avancé.
"WESTBIIOOK (W -J ), professeur
et théoricien anglais, docteur en musique, est
l'auteur d'un petit manuel publié sous ce titre :
Musique élémentaire {Elementary Blusic), à
l'usage des commençants, avec questions (Lon-
dres, W. Reeves). M. "Weslbrook est examina-
teur en musique au Collège royal des précep-
teurs et professeur au Trinity Collège, de Lon-
dres.
WESTHOFF (Jean-Paul VON), habile
violoniste allemand, naquit en 1656 à Dresde,
où son père était musicien de la chambre de l'é-
lecteur de Saxe. Ancien capitaine au service de
la Suède, Frédéric de Westhoff père, qui avait
servi sous Gustave- Adolphe, s'était vu, au re-
tour d'une campagne, dépouillé par des brigands
de tout ce qu'il possédait; il s'était alors réfugié
à Dresde, où il avait mis à profit un talent de
violoniste amateur acquis dans ses plus jeunes
années. Son fils, qui sans doute avait été son élève
et à qui il avait donné une bonne éducation lit-
téraire, car il parlait couramment le français,
l'italien et l'espagnol, était, dès l'âge de 15 ans
(1671), entré à la cour de Saxe comme professeur
de langues. En 1674, le jeune Westhoff se rendit
à Lubeck, ville natale de son père, revint peu
de temps après à Dresde, puis, à la suite d'un
voyage en Suède, fit comme enseigne, sous les
ordres du général impérial de Schuitz, une cam-
pagne en Hongrie contre les Turcs. De retour à
Dresde après cette guerre et devenu musicien
de l'électeur, il fit, en 1682, un voyage en Italie
et en France, se fit entendre avec un grand
succès devant Louis XIV, s'en alla ensuite à
Vienne, où l'empereur d'Autriche ne l'accueillit
pas avec moins de faveur, et ne reparut de nou-
veau à Dresde qu'après avoir visité l'Angleterre,
les Pays-Bas et les Flandres. Plus tard, il alla
s'établir à Wittembourg copime maître de lan-
gues, et c'est en cette ville qu'il mourut, en 1705.
On a gravé de cet artiste un recueil de VI So-
nate a violino solo e basso coniinuo (Dresde,
1694).
WESTMEYER (Guillaume), compositeur
allemand distingué, est né en 1827. Ayant montré
dès son jeune âge de grandes dispositions pour
la musique, il fut envoyé au Conservatoire de
Leipzig, où il fit de sérieuses études. Son
maître de contre-point fut le fameux théoricien
Lobe. Depuis longtemps M. Westmeyer habite
Vienne, où il fut d'abord chef de musique mili-
taire. Dans ces dernières années, il s'est beau-
coup occupé de la réforme de la musique d'é-
glise, et il avait même formé, avec son ami
Ambros {Voy. ce nom), mort depuis, le projet
de faire connaître à Vienne toutes les grandes
œuvres de l'ancienne musique religieuse, notam-
ment celles de Palestrina, d'Ockeghem, d'Or-
lando de Lassus, etc.
Les compositions publiées de M. "Westmeyer
consistent en symphonies, en lieder remarqua-
bles, en chœurs pour voix d'hommes. On con-
naît aussi de lui, outre un octuor pour instru-
ments à vent, deux opéras, dont l'un intitulé
Amanda, et l'autre la Forêt d'Hermannstadt.
Ce dernier, qui est conçu dans le style de \'Eu-
njaiilhe, de Weber, a été représenté sur plu-
sieurs théâtres d'Allemagne avec beaucoup de
succès. M. Westmeyer a écrit encore une Ou-
verture d'' empereur, construite sur les motifs de
l'Hymne autrichien d'Haydn, qui est une bril-
lante et superbe composition, dédiée à l'empe-
reur d'Autriche.
J. B.
WETRENS (A -J ), violoniste néer-
landais, directeur des concerts de la Société pour
l'encouragement de l'art musical à Leyde, est né
dans cette ville en 1822. Il a eu comme profes-
seur le célèbre violoniste Ferdinand David à
Leipzig, et à son retour dans les Pays-Bas il se
fixa dans sa ville natale* où il est fort estimé et
considéré comme homme et comme musicien.
ÉD. DE H.
YVETTEllHAHIV ( ), compositeur
allemand, a écrit la musique d'un opéra intitulé
Esméralda, qui a été représenté à Chenmitz le
24 novembre 1866.
WHITTINGHAM — WIECR
669
WHITTEXGHAM (Alfred), pianiste et
professeur anglais contemporain, est l'auteur de
la publication suivante : les Gammes majeures
et mineures (the Major and minor Seules) en
octaves, sixtes et tierces ou dixièmes, avec des
remarques préliminaires sur les principes du
doigté, Londres, W. Reeves.
IVIARD (Jules). — Voyez WARD (Ju-
les).
WICHTL (Georges), violoniste et compo-
siteur allemand, né à Trostberg le 2 février 1805,
est mort à Bunzlau le 3 juin 1877. Cet artiste,
qui a rempli pendant de longues années les
fonctions de maître de chapelle, a publié environ
quatre-vingts œuvres de musique, consistant en
morceaux religieux, quatuors pour instruments
à cordes, duos pour deux violons, fantaisies fa-
ciles pour violon avec accompagnement de piano
et études pour le même instrument.
WICREDE (Frédéric VON), compositeur
allemand contemporain, s'est fait connaître par
l'exécution et la publication d'un assez grand
nombre d'œuvres de divers genres, parmi les-
quelles on remarque une grande ouverture de
concert : Per aspera ad astra, et beaucoup de
recueils de lieder à une ou plusieurs voix.
WIDOR (Charles-Marie), pianiste, orga-
niste et compositeur français fort distingué, est
né à Lyon le 22 février 1845, et a commencé
son éducation musicale en cette ville, après
quoi il s'est rendu, je crois, à Bruxelles, où il
est devenu l'élève de M. Lemmens pour l'orgue
et de Félis pour la composition. Après avoir
terminé ses études sous la direction de ces deux
excellents maîtres, il revint à Lyon, où il était
déjà, en 1860, titulaire de l'orgue de l'église
Saint-François. Grâce à un talent d'autant plus
remarquable qu'il était précoce, M. Widor se
créa bientôt une renommée qui franchit rapide-
ment les limites de la ville qu'il habitait; appelé
fréquemment à Paris, et même à l'étranger,
pour prendre part aux séances de réception des
orgues nouvelles, il sut faire apprécier ses rares
facultés, son savoir incontestable et son double
mérite comme organiste et compositeur. Vers
1869, M. Widor fut appelé à Paris pour y oc-
cuper une situation digne de lui, celle d'orga-
niste de l'église de Saint-Sulpice. Depuis lors, sa
réputation n'a fait que s'affermir, et les nom-
breuses compositions qu'il a livrées au public,
compositions qui se distinguent autant par l'élé-
gance de la forme que la solidité du fond, ont
donné toute la mesure de sa valeur.
Voici la liste des principales productions de
M. Widor : — la ISuit de Walpurgis, com-
position symplionique ; — Concerto en fa mineur
pour piano, avec accompagnement d'orchestre
(exécuté par M. Diemer au concert du Châtelet,
le 19 novembre 1876); — Marche nuptiale,
pour orchestre ; — Concerto de violoncelle avec
accompagnement d'orchestre; — Quintette en
ré mineur, pour piano et instruments à cordes,
op. 7; — Sérénade pour piano, flûte, violon,
violoncelle et harmonium, op. 10; — Trio en si
bémol pour piano, violon et violoncelle, op. 19;
— 3 Pièces pour violoncelle et piano, op. 21 ; — ■
6 Symphonies pour orgue ; — 6 Morceaux de
salon, pour piano, op. 15; — Airs de ballet, id.,
op. 4; — 3 Valses, id., op. 11 ; — Valses carac-
téristiques, id., op. 26; — Pages intimes, id.
(Nocturne, Valse, Rêverie, Sicilienne, Ma-
zurka,Scherzettino) ; — Scènes de bal, id. (Fan-
fare, Entrée-prélude, Clair de lune. Chanson,
Malesck, le Bal), op. 20; — Prélude, andante et
finale, id., op. 17; — Andante-élégie, id.; —
Scherzo brillant, id., op. 5;— Sérénade, id.,
op. 6; — l'Orientale, Scherzo, id., op. 8 ; — Im-
promptu, id., op. 12 ; — 12 Feuillets d'album, id.,
en 2 livres, op. 31 ; — la Barque, fantaisie ita-
lienne, id.; — Scherzo, id.; — le Corricolo,
id.; — le Psaume 112, pour choeurs, deux or-
gues et deux orchestres; — 3 Chœurs à 4 voix,
sans accompagnement, op. 25 ; — 2 Duos pour
soprano et contralto, avec piano, op. 30; —
6 Mélodies, avec piano, op. 22; 6 Mélodies,
avec piano, op. 14; — 3 Mélodies pour bary-
ton, avec piano, op. 28.
M. Widor, qui a écrit la musique d'un ballet
dont la représentation doit avoir lieu prochai-
nement à l'Opéra, s'occupe aussi de critique
musicale. Il est, sous ce rapport, collaborateur
du journal l'Estafette, où il signe ses articles
du pseudonyme d'Aulétès.
WIECK (Frédéric), professeur de piano, a
vu son nom devenir célèbre non par lui-même,
mais par l'admirable talent de sa flile. M"* Clara
Wieck, et surtout par l'alliance que fit celle-ci
en épousant, le 12 septembre 1840, le composi-
teur Robert Schumann. Frédéric Wieck naquit
le 18 août 1785 à Pretsch, petite ville située près
de Wittemberg et où son père était commerçant.
Il lit de bonnes études au collège de Torgau,
qu'il quitta en 1803 pour aller étudier la théo-
logie à l'Université de W'iltemberg. Là, au con-
tact de plusieurs jeunes musiciens, il sentit se
réveiller en lui l'amour qu'il avait ressenti dans
son enfance pour la musique, et se mit à étudier
à la fois la harpe, le piano, le violon, le cor et
la contre-basse.
Après avoir rempli les fonctions de précepteur
dans diverses familles, Frédéric Wieck s'établit
à Leipzig, où il ouvrit un magasin de location de
670
WIECK — WIENIAWSKI
musique etde pianos, et où il commença adonner
des leçons de piano. Son enseignement était,
dit-on, très-rationnel, très-réfléchi, et il était né
professeur; il forma en effet de bons élèves, dont
le meilleur fut assurément sa fille. En 1840, il
quitta Leipzig pour aller se fixer à Dresde, dont
il ne s'éloigna plus par la suite. C'estàLoschwitz,
près de cette ville, qu'il est mort le 6 octobre
1873. L'existence artistique de Frédéric Wieck
se concentre dans son enseignement, dans les
soins qu'il prit de sa fille Clara et dans les di-
vers voyages qu'il entreprit avec elle pour la
produire et la faire connaître. On ne doit pas ou-
blier cependant que sa seconde fille, M"° Marie
Wieck, est, ainsi que sa sœur, une pianiste fort
remarquable.
* WIELHORSKI (MiCHEL-JuRiEwicz-M\-
TuszKiN, comte), amateur distingué de musique,
descendant d'une antique famille polonaise éta-
blie en Wolhynie, naquit le 31 octobre 1787.
Doué de facultés exceptionnelles pour la musique,
il suivit son père en Livonie en 1804, après
avoir reçu de Kieseweter ses premières leçons
de violon, fit ses études à Riga, et prit aussi des
leçons de piano. En 1808, après le traité de
Tilsitt, il était à Paris, et fut admis chez la reine
Hortense, qu'il accompagnait quelquefois au
piano. Un peu plus tard il alla à Vienne, où il
se lia avec Beethoven ; puis, de retour en Russie,
il fut recherché dans tous les salons de Saint-
Pétersbourg, où il était l'âme des meilleurs
concerts d'amateurs, il écrivit quelques pièces
pour les spectacles de la cour, composa des airs
nouveaux et dirigea les concerts spirituels avec
son oncle, le comte Mathieu Wielhorski. Il tra-
vaillait alors l'harmonie avec Muller. Bientôt,
retiré dans sa terre du gouvernement deKursk,
il écrivit plusieurs œuvres importantes, entre au-
tres un quatuor pour instruments à cordes, et
des variations pour violoncelle destinées à son
oncle, le comte Mathieu, qui était élève de
Bernard Romberg. Le comte Michel avait à son
service un excellent orchestre, dirigé par Os-
trowski, qui lui donnait le plaisir et la facilité
d'entendre ses compositions; c'est pour lui
qu'il écrivit une grande symphonie, bientôt sui-
vie de plusieurs chœurs avec accompagnement.
Il s'occupa ensuite d'un grand opéra ; Cyganie
{les Bohémiens), dont il composa la plus grande
partie, mais qui re.sta cependant inachevé, son
auteur ayant été frappé par la mort avant d'y
avoir mis la dernière main. Le comte Michel
Wielhorski a beaucoup écrit, entre autres un
assez grand nombre de romances, dont l'une,
traduite sous ce titre : Tes blonds cheveux, par
M. Bellanger, fut publiée en 1857 parla Fxevue
et Gazette musicale de Paris. Il possédait une
riche bibliothèque musicale, remarquable sur-
tout par un grand nombre d'ouvrages d'auteurs
anciens et par une très-belle collection de par-
titions des grands maîtres des écoles modernes.
Le comte Wielhorski est mort à Moscou le
9 septembre 1856.
WIELHOllSlll (Joseph, comte), frère du
précédent, comme lui grand amateur de musique,
possédait un véritable talent d'exécutant sur le
piano et sur le violoncelle, et s'est adonné à la
composition. Voici, d'après le Handbuch der
Musikalïscher Literatur, la liste de ses princi-
pales œuvres publiées pour le piano : 1° Trois
Nocturnes ,', op. 2 ( Berlin , Bote et Bock ) ;
2° Quatre Danses de bal, op. 3 (id., i<l.) ; 3° Huit
Mazureks, op, 4 (id., id.); 4*^ Deux Impromptus,
op. 5 (Leipzig, Breitkopf et Hœrtel) ; 5° Valse
mélancolique, op. 6 (Berlin, Schlesinger) ;
6" Deux Etudes, op. 7 (Leipzig, Breitkopf et
Ha3rtel) ; 1° Caprice en forme de valse, op. 8 (id.,
id.); 8° Chant sans paroles, morceau fantasti-
que, op. 9 (Berlin, Schlesinger); 9" Fantaisie,
op. 10 (Leipzig, Kistner) ; 10° Deux Nocturnes,
op. 11 (Leipzig, Breitkopf et Hfertel); 11° Bal-
lade, op. 12(id., id.); 12° Grande Fantaisie sur
le Pirate, op. 13 (id., id.) ; 13" Troisième Im-
promptu, op. 14 (id., id.); 14» Pensées fugiti-
ves, op. 15 (Leipzig, Hofmeister) ; 15° Romance
variée, op, 16 (Leipzig, Kistner) ; 16» Trois
Études, op. 17 (Leipzig, Hofmeister); 17° Grande
Marche, op, 18 (Berlin, Bote et Bock); 18» Sou-
venirs de voyage, trois morceaux détachés
(valse, élégie, et mazurek), op. 19; 19» Deuxième
grande Marche, op. 20 (Leipzig, Hofmeister);
20" Troisième grande Marche, op. 22 (Varsovie,
Friedlln); 21° Romance et Chansonnette, deux
mélodies, op. 23 (id., id.) ; 22° la Ronde de nuit,
esquisse musicale, op. 24 (id., id.).
* WIEIMAWSKI (He>ri), violoniste et
compositeur pour son instrument, n'a cessé de
se produire en public et de recueillir les succès
dus à son talent très-distingué. Il a été, à la fia
de 1874, attaché au Conservatoire de Bruxelles
comme professeur d'une classe de violon, mais
en 1877 il a renoncé à cette situation. Parmi les
compositions de cet artiste, je citerai un con-
certo pour violon avec accompagnement d'or-
chestre, plusieurs polonaises avec piano ou
orchestre, légende, airs russes, fantaisie sur le
Prophète, etc. On a publié sur M. Wieniawski
la notice suivante : Henri Wieniawski, e?,qwh-
se, par A. Desfossez, la Haye, 1856, in-8° (1).
