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Full text of "Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique. Supplément et complément"

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Spécial  ^ook  Collection 

IrattèFia  îïmurratty  Etbrary 


"The  search  for  truth  even  unto  its  innermost  parts' 
^it  jiUriuortani 

(M.ciiheiv  laub'iu 

The  Gift  of 
SADYE  RUBIN  MARANTZ  LEE 


The  National  Wornen's  Committee 
of  Brandeis  University 


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BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 


DES  MUSICIENS 


SUPPLEMENT  ET  COMPLEMENT 
TOME  SECOND 


TVPOGnAPIllE   FlRJlI.'y-DIDOT.   —   Mf.SML   (  KURE  ). 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 


DES  MUSICIENS 


ET 


F  F 


BIBLIOGRAPHIE  GENERALE  DE  LA  MUSIQUE 
PAR  F.-J.'FETIS 


SUPPLEMENT  ET   COMPLEMENT 

Publiés  SOUS  la  direction  de 

M.   ARTHUR  POUGIN 
TOME  SECOND 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  FIRMIN-DIDOT  ET  C'e 

IMPRIMEURS    DE   l'iNSTITUT,    RUE   JACOB,    d6 

1880 

Tous  droits  réservés. 


SIGNATURES  DES  AUTEURS 

DU   SECOND  VOLUME. 


MM. 

A.  L  —  N LoQuiN  (Anatole).     . 

Ad.  J  —  N JuLLiEN  (Adolphe). 

All Lasalle  (Albert  de). 

Al.  R  —  D Rostand  (Alexis). 

Éd.  de  h Hartog  (Edouard  de ). 

Er.  T Thoinan  (Ernest). 

F.  D Delhasse  (Félix). 

G.  B Bertrand  (Gustave). 

J.  B Batka  (Jean). 

J.-B.  W Weckerlin  ( J.-B.). 

J.  G  —  z Carlez  (Jules). 

J.  D.  F FiLipPi  (J.  de). 

J.  DE  V Vasconcellos  (Joaquim  de). 

J.  G Gallay  (Jules). 

L.-F.  G Casamorata  (L.-F.). 

Y Anonyme. 


Tous  les  articles  non  signés  sont  de  M.  Arthur  Pougin. 


Tous  les  noms  précédés  d'un  astérisque  sont  ceux  que  l'on  trouve  dans  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens,  et  dont  les  notices  ont  été  rectifiées,  corrigées  ou  complétées. 
Les  notices  qui  ne  sont  accompaguées  d'aucun  signe  sont  entièrement  nouvelles. 

Référence 


91^6'; 


BIOGRAPHIE 


UNIVERSELLE 


DES  MUSICIENS 


SUPPLÉMENT 


H 


(suite.) 


Ho LMES(M"''iLUGusTA), pianiste  distinguée, 
née  en  Irlande  vers  1850,  habite  Paris  depuis 
longtemps,  et  s'y  est  produite  plusieurs  fois  dans 
des  concerts.  Compositeur  aussi,  cette  artiste  a 
écrit  les  paroles  et  la  musique  d'un  grand 
opéra  en  un  acte,  Héro  et  Léandre,  qu'elle 
a  fait  entendre  à  la  direction  du  tliéàtre  du 
Châtelet,  à  l'époque  de  la  courte  transforma- 
tion de  ce  théâtre  en  Opéra  populaire  (1874); 
j'assistais  à  l'audition  de  cet  ouvrage,  qui  m'a 
paru  intéressant  et  qui  renfermait  quelques  bon- 
nes qualités,  en  dépit  des  doctrines  ultra-wagné- 
riennes  que  l'on  attribue  à  son  auteur  et  qui  ne 
m'ont  pas  semblé  percer  dans  sa  partition. 
M"'  Holmes  a,  dit-on,  deux  autres  opéras  en 
portefeuille,  Astarté  et  Lancelot  du  Lac.  Elle  a 
fait  exécuter  à  la  Société  philharmonique  de  Paris 
(1873) ,  le  psaume  In  exita ,  mis  en  musique 
par  elle,  et  aux  concerts  du  Châtelet  (1877)  un 
andante  pastoral  pour  orchestre.  Enfin  elle  a 
publié,  sous  le  pseudonyme  d'//ermann  Zenta, 
quelques  mélodies  vocales. 

IlOLSTEIN  (Franz  VOi\),  compositeur 
allemand,  est  né  à  Brunswick  le  16  février  1826. 
Fils  d'un  ancien  officier  supérieur,  il  embrassa 
lui-même  la  carrière  militaire,  devint  de  bonne 
heure  officier,  mais  prit  sa  retraite  dès  l'âge  de 
vingt-sept  ans,  en  1853,  pour  consacrer  sa  vie 
à  l'art  musical ,  qu'il  affectionnait.  Il  avait  fait, 
sous  ce  rapport,  de  bonnes  études  au  Conserva- 
toire de  Leipzig,  et  avait  eu  des  leçons  particu- 
lières du  fameux  théoricien  Moritz  Hauptmann. 
Du  reste,  M.  von  Holstein,  dont  les  connaissan- 
ces sont  très-vastes  et  les  aptitudes  très-diverses, 
8'est  occupé  aussi  d'esthétique ,  d'histoire ,  de 

BIOGR.    UNIV,   DES  MUSICIENS.    —    SUPPL.    ■ 


philosophie,  de  poésie,  de  travaux  de  mécanique 
et  particulièrement  de  dessin. 

Après  avoir  fait  plusieurs  voyages  dans  l'Alle- 
magne du  Sud,  en  Italie,  à  Berlin,  à  Paris, 
M.  Franz  von  Holstein  commença  à  se  faire 
connaître  comme  compositeur  par  la  publication 
d'un  assez  grand  nombre  de  recueils  de  chœurs 
et  de  lieder  à  une  ou  plusieurs  voix.  Déjà  il 
avait  écrit  deux  ouvrages  dramatiques  :  Deux 
Nuits  à  Venise  {2  actes,  1845),  et  Waverley 
(5  actes,  1852)  ;  en  1869,  il  donna  à  Dresde  un 
opéra  en  3  actes,  der  Haideschacfit,  qui  obtint 
un  grand  succès  non-seulement  en  cette  ville  , 
mais  dans  toute  l'Allemagne,  et  en  1872  il  faisait 
représenter  à  Berlin  der  Erbe  von  Morleij 
{l'Héritier  de  Morley),  autre  opéra  en  3  actes. 
Enfin,  en  1876,  M.  von  Holstein  offrait  au  pu- 
blic un  nouvel  ouvrage  dramatique,  Die  Ho- 
chlaender,  qui  a  été  représenté  à  Mannheim, 
et  l'année  suivante  il  donnait  sur  le  théâtre 
de  Leipzig  nn  opéra  romantique,  les  Monta- 
gnards, dont  il  avait  écrit  les  paroles  et  la 
musique  et  qui  paraît  avoir  obtenu  un  vif 
succès.  On  connaît  aussi  de  lui  un  trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  Béatrix,  air  de 
concert  pour  soprano  avec  accompagnement 
d'orchestre,  et  quelques  autres  compositions. 

HOLTZHEM  (Louis-Alphonse),  né  à  Paris 
le  26  juin  1827  ,  étudia  de  bonne  heure  la  musi- 
que, fut  enfant  de  chœur  dans  ses  jeunes  années, 
travailla  ensuite  le  violon,  fit  partie  de  l'orchestre 
de  divers  théâtres  de  Paris,  entre  autres  de  ce- 
lui du  Vaudeville,  et  enfin  se  fit  admettre  au 
Conservatoire,  dans  la  classe  d'harmonie  de 
Colet,  le  14  janvier  1847.  Mais  bientôt  il  aban- 

T.   II.  1 


2 


IIOLTZIIEM 


IIONAYN 


donna  cette  élude  pour  celle  du  chanf,  entra  dans 
la  classe  de  l'oncliaid  en  18'j9,  dans  la  classe 
d'opéra -comique  de  Morin  l'année  suivante,  ob- 
tint un  second  accessit  de  cliant  en  ISiti,  un 
troisième  accessit  d'opéra-comique  en  1802,  et 
le  premier  accessit  en  1853.  Il  embrassa  alors  la 
carrière  lyrique,  se  montra  sur  diverses  scènrs 
de  la  province  et  de  l'étranger,  et,  étant  allé  en 
Italie,  prit  à  Milan  des  leçons  d'un  professeur 
renommé  de  celte  ville,  M.Lamperti.  Vers  I8G1, 
M.  Holt/liem,  de  retour  à  l'aris,  fit  une  courte 
apparition  à  l'Opéra-Comique,  où  il  débuta, 
dans  l'emploi  des  seconds  ténors,  par  le  rôle  île 
Tonio,  de  ta  Fille  du  Régiment.  11  se  livra  en- 
suite à  l'enseignement,  et,  peu  d'années  après, 
publia  un  traité  assez  médiocre,  ainsi  intitulé  : 
Bases  de  Vart  du  chant ,  traité  théorique  et 
pratique  et  guide  spécial  à  Vusage  des  jeunes 
chanteurs  et  des  amateurs  (Paris,  Girod, 
1865,  petit  in-8°).  Depuis  lors,  M.  Holt/liem 
paraît  avoir  renoncé  entièrement  à  la  carrière  du 
Ibéâlre  et  n'a  plus  fait  parler  de  lui. 

IIOLTZMANIV  ( ),  .organiste  et  com- 
positeur de  musique  religieuse,  était,  vers  1770, 
maître  de  chapelle  de  l'église  paroissiale  à  Meers- 
bourg,  petit  pays  situé  sur  les  bord  du  lac  de 
Constance.  L'organiste  allemand  Hamma,  qui  fut 
plus  lard  organiste  de  cette  église,  a  prétendu 
qu'en  feuilletant  les  œuvres  manuscrites  de  cet 
artiste,  il  aurait  découvert,  dans  le  Credo  de  sa 
4*  messe  solennelle,  le  c\\?in\.à&la Marsrillaise, 
que  Rouget  de  Lisie  n'aurait  pris  que  la  peine  de 
copier  effrontément  pour  en  faire  son  liymne 
fulgurant.  On  trouvera  au  mot  Hamma  des  dé- 
tails plus  étendus  à  ce  sujet. 

IIOMILIUS  (L ),  compositeur  russe, 

s'est  fait  connaître  par  plusieurs  lieder,  deux 
morceaux  pour  le  piano  :  ISoctume  et  Moment 
musical,  et  un  recueil  de  Gammes  dans  tous 
les  tons  et  pour  tous'  les  degrés,  réunis  d'après 
la  Méthode  d'Antoine  Jîuhinstein.  Ces  divers 
ouvrages  ont  été  publiés  à  Saint-Pétersbourg, 
chez  l'éditeur  Ressel.  Je  n'ai  pas  d'autres  ren- 
seignements sur  M.  Ilomilius ,  qui  est  un  des 
meilleurs  élèves  de  M.  Antoine  Rubinstein. 

IIOMAIEY  (J ),  professeur  au  Conser- 
vatoire de  Toulouse  et  au  lycée  de  cette  ville. 
est  l'auteur  de  l'ouvrage  suivant  :  Nouveau 
Cnide  pour  l'enseignement  de  l'harmonie,  ou 
Petit  Manuel  pouvant  servir  atix  personnes 
qui  enseignent  ou  pratiquait  celle  science, 
Paris,  Ileiigel,  18ô7,  in-8°. 

IIOXAUEU  (Ijont/.i),  claveciniste  remar- 
quable et  compositeur,  dont  le  nom  semble 
indiquer  une  origine  germanique,  était  établi  à 
Paris  dans  la  seconde   moitié  du  dix-huitième 


siècle,  et  s'y  livrait  à  l'enseignement.  11  a  publié 
en  celte  ville  :  1"  trois  livres  de  chacun  six 
sonates  pour  le  clavecin-,  2"  un  livre  de  six 
son.'tt's  pour  le  clavecin  avec  accompagnement 
(le  violon  ad  libitum  ,•  3"  quatre  quatuors  pour 
le  clavecin,  avec  accompagnement  de  dcAW 
violons  et  basse,  et  deux  cors  ad  libitum.  Cet 
artiste  vivait  encore  à  Paris  en  1785. 

IIONAYN  (Abou  cÀn),  musicien  arabe,  né 
vers  l'an  620  de  l'ère  chrétienne,  était  désigné 
sous  le  nom  de  Honaijn  al-H'iry,  parce  qu'il 
était  originaire  de  la  ville  de  Hira,  ancienne 
capilale  de  l'Irak  arabe.  Chrétien  de  religion,  il 
commença  par  être  marchand  de  fleurs,  puis, 
se  voyant  doué  d'ime  voix  charmante,  il  se 
livra  à  l'élude  de  la  musique  et  devint  chanteur, 
en  même  temps  que  joueur  de  luth  et  compo- 
siteur. A  la  fois  poète  et  musicien,  il  écrivait, 
dit-on,  des  vers  légers  d'un  tour  aimable  et  facile, 
cl  des  airs  d'une  excellente  facture.  Il  se  lit  une 
grande  réputation,  et  était  recherché  partout 
pour  son  talent.  On  raconte  que  Khàlid,  gou- 
verneur de  l'Irak  pour  le  calife  Abd  el-Mélik, 
trouvant  que  la  musique  tendait  à  corrompre 
les  mœurs,  l'interdit  formellemenl  dans  toute 
l'étendue  de  la  province.  Un  jour  qu'il  donnait 
audience  publique,  Honayn  se  présenta  à  lui  et 
lui  dit  :  «  J'avais  une  profession  qui  faisait  sub- 
.sister  ma  famille  et  moi;  tu  en  as  prohibé 
l'exercice,  et  tu  m'as  ainsi  réduit  à  la  misère. 

—  Quelle  était  la  profession,  demanda  Khâlid? 

—  En  voici  l'instrument,  »  répondit  Honayn 
en  tirant  un  luth  de  dessous  son  manteau. 
«  Ah  !  tu  étais  musicien,  reprit  l'émir;  eh  bien, 
voyons  je  veux  te  juger;  chante.  »  Honayn, 
s'accompagnant  de  son  lufli,  chanta  aussitôt 
quelques  vers  qui  contenaient  des  maximes  de 
morale.  Après  l'avoir  entendu,  Khàlid  s'écria  : 
«  A  la  bonne  heure;  je  te  permets  de  chanler, 
mais  je  le  permets  à  toi  seul.  » 

Quelques  années  plus  tard,  le  gouvernement 
de  l'Irak  fut  confié  à  un  autre  foncllonnaire, 
nommé  Richr,  qui  aimait  la  musique,  et  auprès 
duquel  Honayn  fut  en  grande  laveur.  Il  y  avait 
alors  dans  l'Irak  un  grand  nombre  de  musiciens, 
mais  tous  médiocres,  à  l'exception  de  Honayn. 
Celui-ci  tenait  donc  en  quelque  sorte  le  sceptre 
de  l'art  musical  dans  la  province,  lorsqu'il  se 
vit  menacé  d'une  dangereuse  concurrence  par 
un  chanteur  d'une  contrée  voisine,  Ibn  Mouhri/., 
qui  venait  chercher  fortune.  Honayn  alla  à  sa 
rencontre,  l'aborda,  et  réussit  à  l'éloigner  par 
un  cadeau  de  .''lOO  pièces  d'or  (7,000  fr.). 

Honayn,  même  en  sa  vieillesse,  gagnait  d'ail- 
leurs beaucoup  d'argent,  ainsi  que  le  consta- 
tait un  jour  un  de  ses  amis  en  lui  disant  :  «  De- 


HONAYN  —  HOPPFER 


puis  cinqunnle  années  que  tu  chanles  et  que  fu 
exploites  en  Irak  la  générosité  des  grands,  il 
n'en  est  pns  un  seul  à  la  fortune  duquel  tu 
n'aies  fait  une  brèche  considérable.  »  Ilonayu 
répondit  avec  fierté  -.  «  Eh  !  mes  amis,  soyez 
donc  équitables.  Ce  que  je  donne,  moi,  à  mes 
auditeurs,  c'est  mon  souflle,  c'est  mon  àme. 
Ai-je  donc  tort,  après  tout,  d"y  mettre  un  si 
haut  ])rix  ?  « 

Ilonayn  parvint  à  un  âge  Irès-avancé;  il 
mourut,  (lit-on,  presque  centenaire,  sur  la  (in 
du  premier  siècle  de  l'hégire  (vers  718  ou  719 
de  l'ère  chrétienne),  et  par  suite  d'un  accident 
dont  les  circonstances  sont  ainsi  rapi^rléc-; 
par  Caussin  de  Perceval  dans  ses  JSotices  anec- 
dotiques  sur  les  musiciens  arabes  : 

«  Des  chanteurs  de  la  Mekke  et  de  iMédine, 
entre  autres  ibn  Souraydj  et  Malied,  l'avaient 
engagé  à  venir  visiter  ses  confrères  du  Hidjàz. 
Pour  le  déterminer  plus  sûrement  à  les  satis- 
faire, ils  lui  avaient  envoyé  une  somme  d'argent 
destinée  à  le  défrayer  de  son  voyage.  Honayn 
s'achemina  vers  Médine,  où  une  réception 
lui  était  préparée  chez  une  dame  du  plus  haut 
rang,  Soucayna,  fille  de  Hoçayn,  femme  éi^ale- 
ment  célèbre  par  son  esprit,  sa  beauté  et  le 
nombre  de  ses  maris.  On  alla  au-devant  de 
lui  à  plusieurs  lieues  hors  de  la  ville,  et  on  le 
conduisit  en  pompe  à  la  demeure  de  Soucayna. 
Lorsque  le  vieillard  y  fut  entré,  Soucayna  fit 
ouvrir  au  public  les  portes  de  sa  maison.  La 
foule  d'amateurs  qui  se  présenta  pour  entendre 
chanter  Honayn  et  ses  confrères  ne  pouvant 
tenir  dans  la  salle  où  ils  étaient,  la  plupart  des 
curieux  montèrent  sur  la  terrasse  qui  recouvrait 
cette  salle.  La  maîtresse  du  logis  leur  y  fit 
porter  des  rafraîchissements.  Honayn,  comme 
étant  le  doyen  des  artistes  présents  et  le  héros 
de  la  fête,  (ut  prié  de  chanter  le  premier. 
D'une  voix  encore  ferme  et  agréable,  il  chanta 
une  chanson  dont  il  était  l'auteur Il  n'a- 
vait pas  achevé  sa  chanson  que  tout  à  coup 
on  entend  un  craquement  affreux  mêlé  de  cris 
d'effroi.  La  terrasse,  surchargée  de  monde, 
s'effondre;  les  plâtras,  les  solives  tombent 
sur  les  assistants,  les  auditeurs  d'en  haut  sont 
précipités  sur  ceux  d'en  bas.  Il  y  eut  bien  des 
contusions  et  des  blessures,  mais  personne  ne 
périt,  excepté  Honayn.  Ou  le  retira  sans  vie 
de  dessous  les  décombres.  Il  était  mort  en 
chantant.  «  Pauvre  ^>  Honayn!  (Vu Soucayna,  il 
n  y  avait  bien  longtemps  que  nous  desirions 
te  connaître;  faut-il  qu'en  f appelant  ici 
nous  t'ayons  entraîné  à  ta  perte!  » 

HONUON  (.\nuiE.N),     compositeur    belge, 
a  fait  représenter  h.  Tongres,  le  12  septembre 


1877,  un  opéra- comique  en  un  acte  intitulé 
Monsieur  Totn.  M.  Honlion  a  fait  ses  études 
musicales  au  Conservatoire  de  Liège,  où  il  a 
remporté,  il  y  a  une  dizaine  d'années,  le  prix 
d'(!xcellence  dans  la  classe  d'orgue  et  le  premier 
prix  de  contrepoint  et  fugue. 

*  IIOPFE  (Jules),  compositeur  et  Tprofes- 
seur,  est  né  le  18  janvier  1817  au  château  de 
Hcldrungrn,  dans  la  Thuringe.  Il  fit  de  bonnes 
études  lilléraircs  à  l'Université  de  Berlin,  et 
reçut  son  éducation  artistique  à  l'Académie 
de  musique  de  la  même  ville,  où  il  se  fixa 
définilivement.  11  s'y  livra  à  l'enseignement  du 
piano  et  de  l'harmonie,  et  devint  directeur  d'une 
société  instrumentale.  Outre  un  grand  oratorio 
intitulé  la  Résurrection  de  Lazare,  qui  a  été 
exécuté  en  1850,  on  doit  à  cet  artiste  un  nombre 
consiilérable  de  compositions  importantes,  des 
symphonies,  des  ouvertures,  des  trios  et  des 
quatuors  pour  piano  et  instruments  à  cordes, 
enfin  plusieurs  cantates  ainsi  que  des  lieder 
avec  accompagnement  de  piano. 

I10PIÀIi\S  (JoHN-LARKiiN),  organiste  et 
compositeur  anglais,  cousin  de  M.  Edward-John 
Hopkins  (Voyez  Biographie  universelle  des 
Musiciens,  t.  IV),  est  né  en  1820.  Il  a  fait  ses 
premières  études  musicales  comme^  enfant  de 
chœur  à  l'abbaye  de  Westminster,  puis,  après 
avoir  terminé  son  éducation,  devint  organiste 
de  la  catliédrale  de  Rochester,  après  quoi  il  fut 
appelé  à  succéder  à  Walmisley  comme  orga- 
niste du  Trinity  collège,  à  Cambridge.  M. 
Hopkins  a  écrit  un  grand  nombre  de  compo- 
sitions pour  l'orgue  et  pour  la  voix,  des  services 
religieux,  etc. 

IIOPP  (Juuus),  compositeur  allemand,  a 
écrit  les  paroles  et  la  musique  d'une  parodie 
de  Faust,  qui,  sous  le  titre  de  Fxustling  und 
Margareth'l,  a  été  représentée  à  Berlin,  sur 
le  théâtre  Friedrich- Willielm,  au  mois  de  juil- 
let 1872. 

HOPPFER  (Louis-Bernard),  pianiste  et 
compositeur,  né  à  Berlin  le  7  août  1840,  se 
consacra  de  bonne  heure  à  l'élude  de  la  musi- 
que, et  reçut  une  excellente  éducation  technique 
à  la  nouvelle  Académie  de  musique,  que  venait 
de  fonder  M.  Théodore  Kullak.  Il  devint,  dans 
cet  établissement,  l'élève  de  M.  Kullak  lui- 
même  pour  le  piano,  de  MM.  Wohlers  et  Espeu- 
halui  pour  le  violoncelle,  enfin  de  MM.  Dehn 
et  Richard  Wuerst  pour  la  théorie  de  l'art  et 
la  composition.  M.  Hoppferse  fit  d'abord  con- 
naître, en  tant  que  compositeur,  par  plusieurs 
productions  instrumentales  importantes ,  entre 
autres  deux  sonates  pour  piano  et  violon, 
un  quatuor  pour  piano,  violon,  alto  et  violon- 


IIOPPFER  _  IIORTA  Y  LLEOPAIlT 


celle,  un  quinteUc  pour  instruments  à  cordes, 
des   marelles,    etc.,    et    aussi  par  un    certain 
nombre  de    lieder.  Il  avait  acquis  ainsi  une 
certaine    notoriété    lorsqu'il    (il    représenter  à 
l'Opéra  de  Berlin,  le  11  avril  1871,   un  drame 
lyrique  que  le  puhlic  attendait  avec  impatience. 
Cet  ouvrage,  intitulé  Friihjof,  ne  répondit  pas 
aux  espérances  quon  en  avait  conçues,  et  n'ob- 
tint qu'im  mince  succès  malgré  la  présence  des 
deux  artistes   aimés  qui    en  remplissaient  les 
principaux  rôles,  M.  Niemann  (Fritlijofj,  et  M""^ 
Mallinger  (Ingeborg).  Peu  de  temps  après,   le 
17  juin  de  la  même  année,  M.  Hoppfer  faisait 
exécuter  sur  cette  même  scène  de  l'Opéra,  mais 
en  dehors  de  la  saison  théâtrale,  une  sorte  de 
grande  légende  musicale  pour  soli,   chœurs  et 
orchestre,    Borberoussc,    qui  paraît   avoir  été 
accueillie  aussi  par  le  public  avec  une  certaine 
réserve,  bien  que  M.  Niemann  en  chantât  encore 
la  partie  principale.  On  connaît  aussi  de  Hoppl'er 
un  opéra-comique  intitulé  PÉludiant   de  Pra- 
gue,  le    23''   psaume   pour  soli,  chœur  et  or- 
chestre, et  une  ballade  pour  voix  seule,  chœur 
et  orchestre.  Cet  arliste  est  mort  dans  toute  la 
force  de  la  jeunesse,    à  Niederwald,    près  de 
Rudesbeim,  le  21  août  1877.  —  Son  frère  aîné, 
Emile-Henri  Hoppfer,  né  à  Berlin  le  22  jan- 
vier 1838,   a  commencé  par    étudier   aussi   la 
musique,    au   Conservatoire-Stern,  mais    s'est 
tourné  plus  lard  vers  la  poésie  et  les  lettres. 
Critique  et  correspondant  de  théâtres,  il  vécut 
à  Hambourg  depuis  1872.  C'est  lui  qui  a  écrit 
pour  son  frère,  qu'il  précéda   de  peu  de  jours 
dans  la  tombe,   les  livrets  des  trois  ouvrajges 
que  celui-ci  a  mis  en  musique. 

*  IIOUAK  (Wenceslas-Emmanuel),  com- 
positeur, organiste  et  écrivain  musical,  est 
mort  à  Prague  le  4  septembre  1871.  Il  était 
né  à  Mscheno  (Bohème),  en  1800. 

I10RA.T1IS  (Cesare  DE), théoricien  italien, 
est  l'auteur  de  l'ouvrage  suivant  :  IS'uovi  h'ie- 
menti  délia  scienza  acuslico-musicale,  appli- 
cabili  alla  scienza  délie  arti,  INaples,  1865. 

UOIlK(;i;i  (Félix),  virtuose  sur  la  guitare 
et  comi)Ositeur  pour  son  instrument,  naquit  en 
Pologne  vers  la  fin  du  dix-huilième  siècle. 
Employé  un  instant  à  la  Chambre  des  comptes 
de  Varsovie,  il  quitta  cette  ville  en  1815  pour 
aller  s'établir  comme  professeur  en  Aul  riche, 
et  se  fixa  à  Vienne.  Là,  il  réns>it  pleinement, 
donna  des  leçons  aux  archiduchesses,  et  se  vit 
patronné  par  la  cour.  Pourtaid,  au  bout  de 
quelques  années,  il  i>arlit  pour  l'Angleterre, 
commença  à  composer  pour  son  instrumeid^ 
puis  s'établit  à  Edimbourg,  et  publia  environ 
une  centaine   d'œuvres    pour    la   guitare.    On 


trouve  dans  ces  morceaux,  qui  se  répandirent 
beaucoup  en  Angleterre,  de  la  grâce  et  de  la 
facilité.  Horeçki  fut  le  premier  maître  du  cé- 
lèbre guitariste  polonais  Stanislas  Szczepanowski 
{Voyez  ce  nom).  Il  était  encore  à  Edimbourg 
en  1833. 

IIORMILLE  (Jean-Jacques),  compositeur, 
chef  d'orchestre  et  violoniste,  né  à  Nancy  le 
17  novembre  1799,  était  attaché  au  théâtre 
de  l'Opéra-Comique,  en  1829,  en  qualité  de 
second  chef  d'orchestre.  Il  entra  peu  de  temps 
après  (lors  de  la  fermeture  de  la  salle  Venta- 
dour)  comme  premier  chef  au  Gymnase  dra- 
matique. Il  demeura  à  ce  théâtre  jusqu'en  1845, 
se  faisant  remarquer  par  le  talent  qu'il  dé- 
ployait dans  la  composition  des  airs  et  mor- 
ceaux nouveaux  qu'il  écrivait  pour  les  nom- 
breux vaudevilles  joués  à  ce  théâtre.  Aujour- 
d'hui retiré  à  Nancy,  sa  ville  natale,  M.  Hor- 
mille,  qui  avait  été  en  18i3  l'un  des  46  mem- 
bres fondateurs  de  l'Associalion  des  artistes 
musiciens,  est  président  du  Comité  correspon- 
dant de  cette  association  à  Nancy. 

*  IIORN  (Charles-Edouard),  chanteur  et 
compositeur  anglais,  était  allé,  sur  la  fin  de  sa 
vie,  se  fixer  aux  États-Unis.  Il  y  est  mort  en  1849. 

HORN  (Auguste),  pianiste  et  compositeur 
allemand,  né  le  1""'  septembre  1825  à  Freiberg, 
en  Saxe,  a  fait  de  très-bonnes  études  musicales 
au  Conservatoire  de  Leipzig.  11  s'est,  une  fois 
son  éducation  terminée,  livré  à  la  composition, 
et  a  publié,  en  même  temps  qu'un  certain 
nombre  de  lieder,  des  fantaisies  et  des  mor- 
ceaux de  genre  pour  le  piano.  Il  a  aussi  fait 
représenter  à  Leipzig,  le  28  février  1875,  une 
opérette  intitulée  les  Voisins.  M.  Horn  est  l'au- 
teur des  excellents  arrangements  pour  le  piano 
à  quatre  mains,  publiés  par  la  maison  Peters, 
des  symphonies  d'Haydn,  de  Mozart  et  de 
Beethoven. 

IIORIXSTEIN  ( ),  compositeur  alle- 
mand, a  fait  représenter  à  Munich,  en  1872, 
un  opéra  intitulé  l'Avocat  de  village. 

*  IIORSLEY  (Chaules-Edouard),  né  à 
Kensington  (près  Londres)  le  IG  décembre  1821, 
est  mort  à  New-Vork  le  28  février  187G.  11 
était  depuis  longues  années  fixé  en  cette  ville, 
d'où  il  envoyait  à  une  feuille  spéciale  de  Londres, 
le  Musical  .standard,  des  lettres  fort  intéres- 
santes sur  l'état  de  la  musique  aux  États-Unis. 

IIORTA  Y  LLEOPAKT  (Anasïasio), 
organiste  et  compositeur  espagnol,  né  dans  la 
seconde  moilié  du  dix-huilième  siècle,  étudia 
le  piano  et  l'orgue  avec  José  Maseras,  et  la 
composition  avec  Andrevi  et  Queralt.  Dès  sa 
plus  grande  jeunesse  il  se  distingua  sur  l'orgue, 


HORTA  Y  LLEOPART  —  HUBEUTI 


et  fut  siiccessivempnt  organiste  des  églises  de 
Saint-Pliilippe  de  Néri,  de  Saint-Sévère  et  des 
Saints  Juste  et  Pasteur,  de  Barcelone.  Rarement 
il  lui  arrivait  de  jouer  des  morceaux  étudiés, 
quelque  solennelles  que  fussent  les  cérémonies, 
parce  qu'il  improvisait  d'une  façon  admirable. 
Son  exécution  était  rapide  et  brillante,  et  se 
distinguait  par  l'élégance  de  mélodies  char- 
mantes qu'il  accompagnait  d'une  chaude  et  ro- 
buste harmonie.  Il  écrivit  quelques  compositions 
pour  voiv  avec  accompagnement  d'orgue  et 
pour  orgue  seul,  et  instruisit  un  grand  nombre 
d'élèves  qui  lui  firent  beaucoufi  <rbonneur. 
Horta,  qui  était  extraordinairement  contrefait, 
et  qui,  tout  debout,  n'était  pas  plus  liaut  qu'un 
enfant  de  dix  ans  (s'il  était  petit  par  la  taille, 
dit  un  biographe,  il  était  grand  par  le  talent), 
mourut  à  Barcelone  le  12  février  1843. 

IIOUSSÏJ  (Antoine),  était  un  organiste 
distingué  qui  vivait  au  dix-septième  siècle,  et 
dont  le  neveu  était  aussi  un  artiste  de  talent 
dans  le  même  genre.  «  Parmi  nos  organistes 
les  plus  habiles  que  la  mort  a  enlevez,  dit  Ti- 
ton  du  Tillet  dans  son  Pornoxsc  François,  on 
ne  doit  pas  oublier....  Antoine  Houssu,  orga- 
niste de  l'église  de  Saint-Jean-en-Grève  et 
Houssu,  son  neveu,  qui  lui  avoit  succédé  à 
cette  place.  »  C'est  là  le  seul  souvenir  qui  nous 
reste  de  ces  deux  artistes,  et  il  m'a  été  impos- 
sible de  savoir  si  l'un  ou  l'autre  avait  laissé 
quelques  compositions. 

HOWEf.L  (F ),    compositeur    anglais, 

est  l'auteur  d'un  oratorio,  fhe  Land  of  promise, 
qui  a  été  exécuté  à  Westerham  en  1872. 

IIUBANS  (CuARLEs),  hautboïste,  chef  d'or- 
chestre et  compositeur,  né  vers  1820,  a  occupé 
pendant  plusieurs  années  à  Paris  les  fondions 
de  chef  d'orchestre  au  Cirque  d'hiver.  Plus 
tard,  il  remplit  le  même  emploi  aux  concerts  de 
Paris,  où  il  succéda  à  M.  Musard  fils,  puis  au 
café-concert  de  l'Alcazar,  et  enfin  il  entra  en  la 
même  qualité  aux  Bouffes- Parisiens,  qu'il  a 
quittés  depuis  pour  entrer  aux  Folies-Bergère. 
Il  a  donné  aux  Bouffes-Parisiens,  en  1874, 
le  Tour  de  Moulinet,  opérette  en  un  acte, 
qu'il  a  fait  suivre  de  quelques  autres  ou- 
vrages dont  voici  les  titres  :  la  Belle  Lina, 
opéra  bouffe  en  3  actes  (Athénée,  187,5),  qui 
n'eut  que  quatre  ou  cinq  représentations, 
par  suite  de  la  fermeture  du  théâtre,-  les 
de\tx  Loups  de  mer,  saynète  en  un  acte 
(Casino  d'Engbien,  1876);  Rien  qu'un  jour, 
opéra-comique  en  3  actes  (Fantaisies-Parisiennes 
de  Bruxelles,  1876).  M.  Hubans  a  fait  jouer 
encore,  dans  divers  cafés-concerts,  plusieurs 
opérettes  en  un  acte  :  Un  Amour  dans  le  dos. 


Héloïse  et  Ahedard,  liavigore  et  Collodium, 
Prisonnier  par  amour.  Un  Fausse  Gélatine, 
les  Grignolleuses,  etc.,  et  il  a  écrit  quelques 
airs  nouveaux  pour  un  grand  vaudeville  joué 
au  théâtre  Déjazet  :  les  Femmes  qui  font  des 
scènes.  Enfin,  cet  artiste  a  publié  un  certain 
nombre  de  romances  et  chansonnettes,  ainsi 
que  plusieurs  morceaux  de  genre  pour  le  haut- 
bois. Tout  cela  est  de  médiocre  valeur. 

HUBENE  (Louis),  pianiste,  professeur  et 
compositeur  belge  établi  à  Bruges,  et,  je  crois,  né 
en  cette  ville,  fut  élève  d'un  musicien  nommé 
Berget,  son  oncle,  qui  avait  lui-même  étudié  sous 
Cherubini.  Devenu  carillonneur  communal  et  or- 
ganiste d'une  des  principales  églises  de  Bruges, 
cet  artiste  s'est  fait  connaître  comme  composi- 
teur non-seulement  par  un  grand  nombre  de  mor- 
ceaux de  piano,  dont  quelques-uns  ont  été  pu- 
bliés à  Paris,  chez  l'éditeur  M.  Maho,  par  des 
motets  exécutés  dans  diverses  églises,  mais 
encore  par  trois  opéras  flamands  dont  voici 
les  litres  :  1°  Baudeuujn  van  Constantino- 
pelen,  2  actes,  représenté  sur  le  théâtre  de 
Bruges  au  mois  de  septembre  1853;  2"  Willem 
Beukels,  un  acte,  non  représenté;  3°  Bertha 
of  maed  en  Heldendaed  {Berthe,  ou  courage 
et  héroïsme)  ;  j'ignore  si  ce  dernier  a  vu  le  jour. 

HUBER  (Feriiinand),  compositeur,  né  vers 
1780,  mort  à  Saint-Gall  le  9  janvier  1863,  est 
l'auteur  des  lieder  suisses  les  plus  renommés. 
Il  en  dédia  un  cahier  à  Mendeissohn,  qui  lui 
écrivit  à  ce  sujet  une  lettre  de  chaleureuses 
félicitations. 

HUBER  (HvNs),  pianiste  et  compositeur 
allemand  contemporain,  s'est  fait  connaître  en 
ces  dernières  années  par  la  publication  de 
de  diverses  compositions  pour  son  instrument, 
entres  autres  les  suivantes  :  Blxlter  und 
Blûthen,  pièce  de  concert,  op.  2;  élude  sur 
un  thème  original,  op.  7  ;  Bdderbuch  ohne 
Bilder,  10  fantaisies,  op.  12;  Fantaisie  pour 
piano  et  violon,  op.  17  ;  Mélodies  pour  piano, 
op.  21  ;  5  Ilumoresques,  op.  24. 

IIUBERTl  (Gustave-Léon),  compositeur 
belge,  né  à  Bruxelles  le  14  avril  1843,  fit  ses  étu- 
des musicales  au  Conservatoire  de  cette  ville. 
Après  avoir  obtenu  au  concours  de  Bome,  en 
1863,  le  second  grand  prix  de  composition  pour 
sa  cantate  de  Paul  et  Virginie,  il  obtint  le 
premier  prix  en  1865,  avec  une  cantate  qui  avait 
pour  titre  la  Fille  de  Jephté.  Dans  un  grand 
concert  donné  par  lui  à  Bruxelles  au  mois  d'Oc- 
tobre 1870,  cet  artiste  a  fait  entendre  un« 
suite  d'orchestre,  un  concerto  de  piaoo  avec 
accompagnement  d'orchestre,  une  ballade  et 
quelquesiniorceaux  de  chant-  Depuis,  il  a  fait 


HUBERTI  —  IIUERTA  Y  CATURLA 


ex(?ciifer  à  Druxelles,  dans  la  salle  de  la  Grande- 
Ilarinonie,  un  oratorio  flamand  intitulé  De  laais/e 
Zoiiticslraat  (le  Doriiier  rayon  de  soleil),  (|ui 
pariiit  n'avoir  obtenu  qu'un  inodiocrc  succès. 
M,  Iliiberti  est,  assnre-l-on,  l'un  des  champions 
les  plus  décides  de  Part  (lamand,  c'est-à-dire  de 
la  fraction  de  l'école  belf;equi,  en  opposition  avec 
celle  qui  suit  les  traces  et  les  traditions  des  Grélry , 
des  Gossec  et  des  Grisar,  tourne  ses  vues  du  côle 
de  la  nouvelle  Allemagne  musicale  et  se  ranime 
sous  les  drapeaux  de  M.  Richard  Wagner.  Le  chef 
déclaré  de  ce  groupe  artistique  est  M.  Pierre 
Benoit,  directeur  du  Conservatoire  d'Anvers. 

IIUEL  ( ),    professeur   et  compositeur, 

vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  et  faisait  partie  de  la  musique  des  Suis-^es 
de  la  ganle  de  Louis XVI.  lia  publié  un  recueil  de 
six  sonates  à  violon  seul,  avec  la  basse,  op.  1. 

HUER  TA  Y  CATURLA  (Trinité  Fran- 
çois), virtuose  célèbre  sur  la  guitare,  artiste 
étrange  et  surprenant,  est  né  à  Oribuela,  près 
Cadix,  le  8  juin  1803.  On  ignore  quelle  était 
son  origine,  et  avec  qui  il  apprit  la  musique  ; 
mais  on  sait  qu'étant  entré  à  dix- sept  ans 
comme  cadet  dans  l'armée  espagnole,  il  prit 
part  au  soulèvement  militaire  de  1820,  dont 
l'un  des  chefs  était  le  général  Ricgo,  et  qu'en 
1823,  lorsque  le  roi  Ferdinand  Vil  eut  écrasé 
l'insurrection  avec  l'aide  de  l'armée  française, 
il  se  vit  obligé  de  venir  chercher  un  refuge  en 
France  et  vint  tout  droit  à  Paris,  avec  tant 
d'autres.  Ici,  il  songea,  se  trouvant  sans  res- 
sources, à  tirer  parti  de  ses  connaissances  mu- 
sicales, se  fit  [)atronner  i)nr  le  fameux  chanteur 
Garcia,  son  compatriote,  le  père  de  la  Malibran, 
et  se  produisit  dans  les  concerts  avec  un 
énorme  succès,  que  justifiait  son  talent  vérita- 
blement prodigieux  sur  la  guitare.  Garcia  quit- 
tant i'I'^urope  en  181iô  pour  aller  diriger  en 
Aniéri(iuo  une  trou|)e  d'oj'éra  italien  dont  lui, 
sa  femme  et  ses  enfants  formaient  les  éléments 
principaux,  emmena  lluerta,  qui  se  rendit 
avec  lui  à  >'e\v-York,  et  sans  doute  se  fit  en- 
tendre comme  guitariste  dans  les  représenta- 
tions de  la  compagnie  Garda;  toutefois,  ce 
qui  est  certain,  c'est  que  lluerta  monta  sur  la 
scène  aussi  conime  chanteur,  et  qu'à  New-Yoi  K 
il  se  montra,  aux  cAtés  de  Garcia,  dans  le  rôle 
de  don  Basile  du  Barbier. 

11  est  à  croire  pourtant  que  Huerta  ne  resta 
que  quelque  temps  avec  son  ami.  Après  avoir 
visité  les  États-Uni«  et  la  Havane,  il  revint  eu 
Europe  et  se  rendit  à  Londres,  où  il  n'obtint 
pas  moins  de  succès  que  naguère  à  Paris,  et 
où  il  gagna  des  sommes  considérables.  De  là 
il  partit  pour  Malle,  de  Malte  gagna  Constanti- 


nople,  et  revint  en  1830  à  Paris,  où  il  se  lia 
avec  Rossini,  et,  l'année  suivante,  connut  Pa- 
gauini.  11  retrouva  en  Franco  ses  triomphes 
passés,  et  devint  l'idole  du  public,  qui  lui  faisait 
fête  chaque  fois  qu'il  se  taisait  entendre.  «  En 
vérité,  —  disait  Fétis  dans  la  Jlevue  musicale 
—  en  vérité,  M.  lluerta  est  un  honuue  fort 
extraordinaire  ;  les  difficultés  qu'il  exécute 
tiennent  du  prodige.  Rien  ne  peut  donner  l'idée 
de  la  merveilieu>e  agilité  de  ses  iloigts.  »  On 
le  louait  alors  en  prose  et  en  vers,  et  M"'°  de 
Girardin,  devenue  déjà  fameuse  sous  son  nom 
de  Delphine  Gay,  exaltait  ainsi  .son  talent  : 

L'avez-vous   entendu  ce  troubiiilour  ii'Esp,Tgne, 
Qu'un  art  inelocliciix  .■uix   coiiibat-;  accmiip/igiiL'? 
Sur  sa  guitaïc  il  cliuntc  et  soupire  à  la  fols; 
Ses  doigts  ont  un  accent,  ses  cordes  une   voix; 
Son  cliant  est  on  poenie  luruiuiiiciu    sans  rime  ; 
Tout  ce  que  l'on  éprouve  et  l'on   rêve,   il  l'exprime, 
les  cœurs  à  ses  accfirds  se  sentent  rajeunir; 
La  beauté  qui  l'écoute,  heureuse  en  souvenir. 
S'émeut,  sourit  et  pleure,  c'  croit  encore  entendre 
Ce  qu'on  lui  dit  Jamais  de  plus  doux,  de  plus  tendre. 
Sa  };uitare,  en   vibrant,  vous  parle  tour   à    tour 
Le  Iangai:e  Q'csprit,  le  lani:age  d'amour; 
Chacun  y  reconnaît  l'instrument  qui  l'inspire  : 
Pour  le  coiiiposileur  c'est  un  orclieslre  entier. 
C'est  le  tambour  léger  pour  le  basque  en  délii'e, 

C'est  le  clairon  pour  le  guerrier, 

l'our  le  poL'te  c'est  la  lyre  ! 

En  1833,  Huerta  retourne  pour  un  instant 
dans  sa  patrie,  puis  il  revient  à  Paris  l'année 
suivante,  fait  bientôt  un  grand  voyage  dans  les 
départements,  qui  ne  l'accueillent  pas  avec  une 
moindre  laveur,  et  en  1843  va  se  faire  entendre 
en  Belgi<]ue.  En  1S49,  on  répand  le  bruit  de 
sa  mort;  la  nouvelle  était  f;iusse,  mais  on 
n'entend  plus  parler  de  lui  jusqu'au  mois  d'oc- 
tobre 1855,  époque  où  la  même  nouvelle  est 
remise  en  circulation  par  les  journaux  italiens. 
C'est  alors  qu'on  lit  dans  Vllalia  e  Popolo  -.  — 
<c  Le  célèbre  guitariste  espagnol  Hueita  vient 
de  mettre  fin  à  ses  jours,  en  se  tirant  un  coup 
de  pistolet  dans  le  cœur.  Son  cadavre  a  été 
trouvé  dans  une  des  rues  les  moins  fré'quentées 
de  Nice.  Avant  de  mourir,  il  avait  écrit  une 
lettre  pour  recommander  que  l'on  distribuât  en 
(cuvres  de  bienfaisance  une  somme  d'argent 
(|u'il  avait  en  sa  possession.  11  devait  donner 
un  concert  à  Nice,  et  déjà  les  affiches  étaient 
placardées.  »  Cependant,  cette  fois  encore,  et 
malgré  des  détails  si  précis,  la  nouvelle  de  la 
mort  de  lluerta  était  controuvée  ;  l'artiste  est 
encore,  à  rbcnrc  présente,  en  parfaite  santé, 
après  avoir  fait,  il  y  a  peu  de  temps  encore 
(1873),  un  voyage  en  RelgKpie. 

La  génération  présente  n'a  pu  apprécier  le 
talent  de  lluerta;  mais  il  fallait  que  ce  talent 
fût  bien  extraordinaire  pour  exciter  l'entliou- 


IIUERÏA   y  CATURLA  ~  HUET 


siasme  de  fous  ceux,  artistes  et  amateurs,   qui 
étaient  à  même  de  l'apprécier;  et  d'ailleurs  il 
faut  se  rappeler  que  lorsque  Hiierta  se  produisit 
à  Paris,  deux  autres  guitaristes,  fort  distingués 
tous  deux,  et  ses  compatriotes,  obtenaient  eux- 
mêmes  de  grands   succès   aiq)r6s   du  pul)lic  ; 
je  veux  parler  de  Sor  et  d'Aguado.    Il  est  vrai 
que  le  jeu   de  ceux-ci  était  normal,  classique 
si  l'on  peut  dire,   tandis   que  Huerta  était  un 
virtuose  d'une  nature  étrange,  d'un  ordre   ex- 
ceptionnel ,  qui  semblait    transformer    la  gui- 
tare en  lui  demandant  ce  qu'on  n'en  avait  jamais 
obtenu  avant  lui,  et  qui  se  caractérisait  lui  même 
avec  justesse,  sinon  avec  modestie,  en  répétant 
sans  CHSse  :  Je  souis  lé  Paganini  dé  la  goui- 
tare  !  Fétis  disait,  dans  la  Berne  mvsicale  du 
21  juillet  1832^  en   parlant  de  cet  artiste  pro- 
digieux :  —  «  Nous  avons   déjà  dit  et  tout  le 
monde  sait  que  M.  Huerta  exécute  sur  la  gui- 
tare de  très-grandes  difficultés;   mais  lorsque 
j'entends  un  artiste  distingué  déployer  un  talent 
peu  ordinaire    sur  la  guitare,  la  sensation  qui 
domme  en  moi  est  celle  du  regret  de  voir  des 
facultés  applifpiées  d'une  manière  peu  utile;  car 
un  fait  qui  ne  peut  être  contesté,  c'est   que  la 
guitare  est  destinée  à  demeurer  constamment 
dans  un  état  complet  d'infériorité  à  l'égard   des 
autres  instruments,  malgré  tout  le  talent  que 
des  artistes   tels  que  MM.  Aguado  et  Huerta 
emploient  à  donner  plus  d'étendue  à  ses  faibles 
ressources.   M.   Huerta   est   peu  musicien,   et 
riiarmonie  dont  il    accompagrie    ses    mélodies 
est  quelquefois  étrange.    »  D'autre  part,  il  est 
certain  que  Huerta,  un  peu  grisé  sans   doute 
par  ses  facultés  exceptionnelles,  prétendait  tirer 
de  la  guitare  ce  qu'elle  est  inapte  à  rendre.  A  ce 
sujet,  on  a  mis  sur  le  compte  d'un  grand  mu- 
sicien le  jugement  que  voici,  qui  parait  tout  à 
fait  équitable  :  —  «  Je  reprocherai  un  défaut  à 
Huerta.  I^arce  qu'il  entend  bruire  dans  sa  tête 
les  accords  nombreux  et  variés  de  tout  un  or- 
chestre; parce  qu'il  sent  vibrer  en  lui,  sur  tous 
les  tons,  tous  les  échos  de  son  âme,  il  s'imagine 
pouvoir  rendre  sur  les  si\  cordes  de  sa  guitare 
tout  ce    volcan    d'harmonie    intérieure.    Mais 
lui  seul  y    est  trompé.  L'oreille  du  dilettante 
n'entend  qu'une  voix,  qui  module  harmonieu- 
sement, il   est  vrai,   mais   qui   ne  peut   servir 
d'interprète  aux  mille  voix   que  l'artiste  écoute 
chanter  en  lui.  Du  reste,  Huerta  est  un  excel- 
lent guitariste,    c'est   même   le  plus  excellent 
que  je  connaisse.  »  Ces  réflexions,  je  le  répète, 
sont  on  ne  peut  plus  sensées  (1). 

(1)  On  a  attribué  à  Ilacrta  la  composition  du  faim  \\x 
chant  national  espagnol  connu  sous  le  nom  i' Hymne  de 


II  CET  (Auguste),  acteur  français  qui  a  brillé 
pendant  plus  de  vingt  ans  sur  le  tliéàtre  de  l'O- 
péra-Comique,  commença  sa  carrière  à  l'époque 
de  la  Révolution,  sur  l'aimable  Ihéàtredes  Jeunes- 
Artistes,  habilement  dwigé  par  Foignet,  père  et 
(i\9.  {Voyez  ce  nom),  et  où  l'on  jouait  beaucoup 
d'opéras-comiques.  Vers  1798,  il  passa  au  théâtre 
des  Troubadours,  où  le  répertoire  se  composait 
tout  à  la  fois  de  vaudevilles  et  de  pièces  lyriques, 
et  où  il  commença  à  acquérir  les  qualités  qui  de- 
vaient le  distinguer  plus  tard  comme  comédien. 
Mais  celui-ci  ayant  fait  de  mauvaises  affaires  et 
ayant  fermé  ses  portes,  Huet  partit  pour  la  pro- 
vince, où  il   acheva  son  éducation  scéniqiie.  11 
était  au  Grand-Théâtre  de  Rouen,  où  il   tenait 
l'emploi  des /io2//e;ç-coH/;v,  lorsqu'il  fut  appelé  à 
rOpera-Comique.  Il  y  débutale  10  décembre  1805, 
dans  Adolphe  et  dura  et  le  Médecin  Turc. 
Ses  commencements  furent  modestes,  et  il  se 
borna  à  doubler   Elleviou   et  Gavaudan;    mais 
bientôt  on  reconnut  qu'il  était  <iouéd'un  physique 
plein  de  grâce  et  de  noblesse,  d'une  voix  fraîche 
et  conduite  avec  goût,  qu'il  portait  le  costume 
avec  une  rare  distinction,  et  qu'enfin  ses  progrès 
en  tant  que  comédien  étaient  sensibles  de  jour 
en  jour.  A  la  retraite  d'Elleviou  il  avait  été  déjà 
reçu  sociétaii-e,  et  le  départ  de  ce  grand  artiste 
lui  donna  l'occasion  de  créer  quelques    rôles 
qui  lui  firent  honneur. 
En  peu  d'années,  Huet  acquit,  avec  un  véri- 


Itiego,  et  je  Tai  fait   raol-méine,   en  un  article  publié 
sur   cet     hymne    dans    la    Gazette     musicale   du    25 
octobre  I868.  Je  croyais  pouvoir  alors  ajouter  toute  con- 
liance  aux   documents    sur   lesquels  je  m'appuyais.    Je 
suis  moins  sur  de  mon  f^ilt  aujourd'hui,  quoique  je  n'aie 
pas  la  preuve  du  contraire.  Je  vais  donc    reproduire,   i 
titre    de   simple  renseignement,    ce  que  je  disais  à  ce 
sujet:—  «  ....  C'était  dans  les  premiers  jours  de  septembre 
i820.  L'Espagne,    cette   terre   classique  des   révolutions, 
venait  de  se   soulever   contre    Ferdinand  VII,  et    deux 
généraux  insurgés  Riego  et  Qulroga,  entraient  en  vain- 
queurs à  Madrid,  obligeant  le    roi  a  octroyer  une  cons- 
titution à  son  peuple.  —  L'elfervescence  était  dans  tous 
Il  s  esprits,   1  émotion   populaire    était    à     son    comlile, 
toute  l'Espagne  enfin  était  dans  uie   sorte  d'enivrement 
fac  ile  à  concevoir.  C'est  à  ce  moment  que  deux  hommes 
se  rencontrèrent  nans  une  même  pensée,  celle  de  duter 
leur  pays  d'un  hymne  de  résurrection,   d'un  chant    pa- 
triotique et  national.  L'un  d'eux,  le  colonel  Kvariste  San- 
Mrguel,  ancien  officier  de  l'armée  de  Cadix  lors  du  sou- 
lèvement de  1812,  ancien  rédacteur  du  journal  VEspec- 
tador,  "  trlLiuii    et  poète  en  même  temps   que  soldat,  m 
était  chef  d'état-major   de  Riego;  l'autre,   jeune  cadet 
djns  l'armée,  était  un  adolescent  de  dix-si  pt  ans,  ayant 
un  peu  étudié  la  musique,  et  s'appelait  lluerla.  —  Tous 
deux  associèrent  leur   inspiration,  et   dans    une  nuit  de 
fièvre  ils  enfantèrent  un  chant  auquel    ils  donnèrent  le 
nom    du  libérateur,    et  qu'ils    appelèrei  t    l'Hymne    de 
Jiiego.  L'Espagne  avait  trouvé  sa  marseillaise,    et  huit 
jours     après,    ce   chant,   devenu    rap  dément    célèbre, 
retentissait  dans  les  airs  d'un  bout  a  l'autre  du  pays,  u 


8 


HUET—  lîUNDT 


table  talent,  une  action  l^^gitimé  sur  le  public  et 
une  incontestable  autorité.  Outre  les  rôles  im- 
portants (tu  répertoire  courant,  il  s'en  vit  confier 
un  grand  nombre  de  nouveaux  qui  établirent  so- 
lidement sa  réputation,  et  on  le  vit  ainsi  dans 
le  Philosophe  en  voyage,  Ethelwina,  le  Négo- 
ciant de  Hambourg,  le  Petit  Souper,  Valent ine 
de  Milan,  Marie,  la  Vieille,  le  Colporteur, 
l'Orphelin  et  le  Brigadier,  Masaniello,  etc., 
etc.,  se  distinguant  à  la  fois  par  ses  qualités 
vocales  et  scéniques,  et  gagnant  chaque  jour  dans 
l'estime  des  amateurs.  Huet  se  fit  remarquer 
aussi,  d'une  façon  moins  connue  du  public,  par 
l'énergie,  l'activité,  l'intelligence  et  la  probité 
qu'il  déploya  lorsque,  à  la  réorganisation  de  l'O- 
péra-Comique,  il  fut  nommé,  par  l'autorité  su- 
périeure, l'un  des  quatre  acteurs  chargés  de  l'ad- 
ministration de  ce  théâtre,  et  l'on  assure  que  sous 
ce  rapport  il  rendit  d'inappréciables  services. 

Huet  se  retira  en  1828,  pour  prendre  avec 
Paul,  son  ancien  camarade  de  l'Opéra-Comiquc^ 
la  direction  du  Grand-Théâtre  de  Rouen.  Tous 
deux  s'étaient  associés  à  cet  effet,  mais  Paul 
ayant  obtenu  le  privilège  en  son  nom  seul,  voulut 
rompre  le  traité.  Huet  fit  alors  valoir  ses  droits, 
par  des  actes  authentiques,  et  obligea  Paul  à  lui 
payer  40,000  francs  de  dommages- intérêts.  Cet 
artiste  distingué  est  mort  on  1832. 

HUGH-CASS  ( ),    chef   d'orchestre  et 

compositeur,  était  en  1805  chef  d'orchestre  du 
Casino  de  Marseille,  et  remplissait,  en  1874,  les 
mêmes  fonctions  au  théâtre  de  Toulon.  Il  a  fait 
représenter  les  ouvrages  suivants  :  1"  La  Croix 
de  Jeannette,  o\)éTSi-com\(nie  en  un  acte,  Grand- 
ThéàtredeMarseille,  17  janvier  1865;  2«Za  Ronde 
de  nuit,  opérette  en  un  acte,  Alcazar  de  Mar- 
seille, 10  août  1872;  3°  Le  légataire  de  Gre- 
nade, drame  lyrique  en  quatre  actes,  théâtre  de 
Toulon,  28  février  1874.  Ce  dernier  ouvrage, 
dont  les  paroles,  comme  celles  des  deux  précé- 
dents, étaient  l'œuvre  de  M.  Maurice  Bouquet, 
avait  été  présenté  |)ar  ses  auteurs  au  concours 
ouvert  en  1867  au  Théâtre-Lyrique.  M.  Hugh- 
Cass  est  encore  l'auteur  d'une  saynète  burlesque  : 
Une  Revue  à  Trépigny-les-Oursins. 

IIULLAIl  (JouN),  professeur,  théoricien  cl 
écrivain  musical  anglais,  est  né  à  Worcester  en 
1812.  Élève  d'abord  de  Horsiey,  il  entra  en  182!) 
à  l'Académie  de  musique  de  Londres,  où  il  suivit 
le  cours  de  chant  de  Crivelli.  En  1832  il  se  pro- 
duisit comme  compositeur,  en  écrivant  la  mu- 
pique  des  Coquettes  de  village,  opéracomiciue 
de  Charles  Dickens,  puis  bientôt  il  se  livra  à 
l'enseignement  et  à  la  propagation  du  chant 
populaire,  et  fit  depuis  lors,  dans  cet  ordre 
d'idées,  les  efforts  les  plus  intelligents,  les  plus 


persévéranf.s  et  les  plus  heureux.  Il  fit  cons- 
truire  en  18'i7,  pour  ses  exercices,  une  grande 
salle  de  concerts  connue  sous  le  nom  ût  Suint- 
Martin's  Hall,  que  le  feu  détruisit  en  1860.  Cet 
événement,  qui  le  ruinait  à  peu  près  complète- 
ment, le  rendit  l'objet  des  plus  ardentes  sympa- 
thies, et  ses  élèves,  ses  amis,  ses  partisans  lui 
donnèrent  en  cette  circonstance  des  preuves  non 
équivoques  de  leur  vive  affection. 

M.  John  Hullah  a  été  professeur  de  musique 
vocale  et  d  harmonie  aux  collèges  du  roi,  de  la 
reine  et  de  Bedford,  à  Londres,  organiste  de  la 
Chartreuse,  directeur  de  l'on  hestre  et  des  chœurs 
de  l'Académie  royale  de  musique.  En  1872,  le 
Conseil  d'Éducation  l'a  nommé  inspecteur  mu- 
sical pour  le  Royaume- Uni;  depuis  lors,  il  s'est 
démis  de  ses  fonctions  au  Collège  du  Roi. 

M.  Hullah  a  produit  de  nombreux  ouvrages 
d'enseignement,  et  il  s'est  occupé  aussi  avec  ar- 
deur des  questions  relatives  à  l'histoire  de  la 
musique.  Voici  la  liste  de  ses  ouvrages  les  plus 
importants  :  1°  Méthode  de  chant  de  B.  Wilhem, 
traduite  en  anglais  ;  2°  Notation.  Résumé  histo- 
rique concernant  le  choix,- la  convenance  et 
la  formation  des  lettres  et  des  caractères  qui 
constituent  l'alphabet  musical;  3°  Histoire  de 
la  musique  moderne  (the  Historij  of  modem 
music),  ouvrage  formé  d'une  série  de  lectures 
faites  par  l'auteur  à  l'Institution  royale  de  la 
Grande-Bretagne  (Londres,  Longmans,  1862,  in- 
8°;  2'  édition  1875)  ;  4'  La  Période  de  transition 
de  l'histoire  musicale  [the  Transition  period 
of  musical  history],  ouvrage  formé  dans  les 
mêmes  conditions  (Londres,  in-8°);  5°  i^Hrf(7?^e?^<s 
de  la  grammaire  musicale;  6'  Grammaire  de 
Vharmonie  musicale;  7"  Grammaire  du  con- 
trepoint ;  8°  Exercices  pour  la  culture  de  la 
voix;  etc.  M.  Hullah  a  publié  aussi  des  recueils 
de  chants  pour  les  enfants,  et  il  a  donné,  dans 
des  publications  spéciales,  un  grand  nombre  d'ar- 
licles  sur  des  sujets  relatifs  à  la  musique. 

IIÛLSKAMP  (Gustave-Henri),  habile 
facteur  de  pianos,  fondateur  et  directeur  d'une 
des  maisons  les  plus  considérables  en  ce  genre 
qui  existent  en  Amérique,  est  né  en  Westphalie. 
En  1830  il  alla  se  fixer  aux  États-Unis,  établit 
à  f  roy,  dans  l'état  de  New- York,  une  fabrique 
de  pianos  qui,  grâce  â  son  talent  et  à  son  éner- 
gie, acquit  bientôt  une  grande  importance,  et 
obtint  en  1857  une  médaille  pour  l'excellente 
construction  de  ses  instruments.  Depuis  1866, 
M.  Hiilskamp  a  transporté  sa  fabrique  dans  la 
ville  même  de  ;Vew-Vork. 

IIUI\I>T  (M'"  Aline),  jeune  musicienne 
allemande,  s'est  fait  connaître  avantageusement, 
en  ces  dernières  années,  comme  chef  d'orchestre 


HUNDT  —  HYE  (DE  LA) 


9 


et  comme  compositeur.  Au  mois  de  mars  ou 
d'avril  1871,  elle  a  fait  exécuter  sous  sa  direc- 
tion à  Berlin,  dans  la  salle  de  l'Académie  de 
chant,  une  symphonie  en  sol  mineur  et  une 
grande  marche  instrumentale  qui  paraissent 
avoir  obtenu  un  grand  succès.  Un  journal  alle- 
mand disait,  en  parlant  de  la  seconde  de  ces 
compositions,  que  c'est  une  «  œuvre  originale  et 
puissante,  où  le  sexe  de  l'auteur  ne  se  trahit  ni 
dans  la  hardiesse  de  l'harmonie,  ni  dans  la  cou- 
leur de  l'instrumentation.  »  J'ignore  si,  depuis 
lors,  celte  artiste  s'est  produite  de  nouveau. 

HURLEBUSCH  (Conrad-Frédéric),  or- 
ganiste  et  compositeur,  né  à  Brunswick  en  1696, 
vivait  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle  à  Ams- 
terdam, où  il  devint  organiste  de  l'église  réformée. 
Les  renseignements  manquent  sur  l'existence  de 
cet  artiste,  qui  fut  un  compositeur  très-fécond, 
mais  dont  on  ignore  les  dates  de  la  naissance  et 
de  la  mort;  on  sait  seulement  qu'il  était  déjà 
oiganiste  à  Amsterdam  en  1738,  et  qu'il  vivait 
encore  dans  cette  ville  en  1766.  On  connaît  les 
œuvres  suivantes  de  Huriebusch  :  l»  Vlnnocenza 
difcsa,  opéra  italien;  2°  Flavio  Cuniberio, 
opéra  italien;  3"  VI Sonate  di  cembalo,  Amster- 
dam, 1746;  4°  Les  \bO  psaumes  de  David  avec 
ses  motets,  composés  pour  le  clavecin  et  l'or- 
gue, d'après  la  base  et  la  vraie  harmonie,  to- 
nalité, basse  chiffrée,  avec  petits  agréments, 
etc.,  Amsterdam,  Jan  Freisiich,  1766;  5"  80  à 
100  airs  italiens,  avec  instruments;  6°  12  Can- 
tates italiennes,  avec  violon  et  autres  instru- 
ments ;  7°  Cantates  italiennes,  avec  basse  et  chant  ; 
8"  12  concertos,  12  sonates  et  8  ouvertures; 
9^  6  concertos  pour  clavecin,  avec  instruments; 
10°  24  fugues  pour  clavecin  et  orgue;  11»  18  so- 
nates ou  suites  pour  le  clavecin.  Huriebusch  est 
encore  l'auteur  d'un  grand  ouvrage  sur  la  théorie 
de  la  musique. 

IIURTADO  (Pierre),  musicien  du  dix-sep- 
tième siècle,  évidemment  d'origine  espagnole  (il 
signait:  Pierre  Hurtado  y  de  Avalos),  mais  tl\é 
dans  les  Pays-Bas  et  peut-être  né  dans  cette  con- 
trée, était  fils  d'un  lieutenant  de  cavalerie  au 
service  du  roi  des  Pays-Bas.  Pendant  dix  ans  il 
fut  enfant  de  chœur  à  la  chapelle  royale  de 
Bruxelles,  et  devint  ensuite  maître  de  chant  à 
l'église  Saint-Bavon,  cathédrale  deGand.  M.  Van 
dei  Slraeten  a  retrouvé,  dans  les  archives  de  l'é- 
glise de  Sainte- Walburge,  d'Audenarde,  une  liste 
datée  de  1734  et  donnant  l'inventaire  de  la  mu- 
sique appartenant  alors  à  cette  église;  cette  liste 
contient  la  mention  des  compositions  suivantes  de 
Pierre  Hurtado  :  1°  Motet  de  chœur,  à  4  voix  et 
3  instruments;  2"  Motet  de  chœur,  à  3  voix  et  3 
instruments;  3°  Motet  à  3  voix;  4°  Te  Demn  à 


6  voix  et  3  instruments  ;  5°  Motet  à  6  voix  et  3 
instruments. 

*  HUTII  (Louis),  compositeur  allemand, 
est  mort  à  Londres  en  1859. 

HUTOY  (Eugène),  compositeur  belge,  né  à 
Liège  le  2  juillet  1844,  a  fait  son  éducation  mu- 
sicale au  Conservatoire  de  cette  ville,  où  il  suivit 
les  cours  de  solfège,  de  violon,  d'harmonie  et  de 
fugue.  Après  avoir  publié  quelques  mélodies 
vocales,  cet  artiste  a  écrit  la  musique  de  deux 
opéras-comiques  en  un  acte,  l'un,  Quiroco  et 
Cristi,  représenté  au  Pavillon  de  Flore,  à  Liège, 
le  8  février  1872,  l'autre,  la  Posada  ou  le  Sou- 
per du  Roi,  représenté  au  théâtre  royal  de  la 
même  ville  le  24  février  1874.  M.  Hutoyesl  pro- 
fesseur de  solfège  au  Conservatoire  de  Liège,  de- 
puis 1872. 

Le  frère  puîné  de  cet  artiste,  M.  Achille  Hii- 
toy,  né  à  Tournai  le  2  avril  1849,  s'est  adonné  à 
l'étude  de  la  flûte  et  est  devenu  un  artiste  dis- 
tingué. Elève  aussi  du  Conservatoire  de  Liège,  il  y 
a  été  couronné  au  concours  de  1869.  Il  fait  aujour- 
d'hui partie  de  l'orchestre  de  M.  Bilse,  à  Berlin. 

*  IIUTSCHENRUYTER  (Guillaume), 
compositeuretchef  d'orchestre,est  né  à  Rotterdam 
le  25  décembre  1796.  Il  étudia  dans  sa  jeunesse  le 
violon,  le  cor  et  la  trompette,  fit  un  cours  com- 
plet d'harmonie  et  de  contrepoint,  puis  se  livra 
avec  succès  à  la  composition.  Doué  d'une  intel- 
ligente initiative  secondée  par  un  savoirréel,  cet 
artiste  contribua  d'une  façon  considérable  au  dé- 
veloppement du  goût  musical  dans  sa  ville  natale  : 
directeur  des  concerts  de  la  Société  Eruditio  mu- 
sica,  mallre  de  chapelle  de  l'église  St-Dominique, 
chef  de  la  musique  de  la  garde  bourgeoise,  direc- 
teur de  la  Société  Musis  sacrum  et  de  la  société 
chorale  £"M;er/)e,  professeur  à  l'École  de  musique, 
il  a  occupé  pendant  longues  années  une  position 
brillante  et  exercé  une  grande  influence  sur  la 
marche  de  l'art.  Comme  compositeur,  on  lui  doit 
les  ouvrages  suivants  il»  le  Roi  de  Bohême, 
opéra  représenté  à  Rotterdam  ;  —  2°  quatre  sym- 
phonies à  grand  orchestre  (dont  une  publiée  à 
Bruxelles,  chez  Schott)  ;  —  3°  deux  ouvertures 
de  concert,  couronnées  par  la  Société  musicale 
des  Pays-Bas;  —  4°  une  ouverture  pour  instru- 
ments à  vent;  —  5"  plusieurs  recueils  de  lieder; 
—  6°  des  chants  d'écoles  (publiés  à  Schiedam, 
chez  Roelandt)  ;  —  7"  plusieurs  messes  ;  —  8"  des 
cantates;  —  enfin  un  grand  nombre  de  compo- 
sitions de  divers  genres,  qui  portent  le  chiffre  de 
ses  œuvres  à  plus  de  cent  cinquante.  Cet  artiste 
vivait  encore  à  Rotterdam  en  1864. 

HYE  (>!■"«  DE  LA).  —  Voyez  LA  HYE 
(M""  DE). 


IBi\  AK'JIA  (Mohammfd),  clianteiir  ara- 
be, élève  de  Djémîlè  et  de  Màbed,  fut  l'un 
«les  artistes  les  plus  renommés  <le  l'Orient. 
Mais  il  était  «loué  «l'un  orgueil  insupportable, 
et  tel,  dit  un  bio;iraplie,  que  si  on  le  priait  de 
chanter,  il  se  fâchait,  et  que  s'il  chantait  et 
qu'on  lui  criût  :  Bravo  !  il  s'emportait  et  cessait 
aussitôt,  disant  qu'il  n'avait  pas  besoin  d'ap- 
plaudissements. Pour  donner  une  idée  de  son 
talent,  on  raconte  qu'un  jour,  se  trouvant  à  la 
MeKUe  et  voyant  passer  une  immense  troupe 
de  p«4|erins,  Ibn  Aiclia  dit  à  un  ami  :  —  «  Je 
connais  un  homme  qui,  s'il  ouvrait  la  bouche, 
tiendrait  tout  ce  monde  immobile  et  arrêterait 
la   circulation.  —  Qui   donc?  demanda   l'ami. 

—  Moi,  »  répondit-il,  et  il  se  mit  à  chanter. 
A  .sa  voix,  tout  le  cortège  cessa  d'avancer,  les 
litières  .se  pressaient  et  s'entre-choquaient,  les 
chameaux  allongeaient  leur  cou  vers  le  chan- 
teur, et  la  confusion  qui  résulta  de  celte  sus- 
pension de  la  marche  faillit  amener  de  graves 
accidents. 

Un  autre  fait  peint  son  caractère.  Revenant 
de  Damas,  où  il  avait  été  appelé  par  le  calife 
Walîd  I[  et  par  lui  comblé  de  présents,  Ibn 
Aicha,  retournant  à  Médine,  s'était  arrêté  au 
château  de  Dhou-Klioucbb,  chez  El-Ghamr, 
frère  de  ce  prince.  Un  soir  qu'il  était  à  boire 
avec  El  Ghumr  sur  la  terrasse  qui  formait  le 
toit  du  château,  il  chanta  un  air  qui  |)lut  beau- 
coup à  celui-ci.  El-Ghamr  le  pria  de  recom- 
mencer; Ibn  Aicha  refusa  par  fierté;  le  prince 
in.sista,  le  chanteur  s'obstina,  et  El-Ghamr, 
irrité  de  ce  refus  et  échauffé  par  les  fumées  du 
vin,  fit  précipiter  l'artiste  indocile  du  haut  en 
bas  de  la  terrasse.  Quelques-uns  disent,  il  est 
vrai,  que  cette  chute  fut  accidentelle.  Quoi 
qu'il  en  soit,  Ibn  Aicha  en  mourut,  vers  l'an 
125  ou  1?.G  de  l'hégire  (environ  743  de  l'ère 
chrétienne). 

IBN  MOUHRIZ,  musicien  arabe,  vivait 
au  premier  siècle  de  l'hi^gire  (septième  siècle  de 
l'ère  chrétienne).  C'était  un  chanteur  fort  dis- 
tingué, s'il  faut  en  croire  l'anecdote  suivante, 
rapportée  par  Caussin  de  Perceval  dans  sa  notice 
sur  un  autre  chanteur  arabe,  Honayn  el-Hiry  (t)  : 

—  "  Honayn  tenait,  en  quelque  sorte,  le  sceptre 


(1)  Notices  anecdotiqucs  sur  tes  principaux  musiciens 
arabes  des  trois  preinicrs\sicctes  de  l'Islamisme. 


de  l'art  musical  dans  sa  province,  quand  il  ap- 
prit qu'il  éliiit  menacé  d'une  dangereuse  concur- 
rence. Ibn  Moidu'i/,  attiré  |)ar  ce  qu'on  lui  avait 
rajjporté  du  caractère  et  des  goilts  de  l'émir 
Bichr,  fils  de  Merwân,  s'était  mis  en  route  pour 
venir  faire  une  tournée  en  Irak.  Honayn  s'em- 
pressa d'aller  au-devant  d'un  rival  qu'il  redoub- 
lait. H  le  rencontra  au  bourg  «le  Cadecyiè,  fur 
la  limite  même  de  l'Irak  et  «lu  déserf.  Il  fit 
connaissance  avec  lui  et  le  pria  de  lui  faire  en- 
tendre sa  voix.  Ibn  Mouhriz  ayant  aussit(it  chanté 
un  air  de  sa  composition ,  Honayn  lui  dit  :  — 
«  Combien  te  flattes-tu  de  gagner  dans  ce  pays  ? 
a  _  Peut-être  1,000  pièces  d'or  (14,000  fr.), 
»  répondit  Ibn  Moubriz.  —  Eh  bien!  reprit  Ho- 
"  nayu ,  contente-toi  de  500  (7,000  fr.)  ;  les 
«  voici-,  va  ailleurs,  et  promets-moi  de  ne  plus 
«  revenir.  «  Ihn  Mouhriz  était  modeste  en  ses 
désirs  et  naturellement  disposé  à  fuir  le  monde. 
Il  accepta  le  marché,  et  s'en  retourna.  Les  con- 
frères de  Honayn  le  plaisantèrent  au  sujet  de 
cette  aventure.  «  Riez  tant  qu'il  vous  plaira,  leur 
«  dit-il,  j'ai  agi  sagement.  Si  cet  homme  était 
«  entré  en  Irak,  j'étais  perdu,  ruiné.  Il  m'aurait 
«  tellement  écrasé  de  sa  supériorité,  que  jamais 
ce  je  n'aurais  pu  me  relever.  » 

IBI\-SOURAYDJ,  l'un  des  chanteurs 
arabes  les  plus  fameux,  brillait  dans  le  premier 
siècle  de  l'islamisme  (sixième  de  l'ère  chré- 
tienne). «  Il  avait,  dit  Caussin  de  Perceval 
la  peau  brune,  peu  de  barbe^  le  teint  couperosé, 
les  yeux  louches.  H  se  coiffait  habituellement 
d'un  chapeau  rond  et  se  couvrait  le  visage 
d'un  léger  voile,  lorsqu'il  chantait,  afin  que  l'at- 
tention des  auditeurs  ne  AU  pas  distraite  par 
la  vue  de  sa  figure  disgracieuse,  et  se  fixât 
uniquement  sur  sa  voix,  qui  était  d'une  grande 
beauté.  Né  à  la  Mekke  à  la  fin  du  califat  d'O- 
mar, fils  de  Khaltab,  il  eut  pour  ma'.îie  de  chant 
ibn-Mouçaddjih.  H  alla  ensuite  à  Médine,  où  il 
fré(|uenta  la  maison  d'Âzzè-tel-Meylà  et  apprit 
plusieurs  des  airs  de  cette  cantatrice.  De  retour 
à  la  Mekke,  il  y  demeura  longtemps  obscur; 
il  cxer(;ait  la  profession  de  ndijeJi  ou  chanteur 
de  vers  élégiaques  dans  les  funérailles.  Il  végéta 
ainsi  jusqu'à  l'âge  de  quarante  ans.  » 

En  réalité,  Ibn-Souraydj  naquit  vers  l'an  23 
de  l'hégire,  soit  vers  641  de  l'ère  chrétienne. 
Les  circonstances  finirent  par  lui  être  favora- 
bles, et,  après  une  jeunesse  obscure,  plusieurs 


IBN-SOURAYDJ  —  IMBIMBO 


H 


occasions  lui  permirent  de  mettre  en  relief 
son  très-beau  talent  de  ciianleur  et  môme  son 
habileté  à  composer  de  jolis  airs,  et  il  (itiit  par 
être  considéré  à  la  Mekke,  à  Médine  et  dans 
tout  le  Hidjàz  pour  le  premier  des  nayeh. 
Bientôt  il  augmenta  encore  sa  renommée  en 
prenant  l'habitude  de  s'accompagner  avec  le 
lulli,  rt  il  fut,  assure-ton,  le  premier  qui 
chanta  des  vers  arabes  en  s'aidant  de  cet  ins- 
trument. 

L'histoire  de  sa  lutte  artistique  avec  un  de 
ses  serviteurs  devenu  son  élève,  El-Gharîdh, 
affranchi  comme  lui,  est  intéressante  et  cu- 
rieuse. Celui-ci  avait  si  bien  profité  des  leçons 
de  son  maître,  qu'il  devint  bientôt  son  rival, 
sa  voix  paraissant  d'ailleurs  particulièrement 
propre  au  chant  des  poésies  élégiaques.  Ihn- 
Souraydj,  pour  éviier  une  com]iaraison  qui 
blessait  son  amour-propre,  abandonna  alors  la 
professjjn  de  7wye/i,  et  s'attacha  à  composer 
des  airs  d'un  style  grave  et  noble,  dans  les 
espèces  de  rhylhmes  du  genre  ihdkil  ou  lent. 
Mais  El-Gharidli  le  suivit  sur  ce  terrain  et  en- 
gagea avec  lui  une  lutte  qui,  pendant  plusieurs 
années,  excita  l'attention  et  la  curiosité  du  pu- 
blic MeKkois,  lequel  jouissait  du  talent  des 
deux  artistes  sans  accorder  la  palme  à  l'un 
plus  qu'à  l'autre.  Ibn-Souraydj  voulut  alors 
changer  de  nouveau  sa  manière,  et  se  mit  à 
composer  des  hazadj,  airs  tendres  et  faciles, 
et  surfout  des  ramai,  mélodies  vives  et  agitées; 
mais,  là  encore,  Ei-Gharîdh  le  poursuivit  et 
presque  l'égala.  Enfin,  Ibn-Souraydj  composa 
un  jour,  sur  des  vers  du  poète  Omar  et  dans 
le  rhylhme  tliakil  second,  un  chant  d'une  si 
grande  beauté  et  d'une  allure  si  magnifique, 
que  son  rival  dut  s'avouer  vaincu  ;  cet  air  a 
été  mis  au  rang  des  chefs-d'œuvre  de  la  musi- 
que arabe. 

La  renommée  du  chanteur  devint  immense, 
et  le  calife  Walîd,  fils  d'Abd  el-Mélik,  à  son 
avènement  au  trône,  le  fit  venir  à  Damas  et 
en  fit  son  favori.  C'était  d'ailleurs  un  fort  hon- 
nête homme,  aussi  estimé  pour  sa  conduite 
qu'admiré  pour  son  talent.  Attaqué  de  l'éléphan- 
tiasis,  il  mourut  à  la  Mekke,  dans  sa  quatre- 
vingt-cinquième  année,  vers  l'an  108  de  l'hégire 
(726  de  J.-C). 

IMBAULT  (J -J ),  violoniste,   puis 

éditeur  de  musique ,  naquit  à  Paris  le  9  mars 
1753.  Il  commença  jeune  l'étude  de  la  musique, 
et  à  l'âge  de  dix  ans  devint  pour  le  violon  l'élève 
de  Gaviniés,  sous  la  direction  duquel  il  acquit 
un  remarquable  talent.  11  débuta  comme  virtuose 
à  dix-sept  ans,  en  se  faisant  entendre  dans  les 
concerts  donnés  au  profit  de  l'École  de  dessin 


fondée  par  Bachelier,  et  l'on  raconte  que  son 
succès  y  fut  si  grand  que,  pour  hii  exprimer  sa 
satisfaction,  M.  de  Sartine  lui  accorda  le  droit  de 
désigner  un  élève  i)oui'  élre  admis  dans  cette 
école.  Imbault  se  prodinsit  ensuite  au  Concert 
spirituel,  puis  aux  brillantes  séances  de  la  So- 
ciété olym|)ique,  et  il  eut  l'honneur  d'exécuter 
trois  fois  avec  Violti,  devant  la  reine  Marie-An- 
toinette, les  symphonies  concertantes  de  cet  iU 
lustre  maître.  Sous  l'empire,  il  lit  partie  de  l'or' 
cliestre  île  la  chapelle. 

Vers  1780,  Iiubault,  qui  avait  été  attaché  pen-i 
dant  quelques  années  à  l'orchestre  de  l'Opéra,  se 
nn't  à  la  tète  d'un  établissement  d'éilition  musi- 
cale qui  fut  bientôt  l'un  des  premiers  de  Paris. 
«  Comme  éditeur  de  musique,  disait  le  Diction- 
naire historique  des  Musiciens,  il  s'est  attaché 
plus  constamment  que  tout  autre  à  donner  des 
éilitions  belles  et  correctes,  môme  dans  les  ou- 
vrages les  plus  onhnaires;  outre  cela  il  en  a 
donné  un  grand  nombre  de  très- bonnes  et  de 
très-importantes;  on  lui  doit  le  Traité  de  la 
fugue  et  du  contrepoint  de  Marpurg,  VÉcole 
d'orrjve  par  M.  Jos.  Martini,  les  Méthodes  de 
violoncelle  par  Tillière,  Bréval  et  L.  Duport.  11 
a  publié  en  1808  une  superbe  édition  des  quatuors 
d'Haydn,  au  nombre  de  cinquante-six,  avec  le 
portrait  de  ce  compositeur.  »  Parmi  les  très- 
nombreuses  publications  faites  par  imbault,  il 
faut  citer  aussi  plusieurs  concertos  de  violon  de 
Roile,  des  duos  de  Viotti,  des  sonates  de  clavecin 
de  Boieldieu,  et  l'un  des  chefs-d'œuvre  de  son 
vieux  maître  Gaviniés,  les  ringt-quatre  Mati- 
nées. Peu  de  temps  avant  la  mort  de  ce  dernier, 
en  1800,  Imbault  donna  deux  brillants  concerts 
à  son  bénéfice  ,  et  Gaviniés  ,  reconnaissant  en- 
vers son  élève,  lui  fit  don  de  son  portrait  dessiné 
par  P.  Guérin. 

lAlBERTouYMBERT  (Tn ),composU 

teiu-,  a  fait  leprésenter  le  8  mars  18f)l,  au  Théâ- 
tre-Lyrique, un  opéra  comique  en  un  acte  inti- 
tulé les  Deux  Cadis.  Ce  petit  ouvrage,  très-bien 
accueilli  du  public,  renfermait  de  bonnes  qualités 
et  semblait  d'un  bon  augure  pour  l'avenir  du 
jeune  artiste  qui  débutait  ainsi.  Pouitant,  et 
j'ignore  pourquoi,  il  n'a  plus  été  question  depuis 
lors  de  M,  Imbert,  qui  a  seulement  publié  la 
partition  d'une  sorte  de  petit  oratorio,  Bethléem, 
«  pastorale  »  en  trois  parties  (Paris,  Choudens). 
On  doit  aussi  à  ce  compositeur  quel(|ues  ro- 
mances et  chansons,  tiur  le  Lac,  la  Baya' 
dère,  Juliette,  Tircis  et  Amarante,  VHiron-' 
délie,  le  Batelier  du  i\il,  Pauvre  Jacques, 
la  Mort  et  le  Bûcheron,  le  Satyre  et  le  Pas- 
sant, etc. 

*  IM6l\lBO  (EM.MA.NUia).   Cet  artiste   est 


12 


TMBIMBO  —  INGRANDE  (D') 


l'auteur  d'un  Salve  regina  avec  accompagne- 
ment d'orchestre,  dont  M.  le  docteur  Basevi,  de 
Florence,  [tosst'de  une  copie  datée  de  1793. 

IMME\RAET  (Michel),  facteur  de  clave- 
cins, né  à  Cologne  à  la  fin  du  seizième  siècle, 
s'établit  à  Anvers,  et  fut  inscrit  au  nombre  îles 
bourgeois  de  cotte  ville  le  5  mars  1610.  11  était 
contemporain  du  fameux  Hans  Ruckers  le  vieux, 
le  plus  célèbre  facteur  de  clavecins  d'Anvers, 
qui  possédait  en  ce  genre  un  grand  nombre  d'ar- 
tistes distingués. 

IMPALLOMENI  ( ),  compositeur  ita- 
lien, a  fait  représenter  au  théâtre  Garibaldi,  de 
Palerme,  en  1875,  un  opéra  intitulé  i-'A^iwia. 

IMPERATORI  ( ).Un  musicien  italien 

de  ce  nom  a  fait  représenter  sur  le  théâtre  de  la 
Scala,  de  Milan,  le  22  novembre  1842,  un  opéra 
sérieux  intitulé  Bianca  di  Belmonte. 

INCIIINDI.  —  Voyez  HE!\NEKINDT. 

IIVDY(S\iNT-ANr,E-WiLFRiDD'),né  à  Valence 
(Drôme),  le  14  décembre  1821 ,  est  un  de  ces 
hommes  de  goût  qui  savent  utiliser  par  la  culture 
intelligente  de  l'art,  les  loisirs  que  leur  crée  une 
situation  aisée  et  indépendante.  Venu  à  Paris  en 
1839,  M.  d'indy  y  prit  des  leçons  de  piano  d'An- 
toine de  Konstki,  et  eut  en  même  temps  Bande- 
rai! comme  professeur  de  chant.  En  outre,  il 
suivait  au  Conservatoire  le  cours  de  composi- 
tion de  Carafa,  ou  plutôt  celui  que  faisait  au 
nom  du  maître  Alexis  Roger,  qui  obtint  en 
1842    le  grand   prix   de   l'Institut. 

Un  quatuor  pour  instruments  à  cordes,  publié 
en  1841,  chez  Challiot ,  puis  un  certain  nombre 
de  morceaux  pour  piano,  de  duos  pour  piano  et 
violon,  et  de  pièces  de  chant,  parmi  lesquelles 
il  faut  distinguer  une  scène  dramatique  intitidée 
Charlotte  Corday  (M"""  Maeyens-Couvreur, 
éditeur),  tels  furent  les  débuts  de  M.  d'indy 
dans  la  carrière  du  compositeur.  Il  écrivit  en- 
suite sur  un  livret  de  M.  Emilien  Pacini  (les 
deux  Princesses) ,  un  opéra-comique  en  deux 
actes,  qui  fut  représenté  le  2  février  I8.")0,  dans 
la  grande  salle  du  Con.servaloire,  et  qui  a  été 
édité  par  M"''=  Maeyens.  Le  succès  de  cet  ouvrage 
engagea  M.  Perrin,  directeur  de  l'Opéra-Comique, 
à  accofiter  du  jeune  coinposileur  une  nouvelle 
partition,  le  Feu  sous  la  nc'<;e;  mais  différentes 
circonstances  en  tirent  ajourner  la  mise  à  la  .scène, 
et  ce  ne  fut  qu'en  18G0  que  cet  opéra,  qui  avait 
été  retiré  du  théâtre,  fut  représenté  au  Louvre  , 
chez  M.  le  comte  de  Niewerkerke,  et  dans  quel- 
ques autres  salons.  L'tm  des  interprèles  de  l'ou- 
vrage était  le  ténor  Capoiil,  qui  paraissait  pour 
la  première  fois  devant  le  public  parisien. 

Pourvu  par  M.  Roquoplan  ,  directeur  de  l'O- 
péra ,   d'un  poème    de  M.    de   Saint-Georges  , 


Maître  Claude,  M.  d'indy  en  avait  écrit  la 
musique,  et  les  répétitions  allaient  commencer, 
lorsque  la  direction  île  l'Opéra  vint  à  passer 
dans  les  attributions  du  ministre  de  la  maison 
de  l'empereur.  L'accès  de  notre  première  scène 
lyrique  s'élant  trouvé  en  même  temps  interdit 
à  tout  compositeur  n'ayant  pas  encore  fait  ses 
preuves  sur  une  scène  subventionnée,  M.  d'indy 
dut  rendre  .son  poème  à  M.  de  Saint-Georges, 
qui  le  remania,  et  le  transmit  cette  fois  à  M.  Jules 
Cohen  ;  ce  fut ,  comme  on  le  sait ,  l'Opéra-Co- 
mique qui  hérita  de  Maître  Clavde. 

Les  derniers  ouvrages  dramatiquesde  M.  d'indy 
sont  deux  opéras  de  salon  :  Méprise  et  Surprise, 
et  Dans  le  brouillard,  composés  l'un  et  l'aiWre 
en  1807,  sur  des  paroles  de  M.  Jules  d'Evry.  Ces 
deux  partitions,  finement  touchées,  et  d'un 
caractère  très-agréable,  ont  été  exécutées  dans 
la  salle  du  Conservatoire.  Une  affection  préma- 
turée de  l'organe  visuel,  dont  la  gravité  s'est 
promptement  accrue,  a  forcé  M.  d'indy  à  re- 
noncer aux  travaux  de  composition  qui  lui  étaient 
chers,  et  pour  lesquels  il  se  sentait  heureuse- 
ment doué.  Je  compléterai  l'énumération  de  ses 
fl'uvres  principales  en  signalant  :  un  trio  |)our 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  15  (Paris,  Ri- 
cbaull),  deux  sonatines  pour  piano,  et  une  Séré- 
nade, dont  la  mélodie  élégante  et  l'accompagne- 
ment soigné  donnent  la  mesure  du  talent  du 
compositeur. 

M.  Wilfrid  d'indy  a  fourni  au  Correspondant, 
de  1869  à  1873,  d'inléres.sants  articles  de  criti- 
que musicale.  Il  habite  depuis  un  certain  nombre 
d'années  l'arrondissement  de  Bayeux  (Calvados). 

J.  C-z. 

lA^DY  (Vincent  D'),  compositeur,  neveu  du 
précédent,  s'est  fait  connaître,  depuis  quehjues 
années,  par  plusieurs  productions  importantes. 
C'est  ainsi  (pi'il  a  fait  entendre  successivement 
une  ouverture  intitulée  les  Piccolotnini  (Concerts 
populaires,  1874),  des  fragments  d'une  «  sym- 
phonie chevaleresque»  (Société  nationale,  1876), 
une  ouverture  iVAntoine  et  Ciéopâtre  (Con- 
certs populaires,  1877),  et  une  «  chanson  espa- 
gnole »  avec  chd'ur  intitulé  la  Chevauchée  du 
^(/(Société  nationale,  1877).Cejeuneartiste,  qui 
ne  manque  ni  de  talent  ni  de  vigueur,  mais  qui 
cbercbe  encore  sa  voie ,  semble,  comme  (juel- 
(pies-uns  des  musiciens  <ie  notre  nouvelle  école 
française,  un  peu  trop  imbu  des  théories  éner- 
vantes de  M.  Richard  Wagner.  M.  d'indy  a  pris 
une  part  assez  importante  à  l'utile  et  intelligente 
publication  <Ies  cantiques  et  des  madrigauv  de 
Saloinon  Rossi,  faite  récemment  par  M.  S.  Naum- 
bourg  {Voyez  ce  nom). 

ll\GRA!\DE  (Edmond  D'),  organiste  et  coin- 


INGRANDE  (D')  —  ISMAEL 


13 


positeur,  est  né  à  Paris  le  19  mars  1825.  D'abord 
élève  lie  W'ilheni  et  de  Tasliin,  il  travailla  ensuite 
avec  Zimniermann,  et  prit  part,  en  1845,  an 
concours  préparatoire  pour  le  prix  de  Rome. 
N'ayant  pas  réussi,  il  entra  en  1848  au  Conser- 
vatoire, dans  la  classe  de  composition  d'Adolphe 
Adam,  mais  n'y  resta  que  peu  de  temps.  11  devint 
bientôt  professeur  de  cliant  dans  les  écoles  com- 
munales de  la  ville  de  Paris,  puis,  successive- 
ment, organiste  de  l'église  Saint-Ambroise ,  de 
Notre- Dame-des-Blancs-Manteaux,  et  maître  de 
chapelle  à  Saiut-Leu.  M.  d'ingrande  a  écrit  un 
grand  nombre  de  chœurs  orphéoniques  :  le 
Guet,  Il  est  minuit ,  les  Papetiers  ,  le  Chant 
des  Forgerons,  la  Fêle  du  bon  Dieu,  les  Génies 
de  la  terre,  l'Union  de  l'industrie  et  des  arts, 
le  Chant  de  V atelier,  qui  ont  été  couronnés  à 
différents  concours;  il  est  aussi  l'auteur  d'une 
grande  cantate ,  Jeanne  d'Arc,  pour  soprano  et 
chœurs,  avec  accompagnement  de  piano  et  ins- 
truments à  cordes,  couronnée  par  la  Société  libre 
des  Beaux-Arts,  et  de  deux  messes  brèves  à  3 
voix  d'hommes,  avec  accompagnement  d'orgue, 
qui  lui  ont  valu  deux  mentions  honorables  au 
concours  ouvert  en  1874  par  la  Société  des  com- 
positeurs de  musique.  IVI.  Edmond  dlngrande  a 
pris  part  à  la  rédaction  du  journal  l'Orphéon  et 
à  celle  de  l'Union  chorale,  devenue  plus  tard 
l'Union  musicale. 

IMGUEZ  ( ),  organiste  espagnol  con- 
temporain, a  publié  chez  l'éditeur  Romero  y 
Andia,  à  Madrid,  un  Traité  complet  de  plain- 
chant  et  une  Méthode  complète,  théorique  et 
pratique  d'orgue. 

*  li\SANGUlI\E  (Jacques).  Aux  ouvrages 
dramatiques  de  cet  artiste,  il  faut  ajouter  la 
Matilde  generosa ,  opéra  représenté  à  Naples, 
sur  le  théâtre  des  Fiorentini,  i;n  1757. 

IiXZElXGA  (José),  pianiste,  compositeur  et 
professeur  espagnol  contemporain ,  est  l'auteur 
d'un  manuel  intitulé  :  Quelques  observations 
sur  l'art  d'accompagner  au  piano  (Madrid, 
Romero  y  Andia).  Cet  artiste  a  fait  représenter 
sur  divers  théâtres  de  Madrid,  soit  seul,  soit  en 
collaboration,  un  certain  nombre  de  :iarzuelas  ; 
je  ne  puis  signaler  que  les  suivantes  :  1°  Por  se- 
guir  a  una  mujer,  4  actes  (en  société  avec  Gaz- 
taiiibide,  MM.  Barbieri  etOudrid),  24  décembre 
1851-,  2"  Don  Simplicio  Bobadilla ,  3  acies 
(avec  Gazlambide,  MM.  Barbieri  et  Hernando), 
7  mai  1853;  3°  wn  Dia  de  reinado,  3  actes 
(avec  Gazlambide,  MM.  Barbieri  et  Oudrid),  il 
février  1854;  4°  Cubiertos  à  cuatro  reaies,  un 
acte,  27  octobre  18GC  ;  5°  Oro,  astucia  y  amor, 
3  actes  -,  6"  Si  yo  fuera  rey,  3  actes.  M.  Inzenga 
Ç9t  professeur  de  chant  au  Conservatoire  de  Ma- 


drid depuis  le  l"  février  1860.  Il  a  publié  ré- 
cemment le  premier  volume  d'un  recueil  inté- 
ressant, qui,  sous  le  titre  d'^cos  de  Espana 
(Barcelone,  Vidal  et  Bernareggi),  reproduit 
cinquante-deux  pièces  de  musique  populaire , 
chansons  ou  airs  de  danse,  parmi  lesquels  on 
retrouve  les  airs  joyeux  des  montagnes  de  la 
Catalogne ,  la  Guaracha  de  l'île  de  Cuba ,  des 
seviltanas ,  la  jota  aragonesa  ,  et  jusqu'aux 
chants  militaires  de  la  guerre  de  l'Indépendance. 
M.  Inzenga ,  qui  a  fait  un  voyage  artistique  en 
Italie,  a  aussi  publié  un  livre  intitulé  :  Jmpre- 
sionas  de  un  artista  en  Itaiia,  qui  renferme, 
dit-on,  de  bonnes  vues  sur  l'art  lyrique  et  sur 
l'art  du  chant. 

lREi\10i\GER  (Michel),  compositeur,  s'est 
fait  connaître  en  Italie  par  un  petit  opéra,  una 
Notie  di  novembre,  qui  fut  joué  en  1869  au 
théâtre  Re,  de  Milan,  avec  un  certain  succès.  Cet 
artiste,  qui  fut ,  je  crois ,  avec  un  de  ses  con- 
frères, directeur  un  instant  d'une  des  petites 
scènes  de  Milan ,  mourut  en  cette  ville ,  à  la 
fleur  de  l'âge,  le  6  janvier  1871. 

ISMAÉL  (Jean-Vital-Ismael  JAMMES, 
dit),  chanteur  dramatique ,  est  lils  d'un  pauvre 
tailleur  d'Agen  ,  et  naquit  en  cette  ville  le  28 
avril  1827.  Doué  d'une  superbe  voix  de  baryton 
et  d'heureuses  aptitudes  musicales,  il  ne  put 
être  aidé  par  sa  famille ,  trop  pauvre  pour  lui 
fournir  les  maîtres  dont  il  avait  besoin.  Alors, 
poussé  par  sa  vocation,  il  quitta  un  jour  la  mai- 
son paternelle,  se  rendit  à  pied  à  Bordeaux,  puis 
delà  à  Nantes,  s'arrêtant  de  ville  en  ville,  et 
faisant  le  métier  de  chanteur  ambulant  pour  pou- 
voir vivre  le  long  de  la  route.  Arrive  à  Nantes, 
il  trouva  le  moyen  de  se  faire  engager  comme 
choriste  au  Grand-Théâtre ,  et  fut  appelé  un 
jour,  par  occasion ,  à  jouer  le  rôle  de  Max  dans 
le  Chalet.  11  avait  alors  seize  ans  environ. 
Bientôt  il  vint  à  Paris ,  se  vit  refuser,  dit-on , 
l'entrée  du  Conservatoire ,  prit  quelques  leçons 


avec  un  artiste  peu  connu ,  et 


pour 


tenir,  dans  une  petite  ville  de  la  Belgique,  l'em- 
ploi de  baryton  et  de  basse  chantante. 

Le  jeune  artiste  possédait  un  tempérament  in- 
tellectuel remarquable.  Seul ,  sans  maîtres  ,  il 
avait  appris  à  lire  et  à  écrire  ;  presque  seul  aussi, 
il  apprit  la  musii|ue,  se  mit  en  état  de  lire  les 
partitions,  et  fit  d'une  façon  toute  pratique,  sur 
les  scènes  secondaires  de  la  province ,  son  rude 
apprentissage  de  chanteur  et  de  comédien.  Apiès 
avoir  tenu  son  emploi  à  ïournay,  à  Orléans,  à 
Amiens,  à  Saint-Étienne,  il  arriva  à  Bordeaux, 
et  c'est  dans  cette  ville  qu'il  rencontra  ses  pre- 
miers grands  succès ,  en  jouant  tous  les  grands 
rôles  du  répertoire  de  l'Opéra  et  de  l'Opéra-Co- 


u 


ISMAEL  —  ISOUARD 


niique.  11  iHait  lancé  alors,  et  ne  quitta  plus  les 
granilfs  villes ,  se  produisant  succissiveinent  à 
Bruxelles,  à  Rouen,  à  Lyon,  à  Marseille,  etc. 

La  réputation  que  M.  Isniaël  s'était  acquise  en 
province  était  parvenue  jnsquà  Paris.  M.  Car- 
vallio,  directeur  du  Théâtre  ■  Lyrique  ,  songea  à 
se  l'attacher,  et,  le  30  septembre  1863,  M.  Isinaël 
débutait  à  ce  théâtre  dans  un  ouvrage  nouveau, 
les  Pécheurs  de  perles,  de  Georges  Bizet, 
après  quoi  il  se  produisait  dans  Rigolât (o. 
Quoique  un  peu  hésitant  à  son  apparition  sur  une 
scène  aussi  importante,  en  raison  de  certains 
défauts  que  les  artibtes  contractent  forcément  en 
pro\ince,  M.  Isniaèl,  dont  les  qualités  de  chan- 
teur et  de  comédien  étaient  incontestables,  dont 
la  voix  était  sympathique  bien  que  parfois  un 
peu  dure,  et  qui  joignait  à  un  grand  sentiment 
pathétique  la  verve  comique  qui  force  le  rire, 
M.  Ismaël  prit  bientôt  possession  du  public  et 
devint  son  acteur  favori.  Des  créations  nom- 
breuses dans  Cardillac,  la  Fiancée  d'Abydos, 
les  Joyeuses  Commères  de  Windsor,  Mireille, 
Macbeth,  etia  reprise  de  certains  rôles  du  réper- 
toire, entre  autres  celui  de  Sganarelle  du  Mé- 
decin malgré  lui,  vinrent  montrer  toute  l'am- 
pleur, la  souplesse  et  la  variété  de  son  talent. 

Vers  1871,  M.  Ismaël  fut  engagé  à  l'Opéra- 
Comique,  et  là  encore  ,  sans  parler  de  l'a'uvre 
ridicule  qui  s'appelle  Fantasio,  il  fit  plusieuis 
excellentes  créations  :  le  Roi  l'a  dit,  le  Floren- 
tin, et  surtout  Gille  etGillotin,  auquel  il  dut 
un  de  ses  plus  grands  succès.  Malheureusement, 
vers  cette  époque,  il  fut  atteint  d'une  affection 
vocale  qui  l'obligea  de  s'éloigner  de  la  scène  à 
plusieurs  reprises.  Il  n'importe  ;  M.  Ismaël  reste 
un  artiste  extrêmement  distingué,  bien  doué  à 
tous  les  points  de  vue,  soigneux  de  toutes  choses, 
et  qui  réunit,  qualité  si  rare  aujourd'hui  ,  le 
talent  du  comédien  à  celui  du  chanteur.  C'est  en 
raison  de  cet  avantage  que  le  Conservatoire  l'a- 
vait placé,  il  y  a  quelques  années,  à  la  tète  de 
sa  classe  d'opéra.  Il  a  dû  résigner  depuis  ces 
fonctions,  et  la  perte  de  sa  voix,  qui  semblait 
l'avoir  obligé  aussi  à  quitter  définitivement  la 
scène,  lui  a  cependant  permis  d'entrer  au 
théâtre  de  la  Renaissance,  oii  il  a  tait  une 
excellente  création  dans  une  opérette  de 
M.   Johann  Strauss,  la  Tzigane  {{^11). 

ISO    ( ),  compositeur  français,  vivait 

dans  la  seconde  moitié  du  dix-huilième  siècle. 
Le  20  juillet  1759,  l'Opéra  donnait  la  première 
reiirésentatidU  de  Fragments  hcroïques  dont 
chacun  des  trois  actes,  comme  c'était  Ihabiludc 
pour  ces  sortes  d'ouvrages,  formait  un  tout  com- 
plet et  indépendant  des  deux  autres.  Le  premier 
avait  pour  titre  Phaétuse  (paroles  de  Fuselier), 


le  second  Zémide  (paroles  de  Laurè-s),  et  la 
musique  de  ces  deux  actes  était  d'Iso.  Ce  com- 
positeur, aujourd'hui  complètement  oublié  et 
qui  n'a  pas  laissé  d'autres  tra(;es  de  son  passage, 
serait  resté  absolument  ignoré  sans  nn  incident 
as.sez  étrange,  que  l'on  trouve  ainsi  relaté  dans 
les  Anecdoles  dramatiques  de  l'abbé  de  La 
Porte  :  «  M.  Iso  est  connu  par  le  procès  qu'il  a 
intenté  à  M.  de  Lagarde,  compositeur  de  la  cham- 
bre de  Sa  Majesté  et  ordinaire  de  sa  musique. 
M.  Iso  prétendait  que  de  tous  les  ouvragesj  de 
musique  qui  ont  paru  sous  le  nom  de  M.  de  La- 
garde, il  n'y  en  a  pas  un  seul  qui  lui  appartienne. 
Je  suis,  dit-il  dans  son  Mémoire,  l'auleur  de 
tous  ces  ouvrages....  Le  sieur  de  Lagarde  s'en 
est  approprié  la  gloire  et  le  profit.  M.  Iso 
fut  condamné  au  Châtelet,  et  ensuite  au  Parle- 
ment. »  Il  m'a  été  impossible  de  mettre  la  main 
sur  le  Mémoire  d'Iso  ,  qui  est  sans  lioiiîe  fort 
curieux,  et  je  n'ai  pu  découvrir  aucun  autre  ren- 
seignement sur  cet  artiste ,  si  ce  n'est  que  le 
mardi-saint  de  l'année  1773,  M'i^  Dnval  chantait 
un  motet  de  sa  composition  au  Concert  spirituel. 
Je  crois  toutefois  qu'il  ne  fait  qu'un  avec  celui 
qui  est  mentionné  sous  le  nom  li'Yzo,  au  tome 
VIII  de  la  Biographie  universelle  des  musi- 
ciens ,  comme  auteur  d'un  écrit  intitulé  Lettre 
sur  celle  de  M.  J.-J.  Rousseau ,  citoyen  de 
Genève,  sur  la  musique,  et  publié  en  1754. 

ISOLAiVI  (Le comte  ALEssAXDRo),est l'auteur 
d'un  opéra-ballet  intitulé  Amina ,  qui  a  été 
représenté  en  1859  au  théâtre  communal  de  Bo- 
logne. 

*  ISOUARD  (NicoLo),  compositeur,  était 
né  à  Malte,  d'une  famille  française,  le  0  décembre 
1775.  A  la  liste  de  ses  ouvrages,  il  faut  ajouter 
le  Baiser  et  la  Quittance,  opéra-comique  en  3 
actes,  écrit  en  société  avec  Boieldieu,  Kreutzer 
et  Mehul,  et  rei)résenté  à  l'Opéra-Comique  le 
18  juin  1803;  on  lui  doit  au.ssi  quehjues  frag- 
ments d'M«e  Nuit  de  Gustave  Wasa ,  opéra- 
comique  donné  le  29  septembre  1827,  et  au  sujet 
duquel  Fétis  disait,  dans  sa  Revue  musicale  : 
" Cette  pièce  n'est  point  favorable  à  la  musi- 
que. INicolo  Isouard,  qui  en  avait  été  chargé 
primitivement,  avait  jeté  sur  le  papier  quehpus 
idées,  et  avait  écrit  tout  le  cha ur  de  la  fin  du 
premier  acte.  Le  reste  de  la  musique  a  été  com- 
posé par  M.  Casse.  » 

S'il  faut  en  croire  certains  documents,  le  véri- 
table nom  de  famille  de  Nicolo  aurait  été  Isoiar, 
et  non  Isouard.  Ainsi,  dans  l'acte  de  mariage  de 
.son  frère,  dressé  à  Gand  en  1827,  on  lit  :  «  Jo- 
seph-Alexandre- Victor- Antoine-Calcédoine- Jac- 
ques-Emmanuel Lsoinr,  dit  Aicolo  Isouard,  né 
à  Malte  le  2i  juillet  I7i)i....  «  Ce  frère  cadet, 


ISOUARD  —  IVRY  (D') 


lo 


voulant  profiter  de  la  renommée  de  Nicolo ,  se 
faisait  appeler  lui  aussi,  comme  on  le  voit,  Nicolo 
Isouaid.  Après  avoir  été  officier  sous  lo  premier 
empire ,  il  avait  ensuite  embrassé  la  carrière 
théâtrale,  d'abord  comme  chanteur,  puis  comme 
directeur.  Il  chanta  l'empini  des  ténors  d'opéra- 
comique  dans  plusieurs  jurandes  villes  des  dépar- 
tements et  de  létranger,  notamment  à  Lille 
(1825),  Gand  (1826  et  1827),  Rouen  (1828), 
Nîmes  (1829),  Toulouse  (1833),  et  ensuite  de 
nouveau  à  Rouen  pendant  plusieurs  années.  Il 
resta  établi  en  cette  ville,  où  il  deviid  plus  tard 
sous-inspecteur  des  monuments  historiques  à 
la  préfecture  de  la  Seine-Inférieure,  et  y  mourut 
le  23  mars  1803. 

L'une  des  deux  filles  de  Nicolo,  M'i-^  Miirlle 
JSicolo  Isouard,  était  musicienne  et  s'était  quel- 
que peu  livrée  à  la  composition.  Elle  avait  pu- 
blié quelques  romances  et  mélodies  vocales.  Elle 
est  morte  à  Paris,  le  6  octobre  1876,  à  l'âge 
de  soi\anfe-deux  ans. 

ITASSE    ( ),    professeur  de  chant   à 

Paris,  appartenait  au  personnel  de  TOpéra  et  fit 
partie  des  hautes-contre  des  chœurs  de  ce  théâ- 
tre depuis  1768  jusqu'à  1783,  époque  à  laquelle 
il  fut  pensionné.  Cet  artiste  a  publie  un  Premier 
recueil  cPairs  et  duos  avec  accompagneinent 
de  violon  et  alto,  ou  avec  la  guitare  et  basse. 

ITIER  (Léonard),  luthiste  fort  distingué, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle  et  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième. 
Bien  qu'on  ne  connaisse  point  l'année  de  sanais- 
.sance  ni  celle  de  sa  mort,  i!  est  certain  qu'il  vé- 
cut fort  vieux ,  car  ÏÉIat  de  la  France ,  qui 
l'inscrit,  à  la  date  de  1721,  comme  maître  de 
lutli  ordinaire  des  pages  de  la  musique  de  la 
chapelle  du  roi,  avec  «  600  livres  par  an -pour 
nourriture,  »  ajoute  qu'«  il  étoit  déjà  en  posses- 
sion de  cette  charge  au  saci  e  du  roy  Louis  XIV 
en  1654.  »  Hier  a  donc  fourni  une  carrière  d'une 
longueur  peu  commune,  et  est  resté  en  exercice 
pendant  au  moins  soixante  sept  ans.  Il  occupait 
la  même  charge  pour  les  pages  de  la  musique  de 
la  chambre,  avec  «  730  livres  de  nourriture 
par  an,  »  et  enfin  il  était  joueur  de  viole  de  la 
musique  de  la  chambre  pour  le  semestre  de 
juillet,  «  à  raison  de  450  livres  5  sols  pour 
nourriture,  »  ce  qui  lui  constituait  un  traitement 
total  annuel  de  1780  livres  5  sols.  —  Son  fils, 
Gaston  Hier,  luthiste  comme  lui,  avait  la  sur- 
vivance de  ces  trois  charges ,  et  lui  succéda 
vraisemblablement. 

IVANOFF  (Nicolas),  l'un  des  rares  chan- 
teurs russes  qui  se  soient  (ait  un  nom ,  est  né 
dans  la  Petite-Russie  au  commencement  de  ce 
siècle.  Doué  d'une  fort  jolie  voix  de  ténor,  il 


quitta  jeune  son  pays  pour  aller  étudier  léchant 
à  Milan,  sous  la  direction  d'Eliodorn  Bianchi.  Il 
débuta  à  Naples  vers  1830,  prit  encore  en  cette 
ville  des  leçons  de  Nozzari,  et  presque  aussitôt 
était  engagé  au  Théâtre-Italien  de  Paris,  où  il 
se  produisait  pour  la  première  fois  en  1832,  et 
où  il  supporta  sans  désavantage  le  redoutable 
voisinage  de  Riibini.  La  voix  d'Ivanoff  avait  un 
remarquable  caractère  de  tendresse  et  de  suavité, 
et  ses  qualités  naturelles  étaient  doublées  par  la 
pureté  d'un  chant  plein  de  douceur  et  d'élégance. 
H  chantait  Vadagio  avec  un  charme  exquis,  et 
jamais  ne  laissait  échapper  de  ces  cris  et  de  ces 
coups  de  gosier  qui  sont  l'unique  ressource  des 
artistes  médiocres.  Seulement,  il  était  froid  et 
compassé  comme  acteur.  Ivanoff  resta  plusieurs 
années  à  Paris,  se  fit  entendre  également  à  Lon- 
dres, puis  retourna  en  Italie,  se  fit  applaudir  à 
Florence ,  à  Palerme,  à  Milan,  revint  un  instant 
à  Paris,  vers  1850,  et  enfin  alla  se  retirer  à  Bo- 
logne, où  il  vit  encore  aujourd'hui,  entouré,  dit- 
on,  de  l'estime  et  de  l'affection  de  tous  ceux  qui 
le  connaissent. 

IVRY  (Paul-Xa.vier-Désiré,  marquis  de 
RICHARD  D'),  compositeur  dilettante  ,  est 
né  à  Beaune  (Côte-d'Or)  le  4  février  1829.  Dès 
1847  il  faisait  exécuter  par  la  Société  philharmo- 
nique de  cette  ville  une  ouverture  de  concert, 
et  écrivait  bientôt  les  paroles  et  la  musique  d'un 
opéra  intitulé  Fatnia,  en  môme  temps  qu'il  pu- 
bliait quelques  mélodies  vocales.  S'élant  fixé  à 
Paris  en  1854,  il  y  composa  la  musique  de  deux 
opéras-comiques  en  un  acte,  Quentin  Melzys  et 
la  Maison  du  docteur,  sans  pouvoir  réussir  à 
se  faire  ouvrir  les  portes  d'un  théâtre  ;  le  second 
de  ces  ouvrages  fut  pourtant  joué  dans  quelques 
salons  et  représenté  à  Dijon  en  ISâô,  et  la  par- 
tition en  fut  gravée  chez  l'éditeur  M.  Choudens. 
A  cette  époque,  M.  d'Ivry,  qui  n'avait  reçu  au- 
cune éducation  musicale  et  ne  s'était  formé  que 
par  la  lecture  de  quelques  traités  et  des  œuvres 
des  maîtres,  prit  des  leçons  de  contrepoint  de 
Leborne  et  fit  un  cours  de  composition  avec 
M.Aristide  Wv^wmA  {Voyez  ce  nom).  C'e.U  pen- 
dant ce  temps  qu'il  écrivit  un  nouvel  ouvrage  en 
un  acte,  Omphaleet  Pénélope,  qui  lui  avait  é[é 
commandé  pour  le  Théâtre-Lyrique,  mais  qu'un 
changement  de  direction  fit  rester  dans  ses 
cartons. 

Quelques  années  plus  tard,  M.  d'Ivry,  voulant 
réaliser  un  rêve  longtemps  caressé,  entreprit 
d'écrire  le  poème  et  la  musique  d'un  Roméo  et 
Juliette  qui  fût  à  l'œuvre  de  Shakespeare  ce  que 
\&  Faust  Ae.  M.  Gounod  était  au  draïue  de  Gœlhe. 
La  moitié  de  l'ouvrage  était  déjà  faite  lorsque, 
vers  la  fin  de  ISCi,  le  compositeur  se  trouvant 


46 


IVRY  (D') 


à  Rouen,  apprit  de  Liszt  que  M.  Gounod  était  en 
train  de  traiter  le  même  sujet.  Douloureusement 
surpris  à  cette  nouvelle,  il  se  remit  pourtant  au 
travail ,  mais  sans  se  dissimuler  les  dirticultés 
qu'allait  créer  à  l'expansion  de  son  œuvre  une 
concurrence  aussi  redoutable.  Il  la  termina  néan- 
moins, et,  désirant  prendre  date,  il  lit  graver  sa 
partition  sous  le  titre  :  les  Amants  de  Vérone 
(Paris,  Flaxiand),  de  façon  que  sa  publication 
précédât  de  quelques  jours  l'apparition,  sur  la 
scène  du  Théâtre -Lyrique,  du  Roméo  et  Juliette 
de  M.  Gounod.  La  partition  des  Amants  de  Vé- 
rone était  signée  du  pseudonyme  anagrammatique 
de  Richard  Yrvid.  Peu  de  semaines  après,  le  12 
mai  1867,  une  exécution  en  était  faite  à  l'école 
de  M.  Duprez,  avec  M.  Duprez  fils  et  sa  sœur, 
M™'  Vandenheuvel-Duprez,  dans  les  deux  rôles 
de  Roméo  et  de  Juliette;  la  presse  musicale,  in- 
vitée à  cette  soirée,  fut  très-favorable  à  l'œuvre 
et  à  l'auteur. 

Toutefois,  celui-ci  n'eut  plus  alors  qu'une  dou- 
ble pensée  :  compléter  et  parfaire  une  œuvre  qui 
ne  le  ^satisfaisait  qu'à  demi  et,  dans  ce  nouveau 
travail,  s'éloigner  le  plus  possible  de  l'interpré- 


tai ion  que  M.  Gounod  avait  donnée  au  chef- 
d'œuvre  de  Shakespeare  ;  puis,  faire  jouer  les 
Amants  de  Vérone.  L'ouvrage,  refait  en  grande 
partie,  augmenté  d'un  acte  (il  n'en  comportait 
primitivement  que  quatre),  s'éloigne  sensiblement 
de  l'opéra  de  demi-caractère,  pour  se  rapprocher 
du  grand  drame  lyrique ,  et  l'auteur  a  donné 
beaucoup  de  développement  aux  deux  rôles  de 
Mercutio  et  de  la  nourrice,  tenus  dans  l'ombre 
par  les  collaborateurs  de  M.  Gounod.  J'ai  en- 
tendu les  deux  versions  des  Amants  de  Vérone, 
et,  déjà  fort  satisfait  de  la  première,  j'ai  trouvé 
la  seconde  très-supérieure  et  digne  d'être  pré- 
sentée au  public  avec  de  grandes  chances  de 
succès.  Par  malheur,  celui-ci  n'a  pas  encore  été 
appelé  à  la  juger. 

M.  le  marquis  d'Ivry  a  publié  chez  MM.  Ma- 
yaud,  Richault  et  Heu  un  certain  nombre  de 
mélodies  vocales  :  le  Roi  de  Thulé,  l'Ondine, 
V Adieu  de  la  Nourrice,  Matin  et  Soir,  Fleur 
de  jasmin,  etc.,  ainsi  qu'un  ««  cantique  à  Notre- 
Dame  de  Lourdes,  »  Litanies  de  la  Délivrance, 
dont  il  a  écrit  les  paroles  et  la  musique.         , , 


JACOBS  (Peeter)  ,  lulliier  flamand,  exerça 
son  art  à  Amsterdam  dans  les  dernières  années 
du  dix-septième  siècle  et  au  commencement  du 
dix-huitième.  C'était  un  artiste  habile,  dont  les 
produits  avaient  une  réelle  valeur.  Les  instru- 
ments laissés  par  lui  sont  nombreux,  tant  violons 
qu'altos  et  basses,  et  construits  sur  le  modèle  de 
ceux  de  Nicolas  Amali. 

JACOBY  (Georges),  violoniste  et  compo- 
siteur, né  à  Berlin  le  13  février  1840,  fut  amené 
de  bonne  heure  en  France  par  ses  parents,  et  se 
fit  admettre  au  Conservatoire  de  Paris,  où  il 
entra,  le  29  décembre  J832,  dans  la  classe  de 
M.  Massart.  Admis  au  concours  en  1 854,  il  obtint 
un  3«  accessit,  et  se  vit  décerner  le  l"  en  1836, 
puis  concourut  deux  nouvelles  années  sans  ob- 
tenir une  récompense  supérieure  ;  aux  termes 
des  règlements  de  l'école,  il  aurait  dû  être  rayé 
des  classes,  mais  il  obtint  un  sursis,  concourut 
de  nouveau  en  1859 ,  remporta  un  second  prix  , 
et  enQn  eut  le  premier  en  1861.  A  peu  près  à 
cette  époque  il  entra  à  l'orchestre  de  l'Opéra,  ce 
qui  ne  l'empêchait  pas  de  se  faire  entendre  fré- 
quemment dans  les  concerts.  Quelques  années 
plus  tard,  en  1868,  M.  Jacoby  devenait  chef 
d'orchestre  au  petit  théâtre  des  Bouffes-Parisiens, 
puis ,  étant  allé  se  fixer  à  Londres  en  1870 ,  il 
acceptait,  en  1872,  les  fonctions  de  chef  d'or- 
chestre à  l'Alhambra ,  fonctions  qu'il  exerce  en- 
core aujourd'liui.  Cet  artiste  a  fait  représenter  à 
Paris  deux  ou  trois  opérettes  sans  conséquence 
et  sans  valeur,  et  il  a  écrit  à  Londres  la  musique 
de  quelques  pantomimes  et  féeries  ;  voici  la  liste 
de  ces  ouvrages  :  i°  le  Feu  aux  poudres ,  un 
acte,  dans  un  concert,  21  mars  1869;  —  2°  la 
Nuit  du  15  octobre,  un  acte.  Bouffes- Parisiens  , 
15  octobre  1869;—  3°  Black-Crook,  féerie  en 
4  actes  (eu  société  avec  M.  Fr.  Clay),  Alhambra 
de  Londres,  décembre  1872;  —  k°  Mariée  de- 
puis midi,  monologue,  Alhambra,  Juillet  1873 
(représenté  en  suite  aux  Bouffes- Parisiens  le  6 
mars  1874);  —  5°  la  Forêt  enchantée,  ballet- 
pantomime,  Alhambra,  août  1873; — 6"  the 
Démon' s  Bride,  féerie  en  3  actes,  id.,  7  sep- 
tembre 1874  ;  —  7°  Cupid  in  Arcadia  ,  ballet 
en  2  tableaux,  id.,  26  juin  1875;—  8°  the 
Fairies  Home,  ballet,  id.,  décembre  1876.  —  9° 
Yolande,  ballet,  id.,  août  1877.  Dans  les  con- 
certs fréquents  qu'il  donnait  naguère  à  Paris, 
M.  Jacoby  fit  entendre  plusieurs  œuvres  com- 

BIOGR.   UNIV.   DES  MUSICIENS.   — .  SUPPL.     «-• 


posées  par  lui  pour  le  violon  :  1«  concerto,  dédié 
au  roi  de  Prusse  ;  2"  concerto,  dédié  à  la  reine 
d'Espagne;  Valse  de  concert  ;  Prière  ;  Nocturne; 
Berceuse  ;  Chanson  de  matelots  ;  Fantaisies  sur 
VÉtoile  du  Nord,  V Africaine,  la  Fille  du 
régiment,  etc.,  etc.  J'ignore  si  aucune  de  ces 
compositions  a  été  publiée. 

JACOPS  (Edouard)  ,  est  auteur  de  l'écrit 
suivant  :  Nomenclature  des  sociétés  musicales 
de  la  Belgique,  suivie  d''une  notice  chronolo- 
gique sur  l'Association  royale  de  sociétés  lyri- 
ques d'Anvers  (Anvers,  1853,  in-8°). 

JACQUARD  (Léos-Jean),  violoncelliste 
distingué,  né  à  Paris  le  3  novembre  1826,  fit  ses 
études  littéraires  à  Pont-le-Voy,  près  de  Blois,  où 
il  commença  à  travailler  le  violoncelle  sous  l'ha- 
bile direction  de  Hus-Desforges,  qui  s'était  retiré 
en  cette  ville.  Celui-ci  étant  mort  eu  1838, 
M.  Jacquard  fut  confié  pendant  quelque  temps 
aux  soins  d'un  artiste  nommé  Auguste  Levacq, 
puis  vint  à  Paris,  et  fut  admis,  au  Conservatoire, 
dans  la  classe  de  Norblin.  Ses  progrès  furent 
rapides  avec  ce  nouveau  maître,  et  après  avoir 
obtenu  un  second  prix  au  concours  de  1842,  il 
se  voyait  décerner  le  premier  en  1844.  A  partir 
de  ce  moment,  M.  Léon  Jacquard  se  produisit 
fréquemment  en  public,  et  fit  apprécier  de  réel- 
les qualités  de  virtuose.  Vers  1855,  il  fonda,  en 
compagnie  de  l'excellent  violoniste  M.  Armin- 
gaud,  et  avec  le  concours  de  MM.  Mas  et  Saba- 
tier,  une  société  de  musique  de  chambre  qui 
compta  bientôt  au  nombre  des  meilleures  de 
Paris.  La  réputation  de  M.  Jacquard  s'établit 
alors  solidement,  et  l'on  remarqua  le  style  élé- 
gant, la  belle  sonorité  et  le  jeu  expressif  que  cet 
artiste  faisait  briller  dans  l'exécution  de  la  mu- 
sique de  chambre. 

M.  Jacquard ,  qui  est  membre  de  la  Société 
des  concerts  du  Conservatoire,  a  été  nommé 
au  mois  de  décembre  1877,  lors  de  la  mort 
de  Cheviliard,  professeur  de  violoncelle  dans 
cet  établissement.  Il  a  publié  un  certain 
nombre  de  morceaux  de  genre  pour  son 
instrument.  —  Son  frère,  M.  Louis-Auguste 
Jacquard,  né  à  Pont-le-Voy  le  26  décembre 
1832,  violoncelliste  comme  lui,  a  été,  au  Con- 
servatoire, l'élève  de  M.  Franchomme,  dans  la 
classe  duquel  il  a  remporté  un  second  prix  en 
1850,  elle  premier  en  1852. 

JACQUES  (M'ie  Charlotte),  pianiste,  pro- 

T.  II.  2 


18 


JACQUES  —  J^EHNS 


fesseiir  et  compositeur,  a  fait  représenter  au 
lhé;\tre  Déjazet,  au  mois  de  décembre  18G2,  une 
opérette  vn  un  acte  intitulée  la  Veillée. 

JACQUOT  (Charles),  luthier  français,  né 
à  Mirecourt  (Vosges)  en  1808,  était  fils  d'un 
maître  tailleur  d'un  régiment  de  ligne.  11  lit 
son  apprentissage  dans  sa  ville  natale,  d'abord 
chez  Nicolas,  ensuite  chez  Breton,  puis  partit 
pour  Nancy,  où  il  travailla  pendant  plusieurs 
années  comme  ouvrier  compagnon,  après  quoi 
il  s'établit  à  son  compte.  En  18j2  il  quitta 
Nancy  pour  venir  se  fixer  à  Paris,  et  se  fit  une 
bonne  renommée  en  cette  ville,  aussi  bien  par 
le  talent  qu'il  déploya  dans  la  facture  des  ins- 
truments neufs  que  par  ses  rares  connaissances 
en  ce  qui  concerne  la  lutherie  ancienne. 

M.  Jacquot  est  un  des  meilleurs  luthiers  de 
l'école  française  actuelle,  ses  produits  sont  re- 
marquables à  beaucoup  d'égards,  et  il  a  obtenu 
plusieurs  récompenses  dans  les  Expositions  :  à 
Paris  (1849),  un  premier  et  un  second  prix;  à 
Paris  (Exposition  universelle  de  1855),  une 
médaille  d'argent;  à  Bayonne  (1854),  une 
médaille  d'or. 

Un  !ils  de  cet  artiste,  M.  Charles  Jacquot, 
né  à  Nancy  en  1828  et  élève  de  son  père,  est 
établi  luthier  dans  sa  ville  natale. 

*  JADASSOHIV  (Salomon).  Cet  artiste 
distingué,  dont  le  talent  est  fort  apprécié  dans 
sa  pairie,  quoique  sa  renommée  ne  se  soit  guère 
étendue  en  deiiors  de  l'Allemague,  a  rempli, 
de  1867  à  1869,  les  fonctions  de  chef  d'orchestre 
de  la  société  musicale  Euterpe,  de  Leii)zig. 
Ses  compositions  pour  l'orchestre  ,  pour  le 
piano  ou  pour  le  chant  se  montent  à  plus  de 
soixante,  parmi  lesquelles  nous  citerons  les 
suivantes  ;  1"  symphonie,  en  ut  majeur;  2^ 
symphonie;  3'  symphonie,  en  ré  mineur, op.  50; 
trois  sérénades  pour  orchestre  ;  1*"^  grand  trio 
pour  piano,  violon  et  violoncelle;  2"  grand  trio 
id.,  op.  20;  quatuor  pour  instruments  à  cordes, 
op.  10;  plusieurs  sonates  pour  piano  et  violon; 
ouverture  de  concert,  pour  orchestre;  sérénade 
pour  piano,  op.  35;  3  petits  morceaux  pour 
violon  et  piano,  op.  18  ;  2  morceaux  pour  piano, 
op.  21  ;  Bal  masqué,  7  airs  de  ballet  pour 
piano,  op.  26;  Variations  pour  piano,  op.  40; 
Improvisations,  \mwT  \mno,  op.  48;  9  lieder 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  36;  &  lie- 
der, id.,  op.  52;  6  pièces  pour  piano,  op.  49; 
motet  pour  voix  seule  et  chu'ur. 

*  JADIiX  (Louis).  Le  répertoire  dramatique 
de  ce  compositeur  doit  se  compléter  par  les 
ouvrages  suivants  :  1"  le  Coucou,  un  acte,  th. 
Monlansier,  1798;  2"  les  Trois  Prétendus,  un 
acte,  même  théâtre,  1805;  3"  les  Arts  et  l'Ami- 


tié (ancienne  comédie  de  Bouchard,  mise  en 
opéra-comique),  un  acte,  Opéra-Comique,  9 
juin  1807.  A  ces  ouvrages,  il  faut  joindre  encore 
la  mort  de  Léopold  Brunswick,  scène  à  grand 
ciionir  qu'il  fit  exécuter  au  concert  spirituel  le 
i''  avril  1790,  l'Education  de  l'ancien  et  du 
nouveau  régime,  hymne  exécuté  à  l'Opéra  le  11 
octobre  1794,  et  le  Serment  des  Gardes,  cantate 
exécutée  au  même  théâtre  le  30  mars  1821.  En 
1802,  un  éditeur  de  musique.  M'"'  Duhan, 
entreprit  la  publication  d'un  recueil  périodique, 
le  Journal  d'Apollon,  qui  contenait  des  mor- 
ceaux de  chant  et  de  piano  dont  les  auteurs 
étaient  Boieldieu,  Cherubini  et  Jadin.  C'est  le  11 
avril  1853  que  Jadin  est  mort  à  Paris. 

*  JADIN  (Hyacinthe),  est  mort  non  en 
1802,  mais  au  mois  d'octobre  1800.  On  peut 
lire  un  article  nécrologique  sur  cet  artiste  dans 
le  Courrier  des  Spectacles  du  19  vendémiaire 
an  IX. 

JAEGHER  (L DE),  organiste    de  la 

cathédrale  de  Bruges,  naquit  à  Oostvoosbeke 
(Flandre  occidentale),  et  fut  élève  du  Conserva- 
toire de  Gand,  où  il  se  trouvait  en  1840.  Devenu 
organiste  à  Tourcoing,  il  fut  appelé  plus  tard 
à  remplir  les  mêmes  fonctions  à  Bruges.  Comme 
compositeur,  cet  artiste  a  publié  une  messe  à 
4  voix,  des  offertoires,  plusieurs  grands  chœurs, 
des  motets,  etc.,  etc. 

*  J.^Hi\S  (Frédéric-Wilhelm),  chanteur, 
compositeur,  professeur  et  écrivain  sur  la  mu- 
sique, est  né  à  Berlin  le  2  janvier  1809.  Doué 
d'une  fort  belle  voix,  il  se  destina  d'abord  au 
théâtre,  chanta  quelques  rôles  à  l'Opéra  de 
Berlin,  mais  bientôt  abandonna  cette  carrière 
pour  se  livrer  à  l'enseignement.  Il  étudia  alors 
le  piano,  prit  des  leçons  de  Louis  Horzi/.ky,  se 
vit  bientôt  très-recherché  comme  professeur 
de  chant,  et  forma  un  nombre  considérable  de 
très-bons  élèves.  Il  fonda  en  1845  et  dirigea 
jusqu'en  1870  une  société  connue  sous  le  nom 
d'Union  de  chant. 

En  même  temps,  M.  Jœhns  se  faisait  con- 
naître aussi  comme  compositeur  par  la  publi- 
cation de  plus  de  130  morceaux  de  chant  à 
pinsieurs  voix,  dont  quelques-uns  écrits  dans  le 
style  religieux;  il  faisait  paraître  encore  un  trio 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  une  sonate 
pour  piano  et  violon,  un  grand  duo  pour  piano 
et  violoncelle,  4  pièces  caractéristiques  pour 
piano,  des  marches  et  divers  arrangements  pour 
le  même  instrument.  M.Jœhns  occupe  une  place 
à  part  comme  arrangeur  des  œuvres  des  grands 
maîtres,  particulièrement  de  Weber,  son  auteur 
favori,  auquel  il  a  voué  un  culte  véritable  et 
intelligent. 


JyEHNS  —  JAHN 


C'est  cette  admiration  profonde  pour  Weber 
qui  a  amené  M.  Jc«hns  à  puhlier,  sur  cet    ar- 
tiste   immortel,    un    livre    important    qu'il    a 
donné  sous   ce  titre  :   C.  M.  von   Weber  in 
seinen  Werken  {C.  M    de   Weber   dans  ses 
œuvres).  Cet  écrit,  qui  a  paru  à  Berlin  en  1871 
et  que  l'on  peut  comparer  à  celui  que  le  che- 
valier de  Kœchel  a   publié  sur  Mozart,  donne 
un  catalogue  thématique  et  raisonné  des  diverses 
œuvres  du  maître,  avec  autographes,  critique, 
biographie  et  portraits,  d'après  les  lettres  et  le 
journal  de  Weber.  M.  J;ehns  possède,  dit-on, 
une  fort  belle    bibliothèque   musicale,  dont  la 
partie  la  plus  remarquable  et  la  plus  intéres- 
sante est  la  collection  relative  à  Weber,  qui  ne 
contient  pas  moins  de  3,500  pièces,  consistant 
en  manuscrits,  lettres,  portraits  (au  nombre  de 
86),  curiosités  et  reliques  de  toutes  sortes. 

*  JAELL  (Alfred),  pianiste  et  compositeur. 
Cet  artiste  fort  distingué,  au  jeu  brillant,  élégant 
et  plein  de  délicatesse,  a  fait  de  grands  voyages 
à  travers   l'Europe,  et  y  a  toujours  obtenu  de 
légitimes  succès.  M.  Alfred    Jaëll  se  distingue 
surtout  par  le  style  qu'il  apporte  dans  l'exécu- 
tion  des  grandes    œuvres  classiques.    Comme 
compositeur,  il  a  publié  près  de  deux-cents  mor- 
ceaux de  piano,  parmi    lesquels  beaucoup   de 
transcriptions  et  de  fantaisies  sur  d'es    motifs 
d'opéra;   on    remarque    cependant,     dans    ces 
nombreuses    productions,    quelques    morceaux 
originaux,  d'un  caractère  aimable  :  Aux  bords 
de  TArno,  caprice  élégant,  op.  124;  Sérénade 
italienne,  op.  44  ;  Ballade,  op.  88;  3  Morceaux 
de  salon,  op.   106;   Bluette,  op.   59;  Nocturne 
dramatique,  op.  122;  le  Carillon;  Aux  bords 
du    AJississipi,  morceau   caractéristique,    op. 
37  ;  le  Carnaval   de  Venise,  variations  burles- 
ques, op.  22  ;  Impromptu,  op.  151  ;  Nocturne  op. 
G;  Inlerlaken,  chant  du  soir,  op.  102,  etc.,  etc. 
M.    Alfred  Jaëll  a  épousé,   vers  1864,   une 
jeune  pianiste,  M"'  Marie  Trauttmann,  Alsa- 
cienne de  naissance,  qui  déjà  s'était  fait  elle- 
même  une    brillante    réputation  de    virtuose, 
mais   dont  le    talent  contraste  singulièrement 
avec  le  sien,  car  le  jeu  de  M""*  Jaëll  brille  sur- 
tout  par  la  fougue,    la   puissance     et   l'éclat, 
tandis  que  celui  de  son  mari  se  fait  remarquer 
par  une  grâce  et  une  élégance  presque  fémi- 
nines. Déjà  bien  connus  en  France,   ces  deux 
artistes  se  sont  fait  entendre  de  nouveau  à  Paris, 
en  1875  et  1876,  avec  un  grand  succès.  Élève 
du  Conservatoire  de  cette  ville,  M"=  Trauttmann 
y  avait  remporté,  en  1862,  un  premier  prix  de 
piano.  Ne  se   bornant    pas    à  ses    succès    de 
virtuose.  M*"'  Jaëll  s'est  fait  aussi  connaître, 
en  ces  derniers  temps,  comme  compositeur. 


Non-seulement  elle  a  publié  chez  l'éditeur  M.  Gé- 
lanl  un  fort  joli  recueil  de  12  valses  à  quatre 
mams  pour  le  piano,  écrites  dans  un  très-bon 
style,  mais  elle  a  fait  entendre  un  concerto  en 
re  mineur  pour  piano  avec  accompagnement 
d  orchestre,  q.ii  est  une  œuvre  remarquable  à 
beaucoup  d'égards  et  qui  la  classe  au  nombre 
des  artistes  les  plus  distingués. 

JAFFÉ  (MoRiTz),  est  l'auteur  d'un  opéra 
'ntilulé  :  Das  Kœthelen  von  Heilbronn,  qui  a 
été  représenté  pour  la  première  fois  à  Augsbourg 
en  1866,  et  que  l'auteur  donna  sous  le  pseu- 
donyme de  Morja.  Au  mois  de  juillet  1875,  cet 
artiste  a  donné  au  théâtre  Kroll,  de  Berlin,  un 
second  ouvrage  qui  portait  pour  titre  :  Ecke- 
hard,-  celui-ci  n'a  obtenu  aucun  succès. 

JAGARTE  (Manoel),  compositeur  et  vio- 
lomste  espagnol,  né  vers  1796,  mourut  à  St- 
Sébastien  en  1819,  à  l'âge  de  28  ans.  Je  n'ai 
trouve  aucuns  renseignoanents  sur  cet  artiste 
en  dehors  de  la  notice  nécrologique  suivante, 
insérée  dans  les  Annales  de  la  musique  de  1820  : 
—  «  Ayant  pris  à  Bordeaux  les  premières  no- 
tions de  la  musique,  pour  laquelle  il  manifesta 
des  dispositions  extraordinaires.  11  acquit  sur 
le  violon  un  talent  remarquable  et  exquis  pour 
son  âge;  puis,  se  livrant  à  la  composition,  il 
préluda  par  one  foule  de  pièces  légèresqui  dé- 
celaient un  goût  aussi  pur  qu'original  ;  enfin, 
il  produisit  plusieursouvrages  plus  importants, 
entre  autres  cette  belle  messe  de  Meguietn ,  oxé- 
cutée  à  St-Sébaslien,  en  commémoration  du  3l 
août  1813,  elïopérà  de  l'Infante  de Zamora, 
qui  se  donne  actuellement  à  Madrid.  Une  mort 
prématurée  prive  l'art  musical  d'un  soutien 
distingué,  et  ses  amis  d'un  homme  aussi  ai- 
mable  par  sa  modestie  que  par   ses  talents. 
Plusieurs  ouvrages  inédits,  et  qui  restent  à 
finir,  ou  à  rassembler,    assureraient  seuls  sa 
réputation  d'artiste.  » 

*  JAHN  (Otto),  l'auteur  de  la  biographie 

de  Mozart  dont  le   succès  a  été  si  grand    en 

Allemagne,  est  mort  à  Grettingue,  le  9  septembre 

1869,  à  l'âge  de  cinquante-six  ans.  Cet  écrivain, 

qui  était  un  savant  remarquable  et  un  homme 

distingué  à  tous  égards,  avait  publié  un  assez 

grand  nombre  de  lieder.  Il  a  consacré  une  étude 

à  la  nouvelle  et  superbe  édition  des  œuvres  de 

Beethoven  donnée  par  la  maison    Breilkopf  et 

Hœrlel;  cette  étude  a  pour  titre  :  Gesammelte 

Aîtfsdtze  ûber  Musik. 

Au  reste,  Jahn  avait  l'intention  de  donner 
un  pendant  à  son  admirable  biographie  de 
Mozart  en  publiant  sur  Beethoven  un  livre  du 
même  genre,  pour  lequel  il   avait  réuni    tous 


20 


JAHN  —  JAKUBOWSKI 


ses  matériaux  ;  il  sera  toujours  à  regretter 
que  le  temps  ne  lui  ait  pas  permis  de  mettre 
ce  projet  à  exécution. 

Il  me  faut  signaler  ici,  au  compte  de  ce  mu- 
sicographe remarquable,  un  intéressant  volume 
de   Mélanges   sur    la    nitisique,    contenant, 
entre  autres  chapitres,  une  étude  sur  les  ora- 
torios de  Mendelssohn,  une  autre  sur  quelques 
ouvrages  d'Hector  Berlioz,  et  une  critique  (ort 
\ive  des  opéras  de  M.  Richard   Wagner.  Jahn 
possédait  cet  outil   indispensable  à  tout   histo- 
rien sérieux  et   instruit  :   une  bibliothèque  spé- 
ciale très  riche,  très-nombreuse  et   très-variée, 
et  l'on  peut  affirmer  que  sa  collection  de  livres  et 
de  documents  sur  la  musique  était  une  des  plus 
belles  qui  existassent.  Un  journal  allemand  le 
constatait  en  ces  termes,  à  l'époque  de  .sa  mort  : 
—  «  Grâce    à  ses  recherches  continuelles,   il 
avait   réussi   h  se  procurer  des  ouvrages  que 
ne  possèdent  même  pas  les  collections  de  Berlin 
ou  de  Vienne,  qui  sont  pourtant  si  riches.   » 
JAHiV  ( ),  compositeur,  a  fait  représen- 
ter le   28   janvier  1873,    sur    le    théâtre   royal 
d'Anvers,  dont  il  est  le    directeur,  un    opéra- 
comique  en  un  acte  intitulé  Michel  le  Marin. 
Cet  artiste  est,   pendant  la   saison  d'été,  chef 
d'orchestre  du  Casino  de  Spa, 

JAILLET     (J -B ),      organiste    de 

l'église  de  Saint-Étienne,  à  Rennes,  a  publié 
vers  1857  une  Mélhode  nouvelle  pour  ap- 
prendre facilement  l'accompagnement  du 
plain-chant,  Rennes,  l'auteur,  in-é". 

JAKUBOWSKI  (Samson),  inventeur  de 
l'harmonica  de  bois  et  paille,  et  virtuose  sur 
cet  instrument,  naquit  à  Kowno,  en  Lithuanie, 
en  1801.  Après  avoir  passé  ses  premières  an- 
nées à  Wladislavvowa,  ville  du  Palalinat  d'Au- 
gustowo,  il  suivit  les  cours  de  droit  de  l'Uni- 
versité de  Kœnigsberg,  et  entra  ensuite  dans 
le  commerce.  11  habitait  depuis  trois  ans  Saint- 
Pétersbourg  lorsque  le  hasard,  dil-on,  le  mit 
sur  la  trace  de  son  invention  et  lui  donna  la 
première  idée  de  l'instrument  qui  devait  être 
la  cause  de  sa  renommée,  instrument  qui  se 
composait  d'un  certain  nombre  de  morceaux 
de  bois  de  sapin  reliés  entre  eux,  posés  sur  des 
rouleaux  de  paille,  et  que  l'exécutant  frappait 
avec  deux  baguettes. 

Son  instrument  une  fois  bien  ordonné,  Jaku- 
bowski  le  produisit  pour  la  première  fois  en 
public  à  Tibourg,  en  182G,  puis  retourna  à 
Saint-Pétersbourg  pour  s'y  faire  entendre.  Là, 
il  donna  quelques  le(;ons,  et  eut  particulièrement 
pour  élève   Gusikow  (1),  qui  devait,  quelques 

(1)  Gusikow  a  passé,  et  Félis  le  cite  pour  l'inventeur  de 


années  plus  tard,  acquérir  une  renommée  euro- 
péenne. «  Eu  1827,  dit  M.  Albert  Sowinî-ki.  il 
partit  pour  l'Allemagne  et  obtint  des  applandis- 
semenis  dans  les  principales  villes,  excitant 
partout  la  curiosité  et  l'étonnement.  Les  artistes, 
les  connaisseurs  rendaient  justice  à  l'habileté 
de  M.  Jakubowski,  qui  se  faisait  écouter  dans 
de  grandes  salles  de  concert  et  sur  les  théâtres, 
en  tirant  de  ses  morceaux  de  bois  un  son 
extraordinaire.  Encouragé  par  de  nombreux 
succès,  notre  artiste  écrivit  plusieurs  morceaux 
pour  son  harmonica,  voyagea  en  Danemarck, 
en  Suède  et  Norwége,  et  vint  en  France  en  1832. 
L'impression  qu'il  y  produisit  augmenta  encore 
sa  réputation  ;  il  parcourut  les  départements, 
visita  l'Angleterre  et  l'Irlande,  revint  à  Paris, 
où  M°"  la  comtesse  de  Spare,  qui  admirait 
beaucoup  l'exécution  étonnante  de  M.  Samson 
Jakubowski,  lui  organisa  un  fort  beau  concert 
dans  lequel  elle  chanta  elle-même  et  ravit  par 
son  admirable  voix  un  auditoire  nombreux  et 
brillant.  Depuis  cette  époque,  M.  Jakubovvski 
réside  habituellement  en  France  en  faisant  des 
excursions  fréquentes  en  province.  Son  instru- 
ment consiste  en  vingt-quatre  morceaux  de  bois 
de  sapin  (il  n'en  comptait  primitivement  que 
quinze)  posés  sur  quatre  rouleaux  de  paille. 
Le  tout  placé  sur  une  table  dont  les  pieds 
reposent  sur  du  verre.  Les  vingt-quatre  mor- 
ceaux de  bois  sont  attachés  entre  eux,  et  dis- 
posés de  manière  que  les  sons  élevés  du  dessus 
se  trouvent  du  côté  de  la  main  gauche  de  l'exé- 
cutant; les  morceaux  pour  la  basse  de  l'harmo- 
nica sont  plus  longs  et  sont  placés  à  droite. 
L'exécutant  tient  dans  ses  mains  deux  baguettes 
en  bois  de  fer,  avec  lesquelles  il  frappe  sur  les 
morceaux  de  sapin  avec  une  dextérité  remar- 
quable. Il  arrive  à  une  grande  netteté,  et  ses 
cadences  sont  perlées.  » 

Les  compositions  écrites  par  Jakubowski 
(toutes  restées  en  manuscrit,  puisque  son  ins- 
trument ne  s'est  pas  répandu  et  est  demeuré 
à  l'état  de  curiosité),  sont  les  suivantes:  Mar- 
che Tartarc;  Tyrolienne  variée;  les  Adieux 
du  Cosaque,  avec  variations  ;  Fantaisie  sur 
un  thème  russe;  Fantaisie  sur  une  rêverie 
(Dumka)  ;  Polonaise  en  si  mineur  ;  Polonaise 
célèbre    du    prince     Oginski,    arrangée    pour 

nnsirument  en  question.  M.  Albert  Sowinski  affirme  que 
celui-ci  est  bien  dû  à  Jakubowski.  Tout  porte  à  croire 
que  M.  Sowinski  a  raison,  et  que  Gusikow  n'a  fait  que 
perfectionner  l'harmoniia  de  bois  el  paille,  en  purlant 
son  éteniluc  à  deux  octaves  et  demie  tandis  que  Jaku- 
bowski ne  lui  avait  donné  que  vingl-quatre  sons.  Ce 
qui  est  certain,  c'e^t  que  celui-ci  se  fit  entendre  dés 
182B,  et  Gusikow  seulement  sept  ou  huit  ans  plut 
tard. 


JAL  —  JANINA   (DE) 


21 


l'harmonica  ;  Ouverture  du  Calife  de  Bag- 
dad, id.  ;  Variations  sur  un  tliènie  russe; 
Valse  tirée  du  Freischixlz;  Mazurek  de  Kur- 
pin>lii. 

JAL  (Augustin),  écrivain  français,  né  à 
Lyon  le  13  avril  1795,  mort  à  Paris  le  6  avril 
1873,  est  l'auteur  d'un  ouvraj'e  important 
publié  sous  ce  titre  :  Dictionnaire  critique  de 
biographie  et  d'histoire,  errata  et  supplé- 
ment pour  toits  les  Dictionnaires  historiques, 
d'après  des  documents  authentiques  inédits 
(Paris,  1865,  in-S";  2'  édition,  1872).  Jal  avait 
passé  une  partie  de  son  existence  à  défiouiller 
avec  soin  les  registres  de  l'état  civil  et  ceux 
des  paroisses  de  Paris,  il  avait  levé  dans  ces 
registres  des  copies  d'une  foule  d'actes  authen- 
tiques concernant  des  personnages  célèbres  : 
actes  de  naissance,  de  baptême,  de  mariage, 
de  décès,  et  cela  lui  avait  permis  de  relever 
bien  des  erreurs  commises  par  les  biographes 
et  de  com|iléter  le  travail  de  ces  derniers.  De 
là,  la  publication  du  livre  dont  on  vient  de  lire 
le  litre,  livre  dont  on  ne  saurait  contester  la 
grande  utililé,  bien  que  son  auteur  s'attache 
quelquefois  à  de  véritables  minuties  et  qu'il 
lui  arrive  aussi,  lorsqu'il  ne  s'appuie  pas  sur 
des  pièces  authentiques,  de  se  livrer  à  des 
conjectures  un  peu  forcées.  Toutefois,  on  trouve, 
au  seul  point  de  vue  musical,  des  renseignements 
pleins  d'intérêt  dans  le  Dictionnaire  critique 
de  Jal,  et  j'y  ai  puisé,  pour  le  présent  recueil, 
les  éléments  de  rectifications  très-importantes. 

*  JANCOURT  (Louis-Marie-Eugène).  Cet 
artiste  fort  distingué,  qui  en  1867  était  devenu 
capitaine  de  musique  de  la  o''  subdivision  de 
la  garde  nationale  de  la  Seine,  a  été  nommé 
en  1875,  à  la  mort  de  Cokken,  professeur  de 
basson  au  Conservatoire.  M.  Jancourt,  qui  a 
apporté  des  modifications  et  des  perfectionne- 
ments importants  au  mécanisme  du  basson, 
a  publié"  de  nouvelles  et  nombreuses  composi- 
tions pour  son  instrument  :  3"  Air  varié  (Paris, 
Choudens);  1",  2%  3%  el  4"  Solos,  op.  23,  52, 
53,  54;  Air  varié  facile,  op.  28  (Paris,  Richaulf)  ; 
6«  Fantaisie,  op.  24  (id.,  id.);  6  Mélodies,  op. 
51  (Paris,  Gérard);  Études  caractéristiques,  op. 
55  (Paris,  Goumas)  ;  Concertino,  d'après  Fer- 
dinand David,  op.  12  bis  (Paris,  Richault); 
Souvenir  de  Vltatie,  fantaisie,  op.  30  (id.,  id); 
Fantaisie  sur  Don  Juan,  op.  50  (id.,  id.)  ;  Con- 
certante pour  clarinette  et  basson,  sur  Norma, 
op.  12  (Paris,  Choudens)  ;  Duo  concertant,  id., 
sur  la  Sonnambula,  op.  16  (Paris,  Richaull)  ; 
Fantaisie  concertante  pour  hautbois  et  basson, 
sur  l'Italienne  à  Alger,  op.  26  (id.,  id.)  ;  Fan- 
aisie  .concertante,  id.,  sur  Sémiramïde,  op.  48 


(id.,  id.);  Concertino  pour  les  mêmes  instru- 
ments, op.40(id.,  id.);  Duo  concertant  pour  piano 
et  basson,  op.  56  (id.,  id.).  M.  Jancourt  a  publié 
aussi   divers  morceaux  de    musique  militaire. 

Cet  artiste,  qu'un  engagement  avantageux 
avait  forcé  de  quitter  l'Opéra  pour  un  grand 
voyage  qu'il  fit  en  Angleterre,  en  Ecosse  et  en 
Irlande,  avec  M"*  Persiani  et  M.  Bottesini, 
remplit  plus  tard  les  fonctions  de  premier 
basson  à  l'orchestre  de  l'Opéra-Comique,  puis 
à  celui  des  Italiens.  Il  a  donné  en  1869,  après 
trente  ans  de  service,  sa  démission  de  basson- 
solo  à  la  Société  des  conceits  du  Consei'vatoire. 

JAJVIiX  (Jules-Gabriel),  écrivain  français , 
né  à  Saint-Élienne  (Loire)  le  24  décembre  1804, 
mort  à  Passy,près  Paris,  le  19  juin  1874,  fut  pen- 
dant pins  de  trente-cinq  ans  chargé  de  la  rédaction 
du  feuilleton  dramatique  du  Journal  des  Dé- 
bals, qui  lui  valut  une  renommée  européenne. 
C'est  à  ce  seul  titre  que  son  nom  se  trouve  con- 
signé ici, 'non  que  Jules  Janin  ait  jamais  été  char- 
gé spécialement  de  la  critique  musicale,  mais 
parce  qu'on  trouve  souvent,  dans  ses  feuille- 
tons, des  détails  sur  tel  ou  tel  chanteur,  tel  ou 
tel  musicien.  Sous  le  titre  un  peu  prétentieux 
d'Histoire  de  la  littérature  dramatique,  il 
a  formé  et  publié  un  choix  de  ces  feuilletons 
(Paris,  1858,  6  vol.  in-12). 

JANINA  (Olga  DE),  pianiste  russe,  élève 
de  M.  Franz  Liszt,  s'est  fait  entendre  pour  la 
première  fois  à  Paris  au  mois  de  décembre  1872, 
et  depuis  lors  s'est  produite  avec  succès  dans 
un  grand  nombre  de  concerts  et  de  soirées 
musicales.  Le  talent  de  cette  artiste,  plein  de 
fougue,  de  puissance,  d'éclat,  est  incontestable 
en  ce  qui  concerne  les  qualités  mécaniques  du 
virtuose;  en  ce  qui  touche  le  style,  le  charme, 
la  grâce,  c'est  toute  autre  chose,  et  le  jeu  de 
M""  Olga  de  Janina  aurait  singulièrement  à 
gagner  sous  ce  rapport. 

Mais,  il  faut  bien  le  dire,  ce  n'est  pas  son 
talent  de  pianiste  qui  a  valu  en  France,  à 
M'"^  Olga  de  Janina,  une  sorte  de  célébrité; 
c'est  le  scandale  qui  s'est  fait  autour  de  son 
nom  par  la  publication  d'un  livre  étrange, 
mal.sain,  qu'elle  a  mis  au  jour  sous  le  titre 
de  Souvenirs  d'une  Cosaque  et  sous  le  pseu- 
donyme de  Robert  Franz  (Paris,  Denlu,  1874, 
in-12).  Dans  ce  livre,  d'une  crudité  de  ton 
vraiment  écœurante,  M'"'^  Olga  de  Janina 
faisait  connaître,  dans  leurs  détails  les  plus  in- 
times et  les  plus  fâcheux,  la  nature  des  rela- 
tions qui  avaient  existé  entre  elle  et  M.  Liszt 
et  qui  étaient  fort  loin  de  s'être  bornées  à 
celles  d'un  maître  et  d'une  élève.  Je  n'ai  pas 
à  apprécier  davantage^ici  ce,  produit,  lilléraire 


32 


JANINA  —  JAUCH 


d'un  esprit  évidemment  malade  et  exalté;  les 
aulobiograpliies  de  ce  genre  excitent  les  nau- 
sées beaucoup  plus  que  l'iulérôt,  et  si  j'ai  cru 
devoir  signaler  celle-ci,  c'est  parce  que  je  n'ai 
pas  pensé  qu'il  était  possible  de  passer  sous 
silence  un  document  de  cette  nature,  lorsqu'il 
se  rapportait  à  un  artiste  de  la  valeur  et  de  la 
notoriété  de  M.  Franz  Liszt.  Pour  être  complet 
sur  cette  question,  je  dois  même  ajouter  qu'il 
a  paru,  en  guise  de  réponse  aux  Souvenirs 
d'une  Cosaque,  une  contre-partie  de  ce  récit, 
intitulée  le  Roman  du  pianiste  et  de  la  Cosa- 
que et  publiée  sous  le  pseudonyme  de  Sylvia 
Zorelli  (Paris,  s.  1.  n.  d.  [1875],  in-12).  J'ignore 
quel  est  le  véritable  auteur  de  ce  dernier  écrit, 
et  je  ne  sais  pas  davantage  de  qui  sont  deux  au- 
tres volumes,  publiés  sous  le  couvert  de  l'ano- 
nyme :  Souvenirs  d'un  pianiste,  réponse  aux 
«  Souvenirs  d'une  Cosaque  »  (Paris,  Lacliaud 
et  Burdin,  1874,  in-î2);  et  les  Amours  d'une 
Cosaque,  par  un  ami  de  l'abbé  X***  (Paris, 
DegorceCadot,  s.  d.  in-12). 

JANNOIVI  ( ).  Un  musicien  italien  de 

ce  nom  a  fait  représenter  le  1  février  1807,  sur 
le  théâtre  de  la  Scala,  de  Milan,  un  opéra  sérieux 
intitulé  Paolo  Emilio. 

*  JANSA  (Léopoi.d),  violoniste  et  composi- 
teur, est  mort  à  Vienne  le  25  janvier  1875.  Il 
était  né,  dit-on,  en  1794,  et  non  en  1797,  et 
s'était  encore  fait  entendre  pour  la  dernière 
fois  à  Vienne  en  1871,  étant  âgé,  par  consé- 
quent, de  77  ans. 

JANSSEN  (Gcstave),  virtuose  et  composi- 
teur, est  néàDortmunden  1817.  Il  eut  pour  pre- 
mier maître  son  père,  qui  lui  enseigna  à  jouer  de  la 
flûte, de  l'orgue  et  du  piano. En  1840  il  se  rendit  à 
Berlin  pour  compléter  et  perfectionner  son  éduca- 
tion musicale,  et  en  1849  il  fil  en  cette  ville  la 
connaissance  de  lord  Westmoreland,  qui  s'inté- 
ressa à  lui  et  l'envoya  à  Londres,  où,  grâce  à  son 
patronage,  il  devint  un  professeur  recherché.  11 
est  retourné  depuis  lors  à  Berlin,  où  il  réside  en- 
core aujourd'hui.  En  1861,  M.Janssen  a  publié 
un  Supplément  aux  sonates  pour  piano  de  Bee- 
thoven ;on  lui  doit  aussi  une  collection  de  lieder 
avec  accompagnement  de  piano,  parmi  lesquels 
VAfImmde  Gœthe,  en  6  cahiers  (Berlin,  1863). 
JA\SSEI\  (Gustave  F...),  né  à  Jever  (Ha- 
novre) le  15  décembre  1831,  a  fait  ses  éludes 
musicales  à  Leipzig,  où  il  fut  l'élève  de  Coccius 
pour  le  piano  et  de  Riccius  pour  la  théorie  de 
l'art.  Devenu  ensuite  professeur  à  Oœltingue,  il 
échangea,  en  1855,  cette  situation  contre  celle 
d'organiste  àVerden,  et  en  1861  sévit  nommer 
Musilidirector  par  le  roi  de  Hanovre.  On  doit 
à  cet  artiste  quelques  composilions  vocales,  ainsi 


que  des  arrangements  et  transcriptions  pour  le 
piano. 

*  JANSSEI\S    (  Jean -François- JosEpn  ). 
M.  Edmond  VanderStraeten  a  publié  sur  cet  ar- 
tiste une  notice  étendue  et  intéressante  :  J.-F.- 
J.  Janssens,  compositeur  de  musique  (Fîruxplles, 
impr.  Sannes,  1860,  in-8°  de  53  pp.)  Il  a  donné 
dans   cet  opuscule    le    catalogue    complet   des 
œuvres  du  compositeur,  parmi  les  plus  impor- 
tantes desquelles  il  faut  signaler  deux    opéras 
inédits  :    les   Trois    Hussards  et  Gillette   de 
Narbonne  (ce  dernier,  resté  inachevé),  et  deux 
cantates,  dont  une  sans  titre  et  l'autre  intitulée 
Winierarmaede    (Pauvreté   d.Viiver). 
JAPI1.\  (Louise).—  Voyez  LANGHANS. 
JASIXSKA  (M""=),  née  LASANSK  A,  can- 
tatrice et  actrice  polonaise  d'un  rare    mérite, 
tint  pendant  quinze  ans,  de  1785  à   1800,  l'em- 
ploi de  première  chanteuse  à  l'Opéra   national 
polonais  de  Varsovie  et  au  théâtre  de  Cracovie. 
Elle  se  faisait    remarquer,  dans   sa  jeunesse, 
par  le  charme  pénétrant  et  le  sentiment  poéti- 
que qu'elle  apportait  dans  l'exécution  des  Dumki 
(airs  nationaux),  ce  qui  attira  sur  elle  l'atten- 
tion du  fameux  directeur  d'opéra  Boguslawski. 
Celui-ci    l'attacha     à   sa   troupe,    la  produisit 
d'abord  à  Nieswiez,  sur  le  théâtre  particulier 
du  prince  Charles  Radziwill,  puis  la  fit  débuter 
à  Varsovie,  où  sa  jolie  voix,  sa  beauté  rare  et 
son  intelligence  de  la  scène  lui  attirèrent  aussi- 
tôt les  sympathies  du  public.  Elle   parut  avec 
succès  dans  l'École    des    Jaloux,  de  Salieri, 
la  Cosa  rara,  de  Martini,  il  Re  Teodoro,  de 
Paisiello,  l'Imprésario  in  Angustie,  de  Cima- 
rosa,  et,  avec  le  ténor   KacKowski,  transporta 
surtout  ses   admirateurs  en    jouant,  avec  un 
très-grand  talent   de   tragédienne,  dans  VAxur 
de  Salieri.   M'""   Jasinska,    dont  le  mari  tenait 
l'emploi  des  ténors  dans   la  troupe  de  Bogus- 
lawski,  avait    conquis  une  grande  renommée 
lorsqu'elle  mourut  en  1800,  toute  jeune  encore, 
au  milieu  de  ses  plus  grands  succès. 

*  JASPAR  (André),  est  mort  à  Angleur, 
près  Liège,  le  27  juin  1863. 

JASPKRS  (Jean),  facteur  de  luths,  né 
dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle  à 
Coesvelt,  exerça  sa  profession  à  Anvers,  et  fut 
inscrit  dans  la  bourgeoisie  de  cette  ville  le  28 
janvier  1568. 

JAUCH  ( ),  luthier  habile  et  renommé, 

vivait  à  Dresde  dans  le  courant  du  dix-hui- 
tième siècle.  Cet  artiste  remarquable,  qui  ne 
travaillait  pas  d'une  façon  empirique,  mais  dont 
le  talent  était  basé  sur  une  étude  sérieuse  et 
de  solides  connaissances  acquises,  a  fait  d'ex- 
cellents violons  dans  le  style  et  sur  le  modèle 


JAUCH  —  JEAN  IV 


23 


des  bons  instruments  de  Crémone.  Christophe 
Frédéric  Hunger,  luthier  distingué  hii-même, 
établi  aussi  à  Dresde,  était  son  élève. 

JAVVURECIÎ  (M'io  Constance),  cantatrice 
d'un  talent  remarquable,  fille  d'un  musicien 
alleuiand  élabli  à  Paris,  naquit  en  cette  ville 
au  mois  de  septembre  1803.  Élève  du  Conser- 
vatoire, elle  y  reçut  des  leçons  de  Planlade  et 
de  Carat  pour  le  clianl  et  la  vocalisation,  de 
Baptiste  aîné  pour  la  déclamation,  et  otjtint  un 
second  prix  de  vocalisation  en  1820.  Bientôt 
engagée  à  l'Opéra,  elle  débuta  à  ce  théâtre 
dans  un  rôle  secondaire,  celui  de  Zarine  dans 
Aladin  ou  la  Lampe  merveilleuse  (6  février 
1822).  Douée  d'une  voix  charmante  et  d'une 
remarquable  beauté,  son  succès  fut  très-grand 
tout  d'abord,  et  elle  se  fit  surtout  applaudir 
dans  l'air  :  Venez,  charmantes  bayadères, 
qu'elle  chantait  à  ravir.  Cependant,  l'adminis- 
tration de  l'Opéra  ne  sut  pas  tirer  aussitôt 
parti  des  rares  qualités  de  la  jeune  artiste,  et 
ce  n'est  qu'à  partir  du  jour  où  elle  eut  l'occasion 
de  jouer  le  rôle  d'Auiazillie  de  Fernand  Cortez, 
que  la  direction,  enhardie  par  l'accueil  très- 
chaleureiix  que  lui  avait  fait  le  public,  prit 
confiance  en  elle  et  lui  fit  la  position  qu'elle 
méritait.  Peu  de  temps  auparavant,  lors  d'une 
reprise  d'Orphée,  elle  avait  rempli  le  rôle  de 
l'Amour  dans  le  chef-d'œuvre  de  Gluck,  et  c'est 
à  cette  occasion  qu'im  critique  avait  dit  de 
l'aimable  artiste  :  Elle  est  charmante  dans 
lerdle  de  V Amour;  elle  représente  le  fils 
presque  aussi  naturellement  qu'elle  repré- 
senterait au  besoin  la  mère. 

Quoi  qu'il  en  soit,  du  jour  où  elle  se  fut 
montrée  dans  Fernand  Cortez,  MHe  Jawnreck 
fut  comptée  au  nombre  des  meilleures  canta- 
trices de  notre  première  scène  lyrique,  et  prit 
place  à  côté  et  un  peu  au-dessous  de  M'"'^  Da- 
moreau.  C'est  elle  qui  créa,  avec  un  talent 
véritable  et  une  grâce  charmante,  les  rôles  du 
page  Isolier  dans  le  Comte  Ory,  de  Jeannette 
dans  le  Philtre,  sans  compter  ceux  qu'elle 
remplit  dans  Sapho,  Vendôme  en  Espagne, 
Pharamond,  Don  Sanche,  la  Tentation,  la 
Esmeralda. 

Pourtant,  après  une  heureuse  carrière  de 
quinze  années  à  l'Opéra,  cette  artiste  distinguée 
quitta  en  1837  la  scène  de  ses  succès,  et  fut 
aussitôt  engagée  au  théâtre  royal  de  Bruxelles, 
où  elle  débuta  le  5  juin  de  la  même  année  dans 
Fernand  Cortez,  puis  dans  Guillaume  Tell 
pI  Pobert-le-Diable.  Sa  belle  voix,  sonore  et 
étendue,  et  son  jeu  intelligent  et  dramatique 
eurent  bientôt  conquis  les  faveurs  du  public  de 
Bruxelles,  dont  elle  conserva  la  sympathie  jus- 


qu'en 1840,  époque  où  elle  abandonna  la  car- 
rière dramatique,  encore  en  pleine  possession 
de  son  talent,  de  sa  voix  et  de  sa  beauté. 
M"«  Jawureck  est  morte  à  Bruxelles,  le  8  juin 
1858. 

JAYE  (Hf.nrv),  luthier  anglais,  exerçait  sa 
profession  à  I^ondres  au  dix-septième  siècle. 
On  lui  doit  des  violes  dont  le  vernis,  dit-on, 
est  parfait,  et  qui  forment  de  bons  spécimens 
de  l'art  de  la  lutherie  à  cette  époque.  Le  Musée 
instrumental  du  Conservatoire  de  Paris  possède 
de  Jaye  une  petite  basse  de  viole,  datée  de  1624. 

*  JEAIM  IV,  roi  de  Portugal.^Ce  prince  mérite 
certainement  une  place  bien  plus  importante 
dans  l'histoire  de  la  musique  que  celle  qu'on  lui 
a  accordée  jusqu'ici.  Aucun  des  musicographes 
étrangers  au  Portugal  n'a  apprécié  à  leur  juste 
valeur  les  services  qu'il  a  rendus  à  l'art,  parce  que 
aucun  d'eux  n'a  prêté  une  attention  suffisante  à 
son  grand  Catalogue  de  musique  (qui  se  trouve 
à  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris). 

M.  Ernest  David  a  signalé,  le  premier  à  l'é- 
tranger, dans  la  Bévue  et  gazette  musicale 
(1874)  la  haute  importance  de  ce  Catalogue  dans 
une  série  d'articles  sur  VEssai  que  j'ai  publié  en 
1873  sur  la  Bibliothèque  de  musique  du  Roi 
Jean  IV  (I).  M.  E.  David  a  donné  dans  ces  arti- 
cles un  très-bon  résumé  de  l'histoire  de  cette 
Bibliothèque,  et  y  a  réuni  les  résultats  les  plus 
importants  de  mon  travail.  Toutefois,  l'histoire  de 
cette  merveilleuse  Bibliothèque  n'est  qu'esquissée 
dans  mon  Ensaio;  depuis  sa  publication  (1873), 
j'ai  recueilli  bien  des  notes  qui  doivent  prendre 
leur  place  dans  l'Introduction  historique  que  je 
mettrai  en  tête  de  la  nouvelle  édition  critique  du 
Catalogue,  qui  paraîtra  prochainement. 

Les  quelques  renseignements  que  je  vais  donner 
sur  la  Bibliothèque  de  musique  du  roi  Jean  IV 
suffirontpour  attirer  l'attention  de  ceux  qui  n'ont 
pas  lu  le  compte-rendu  de  M.  E.  David.  La  Bi- 
bliothèque était  contenue  dans  42  caisses  énormes, 
rangées  dans  des  armoires  ;  le  Catalogue  (un  gros 
volume  de  xix-525  pages  in-4''),  ne  renferme 
pas  moins  de  931  numéros;  chaque  numéro  se 
compose  d'une  certaine  quantité  de  recueils  (col 
lecçoès)  de  messes, de  motets,  de  madrigaux  etc., 
ce  qui  forme  une  quantité  énorme  de  composi- 
tions; pour  donner  une  idée  du  volume  de  ces 
recueils,  il  suffit  de  dire  que  ceux  des  caisses 
25-30  (Nos  657-743),  se  composent  de  2259  Vi' 
Ihancicos  (Noëls,  etc.);  or,  c'est  là  seulement  le 
contenu  de  5  caisses  ou  86  numéros,  et  le  Cata- 
logue se  compose  de  40  caisses  ou  951  numéros  ! 

(1  )Énsaio  critico  sobre o  Catalogn  d'Él-Reij  D.Joâo  If^ . 
Porto,  187S  ln-40. 


24 


JEAN  rv 


Ces  Vilhancicos  appartiennent  presque  fous  à 
des  compositeurs  portugais  et  espagnols,  notam- 
ment à  Gabriel  Dias  et  Francisco  de  Santiago; 
cepemlant,  on  y  trouve  aussi  quelques  composi- 
teurs flamands  qui  vécurent  en  Espagne  et  en 
Portugal  :  Gesy  de  Gherseni ,  Carlos  Caulier, 
Nicolas  de  Pont,  Ph.  Rogier,  etc.  La  plupart  des 
compositions  du  Catalogue  étaient  en  manus- 
crit; cependant  il  y  avait  aussi  la  majeure  partie 
des  recueils  publiés  en  Hollande,  en  Italie,  en 
Allemagne,  en  France  et  en  Angleterre.  Les  noms 
les  plus  illustres  de  toutes  les  écoles  y  étaient  re- 
présentés, et  l'on  y  trouvait  les  recueils  les  plus 
précieux,  les  ouvrages  théoriques  les  plus  célè- 
bres et  les  plus  rares,  et  même  des  manuscrits 
hors  ligné.  Il  suffit  de  nommer  le  manuscrit  au- 
tographe du  Micrologue  de  Guido  d'Arezzo,  ca- 
deau de  la  célèbre  Christine  de  Suède  au  roi 
Jean  IV  (1),  la  presque  totalité  des  compositions 
autographes  du  célèbre  Philippe  Rogier  (2),  dont 
les  ouvrages  sont  si  rares,  une  quantité  de  ma- 
nuscrits de  la  main  de  Palestrina  (3)  lui-même, 
les  traités  manuscrits  de  John  Hof  hby  ,.Iean  de  Mu- 
ris,  Alarchettuide  Padoue,  Berno,  Tincloris,etc. 
Ce  qui  frappe  l'attention  du  lecteur  du  Catalogue, 
ce  ne  sont  pas  les  milliers  de  cahiers  de  musique, 
mais  la  rubrique  finale  du  volume-,  on  lit  :  Le- 
guessea  segunda  parte  d'esté  Index  em  outro 
volume.  Le  volume  de  la  Bibliothèque  nationale 
n'est  donc  que  la  première  partie  Aa  Catalogue, 
à  laquelle  une  deuxième  partie,  devait  faire 
suite.  Celle-ci  na  pas  paru,  malgré  la  recom- 
mandation expresse  du  roi  faite  dans  son  testa- 
ment (4).  On  peut  consulter  mon  Essai  sur  les 
obstacles  qui  survinrent  après  la  mort  du  roi 
(1656)  et  qui  empêchèrent  aussi  la  publication  de 
son  traité  sur  l'Histoire  de  la  musique.  C'est 
donc  une  double  perle  qu'on  a  éprouvée.  Le  roi 
était  aussi  fort  dans  la  théorie  que  dans  la  pra- 
tique de  la  musique;  les  traités  publiés  en  font 
foi,  tout  aussi  bien  que  les  rares  compositions 
qui  nous  restent  de  lui.  Baini  (5)  fait  beaucoup 
d'éloges  de  son  analyse  (6)  de  la  messe  Panis 


(1)  V.  Ensaio  critiro,  pag.  47-ol. 

(t)  V.  Ibid.,  p.ig.  23  et  24,  note  4.  J'ai  compté  233  com- 
positions de  Philippe  RDgicrdans  le  Cutalogue  du  roi. 

(3)  V.  Jbid..  pag.  54. 

(4)  V.  Jbid.,  pag.  68-70. 

[i)  Memorie  storico-criliche,  vot.ir,  pag.  559-362. 

(6)  ttCfpocsUis  a  las  Diidas  Que.  sepiisicron  a  la  .Vi.<:sa 
Panis  qiicm  ego  dubt  de  Palestrina  (sic)  ;  Impressa  en  cl 
qainlo  llbrt)  de  sus  Missas,  sans  lieu,  ni  date;  ù  la  fin 
(p.  4î),  la  date  :  a  23  de  setlenibre  1634, petit  in-4"'  de  ii,—  29 
pag.  avec  frontispice  gravé  aux  armes  de  la  maison  de 
Bragancc.  V.  pour  les  détails  :  flitisicos  portuguezes,  vol. 
I,  pag.  138-144.  Il  y  a  une  traduction  des  Jtespoestas  en 
Itallea  :  Jiiposte  ulli  dubil  proposti  sopra  la  missa,  etc. 
V.  Mus.  portug.,  tome  i,  pag.  138. 


quejn  ego  daho  de  Palestrina  ;  sa  Defensa  de  la 
Musica  moderna  (i)  contre  l'évêque  Cyrille 
Franco  est  un  livre  d'excel'.ente  critique,  plein 
d'érudition,  et  qui  contient  des  aperçus  remar- 
quables sur  bien  des  maîtres  célèbres.  J'en  ai 
donné  ailleurs  l'analyse  (2).  Malheureusement 
ces  deux  volumes  (t649  et  1654)  sont  aussi  rares 
dans  l'édition  originale  (en  espagnol)  que  dans  les 
traduclions  (en  italien)  qu'on  en  a  faites  à  Rome. 

Jean  IV  avait  laissé  en  outre  à  son  successeur 
(D.  Alfonso  VI)  le  soin  d'imprimer  deux  autres 
manuscrits  :  Concordancia  da  Musica  epassos 
da  CoUegiada  dos  vmiores  professores  d'esta 
arte,  et  Principios  de  Musica,  quem  foram 
seus  primeiros  autores  e  os  progressas  que 
levé.  Ms  in-fol. 

J'ai  déjà  dit  qu'on  n'en  a  fait  aucun  cas.  Les 
compositions  du  roi  Jean  IV  étaient  très-nom- 
breuses (3),  mais  elles  ont  été  perdiies  pour  la 
plupart.  On  ne  connaît  aujourd'hui  que  deux 
Motets  insérés  dans  les  œuvres  de  Rebello  (Ro- 
mse,  1657),  et  un  autre  Motet  inséré  dans  Y  An- 
thologie universelle  de  Musique  sacrée,  pu- 
bliée par  Georges  Schmilt  (Paris,  Repos  1869), 
l'^  série,  vol.  vu).  Félis  croit  que  les  exemples 
de  musique  qu'on  trouve  à  la  fin  de  la  Defensa 
sont  des  compositions  du  roi,  ce  qui  ne  me  paraît 
pas  exact.  On  n'a  que  des  renseignements  fort 
vagues  sur  le  sort  de  la  Bibliothèque  de  mu- 
sique du  roi  D.  Jean  IV  après  sa  mort;  on  ne 
sait  pas  au  juste  si  elle  a  été  ensevelie  sous  les 
ruines  de  Lisbonne  lors  du  grand  tremblement 
de  terre  de  1755.  Elle  se  trouvait  alors  probable- 
ment, à  cette  époque,  dans  le  même  endroit  oti 
Jean  IV  l'avait  installée,  c'est-à-dire  dans  le  pa- 
lais royal  (Caza  do  Paço);  celui-ci  fut  presque 
entièrement  détruit.  J'espère  pouvoir  donner 
bientôt  des  renseignements  définitifs  sur  ce  sujet; 
en  tout  cas,  qu'elle  soit  détruite  ou  non,  la  pre- 
mière partie  du  Catalogue  nous  reste,  piédestal 
grandiose  sur  lequel  on  pourra  élever  au  roi  ar- 
tiste le  monument  qui  lui  est  dû  (4). 

J.  DE  V. 

(1)  Defensa  de  la  Musica  moderna,  contra  la  crrada 
opinion  dcl  Obispo  Ciirtlo  Franco.  Sans  lieu,  ni  date,  ni 
nom  d'auteur,  tout  comme  les  Respocsies;  à  la  fin  on  lit  : 
Lisboa  a  ide  Dcziébre  de  |619,  petit  in-4i>  de  iv  —  56  p. 
1^  traduction  italienne  porte  le  titre  suivant  :  Difesa  délia 
Ulusica  moderna  coniro  la  falsa  opinione  del  f-'e.^covo 
(  irillo  Franco,  Iraclolta  di  spafjnuolo  in  itallano.  Sans 
lieu,  ni  date,  ni  nom  d'autenr.  Le  frontispice  gravé  est  le 
même  qui  se  trouve  dans  un  exemplaire  des  llespnestas, 
que  Je  possède.  Le  nombre  des  pages  de  la  traduction  Ita- 
lienne est  de  74.  Je  tire  ces  renseignements  d'un  exem- 
plaire que  j'ai  vu  à  la  Bibliothèque  royale  de  Berlin. 

|2)  v.  Musicos  l'ortng.,  vol,  i,  pag.  ni-148. 

(3)  J'en  al  donné  la  liste  complète  dans  mes  Musicos 
portuguezes,  vol.  i,  pag.  144-145. 

(4)  Je  u'al  pas  cru  devoir  donner  ici  dei  détails  biogra- 


JEAN  DE  CLÈVES  —  JENSEN 


25 


*  JEAN  DE  CLEVES.  Dans  le  premier 
volume  de  son  ouvrage  :  la  Musique  aux  Pays- 
Bas,  M.  Vander  Straeten  donne  le  texte  lalin  de 
l'épitaphe  de  cet  artiste,  épitaphe  qui  se  voyait 
dans  la  grande  église  d'Augsbourg  et  qui  fait 
connaître,  avec  la  date  de  sa  mort,  l'âge  qu'il 
avait  alors.  En  voici  la  traduction  :  «  Épitaphe 
de  l'éminent  musicien,  maître  Jean  de  Clèves. 
Dans  cette  urne,  repose  l'excellent  musicien  de 
Clèves,  de  la  bouche  duquel  s'échappent  des 
sons  mélodieux.  Il  fut  autrefois  musicien  de  l'em- 
pereur Ferdinand  1",  directeur  du  chœur  de 
l'archiduc  Charles,  dont  il  fut  la  gloire.  Il  mourut 
en  1582,  le  14  juillet,  âgé  de  cinquante-trois  ans.  « 
Jean  de  Clèves  était  donc  né  en  1528  ou  1529. 

JEAI\DEL  (Pierre-Napoléon),  luthier 
français,  né  en  18 1 2  à  Courcelles-sous-Vaudemont 
(Meurthe),  fit  son  apprentissage  à  Mirecourt, 
chez  Charotte,  et  en  1835  se  rendit  à  Rouen,  où 
il  entra  comme  ouvrier  chez  le  frère  de  celui-ci, 
établi  en  cette  ville.  A  la  mort  de  son  patron  (1830), 
M.  Jeandel,  s'associant  avec  Lucien  Delau,  lui 
succéda;  puis,  s'étant  séparé  de  son  associé  en 
1848,  il  s'établit  seul,  sans  quitter  Rouen,  et  se 
fit  avantageusement  connaître  par  un  assez  grand 
nombre  d'instruments,  remarquables,  dit-on,  par 
leur  bonne  facture  et  leur  belle  sonorité.  Artiste 
habile,  M.  Jeandel  a  obtenu  plusieurs  récom- 
penses dans  les  Expositions  :  à  Rouen  (1854),  une 
médaille  de  bronze;  à  Paris  (Exposition  univer- 
selle de  1855),  une  médaille  de  première  classe; 
à  Rouen  (1856),  une  médaille  d'argent. 

JENIKE  (Emile),  pianiste  et  compositeur 
polonais,  s'est  fait  connaître  par  de  jolies  mélo- 
dies vocales  publiées  sous  ce  titre  :  Dziewine 
Pies'ni.  Parmi  ces  mélodies,  on  distinguait  sur- 
tout celles  intitulées  -.  le  Soir  sur  Veau,  le  Sou- 
venir, Mon  souhait.  A  la  mort  de  Chopin,  cet 
artiste  composa  une  marche  à  la  mémoire  de  l'il- 
lustre virtuose,  qui  fut  publiée  à  Varsovie,  chez 
Klukowski.  Emile  Jenike,  qui  appartenait,  dit- 
on,  par  la  nature  de  son  talent,  à  l'école  roman- 
tique, mourut  prématurément  en  1852,  sans 
avoir  eu  le  temps  de  justifier  les  espérances  qu'on 
avait  fondées  sur  lui. 

JEi\SEl\  (Adolphe),  compositeur,  né  à  Koe- 
nigsberg  le  12  janvier  1837,  apprit  tout  seul 
les  éléments  de  la  musique,  puis  reçut  pendant 
deux  ans  les  conseils  bienveillants  d'Ehlert  et  de 
Marpurg,  que  son  talent  précoce  avait  frappés. 
Grâce  aux  études  sérieuses  qu'il  fit  sous  leur 
.direction ,  il  put  bientôt  écrire  de  nombreux 
morceaux  -.  sonates,  ouvertures,  quatuors, ^ierfer; 

phiques  sur  D.  Jean  iv.  On  pourra  consalter  sa  biogra- 
phie dans  les  Mustcos  Porluguezes,  vol.  i,  pag.  130-130, 
et  mon  Ensaio  critico. 


mais  ces  professeurs  ayantiquitté  la  ville,  Jensen 
se  retrouva  sans  maître.  Il  continua  de  composer 
avec  ardeur,  puis  alla  passer  en  Russie  l'année 
1856,  afin  d'y  gagner,  par  ses  leçons  de  piano, 
l'argent  nécessaire  pour  se  rendre  auprès  de 
Schumann  ,  son  maître  de  prédilection.  Il  eut  la 
douleur  d'apprendre  la  mort  de  ce  grand  musicien 
avant  d'avoir  pu  le  connaître.  Il  revint  en  Alle- 
magne en  1857  et  habita  successivement  Berlin, 
Leipzig,  Weimar  et  Dresde.  Nommé,  la  même 
année,  chef  d'orchestre  du  théâtre  de  Posen,  il 
renonça  bientôt  à  celte  position  pour  se  rendre  à 
Copt'nhague,  afin  de  faire  la  connaissance  de 
M.  Niels  Gade.  Deux  ans  après ,  il  revenait  à  Kœ- 
nigsberg,  où  ses  leçons  étaient  très-recherchées. 
En  1866,  il  était  mandé  à  Berlin  par  Cari  Tausig, 
pour  être  premier  professeur  à  l'École  des  vir- 
tuoses, et,  en  1868,  il  quittait  Berlin  pour  aller 
à  Dresde,  puis  à  Grœtz,  en  Bohême,  où  il  est 
encore  aujourd'hui. 

Les  sept  morceaux  qui  composent  le  recueil 
Eroiikon  (op.  44)  sont  d'une  mélodie  élégante  et 
d'une  harmonie  intéressante,  qui  leur  prête  un 
attrait  particulier.  Ces  esquisses  antiques,  CaS' 
sandre,  Eres,  Galatée ,  Electre,  etc.,  expri- 
ment tour  à  tour  une  grâce  coquette  et  une  ten- 
dresse langoureuse  ;  il  s'en  faut  que  ces  pièces 
soient  faciles  à  jouer  et  surtout  à  bien  rendre, 
mais  l'exécutant  goûte  d'autant  plus  de  plaisir  à 
distinguer  peu  à  peu  les  intentions  de  l'auteur  et 
à  s'en  pénétrer.  Ce  recueil  est  le  seul  de  Jensen 
qui  soit  encore  publié  en  France;  mais  je  con- 
nais à  peu  près  tout  son  œuvre  de  piano,  qui  est 
déjà  considérable ,  et  sans  insister  sur  tant  de 
morceaux,  qu'il  serait  difficile  de  se  procurer  à 
Paris,  je  citerai  simplement  ceux  qui  m'ont 
frappé  par  la  distinction  de  l'inspiration  et  l'élé- 
gance de  la  facture,  puis  je  jugerai  d'ensemble  le 
talent  de  ce  compositeur. 

Je  recommande  aux  amateurs  la  Botnance, 
(op.  19),  une  valse  brillante  (op.  3),  les  Fauta- 
sieslùcke,  la  grande  sonate  en  fa  dieze  mineur 
un  délicieux  recueil  de  vingt  morceaux  ,  Chants 
et  danses,  trois  charmantes  Valses-Caprices 
et  deux  jolies  romances  A  celle  qui  s'en  va. 
Jensen  a  aussi  composé  des  morceaux  à  quatre 
mains  d'une  grâce  et  d'une  poésie  charmantes. 
Sa  suite  intitulée  :  Musique  de  noce ,  .«es  trois 
morceaux  séparés  (op.  18)  et  ses  huit  Idylles, 
dépeignant  tout  le  cycle  d'une  journée ,  depuis 
le  crépuscule  matinal  jusqu'à  la  nuit,  sont  des 
compositions  de  haute  valeur.  Jensen  n'a  encore 
que  peu  écrit  pour  l'orchestre  ;  mais  sa  compo- 
sition des  Pèlerins  d'Emmaiis ,  d'après  l'É- 
vangile de  Saint-Luc,  est  ime  création  symphoni- 
que  de  premier  ordre ,  pleine  de  poésie  et  de 


26 


JENSEN  —  JIMENEZ  HUGALDE 


grandeur  religieuse.  En  résumé,  la  ieclure  de 
ces  œuvres,  faiJe  en  suivant  l'ordre  de  produc- 
tion, montre  bien  que,  comme  tant  d'autres,  le 
compositeur  n'a  pu  dégager  qu'à  la  longue  son 
inspiration  propre  :  ses  premiers  morceaux  ren- 
ferment des  idées  charmantes  ,  mais  elles  se 
noient  sous  les  notes  et  les  coml)inaisons  liar- 
moniques.  A  mesure  qu'on  suit  la  filière  de  ses 
oeuvres,  la  pensée  du  musicien  devient  plus 
nette,  plus  claire;  la  contexture  même  en  est 
d'autant  plus  riche  qu'elle  est  moins  touffue,  et 
celui  de  ses  recueils  qui  est  peut-être  le  plus 
poétique  elle  plus  gracieux.  Chants  et  danses, 
semble  inspiré  directement  par  Robert  Scliu- 
mann,  dont  Jensen  (ut  le  disciple  et  l'admira- 
teur. 

Voici  le  catalogue  des  œuvres  de  Jensen  : 
Musique  podr  orchestre.  La  Fille  de  Jeph- 
té,  d'après  Byron,  avec  soli  et  chœurs  (op.  26;. 

—  Les  Pèlerins  d'Emmaiis,  morceau  religieux 
d'après  l'Évangile  de  saint  Luc  (op  27).— Musique 
DE  MANO.  Voix  intérieures,  5  pièces,  (op.  2).  — 

Valse  brillante,  (op.  3) Six  pièces  de  fantaisie, 

en  deux  cahiers,  (op.  7).  —  Études  romantiques, 
dix-sept  pièces  en  deux  cahiers,  (op.  8).  —  Ber- 
ceuse, (op.  12),  —  Scène  de  chasse,  (op.  15).  — 
A  celle  qui  s^en  va,  deux  romances,  (op.  16).  — 
Tableaux  de  voyage,  douze  morceaux  en  deux 
cahiers,  (op.  17).  —  Scherzo,  Berceuse  et  Pasto- 
rale, à  quatre  mains,  (op.  18).  —  Prélude  et 
romance,  (op.  19).  —  Quaire  impromptus,  (op. 
20).  —  V  Sonate  en  fa  dièze  mineur,  (op.  25). 

—  Trois  valses-caprices,  (op.  31).  —  Vingt-cinq 
études  en  trois  recueils,  (op.  32).  —  Chants  et 
danses,  vingt  pièces  en  deux  recueils,  (op.  33). 

—  Six  suites  allemandes,  (op.  36).  —  Impromptu, 
en  sol  majeur,  (op.  37).  —  Deux  nocturnes,  en 
fa  dièze  majeur  et  en  si  bémol  mineur,  (op. 
3s).  —  Marche,  Cunzonetta  et  Scherzo,  (op   42). 

—  Idylles,  huit  morceaux  à  deux  et  quatre 
mains  ,  (op.  43).  —  Erotikon,  sept  pièces,  (op. 
44).  —  Musique  de  noce,  quatre  morceaux  à 
quatre  mains,  (op.  45).  —  Chants  du  pays  de 
Berchtesgaden ,  en  deux  recueils,  (op.  46).  — 
Idylle  de  la  forêt,  (op.  47).  —  Souvenirs,  cinq 
morceaux,  (op.  48).  —  Musique  de  CHA^T.  Six 
lieder,  (op.  1). —  Sept  chants  du  livre  des  Chants 
d' Espar/ne,  de  E.  Geibel  et  P.  IIeyse,(op.  4). — 
Quatre  chants  sur  des  poésies  de  G.  Herwegh  et 
de  Eichendorff,  (op.  5).  —  A  Vinnomée,  six 
mélodies  d'amour  d'après  E.  Geibel,  (op.  6).  — 
Ilnif  lieder  pour  mezzo-soprano  ou  baryton,  fop. 
9j.  —  Deux  chants  sur  des  poésies  de  Uhland, 
(op.  10),  avec  deux  cors  et  harpe  (ou  piano)  -.  n. 
Chant  des  Nonnes,  pour  soprano  solo  et  cbrur 
à  quatre  voix  de  femmes;  b.  Chant  delà  fiancée, 


pour  chœur  général.  —  Sept  lieder  d'apriis  Hafis, 
(op.  11).  —  Chants  d'amour,  six  morceaux 
pour  voix  grave,  (op.  13).  —  Six  lieder  populai- 
res de  Wilhelm  Herz  pour  voix  moyenne,  (op. 
14).  -  Sept  chants  du  recueil  des  Chants  d'Espa- 
gne de  E.  Geibel  et  P.  Heyse,  (op.  21).  —  Douze 
lieder  de  P.  Heyse  pour  voix  moyenne  en  deux 
cahiers,  (op.  22).  —  Six  lieder  avec  texte  alle- 
mand et  danois,  (op.  23).  —  Six  lieder,  (op.  24). 
—  Huil^JefZer  pour  soprano,  alto,  ténor  et  basse 
d'après  E.  Geibel ,  (op.  28).  —  Huit  lieder  à 
quatre  parties,  d'après  Geibel,  en  deux  recueils, 
(op.  29).  —  Dolorosa,  six  poésies  de  Chami.sso, 
(op.  30).  —  Antique  Heidelberg  !  extrait  du 
Trompette  de  Sackingen,\)aT  Sc^heffel,  morceau 
de  concert  pour  basse  ou  baryton,  (op.  34).  — 
Six  lieder  pour  voix  grave,  d'après  O.  Roquette, 
(op.  35).  —  Deux  lieder  :  Chante,  ô  ma  belle 
et  Senteurs  de  la  Nuit,  (op.  39).  —  Douze  lie- 
der, tirés  du  GaudeamusdeSd\e(M,  pour  voix 
de  basse  avec  piano,  (op.  40).  —  Romances  et 
ballades,  de  Robert  Hamerling,  six  morceaux 
pour  voix  seule  avec  piano,  (op.  41).  —  Sept 
lieder,  de  Robert  Burns,  (op.  49).  —  Sept  lieder, 
(op.  50).  —  Jensen-Album ,  recueil  de  lieder 
pour  une  voix  avec  piano.  —  Laisse-moi  reposer, 
laisse-moi  réver,i\°l  de  la  collection  des  Chants 
du  Printemps,  composés  par  Jensen,  Taubert, 
Abt,  Reinecke,  etc.  Ad.  J — n. 

JERVOLliXO  (Arcangelo),  prêtre  et  com- 
positeur italien,  vivait  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle  et  fut  professeur  au  Con- 
servatoire de  Santa-Maria  di  Loreto,  à  Naples.  Il 
écrivit  la  musique  d'un  intermède  qu'il  lit  re- 
présenter sur  le  petit  théâtre  de  cet  établisse- 
ment, en  1737,  et  qui  avait  pour  titre  lo  Finto 
Remita  e  lo  Stroccione  {le  Faux  Ermite  et  le 
Gueux). 

JESPER.  Voyez  REISET  (Le  comte  DE). 

JIMEXEZ,  est  le  nom  d'une  famille  de  mu- 
siciens nègres  qui  sont  venus  se  faire  entendre 
à  Paris,  aux  mois  de  novembre  et  de  décembre 
1875,  et  non  sans  succès.  Le  père,  José  Julian 
Jimenez,  est,  dit-on,  élève  de  Ferdinand  David, 
et  possède  les  qualités  solides  qui  distinguent 
l'école  de  ce  maître  remarquable  ;  toutefois ,  il 
manque  un  peu  de  charme  et  de  grâce.  Nicasio 
Jimenez,  le  fils  aîné,  est  un  violoncelliste  de 
talent,  au  jeu  expressif  et  au  mécanisme  précis, 
mais  dont  l'archet  manque  d'ampleur.  Enfin  le 
second  lils,  Manuel  Jimenez,  pianiste  bien  jeune 
encore,  n'en  est  pas  moins  un  artiste  d'un  vrai 
talenl,  aussi  remarquable  par  sa  virtuosité  que 
par  un  sentiment  plein  de  grâce. 

JIMENEZ  HUGALDE  ou  UGALOE 
(CiiUACo),  prêtre  {'s;iagnol,  compositeur  et  or- 


JIMENEZ  HUGALDE  —  JOMMELLI 


27 


ganiste,  est  né  à  Pampelune  le  5  février  1828. 
Son  [)ère  fut  son  premier  maître  de  solfège,  et  il 
étudia  ensuite  le  piano  avec  José  Guelbonzu. 
Désirant  se  livrer  à  la  composition  et  à  l'élude 
de  l'orgue,  il  se  rendit  à  Madrid  et  se  tit  admettre 
au  Conservatoire ,  où  il  eut  pour  professeur 
M.  Hilarioii  Eslava.  Ses  études  terminées,  il  de- 
vint, à  la  suite  de  plusieurs  concours,  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Jaca  (1857),  puis 
de  l'église  métropolitaine  de  Valence  (1861),  et 
enfin  de  la  primatiale  de  Tolède  (1865).  M.  Ji- 
menez  a  composé  un  grand  nombre  de  messes, 
psaumes ,  répons,  motets  ,  saluts  ,  litanies,  etc. 
On  cite  comme  les  plus  remarquables  parmi  ces 
œuvres  un  Miserere  de  larges  proportions,  une 
messe  en  mi  bémol,  deux  psaumes,  deux  can- 
tiques, et  un  salut  accompagné  d'une  litanie. 

*  JOACFIIM  (Joseph).  Cet  illustre  virtuose 
est  assurément  l'un  des  plus  grands  violonistes 
dont  l'histoire  de  l'art  puisse  enregistrer  le  nom. 
Enfant  prodige,  il  a  vu  son  talent  toujours  gran- 
dir, jusqu'au  jour  où  ce  talent  a  atteint  le  déve- 
loppement le  plus  magnifique  et  le  plus  merveil- 
leux. Avec  celaclief  d'orchestre  habile,  composi- 
teur distingué,  M.  Joachim  ne  se  borne  pas  à 
être  ce  qu'on  appelle  un  virtuose  de  premier 
ordre  :  pourvu  d'une  instruction  solide,  familier 
avec  les  œuvres  des  grands  maîtres,  connais- 
sant la  musique  de  Bach  et  de  Corelli  aussi  bien 
que  celle  des  violonistes  modernes,  il  est  un  des 
plus  admirables  quartettistes  que  l'on  puisse 
entendre. 

M.  Joachim  est  aujourd'hui  fixé  à  Berlin,  où 
il  s'est  établi  après  la  guerre  de  1866 ,  alors  que, 
le  Hanovre  ayant  été  absorbé  par  la  Prusse,  il 
se  vit  obligé  de  renoncer  aux  fonctions  de  maître 
de  la  chapelle  royale  de  Hanovre,  qu'il  occupait 
depuis  1854.  Il  rertouva  d'ailleurs  à  Berlin  une 
situation  brillante,  devint  directeur  du  Conser- 
vatoire particulier  qui  venait  d'être  fondé  en 
cette  ville  sous  le  titre  d'Académie  de  musique, 
se  distingua  tout  à  la  fois  comme  virtuose,  comme 
compositeur  et  comme  chef  d'orchestre  ,  et  fut 
élu  membre  de  l'Académie  des  Arts. 

M.  Joachim,  qui,  dès  l'âge  de  quatorze  ans, 
en  1845,  avait  obtenu  de  véritables  triomphes  à 
Londres,  où  Mendeissohn  l'avait  emmené,  ne  se 
vit  pas  accueillir  avec  moins  de  succès  à  Paris, 
lorsqu'il  y  vint  en  1866  et  qu'il  se  fit  entendre 
à  l'Athénée  et  aux  Concerts  populaires  de  M.  Pas- 
deloup.  Sa  renommée  d'ailleurs  est  depuis  long- 
temps européenne,  mais  nulle  part  elle  n'est 
mieux  établie  qu'en  Angleterre.  Engagé ,  avec 
un  traitement  annuel  de  2,000  thalers  ,  comme 
directeur  de  l'Académie  de  musique  de  Berlin', 
M.  Joachim  s'est  réservé  un  congé  chaque  année, 


du  nouvel  an  à  Pâques,  congé  qu'il  va  passer  ré- 
gulièrement à  Londres,  où  l'entrepreneur  de 
concerts  M.  Chappell  lui  assure  mille  livres  ster- 
ling, soit  25,000  francs  pour  chaque  voyage. 

Comme  compositeur,  M.  Joachim  s'est  produit 
pour  la  première  fois  au  mois  de  décembre  1845, 
en  exécutant ,  dans  un  concert  du  Gewandhaus 
de  Leipzig,  un  adagio  et  rondo  qu'il  avait  écrit 
avec  accompagnement  d'orchestre.  Depuis  lors, 
il  a  composé  d'as.sez  nombreux  morceaux  sym- 
phoniques ,  et  plusieurs  concertos  de  violon 
parmi  lesquels  on  cite  surtout  son  Concert  in 
ungarischer  Weise  (op.  il),  production  toute 
brillante  de  couleur  et  de  fraîcheur.  Je  mention- 
nerai, parmi  ses  autres  œuvres  :  2  Marches 
pour  orchestre  ;  3  pièces  pour  violon  et  piano, 
op.  2;  Concerto  pour  violon,  avec  orchestre, 
op.  3  ;  Ouverture  A'Hamlet,  op.  4  ;  3  Pièces  pour 
violon  et  piano,  op. 5;  Mélodies  hébraïques, 
pour  alto  et  piano,  op.  9;  "Variations  pour  alto  , 
avec  accompagnement  de  piano  ,  op.  10.  — En 
1863,  M.  Joachim  a  épousé  une  cantatrice  d'un 
grand  talent ,  IW"  Amélie  Weiss,  qui  se  fait 
surtout  remarquer  dans  l'exécution  des  Ueder. 

JOANXES  (Antoine),  facteur  de  clavecins, 
vivait  à  Anvers  dans  la  première  moitié  du  dix- 
septième  siècle. 

JOELLljER(ANDRÉ),compositeur  allemand, 
directeur  de  musique  à  Meiningen ,  s'est  fait 
connaître  par  un  grand  nombre  de  chansons, 
dont  quelques-unes  obtinrent  des  succès  popu- 
laires. Cet  artiste  est  mort  à  Meiningen,  le  2  mars 
1862,  à  l'âge  de  cinquante-huit  ans. 

JOLIVET  ( ),  compositeur,   habitait 

Dijon  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  Il  a  écrit  la  musique  des  ouvrages  sui- 
vants :  Cantate  sur  la  naissance  de  Monseigneur 
le  Dauphin,  exécutée  à  Dijon  le  14  septembre 
1729  :  Idylle  héroïque  en  deux  scènes ,  avec 
prologue  et  épilogue,  chantée  par  les  écoliers  du 
collège  de  Dijon  le  6  mai  1730;  Divertissement 
pour  la  fête  de  M  le  comte  de  Tavannes,  Dijon, 
1730. 

*  JOLY  ( )  ,  violoniste  et  marchand  de 

musique.  Outre  les  publications  mentionnées  au 
nom  de  ce  musicien,  on  lui  doit  encore  :  r  Mé- 
thode de  Guitare,  Paris,  Schlesinger  ;  T  l'Art 
de  jouer  de  la  guitare,  ou  Méthode  rédigée 
sur  ttn  nouveau  plan  (nouvelle  édition),  Lille, 
Bohem. 

*  JOMMELLI  (NicoLÔ).  A  la  liste  des  pro- 
ductions dramatiques  de  ce  musicien  immortel, 
il  faut  ajouter  les  suivantes  ,  qui  sont  conservées 
dans  les  Archives  du  Conservatoire  de  Naples  : 
r  Ezio,  opéra  sérieux  en  3  actes  ,  Bologne 
1741  ;  2"  Artaserse,  3  actes,  Rome,  th.  Argen- 


28 


JOMMELLT  —  JONCIÊRES 


tina,  1749;  3°  Temisfocle,  3  actes,  Naples,  tli. 
San  Carlo,  1757;  4°  il  Trion/o  di  Clelin  .  3 
actes,  il!.,  ùl.,  I7à7  ;  5°  Ezio,  3  actes,  écrit  imur 
le  jour  de  naissance  du  roi  Joseph  l"  de  Portu- 
gal, 1771  (c'est  le  troisième  opéra  que  Jonmiplli 
composait  sur  ce  sujet);  C"  Cercre  placata,  fête 
théâtrale,  1772;  T  Cajo  Marzio,  3  actes  (1). 
L'ahbé  Alfieri  a  publié  sur  Jommelii  on  opuscule 
ainsi  inlitulé  :  Notizie  biocjrafiche  di  Mcolo 
Jommelii  (Rome,  1845,  in-8"}  ;  on  trouve  aussi 
une  biograpl)ie  et  un  portrait  de  cet  homme  cé- 
lèbre dans  la  Biografia  degli  Italiani  illustri 
delsecolo  XVIfl  (1^'vol.),  Venise,  1835,in-8°. 
*  JONAS  (Emile).  Le  répertoire  dramatique 
de  ce  compositeur  se  complète  par  les  ouvrages 
suivants  :  Job  et  son  chien  ,  un  acte,  Bouffes- 
Parisiens,  1863;  le  Manoir  des  La  Renardière, 
un  acte,  id.,  1864  ;  Avant  la  Noce,  un  acte,  id., 
1865  ;  les  Deux  Arlequins,  un  acte,  Fantaisies- 
Parisiennes,  1865;  Malbrough  s'en  va-t-en 
guerre,  4  actes  (en  société  avec  MM.  Bizel,  De- 
libes  et  Legouix),  Athénée,  1867;  le  Canarda 
trois  becs,  3  actes,  Folies-Dramatiques,  1869; 
Désiré,  sire  de  Champigny,  un  acte,  Bouffes- 
Parisiens  ,  1869;  Javot/e ,  3  actes,  Athénée, 
1871  (ouvrage  écrit  pour  le  théâtre  de  la  Gaité, 
de  Londres,  et  représenté  sur  cette  scène  et 
sous  le  titre  de  Cinderella,  peu  de  mois  avant 
d'être  joué  à  Paris)  ;  le  Chignon  d'or,  3  actes 
Bruxelles,  1874.  M.  Jonas  a  aussi  une  part, 
avec  MM.  Bazille,  Clapisson,  Eug.  Gautier,  Ge- 
vaert.  Mangeant  et  F.  Poise  ,  dans  la  musique 
de  la  Poularde  de  Caux,  opérette  en  un  acte 
représentée  au  théâtre  du  Palais-Royal.  11  a  en 
portefeuille  un  opéra  bouffe  en  3  actes,  intitulé  la 
Princesse  Kelebella,  et  il  a  publié  dans  le  jour- 
nal le  Magasin  des  Demoiselles  une  opérette, 
Miss  Bobinson,  qui  n'a    pas  été    représentée. 

Après  avoir  été,  depuis  1847,  professeur  de 
solfège  au  Conservatoire,  cet  artiste  s'élait  vu 
chargé  d'une  des  classes  d'harmonie  créées  dans 
cet  établissement  pour  les  élèves  militaires  ,  lors 
de  la  suppression  du  Gymnase  musical.  En  même 
temps,  il  était  chef  de  musique  d'une  des  subdi- 
visions de  la  garde  nationale  de  Paris.  Nommé, 
en  1867,  secrélaire  du  Comité  d'organisation  des 
festivals  militaires  à  l'Exposition  universelle, 
c'est  à  lui  qu'incomba  presque  tout  le  travail 
relatif  à  ces  festivals  ;  il  reçut  en  récompense  le 
ruban  de  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

JONCIÈUES  (Fki.ix-Luucer,  dit  Victorin, 
DE),  compositeur  et  critique  musical,  fils  d'un 
écrivain  politique  qui,  après  avoir  été  saint-simo- 

(t)  Qii.int  à  l'opéra  il  rrasIuUo,  titr»  qui  n'a  pont  de 
sens,  U  faut  le  remplacer  par  Don  Iras'.ullo,  intermède  3 
troh  voix. 


nien,  devint,  sous  le  .second  empire,  l'un  des  prin- 
cipaux rédacteurs  de  In  Patrie  et  du  Constitu- 
tionnel, e.st  né  à  Paris  le  12  avril  1839  (1).  Après 
avoir  appris,  avec  une  de  ses  tantes,  les  premiers 
principes  de  la  mu.sique  et  commencé  l'étude  du 
piano,  il  entra  au  lycée  Bonaparte  pour  y  faire 
son  éducation  littéraire,  et  en  sortit  à  l'âge  de 
seize  ans,  après  avoir  terminé  ses  classes.  A  cette 
époque,  se  croyant  une  vocation  irrésistible  pour 
la  peinture ,  il  entra  dans  l'atelier  de  Picot,  ce  qui 
ne  l'empêcha  pas  de  reprendre  ses  premières 
études  interrompues  et  de  culliver  la  musique 
en  amateur;  il  écrivit  même  la  partition  d'un 
petit  opéra-comique  dont  un  de  ses  amis  lui 
avait  taillé  le  livret  dans  le  Sicilien  ou  l'Amour 
peintre  de  Molière ,  et  lit  exécuter  cet  ouvrage 
en  1859,  par  des  élèves  du  Conservatoire,  à  la 
salle  lyrique  de  la  rue  de  la  Tour-d'Auvergne. 
Franck-Marie,  critique  musical  de  la  Patrie, 
mort  depuis,  assistait  à  cette  représentation,  et 
a()rès  l'audilion  de  l'ouvrage,  lui  conseilla  de 
quitter  la  peinture  pour  la  musique. 

Suivant  ce  conseil ,  M.  Joncières  abandonna 
l'atelier  de  Picot,  et  se  mil  sous  la  direction  de 
M.  Elvvart,  avec  qui  il  fit  un  cours  d'harmonie. 
Il  entra  ensuite  au  Conservatoire,  dans  la  classe 
de  fugue  et  de  contrepoint  de  Leborne,  et  se  pré- 
parait à  concourir  à  l'Institut ,  pour  le  grand 
prix  de  composition  musicale  ,  lorsqu'à  la  suite 
d'une  discussion  à  propos  de  Richard  Wagner, 
qui  venait  de  donner  son  premier  concert  dans 
la  salle  du  Théâtre-Italien ,  il  quitta  la  classe 
d'un  professeur  en  qui,  dit-il  lui-même,  il  n'avait 
plus  confiance.  Il  commença  alors  à  se  livrer 
sérieusement  à  la  composition ,  fit  jouer  aux 
Concerts-Musard  une  ouverture,  une  marche  et 
différents  morceaux  d'orchestre,  puis  écrivit,  sur 
la  traduction  de  \' Hamlet  de  Shakespeare  faite 
par  Alexandre  Dumas  et  M.  Paul  Meurice,  une 
partition  qui  comprenait  une  .ouverture ,  une 
marche,  des  eutr'actes  et  des  mélodrames.  Il  fit 
entendre  cette  musique,  vers  1864,  dans  un 
concert  organisé  à  ses  frais ,  et  le  21  septembre 
1807  il  allait  en  diriger  l'exécution  à  Nantes,  pour 
une  représentation  i\' Hamlet  qui  avait  lieu  au 
Grand-Théâtre  de  cette  ville,  et  dans  laquelle 
M""*  Judith,  delà  Comédie  Française,  remplissait 
le  rôle  d'Hamlet.  L'année  suivante,  M""^  Judith 
donnait  des  représentations  de  cet  ouvrage  à  la 
Galle,  encore  avec  la  musique  du  jeune  com- 
positeur. 

Cependant ,  le  8  février  1867 ,  M.  Joncières 

(1)  Et  non  le  î6  avrl',  comme  le  dit  le  Dictionnaire  des 
Contemporains  ;  Je  tiens  cette  date  de  source  certaine. 
On  a  donné  à  M.  Joncières  le  prénom  de  Victorin  m  sou- 
venir lie  sa  mère,  qni  s'appelait  Victorinc,  et  qui  mourut 
quinze  Jours  après  l'.n  olr  mis  au  monde. 


JONCIÈRES 


29 


faisait  ses  véritables  débuts  de  musicien  dramati- 
que en  donnant  auTliéàtre-Lyriquei'crrfflnapfl/e, 
grand  opéra  en  trois  actes  dans  lequel  M"«  Nils- 
son,  dont  c'était  la  première  création,  remplissait 
le  principal  rôle.  Malgré  la  présence  de  cette 
artiste  aimée  du  public,  Sardanapale ,  dont  la 
musique  manquait  d'élan  et  d'originalité,  ne 
réussit  que  médiocrement,  quoique  certains 
morceaux  de  la  partition  ne  fussent  pas  absolu- 
ment dépourvus  de  qualités.  Il  en  fut  de  mètne 
du  second  ouvrage  de  M.  Joncières,  le  Dernier 
jour  de  Pompéi,  opéra  en  4  actes  donné  au 
môme  théâtre  en  1869,  et  que  la  critique  trouva 
inférieur  au  précédent.  Depuis  lors,  le  Théàlre- 
Lyrique  avant  disparu  et  M.  Joncières  n'ayant 
pu  réussir  à  forcer  les  portes  de  l'Opéra,  cet 
artiste,  dont  le  teiispérament  musical  est  abso- 
lument hostile  au  genre  de  l'opéra-comique,  ne 
s'est  pas  produit  à  la  scène,  bien  qu'il  ait  en  por- 
tefeuille un  ouvrage  entièrement  terminé  ,  Di- 
mitri ,  opéra  en  5  actes  écrit  sur  un  poëme  de 
MM,  Henri  de  Bornier  et  Armand  Silveslre.  Il 
s'est  borné  à  publier  quelques  romances,  quel- 
ques morceaux  de  piano,  et  à  faire  entendre  un 
concerto  de  violon,  exécuté  au  Conservatoire, 
en  1870,  par  M.  Danbé,  et  une  Symphonie  ro- 
mantique, exécutée  au  Concert  national  au  mois 
de  mars  1873.  C'est  aussi  depuis  cette  époque, 
et  en  1871,  que  M.  Joncières  a  pris  possession  du 
feuilleton  musical  du  journal  la  Liberté,  qu'il 
signe  de  son  nom,  tandis  que  sous  le  pseudonyme 
de  Jennius,  il  écrit,  à  ce  même  journal,  une  chro- 
nique quotidienne  des  théâtres. 

Il  est  difficile,  à  l'heure  présente,  de  porter  un 
jugement  raisonné  sur  la  valeur  musicale  de 
M.  Joncières.  N'ayant  encore  fait  représenter  que 
deux  ouvrages,  et  quoique  ces  ouvrages  fussent 
importants,  le  jeune  artiste  ii'est  pas  encore  sorti 
de  ta  période  des  débuts,  des  tâtonnements,  et 
nous  pensons  que  l'on  serait  injuste  en  voulant 
apprécier  son  talent  sur  deux  productions  im- 
parfaites. 11  est  vrai  que  M.  Joncières  a  une 
fort  bonne  opinion  de  lui-même,  qu'il  se  croit 
appelé  à  régénérer  l'école  musicale  française,  et 
que,  joignant  la  plume  du  critique  à  celle  du  com- 
positeur, il  le  prend  de  très-haut  avec  ses  con- 
frères, et  reproche  àdesarlistestelsqueM.Reyer, 
par  exemple,  de  ne  pas  être  musiciens  et  de  ne 
pas  connaître  la  pratique  de  leur  art.  Un  tel 
grief,  articulé  par  l'auteur  de  Sardanapale 
contre  l'auteur  de  la  Statue,  peut  à  bon  droit 
faire  sourire  ce  dernier.  Du  reste,  les  musiciens 
français  de  ce  temps  ne  sont  pas  les  seuls  pour 
lesquels  M.  Joncières  professe  un  dédain  magni- 
fique; en  prenant  la  collection  des  feuilletons 
publiés  par  lui  depuis  quatre  ans  dans  la  Li- 


berté, il  serait  facile  de  se  convaincre  de  ee 
fait,  que  M.  Joncières  fait  dater  l'existence  de  la 
musique  française  du  jour  où  il  a  abordé  le  théâ- 
tre. Quels  que  soient  le  nom  et  la  valeur  des 
artistes  auxquels  la  France  avait  cru  devoir 
jusqu'ici  accorder  un  peu  de  reconnaissance  , 
quel  que  soit  le  genre  auquel  ces  artistes  se  sont 
attachés,  ceux-ci  ne  sauraient  trouver  grâce 
devant  un  critique  aussi  farouche  :  Monsigny , 
Grétry,  Boieldieu  ,  Auber,  Adam,  Berlioz,  tous 
sont  traités  par  lui  avec  une  superbe  écrasante. 
Voici  comment  M.  Joncières  apprécie  le  gt^nie 
inculte,  mais  naturel  et  passionné,  de  Monsigny  : 
«  Nous  ne  sommes  pas,  il  faut  l'avouer,  de  ceux 
qui  pleurent  d'admiration  en  entendant  la  mu- 
sique du  Déserteur.  Les  chants  heureux  de 
Monsigny,  comme  disent  les  amateurs  de  ce  vieil 
opéra-comique,  n'ont  pas  le  don  de  nous  tou- 
cher   Il  faut  avoir  porté  la  culotte  courte, 

s'être  délecté  aux  comédies  de  Picard,  avoir  passé 
ses  soirées  à  Feydeau,  après  un  bon  dîner  chez 
le  traiteur,  en  un  mot,  avoir  été  jeune  il  y  a 
cinquante  ans,  pour  goûter  les  charmes  de  la 
musique  de  Monsigny.  »  On  pense  bien  qu'après 
avoir  ainsi  traité  le  Déserteur,  le  critique  ne 
saurait  user  d'une  grande  indulgence  pour  la 
Dame  blanche  :  «  L'Opéra-Comique,  écrivait-il 
un  jour  au  sujet  de  cet  ouvrage,  donnait  la  se- 
maine passée  la  1, 2370  représentation  de  la  Dame 
blanche  .  Devant  l'éloquence  d'un  pareil  chiffre 
la  critique  perd  ses  droits,  et  n'a  plus  qu'à  s'in- 
cliner; nous  ne  discuterons  pas  la  valeur  de 
cet  ouvrage.  Depuis  quarante-six  ans  le  public 
se  pâme  d'aise  aux  la  la -i-tou  des  montagnards 
écossais,  à  la  cavatine  du  ténor  :  «  Ah!  quel 
plaisi-ir  d'être  soldat  !»  à  la  strette,  qui  parut 
si  entraînante  en  1825,  du  fameux  duo  :  Cette 
main,  cette  main  sijoti-i-i-e,  et  rien  ne  semble 
encore  annoncer  la  lin  de  l'engouement  général 
pour  cet  opéra  tyrolien  dont  l'action  se  passe 
en  Ecosse....  »  M.  Joncières  qui,  on  le  voit,  cher- 
che parfois  à  faire  de  l'esprit,  est  plus  sévère  en- 
core envers  Berlioz  qu'il  ne  l'a  été  envers  Mon- 
signy et  Boieldieu  ;  il  regrette  d'abord  son  inex- 
périence des  procédés  de  l'art  musical ,  la 
stérilité  de  son  imagination ,  et  voici  comme 
il  le  juge  :  «  Berlioz  ressemble  à  un  cuisinier 
inexpérimenté  qui ,  voulant  inventer  un  art  cu- 
linaire nouveau,  jetterait  pêle-mêle  dans  la  cas- 
serole tous  les  ingrédients  qui  lui  tomberaient 
sous  la  main,  se  disant  :  ce  sera  peut-être  mau- 
vais, mais  en  tous  cas  on  ne  pourra  contester 
l'originalité  de  ma  cuisine,  et  il  se  trouvera  cer- 
tainement des  palais  blasés  qui  prendront  plaisir 
à  goûter  une  sensation  qu'ils  n'ont  encore  jamais 
éprouvée.  »  ,.  . 


3Ô 


JONCIERES  —  JOSSE 


I    On  voit  que  la  criftque  de  M.  Joncières  est 
enfantine,  malgré  les  grands   airs  qu'elle  veut 
prendre  parfois.  Ses  efforts  n'enlèveront  pas  aux 
grands   artistes  qui  ont   honoré    ou  illustré  la 
France  une  parcelle  de  leur  génie,  mais  ils  pour- 
raient porter  préjudice  à  l'avenir  du  jeune  com- 
positeur qui  se  livre  à  de  tels  écarts  et  qui  semble 
tro[)  porté  à  croire  que  tous  les  yeux  de  l'Europe 
sont  tournés  sur  lui.  M.  Joncières  n'est  pas  en- 
core célèbre  ;  pour  le  devenir,  il  ne  suffit  pas 
d'avoir,  comme  lui,  deux  admirations  exclusives 
dont  l'accouplement  semble  au  moins  étrange 
lorsqu'on  sait  qu'elles  ont  pour  objet  M.  Wagner 
d'une  part,  M.  Offenbach  de  l'autre;  il  faut 
composer,  produire  beaucoup,  créer  des  chefs- 
d'œuvre  et  forcer  l'admiration  du  public.  Mais 
se  cantonner  chaque  semaine  dans  le  coin  d'un 
journal  dans  l'unique  but  de  rabaisser  sans  cesse 
l'art  de  son  pays,  de  ternir  la  mémoire  des  grands 
hommes  qui  l'ont  illustré,  de  s'accorder  à  soi- 
même  des  éloges  au  moins  singuliers,  enfin  d'a- 
mener les  administrations  théâtrales  à  représen- 
ter vos  œuvres,  cela  n'est  pas  le  fait  d'un  véri- 
table artiste.  Je  suis  d'avis,  pour  ma  part,  qu'on  ne 
peut,  pour  une  foule  de  raisons,  être  à  la  fois  pro- 
ducteur et  critique. Berlioz,  qui,  quoi  qu'en  puisse 
penser  M.  Joncières,  présentait  sous  ce  double 
rapport  une  autre  surface  que  lui-même,  a  usé  sa 
vie  à  ce  jeu  dangereux  et  avait  fini  par  s'aliéner 
toutes  les  sympathies.  Que  M.  Joncières  y  prenne 
garde,  s'il  lient  à  sa  carrière  de  compositeur  (1). 
JOSSE  {Je.\n-Marie),  compositeur,  est  né 
à  Toulouse  le  23  février  1815,  dans  une  famille 
d'artistes.  Elevé  d'abord  à  la  maîtrise  de  Saiiit- 
Élienne,   cathédrale    de  Toulouse,  il  se   rendit 
vers  l'âge  de  douze  ans  à  Bordeaux,  où  son  pèie 
venait  d'être    engagé  comme   chef  d'orchestre 
du  Grand -Théâtre.  Ce  fut  là  qu'il  apprit  l'har- 
monie et    la  composition   sous  la  direction  de 
Massin,  dit  Turinu,  disciple  de  Reicha,  qui,  en 
1819,  avait  partagé  avec  Ilalévy    le  grand  prix 
de  Rome.  En  1832,  et  après  de  sérieuses  études, 
son  maître  l'envoya  à  Paris  terminer  son  édu- 
cation musicale  et  le  recommanda  chaudement 
à  Reicha.  Le  digne  artiste  lit  plus  :  en  se  sé- 
parant de  son  élève,  il  lui  fit  don  de  la  somme 
qu'il  avait  reçue  de  lui  pendant  plusieurs  années 
pour  prix  de  ses  leçons,  et  qu'il  avait  soigneu- 
sement amassée  pour  la  lui  rendre  et  lui   faci- 
liter ainsi  les  premiers  pas  dans  la  carrière. 

(1)  DepiiU  qiic  cette  nntire  est  écrite,  lo  ThMtrc- 
I.yrlqiie  s'est  recon<tltii(>,  et  M.  Joncières  y  a  fait  repré- 
senter, pour  sa  réoiivi-rturc,  Dimiiri,  grand  opér.i  en  5 
acte<  qu'il  avait  Inulilcincnt  tenté  de  faire  jouer  à  l'Opéra. 
Bien  que  cet  ouvrage  n'ait  point  attiré  le  public.  Il  a 
obtenu  auprès  des  arilste»  et  de  la  critique  un  .iccueil 
trùs-f.ivorable,  que   justiûdicnt  de   réelles  qualités.    De 


Arrivé  à  Paris, M.  Josse  entra  au  Conservatoir© 
et  suivit  la  classe  de  Reicha  pour  la  fugue,  et 
celle  de  Lesueur  pour  la  composition  draina- 
tique.  En  1836,  il  obtint,  avec  Louis  Maillart, 
la  seule  mention  que  le  jury  décerna  pour  le 
contrepoint  et  la  fugue.  En  même  temps,  il 
occupait  l'emploi  de  second  violon  au  théâtre 
Nautique,  puis  d'alto  à  l'Opéra-Comique,  et, 
enfin,  devenait  sous-chef  d'orchestre  à  ce  dernier 
théâtre.  C'e.st  pendant  cette  période  qu'il  écrivit 
la  Tentation,  oratorio  en  trois  parties,  qui  fut 
exécuté  en  1848  aux  Italiens,  à  l'Opéra-Comique 
et  aux  concerts  du  Conservatoire;  puis  le  Ta- 
lisman ,  opéra-comique  en  un  acte,  qui  fut 
donné  en  1849  à  l'Opéra-Comique. 

En  1850,  M.  Josse  se  rendit  en  Russie,  où  l'ap- 
pelait un  engagement  de  chef  d'orchestre  au 
Théâtre-Michel  de  Saint-Pétersbourg.  Il  con- 
serva ce  poste  jusqu'en  1861.  A  celte  époque, 
il  est  rentré  en  France,  où  il  habite  encore 
aujourd'hui.  —  C'est  à  Marseille  qu'il  s'était 
fixé  en  dernier  lieu.  —  Dégagé  de  toute  fonc- 
tion assujettissante  ,  s'étant  par  son  travail  as- 
suré l'indépendance  qu'il  avait  souhaitée  ,  il  a 
pu  dès  ce  moment  se  livrer  tout  entier  à  son  pen- 
chant pour  la  composition.  Il  a  écrit  des  frag- 
ments de  musique,  sjmphonique  et  lyrique,  des 
quatuors,  des  ouvertures,  marches,  etc.  —  Plu- 
sieurs de  ses  pièces  d'orchestre  ont  été  exécutées 
avec  succès  aux  Concerts  populaires  de  Marseille. 
Son  ouvrage  le  plus  important  est  un  grand 
opéra  en  5  actes  dont  le  poëme  est  tiré  du 
drame  d'Alexandre  Dumas,  Ilenî-i  III,  et  qui 
a  été  traduit  en  italien  sous  le  nom  de  la  Lega 
(la  Ligue).  Cet  opéra  doit  être  donné  au  théâlre 
de  la  Scala,  à  Milan,  pendant  la  saison  du 
carnaval  1876  (1). 

Il  y  a  dans  ces  diverses  compositions  une 
grande  sûreté  de  main,  une  facture  solide  et 
ferme.  On  y  sent  l'intluence  du  style  et  des 
procédés  de  Meyerbeer.  Le  caractère  de  la 
pensée  et  les  moyens  employés  pour  la  mettre 

beaucoup  supérieure  aux  deux  (tuvres  précédantes  de 
l'auteur,  la  pirtition  de  Dimitri,  bien  que  manquant 
encore  d'originalité,  dénote  un  vrai  tcnipcrament  scéni- 
qne,  et  fait  honneur  à  l'artiste  qui  l'a  écrite  ;  les  progrès 
de  celui-ci  sont  évidents,  sa  main  est  beaucoup  plus 
sûre,  snn  orchestre  est  sonore  et  brillant,  et  l'inspiration 
si  elle  pèche  un  peu  trop  du  côté  de  la  nouveauté,  ne  man- 
que du  moins  ni  d'ampleur  ni  de  pu  ssance.  Dimitri  n'esf 
pas  sans  doute  une  prndnction  accdinplic,  mais  c'est  une 
œuvre  niAle,  liardie,  sincère,  qui  est  un  heureux  gage 
pour  l'avenir  du  musicien.  Un  fai'  est  à  signaler  au  sujet 
de  cet  ouvrage;  c'est  (|ue,  chez  M.  .lo'icleres,  les  théories 
du  crlUqiie  n'ont  aucune  influeiice  sur  la  pratique  du 
compositeur;  la  musique  de  Dimitri  est  aussi  peu  wag- 
nériennc  que  possible. 

fi)  fM  Leçia  fut    en  effet   représentée  a  la  Scala,  de 
Milan,  le  25  janvier  i876,el  bien  accueillie  par  le  publiic, 


JOSSE  —  JOURET 


3\ 


en  valeur  accusent  un  tempérament  vigoureux 
qui  doit  s'appliquer  heureusement  aux  compo- 
sitions dramatiques.  Al.R — D. 

JOUAIV   (J....-M....-J ),    instituteur   à 

Caro,  près  de  Pioërmel  (Bretagne),  est  l'auteur 
d'un  Petit  Recueil  de  mélodies  religieuses, 
contenant  une  messe  solennelle,  un  motet  pour 
Toi\  d'enfants,  et  des  Chants  en  l'Iionneur  du 
Très-Saint  Sacrement  et  de  la  Très-Sainte 
Vierge.  Ce  recueil  a  été  publié  il  y  a  quelques 
années  à  Rennes,  chez  Vatar. 

JOURET  (Théodore),  né  à  Ath  (Belgique), 
le  11  septembre  1821,  ne  s'est  d'abord  occupé 
de  musique  que  comme  amateur,  cherchant 
dans  la  culture  de  cet  art  un  délassement  à 
ses  études  scientifiques.  C'est  ainsi  que  de 
iS-iO  à  1846,  il  a  composé  des  mélodies  et  des 
chœurs  pour  quatre  voix  d'hommes.  En  asso- 
ciation avec  Guillaume  Meynne,  qui  lui  avait 
servi  de  guide  et  de  conseil  dans  ses  pre- 
miers essais  de  composition  musicale,  M.  Théo- 
dore Jouret  a  pris  sa  part  de  collaboration 
à  un  opéra-comique  en  un  acle,  le  Médecin 
Turc,  exécuté  en  1845,  dans  un  salon  mu- 
sical à  Bruxelles.  (Voir  Biographie  universelle 
des  Musiciens,  t.  VI,  p.  129,  l'article  con- 
sacré à  Meynne).  Depuis  1846,  M.  Théodore 
Jouret  n'a  plus  consacré  ses  loisirs  qu'à  la 
critique  musicale.  Durant  ces  trente  années, 
il  a  successivement  collaboré  à  la  Bévue 
de  Belgique,  dont  il  était  l'un  des  fonda- 
teurs, à  la  Revue  trimestrielle,  à  l'Étoile 
Belge,  à  V Observateur,  au  A'ord,  au  Guide 
musical,  et  enfin  à  VOf/ice  de  publicité,  de- 
puis sa  fondation  (1858).  Il  a  aussi  envoyé,  de 
Paris  et  de  l'Allemagne,  un  grand  nombre  de 
correspondances  musicales  à  l'Indépendance 
belge  et  au  Journal  de  Saint-Pétersbourg . 
Enfin,  il  a  publié  dans  le  journal  l'Art,  de 
Paris  (n'"  des  1^"^  et  8  octobre  1876),  une  étude 
sur  Verdi,  dont  il  a  été  fait  un  tirage  à  part 
(Paris,  1876,  in-f). 

M.Théodore  Jouret  est  professeur  de  chimie  à 
l'École  militaire  de  Bruxelles  et  chevalier  de 
l'ordre  de  Léopold.  F.  D. 

JOURET  (Léon),  compositeur,  frère  du 
précédent,  naquit  à  Ath  (Belgique),  le  17  octo- 
tobre  1828,  entra,  à  l'âge  de  huit  ans,  aux 
cours  de  l'École  de  musique  de  sa  ville  natale, 
où  il  apprit  les  premiers  éléments  de  son  art, 
et  étudia  le  violon  et  le  piano.  Il  tenait  déjà 
très-souvent  l'orgue  à  l'église  Saint-Julien;  à 
celte  époque,  l'église  élant  pour  lui  l'endroit 
où  l'on  faisait  le  plus  de  musique,  il  ambitionna 
—  c'est  le  mot  —  la  place  d'enfant  de  chœur, 
qu'il  obtint;  ses  entrées  au  Jubé  lui  causèrent 


une  joie  immense,  et  il  accompagnait  la  plupart 
des  offices. 

En  1839,  sa  famille  quitta  la  ville  d'Ath  pour 
aller  habiter  Bruxelles,  et  dès  lors  il  voulut  à 
tout  prix  devenir  musicien.  Rien  ne  le  con- 
traria dans  sa  vocation,  et  ses  parents  le  lais- 
sèrent libre  de  suivre  son  instinct. 

Le  Conservatoire  royal  était  encombré  d'é- 
lèves, et  il  ne  put  y  entrer  que  vers  la  fin 
de  1840.  Admis  aux  cours  de  solfège  et  de 
piano,  il  fréquenta  plus  tard  les  cours  d'orgue, 
de  violoncelle,   d'harmonie  et  de  composition. 

C'est  en  1848  que  M.  Léon  Jouret  publia  sus 
premières  mélodies,  écrites  sur  des  paroles  de 
V.  Hugo,  Alfred  de  Musset  et  Th.  Gautier. 
Ses  premiers  essais  furent  bien  accueillis,  et 
c'est  alors  qu'il  reçut  pour  son  art  les  meilleurs 
conseils  de  deux  de  ses  amis,  Guillaume 
Meynne  et  Alexandre  Stadtfeldl,  deux  artistes 
pour  qui  il  eut  toujours  les  sentiments  de  la 
plus  vive  reconnaissance. 

A  dater  de  1850,  M.  Jouret  publia  d'année  en 
année  des  mélodies,  des  romances,  des  chan- 
sons et  des  chœurs  pour  voix  d'hommes,  sans 
accompagnement.  Depuis  lors,  à  différentes 
reprises,  il  a  été  choisi  pour  écrire  des  chœurs 
destinés  à  des  concours  de  chant  d'ensemble. 
Sa  dernière  production  en  ce  genre  (1872) 
a  été  imposée  aux  sociétés  belges,  françaises, 
allemandes  et  hollandaises  qui  entraient 
en  lutte  pour  le  prix  d'excellence  au  concours 
international  de  Verviers.  Cette  composition 
a  pour  titre  :  Invocation  à  la  Patrie.  Parmi 
ses  œuvres  chorales,  dont  la  plus  grande  partie 
est  au  répertoire  des  sociétés  du  pays  et  de 
l'étranger,  nous  citerons  :  le  Lever,  Sa'ut 
au  pays  natal,  les  Blancs  Bonnets  de  Sam- 
bre-et-Meuse,  Chanson  Espagnole,  Hymne 
à  la  Charité,  Chanson  de  ma  Mie  et  d'autres 
encore.  Il  n'est  que  juste  de  mentionner  aussi 
plusieurs  mélodies,  qui  ont  été  accueillies  avec 
succès  :  Ma  Mie  Annette,  Chanson  de  Mai,  La- 
menta, Barcarolle,  Une  Fleur,  On  dit  mon 
Ange,  l'Empressement,  Chanson  de  Novem- 
bre, ISoel,  etc.,  éditées,  les  unes  à  Paris,  et  la 
plus  grande  pai-tie  à  Bruxelles. 

La  maison  Schott  a  publié  dernièrement  un 
nouveau  recueil  de  huit  mélodies,  écrites  sur 
des  paroles  prises  aux  meilleurs  auteurs,  et 
dont  quelques  pièces  sont  de  véritables  poè- 
mes. Les  concerts  du  Cercle  Arlistique  de 
Bruxelles  ont  fait  connaître  la  Ritournelle,  le 
Franc  Archer,  et  plusieurs  autres  du  recueil, 
qui  contient  en  outre  :  Le  Printemps,  J'aime 
à  chanter,  L'Évangile  des  champs,  le  Collier 
de  cœurs,    l'Absent  et  la   Promenade    aux 


32 


JOURET  —  JOURNET 


chainpx.  M.  Léon  Jouret  a  fait  paraître  aussi 
(1871),  chez  Scholt,  une  autre  collection  <le  six 
morceaux  de  chant  à  deux  et  à  trois  voix  de 
femmes,  avec  accompagnement  de  piano,  et  des- 
tinés principalement  aux  cours  de  chant  d'ensem- 
ble. Ces  morceaux  ont  pleinement  réussi,  et  les 
plus  favorisés  sont  :  les  Fleurs,  les  Clochettes 
bleues,  —  {Cantate  du  Printemps)  —  et  Tom- 
bée du  jour,  à  trois  voix,  avec  accompagnement 
d'orgue  et  de  piano;  ce  dernier  est  écrit  fur 
une  délicieuse  poésie  de  Théophile  Gautier. 

M.  Jouret,  qui  s'est  occupé  de  musique  reli- 
gieuse, a  encore  écrit  des  psaumes  et  des  motets, 
ainsi  qu'une  messe  et  une  Cantate  pour  le  jour 
de  Pâques,  en  trois  parties,  à  cinq  voix,  avec 
accompagnement  d'orgue,  violoncelle  et  contre- 
basse. En  1851,  on  exécuta  à  l'église  Saint- 
Joseph,  à  Bruxelles,  un  Salut  de  sa  composi- 
tion, où  l'on  remarqua  un  Ave  Man'o  et  le  psaume 
Super  flumina  Babylonis.  11  a  fait  entendre 
à  plusieurs  reprises,  dans  sa  ville  natale,  une 
messe  à  cinq  voix,  avec  accompagnement  d'or- 
gue, violoncelle  et  contre-basse,  et  lors  de  la 
visite  du  Roi  dans  celte  ville,  il  écrivit  pour 
cette  circonstance  un  Domine  Salvum  fac,  qui 
fut  exécuté  par  un  grand  nombre  de  chanteurs 
et  d'instrumentistes. 

En  18G5,  le   Cercle   Artistique  et  Littéraire 
do  Bruxelles  mit   à  sa  disposition   son  splen- 
dide  local;    c'est  là  qu'il  fit   représenter    son 
premier  opéra,  intitulé   Quentin   Matsys,   pa- 
roles de  M.  F.  Covelicrs.  L'ouvrage    obtint  un 
véritable  succès.  En  1868,  le  Cercle  eut  encore 
la  primeur   d'un   autre   opéra  :   le    Tricorne 
enchanté,  comédie  originale  et  charmante  de 
Th.  Gautier  et  Siraudin,  appropriée  à  la  scène 
lyrique  par  M.  F.  Coveliers;  poëme  et  musi- 
que réussirent  à  souiiait.  Grâce  à  ses  relations 
artistiques  et  à  la  sympathie  qui   s'attachait  à 
son  nom,  M.  Jouret  eut  le  rare  bonheur  d'avoir 
pour  interprèles  les  premiers  sujets  du  Théâ- 
tre royal  de  la  Monnaie.  On  eut  beau  lui   de- 
mander sa    partition    pour  une  scène  plus  im- 
portante et    plus    grande,    il  refusa  toujours, 
craignant  le  trop  grand  cadre,  et  disant  à  ses 
amis  que,  s'il  se  décidait  un  jour  à  écrire  pour 
le  théâtre,  il  voulait    y   produire    une  œuvre 
nouvelle,   et  plus  complète,  si  c'était  possible, 
que  le  Tricorne.  Depuis  lors,  il  a  terminé  diffé- 
rents ouvrages  ;  mais  le  chant  d'ensemble  est 
surtout  depuis  plusieurs  années  l'objet  de  tous 
ses  soins  et  son  travail  de  prédilection. 

En  187 i,  M.  Léon  Jouret  a  été  nommé  profes- 
seur au  Conservatoire  royal  de  Bruxelles,  et 
chargé  du  cours  d'ensemble  vocal  dans  les 
classes  du  soir.  , -.;  F.  D. 


JOURNET  (Françoise),    l'une  des    plus 
fameuses  chanteuses  de  l'Opéra,   quoique  son 
nom  soit  aujourd'hui  bien  oublié,  brilla  pen- 
dant quinze  ans  à  ce  théâtre,  au  commencement 
du  dix-huitième   siècle,   et  y  tint    le    premier 
rang.  L'abbé  de  Fontenai,  dans  son   Diction- 
naire des  Artistes,  a  donné  sur   cette  actrice 
alors  célèbre  une  notice  très-complèle,  et  que 
je  ne  crois  pouvoir  mieux  faire  que    de  repro- 
duire ici.   «   Françoise  Journet,    dit-il,  est  née 
à  Mâcon  selon  quelques-uns,  et  selon  plusieurs 
autres  à  Lyon.  Sa  mauvaise  fortune  la  fit  entrer, 
dans  cette  dernière  ville,   chez   une  marchande 
dont  le    mari  fit  banqueroute.  Quoique   aban- 
donnée de  sa  maîtresse  et  n'ayant  d'autre  bien 
qu'une  très-jolie  figure,  elle  ne  céda  aux  pour- 
suites  d'un  jeune  homme   qui   l'aimait,  qu'en 
l'épousant.  Mais  ayant  appris,  au  bout  de  quel- 
ques mois,  que  ce  jeune  homme  était  déjà  marié, 
elle  prit  alors  le  parti  du  théâtre.  Elle  débuta 
à  l'Opéra  de  Lyon,  et  le  succès  qu'elle  eut  fut 
si  grand,  qu'on  l'engagea  de  venir  à  Paris.  Elle 
y  fut  médiocrement  reçue.  Ses  amis  lui  conseil- 
lèrent de  persister;  elle  suivit  cet  avis,  et  réus- 
sit au  point  que,  peu  d'années  après,  elle  devint 
la  première  actrice  de  l'Opéra  de  Paris.  Elle  y 
avait  débuté,  au  mois  d'avril  1705,   par  le  rôle 
d'Yole  dans  l'opéra  de  la  Mort  d'Alcide.  Elle 
n'a  jamais  été  remplacée  dans  ceux  d'Isis,  de 
Thétis  et  d'Iphigénie.  Elle   quitta    le  théâtre  en 
1720.  Le  Système  (1)  lui  avait  procuré  une  for- 
tune de  huit  à  neuf  cent  mille   livres,    qui  ne 
dura  qu'autant  que  le  papier  :  le  chagrin  qu'elle 
en  eut  et  un  squirrhe  au  loie  la  mirent  au  tom- 
beau en  1722.   On  a   vu  longtemps  à  Paris   un 
portrait  de  mademoiselle    Journet,  peinte  en 
Iphigénie,  par  le  fameux  Raoust.  C'était  un  des 
chefs-d'œuvre  de  ce  peintre  :  il  a  disparu  depuis 
quelque  temps,  sans   qu'on  sache  à  qui  il  ap- 
partient aujourd'hui.  » 

M"«  Journet  avait  dû  une  partie  de  son  talent 
aux  excellentes  leçons  de  M"«  Le  Rochois,  qui, 
aussi  bonne  qu'intelligente,  se  plaisait,  après 
être  sortie  de  l'Opéra,  à  former  des  élèves  qui 
pussent  lui  succéder.  M"«  Journet  avait  inspiré 
à  un  grand  seigneur  qui  fut  son  amant,  le 
marquis  de  Rochemore,  une  passion  telle  qu'il 
mourut  du  chagrin  de  l'avoir  perdue,  et  que  sa 
perte  lui  inspira  les  vers  suivants.: 

Aux  autels  du  lyran  des  morts, 

D'une  tremblante  main,  Je  consacre  ma  lyre; 

Je  no  cliintois  que  pour  Tliémire, 

Théinlre  a  vu  les  sombres  bords  ; 

,    Tendres  concerts,  charmant  délire, 

(1)  l.e  système  de  Law,  source  de  ruine  pour  les  Part- 
siens. 


JOURNET  —  JUILLET 


33 


Faite»  pl.ice  à  d'autres  transports. 

Une  douleur  iiiuetie  et  sombre, 

Des  larmes  qui  partent  du  cœur, 
Ne  chercher,  ne  sentir,  ne  voir  que  mon  malheur, 
Voila  le  seul  tribut  que  Je  dois  à  son  ombre. 

Soyez  les  garans  de  raa  fol, 
'  I.leux  redoutés  où  repose  sa  cendre; 

II  n'est  plus  auiourd'hui  d'autre  plaisir  pour  mol 
Que  les  pleurs  qu'en  secret  je  viens  ici  répandre. 

Parmi  les  très-nombreuses  créations  que  fit 
M"«  Journet  dans  le  cours  des  quinze  années 
qu'elle  passa  à  l'Opéra,  il  faut  surtout  citer 
les  ouvrages  suivants  :  Zes  Fêles  Vénitiennes, 
Idoménée,  Camille  reine  des  Voisgvrs  et 
Télèphe,  de  Campra;  l'Iiilomène,  et  Brada- 
mante,  de  La  Coste;  Polyxène  et  Pyrrhus, 
de  Colasse;  Cassandre,  de  Bouvard  et  Berlin  ; 
le  Jugement  de  Paris  et  les  Plaisirs  de  la 
campagne,  de  Berlin  ;  Manto  la  Fée,  de  Ba- 
tislin  (Siriick)  ;  Médée  et  Jason,  de  Salomon-, 
les  Amours  déguisés,  de  Bourgeois;  Télému- 
que  et  Callirhoé,  de  Destouches;  les  Fêles 
de  l'été,  de  Montéclair;  les  Fêles  de  Thalie, 
de  Moiiret.  Un  an  avant  sa  retraite,  en  1719, 
M"»  Journet  obtint  un  véritable  triomphe  en 
se  montrant  dans  Vlphigénie  de  Desinarets, 
dont  elle  remplit  le  rôle  principal  avec  une 
grâce  touchante  et  des  qualités  pathétiques 
qui  arrachaient  des  larmes  des  yeux  des  spec- 
tateurs ;  grâce  à  elle,  la  reprise  de  cet  ouvrage, 
qui  s'était  vu  très-froidement  accueilli  lors  de 
sa  création  en  1704,  obtint  un  succès  relenlis- 
sant  et  prolongé. 

*  JOUSSE  (J ).  Aux  écrits  de  cet  ar- 
tiste, on  doit  ajouter  l'ouvrage  suivant  :  Com- 
pendious  Dictionary  of  Italian  and  otker 
terms  iised  in  vmsic,  illusiraied  by  mime- 
rons examples  for  studenls  (Dictionnaire 
abrégé  des  termes  italiens  et  autres  usilés  en 
musique,  accompagné  de  nombreux  exemples 
pour  les  élèves). 

*  JOLI  VE  (L'abbé  Esprit-Gustave).  Comme 
compositeur,  M.  l'abbé  Jouve  a  publié  lesou- 
viagcs  suivants  :  1°  T*^  messe  à  3  voix,  avec 
ace.  d'orgue  (en  ut  majeur),  Paris,  Repos;  2° 
3=  messe  à  3  voix,  id.  (en  si  bémol  majeur), 
id.,  id  ;  3"  4*  messe  à  3  voix,  id.  (en  sol  ma- 
jeur), id.  id.;  4°  Stnbat  Mater  à  3  voix,  avec 
ace.  d'orgue,  id.,  id.;  5°  Recueil  de  motets, 
hymnes  et  antiennes,  avec  ace.  d'orgue  ou 
harmonium,  id.,  id.;  6°  Recueil  de  cantiques 
à  3  voix  égales,  avec  ace.  d'orgue  ou  har- 
monium, id..id.;  7"  Album  de  6  morceaux  à 
3  voix  égales  avec  strophes  déclamées,  réci- 
tatifs, soli  et  «hœiiis,  pour  distribution  de 
piix,  Paris,  Heugel.  A  la  liste  des  écrits  publiés 
sur  la   musique  religieuse  par  M.  l'abbé  Jouve, 

BIOGR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    —    SUPPL.    - 


il  faut  joindre  les  deux  suivants  :  i"  Du  chant 
liturgique,  état  actuel  de  la  question.  Quelle 
serait  la  meilleure  manière  de  la  résoudre, 
Avignon,  1854,  in-8°  de  160  pp.;  1"  Rapport 
sur  un  antiphonaire  manuscrit  de  Sainte' 
Tulle  {Provence),  Paris,  1856,  in-S". 

JOUVIN  (Benoît-Jean-Baptiste),  écrivain 
qui  s'est  occupé  de  critique  musicale,  est  né 
à  Grenoble  le  20  janvier  1820.  M.  Jouvin  a 
pris  part  à  la  rédaction  d'un  grand  nombre  de 
journaux,  et,  comme  il  paraissait  prendre  un 
goût  spécial  aux  choses  de  la  musique,  il  a 
traité  des  matières  relatives  à  cet  art  dans  le 
Globe  (1844),  VÉpoque  (1845-47),  le  Grand 
Journal,  le  Paris- Magazine,  la  Situation 
(1867),  la  Presse  (1868),  l'Événement,  et  sur- 
tout le  Figaro,  où,  depuis  1856,  il  n'a  guère 
cessé  d'écrire.  M.  Jouvin  a  donné  au  Ménestrel 
deux  longues  notices  qui  ont  été  ensuite  publiées 
à  part,  l'une  :  D.  F.  E.  Auber,  sa  vie  et  ses 
œuvres  (Paris,  Heugel,  1864,  gr.  in-S"  avec 
portrait  et  autographes)  ;  l'autre  :  Hérold,  sa 
vie  et  ses  œuvres  (id.,  id.,  1868,  id.).  Il  a 
donné  aussi  quelques  articles  à  la  Critiqice 
musicale  (1846),  ainsi  qu'à  la  Gazette  musi- 
cale. Les  articles  que  M.  Jouvin  publie  sur  la 
musique  dans  le  journal  le  Figaro  sont  signés 
du  pseudonyme  de  Bénédict. 

JUAP»RAÎ\Z  (Eduardo-Lopez),  musicien 
espagnol  de  l'époque  actuelle,  a  fait  ses  études 
au  Conservatoire  de  Madrid,  où  il  a  obtenu  un 
premier  prix  de  composition.  Cet  artiste  ne 
m'est  connu  que  par  une  publication  qu'il  a 
entreprise  et  dont  il  est  le  directeur  conjointe- 
ment avec  M.  Gonzalez  Martinez  :  El  canto 
sacra,  publicacion  religiosa-imtsical,  dedioa- 
da  a  S.  S.  Pio  IX  (Madrid,  Andres  Vidal). 

JUBII\'(Le  Frère  Marie),  prêtre  et  musicien, 
est  l'auteur  anonyme  des  publications  suivantes  ; 
1°  Principes  de  plain-chant,  à  l'usage  des 
écoles,  par  un  membre  de  l'Institut  des  Petits- 
Frères-de-Marie  (Lyon,  Périsse,  1865,  in-18); 
2°  Principes  de  musique  et  de  chant,  à  l'u- 
sage des  écoles  (id.,  id.,  id.);  3'^  Récite  il  d'airs 
à  1,  2  ou  3  voix  égales,  adaptés  aux  canti- 
ques, à  l'usage  des  PetitsFrères-de-Marie,  suivis 
de  quelques  motets  pour  les  saluts  du  Saint- 
Sacrement  (id.,  id.,  id.). 

*  JUILLET  (Marcel-Jean-Antoine),  fils 
du  fameux  acteur  de  ce  nom  qui  fit  les  beaux 
jours  de  l'Opéra-Comique,  était  né  à  Rouen 
le  le"^  juillet  1789  et  mourut  à  Bruxelles  le  16 
novembre  1841.  Un  de  ses  frères  était  à  cette 
époque  major  d'infanterie  dans  l'armée  belge. 
Je  ne  suis  nullement  certain  que  le  nom  de  cet 
artiste  et  de  son  père  doive  s'écrire  Juillet, 
t.  II.  3 


34 


JUILLET  —  JULLIEN 


et  j'ai  même  beaucoup  de  raisons  de  croire  que 
c'est  JuUet  qu'ils  s'appelaient  réellement.  Ce- 
pendant, coiiune  je  n'ai  pas  à  ce  sujet  de  certi- 
tude absolue,  j'ai  conservé  à  ce  nom  la  torme 
qui  lui  etdil  donnée  dans  la  Biographie  univer- 
selle des  Mmiciois. 

JULIÀ  (Le  Père  Bemto),  moine  et  compo- 
siteur espagnol,  tut  élevé  au  fameux  collège  de 
musique  du  couvent  de  Moniserrat,  dans  la 
Catalogne,  et  vivait  au  dix-buitièine  siècle.  On 
conserve  dans  les  archives  de  ce  collège  plusieurs 
de  ses  compositions,  pour  la  [jluparl  fort  impor- 
tantes, entre  autres  un  ollice  de  vêpres  pour  les 
morts,  à  quatre  voix,  et  des  répons  pour  la 
semaine  sainte,  qui  constituent,  dit-on,  une 
œuvre  particulièrenient  remarquable. 

JULIAAO  (A.  P.).  —  Voyez  PILATI. 

JCJLl  EN  (A ),  est  l'auteur  d' un  écrit  publié 

sous  ce  titre  :  L'enseignement  du  chant  consi- 
déré comme  l'un  des  objets  essentiels  qui  doi- 
vent faire  partie  de  l'instruction  primaire  de 
la  commune {\&2\). 

JUIJEN  (Le  l'rère).  —  Foyes  LIESEN- 
HOF  (Charles), 

JULlEiX  (Toussaint-Fortuné),  né  à  la  Ro- 
que d'Autberon  (Boucbes-duRbône),  le  1"''  no- 
■vcmbre  1837,  a  fait  représenter  au  théâtre  d'Aix, 
en  Provence,  le  13  février  1864,  un  opéra-bouffe 
en  un  acte  intitulé  le  Fils  de  Thésée.  On  connaît 
également  de  cet  artiste  une  messe  à  trois  voix 
égales  avec  orchestre,  qui  a  été  exécutée  dans 
la  même  ville  le  20  mai  1866.    Al.  R  —  d. 

*  JULLIEIX  (Maucel-Bernard).  Outre  l'ap- 
probation de  Fetis,  M.  13.  Jidlien  eut  aussi  dans  la 
savante  discussion  qu'il  soutint  contre  Yiucent 
à  propos  de  la  musique  ancienne,  l'appui  des  mu- 
siciens de  profession,  de  Georges  Bousquet  à 
rillustraiion,  et  de  Berlioz,  qui  écrivait  aux  Dé- 
bats, avec  une  intention  assez  méchante  contre 
Vincent  :  «  M.  Juliien  a  un  immense  avantage 
sur  la  plupart  des  écrivains  qui  se  sont  occupés 
de  sujets  touchant  à  l'art  musical  :  il  sait  la  mu- 
sique, il  comprend  la  signiliccition  des  mots  et  n'at- 
tribue point,  comme  tant  d  autres,  aux  expres- 
sions qu'il  en)ploie  un  sens  vicieux,  détourné  ou 
complètement  faux,  mais  bien  le  sens  réel  qui 
leur  est  assigné  dans  la  pratique  de  l'art.  «  Pos- 
térieurement a  la  notice  que  lui  a  consacrée  Félis, 
M.  Juliien  a  publié  des  Thèses  de  Pkilosoph'ie 
(un  vol.  in-S»  de  400  p.,  Paris,  Hachette,  1873), 
dans  l'une  desquelles,  intitulée  l'Idéologie,  ï\  dis- 
cute et  combat  les  opinions  de  d'Orligue  sur  la 
constitution  primordiale  du  langage  musical  el 
sur  la  musique  religieuse  :  ce  chapitre  intéres- 
sant doit  donc  se  rattacher  aux  ouvrages  anté- 
rieurs de  M.  B.  Juliien  sur  la  musique.  A  la  liste 


de  ces  derniers,  il  faut  ajouter  le  petit  écrit  sui- 
vant :  De  Vétude  de  la  musique  instrumen- 
tale dans  les  pensions  de  demoiselles  (  Paris 
M.  Alteste,  1848,  in-18  de  16  pp.) 

JlILLIEiV  (Jean-Lucien-Adolphe),  littéra- 
teur, historien  et  critique  musical,  fils  du  précé- 
dent, naquit  à  Paris  le  1"  juin  I8i5.  M.  Adolphe 
Juliien  est  aussi  pelit-neveu  du  conventionnel 
Juliien  de  la  Drôme  et  cousin-filleul  du  célèbre 
ingénieur  général  Adolphe  Juliien,  qui  construisit 
et  dirigea  quelques-unes  de  nos  principales  lignes 
de  chemins  de  fer,  comme  celles  de  Lyon  et  de 
l'Ouest.  M.  Ad.  Juliien  fit  toutes  ses  études  lit- 
téraires au  lycée  Charlemagne,  puis  fut  reçu  li- 
cencié en  droit.  Ses  parents,  passionnés  pour  la 
musique,  la  lui  firent  enseigner  de  bonne  heure 
ainsi  que  divers  instruments  :  il  apprit  le  piano, 
le  violon  et  le  chant,  puis  il  étudia  l'harmonie 
et  le  contrepoint  avec  un  ami  de  son  père, 
Bienaimé,  alors  professeur  retraité  du  Conserva- 
toire. Tout  en  faisant  de  la  critique  musicale 
active,  M.  Juliien  s'occupe  de  travaux  d'esthé- 
ti(iue  pure  et  d'histoire;  il  se  livre  aussi  à  de 
fructueuses  recherches  sur  la  musique  et  les 
théâtres  publics  et  privés  au  siècle  dernier.  Il  a 
déjà  mis  au  jour  des  documents  de  baut  intérêt 
enfouis  aux  Archives  nationales,  et  il  poursuit 
activement  le  dépouillement  de  ces  richesses 
ignorées  sur  les  mystères  artistiques  et  admi- 
nistratifs de  l'Opéra  avant  la  Révolution.  M.  Jul- 
iien publia  son  premier  article  au  Ménestrel, 
en  1869,  à  propos  de  l'exécution  du  Paradis  et 
la  Péri  au  Théâtre-Italien  ,  et  il  se  montra  dès 
lors  ardent  admirateur  et  défenseur  convaincu 
de  Schumann,  comme  il  l'est  encore,  ainsi  que 
de  Berlioz  et  de  Wagner.  Il  fournit  ensuite  d'im- 
portantes études  aux  journaux  spéciaux  comme 
la  lievue  et  Gazette  musicale,  le  Ménestrel, 
la  Chronique  musicale,  et  aux  grands  recueils 
[loliliques  et  littéraires:  iiei'2/e  Contemporaine, 
Correspondant,  Revue  de  France,  Revue  Bri- 
tannique. En  mai  1872,  il  fut  chargé  de  rédiger 
le  feuilleton  musical  du  journal  le  Français, 
qu'il  continue  de  tenir  au  profit  des  idées  sé- 
rieuses et  élevées,  de  la  grande  musique  classi- 
que. En  outre,  M.  Ad.  Juliien  a  rédigé  à  l'occa- 
sion certaines  des  revues  uuisicales  de  la  Revue 
de  France,  signées  du  pseudonyme  collectif 
d'O.  Mercier,  et  il  est  chargé  depuis  quatre  ans 
de  faire  à  la  Gazette  musicale  le  compte-rendu 
spécial  de  l'Opéra  ;  il  collabore  aussi  au  Courrier 
littéraire,  recueil  de  fondation  récente,  où  il 
apprécie  tous  les  livres  ayant  Irait  à  la  musique. 
Les  travaux  de  critique  et  d'histoire  publiés 
par  M.  Juliien  dans  ces  diflérents  recueils, 
entrant  pour  la  plupart  dans  un  plan  général. 


JULLIEN  —  JUSTINIANO 


35 


doivent  former  par  la  suite  plusieurs  ouvrages 
se  complétant  les  uns  les  autres,  et  la  musi- 
que lient  une  large  place  même  dans  ceux 
dont  le  titre  plus  général  n'implique  pas  d'idée 
musicale.  Ses  écrits  publiés  jusqu'à  ce  jour 
sont:  l' V Opéra  en  1788,  documents  inédits 
extraits  des  Archives  de  l'État  (iu-8",  Paris, 
Pottier  de  Lalaine  ,  1873)  ;  —  2"  Za  Musique  et 
les  Philosophes  au  XVIir  siècle  (in-8%  Paris, 
Daur,  1873);  —  3"  Uisloire  du  théâtre  de 
Mme  de  Pompadour,  dit  théâtre  des  Petits- 
Cabinets  ,  avec  une  eau-forte  de  Martial  d'après 
Boucher  (grand  in-8°,  Paris,  Daur,  1874);  — 
4°  La  Comédie  à  la  cour  de  Louis  XVI,  le 
Théâtre  de  la  reine  à  Trianon,  d'après  des 
documents  nouveaux  et  inédits  (in-8",  Paris, 
Baur,  1875);  —  5°  Les  Spectateurs  sur  le  théâ- 
tre. Établissement  et  suppression  des  bancs 
sur  les  scelles  de  la  Comédie- Française  et 
de  t'Opéra,  avec  documents  inédits  extraits  des 
archives  de  la  Comédie-Française,  un  plan  du 
Théâtre- Français  avant  1759,  d'après  Blondel,  et 
une  gravure  à  l'eau-forte  de  E.  Champollion, 
d'après  Charles  Coypel,  1726  (grand  in-S",  Paris, 
Détaille,  1875);  —  6"  Le  Théâtre  des  demoi- 
selles Verrières,  la  Comédie  de  société  dans 
le  monde  galant  du  siècle  dernier  (grand  in- 
8°,  Paris,  Détaille,  1875);  —  7"  Les  grandes 
nuits  de  Sceaux;  le  Théâtre  de  la  duchesse 
du  Maine  (in-8°,  Paris,  Baur,  1876);  —  8"  Un 
Potentat  musical.  Papillon  de  la  Ferlé,  son 
règne  à  l'Opéra  de  1780  à  1790  (in-S"  Paris, 
Détaille,  I87G);—  9°  L'Église  et  l'Opéra  en 
1735.  Mademoiselle  Lemaure  et  l'évêque  de 
Saint-Papoul  (in-8°,  Paris,  Détaille,  1877); 
—  10°  Weber  à  Paris  ;  son  voyage  de  Dresde 
à  Londres  par  lu  France;  la  musique  elles 
théâtres,  le  Monde  et  la  Presse  pendant  son 
séjour  (in- 8°,  Paris,  Détaille,  1877);  —  II"  Airs 
variés,  Histoire,  critique,  biograghie  musi- 
cales et  dramatiques  (in-12,  Paris,  Charpen- 
tier, 1877);  12"  La  Cour  et  l'Opéra  sous  Louis 


XVL  Marie- Antoinette  et  Sacchini;  Favart 
et  Gluc/c  (in-12,  Paris,  Didier,  1878). 

*  JUMILUAC  (DoM  BexNOitDE).  M.  Théo- 
dore Ni.^ar<I  a  publié  sur  ce  fameux  bénédictin 
une  notice  'intitulée  :  Biographie  de  Dont 
Benoit  de  Jumilltuc  (Paris,  s.  d.,  Repos,  in-8°). 

JU\(j]\IAI\N  (Albert),  pianiste  et  com- 
positeur, né  à  Langensalza  le  14  novembre  1814, 
a  été  employé  chez  divers  éditeurs  de  musique, 
particulièrement  dans  les  magasins  de  G.  W, 
Kœrner  à  Erfurt,  el  chez  G.  A.  Spina  à  Vienne. 
11  s'est  partagé  entre  les  fonctions  qu'il  occu- 
pait ainsi  et  la  composition  d'une  quantité  in- 
nombrable de  petits  morceaux  de  salon  pour  le 
piano,  qui  ont  été  publiés  à  Vienne,  Leipzig, 
Offenbach,  etc.  Le  nombre  des  compositions  en 
ce  genre  de  M.  Albert  Jungmann  ne  s'élève 
guère,  aujourd'hui,  à  moins  de  350. 

JlI\GMAi\l\  (Louis), pianiste,  compositeur 
et  professeur,  né  à  Weimar  en  1822,  a  été  en 
cette  ville  l'élève  de  M.  Liszt,  et  y  est  aujour- 
d'hui professeur  de  musique  à  l'Institut  ^Sophie. 
On  lui  doit  un  assez  grand  nombre  de  lieder,  des 
morceaux  pour  le  piano,  et  aussi  des  trios  et 
quelques  compositions  pour  l'orchestre. 

JURIEWICZ  (Conrad),  compositeur  polo- 
nais, est  l'auteur  d'un  drame  lyrique  italien, 
Piero  Calabrese,  qui  a  été  représenté  au  mois 
de  février  1867  sur  le  théâtre  d'Odessa. 

JUSTIXIANO  (AiNTONio  DE  s.  Ieronymo), 
artiste  portugais,  né  k  Lisbonne  en  1675,  étudia 
la  musique  avec  Marques  Lesbio  et  obtint 
encore  assez  jeune,  la  place  de  maître  de  cha- 
pelle au  couvent  des  Bénédictins  de  Enxabregas 
(près  de  Lisbonne).  Il  y  avait  fait  profession 
en  1697.  On  ne  connaît  pas  la  date  de  sa  mort. 
—  Un  autre  musicien  du  même  nom,  l'abbé 
Justiniano,  était,  vers  1822,  un  des  meilleurs 
pianistes  de  la  colonie  artistique  de  Rio  de 
Janeiro,  où  il  enseignait  la  musique.  11  composa 
une  grande  quantité  de  musique  sacrée  qui  n'a 
pas  été  publiée.  J.  de  V.     _ 


K 


KiïSSMAYER  (Moiutz),  violoniste  et 
compositeur,  né  à  Vienne  en  1831,  a  fait  ses 
éludes  musicales  au  Consçrvatoiie  de  cette 
ville,  sous  la  direction  de  Secliter  et  de  Preyer. 
11  devint  par  la  suite  premier  violon  à  l'Opéra 
impérial  de  Vienne,  puis  clief  d'orchestre  du 
ballet  à  ce  théâtre,  situation  qu'il  occupe  en- 
core aujourd'hui.  Outre  un  opera-comique  in- 
titulé la  Maison  de  campagne  à  Meudon, 
qui  a  été  représenté  au  mois  de  février  1869, 
avec  un  succès  modéré,  au  théâtre  impérial  de 
Vienne,  et  qui  a  été  reproduit  ensuite  à  Prague, 
M.  Kaessmayer  est  l'auteur  de  compositions 
nombreuses  et  imjiortantes,  parmi  lesquelles  il 
faut  surtout  signaler  plusieurs  symphonies,  des 
messes  avec  orchestre,  6  quatuors  pour  instru- 
ments à  cordes,  des  morceaux  pour  le  piano, 
enlin  des  lieder  et  des  chants  à  plusieurs 
voix. 

KAFKA  (Johann-Népomucène),  musicien 
allemand  contemporain,  a  obtenu  une  certaine 
popularité  dans  sa  patrie  par  la  publication 
d'une  énorme  quantité  de  petits  morceaux  de 
musique  légère  pour  le  piano,  nocturnes,  idyl- 
les, mélodies,  improvisations,  rhapsodies,  etc. 
Le  nombre  de  ses  compositions  en  ce  genre 
s'élève  à  deux-cents  environ.  M.  Kafka  est 
né  à  Ncustadt  (lîohême),  le  17  mai  1819. 

*  KAIILERT  (Charles-Aucuste-Timothée), 
compositeur  et  écrivain  sur  la  musique,  est 
mort  à  Breslau  le  29  mars  18C4. 

KAISER  (Mahtin),  luthier  allemand  qui 
avait  sans  doute,  comme  tant  d'autres,  fait  son 
apprentissage  en  Italie,  était  étalili  à  Venise 
dans  les  premières  années  du  dix-septième 
.siècle.  Le  musée  instrumental  du  Conservatoire 
de  musique  de  Paris  possède  de  cet  artiste  un 
archilulh  daté  de  1609. 

KAISER  (Fiî....),  musicien  allemand  con- 
tempoijiin,  a  fait  représenter  en  1867  à  Vienne, 
sur  le  Carl-théâtre,  un  opéra  intitulé  Moine  et 
soldat. 

*  KAEKimE\'NER  (CnnÉTiEN). L'ouvrage 
intitulé  la  Descente  des  Français  en  Angle- 
terre, et  indiqué  par  erreur  comme  n'ayant  pas 
été  joué,  a  été  représenté  à  l'Opéra  le  4  sep- 
tembre 1798.  Kalkbrenner  a  donné  aussi,  au 
théâtre  Molière,  en  1800,  un  opéra-comique  en 
un  acte,  le  Mort  par  spéculation. 


*  KALKRRE1\;\ER  (Faêdéric  -  Guil- 
laume). A  la  liste  des  œuvres  de  cet  artiste, 
il  faut  ajouter  l'ouvrage  suivant  :  Traité  d^har- 
monie  du  pianiste,  principes  rationnels  de  la 
modulation,  etc.,  dédié  à  ses  élèves.  Paris, 
l'auteur,  1849,  in-f»de  64  pages. 

KALKBREIXNER  (Arthur),  fils  de  Fré- 
déric-Guillaume Kalkbrenner,  est  mort  à  Paris 
le  24  janvier  1869.  Cet  artiste,  qui  s'était  fait  un 
renom  à  Paris  par  sa  vie  excentrique  et  ses 
prodigalités,  a  légué  par  testament,  à  l'Associa- 
tion des  artistes  musiciens  de  France,  une 
somme  de  120,000  francs.  Il  avait  écrit  les 
paroles  et  la  musique  d'un  opéra  en  trois  actes, 
intitulé  VAmoiir,  qui  n'a  jamais  été  représenté, 
et  il  avait  publié  un  certain  nombre  de  compo- 
sitions légères  pour  le  piano. 

*  KALLIWODA  (Jean-Wenceslas),  vio- 
loniste remarquable  et  compositeur,  est  mort 
à  Carisruhe,  le  3  décembre  1866,  des  suites 
d'une  attaque  d'apoplexie. 

KAPPEY  ( ),    compositeur  anglais,  a 

fait  représenter  à  Londres,  le  30  novembre 
1872,  sur  le  petit  théâtre  de  la  Gaîté,  dont  il 
était  alors  le  chef  d'orchestre,  un  opéra-comi- 
que important,  intitulé  the  Wager,  qui  a  été 
accueilli  par  le  public  d'une  façon  très-favo- 
rable. 

*  KAROW  (Charles),  compositeur,  est 
mort  à  Bunziau  le  20  décembre  1863. 

KASCHPEliOFF    ( ..),    compositeur 

russe,  lit  en  Italie  ses  débuts  de  musicien  dra- 
matique en  donnant  à  Milan,  vers  1860,  un 
opéra  intitulé  Maria  Tudor,  qui  fut  assez  bien 
accueilli,  et  qui  fut  joué  ensuite  à  Nice  et  à 
Odessa.  Épris  de  l'Italie  et  de  ses  gloires,  M. 
Kaschperoff  chercha,  pour  tenter  une  seconde 
épreuve,  un  sujet  qui  fût  ciier  à  la  nation,  et 
il  écrivit  un  lUenzi  qu'il  voulut  faire  représenter 
à  Turin.  Mais  Turin  était  alors  le  siège  du  gou- 
vernement, et  la  censure,  par  suite  de  scrupules 
et  de  .susceptibilités  diplomatiques,  souleva  des 
diflicultés  au  compositeur  et  surtout  à  l'auteur 
du  livret;  les  journaux  s'emparèrent  de  la  ques- 
tion, et  de  vives  polémiques  s'engagèrent  à  ce 
sujet,  dans  lesquelles  la  personne  même  de 
M.  Kaschperoff  ne  fut  pas  épargnée.  Fatigué  de 
tout  ce  bruit,  le  compositeur  abandonna  son 
premier  projet,  et  s'en  alla  à  Florence  dans  le 


KASCHPEROFF  —  KASTNER 


37 


Ijut  d'y  faire  représenter  son  opéra,  espérant 
trouver  en  celte  ville  moins   d'hostilité.   Mais, 
ici  encore,  on  voulut,  malgré  tout,  et  sur  le  seul 
titre  de  l'oeuvre,  mêler  les  passion'^   politi(|nes 
et  religieuses  à  une  question  purement  artisti- 
que. Un  jomnal  fort  avancé,  la  iXnova  Europa, 
avait  en  quelque  sorte  patroné  le  compositeur 
et  son  opéra;  c'en  était  assez  pour  que  d'autres 
journaux  n'en  voulussent  point  entendre  parler, 
et  que  le   sort  de  celui-ci  fût    fixé  dès  avant 
son  apparition.  En  effet,  la  première  représen- 
tation de  Eienzi,  qui  eut  lieu  au  théâtre  de  la 
Pergola  vers  la  fin  du  mois  de  mars  1863,  fut 
très-orageuse,  et  provoqua  à  plusieurs  reprises 
des  manifestations  bruyantes,  quoique  la  parti- 
tion de  M.  Kascliperoff  parût  ne  pas   être  dé- 
pourvue de  réelles  qualités.  Un  journal   italien 
disait  à  ce  sujet  :  «   On  doit  déclarer,  à   l'hon- 
neur du  maestro  Kascliperoff,  que  la  plus  grande 
partie  des  artistes  florentins,  à  commencer   par 
MM.  Romani,   Vanuccini,    les  musiciens  d'or- 
chestre et  les  chanteurs,  lui  ont  rendu  justice, 
louant   son  œuvre  et  déplorant  que,  pour  des 
raisons    étrangères  à  l'art,  elle  ait  été  si  mal 
accueillie  par  une  partie  de  l'auditoire  de   la 
Pergola.   On  aurait  dû   écouter  avec   plus   de 
respect  une    œuvre    aussi    consciencieuse,  au 
sujet    de  laquelle   l'auteur   venait    demander, 
sans  prétention  et  sans  orgueil,  un   jugement 
calme  et  courtois.  »  Malgré  tout,  les  conditions 
dans   lesquelles   l'ouvrage    s'était     produit   en 
empêchèrent  absolument  le  succès.  A  la  suite 
de  cette  déconvenue,  M.  Kaschperoff  retourna 
dans  sa  patrie,  et  bientôt  il  s'occupa  d'un  opéra 
russe,  la  Tempête, qui  dut  d'abord  êtie  repré- 
senté à  Moscou,  et  qui  le  fut  à  Saint-Péters- 
bourg, au  mois  de  novembre  1867,  sans  grand 
succès,  je  crois.  En  l869,  M.  Kaschperoff  était 
devenu  professeur  au  Conservatoire  de  Moscou, 
et  travaillait  à  un  opéra  intitulé  :   Thadéus,  le 
courtier  de  mariages. 

*  KASTNER  (Jean-Georges),  est  mort  à 
Paris  le  19  décembre  1867.  Les  lignes  suivantes, 
extraites  de  l'article  nécrologique  publié  par 
Félis,  sur  cet  écrivatii,  dans  la  Revue  et  Ga- 
zette musicale  de  Paris,  serviront  tout  natu- 
rellement de  complément  à  la  notice  qui  lui  a 
été  consacrée  dans  la  Biographie  universelle 
des  Musiciens  : 

«  Une  dernière  production  bien  remarquable 
de  Kastner  a  pour  lilre  :  Par émiologie  musicale 
de  la  langue  française,  ou,  explication  des 
proverbes,  locutions  proverbiales ,  mots  figurés 
qui  tirent  leur  origine  de  la  musique,  accom- 
pagnée de  recherches  sur  un  grand  nombre 
d'expressions  du  même  genre  empruntées  aux 


langues  étrangères ,  et  suivies  de  la  Saint- 
Julien  des  ménétriers,  symphonie-cantate  à 
grand  orchestre,  avec  solo  et  chœur  (Paris, 
Brandus  ,  in-4").  lîappelons  ici  ce  qui  a  été  dit 
ailleurs  de  cet  ouvrage  singulier  :  «  La  concep- 
«  tion  d'un  pareil  livre  est  une  des  originalités 
«  de  l'esprit  qui  a  imaginé  et  exécuté  ceux  dont 
«  il  vient  d'être  parlé.  Au  simple  énoncé  du 
'(  sujet,  il  est  difficile  de  comprendre  qu'il  puisse 
«  être  la  matière  d'un  livre,  et  ce  n'est  que  dans 
n  l'ouvrage  même  qu'on  en  saisit  l'étendue.  Le 
«  plan  de  l'auteur  est  des  plus  vastes  ;  il  ne  faut 
«  pas  moins  que  sa  grande  érudition  pour  le 
«  réaliser.  Pour  en  donner  un  aperç^u,  il  suffit 
«  de  rappeler  quelques-unes  des  expressions 
«  proverbiales  les  plus  familières,  par  excnipie  : 
<<  Qui  n'entend  qu'une  cloche  n'entend  qu'un 
«  son  ;  ce  qui  vient  de  la  flûte  s'en  retourne 
«  au  tambour  ;  faire  sonner  la  trompette  de 
«  la  renommée  ;  payer  les  violons,  et  cent  au- 
«  très  semblables.  Dansces  dictons,  en  apparence 
«  si  simples,  il  y  a  pour  l'espril  investigateur  de 
«  Kastner  occasion  de  déployer  autant  de  sagacité 
«  que  de  savoir....  » 

«  Nonobstant  l'intérêt  qui  s'atfaehe  à  ses 
travaux ,  on  ne  peut  s'empêcher  de  regretter 
qu'ils  aient  interrompu  ceux  de  I\astner  pour 
l'achèvement  du  grand  dictionnaire  de  musique 
dont  il  s'occupa  pendant  près  de  vingt  aiuiées, 
et  auquel  il  donnait  le  litre  à' Encyclopédie 
musicale.  Esprit  véritablement  encyclo|)édique, 
nul  n'était  plus  capable  que  lui  de  remplir  ce 
vaste  cadre  de  l'art  et  de  la  science  des  sons. 
Possédant  toutes  les  connaissances  nécessaires 
et  familiarisé  avec  les  langues  anciennes  et  mo- 
dernes, armé  d'ailleurs  d'une  patience  infatigable, 
il  aurait,  sans  doute,  produit  un  livre  bien  supé- 
rieur à  ceux  de  Schilling  et  de  Bernsdorff.  Ayant 
amassé  d'immenses  matériaux  pour  la  réalisatio» 
de  celle  grande  entreprise ,  il  y  attachait  l'im- 
portance qu'elle  mérite,  mais  il  en  ajournait 
la  terminaison,  persuadé  sans  doute  qu'il  était 
encore  éloigné  de  l'époque  où  il  faut  compter 
avec  la  mort .  » 

KASTNER  (Frédéric),  fils  du  précédent, 
est  auteur  d'un  écrit  intitulé  :  les  Flammes 
chantantes  (Paris,  Dentu,  1875,  in- 18),  destiné 
à  rendre  compte  des  expériences  faites  par  lui 
sur  les  llammes  chantantes  et  sur  la  découverte 
du  pujncipe  de  leur  interférence  par  l'emploi  de 
deux  fiammes  au  lieu  d'une,  placées  dans  un 
tube  de  verre  ou  d'autres  matières,  ouvert  à  ses 
extrémités.  L'application  de  ce  principe,  qui  avait 
amené  déjà  M.  Frédéric  Kastner  à  adresser  à 
l'Académie  des  sciences  un  mémoire  intéressant, 
l'a  conduit  à  l'invention  d'un  instrument  de  mu- 


38 


KASTNEU  —  KELLOGG 


siqued'un  timbre  nouveau,  se  rapprocluint  sen- 
siblement de  celui  de  la  voix  humaine.  Cet  ins- 
trument ,  pour  lequel  son  auteur  a  pris  des 
brevets  en  iMance  et  à  l'él ranger,  a  reçu  de  lui 
le  nom  de  Pyroplione.  C'est  la  première  fois, 
dit  M.  Kasfner,  qu'on  a  sn  rendre  pratique  l'ap- 
plication des  tlammes  chantantes  produites  par 
la  combustion  du  gaz  hydrogène  pur,  à  un  appa- 
reil ayant  le  caractère  et  les  propriétés  d'un  ins- 
trument musical. 

*  KAUER  (Ferdinand),  compositeur,  était 
né  le  18  janvier  1751  à  K'Iein-Thaga,  et  mourut 
à  Vienne  le  13  avril  1831. 

*  K.VUFFiMANlV  (Frédéric),  musicien, 
acousticien  et  mécanicien  allemand,  est  mort  le 
1""  décembre  1866  à  Dresde ,  où  il  était  né  le 
5  février  1785. 

KAUFFiVItXN.^  (Frédéric-Théodore),  fils 
du  précédent,  né  à  Dresde  en  1812  ,  mort  en 
cette  ville  au  mois  de  février  1872,  fut  un  facteur 
d'instruments  distingué,  et  hérita,  sans  la  laisser 
déchoir,  de  l'excellente  renommée  que  son  père 
avait  acquise  par  ses  nombreux  et  intéressants 
travaux. 

KÉLER  lîÉLA  (Alrert  YOIV  KÉLER, 
connu  sous  le  nom  de),  chef  d'orchestre  et 
compositeur  de  musi(iue  de  danse,  est  né  à 
Bartfeid  (Hongrie)  le  13  février  1820.  Adorant  la 
musique,  il  jouait  du  violon  dès  son  enfance,  mais 
son  père  l'envoya  faire  son  droit  à  l'Université. 
Cela  n'empêclia  pas  le  jeune  homme  de  s'oc- 
cuper de  peinture  et  de  faire  du  paysage  pen- 
dant trois  ans,  après  quoi  il  étudia  sérieusement 
la  musique.  S'étant  rendu  à  Vienne  en  1845, 
il  y  étudia-  le  contrepoint  et  l'harmonie  avec 
Schlesinger  et  Décider,  tout  en  tenant  une 
partie  de  violon  à  l'orchestre  d'un  des  théâtres 
de  cette  ville,  puis,  en  1854,  partit  pour  Berlin, 
où  il  devint  chef  d'orchestre  de  la  Sommer'' schen 
Kapelle,  dirigée  précédemment  par  Joseph 
Gung'l,  et  où  il  se  distingua  tout  à  la  fois 
comme  directeur,  violon-.solo  et  compositeur  de 
danses,  marches,  pots-pourris,  etc.  En  1855, 
il  retournait  à  Vienne  pour  succéder  à  Auguste 
Lanner,  qui  venait  de  mourir,  en  1856  il  de- 
venait chef  de  musique  d'un  régiment  d'infan- 
terie, et  en  1807  se  fixait  à  Wiesbaden  comme 
chef  d'orchestre  du  Kursall,  conservant  cette 
position  jusqu'en  1873.  A  partir  de  ce  moment, 
le  mauvais  état  de  sa  santé  vint  l'obliger  au 
repos,  et  depuis  lors  il  vit  retiré  à  Wiesbaden, 
ce  qui  ne  l'empêche  pas  de  se  livrer  encore  à 
la  composition.  —  Oidre  ses  nombreux  mor- 
ceaux de  musique  de  danse,  on  doit  à  M.  Kéler- 
Béia  quelques  ouvertures,  des  lieder,  et  dos 
concertos  et  fantaisies  pour  le  violon.  Le  nom- 


qre  de  ses  œuvres  publiées  s'élève  à  110  envi- 
ron. 

KELLOGG  (Ci.\ra-Louise),  cantatrice 
américaine  renommée,  est  née  à  Sumter  (Caro- 
line du  Sud)  en  1842.  Après  avoir  montré  de 
bonne  heure  de  remarquables  dispositions  mu- 
sicales, ses  premiers  essais  furent  loin  pourtant 
de  faire  présager  la  brillante  carrière  qu'elle  était 
appelée  à  parcourir.  En  effet,  ses  deux  pre- 
miers débuts  à  l'Académie  de  musique  de  New- 
York,  en  ISGO,  furent  peu  satisfaisants,  et  ce  n'est 
que  tors  d'une  troisième  tentative,  faite  l'année 
suivante,  que  l'on  put  croire  que  miss  Kellogg 
deviendrait  un  jour  une  artiste.  Heureusement, 
la  jeune  femme  élait  douée  d'une  rare  persévé- 
rance, et  un  riche  banquier  de  New-York, 
M.  H.  G.  Slibbins,  voidut  bien  se  charger  des 
dépenses  que  nécessiterait  le  complément  de 
son  éducation  musicale.  Elle  ne  reparut  sur  la 
scène  de  l'Académie  de  musique  qu'après  quatre 
nouvelles  années  d'un  travail  acharné,  pendant 
la  saison  de  1864-65,  et  son  succès  fut  alors  si 
grand  dans  le  rôle  de  Marguerite  de  Faust,  que 
ses  compatriotes  la  proclamèrent  aussitôt  l'une 
des  plus  grandes  cantatrices  de  son  temps. 
l'>lle  ne  fut  pas  moins  accueillie,  dans  le  cours 
de  deux  années,  en  se  montrant  dans  le  Bar- 
bier de  Séville,  Cri.ipivo  e  la  Comare,  Lucia 
di  Lamermoor,  la  Sonnainbuln  et  Linda  di 
Chamouni. 

Après  s'être  fait  ainsi  connaître  dans  sa  patrie, 
miss  Kellogg  partit  pour  l'Europe  et  se  rendit 
à  Londres,  fut  engagée  au  théâtre  de  la  reine, 
et  y  débuta,  en  1867,  d'abord  dans  Morta,  puis 
dans  le  joli  rôle  de  Zerline  de  Don  Giovanni. 
Douée  d'une  voix  charmante,  claire,  pure,  éten- 
due et  flexible,  vocalisant  avec  agilité,  avee 
cela  vive  et  agréable  en  scène  et  fort  intelli- 
gente comme  comédienne,  miss  Kellogg  obtint 
aussitôt  de  très-grands  succès  et  devint  l'une 
des  cantatrices  préférées  du  public  anglais. 
Elle  se  fit  entendre  successivement  dans  la 
Traviata,  la  Gazza  ladra,  la  Figlia  del  reggi- 
mento,  Fra  Diavolo,  Crispino  e  la  Comare, 
et  dans  tous  ces  rôles  la  finesse  de  srm  jeu, 
son  véritable  talent  de  chanteuse  et  une  origi- 
nalité rare  lui  valurent  chaque  jour  de  plus  nom- 
breux suffrages.  Cependant,  en  1869,  l'entre- 
preneur Maretzek,  qui  formait  une  troupe 
pour  l'Amérique,  lui  proposa  un  brillant  enga- 
gement et  la  décida  à  le  suivre.  Miss  Kellogg 
s'embarqua  donc  pour  les  États-Unis,  se  fit 
entendre  de  nouveau  à  New-York,  puis  à  Phi- 
ladelphie, à  San  Francisco  et  dans  la  plupart 
(les  villes  importantes  de  la  grande  république, 
et  retrouva  partout  les  succès  qui  l'avaient  ac- 


KELLOGG   —  KETTEN 


39 


cueillie  en  Angleterre.  Elle  aborda  alors  les 
rôles  tout  à  fait  dramatiques,  et  ne  craignit  pas 
de  se  montrer  dans  Mignon,  dans  Homéo  et 
Juliel/e  et  autres  ouvrages  semblables.  Elle 
était  encore  en  Amérique  en  1877. 

*  KELZ  (Jean  Frédéric),  compositeur  alle- 
mand, est  mort  à  Berlin  au  mois  d'oclobre  18G2. 

KEWEDY  (Alexandre),  luthier  anglais 
(1700-1786),  exerçait  sa  profession  à  Londres. 
Il  était  né  en  Ecosse,  et  fut  le  chef  d'une  fa- 
mille dont  le  nom  fut  connu  dans  la  lutherie 
pendant  un  siècle  et  demi.  Son  neveu,  John 
Kennedy,  né  en  1730,  mourut  en  1816,  et  le 
fils  de  celui-ci,  Thomas  Kennedy,  fabriqua  à 
lui  seul  plus  d'instruments  que  les  deux  luthiers 
qui  en  construisirent  le  plus,  si  l'on  en  excepte 
toutefois  le  prolifique  Georges  Crask.  Thomas 
Kennedy,  qui  était  né  en  1784,  est  mort  en  1870. 

KI:HCAD0  (M"'  LE  SÉ\ÉCHAL  DE). 
Une  jeune  femme  de  ce  nom  lit  représenter  à 
rOpéra-Comique,  le  5  juin  1805,  un  ouvrage 
en  un  acte  intitulé  la  Méprise  volontaire,  ou 
la  double  Leçon. 

KERCHOVE  (Joseph),  compositeur  de 
musique  religieuse,  naquit  à  Gand  (Belgique)  le 
26  septembre  1804.  D'abord  élève  de  son  père, 
il  reçut  ensuite  des  leçons  de  Jean  Gabriels, 
maître  de  chapelle  de  l'église  Saint-Michel,  puis 
étudia  l'harmonie  et  le  contrepoint  avec  Pierre 
"Verheyen.  Devenu  ténor  dans  la  chapelle  de 
l'église  Saint-Nicolas,  de  sa  ville  natale  (1821), 
puis  dans  celles  de  Saint  Michel  (1827)  et  de 
Saint-J.icques  (1831),  il  fut  appelé,  le  9  décem- 
bre 1839,  à  remplir  les  fonctions  de  maître  de 
chapelle  de  Saint-Sauveur,  où  il  succéda  à  Jean 
d'Hollander.  Il  a  écrit  plusieurs  messes  solen- 
nelles, dont  une  entre  autres  est  fort  estimée, 
tin  Miserere,  3  Commandations,  beaucoup  de 
motets,  ain.si  que  des  chœurs  d'hommes  compo- 
sés pour  divers  cercles  chantants  qu'il  dirigeait 
à  Gaud  ou  dans  les  environs. 

KERMOYSAiX  (Jean),  écrivain  français, 
auteur  d'une  Histoire  de  Napoléon,  n'est  cité 
ici  que  pour  un  long  article  sur  l'Opéra  donné 
par  lui  dans  VEncyclopédie  moderne  publiée 
par  MM.  Firmin-Didot.  Cet  article  a  été  tiré 
5  part  sous  ce  titre  :  Opéra,  par  M.  Kermoy- 
san.  Kermoysan  est  mort  le  9  octobre  1877,  à 
Paris,  âgé  de  soixante-sept  ans. 

KERST  (Léon),  musicien  et  écrivain  fran- 
çais, est  chargé  depuis  quelques  années  du 
feuilleton  musical  du  journal  la  Presse.  Il  y  a 
publié  récemment  une  série  d'articles  sur  l'ad- 
ministration de  l'Opéra,  dont  il  a  formé  ensuite 
une  brochure  sous  ce  titre  :  l'Opéra  et  M.  Ha- 
lanzier  (Paris,  1877,  in-8°  de  32  pp). 


KES  (Willem),  jeune  violoniste  et  composi- 
teur d'avenir,  ex-pensionnaire  de  S.  M.  le  roi 
des  Pays-Bas,  est  né  à  Dordrecht  en  18.56.  Hls 
d'un  riche  négociant  de  cette  ville,  il  commença 
par  apprendre  le  piano  avec  un  professeur  nom- 
mé Nollidenft,  puis,  peu  de  temps  après,  aban- 
donna cet  instrument  pour  prendre  des  leçons 
de  violon  de  M.  Thyssens,  et  continua  ensuite 
ses  études  avec  M.  Bôhme,  qui  lui  donna  aussi 
des  leçons  d'harmonie.  En  1871,  il  se  rendit  à 
Leipzig  auprès  de  Ferdinand  David,  et  y  resta 
pendant  deux  années.  En  1874,  il  eut  l'honneur 
de  devenir  pensionnaire  de  S.  M.  le  roi  des  Pays- 
Bas,  qui  le  fit  envoyer  au  Conservatoire  de 
Bruxelles  pour  y  travailler  avec  M.  Henri  Wie- 
niawski  ;  mais,  comme  peu  après  M.  Wieniawski 
tomba  en  disgrâce  complète  auprès  du  roi, 
M  Kes  reçut  l'ordre  de  partir  pour  Berlin,  où 
il  acheva  son  éducation  musicale  sous  la  direc- 
tion de  M.  Joachim  pour  le  violon  et  de  M.  Kiel 
pour  le  contrepoint,  au  Conservatoire  (Hœhs- 
chide)  de  cette  ville.  Il  passa  son  examen  avec 
la  plus  grande  distinction  et  obtint  le  diplôme 
d'honneur  [zeiignifs  der  reifé).  Pour  obtenir  ce 
témoignage  honorable,  il  faut  savoir  déchiffrer 
à  première  vue  un  morceau  pour  piano  et  pour 
violon,  transposer  un  choral  figuré,  réduire  une 
grande  partition  d'orchestre  au  piano,  diriger 
une  ouverture  à  grand  orchestre,  et  improviser 
au  piano  sur  un  motif  donné. 

M.  Kes,  qui  a  déjà  composé  plusieurs  petits 
ouvrages!  fort  aimables,  a  remporté  le  premier 
prix  au  concours  institué  par  l'Association  des 
musiciens  néerlandais  {Toonkunstenaars  Ve- 
reeniging)  pour  un  concerto  de  violon  solo  et 
orchestre,  œuvre  très-honorable.  Actuellement 
violon-solo  (concertmeister)  à  l'orchestre  du 
Parc,  M.  Kes  est  un  jeune  artiste  sérieux,  qui 
donne  de  grandes  espérances. 

Ed.  de  h. 

*  KESSLER  (Joseph  -  Christophe),  pia- 
niste et  compositeur,  est  mort  à  "Vienne  le  13 
janvier  1872.  Cet  artiste  n'était  né  nia  Leitme- 
ritz  ni  à  Varsovie,  mais  à  Augsbourg,  le  26 
août  1800. 

KETTEIV  (Heuri),  pianiste  distingué  et 
compositeur,  est  né  à  Baja  (Hongrie)  le  25  mars 
1848.  Il  a  fait  son  éducation  musicale  au  Con- 
servatoire de  Paris,  où  il  a  été  admis,  le  23 
décembre  1857,  dans  la  classe  de  piano  de 
M.  Marmontel,  et  le  27  octobre  1860  dans  la 
classe  de  composition  d'Halévy.  Après  avoir 
quitté  cet  établissement  en  1863,  il  y  rentra 
l'année  suivante  comme  élève  de  M.  Reber,  et 
prit  part  sans  succès  aux  concours  de  Rome 
de  1865  et   1866.    Déjà  il  s'était  fait  entendre. 


40 


RETTEN 


RIEL 


souvent  en  public,  et  avait  obtenu  des  succès 
de  virtuose,  succès  un  peu  trop  escomptés 
peut-être  par  sa  famille,  qui  voulait  le  faire 
passer  jiour  un  pio<lige.  Le  jeune  artiste  avait 
du  talent  néanmoins,  et  pendant  plusieurs  an- 
nées se  produisit  à  l'étranger,  où  il  fut  fort 
bien  accueilli,  non-seulement  comme  exécutant, 
mais  aussi  comme  chef  d'orchestre.  De  retour 
à  Paris,  il  voulut  se  faire  connaître  comme 
compositeur,  et  (it  entendre  quelques  œuvres 
qui  n'étaient  point  sans  valeur,  entre  autres 
une  sonate  pour  piano  et  clarinette,  une  Mar- 
che persane  pour  orchestre,  quelques  heureuses 
mélodies  vocales,  et  divers  morceaux  de  genre 
pour  le  piano.  —  Un  frère  de  cet  artiste,  M.  Léo- 
pold  Ketlen,  de  quelques  années  plus  âgé  que 
lui,  pianiste  aussi,  s'est  fait  chanteur  par  la 
suite  et  s'est  consacré  à  la  carrière  lyrique; 
après  s'être,  sous  ce  rapport,  produit  sans  suc- 
cès à  Paris,  il  a  tenu  l'emploi  des  ténors  dans 
plusieurs  villes  de  l'étranger. 

KETTERER  (EuGi:NE),  pianiste  et  compo- 
siteur, né  à  Rouen,  en  1831,  d'une  famille  ori- 
ginaire d'Alsace,  fit  ses  études  musicales  au 
Conservatoire  de  Paris,  où  11  obtint  un  second 
prix  de  solfège  en  1847.  Admis  ensuite  dans 
la  classe  de  piano  de  M.  Marmonlel,  il  se  vil 
décerner  un  premier  accessit  au  concours  de 
1852,  et  n'obtint  pas  d'autre  récompense.  Il 
commença  bientôt  à  se  faire  entendre  dans 
les  concerts,  puis  se  mit  h  publier  une  multi- 
tude de  morceaux  de  piano  :  fantaisies,  trans- 
criptions, etc.,  qui  obtinrent  un  grand  succès 
auprès  du  public  frivole.  11  en  inonda  littéra- 
lement le  commerce  de  musique,  si  bien  qu'en 
l'espace  de  quinze  ans  environ,  le  nombre  de 
ses  publications  en  ce  genre  se  monta  à  près 
de  trois-cents.  Eugène  lietterer  est  mort  à 
Paris,  pendant  le  siège  de  celte  ville,  le  18 
décembre  1870. 

*  KHAYLL  (Aloys),  nûlisle  bohémien  et 
compositeur  pour  son  instrument,  est  mort  à 
Ober-Dobling,  le  28  décembre  1866,  à  l'âge  de 
75  ans. 

Kl  EL  (At'GL'STF.),  virtuose  sur  le  violon, 
chef  d'orchestre  et  compositeur  (qu'on  ne  doit 
pas  confondre  avec  l'artiste  du  même  nom 
qui  est  mentionné  au  T.  V.  de  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens),  naquit  à  Wiesba- 
den  le  2G  mai  1813.  Élève  favori  de  Spobr,  il 
acquit  un  talent  distingué  sur  le  violon,  et  plus 
tard  devint  chef  d'orchestre.  Il  remplissait  de- 
puis longues  années  ces  fonctions  à  Detmold, 
lorsqu'il  mourut  en  cette  ville  le  28  décembre  187 1 . 

RIEL  (FiucDiiuic),  un  des  compositeurs  les 
plus    estimés  de    l'Allemagne    contemporaine 


pour  la  musique  de  chambre  et  la  musique 
religieuse,  est  né  à  Piiderhach  sur  la  Lalin,  le 
7  octobre  182(.  Après  avoir  appris  le  piano 
avec  son  père,  il  se  rendit  à  Onrlin,  où  il  devint 
élève  de  Schutz  pour  le  violon  et  de  Dehn  pour 
la  composilion.  Il  se  fixa  ensuite  déliiiiliveinent 
en  cette  ville,  où  il  se  livra  à  l'enseignement  et 
à  la  composition,  formant  un  grand  nombre 
d'élèves  distingués,  et  se  faisant  connaître  par 
des  œuvres  fort  importantes,  qui  le  classaient 
au  premier  rang  des  artistes  de  son  pays.  Au 
mois  de  février  1862,  M.  Frédéric  Kiel  faisait 
exécuter  pour  la  première  fois  à  Berlin,  au 
profit  de  la  Société  Guslave-A<iol|>he,  un  Re- 
quiem pour  voix  seules,  chœur  et  orchestre 
(op.  20),  qui  obtenait  un  très-grand  succès,  et 
qui  était  reproduit  le  8  novendire  suivant  pour 
l'anniversaire  de  la  mort  de  Mendeissohn.  Une 
autre  œuvre  non  moins  considérable,  son  oratorio 
Christus  (op.  60),  ne  fut  pas  accueillie  avec 
moins  de  faveur,  et  est  considérée  en  Allemagne 
comme  l'ouvrage  le  plus  remarquable  en  ce 
genre  qui  ait  été  produit  depuis  le  Paulus  de 
ce  maître.  Parmi  les  autres  compositions  de 
M.  Iviel,  qui  s'élèvent  à  soixante-dix  environ,  je 
citerai  les  suivantes  :  Stabat  mater  pour  soli, 
chœur  et  orchestre;  Te  Deuni;  plusieurs  messes 
avec  orchestre  ;  des  psaumes  et  des  motets  ; 
des  marches  pour  orchestre  ;  quatuor  en  la 
bémol,  pour  piano  et  instruments  à  cordes;  2 
trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  65  ; 
trio  pour  les  mômes  instruments,  op.  24  ;  so- 
nates pour  piano  et  violon,  op.  35;  sonate  pour 
piano  et  alto,  op.  67  ;  3  morceaux  pour  violon- 
celle et  piano,  op.  12;  3  romances  pour  piano 
et  alto,  op.  69;  3  pièces  pour  piano  et  violon, 
op.  70;  variations  pour  piano  et  violon,  op. 
37  ;  Jlumoresqites,  pour  piano  à  quatre 
mains,  op.  42;  Làndler  pour  piano  à  quatre 
mains,  op.  66;  2  ca|irices  pour  piano,  op.  26; 
3  gigues  pour  piano,  op.  30;  3  valses  pour 
I)iano,  op.  45  ;  Souvenirs  de  voyage,  pour 
piano,  op.  38  et  41  ;  danse  russe,  pour  violon- 
celle; 2  cliants  de  Novalis,  pour  voix,  cliu'ur 
et  orchestre,  op.  63;  3  pièces  en  formes  de 
mélodies,  pour  piano,  op.  8;  3  romances  pour 
piano,  op.  5  ;  10  pièces  de  piano,  op.  18;  3  piè- 
ces de  piano,  op.  21;  12  liedcr  à  une  voix, 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  31;  2  mo- 
tets, pour  voix  seule  et  chœur  de  femmes,  avec 
piano,  op.  32;  6  lieder,  op.  Ci;  Iteisrbilder, 
pièces  pour  piano  et  violon  ou  violoncelle,  op. 
Il,''en  2  livres.  —  M.  Frédéric  Kiel,  dont  la 
renommée  est  grande  en  sa  |)atrie,  est  membre 
de  l'Académie  de  Berlin.  Il  a  élé  prolesseur 
au  Conservatoire  de  Stem,  de  cette  ville. 


RIEL  —  KIRSGHNER 


4i 


Artiste  véritable,  dans  la  saine  et  grande  ap- 
plication du  mot,  réunissant  les  dons  dune  ins- 
piration souple  et  abondante  aux  qualités  d'un 
musicien  instruit  et  rompu  à  toutes  les  ditïicultés 
pratiques  de  l'art,  M.  Kiel  est  l'un  des  musiciens 
allemands  contemporains  (beaucoup  moins  nom- 
breux qu'on  ne  le  pense)  dont  il  restera  quelque 
chose  et  dont  la  postérité  saura  retenir  le  nom. 
Son  oratorio  Christus  et  sa  messe  de  Ikquiem, 
pour  ne  citer  que  ces  deux  ouvrages,  sont  des 
œuvres  mâles,  vigoureuses,  véritablement  re- 
marquables, et  dans  lesquelles  la  solidité  du 
fond,  la  largeur  d'une  inspiration  puissante,  s'al- 
lient à  la  beauté  de  la  forme.  La  fécondité  de 
M.  Kiel,  dont  les  travaux  sont  nombreux,  n'est 
pas  d'ailleurs  une  de  ces  fécondités  impuissantes 
et  stériles  comme  on  n'en  rencontre  que  trop 
souvent,  en  Allemagne  tout  aussi  bien  qu'ailleurs; 
toutes  ses  œuvres  offrent  le  cachet  d'un  art 
per.sonnel^  vivement  accuentué,  et  font  le  plus 
grand  honneur  à  celui  qui  les  a  signées.  M.  Kiel 
n'est  pas  moins  respectable  comme  professeur 
que  comme  producteur;  son  enseignement  est 
recherché  avec  une  ardeur  qu'explique  la  re- 
nommée qu'il  s'est  légitimement  acquise  sous 
ce  rapport,  et  cette  renommée  prend  sa  source 
non-seulement  dans  les  bons  conseils,  l'expé- 
rience, la  pratique  qu'il  met  au  service  de  ses 
élèves,  mais  encore  dans  la  sollicitude  dont  il 
les  entoure,  et  dans  la  bonté  dont  il  fait  preuve 
à  l'égard  des  jeunes  artistes  qui  s'adressent  à 
lui. 

KIEINLEIV  (Je,\n-Christophe),  compositeur 
polonais,  né  sous  le  règne  d'Auguste  111,  ht 
ses  éludes  à  Posen,  et  fut  d'abord  maître  de 
chapelle  à  Presbourg.  il  remplit  ensuite  le  même 
poste  auprès  du  prince  Radziwill,  puis  devint 
directeur  de  musique  au  théâtre  d'Augsbourg, 
pour  lequel  il  écrivit  im  opéra  allemand  en  trois 
actes,  Claudine  de  Villabella,  qu'il  reproduisit 
plus  tard  à  Berlin.  11  vint  à  Paris,  sans  doute 
à  l'époque  de  la  Révolution,  y  séjourna  pendant 
quelques  années,  et  se  rendit  à  Munich,  où  il 
fut  nommé  maître  de  chapelle  de  la  cour  de 
Bavière.  Mais  Kienlen  semble  avoir  été  d'humeur 
assez  capricieuse,  car  on  le  retrouve  un  peu 
plus  tard  remplissant  les  mêmes  fonctions  à 
Baden,  près  Vienne.  En  1816,  il  donne  à  Léo- 
polsladt  un  opéra  intitulé  d,ie  Keiserose,  et  en 
1818  il  écrit  à  Berlin  la  musique  d'une  tragédie, 
Germanicus.  Kienlen  a  fait  graver  à  Posen, 
chez  Simon,  une  symphonie  à  grand  orchestre, 
et  une  polonaise  pour  piano,  à  quatre  mains; 
à  Berlin,  chez  Traulwein,  deux  sonates  pour 
pianoseul;  à  Paris,  chez  Naderman,  l'air  d'/li- 
ceste,  varié  pour  piano,  et  chez  Hentz-Jouve, 


plusieurs  chansons  allemandes  avec  accompagne- 
ment (le  piano,  séparées  et  en  recueils. 

KIENZL  (Ch\ules),  né  à  Graetz,  en  Slyrie,. 
passa  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  active, 
comme  umsicien  dans  la  ville  de  Guebwiller 
(Maut-Rliin),  où  il  arriva  jeune  encore.  Compo-. 
siteur  modeste,  vivant  du  produit  de  ses  leçons, 
il  organisa  dans  sa  ville  adoplive  une  société 
philharmonique  dont  il  dirigea  l'orchestre  et 
les  chœurs.  C'est  là  qu'il  lit  entendre,  de  1835 
à  1845,  la  Création  et  les  Saisons  de  J. 
Haydn,  des  messes  de  Mozart,  et  des  sympho- 
nies de  Haydn  et  de  Beethoven.  Beaucoup  des 
compositions  de  Kienzl,  consistant  en  messes, 
motets,  chœurs,  etc.,  ont  été  publiées  en  Alsace, 
mais  n  ont  guère  franchi  la  limite  de  cette  pro- 
vince. Cet  artiste  méritant  et  distingué,  qui  a 
donné  à  l'auteur  de  cette  notice,  encore  enfant, 
ses  premières  leçons  de  musique,  est  mort  en 
1874  à  Guebwiller.  La  bibliothèque  du  Conser- 
vatoire de  Paris  possède  de  lui  une  Méthode 
d''hurmonie  (texte  allemand),  qui  forme  un 
volume  petit  in-8°  de  160  pages,  et  quelques 
œuvres  de  musique  religieuse. 

J.-B.  'W. 

*  KINDSCHER  (Henri-Charles-Louis), 
compositeur,  professeur  et  écrivain  sur  la 
musique,  est  mort  à  Wœrlitz,  au  mois  de  fé- 
vrier 1875. 

KINTERLAND  ( ),  compositeur  et 

chef  d'orchestre,  dont  le  nom  indique  une  ori- 
gine germanique,  a  fait  représenter  sur  un 
théiitre  de  Gênes,  en  1862,  un  opéra  intitulé 
BalHta.  Cet  artiste  a  rempli  les  fonctions  de 
chef  d'orchestre  dans  plusieurs  théâtres  italiens 
importants,  entre  autres  au  théâtre  San  Carlos 
de  Lisbonne  et  au  théâtre  royal  de  Malte. 

KIPPER  (Hermann),  compositeur,  né  à 
Coblenfz  le  27  août  1826,  a  fait  ses  études 
musicales  à  Cologne,  sous  la  direction  de  H. 
Dorn,  et  est  depuis  longtemps  établi  en  cette 
ville  comme  professeur,  après  avoir  passé  plu- 
sieurs années  à  Paris.  C'est  à  Paris,  où  il  était 
directeur  d'une  société  chorale  allemande,  Lie- 
derkranz,  que  cet  artiste  a  composé,  pour  les 
réunions  annuelles  de  cette  société,  deux  opé- 
rettes en  un  acte  dont  voici  les  titres  :  le  Prince 
malgré  lui  (26  janvier  1867),  et  Fidelia  (25 
janvier  1868).  En  Allemagne,  il  a  écrit  de  nom- 
breux chœurs  pour  voix  d'hommes,  et  a  fait  re- 
présenter quelques  opérettes,  parmi  lesquelles 
celle  intitulée  les  Esquimaux,  dont  on  lui  doit 
les  paroles  et  la  musique. 

KIRSGHNER  (Théodore)  ,  pianiste,  orga- 
niste et  compositeur,  né  à  Neukirchen,  près 
Chemnilz,    en    1824,  fit  de  bonnes  études  au 


42 


KIUSCHNER  —  KLOSÉ 


Conservatoire  de  Leipzig,  puis  accepta  les  fonc- 
tions d'organiste  à  Wintertiiur,  après  quoi  il 
devint  directeur  de  musique  à  Zurich,  tout  en 
se  livrant  dans  cette  ville  à  l'enseignement  de 
l'orgue  et  du  piano.  Il  se  vit  chargé,  en  1875, 
de  la  direction  de  l'école  royale  de  musique  de 
Wurzbourg,  mais  ne  conserva  pas  longtemps 
cette  situation,  et  alla  peu  de  temps  après  s'é- 
tablir à  Leipzig.  Cet  artiste  s'est  fait  connaître, 
comme  compositeur,  par  des  tiède?',  des  qua- 
tuors pour  instruments  à  cordes,  et  des  mor- 
ceaux de  piano  de  divers  genres,  parmi  les- 
quels on  peut  surtout  citer  ses  derniers  re- 
cueils :  10  Pièces  caractéristiques  pour  piano, 
op.  25;  album  pour  piano,  op.  26  ;  caprices,  id., 
op.  27;  nocturnes,  op.  28;  esquisses,  op.  29; 
études  et  pièces,  op.  30  ;  Im  zwielieht,  lieder 
et  danses,  op.  31  ;  10  pièces,  op.  32. 

KIRSCHA'ER  (Fritz),  pianiste  et  compo- 
siteur allemand  contemporain,  sans  doute  parent 
du  précédent,  a  publié,  dans  le  cours  de  ces 
dernières  années,  une  cinquantaine  de  morceaux 
de  genre  pour  le  piano. 

*  KIST  (I^e  docteur  Fi.op.ent-Corneille), 
est  mort  à  Utrecht,  le  23  mars  1863. 

*  lîlTTL  (JiîAN-pRKnÉnic),  compositeur, 
ancien  directeur  du  Conservatoire  de  Prague, 
est  mort  à  Lissa  (province  de  I^sen),  le  20 
juillet  1868.  Cet  artiste  a  écrit  la  musique  dun 
opéra  intitulé  les  Français  devnjit  Nice,  dont 
on  assure  que  M.  Richard  Wagner  avait  écrit  le 
poème  ;  cet  ouvrage  fut  reiirésenté  à  Prague 
vers  1848,  et  fut  joué  de  nouveau  en  1868. 

KLEFFEL  (Arno),  musicien  allemand, 
s'est  fait  connaître  par  la  publication  d'un  assez 
grand  nombre  de  recueils  de  lieder  avec  accom- 
pagnement de  piano,  parmi  lesquels  je  citerai 
les  suivants  :  7  lieder,  op.  7;  5  mélodies,  op. 
10;  6  chn-urs,  op.  11;  12  lieder,  en  deux  livres, 
op.  12  ;  6  lieder  à  quatre  voix,  op.  13  ;  6  lieder, 
op.  14  ;  6  lieder,  op.  23. 

*  KI^EIN  (Joseph),  pianiste  et  compositeur 
allemanrl,  est  mort  à  Cologne  le  10  février 
1862. 

*  I»LEIIV(Cuarli:s-Auguste,  baron  DE),  est 
mort  le  13  février  1870,  à  sa  villa  d'Assmanns- 
hausen. 

lîLEIXMICIIEL  (Rrr.HARu),  pianiste  alle- 
mand contemporain  et  compositeur  pour  son 
instrument,  s'est  fait  une  grande  réputation  de 
virtuose  à  Hambourg,  où  il  réside.  Il  a  publié 
un  certain  nond)re  de  morceaux  de  genre  pour 
piano,  que  l'on  dit  pleins  de  grâce,  de  délica- 
tes.<;e  et  d'élégance.  On  cite  surtout  un  recueil 
de  poésies  musicales  à  quatre  mains  intitulé 
Zur  VVinterzeit  {En  hiver),  les   Aquarelles, 


Bal  d'enfants  (six  petites  danses  caractéristi- 
ques), etc. 

*  KLEMM  (Frédéric),  dilettante  et  compo- 
siteur autrichien,'  est  mort  à  Meidling,  près 
Vienne,  le  13  septembre  1854. 

*  KLEIVGEL  (Auguste-Alexandre),  orga- 
niste à  Dresde,  mort  en  cette  ville  le  22  novem- 
bre 1852,  y  était  né  le  29  janvier  1784. 

KLERR  ( ),  chef  d'orchestre  et  compo- 
siteur allemand  contemporain,  a  écrit  la  musi- 
que de  plusieurs  opérettes  parmi  lesquelles  je 
signalerai  les  suivantes  :  les  Fleurs  animées, 
Vienne,  tliéàtre  ^?i  rfer  Wieii,  décembre  1866; 
le  petit  Josi,  id.,  id.,  mars  1867;  la  belle 
Meunière,  Berlin,  théâtre  Friedrich-Wilhelm- 
stadt,  mars  1867.  M.  Klerr  a  rempli  les  fonc- 
tions de  chef  d'orchestre  au  théâtre  de  l'Har- 
monie, à  Vienne,  et  a  même  été  pendant  un 
instant  (1867),  directeur  de  ce  théâtre. 

KLOP   ( ),    musicien    belge,    naquit  à 

Gand  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  et  remplissait,  en  1781,  les  fonctions  de 
maître  de  chapelle  de  l'église  Notre-Dame 
(Saint-Pierre)  de  sa  ville  natale.  Il  a  laissé  des 
chants  d'église  estimés,  et  un  Requiem  en  plain- 
cliant  qu'on  exécute  souvent  encore  en  Flandre, 
dans  des  funérailles  solennelles. 

*  KLOSE  (Hiacynthe-Éléonore).  Cet  ar- 
tiste a  pris,  il  y  a  quelques  années,  sa  retraite 
de  professeur  de  clarinette  au  Conservatoire. 
Il  a  publié  (Paris,  Leduc)  trois  Méthodes  de 
saxophone  aigu  et  soprano,  de  saxophone  alto 
et  ténor,  et  de  saxophone  baryton  et  basse,  et 
a  fait  paraître,  chez  le  même  éditeur,  un  cer- 
tain nombre  de  morceaux  pour  fanfares  et 
musiques  militaires  :  Retraite  aux  Flam- 
beaux, Marche  funèbre,  Andante  religioso, 
V Étape,  pas  redoublé,  Dardanus,  id.,  Baden- 
burg,  id.,  Augusta,  m^rch^,  V Artilleur ,  galop, 
le  Bandit,  id.,  etc.,  etc.  M.  Klosé  a  encore 
publié  :  1"  6  petites  Fantaisies  pour  clarinette, 
avec  accompagnement  de  piano  (Paris,  Leduc)  ; 
2"  le  Décaméron  des  jeitnes  clarinettistes, 
20  [tetites  fantaisies  brillantes  (id.,  id.)  ;  3°  le 
Progrès,  16  petites  fantaisies  brillantes  (id., 
id.);  4°  environ  dix  duos  pour  clarinette  et 
piano,  en  société  avec  Leduc  (id.,  id,)  ;  5°  mélo- 
dies populaires,  choix  de  40  petits  airs,  id., 
Gérard  ;  6"  Grande  méthode  pour  la  clarinette 
à  anneaux  mobiles,  contenant  la  théorie  et 
les  tablaluies  de  cet  instrument,  des  gammes 
dans  tous  les  tons,  des  exercices  de  mécanisme 
eld'articuliition,  des  duos,  15  grands  morceaux, 
des  préludes  et  12  études,  id.,  id.:  7°  18  Étu- 
des mélodiques,  tirées  des  46  Études  de  violon 
de  Charles  Dancla;  8°  enfin,  un  certain  nombre 


KLOSE 


RŒCHEL 


/i3 


de  fantaisies  et  airs  variés,  avec  accompagne- 
ment de  piano.  M.  Kiosé  avait  été  professeur  de 
clarinette  an  Gymnase  musical  militaire,  et  ciirf 
de  musique  de  la  10"  légion  de  la  garde  na- 
tionale. 

lîLUGHARDT  (AucrsTs),  compositeur 
allemand,  directeur  de  musique  à  Weimar,  né 
à  C(Pthen  le  30  novembre  1847,  est  l'auteur 
d'un  opéra  intitulé  Mirjam,  qui  a  été  repré- 
senté sur  le  théâtre  de  Riaa  au  mois  d'avril 
187.3.  En  1871,  il  avait  fail  exécuter  à  léna 
une  symphonie  en  mi  bémol.  On  connaît  de 
lui  plusieurs  autres  compositions,  entre  autres 
un  nonolto  pour  violons,  alto,  violoncelle,  con- 
trebasse, (Iftte,    hautbois,  clarinette  et  basson. 