(I) Au moment où je corrlpe les épreuves de cette no-
tice, j'apprenils qu'Henri Wieniawski vient de mourir à
Moscou, le 1er avril 188Û.
WIENIAWSRI — WILHELMY
671
* WIENIAWSKI (Joseph), frère du pré-
cédent, pianiste et compositeur pour son instru-
ment, continue aussi de se faire entendre avec
succès dans les concerts. Parmi les composi-
tions de cet artiste, on remarque les suivantes :
2 Idylles, op. 1 ; Valse de concert, op. 3 ; Ta-
rentelle, op. 4; Grand duo polonais, pour piano
et violon (avec son frère), op. 5; Fantaisie et
variations de cohcert, op. 6 ; Valse de salon,
op. 7; Pensée fugitive, op. 8; 2 Morceaux de
concert (1. Barcarolle-Caprice; 2. Romance-
Étude), op. 9 et 10; 4 Mazurkas, op. 23.
* WIEPRECHT (Guillaumk-Frédéric),
directeur des musiques militaires de Prusse, est
mort à Berlin le 4 août 1872. II était né à As-
chersleben le 9 août 1800.
"IVIETOGHOFF (Le baron), amateur de
musique et dilettante russe passionné, a écrit
la musique d'un drame lyrique intitulé Mazeppa,
qui a été représenté à Saint-Pétersbourg en
1859.
WIETOR (Jérôme), imprimeur à Cracovie,
fut l'un des premiers et des plus remarquables
imprimeurs de musique de Pologne, où il vivait
au seizième siècle. On lui doit une belle édition
du Psautier (1532-1535), et ce fut aussi lui qui
publia le Psautier de Valcntin Wrobel, ainsi
que beaucoup d'autres ouvrages importants. Da-
niel Janoçki appelle Wietor : Typographus Cra-
coviensis, de studiis Polonorum litterariis
bene meritus.
WILDER, (Jérôme-Albert- Victor Y ATS),
écrivain musical, est né auprès de Gand (Belgi-
que) le 21 aoùl 1835. Élève de l'Université de
Gand, où il obtint les grades de docteur en phi-
losophie et de docteur en droit, il suivait aussi
les cours du Conservatoire de celte ville. Après
avoir fait ses débuts littéraires dans le Journal
de Gand, M. Wilder vint à Paris, vers 1860,
et donna quelques arlicles à la Presse théâ-
trale. Bientôt il se mit à faire, avec un goût réel
et un talent véritable, d'innombrables traduc-
tions pour les éditeurs de musique parisiens;
son bagage en ce genre est formidable, et il n'é-
value pas à moins de 5 ou 600 les morceaux sé-
parés traduits ainsi par lui de l'allemand ou de
l'italien. Pour ne citer que ceux de ses travaux
en ce genre qui ont été publiés en collections,
j'indiquerai : 40 mélodies de Franz Abt (Flax-
land) ; 29 Mélodies dédiées à la jeunesse, de
Schumann (id.) ; les Ulyrtes, de Schumann (id.);
18 Duos de Rubinstein (Gérard)-, Mélodies per-
sanes, de Rubinslein (id.) ; lieder de Mendels-
sohn (Enoch) ; Duos de Mendeissohn (id.) ; Échos
d'Allemagne, 3^ volume (Flaxiand); le Para-
dis et la Péri, Manfred, Mignon, la Vie d'une
rose, l'Anathème du chanteur, la Chanson de
l'Advent, de Schumann (id.); Astorga, opéra
d'Abert (id.); Mélodies de Weber (Heugel); Ju-
das Machabée, le Messie, la Fête d'Alexan-
dre, de Hœndel (id.); la Tour de Babel, de Ru-
binstein (Gérard) ; .Mélodies de Chopin (Hamelle).
M. Wilder a aussi « adapté » à la scène fran-
çaise un certain nombre d'ouvrages étrangers
qui ont été représentés à Paris ; en voici la liste:
l'Oie du Caire, de Mozart; la Croisade des
Dames, de Schubert; le Barbier de Séville,
de Paisiello; une Folie à Rome, de F. Riccij la
Fête de Piedigrotta, des frères Ricci ; Sylvana,
de Weber; la Beine Indigo, la Tzigane, de
M. J. Strauss; Fatinitza, de M. Suppé.
Comme critique musical, M. Wilder a colla-
boré successivement à l'Événement, à l'Opi-
nion nationale et au Parlement, dont il occupe
aujourd'hui le feuilleton ; il est attaché depuis
plusieurs années au Ménestrel, où il a publié
plusieurs travaux importants, écrits avec goût
et vraiment intéressants, entre autres une Vie
de Beethoven et une Vie de Mozart ; cette der-
nière a paru récemment en volume (Paris, Heu-
gel, 1880, in- 8° avec portraits et autographes).
M. Wilder a découvert à la bibliothèque de l'O-
péra la musique d'un mignon ballet de Mozart,
les Petits Biens, dont on ignorait jusqu'alors la
représentation à ce théâtre, et dont l'éditeur
M. Heugel a publié une réduction de piano.
WILIIELaiY (Auguste-Emile-Daniel-Fré-
déric-Victor), célèbre violoniste, est né le 21
septembre 1845, à Usingea (ancien duché de
Nassau) où son père, docteur en droit, exerçait
la profession d'agréé ; il dut tenir sa vocation
musicale de sa mère, née Charlotte Peiry, chan-
teuse et pianiste distinguée formée à l'école de
Bordogni et de Chopin. Il avait quatre ans lors-
que sa famille alla s'établir à Wiesbaden, et ce
déplacement fortuit aida singulièrement au dé-
veloppement des facultés musicales de l'enfant;
il reçut dans celte ville ses premières leçons de
violon de Fischer, qui devint plus tard directeur
des concerts du duc de Nassau. Henriette Sontag,
étant venue vers cette époque à Wiesbaden et
ayant entendu jouer Wilhelmy, embrassa le ga-
min, en ajoutant : « Tu seras le Paganini de l'Al-
lemagne. » L'enfant avait à peu près sept ans, et
il se/aisait déjà remarquer, non-seulement par
un son admirable et moelleux sur le violon, mais
aussi par une sensibilité d'oreille extraordinaire.
11 joua pour la première fois en public le 8 jan-
vier 1854, dans un concert de charité donné à
Limbourg-sur-la-Lahn, puis il attendit encore
deux ans avant da renouveler cet essai, cette
fois à Wiesbaden et toujours dans un concert
672
WILHELMY
de charité. Cependant son père le voyait à re-
gret entrer dans la carrière musicale, il n'avait
pas perdu tout espoir de le ramener au barreau,
et il ne voulut céder aux instances de son
fils que si un des plus grands iimsiciens du
jour le déclarait capable de réussir dans la mu-
sique après sérieux examen. Au printemps de
1861, Wilhelmy, muni d'une lettre d'introduction
du prince Wittgenstein, alla trouver Liszt a
Weimar et lui joua d'abord le 8' concerto de
Spohr, puis des airs hongrois de Ernst. Le ré-
sultat de cette audition fut que Liszt, émer-
veillé, conduisit lui-même le jeune homme à
Leipzig pour le confier aux bons soins de Ferdi-
nand David, en le lui présentant comme le Pa-
ganini de l'avenir : d'autres le diront encore,
après la Sontag et Liszt.
Wilhelmy resta au Conservatoire de Leipzig
de 1861 à 1864; il étudia la théorie avec Haupt-
mann et Richter, — plus tard, à Wiesbaden, il
travailla avecJoacbim Raff, — et il dut son jeu
si parfait dans la musique classique aux excel-
lentes leçons de David ; il s'était si bien lié d'af-
fection avec son maître qu'il avait fini par de-
meurer chez lui, et c'est ainsi qu'il connut la
nièce de son hôte, la baronne Liphardt, qu'il
épousa le 29 mai 1866. Il fut arrêté peu après par
une grave maladie, mais il ne fut pas plutôt guéri
qu'il se remit à travailler et qu'il commença ses
tournées annuelles, ne revenant plus que l'été
se reposer à Wiesbaden. En 1865 et 1866, il visita
la Suisse, la Hollande, l'Angleterre, où il fut pa-
tronné par Jenny Lind, et il arriva à Paris en
janvier 1867. Il s'y présenta sous les auspices
du grand violoniste Joachim, qui venait d'obtenir,
aux Concerts populaires, un succès foudroyant
quatre fois répété ; lui-même avait désigné à
M. Pasdeloup ce jeune virtuose qui commençait
son tour d'Europe. M. Wilhelmy se fit en-
tendre au concert du 20 janvier dans le con-
certo en ré de Paganini et obtint un succès
tellement vif qu'il rejoua le dimanche suivant
une Aria et une chaconne de Bach. Mais le
temps de son séjour à Paris était mesuré, et il
fit ses adieux au public dans un concert donné
par M. Pasdeloup à l'Athénée; il y exécuta
une rêverie de Vieuxtemps et une brillante fan-
taisie de Ernst sur des airs hongrois. Les années
suivantes, il alla en Italie, à Florence en particu-
lier, où il reçut le titre de protecteur de la Société
de quatuors, en Russie, où il se rencontra avec
Berlioz, invité, comme lui, par la grande- duchesse
Hélène; puis il revint en Suisse, en Belgique et
à Paris. Il reparaissait aux Concerts populaires,
d'abord le 14 mars 1869 en rejouant le concerto de
Paganini, puis au concert du vendredi-saint avec
une fantaisie d'Ernstsur Otello et un air de Bach.
La largeur de style avec laquelle il exécuta ce se-
cond morceau produisit une impression beau-
coup plus vive que l'étonnante virtuosité dé-
ployée dans la fantaisie de Ernst. En 1869-71,
il fit une grande tournée avec le baryton Santley
dans les principales villes du Royaume-Uni; puis
il parcourut le Danemark, la Suède et la Nor-
vvége : c'est alors qu'il fut nommé membre de
l'Académie de Stockholm et que le roi de Suède
lui conféra l'ordre de Gustave Wasa, plus la
grande médaille pour les arts et les sciences.
Après quoi, ce virtuose voyageur, qui s'était fait
applaudir partout hormis dans sa patrie, orga-
nisa enfin une série de concerts dans les pays
allemands et se fit entendre pour la première
fois à Vienne et à Berlin : c'était durant l'hiver
1872-73.
La brillante réputation si rapidement acquise
par Wilhelmy est justifiée par l'extrême sûreté de
son jeu, par la beauté et la plénitude du son qu'il
tire de l'instrument ; il appartient à la même école
que Joachim et joue avec la même pureté, la même
justesse irréprochable. Il est d'attitude encore
plus calme, plus impassible que celui-ci ; sa
physionomie, plutôt anglaise qu'allemande, ne
laisse apercevoir aucun symptôme d'émotion, de
crainte ou de plaisir. On pourrait lui reprocher,
comme il arrive souvent aux artistes passés
maîtres en virtuosité, de choisir trop souvent
des morceaux où ils peuvent étourdir l'auditoire
par leur merveilleuse adresse à vaincre toutes les
difficultés ; mais le style large et pur qu'il montre
en exécutant les pièces de Bach et les dernières
compositions de Beethoven, où il est admirable,
peut racheter cette disposition commune à tous
les virtuoses de faire trop étalage de leur prodi-
gieuse sûreté de main. Il f;iut ajouter que Wil-
helmy est un partisan passionné des idées wa-
gnériennes et qu'il se dévoue à leur propagation ;
c'est ainsi qu'il occupa la place de chef des pre-
miers violons aux fêtes musicales de Bayreuth en
août 1876 et aux Concerts- Wagner organisés l'an-
née suivante à Londres. Wilhelmy a écrit plusieurs
morceaux de grand effet pour son instrument,
auxquels il faut préférer une jolie romance avec
piano (op. 10); il a composé aussi quelques mé-
lodies, de la musique religieuse et une grande
cantate de mariage pour soli, chœurs et orches-
tre; mais il a surtout transcrit pour violon cer-
tains morceaux très-connus de Bach, de Mozart,
de Chopin. Il a même une prédilection marquée
pour ce dernier, et ila arrangé pourson instrument
plusieurs nocturnes pris dans les œuvres 9, 27,
32 et 37, la première polonaise de l'op. 26, le
larghetto du concerto en fa mineur, la romance
WILHELMY — WILMS
G73
de celui en mi mineur, etc., toutes para-
plirases avec piano obligé qu'il interprète d'une
façon exceptionnelle.
Ad. J — N.
* "WILHEM ( Guillaume - Louis BOC-
QUILLOIN, dit). —A la liste des écrits publiés
sur cet artiste, il faut ajouter les suivants : 1°
Funérailles de M. B. Wilhem, par Charles
Malo (Paris, imjjr. Sclineider et Langrand, 1842,
in-S"), extrait du Bulletin élémentaire d'avril
1842; T Willtem, par Trélat [s. l. n. d. [Pa-
ris, 1842], in- 8°), extrait de la Revue du Pro-
grès du le"" juin 1842.
\VILHE3I. — Voyez 9IULLER (Marcel-
LUS).
WILLAaiE (Antoine), violoniste, ' pro-
fesseur et compositeur belge, né à Mons le
18 octobre 1834, fut élève de l'École de
musique de cette ville, où il remporta un prix
d'excellence dans la classe de violon de M. Si-
ron. Il a fait ses études d'harmonie au Conserva-
toire de Bruxelles, sous la direction de Fétis, et
est aujourd'hui professeur de violon à l'École de
musique de sa ville natale. Cet artiste a écrit
la musique d'un opéra en 2 actes et 4 tableaux,
les Patriotes, qui a été représenté à Mons le IG
décembre 1863.
* \VILLEÎ\T (Jean-Baptiste-Joseph), plus
connu sous le nom de Willent-Bordogni, de
celui de sa femme, qu'il avait joint au sien, a
fait représenter au théâtre de la Monnaie, de Bru-
xelles, le 14 novembre 1845, un opéra-comique
en 3 actes, intitulé Van Dyck.
\VILLE]\T-BORDOG]M ( ), com-
positeur, fils du précédent, est né vers 1838. Cet
artiste a écrit la musique de Monsieur Fan-
chette, opérette en un acte représentée aux
Bouffes-Parisiens (29 mars 1867), de Rocam-
bole aux Enfers, opérette fantastique en 4
actes et 7 tableaux, jouée au théâtre des Menus-
Plaisirs (octobre 1872), et de Raffaello le chan-
teur, opéra-comique en un acte donné au Théâtre-
Lyrique le 28 mai 1877. Il a publié un recueil de
20 Vocalises, précédées de 6 exercices, avec
accompagnement de piano ou orgue.
WILLIS (M ), est l'un des bons fac-
teurs d'orgues contemporains de l'Angleterre.
L'un des meilleurs instruments sortis de ses
mains est l'orgue de Liverpool, qui contient cent
jeux et plus de 6,000 tuyaux, et qui a été ter-
miné en 1855.
* WILLMERS (Henri-Rodolphe), pianiste
et compositeur. — Aux œuvres mentionnées
au nom de cet artiste, il faut ajouter les sui-
vantes : Marche des Puritains, op. 10; Noc-
turne mélodique, op. 12; Jour d'été en ISor-
BIOGR. UNIV. des MUSICIENS. — SUPPL. —
wégc, op. 27 ; Pompa di (esta, op. 28; 5 Mé-
lodies du Nord, op. 29; Sonate héroïque, op.
33 ; Pensée fugitive, op. 53 ; le Rêve, nocturne
brillant, op. 55; Chants du Printemps, op. 61;
Chants d'amour, op. 07; Fantaisie sur le Pro-
phète, op. 68; le Berceau, les Adieux, les Re
grets, 3 fantaisies, op. 73 ; Rêves de Jeunesse,
3 fantaisies, op. 80; Scènes champêtres, 3 mor-
ceaux, op. 84; Impressions du Rhin, 3 mor-
ceaux caractéristiques, op. 86 ; Fantaisie pathé-
tique, op. 130; la Fauvette, caprice; le Rossi-
gnol, caprice brillant, etc., etc.
Willmers, qui était un artiste distingué, de-
vint subitement et complètement fou en 1878.
On dut le conduire à l'hôpital de Vienne, où il
mourut au bout de peu de jours, le 24 août
1878.