KMGGE  (Le  baron  DE).  -  Voyez  PO- 
LAlî  DAMELS. 

K!\ YVETT  (Deborah  TIÎAVIS,  épouse), 
fut  l'une  des  cantatrices  les  plus  renommées 
de  l'Angleterre  pour  les  festivals  et  les  ora- 
torios, et  partagea  en  ce  genre  les  succès  de 
son  mari,  William  Knyvett  (V.  Biographie 
universelle  des  Musiciens,  t.  V.).  Elle  est 
morte  à  Heyside,  près  Oldham,  le  10  janvier 
1876,  à  l'âge  de  soixante-dix-neuf  ans.  Son 
mari  était  mort  sans  doute  depuis  longtemps 
à  cette  époque,  étant  né  en  1778. 

KOCH  (Bernard),  violoniste  et  composi- 
teur, fils  d'un  bijoutier  d'Amsterdam,  naquit 
en  cette  ville  en  1791.  Il  reçut  d'abord  des 
leçons  d'un  de  ses  compatriotes,  puis,  lors  du 
séjour  en  Hollande  de  Guillaume  Navoigille, 
se  perfectionna  avec  lui  dans  l'étude  de  sou 
instrument.  On  dit  même  que  Navoigille,  qui 
l'avait  pris  en  affection,  aida  de  sa  bourse  son 
élève,  qui  était  orphelin,  après  l'avoir  fait  entrer 
comme  surnuméraire  à  la  chapelle  du  roi  Louis 
Bonaparte.  Après  avoir  terminé  son  éducation, 
Koch  se  livra  à  l'enseignement,  devint  direc- 
teur d'une  société  musicale,  et  plus  tard  chef 
d'orchestre  de  l'opéra  allemand  et  italien  d'Ams- 
terdam. C'est  lui  qui,  en  1827,  dirigea  les  con- 
certs donnés  en  cette  ville  par  la  fameuse  can- 
tatrice M""'  Sontag. 

Koch  s'est  fait  connaître,  comme  composi- 
teur, par  plusieurs  ouvrages  dramatiques,  et 
par  un  grand  nombre  de  produclions  de  divers 
genres  :  1°  La  mère  Ganz  et  l'Œuf  (Vor, 
opéra  représenté  à  Amsterdam  ;  —  2°  Der  HoL- 
zerne  Snbel,  opérette  en  un  acte,  représentée  à 
La  Haye  en  1830;  —  ^"Das  gcstole  Làmmchen, 
opérette;  —  4"  Pvmpernihel,  opéra  en  3  actes 
(non  représenté)  ;  —  5°  Jane  Grey,  récit  his- 
torique ; —  6°  Benjamin,  récit  biblique,  Amster- 
dam-,—7°  De  Verlatene,  cantate,  Amster- 
dam-, —  8°  Elégie  sur  la  mort  de  Mendelssohn  ; 


—  9°  Moederliefde,  cantate  couronnée  par  la 
Société  musicale  des  Pays- fias; —  10"  Qua- 
tuor pour  instruments  à  cordes  (Mayence, 
Scholt);  —  tr  Deux  recueils  de  romances  à 
2  voix;  —  12»  Variations  pour  clarinette  sur 
linbin-des-Bois  (Paris,  Schlesinger);  —  13°  Pot- 
pourri  pour  piano  et  violon  sur  il  Crociato 
(id.,id.);  —  14°  Variations  pour  violon;  — 
15°  enfin,  des  romances,  lieder,  méloilies  voca- 
les, etc.,  publiés  à  Amsterdam.  Koch,  qui  a 
pris  une  part  de  collaboration  au  journal  inti- 
tulé Amphion,  est  mort  à  Amsterdam  le  30 
juillet  1858. 

lîOCHER    (C ),    théoricien    allemand, 

a  publié  vers  18G0  l'ouvrage  suivant  :  Harmo- 
nik.  Die  Kunsi  des  Tonsatzes  ans  den  grun- 
debmenten  théoretisch  eniwickelt  vnd  prak- 
tisch  dargestellt  {Harmonie.  La  science  de 
la  combinaison  des  sons  développée  théori- 
quement et  exposée  pratiquement),  Stuttgart, 
in-4"  de  210  pages,  avec  de  nombreux  exem- 
ples. 

KOCIPl^^SKI  (Antoine),  pianisle  et  com- 
positeur polonais  du  dix-neuvième  siècle,  s'é- 
tablit comme  éditeur  de  musique  à  Kamienieç- 
Podolski.  Il  est  l'auteur  de  plusieurs  composi- 
tions remarquables  pour  le  piano,  entre  autres  : 
X"  Deux  Polonaises,  op.  5;  2°  Invitation  à 
la  danse;  3°  Quatre  mazurkas,  op.  8; 
4»  Polonaise  et  Trois  mazurkas,  op.  12. 

KOECHEL  (Le  docteur  Ludwig  VON), 
l'un  des  musicographes  les  plus  fameux  de 
l'Allemagne,  naquit  à  Stein  sur  le  Danube 
(Basse-Autriche)  le  14  janvier  1800,  et  mourut 
à  Vienne  le  3  juin  1877.  Après  avoir  été  pré- 
cepteur des  fils  de  l'arcbiiluc  Charles,  il  con- 
sacra toute  son  existence,  à  partir  de  l'année 
1842,  à  des  études  scienliliques  et  surtout  à 
des  travaux  d'érudition  qui  avaient  la  musique 
pour  objet.  On  lui  doit  sur  cet  art  de  nombreux 
écrits  soit  critiques  soit  biographiques;  mais 
son  chef-d'œuvre  est  le  grand  catalogue  thé- 
matique et  chronologique  des  oeuvres  de  Mozart 
{Chronologisch  -  thematisches  Verzeichniss 
sàmmtlicher  Tomcerke  Wol/gang  Amadeiis 
Mozart's),  ouvrage  vraiment  admirable,  qui 
fut  publié  en  1862  (Leipzig,  BreitKopf  et  Hser- 
tel),  et  qui  donne  l'exemple  le  plus  éclatant 
du  parli  qu'un  esprit  sagace  et  ingénieux  peut 
tirer  du  sujet  le  plus  sec  et  le  plus  aride  en 
apparence.  Le  chevalier  de  Kœchel,  qui  avait 
consacré  vingt  années  de  sa  vie  à  ce  travail 
monumental,  a  été  le  promoteur  de  la  belle 
édition  définitive  des  œuvres  de  Mozart  publiée 
par  la  maison  Breifkopf  et  Hajrtel,  et  il  y  a 
contribué,    non-seulement  de  ses  lumières   et 


44 


KQKGHEL  —  ROLAR 


de    son    travail,    mais   encore    d'une  notable 
partie  de  sa  fortune. 

*  KOEIILER  (Loiis).  Le  nombre  des  œuvres 
pour  le  piano  publiées  parce  compositeur  s'élève 
aujourd'hui  à  environ  300;  ces  œuvres  com- 
prennent des  études,  des  exercices,  des  sonates, 
et  quelques  fantaisies  soit  originales,  soit  écrites 
sur  des  mélodies  célèbres.  Le  second  volume 
de  sa  Méthode  instructive  et  systématique  de  pia- 
no (Sijsiematische  Lehrmethode  fur  Klaviers- 
pielund  Musik)  a  paru  en  1858.  M.  Kœliler 
a  fondé  à  Kœnigsberg  une  école  pour  l'enseigne- 
ment du  piano  et  de  la  théorie  de  l'art,  école 
dans  laquelle  se  sont  formés  un  grand  nombre 
de  très-bons  professeurs  des  deux  sexes.  Cet 
artiste  s'est  fait  connaître  aussi  comme  écrivain 
musical  :  il  a  pris  une  part  active  à  la  rédaction 
de  plusieurs  feuilles  spéciales  importantes, 
entre  auties  la  Nouvelle  Gazette  musicale 
de  Berlin  et  les  Signale,  de  Leipzig,  et  il  a 
publié  divers  ouvrages  estimés  sur  l'enseigne- 
ment. 

KOELLIIVG  (Charles)j  pianiste  et  composi- 
teur, né  sans  doute  en  Allemagne,  ne  m'est 
connu  que  par  les  litres  de  quelques-unes  de 
ses  publications.  Cet  arliste  n'a  guère  livré 
au  public  moins  de  deux  cents  pelites  compo- 
sitions de  genre  pour  le  piano,  qui  paraissent 
avoir  été  accueillies  avec  faveur  par  les  ama- 
teurs de  cette  sorte  de  musique. 

KOEMPEL  (Auguste),  violoniste  allemand 
fort  remarquable,  né  à  iiriickenau  le  15  aoilt 
1831,  fut  à  Cassel  l'un  des  meilleurs  élèves  de 
Spolir,  et  travailla  aussi  à  Leipzig  avec  Ferdi- 
nand David  et  à  Hanovre  avec  M.  Joacbim. 
Il  s'est  fait  de  bonne  heure  une  réputation 
dans  sa  |)atrie,  et  occupait  le  poste  de  violon- 
solo  du  roi  de  Hanovre  lorsqu'il  vint  se  produire 
en  France  pour  la  première  fois.  Le  4  mars 
1860,  dans  une  des  séances  de  la  Société  des 
jeunes  artistes,  dirigée  par  M.  Pasdeloup,  M. 
Kci'nipel  se  faisait  entendre  dans  le  8'  concerto 
de  son  maître  Spohr,  qu'il  exécutait  d'une 
façon  magistrale,  avec  de  rares  qualités  de 
mécanisme,  une  justesse  retnanjuable  et  un 
style  très-pur;  on  lui  aurait  seulement  désiré 
un  son  plus  velouté  et  plus  distingué.  Son  succès 
néanmoins  fut  très-grand  et  très-légitime.  M. 
Koempel  revint  à  i^aris  en  1867,  et  se  tit  en- 
tendre à  l'Athénée,  dans  le  môme  concerto  ; 
l'accueil  qui  lui  fut  fait  cette  seconde  fois  ne 
fut  pas  moins  brillant.  Depuis  lors,  la  renoinmce 
de  l'artiste  a  grandi  dans  son  pays,  et  il  est 
aujourd'hui  considéré  comme  l'un  des  virtuoses 
les  plus  accomplis  de  l'Allemagne  contempo- 
raine. Fixé  depuis  1863  à  Weimar,  où  il  remplit 


les  fonctions  de  maître  de  chapelle,  il  y  donne 
chaque  année,  en  compagnie  de  MM.  Edouard 
Lassen  et  Walbrul,  des  séances  de  musique  de 
chambre  qui  obtiennent  le  plus  grand  succès. 

KOETTLITZ  (Adolkhk),  violoniste  remar- 
quable et  compositeur  distingué,  naquit  à  Trêves 
le  27  septembre  1820.  Il  se  produisit  de  très- 
bonne  heure  comme  virtuose,  se  lit  entendre 
avec  succès  à  Cologne  dès  l'âge  de  16  ans, 
après  avoir  reçu  des  applaudissements  dans 
plusieurs  villes  moins  importantes,  et  passa 
ensuite  trois  années  à  Paris,  avec  Liszt.  A  la 
suite  de  ce  séjour  en  France,  il  se  rendit  à 
Rreslau,  puis  à  Kœnigsberg,  en  qualité  de  con- 
certmeister .  En  1856  il  partit  pour  la  Russie 
et  s'établit  à  Uralsk,  où  il  était  chargé  de  la 
direction  d'une  école  de  musique;  il  y  mourut 
par  accident,  le  26  octobre  1860,  dans  une 
partie  de  chasse.  Comme  compositeur,  on  doit 
à  Kœttlitz  des  concertos  de  violon,  des  lieder 
pour  la  voix,  et  plusieurs  quatuors  pour  ins- 
truments à  cordes  qui  lui  ont  valu  une  certaine 
réputation.  —  La  seconde  femme  de  cet  artiste, 
M""  Clotilde  Kœitlitz,  née  Ellendt,  est 
établie  comme  professeur  de  chant  à  Kœnigs- 
berg, où  son  enseignement  est  très-recherché 
et  sa  renommée  très-solide.  Elle  est  née  le  22 
septembre  1822. 

KOEUPPERS  (Jean),  habile  luthier  fla- 
mand du  dix-huitième  siècle,  exerça  son  art 
à  La  Haye  de  1755  à  1780.  Il  passe  pour  le  plus 
remarquable  artiste  en  ce  genre  qu'ait  produit 
son  pays. 

*  KOHAULT  ou  KOHAUÏ  (Joseph). 
Cet  artiste  obtint  de  grands  succès  en  jouant 
au  Concert  spirituel  (1763),  avec  le  violoncel- 
liste Duport,  des  duos  pour  luth  et  violoncelle. 
Dans  le  cours  de  celte  même  année,  il  fit 
exécuter  aussi  au  Concert  spirituel  im  Salve 
regina  à  grand  chœur,  dont  les  récits  étaient 
chantés  par  M'"  Fel  avec  accompagnement  de 
violoncelle  obligé  par  Duport.  Cette  composition 
fut  très-favorablement  accueillie. 

lîOLAU  (M""^^  AUSP1TZ-),  pianiste  fort 
distinguée,  née  à  Prague  vers  18i5,  est  fille 
d'un  savant  IJohémien,  M.  Kolar,  qui  a  traduit 
Shakespeare  en  langue  bohème.  Elle  a  fait  son 
éducalion  musicale  dans  sa  ville  natale,  et  se 
|)roduisit  d'abord,  en  18C0,  à  Vienne,  où  son 
mécanisme  parfait,  la  délicatesse  de  soa  jeu, 
ses  grandes  qualités  d'expression  et  de  senti- 
ment lui  valurent  un  succès  légitime.  Elle 
épousa  peu  de  temps  après  un  médecin,  M.  le 
docteur  Auspilz,  et  se  fit  entendre  en  1869  à 
Londres,  dans  les  séances  de  Wnion  musi- 
cale,   dirigée    par   M.    John  Ella,  où  elle  fut 


ROLAR  —  RORSOFF 


45 


accueillie  avec  la  plus  grande  faveur.  J'ignore 
ce  qu'elle  estti'venue  depuis  lors. 

KOLBE  (Oscar),  pianiste,  compositeur  et 
professeur,  né  à  Berlin  le  10  août  1836,  est 
mort  en  cettte  ville  au  mois  de  janvier  1878. 
Fils  d'un  graveur  et  devenu  orphelin  dès  l'âge 
de  neuf  ans,  il  fut  placé  à  l'orphelinat  royal  d'O- 
ranienburg,  où  il  commença  l'étude  du  piano 
et  du  violon,  et  de  là  fut  admis,  en  1849,  au 
Gymnase  de  Berlin.  En  1852  il  entra  à  l'Inslitut 
royal  de  cette  ville,  où,  sous  la  direction  de 
MM.  Lœschorn,  A.  W.  Bach  et  E.  Grell,  il  se 
perfectionna  dans  l'étude  du  piano  et  apprit 
l'orgue,  le  chant,  l'harmonie  et  la  composition. 
Enfin,  après  être  devenu  pendant  deux  ans  élève 
de  l'Académie  royale,  il  se  livra  à  l'enseigne- 
ment du  piano  et  du  chant  en  cultivant  la  com- 
position, et  de  1859  jusqu'à  1875  fut  attaché  au 
Conservatoire-Stern  à  Berlin,  comme  profes- 
seur de  la  classe  de  piano  d'ensemble. 

Kolbe  a  publié  un  Manuel  de  l'enseignement 
général  de  la  basse  {General  basslehre),  Leip- 
zig, 1872,  et  un  Manuel  de  renseignement  de 
Vharmonie  {Harmonielehre),  Leipzig,  1873. 
On  lui  doit  aussi  toute  une  série  de  compositions 
pour  le  piano  et  pour  le  chant,  des  lieder,  des 
arrangements  mélodramatiques  (Melodrama- 
tische  Bearbeitungen),  et  un  oratorio  intitulé 
Johannes  der  Tàufer  {Saint- Jean- Baptiste), 
qui  fut  exécuté  à  Berlin  en  1872.  Ce  dernier 
ouvrage  lui  valut  le  titre  de  directeur  de  mu- 
sique. 

KOMAN  (Henri),  pianiste  et  compositeur, 
est  né  en  1828  à  Varsovie.  Son  père  avait  été 
chef  de  musique  dans  l'ancienne  armée  polo- 
naise, et  sa  mère  était  Italienne.  Après  avoir 
fait  ses  premières  études  musicales  avec  son 
père,  qui  lui  enseigna  le  piano  et  l'orgue,  il  se 
fortifia  en  se  mettant  sous  la  direction  d'Elsner, 
directeur  du  Conservatoire  de  Varsovie.  Il  se 
fit  entendre  ensuite  dans  les  concerts,  et  acquit 
une  certaine  réputation  de  virtuose  et  de  com- 
positeur. Aujourd'hui,  il  est  professeur  de  la 
classe  supérieure  de  piano  au  Conservatoire. 
M.  Koman  a  publié  pour  cet  instrument  un 
certain  nombre  de  compositions,  parmi  lesquelles 
on  remarque  :  2  sonates  (en  7ni  bémol  mineur 
et  en  fa  mineur),  4  Nocturnes,  une  Polonaise, 
un  Impromptu,  une  Valse  de  concert,  5  Ma- 
zurkas, une  BarcaroUe,  un  Andante,  une  In- 
troduction et  Étude,  etc.,  etc. 

KOMEXDA  (Antoine),  professeur  et  com- 
positeur allemand,  naquit  le  18  janvier  1795  à 
Raps,  dans  la  Basse-Autriche.  Destiné  (lar  sa 
famille  à  l'état  ecclésiastique,  il  perdit  un  oeil 
étant  encore  enfant,  et  la  fatigue  de  celui  qui 


lui  restait  ne  lui  permit  pas  de  terminer  les 
études  de  littérature  et  de  théologie  qu'il  avait 
commencées.  Il  se  lourna  alors  vers  la  musique, 
et  étudia  simultanément,  sous  la  direction  d'uQ 
prêtre,  le  violon,  le  diant,  le  piano  el  l'orgue. 
iNommé  en  1811  professeur  à  l'école  de  musique 
de  Closterneubourg,  il  devint  ensuite  maître 
de  chapelle  du  chapitre  et  de  la  ville.  En  1847 
il  se  vit  obligé,  par  suite  du  faible  état  de  sa 
santé,  de  prendre  sa  retraite  de  ces  deux  em- 
plois et  d'abandonner  l'enseignement  pour  ne 
plus  s'occuper  que  de  composition.  M.  Komenda 
a  écrit  plus  de  soixante  œuvres,  parmi  lesquelles 
on  remarque  plusieurs  symphonies  et  quelques 
concertos  ;  mais  il  a  su  faire  briller  surtout  son 
talent  dans  la  musique  religieuse,  et  l'on  assure 
que  ses  compositions  en  ce  genre  se  distin- 
guent par  le  caractère  élevé,  noble  et  sévère 
qu'il  a  su  leur  iipprimer. 

KOiMOROWSKI  (Ignace),  compositeur 
polonais,  né  dans  la  première  moitié  de  ce  siècle, 
s'est  fait  connaître  par  un  certain  nombre  de 
compositions  vocales  distinguées,  qu'il  chante 
lui-même  avec  talent  en  s'accompagnant  avec 
habileté,  et  qui  ont  été  publiées  pour  la  plupart 
chez  les  éditeurs  Spies  et  C"  et  J.  Klukowski 
à  Varsovie,  ainsi  que  chez  Friediein.  Les  mélo- 
dies de  M.  Komorowski  sont  empreintes,  dit- 
on,  d'un  parfum  national  qui  les  fait  particuliè- 
rement bien  accueillir  par  tous  les  Polonais. 
On  cite  surtout  de  lui  un  chant  pour  voix 
seule,  intitulé  Kalina,  et  un  Chant  de  Marie, 
pour  .solo  et  chœur. 

*  ItOi\II\G  (David),  pianiste,  compositeur 
et  professeur  néerlandais,  est  mort  à  Amsterdam 
le  6  novembre  1876.  Il  était  né  à  Rolterdain  le 
19  m;irs  1820. 

*  KOIVTSKI  (Charles  DE),  est  mort  à 
Paris,  le  27  août  1867.  Cet  artiste  avait  fait,  pen- 
dant plusieurs  années,  partie  de  l'orchestre  de 
rOpéra-Comique  en  qualité  de  premier  violon. 

KOPFFER     ( ),     musicien    allemand, 

est  l'auleur  de  Frifjhof,  opéra  qui  a  été  repré- 
senté sur  l'un  des  théâtres  de  Berlin  le  11  avril 
1871. 

KOPKOSCHI\Y  ( ).  Un  compositeur 

de  ce  nom  a  écrit  la  musique  d'un  opéra- co- 
mique intitulé  Saint- .Mcolas,  qui  a  été  repré- 
senté avec  succès  sur  la  scène  du  théâtre  na- 
tional de  Prague,  au  mois  de  décembre  1870. 

'     KORSOFF  ( ),  un  des  chanteurs  russes 

les  plus  estimés  de  l'époque  actuelle,  a  com- 
mencé sa  carrière  artistique  en  Italie,  où  il  fut 
l'élève  lie  M.  Corsi.  Doué  d'une  belle  voix  de 
baryton,  qu'il  conduit  avec  goût  et  avec  style, 
il  retourna  en   Russie  après   plusieurs  années 


46 


KORSOFF  —  RRAKAMP 


passées  en  Italie,  se  consacra  à  l'iiiteipietalioii 
de  l'opéra  national  russe,  et  devint  l'un  des 
artistes  les  plus  aimés  du  théâtre  Marie,  deSaint- 
Pélersbours?,  où  son  succès  tut  grand  surtout 
dans  un  ouvrage  du  compositeur  Sérotf,  Ju- 
di/lt,  et  dans  les  traductions  de  Guillaume 
J'ell  et  de  Faust,  où  il  remplit  les  rôles  de 
Guillaume  et  de  Valentin.  Chaque  année,  M. 
Korsoff  donne  une  série  de  concerls  dans  les- 
quels il  se  plaît  à  faire  connaître  au  public 
moscovite  les  meilleures  compositions  des  mu- 
siciens étrangers,  et  paiticulièrement  les  œuvres 
des  artistes  français  contemjjorains,  MM.  Gou- 
nod,  Rojer,  Massenet,  etc.,  pour  lesquels,  dit- 
on,  il  éprouve  une  vive  sympathie. 

KOSCHAT  (TiioMA*),  compositeur  alle- 
mand contemporain,  a  publié,  parliculièrement 
chez  l'éditeur  Leuckart,  à  Leipzig,  environ  vingt- 
cinq  œuvres  de  chœurs  qui  paraissent  avoir  été 
tnen  accueillis  par  le  public.  Les  composilions 
diverses  de  cet  artiste  atteignent  le  chiffre  de 
plus  de  deux-cents. 

KOSMOWSKI    ( ),     habile     facteur 

d'orgues,  vivait  à  Varsovie  au  dix-huitième 
siècle,  et  était  qualifié  du  titre  de  facteur  d'or- 
gues du  roi  de  Pologne.  11  fut  chargé,  en  1721, 
de  construire  l'orgue  de  la  chapelle  de  Sainte- 
Marie  de  Czenstochowa,  instrument  qui  lui  fut 
payé  4,000  florins  de  Pologne. 

KOWALSKI  (Henri),  pianiste  et  composi- 
teur, né  à  Paris  en  1841,  n'a  fait  que  passer  au 
Conservatoire,  où  il  a  été  un  instant  l'élève  de 
M.  Marmontel  pour  le  piano,  et  de  M.  Reber 
pour  l'harmonie.  Il  s'est  fait  connaître  d'a- 
bord comme  virtuose  en  se  faisant  entendre 
fréquemment  dans  les  concerts,  et  a  publié  en- 
suite un  certain  nombre  de  compositions  légères 
pour  le  piano.  Après  un  voyage  artistique,  en 
Angleterre,  en  Allemagne  et  en  Amérique,  il 
a  livré  aussi  au  public  l'écrit  suivant  :  A  ira- 
vers  l'Amérique,  impressions  d  un  musicien 
(Paris,  Lachaud,  1872,  in-8"),  absolument  insi- 
gnifiant et  dénué  d'intérêt.  Quelques  années 
après,  le  24  décembre  1877,  cet  artiste  faisait 
représenter  au  Thcàlre-Lyrique  un  grand  opéra 
en  4  actes,  Gilles  de  Bretagne,  dont  l'insuccès 
fut  éclatant  et  qui  ne  put  être  joué  plus  de 
trois  fois.  Parmi  les  morceaux  de  piano  publiés 
par  M.  Kowalski,  il  faut  signaler  une  Marche 
hongroise,  qui  a  obtenu  une  sorte  de  vogue. 
Je  signalerai  aussi  :  12  Caprices  en  forme  dé-' 
ludes,  op.  10  ;  Dansedes  Dryades  ;  Sur  l'Adria- 
tique, barcarolle,  op.  9  ;  Polonaise,  op.  10  ; 
Bans  les  bois,  op.  12;  3  Mazurkas  caractéris- 
tiques ;  Galop  de  bravoure;  etc. 

HOZOLT  ( ),  professeur  de  musique 


au  séminaire  de  Posen  vers  1838,  s'est  fait 
connaître  comme  compositeur  en  mettant  en 
musique  Six  Chants  religieux  de  Wroblewski 
et  en  écrivant  un  certain  nombre  de  mélodies 
vocales,  que  l'on  dit  conçues  dans  un  très-bon 
style. 

HR^AIER  (Tralgott),  violoniste  et  com- 
positeur, né  à  Cobourg  le  19  novembre  1818, 
a  coiiimencé  de  bonne  heure  l'élude  de  la 
musique,  et  a  terminé  son  éducation  artistique 
au  Conservatoire  de  Prague,  doiit  il  a  été  l'élève 
pendant  trois  années,  de  1834  à  1837.  H  revint 
ensuite  dans  sa  ville  natale,  on  au  bout  de  peu 
(le  temps  il  fut  nommé  concerlmeisler  (1854) 
lie  la  chapelle  du  duc  de  Saxe-Cobourg  et  Go- 
tha, On  doit  à  cet  artiste  estimable  d'assez 
nombreuses  composilions,  parmi  lesquelles  je 
(itérai  une  symphonie,  une  ouverture  de  con- 
cert, plusieurs  quatuors  pour  instruments  à 
cordes,  diverses  cantates,  et  enfin  des  chants 
et  des  lieder  avec  accompagnement  de  piano. 

KRAHL  (K -F ),  professeur  de  mu- 
sique à  Varsovie,  s'est  fait  connaître  comme 
compositeur,  il  y  a  une  trentaine  d'années,  par 
la  publication  à  Berlin,  chez  l'éditeur  Simon, 
des  morceaux  de  piano  suivants  :  1°  Huit  varia- 
tions {Johbi)i  Liedertich);  2"  neuf  variations 
sur  une  mazurke  favorite;  3°  variations  sur 
Schdne  Minka. 

*  KRAKAMP  (Emannuel),  flûtiste  et  com- 
positeur, est  né,  non  en  Allemagne  vers  1815, 
comme  il  a  été  dit  par  erreur,  mais  à  Palerme, 
le  3  février  1813.  Fils  d'un  chef  de  musique 
militaire,  il  commença  avec  son  père  l'étude  de 
la  flûte,  et  devint  rapidement  un  virtuose  dis- 
tingué. M.  Krakamp  a  beaucoup  voyagé,  et, 
après  s'être  fait  entendre  à  Messine,  à  Catane, 
a  Malte,  il  partit  pour  l'Amérique,  se  produisit 
comme  virtuose  dans  toutes  les  grandes  villes 
des  États-Unis,  du  Canada,  des  Antilles  et 
du  Mexique,  puis  revint  en  Europe  et  se  trouvait 
à  Naples  en  1837.  Devenu  chef  de  musique  du 
92"  régiment  écossais  à  Corfou,  il  revenait  à 
Naples  en  1841,  était  nommé  l'année  suivante 
sous-inspecteur  des  classes  externes  du  Conser- 
vatoire de  San-Pielro  a  Majella  et  première  llùte 
de  la  nmsique  du  comte  de  Syracuse,  et  se 
voyait  contraint  démigrcr,  en  1848,  pour  avoir 
pris  part  aux  événements  politiques  du  15  mai. 
S'élant  relugié  à  Rome,  il  devenait  chef  de  mu- 
sique de  la  première  légion  romaine  avec  le 
grade  de  sous-lieutenant,  et  prenait  part  à 
tous  les  combats  soutenus  par  elle.  Après  la 
chute  de  la  République,  il  reprenait  sa  vie  no- 
made de  virtuose,  et  se  faisait  entendre  dans 
presque  toutes  les  grandes  capitales  de  l'Europe, 


KRAKAMP  —  RRAUSS 


47 


puis  à  Alexandrie,  au  Caire,  à  Malte  et  à  Tunis. 
De  retour  dans  sa  patrie  en  1860,  M.  Krakamp 
était  iiouimé  professeur  des  classes  d'instruments 
à  vent  en  bois  au  Conservatoire,  position  qu'il 
écliangea  en  1874  contre  celle  de  professeur  de 
solfège  parlé.  Il  est  en  mérne  temps,  depuis 
1867,  professeur  de  llùte  à  VAlbergodé'po- 
veri. 

M.  Krakamp  n'a  pas  écrit  moins  de  555 
œuvres  pour  la  llûte,  toutes  publiées,  parmi 
lesquelles  on  remarque  30  Éludes  caractéris- 
tiques, 12  Éludes-Caprices,  une  Grande  Mé- 
thode, 2  Albums,  etc.  Il  a  publié  en  outre  des 
Méthodes  pour  la  clarinette,  pour  le  hautbois 
et  pour  le  basson,  qui  ont  été  approuvées  par 
tour>  les  Conservatoires  d'Italie. 

KRA]\1ER(II ),  luthier  allemand,  était 

établi  à  Vienne  au  commencement  du  dix-liui- 
lième  siècle.  On  trouve,  dans  la  collection  de  la 
Gesellschaft  der  Mustkfreunde  de  celle  ville, 
une  viola  di  bordone  signée  du  nom  de  cet 
artiste  et  datée  de  1717. 

KRASCROPOLSKV    ( },     musicien 

russe  ou  polonais  contemporain,  est  l'auteur 
d'un  opéra  intitulé  Lesta,  qui  a  été  représenté 
en  Russie  il  y  a  quelques  années. 

KUAUS  (Alessandro),  pianiste  et  écrivain 
musical,  est  né  à  Florence  le  12  octobre  1853, 
d'un  père  d'origine  et  de  naissance  allemandes, 
établi  en  cette  ville  depuis  longues  années. 
Élève  de  son  père  (1),  qui  l'accompagna 
en  France  et  en  Allemagne  dans  un  voyage 
entrepris  pour  lui  faire  compléter  son  éducation 
musicale,  il  s'est  livré  à  l'enseignement  du 
piano,  tout  en  s'occupant  avec  ardeur  de  tra- 
vaux historiques  sur  l'art.  Sous  ce  rapport,  M. 
Kraus  n'a  encore  publié  jusqu'ici  qu'un  opus- 
cule ainsi  intitulé  :  le  Quattro  Scale  diatoni- 
che  délia  moderna  Tonaliià  (s.  I.  n.  d.  [Flo- 
rence, 1874],  in-8°de  7  pp.),  écrit  dont  il  a  été 
fait,  à  Florence  même,  une  édition  française 
sous  ce  titre  :  les  Quatre  Gammes  diatoniques 
de  la  tonalité  moderne,  proposition  d'Alexan- 
dre Kraus  fils;  mais  on  assure  qu'il  travaille 
activement  à  une  Histoire  des  divers  instru- 
ments de  musique,  et  les  journaux  italiens 
ont  annoncé  en  1877  la  prochaine  publication 
de  deux  écrits  de  ce  jeune  artiste  :  Storia  de'' 
musicisti  fiorentini,  et  Storia  delV  Istituto 
musicale  di  firehze  e  délia  sua  bihlioteca  ; 
jusqu'ici  pourtant  ces  deux  ouvrages  n'ont  pas 
paru.  On  doit  à  M.  Kraus  le  recueil  suivant  : 
Eserctzi  elementari  per  sciogliere  le  dita  ai 
pianisti  (Florence,  1873). 

(1)  M.  Alissandro  Kraus  père  e$t  né  h  Franefort-6ur- 
le-Mein  k'  6  août  1820. 


KRAUSE  (Antoine),  pianiste  et  compositeur 
allomaïul,  né  à  Geithain  le  9  novembre  1834, 
a  fait  ses  études  musicales  au  Conservatoire  de 
Leipzig.  Devenu  en  1859  directeur  de  musique 
dans  une  ville  secondaire,  à  Barmen,  je  crois, 
il  s'y  est  livré  avec  ardeur  à  l'enseignement  en 
même  temps  qu'à  la  composition.  La  plupart 
des  œuvres  de  M.  Antoine  Krause  ont  été  pu- 
bliées par  la  maison  IJrdlkopf  et  Hsertel,  de 
Leipzig  ;  on  y  remarque,  entre  autres  :  3  Sonates 
pour  piano,  op.  1;  Étude  du  trille  sur  le  piano, 
op.  2;  Sonate  pour  le  piano  à  4  main.s,  op.  3; 
10  Éludes  pour  le  piano,  adoptées  par  le  Conser- 
vatoire de  Leipzig,  op.  5;  Sérénade  pour  le 
piano  à  4  mains,  op.  6;  2  Sonates  pour  le  piano, 
op.  10;  3  lieder  avec  accompagnement  de 
piano,  op.  11  ;  3  Sonates  pour  le  piano,  op.  12  ; 
Prélude,  Menuet  et  Toccata  pour  le  piano,  op. 
13  ;  3  lieder  pour  ténor  ou  soprano,  avec  piano, 
op.  14;  10  Études  pour  le  piano,  en  2  livres, 
op.  15  ;  Kyrie  pour  voix  seule,  chœur  et  or- 
chestre, op.  16;  Sanctus  et  Benedictus  pour 
voix  seule,  chœur  et  orchestre,  op.  16;  Sonate 
pour  deux  pianos,  op.  17  ;  2  Sonates  pour  piano 
à  4  mains,  op.  18;  2  Sonates  pour  piano,  op. 
19;  2  Sonates  pour  piano  à  quatre  mains,  op. 
20;  2  Sonates  pour  piano,  op.  21;  2  Sonates 
pour  piano  à  quatre  mains,  op.  22  ;  3  Sonates 
pour  piano  et  violon,  op.  23;  2  Sonates  pour 
piano,  op.  24  ;  2  Sonates  pour  piano,  op.  26. 

KRAUSE   (G ),    maître  de  chapelle  à 

Sarrebruck,  a  fait  représenter  en  cette  ville,  le 
15  avril  1866,  un  opéra-comique  en  deux  actes, 
intitulé  le  Maitre  d'école  du  village. 

Un  artiste  du  même  nom,  M.  Emile  Krause, 
a  publié  en  Allemagne,  dans  ces  dernières  an- 
nées, une  trentaine  de  cojupositions  pour  le 
piano. 

*  KHAUSHAAR  (Otto),  compositeur 
allemand,  est  mort  à  Cassel  le  23  novembre 
1866. 

KRAUSS  (Marie-Gabrielle),  cantatrice 
remarquable,  fille  d'un  employé  ministériel  de 
l'empire  d'Autriche,  est  née  à  Vienne  le  23 
mars  1842.  Douée  de  rares  dispositions  pour 
la  musique,  que  venait  seconder  une  vive  intel- 
ligence, elle  reçut,  dit-on,  ses  premières  leçons 
(le  sa  sœur  aînée,  et  à  peine  âgée  <le  onze  ans, 
en  1853,  elle  entrait  au  Conservatoire  de  Vienne. 
Elle  fit  dans  cet  établissement  de  brillantes 
études,  y  travailla  le  piano  et  l'harmonie,  et 
devint  bientôt  l'une  des  élèves  favorites  de 
M'"'  Marchés!,  le  célèbre  professeur  de  chant. 
Ces  études  furent  couronnées  par  toutes  les 
récompenses  auxquelles  une  élève  puisse  aspi- 
rer, et  M"'  Krauss  était  encore  au  Conservatoire 


48 


RRAUSS 


lorsqu'un  engagement  lui  fut  offert  par  la 
direction  de  l'Opéra  impérial,  et  accepté  par 
elle. 

La  jeune  cantatrice  débuta  à  ce  théâtre  le 
20  juillet  1860,  d'une  façon  très-lieureuse,  par 
le  rôle  de  Matliilde  de  Guillaume  Tell,  et 
chanta,  dans  le  cours  de  sa  première  année, 
ceux  de  Berlha  du  Prophète,  d'Alice  de  Robert 
le  Diable,  de  Pamina  de  la  Flûte  enchantée, 
de  Gabrielle  àhine  Nuit  à  'Grenade,  d'Agallie 
du  Freischiiiz,  d'Elisabeth  du  Tannhauser, 
d'Elvire  et  d'Anna  de  Don  Juan,  enlin  d'Eisa 
de  Lohengrin.  Très-bien  accueillie  par  le  public 
dès  ses  premiers  essais,  elle  entra  de  plus  en 
■plus  dans  ses  bonnes  grâces,  à  mesure  que  la 
diversité  des  rôles  qu'elle  était  chargée  d'inter- 
préter donnait  des  preuves  incontestables  de 
la  souplesse  de  son  talent,  de  la  sûreté  de  son 
style,  et  de  ses  rares  facultés  scéniques.  M"* 
Krauss  put  affirmer  davantage  encore  ses  belles 
qualités  en  se  montrant  bientôt  dans  un  grand 
nombre  d'ouvrages  de  genres  et  de  caractères 
très-divers  :  les  Huguenots,  le  Vaisseau  fan- 
tôme, la  Dame  blanche,  il  Trovatore,  Cosi 
fan  tutte,  Fidelio,  Lalla  Roukh,  Belisario, 
Eurynnthe,  Ernani,  la  Croisade  des  Dames, 
Gustave  III,  Lucrezia  Borgia,  les  Noces  de 
Figaro,  Zampa,  Maria  di  Rohan,  etc. 

Les  succès  de  M'"  Krauss  croissaient  de  jour 
en  Jour,  et  il  était  facile  de  voir  que  la  jeune 
artiste  était  destinée  à  parcourir  une  carrière 
exceptionnellement  brillante.  M.  Bagier,  alors 
■directeur  du  Tliéâtre-ltalien  de  Paris,  ayant 
été  à  même  de  l'entendre  à  Vienne,  lui  proposa 
un  engagement;  M"'  Krauss  accepta,  et  débuta 
sur  notre  scène  italienne,  le  6  avril  1866,  dans 
il  Trovatore,  après  quoi  elle  chanta  Lucrezia 
Borgia.  Le  public  parisien  était  à  cette  époque 
sous  l'inllucnce,  on  pourrait  dire  sous  la  fasci- 
nation d'une  cantatrice  d'un  autre  genre,  M"* 
Adelina  Patti,  dont  la  voix  insolemment  belle 
et  la  facilité  d'exécution  semblaient  tenir  du 
prodige.  Tenu  sous  le  charme  de  cette  nature 
luxuriante  et  vraiment  extraordinaire,  ce  public 
parut  ne  porter  qu'une  attention  distraite  au 
talent  si  pur,  au  style  si  noble,  à  l'iiitelligence 
si  remarqual)le  de  la  nouvelle  venue.  Seule, 
la  critique,  se  voyant  en  présence  d'une  artiste 
de  premier  ordre,  aussi  grande  au  point  de  vue 
dramatique  que  sous  le  rapport  de  l'art  vocal, 
l'accueillit  comme  elle  le  méritait  et  sut  lui 
rendre  la  justice  qui  lui  était  due.  M"'  Krauss 
revint  à  Paris  la  saison  suivante,  et,  cette  fois, 
trouva  une  réception  digne  d'elle  et  de  son 
admirable  talent.  Elle  se  montra  successive- 
ment dans  quelques-uns  de  ses  meilleurs  rôles  : 


Lucia  di  Lamermoor,  où  on  la  voyait  touchante 
et  résignée  ;  Norma,  où  elle  déployait  une 
puissance  pathétique  irrésistible;  Poliuto,  où 
elle  semblait  atteinte  d'une  flamme  surnaturelle; 
Fidelio  enfin,  où  elle  poussait  jusqu'au  sublime 
l'intensité  et  la  grandeur  de  la  passion.  On  la 
vit  aussi  dans  Otello,  Semiramide,  il  Tem- 
plario,  «H  Ballo  in  Mascheru,  Don  Giovan- 
ni, Rigoletto,  puis  dans  un  opéra  inédit  de 
M"'  de  Grandval,  Piccolino.  Dans  ces  derniers 
ouvrages,  M"°  Krauss  sut  coni]uorir  de  haute 
lutte  l'approbation  et  l'affection  d'un  pid)lic  qui, 
tout  d'abord,  s'était  à  son  égard  montré  sin- 
gulièrement réservé,  et  bientôt  elle  fut  on  pos- 
session de  toutes  ses  sympathies. 

Les  événements  politiques  vinrent,  en  1870, 
éloigner  M^"  Krauss  de  la  France.  En  1872, 
nous  la  retrouvons  au  théâtre  San-Carlo,  de 
Naples,  on  elle  obtient  de  très-grands  succès 
et  où  elle  contribue  puissamment,  par  sa  pré- 
sence, à  la  réussite  d'un  opéra  nouveau  de  Pe- 
trella,  Manfrcdo.  Dès  les  premiers  jours  de 
l'année  suivante,  elle  fait  son  appaiilion  à  la 
Scala,  de  Milan,  où  elle  crée  aussi  le  rôle  prin- 
cipal d'un  nouvel  ouvrage  de  M.  Carlos  Gomes, 
Fosca.  Au  mois  d'octobre  1873,  elle  revient  au 
Théâtre-Italien  de  Paris;  au  mois  de  février 
1874,  elle  va  jouer  à  Naples  Aida,  et  donner 
encore  l'appui  de  son  talent  au  compositeur 
Petrella  pour  sa  Bianca  Orsini;  puis,  de 
retour  à  Paris,  elle  se  décide,  sur  de  vives  ins- 
tances, à  aborder  la  carrière  française  et  à  signer 
un  engagement  avec  la  direction  de  l'Opéra. 
Mais  comme  elle  ne  devait  faire  ses  débuts  que 
dans  la  nouvelle  salle,  qui  n'était  pas  encore 
prête,  elle  va  passer  une  saison  au  théâtre  ita- 
lien de  Saint-Pétersbourg. 

C'est  le  5  janvier  1875,  jour  de  l'inauguration 
du  nouveau  théâtre  de  l'Opéra,  que  M"^  Krauss 
parut  pour  la  première  fois  dans  le  répertoire 
français.  M;iis  le  spectacle  de  cette  soirée  n'é- 
tant composé  que  de  fragments,  le  véritable 
début  de  la  cantatrice  eut  lieu  seulement  le  8 
janvier,  dans  le  rôle  de  Rachel  de  la  Juive.  Son 
succès  ne  fut  pas  douteux  un  instant,  malgré 
la  difficulté  que  présentait  pour  l'artiste  l'ar- 
ticulation d'une  langue  qui  ne  lui  était  pas  en- 
core familière  au  i»omt  de  vue  vocal.  Bientôt  elle 
se  montra  dans  les  rôles  de  Valenline  des  Hu- 
guenots, de  donna  Anna  de  Don  Juan  et  d'Alice 
de  Robert- le- Diable,  par  lesquels  elle  gagna 
complètement  les  faveurs  du  public.  Elle  créa 
même  le  rôle  de  Jeanne  dans  la  Jeanne  d'Arc 
de  M.  Mermet,  et  cet  ouvrage  d'une  valeur 
plus  que  médiocre  dut  à  sa  présence  et  à  celle 
de  M.  Faure  de  ne  point  subir  un  sort  plus 


RRAUSS  —  KRETSCHMAR 


49 


fâcheux  encore  que  celui  qui  lui  était  réservé. 
Au  moment  oii  cette  notice  est  écrite  (juin 
1877),  M"'  Krauss  continue  de  faire  partie  du 
personnel  de  l'Opéra. 

Le  talent  de  M"'  Krauss  est  d'autant  plus 
remarquable  que  l'instrument  dont  elle  dispose 
est  loin  d'être  parfait  et  de  répondre  toujours 
à  ses  efforts.  La  voix  de  la  cantatrice,  en  effet, 
si  elle  ne  manque  ni  de  brillant,  ni  d'éclat, 
manque  parfois  de  timbre  et  de  couleur  ;  dans 
certaines  parties  de  l'échelle,  la  sonorité  est 
sourde,  et  c'est  seulement  dans  le  haut  qu'elle 
acquiert  ses  plus  belles  qualités.  Mais  l'éduca- 
tion de  l'artiste  est  si  complète,  son  habileté 
€st  si  grande,  qu'elle  donne  le  change  jusqu'à 
un  certain  point  sur  la  valeur  de  ses  facultés 
vocales.  Le  style  de  M"'  Krauss  est  pur  jus- 
qu'à la  perfection,  son  phrasé  est  magistral,  et 
chez  elle  la  diction  musicale,  surtout  dans  le 
récilalif,  atteint  les  dernières  limites  de  la  gran- 
deur et  de  la  beauté.  Si  l'on  joint  à  ces  qualités 
purement  musicales  la  flamme  puissante  dont 
l'artiste  est  animée,  le  sentiment  pathétique  et 
l'expression  passionnée  dont  elle  fait  preuve,  sa 
grande  intelligence  scénique  et  l'incontestable 
puissance  de  son  accent  dramatique,  on  conce- 
vra l'action  qu'une  telle  artiste  exerce  sur  le 
public  et  l'on  aura  la  raison  des  succès  qui 
ont  marqué  sa  carrière.  M"«  Krauss  est  cer- 
tainement l'une  des  plus  grandes  cantatrices 
dont  l'art  contemporain  puisse  se  glorifier. 

KREBS  (M"'  Mary),  pianiste  remarquable, 
née  à  Dresde  le  5  décembre  18ôl,  est  fille  de 
M.  Charles-Auguste  Krebs,  directeur  de  musi- 
que en  cette  ville  (V.  Biographie  universelle 
des  Musiciens,  t.  V).  .Sa  mère,  M™*  Aloyse 
Krebs,  née  Michalesi.  élait  une  cantatrice  dis- 
tinguée, douée  d'une  fort  belle  voiv  de  mezzo-so- 
prano,  qui  obtint  des  succès  sur  l'une  des  scènes 
italiennes  de  Londres,  et  qui  poursuivit  ensuite 
sa  carrière  en  Allemagne.  Élevée  dans  un  tel 
milieu,  la  jeune  Mary  Krebs  ne  pouvait  qu'y  re- 
cueillir legoiU  et  l'amour  de  l'art  musical. Elève  de 
son  père,  elle  acquit  sous  sa  direction  un  talent  si 
précoce  qu'à  peine  âgée  de  douze  ans,  en  1864, 
elle  fut  par  lui  conduite  en  Angleterre,  et  se 
fit  entendre  à  Londres,  dans  les  belles  séances 
de  \' Union  musicale,  avec  le  plus  vif  succès. 
Une  étonnante  puissance  de  son,  un  mécanisme 
irréprochable,  de  rares  qualités  de  style,  enfin 
une  exécution  dont  l'ensemble  était  en  quelque 
sorte  magistral,  la  firent  accueillir  par  les  An- 
glais avec  une  sympathie  et  une  chaleur  voi- 
sines de  l'enthousiasme.  De  retour  à  Dresde, 
M'"  Mary  Krebs  se  vit  l'objet  des  plus  rares 
prévenances  de  la  part  de  ses  compatriotes,  et 

BIOGR.   UNIV.    DES  MUSICIENS.    —   SUPPL.    — 


reçut  le  titre  de  virtuose  du  roi  de  Saxe.  Elle 
obtint  de  très-grands  succès  dans  diverses  villes 
de  l'Allemagne,  ainsi  qu'en  Bohême,  puis,  en 
1870,  s'embarqua  pour  l'Amérique,  qu'elle  par- 
courut pendant  trois  années,  remportant  par- 
tout de  véritables  triomphes.  Elle  revint  en 
Europe  en  1873,  y  retrouva  toute  la  faveur  du 
public  allemand,  et  en  1875  enthousiasma  de 
nouveau  les  Anglais,  qui  se  portaient  en  foule 
à  ses  concerts.  Depuis  lors  l'éclat  de  sa  carrière 
ne  s'est  pas  ralenti,  et  elle  n'a  cessé  de  ren- 
contrer les  succès  auxquels  elle  était  habi- 
tuée (1). 

KREIPL  (Joseph),  chanteur  et  compositeur 
allemand,  naquit  dans  les  premières  [années 
du  dix-neuvième  siècle.  11  fit  de  bonnes  études 
musicales,  embrassa  d'abord  la  carrière^  dra- 
matique, et  chanta  avec  succès  dans  sa  jeu- 
nesse, à  Linz,  les  rôles  de  ténor.  Plus  tard  il 
s'adonna  à  la  composition,  et  rendit  son  nom 
populaire  par  la  publication  d'un  grand  nombre 
de  lieder,  qui  obtinrent  de  véritables  succès. 
L'un  d'eux  surtout,  intitulé  Maililfterl,  jouit 
d'une  vogue  prolongée.  Cet  artiste  mourut  à 
Vienne,  au  mois  de  juin  1866,  à  l'âge  de  61 
ans. 

KREMPELSETZER  (Georges),  compo- 
siteur allemand,  naquit  à  Vilsbiburg  (Bavière)  le 
20  avril  1827,  et  fit  son  éducation  musicale  sous 
la  direction  de  l'un  des  frères  Lachner.  Devenu 
chef  d'orchestre  du  théâtre  populaire  de  Mu- 
nich, il  fit  représenter  en  cette  ville,  au  mois 
dedécem.bre  1868,  un  opéra-comique  intitulé  le 
Manteati  rouge.  Deux  ans  auparavant,  en  1866, 
il  avait  fait  exécuter  avec  succès,  dans  une  des 
séances  de  la  Société  de  chant  académique  de 
Munich,  un  drame  lyrique  dont  le  titre  était 
Médée  ou  l'Oracle  de  Delphes.  Cet  artiste 
mourut  à  Munich,  le  9  juin  1871. 

KRETSCHMAR  (E ),  professeur  et 

compositeur,  né  à  Wilsdorf,  en  Saxe,  le  25 
juillet  1828,  commença  l'élude  delà  musique 
avec  son  père,  la  continua  au  Gymnase}  de 
Dresde,  où  il  devint  l'élève  de  J.  Otto  et  de 
Ch.  Mayer,  et  enfin  termina  son  éducation  au 


(1)  Une  confusion  que  je  ne  m'explique  pas  s'esl  pro- 
duite au  tome  11  de  la  Biographie  universelle  des  mu- 
siciens, au  mot  :  Christern.  Cet  artisie  y  reçoit  les 
prénoms  de  Charles  Krebs,  et  il  est  dit  qu'une  brocliure 
a  ét(i  publiée  sur  lui  sous  ce  titre  :  Christern  ats 
mensc/i,  coniponist  vnd  dirigent.  Or,  M.  Christern  était 
non  l'objet,  mais  l'auteur  de  cette  brochure,  qui  avait 
tnàt  à  M.  Charles  Krebs,  père  de  M"»  .Mary  Krebs,  et 
dont  voici  le  titre  exact  :  Karl  Krebs  aïs  mensch,  tom- 
ponisl  vnd  dirigent  (Charles  Krebs  comme  homme, 
compositeur  et  chef  d'orchestre). 
T.   II.  4 


ËO 


KRETSCHMAR  -^  KREUTZER 


Conservatoire  de  Leipzig,  avec  Rietz,  Haupt- 
inann,  Richter  et  Moscheles.  Il  entreprit  ensuite 
la  carrière  du  professorat,  se  lixa  à  Arnbeni,  où 
il  enseignait  le  cliant,  le  piano  et  la  théorie  de 
l'art,  et  dans  le  même  temps  se  livrait  à  la 
composition.  On  connaît  de  M.  Kretsclimar  un 
certain  nombre  d'œuvres  de  musique  de  cham- 
bre ;  quatuors  et  trios  pour  piano  et  instru- 
ments à  cordes,  des  sonates  et  divers  morceaux 
pour  le  piano,  des  lieder,  etc.  J'ignore  si  c'est 
cet  artiste,  ou  un  homonyme,  qui  a  pris  part 
à  la  rédaction  de  divers  feuilles  musicales  alle- 
mandes. 

KRETSCIIMEK  (Edmond),  organiste  et 
compositeur  allemand,  est  né  le  31  août  1830  à 
Oslritz,  en  Saxe.  H  a  fait  ses  études  au  Conserva- 
toire de  Dresde,  où  il  eut  pour  maîtres  de  com- 
position Jules  Otto  et  Jean  Schneider.  Son  nom 
ne  commença, à  sortir  de  l'obscurité  qu'en  1865, 
époque  à  laquelle,  ayant  pris  part  à  un  grand 
concours  ouvert  par  l'Association  des  chanteurs 
allemands,  il  remporta  le  prix  avec  une  can- 
tate intitulée  la  Bataille  des  Sceptres.  En 
1868,  il  fut  de  nouveau  proclamé  vainqueur 
d'un  concours  international  organisé  à  Bruxelles 
pour  la  composition  d'une  messe,  concours 
auquel  avaient  pris  part  98  compositeurs  de 
quatorze  nationalités  différentes.  Il  lui  falhil 
attendre  pourtant  jusqu'en  1874  pour  faire  son 
début  au  théâtre,  objet  de  ses  convoitises,  mais 
ce  début  fut  éclatant;  son  opéra  die  lolkunger, 
dont  le  livret  très-dramatique,  inspiré  d'un 
épisode  de  l'histoire  de  Suède,  lui  avait  été 
fourni  par  Mosenthal,  «  le  Scribe  allemand,  » 
fut  représenté  avec  un  très-grand  succès  sur  le 
Ihéàtre  royal  de  Dresde  et  rendit  aussitôt  po- 
pulaire le  nom  du  compositeur.  Cet  ouvrage  fit 
rapidement  le  tour  de  l'Allemagne,  et  dans 
l'espace  de  deux  années  fut  joué  sur  près  de 
cent  théâtres. 

M.  Krelschmer  est,  dit-on,  un  ardent  secta- 
teur des  doctrines  et  des  procédés  de  M.  Ri- 
chard Wagner,  dont  il  reproduit  jusqu'à  un 
certain  point  les  qualités,  les  défauts,  et  surtout 
l'étonnante  inégalité.  Les  juges  sincères  qui 
ont  entendu  son  premier  ouvrage  affirment  que 
l'influence  de  l'auteur  de  Tristan  et  Iseulde 
s'y  fait  un  peu  trop  sentir;  la  partition  des 
Folkunger,  ajoutent-ils,  est  d'ailleurs  puissante 
dans  quelques-unes  de  ses  parties,  l'orchestre 
Y  est  assez  bien  traité,  l'harmonie  est  originale, 
quoique  souvent  tourmentée,  mais  c'est  dans 
la  vigueur  et  la  netteté  du  rhythme  que  le 
compositeur  a  trouvé  la  meilleure  partie  de 
ses  effets;  ce  qui  manque  dans  les  l'olliungcr, 
ce  n'est  ni  la  grandeur,  ni  la   force,  c'est  la 


passion  humaine,  c'est  surtout  la  tendresse, 
c'est,  en  un  mot,  l'émoi  ion. 

Quoi  qu'il  eu  soit,  l'opéra  de  M.  Krelschmer 
a  obtenu  par  toute  l'Allemagne  un  succès  in- 
contestable Depuis  lors,  le  compositeur  a  écrit 
les  paroles  et  la  musique  d'un  nouvel  ouvrage 
dramatique,  Heinrich  der  Lœwe  [Henri  le 
Lion),  opéra  en  4  actes,  qui  a  été  représenté 
pour  la  première  fois  au  Studttheater  de  Leip- 
zig, le  8  décembre  1877,  et  qui,  comme  le  pré- 
cédent, a  obtenu  toute  la  faveur  du  public.  On 
a  constaté  que  cet  ouvrage,  de  même  que  les 
Folkunger^  était  écrit  avec  un  incontestable 
talent,  mais  toujours  avec  une  recherche  visible 
et  parfois  excessive  de  l'effet  matériel,  et  que 
l'auteur  continuait  de  prendre  M.  Richard  Wag- 
ner comme  type  et  comme  modèle.  Depuis  lors, 
on  a  annoncé  que  M.  Krelschmer  travaillait  à 
un  troisième  opéra  qui  aurait  pour  titre  l'Exi- 
lé. Jusqu'ici,  cet  ouvrage  n'a  pas  paru  à  la 
scène.  M.  Krelschmer,  qui  a  le  titre  d'orga- 
niste du  roi  de  Saxe,  a  publié  plusieurs  com- 
positions religieuses,  parmi  lesquelles  une  messe 
à  quatre  voix  et  orgue,  œuvre  fort  importante, 
qui  se  fait  remarquer  par  la  science  que  l'au- 
teur y  a  déployée,  mais  où  l'on  voudrait  un 
peu   plus  de   chaleur  et  surtout   d'inspiration. 

KREUEL  (Puis),  conventuel  d'Einsiedeln, 
né  à  Zug  en  1629,  mort  en  1696,  fut  un  des 
facteurs  d'orgues  les  plus  estimés  de  la  Suisse 
au  dix- septième  siècle. 

*  KREUTZER  (Rodolphe).  A  la  liste  des 
ouvrages  dramatiques  de  cet  artiste,  il  faut 
ajouter  les  suivants  :  1°  la  Journée  du  10  août 
1792,  ou  la  Chute  du  dernier  tyran,  4  actes, 
Opéra,  10  août  1795;  2°  l'Heureux  Retour, 
divertissement  (en  société  avec  Certon  et  Per- 
suis).  Opéra,  i25  juillet  1815;  3°  Blanche  de 
Provence,  ou  la  cour  des  Fées,  3  actes  (en 
société  avec  Berton,  Boieldieu,  .Cherubini  et 
Paër),  Opéra,  3  mai  1821;  4°  le  Paradis  de 
Mahomet,  3  actes,  Opéra-Comique,  23  mars 
1822;  5°  l'haramond,  3  actes  (en  société  avec 
Berton  et  Boieldieu),  Opéra,  10  juin  1825.  Cet 
artiste  extrêmement  distingué  mourut  à  Genève, 
non  le  6  juin,  mais  le  6  janvier  1831* 

'*  KREUTZER  (Jean-Nicolas  -  Auguste). 
Sur  la  tombe  de  cet  artiste,  la  date  de  sa 
naissance  est  fixée  au  3  septembre  1778;  il  est 
mort  â  Paris  le  31  aoiU  1832. 

*  KREUTZER  (Llon-Chaules-Fiunçois), 
compositeur  et  écrivain  nmsical,  est  mort  à 
Vichy  le  6  octobre  1868.  Cet  artiste  fort  remar- 
quable, qui,  comme  Berlioz,  |)our  lequel  il 
ressentait  une  profonde  admiration,  était  en 
avance  sur  les  idées  musicales  de  son  pays,  n'a 


KREUTZER  —  RRINITZ 


51 


pas  eu  la  renommée  à  laquelle  il  avait  droit. 
D'un  caractère  atrabilaire  et  un  peu  fantasque, 
prenant  la  misanthropie  pour  de  la  raison,  la 
sauvagerie  pour  de  la  réserve,  il  mettait  au- 
tant d'ardeur  à  fuir  le  suffrage  du  public  que 
d'autres  en  mettent  à  le  rechercher,  sans 
considérer  qu'en  somme  le  public  ne  peut  pas 
deviner  votre  existence,  et  que  travailler 
dans  le  silence  du  cabinet  sans  jamais  produire 
ses  œuvres,  sous  prétexte  d'un  dédain  orgueil- 
leux du  suffrage  de  la  foule,  est  un  enfantillage 
qui  n'est  profitable  à  personne  et  ne  peut  qu'être 
nuisible  à  l'art.  LOon  Kreutzer  est  donc  mort 
sans  avoir,  par  sa  faute,  acquis  la  notoriété  qu'il 
méritait  à  tant  de  titres,  et  cela  est  d'autant 
plus  regrettable  qu'il  eût  certainement  occupé 
une  place  à  part,  et  fort  importante,  parmi  les 
artistes  les  plus  distingués  de  la  nouvelle  école 
française.  Musicien  consommé,  symphoniste 
remarquable,  poète  vérilablement  inspiré,  cher- 
chant un  peu  trop  l'originalité,  il  est  vrai,  et 
et  atteignant  parfois  la  bizarrerie,  Kreutzer 
avait  tout  le  tempérament  et  présentait  toute 
l'envergure  d'un  grand  artiste. 

Il  faut  ajouter  qu'à  son  grand  talent  de  com- 
positeur, il  joignait  les  rares  qualités  du  criti- 
que et  de  l'analjste.  Doué  d'une  intelligence 
vaste  et  diverse,  que  rehaussait  une  instruction 
solide,  pratique  et  variée,  tiiéoricien  profond  et 
très-expérimenté,  né  et  élevé  dans  un  milieu 
tout  artistique,  ses  connaissances  techniques 
étaient  relevées  encore  par  un  rare  savoir  litté- 
raire et  par  la  possession  de  plusieurs  langues, 
avantage  inappréciable  pour  qui  veut  s'occuper 
d'études  critiques  et  historiques  concernant  un 
art  ou  une  science  quelconque.  Très-versé  dans 
les  littératures  étrangères,  l'esprit  étendu  par 
le  fait  des  voyages  fréquents  que  sa  position  de 
fortune  lui  permettait  d'effectuer,  il  possédait 
toutes  les  qualités  nécessaires  pour  faire  un 
critique  excellent  et  respecté.  Aussi,  les  travaux 
qu'il  publia  en  dehors  de  son  feuilleton  de 
critique  courante  de  VUnion  (il  avait  débuté 
sous  ce  rapport  dans  la  Quotidienne),  soit  dans 
la  Revue  et  Gazette  musicale,  soit  dans  la 
Reviie  contemporaine,  soit  dans  YEnclyclopé- 
die  du  XIX"  siècle,  peuvent-ils  être  lus  avec 
fruit  et  consultés  avec  utilité.  Il  est  fâcheux 
qu'on  n'ait  pas  songé  à  réunir  en  volume  la 
longue  et  intéressante  série  d'articles  sur  l'Opé- 
ra en  Europe  qu'il  publia  dans  le  premier  de 
ces  recueils,  ni  la  substantielle  étude  sur  Meyer- 
beer  qu'il  donna  dans  le  second  ;  ces  deux 
écrits  trouveraient  on  ne  peut  mieux  leur 
place  dans  toute  bonne  bibliothèque  musicale. 
Entre  autres  travaux  donnés  par  lui  à  VEncy- 


clopédie  dit  XIX^  siècle,  il  faut  signaler  sur- 
tout l'article  Opéra,  Opéra- Comique,  qu'il 
rédigea  de  concert  avec  M.  Edouard  Foumier, 
et  dont  les  deux  auteurs  firent  faire  un  tiré 
à  part  sous  ce  titre  :  Essai  sur  l'art  lyrique 
au  théâtre,  depuis  les  anciens  jusqti'à  Meyer- 
beer  (Paris,  Bouchard-Huzard,  1849,  in-12.) 

On  trouvera  de  nombreux  détails  sur  cet 
artiste  distingué  dans  une  brochure  publiée 
par  moi  sous  ce  titre  :  Léon  Kreutzer  (Paris, 
LiepmannssohnetDufour,  1868,  in-8°  de  16  pp.). 

KRIESEL   ( ),    artiste  né   vers    1815, 

a  tenu  dans  divers  petits  théâtres  de  Paris,  les 
les  Délassements- Comiques,  les  Folies-Marigny, 
les  Nouveautés,  les  Folies-Montholon,  l'emploi 
de  chef  d'orchestre.  Il  a  écrit  la  musique  de 
deux  opérettes  en  un  acte  :  l'Orphéon  de 
Fouilly-les-Oles,  et  un  Pierrot  en  cage,  re- 
présentées toutes  deux  aux  Folies-Maiigny  en 
1865.  Cet  artiste  est  mort  à  Paris,  en  1876. 

KRIGAR  (Heruann),  pianiste  et  composi- 
teur, né  à  Berlin  le  3  avril  1811,  commença 
d'abord  par  s'occuper  de  peinture,  mais  au 
bout  de  peu  de  temps  abandonna  l'élude  de  cet 
art  pour  celle  de  la  musique,  qui  convenait 
mieux  à  son  esprit.  Il  devint  l'élève  de  plusieurs 
grands  artistes,  et  travailla,  à  Leipzig,  sous  la 
direction  de  Mendelssohn,  de  Robert  Schumann, 
(le  Moritz  Hauptmann,  de  Finck  et  de  Jules 
Knorr.  En  1845  il  revenait  s'établir  à  Berlin, 
ou  il  se  livrait  à  l'enseignement  et  à  la  com- 
position, tout  en  fournissant  des  articles  de 
critique  à  la  Nouvelle  Gazette  musicale,  et  en 
1852  il  fondait  en  cette  ville  une  Société  de 
chant  pour  laquelle  il  écrivait  un  grand  nombre 
de  chœurs  pour  voix  d'hommes.  Devenu  direc- 
teur de  la  musique  royale  en  1857,  il  a  rédigé, 
depuis  1874,  le  Calendrier  musical  publié 
par  les  éditeurs  Bote  et  Bock.  M.  Hermann 
Krigar  a  écrit  de  nombreux  airs  pour  des  comé- 
dies et  vaudevilles,  et  on  lui  doit  aussi  des  mo* 
têts,  des  psaumes,  des  lieder,  des  chœurs  à  4 
voix,  ainsi  que  différents  morceaux  de  musique 
instrumentale. 

KRINITZ  (M"»  DE),  femme  de  lettres 
française,  qui  a  adopté  le  pseudonyme  de 
Camille  Selden,  sous  lequel  ses  écrits  ont  été 
publiés,  est  née  vers  1835.  Sous  ce  nom  de 
Camille  Selden,  M™"  de  Krinitz  a  livré  au 
public  un  petit  volume  portant  ce  titre  :  la 
Musique  en  Allemagne  :  Mendelssohn  (Paris, 
Germer-Baillière,  1867,  in-12),  qui  n'est  qu'une 
sorte  de  paraphrase  d'un  certain  nombre  de 
lettres  de  l'auteur  de  Paulus,  et  qui  ne  donne 
ni  une  biographie  du  maître,  ni  un  jugement 
raisonné  sur  son  œuvre  et  son  génie.  Il  n'y  a 


52 


KRINITZ  —  KRUGER 


là  qu'une  dissertation  assez  élt?gante  au  point 
de  vue  de  la  forme,  mais  sans  valeur  historique, 
estliétique  ou  critique.  Quelques  annt^es  aupa- 
ravant, le  même  écrivain  avait  publié  un  récit 
roiiHinesqne,  intitulé  Daniel  Vlady,  liistoire 
d'uu  musicien  (Paris,  Charpentier,  1862, 
in- 12). 

KltOLL  (Franz),  pianiste  et  professeur 
allemand,  né  à  Bromberg  en  1820,  fut  l'élève 
de  M.  Liszt  à  Weimar,  et  se  livra  ensuite  à 
renseignement.  S'étant  établi  à  Berlin  en  1849, 
il  s'occupa,  tout  en  donnant  des  leçons,  d'assez 
importants  travaux  pédagogiques,  et  fut  un 
instant  (1863-1864)  professeur  au  Conservatoire 
de  cette  ville.  Il  publia  aussi  quelques  compo- 
sitions, mais  n'obtint  jamais  de  grands  succès 
sous  ce  rapport.  11  fut  plus  heureux  avec  ses 
éditions  nouvelles  d'œuvres  anciennes,  notam- 
ment celle  qu'il  fit  du  Clavecin  bien  tempéré 
de  Jean-Sébastien  Bach,  qui  fut  bien  accueillie 
du  public.  On  cite  aussi  comme  dignes  d'estime 
et  d'attention  ses  critiques  et  observations  sur 
la  musique  ancienne  et  nouvelle  de  piano, 
publiées  à  Berlin  en  1867.  Franz  Kroll  est  mort 
en  celte  ville  le  28  mai  1877. 

KROMER  (Valentin),  évéque  de  Varmie, 
homme  d'État,  historien  renommé,  l'un  des 
homrnes  les  plus  remarquables  qu'ait  produits 
la  Pologne,  naquit  à  Biecz,  près  de  Cracovie, 
en  1612,  et  mourut  en  1689,  à  l'âge  de  soixante- 
dix-sept  ans.  Kromer  n'est  cité  ici  que  pour 
deux  écrits  publiés  en  lalin  par  lui  et  relatifs 
à  la  musique.  Ce  savant  prélat  avait  appris 
les  éléments  de  la  musique  à  Biecz,  sa  ville 
natale,  et  son  seul  professeur  avait  été  le 
maître  d'école  attaché  à  l'église  paroissiale, 
lequel  enseignait  le  plain-chant  aux  enfants  de 
clid'ur.  Des  deux  petits  ouvrages  qu'il  publia 
par  la  suite,  l'un  élait  intitulé  :  De  conceniibxix 
musices  guos  chorales  appellamus,  l'autre  : 
Musica  ficjurata. 

IWXOXLVAN  (Hei'.mann),  musicien  et  litlé- 
rateiu',  rédacteur  de  la  Carlsruher  Zeitung, 
a  écrit  les  paroles  et  la  musique  d'un  opéra 
en  trois  actes  intitulé  Magellone,  qui  a  été 
représenté  sur  le  théâtre  de  Carlsrulie  le  24 
avril  1874.  L'auteur  était  mort  quelques 
semaines  avant  l'apparition  de  son  o'uvre,  qui, 
du  reste,  n'obtint  qu'un  très-médiocre  succès. 
Je  n'ai  pas  d'autres  renseignements  sur  cet 
artiste,  qui,  je  crois,  n'avait  pas  abordé  la  scène 
avant  cet  ouvrage. 

*  HRUG  (Gustave).  —  Les  renseignements 
qui  suivent  compléteront  et  rectifieront  ceux 
qui  ont  été  donnés  par  la  Biographie  nnirer- 
selle  des  Musiciens  sur  cet  amateur  distingué. 


—  Pianiste  habile  et  compositeur  de  talent, 
M.  Krug,  qui  est  né  à  Berlin  en  1810,  commença 
d'abord  par  l'étude  du  droit,  qu'il  fil  aussi 
complète  et  aussi  étendue  que  possible.  Cela  ne 
l'onipêcha  pourtant  pas  de  travailler  la  musique 
l)our  son  agrément,  et  de  suivre  un  cours  de 
piano  et  de  composition  avec  Louis  Berger. 
En  1845,  il  fut  nommé  magistrat  (juge)  à 
Naumbourg,  et  il  occupe  encore  ces  fonctions 
à  l'heure  présente. 

*  KRUG  (Diedrich),  pianiste,  professeur  et 
compositeur,  est  né  à  Hambouig  erf  1821  et  a 
été  l'élève  de  Jacob  Schmitt.  Le  nombre  des 
compositions  de  cet  artiste  ne  s'élève  guère 
à  moins  de  350,  parmi  lesquelles  on  trouve, 
pour  une  part,  un  très-grand  nombre  de  mor- 
ceaux de  genre  pour  le  piano,  fantaisies,  ro- 
mances sans  paroles,  etc.,  et  en  second  lieu 
toute  une  série  d'études  pour  le  même  instru- 
ment, publiées  pour  la  plupart  à  Leipzig,  chez 
l'éditeur  J.  Schuberth. 

KRUG  (Ahnold),  pianiste  et  compositeur, 
(ils  du  précédent,  est  né  à  Hambourg  en  1848, 
et  a  été  l'élève  de  son  père. 

Après  avoir  terminé  son  éducation,  il  se  con- 
sacra à  l'enseignement  et  devint,  en  1872,  pro- 
fesseur de  piano  au  conservatoire  de  Stem  à 
Berlin,  ce  qui  ne  l'empêcha  pourtant  pas  de  se  li- 
vrer avecactiviléà  la  composition.  Quoique  fort 
jeune  encore,  M.  Arnold  Krug  a  déjà  publié  les 
ouvrages  suivants  :  Trio  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle, op.  1,  Leipzig  .Forberg  ;  7  Lieder  avec 
piano,  op.  2;  4  Phantasiestiicke,  pour  piano, 
op.  3;  Impromptus  en  forme  de  valse  pour  piano 
à  4  mains,  op.  4;  Fragment  du  130^  Psaume,  pour 
5  voix  et  chœur  a  cappella,  op.  6;  5  Lieder 
avec  chœur,  op.  7;  5  Z,/erfer  à  voix  seule,  avec 
[tiano,  op.  8;  Symphonie  pour  orchestre,  en  xit, 
op.  9  ,  elc. 

M.  Arnold  Krug,  qui,  en  1869,  avait  obtenu  à 
Francfort-sur-le  Mein  le  prix  de  la  fondation 
Mozart,  remporta  en  1877  un  autre  succès  du 
même  genre  :  il  se  vit  décerner  par  l'Académie 
des  arts  de  Berlin  le  prix  delà  fondation  Meyer- 
beer.  Le  programme  du  concours  ouvert  à  cette 
occasion  consistait  dans  la  composition  d'un  opé- 
ra en  un  acte  [la  Mort  de  l{i:,zio),  d'une  fugue 
double  à  8  voix  et  deux  chn-urs  a  cappella,  et 
d'une  ouverture  à  grand  orchestre.  Le  prix,  de 
4,500  marks  (5,025  francs),  comportait  l'obliga- 
tion, pour  le  lauréat,  de  faire  un  voyage  de  six 
mois  en  Italie  et  à  Paris,  et  de  passer  six  autres 
mois  à  Mimich,  Dresde,  Leipzig  et  Berlin. 

KUiJGER  (GoTTMEB),  flûtiste  distingué, 
allaclié  comme  première  flûte  à  la  chapelle  du 
roi  de  Wurteniherg,  naquit  a  Berlin  en   1790 


Jj 


RRUGER  —  KUMMEU 


53 


ot  mourut  à  Sfuttgani  le  8  mai  1868.  Il  était 
le  père  de  M.  W.Kriiger,  pianiste  et  composi- 
teur bien  connu,  qui  a  longtemps  habité  Paris. 
{\ .Biographie  universelle  des  Musiciens, t.  V.) 

KUFFEIIATH  (Louis),  frère  de  Jean-Her- 
manuKufferath  et  de  Hubert  Ferdinand  Kuft'eralh 
(V.  Biorjruphie  universelle  des  Musiciens,  T. 
V),  naquit  à  Mulheim  le  10  novembre  1811, 
commença  de  bonne  heure  l'étude  de  la  musique 
sous  la  direction  de  son  frère  Jean-Herman  ,  et 
plus  tard  travailla  avec  Frédéric  Schneider.  On 
assure  que  dès  l'âge  de  huit  ans  il  commençait 
à  composer.  Devenu  un  brillant  pianiste,  il  se 
fit  entendre  avec  succès  en  Allemagne  et  ea  Hol- 
lande. Après  s'être  fixé  en  1836  à  Leeuwarden, 
où  il  devint  directeur  de  l'École  de  musique, 
il  s'établit  en  1830  à  Gand,où  il  dirigea  pen- 
dant deux  ans  la  Société  royale  des  chœurs, 
tout  en  se  livrant  avec  activité  à  l'enseignement 
et  à  la  composition. 

On  connaît  de  cet  artiste  un  grand  nombre  de 
compositions  de  divers  genres,  parmi  lesquelles  je 
citerai  les  suivantes;  3  Polonaises  pour  piano; 
3  Valses  pour  piano  ;  Valse  pour  piano  à  4  mains  ; 
quelques  morceaux  originaux  pour  le  même  ins- 
tiuinent  (Souvenance,  un  Moment  de  distrac- 
tion, la  Branche  de  lierre,  un  Soir  d'hiver, 
etc.)  ;  quelques  chœurs  pour  4  voix  d'hommes  ; 
Préludes  pour  orgue;  Messe  à  4  voix,  avec  or- 
chestre et  orgue;  Arlevelde,  cantate  ;  250  ca- 
nons,  etc.,  etc. 

*  KUHE  (Guillaume),  pianiste  et  composi- 
teur, est  né  non  à  Sluttgard  en  1822,  mais  à 
Prague  le  10  décembre  1823. 

*  KUHLAU  (Frédéric),  compositeur,  était 
né  à  Uelzen  le  11  septembre  1786,  et  est  mort 
à  Copenhague  le  12  mars  1832. 

*  KULLAK  (Théodore),  virtuose  sur  le 
piano,  professeur  et  compositeur,  est  né  non 
à  Berlin  en  1820,  mais  à  Krotoczin,  dans  le 
duché  de  Posen,  le  12  septembre  1818.  Protégé 
par  le  prince  Antoine  Radzivvill,  qui  l'avait 
pris  en  affection,  il  dut  à  ce  personnage  de 
pouvoir  faire  d'excellentes  études  musicales, 
d'abord  à  Posen  sous  la  direction  du  piofesspur 
Agthe,  puis  à  Berlin  avec  IMM.  Taubert  et  Deiin, 
et  enfui  à  Vienne  avec  C/.erny  et  Sechter.  Des 
l'âge  de  cinq  ans  il  jouait  du  piano,  et  il  en 
avait  à  peine  onze  lorsqu'il  se  produisit  avec 
succès  dans  un  concert  donné  à  Posen,  devant 
la  cour,  en  compagnie  de  la  célèbre  chanteuse 
M»*  Sonlag.  Devenu  jeune  homme,  il  suivit 
pendant  cinq  ans  les  cours  de  l'Université  do 
Berlin,  après  quoi,  en  1842,  il  alla  donner  à 
Vienne  et  dans  toute  l'Autriche  une  série  de 
concerts  qui  commencèrent  sa  réputation.  De 


retour  à  Berlin  l'année  suivante,  il  y  devint 
professeur  de  musique  de  la  maison  royale,  fut 
nommé  en  1846  pianiste  du  roi  de  Prusse,  prit 
part  à  l'organisation  de  l'Association  des  artistes 
musiciens,  puis  fonda  en  1850,  avec  Stem,  l'ins- 
titution connue  d'abord  sous  le  nom  d'École  de 
musique  de  Berlin  et  ensuite  sous  celui  de  Con- 
servatoire de  Stem,  institution  dont  il  fut  pen- 
dant cinq  ans  l'un  des  directeurs,  et  enfin  créa 
en  18.')5  la  nouvelle  Académie  de  musiipie.  De- 
puis lors  il  n'a  cessé  d'habiter  Berlin,  oii  il  e.st 
extrêmement  estimé  comme  professeur,  et  oii 
il  a  formé  un  nombre  considérable  d'élèves  qui 
sont  devenus  des  artistes  de  talent. 

Parmi  les  nombreuses  compositions  de  M. 
Théodore  Kullak,  on  remarque  un  concerto 
pour  piano  avec  accompagnement  d'orchestre, 
des  sonates,  des  trios,  une  série  d'études  publiée 
sous  le  litre  de  l'École  du  jeu  en  octaves,  de 
nombreux  caprices  (Psyché,  la  Gazelle,  Perles 
d\'cume,  les  Arpèges,  etc.),  des  romances,  et 
toute  une|collection  de  transcriptions  pour  le  pia- 
no de  mélodies  nationales  allemandes,  espagno- 
les,   russes  et  hongroises. 

*  KULLAK  (Adolphe),  frère  du  précédent, 
né  à  Moseritz  le  23  février  1823,  est  mort  à 
Berlin  le  25décembre  1862.  Pianiste  et  composi- 
teur, il  a  publié  pour  son  instrument  un  certain 
nombre  d'agréables  morceaux  de  genre  :  fantai- 
sies, impromptu,  rêveries,  idylles,  ballades, 
nocturnes,  etc. 

KULLAK  (Franz),  neveu  du  précédent  et 
fils  de  M.  Théodore  Kullak,  né  à  Berlin  eu  1842, 
est  devenu  aussi  un  pianiste  distingué,  il  rem- 
plit aujourd'hui,  à  la  nouvelle  Académie  de  mu- 
sique fondée  par  son  père,  les  fonctions  de  pro- 
fesseur de  piano  et  de  directeur  de  la  classe 
d'orchestre.  Cet  artiste  a  écrit  la  musique  d'un 
opéra  qui  jusqu'ici  n'a  pas  encore  été  représenté. 

*  KUMMER  (Gaspard),  flûtiste,  est  mort  à 
Cobourg  le  21  mai  1870. 

*  KUMMER  (Frédéric-Auguste),  violon- 
celliste et  compositeur.  —  Je  n'ai  aucun  rensei- 
gnement nouveau  à  donner  sur  cet  artiste,  mais  je 
ne  crois  pas  inutile  de  faire  remarquer  que  le  nom- 
bre de  ses  œuvres  publiées  s'élève  aujourd'hui  à 
plus  de  160. 

M.  Kummer  a  eu  trois  fils  musiciens  :  1°  Olto 
Kummer,  né  le  19  avril  1826,  violoniste,  fait  par- 
tie de  la  chapelle  royale  de  Dresde  :  2"  Mav- 
Charles  Kummer,  violoncelliste,  né  le  23  avril 
1842,  est  mort  à  Odessa  le  18  septembre  1871  : 
3"  Ernest-  Charles  Kummer,  violoncelliste  aussi, 
né  les  novembre  1844,  a  appartenu  à  la  chapelle 
royale,  et  est  mort  le  2  août  1860.  —  Un  fils  de 
M.  Olto  Kummer,  Alexandre-Charles  Kummer 


54 


KUMMER  —  RUSTER 


né  le  10  juin  ISJO,  violoniste,  a  été  l'élève  de 
Fcnlinanil  David  au  Conservatoire  de  Leipzig, 
et  habite  aujourd'hui  l'Angleterre. 

*  lîUNC  (ALOYs-MAnTiN).  Au  mois  de  no- 
vembre 1863,  M.  Aloys  Kunc  quittait  Ancli  pour 
revenir  à  Toulouse  comme  professeur  et  maître 
dech.ipelle  du  collège  Sainte-Marie  dirigé  par 
les  PP.  de  la  connpagnie  de  Jésus,  et  comme 
organiste  de  l'église  Saint-Aubin.  Dans  ces  derniè- 
rt-s  fonctions,  il  a  été  parfailement  secondé  par 
sa  jeune  femme,  pianiste  habile  et  organiste  fort 
distinguée.  Fille  aînée  de  M.  Durgein,  organiste 
de  la  métropole  d'Auch,  M'"'  Aloys  Kunc,  une 
des  meilleures  élèves  de  la  classe  de  madame 
Farrenc  au  Conservatoire  de  Paris  ,  n'a  pas  tar- 
dé à  prendre  elle-même  à  Toulouse  le  premier 
rang  parmi  les  professeurs  de  piano. 

En  1S6.5,  M.  Aloys  ICunc  échangeait  le  poste 
de  Sainte-Marie  contre  celui  d'organiste  et  de]maî- 
tre  de  chapelle  à  l'église  de  Jésus.  Là,  il  fonda  une 
société  de  jeunes  gens,  vouée  au  chant  des  of- 
fices, et  qui,  pendant  huit  années,  a  donné  les 
mpilieurs  résultats.  C'est  incontestablement  aux 
tentatives  heureuses  faites  dans  cette  église 
quest  <iùle  mouvement  de  restauration  qui  s'est 
produit  depuis  lors  dans  les  églises  de  Toulouse. 
En  1868,  les  travaux  divers  de  M.  Aloys  Kunc 
lui  méritèrent  une  faveur  particulière  :Me  pape 
Pie  IX  lui  fit  adresser  le  bref  de  chevalier  de 
l'ordre  de  Saint-Sylvestre  et  de  l'Éperon  d'or, 
en  lui  envoyant  en  môme  temps, comme  témoi- 
gnage tout  particulier  de  son  estime  ,  les  insignes 
de  l'ordre.  En  1870,  la  place  de  maître  de  chapel- 
le de  la  métropole  lui  était  offerte  pour  la  deuxiè- 
me fois.  M.  Kunc  prit  possession  de  ces  fonctions 
le  15  juin.  Il  fut  aussi  nommé  à  la  même  époque 
suppléant  de  M.  Hommey,  comme  professeur  de 
haut  solfège  et  de  transposition  au  Conservatoire 
de  Toulouse,  et  en  même  temps  professeur  de 
musique  à  l'écoU  normale,  place  qu'il  occupe 
encore  aujourd'hui.  —  Plusieurs  ouvrages  de 
M.  Aloys  Kunc  lui  ont  mérité  un  prix  à  l'^-xpo- 
sition  générale  de  Rome  en  1870,  etde  nouveaux 
brefs  du  pape  sont  venus  encourager  leur  au- 
teur. Au  mois  de  décembre  1874,  M.  Kunc  a  fon- 
dé à  Toulouse,  .sous  le  titre  de  Musica  sacra, 
une  nouvelle  revue  de  chant  liturgique  etde  mu- 
sifiue  religieuse. 

Les  ouvrages  publiés  par  cet  artiste,  depuis 
1863,  .sont  les  suivants  :  1"  Corona  .sacrn,  re- 
cueil décent  morceaux  religieux  (deux  éditions)  ; 
2"  Chants  de  la  milice  du  Pape,  cantiques  fran- 
çais ;  3"  Recueil  de  faux-bourdons  notés  en  clef 
de  sol  ;  4°  Manuel  de  chant  religieux,  en  no- 
tation usuelle  ;  5°  Messeà  3  voix  en  faux-bour- 
don, in-folio  de  lutrin;  c'Écrin  de  l'organiste, 


ofliccsdu  matin  ;  7'  Quinze  motels,  transcrits; 
8°  Cantiques  populaires  pour  l'Église  et  la  Fran- 
<  e  (nombreuses  éditions,  traductions  en  plusieurs 
langues);  9°  De  la  musique  religieuse  (Congrès 
de  Malines);  10"  Nouvel  Essai  sur  la  tradition 
du  chant  grégorien  ;  1 1"  Recherches  historiques 
sur  Tart  musical  religieux  (Revue  de  Gasco- 
gne), etc.,  etc. 

A.  L—  N. 

KUI\TZE  (Charles),  compositeur,  pianiste, 
organiste  et  chef  d'orchestre,  est  né  à  Trêves  le 
17  mai  1817.  Élève  de  l'Académie  et  de  l'Ins- 
titut de  musique  d'église  de  Berlin,  il  a  reçu 
dans  cet  établissement  uneexcellenle  éducation, 
est  devenu  directeur  de  musique  à  Aschersiebeu, 
et  s'est  fait  connaître  comme  compositeur  par 
un  grand  nombre  de  productions  de  genres  très- 
divers.  Ses  œuvres,  dont  le  nombre  ne  s'élève 
guère  aujourd'hui  à  moins'de  trois-cents,  et  qui 
l'uibrassent  un  peu  tous  les  genres,  consistent  en 
licder  et  chœurs  pour  voix  d'hommes,  en  mar- 
ches, morceaux  de  danse,  ouvertures  pour  or- 
chestres symphoniques  et  pour  musiques  d'har- 
monie, en  motets.  Ave  Maria  et  diverses  autres 
compositions  de  musique  religieuse.  On  con- 
naît aussi  de  lui  une  opérette  en  un  acte,  Dans 
la  montagne,  qui  a  été  donnée  sur  le  Thalie- 
Théâtre,  à  Dessau  ,  au  mois  de  janvier  1875. 
M.  Charles  Kunize  a  dirigé  avec  talent  plusieurs 
grands  festivals  de  musique  de  chant. 

I>U01\  (Giovanni),  musicien  italien,  mort  à 
Rome  au  mois  de  décembre  1875,  à  l'âge  de  75 
ans,  a  publié  un  petit  traité  d'harmonie  et  d  ins- 
trumentation. 

*  IîÛSTER(Hermann), directeur  de  musique 
et  organiste  du  Dom  à  Berlin,  est  né  à  Templin 
le  14  JHillet  1817,  et  est  mort  à  Berlin  le  17  mars 
1878.  Les  lignes  suivantes  compléteront  en  vn 
rectifiant  quelques  détails,  la  notice  publiée  sur 
cet  artiste  dans  la  Biographie  universelle 
lies  Musiciens. 

Organiste  remarquable,  KiJster  avait  reçu  une 
excellente  et  .solide  éducation.  Élève  d'abord  de 
Chr.  Kock  pour  le  piano  et  poui'  l'orgue,  il  entra 
en  1842  à  l'Académie  des  arts  de  Berlin,  où  il 
eut  pour  maîtres  L.  Berger  pour  le  piano,  A.  W. 
Bach  pour  l'orgue,  Rungeidiagen  et  A.  B.  Marx 
pour  la  théorie  de  l'art.  Après  trois  années  pas- 
sées dans  cette  institution,  il  fut  appelé  à  Sarre- 
bruck  pour  y  remplir  les  fonctions  de  directeur 
de  musique.  De  retour  à  Berlin  en  1852,  il  alla 
faire  un  court  séjour  à  Diesde,  puis  revint  dans 
la  capitale  delà  Prusse,  où  il  s'établit  connue 
professeur.  C'est  en  1857  seulement  qu'il  succéda 
à  M.  Grell  comme  organiste  de  la  cour  et  du 
Dom  de  cette  ville. 


KUSTER  —  KWAST 


55 


Parmi  les  composilioas  les  plus  importantes 
de  luisfer,  il  faut  citer  d'abord  les  six  oratorios 
dont  les  titres  suivent  :  Judith,  Julien  r Apos- 
tat, r Apparition  de  la  croix,  Jean  l'Évangé- 
liste,  la  Patrie  éternelle,  et  Hermann  le  Ger- 
main ,•  puis  des  psaumes,  des  cantates,  des  mo- 
tels, des  lieder,  de  nombreux  préludes  pour 
orgue,  et  diverses  compositions  symphoniques. 
Kûster  s'est  fait  connaître  aussi  comme  écrivain 
sur  la  musique,  en  donnant  à  V Echo,  de  lîerlin, 
ainsi  qu'à  la  Nouvelle  Gazette  musicale  de  la 
même  ville,  plusieurs  travaux  importants,  entre 
autres  une  élude  qui  portait  ce  titre  :  Sur 
V  «  Israël  en  Egypte  »  de  Hxndel  (1854).  On 
lui  doit  encore  l'écrit  suivant  :  Exposé  populaire 
pour  l'instruction  et  la  description  de  la  mu 
^i5«e(Lpipzig,Breitkopf  et  Hfcrtel,  1872),  ouvrage 
divisé  en  trois  cycles  et  formé  d'une  série  de 
conférences  faites  par  l'auteur  de  1869  à  1871. 

KWAST  (Jacob),  jeune  pianiste  de  talent, 
musicien  sérieux  et  surtout  d'avenir,  élève  de 
M.  Brassin  et  pensionnaire  de  S.  M.  le  roi  des 


Pays-Bas,  est  né  à  Dordrecht.  Il  serait  appelé 
à  devenir  un  artiste  fort  distinf;ué,^'il  n'avait  de 
lui-même  une  opinion  beaucoup  trop  favorable. 
Sa  vanité  et  une  trop  grande  dose  de  suffisance 
l'empêchent  de  développer  et  de  perfectionner 
son  talent,  d'acquérir  ce  qui  lui  manque  encore, 
et  c'est  dommage,  car  avec  plus  de  modestie  et  de 
simplicité  dans  les  formes,  il  pourrait  parvenir 
sans  aucun  doute  à  faire  honneur  à  son  pays.  Il 
est  actuellement  professeur  de  piano  au  Conser- 
vatoire de  Cologne,  et  vient  d'épouser  une  jeune 
actrice  allemande.  M'"  Tony  Hiller,  fille  de 
M.  Ferdinand  Hiller  (1). 

Ed.  de  h. 

(1)  Après  avoir  été  l'élève  de  M.  Br.issin  au  Conserva- 
toire de  Bruxelles,  M.  Kwast  a  reçi  à  Leipzig  des  leçons 
de  Moscheles.  Il  s'est  fait  entendre  plusieurs  fois  en  cette 
ville,  avec  succès,  à  partir  de  1870,  et  c'est  en  1874  qu'il 
fut  nommé  professeur  de  piano  au  Conservatoire  de  Colo- 
gne. —  A.  r. 


*  LAUARRE  (Théodore).  Nous  compléte- 
rons le  répertoire  de  ce  compositeur  en  mention- 
nant les  trois  ouvrages  suivants  :  1°  Panta- 
gruel, 2  actes,  joué  une  seule  fois  à  l'Opéra,  le 
24  décembre  1855;  2"  Gvaziosa,  ballet  en  un 
acte,  Opéra,  25  mars  1861;  3°  le  Roid'Yve- 
tol,  ballet  en  un  acte.  Opéra,  28  décembre  1865. 
Un  fait  singulier  empêcha  la  seconde  représen- 
tation de  Pantagruel  :  l'empereur  Napoléon 
assistait  au  spectacle  dans  lequel  cet  ouvrage 
fit  cette  apparition,'et  l'on  s'avisa,  un  peu  tard, 
que  la  commission  de  censure,  dite  commission 
d'examen,  avait  laissé  subsister,  dans  le  livret, 
certains  passages  qui  prêtaient  à  des  allusions  po- 
litiques fâcheuses  ;  il  n'en  fallut  pas  davantage 
pour  exciter  le  courroux  du  souverain,  et  mal- 
gré la  situation  d'inspecteur-accompagnateur  que 
Labarre  occupait  à  la  chapelle  impériale  depuis 
1852,  Pantagruel  fut  condamné  sans  rémission. 
Quant  au  Boi  d'Yvetot,  on  assura  que  Labarre 
n'était  point  l'auteur  de  la  musique  de  ce  ballet, 
et  qu'il  n'était  en  cette  circonstance  que  l'arran- 
geur et  le  prête-nom  d'un  amateur  titré  :  M.  le 
prince  Richard  de  Metlernicb. 

Labarre  avait  succédé  en  1867  à  Prumier, 
comme  professeur  de  harpe  au  Conservatoire.  Peu 
d  années  après,  il  se  chargeait  de  faire  la  cri- 
tique musicale  dans  un  journal  nouvellement 
fondé,  Paris  illustré  ;  mais  il  mourait  presque 
subitement,  le  9  mars  1870,  avant  d'avoir  pu 
donner  son  premier  article,  et  l'on  me  confiait 
la  tâche  qu'il  avait  assumée. 

LABAT  ( )  Un  artiste  de  ce  nom  a  fait 

représenter  sur  le  théâtre  de  Montpellier,  le 
21  germinal  an  II  (Il  avril  1794),  le  Vieillard 
philosophe  ou  le  Double  Hymen,  pastorale 
héroïque  en  3  actes,  dont  il  avait  écrit  la  mu- 
sique. Le  livret  de  cet  ouvrage  a  été  imprimé. 

*  LABAT,  (Jean-Baptiste),  compo.sileur, 
organiste  et  écrivain  sur  la  musique,  est  mort  à 
Lagarosse  (Tarn-et-Garonne),  le6  janvier  1875. 
Les  écrits  nombreux  de  cet  artiste,  d'ailleurs 
intelligent  et  laborieux,  sont  des  travaux  de 
seconde  main,  dans  lesquels  on  clierclierail  vai- 
nement des  fails  nouveaux,  des  vues  person- 
nelles ou  des  tendances  originales,  et  qui,  par 
conséquent,  ne  peuvent  rien  apprendre  à  ceux 
qui  sont  au  courant  de  rhi>luiie  de  l'art  et  des 
recherches  de  leslliétique  moderne.  Au  surplus, 
le  seui  de  ses  ouvrages  qui  ait  quelque  impor- 


tance et  quelque  étendue  est  celui  qu'il  a  intitulé 
«mbitieusement  :  Études  philosophiques  et 
morales  stcr  l'histoire  de  la  musique,  ou 
Recherches  analytiques  sur  les  éléments 
constitutifs  de  cet  art  à  toutes  les  époques, 
sur  la  signification  de  sçs  transformations, 
avec  la  biographie  des  auteurs  qui  ont  con- 
couru à  ses  progrès  (2  vol.).  Sous  le  couvert 
de  ce  titre  sonore  et  étendu,  on  ne  trouve 
qu'une  compilation  un  peu  banale,  présentant 
un  résumé  historique  qui  n'est  pas  exempt 
d'erreurs  et  dont  le  plan  lui-même  n'est  pas 
toujours  très-logique,  et  dans  laquelle  on  ne 
trouve  nulle  trace  de  vues  morales  ou  philoso- 
jibiqnes. 

*  LAIîLACHE  (Lotjis),'célèbre  chanteur  ita- 
lien, a  publié,  outre  la  Mélhoiie  de  chant  que 
l'on  connaît  de  lui,  28  Exercices  pour  voix  de 
basse  et  12  Vocalises  pour  la  même  voix.  M. 
L.  Couailbac  a  consacré,  dans  la  Galerie  des 
artistes  dramatiques  de.Paris,  une  notice  à  cet 
artiste  fameux  (Paris,  Marchant,  1841,  in  4  de 
4  pp.),  et  l'on  a  publié  en  Italie  un  grosse  brochure 
ainsi  intitulée  :  Onori  alla  memoria  di  Luigi 
Lablache  (Naples,  Cottrau,  1858,  in-4). 

LABORY  ( ),    compositeur  belge   et 

chef  de  musique  militaire,  né  en  1843,  a  tra- 
vaillé, dit-on,  sous  la  direction  de  Fétis,  et  ensuite 
de  M.  Gevaert.  Il  s'est  fait  une  réputation  pour 
son  habileté  comme  chef  de  musique,  et  n'a  guère 
écrit  et  publié  moins  de  200  morceaux  de  tout 
genre  pour  musiques  d'harmonie  et  fanfares.  On 
lui  doit  aussi  un  opéra  en  2  actes  doul  j'ignore  le 
titre  et  qui  a  été  représenté  en  1809  à  Louvain 
et  à  Namur,  ainsi  qu'un  Te  Deum  qu'il  a  fait 
entendre  d'abord  à  Louvain,  et  qui  a  été  exé- 
cuté en  Angleterre  lors  des  fêles  célébrées  pour 
la  convalescence  du  prince  de    Galles. 

LAIÎOUBEAU  ( ),  artiste  resté  abso 

lument  inconnu,  est  auteur  d'une  Théorie  de 
lecture  musicale  (1842,  in-12). 

LABUIOLA  (P ),  compositeur  italien 

contemporain,  ne  m'est  connu  que  par  la  pu- 
blication d'un  album  de  chant  avec  accompa- 
gnement di>  \mno,  Seredi  Aapoli,  formé  de  six 
mélodies  écrites  sur  des  vers  du  poète  Domenico 
Bolognese  (Milan,  Lucca),  et  parcelle  d'un  autre 
albiun  de  douze  mélodies  :  Aure  dell  Infras- 
caia. 

LABRO  (Nicolas-Chahi.f.s),  contrebassiste 


LABRO  —  LACOiMBE 


57 


et  professeur,  est  né  à  Sedan  le  19  octobre  1810. 
Admis  au  Conservatoire  de  Paris,  le  23  janvier 
1830,  dans  la  classe  de  violoncelle  de  M.  Vaslin, 
il  abandonna  bientôt  cet  instrument  pour  se  li- 
vrer à  l'étude  de  la  contrebasse,  et  entra  dans 
la  classe  de  Chenié.  Il  obtint  un  second  prix  de 
contrebasse  en  1833,  le  premier  en  1833,  puis 
passa  quelque  temps  dans  la  classe  préparatoire 
de  contrepoint  et  fugue  d'Elwarf.  Depuis  cette 
époque,  M.  Labro  fait  partie,  en  (lualilé  de  pre- 
mière contrebasse,  de  l'orcbestre  de  la  Société 
des  concerts  du  Conservatoire  et  de  celui  de  l'O- 
péra-Comique.  Il  a  été  nommé,  le  1"  décembre 
1853,  professeur  de  contrebasse  au  Conserva- 
toire, en  remplacement  de  Cbaft.  Cet  excellent 
artiste  a  publié,  en  1870,  une  très-bonne  il/e//io- 
dede  contrebasse,  en  tête  de  laquelle  il  a  placé 
sous  ce  titre  modeste  :  iVoici  sur  la  contrebas- 
se, un  résumé  bistorique  très-utile  et  très-bien 
fait  sur  cet  instrument.  J'ai  rendu  compte  lon- 
guement de  cet  ouvrage,  lors  de  son  apparition, 
dans  la  Revue  et  Gazette  musicale. 

LACERDA  (D.  Bernarda  FERREIRA 
DE),  dame  portugaise  illustre,  s'est  distinguée, 
dans  les  lettres  et  dans  les  arts.  Elle  savait  la  plu- 
part des  langues  vivantes  de  l'Europe,  et  connais- 
sait à  fond  les  langues,  mortes,  le  latin,  le  grec 
et  riiébreu  ;  elle  avait  fait  en  outre  de  très-fortes 
études  sur  la  poésie  et  l'bistoire;  sentaient  dans 
la  musique  était  fort  remarquable,  et  elle  par- 
vint à  jouer  d'une  façon  supérieure  la  plupart 
des  instruments  connus  ;  enlin,  ses  dessins  et 
surtout  ses  minialures|  étaient  admirés  dans 
toutes  les  Espagnes.  Sa  réputation  était  si  grande 
vers  le  commencement  du  XVII  siècle,  que  Phi- 
lippe m,  roi  d'Espagne,  la  chargea  de  l'éduca- 
tion de  ses  fils,  malgré  le  grand  nombre  de  sa- 
vants illustres  qui  aspiraient  à  cette  charge. 
D.  Bernarda  n'accepta  point  cet  honneur,  et 
préféra  rester  chez  elle  (à  Lisbonne),  au  milieu  de 
ses  livres.  Elle  était  née  en  I.')9â  à  Porto,  d'une 
famille  très-noble,  et  mourut  en  1G44.  En  de- 
hors de  ses  éludes,  elle  s'intéressait  à  toutes  les 
entreprises  utiles,  et  elle  encouragea  bien  des 
fondations,  entre  autres  celle  du  couvent  des 
Carmes  déchaussées  à  Goa  (Inde  portugaise).  Elle 
laissa  beaucoup  de  manuscrits,  entre  autres  celui 
d'un   ouvrage  estimé  ;    Hespanha    liberlada. 

J.  deV. 

LACÏIEURIE  (Eugène),  compositeur,  né  à 
Paris  le  7  juin ls31,  élève  d'Halévy  et  de  M.  Bar- 
bereau,  a  pris  part  en  1856  au  concours  de  l'Ins- 
titut, et  a  obtenu  le  deuxième  second  grand 
prix  de  composition  musicale. Le  15  février  1867, 
cet  artiste  faisait  exécuter,  à  l'Athénée,  dont 
les  concerts  étaient  dirigés  par  M.   Pasdeloup, 


une  symphonie  de  sa  composition.  Depuis  lors, 
il  n'a  plus  fait  en  aucune  façon  parler  de  lui. 

LACHEZ  (Théodore),  architecte,  membre 
de  la  Société  centrale  des  architectes,  inspecteur 
des  travaux  publics  et  de  la  Préfecture  de  police, 
a  publié  l'écrit  suivant  :  Acoustique  et  Optique 
des  salles  de  réunions  publiques,  théâtres, 
et  amphithéâtres,  spectacles,' concerts,  etc., 
suivies  d'un  projet  de  salle  d'Assemblée  cons- 
tituante pour  neuf  cents  membres  (Paris, 
l'auteur,  1848,  in-8  de  137  pp.,  avec  trois- 
pl.uiches  gravées  sur  cuivre). 

*  LACHiXER  (Théodore),  l'aîné  des  quatre 
frères  de  ce  nom,  est  mort  le  23  mai  1877  à 
iMunich,  où  il  remplissait  les  fonctions  d'orga- 
ni-^te  de  la  cour. 

*  LACHiXER  (François).  —  Parmi  les  com- 
positions de  cet  artiste  remarquable  qui  n'ont 
pu  être  comprises  dans  le  catalogue  donné 
par  la  Biographie  universelle  des  Musiciens,  il 
faut  signaler  plusieurs  suites  d'orchestre,  dont 
une  intitulée  Ballsuite,  une  suite  pour  piano  et 
violon  ou  violoncelle,  une  grande  messe  de  Re- 
quiem en/«,  deux  trios  pour  voix  de  femmes, 
et  les  récitatifs  qu'il  a  écrits  pour  la  traduction 
allemande  de  Médée,  l'un  des  plus  beaux  opéras 
de  Chérubini. 

LACHNER  (Ignace),  a  célébré,  le  18  octobre 
1875,  le  cinquantième  anniversaire  de  son  en- 
trée dans  la  carrière  de  chef  d'orchestre.  Depuis 
cette  époque,  il  vit|)aisible  et  retiré  à  Francfort. 

*  LACHIXER  (Vincent).  Parmi  les  œuvres 
de  cet  artiste,  il  faut  citer  les  deux  ouvertures 
de  Turandot  et  de  Démétrius. 

*  LACOAIBE(Loiis  BROUILLOiX-),  pia 
niste  et  compositeur.  Parmi  les  œuvres  nom- 
breuses publiées  pour  le  piano  par  cet  artiste 
distingué,  il  faut  surtout  signaler  les  suivantes  r 
1°  Grande  sonate  de  salon,  op.  33,  Paris, 
Colombier;  2'^  Grandes  études,  op.  19,  id.,  iJ.; 
3*^  Études  de  salon,  op.  38,  id.,  id.;  4°  6  Études 
de  style  et  de  mécanisme,  Paris,  Heugel;  b° 
les  Harmonies  de  la  nature,  9  morceaux  ca- 
ractéristiques, Paris,  Choudens  ;  6"  Grand  Ca- 
price, op.  1,  Paris,  Lemoine  ;  7"  Bacchanale, 
élude  de  concert,  Paris,  Heugel  ;  8°  4  Noctur- 
nes brillants,  op.  8,  Paris,  Colombier;  9"  3  Noc- 
turnes, op.  24,id.,id.;  10°  3  Mélodies,  op.  18, 
id.,  id.;  1  r  Simples  Mélodies  (6  morceau\)Paris, 
Choudens;  12°  3  Nocturnes,  op.  33,  id.,  Gérard  ; 
13"  Valse  de  concert,  op.  29,  id.,  id.;  14"  Suite 
de  valses,  op.  70,  Paris,  Gregli.  M.  Louis  La- 
combe  a  publié  aussi  des  chœurs  orphéoniques  : 
Extase,  Hymne,  le  Matin  (Colombier),  et, 
pour  voix  seule  :  6  Fables  de  la  Fontaine  (le 
Renard  et  le  Houe,  le  Lion  devenu  vieux,  le 


)8 


LACOMBE  —  LACOME-D'ESTALENX 


Renard  et  la  Cigogne,  le  Lièvre  et  les  Gre- 
nouilles, l'Ane  chargé  de  reliques,  la  Lai- 
tière et  le  Pot  au  lait),  op.  72  Gregli);  2  Sonnets 
de  François  Barrillol,  eu  quatre  livres  (Grcgli); 
2  Sonnets  de  Zacharie  Aslruc  (Gregli),  etc.  M. 
Lacombe  a  écrit  la  musique  <ie  VAmour,  drame 
lyrique  de  M.  t^aulin  Nil)o\el,  qui  fui  représenté 
vers  1855  au  Ihéfttre  Saint-Marcel,  alors  que  cette 
petite  scène  populaire  était  dirigée  par  le  grand 
comédien  Bocage.  Cet  artiste  s'est  occupé  aussi 
de  littérature  musicale,  et  a  donné  quelques  ar- 
ticles au  journal  la  Chronique\musicale. 

M.  Louis  Lacombe  aé|)Ouséen  secondes  noces 
une  aimable  cantatrice,  M"'  Andréa  Favel,  qui 
fil  pendant  quelques  années  partie  du  personnel 
de  rOpéra-Comique,  oîi  elle  acquit  une  certaine 
réi)utation.  Elle  avait  fait  ses  études  au  Conser- 
vatoire, d'où  elle  était  sortie  avec  un  second  prix 
d'opéra-comique  et  un  accessit  d'opéra  (1851). 
Elle  quitta  de  bonne  heure  le  théâtre,  pour  se 
livrer  à  l'enseignement.  Cette  artiste  distinguée 
a  publié  sous  ce  titre  ;  La  Science  du  méca- 
nisme vocal  et  fart  du  chant  (Paris,  Enoch, 
in-S°),  une  sorte  de  court  traité  dédiant  accom- 
pagné de  nombreux  exercices,  qui  avait  paru 
d'abord  dans  un  journal  spécial,  la  Chronique 
musicale.  Elle  a  signé  cet  ouvrage  du  nom  de 
M"'^  Andrée  Lacombe. 

LACOMBE  (Paul),  compositeur  distingué 
dans  le  genre  instrumental,  est  né  en  1837  à 
Carcas.-^onne,  où  il  fit  sa  première  éducation 
musicale  sous  la  direction  d'un  professeur  nom- 
mé Teysseyre,  qui  avait  été  élève  du  Conserva- 
toire de  Paris,  et  qui  lui  enseigna  l'harmonie  et 
le  contrepoint.  M.  Lacombe  travailla  seul  ensui- 
te, se  formant  surtout  par  l'étude  attentive  des 
œuvres  des  grands  maîtres,  et  par  de  fréquents 
voyages  à  Paris  et  à  l'étranger,  pendant  lesquels 
il  recherchait  avidement  les  occasions  d'entendre 
de  bonne  musique  et  de  se  familiariser  avec  les 
produclions  importantes  de  toutes  les  écoles. 
Bientôt  M.  Lacombe  se  livra  avec  ardeur  à  la 
composition,  et  dans  l'espace  dequelques  années, 
publia  un  certain  nombre  d'o'uvres  qui  se 
<iistinguent  par  l'élégance  de  la  forme  et  le  (h'dain 
de  toute  espèce  de  banalité.  En  voici  la  liste  : 
Sonate  pour  piano  et  violon,  op.  8,  Paris, 
Maho  ;  —  2>^  Sonate,  id.,  op.  17,'Leip/ig,  Breit- 
kopt  et  Htertel-,  — ïrio  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  op.  12,  id.,  id.;  —  Suite  en  la  mi- 
neur, pour  piano,  op.  15,  Paris,  Maho;  —  Qua- 
tre morceaux  pour  piano  et  violon,  op.  l-i,  id-, 
id.;  —  Deux  idylles  pour  piano,  op.  il,  id., 
id.; —  Nocturne  et  Impromptu,  id,  op.,  13,  id., 
id.;  — Éludeslen  forme  de  variations.  id.,op,  18, 
id.,  id.;  —  4  Pièces  pour  piano   à  4  mains,  op. 


9,  Paris,  Hartmann;  —  3  Morceaux  de  fantaisie 
pour  piano  et  violoncelle,  op.  10.  id,,  id.;  — 
Arabesques  [tour  piano,  op.  16,  id.,  id.; —  Cinq 
morceaux  caractéristiques  pour  piano,  op.  7, 
Leipzig,  Breitkopf  et  lUertel  ;  —  Ouverture  sym- 
jibonique,  arrangée  pour  piano  à  4  mains,  Paris, 
Maho  ;  enlin,  un  certain  nombre  de  mélodies  vo- 
cales, ne  portant  pas  de  numéros  d'œuvre.  La 
plupart  de  ces  compositions  ont  été  exécutées  à 
Paris,  dans  des  concerts,  entre  autres  aux  séan- 
ces de  la  Société  nationale  de  musique.  Dans  ces 
derniers  temps,  et  sans  abandonner  le  genre  de 
la  musique  de  chambre,  vers  lequel  le  portent 
surtout  ses  goûts  et  ses  études,  M.  Lacombe  a 
écrit  plusieurs  morceaux  pour  orchestre;  son 
premier  essai  public  en  ce  genre  a  été  une  Pas- 
torale, fort  bien  réussie,  dont  l'exécution  a  eu 
lieu  le  7  novembre  1875  au  concert  de  l'Asso- 
ciation artistique  dirigée  par  M.  Colonne  (théâtre 
du  Chàtelet). 

LACOME-D'ESTALE\'X  (Paui.-Jean- 
Jacques), compositeur,  est  né  au  Houga  (Gers)  le 
4  mars  1838.  Fils  et  petit-fils  d'excellents  musi- 
ciens amateurs,  il  apfirit  la  musique  et  le  pia- 
no dès  sa  plus  tendre  enfance,  et  plus  tard, 
d'excellentes  études  littéraires  qui  se  terminèrent 
par  l'obtention  du  diplôme  de  bachelier,  ne 
l'empêchèrent  point  de  continuer  à  se  livrer  à 
son  goût  passionné  pour  l'art.  Très-jeune  encore 
il  écrivit,  sans  connaître  aucunes  notions  d'har- 
monie, plusieurs  actes  d'opéra-comique  et  jus- 
qu'à un  grand  opéra.  Le  hasard,  heureusement, 
le  mit,  à  l'âge  de  dix-neuf  ans,  en  relations  avec 
un  artiste  fort  distingué,  don  José  Puig  y  Absu- 
hide,  organiste  d'Aire-sur-1'Adour,  conlre- 
pointiste  fort  habile  qui  avait  été  élève  de  la  maî- 
trise de  Barcelone,  et  ensuite  de  Mercadante.  M. 
Lacoine  fit,  en  trois  ans,  un  cours  complet  de 
composition  avec  cet  artiste.  Au  bout  de  ces  trois 
années,  le  hasard  amena  M.  Lacome  à  Paris  : 
le  directeur  du  Musée  des  Familles  as'Siit  mis 
au  concours  la  mu.Mque  d'une  o|Ȏrette  que  le 
directeur  des  Bouffes-Parisiens  avait  promis  de 
jouer  ;  M.  Lacome  concourut ,  vit  son  ceuvre 
couronnée,  et  vint  à  l^aris  pour  en  activer  la  re- 
présentation. Malheureusement,  c'était  à  l'épo- 
que où  les  Bouffes- Parisiens,  poursuivis  parla 
inalechance,  changeaient  d'administration  plus 
fré([uemment  qu'il  n'eût  fallu  |)our  leur  prospé- 
rité. Bref,  après  quatre  ans  d'attente  et  deux  ans 
de  rép('tilion>  intennittcides.  le  Dernier  des 
Paladins  (c'était  le  tihe  de  l'opérette  en  ques- 
tion) finit  par  ne  pas  être  joué. 

Pendant  ce  tem|)s,  M.  Lacome,  qui  avait  be- 
soin de  gagner  sa  vie  et  qui  avait  horreur  de 
l'enseignement,  avait  réussi  à  s'introduire  dans 


LàCOME-D'ESTALENX  —  LA  PAGE 


59 


quelques  journaux,  auxquels  il  donnait  de  nom- 
breux   articles;  il  écrivit  ainsi,  sucessivemenl, 
dans  le  Musée  des  Familles,  le  Grayid  Jour- 
nal, le  Ménestrel,  le  Magasin  d'éducation  et 
de  récréalion,  l'Art  musical,  l'Année  illustrée, 
la  Revue  et  Gazette  musicale,  etc.,  etc.    Il 
composait  beaucoup  aussi,  et  publiait  un  certain 
nombre  de  morceaux  de   divers   genres.  Mais 
le  lli(';Ure  restait  toujours  son   objectif.  Au  mois 
de  Juillet  1870,  il  donnait  sur  la   petite   scène 
desFolies-Marigny  une  opérette  en  un  acie,  Epi- 
cier par  amour  ;   deux  ans  après,  en    1872,  il 
faisait    représenter  à    la  Tertulia  J'veux  mon 
peignoir,el  En  Espagne,  petites  pièces  du  même 
genre,  et  l'année  suivante  il  produisait  au  théâ- 
tre-lyrique de  l'Atliéiiée  un  opéra  bouffe  en  trois 
actes,  la  Dot  mal  placée,  qui  fut  bien  accueilli 
et,  peu  après,  traduit  et  représenté  en  Espagne. 
Au  mois  de  mai   1873,  M.  Lacome   donnait  aux 
Bouffes-Parisiens  une  saynète  intitulée  leMouton 
enragé,  et  au  mois  d'avril  1874,  il  faisait  repré- 
senter à  la  salle  Taitbout  un  ouvrage  en  un  acte 
fort  important.  Amphitryon,  qui  était  resté  neuf 
ans  dans  les  cartons  de  l'Opéra-Comique.  Peu 
de  mois  auparavant,'  M.  Lacome,  qui   ressent 
pour     le   génie  de  Destouches  une  admiration 
profonde,  avait  fait  exécuter  au  môme    théâtre 
un  acte  de  Callirhoé,  opéra  de  ce  compositeur, 
dont  il  avait  retouché  et  augmenté   l'orchestra- 
tion sans  enlever  à  l'œuvre  son  caractère  particu- 
lier. Enfin,  le  28  octobre  1876,  il  donnait  aux 
Folies-Dramatiques  un  opéra-comique    en  trois 
actes,  Jeanne,  Jeanne/te  et  Jeanneton. 

M.  Lacome,  quiesldoué  d'une  rare  facilité  de 
production,  et  qui  écrit  constamment,  a  en  por- 
tefeuille trois  'grands  opéras,  un  opéra-féerie,  et 
unedixaine  d'opéras  bouffes  et  opéras-comiques. 
Il  a  publié  les  œuvres  suivantes  :  1°  Trio  en  ré 
mineur,  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  Paris, 
Richault;  2"  Grande  valse  de  concert,  pour  piano, 
Paris,  Escudier  ;  3"  Trois  valses  caractéristiques, 
pour  piano,  id,  id.;  4°  Deux  mazurkas  caractéris- 
tiques, pour  piano,  id.,  id.;  5°  Quatuor  (allegro 
et  romance)  pour  quatre  cornets  à  six  pistons, 
Paris,  Sax  ;  6"  Introduction  et  Polonaise  pour 
cornet  à  six  pistons,  id.,  id.-,  7°  Pastorale  pour 
saxophone  ténor,  id.,  id.;  8°  Trois  lieder  pour 
chant,  avec  piano  et  violoncelle  obligés,  Paris, 
Heu  ;  9°  Hymne  à  la  France,  chœur  orphéoni- 
<}ue,  Paris,  Durand-Schœnewerck  ;  10°  Chan- 
son de  Charles  I\,  id.,  i.L-,  il"  Plusieurs  mé- 
lodies vocales,  publiées  chez  Heugel  et  chez  Be- 
noit-, 12°  Douze  Psaumes  des  lyriques  fran- 
çais, à  xine  ou  plusieurs  voix,  avec  accom- 
pagnement d'orgue  ou  de  piano,  id.,  Leduc, 
recueil  remarquable  au  double  point  de  vue  de  la 


forme  et  de  l'inspiration,  et  qui  fait  le  plus  grand 
honneur  à  son  auteur.  —  M.  Lacome  est  l'éditeur 
des  recueils  suivants  :  1°  le  Don  vieux  Temps, 
12  airs  de  société,  sérieux,  à  fredons,  à  danser 
et  à  boire,  à  une  ou  deux  voix,  par  divers 
auteurs  oubliés  des  XVII«  et  XVlir  siècles, 
transcrits  avec  accompagnement  de  piano,  par 
P.  Lacome  (Paris  Heugel);  2°  Échos  d'Es- 
pagne, chansons  et  danses  populaires  recueillies 
et  transcrites  par  P.  Lacome  et  J.  Puig  y  Absu- 
bide,  traduction  française  de  P.  Làcome  et  du 
comte  J.  de  Lau  Lusignan  (Paris,  Durand-Schœ- 
newerk);  3"  le  Tour  du  Monde  en  10  chan- 
sons nationales  et  caractéristiques  (Paris,  Chou- 
dens).  (1)         : 

LACOUSTÈNE  ( ),    compositeur,    a 

fait  ses  études  musicales  au  Conservatoire  de 
Toulouse,  où  il  obtint  diverses  récompenses. 
Devenu  ensuite  musicien  au  77«  régiment  de 
ligne,  il  a  fait  représenter  sur  le  théâtre  d'Agen, 
au  mois  de  février  1867,  une  opérette  en  un 
acte  intitulée  le  Caporal  et  la  recrue,  dont  il 
jouait  et  chantait  lui-même  le  rôle  principal. 

LACROIX  (Paul),  écrivain  fécond,  qui 
a  adopté  le  pseudonyme  littéraire  de  Bibliophile 
Jacob,  sous  lequel  il  a  publié  la  presque 
totalité  de  ses  ouvrages,  est  né  à  Paris  le  27 
février  1806.  Dans  un  de  ses  écrits,  intitulé  : 
Curiosités  de  l'Histoire  des  Arts  (Paris,  De- 
lahays,  1858,  in-16),  se  trouve  un  chapitre  sur 
les  Instruments  de  musique  au  moyen  âge. 

•  LACY(RoPHiNo),  violoniste  et  composi- 
teur, est  mort  à  Londres  le  20  septembre  1867. 
Cet  artiste  était  né  à  lîilbao,  le  19  juillet  1795, 
et  non  1765,  comme  il  a  été  dit  par  suite  d'une 
erreur  typographique.  C'est  à  Ropliino  Lacy 
que  l'on  doit  «  l'adaptation  »  anglaise  de  Robert 
le  Diable. 

*  LA  FAGE  (Juste-Adrien  LENOIR  DE). 
A  la  liste  des  ouvrages  didactiques  et  de.s 
écrits  de  ce  musicien,  il  faut  ajouter  les  sui- 
vants :  1°  Nouveau  Traité  de  plain-chant 
romain,  à  Vusage  de  tous  les  diocèses,  Paris, 
Repos,  1859,in-8'^;—  2°  Essais  de  diphthéro- 
graphie  musicale  et  moderne,  ounotices,  des- 
criptions, analyses,  extraits  et  reproduc- 
tions de  manuscrits  relatifs  à  la  pratique, 
à  la  théorie  et  à  Vhistoire  de  la  musique,  Pa- 
ris, in-8''  avec  atlas;  —  3°  De  l'unité  tonique  et 
de  la  fixation  d'un  diapason  universel,  Paris, 
Dentu,  1859,  in-8°;  —4"  Appendice  au  court 

(l)  M.  Laeome  est  aussi  réditeur.avcc  M.  Edmond  Neu- 
komm.  d'une  publication  dont  U  n'a  paru  qu'un  seul  vo- 
lume, l'Année  musicale  (Paris,  Faure,  1867,  In-lS),  rédi- 
gée, sous  leur  direction,  par  une  réunion  d'écrivains  spé- 
ciaux. 


GO 


LA  PAGE 


LA FONT 


complet  de  plain-chant,  Paris,  in-S";  —  h" 
Gaétan  Donizelii  (extrait  de  la  Biographie  uni- 
verselle), Paris,  in-8";  —  6°  La  viusique  mo- 
derne attaquée  par  un  évéque  et  défendue 
par  îin  roi  (extrait  de  la  Maîtrise),  Paris,  typ. 
deMourgiies,  1859,  in-8"  de  15  pp.  ;  —  7"  Nicolas 
Olivier,  évéque  d'Evreux  (e\traif  de  la  Revue 
et  Gazette  musicale),  Paris,  impr.  Cliaix,  iii- 
8°  de  4  pp.;  —  8°  Lettera  intorno  alV  introdu- 
zione  del  metodo-Wilhem  nelle  scuole  di 
Torino,  indirizzata  al  signor  maestro  Luigi 
Felice  Rossi,  Milan,  1846,  in-8"  ;  —  9"  Banquet 
choronien,  ou;  Réunion  annuelle  des  anciens 
élèves  de  l'école  de  chant  fondée  et  dirigée 
par  Alexandre  Choron  (T*  année,  1855),  Pa- 
ris, in-S"  de  8  pp.  (2*  année,  1856),  Paris,  in- 
8°  de  8  pp.  ;  —  10°  Pierre  Bassi,  ou  le  danger 
des  secondes  noces  (nouvelle  musicale  luimo- 
ristique),  Paris,  in-8°.  —  Adrien  de  La  Page 
avait  été  rédacteur  en  chef  du  journal  le  Pluin- 
chant,  fondé  en  1860  par  l'éditeur  Repos,  et 
devenu  plus  tard  la  Revue  de  musique  sacrée 
ancienne  et  moderne.  Dieudonné  Denne-Baron 
a  publié  sur  cet  excellent  artiste,  dont  il  avait 
été  le  collaborateur  et  l'ami,  une  notice  inté- 
ressante qui  a  paru  sous  ce  titre  :  Adrien  de 
La  Fage  (s.  l.  n.  d.  [Paris,  Repos,  1863]  in-8). 
Cette  notice  est  accompagnée  d'un  portrait  de 
La  Fage  et  de  deux  de  ses  compositions  reli- 
gieuses, un  Ave  Regina  et  un  0  Saluiaris 
avec  accompagnement  d'orgue. 

LAFAYE  ( ).  Un  compositeur  de  ce 

nom  a  fait  représenter  en  1864,  sur  le  théâtre 
de  Périgueux,  un  opéra-comique  en  un  acte  in- 
titulé la  Croix  de  ma  mère. 

LA  FERTÉ.  -  Voyez.  PAPILLON  DE 
LA  FEtlTÉ. 

*  L.\FLÈCI1E  (J....-A....-M....  DE),  com- 
positeur et  |)rofesseur,  était,  en  1820,  directeur, 
conjointement  avec  un  violoncelliste  nommé 
Lefèvre,  d'une  école  de  musique  située  place 
des  Carmes,  à  Lyon,  Cet  artiste  a  publié  un  as^ez 
grand  nombre  de  romances,  et,  s'il  faut  on 
croire  l'auteur  anonyme  de  la  Bibliographie 
musicale  publiée  en  1822  {César  Gardeton), 
il  aurait  écrit  aussi  deux  opéras,  qui  sans 
doute  furent  représentés  à  Lyon.  Voici  la  note 
qu'on  trouve  à  ce  sujet  dans  le  livre  que  je 
viens  de  citer  :  —  »  Nous  devons  à  M.  de 
Laflèche  la  musique  de  deux  o|)éras-<'omiqucs 
joués  avec  succès  :  Isaure,  en  trois  actes, 
1808;  le  Roman  d'un  jour,  en  un  acie,  1812.  » 

LAFLEUR   est  le  nom   d'une    famille  d 
luthiers  qui,  de  piîre  en  fils,  exercent  cette  pro- 
fession depuis  au  moins, un  siècle  à   Paris.  En 
1782,  un  J.  Ladcur  était  établi  depuis  plusieurs 


années  rue  de  la  Coutellerie.  Un  autre  demeu- 
rait en  1835  rue  de  la  Cité,  après  avoir  été 
rue  de  la  Juiverie.  Enfin,  depuis  environ  1840, 
la  maison  Lafleur  est  installée  au  boulevard 
Bonne-Nouvelle,  près  de  la  porte  Saint-Denis, 
et  depuis  longtemps  déjà  a  joint  un  commerce 
d'édition  de  muidque  à  la  fabrication  des  ins- 
truments, fabrication  qui,  en  ce  qui  la  con- 
cerne, est  bien  déchue  de  ce  qu'elle  était  au 
siècle  dernier  et  au  commencement  de  celui-ci. 
Va  frère  de  M.  Lafleur,  le  luthier  parisien, 
est  établi  aujourd'hui  luthier  à  Londres  (1). 

*  LA  FONT  (Cmarlks-Phiuppe).  L'opéra- 
comique  intitulé  Zélie  et  Terville,  attribué 
par  erreur  à  cet  artiste,  n'est  point  de  lui,  mais 
de  Blangini.  D'autre  part,  Lafont  est  l'auteur 
d'un  autre  opéra-comique  en  un  acte,  qui  n'a 
pas  été  porté  à  son  nom-,  celui-ci  avait  pour 
titre  la  Rivalité  villageoise,  et  fut  représenté 
au  théâtre  des  Jeunes-Artistes  le  29  octobre 
1801. 

LAFONT  (Marcelin),  chanteur  qui  acquit 
de  la  réputation  à  l'Opéra,  à  l'époque  des  plus 
grands  succès  d'Adolphe  Nourrit,  était  né  en 
1800  à  Bordeaux,  oii  il  remplissait  le  poste  de 
lieutenant  de  douanes,  lorsque  des  succès  de 
salon  lui  suggérèrent  la  pensée  de  travailler  en 
vue  du  théâtre.  La  nature  l'avait  doué  d'une 
voix  superbe,  fraîche  et  sympathique,  en  même 
temps  que  d'un  physique  opulent  et  magnifique. 
U  vint  à  Paris  en  1821,  avec  son  compatriote 
Ferdinand  Prévost,  qui,  ainsi  que  lui,  devait 
appartenir  plus  tard  h  l'Opéra,  et  tous  deux 
entrèrent  au  Conservatoire.  Le  9  mai  1823, 
Lafont  débutait  sur  notre  première  scène  lyri- 
que dans  le  rôle  de  Polynice  d' Œdipe  à  Colone; 
(luoifiue  très-bien  reçu  par  le  public,  il  com- 
prit qu'il  avait  beaucoup  à  faire  encore  au 
point  de  vue  de  la  pratique  de  la  scène,  et, 
avec  une  modestie  que  ne_-  connaissent    guère 


(1)  Hans  son  livre  :  les  Instrumentt  à  archet,  M.  Vidal 
[foy.  ce  iiuiii)  cite  seulement  deux  I.afleur,  et  11  les  incn- 
liiinm^nnn  coin nrev' luthiers  proprctr.ent  dits,  malt 
roiiiuie  simples  faiseurs  d'archets.  Voici  les  deux  notices 
qu'il  leur  consacre  : 

«  I.AFLEUR  (Jacques),  né  h]  Nancy  en  1760,  morl  à 
Parlsfilii  eliolera  en  1832,  aval:  ses  ateliers  rue  de  la  Jul- 
verlcTn"  sd^ëT'arclieis, ont  une  réputation  ruérilec; 
on  en  rencontre  qui  valent  des  Fr.mçels  Tourte  l.e  mu- 
sée du  Conservatoire  de  l'arlsen  possède  un  (n"  49  du 
catalogue).—  I  afi.euk  iJoseph-Rcne),  liU  du  précèdent, 
né  à  Paris  le  8  juillet  1  SU.  mort  à  Malsons-I.atnile  le 
19  février  1874,  élève  rie  son  père,  a  fait  de  bons  arcliets. 
Il  en  existe  un  très-beau  au  musée  du  Conservatoire  de 
Paris  (n»  *i  du  catalogue).  • 

M,  Vidal  reproduit  un  très-curicui  portrait  de  Jarqucs 
I.allcur,;  habllenirnt  pravé  à  reau-lnrte  par  M.  lllllc- 
m.iclii'r. 


LAFONT  —  LAGET 


61 


les  chanteurs  de  nos  jours,  il  prit  le  parti  de 
quitter  momentanément  Paris  et  d'aller  faire 
en  province  son  apprentissage  de  comédien. 
C'est  ainsi  qu'en  1826  et  1827  il  tenait  au  Grand- 
Tliéâtre  de  Marseille  l'emploi  de  premier  ténor 
d'opéra  et  d'opéra-comique. 

Lorsqu'il  fut  plus  sûr  de  lui,  il  songea  h 
rentrer  à  l'Opéra,  et  reparut  en  effet  à  ce  théâ- 
tre, avec  un  très-réel  succès,  le  24  octobre  1828, 
dans  le  rôle  de  Masaniello  de  la  Muette  de 
Portici,  que  Nourrit  venait  de  créer  avec  tant 
de  succès.  Engagé  pour  doubler  cet  artiste, 
il  se  montra  dans  plusieurs  rôles  du  répertoire, 
où  sa  belle  voix,  ses  qualités  physiques  et  son 
talent  de  chanteur  lui  attirèrent  toutes  les  sym- 
pathies. Il  ne  fut  pas  moins  bien  reçu  lorsqu'il 
créa  ceux  de  Raimbaul  dans  Robert  le  Diable, 
de  Léopold  dans  la  Juive  et  de  Don  Ollavio 
dans  l'adaptation  de  Don  Juan.  Il  promettait 
de  fournir  une  carrière  brillante,  et  s'apprêtait 
à  partir  en  congé  pour  Bordeaux,  où  il  devait 
donner  avec  Levasseur  une  série  de  repré- 
sentations, lorsqu'il  fut  enlevé  rapidement  par 
une  maladie  qui  ne  présentait  d'abord  au- 
cun symptôme  alarmant.  Il  mourut  le  23  août 
1838. 

On  peut  dire  que  la  vie  artistique  deLafont, 
tout  honorable  qu'elle  fut,  n'a  pas  été  ce  qu'elle 
aurait  dû  être  s'il  s'était  produit  dans  des  cir- 
constances plus  favorables.  S'il  avait  eu  un  chef 
d'emploi  moins  admirable  que  Nourrit,  et  si  la 
mort  ne  l'avait  frappé  sitôt,  il  aurait  certaine- 
ment fourni  une  carrière  brillante  et  son  nom 
ne  serait  pas  oublié.  Il  est  à  peu  près  certain 
qu'un  artiste  de  sa  valeur  et  réunissant  ses 
qualités,  se  reproduisant  aujourd'hui,  excite- 
rait l'enthousiasme  du  public  et  parviendrait  à 
la  célébrité. 

Lafont  était  le  frère  cadet  du  comédien  du 
même  nom  qui  se  lit  une  si  grande  réputation 
au  Vaudeville  et  au  Gymnase,  et  qui  mourut 
il  y  a  quelques  années. 

*  LAGARDE  (Pierre),  et  non  N.  DE 
LAGARDE,  compositeur,  naquit  aux  envi- 
rons de  Crécy,  dans  la  Brie,  le  10  février  1717. 
Dans  sa  Note  sur  (quelques  vucsiciens  dans 
la  Brie,  M.  Th.  Lhuillier  produit  des  rensei- 
gnements nouveaux  sur  cet  artiste,  qui  fut  at- 
taché à  la  musique  de  la  chambre  de  Louis  XV 
et  de  Louis  XVI,  et,  après  avoir  été  professeur 
des  enfants  de  France,  devint  surintendant  de 
la  musique  du  comte  d'Artois  et  enseigna  à 
Marie-Antoinette  à  pincer  de  la  harpe.  «  En 
1789,  dit  M.  Lhuillier,  il  était  payé  et  nourri 
par  la  maison  du  roi,  sur  laquelle  il  toucha  en 
1791,  pour  sa  pension,  7,542  1.  10  s.  »  La  date 


de  sa  naissance  se  trouve  consignée  en  1791  au 
Bulletin  des  lois,  dans  un  décret  qui  prouve 
que  ce  compositeur  survécut  jusqu'à  la  Révolu- 
tion; son  nom,  d'ailleurs,  est  encore  compris 
en  1792  dans  la  liste  que  donnait  chaque  année 
l'almanach  intitulé  les  Spectacles  de  Paris  des 
«  musiciens  vivants  qui  ont  travaillé  pour  l'A- 
cadémie royale  de  musique  ou  pour  les  autres 
spectacles  ». 

Le  seul  ouvrage  dramatique  de  cet  artiste  qui 
soit  mentionné  dans  la  Biographie  universelle 
des  musiciens,  Ecjlé,  opéra-ballet  en  un  acte 
fut  écrit  par  lui  pour  le  théâtre  des  Petits- 
Appartements,  et  y  fut  représenté  le  13  janvier 
1748,  avant  d'être  donné  à  l'Opéra  dans  les 
Nouveaux  Fragments;  ce  petit  acte  était  joué 
alors  par  la  marquise  de  Pompadour,  la  du- 
chesse de  Brancas  et  le  duc  d'Ayen.  Le  26  fé- 
vrier 1749,  Lagarde  donnait  encore,  sur  le  théâ- 
tre particulier  de  la  Pompadour,  Sylvie,  opéra- 
ballet  en  trois  actes  et  un  prologue,  dont  Lau- 
jon  lui  avait  fourni  les  paroles.  Enfin,  le  25 
février  1750,  il  faisajt  représenter,  toujours  sur 
la  petite  scène  de  Versailles,  un  autre  opéra- 
ballet  en  trois  actes,  la  Journée  galante,  dans 
lequel  la  favorite  jouait  encore,  comme  dans 
les  précédents  ;  le  premier  et  le  troisième  acte 
de  celui-ci  étaient  seuls  nouveaux,  et  le  second 
était  formé  du  premier  ouvrage  de  Lagarde, 
Eglé. 

Un  musicien  nommé  Lagarde  était  chef  d'or- 
chestre à  l'Opéra  en  1750,  remplissait  encore 
ces  fonctions  en  1755  et  se  retira  peu  d'années 
après.  J'ignore  si  c'est  le  même  que  celui  dont 
il  est  ici  question,  mais  cela  me  paraît  probable. 

LAGARDE  (Pall),  est  le  nom  d'un  ama- 
teur fortuné  qui  a  fait  représenter  à  l'Opéra- 
Comique,  le  16  mai  1860,  un  petit  ouvrage  en 
un  acte,  V Habit  de  Mylord,  dont  l'insigni- 
fiance était  le  moindre  défaut.  M.  Lagarde  a 
publié  quelques  romances  et  mélodies  vocales, 
la  Première  Hirondelle,  Espérance  et  souve- 
nir, les  Trois  Filles  du  ciel,  etc. 

LAGET  (Auguste),  chanteur,  né  vers  1820, 
lit  son  éducation  musicale  au  Conservatoire 
de  Paris,  fut  engagé  ensuite  à  l'Opéra-Comique, 
où  il  resta  plusieurs  années,  puis  quitta  ce 
théâtre  pour  aller  tenir  l'emiiloi  des  ténors  sur 
diverses  scènes  de  province.  Aujourd'hui  fixé 
à  Toulouse,  où  il  a  ouvert  une  école  de  chant 
et  de  déclamation  lyrique,  cet  artiste  est  profes- 
seur de  solfège  au  Conservatoire  de  cette  ville. 
M.  Laget  a  publié  dan>  la  Revue  de  Toulouse 
et  dans  un  autre  journal  local  un  certain  nom- 
bre d'articles  sur  l'art  du  chant  et  sur  les  chan- 
teurs;   il  a  réuni  récemment  ces  ailicles,  et 


&2 


LAGKT  —  LAGUERRE 


en  a  formé  un  volume  qui  a  paru  sous  ce 
titre  :  Le  chant  et  tes  chanteurs  {Pat'is,  Heu- 
gel,  s.  il.  [iS7iJ,  iii-8").  11  n'y  a  dans  ce  vo- 
lume, d  ailleurs  assez  varié  et  d'une  lecture 
facile,  rien  de  bien  nouveau  ni  de  bien  intéres- 
saiil.  Précédemment,  M.  Laget  avait  publié  sous 
ce  titre  :  Roger  (Toulouse,  iinpr.  Charouin, 
1805,  In-S"),  une  notice  biographique  sur  ce 
chanteur  distingué. 

LAGET  (Pai'l-Pierre-Marie-Henri),  chan- 
teur dramatique  et  professeur  au  Conservatoire 
de  Paris,  est  né  à  Toulouse  le  10  décembre 
1821.  Reçu  enfant  de  chœur  à  la  maîtrise  de 
cette  ville  le  25  novembre  1830,  il  étudia  d'a- 
bord le  violon,  puis  le  violoncelle,  et  au  bout 
de  quelques  années  fit  partie  de  l'orchestre  du 
Grand-Théâtre.  Il  quitta  Toulouse  pour  venir 
à  Paris,  où  il  comptait  se  livrer  entièrement  à 
l'étude  du  chant,  et  fut  admis  au  Conservatoire 
le  24  juin  1839.  Au  concours  de  1841  il  rem- 
portait les  deux  seconds  prix  de  chant  et  d'o- 
pera-comique,  et,  sans  attendre  davantage, 
il  quitta  l'école  pour  débjiter  à  l'Opéra-Comi- 
que,  le  26  octobre  de  la  même  année,  dans 
un  ouvrage  nouveau  d'Adam,  la  Main  de  fer, 
dont  le  succès  fut  négatif  et  qui  n'eut  que 
quatre  représentations.  Cependant  on  avait  re- 
marqué que  la  voix  du  débutant  était  d'une 
étonnante  fraîcheur,  d'un  timbre  charmant, 
et  qu'elle  était  conduite  avec  un  goût  véritable  ; 
le  jeune  chanteur  se  montra  bientôt  dans 
divers  ouvrages  du  répertoire,  notamment  dans 
Joconde,  le  Chalet,  Frère  et  Mari.  Mais  le 
théâtre  ne  lui  fut  pas  favorable,  soit  que  sa 
santé,  qui  laissa  toujours  à  désirer,  se  trouvât 
mal  des  fatigues  qu'il  lui  causait,  soit  que  les 
auteurs  hésitassent  à  lui  confier  des  rôles  nou- 
veaux. Toujours  est-il  qu'au  bout  de  quelques 
années,  Laget  quitta  la  scène  pour  se  livrer  à 
l'enseignement.  Dans  cette  nouvelle  carrière,  il 
réu.ssit  pleinement,  et  le  1^'  mai  1856  il  était 
nommé  professeur  de  chant  au  Conservatoire 
en  remplacement  de  Rordogni;  sa  classe  fut 
bientôt  considérée  cotnme  une  des  meilleures 
de  cet  établi.ssemeiit,  et  l'on  peut  surtout  citer 
parmi  les  élèves  qui  en  sortirent  MM.  Caron, 
Roudil,  Mirai,  Melchissédec,  Bosquin,  Géraizer, 
M"*'  Daiam,  Barelti,  Mauduit,  etc.  Laget  a 
rempli  ses  fonctions  de  professeur  au  Conser- 
vatoire jusqu'au  mois  de  février  1875,  époque 
où  il  fut  remplacé  par  M.  Henri  Potier,  l'état 
précaire  de  sa  santé  l'obligeant  à  un  repos 
absolu.  Ce  repos  ne  sufOl  pas  à  la  rétablir,  et 
Laget,  qui  était  allé  se  fixer  à  Rieux  (Haute- 
Garonne),  non  loin  de  sa  ville  natale,  y  mourut 
le  15  septembre  .suivant. 


LAGOAiXERE    (0 DE),  violoniste 

et  compositeur,  a  fait  représenter  deux  opé- 
rettes en  uu  acte  :  fÊtape  d'un  réserviste, 
Folies-Marigny,  1876,  et  les  Deux  Panthères, 
Douffes-du-Nord,  1877.  Ce  jeune  artiste  occupe 
l'emploi  de  répétiteur  au  théâtre  de  la  Renais- 
sance. 

LAGRAVE  (Pierre),  compositeur,  né  à 
Paris  en  1810  ou  ISll,  fit  ses  études  au  Con- 
servatoire de  celte  ville,  où  il  fut  l'élève  de 
Fétis  pour  le  contrepoint  et  la  fugue,  et  de 
Berton  pour  la  composition  lyrique.  Ayant 
pris  part,  en  1831,  au  concours  de  l'Institut, 
il  y  obtint  le  premier  second  prix  de  Rome, 
tandis  que  M.  Ainbroise  Thomas  obtenait  une 
mention  honorable;  mais  l'année  suivante, 
M.  Thomas  remportait  le  premier  prix,  et  La- 
grave  n'était  point  couronné,  ce  qui  causa  la 
mort  de  ce  jeune  artiste  trop  impressionnable. 
Dans  la  Revue  musicale  du  14  juillet .1832, 
Fétis  rendait  compte  de  ce  fait  dans  les  termes 
suivants  :  —  «  Les  suites  du  concours  de  corn- 

• 

position  musicale  de  l'Institut  ont  été  funestes 
cette  année,  car  le  jeune  Lagrave  y  a  trouvé 
la  mort.  Doué  de  l'imagination  la  plus  bril- 
lante et  la  plus  originale,  ce  jeune  artiste,  élève 
deïMM.  Berton  et  iFétis,  était  vraisemblable- 
ment destiné  à  faire  un  jour  la  gloire  de  l'école 
française.  Des  quatuors,  des  symphonies  qu'il 
avait  fait  entendre  avaient  donné  de  lui  celte 
opinion  à  ceux  qui  les  avaient  entendus.  L'aunée 
dernière  il  avait  obtenu  un  premier  second  prix 
à  l'Institut.  Tout  semblait  présager  son  triom- 
phe au  concours  de  cette  année;  mais  le  pre- 
mier prix  a  été  adjugé  jeudi  dernier  à  M.  Tho- 
mas, élève  de  M.  Lesueur,  par  la  section  de 
musique.  Ému  à  l'excès  par  ce  jugement  qui 
renversait  ses  espérances,  Lagrave  fut  frappé 
d'une  attaque  de  nerfs  si  violente  qu'elle  a  causé 
sa  mort.  Ce  cruel  événement  n'est  pas  seule- 
ment douloureux  pour  sa  famille  et  ses  amis; 
elle  enlève  à  la  France  un  artiste  qui  l'aurait 
honorée.  » 

■*  LAGUERRE  (Marie-Joséphine).  On  a 
publié  sur  cette  chanteuse  l'opuscule  suivant  : 
Une  vente  d'actrice  sous  Louis  XV J.  Ai"»  La- 
guerre,  de  l'Opéra,  son  inventaire,  jueubles 
précieux,  porcelaines  de  Sèvres,  cristal  de 
roche,  etc.,  avec  une  introduction  et  des  notes, 
par  le  baron  Ch.  Davillier.  Portrait  à  l'eau- 
forte  par  Gilbert  (Paris,  Aubry,  1870,  in-8°). 
L'auteur,  grand  amateur  de  faïences  et  de  cu- 
riosités de  toutes  sortes,  avait  publié  précé- 
demment un  livre  sur  les  faïences  espagnoles  ; 
c'est  ce  qui  explique  cette  publication,  faile 
uniquement  au  point  de  vue  de   la  curiosité, 


LAGUERRE  —  LA  HYE 


6a 


et  qui  n'a  de  musical  que  le  nom  de  l'artiste 
qui  en  fait  l'objet  d'une  façon  indirecte  et  le 
portrait  qui  l'accompagne. 

LAG\E  (Alexandre),  musicien  belge,  occupe 
les  fonctions  de  dief  d'orchestre  au  théâtre  de 
l'Alcazar,  de  Bruxelles,  où  il  a  fait  représenter, 
le  7  mars  1878,  un  opéra-comique  en  un  acte 
intitulé  Pierrot  et  Folie.  Cet  artiste  a  écrit  la 
musique  de  quelques  ballets  dont  j'ignore  les 
tiires,  et  qui  ont  été  joués  au  théâtre  royal  de  la 
Monnaie,  de  Bruxelles. 

LA  HAUSSE  (F -J ),  est  auteur 

d'un  écrit  dirigé  contre  le  système  de  la  nota- 
tion musicale  par  le  chiffre  :  De  la  vulgari- 
sation de  la  musique.  Égarements  de  la  mé- 
thode Galin-Paris-Chevé  (Paris,  Legouii, 
1858,  in-S"). 

LAIIOZ  (Florencio),  prolcaseur  de  piano 
et  compositeur  espagnol,  né  dans  l'Aragon,  fit 
son  éducation  musicale  au  Conservatoire  royal 
de  Madrid,  où  il  devint  l'élève  de  Pedro  Albeniz 
pour  le  piano,  et  de  Ramon  Carnicer  pour  la 
théorie  de  l'art.  Il  se  lit  connaître  ensuite  par 
la  publication  d'un  grand  nombre  de  composi- 
tions pour  le  piano  et  pour  le  chant,  dont  quel- 
ques-unes devinrent  populaires.  Cet  artiste  est 
mort  à  Madrid,  le  25  avril  1868,  à  l'âge  de 
cinquante-deux  ans. 

LA  HYE  (LoL'isE  -  Geneviève  ROUS- 
SEAU, épouse  DE),  pianiste,  organiste  et 
compositeur,  professeur  d'harmonie  au  Conser- 
vatoire de  Paris,  naquit  à  Charenton  (Seine), 
le  8  mars  1810.  Elle  était  arrière-petile-nièce 
de  Jean-Jacques-Rousseau  ;  son  père,  Charles- 
Louis  Rousseau,  musicien  obscur,  étant  le  fils 
de  Denis-Claude  Rousseau  ;  qui  lui-même  était 
fils  du  frère  aine  de  l'auteur  de  la  Nouvelle 
Uéloïse  (1).  Elle  étudia  la  musique  dès  ses 
plus  jeunes  années,  d'abord  avec  son  père, 
[tuis  avec  Saint-Amans,  et  dès  l'âge  de  neuf 
ans,  elle  s'exerçait  à  la  composition,  sans  con- 
naître les  règles  de  l'art,  mais  avec  un  instinct 
naturel  et  une  intelligence  qui  faisaient  prévoir 
un  brillant  avenir.  Admise  au  Conservatoire 
à  l'âge  de  onze  ans,  elle  y  suivit  les  classes 
d'orgue,  de  piano  et  de  chant,  et  faisait,  dit-on, 
l'admiration  de  ses  professeurs.  En  1825,  elle 
obtenait  un  accessit  de  vocalisation,  mais  bien- 

(1)  Je  tire  les  éléments  de  cette  notice  d'un  article 
publié  par  Castil-Blaze  dans  la  France  musicale  du  si 
février  1839.  Quoique  je  n'aie  qu'une  confiance  trés-liml- 
tée  dans  les  assertions  historiques  de  Castil-Blaie,  qui 
sont  toujours  sujettes  à  caution,  comme  J'ai  pu  vérifier 
l'exactitude  absolue  des  faits  artistiques  rapportes  dans 
cet  article,  J'ai  pensé  qu'on  pouvait  accorder  la  même 
créance  aux  autres  faits,  contre  lesquels,  d'al'leurs, 
personne  n'a  réclan  é 


tôt  elle  était,  pour  raisons  de  santé,  obli- 
gée d'abandonner  l'étude  du  chant;  en  1826, 
elle  se  voyait  décerner  un  second  prix  d'orgue, 
et  elle  remportait  le  premier  l'année  suivante. 
Elle  se  li\  la  alors  à  l'enseignement  et  à  la  com- 
position, et,  en  183U,  Cherubini  lui  confiait  une 
classe  d'harmonie  spécialement  destinée  aux 
jeunes  filles.  Le  10  avril  1831,  elle  exécutait  à 
la  Société  des  concerls  du  Conservatoire  une 
fantaisie  pour  orgue  expressif  avec  accompagne- 
ment, composée  par  elle,  et  obtint  un  très- 
grand  succès.  Mais  elle  venait  de  se  marier,  et, 
abandonnant  la  situation  qu'elle  s'était  acquise 
gi  jeune  au  Conservatoire,  elle  quitta  Paris  et 
suivit  son  époux  à  Cambrai,  où  elle  passa  trois 
années. 

De  retour  à  Paris  à  la  fin  (ffe  1834,  elle  y 
reprit  son  enseignement,  tout  en  s'occnpaut 
beaucoup  de  composition,  et  même  de  littéra- 
ture, car  c'était  im  esprit  distingué  à  tous  les 
points  de  vue.  En  1835,  M™'  de  La  Hye  faisait 
entendre,  dans  un  concert  donné  par  elle  à 
l'Hôtel-de-Ville,  une  grande  composition  dra- 
matique intitulée  le  Songe  de  la  Religieuse, 
qui  n'était  autre  chose  qu'un  grand  acte  d'opéra 
avec  choeurs.  Bientôt  elle  publia  un  certain 
nombre  de  compositions,  parmi  lesquelles  un 
duo  de  piano  et  cor  sur  des  motifs  de  Hobin- 
des-Bois,  des  variations  pour  piano  avec  ac- 
compagnement de  quatuor,  des  variations  pour 
le  même  instrument  sur  un  air  de  la  Muette 
de  Portici  (publiées  sous  le  nom  de  M.  Léon 
Saint-A)nans  fils), et  une  douzaine  de  romances 
et  mélodies  vocales. 

Malheureusement,  l'état  de  santé  de  cette 
femme  intéressante  était  très-précaire.  Souffrant 
depuis  ses  jeunes  années  d'une  affection  au  foie 
que  venait  compliquer  une  inllammation  intes- 
tinale, elle  se  vit  bientôt  obligée  de  renoncer 
à  tout  travail.  Malgré  ce  repos  forcé,  la  ma- 
ladie fit  de  rapides  progrès,  et  M'"  de  La  Hye 
mourut  le  17  novembre  1838,  à  l'âge  de  vingt- 
huit  ans,  laissant  deux  jeunes  orphelins  qu'elle 
n'avait  pas  eu  le  temps  d'élever. 

On  publia  après  sa  mort  une  Méthode  d'orgue 
expressif el  un  recueil  de  six  mélodies  italiennes 
tiiée'î  de  l'Esule  de  Pietro  Giannone,  composées 
pour  Tamhurini,  Rubini,  Lablache,  M"""  Grisi, 
Persiani,  Albertazzi,  et  dédiées  à  la  princesse 
Belgiojoso.  Elle  laissait  en  portefeuille  plusieurs 
messes,  une  Méthode  et  des  Études  de  piano, 
un  Traité  d'haimonie  et  de  contrepoint,  plus 
de  vingt  compositions  de  genre  pour  le  piano 
et  pour  l'orgue  expressif,  enfin  une  centaine  de 
romances,  mélodies,  scènes  dramatiques,  etc. 
La  maladie  ne  lui  avait  pas  laissé  le  temps  de 


64 


LA  HYE  —  LAJARTE 


tnellre  la  main  h  deux  livrets  d'opéras-comi- 
■ques  qui  lui  avaient  été  confiés.  M""  de  la  Hye 
avait  publié  dans  un  journal,  la  Gazette  des 
safona,  deux  nouvelles  intitulées  :  J'ai  vu  t 
et  les  Deux  Justices. 

LAIR  DE  BEAUVAIS  (Alfrf.d),  com- 
positeur, né  à  Bayeux  vers  1820,  était  le  fils 
<3'un  architecte  de  cette  ville.  Il  cultiva  de 
bonne  heure  ses  dispositions  pour  la  musique, 
et  conduisit  ses  éludes  assez  loin  pour  qu'il 
lui  fût  permis  d'aborder  avec  un  égal  succès 
le  genre  sacré  et  le  genre  profane.  Il  publia 
beaucoup,  et  il  obtint  même,  avec  quelques- 
unes  de  ses  romances,  chantées  par  les  artistes 
en  renom,  un  succès  de  vogue. 

Il  eut  été  d'autant  plus  facile  à  Lair  de  Beau- 
■vais  de  donna"  satisfaction  à  ses  inclinations 
artistiques,  qu'il  se  trouvait  à  la  tête  d'une 
jolie  fortune;  mais  il  ne  sut  que  la  gaspiller  dans 
de  folles  entreprises.  Ainsi,  en  1846,  il  fonda 
à  Bayeux  le  Courrier  mustcat  du  Calvados, 
feuille  mensuelle  d'abord,  puis  bientôt  semi- 
mensuelle,  avec  musique  et  portraits;  et  pour 
se  montrer  gracieux  envers  ses  abonnés,  il 
ieur  olfrit,  avec  le  concours  d'artistes  renom- 
més, deux  concerts,  l'un  à  Caen,  l'autre  à 
Sayeux.  Ce  journal  ne  vécut  guère  plus  d'un  an. 

Quelques  années  après,  Lair  de  Beauvais 
établit  dans  sa  ville  natale  une  maison  pour  la 
vente  des  pianos  et  des  orgues,  entreprise  qui 
ne  réussit  point.  En  octobre  1859,  il  vint  se 
fixer  à  Caen,  comme  professeur  de  musique, 
et  il  organisa,  pour  faire  entendre  ses  œuvres, 
quelques  grandes  exécutions  musicales,  en- 
trautres un  festival  auquel  M"'  Masson, 
MM.  Roger  et  J.  Lefort  ap|)ortèrent  le  concours 
de  leur  talent.  Son  séjour  à  Caen  dura  peu  ;  il 
transporta  ses  pénates  à  Brest,  où  il  fonda  une 
société  musicale  qui  devint  bientôt  prospère  ; 
mais  l'esprit  de  conciliation  manquait  complète- 
ment à  Lair  de  Beauvais.  lirouillé  avec  tout  le 
monde,  il  dut  quitter  Brest,  et  il  se  rendit  à 
Paiis. 

A  peu  près  ruiné,  ne  comptant  plus  sur  la 
musique  pour  trouver  des  moyens  d'existence, 
il  essaya  de  diverses  industries,  et  ne  réussit 
dans  aucune.  Enfin,  il  fut  trop  heureux  de 
pouvoir  accepter  la  place  qu'on  lui  offrait, 
d'organ'iste  de  l'église  Saint-Pierre,  à  Dreux,' 
ville  dans  laquelle  il  est  mort,  au  mois  de  mai 
1809. 