* WILMS (Jean-Guillaume), naquit à Witz-
helden (duché de Berg), non en 1771, mais le
30 mars 1772. Il reçut de son père, instituteur
primaire et organiste, ses premières leçons de
musique et de piano, et se perfectionna ensuite
avec son frère aîné. Son talent s'étant formé, il
se rendit en Hollande, et au mois d'août 1791
se fixait à Amsterdam pour s'y livrer à l'ensei-
gnement. Il fit dans cette ville un cours de com-
position sous la direction de Hoderman, et bien-
tôt acquit une grande réputation comme virtuose,
comme compositeur et comme chef d'orchestre.
En 1808, il devint membre de l'Institut royal
des sciences, lettres et beaux-arts, en 1820 il
obtint le premier prix au concours ouvert par la
Société des Beaux- Arts pour la composition d'une
symphonie, en 1824 il fut nommé organiste de
la communauté des Anabaptistes, et enfin, lors
de la fondation de la grande société de Toon-
kunst (musique), il en fut membre de mérite
pour la section d'Amsterdam. Mais ce qui mit
le comble à la renommée de Wilnis, ce fut le
succès qu'il remporta lors du concours ouvert
en 1825 par le lieutenant-amiral chevalier de
Kingsbergen pour la composition d'un chant na-
tional hollandais. Wilms fut couronné en cette
circonstance pour son fameux Volksliederen,
écrit sur les paroles du célèbre poète Tollens, et
depuis lors ce chant est devenu en effet l'hymne
national de la Néerlande. J'ai eu plus d'une fois,
à Amsterdam et à la Haye, l'occasion d'entendre
ce chant, qui manque un peu de feu et d'élan,
mais dont l'allure est mâle et un peu pompeuse,
et dont le caractère n'est pas sans quelque ana-
logie avec celui du God save the Queen. Wilms,
qui a public une cinquantaine d'u'uvres de diffé-
rents genres, et qui en a laissé un bien plus
grand nombre en manuscrit, est mort d'épuise-
ment, à Amsterdam, le 19 juillet 1847.
T. II. 43
674
WILSON — WINRWORTH
AVILSON (Miss), cantatrice anglaise, née
dans les picmières années de ce siècle, fut élève
du fameux chanteur et compositeur Thomas
Welsh, et débuta en 1821, au théâtre de Drury-
Lane, avec un succès tel que plus tard ni la Son-
tag, ni M^° Jenny Lind, malgré la faveur avec
laquelle elles furent accueillies en Angleterre,
n'en remportèrent de semblables. Elle chantait,
à sa seconde soirée, dans un opéra d'Arne, Ar-
taxerce, et l'effet qu'elle avait produit à sa pre-
mière apparition était si grand que le journal le
MorningPost s'exprimait ainsi à ce sujet: —
« Miss Wilson, cette splendide lumière du monde
musical, avait attiré une foule qui non-seulement
remplissait la salle, mais encore encombrait de
très-bonne heure jusqu'aux abords du Ihéâtre.
Les expressions bruyantes d'une admiration qui
allait jusqu'à l'enthousiasme se produisaient
après chaque morceau, et donnaient la preuve
du charme sans égal qu'elle exerçait sur l'âme
des auditeurs. Énumérer les airs qu'on lui fit
répéter serait vouloir dresser le catalogue de
tous les morceaux à l'exécution desquels elle pre-
nait part. Après lui avoir fait hisser le grand
air : The soldier iir'd, le parterre se leva au
milieu d'un tumulte formidable, et tous les spec-
tateurs criaient, agitaient leurs chapeaux, tandis
que d'immenses acclamations partaient de tous
les points de la salle. » Ce ne fut que devant la
fatigue visible et incontestable de la jeune ar-
tiste, que les auditeurs consentirent à ne pas lui
faire répéter d'autres morceaux.
M. John Ella a raconté qu'il avait naguère
entendu dire à miss Wilson elle-même que, dans
cette année de ses débuts, son succès fut tel qu'elle
gagna plus de 10,000 livres sterling, c'est-à-dire
au delà de 250,000 francs, et M. Ella ajoute
qu'il ne connaît « aucun exemple d'une sem-
blable somme gagnée par une débutante dans sa
première année d'exercice. » Il est vrai que la
fatigue qui en résulta pour la jeune artiste fut
fatale à son avenir. Obligée de faire un assez
long voyage en Italie pour rétablir sa santé com-
|)romise, elle épousa ensuite son professeur,
Thomas Welsh, et se vit forcée de renoncer à
une carrière qu'elle avait commencée d'une façon
si brillante. M""' Welsh, qui avajt conservé sa
beauté jusqu'à ses derniers jours, mourut, veuve,
à la fin de 1867.
De son mariage était née une fille, musicienne
et linguiste accomplie, dit-on, qui devint plus
lard la femme de M. Piatti, l'excellent violon-
celliste.
WILSOIV (Henry), organiste et compositeur
de musique religieuse, naquit à Greenfield le 2
décembre 1828, et fit son éducation musicale à
Leipzig. II est mort à Hartford (États-Unis) le 2
janvier 1878. Henry Wilson était considéré en
Amérique comme un artiste fort distingué.
WILT (Marie), fameuse cantatrice drama-
tique allemande et l'une des plus grandes chan-
teuses de ce temps, est née à Vienne vers 1838.
Dès son enfance, elle montra de grandes dis-
positions pour la musique, et elle acquit un vé-
ritable talent d'exécution sur le piano. Plus tard,
elle voulut se livrer à l'étude du chant, mais on
l'en détourna en lui disant qu'elle n'avait pas
de voix; ce n'est qu'avec regret qu'elle renonça
à l'espoir qu'elle avait conçu sous ce rapport,
et c'est alors qu'elle épousa un ingénieur,
M. Wilt.
Pourtant, le célèbre chef d'orchestre Herbeck
(Voij. ce nom) ayant cru découvrir chez
]Yjme wiwi igg qualités vocales qu'on lui avait
refusées précédemment, la décida à prendre
part à une grande exécution de la Création, de
Haydn, et elle y obtint le plus grand succès.
Cette circonstance la détermina à embrasser
définitivement la carrière du chant; elle se
mit à l'étude sous la direction des professeurs
Gsensbacher et Wolf, et bientôt se fit entendre
dans plusieurs concerts, à Vienne, avec un
succès toujours croissant. En 1865, M™'' Wilt
débuta sur le théâtre de Gratz, dans le rôle de
donna Anna, de Don Juan; appelée aussitôt
à Berlin, elle y accepta les propositions qui lui
furent faites par l'administration du théâtre
Covent-Garden, de Londres, où elle remporta
de véritables triomphes. De retour à Vienne
en 1867, elle fut engagée à l'Opéra impérial,
dont elle devint l'étoile la plus brillante. Au
bout de dix ans, en 1877, des affaires de fa-
mille l'obligèrent à résilier le contrat qui la
liait à ce théâtre, et depuis lors elle s'est mon-
trée sur les théâtres de Leipzig, d'Odessa, etc.,
où ses succès n'ont pas été moins complets.
La voix de JH'"'' Wilt est un soprano d'une
étendue de deux octaves pleines, dont le timbre
est magnifique et dont la puissance est surpre-
nante. Cette voix admirable domine l'orchestre
et les chœurs dans les passages de la plus grande
force, ce qui n'empêche pas l'artiste de vocaliser
de la façon la plus légère et d'avoir un trille
d'une netteté irréprochable. Ses rôles préférés
sont ceux de Marguerite et de Valentine dans
les Huguenots, de la reine de la Nuit dans la
Flûte enchantée, d'Ophélie dans Hamlel, de
Rezia dans Oberon, de Léonore dans le Trou-
vère, d'Aida, de Lucie et de Norma. — J. B.
WINRWOUTH (Catherine), écrivain an-
glais contemporain, est l'auteur d'un ouvrage
publié récemment sous ce titre : the Christian
WINKWORTH — WITTE
G75
Singers of Germany {les Chanteurs chrétiens
de l' Allemagne).
WOTEll (Joseph), compositeur, a fait
représenter sur le tiiéâtre de la Canobbiana, de
Milan, en 1852, un opéra sérieux inlilulé Ma-
tilde di Scozla.
\VII\TEliBEIlGER( Alexandre), pianiste,
organiste et compositeur allemand contemporain,
s'est fait connaître par la publication d'un
nombre assez considérable de compositions de di-
vers genres, pour le piano ou pour le cbant, parmi
lesquelles je citerai les suivantes : Ave Maria
et Pater noster pour cliœur a cappella, op.
21; 6 Poésies slaves pour 2 voix de femmes,
avec accompagnement de piano, op. 66 ;
2 lieder pour soprano ou ténor, id., op. 39 ;
lieder pour une voix, id., op. 28; 5 Poésies
slaves pour 2 voix de femmes, id., op. 68;
Poésies allemandes et slaves pour 2 voix de
femmes, id., op. 59; Briiannia's Harfe,
4 lieder sur des paroles de Thomas Moore, Ro-
bert Burns et lord Byron, pour soprano ou ténor,
id., op. 33; recueils de lieder avec accompa-
gnement de piano, op. 22, 23, 26, 40 ; 6 Pièces
de caractère pour le piano; 24 morceaux ins-
tructifs et caractéristiques pour le piano, op.
72; Waldscenen, 4 l'antaisies pour le piano,
op. 50; Sonatine instructive pour le piano, op.
■^.6 ; Concert-adagio, fantaisie pour le piano,
op. 63, etc., etc.
M. Winterberger est né en 1822 à Weimar,
et s'est produit d'abord en public comme vir-
tuose sur le piano et comme organiste. Il a
obtenu de grands succès comme exécutant, par
le brillant, la fougue et l'éclat de son jeu, sur-
tout en interprétant la musique de Liszt, à
l'école duquel il appartient. Je crois que cet
artiste est depuis longtemps fixé à Vienne.
1VI]\THAGE3f (Jean-Guillaume), musi-
cien néerlandais, né à Rotterdam le 4 mars
1792, fut chef de musique dans divers régiments,
assista aux batailles de Leipzig, de Dresde et
de Hanau, puis, après avoir obtenu son congé,
devint chef de musique de la ville d'Ostende
(1826), et remplit ensuite le même emploi à Re-
naix (1829), où il fut, de 1846 à 1862, profes-
seur de musique à l'École moyenne de l'État.
C'est en cette ville qu'il est mort, le 1" juillet
1867. On doit à cet artiste plusieurs messes
avec orchestre, des chœurs, et un grand nombre
d'arrangements pour orchestre ou musique
d'harmonie. Winthagen, à qui l'on doit aussi
plusieurs productions littéraires estimées en
langue hollandaise, a écrit les paroles et la
musique d'une comédie intitulée de Broeder
liefde (Reuaix, 1836).
WIIVTZAVEILLER (EucÈxNe), composi-
teur français, né à Wœrth (Bas-Rhin) le 13 dé-
cembre 1844, fit ses éludes théoriques au Con-
servatoire de Paris, où il devint l'élève de
Bazin pour l'harmonie et accompagnement, de
Benoist pour l'orgue, et de M. Arnbroise Tho-
mas pour la fugue et la composition. Il ob-
tint un second accessit d'harmonie et accompa-
gnement en 1864, le second prix en 1865, et
le premier en 1866; en 1867 il se vit dé-
cerner un second accessit d'orgue et un
premier accessit de fugue, et en 1868, ayant
pris part au grand concours ]de composition
musicale après avoir obtenu un premier ac-
cessit d'orgue, il se vit adjuger le premier grand
prix de Rome, en partage avec M. Rabuteau.
Il partit bientôt pour l'ilalie, mais sa santé s'al-
téra au bout de peu de temps, et une maladie
de poitrine vint inspirer de vives inquiétudes
à ceux qui l'entouraient; les médecins lui con-
seillèrent l'air des Pyrénées, et le jeune malade
partit pour Arcachon ; mais ses jours étaient
comptés, et malgré les soins les plus empressés
il mourut en cette ville à la fin de 1870.
"\VIRTZ (Charles -Louis), professeur et
compositeur néerlandais, est né à la Haye le
1" septembre 1841. Il reçut ses premières le-
çons de son père, qui était professeur à l'École
de musique de cette ville, et, comme élève
de cette école, termina ses éludes sous la di-
rection de Lubeck père, de MM. Van der Does
et Nicolaï. M. Wirtz est aujourd'hui professeur
de piano à l'École de musique de sa ville na-
tale, et directeur de musique à l'église Saint-
Jacques. Il a publié un Te Deum pour chœurs,
instruments de cuivre et orgue, et un Altna re-
demptoris pour chœurs et orgue. On connaît
aussi de lui une messe, une cantate écrite
pour la société Niemvland, et diverses compo-
sitions de moindre importance.
\VISE]\EDER (Caroline), musicienne
allemande, née à Brunswick le 20 août 1807,
morie en cette ville le 25 août 1803, y a fait
représenter les deux opéras suivants : la Dame
du palais, 1848; et le Jubilé ou les Trois Pri-
sonniers, décembre 1849. Je n'ai pas d'autres
renseignements sur cette artiste.
WISMES ( DE), musicien, vi-
vait en Flandre au seizième siècle. Deux chan-
sons de lui sont insérées dans un recueil de chan-
sons françaises publié à Louvain, par Pierre
Phalèse, en 1555-15.^6.
WITTE (C -G -F ), facteur d'or-
gues à Utrecht, est né à Rotenburg (Hanovre),
le 12 janvier 1802. Il apprit en Hongrie l'art de
oiistr uction des orgues, devint un artiste
676
WITTE — WODNICKI
très-habile, puis, s'étant rendu dans les Pays-
Bas, s'associa en 1834 avec le facteur J. Batz,
d'Utreciit, et devint à la mort de ce dernier le
seul directeur de la maison. Homme intelli-
gent, actif et instruit, sans cesse occupé du
perfectionnement des parties si diverses, si
nombreuses et si compliquées qui composent
l'orgue, M. Witte s'est acquis une grande re-
nommée et est considéré comme l'un des meil-
leurs facteurs du dix-neuvième siècle. Parmi
les nombreux instruments construits par lui, et
qui tous se recommandent par leur solidité aussi
bien que par le fini de l'exécution, on cite par-
ticulièrement ceux de l'église du Sud à Rotter-
dam, de la Vieille église de Delft, de l'église
Nouvelle de Dordrecht, de l'église Saint-Jean à
Ulrecbt, de l'église catholique d'Amersfoort, de
la Kloosterkerk à la Haye, des églises réfor-
mées de Hoorn, de Putten, de Spykenisse, de
Bunschoten, c,^ Naarden, d'Amerongen, de Ry-
soord, et enfin les orgues de moindres dimen-
sions de Loosduinen, de Beusschem, de Buren,
d'Ameide, de Byp, de Leerdam, de Delfshaven,
de Leyde, de Kralingen et de Puttershoek.
M. Witte a le titre de facteur d'orgues du roi
des Pays-Bas.
WITTE (G -H ), jeune compositeur
d'avenir, actuellement maître de chapelle à Es-
sen, en Allemagne, est né à Utrechl (Pays-Bas)
en 1843. Il a reçu sa première éducation artis-
tique à l'École de musique de la Haye, dirigée
par M. Nicolaï, et en 1862 il se rendit au Con-
servatoire de Leipzig, où il travailla avec Haupt-
mann, Moscheles et M. Reinecke, et où il resta
jusqu'en 1867.
Dans le cours de cette même année, M. Witte
prit un engagement à Thann, en Alsace, où il
demeura jusqu'en 1870, et il revint ensuite dans
sa patrie, où il tomba sérieusement malade.
Aussitôt que sa santé fut rétablie, il retourna
à Leipzig, et en 1871 il accepta la place de
maître de chapelle [musikdirector) à Essen,
place qu'il occupe encore aujourd'hui.
Lors d'un concours ouvert à Florence en
1864, M. Witte remporta le second prix pour un
quatuor pour piano et instruments à cordes, et
dans lecoursde la même année il se vit décerner le
prix du concours Helbig {Helbigscfie Slïftung),
à Leipzig. M. Witte est un musicien sérieux,
qui promet de faire honneur à sa patrie.
ÉD. DE H.
WITTEIillOODT (Thomas), compositeur,
maître de chapelle de l'église de la Madeleine à
Bruges, s'est fait connaître par un certain nom-
bre d'œuvres estimables. Directeur delà société
chorale de Brugsche Zonen, il a écrit pour
elle, pendant de longues années, des chœurs
fort intéressants, et on lui doit aussi un oratorio,
la Rédemption, qui a été l'objet d'éloges mé-
rités. Wittebroodt est mort à Bruges le 16 jan-
vier 1872.
WITTGENSTEIN (Le comte Frédéric-
E DE), jeune compositeur allemand, a fait
ses débuts en écrivant la musique d'un mélo-
drame intitulé Frithjof, qui fut représenté à
Darmstadt, il y a quelques années. Plus récem-
ment, le 19 décembre 1878 , il a donné sur le
théâtre de Gralz un opéra romantique en 5 actes,
die Welfenbraut {la Fiancée du Guelfe),
qui a été très-favorablement accueilli.
■WITVVICKI (J....-D....), compositeur po-
lonais, né au commencement du dix-neuvième
siècle, a publié les œuvres suivantes pour le
piano : 1° Variations sur l'air d'une chanson
d'Ukraine, op. 1 (Leipzig, Peters); 2° Cinq pen-
sées du soir, op. 5 (id., id.); 3" Six valses insé-
parables, pour piano et violon, op. 6 (id., id.);
4" l'Inspiration du condamné, chant d'un pri-
sonnier del Ponte dei Sospiri, op. 7 (id., id.);
5° Trois polonaises, op. 9 (id., id.); 6° Duo
pour piano et violon, op. Il (id., id.); 7° Som-
venir à mes élèves de l'Institut, air bohémien
varié, op. 17 (id., id.); 8° Rapsodies origina-
les, op. 18 (id., id.); 9° Variations brillantes sur
un thème d'Ukraine : U sussida chata hila,
op. 20; 10° Promenade en pyroscaphe sur le
Dnieper, rêverie mélancolique, op. 21 (Leipzig,
Peters); 11" Réminiscences populaires, deux
thèmes paraphrasés, op. 22 (id., id.).
WITWYLEU (Ulrich), musicien du sei-
zième siècle, né à Rorschach, fut élève de Gla-
réan et devint, grâce aux soins de ce maître
renommé, un artiste fort distingué. Il fut prince-
abbé du célèbre couvent d'Einsiedeln, en Suisse
M. George Becker {la Musique en Suisse) dit
que Witwyler est l'auteur « d'un traité de mu-
sique d'après les principes de son maître, » mais
il ne donne pas le titre de cet ouvrage.
* WITZTHUMB (Ignace). - Voyez
VITZTHUMB.
* WODIC'ZRA (Wenceslas). - Cet ar-
tiste a publié à Paris, en 1739, le recueil sui-
vant : Sei Sonate a violino solo e basso, op.
prima, gravée par 3/'"= Vanddme, Paris, in-
folio.
WODIVIÇKI (Théodore), pianiste et com-
positeur polonais, naquit au commencement du
dix-neuvième siècle et se fît connaître à Var-
sovie, vers 1840, en exécutant avec habi-
leté, dans divers concerts, des œuvres qui ne
manquaient point d'originalité. L'éditeur Fr.
Ilofmeister, de Berlin, a publié de lui les cora-
WODNIÇKI — WOLF
677
positions suivantes : Rapsodie fantastique,
1 ; Galop furioso, op. 2 ; Impromptu en sol bé-
mol, op. 3; Ballade, op. 4; Marche brillante,
op. 5; Pensée, niéloilie, op. 6. On connaît en-
core de cet artiste un concerto en la mineur,
avec accompagnement d'orchestre, exécuté par
lui en 1841 à Varsovie, une fantaisie pour piano
seul, une fantaisie en ré mineur sur des mazou-
rekset krakowiaks, une Marche pour piano seul,
enfin une romance dédiée à M™'' Pruszak. Wod-
niçki est mort en 1847.
* WOELFFL (Joseph). — Cet artiste a
donné à l'Opéra-Comique, en 1805, un ouvrage
en 3 actes intitulé Fernand ou les Maures.
AVoelfil mourut à Londres le 21 mai 1812.
* WOELTJE (Le docteur C....-L.... -H....),
écrivain musical et magistrat allemand, est
mort à Celle le 23 juillet 1864. Il était né en
1785.
WOGIUCII ou WOGRITSCn (Max),
est le nom d'un compositeur qui a fait repré-
senter sans succès sur le théâtre Pagliano, de
Florence, le 13 novembre 1875, un opéra sé-
rieux intitulé Wanda.
VVOHLFAHRT (Heinrich), pianiste, pro-
fesseur et compositeur allemand contempo-
rain, a publié une centaine d'œuvres faciles pour
le piano, consistant en études, bagatelles, petits
morceaux de salon, etc.
VVOHLFAHRT (Fbanz), sans doute pa-
rent du précédent, violoniste, professeur et com-
positeur allemand contemporain, a publié aussi
un certain nombre de petites compositions parmi
lesquelles on remarque des duos pour 2 violons,
des duos pour |)iano et violon, un recueil d'É-
tudes pour le violon, ainsi que quelques mor-
ceaux de danse pour le piano.
WOHLFARÏ (Henri), i)rofesseur et théo-
ricien allemand contemporain, est l'auteur de
l'ouvrage suivant : Theoretisch-praktische
Modulation-Sc/mle {École tliéorique et pra-
tique de la Modulation), Leipzig, Breitkopf et
Heertel, 1859, petit in-S" de 74 pp.
* WOLDEMAR (Michel), violoniste etcom-
positeur. — Cet artiste, sans être absolument
le' collaborateur du Courrier des spectacles,
journal quotidien de théâtres qui existait à l'é-
poque de la Révolution, envoyait fréquemment
à ce journal des lettres sur des sujets relatifs à
la musique. Les Commandements du violon,
sorte de facétie formant un double décalogue
artistique, ont été imprimés à cette époque; les
voici dans leur entier :
Premier Décalogue.
1. Le son jamais ne hausseras.
Ni baisseras aucunement.
op. 2. Mesure tu n'altéreras,
Mais frapperas également.
3. L'arcliet toujours lu maintiendras
Permanent et solidement.
It. Symphonie tu sabreras
Hardiment, vigoureusement.
5. Doucement accompajïneras,
La femme principalement.
6. Le grand allegro joueras
Fif!rement, mais modérément.
7. Romance tu soupireras
Tendrement, amoureusement.
8. Dans l'adagio fileras
Le son purement, largement.
9. Pour le largo, tu gémiras
Tristement, mais sensiblement.
10. Le rondo tu caresseras
Vivement et légèrement.
Second Décalogue.
1. En concertos tu choisiras
Violti préférablement.
2. Le faible tu n'écraseras,
Afin d'agir honnêtement.
3. Dans le duo ne chercheras
A briller exclusivement.
U. La sonate tu chanteras
Sagement et correctement.
5. Dans le trio ne broderas,
L'auteur suivras exactement.
6. A l'orchestre tu ne feras
Que la note tout uniment.
7. Sur toutes clefs transposeras,
Pour accompagner sûrement.
8. En quatuor ne forceras
Que pour la chambre seulement.
9. Au chef d'orchestre obéiras
Docilement, aveuglément.
10. En public tu ne trembleras.
Ni devant les rois mêmement.
WOLF (Maximilien), compositeur autri-
chien, est né en 1840 en Moravie. Après avoir
commencé l'étude de la musique, il alla se per-
fectionner à Vienne auprès de Dessoff, et à Ber-
lin auprès de Marx. Il habite aujourd'hui Vienne,
et s'est fait un renom considérable par la com-
position de plusieurs opérettes charmantes. Ses
premiers ouvrages en ce genre : die Sckule
der Liebe {V École de V amour), In Name?ides
Kœnigs [Au nom du Roi), et die Blaue Dame
{la Dame bleue), attirèrent sur lui l'attention
du public, et l'opérette intitulée der Pilger {le
Pèlerin) lui conquit tous les suffrages, à Vienne
comme à Berlin; enfin, une autre opérette, die
Portraitdame {la Dame du portrait), mit le
sceau à sa réputation ; celle-ci, représentée sur
tous les théâtres d'Autriche et d'Allemagne,
constitue certainement le meilleur, le plus par-
fait et le plus populaire do tous ses ouvrages.
Depuis lors, M. Wolfaencorefait jouera Vienne,
678
WOLF — WOLFF
sur le théâtre de l'Opéra-Comique, Césarine,
dont le succès a été très-vif.
La musique de M. Wolf est gaie, agréable et
charmanle. Bien que son style se ressente de
l'influence française, il n'en reste pas moins ori-
ginal. Le compositeur se distingue tantôt par un
sentiment aimable et tendre, tantôt par une
verve comique très-caractérisée. De plus, ses
ouvrages sont écrits avec une complète con-
naissance de la scène. — En dehors du théâtre,
M. Wolf a publié aussi plusieurs beaux lieder.
J. B.
WOLFAERT (Eervout ou Edouard), fac-
teur de clavecins à Anvers, vivait en cette ville
dans les dernières années du seizième siècle.
WOLFART (H ), pianiste, professeur
et compositeur français contemporain, s'est par-
ticulièrement attaché à la composition de petites
études et de petits morceaux faciles, spécialement
destinés aux enfants. Il a publié, entre autres,
les ouvrages et recueils dont voici les litres :
Méthode spéciale de piano, pour les enfants;
Petit Solfège élémentaire et mélodique, suivi
de 20 exercices pour la voix; 12 Études en-
fantines; 18 Études faciles et concertantes, à 4
mains; 22 Petits Préludes très-faciles, sans octa-
ves; Perles et Diamants, 15 transcriptions fa-
ciles sur des airs d'opéras ; Jeux et Fêtes, 12 mor-
ceaux très- faciles, à 4 mains; les Funambules,
4 petites fantaisies à 4 mains ; Panthéon musi-
cal, 42 morceaux faciles ; Polichinelle, 3 petits
rondos ; Fleurs enfantines, fantaisies, rondos
et caprices extrêmement faciles; les Airs du
temps passé, 6 suites ; 8 Petits Riens; les Fêtes
et Jeux de l'enfance, 20 morceaux, etc., etc.
M. Wolfart a publié aussi un grand nombre de
transcriptions et fantaisies sur des thèmes d'o-
péras célèbres.
* WOLFF (Edouard), pianiste et composi-
teur remarquable, n'a cessé de produire jusqu'à
ce jour, de telle sorte que le nombre de ses
œuvres publiées s'élève aujourd'hui à plus de
350. Parmi ces œuvres, dont plusieurs sont fort
importantes, il faut surtout citer les suivantes :
24 Grandes Études, op. 20; 24 Grandes Études,
op. 50; VArt de Vexpression, 24 études faciles
et progressives, op. 90; VArt de f exécution,
24 grandes improvisations eu forme d'études,
op. 100; 3 Romances sans paroles op. 11; 3
Romances sans paroles, op. 15; 5 Caprices,
op. 7 ; 2 Nocturnes, op. 10 ; 2 Nocturnes, op. 27 ;
4 Mazurkas, op. 12; 3 Méditations, op. 216;
Marche funèbre, op. 176; Marche triomphale,
op. 177 ; 4 Chansons polonaises, op. 195 et 196 ;
Fantaisie triomphale, op. 84; Grande Marche
triomphale, op. 31 ; Tarciitelic fantastique,
op. 301 ; Tarentelle, op. 148; Scherzo appassio-
nato, op. 132 ; Grand Caprice poétique, op. 133 ;
Chanson bachique, op. 188; Scherzo agitato,
op. 281; Chanson bachique, op. 164; Baccha-
nale, op. 296; Promenade en mer. Hommage
à Chopin, Impromptu, etc., etc.
WOLFF (âuguste-Désiré-Bernard), pia-
niste, compositeur et facteur français, chef de la
célèbre maison de commerce de pianos connue
aujourd'hui sous la raison sociale Pleyel-Wolff
et Ci% est né à Paris le 3 mai 1821. Il fit d'ex-
cellentes études au Conservatoire, où il fut élève
de Zimmermann pour le piano et d'Halévy pour
la composition, et où il remporta, en 1839, en
même temps que M. Victor Massé, un brillant
premier prix de piano. Peu d'années après, en
1842, il devenait professeur d'une classe de
piano dans l'établissement dont il avait été l'é-
lève; en même temps il s'occupait de compo-
sition et publiait, chez l'éditeur M. Richault,
une trentaine de morceaux de divers genres
pour son instrument.
Toutefois, M. Wolff conserva seulement pen-
dant cinq années la direction de la classe qui lui
était confiée. Bientôt, en 1850, il entrait auprès
de Camille Pleyel, le célèbre facteur de pianos,
devenait son associé en 1852, et en 1855, à la
mort de cet homme distingué, prenait la direc-
tion de la maison, dont il n'a cessé d'être le chef
jusqu'à ce jour. Une existence nouvelle commença
alors pour M. Wolff, qui, doué de qualités pra-
tiques remarquables et d'un rare esprit d'inven-
tion, s'est distingué par les perfectionnements
divers qu'il a apportés dans la fabrique des pia-
nos, aussi bien que par l'ingéniosité et l'utilité de
certaines découvertes intéressantes. C'est à lui
qu'on doit un système d'échappement double
spécial à la maison Pleyel-Wolff, la construction
des petits pianos à queue dont le succès a été si
légitime et si considérable et des grands pianos
à queue à cordes croisées, les nouvelles combi-
naisons de constructions métalliques applicables
à tous les modèles pour les climats extrêmes, le
pédalier destiné à faciliter aux jeunes pianistes
l'étude de la pédale de l'orgue, et enfin le cla-
vier transpositeur et la pédale tonale.
Le clavier transpositeur est un clavier mobile
et indépendant, qu'on peut adapter sur tous les
pianos, et qui, à l'aide d'une série de crans pra-
tiqués à l'une de ses extrémités, se place de
telle façon que le rapport variable de ses tou-
ches avec celles du clavier de l'instrument donne
à l'exécutant la facilité d'opérer mécaniquement,
tout en jouant dans le ton écrit, quelque trans-
position que ce soit. Ceci est à la fois ingénieux
cl fort utile. Mais la pédale tonale, dont M. Au-
WOLFF — WOLZOGEN ET NEUHAUS
679
guste Wolff est aussi l'inventeur, part d'un prin-
cipe musical plus élevé et rend un service artis-
tique plus important. Il arrive souvent que l'o-
reille est désagréablement affectée de l'effet pro-
duit par l'emploi inconsidéré de la grande pé-
dale (pédale forte) du piano dans certains pas-
sages où cette intervention est beaucoup plus fâ-
cheuse qu'utile ; on a vu des artistes jusqu'à nn
certain point réputés, des virtuoses coimus
tomber dans cette erreur, et tenir la pédale ou-
verte dans des traits de rapidité des deux mains,
ce qui donne une sonorité déchirante, ou, par
exemple, après un changement de tonalité,
jouer en ré alprs que la pédale, toujours
tenue par eux, fait résonner la tonalité pré-
cédente de si bémol. C'est pour obvier à cet
inconvénient déplorable, pour amener la dispa-
rition de ce défaut harmonique, que M. Au-
guste Wolff a inventé la pédale tonale, ou pé-
dale harmonique, dont on a fait la description
que voici : — « Au milieu des pédales ordi-
naires du piano, le forte et la sourdine, à l'u-
sage desquelles rien n'est changé, se trouve la
pédale tonale ; elle correspond à un petit clavier
d'une octave à'ut, situé au milieu du grand cla-
vier du piano, mais sur un plan un peu plus
reculé, à jieu près comme un clavier de récit
sur l'orgue. On abaisse lestement sur ce piano-
miniature la note ou les notes qui forment l'har-
monie fondamentale du passage, et elles vibrent
doucement aussi longtemps que l'on tient la pé-
dale du bas. De cette façon, on obtient une har-
monie pleine, moelleuse, qui abolit la sécheresse
du piano, et, considération plus artistique en-
core, on rend fidèlement les modulations vou-
lues par le compositeur ou commandées, si l'on
improvise, par l'évolution de la pensée musicale.