Lair  de  Beauvais  est  auteur  d'un  Traité  des 
principes  théoriques  qui  régissent  la  musi- 
que, publié  à  Paris,  chez  Dentu,  en  18G2, 
br.  in-S°.  On  trouve  à  la  fin  un  catalogue 
complet  des  œuvres  de   l'auteur.   iNous    nous 


bornerons  à  ciler  les  principales  :  r  Musique 
RELIGIEUSE  :  mcssc  solennelle  à  (rois  voix 
d'iiommes  avec  orgue  ou  orchestre,  Paris,  Ri- 
cliault.  —  Te  Deum,  à  4  v.  sans  ace,  id.,  id. 
—  Te  Deum,  à  quatre  v.  d'hommes,  orgue  et 
orchestre,  id.,  id.—  Inviolala,  motet  pour  so- 
prano ou  ténor,  id.,  id.  —  Jlegina  Cœli,  solo 
de  soprano  ou  ténor,  id.,  id.  —  Salve  liegina, 
id.,  id.  —  Subtuuîn  praesidium,  pour  soprano 
ou  ténor,  id.,  id.  —  Tantum  ergo,  pour  soprano 
ou  ténor,  id.,  id.  —  Les  Litanies  de  la  Sainte 
T'ie/'g'e,  paroles  françaises,  solo  de  soprano,  id., 
id.  —  La  Journée  sainte,  recueil  de  six  can- 
tiques à  3  voix,  Paris,  Heugel  et  Cie.  —  2"  Scè- 
nes, MÉLObiES,  etc.  :  Ephraïm,  scène  biblique, 
Paris,  Richault. — Le  premier  concert,  grande 
scène  lyrique,  id.,  id.  —  Une  étoile  daris  les 
deux,  grande  scène  dramatique,  id.,  id.  —  Les 
deux  Captives,  nocturne  à  2  v.  id . ,  id.  —  Gloire 
du  ttwnde,  mélodie  avec  violoncelle,  id.,  id.  — 
Le  Testament  divin,  mélodie,  id.,  id.  —  La 
Reine  du  Coteau,  chanson  pour  soprano  et 
hautbois,  id.,  id.  —  3°  Choeuhs  :  Ifymne  à  la 
terre,  à  4  voix  d'hommes  (sans  ace),  Paris, 
Richault.  —  Une  promenade  à  la  mer,  id., 
id. —  Une  halte  de  Bohémiens  (avec  piano), 
id.,  id.  —  Les  Charbonniers  de  la  Forét-Noire 
(id.),  id.,  id...  etc.  etc.  Ces  compositions  annon- 
cent un  musicien  instruit,  mais  peu  original; 
s'il  n'a  rencontré  que  de  loin  en  loin  d'heu- 
reuses inspirations,  au  moins  a-t-il  montré 
partout  de  la  clarté  et  de  la  franchise.  La  mu- 
sique religieuse  de  Lair  de  Beauvais  lui  avait 
valu  les  titres  très-enviés  de  membre  de 
l'Académie  pontificale  de  Sainte-Cécile  de 
Rome,  et  de  l'Académie  des  beaux-arts  de  Flo- 
rence. 

J.C  —  z. 
LAJARTE  (Théodore  -  Edouard  DU- 
FA  URE  DE),  compositeur  et  écrivain  sur 
la  musique,  est  né  à  Bordeaux  le  10  juillet 
1826.  Après  avoir  étudié  la  musique  dans  sa 
ville  natale  sous  la  direction  d'un  arti.ste  nommé 
Graff,  qui  avait  été  élève  de  Rticba,  après 
avoir  travaillé  le  violon  et  le  piano,  il  vint 
à  Paris  en  1850,  et  fut  admis  au  Conser- 
vatoire dans  la  classe  de  fugue  et  de  com- 
position de  Leborne.  Celui-ci  le  prit  en  affec- 
tion, et  ce  fut  lui-même  qui  le  conduisit  chez 
Séveste,  directeur  du  Théâtre  Lyrique,  pour 
le  lui  recommander  et  lui  faire  obtenir  un 
poème.  Séveste  confia  au  jeune  compositeur 
celui  d'un  petit  opéra-comique  en  un  acte,  le 
Secret  de  l'oncle  Vincent,  qui  fut  joué  avec 
succès  en  1855,  et  obtint  soixante-dix  repré- 
sentations consécutives.  M.   de  Lajarle  donna 


LAJARTE  —  LARE 


65 


ensuite  au  même  tliéàlre  le  Duel  du.  Comman- 
deur (un  acte,  1857),  Mam'zelle  Pénélope 
(un  acte,  1859),  et  le  Neveu  de  Gulliver,  opé- 
ra-ballet en  3  actes  (1861);  après  un  long  si- 
lence, il  fit  jouer  au  tliéâfre  de  l'Aliiénée,  en 
1872,  un  petit  acte  intitulé  la  Farce  de 
maistre  Villon,  et  à  Enghien,  par  les  artistes  de 
l'Opéra-Comique  (1"  juillet  1876),  un  autre 
petit  acte.  Pierrot  ténor. 

M.  Théodore  tle  Lajarte  s'est  fait  connaître 
aussi  comme  compositeur  de  musique  mili- 
taire; il  a  fait  exécuter  à  l'église  Saint-Roch, 
le  10  mars  1857,  par  cent  cinquante  soldats- 
choristes  de  la  musique  du  1"  régiment  de 
grenadiws  de  la  garde  impériale,  une  grande 
messe  militaire,  et  il  a  publié  les  compositions 
suivantes  :  r  VOrphéon  de  l'armée,  six  chœurs 
avec  accompagnement  de  fanfai'C,  dédiés  au 
maréchal  Niel  (Paris,  Grus);  2"  Nouveau  ré- 
pertoire des  musiqties  d''fiannonie  et  des  fan- 
fares civiles  et  militaires,  25  marches  et  pas 
redoublés  (id.,id.);  3"  Six  pas  redoublés  {Lon- 
dres,  C ramer- NVood)  ;  4°  Marche  triomphale, 
pour  harmonie  (Paris,  Leduc);  5"  Fantaisie 
symphoniqiie,  pour  harmonie  (Paris,  Lalleur); 
6°  six  ouvertures  pour  harmonie  (Paris,  Gautrot 
aîné);  7"  Airs  de  ballet,  fantaisie  originale 
pour  harmonie  (id.,  id.)  ;  S"  le  Beau  Grena- 
dier, pas  redoublé  pour  fanfare  (id.,  id.),  etc.,  etc. 

Comme  écrivain  spécial,  M.  Th.  de  Lajarte 
a  donné  de  nombreux  articles  au  Moniteur  des 
Arls,  à  la  France  musicale,  au  Ménestrel, 
à  la  Chronique  musicale,  au  Monde  illustré, 
à  l'Illustration,  à  la  Presse,  à  la  Patrie,  au 
Courrier  diplomatique,  à  VAvenir  libéral 
(sous  un  pseudonyme)  ;  il  a  été  le  critique 
musical  en  titre  de  trois  journaux  qui  n'ont  eu 
qu'une  courte  existence  :  le  Globe,  le  Public 
et  V Assemblée  nationale;  enfin,  il  a  publié 
une  brochure  ainsi  inlitidée  :  Instruments 
Sax  et  Fanfares  civiles  (Paris,  I8C7,  in-S"). 
Depuis  1873,  M.  Théodore  de  Lajarte  est  atta- 
ché aux  Archives  de  l'Opéra,  auxquelles  il  a 
rendu  de  véritables  services  en  apportant  l'ordre 
nécessaire  dans  la  bibliothèque  musicale  de  ce 
théâtre,  jusque-là  négligée  plus  que  de  raison, 
et  en  en  dressant  l'inventaire  avec  un  soin 
scrupuleux;  c'est  ce  qui  lui  adonné  l'idée  d'un 
ouvrage  fort  utile  dont  la  publication  par  fas- 
cicules a  commencé  rétemment  (la  première 
livraison  a  paru  au  mois  de  juillet  1876),  et 
qui  formera  deux  forts  volumes  :  Biblio- 
thèque musicale  du  théâtre  de  VOpéra, 
Catalogue  historique,  chronologique,  anecdo- 
tique,  publié  sous  les  auspices  du  ininis- 
tère  de  V  Instruction  publique  et  des  beaux- 

BIOGR.    vm\.    DES   MUSICIENS.    SL'PPL.    —   T. 


arts  et  rédigé  par  Théodore  de  Lajarte,  bi- 
bliothécaire attaché  aux  Archives  de  VOpéra 
(Paris,  Jouaust,  in-8"  avec  portraits  à  l'eau- 
forte).  Ce  catalogue  contient,  sur  les  œuvres 
représentées  à  l'Opéra,  des  renseignements  pré- 
cieux et  inédits  puisés  dans  les  registres  d'é- 
margement de  notre  première  scène  lyrique, 
les  états  de  recettes,  les  affiches,  etc.;  c'est 
assurément  là  un  livre  ,  sans  pré<édents,-  et 
dont  l'importance  se  mesure  à  celle  du  théâ- 
tre dont  il  rappelle  les  hauts  faits. 

M.  Théodore  de  Lajarte  a  fait  jouer  naguère, 
en  société,  un  petit  opéra  de  salon  intitulé  : 
On  guérit  de  la  peur,  et  il  a  en  portefeuille 
un  opéra-comique  en  deux  actes,  le  Portrait 
d'un  grand  liomme.  On  lui  doit  encore  un 
petit  recueil  intéressant  publié  sous  ce  titre  : 
Airs  à  danser,  de  Lulli  à  Méhul,  transcrits 
d'après  les  manuscrits  originaux  de  la 
Bibliothèque  de  l'Opéra  de  Paris,  Paris,  Du- 
rand-Schœnewerk,  in-8°.  Enfin,  M.  de  Lajarte 
a  entrepris  tout  récemment  une  publication 
utile,  intéressante,  et  d'un  caractère  en  quel- 
que sorte  national  ;  sous  le  titre  de  Chefs- 
d'Œuvre  classiques  de  l'Opéra  français, 
il  se  propose  d'offrir  au  public  toute  une  sé- 
rie de  partitions  pour  piano  et  chant,  choisies 
parmi  les  anciens  chefs-d'œuvre  de  notre  pre- 
mière scène  lyrique  dont  on  n'a  jamais  donné 
que  les  partitions  à  orchestre,  lesquelles  sont 
aujourd'hui  à  peu  près  introuvables,  et  dont, 
en  tout  cas,  la  lecture  exige  un  musicien  ab.so- 
lument  exercé.  Déjà,  la  partition  du  Thésée  de 
Lully  a  paru  (Paris,  Michaelis,  in-S"),  et  M.  de 
Lajarte  annonce  celles  de  Psyché  et  (\'Armide, 
du  même  artiste,  de  Castor  et  Pollux  et  des 
Fêles  d''Hébé,  de  Rameau,  de  l'Europe  galan- 
te, de  Campra,  de  Didon,  de  Picinni,  etc. 
C'est  là  une  entreprise  intelligente  et  vraiment 
pleine  d'intérêt. 

LA  JAUiMÈREi (André  DE),  musicien 
normand,  fut  maître  de  musique  de  la  collégiale 
du  Sépulcre,  à  Caen,  et  dut  remplir  ces  fonc- 
tions pendant  environ  un  demi-siècle,  car  il 
en  était  déjà  chargé  en  1714,  et  les  occupait 
encore  en  1757.  Cet  artiste,  aujourd'hui  tombé 
dans  l'oubli,  a  joui  dans  son  temps  d'une  grande 
renommée,  et  était  célèbre  dans  toute  la  Nor- 
mandie. On  lui  doit,  entre  autres  compositions, 
la  musique  du  Triomphe  de  la  vertu  ou 
Sainte  Cécile,  «  tragédie  chrestienne  en  mu- 
sique, »  publiée  à  Caen  en  1714,  chez  J.  Godes, 
et  qui  fut  sans  doute  exécutée  à  la  Collégiale. 

LAlîE  (GEoncEs),  compositeur,  organiste 
et  écrivain  musical  anglais,  artiste  estimé  dans 
on  pays,  a  produit,  entre  autres  œuvres,  un 
II.  5 


66 


LARE  —  LALO 


grand  oratorio,  Daniel,  (|ui  a  clé  exôculé  à 
Londres,  dans  St-Marlia's  liall,  avec  (|uel<iue 
succès.  Il  a  publié  pendant  un  certain  temps 
une  feuille  spéciale,  the  Musical  Gazelle, 
dont  l'existence  n'a  pas  été  de  longue  durée. 
Cet  artiste  est  mort  à  Londres  le  24  décem- 
bre 18C5. 

*  LALAADE  (MicnKi.-RicHARD  DE).  La 
musique  du  ballet  les  ÉlcmenU  a  été  écrite 
par  cet  ariisle  en  société  avec  Destouches. 
Quelques  auteurs  lui  attribuent  aussi  la  mu- 
sique des  chants  et  des  divertissements  de 
l'Inconnu,  comédie  iiéroique  de  Thomas  Cor- 
neille et  de  De  Visé,  jouée  au  théâtre  Guéné- 
gaud  le  17  novembre  1075;  mais  cela  paraît 
peu  probable,  car  à  cette  époque  il  n'avait  pas 
encore  accompli  sa  dix-huitième  année.  Lalande 
a  écrit,  pour  les  théâtres  de  la  cour,  les  ou- 
vrages dont  voici  les  titres  :  1°  Ballet  de  la 
Jeunesse,  divertissement  en  3  actes  et  3  inter- 
mèdes, Versailles,  28  janvier  168C;  2"  V Amour 
fléchi  par  la  Constance,  pastorale  divisée  en 
neuf  scènes,  Fontainebleau,  1697  ;  3"  les  Folies 
de  Cardenio,  pièce  héroï-comique,  ballet  en 
trois  actes  et  en  prose,  précédé  d'un  prologue 
en  vers,  «  dansé  par  le  roi,  dans  son  château 
des  Thuilleries,  le  13  décembre  1720.  » 

*  LALAXDE  (HENRIETTE  -  Clkmextine 
LAMIRAUX-LALAADE,  épouse  MÉRIC, 
connue  sous  le  nom  de  M""=  MER1C-).  Cette 
grande  artiste  est  morte  à  Chantilly,  près  de 
Paris,  le  7  septembre  1867. 

LALEM  ( ),  compositeur  italien,  a  fait 

représenter  sur  le  théâtre  de  la  Concorde,  à 
Crémone,  le  10  février  1868,  un  opéra  semi- 
sérieux  qui  avait  pour  titre  Fornaretto. 

LALLIET  (C.vsiJiiR-TuÉopniLE),  hautboïste 
distingué  et  compositeur  pour  son  instrumejit, 
est  né  à  Evreux  (Kure),  le  5  décembre  1837. 
Admis  au  Conservatoire  de  Paris,  dans  la  classe 
de  liaulbois  de  Verroust,  en  1858,  il  y  fit  de 
rapides  progrès,  fut  admis  au  concours  dès 
l'année  suivante,  remporta  le  second  prix,  et 
se  vil  décerner  le  premier  en  1800.  M.  Lalliet 
se  fit  bientôt  remarquer  comme  virtuose,  dans 
les  concerts,  par  sa  jolie  qualité  de  son,  son 
style  pur  et  son  élégante  manière  de  phraser  ; 
il  se  fit  applaïuiir  surtout  aux  Concerts-Danbé 
et  dans  les  intéressantes  séances  de  la  Société 
clas.^ique.  Il  lait  depuis  plusieurs  années  partie 
de  l'orchestre  de  l'Opéra.  Cet  artiste  s'est  fait 
connaître  aussi  par  la  publication  d'un  certain 
nombre  de  morceaux  pour  hautbois  avec  ac- 
compagnement d  orchestre  ou  de  piano,  parmi 
lesquels  je  signalerai  les  suivants  :  Fantaisie 
de  concert  sur   un  thème  populaire  de  Frédéric 


Uérat,  op.  4,  Paris,  Gérard  ;  Fantaisie  sur  Lu- 
cie de  Lamermoor,  op.  18,  Paris,  Crus;  Sou-' 
venir  de  Berlin,  fantaisie  sur  un  thème  ori- 
ginal, Paris,  Gérard  ;  Echos  des  Bois,  fan- 
liiisie  originale;  Fantaisie  sur  Marlha,  Paris, 
Braudus;  Préluiie  et  Variations  sur  le  Car- 
naval de  Venise,  etc.,  elc.  M.  Lalliet  a  publié 
aussi  un  Terzetto  pour  piano,  hautbo'is  et  bas- 
son, op.  22,  Paris,  Maho. 

LALLOUETTE  (Ambroise),  écrivain  fran- 
çais du  dix-septième  siècle,  est  l'auteur  d'un 
petit  ouvrage  publié  sous  ce  titre  :  Histoire 
abrégée  des  ouvrages  latins,  italiens  et  fran- 
çois  pour  et  contre  la  comédie  et  l'opéra, 
OriiMi^  16';.7,  tn  12. 

"^LALLOYAU  ( ),  est  le  nom  d'un  ar- 
tiste obscur,  qui  écrivit  la  musique  de  trois 
ballets-pantoinirnes  représentés  vers  1772  sur  le 
théâtre  de  Nicolet  :  1°  le  Bavissemeni  d'Eu- 
rope; 2°  la  Descente  d'Enée  aux  Enfers; 
3°  le  Triomphe  de  famour  conjugal. 

LALO  (Edouard),  violoniste,  compositeur 
distingué  et  l'un  des  représentants  les  plus  in- 
téressants et  les  mieux  doués  de  la  nouvelle 
école  musicale  française,  est  né  vers  1830  et  a 
lait  ses  études  musicales  au  Conservatoire  de 
Lille,  sous  la  direction  d'un  professeur  alle- 
mand nommé  Baumann.  Il  vint  ensuite  à  Paris, 
et,  tout  en  se  faisant  remarquer  comme  exécu- 
tant eu  tenant  la  partie  d'alto  dans  les  séances 
de  musique  de  chambre  fondées  par  MM.  Ar- 
mingàud  et  Léon  Jacquard,  il  se  livra  à  la 
composition  et  commença  à  publier  des  mélo- 
dies vocales  et  quelques  œuvres  instrumentales. 
Pourvu  d'une  éducation  très-solide,  doué  de 
réelles  aptitudes  et  d'un  sentiment  <]e  l'art 
très-élevé,  soucieux  à  la  fois  du  fond  et  de  la 
forme,  M.  Lalo,  qui  était  évidemment  en  avance 
sur  le  goût  public,  entrevoyait  un  idéal  auquel 
songeaient  alors  bien  peu  de  musiciens.  Ses 
tendances  progressives  se  faisaient  jour  dans 
ses  premières  œuvres;  aussi  celles-ci,  qui 
furent  remarquées  en  Allemagne,  i)asjèrent  à 
Paris  tout  à  tait  inaperçues.  11  faut  remarquer 
qu'à  cette  époque,  le  terrain  nuisical  était 
infesté  de  ces  pioduclions  sans  saveur  et  sans 
valeur  qu'on  a|)pelait  fantai.^ies,  variations, 
transcriptions,  etc.,  et  qui,  coulées  toutes  dans 
un  moule  uniforme  et  prenant  pour  base  des 
motifs  populaires  et  des  thèmes  d'opéras  en 
vogue,  ne  laissaient  place  à  aucune  person- 
nalité. 

Le  résultat  négatif  ((u'il  avait  obtenu  avec 
ses  premières  publications  découragea  le  jeune 
compositeur,  et  fit  naître  dans  son  esprit  ce 
doute  si  afiligeanf,  si  douloureux  et    si  cruel 


LALO 


67 


pour  les  véritables  artistes.  Ces  premiers  tra- 
vaux étaient  considérables,  et  comprenaient 
2  trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  un 
quatuor  pour  instruments  à  cordes,  une  sonate 
pour  piano  et  violon,  une  série  de  six  mélodies 
vocales  sur  des  paroles  de  Victor  Hugo,  et 
plusieurs  morceaux  de  moindre  importance. 
Outre  cela,  M.  Lalo  avait  composé  deux  sym- 
phonies et  deux  quintettes  qui  n'ont  jamais 
été  publiés.  Devant  l'indifférence  du  public, 
il  fut  pris  d'une  véritable  défaillance  intellec- 
tuelle, et,  renonçant  à  la  lutte,  il  s'abstint  abso- 
lument d'écrire  pendant  plusieurs  années. 

Cependant,  tandis  qu'il  avait  tort  de  se  dé- 
courager,  le  goiU  public,  activé    par    l'intelli- 
gente impulsion   que  M.  Carvaibo  avait  donnée 
au    Tliéàlre-Lyrique,  stimulé   par  la  fondation 
des  Concerts  populaires  de  M.   Pasdeloup,  su- 
bissait  une    évolution    vraiment     magnilique, 
et  l'art  commençait  à  marcher  dans  une  voie 
nouvelle,    où  il   devait  se    transformer  et    se 
régénérer.  M.  Lalo  commença  à  regretter  l'état 
d'engourdissement  dans  lequel   il  s'était    laissé 
tomber,  et  bientôt  l'annonce  des  trois  concours 
ouverts  simultanément  dans  nos  trois  théâtres 
lyriques    vint  le  réveiller  tout  à  fait  de  sa  tor- 
peur. Absolument  hostile  au  genre  de  l'opéra- 
comique   (comme   quelques-uns    des  membres 
de  notre  jeune  école  musicale,  qui  ont  le  tort 
d'être  exclusifs  et  de  repousser  d'instinct   cer- 
laines  formes  de  l'art),  mais  d'ailleurs  se  con- 
formant à  ses  goûts  naturels,  M.  Lalo  songea 
à  prendre   part  au  concours   du  Theàtre-Lyri- 
q  ue,   et  écrivit,  sur  un  poème  qui   lui  avait  été 
fourni    par    M.   Charles  Beauquier    (Voyez   ce 
nom),  un  grand  opéra  en    trois   actes,  intitulé 
Fiesque.  Cette  œuvre  remarquable  et  empreinte 
d'un  grand  souffle,  dont  la  [sartition  pour  piano 
et    chant   a   été  publiée  depuis  lors   et   dont 
plusieurs    fragments  ont     été     exécutés  avec 
succès  dans  des  concerts,  n'obtint  pas  le  prix, 
qui   fut   décerné  au  Magnifique,    de  M.  Pliili- 
pot  (Voyez  ce  nom);  mais  sur  sept  ouvrages 
qui  furent  mentionnés  avec  éloges  par  le  jury, 
Fiesque  fut   placé    en    troisième    ligne,   à  un 
rang  extrêmement  honorable  (1). 

Toutefois,  ce  n'était  là  qu'un  succès  négatif, 
puisque  Fiesque  ne  pouvait  être  joué  au  Théâ- 
tre-Lyrique. Un  membre  du  jury  parla  de 
l'ouvrage  à  M.  Perrin,  alors  directeur  de  l'Opé- 
ra, qui  voulut  l'entendre  et  qui  fut  frappé  des 
qualités  de  la    musique,    mais  qui  trouva  le 

(1)  Entre  le  Magnifique  et  Fiesque,  la  partition  tqiii 
obtint  le  n"  2  était  la  Coupe  et  les  Lèvres,  de  M.  Canoby. 
Cinquante-deux  compositeurs  avaient  pris  part  au  con- 
cours. 


poème  défectueux  et  proposa  de  le  faire  re- 
manier. Cette  condition  acceptée,  les  lenteurs 
ordinaires  se  produisirent,  et,  finalement, 
M.  Lalo  retira  sa  parti  lion  et  la  publia.  Quel- 
ques années  après,  et  sur  une  intervention  de 
M.  Gounod,  M.  Yachot,  directeur  du  théâtre 
de  la  Monnaie  de  Bruxelles,  s'engagea  à  repré- 
senter Fiesque,  et  distribua  aussitôt  les  rôles 
|>rincipaux  à  M"*'  Annah  Slernherg  (aujourd'hui 
jyjme  Yaucorbell)  et  Van  Edeisberg,  à  MM.Warot 
et  Lassalle.  L'ouvrage  allait  être  mis  en  répé- 
tition lorsqu'un  désaccord  survint  entre  la 
direction  du  théâtre  et  la  municipalité  de 
Bruxelles,  désaccord  à  la  suite  duquel  M.  Ya- 
chot donna  sa  démission.  Fiesque  rentra  déci- 
dément dans  les  cartons,  et  jusqu'ici  l'auteur 
n'a  pu  tirer  parti  de  cette  œuvre  fort  distin- 
guée à  beaucoup  d'égards. 

Néanmoins  ,    et    malgré   tous    ces   déboires , 
M.  Lalo  avait  repris  courage  en  voyant  que  le 
public   français   était   redevenu   accessible   aux 
grandes  œuvres  et  aux  manifestations  les   plus 
nobles  de  l'art.  Après  avoir  publié  plusieurs  jolies 
mélodies  nouvelles ,  après   avoir  composé  un 
Divertissement    pour    orchestre,    productioo 
remarquable  et  qui  obtint  dans  les  concerts  un 
succès  légitime ,  il  se  remit  à  l'a^uvre  et  com- 
mença un  opéra,  .S'fli'OHaro/e  (paroles  de  M.  Ar- 
mand   Silvestre).    Puis,   sur   la  demande  de 
M.  Sarasate,  il  écrivit  pour  ce  virtuose  un  con- 
certo de  violon  avec  accompagnement  d'orches- 
tre, qui  fut  exécuté  par  lui  au  Concert  national 
(18  janvier  1874),  et  ensuite  aux  Concerts  popu- 
laires. Cette  composition,  conçue  dans  un  grand 
style,  instrumentée  avec  une  puissance  réelle, 
est,  à  mon  sens,  trop  développée,  et  les  qualités 
■qui  la  distinguent  ne  sont  pas,  me  semble-t-il, 
celles  qui  doivent  constituer  une  œuvre  de  ce 
genre.  Son  succès,  toutefois,  ne  fut  pas  douteux, 
et  le  talent  de  M    Sarasate  s'exerça  avec  autant 
de  bonheuB,  l'année  suivante,   sur  un  second 
concerto  auquel  M.  Lalo  donna,  je  ne  sais  trop 
pourquoi,  le  titre    de  Symphonie  esiiagnole. 
Depuis  lors,  M.  Lalo  a  fait  entendre  encore  au 
public  les  productions  suivantes  :  Allegro  sym- 
idionique  (Concerts  populaires.  Janvier   1S7G); 
Concerto  pour  violoncelle,  exécuté  par  M.  Fis- 
cher (Concerts  populaires,  9   Décembre  1877); 
Ouvertoire  du   Roi  cPYs,  opéra   inédit  (Con- 
certs populaires,   puis   Concerts  du  Conserva- 
toire). 

M.  Lalo  fait  partie  de  ce  petit  groupe  d'ar- 
tistes fort  distingués  qui,  depuis  quelques  années, 
ont  révélé  au  public  les  nouvelles  tendances  de 
l'école  française,  et  qui  ont  su  se  faire  écouter 
avec  plaisir  et  sympathie;  il  a  pris  place  à  côté 


G8 


LALO  —  LA  MADELAINE 


du  pauvre  Bizef,  mort  si  jeune,  de  MM.  Masse- 
net,  Ernest  Guiraud  ,  Théodore  Dubois  et  de 
quelques  autres ,  et  a  obtenu  des  succès  incon- 
testés, dus  à  ses  qualités  incontestables.  Ces 
qualih's  sont  la  clarté,  réléi^ance,  l'art  des  déve- 
loppements, une  grande  habileté  dans  le  manie- 
ment de  l'orchestre,  et  avec  cela  le  style,  la 
couleur,  et  parfois  la  passion.  En  un  mot , 
M.  Lalo  a  su  jouer  un  rôle  ]>ersonnel  dans  le 
mouvement  auquel  prennent  part  tant  de  jeunes 
artistes ,  et  cela  seul  prouve  en  faveur  de  ses 
facultés.  Il  ne  lui  manque,  peut-être,  que  d'être 
un  peu  moins  chatouilleux  en  ce  qui  concerne 
la  critique ,  de  conserver  son  sang-froid  devant 
les  observations  qui  peuvent  lui  être  adressées, 
et  de  ne  pas  prendre  pour  ennemis  les  artistes 
sincères  qui  accompagnent  leurs  éloges  de  réser- 
ves et  de  conseils  absolument  désintéressés. 

Voici  la  liste  des  œuvres  de  M.  Lalo,  publiées 
jusqu'à  ce  jour.  —  Musique  instrumentale. 
Ouverture  de  Fiesque  (partition  à  grand  orches- 
tre), Paris,  Durand  et  Schœnewerk  ;  —  Diver- 
tissement pour  orchestre  (réduction  pour  ])iano, 
par  M.  J.  Massenet),  Paris,  Hartmann;  — Con- 
certo pour  violon  avec  accompagnement  d'or- 
chestre (grande  partition  et  réduction  pour  piano), 
op.  20,  Paris,  Durand  et  Schœnewerk  ;  —  Sym- 
phonie espagnole  pour  violon  principal  et 
orchestre  (grande  partition  et  réduction  pour 
piano),  op.  21,  id.,  id.  ;  —  Quatuor  en  7ni  bémol 
majeur,  pour  2  violons,  alto  et  violoncelle,  op. 
19,  Paris,  Maho;  —  1"  trio  pour  piano,  violon 
et  violoncelle,  Paris,  Richanlt  ;  —  2'^  trio,  en  si 
mineur,  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  Paris, 
Maho;  —  Sonate  pour  piano  et  violon,  Paris, 
Ledentu  ;  —  Grand  duo  concertant  pour  piano 
et  violon,  op.  12,  Paris,  Benacci-Peschier;  — 
Sonate  pour  piano  et  violoncelle,  Paris,  Hart- 
mann; —  Chanson  villageoise  et  Sérénade,  pour 
piano  et  violon  ou  violoncelle,  op.  14,  Paris, 
Maho;  —  Allegro  en  mi  bémol  m^enr  pour 
piano  et  violoncelle,  op.  le,  id.,  id,  ;  —  Soirées 
parisiennes  (en  société  avec  M.  Charles  >Vclile-, 
3  morceaux  caractéristiques  pour  piano  et  violon 
(1.  Ballade;  2.  Menuet;  3.  Idylle),  op.  18,  l^aris, 
Lemoine;  —  Arlequin,  esquisse  caractéristique 
pour  violon  ou  violoncelle,  avec  accoMq)agne- 
ment  de  piano,  Paris,  Gérard  ;  —  2  Impromptus 
(1.  Espérance;  2.  Insouciance) ,  pour  violon, 
avec  accomitagnemenl  de  piano,  op.  4,  Paiis, 
Lemoine;  —  Pastorale  et  Scherzetto  jiour  violon, 
avec  accompagnement  de  piano,  Paris,  Richault. 
—  Musique  vocale.  Fie^que,  grand  opéra  en 
3  actes  (partition  pour  chant  et  piano) ,  Paris , 
Hartmann  ;  —  Six  Mélodies,  sur  des  poésies  de 
Victor  Hugo,  op.  17,  Paris,  Maho;   —  Trois 


Mélodies,  sur  des  vers  d'Alfred  de  Musset,  Paris, 
Harlmann  ;  —  la  Captive,  Souvenir,  la  Fenai- 
son, BalUide  à  la  lune,  mélodies  vocales. 

LAM.\I)KLAIi\E(Étienne-Jean-Baptiste- 
NicoLAs  MAI)ELAIi\E,  dit  Stéphen  DK), 
musicien  et  écrivain  français',  naquit  à  Dijon  le 
16  avril  1801.  Après  avoir  fait  ses  études  litté- 
raires à  Metz,  il  vmtàParis  en  1825,  pour  passer 
l'examen  du  doctorat  ès-lettres ,  mais  le  .sort 
décida  autrement  de  .son  avenir.  Stéphen  de  La 
Madelaine  était  doué  d'une  superbe  voix  de 
basse-taille  ;  on  l'engagea  à  se  pré.senter  au  Con- 
servatoire, dont  il  suivit  les  cours  pendant  deux 
ans,  tout  en  faisant  son  service  de  chanteur 
récitant  à  la  chapelle  et  à  la  musique  particulière 
de  Charles  X,  où  les  ducs  de  Damas  et  de  Blacas, 
gentilshonunes  de  la  chambre  du  roi,  l'avaient 
fait  entrer.  Cependant,  malgré  ces  premiers 
succès ,  il  n'embrassa  pas  aussitôt  la  carrière 
musicale,  et  entra  vers  1833  dans  l'administra- 
tion, en  qualité  de  chef  de  bureau  à  la  direction 
des  beaux-arts  du  ministère  de  l'intérieur. 

A  partir  de  ce  moment,  il  occupa  ses  loisirs  à 
écrire  des  feuilletons,  des  articles  de  revues  et 
quelques  petits  romans  d'éducation  dont  il  se 
fit  plusieurs  éditions;  c'est  ainsi  qu'il  rédigea 
pendant  quelque  temps  le  feuilleton  musical  du 
Courrier  français,  et  qu'il  publia  successive- 
ment :  Scènes  de  la  vie  adolescente,  Après  le 
travail,  le  Curé  de  campagne,  etc.  Cependant, 
il  finit  par  se  livrer  au  profe.ssorat,  et  c'est  alors 
qu'il  offrit  au  public  plusieurs  écrits  relatifs  à 
l'enseignement  vocal,  qui  lui  firent  une  réputa- 
tion. Son  premier  ouvrage  en  ce  genre  fut  la 
Physiologie  du  chant  (Paris,  Desloges,  1840, 
in- 10),  bientôt  suivi  des  Théories  complètes 
du  chant  (Paris,  Amyot,  s.  d.,in-8°);  le  pre- 
mier fut  traduit  successivement  en  italien,  en 
anglais  et  en  allemand,  et  le  second  fut  approuvé 
par  l'institut  de  France  et  adopté  par  plusieurs 
Conservatoires  de  l'étranger. 

Mais  Stéphen  de  la  Madelaine  songeait  à  une 
innovation  dans  l'enseignement  du  chant,  qui,  si 
l'on  en  savait  profiter,  |)ourrait  rendre  d'im- 
menses services,  en  ce  sens  qu'elle  perpétuerait 
les  bonnes  traditions  de  l'art  :  il  songeait  à  aider 
l'enseignement  oral  par  l'enseignement  écrit. 
Prenant  un  jour  pour  texte  de  ses  observations 
un  air  célèbre,  il  s'avisa  d'annoter  cet  air  période 
par  période,  phrase  par  phrase,  mesure  par 
mesure,  indiquant  sous  chaque  fragment,  sous 
(  haque  note,  l'infiexion,  le  caractère,  le  degré 
d'intensité  sonore  (ju'il  fallait  lui  doinier;  c'était 
une  interprétation  complote,  détaillée,  de  l'air 
en  question,  tellement  complète  et  tellement 
détaillée  qu'un  élève   n'avait  qu'à    étudier    le 


LA  MADELAINE  —  LAMBERTI 


69 


morceau  d'après  les  observations  écrites,  à  le 
travailler  dans  le  sens  indiqué,  pour  s'en  rendre 
maître  et  le  chanter  comme  il  convient,  et  cela 
sans  le  secours  d'un  [trofesseur. 

Le  premier  air  que  Stéphen  de  la  Madelaine 
interpréta  ainsi  et  qui  lui  servit  à  faire  une 
«  leçon  écrite,  »  était  celui  d'Agathe  dans  le 
Fre'ischûlz.  Il  adressa  cette  leçon  à  l'Académie 
des  l)eau\-arts,  qui  en  fit  l'objet  d'un  rapport 
très-élogieux,  trop  élogieux  peut-être;  car  si 
l'idée  était  excellente,  sa  mise  en  pratique  ne 
laissait  pas  que  de  donner  lieu  à  quelques  cri- 
tiques. Entre  autres  choses,  le  professeur  avait 
le  tort  grave  non-seulement  de  ne  point  engager 
les  élèves  au  respect  absolu  du  texte  musical, 
mais  même  d'encourager  les  altérations  qu'ils 
pourraient  apporter  à  ce  texte  sous  forme  de 
points  d'orgue,  ports  de  voix,  etc.,  s'en  remet- 
tant pour  cela  à  leur  goût  et  <à  leur  sagacité. 
Or,  je  ne  sache  pas  de  goût  au  monde  qui  puisse 
encourager  un  chanteur  dans  cette  voie  déplo- 
rable; le  compositeur  écrit  sa  musique  comme 
il  veut  qu'elle  soit  chantée,  et  aucun  interprète 
ne  peut  se  reconnaître  le  droit  de  modifier  sa 
pensée  d'une  façon  quelconque.  Cette  réserve 
faite,  le  procédé  pédagogique  «le  .Stéphen  de  la 
Madelaine  restait  excellent,  et  lorsqu'il  se  trou- 
vera un  grand  maître  pour  l'appliquer,  il  pourra 
produire  de  merveilleux  résultats. 

De  la  Madelaine  ne  s'en  tint  pas  à  l'air  du 
Freischiitz;  il  en  annota  ainsi  plusieurs  autres  : 
celui  d'Eléazar,  dans  la  Juive;  celui  de  lîosine, 
dans  le  Barbier  de  Séville  ;  les  .«stances  de 
Racliel,  dans  la  Juive;  l'air  de  I^'igaro,  dans  le 
I\'ozze  di  Figaro;  enfin  l'air  célèbre  attribué  à 
Stradella.  Il  publia  alors  cette  série  de  leçons 
sous  le  litre  d'Études  pratiques  de  sltjle  vocal 
(Paris,  Albanel,  1868,  2  vol.  in- 12),  en  les 
accompagnant  de  très-bonnes  observations  sur 
les  divers  styles  de  la  musique  vocale,  et  de  très- 
utiles  consiilérations  sur  l'enseignement  élémen- 
taire du  chant. 

L'excellent  professeur  eut  à  peine  le  temps  de 
voir  s'établir  le  succès  de  son  dernier  ouvrage. 
Trois  mois  environ  après  la  publication  de 
celui-ci,  il  mourait  à  Paris,  non  le  4,  comme  il 
a  été  dit  par  erreur  dans  le  Dictionnaire  des 
contemporains,  mais  le  jeudi  3  septembre  18G8. 
—  Stéphen  de  la  Madelaine  avait  été  rédacteur 
en  chef  du  journal  \  Univers  musical,  et  avait 
été  le  collaborateur  de  la  Revue  et  Gazette 
musicale  de  Paris. 

LAMAZOU  (L'abbé),  vicaire  de  l'église  de 
la  Madeleine,  à  Paris,  s'est  occupé  des  questions 
relatives  à  la  musique  religieuse,  et  a  publié 
l'écrit  suivant  :  Èlxide  sur  la  facture   d'orgue 


ancienne  et  moderne,  et  description  de  l'or- 
gue monumental  de  Saint-Sulpice- {Pm-'x^,, 
Repos,  s.  d.  [18<)2J,  in-8''  avec  planches).  On  lui 
doit  aussi  une  biographie  de  Lcfébure-Wély, 
publiée  dans  i" Illustration  musicale  Ju  même 
éditeur,  et  un  troisième  opuscule,  intitulé  VOr- 
(?Me  (Paris,  Ledoyen,  in-8"  isô.'j). 

LAMBERT  (Nicolas),  luthier,  était  établi 
maître  à  Paris  en  1745.  On  n'a  point  de  rensei- 
gnements sur  cet  artiste.  On  sait  seulement  (pi'il 
était  mort  en  178.3,  et  qu'à  cette  époque  sa 
veuve  continuait  son  commerce.  JNicolas  Lambert 
était  sans  doute  le  fils  ou  le  frère  du  luthier 
Lambert,  établi  à  Nancy  au  milieu  du  dix-hui- 
tième .siècle,  et  dont  il  est  question  au  t.  V  de  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens. 

*  LAMBERT  (Cii acles),  est  mort  à  l-:vreux 
le  23  décembre  1865.  Cet  artiste  avait  obtenu 
au  Conservatoire,  eu  1809,  un  premier  prix  de 
piano,  et  s'était  voué  ensuite  à  l'enseignement. 
On  assure  qu'il  fut  le  premier  maître  et  l'ami 
d'Halôvy. 

LAMBERT  (Georc.es),  musicien  français, 
mort  il  y  a  environ  vingt  ans ,  n'est  connu  que 
par  la  libéralité  dont  il  a  fait  preuve  envers  les 
artistes ,  en  créant  un  prix  que  l'Académie 
française  et  l'Académie  des  beaux-arts  ont  été 
chargées  par  lui  de  décerner  chaque  année. 
K  Ce  prix,  dit  à  ce  sujet  le  compte-rendu  annuel 
des  séances  publiques  de  cette  dernière  compa- 
gnie, est  destiné  par  le  testateur,  ancien  compo- 
siteur et  professeur  de  musique,  à  être  décerné 
chaque  année,  par  l'Académie  française  et  par 
l'Académie  des  beaux-arts,  à  un  hou. me  de 
lettres,  ou  à  un  artiste,  ou  à  la  veuve  d'un  artiste 
honorable,  comme  marque  publique  d'estime.  » 
Je  n'ai  pu  recueillir  aucun  renseignement  tou- 
chant la  vie  ou  la  carrière  de  cet  homme  géné- 
reux, dont  la  double  fondation  artistique  a  pris 
le  nom  (\&  prix  Georges  Lambert. 

LAMBliRTI   ( ),    compositeur  italien, 

né,  je  crois,  à  Cuneo,  et  depuis  longtemps  fixé  à 
Turin ,  s'est  fait  connaître  par  deux  opéras 
représentés  en  cette  ville ,  Leila  di  Granata, 
donné  avec  succès  au  théâtre  Gerbino,  en  1857, 
et  Malek-Adel.  Il  a  fait  exécuter  en  1861, 
dans  l'église  San-Giovanni,  aux  funérailles  du 
roi  Charles-Albert,  une  messe  avec  orchestre, 
qui  est  considérée  comme  une  oeuvre  extrême- 
ment remarquable,  et  il  a  fait  entendre,  lors 
du  mariage  de  la  princesse  Pie,  tille  du  roi 
Victor-Emmanuel,  avec  le  roi  don  Louis  de 
Portugal,  une  cantate  en  froi-;  parties,  écrite 
sur  des  paroles  du  poète  nernin/.one,  et  dont 
on  dit  beaucoup  de  bien.  Les  Ilaliens  tien- 
nent M.  Lamberti  pour  un  artiste  extrêmement 


70 


LAMBERTI  —  L  AMOUREUX 


dislingné,  remarquable  au  double  point  de  vue 
du  savoir  et  de  rimaginafion,  et  qui  fait  véritable- 
ment iionneur  à  leur  pays. 

*  L.\MHERTL\I  (Jr.\N-TnoM\s),  prtMre  et 
compositeur,  né  à  Bologne,  était,  non  pas  vice- 
maîtro  de  chapelle  de  l'i'glise  de  San-Lorenzo, 
maischapiMaiu,  copiste  et  diantre  de  la  colléi^iaie 
de  San-Pelronio,  de  Bologne,  à'partirde  l'année 
1545.  Sa  mauvaise  conduite  lui  donna  plus  d'une 
fois  maille  à  partir  avec  le  chapitre  deceite  église, 
qui  finit  par  le  rayer  de  la  liste  des  chapelains. 
En  15C9  pourtant,  Lambertini,  que  la  bonté  du 
cardinal  Paleotti  avait  empêché  de  tomber  dans 
une  entière  disgrâce,  faisait  encore  partie  du  per- 
sonnel de  la  chapelle  de  San-Petronio  ;  mais  en 
1573  il  était  à  Rome,  auprès  de  son  protecteur 
le  cardinal  Ottone  Truclises,  qui,  dans  sa  jeu- 
nesse, l'avait  attaché  à  son  service  comme  musi- 
cien, et  chez  lequel  il  se  retrouva  peut-être  dans 
la  même  situation.  A  partir  de  cette  époque,  on 
n'a'  plus  de  renseignements  sur  lui.  Ceux  qui 
sont  résumés  ici  ont  été  empruntés  à  l'excellent 
écrit  de  M.  Gaspari  (T'oy.  ce  nom)  :  Memorie 
risguardanti  la  stor'm  deWartc  musicale  in 
Bologna  al  XVI  secolo. 

*  LAMBILLOTTE  (Le  P.  Louis),  est  mort 
au  collège  de  Vaugirard,  près  Paris,  le  27  février 
1855.  Il  a  été  l'objet  du  travail  suivant  :  Louis 
Lambillotte  et  ses  frères,  par  M.  Mathieu  de 
Monter  (Paris,  Régis-Ruffet,  I871,in-12  avec 
portrait  et  autographes). 

Le  P.  Louis  Lambillotte  avait  deux  frères,  qui. 
comme  lui,  avaient  embrassé  l'état  ecclésastiqiie, 
et,  qui ,  comme  lui  aussi  musiciens,  avaient 
composé  des  œuvres  nombreuses.  Le  cadet, 
François,  né  à  la  Hamaide  en  1802  ,  mourut  à 
Fribourg  en  1836  ;  le  plus  jeune,  Joseph,  né  dans 
le  même  village  en  1805,  mourut  en  France,  au 
collège  des  Jésuites  de  St-Acheul  (1).  Un  éditeur, 
M.  Gambogi,  a  entrepris,  il  y  a  quelques  années, 
la  publication  des  œuvres  poslluimes  des  trois 
frères.  Celle  des  œuvres  complètes  de  ces  trois 
compositeurs  a  été  entreprise  et  se  poursuit 
activement  par  les  soins  de  la  maison  Rrandiis. 

LAAIOMXARY    ( ),   compositeur, 

vivait  à  Valenciennes  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle.  11  a  publié,  outre  plusieurs 
livres  de  duos  ou  sonates  pour  violon  et  violon- 
celle, un  recueil  de  Six  Quatuors  en  symphonie 
pour  deux  violons,  alto,  violoncelle  obligé  et 
orgnnn. 

LAMOTTE  (Nicoi.\s-Antonv),  compositeur 
de  musiqnc  de  danse,  est  né  en  1819  à  Beaurieiix 

(l)  Louis  I.nmbillolte,  comme  ses  frères, 'est  né  non  à 
Cliarleroi,  mais  au  petit  village  de  I.a  Hamaide,  situé 
près  de  celle  ville. 


(Aisne).  Il  apprit  la  musique  à   la  maîtrise  de 
Soissons,  où  il  fut  enfant  de  chcpur,  fit  ensuite 
de  bonnes  études  littéraires  au  petit  séminaire  de 
Laon,  et  de  là  passa,  pour  y  faire  sa  philosophie, 
au  grand  séminaire  de  Soissons.  Son  père  voulait 
lui  voir    embrasser    la  carrière  ecclésiastique, 
mais  le  jeune  homme  n'y  voulut  pas  consentir. 
Après  avoir  passé  deux  années  comme  professeur 
ou   maître  d'études  dans  diverses  institutions, 
après  avoir  servi  pendant  une  autre  année,  il  se 
remit  à  l'élude  de  la  musique,  qu'il  aimait  avec 
passion,  se  livra  à  la  composition,  et  écrivit  deux 
messes   qui   furent  exécutées   dans    l'église   de 
Ham.   Mais  il   était  encore   inexpérimenté ,   et 
reconnaissait  la  nécessité  de  travailler  sérieuse- 
ment. II  vint  à   Paris,  oîi  il   suivit  un  cours 
d'harmonie  avec  M.   Ehvart,  et  bientôt  se    lit 
connaître  par  la  publication  d'une  foule  de  mor- 
ceaux de  musique  de  danse,  qui  se  distinguaient 
par  la  grâce  de  la  forme,  l'élégance  et  la  fraîcheur 
des  mélodies.  Vers  1850,  il  devint  chef  d'orches- 
Ire  du  bal  du  Chàteau-d'Eau,  d'où  il  passa  à  la 
salle  Bai'lhélemy,  puisa  la  salle  Valentino,  faisant 
exécuter  et  connaître  ses  compositions  dans  ces 
divers  établissements.  En   1857,  il  fut  appelé  à 
Londres   pour  y  conduire  l'orchestre  de  danse 
d'Argyll-Rooms,  et  il  y  obtint  de  grands  succès. 
Depuis  plusieurs  années,  il  est  revenu  se  fixer 
à   Paris.  M.  Antony  Lamotte  n'a  pas  composé 
moins    de    quatre   à   cinq  cents   morceaux   de 
musique  de  danse,  presque  tous  publiés. 

On  a  publié  sur  cet  artiste  :  Biographie  d''An- 
iony  Lamotte,  par  A.  de  Rolland  (Lyon,  impr. 
Chanoine,  1863,  in-t8). 

LAMOUREUX  (Chaules),  violoniste  et 
chef  d'orchestre,  naquit  à  Bordeaux,  le  28  sep- 
tembre 1834.  Après  avoir  commencé  en  cette 
ville  l'étude  du  violon  sous  la  direction  d'un 
artiste  distingué,  M.  Beaudoin,  il  fut  envoyé  par 
sa  famille  à  Paris  ^  el  entra  en  1850  au  Conser- 
vatoire, dans  la  classe  de  Girard,  alors  chef 
d'orchestre  de  l'Opéra.  Ayant  obtenu  un  second 
accessit  en  1852,  il  se  vit  décerner  le  second 
prix  au  concouis  de  1853,  et  le  premier  l'année 
suivante.  11  avait  d'abord  appartenu  à  l'orchestre 
du  Gymnase  en  qualité  de  premier  violon,  et  bien- 
tôt entra  à  celui  de  l'Opéra,  où  il  resta  plusieurs 
années.  A[)rès  avoir  fait  de  bonnes  études  d'har- 
monie avec  M.  Tolbecque,  avoir  suivi  ensuite  le 
cours  de  contrepoint  de  Leborne  au  Conserva- 
toire, et  eiilin  terminé  ses  études  théoriques  avec 
Chauvet  {Voyez  ce  nom),  M.  Lamoureiix  se  livra 
à  l'enseignement,  et  fonda  une  société  de  musi- 
que de  chambre  dont  les  séances  étaient  très- 
suivies,  et  dans  laquelle  il  avait  pour  partenaires 
MM.  Colonne,  Adam  et  Rignault. 


LAMOUREUX  —  LAMPERT 


71 


Virtuose  extrêmement  distingué,  artiste  fort 
intelligent,  esprit  largement  ouvert  à  tontes  les 
grandes manifestiitionsdel'art  musical, M.  Lamou- 
reux,  qui,  après  avoir  été  admis  à  la  Société  des 
concerts  du  Conservatoire,  était  devenu  second 
chef  d'orchestre  de  cette  illustre  association, 
rêvait  de  doter  son  pays  d'une  institution  d'un 
nouveau  genre.  Après  avoir  fait  plusieurs  voyages 
en  Allemagne  et  en  Angleterre,  s'être  lié  avec 
deux  célèbres  chefs  d'orchestre,  MM.  Ferdinand 
Hiller  et  Michaël  Costa,  avoir  admiré  les  incom- 
parables exécutions  d'oratorios  qui  avaient  lieu 
sous  la  direction  de  ces  deux  grands  artistes,  il 
étudia  les  moyens  pratiques  à  l'aide  desquels  il 
pourrait,  à  son  tour,  faire  connaître  à  la  France 
les  œuvres  immortelles  des  Rach,  des  Ha'ndel  et 
des  Mendelssohn  ,  qui  jusqu'à  présent  étaient 
restées  pour  elle  presqu'à  l'étal  de  lettre  morte, 
et  dont  elle  n'avait  entendu  que  de  rares  frag- 
ments, exécutés  dans  des  conditions  lainentabies. 
A  la  suite  de  quelques  tâtonnements,  de  quelques 
essais  un  peu  timides  qui  ne  firent  pourtant  que 
le  confirmer  dans  la  pensée  d'un  succès  final, 
M.  Lamoureux  finit  par  concevoir  un  plan  qui 
devait  le  mener  victorieusement  au  but  vers 
lequel  il  t(  ndait. 

En  dépit  de  tous  les  obstacles  qui  étaient  semés 
sur  son  chemin,  malgré  le  mauvais  vouloir  qu'il 
rencontrait  de  divers  côtés ,  les  jalousies  qu'il 
excitait  contre  lui,  M.  Lamoureux,  à  l'aide  de 
ses  seules  forces,  de  ses  seules  ressources,  fonda 
en  1873  une  société  dite  de  l'Harmonie  sacrée, 
organisée  à  l'instar  de  la  Sacred  harmonie 
Society  de  Londres.  Il  forma  un  orchestre,  un 
personnel  choral  nombreux,  se  mit  énergique- 
ment  à  l'œuvre,  el  à  la  fin  de  1873  des  affiches 
apposées  sur  les  murs  de  Paris  annonçaient 
qu'une  première  audition  du  Messie,  oratorio 
de  Hœndel,  aurait  lieu  le  19  décembre  dans  la 
salle  du  Cirque  des  Champs-Elysées.  Les  soli 
du  chel'-d'(Tuvre  de  Hfendel  étaient  chantés  par 
quatre  élèves  du  Conservatoire,  M^'"  Belgirard 
et  Armandi,  MM.  Vergnet  et  Dufriche-,  l'orgue 
était  tenu  par  M.  Henri  Fissot;  l'orchestre  et  les 
chœurs  étaient  dirigés  par  M.  Charles  Lamou- 
reux. L'exécution  fut  admirable,  et  le  public, 
pénétré  de  la  grandeur  de  l'œuvre  qui  lui  était 
offerte  pour  la  première  fois ,  aux  prises  avec 
des  sensations  jusqu'alors  inconnues  pour  lui,  fit 
l'accueil  le  plus  enthousiaste  à  -cette  œuvre, 
ainsi  qu'à  l'artiste  énergique  et  convaincu  qui 
i'in  liait  si  courageusement  à  ses  beautés.  De 
ce  jour,  l'oratorio  était  acclimaté  en  France,  une 
nouvelle  source  d'émotions  était  ouverte  au 
public,  et  M.  Lamoureux  avait  donné  à  son  pays 
l'institution  qui  lui  manquait. 


Plusieurs  auditions  du  Messie  suffirent  à 
peine  à  satisfaire  les  désirs  de  la  foule.  Après 
cet  ouvrage,  M.  Lamoureux  fit  entendre  la  Pas- 
sion de  Jean-Sébastien  Bach,  puis,  la  saison 
suivante,  il  remporta  un  nouveau  triomphe  en 
faisant  exécuter,  avec  un  succès  colossal,  le  Judas 
Mochabée  de  Hœndel.  S'onlaiit  varier  ses  pro- 
grammes, et,  tout  en  faisant  connaître  les  chets- 
d'o'uvre  consacrés,  réserver  une  place  à  l'élément 
contemporain,  il  produisit  aussi  la  cantate  de 
M.  Gounod  intitulée  Gallia,  et  une  œuvre  char- 
mante el  encore  inédite  de  M.  Massenet  {Voij.  ce 
nom),  Eve,  «  mystère  »  en  trois  parties.  L'une 
et  l'autre  furent  accueillies  avec  la  plus  grande 
faveur,  et  assurèrent  définitivement  le  succès  de 
la  Société  de  l'Harmonie  sacrée  et  de  son  excel- 
lent directeur. 

Les  séances  de  cette  Société  révélèrent  du 
premier  coup,  en  M.  Charles  Lamoureux,  un 
chef  d'oichestre  de  premier  ordre,  soigneux  de 
l'exécution  jusque  dans  ses  moindres  détails, 
sachant  préparer  les  études  avec  une  patience, 
une  intelligence  et  un  sentiment  musical  bien 
difficiles  à  rencontrer  à  un  pareil  degré,  joignant 
enfin,  dans  la  direction,  la  précision  et  la  fermeté 
à  la  chaleur  et  à  l'enthousiasme,  et  sachant 
retenir  dans  ses  écarts  possibles  le  personnel 
placé  sous  ses  ordres  en  même  temps  qu'il  lui 
communique  son  ardeur  et  le  feu  dont  il  est 
animé. 

M.  Lamoureux  fut  chargé,  en  î875,  de  la 
direction  musicale  des  grandes  fêtes  données  à 
Rouen  pour  la  célébration  du  centenaire  de 
Boieldieu.  Lorsque,  Tannée  suivante,  M.  Car- 
valho  fut  nommé  directeur  de  l'Opéra-Comique 
en  remplacement  de  M.  du  Locle,  il  s'empressa 
d'attacher  à  ce  théâtre,  comme  chef  d'orchestre, 
un  artiste  si  distingué  et  si  digne  en  tous  points 
de  remplir  ces  difficiles  fonctions.  Cependant , 
au  bout  de  quelques  mois,  des  diflicidtés  s'étant 
élevées  entre  la  direction  de  l'Opéra-Comique  et 
M.  Lamoureux,  ce  dernier  crut  devoir  se  retirer 
et  donna  sa  démission.  Peu  de  temps  après,  c'est- 
à-dire  vers  le  milieu  de  1877,  il  fut  appelé  à 
l'Opéra  pour  succéder,  dans  les  fonctions  de 
premier  chef  d'orchestre,  à  M.  Deldevez,  qui 
allait  prendre  sa  retraite.  Il  est  aujourd'hui  en 
possession  de  cet  emploi. 

LAMPERT  (Ernest),  pianiste,  chef  d'or- 
chestre et  compositeur,  né  à  Gotha  le  3  juillet 
1818,  fut  à  Weimar  élève  de  Hummel  pour  le 
piano,  et  reçut  ensuite  à  Cassel  des  leçons  de 
composition  de  Morilz  Hauptmann.  Devenu  con- 
certmeister  en  1844,  il  fut,  en  1855,  nommé 
maître  de  chapelle  à  Gotha  où  il  réside  encore 
aujourd'hui.  M.  Lampert  a  écrit  la  musique  de 


72 


LAMPERT  —  LANCi 


quatre  opéras  qui  ont  été  représentés  à  Cobourg 
et  à  Gotha,  et  dont  j'ignore  les  titres;  il  a  com- 
posé en  outre  dos  ouvertures,  des  cantates,  et 
divers  morceaux  pour  instruments  à  cordes  et 
pour  piano. 

LAMPERTI  (Francesco),  professeur  de 
.chant  au  Conservatoire  de  Milan,  est  né  à  Savone 
le  11  mars  1813.  Cet  artiste  jouit  non-seulement 
à  Milan,  non-seulement  en  Italie,  mais  par  toute 
l'Europe,  d'une  éclatante  renommée,  et  depuis 
1850,  époque  où  il  a  été  chargé  d'une  classe  de 
chant  au  Conservatoire  de  Milan ,  il  a  formé  un 
nombre  incalculable  d'élèves,  parmi  lesquels  on 
signale  M™«'  Waldmann,  Teresina  Stolz,  Emma 
Albani,  MM.  Campanini,  Collini,  etc.;  on  assure 
qu'il  est  le  dernier  dépositaire  des  traditions  de 
la  grande  école  du  chant  italien;  aussi,  tous 
ceux  de  nos  chanteurs  français  qui,  depuis  vingt 
ans  et  plus,  ont  voulu  aborder  la  carrière  ita- 
lienne, n'ont  jamais  manqué  de  se  rendre  auprès 
de  lui  pour  recevoir  ses  leçons  et  ses  conseils. 
Après  une  longue  carrière  entièrement  vouée  à 
l'enseignement ,  M.  Francesco  Lamperti  a  pris 
sa  retraite  au  mois  d'avril  187G.  On  lui  doit  les 
ouvrages  suivants  :  1°  Guide  théorico-prafique 
élémentaire  pour  Vétude  du  chant,  dédié  à 
ses  élèves  du  Conservatoire  de  musique  de  Milan 
(Milan,  Ricordi);  2"  Exercices  journaliers  pour 
soprano  ou  mezzo-soprano  (id.,  id.)  ;  3"  Études 
de  bravoure  pour  soprano,  approuvées  par  le 
Conscrvaloire  de  Milan  (id.,  id.),  4°  Observa- 
tions et  conseils  S2ir  le  trille  (id.,  id.)  ;  b°  8  Sol- 
fèges dans  le  style  moderne,  pour  soprano  et 
mezzo-soprano. 

Un  professeur  de  chant  du  même  nom,  M.  G.- 
B.  Lamperti,  a  publié  à  Milan,  chez  l'éditeur 
Lucca,  un  ouvrage  intitulé  École  de  chant, 
contenant  six  solfèges  et  six  vocahses  pour 
soprano,  mezzo-soprano  ou  contralto,  ténor  et 
baryton,  avec  accompagnement  de  piano,  et  un 
recueil  de  12  Vocalises  pour  soprano.  J'ignore 
si  cel  artiste  est  parent  du  précédent. 

*  LA.\I1»UGI\A1XI  (Jean-Baptiste),  a  écrit, 
outre  les  ouvrages  dramatiques  signalés  à  son 
nom,  un  opéra  bouffe  intitulé  la  Scuola  délie 
Cantatrici,  et  un  opéra  sérieux,  VOlimpiade, 
qui  fut  représenté,  je  crois,  en  Italie,  vers  17jO. 

LAMY  (Muiiii.),  prêtre  et  musicien,  fut 
maître  de  la  chapelle  de  la  cathédrale  de  Rouen 
de  1C07  au  mois  de  mars  1728,  et  fit  entendre  en 
cette  église  plusieurs  messes  de  sa  composilioii. 

LAACIAAI  (Fi.Avio),  com()ositeur  italien, 
né  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle, 
est  l'auteur  d'un  oratorio  intitulé  Sanlu  Clolilde, 
reina  di  Francia,  qui  fut  exécuté  à  Rologne 
en  I70i.  a:-:  .'.,; 


*  LAAXTIN  (Charles-François  Honoré)  , 
dit  DUQlJI>:SI\OY,  n'est  pas  né  en  Belgique 
en  17yj,  mais  en  France,  à  Beauvais  (Oise),  le 
18  mai  17ôS.  Pendant  le  long  séjour  qu'il  fit  à 
Bruxelles  comme  chanteur,  avant  de  se  rendre 
à  Hambourg,  Duquesnoy  écrivit  la  musique  de 
trois  ouvrages  qu'il  lit  représenter  dans  la  capi- 
tale de  la  Belgique  :  1"  Âlmanzor  ou  le  Triom- 
phe de  la  gloire,  grand  opéra  ballet  en  2  actes 
(et  en  vers  libres,  paroles  de  d'Aumale  de  Cor- 
sanville) ,  1787;  2°  le  Mystificateur  mystifié, 
opéra-comique  en  3  actes,  vers  1789  ;  3°  le  Prix 
des  .'\rts  ou  In  Fête  flamande,  opéra  en  un  acte, 
20  juin  1791.  Un  peu  plus  tard,  à  Hambourg, 
il  composa  une  cantate ,  le  Vœu  des  Muses 
reconnaissantes,  qui  fnt  CNécutée  en  cette  ville, 
dans  le  cours  de  l'année  1795,  avec  un  très- 
grand  succès. 

Avant  de  faire ,  comme  chanteur,  la  fortune 
du  théâtre  de  Bruxelles,  cet  artiste  avait  tenu  en 
double,  de  1781  à  1786,  l'emploi  de  haute-contre 
à  l'Opéra.  Son  début  à  ce  théâtre  s'effectua  le 
2'(  janvier  1781,  par  le  rôle  de  Colin  du  Devin 
du  village,  et  ce  début  donna  lieu  à  une  singu- 
lière méprise  de  la  part  de  V Almanach  musical 
qui,  sans  doute  par  la  plume  de  deux  rédacteurs 
différents,  l'enregistre  en  partie  double,  avec 
réflexions  à  l'appui,  d'abord  au  nom  de  Duques- 
noy, puis  à  celui  de  Lanctin. 

LAADVVIAG  (Marc),  compositeur,  né  à 
Zug,  en  Suisse,  en  1759,  entra  au  couvent  d  Ein- 
siedeln  à  l'âge  de  dix-huit  ans,  et  y  trouva  la 
facilité  de  développer  ses  rares  dis[)ositions  pour 
la  musique.  On  lui  doit  l'ouvrage  suivant  :  Anli- 
phona  Mariana  Suive  Regina  in  cantu  chorali 
cum  3  vocibus  (Einsiedeln,  Œcbslin,  1787), 
dont  une  seconde  édition  a  été  faite  en  1790.  On 
chaule  encore  aujourd'hui,  à  Einsiedeln ,  un 
Benedictus  Dominus  Detis  de  la  composition 
de  Marc  Eandwing.  Cet  artiste  mourut  en  1813. 

*  LAA'G  (Jost;i'iiiNE).  Une  artiste  de  ce  nom, 
qui  me  paraît  devoir  être  la  cantatrice  dont  il  est 
parlé  au  tome  V  de  la  Biographie  universelle 
des  Musiciens,  s'est  fait  eoniiaitre  comme  com- 
positeur par  la  publication  d'un  assez  grand 
nombre  de  lieder.  Le  catalogue  des  éditeurs 
lireitkopf  et  H;ertel,  de  Leipzig,  en  mentionne 
deux  recueils  placés  sous  les  chiffres  d'œuvre 
14  et  15. 

LAXG  (Adolphe),  violoniste,  chef  d'orchestre 
et  compositeur  allemand,  né  ;i  Thorn  le  10  juin 
1830,  lit  ses  études  au  Conservatoire  de  Leipzig, 
où  il  resta  de  18'i4  à  1847  ,  et  où  il  fui  l'élève 
de  Ferdinand  David  pour  le  Aiolon,  de  Mcndels- 
shon  et  de  Morilz  Hauplmann  pour  la  théorie 
de  l'art  et  la  composilion.  Devenu  premier  violon 


LANG  —  LANGHANS 


73 


au  tliéùtie  Friedrich-Willielmstadt  de  Berlin  en 
1851,  il  en  fut  nommé  chef  d'orchestre  en  1854, 
et  à  partir  de  ce  moment  se  produisit  comme 
compositeur,  écrivant  plusieurs  opérettes,  faisant 
exécuter  des  marches  et  des  ouvertures,  et 
publiant  des  Uexier  et  divers  morceaux  de  chant. 
Cependant,  il  renonça  assez  rapidement  à  la 
carrière  musicale,  et,  en  1862,  s'établissait  à 
Thorn,  sa  ville  natale,  pour  y  diriger  une  maison 
de  conmierce. 

LiV\GE  (Gustave),  pianiste,  professeur  et 
composilcur,  a  publié  en  Allemagne,  depuis  quel- 
ques années ,  environ  200  morceaux  de  genre 
pour  le  piano  :  nocturnes,  mélodies,'  capfkes, 
rondos,  etc.  Ces  compositions,  parmi  lesquelles 
figure  une  série  de  18  pièces  intitulées  Ica  Aqua- 
relles, paraissent  obtenir  un  grand  succès.  On 
signale  comme  étant  faites  avec  goût  une  nom- 
breuse série  de  tran.scriplions  données  parM.  Lan- 
ge des   liedcr  àë,  Sc\\uhtx\    et  de  Mendelssohn. 

Parmi  les  autres  productions  de  M.  Lange,  qui 
comprennent  un  grand  nombre  de  fantaisies  sur 
des  mélodies  populaires  et  des  motifs  d'opéras 
célèbres,  il  faut  signaler  quelques  cruvres  plus  sé- 
rieuses, entre  autres  un  joli  quintette  pour  ins- 
truments à  vent. 

LAXGER  (Fbrdinand),  violoncelliste,  chef 
d'orchestre  et  compositeur  dramatique,  né  en 
1839  à  Leimem,  pi  es  de  Heidelberg,  doit,  dit-on, 
la  meilleure  partie  de  son  éducation  musicale  à 
.son  travail  personnel  et  à  sa  propre  initiative. 
Après  s'être  fait  connaître  comme  violoncelliste,  il 
voulut  se  produire  comme  compositeur  drama- 
tique, et  fit  représenter  à  Manuheim,  au  mois  de 
juin  1808,  un  petit  opéra  qui  avait  pour  titre 
dei  Gefœhrliche  Nachborschafl  [le  Voisinage 
dangereux).  Il  devenait  peu  de  temps  après 
chef  d'orchestre  du  théâtre  de  IMannheim,  et  y 
donnait,  le  18  mars  1873,  son  second  ouvrage 
dramati(|uo,  un  opéra  romantique  intitulé  Dorn- 
rœschen  [Églantine),  qui  était  écrit  sur  le  sujet 
d'un  conte  de  Perrault,  la  Belle  au  bois  dor- 
viant,  et  qui  obtint  lui  succès  très-flatteur. 
M.  Ferdinand  Langer  passe  pour  être  en  Alle- 
magne l'un  des  partisans  les  plus  décidés  et  des 
soutiens  les  plus  convaincus  des  idées  et  des 
doctrines  de  M.  Richard  Wagner. 

Un  artiste  du  même  nom,  et  peut-être  parent 
de  celui-ci,  M.  Adolphe  Langer,  s'est  fait  con- 
naître assez  récemment  par  la  publication  d'une 
vingtaine  de  morceaux  de  genre  pour  le  piano. 
—  Un  troisième,  Gustave  Langer,  qui  apparte- 
nait peut-être  encore  à  la  même  famille,  a  rempli 
les  fonctions  de  chef  des  choeurs  à  l'Opéra  de 
Berlin  ;  au  mois  d'avril  ou  de  mai  1876,  il  a  mis 
volontairement  fin  à  ses  jours  en  se  jetant  dans 


le  Neckar,  et  son  corps  a  été  retrouvé  peu  après 
dans  les  environs  de  Heilbronn. 

LAIXGERT  (Alcuste),  compositeur  drama- 
tique, né  en  1830,  est  depuis  longtemps  déjà 
maître  de  chapelle  du  duc  de  Saxe-Cobourg.  Je 
«rois  que  son  premier  ouvrage  théiltral  est  l'opéra 
intitulé  la  Pucelle  d'Orléans ,  qui  fut  donné  à 
Cobourg  le  25  décembre  1801.  Deux  ans  après, 
le  0  décembre  1863,  à  l'occasion  de  l'anniver- 
saire de  la  duchesse  de  Saxe-Cobourg,  il  faisait 
représenter  sur  le  même  théâtre  un  opéra  roman- 
tique, des  Sxngers  Fluch  {la  Malédiction  du 
barde),  qui  obtint  un  grand  succès  et  fut  bientôt 
reproduit  sur  plusieurs  autres  scènes  importantes. 
Le  13  mars  1806,  cet  artiste  faisait  jouer  à 
Darmstadt  Dona  Maria ,  infante  d'Espagne, 
opéra  dont  il  avait  écrit  la  musique  en  société 
avec  un  amateur,  M.  le  comte  de  Reiset,  ancien 
ckargé  d'alfaires  de  France,  qui  prenait  en  cette 
circonstance  le  pseudonyme  anagrammatifiue  de 
ïesier. 

Le  nom  de  M.  Langert  était  déjà  favorable- 
ment connu  lorsque  le  compositeur  produisit  à 
Cobourg  un  grand  drame  lyrique  en  3  actes, 
les  Fabius  (26  novembre  1806),  qui  lui  ouvrit 
les  portes  de  l'Opéra  de  lîerlin  ;  en  effet,  dix-huit 
mois  après,  en  février  1868,  ce  nouvel  ouvrage, 
remanié  par  son  auteur,  renforcé,  agrandi,  fai- 
sait son  apparition  dans  la  capitale  de  la  Prusse. 
Quelques  critiques  reprochèrent  alors  à  M.  Lan- 
gert un  éclectisme  un  peu  trop  facile,  qui  le  pous- 
sait tantôt  du  côté  de  Spontini  et  de  Marschner,. 
tantôt  sur  les  routes  nouvelles  frayées  par 
MM.  Liszt  et  Richard  Wagner,  tantôt  encore 
dans  les  bras  de  M.  Gounod  ;  on  disait  aussi 
que  la  phrase  mélodique  du  compositeur  était 
généralement  courte  d'haleine ,  trop  peu  déve- 
loppée, et  que  le  récitatif  prenait  une  trop  large 
place  dans  la  structure  des  morceaux.  Quoi  qu'il 
en  soit,  M.  Langert  fit  représenter  encore  h 
Leipzig,  en  1872,  un  nouvel  opéra,  Dornrœschen 
(Églantine),  qui  ne  paraît  pas  avoir  obtenu  un 
grand  retentissement.  Depuis  lors,  il  n'a  pas 
reparu  à  la  scène. 

Un  artiste  du  même  nom  que  celui  dont  il  est 
ici  question,  M.  A.  Langert,  était,  en  1873, 
maître  de  chapelle  à  Genève,  et,  à  la  mort  de 
Lysberg,  le  remplaça  provisoirement  comme  pro- 
fesseur de  la  classe  supérieure  de  piano  au  Con- 
servatoire de  cette  ville. 

LAi\GIIANS  (GciLr.AL-ME),  violoniste,  com- 
positeur et  écrivain  sur  la  musique,  est  né  à 
Hambourg  le  21  septembre  1832.  Élève  du 
Conservatoire  de  Leipzig,  il  y  reçut,  de  1849 
à  1852,  des  leçons  du  grand  virtuose  Ferdinand 
David,  après  quoi  il  fit  partie  de  l'orchestre  du 


74 


LANGHANS  —  LAPIERRE 


Gevsandhaus  et  fie  celui  du  théâtre  de  Leipzig- 
Il  vient  ensuite  se  peifectionncr  à  Paris  auprès 
de  M.  Alard,  puis  retourne  à  lA'ipzi»,  où  il  étudie 
la  composition  avec  Moritz  Ilautpmann  et  E.  F. 
Ricliter.  Devenu  en  1858  concertmeister  à  Dus- 
seldorf,  il  y  épouse  bientôt  une  jeune  artiste  fort 
distinguée,  M"'^  Louise  Japlia,  et  tous  deux 
viennent  se  faire  entendre  avec  succès  à  Paris 
dans  des  séances  de  musique  classique.  Au  bout 
de  quelque  temps,  M.  Langhans  va  se  fixer  déliui- 
tivement  à  Berlin,  où  ,  lout  en  se  livrant  à  l'en- 
seignement et  à  la  composition,  il  commence  à  se 
faire  connaître  comme  écrivain  spécial  en  prenant 
part  àlarédaction  de  divers  journaux  et  revues. 

Parmi  les  compositions  de  M.  Langhans,  je 
signalerai  les  suivantes  -.  Quatuor  en  fa  pour 
deux  violons,  alto  et  violoncelle,  couronné  en 
18G4  au  concours  ouvert  par  la  Società  del 
Quarietlo  de  Florence,  sous  les  auspices  tie 
M.  le  docteur  Basevi ,  op.  4;  2  Sonatines  pour 
piano,  op.  18  ;  20  Etudes  pour  violon  ;  2  Recueils 
de  lieder;  Air  de  Lotti,  transcrit  pour  violon, 
avec  accompagnement  de  piano.  Comme  écrivain 
sur  la  musique,  outre  sa  collaboration  à  divers 
journaux,  outre  la  part  trèsactive  qu'il  a  prise 
à  la  rédaction  du  Musi/ialisches-Conversations- 
Lexicon  d'Hermann  Mendel,  M.  Langhans  a 
publié  divers  écrits,  parmi  lesquels  je  citerai  les 
deux  suivants  :  1°  Dns  mxisikalische  Vrthell 
und  seine  ambilduncj  durch  die  Erzichunj 
{le  Jugement  musical  et  son  développement 
par  V instruction),  Berlin,  1872;  2°  Die  Kœnigl. 
Hochschide  fur  Musik  zii  Berlin  (  l'École 
royale  supérieure  de  musique  à  Berlin), 
Leipzig,  1873.  M.  Langhans  occupe  la  chaire 
d'histoire  de  la  musique  à  lu  nouvelle  Académie 
de  musique  dt^  Berlin. 

LAA'tillAiXS  (LoiisE  JAPHA,  épouse), 
femme  du  précédent,  pianiste  et  compositeur  de 
talent,  a  été  en  185:5,  à  Dusseldorf,  l'élève  de 
M"^"  Clara  Schumann,  sous  la  direction  de 
laquelle  elle  est  devenue  une  artiste  fort  distin- 
guée. Après  son  mariage,  elle  vint  se  faire  enten- 
dre et  connaître  à  Paiis,  puis  retourna  en 
Allemagne  avec  son  mari.  Elle  a  obtenu  comme 
virtuose  des  succès  brillants  et  mérités;  en  tant 
que  composite-ur,  elle  obtint,  dit-on,  les  suffrages 
de  Schumann,  (jui  prenait  un  grand  intérêt  à  ses 
production^.  Entre  autres  œuvres  publiées,  on 
connaît  d'elle  :  Drel  Gondoliercn  {Trois  Gon- 
do/iers),  Hambourg,  Scbuberlh  ;  Blucttcs,  Paris, 
Flaxland  ;  iJanse  guerrière  et  Nocturne,  Paris, 
Hartmann;  des  lieder,  mélodies,  etc.  Depuis 
1874,  M"""  Louise  Langhans  s'est  (i\ée  à  Wiesba- 
den  ,  où  elle  ^c  livre  à  l'enseignement  et  où  ses 
leçons  sont  très-recherchées. 


I>A WER (JosEPn-FR.4Nçois-CHARLEs),  célè- 
bre compositeur  de  musique  de  danse,  est  né  à 
Vienne  non  le  11  juillet  1802,  comme  il  a  été  dit 
par  erreur,  mais  le  11  avril  1800. 

r^ANIXER  (Auguste-Joseph),  fils  du  prédé- 
dent,  violoniste,  chef  d'orchestre  et  compositeur 
de  musique  de  danse,  naquit  à  Vienne  le  23 
janvier  1834.  Ce  jeune  artiste,  qui  donnait  de 
sérieuses  espérances,  mourut  prématurément  en 
cette  ville,  à  l'âge  de  vingt  et  un  ans,  le  27  sep- 
tembre 1855 

*  LAWOY  (M'"«  la  comtesse  Cléhentine- 
JosÉPHiNE-FRANçoisE-TuÉnicsE  DE),  née  prin- 
cesse de  LOOZ-CORSWAREM,  naquit  au 
château  de  Gray  (Brabanl),  le  29  juin  1764  ,  et 
mourut  à  Liège  le  4  juin  1820. 

LA\TL\    (J -B ),  conseiller   au 

parlement  de  Bourgogne,  né  à  Dijon  en  1C20, 
mort  en  1695,  était  grand  amateur  de  musique 
et  s'occupait  beaucoup  de  composition.  «  Il  laissa 
en  manuscrit,  dit  M.  Charles  Poisot  dans  .ses 
Musiciens  bourguignons ,  la  musique  de  plus 
de  trenteodes  d'Horace, de  VAdjs de  Catulle,  etc.; 
on  remarqua  son  ode  d'Huet  :  Tibi  gratcs 
zephyris.  » 

LAAUSSE  ( ),  artiste  ob.scur,  qui  vivait 

à  la  fin  du  dix-huitième  siècle  et  au  commence- 
ment du  dix -neuvième,  lit  représenter  deux 
opéras-comiques  en  un  acte  :  au  théâtre  des 
Jeunes-Artistes,  le  15  avril  1802,  Lanrette;  à 
la  Porte  St-.Martin,  le  11  octobre  suivant,  Melzor 
et  Ziina. 

LA  ^XTX  (PiUL  VÉROl\GE  DE) ,  com- 
positeur français,  est  né  à  Paris,  d'une  famille 
d'artistes,  le  29  juin  1853.  Son  père,  pianiste 
fort  distingué,  avait  fait  ses  études  au  Conserva- 
toire, de  même  que  son  oncle,  mort  fort  jeune. 
Lui-même  devint,  dans  cet  établissement,  l'élève 
de  M.  François  Bazin,  et  après  avoir  obtenu  un 
premier  prix  de  fugue  en  1872,  se  présenta  au 
concours  de  Rome  et  rem|iorla  le  second  grand 
prix  de  composition  en  1874;  en  1876,  il  se 
voyait  décerner  le  deuxième  |)renrier  grand  prix 
pour  sa  cantate  intitulée  Judith,  tandis  que  son 
camarade,  M.  Hillemacher  ,  reuq)ortait  le  pre- 
mier grand  prix.  M.  de  la  Nux  occupait  à  celte 
époque  l'emploi  d'accompagnateur  au  théâtre  de 
la  Renaissance.  Sa  partition  de  Judith,  pour 
chant  el  piano,  a  été  publiée. 

La  sœur  de  cet  artiste  ,  M"  '  Jeanne  Vcronge 
de  la  Aux,  élève  de  leur  père,  est  une  pianiste 
fort  distinguée. 

LAPIERRE  (Fiunçois-Antoine),  né  à 
Cavaillon  (Vaucluse),  le  5  avril  1760,  mort  le 
2.-)  décembre  1824  à  Sl-Remy  (  Houches-du- 
Rbône),  a  été  longtemps  maître  de  chapelle  à 


LAPIERRE 


LARMANDÉ 


75 


Aix-en-Provence,  et  a  laissé  diverses  œuvres  iné- 
dites, qui  sont  assez  estimées  de  ceux  qui  les 
ont  entendues,  notamment  un  Stabat  avec 
accompagnement  d'alto  et  basse,  et  une  messe 
de  Hequiem.  Contemporain  et  admirateur  de 
Cheriibini,  Lapierre  paraît  avoir  cherché  à  imiter 
le  style  de  ce  grand  maître. 

Le  petit-(ils  de  cet  artiste  est  directeur  actuel 
du  Conservatoire  d'Aix.  Il  a  composé  des  messes, 
des  motets,  de  la  musique  de  danse,  et  un  opéra- 
comique,  Fose  et  Lyv,  qui  a  été  représenté  au 
théâtre  d'Aix. 

Ar,.  R—  n. 

LAP0:MMERA\E  (Victou  BEllD AL- 
LE DE),  né  à  Paris,  le  24  février  1825,  fit  ses 
études  au  collège  de  Rouen,  et  ne  tarda  guère  à 
révéler  ses  dispositions  musicales.  11  devint  élève 
d'Amédée  Mêreaux,  et  s'étant  rendu  ensuite  au 
Conservatoire  de  Paris,  il  entra  dans  la  classe  de 
Zimmermanii.  Il  avait  à  peine  quitté  cette  école, 
lorsqu'eu  1848  on  lui  confia  l'organisation  géné- 
rale des  musiques  de  la  garde  mobile,  entreprise 
que  la  prompte  suppression  de  ce  corps  empêcha 
d'aboutir. 

Quelques  compositions  légères ,  les  Matelots 
de  la  Belle- Eugénie,  le  Paria,  etc.,  firent 
connaître  avantageusement  Berdalle  de  Lapom- 
meraye;  son  œuvre  la  plus  répandue  est  une 
simple  polka  pour  piano ,  le  lac  d'Enghicn 
(A.  Leduc,  éditeur);  il  en  a  été  tiré  50,000 
exemplaires.  Le  Domino  rose,  du  même  auteur, 
a  acquis  presque  autant  de  popularité.  Toutefois, 
il  nous  plaira  davantage  de  citer  de  ce  musicien 
une  composition  plus  sérieuse,  les  Psaumes 
de  David,  qu'il  mit  en  musique  sur  une 
traduction  en  vers  de  M.  Giffard,  ancien  profes- 
seur au  collège  de  Rouen.  Cet  ouvrage,  sur 
lequel  je  ne  puis  donner  aiicim  ren.seignement 
bibliographique,  obtint  l'approbation  des  cri- 
tiques les  plus  autorisés,  qui  se  plurent  à  en 
louer  l'originalité  et  la  force  expressive.  Ce  travail 
valut  à  Berdalle  de  Lapommeraye  sa  nomination 
de  membre  de  l'Académie  pontificale  de  Sainte- 
Cécile,  laquelle  ne  comptait  alors  en  France  que 
deux  correspondants ,  Carafa  et  Auber.  Il  fut 
décoré  aussi  de  l'ordre  de  Saint-Grégoire-le- 
Grand. 

Victor  de  Lapommeraye  est  mort  du  typhus, 
au  mois  de  janvier  1866,  à  Glatina,  près  de 
Bucharest  (Valachie)  (1). 

J.  C  —  z. 

;1)  D'une  nature  un  peu  capricieuse,  un  peu  fantasque, 
{.apomnicraye  ne  savait  point  poursuivre  un  but  prêci-, 
manquait  de  persistance  dans  les  idées,  et  ni-  pouvait 
s'astnindre  à  la  lutte  que  tout  artiste  est  appelé  a  sou- 
tenir. Son  humeur  vagabonde  le    portait  tantôt  ici,  tantôt 


LAllDL\(  V -JixF.s )  ,  amateur  de 

musifjue,  né  vers  1780,  mort,  je  crois,  vers  1870, 
est  l'auteur  d'une  notice  sur  François-André 
Danican-Pliiiidor,  écrite  à  l'aide  de  ses  souvenirs 
et  des  notes  laissées  par  l'un  des  fiis  de  ce  grand 
artiste,  et  insérée  dans  le  Palnmcde  (revue  des 
échecs)  de  janvier  1847.  Cette  notice,  intitulée  : 
Philidor  peint  par  lui-même ,  a  été  tirée  à 
part  (Paris,  1847,  in-8°  de  IG  p.).  Lardin  avait 
été  l'ami  de  Grétry,  et  s'est  plusieurs  fois  oc- 
cupé de  ce  grand  homme.  Sous  cetitre  :  Inau- 
gxiration  de  la  statue  de  Grétrij  due  au 
ciseau  de  Braelicleer,  à  la  société  de  la 
Grande- Harmonie  d'Anvers,  le  19  août  i8(î0 
Paris,  Claye,  1860,  in  8°),  il  publia  sur  lui 
trois  piècesj  de  vers,  d'ailleurs  des  plus  mé- 
diocres. Sous  le  couvert  de  l'anonyme,  il  donna 
aussi  la  brochure  suivante  :  Zémire  et  Azor, 
par  Grétrij,  quelques  questions  à  propos  de 
la  nouvelle  falsification  de  cet  opéra  (Paris  , 
Moessard,  184G,  in-8''  de  32  pp.).  En  1842,  il 
offrit  à  la  Société  libre  de  l'Émulation  de  Liège 
un  volume  in-4'^  manuscrit,  ainsi  intitulé  -.  Hom- 
mage à  la  mémoire  de  Grétrij,  écrit  et  offert 
par  Jules  Lardin,  propriétaire  à  Paris;  ce 
manuscrit  contient  des  stances,  des  cantates,  des 
notes  sur  Grétry  et  ses  œuvres,  ainsi  qu'un  pro- 
jet de  festival  pour l'inauguiation  de  sa  statue. 

LARDIXOIS  ( ).  Un  artiste  de  ce  nom 

a  fait  représenter  sur  le  théâtre  de  Nancy, 
en '1864,  un  opéra-comique  intitulé  les  Deux 
Clochettes. 

LARGIII  (Desiderio),  musicien  italien  du 
dix-huitième  siècle,  est  l'auteur  d'un  traité  de 
solfège  ainsi  intitulé  :  Il  Modo  di  so/feggiare 
all'uso  francese,  introdotto  nuovamente  in 
Siena  dal  M.  It.  signore  Fausio  Fritielli , 
Sienne,  1744.  On  sait  que  Frittelli  fit  tous  ses 
efforts  pour  introduire  en  Italie,  où  l'on  solfiait 
encore  par  nuances,  le  système  de  la  gamine  de 
sept  sons  ,  dont  l'usage  s'était  complètement 
généralisé  en  Fiance.  L'ouvrage  ci-dessus  cité 
venait  en  aide  à  Frittelli. 

LA1LMA\DE   (A ),  est  le  nom  d'un 

artiste  qui,  vers  18.35,  était  professeur  d'iiar- 
monie,   et  qui,  à  la  mort  de  Reicha,  provoqua 


Ta,  et  il  éparpillait  sans  profit  et  sans  utilité  des  forces 
que  son  talent  aurait  pu  rendre  efficaces  s'il  avait  su  les 
diriger.  Kn  dernier  lieu,  les  hasards  d'une  existence  apitee 
l'avaient  conduit  à  Bucharest,  où  il  était  devenu  critique 
tnusic.il  du  journal  la  f'critc.  C'est  en  ce  p  > ys  que  la  m 'rt 
l'a  surpris,  plein  de  jeunesse  et  d'ardeur.  Cet  artiste,  qui 
avait  travaillé  avec  Carafa  et  Halévy,  était  le  frère  d'une 
aimable  ctianfeuse.M'i*  de  Lapommeraye,  quia  appartenu 
pendant  plusieurs  années  au  personnel  de  l'Opéra,  et  de 
M.  Henri  de  I  apommeraye,l'un  de  nos  critiques  de  théiltre 
les  plus  di.sliiigués  —  .\.  r. 


76 


LARMANDE    -  LARUETTE 


rouveiture  d'une  souscription  dans  le  iiul  de 
faire  frapper  une  médaille  de  bronze  en  l'honneur 
de  ce  compositeur.  H  publia,  pour  les  élrennes 
de  1837,  un  album  de  si\  morceaux  de  chant, 
intitulé  les  Violettes,  dont  les  paroles  lui  avaient 
été  fournies  par  M'"'"  >Mboyet.  Je  crois  que  c'est 
le  même  artiste  qui,  plus  tard,  ajusta  les  paroles 
françaises  du  recueil  publié  par  l'éditeur  Flaxland 
sous  le  tilre  -.  Échos  d'AllemcKjne,  ainsi  que  de 
la  collection  des  12  Duos  de  Meiidelssohn. 

LA  ROCHE  (M''-^  Rose  DE),  «laveciniste 
et  compositeur  pour  son  instrument,  vivait  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-huitièuie  siècle.  Elle  a 
publié  diverses  compositions ,  parmi  lesquelles 
une  suite  de  Sonates  pour  le  clavecin  (Paris, 
Benout),  et  un  Concerto  pour  le  même  instru- 
ment, avec  accompagnement  d'orchestre  (id., 
id.). 

*  LARRIVEE  (Marie-Jeanne),  femme  du 
fameux  chanteur  de  ce  nom,  fut  elle-même  l'une 
des  artistes  les  plus  aimées  du  public  de  l'Opéra, 
où  elle  commença  sa  carrière  sous  le  nom  de 
M"^  Lemierre.  Elle  fut  sur  le  point  de  quitter 
ce  théâtre  en  1759,  par  suite  d'une  prétention 
dans  laquelle  elle  ne  s'obslina  pas.  On  remontait 
Amadis  de  Gaule,  et  M'*'-'  Lemierre  réclamait 
comme  lui  appartenant  par  son  emploi  le  rôle 
d'Oriane,  rôle  Irès-dramalique,  au-dessus  de  ses 
moyens  physiques,  et  que  l'administration  voulait 
très-sagement  confier  à  So[ihie  Araould.  m""^  Le- 
mierre prélendit  qu'elle  le  jouerait,  et  qu'elle  le 
jouerait  à  l'exclusion  de  toute  autre,  ou  qu'elle 
quitterait  le  théâtre.  Le  récit  de  cette  petite 
querelle  se  trouve  tout  au  long  dans  le  Mercure 
de  France,  qui,  tout  en  se  montrant  très- 
sympathique  au  talent  de  m'"'  Lemieire,  disait 
à  ce  sujet  :  «  Une  voix  enchanteresse,  une  figure 
charmante,  une  action  noble  et  juste  ,  de  l'in- 
telligence et  du  sentiment,  donnent  à  M""  Le- 
mierre le  droit  de  prétendre  à  exceller  dans 
tous  les  rôles  gracieux  et  tendres.  Mais  ces  sons 
brillants,  ces  cadences  légères,  celte  douce  séré- 
nité d'une  physionomie  riante  ne  semblent  pas 
faits  pour  les  rôles  passionnés  tels  que  celui 
d'Oiiane.  »  Elle  finit  par  céder  et  par  laisser  ce 
rôle  à  So()hie  Arnould  ;  mais  elle  voulut  s'y 
essayer  cependant ,  quelques  mois  plus  tard,  et 
n'y  réussit  que  médiocrement. 

Sfi'ur  du  violoniste  Lemierre,  qui  se  lit  un  nom 
honorable  et  qui  obtint  de  vifs  succès  au  Con- 
cert spirituel,  cette  artiste  fort  distingué'C  créa 
des  rôles  imporlanfs  Aawa  h'iiée  et  Lavinic, 
Léandreel  tféro,Caneii(e,  ErneUnde,  V Union 
de  V Amour  et  des  Arts,  et  Céphole  et  l'm- 
cris.  tlle  était  l'une  des  cantatrices  les  plus  es- 
timées du  Concert  spirituel.  Elle  prit  sa  retraite 


en  1777,  avec  une  pension  de  deux  mille  livres. 

L.MIUE  (Pierhe),  l'acteur  d'orgues,  exerçait 
sa  profession  à  Paris  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle.  On  trouve  son  nom,  à  la 
date  de  1767,  dans  des  règlements  de  comptes 
de  la  corporation  des  faiseurs  d'instruments  dans 
un  carton  des  Archives  nationales.  Pierre  Larue 
vivait  encore  en  l'Sb.  Dans  son  livre  :  les  Ins- 
truments  à  archet,  M.  Antoine  Vidal  cite  un 
luthier  du  nom  de  Pierre  Mathieu  Larue,  qui 
était  «  maître-juré  comptable  de  la  corporation 
des  maîtres  luthiers  de  la  ville  de  Paris  pour 
l'année  1767.  »  J'incline  à  croire  que  ces  deux 
artistes  n'en  faisaient  qu'un,  et  que  M.  Yidal, 
n'ayant  pas  eu  d'autres  renseignements  et  trompé 
par  celte  dénomination  générale  de  luthiers  , 
aura  classé  à  tort  Pierre  Larue  parmi  les  fai- 
seurs de  violons,  tandis  qu'il  était  en  réalité 
facteur  d'orgues. 

*  LARUETTE  (Je\n-Loiis).  Il  faut  joindre 
à  la  liste  des  ouvrages  dramatiques  de  cet  excel- 
lent artiste,  Cendrillon ,  opéra-comique  en 
deux  actes,  donné  à  l'Opéra-Comique  le  21 
février  1759.  Les  auteurs  de  YHisioire  de  l'o- 
péra bouffon  mentionnent  une  pièce  intitulée 
la  Fausse  aventurière ,  représentée  au  même 
théâtre  le  22  mars  17 J6,  et  pour  laquelle 
Laruette  avait  écrit  au  moins  un  morceau  impor- 
tant,  le  quatuor  final.  Je  crois  que  plusieurs 
nuisiciens  avaient  pris  part  a  cet  ouvrage,  mais 
aucun  annaliste  ne  donne  leurs  noms,  et  celui 
de  Laruette  se  trouve  seul  cité,  pour  ce  morceau, 
dans  l'écrit  mentionné  ci-dessus. 

LARUETTE  (M^'^' VILLETTE,  épouse), 
femme  du  précédent,  fut  une  des  plus  célèbres 
actrices  de  la  Comédie-Italienne,  dont  elle  lit  les 
délices  pendant  plus  de  quinze  ans,  après  avoir 
ap!)arfenu  au  personnel  de  l'Opéra-Comique, 
puis  à  celui  de  l'Opéra.  Née  vers  1740,  M"'  Vil- 
lelte,  douée  d'une  voix  charmante  et  d'une  jolie 
figure,  débuta  le  9  septembre  1758  à  l'Opéra- 
Comique,  où  elle  produisit  un  grand  effet,  ainsi 
qu'on  peut  le  voir  par  ces  paroles  du  Mercure 
de  France  :  «  Dans  ce  spectacle  a  paru  jioiir  la 
première  fois  iM""^  Villette,  dont  la  voix  brillante 
et  flexible  a  produit  la  plus  vive  impression.  C'est 
un  talent  acquis  à  l'Académie  royale  de  musi- 
que. »  En  effet,  peu  de  mois  après,  M"''  Villette 
paraissait  sur  la  scène  de  rOjjéra,  où  elle  n'était 
pas  moins  bien  accueillie,  et  où  elle  jouait  entre 
autres,  avec  beaucoup  de  succès,  le  rôle  de. 
Colette  du  Devin  du  Villarje.  Le  5  avril  1759, 
elle  se  faisait  entendre  au  Concert  spirituel ,  tou- 
jours avec  le  même  bonheur,  car  le  Mercure 
disait  encore  :  «  M""-'  Villette  a;  débuté  au 
Concert  spirituel  avec  le  même  succès  qu'à  l'O- 


LARLETTE  —  LA SALLE 


77 


péra.  Une  voix  juste,  brillante  et  légère  ne  peut 
manquer  <le  réussir  partout.  » 

Toutefois,  cette  voix  aimable  et  sympatiiique 
manquait  un  peu  de  puissance,  et  n'aurait  pu 
sans  dan;;or  se  condamner  au  régime  meurtrier 
de  l'Opéra.  Après  un  séjour  lie  près  de  trois  ans 
à  ce  Ihéàlre,  après  y  avoir  créé  le  rôle  de 
l'Amour  dans  la  Canente  de  Dauvergne,  M^'"'  Vil- 
lette  entra  à  la  Comédie-Italienne,  où  elle  débuta 
le  7  septembre  1761  par  le  rôle  de  iNicette  de 
Vile  des  Fous  et  celui  de  Zerbine  de  la  Ser- 
vante maîtresse.  «  On  ne  peut,  disaient  les 
auteurs  de  Y  Histoire  de  Voilera  bouffon , 
paroitre  avec  plus  de  succès  et  jouir  plus  com- 
plètement des  suffrages  du  public.  La  réussite 
que  cette  actrice  avoit  eue  précédemment  à 
l'Opéra  dans  le  Devin  du  Village  sembloit 
avoir  marqué  sa  place  sur  ce  théâtre  et  à  la  tète 
du  nouveau  genre  (celui  des  pièces  à  ariettes). 
Elle  a  passé  de  bien  loin  nos  espérances,  chaque 
jour  fait  découvrir  en  elle  de  nouvelles  perfec- 
tions. » 

Le  fait  est  que  la  situation  de  la  débutante 
devint  en  peu  de  temps  prépondérante  à  la  Comé- 
die-Italienne. Chanteuse  d'un  mérite  reconnu 
de  tous,  elle  devint  rapidement  une  comédienne 
charmante,  pleine  de  grâces,  de  charmes  et  de 
séductions,  dont  les  auteurs  s'empressèrent 
d'utiliser  le  talent.  Devenue  en  1763  l'épouse  de 
Laruette,  elle  créa  dans  l'espace  de  seize  ans 
environ  plus  de  quarante  rôles,  dans  cet  emploi 
d'ingénuités  et  d'amoureuses  qui  convenait  si 
bien  à  sa  nature,  et  dans  lequel,  sous  le  double 
rapport  du  chant  et  du  jeu  scénique,  elle  déployait 
des  qualités  exquises.  Parmi  les  ouvrages  au 
succès  desquels  elle  contribua  pour  sa  bonne  part, 
il  faut  citer  surtout  Rose  et  Colas,  le  Roi  et  le 
Fermier,  Isabelle  et  Geririide,  Tom  Jones, 
la  Clochette,  le  Bûcheron,  Toinon  et  Toinc/te, 
les  Sabots,  Lucile,  Sylvain,  les  Deux  Avares, 
l'Amoureux  de  quinze  ans,  les  Moissoniieurs, 
la  Fée  Urgèle ,  le  Magnifique,  l'École  de  la 
Jeunesse,  les  Deux  Chasseurs  et  la  Laitière, 
Alix  et  Alexis,  Nanette  et  Lucas,  la  Servante 
justifiée,  Julie,  l'Ile  sonnante,  le  Sorcier,  le 
Gui  de  chêne,  V Anneau  perdu  et  retrouvé, 
les  Pécheurs,  etc.,  etc. 

Cependant,  la  santé  deM"»  Laruette  était  déli- 
cate, et  la  fatigue  l'obligea  de  se  retirer  de  bon- 
ne heure.  Elle  était  à  peine  âgée  de  trente-huit 
ans  lorsqu'elle  crut  devoir  prendre  sa  retraite,  à 
Pâques  1778.  Son  mari  suivit  son  exemple  l'an- 
née suivante,  et  tous  deux,  je  crois,  allèrent  s'é- 
tablir en  province.  On  sait  que  Laruette  mourut 
à  Toulouse  en  1792,  mais  je  n'ai  pu  découvrir 
Vépoque  de  la  mort  de  M"'  Laruette.  Toutefois 


elle  vivait  encore  en  1793,  car  en  cette  année 
elle  était  encore  portée  sur  la  liste  des  artistes 
auxquels  la  Comédie-Italienne  servait  une  pension. 

LA  SALETTE  ( ),  est  l'auteur  de  l'é- 
crit suivant  :  />e/a_/?j;(^c'  et  de  Vincariabililé 
des  sons  musicaux  (Pdvïs,  1824,  in-8). 

LASALLE  (ÂLiîEUT  DE),criti(|ue  et  historien 
musical,  est  né  au  Mans  le  16  aoilt  1833.  Après 
avoir  lait  à  Paris  de  bonnes  études  littéraires, 
s'être  fait  recevoir  bachelier  ès-lettres  et  ès- 
sciences  physiques  et  eu  droit,  M.  de  Lasalle  se 
livra  à  l'étude  de  la  nmsique,  pour  laquelle  il 
avait  un  goût  déterminé,  se  lança  en  même 
temps  dans  la  carrière  du  journalisme,  débuta 
en  \Sbi  dans  {'Illustration,  eldès  l'année  1857, 
époque  de  la  fondation  du  Monde  illustré,  se 
vit  chargé  de  la  critique  musicale  de  cette  revue, 
qu'il  na  jamais  abandonnée  depuis,  tout  en 
remplissant  parfois  le  même  office  à  d'autres 
recueils,  entre  autres  à  la  Nouvelle  Revue  de 
-Pam. Successivement  collaborateur  de  nombreux 
journaux,  le  Charivari,  le  Journal  amusant, 
la  Vie  parisienne,  le  Moniteur  universel,  le 
Petit  Moniteur,  le  Boulevard,  la  Chronique 
universelle,  la  Revue  de  France,  M.  de  Lasalle 
trouva  le  temps  néanmoins  de  mettre  au  jour 
diverses  publications  dont  la  musique  était  l'ob- 
jet. Travailleur  consciencieux  et  écrivain  spirituel, 
il  sait  allier  la  fantaisie  de  l'imagination  au  res- 
pect le  plus  scrupuleux  de  la  vérité  historique,  et 
sous  ce  rapport  il  a  donné,  dans  la  littérature 
musicale  actuelle,  une  note  particulière,  tantôt 
sérieuse,  tantôt  humoristique. 

Voici  la  liste  des  écrits  relatifs  à  la  musique 
publiés  par  M.  Albert  de  Lasalle  :  1°  Histoire 
des  Bouffes-Parisiens  (Paris, librairie  nouvelle, 
1860,  in-32),  petit  volume  qui  retrace  fidèlement 
l'historique  des  premières  années  de  ce  théâtre, 
avec  un  répertoire  soigneusement  annoté  ;  2°  la 
Musique  à  Paris  (Paris,  Morizot,  1863,in-12)^ 
en  société  avec  M.  Er.  Thoinan(roy.  ce  nom), an- 
nuaire musical  de  l'année  1802,  l'une  des  meil- 
leures et  des  plus  solides  publications  de  ce 
genre  qui  aient  jamais  été  essayées  en  France  ; 
T  Meyerbeer, su  biographie  et  le  catalogue 
de  ses  œuvres  (Paris,  Dcntu,  186i,  in-16  de  31 
pp.);  i"  Dictionnaire  de  la  Musique  appli- 
quée à  l'amour  {Purh,  Làcro\\,  1808,  in-12}, 
fantaisie  tout  aimable,  à  la  suite  de  laquelle 
l'auteur  donne,  en  appendice,  la  liste  complète  et 
annotée  de  tous  les  dictionnaires  de  musique  pu- 
bliés en  français;  5°  la  Musique  pendant  le  siège 
de  i'rt/i.v,  impressions  du  moment  et  souvenirs 
anecdotiques  sur  la  Marseillaise,  le  Rhin  al- 
lemand,les  Girondins,  le  Chant  du  départ,  les 
chansons  de  la  rue  et   du  théâtre,   la  musique 


78 


LASALLE  —  LATILLA 


religieuse,  les  conceils  de  l'Opéra,  les  concerts  au 
profit  (les  canons,  les  instrunionts  de  musique 
inililaire,  etc.  (Paris,  Lacliaud,  1872,  in-12); 
t"  Les  Treize  Salles  de  l'Opéra  (Paris,  Sar- 
lorius,  1875,  in-12),  voluim»  qui  est  à  la 'fois 
une  liistoire  et  une  chroniiiuc  de  l'Opéra,  d'a- 
près les  salles  que  ce  théâtre  a  successivement 
occupées  ;  7"  Mémorial  du  Thddtre-Lijrique, 
catalogue  raisonné  des  cent  quatre-vingt- 
deux  opéras  qui  y  ont  été  représentés  depuis 
sa  fondation  jusqu'à  l'incendie  de  sa  salle 
du  Chdtclet,  avec  des  notes  biographiques  et 
hibliograpliiques  (Paris,  Lecuir,  1877,  in-S"). 

M.  Albert  de  Lassalle  est  l'un  des  collabora- 
teurs du  supplément  à  la  B'iugrap/iie  univer- 
selle des  Musiciens. 

LASEKK  (C ),  pianiste  et  compositeur 

allemand,  vivait  vraisemblablement  dans  la  pie- 
mière  moitié  de  ce  siècle,  puisqu'un  grand  nom- 
bre de  ses  compositions  ont  été  écrites  en  so- 
ciété avec  Frédéric-Auguste  Kummer.  LasekU  a 
publié,  entre  autres  œuvres  ■.rAgitation,(\ud\.ao\- 
pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle;  la  Chasse, 
grand  duo  concertant  pour  piano  et  violoncelle; 
concertino  brillant  pour  piano,  avec  accompagne- 
ment d'orcbestre  ;  3  morceaux  détachés  pour 
piano  ;  3  morceaux  de  sentiment  pour  violoncel- 
le avec  piano;  3  pensées,  pièces  fugitives  pour 
piano  ;  plusieurs  lieder  avec  accompagnement  de 
piano.  Avec  Kummer,  LaseUk  a  publié  :  Sonate 
dramatique  pour  piano,  violon  et  violoncelle  ;  9 
romances  sentimentales  pour  piano  et  violoncel- 
le, en  3  livres  ;  Rhapsodie  musicale  pour  piano 
et  violoncelle  ;enlin,  diverses  fantaisies  pour  les 
deux  mêmes  instruments. 

LASERXA  (BL\s),clief  d'orchestre  et  com- 
positeur espagnol  du  dix -huitième  siècle,  fut  un 
artiste  distingué.  On  ignore   la  date  de  sa  nais- 
sance et  celle  de   sa  mort  ;  mais  on  sait  qu'à  la 
fin  du  siècle  il    occupait  les    fonctions  de   chef 
d'orchestre  au  théâtre  de  la  Cruz,  à  Mailrid,  et 
y  donnait   des  preuves  d'un  véritable   talent,  il 
lit  représenter  à  ce  IhéAtre,  tandis  qu'il  y  tenait 
cet  emploi,  un  opéra  espagnol,  /«  Gilandlu  por 
umor,  qui  fut  acceuilli  avec  beaucoup  defaveu/'. 
LASSABATIIIE  (I'ukodoui:),   administra- 
teur et  historien  du  Cons::rvatoire  de   Paris,  na- 
quit à  Bordeaux  le  13    aoi'it  1800.   Il   entra  de 
bonne  heure  dans    l'administration,    et  devint 
chef  du   bureau    da?.  théâtres   au  ministère   de 
l'intérieur  sous  le  gouMMiicmcnt  de  juillet.  Sa 
collection  de  livres  et  île  documents  sur  l'artdra- 
matique  était  l'une  des  plus  riches  et  des  plus 
précieu.ses  (p.ii   existassent   à  Paris.  Le  1"  août 
185i  il  était  nommé  administrateur  du  Conserva- 
toire, et  après.avoir  mis  eu  ordre  les   archives 


de  cet  établissement,  qui  auparavant  étaient 
dans  un  assez  fâcheux  état,  il  utilisa  les  uiaté- 
riaux  classés  et  coordonnés  par  lui,  et  en  tira 
les  éléments  d'une  Histoire  du  Conservatoire 
i)npérial  de  musique  et  de  déclamation  (Pa- 
ris, Lévy,  18G0,  in- 12).  Cet  ouvrage,  d'une  lec- 
ture naturellement  un  peu  sèche,  mais  d'ime 
utilité  incontestable  ,  aurait  pu  être  fait  avec 
plus  de  soin, et  l'ordonnance  |)ourrait  enêtremeil- 
leure  ;  néanmoins,  il  est  venu  combler  une  véri- 
table lacune  dans  notre  littérature  musicale. 

Lassabathie   est   mort   à  Paris,  à  la  maison 
municipale  de  santé,  le  5  décembre  1S71. 

*  LASSEN  (Edouard),  pianiste  et  composi- 
teur (1).  Les  œuvres  de  cet  artiste  se  sont 
accrues  d'une  façon  considérable  depuis  la  pu- 
blication de  la  notice  qui  lui  a  été  consacrée  dans 
la  Biograph'ie  universelle  des  Musiciens.  On 
peut  citer  (larticulièrement:  l"  Le  Captif,  o[)éra; 
2"  Œdipe  roi ,  musique  sur  la  tragédie  de  So- 
phocle, exécutée  à  lénaau  mois  de  mars  18G8  ; 
3'^  musique  symphonique  et  chorale  pour  les  deux 
parties  du  Faust,  de  Gœthe,  exécutée  avec  un 
grand  succès  à  AVeimar,  au  mois  de  mai  1876  ; 
4"  Te  Deum  ;b"  musique  pour  les  Aiebclungen, 
trilogie  dellebbel,  exécutée  avec  succès  en  Al- 
lemagne ;  G"  Symphonie  en  ré  ;  1°  56  lieder,  for- 
mant onze  recueils  ;  8"  Phantasiestuke  pour 
violoncelle  et  basson,  avec  accompagnement  de 
piano,  op.  iS;  9"  enliu,  plusieurs  autres  sym- 
phonies, des  cantates,  des  ouvertures,  et  des 
transcriptions  pour  le  piano. 

LASSERNE  (L ),  violoniste  qui  vivait 

dans  le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  a  pultlié 
un  livre  de  sonates  à  violon  seul  avec  basse 
continue,  œuvre  l'''  (Paris,  Boivin,  in-f"). 

LATASTE  (LoDoïs),  compositeur,  a  publié 
quekpies  mélodies  vocales,  et  a  fait  représenter 
au  théâtre  Napoléon,  de  Bordeaux,  le  28  mars 
1868,  une  opérette  en  un  acte  intitulée  :  Quand 
les  chats  n'y  sont  pas. 

*  LATILL.\.  (Gaetano).A  la  liste  des  œuvres 
de  ce  gran<l  artiste,  il  faut  joindre  les  suivantes, 
qui  sont  conservées  dans  les  Archives  du  Con- 
servatoire de  Naples  :  1°  Anligone,  opéra  sérieux 
en  3  actes,  représenté  au  théâtre  San- Carlo, 
de  Naples,  en  1775  ;  2"  une  série  de  sept  mor- 
ceaux pour  voix  de  soprano,  avec  ace.  de  qua- 
tuor d'instruments  à  cordes  ;  3"  solfège  pour  so- 
prano, avec  acc.de  piano.  Les  quatre  opéras'dont 
les  litres  suivent  n'ont  pas  été  compris  non  plus 


(1)  Danois  d'origine  et  ne  à  Copenliague,  M.  Lasscii  lut 
amène  fort  jeune  à  lîriixclles  par  .ses  parents,  qui  se 
lircnl  naturaliser  belges.  Il  est  fi\c  depuis  longtemps  en 
Alicujasne. 


LATILLA  —  LAUGEL 


79 


dans  !a  nomenclature  do  ses  productions  drama- 
tiques :  4°  Li  Marile.  a  forza,  Naples,  lii.  des 
Fiorentini,  \7,i?.  ;  5"  lo  Sposo  senza  moglie, 
id,  tii.  Nuovo,  1736;  G"  il  Glsmondn,u\.,th. 
des  Fiorentini,  1737;  '"il  Barone  di  Vigaulim- 
ga,  id.,  th.  Nuovo,  1747. 

LATISOIJE  (Fr.uDiNAND),  est  auteur  d'un 
écrit  dont  le  titre  seul  indique  i'inuliiilé  :  La 
Musique  des  couleurs,  théorie  de  i application 
des  couleurs  du  spectre  solaire  à  la  représen- 
tation des  intervalles  musicaux,  Paris,  impr. 
Simon  Raçon,  1807,  in- 8. 

*  LAUlî  (Ferdinand),  violoniste  fort  re- 
marquable, est  mort  à  Gries,  près  Bozen,  le  17 
mars  1875.  Cet  artiste,  qui  s  était  fait  entendre 
dans  les  principales  villes  d'Europe,  et  notam- 
ment à  Paris  ,  avec  un  très-grand  succès,  avait 
été  nommé  professeur  au  Conservatoire  de  Mos- 
cou. 11  s'était  démis  de  ses  fonctions  en  1873 
pour  se  retirera  Gries,  afin  d'y  soigner  sa  santé 
fortement  ébranlée.  C'est  là  qu'il  est  mort,  âgé 
seulement  de   quarante-trois  ans. 

LAUDAMO  (AiNTONio),  compositeur  drama- 
tique, né  à  Messine  au  mois  d'octobre  1814,  lit 
ses  études  musicales  en  cette  ville,  où  il  eut  suc- 
cessivement pour  maître  Jean  Walter,  Platone 
et  Giuseppe  Mosca.  Il  fit  ses  débuts  de  composi- 
teur en  faisant  exécuter  en  1829,  à  l'un  des  théâ- 
tres de  Messine,  une  grande  ouverture,  qui  fut 
bientôt  suivie  d'un  opéra  intitulé  gli  Amori  di 
due  selcaggi  et  d'une  cantate  pour  l'avènement 
au  trône  du  roi  Ferdinand  II.  M.  Laudamo,  qui 
paraît  doué  d'nne  grande  facilité  de  production, 
donna  ensuite  :  .Arff/a,  regina  di  Caria  (ISZ'Î)  ; 
une  Cantate  funèbre  \m\ir  la  mort  de  Bellini  (9 
novembre  1835);  Ettore  Fieramosca  (1839)  ; 
un  Fiasco  alla  moda  (1842),  opéra  bouffe  qui 
eut  vingt-trois  représentation  consécutives  ;  Cla- 
rice  Visconli  (1845)  ;  Erna^i  in  conlumacia 
(1849);  Calerina  Howard  (1857).  Outre  ces  ou- 
vrages importants,  M.  Laudamo  a  encore  écrit 
et  fait  exécuter  5  cantates,  4  dialogues  dramati- 
ques, un  hymme national,  une  grande  ouverture 
héroïque,  un  ballet-pantomime,  une  marche  funè- 
bre, diverses  compositions  vocales,  et  ungrami 
nombre  d'œuvrcs  de  musique  sacrée  pour  le  ser- 
vice de  la  chapelle  municipale,  dont  il  est  directeur 
depuis  18Ô.J.  Cet  artiste  est  professeur  de  chant 
choral  à  l'Ecole  normale  de  Messine. 

LAUGEL  (Algi'ste),  philosophe,  savant  et 
écrivain  français,  est  l'auteur  d'un  livre  ainsi 
intitidé  :  La  Voix, l'oreille  et  la  musique (Piiri^, 
Germer-Baillière,  18G7,in-12),  dans  lequelil  s'est 
attaché  à  résumer  d'une  façon  précise,  exacte 
et  intéressante,  les  doctrines  nouvelles  et  les 
découvertes  fécondes  du  grand  physicien  Helm- 


hol!/  (roy.cenpin),  que  M.Georges  Guéroult  de- 
vait faire  connaître  complètement  l'année  suivante 
eu  donnant  une  traduction  du  fiimeux  ouvrage 
de  ce  savant.  Toute  la  première  partie  du  livre 
de  M.  Laurel,  dans  laquelle  il  expose  les  faits  mis 
en  vue  par  M.  lielmlioltz  et  analyse  son  systè- 
me, est  excellente  de  tout  point,  et  remarquable 
par  sa  clarté  ;  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  se- 
conde, où  l'auteur,  voulant  abuider  à  sou  point 
de  vue  personnel  des  questions  purement  mu- 
sicales, trahit  son  inexpérience  en  ces  matières, 
se  livre  à  des  écarts  dangereux  et  commet  de 
fâcheuses  erreurs  ;  les  chapitres  qui  traitent  des 
gammes,  de  la  mélodie,  de  l'harmonie,  des  ca- 
ractères delà  musique,  montrent  trop,  en  effet, 
que  M.  Laugel  s'avance  sur  un  terrain  qui  lui 
est  inconnu,  et  l'écrivain  parcourt  cette  voie  qui 
lui  est  étrangère  sans  paraître  même  se  douter 
des  dangers  qu'il  court  et  des  périls  auxquels  il 
s'expose. 

M.  Laugel,  véritablement,  n'est  pas  heureux 
lorsque,  quittant  le  domaine  de  la  physique,  qui 
lui  est  familier,  il  veut  empiéter  sur  celui  de  la 
musique  ,  où  il  se  perd  de  la  façon  la  plus  com- 
plète; il  lui  arrive  même,  en  voulant  entremêler 
les  deux  choses,  de  méconnaître  le  sens  des  mots 
et  de  parler  une  langue  absolument  inintelligible. 
Je  demande,  par  exemple,  quel  est  l'homme, 
musicien  ou  non,  qui  comprendra  un  traître 
mot  à  l'étrange  théorie  que  voici  :  «  Quand  deux 
notes,  très-voisines,  sans  être  à  l'unisson  (1), 
vibrent  ensemble,  on  entend  comme  un  pe- 
tit murmure  ou  roulement  régulier,  provenant 
des  alternatives  i)ériodiques  de  force  et  de  fai- 
blesse du  son.  Ces  alternatives,  nommées  batte- 
ments,  fournissent  les  moyens  de  mesurer,  en 
quelque  sorte,  la  pureté  d'un  intervalle  ;  le  se- 
cret du  déplaisir,  du  laid  musical  gît  dans  les 
battements;  l'art  du  musicien  doit  donc  consister 
à  les  éviter;  il  doit  surtout  redouter  les  combi- 
naisons qui  font  naître  de  trente  à  quarante 
battements  par  seconde.  >-  Je  délie  bien  qui  que 
ce  soit  de  m'expliquer  ce  que  l'auteur  a  voulu 
dire  ici,  et  de  tirer  de  ces  lignes  l'apparence 
même  d'un  axiome  musical.  iM.  Laugel  ignoi-e 
sans  doute  que,  'étant  donnée  la  conslitutiou  du 
système  musical  moderne,  il  n'y  a  pas  d'in- 
tervalle qui  ne  puisse  être  employé,  ou,'  pour 
parler  comme  lui,  il  n'y  a  pas  de  voisinage  de 

(I)  Une  peut  pas  y  avoir  d'à  peu  prés  dans  des  ques- 
tions de  ce  genre,  et  il  faudrait  .ju  moins  indiquer  d'une 
façon  précise  le  dcj^ré  de  voisinage,  ou,  si  l'on  veut,  de 
rapprocliement  de  ces  deux  notes.  Formeront-elles  entre 
elles  deux  un  intervalle  de  seconde  mineure,  ou  de  se- 
conde majeure,  ou  de  seconde  augmentée  ?  Les  musiciens 
conviendront  avec  moi  que  la  question  vaut  la  peine 
d'Otrc  posée. 


80 


LAUGEL  —  LAUTERBACH 


notes  si  étroit  i]ni  ne  puisse  se  produire  d'une 
façon  agréable  ;\  loi  eillo  -,  tout  dépend  des  mo)  ens 
employés  pour  l'amener,  pour  le  produire  et  |)our 
le  faire  disparaître,  en  d'autres  termes  (c;ir  il 
est  éviilent  que,  dans  l'esprit  de  M.  Laugel,  il 
s'agit  de  dissonance),  tout  dépend  de  la  faroii 
de  préparer,  d'accompagner  et  de  résoudre  la 
dissonance.  M.  Laugel  n'est  pas  plus  heureux 
lorsque,  dans  sa  prélace,  il  imprime  sérieu- 
sement les  choses  que  voici  :  «  L'harmonie, 
c'est-à-dire  le  mariage  des  consonances  et  des 
accords  (?),  la  pohpiionie  des  instruments  et  des 
voix,  n'est  point  le  caractère  des  musiques 
primitives  ;  il  n'y  a  point  d'harmonie  véritable 
dans  les  concerts  ou  un  thème  mélodique  est 
simplement  renforcé  ou  soutenu  par  des  unis- 
sons, des  basses  pédales  {!),  des  sourdines  (!!), 
dont  le  murmnie  monotone  échappe  à  la  me- 
sure et  au  rhythme  (!!!)  » 

Il  est  impossible  de  discuter  avec  un  écrivain 
qui  fait  entrer  le  rhylhme  dans  l'harmonie,  et 
qui  présente  les  sourdines  comme  un  élément 
sonore  !  Mais  ceci  prouve,  une  fois  de  plus, 
combien  il  est  dangereux  de  vouloir  parler  mu- 
sique quand  on  n'est  pas  musicien,  et  démontre 
à  quel  point  les  hommes  les  plus  instruits  et  les 
plus  intelligents  peuvent  ignorer  jusqu'aux  plus 
simples  éléments  d'un  art  dont  ils  ont,  pour- 
tant, la  prétention  (rex|)liquer  les  phénomè- 
nes. 

LAURENT  DEIllLLÉ  (François-Anato- 
u;),  compositeur,  né  à  Orléans  en  1828,  com- 
mença d'abord  par  étudier  la  peinture,  se  tour- 
na ensuite  du  côté  de  l'art  musical,  et  ht  son 
éducation  d'abord  avec  un  maître  italien  nommé 
Comoghio,  puis  avec  El^vart.  Il  s'occupa  de 
bonne  heure  de  toutes  les  questions  relatives  au 
chant  populaire,  devint  inspecteur  de  l'ensei- 
gnement du  chant  dans  les  lycées  et  les  écoles 
normales,  et  écrivit  un  grand  nombre  de  chœurs 
orphéoniques  qui  se  faisaient  remarquer  par  de 
réelles  qualités  de  rlivtbme  et  de  facture  et  dont 
la  plupart  obtinrent  une  véritable  vogue-,  le 
nombre  de  ses  compositions  en  ce  genre  s'élève 
à  beaucoup  plus  d'une  centaine,  et  il  faut 
citer  surtout,  i)armi  ses  choeurs  les  plus  réussis  : 
JSoël,  les  Martyrs  aux  Arènes,  la  Noce  de 
village,  les  Buveurs,  le  Chant  des  Travail- 
leurs, la  SuinI- Hubert,  lu  Révolte  à  Mem- 
pfiis,  le  Soir,  la  Jlclraile,  les  Fils  iVEgijpIc, 
l'Orphéon  en  voyage,  le  Départ  du  Jtégiment, 
Hymne  à  sainte  Cécile,  les  Ruines  de  Gaza, 
les  Bdlleurs  de  blé,  les  Enfants  du  Pécheur, 
le  Carillon  de  Dunkcrque,  l'Océan,  le  Par- 
don d'Auray,  les  Enfants  de  Cayant,.  Pa- 
irie, Marche  hongroise,  les  Gondoliers,  Mal- 


brough,  les  Archers  de  Louis  XI,  Prière  a  la 
Vierge,   etc. 

M.  Laurent  de  Rillé  a  travaillé  aussi  pour  le 
théâtre,  et  a  fait  représenter  sur  les  petites 
scènes  de  Paris  un  certain  nombre  d'opérettes 
dont  voici  la  liste  :  1"  Trilby,  un  acte,  Folies- 
Nouvelles,  1857;  2°  Aimé  pour  lui-même,  \A., 
id.,  1857  ;  —  .3"  Bel-Boul,  id.,  id.,  1857  ;  — 
4"  le  Jugement  de  Paris,  id.,  id.,  1857  ;  —  5" 
Achille  à  Scyros,  id.,  id.,  185S  -,  —  6°  le  Mou- 
lin de  Catherine,  iil.,  id.,  1858  ;  —  7"  la  De- 
moiselle de  la  Hoclietrontblon,  id.,  id.,  1858 ou 
1859  ;  —  8"  le  Sultan  M ysapouf  id.,  id.,  1859  ; 

—  9»  Frasquita,  id..   Bouffes- Parisiens,  1859; 

—  10°  Au  fond  du  verre,  un  acte,  théâtre  de 
Bade;  —  II"  le  Petit-Poucet,  3  actes  et  4 
tableaux,  Athénée,  8  octobre  1868;—  12"  Pat- 
tes blanches,   \  acte,  Bouffes-Parisiens,   1873; 

—  13"  la  Liqueur  d'or,  3  actes,  th.  des  Me- 
nus-Plaisirs, 11  décembre  1873;  — ii"  Babiole, 
3  actes,  Bouffes- Parisiens,  16  janvier  1878.  Il 
faut  ajouter  à  cela  la  Part  à  Dieu,  opérette  en 
un  acte  non  représentée,  mais  publiée  dans  le 
journal  le  Magasin  des  Demoiselles,  et  une  can- 
tate oflicielle,  1867,  exécutée  à  rOpéra-Comi- 
que le  15  août  1867. 

Cet  artiste,  de  qui  l'on  connaît  diverses  mélodies 
vocales,  l'Ange  gardien,  les  Cloches  du  soir,  la 
Barcarolle,  V Hirondelle,  Isaure,  Venise,  l'Es- 
clave blanche,  s'est  encore  exercé  dans  la 
musique  religieuse,  et  a  publié  :  1°  Messe  brève 
facile  à  deux  voix  égales,  avec  accompagnement 
d'orgue  ad  libitum  ;  1"  Messe  à  2  ou  4  voix,  avec 
accompagnement  d'orgue  ;  3°  Messe  à  l'unisson, 
avec  accompagnement  d'orgue  ou  de  fanfare; 
4°  Messe  à  3  voix,  avec  accompagnement  d'or- 
gue obligé  ;  5°  Messe  des  Orphéons  français  à  4 
voix,  avec  accompagnement  d'orgue  ad  libitum; 
6"  Salut,  vierge  Marie,  cantique  pour  3  voix 
de  femmes,  avec  accompagnement  d'orgue.  On 
lui  doit  aussi  un  recueil  de  Morceaux  de  chant, 
à  une,  deux  ou  trois  voix,  composés  ou  choisis 
pour  les  cours  de  chant  des  lycées  impériaux, 
des  écoles  normales  et  des  écoles  primaires 
(Paris,  1870,  petit  in-8),  une  sorte  de  petit  ro- 
man musical,  intitulé  Olivier  V orphéoniste  (Pa- 
ris, Hachette,  in-r.'.),  un  rt^cueil  iV Exercices  de 
chant  choral  pour  les  Orphéons  et  les  socié- 
tés chorales,  en  \  ptuties  (Paris,  Chabal),et  \\i\ 
manuel  intitulé  : /J»c/ir/H/ c//o/o'/( Paris,  Per- 
rotin,  in-18).  M.  Laurent  de  Rillé  est  chevalier 
de  la   Légion  d'honneur. 

LAUTEIlHACIl  (JEVN-CniusToi-nE),  violo- 
niste, né  le  2  i  juillet  1832  à  Cuimbach,  en  Bavière, 
a  fait  une  partie  de  ses  éludes  musicales  au  Con- 
servatoire de  Bruxelles,  où  il  devint  l'élève  de 


LAUÏERBACH  —  LA  VIGNE 


81 


Charles  deBériotetdeM.  Léonard.  Dès  1853,  il 
se  faisait  remarquer,  en  cette  ville,  par  les  rares 
qualités  qu'il  apportait  dans  l'exécution  de  la  mu- 
sique de  chamhre.  L'année  suivante  il  retournait 
dans  sa  patrie,  et  devenait,  à  Munich,  violon- 
solo  de  la  musique  royale  ot  professeur  au  Con- 
servatoire. A  lamort  deLi|)inski,  en  1801,11  était 
appelé  à  Dresde  pour  y  tenir  le  double  emploi  de 
violon-solo  et  declief  d'orchestre.  Il  fonda  en  celte 
ville,  à  cette'  époque,  une  société  de  quatuors 
composée  de  MM.  llullweck,  Goung,  Griitzma- 
cher  et  de  lui-même,  société  dont  l'ensemble 
était  des  plus  remarquables.  M.  Lauterbach 
est  encore  aujourd'hui  fixé  à  Dresde,  et  rem- 
plit les  fonctions  de  professeur  au  Conservatoire 
de  cette  ville.  Cette  situation  ne  l'a  pas  empê- 
ché d'entreprendre  plusieurs  grands  voyages  ar- 
tistiques, et  de  se  faire  entendre  successivement 
en  France,  en  Belgique,  en  Hollande,  en  Alle- 
magne, en  Autriche  et  en  Angleterre.  Cet  artiste 
distingué  a  écrit  pour  le  violon  divers  mor- 
ceaux qui  ont  paru  à  flambourg,  à  NYurz- 
bourget  à  Leipzig. 

*  LA"VAII\E  (Ferdinand).  Aux  ouvrages 
dramatiques  que  ce  compositeur  avait  fait  repré- 
senter sur  le  théâtre  de  Lille,  il  faut  ajouter  Né- 
rida,  opéra-comique  en  3  actes,  joué  en  1800, 
et  une  canlate  exécutée  le  26  août  1867,  lors  des 
fêtes  patriotiques  qui  eurent  lieu  pour  célébrer 
l'anniversaire  delà  réunion  de  Lille  à  la  France. 

Au  nombre  des  compositions  les  plus  impor- 
tantes qui  ont  été  publiées  par  M.  Lavaine,  il 
faut  citer  les  suivantes  :  la  Fuite  en  Egypte, 
oratorio  en  deux  parties,  op.  20,  Lille,  Bohem  ; 
Te  deum  à  4  voix  et  orchestre,  op.  52,  Paris, 
Rithault;  Ouverture  de  la  Mort  du  Tasse, 
Paris,  Catelin  ;  Quintette  (en  mi  bénol)  pour  piano 
violon,  alto,  violoncelle  et  contrebasse,  o|).  oo, 
Paris,  Launer  ;  3  Trios  pour  piano,  violon  et 
violoncelle  (en  mi  majeur,  fa  mineur  et  5oZ ma- 
jeur), op.  57,  58  et  59,  Paris,  Launer;  Fantai- 
sie dramatique  pour  piano,  op.  14,  Lille,  Bohein. 

Un  fds  de  cet  artiste,  Ferdinand  Lavaine, 
musicien  aussi  et  qui  promettait  de  devenir  un 
compositeur  distingué,  est  mort  le  19  janvier 
1874,  à  ueine  âgé  de  trente  ans. 

LAVALLEl'E  (Edouard),  écrivain  belge, 
né  à  Liège  le  17  avril  1811,  mort  en  cette  villeau 
mois  de  septembre  1869,  est  l'auteur  de  deux 
opuscules  relatifs  à  la  musique  :  r  Documents 
inédits  sur  la  création  d'une  École  de  musi- 
que à  Liège  en  1798,  Liège,  Carnianne,  1859, 
in-8°;  2"  Essais  de  biographies  liégeoises.  Les 
Ilamal,  Liège,  Renard,  1860,  in-8".  Lavalleye 
était  professeur  à  l'Université  de  sa  ville  natale. 

LA  VALLIÈRE  ( ),    professeur    et 

EIOCR.    I3MV.    DF.S    MU6ICIENS.    SL'PIL.    —    T. 


compositeur,  connu  sous  le  nom  dei^a  Vallière 
l'ainë  ,^ivaità  Paris  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle.  Il  a  publié  un  certain  nombre 
décompositions,  parmi  lesquelles  je  ne  puisciter 
que  celle  qui  porte  le  onzième  numéro  d'auivre; 
en  voici  le  titre  complet  :  «  Six  sonates  en  duo 
pour  le  tambourin,  accompagnées  d'un  violon 
seul,  dédiées  à  M.  le  comte  de  la  Blache,  maré- 
chal de  camp  des  armées  du  roi,  par  M.  La  Val- 
lière l'aîné,  maître  de  musique  et  de  tambourin, 
onzième  o'uvre.  Elles  peuvent  s'exécuter  sur  le 
violon,  flûte,  hautbois,  clarinette,  par -dessus 
de  viole,  mandoline,  guitare,  et  sur  la  vielle 
et  musette,  en  les  transposant  en  sol-ut.  La  qua- 
trième et  la  cinquième  peuvent  se  jouer  à  deux 
(lûtes  de  tambourin.  » 

LAVAZZA.  Deux  luthiers  de  ce  nom,  A7i- 
tonio-Maria  Lavazza,  et  Santino  Lavazza, 
vivaient  à  Milan  dans  les  premières  années  du 
dix-huitième  siècle.  Dans  son  livre  :  les  Instru- 
ments à  archet,  M.  Antoine  Vidal  reproduit 
une  étiquette  de  chacun  de  ces  deux  artistes  • 
celle  d'Antonio  Maria  est  datée  de  1708,  et  celle 
de  Santino  de  1718. 

LAVELLO(Rodolphe),  pianiste  et  composi- 
teur, a  fait  représenterau  Grand-Théâtre  de  Mar- 
seille, le  13  avril  1859,  un  opéra-comique  en  un 
acte  intitulé  :  //  n'est  point  de  laides  amours. 
Cet  artiste  a  ré.sidé  successivement  à  Nîmes  et 
à  Marseille,  où  il  s'est  voué  quelque  temps  à 
l'enseignement,  et  a  publié  divers  morceaux  de 
genre  pour  le  piano.  al.  R—  d. 

*LAVIG.\A  (Vincent).  Cet  artiste  remplis- 
sait, dès  l'année  1809,  l'emploi  de  maestro  al 
cembalo  au  théâtre  de  la  Scala,  de  Milan  ;  il 
occupait  encore  ces  fonctions  en  1829.  Outre  ses 
opéras,  il  a  écrit  pour  ce  théâtre  la  musique  de 
deux  ballets  :  Gengis-Kan,  1802,  et  Emilio  e 
Carolina,  1804.  On  lui  doit  aussi  une  farsa  en 
un  acte,  le  Metamorfosi,  qui  fut  donnée  sur  le 
théàlre  de  la  Fenice,  de  Venise,  au  printemps  de 
1807. 

LAV1GI\E(Jacqies-Émile),  chanteur  fran- 
çais, né  à  Pau  en  1782,  commença  sa  carrière  en 
province, puis  vintdébuteràrOpéra,le  2  mail809 
par  le  rôle  d'Achille  dans //j/iij/éji^e  en  Auiide, 
et  joua  successivement  Polynice  dans  Œdipe  à 
Colone,  Admète  dans  Alcesle,  et  Orphée.  Il  fut 
très-bien  accueilli  dès  les  premiers  jours,  et  ob- 
tint personnellement  un  très-grand  uccès  dans 
un  médiocre  opéra  de  Peisuis,  la  Jérusalem 
délivrée.  «  Il  serait  impardonnable,  disait  à  ce 
sujet  un  écrivain  (Opinion  du  Parterre,  1813), 
d'oublier  les  nouveaux  titres  que  le  jeune  Lavi- 
gne  vient  d'acquérir  à  la  faveur  publique.  Le  rôle 
de  Tancrède,  dans  la  Jérusalem  délivrée,  lui 


82 


LAYIGNE 


a  fait  le  plus  grand  honneur;  sa  place,  jusqu'a- 
lors incertaine,  est  actuellement  assui^^  parmi 
les  sujets  les  plus  dislingnt^s  de  ce  Ihéàlre, 
et  pour  sa  réputation,  il  peut  dater  de  la  pre- 
mière représentation  de  ce  poème.  » 

Lavigne  était  doué  d'un  très-beau  physique, 
et  sa  voix,  sonore  et  vigoureuse,  était  remar- 
quable par  son  beau  timbre  et  sa  solidité.  11 
donnait  sans  faiblir  non-seulemeut  Vut,  mais  le 
l'é  lie  poitrine  à  pleins  poumons.  On  lui  aurait 
seulement  désiré  une  éducation  musicale  plus 
complète,  et  parfois  un  peu  plus  de  goût  dans  sa 
manière  de  chanter.  Les  rôles  principaux  <]U*il 
a  créés  à  l'Opéra  sont  ceux  de  Gonzalve  de  Cor- 
doue  dans  les  Abeucérages,  d'Âlcibiade  dans 
Alcibiade  solïluire,  et  de  iMars  dans  les  Dieux 
rivaux.  Lavigne  ne  tint  jamais  le  grand  em- 
ploi, qui  était  alors  occupé  par  ^'ourrit;  mais 
il  brilla  dans  un  rang  secondaire,  qui  d'ailleurs 
ne  rempêciiait  pas  déjouer  des  rôles  fort  impor- 
tants. Il  obtenait  surtout  d'immenses  succès  en 
province,  lorsqu'il  y  allait  donner  des  représen- 
tations, et  il  y  faisait  littéralement  fureur.  Cet 
artiste  prit  sa  retraite  en  182  j,  et  alla  se  retirer  à 
Pau,  sa  ville  natale.  Je  crois  qu'il  y  est  mort  en 
1855. 

La  puissance  remarquable  et  l'élonnante  sono- 
rité de  sa  voix  avaient  fait  surnommer  Lavigne 
l'Hercule  du  chant.  Il  n'était  pas  médiocrement 
lier  de  ce  titre,  comme  on  va  le  voir  par  la  lettre 
suivante,  chef-d'œuvre  de  sottise  et  de  vanité, 
qu"il  adressait  d'.Vmsterdam  à  son  camarade 
Dabadie,  de  l'Opéra,  le  21  juin  1821,  et  qui  fut 
publiée  par  le  Miroir  du  30  :  —  «  Mon  fils  m'é- 
crit, et  sa  lettre  est  remplie  de  rapsodies  con- 
cernant l'Opéra  ;  il  me  dit  tenir  de  vous  que 
V administration  est  pénétrée  que  je  n'ai  plus 
de  voix,  et  qu'à  peine  je  pourrais  finir  un 
premier  acte  d'opéra  sans  courir  la  chance 
d'être  sifflé.  Quelle  honte  pour  les  hommes  !  Qui 
croirait  à  un  |)areil  assemblage  de  perfidies,  de 
nipsodics  etde  platitudes,  prétextes  pour  m'éloi- 
gner  encore  de  cet  établissement.  Est-ce  (jue 
mes  succès,  naguère  obtenus  en  France,  à  Bruxel- 
les, dans  la  Belgique  et  en  Hollande,  sont  déjà 
oubliés,  même  de  mes  ennemis  .?  Qu'ils  sachent, 
ces  gens  méchants,  que  je  méprise  souverainement 
leur  basse  conduite  et  leur  insolente  fierté,  (]u'ils 
n'exercent  contre  moi  que  parce  ([ue  je  suis  éloi- 
gné d'eux.  Justice  me  sera  rendue,  ou  je  me  la 
rendrai  inoi-inème.  Cette  époque  n'est  pas  éloi- 
gnée, où  jepaiailrai  à  leurs  yeux  pour  les  forcer 
à  s'abaisser  devant  moi  Je  les  forcerai  à  paraître 
dans  la  lice  pour  être  jugés,  comme  les  gladia- 
teurs qui  se  présentaient  dans  l'arène.  Nous  ver- 
rous alors  il  qui  le  peuple  décernera  lacouroiuie. 


Car  enfin  il  en  faut  finir  avec  tous  cespygmées. 
La  plus  grande  preuve  d'intérêt  et  d'amitié  que 
vous  puissiez  me  donner  est  celle  de  lire.ma  let- 
tre au  foyer  de  l'Opéra;  que  les  prétendants  s'ins- 
crivent pour  lutter  avec  moi,  qu'ils  indiquent 
l'époque  et  l'ouvrage  dans  lequel  ils  veulentcon- 
courir.  Je  suis  prêt  à  me  lancer  dans  l'arène.  .^ 
lettre  vue,  je  me  rendrai  à  Paris,  vous  pouvez 
même  faire  connaître  mes  intentions  à  l'adminis- 
tration de  l'Académie  de  musique;  je  vous  auto- 
rise même  à  leur  montrer  ma  lettre.  Je  dis  plus; 
si  vous  êtes  bon  ami,  bon  compatriote  et  tou- 
jours honnête  homme,  vous  devez,  pour  l'hon- 
neur de  cette  portion  de  la  patrie  à  qui  vous  de- 
vez le  jour  et  oii  je  reçus  ma  naissance,  vous  de- 
vez, dis-je,  demander  réparation  de  l'affront 
qu'on  a  voulu  faire  à  un  homme  de  votre  pays,^ 
qui  a  autant  d'honneur  que  de  talent.  Montrez 
ma  lettre  à  tout  Paris,  que  l'Opéra  même  la  fasse 
consigner  dans  les  journaux,  mais  que  les  préten- 
dants passés,  présens  et  futurs  se  présentent;  ce- 
lui qui  refusera  la  partie  devra  être  taxé  de  (Zro- 
/p,  de /««/V/roH,  enfin  de  tous  les  termes  qui 
constituent  l'homme  lâche  et  ignorant.  J'attends 
votre  réponse Sans  voix! Les  lâ- 
ches, d'oser  ainsi  parler  d^V Hercule  du  chant! 
Si  je  suis  votre  ami,  vous  m'en  donnerez  une 
preuve,  en  donnant  de  la  publicité  à  ma  lettre  ; 
j'en  garde  une  copie,  elle  pourra  me  servir  au 
besoin.  —  Votre  ami  et  compatriote,  L.wigne.  » 
Une  autre  lettre,  plus  utile  à  sa  renommée 
que  la  précédente,  est  celle-ci,  que  Spontini 
adressait  à  Lavigne  au  lendemain  d'une  reprise 
de  Fernand  Cariez,  le  19  juillet  1817  -.  —  «  En 
partant  pour  la  campagne,  je  ne  veux  pas,  mon 
cher  Lavigne,  ne  pas  vous  réitérer  par  écrit  com- 
bien je  suis  sensible  à  tout  le  zèle  que  vous  avez 
mis  à  remplir  le  rôle  de  Fernand  Cortez,  dans 
un  moment  bien  funeste  et  douloureux  pour  vous. 
Ma  satisfaction  est  égale  à  celle  du  public,  qui 
comme  moi  vous  l'a  témoignée  au-delà  de  vos 
es|)érances,  et  pour  le  sacrifice  que  vous  nous 
avez  fait  et  pour  le  talent  très-distingué  que  vou& 
avez  déployé  dans  cet  ouvrage.  Certes  que  vous 
ne  pouviez  pas  mieux  répondre  à  mes  instances, 
dans  une  aussi  pénible  circontance,  à  celles  de 
l'administration  et  à  nos  désirs.  C'est  amsi  qu'en 
remplissant  honorablement  vos  devoirs,  vous  as- 
siMcz  une  stabilité  bien  méritée  à  votre  réputa- 
tion théâtrale.  C'est  en  continuant  ainsi  que  vou.s^ 
pourrez  maintenir  en  votre  faveur  la  bienveil- 
lance de  l'autorité  et  la  protection  éclairée  de 
S.  Exe.  le  ministre  de  la  maison  du  Roi,  qui  n'a 
ignoré  aucune  des  circontances  de  votre  con- 
duite, à  l'égard  de  la  mise  en  scène  de  Cortez, 
et  qui  a  daigné   m'en    témoigner  pour  vous  sa 


LAVIGNE  —  LAWROWSKY 


83 


satisfaction  particulière.  Recevez,  je  vous  prie, 
mon- cher  Lavigne,  ce  témoignage  sincère  de  mon 
eslimeet  Je  moiiatfacliement.  —  Spontini.  » 

D'aiioni  employé  en  qualité  de  sous-ciiefà  la 
direction  des  droits-réunis  de  Bordeaux,  Lavi- 
gne s'était  fait  en  cette  ville  une  réputation  de 
cliaiitenr  amateur.  On  peut  croire,  d'après  les 
éloges  de  S|)ontini,  qu'il  était  devenu  à  Paris  un 
véritable  artiste. 

LA  YILLEMARQUÉ  (Tuéodoke-Claude- 
Henri  IIERSARTDE),  littérateur  et  éni - 
dit  français,  membre  de  l'Institut,  est  né  en  Bre- 
tagne le  6  juillet  1815.  M.  de  La  Villeiiiarqué 
s'est  fait  connaître  par  la  publication  de  plu- 
sieurs ouvrages  sur  la  langue  et  la  littéra- 
ture bretonnes  ;  parmi  eux  nous  citerons 
celui  intitulé  :  Chants  populaires  de  la  Breta- 
gne {Barzaz-Breiz) ,  recueillis  et  publiés  avec 
une  traduction  française,  des  arguments,  des 
notes,  et  les  mélodies  originales.  La  première 
édition  de  cet  ouvrage  intéressant  a  paru  en 
1839  (2  vol.  in-8);  la  quatrième  a  été  publiée 
en  1846  (2  vol.  in-12).  Cette  dernière  était  aug- 
mentée de  trente-trois  nouvelles  ballades  his- 
toriques. 

LAVOIX(Hi:.NRi),  écrivain  sur  la  musique, 
est  né  en  1846.  Fils  d'un  employé  au  cabinet  des 
médailles  delà  Bibliothèque  nationale,  lui-même 
entra,  après  avoir  fait  de  bonnes  études,  comme 
employé  au  déparlement  des  imprimés  du  môme 
établissement,  en  1866.  Doué  d'un  goiH  naturel 
pour  la  musique,  il  étudia  le  contrepoint  et 
l'harmonie  avec  M.  Henri  Cohen  {Voyez  ce 
nom),  et  se  livra  bientôt  à  des  recherches  histo- 
riques intéressantes  sur  cet  art.  Il  devint,  pour 
ces  questions  spéciales,  collaborateur  de  divers 
journaux,  leMomle  artiste,  la  Revue  nationale 
et  étrangère,  la  Gazette  musicale,  la  Revue 
de  France,  la  Chronique  musicale,  etc.,  et 
publia  quelques  travaux  qui  se  font  remarquer 
par  leur  caractère  ingénieux  et  par  la  solidité 
des  informations  :  1"  les  Traducteurs  de  Sfia- 
licspeare  en  musique  (Paris,  Liepmannssohn, 
1869,  in-8  de  32  pp.);  2°  la  Musique  dans  la  na- 
ture (Paris,  Pottier  de  Lalaine,  1873,  in-8"  de  78 
pp.);  3°  la  Musique  dans  Vtjviagerie  du  moyen- 
âge  (id.,  id'.,  1875,  in-8  de  48  pp.).  En  1875,  l'A- 
cadémie des  Beaux-Arts,  qui  avait  mis  au  con- 
cours un  Mémoire  .sur  l'histoire  de  l'instrumenta- 
tion depuis  le  seizième  siècle  jusqu'à  nos  jours,  a 
accordé  deux  mentions  aux  deux  travaux  présen- 
tés sur  ce  sujet  par  MM.  Henri  Lavoixet  Wecker- 
lin. 

LAVOYE  (Anne-Benoîte-Louise),  chan- 
teuse et  comédienne  distinguée,  née  à  Dunker- 
quc  (Nord),  le  28  juin  1823,  fut  admise  dès  l'âge 


de  treize  ans,  le  8  octobre  1836,  au   Conserva- 
toire de  Paris,  oii  elle  devint  l'élève  de  M'"*"  Da- 
moreau.  Elle  y  fit  île  très-bonnes   études,  obtint 
un  second  prix  de  çhanl  en   1839,    le  premier 
l'année  suivante,  et  remporta   le  premier   prix 
d'opéra-comi(iue  en  1S42.  Engagée,  à  la  suite  de 
ces  succès  d'école,  au  théâtre  de  l'Opéra-Comi- 
que,  elle  y  débuta  en  1843  dans  V Ambassadrice, 
et  fut  accueillie  avec  faveur  et  sympathie    par 
le  public.  Bientôt  elle  .se  vit    chargée  de  créations 
importantes,  dans  Sultana,  le  Caquet  du  Cou- 
vent, le  Bouquet  de  Vin  faute,  il  Signor  Pas- 
cariello.  Ne  touchez  pas  à  la  Reine;  mais  les 
rôles  qui  lui  tirent  le  plus  d'honneur  furent  ceux 
d'Haydée  dans  l'opéra  de  ce  nom,    de  Zerbina 
dans  la  Sirène,  de  Thérèse  dans  le  Ménétrier, 
de  Georgette  dans  le  Val  d'' Andorre,  et  surtout 
l'adoralde  rôle  d'Alhénais  de  Solanges  dans  les 
Mousquetaires  de  la  Reine.  Sa   voix  fraîche  et 
|)ure,  sa  vocalisation  nette  et  hardie,   son  intelli- 
gence de  la  scène,  son  élégance  et  sa  giâce  valu- 
rent à  M""  Lavoye  ,   pendant  plusieurs; années, 
des  succès  incontestables  et  répétés.  En  dehors 
de  ses  créations,  elle  se  montra  aussi  avec  avan- 
tage dans  plusieurs  rôles  du  répertoire  courant,  et 
joua  ainsi  le  Domino  noir, la  Part  dudioble, 
les  Diamants  de  la  Couronne,  et  divers  au- 
tres ouvrages.  Pourtant,  malgré  l'excellent  ac- 
cueil qu'elle   recevait  chaque  jour  du  public  de 
l'Opéra-Comique,    M"''  Lavoye,    j'ignore   pour 
quelles  raisons,  ne  resta  pas  à  ce    tliéàtie.  Vers 
1850,  elle  quitta  Paris,  et  s'en  alla,  dans  diverses 
grandes  villes  de  la  province  ou  de  l'étranger,  te- 
nir l'emploi   des  piemières   chanteuses    légères 
d'opéra  et  d'opéra-comique,   se   produisant  suc- 
cessivement à    Genève,    Bruxelles,    Marseille, 
Lyon,   Bordeaux  et  Rouen.  Depuis  assez  long- 
temps déjà,  je  crois  qu'elle  est  tout  à  fait  reti- 
rée du  théâtre. 

Une  sœur  de  cette  artiste,  M'^^  Marie- H ip- 
polyle-Antoinette  Lavoye,  née  à  Dunkerque  le 
21  septembre  1828,  a  fait  aussi  son  éducation  au 
Conservatoire  de  Paris,  où  elle  a  obtenu,  en 
1845,  un  second  prix  d'opéra-comiipie.  Elle  a 
suivi  obscurément  la  carrière  du  Ihéàtre.  Enliii, 
un  frère  de  ces  deux  cantatrices,  musicien  aussi, 
a  suivi  au  Conservatoire  la  classe  de  trombone. 

LAVVROWSKY  (Elisabeth),  chanteuse 
russe  distinguée,  née  vers  1848,  a  fait  son  édu- 
cation musicale  au  Conservatoire  de  Saint-Péters- 
bourg, où  elle  a  été  élève  de  la  célèbre  canta- 
trice M"«  Nissen-Saloman.  Douée  d'une  voix  de 
mezzo-soprano  très-étendue,  très-bieu  timbrée, 
à  qui  elle  avait  su  donner  les  qualités  d'un  style 
très-pur,  elle  parut  au  théâtre  Marie,  de  Saint- 
Pétersbourg  (Opéra  national  russe),  aussitôt  ses 


84 


LA^VRO^YSlvY  —  LEAL 


éludes  lermiaées,  et  débuta,  au  mois  de  février 
1868,  dans  la  Vie  pour  te  tsar,  avec  un  succès 
d'autant  plus  considérable  qu'elle  était  la  première 
élève  du  Conservatoire  qui  se  présentait  sur  cette 
scène  nationale.  Elle  fut  aussitôt  engagée  pour 
deux  années,  et  se  montra  avec  le  même  bonheur 
dans  Orphée  et  plusieurs  autres  ouvrages  du  ré- 
pertoire. Elle  commençait  à  acquérir  une  situa- 
tion artistique  et  une  véritable  autorité  sur  le 
public,  lorsque  l'andiilion  lui  tourna  la  tête  et  lui 
lit  abandonner  cette  position.  Persuadée  qu'elle 
était  destinée  à  faire  événement  en  Europe  et 
qu'elle  n'aurait  qu'à  choisir  entre  les  scènes  ita- 
liennes les  plus  renommées,  elle  refusa,  en  1872, 
de  renouveler  son  engagement  avec  le  tliéàtre 
Marie,  et  donna  dans  la  salle  de  la  noblesse,  en 
manière  d'adieu  au  public  de  Saint-Pétersbourg, 
un  concert  qui  lui  valut  une  sorte  de  triomphe. 
Elle  vint  alors  à  I^aris,  se  plaça  sous  la  direc- 
tion de  M"""  Yiardot  pour  étudier  le  chant  fran- 
çais et  le  chant  italien,  se  fit  entendre  une  ou 
deux  fois  en  public,  puis,  en  1873,  se  rendit  à 
Leipzig,  où  elle  se  produisit,  dans  plusieurs  con- 
certs du  Gevvandliaus,  avec  un  réel  succès.  Ce- 
pendant, ses  espérances  de  rapide  célébrité  s'é- 
vanouirent peu  à  peu,  et  elle  ne  put  réussir  à  se 
montrer,  comme  elle  l'avait  supposé,  sur  l'un 
des  grands  théâtres  ilaliens  de  l'Eurore  occiden- 
tale. Elle  est  alors,  si  je  ne  me  tompe,  retour- 
née dans  sa  patrie,  où  elle  n'a  pas  reparu  à  la 
scène. 

M"*  LawrowsKy  a  épousé  à  Odessa,  le  31  juil- 
let 1871,  le  prince  Zeretelew,  ce  qui,  dit-on,  ne 
la  rend  ni  millionnaire  ni  Irès-giande  dame,  car 
le  titre  de   prince  admet    en  Russie  bien  des 
inégalités.   On  a   raconté  sur  elle  une  Idstoire 
émouvante.  En  1869,  sa  mère  étant  tombée  dan- 
gereusement malade  et  les    ressources  de  la  fa- 
mille ayant  été  assez  rapidement  épuisées,  quel- 
ques amis  eurent  l'idée  d'organiser  à  son  bénéfice 
un  grand    concert  auquel,    naturellement,    elle 
prendrait  [lart.  On  fixa  le  jour  au   26  mars,   on 
convoqua  l'orchestre,  on  loua  la  vaste  salle  de 
l'Opéra  et  l'on  fit  imprimer  les   programmes.  Le 
soir  venu,  M"'=  Lavvrowsky  se  rendit  au  théâtre 
le  cœur  gonflé,  car  l'état  de  sa  mère  avait  em- 
piré dans  la  journée.   La   salle  était  comble,   et 
la  recette  s'élevait  à  'j,000  roubles  environ.  La 
jeune  ai  liste  chanta  avec  plus  d'expression  que 
jamais  et  transporta  tout  l'auditoire,  qui,  après 
chaque  morceau,  la  fêtait,  la  rappelait  et  l'accla- 
mait. Le  concert  fini,  elle  se  rendit  en  toute  IiTiIh 
chez  elle,  pour  retrouver  sa  mère.   Quand    elle 
lui  cul  fait   connaître   le  succès  qu'elle  venait 
d'obtenir  et  conunenl  elles  se  trouvaient   désor- 
mais l'une  et  l'autre  à  l'abri  du  besoin,  la  mère 


serra  la  main  de  sa  fille,  et  ferma  les  yeux   pour 
ne  plus  les  rouvrir. 

LAZ.MIE  (MviiTiN),  pianiste  et  compositeur 
néerlandais,  né  à  Bruxelles  le  27  octobre  1829, 
commença  l'élude  du  solfège  au  Conservatoire 
de  cette  ville,  puis,  ses  parents  étant  allés  s'éta- 
blir à  La  Haje,  y  travailla  le  piano  sous  la  direc- 
tion lie  M.  Van  der  Does,  et  vint  ensuite  continuer 
ses  études  à  Paris.  Admis  au  Conservatoire  de 
cette  ville  dans  la  classe  de  piano  de  Zimmermann, 
il  obtint  un  accessit  au  concours  de  1846  et  un 
second  prix  en  1848;  il  se  vit  décerner  aussi  un 
premier  accessit  d'harmonie  et  accompagnement 
en  1847,  et  es|)érait  pouvoir   prendre   part    au 
concours  de  l'Institut,   pour    le  grand    prix   de 
Rome,  lorsqu'il  apprit  que  sa  nationalité  étran- 
gère ne  lui  en  laissait  par  la  possibilité.  Après 
plusieurs  années  passées   à    Paris,    M.   Lazare 
alla   se  fixer  pendant  quelque  temps  à  Londres, 
puis  retourna    en  Hollande,  Un  concours  avant 
été  ouvert  par  le    roi  des    Pays-Bas  pour   la 
composition  d'un  opéra-comique  français    sur 
un  livret  de  M.  de    Saint-Georges,  le  Roi  de 
Bohême,  M.    Lazare  participa   à  ce  concours 
et  vit  son  œuvre  couronnée.  Le  Roi  de  Bohême 
fut   représenté  sur     le    théâtre  royal   de     La 
Haye  le  1<^'- avril  1852,   et   fut  bien  accueilli  du 
public.  Cependant,  M.  Lazare  ne  resta  pas  dans 
sa  patrie.  Après  avoir  fait  uu  voyage  artistique 
en  Allemagne,  il  s'embarqua  pour  les  États-Unis, 
fit  un  assez  long  séjour  en  Amérique,  se  fixa  pen- 
dant une  année  à  Toronto  (Canada),  puis,  de  re- 
tour  en  Europe  en  1860,  passa  trois  années   à 
Londres,  pour  s'établir  ensuite  définitivement  à 
Bruxelles,  où  depuis  douze  ou  quinze  ans  il  se 
consacre  à  l'enseignement.  Il  a  fait  représenter 
récemment  en  cette  ville ,  dans  un  salon  particu- 
lier, une  opérette  intitulée  to  devx  Mandurins 
(9  février  1878).  M.  Lazare  a  publié  à  Paris,  à 
Londres   et  à  La  Haye,  plusieurs  compositions 
pour  le  piano,  parmi  lesquelles  je  citerai  les  sui- 
vantes :  6  Études  de  concert,  Paris,  Chabal  ;  6 
Études  de  genre,  op.  30,  id.  Schott;  2  Valses  de 
salon,  op.  21  et  27,  id.,  id.  ;  Sicilienne,  id.,  id.  ; 
Florence,  sérénade,  id.,  Heugel;  etc. 

LEAL.  Il  y  a  plusieurs  musiciens  portugais 
de  ce  nom  :  d'abord  Eleuthcrio  Franclii  Leal, 
qui  fut  professeur  au  séminaire  patriarcal  de 
Lisbonne  pendant  le  gouvervementde  D.  Maria  I 
et  de  Jean  VI;  il  vivait  encore  en  1839,  mais  il 
avais  pris  sa  retraite.  Ce  musicien  a  composé 
beaucoup  de  musique  d'église  de  peu  de  valeur, 
écrite  dans  !e  style  théâtral  alors  en  vogue,  et 
parsemée  d'airs  de  bravoure  à  l'usage  <les  artistes 
qui  se  (ilaisaienl  alors  à  les  broder  d'une  foule  de 
fioritures  ;  c'était  la  musique  de  concert  (surtout 


LEAL  —  LEBEL 


8;: 


la  musique  rossinienne) ,  qui  à  cette  époque  en- 
valiissait  pattout  les  églises.  Ou  , cite  parmi  les 
meilleures  compositions  de  Leal  une  Messe  de 
llequiem,  et  des  Matïnas  da  Conceiçao. 