Le pédalier de M. A. Wolff, non-seulement fa-
cilite aux organistes l'étude de la pédale, mais il
permet aux pianistes de rendre les plus beaux
effets que Bach, Mendelssohn, Beethoven, Cho-
pin et autres grands maîtres du piano ont confiés
aux tenues de pédale, et aussi de transporter
par imitation, sur le piano, les tenues de cors,
bassons et clarinettes, qui donnent tant de so-
norité et de consistance à l'orchestration des
symphonies et des opéras. »
Les travaux très-intéressants de M. Auguste
Wolff, son activité, son esprit toujours en éveil,
ont maintenu la maison Pleyel au premier rang
des fabriques de pianos du monde entier, et lui
ont conservé la supériorité qu'elle n'avait ja-
mais cessé d'exercer. Les principes élevés et h-
béraux de M. Wolff l'ont d'ailleurs poussé à as-
socier, dans une mesure très-large, les ouvriers
de cette maison à sa prospérité, et cela à l'aide
d'une série d'institutions très-utiles, très-intéres-
santes, qui stimulent la bonne volonté de chacun
et produisent les meilleurs résultats. C'est ainsi
que l'on voit fonctionner, dans la fabrique
Pleyel- Wolff, une société de secours mutuels,
une caisse de prêts sans intérêt pour les em-
ployés et ouvriers, une école où sont admis 60
enfants, une autre école où sont formés 45 ap-
prentis ; de plus, la maison entretient quatre bour-
siers à l'école fondée par la chambre de com-
merce, elle a formé un orphéon, et enfin elle
tient à la disposition de son personnel une bi-
bliothèque, un gymnase et une chapelle.
M. Wolff, d'ailleurs, n'oublie pas qu'il a été
et qu'il est resté un artiste fort distingué. Prési-
dent d'honneur de la Société des compositeurs de
musique, il met à la disposition de cette compa-
gnie les locaux nécessaires à ses travaux et à ses
séances, et celle-ci lui doit la fondation d'un prix
permanent à laquelle elle a donné le nom de prix
Pleyel- Wolff, et qui, chaque année, est destiné
à la mise au concours d'une œuvre importante
pour piano, avec ou sans orchestre; lorsque cette
œuvre exige un accompagnement d'orchestre,
M. Wolff prend à sa charge personnelle tous les
frais que nécessite son exécution publique. On
ne saurait, dans tous les cas que nous venons
d'énumérer, agir avec plus de générosité, d'intel-
ligence, et, soit comme artiste, soit comme grand
industriel, mieux encourager, sous tous les rap-
ports, tout ce qui, de près ou de loin, se ratta-
che directement ou indirectement à l'art et à sa
plus grande expansion possible.
WOLLEIMIAUPT (IIermann-Adolphe),
pianiste allemand et compositeur pour son ins-
trument, naquit à Schkenditz le 27 septembre
1827. Après avoir étudié la composition à Leip-
zig sous la direction de l'excellent théoricien Mo-
ritz Hauptmann, il partit tout jeune encore pour
l'Amérique, en 1845, et alla se fixer à New- York,
où il se livra à l'enseignement et à la composi-
tion. Il écrivit un assez grand nombre de mor-
ceaux de genre pour le piano, et ces productions
aimables obtinrent un véritable succès de vogue
en Amérique et en Allemagne. Wollenhaupt
mourut à New- York le 18 septembre 1863, dans
toute la force de la jeunesse, avant même d'a-
voir accompli sa trente-sixième année.
WOLZOGEIV ET NEUHAUS (Jean-
Paul, baron DE), écrivain musical allemand et
l'un des plus zélés partisans de M. Richard
Wagner, est né à Potsdam le 13 novembre 1848,
et fit ses études philosophiques à l'Université
de Berlin. Engagé par M. Wagner, il se fixa en
1877 à Bayreuth pour y prendre la direction des
Feuilles de Bayreuth, publication qui paraissait
680
WOLZOGEN ET NEUHAUS — WOUTERS
sous rinfluence et avec la collaboration du cora-
posifcur, et qui servait uniquement à défendre
ses intérêts. M. de Wol/.ogen a publié une
quantité de travaux et d'articles sur les œuvres
de M. Wagner ; ses plus itnportcints écrits sont
les suivants : Guide thématique de la musi-
que de « l'Anneau du ISiebelung » de Richard
Wagner, Leipzig, 1876; la Langue dans les
potimes de Richard Wagner, Leipzig, 1877;
Explication pour le drame des Niebelungen.
* \V01\EGGER ou WOINNEGGEU
(Jean). — Sous le nom de Vuonnegger (Jean-
Litavic), et sous celui de Wonnegger (Jean),
l'auteur de la Biographie universelle des Mu-
siciens a consacré deux notices à deux artistes
qui ne forment qu'un seul et même personnage.
Il est facile de s'en convaincre en voyant qu'il
s'agit, dans ces deux articles, de l'auteur de l'a-
brégé du Dodécachordon de Glaréan, abrégé
publié à Bâie sous ce titre : Musicœ epitome
ex Glareani Dodecachordo. Il m'a semblé utile
de signaler ce fait, afin d'éviter les erreurs qu'il
pourrait engendrer.
WOODMA]\ (Le Rév. W ), professeur
anglais contemporain, est l'auteur d'un petit ma-
nuel publié récemment sous ce titre : Singing at
sight mode easy (la Lecture du chant à pre-
mière vue rendue facile), in-8".
IVORMSER (André-Adolphe-Toussaint),
compositeur, est né à Paris le 1"' novembre 1851.
Admis fort jeune au Conservatoire, dans la classe
de M. Marmontel pour le piano, dans celle de
M. Bazin pour l'barmonie et accompagnement,
il obtint les récoirq^enses suivantes : en 1868,
1^"" accessit d'harmonie et accompagnement; en
1869, 2*= prix d'harmonie et 2« accessit de piano;
en 1870, l**" prix d'harmonie et l*"^ accessit de
piano; en 1872, S*" accessit de fugue et 1*'' prix
de piano ; en 1873, 2"^ accessit de fugue. M. Ba-
zin étant devenu en 1871 professeur de contre-
point et fugue, M. Wormser, qui avait fait avec
lui ses études d'harmonie et accompagnement,
se trouva ne point changer de maître et continua,
sous sa direction, ses hautes études musicales.
Ayant pris part, en 1874, au concours de Rome,
le jeune artiste obtint une mention honorable, et
l'année suivante se vit décerner le premier grand
prix. Au mois de janvier 1875, M. Wormser a
fait exécuter aux concerts Danbé une grande ou-
verture de concert. Plus tard, on a entendu de
lui ctu Conservatoire, dans une séance d'au-
dition des envois de Rome, une intéressante
suite d'orchestre. M. Wormser a publié un re-
cueil de 12 Pièces pittoresques à 4 mains pour
le piano (Paris, Lemoine), duquel il a extrait 6
Pièces pittoresques à 2 mains (id,, id,).
\V0R03iIEÇ (L'abbé Arnulphe) prêtre et
musicien polonais qui vivait à la fin du dix-hui-
tième siècle et au commencement du dix-neu-
vième, est l'auteur d'un ouvrage important sur le
chant choral et figuré, qui a paru sous ce titre :
Poczontki muzyki tak flguralnego jak i cho-
ralnego Kantu (Vilna, in-folio, 1806).
AVORP (J ), organiste néerlandais dis-
tingué, est né au petit village de Broek-in-Wa-
terland, près d'Amsterdam, le 24décembre 1821.
Il commença son éducation musicale dans sa
patrie, et alla la terminer au Conservatoire de
Leipzig, où il eut pour professeurs Moritz Haupt-
mann, Richter, Plaidy et Becker. Il prit ensuite
des leçons d'orgue de J. Schneider à Dresde, et
travailla la composition avec J. Otto. Après avoir
rempli les fonctions d'organiste à Almelo ,
M. Worp fut appelé à occuper le même poste à
Groningue. Artiste solidement instruit, nourri de
l'étude des bons maîtres, profond admirateur de
Jean-Sébastien Bach, il est devenu un organiste
fort remarquable. Comme compositeur, on lui
doit, outre des morceaux d'orgue, des mélodies
religieuses et des lieder, une collection de 6
chœurs avec orgue, une grande sonate et une
fantaisie pour orgue. Ces derniers ouvrages lui
ont valu des prix et des mentions honorables
dans divers concours ouverts par la Société mu-
sicale des Pays-Bas. M. Worp s'est occupé d'une
méthode de chant à l'usage des écoles primaires,
et d'un recueil de chorals avec préludes; j'ignore
si l'un ou l'autre a été publié.
^VOUTERS (Adolphe-François), professeur
et compositeur belge, professeur de piano au Con-
servatoire de Bruxelles, occupe aussi les fonc-
tions de maître de chapelle à l'église Saint-Ni-
colas et d'organiste à Notre-Dame-de-Finistère,
de la même ville. M. W^outers a fait exécuter en
l'église Sainte-Gudule, le 22 novembre 1878, une
3Iesse solennelle de Sainte-Cécile pour voix
seules, chœur, orchestre, orgue et harpe, qui a
produit, dit-on, sur ses auditeurs une excellente
impression. Cette œuvre remarquable a été pu-
bliée par l'éditeur M. Schott, ainsi qu'une messe
à 4 voix avec accompagnement d'orchestre ou
d'orgue, et une messe brève à 3 voix égales.
On connaît du même artiste un recueil de Six
Etudes principales pour piano (Bruxelles,
Schott), divers autres recueils d'études fort
remarquables, adoptés pour l'enseignement dans
différents conservatoires, un recueil de dix mé-
lodies vocales, et plusieurs chœurs pour 4 voix
d'hommes : le Lac Léman, Flandre, les Ner-
viens, etc. Un Te Deum à grand orchestre,
qui lui avait été commandé par le gouvernement,
pour les fêtes du cinquantenaire belge, a produit
WOUTERS — WURZBACH
681
grand effet, le 21 juillet 1880, en l'église Ste-
Gudule. Sous le pseudonyme de Don Adolfo,
M. Woulers a encore publié (Bruxelles, Sciiotl)
2 messes à trois voix.
M. Wouters est né à Bruxelles le 28 mai 1849.
WROitLE WSKI (Emile), pianiste et com-
positeur, fixé à Paris, s'est produit assez fré-
quemment dans les concerts comme virtuose sur
son instrument, et a publié pour le piano et pour
leciiant un assez grand nombre de compositions,
parmi lesquelles je citerai un Grand Concerto-
Sympbonie, une Grande Symphonie, quelques
morceaux de genre : le Ruisseau, V Orage,
Chant du coucou dans les bois. Menuet, un
recueil de 25 Mélodies vocales, et un autre re-
cueil inlituié Six Feuillets d'album. M. Wro-
blewski a fait représenter sur le théâtre du Gym-
nase, de Marseille, au mois de mars 1875, un
opéra-comique intitulé la Fiancée de Venise.
* AVÛERST (RrcHARD), et non WUIlST,
compositeur allemand, a fait représenter plu-
sieurs ouvrages dramatiques -. 1° Rothmandel
{le Manteau rouge); der Stem von Turan
{l'Étoile de Turan); Faublas; Vinetu, Mann-
heim, juin ou juillet 1864; die Officiere der
Kaiserin {les Officiers de Vlmpératrice), Ber-
lin, th. de l'Opéra, 21 janvier \?>l^\A-ing-fo-hi,
opéra-bouffe. A ces ouvrages il faut ajouter l'Es-
frit des eaux {der Wasserneck), cantate lyri-
que exécutée à Berlin en 1853, et un Voijage
d'artiste, opérette donnée au mois de janvier
1868 sur le théâtre Kroll, de Berlin ; la musique
de cette opérette était donnée sous le pseudo-
nyme de Sommer, qui abritait à la fois deux com-
positeurs, MM. Richard Wiierst et Winterfeld.
M. R. "Wiierst a publié des recueils de lieder, des
pièces de piano, et l'on connaît aussi de lui plu-
sieurs compositions d'orchestre, entre autres
deux symphonies. Le nombre de ses œuvres pu-
bliées dépasse le chiffre de 70. Cet artiste dis-
tingué est aujourd'hui rédacteur en ciief de la
Nouvelle Gazette musicale de Berlin.
VVLLL]>EU (Franz), pianiste et composi-
teur allemand contemporain, est l'auteur de plu-
sieurs (l'uvres importantes, parmi lestiuelles il
faut citer surtout le 127'= Psaume, mis en mu-
sique pour voix seules, chœur, orchestre et or-
gue, et dont la partition a été publiée à Leipzig,
chez l'éditeur Robert Forberg. Parmi les autres
compositions de M. F. Wiillner, on remarque des
sonates de piano, des trios pour piano, violon et
violoncelle, et plusieurs recueils de lieder.
* VVLIIIDA (Joseph), ténor allemand re-
nommé, est mort à Hambourg le 28 avril 1875.
WURZBACFI (Le docteur Constantin),
écrivain autrichien contemporain très-renommé,
est l'auteur d'un grand Dictionnaire biographi-
que consacré aux hommes et femmes célèbres de
l'Autriche, et dont 36 volumes ont déjà paru à
Vienne, chez l'éditeur Gerold. Cet ouvrage, re-
marquable à tous les points de vue, et qui fait le
plus grand honneur à son auteur, contient, sur
tous les musiciens autrichiens, des notices plei-
nes d'intérêt à la fois et d'exactitude, dans les-
quelles les faits sont soigneusement contrôlés, et
qui sont infiniment précieuses pour l'histoire non-
seulement de ces artistes, mais de la musique en
Autriche : on trouve dans ces notices les renseigne-
ments les plus précis sur les artistes qui en sont
l'objet, avec le catalogue complet de leurs œu-
vres, la liste des portraits qui en ont été publiés
et celle de toutes les biographies qui en ont été
données, soit séparément, soit dans les journaux
ou recueils périodiques. M. Wurzbach vit à
Bercklesgaden, oii il s'occupe de l'achèvement de
son œuvre, qui est un véritable monument his-
torique et patriotique.
J. B.
YMBERT. — Voyez IMBERT.
YOUIVG (Le Rév. Edward), ministre et mu-
sicien anglais contemporain, s'est fait connaî-
tre par diverses compositions du genre reli-
gieux, au nombre desquelles je mentionnerai un
service comprenant un TeDenm, un Jubilate et
un Kyrie pour chœur, avec accompagnement
d'orgue.
YOUNG ("WiLLi.vM-J ), musicien anglais
contemporain, a publié un certain nombre de
chants populaires à une ou plusieurs voix,
YRADIER (Sébastien), compositeur 'espa-
gnol, a rendu son nom célèbre dans le monde
entier par certaines chansons, dont une entre au-
tres : Ay ChîqiMa, a conquis une popularité
vraiment prodigieuse et a été chantée dans
toutes les langues. Aucune des autres chansons
d'Yradier n'a le charme étonnant, la grâce vo-
luptueuse et le caractère pittoresque de celle-ci;
presque toutes cependant ont une saveur étrange,
un goût de terroir paiticnlier et une originalité
rare de rhythme et d'accent. Chose singulière
pourtant, malgré la popularité surprenante de
ses petites compositions, la vie d'Yradier est
restée absolument inconnue, même de ses com-
patriotes, et il m'a été impossible d'obtenir sur
lui le plus mince renseignement. Tout ce qu'on
en sait, c'est qu'il est mort à Vittoria au mois
de novembre 1865. L'éditeur M. Heugél a pu-
blié, à Paris, un recueil factice de 25 ehants
d'Yradier, avec paroles françaises de MM. Paul
Bernard et Taghafico et accompagnement de
piano.
YRA^ID (Richard). — Voijez IVRY (Le
marquis D').
YSORE ( ), compositeur dont le jiom
est resté jusqu'ici inconnu, et qui vivait dans
la première moitié du seizième siècle, a écrit,
pour le recueil de chansons françaises à 4 voix
publié vers 1530 par l'imprimeur Pierre At-
teignant, la musique des chansons suivantes :
Sans vous changer f attends, Si mon espoir a
jieu, Si mon ami venait en nuyt. S'ébahit-on
si fay perdu, Si par souffrir on pent. Si
j'ay erré.
I
ZjVBALZA (Damaso), pianiste et professeur
espagnol contemporain, est l'auteur des ouvra-
ges suivants, |)ubliés par l'éditeur M. Andrés
Vidal fils, à Madrid : 1° Études de mécanisme
pour le premier âge ; 2" Études de mécanisme
pmir le second âge; 3° une Heure de gijDi-
nastique, exercices quotidiens pour les pianistes
de toutes forces ; 4° Études spéciales. M. Da-
maso Zabalza, qui est professeur à l'École na-
tionale de musique, a aussi publié, chez l'édi-
teur M. Roniero y Marzo, un recueil de 25 Étu-
des mélodiques et de bravoure.