Joào  LEAL  fut  un  compositeur  très  distin- 
gué dans  le  genre  spécial  qu'on  appelle  en  Por- 
tugal Modinhas.  Ces  petites  mélodies  ont  une 
pliysionomie  originale  ;  elles  sont  de  courte  lia- 
leine,  d'une  construction  musicale  fort  simple, 
d'un  I  hyllmie  facile,  mais  pleines  d'expression  et 
empreintes  d'une  douce  mélancolie.  Les  modin- 
has différent  essentiellement  de  la  romance 
française,  ou  du  lied  allemand.  Les  paroles  sont 
aussi  simples  que  la  musique;  c'est  presque 
toujours  l'amour  qui  en  fait  le  sujet  ;  mais  il 
se  présente  avec  des  allures  très-modestes,  sup- 
pliant, et  n'acquiert  jamais  le  caractère  de  la  vio- 
lence ou  de  la  passion.  Beaucoup  de  compositeurs 
portugais  ont  cultivé  ce  genre  de  petites  pièces, 
mais  fort  peu  y  ont  réussi  ;  celles  de  Joào  Leal 
étaient  Irès-estimées  au  commencement  de  ce 
siècle  (1800-1810).  Balbi  (1)  en  parle  avec  éloges. 
Cet  artiste  appartenait  à  une  famille  dans  laquelle 
le  talent  musical  était  héréditaire.  Son  père  était 
un  excellent  amateur  sur  le  violon  et  fort  instruit 
dans  la  musique;  ses  dix  enfants  étaient  tous  si 
bien  doués  sous  le  rapport  musical  qu'ils  exécu- 
taient des  opéras  tout  entiers,  les  chefs-d'œuvre 
deCimarosa,  de  Rossini,  de  Marcos  Portogallo. 
C'est,ainsi  qu'ils  exécutèrent  à  eux  seuls  une  pièce 
italienne  à  bord  du  vaisseau  de  ligne  anglais  le 
Foudroyant,  qui  avait  accompagné  le  roi  Jean  VI 
à  Rio  de  Janeiro.  Balbi  dit  qu'il  est  impossible 
de  décrire  leur  habileté.  Le  père  de  Jo5o  Leal 
avait  aussi  deux  frères,  tous  deux  médecins  et 
comme  lui  grands  amateurs  de  musique;  quanta 
leur  père,  il  jouait  de  plusieurs  instruments,  et  l'on 
assure  qu'il  en  était  de  même  de  leur  aïeul.  Voilà 
donc  les  facultés  musicales  se  continuant  pen- 
dant quatre  générations  dans  une  même  famille. 

Miguel  LILAL ,  religieux  de  l'ordre  de  Cis- 
ter  dans  le  couvent  d'Mcobaça,  où  il  entra  en 
1646,  naqu'ità  Lisbonne  et  y  passa  le  reste  de  sa 
vie  comme  prieur  du  couvent  de  N''  S*  do  Des- 
terro;  on  ignore  la  date  de  sa  mort.  C'était  un 
musicien  Irès-savant,  qui  a  beaucoup  composé; 
on  cite  surtout  de  lui  une  Messe  à  neuf  chirurs 
ou  36  voix,  avec  accompagnement  d'orchestre  et 
orgue.  Les  difficultés  de  cette  composition  étaient 
telles  qu'on  ne  put  les  surmonter  avec  les  élé- 
ments dont  on  disposait  à  Alcobaça  (petit  lieu 
où  est  situé  le  célèbre  couvent  de  l'ordre  de  St- 
Bernard),  Au  temps  de  Miguel  Leal,  les  compo- 
sitions à  grand  nombre  de  voix  étaient  fort  en 

(I)  Essai  statistique,  \ol.  II,  page2i7. 


usage  en  Portugal.  On  étudiait  beaucoup  les  sa- 
vantes œuvres  de  Benevoli,  représenté  en  Por- 
tugal par  le  célèbre  maître  national  Duarte  Lobo. 
Benevoli  (1602-1672)  a  encore  surpassé  Leal  en 
composant  une  messe  à  12  chœurs  ou  48  voix  ; 
Giansetti  (XVll'  siècle)  et  Gregorio  Balabene 
{ .WllF  siècle)  ont  écrit  des  compositions  du  même 
genre.  La  messe  de  Benevoli  fut  exécutée  dans 
l'église  de  Santa-Maria  sopruMinerva,  par  150 
musiciens,  ce  qui  est  un  fait  inouï  à  cette  époque. 
Miguel  Leal  n'eut  pas  la  même  cliance. 

J.  ncV. 

LEALI-MOLCIEllA  ( ),  compositeur 

italien,  a  fait  représenter  en  1800  sur  le  théâtre 
de  la  Scala,  de  Milan,  un  opéra  bouffe  intitulé 
il  Disertore.  Je  n'ai  pas  d'autres  renseignements 
sur  cet  artiste,  qui  est  resté  complètement  in- 
connu. 

LEBEAU  (lùiANçois),  compositeur  amateur, 
fils  d'un  ministre  d'État  de  Belgique,  est  né  à 
Liège  le  4  août  1827.  11  reçut  des  leçons  de  piano 
de  Miclielot  aîné  et  quelques  conseils  de  M""" 
Pleyel,  puis  étudia  l'harmonie  avec  Bossclet.  Au- 
teur d'un  opéra  intitulé  Esméralda,  dontil  écri- 
vit la  musique  sur  le  livret  de  M.  Victor  Hugo  qui 
avait  servi  à  M"*"  Loui.se  Berlin,  M.  Lebeau  fil 
représenter  cet  ouvrage  à  Liège  le  24  mars  1856, 
puis  à  Anvers,  et  enfin  à  Bruxelles ,  d'abord  au 
théâtre  des  Galeries  St-Hubert  (14  avril  1857), 
ensuite  à  celui  de  la  Monnaie  (25  avril  1859).  Il  fit 
traduire  le  livret  en  italien,  et  publia  sa  partition 
dans  cette  langue.  En  parlant  de  cet  opéra,  le 
journal  V Indépendance  belge  s'exprimait  ainsi  : 
«  Comme  compositeur,  M.  Lebeau  est  un  enfant 
de  la  nature.  Il  n'a  point  étudié  l'art;  ce  qu'il  en 
sait,  il  l'a  en  quelque  sorte  deviné.  »  M.  François 
Lebeau  a  été  secrétaire  de  la  commission  admi- 
nistrative du  Conservatoire  de  Bruxelles. 

LEBEL  (Louis-Bon),  professeur  et  organiste 
aveugle,  est  né  à  Nangis  (Seine-et-Marne)  le  10 
février  1831.  Admis  à  l'institution  des  Jeunes- 
Aveugles  de  Paris  à  l'âge  de  dix  ans,  il  y  fit  son 
éducation  musicale,  et  remport;i,  dans  sa  der- 
nière année  d'études,  les  prix  d'honneur  d'orgue, 
de  piano  et  de  violon,  ainsi  que  celui  connu  sous 
le  nom  de  prix  de  six  cents  francs.  En  1849,  il 
entra  au  Conservatoire,  où  il  devint  l'élève  de 
M.  Benoîst  pour  l'orgue  et  d'Halévy  pour  la  fu- 
gue et  la  composition.  Nommé,  en  1851,  profes- 
seur d'orgue  et  de  composition  à  l'Institution  des 
Jeunes-Aveugles,  il  y  fit  aussi  les  classes  de  vio- 
lon jusqu'en  1S70,  et  en  1869,  à  la  mort  de  Rous- 
sel, lui  succéda  comme  chef  d'orchestre.  Depuis 
1853,  il  est  organiste  à  l'église  Saint-Etienne  du 
Mont. 

M.  Lebel,   qui  a   donné  à  l'école  d'orgue  de 


86 


LEBEL  —  LE  CAMUS 


l'Institution  des  Jeunes-Aveugles  un  grand  déve- 
loppement, a  écrit,  pour  l'orgue  et  pour  i'or- 
cliestre,  un  assez  grand  noinhre  de  compositions, 
qui  ont  été  exécutées  pour  la  plupart  par  l'or- 
cbestre  de  cet  étahlissement  et  qui  indiquent  un 
artiste  de  talent.  Il  faut  citer  surtout,  parmi  ces 
compositions,  une  cantate  à  Valentin  Haùy,  Ion- 
dateur  de  l'institution,  exécutée  lors  de  l'inaugu- 
ration de  sa  statue  dans  la  cour  de  l'école ,  et 
une  autre  cantate  à  Draille,  inventeur  du  système 
d'éducation  à  l'usage  des  aveugles.  Aucun  de  ces 
ouvrages  n'a  été  publié,  et  M.  Lebel  n'a  fait 
graver  jusqu'ici  que  quatre  morceaux  de  piano, 
dont  une  marche  triomphale,  et  un  caprice  ori- 
ginal intitulé  Lxtilia. 

LEBLAXC  est  le  nom  d'une  dynastie  de 
luthiers  français  dont  le  dernier  membre  connu 
exerçait  sa  profession  à  Paris  en  1772.  Le  père, 
le  grand-père  et  le  bisaïeul  de  celui-ci  avaient 
été  luthiers  comme  lui.  On  n'a  pas,  malheureu- 
sement, d'autres  renseignements  sur  cette  famille 
intéressante. 

*  LEBLANC  ( ),  violoniste  et  composi- 
teur. A  la  liste  des  productions  dramatiques  de 
cet  artiste,  il  faut  ajouter  le  Mariage  de  Nunon 
ou  la  Suite  de  Madame  Angot,  opéra-comique 
en  un  acte,  donné  au  théâtre  d'Emulation  en 
1796  ou  1797.  Certaines  féeries  dont  Leblanc 
écrivit  la  musique  étaient  loin  de  manquer  d'im- 
portance à  ce  point  de  vue  ;  nous  inentionne- 
nerons  :  l'Enfant  du  bonheur  (Ih.  d'Émulation, 
1798);  la  Forêt  enchantée  ou  Isaure  et  Flo- 
restan  (Gaîté,  1800);  Uuon  de  Bordeaux  (id., 
1801);  Saphiriup,  ou  le  Réveil  magique  (id., 
1811);  Riquet  à  la  houppe  (id.,  isil).  Parmi 
les  mélodrames  dont  il  fil  aussi  la  musique,  il 
faut  citer  FJisa  ou  le  triomphe  des  femmes,  le 
Sérail, Egbert  1er, roi  d'Austrasie,  Azémire  ou 
les  Béfugiés  péruviens,  etc.  Leblanc  est  mort 
au  mois  de  mars  18'.'.7. 

*  LF^BLICQ  (Cuaiu.ks-Théodori,),  composi- 
teur, est  mort  à  Scbaerbeck-lez-Bruxelles,  le  8 
octobre  1875.  On  a  exécuté  à  P.ruxellesen  I877, 
à  l'un  des  concerts  du  Waux-ball  <lu  parc,  une 
ouverture  de  ce  compositeur ,  intitulée  Gustave 
Wasa. 

*  LEBOR\E  (  AiMic-AmimoisE-SiMON).  Il 
faut  joindre  à  la  liste  des  O'uvres  dramatiques  de 
ce  compositeur  les  Deux  Figaros,  opéra  on 
trois  actes,  écrit  p.ir  lui  en  société  avec  Carafa 
sur  un  livret  que  Victor  Tirpenne  avoir  tiré  d'une 
ancienne  comédie  de  Richaud-Maitelly,  et  qui 
fut  représenté  à  TOdéon  le  Tî  août  1827.  L'en- 
seignement de  Leborne  était  très-renommé,  et 
l'on  peut  citer  parmi  ses  élèves  de  nombreux 
prix  de    Rome,  MM.  Aimé  Maiilart,  Georges 


Bousquet,  Duprato,  Barthe,  Léonce  Cohen, 
Cberouvrier,  Deslandres,  puis  MM.  de  Lajarte, 
Charles  Polsot,  Demerssemann,  Savard,  Debil- 
lemont,  Stamaty,  Hocmelie,  etc.  Bibliothécaire 
de  la  chapelle  de  Napoléon  III  comme  il  l'avait 
été  de  la  chapelle  de  Louis-Philippe,  Leborne  fut 
décoré  en  1853.  Mort  le  f""  avril  18G6,  il  a  laissé 
inédit  un  Traité  complet  d'harmonie,  de  contre- 
point et  de  fugue.  Un  détail  de  la  vie  de  Leborne  a 
été  ignoré  de  tous  les  biographes  ■-  sur  les  instan- 
ces de  son  père,  qui  jouait  la  comédie  à  l'Odéon,  il 
débuta  Un'-mémeàce  théâtre,  en  1817,  dansl'em- 
|)loi  des  jeunes  amoureux  ;  mais  ce  ne  fut  que 
l'affaire  d'un  instant,  et  bientôt  il  renonça  pour 
toujours  à  la  carrière  de  comédien. 

LEIiOUC  (Chaules-Joseph),  violoncelliste 
distingué,  né  à  Besançon  le  22  décembre  1822, 
montra  de  bonne  heure  d'heureuses  dispositions 
pour  la  musique,  et  fit  d'excellentes  études  au 
Conservatoire  de  Paris.  Admis  d'abord  dans  cet 
établissement  comme  élève  de  M.  Yaslin  pour  le 
violoncelle,  le  10  janvier  1840,  il  donnait  sa  dé- 
mission quinze  jours  après,  le  25  du  même  mois. 
Il  entrait  ensuite,  le  9  octobre  suivant,  dans  la 
classe  d'harmonie  de  Colet,  obtenait  un  accessit 
d'harmonie  en  1842,  puis  était  admis  dans  une 
aulre  classe  de  violoncelle,  celle  de  Norblin,  et 
se  voyait  décerner,  aux  concours  de  1843,  le  se- 
cond prix  de  violoncelle  et  le  second  prix  d'har- 
monie. 11  devenait  alors  élève  d'Halévy  pour  la 
fugue  et  la  composition,  et  remportait,  en  1844, 
le  premier  prix  d'harmonie  en  même  temps  que 
le  premier  accessit  de  fugue. 

Après  avoir  quitté  l'école,  M.  Lebouc  se  livra 
à  l'enseignement',  tout  en  se  faisant  connaître 
comme  virtuose  et  en  faisant  apprécier,  dans  les 
concerts,  son  jeu  élégant  et  distingué,  remarqua- 
ble surtout  dans  l'exécution  de  la  musique  de 
chambre.  Il  a  organisé  chez  lui,  depuis  une  ving- 
taine d'années,  en  compagnie  de  sa  femme, 
lille  du  grand  chanteur  iXourrit  et  artiste 
de  talent  elle-même,  des  cours  généraux  de 
théorie,  de  musique  vocale  et  instrumentale,  qui 
compreniienl  tontes  les  branches  de  l'art,  et  il 
donne  chaque  hiver  une  .série  de  douze  séances 
de  musique  fort  intéressantes.  M.  Lebouc  a  pu- 
blié une  bonne  Méthode  complète  et  pratique 
de  violoncelle,  et  il  a  composé  aussi  un  certain 
nombre  de  morceaux  de  genre,  fantaisies,  etc., 
pour  violoncelle  avec  accompagnement  de  piano. 

LE  CAMUS  ( ),  compositeur,  est  mort 

en  1C77,  malgré  ce  qu'eu  a  dit  l'auteur  de  la 
lliographie  universelle  des  Musiciens,  trompé 
|iar  la  publication,  en  1078,  d'un  recueil  de  sa 
composition,  recueil  qui  était  évidemment  une 
'  ceuvre  |)osthume.   Le  Nouveau  Mercure  ga- 


LE  CAMUS  —  LECLAIR 


87 


lan(,  dans  son  numéro  d'avril  1677,  est  absolu- 
ment explicite  à  ce  sujet  :  «  La  mort,  dit-il,  a 
pris  aussi  le  sieur  Le  Cannus,  quiestoit  de  la  mu- 
sique du  Roy.  I!  a  composé  un  nombre  inliny  de 
beaux  airs  ,  et  s'ils  estoienl  mis  ensemble,  il  y  en 
auroit  de  quoi  former  plusieurs  opéras,  dans  les- 
quels on  ne  verroit  pas  toujours  la  mesme chose.  » 

LE  CAMUS  (Je\n-Pierre),  compositeur,  né 
à  Genève  dans  les  premières  années  du  dix-bui- 
tièrne  siècle,  et  mort  en  1768,  n'est  connu  que 
par  l'ouvrage  suivant  :  Les  Pseaumes  du  roi  et 
prophète  David,  mis  en  vers  français,  revus 
et  approuvés  par  les  pasteurs  et  professeurs 
de  l'Eglise  et  de  V Académie  de  Genève.  Mis  en 
musique  par  Jean-Pierre  Le  Camus ,  citoyen 
de  Genève  (Genèxe,  1760,  2"  édition,  1764).  Dans 
la  préface  de  cet  ouvrage,  l'auteur  annonce  que 
«  plus  tani  il  offrira  au  public  ses  psaumes  à 
quatre  parties  composés  tant  pour  l'orgue  que 
pour  plusieurs  sortes  d'instruments,  auxquels  il 
joindra  une  basse  fondamentale;  ce  sera  à  cette 
pierre  de  touche  que  les  connaisseurs  décideront 
de  son  ouvrage.  »  Mais  ce  second  recueil  ne  fut 
jamais  publié,  et  Le  Camus  mourut  avant  de 
l'avoir  mis  au  jour 

LECARPEMTIER(ADOLPHE-CL.UR).Foj/es 
CARPENTIER  (LE). 

LE  CÈA^E  (Michel-Charles),  éditeur  de 
musique  à  Amsterdam,  était  le  gendre  et  l'asso- 
cié du  célèbre  Etienne  Roger  {Voy.  ce  nom),  dont 
il  fut  le  successeur.  Le  nom  de  cet  artiste,  comme 
celui  de  son  beau-père,  indique  une  origine  fran- 
çaise; mais  les  renseignements  sur  lui  sont  à 
peu  près  introuvables.  Les  seuls  que  je  rencontre 
ont  été  donnés  par  M.  Edouard  Gregoir,  dans 
son  second  volume  de  Documents  historiques 
relatifs  d  fart  musical  et  aux  artistes  musi- 
ciens. Je  vais  reproduire  les  quelques  lignes  re- 
latives à  Le  Cène,  en  regrettant  que  l'écrivain 
n'ait  pas  cru  devoir  citer  ses  sources  :  «  Michel- 
Charles  Le  Cène,  probablement  Français  de  nais- 
sance ,  naquit  vers  1690,  et  il  est  venu  s'établir 
à  Amsterdam  comme  associé  de  la  maison  Roger. 
Le  31  mai  1717,  il  fut  accepté  comme  membre 
de  la  confrérie  des  imprimeurs  de  cette  ville. 
Plusieurs  ouvrages  portent  le  nom  des  deux 
éditeurs.  En  1741,  Le  Cène  mourut,  et  ce  grand 
établissement  disparut  du  monde  musical.  »  C'est 
en  1732  que  Le  Cène  publia  une  nouvelle  édi- 
tion, tvès-augmenlée,  du  catalogue  mis  au  jour 
en  1716  par  Etienne  Roger,  sous  ce  litre  :  Cata- 
logue des  livres  de  musique  imprimés  à  Ams- 
terdam, chez  Etienne  Roger,  et  continués  par 
Michel-Charles  Le  Cène,  Amsterdam  (s.  d.), 
petit  in.  8°  de  72  pp. 
LECUAATRE  (M"^),  clavecinisle  et  com- 


positeur, vivait  à  Paris  dans  la  seconde  moitié 
du  dix- huitième  siècle.  Elle  a  publié  deux  con- 
certos pour  clavecin  ou  piano,  avec  accompagne- 
ment de  deux  violons,  deux  hautbois,  alto  et 
basse,  œuvre  T*. 

LÉCHETITZIÎY(Th )  —  Voyez  LES- 

CIIETITZKY. 

LE  CIEUX  (Léon),  violoniste,  né  à  Bayeux 
(Calvados),  le  12  mai  1821,  était  fils  d'un  hono- 
rable médecin  de  cette  ville.  Contrairement  à  tant 
d'autres,  il  trouva  au  foyer  paternel  les  plus  gran- 
des facilités  pour  satisfaire  la  vocation  qui,  chez 
lui,  s'était  annoncée  de  bonne  heure.  Son  premier 
maître  de  violon  fut  un  artiste  de  lîayeux,  nommé 
Trébutien,  lequel  le  fit  débuter  à  l'âge  de  treize 
ans,  dans  un  des  concerts  de  la  Société  philhar- 
monique. Accueilli  avec  enthousiasme  par  ses 
concitoyens,  Léon  Le  Cieux  sut  ne  pas  se  laisser 
étourdir  par  ses  premiers  succès,  et  il  continua 
de  travailler  avec  ardeur. 

Au  mois  de  décembre  1844,  il  fut  admis  au 
Conservatoire  de  Paris,  bien  qu'ayant  dépassé  la 
limite  d'âge,  et  il  entra  dans  la  classe  d'Habeneck  ; 
il  y  demeura  jusqu'en  juin  1846,  et  quitta  le  Con- 
servatoire sans  prendre  part  aux  concours  de  fin 
d'année..  Il  commença  dès  lors  à  se  produire  dans 
les  concerts  et  dans  les  soirées  du  grand  monde 
parisien,  près  duquel  il  acquit  une  certaine  vogue, 
malgré  les  inégalités  de  son  talent.  Ses  manières 
urbaines  et  distinguées  lui  avaient  permis  de  se 
créer,  comme  professeur  d'accompagnement,  une 
nombreuse  clientèle.  Il  fut  pourvu  plus  tard  d'un 
titre  officiel,  et  remplit,  jusqu'à  la  chute  de  l'Em- 
pire, les  fonctions  de  premier  violon-solo  de  la 
chapelle  impériale. 

Léon  Le  Cieux  est  mort  à  Paris,  le  15  février 
1873.  lia  écrit  pour  le  violon  un  certain  nombre 
de  fantaisies  et  morceaux  de  concert.  Parmi  ceux 
qui  ont  été  publiés,  nous  citerons  :  Fantaisie  sur 
des  motifs  de  Don  Pasquale,  op.  4,  Paris,  Léon 
Crus  ;  —  Fantaisie  pour  piano  et  violon  sur  le  Duc 
d'Olonne,  op.  8,  Paris,  Brandus  ;  —  Fantaisie  de 
concert,  op.  10,  Paris,  Meissonnier  et  Heugel  ;  — 
Andanteet  rondo,  op.  26,  Paris,  Mackar. 

J.  C-z. 

*  LECLAIR  (Jevn-M\rie).  Ce  violoniste 
justement  célèbre  a  écrit  la  musique  du  second 
acte  des  Amusements  lyriques,  opéra-ballet  en 
trois  actes  qui  fut  représenté  à  Puteaux,  chez 
le  duc  de  Gramont,  au  mois  de  février  1750. 
Cet  ouvrage  se  composait,  comme  c'était  l'usage 
à  cette  époque,  de  trois  actes  distincts,  indépen- 
dants les  uns  des  autres  :  1»  Ajax  et  Thémire, 
musique  de  Le  Vassenr,  chanteur  de  l'Opéra  ; 
2°  Apollon  et  Climène,  musique  de  Leclair  ;  3" 
le   Bal  militaire,  musique  de  Martin.  Si  Le- 


88 


LECLAIR  —  LECOCQ 


clair  n'a  pas  compris  re  petit  ouvrage  dans  le 
catalomic  de  ses  «l'uvres  donné  par  lui  en  lôte  de 
son  (l'uvrc  12,  c'est  que  ce  catalogue  ne  com- 
prenait qiie  les  compositions  publiées,  et  qu'il  est 
probable  que  celle-ci  n'a  jamais  été  gravée. 

LECLAIR  (PiEniîE),  violoniste,  a  publié  un 
recueil  de  si\  duos  de  violons,  (l'uvre  V"  (Paris 
Lemenu).  Ce  recueil  a  paru  en  1764,  l'année 
même  de  la  mort  de  Jean-Marie  Leclair,  le  grand 
violoniste  dont  la  renommée  était  si  grande 
alors.  On  sait  que  ce  dernier  se  faisait  appeler 
Leclair  l'aine.  Ëtail-ce  pour  se  différencier  de 
cet  autre  Leclair,  violoniste  comme  lui,  et  celui- 
ci  était-il  son  parent  ?  C'est  ce  que  j'ignore  abso- 
lument. Je  ne  sais  pas  davantage  si  ce  second 
Leclair  était  le  même  que  le  Lederc  mentionné 
dans  l'Almanacb  des  spectacles,  en  1765,  comme 
violon  faisant  partie  de  l'orchestre  de  la  Comé- 
die-Française ;  cela  se  pourrait,  car  on  sait  qu'à 
cette  époque  on  s'inquiétait  peu  du  plus  ou 
moins  d'exactitude  apporté  dans  l'orthographe 
des  noms  propres. 

*  LECLERC  (Jean-Baptiste)  ,  député  à  la 
Convention  nationale,  auteur  de  deux  écrits  sur 
la  musique,  naquit  le  29  février  1756  et  mourut 
le  16  novembre  1826.  Leclerc  était  musicien.  La 
Décade  philosophique  politique  et  littéraire, 
dont  il  était  l'un  des  collaborateurs  habituels, 
donnait  de  lui,- dans  son  numéro  du  22  octobre 
1803,  la  musique  d'une  chanson  arabe  dont  les 
paroles  avaient  été  écrites  [)ar  Deleyre.  «  Nous 
avons  trouvé,  disait  à  ce  sujet  ce  journal,  que  le 
compositeur  avait  parfaitement  exprimé  la  ten- 
dresse et  la  mélancoilie  des  idées  du  poète.  » 

LECLEllCQ  (Th ),  compositeur  belge, 

est  né  à  Hoeyiaert  le  17  février  t834.  Après  avoir 
fait  de  bonnes  études  au  Conservatoire  de  Bru- 
xelles, il  devint  professeur  de  chant  à  l'Acadé- 
mie des  Beaux-Arts  de  Louvain,  puis  maître  de 
chapelle  à  l'église  Sainte-Gerlrude,  de  cette  ville, 
abandonnant  bientôt  ce  dernier  emploi  pour 
accepter  les  fonctions  d'organiste  à  l'église  de 
Notre-Dameaux  Dominicains.  M.  Leclercq  a  pu- 
blié une  messe  à  3  voix  égales  avec  orgue,  6  mo- 
tets à  3  voix  égales,  quelques  romances,  et  a  fait 
exécuter  à  Louvain,  dans  l'église  Saint- Pierre  , 
un  grand  Tr  Deum  avec  orchestre. 

LECOCQ  (ALEXANDiiE-CuAULEs),  composi- 
teur  français,  l'un  des  artistes  les  plus  actifs  de 
la  jeune  génération  musicale,  est  né  à  Paris  le 
3  juin  1832.  11  commença  ses  études  en  dehors 
du  Conservatoire,  et  était  déjà  un  pianiste  assez 
habile  lorsqu'il  fut  admis  dans  cet  établissement, 
le  j  novembre  I8i9,  comme  élève  de  la  classe 
d'harmonie  et  accompagnement  de  M.  Bazin.  Dès 
le  concours  de  l'année  suivante  il  obtenait  un 


[ireim'er  prix,  entrait  aussitôt  dans  la  classe  de 
fugue  et  de  composition  d'Halévy,  et  peu  après 
devenait  élève  de  M.  Benoist  pour  l'orgue.  Il 
remporta  alors  un  second  accessit  de  fugue  en 
1851,  le  second  prix  en  1852,  ainsi  qu'un  pre- 
mier accessit  d'orgue,  et  quitta  le  Conservatoire 
en  18.5^  pour  se  livrer  à  l'enseignement. 

M.  Lecocq,  cependant,  prétendait  ne  pas  se 
vouer  uniquement  au  professorat,  et  ambition- 
nait les  succès  du  compositeur;  mais  on  sait 
combien  sont  difficiles  les  débuts  d'un  jeune  mu- 
sicien. Une  occasion  se  présenta  pourtant,  qu'il 
n'eut  garde  de  laisser  échapper.  M.  Olïenbach, 
qui  venait  de  fonder  le  petit  théâtre  des  Bouf- 
fes-Parisiens, ouvrait  un  concours  pour  la  com- 
position d'une  opérette  en  un  acte  intitulée  le 
Docteur  Miracle.  Soixante-dix-huit  musiciens 
prirent  part  à  ce  concours,  parmi  lesquels  l'ar- 
tiste qui  fait  l'objet  de  cette  notice.  A  la  pre- 
mière épreuve,  M.  Lecocq  fut  classé  parmi  les 
six  premiers,  avec  MM.  Bizet,  Demerssemann, 
Erlanger,  Limagne  et  Manniquet,  et  lors  du  ju- 
gement délinitif  sa  partition  fut  couronnée  avec 
celle  de  Georges  Bizet.  11  fut  donc  décidé  que 
le  Docteur  Miracle  serait  représenté  de  deux 
jours  l'un,  une  fois  avec  la  musique  de  M.  Le- 
cocq, l'autre  avec  la  musique  de  Bizet.  La  par- 
tition du  premier  vit  le  jour,  en  effet,  le  8  avril 
1857,  tandis  que  [celle  du  second  était  offerte 
au  public  le  lendemain.  Ni  l'une  ni  l'autre  ce- 
pendant ne  produisit  une  vive  impression,  et 
M.  Lecocq  dut  attendre  deux  ans  une  nouvelle 
occasion.  Il  fut  moins  heureux  encore  celte  se- 
conde fois,  car  une  opérette  en  un  acte,  Jluis- 
Clos,  donnée  par  lui  aux  Folies-Nouvelles  le  29 
janvier  1859,  ne  put  être  achevée  par  la  faute 
du  poème.  11  ne  se  découragea  pas  néanmoins, 
et  quelques  années  après  il  réussit  à  faire  re- 
présenter sur  un  petit  théâtre  des  Champs-Ely- 
sées, connu  depuis  sous  le  [nom  de  Folies- 
Marigny,  quelques  o|)érettes  en  un  acte  qui  se 
distinguaient  par  une  grâce  aimable  et  une  facile 
inspiration;  il  donna  sur  cette  scène  mignonne 
le  Baiser  à  la  porte,  Liline  et  Valentin,  les 
OncUnes  au  Champorjne  (3  septend)re  1865), 
el  le  Cabaret  de  Jiamponneau  (11  octobre 
1867).  F.ntre  ces  deux  dernières,  il  avait  fait 
représenter  au  Palais-Royal  un  ouvrage  du  même 
genre,  le  Myosotis  (2  mai  1866),  dont  la  musi- 
(pie,  écrite  sur  un  livret  très-gai  de  l'excellent 
caricaturiste  Cliam,  avait  obtenu  un  franc  succès. 

Une  nouvelle  scène  lyrique  de  proportions 
modestes  venait  de  se  fonder,  sous  le  titre  de 
théâtre  de  l'Athénée.  M.  Lecocq  y  (it  représen- 
ter d'abord  un  gentil  opéra-comique  en  deux 
actes,   VAmour  et  son   Carquois   (30  janvier 


LECOCO 


89 


1868),  et  presque  aussitôt  un  ouvra-^e  plus 
important,  Fleur  de  Thé,  opérette  bouffe  en 
trois  actes  (Il  avril  18G8).  Fleur  de  Thé  fut  le 
premier  succès  retentissant  ilu  compositeur,  et 
obtint  plus  de  cent  représentations;  la  parti- 
tion do  cet  ouvrage,  si  elle  ne  brillait  point  par 
une  complète  originalité,  se  distinguait  du  moins 
par  une  facture  ingénieuse  et  soignée,  par  un 
souci  de  la  forme  qui  devait  être  plus  tard  l'une 
des  qualités  caractéristiques  de  M.  Lecocq  et 
qui  contrastait  avec  le  style  débraillé  des  maî- 
tres du  genre,  MM.  Offenbacli  et  Hervé,  en  (in 
par  une  recherche  délicate  sans  prétention  des 
effets  d'orcliestre.  Fleur  de  Thé  fut  reprise 
plus  tard  aux  Variétés  et,  traduite  dans  plu- 
sieurs langues,  ne  fut  pas  moins  bien  reçue  à 
l'étranger  qu'à  Paris. 

Dans  le  courant  de  cette  même  année  1808, 
M.  Lecocq  écrivit  encore,  pour  le  théâtre  de 
l'Athénée ,  un  opéra-comique  en  un  acte,  les 
Jumeaux  de  Bergame,  écrit  pour  quatre  voix  de 
femmes  et  représenté  le  20  novembre  1868,  et 
composa  quelques  morceaux  nouveaux  pour  un 
vaudeville  en  trois  actes,?e  Carnaval  d'un  mer- 
le blanc,  joué  au  Palais-Royal  le  30  décembre. 
L'année  suivante  il  donnait  aux  Bouffes-Paiisiens 
deux  opérettesen  un  acle,Gandolfo  (16  janvier), 
et  le  Rajah  de3Iysore{2l  septembre),  et  il  en 
produisait  deux  autres, au  même  théâtre, en  1871, 
le  Testament  de  M.  de  Crac  (23  octobre),  et/e 
Barbier  de  Trouville  (19  novembre),  cette  der- 
nière donnée  d'abord,  j'ignore  pour  quelle  raison, 
sous  le  couvert  de  l'anonyme. 

Nous  voici  arrivés  à  la  période  brillante  de  la 
carrière  du  compositeur.  Les  Cent  Vierges, 
opéra  bouffe  en  trois  actes  représenté  aux  Va- 
riétés le  13  mai  1872,  obtint  un  succès  écla- 
tant ,  après  avoir  élé  joué  plus  de  cent  fois  à 
Bruxelles  (1).  Mais  ce  succès  ne  fut  rien  en 
comparaison  de  celui  de  la  Fdle  de  Madame 
Angot,  autre  ouvrage  en  trois  actes,  qui ,  après 
avoir  été  donné  aussi  à  Bruxelles,  le  4  décem- 
bre 1872,  parut  aux  Folies-Dramatiques  le  21 
février  1873  et  obtint  une  série  de  plus  de  qua- 
tre cents  représentations  consécutives.  Une  telle 
vogue  rendit  rapidement  populaire  le  nom  <ie 
M.  Lecocq,  et  bientôt  toutes  les  scènes  vouées 
à  l'opérette  voulurent  s'arracher  ses  ouvrages . 
Au  mois  de  novembre  1874  il  donna  coup  sur 


(1)  Pendant  la  guerre  de  1870-71,  M.  Lecocq  s'était  re- 
tiré à  ISruxelles,  et  c'est  peu  de  temps  après  qu'il  y  lit 
jouer  les  Cent  f'ierges.  Il  n'est  pas  inutile  de  faire  re- 
marquer, à  ce  propos,  que  M.  Lecocq,  aflli^'é  d'une  dou- 
loureuse infirmité,  ne  marche  qu'à  l'aide  de  deux  bé- 
quillis.  On  comprendra  pourquoi  je  consigne  ici  cette 
particularité. 


coup  Girojlii-Girofîa  au  théâtre  de  la  Renais- 
sance (cet  ouvrage  avait  été  joué  d'abord  à  Bru- 
xelles), et  les  Prés-Saint- Gervais  à  celui  des 
Variétés;  le  premier  fut  très-bien  accueilli, 
mais  le  second  fut  moins  heureux  et  n'obtint 
qu'un  petit  nombre  de  représentations.  Le 
Pompon,  joué  aux  Folies- Dramatiques  (10  no- 
vembre 1875),  n'eut  pas  plus  de  succès  que  les 
Près-Saint-Gervais,  bien  que  la  partition  en  filt 
charmante  et  d'un  style  plein  d'élégance;  la 
faiblesse  insigne  du  livret  avait  été  cette  fois 
fatale  à  la  musique.  Mais  le  compositeur  prit  sa 
revanche  avec  la  Petite  Mariée,  qui  attira  la 
foule  au  théâtre  de  la  Renaissance  (décembre 
1875),  où  il  a  encore  donné  depuis  Kosiki  (18 
octobre  1876),  la  Marjolaine  (3  février  1877J, 
et  plus  récemment  le  Petit-Duc  (25  janvier 
1878).  Ces  six  derniers  ouvrages  sont  tous  en 
trois  actes. 

M.  Lecocq  s'est  fait  une  place  à  part  parmi 
les  jeunes  artistes  qui  forment  la  nouvelle  école 
française.  Accueilli  dans  les  théâtres  qui,  à  la 
suite  des  Bouffes-Parisiens,  s'étaient  voués  au 
culte  de  l'opérette  bouffe,  mais  n'ayant  pas  eu 
la  facilité  de  se  produire  sur  la  scène  de  l'O- 
péra-Comique,  il  a  réagi,  dans  la  mesure  du  pos- 
sible, contre  les  traditions  malsaines  du  genre 
auquel  il  était  condamné,  et  semble  s'être  donné 
pour  mission  de  le  relever  et  de  le  transformer, 
ou  tout  au  moins  de  le  modifier  profondément. 
Tandis  que  MM.  Offenbach  et  Hervé,  ces  deux 
créateurs  de  l'opérette,  paraissaient  prendre  à 
tâche  de  rabaisser  la  musique,  l'insuffisance  de 
leur  éducation  première  ne  leur  laissant  d'autre 
ressource  que  de  flatter  les  instincts  grossiers 
du  public,  M.  Lecocq,  artiste  instruit  et  distin- 
gué, tendait  au  contraire  à  épurer  le  goût  de 
ses  auditeurs,  montrait  le  respect  le  plus  loua- 
ble de  l'art  qu'il  professait,  et,  cherchant  à  re- 
lever le  niveau  du  genre  qu'on  l'obligeait  à 
cultiver,  employait  tous  ses  efforts  à  ramener 
l'opérette  dans  le  giron  de  l'opéra-comique.  Cela 
était  d'autant  plus  difficile  pour  le  jeune  musi- 
cien que  ses  deux  rivaux,  passés  maîtres  alors 
qu'il  entrait  dans  la  lice ,  avaient  conquis  une 
action  réelle  sur  la  foule;  il  pouvait  donc  pa- 
raître hardi  de  réagir  contre  leurs  tendances 
malsaines,  surtout  si  l'on  considère  que  M.  Le- 
cocq n'avait  à  sa  disposition  que  des  théâtres 
d'ordre  secondaire  et  des  interprètes  tout  à  fait 
insuffisants.  On  n'en  doit  avoir  que  plus  d'es- 
time pour  son  talent,  pour  la  direction  de  son 
esprit,  enfin  pour  la  façon  dont,  en  somme,  il  a 
fini  par  conquérir  le  succès. 

M.  Lecocq,  il  faut  le  dire,  s'est  servi  de  l'o- 
pérette pour  tuer  l'opérette,  il  a  su  faire  adroi- 


90 


.LECOCQ  —  LEDENT 


tement  au  goût  du  jour  les  concessions  néces- 
saires,  pour  le  modifier,  et,  avec  une   habileté 
vraiment  digne  d'éloges,  il  a  amené  le  public  à 
accepter  et  peut-être  à^  soubaiter  autre  chose 
que  celle  musique  de  pacotille  et  de   mauvais 
lieu  qu'on  lui  servait  depuis  si  longtemps.  Cela 
n'a  pas  été  l'affaire  d'un  jo.ur;  mais  plus  la  lutte 
a  été  longue,  plus  elle  a  été  laborieuse,  et  plus 
le  rôle  joué  par  le  musicien  est  honorable  et 
bienfaisant.  Il  n'est  donc  que  juste  de  le  consi- 
dérer, sinon  comme  un  successeur  direct,  du 
moins  comme  un  digne  continuateur  de  tous  ces 
artistes  charmants  qui  se  sont  fait  un   renom 
dans  le  genre  de  la  comédie  musicale,  les  Ber- 
ton,  les  Dalayrac,  les  Boieldieu,  les  Nicolo,  les 
Auber,  les  Adam.  Fleur  de   Thé  et  les  Cent 
Vierges  sont  les   premières  tentatives   impor- 
tantes de  M.  Lecocq  dans  son  œuvre  de  réac- 
tion; avec  la  Pille  de  Madame  Angot .,   pro- 
duction pleine  de  verve  et  d'entrain,  mais  un 
peu  moins  distinguée  d'allures,  il  sembla  que  ses 
efforts  s'arrêtaient  un  instant;  mais  Giro/Ic-Gi- 
rofla,  le  Pomjwn  et  la  Petite  Mariée  ache- 
vèrent révolution  que  l'auteur  avait  commencée 
et  prouvèrent  qu'il  n'entendait  point  abandon- 
ner ses  idées.   Dans  ces  divers  ouvrages,    on 
peut  apprécier  les  saines  et  aimables  qualités  du 
compositeur,   c'est-à-dire  la  grâce,  l'élégance, 
la  finesse,  le  charme;  parfois  un  peu  plus  d'o- 
riginalité, de  spontanéité  dans  l'idée  mélodique 
ne  messiérait  pas  sans  doute,  mais  on  sent  du 
moins  qu'on  a  affaire  à  un  vrai  musicien,   sa- 
chant construire  un  morceau,  ayant  le   senti- 
ment juste  de  la  scène  et  de  ses  exigences, 
mettant  à  profit  toutes  les  situations  et  tirant 
parti  des  inoindres  éléments.  Et  avec  ces  qua- 
lités générales,   il  faut  louer  encore  le  style  ai- 
mahle  de  l'artiste,  son  heureuse  recherche  du 
vrai  dialogue  musical,  son  orchestre  chatoyant, 
vif,  allègre,  coloré.  En  résumé,  ^\.  Lecocq  mé- 
rite de  vifs  éloges,  non-seulement  pour  son  ta- 
lent très-réel,  mais  encore  pour  son  incontesta- 
ble honnêteté  artistique.    Au  reste,    ses  succès 
ont  été  grands  non-seulement   en  France,  mais 
à   l'étranger,    et    ses  ouvrages,  traduits  dans 
toutes  les  langues,  ont  été  accueillis   avec  la 
même   faveur  en  Allemagne,   en    lîoln"'me,  en 
Italie,  en  Russie,  et  jusqu'en  Suède  et  en  Amé- 
rique. 

En  dehors  du  IhéAlro,  M.  Lecocq  a  publié 
un  certain  nombre  de  compositions,  parmi  les- 
quelles je  citerai  les  suivantes  :  Miellés  mu- 
sicales, 2i  esquisses  de  style  pour  le  piano 
(Paris,  D'Aubel);  les  l'anloccini,  ballet-|tanto- 
mime  pour  le  piano  (Paris,  lîrandus);  Gavotte, 
pour  piano   (id.,   id.);  Aoël,   à    2   voi\  ;  Jler- 


ceuse,  mélodie  vocale  (Paris,  Brandus)  ;  Lettre 
d'une  cousine  à  son  cousin,  Ma  femme  est 
blonde,  le  Langage  des  j/eux,  mélodies  (id., 
id.);  Garde  à  vous ,  la  Grosse  Gourmande, 
le  Pays  des  amours,  etc.,  chansons  (Paris, 
Feucbotj;  l'Ingénieur  de  Fontcnay-sous- Ilois, 
«  naïveté  »  (Paris,  Brandus),  Ta  porte  est 
close,  aubade  (Paris,  Leduc)  (1). 

M.  Lecocq,  qui  est  un  artiste  instruit,  a  publié 
récemment  (1877),  chez  l'éditeur  Legouix  ,  une 
réduction  pour  chant  et  piano  de  la  partition  de 
Castor  et  Pollux,  de  Rameau. 

LECOMTE  (A ),   compositeur,    a    fait 

représenter  sur  le  théâtre  du  Havre,  au  mois  de 
novembre  1845,  un  opéra-comique  en  un  acte 
intitulé  Stella. 

LE  CORBEILLER  (Charles),  pianiste  et 
compositeur,  s'est  fait  connaître  depuis  une 
quinzaine  d'années  par  la  publication  d'un  assez 
grand  nombre  de  morceaux  de  genre  et  fan- 
taisies pour  le  piano,  écrits  avec  une  élégance 
facile.  On  distingue,  parmi  ces  productions  lé- 
gères :  le  Bouquet,  3  romances  sans  paroles 
{le  Cyclamen,  l'Asphodèle,  la  Clématite), 
op.  52;  Nocturne,  op.  19;  Espoir,  V  Nocturne, 
op.  47;  le  Secret,  3'  Nocturne,  op.  50;  les 
Gouttes  d'or,  rêverie,  op.  60;  l'Élan,  galop 
dédiasse,  op.  4'i;  le  Murmtire,  idylle,  op. 
43;  Marche  militaire,  op.  28,  etc.,  etc.  Cet  ar- 
tiste a  publié  aussi  une  quantité  de  morceaux 
de  musique  de  danse,  et  quelques  mélodies  vo- 
cales. Enfin,  on  lui  doit  encore  une  Messe  mé- 
lodique à  3  voix,  avec  accompagnement  d'orgue 
(Paris,  Colombier),  et  une  opérette  de  salon  in- 
titulée une  Entrevue  (id.,  id.). 

*  LEDEDUR  (Chaules,  baron  DE).  —  L'ou- 
vrage de  ce  musicographe  distingué,  Tonkilns- 
tler-Lexicon  Berlin's  [Dictionnaire  des  tnu- 
siciens  de  Berlin) ,  dont  les  deux  premières 
livraisons  avaient  été  mentionnées  dans  la  Bio- 
graphie universelle  des  Musiciens,  a  été 
complètement  achevé  depuis  lors.  11  a  paru 
en  onze  livraisons,  dont  la  réunion  forme  un 
fort  volume  de  704  pages  grand  in-8"  (Berlin, 
Ludwig  Rauh,  1860-1861).  La  moitié  de  la  der- 
nière livraison  est  consacrée  à  un  supplément. 
C'est  un  des  ouvrages  du  genre  les  plus  soignés 
et  les  mieux  faits. 

LEDEiXT  (Fii.ix-Étienne),  pianiste,  com- 
positeur et  professeur,   est  né   à  Liège  le  20 

(I)  M.  Lecocq  a  écrit,  en  société  avec  MM.  Hervé  et 
l.fgouix,  la  musique  d'une  opérette  en  un  acte,  ûchx 
l'orliérvs  pour  un  cordon,  qui  a  été  représentée  sur  le 
théâtre  du  Palais  Boval  au  miils  de  mars  is«9.  Les  trois 
musiciens  cacliérent  en  celte  circonstanec  leurs  person- 
nalités sjus  le  pseudonyme  colkctif  à'.llcindor. 


LEDENT  —  LEENDERS 


91 


novembre  1809.  Admis  en  1827  au  Conserva- 
loiie  (le  sa  ville  natale,  il  y  devint  élève  de 
Jules  Jaliieau  ijour  le  piano,  et  obtint  un  pre- 
mier prix  au  concours  de  1832.  Devenu  plus 
tard  élève  de  Daussoigne-Mchul,  il  lit  sous  la 
direclion  de  cet  artiste  icmarquable  un  cours 
complet  de  composition,  et  acquit  des  connais- 
sances très-solides  dans  l'art  d'écrire.  En  1843, 
il  remporta  le  second  prix  de  Rome,  et  le 
l'"''  mars  de  l'année  suivante  il  était  nommé 
professeur  de  piano  dans  l'établissement  où  il 
avait  fait  ses  études.  Le  talent  dont  il  lit  preuve 
dans  ces  fonctions  lui  valut  une  légitime  noto- 
riété, car  il  a  formé  un  grand  nombre  de  bons 
élèves  qui,  pour  la  plupart,  ont  obtenu  les 
premiers  prix  dans  les  concours. 

La  grande  activité  déployée  comme  profes- 
seur par  M.  Ledent  l'a  obligé  de  bonne  beure 
à  renoncer  aux  succès  du  virtuose,  et  à  né- 
gliger son  talent  d'exécution  pour  consacrer  le 
peu  de  temps  qui  lui  restait  de  libre  à  des 
travaux  de  composition;  ceux-ci  même  ont  été 
souvent  entravés  par  le  nombre  prodigieux  d'é- 
lèves auxquels  il  donnait  ses  soins.  Parmi  les 
ouvrages  publiés  par  M.  Ledent,  on  remarque 
un  Adagio  et  Rondo  pour  piano  et  orcbestre, 
dédié  à  M"*  Pleyel  (Liège,  Muraille),  deux  Bar- 
carolles  pour  piano  seul,;  Lamento  (romance 
sans  paroles),  et  un  grand  nombre  de  mélo- 
dies vocales.  M.  Ledent  est  cbevalier  de  l'ordre 
de  Léopold. 

*  LEDIIUY  (Adolphe).  Quelques  personnes 
attribuent  à  cet  artiste  écrivain  la  paternité  de 
l'ouvrage  facétieux  intitulé  Dictionnaire  aris- 
tocratique, démocralique  et  mistigorieux  de 
musique  vocale  et  instrumentale,  et  publié 
sousjle  pseudonyme  de  Chrijsostcuphe  Cléde- 
çol  {Voij.  ce  nom). 

LEDUC  (Alphonse),  pianiste,  compositeur, 
professeur  et  éditeurde  nuisique,  né  à  Nantes  le 
9  Mars  1804,  est  mort  à  Paris,  le  17  juin  1868. 
Petit-fds  d'un  violoniste  et  fils  d'un  bassoniste 
distingué,  il  commença  avec  son  père  l'étude  du 
solfège,  du  basson  et  de  Tbarmonie  ;  plus  tard  il 
étudia  la  guitare  et  la  llûte,  et  devint  un  vérita- 
ble virtuose  sur  ces  deux  instruments.  On  cite 
un  concert  donné  par  lui  à  l'âge  de  23  ans,  dans 
lequel  il  exécuta  avec  le  même  succès  un  air  va- 
rié pour  le  basson,  de  grandes  variations  pour 
la  flûte  et  une  fantaisie  pour  la  guitare.  Venu  à 
Paris,  il  entra  au  Conservatoire,  y  obtint  un  se- 
cond prix  de  basson  en  1825,  puis  prit  des  leçons 
d'harmonie  de  Reicha.  De  retour  à  Nantes  à  la 
lin  de  1826,  il  y  étudia  le  piano  avec  Rliein, 
puis  bientôt  se  livra  à  la  composition.  En  (luel- 
ques  années  il  offrit  au  public  une  innombrable 


quantité  d'œuvres  de  tout  genre,  dont  le  total  ne 
s'élève  i)as  à  moins  du  treize-cents,  comprenant, 
entre  autres,  une  Méthode  de  piano,  U  livres  d'é" 
ludes,  328  morceaux  à  2  ou  à  4  mains,  184 
quadrilles,  153  valses  et  polkas,  295  morceaux 
de  danse  à  4  mains,  94  romances  et  mélodies  à 
1,  2  ou  3  voix.  13  œuvres  de  basson,  52  œuvres 
de  guitare,  38  œuvres  de  flûte,  26  œuvres  d'or- 
gue, etc.  En  1841,  Leduc  fonda  à  Paris  une 
maison  de  commerce  de  musique,  qu'il  fournit 
lui-même  d'un  grand  nombre  de  ses  composi- 
tions, et  qui  devient  rapidement  prospère.  Cette 
maison  est  tenue  aujourd'hui  par  son  fils. 

Parmi  les  nombreuses  œuvres  publiées 
par  cet  artiste,  il  faut  citer  :  1°  Méthode  élé- 
mentaire de  piano  à  Vusage  des  pensions 
(ouvrage  dont  il  a  été  fait  trente  éditions);  2°  25 
Petites  Éludes  très-faciles  pour  les  petites 
mains,  op.  156;  3"  Études  élémentaires,  op. 
128  ;  4"  Études  mélodiques,  op.  146  ;  5°  Études 
de  mécanisme,  op.  100;  6°  Études  de  genre, 
op.  154  ;  7°  25  Petites  Éludes  à  quatre  mains, 
[)our  les  petites  mains,  op.  156  bis;  8°  24  Pré- 
ludes dans  tous  les  tons  majeurs  et  mineurs, 
op.  169;  9°  Études  chantantes  et  concer- 
tantes, à  quatre  mains,  op.  191;  10°  Biblio- 
thèque des  jeunes  pianistes,  coWeciïon  de  12 
petites  fantaisies  brillantes,  op.  144;  Deuxième 
Bibliothèque  des  jeunes  pianistes,  20  mor- 
ceaux brillants  et  faciles,  op.  160.  A  ces  pu- 
blications relatives  à  l'enseignement,  il  faut 
joindre  des  centaines  de  morceaux  divers  :  fan- 
taisies, thèmes  variés,  pièces  de  genre,  ba- 
gatelles, un  nombre  infini  de  morceaux  de 
musique  de  danse  :  quadrilles,  valses,  polkas, 
polkas-mazurkas,  rédowas,  schotischs,  etc.,  etc. 

*  LEE  (Lotis).  —  Cet  artiste  a  fait  exécuter 
en  1860,  à  Hambourg,  dans  un  concert,  une  can- 
tate intitulée  Jeanne  d'Arc. 

LEEMANS  ( ),  musicien  flamand,  né  à 

Bruges,  était  établi  à  Paris  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  et  a  publié  en 
cette  ville,  en  1769  :  Six  Quatuors,  trois  pour 
la  flûte,  un  basson,  un  violon  et  un  violoncelle, 
et  trois  pour  un  hautbois,  un  violon,  un  bas- 
son et  un  violoncelle,  œuvre  3.  Dans  le  même 
temps,  cet  artiste  a  publié  aussi,  sur  des  pa- 
roles de  Voltaire,  une  ariette  intitulée  le  Songe, 
avec  accompagnement  de  harpe,  deux  violons, 
deux  bassons,  deux  cors  de  chasse  et  basse. 
Leemans  vivait  encore  en  1785. 

LEENDERS  (Maurice-Gérard-Hibert), 
violoniste  belge,  est  né  à  Venloo  le  9  mars 
1833.  Fils  d'un  artiste  instruit  auquel  il  dut  sa 
première  éducation  musicale,  il  fut  envoyé 
fort   jeune  à  Bruxelles  et,  dès   l'âge  de  douze 


92 


LEENDERS  —  LEFEBVRE 


ans,  se  voyait  admis  au  Conservatoire  de  celte 
villi',  dans  la  classe  <lc  M.  Meerts,  d'où  il  passa 
plus  tard  dans  colle  de  M.  Léonard.  Lu  IsâO 
le  jeune  artiste  obtenait  le  premier  prix  de  vio- 
lon, consacrait  ensuite  deux  années  à  étudier 
la  composition ,  puis  entreprenait  un  grand 
voyage  artistique  eu  Hollande,  en  Allemagne, 
en  Danemark,  en  Suède,  en  i\orwége  et  en 
Pologne,  donnant  de  nombreux  concerts  et  par- 
tout obtenant  de  vifs  succès.  En  1857,  M.  Leen- 
ders  se  lit  entendre  à  Paris,  et  y  fut  bien  ac- 
cueilli. De  retour  dans  sa  patrie,  il  s'y  livra 
avec  ardeur  à  l'enseignement  et  à  la  composi- 
tion, et  écrivit  un  concerto  et  des  fantaisies 
pour  le  violon,  des  romances  et  mélodies  vo- 
cales, etc.  Anjourd'bui,  M.  Leenders  est  direc- 
teur de  l'École  de  musique  de  Tournai. 

LËEST  (Guill.\lmk),  facteur  de  clavicordes, 
natif  du  pays  de  Juliers,  exerça  sa  profession 
à  Anvers  et  fui  reçu  dans  la  bourgeoisie  de 
cette  ville  le  5  décembre  1561. 

LE  FÉBUllE  (Is.wc),  claveciniste,  pro- 
fesseur et  compositeur,  vivait  à  Paris  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Il  a 
publié  Deux  Sonates  pour  le  clavecin  ou  le 
forle-piano,  avec  accompagnement  de  violon. 

*  LEFÉBURE-WÉLY  (Loi;isJ.\mes-Al- 
fred),  organiste  et  compositeur  distingué,  est 
mort  à  Paris  le  l"  janvier  1870.  Il  avait  écrit 
la  musique  d'ime  cantate  intitulée  Après  la 
victoire,  qui  fut  exécutée  à  l'Opéra-Comique 
le  15  août  1803.  La  femme  de  cet  artiste  ho- 
norable, douée  d'une  voix  charmante,  qu'elle 
conduisait  avec  beaucoup  de  goût,  se  fit,  il  y 
a  environ  vingt-cinq  ans,  une  réputation  mé- 
ritée comme  chanteuse  de  salon  et  de  concert. 
Depuis  longtemps  déjà  elle  avait  renoncé  à  ses 
succès,  pour  se  consacrer  exclusivement  à  l'é- 
ducation de  ses  deux  filles.  Elle  est  morte 
presque  subitement,  à  Paris,  le  28  janvier  1876. 

LEFEBYRE  ( ),  luthier  fiançais,  était 

établi  à  Amsterdam  de  1720  à  1735  environ. 
Dans  son  livre  curieux  :  les  Instruments  à 
archet,  M.  Antoine  Vidal  constate  les  bonnes 
qualités  de  la  lutherie  de  cet  artiste  habile. 
«  Il  est  prohabli!,  dit- il,  que  ce  Lefebvre  avait 
travaillé  en  Italie,  car  les  spécimens  qui  sont 
restés  de  lui  sont  infiniment  supérieurs  à  ce 
qui  se  faisait  alors  en  France.  » 

LEFElîYlVE  ( ),  compositeur  et  poète, 

vivait  à  Paris  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Cet  artiste  ne  m'est  connu  que 
par  la  publication  suivante,  faite  par  lui  en  178i  : 
RvMiiM-,  ballet  alléçjorique  en  un  acte  pour 
la  centenaire  de  sa  naissance,  suivi  de  ré- 
flexions sur  la  poésie  lyrique  et  d'un  oratorio 


intitulé  «  la  Mort  d'Abel  ».  En  annonçant 
l'apparition  de  cet  ouvrage,  le  Mercure  de 
France  s'exprimait  ainsi  sur  le  compte  de  l'au- 
teur :  «  Ce  ballet  allégorique  n'a  i>u  obtenir  les 
honneurs  de  la  représentation  ;  on  en  appelle 
au  jugement  du  public.  L'auteur  nous  dispense 
de  prononcer  sur  son  poème  quand  il  dit  dans 
ses  Réflexions  sur  la  poésie  lyrique,  que  les 
meilleurs  poètes  soiit  des  juges  très-incapa- 
bles en  cette  matière  tant  qu'ils  ne  sont  pas 
compositeurs.  Nous  laisserons  donc  les  musi- 
ciens décider  si  M.  Lefebvre  est  bon  poète.  Au 
reste,  il  y  a  dans  ses  Réflexions  des  idées  qui 
nous  ont  paru  pouvoir  être  utiles  aux  gens  de 
l'art.  » 

LEFEBVRE  (Charles-Edouard),  compo- 
siteur, né  à  Paris  le  19  juin   1S43,   commença 
par  étudier  le  droit ,  tout  en  s'occupant  beau- 
coup de  musique.  Il  finit  par  renoncera  la  carrière 
d'avocat,  entra  au  Conservatoire  dans  la  classe  de 
M.  Ambroise  Thomas,  et  prit  part,  sans  résultat, 
aux  concours  de  Rome  des  années  1864  et  1S65. 
En  18G6,  il  épousa  une  fille  de  M.  Oudiné,    le 
graveur  en  médailles  bien  connu,  et  dès  lors  se 
vif,  par  les  règlements,  exclu  de  tout  nouveau 
concours.  Mais  trois  ans  après  il  eut  le  malheur 
de  perdre  non  seulement  sa  jeune   femme,  mais 
la  fille  qu'elle  lui  avait  donnée.  Une  nouvelle 
réglementation  des  concours  de  Rome  ayant  pré- 
cisément, à  cette  époque,  reporté,  comme  autre- 
fois, à  trente  ans  la  limite  d'âge,  M.  Lefebvre  se 
retrouvait  dans  les  conditions  normales.  Use  pré- 
senta donc  de  nouveau,  en  1870,  au  concours  de 
l'Institut,  et  il  obtint  le  premier  grand  prix  de 
Rome,  conjointement  avec   M.  Henri  Maréchal 
(Voyez   ce  nom),  pour   la  cantate  intitulée   le 
Jugement  de  Dieu,  cantate  qui  ne  put,  selon 
la  coutume,  être  exécutée  en  .séance  publique,  à 
cause  des  événements  politiques  qui  fondirent 
alors  sur  la  France.  Après  un  voyage  à  Rome 
et  dans  le  reste  de  l'Italie,  en  Grèce  et  en  Tur- 
quie, M.  Lefebvre  était  de  retour  à  Paris,  et  fai- 
sait exécuter  dans  une  séance  publique  de  l'Ins- 
titut  (15  novembre   1873)    une  ouverture   qui 
IKutait    le  même   titre  que  sa  cantate  de  con- 
cours, et  au  Conservatoire,  à  la  st-ance  d'au- 
dition des  envois  de  Rome  (23  mai  1874),  une 
suite  symplioni{pie   et  le  psaume  .WIII   pour 
chœur  et  orchestre  (1).  Après  avoir  été   faire 
un  second  voyage  à  Rome,  où  il  écrivait  une 
synq)honie  en  mi  bémol  et  un  très-remarqua- 
ble drame  lyrique  en  trois  parties,  Judith,  sur 


(I)  Cette  suite  svinplionique  av.nit  tHé  produite  une 
priMiiitre  fos  p;ir  l'nulcur.  le  II  avril  prt'cédent,  dan* 
une  des  seanees  de  la  Société  natiouale  de  musique. 


LEFEBVRE  —   LEFORT 


93 


un  poëme  «le  M.  Paul  Coilin,  le  jeune  artiste 
faisait  entendre,  dans  la  séance  d'audition  des 
envois  de  Rome  de  l'année  suivante  (27  mai 
1875),  des  fragments  de  ces  deux  œuvres  im- 
portantes, dans  lesquelles  la  critique  sut  dis- 
tinguer de  rares  qualités  de  style,  de  facture 
et  (l'inspiration. 

.M.  Lefebvre  a  produit  encore  les  composi- 
tions suivantes  :  1°  Pièces  symplioniques  (Pré- 
lude et  Choral,  Scherzo),  Concerts  duCluUeiet, 
7  février  1875;  2°  un  chœur  et  une  romance 
pour  cor,  Société  nationale  de  musique,  13  fé- 
vrier 1875;  3°  ouverture  dramatique,  Concerts 
du  Chàtelet,  26  mars  1876;  i"  Dal'da,  scènes 
pour  orchestre  d'après  le  drame  de  M.  Octave 
Feuillet  (Prélude,  Enlr'acte,  Nocturne  appas- 
sionato,  le  Chant  du  Calvaire,  Finale),  Société 
nationale  de  musique,  l"  avril  1876;  quatuor 
en  mi  bémof  pour  piano  et  instruments  à  cordes. 
Il  a  publié  aussi  Six  poésies  7)iises  en  musique 
(Paris,  Hartmann),  et  divers  morceaux  détachés 
pour  chant  et  jiiano,  parmi  lesquels  :  C Absence, 
Sais-iu  ce  que  le  vent  soupire  •'  etc.  La  par- 
tition pour  chant  et  piano  de  Judith  a  été  pu- 
bliée par  l'éditeur  M.  Mackar.  Enfin,  M.  Lefeb- 
vre a  en  portefeuille  un  opéra  intitulé  Lucrèce. 

LEFEBVRE  (M""  Caroline).  —  Voyez 
FAURE  {SVn- 

LEFÈVRE  ( )  est  auteur  d'un  opus- 
cule publié  sous  ce  titre  :  Des  causes  qui 
retardent  les  progrès  dans  l'étude  de  la 
musique  (Paris,  1822,   in-8''  de  40  pp.). 

LEFEVRE  (Victor-Gustave),  compositeur 
et  professeur,  directeur  de  l'École  de  musique 
religieuse  de  Paris,  est  né  à  Provins  (Seine-et- 
Marne),  le  2  juin  1831,  et,  après  avoir  com- 
mencé ses  études  littéraires  en  cette  ville,  les 
termina  à  Paris,  au  collège  Sainte-Barbe.  Son 
goftt  pour  la  musique  se  révéla  de  bonne  heure, 
et  dès  l'âge  de  treize  ans,  sans  avoir  aucune 
connaissance  de  l'art  d'écrire,  il  s'essayait  à 
composer  des  morceaux  qu'il  harmonisait  à 
quatre  parties.  11  finit  par  triompher  des  scru- 
pules de  sa  famille,  d'abord  peu  disposée  à  lui 
laisser  embrasser  la  carrière  artistique,  et  ob- 
tint rautori.sation  de  suivre  le  cours  de  solfège 
de  Foulon.  En  1848,  il  fut  présenté  à  Panseron, 
qui,  frappé  de  ses  dispositions  pour  la  composi- 
tion, le  recommanda  d'une  façon  toute  spéciale 
à  Auber  et  à  Carafa;  ce  dernier  lui  témoigna 
beaucoup  d'intérêt,  et  poussa  l'obligeance  jus- 
qu'à faire  exécuter  deux  de  ses  morceaux  à 
orchestre  par  les  élèves  du. Gymnase  musical 
militaire,  dont  il  était  alors  directeur.  Auber  le 
fit  admettre  au  Conservatoire,  dans  la  classe 
d'haimonie  de  Colet. 


Mais  M.  Letèvre  ne  resta  pas  longtemps  au 
Conservatoire.  Au  bout  de  deux  mois,  il  quit- 
tait Colet  pour  aller  se  mettre  sous  la  direction 
de  Pierre  Maleden,  excellent  professeur  avec 
le(|uel  il  travailla  |)endanl  dix  années.  C'est  là 
qu'il  puisa  la  connaissance  étendue  qu'il  pos- 
sède des  maîtres  de  toutes  les  écoles,  et  qu'il 
commença  ses  travaux  sur  la  contcxture  des 
périodes  musicales,  sur  le  rhythme  et  la  mo- 
dulation. 

M.  Lefèvre,  que  Maleden  aimait  comme  un 
fils,  épousa  en  1865  la  fille  aînée  de  iNieilermeyer, 
et  fut  bientôt  nommé  directeur  de  l'École  de 
musique  religieuse  que  celui-ci  avait  fondée  en 
1853.  Depuis  sa  direction,  cet  établissement, 
qui  rend  à  l'art  des  services  si  considérables,  a 
pris  une  extension  nouvelle.  En  dix  années , 
M.  Lefèvre,  aidé  de  ses  excellents  coopéraleurs, 
a  formé  et  placé  dans  diverses  églises  de  France 
80  maîtres  de  chapelle  et  organistes,  qui,  tous, 
remplissent  honorablement  leur  tâche,  et  dont 
plusieurs  sont  des  artistes  fort  distingués.  En 
1872,  il  a  reconsliiué  la  Société  de  musique 
vocale  classique  sans  accompagnement,  qui 
avait  été  créée  en  1853  par  le  prince  de  la 
Moskowa  et  Niedermeyer;  dans  les  six  concerts 
que  donne  chaque  année  cette  Société,  elle  a 
exécuté  un  grand  nombre  de  compositions  du 
seizième  siècle  inconnues  à  Paris;  en  1873  et 
187'i,  elle  a  fait  entendre  à  la  Sainte-Chapelle 
l'office  du  lundi  saint  tel  qu'on  le  dit  à  Rome , 
à  la  chapelle  Sixtine. 

M.  Lefèvre  a  en  portefeuille  de  nombreuses 
compositions  vocales  et  instrumentales,  entre 
autres  plusieurs  messes  avec  accompagnement 
d'orchestre,  des  quatuors,  dont  quelques-uns 
ont  été  exécutés  dans  des  concerts,  et  la  mu- 
sique de  la  tragédie  de  Roméo  et  Juliette  (tra- 
duction d'Emile  Deschamps),  dont  on  a  entendu 
en  public  divers  fragments.  L'éditeur  Richault 
prépare  en  ce  moment  la  publication  d'un  Traité 
d'harmonie  et  celle  d'un  Traité  d'accompagne- 
ment et  de  la  basse  chiffrée,  écrits  par  cet 
artiste  pour  les  cours  de  l'École  qu'il  dirige. 

LEFORT  (Jules),  chanteur Jde  concert  et  di» 
salon,  s'est  fait  sous  ce  ra[iport,  il  y  a  envi- 
ron vuigt-cinq  ans,  une  certaine  réputation ,  à 
l'époque  des  grands  succès  en  ce  genre  de 
M'""  Lefébure-Wély  et  Gaveaux-Sabalier.  De- 
puis quelques  années  il  s'est  consacré  à  l'en- 
seignement, et  s'est  livré  à  des  recherches 
spéciales  sur  l'émission  vocale  et  sur  la  pronoii 
dation  appliquée  au  chant.  Voulant  rendre  pu- 
blic le  résultat  de  ces  recherches,  il  a  fait 
paraître  d'abord  un  opuscule  intitulé  :  De  ré- 
mission de  la  voix  (Paris,  Heu.  s.  d..,  in-  i"  de 


94 


LEFORT  —  LEGOUIX 


21  pages,  avec  16  pages  d'exercices).  M.  Lc- 
fort  a  [niblié  ensuite  une;  Méthode  de  chant 
(Paris,  Leinoine,  in-4'>),  dont  il  a  extrait  une 
brociiure  imprimée  sous  ce  titre  :  Partie  théo- 
rique de  la  la  nouvelle  Méthode  de  chant 
de  Jules  Lefort.  Du  rôle  de  la  prononcm- 
tion  dans  fémisson  vocale  (Paris,  l'auteur, 
1870,  m-8°  de  47  pages).  En  1861,  M.  Jules 
Lefort  voulut  aborder  la  scène,  et  fit  une  fu- 
gitive apparition  au  Théâtre-Lyrique,  où  il  se 
montra  dans  un  optera  nouveau  de  M.  Théo- 
dore de  Lajarte  (Voij.  ce  nom),  le  Neveu  de 
Gvllirer.  La  moiieslie  de  son  succès  n'ayant 
pas  répondu  à  ses  désirs,  il  ne  renouvela  pas 
cette  tentative. 

LE  FRANÇOIS  ( ),  artiste  qui  vi- 
vait à  Paris  à  la  fin  du  dix- huitième  siècle, 
imagina  une  guitare  nouvelle,  à  laquelle  il  ajou- 
tait un  second  manche  et  un  grand  nombre 
decordes.  Voici  comment  le  CflZeH(/n"er  musical 
de  1789  décrivait  l'instrument  ainsi  modifié  :  — 
«  Cet  instrument  a  deux  manches,  et  a  pour 
objet  de  diminuer  les  difficultés  qui  se  trouvent 
dans  la  guitare  ordinaire.  Les  deux  manches 
contiennent  entre  eux  dix- huit  cordes.  Le  pre- 
mier porte  cinq  cordes  à  vide,  ou  notes  basses; 
elles  se  nomment  ut,  ré,  mi,  fa,  sol,  et  celles 
qui  sont  sur  le  manche  sont  les  mêmes  q  ue 
celles  de  la  gi.itare,  et  portent  les  mêmes 
notes  qu'elle.  Le  second  manche,  que  l'auteur 
nomme  manche  d'octave,  est  le  même  pour 
l'accord  que  le  grand,  avec  cette  différence 
qu'il  n'a  que  trois  cordes  de  basse  hors  du 
manche,  ut,  ré,  sol;  mais  on  pourrait  en  met- 
tre cinq,  comme  au  grand.  Cette  quantité  d  e 
cordes,  et  un  manche  de  plus,  semblent  de- 
voir doubler  les  difficultés;  mais  l'auteur  fait 
observer  (lu'elles  n'ont  pas  lieu,  et  qu'il  gagne, 
au  contraire,  beaucoup,  parce  qu'il  peut  exé- 
cuter, sur  son  manche  d'octave ,  et  par  le 
même  doigter,  ce  que  l'on  ne  peut  exécuter  sur 
le  manche  ordinaire,  ou  le  premier  des  siens  , 
que  par  un  démanchement  qui  fait  toujours 
courir  des  risques  pour  la  justesse  des  sons 
et  la  précision  de  l'exécution.  D'ailleurs,  ces 
notes  d'octaves,  prononcées  par  d'autres  cordes, 
produisent  des  sons  plus  vigoureux  et  plus  agréa- 
bles. Un  des  principaux  avantages  de  cet  instru- 
ment est  sans  doute  d'offrir,  à  deux  ou  trois  notes 
près,  dans  le  bas,  la  môme  étendue  que  le  cla- 
vecin ou  la  harpe,  et  de  se  prêter  ainsi  parfai- 
tement à  l'accompagnement  de  la  voix.  » 

LEGEAY  (Le  U.  P.),  moine  bénédictin  de 
l'abbaye  de  Solesmes ,  a  publié  sous  ce  titre: 
ISoéls  anciens  (Paris,  Victor  Palmé,  1876),  une 
collection  de  quarante  noéls    populaires  de    la 


Bourgogne  et  de  la  Champagne,  dont  il  a  repro- 
duit les  paroles  et  la  musique,  en  y  joignant 
un  accompagnement  de  piano. 

LEGï^\DRE  (Jules),  virtuose  sur  le  cor- 
net à  pistons  et  |)rofesseur,  est  l'auteur  d'un 
manuel  qu'il  a  publié  sous  ce  titre  en  1877  : 
Traité  complet  d'articulation  ou  le  Secret 
des  coups  de  langue  simples  et  doubles,  classés, 
raisonnes  d'expliqués,  pour  cornet  ou  btigle 
et  en  général  pour  tous  les  instruments  à 
vent  (Bruxelles,  Mahillon,  in-8). 

LEGEi\TIL  (A -F ),  a   traduit  en 

français  les  notices  allemandes  de  Wegeier  et 
Ries  sur  Beethoven,  et  les  a  publiées  sous  ce 
litre  :  Notices  biographiques  sur  L.  Van 
Beethoven  par  le  D""  F. -G.  Wegeier  et  Ferdi- 
nand Ries,  suivies  d'im  supplément  publié  à 
l'occasion  de  l'inauguration  de  la  statue  de  L . 
V.  Beethoven  à  Bonn ,  sa  ville  natale,  traduites 
de  l'allemand  par  A.-F.  Legentil  (Paris,  Dentu, 
1862,  in- 12). 

*  LEGXANI  (Louis).  Cet  artiste  a  publié  : 
Melndo  per  imparare  a  conoscere  la  musica 
e  suonare  la  chitarra,  composta  colla  mas- 
sima  semplicità  e  chiarezza,  Milan,  Ricordi. 
Cet  ouvrage  porte  le  chiffre  d'œuvre  250. 

LEGOUIX  (Isidore-Edouard),  compositeur, 
fds  d'un  éditeur  de  musique,  naquit  à  Paris 
le  1*""  avril  1834.  Admis  au  Conservatoire, 
dans  la  classe  de  M.  Henri  Reber,  il  remporta 
un  premier  prix  d'harmonie  au  concours  de 
1855;  devenu  ensuite  élève  de  M.  Ambroise 
Thomas,  il  obtint  l'année  suivante  un  second 
accessit  de  fugue,  et,  en  1860,  une  mention 
honorable  au  concours  de  l'Institut  pour  le 
grand  prix  de  Rome.  M.  Legouix  a  fait  repré- 
senter quelques  ouvrages  dont  voici  les  titres  : 
1"  Un  Othello,  th.  des  Champs-FJysées,  1863; 
2°  le  Lion  de  Saint-Marc,  opéra  comique  en 
un  acte,  th.  Saint-Germain,  24  novembre  1864; 
3°  31a  Fille,  o|iérette  en  un  acte,  Délassements- 
Comiques,  20  mars  18(56;  4"  Malbroug  s'en 
va-t-en  guerre,  opéra  bouffe  en  4  actes  (en 
société  avec  MM.  Bizet,  Léo  Delibes  et  Jonas), 
Athénée,  13  décembre  18G7;  5"  le  Vengeur, 
opérette  en  un  acte,  Athénée,  20  novembre  1868  ; 
6»  les  Dernières  Grisettes,  opéra  bouffe  en  3 
actes,  Fantaisies-Parisiennes  (Bruxelles),  12 
décembre  1874;  7°  le  Mariage  d'une  étoile, 
opérette  en  un  acte,  Bouffes-Parisiens,  l'^'"  avril 
lis76;  8"  Madame  Clara,  somnambule,  «  fo- 
lie "  en  un  acte  avec  airs  nouveaux,  Palais-Royal, 
mars  1877.  11  a  en  portefeuille  une  opérette  en  un 
acte,  la  Tartane,  reçue  naguère  au  théâtre  de 
l'Athénée,  mais  non  représentée.  M.  Legouix  a 
écrit   aussi,   en   société  avec  MM.   Hervé   et 


LEGOUIX  —  LEJEUNE 


9S 


Ch.  Lecocq,  la  musique  d'une  pochade  musi- 
cale en  un  acte,  Deux  Poiiicres pour  un  co7-- 
don,  qui  fut  jouée  au  Palais-Royal  au  mois  de 
mars  1869,  ei  pour  laquelle  les  trois  composi- 
teurs abritèrent  leurs  noms  sous  le  pseudo- 
nyme coliectit'  iVAlcindor.  Il  a  donné  au  journal 
le  Magasin  des  Demoiselles  la  musique  de 
deux  opérettes,  Quinolelle  el  la  Clef  d'argent, 
qui  n'ont  pas  été  représentées,  et  il  a  publié 
quelques  romances  et  mélodies  vocales.  M.  Le- 
gouix  est  un  artiste  aimable,  instruit,  distingué, 
qui  n'a  que  le  tort  de  respecter  l'art  qu'il 
exerce,  et  qui  aurait  réussi  aussi  bien  et  peut- 
être  mieux  que  d'autres  s'il  avait  voulu  se 
lancer  dans  le  champ  de  la  musique  grotesque 
et  prétendue  bouffe,  si  fort  en  honneur  depuis 
vingt  ans. 

LEGRAIXD  (PiKnuF.),  pianiste,  organiste 
et  compositeur,  devint  en  1780  «  maître  de  mu- 
sique »  du  théâtre  du  grand  Opéra  et  de  la 
Société  des  Concerts  de  Marseille.  Il  avait  suc- 
cédé dans  ces  fonctions  à  Rey,  qui  fut  depuis 
chef  d'orchestre  à  l'Opéra  à  Paris,  et  il  fui 
remplacé  en  1793  par  Parent  du  grand  Opéra. 
Cet  artiste  avait  acquis  dans  le  midi  de  la  France 
une  assez  grande  notoriélé  comme  compositeur. 
Il  A  écrit  des  ouvertures  et  des  marches  pour 
orchestre,  des  motets  à  grand  chœur  et  des 
messes.  En  1783,  il  fit  chanter  à  la  Société  des 
Concerts  VHijmme  des  Lys,  cantate,  et,  en 
1792,  des  chœurs  qu'il  avait  composés  pour 
VAthalie  de  Racine.  Ce  fut  lui  qui  enseigna 
l'harmonie  à  Délia  Maria.  Le  20  pluviôse  au 
IX,  il  fut  reçu  membre  de  l'Académie  de  Mar- 
seille, dans  la  section  de  musique  que  venait 
de  former  cette  compagnie  :  Delattre  et  lui 
furent  les  deux  premiers  musiciens  admis.  Il 
mourut  en  1809. 

Al.  R— d. 

*  LEGROS  (Joseph),  chanteur  célèbre  de 
l'Opéra.  Le  petit  ouvrage  dont  cet  artiste  avait 
écrit  la  musique  en  société  avecDesormery  avait 
pour  titre  non  Ilijlas  el  Sylvie,  mais  Hylas  et 
Églé,  el  fut  représenté  à  l'Opéra  le   16  février 

1773.  Ces  deux  artistes  avaient  fait  annoncer  en 

1774,  dans  le  Mercure,  la  prochaine  publication 
d'un  Recueil  d'airs  et  de  duos  dont  ils  étaient 
les  auteurs  ;  mais  je  ne  crois  pas  que  cette  pu- 
blication ait  eu  lieu,  (J'oyes  Desormery). 

LEIDGEBEL  (Ama.xd-Léopold),  pianiste, 
organiste,  compositeur  et  professeur  allemand, 
est  né  à  Guhrau  le  26  décembre  1816,  alla  faire 
ses  études  musicales  à  Breslau,  et  se  rendit  en- 
suite à  Berlin,  où  je  crois  qu'il  est  toujours  fixé. 
Cet  artiste,  qui  est  fort  estimé  dans  sa  patrie,  a 
publié  environ  quarante  œuvres  consistant  en 


sonates  pour  piano  seul  et  pour  piano  et  violon, 
caprices  de  concert  et  morceaux  de  genre  pour 
un  ou  deux  pianos,  etc. 

LEITE  (Antonio  da  Silva),  né  à  Porto 
(Portugal)  vers  la  (in  du  XVIII''  siècle,  fut  maî- 
tre de  chapelle  de  la  cathédrale  de  cette  ville 
et  compositeur  distingué.  lia  publié  :  r  Rezumo 
de  todas  as  regras,  e  preceilos  da  Cantoria 
assim  da  Musica  metrica,  como  do  Canto- 
chdo,  dividido  e)ii  duas  partes.  Porto,  1787, 
petit  in-4''  de  VIlI-43  pag.et  deux  planches  gra- 
vées (l'auteur  dit  dans  le  prologue  de  cet  ouvrage 
qu'il  imprimera  bientôt  une  Arle  de  acompan- 
hamento,  et  un  autre  Arte  de  Contraponto, 
mais  ces  ouvrages  n'ont  pas  paru;  2"  Estudo 
da  Guitarra  em  que  se  expOe  o  modo  mais  fa- 
cil  para  aprender  este  instrumento,  Porto, 
1795,  2  in-fol.  de.38  pag.  pour  le  texte,  pour  l'In- 
dex et  XXIII  pag.  d'exemples  de  musique.  Il 
a  paru  une  2""'  édition  de  cet  ouvrage  en  179G 
avec  quelques  altérations  dans  le  titre,  mais 
elle  n'a  pas  été  augmentée.  La  plupart  des 
compositions  de  Leite  n'ont  pas  été  imprimées  ; 
je  ne  connais  que  :  Seis  Sonatas  de  Guitarra 
corn  acompanhamento deRabecaeduas  Trom- 
pas ad  libitum,  1792,  in  fol.  ;  et  Hymno  pa- 
triotico  a  grande  orchestra,  Paris,  1820,  in-fol. 
chez  Ignace  Pleyel  et  fils  aîné  (édition  de  luxe 
gravée  par  Richoinme  et  ornée  du  portrait  du  roi 
Jean  YI).  Cet  hyrnme  fut  exécuté  à  Porto  dans 
le  théâtre  de  S.-Joào  lors  du  couronnement 
de  ce  prince.  Je  citerai  encore  un  Tantum 
ergo  a  4  vozes  e  orchestra,  1815.  Il  a  aussi 
composé  beaucoup  de  Modinhas  pour  un  jour- 
nal de  musique  de  1793.  Je  ne  connais  pas  la 
date  de  la  mort  de  Leite. 

Un  autre  compositeur  du  même  nom ,  le 
Père  José  Leite,  jésuite,  a  composé  la  musique 
d'un  drame  allégorique  :  Angola  triumphante, 
qui  fut  représenté  à  Lisbonne,  au  collège  des 
Jésuites  (Santo-Chitào),  le  18  juillet  1620.  Ce 
drame,  composé  de  quatorze  scènes,  n'est  pas 
connu. 

J.   DE  V. 

*  LEJEUIVE  (Claude).  On  trouve  quatre 
chansons  de  cet  artiste  célèbre  dans  le  recueil 
divisé  en  six  livres  que  Pierre  Phalèse  publia 
à  Louvain  en  1555-1556,  et  dont  le  premier 
parut  sous  ce  titre  :  Premier  livre  des  chan- 
sons à  quatre  parties,  nouvellemeyil  compo- 
sez (sic)  et  mises  en  viusicque,  convenables 
tant  aux  instrumenta  comme  à  la  voix  (Lou- 
vain, 1555,  in-40). 

LEJEUIVE ,  est  le  nom  d'une  famille  de 
luthiers  qui  n'étaient  point  sans  renommée  et  qui 
exerçaient  leur  profession  à  Paris  dans  la  seconde 


96 


LEJEUNE  —  LExMAIRE 


moilié  (iii  ilixliiiitiiMnc  siècle.  Le  premier  dont 
il  soit  fait  mention  est  François  Le  jeune  ^  qui, 
(lès  iTG'i,  faisait  jiartie  de  la  corporation  des 
lutliiers-inaitres-jinés-comptables,  et  dont  le 
nom  se  trouve  dans  une  série  de  règlements  de 
comptes  de  cette  corporation  qui  sont  conservés 
dans  un  caiton  des  Arcliives  nationales.  Fran- 
çois Lejeune  vivait  encore  en  1785,  et  demeu- 
rait rue  de  la  Juiverie.  Ses  violons  paraissent 
avoir  été  estimés.  Deux  autres,  Jean- Charles 
Lejeune  et  Louis  Lejeune,  étaient  établis  fa- 
bricants de  violons,  aussi  à  Paris,  en  1783. 
Enfin,  un  quatrième,  Jean-  DapUsie  Lejeune,  à 
la  fois  luthier  et  facteur  de  liarpes,  était  ins- 
tallé à  la  même  époque  rue  Montmartre;  il 
vivait  encore  en  1788,  date  à  laquelle  on  n'a 
plus  de  renseignements  sur  aucun  des  précé- 
dents. 

Les  Lejeune,  luthiers,  formèrent  d'ailleurs 
une  véritable  dynastie.  En  1819,  on  en  comp- 
tait trois  :  Lejeune  aine,  demeurant  cour  du 
Commerce,  10;  Lejeune  cadet,  fixé  dans  la  rue 
Montmartre,  au  passage  Charot;  et  Lejeune  fis, 
établi  non  loin  de  là,  |)assage  du  Saumon.  De 
183C  à  1846,  on  ne  trouve  plus  trace  que  de 
l'un  d'entre  eux,  qui  demeurait  au  n°  13  de  la 
rue  Couclierat;  enfin,  le  dernier  survivant  de 
celte  famille,  fixé  en  1862  rue  Saint-Claude,  au 
Marais,  mourut,  dit-on,  en  1870. 

LEJEU\E  (Er.NiiST),  compositeur  et  pro- 
fesseur, établi  à  Calais,  a  fait  représenter  sur 
le  théâtre  de  cette  ville  les  deux  opéras-comi- 
ques en  un  acte  dont  voici  les  titres  :  1°  La 
Chaiison  de  LbXfjon  (août  1862);  2°  Un  Ma- 
riage normand  (avril  1868). 

LE  JOLIS  (A )    e.st  auteur  d'un  écrit 

ainsi  intitulé  :  De  la  tonalité  du  plain-chant 
comparée  à  la  tonalité  des  chants  popu- 
laires, inséré  dans  la  Revue  archéologique.  Il 
a  été  fait  un  tirage  à  part  de  cet  opuscule 
(Paris,  1859,  in-S"). 

LELU  ( ),  compositeur  dramatique,  s'est 

fait  connaître  i)ar  la  leprésentation  de  deux  pe- 
tits <)péiras-coMii(|ues  en  un  acte,  dont  le  [•rcmier, 
intitulé  le  Cousin  et  la  Cousine,  eut  un  sort 
très- fâcheux.  Joué  au  théâtre  Feydeau  le  1*' 
avril  1798,  cet  ouvrage,  dont  le  poème  avait  été 
écrit  |)ar  Pigault-Lebrun ,  tomba  si  lourdement 
qu'il  ne  reparut  jamais  à  la  scène  et  que  sa  pre- 
mière représentation  fut  aussi  la  dernière.  Le  se- 
cond, qui  avait  pour  titre  le  Siais  par  ruse  ou 
la  Mine  cache  le  jeu,  fut  donné  au  }ielil  théâtre 
des  Jeunes-Artistes  vers  la  fin  de  l'année  1801. 
On  doit  à  cet  arti^te  un  assez  granii  nombre  de 
romances  dont  les  titres  se  trouvent  dans  la  Bi- 
bliographie  musicale  (do    César  Gardeton  ) 


et  trois  nocturnes  italiens  à  deux  voix.  Lélu,  qui 
se  fit  plus  tard  éditeur  de  musique,  vivait  encore 
en  l82'i. 

*  LP:.MAIRE  (Charles).  Outre  le  livre  de 
cantates  signalé  au  nom  de  ce  compositeur,  on  a 
de  lui  les  quatre  cantates  suivantes,  publiées  sé- 
|iarément  cliez  Ballard  :  le  Sacrijice  d'amour, 
Endymion,  la  Constance,  et  le  Retour  du 
Printemps. 

LEM  AIHE  (Théophile),  professeur  de  chant 
et  écrivain  sur  la  musique,  est  né  à  Essigny-le- 
Grand  (Aisne),  le  22  mars  1820.  Doué  d'une  ma- 
gnifique voix  de  basse  profonde,  il  fut  admis  ,  le 
15  décembre  1849,  au  Conservatoire  de  Paris,  et 
suivit  dans  cet  établissement  les  cours  de  Garcia 
pour  le  chant,  de  Micbelot  pour  l'opéra,  et  de 
Moreau-Sainti  pour  l'opéra-comique.  Atteint,  en 
1851,  d'une  bronchite  aiguè  qui  l'obligea  d'inter- 
rompre ses  études  musicales,  il  se  vit  forcé  de 
quitter  le  Conservatoire.  Rendu  à  la  santé  par  les 
soins  de  son  ami,  M.  le  docteur  Blanche,  il  re- 
nonça à  la  carrière  théâtrale,  à  laquelle  il  s'était 
préparé ,  et  se  consacra  d'une  façon  absolue  à 
l'enseignement.  11  se  livra  dans  ce  but  à  des 
études  spéciales,  consulta  tous  les  traités  de  l'art 
du  chant,  et  bientôt  réunit  une  bibliothèque  mu- 
sicale qui  est  devenue  l'une  des  plus  inqiortantes 
que  l'on  puisse  trouver  chez  un  particulier. 

C'est  en  consultant  les  innombrables  méthodes 
de  chant  dont  il  avait  formé  une  si  riche  collec- 
tion, que  M.  Lemaire  conçut  la  pensée  de  doter 
notre  littérature  musicale  de  la  traduction  d'un 
ouvrage  de  Pierfrancesco  Tosi,  très-curieux  et 
plein  d'intérêt  :  Opinion/  dei  cantori  anlichl  e 
moderni,  ossieno  osservazioni  sopra  tl  canlo 
Jiguralo  (Bologne,  1723).  Cet  ouvrage,  dont  il 
existait  depuis,  longtemps  une  version  anglaise 
et  une  version  allemande,  n'avait  jamais  élé  tra- 
duit en  français.  M.  Lemaire  se  chargea  de  ce 
travail  utile,  l'ex-'cuta  avec  beaucoup  de  soin  et 
une  grande  exaciilude,  et  publia  sa  traduction 
sous  ce  titre  ;  VArl  du  chant,  opinions  sur  les 
chanteurs  anciens  et  modernes,  ou  observa- 
tions snr  le  chant  figuré,  par  Pierfrancesco 
Tosi,  traduit  de  l'italien  et  accompagné  de 
notes  et  d'exetnples,  par  Théophile  Lemaire, 
Paris,  Rollischild,  1874,  in-16.  Depius  lors,  et 
en  société  avec  M.  Henri  Lavoix  {Vog.  ce  nom), 
M.  Lemaire  travaille  à  un  ouvrage  très-impor- 
tant, qui  sera  publié  sous  les  auspices  et  avec  le 
concours  du  ministère  des  Beaux-Arts;  cet  ou- 
vrage n'est  autie  qu'une  Histoire  complète  de 
l'art  du  chant,  depuis  les  temps  les  plus  reculés 
jusqu'à  nos  jours  ;  il  comprendra  un  résumé  de 
toutes  les  mi  Ihoiios  de  chant  de  toutes  les  épo- 
ques, un  |)arallèle  des  deux  écoles  italienne  et 


LEMAIRE  —  LEiMMENS 


97 


française,  des  remarqiips  sur  les  chanteurs  ita- 
liens et  les  chanteurs  français,  la  bibliographie 
des  ouvrages  relatifs  au  chant,  etc.,  etc.  L'His- 
toire de  Vart  du  chant  formera  un  volume 
in-4°  de  500  pages  environ,  avec  de  nombreux 
exemples  de  musique,  et  paraîtra  dans  le  cours 
de  l'année  1878. 

LE  MAIRE  ( ),  dit  Valné,  violo- 
niste qui  vivait  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle,  a  publié  un  Premier  Livre  de 
sonates  pour  le  violon,  avec  la  basse  continue 
(Paris,  1739,  in-f). 

*LEMAÎTRE  ou  LE  MAISTRE  (Ma- 
thieu), compositeur  du  seizième  siècle,  a  été  l'ob- 
jet d'un  travail  biographique  important.  M.  Otto 
Kade,  directeur  de  la  musique  du  grand-duc  de 
Mecklembourg-Schwerin,  a  publié  sur  lui  un  li- 
vre ainsi  intitulé:  Matlheus  Le  Maistre,  nieder- 
lecndischer  Tonsetzer  und  churfiirstlïch  sxch- 
sisclier  Kapelhneister  {Matheus  Le  Maistre, 
compositeur  néerlandais  et  maure  de  cha- 
pelle de  l'Électeur  de  Saxe),  Mayence,  Sciiott 
fils,  1862,  1  volume  grand  in-8»  avec  musique  et 
fac-similé.  On  voit,  d'après  le  titre  de  cet  ou- 
vrage, que  Lemaître  doit  être  considéré  non 
comme  Belge,  mais  comme  Néerlandais.  Je  ne 
puis  d'ailleurs  parler  plus  longuement  du  travail 
de  M.  Otto  Kade,  ne  l'ayant  pas  eu  entre  Jes 
mains. 

LEMANISSIER  (Chaules),  compositeur 
et  professeur,  l'un  des  chefs  d'orchestre  de  la 
Société  philharmonique  de  la  Rochelle,  a  écrit 
une  musique  entièrement  nouvelle  sur  deux  an- 
ciens vaudevilles ,  qu'il  a  ainsi  transformés  en 
opéras-comiques  et  fait  représenter  sur  le  théâtre 
de  la  Rochelle  :  1°  le  Dîner  de  Madelon 
(mars  1859)  ;  1°  le  Cabaret  de  Lustucru  (mars 
1861). 

LEMARIE  ( ),  compositeur  amateur, 

a  fait  représenter  au  théâtre  de  l'Athénée,  le  28 
juin  1873,  un  opéra-comique  en  un  acte,  intitulé 
Roijal-Champagne. 

LE  MARTINEL  (Pierre),  compositeur, 
naquit  en  Normandie  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle.  Ayant  pris  part,  en  1586,  au  concours  du 
puy  de  musique  d'Evreux,  il  s'y  vit  décerner  le 
prix  de  la  lyre  d'argent  pour  une  chanson  fran- 
çaise :  Pourroys-je  sayis  mourir? 

*  LE  MAURE  (Catherine-Nicole)  ,  une  des 
plus  illustres  chanteuses  de  l'Opéra  au  siècle  der- 
nier, naquit  à  Paris  le  3  août  1703  (et  non  1704); 
reçue  dans  les  chœurs  en  1719,  elle  débuta 
comme  chanteuse  soliste,  au  courant  de  décem- 
bre 1721,  en  remplaçant  M"*  Erernans  dans  le 
prologue  de  Phaéton  (et  non  par  le  rôle  de  Céphise, 
dans  l'Europe  galante,  en  juin  1724).  Je  pour- 

BlOC.R.   LNIV.    des   musiciens.    —    SUPPL.    T. 


rais  continuer  indéfiniment  ces  rectilicalions,  car 
le  peu  qu'on  savait  jusqu'à  ces  derniers  temps 
sur  le  com|)tedeM"'=  Lemaure  était  bien  inexact  : 
De  la  Borde,  par  exemple,  puis  Castil  Blaze  et 
Fétis,  plaçaient  son  début  trois  ans  trop  tard.  C'est 
là  une  des  nombreuses  erreurs  qu'ils  ont  com- 
mises sur  son  compte  et  qu'il  serait  trop  long  de 
relever  une  à  une.  Ici,  ils  retardent  de  trois  ans, 
ailleius  ils  avancent  d'autant;  c'est  un  enchevê- 
trement d'inexactitudes  et  d'erreurs  dans  les- 
quelles l'un  se  trompe  en  voulant  corriger  l'au- 
tre, etwce  versa.  Il  est, d'ailleurs,  très-difficile 
de  suivre  les  allées  et  venues  d'une  chanteuse 
qui  ne  faisait  que  quitter  l'Opéra  et  y  rentrer  : 
on  ne  parvient  à  démêler  la  vérité  qu'en  suivant 
mois  par  mois  le  Mercure,  dont  les  indications 
sont  d'une  précision  extrême,  à  une  date,  à  un 
jour  près.  C'est  ce  que  j'ai  fait  dans  mon  travail  : 
l'Église  et  l'Opéra  en  1735,  i»/"«  Lemaure  et 
l'éve'que  de  Saini-Papoul (Paris,  Détaille,  1877), 
où  j'ai  dû  retracer  de  la  façon  la  plus  complète 
la  carrière  trop  ignorée  de  celte  illustre  actrice, 
en  même  temps  que  je  republiais  certaines  pièces 
de  fantaisie  très-amusantes  et  devenues  rares 
qui  font  connaître  au  mieux  les  goûts  légers  de 
nos  ancêtres  et  lesamusements  satiriques,  les 
écrits  facétieux  dont  les  gens  de  bon  ton  étaient 
si  fort  épris  il  y  a  un  siècle  et  demi.  Je  renver- 
rai le  lecteur  à  cette  brochure,  non  sans  ajouter 
que  je  crois  avoir  mis  à  profit,  en  les  vérifiant 
l'un  par  l'autre,  tous  les  renseignements  fournis 
sur  cette  actrice  par  les  livres  sérieux  ou  facé- 
tieux, par  les  mémoires  privés  ou  plus  ou  moins 
publics  du  terfips,  en  recherchant  aussi  tous  les 
détails  précis  et  inédits  que  pouvaient  me  four- 
nir sur  m""  Lemaure  les  manuscrits  conservés 
aux  Archives,  à  ia  Bibliothèque  nationale  et  à 
l'Opéra. 

Ad.  J — N. 

*  LEMIÈRE  DE  CORVEY  (Jean  Fré- 
déric-Auguste). Outre /a  Dame  du  Lac  et  Tan- 
crède,  de  Rossini,  dont  cet  artiste  fut  l'arrangeur 
pour  les  traductions  qui  en  furent  données  à  l'O- 
déon,  il  arrangea  sous  ce  titre  :  le  Testament, 
un  autre  ouvrage  de  Rossini  (lequel.?),  qui  fut 
aussi  représenté  à  ce  théâtre,  le  22  janvier  1827. 

*  LEMMEXS  (Jacques-Nicolas).  Depuis 
environ  douze  ans,  cet  artiste  fort  remarquable 
est  fixé  à  Londres,  où  il  est  devenu  organiste 
de  l'église  des  Jésuites.  lia  publié  en  1876  un 
très-beau  recueil  de  3  sonates  pour  orgue.  En  com- 
pagnie de  sa  femme.  M""  Lemmens-Sherrington, 
qui  s'est  fait  en  Angleterre  une  grande  réputation 
de  cantatrice,  M.  Lemmens  a  donné  de  nombreux 
concerts  qui  ont  obtenu  un  très-grand  retentis- 
sement. M""  Lemmens  est  considéréeaujonrd'hui, 

i.  7 


98 


LEMMENS  —  LEMONNIER 


à  Londres,  comme  la  première  cantacrice  an- 
glaise ;  elle  a  obtenu  de  grands  succès,  non-seu- 
lement dans  les  concerts  et  fe>ti\als,  comme 
chanteuse  d'oralorios,  mais  aussi  sur  l'une  des 
scènes  italiennes  de  la  grande  métropole,  où  elle 
s'est  produite  de  la  façon  la  plus  favorable ,  en 
18G6,  1867  et  18G8,  dans  les  rôles  d'Adalgise 
de  Plo7-ma,  Elvire  de  la  Muette,  de  Poiiici, 
Inez  de  V Africaine,  Alice  de  Robert  le  Diable, 
Elvire  de  Don  Juan  et  Angèle  du  Domino 
noir. 

Ea  1858,  un  an  après  son  mariage,  un  journal 
ôeLomheiiJIie llluatrated  Londou  ncM'S,  parlait 
ainsi  de  W"^  Lemmens-SUerringtou  :  «  Hélène 
Sherringlon  est  née  à  Preston  en  1834.  Très- 
jeune,  elle  quitta  l'Angleterre  avec  ses  parents, 
et  résida  pendant  plusieurs  années,  d'abord  en 
Hollande,  et  ensuite  en  Belgique.  Elle  continua 
ses  études  musicales  au  Conservatoire  de  Bruxel- 
les, et  obtint  bientôt  de  grands  succès  dans  les 
concerts  en  France  et  en  Hollande.  Au  printemps 
de  1856,  m'**  Sherrington  fit  sa  première  appa- 
rition à  Londres;  elle  y  reçut  un  accueil  si  flat- 
teur qu'elle  se  détermina  à  visiter  cette  capitale 
chaque  année.  Elle  habite  ordinairement  Bru- 
xelles, à  cause  de  son  mariage  avec  M.  Lemmens, 
professeur  au  Conservatoire  de  Bruxelles  (3  jan- 
vier 1857).  La  voi\  de  M™'' Lemmens  est  pure, 
brillante  el  flexible.  Son  étendue  excède  deux 
octaves  et  demie,  avec  une  singulière  facilité  de 
vocalisation.  M"'"  Lemmens  unit  à  beaucoup  de 
sentiment  naturel  une  expression  d'artiste,  un 
style  distingué  et  gracieux  ;  en  résumé,  c'est  une 
des  cantatrices  les  plus  distinguées  du  jour.  » 

Deux  sœurs  cadettes  de  M"'"  Lemmens, 
M''"  Joséphine  et  Grâce  Sherrington,  se  sont  fait 
connaître  aussi  à  Londres  comme  chanteuses  de 
concerts,  et  paraissent  ne  point  manquer  de  ta- 
lent. iM"'  Lemmens  et  M'^'  Grâce  Sherrington 
ont  écrit  quelques  mélodies  vocales. 

LEMOINE  (AcniLLE),  compositeur  et  édi- 
teur (le  musique,  né  a  Paris  le  15  avril  1813,  est 
fils  d'Henry  Lemoine  et  pelit-lils  d'Antoine  Le- 
moine,  (jui  fonda  en  1780  la  maison  de  coiiunerce 
de  musique  qui  n'a  cessé  de  porter  ce  nom  et 
qui  est  la  plus  ancienne  de  Paris. Comme  pianiste, 
M.  Achille  Lemoine  (ut  élève  de  Brice,  d'Henri 
Bertini  et  de  Kalkbrcnner,  et  se  livra  ensuite  à 
l'enseignement  tout  en  publiant  quelques  compo- 
sitions légères  pour  son  instrument,  bagatelles, 
fantaisies,  transcri|tlions,  etc.,  qu'il  donnait  gé- 
néralement .«ous  le  pseudonyme  de  lleinlz.  Son 
père,  Henry  Lemoine,  homme  intelligent  et  ar- 
ti.ste  fort  distingué,  avait  su  réunir  un  ensemble 
judicieux  d'ouvrages  relatifs  à  l'enseignement  mu- 
sical, el  s'était  placé  au  premier  rang  des  éditeurs 


de  Paris.  A  sa  mort,  en  1852,  M.  Achille  Lemoine, 
associé  depuis  doux  années  à  la  maison,  en  resta 
le  seul  directeur  ;  il  continua  les  traditions  pa- 
ternelles, et  s'efforça  surtout  de  populariser  en 
France  les  œuvres  des  grands  maîtres.  Dans  ce 
but  il  commençait,  dès  1858,  la  publication  d'une 
immense  collection  connue  sous  le  nom  de  Pan- 
théon des  Pianistes  et  publiée  dans  un  format 
nouveau  et  dans  des  conditions  de  bon  marché 
inconnues  jusqu'alors  en  Europe.  Le  Panthéon 
des  Pianistes,  qui  réunissait  les  œuvres  d'Haydn, 
de  Mozart,  de  Beethoven,  de  Chopin,  de  Clementi, 
de  Dussek,  de  Humrnel ,  de  Mendelssohn ,  de 
Weber,  etc.,  réunissait  à  la  beauté  de  la  gravure, 
à  la  modicité  du  prix,  une  correction  qui  en  fai- 
sait une  des  plus  belles  el  des  meilleures  éditions 
connues  jusqu'à  ce  jour.  Grâce  à  cette  publication 
qui  comprend  aujourd'hui  environ  six  cents  nu- 
méros, les  jeunes  gens,  artistes  ou  amateurs, 
ont  pu  parvenir  à  se  former  sans  grands  frais 
une  excellente  bibliothèque  musicale,  ce  qui  était 
impossible  naguère,  avec  le  haut  prix  de  la  mu- 
sique. Il  convient  de  remarquer  que  les  maisons 
allemandes  qui  depuis  sont  entrées  dans  cette 
voie,  telles  que  celles  de  MM.  Enoch,  Peters,  etc. 
n'ont  fait  qu'imiter  M.  Achille  Lemoine  et  ne 
sont  venues  qu'après  lui.  A  côté  du  Panthéon 
des  Planistes,  M.  Lemoine,  qui  comprenait  l'u- 
tilité morale  de  la  musique  et  avait  pour  but 
d'en  rendre  l'étude  plus  facile  aux  enfants,  créait 
deux  autres  publications  excellentes  et  particu- 
lièrement destinées  au  jeune  âge,  le  Petit  Pia- 
niste et  VÉcole  d'accompagnement.  Bientôt, 
sa  maison  prenant  une  très-grande  extension,  il 
songea  à  en  centraliser  tous  les  services  el  à  les 
grouper  sous  sa  main,  en  faisant  construire  des 
ateliers  de  gravure  et  d'impression  qui  lui  per- 
mirent de  perfectionner  et  de  développer  encore 
l'oiuvre  qu'il  avait  entreprise,  en  lui  donnant  la 
possibilité  d'avoir  sous  les  yeux  et  de  surveiller 
sans  cesse  les  graveurs,  les  imprimeurs,  les  bro- 
cheurs. 11  entreprit  alors  des  publications  de 
luxe  qui  sont  l'honneur  du  commerce  de  musique 
français,  et  mit  au  jour  de  nombreuses  méthodes 
d'enseignement  qui  ne  pouvaient  qu'augmenter 
encore  la  renommée  qu'il  s'était  acquise.  Les 
jurys  de  diverses  Expositions,  soit  en  France, 
soit  à  l'étranger,  ont  apprécié  de  la  façon  la  plus 
favorable  les  excellents  travaux  de  M.  Achille 
Lemoine,  qui  a  été  nommé  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur  à  la  suite  de  lExposition  universelle 
de  Vienne  de  1873. 

LEMOl\i\lEIl(L0UlSF.-Tni;RÈSE-ANT0INETTE 

REGNAULT-BONSCOURS,  femme),  connue  d'a- 
bord sous  le  nom  de  M"'  Rcgnault,  fut  l'une 
des  chanteuses  les  plus  remarquées  de  l'Opéra- 


LEMONNIER  —  LENEPVEU 


99 


Comique.  Née  à  Drest  le  24  août  1789,  elle  débu- 
ta, âgée  de  seize  ans,  à  Rouen,  dans  le  Prisonnier 
et  Maison  à  vendre,  et  resta  quatre  ans  en  celle 
Tille,  d'où  un  ordre  du  surintendanUles  tliéâtres 
la  fit  venir  à  Paris  pour  débuter  à  l'Opéra-Co- 
mique.  Elle  y  parut  avec  succès,  le  IG  décembre 
1808,  dans  Isabelle  et  Gerlrude  et  le  Jugement 
deMidas.  Sa  rivaliléàce  tbéâtre  avecM"^Duret- 
Saint-Aubin  —  rivalité  tout  amicale  —  est  restée 
célèbre,  et  l'on  sait  que,  tandis  que  Boieldieu 
écrivait  surtout  pour  elle,  Nicolo  écrivait  surtout 
pour  la  seconde.  (V.  l'article  Boieldieu  au  2° 
vol.  de  la  Biographie.)  Elle  épousa,  en  1817  ou 
1818,  un  de  ses  camarades  de  l'Opéra-Comique, 
Lemonnier,  et  créa  avec  succès  un  nombre  consi- 
dérable d'ouvrages,  parmi  lesquels  Cewrf/i7?o«  , 
V  Enfant  prodigue,  Jean  de  Paris,  le  ISouveau 
Seigneur  de  village,  Jeanne  d'Arc,  Leicester, 
Daniloiva,  Joséphine,  etc.  L'empereur  Napo- 
léon l""  prisait  beaucoup  son  talent.  Elle  se  retira 
du  tbéàtre  en  1828,  et,  environ  dix  années  après, 
lorsque  son  mari  eut  pris  sa  retraite  à  son  tour, 
elle  alla  babiler  avec  lui  Saint- Sever  (Calvados), 
où  elle  est  morte  seulement  le  5  avril  1866. 

Son  mari,  Louis -Augustin  Lemonnier,  avait 
commencé  sa  carrière  dramatique  au  [letit  théâ- 
tre des  Jeunes-Artistes,  qui,  avec  tantd'autres,  fut 
fermé  en  1807  par  suite  du  décret  impérial  qui 
rétablissait  le  régime  des  privilèges  et  réduisait 
de  plus  de  moitié  le  nombre  des  théâtres  alors 
ouverts  dans  Paris.  Lemonnier  s'en  alla  bientôt 
à  Rouen,  puis  à  Bruxelles,  où  il  joua  l'emploi 
des  Colins.  Engagé  à  Paris,  au  théâtre  de  l'O- 
péra-Comique, ii  y  débuta,  le  5  mai  1817,  dans 
Jeannot  et  Colin  et  Paul  et  Virginie.  Lemon- 
nier n'était  pas  vraiment  un  chanteur,  et  sa  voix, 
quoi(iu'agréable  et  bien  conduite,  était  courte  et 
sans  grande  portée  ;  mais  c'était  un  excellent 
comédien,  doué  d'un  beau  physique,  plein  de 
distinction,  et  il  sut  bientôt  se  faire  un  emploi 
approprié  à  ses  facultés.  Il  fit  d'heureuses  créa- 
tions dans  l'Artisan,  les  Petits  Appartements, 
l'Orphelin  et  le  Brigadier,  la  Vieille,  VExd 
de  Rochesler,  la  Fiancée,  Daniloiva,  Trois  jours 
en  une  heure,  Joséphine,  le  Grand  Prix,  Ma- 
saniello,  le  Mariage  à  l'Anglaise,  le  Roi  et  le 
Batelier,  le  Colporteur,  les  Deux  Mousque- 
taires, Ludovic,  l'Homme  sans  façons,  les 
Deux  Nuits,  et  surtout  le  Pré  aux  Clercs,  oii 
le  rôle  de  Comminges  lui  fit  beaucoup  d'honneur. 
Après  vingt  ans  de  bons  services,  Lemonnier 
quitta  le  théâtre  en  1837,  Plus  jeune  que  sa 
femme  de  trois  ou  quatre  ans,  il  s'en  alla  vivre 
avec  elle  à  Saint- Sever,  où  il  lui  survécut  de 
de  cinq  années.  Il  mourut  dans  cette  retraite,  où 
il  était  volontairement  seul  et  isolé,  le  4  mars 


1875,  âgé  de  82  ans.  Son  fils,  M.  Lemonnier, 
avait  été  joaillier  de  la  couronne  sous  le  second 
empire,  et  sa  petite-fille  a  épousé  il  y  a  quelques 
années  M.  Georges  Charpentier,  réditeur-jibiaire 
bien  connu. 

LEMOYIVE  (Jean-Baptiste  MO  Vi\E,dit). 
—  L'un  des  premiers  ouvrages  de  cet  artiste  fut 
une  vaste  composition  en  forme  d'oratorio,  écrite 
par  lui  sur  une  poésie  de  Gilbert  :  Ode  sur  le 
combat  d'Ouessant  et  qu'il  fit  exécuter  au  Con- 
cert spirituel  en  1778,  l'année  même  de  ce  com- 
bat fiimeiix. 

LEiVEPVEU  (Charles-Ferdinand),  né  à 
Rouen  le  4  octobre  1840,  fit  ses  études  au  lycée 
de  cette  ville,  et  sentit  de  bonne  heure  s'éveiller 
en  lui  un  goût  prononcé  pour  la  musique,  goût 
qu'il  ne  put  satisfaire  tout  d'abord  autant  qu  il 
l'aurait  voulu;  car  son  père,  avocat  au  barreau 
de  Rouen,  prétendait  lui  faire  suivre  la  carrière 
que  lui-même  avait  parcourue,  et  il  lui  inter- 
disait à  cet  effet  toute  étude  pouvant  l'en  dé- 
tourner. Le  jeune  Lenepveu  se  soumit,  tant  bien 
que  mal,  à  la  volonté  paternelle;  mais  lorsqu'à 
l'âge  de  dix-neuf  ans,  il  se  vit  pourvu  du  diplôme 
de  bachelier  es  lettres,  il  manifesta  le  désir  d'aller 
suivre  à  Paris  les  cours  de  la  Faculté  de  Droit. 
Tel  était,  du  moins,  le  prétexte  dont  il  couvrait 
l'intention,  bien  arrêtée  chez  lui,  de  donner  sa- 
tisfaction à  ses  aspirations  musicales,  et  d'étudier 
sérieusement  l'art  dont  les  séductions  promet- 
taient de  s'accroître  pour  lui  à  mesure  qu'il  en 
aurait  pénétré  les  secrets.  La  permission  qu'il 
demandait  lui  ayant  été  accordée,  il  vint  à  Paris, 
et,  tout  en  éludiant  leCode  et  le  Digeste,  il  reçut, 
durant  trois  années,  de  M.  Augustin  Savard,  pro- 
fesseur au  Conservatoire,  de  substantielles  leçons 
concernant  le  solfège  et  l'harmonie. 

Ce  fut  au  cours  de  ces  études  que  M.  Lenepveu 
trouva  l'occasion  de  .s'essayer  pour  la  première 
fois  comme  compositeur.  La  Société  des  Beaux- 
Arts  de  Caen  avait  mis  au  concours  une  cantate 
destinée  à  célébrer  le  centième  anniversaire  de 
la  fondation  de  la  Société  d'Agriculture  et  de 
Commerce  de  la  même  ville.  M.  Lenepveu  entra 
en  lice,  et  obtint  le  premier  prix ,  consistant  en 
une  médaille  d'or.  Sa  cantate  fut  exécutée,  le  29 
juillet  1862,  à  l'hôtel  de  ville  de  Caen.* 

Encouragé  par  ce  premier  succès,  le  jeune  com- 
positeur ne  «ongea  plus  qu'à  suivre  hardiment 
la  voie  qu'il  regardait  comme  sienne.  Il  obtint, 
par  l'entremise  de  M.  Savard,  son  admission  au 
Conservatoire,  dans  la  classe  de  M.  Amhroise 
Thomas,  et  en  1865,  après  deux  années  consa- 
crées à  l'étude  du  contrepoint,  de  la  fugue  et  de 
la  composition  idéale,  il  se  présenta  au  concours 
pour  le  prix  de  Rome.  Reçu  second  en  loges,  il  fut 


dOO 


LENEPVEU  —  LÉONARD 


olus  lieureux  encore  au  concours  définitif,  et 
le  granii  prix  lui  fut  (iécerné.  Avant  de  partir  pour 
Rome,  il  lit  entendre  dans  la  salle  des  concerts 
du  Conservatoire,  le  3  janvier  1866,  sa  cantate, 
Jlenaiid  dans  les  jardins  dWrmide.  Unduetfo, 
extrait  de  celte  partition,  a  été  publié  par  l'édi- 
teur M.  Hiélard. 

Pendant  son  séjour  à  Rome,  lequel  dura  jus- 
qu'au mois  de  juillet  1868,  M.  Lenepveu  se  livra 
à  différents  travaux  de  composition;  il  |)rit  part 
notamment  à  l'un  des  concours  de  composition 
dramatique  ouverts  par  le  ministère  des  Beaux- 
Arts,  et  revint  à  Paris  avec  une  partition  com- 
]>lèle,  écrite  sur  le  poème  de  M.  de  Saint- Geor- 
ges, le  Florentin.  En  attendant  le  résultat  de 
ce  concours,  il  reprit  ses  études  de  contrepoint" 
et  fugue  avec  un  artiste  du  plus  haut  mérite,  et 
dont  la  fin  prématurée  a  inspiré  bien  des  re- 
grets :  nous  voulons  parler  d'Alexis  Chauvet 
[Voij.  ce  nom),  l'éminent  organiste  de  la  Trinité, 
près  duquel  bon  nombre  de  nos  jeunes  musi- 
ciens ont  trouvé  de  précieux  conseils  et  des  en- 
couragements efficaces. 

Au  mois  de  novembre  1869,  M.  Lenepveu 
se  vit  proclamer  lauréat  du  concours  d'o- 
péra-comique ,  concours  auquel  avaient  pris 
part  soixante-trois  compositeurs.  Les  événe- 
ments politiques  mirent  obstacle  à  la  repré- 
sentation du  Florentin  dans  le  délai  promis; 
comme  beiireuse  diversion  à  la  longue  attente 
qu'eut  à  subir  en  celte  circonstance  le  musi- 
cien, il  rencontra  un  succès  dans  la  produc- 
tion d'une  messe  de  Requiem  qui  fut  entendue 
pour  la  première  fois  à  Bordeaux,  le  20  mai 
I871j  au  profit  des  victimes  et  des  orphelins  de 
la  guerre.  Des  fragments  de  ce  Requiem  ont  été 
exécutés  à  Paris,  en  1872,  par  la  Société  des 
Concerts  du  Conservatoire,  et  en  1873,  aux 
Concerts  populiraes;  l'œuvre  tout  entière  a  eu 
depuis  de  nouvelles  auditions  à  Cordeaux. 

Enfin,  après  de  longs  délais  et  des  démarches 
réitérées,  le  Florentin  fit  son  apparition  sur 
la  scène  de  l'Opéra-Comique,  le  26  févirer  1874, 
et  y  fut  très-convenablement  accueilli,  sinon 
avec  une  grande  faveur.  M.  Lenepveu  travaille 
en  ce  moment  à  un  grand  opéra ,  Velléda , 
dont  le  poème ,  de  M.  Augustin  Cliallamel,  est 
emprunté  aux  Martyrs  de  Chateaubriand. 

Il  a  publié,  chez  l'éditeur  M.  Hiélard,  des  mor- 
ceaux de  piano,  d'une  facture  soignée,  parmi  les- 
quels nous  citerons  :  Barcarolle,  Rercruse, oie, 
et  un  certain  nombre  de  mélodies  :  la  Jeune  Cap- 
tive, Rappelle-toi,  Chanson,  Je  ne  le  dirai 
pas,  etc.  La  partition  du  Florentin  a  été  publiée 
à  Paris,  chez  M.  Achille  Lcmoinc  (1;.—  J.C-z. 

(1)  M.  Lenepveu  a  publié    dans  le  Journal  le  Magasin 


LlirvOlR  (E -E....-C ),  compo.siteur 

religieux,  maître  de  musique  de  la  Sainte-Clia- 
pelle  du  roi,  à  Dijon,  vivait  en  cette  ville  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Dans 
son  opuscule  :  les  Musiciens  bourguignons,  pu- 
blié en  1854,  M.  Charles  Poisot  disait  à  son  su- 
jet :  «  M.  Henri  .lolief  possède  de  cecoiii|)ositeur 
un  recueil  manuscrit  de  pièces  de  musique  com- 
posées pour  l'Église  en  1785.  Ce  petit  in-4''  con- 
tient sept  psaumes,  un  Ave  Maris  stella,  un 
Magnificat,  le  cantique  Cantemus  Domino,  un 
Kyrie,  Gloria  et  Credo  à  quatre  voix,  un  Do- 
mine  salvum,  un  répons  et  des  fragments  d'une 
grand'messe  à  symphonie.  » 

LEi\01R-DUPLESSIS  (Le  chevalier) ,  a 
écrit  la  musique  d'un  mélodrame  en  un  acte, 
r Amour  enchaîné  par  Diane,  qui  fut  repré- 
senté en  1779  au  théâtre  des  Élèves  de  la  danse 
pour  l'Opéra. 

*  LËI\Z  (LÉopoLt)),  chanteur  et  compositeur 
de  lieder,  est  mort  à  Munich  le  17  juin  1862. 

*  LEi\Z(GiiiLL\i;MEDE),  dilettante  passionné 
et  écrivain  sur  la  musique,  est  né  en  1809.  On  lui 
doit  un  écrit  publié  sous  ce  titre  :  Liszt,  Chopin, 
Tausig,  Henselt,  Berlin,  Bote  et  Bock,  1872.  H 
a  fourni  des  articles  au  Journal  deSaint-PéterS' 
bourg  (sous  l'initiale  L  ),  ainsi  qu'à  diverses  feuil- 
les allemandes,  entre  autres  à  la  Neiie  Berliner 
Blusikzeiteing. 

*  LEO  (Leonahdo).  a  la  liste  des  ouvrages 
dramatiques  de  ce  maître,  il  faut  ajouter  les  sui- 
vants :  1°  il  Trionfo  di  Camilla,  regina  de' 
Volsci,  Rome,  th.  Capranica,  1726  ;  1°  il  Conte, 
Naples  ,  th.  des  Fiorentini  ;  3"  Alidoro,  id.,  id., 
1740  ;  4"  la  Fedellà  odiata,  id.,  id,  1744; 
5°  Ez-io. 

LEO  (Charles),  compositeur  allemand,  a 
écrit  la  musique  d'une  opérette,  Podol,  qui  a  été 
jouée  au  théâtre  Wallner,  de  Berlin,  au  mois  de 
novembre  1867. 

*  LÉOi\AIlD  (Hubert),  célèbre  violoniste 
belge ,  est  depuis  plusieurs  années  fixé  à  Paris, 
où  il  s'est  consacré  à  l'enseignement,  et  semble 
avoir  renoncé  complètement  à  se  faire  entendre 
en  public.  Je  crois  utile  de  reproduire  ici  la  liste 
complète  dès  œuvres  publiées  par  cet  artiste 
fort  distingué,  telle  qu'elle  m'a  été  communiquée 
par  lui-même  :  1"  Gymnastique  du  violoniste, 
ou  résumé  des  éléments  les  jilus  utiles  à  travail- 
ler journellement  ;  2°  La  Petite  Gymnastique 
du  jeune  violoniste;  3°  24  Études  classiques; 
4°  24  Études  liarmoniques,  dans  les  différentes 
positions;  5"  École  Léonard,  méthode  de  violon  ; 

des  DemoUelles  la  musique  d'une  opérette,  l'Anniver- 
saire, qui  n'a  pas  été  représentée.  —  h.  P. 


LÉONARD  —  L'ÉPINE 


101 


C"  l'Ancienne  École  italienne  (élude  spéciale 
de  la  double-corde),  recueil  de  fugues  et  de  mor- 
ceaux divers  de  Corelli ,  Tartini ,  Geniiniani  et 
Nardini,  harmonisés  d'après  la  bassedes  auteurs  ; 
7°  6  sonates  de  Tartini,  harmonisées  d'après  la 
basse  de  l'auteur  ;  8"  Le  Trille  du  Diable  de 
Tartini,  id.,  9°  5  concertos,  avec  accompagne- 
ment d'orchestre;  10°  17  fantaisies,  id.;  il"  6 
solos  de  concertos,  avec  accompagnement  de 
piano;  12'  10  Petits  Morceaux  caractéristiques, 
avec  piano;  13°  Sérénade  pour  trois  violons; 
14°  plus  de  60  duos  pour  piano  et  violon,  sur 
des  motifs  d'opéras,  en  société  avec  Joseph 
Gregoir;  15°  4  duos  originaux  pour  piano  et  vio- 
lon, avec  M.  Henri  Littolff  ;  16°  4  duos  pour  vio- 
lon et  violoncelle,  avee  Servais;  17°  Duo  de 
concert,  pour  deux  violons  ;  18"  Valse-caprice  de 
concert;  19°  5  mélodies  de  Richard  Wagner, 
transcrites  pour  le  violon  avec  accompagnement 
de  piano.  Tous  ces  ouvrages  ont  été  publiés  à 
Paris,  chez  Richauit,  ou  à  Bruxelles,  chez 
Schott. 

LLOA'CE  (Le  Frère),  de  la  communauté  des 
frères  du  pensionnat  de  Passy,  près  Paris,  a  pu- 
blié les  œuvres  suivantes  de  musique  religieuse  : 
1°  Messe  solennelle  à  quatre  voix,  avec  accom- 
pagnement d'orchestre  ou  d'orgue  (Paris,  Gé- 
rard) ;  2°  Deuxième  Messe  à  quatre  voix,  avec 
acompagnement  d'orgue  ou  de  petit  orchestre 
(id.,  id.);  3°  Kyrie,  avec  accompagnement 
d'orgue  ou  de  piano  (id.,  id.);  4°  Gloria,  id. 
(id.,  id.);  5°  Credo,  id.  (id.,  id.);6°  Sancius, 
id.  (id.,  id.)  ;  7»  Agmis  Dei,  id.  (id.,  id.)  ;  8»  Ta- 
blettes de  Vorganisle ,  120  versets  faciles  et 
chantants,  dans  les  tons  les  plus  usités,  pouvant 
servir  pour  toutes  les  parties  de  l'office  divin 
(Paris,  Prilipp,  in-8°  oblong). 

LEOI\IIAllD(JuLES-ÉMiLE),  pianiste etcom- 
positeur.  Deux  fautes  typographiques  se  sont 
glissées  dans  la  notice  consacrée  à  cet  artiste. 
Son  nom  doit  s'écrire  Leonhard.el  non  Leon- 
hardt,  et  il  est  né  à  Lauban,  et  non  Laubau. 

LEOIVI  (A ),  musicien  italien  du  dix-neu- 
vième siècle,  est  l'auteur  d'un  opéra  inlilulé 
Ariele.  On  lui  doit  aussi  un  Salve  Regina  à 
voix  seule  et  quelques  mélodies  vocales. 

LEOiXi  (Josè-Maru-Martins),  théoricien 
portugais, a  écrit  :  Principios  de  miisica  theorica 
e  pratica,  para  instrucçao  da  musica  de  por- 
tugueza  (Lisbonne,  1833,  in-4°  de  ,52  |)p,  et  8 
planches  d'exemples)";  ce  n'est  que  la  première 
partie  de  cet  ouvrage  ;  le  reste  n'a  pas  paru, 
que  je  sache.  Avant  les  exemples,  on  trouve  une 
analyse  favorable  de  cet  ouvrage,  faite  par  le  sa- 
vant compositeur  Frei  José  Marque  seSilva. 

J.  DE  V. 


LE  PAGE  (L ),  acteur  de  l'Opéra,  où 

il  chantait  les  basses-tailles ,  entra  à  ce  théâtre 
au  mois  de  novembre  1735,  et  prit  sa  retraite  en 
1752.1!  y  fit  un  assez  grand  nombre  de  créations 
importantes,  dont  plusieurs  dans  des  ouvrages 
de  Rameau,  ce  qui  est  une  présomption  en  faveur 
de  son  talent,  car  on  sait  combien  cet  illustre 
maître  était  difficile  en  ce  qui  concernait  ses  in- 
terprèles. Voici  la  liste  des  ouvrages  dans  les- 
quels il  établit  des  rôles  :  Castor  et  Pollux,  les 
Fêtes  d'Hébé,  Zaïde,  reine  de  Grenade,  Dar- 
danus,  Isbé,  les  Fêles  de  Polymnie,  le  Temple 
de  la  Gloire,  l'Année  galante,  les  Fêtes  de 
Vhymen  et  de  l'amour,  Lêandre  et  Héro,  Al- 
masis,  Titon  et  V Aurore.  Le  petit  almanach  in- 
titulé le  Tableau  des  Théâtres  (pour  1749), 
consacrait  à  Le  Page  ce  quatrain,  dans  lequel  la 
langue  n'étail_J  pas  moins  maltraitée  que  la  poé- 
sie : 

Comique,  grave,  sérieux. 
Le  Page  remplit  tous  les  rôles; 
Faire  les  valets  et  les  dieux 
Ne  sont  pas  des  emplois  frivoles. 

Le  Page  épousa M"'  Eremans  {Voyez  ce  nom), 
qui  était  sa  camarade  à  l'Opéra.  Il  avait  un  frère, 
désigné  sous  le  nom  de  Le  Page  cadet,  comme 
lui  attaché  à  ce  théâtre,  «■  dans  les  chœurs  et 
doublant  les  rôles.  » 

LEPEIi\TRE  ( ),  musicien  qui  vivait 

dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle, 
était  renommé  à  Paris  pour  son  talent  sur  le 
violon.  Ce  talent  ne  devait  pas  l.iisser  que  de 
lui  être  productif,  si  l'on  en  juge  par  ces  lignes 
dans  lesquelles  Richelet,  au  mot  Violon  de  son 
Dictionnaire  français,  parle  de  cet  artiste  : 
«  Le  poète  Martial  disait  autrefois  que  pour  faire 
fortune  à  Rome  il  fallait  être  violon.  Quand  on 
dirait  aujourd'hui  la  même  chose  de  Paris,  on  di- 
rait peut-être  assez  la  vérité.  Le  Peintre,  l'un 
des  meilleurs  joueurs  de  violon  de  Paris,  gagne 
plus  que  Corneille,  l'un  des  plus  excellents  et 
de  nos  plus  fameux  poètes  français.  »  Ce  pas- 
sage de  Richelet  est  du  reste  le  seul  témoignage 
que  j'aie  rencontré  de  l'existence  de  cet  artiste. 

LEPIX   ou  LE  PL\  ( j,  probablement 

frère  du  claveciniste  du  même  nom,  vivait  ainsi 
que  lui  à  Paris  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Violoncelliste  amateur,  il  a  pu- 
blié quelques  compositions  pour  son  instrument. 
Je  n'ai  eu  connaissance  que  des  suivantes  :  1° 
Trois  sonates  pour  le  violoncelle  avec  accompa- 
gnement de  basse ,  op.  1  ;  2°  Sonates  pour  le 
violoncelle  avec  accompagnement  de  basse  , 
op.  2.^ 

L'ÉPINE  (Erîsest),  littérateur  et  composi- 


102 


L'ÉPINE  —  LE  PRÉVOST 


teur,  né  à  Paris  en  1820,  commença  par  èle 
employé  à  l'aflministration  des  postes,  et  se  lit 
d'abord  connaître  par  la  publication  de  quehjues 
romances.  Devenu,  après  le  rétablissement  de 
l'empire,  chef  du  cabinet  du  duc  de  Morny  à  la 
présidence  du  Corps  législatif,  il  lit  jouer  deux 
petites  comédies  au  Théâtre- iM'ançais  et  composa 
Ja  nmsique  d'une  opérette  en  un  acte,  Croqui- 
gnole  A'A'.TTV,  qui  fui  représentée  aux  Bouffes- 
Parisiens  le  l'i  jinvier  1800.  Les  romances  de 
]\1.  L'Épine  sont  en  assez  grand  nombre,  et  Je 
citerai  seulement:  A  qui  pensait-HP  Madrid, 
Chinoiserie,  Barcarolle,  V Enfant,  Si  j'étais 
le  bon  Dieu  !  Cousine  Marie,  Mon  petit  ange, 
rombre  des  blés,  Isola  bella ,  le  Printemps, 
Sous  les  Tilleuls,  les  Goélands,  A  bord,  le 
Bois  joli,  Regrets  d''amours,  etc.,  etc.  Sous  ce 
titre  :  Poésie  chantée,  M.  L'Épine  a  publié 
(Paris,  Hartmann)  un  recueil  de  dix  mélodies  vo- 
cales d'un  tour  aimable  et  d'un  heureux  accent  ; 
un  autre  recueil,  intitulé  Scènes  et  Chansons, 
et  formé  de  24  mélodies ,  a  paru  chez  l'éditeur 
Flaxiand.  —  En  1875,  M.  Ernest  L'Épine  a  été 
nommé  conseiller  référendaire  à  la  Cour  des 
comptes. 

*  LEPLUS  (Louis-G.vekiel),  est  mort  à  Paris, 
au  mois  de  mars  1874.  Cet  artiste  avait  com- 
mencé son  éducation  musicale  au  Conservatoire 
de  Lille. 

*  LE  PRÉVOST  (Etienne-Alexandre),  est 
mort  à  Paris  le  19  décembre  1874.  M.  Théodore 
Nisard,  qui  connaissait  personnellement  cet  ar- 
tiste fort  distingué,  a  publié  sur  lui,  vers  1808, 
une  notice  dont  les  renseignements  complètent 
ceux  donnés  par  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens,  et  qu'il  ne  nous  semble  pas  inutile 
de  reproduire  en  grande  partie. 

«  Ce  fut  à  Paris,  dit  cet  écrivain,  qu'il  reçut 
les  premières  notions  de  musique  sous  la  direc- 
tion de  Poirier-Lataille,  violoniste  distingué  de 
la  chapelle  du  roi  Louis  XVIII.  En  1820,  il  fut 
admis  comme  élève  à  l'École  spéciale  de  musique 
religieuse  fondée  et  dirigée  par  l'illustre  Choron. 
Son  aptitude  au  travail  et  sa  rare  intelligence 
furent  bientôt  remarquées,  et  lui  valurent,  peu 
de  temps  après,  les  fonctions  de  professeur  de 
solfège  et  de  classe  d'ensemble  dans  cet  établis- 
sement. 11  y  étudia  l'harmonie  .sous  les  auspices 
de  Ikrnanio  l'orla,  et  tels  furent  les  progrès  de 
Leprévost  dans  cette  science,  qu'il  n'avait  que 
douze  ans  lorsqu'il  lit  exécuter,  en  182'i,  ;\  l'é- 
glise deSaint-Jacques-du-IIaut  Pas,  avec  le  con- 
cours de  tous  les  élèves  de  l'École  de  musique 
religieuse,  une  messe  de  sa  composition.  A  la 
même  ('poque,  l'institut  de  Choron  se  réunissait 
chacjiK;  d'iiianche  dans  l'i-glisc  delà  Sorbdiine, 


et  y  faisait  entendre  d'admirables  offices  en  mu- 
sique. Leprévost,  malgré  son  extrême  jeunesse, 
eut  l'honneur  de  tenir  le  grand  orgue  dans  ces 
solennités  musicales. 

«  Le  2  mars  1832,  il  entra  au  Conservatoire 
de  musique,  où  il  fit  de  sérieuses  études  de  con- 
trepoint et  de  fugue,  d'abord  dans  la  classe  de 
M.  Fétis,  puis,  après  le  départ  de  ce  savant  pro- 
fesseur pour  Bruxelles,  dans  celles  d'Halévy  et  de 
H.  Berton,  jusqu'au  mois  d'octobre  1833,  époque 
à  laquelle  il  se  livra  seul  à  l'analyse  de-;  chefs- 
d'œuvre  des  plus  illustres  compositeurs  anciens 
et  modernes.  » 

Successivement,  de  1830  à  1844,  organiste  et 
maître  de  chapelle  des  églises  de  Saint-Paul- 
Saint-Louis,  de  Saiut-Merry  et  de  Saint-Eusta- 
che,  Leprévost,  qui  remplit  aussi  les  fonctions 
d'alto  à  l'orchestre  de  l'Opéra  du  1^''  novembre 
1839  au  30  octobre  1845,  devint,  le  1"  janvier 
1844,  organiste  accompagnateiu-  à  Saint-Roch. 
Il  obtint  une  première  médaille  au  concours  des 
cliants  historiques  et  religieux  (1847),  une  mé- 
daille semblable  au  concours  de  chants  nationaux 
et  patriotiques  (1848),  le  21  mars  de  celte  der- 
nière année  donnait  à  l'Opéra- Comique  un  agréa- 
ble ouvrage  en  un  acte,  le  Rêveur  éveillé  (l),et 
en  1804  recevait  une  médaille  d'honneur,  au  nom 
de  V Orphéon  de  France,  pour  sa  cantate  à  qua- 
tre voix  d'Uoifimes.,  Halte  dans  les  bois,  a\ec 
accompagnementde  saxhorns.  On  a  de  cet  artiste 
une  centaine  d'ouvrages  de  tons  genres,  messes  et 
morceaux  d'église,  oratorios,  opéras,  cantates, 
ouvertures,  chœurs,  etc.,  etc. 

«  Si,  —  dit  encore  M.  Th.  Msard, —  comme  on 
l'a  dit  avec  raison,  la  vie  d'un  artiste  est  tout 
entière  dans  ses  œuvres,  on  conviendra  sans 
peine  que  celle  de  Leprévost  a  été  jusqu'à  pré- 
sent aussi  active  que  féconde.  Plein  d'enthou- 
siasme pour  la  belle  et  grande  musique  des  maî- 
tres anciens  et  modernes,  l'organiste-accompa- 
gnateur  de  Saint-Roch  s'est  constamment  imposé 
la  tâche  de  méditer  leurs  impéris.sables  modèles, 
et  d'en  enrichir  l'écrin  de  son  individualité  mu- 
sicale. Celle  individualité  est  évidente  :  on  la 
touche  du  doigt,  en  quelque  sorte,  dans  toutes 
les  pages  écloses  au  souflle  de  son  inspiration. 
Chez  Leprévost,  la  mélodie  domine  toujours,  et 
l'auteur  ne  l'éfouffe  jamais  .sous  les  plis  d'une 
harmonie  savante  qu'il  sait  draper  en  maître, 
c'est-à-dire  avec  beaucoup  de  délicatesse  et  d'ha- 
bileté. C'est  surtout  dans  la  musique  religieuse 
que  notre  artiste  se  complaît  et  réussit  :  là,  sa 
manière  est  large  et  pleine  d'une  noble  gravité 


(i)  Et  non  le  Dormeur  éveillé ,  comme  il   a  été  dit  par 
erreur. 


LE  PRÉVOST  —  LESCHETITZRY 


103 


qui  convient  à  sa  destination,  autant  que  le  per- 
met la  tonalité  nioiterne.  Nous  avons  souvent 
qualifié  de  musiq nette  teWe  au  telle  production 
soi-disant  religieuse  de  certains  compositeurs 
actuels,  mais  notre  plume  n'écrira  jamais  ce  mot 
en  parlant  des  ajiivres  de  musique  sacrée  de 
Leprévost,  et  c'est  par  ce  témoignage  sincère  que 
nous  terminerons  une  notice  qui,  nous  l'espérons 
bien,  ne  contient  pas  le  dernier  feuillet  delà  vie 
artistique  du  savant  organiste.  « 

*  LEROY  ou  LEliOI  (Guillaume),  diacre, 
chantre-basse  à  la  chapelle  de  Louis  XII,  quitta 
Paris  et  la  chapelle  royale,  en  1530,  pour  aller 
prendre  possession  de  la  maîtrise  de  la  cathé- 
drale de  Rouen,  dont  on  lui  avait  confié  la  direc- 
tion. 

LEROY  ( ),  compositeur,  professeur  de 

chant  et  éiliteur  de  musique  à  Paris,  dans  la  se- 
conde moitié  du  di\-huilième  siècle,  a  publié  di- 
verses compositions,  entre  autres  un  Recueil 
d'airs  et  de  chansons,  avec  accompagnement 
de  piano- forte  ou  de  harpe,  œuvre  IV,  et  un 
Premier  Pol-Pourri  d''airs  choisis,  tirés  des 
plus  jolis  opéras-comiques,  arrangés  pour  la 
harpe  ou  le  forte-piano,  œuvre  VI. 

LE  ROY  ( ).  C'est  sous  ce  nom  que  parut 

à  l'Ambigu-Comiciue  ,  en  1791 ,  un  petit  opéra- 
comique  en  un  acte  intitulé  la  Bascule. 

LESAGE  ( ),   l'un  des  meilleurs  acteurs 

qu'ait  possédés  l'Opéra-Comique,  où  il  fournit 
une  carrière  de  trente  années,  débuta  au  théâtre 
de  Monsieur,  lors  de  sa  fondation  en  1789,  dans 
l'emploi  des  tailles  comiques,  que  Trial  avait 
illustré  à  la  Comédie- Italienne,  et  s'y  fit  aussitôt 
remarquer.  Il  n'avait  que  peu  de  voi\,  mais  il 
s'en  servait  très-bien,  étant  excellent  musicien, 
et  son  talent  de  comédien  était  des  plus  remar- 
quables. Lors  de  la  réunion^des  deux  troupes 
d'opéra-comique  dans  la  salle  de  Feydeau,  il  se 
fit  une  position  brillante ,  et  peu  d'années  après 
un  critique  en  parlait  ainsi:  «  Lesageestàla  lettre 
un  excellent  acteur,  d'une  utilité  très-grande , 
surtout  depuis  que  l'Opéra-Comique  a  eu  le  mal- 
heur de  perdre  l'estimable  Dozainville.  Lesage 
seul  fait  la  fortune  de  Monsieur  Deschalumeaux, 
folie  de  carnaval,  qui,  sans  le  talent  extraordi- 
naire qu'il  y  a  déployé,  n'eût  point  franchi  les 
bornes  de  ce  temps  consacré  à  la  grosse  joie.  La 
pièce  est  longue,  et  M.  Deschalumeaux  occupe 
presque  toujours  la  scène  :  Lesage  trouve  pour- 
tant le  moyen  de  faire  rire  le  public  depuis  le 
commencement  jusqu'à  la  fin.  Cet  acteur  joue 
les  niais  et  les  caricatures,  mais  avec  esprit  et 
bonhomie.  Son  genre  est  très-supérieur  à  celui 
de  Baptiste  cadet,  de  Brunet,  de  Talon  ;  aussi 
a-t-il  la  réputation  de  premier  talent,  qui  ne  s'ac- 


corde pas  facilement  à  l'acteur  livré  à  ce  genre  , 
dans  lequel  il  est  si  facile  d'obtenir  des  suc- 
cès (1).  ). 

Lesage  avait  commencé  sa  réputation  dans 
quelques  pièces  du  Cousin-Jacques  :  la  Petite 
IS'anette,  Jean-Baptiste,  le  Club  des  bonnes 
gens;  il  la  soutint  dans  plusieurs  autres  ouvra- 
ges, Avis  au  public,  l'Emprunt  secret,  et  sur- 
tout dans  Cadichon  et  les  Comédiens  ambu- 
lants,  pièces  où,  en  dehors  de  ses  qualités  scéni- 
ques,  il  faisait  applaudir  un  talent  remarquable 
de  violoniste.  Il  continua  d'être  un  des  favoris 
du  public  jusqu'à  sa  retraite,  qui  eut  lieu  le  20 
février  1819.  Il  n'était  pas  moins  estimé  comme 
homme  que  comme  artiste. 

Sa  femme,  néeMarie-Françoise-Christine  San- 
lin,  mais  connue  sous  le  nom  de  M""'  Juliette 
Lesage,  débuta  en  même  temps  que  lui  au  théâ- 
tre de  Monsieur,  dans  l'emploi  des  secomles  chan- 
teuses, obtint  pendant  quelques  années  un  succès 
de  vogue,  et  prit  ensuite  l'emploi  des  jeunes 
mères.  C'était  une  artiste  estimable,  douée  d'une 
voix  agréable,  mais  sans  grande  originalité.  Sa 
carrière  fut  courte,  car  en  1798  ou  99,  elle  quitta 
la  scène.  Elle  mourut  le  10  juillet  1820. 

La  fille  de  ces  deux  artistes,  m"*^  Augustine 
Lesage,  suivit  la  même  carrière  et  parut  sur  le 
même  théâtre,  où  elle  débuta  vers  1797.  Elle  pos- 
sédait une  voix  étendue,  chantait  avec  goût,  et 
était  loin  de  manquer  de  talent  comme  comé- 
dienne. On  lui  reprochait  seulement  un  peu  de 
froideur  et  de  timidité.  Dans  un  ordre  secondaire, 
elle  fut  jusqu'en  1813,  époque  de  sa  retraite, 
l'une  des  artistes  les  plus  distinguées  et  les  plus 
aimées  de  l'Opéra-Comique.  Peu  de  temps  après 
ses  débuts,  elle  avait  épousé  un  nommé  Haubert, 
qui  n'appartenait  pas  au  théâtre,  et  depuis  lors 
fut  appelée  M""'  Haubert-Lesage.  Devenue  veuve, 
elle  se  remaria  en  Î812,  peu  de  temps  avant  sa 
retraite,  avec  le  ténor  Huet,  .son  camarade  à 
l'Opéra-Comique,  qui  commençait  à  se  faire  une 
brillante  réputation  à  ce  théâtre. 

*  LESBIO  (Antomo-Maroues).  —  En  par- 
lant de  cet  artiste,  Fétis  écrit  son  nom  :  Mar- 
quez, (Antonio  Lesbio),  ce  qui  est  une  erreur, 
et  il  place  la  date  de  sa  naissance  à  l'année 
1600,  ce  qui  est  inexact  aussi,  Lesbio  étant  né 
en  1639.  L'article  de  Fétis  contient  encore  quel- 
ques autres  erreurs,  que  j'ai  rectifiées  dans 
mes  Musicos  portuguezes.  Outre  la  collection 
de  VilhancicosAndiquée  à  17C8,  il  en  a  publié 
une  foule  d'autres,  depuis  1060  jusqu'à  cette 
dernière  date.  J.  de  V. 

LESCHETITZKY  (Th ),  pianiste  re- 

(1}  Opinion  du  parterre,  1907. 


i04 


LESCHETITZRY  —  LESFAURIS 


niarquable  et  l'un  des  artistes  les  plus  distingués 
de  la  Russie,  s'est  fait  connaître  d'ahord  à  Saint- 
Pétersbourg,  et  se  produisit  ensuite  à  Londres, 
en  1864,  avec  un  très-grand  succès,  dans  les 
séances  de  V Union  musicale  si  liien  dirigées  par 
M.  John  Ella.  Virtuose  distingué,  excellent  mu- 
sicien, joignant  à  de  grandes  qualités  de  méca- 
nisme et  à  une  rare  puissance  de  sonorité  un  goût 
véritable  et  une  remarquable  délicatesse  de  tou- 
cher, M.  Lesclietilzky  lit  sur  le  public  anglais 
une  impression  profonde.  De  retour  dans  sa  pa- 
trie, il  vit  sa  renommée  grandir  chaque  jour, 
et  sut  se  faire  applaudir  non-seulement  comme 
virtuose,  mais  comme  exécutant  de  musique  de 
hambre,  en  secondant  fréquemment  MM.  Auer  et 
Davidoffdans  leurs  intéressantes  séances,  suivies 
avec  tant  d'intérêt  par  les  dilettantes  de  Saint- 
Pétersbourg.  Il  est  aujourd'hui  professeur  au  Con- 
servatoire de  cette  ville. 

M.  Leschetitzky  s'est  fait  apprécier  aussi 
comme  compositeur,  en  exécutant  des  pièces 
écrites  par  lui,  qui  se  distinguent,  dit-on,  par 
une  véritable  originalité  de  forme,  une  grande 
distinction  et  un  charme  pénétrant.  J'ignore  s'il 
a  publié  quelques-unes  de  ces  compositions,  mais 
il  a  écrit  la  musique  d'un  opéra-comique  en  un 
acte,  la  Première  Ride,  qui  a  été  représenté  le 
9  octobre  1867  sur  le  théâtre  allemand  de  Prague. 
En  1871,  cet  artiste  s'est  fait  entendre  avec  suc- 
cès dans  l'un  des  concerts  du  Gewandliaus,  de 
Lepzig. 

*  LESCOT  (C -F ),  violon  de  l'orches- 
tre de  la  Comédie-Italienne,  entra  à  ce  théâtre 
en  1767,  et  prit  sa  retraite,  avec  pension,  en  1790. 
Le  petit  ouvrage  représenté  à  la  Comédie-Ita- 
lienne, non  en  1789,  mais  le  15  juin  1787,  et 
indiqué  comme  étant  de  lui,  la  Négresse  ou  le 
Pouvoir  de  la  reconnaissance,  n'était  ,pas  un 
opéra-comique,  mais  un  simple  vaudeville,  de 
Barré  et  Radet;  Lescol  se  sera  donc  borné  sans 
doute  à  écrire  pour  celte  pièce  quelques  couplets 
sans  importance.  J'ai  retrouvé  la  trace  de  diverses 
composilions  publiées  par  Lescol  :  1°  Six  duos 
pour  deux  violons,  Paris,  Huguet;  2°  Arieties, 
duo  et  romances,  avec  accompagnement  d'une 
basse  ciiiffrée,  Paris,  M""'  Le  Menu  ;  3°  Six  trios 
pour  deux  violons  et  basse,  op.  2. 

LESCOT  (Mademoiselle),  lille  de  Clairval, 
célèbre  acteuret  chanteur  de  laComédie-Ilalienne, 
débuta  à  ce  Ihéàtre,  le  17  janvier  1780,  par  le 
rôle  de  Bélinde  dans  la  Colonie,  et  joua  ensuite 
le  Magnifique,  Toni  Jones,  Zémire  et  Âzor  et 
la  Belle  Arsène.  Elle  avait  du  talent,  paralt-il, 
car  elle  fut  immédialeinent  reçue  sociétaire,  ce 
à  quoi,  du  reste,  la  situation  et  linlluence  de  son 
père  ne  furent  pas   sans  doute  complètement 


étrangères.  Les  Tablettes  dn  renommée  des 
Musiciens  disaient  de  cette  jeune  artiste,  en 
1785  :  «  M"'  Lescot,  jeune  actrice  et  musicienne 
du  plus  grand  mérite,  joue  les  rôles  d'amoureu- 
ses. Une  belle  voix,  étonnante  surtout  dans  les 
tons  graves,  qui  se  rapprochent  de  la  rondeur 
d'une  basse-taille,  beaucoup  de  finesse  dans  le 
jeu,  et  un  goi'it  exquis  dans  léchant.  »  On  voit  par 
là  que  la  voix  de  la  jeune  artiste  était  un  contral- 
to. Je  ne  sais  siM"«  Lescot  mouruten  1791,  mais 
à  partir  de  cette  année  elle  disparaît  delà  liste  des 
acteurs  de  la  Comédie-Italienne,  et  n'est  point 
comprise  parmi  ceux  qui  se  sont  retirés  avec  la 
pension  ordinaire. 

LESFAURIS  (Jea^),  théoricien  musical, 
né  à  Saint-Esprit  (Landes),  près  Rayonne,  en  oc- 
tobre 1808,  a  étudié  l'harmonie  avec  un  savant 
professeur,Ferroud  (  Voy.  ce  nom),  qui  a  laissé  à 
Bordeaux  d'excellents  élèves. 

M.  Lesfauris  a  publié  ,  en  1832,  une  brochure 
intitulée:  Origine  de  la  Gamme  moderne  {\n- 
8",  chezL.  Hachette)  ;  en  1853,  une  Phijsiolngie 
de  la  voix  chantée  {idem)  :  en  1854  :  Unité  de 
la  voix  chantée  et  Auscultation  ;  De  la  voix 
au  point  de  vue  du  beau  (in-l2,  Bordeaux,  chez 
Gounouilliou);  en  1858  :  Essais  d'Esthétique, 
[id.)  ;  en  1867  :  Éléments  de  V Acoustique  mu- 
sicale, reposant  sur  les  capacités  esthétiques 
de  rouie. 

Sous  le  titre  de  Science  nouvelle,  l'auteur  a, 
en  quelque  sorte,  fondu  les  publications  ci-des- 
sus dans  deux  petits  volumes  :  l'un.  Acoustique 
musicale  au  point  de  vue  de  l'Art  (2«  édition, 
in-12,  chez  Dentu),  embrassant  la  musi(iue,  les 
instruments  et  le  local  propre  à  cet  art;  l'autre  : 
Théorie  du  beau  perçu  par  le  sens  de  l'ouie 
et  Esquisse  d'une  philosophie  réduite  aux 
principes  de  la  connaissance  scientifique  (in- 
12,  1875,  chez  Dentu). 

C'est  en  effet  une  science  nouvelle;  car,  dit 
l'auteur,  «  elle  repose  sur  les  capacités  esthé- 
«  tiques  de  l'ouie  (science  innée  de  l'ouïe)  qu'il 
«  fallait  découvrir  :  ainsi,  les  systèmes  de  mu- 
«  sique  n'étant  que  des  manifestations  plus  ou 
«  moins  satisfaisantes  des  capacités  estheliques 
n  de  l'ouïe,  c'est  sur  ces  capacités  que  doivent 
«  reposer  les  éléments  antérieurs  et  supérieurs  à 
«  tous  ces  systèmes  de  musique. 

«  S'agit-il  de  la  voix  chantée,  l'appareil  vocal 
»  n'est  pour  l'auteur  qu'un  instrument  en  quel- 
«  que  sorte  inerte,  dépenilant  des  capacités  de 
«I  l'ouïe,  soit  pour  la  qualité  musicale,  soit  pour 
«  la  qualité  expressive  de  la  voix.  » 

L'auteur  a  soin  de  faire  remarquer  que  pour 
développer  convenablement  les  matières  conte- 
nues dans  ses  deux  derniers  volumes,  dix  gros 


LESFAURIS  —  LESUEUR 


10& 


tomes  et  plusieurs '^ existences  humaines  sufli- 
raient  à  peine.  Il  n'a  que  posé  les  jalons  essen- 
tiels de  la  nouvelle  science. 

A.  L — N.. 

*  LESLIE(EtE>iRi-DAviD).  Cet  artiste  estima- 
ble a  fait  représenter  sans  succès  sur  le  théâtre 
Covent-Gariien,  de  Londres,  au  mois  de  novem- 
bre 18()5,  un  opéra  anglais  en  trois  actes,  intitulé 
Ida,  qu'il  a  retiré  après  sa  troisième  représenta- 
tion. Quelques  années  auparavant,  dans  le  cours 
du  mois  de  février  1861,  M.  Leslie  avait  fait 
exécuter  à  Suint' James  hall  une  canlàie  impor- 
tante. On  lui  doit  encore  un  Te  Deum  et  jubilé 
en  r^,et  une  opérette  intitulée  Roman  ou  le  Brave 
Bic/i  Turpin.it  crois  que  cet  artiste  s'est  pro- 
duit aussi  comme  écrivain  spécial;  on  avait  an- 
noncé il  y  a  quatre  ou  cinq'ans  qu'il  allait  publier 
un  Annuaire  musical.  Je  ne  saurais  dire  si  cet 
ouvrage  a  j  aru. 

LESSER  (STANiSLAS.baron  DE),  est  l'auteur 
d'un  manuel  intitulé  Gymnastique  musicale 
[Musikatische  Gymnastik),  qui  a  été  publié  à 
Leipzig,  chez  von  Veil,  en  1877.  Ce  manuel  est 
une  sorte  de  traité  de  l'application  de  la  gymnasti- 
que à  la  pratique  de  l'art  musical,  dans  lequel  l'au- 
teurs'est  proposédedonner  aux  doigts, aux  mains, 
aux  articulations  de  l'avant-bras,  et  môme  aux 
pieds(cequi  n'est  pas  inutile  pour  l'orgue),  toute  la 
souplesse,  la  force  et  l'indépendance  dé.^irables. 
Dans  ce  but,  il  décrit  et  recommande  toute  une 
série  d'excercices  gymnastiques  dont  la  combi- 
naison et  la  variété  sont  pour  ainsi  dire  infinies, 
et  pour  lesquels  il  a  inventé  plu.«ieurs  a|)pareils 
très-simples  et  bien  imaginés.  La  théorie  de 
M.  de  Lesser  est  ingénieuse,  nouvelle,  et  paraît 
de  nature  à  donner  de  très-bons  résultats. 

LESTAN  { ),  violoniste  espagnol  con- 
temporain ,  a  publié  chez  l'éditeur  Romero  y 
Andia,  à  Madrid,  une  Nouvelle  Mélkode  élé- 
mentaire d'alto. 

*  LESUEUR  (Je\n-Fkançois).  Ce  grand 
artiste  n'est  pas  né  le  15  janvier  1763,  comme 
on  l'a  cru  jusqu'ici,  mais  bien  le  15  février  1760. 
Cette  importante  rectification  a  été  faite  dans  un 
écrit  anonyme  publié  récemment  sous  ce  titre  . 
La  Musique  àAbbeville.  1785-1856.  Souvenirs 
d'un  musicien  (Abbeville,  Briez,  Paillart  et 
Retaux,  1876,  in-8°  de  87  pp.).  Dans  la  notice 
qu'il  consacre  à  Lesueur,  l'auteur  de  cet  écrit 
s'exprime  ainsi  ;  —  «  Le  Sueur  est  né  près  d'Ab- 
beville,  au  Plessiel,  commune  et  paroisse  de 
Drucat,  le  15  février  1760.  «  Et  il  ajoute  en  note  : 
—  «  Le  registre  des  actes  de  baptême  de  la  pa- 
roisse de  Drucat  porte  :  Jean-François  i>uew\ 
né  le  15  février  1760.  Nous  rectifions  la  date  de 
la  naissance  qui  a  été  fixée  à- tort  en  1763  par 


la  plupart  des  biographes,  mais  nous  ne  change- 
rons pas  le  nom,  dont  le  célèbre  compositeur  a 
signé  ses  œuvres  et  qui  est  consacré  par  la  re- 
nommée. » 

A  la  listedesœuvres  de  Lesueur,  il  faut  ajouter 
les  deux  cantates  suivantes  :  l'Ombre  de  Sac- 
chini,  exécutée  au  Concert  spirituel  au  mois  de 
décembre  1786,  après  la  mort  de  ce  grand  homme, 
et  Chant  des  Bardes  en  Vhonneur  de  la  paix 
et  des  héros  français,  exécuté  à  l'Opéra  le  14 
avril  1802.  D'autre  part,  la  liste  donnée  par  Fétis, 
des  compositions  gravées  de  Lesueur,  doit  s'aiig- 
nienter  de  celles  dont  voici  les  titres:  1°  Deux  Ora- 
torios de  la  Passion  (Paris,  Frey);  2"  Oratorio  de 
Rachel  (id.,  id.);  3°  Oratorios  de  Ruth  et  ISoéml 
et  de  Ruth  et  Booz  (id.,  id.)  ;  4°  l'^"',  2'  et  3"=  ora- 
torios pour  le  couronnement  des  princes  souverains 
(id.,  id.);  5°  Cantate  religieuse  et  motet  (Paris, 
Beaiivais);  6"  Deux  Psaumes  (id.,  Lemoine); 
7"  Super  /lumina  et  3^  oratorio  du  Carême  (id., 
Frey)  ;  8°  3^  Messe  solennelle  (id.,  id.)  ;  9"  Messe 
basseet  motet  Joannes  (id.,  Lemoine)  ;  10"  Trois 
Odes  d'Anacréon,  mises  en  musique  par  Lesueur 
(Paris,  Janetet  Cotelle)  -,11°  Six  Odes  d'Ana- 
créon, id.  (id.,  id.)  (1).  L'année  de  sa  mort,  Le- 
sueur avait  commencé  dans  la  Revue  et  Gazette 
musicale  la  publication  d'une  notice  sur  Lully 
qui  est  restée  inachevée.  Quarante  ans  aupara- 
vant il  avait  donné,  dans  une  traduction  des  odes 
d'Anacréon  faite  par  Gail,  une  Notice  sur  la  Mé- 
lopée, la  Rhylhmopée  et  les  grands  caractères 
de  la  musique  ancienne,  notice  qui  est  aujour- 
d'hui complètement  inconnue.  Enfin,  Lesueur  a- 
laissé  sous  ce  titre":  Traité  sur  la  musique  des 
anciens,  un  travail  important  sur  la  musique 
grecque,  qu'il  s'était  proposé  de  publier  dès  1822- 
et  qui  pourtant  est  resté  inédit  jusqu'à  ce  jour. 
Cet  ouvrage  a  donné  lieu  récemment  à  un  procès 
entre  les  héritiers  de  Lesueur,  procès  à  la  suite- 
duquel  l'un  de  ses  gendres,  M.  X.  Boisselot 
{Voy.  ce  nom),  a  été  autorisé  à  le  publier.  Le- 
Traité  sur  la  musique  des  anciens  paraîtra  donc 
prochainement. 

11  me  faut  signaler  maintenant  lesdeux  notices 
biographiques  suivantes,  qui  ont  été  consacrées 
à  ce  grand  artiste  :  1°  Notice  historique  sur  la 
vie  et  les  ouvrages  de  M.  Lesueur,  par 
M.  Raoul-Rochette,  secrétaire  perpétuel  de  l'A- 
cadémie des  Beaux-Arts  (Paris,  Didot,  in-4°); 
2°  Biographie  de  Jean-François  Le  Sueur,  par 
M.  Stéplien  de  la  Madelaine  (Paris,  bureaux  de 
la  Renommée,  1841,  in'8°).  —  Le  &  août  1846,. 

(1)  Lesueur  a  écrit  aussi,  pour  une  traduction  d'Ana- 
cr(?on  fiiite  par  GjII  en  l'an  VII,  la  musique  d'une  ode  de 
ce  poète,  .l'ai  reproduit  ce  morceau  superbe  dans  la  Bé- 
vue de  ta  musique  du  20  janvier  1877. 


106 


LESUEUR  —  LEVASSEUR 


ta  ville  d'Abbeville,  qui  se  considère  comme  le 
lieu  nalal  du  maître,  donnait  en  son  lionneur  un 
grand  festival  dans  lequel  on  exécutait  une  can- 
tate écrite  expressément  pour  la  circonstance  par 
Rigel,  et  le  10  août  1852  elle  procédait,  an  milieu 
de  grandes  fêtes  artistiques,  à  l'inauguration 
d'une  statue  de  Lesueur  sur  l'une  de  ses  places 
publiques,  la  place  Saint-Pierre.  Cette  statue,  en 
bronze,  était  l'œuvre  des  frères  Rocliet,  et  à  l'oc- 
casion de  son  inauguration  on  exécuta  une  can- 
tate composée  par  M.  Ambroise  Tiiomas. 

Lesueur  avait  épousé,  le  3  juin  1806,  M"«  Jo- 
mart  de  Courchamps,  qui  lui  a  survécu  près  de 
vingt-cinqan<,  et,qui  est  morte  à  Paris  le  28jaii- 
Tier  1861. 

LE  TERRIER  (Pierre),  compositeur,  vi- 
vait à  la  fin  du  seizième  siècle,  et  remporta  en 
1587,  au  concours  du  puy  de  musique  d'Évreux, 
le  prix  de  la  lyre  d'argent,  qui  lui  fut  décerné  pour 
une  chanson  française  :  Ravi  de  mou  penser. 

LETOURNEUR  (Jean),  chanoine  à  la  cathé- 
drale de  Rouen,  devint  en  1482  maître  des  enfants 
de  chœur  de  cette  église,  et  fut,  en  l'an  1500, 
élevé  à  la  dignité  de  grand-chantre  par  le  cardi- 
nal Georges  1"^  d'Amboise. 

LEUMS  (Régnieb),  facteur  de  clavecins  à 
Anvers,  fut  reçu  an  nombre  des  maîtres  de  la 
gilde  de  Saint-Luc  en  1610. 

LEVACHER  (URCLÉ),est  auteur  d'un  écrit 
ainsi  intitulé  :  De  l'analomie  delà  main,  ou 
Nouvelle  Méthode  inslrumenlale  roisonnée 
basée  5«r  la  connaissance  de  Vanaiomie  de 
la  main  (Paris,  s.  d.,  gr.  in  8")- 

LEVASSEUR  (Rosalie),  lune  des  plus  fa- 
meuses actrices  de  l'Opéra  au  dix-huitième  siècle, 
fut  l'interprète  préférée  de  Gluck  pour  ses  chefs- 
d'œuvre.  On  n'a  que  bien  peu  de  renseignements 
sur  elle,  et  les  dates  de  sa  naissance  et  de  sa 
mort  sont  jusqu'ici  restées  inconnues.  Peut-être 
était-elle  fille  d'un  artiste  de  l'Opéra,  car  en  1750 
un  nommé  Levasseur  était  sous-maître,  et  quel- 
(|ues  années  après  maître  de  chant  à  l'école  de 
chant  de  ce  théâtre,  qu'il  quittait  en  1772  (I). 
C'est  au  mois  d'août  1700  que  >!""  Levasseur  dé- 
buta, d'une  façon  modeste,  par  le  rôle  de  Zaide, 
dans  l'acte  «  du  Turc  »  de  l'Europe  galante, 
de  Campra.  Klle  ne  portait  alors  que  son  prénom 
de  Rosalie,  et  ce  n'est  que  dix  ans  plus  tard,  à 


(1)  Cet  artiste  écrivit  sous  ce  titre  :  ^zor  et  Theiiiirc, 
le  premier  acte  d'un  opéra-ballet  qui  en  comportait  trois 
et  qui,  sous  ce  litre  si'nérjl  :  ^■/miisenirna  li/viqiics,  fut 
représenté  au  mois  de  février  nso  à  P(Uoaux,  chez,  le  duc 
de  Graniont.  le  second  acte  de  cet  ouvrage  {.-Ipnlinn  et 
(■limène)  avait  été  composé  par  le  fameux  violoniste 
l.eclair,  et  le  troisième  {le  bai  militaire)  par  un  artiste 
nommé  Martin. 


partir  de  1776,  qu'elle  se  décida  à  prendre  son 
nom  de  famille.  L'auteur  de  V Arnoldiana  assure 
que  c'est  la  représentation  de  la  comédie  de  Pa- 
lissot,  les  Courtisanes,  qui  lui  fit  prendre  cette 
décision  :  «  L'une  des  héroïnes  de  cette  pièce, 
dit-il,  s'appelle  iîo5r///e,  et  Rosalie  actrice  ne 
voulant  pas  être  confondue  avec  Rosalie  courti- 
sane, reprit  son  premier  nom.  Sophie  (Arnould) 
disait  de  M"'  Levasseur,  qui  était  passablement 
laide  :  Cette  Rosalie ,  au  lieu  de  changer  de 
nom,  aurait  bien  dû  changer  de  visage.  » 

M"*  Levasseur  était  laide  en  effet,  mais  d'une 
laideur  qui  n'était  point  sans  charme,  grâce  à 
une  physionomie  vive  qu'éclairaient  de  grands 
et  magnifiques  yeux  noirs.  Le  premier  rôle  oii 
elle  se  montra  avec  quelque  honneur  fut  celui 
d'Alcimadure  dans  la  fameuse  pastorale  de  Mon- 
donville  ,  où  elle  doubla  en  1768  M""^  Larrivée. 
«  Cette  actrice ,  disait  alors  Bachaumont ,  qui 
n'a  qu'un  filet  de  voix,  joue  infiniment  mieux  que 
la  première.  Elle  est  pleine  de  sentiment  et  d'in- 
telligence; elle  serait  faite  pour  les  plus  grands 
succès,  si  son  organe  répondait  à  son  talent.  « 
Les  succès  ne  manquèrent  point  à  M""^  Levasseur, 
qui  devint  bientôt  la  rivale  de  Sophie  Arnould  , 
rivale  puissante,  grâce  à  sa  liaison  avec  le  comte 
de  Mercy-Argenteau,  et  qui  stit  lui  enlever  l'un 
des  plus  admirables  rôles  que  jamais  chanteuse 
eût  |tu  ambitionner,  celui  d'Alceste.  C'est  encore 
Bachaumont  qui  nous  renseigne  à  ce  sujet  : 

«  On  n'a  pas  été  peu  surpris,  dit-il,  de  voir 
M"«  Rosalie  Le  Vasseur  faire  le  rôle  (VAlceste 
au  préjudice  de  M"'  Arnould  à  la(iuelle  il  aurait 
mieux  convenu  comme  actrice,  et  d'ailleurs  ayant 
le  droit  de  le  réclamer  par  son  ancienneté.  Mais 
quand  on  saura  que  la  D'^*  Le  Vasseur  est  maî- 
tresse de  M.  le  comte  de  Mercy-Argenteau,  am- 
bassadeur de  l'empereur  et  de  l'impératrice- reine, 
qu'elle  le  mène  avec  le  plus  grand  empire,  que 
le  chevalier  Gluck  <loit  être  tout  à  la  dévotion  de 
ce  ministre,  qu'il  est  logé  chez  cette  courtisane, 
on  concevra  pourquoi  elle  a  remporté  ce  triom- 
|)he  sur  sa  rivale.  »  Lorsqu'elle  se  montra  dans 
ce  rôle  d'Alceste,  M'"'  Levasseur  n'avait  encore 
fait  de  créations  que  dans  quelques  ouvrages  : 
Orphée,  où  elle  jouait  l'Amour,  Azolan,  de  Flo- 
quet,  et  Céphale  et  Procris,  de  Grétry,  où  elle 
personnifiait  Proctis.  Tout  son  talent  fut  insuffi- 
sant à  jifocurer  à  Alceste  le  succès  que  méritait 
ce  chef-d'œuvre,  qui,  on  le  sait,  fut  méconnu  à 
.son  apparition.  Gluck  ne  lui  en  resta  pas  moins 
fidèle,  et  lui  confia  encore,  dans  la  suite,  les 
deux  grands  rôles  iVArmide  et  à'Ipliigéme  en 
Tauride.  C'est  elle  aussi  qui  créa  V Andromaque 
de  Grétry,  et  qui  joua  Andromède  dans  le  Persée 
de  Philidor 


LEVASSEUR  —  LEVI 


107 


Mais  l'arrivée  de  M™»  Sainl-Huherty  lit  pâlir 
l'étoile  (le  M"'  Levasseur.  Son  dernier  rôle  impor- 
tant fut  celui  d'Armide  dans  Renaud,  deSaccliini; 
mais  elle  ne  le  joua  que  quatre  fois,  et  y  fut  jus- 
tement remplacée  par  M"""  Sainl-Huberty.  Elle 
fut  même  obligée  de  paraître  aux  côtés  de  cette 
admirable  actrice,  dans  un  rôle  secondaire  du 
petit  opéra  de  M"»  de  Beaumesnil,  Tibulle  et 
Délie,  tandis  que  sa  rivale  était  chargée  du 
personnage  important.  A  partir  de  ce  moment, 
il  n'est  plus  question  de  M"®  Levasseur,  qui  dis- 
paraît on  I7S5  du  personnel  de  l'Opéra. 

LEVASSEUÎl  ( ),  dit  Levasseur  l'aîné, 

compositeur  dramatique,  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  Il  fit  la  musique 
des  Adieux  de  Thalie,  compliment  de  clôture 
important,  joué  à  la  Comédie-Italienne  le  4  avril 
1778.  11  avait  fait  représenter  précédemment,  sur 
le  théâtre  particulier  d'un  grand  seigneur,  deux 
petits  opéras-comiques,  les  Rivaux  générextx 
'  (1770)  et  l'Aveugle  par  crédulité  ;  en^m,  il  écri- 
vit la  musique  du  Sicilien  ou  V Amour  peintre 
de  Molière,  arrangé  en  o[>éra-comique,  et  cet 
ouvrage,  ainsi  transformé,  fut  donné  à  Versailles, 
devant  le  roi,  la  reine  et  toute  la  cour,  en  1780. 
Il  mourut  peu  d'années  après,  cartes  Tablettes  de 
renommée  des  Musiciens,  petit  recueil  bien  in- 
formé qui  parut  en  1785,  le  comptent  parmi  les 
musiciens  morts;  c'est  donc  à  tort  que  VAlnia- 
nach  des  Spectacles,  publication  faite  aven  beau- 
coup de  négligence,  le  mentionne  encore,  après 
cette  époque,  au -nombre  des  musiciens  vivants. 

LEVASSEUR  (Nicolas-Prosper),  l'un  des 
plus  admirables  chanteurs  qu'ait  possédés  l'O- 
péra, est  mort  à  Paris  le  7  décembre  1871.  Il  était 
né  à  Bresles,  dans  le  département  de  l'Oise. 

Parmi  ses  créations  sur  notre  première  scènp 
lyrique,  il  faut  citer  Mahomet  du  Siège  de  Co- 
rint/ic,  le  gouverneur  du  Comte  Onj,  Walter  de 
Guillaume  Tell,  Olifour  du  Dieu  et  la  Baya- 
dère,  Fontanarose  du  Philtre,  Bertram  de  Ro- 
bert le  Diable  (qui  mit  le  sceau  à  sa  renommée 
comme  chanteur  et  comme  tragédien  lyrique), 
maître  Andiol  du  Serment,  le  cardinal  Brogni 
de  la  Juive ,  Marcel  des  Hugiienois  (qui  fut 
aussi  l'nn  de  ses  plus  éclatants  succès),  Rodolpbe 
du  Lac  des  Fées,  le  drapier  du  Drapier,  Bal- 
thazar  de  la  Favorite,  et  enfin  Raymond  de 
Charles  VI. 

Après  vingt  années  de  succès  ininterrompus, 
Levasseur  s'était  éloigné  de  l'Opéra  avec  l'inten- 
tion d'abandonner  définitivement  la  scène  et  le 
<iésir  de  couronner  sa  carrière  par  une  grande 
tournée  en  province.  Mais  à  son  retour  de  cette 
tournée,  il  fut  l'objet  des  vives  instances  de 
Meyerbeer,  qui  admirait  son  talent  autant  qu'il 


honorait  son  noble  caractère,  et  qui  voulait  lui 
faire  créer  dans  le  Prophète  un  rôle  d'apparence 
secondaire,  mais  extrêmement  important,  celui  de 
Zacharic,  l'un  des  trois  anabaptistes.  Levasseur 
céda,  sans  trop  de  peine,  aux  affectueuses  solli- 
citations du  vieil  ami  aux  triomphes  duquel  il 
avait  été  mêlé  ;  il  rentra  effectivement  à  l'Opéra 
pour  y  faire  cette  dernière  création,  après  quoi,  en 
1832,  il  dit  pour  toujours  adieu  au  public  et  se 
consacra  ensuite  exclusivement  aux  soins  à  don- 
ner à  ses  élèves. 

Dès  le  1'='^  juin  18  il,  il  avait  été  mis  à  la  tête 
d'une  classe  de  déclamation  lyrique  au  Conser- 
vatoire, dont,  par  l'effet  d'onne  sait  quel  caprice, 
il  n'était  devenu  titulaire  qu'en  1850.  Pendant 
ses  trente  années  de  professorat  (il  fut  retraité 
seulement  vers  1870),  il  forma  d'excellents  artis- 
tes, parmi  lesquels  il  faut  citer  surfout,  outre 
M.  Obin,  qui  lui  a  succédé  dans  sa  classe, 
MM.  Caron,  Bosquin,  Devoyod ,  M""  Juliette 
Borghèse,  de  La  Pommeraye,  Mauduit  et  Rosine 
Bloch.  En  18G8,  il  avait  été  nommé  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur. 

L'ÉVEILLÉ  (Auguste),  chef  n'orchestre  et 
compositeur,  né  vers  1828,  n'étudia  d'abord  la 
musique  que  comme  amateur  et  pour  son  agré- 
ment. Fils  d'un  employé  supérieur  de  la  Concier- 
gerie, il  se  vit  obligé  plus  tard  de  tirer  parti, 
pour  vivre,  des  connaissances  très-superficielles 
qu'il  avait  acquises  dans  l'art  musical;  il  devint 
donc  chef  d'orchestre  de  divers  petits  théâtres, 
entre  autres  des  Folies-Marigny,  et,  à  partir  de 
1857,  fit  représenter  sur  ces  théâtres  un  certain 
nombre  de  petites  pièces  musicales.  Voici  les  titres 
de  quelques-unes  de  ces  pièces  sans  importance  : 
les  Virtuoses  du  pavé  ;  Chez  les  Montagnards 
écossais;  l'Héritage  du  Postillon;  le  Sire  de 
Barbe-Bleue;  Vive  la  Ligne!  M.  Pijgmalion 
et  sa  statue;  une  Tête  de  Turc,  les  deux  Tré- 
sors, etc., etc. 

*  LEV^I  (Samcece).  ^  Une  erreur  a  été  sans 
doule  commise  au  sujet  de  l'opéra  de  cet  artiste, 
Iginia  d'Asti,  qui  n'a  pas  dû  être  représenté  au 
théâtre  delà  Fenice,  car  M.  Lianovosani  {Vorj. 
ce  nom)  n'en  fait  aucune  mention  dans  le  réper- 
toire très-détaillé  de  ce  théâtre  qu  il  a  publié  ré- 
cemment. 

Un  artiste  du  nom  de  Levi  (j'ignore  si  c'est  le 
même)  a  donné  à  Turin,  au  mois  novembre  1860, 
uu  opéra  en  trois  actes,  inlitulé  la  Biscaglina, 
qui  reçut  au  théâtre  Carignan  l'accueil  le  plus 
fâcheux  et  dont,  depuis  lors,  il  ne  fut  plus 
jamais  question.  Je  crois  qu'il  est  encore  l'au- 
teur d'un  autre  opéra,  représenté  sous  le  titre 
de  Ginevra  degli  Almieri,  o  la  Peste  di  Fi- 
renze. 


108 


LEWALD 


LHUILLIER 


*  LEWALD  (Jean-Charles-Adguste),  co- 
médien, directeur  de  théâtre,  romancier,  criti- 
que et  journaliste  politique,  né  le  14  octobre 
1792  à  Kœnigsherg,  est  mort  à  Monaco  au 
mois  d'avril  1871. 

LEWANDOWSKI  (Liiopoto),  violoniste 
et  compositeur,  né  en  Pologne,  fut  élève  de 
Hornziel,  et  se  lit  entendie  pour  la  première 
/ois  dans  un  concert,  à  Varsovie,  en  1848.  Il 
entreprit  ensuite  un  voyage  à  l'étranger.  Iji 
18j6,  il  faisait  exécuter  à  Berlin  une  symphonie 
à  grand  orchestre  de  sa  composition.  Précé- 
demment, il  avait  publié  à  Varsovie  (Spies  et 
C")  une  Polonaise  pour  piano. 

LEWIIXSIîI  (Ignace),  pianiste  et  compo- 
siteur, né  en  Pologne  dans  la  première  moitié 
du  dix-neuvième  siècle,  a  publié  à  Vienne, 
chez  Witzendorf,  les  œuvres  suivantes  :  1°  Va- 
riations et  Polonaise  brillantes,  op.  4;  2°  Bar- 
carolle  de  la  Muelle  de  Porlici,  op.  5; 
3°  l'Innocence,  rondoletto  à  quatre  mains, 
op.  6;  4°  Rondino  sur  Fia  Diavolo,  op.  7; 
5°  Thème  de  C.  Kreutzer,  varié,  op.  8  ;  6°  Thème 
de  Beethoven,  varié,  op.  9;  7°  Rondino  sur  le 
Serment,  à  quatre  mains,  op.  10  (chez  Diabelli); 
8°  Variations  sur  la  Sonnambula,  op.  11  (id.). 

LEVVY  (Carl),  compositeur  et  pianiste  al- 
lemand contemporain,  a  publié,  dans  le  cours 
de  ces  dernières  années,  une  cinquantaine 
d'œuvres  de  divers  genres  pour  le  piano. 

LEYBACII  (Ignace),  pianiste,  organiste 
et  compositeur,  est  né  à  Gambsheini  (Bas-Rhin), 
le  17  juillet  1817.  Il  apprit  de  son  frère  aine, 
simple  amateur,  les  premières  notions  de  la 
musique,  puis  prit  des  leçons  de  deux  artistes 
distingués  de  Strasbourg,  llœvtey{Voy.  ce  nom) 
pour  l'harmonie  et  le  contrepoint,  et  AVacken- 
thaler,  organiste  de  la  cathédrale,  pour  l'orgue; 
enfin,  pour  le  piano,  il  devint  plus  tard  élève 
de  Pixis,  de  Kalkbrenner  et  de  Chopin.  A  la 
fin  de  1844,  M.  Leybach  obtint  au  concours  la 
place  d'organiste  de  la  métropole  de  Toulouse; 
en  1847,  il  publia  chez  l'éditeur  Henry  Lemoine 
ses  six  premières  compositions  pour  le  piano, 
et  depuis  celte  épo<jue  le  nombre  de  ses  œu- 
vres publiées,  tant  en  France  qu'à  l'étranger, 
s'élève  à  près  de  200.  Les  principales  sont  les 
suivantes  :  1°  24  Morceaux  caractéristiques 
pour  le  piano  (collection  de  moyenne  force), 
spécialement  écrits  pour  l'enseignement  ;  2°  Fan- 
taisies pour  le  piano  sur  des  motifs  d'opéra 
(les  plus  connues  sont  telles  sur  t  Purituni,  la 
Honnambulu ,  ISonna,  la  Fliile  enchantée, 
Guillaume  Tell,  Faust,  Don  Juan);  3"  Trans- 
criptions pour  le  i)iano  {Aux  Bords  du  Gange, 
de  Menilelssohn,  Mandolina/a,  etc.);  4"  Mor- 


ceaux originaux  pour  le  piano  {["  et  2°  Noc- 
turnes, etc.);  5°  Neuf  grands  morceaux  con- 
certants pour  piano  etharinouiuin  ;  6°  Méthode 
théorique  et  pratique  pour  L'harmonium  (tra- 
duite en  quatre  langues),  avec  32  mori  eaux  pro- 
gressifset21  morceaux  religieux;  7° 24  Morceaux 
(le  concert  pour  l'harmonium  ;  8"  L'Organiste 
pratique,  2  volumes  contenant  chacun  120 
morceaux  (un  3'  volume  de  100  morceaux  est 
sous  presse]  ;  9°  Recueil  de  20  mélodies  vo- 
cales, avec  accompagnement  de  piano;  10°  un 
certain  nombre  de  motets  avec  accompagnement 
d'orgue. 

L'HEiXUY  (J ),  ancien  employé  su- 
périeur de  l'administration  du  théâtre  de  l'O- 
péra-Comique,  a  publié  l'écrit  suivant  :  le 
Théâtre  royal  de  V Opéra-Comique  considéré 
sous  le  rapport  de  l'exploitation,  Paris, 
Bréauté,  1833,  in-8°  de  24  pp. 

L'HÔTE(Léon-Albert  LHOTE, connu  sous 
le  nom  de),  violoniste  et  compositeur,  né  à  Paris 
le  31  mai  1828,  fut  admis  au  Conservatoire,  le 
23  juin  1841,  dans  la  classe  de  violond'Habeneck, 
entra  en  1845  dans  la  classe  d'harmonie  d'El- 
wart,  et  devint  ensuite  élève  de  Le  Boine  pour 
la  fugue.  Il  obtint  un  accessit  d'harmonie  en 
1848,  le  premier  prix  l'année  suivante,  un  pre- 
mier accessit  de  fugue  en  1851  et  concourut  à 
l'Institut,  pour  le  prix  de  Rome,  en  1853.  Après 
avoir  appartenu  à  l'orchestre  du  Gymnase  en 
qualité  de  violon-solo,  il  faisait  alors  partie  de 
celui  du  Théâtre-Italien. 

Doué  d'une  trop  grande  modestie,  que  ne  lé- 
gitimaient pas  ses  facultés  distinguées,  M.  L'hôte 
n'a  pas  fourni,  comme  compositeur,  la  carrière 
qu'on  aurait  pu  attendre  de  lui.  Il  n'a  fait  gra- 
ver qu'un  petit  nombre  de  compositions,  entre 
autres  un  joli  trio  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, Confidence,  romance  pour  violon  ;  Loin 
du  bord  et  Rimembranza,  morceaux  de  genre 
pour  le  piano;  Dites-le-moi,  Soir  d'été,  la 
Clianson  du  printemps.  Qui  nous  a  vus?  ^ 
VÉlernelle  chanson,  mélodies  vocales,  et  quel-  fl 
ques  chœurs  orpheoniques.  M.  L'hôte  a  fait  exé- 
cuter à  l'église  Saint-Eustache,  en  1857,  une 
messe  pour  soli,  clmurs  et  orchestre,  qui  a 
produit  une  bonne  impression.  On  connaît  aussi 
de  lui  un  second  trio  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle, un  quatuor  pour  instruments  à  cordes  , 
trois  ouvertures  à  grand  orchestre  et  diverses 
autres  compositions  non  publiées, 

LllLILLlEK  (LuMo.Ni)),  chansonnier  fran- 
çais, né  vers  1820,  s'est  fait  connaître  par  uq 
assez  grand  nombre  de  chansons  et  de  chan- 
sonnettes dont  il  écrivait  à  la  fois  les  paroles  et 
la   musique,  et  qu'il    débite  assez   volontiers, 


LHUILLTER  --  LICHNER 


109 


dans  les  salons,  où  elles  obtiennent  un  certain 
succès;  ces  productions  légères  forment  de 
petits  tableaux  de  j^enre  qui  ne  sont  pas  sans 
quelque  amabilité  ;  cela  est  bien  petit  au  point 
de  vue  musical,  à  la  vérité,  mais  du  moins  cela 
est  sans  ambilion  et  sans  prétention.  On  cite 
particulièrement  de  M.  Lhuillier  les  chansons 
qui  ont  pour  titre  :  Jean  Nicaisc,  Ce  que 
femme  veut.  Comment  on  mène  son  mari,  Les 
Cerises,  C'est  via  fille.  Monsieur  fait  ses  vi- 
sites, Nos  amateurs,  Sur  l'impériale,  le 
Quadrille  d'honneur,  etc.  Quelques-unes  de 
ces  petites  productions  sont  très-réussies 
comme  paroles,  et  la  musique  accompagne 
celles-ci  d'une  façon  heureuse.  Le  nombre  des 
chansons  publiées  par  M.  Lhuillier  se  monte, 
dit-on,  à  plus  de  trois  cents.  Cet  artiste  a  écrit 
aussi  les  paroles  et  la  musique  de  deux  opé- 
rettes de  salon,  le  Bal  de  mademoiselle  Rose, 
et  Monsieur  et  Madame  Jean.  La  partition 
de  cette  dernière,  réduite  pour  chant  et  piano, 
a  été  publiée  (Paris,   Heugel). 

LHUILLIER  (Th.),  membre  de  la  Société 
d'archéologie,  sciences,  lettres  et  arts  du  dé- 
partement de  Seine-et-Marne,  a  publié  dans  le 
Bulletin  de  cette  Société ,  et  ensuite  sous 
forme  de  brochure,  un  opuscule  ainsi  inti- 
tulé :  Notes  sur  quelques  artistes  musiciens 
dans  la  Brie  (Meaux,  typ.  Carro,  1870,  in-8° 
de  24  pp.).  Dans  les  premières  lignes  de  cet 
utile  opuscule,  l'auteur  s'exprime  ainsi  :  — 
«  Des  recherches  dirigées  à  un  autre  point  de 
vne  nous  ont  fourni  certains  renseignements 
inédits  sur  des  musiciens  qui  se  rattachent  par 
un  lien  quelconque  au  pays  que  nous  habitons. 
Sans  avoir  la  pensée  de  faire  la  biographie  de 
ces  personnages,  sur  la  plupart  desquels  les  dé- 
tails manqueraient  bien  certainement,  il  ne 
nous  a  pas  paru  sans  intérêt  de  noter  des  faits 
qui  rappellent  soit  leur  naissance  ou  leur  répu- 
tation, soit  leur  séjour  ou  seulement  leur  pas- 
sage dans  la  Brie.  »  Partant  de  ce  principe, 
d'une  incontestable  utilité  au  point  de  vue  de 
l'histoire  artistique,  M.  Lhuillier  donne  en  effet 
des  notes  et  des  renseignements  plus  ou  moins 
importants,  mais  tous  à  peu  près  inconnus, 
sur  un  certain  nombre  d'artistes  :  Claude  Gou- 
(iimel,  Edme  Guillaume,  Pierre  Certon,  Didier 
Leschenet ,  Eustache  du  Caurroy,  Gabriel  Ba- 
taillé, Henri  de  Bailly,  Louis  Lully  (dont  il  pro- 
duit l'acte  de  baptême),  Francini,  gendre  de 
Lully,  les  Couperin,  Forqueray,  Gabriel  Ni- 
vers,  Lagarde,  M"*  Gail,  etc.,  etc.  J'ajouterai 
que  M.  Lhuillier  appuie  ses  dires^sur  des  docu- 
ments authentiques,  et  que  ses  renseignements 
n'en  sont  que  plus  précieux. 


LIANOVOSAIVl  (Luici),  est  le  pseudony- 
me anagrammatique  sous  lequel  un  dilettante  ita- 
lien, dont  j'ignore  le  nom  véritable,  a  publié 
un  répertoire  complet  et  très-bien  fait  de  tous  les 
ouvrages  qui  ont  été  représentés,  depuis  sa  fon- 
dation, sur  le  théâtre  de  la  Fenice,  de  Venise  -, 
ce  répertoire  est  intitulé  :  La  Fenice,  gran 
teatro  di  Venezia,  série  degli  spettacoli,  délia 
primavera  1702  a  tulto  il  cornovale  1876, 
Milan,  Ricordi,s.  d.  (1878),  in-4°.  Peu  de  semai- 
nes après  l'apparition  du  premier  volume  du 
présent  Supplément,  cet  écrivain  a  entrepris, 
dans  la  Gazzetta  musicale  de  Milan,  une  petite 
série  d'articles,  faits  avec  soin,  et  qui  avaient 
pour  titre  :  Essai  de  rectifications  et  d'adjonc- 
tions au  supplément  Félis,  vol.  I,  relatif  aux 
maestri  italiens  et  à  leurs  œuvres  ;  un  tel  tra- 
vail est  très-utile,  très-honorable,  et  si  l'on  pre- 
nait la  peine  d'agir  de  môme  en  tous  pays,  l'Eu- 
rope serait  à  même  de  posséder  bientôt  un  Dic- 
tionnaire biographique  musical  aussi  complet  que 
possible  et  presque  irréprochable.  J'exprimerai 
seulement  le  regret  qu'en  publiant  ces  très-utiles 
rectificat  ions  et  adjonctions  au  Supplément  Fé- 
tis,  ni  la  Gazzetta  musicale  ni  M.  Lianovosani 
n'aient  eu  la  courtoisie  de  donner  leur  opinion  sur 
la  valeur  de  l'ouvrage,  ni  même,  ce  qui  est  plus 
singulier  encore,  de  faire  connaître  le  nom  de 
son  auteur. 

LIBANI  ( ),  compositeur  dramatique 

italien,  a  fait  représenter  en  1869,  à  Rome,  sur 
le  théâtre  particulier  du  palais  Pamphiii,  un 
opéra  semi-sérieux  intilulé  Gulnara,  dont,  il 
n'est  pas  besoin  de  le  dire,  le  sujet  était  tiré 
de  l'ancien  opéra  de  Dalayrac  qui  porte  ce 
litre.  Cet  ouvrage  parut  au  mois  de  novembre 
de  l'année  suivante  sur  un  théâtre  public,  le 
théâtre  Pagliano,  de  Florence,  et  ne  paraît  pas 
avoir  produit  une  profonde  impression.  Depuis 
lors  M.  Libani  a  obtenu  un  vrai  succès,  en 
donnant  au  tliéâtre  Apollo,  de  Rome,  en  1873, 
un  second  opéra  qui  avait  pour  titre  il  Conte 
Verde. 

LIBERT  (Emile).  Un  artiste  ainsi  nommé 
fit  représenter  à  l'Opéra-comique,  le  14  avril 
1823,  un  ouvrage  en  un  acte  intitulé  :  Amour 
et  Colère. 

LICIINER  (Heinrich),  pianiste  allemand  et 
compositeur  pour  son  instrument,  a  publié  en- 
viron cent  cinquante  œuvres  consistant  en 
sonatines,  impromptus,  rondos,  morceaux  de 
genre,  etc.,  pour  piano  à  deux  ou  à  quatre 
mains.  Je  ne  crois  pas  que  tout  cela  ait  une 
valeur  artistique  bien  appréciable,  car  le  nom 
et  les  œuvres  de  l'auteur  sont  restés  complète- 
ment inconnus  jusqu'ici  en  dehors  de  l'Allemagne 


110 


LICHTENTHAL  —  LIEBE 


*  LICIITEXTIIAL  (Pierre).  Voici  la  liste 
exacte  des  ballets  pour  lesquels  cet  artiste  dis- 
tingué éci  ivit  de  la  musique ,  et  qui  furent  re- 
présentés au  théâtre  de  la  Scala  :  i°  il.  Conte 
d'Esscx,  1818;  2"  le  Sabine  in  Roma,  26  dé- 
cembre 1820;  3°  Giovanna  d'Arco  (en  société 
avec  Brambilla  et  Viganù),  t5  août  1821  ;  4°  Di- 
done  (en  société  avec  Brambilla  et  les  frères 
Vigano),  22  septembre  1821.  Il  travailla  aussi, 
comme  il  a  été  dit,  à  la  musique  de  Cimene  et 
(i^Alessandro  nell'Indie,  qui  furent  représen- 
tés en  1820.  Aux  écrits  de  Liclitenthal,  il  faut 
ajouter  aussi  l'opuscule  suivant,  publié  à  Milan 
en  1842  :  Mozart  e  le  sue  creazioni,  memoria 
scriiia  in  occasions  deW  inauguruzione  del 
suo  vionumento  a  Salisburgo  nel  Settembre 
del  1842.  Enfin,  on  doit  à  Lichtenthal  un  cer- 
tain nombre  de  compositions  religieuses,  entre 
autre  un  Ave  Maria  pour  soprano,  un  Pater 
noster  à  4  voix,  et  un  Album  musicale  sa- 
cro,  contenant  12  chants  religieux  dont  neuf 
à  4  voix ,  deux  ^à  voix  seule,  et  un  à  deux 
chœurs. 

*  LICHL  (Egide-Charles),  pianiste,  guita- 
riste et  compositeur,  est  mort  à  Trieste  le  22 
juillet  1804. 

*  LICKL  (Chakles-Georges),  pianiste  et 
compositeur,  s'est  surtout  attaché  à  répandre 
l'instrument  appelé  phijsharmonica,  qu'il  a  in- 
troduit et  vulgarisé  en  Allemagne.  Il  a  écrit  et 
publié  une  centaine  de  morceaux  de  genre  : 
fantaisies,  variations,  transcriptions  et  para- 
phrases de  thèmes  d'opéras,  etc.,  qui  peuvent 
se  jouer  également  sur  cet  instrument  et  sur  le 
piano.  On  lui  doit  aussi  quelques  opéras,  entre 
autres  un  Faust,  et  un  certain  nombre  d'œu- 
vres  de  musique  de  chambre.  Cet  artiste  est 
mort  à  Vienne  le  3  août  1877. 

LIDOI\  (José),  compositeur  et  organiste 
espagnol ,  naquit  à  Béjar,  dans  la  province  de 
Salamanque,  en  1752.  Il  étudia  la  musique  à 
l'école  des  enfants  de  chœur  de  Madrid,  et  mon- 
tra des  talents  si  précoces  comme  organiste  qu'à 
l'âge  de  seize  ans  il  obtint,  à  la  suite  d'un  con- 
cours, la  place  d'organiste  de  la  cathédrale  de 
Malaga.  C'est  à  la  chapelle  royale  de  Madrid 
que  s'établit  plus  lard  sa  renommée  sous  ce 
rapport,  et  il  fut  non  seulement  organiste,  mais 
aussi,  à  partir  de  1808 ,  maître  de  celte  cha- 
pelle. Les  renseignements  biographiques  sont 
peu  nombreux  sur  cet  artiste,  qui  parait  avoir 
été  fort  distingué,  et  qui  a  joui  d'une  grande 
et  solide  réputation;  tnais  on  sait  du  moins  que 
ce  fut  un  compositeur  fécond,  car  il  a  laissé 
plus  de  soixante  œuvres  de  musique  religieuse, 
parmi  lesquelles  les  suivantes  sont  conservées 


à  la  chapelle  royale  de  Madrid  :  4  messes  ;  un 
office  de  vêpres;  2  psaumes  et  un  hymne  del 
Sagrado  Corazon  de  Jésus  ;  32  Lamentations; 

2  Miserere j  3   hymnes;   un  office  des  morts; 

3  Te  Deutn ;  3  séquences;  2  saiuts  et  litanies; 
nue  litanie  des  saints;  un  Pange  lingua.  On 
connaît  encore,  de  Lidon,  outre  un  Ave  Maris 
Stella,  un  Salve  regina  et  quelques  motels, 
plusieurs  compositions  pour  l'orgue,  entre  au- 
tres des  sonates  et  six  fugues  sur  des  thèmes 
religieux.  Lidon  a  écrit  aussi  la  musique  d'un 
drame  lyriciue,  Gluuca  y  Coriolano,  qui  a  été 
représenté  sur  le  théâtre  del  Principe,  à  Ma- 
drid, et  enfin  il  a  publié  un  traité  intitulé  Ré- 
glas muij  utiles  para  los  organistas  y  aficio- 
nados al  piano,  para  acompanar  con  método, 
et  laissé  inédits  un  Traité  de  la  fugue  et 
un  Traité  des  modulations.  Ce  dernier  ou- 
vrage a  été  cité  par  un  habile  théoricien, 
Pedro  Aranaz,  dans  son  Traité  de  contre- 
point et  de  composition ,  et  cet  écrivain  le 
qualifie  de  precioso  manuscrito  de  modula- 
ciones.  Parmi  les  nombreux  élèves  formés  par 
Lidon,  on  cite  particulièrement  ses  deux  ne- 
veux, Andrès  et  Alfonso  Lidon,  qui  furent, 
le  premier  organiste  de  la  cathédrale  de  Cor- 
dova,  le  second  organiste  de  la  chapelle  royale 
de  Madrid,  et  aussi  Pedro  Carrera  y  Lancha- 
rez,  qui,  dans  une  de  ses  publications,  a  ren- 
du à  son  maître  un  solennel  hommage.  Cet 
artiste  remarquable,  qui  se  fit  une  grande  re- 
nommée comme  théoricien,  comme  organiste  et 
comme  professeur,  est  mort  à  Maiirid  le  11 
février  1827. 

LIEBE  (Louis),  pianiste  et  organiste,  a 
publié,  dans  ces  dernières  années,  quelques 
morceaux  de  genre  pour  le  piano,  et  divers  re- 
cueils pour  orgue  ou  harmonium  parmi  lesquels 
il  faut  citer  :  1°  25  Morceaux  faciles,  pour  le 
service  divin,  op.  27  ,  Paris,  Colombier  (for- 
mant la  10'  suite  de  la  collection  de  VArène 
des  Organistes);  2°  17  Versets  en  xit  mineur 
et  6  en  mi  bémol  majeur  pour  la  messe  de 
Dumont,  avec  5  Morceaux  pour  entrées,  sorties 
et  offertoires,  op.  28,  Paris,  Colombier  (12= 
suite  de  la  même  collection);  3"  13  Morceaux 
pour  offertoires,  op.  3S,  Paris,  Colombier  (22« 
suite  de  la  môme  colleclion). 

*  LIKOE  (ÊDOUARD-Louis),  compositeur 
allemand,  auteur  de  chœurs  et  de  lieder  deve- 
nus populaires,  a  fait  ses  débuts  de  musicien 
dramatique  en  donnant  sur  le  théâtre  de 
Carisruhe,  le  9  septembre  1808,  pour  l'anniver- 
saire de  la  naissance  du  grand-duc  de  Bade,  un 
opéra  intitulé  la  Fiancée  dWzola.  Quoique  cet 
ouvrage  ait  été  favorablement  accueilli  du  public, 


LIEBE  —  LILLO 


m 


je  ne  sache  pas  que  depuis  lors  M.  Liebe  ait  de 
nouveau  abordé  la  scène, 

LIESEIXIIOF  (Charles),  prêtre  et  musi- 
cien, connu  en  religion  sous  le  nom  de  Frère 
Julien,  né  à  Lierre  en  1815,  était  fds  d'un 
artiste  qui  remplissait  en  cette  ville  les  fonc- 
tions de  premier  violon  à  l'église  et  de  direc- 
teur d'une  société  symphonique.  Il  reçut  de  son 
père  une  bonne  éducation  musicale,  et  s'appli- 
qua à  l'étude  de  l'orgue  et  de  la  composition. 
A  l'âge  de  vingt  ans  il  prit  l'iiabit,  ce  qui  ne 
l'empêcha  pas  de  se  livrer  à  son  goût  pour  la 
musique.  Il  est  mort  le  20  septembre  1877  à 
Ixelles-lez-Bruxelles.  Depuis  longues  années  il 
était  professeur  de  musique  à  l'Institut  des 
frères  de  la  Charité  à  Schaerbeek  (banlieue  de 
Bruxelles).  Organiste  habile,  il  s'était  exercé 
dans  la  composition  ,  et  avait  publié  un  assez 
grand  nombre  de  compositions  religieuses  : 
Ave  Maris  Stella,  Tantum  ergo,  Ecce  punis, 
Tota  pulchra  es,  etc. 

LILLE  (Gaston  DE),  compositeur  de  petite 
musique  de  piano,  né  vers  1825,  s'est  fait  con- 
naître d'un  public  frivole  par  la  publication  de 
plus  de  cent  cinquante  morceaux  de  piano,  con- 
sistant en  airs  de  danse ,  en  petites  fantaisies 
faciles  et  en  petites  pièces  de  genre.  Cela  paraît 
avoir  eu  un  grand  succès  pendant  un  certain 
temps  auprès  de  quelques  amateurs  peu  exi- 
geants, mais  n'a  jamais  été  connu  des  artistes. 
Au  reste,  la  vogue  relative  de  cette  musiquette 
est  aujourd'hui  bien  éteinte. 

*  LILLO  (Joseph),  compositeur  dramatique, 
fils  d'un  maître  de  chapelle  distingué  de  Gala- 
tina,  naquit  en  cette  ville  le  26  février  1814. 
Son  père  lui  fit  commencer  l'étude  de  la  mu- 
sique et  du  piano,  puis  le  conduisit  à  Naples  et 
le  lit  admettre  au  Conservatoire  de  cette  ville 
en  1826.  Là,  le  jeune  Lillo  devint  l'élève  de 
Lanza  pour  le  piano,  de  Furno  pour  l'harmonie 
accompagnée,  et  ensuite  de  Zingarelli  pour  le 
contrepoint  et  la  composition.  Après  avoir  fait 
exécuter  au  Conservatoire  une  messe  à  4  voix 
avec  orchestre,  un  Dixit  Dominus ,  et  une 
opérette  intitulée  la  Moglie  per  24  ore,  Lillo 
se  lança  dans  la  carrière  et  aborda  le  théâtre. 
Ses  premiers  travaux  ont  été  exposés  dans  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens ,  jus- 
qu'à la  représentation  de  son  opéra  de  Lara.  A 
partir  de  ce  moment,  Lillo  resta  quelque  temps 
éloigné  du  théâtre,  parce  que ,  excellent  pia- 
niste, il  s'était  fait  à  Naples  une  très-belle  situa- 
tion de  professeur,  qui  ne  lui  laissait  pas  le 
loisir  de  se  livrer  à  la  composition.  Cependant 
il  s'éloigna  un  instant,  en  1846,  pour  aller  faire 
jouer  à  Turin  un  opéra  semi-sérieux,  il  Mu- 


lalto,  après  quoi  il  revint  à  Naples ,  oii  il  ve- 
nait d'être  nomm^  professeur  d'harmonie  ac- 
compagnée au  Conservatoire.  Ici  commence  la 
seconde  et  la  plus  fâcheuse  partie  de  sa  car- 
rière de  compositeur  dramatique,  car,  dans 
l'espace  de  quatre  années,  il  fit  représenter  cinq 
opéras  qui  tous  tombèrent  plus  ou  moins  lour- 
dement :  Caterina  Boivard ,  th.  San-Carlo, 
1849;  Delfina,  th.  Nuovo,  1850;  il  Sogno 
d''vna  ISotte  estiva,  ossia  la  Giovenlà  di 
Shakspeare,  id.,  1851  ;  Ser  Babbeo,  id.,  1853; 
il  Figlio  delta  Schiava,  th.  du  Fondo,   1853. 

Lillo  s'obstinait  à  cherclier  au  théâtre  une 
renommée  qui  semblait  le  fuir.  (I  n'avait  aucune 
des  qualités  qui  constituent  le  compositeur 
dramatique,  et  luttait  sans  succès  [lour  obtenir 
la  récompense  de  travaux  sans  valeur,  devant 
lesquels  le  public  restait  froid  et  indifférent. 
M.  Francesco  Florimo,  peu  suspect  de  sévérité 
envers  les  musiciens  napolitains ,  constate  que 
Lillo  ne  possédait  aucune  des  facultés  qui  peu- 
vent faire  réussir  un  artiste  au  théâtre,  tandis 
qu'il  aurait  pu  devenir  un  pianiste  de  premier 
ordre,  et  se  faire,  sous  ce  rapport,  un  renom 
exceptionnel.  Il  ne  paraît  pas,  cependant,  que 
ce  soit  le  chagrin  qu'il  dut  ressentir  de  ses  mé- 
saventures qui  attrista  d'une  façon  si  lamenta- 
ble les  dernières  années  du  compositeur.  Il  y 
avait  peu  de  temps  que  Lillo  avait  échangé, 
au  Conservatoire,  sa  classe  d'harmonie  contre 
une  classe  de  contrepoint,  lorsqu'en  1861  il 
fut  pris  subitement  d'un  accès  de  folie  furieuse 
si  terrible  qu'il  fallut  aussitôt  avoir  recours  à 
l'emploi  de  la  camisole  de  force.  On  le  trans- 
porta à  Aversa,  dans  une  maison  de  santé,  et 
l'on  put  croire,  à  la  suite  d'un  assez  long  trai- 
tement, qu'il  était  guéri.  Il  revint  à  Naples, 
rentra  au  Conservatoire,  reprit  le  cours  de  ses 
leçons,  mais  au  bout  de  quelques  mois,  l'in- 
fortuné Lillo  fut  attaqué  d'un  ramollissement 
cérébral,  tomba  complètement  paralysé  du 
côté  gauche,  dépérit  rapidement,  et  enfin  cessa 
de  vivre  le  4  février  1863,  peu  de  jours  avant 
d'avoir  accompli  sa  quarante-neuvième  année. 

Lillo  ne  s'est  pas  produit  seulement  au  théâ- 
tre, et  s'est  fait  connaître  aussi  comme  compo- 
siteur de  musique  religieuse  et  de  musique 
instrumentale.  Voici  la  liste  des  œuvres  qu'il 
a  laissées  sous  ce  rapport  :  \°  Messe  à  3  voix, 
avec  orchestre  (en  J'a)  ;  2°  Messe  à  4  voix,  avec 
orchestre  (en  ut  mineur)  ;  3"  Credo  à  4  voix , 
avec  orchestre;  4°  Dixit  à  3  voix  ,  id.;  5°  Ma- 
gnificat à  3  voix,  id.;  6"  Te  Deinn  à  3  voix, 
id.  ;  7"  Litanies  à  3  voix ,  id.  ;  8°  Tantum  ergo 
à  voix  seule,  id.  ;  9°  le  Tre  Ore  d'agonia  di 
N.  S.  G.  C,  à  3  voix,  avec  orgue,  violoncelle 


112 


LTLLO  —  LINDBLAD 


«l  contrebasse;  10"  Ouverture  à  grand  orches- 
tre, en  sol  majeur;  11°  Sypiptionie  funèbre  à 
aran'l  orcliestre,  en  ?-é  mineur;  12°  Quatuor 
|K)ur  piano,  llùte,  violon  et  violoncelle; 
13°  Quatuor  pour  deux  violons,  alto  et  xiolon- 
ceile;  14"  ïrio  concertant  pour  i)iano,  violon  et 
violoncelle;  16°  Un  certain  nombre  de  morceaux 
de  genre  pour  piano;  16°  Un  album  de  six 
mélodies  vocales;  17"  Quelques  morceaux  de 
danse. 

LIMA,  est  le  nom  de  deux  frères,  tous  deux 
musiciens,  nés  en  Portugal  vers  le  milieu  du 
18^  siècle  :  Bkaz  Francisco  de  Lima  ,  et 
Ieron^mo  Francisco  de  Lima.  Le  premier  est 
moins  connu  que  le  second,  qui  fut  un  compo- 
siteur dramatique  distingué.  Tous  les  deux  re- 
çurent leur  éducation  musicale  en  Italie,  où  ils 
furent  envoyés, en  1760,  avec  d'autres  musiciens, 
par  le  gouvernement  du  roi  Josepii  l.  Après  leur 
retour,  ils  furent  placés  comme  professeurs  dans 
l'école  de  musique  du  séminaire  patriarcal, 
leronymo  composa,  de  1772  à  1789,  cinq  opé- 
ras (1)  qui  furent  représentés  dans  les  théâtres 
de  la  cour  aux  palais  de  Salvaterra,  Quéluz  et 
Ajuda.  Avant  de  passer  en  Italie,  leronymo 
avait  suivi  les  cours  de  musique  du  séminaire; 
■c'est  ce  qui  ressort  d'une  inscription  datée  du 
20  mai  1751  et  qu'on  trouve  dans  les  registres  de 
cet  établissement.  On  ne  sait  pas  si  son  frère 
Braz  a  joui  des  mêmes  avantages.  leronymo  est 
4nort  dans  un  âge  fort  avancé  (79  ans)  en  1822. 

J.  DE  V. 

*L1MXAADER  DE  NIEUWEÎVHO\  E 

(Aumand-Marie-Gl'islvin),  compositeur,  est  né 
à  Gand,  non  le  22  mars,  comme  il  a  été  im- 
primé par  erreur,  mais  le  22  mai  1814.  Cet 
artiste,  qui  avait  fait  représenter  à  l'Opéra  de 
Paris,  en  1853,  un  ouvrage  en  deux  actes  in- 
titulé le  Maître  chanteur,  a  reproduit  cet 
ouvrage,  augmenté  d'un  acte  nouveau,  sous  le 
titre  de  Maximilien  ou  le  Mailre  chanteur, 
au  théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bruxelles,  le  25 
avril  1874.  Dans  un  des  concerts  donnés  au 
château  des  Tuileries,  devant  la  cour  du  roi 
Louis-Philippe,  sous  la  direction  d'Auber, 
M.  Limnander  fit  exécuter,  le  3  février  1846, 
trois  chir'iirs  avec  accompagnement  d'orchestre 
(Chœur  de  Prétresses,  Au  gui  l'an  neuf,  Hymne 
À  l'Amitié) ,  qui  faisaient  partie  d'un  grand 
poème  lyrique  portant  pour  titre  ;  Scènes  drui- 
diques. Parmi  ses  autres  compositions  impor- 
tantes, on  cite  un  Stabal  mater  avec  orchestre, 
un  Requiem  avec   accompagnement    d'orgue. 


|1)  V.  Miisicos  poriH5»f;M,  vol.  I,  p  19?,  on  )c  donne 
•les  litres délalIlOs. 


une  sonate  pour  piano  et  violoncelle,  et  un 
quatuor  pour  instruments  à  cordes.  La  mère  de 
M.  Limnander,  d'abord  comtesse  de  Mallet  de 
Coupigny,  était  française, 

IJAIPUS  (Richard),  organiste  fort  distin- 
gué, qui  avait  été  attaché  en  celte  qualité, 
pendant  vingt-cinq  ans,  à  l'une  des  principales 
paroisses  de  Londres,  l'église  de  Saint-Michel , 
où  il  remplissait  aussi  les  fonctions  de  direc- 
teur du  chùMir,  est  mort  en  cette  ville  le  15 
mars  1875,  à  l'âge  de  cinquante  ans.  Cet  ar- 
tiste, qui  s'était  fait  connaître  aussi  comme 
compositeur,  avait  fondé  en  18G4,  à  Londres, 
le  collège  des  organistes,  excellente  institution 
qui  a  rendu  de  très-grands  services  à  l'art  re- 
ligieux en  Angleterre,  et  dont  il  était  le  secré- 
taire. 

LIXVROLLI  (Ventcri),  luthier  italien  du 
seizième  siècle,  est  cité  par  M.  Antoine  Yidal , 
dans  son  livre  :  les  Instruments  à  archet, 
comme  «  feseur  de  violes  à  Venise,  vers  1520.  « 

L1\D  (Jenny),  épouse  GOLDSCHMITII, 
est  aujourd'hui  détiuitivement  fixée  en  Angle- 
terre, où  elle  ne  s'est  produite  que  rarement, 
en  ces  dernières  années,  dans  des  concerts  de 
bienfaisance.  Elle  s'est  fait  entendre  pour  la 
dernière  fois  en  Allemagne ,  à  Dus8eldorf,i,le  20 
janvier  1870,  dans  Ruth  ,  l'oratorio  bien  con- 
nu de  son  mari  M.  Otio  Goldschmith  (i). 

LIA^DBLAD  (Otto),  compositeur  Scandi- 
nave, est  mort  au  mois  de  février  1864,  à  l'âge 
de  quarante-trois  ans.  On  lui  doit  un  assez 
grand  nombre  de  mélodies  vocales.  Cet  artiste 

(1)  J'ai  reçu  de  M.  Julius  Benedict,  le  compositeur  re- 
nommé, une  demande  de  rectification  relative  à  quelques 
détails  donnes  suus  son  couvert,  dans  la  Diogrdpliie 
universelle  des  Musiciens,  concernant  le  voyage  qu'il  lit 
aux  États-Unis  en  compagnie  de  M'"*  Jenny  l.ind  et  sous 
la  direction  du  fameux  entrepreneur  Barnnm.  11  résulte 
des  renseignements  qui  m'ont  été  communiqués  à  ce 
sujet  par  M.  hénédlct ,  que  M""*  Jenny  Lind  n'a 
pas  cessé,  dans  le  cours  de  ce  voyage,  de  rester  sous  la 
direction  de  liarnum,  avec  lequel  elle  s'était  engagée 
pour  ISO  concerts,  et  qu'elle  résilia  son  contrat  après 
93  séances  (plus  dix  au  bénélice  des  pauires).  De  plus  , 
M"'=  Jenny  l.ind  ne  recuillit  pas  de  cette  immense  tiuv- 
née  une  somme  de  trois  millions,  comme  il  a  été  dit, 
mais  seulement,  une  fois  son  dé  lit  payé  à  Barnum,  un 
bénéfice  total  de  176,000  dollars  soit  770,000  francs,  sur 
lesquels  elle  lit  parvenir  500,000  francs  en  Suède,  sa  patrie, 
pour  la  fondation  d'écoles  en  faveur  des  enfants  des  clas- 
ses Indigentes.  «  J'ai  raconté,  dit  encore  M.  Bcnédict,  j'ai 
raconté  à  M.Kétls  un  petit  incident  de  notre  voyage  sur 
le  Mississipi,  de  la  Nouvelle  Orléans  à  Saint  Louis,  qu'il 
a  con.sidérablcment  augmenté.  Il  fallait  sept  jours  pour 
remonter  le  fleuve  (une  distance  de  1200  milles  anglais),  et 
notre  entrepreneur,  M  Barnum,  arrangea  seuirraent 
deux  concerts  dans  les  petites  iilks  de  .Mempliis  et  Nat- 
chez,  qui  furent  donnés  pendant  le  temps  qu'on  cher- 
chait du  charbon  pour  la  machine  à  vapeur  du  ba- 
teau.... » 


LINDBLAD  —  LliNLEY 


413 


est  probablement  parent  de  celui  du  même 
nom  qui  est  mentionné  dans  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens. 

LL\DEMAIX  (Ole-Andues),  claveciniste  et 
compositeur  norwégien,  naquit  en  1768.  Cet 
artiste  distingué  serait  sans  doute  complètement 
inconnu  en  France,  si  Farrenc  n'avait  eu  l'idée 
d'insérer  neuf  de  ses  pièces  de  clavecin  dans 
sa  belle  collection  du  Trésor  des  pianistes 
(2'"  volume).  Farrenc  ayant  accompagné  la 
reproduction  de  ces  pièces  d'une  courte  notice 
biograiiiiique  sur  leur  auteur,  je  ne  crois  pou- 
voir mieu\  faire  que  de  rapporter  ici  cette  no- 
tice, aucun  autre  renseignement  ne  m'étant 
parvenu  sur  Lindeman. 

«  Ole-Andres  Lindeman,  dit  Farrenc,  clave- 
ciniste et  compositeur,  naquit,  en  1768,  en 
Norwège.  Après  avoir  fait  de  bonnes  études, 
il  se  rendit  à  Copeniiague  pour  passer  ses  exa- 
mens à  runiversité.  Jusque-là  il  avait  cultivé 
la  musique  comme  amateur;  à  son  arrivée  dans 
la  capitale  du  Danemarck,  il  lit  la  connaissance 
de  Wernicke,  élève  de  Kirnberger  et  maître  de 
cliapelle  du  roi  Christian  VII,  Sous  la  direction 
de  cet  éminent  artiste,  il  étudia  avec  ardeur 
le  clavecin  et  le  contrepoint.  Ses  progrès  furent 
tels  qu'en  quelques  années  il  devint  d'une  ha- 
bileté remarquable  et  fut  admis  aux  séances 
musicales  de  la  comtesse  de  Schimmelman  ,  qui 
réunissait  chez  elle  tous  les  amateurs  de  bonne 
musique.  Lindeman  a  professé  pendant  quel- 
ques années  avec  un  grand  succès  à  Copenha- 
gue, et  c'est  de  celte  époque  que  datent  les 
compositions  que  je  publie  aujourd'hui.  Ayant 
entrepris  un  voyage  en  Norwège  pour  se  ma- 
rier, il  obtint  la  place  d'organiste  de  Notre- 
Dame  à  Drontheim,  et  il  se  fixa  dans  cette  ville, 
où  il  a  demeuré  plus  de  cinquante  ans.  Il  y 
est  mort  vers  1855. 

«  Il  paraîtra  surprenant  qu'avec  des  facultés 
musicales  hors  ligne,  une  éducation  sérieuse 
et  éminemnient  classique,  Lindeman  ait  peu 
produit;  mais  l'étonnement  cessera  lorsqu'on 
saura  que,  père  d'une  nombreuse  famille  (il 
avait  douze  enfants),  et  sa  place  d'organiste  ne 
lui  rap|>ortant  que  très-peu  de  chose  propor- 
tionnellement à  ses  besoins,  il  était  obligé  de 
donner  des  leçons  du  matin  jusqu'au  soir,  et 
qu'en  rentrant  chez  lui  il  s'occupait  de  l'éduca- 
tion musicale  de  ses  enfants,  tous  devenus, 
sous  sa  direction,  d'excellents  musiciens  et 
d'habiles  exécutants. 

'<  Je  crois  que  quelques  ouvrages  de  Linde- 
man ont  été  gravés  à  Copenhague,  cependant 
je  n'en  trouve  aucune  indication  dans  le  grand 
catalogue  de  musique  de   Leipzig.   Gerber   et 

BIOGR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    —    SLPPL.    - 


Fftis  n'ont  point  cité  cet  artiste  dans  leurs  Dic- 
tionnaires biographiques.  Je  dois  à  M.  Tellefseii, 
de  Drontheim ,  professeur  distingué  de  piano  à 
Paris,  élève  de  Lindeman,  les  détails  qu'on 
vient  de  lire  ;  je  lui  dois  aussi  les  pièces  que  je 
publie aujourdhui,  et,  une  exceptée,  toutes  iné- 
dites. Bien  qu'elles  soient  de  petite  dimension  et 
par  conséquent  peu  développées,  elles  ne  méri- 
tent pas  moins  l'attention  des  connaisseurs.  » 

Les  pièces  publiées  par  Farrenc  sont  en  effet 
charmantes,  et  dénotent  un  artiste  d'une  haute 
valeur.  J'en  ai,  moi-même,  reproduit  deu\  dans 
mon  journal  la  Revue  de  la  musique  {V^  an- 
née, 1876,  n°  2). 

LI\DEMA\X  (D ),  compositeur  alle- 
mand ou  Scandinave,  qui  ne  doit  pas  être  con- 
fondu avec  le  précédent,  s'est  fait  connaître  par 
la  publication  d'un  grand  nombre  de  recueils  de 
musique  de  danse  :  10  Valses  et  10  Écossaises 
pour  petit  orchestre,  livre  7;  10  Valses  et  10 
Ecossaises  pour  petit  orchestre,  livre  9  ;  9  Val- 
ses et  6  Écossaises,  id.,  livre  10;  12  Valses, 
8  Écossaises  et  2  Sauteuses,  id.,  livre  11  ;  6  Val- 
ses et  4  Sauteuses,  id.,  livre  12;  10  livres  de 
danses  pour  le  piano  ;  6  Polonaises  d'après  des 
airs  favoris,   pour  le  piano,  elc.,etc. 

LliXGIARDI  (GiACOMo  et  Luigi),  nés  à  Pa- 
vie,  le  premier  le  16  avril  1811,  le  second  le 
2  juillet  1814,  sont  les  fils  de  Jean-Baptiste 
Lingiardi,  fondateur  d'une  grande  fabrique  d'or- 
gues aujourd'hui  fort  renommée  et  qui  est  une 
<les  plus  importantes  de  l'Italie.  Tous  deux 
furent  élèves  de  leur  père,  et  Giacoino  se  con- 
sacra surtout  à  la  partie  mécanique,  tandis  que 
Luigi  s'occupait  de  la  partie  harmonique.  Leur 
premier  orgue  remonte  à  l'année  1836,  et  fut 
construit  pour  l'église  del  Carminé ,  à  Pavie. 
Depuis  lors  ils  ont  fabriqué  plus  de  120  instru- 
ments, dont  quelques-uns  pour  la  France,  et  ils 
ont  apporté  dans  leurs  procédés  de  construc- 
tion des  améliorations  qui  leur  ont  valu  d'im- 
portantes récompenses. 

LINLEY  (Georges),  compositeur  anglais', 
né  vers  1795,  s'est  fait  connaître  dans  sa  pa- 
trie par  la  publication  d'un  nombre  inouï  de 
romances,  chansons,  nocturnes,  ballades,  mé- 
lodies, qui  rendirent  son  nom  populaire  et  lui 
acquirent  une  grande  notoriété.  Pendant  près 
d'un  demi-siècle,  ses  productions,  dont  la  vo- 
gue était  immense,  furent  chantées  sur  toute 
la  surface  du  Royaume-Uni.  Linley  a  écrit 
aussi  la  musique  d'un  petit  opéra,  la  Poupée 
de  Nuremberg,  qui  a  été  représenté  à  Londres, 
sur  le  théâtre  de  Covent-Garden,  en  1861. 
Cet  artiste  est  mort  à  Londres,  le  10  septembre 
1865,  à  l'âge  de  70  ans  environ. 

T.    II.  8 


H4 


LlNTERMAiNS  —  LISSAJOUS 


LIXTER.MANS  (François),  compositeur,  né 
à  Ikiixi'llt's  le  18  aoiU  1808,  s'est  attiré  de  gran- 
des syinpatliies  en  Belgique  par  l'ardeur  et  le 
dévouement  qu'il  a  apportés  dans  le  développe- 
ment et  la  propagation  du  chant  choral  dans 
ce  pays,  n'hésitant  pas  à  consacrer  la  plus  grande 
partie  de  son  temps  et  même  à  faire  des  sacri- 
lices  pécuniaires  en  faveur  des  sociétés  musi- 
cales qui  étaient  placées  sous  sa  direction. 
M.  Lintermans  a  écrit  un  assez  grand  nomhre  de 
chœurs  pour  voix  d'hommes  :  le  Cri  de  guerre, 
le  Réveil,  le  Départ  des  chasseurs.  Chœur  de 
buveurs,  les  Jiegrets,  l'Appel,  Sérénade,  la 
Retraite,  etc.  On  lui  doit  aussi  quelques  mor- 
ceaux de  musique  religieuse. 

LIONEL.  -  Voyez  VEUCKEN  DE 
VREUSCHx\lEX  (Léon). 

*  LIPLXSKI  (Charles),  est  mort  le  16  dé 
cembre  1861,  dans  sa  propriété  dOurlow,  où 
il  s'était  retiré  depuis  quelques  années,  après 
avoir  résigné  ses  fonctions  de  maître  de  la  cha- 
pelle royale  de  Dresde. 

LISBOA  (B.  DA  Silva),  littérateur  portu- 
gais, a  publié  une  petite  biographie  de  Haydn; 
c'est  une  traduction  de  l'écrit  français  de  Joa- 
chim  Le  Breton  {Aodce  historique  sur  la  vie 
et  les  ouvrages  de  Joseph  Haydn....  lue  dans 
la  séance  publique  de  la  classe  des  Beaux-Arts, 
le  6  octobre  1810,  Paris,  tSlO,  in-4°).  —  J.  de  V. 

LISIXSKY  (Vatroslay).  Un  artiste  de  ce 
nom,  mort  en  1854,  a  écrit  la  musique  d'un  opé- 
ra intitulé  Ljiibani  Zloba,  qui  a  été  représenté 
à  Prague. 

LISiVlORE  ( ),  est  le  nom  ou  le  pseu- 
donyme d'un  musicien  amateur  qui  écrivit  les 
ariettes  du  Maure  d^'cale,  parodie  du 
Maître  en  droit,  opéra-comi(|ue  de  Monsi- 
gny,  qui  fut  représentée  à  l'Opéra-Comiquc 
en  1760.  Les  auteurs  de  l'Histoire  de  Vopéra 
bouffon  disent  à  ce  sujet  :  «  La  musique  fut 
jugée  forte,  variée  et  pleine  de  tableaux,  et  mal- 
gré les  applaudissements  du  public,  l'auteur 
eut  la  modestie  de  garder  l'anonyme  :  on  a  sçu 
depuis  qu'elle  était  de  M.  Lisinore.  »  Il  faut 
croire  pourtant  que  ce  personnage  n'était  pas 
l'unique  auteur  de  la  partition  i\ix  Maître  d'école, 
car  voici,  d'.iutro  part,  la  note  aussi  courte  qu'é- 
nigmatitpic  qu'on  trouve  ii  son  nom  dans  les 
Anecdotes  dramatiques  de  Laporte  :  «  Milord  de 
Lisemorc  (sic)  a  mis  en  musique  le  Maître  dV- 
cole  avec  M"'^de  R aujourd'hui  M""=  l)....   » 

LISS.XJOUS  ( ),  savant  français,  né 

vers  1830,  s'est  fait  un  nom  distingué  dans  la 
science.  C'est  à  cause  de  ses  recherches  et  de  ses 
travaux  sur  l'acoustique,  liont  il  s'est  beaucoup 
occupé,  que  sa  place  est  marquée  dans  ce  dic- 


tionnaire. Sa  découverte  la  plus  importante  en 
ce  genre,  et  la  plus  digne  d'intérêt,  est  assu- 
rément celle  de  l'étude  optique  des  sons,  que  le 
savant  physicien  a  su  rendre  visibles  à  l'œil 
comme  ils  sont  appréciables  à  l'oreille.  Je  ne 
saurais  me  dispenser  d'entrer  à  ce  sujet  dans 
quelques  détails,  détails  que  j'emprunterai  d'ail- 
leurs directement  à  M.  Lissajous,  en  reprodui- 
sant le  passage  suivant  d'une  conférence  faite 
par  lui,  le  26  décembre  1863,  à  la  Société  des 
compositeurs  de  musique  : 

« Le  son,  disait  alors  l'expérimentateur, 

étant  un  mouvement,  doit  pouvoir  être  étudié  de 
l'œil  ;  malheureusement  ce  mouvement  est  tel- 
lement rapide  qu'il  ne  produit  sur  l'oil  qu'une 
impression  confuse.  Heureusement  certains  ar- 
tifices permettent  de  changer  cette  perception 
confuse  et  fugitive  en  une  impression  nette  et 
persistante,  et,  par  un  heureux  hasard,  c'est  pré- 
cisément dans  la  comparaison  des  sons  présen- 
tant les  intervalles  fondamentaux  de  la  musique 
que  cet  effet  se  produit  avec  le  plus  de  netteté. 

«  L'appareil  le  plus  commode  pour  ce  genre 
d'expérience  est  le  diapason.  Tout  l'artifice  né- 
cessaire pour  rendre  les  sons  en  quelque  sorte 
visibles  consiste  à  coller,  sur  l'une  des  branches, 
vers  l'extrémité  de  la  face  convexe,  un  miroir 
plan  ;  pour  que  ce  miroir  ne  gêne  pas  la  vibra- 
tion, on  l'équilibre  à  l'aide  d'un  contre-poids 
placé  sur  l'autre  branche. 

«  Le  diapason  ainsi  disposé  peut  facilement 
servir  à  mettre  en  évidence  la  cause  première  du 
mouvement  vibratoire.  A  cet  effet,  on  prend  une 
source  puissante  de  lumière  (soleil  ou  lumière 
électrique);  on  fait  passer  un  faisceau  éteint  par 
une  ouverture,  et  on  le  dirige  sur  le  miroir  ;  le 
diapason  étant  tenu  dans  la  position  verticale,  on 
rejette  ensuite  le  rayon  sur  un  miroir  tenu  à  la 
main,  et  de  là  on  le  renvoie  sur  un  écran  de  papier 
blanc  placé  à  plusieurs  mètres  dedistance.  Pour 
empêcher  le  faisceau  de  diverger  et  concentrer 
en  un  point  la  trace  qu'il  donne  sur  l'écran,  on 
a  soin  de  placer  entre  le  diapason  et  le  corps 
éclairant  une  lentille  convergente  d'un  foyer  con- 
venable. Dès  qu'on  fait  vibrer  le  diapason,  le 
point  lumineux  se  convertit  en  une  ligne  lumineu- 
se verticale,  dont  lalongueur  croîtavec  l'intensi- 
té du  son.  Cet  effet  est  facile  à  expliquer:  lors- 
que le  diapason  vibre,  lemiroir  oscille  et  s'incline 
tantôt  en  avant,  tantôt  en  arrière;  le  rayon  réflé- 
chi éprouve  le  même  mouvement  et  vient  frap- 
per l'écran,  tantôt  plus  haut,  tantôt  plus 
bas;  seulement  ce  mouvement  d'oscillation  s'ef- 
fectue avec  une  telle  rapidité  que  l'œil,  au  lieu 
de  voir  le  point  lumineux  monter  et  descendre 
sur  l'écran,  le  voit  à  la  'fois  dans  foutes  les  po- 


LISSAJOUS 


115 


«itions  qu'il  occupe  successivement.  C'est  en 
effet  un  fait  bien  connu  que  les  impressions  vi- 
suelles ne  cessent  pas  immédiatement  après 
leur  production.  Il  s'écoule  environ  un  quin- 
zième de  seconde  entre  le  moment  où  l'œil 
est  frappé  par  la  lumière  et  le  moment  où  l'im- 
pression s'éteint.  Par  conséquent,  il  suffit  que  le 
diapason  effectue  plus  de  quinze  oscillations 
complètes,  aller  et  retour,  dans  une  seconde, 
pour  que  le  trajet  parcouru  par  le  point  lumineux 
reste  éclairé  dans  toute  son  étendue. 

«  Si  l'on  profite  du  moment  oîi  le  diapason 
vibre,  pour  déplacer  le  rayon  réiléchi  dans  le 
sens  borizontal  en  faisant  tourner  le  deuxième 
miroir,  alors  la  pointe  du  faisceau  lumineux,  au 
iieu  d'osciller  au  même  point  de  l'écran,  oscille 
dans  des  régions  de  plus  en  plus  éloignées  du 
point  de  départ,  et  décrit  une  succession  de  si- 
nuosités que  l'œil  voit  illuminées  simultanément. 
Cette  expérience  démontre  donc  de  la  façon  la 
plus  nette  la  cause  première  du  son,  c'est- 
à-dire  le  mouvement  oscillatoire  du  corps  so- 
nore.» 

On  voit  combien  est  importante  la  découverte 
de  M.  Lissajous  ;  et  elle  ne  l'est  pas  moins  an  point 
de  vue  de  la  précision  que  de  la  nouveauté  et 
de  l'utilité  des  résultats  obtenus.  On  s'en  ren- 
dra compte  par  cette  nouvelle  démonstration  ; 
«  Pour  comparer  les  sons  entre  eux,  l'expé- 
rience se  dispose  autrement.  On  place  les  deux 
diapasons  à  comparer  l'un  vis-à-vis  de  l'autre, 
de  façon  que  leurs  miroirs  soient  en  regard  ; 
seulement,  le  plan  des  branches  pour  l'un  des 
diapasons  est  vertical,  il  est  horizontal  pour 
l'autre. 

'i  Un  faisceau  de  lumière  parti  de  la  lampe 
électrique  tombe  sur  le  premier  miroir,  et  de 
là  sur  l'écran  ;  une  lentille  placée  sur  le  trajet 
du  faisceau  en  concentre  les  rayons  de  manière  à 
donner  sur  l'écran  une  ligne  lumineuse  verticale 
produite  par  l'oscillation  rapide  du  faisceau  de 
lumière  dans  le  sens  vertical  ;  si  l'on  fait  vibrer 
le  diapason  horizontal  seulement,  il  se  produit 
une  ligne  horizontale  ;  si  l'on  fait  vibrer  les  deux 
diapasons  à  la  fois,  l'image  se  meut  sur  l'écran 
dans  le  sens  horizontal  et  dans  le  sens  vertical  à 
la  fois,  et  devient  dans  son  mouvement  une  cour- 
be fermée  dontla  forme  dépend  du  rapport  des 
deux  sens.  Cette  courbe  apparaît  en  traits  de 
feu  sur  l'écran. 

«  Si  les  diapasons  sont  à  l'unisson,  ils  exécu- 
tent le  même  nombre  de  vibrations  dans  le  nlême 
temps  :  la  figure  obtenue  est  alors  une  ligne 
droite  ou  une  ellipse,  qui  peut  parfois  devenir 
un  cercle  parfait....  Dans  le  cas  où  l'unisson  est 
parfaitement  rigoureux,  celle   des  figures  obte- 


nues  au  début  se  maintient  pendantltoute  la  du- 
rée de  la  vibration,  eu  éprouvant  dans  ses  dimen- 
sions une  diminution  i)rogressive  en  rapport  avec 
la  diminution  d'amplitude  des  vibrations  elles- 
mêmes.  Si  l'accord  des  deux  diapasons  n'est  pas 
rigoureux,  la  figure  se  transforme  progressive- 
ment, et  passe  par  toutes  les  formes  successives 
indiquées  au  tableau  (I).  Cette  transformation  est 
d'autant  plus  rapide  que  le  désaccord  est  plus 
grand,  et  elle  fournit  la  mesure  exacte  du  désac- 
cord. En  effet,  chaque  fois  que  la  figure,  après 
avoir  passé  par  le  cycle  complet  de  ses  transfor- 
mations, reprend  sa  forme  primitive,  on  est  sûr 
que  l'un  des  diapasons  a  exécuté  une  vibration 
complète  de  plus  que  l'autre.  Ainsi,  s'il  faut  60" 
pour.que  la  figure  primitive  se  reproduise,  l'im 
des  diapasons  fait  dans  60"  une  vibration  double 
de  plus  que  l'autre.  Si  l'on  opère  par  exemple  sur 
des  diapasons  dont  l'un  donne  le  la  normal  de 
870  vibrations  simples,  ou  i3i  vibrations  doubles 
par  seconde,  il  y  a  donc  un  désaccord  entre  ces 
deux  diapasons  égal  à  1  vibration  sur  435  X  60 
ou  nh^-  Ces  nombres  donnent  une  idée  de  la 
sensibilité  de  la  méthode.  » 

Il  serait  superllu  de  chercher  à  démontrer 
l'intérêt  qui  s'attache  à  l'étude  de  ces  questions. 
Sous  ce  rapport,  et  c'est  le  seul  qui  doive  nous 
occuper  ici,  M.  Lissajous  a  rendu  à  la  science 
des  services  incontestables.  Aussi,  lorsque,  après 
la  mort  d'Auber,  M.  Ambroise  Thomas  eut 
été  chargé  de  la  direction  du  Conservatoire  de 
Paris,  l'un  de  ses  premiers  soins  fut-il  de  char- 
ger M.  Lissajous  de  faire  un  cours  d'acoustique 
dans  cet  établissement,  qui  jamais  n'avait  eu  de 
professeur  de  ce  genre.  M.  Lissajous  inaugura  son 
cours  en  février  1873,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas, 
quelques  mois  après,  de  se  rendre  à  l'Exposition 
universelle  de  Vienne,  où  il  avait  été  nommé 
juré  par  la  France  pour  la  section  musicale  ;  à  la 
suite  de  ce  voyage,  il  présenta  au  ministre  son 
lapporl,  qui  fut  publié  sous  ce  titre  :  Rapport 
sur  les  instruments  de  musique.  Instruments 
à  vent  et  autres  appareils  acoustiques,  Paris, 
Imprimerie  nationale,  1875,  in-4''. 

Malheureusement,  depuis  lors,  M.  Lissajous 
a  été  nommé  recteur  de  l'Académie  de  Besancon, 
poste  qu'il  occupe  encore  aujourd'hui,  et  le  Con- 
servatoire s'est  vu  priver  de  son  professeur.  On 
peut  espérer,  toutefois,  que  sa  situation  nouvelle 
n'empêchera  pas  ce  savant  dislinguéde  continuer 


(1)  M.  Lissajous  avait  publié  sur  ce  sujet  un  travail 
dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique  (octobre  ISST). 
Ce  travail  était  accompagné  d'une  planche  reproduisant 
les  figures  diverses  dont  il  est  ici  question,  telle  plan- 
che a  été  reproduite  dans  le  texte  de  la  conférence  de 
M.  Lissajous,  tel  qu'il  a  élé  publié  dans  les  Biitlrtina  de 
\a  Société  des  compositcvrs  de  mvsirixie  (1863). 


IIG 


LISSAJOUS  —  LISZT 


ses  recherches  sur  une  branche  de  la  science  qui 
intéresse  la  musique  d'une  façon  si  spé<  iale. 

LISTOWSHI  (ANnuK),  colonel  dans  l'ar- 
mée polonaise  et  amateur  distingué  de  musique, 
est  né  à  la  (In  du  dix-liuilième  siècle.  M.  Lis- 
towski  s'est  fait  connaître  d'abord  par  un  grand 
nombre  de  mélodies  vocales  et  de  pièces  fugitives, 
parmi  lesquelles  on  cite  surtout  avec  éloges 
Venise  la  belle,  écrite  sur  des  paroles  de  Scribe 
traduites  en  polonais,  et  la  Prière  cVune  jeune 
fille.  Il  a  composé  la  musique  de  deux  mélo- 
drames, rnépilal  des  Fous  et  les  Perroquets 
de  notre  grand'mère,  représentés  tous  deux 
sur  le  théâtre  des  Variétés,  à  Varsovie,  en  1S41. 

*  LISZT  (Fkanz).  —  Cet  artiste  prodigieux, 
fantasque,  mais  d'une  trempe  intellectuelle  sin- 
gulièrement vigoureuse,  n'a  cessé,  depuis  plus 
d'un  demi-siècle,  d'occuper  le  monde  de  sa  per- 
sonne, de  ses  travaux,  et  aussi  de  ses  excentri- 
cités. M.  Liszt,  pour  qui  la  simplicité  doit  être 
synonyme  de  sottise,  a  toujours  avidement  re- 
cherché les  occasions  de  se  mettre  en  relief  et 
de  faire  parler  de  lui.  Dans  ces  dernières  années, 
ayant  presque  épuisé  tous  les  moyens  ordinaires, 
il  n'en  a  pas  trouvé  de  meilleur  que  de  faire 
croire  qu'il  entrait  en  religion  ;  je  dis  :  «  de  faire 
croire,  »  car  en  réalité,  malgré  tout  ce  qui  a  été 
écrit  à  ce  sujet,  tous  les  détails  minutieux  à  la 
fois  et  com))!iqués  qui  ont  été  publiés  et  repro- 
duits dans  cent  journaux,  malgré  la  qualifica- 
tions d'abbé  qui  lui  a  élé  donnée  par  les  uns, 
les  railleries  dont  il  a  été  l'objet  de  la  part  des 
autres,  on  ne  sait  encore  à  quoi  s'en  tenir  et 
si  réellement  M.  Liszt  s'est  fait  ordonner  prê- 
tre. Tout  porte  à  croire  pourtant  qu'il  n'en  est 
rien,  et  que  les  pratiques  de  dévotion  qu'on  a 
remarquées  chez  le  grand  artiste  ne  sont  encore 
de  sa  part  qu'une  nouvelle  occasion  de  réclame 
etunilésir  toujours  plus  intense  de  faire  parler 
de  lui. 

D'ailleurs,  le  prétendu  abbé  ne  saurait  tenir  en 
place,  court  toujours  les  grands  chemins,  se  trou- 
vant aujourd'hui  à  Weimar,  demain  à  Rome,  où 
il  fréquiMite  les  cardinaux  et  le  Vatican,  se  rendant 
de  Rome  à  Paris,  de  Paris  rctourn.Hnt  en  .\lle- 
magne,  jjuis  allant  tenir  école  à  l'Académie  de 
musique  de  Pesth,  et  enfin  revenant  à  Rome,  où, 
en  définitive,  il  passe  la  plus  grande  partie  de  .son 
temps,  partageant  sa  vie  entre  des  relations  ultra- 
mondaines et  celles  qu'il  entretient  avec  les  prin- 
ces de  l'Église.  Kt  il  faiil  noter  (|ue  M.  Liszt 
trouve  toujours  le  temps  de  travailler,  de  com- 
poser, d'écrire  des  œuvres  importantes,  de  les 
produire  et  d'en  diriger  l'exécution,  de  se  faire 
entendre  comme  \irtuose,  sinon  en  public,  du 
nioins  dans  de  nombreuses  sociétés  particulières, 


enfin  de  former  des  élèves  et  de  les  lancer  dans 
la  carrière.  Au  demeurant  homme  étrange,  na- 
ture |)uissante  et  expansive  à  l'excès,  artiste 
habile  et  su|>érieurement  doué  j)ar  la  nature, 
aussi  remarquable  par  le  savoir-faire  que  par  le 
vrai  savoir,  M.  Liszt  est  un  type  à  part  dans 
l'histoire  musicale  du  dix-neuvième  siècle,  et  si 
l'on  peut  regretter  ses  défauts  artistiques  et  in- 
tellectuels, on  n'en  doit  pas  moins  apprécier  ses 
étonnantes  qualités  et  les  facultés  admirables, 
quoique  mal  équilibrées,  qui  constituent  sa  per- 
sonnalité. 

Il  sérail,  je  crois,  singulièrement  difficile  de 
dresser  un  catalogue  détaillé  des  œuvres  innom- 
brables de  ce  compositeur.  Je  vais  essayer  d'en 
donner  un  aperçu,  et  d'étendre  un  peu  les  rensei- 
gnemenls  que  l'on  trouve  dans  la  Biographie 
universelle  de  Musiciens.  —  12  Poèmes  sym- 
plioniques  {\.  Ce  qiCon  entend  sur  la  monta- 
gne; 2.  Triomphe  funèbre  du  Tasse;  3.  Les 
Préludes;  4.  Orphée;  5.  Prométhée;  6. Mazeppa; 
7.  Fest-Klœnge;  8.  Héroïde  funèbre;  9.  Hun- 
garia:  10.  WaxwWX-.W.  Hunnen-Schlacht  ;n. 
l'Idéal)  \—La  Divine  Comédie  du  Dante,  sym- 
phonie avec  soii  et  chœurs;  —  Jeanne  d'Arc 
au  bûcher,  scène  dramatique  pour  mezzo-sopra- 
no,  avec  orchestre;  —Messe  à  4  voix,  avec 
orchestre  et  orgue  ;  —  Pater  noster  à  4  voix 
avec  orchestre;  —  Concerto  pathétique  pour 
piano,  avec  orchestre  ;  —  Concerto  <le  piano  en 
ml  mineur  ;  —  Sonate  pour  piano;—  .Années de 
pèlerinage,  suites  de  compositions  pour  piano 
{Sposalizio  :  il  Penseroso;  Canzonnetta  de 
■Santa-Rosa  ;  S  Sonnets  de  Pétrarque;  Après 
une  lecture  du  Dante,  fantasia  quasi  sonata  ; 
Venezia  e  Sapoli,  gondoliera,  canzone  et  ta- 
rentelle, etc.)  ;  —  Ave  Maria  pour  chœur,  avec 
orgue  ;  —  12  Éludes  d'exécution  transcendante  , 
pour  piano;  —  Apparitions,  id.  ;  —  Le  Car- 
naval de  Pesth,  id.  ;  —  Canzone  napoletana, 
id.  ;  —  Galop  russe,  id.;  —  Harmonies  jioéti- 
ques  et  religieuses,  id.  ;  —  Marche  héroïque  dans 
le  genre  hongrois,  id.  ;  —  2'  Marche  hongroise, 
id.  ;—  Mazurka  brillante,  id.  ;  —  Aonnenwerth, 
romance  sans  paroles,  id.  ;  —  les  Consolations, 
i)  pensées  |)oéti(iues,  id.;  —  Divertissements,  id.  ; 
—  Grande  Valse  de  bravoure,  id.  ;  —  Fleurs  des 
Alpes,  album  d'un  voyageur,  en  3  suites,  id.  ;  — 
Mélodies  hongroises,  id.  ;  —  Grand  Galop  diro- 
md[i(\ue,i(i.;  —  Nuits  d'été  à  Pausilippe,33imii- 
sements,  id.  ;  —  3  Caprices  poétiques,  id.  ;  —  lu 
Fèle'villageoise,  id.  ;  —  Un  Soir  dans  les  mon- 
tagnes, id.;  —  24  Grandes  Étuile.s,  en  2  livres, 
id.  ;  —  le  Christ,  oratorio  en  trois  parties  ;  —  la 
Légende  de  sainte  Elisabeth  de  Hongrie,  oralo- 
lio  ;  —  Marche  de  Racocksy,  |)araphrasede  con- 


LISZT  —  LITOLFF 


117 


cert,  pour  [liano  ;  Cantique  d'amour,  id.;  — Saint 
François  de  Paule  sur  les  vagues,  id.  ;  —  Prê- 
che aux  oiseaux  de  saint-François  cl' Assise, l].; 

—  Gruner  Messe  (Messe  de  Gran),  écrite  en 
1853  pour  la  consécration  de  la  basilique  de  Gran, 
à  la  demande  du  cardinal  Szitovvski,  primat  de 
Hongrie  ;  —  Messe  du  Couronnement  ;  —  Berg- 
sijmplionie  (Symplionie  de  la  montagne);  —  Can- 
tate pour  le  Centenaire  de  Beethoven,  exécutée  à 
Weimaren  juin  1870;  —  Fantaisies  pour  piano 
sur  la  Fiancée,  sur  les  Huguenots,  Don  Juan, 
Robert-le- Diable,  la  Juive,  les  Puritains,  sur 
les  Soirées  musicales  de  Rossini,  sur  la  Clo- 
chette de  Paganini,  sur  la  Rose  da  Sclmbert; 

—  Morceaux  de  divers  genres  pour  piano  sur 
Don  Carlos,  i  Lombardi,  Lucia  di  Lamer- 
nioor,  Lucrezia  Borgia,  tSorma,  les  Soirées 
italiennes  de  Mercadanle,  le  Songe  d'une  nuit 
d'été  de  Mcndeissolin,  etc  ;  —  Études  mélodi- 
ques pour  piano,  d'après  Schuhert,  en  2  livres. 

En  dehors  de  ces  compositions,  déjà  si  nom- 
breuses, et  dont  la  liste  est  loin  d'être  complète 
ici,  M.  Liszt  a  publié  une  multitude  de  transcrip- 
tions de  toutes  sortes  pour  le  piano  ;  outre 
ses  superbes  transcriptions,  des  neuf  sympho- 
nies de  Beethoven,  on  lui  doit  celles  des  ouver- 
tures du  Freischilfz,  de  Jubel  et  A'Oberon  de 
Wehcr,  de  divers  morceaux  de  la  Muette  de 
Portici,  du  Prophète,  des  Puritains,  des  Rui- 
nes d'Athènes,  du  Vaisseau-fantôme,  de  Lo- 
hengrin,  du  Tannhciuser,  de  l'Africaine,  de 
Tristan  et  Iseulde,  de  Rienzi,  de  la  Schiller- 
Marsch  et  du  Moine  de  Meyerbeer,  de  la  Cha- 
rité, du  Slabat  Mater  et  des  Soirées  musicales 
de  Rossini,  de  six  nocturnes  de  Field,  de  G  mé- 
lodies sacrées  de  Beethoven,  de  4  mélodies  sa- 
crées (le  Schubert,  de  O  grandes  études  de  Paga- 
nini, enfin  dune  quantité  de lieder  et  de  chan- 
sons de  Beethoven,  de  Schubert,  deMendeIssohn, 
de  M.  Robert  Franz,  de  M""'  Clara  Schumann, 
elc,  etc. 

M.  Liszt  a  été,  en  Allemagne  et  en  France,  le 
sujet  d'un  grand  nombre  d'écrits  ;  voici  les  litres 
de  ceux  qui  sont  venus  à  ma  connaissance  :  1°  F. 
Liszt,  nachs  einem  leben  und  wirken  atis  au- 
ihentischen  berichten  dargestellt(F.  Liszt  pré- 
senté dans  une  relation  authentique,  d'après  sa 
vie  et  sa  conduite),  par  Christern,  Leipzig,  Schu- 
berth  ;  —  2"  F.  Liszt  in  Berlin,  Skizze  (F.  Liszt 
à  BerUn,  esquisse),  par  Kossarski,  Berlin,  Ba- 
rasch  ;  — S" Liszt'' s  (F.)  orator'ium  «  Christus,  » 
ei7ie  studie  zur  zeit  v.ndmus'ikgeschichtlichen 
stellungderselben  (Etude sur  i'oratorio^e Christ 
de  F.  Liszt....),  Leipzig,  Scimberth,  1874,  gr. 
in-8°;  —  4°  Franz  Liszt  als  sijmi)honiker{?xâiri. 
Liszt  comme  symphoniste),  par  F.  Brendel,  Leip- 


zig,1859;  —5''  Franz  Liszt  ungarische  Kr ce nun- 
gsmesse  eine  musik  studie  (Étude  musicale  sur 
la  messe  hongroise  du  couronnement,  de  Franz 
Liszt),  par  K.  Abranyi,  traduit  en  allemand  du 
hongrois  par  H.  Gobbi,  Leipzig,  Schuberth,  1871  ; 
—  6"  Franz  Liszt  oratorium  die  Légende  von 
derheiligen  El'tsabethund  dieneue  Musikrich- 
tung  im  Allgemeinen,  ein  offner  brie f  en  die 
lierren  0.  Paul  imd  Ed.  Ber?isrfor/' (l'oratorio 
de  Liszt  la  Légende  de  sainte  Elisabeth  et  la 
nouvelle  tendance  musicale,  lettre  adressée  à 
MM.  O.  Paul  et  Ed.  Bernsdorf,  Leipzig,  Rhode, 
1868;— 7"  Veber  FranzLiszVs  Graner  Fest- 
messe  und  ihre  stellung  zur  geschichteciclien 
entwickelung  der  A'ircAenmMsiA  i(Sur  la  Messe 
solennelle  de  Gran  et  sur  le  développement  de 
la  musique  religieuse),  par  L.  A.  Zeilner,  Vienne, 
Manz,  1859;  — 8°  Die  grossen  pianoforte- 
virtuosen  unserer  ze'it  ans  persœnlicher  be- 
kanntschaft  (les  Grands  virtuoses  pianistes  de 
notre  temps),  Liszt,  Chopin,'  Tcnisig.  llensell, 
Berlin,  Behr,  1871;  —  9°  Franz  Liszt's  Z»io- 
^?'a/j/iie(Biographiede  Franz  Liszt),  par  J.  Schu- 
berth, Leipzig,  Schuberth,  1 87 1  (  1  )  ;  —  1 0"  Z'a66e 
Liszt,  Paris,  Heyaiann,  1871,  in-8. 

Il  me  reste  à  signaler  quatre  écrits  d'un  genre 
fâcheux,  dans  lesquels  la  personne  de  M.  Liszt 
est  directement  mise  en  cause  :  Souvenirs  d'une 
Cosaque,  par  Robert  Franz  (M'""  Olga  de  Janina), 
Paris,  Dentu,  1874,  in-12;  le  Roman  du  pia- 
niste et  de  la  Cosaque,  par  Sylvia  Zorelli,  Pa- 
ris, s.  d.  (1875),  in-12  ;  Souvenirs  d'un  pianis- 
te, réponse  aux  «  Souvenirs  d'une  Cosaque,  » 
Paris,  Lachaud  et  Burdin,  s.  d.  (1874),  in-12;  les 
Amours  d'une  Cosaque,  par  un  ami  de  l'abbé 
X***,  Paris,  Degorce-Cadot,  s.  d.  in-12.  Je  ne 
parlerai  pas  davantage  de  ces  publications,  ren- 
voyant le  lecteur  à  ce  que  j'en  ai  dit  au  mot  Ja- 
nina (Olga  de). 

M.  Liszt  a  publié  sur  John  Field  [l'opuscule  sui- 
vant :  Uber  John  Field''s  nocturne  (eu  fran- 
çais et  en  allemand),  Hambourg,  Leipzig  et  New- 
York,  Schuberth,  1859,  in-16.  Je  dois  faire 
remarquer  que  le  livre  intitulé  :  Des  Bohémiens 
et  de  leur  musique  en  Hongrie,  a  été  publié 
d'abord  en  français  (Paris,  hbrairie  nouvelle, 
1859,  in-12),  et  que  ce  n'e.st  qu'ensuite  qu  il 
a  paru  en  allemand  et  en  hongrois. 

*LITOLFF  (Henry).  —  Musicien  puissant 
mais  inégal,  virtuose  hors  ligne  mais  incorrect, 
doué  d'une  imagination  grandiose  et  vagabonde 
à  la  fois,  voilà  plus  de  trente  ans  que  cet  artiste 


(I)  On  trouve  une  notice  sur  M.  L'isrX  dans  le  premier 
volume  de  l'ouvrLige  inlilnlé  :  .Musikatiscfie  ttudien- 
l;œpfe,^ir  M.  La  Mara,  Leipzig,  1858. 


118 


LITOLFF 


étonnant  court  le  monde,  faisant  entendre  par- 
tout ses  œuvres,  sans  qu'il  soit  possible  d'appré- 
cier et  lie  lixor  sa  valeur  d'une  façon  définitive, 
de  déteriuiner  au  juste  son  talent.  11  a  parcouru 
la  plus  granrle  partie  de  l'Europe,  en  commen- 
çant parla  France,  s'en  allant  de  France  en  Bel- 
gique, de  Belgique  en  Pologne,  de  Pologne  en  Al- 
lemagne, d'Allemagne  en  Hollande,  se  produisant 
successivement  à  Paris,  à  Bruxelles,  à  Varsovie, 
à  Prague,  à  Francfort,  à  Leipzig,  à  Dresde,  à  Ber- 
lin, à  Amsterdam,  à  La  Haye,  à  Brunswick,  à  Vien- 
ne, à  Gotha,  à  Liège,  à  Anvers,  à  Wiesbaden.et  se 
faisant  api)laudir  tour  à  tour  comme  composi- 
teur, comme  pianiste  et  comme  chef  d'orcl.es- 
tre.  Partout,  sur  son  chemin,  LitoUT  semait  ses 
composilions,  consistant  en  opéras,  symphonies, 
ouvertures,  concertos,  pièces  de  piano,  morceaux 
de  chant,  etc.  Tout  cela,  quoique  d'une  valeur 
très-réelle,  est  généralement  inégal,  fiévreux, 
fantasque,  et  plus  original  au  point  de  vue  de 
la  forme,  de  la  puissance  orchestrale,  de  la  cou- 
leur, que  personnel  au  point  de  vue  de  l'idée 
proprement  dite  et  delà  richesse  de  l'inspiration. 
Il  y  a  beaucoup  du  tempérament  de  Berlioz 
dans  Litoiff,  mais  avec  moins  de  jet  mélodique, 
moins  de  sentiment  poétique,  et  point  de  cette 
grâce  e.Kquise  et  suave  qui  caractérisait  l'auteur 
de  la  Fuite  en  Egypte  et  de  ta  Damnation  de 
Faust.  Il  faut  dire  aussi  que  Lilolff  ne  semble 
point  s'être  tracé  une  route  à  suivre,  et  qu'il  pa- 
raît se  laisser  volontiers  entraîner  au  cours  du 
hasard  et  des  événements. 

Depuis  une  quinzaine  d'années  cependant,  Li- 
toiff, définitivement  fixé  en  France,  semble  s'être 
donné  un  but  à  atteindre  :  celui  de  devenir  un 
compositeur  dramatique  français.  11  a  commencé 
par  écrire  un  opéra  en  trois  actes,  Naliel,  sur 
un  poème  d'Edouard  Plouvier,  ouvrage  intéres- 
sant qui  fui  représenté  sur  le  théâtre  du  Kur- 
saal  de  Bade  au  mois  d'août  1863.  Il  songea 
alors  à  se  produire  à  l'Opéra-Comique,  et  l'on 
parla  d'un  imtre  ouvrage  en  trois  actes,  C Esca- 
dron volant  de  lu  reine,  qu'il  aurait  composé 
pour  ce  théâtre,  mais  qui  jusqu'ici  n'a  pas  vu 
le  jour.  Quelques  années  après,  en  18C9,  Li- 
lolff conçut  la  pensée  de  donner  dans  la  salle  de 
l'Opéra  une  série  de  grands  concerts  destinés  à 
l'exécution  d'n-uvres  importantes  de  musique 
moderne,  entre  autres  des  siennes  et  de  celles  de 
Berlioz,  dont  il  est  un  des  admirateurs  les  plus 
ardents  et  les  plus  convaincus.  Il  obtint  en  effet, 
grâce  à  de  puissantes  iniluences,  la  salle  de  l'O- 
péra pour  y  mettre  son  projet  à  exécution,  et, 
à  la  fin  de  18C9,  donna  une  ou  deux  séances; 
mais  l'entreprise  ne  réussit  pas  et  il  y  dut  re- 
noncer presque  aussitôt. 


Mais  il  ne  renonça  [)as  pour  cela  à  se  pro- 
duire sur  une  scène  parisienne.  Ne  pouvant  se 
faire  jouer  à  l'Opéra-Comique,  il  songea  à  abor- 
der un  des  petits  théâtres  consacrés  au  genre 
malsain  de  l'opérette,  et  écrivit  sous  ce  titre, 
la  Boite  de  Pandore,  un  ouvrage  en  trois 
actes  qui  fut  représenté  aux  Folies-Dramatiques 
à  la  fin  de  1871.  L'essai  ne  fut  pas  heureux,  mal- 
gré la  présence  d'une  cantatrice  aimable,  M'"'' 
Ferdinand  Sallard,  qui  avait  appartenu  naguère 
au  personnel  <le  l'Opéra-Comique,  et  qui,  jouant 
le  rôle  de  Pandore,  produisit  un  grand  effet 
dans  une  valse  vocale  destinée  à  faire  ressortir 
ses  qualités  de  virtuosité.  Le  17  octobre  1872,  le 
compositeur  reparaissait  au  même  théâtre  avec 
Héloise  et  Abélard  (3  actes),  et  cette  fois  obte- 
nait un  succès  complet.  Ce  musicien  à  la  person- 
nalité exubérante,  grandiose,  souvent  violente, 
avait  cherché  à  se  faire  coquet,  mignon,  gra- 
cieux, et  il  n'est  que  juste  de  dire  qu'il  y  avait 
presque  entièrement  réussi.  Déjà,  dans  la  Boite 
(le  Pandore,  l'effort  en  ce  sens  était  visible  et 
parfois  heureux  :  cette  première  partition,  con- 
çue dans  un  ordre  d'idées  si  différent  des  appé- 
tits ordinaires  du  compositeur,  renfermait  certai- 
nes pages  pleines  de  délicatesse  et  de  fraîcheur-, 
la  critique  les  avait  signalées,  mais  le  public  n'en 
avait  pu  tenir  grand  compte,  la  musique  ayant 
succombé  sous  la  sottise  du  poème.  Cette  fois,  le 
progrès  était  réel,  évident,  palpable,  et  si  la  par- 
tition iVHélolse  et  Abélard  n'était  point  une 
ouvre  |)arfaite,  c'était  du  moins  une  production 
fort  distinguée,  remarquable  à  beaucoup  d'égards, 
écrite  dans  le  vrai  style  qui  convenait  au  sujet, 
et  qui,  si  elle  manquait  peut-être  un  peu  d'unité, 
possédait  cette  qualité  rare  de  ne  point  viser 
plus  haut  qu'il  ne  faut,  en  même  temps  qu'elle 
restait  toujours  très-élégante  de  forme  et  très- 
pure  de  lignes.  C'était,  en  un  mot,  un  véritable 
opéra  iboulTe,  et  non  une  de  ces  productions 
débraillées  et  triviales  qui,  sous  prétexte  de 
musique,  pervertissent  et  dépravent  le  goi1t  du 
public  <lepuis  tantôt  vingt  ans. 

Malheureusement,  Lilolff  ne  retrouva  pas 
semblable  succès.  La  Belle  au  bois  dormant, 
opéra-féerie  en  quatre  actes  donné  par  lui  au 
théâtre  du  Châlelet  (4  avril  1874),  n'eut  qu'un 
petit  nombre  de  représentations,  et  la  Fiancée 
du  roi  de  Garbe,  nouvel  opéra  bouffe  en  trois 
actes  joué  aux  Folies-Dramatiques  (29  octobre 
1874),  ne  put  non  (ilus  se  soutenir  à  la  scène. 
C'étaient  là  deux  ouvres  médiocres,  qui  ne  mé- 
ritaient pas  un  meilleur  sort.  Un  autre  ouvrage, 
la  Mandragore,  donné  par  le  compositeur  au 
théâtre  des  Fantaisies-Parisiennes  de  Bruxelles 
(janvier  1870),  n'a  pas  été  plus  heureux. 


LITOLFF 


LODER 


il9 


Jai  regret  à  dire  que  Litollï,  à  qui  sa  légitime 
renommée  artistique  devrait  interdire  certaines 
làclies  vraiment  indignes  de  lui,  n'a  pas  liésité 
à  secliarger  de  la  direction  d'un  concert  de  bas 
étage  aux  Champs-Elysées,  non  plus  que  de 
celle  desconcerts  d'unétabllssement  connu  sous 
le  nom  de  Frascati  ;  c'est  ainsi  que,  tandis  qu'il 
se  faisait  jouer  sur  tel  ou  tel  théâtre,  l'auleur 
de  Robespierre  et  des  Girondins  conduisait 
un  orchestre  en  plein  vent.  Passons  sur  ce  fait 
fâcheux,  et  souhaitons  au  grand  artiste  de  rem- 
porter enlin  un  grand  succès  dramatique  sur  une 
scène  digne  de  son  talent. 

Parmi  les  nombreuses  compositions  de  Litoiff 
en  dehors  du  théâtre,  je  signalerai  les  suivantes  -. 
Ruth  et  Booz ,  petit  oratorio  (  partition  chant 
et  piano,  Paris,  Choudens);  Marche  funèbre  à 
la  mémoire  de  Meyerbeer  (Paris,  Brandus);  6 
Morceaux  caractéristiques  pour  piano  (1.  Rap- 
sodie  hongroise  ;  2.  Sur  le  Danube,  rêverie;  3. 
Rapsodie  polonaise  ;  i.leC fiant  du  ISautonnier  ; 
5.  Un  Rêve  ;  6.  Vienne),  Paris,  Choudens  ; 
Ave  Maria  à  voix  seule,  id.,  id.  ;  3 
Caprices-valses  pour  piano  (1.  Légèreté;  2. 
Grâce  ;  3.  Abandon),  op.  24,  Paris,  Heugel  ; 
Vlntitation  à  la  Polka,  op.  3l,id.,  id.;  l'In- 
vitadonù  la  Tarentelle,  op,  36,  id.,  id.;  Ca- 
price de  concert,  op.  37.  id.,  id.;  Divertisse- 
ment fantastique,  id.,  id.  Il  a  écrit  aussi  et 
publié  un  assez  grand  nombre  de  mélodies  voca- 
les :  l'Aïirorc,  la  Charité,  le  Poète,  Je  faime- 
rai,  la  Reine  Mab,  valse  chantée,  ^'effeuillez 
pas  la  marguerite,  Chant  du  gondolier,  duo. 
Enfants,  dormez  toujours,  etc.,  etc. 

LITTA  (Le  comte  Giclio),  compositeur 
amateur  fort  distingué,  issu  d'une  illustre  famille 
milanaise,  deuxième  fils  du  duc  Pompeo  Litta, 
qui  était  un  dilettante  éclairé  et  un  véritable 
Mécène  pour  les  artistes,  naquit  en  1822.  Doué 
d'un  grand  amour  pour  la  musique  et  de  rares 
dispositions  pour  la  culture  de  cet  art,  le  comte 
Lilta  se  laissa  entraîner  à  son  penchant  et  se 
consacra  de  bonne  heure  à  l'étude  de  la  compo- 
sition. Dès  l'âge  de  vingt  ans  il  écrivait  un  opéra 
sérieux,  .BiQHca  di  Santaftora,  qu'il  faisait  exé- 
cuter, le  2  janvier  1843,  sur  la  petite  scène  in- 
time du  Conservatoire  de  Milan;  il  fit  ensuite  re- 
présenter, sur  des  théâtres  publics,  plusieurs 
autres  ouvrages  qui  furent  favorablement  ac- 
cueillis et  qui  l'ont  classé  parmi  les  amateurs  les 
plus  distingués  de  sa  patrie  :  Maria-Giovanna 
(Turin,  th.  Carignan),  Editla  di  Lormo  (4  actes, 
Gênes,  th.  Carlo  Felice,  i8b'i),Sardanapale,  et 
Don  Giovanni  di  Portogallo.  M.  Giulio  Litta 
est  aussi  l'auteur  d'une  sorte  d'oratorio,  la  Pas- 
sione,  dont  il  a  écrit  la  musique  sur  l'hymne  fa- 


meux de  Manzoni  :  0  tementi  delVira  vcntura! 
et  qui  fut  chanté,  dans  un  concert  de  musifjue 
sacrée  donné  à  l'Académie  philharmonique  de 
Turin,  par  la  Malvani-Ferraris  et  le  ténor  Da- 
niele.  La  dernière  production  du  comte  Litta  est 
une  scène  lyrique,  il  Mandante  (d'après  le  Pas- 
sant, de  M.François  Coppée),  qui  a  été  exécu» 
tée  avec  un  véritable  succès  à  Milan,  sur  le  théâ- 
tre Milanais,  le  17  avril  1873;  il  a  écrit  aus.si 
une  opérette,  liaggio  d'Amore,  qui  n'a  pas 
encore  été  représentée.  M.  Lilta  a  publié  quel- 
ques mélodies  vocales. 

LITZAU  (J....  B ),  organiste  néerlandais, 

est  né  à  Rotterdam  le  9  septembre  1 822.  Orga- 
niste de  l'une  des  églises  réformées  de  cette  ville, 
on  lui  doit  les  publications  suivantes  :  1'^  Les 
Mélodies  des  psaumes  et  chants  en  usage  dans 
l'église  ré  formée  des  Pays-Bas,  Rotterdam,  Li- 
chtenauer,  1861  ;  2°  Les  Mélodies  des  psaumes 
et  chants  en  usage  dans  l'Église  évangélique 
luthérienne  arrangées  à  quatre  parties,  id., 
id.,  1852;  3°  Les  Mélodies  des  psaumes,  mo- 
tets, chants  évangéliques  de  l'église  réformée 
des  Pays-Bas,  arrangées  à  quatre  parties 
avec  orgue  ou  piano ,  avec  des  préludes  à 
Jouer  pendant  et  après  le  service,  id.,  id. 
1854. 

LLADO  (J ),  musicien  espagnol  contem- 
porain, est  l'auteur  d'un  traité  de  solfège  dont 
il  a  été  fait  trois  éditions  sous  ce  litre  :  Metodo 
de  solfeo,  analitico,  facil  y  conciso  (Madrid, 
Andres  Vidal). 

LLOREiXTE  (Cipruno),  compositeur  espa- 
gnol contemporain,  s'est  fait  connaître  par  la 
publication  d'un  certain  nombre  d'œuvres  de  di- 
vers genres,  entre  autres  un  recueil  de  six 
cantiques  à  une  voix  avec  accompagnement  de 
piano,  plusieurs  mélodies  religieuses  à  trois  voix, 
et  des  morceaux  de  musiquelégère  et  de  danse 
pour  le  piano. 

LOliO  (Heitor),  musicien  portugais,  fut  un 
organiste  célèbre  et  en  même  temps  un  construc- 
teur d'orgues  très-renommé.  Il  restaura  en  1559 
le  grand  orgue  de  l'église  de  Santa-Cruz  à  Coïm- 
bre,  instrument  superbe  qui  a  été  presque  entiè- 
rement ruiné  par  un  charlatan ,  il  y  a  quelques 
années.  On  n'a  malheureusement  pas  de  rensei- 
gnement plus  précis  sur  cet  artiste  remarquable, 
auquel  les  contemporains  accordent  de  grands 


éloges. 


J.  DE   V. 


LODER  (Edvv.vrd-James),  chef  d'orchestre 
et  compositeur  dramatique  anglais  fort  distin- 
gué, naquit  en  1813  à  Bath,  oii  son  père,  violo- 
niste de  talent,  occupait  une  bonne  situation  (1). 

(1)  11  y  1  tout  lieu  de  croire  que  l'artiste  qui  fait  l'objet 


120 


LODER  —  LQESCnORN 


Il  appartenait  à  une  famille  foute  musicale,  car 
ses  deux  frères,  John  et  William,  morts  long 
temps  avant  lui,  étaient,  le  premier  violoniste, 
le  seconil  violoncelliste,  et  il  eut  aussi  deux 
sœurs  qui  se  livrèrent  à  l'enseignement  de  la 
musique.  Pourtant,  lui-même  ne  se  décida 
qu'assez  tard  à  eml^rasser  délînitivement  cette 
carrière,  car  après  avoir  été  envoyé,  en  1826,  à 
Francfort-sur-le-Mein  pour  y  étudier  avec  Fer- 
dinand Ries,  qui  avait  été  en  Angleterre  l'ami 
de  son  père,  il  revint  au  lonl  de  deux  années 
<T  Lomires,  indécis  sur  son  avenir,  et  liienfôl 
entreprit  l'étude  de  la  médecine;  c'est  dans  ce 
but  qu'il  relourna  en  Allemagne  en  1829.  Mais 
s'étant  retrouvé  avec  Ries,  il  se  résolut  enfin 
à  poursuivre  la  carrière  artistique,  et  termina 
ses  études  musicales  sous  la  direction  de  cet 
artiste  distingué. 

De  retour  en  Angleterre,  Loder  se  vit  chargé 
d'écrire  un  opéra  pour  l'inauguration  du  nou- 
veau théâtre  du  Lyceum,  alors  en  construction, 
et  qui  était  destiné  à  l'exploitation  de  l'opéra 
anglais.  Le  livret  de  cet  ouvrage,  intitulé  Noiii- 
jahad,  était  l'œuvre  du  directeur  de  ce  théâtre, 
Arnold,  qui  avait  transformé  à  cet  effet  un  an- 
cien drame  de  lui  dont  le  succès  avait  été  mé- 
diocre quelques  années  auparavant;  ce  livret 
n'était  point  fameux,  et  la  fortune  de  l'ouvrage 
s'en  ressentit,  lorsqu'il  fut  joué  au  mois  dejuil 
let  lS3i,  bien  que  la  musique  en  fiM,  paraît-il, 
des  plus  remarquables,  et  qu'elle  donnât  les 
preuves  d'un  rare  tempérament  artistique.  «  Il 
faut,  a  dit  M.  Macfarren  en  parlant  de  Aour- 
jahad,  il  faut  considérer  cet  opéra  comme  ayant 
créé  en  Angleterre  un  genre  nouveau  de  musi- 
que dramatique,  et  les  divers  compositeurs  qui 
se  sont  distingués  dans  cette  voie  ainsi  préparée 
pour  eux  doivent  un  témoignage  de  gratitude 
à  Edward  Loder,  qui  a  été  le  pionnier  de  leur 
fortune.  » 

L'année  suivante,  Loder  écrivait  pour  le 
même  théâtre  un  nouvel  ouvrage,  Dice  of  Deatlt 
(le  Dé  de  la  mnrt).  Il  conilul  ensuite,  avec 
les  éditeurs  d'Almen  et  Cie,  un  traité  par  le- 
quel il  s'engageait  à  leur  livrer  chaque  semaine 
une  composition;  c'est  alors  qu'il  écrivit  pour 
eux  une  série  de  12  clianfs  sacrés,  dédiés  à 
Sterndale  Hennett,  et  qui  auraient  suffi  à  établir 


de  celte  notice  est  le  mùine  que  celui  qui  a  Oti'  nien- 
lionni',  au  tome  V  de  la  Uioyraphie  tinircrsclle  des 
Musiciens,  sous  le  noui  Inexact  de  Georges  Loder.  Les 
éléraents  du  pr(':sent  article  ont  été  pris  dans  une  notice 
que  M.  G.  A.  M.-icfarrcn,  l'émincnt  compositeur  an;îl:Ms, 
a  puDllce  sur  Loder  dans  tlie  Impérial  IHctionary  al 
l'nivcrsal  Ùinr/rapliy.  On  verra  qu'il  n  y  est  point  ques- 
tion d'i  n  S(')('ur  que  Loilcr  aurait  f.iit  (  ii  Aineri(|ue. 


sa  réputation  ;  il  leur  donna  ensuite  un  giand 
nombre  île  chants  (sorigs),  duos,  etc.,  et  ces 
éditeurs  eurent  la  singulière  idée  de  former, 
avec  ces  diverses  productions,  une  sorte  d'opéra 
intitulé  François  r'\  qu'ils  firent  jouer  au  théâ- 
tre Drury-Lane  en  1838. 

Quelques  années  après,  Loder  était  engagé 
au  Princess'  Théâtre  comme  chef  d'orchestre, 
et  déploya  dans  l'exercice  de  ces  fonctions  un 
talent  supérieur.  Il  fit  représenter  alors  à  ce 
théâtre  the  iMg/it  Dancers  {les  Dunsexirs  de 
nuit),  son  meilleur  ouvrage  dramatique  (1846), 
et  /'î^c/t,  opéra-ballade  (184S).  Étant  passé  avec 
le  même  emploi  à  Manchester,  il  donna  en  cette 
ville  (1855)  un  ouvrage  de  grande  importance 
et  de  liautes  visées,  Raymond  and  Agnes,  qui 
fut  reproduit  plus  tard  à  Londies,  au  théâtre 
StJames,  mais  dans  des  conditions  d'exécution 
déplorables.  En  1856,  Loder  perdit  l'emploi  de 
ses  facultés,  et  fut  atteint  d'aliénation  mentale; 
après  quelques  années  d'un  traitement  intelli- 
gent, on  put  croire  un  instant  qu'il  allait  être 
rendu  à  la  vie  et  à  la  raison  ;  mais  le  mal  le 
reprit  bientôt,  et  il  mourut  à  Londres  le  5 
avril  1865. 

Outre  les  opéras  qui  ont  été  mentionnés  ci- 
dessus,  Loder  en  écrivit  plusieurs  autres,  qui 
n'ont  pas  été  représentés  :  Utile  Red  lUding 
ITood  {le  petit  Chaperon  Bouge),  qui  avait 
été  composé  vers  1845  pour  le  théâtre  Drury- 
Lane,  Pizarre,  Leila,  et  sir  Roger  de  Cover- 
Icij.  Il  a  écrit  aussi  quelques  morceaux  de  piano 
intéressants,  plusieurs  quatuors  pour  instru- 
ments à  cordes  qui  n'ont  pas  été  publiés,  mais 
qui  témoignent  d'un  art  consommé,  et  surtout 
une  quantité  énoime  de  mélodies  vocales,  parmi 
lesquelles  on  cite  surtout  celles  intitulées  the 
Brave  OUI  Oah  et  OUI  Iloiise  at  Home,  et 
pour  l'ampleur  de  la  conception  celle  qui  a  pour 
litre  Invocation  to  the  Deep  {Invocation  à 
l'obscurité).  Enfin  on  connaît  encore  de  Loder 
une  grande  cantate,  the  Islund  of  Calypso, 
(pii  fut  exécutée  en  18jl  aux  nouveaux  ron- 
.erts  pliilliaimoniques. 

LODiJJEXSHY    (N ),     compositeur 

russe,  s'est  fait  connaître  par  un  certain  nombre 
lie  romances  et  mélodies  vocales,  qui  ont  été 
publiées  à  Saint-Pétersbourg  dans  le  cours  de 
ces  dernières  années. 

*L()ESCIIORI\'(Ciiarlgç-Albf:rt).  —  Par- 
mi les  conq)ositions  publiées  de  cet  artiste,  dont 
le  nombre  s'élève  aujourd'hui  à  près  de  cent 
cinquante,  je  signalerai  les  suivantes  :  Étude  en 
ré  op.  .1  ;  3  Sonates,  op.  101  ;  Moments  inélan- 
coliques,  2  nocturnes,  op.  114;  Éludes  de  ca- 
ractère, op.   118;  4  Études  (1.  Valse;  2.  Galop; 


LŒSCHORN  —  LOMAGNE 


421 


3.  Mazurk;  4.  Polka)  ;  Sonatines  instructives, 
op.  125,  120,  127,  135;  Suite  pour  piano,  op. 
130;3Mazuikas,  op.  132;  Tarentelle,  op.  133; 
die  Sikule  der  Geluuliglieit,  33  éludes,  op. 
136;  Album  de  la  jeunesse,  15  morceaux  ins- 
tructifs, op.  139;  Rôveric,  op.  141;  Quatuor 
pour  piano  et  instruments  à  cordes;  etc.,  etc. 

LOEW  (Joseph),  pianiste  allemand  et  com- 
positeur pour  son  instrument,  n'a  pas  publié  jus- 
qu'à ce  jour  moins  de  trois-cents-œuvres,  con- 
sistant en  pièces  de  genre,  études  faciles,  fantai- 
sies, mélodies,  transcriptions  de  Ikdcr  ou  d'airs 
d'opéras,  morceaux  de  danses,  etc.,  pour  piano 
à  deux  où  à  quatre  mains.  Le  même  artiste  a 
donné  aussi  quelques  morceaux  pour  piano  et 
harmonium.  J'ignore  quelle  est  la  valeur  de 
toute  celle  musique,  dont  rien  absolument  n'est 
connu  en  dehors  de  l'Allemagne. 

*  LOEWE  (Jean-Charles-Godefroid),  est 
mort  à  Kiel  le  20  avril  1869. 

*  LOEWE  (Jeanne-Soi'Hie).  Cette  cantatrice 
célèbre  était  née,  non  en  1815,  comme  il  a  été 
dit,  mais  le  24  mars  1816.  C'est  elle  qui  avait 
créé  à  Gênes  le  rôle  d'Abigail  dans  le  ISabucco 
de  M.  Verdi,  et  à  Milan  la  Maria  Padilla  de 
Donizetti.  lilie  avait  renoncé  au  théâtre  en  1848, 
pour  devenir  l'épouse  du  prince  Frédéric  de 
Liechtenstein.  Celte  grande  artiste  est  morte  à 
Peslh  le  28  novembre  18C6. 

LOEWE  (TnoMAs),  compositeur,  né  en  Autri- 
che, a  écrit  la  musique  d'un  opéra  intitulé  Con- 
cino  Concini ,  qui  a  été  représenté  à  Prague  au 
mois  de  décembre  1862.  Cet  ouvrage  a  été  repro- 
duit ensuite  à  Vienne,  ville  habitée  par  l'au- 
teur, sur  le  théâtre  de  la  Cour,  le  1"  février 
1865. 

*  LOGIER  (Jean-Beunakd),  inventeur  du 
chiroplasie,  était  né  à  Cassel  le  9  Février  1777, 
et  non  à  Kaiscrsiautern  en  1780.  Il  eut  un  (ils, 
Henri  Logier,  qui  s'établit  comme  professeur 
de  harpe  et  de  piano  à  Londonderry  (Angleterre), 
où  il  mourut  le  15  Mai  1870. 

*  LOGROSCIXO  (Nicoi.o).  Les  opéras  sui- 
vants doivent  être  compris  dans  la  liste  de  ceux 
qui  sont  dus  à  ce  compositeur  :  1°  la  Violante, 
Naples,  th.  des  Fiorentini,  1741  ;  —  2''Ctonme- 
tella  Correvaia ,  id. ,  th.  délia  Pace,  1744; 

—  3°  li  Zite ,  opéra  bouffe,  id.,  id.,  1745;  — 
4°  Don  Paduano,  id.,  id.,  id.,  1745;  —  5°  la 
Costanza,  id.,  th.  Nuovo,  1747;  —  6°  li  Des- 
pielte  d'ammore,  id.,  th.  délie  Pace,  1748  (en 
société  avec  Nicola  Caiandro,  dit  Frascia);  — 
7°  la  Finta  Fiascatana,  id.,  th.  Nuovo,  1750; 

—  8°  lo  Cicisbeo,  id.,  id.,  1751;  —  9"  la  Gri- 
selda,  id.,  th.  des  Fiorentini,  1752;  —  10°  El- 
mira  generosa  (en  société  avec  Emmanuel  Bar- 


bella,  excellent  violoniste),  id.,  lii.  Nuovo,  1753; 

—  11°  le  Chiajese  cantarine ,  folie  musicale 
(pazz-ia  per  musica),  id.,  th.  Xuovo,   1754; 

—  12°  Rosmonda  (en  société  avec  Cecere,  Pietro 
Gomez  et  Traelta),  id.,  id.,  1755. 

*  LOISEL  (Je\n).  Cet  artiste  naquit  à  Hesdin, 
en  Artois.  Admis  dans  l'ordre  des  Prémontrés, 
il  devint  chanoine  régulier  de  l'abbaye  de  Saint- 
Josse-aux-Bois  ou  Dompmartin,  dans  le  diocèse 
d'Amiens,  puis  fut  appelé  à  Anvers  comme  maî- 
tre de  chant  (phonascvs)  de  l'église  abbatiale 
de  S«-Michel,  où  il  se  trouvait  en  1646.  C'est  ce 
qui  résulte  d'un  ouvrage  publié  alors  par  ce 
musicien,  ouvrage  resté  jusqu'ici  ignoré,  récem- 
ment retrouvé  par  M.  Vander  Straeten,  et  dont 
le  titre  produit  ces  renseignements  :  Surczilus 
oliciv,  nods  miisicis  concertanlibus  et  pacifis 
VI  vocitm  vel  instrumentorum  adornatus , 
SS.  Maria:  Pacis  œtenurque  reginx  concordix 
pro  patrix  fvlici  concordia  oblalus,  a  venera- 
bïli  D.  F.  Joanne  Loisel  Hesdiniensi,  eccle- 
six  J.  Judoci  in  Nemore,  sacre  Ordinis  Prx- 
monstratensis  canonico,  necuon  ecclesix  S. 
MichacUs  Aniverpias  phonasco.  Opus  secun- 
dum.  {Antverpix,  apud  lieredes  Pétri  Pha- 
lesii,  M  D  C  XVLI,  /?i-4'>).  Ceci  est,  on  le  voit, 
l'œuvre  deuxième  de  Jean  Loisel.  Un  recueil, 
formant  l'œuvre  troisième,  contient  un  assez 
grand  nombre  de  motets  à  plusieurs  voix,  avec 
accompagnement  d'instruments  :  Misericordias, 
Domine  Deus,  Aima  Dei  genitrix,  Laudem 
dicite,  Salve  Regina ,  Regina  cœli,  Tanlum 
ergo,  etc. 

LOMAGXE  (Josei'u),  violoniste  ,  composi- 
teur et  professeur,  né  à  Perpignan  en  1804, 
s'essaya  d'abord  à  jouer  de  la  flûte,  puis  se 
consacra  entièrement  à  l'étude  du  violon.  11  prit 
d'abord  des  leçons  d'un  professeur  nommé  Cosle, 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Perpi- 
gnan, puis,  admis  au  Conservatoire  de  Paris, 
devint  l'élève  de  Kreutzer.  Après  avoir  rempli 
les  fonctions  de  violon-solo  aux  grands  théâtres 
de  Nîmes  et  de  Bordeaux ,  il  retourna  dans  sa 
ville  natale ,  s'y  voua  à  l'enseignement ,  et  fut 
assez  heureux  pour  y  fonder  un  Conservatoire, 
qui  ouvrit  ses  cours  an  mois  d'août  1842,  et 
dont  il  resta  le  directeur  jusqu'à  la  fin  de  sa 
vie.  A  partir  de  cette  époque,  Lomagne  s'occiqia 
beaucoup  de  composition ,  et  écrivit  un  grand 
nombre  d'œuvres  de  divers  genres,  parmi  les- 
quelles on  cite  les  suivantes  -.  —  \.°  La  Maronite, 
grand  opéra  en  5  actes;  —  2°  Messe  à  3  voix, 
exécutée  en  diver.ses  circonstances  ;  —  3"  Slabat 
Mater  avec  sali  et  chœurs;  —  4°  Recueil  d'é- 
tudes pour  le  violon  ;  —  5  "  diverses  compositions 
religieuses,  entre  autres  des  psaumes,  des  vêpres 


122 


LOMAGXE  —  LOMÉiNIE 


du  diiiiaaclie,  des  cantiques,  un  Chemin  de  la 
Croix;  —  6»  des  trios  et  quatuors  pour  instru- 
ments à  cordes;  —  7"  enfin^  des  fantaisies  cl 
airs  variés  pour  le  violon.  J'ignore  si  une  i)artie 
de  cette  musique  a  été  publiée.  Lomagne  est 
mort  à  Perpignan  en  1868. 

LOMAA'  (A -D ),  ancien  prédicateur  à 

Deventer,  puis  professeur  de  théologie  à  Amster- 
dam, est  né  à  La  Haye  (Pays-Bas),  le  16  sep- 
tembre 1823.  Il  s'est  beaucoup  occupé  de  musi- 
que, et  a  publié  dans  divers  journaux  un  certain 
nombre  d'articles  relatifs  à  cet  art.  On  lui  doit 
aussi  les  deux  publications  suivantes  :  1"  Suite 
au  livre  deJ.  G.  Wilms  concernant  le  livre 
de  chorals  de  Véglise  évangélique  luthérienne 
dans  le  royaume  des  Pays-Bas,  pour  orgue  et 
piano,  Amsterdam,  Brandt,  1830,  in-i°  ;  T  Ar- 
rangement à  3  voix  des  chants  évangéliques 
et  luthériens,  principalement  à  Vusage  des 
enfants  qui  chantent  à  Vécole  et  à  Véglise, 
Amsterdam  ,  Loman  et  Reudler,  1852,  in-S". 

LOMBARDl  (GiACOMo),  professeur  de  chant 
et  compositeur,  naquit  à  Parme  en  1810,  et  fit 
ses  études  musicales  au  Conservatoire  de  Naples, 
où  il  eut  pour  maîtres  Francesco  Lanza  pour  le 
piano,  Nozzari  pour  le  chant,  Zingarelli  et  Rai- 
mondi  pour  la  composition.  Il  embrassa  d'abord 
la  carrière  du  chant  dramatique,  et  débuta 
comme  premier  ténor,  en  1828,  au  petit  théâtre 
de  la  Fenice,  de  Naples,  après  quoi  il  alla  tenir 
le  même  emploi  à  Côme,  à  Venise,  à  Bergame, 
à  Bologne,  à  Malte,  puis  revint  à  Naples,  où  il  se 
montra  sur  les  tbeàtres  dirigés  par  le  fameux 
imprésario  Barbaja.  Mais  la  voix  du  jeune  chan- 
teur n'était  pas  encore  suffisamment  formée 
lorsqu'il  aborda  le  théâtre  ;  il  en  résulta  une 
fatigue  et  une  altération  qui  l'obligèrent  à 
renoncer  à  cette  carrière.  Il  s'établit  alors  à 
JN'aples  comme  professeur  de  chant,  alla  ensuite 
pendant  plu-rieurs  années  diriger  le  théâtre  de 
Lecce,  puis  revint  à  Naples,  qu'il  ne  quitta 
plus  depuis  cette  époque,  et  où  il  fonda  une 
société  chorale.  Lombardi  a  fait  représenter 
trois  opéras  :  il  CapHano  ed  il  Tutore  (Malte), 
il  Primo  Navigatore  (Malte,  1829),  et  Elfrida 
(Lecce,  1853);  il  a  écrit  23  messes,  soit  alla 
Palestrina,  soit  avec  orchestre  ou  musique 
militaire,  diverses  autres  compositions  reli- 
gieuses, et  un  certain  nombre  de  morceaux  pour 
le  chant  et  pour  le  piano  ;  une  partie  de  cette 
musique  a  été  publiée.  On  doit  encore  à  Lom- 
bardi les  ouvrages  suivants  :  Elementi  di  lin- 
guaggio  musicale  (Naples,  l'auteur);  Metodo 
per  apprendere  la  giusta  durata  délie  figure 
(id.,  Orlando)  ;  il  CuiUo  modernn,  \  livres  de 
mélodies  (id.,  Tramater)  ;  l'Amico  de  '  princi- 


pianti,  4  autres  livres  de  mélodies  (id.,  Gian- 
nini).  Cet  artiste  est  mort  à  Naples,  au  mois 
d'avril  1877. 

LOMBAUDl  (l" ),  compositeur  italien, 

a  fait  représenter  sur  le  théâtre  du  Prince 
Humbert,  de  Florence,  le  8  septembre  1877,  un 
opéra  sérieux  intitulé  Ginevra  di  Scozia. 

LOMBARDII\I(Giisepi>eLOMBARDO. 
dit),  compositeur  et  professeur  de  chant,  né  à 
Palerme  en  1820,  étudia  le  piano  avec  Pixis, 
l'harmonie  avec  Carini  et  le  contrepoint  avec 
Pietro  Raimondi.  Très-jeune  encore,  il  dirigea 
une  troupe  de  chanteurs  amateurs,  pour  lesquels 
il  écrivit  une  opérette  bouffe,  la  Zia  Teresa, 
qui  fut  jouée  ensuite  au  théâtre  San-Ferdinando, 
et  donna  à  ce  même  théâtre  un  autre  ouvrage 
intitulé  Quattro  Maritïe  due  Mogli.  A  16  ans 
il  alla  s'établir  à  Naples,  et  ouvrit  en  cette  ville 
une  école  de  chant,  qui  fut  bientôt  très-recher- 
chée et  d'où  sont  sortis  plusieurs  artistes  esti- 
més. Plus  tard,  son  ancien  maître,  Pietro  Rai- 
mondi, directeur  du  Conservatoire  de  Palerme, 
lui  ayant  offert  le  poste  de  professeur  de  chant 
dans  cet  établissement,  M.  Lombardini,  satisfait 
de  la  situation  qu'il  s'était  faite  à  Naples,  déclina 
cette  proposition.  En  1857,  il  devint  directeur  de 
l'école  de  perfectionnement  de  ÏAt/)ergo  de' 
Poveri,  puis  de  celle  de  l'Association  des  savants, 
lettrés  et  artistes.  M.  Lombardini  a  publié  un 
Guida  ail'  arte  dcl  Canto  (Naples,  1851),  un 
autre  ouvrage  didactique  intitulé  Studio  di 
perfctta  intonazionc  (Najdes,  Cottrau,  1873), 
et  il  a  fait  représenter  à  Naples  les  opéras  sui- 
vants :  la  Sartina  e  l'Usuraio  (th.  Nuovo,  1853), 
lo  Spaccalegna  (th.  du  Fondo,  1860),  et  l'Al- 
bergo  delV  Allegria  (th.  San-Carlo,  l86'j).  Il  a 
écrit  encore  un  autre  opéra,  Lida,  qui  jusqu'ici 
n'a  pas  été  représenté,  et  a  publié  quelques 
romances  et  mélodies  vocales. 

LOMÉXIE  (Louis-LÉoNARD  DE),  écrivain 
et  critique,  membre  de  l'Académie  française,  est 
né  à  Saint-Yiiex  (Haute- Vienne)  en  1818,  et 
descend  de  François  de  Loménie ,  conseiller  au 
siège  présidial  de  Limoges  en  1570,  lequel  était 
frère  de  Martial  de  Loménie.  qui  fut  secrétaire 
du  roi  et  chef  de  la  branche  des  Loménie  do 
Brienne.  Après  avoir  fait  de  brillantes  études  au 
collège  d'.\vignon,  Louis  de  Loménie  vint  se 
lixer  à  Paris,  et  débuta  dans  les  lettres  par  une 
série  d'études  biographiques  intitulée  Galerie 
des  contemporains  illustres  et  publiée  sous  le 
pseudonyme  d'un  Homme  de  rien  (Paris,  René, 
1840-1847,  in-l8  avec  portraits).  On  a  dit  avec 
raison  que  cet  «  homme  de  rien  »  fit  beaucoup 
de  bruit  dans  le  monde  sans  chercher  le  scandale 
et   sans   forcer   la   curiosité   publique  par  des 


LOMÉNIE  -  LOOUIN 


123 


révélations  imliscrèles,  qu'il  sut  garder,  dans  ses 
confidenres  sur  la  vie  privée  des  contemporains, 
la  mesure  et  la  réserve  convenables,  et  qu'il 
s'attacha  surtout  à  peindre  des  [)ortraits  vraiment 
lustoriques.  Dans  cette  série  d'intéressantes 
études,  qui  ne  comprend  pas  moins  de  dix 
volumes  et  qui  fut  publiée  par  livraisons  déta- 
chées,; la  musique  a  trouvé  sa  place  et  donné 
lieu  à  cinq  notices  sur  Auber,  Clierubini, 
Meyerbeer,  Rossini  et  Spontini.  Les  jugements 
de  M.  de  Loménie  sont  ceux  d'un  homme  de  goût, 
et  l'on  trouve  dans  ses  notices  quelques  utiles 
renseignements.  M.  de  Loménie,  devenu  en 
1871  membre  de  l'Académie  française,  est 
mort  à  Menton  le  2  avril  1878. 

LOXGET  (François-Achille),  médecin  et 
physiologiste  français,  médecin  en  chef  des  mai- 
sons de  S'-Denis  et  d'Écouen,  membre  de  l'Aca- 
démie de  médecine  et  de  l'Académie  des  sciences, 
né  à  Saint-Germain  en  Laye  en  1811,  est  l'auteur 
d'un  grand  nombre  de  travaux  relatifs  à  la 
médecine  et  à  la  physiologie.  Au  nombre  de  ces 
écrits,  nous  devons  citer  le  suivant,  publié  par 
lui  en  société  avec  M.  Masson  :  Études  expéri- 
mentales sur  la  voix  et  sur  les  causes  de  la 
production  du  son  dans  divers  instruments  de 
musique,  Paris,  1852,  in- 8°  de  114  pages.  Je 
crois  que  M.  Longet  est  mort  en  1870. 

LOA'GO  (GiACOMo),  compositeur,  né  à  Faro, 
près  de  Messine,  le  15  février  1833,  était  destiné 
par  sa  famille  à  l'étal  ecclésiastique,  et  n'obtint 
qu'à  l'âge  de  18  ans  de  pouvoir  s'occuper  active- 
ment de  musique.  11  commença  alors  ses  études  à 
Messine,  sous  la  direction  du  maître  de  chapelle 
Paolo  Abbagnato,  et  se  perfectionna  ensuite  avec 
M.  Mario.Aspa,  dont  il  devint  l'élève  préféré.  Il  fit 
ses  débuis  de  compositeur  dramatique  en  donnant 
en  1859,  au  théâtre  de  Messine,  un  opéra  intitulé 
Etzelmo  fil,  qui  fut  bien  accueilli,  et  l'année 
suivante ,  lors  de  la  descente  de  Garibaldi  en 
Sicile,  s'engagea  comme  volontaire  sons  ses 
ordres  et  prit  part  à  la  sanglante  journée  de 
Milazzo.  Après  avoir  fait  un  assez  long  voyage 
en  Italie,  M,  Longo  revint  se  fixer  à  Messine, 
où  il  se  livra  à  l'enseignement  du  chant  et  du 
piano  ;  il  fonda  en  cette  ville  la  première  école 
de  chant  choral  qu'elle  ait  possédée,  et  devint, 
en  1871,  chef  d'orchestre  du  théâtre  Victor- 
Emmanuel.  Les  éditeurs  Ricordi  et  Lucca,  de 
Milan ,  ont  publié  diverses  compositions  de 
M.  Longo,  qui  a  écrit  aussi  plusieurs  ouvertures 
et  cantates  exécutées  dans  différentes  fêtes  muni- 
cipales. 

LONGUEVILLE  (A ),  pianiste  et  com- 
positeur, est  l'un  des  fabricants  les  plus  actifs  de 
ces  petits  morceaux  de  musique  de  piano,  dont 


les  artistes  ignorent  jusqu'à  l'existence,  mais  que 
les  éditeurs  jettent  chaque  année  par  milliers  sur 
la  i)lace,  à  la  plus  grande  joie  des  amateurs  mé- 
diocres pour  quiil'art  musical  tout  entier  est  con- 
centré dans  ces  pages  trivoles.  M.  Longueville  a 
publié  environ  120  morceaux  de  ce  genre,  parmi 
lesquels  se  trouvent  un  certain  nombre  de  fan- 
taisies sur  des  motifs  d'opéras  en  vogue. 

LOPEZ  (Francisco-Miglel),  maître  de  cha- 
pelle et  organiste  espagnol,  naquit  à  Villarroya, 
en  Aragon,  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  siècle.  Il  devint  élève  de  la  célèbre 
école  du  monastère  de  Monserrat,  dans  la  Cata- 
logne, y  apprit  la  musique,  et  en  1684  y  revêtit 
l'habit  de  l'ordre  de  S'-Benoist.  L'un  des  disciples 
les  plus  renommés  de  cette  école,  il  fut  pendant 
huit  ans  maître  delà  chapelle,  puis  organiste 
du  couvent,  et  rempHt  ensuite  les  mêmes  fonc- 
tions à  l'église  de  ce  couvent,  puis  à  Madrid  et 
à  Yalladodid.  Lopeza  publié  deux  ouvrages  sur 
la  musique  avec  texte  latin,  l'un  intitulé  Exa- 
goga  ad  musicem,  l'autre  sous  le  litre  de  Miscel- 
lanea  musica. 

LOPEZ  (José-Veî<\ncio),  musicien  espagnol, 
naquit  à  Madrid  le  18  mai  1795.  Après  avoir 
commencé  de  bonne  heure  l'étude  de  la  musique, 
il  devint  expéditionnaire  dans  une  administration; 
il  entra  ensuite  comme  clarinette  dans  la  musi- 
que d'un  corps  militaire,  puis  s'adonna  à  l'étude 
de  la  contrebasse,  et  obtint  la  place  de  premier 
contrebassiste  au  théâtre  de  la  Cruz,  emploi  qu'il 
conserva  depuis  1826  jusqu'en  1846.  En  1830, 
il  fut  nommé  professeur  de  contrebasse  au  Con- 
servatoire, et  en  1839  il  entra  à  la  chapelle  royale. 
Lopez  mourut  le  15  février  1852.  On  doit  à  cet 
artiste  une  excellente  méthode  pour  son  instru- 
ment. 

LOPEZ  ( ),  artiste  espagnol  contempo- 
rain ,  a  publié  récemment  à  .Madrid ,  chez  l'édi- 
teur Romero  y  Audia,  une  Méthode  éWnentaïre 
de  mandore. 

LOPEZ  REMACHA  (Miguel),  prêtre  et 
musicien  espagnol,  naquit,  à  ce  que  l'on  croit, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle,  et 
mourut  à  Madrid  le  14  avril  1827.  Il  fut  un  chan- 
teur distingué,  et  fit  partie  de  la  chapelle  royale. 
Il  a  publié  sous  ce  titre;:  la  Melopea,  une 
méthode  de  chant  très-estimée. 

LOQUIN  (Anatole),  théoricien  musical,  est 
né  à  Orléans  le  22  février  183'».  Éprouvant  pour 
la  musique  une  vocation  irrésistible  ,  M.  Loquin 
commença  par  apprendrecetart,  seul  et  sans  pro- 
fesseur. A  dix-huit  ans,  il  composait  des  romances 
pour  piano  et  chant,  dont  quelques-unes  ont  vu 
le  jour.  Ce  n'est  qu'en  1853  que  M.  Loquin  prit 
à  Bordeaux  des  leçons  d'harmonie  avec  M.  Fer- 


\u 


LOQUIN  —  LORENTE 


roud  {Voy.  ce  nom),  professeur  de  talent,  qui 
l'iiiilia  aux  notions  les  plus  élémentaires  de  cette 
s'iencc. 

Entré  dans  une  administration  ,  et  envoyé  au 
début  de  sa  carrière  à  Espelette,  petit  village 
basque  des  Basses-Pyrénées ,  M.  Loquin ,  porté 
par  la  nature  de  son  esprit  aux  études  abstraites, 
mit  à  profil  son  isolement  et  le  temps  qu'il  avait 
à  sa  disposition,  en  analysant  sous  le  rapport 
harmonique  les  principales  partitions  de  Gluck, 
de  Rossini,  de  Weber,  de  Meyerbeer,  etc.,  et  en 
comparant  attentivement  entre  eux  les  traités 
d'harmonie  de  Rameau,  de  Catel,  de  Reitha,  de 
Busset,  de  Fétis  et  de  Chevé.  Le  premier  résultat 
de  ces  études  comparées  fut  un  petit  traité  d'une 
soixantaine  de  pages  in-S",  publié  en  18G2  à 
Bordeaux,  chez  Gounouilhou,  sous  le  titre  de 
Notions  élémentaires  d'Harmonie  moderne, 
bientôt  suivi  d'un  ouvrage  plus  considérable,  en 
cinq  parties,  couronné  par  l'Académie  de  Bor- 
deaux, et  intitulé  :  Essai  philosophique  sur  la 
Tonalité  moderne  ll8Gi-i8G9).  Dans  ce  dernier 
ouvrage,  qui  contient  un  traité  complet  de  modu- 
lation, l'auteur  réfute  les  notions  de  théorie 
musicale  les  plus  généralement  admises. 

M.  Loquin  s'occupe,  depuis  de  longues  années, 
d'un  vaste  recueil  des  Chants  populaires  Fran- 
çfli5,etd'un  Grandtraité  d'Harmonie  ancienne 
et  moderne  basé  sur  un  plan  absolument  nou- 
veau ,  plan  qu'd  a  fait  connaître  en  partie  dans 
des  mémoires  insérés  dans  les  Actes  de  la 
Société  des  sciences  physiques  et  naturelles  de 
Bordeaux.  —  M.  Loquin  est  aujourd'hui  mem- 
bre de  l'Académie  des  sciences  de  Bordeaux. 
Depuis  1862  il  est  devenu  le  collaborateur  de 
l'excellent  journal  ^a' G/ro«cfe  ,  pour  tout  ce 
qui  concerne  les  choses  de  la  musique  ;  ses  ar- 
ticles à  ce  journal  sont  signés  du  pseudonyme  de 
PaulLavigne.  Enfin,  ilestl'auteurdesarticlesde 
musique  du  Dictionnaire  de  M.  Littré,  à  partir 
de  la  lettre  N  inclusivement  jusqu'à  la  fin. 

On  a  de  iM.  Anatole  Loijuin,  outre  les  ouvrages 
que  nous  avons  cités  :  —  1°  des  Lettres  sur 
renseignement  populaire  de  la  Musique;  — 
2"  un  Examen  de  la  méthode  Galin,  lu  en  1861 
au  congrès  scientifique  de  France-,  —  .3"  une 
Étude  sur  les  Poésies  de  Clotilde  de  Surville, 
écrite  pour  réfuter  le  mémoire  de  M.  Antonin 
.Macé  ;  i"  De  l'Avenir  des  théories  musicales, 
in-8°;  5"  Aperçu  sur  un  nouveau  système  de 
notation  pour  représenter  les  successions  har- 
moniques, gr.  in -8°;  —  G"  Tableau  de  tous  les 
effets  harmoniques,  de  une  à  cinq  notes,  gr. 
in-8",  etc.,  etc. 

Esprit  très-actif  et  très-laborieux,  M.  Anatole 
Loquin,  qui  est  l'un  des  collaborateurs  du  Supplé- 


ment de  la  Biographie  universelle  des  Musi- 
ciens, a  fondé  à  Bordeaux,  en  1877,  un  recueil 
fort  intéressant,  entièrement  rédigé  par  lui,  et 
qu'il  publie  sous  ce  titre  :  la  Musique  à  Bor- 
deaux, revue  mensuelle. 

LOUAXDI  (Giovanni-Alberto),  composi- 
teur, vivait  à  Brescia  dans  les  premières  années 
du  dix-huitième  siècle.  Il  écrivit  pour  le  prince 
de  Toscane  Ferdinand  de  Médicis  un  oratorio , 
Santa  Maria Maddalena  {l70i),  et  un  Te  Deum 
à  l'occasion  de  sa  guérison  (1709). 

LORElXS  du  IlEST,  luthier  et  faiseur  de 
harpes,  vivait  au  commencement  du  15^  siècle. 

Nous  avons  trouvé  dans  l'intéressant  mémoire 
de  B.  Bernarbt  {Recherches  sur  la  Corporation 
des  Ménestriers)  deux  quittances  délivrées  par  ce 
luthier  à  la  duchesse  Valentine  Yisconli,  femme 
de  Louis,  duc  d'Orléans.  Par  la  première,  datée 
du  17  janvier  1400,  Lorens  du  Hest  reconnaît 
avoir  reçu  du  trésorier  de  la  duchesse  la  somme 
de  32  sous  parisis  pour  avoir  «  rappareillié  et 
«  mis  à  point  deux  des  harpes  de  Madame  la 
«  duchesse  esquelles  il  a  fait  et  mis  broches  et 
(.  cordes  toutes  neufves,  et  ycelles  recollées  là 
«  où  métier  était;  et  en  l'une  d'icelles  fait,  taillé 
«  et  assis  un  fons  tout  neuf.  »  —  Dans  la  seconde 
quittance,  datée  du  29  mars  1401,  le  même 
luthier  reconnaît  avoir  reçu  la  «  somme  de  36 
«  sous  parisis  pour  avoir  rappareillié  et  refaicte, 
«  et  mis  à  point  la  belle  harpe  de  Madame  la 
«  Duchesse.  C'est  à  savoir  recolé  le  bel  baston 
«  qui  était  romppu  en  deux  lieux,  et  avoir  taillé 
«  mis  et  assis  en  icelliii  une  pièce  de  bois  et 
«  avoir  reffait  tout  neuf  le  fons  d'icelle  qui  avait 
«  été  tout  froissié  et  rompus,  et  ycelle  avoir 
«  garnie  de  broches  et  de  cordes  (1).  » 

J.  G. 

*  LOREA^TE  (Andiîé).  Dans  son  Diccionario 
técnico,  histôrlco  y  tiiogrâfico  de  la  Musica, 
M.  José  Parada  y  Barrelo  fixe,  d'une  façon  pré- 
cise, la  date  de  la  naissance  de  cet  artiste  au 
15  avril  I62i. 


(t)  Depuis  longtemps  U  harpe  était  l'instrument  favori 
des  (lames,  en  iiiOrnc  temps  que  rornemcnt  des  .'alons 
princiers.  —  Des  acliats  de  cordes  failsau\  mois  d'octobre 
et  de  novembre  de  l'année  IH6  pour  la  harpe  d'isabeau  de 
Havière,  femme  de  Charles  V|,  prouvent  également  que 
cette  reine,  d'odieuse  mémoire,  avait  le  goût  et  la  pratique 
delà  musique  instrumentale  :iiA  Jehan  du  Lige  pour  corde» 
«  (le  harpes  qu'il  avait  achet('es  et  payées  pour  la  Royne 
((  par  commandement  de  Biétrix  de  Ry,  le  dit  jour  (dernier 
«  octobre  Ui6.  IIII,  6.  »  —  «  Item  pour  cordes  de  harpes 
«  pour  la  Royne  dijllvrées  à  Madame  de  Romont  et  par  son 
«  commandement,  le  XI  Jour  de  novembre  (U  16)...  VI.  S.  » 
«  (Compte  des  menus  plaisirs  de  la  Reine  Isabeau  de 
Bavière,  depuis  le  !<■'•  mars  t 'tl:;  |i'iifi(  au  18  avril  1417 
Ch.  Dépenses,  arcli.  du  Roy.,  K.  270). 

J.  G. 


LORENZI  —  LORET 


123 


LOREKZI  (Giovanm-Battista  DE),  fac- 
teur d'orgues  à  Vicence,  esl  né  à  Scliio  le  13 
mars  1S06.  Après  avoir  étudié  l'art  musical 
dans  sa  ville  natale,  sous  la  direction  de  Felice 
Bragozzo  et  de  Domenico  Cimoso,  il  commença, 
dès  l'âge  de  10  ans,'  à  s'occuper  de  la  fabri- 
cation des  orgues,  en  construisit  un  pour  l'é- 
glise de  San-Felice,  deVicence,  et  enlin,  en  1830, 
fonda  en  cette  ville  la  fabrique  très-impor- 
tante qui  porte  son  nom.  M.  de  Lorcnzi  a  in- 
venté un  système  d'orgues  phonochromiques , 
et  un  iimpantono  ou  timbale  pour  tous  les 
tous,  et  il  construit  aussi  des  instruments  à 
archet  estimés. 

LOREiXZINI  ( ),  fut  l'un  des  maîtres 

de  la  chapelle  de  Louis  XIV.  L'existence  de  cet 
artiste  m'a  été  révélée  par  celte  mention  qu'en 
fait  l'auteur  anonyme  de  ['Histoire  de  l'Aca- 
démie roijale  de  musique  (publiée  par  le 
Constitutionnel)  :  «  Nous  ne  parlerons  point 
de  l'opéra  d'Oronthée,  dont  les  paroles  sont 
de  Leclerc  et  la  musique  de  Lorenzini,  maître 
de  la  chapelle  du  roi,  qui  fut  exécuté  à  Chan- 
tilly, le  23  août  1688,  par  l'Académie  royale  de 
musique  dans  une  fête  que  M.  le  Prince  y  donna 
à  M.  le  dauphin,  attendu  qu'il  n'a  jamais  été 
joué  à  Paris.  »  Je  n'ai  découvert  aucun  autre 
renseignement  sur  cet  artiste. 

LOlîET  (Jean-Joseph  ),  organiste  et  facteur 
d'orgues,  à  la  fois  versé  dans  la  connaissance  de 
la  musique,  de  l'acoustique,  de  la  chimie,  de 
la  physique  et  de  l'astronomie,  naquit  à  Ter- 
monde  (Belgique)  le  6  mars  1757.  Il  fit  ses  étu- 
des à  Dixmude,  chez  l'un  de  ses  oncles,  et,  tout 
en  s'occupant  avec  activité  de  la  construction  des 
orgues,  fournit  une  longue  carrière  comme  orga- 
niste, car  il  ne  tut  pas  attaché  pendant  moins  de 
cinquante-cinq  ans  en  celte  qualité  à  l'église 
Sainl-Gillas  de  sa  '.ville  natale,  remplissant  en 
même  temps  les  fonctions  de  carillonneur  com- 
munal. Parvenu  à  l'âge  de  88  ans  il  se  retira  à 
Malines,  où  il  mourut  le  11  septembre  1847. 

LORET  (FiîANçois-BEUNAr.D),  lilsdu  précé- 
deur,  ingénieur-mécanicien  et  facteur  d'orgui-s, 
naquit  à  Termonde  le  6  avril  1808  et  fut  élève  de 
son  père. Doué  d'aptitudes  particulières  pour  tout 
ce  qui  concernait  la  mécanique,  l'horlogerie,  les 
sciences  physiques,  la  géométrie,  la  musique, 
l'acoustique  et  la  facture  instrumentale,  il  fit 
faire  de  grands  progrès  à  la  fabrication  des  or- 
gues en  Belgique,  et  obtint  divers  brevets  d'in- 
vention pour  différents  procédés  imaginés  par 
lui,  ainsi  que  des  récompenses  nombreuses  à  di- 
verses expositions.  Établi  à  Malines,  François- 
Bernard  Loret  construisit  plus  de  300  orgues  soit 
pour  la  Belgique,  soit  pour  la  Hollande,  soit  pour 


divers  autres  pays,  et  parmi  ces  instruments  il 
s'en  trouve  de  premier  ordre.  Cet  aitiste  fort  in- 
telligent a  écrit  et  i>ublié  plusieurs  opuscules  re- 
latifs aux  détails  delà  construction  des  orgues. 
Il  est  mort  à  Malines  le  17  novembre  1877. 

LORET  (  HiproLYTE  ),  frère  du  précédent , 
organiste  et  facteur  d'orgues,  né  à  Termonde  en 
1810,  fut  aussi  élève  de  son  père,  et  s'est  fait 
une  renommée  lionorabie.  Etabli  d'abord  à  Lae- 
ken-les-Bruxelles,  il  se  fixa  ensuite  à  Paris.  Il  n'a 
guère  construit  moins  de  500  instruments,  tant 
pour  la  Belgique  que  pour  la  Hollande,  le  nord 
de  la  France,  quelques  églises  de  Paris  et  de  la 
Brefagne,  et  même  pour  le  Chili,  le  Pérou  et  les 
colonies  françaises.  M.  Hippolyte  Loret  a  rempli 
les  fonctions  d'organiste  ^à  Termonde  et  à 
Mons. 

LORET  (Clément),  organiste  distingué  et 
compositeur,  né  à  Termonde  (Belgique),  en  1833, 
est  fils  et  petit-fds  de  deux  artistes  qui  rem- 
plirent les  fonctions  d'organiste  à  l'église  Notre- 
Dame  de  cette  ville,  et  auxquels  il  dut  en  grande 
partie  son  éducation  musicale.  Son  père,  M.  Hip- 
polyte Loret,  qui  était  en  même  temps  un  habile 
facteur  d'orgues,  lui  faisait,  dès  l'âge  de  sept  ans, 
jouer  à  l'église  de  petits  offertoires  et  des  sorties, 
et  à  huit  ans,  l'enfant  le  remplaçait  quelquefois 
pour  certains  offices  peu  comphqués.  En  1846, 
M.  Loret  père  ayant  été  nommé  organiste  à 
Mons,  son  (ils  compléta  en  cette  ville  ses  études 
de  lecture  musicale  avec  M.  Denefve,  directeur 
de  l'école  de  musique,  puis,  en  IS.jI,  se  fit 
admettre  au  Conservatoire  de  Bruxelles,  où  il 
travailla  le  contrepoint]  avec  Fétis,  l'orgue  avec 
M.  Lemmens,  et  où  il  ^obtint  le  premier  prix 
d'orgue  en  1853. 

En  1855,  M.  Clément  Loret  vint  à  Paris,  y 
fit  la  connaissance  de  M.  Mustel,  facteur  d'har- 
moniums, qui  le  décida  à  s'y  fixer,  et  devint 
successivement  organiste  au  Panthéon,  à  Su- 
resnes  et  à  Notre-Dame  des  Victoires.  En  1857, 
il  se  présenta  à  Niedermeyer,  directeur  de  l'École 
de  musique  religieuse,  qui  cherchait  un  profes- 
seur d'orgue  pour  cet  établissement,  et,  après 
lui  avoir  fait  entendre  plusieurs  œuvres  de 
Jean-Sébastien  Bach  et  de  Mendelssohn,  fut 
chargé  par  lui  de  ces  fonctions.  Depuis  lors, 
il  a  formé  dans  cette  école  un  grand  nombre 
d'élèves,  dont  quelques-uns  occupent  aujour- 
d'hui des  positions  fort  honorables  comme  or- 
ganistes, et  il  a  contribué  à  rendre  populaires 
le  nom  et  les  œuvres  de  J.-S.  Bach,  jusqu'à 
cette  époque  imparfaitement  connu  des  artistes 
français.  C'est  dans  le  même  temps  que,  sur 
la  proposition  de  Niedermeyer,  alors  maître 
de  chapelle  à  l'église  de    Saint-Louis  d'Antin, 


126 


LORET  —  LOTT 


M.  Lorel  accepta  l'emploi  d'orf^anisle  de  cette 
église,  qu'il  occupe  encore  aujourd'iiui. 

M.  Loret  s'est  fait  connaître  avantageuse- 
ment comme  compositeur.  Dès  1859,  il  pu- 
i)liait  dans  le  journal  la  Maîtrise,  dirigé  par 
(l'Ortigue  et  Nicdermeyer,  ses  premiers  Exer- 
cices d'orgue,  en  trois  livraisons,  qui  furent 
bientôt;  suivis  de  24  Études  pour  le  même 
instrument,  dont  12  avec  pédales  et  12  sans 
pédales  (Paris,  Heugel).  Vinrent  ensuite  50 
Pièces  d'orgue  pour  messes  et  vêpres,  24  Mor- 
ceaux pour  orgue  sans  pédales  (Régnier-Ca- 
naux), l'Office  divin,  recueil  de  morceaux  fa- 
ciles (Heugel),  3  collections  de  12  MorcAïux 
pour  harmonium,  12  Morceaux  pour  harmo- 
nium et  piano,  10  Mélodies,  12  Morceaux 
de  piano,  et  quelques  compositions  détachées. 
M.  Loret  travaille  en  ce  moment  à  une  Méthode 
complète  pour  orgue,  divisée  en  quatre  par- 
ties, dont  les  deux  premières,  qui  traitent  l'une 
de  l'orgue  sans  pédales,  l'autre  de  l'orgue  avec 
pédales,  ont  déjà  paru;  la  troisième  partie 
traitera  des  combinaisons  des  orgues  modernes 
et  de  l'improvisation,  et  la  quatrième  du  plain- 
chant  et  de  son  accompagnement. 