ZABBAIV ( ..), musicien contemporain,
est l'auteur d'un opéra sérieux, Eleonora di
Toledo, qui a été représenté à Ancône en
1861.
ZAMPARELLI (Dionisio), compositeur,
né à Naples, vivait vers le milieu du dix-hui-
tième siècle. Il a fait représenter en 1746 à Li-
vourne, sur le théâtre San-Sebastiano, un opéra
intitulé la Zoe. Je n'ai pu découvrir aucun autre
renseignement sur cet artiste, dont le nom est
aujourd'hui complètement oublié.
ZAINCA (Michel DEL), musicien dont le
nom indique une origine italienne, vivait au
dix-huitième siècle en Pologne, et était virtuose
au service du roi, en même temps que membre
de la Société philharmonique de Varsovie. II est
l'auteur d'une cantate à quatre voix, intitulée
la Liberté, composée par lui pour la cérémonie
du couronnement de Stanislas - Auguste II ,
comme roi de Pologne. Cette cantate a été
publiée à Venise, en 1765.
ZAJXDMAlXrV ou SANDMAIMN (Jean),
professeur de musique et compositeur, mourut
en 1841 à Varsovie, où depuis longtemps il
était établi. Auteur d'une symphonie à grand
orchestre, d'une messe qui fut exécutée en 1837
à l'église des Augustins, cet artiste a transcrit
une partie des psaumes de Nicolas Gomolka,
compositeur polonais du seizième siècle, et les
a insérés dans l'ouvrage suivant : Chants d'é-
glise à plusieurs voix des compositeurs polo-
nais, recueillis et publiés par Joseph Cichocki
(Varsovie, Sennevald, 1838).
* ZANETTI (Fraiscesco), compositeur ita-
lien du dix- huitième siècle. — A la liste des
ouvrages de cet artiste, il faut ajouter : l*' ,ba-
lonione, oratorio exécuté les 3 et 8 décembre
1775, à Florence, pour l'inauguration du nouvel
oratoire de Saint-Philippe de Neri ; 2° Sismano
nel Mogol, opéra, Florence, 1776. Ceci semble
indiquer qu'à cette époque, Zanetti était fixé à
Florence. M. le docteur Basevi, de cette ville,
possède le manuscrit d'un Magnificat à 4 voix
avec instruments, qui porte le nom de Zanetti
et la date du 20 juillet 1769.
ZAIVETTI (F ), compositeur italien,
est l'auteur d'une opérette, Cento astuzie, qui
a été* représentée à Pise au mois de mars
1877.
*ZA]M DE FERRANTI (Marg-Aurèle),
guitariste, écrivain musical et poète, est mort à
Pise le 28 novembre 1878. Il était né à Bolo-
gne, non en 1802, comme il a été dit, mais le 6
juillet 1800. Il s'était fixé en Belgique en 1827,
s'était fait naturaliser, et était devenu professeur
de langue itahenneau Conservatoire de Bruxel-
les. Zani de Ferranti prit une part de collabora-
tion à la Revue musicale belge, à la Belgique
musicale et au Guide musical de Bruxelles.
ZA]\]\ETTI (Gasparo), musicien italien
du dix-septième siècle, est l'auteur d'un ouvrage
publié sous ce titre : il Scolaro, di Gasparo
Zannetti, per imparare a suonare di violino
et altri stromenti. Je ne connais de cet ouvrage
qu'une édition faite à Milan en 1645, et qui
n'était pas la première.
ZAIXOLIIHI (Carlo), organiste et compo-
siteur, naquit à Bologne dans la première moi-
lié du dix-huitième siècle. Elève de Girolamo
Consoni pour l'orgue, de Perti pour le contre-
point, il reçut aussi des conseils et des leçons
du célèbre Hasse. II fut, pendant plusieurs
années, attaché à la cour de Piémont en qualité
de compositeur, puis revint dans sa ville natale
et devint rnansionnaire de la cathédrale. Reçu
en 1748 au nombre des membres de la Société
des Philharmoniques de Bologne, il en fut élu
prince en 1758.
ZAPATER (M^'" Rosario), artiste espa-
gnole fort distinguée, s'est fait remarquer à la
fois comme cantatrice de concert, comme pia-
niste, comme professeur et comme poète lyrique.
Elève de M. F. de Vaidemosa, qui était direc-
teur des concerts de la reine Isabelle, elle ac-
684
ZA PATER — ZAYTZ
quit sous sa direction un rare talent de canta-
trice, qui mettait en valeur une voix souple,
fraîche et richement timbrée. On assure que
Rossini, dans ses dernières années, prenait plai-
sir à écrire pour cet organe généreux, que ser-
vait si bien un talent fort distingué, des traits
nouveaux et des passages de bravoure que la
jeune artiste ajoutait à certains morceaux et
qu'elle exécutait avec une perfection ache-
vée.
C'est vers 1860 que M"» Zapater commença
à se révéler tout à la foi» comme chanteuse et
comme poète remarquable. C'est à la suite d'un
assez long voyage en Italie qu'elle rapporta le
livret d'un opéra italien, gli Amanti di Teruel,
qui fut mis en musique par son compatriote,
M. Avelino de Aguirre; l'ouvrage fut représenté
à Valence, au mois de décembre 1865, avec un
très-grand succès, et l'on assure que le carac-
tère touchant du sujet, le pathétique des situa-
tions, et la poésie colorée du livret furent loin
d'être étrangers à ce succès. Meyerbeer mit en
musique, peu de temps avant de mourir {on
croit même que ce fut sa dernière inspiration),
une mélodie passionnée, il Primo Amore, qu'il
écrivit sur des vers très-élégants de M^''^ Za-
pater.
M''° Zapater ne s'est pas moins distinguée
comme professeur et cojïime didacticien. Sous
ce rapport, on lui doit un ouvrage excellent,
qui sous ce titre modeste : Éludes pour lechanl,
est un traité véritable et complet de l'art du
chant, dont elle a pénétré tous les secrets et
dont toutes les difticultés lui sont familières.
Elle a publié aussi, sous un titre analogue :
Études pour le piano, un recueil qui n'est ni
moins utile, ni moins intéressant. Ces deux ou-
vrages ont été publiés à Paris, chez l'éditeur
M. Brandus.
ZAPPATA(FiLippo), est le nom d'un com-
positeur italien qui a écrit la musique d'un
opéra sérieux, Paola Monti, qu'il a fait repré-
senter à Bologne le 28 mai 1862. Bien que cet
ouvrage ait été favorablement accueilli, le com-
positeur ne fit plus parler de lui dans la suite.
Zappata est mort à Comacchio , au mois de no-
vembre 1878.
ZAIIEMBA (Nicolas), compositeur et pro-
fesseur russe, qui paraît avoir été un artiste
distingué, a rempli les fonctions de directeur
du Conservatoire de Saint-Pétersbourg lorsque
ce poste fut abandonné par M. Antoine Rubins-
tein,et y fut lui-môinc remplacé par M. d'Asan-
tcbweski. On connaît de lui un certain nombre
de com|)Ositions, dont la plus importante est un
oratorio intitulé tialnt Jean-JJapiisle. Zarcmbà
était né dans le gouvernement de Wileb; il est
mort à Saint-Pétersbourg le 8 avril 1879.
ZARLmO GANLEiVO. — Fétis dit, dans
sa Biographie universelle, qu'un musicien m-
connu de Sienne en Toscane publia sous ce
nom un traité de contre-point en vers; or, ce
traité est justement celui dont nous avons parlé
à propos d'Angelo Ortolani [Voy. ce nom) et
que Fétis lui-même attribue autre part à un
prétendu Jules Ortolani. Du reste, comme nous
en sommes à rectifier les inexactitudes de
Fétis, nous croyons devoir observer que le
titre même du poème n'a pas été exactement
transcrit par lui, et qu'il s'y est glissé en outre
une erreur dans le nom de famille de M™« la
comtesse Fanny Pieri, néecomtesseSpannochi, à
qui le poème est dédié. Et puisque le nom de cette
dame, Siennoise de naissance et mariée au comte
Jean Pieri-Pecci, de Sienne, amateur passionné
de musique, nous est venu sous la plume, nous
croyons pouvoir nous permettre d'ajouter qu'elle
était très-forte sur le piano (elle avait été élève
pendant quelque temps de Czerny), et que dans
son palais, à Sienne, on faisait habituellement
de très-bonne musique, et parfois avec un
éclat et une richesse d'exécution qui ne sont pas
communs dans les petites villes de province.
C'est ainsi que, en 1820, on y exécuta à
grand orchestre la Création, et en 1821 les
Saisons de J. Haydn, et Robert le Diable (le
premier acte) peu après son apparition sur la
scène du grand Opéra de Paris, d'après une
excellente traduction italienne de M. François
Casuccini, autre amateur viennois, bon violon-
celliste, et compositeur de quelque mérite.
L.-F. C.
ZAYTZ (Je\!n), chef d'orchestre et compo-
siteur, est né en 1834 à Fiume. Son père, Jean
Zaytz, né auprès de Prague, avait été chef de
musique du régiment baron Mayer n° 45, qui
piit plus tard le nom de Sigismond. Lorsqu'en
1830 ce régiment fut envoyé à Fiume, Zaytz père
quitta bientôt l'état militaire, et s'établit comme
professeur en cette ville, où il devint directeur
de la musique municipale. C'est là qu'en 1834
naquit M. Jean Zaytz fils, et en 1840 sa sœur,
qui s'est vouée au chant dramatique et qui, en
ce moment, poursuit sa carrière en Italie sous
le nom d' Albina Contarini.
Dès sa plus tendre enfance, le jeune Zaytz
montra un goût passionné et des dispositions
exceptionnelles pour la musique; il appiit de
son père le violon et le piano, et il était à
peine âgé de six ans lorsqu'il se fit entendre
pour la première fois en public, au théâtre de
Fiume, sur l'un et l'autre instrument. Son suc-
ZAYTZ
685
ces fut très-grand, et on lui prédit un bel ave-
nir. Plus il {grandissait, et plus se développaient
ses facultés musicales. A dix ans, après s'être
essayé, à l'insu de son père, dans quelques pe-
tites compositions, il rénssit à écrire deux
ouvertures, et une fantaisie pour violon sur des
mélodies de Verdi, qu'il exécuta aussi avec suc-
cès. A douze ans, s'étant lié d'amitié avec un
jeune homme nommé Valé, qui annonçait du ta-
lent pour la poésie, tous deux écrivirent un
opéra qui avait pour litre Marie-Thérèse ; le
jeune Zaytz s'occupait de cet ouvrage avec une
véritable passion, mais il ne savait comment
écrire son orchestre et n'osait demander à son
père de le lui apprendre, car celui-ci montrait
une véritable répugnance pour la vocation mu-
sicale de son fils, dont il voulait faire un avocat
et non un artiste. Le jeune homme se décida
cependant à arranger son opéra pour piano et
harmonica, et il voulut le faire entendre à son
père, qui s'en montra fort irrité et lui interdit
de s'occuper de musique désormais.
L'enfant était désolé ; il n'osait plus composer
chez lui, et il profitait, pour écrire de la musi-
que, de tous les moments de loisir qu'il pou-
vait avoir à l'école, si bien que ses professeurs
s'employèrent pour tâcher de vaincre les résis-
tances de Zaytz père aux désirs de son fils.
Pourtant, ce ne fut qu'après que celui-ci eut
achevé ses études d'humanité et de philosophie,
que son père consentit à l'envoyer à Milan, où
il lui laissait la faculté d'étudier la musique, mais
à la condition qu'il fit son droit et se fît recevoir
avocat. Le jeune Zaytz partit donc en 1849 pour
Milan, et fut reçu, au mois de novembre 1830, au
Conservatoire de cette ville, qu'il ne quitta qu'en
1856. En 1855, le directeur de cet établissement,
Lauro Rossi, ayant confié à plusieurs élèves le
livret d'un petit opéra intitulé la Tirolese, afin
qu'ils le missent en musique, la partition de
M. Zaytz fut jugée la meilleure, et son ouvrage
fut exécuté, le 4 mai 1855, sur le petit théâtre
du Conservatoire, avec un vif succès.
A sa sortie du Conservatoire, M. Zaytz fut
nommé second chef d'orchestre au théâtre de la
Scala, et il devait écrire un opéra pour ce théâ-
tre, lorsque la mort de ses parents l'obligea à
partir pour sa ville natale, afin d'y régler des
affaires de famille. Une fois à Fiume, ses com-
patriotes l'engagèrent avec tant d'instances à
rester parmi eux qu'il se laissa persuader, et
qu'il fut nommé bientôt directeur de la musique
municipale et professeur à l'Institut de musique.
En 1858, il épousait une jeune fille nommée Na-
thalie Jessenke, née comme lui à Fiume ; celle-ci
lui donnait bientôt deux enfants, un fils et une
fille, et il ne manquait rien à son bonheur,
lorsque tout à coup il tomba dangereusement
malade d'une infiammation des poumons. Les
médecins désespéraient de lui et l'avaient con-
damné, mais la force de la jeunesse le sauva et
il revint à la santé. Toutefois il ne voulut pas
rester à Fiume, et en 18G2 ilse rendit à Vienne.
A cette époque, le nombre de ses composi-
tions s'élevaitau chiffre de 152, parmi lesquelles
on distinguait des symphonies, des ouvertures,
quatre messes, et trois opéras ; la Sposa di
Messina, VAdelia et Amelia; ce dernier avait
été représenté à Fiume, avec beaucoup de suc-
cès, le 24 avril 1861. M. Zaytz, qui voulait se
livrer entièrement à la composition dramatique,
songeait à donner un ouvrage à Vienne, lorsqu'il
fut repris, avec une étonnante énergie, par la
maladie qui déjà avait failli le conduire au tom-
beau; il resta six mois au lit, mais cette fois
encore il guérit.
il se remit alors au travail, mais la fatalité
semblait le poursuivre, et, peu de jours avant
celui fixé pour la représentation, le théâtre où
il devait donner un nouvel opéra devint la proie
des flammes. Cependant, le directeur de ce théâ-
tre s'étant mis à la tête d'une autre entreprise,
le théâtre Charles, M. Zaytz y donna, le 15 dé-
cembre 1863, une opérette intitulée les Hommes
à bord, qui fut très-bien accueillie. Il fit re-
présenter ensuite plusieurs ouvrages du môme
genre, FUzli-Ptitzli (5 décembre 1864); les
Luzzaroni de Naples (4 mai 1865J; la Sor-
cière de Boissy (3 actes, 26 avril 1866) ; les Rô-
deurs de nuit (10 novembre 1866) ; les Ren-
dez-vous en Suisse (un acte, 3 avril 1867) ; le
Tribunal de district (un acte, 14 septembre
1867); la Somnambule (un acte, octobre 1867);
Maître Puff'{ua acte, octobre 1867) ; A laMec-
que (11 janvier 1868); V Enlèvement des Sa-
bines, l'Amour captif, etc.
Bien que tous ces ouvrages eussent obtenu
de vifs succès sur diverses scènes de Vienne, le
théâtre Charles, celui de l'Harmonie, le théâtre
Ander Wiea, M. Zajtz accepta les proposi-
tions qui lui furent faites, en 1869, de se ren-
dre à Agram, en Croatie. Il arriva donc en cette
ville au mois de février 1870, et y devint aus-
sitôt directeur et professeur de chant à l'Insti-
tut de musique, et chef d'orchestre du théâtre.
Il a écrit depuis lors quatre opéras : Mislav,
Ban Leget, Nikola Subie Zrinjski, et Lizinka,
et il en écrit en ce moment un cinquième, Pan
Twardowsky ou le Faust Polonais, en 5
actes.
Outre ses ouvrages dramatiques, M. Zaytz a
produit, dans ces dernières années, des messes,
686
ZAYTZ — ZELËNSKI
des chœurs, de nombreuses chansons et quan-
tité de morceaux de danse. Le nombre de ses
œuvres s'élève aujourd'hui à 470.