M.  Loret  a  aussi  publié  une  série  de  12  con- 
certos de  Haendel  pour  orgue  et  orchestre, 
transcrits  par  lui  pour  orgue  solo  avec  de 
nombreux  points  d'orgue.  Voici  la  notice  que 
M.  Lefèvre,  aujourd'hui  directeur  de  l'École  de 
musique  religieuse,  a  placée  en  tête  de  cette 
utile  publication  :  «  Jusqu'à  ce  jour,  nous  n'a- 
vons pas  possédé  en  France  d'édition  complète 
des  concertos  pour  l'orgue  avec  accompagne- 
ment d'orchestre,  de  Haendel.  M.  Clément  ^Lo- 
ret,  organiste  à  St-Louis  d'Anlin  et  professeur 
à  l'École  de  musique  religieuse,  qui  possède  jsi 
bien  l'intelligence  des  traditions,  publie  aujour- 
d'hui, d'après  l'édition  de  1792,  tous  les  con- 
certos. Il  a  apporté  dans  cette  publication  le 
soin  respectueux  que  réclame  l'd'uvre  du  grand 
maître.  La  transcription  d'orchestre  est  faite 
excellemment,  les  points  d'orgue,  que  Ha-ndel 
n'a  pas  notés,  parce  qu'il  en  laissait  l'improvi- 
sation à  l'imagination  de  l'exécutant,  sont  très- 
bien  conçus.  M.  Loret,  à  qui  l'on  doit  de  bons 
ouvrages  pour  l'enseignement  de  l'orgue,  enri- 
chit par  cette  publication  le  répertoire  des 
organistes  sérieux  et  leur  rend  un  véritable 
service.  » 

M.  Loret  a  en  portefeuille  un  certain  nombre 
d'ouvrages  encore  inédits.  Parmi  ces  ouvrages, 
il  faut  surtout  distinguer  une  symphonie  à  grand 
orchestre,  en  ré;  une  messe  à  4  voix,  avec 
accompagnement  d'orchestre  ou  d'orgue  et 
quatuor;  plusieurs  motets  avec  solo  et  chœurs; 


un  oratorio  intitulé  le  Calvaire  ;  un  concerto 
pour  piano,  avec  accompagnement  d'orchestre; 
enlin  des  études  et  exercices  pour  le  piano, 
ainsi  que  plusieurs  morceaux  de  genre,  des 
préludes,  fugues  et  romances  sans  paroles  pour 
le  même  instrument. 

Un  frère  de  cet  artiste,  Charles  Loret,  mort 
jeune  il  y  a  quelques  années,  s'est  fait  connaître 
avantageusement  comme  compositeur  et  a  pu- 
blié un  certain  nombre  de  morceaux  pour  le 
piano. 

LORETZ    (JoHN-M ),    compositeur,    a 

écrit  la  musique  d'un  opéra-comique,  the 
Pearl  of  Bagdad,  qui  a  été  représenté  au 
Brooklyn  Lyceum  de  New- York,  au  mois  de 
mai    1872. 

LOT  (Thomas),  fadeur  d'instruments  à 
vent,  l'un  des  plus  habiles  et  des  plus  renom- 
més artistes  en  son  genre,  était  établi  à  Paris 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle 
et  faisait  partie  de  la  corporation  des  lu- 
thiers-maîtres-jurés-comptables de  cette  ville. 
On  trouve  son  nom,  à  la  date  de  1770,  dans 
des  règlements  de  comptes  de  cette  corporation 
qui  sont  conservés  dans  un  carton  des  Archives 
nationales.  H  exerçait  encore  sa  profession  en 
1785,  et  demeurait  alors  rue  de  l'Arbre-Sec. 
A  cette  dernière  date,  un  artiste  du  même 
nom,  Martin  Lot,  qui  était  évidemment  parent 
de  celui-ci,  était  établi  aussi  facteur  d'instru- 
ments à  vent  à  Paris,  et  demeurait  à  l'abbaye 
Saint-Germain.  Enfin,  un  troisième  membre 
de  cette  famille,  Gilles  Lot,  cousin  de  Thomas, 
était  aussi  un  habile  facteur  d'instruments  à 
vent  ;  il  avait  épousé  la  fille  de  Le  Clerc,  qui 
exerçait  la  même  profession,  et,  à  la  mort  de 
celui-ci,  resta  avec  sa  veuve  à  la  tète  des  af- 
faires en  qualité  de  compagnon,  n'ayant  pas 
pu,  malgré  ses  efforts,  se  faire  recevoir  maître 
dans  la  corporation.  Le  Musée  instrumental 
du  Conservatoire  de  Paris  possède  un  galoubet 
de  Gilles  Lot. 

LOTH  ( ),  violoncelliste,  attaché  en  cette 

qualité  à  l'orchestre  du  théâtre  de  P.ouen,  a 
|)ubiié  en  1783  un  Recueil  d'ariettes  avec  ac- 
compagnement de  guitare. 

LOTT  (JouN-FuKDicKic),  artisan  allemand, 
né  en  1775,  ([uitta  de  bonne  heure  son  pays 
pour  se  rendre  en  Angleterre,  et  s'établit  à 
Londres  pour  y  exercer  sa  profession  d'^ébé- 
niste.  Son  compatriote  Fendt  étant  venu  se 
fixer  aussi  en  cette  ville,  le  décida  à  quitter  ce 
métier  pour  la  profession  plus  lucrative  de  lu- 
thier, et  le  fit  entrer  avec  lui  chez  Dodd  {Voyez 
ce  nom),  où  tous  deux  travaillèrent  activement 
et  où  Loti  fit  beaucoup  de  violoncelles  «t  de 


LOTT  -  LOUDIER 


127 


contrebasses.  Les  instruments  de  Lott,  qui 
était  très-soigneux  et  produisait  lentement, 
étaient  d'un  travail  très-fini,  mais  son  vernis 
laissait  à  désirer.  Dans  son  livre,  the  Violin, 
M.  Georges  Hart  affirme  que  ses  contrebasses 
sont  splendides  et  supporteraient  la  compa- 
raison avec  les  instruments  italiens-,  ce  qui 
est  certain,  c'est  que  les  contrebassistes  an- 
glais considèrent  Lott  comme  le  plus  grand 
facteur  des  instruments  de  ce  genre  dans  leur 
pays.  Quant  à  ses  violoncelles,  on  dit  qu'ils 
sont  aussi  soignés,  aussi  parfaits  à  l'intérieur 
qu'à  l'extérieur.  —  Le  fils  aîné  de  cet  artiste, 
George-Frédéric/i  Loti,  né  à  Londres  en  1800, 
mort  en  1868,  connaissait  très-bien  la  lutlie- 
rie  italienne,  de  même  que  son  frère  JoJtn  Lott, 
qui  mourut  en  1871,  et  à  qui  l'on  doit  de 
bonnes  imitations  des  maîtres  italiens. 

LOTTI  DELL  A  SA1\TA  (Mvrcellina), 
cantatrice  distinguée,  est  née  à  Mantoue  au  mois 
de  septembre  1831.  Élevée  au  couvent  de  Vi- 
mercate,  près  de  Milan,  elle  en  sortit  pour  se^li- 
vrer  à  l'élude  du  chant  sous  la  direction  de  l'ex- 
cellent professeur  Mazzucato,  et  fit  des  progrès 
assez  rapides  pour  pouvoir  débuter  avec  succès 
à  Constantinople,  dans  la  saison  de  1850-1851. 
Cet  essai  fut  si  heureux  que  la  jeune  artiste  fut 
aussitôt  engagée  à  la  Scala,  de  Milan,  où  elle  dé- 
buta dans  Attila  et  Nabucco,  de  Verdi.  Elle  par- 
courut ensuite  toute  l'Italie,  se  montrant  à  Gê- 
nes, Bergame,  Modène,  Florence,  Udine,  Rome, 
Vérone,  Parme,  Kavenne,  Vicence,  Palerme,  etc. 
En  1862  elle  chantait  au  théâtre  San-Garlo  de 
Naples,  puis  au  San  Carlos  de  Lisbonne;  en  1864 
on  la  retrouvait  à  Milan,  puis  à  Vienne;  elle  se 
fit  entendre  aussi,  de  la  façon  la  plus  heureuse, 
aux  deux  théâtres  italiens  de  Saint-Pétersbourg 
et  de  Londres.  Son  répertoire,  très-étendu  et 
uniquement  composé  d'ouvrages  essentiellement 
dramatiques,  comprenait  i  Loinbardi,  un  Ballo 
in  maschero,  Attila,  Rigoletto,  la  Confessa 
iVAmuIJi,  les  Huguenots,  i  Vespri  siciliani,  il 
Trovalore,  Martha,  la  Juive,  Lucia  dl  La- 
mermoor,  Nabucco,  Ernani,  etc.  M'"^  Marcel- 
lina  Lotti  a  épousé  un  baryton  nommé  Délia 
Santa.  Ellesemble,'depuis  quelques  années,  avoir 
renoncé  à  la  scène. 

^*  LOTTL\  (Théodora  PIERRET,  épouse), 
pianiste  et  compositeur,  née  à  Paris  au  mois 
de  décembre  1808,  fit  ses  études  musicales 
au  Conservatoire,  où  elle  fut  l'élève  de  Zim- 
raermann  pour  le  piano,  et  de  Ponchard  pour 
le  chant.  Elle  obhnt  un  premier  prix  de  piano 
en  1826.  Cette  artiste  a  publié  des  romances 
et  un  certain  nombre  de  conipositions  pour  le 
piano. 


LOUCHET  (Gustave),  pianiste  et  com- 
positeur, né  à  Boulogne-sur-Mer  le  4  octobre 
1840,  reçut  de  son  père,  excellent  amateur, 
ses  premières  leçons  de  musique.  Envoyé  dès 
l'âge  de  sept  ans  à  la  maîtrise  de  Rouen,  placée 
alors  sous  la  direction  de  M.  Vervoitte,  il  y 
passa  trois  années,  au  bout  desquelles  il  vint 
continuer  à  Paris  son  éducation  musicale.  De- 
venu élève  de  M.  Marmontel  pour  le  piano, 
il  étudia  l'harmonie,  le  contrepoint  et  la  fugue 
avec  M.  Muratet,  et,  son  instruction  terminée, 
il  se  livra  à  la  composition.  Dès  18C4,  ayant 
prit  part  à  un  concours  ouvert  par  la  ville  de 
Paris  pour  la  composition  d'un  chœur  à  quatre 
voix,  il  voyait  couronner  son  Hymne  de  Noël, 
et  publiait  ensuite  plusieurs  autres  productions 
du  même  genre.  M.  Louchet  retourna  ensuite 
à  Rouen,  s'y  fixa,  y  donna  plusieurs  concerts, 
et  se  fit  connaître  par  la  publication  d'un  cer- 
tain nombre  de  morceaux  de  piano,  écrits  non- 
seulement  avec  goilt,  mais  avec  style,  empreints 
d'un  bon  sentiment  mélodique,  et  qui  témoi- 
gnent des  bonnes  études  et  des  aspirations  éle- 
vées de  leur  auteur.  Depuis  le  commencement 
de  1876,  M.  Gustave  Louchet  a  quitté  Rouen 
pour    venir   s'établir   définitivement  à    Paris 

Voici  la  liste  des  compositions  de  cet  artiste , 
publiées  jusqu'à  ce  jour  :  Psaume  145  (paroles 
latines,  fragment),  solo  et  chœur,  avec  accom- 
pagnement d'orgue  ou  d'orchestre,  op.  1  (Paris, 
Clioudens)  ;  Hymne  de  Noël,  chœur  à  4  voix 
mixtes,  op.  6  (id.,  id.);  Ave  Maria,  chœur  à 
4  voix  d'hommes,  op.  7  (id.,  id.);  0  Sacrum 
convivium,  chœur  à  4  voix  mixtes,  avec  ac- 
compagnement d'orgue,  op.  10  (id.,id.);  VA- 
beille,  chœur  à  4  voix  d'hommes,  op.  12  (id., 
id.);  Tantum  ergo,  chœur  à  4  voix  mixtes, 
avec  accompagnement  d'orgue  ou  d'orchestre, 
op.  15  (id.,  id.);  Hymne  à  la  mer,  chœur  à 
4  voix  d'hommes,  op.  16  (id.,  id.);  O  Salv- 
taris,  solo  de  baryton  avec  accompagnement 
de  violon  et  orgue,  op.  5  (id.,  id.);  Idylle 
pour  le  piano,  op.  2  ;  le  Lilas,  romance  sans 
paroles,  id.,  op.  3;  Pensée  fugitive,  id.,  op. 
4;  2  Pensées  caractéristiques,  id.,  op.  8; 
Andante  cantabile,  id.,  op.  9;  2  Mazurkas, 
id.,  op.  11;  Prélude  et  fugue  en  sol  mineur, 
id.,  op.  13;  Allegretto,  id.,  op.  14.  Toutes  ces 
œuvres  de  piano  ont  été  publiées  chez  l'éditeur 
M.  Ma  ho, 

LOUDIER  (Sophronyme).  C'est  sous  ce 
nom,  que  nous  croyons  être  un  pseudonyme, 
qu'a  paru  un  livre  ainsi  intitulé  :  La  Musique 
au  village,  histoire  anecdotique  de  la  méthode 
Galin-Paris-Chevé,  par  Sophronyme  Loudier, 
avec  une  préface  de  A.  Thys  et   un    portrait 


1-28 


LOUDIER  —  LUBECK 


d'Emile  Clievé  (Paris,  s.  d.  [1872',  librairie  de 
VÉclw  de  la  Sorbonne,   in- 12). 

LOUKT  (AiiisTiLs),  virluose  sur  plusieurs 
instriinienls  et  compositeur,  frère  d'Alexandre 
Louel  (auquel  une  notice  est  consacrée  au  tome 
V  de  la  Biographie  tiniverselle  des  Musi- 
ciens], publia  un  certain  nombre  de  romances, 
<l(Mit  une  entre  autres,  intitulée  Près  d'un  ber- 
ceau, obtint  jadis  un  succès  de  vogue  (1).  Cet 
artiste  vivait  à  Bruxelles  en  1851,  et  un  journal 
de  celte  ville,  l'Éclair,  en  parlait  ainsi  dans 
son  numéro  du  4  janvier  1851  :  «  Violoniste 
distingué,  guitariste  extraordinaire,  il  n'a  pas 
son  pareil  à  Bruxelles.  Compositeur  comme 
son  Crère,  il  est  auteur  de  chants  et  de  ro- 
mances aus-;i  populaires  que  cette  charmante 
Berceuse,  récitée  sous  les  lambris  dorés  comme 
sous  le  toit  de  la  plus  modeste  chaumière. 
M.  Louet  fait  chanter  agréablement  le  violon  ; 
son  talent  de  pianiste  accompagnateur  est 
justement  apprécié,  mais  rien  ne  peut  égaler 
le  mérite  transcendant  qu'il  possède  comme 
guitariste.  »  On  croit  qu'Aristius  Louet  est 
mort  à  Bruxelles  il  y  a  plusieurs  années. 

♦  LOUIS  (M'"'),  compositeur,  femme  de 
l'architecte  de  ce  nom,  s'était  fait  connaître 
d'abord  comme  virtuose  sous  le  nom  de  Bajon, 
qui  était  celui  de  sa  famille,  ainsi  qu'on  peut 
le  voir  par  ces  lignes  de  la  Correspondance 
secrète  (T.  III)  :  «  M"'^  Louis,  femme  de  l'ar- 
chitecte du  roi  de  Pologne,  était  déjà  célèbre 
sous  le  nom  de  M"'  Bajon  par  ses  talents  en 
musique.  C'est  elle  qui  a  mis  à  la  mode  en 
France  le  forie-piano,  instrument  qui  a  main- 
tenant la  plus  grande  vogue.   » 

*  LOUIS  (Nicolas),  violoniste  et  compo- 
siteur pour  son  instrument,  s'est  fait  connaître 
aussi  comme  musicien  dramatique,  mais  il  n'a 
jamais  pu  aborder  une  .scène  parisienne,  et  a  dû 
se  contenter  de  faire  représenter  ses  ouvrages 
sur  des  théâtres  de  province.  De  là  le  peu  de 
retentissement  qu'ils  ont  eu.  Voici  ceux  qui 
sont  venus  à  ma  connaissance  :  1°  un  Duel  à 
Valence,  un  acte,  Lyon,  2i  décembre  1844  ; 
2"  Marie-Th&rèse,  quatre  actes,  Lyon,  19  fé- 
vrier 1847;  3"  les  Deux  Sergents,  deux  actes, 
Reims,  janvier  1850;  4"  le  Vendéen,  un  acte; 
5"  les  Deux  Balcons,  un  acte;  G"  Brelan  de 
dames,  un  acte.  Louis  était  né  à  Gueux,  le  30 
novembre  ISOS.  —  La  veuve  de  cet  artiste,  pia- 
niste fort  distinguée,  a  épousé  en  secondes  noces 

fl)  11  y  a  lieu  de  croire  (surtout  en  prOsenee  de  ce  pro- 
nom d'./rislivs,  qui  n'est  rien  moins  que  commun),  que 
cet  artisie  iic  fait  qu'un  avec  Aristius  Loue!,  mentionné 
au  tome  V  de  la  IHoqraphir,  et  dont  le  nom  aura  sans 
doute  été  altéré  à  l'impression. 


un  riche  commerçant  parisien,  M.  Viard.  Elle  a 
donné  à  Londres,  dans  le  couvent  de  l'hiver 
1877-78,  toute  une  -série  de  concerts  qui  ont  été 
très- suivis. 

LOULIÉ  ou   LOULLIER   (L -A ), 

violoniste  et  compositeur,  fut  pendant  vingt 
ans,  de  1766  à  1786,  attaché  à  l'orchestre  de 
la  Comédie-Italienne  en  qualité  de  second  vio- 
lon, emploi  dans  lequel  son  fils  lui  succéda.  Cet 
artiste  a  publié  un  certain  nombre  de  compo- 
sitions pour  le  violon  et  pour  l'alto,  parmi 
lesquelles  je  citerai  les  suivantes  :  Trois  sona- 
tes pour  l'alto,  avec  accompagnement  de  basse, 
op.  6  (Paris,  LouÎn);  Trois  sonates  pour  le 
violon  avec  accompagnement  de  violon,  op.  9 
(Paris,  Corbaux)  ;  Trois  sonates  pour  l'alto, 
avec  accompagnement  de  basse,  op.  10  (id.,  id.}. 

L'artiste  du  même  nom  dont  la  notice  est 
insérée  au  tome  V  de  la  Biographie  jiniver- 
selle  des  Musiciens  est  vraisemblablement  le 
fils  de  celui  dont  il  est  ici  question. 

LOUVET  (Pierre),  luthier  et  facteur  de 
harpes,  était  au  nombre  des  luthiers-maîtres- 
jurés-comptables  de  Paris  en  1742,  et  jouissait 
d'une  bonne  réputation.  Il  vécut  vieux,  car 
quarante  ans  après,  en  1783,  il  exerçait  encore 
sa  profession  et  était  doyen  de  la  corporation 
des  luthiers.  On  n'a  pas,  d'ailleurs,  d'autres  ^ 
renseignements  sur  son  compte. 

Un  autre  luthier  du  même  nom,  Jean  Loxi- 
vet,  peut-être  son  fièie,  était  établi  maître-lu- 
thier à  Paris  en  1759. 

LOVATI-CAZZULAXl  ( ).  Un  ar- 
tiste de  ce  nom  a  écrit  la  musique  d'un  opéra 
sérieux  italien,  Bianca  Capello,  qui  a  été  re- 
présenté avec  succès  à  Valence  (Espagne), 
en  1871. 

LOYS  (Jean),  musicien  qui  vivait  en  Flan- 
dre au  milieu  du  seizième  siècle,  a  composé 
deux  chansons  insérées  dans  un  recueil  de 
chansons  françaises  publié  par  Pierre  Phalèse 
à  Louvain,  en  1555-155G. 

LUBECK  (J...-H ),  compositeur  de  ta- 
lent, fondateur  de  l'École  de  musique  de  la 
Haye,  naquit  à  Alplien  en  1798.  Musicien  de 
premier  ordre,  artiste  lie  grand  mérite  dans 
toute  retendue  du  mot,  il  savait  jouer  de  pres- 
que tous  les  instruments,  aussi  bien  des  instru- 
ments à  vent  que  des  instruments  à  cordes. 
En  1813,  avant  même  d'avoir  atteint  l'âge  de 
seize  ans,  il  s'était  engagé  dans  un  corps  de 
musique  militaire  sur  le  Rhin;  il  fit  la  campa- 
gne de  1813-1815,  et  en  1816  se  rendit  à  Post- 
dam,  en  Prusse,  pour  y  travailler  sérieusement 
l'harmonie  et  le  contrepoint.  Bientôt  il  fut  at- 
taché au  théâlie  de  Riga,  puis  à  celui  de  Stet- 


LUBECK  —  LUBOWSKI 


129 


tin,  se  prodnisit  ensuite  comme  violoniste,  et 
en  1823  revint  dans  les  Pays-Bas,  où  il  organisa 
de  nombreux  concerts.  Nommé  en  1826  direc- 
teur de  l'École  royale  de  musique  de  la  Haye, 
il  se  vit,  en  1829,  conférer  par  le  roi  le  titre 
de  maître  de  sa  clia|ielle,  et  en  1835  reçut  sa 
nomination  de  membre  de  l'Institut  royal  néer- 
landais. Pendant  près  de  quarante  ans,  Lubeck 
a  contribué  grandement  à  la  propagation  de  la 
musique  classique  dans  les  Pays-Bas,  et  durant 
sa  longue  carrière  il  a  formé  de  nombreux 
élèves  qui  sont  devenus  des  artistes  fort  dis- 
tingués. 

Lubeck  était  un  des  meilleurs  ciiefs  d'or- 
chestre qu'on  eût  connus  dans  les  Pays-Bas  ; 
comme  compositeur,  ce  fut  un  artiste  sérieux, 
qui  a  produit  des  œuvres  remarquables.  Une 
de  ses  compositions  les  plus  distinguées  est 
un  psaume  pour  soli,  chœurs  et  orchestre, 
ouvrage  qui  lui  fait  le  plus  grand  honneur  et 
et  qui  a  été  souvent  exécuté  dans  sa  patrie. 
"Viennent  ensuite  plusieurs  cantates,  des  ouver- 
tures, quatre  concertos  pour  violon  et  orchestre, 
un  concerto  pour  cor  et  orchestre,  un  concerto 
pour  liautbois  et  orchestre,  et  beaucoup  d'autres 
compositions  de  moindre  importance.  En  1842, 
Lubeck  fut  nommé  chevalier  du  Lion  néer- 
landais, et  en  1852,  à  l'occasion  du  vingt-cin- 
quième anniversaire  de  la  fondation  de  l'École 
de  musique,  le  roi  lui  fit  remettre  la  grande 
médaille  d'or  du  Mérite. 

Lubeck  est  mort  à  La  Haye  le  7  février  1865. 

Eu.   DE  H. 

LUBECK  (Erinst),  fils  aîné  du  précédent 
et  son  élève,  né  à  La  Haye  en  1829,  est  un  des 
pianistes  les  plus  éminents  de  l'époque  actuelle. 
Avant  de  devenir  célèbre  en  Euiope,  il  fit  avec 
Franz  Coenen,  de  1850  à  1854,  un  grand  voyage 
dans  toute  l'Amérique,  et  ce  voyage  lui  valut 
toute  une  série  de  triomphes.  A  son  retour  en 
Europe,  il  donna  de  nombreux  concerts  en 
Allemagne,  en  France,  en  Angleterre  et  dans 
sa  patrie,  et  partout  il  obtint  un  Succès  d'en- 
thousiasme. En  1854,  Ernst  Lubeck  se  fixa 
à  Paris,  y  fut  acclamé  toutes  les  fois  qu'il  se 
produisit  en  public,  surtout  pour  son  admi- 
rable interprétation  des  grandes  œuvres  clas- 
siques, et  pendant  de  longues  années  fit  partie 
de  l'excellente  société  de  musique  de  MM.  Ar- 
mingaud,  Lalo  et  Jacquard.  Il  se  mit  aussi 
à  donner  des  leçons  de  piano,  forma  d'excel- 
lents élèves,  et  devint  l'un  des  meilleurs  pro- 
fesseurs de  Paris. 

Lubeck  est  incontestablement  l'un  des  plus 
remarquables  pianistes  contemporains,  et  il 
restera    l'un  des    meilleurs    artistes  que  les 

BIOCR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    —   SUPPL.      — 


l'ays-Bas  aient  produits  dans  le  dix-neuvième 
siècle.  Musicien  accompli,  il  a  écrit  pour  son 
instrument  des  ouvrages  fort  estimés,  entre 
autres  un  concerto  avec  orchestre  d'une  réelle 
valeur,  d'excellentes  études,  et  beaucoup  de 
petites  compositions.  11  a  le  titre  de  pianiste  de 
S.  M.  le  roi  des  Pays-Bas,  et  il  est  décoré  de 
l'ordre  néerlandais  de  la  Couronne  de  chêne. 

Malheureusement,  depuis  quelques  années, 
le  pauvre  grand  artiste  souffre  d'une  maladie 
nerveuse  qui  a  pris  un  caractère  alarmant,  et 
et  qui  ne  laisse  pas  que  de  donner  de  cruelles 
inquiétudes  à  sa  famille  et  à  ses  nombreux 
a"iis  (1).  Ed.  de  H. 

LUBET  D'ALBIZ  (Joseph),  écrivain  fran- 
çais, est  l'auteur  d'un  opuscule  publié  sous  ce 
titre  :  Des  relations  de  Vharmonie  musicale 
avec  Vharmonie  céleste  (Paris,  aux  bureaux 
de  la  Semaine  viusicale,  1866,  in-8*'), 

LUBOWSKI  (J ),  pianiste  et  composi- 
teur distingué,  né  en  Pologne,  se  fit  entendre 
avec  succès,  en  1852,  dans  un  concert  donné 
par  lui  à  Cracovie,  et  mourut  peu  d'années 
après.  Uu  livre  d'études  pour  le  piano  parut 
à   Leipzig  après    sa  mort;  ces  études  étaient 

Cl)  Ce  grand  artiste,  dont  le  talent  égalait  la  renom- 
mée, est  mort  à  Paris,  dans  un  état  de  démence  coriipléle 
où  il  était  tombé  peu  de  temps  après  la  guerre  franco- 
allemande.  Aucun  symptôme  n'avait  pu  faire  soupçonner 
encore  un  désordre  de  son  esprit,  lorsqu'un  soir,  à  la 
suite  d'un  cuncert  dans  lequel  II  s'était  fait  entendre,  II 
fut  pris  d'un  violent  désespoir  :  lui,  l'homme  modeste 
par  eicellonce,  prétendit  qu'il  n'atat  pas  été  applaudi 
comme  de  coutume,  et  trouva  la  cause  de  cet  insuccès, 
d'ailleurs  imaginaire,  dans  ce  fait  que  le  public,  le  sa- 
chant étranger,  l'avait  peut-être  supposé  Allemand.  Cette 
Idée  devint  fixe  chez  lui,  et  bientôt  I.ubi'Ck  était  fou. 
Il  avait  épousé  une  jeune  femme  charmante,  tille  d'un 
médecin  distingue,  M.  le  marquis  du  Pl.intis  ,  et  il  en 
était  vivement  épris  ;  c'est  dans  cette  famille,  devenue 
la  sienne,  qu'il  fut  soigné  avec  une  sollicitude  et  un 
dévouement  sins  bornes.  M.  le  marquis  du  l'iajitis  étant 
mort  au  mois  de  juillet  1876,  le  pauvre  Lubeck  sut  se 
soustraire  un  jour  à  la  surveillance  affectueuse  dont 
11  était  l'objet;  il  se  rendit  au  bois  de  Boulogne,  auprès 
duquel  il  demeurait,  entra  dans  un  restaurant,  se  fit 
servir  à  diner,  et  voulut  ensuite  partir  sans  même 
songer  à  payer  sa  dépense.  On  ne  vit  pas  qu'on  avait 
affaire  à  un  fou,  et  on  le  Dt  conduire  chez  un  commis- 
saire de  police,  qui  comprit  vite  la  situation  de  l'infor- 
tuné; malheureusement,  Lubeck  ne  put  ou  ne  voulut 
dire  ni  son  nom  ni  son  adresse,  de  sorte  que  la  soirée 
se  passa  à  le  transporter  de  poste  de  police  en  poste  de 
police,  tandis  que  sa  femme  éplorée  le  faisait  vaine- 
mrnt  chercher  partout.  Enfin,  dans  le  courant  de  la 
nuit,  il  put  être  rendu  aux  siens.  Peu  de  jours  après 
cet  événement,  Lubeck  subit  une  violente  crise  ner- 
veuse, et  le  n  septembre  1876  il  rendait  le  dernier 
soupir. 

Lubeck,  dont  le  talent  était  raagniflque  et  plein  d'am- 
pleur, est  certainement  l'un  des  virtuoses  les  plus  re- 
marquâmes  qu'ait  produits  le   dU-neuvléme  siècle. 

A.  P 

T.  II.  9 


130 


LUBOWSKI  —  LUCCA 


intilult^es  la  Fontaine,  le  Tourbillon,  la  Danse 
des  Sorcicres,  le  Trille,  les  Arpèges,  le  Mou- 
vement perpétuel.  On  avait  publié  de  lui, 
précéiieininenl  :  Deux  Pas  rcdouliléSj  Bruns- 
wick, Spohr;  Marche  Lithuanienne,  idem, 
idem;  Fantaisie  sur  la  valse  du  comte  de  Gal- 
Icmberg,  Prague,  Berra;  Variations  sur  une 
clianson  de  l'Ukraine,  idem,  idem  ;  la  Cascade, 
élude. 

LUCANTOXI     (Giovanm),     compositeur 
italien,  est  né  à   Macerata  en  1825.   Son  père 
était  un  ténor,  et  sa  mère  une  cantatrice  douée 
d'une    belle  voi\   de    contralto.  Il    commença 
ses  études  musicales  sous  la  direction  de  Gio- 
vanni Pacini,  à  Lucques  et  à  Viareggio,  et  les 
termina  avec  Vaccaj  au  Conservatoire  de  Milan. 
Pour  ses  débuts    il    écrivit  la    musique   d'un 
ballet  en  deux   actes,  Don  Chlsciottc,  qui   fut 
représenté  en   1845  au  théâtre  de  la  Scala,   de 
Alilau.  Il  composa  ensuite  une  messe  à  quatre 
voix  qui   fut  exécutée  dans  la  même  ville  en 
1850,  et  dans  le  cours   de  cette  même  année 
il  donnait  au  théâtre  Re  un  opéra  semi-sérieux 
en  deux  actes,   intitulé  Élisa.   Enfîu,  toujours 
à  Milan,  il  faisait  exécuter  au   théâtre  [diilo- 
dramatiquc,   pour   l'iruuiguralion    du  buste   de 
Métastase,  une  grande   cantate   pour  soprano, 
contralto,  ténor  et  basse.  Établi  à  Paris  depuis 
1857,  M.  Lucanloni  a  publié  chez  les  éditeurs 
Choudens,   Flaxland,    Heugel,    Ilarlmannn    et 
Langlois,  un  nombre  considérable  de  romances, 
mélodies  vocales,  duos,  etc.,  qui  ont  paru  aussi 
à  Londres,  chez  Novello.     On  connaît  encore 
de  ce   compositeur    une     ouverture  à    grand 
orchestre  dédiée  par  lui  à  Ro.ssini,  et  des  mor- 
ceaux' de  musique   de  danse    publiés  en  lia- 

lie  (1). 

J.  D.  F. 

LUCAS  (CnARLEs),  compositeur,  violoncel- 
liste et  professeur  anglais,  né  àSalisbury  en  1808, 
fit  ses  étuiles  littéraires  en  cette  ville  et  y  reçut 
sa  première  éducation  musicale  à  la  maîtrise  de 
la  cathédrale,  après  quoi  il  alla  se  perfectionner 
à  l'Académie  royale  de  musi(iue  de  Londres. 
Nommé  en  1830  compositeur,  arrangeur  de  la 
musique  cl  violoncelliste  de  la  musique  particu- 
lière de  la  reine  Adélaïile,  il  devenait,  dans  le 
cours  de  la  môme  année,  organiste  de  la  chapelle 
lianovriennedo  Saint-Georges  ;  puis  il  succédait  à 
Lindlcy  counne  premier  violoncelliste  de  l'or- 
chestro  de  l'Opéra  royal  italien,  et  en  1832  il 
assumait  les  fonctions  de  chef  d'orchestre  de 

|1)  M.  I.ncaiiloDl  a  publié  aussi  dans  .sa  patrie  un 
Certain  nombre  île  niélodios  vocales,  c:ilrc  autres  un  al- 
bum (Je  six  roinances  hitilulO  L'na  .Sera  lii  Carncvalc, 
et  un  autre  recueil  :  (Juattro  Romame.  —  A.  1'. 


l'Académie  royale  de  musique.  Enfin,  en  1859, 
il  était  nommé  principal  (directeur)  de  ce  der- 
nier établis-sement.  Il  mourut  à  Londres  le  23 
mars  1809. 

Charles  Lucas  était  un  artiste  honorable^et  dis- 
tingué. Virtuose  habile,  professeur  remarquable, 
il  s'est  fait  apprécier  aussi  comme  compositeur, 
et  on  lui  doit  plusieurs  opéras,  des  symphonies, 
des  ouvertures,  des  antiennes,  et  un  assez  grand 
nombre  de  songs  el  de  glees. 

LUCAS  (Ecsèbe),  compo.sileur  de  musique 
de  danse,   chef  de  l'orchestre  du  Casino  des 
bains  de  Monaco  (Monte-Carlo),  s'est  distingué 
par   la   façon   remarquable  dont   il   dirige  cet 
orchestre,  et   par  l'intelligence  artistique  dont 
il  a  fait   preuve   en  offrant  à  son  public  autre 
chose  que  la  musique   plus  ou  moins  frelatée 
qui  est   l'apanage  ordinaire  des  orchestres  de 
bains  de  mer.  Cet  artiste  a  eu,  en  effet,  l'excel- 
lente idée  de  con.sacrer  un  jour  par  semaine  à 
l'exécution  des    œuvres    purement   classiques, 
ou  du   moins  (car  cette  épitliète  de  classique, 
aujourd'hui  passée  dans    la  langue,    n'est  pas 
entièrement  juste),    à   celle   des    œuvres     des 
maîtres,    faisant  entendre    ainsi    les   grandes 
compositions  de  Haydn  et  de  Mozart,  de  Bee- 
thoven et  de  Weber,  de    Mendelssohn   et  de 
Meyerbeer,  de  Méhul  et  de  Cherubini,  de  Berlioz 
et  de  M.   Richard    Wagner.   Cette   tentative  a 
obtenu  un  plein  succès,  et  les  jeudis  de  Monte- 
Carlo  (1)  ont  été  fort  bien  accueillis.  M.  Lucas, 
qui  est  du  reste  un  artisle  instruit,  est  l'auteur 
d'un  opuscule  intitulé  l'Orchestre  et  le  public 
(Monaco,    1868,    in-8"),   dans  lequel,  sans  ap- 
porter un  contingent  bien  nouveau  à  la  poétique 
de   l'art,  il  a  exprimé  des    idées    saines  dans 
un  langage  clair  et  précis;  l'auteur  a  amplifié 
cet   écrit    dans    un    volume  plus  étendu,   les 
Concerts  classiques  en  France    (Paris,  San- 
doz  et  Fischbacher,  1876,  in-16),  qui,   en  affi- 
chant  de   plus  grandes   prétentions,    n'a    pas 
sensiblement   augmenté   la    valeur   des    idées 
exprimées. 

LUCAÏELLI  (Giovanm-Battista),  musi* 
cien  italien  qui  vivait  à  Venise  au  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle,  écrivit  pour  le 
service  du  i)riiice  de  Toscane  Ferdinand  de 
Médicis  quelques  cantates  da  caméra,  el  un 
divertissement  musical  intitulé  le  Vittorie  di 
David  e  la  gelosia  di  Saut,  qui  fut  exécuté 
en  1701. 
LUCCA   (FnANCEsco),  éditeur  de  musique 


(1)  C'est  le  nom  qu'on  leur  a  don  né,  et  c'est  le  litre 
sous  lc(|uel  un  écrivain  Ingénieux,  M.  Cli.  M.  Uomcrguc 
(ros.  ce  nom),  a  publié  un  volume  de  critique  inlérts- 
saut  rt  substauUel. 


LUCCA 


131 


italien,  naquit  à  Crémone  en  1802.  Il  avait  étu- 
dié la  musique  et  occupait  l'einploi  de  seconde 
clarinette  à  la  Scala,  de  Milan,  lorsqu'il  entra 
cliez  l'éditeur  Giovanni  Ricordi,  en  (jualité  de 
graveur,  à  raison  d'un  franc  par  jour.  11  était 
alors  A^é  de  viD^t  ans,  et  n'était  [toint  dépourvu 
d'ambition.  A  force  d'éconondes,  il  liiiit  par  réa- 
liser une  petite  somme  de  640  francs,  et  s'en- 
fermant  alors  chez  lui  pendant  six  mois,  il  se 
mit  à  graver  pour  lui-même  un  certain  nombre 
de  Métiiodes  et  de  Traités  qui  lui  servirent  de 
premier  fond  pour  un  commerce  de  musique 
qu'il  voulait  créer.  Bientôt  il  s'établit  en  effet, 
lutta  avec  énerj^ie  contre  toutes  les  difficultés, 
et  finit  par  réussir.  Il  fit  plusieurs  voyages  en 
Allemagne  pour  se  rendre  compte  des  meilleurs 
procédés  à  employer,  et  fit  faire  de  réels  pro- 
grès au  commerce  musical  par  la  beauté  et  la 
correction  des  éditions  qu'il  livrait  au  public, 
par  la  [netteté  et  le   fini  de  sa  gravure. 

Après  s'être  assuré  la  propriété  pour  l'Italie 
des  œuvres  de  Thaiberg,  de  Chopin,  de  Schuloff, 
de  Czerny,  il  songea  aussi  à  la  publication  d'ou- 
vrages dramatiques,  et  répandit  les  partitions 
de  Donizetti,  Mercadante,  Pacini,  Coppoia,  et 
plus  tard  celles  de  Petrella,  de  MM.  Marchetti, 
Gomes,  Csiglio,  etc.  Esprit  libéral  et  ouvert  à 
tous  les  progrès,  c'est  à  ses  efforts  que  l'Italie  doit 
d'avoir  pu  connaître  les  productions  des  grands 
musiciens  étrangers,  et  c'est  Lucca  qui  intro- 
duisit dans  sa  patrie  Faust,  l'Africaine,  la 
Juive,  Lalla-Roukfi,  et  iasqu'kLoheugrin  et  au 
Tannhauser. 

Lucca  était  devenu  tiès-puissant,  et  avait  fait 
de  sa  maison  l'une  des  premières  et  des  plus 
honorablement  connues  de  toute  l'Italie.  Le 
nombre  des  publications  faites  par  lui  ne  s'élève 
pas  à  moins  de  21,000,  et  parmi  elles  il  en  est 
de  fort  importantes.  Homme  de  cœur  aussi,  et 
homme  de  bien,  il  était  le  père  de  ses  ouvriers, 
qui  le  vénéraient,  et  les  artistes  n'avaient  qu'à 
se  louer  de  ses  procédés  envers  eux.  Il  avait 
voué  surtout  une  affection  profonde  à  Donizetti, 
qu'il  aimait  comme  un  frère,  et  il  y  a  quelques 
années  il  fit  don  à  la  municipalité  de  Milan  d'une 
statue  de  ce  grand  artiste,  destinée  à  être  placée 
dans  le  vestibule  du  théâtre  de  la  Scala.  Lucca 
est  mort  subitement  à  Milan,  frappé  d'apoplexie, 
le  20  novembre  1872. 

LUCCA  (Pauline),  chanteuse  remarquable, 
est  née  à  Vienne,'  le  20  avril  1841,  de  parents 
italiens.  D'abord  choriste  au  théâtre  de  cette 
ville,  elle  ne  fut  pas  longtemps  sans  faire  ad- 
mirer sa  magnifique  voix  de  soprano  et  sa 
précoce  intelligence.  Des  maîtres  lui  furent 
donnés,  .ses  progrès  furent  rapides,  et  elle  était 


à  peine  âgée  de  seize  ans  lorsqu'elle  débuta 
avec  succès,  au  théâtre  d'Olmiitz,  dans  le  rôle 
d'iilvira  (VErnani.  Au  bout  de  quatre  mois 
elle  se  produisait,  à  Prague  même,  dans  la 
Fsorma  et  dans  les  lluguenols.  Meyerbeer 
assistant  à  l'une  des  représentations  de  cet 
ouvrage  et  lui  entendant  chanter  le  rôle  de  Valen- 
tine,  en  fut  si  charmé  qu'il  la  fit  engager  aus- 
sitôt au  théâtre  royal  de  Berlin.  Elle  y  débuta 
avec  éclat,  et  bientôt  devint  l'idole  du  public, 
qui  la  plaça  au  rang  des  grandes  cantatrices 
(|ui  avaient  brillé  sur  ce  théâtre,  les  Sontag, 
les  Schrœder-Devrient  et  les  Jenny  Lind.  D'ail- 
leurs, en  dehors  de  la  beauté  de  sa  voix, 
M""^  Lucca  sut  bientôt  faire  apprécier  de 
rares  qualités  scéniques,  qui,  quoique  inégales, 
parfois  exagérées  et  opposées  entre  elles,  n'en 
donnaient  pas  moins  la  preuve  d'un  tempéra- 
ment artistique  d'une  grande  puissance  et  d'une 
rare  souplesse.  C'est  ainsi  qu'elle  jouait  tour 
à  tour,  en  donnant  à  chaque  personnage  le 
caractère  qui  lui  convenait,  Maiguerite  de 
Faust,  Chérubin  des  IVoces  de  Figaro,  Valen- 
tine  des  Huguenots,  et  Zerline  de  Fra  Dia- 
volo.  Infatigable  du  reste,  douée  d'une  éner- 
gie, d'une  volonté  et  d'une  âpreté  au  travail 
des  plus  rares,  elle  se  constitua  un  répertoire 
étonnamment  étendu,  et  qui,  aujourd'hui,  ne 
comprend  pas  moins  de  cinquante-six  rôles, 
parmi  lesquels  le  Trouvère,  la  Favorite,  VA- 
fricaine,  et  bien  d'autres  de  genres  et  de  ca- 
ractères absolument  différents. 

On  assure  même  que   c'est  à  son   intention 
expresse    que    Meyerbeer    écrivit  le    rôle    de 
Selika,    de  l'Africaine,  qu'il  désirait   lui  voir 
créer  à  Paris  ;  mais  M™^  Lucca,  qui  ne  saurait 
chanter  le  français   qu'avec   un    accent    alle- 
mand   très-prononcé,   ne  voulut  pas  s'exposer 
à  un  échec   et   refusa  obstinément   toutes   les 
propositions  que  le  maître  lui  fit  à  ce  sujet. 
Elle  ne  voulait  pas,  d'ailleurs,  quitter  Berlin, 
et  se  bornait  à  aller  pas.ser  trois  mois  de  chaque 
année  à  Londres,   sur    l'une   des    scènes    ita- 
liennes  de  cette  ville.  Plus  tard_,    cependant, 
elle  se  fit  entendre  à  Vienne,  à  Saint-Péters- 
bourg, à    New-York    et  dans  plusieurs    villes 
de   l'Italie.   Engagée  récemment  par   l'impré- 
sario Merelli,  elle  a  donné  au  commencement  de 
1876,  à  Bruxelles,  une  série  de  représentations 
qui  ont  été  pour  elle  de  véritables  triomphes. 

En  tant  que  tragédienne  lyrique,  M""'  Lucca 
serait,  dit-on,  sans  rivale,  si,  à  force  de  vouloir 
atteindre  l'effet,  il  ne  lui  arrivait  parfois  de 
l'exagérer,  et  si  elle  voulait  modérer  des  em- 
portements qui  dépassent  le  but  et  la  font 
tomber  dans  un  réalisme  un  peu  outré.    Son 


132 


LUCCA  —  LUDECKE 


jeu  est  néanmoins  d'une  grande  originalité,  elle 
a  des  élans  de  passion  superbes,  et  lorsqu'elle 
sait  se  contenir,  elle  atteint  aux  dernières 
limites  du  pathétique,  se  montrant  cantatrice 
aussi  remarquable  que  puissante  tragédienne. 
Quoique  les  rôles  d'un  caractère  tendre  ou 
mélancolique  conviennent  moins  à  sa  nature 
ardente  que  ceux  dans  lesquels  la  passion 
doit  se  déployer  dans  toute  sa  force,  elle  sait 
ce|)endant  leur  donner  une  couleur  toute  parti- 
culière, et  s'y  montre  supérieure  sous  le 
rapport  du  chant  proprement  dit.  Au  total, 
c'est  une  artiste  de  premier  ordre,  merveilleu- 
sement douée  par  la  nature,  et  dont  le  ta- 
lent magnifique  s'appuie  sur  les  plus  sérieuses 
études. 

M™"  Lucca  avait  épousé  à  Berlin,  en  18G0, 
un  oflicier  supérieur  prussien,  le  baron  Yon 
Rhode,  dont  elle  eut  une  fdle;  lorsque,  au 
mois  d'août  1872,  elle  arriva  à  New-York,  où 
elle  était  engagée  par  Vimpresario  Max  Ma- 
retzek,  elle  entama  aussitôt  une  procédure 
pour  faire  prononcer  son  divorce.  Ce  procès, 
dont  toutes  les  circonstances  furent  singulières, 
se  termina  par  un  arrêt  rendu  le  2  juin  1873, 
arrêt  qui  prononçait  en  effet  le  divorce,  en 
établissant  que  M"'«  Lucca  conserverait  la 
garde  de  sa  fille  et  qu'elle  pourrait  se  remarier 
si  bon  lui  semblait,  tandis  que  celte  faculté 
n'était  pas  accordée  à  son  mari.  Deux  jours 
après,  le  4  juin.  M""'  Lucca  prenait  un  second 
époux.  Prussien  comme  le  premier,  M.  Emile 
Von  Wallafeu,  et  le  baron  Von  Rhode,  malgré 
l'appel  qu'il  interjeta  du  jugement,  ne  put 
obtenir  ni  la  cassation  de  l'arrêt,  ni  même 
l'autorisation  de  se  remarier. 

LUCCHESI  (Frediano-Matteo),  composi- 
teur de  musique  religieuse  fort  estimé  de  son 
temps,  naquit  à  Lucques  vers  1710,  et  eut  le 
bonheur  d'être  l'élève  du  célèbre  Léo.  Il  fut 
maître  de  chapelle  de  l'église  collégiale  de 
Saint-Michel  in  foro,  et  écrivit  un  grand  nombre 
d'u'uvres  dont  la  plupart  sont  conservées,  à 
Lucques,  dans  des  archives  publiques  ou  des 
collections  particulières.  Parmi  ces  (cuvres, 
on  distingue  surtout  :  plusieurs  messes  à  2, 
4  ;et  5  voix  a  cappella;  une  messe  à  deux 
orchestres  ;  des  répons  à  4  voix,  pour  la  se- 
maine sainte;  un  grand  uondjre  de  motefs; 
enlin,  treize  grands  services  religieux  à  4  voix 
et  à  grand  orchestre,  exécutés,  de  1747  à  1778, 
h  l'occasion  de  la  fêle  de  Sainte-Cécile.  Musicien 
très-savant,  professeur  eslimc,  Lu('ch(!si,  (pii 
fut  le  maître  de  Domenico  Quilici  et  d'Antonio 
Puccini,  mourut  à  Lucques  le  18  août  1779, 
âgé  de  près  de  soixante-dix  ans. 


*  LUCE-VARLET    (J ).    Cet  arti.ste 

a  fait  représenter  sur  le  théâtre  de  Versailles, 
en  1850,  un  opéra-comique  en  deux  actes, 
intitulé  le  Maestro  ou  la  Eenommée.  La 
partition  pour  chant  et  piano  de  cet  ouvrage, 
dédiée  à  Auber,  a  été  publiée  par  l'éditeur 
M.  Richault. 

LUCIDl   (A ).  Un  artiste  ain.si  nommé 

a  fait  représenter  à  Rome,  sur  un  théâtre  par- 
ticulier, le  31  mars  1876,  un  opéra  semi-sé- 
rieux intitulé  Ivan. 

LUCILLA  (DoMEMCo),  compositeur  dra- 
matique, est  né  à  Riofreddo  le  17  février  1820, 
Apiès  avoir  fait  ses  études  au  Lycée  mu- 
sical de  Bologne,  où  il  eut  pour  professeurs 
MM.  Corticelli  et  S.  Golinelli  pour  le  piano  et 
M.  Gaetano  Gaspari  pour  l'harmonie,  il  alla, 
sur  le  conseil  de  Rossini,  se  perfectionner  sous 
la  direction  de  Domenico  Vecchiotti,  auprès 
duquel  il  resta  pendant  trois  années  à  Loretta, 
de  1843  à  1846.  De  retour  à  Rome  après  avoir 
obtenu  à  l'Académie  philharmonique  de  Bolo- 
gne le  diplôme  de  compositeur,  il  fit  repré- 
senter au  théâtre  Valle,  en  1853,  son  premier 
opéra,  il  Soiitario,  qui  fut  bien  accueilli  et 
qu'il  fit  bientôt  suivre  de  Giuliano  Salviati 
(1854),  et  d'une  grande  cantate  qui  fut  exécu- 
tée au  théâtre  Apolio  (1856).  En  1857,  il  donna 
au  théâtre  Capranica  «i  Sindaco  del  Villaggio, 
qui  obtint  un  brillant  succès,  et  en  1862  il  fit 
jouer  à  Reggio  d'Emilie  l'Eroe  délie  Asturic, 
que  l'on  considère  comme  son  meilleur  ou- 
vrage. Enfin,  M.  Lucilla  fit  encore  exécuter 
en  1871,  au  théâtre  Apolio,  pour  une  soirée 
de  gala,  une  cantate  nouvelle,  en  fit  chanter 
une  autre,  par  700  voix,  sur  la  place  du  Ca- 
pitule, le  2  octobre  de  la  même  année,  et  le 
18  janvier  1873  donna  au  théâtre  communal 
de  Eerrare  son  cinquième  opéra,  il  Conte  di 
Betizeval,  ouvrage  en  4  actes,  qui  obtint  une 
série  de  dix-huit  représentations.  Cet  artiste, 
qui  est  aujourd'hui  président  de  l'Académie 
philharmonique  romaine,  a  en  portefeuille  <leux 
antres  ouvrages  dramatiques  :  la  Jiclla  Fan- 
cndla  di  ■  Perth,  en  4  actes,  et  Tommaso 
Chatterton. 

*  LUCOT  (Alexis).  Nous  rétablissons  ici  le 
prénom  de  cet  écrivain,  qui  s'appelait  Alexis, 
et  non  Alexandre. 

LÏIDEClîE  (Louis),  violoncelliste  allemand 
et  compositeur  pour  son  instrument,  a  publié  dan.s 
CCS  dernières  aimées  un  cerlaiii  nombre  d'œuvres 
parmi  lesquelles  je  citerai  les  suivantes  :  Sou- 
venir d'un  bal,  mazurka  pour  violoncelle,  avec 
accompagnement  de  piano,  op.  9;  Romance,  id,, 
op.  \Ç);  Momento  religioso,  pour  violoncelle  ou 


lCdECRE  —  LULLY 


133 


violon,  avec  piano,  op,  II  ;  3  lieder,  id.  id.,  op. 
t2;  Stations  musicales,  12  petits  morceaux 
faciles  et  progressifs  pour  violoncelle,  avec  piano, 
op.  15;  Nocturne  pour  violoncelle  ou  violon, 
avec  piano,  op.  16. 

LUIGINÏ   (Joseph),   chef  d'orchestre'  ha- 
bile et  compositeur,  né   en  Italie  vers  1820,  et 
depuis  naturalisé   français,  a    dirigé    l'orches- 
tre  du  théâtre  du    Capitole,   de  Toulouse,  est 
devenu    ensuite     second    chef  d'orchestre    du 
Grand-ThéiUre  de  Lyon    puis  premier,  lorsque 
George   HainI  eut    été    appelé    à    remplacer 
Dietsch  à  l'Opéra,  el  enfin,  en  1872,  se  trouva 
placé,   conjointement  avec  M.  Dami,  à   la  tête 
de  l'orchestre  du   Théâtre-Italien  de  Paris.  Il 
n'y  resta  que  quelques  mois,   retourna  ensuite 
à  Lyon,  puis  revint  à  Paris,  où  il  entra  comme 
chef  d'orchestre  au  petit  théâtre  des  Fantaisies- 
Oller,  pour  lequel   il    composa    la  musique  de 
quelques  divertissements  dansés    :   Zédouika, 
le  Printemps,  les  Postillons,  etc.  M.  Luigini 
avait   écrit    précédemment,    pour    le    Grand- 
Théâtre  de  Lyon,  la  musique  d'un  ballet  en  deux 
actes,  les  Filles  de  Gros-Guitlot,  qui  fut  repré- 
senté au  mois  de  mars  1806,  et  celles  de  deux 
cantates  qui  furent  exécutées  en  1865  et  1866, 
—  Un  (ils  de  cet  artiste,  M.  Alexandre  Luigini, 
musicien  intelligent  et  bien  doué,  a  fait  une  partie 
de  ses  études  au  Conservatoire  de  Paris,  où  il  a 
obtenu   un    accessit  de   violon,  et  est  ensuite 
retourné  à  Lyon,  d'où  il  a  envoyé,  aux  concours 
ouverts  par   la  Société    des    compositeurs   de 
musique,    deux    quatuors  pour   instruments   à 
cordes  qui  ont  été  couronnés.  Il  a  écrit  aussi 
la  musique  d'un  ballet  en  3  actes  et  5  tableaux, 
Ange  et  Démon,  qui  a  été  représenté  à  Lyon 
le  13  janvier  1875,  et  celle  d'un   opéra-comique 
en    un  acte,   les    Caprices    de    Margot,  joué 
dans  la  même  ville  le   13  avril   1877.  Il  est  au- 
jourd'hui chef  d'orchestre  du  théâtre  de  Lyon.  — 
Une  fille  de  M.  Joseph  Luigini,  chanteuse  aima- 
ble, s'est  consacrée  au  théâtre. 

*  LULLY  (Louis  DE),  fils  aîné  de  Jean- 
Baptiste  de  Lully.  Dans  son  intéressant  écrit  : 
Note  sur  quelques  musiciens  dans  la  Brie, 
M.  Th.  Lhuillier  [Voy.  ce  nom)  a  publié  pour  la 
première  fois  l'acte  de  baptême  de  cet  artiste. 
Ce  document,  en  nous  faisant  connaître  que 
Louis  de  Lully  fut  baptisé  seulement  à  l'âge 
de  treize  ans  révolus,  et  dans  la  chapelle  royale 
de  Fontainebleau,  nous  apprend  aussi  qu'il 
eut  pour  parrain  et  marraine  le  roi  el  la  reine 
en  personne.  En  voici  la  reproduction  exacte  : 
«  Ce  jourd'hui  neufviesme  du  mois  de  sep- 
«  tembre  1677,  Mgr  l'éminentissime  Emmanuel- 
«  Théodore  de  la    Tour-dAuvergne,  cardinal 


«  de  Bouillon,  grand  aumônier  de  France, 
«  dans  la  chapelle  haulte  de  la  cour  de  l'Ovale 
<t  du  château  royal  de  Fontainebleau,  a  sup- 
«  pléé  les  cérémonies  du  baptême  au  fils  de 
«  Jean-Baptiste  de  Lully  [sic)  et  Magdeleine 
«  Lambert,  demeurant  à  Paris,  lequel  de  Lully 
'<  est  surintendant  de  la  musique  du  roi,  lequel 
«  (enfant)  fut  ondoyé  par  M.  de  Lamet,  pour 
«  lors  doyen  de  Saint-Thomas  du  Louvre,  le 
«  sixième  du  mois  d'août  1664,  selon  qu'il  a 
«  été  certifié,  et  né  du  quatrième  du  môme 
«  mois  et  an  que  dessus.  —  Et  a  eu  pour  pa- 
«  rein  et  mareine  le  roi  et  la  reine,  qui  lui  ont 
«  donné  le  nom  Louis  ;  le  tout  en  la  présence 
«  de  nous,  soussigné,  Antoine  Durand,  prêtre, 
«  curé  de  l'église  paroissiale  de  Saint-Louis  de 
«  Fontainebleau. 

«  Louis. 
■  "  ■■'         «  Marie-Thérèse  d'Autriche, 
«  Jean-Baptiste  Lulli.    » 
Cet  acte  est  conservé  aujourd'hui  à  la  mairie 
de   la  ville  de  Fontainebleau. 

*  LULLY  (Jevn-Baptiste   DE),  deuxième 
fils  du  fameux   compositeur.  Dans    l'écrit  que 
nous  venons   de  citer,  M.   Th.  Lhuillier  parle 
aussi  du  second   fils  du  grand   Lully,  au  sujet 
d'un  mariage  célébré   à   Melun,    dans    l'église 
Saint-Aspais,   le   7  février  1689,  et  dans  l'acte 
duquel  il  figure  comme  témoin.  Cet  acte  nous 
apprend  que  Jean-Baptiste  de  Lully,  alors  âgé 
seulement  de  vingt-trois    ans,    puisqu'il    était 
né  au   mois    d'août    1665,   était    déjà   pourvu 
d'un  prieuré  et  d'une  abbaye  ;  dans  ce  docu- 
ment, en  effet,  il  est  nommé  et  qualifié  «  mes- 
sire  Jean-Baptiste    de  Lully,  abbé    de    Saint- 
George-sur-Loir,  prieur  et  seigneur  de  Vitry  ». 
Cette   situation  ne  l'empêchait  pas,    paraît-il, 
de  se  livrer  à  la  composition  et  de  travailler 
pour  la  scène;  on  va  le  voir  par  la  note  sui- 
vante, qui  m'est  communirjuée  par  M.  Weker» 
lin,  et  qui  rectifie  une  double  erreur  commise 
au  sujet  de  Jean-Baptiste  de  Lully  :  —  «  M.  Fé- 
lis  cite  sous  le  nom  de  Louis  de  Lully  la  moitié 
du  titre  d'un  ouvrage  qui  n'est  pas  de  celui-ci, 
mais  de  son   frèie.  C'est  le   Triomphe  de  la 
raison  sur  l'amour,  «  pastorale  mise  en  musi- 
«  que  par  M.  de  Lully,  surintendant  de  la  musi- 
«  que  du  roy,  représentée  devant  Sa  Majesté,  à 
«  Fontainebleau^    le    25    octobre   1696  (Paris, 
«  Christophe  Ballard,  1697).  »  L'épîtreauroi  qui 
se  trouve  en  tête  de  ce   petit  in-4°  oblong  est 
signée  Jean- Baptiste  Lully.    Le   fils    a    dû 
ramasser   quelques   bribes   des   dédicaces    de 
son  père,  et,  sans  s'en  douter,  il  se  rend  jus- 
tice. On  y  lit  :  Je  suis  persuadé,  sire,  que  je 
n'aurois  pu  réussir  dans  ce  pelH  ouvrage 


134 


LULLY  —  LUSITÂNO 


si  je  n'avais  esté  excité  par  %m  aussi  pitis- 
saut  motif  que  celuij  de   plaire  à    Vostre 
Majesté;   tme  si  belle  ambition  tient  sou- 
vent lieu  de  génie,   et  peut  élever  des  dis- 
positions médiocres;  fay  succédé  à  feu  mon 
père  dans  cette    noble  émulation,  elc.  Mal- 
heureusement, cette  noble  éiaulalion  ne  suflit 
pas  pour  avoir  du   talent,  et  Jean-Baptiste  le 
fils  n'avait  pour  lui  que  l'ambition  de  jjlaire 
au  grand  roi.  Cet   ouvrage,  oii  manque  évi- 
demment le  souflle  de  Lully  le  père,   compte 
76  pages  d'impression,   et  renferme    dix-neuf 
petits    morceaux,    dont   quelques-uns    sont    à 
deu\  parties.  Les  personnages  sont  Ménalquc, 
Célimène,  Clitoris,  Tircis,  deux   Songes   funes- 
tes, et  une  troupe  de  bergers  et  de  bergères.  « 
"  LUiVIÏîYE  (IIans-Christian),  est  mort  à 
Copentiague,  le  20  mars  1874. 

LUNjV  (Charles),  écrivain  anglais,  a  publié 
récemment,  dans  le  journal  Médical  Press  and 
Circular,  un  écrit  dont  il  a  été  fait  ensuite  un 
tirage  à  part  sous  ce  titre  :  The  Philosophy 
ofvoice  and  the  basis  of  musical  expression 
{La  Philosophie  de  la  voix  et  la  base  de 
l'expression  musicale.)  Il  a  paru  quatre  édi- 
tions de  cet  opuscule,  que  l'auteur  a  fait  suivre 
d'un  autre  petit  ouvrage,  intitulé  the  Roofs  of 
musical  art,  a  caiechism  for  children  (les 
Sources  de  l'art  musical,  catéchisme  pour  les 
enfants). 

LUPOT.— L'auteur  de  la  Biographie  uni- 
verselle des  Musiciens  n'a  parlé  que  du  fa- 
meux luthier  Nicolas  Lupot,  en  disant  qu'il 
était  fils  d'un  artiste  exerçant  la  même  profes- 
sion. Dans  son  livre  :  tes  Instruments  à  ar- 
chet, M.  Antoine  Vidal,  qui  a  été  renseigné 
d'une  façon  plus  complète  sur  cette  intéressante 
famille,  donne  sur  elle  les  détails  suivants  : 

«  La  famille  des  luthiers  français  de  ce  nom 
est  originaire  de  Mirecourt;  en  voici  la  généa- 
logie ,  du  plus  loin  qu'on  la  connaisse.  II  y  avait 
à  Mirecourt,  dans  le  courant  du  XVIII«  siècle, 
un  luthier  du  nom  de  Jean  Lupot,  et  sa 
femme  Laure  Henry.  De  cette  union  naquit  :  . 
«  Laurent  Lupot,  né  à  Mirecourt  en  1G9G; 
luthier  comme  son  père,  il  avait  ajouté  ;\  son 
état  d'autres  fondions,  car  on  le  retrouve,  en 
1747,  maître  d'école  à  Plombières.  En  1751,  Il 
quitte  Pioiiiliièrcs  pour  aller  s'établir  comme 
luthier  à  Lunéville,  où  il  reste  jusqu'en  17ào. 
On  le  retrouve  en  17G2  exerçant  sa  profession  à 
Orléans.  Il  eut  un  fils  : 

•  François  Lupot,  né  à  Plombières  en  173(5, 
qui  se  maria  en  t7;)i,  étant  encore  mineur.  Ce 
dernier  commença  à  travailler  avec  sou  père  à 
Lunéville,  i)uis  en  1758  partit  pour  Sluttgard, 


où  il  fut  peniiant  douze  années  luthier  du  duc 
de  Wurtemberg.  En  1770,  il  alla  se  fixer  à 
Orléans,  rue  Sainte-Catherine;  il  est  mort  à 
Paris  en  1804.  Il  avait  eu  deux  fils  :  T  Nicolas, 
né  en  1758  à  Sluttgard  ;  2"  François,  né  à  Or- 
léans en  1774.  » 

Nicolas  Lupot  est  le  luthier  célèbre  dont  on 
peut  lire  la  notice  dans  la  Biographie  univer- 
selle des  Musiciens  (t.  'V,  p.  377).  Quant  à 
son  frère  François ,  il  se  livra  exclusivement  à 
la  fabrication  des  archets  et  devint  en  ce  genre 
l'un  des  artistes  français  les  plus  distingués  ; 
c'est  lui,  dit-on,  qui  imagina  d'ajouter  à  la 
hausse  de  l'archet  ce  qu'on  appelle  la  coulisse, 
doublure  en  métal  qui  garnit  cet  hausse  dans 
la  rainure  pratiquée  sur  la  baguette  et  qui,  la 
fixant  solidement,  l'empêche  de  tourner  sur 
celle-ci.  Dès  1815,  François  Lupot  avait  établi 
ses  ateliers  à  Paris,  rue  d'Angivilliers,  n"  18, 
près  de  l'oratoire  St-Honoré.  C'est  dans  cette 
maison  qu'il  mourut,  le  4  février  1837  (1). 

*  LUSITANO  (ViCEME),  illustre  tbéori- 
cien  portugais.  —  La  célèbre  dispute  de  cet  ar- 
tiste avec  Nicola  Vicentino  est  un  des  épisodes 
les  plus  intéressants  de  riiistoire  de  la  nuuique. 
Fétis  en  parle  longuement;  il  a  eu  le  mérite 
d'appeler  l'attention  des  connais.seurs  sur  les 
documents  que  Baini  a  présentés  au  sujet  de 
cette  dispute  et  qui  rétablissent  la  vérité  des  faits 
dénaturés  par  Arteaga  et  par  tous  les  écrivains 
qui  ont  puisé  leurs  renseignements  dans  le  livre 
de  ce  dernier.  Vicentino,  blessé  dans  son  or- 
gueil par  la  sentence  des  juges  Danckerts  et 


(1)  M.  J.  (iallay  veut  bien  nie  communiquer  la  noie 
suivante,  rédigée  par  lui  d'après  des  rcnscignemcîits  qui 
lui  ont  été  fournis  par  M.  Eugène  Gand,  et  qui  concerne 
le  plus  fameux  membre  de  cette  famille,  Nicolas  Lupot, 
—  <■  Nicolas  Lupot,  fils  de  François  Lupot,  vint  s'établir 
en  France  avec  son  père  vers  1785.  Il  se  fl.\a  d'abord  à 
Orléans;  ses  premiers  instruments  sont  datés  de  cette 
ville.  En  1792,  Pique,  luthier  à  Paris,  fort  en  faveur  à 
cette  époque,  se  mit  en  rapport  avec  Lupot.  Celui-ci  lui 
faisait  une  f;rande  partie  de  ses  violons  et  les  lui  livrait  en 
blanc,  au  prix  de  20  livres.  Ce  fut  en  1794  seulement  que 
Lupot  vint  s'établir  à  Paris;  mais  ses  instruments  pari- 
siens ne  datent  que  de  1798.  Il  habitait  alors  la  rue  de 
Crainmont.  En  isofi,  il  transporta  son  établissement  rue 
Crolx-des-Peiits-Champs.  Nommé  (1815)  luthier  de  la 
chapelle  royale,  il  devint  luthier  de  l'École  royale  de 
musiiiue  en  1816,  et  fut  chargé,  en  cette  qualité,  d'établir 
les  instruments  donnés  en  prix  clia()ue  année  aux  élèves 
couronnés.  Un  1820,  il  entreprit  de  remplacer  presque 
tous  h's  anciens  insirnmenis  de  la  ch.ipelle  royale  par 
des  instruments  entièrement  de  .sa  main;  mais  à  sa  mort, 
ce  travail  n'étant  pas  terminé,  ce  fut  Charles-François 
Gand,  .son  gendre  et  son  élève,  qui  se  chargea  de  l'a- 
chever. Par  malheur,  ces  superbes  Instruments  devaient 
être  tous  détruits,  en  |K7),  lors  de  l'Incendie  du  palais 
des  Tuileries.  Lupot  est  considéré  à  juste  titre  comme  le 
luthier  le  plus  crolncnt  de  l'école  de  Paris.  » 


LUSITANO  —  LUSSY 


135 


Escohedo,  qui  le  condamnèrent  à  payer  les  deux 
écus  d'or  du   pari,  s'empressa  de  publier  son 
Aniica  miisica,  où  il  embrouille  toute  la  ques- 
tion (ch.  XXXXIIl,  fol.  95-98  verso).   Depuis 
1555,  date  de  la  publication  de  son   ouvrage, 
jusqu'en  1828,  époque  où  parurent  les  Memorie 
de  Baini,  la  querelle  a  élé  appréciée  d'une  ma- 
nière toute  partiale,  car  les  juges  n'ayant  pu  se 
défendre  des  accusations  de  Vicentino,  celui-ci 
resta  seul  sur  le  terrain.  Le  mémoire  de  Danckerts 
sur  celte  célèbre  dispute  resta  enfoui  dans  une 
bibliothèque  de  Rome,  grâce  à  la  protection  que 
le  cardinal  deFerrare,  Hyppolite  d'Esté,  accordait 
à  Vicentino,  et  il  n'a  pas  encore  vu  le  jour.  Fétis 
en  donne  le  titre  in   extenso  [Blogr.    univ., 
t.  II,  pp.  425  et  426).  J'ajouterai  que  Danjou 
en  parle  comme  d'un  excellent  ouvrage  (Revue 
de  la  musique  religieuse,  t.  III,  p.  201).  «  Ce 
mémoire,  dit-il,   très-éfendu,   est  entièrement 
écrit  de  la  main  de  l'auteur.  Toutes  les  ques- 
tions musicales  agitées  au  XVr  siècle  y  sont 
traitées  avec  développement  et  avec  une  érudi- 
tion remarquable.  C'est  un  plaidoyer  en  faveur 
de  la  musique  du  XVI«  siècle,  et  en  particulier 
de  l'école  romaine.  Gliislino  d'Ankerts  {sic)  at- 
taque avec  force  l'école  de  Venise,  représentée 
par  Adrien  Willaert  et  ses  disciples,  au  nom- 
bre desquels  était  Nicola  Vicentino.  J'ai  carac- 
térisé cette  lutte  dans  quelques  articles  sur  VO- 
Hgine  et  la  consiitution  de  la  musique  mo- 
derne. Le  mémoire  de  Ghislino  d'Ankerts  en  fait 
connaître  tous  les  détails;  il  traite  accidentelle- 
ment de  diverses  difficultés  de  la  notation  pro- 
portionnelle, et  contient  une  foule  de  renseigne- 
ments précieux  pour  l'histoire   de  la  musique. 
L'abbé  Baini,  qui  cite  ce  manuscrit  et  en  a  copié 
le  titre,  ne  paraît  pas  en  avoir  apprécié  l'im- 
portance. » 

Ceci  n'est  pas  exact,  puisque  c'est  Baini  qui  a 
exposé  le  premier,  et  très-nettement,  la  question 
à  laquelle  le  mémoire  de  Dankerts  (ou  d'Ankerts) 
se  rattache.  Il  a  dû  le  lire.  {Les  articles  de  Dan- 
jou sur  VOrigine  et  la  constitution  de  la  mu- 
sique moderne  se  trouvent  dans  \diRevue  citée, 
1846,  vol.  II,  page  56  el  page  424.) 

N'ayant  pas  eu  le  bonheur  d'examiner  ce  pré- 
cieux manuscrit,  qui  est  pour  ainsi  dire  le  pro- 
cès-verbal d'une  victoire  nationale  de  mon  pays, 
je  tiens  à  réunir  ici  tous  les  renseignements  que 
j'ai  recueillis  depuis  bien  des  années  sur  Vi- 
cente  Lusitano  et  sa  dispute  fameuse.  Peut-être 
pourront-ils  servir  un  jour  à  quelque  travailleur 
désintéressé. 

Après  Danjou,  c'est  La  Page  qui  s'est  occupé 
du  manuscrit  de  Danckerts.  Il  en  a  donné  un 
intéressant  résumé  dans  ses  Essais  de  dip/iié- 


rographie  musicale,  (Paris  1862, pages 224-239), 
avec  la  liste  complète  des  chapitres  du  mé- 
moire. La  Fage  s'est  servi  à  cet  effet  d'une 
co}iie  (à  la  Bibliothèque  Casanatense  O,  III, 
118)  du  mémoire,  faite  par  Baini,  dit-il,  sur  l'o. 
riginal  de  la  bibliothèque  du  palais  Corsini  alla 
Liingara.  Cette  copie  est  la  meilleure  preuve 
de  l'importance  que  Baini  attachait  au  mémoire. 
Je  tiens  à  dire  que  je  n'ai  eu  connaissance  du 
compte-rendu  de  La  Fage  qu'après  avoir  lu  la 
notice  de  Danjou,  car  La  Fage  est  aussi  d'opi- 
nion que  Baini  avait  aussitôt  reconnu  l'impor- 
tance du  manuscrit.  Danjou  a  vu  l'original  à  la 
bibliothèque  Vallicelliana  (dans  le  couvent  des 
pères  de  l'Oratoire,  à  Rome).  Je  ne  sais  pas 
comment  le  mémoire  de  Danckerts,  a  passé  de 
la  Vallicelliana  à  la  Corsiniana?  Peut-être  La 
Fage  s'est-il  trompé;  après  avoir  dit  que  l'ori- 
ginal est  au  palais  Corsini  alla  Lungara,  il 
ajoute  qu'il  aura  l'occasion  de  le  signaler, 
"  ainsi  que  plusieurs  autres  copies.  »  Cepen- 
dant je  n'ai  trouvé  nulle  part,  dans  son  volimie, 
un  mot  sur  l'original  ;  parmi  les  copies,  il  n'en 
cite,  outre  celle  de  Baini,  qu'une  seule  antre,  qu 
serait  dans  la  bibliothèque  des  Philippins  de 
Rome  (page  226). 

Vicente  Lusitano  a  laissé  sur  le  plain-chanf, 
le  contrepoint  et  la  fugue  un  ouvrage  que  Félis 
loue  beaucoup;  l'éminenl  maître  donne  les  dates 
des  trois  éditions  qui  en  ont  été  faites;  mais 
l'indication  du  nombre  des  pages  n'est  pas 
exacte  ;  pour  la  première  c'est  46  qu'il  faut  lire, 
au  lieu  de  86,  et  pour  la  seconde,  26  au  lieu  de 
23.  Le  titre  est  le  même  dans  les  trois  éditions; 
le  portrait  de  Lusitano,  qui,  d'après  Fétis,  doit 
orner  la  première,  m'est  inconnu,  Fétis  possé- 
dait les  l'«  et  3'"^  éditions  (Catalogue,  n'"*5,3I7 
et  5,319).  ÏJ,  DE  V. 

LUSSY  (Matuis),  professeur  de  musique  et 
didaclicien,  est  né  à  Stanz  (Suisse)  le  8  avril 
1828,  et  reçut  ses  premières  leçons  de  piano  et 
de  violon  de  l'abbé  Aloys  Businger,  alors  orga- 
niste en  cette  ville.  Il  était  à  peine  âgé  de  dix 
ans  qu'il  tenait  déjà  l'orgue  à  l'église  dans  les 
exécutions  à  grand  orchestre,  et  qu'il  accom- 
pagnait sur  la  basse  chiffrée,  comme  c'est  l'u- 
sage en  Suisse  et  dans  toute  l'Allemagne  du 
Sud.  En  1842,  M.  Lussy  entra  au  séminaire  de 
Saint-Urban,  dépendant  de  la  célèbre  abbaye 
de  Citeaux,  et  là  il  reçut  des  leçons  d'orgue  et 
de  composition  du  P.  Naegeli,  l'organiste  le 
plus  renommé  de  la  Suisse  à  cette  époque. 
Quatre  ans  après,  en  1846,  il  venait  à  Paris 
pour  étudier  la  médecine,  mais  il  abandonnait 
bientôt  cette  carrière  pour  revenir  et  se  consa- 
crer  exclusivement  à  l'étude  de  la  musiqiie 


136 


LUSSY  —  LUTTI 


Enfin,  en  1852,  ayant  terminé  complètement  son 
éducation,  il  se  livra  à  renseignement  d'une 
façon  absolue,  se  (îxadéfinitivcinont  à  Paris,  et 
bientôt  y  épousa  la  tille  d'un  ancien  offlcier  su- 
périeur français. 

Le  premier  ouvrage  publié  par  M.  Lussy  est 
le  fruit  de  cette  pratique  de  renseignement,  et 
porte  le  titre  suivant  :  Réforme  dans  rensei- 
gnement du  piano,  i*  partie.  Exercices  de 
piano  dans  ioiis  les  tons  majeurs  et  mineurs 
à  composer  et  à  écrire  par  rélève,  précédés 
de  la  ihéorie  des  gammes,  des  modulations, 
du  doigté,  de  la  gamme  harmonique,  etc., 
et  de  nombreux  exercices  théoriques  (Paris, 
librairie  internationale,  1863,  in-8°).  Dans  cet 
ouvrage,  conçu  sur  un  plan  nouveau,  M.  Lussy, 
au  lieu  de  faire  de  l'élève  l'instrument  passif  du 
maître,  lui  donne  un  rôle  plus  élevé,  plus  in- 
telligent, et  en  fait  presque  son  collaborateur, 
en  excitant  son  initiative,  son  amour- propre, 
ses  facultés  personnelles,  et  en  lui  donnant,  en 
dehors  du  travail  mécanique,  une  large  part 
dans  les  progrès  de  son  éducation.  L'explication 
de  ce  système  rationnel  et  salutaire,  dans  le- 
quel l'initiative  du  maître  est  aussi  toujours 
tenue  en  éveil,  m'entraînerait  à  des  développe- 
ments qui  dépasseraient  les  bornes  que  je  dois 
donner  à  cet  article;  mais  je  me  fais  un  devoir 
de  le  recommander  à  ceux  qui  ont  souci  de  la 
bonne  instruction  musicale  de  leurs  enfants. 

Le  second  ouvrage  de  M.   Lussy,  d'un  tout 
autre  genre,  est  intitulé  Traité  de  l'expression 
musicale  (Paris,  Heugel,  1874,   gr.  in-8"),  et 
prouve  que  l'auteur   n'est  pas    seulement   un 
musicien ,  mais  aussi  un  lettré  fort  instruit  et 
un  véritable  penseur.  Je  ne  sais  pourtant  si  ce 
livre,  remarquable  à  beaucoup  d'égards,  est  ap- 
pelé à  rendre  autant  de  services  qu'il  le  sup- 
pose. Non  que  je  le  considère  comme  inutile,  il 
.s'en  faut  de  tout;  mais  je  crois  que  son  utilité 
sera  bien  plus  grande  aux  artistes  doués  par 
eux-mêmes  du  sentiment  de  l'expression,  du 
don  d'émouvoir  en  matière  musicale,  qu'à  ceux 
qui  ne  possèdent   point  cette    faculté ,  et  pour 
qui  justement  il  est  fait.  M.  Lussy  a  cru,  non 
point  sans   doute  découvrir,  mais   discerner  et 
coordonner  ce  qu'il  api)elle  les  lois  de  l'expres- 
sion musicale,  et  c'est  l'exposé,  d'ailleurs  re- 
marquable ,  des  principes  qu'il  en  fait  découler 
qui  forme  l'objet  de  son    Traité.  Or,  ce  qu'on 
appelle  en  musique  le  sentiment,  l'expression, 
l'àme,  la  passion,  me  semble  chose  ab.solument 
personnelle  à  l'artiste,  et  ne  saurait,  à  mon  sens 
du  moins,  être  régi  de  façon  ou  d'autre.  Cha- 
que artiste  sent,  éprouve,  exprime  par  consé- 
quent à  sa  manière,  et  c'est  celle  diversité  de 


sentiments ,  cette  personnalité  en  ce  qui  con- 
cerne l'émotion,  qui  diversifie  les  talents.  Cela 
est  si  vrai  que,  dans  l'ordre  littéraire,  par 
exemple,  on  a  vu  au  théâtre  des  artistes  de  gé- 
nie jouer  le  même  rôle  de  façon  différente,  et 
y  être  sublimes  chacun  de  leur  côté.  Bien  plus, 
certains  comédiens  supérieurs  trouvaient  sans 
cesse  de  nouveaux  effets,  de  nouveaux  moyens 
d'expression,  et  modifiaient  leur  jeu  sans  cesser 
d'être  admirables.  On  sait  qne  Talma,  doué, 
sous  ce  rapport,  d'une  inspiration  multiple  et 
toujours  en  travail,  étonnait  constamment  le 
public  par  une  interprétation  dont  les  détails 
variaient  à  l'infini. 

Donc,  l'expression  n'est  pas  une,  comme  pa- 
raît le  croire  M.  Lussy,  et  n'obéit  pas  à  des 
lois  fixes,  précises,  immuables;  elle  est,  non- 
seulement  affaire  de  tempérament  de  la  part  de 
l'artiste,  mais  encore  affaire  d'inspiration,  de 
disposition  spéciale,  de  sentiment  nerveux,  etc. 
Ce  qui  revient  à  dire ,  non-seulement  que  dix 
artistes  pourront  donner  à  la  même  phrase  musi- 
cale dix  nuances  d'expression  différentes,  tontes 
excellentes,  selon  le  caractère  de  leur  talent, 
leur  éducation,  leur  sentiment  personnel,  mais 
encore  que  chacun  d'eux  pourra  diversifier  lui- 
même  à  l'infini  l'expression  de  celte  même 
phrase,  selon  sa  disposition  d'esprit,  son  état 
de  santé  ou  toute  autre  cause  possible.  Quant  à 
ceux  qui  ne  trouvent  pas  en  eux-mêmes  le  secret 
de  cette  expression, ceux  qui  ne  peuvent  s'animer, 
les  insensibles,  les  impassibles,  je  reste  bien 
convaincu  que  les  déductions  les  plus  ingénieu- 
ses, que  tous  les  préceptes  du  monde  seront 
impuissants  à  leur  donner  le  feu  sacré,  à  leur 
communiquer  celte  incomparable  fiiculté  d'é^ 
mouvoir  les  âmes  qui  est  le  don  le  plus  précieux, 
le  plus  admirable  à  la  fois  et  le  plus  mystérieux 
que  la  divinité  ait  pu  faire' à  sa  créature. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  réilexions  et  de  ces 
réserves,  j'ai  dit  et  je  suis  persuadé  que  le  livre 
de  M.  Lussy  ne  restera  point  inutile.  Œuvre 
très-hardie  en  somme,  d'un  caractère  très-no- 
ble, très-élevé,  ce  livre  sera  lu  avec  fruit,  utile- 
ment médité  par  tous  les  artistes,  même  les 
mieux  doués,  qui  y  trouveront  des  moyens 
nouveaux  d'émotion ,  des  aperçus;  pleins  de 
justesse,  et  qui  grandiront  leur  talent  à  la  lec- 
ture de  ces  pages  empreintes  d'un  grand  amour 
de  l'art,  d'un  rare  sentiment  du  beau,  et  parfois 
d'une  véritable  éloquence.  < 

LUTTI  ( ).  Un  compositeur  de  ce  nom 

a  fait  représenter  à  Milan,  sur  le  théâtre  de  la 
Scaln,  le  22  mars  18.58,  un  opéra  sérieux  intitulé 
Berengario  d'Ivrea.  Cet  ouvrage  subit  une 
chute  complète,  et  je  ne  sache  pas  que  depuis 


LUTTI  —  LUZZI 


137 


lors  l'auteur  se  soit  de  nouveau  présenté  au  pu- 
blic. 

LUVINI  ( ...).  composifeur  italien,  a 

fait  représenter  à  Turin,  sur  le  théâtre  Nota,  le 
7  août  1865,  un  opéra  sérieux,  intitulé  un'Ere- 
dità  in  Corsica,  dont ,  je  crois ,  il  avait  écrit 
les  paroles  et  la  musique.  Je  n'ai  pas  d'autres 
renseignements  sur  cet  artiste,  qui  depuis  lors 
ne  s'est  pas  reproduit  à  la  scène. 

"*  LUX  (Frédéric),  pianiste,  organiste,  chef 
d'orchestre  et  compositeur  allemand,  est  de- 
venu chef  d'orchestre  du  théâtre  de  la  ville, 
à  Mayence.  Précédemment,  cet  artiste  avait 
obtenu  de  grands  succès  comme  organiste,  en  se 
faisant  entendre  à  Mannhcira,  Bruxelles,  Darm- 
stadt,  Wùrzbourg  et  autres  villes.  M.  Lux  a 
publié  une  soixantaine  d'(('uvres  de  divers  gen- 
res, qui  révèlent  un  musicien  instruit  et  nourri 
de  saines  études.  Je  citerai,  entre  autres  :  une 
Symphonie  pour  orchestre  ;  une  messe  avec 
chœurs;  un  quatuor  pour  instruments  à  cordes, 
op.  58  ;  Grande  Marche  solennelle,  pour  piano  ; 
Grande  Marche  festivale,  pour  piano  à  4  mains, 
op.  19;  t'anlaisie  de  concert  pour  orgue  sur  le 
Choral  de  Luther  Eine  feste  Burg,  op.  53; 
Fugue  de  concert,  pour  orgue,  op.  56  ;  lied 
pour  orgue,  op.  57  ;  etc.  On  doit  aussi  à  cet  ar- 
tiste une  excellente  transcription  pour  piano  à  4 
mains  des  neuf  symphonies  de  Beethoven. 

LUZARCI1E( Victor), érudit  et  bibliographe 
français,  né  à  Tours  en  1805,  mourut  à  Amélie- 
les-Bains  en  1869.  Possesseur  d'une  fortune 
considérable,  il  avait  réuni  une  riche  et  magni- 
fique bibliothèque,  fertile  en  raretés  de  toutes 
sortes,  et  fut  pendant  de,  longues  années  conser- 
vateur de  celle  de  sa  ville  natale,  dont  il  pré- 
para le  catalogue  avec  un  soin  tout  particulier. 
C'est  dans  les  manuscrits  précieux  de  cette 
dernière  qu'il  trouva  les  éléments  de  plusieurs 
publications  intéressantes,  faites  par  lui  avec 
un  goût  rare.  Je  mentionnerai  ici  deux  de  ces 
publications,  qui  se  rattachent  indirectement  à 
la  musique.  La  première  est  ime  «  Vie.  du  pape 
Grégoire  le  Grand,  légende  française  publiée 
pour  la  première  fois  »  (Tours,  impr.  de  J.  Bou- 
serez,  1857,  in-16),  poème  étrange  et  fantasque 
dont  le  héros  est  ce  pontife  qui  se  fit  un  renom 
si  célèbre  sous  divers  rapports,  et  particulière- 
ment dans  l'histoire  de  l'art  musical.  La  seconde 
publication  est  la  suivante  :  «  Adam,  drame 
anglo-normand  du  XII^  siècle,  publié  pour  la 
première  fois  d'après  un  manuscrit  de  la  Biblio- 
thèque de  Tours  »  (Tours,  impr.  J.  Bouserez, 
1854,  in-80).  Ce  drame  comprend  plusieurs 
chœurs,  et  c'est  en  cela  qu'il  intéresse  non- 
seulement  l'histoire  du  théâtre,  inais  aussi  celle 


de  la  musique;  toutefois,  l'éditeur  restant  muet 
à  ce  sujet,  il  ne  parait  pas  que  le  manuscrit 
contienne  la  musique  de  ces  chœurs.  Cela 
parait  d'autant  moins  probable  que  Luzarche  a 
signalé,  dans  le  volume  même  d'où  il  tirait  ce 
poème,  volume  divisé  en  deux  parties  (dont  la 
première  date  de  la  seconde  moitié  du  XII* 
siècle  et  la  deuxième  du  commencement  du  XIII®) 
et  comprenant  divers  ouvrages  du  même  genre, 
la  présence  d'un  fragment  musical  important  : 
-  «  La  première  partie,  dit-il,  commence  par 
un  office  latin  de  la  Résurrection  dramatisé  et 
mis  en  musique.  Nous  nous  occupons  de  la  pu- 
blication de  ce  curieux  monument  liturgique, 
le  plus  conqjlel  que  nous  connaissions  jusqu'à 
ce  jour.  Afin  d'en  conserver  et  d'en  produire 
tous  les  détails,  particulièrement  en  ce  qui  con- 
cerne la  partie  musicale,  nous  le  publierons  en 
fac-similé.  »  Luzarche  a  tenu  sa  promesse,  et 
a  publié  ce  monument  intéressant  :  «  Office  de 
Pâques  ou  de  la  Résurrection ,  accompagné 
de  la  notation  musicale  et  suivi  d'iiymnes  et  de 
séquences  inédites,  publié  pour  la  première  fois 
d'après  un  manuscrit  du  XW  siècle  de  la 
Bibliothèque  de  Tours  par  V.  Luzarche  »  (Tours, 
1856,  in-8°). 

*  LUZZASCO  LUZZASCHI,  musicien 
fameux  du  seizième  siècle,  vivait  sans  doute 
encore  au  commencement  du  dix-septième,  car 
M.  Guidi,  éditeur  de  musique  à  Florence,  a  re- 
trouvé récemment  (1876)  un  recueil  de  madri- 
gaux de  cet  artiste  daté  de  1601,  et  resté  in- 
connu jusqu'à  ce  jour  de  tous  les  biographes 
modernes.  Ce  recueil  est  particulièrement  pré- 
cieux en  ce  qu'il  offre  le  premier  exemple  connu 
d'un  ouvrage  de  ce  genre  publié  en  partition 
avec  accompagnement  de  clavecin  ou  orgue, 
toutes  les  publications  analogues  faites  jusqu'a- 
lors ne  contenant  aucun  accompagnement.  Voici 
le  titre  de  ce  livre  de  madrigaux  de  Luzzasco 
Luzzaschi  :  Madrigali  di  Luzzasco  Luzzaschi 
per  cantare  e  sonore  a  uno  e  doi  e  tre  so- 
prani,  fatti  per  la  musica  del  già  Ser.  Duca 
Alfonso  d'' Este  y  stampati  in  Roma  app.  Si- 
mone Veroni,  1601  (un  vol.  in-folio  avec  fron- 
tispice gravé). 

LUZZI  (LuiGi),  compositeur  italien,  né  vers 
1825  à  Olevano,  dans  la  Lomelline,  commença 
par  faire  d'excellentes  études  littéraires  à  l'U- 
niversité de  Turin ,  et  suivit  ensuite  les  cours 
de  l'École  de  médecine  de  cette  ville.  A  cette 
époque,  néanmoins,  il  s'occupait  déjà  de  musi- 
que, et  faisait  exécuter  un  jour,  dans  une  réu- 
nion d'étudiants,  ses  camarades,  un  hymme  de 
sa  composition  (1847).  Lors  du  passage  à 
Gênes   du  roi  Charles  Albert,   à  la  suite  des 


138 


LUZZI  —  LYSBERG 


événements  de  1848,  cet  hymme  fut  chanté  par 
6  ou  700  voix,  et  après  la  funeste  bataille  de 
Novare,  qui  ruina  pour  un  temps  les  espérances 
(le  l'Italie  libérale,  il  devint  le  chant  de  prédi- 
lection des  étudiants  turinais. 

Je  n'ai  pas  connaissance  des  premiers  tra- 
vaux de  Luzzi,  et  ne  puis  signaler,  en  ce 
qui  concerne  ses  commencements,  qu'une  sorte 
d'opérette  intitulée  Chiarina,  dont  la  musi 
que  était,  dil-on,  charmante,  et  qui  fut  repré- 
sentée sur  im  théiUre  de  Turin.  Au  mois  de 
novembre  1860,  il  fit  exécuter  au  théâtre  Cari- 
gnan,  de  cette  ville,  un  hymme  patriotique  in- 
tituté  Vittorio  Emnmtele,  re  d'italia,  dont 
les  paroles  lui  avaient  été  fournies  par  M.  Yin- 
cenzo  Riccardi,  et  qui  comprenait  une  introduc- 
tion, un  cliœnr,  quelques  soU  et  un  grand  final; 
au  mois  de  juin  de  l'année  suivante,  à  l'occasion 
de  la  mort  du  comte  Cavour,  il  fit  entendre 
une  grande  marche  funèbre  que  l'on  dit  fort 
belle,  et  dont  la  réduction  pour  piano  a  paru, 
ainsi  que  celle  de  l'hymme  à  Victor-Emmanuel, 
chez  les  éditeurs  Giudici  et  Strada.  Les  mêmes 
éditeurs  faisaient  paraître,  dans  le  même  temps, 
dcuv  albums  de  Luzzi,  le  Grazie  et  le  Serafe 
Torinese,  qui  contenaient  seize  pièces  de  diffé- 
rents genres  :  mélodies,  hymnes,  sérénades, 
airs  de  danse,  et  publiaient  encore  la  partition 
d'une  ouverture  à  grand  orchestre  que  Luzzi 
avait  fait  exécuter  en  1857  à  l'Académie  phil- 
harmonique.  Un  des  critiques  les  plus  compé- 
tents de  l'Italie,  M.  F.  d'Arcais,  a  fait  les  plus 
grands  éloges  des  deux  albums  que  je  viens  de 
signaler,  disant  que  les  morceaux  qui  les  com- 
posent sont  pour  la  plupart  très-remarquables 
et  sortent  complètement  du  genre  habituel  de 
ces  sortes  de  recueils.  Luzzi  a  publié  ainsi  beau- 
coup de  compositions  élégantes  et  légères,  pour 
le  chant  et  pour  le  piano,  et  il  ne  s'est  adressé 
que  rarement  au  théâtre.  Pourtant  il  a  donné 
à  Novare,  le  7  février  1874,  un  opéra  bouffe 
intitulé  Tripilla,  et  je  crois  qu'il  avait  fait  re- 
présenter, il  y  a  une  douzaine  d'années ,  un 
autre  ouvrage  du  même  genre,  la  Ventola. 
Luigi  Luzzi  est  mort  à  Stradella  le  28  février 
1876. 

*  LVOFF  (Le  général  Alexis-Tukodorf), 
est  mort  le  28  décembre  1870,  dans  le  do- 
maine qu'il  possédait  dans  le  gouvernement  de 
Kowno. 

LYSBERG  (CnAtiLES-SAMUEL  lîOVY,  dit), 
pianiste  et  compositeur  extrêmement  distingué, 
naquit  h  Genève,  le  T' mars  1821.  11  était  fils 
d'Antoine  Bovy,  qui,  d'abord  élève  de  l'radier, 
devint  un  de  nos  graveurs  en  médailles  les  plus 
remarquables,  et  à  qui  l'on  doit,  entre  autres, 


les  belles  [médailles  de  Thalberg,  son  compa- 
triote, de  Liszt  et  de  Paganini.  Lysberg  com- 
mença l'étude  de  la  musique  dans  sa  ville  na^ 
taie;  sa  famille  ayant  bientôt  reconnu  ses  ap- 
titudes, l'envoya  à  Paris  terminer  son  éducation. 
Là,  il  eut  le  bonheur  d'entrer  en  relations  avec 
Chopin,  dont  il  devint  l'élève  ,  et  le  bonheur 
plus  grand  encore  de  ne  pas  laisser,  sous  l'in- 
fluence d'un  pareil  maître,  étouffer  son  tempé- 
rament artistique,  très-personnel  et  très-ori- 
ginal. De  ce  tempérament  et  de  cette  éducation, 
—  à  laquelle  Liszt,  qu'il  connut  aussi  à  Paris, 
ne  fut  pas  complètement  étranger  —  sortit  un 
talent  tout  particulier,  à  la  fois  substantiel, 
savoureux  et  potti(iue.  Comme  harmoniste,  il 
reçut  des  leçons  de  Delaire,  l'un  des  bons  élèves 
de  Reichn. 

C'est  pendant  son  séjour  à  Paris  que  Lys- 
berg publia  ses  premières  œuvres,  et  c'est  par 
crainte  d'un  jugement  fâcheux  de  la  part  du 
public  qu'il  les  donna  sous  ce  pseudonyme  de 
Lysberg,  qui  est  le  nom  d'un  joli  village  suisse 
siiué  au  nord  du  canton  de  Berne.  (On  a  dit 
que  ce  pseudonyme  avait  été  formé  avec  les 
noms  de  Liszt  de  Thalberg.  Ceci  n'est  pas  exact. 
Notons  en  passant  que  Lysberg  n'a  jamais 
connu  son  illustre  compatriote.)  Mais  la  révo- 
lution de  février  effraya  le  jeune  artiste,  et  le 
fit  s'éloigner  de  Paris  pour  retourner  à  Genève. 
Peu  de  temps  après  il  épousait  la  fille  aînée 
de  M.  Jean-Louis  Fazy,  membre  du  grand  con- 
seil de  cette  ville,  puis  il  devenait  professeur 
de  piano  au  Conservatoire,  oii  il  forma  une 
longue  suite  d'excellents  élèves. 

Ses  travaux  de  composition  ne  souffrirent 
pourtant  pas  de  cette  situation  nouvelle.  Retiré 
dans  le  joli  petit  village  de  Dardagny,  il  mena 
pendant  longues  années  une  existence  calme  et 
douce,  particulièrement  favorable  à  la  produc- 
tion. Si  Lysberg  n'avait  pas  été  aussi  modeste, 
s'il  n'avait  pas  eu  des  goûts  aussi  tranquilles, 
si,  comme  tant  d'autres,  il  avait  eu  l'amour  des 
voyages  et  des  ovations,  il  aurait  conquis  un 
grand  nom  et  serait  assurément  devenu  célèbre. 
Mais  il  aimait  son  pays  et  les  siens  au  delà  de 
tout  au  monde,  se  plaisait  dans  un  cercle  d'amis 
et  d'intimes,  et,  di-pourvu  de  vanité  sinon  d'am- 
bition, trouvait  dans  cette  intelligente  ville  de  S 
Genève  l'expansion  suffisante  à  ses  désirs.  Re- 
cherché partout  et  pir  tous,  il  était  accueilli, 
choyé,  fêlé  d'une  fiiçoii  fout  oxceplionuelle  l'n 
de  ses  grands  succès  fut  lorsqu'il  inaugura, 
dans  la  salle  du  Casino ,  une  série  de  soirées 
très-brillantes,  dans  losipielles  il  faisait  entendre 
non-seulement  sa  jolie  musique  de  piano,  mais 
des  chœurs  d'un  excellent  effet,  dont  il  diri- 


LYSBERG 


i39 


geait  lui-même  l'exécution  avec  une  rare  7naes- 
tria.  D'ailleurs  il  travaillait  sans  cesse,  croyant 
n'avoir  jamais  assez  appris  ni  assez  fait ,  ce  qui 
est  le  propre  des  esprits  élevés  et  des  grands 
artistes. 

L'œuvre  gravé  de  Lysberg  se  compose  de 
près  de  cent  cinquante  morceaux  de  piano,  qui 
se  distinguent  par  un  grand  sentiment  poétique, 
une  forme  extrêmement  soignée,  une  couleur 
originale,  et  dans  lesquels  il  semble  souvent 
voir  passer  comme  un  souflle  de  Weber  ou  de 
Chopin,  ces  deux  grands  romantiques  d'une 
nature  si  différente.  Parmi  ses  œuvres  nom- 
breuses, il  en  est  dont  les  succès  furent  écla- 
tants et  prolongés  :  les  Études  de  salon ,  les 
Romances  sans  paroles,  les  Barcarolles ,  les 
Noclunies,  les  Valses  de  salon,  les  Caprices; 
puis,  tous  ces  morceaux  de  genre,  si  avide- 
ment recherchés:  la  Baladine,  le  Réveil  des 
Oiseaux,  la  Napolitaine,  Tenerezza,  Berge- 
ronnette,  la  Chasse,  la  Fontaine,  la  Séré- 
nade du  page,  le  Pas  des  Archers,  vn  Soir 
à  Venise,  V Amazone,  le  Tic-tac  du  Moulin, 
Giovinetta,  l'Idylle,  Romanesca,le  Menuet, 
le  Rêve  d'enfant,  la  Berceuse,  la  Molda- 
vienne,  la  Bourrée,  la  Voix  des  Cloches,  le 
Chant  du  Rouet,  etc.  Enfin,  il  faut  encore  citer 
r Absence,  sonate  romantique,   la  Marche  fu- 


nèbre, une  Polonaise  brillante,  les  belles  fan- 
taisies sur  Fatist  et  Mireille,  les  transcriptions 
de  Guillaume  Tell,  de  Mignon,  d'Hamlet,  et 
ses  superbes  morceaux  pour  deux  pianos  sur 
Oberon ,  Don  Juan ,  Preciosa ,  le  Freischiiti 
et  la  Flûte  enchantée. 

C'est  le  15  février  1873  que  Lysberg  a  été 
enlevé  aux  siens,  après  une  courte  maladie.  On 
peut  presque  dire,  tant  il  y  était  aimé,  estimé, 
honoré,  que  sa  perle  fut  un  deuil  public  pour 
la  ville  de  Genève.  Il  possédait  d'ailleurs  non- 
seulement  les  qualités  d'un  artiste,  mais  cellee 
d'un  homme  de  cœur,  et  un  journal  de  Genève 
lui  adressa  un  éloge  complet  en  disant  d&  lui 
que  «  ce  grand  artiste,  fils  de  ses  œuvres,  sut 
être  à  la  fois  un  vrai  patriote,  un  bon  citoyen, 
un  ami  dévoué,  enfin  un  chef  de  famille  consi- 
déré, estimable,  et  digne  de  la  plus  sincère  af- 
fection de  tous  ceux  qui  ont  eu  le  bonheur 
d'être  en  relations  avec  lui.  » 

Lysberg  avait  fait  représenter  à  Genève,  en 
1854,  un  opéra-comique  en  un  acte,  la  Fille 
du  Carillonneur,  que  le  public  avait  accueilli 
avec  faveur,  mais  sans  enthousiasme.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  un  certain  nombre  de  morceaux 
qui  doivent  être  publiés  prochainement  :  Bar- 
carolle-Sérénade,  Scherzeito  alla  Mazurka, 
les  Bruits  des  champs,  etc. 


M 


MAARSCIIALKEIWVEERD (P...),  fac- 
teur d'orgues  distingué,  est  né  à  Utrecht  (Pays- 
Bas)  en  1812.  Il  s'associa  d'abord  avec  un  autre 
facteur,  M.  Sluiting,  puis,  en  1848,  se  sépara  de 
lui.  Parmi  les  instruments  qu'il  a  construits 
seul,  on  cite  les  orgues  de  la  loge  Union  royale 
à  Utreclit,  de  l'église  Saint-Martin  de  la  même 
ville,  de  l'église  catholique  de  Nieuwkoop,  puis 
celles  de  Harmelein,  deHeimskert,  deZeyst,  de 
Rumpst,  etc. 

*  MABELLIIM  (Teodulo).  Cet  artiste  fort 
distingué,  qui  occupe  à  Florence  une  situation 
exceptionnelle,  remplit  depuis  longues  années 
en  cette  ville  les  fonctions  de  maestro  concer- 
tatore  et  de  chef  d'orchestre  du  théâtre  de  la 
Pergola,  en  môme  temps  qu'il  est  professeur  de 
contrepoint  et  de  fugue  à  l'Institut  royal  de 
musique.  Il  a  formé  dans  ce  dernier  établis- 
sement un  nombre  considérable  d'élèves,  parmi 
lesquels  on  cite  MM.  Emilio  Usiglio,  Gandolli, 
Pollione  Ronzi,  G.  Palloni,  Gialdini,  De  Champs, 
Felici,  Cesare  Ciardi,  etc.  M.  Mabellini  semble 
avoir  renoncé,  depuis  longtemps  déjà,  à  écrire 
pour  le  théâtre,  mais  il  n'a  pas  pour  cela  cessé 
de  composer.  A  la  liste  de  ses  œuvres,  que  je  ne 
saurais  compléter,  j'ajouterai  cependant  les  sui- 
vantes :  lo  Spirito  di  Dante,  cantate  pour  so- 
prano, contralto,  ténor  et  basse,  exécutée  à 
Florence  lors  des  fêtes  célébrées  pour  le  cen- 
tenaire de  Dante; /e  Antiche  Festivilà  fioren- 
fine,  caaVdle  pour  soprano  et  masses  chorales, 
exécutée  aussi  à  Florence;  Te  Deum  à  4  voix, 
avec  orchestre;  Messa  da  vivo  pour  soli, 
chœurs  et  orchestre,  etc.,  etc. 

MACCHl  (LuiGi-DAvmE  DE),  professeur 
et  théoricien  italien,  est  l'auteur  d'un  ouvrage 
élémentaire  ijui  a  obtenu  un  très-grand  succès 
en  Italie  et  dont  il  a  été  fait  trois  éditions.  Cet 
ouvrage  est  ainsi  intitulé  :  Grammatica  mu- 
sicale, ovvero  Principii  teorico-semeioijra- 
fici  délia  musicn,  mctodicamcnte  csposti. 
M.deMacchi  est  directeur  et  professeur  de  l'é- 
cole municipale  de  chant  de  Turin. 

MAC.EDO  (Mancel),  composibnir  portugais, 
qui  vécut  à  Madrid  vers  le  milieu  du  XVl'  siè- 
cle, a  écrit  des  motels  et  des  Vilhancicos. 

J.   DE  V. 


MACEDO  (Antonio  DE.    SOUZA  DE), 

polygraplie  et  diplomate  portugais  du  XVll" 
siècle,  naquit  à  Porto  en  1606,  et  mourut 
à  Lisbonne  en  1682.  Ses  écrits,  qui  ont  été 
imprimés  en  Portugal  et  à  l'étranger,  sont  nom- 
breux, et  quelques-uns  eurent  une  très-graude 
vogue  en  Portugal ,  surtout  son  £va  e  Ave... 
theatro  de  erudiçâo  e  philosopkia  christd 
(Lisbonne,  1676;  la  10'"*'  édition  en  1766).  Les 
chapitres  23  et  24  de  la  r*  partie  de  cet  ouvrage 
ont  rapport  à  la  musique;  ce  qu'il  y  donne  a 
cependant  peu  de  valeur;  ses  idées  sont  emprein- 
tes d'un  mysticisme  qu'il  a  puisé  dans  les  saintes 
Écritures  et  qui  était  fort  en  vogue  en  Portugal 
vers  la  fin  du  XVir  siècle.  Les  faits  histori- 
ques font  défaut  dans  ce  livre  ;  on  n'y  trouve 
d'intéressant  que  les  faits  qui  se  rattachent  au 
roi  D.  Jean  IV  {Voy.ce  nom)  et  à  Peixoto  da  Pena. 
Souza  de  Macedo  fut  très-protégé  par  D.  Jean  IV, 
qui  lui  confia  des  affaires  d'État  fort  importan- 
tes ;  ses  missions  à  Londres,  en  Hollande ,  en 
Suède,  etc.,  rendirent  de  grands  services  à  la 
dynastie  de  Bragance,qui  venait  d'expulser  les 
Espagnols  (1640).  C'est  en  Suède  qu'il  découvrit 
(après  les  plus  grands  efforts  faits  dans  toute 
l'Europe  par  ses  ambassadeurs  et  autres  ministres, 
ce  dont  je  suis  témoin,  car  à  ce  sujet  moi-même 
j'ai  fait  bien  des  recherches),  l'autographe  du 
Micrologue  de  Guido  d'Arezzo,  qui  se  trouvait 
dans  la  bibliothèque  de  la  célèbre  et  malheureuse 
Christine  de  Suède.  D'après  Macedo,  c'est  au  roi 
lui-même  que  revient  l'honneur  de  la  découverte 
de  ce  manuscrit  ;  cependant,  il  ne  dit  pas  par 
quels  moyens  D.  Jean  IV  en  apprit  l'existence 
dans  la  Bibliothèque  de  la  reine  (1).  Souza  deMa- 
cedo  fut,  après  la  mort  de  D.  Jean  IV,  ministre 
(.sccrelario  de  estado)  de  son  (ils  Alphonse  VI  ; 
ses  ouvrages  portugais  (il  en  a  écrit  aussi  en  espa- 
gnol, en  latin,  etc.)  sont  estimés  comme  classi- 
ques. 

J.  DE  V. 
*    MACFARIIEIV    (George-Alexandre)  , 
l'un  des  artistes  les  plus  éminents  de  l'école  an- 
glaise contemporaine,  est  né  à  Londres  le  2  mars 

(1)  Voy.  pour  de  plus  amples rcnsclgnciuents  mon  Essai 
sur  lecataloçiuc  de  musique  du  roi  n.  feanlf^  (Porto, 
1871,  piigc  *7-6,  et  appcn  lice,  y  l-f-'ll]. 


MACFARREN 


Ul 


1813.  Fils  aîné  de  George  Macfarren,  auteur  dra- 
matique fécond  et  connu  par  de  nomtireux  et  bril- 
lants succès,  il  reçut  sa  prennièrc  instruction 
artistique  dans  l'inslilution  musicale  de  C.  Lucas^ 
et  entra  ensuite  (1829)  à  l'Académie  royale  de 
musique,  où  il  étudia  principalement  sous  Ci- 
priani  Potter.  Tout  en  travaillant  la  composition, 
il  s'appliqua  à  l'étude  de  divers  instruments  d'or- 
chestre^ afin  d'en  bien  connaître  les  effets  et  les 
moyens  pratiques,  outre  autres  le  violon  et  le 
violoncelle,  le  liautbois,  le  basson,  et  surtout  le 
trombone,  sur  lequel  il  devint  un  exécutant  de 
première  force.  Il  va  sans  dire  qu'il  pratiqua  aussi 
le  piano. 

Sorti  de  l'Académie  après  y  avoir  terminé  ses 
étudesj'il  y  rentraen  1834  comme  professeur  d'har- 
monie, et  c'est  dans  le  cours  de  la  même  année 
qu'il  inaugura  les  séances  de  la  Société  des  Bri- 
iish  Musicians,  aujourd'hui  disparue,  par  l'exé- 
cution de  sa  symphonie  en  fa  mineur.  En  1838, 
il  donne  au  théâtre  du  Lyceum  son  premier  ou- 
vrage, VOpéra  du  diable,  dont  son  père  lui  avait 
écrit  le  livret,  et  qui  est  bien  accueilli;  il  écrit 
ensuite,  à  l'occasion  du  mariage  de  la  reine  Vic- 
toria, une  cantate,  Emblematical  Tributs,  qui 
est  exécutée  au  théâtre  deDrury-Laneen  1841,  et 
fait  représenter  sur  la  môme  scène,  en  1846,  son 
second  opéra,  Don  Quichotte,  dont  son  père  lui 
avait  encore  fourni  le  livret,  et  qui  n'obtient 
qn'un  succès  d'estime.  L'année  suivante  il  fait 
un  voyage  aux  États-Unis,  et  en  rapporte  un 
nouvel  opéra,  le  Roi  Charles  II,  qu'il  fait  re- 
présenter avec  un  grand  succès  au  Princess's 
Théâtre  en  1849  et  dans  lequel  miss  Louisa  Pyne, 
la  célèbre  cantatrice,  fait  sa  première  apparition. 
Viennent  ensuite  plusieurs  cantates  :  the  Sleeper 
a wahened  {th.  de  la  Reine,  1850),  Lenore,  d'a- 
près la  ballade  de  Biirger  (Londres,  1853,  et  fes- 
tival de  Birmingham,  1855),  Jour  de  mai  (fes- 
tival de  Bradford,  1858),  dans  laquelle  l'auteur 
reproduit  l'esprit  des  vieilles  mélodies  anglaises, 
et  Aoel  (Société  musicale  de  Londres,  18C0),  qui 
se  faisait  remarquer  par  la  même  recherche. 

C'est  en  cette  même  année  1860  que  M.  Mac- 
farren produit  au  théâtre  de  la  Reine  son  opéra 
le  plus  heureux,  Robin-Hood,  au  succès  duquel 
ne  furent  pas  étrangers  ses  excellents  interprètes, 
M™*  Lemmens-Sherrington,  MM.  Sims  Reeves  et 
Stanley.  En  18G2,  W  Aonne  Jessy  iea  (un  acte), 
en  1863,  the  Soldier's  Legnly  (un  acte)  et 
Freya's  Gift,  cantate  exécutée  au  théâtre  de 
Covent-Garden  pour  le  mariage  du  prince  de  Gal- 
les. Enfin,  en  1864,  il  fait  représenter  au  même 
théâtre  She  Sloops  to  conqner  (Elle  s'humilie 
pour  mieux  triompher),  et  Helvellyn,  grand 
opéra  en  4  actes. 


Mais  ces  grands  travaux  scéniques  n'empê- 
chaient pas  M.  Macfarren  de  produire  un  grand 
nombre  de  compositions  d'autres  genres,  et  fort 
diverses.  C'est  ainsi  qu'il  écrivait  successivement 
plusieurs  symphonies,  beaucoup  d'ouvertures 
(the  Merchant  of  Veiiice,  Romeo  and  Juliet, 
Don  Carlos,  Chevy  Chase,  Hamlet),  un  grand 
quintette  pour  instruments  à  cordes,  4  qua- 
tuors ,  un  trio  pour  piano ,  violon  et  violon- 
celle, 2  sonates  pour  piano  et  violon,  3  sonates 
pour  piano  .seul.  Pour  le  chant,  ses  productions 
sont  innombrables,  et  quelques-unes  sont  deve- 
nues extrêmement  populaires;  il  faut  surtout 
citer,  parmi  ses  mélodies  vocales,  celles  écrites 
sur  des  paroles  de  Shelley,  Walter  Scott,  Byron, 
Schiller,  Henri  Heine,  ses  songs  tirés  des  Idyl- 
les de  Tennyson,  des  Nuits  arabes  de  Lane  et 
des  poèmes  de  Kingsley,  puis  toute  une  série  de 
Shakespeare  songs  à  4  voix,  extraits  des 
œuvres  dramatiques  de  Shakespeare,  et  enfin 
plusieurs  centaines  d'autres  chants,  chansons, 
duos,  trios,  etc.,  sans  compter  divers  morceaux 
écrits  pour  des  drames  non  lyriques,  la  cantate 
Christmas,  etc. 

M.  Macfarren  a  aussi  beaucoup  écrit  pour  l'é- 
glise, et  l'on  signale  principalement  sous  ce 
rapport  ses  52  Introit  pour  chaque  dimanche  de 
l'année,  pour  lesquels  il  semble  avoir  puisé  à 
une  source  d'inspiration  vraiment  nouvelle.  On 
lui  doit  encore  plusieurs  oratorios,  dont  le  pre- 
mier, Saint-Jean- Baptiste ,  fut  chanté  avec  un 
grand  succès  au  festival  de  Bristol  (1373),  par 
M°"^^  Lemmens  et  Paley,  MM.  Lloyd  et  Stanley, 
et  produit  ensuite,  avec  le  même  bonheur,  à 
Londres,  dans  diverses  villes  de  province,  et  jus- 
qu'en Amérique  et  dans  les  colonies.  Il  donna 
ensuite  la  Résurrection  (festival  de  Birming- 
ham, 30  aoftt  1870),  et  Joseph,  qui  excita  un 
véritable  enthousiasme  au  festival  de  Leeds, 
où  il  fut  chanté  en  1877  par  M"°  Emma  Albani, 
M"'"  Patey  et  Edith  Wynne,  MM.  Lloyd,  Foli 
et  Santley.  C'est  de  cet  ouvrage  qu'un  critique 
a  dit  qu'il  était  «  l'œuvre  la  plus  complète  qui 
soit  .sortie  de  la  plume  du  mieux  doué  et  du  plu.s 
distingué  des  musiciens  anglais.  »  Dans  le  cours 
(le  celle  dernière  année,  M.  Macfarren  faisait 
exécuter  au  festival  de  Giascow  une  jolie  can- 
tate, the  Lady  of  the  Lake,  qui  fut  fort  bien 
accueillie. 

Malgré  l'infirmité  dont  il  a  été  frappé  dans  la 
plus  grande  force  de  sa  jeunesse  (on  sait  que 
depuis  l'âge  de  25  ans  environ,  il  est  complète- 
ment aveugle),  M.  Macferren  n'a  cessé  d'être, 
sous  tous  les  rapports,  l'un  des  musiciens  les 
plus  actifs,  des  compositeurs  les  plus  féconds 
de  son   pays,  non-seulement  produisant  sans 


142 


MACFARIIEN  —  MACHADO 


cesse  des  œuvres  importantes,  mais  multipliant 
son  enseif^nement  et  s'occupant  même  de  litté- 
rature musicale.  En  effet,  ce  grand  artiste,  dont 
l'activité  semble  infatigable,  s'est  fait  connaître 
encore  comme  écrivain  spécial  et  comme  théori- 
cien. Sous  ce  rapport,  on  a  de  lui  de  remarquable.s 
dissertations  crilicpies  et  analytiques  sur  la  plu- 
part dos  oratorios  de  Hœiulel,  sur  la  messe  en 
ré  et  les  symphonies  de  Beethoven  ;  de  plus,  il 
a  donné  des  notices  biographiques  sur  les 'mu- 
siciens célèbres  à  l'Impérial  Dictionary  of 
universal  biogrophy,  et  une  traduction  de  l'é- 
crit d'Edouard  Devrient  :  Mes  Souvenirs  rc- 
laiijs  à  Mendelssohn-Bartholdy ;  il  a  publié 
des  Rudiments  of  Ifarmouy  (1860),  et  Six 
Lectures  on  Harmony  (1867);  il  a  revu  et 
édité  les  Old  English  Ditties  (Vieilles  chan- 
sons anglaises),  en  13  volumes  (1857-1809),  les 
Moore's  Irish  Mélodies  (1859),  et  les  Scotch 
So7igs.  Il  a,  enfin,  fait  de  nombreuses  confé- 
rences sur  la  musique  à  l'Institution  royale,  à 
l'Institution  de  Londres,  etc. 

Nommé  en  1860  membre  du  bureau  des  pro- 
fesseurs de  l'Académie  royale  de  musique  de 
Londres,  en  1868  membre  du  Comité  de  direc- 
tion de  cette  institution,  M.  Macfarren  fut  ap- 
pelé, en  1875 ,  à  succéder  à  William  Sterndale 
Bennett  comme  principal  (directeur)  de  cette 
grande  école,  en  même  temps  qu'il  lui  succé- 
dait aussi  comme  professeur  de  musique  à  l'U- 
niversité de  Cambridge.  M.  Macfarren  occupe 
aujourd'hui  l'une  des  plus  hautes,  des  plus  im- 
portantes et  des  plus  honorables  situations  mu- 
sicales qui  soient  en  Angleterre. 

MACFAI\REi\(Waltf.u-Ci:cil),  chef  d'or- 
chestre, pianiste  et  compositeur,  frère  du  précé- 
dent, est  né  à  Londres  le  28  août  1826.  D'abord 
enfant  de  chœur  à  l'abbaye  de  Westminster,  de 
1836  à  1840,  il  abandonna  pendant  deux  années 
l'élude  de  la  musique  pour  se  livrer  à  celle  de  la 
peinture.  Toutefois  il  revint  à  la  première,  et,  en 
1842,  enira  à  l'Académie  royale  domusique,  oii  il 
devint  l'élève  de  son  frère,|de  W.  II.  Holmes  et  de 
Cipriani  Potier.  Plus  tard,  en  1848,  il  fut  nommé 
professeur  de  piano  dans  cette  institution,  puis 
chef  de  l'orchestre  et  des  chu'iirs  (1875).  Artiste 
distingué,  M.  Walter  Macfarren  a  donné  pendant 
plusieurs  années  dés  séances  de  musique  de 
chambre  qui  étaient  très-suivies,  et,  comme  chef 
d'orchestre,  il  a  dirigé  l'exécution  de  nombreux 
festivals.  En  tant  que  compositeur,  on  lui  doit  une 
assez  grande  quantité  de  morceaux  pour  le  piano, 
des  duos  pour  piano  et  violon  ou  violoncelle,  de 
nombreuses  romances,  des  madrigaux,  et  aussi 
plusieurs  ouvertures,  parmi  lesquelles  l'Ouver- 
ture pastorale,  qui  a  été  exécutée  eu  1878. 


!  M.  Walter  Macfarren  a  donné  une  bonne  édition 
des  œuvres  de  piano  de  Mozart  et  de  Beetho- 
ven, et  il  a  publié  chez  les  éditeurs  Ahsdown  et 
Parry,  à  Londres,  un  choix  d'œuvres  populai- 
res classiques  pour  le  piano  {Popïilar  classics), 
tirées  des  plus  grands  maîtres.  Cet  artiste  fort 
estimable  s'est  aussi  beaucoup  occupé  de  criti- 
que musicale. 

MACHADO  (Le  P.  Dioco-Barbosa),  célè- 
bre bibliographe  portugais,  né  à  Lisbonne  en 
1682,  y  mourut  en  1772  avec  le  lilre  d'abbé  de 
Sever  (évêché  de  Porto).  Son  ouvrage  leïplus 
remarquable  est  la  Bibliotheca  Lusitann  (1), 
où  tous  les  musicographes,  depuis  Gerber  et 
Forkel  jusqu'à  Fétis  et  Mendel ,  ont  puisé  leurs 
renseignements  sur  les  musiciens  portugais  an- 
térieurs au  tremblement  do  terre  de  1757.  Bar- 
bosa  Machado  prodigue  ses  éloges  à  presque 
tous  les  musiciens  dont  il  parle;  il  est  juste  de 
remarquer  que  l'éducation  musicale  en  Portugal 
était  très-soignée  jusque  vers  la  fin  du  règne 
de  D.  José  I,  tant  dans  les  couvents  que  dans 
les  séminaires,  dans  la  haute  société  que  dans 
les  académies  particulières.  Domenico  Scarlalli 
sous  D.  Jean  V,  et  David  Perez  sous  D.  José  I, 
exercèrent  une  grande  infiuence  sur  l'art  au 
XVIIIs  siècle,  à  ce  point  que  .sous  la  direction 
de  Perez  l'opéra  de  Lisbonne  devint  le  premier 
théâtre  de  l'Europe  (2).  La  dynastie  de  Bragance, 
suivant  les  traditions  glorieuses  de  son  fondateur 
D.  Jean  IV,  cultivait  la  musique  avec  passion; 
tous  les  membres  de  la  famille  de  D.  Jean  V 
étaient  des  amateurs  distingués;  l'infante  D. 
Maria  Barbara  (3),  plus  tard  reine  d'Espagne 
(femme  de  Feriiand  VI),  fut  une  virtuose  ha- 
bile sur  le  clavecin  et  l'élève  favorite  de  D. 
Scarlatti,  qui  lui  enseigna  aussi  la  composition 
etiui  dédia  deux  de  ses  pièces  de  clavecin  ce 
fut  elle  qui  créa  à  Farinelli  sa  position  excep- 
tionnelle à  la  cour  de  Madrid.  Il  .se  peut  donc 
qu'il  n'y  ait  rien  d'exagéré  dans  les  éloges  de 
Machado  ;  j'ai  donné  ailleurs  (4)  une  liste  de  com- 
positeurs portugais  qui  occupèrent  les  charges  les 
plus  élevées  aux  XVI«  et  XVIP  siècles  dans  les 
églises  d'Espagne.  Ces  faits,  et  bien  d'aulres, 
prouvent  que  l'étude  do  la  musi(pie  était  très- 
sérieusement  faite  autrefois,  et  que  les  compo- 

(1)  I,c  l*^' voliiniL' pnnit  en  1741  (A  E)  ;  le  S'"»  en  1717 
(F-J);  le  3»  en  Mai  cl.-Z)  ;  le  ;•  en  llot  (suppléinenl). 

(2)  V,  liurney, // (/t'Ht'ra/  liisto)-y  of  iVuiic,t.  IV,  p, 
570. 

(;n  A'oy.  ma  bio;ffaphle  de  cette  priiiccise,  Jitc  musi- 
cal, II""  40  et  41. 

(4)  Le  célélire  Martini  lui  dédia  aussi  sa  célèbre  Sloria 
delta  Miisica  (Bologna,  I757).  I.a  reine  étant  morte  lors- 
qu'il publia  les  deux  dcrolc»  voluiues,  11  les  dédia  à  d'au- 
tres princes. 


MACIIADO  —  MACKENZIE 


143 


siteurs  dont  parle  Barbosa  Machado  étaient  vrai- 
ment des  artistes  reinar(]iiables.  Il  est  à  regret- 
ter qu'il  ne  nous  ait  pas  donné  de  plus  amples 
notices  sur  la  Bibliolhèque  de  musique  du  roi 
D.  Jean  IV,  qu'il  a  vue  cerlainemerif ,  et  où  il 
aurait  trouvé  dos  documents  d'une  valeur  inesti- 
mable aujourd'hui.  C'est  Barbosa  Machado  qui 
a  fourni  à  Moreri  ses  notices  sur  les  écrivains 
portugais  (plus  de  300)  pour  son  grand  Diction- 
naire (éd.  1725).  J.  DE  V. 

MACHADO  (I^APHAEL-CoELHo),  musicien 
portugais,  naquit  en  1814  à  Angra  do  Heroismo 
(Açores),  où  il  se  prépara  à  la  carrière  ecclésias- 
tique; mais  ayant  résolu  de  se  vouera  la  musi- 
que, M.  Coelho  Machado  vint  à  Lisbonne,  où  il 
resta  jusqu'en  1835.  Eu  1838  il  partit  pour  le 
Brésil,  où  il  vit  encore.  En  1852  et  1853, 
M.  Machado  fit  un  voyage  en  Angleterre  et  en 
France,  pour  augmenter  ses  connaissances  musi- 
cales; il  revint  par  l'Espagne  en  Portugal,  et 
retourna  au  Brésil,  où  il  a  su  se  faire  une  posi- 
tion honorable.  M.  Machado  a  beaucoup  écrit, 
dans  tous  les  genres  :  une  cinquantaine  de  mé- 
lodies brésiliennes,  dont  plusieurs  ont  été  tra- 
duites en  italien  ;  des  chants  religieux  pour 
l'école  (1857)  ;  3  Messes  j  2  Te  Deum  ;  des  canti- 
ques à  2,  3  et  4  voix,  avec  choeurs,  orgue  et 
orchestre.  Il  est  aussi  l'auteur  d'ouvrages  didac- 
tiques :  \°  Méthode  de  Piano-Forte,  etc.,  Bio 
de  Janeiro,  1843  ;  2"  Grande  Méthode  de  flûte, 
ibiil,  1843.;  3"  Méthode  complète  de  violon, 
ibid.  1853.  Tous  ces  ouvrages  sont  des  compi- 
lations de  ceux  de  Hùnten,  de  Devienne  et  Ber- 
biguier,  de  Carcassi  et  d'Alard.  M.  Machado  a 
publié enoutre  -A^  Principios  deMusicapralica, 
etc.  (Bio  de  Janeiro,  1842  ;  5°  .4.  ^.  C.  musical, 
etc.,  ibid.,  18'i5;  6°  Elémcitlos  de  escripturaçœ 
musical,  Lisbonne,  1852;  7°  Brève  tratado 
de  harmonia,  etc.,  Paris,  1852  ;  8*  Methodo  de 
orgûo  expressivo,  etc.,  Bio  de  Janeiro,  1854; 
Si'* Methodo  de  afinar  o  piano,  etc.,  ibid,  1845; 
il  y  a  de  cet  ouvrage  une  seconde  édition,  à  la- 
quelle on  a  ajouté  :  Chyrogymnasto  daspia- 
nistas  (gymnastique  des  doigts),  traduit  de  l'ou- 
vrage de  Martin,  iO"  Diccionario  musical,  etc.; 
Rio  de  Janeiro,  1842;  2""^  éd.,  1855.  Je  me  rap- 
pelle avoir  vu  une  3'""  édition. 

M.  Coelho  Machado,  qui  est  très-laborieux,  a 
publié  de  1842  à  1846  un  journal  musical  sous 
ce  titre:  0  Ranalhete  das  Damas  (le  Bouquet 
des  Dames),  journal  dans  lequel  il  traitait  les 
questions  relatives  à  l'esthitique,  à  la  critique  et 
à  l'histoire  de  la  musique,  en  les  mettant  à  la 
portée  de  tout  le  monde;  ce  recueil  utile,  qui 
paraissait  deux  fois  par  mois,  a  cessé  de  vivre, 
peu  de  temps  après  avoir  passé  dans  d'autres  | 


mains.  La  partie  qui  a  été  publiée  par  M.  Ma- 
chado ne  forme  pas  moins  de  800  pag.  in-fol., 
y  compris  les  morceaux  de  musique  de  l'auteur. 
M.  Machado  s'est  essayé  aussi  au  théâtre  avec 
un  ouvrage  ayant  pour  titre  :  Urania  au  los 
aniores  de  um  pocta.  J.  de  V. 

MACHADO  (Caulos-Maria),  compositeur, 
était  professeur  de  musique  au  séminaire  ecclé- 
siastique de  Santarem  (Portugal).  Quoique  de 
condition  modeste  (son  père  était  horloger),  il 
reçut  cependant  une  éducation  .soignée.  On 
louait  beaucoup  son  talent  d'improvisation  sur  le 
piano;  il  a  écrit  pour  cet  instrument  une  foule  de 
bagatelles,  qu'on  dit  avoir  du  mérite  (elles  n'ont 
pas  été  publiées).  Il  a  laissé  en  manuscrit  un 
grand  Te  Deum  dédié  au  partiarche  de  Lisbonne 
D.  Juilherme,  des  Liçoès  et  Matinas  pour  la  se- 
maine sainte,  des  Matinas  de  Natal,  deux 
Missas  et  des  Novenos  de  S.  Luiz  Gonzaga  et 
da  Conceiçâo  etc.  Sa  musique  d'église  est  peu 
connue,  à  cause  des  difficultés  de  son  exécution, 
dit-on;  on  lui  accorde  de  l'originalité  dans 
les  idées,  mais  on  lui  reproche  une  recherche 
extrême  dans  la  facture  harmonique,  qui  aboutit 
à  la  bizarrerie.  Machado  est.raorten  1865,  âgé  de 
49  ans;  il  était  né  à  Santarem  en  1816. 

J.  DE  V. 

MACHADO  (César),  journaliste  portugais, 
est  l'auteur  d'un  livre  publié  récemment  sous  ce 
titre  :  Os  Theatros  de  Lisboa,  et  dans  lequel  on 
trouve  d'abondants  renseignements  sur  les  chan- 
teurs et  comédiens  portugais  de  l'époque  actuelle. 

MACIî  (GuGLiELMo),  chef  d'orchestre  et 
compositeur,  ancien  élève  du  Conservatoire  de 
Naples,  occupait  en  1872  les  fonctions  de  chef 
d'orchestre  au  théâtre  italien  de  Calcutta  et  fai- 
sait représenter  sur  ce  théâtre  un  opéra  sérieux 
intitulé  Giovanna  Grey.  De  retour  en  Europe, 
il  publia  chez  l'éditeur  Vismara  divers  morceaux 
de  piano  et  de  chant,  puis,  en  1876,  repartit 
pour  les  Indes  et  se  fixa  à  Calcutta  comme  pro- 
fesseur. 

iMACKEîVZIE  (Alexandre-Campbell),  vio- 
loniste et  chef  d'orchesire,  fils  de  M.  Alexandre 
Mackenzie ,  violoniste  et  chef  d'orchestre  du 
théâtre  royal  d'Edimbourg,  est  né  en  cette  ville 
le  22  août  1847.  A  l'âge  de  dix  ans  il  fut  envoyé 
à  Sondershausen,  où  il  devint  élève  du  concert- 
meister  Ulrich  pour  le  violon,  et  pour  la  théo- 
rie de  l'art  d'Edouard  SIein,  ami  intime  de  Liszt. 
A  13  ans,  il  devenait  membre  de  la  musique  du- 
cale de  Sondershausen,  et  au  bout  de  deux  années 
partait  pour  Londres,  où  il  se  faisait  admettre  à 
l'Académie  royale  de  musique  et  où  il  recevait 
des  leçons  de  M.  Sainton  pour  le  violon,  de  M. 
Cliarles  Lucas  pour  la  théorie  et  de  Frédéric  Bo- 


144 


MACKENZIE  ~  MAGAGNINI 


wen  Juson  pour  le  piano.  11  retourna  cnsuile  à 
Edimbourg,  où  il  occupe  aujourd'Inii  une  excel- 
lente position  comme  professeur,  tout  en  étant 
chef  d'orchestre  de  diverses  sociétés  musicales 
et  eu  se  faisant  entendre  parfois  comme  virtuose 
sur  le  violon.  M.  Mackenzie  a  fait  exécuter  plu- 
sieurs compositions  qui  n'ont  pas  encore  été  pu- 
bliées, mais  qui  décèlent  un  artiste  instruit  et  bien 
doué,  entre  autres  une  '<  ouverture  pour  une 
comédie,  »  une  ouverture  de  Cervantes  et  un 
Tempo  di  Ballo  pour  orchestre. 

*  MACRI  (l'AOLo).  —  Voyez  MAGRI. 
MACRORY  (Edmund),  écrivain  anglais,  a 

publié  à  Londres,  il  y  a  quelques  années  ,  un 
opuscule  intitulé  :  Quelques  notes  sur  l'orgue 
d'église'.  11  a  été  fait  deux  éditions  de  cet  écrit. 

*  MADELAIIXE  (Stéi  hen  DE  LA).  — 
(Voyez  LA  MADELAINE  (Stéphen  DE). 

MADOGLIO     (L ),    musicien    italien 

contemporain,  est  connu  par  la  composition  de 
plusieurs  œuvres  importantes  de  musique  reli- 
gieuse, parmi  lesquelles  il  faut  citer  une  Messe 
pour  deux  ténors  et  basse,  avec  accompagnement 
d'orgue,  et  les  motets  suivants,  tous  écrits  pour 
trois  voix  avec  accompagnement  d'orgue  ;  3Ia- 
gnificat,  Lœfaius  sum,  Lauda  Jérusalem,  Nisi 
Doîuinus,  Cotifitebor,  et  Dixit  Dominus. 

Un  artiste  du  même  nom  (j'ignore  si  c'est  le 
même)  a  écrit,  en  société  avec  quelques  confrères, 
la  musique  de  deux  ou  trois  ballets,  la  Siljide  a 
Pecchino,  il  Giocatore,  etc.  Il  a  composé,  seul, 
celle  de  trois  ouvrages  du  même  genre,  Béatrice 
Cenci,  ballet  héroïque  en  6  tableaux,  donné  au 
théâtre  Victor-Emmanuel,  de  Turin,  au  mois 
d'aoï'it  1801;  Inès,  o  un  Sogno,  joué  au  théâtre 
San-Carlo,  de  Naples,  et  Atabalipadegli  Incas, 
ovvero  Pizzarro  alla  scoperta  délie  Indie,  re- 
présenté en  1867  sur  l'un  des  théâtres  de  Gènes. 

MAELZEL  (Léonard),  frère  de  Jean-Népo- 
mucèneMaelzel,  l'inventeur  du  métronome,  mu- 
sicien comme  celui-ci,  ne  m'est  connu  que  par 
la  note  suivante,  insérée  dans  la  Bibliographie 
musicale  de  César  Gardeton  (Paris,  1822)  :  — 
«  M.  Léonard  Mael/.el,  musicien  et  frère  du  cé- 
lèbre mécanicien  de  ce  nom,  a  inventé  à  Vienne 
un  nouvel  instrument  de  musique,  d'une  grande 
perfection,  auquel  il  a  donné  provisoirement  le 
nom  iX Harmonie  d'Orphée  y  à  cause  de  l'effet 
extraordinaire  qu'il  produit  sur  les  auditeurs. 
Cet  instrument  a  la  forme  d'une  caisse,  qui, 
posée  horizontalement,  présentecinq  pieds  carrés 
de  surface,  et  trois  pieds  de  profondeur.  Les 
touches  embrassent  cinq  octaves;  il  suffit  de  les 
toucher  légèrement  pour  en  tirer  des  sons  lliltés, 
qui  se  prolongent  aussi  longtemps  que  le  doigt  ne 
quitte  pas  la  touche,  et  qui  peuvent  être  renfor- 


cés ou  affaiblis  à  volonté.  Il  imite  surtout  parfai- 
tement la  voix  humaine,  et  ses  sons  ne  sont  pas 
moins  mélodieux  que  ceux  de  l'harmonica,  sans 
être  aussi  péuétrans.  »  •  - 

MAES  (Louis),  compositeur  belge,  a  fait 
exécuter  le  23  avril  1876,  en  l'église  Saint-Boni- 
face,  à  Ixelles  les-Bruxelles,  une  messe  à'4  voix 
d'hommes,  avec  accompagnement  d'orgue. 

*  MAESTRIIVI  ( ).  —  Outre  les  deux 

ouvrages  dramatiques  signalés  à  son  nom,  ce 
compositeur  a  écrit  encore  la  musique  d'un  opéra 
intitulé  Zingarella. 

MAGAZZAIil  (Gaetano),  professeur  et 
compositeur  italien,  né  à  Bologne  vers  1808,  a 
publié  quelques  compositions  vocales  impor- 
tantes, entre  autres  un  Ave  Maria  à  3  voix.  Son 
nom  devint  presque  célèbre  dans  sa  patrie,  lors 
de  l'avènement  de  Pie  IX  au  trône  pontifical  et  de 
l'immense  mouvement  qui  en  fut  le  résultat.  On 
se  rappelle  qu'à  cette  époque  les  Italiens  croyaient 
avoir  trou  vé, dans  le  nouveau  pape^  le  restauraieur 
et  le  porte-voix  de  leurs  libertés  si  longtemps 
exilées;  c'est  alors  que  Magazzari  écrivit,  sous 
l'impression  du  sentiment  général,  l'hymme 
devenu  rapidement  fameux  :  Scuoii  o  Roma,  la 
polvere  !  et  ce  chant  martial  résonna  bientôt  par 
toute  l'Italie,  passa  par  toutes  les  bouches  comme 
une  sorte  de  Marseillaise,  et  valut  à  son  auteur 
une  étonnante  popularité.  Mais  au  mois  d'avril 
1848  survenait  la  fameuse  encyclique  qui  brisait 
à  jamais  l'espoir  qu'avaient  conçu  les  patriotes, 
l'Hymne  à  Pie  IX  était  proscrit,  et  le  nom  de  Ma- 
gazzari retombait  dans  l'obscurité  d'où  il  était  un 
moment  sorti. 

Douze  ans  plus  tard,  Magazzari  voulut  en  quel- 
que sorte  renouveler  cet  exploit.  C'était  après  la 
guerre  de  1859  et  l'annexion  de  la  Lombardie  au 
Piémont,  qui  avaient  amené  la  reconstilulion  du 
royaume  d'Italie.  Magazzari  mit  en  musique  l'ode 
admirable  de  Manzoni,  il  Cinque  Maygio ,  en 
(it  une  cantate  à  4  voix  avec  accompagnement 
d'orchestre,  et  fit  exécuter  cette  composition  au 
théâtre  de  la  Canobbiana,  de  Milan,  en  1860. 
L'œuvre,  paraît-il,  était  misérable,  d'une  facture 
informe,  et  produisit  le  plus  lamentable  effet. 
Depuis  lors,  on  n'entendit  plus  parler  de  l'ar- 
tiste, (pii  passa  les  dernières  années  de  sa  vie 
dans  un  oubli  complet.  Magazzari  mourut  à  Rome, 
le  27  mars  1872,  âgé  de  6i  ans,  au  moment  où 
il  venait  d'obtenir  un  emploi  dont  il  n'eut  même 
pas  le  temps  de  prendre  jiossession  :  celui  de 
directeur  des  exercices  choraux  dans  les  écoles 
nuuiicipales. 

MA(iAG>JL\l  (Giovannini),  compositeur 
italien,  a  fait  ses  études  musicales  au  Conserva- 
toire de  Milau,  où  il  a  clé  admis  au  mois  de  no- 


MAGAGNINI  —  MAGIMEL 


145 


vembre  1862,  et  qu'il  a  quitté  au  mois  d'août 
1869.  Il  est  l'auteur  d'un  opéra  sérieux,  Gio- 
vanna  di  Castiglia,  qui  a!été  joué  sur  le  théâ- 
tre de  Carpi  le  15  août  1874,  et  d'un  opéra 
bouffe,  Osynano,  bascià  d'Egillo,  dont  j'ignore 
le  lieu  et  la  date  de  représentation.  Cet  artiste 
s'est  fait  connaître  aussi  par  la  publication  d'un 
certain  nombre  de  mélodies  vocales ,  la  Fede, 
Venezia,  0  Giovmetta,  il  Saluto,  iina  Jii- 
tnembranza, etc.,  d'un  Ave  Maria  pour  voix  de 
baryton  et  cor  obligé  avec  piano,  et  de  quelques 
morceaux  de  musique  légère  pour  lejpiano. 

MAGI  (Fortuné),  est  né  à  Lucques,  en  Tos- 
cane, le  6  octobre  1839.  Il  étudia  la  musique  à 
l'Institut  public  de  cette  ville,  l'harmonie  et  le 
contrepoint  sous  la  direction  de  son  beau-frère 
M.  Puccini.  En  1857,  ayant  fait  entendre  dans 
sa  ville  natale  une  messe  à  grand  orchestre,  il 
fut  appelé  à  remplir  l'emploi  de  professeur  d'har- 
monie à  l'Institut  dont  il  a  été  parlé  ci-dessus,  et, 
en  1861,  il  y  succéda  à  son  maître  Puccini  dans 
les  fonctions  de  professeur  de  contrepoint  ;  il 
lui  succéda  également  comme  maître  de  chapelle 
de  la  cathédrale.  En  1872,  il  obtint  la  place  de 
directeur  du  dit  Institut,  mais  il  la  conserva  peu 
de  temps,  et  donna  sa  démission,  motivée  par 
des  changements  que  les  administrateurs  vou- 
laient introduire  malgré  lui  dans  l'enseignement. 
Il  abandonna  du  même  coup  la  maîtrise  et  la 
place  d'organiste  de  la  ;cathédrale,  et  alla  s'éta- 
blir à  Sarzana  en  Luniziana,  pour  y  occuper  la 
même  situation  ;  il  y  resta,  cependant,  peu  de 
temps,  et  obtint  en  1874  la  place  de  directeur  des 
écoles    communales   de    musique   de    Ferrare. 

M.  Magi  a  composé  dans  sa  jeunesse  beaucoup 
de  musique  d'église,  qui  révèle  une  grande  faci- 
lité et  ne  manque  pas  de  mérite,  mais  dont  la 
facture  est  parfois  quelque  peu  négligée  ;  mûri 
par  l'âge,  ainsi  que  par  les  études  sérieuses  aux- 
quelles il  s'est  livré,  ce  défaut  a  disparu  dans 
ses  dernières  compositions,  parmi  lesquelles  nous 
devons  une  mention  spéciale  à  un  Miserere,  un 
Christus,  et  à  quelques  motets  et  graduels  re- 
marqués à  juste  titre.  On  a  également  de  M.  Magi 
diverses  compositions  pour  chant  avec  accompa- 
gnement de  piano,  quelques  symphonies,  un 
oratorio  à  grand  orchestre  (Esiher)  et  une  can- 
tate {Burlamacchi).  M.  Magi  a  en  portefeuille 
un  opéra-comique,  i  tre  Rivali,  un  grand  opéra, 
l'Onore  di  una  donna,  et  un  traité  de  contre- 
point et  de  composition  auquel  il  travaille  de- 
puis longtemps  et  qui  promet  une  œuvre  de 
mérite  supérieur.  M.  Magi  est  membre  de  l'A- 
cadémie des  Philharmoniques  de  Bologne,  mem- 
bre correspondant  de  l'Académie  de  l'Institut 
royal  de  musique  de  Florence ,  et  maître  agrégé 

BIOGR,   UMV.   DES  MUSICIENS.   — •   SUPPL.   ■ 


après  examen  à  l'Académie  (ci-devant  congréga- 
tion) de  Sainte-Cécile  de  Rome.  Cet  artiste  pos- 
sède toutes  les  qualités  d'un  excellent  chef  d'or- 
chestre, et  est  en  même  temps  un  organiste  d'un 
mérite  supérieur  (1).  L,-F.  C. 

MAGIMEL  (Edmond),  amateur  distingué, 
né  à  Paris  le  27  mars  1831,  s'est  appliqué  à  tra- 
duire pour  l'orchestre,  avec  une  rare  intelligence, 
ceux  des  ouvrages  des  grands  maîtres  dont  le 
caractère  lui  paraissait  le  plus  propre  à  ce  genre 
de  transformation. 

Lors  d'une  première  audition  de  quelques-unes 
de  ces  transcriptions  (salle  Pleyel,  10  mars  1870), 
M.  Magimel  expliquait  en  ces  termes  le  but  et 
la  portée  de  son  travail  :  «  En  faisant  entendre 
«  divers  essais  d'orchestration  d'après  les  ou- 
«  vrages  de  nos  grands  maîtres,  essais  entrepris 
«  d'abord  uniquement  pour  notre  propre  plaisir 
«  et  notre  instruction,  nous  avons  voulu  payer 
«  un  juste  tribut  d'admiration  à  des  chefs-d'œu- 
«  vre  dans  lesquels  la  grandeur  de  la  pensée  ou 
«  le  charme  du  coloris  font  naître  le  désir  de 
«  cette  sorte  d'agrandissement  dans  les  moyens 
«  d'exécution.  Que  de  fois  n'avons-nous  pas 
«  entendu  exprimer  ce  désir  ou  cette  sensation  : 
«  Pourquoi  n'est-ce  pas  écrit  pour  l'orches- 
«  treP  II  semble  entendre  tout  un  orchestre. 
«  Il  nous  a  donc  paru  que,  dans  un  temps  où 
«  l'emploi  des  masses  instrumentales  prend  cha- 
«  que  Jour  plus  d'importance  et  où  nous  avons 
«  vu  tant  de  fois  dans  nos  concerts  substituer 
«  avec  succès  l'exécution  collective  à  l'exécution 
«  individuelle,  ce  genre,  traité  sans  doute  avec 
«  choix  et  discrétion,  pouvait  introduire  dans  no- 
«  Ire  musique  d'orchestre  un  élément  de  variété 
«  et  d'intérêt  et  en  augmenter  les  richesses.  » 

Le  programme  ainsi  annoncé  se  composait  du 
Quatuor  avec  piano  de  Mozart,  en  sol  mineur, 
du  Largo  en  ré  mineur  (1^'  Trio,  op.  70)  de  Bee- 
thoven, de  la  marche  en  ut  pour  piano  à  4  mains 
du  même  maître  (op.  45),  et  de  la  sonate  en  ré 
pour  deux  pianos  de  Mozart.  Dès  la  première 
répétition,  l'orchestre,  composé  de  l'élite  de  la 
Société  des  concerts,  sous  l'intelligente  direction 
de  M.  Eug.  Sauzay,  accueillit  de  ses  plus  chaleu- 
reuses sympathies  tous  ces  chefs  d'œuvres  qui  se 
présentaient  à  lui  revêtus  des  brillantes  couleurs 
de  la  symphonie  :  jugement  autorisé  et  succès 
légitime  que  le  public  confirma  pleinemenlle  .soir 
du  concert.  Ce  même  programme  fut  exécuté  de 
nouveau  avec  succès  le  3  mai  187o.  Depuis,  diver- 
ses autres  auditions  du  même  genre,  soit  à  la  salle 

(I)  Depn!»  que  cette  notice  est  écrite,  M.  Magi  a  été 
nommé  (décembre  i8T«j    directeur  da  nourci   Institut 
musical  de  Spezia.  —  a.  v 
T.   II.  10 


146 


MAGIMEL  —  MAGNER 


Pleyel  (18  mars'  1873  et  18  avril  1874),  soit  aux 
concerts  Daubé  ou  dans  les  salons  de  la  préfecture 
do  la  Seine,  ont  mis  ces  travaux  en  lumière  et  pro- 
voqué dans  la  presse  des  appréciations  générale- 
ment favorables  sur  cette  intéressante  entreprise. 
Ce  n'est  pas  cliose  nouvelle  assurément  (jue 
l'orchestration  d'une  («uvre  originairement  écrite 
par  son  auteur  dans  les  conditions  d'instrumen- 
tation restreinte-,  mais  ce  genre,  cultivé  surtout 
en  Allemagne,  em|)loyé  notamment  plus  d'une 
fois  pour  l'œuvre  de  Beethoven  (et  même  de  son 
vivant  et  en  quelque  sorte  sous  ses  yeux  par 
Seyfried,  liierey,  ISicolaï,  etc.),  ne  s'est  le  plus 
souvent  appliqué  en  lùance  qu'à  des  ouvrages  de 
peu  d'étendue;  chacun  sait  pourtant  le  succès  qui 
accueillit  dans  les  concerts  l'orchestration  pleine 
d'effet  adaptée  par  Berlioz  à  l'Invitation  à  la 
valse  de  Weber  ;  mais  les  œuvres  de  longue 
haleine  ont  été  beaucoup  plus  rarement  l'objet 
de  ces  sortes  de  traductions.  Et  cependant 
plus  d'un  écrivain  spécial,  en  analysant  les 
œuvres  de  nos  maîtres,  avait  fréquemment  cons- 
taté cette  sorte  de  disproportion  entre  la  gran- 
deur de  leurs  idées  et  les  moyens  d'exécution 
dont  ils  disposaient,  souvent  aussi  réclamé, 
pour  les  mettre  dans  toute  leur  valeur,  un  coloris 
emprunté  à  une  palette  plus  riche.  Le  très- 
intéressant  opuscule  consacré  par  M.  de  Lenz 
aux  trois  styles  de  Beethoven  est  plein  de  ces 
desiderata.  11  n'est  donc  pas  surprenant  que 
l'on  ait  tenté  de  les  réaliser,  et  il  pourrait 
être  à  désirer  que  le  public  fût  mis  à  même 
d'apprécier  la  valeur  d'une  entreprise  qui,  sans 
rien  enlever  au  répertoire  de  la  musique  de 
chambre,  tend  à  accroître  et  à  varier  celui  de 
la  musique  d'orchestre,  si  en  faveur  aujour- 
d'hui. Indépendamment  de  quelques  autres  tra- 
vaux du  même  genre,  M.  Magimel  a  en  porte- 
feuille, complètement  achevé,  Pœuvre  entier 
des  sept  trios  de  Beethoven  pour  piano,  violon 
et  violoncelle. 

*  MAGIM  (Francesco- Maria).  —  On  a  pu- 
blié de  cet  artiste  un  recueil  de  solfèges  à  2  voix  : 
Solferjgiamcnii  a  2  voci,  Rome,  Mascardi,  1703. 
MAGLlOiNI  (GiovACCHLNo),  piani.ste,  pro- 
fesseur et  compositeur  italien,  né  vers  1830  à 
Pontassieve  (Toscane),  aujourd'hui  lixé  à  Flo- 
rence, est  l'auteur  d'un  drame  lyrique  intitulé 
Ferruccio,  quia  été  représenté  au  mois  de  jan- 
vier I8G3  sur  le  théâtre  Pagliano,  de  celte  ville. 
On  lui  doit  aussi  une  Messe  solennelle  à  six  voix, 
deux  chœurs  et  grand  orrhestre,  dont  la  première 
exécution  a  eu  lieu  dans  l'église  San-Gaetano , 
delà  même  ville^  au  mois  de  novembre  ISC.O. 
M.  Maglioni  s'est  fait  connaître  surtout  par  la 
publication  d'un  granil  nombre  de  compositions 


intéressantes  pour  le  piano  à  2  et  à  4  mains,  et 
même  pour  deux  pianos,  compositions  au  nom- 
bre desquelles  il  faut  citer  plus  de  trente  sciera, 
et  un  recueil  volumineux  divisé  en  plusieurs  sé- 
ries et  donné  sous  ce  titre  :  tes  Etoiles. 

MAGNAT  (M.  l'abbé),  est  l'auteur  des  deux 
ouvrages  suivants  :  1°  Méthode  pour  appren- 
dre le  plain-chant,  Paris,  Jules  Vie,  18/5, 
in-8;  2°  Panorama  de  la  méthode  de  plain- 
chant,  Paris,  Jules  Vie,  1875,  in-P. 

*  MAGi\ELLI  (GiusETTE).  —  A  ce  que  Fétis 
a  dit  de  ce  maître,  nous  croyons  pouvoir  ajouter 
que  dans  sa  jeunesse  il  avait  été  un  excellent  cla- 
rinettiste, et,  par  un  ensemble  de  talents  qui 
n'est  pas  commun,  un  non  moins  excellent  chan- 
teur et  professeur  de  chant.  Élevé  dans  les  prin- 
cipes de  la  grande  école  de  chant  italienne,  il 
déplorait  l'habitude  du  cri,  devenu  à  la  mode , 
vers  le  milieu  du  siècle  courant,  sous  le  prétexte 
d'expression  dramatique.  A  quelqu'un  qui  lui 
demandait  un  jour  son  opinion  sur  certains 
artistes  de  grand  renom  qui  chantaient  alors  au 
théâtre  de  la  Pergola,  à  Florence,  nous  nous 
rappelons  lui  avoir  entendu  répondre  :  —  «  Oh  ! 
certes,  ce  sont  de  grands  artistes  ;  mais  (ajou- 
tait-il avec  son  air  tant  soit  peu  narquois)  ils  ont 
raison  de  se  faire  payer  très-cher,  parce  qu'en 
chantant  comme  ils  chanteut,  on  ne  dure  pas 
longtemps.  » 

Outre  la  messe  des  morts  mentionnée  par 
Fétis,  Magnelli  a  laissé  une  foule  de  composi- 
tions, pour  la  plupart  dans  le  genre  sacré,  toutes 
dignes  d'attention  et  toutes  inédites,  ce  qui  est 
d'autant  plus  fâcheux  qu'elles  renferment  des 
beautés  de  premier  ordre.  Lors  de  la  mort  de 
cet  artiste  distingué,  tous  ses  manuscrits  furent 
achetés  à  ses  héritiers  par  le  grand-duc  de  Tos- 
cane Léopold  II,  et  ils  sont  maintenant  conser- 
vés dans  la  bibliothèque  de  l'Institut  royal  de 
musique  de  Florence  (1).  L.-F.  C. 

MAGNER  (CuvRLEs),  pianiste,  compositeur 
et  professeur,  a  fait,  je  crois,  ses  éludes  à 
l'École  de  musique  religieuse  fondée  par  Nieder- 
meyer.  Maître  de  chapelle  à  l'église  Saint-Nicolas- 
du-Ghardonnet,  au  collège  Rollin  et  au  Petit- 
Séminaire,  il  s'est  fait  connaître  par  diverses 
compositions  religieuses,  entre  autres  une  messe 
avec  orgue  et  orchestre  qui  a  été  exécutée  en 
1874  à  Saint-Nicolasdu-Chardonnet,  et  plusieurs 


(I)  M.  le  docteur  Basevl,  de  Florence,  possède  plusieurs 
reiivrcs  manuscrites  de  lM;i;,'nL'lll  :  Mcssaa  3  roci,  a  cap- 
pella, iS30;  lulioilo  in  nativitatis  S.  Joannis  Battista 
a  V,  con  istrumenti,  1806;  Craduale  a  k,con  isirunienti, 
1800.  D'.Tpri's  une  notice  écrite  par  l.ulgi  PicehIantI,  Ma- 
Riielll  serait  né  non  en  i'67,  comme  il  a  été  dit,  mais  le 
10  mars  1774  -A.  P. 


MAGNER  —  MAHILLON 


147 


motets.  M.  Magner  a  écrit  aussi  un  trio  pour 
piano ,  violon  et  violoncelle,  des  morceaux  de 
genre  pour  le  piano,  et  quelques  mélodies  vo- 
cales :  Son  Nom,  le  Papillon,  l'Ondine  et  le 
Pêcheur,  etc.  Enfin,  cet  artiste  a  fait  représen- 
ter en  1867,  au  théâtre  des  Bouffes-Parisiens, 
une  opérette  en  un  acte  intitulée  Khan-ta-lou, 
et  en  1873,  au  théâtre  Cluny,  un  petit  ouvrage 
du  même  genre  intitulé  un  Souvenir. 

MAGIVETTA  (Vincenzo),  jeune  composi- 
teur italien,  est  l'auteur  d'un  opéra  sérieux  inti- 
tulé la  Fiammina,  qui  a  étéjoué  àNaples,  sur 
le  théâtre  Rossini,  le  17  avril  1873.  Il  a  donné 
ensuite,  en  1876,  sur  le  théâtre  de  la  Fenice,  de 
Ja  môme  ville,  un  second  ouvrage  dramatique  qui 
avait  pour  titre  Don  Ippazio  et  qui  a  été  hien 
accueilli.  Cet  artiste  a  publié  sous  ce  titre  :  Ore 
fantastiche,  un  album  de  cinq  mélodies  vocales 
(Naples,  Cottrau). 