J. B.
ZECCH1]^I(Francesco), compositeur dra-
matique italien, est l'auteur d'un opéra sérieux,
Mntilde d'Inghilterra, qu'il a fait représen-
ter en 1856 sur le théâtre de Sira (îles Ionien-
nes). Treize ans après, en 1869, cet ouvrage
ayant été reproduit au théâtre Confavalli, de
Bologne, l'auteur fut chargé d'écrire une nou-
velle partition pour une autre scènede cette ville,
le théâtre Brunetti. M. Zecchini mit cette fois
en musique un livret bouffe, intitulé la Conver-
sazione al buio, et son œuvre fut offerte au
public dans la saison du printemps de 1871.
ZEEIILOEDEK (Nicolas), musicien suisse
du dix-septième siècle, né à Berne, était maître
du collège latin de cette ville en 1649; plus
tard il devint pasteur et doyen à Kilchberg. On
lui doit un traité élémentaire de musique inti-
tulé : Ein Music Bûchlein , Berne, 1678,
in-8°.
ZEFFERIIM (Onophre), célèbre facteur
d'orgues du seizième siècle, connu généralement
aujourd'hui sous son seul prénom d'Onofrio, était
désigné de son temps, selon la coutume popu-
laire, sous celui de maestro (maître) Noferi. Né à
Cortone en Toscane, il apprit son art avec Jean-
Paul Romani, Cortonais et bon facteur lui-même,
mais bien inférieur à son élève, qui acquit en peu
de temps un grand renom et construisit nombre
d'orgues, particulièrement en Toscane. Les or-
gues des cathédrales de Sienne, d'Arezzo, de
Pérouse, sont de sa facture. Parmi les orgues
construites par Zefferini pour les églises de Flo-
rence, il n'y a que le petit orgue de l'église de
l'Annonciade qui ait conservé son caractère
original, toutes les autres ayant été presque en-
tièrement remaniées et agrandies, de telle ma-
nière qu'il n'en reste à peu près que les tuyaux
des premières octaves des jeux de fond et
de ceux de mutation. C'était par l'harmonie
pleine et majestueuse des jeux de fond et du
grand jeu que les orgues d'Onofrio se distin-
guaient. On ignore la date précise de la nais-
sance et celle de la mort de ce facteur; mais on
sait qu'il avait établi ses ateliers à Florence, où
il travaillait sous la protection du grand-dnc
Côme l^"" et de son successeur, le grand-duc
François 1". Zefferini n'était pas seulement
facteur d'orgues, mais encore de clavecins, et
joignait à ces talents celui de bon fondeur de
cloches et de pièces d'artillerie; il avait, en effet,
beaucoup travaillé en cette qualité pour les
deux grands-ducs que nous venons de nommer,
ce qui lui procura quelque fortune. Le fds de
son maître, Mariotto Romani, fut à son tour son
élève, et lui succéda dans la direction de ses
ate'iers à Florence.
L.-F. C.
ZEIGER (Augustin), facteur d'orgues fran-
çais, naquit à Hartmnnnswiller (Haut-Rhin), le
28 août 1805. Je n'ai d'autres renseignements
sur cet artiste que la notice que lui a consacrée
M. Hamel dans son Manuel du facteur d'or-
ffues, notice à laquelle j'omprunte le fragment
suivant : — « M. Zeiger i commencé à s'occu-
per de facture d'orgues à Lyon, en 1835, et a
placé son premier orgue, en octobre 1837,
dans la ville de Lorgues (Var). Cet instrument
est un grand huit-pieds qui est composé de
cinq claviers et de quarante et un jeux. Depuis il
a fait 33 orgues, dont le plus considérable est
celui de Saint-Polycarpe à Lyon, grand seize-pieds
composé de cinq claviers et de quarante-huit
jeux. Il y a dans la même ville trois autres or-
gues de M. Zeiger. A Marseille, il en a placé
sept, dont le plus grand est celui de Saint- Victor.
L'orgue qu'il a fait en 1843 pour l'église de la
Sainte-Trinité de cette ville a été l'objet d'une
contestation sérieuse, qui a nécessité l'appel
d'hommes éminents pour la vider. L'on a fait
venir, entre autres, M. Tœpfer, de Weimar,
qui, après un mois d'examen, a conclu au
rejet de l'instrument, et l'orgue a été retiré. M.
Zeiger a fait un grand huit-pieds pour l'église
principale de la ville de Saint-Etienne. Enfin,
on rencontre de ses ouvrages à Narbonne, à
Pézénas, à Toulon-sur- Mer, à Limoges dans
l'église de Sainte-Marie, et à la cathédrale de
Chambéry. »
ZELE!\SKI (Stanislas), professeur de com-
position au Conservatoire de Varsovie, est né en
1837 à Grotkowick, en Gallicie, fut d'abord
élève de Mirecki à Cracovie, et à l'âge de 22
ans se rendit à Prague, où, tout en étudiant
l'harmonie et le contre-point sous la direction de
Joseph Krejci, il accomplit ses études univer-
sitaires et obtint le grade de docteur en philo-
sophie. Après être venu passer ensuite trois
années à Paris, où il perfectionna avec Damckc
ses connaissances théoriques, il retourna en
Pologne et fut nommé professeur de composi-
tion au Conservatoire de Varsovie, poste qu'il
occupe encore aujourd'hui. Outre de nombreux
morceaux de piano, on connaît de M. Zelenski
plusieurs œuvres importantes, entre autres une
symphonie à grand orchestre exécutée au Con-
servatoire de Prague, deux autres symphonies
.de concert, un trio instrumental, trois quin-
tettes pour instruments à cordes, deux can.
ZELENSKI — ZICHY
687
tates avec orchestre et une messe avec accom-
pagnemeut d'orgue.
ZELLER (Carl)j jeune compositeur autri-
chien, a fait, je crois, son éducation musicale
à Vienne. C'est en cette ville que, pour ses dé-
buts à la scène, il a fait représenter, en 1876,
un opéra en 3 actes intitulé Joconde, qui a été
bien accueilli du public et qui a été reproduit,
deux ans plus tard, à Leipzig. Je n'ai pas d'au-
tres renseignements sur cet artiste.
ZELL]>'EU (Jules), compositeur autrichien,
est né à Vienne en 1832. Il se destinait d'abord
au commerce, mais il renonça à cette carrière
pour se livrer à son goût pour la musique. Ses
premières compositions parurent en 1868, et
le grand talent qu'elles dévoilaient attira aus-
sitôt sur lui l'attention. On doit citer, parmi ses
meilleures œuvres, une symphonie qui obtint
un grand succès dans l'un des célèbres concerts
philharmoniques devienne, et la musique qu'il
a écrite pour le conte la Belle Mélusine, qui
est sa composilion la plus importante, et qui
brille par la noblesse et le charme de la mélo-
die, par l'originalité de l'invention, enfin par la
splendeur de l'instrumentation. M. Zellner,
auquel son talent a valu dans sa patrie une no-
toriété considérable et légitime, a publié à Vienne
beaucoup d'autres ouvrages, entre autres des
lieder,des trios, des quatuors, une pièce de con-
cert pour voix seules, chœur et orchestre, et
enfin des compositions pour le piano.
J. B.
ZEIVGER (Max), compositeur allemand, a
fait représenter à Munich, sur le théâtre de la
cour, au mois de janvier 1863, un opéra qui
avait pour titre les Foscari. Quatre ans après,
au mois d'avril 1867, il faisait exécuter dans la
même ville un oratorio intitulé Caïn. Cet artiste
s'est fait connaître aussi par la publication et
l'exécution de plusieurs œuvres instrumentales
ou vocales dignes d'intérêt, et qui paraissent avoir
été favorablement accueillies par le public. Dans
le nombre, je citerai les suivantes : Trio pour
piano, violon et violoncelle, op. 15; Chœurs
pour 2 sopranos, contralto, ténor et basse, op.
24 ; 5 lieder pour soprano, avec accompagne-
ment de piano, op. 28; etc.
ZERBI ( ), est le nom d'un composi-
teur italien qui a écrit la musique d'un opéra
intitulé Camilla. Ce n'est qu'après sa mort
que cet ouvrage a été représenté, à Vigevano,
le 11 février 1868.
ZEREZO DE TEJADA (Isidoke-Fran-
çois-Antoine DE), chanteur et compositeur
belge, évidemment issu d'une famille espagnole,
naquit à Bruxelles le 14 avril 1811, et se livra
de bonne heure à l'étude de la musique. Après
avoir été, dans sa ville natale, l'élève de Charles
Ilanssens, il vint à Paris dans le but de s'y
|)erfecfionner sous la direction du fameux théo-
ricien Reicha, puis, à la mort de celui-ci, com-
pléta son éducation avec Cherubini. En 1833, il
écrivit pour le théâtre de la Monnaie, de Bru-
xelles, une ouverture et des chœurs destinés à
une tragédie de M. Alvin, et le 22 décembre 1837
il faisait représenter au même théâtre un opéra-
comique en un acte intitulé il Signor BariUi.
Dans le même temps, Zerezo entreprenait la
carrière du chant dramatique, et se produisait
successivement, sous le nom de Lorezzo, sur
diverses grandes scènes de Belgique, de France
et de Hollande, dans l'emploi des barytons. En
1847 il se fixait à la Haye, oii il devenait pro-
fesseur d'harmonie du prince d'Orange, aujour-
d'hui roi des Pays-Bas, mais peu d'années après
il retournait à Bruxelles. Bientôt il faisait re-
présenter à Saint-Quentin un opéra-comique,
Hélène et GaOrielle, puis il écrivait un autre
ouvrage du même genre, la Rosière de soixante
ans, qu'il ne trouva pas le moyen de produire à
la scène. On doit aussi à Zerezo une cantate
qui a été exécutée à Anvers, divers motets qui
ont été entendus à l'église Sainte-Gudule, de
Bruxelles, et un certain nombre de romances et
mélodies vocales qu'il a publiées à Paris, à Mi-
lan et à Bruxelles. Il a laissé en portefeuille
une messe de Requiem, un Te Deum, et un
opéra italien resté inédit, Basilio e Figaro. Ze-
rezo est mort à Nicele 3 décembre 1874.
ZESEVICH (André), chanteur et compo-
siteur dramatique, est doué, dit-on, d'une fort
belle voix de basse, dont il se sert avec habi-
leté. Élève du Conservatoire de Vienne, il s'est
livré aussi à la composition, et a écrit la musi-
que des quatre opéras suivants .• 1» le False
Apparenze (Trieste, théâtre communal, 21 mars
1868); 2° Francesca da Rimini^ 3° il Mairi-
monio d'xin'ora ; 4" Orio Soranzo, ce dernier
représenté au théâtre communal de Trieste, le
7 mars 1863. Au commencement de l'année 1877
M. Zesevich s'est fixé à Milan, où il a ouvert
une école de chant.
ZEYDLER ( ), compositeur de mu-
sique religieuse, né dans la Grande-Pologne
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle,
mourut au commencement fie celui-ci. On lui
doit un assez grand nombre de messes et de
motets, qui sont encore chantés dans les églises
de Posen et de Varsovie.
ZICHY (Le comte Geza), un des musiciens
hongrois les plus distingués de ce temps et l'un
des virtuoses les plus étonnants que l'on con-
G88
ZIGHY — ZIMMERMANN
naisse sur le piano, bien qu'il soit privé de sa
main droite, descend d'une antique et célèbre
famille noble de la Hongrie. Né à Sztara le
22 juillet 1849, il passa son enfance et sa jeu-
nesse à Presbourg , où il fit ses études de droit.
A l'âge de quinze ans, il eut le malbeur de
perdre le bras droit, par suite d'un accident de
cbasse; mais comme, depuis ses plus jeunes an-
nées, il aimait et travaillait le piano avec passion,
il ne voulut pas renoncer à cette jouissance, et
s'efforça, par un travail opiniâtre, de parvenir
à se passer de sa main droite et de résoudre
avec sa seule main gauche toutes les difficultés.
C'est avec une ardeur inimaginable qu'il mena de
front ses éludes juridiques et musicales, tra-
vaillant l'harmonie avec M. Mayrberger, alors
maître de chapelle de la cathédrale de Presbourg,
et, lorsqu'il alla s'établir à Bude-Pesth, termi-
nant ses études de contre- point et de composi-
tion, avec M. Volkmann. En même temps il per-
fectionnait ses études de la main gauche au piano
avec M. Liszt, qui allait passer chaque hiver à
Bude-Pesth, .et qui lui faisait connaître les
grandes œuvres des maîtres classiques. Devenu,
dans les conditions singulièrement difficiles où
il se trouvait placé, un virtuose exceptionnel, le
comte Zichy excita une profonde sensation et le
plus vif intérêt lorsqu'il se fit entendre à Vienne
à Pesth, et même à Paris.
Le docteur Hanslick, l'érainent écrivain mu-
sical de Vienne, a ainsi décrit le jeu du comte
Zichy : — « Géra Zichy a atteint une perfection
aussi étonnante qu'éclatante. Avec cinq doigts,
il sait imiter admirablement le jeu ordinaire des
dix doigts, à l'aide d'arpèges adroitement com-
binés, ainsi que par des mouvements rapides de
sa seule main gauche et par les nuances par-
faitement indiquées du forte et du piano. »
L'exécution du comte Zichy est remarquable à
tous les points de vue, car son jeu est doux,
rempli d'âme, et en même temps brillant d'en-
thousiasme et d'une bravoure incomparable.
Le comte Zichy a déjà fait paraître plusieurs
compositions, entre autres un Ave Maria pour
voix de soprano, une romance intitulée Clara
ZacA, quatre lieder charmants (Leipzig, Lahnt),
et un recueil d'études pour la main gauche (Pa-
ris, Heugel); ces dernières sont dédiées à son
maître Liszt, qui les a jugées par ces mots :
« Elles sont de bon goût, de bon style, et même
de plus d'effet que maintes compositions à deux
et à quatre mains qu'on entend fréquemment. »
Mais elles sont si difficiles que le compositeur
seul parvient à effectuer le miracle de les jouer.
Le comte Zichy vit à Bude-Pesth, où il oc-
cupe une situation musicale prépondérante, et
où il est président du Conservatoire et de plu-
sieurs sociétés musicales. Poète fort distingué,
il a publié un roman et un volume de poésies
lyriques qui ont fait sensation dans sa patrie. Il
s'occupe en ce moment de la composition d'un
grand opéra. ;
J. B.
ZIEHRER (C,...-M ), compositeur au-
trichien, s'est fait une grande réputation dans sa
patrie par la publication d'un grand nombre de
morceaux de danse devenus très- populaires et
qui sont, dit-on, pleins de verve, d'élégance et
d'entrain. Le nombre de ses compositions en ce
genre ne s'élève guère à moins de trois cents,
M. Ziehrer a fait représenter au mois de dé-
cembre 1872, sur le Ring-théâtre, de Vienne,
une opérette intitulée le Roi Jérôme. Il a donné
aussi à Linz, à peu près à la même époque, un
opéra qui avait pour titre l'Oracle de Delphes.
ZIE]XTARS!iI (Romuald), compositeur po-
lonais, établi à Varsovie, est né dans la pre-
mière moitié du dix-neuvième siècle. Il a fait exé-
cuter dans l'église des Franciscains, à Varsovie,
une messe écrite sur texte polonais, un Offer-
toire avec accompagnement de cor et d'harmo-
nium, et un motel que l'on dit remarquable. Cet
artiste, s'est fait connaître aussi dans le genre
profane, par plusieurs compositions estimables.
ZIERlMÇliI ( ), ancien facteur d'ins-
truments de Cravovie, est cité par l'écrivain po-
lonais Ambroise Grabowski comme l'inventeur
d'une sorte de tympanon, appelé en polonais
istze Brzonka delko, et dont l'usage s'est de-
puis longtemps perdu.
ZIKOFF (Fr ), compositeur allemand
de musique de danse, a publié, dans ces der-
nières années, une quantité de musique de ce
genre qui paraît avoir obtenu un certain succès,
et qui comprend des quailrilles, valses, galops,
polkas, ainsi que quelques marches. Le nombre
de ses publications jusqu'à ce jour s'élève à près
de 150.
ZILIOTTO (Élisa), musicienne italienne, a
écrit la musique d'un petit opéra bouffe intitulé
la Cena magica, qui a été représenté en 1855,
à Venise, sur le théâtre San-Benedetto.
* ZI1>I3IERMA]\]\ (PiERRE-JosEPn-GuiL-
l.vume). — Dans la séance du 2 avril 1864 de la
Société des sciences de Tarn-et-Garonne, M. J.-B.
Labat a lu une notice intitulée : Zimniermann
et l'école française de piano, notice qui a été
insérée dans le Courrier de Tarn-et-Garonne
des 4 et 7 février 1865, et publiée ensuite sous
forme de brochure (s. I. n. d. [Montauban,
impr. Forestié], in-8°). Une fille de Zimmermann
est devenue la femme de M. Gounod, qui a hé-
ZIMMERMANN — ZOBOLI
689
rite de la magnifique collection musicale de son
beau-père.
ZI.MMERMAISÎV (Agnès), musicienne alle-
mande contemporaine, pianiste et compositeur,
a publié pour le piano différentes œuvres parmi
lesquelles je signalerai les suivantes : Barcarolle,
op. 8; Boléro, op. 9; Mazurka, op. 11; Marche,
op. 13; Gavotte, op. 14; Presto alla Tarea-
tella, op. 15; Gavotte en mi mineur, op. 20;
Suite (Prélude, Mazurka, Scherzo et Marche), op.
22; 2 Pièces; 3 Pièces (Caprice; Sur l'eau;
Scherzo); Canon, Sarabande et Gigue, etc.
* ZI]\GAUELLI (Nicolas-Antoine). —
Adrien de la Page a publié sous ce titre : Zin-
garelli, une notice [sur cet artiste, extraite
de la Revue universelle du 30 septembre
1837.
Dans son livre : Cenno siorico sufla scuola
musicale cli NapoU, M. Francesco Florimo a
donné une liste détaillée de toutes les composi-
tions de Zingarelli, plus complète que toutes
celles publiées jusqu'à ce jour. Entre autres œu-
vres, cet écrivain a catalogué un certain nombre
de cantates dont il n'est pas fait mention dans
la biographie universelle des Musiciens, et
que je crois devoir citer ici : 1° la Fuga in
Egilto, à 2 voix avec cliœur; 2" la Danza;
3° Ero, monologue; 4° Alceste, à 4 voix avec
chœur (qu'il ne faut pas confondre avec la Morte
di Alceste); 5° l''Amici:.ia^ à 3 voix avec chœur;
6° Cantate sacrée, à 5 voix ; 7" Cantate pour Saint-
Gaétan, à 3 voix; 8° Sulle rovine orribili, à 4
voix. Toutes ces cantates sont avec accompa-
gnement d'orchestre ; les suivantes n'ont qu'un
accompagnement de piano : 9° Galatea, à 2
voix de soprano ; 10° ii Sacrijicio d'Ahramo,
pour soprano; 11° 2 Cantates pour Noël, à
2 voix de ténor; 12° Bérénice, chefaiP pour so-
prano, avec violons, alto et basse; 13° Alcide al
Bivio; 14° la Passione di Gesù Cristo; 15° di-
verses cantates à 3 voix de soprano avec orgue.
M. le docteur Basevi, de Florence, possède en
manuscrit, de Zingarelli, des stances à une voix,
tirées des XIP' et XVl^ cbants de la Gerusa-
lemme liberata, et une ode d'Anacréon, aussi
à une voix.
ZIA'GEIILE (F -G ), professeur de
chant et compositeur, depuis longtemps établi à
Trieste, a publié en cette ville une Méthode de
chant élémentaire à l'usage des enfants, ou-
vrage excellent, dit-on, dont il a été fait quatre
éditions. M. Zingerle s'est produit aussi comme
compositeur, et, entre autres, il a fourni plu-
sieurs morceaux à un recueil de cbant publié
à Trieste, sous ce titre : il Canzoniere, dont
les autres collaborateurs étaient MM. Piber,
BIOGIl. LMV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
Zesevich, Pincberle, Fiidrich, Dolzan, Lazzarini
et Mariotti.
'* Zi:\KEISE-^ (CoNRAD-Louis-TniERRi),
virtuose et compositeur allemand, est mort à
Brunswick le 24 novembre 1838.
ZISSO (A -T ), compositeur italien,
né, je crois, à Rome, est l'auteur d'un opéra-
comique italien en un acte, Maddalena, qui a
été représenté à Bucharest au mois d'avril 1861.
ZOBAL ( ), est le nom d'un compositeur
allemand qui a fait exécuter à Berlin, en 1859,
une grande œuvre symphonique intitulée les
Noces d'' Alexandre le Grand et de Siatyre.
ZOliOLI (Giovanni), compositeur et profes-
seur italien, est né à Naples le 22 juillet 1821.
Fils d'un artiste distingué qui était professeur de
basson à l'école de musique appelée VAlbergo dei
Poveri et premier basson au théâtre San-Carlo
et à la chapelle royale, il apprit de lui les pre-
miers éléments de la linusique et en reçut les
premières leçons de cet instrument. Admis
comme élève, en 1839, à VAlbergo dei Poveri,
il y eut pour maîtres Paolo Cimarosa pour le
solfège, Gennaro Parisi pour l'barmonie accom-
pagnée, et Francesco Ruggi pour le contre- point.
Il sortit de l'école en 1843, après y avoir écrit,
entre autres compositions, une messe à 3 voix
et orchestre, un Tantum ergo pour voix de basse
et orchestre, et une ouverture en ré majeur. Il
composa ensuite une autre ouverture et un
cbœur qui furent exécutés à Bologne, ainsi
qu'une seconde messe et un Credo à 4 voix et
orchestre.
Au mois de février 1850, M. Zoboli était
nommé professeur de contre-point et com-
position à VAlbergo dei Poveri, et dix ans
après, lors de la réorganisation de cette école,
il devenait sous-directeur des classes, puis (1866)
maître des classes de femmes. En 1856 il avait
abordé la scène comme compositeur, en donnant
au théâtre Nuovo un opéra bouffe en 2 actes, il
Figllo di Papa, et il faisait représenter ensuite
sur le même théâtre deux autres ouvrages du
même genre : la Villeggiatura (3 actes, 1857),
et Cesare e Cleopatru (1858). Il écrivit ensuite,
pour les élèves de son école, trois petits ouvrages
dramatiques : un Evento inaspetiato (1861),
il Bacio (t864), et Adina (18G6). On lui doit
encore trois autres opéras, Amelia, 3 actes,
Salvator Rosa, 3 actes, et i Tre Aipoti, 3
actes; mais je crois que ceux-ci n'ont pas été re-
présentés.
M. Zoboli s'est exercé dans d'autres genres,
et a produit les œuvres suivantes : 5 messes à
2, 3 et 4 voix, avec orchestre; 2 messes pour
voix de soprano et contralto, avec orcbestre ;
T. II. 44
090
ZOBOLI — ZUCCHELLI
Vespero à 4 voix, avec petit orchestre; Vespero
à 4 voix et orciiestre; deux Credo et ileux
Magnificat, avec orchestre ; deux Taniinn crgo
pour ténor et orchestre, et pour basse et or-
chestre ; Tota pulchra pour soprano, aveccliœur
de femmes et accompagnement de quatuor;
concerto de lliite, avec accompagnement d'or-
chestre; divers concertos de clarinette, de cor,
de trombone, avec orchestre; un Caprice sym-
phoniqne; plusieurs ouvertures; etc.
M. Zoboli est tixé aujourd'hui à Ariano, où il
est directeur de la musique municipale et où il
se livre à l'enseignement.
ZOCCIII ( ), est le nom d'un compo-
siteur qui a fait représenter à Tiflis, le 27 février
1876, un opéra italien sérieux intitulé Anialia.
ZOGBAL3I (G ), compositeur et pia-
niste allemand contemporain, a publié un grand
nombre de morceaux de genre et fantaisies pour
le piano, presque tous écrits sur des thèmes
fameux et des airs d'opéras célèbres.
ZOIXGHI (GiusEi'fE), compositeur et profes-
seur, maître de la chapelle de la cathédrale de
Tolentino, est né à Fabriano, dans la province
d'Ancône, le 20 février 1820. Élève de Giuseppe
Busi, qui lui enseigna le contre-point et la com-
position, il fut nommé en 1842 maître de cha-
pelle de la cathédrale de sa ville natale, fut
attaché l'année suivante en la même qualité à
celle de Tolentino, et fut appelé à diriger en
même temps l'école communale de musique.
M. Zonghi a écrit, pour le service de sa chapelle,
un grand nombre de compositions religieuses
avec orgue et orchestre, et il a fait représenter
sur le théâtre communal de Tolentino, au mois
de septembre 1868, un opéra intitulé il Paggio
del duca di Savoia.
ZL'BEIHÎIEn ( ), facteur d'orgues du
dix-neuvième siècle, ne m'est connu que par
ces quelques lignes, insérées sur lui dans le
Manuel du facteur d'orgues (Paris, Roret,
1849) : — « Zuberbier a construit, conjointe-
ment avec le facteur Geibel, en 1840, l'orgue de
trente-sept jeux de l'église de Saint-Nicolas de
Zerbst. Cet instrument, dit-on, mérite d'être
cité avec éloge. »
ZUBIAURRE (Valentin), compositeur es-
pagnol distingué, est né à Garay le 13 février
1837. Dès l'Age de sept ans, il commença à ap-
prendre la musique avec un curé de ce village ;
puis, un peu plus tard, étant à Bilbao, il fut
admis comme enfant de cho-ur à la basili(iue de
Santiago, où il devint l'élève de l'habile maître
de chapelle Nicolas Ledesma, qui lui enseigna
le piano, l'orgue et l'harmonie. En 1852, à peine
âgé de 15 ans, il se voyait confier une place
d'organiste; mais l'année suivante, désireux de
voyager, il partait pour l'Amérique, s'établissait
d'abord à Caracas, puis à Guayra, où il se li-
vrait à l'enseignement du piano, et au bout de
huit années revenait en Espagne. C'est alors
qu'il entrait au Conservatoire de Madrid, dans
la classe du célèbre maître Hiiarion Eslava, d'où
il sortait, en 1866, avec le premier prix de com-
position.
Peu de temps après, un concours ayant été
ouvert pour la composition d'un opéra espagnol,
M. Zubiaurre se vit décerner le premier prix,
en partage avec M. Barreras, pour son ouvrage
intitulé Don Fernando el Emptazado; cet ou-
vrage fut joué avec succès à l'Alhambra en 1870,
et en 1873 au théâtre royal de Madrid, où le
rôle principal était tenu par M. Tamberlick.
Bientôt, élu pensionnaire de mérite de l'Aca-
démie espagnole des Beaux- Arts de Rome, M. Zu-
biaurre entreprit un voyage de deux années,
pendant lesquelles il visita l'Italie, la France,
l'Allemagne, l'Autriche et la Belgique, étudiant
et écoutant les œuvres des grands maîtres de
ces divers pays, visitant les bibliothèques musi-
cales, et réunissant des notices biographiques et
bibliographiques sur les anciens musiciens espa-
gnols et étrangers. De ce voyage, il rapporta
dans sa patrie un oratorio écrit par lui sur le
texte de la Passion selon saint Mathieu et un
Mémoire sur Vétat de l'art en Italie et en Eu-
rope.
Une fois de nouveau fixé à Madrid, il écrivit
deux zarzuelas qui n'ont pas été représentées,
composa deux messes pour la chapelle royale,
dont il fut nommé second maître en 1875, et
enfin, le 22 avril 1877, donna au théâtre royal
un nouvel opéra espagnol, Ledia, qui fut ac-
cueilli avec une grande faveur. Cet ouvrage l'a
placé au premier rang des artistes de son pays,
et M. Zubiaurre est considéré aujourd'hui
comme l'un des soutiens et des champions les
plus solides de l'opéra national espagnol. En
1879, M. Zubiaurre a donné au théâtre de la
Zarzuela, à Madrid, une zarzuela en 2 actes in-
titulée el Tigre de mar.
*ZL'CCHELLI (Carlo), chanteur italien qui
a joui d'une grande renommée, est mort à Bologne
au mois de février 1879. Pour résumer la car-
rière brillante de cet artiste, je ne crois pouvoir
mieux faire que de traduire la notice que lui a
consacrée Francesco Regli dans son Dizionario
biografico : — « Fils de Tommaso Zucchelli,
Bolonais, et de Gertrude Baye, Anglaise, il na-
quit à Londres le 28 janvier 1793, et vint en
Italie avec sa famille seulement en 1803. Ses
parents, après lui avoir donné une bonne édu-
ZUCCHELLI — ZWINGLI
691
cation, l'envoyèrent à l'École des Beaux-Arts, à
Bologne, pour y apprendre la peinture. A quinze
ans il avait déjà remporté les premiers prix,
en se dislinj^uant particulièrement dans la
figure. Doué de belles facultés vocales, ses amis
lui conseillèrent de se consacrer au théâtre. Il
eut des leçons de Pilolti, étudia au Lycée de Bo-
logne avec Roncagli, fut aussi l'élève de Cres*
centini, et jouit des conseils du ténor Matteo
Balini. En même temps il travaillait la peinture ;
il avait obtenu d'être élève à Rome ; mais le gou-
vernement ayant changé, et l'Autriche étant
venue en Italie, il ne put poursuivre ce projet,
et bientôt s'appliqua complètement à la mu-
sique. Il débuta en 1816 à Riinini dans un opéra
de Pacini. Au carême il passa à Ferrare, et y
chanta la Gerusalemme Uberaia. Il chanta au
théâtre de Munich pendant trois ans, et là se
perfectionna à l'école du maestro Celli. Il alla
ensuite au théâtre de la Porte-Carinthie à
Vienne, et les œuvres qui lui valurent les plus
grands honneurs furent Vlnganno felice et la
Guerra aperta. De retour en Italie en 1819, il
provoqua l'enthousiasme au théâtre Re, de Mi-
lan, dans la Pietra del Paragone, et dans VI-
taliana i?i Algeri. Vérone, Turin, Rome, Trieste
(à plusieurs reprises), l'eurent et l'admirèrent.
Pacini écrivit pour luiZa Gioveniùdi Enrico F,
Mercadante l'Avvertimento ai gelosi, Trenti
l'Isola délie Amazzoni. En 1821-22, il fit grand
bruit à Trieste dans VAgnese de Paër. Il alla
ensuite à Londres et à Paris, et dans ces grandes
capitales il chanta jusqu'en 1834. Bologne, Mo-
dène, Rome, Londres encore et Livourne l'ac-
clamèrent dans les saisons suivantes; et ce fut
précisément à Livourne que, au printemps de
1842, il termina sa carrière théâtrale à quarante-
sept ans. Zucchelli était célèbre comme basso
cantante et comme bouffe, et Rossini l'appelait
5071 Don Magnifico. Il a trois fils, dont deux
ont honoré l'art de leur père; le troisième est
officier du génie dans les troupes de l'Italie
centrale, u
ZliLIArVI (G -Prosi'ero), esthéticien et
musicographe italien, occupe la chaire d'histoire,
philosophie et esthétique au nouveau Lycée mu-
sical de Rome. Rédacteur du feuilleton musical du
journal l'Italia, de cette ville, il a publié un opus-
cule dans lequel il traite de la décadence du
Conservatoire de Naples et des moyens qui,
selon lui, seraient propres à y remédier; cet
écrit a paru sous le titre suivant : Osservazioni
sulle riforme proposte pel lî. Collegio di mu-
sica di Napoli, Rome, 1877, in-8°. Plus ré-
cemment, M. Zuliani a fait paraître un second
écrit dont voici le titre : Roma musicale, ap-
punti, osservazioni, notizie, Rome, Botta, 1878.
Enfin, il a publié encore l'opuscule suivant :
il » Lohengrin » di Rïccardo Wagner, Rome,
Botta, 1880.
ZUR LAUBEN (B -Fin -Ant ). —
Un écrivain de ce nom est l'auteur de l'opus-
cule suivant, inséré dans le t. XLI des Mé-
moires de l'Académie royale des inscriptions
et belles-lettres (Paris, 1780) : Observations
sur un manuscrit de la bibliothèque du roi
qui contient les chansons des trouvères ou
troubadours de la Souabe ou de l'Allemagne,
de la fin du douzième siècle jusque vers Van
1330.
Z\VI]\GLI ( ), musicien suisse du sei-
zième siècle, était un artiste très-instruit, non-
seulement dans le chant, mais aussi dans la
pratique de plusieurs instruments, le luth, la
harpe, la viole, le fifre. Il était en même temps
compositeur, et ou lui doit divers chants à plu-
sieurs voix.
FIN DU TOME SECOND ET DERNIER.
/