*  MAGNUS  (Magnus  DEUTZ,  dit),  avait 
commencé  son  éducation  musicale  à  Heidelberg, 
sous  la  direction  de  Wollveilher,  l'un  des  meil- 
leurs théoriciens  de  lAilemagne,  avant  d'entrer 
au  Conservatoire  de  Bruxelles.  Malgré  ses  succès 
dans  cet  établissement,  ses  parents  voulurent 
Ini  faire  suivre  la  carrière  commerciale,  et  le 
placèrent  chez  un  marchand  de  dentelles;  mais 
au  'bout  de  deux  mois  le  jeune  homme  prit  sa 
volée,  et  sacrifia  tout  à  ses  goûts  artistiques.  Venu 
à  Paris,  il  s'y  livra  à  l'enseignement  et  à  la  com- 
position, et,  vers  1852,  se  fit  entendre  plusieurs 
fois  avec  succès  au  théâtre  du  Gymnase.  Il  avait 
fait  alors  un  séjour  en  Angleterre,  mais  n'avait 
pu  rester  dans  ce  pays,  dont  le  climat  était  con- 
traire à  sa  santé.  Bientôt  il  entreprit  une  grande 
tournée  artistique,  et  visita  successivement  l'Al- 
lemagne, le  Piémont,  l'Espagne,  ila  Russie  et 
l'Algérie.  Puis  il  revint  s'établir  à  Paris,  qu'il  n'a 
plus  quitté  que  de  loin  en  loin  pour  se  livrer  à 
quelques  excursions  artistiques. 

Les  compositions  de  M.  Magnus  sont  nom- 
breuses, et  ne  s'élèvent  guère  à  moins  de  deux- 
cents.  La  plupart  sont  pour  le  piano,  et  voici  les 
.titres  des  plus  importantes  :  24  Études  de  genre 
et  de  style  (Gregh);  24|  Pièces  caractcris- 
tiques  (Michaëlis)  ;  1"  grande  Sonate,  en  ut 
mineur  (d'Aubel)  ;  T  grande  Sonate,  en  ré  ma- 
jeur (Schœn);  1",  2'  et  3*  Études  de  concert 
(Richault)  ;  Constantinople,  grande  marche  mi- 
litaire (id.);  Marche  funèbre  (Choudens);  Polo- 
naise brillante  (Leduc)  ;  Marche  russe  (id.)  ;  Ahd- 
El-Kader-Marsch  (Mackar);  les  Feux  follets, 
la  Danse  des  Esprits,  caprices  (Richault); 
Mourez,  roses  d'amour,  les  Cloches  du  soir, 
romances  sans  paroles  (ïd.);  Saltarelle  (id.);  la 
Ronde  des  sorcières,  caprice  fantastique  (Chou- 


dens); Trois  Pastorales  :  les  Plaintes  d'un  pa- 
ire, les  Laitières,  Sérénade  sur  l'eau  (Ri- 
chault); Tarentelle  (id,);  Boléro  de  salon  (id.); 
Chanson  polonaise  (lleugel)  ;  Au  gré  des  flots, 
caprice-étude  (Leduc);  le  Carnaval  napolitain 
(id.);  Un  vœu  à  la  Vierge,  morceau  de  genre 
(id.) ,  etc.  Le  reste  se  compose  de  valses,  scho- 
tischs,  polkas,  mazurkas,  galops,  fantaisies  sur 
des  thèmes  d'opéras,  etc.  M.  Magnus  a  publié 
aussi  quelques  mélodies  vocales,  et  il  a  composé, 
sur  des  paroles  de  M.  Bernard  Lopez,  un  opéra 
de  salon  en  un  acte,  la  Toledane,  qui  a  été 
joué  en  1874  à  Paris,  pour  l'inauguration  de  la 
salle  Tailhout.  Dans  ces  derniers  temps,  cet  ar- 
tiste a  été  chargé,  au  journal  le  Télégraphe , 
de  la  rédaction  des  articles  de  critique  musicale. 

MAGOTTI  (A ),  musicien  italien  con- 
temporain, a  publié  plusieurs  morceaux  de  genre 
pour  le  piano,  entre  autres  une  marche  militaire 
intitulée  la  Croce  di  Savoia,  après  quoi  il  a 
voulu  aborder  la  scène  avec  un  opéra  qui  avait 
pour  titre  il  Capitano  nero.  L'essai  n'a  pas  été 
heureux  ,  car  cet  ouvrage ,  représenté  sur  le 
théâtre  Brunetti,  de  Bologne,  au  mois  de  mars 
1872,  a  essuyé  une  chute  complète;  L'auteur 
pourtant  ne  s'est  pas  découragé,  et,  après  avoir 
remanié  sa  partition  et  en  avoir  changé  le  titre, 
il  l'a  reproduite  sous  celui  de  l'UUimo  Faliero, 
à  Castel  San  Pietro,  au  mois  de  juillet  1877. 

*  MAGRI  (Paolo),  compositeur  italien,  est 
plus  connu  sous  le  nom  de  Macri,  parce  que, 
comme  c'était  l'habitude  au  temps  où  il  vivait,  il 
donnait  une  forme  latine  à  son  nom.  Né  à  Bolo- 
gne vers  1534,  il  apprit  la  grammaire  et  le  chant 
à  l'école  de  la  basilique  de  San-Petronio,  de  sa 
ville  natale.  Toutefois  il  ne  poursuivit  pas  la  car- 
rière ecclésiastique,  et  c'est  comme  clerc  d'abord, 
puis  comme  chantre  laïque,  qu'il  fut  employé  à 
cette  église  depuis  l'année  1550  jusqu'à  1568.  II 
devint  ensuite  professeur  à  l'Académie  des  Ar- 
dents, sorte  de  collège  destiné  à  l'éducation  des 
(ils  de  familles  riches  de  Bologne.  On  ignore  l'é- 
poque de  la  mort  deMagri,  dont  les  deux  seules 
œuvres  connues  sont  celles  qui  ont  été  signalées 
dans  la  Biographie  universelle  des  Musiciens 
{Voy.  Macri).  Il  vécut  assez  vieux  cependant, 
puisque  .son  recueil  des  Lamentations  de  Jéré- 
mie  est  daté  de  Venise,  1597. 

MAIIILLOIV  (Victok),  acousticien  et  ftic- 
teur  d'instruments,  est  né  à  Bruxelles  le  10  mars 
1841.  Après  avoir  fait  de  très-bonnes  études 
musicales  .sous  la  direction  de  MM.  Bosselet  fils. 
De  Swert,  Humblet,  Gollc  et  Bender,  il  s'appli- 
qua à  acquérir  la  connaissance  pratique  et  théo- 
rique de  tous  les  instruments,  et,  en  1865,  de- 
vint l'associé  de  son  père,  directeur  d'une  impor- 


148 


MAHILLON  —  MAILLART 


lanle  fabrique  d'instruments  à  vent  (1);  aujour- 
d'hui, et  depuis  environ  dix  ans,  il  est  le  direc- 
teur effectif  de  cette  maison,  où  il  a  fondu  un 
journal  spécial,  l'Écho  Musical. 

Secrétaire  de  la  commission  du  diapason  et 
conservateur  du  Musée  instrumental  du  Conser- 
vatoire de  Bruxelles,  M.  Maliillon  s'est  occupé  de 
travaux  d'acoustique,  mais  en  y  donnant  plus 
d'importance  pratique  que  la  plupart  de  ses  con- 
frères, ce  qui  l'a  amené  à  publier  un  excellent 
manuel  :  Éléments  d'acoustique  musicale  et 
instrumentale,  comprenant  l'examen  de  la 
construction  théorique  de  tous  les  instruments 
demusiqueen  usage  dans  l'orchestration  mo- 
derne  (Bruxelles,  Mabillon,  1874,  in-S").  Ce  li- 
vre est  certainement  un  des  meilleurs  qui  exis- 
tent sur  la  matière,  et  j'en  connais  peu  dont  les 
explications  soient  plus  claires,  plus  nettes,  plus 
complètes  et  plus  concises;  de  plus,  il  est  très- 
purement  écrit,  ce  qui  ne  gâte  rien,  et  ce  qui,  il 
faut  l'avouer,  n'est  pas  absolument  commun  dans 
l'ordre  des  idées  qui  en  font  l'objet.  C'est  là  un 
excellent  traité,  appelé  à  rendre  de  très-grands 
et  très-utiles  services. 

M.  Mabillon,  qui  est  un  esprit  aussi  pratique 
que  distingué,  est  aussi  l'auteur  des  deux  publi- 
cations suivantes  :  1°  Tableau  synoptique  de  la 
science  de  C harmonie,  indiquant  la  théorie 
de  tous  les  accords  et  la  loi  de  leur  succession; 
2°  Tableau  synoptique  des  voix  et  de  tous  les 
instruments  de  musique  employés  dans  l'ins- 
trumentation moderne  des  orchestres  de  sym- 
phonie,  d'harmonie  et  de  fanfares,  indiquant 
retendue,  la  position  et  l'emploi  de  chacun 
d'eux,  la  manière  de  les  écrire  et  les  rapports 
qui  existent  entre  eux. 

M.  Mabillon  a  formé,  dans  la  maison  qu'il 
dirige  avec  une  rare  intelligence,  un  musée  ins- 
trumental excessivement  riche,  très  curieux,  et 
précieux  pour  l'histoire  non-seulement  de  la 
facture,  mais  de  l'art  lui-même  et  de  ses  trans- 
formations sous  le  rapport  matériel. 

MAK^IK  (l'.-X.-J.-G.  DE),  musicien  fran- 
çais, né  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle, 
a  publié  à  Paris,  chez  Pleyel,  en  1802,  un  re- 
cueil de  Canons  à  3,  4  t't  5  voix,  avec  accom- 
pagnement de  lyre  ou  guitare.  Un  journal  du 
temps  disait,  en  annonçant  cette  publication  :  — 
■  Ces  canons,  au  nond)re  de  40,  sont  en  général 
d'un  chant  facile  et  agréable;  on  peut  justement 
les  recommander.  »  Je  n'ai  pu  découvrir  aucun 
autre  renseignement  sur  cet  artiste. 

*  MAILLi^UT  (Lotis,  dit  Aimk),  était  le 
plus  jeune  des  trois  fils  d'un  honorable  comédien 

(i)  M.  Mahillon  pure  est  né  à  Bruxelles,  le  3  novembre 
1813.  ^:... 


de  province,  qui,  après  avoir  abandonné  la 
carrière  théâtrale  proprement  dite,  était  venu 
fonder  à  Paris  une  agence  d'affaires  dramati- 
ques. L'alné  de  ces  trois  fils  (mort  eu  1869), 
avait  succédé  à  son  père  dans  la  direction  de  cet 
établissement,  tandis  que  le  second,  après  avoir 
passé  quelques  années  au  théâtre  des  Variétés, 
devenait  sociétaire  de  la  Comédie-Française,  où 
il  tint  pendant  vingt  ans,  conjointement  avec 
MM.  Brindeau  et  Leroux,  l'emploi  des  jeunes  pre- 
miers. 

Après  avoir  fait  de  très-bonnes  études  au  Con- 
servatoire,   après   avoir   remporté    le   premier 
grand  prix  à  l'Institut,  Maillart,  plus  heureux 
que  la  plupart  des  lauréats  du  concours  de  Rome, 
eut  la  chance  de  se  voir  ouvrir  la  carrière  pres- 
que à  son  retour  d'Italie,  et  le  bonheur  de  débu- 
ter au  théâtre  par  un  succès  retentissant  et  in- 
contesté.   Son    Gastibelza,  donné    par  lui    à 
l'Opéra-Nalional  pour  l'ouverture  de  ce  théâtre, 
fondé  et  dirigé  par  Adolphe  Adam,  fut  accueilli 
par  le  public  et  par  la  critique  avec  la  plus  grande 
faveur.  Cette  faveur  était  d'ailleurs  justifiée  par 
de  rares  qualités  :  dans  ce  premier  ouvrage,  où 
l'on  ne  trouvait  pour  ainsi  dire  pas  trace  d'hési- 
tation, le  jeune  musicien  avait  fait  preuve  d'élan, 
de  passion,  d'un  grand  sens  des  exigences  et  des 
nécessités  scéniques,  et  du  premier  coup  il  se 
posait  en  maître  à  venir,  bien  qu'âgé  de  trente 
ans  à  peine.  Si  sa  santé  eût  été  meilleure,  et  s'il 
eût  été  d'une  nature  plus    laborieuse,  peut-être 
fùl-il  devenu  célèbre,  car  il  montra  dans  le  cours 
de  sa  carrière,  on  peut  le  dire,  des  aptitudes  et 
des  facultés  presque  exceptionnelles.  Malheureu- 
sement, il  était  d'un  tempérament  maladif  et  sem- 
blait totalement  dépourvu  d'ambition,  de  sorte 
qu'il  travaillait  peu  et  seulement  à  ses  heures, 
n'étant  aiguillonné  ni  par  le  besoin  ni  par  le  dé- 
sir de  briller.  C'est  ce  qui  fait  que  son  bagage 
théâtral  ne  se  compose  que  d'un  petit  nombre 
d'ouvrages,  bien  que  les  directeurs  de  nos  scènes 
lyriques  se  montrassent  toujours  heureux  d'ac- 
cueillir le  compositeur. 

C'estainsiquedelafinde  1847  à  lafindel860, 
c'est-à-dire  dans  un  espace  de  treize  ans,  iln  e 
livra  au  public  que  cinq  opéras  ;  Gastibelza,  le 
Moulin  des  Tilleuls,  la  Croix  de  Marie,  les 
Dragons  de  Villars  et  les  Pécheurs  de  Catane 
(nous  ne  parlons  pas  de  deux  cantates,  l'une,  la 
Voix  sacrée,  exécutée  au  Théâtre-Lyrique  le  25 
juin  1859,  l'autre,  le  15  Août,  chantée  à  l'Opéra 
le  15  août  18C0);  mais  de  ces  cinq  opéras,  le  pre- 
mier, Gastibelza,  obtint  un  brillant  succès,  tan- 
dis qu'un  autre,  les  Dragons  de  Villars,  aussi- 
tôt traduit  en  Allemagne,  où  il  fait  partie  du 
réperloire  courant  des  grands  théâtres,  procurait 


MAILLART  —  MAILLY 


149 


à  son  auteur  une  renommée  européenne.  Son 
dernier  ouvrage,  Lara,  donné  à  l'Opéra-Comi- 
que en  1864,  fut  aussi  l'un  de  ceux  qui  obtin- 
rent le  plus  de  retentissement  ;  il  était  joué  pour 
les  rôles  principaux  par  MM.  Montaubry,  Gour- 
din et  M""'  Galli-Marié,  et  il  valut  à  cette  der- 
nière artiste,  qui  s'y  montrait  sous  les  traits  du 
jeune  page  Kaled,  un  véritable  triomphe.  Le 
public  fut  unanime  à  apprécier  les  belles  pages 
qui  émaillaient  la  partition,  le  souffle  puissant  et 
vigoureux  qui  planait  sur  elle,  la  poésie  dont  elle 
était  empreinte. 

Maillart  était  un  musicien  d'une  nature  assez 
analogue  à  celle  de  M.  Verdi  -.  inégal  et  fougueux 
parfois,  mais  dramatique  et.inspiré,  il  avait  ses 
élans  de  passion  intense,  ses  sursauts  un  peu 
désordonnés;  mais  il  était  plus  varié,  plus  sou- 
ple dans  son  inspiration  scénique,  il  possédait  la 
tendresse,  presque  inconnue  au  maître  italien,  et 
lui  était  singulièrement  supérieur  dans  l'art  de 
manier  l'orchestre.  Aussi  peut-on  s'étonner 
qu'avec  ses  qualités  particulières,  avec  son 
tempérament  si  vigoureux,  et  en  dépit  de  cer- 
taines vulgarités  de  slyle,  il  n'ait  point  abordé 
la  grande  scène  de  l'Opéra,  où  les  ailes  de  sa 
muse  puissante  auraient  pu  prendre  leur  pleine 
envergure.  Quoiqu'il  en  soit,  il  reste  un  musi- 
cien remarquable,  n'ayant  point  fait  assez 
sans  doute  pour  acquérir  la  gloire,  mais  ayant 
produit  suffisamment  pour  affirmer  un  ta- 
lent réel,  mâle,  parfois  élevé',  souvent  original, 
et  d'une  inspiration  à  la  fois  poétique  et  savou- 
reuse. Malheureusement,  et  comme  je  l'ai  dit 
plus  haut,  sa  modestie  naturelle,  jointe  à  une 
position  de  fortune  qui,  sans  être  considérable, 
le  mettait  du  moins  à  l'abri  du  besoin  et  ne  l'o- 
bligeait point  au  travail,  ont  privé  peut-être  la 
France  de  quelques  œuvres  plus  remarquables 
encore  que  celles  qui  ont  si  avantageusement 
fait  connaître  son  nom. 

Maillart  n'a  rien  publié,  rien  produit,  que  je 
sache,  en  dehors  du  théâtre.  Souffrant  depuis 
plusieurs  années  déjà,  il  se  trouvait  à  Bruxelles 
au  mois  de  février  1871,  et,  à  la  suite  des  événe- 
ments lugubres  qui  signalèrent  à  Paris  la  fin  du 
mois  de  mars,  il  partit  pour  Moulins  (Allier), 
où  il  allait  demander  l'hospitalité  à  l'un  de  ses 
meilleurs  et  de  ses  plus  intimes  amis,  M.  le  doc- 
teur Chomel.  C'est  là  qu'il  est  mort,  vers  le  20 
mai  1871,  ayant  à  peine  depuis  deux  mois  accom- 
pM  sa  cinquante-quatrième  année. 

MAILLY  (Jean-Alphonse-Ernest),  né  à 
Bruxelles  le  27  novembre  1833,  est  professeur 
d'orgue  au  Conservatoire  de  cette  ville,  où  il  a 
fait  toutes  ses  études.  Il  attribue  sou  goût  pour 
l'orgue  et  son  talent  d'organiste  aux  excellentes 


leçons  de  Christian  Girschner,  le  véritable  fonda- 
teur de  la  célèbre  école  d'orgue  de  la  capitale 
belge,  qui  a  compté  parmi  ses  disciples  Jacques 
Lemmens,  son  élève  et  successeur,  et  Alphonse 
Mailly,  le  chef  actuel  de  l'école. 

Encore  enfant,  Mailly  obtint,  en  raison  de  sa 
grande  facilité  de  lecture,  la  place  de  pianiste- 
accompagnateur  au  théâtre  de  la  Monnaie,  tan- 
dis que  le  charme  de  ses  improvisations  le  faisait 
choisir  comme  organiste  titulaire  de  l'église  de 
Saint-Joseph. 

Nommé  professeur  de  piano  au  Conservatoire 
de  Bruxelles  en  octobre  1861,  il  occupa  cette 
position  jusqu'en  septembre  1869,  date  de  sa 
nomination  en  qualité  de  professeur  d'orgue  au 
même  établissement.  Depuis,  Mailly  a  accepté 
la  place  d'organiste  à  l'église  des  Carmes. 

En  mars  1858,  Mailly  s'est  fait  entendre  pour 
la  première  fois  à  Paris,  sur  le  grand  orgue  de 
Saint-Vincent  de  Paul.  Il  fut  l'objet  du  plus  sym- 
pathique accueil,  et  quelques  jours  après,  Hector 
Berlioz  le  citait  {Journal  des  Débats)  comme 
l'un  des  plus  savants  virtuoses  que  l'art  moderne 
du  graud  orgue  ait  produits.  Ses  succès  constants 
lui  ont  valu  d'innombrables  engagements  pour 
les  inaugurations  d'instruments  nouveaux  :  Ams- 
terdam, Tourcoing,  Bordeaux,  Douai,  Berg-op- 
Zoom,  Roubaix,  Charleville,  Mézières,  etc.,  etc. 
Presque  toutes  les  villes  de  la  Belgique  ont  eu 
l'occasion  de  l'apprécier  en  ces  circonstances. 

En  1871,  sur,  la  proposition  de  Fétis,  Mailly 
fut  nommé  le  représentant  de  la  Belgique  à  la 
grande  Exposition  internationale  de  Kensington 
(Londres).  Après  une  séance  où  le  virtuose-com- 
positeur belge  avait  fait  entendre  sa  r«  sonate, 
déjà  popularisée  en  Angleterre  par  M.  E.  Best, 
et  sa  grande  fantaisie  en  ut  mineur,,  il  fut  l'objet 
d'un  double  rappel,  ovation  sans  précédents  pour 
les  séances  de  ce  genre.  Peu  de  temps  après 
son  retour,  Mailly  était  nommé  chevalier  de 
l'ordre  de  Léopold.  Enfin,  plus  récemment, 
Mailly  a  retrouvé  à  Amsterdam,  au  Palais  de 
l'Industrie,  sur  le  bel  orgue  de  Cavaillé-Coll, 
le  môme  succès  retentissant.  Le  maître  ne 
pouvant,  à  cause  de  sa  position  à  Bruxelles,  faire 
que  de  fugitives  apparitions  dans  la  riche  cité 
batave,  on  lui  a  demandé  de  désigner  un  de  ses 
élèves,  qui,  sur  sa  proposition,  a  été  nommé 
organiste  titulaire. 

Longue  serait  la  liste  de  tous  '  les  jeunes 
artistes  sortis  de  l'école  d'orgue  de  Mailly,  et 
qui  ont  fait  pénétrer  jusque  dans  les  villages 
belges  les  excellentes  traditions  du  maître.  Citons 
MM.  Paul  Trillat,  organiste  de  la  Primatiale  de 
Lyon;  Macs,  organiste  du  palais  de  l'Industrie 
d'Amsterdam  ;  Wouters,  organiste  et  maître  de 


150 


MAILLY  —  MAJO 


cliapelle  à  lYglise  Saint-Nicolas  à  Bruxelles  ;  De 
Pauw,  organiste  de  l'église  Saint- Boniface  à 
Ixclios;  Rosoor,  organiste  de  la  cathédrale  de 
Tournai;  Vastersavendls,  organiste  de  l'église  de 
Tilburg  (Hollande).  Indépendamment  de  sa  classe 
au  Conservatoire,  Mailly  a  ouvert  un  cours  d'or- 
gue libre,  où  beaucoup  d'organistes  étrangers  se 
sont  fait  inscrire. 

Cet  artiste  remarquable  n'a  encore  publié 
qu'un  très-petit  nombie  de  ses  compositions  : 
Sonate  pour  orgue,  op.  1,  Bruxelles,  Scliolt;  2 
Prières  pour  orgue,  op.  2,  id,,  id.;  6  Morceaux 
caractéristiques  pour  harmonium,  op.  3,  id.,  id.. 
Parmi  ses  œuvres  encore  inédites,  nous  citerons 
les  suivantes  :  4  Petites  pièces  pour  piano  ;  So- 
nate en  fa  majeur,  pour  orgue;  Sérénade  pour 
flûte,  violon,  violoncelle,  orgue  et  piano;  Sonate 
en  ut  mineur  pour  piano;  6  Morceaux  de  genre 
pour  orgue-Mustel  ;  Fantaisie  en  iht  mineur 
pour  orgue  (exécutée  par  l'auteur  à  l'Albert-hall, 
de  Londres);  Trio  en  la  majeur  pour  piano,  vio- 
lon et  violoncelle;  Recueil  de  pièces  dans  tous  les 
styles,  pour  piano;  10  Petites  pièces  pour  orgue; 
Duettino  pour  orgue  et  piano;  Motets  à  1,  2,  3 
et  4  voix,  avec  accompagnement  d'orgue  ;  Mélo- 
dies pour  soprano,  ténor  et  basse;  Chorals  di- 
vers. F.  D. 

*  MAINVIELLE-FODOR.  -  Voyez 
FODOIl  (Madame  Joséi-iiine  MAIN- 
VIELLE-). 

*  MAINZER  (L'abbé  Josepu).  A  la  liste  des 
écrits  de  cet  artiste  laborieux,  il  faut  ajouter 
le  suivant  :  Musical  Alhenxum  or  nature 
and  art,  music  an  musiciam  in  Germany, 
France,  llaly ,  ami  other  parts  of  Europe 
(Londres,  I8i2,  un  fort  volume  in-8°).  Mainzer 
avait  été  le  collaborateur  du  journal  le  Monde 
dramatique. 

MAISTIÎE  (Mnx^  la  baronne  DE),  compo- 
siteur amateur,  s'est  fait  connaître  par  un  cer- 
tain nombre  d'œuvres  de  musique  religieuse, 
entre  autres  un  Stabat  Mater  qui  a  été  favora- 
blement accueilli  lors  de  son  exécution  publi- 
que. Elle  avait  écrit  plusieurs  opéras ,  mais  ne 
put  jamais,  malgré  ses  désirs  et  ses  efforts, 
réussir  h  en  faire  représenter  un  seul  sur  l'une 
des  scènes  l)ri(|ues  de  Paris.  Voyant  qu'elle  ne 
pouvait  décidément  se  produire  en  France  comme 
compositeur  dramatique,  M""'  de  Maistre  conçut 
la  pensée  de  faire  joui'r  un  de  ses  ouvrages  en 
Belgique,  et  en  effet,  le.  14  mars  1870,  le  théâ- 
tre de  la  Monnaie,  de  Bruxelles,  donnait  la 
première  représentation  d'un  opéra-comique 
en  deux  actes  et  trois  tableaux ,  les  Kovs. 
salhas,  écrit  par  elle  et  qui  fut  reçu  d'une  façon 
(latteusc  par  le  public.  Elle  avait  encore  en  por- 


tefeuille deux  œuvres  plus  importantes,  deux 
grands  drames  lyriques,  dont  l'un  avait  pour 
titre  Ninive,  et  l'autre  Cléopâlre;  mais  elle  n'eut 
guère  le  loisir  de  s'en  occuper.  M'"*  de  Maistre 
perdit  une  de  ses  filles,  qu'elle  adorait,  et  le 
chagrin  qu'elle  en  conçut  altéra  profondément 
sa  santé.  Elle  alla  se  retirer  alors  dans  un  riche 
domaine  qu'elle  possédait  aux  Cocques,  près  de 
Cannes,  mais  ses  jours  étaient  comptés,  et 
c'est  là  qu'elle  mourut,  au  mois  de  juin  1875. 
MAJO  ( ),  musicien  italien  du  dix- 
neuvième  siècle,  est  l'auteur  d'un  opéra  bouffe 
intitulé  Maltia  l'invaUdo. 

*  MAJO  (Joseph  DE).  Cet  artiste  ne  s'oc- 
cupa  pas  seulement  de  musique  d'église,  et 
aborda  le  théâtre  au  moins  par  deux  fois.  J'ai 
pu  m'en  convaincre  par  la  vue  de  deux  livrets 
d'opéras  bouffes  sur  lesquels  son  nom  est  inscrit 
comme  compositeur.  Ces  deux  ouvrages  ont  été 
représentés  à  Naples,  sur  le  théâtre  des  Fioren- 
tini,  le  premier,  lo  Finto  Laccheo,  en  1725,  le 
second,  lo   Vecchio  Avaro,  en  1727. 

*  MAJO  (Jean-François  DE),  célèbre  com- 
positeur napolitain  du  dix-huitième  siècle, 
mourut  certainement  avant  1774 ,  date  fixée 
par  tous  les  biographes  comme  celle  de  sa  fin 
prématurée.  M.  Francesco  Florimo  en  a  donné 
la  preuve  dans  son  livre  sur  les  Conservatoires 
de  Naples. 

On  sait  quecet  artiste  avait  été  chargé ,  en 

1770,  d'écrire  un  opéra  intitulé  Eumene,  et 
que,  vu  le  mauvais  état  de  sa  santé,  il  n'en  put 
achever  que  le  premier  acte.  Or,  voici  ce  que 
dit  à  ce  sujet  M.  Florimo  :  —  «  Nous  avons  dans 
les  archives  du  Collège  royal  (Conservatoire  de 
Naples)  le  livret  de  l Eumene  imprimé  à  Na- 
ples en  1771  comme  opéra  à  représenter  au 
théâtre  royal  de  Naples  le  20  janvier  de  cette 
année,  et  voici  ce  qu'on  y  lit  :  «  La  musique 
«  du  premier  acte  est  de  feu  Gianfrancesco 
(c  de  Majo,  organiste  de  la  Chapelle  royale  de 
«  Naples;  celle  du  second  acte  est  de  M.  Gia- 
«  como  Insanguine,  <lit  Monopoli;  et  celle  du 
«  troisième  acte  de  M.  Pasquale  Errichelli,  tous 
n  maîtres  de  chapelle  napolitains.  »  De  telle 
sorte   que  tout   au  commencement  de  l'année 

1771 ,  le  nom  de  De  Majo  était  accompagné  du 
moi  feu.  On  ne  peut  donc  croire  que,  vivant 
encore,  il  eiU  tranquillement  toléré  une  aussi 
fâcheuse  qualification.  D'autre  part,  on  lit  encore 
dans  le  même  livret  :  «  Ij  Eumene,  très-heu- 
n  reux  drame  représenté  dans  beaucoup  de 
«  parties  de  notre  Italie,  et  spécialement  sur 
«  ce  thcâlre  royal,  va  nouvellement,  en  cet 
«  heureux  jour  (l'annivensaire  de  la  naissance 
«  du  roi  Charles  III) ,   paraître  sur  la  même 


MAJO  —  MALIPIERO 


151 


«  scène.  »  II  ressort  donc  de  ces  documents , 
qui  ne  peuvent  être  mis  en  doute,  non-seule- 
ment qu'au  commencement  de  1771  De  Majo 
était  mort ,  mais  qu'il  l'était  déjà  depuis  quel- 
que temps...  Il  nous  semble  donc  logique  de 
placer  la  date  de  la  mort  de  De  Majo  à  l'automne 
de  1770.  >i 

A  la  liste  des  œuvres  de  ce  compositeur, 
dont  la  carrière  aurait  été  ainsi  brisée  à  l'âge 
de  vingt-cinq  ans,  il  faut  ajouter  :  1°  Astrea 
Placata,  composition  dramatique  en  2  actes 
(Naples,  th.  San  Carlo,  1760);  2°  Gesù  sotto  il 
peso  délia  Crocc  ,  «  action  sacrée  »  (Naples, 
1764);  3°  la  Gara  délie  Grazie,  cantate. 

MALANDAli\E     ( ),     compositeur 

anglais,  est  l'auteur  de  quelques  petits  opéras 
qui  ont  été  représentés  sur  des  scènes  secon- 
daires de  Londres,  non  sans  un  certain  succès  : 
1°  le  Moulin  hanté;  2"  Secret  d'amour; 
3°  Sylvia  ou  la  Fleur  de  la  forêt  (New-Royally- 
Theatre,  février  1866);  4°  Paquita,  etc. 

MALASCHIÎIIV( ),  compositeur  russe, 

a  fait  exécuter  sous  sa  direction,  le  19  avril 
1872,  dans  un  concert  donné  au  théâtre  impé- 
rial de  Saint-Pétersbourg,  une  symplionie  des- 
criptive en  cinq  parties,  intitulée  la  Vie  des  ar- 
tistes. 

*  MALETTI  (Jean  DE),  ou  plutôt  Jehan 
MALLETY,  obtint  en  1578,  au  concours  du 
puy  de  musique  d'Èvreux,  le  prix  du  luth 
d'argent  pour  une  chanson  française  :  Veii  la 
douleur. 

MALGOÇKI  (Fr ),  pianiste  et  compo- 
siteur polonais,  né  dans  la  première  moitié  du 
dix-neuvième  siècle,  était  fixé  vers  1840  à  Var- 
sovie ,  oii  il  se  livrait  à  l'enseignement  tout  eu 
s'occupant  de  travaux  sérieux  de  composition. 
On  lui  doit  plusieurs  ouvertures  de  concert,  des 
Polonaises  à  grand  orchestre,  un  certain  nombre 
d'œuvres  de  musique  religieuse  qui  furent  sou- 
vent exécutées  à  Czerniakow,  près  V^arsovie,  et 
enfin  la  musique  d'une  petite  pièce  de  Bogus- 
lawski,  intitulée  Pod  Strychem  (Sous  les  Com- 
bles). Cet  artiste  mourut  jeune,  en  1844. 

MALHERBE  (Michel),  compositeur,  était 
maître  des  enfants  de  chœur  de  la  cathédrale 
de  Coutances  en  1582.  C'est  en  cette  même 
année  qu'il  prit  part  au  concours  du  puy  de 
musique  d'Évreux,  où  il  se  vit  décerner  le  prix 
de  la  harpe  d'argent  pour  le  motet  :  Heu  mihï 
Domine  ! 

*  MALIBRAN  (Marie-Félicité).  Voici  les 
titres  de  quelques  écrits  dont  cette  admirable 
artiste  a  été  l'objet,  et  qui  n'ont  pas  été  men- 
tionnés dans  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens  :  1°  A  Maria  Malibran,  odi  (Na- 


ples, tip.  Rusconi,  1832,  in-l2  de  25  pp.);  2°  A 
Maria  Malibran,  per  la  sua  rappresen- 
tazione  ilelVOM\o  in  S.  Carlo  (S.  I.  n.  d. 
[Naples],  in-16  de  15  pp.);  r  In  morte  delta 
célèbre  Maria  Malibran  de  liériot  (Brus- 
selles,  1830,  in- 8°);  4°  La  Malibran,  anec- 
doctes,  par  Jules  Bertrand  (Paris,  librairie  du 
Petit  Journal,  18G4,in-12  avec  portrait).  Le  17 
mars  1837,  on  exécutait  au  théâtre  de  la  Scala, 
de  Milan,  une  cantate  funèbre  :  In  morte  di 
Maria  Malibran,  dont  les  vers  étaient  dus  au 
poète  Piazza,  et  dont  la  musique  avait  été  écrite 
par  Coppola,  Donizetti,  Mercadante,  Pacini  et 
Vaccaj. 

MALÏIAO  (Le  P.  Francisco-Raphael  da 
SILVEIR.'V),  prédicateur  distingué  qui  a  joui 
d'une  grande  réputation  en  Portugal,  a  aussi  com- 
posé des  motets,  des  litanies  à  la  Vierge,  des  vil- 
hancicos,  etc.,  qui  n'ont  pas  été  publiés.  J.  da 
Silva  {Dicc.  bibliographico,  T.  IIl,p.41)  donne  la 
liste  de  ses  ouvrages  littéraires.  Malhào  était  né 
à  Obidos,  près  de  Lisbonne,  en  1794,  et  vivait 
encore  en  1859.  J'ignore  la  date  exacte  de  sa 
mort. 

J.  DE  V. 

*  MALIBRAN  (Alexandre),  est  mort  à  Pa- 
ris, le  13  mai  1867.  En  1864,  cet  artiste  quittait 
l'Allemagnepour  la  Belgique,  et  fondait  à  Bruxelles 
le  Monde  musical,  journal  dont  l'existence  re- 
posait sur  une  combinaison  économique  particu- 
lière. L'année  suivante,  cette  affaire  ayant  avorté, 
il  revint  à  Paris  et  essaya  d'organiser,  dans  la 
salle  du  théâtre  de  la  Gaîté,  des  concerts  popu- 
laires à  l'instar  de  ceux  que  M.  Pasdeloup  avait 
créés  au  Cirque  Napoléon;  mais  l'orchestre  qu'il 
avait  recruté,  mécontent  de  ses  procédés,  l'aban- 
donna pour  aller  au  Cirque  des  Champs-Elysées 
continuer  la  campagne  sous  le  titre  de  Société 
philharmonique  de  Paris.  Malibran  est  mort  à 
Boulogne  (Seine),  dans  un  état  précaire.  Il  avait 
collaboré  jadis  au  journal  le  Luth  français. 

La  femme  de  cet  artiste,  née  Marie-Louise  Per- 
ret, fille  d'un  violoniste  de  province,  avait  vu  le 
jour  à  Moulins,  et,  pianiste  fort  distinguée,  par- 
tagea les  premiers  succès  de  son  mari  comme 
virtuose.  Elle  est  morte  à  Paris,  pendant  le  siège 
de  cette  ville,  le  8  janvier  1871,  laissant  orphe- 
line une  jeune  fille  de  quinze  ans. 

*  MALIPIERO  (François).  Cet  artiste  est 
l'auteur  de  deux  opéras  sérieux,  dont  l'un,  inti- 
tulé Alberigo  da  Romano ,  fut  joué  pour  la  pre- 
mière fois  à  Venise  en  184r)  el  reproduit  dans  la 
même  ville  en  1809,  et  dont  l'autic  avait  pour 
titre  Linda  d'Ispahan.  Il  a  encore  donné  à  Ve- 
nise, sur  le  théâtre  de  la  I^enice,  on  1851,  un 
drame  lyrique  intitulé  Fernando  Cortez.  On  a 


152 


MALIPIERO  —  MALUOT 


publié  de  ce  compositeur  plusieurs  ni<^lodies  à 
une  ou  plusieurs  voix ,  ainsi  qu'une  grande  can- 
tate :  A  Rossini,  pour  chœur  d'horaines  et  de 
femmes. 

MALLET  ( ),  compositeur,  qui  vivait  au 

commencement  du  dixliuilième  siècle,  a  écrit  la 
musique  de  l'Impromptu  de  Nistnes,  pastorale 
en  un  acte  qui  fut  représentée  à  Nîmes,  chez  le 
marquis  de  Maillebois,  le  9  décembre  1714. 

MALLliVGER  (Mademoiselle),  chanteuse 
dramatique  fort  remarquable,  est  née  à  Agram 
vers  1846.  Elle  fut  élève,  dit-on,  d'un  corniste  de 
Vienne  nommé  Lévy,  qui  donnait  des  leçons  de 
chant,  et  qui  fut  aussi  le  maître  de  M™'^  Pauline 
Lucca.  Elle  débuta  en  1866  à  Munich,  dans 
Norma,  avec  un  très-grand  succès,  et  on  lui 
prédit  dès-lors  une  carrière  des  plus  briHantes. 
Après  deux  années  passées  à  Munich,  où  elle  se 
fait  constammentapplaudir,  et  où  elle  donne  sur- 
tout la  mesure  de  son  talent  dramatique  dans  les 
Maîtres  chanteurs  de  Nuremberg ,  de  M.  Ri- 
chard Wagner,  elle  va  se  faire  entendre  à  Dresde, 
dans  Lohengrin,  excite  un  véritable  eulbou- 
siasme,  puis  se  rend  à  Leipzig.  En  1869,  elle  est  à 
Mannheim,  en  1870  à  Weimar,  puis,  en  1872,  elle 
va  chanter  l'opéra  italien  à  Saint-Pétersbourg; 
mais  ceci  n'était  pas  son  fait,  et  cette  courte  cam- 
pagne italienne  lui  fut  peu  profitable. 

Tout  en  se  faisant  entendre  dans  diverses  villes, 
M'''^  Mailinger  avait  débuté  en  1869  à  l'Opéra  royal 
de  Berlin,  et  de  prime  abord  elle  avait  conquis 
toutes  les  faveurs  du  public.  Elle  continua  d'ap- 
partenir à  ce  théâtre,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de 
se  produire  sur  d'autres  scènes  importantes,  par- 
ticulièrement à  l'Opéra  impérial  de  Vienne,  où 
elle  obtint  de  Irès-grands  succès  en  1875.  Dès 
1868,  un  critique  la  jugeait  ainsi  :  «  Il  est 
regrettable  que  le  volume  de  la  voix  de  M"^  Mai- 
linger, très-assouplie  et  très-sympathique  d'ail- 
leurs, ne  soit  pas  en  rapport  avec  ses  autres 
qualités  lyriques  et  dramatiques.  M""  Mailinger 
possède  tout  ce  qu'une  grande  artiste  peut  avoir 
de  style,  d'intelligence,  de  passion,  et  le  jeu  chez 
elle  est  à  la  hauteur  du  chant.  » 

M'"'  Mailinger  se  distingue  en  effet  par  un 
rare  sens  .scènique ,  une  grande  profondeur  de 
sentiment  et  une  puissance  pathétique  incontes- 
table. Aussi  est-elle  relativement  médiocre  dans 
les  rôles  légers  ou  de  demi-caractère,  qu'elle 
aborde  rarement,  et  doit-elle  sa  rnagnifique  ré- 
putation à  ceux  du  grand  répertoire  dramati- 
que, et  surtout  aux  ouvrages  de  M.  Richard 
Wagner.  Elle  semble  d'ailleurs  née  pour  le  théâ- 
tre, auquel  conviennent  merveilleusement  ses 
qualités  physiques.  Sa  physionomie  est  expres- 
sive, sa  beauté  remarquable,  et  la  grâce,  aussi 


bien  J'que  la  distinction ,  réside  dans  toute  sa 
personne.  Les  ouvrages  qui  composent  le  ré- 
pertoire de  M'"'  Mailinger  .sont  Norma,  les  Hu- 
guenots, les  Noces  de  Figaro,  Jessonda,  Jean 
de  Paris,  les  Maîtres  chanteurs,  Lohengrin, 
Tannhàiiser,  le  Freischutz,  le  Philtre,  le 
Trouvère,  l'Elisire  d'atnore,  Euryanthe, 
Faust,  Bornéo  et  Juliette,  etc. 

Depuis  plusieurs  années ,  M"«  Mailinger  est 
devenue  M'"*  la  baronne  de  Schimmelfennig  von 
der  Ove,  mais  elle  a  toujours  conservé  au 
théâtre  le  nom  sous  lequel  elle  s'était  fait 
connaître. 

MALLIOT  (Antoine-Louis),  chanteur,  corn-- 
positeur,  professeur  et  critique  musical ,  naquit  à 
Lyon  le  30  août  1812.  Son  père,  l'un  des  deux 
Inventeurs  de  la  combinaison  métallique  connue 
sou  le  nom  de  viaïUechort,  et  qui  fut  ruiné  en 
voulant  l'exploiter,  ne  pouvant  lui  faire  continuer 
les  études  d'architecte  qu'il  lui  avait  fait  com- 
mencer, le  Jeune  Maillot  embrassa  la  carrière 
musicale,  pour  laquelle  il  avait  un  goût  inné  ; 
il  suivit  d'abord  un  cours  de  méloplaste ,  pro- 
fessé à  Lyon  par  Edouard  Jue,  puis,  étant 
venu  à  Paris  en  1832,  entra  à  l'école  de  Cho- 
ron. Mais  celui-ci  étant  mort  en  1834,  il  se 
fit  admettre  au  Conservatoire,  dans  la  classe 
de  Garaudé  pour  le  solfège,  et  dans  celle  de  Ban- 
derai! pour  le  chant. 

Malliot  était  pauvre,  et  avait  besoin  de  ga- 
gner sa  vie.  Dès  1835  il  aborde  le  théâtre,  et 
se  produit  successivement  comme  ténor  à 
Nancy,  Metz,  Lille,  Lyon,  Bruxelles  et  Rouen, 
partout  se  trouvant  bien  accueilli.  Pourtant  sa 
voix  était  faible,  et  la  scène  le  fatiguait.  En 
1843,  après  huit  ans  d'exercice,  il  abandonnait 
la  carrière  dramatique  et  se  fixait  à  Rouen 
comme  professeur  de  chant;  sa  méthode  était 
bonne,  s'il  faut  s'en  rapporter  aux  résultats, 
puisque,  au  milieu  de  ses  nombreux  élèves,  on 
dislingue  deux  artistes  hors  ligne,  qui  ont  eu 
leurs  beaux  jours  à  l'Opéra  :  M.  Poultier  et 
M"""  Julienne  Dejean. 

Cependant  son  ambition  était  plus  haute,  et 
il  cherchait  de  nouveaux  débouchés  à  son  acti- 
vité intelligente.  Bientôt  il  devint  collaborateur 
du  Mémorial  de  Rouen  (1846),  puis  du  Nou- 
velliste, qui  succéda  à  celui-ci,  et  dans  lequel, 
pendant  vingt  ans,  il  n'a  cessé  d'exercer  les 
fonctions  de  critique  musical.  Mais  il  briguait 
aussi  les  succès  du  compositeur,  et  publia  un 
certain  nombre  de  romances  et  mélodies  distin- 
guées :  Marie,  Charles-Quint,  les  Petits  Bon- 
heurs, la  Coupe,  les  Vrais  Plaisirs,  Nuit 
d'orage.  Perle  de  Basée...  Cela  ne  lui  suf- 
fisait pas,  et  il  voulait  faire  des  opéras.  Sen- 


MALLIOT  —  MAMMI 


153 


tant  que  son  éducation  était  restée  incomplète, 
il  s'adressa  à  Amédée  Méreaux,  son  confrère,  du 
Journal  de  Botten,  musicien  bien  connu  et 
justement  estimé ,  et  suivit  avec  lui  un  cours 
d'harmonie;  puis  il  se  mit  à  écrire  pour  la  scène, 
et  fit  représenter  à  Rouen,  au  Théâtre-des-Arts, 
le  6  décembre  1857,  un  grand  opéra  en  trois 
actes,  la  Vendéenne,  paroles  de  IM.  Frédéric 
Deschamps,  qui  obtint  un  grand  succès,  fui  re- 
pris deux  ans  après  avec  un  acte  ajouté,  obtint 
plus  de  trente  représentations ,  fut  joué  aussi  à 
Toulouse  et  à  Lyon,  et  l'eût  été  à  Paris,  au 
Théâtre-Lyrique,  sans  ime  circonstance  parti- 
culière qui  empêcha  sa  mise  à  la  scène.  En  no- 
vembre 1861,  il  donna  sur  le  même  théâtre  la 
Truffomanie,  opéra-bouffe  en  un  acte,  paroles 
de  M.  Ch,  Letellier,  qui  réussit  aussi  complète- 
ment. 

Pendant  ce  temps,  il  n'abandonnait  pas  ses 
travaux  de  critique,  et ,  polémiste  vigoureux  et 
judicieux,  multipliait,  au  contraire,  en  même 
temps  que  ses  articles  de  journaux ,  des  publi- 
cations fort  utiles  et  d'une  importance  tonte 
particulière,  dont  voici  les  titres  :  La  Musiqtie  au 
Théâtre  (Paris,  Amyot,  1863,  in-12),  livre  dont 
le  point  de  départ  était  tout  à  fait  neuf,  qui  lit 
faire  un  grand  pas  à  la  question  delà  liberté  théâ- 
trale et  provoqua,  dit-on,  par  le  retentissement 
que  les  idées  qui  y  étaient  contenues  obtinrent 
dans  la  presse  parisienne,  le  décret  du  6  jan- 
vier 1864;  —  Le  Nouveau  Régime  des  théâ- 
tres dans  les  départements  (Rouen,  impr. 
Lapierre,  mai  1865,  in-12);  —  Institut  Boiel- 
dieu ;  création  dhm  Conservatoire  de  musi- 
que à  Rouen,  projet  présenté  à  M.  VerdrcI, 
maire  de  Rouen  (mai  1866,  in-S") ,  brochure 
dans  laquelle  Malliot  reprenait  en  soiis-œuvre 
une  idée  émise  en  1793  par  Boieldieu,  et  dont, 
le  premier,  il  avait  retrouvé  la  trace;  — 
Deuxième  Pétition  ati  Sénat;  Fondation  des 
Théâtres  impériaux  et  des  Conservatoires  de 
la  province  (Paris,  Amyot,  janvier  1866,  in-8°)  ; 
—  Institut  Boieldieu  ;  création  d'un  Conser- 
vatoire de  musique  à  Rouen;  appendice 
(Rouen,  impr.  Lapierre,  1867,  in-S").  Ces  di- 
verses publications,  le  talent  de  leur  auteur  et 
les  idées  ingénieuses  qu'elles  renfermaient,  l'é- 
nergie avec  laquelle  il  défendait  celles-ci  dans 
une  feuille  spéciale  de  Paris,  la  France  musi- 
cale, avaient  créé  à  Malliot  une  situation  uni- 
que en  province,  en  ce  sens  qu'il  exerçait, 
même  à  Paris,  pour  ce  qui  se  rapportait  aux 
questions  soulevées  par  lui ,  une  influence  intel- 
lectuelle véritable.  Cet  excellent  homme,  cet 
artiste  convaincu  ,  intelligent  et  zélé,  mourut  à 
Rouen,  à  la  suite  d'une  dyspepsie,  après  dix 


mois  de  souffrances,  le  5  avril  1867.  Rbuen  lui 
fit  des  funérailles  splendides,  témoignant,  par 
les  honneurs  inusités  qu'elle  lui  rendait,  de  l'es- 
time qu'elle  faisait  de  son  talent  et  de  son  carac- 
tère, et  le  récompensant  en  quelque  sorte  du 
lustre  qu'il  avait  jeté  sur  sa  patrie  d'adoption. 
Le  Conseil  municipal,  voulant  rendre  un  hom- 
mage public  à  sa  mémoire,  vota  une  somme  de 
2,000  francs  pour  l'achat  de  la  partition  à  or- 
chestre manuscrite  de  son  opéra  la  Vetidéenne, 
qui  fut  déposée  dans  la  bibliothèque  de  la  ville. 

MALO  (Charles),  chef  d'orchestre  et  com- 
positeur, né  à  Boulogne-sur-Mer  le  29  juillet 
1835,  a  commencé  son  éducation  artistique  à 
l'école  de  musique  de  cette  ville,  puis  est  venu 
à  Paris,  où  il  a  travaillé  le  violon  avec  M.  Alard. 
Après  avoir  voyagé  pendant  deux  ans  comme 
chef  d'orchestre  de  la  troupe  que  M""  Déjazet 
dirigeait  en  province,  M.  Malo  remplit  les  mêmes 
fonctions  au  théâtre  du  Gymnase,  de  Marseille 
(1859),  puisa  Paris,  au  théâtre  Déjazet  (1862), 
et  enfin  entra  en  la  même  qualité  au  café-concert 
de  l'Eldorado  (1869),  qu'il  n'a  pas  quitté  depuis. 

Cet  artiste,  dont  les  facultés  sont  au-dessus 
de  la  situation  qu'il  occupe,  et  qui  avait  étudié 
l'harmonie  avec  Carulli,  a  écrit  près  de  200  ro- 
mances, chansons  ou  scènes  dramatiques,  dont 
la  plupart  ont  été  exécutées  dans  les  cafés-con- 
certs et  qui  sont  supérieures  aux  productions 
ordinaires  du  genre;  je  citerai  particulièrement 
celles  qui  ont  pour  titre  la  Dernière  Grisette, 
une  Tombe  dans  les  blés,  le  Rire  de  Rabelais, 
le  Lever  du  soleil,  Morts  pour  le  pays.  Tu 
ne  m'aimais  pas,  V Appel  au  combat,  etc.  Il 
est  aussi  l'auteur  des  opérettes  suivantes  :  un 
Amour  au  village  (Marseille,  th.  du  Gymnase), 
Monsieur  tout-blanc  (Eldorado),  Ne  touchez 
pas  à  V arène  (id.),  un  Mariage  au  flageolet 
(i(l.),  Bataille  de  Bossus  (id.),  la  Revanche  de 
Marguerite  (id.). 

MALVAUX   ( ),    compositeur,    qui 

paraît  avoir  vécu  dans  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  a  publié  la  partition  d'une  canfatille  à 
voix  seule,  intitulée  les  Vœux  exaucés  (Paris, 
l'auteur,  in-f"). 

MALVEZZI  (Cristoforo)  ,  musicien  dis- 
tingué, né  à  Lucques  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle,  fut  le  maître  du  grand  compo.'îiteur 
Jacques  Péri.  Maître  de  chapelle  de  la  cour  du 
grand-duc  de  Toscane,  il  habita  Florence  pen- 
dant longues  années.  Il  ne  reste  aucune  trace 
aujourd'hui  des  compositions  de  cet  artiste. 

MAMMI  (Antonio),  compositeur,  né  h  Mo- 
dène,  a  fait  exécuter  au  théâtre  de  cette  ville 
plusieurs  ouvertures,  et  y  a  fait  représenter,  le 
25   janvier    1845,  un   opéra   sérieux    intitulé 


154 


MAMMI  —  MANDL 


Zaira,  écrit  par  lui  sur  le  texte  de  Felice  Ro- 
mani. Quoique  cet  ouvraj^e  ait  été  bien  ac- 
cueilli, l'auteur,  peu  d'années  après,  abandonna 
la  musique  pour  embrasser  une  autre  carrière. 

*  MANCHICOURT  (Pierre).  Deux  chan- 
sons  de  cet  artiste  ont  trouvé  place  dans  le  re- 
cueil divisé  eu  six  livres  que  Pierre  Pbalèse 
publia  à  Louvain  en  1555-1556,  et  dont  le  pre- 
mier parut  sous  ce  titre  -.  Premier  livre  des 
chamous  à  quatre  parties  nouvellement 
composez  (sic)  et  mises  en  musique,  convena- 
bles tant  aux  instrumenta  comme  à  la  voix 
(Louvain.    1555,  in-4''). 

MAiVCIAELLI  (Liici),  compositeur  ita- 
lien contemporain,  né  à  Orvielo  le  5  février 
1848,  a  publié  plusieurs  albums  de  mélodies 
à  une  ou  deux  voix,  entre  autres  un  recueil  de 
5  pièces  intitulé  un'Ora  di  musica,  et  deux  de 
8  pièces  qui  portent  pour  titres,  un'Eslate  a 
Perugia  et  Al  Chiaro  di  luna.  On  lui  doit 
aussi  quelques  morceaux  de  piano,  soit  origi- 
naux, soit  écrits  sur  des  thènoes  d'opéras  cé- 
lèbres. Aujourd'hui  chef  d'orchestre  au  théâtre 
Apollo,  de  Rome,  cet  artiste  a  écrit  en  1877 
pour  un  drame  de  M.  Pietro  Cossa,  Cleopatra, 
représenté  en  cette  ville,  des  intermèdes  sjm- 
phoniques  qui  ont  été  accueillis  avec  un  véri- 
table enthousiasme.  — Un  de  ses  frères,  M.  Ma- 
rina Mancinelli,  né  comme  lui  à  Orvieto,  le  16 
juin  1842,  occupe  les  fonctions  de  chef  d'orchestre 
au  théâtre  Pagliano,  de  Florence.  Un  autre, 
dont  j'ignore  le  nom,  est  aussi  musicien. 

*  MA1\CII\1  (François),  compositeur  italien, 
né  à  Naples  en  1674,  mourut  en  cette  ville  en 
1739.  Il  avait  été,  au  Conservatoire  de  Santa- 
Maria  di  Loreto,  élève  de  Francesco  Durante.  A 
la  liste  de  ses  œuvres,  il  faut  ajouter  :  Quante 
pêne  fai  provar,  cantate,  avec  basse  ;  Torna 
0  cara  e  mi  consola,  id.  ;  Tantovola  intorno 
al  lume,  id.;  Son  cosi  cosi  geloso,  cantate 
pour  soprano,  avec  basse  ;  Sérénade  pour  voix 
de  soprano,  avec  basse;  Magnificat  à  4  voix, 
en  ré  majeur,  avec  violons,  alto  et  basse. 

La  bibliothèque  du  Conservatoire  possède  de 
cet  artiste  un  Traité  manuscrit  qui  porte  ce 
titre  :  Jiegole  o  vero  Toccate  di  studio,  del  sig. 
abb.Fran.  Mancini  (1695,  in-4''oblong  de  160 
pages).  C'est  simplement  une  suite  de  basses 
chiffrées. 

MANCINI  ( ),  compositeur  italien,    a 

fait  représenter  en  1869,  sur  le  théâtre  de  Cin- 
goli,  unopi'ra  sérieux  intitulé  Chatterton. 

*  MAXDAIVICI  (l'i.vciDo).  Aux  ouvrages 
dramatiques  portés  au  nom  de  ce  compositeur, 
il  faut  joindre  un  opéra  semi-sérieux  intitulé 
Griselda.  Parmi  ses  œuvres  de  musique  rcli-  j 


gieuse ,  je  citerai  une  messe  pour  deux  ténors 
et  basse,  avec  chœur  et  accompagnement  d'or- 
gue, et  une  composition  à  laquelle  il  a  donné  ce 
titre  :  Deux  fugues  en  une  {Cum  sancto  Spi- 
rito).  Mandanici  est  encore  l'auteur  d'une  grande 
cantate  :  A  Gioacchino  Rossini,  qui  a  été  pu- 
bliée par  l'éditeur  Ricordi,  de  Milan.  Des  nom- 
breux ballets  écrits  par  lui,  je  ne  puis  citer  que 
deux,  Romanoff,  ballet  héroïque  représenté 
vers  1837  et  qui  contenait,  dit-on,  une  marche 
très-originale  et  d'un  grand  effet,  et  V Ombra  di 
Tziwen,  qui  fut  représenté  à  la  Scala,  de  Milan, 
en  1840.  —  Quoique  le  nom  de  Mandanici  soit 
aujourd'hui  bien  oublié,  ceux  de  ses  compatriotes 
qui  sont  au  courant  de  l'histoire  de  l'art  musi- 
cal en  Italie  pendant  la  première  moitié  du  dix- 
neuvième  siècle  le  considèrent  comme  un  artiste 
d'une  valeur  réelle ,  d'un  talent  charmant  et 
plein  de  grâce.  La  date  de  sa  mort  est,  non  le 
5,  mais  le  6  juin  1852. 

MANDL  (Louis),  médecin  distingué  et  phy- 
siologiste éminent,  est  né  à  Pesth  en  1812.  Après 
avoir  fait  ses  études  à  l'université  de  Vienne  et 
s'être  fait  recevoir  docteur  en  médecine  dans  sa 
ville  natale  en  1836,  il  vint  se  fixer  à  Paris  à  la 
fin  de  celte  même  année,  se  fit  presque  aussitôt 
naturaliser  Français,  et  fut  reçu  docteur  à  la 
Faculté  en  1842.  Collaborateur  de  la  Gazette 
médicale  de  Paris,  des  Archives  générales 
de  médecine,  de  l'Union  médicale,  de  la 
Gazette  hebdomadaire  de  médecine  et  de 
chirurgie,  auteur  d'ouvrages  importants  et  ré- 
putés, il  a  contribué  d'une  façon  considérable, 
par  ses  écrits,  par  ses  cours  à  l'École  pratique, 
à  répandre  l'application  médicale  du  microscoi)e 
en  France.  Dilettante  passionné  en  même  temps 
que  praticien  consommé,  M.  MandI,  qui  a  fait 
de  son  salon  le  rendez-vous  de  tout  ce  que  Paris 
compte  d'artistes  célèbres  ou  distingués,  a  (ini 
par  se  faire  une  spécialité  des  soins  à  donner 
aux  maladies  des  organes  vocaux;  depuis  une 
vingtaine  d'années,  il  s'est  voué  particulièrement 
à  cette  étude,  grâce  surtout  à  l'emploi  du  laryn- 
goscope, appareil  précieux,  perfectionné  et  vul- 
garisé par  G/.ermak,  et  il  est  pas.sé  maître  dans 
l'art  <Ic  déterminer  et  de  traiter  ces  maladies. 
Il  a  publié  sur  ce  sujet  un  livre  excellent  :  Traité 
prnii'pie  des  maladies  du  larynx  et  du  pha- 
rynx (Paris,  Baillière,  1872,  in-S"),  écrit  avec 
une  remarquable  clarté  et  une  rare  élégance,et  qui 
résume  l'ensemble  de  ses  recherches,  de  ses 
travaux  ot  de  ses  découvertes  dans  cet  ordre 
d'idées.  On  ne  saurait  troj)  recommander  ce 
livre  à  ceux  que  ces  questions  intéressent,  car 
il  est  peu  de  lectures  aussi  instructives,  aussi 
utiles,  aussi  profitables  sous  tous  les  rapports. 


MANDL  —  MANFROGE 


155 


M.  Maadl  a  publié  encore  un  livre  fort  utile  : 
Hygiène  de  la  voix  parlée  ou  chantée  (Paris, 
Baillière,  1872,  in-8), ainsi  qu'un  opuscule  ainsi  in- 
titulé :  De  la  fatigue  de  la  voix  dans  ses  rap- 
ports avec  le  mode  de  respiration  (Paris, 
1855,  in-8).  Depuis  1872,  cet  excellent  profes- 
seur est  chargé,  au  Conservatoire  de  Paris,  d'un 
cours  d'hygiène  de  la  voix. 

MANEIVÏ  (FiîA.Nçois),  compositeur  espa- 
gnol, est  né  à  Mahon  (île  de  Minorque),  le  22 
juin  1827.  Dès  l'âge  de  cinq  ans  il  commençait 
l'étude  de  la  musique  sous  la  direction  d'un 
maître  de  chapelle  qui  lui  enseigna  successive- 
ment le  solfège,  le  piano,  l'harmonie  et  la  com- 
position, et  de  sept  à  quatorze  ans  il  tint  la  partie 
de  flûte  à  l'orchestre  du  théâtre  de  sa  ville 
natale.  Il  avait  à  peine  douze  ans  lorsqu'il  com- 
mença à  écrire  quelques  morceaux  de  nuisique 
de  danse,  et  en  1842  il  se  voyait  confier  l'emploi 
d'organiste  à  l'église  Saint-François.  En  1845,  il 
alla  s'établir  à  Barcelone  pour  y  terminer  son 
éducation,  entra  peu  de  temps  après  en  qualité 
de  contrebasse  à  l'orchestre  du  théâtre  du  Lycée, 
et  ne  quitta  cet  emploi  qu'en  1851  pour  prendre 
celui  de  maître  de  chapelle  à  l'église  San-Jaime, 
Le  service  de  cette  chapelle  lui  donna  l'occasion 
d'écrire  beaucoup  de  musique  religieuse,  et 
l'on  compte  parmi  ses  œuvres  en  ce  genre  25 
messes,  dont  plusieurs  avec  orchestre,  deux 
Stabat  Mater,  des  Miserere,  des  saluts,  des 
rosaires,  des  litanies,  etc. 

M.  Manent  a  voulu  aussi  s'occuper  de  musique 
dramatique.  Devenu  chef  d'orchestre  du  Cirque 
de  Barcelone,  il  a  fait  représenter  à  ce  théâtre, 
aussi  bien  qu'à  celui  du  Lycée,  une  dizaine  de 
zarzuelas  qui  paraissent  avoir  été  bien  accueil- 
lies du  public.  Voici  les  titres  de  celles  qui  sont 
venues  à  ma  connaissance  :  X"  la  Tapada  del 
Retiro  (Lycée,  1853)  ;  2°  Très  para  una  (1853)  ; 
3°  Gualtiero  de  Monzonis  (3  actes.  Lycée,  23 
mai  1857);  4°  Maria  (un  acte.  Lycée,  août  1866); 
5°  El  Convidato  di  pietra  (3  actes,  Cirque, 
1875);  6°  lo  Pou  de  la  Veriiad  (Cirque). 
M.  Manent  a  écrit  encore  la  musique  de  plu- 
sieurs ballets  qui  ont  été  représentés  au  théâtre 
du  Lycée  :  el  Carnaval  de  Venecia,  Apolo,  la 
Contrabandista  de  rumba ,  la  Perla  de 
Oriente,  etc.  Enfin  il  a  publié  une  telle  quantité 
de'musique  vocale  rt  instrumentale,  que  le  nom- 
bre total  de  ses  œuvres  ne  s'élève  pas  aujour- 
d'hui, dit-on,  à  moins  de  250. 

*  MAIXFREDI  (Philippe).  M.  Cerù,  qui 
doit  être  bien  informé  au  sujet  de  cet  artiste, 
puisque  celui-ci  était  Lucquois,  affirme,  dans  ses 
Cenni  storici  delVinsegnamento  delta  musica 
in   Lucca,   que  Manfredi,  après    être  allé  en 


Espagne  avec  Boccherini,  revint  dans  sa  ville 
natale  en  1773,  et  qu'il  y  continua  l'exercice  de 
de  son  art  jusqu'au  12  juillet  1777,  époque  de 
sà  mort.  M.  Cerù  rectifie  aussi  la  date  de  la 
naissance  de  Manfredi,  qu'il  fixe  à  l'année  1729. 

MANFREDIjVI  (  Élisabetta  ) ,  cantatrice 
italienne  renommée,  naquit  à  Bologne  en  1790. 
Elle  se  consacra  de  bonne  heure  à  l'étude  du 
chant  dramatique ,  et  se  produisit  pour  la  pre- 
mière fois  en  public,  sur  le  théâtre  communal  de 
sa  ville  natale,  en  1809,  dans  un  opéra  de  Pa- 
vesi.  Ses  compatriotes  l'accueillirent  avec  une 
faveur  marquée,  et  la  jeune  artiste  fournit  une 
carrière  brillante  et  prolongée.  Sa  voix  de  so- 
prano était  d'une  qualité  superbe,  et  dirigée  avec 
un  goût  exquis;  on  reprochait  seulement  à  la 
cantatrice  de  manquer  d'expression,  et  d'apporter 
un  peu  de  lourdeur  dans  sa  vocalisation.  Néan- 
moins les  compositeurs  travaillèrent  beaucoup 
pour  elle,  et,  entre  autres,  Rossini  écrivit  à  son 
intention  les  rôles  importants  de  deux  de  ses 
opéras  :  Ciro  in  Babilonia  et  Adélaïde  di 
Borgogna.  En  1827,  la  Manfredini  était  à  Venise, 
mais,  quoique  jeune  encore,  sa  voix  avait  perdu 
de  son  éclat,  et  elle  ne  retrouvait  plus  ses  succès 
d'autrefois.  J'ignore  l'époque  de  la  mort  de  cette 
artiste. 

*  iVIANFROCE  (Nicol\-Antonio),  compo- 
siteur italien,  naquit  à  Palmi  (et  non  à  Palma), 
dans  la  Calabre  méridionale,  le  20  février  1791. 
La  vie  de  cet  artiste,  mort  si  jeune  en  promet- 
tant à  sa  patrie  l'un  des  plus  beaux  génies 
qu'elle  eût  jamais  possédés,  ne  laisse  pa.ç  que 
d'offrir  des  particularités  intéressantes.  Dans 
son  livre  sur  l'école  musicale  napolitaine , 
M.  Francesco  Fiorimo,  renseigné  directement  par 
un  contemporain  de  Manfroce,  Alessandro  Per- 
rella ,  alors  vice-recteur  du  Conservatoire  de 
San-Sebastiano  ,  a  rapporté  quelques  détails 
qu'il  ne  me  paraît  pas  inutile  de  reproduire  ici, 
et  que  je  vais  traduire  textuellement. 

Manfroce  comptait  encore  au  nombre  des 
élèves  de  ce  Coii.';ervafoire  lorsqu'il  alla  donner 
à  Rome  son  opéra  d'Alzira,  et  l'immense  succès 
obtenu  par  cet  ouvrage  ne  l'empêcha  point  de 
venir  reprendre  modestement  sa  place  sur  les 
bancs  de  l'école.  «  Sa  santé  mal  affermie ,  dit 
alors  son  biographe,  commença  à  s'altérer  sen- 
siblement. Lui,  certain  de  devenir  quelque  chose 
de  grand  dans  l'art,  donnait  tout  son  temps  à 
l'application  et  à  l'étude,  au  lieu  de  penser  sérieu- 
sement à  se  soigner,  comme  tous  le  lui  conseil- 
laient, et  de  vivre  tranquille,  à  l'abri  de  toute 
émotion ,  de  quelque  nature  qu'elle  fût. 

«  Mais  la  fatale  sentence  de  sa  fin  prochaine 
était  écrite.  Dévoré  par  la  fièvre  de  l'art,  il  prit 


156 


MANFROCE  —  MÂNGIN 


l'engagement  d'écrire,  pour  le  théâtre  royal  San- 
Carlo,  un  opéra  sérieux  intitulé  Ecuba.  Son 
travail  avançait  en  même  temps  que  progressait 
le  mal  qui  le  conduisait  an  tombeau,  et  tandis 
que  les  médecins  désespéraient  de  sa  guérison , 
il  écrivit  les  derniers  morceaux  de  son  opéra, 
qui  fut  représenté  au  théâtre  San-Cario  pendant 
l'hiver  de  1813.  Le  succès  qu'il  obtint  fut  véri- 
tablement de  l'enthousiasme,  et  presque  à  cha- 
que morceau  le  public  voulait  revoir  le  maestro 
sur  la  scène  pour  l'applaudir  et  le  fêter.  Plus 
heureux  que  Pergolèse,  qui  n'eut  point  la  conso- 
lation d'entendre  exécuter  son  Stabat,  ses  forces 
débiles  lui  permirent  d'assister  à  plusieurs  repré- 
sentations de  son  Ecuba,  et  de  goûter  l'inex- 
primable joie  non-seulement  du  triomphe,  mais 
d'une  récompense  extraordinaire  ;  car  le  minis- 
tre de  l'intérieur  et  de  l'instruction  publique, 
Giuseppe  Zurlo,  faisait  savoir  à  l'administration 
du  Conservatoire  que  S.  M.  le  roi  avait,  sur  la 
caisse  royale,  accordé  une  pension  à  Manfroce, 
afin  qu'il  pût  aller  voyager  à  l'étranger  et  se 
perfectionner  encore  dans  l'art  où  il  avait  dé- 
buté d'une  façon  si  extraordinaire,  La  reine 
alors  régnante,  Caroline  Murât,  qui  assistait  à 
la  représentation  de  VEctiba,  envoya,  celle-ci 
terminée,  complimenter  le  compositeur  et  lui 
exprimer  ses  sincères  félicitations  pour  le  bril- 
lant succès  qu'il  avait  obtenu;  et  elle  devait 
réellement  en  être  satisfaite,  car  à  peine  eut-elle 
su  que  la  santé  de  Manfroce  était  en  péril,  elle 
fit  réunir  une  consultation  des  premiers  méde- 
cins de  la  capitale  et  pourvut,  à  ses  frais,  à  tout 
ce  qui  pouvait  être  nécessaire  pour  conjurer  et 
arrêter  le  mal.  Il  fut  décidé  par  les  professeurs 
de  la  faculté,  le  célèbre  Colugno  en  tête,  que  le 
malade  irait  respirer  l'air  salubre  et  balsamique 
de  Pozzuoli,  comme  le  plus  doux  et  le  plus  pro- 
pice pour  les  maladies  pulmonaires,  au  moins 
le  plus  elficace  pour  en  diminuer  les  souf- 
frances. 

«  Malheureusement ,  il  ne  retira  de  cet  air 
aucun  avantage  ;  au  contraire,  le  mal  était  telle- 
ment avancé  que  la  fièvre  qui  le  consumait  n'en 
devint  que  plus  ardente,  et  qu'il  dut  en  toute 
hâte  retourner  à  >'aples  et  rentrer  dans  ce  col- 
lège de  San-Sebastiano,  qu'il  considérait  comme 
une  seconde  maison  paternelle.  Là,  entouré  de 

ses  affectueux  compagnons  qui  l'adoraient , 

il  rendit  le  dernier  soupir;  si  quelque  consolation 
pouvait  lui  être  accordée  en  ce  moment  suprême, 
c'était  certainement  celle  de  se  voir  environné 
de  ces  chers  jeunes  gens,  qui,  touchés  de  son 
malheur,  pleuraient  à  chaudes  larmes  sa  fin 
prochaine.  Avec  une  grande  résignation  et  un 
calme  impossible  à  décrire  ,  donnant  le  dernier 


adieu  à  ces  compagnons  adorés  qui,  agenouillés 
auprès  de  son  lit,  priaient  pour  lui,  et  les  re- 
merciant des  soins  affectueux  qu'ils  lui  avaient 
prodigués,  il  s'éteignit  avant  d'avoir  accompli  sa 
vingt-troisième  année,  à  l'aurore  de  la  vie ,  et 
alors  qu'il  avait  à  peine  commencé  à  donner  les 
premiers  fruits  de  son  génie...  Le  9  juillet  1813, 
jour  de  sa  mort,  fut  un  jour  de  véritable  deuil 
pour  la  ville  de  Naples,  et  sa  perte  fut  pleurée 
par  tous.  Les  élèves  du  collège,  avec  le  signe  du 
deuil  au  bras,  la  douleur  dans  le  cœur,  la  tristesse 
sur  le  visage,  l'accompagnèrent  à  sa  dernière  de- 
meure, conduits  par  les  professeurs,  recteur, 
vice-recteur  et  gouverneurs  de  l'établissement. 
Il  fut  enterré  dans  l'église  même  de  San-Sebas- 
tiano,  après  la  célébration  d'une  messe  funèbre 
dirigée  par  son  premier  maître  Giacomo  Tritto 
et  exécutée  par  les  professeurs  et  fous  les  élèves 
du  collège,  auxquels  s'étaient  joints  les  artistes 
les  plus  distingués  de  Naples,  qui  s'étaient  gra- 
cieusement offerts....  (1).  » 

MANGEAIVT  (Sylvain),  chef  d'orchestre 
et  violoniste,  né  vers  1828,  fut  admis  jeune  au 
Conservatoire  de  Paris,  et  obtint  un  accessit  do 
violon  au  concours  de  1847.  Peu  de  temps  après, 
il  devint  deuxième,  puis  premier  chef  d'orchestre 
au  Théâtre-Historique,  et  remplit  ensuite  les 
mêmes  fonctions  à  la  Gaité,  et  enfin  au  Palais- 
Royal.  M.  Mangeant  écrivit  pour  ce  dernier  théà' 
tre  un  certain  nombre  de  jolis  airs  de  vaudeville, 
et  il  fit  représenter  les  opérettes  suivantes  :  la 
Eeckerche  de  l'inconnu,  un  acte,  Folies-Nou- 
velles, vers  1858  ;  Tu  ne  Vauras  pas,  Nicolas, 
un  acte,  Palais-Royal,  1859  ;  Dnnaé  et  sa  bonne, 
un  acte,  Palais-Royal,  1862  (1).  A  la  suite  de 
l'annexion  du  comté  de  Nice  et  de  la  Savoie  à 
la  France,  M.  Mangeant  écrivit  aussi  unecaulate, 
la  Savoie  française,  qui  fut  exécutée  sur  ce 
théâtre  le  14  juin  1860.  Deux  ou  trois  ans  après, 
cet  artiste  partit  pour  Saint-Pétersbourg,  où  il 
était  chargé  de  la  direction  de  l'orchestre  du 
Théâtre-Français,  emploi  qu'il  occupe  encore  au- 
jourd'hui. 

MAIVGIN,  est  le  nom  d'une  famille  de  musi- 
ciens  qui  vivait  dans  la  Brie  au  XVII«  et  au  XVIII» 
siède.  Dans  son  écrit:  Aote  sur  quelques  vuisi- 
ciens  dans  la  Brie,  M.  Th.  Lhuillier  donne  les  dé- 


(0  La  mnnlclpalUé  de  Palnil,  ville  n.itale  de  ManTioce, 
a  déclflé,  par  une  délibération  en  date  du  10  Juin  1855, 
que  la  rue  qui  portait  alors  le  nom  de  rue  des  Murailles 
prendrait  a  l'avenir  celui  de  rue  Manfroce. 

(Il  II  faut  encore  citer  la  Poularde  de  C'oMr,opércltc  en 
un  acte  représentée  aussi  au  Palais-Royal,  et  dont 
M.  Mangeant  écrivit  la  musique  en  société  avec 
MM.  nazUle,  Clapisson,  Gautier,  Gevaert,  Jonas  et  Fer- 
dinand Polte.         .... 


MANGIN  —  MANNA 


157 


tails  suivants  sur  cette  famille  d'artistes.  «  Dans 
une  famille  du  bourg  de  Milry,  qui  a  fourni  un 
architecte  estimé,  Charles  Mangin,  le  construc- 
teur de  l'ancienne  halle  aux  hlés  de  Paris,  la 
musique  avait  longtemps  été  en  honneur.  Les 
Mangin  étaient  artistes  de  père  en  fils,  et,  sans 
que  leur  renommée  s'étendît  au  delà  d'un  mo- 
deste rayon,  plusieurs  d'entre  eux  eussent  pu 
figurer  sur  une  plus  vaste  scène.  A  la  fin  du 
XV 11'=  siècle,  Charles  Mangin  touchait  les  orgues 
que  l'église  de  Mitry  tenait  de  la  libéralité  de 
Richelieu,  un  instant  possesseur  du  château  de 
liois-le-Vicomte  ;  l'un  de  ses  fils,  son  élève,  fut 
choisi  à  la  suite  d'un  concours  comme  organiste 
de  Notre-Dame  de  la  Victoire,  près  Senlis.  Un 
autre,  Pierre  Mangin,  organiste  de  Mitry  en  1721, 
père  de  l'architecte,  avait  épousé  la  sœur  du 
libraire  Lottin.  Quelques  années  plus  tard  f  1735- 
40)  on  retrouve  Etienne  Mangin,  organiste  à  Joi- 
guy,  François  Mangin,  facteur  d'orgues  à  Troyes, 
et  Catherine  Mangin,  qui  épousa  Etienne  Royer, 
organiste  à  Brie-Cointe-Robert.  Un  membre  de 
celte  famille,  Éléonor  Mangin ,  avait  eu  l'hon- 
neur d'ôlre  admis  dans  la  musique  de  la  cham- 
bre de  Louis  XIV,  après  avoir  fait  partie  de  celle 
de  Philippe  d'Orléans.  » 

MAIXGIN  (EugèneÉdocard),  pianiste,  com- 
positeur, chef  d'orchestre  et  professeur,  direc- 
teur du  Conservatoire  de  Lyon,  est  né  à  Paris 
le  9  décembre  1837.  Admis  au  conservatoire  de 
celte  ville,  comme  élève  de  M.  Mozin  pour  le 
solfège  et  de  M.  Marinontel  pour  le  piano,  il  y 
remporta  le  premier  prix  de  solfège  en  1850,  et 
le  premier  second  prix  de  piano  eu  1863;  il  en- 
tra ensuite  dans  une  classe  d'harmonie  el  ac- 
compagnement, et  obtint,  pour  cette  partie  de 
ses  études,  un  second  accessit  en  1856,  le  pre- 
mier en  1857,  et  le  premier  prix  en  1858. 
Nommé  répétiteur  dans  l'école  dont  il  avait  été 
l'élève,  M.  Mangin  devint,  en  1860,  professeur 
de  chant  dans  les  écoles  municipales  de  Paris, 
puis  chef  du  chant  et  ensuite  chef  d'orchestre 
au  Théâtre-Lyrique.  A  la  même  époque  il  se  vit 
couronné  plusieurs  fois  dans  des  concours  ou- 
verts par  la  ville  de  Paris  pour  des  composi- 
tions chorales. 

En  1871,  M.  Mangin  fut  engagé  pour  remplir 
l'emploi  de  chef  d'orchestre  au  Grand-Théâtre 
de  Lyon,  et  conserva  ces  fonctions  jusqu'en 
1873.  Dès  son  arrivée  en  cette  ville,  il  songea 
à  mettre  à  exécution  un  projet  qui  jusqu'alors 
n'avait  pu  aboutir,  celui  de  la  fondation  d'un 
Conservatoire.  La  municipalité  manquait  des 
fonds  nécessaires  à  cette  création,  et  il  fallait, 
dans  une  telle  situation,  une  certaine  abnéga- 
tion à  un  artiste  pour  passer  outre,  et  un  certain 


courage  pour  venir  à  bout  des  difficultés. 
M.  Mangin  sut  se  plier  à  tout  pour  attacher  son 
nom  à  une  œuvre  artistique  aussi  honorable. 
Nommé  directeur  du  nouveau  Conservatoire  par 
un  arrêté  municipal  en  date  du  24  mai  1872, 
M.  Mangin  sut  grouper  autour  de  lui  un  cer- 
lain  nombre  de  professeurs,  qui,  ainsi  que  lui, 
mettaient  gratuitement  leur  temps  et  leur  talent 
au  service  de  l'école  qui  se  fondait.  Ces  profes- 
seurs étaient  MM.  Mangin  pour  l'harmonie, 
Ribes  (chant),  Féret  (opéra- comique),  G.  d'Hé- 
rou  (étude  des  rôles),  Cherbianc  (violon),  Bau- 
mann  (violoncelle),  Ritter  (flûte),  Renaud  (cla- 
rinette), Fargues  (hautbois),  etc. 

Le  Conservatoire  de  Lyon  fut  ouvert  à  l'en- 
seignement le  8  octobre  1872,  et  au  bout  de 
dix-huit  mois  seulement,  la  municipalité  lyon- 
naise trouva  les  ressources  nécessaires  pour 
organiser  le  traitement  du  directeur  et  des  pro- 
fesseurs qui  s'étaient  dévoués  avec  tant  de  dé- 
sintéressement. Par  arrêté  ministériel  en  date 
du  2  avril  1874,  le  Conservatoire  de  Lyon  re- 
cevait le  titre  de  succursale  du  conservatoire 
de  Paris.  Dès  sa  première  année  d'exercice, 
cet  établissement  donnait  l'instruction  musicale 
à  312  élèves;  il  en  comptait  358  en  1873,  395 
en  1874,  415  ^en  1875,  530  en  1876,  et  647  en 
1877.  Ces  excellents  résultais  sont  dus  à  l'ini- 
tiative, au  dévouement  et  à  l'intelligence  de 
M.  Mangin,  qui  est  un  artiste  fort  distingué  et 
digne  des  plus  vifs  encouragements. 

♦MANGOLD  (WiuiELM),  ex-maître  de 
chapelle  du  grand-duc  de  Hesse-Darmstadt,  est 
mort  à  Darmstadt  au  mois  d'août  1875. 

*  MANNA  (Gennauo).  Les  compositions 
religieuses  de  cet  artiste  comprennent  :  2  messes, 
dont  une  à  5  voix  avec  accompagnement  instru- 
mental ;  des  psaumes;  un  motet  à  5  voix  avec 
accompagnement  instrumental  ;  une  Pastorale  à  4 
voix  ;  une  Cantate  sacrée  à  4  voix,  avec  chœurs  et 
divers  instruments;  entin,  deux  morceaux  à  2 
voix  de  soprano  et  contralto  pour  la  nuit  de  Noël. 

MANNA  (Rlggero),  compositeur,  était  le 
fils  de  la  célèbre  cantatrice  Carolina  Bassi,  et 
naquit  à  Trieste  le  6  avril  1808.  Il  commença 
l'étude  du  piano  avec  son  oncle  maternel,  Ladislao 
Bassi,  et,  suivant  sa  mère  dans  toutes  les  villes 
oii  elle  allait  chanter,  ressentit  de  bonne  heure 
une  grande  passion  pour  la  musique.  Depuis 
l'âge  de  dix  ans  jusqu'à  douze,  il  fut  mis  en  pen- 
sion à  Milan,  et  prit  des  leçons  de  piano  de 
Vincenzo  Lavigna.  A  cette  époque  il  commençait 
déjà  à  composer,  et  Meyerbeer  ayant  examiné 
un  petit  morceau  qu'il  veuciit  d'écrire,  conseilla 
à  sa  mère ,  qui  allait  passer  une  saison  à  Bo- 
logne, de  le  confier  aux  soins  du  P.  Mattei.  L'en- 


1^8 


MANNA  —  MANZAROS 


fant  entra  en  effet  au  Lycée  musical  <ie  Bologne, 
y  étudia  le  piano  avec  Donelli,   le  contrepoint 
avec  le  P.  Matlei,  et  <it  de  tels  progrès  qu'après 
un  au  et  demi  d'études,  il  écrivit  une  messe  à 
trois  voix  et  orchestre  et  en  dirigea  l'exécution. 
A  quinze  ans  et  demi,  il  fut  reçu  à  l'Académie 
des   Philiiarmoniques  de  Hoiogne,  après   avoir 
subi  un   examen  rigoureux  et  bien  que  les  rè- 
glements exigeassent  l'âge  de  vingt  ans  pour  l'ad- 
mission des  membres.  Sa  mère  étant  devenue 
veuve,    puis   ayant  abandonné  la    carrière  du 
théâtre,  proposa  à  Manna  de  lui  faire  faire  un 
voyage  à  Vienne,  afin  de  lui  donner  la  facilité  de 
connaître  et  d'étudier  la  musique  allemande.  Le 
jeune  artiste  accepta  avec  joie,  et  passa  en  effet 
deux  ans  et  demi  dans  cette  ville,  où   il  (it  la 
connaissance  d'un  grand  nombre  d'artistes  dis- 
tingués, Gyrowetz,  Eibler,  Weigl,  Czerny,  Merk, 
Mayseder,  Stadler,  etc.  Pendant  son  séjour  dans 
la  capitale  de  l'Autriche,  Manna  composa  et  fit 
exécuter   un  Stabat  Mater  (1832),  publia  un 
recueil  de  six  ariettes  italiennes  pour  voix  de 
soprano,  et  écrivit  encore,  outre  une  messe  de 
Requiem    à  4  voix  avec  orchestre,   un  opéra 
intitulé  Francesca  da  Rimini,  qui  ne  fut  ja- 
mais représenté.  A  la  fin  de  l'année  1832,  Manna 
étant  retourné  à  Trieste,  sa  ville  natale,  y  fit 
jouer  un  opéra  sérieux,  Jacopo  di  Valenza,  et 
accepta  ensuite  les  fonctions  de  maestro  con- 
certatore  au  théâtre.  Au  mois  de  mars  1835, 
l'emploi  de  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale 
de  Crémone  lui  ayant  été  offert,  il  partit  pour 
cette  ville  où  il  fixa  définitivement  sa  résidence, 
et  où  il  remplit  aussi,  par  la  suite,  les  fonctions 
de  directeur  de  la  musique  au  théâtre.  Manna 
est  mort  à  Crémone  le  14  mai  1864,  à  l'âge  de 
56  ans.  Il  ne  s'en  était  éloigné  momentanément 
que  pour  faire  représenter  deux  opéras,  l'un, 
Preziosa,  en  1845,  à  Oasalmaggiore,  l'autre,  ii 
Projeta  Velato,  en  1846,  à  Trieste. 

En  dehors  de  sesHrois  ouvrages  dramatiques, 
Manna  a  écrit  :  une  cantate  à  3  voix,  Saluto  a 
S.  M.  il  Re  Viltnrio  Emanuele;  un  Hymne 
à  la  Lune,  à  6  voix;  une  prière  à  3  voix  avec 
cluf'ur,  Vna  Notte  sulV Appennino .  Mais  c'est 
surtout  comme  compositeur  d'église  qu'il  s'est 
montré  fécond  ;  on  a  de  lui,  sous  ce  rapport  : 
une  messe  funèbre  à  4  voix,  dédiée  à  la  mémoire 
du  P.  Mattei  ;  environ  dix  messes  solennelles  à 
3  et  4  voix  ;  six  messes  funèbres  à  3  et  4  voix  ; 
30  psaumes  à  3  et  4  voix  avec  orchestre;  trois 
Stobat  Mater  ;  deux  Salve  Rrgina ,  avec 
orchestre  ;  un  Dies  ir.v  à  4  voix  ;  un  Ai7e  Ma- 
ria à  voix  seule  ;  un  De  profundis  ;  un  cantique 
intitulé  gli  Esuli  d'Isdraello,  écrit  sur  le  texte 
du  psaume  136  de  David;  six  Credo  à  3  et  4 


voix  ;  huit  Kyrie  ;  quatre  Litanies  avec  orches- 
tre; vingt  Ilymmes;  des  versets,  des  anlipho- 
naires ,  des  responsorii ,  etc.,  etc.  Enfin, 
Manna  a  publié  quelques  sonnets  de  Pétrar- 
que (entre  autres  les  3"-",  47%  48%  261»)  mis 
par  lui  en  musique,  à  une  voix,  et  il  a  composé 
encore  un  certain  nombre  d'ouvertures  et  mor- 
ceaux de  concert  qui  n'ont  pas  été  gravés. 

MANJXS  (Ferdinand),  violoniste  et  compo- 
siteur allemand,  est  né  le  27  août  1844  à  Wit- 
/cnhausen  (Prusse),  Elève  à  Cassel  de  M.  Otto 
Kraushaar  pour  la  théorie  de  l'art,  il  est^ixé  de- 
puis 1866  à  Brème,  et  est  attaché  à  l'orchestre  du 
théâtre  de  cette  ville.  M.  Manns  s'est  fait  connaî- 
tre par  un  certain  nombre  de  compositions,  con- 
sistant en  petites  pièces  pour  orchestre,  en  quin- 
tettes, quatuors  et  trios  pour  instrument  à  cor- 
des, sonates  i)our  violon  ou  violoncelle  avec  piano, 
morceaux  de  concert,  etc.  L'une  de  ses  œuvres 
les  plus  importantes  est  un  concertstûck  pour 
violoncelle,  avec  piano,  op.  19. 

MAKNSTADT  ( ),  compositeur  alle- 
mand, a  fait  représenter  au  mois  de  juillet 
1866,  sur  le  théâtre  Wallersdorf ,  de  Berlin, 
une  opérette  intitulée  rAmour  défendu. 

*  MAiViXSTEIN  (Henri-Feudinand),  écri- 
vain musical,  est  mort  à  Loscliwitz ,  près  de 
Dresde,  le  3  août  1872,  à  l'âge  de  66  ans. 

*  MANIIY  (Charles-Casimir),  est  mort  à 
Paris  le  18  janvier  1866.  A  la  liste  des  œuvres 
de  ce  compositeur,  il  faut  ajouter  les  deux  sui- 
vantes :  l"  La  Bourse  ou  la  Vie,  opéra-comi- 
que, représenté  sur  le  théâtre  particulier  des 
Néothermes;  2°  La  Première  Pierre  de  Viiglise 
d'Argis,  «  légende  valaque,  » 

MA.NSOUR  (A ),  pianiste  et  compositeur 

français,  né  vers  1830,  habite  Paris,  où  il  se  livre 
à  l'enseignement.  lia  publié  une  grande  Méttiode 
de  piano,  ainsi  qu'un  certain  nombre  de  mor- 
ceaux de  genre  pour  cet  instrument  :  tine  Fête 
au  hameau,  Solitude,  Chanson  arabe  variée, 
etc.  M.  Mansour  a  écrit  la  musique  d'nn  petit 
opéra-comique  en  uu  acte,  la  Comtesse  Rose, 
qui  a  été  représenté  pour  la  première  fois  au 
Casino  de  Die|)pe,  le  22  août  1877.  On  connaît 
aussi  de  cet  artiste  quelques  romances  et  mé- 
lodies vocales. 

*  MAiXTIUS  (EDOUARD),  chanteur  alle- 
mand, est  mort  à  llrnenau  le  4  juillet  1874. 
Il  était  né  à  Schwerin  le  18  janvier  1806  (et 
non  1808,  comme  il  a  été  imprimé  par  erreur), 
et  quitta  le  théâtre  de  Berlin  le  17  avril  1857, 
après  une  carrière  de  vingt-sept  ans,  pour  se 
livrer  au  professorat. 

MAIXZAliOS  (N ),  compositeur  grec, 

mort   à  Corfou  au    mois  de   mai    1872,   est, 


MANZAROS  —  MARC 


159 


dit-on,  l'auteur  de  l'tiymne  national  grec,  et 
s'est  fait  connaître  aussi  par  la  publication 
d'un  grand  nombre  d'autres  chants  patrioti- 
ques. ; 

MANZOLLMI  (Carlo-Andrea),  né  à  Bo- 
logne vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle, 
devint,  comme  élève  de  Giovanni  Benvenuli, 
un  violoniste  distingué,  et  fut  aussi  un  contra- 
puntiste  habile.  On  connaît  de  lui  des  sonates 
de  cliarabre  à  trois  instruments.  Il  fit  partie, 
à  partir  de  1688,  de  l'Académie  des  philharmo- 
niques de  Bologne. 

*  MARAIS  (Marin).  L'auteur  annonjme  de 
V Histoire  de  C Académie  royale  de  musique  (1), 
publiée  il  y  a  une  trentaine  d'années   par   le 
journal  le   Constitutionnel,  nous  apprend  que 
ce  virtuose  remarquable  fut  pendant  de  longues 
années  chef  d'orchestre  à  l'Opéra.  Castil-BIaze 
avait  bien  compris  le  nom  de  cet  artiste  dans 
la  liste  qu'il  a  donnée  des  «  batteurs  de  mesu- 
re »  de  ce  théâtre  ;  mais  Castil-BIaze,  qui  ne 
cite  jamais   ses  sources,  s'est  bien  gardé   de 
dire  oii   il   avait    puisé  ce  renseignement,    et 
comme  il  est  sujet  à    caution,  on    pouvait  ne 
pas  le  croire  sur  parole  ;  le  témoignage  d'un 
contemporain  de  Lully  vient  lever  tout  scru- 
pule à  cet  égard.   Voici  ce  que  dit  ce  dernier 
au  sujet  de  Marais  :  «   Marais  s'attacha  à  Lully 
qui  l'estimait  beaucoup,  et  qui  se  servait  sou- 
vent de  lui  pour  battre  la   mesure  pour  l'exé- 
cution de  ses  opéras.  Après  la  mort  de  Lully  , 
il  continua  de  battre  la  mesure,  et  n'a  quitté 
cet  emploi  que  vers  1710  ou  1712.  »  Lully  étant 
mort   au  mois   de   mars  1687,    on   peut  donc 
supposer    que  Marais  a   rempli  ces  fonctions 
pendant    au    moins    vingt-cinq     ans.  L'écri- 
vain   donne   ensuite   ces    détails   intéressants 
au  sujet  de  Marais  :  «    Trois  ou   quatre  ans 
avant  sa  mort.  Marais  s'était  retiré  dans  une 
maison  ruedeLourcine,  faubourg  Saint-Marceaii, 
oii  il  cultivait  les  plantes  et  les  fleurs  de  son 
jardin.   Il   louait   cependant   une  salle  rue  du 
Battoir,    quartier   Saint-André-des-Arts,  où  il 
donnait  deux    ou    trois    fois    la   semaine    des 
leçons  aux  personnes  qui  voulaient  se  perfec- 
tionner dans  la  viole.  Il  a  eu  dix-neuf  enfants 
de  Catherine  d'Amicourt,  avec  laquelle  il  a  été 

(1)  Le  manuscrit  de  cette  Histoire,  portant  qu'elle 
était  «  composée  et  écrite  par  un  secrétaire  de  Lully,  » 
appartenait  i  M.  le  baron  Taylor  et  fut  publié  en  teuil- 
leton  par  le  Constitutionnel.  C'est  un  écrit  fort  utile, 
et  Indispensable  à  consulter  pour  celui  qui  voudra  doter 
notre  littérature  musicale  d'une  véritable  Histoire  de 
l'Opéra,  liest  seulement  (Acheux  que  les  épreuves  aient 
été  corrigées  par  quelqu'un  qui  ne  connaissait  point 
cette  histoire,  et  qui  a  laissé  subsister  des  fautes  innom- 
brables. 


marié  pendant  cinquante-trois  ans,  et  a  célé- 
bré ses  noces  jubilaires  en  1709  ;  il  en  présenta 
quatre  au  feu  roi,  et  donna  à  ce  monarque 
un  concert  de  ses  pièces  de  viole,  exécutées 
par  lui  et  par  trois  de  ses  lils.  Le  quatrième, 
qui  portait  pour  lors  le  petit  collet,  avait  soin 
de  ranger  les  hvres  sur  le  pupitre  et  d'en 
tourner  les  feuillets.  Le  roi  entendit  ensuite 
ses  trois  fils  séparément,  et  lui  dit  :  «  Je  suis 
«  bien  content  de  vos  enfants,  mais  vous  êtes 
»  toujours  Marais  et  leur  père.",  » 

MARATTA  (Alessandro),  compositeur 
italien,  est  l'auteur  d'une  tragédie  lyrique  en 
trois  actes,  Gismonda  da  Mendrisio,  qui  fut 
représentée  à  Buénos-Ayres,  en  1860,  avec 
M""^  Anna  de  Lagrange  dans  le  rôle  principal. 

MARC  ( ),  violoniste  qui  vivait  à  Reims 

au  dix- huitième  siècle  et  était  attaché  au  con- 
cert de  cette  ville,  a  publié  Six  sonates  à  vio- 
lon seul,  avec  une  basse  chiffrée,  (Paris  et 
Reims,  chez  l'auteur). 

MARC  ( ),  compositeur   français,   vi- 
vait à  la  fin  du  dix-huitième  siècle,   et   écrivit 
la  musique    d'un   opéra  en  3    actes  intitulé  : 
Arabelle  et    Vascos  ou  les  Jacobins  de  Goa, 
qui  fut  représenté  au  théâtre  Favart,  le  21  fruc- 
tidor an  II  (7  septembre  1794J.  Je  n'ai  d'autres 
renseignements  sur  cet  artiste   que  ceux  qui 
concernent   l'ouvrage  en  question,    dont  l'his- 
toire  est  assez  curieuse,   et  qui  fut  livré  au 
public  sous  le  nom  et  sous  le  couvert  de  Lesueur. 
Dans  son  numéro  du  26   fructidor  an  II,  le 
Journal  de  Paris  terminait  ainsi  son  compte- 
rendu  de  la  représentation  à^ Arabelle  et  Vas- 
cos :  —   «    La  musique  est  du  G.    Lesueur  ; 
la  réputation  de  ce  compositeur  célèbre  a   nui 
au  succès  de  cet  ouvrage,  parce  qu'en  compa- 
rant cette  production  nouvelle  à   ses  ouvrages 
déjà  connus,  la  comparaison  n'est  pas  à  l'avan- 
tage de  celui-ci.  Il   y   a  néanmoins   plusieurs 
morceaux  d'une  grande  beauté,  et   qui  portent 
le  cachet  de  ce  grand    maître.  L'auteur    des 
paroles  est  le  C.    Lebrun-Tossa,    déjà    connu 
par  plusieurs  ouvrages  qui  ont  eu  du  succès.  » 
Le  Journal  de  Paris,  comme  le  public  entier, 
était  ici  la  victime   d'une  petite   supercherie; 
la  musique  d' Arabelle  et  Vascos,   comme  je 
l'ai  dit,  n'était  point  de  Lesueur,  et  on  va  le 
voir  par  la  lettre  suivante,  dans  laquelle  il  ex- 
pliquait les  motifs  très-louables  qui  lui  en  avaient 
(ait  endosser  momentanément  la  responsabilité. 
Cette  lettre  était  adressée    au  même  Journal 
de  Paris,  qui  la  publia  deux  mois  après  l'ap- 
parition de  l'ouvrage  : 

«  il  est  temps  d'instruire  le  public  et  les 
artistes  du  théâtre  de  l'Opéra-Comique'natio- 


160 


MARC  —  MARCELLO 


nal    (les  motifs    qui  m'ont   déterminé   à    faire 
paraître  sous  mon  nom    la  musique  du  drame 
intitulé  :  Arabelle  et  Vascos.    Le    premier  a 
été   d'épargner   au   citoyen   Marc,   auteur    de 
cette  musique,   les    désagréments  altacliés    à 
un  début;  le  second,  de  donner    aux   artistes 
du    théâtre  Favart   un    compositeur   de   plus, 
et  de  montrer  à  la   République  un  talent  qui 
pourra  lui  devenir  cher.   Je  ne  me  suis  point 
dissimulé  les  dangers  que  j'avais  à  courir,  en 
me  chargeant  de  la  responsabilité  de   cet  ou- 
vrage :  mais  une  bonne  école,  une  musique  à 
la    fois     pittoresque,  énergique   et    chantante, 
l'empreinte  d'une  main  sûre  et;  d'ime  méthode 
excellente  qui  peut  faire  honneur  à  notre  école 
française,  tout   m'a  rassuré.   J'étais  si  intime- 
ment persuadé  de  la  beauté  de    plusieurs  mor- 
ceaux de  cet  opéra,  que  j'en  eusse  regardé  la 
chute  comme   une  injustice;  et,   dans  ce  cas, 
j'aurais  eu  le  courage   de  la  supporter.    Enfin 
le  succès  a  couronné  mon  espoir,  et  j'en  rends 
la  gloire  à  qui  elle  appartient  tout  entière.  J'at- 
teste maintenant  que  c'est  moins  l'amitié  pour 
le  musicien  que    son  talent  qui  m'a  déterminé 
à  la  démarche  que  j'ai  faite,  et  que  j'eusse  en- 
trepris la  même  chose  pour  tout  autre  artiste 
qui  eût  eu  le  même  génie.  Mon  extrême  amour 
pour  les  aris,  et   leur   gloire,    est  entré  pour 
tout  dans  le  péril  auquel  je  me  suis   exposé. 
Je  déclare  en  outre  n'avoir  point  fait  une  note 
dans  la  musique  du  citoyen  Marc,  ni   même 
donné  un  conseil  ;   car,  si  l'un    de    nous  deux 
pouvait  en  donner  à   l'autre,  ce  ne  serait  pas 
moi,   vu  que,  dans  un  temps  oii  je   .«avais  à 
peine   les  éléments  de  monjart,  le  compositeur 
dont  je  parle  avait  déjà  remporté  un  prix  de 
musique   sur  quarante-cinq   rivaux    qui    con- 
couraient avec  lui.  Il  ne  me  reste  qu'à  inviter 
les  artistes    de    l'Opéra-Comique    national    à 
continuer  leurs    soins   pour   un  ouvrage   qui, 
par  l'aftUience  des  spectateurs   qu'il   continue 
d'attirer,  prouve  combien    il  est    agréable  au 
public. —  Lesueur.  » 

J'ai  vainement  cherché,  partout  où  j'avais 
chance  de  le  rencontrer,  un  renseignement 
quelconque  sur  Marc,  que  Lesueur  avait  ainsi 
noblement  pris  sous  son  patronage.  Musicien 
resté  obscur,  il  n'est  pas  plus  mentionné  dans 
Te  Dictionnaire  historique  des  Musiciens  de 
Choron  et  Fayolle  que  dans  aucun  des  grands 
recueils  biographiques  publiés  depuis  le  com- 
mencement de  ce  siècle.  Le  livret  (VArabclle 
et  Vascos  lui-même  est  muet  à  son  égard,  et 
donne  le  nom  de  Lesueur  comme  auteur  de 
la  musique.  Serait-ce  donc  que  jusqu'à  Lebrun- 
Tossa  aurait  été  le  jouet    de    la  mystification 


de  Lesueur  ?  Toujours  est-il  que  sans  la  lettre 
du  Journal  de  Paris,  reproduite  ci-dessus, 
Arabelle  et  Vascos  (dont  ne  parle  d'ailleurs 
aucun  ouvrage  historique,  et  dont  le  titre 
môme  était  resté  ignoré  jusqu'ici)  aurait  été 
tout  naturellement  attribué  à  Lesueur. 

MARCARIIXI  (GitSEPPE),  compositeur  et 
professeur  italien,  né  à  Romanengo  le  17  avril 
1832,  a  fait  représenter  au  mois  de  décembre 
1871,  sur  le  théâtre  Carcano,  de  Milan,  un 
drame  lyrique  intitulé  Francesca  du  M- 
mini. 

MARCELLI  (Anaïs).  Foi/es  PERRIÈRE- 
PILTÉ  (M™''}. 

MARCELLO  (Marco-Marcelliano),  pia- 
niste, compositeur  et  écrivain  musical,  naquit 
vers  1817  à  San-Gerolamo  Lupatolo,  petit  pays 
situé  dans  la  province  de  Vérone.  Il  montra 
de  bonne  lieure  un  goût  prononcé  pour  le 
théâtre  et  la  musique,  et  après  avoir  écrit 
un  drame  qu'il  fit  représenter  à  l'âge  de  seize 
ans,  il  alla  trouver  à  Novare  Mercadante, 
pour  devenir  son  élève,  et  le  suivit  ensuite 
à  Naples.  N'ayant  pas  réussi  à  faire  jouer 
deux  opéras  dont  il  avait  écrit  la  musique, 
il  passa  en  Piémont  en  1848,  s'établit  à  Turin, 
et  y  donna  des  leçons  de  piano  et  de  chant 
tout  en  écrivant  dans  divers  journaux.  En 
1854,  il  fonda  en  cette  ville  un  journal  de 
théâtre,  il  Trovatore,  qu'il  transporta  en 
1859  à  Milan  ;  ce  journal,  dans  lequel  la 
critique  était  faite  à  la  diable,  était  plutôt 
une  sorte  de  petit  pamphlet  dont  le  directeur 
cherchait  à  faire  de  l'esprit  aux  dépens  d'au- 
trui,  qu'une  véritable  feuille  artistique.  Le 
style  de  Marcello  était  beaucoup  plus  conve- 
nable et  plus  approprié  aux  sujets  qu'il  traitait 
dans  la  Eivista  contemporanea,  où  pendant 
plusieurs  années  il  fut  chargé  de  la  critique 
musicale. 

Mais  ses  travaux  littéraires  n'empêchaient 
pas  Marcello  de  se  livrer  à  la  composition. 
Pendant  son  séjour  à  Turin,  il  publia  une 
messe  à  3  voix  avec  accompagnement  d'orgue, 
un  album  de  six  ariettes  intitulé  Sere  d'au- 
tunno,  un  recueil  de  piano.  Arc-en-ciel,  com- 
posé de  sept  petits  morceaux,  un  autre  recueil, 
Mazzolino  primaverile,  formé  de  «  dix  pièces 
de  danse  en  forme  d'études,  »  puis,  sous  le 
titre  de  Miniera  tcalrale,  toute  une  série  de 
divertissements  sur  des  thèmes  d'opéras, 
liobert  le  Diable,  Luisa  Miller,  le  Prophète, 
Buondelmontc,  etc.  En  même  temps,  et  ne 
pouvant  se  produire  au  théâtre  comme  compo- 
siteur, il  y  trouvait  accès  comme  librettiste, 
et  dans  l'espace  ^e  quelques  années  fournissait 


MAGNANINI  —  MARCHESI 


161 


à  divers  musiciens  dramatiques  une  trentaine 
de  livrets  dont  quelques-uns  étaient  bien  ac- 
cueillis ;  c'est  ainsi  qu'il  écrivit  il  Bravo  pour 
son  maître  Mercadante,  Isabella  d'Aragona, 
Tutti  in  Maschera,  Guevra  in  quattro  pour 
M.  Pedrotti,  Giuditia  pour  M.  Péri,  Bianca 
dcgli  Albizzi  pour  Villanis,  Gincvra  di  Scozia 
pour  M.  Petrali,  etc.  11  traduisit  aussi  en  ita- 
lien les  poèmes  de  plusieurs  opéras  français, 
entre  autres  celui  du  Prophète.  Ce  fut  peut- 
être,  là,  le  côté  le  plus  intéressant  de  la  car- 
rière de  Marcello,  car  il  acquit  comme  libret- 
tiste une  certaine  notoriété.  Cet  artiste  mourut 
à  Milan,  le  2j  juillet  1865. 

MxVRCHxVL  ou  AIARÉCIIAL,  claveci- 
niste distingué,  se  produisit  plusieurs  fois  avec 
succès  au  Concert  spirituel,  vers  1780.  Il  y  exé- 
cuta plusieurs  morceaux  de  sa  composition, 
entre  autres  un  concerto  avec  accompagnement 
d'orchestre,  et  un  quatuor  pour  clavecin,  cor, 
clarinette  et  harpe,  qu'il  joua  plusieurs  fois 
en  compagnie  de  Le  Brun,  Michel  et  Yernier. 
MARCHAL  (Pedro-Anselmo),  claveciniste 
et  compositeur  portugais,  était  aussi  éditeur  de 
musique,  ainsi  que  le  démontre  cette  mention  que 
l'on  trouve  sur  le  titre  de  diverses  pièces  de  mu- 
sique de  salon  publiées  à  Lisbonne  vers  la  fin  du 
XVIII^  siècle  :  Marchai,  éditeur  et  marchand 
de  musique  privilégié  de  S.  M.  Marchai  jouait 
assez  bien  du  clavecin,  et  sa  femme  avait  du 
talent  sur  la  harpe;  on  les  fêtait  beaucoup  dans 
les  salons  de  Lisbonne.  Marchai  a  composé  pour 
son  instrument  quelques  ouvrages  qui  sont  rares 
aujourd'hui  ;  un  livre  de  Rondos  (six)  pour  cla- 
vecin et  llùle  porte  pour  chiffre  d'œuvre  le  nu- 
méro 10,  et  appartenait  à  son  propre  fonds  de 
musique.  J.  de  V. 

*  MARCHAiXD  (Louis-Joseph),  prêtre  et 
maître  de  chapelle  du  dix-huitième  siècle.  Le 
Traité  du  contrepoint  de  cet  artiste  a  été 
publié  en  1739;  la  date  de  1758,  donnée  dans 
la  Biographie  universelle  des  Musiciens, 
est  évidemment   celle  d'une   seconde  édition. 

MARCHAND  (Alexandre-Nicolas),  !théo- 
ricien  français,  est  né  à  Bourraont,  le  21  mai  1819. 
Après  avoir  fait  de  bonnes  études  musicales,  qu'il 
termina  au  Conservatoire  de  Paris,  après  avoir 
obtenu  en  1844  une  mention  honorable  au  con- 
cours de  Rome,  il  se  livra  à  l'enseignement  et 
devint,  fort  jeune  encore,  professeur  d'harmo- 
nie au  Conservatoire  de  Bruxelles.  M.  Alexan- 
dre Marchand  a  publié  sous  ce  titre  :  Du  prin- 
cipe essentiel  de  l'harmonie  (Paris,  impri- 
merie nationale,  1872,  in-4°),  un  ouvrage 
théorique  qui  bouleverse  peut-être  un  peu  trop 
les  idées   reçues  dans  la  matière,  et  dont   les 

BlOGR.    l'MV.    DES  MUSICIENS.    —    SUPPL.    T. 


tendances  sont  hardies  au  point  d'en  paraître 
audacieuses.  Sans  être  l'ennemi  de  tout  progrès 
en  matière  de  science  musicale  et  sans  se 
conliuer  dans  une  routine  obstinée,  je  crois 
que  l'on  ne  saurait  accepter,  môme  en  partie, 
le  système  et  les  théories  de  M.  Marchand 
sans  en  faire  l'objet  de  l'examen  le  plus  scru- 
puleux. 

*  MARCHESI  (LoLis).  Ce  chanteur  célè- 
bre a  fait  l'objet  d'une  notice  publiée  sous 
ce  titre  :  Lodi  caratteristiche  del  célèbre 
cantore  signor  Luigi  3Iarchesi  (Sienne,  1781, 
in-S"  de  10  pp.). 

MARCHESI  (Le  chevalier  Salvatore  DE 
CASTROA'E),  chanteur  et  professeur  italien 
très-renommé,  est  né  à  Palerme  le  15  janvier 
1822,  d'une  famille  d'origine  princière  (1).  Son 
père  avait  été  gouverneur  général  de  la  Sicile  de 
1806  à  1810,  et  lui-même  entra  dansla  garde  noble 
à  JNaples,  en  1838.  Mais  ses  principes  libéraux 
l'en  éloignèrent  bientôt,  et  il  alla  étudier  le  droit 
et  la  philosophie  à  Palerme,  tout  en  prenant  des 
leçons  de  chant  et  de  composition  avec  Pietro 
Raimondi.  En  1846  il  se  rendit  à  Milan,  où  il  prit 
des  leçons  de  MM.  Lamperti  et  Fontana.  Mais 
ayant  pris  part  à  la  révolution  de  1848,  il  se  vit 
obligé  de  s'enfuir  en  Amérique,  et  là,  abordant 
le  théâtre,  il  débuta  à  New-York  dans  Ernani. 
Toutefois  il  fut  obligé  de  reconnaître  son  insuf- 
fisance, et,  étant  revenu  en  Europe,  il  se  fit  à 
Londres  l'élève  de  Manuel  Garcia. 

Il  profita  grandement  des  conseils  de  son  nou- 
veau maître,  et  bientôt,  sous  le  nom  de  Mar- 
ches!, il  se  fit  une  belle  réputation  dans  les  con- 
certs par  sa  splendide  voix  de  baryton  et  son 
élégante  manière  de  chanter.  En  1851,  il  fait  une 
grande  tournée  artististique  en  Allemagne,  donne 
une  série  de  brillants  concerts  à  Francfort,  Leip- 
zig, Berlin,  Hambourg,  Brème,  Weimar,  Hano- 
vre, etc.,  et  se  fait  entendre  aussi  dans  les  Pays- 
Bas.  En  1852,  il  épouse  M"^  MathildeGraumann, 
jeune  artiste  de  Francfort  qui  devait  partager 
sa  renommée  et  qui  fait  l'objet  de  rarticie  sui- 
vant, et  l'année  d'ensuite  tous  deux  font  partie 
des  troupes  italiennes  de  Berlin,  de  Bruxelles 
et  de  Londres.  En  1854,  M.  et  iM'"''  Marches! 
donnent  des  concerts  à  Vienne,  et  bientôt 
s'établissent  en  cette  ville,  où  ils  deviennent 


(I)  Dans  le  premier  volume  de  ce  Supplément  se  trouve 
une  courte  notice  consacrée  a  M.  de  Castrone-Marc/icsi, 
dans  laquelle  j'ai  qualifié  cet  artiste  de  «  dilettante,  •>  au 
sujet  du  Rajiport  officiel  rédigé  par  lui  sur  la  section  des 
instruments  de  musique  Italiens  à  l'Exposition  devienne. 
J'ignorais  alors  que  l'auteur  de  ce  rapport  ne  fit  qu'un 
avec  le  célèbre  professeur  de  cliant-  On  voudra  donc 
bien  considérer  cette  notice  comme  nulle,  et  se  référer 
uniquement  à  celle-ci. 
II.  11 


162 


MARCHESI 


professeurs  au  Conservatoire.  En  18C2,  ils  entre- 
prennent un  voyage  artistique,  parcourent  i'AI- 
Jemagne ,  la  Suisse  et  la  Hollande  eu  donnant 
des  concerts,  et  se  font  entendre  à  Paris.  En 
18G3,  M.  Marclit'si  cliante  au  tlié;\tre  de  Wei- 
mar,  puis  au  tlieàtre  de  la  reine,  à  Londres,  oii 
il  se  produit  particulièrement  dans  Faust  et 
dans  Don  Juan.  Bientôt,  avec  sa  femme,  il  re- 
vient à  Paris,  oii  tous  deux  donnent  une  série 
d'intéressants  concerts  historiques,  et  où 
M.  Marcliesi  s'établit  un  instant  comme  profes- 
seur. Mais  dès  le  mois  d'octobre  1865,  l'un  et 
l'autre  vont  se  iixer  à  Cologne,  oii  M'"*  Marchesi 
est  attachée  comme  professeur  au  Conservatoire, 
et  oii,  deux  ans  après,  M.  Marchesi  obtient  la 
même  situation.  Enfin,  en  1869,  M"""  Marcliesi 
étant  rappelée  au  Conservatoire  de  Vienne,  est 
suivie  en  cette  ville  par  son  mari. 

M.  Marchesi  n'est  pas  seulement  un  chanteur 
distingué  et  un   professeur   consommé.   Artiste 
instruit  et  compositeur  élégant ,  il  a  écrit  des 
Ueder   allemands,  des  chansons  napolitaines, 
des  romances  françaises,  et  il  a  donné  des  tra- 
ductions italiennes  d'un  grand  nombre  d'opéras 
allemands  et  français,  parmi  lesquels  il  faut  citer 
Médée,    Lolienr/rin,    le     Vaisseau- fantôme , 
Abou-Hassan,  Roland  à  Roncevaxix,  la  Ves- 
tale, Tannhuuser,le  Capitaine  h enriot,! phi- 
génie  en  Tauride,  etc.,  etc.  On  lui  doit  aussi 
une  Méthode  de  chant,  un  recueil  de  Set  Nuovi 
Caati  SicUiani,  dont  il  a  écrit  les  paroles  et  la 
musique,  et,  sous  ce  titre  :  Riassunio  dell'  arte 
del  canto,  une  série  de  20  vocalises  élémenlai- 
resel  progressives  avec  paroles  pour  unir  l'arli- 
culation  à  la  vocalisation.  Enfin,  nommé  membre 
du  jury  du  groupe  XY  à  l'Exposition  universelle 
de  Vienne  de  1873,  il  est  l'auteur  de  la  Hela- 
zione  sugli  Isirumenti  musicali  quali  erano 
roppresentati  aW  Esposizione  universale  di 
Vienna  nel  Giitgno  1873  qui  a  été  publiée  dans 
la   collection  olficielle  des  Rapports  des  jurys 
italiens.  Il  a  été  fait  de  cet  écrit  un  tirage  à  part. 
MAUCHESI  (Mathildk   GRAUMAi\N, 
épouse),  feuuiie  du  précédent,  chanteuse  et  pro- 
fesseur remarcpiabie,  est  née  k  Francfort-sur-le 
Mein  le  26  mars  1826.  Fille  d'un  riche  négociant 
qui  lui  fit  donner  une  excellente  éducation,  elle 
prit  à   Vienne,  en    1843,  des   leçons  de  chant 
d'Otto  Nicolaï ,    puis  vint   terminer  ses  études 
musicales  à  Paris,  sous  la  direction  Mlle  KIotz 
pour  le  solfège,  de  Manuel  Garcia  pour  le  chaut 
et    de    Samson    pour    la    diction,    s'altachant 
à  la  déclamalioii    lyrique   et  à  la  connaiss^mce 
de  la  théorie  de  la   nnisique,   et  prenant  pour 
exemple  et   pour    modèles    les    grands    artis- 
tes qui  brillaient  alors  sur  nos  scènes  lyriques 


Duprez,  Lablache,  Tamburini,  M""  Grisi,  Per- 
siani,  Slollz,  etc.  En  1849,  M"*  Graumann 
donnait  lui  concert  d'adieu  à  Paris  ;  ensuite  elle 
alla  passer  trois  saisons  à  Londres,  oîi  elle  se 
produisit  avec  bonheur,  et  n'obtint  pas  moins 
de  succès  en  Allemagne ,  surtout  en  se  faisant 
entendre  dans  les  superbes  concerts  du  Gewand- 
haus,  de, Leipzig,  dont  elle  devint  une  des  can- 
tatrices les  plus  aimées. 

C'est  alors  (1852)  qu'elle  épousa  M.  Marchesi, 
en  compagnie  duquel  elle  se  fit  applaudir  bientôt 
à    Berlin,    à  Bruxelles  et  à  Londres.   Nommée 
professeur  au  Conservatoire  de  Arienne  en  1854, 
sa   classe  devint    rapidement  la    meilleure  de 
cet    établissement    et    acquit    une    renommée 
européenne;  c'est  là  que  se  sont  formées  nom- 
bre d'artistes  de  premier  ordre.  M"'*  Antoinette 
Fricci,  Caroline  Smeroschi,  Etelka  Gerster,  Anna 
Liidecke,    Rosa    Bernstein,    Marguerite    Dorn, 
Clémentine  Proska,   Catherine  Prohaska,  Anna 
d'Angeri,  Louise  Radecke,  Anna   Riegel,   lima 
de  Murska,    Gabrielle   Krauss,  Caroline  Dary, 
Katharina    Carina ,     Julie     Dumont-Suvanny, 
Weinberger,  Marck,  Schmidf,  etc.  Cependant, 
au  bout  de   sept  ans,  en  1861,  M"'  Marchesi 
donne  sa  démission,  se  rend  à  Paris  avec  toute 
sa  famille,  y  reçoit  des  élèves  de  tous  les  pays, 
entreprend  bientôt  un  grand  voyage  artistique 
en  Europe  avec  son  mari,  puis  revient  à  Pa- 
ris, où  tous  deux  donnent  des  concerts  histo- 
riques et  où  elle  écrit  sa  Méthode   pratique  de 
chant,  dont  la  publication  a  lieu   simultanément 
en  France  et  en  Allemagne.  En  1865,  les  deux 
époux  vont  se  fixer  à  Cologne,  où  M™'^  Marchesi 
devient  professeur  au   Conservatoire,  et  enfin, 
en  1869,  elle  est  rappelée  au  Conservatoire  de 
A'ienne,  où  elle  est  fixée  encore  aujourd'hui. 

M""'  Marchesi,  qui,  en  1864,  parcourut  avec 
son  mari  l'Angleterre,  l'Irlande  et  l'Ecosse  en 
donnant  toute  une  série  de  brillants  concerts,  n'a 
pas  seulement  formé  d'excellents  sujets  j)our  le 
théâtre,  mais  aussi  un  grand  nombre  de  profes- 
seurs de  chant,  qui  aujourd'hui  propagent  son 
enseignement  et  ses  traditions.  Elle  a  publié  plu- 
sieurs ouvrages  didactiques  consacrés  aux  voix  de 
femmes  et  dont  on  dit  le  plus  grand  bien  ; 
24  Vocalises  pour  soprano,  dédiées  à  Rossini  : 
Exercices  élémentaires;  Vocalises  pour  une, 
deux  et  trois  voix  ;  Études  d''agilité  avec 
paroles;  enfin  une  grande  méthode  intitulée  : 
École  Marchesi,  VArt  du  chant.  M"'"  Mar- 
chesi a  été  l'objet  d'une  foule  de  distinctions, 
et  l'empereur  François-Joseph  lui  a  conféré 
en  1874  la  croix  pour  le  mérite  (en  or,  avec 
couronne),  honneur  exceptionnellement  rare 
pour  une  artiste  de  son  sexe. 


MARCHESI  —  MARCHETTI 


d63 


On  doit  à  1^""=  Maixhesi  un  petit  livre  inté- 
ressant publié  à  Vienne,  en  1877,  sous  ce  titre  : 
ErmneruHfjen  mis  meinem  Leben  {Mes  Souve- 
nirs). 

MAUCHEÏTI  (FiLiPPo),  compositeur  dra- 
matique italien,  est  né  à  Bolognola,  près  de 
Camerino,  le  26  février  1831.  A  l'âge  de  douze 
ans,  et  comme  simple  distraction,  il  commença 
l'étude  de  la  niusitiue,  et  trois  ans  plus  tard, 
s'étant  mis  à  travailler  sérieusement  sous  la 
direction  d'un  professeur  nommé  Bindi,  il  se 
consacra  décidément  à  la  carrière  artistique. 
Ses  progrès  étant  remarquables,  sa  famille  ré- 
solut, en  1850,  de  l'envoyer  à  Naples,  afin 
qu'il  |)ùt  tciminer  son  éducation  au  Conser- 
vatoire de  San-Pietro  a  Majella.  Il  se  fit  ad- 
mettre en  effet  dans  cet  établissement,  où, 
après  avoir  suivi  un  cours  d'harmonie  accom- 
pagnée avec  Giuseppe  Lillo,  il  devint,  pour  le 
contrepoint  et  la  composition,  l'élève  de  Carlo 
Conti,  auprès  duquel  il  passa  quatre  années. 
Ayant  achevé  ses  études  sous  cet  excellent 
maître,  M.  Marchetli  retourna  dans  sa  patrie, 
et  songea  aussitôt  à  écrire  un  opéra,  dont  son 
frère,  M.  Raffaele  Marchetli,  lui  avait  fabriqué 
le  livret.  Cet  ouvrage,  intitulé  Gentile  da  Va- 
rano,  fut  représenté  sur  le  théâtre  ïSational 
de  Turin,  au  commencement  de  l'année  1856, 
et  le  succès  en  fut  assez  grand  pour  que  le 
directeur  de  ce  théâtre  commandât  au  jeune 
compositeur  un  second  opéra,  qui  devait  être 
produit  l'année  suivante  au  théâtre  Cariguan 
de  la  même  ville.  M,  Marchetli  se  mit  aussi- 
tôt à  l'œuvre,  et  écrivit  la  Démente,  qui  fut 
en  effet  donnée  sur  cette  dernière  scène,  en 
1857.  Soit  que  ce  nouvel  ouvrage  fût  inférieur 
au  précédent,  soit,  comme  on  l'a  dit,  que  l'im- 
mense succès  obtenu  en  ce  moment  à  Turin 
par  la  Traviata,  de  M.  Verdi,  attirât  toute 
l'attention  du  public,  la  Démente  ne  put  être 
jouée  au-delà  de  quatre  représentations.  Peu  de 
mois  après  ;  cependant,  elle  était  reproduite  à 
Rome  et  non  sans  succès. 

M.  Marchetli  s'établit  alors  à  Rome  comme 
professeur  de  chant,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas 
d'écrire  la  musique  d'un  grand  drame  lyrique  en 
trois  actes,  intitulé  le  Paria.  Mais,  malgré 
tous  ses  efforts,  il  ne  put  trouver  un  théâtre 
pour  jouer  cet  ouvrage,  et,  découragé,  il 
quitta  Rome  après  Irois  ans  de  séjour  pour 
se  rendre  à  Milan,  où  il  fit  la  connaissance 
d'un  compositeur  aimable,  qui  était  en  même 
temps  un  librettiste  fécond,  Marco  Marcello 
{Voyez  ce  nom).  Celui-ci  traça  pour  lui  le 
livret  d'un  Romeo  e  Giyilietta  que  le  jeune 
artiste  mit   aussitôt  en   musique,    mais    qu'il 


eut  encore  beaucoup  de  peine  à  faire  connaiti-e 
au  public,  quoique  l'un  des  grands  éditeurs 
de  musique  de  Milan,  Francesco  Lucca,  lui 
eût  acheté  sa  partition  et  l'eùl  publiée  avec 
l'accompagnement  de  piano.  Enfin,  Romeo  e 
Giiilietta  fut  représenté  au  théâtre  communal 
de  Trieste  le  23  octobre  1865,  et  assez  bien 
accueilli  -,  doux  ans  après,  l'ouvrage  était  re- 
produit à  Milan,  sur  le  théâtre  Carcano,  et 
malgré  le  voisinage  du  Roméo  et  Juliette  de 
M.  Gounod,  qu'on  jouait  alors  à  la  Scala,  il  obtint 
un  succès  retentissant  et  qui  classa  M.  Mar- 
chetli au  nombre  des  jeunes  compositeurs  sur 
lesquels  l'Italie  avait  le  plus  droit  de  compter. 
Ce  succès  ouvrit  à  l'artiste  les  p  cries  du 
grand  théâtre  de  la  Scala,  pour  lequel  il  écrivit 
un  drame  lyrique  en  quatre  actes,  Ruy  Blas. 
Chanté  par  MM.  Tiberini  et  Cesare  Rota,  par 
la  Poch  et  la  Benza,  Riiy  Blas  fut  représenté 
pour  la  première  fois  à  la  Scala  le  3  avril  1869, 
et  cette  fois  ce  fut  un  triomphe  qu'obtint 
M.  Marchetli.  Je  n'ai  pas  eu  l'occasion  d'en- 
tendre cet  ouvrage  en  Italie  et  de  le  pouvoir 
juger,  mais  je  puis  donner  l'impression  d'un 
critique  italien  très-expert  et  très-autorisé,  qui 
m'écrivait  ce  qui  suit  au  sujet  de  M.  Mar- 
chetli, de  son  Ruy  Blas,  et  de  l'influence  que 
cet  ouvrage  a  exercée  sur  lu  destinée  de  son 
auteur  :  —  «  ....  Quelle  que  soit  la  mesure 
du  talent  de  M.  Marchetli,  c'est  assurément 
un  très- bon  musicien,  qui  écrit  très-bien  pour 
les  voix  et  pour  l'orchestre,  et  qui  connaît 
tous  les  secrets  de  l'harmonie  et  du  contre- 
point. Son  premier  succès  a  été  GiuUetta  e 
Romeo  au  Carcano  de  Milan,  mais  celle  parti- 
tion a  été  vile  oubliée,  sans  doute  à  cause  du 
Roméo  de  Gounod,  qui  est  infiniment  supé- 
rieur. Le  triomphe  de  M.  Marchetli  a  été  son 
Ruy  Blas,  qui  a  fait  le  tour  de  tous  les  théâ- 
tres d'Italie.  C'est  une  œuvre  d'une  facture  ex- 
quise et  d'une  inspiration  tendre,  douce,  pas- 
sionnée, mais  un  peu  monotone.  Avec  une 
seule  mélodie,  l'auteur  a  fait  les  frais  de  toute 
sa  partition  ;  le  duo  d'amour  est  admirable, 
et  excite  toujours  l'enthousiasme,  quelquefois 
trop  facile,  du  public  italien.  Le  succès  de  Ruy 
Blas  a  été  le  grand  malheur  de  M.  Marchetli, 
parce  qu'à  son  quatrième  opéra  le  public  lui 
a  demandé  beaucoup  plus  qu'il  ne  pouvait 
donner.  Son  Gustavo  Wasa,  donné  en  février 
1875  à  la  Scala,  de  Milan,  est  tombé  sans 
espoir  de  résurrection.  C'est  un  Ruy  Ulas 
à  l'eau  de  rose.  Pas  d'inspiration  ;  un  orches- 
tre morne,  sans  éclat  ni  couleur;  des  longueurs 
interminables,  et  une  absence  presque  complète 
d'idées.  » 


104 


MAllCHETTl  —  MARCHISIO 


Gustavo  Wasa  n'obtint  en  effet  aucun 
succès ,  (]uoique  très-bien  cbanté  par  M. 
Bolis,  le  ténor  Maini  et  M""*^  Mariani-Masé; 
il  ne  fut  pas  plus  heureux  à  Florence,  malgré 
les  corrections  et  les  inodifications  apportées 
par  l'auteur  à  son  œuvre  pour  sa  représentation 
au  théâtre  de  la  Pergola.  Deux  ans  auparavant, 
le  25  mars  .1873,  le  compositeur  avait  donné 
au  théâtre  d'Angennes,  de  Turin,  un  opéra 
(le  demi-caractère  intitulé  VAmore  alla  prova, 
(|ui,  bien  qu'accueilli  assez  favorablement, 
disparut  avec  rapidité.  Depuis  lors,  il  ne  s'est 
pas  produit  nouvellement  à  la  scène,  et  ses 
compatriotes  semblent  craindre  qu'il  ne  se 
puisse  relever  de  son  dernier  insuccès.  M.  Mar- 
chetti  n'en  a  pas  moins  obtenu,  dans  le  cours 
de  sa  carrière,  un  long  et  retentissant  succès 
avec  sa  partition  de  Ruy  Blas-  bien  des  com- 
positeurs n'ont  pas  eu  cette  bonne  fortune,  et 
n'ont  jamais  joui  d'un  tel  moment  de  popu- 
larité. Il  a  en  portefeuille  un  drame  lyrique 
encore  inédit,  intitulé  Giovanna  (TAiistria. 

En  dehors  du  théâtre,  M.  Filippo  Marchetti 
a  publié  un  certain  nombre  de  compositions 
vocales  :  Ricordi  di  fioma,  album  de  6  mélo- 
dies (1.  l'Ora  del  Tramonto;  2.  Aspetto  la 
riposta;  3.  Sei  tenerina  corne  la  lattuga; 
4.  E  tu  credevi  vanarella  mia;  5.  la  Prima- 
vera,  duo;  6.  la  Preghiera,  quatuor);  —  la 
Vito,  id.  (1.  Perché  si  muore;  2.  lo  Stra- 
zia/anciulle:  3.  Ritornate  presto;  4.  Quanto 
è  bella;  5.  Poveretta  ;  6.  Madré  e  figlio); 
—  A  Jioma,  id.  (1.  la  Figlia  d'italia;  2.  Z'.l- 
rancino  ;  3.  la  Gemma  d^amorci  4.  la  Ga- 
gia  ;  5.  Ei  pii'i  non  torna;6.la  Partenza, 
duo)  ;  —  Quattro  Canti  popolari,  avec  pia- 
no ;  —  12  Canti  popolari  romaneschi,  id.';  — 
Ave  Maria  pour  3  voix  de  femmes,  avec  pia- 
no; —  enfin  diverses  mélodies  vocales  déta- 
chées :  Tu  vaneggi;la  Sera;  Di  che  ti  la- 
gni ?  Era  stanca;  un  Bacio  solo;  Ad  una 
Lambina;  Morremo,  duo;  Ail'  arnica  Ion- 
tana;  etc.  On  connaît  encore  de  M.  Marchetti 
une  ouverture  à  grand  orchestre,  en  ré  ma- 
jeur, et  un  Chœur  de  Corsaires  avec  accom- 
pagnement d'orchestre. 

MARCIII  (Viur.iMo  DK),  compositeur  ita- 
lien contcm|iorain,  est  né  à  Udine,  dans  le  Frioul. 
J'ignore  avec  quel  artiste  il  a  fait  son  éducation 
musicale,  et  je  sais  seulement  qu'il  reçut  quelques 
leçons  de  son  compatriote  Ma/.zucato  (T'oy.  ce 
nom;,  né  comme  lui  à  l'dine,  et  mort  ré- 
cemment. M.  De  Marchi  a  fait  représenter  il  y 
une  quinzaine  d'années,  sur  le  théâtre  de  Hres- 
cia,  un  opéra  .sérieux  inlilnhi  il  Cantore  di 
Venezia,  dont  le  sujet  était  tiré  de  l'aventure 


légendaire  de  Sfradclla.  L'ouvrage  était  faible 
aussi  bien  sous  le  rapport  de  l'invention  qu'en 
ce  qui  concerne  la  facture,  et  n'obtint  qu'un  mé- 
diocre succès;  il  ne  fut  pas  beaucoup  plus  favo- 
rablement accueilli  au  théâtre  Pagliano,  de  Flo- 
rence, lorsqu'il  y  fut  reproduit  en  186t).  Depuis 
ce  temps,  on  n'a  pas  entendu  parler  du  com- 
positeur. 

MARCIIIO  ( ),  compositeur  dramatique 

italien  de  l'époque  actuelle,  a  fait  représenter 
avec  succès  en  1869,  sur  le  théâtre  de  Reggio 
d'Emilie,  un  opéra  sérieux  qui  avait  pour  titre 
la  Statua  di  carne  ;  six  ans  après,  le  7  février 
1875,  il  donnait  au  même  théâtre  un  second  ou- 
vrage, intitulé  Amore  e  Vendetta.  Je  n'ai  aucun 
renseignement  particulier  sur  cet  artiste. 

MARCHISIO  (AntoiMno),  pianiste  distin- 
gué, renommé  pour  son  enseignement,  et  com- 
positeur, était  né  à  Buttigliera  d'Asti,  le  19 
février  1817.  Fixé  depuis  longues  années  à 
Turin,  il  est  mort  en  cette  ville  le  4  août  1875, 
à  l'âge  de  58  ans.  Il  avait  fait  représenter  trois 
opéras  :  Il  Marito  délia  vedova,  un  Matri- 
monio  a  tre,  et  Piccarda  Donati,  et  il  en  a 
laissé  deux  inédits  :  gli  Ussiti,  et  Crisioforo 
Colombo. 

MARCHISIO(Barbaka  et  Carlotta), chan- 
teuses renommées,  sœurs  du  précédent ,  naqui- 
rent à  Turin,  la  première  le  12  décembre  1834,  la 
seconde  le  6  décembre  1836,  et  de  bonne  heure  se 
livrèrent  à  l'étude  !de  la  musique.  Carlotta,  la 
cadette,  était  douée  d'une  fort  belle  voix  de  so- 
prano, à  la  fois  solide  et  souple,  tandis  que  sa 
sœur  possédait  un  contralto  magnifique  et  puis- 
sant. Toutes  deux  songèrent  à  embrasser  la  car- 
rière théâtrale, travaillèrent  sous  la  direction  d'un 
professeur  nommé  Luigi  Fabbrica.et  vers  185('> 
Baibara  débuta  à  ^  ienne ,  pour  se  rendre  en- 
suite à  Madrid,  où  sa  sœur  était  engagée  avec 
elle.  En  1857,  les  deux  jeunes  chanteuses  se 
faisaient  entendre  au  théâtre  Viclor-Emmanuel, 
<ie  Turin,  où  elles  obtenaient  un  grand  succès 
en  jouant  ensemble  la  Semiramide  de  Rossini. 
Si  j'en  crois  un  biograjibe  italien  ,  Francesco 
Ui'gli,  elles  chantèrent  ensuite  à  Venise,  à 
Manloue,  à  Trieste,  à  Milan  (Scala),  à  Rome, 
enfin  à  Parme ,  voyant  grandir  chaque  jour 
leur  renommée,  et  c'est  alors  que  l'adminis 
tralion  de  l'Opéra  de  Paris  conçut  l'idée  de 
se  les  attacher  et,  pour  les  produire  delà  façon 
la  pins  favorable,  de  faire  traduire  expressément 
pour  elles  semiramide.  qui  leur  avait  valu 
leurs  plus  beaux  triomphes.  Les  deux  sœurs  se 
montrèrent  en  effet,  le  10  juillet  18G0,  dans 
Sémiramis,  et  produisirent  une  impression 
profonde,  justifiée  |>ar  la  beauté  de  leur  voix, 


MARCHISIO  —  MARCILLAG 


1G5 


par  leur  talent  très-réel,  et  par  le  charme  et 
l'ensemble  qu'elles  apportaient  'dans  l'exécu- 
tion des  morceaux  chantés  à  elles  deux.  Toute- 
fois, on  a  singulièrement  exagéré  en  affirmant 
que  la  façon  dont  elles  disaient  le  duo  célèbre 
du  second  acte  rappelait  la  réunion  mémorable, 
dans  ce  morceau,  de  la  Malihran  et  de  la  Sontag. 

Après  un  séjour  relativement  court  à  Paris, 
les  sœurs  Marchisio  se  produisirent  avec  le 
même  bonheur  sur  la  plupart  des  grands  théâ- 
tres de  l'Europe,  à  Londres,  à  Bruxelles,  à 
Rome,  à  Barcelone,  et  dans  ces  deux  dernières 
villes  surtout  leur  succès  fut  très-marqué.  Elles 
étaient  encore  dans  tout  l'éclat  d'une  carrière 
qui  aurait  pu  se  prolonger,  lorsque  Carlotta 
mourut  à  Turin  le  28  juin  1872,  âgée  seu- 
lement de  trente-cinq  ans.  Celle-ci  avait  épousé 
un  chanteur  dramatique  autrichien  connu  au 
théâtre  sous  le  nom  à'Eugenio  Coselli_  qui 
s'appelait  Kuh  de  son  nom  véritable ,  et  qui 
depuis  quelques  années  avait  abandonné  la  scène 
pour  acheter  et  diriger,  à  Venise,  une  impor- 
tante fabrique  de  pianos.  Lui-même  est  mort 
près  de  cette  ville,  à  Mira,  le  2  mai  1875.  Il 
était  né  à  Vienne  en  1835. 

Un  compositeur  qui  me  semble  devoir  appar- 
tenir à  la  même  famille,  M.  Giitsepjie-Enrico 
Marchisio,  s'est  fait  connaître  par  la  publication 
d'une  trentaine  de  morceaux  de  genre  pour  le 
piano,  rêveries,  tarentelles,  barcarolles,  etc. 

MARCILLAC  (F,..),  né  le  1"  mai  1817,  à 
Genève,  est  mort  dans  cette  même  ville  le  9 
mars  187G.  Les  premières  leçons  de  musique  lui 
furent  données  par  son  père,  qui  était  Français, 
et  tenait  à  Genève  un  magasin  de  musique.  Il 
parcourut  l'Europe  pendant  près  de  quinze  ans 
avec  une  famille  russe  à  laquelle  il  fut  attaché 
d'abord  comme  précepteur,  puis  comme  secré- 
taire des  commandements.  C'est  pendant  cette 
période  de  sa  vie  qu'il  eut  occnsion  d'entendre 
souvent  de  grands  artistes  et  de  développer  son 
goût  et  ses  connaissances  musicales.  Dès  son  re- 
tour à  Genève,  en  1848,  il  commença  à  s'occu- 
per de  recherches  sur  l'hi-stoire  de  la  musique. 
Vers  1866,  il  fut  chargé  du  cours  de  littérature 
à  l'École  supérieure  des  jeunes  filles,  et  conserva 
ces  fonctions  jusqu'à  sa  mort.  11  avait  été  nommé 
aussi  membre  du  Comité  du  Conservatoire  de 
Genève,  puis  vice-président,  et  prit,  pendant 
plus  de  vingt  ans,  une  part  active  à  la  direction 
de  cette  école.  Ce  fut  à  la  demande  de  ses  col- 
lègues qu'il  rédigea,  en  1862,  une  Théorie  élé- 
mentaire de  la  Musique,  suivie  d'exercices  de 
solfège  à  deux  voix ,  publiée  à  Genève  chez 
L.  Martinet.  On  a  aussi  de  lui  une  brochure  sur 
r Enseignement  populaire  de  la  musique  d'a- 


I  près  la  méthode  Chevé  (Genève,  Jules  G'"" 
Fick,  1862,  extrait  du  bulletin,  n°  17,  de  la  So- 
ciété Genevoise  d'utilité  publique).  Le  but  de 
cet  opuscule,  dont  une  |)artie  est  consacrée  à 
l'éloge  de  la  méthode  Wilhem ,  est  de  recom- 
mander le  système  Galin-Paris-Chevé  pour 
l'enseignement  du  chant  en  chœur,  et  notam- 
ment du  chant  religieux.  L'auteur  demande,  en 
terminant,  que  la  notation  en  chiffres  soit  in- 
troduite dans  les  Psautiers  de  l'Église  réformée. 
Le  litre  le  plus  important  de  Marcillac  à  l'es- 
time des  connaisseurs  et  des  érudits  est  son  His- 
toire de  la  Musique  moderne  et  des  Musiciens 
célèbres  depuis  Vère  chrétienne  jusqu'à  nos 
jours  (Sandoz  et  Fischbacher,  Paris,  1876).  Cet 
ouvrage  est  surtout  exact  et  complet  dans  la 
partie  consacrée  aux  origines  et  aux  progrès  de 
l'art  tout  moderne  de  la  musique.  Cette  partie, 
qui  comprend  les  deux  tiers  du  volume,  est 
un  résumé  net  et  bien  ordonné  des  meilleurs 
travaux  sur  la  matière  de  Burney,  Martini, 
Forkel,  Kieseweter,  Fétis,  Coussemaker,  etc. 
En  d'autres  termes,  c'est  une  intelligente  vulga- 
risation de  notions  qu'on  ne  pouvait  guère  ac- 
quérir et  préciser  qu'en  compulsant  de  volumi- 
neux in-folio  écrits  dans  des  langues  diverses,  et 
assez  souvent  conçus  sans  méthode. Écrit  sans  pré- 
tention et  avec  clarté  dans  le  plan  et  dans  l'ex- 
pression, ce  livre  est  d'une  lecture  aisée  et  ins- 
tructive. Les  chapitres  relatifs  à  la  notation  au 
moyen  âge,  à  la  Renaissance  et  aux  origines  de 
l'opéra  sont  particulièi'ement  à  recommander. 
La  fin  du  volume,  où  l'auteur  passe  en  revue 
les  productions  du  siècle  actuel,  est  incontesta- 
blement beaucoup  plus  faible.  Il  semble  qu'elle 
ait  été  faite  avec  précipitation  et  une  connais- 
sance imparfaite  du  sujet.  On  peut  y  relever 
plus  d'une  appréciation  douteuse,  et  même  des 
inexactitudes  de  fait  surprenantes  lorsqu'il  s'a- 
git d'événements  contemporains.  Il  est  à  croire, 
par  exemple,  que  les  jugements  portés  sur  Bee- 
thoven, Schumann  et  surtout  Meyerbeer  ne  se- 
ront pas  complètement  ratifiés  par  les  artistes  et 
les  gens  de  goût.  Parlant  de  Berlioz,  Marcillac 
présente  sa  carrière  comme  terminée  après  VEn- 
fance  du  Christ  et  om.et  d'une  façon  évidem- 
ment inconsciente  la  généreuse  tentative  des 
Trofjens,  la  plus  intéressante  de  l'auteur  de 
Benvenuto  au  théâtre.  Il  y  aurait  plus  d'une 
lacune  de  ce  genre  à  signaler  dans  les  derniers 
chapitres.  Malgré  ces  imperfections,  V Histoire 
de  la  musique  de  Marcillac  méritait  ici  une 
mention  particulière.  On  y  trouve  cette  érudi- 
tion consciencieu.se  et  ce  sentiment  élevé  de  l'art 
qui  font  la  valeur  durable  des  ouvrages  de  ce 
senre.  Al.  R — n. 


166 


MARCORA  —  MARENZIO  * 


MAIICORA   (C ),    miisicien    italien 

contemporain ,  est  l'auteur  d'un  drame  lyrique 
inlil nié  rr/.ç/o/'oro  Colombo,  qui  n'a  été  repré- 
senté qu'après  sa  mort,  en  ISiit»,  sur  le  tiiéàlre 
<ie  IJaliia.  J  ij^nore  s'il  était  fixé  en  ce  pays.  Cet 
artiste,  sur  lequel  je  ne  possède  aucun  autre 
renseignement,  avait  publié  précédemment  quel- 
ques mélodies  vocales  et  plusieurs  niorceauv  de 
piano. 

MAR(^OU  (Pau.),  pianiste  français  et  com- 
positeur pour  son  inslruinenf,  a  publié,  dans  ses 
dernières  années,  un  certain  nombre  de  morceaux 
de  genre  parmi  lesquels  je  signalerai  les  suivants  : 
Florence,  nocturne,  op.  8  ;  le  Soir,  rêverie,  op. 
9;  Inquiétude,  caprice,  op.  11;  ^e  Papillon, 
scherzo,  op.  12;  Barcarolle,  op.  13;  Tarentelle, 
op.  14;  la  Cosaque,  impromptu,  op.  lô;  la 
Fleur  et  le  Ruisseau,  étude  mélodique,  op.  IG  ; 
Chantait  berceau,  op.  17;  Andante  allamar- 
cia,  op.  18;  le  Hamac,  mélodie  champêtre,  op. 
19;  Scène  russe,  op.  20  ;  Légende,  op.  21  ;  Souf- 
fle de  printemps,  romance  sans  paroles,  op.  22  ; 
Idylle,  op.  24;  5  Marches,  op.  24;  Yal.se  villa- 
geoise, op.  22  ;  etc.,  etc. 

MAHCUCCI  (Ferdinando),  harpiste  extrê- 
mement distingué,  né  à  Florence  le  6  mai  1800, 
mort   en  cette   ville  le  29   décembre  1871,   fut 
élève  de  son  père,  Curzio  Marcucci,  qui  était  lui- 
même  un  virtuose  fort  remarquable ,  et  reçut 
des  leçons  d'harmonie  et  de  contrepoint  de  Disma 
Ugolini.   Dès  ses  plus  jeunes   années  il  tenait 
très-habilement  la  partie  de  harpe  à  l'orchestre 
du  théâtre  de  la  Pergola,  de  Florence,  et  il  se 
fit  toujours  remarquer,  dans   les  concerts,  par 
ses  grandes  qualités  de  style  et  de  mécanisme, 
transformant  en  (juelque  sorte  l'instrument  sous 
ses  doigts  et  en  tirant  des  effets  inconnus  avant 
lui-  En   1827,  Marcucci  vint  en  France,  obtint 
beaucoup  de  succès  en  donnant  en  province  une 
série  de  concerts,   et,  une  fois   arrivé  à  Paris, 
entra   à   l'orchestre  du   ïhéAtre-Italien  par    la 
protection   de  Uossini.  Après  quelques  années, 
en  18:55,  il  était  de  retour  à  Florence,  qu'il  ne 
quitta  plus,  et  s'y  livra  complètement  à  rensei- 
gnement,  formant  de  nombreux  et   excellents 
élèves,  tout  en  continuant  de  faire  admuer  son 
admirable   talent  toutes  les   fois  qu'il    se  pro- 
duisait en  public. 

MAIICIISSEN    ( ),    facteur    d'orgues, 

associé,  je  crois,  à  M.  Reuter,  était  avec  celui- 
ci  le  chef  de  la  maison  la  plus  importante  en 
ce  genre  de  tout  le  Danemark,  il  y  a  une  tren- 
taine d'années.  Ces  deux  artistes  distingués  ont 
apporté  d'heureuses  et  utiles  améliorations  dans 
la  fal)rir,ation  des  orgues. 

.^lAIll'XIlAL  (CnviiLES-HEMu),  composi- 


teur, est  né  à  Paris  le  22  janvier  1842.  Il  se  fit 
recevoir  au  Conservatoire  seulement  en  186G, 
et  entra  dans  la  classe  d'orgue  de  M.  Benoist  et 
dans  la  classe  decom|)Osition  de  M.  \ictor  Massé. 
Je  ne  crois  pas  qu'il  ail  pris  part  aux  concours 
de  1  école  ;  tout  au  moins  n'y   obtint-il  aucune 
récompense;   mais  s'étant  présenté  en   1870  au 
concours   de   l'Institut,  il  y   remporta  d'emblée 
le  premier  grand  prix  de  Rome,   conjointement 
avec  M.  Cliarles  Lefebvre  {Voyez-  ce  nom).  En 
187;j,  à  la  séance  d'audition  des  envois  de  Rome, 
on  exécuta  au  Conservatoire  des  fragments  de 
la  ISativité,  drame  sacré  écrit  par  M.  Marécbal 
sur  un  poème  de  M.  Cicile,  et  dont  divers  autres 
fragments  avaient  été   précédemment  entendus 
dans  les  séances  de  la  Société  nationale  de  mu- 
sique. Depuis  lors,  M.  Maréchal  a  donné  à  l'O- 
péra-Cornique  (8  mai  1876)  un  petit  ouvrage  en 
un  acte,  les  Amoureux  de  Catherine,  qu'on  a 
trouvé  empicint  d'une  grâce  touchante  et  d'un 
bon  sentiment   mélodique.    Presque   en   même 
temps  il  écrivait  pour  une  comédie  de  MM.  Erck- 
mann  et  Chatrian,  l'Ami  Friiz,  représentée  à  la 
Comédie-Française,  deux   morceaux   dont  l'un 
sintout,  une  chanson  avec   chœur,  produisait 
un  heureux  effet.  M.  Maréchal  a  rempli  un  ins- 
tant, eu  1S67,  les  fonctions  de  chef  des  chœurs 
au  Théâtre-Lyrique. 

MAREIVCO  (RoMUALDo),  compositeur  dra- 
matique italien,  s'est  fait  connaître  par  la  musique 
de  plusieurs  ballets  dont  voici  les  titres  :  1°  i  Sciti 
Peccaii  capUalt;  2"  Bianca  di  Nevers,  repré- 
senté à  la  Scala,  de  Milan;  3°  Armide,  joué  au 
Polileama,  deNaples,  au  mois  de  Mai  1873;  4° 
le  Foliie  del  Carnevale,  écrit  en  société  avec 
MM.  Levi  et  Casiragiii  et  donné  au  théâtre  Dal 
'Verme,  de  Milan,  le  20  janvier  1877  ;  5°  Erman- 
zia,  joué  au  théâtre  San-Carlo,  de  Naples,  en 
mars  1877;  6°  Balilla,  représenté  à  Gènes  au 
mois  d'avril  de  la  même  année;  T  Sieba,  donné 
à  Turin  au  mois  de  janvier  1878.  M.  Marenco 
est  aussi  l'auteur  d'un  drame  lyrique  en  quatre 
actes,  Lorenzino  dé'  Medici,  représenté  le  l"^"" 
décembre  1874  sur  le  théâtre  de  Lodi,  et  qiù  a 
été  l)icn  accueilli  par  le  public.  Cet  artiste  a 
publié  un  certain  nombre  de  morceaux  de 
musique  de  danse  pour  le  piano,  il  était,  en 
1873,  chef  d'orcbestre  pour  le  ballet  au  théâtre 
de  la  Scala,  de  Milan. 

*  MAIIENZIO  (LiJCA),  illustre  compositeur 
italien  du  seizième  siècle.  —  M.  le  docteur  Ra- 
sevi,  de  Florence,  m'a  signalé  une  edilion  du 
premier  livre  de  madrigaux  de  cet  artiste  qui 
est  restée  inconnue  à  l'V'tis,  et  dont  voici  le  titre  : 
Di  Luca  Marenzio  madrigali  ù  4,  :•  et  G  voci 
I  iibro  primo,  novamenle  composte  et  date  in 


MARENZIO  —  MARIANI 


167 


luce.  In  Venetia,  pressa  Giacomo  Vincenzi , 
1588.  Dans  !a  dédicace,  adressée  au  comte  Mario 
Bevilacqua,  Marenzio  dit  qu'il  a  composé  ces 
madri!»au\  con  maniera  assai différente  dalla 
passaia,  havendo,  et  per  l'imitatione  délie 
imrole,  et  per  la  proprietà  dello  stile,  atteso 
(diro  cosi)  a  una  mesia  gravita. 

J\lAIiESCALCHI  (F ),  musicien  ita- 
lien contemporain,  s'est  fait  connaître  par  la  pu- 
blication d'un  assez  grand  nombre  d'albums  de 
mélodies  vocales,  parmi  lesquels  je  citerai  :  Alla 
giovine  Italia  (12  pièces),  Cosetle  del  Core 
(4  chants  dans  le  style  populaire),  un  Fiore  a 
Bellini  (tî  pièces),  etc. 

^MARESSE  (Lotis).  —  On  a  de  ce 
compositeur  un  petit  opéra-cornique  en  un  acte, 
les  Projets  de  sagesse,  représenté  au  Gymnase  le 
20  février  1821.  L'auteur  des  paroles  de  cet  ou- 
vrage était  Mélesville,  et  tous  deux  en  écrivirent 
la  musique  en  collaboration. 

*MARIA  (D.  Caklos  DE  JESUS).  — 
Fétis  n'a  pas  connu  la  première  édition  du  traité 
de  cet  auteur  sur  le  plain-chant  ;  il  n'a  même  pas 
donné  exactement  le  titre  de  la  seconde,  que 
voici  :  Résuma  das  regras  geraes  mais  impor- 
tantes e  necessarias  para  a  boa  intelUgencia 
do  Cantocfido,  etc.,  Coimbre,  1726,  in-4''  de 
47  pp.  La  deuxième  édition  porte  le  même  titre; 
l'auteur  y  ajoute  seulement  :  Dada  novamente 
ao  prelo  corn  varias  accrescentamentas  que 
vane  notados  com  este  signal  :  *Coimbre,  1741, 
in-4°de  11-92  pp.  et  index.  L'auteur  a  publié  son 
traité  sous  le  pseudonyme  :  P.  Luis  du  Maria 
Crcessé'r. 

J.    DE    V. 

MARIA  (D.  JoÀo  DE  SANTA-),  prêtre 
portugais,  chanoine  de  l'église  de  S.  Vicenle  de 
Fora,  né  à  Terena  (Extremoz),  mort  à  Grijo  en 
1654,  écrivit  sur  le  plain-chanl  trois  livres  qu'il 
dédia  au  roiD.  Jean  IV,  et  qui  existaient  dans  la 
IMbliotlièque  de  ce  prince.  Ces  trois  livres  ne 
formaient  probablement  qu'un  seul  ouvrage,  di- 
visé en  trois  parties. 

J.   DE   V. 

MARIA  (Le  P.  Francisco  DE  SANTA), 
religieux  franciscain  portugais,  né  à  Barcellos, 
exerça  la  charge  de  vigario  de  côro  dans  le 
couvent  de  Jésus,  à  Lisbonne,  et  mourut  à  Coim- 
bre en  1721.  Il  composait,  et  ses  compositions 
existaient  encore  en  1833  dans  son  couvent,  qui 
fut'supprimé  avec  tous  les  autres  en  1834.  Le 
couvent  de  Jésus  fut  donné  à  l'Académie  royale 
des  sciences,  qui  y  est  encore  installée. 

J.  DE  V. 

MARIANI  (Angelo),  compositeur  et  le  plus 
fameux  chef  d'orchestre  de  l'Italie  contempo- 


raine, est  né  à  Ravenne  le  11  octobre  1822,  et 
mort  à  Gênes  le  13  juin  18  73.  Cet  artiste  extrê- 
mement distingué,  dont  la  renommée  comme 
chef  d'orchestre  fut  exceptionnelle,  était  lils 
d'honnêtes  bourgeois  de  Ravenne,  et  avait  fait 
son  éducation  musicale  sous  la  direction  de  njaî- 
Ires  obscurs.  Il  eut  pour  professeur  de  violon  un 
nommé  Pietro  Casolini,  et  fit  ses  études  de  con- 
trepoint et  d'harmonie  avec  un  moine,  le  père 
Livrini,  théoricien  habile.  A  dix-huit  ans,  ne 
jouant  que  du  violon  et  du  piano,  il  accepta,  à  Sant' 
Agata,  l'emploi  de  chef  d'une  bande  musicale, 
et  se  mit  à  étudier  le  mécanisme  des  instru- 
ments à  vent.  Peu  après  il  parcourut,  comme 
simple  musicien  d'orchestre,  différentes  villes 
des  Romagnes,  puis  se  rendit  à  Bologne,  où 
Rossini,  alors  directeur  du  Lycée  musical,  lit 
exécuter  une  ouverture  de  sa  composition  et  lui 
adressa  des  éloges  à  ce  sujet.  Ce  fut  alors  que 
Mariani  se  mit  à  étudier  les  œuvres  classiques 
de  toutes  les  écoles,  et  que,  sur  les  conseils  de 
Rossini,  il  mit  en  partition  les  quatuors  et  les  sym- 
phonies de  Mozart  et  de  Beethoven,  travail  ex- 
cellent qui  meuble  merveilleusement  la  mémoire 
et  forme  le  vrai  musicien. 

Mariani  fit  ses  débuts  de  chef  d'orchestre  en 
1844,  à  Messine,  en  dirigeant  l'exécution  de  la 
Saffo  de  Pacini,  puis  il  remplit  ces  fonctions  à 
Milan  et  à  Vicence.  Ses  premiers  pas  annonçaient 
un  artiste  très-habile  en  ce  genre,  et  en  1847  il 
était  appelé  à  diriger  l'orchestre  du  théâtre  de  la 
cour,  à  Copenhague,  oii  il  écrivit  une  messe  de 
Requiem  |)our  les  funérailles  du  roi  Christian 
VIII.  Comme  tous  les  Italiens,  Mariani  était  un 
chaud  patriote  :  à  la  première  nouvelle  des  évé- 
nements de  1848,  il  abandonne  la  brillante  situa- 
tion qu'il  occupait  en  Danemark,  accourt  à 
Milan,  s'engage  comme  volontaire,  et  fait  toute 
la  campagne.  La  guerre  terminée,  il  part  pour 
Constantinople,  où  le  sultan  le  prend  en  affec- 
tion, et  où  il  fait  exécuter,  outre  un  hymne  en 
l'honneur  de  ce  souverain,  deux  grandes  canta- 
tes :  la  Fidanzata  del  guerriero  et  gli  Esull. 

Enlin,  en  1852,  Mariani  est  chargé  de  ladirection 
de  l'orchestre  du  théâtre  Carlo-Felice,  à  Gênes, 
et  c'est  de  cette  époque  surtout  que  commence 
sa  grande  renommée.  Quelques  années  après, 
son  talent  exceptionnel  le  faisait  attacher,  en  la 
même  qualité,  au  théâtre  communal  de  Bologne, 
l'un  des  cinq  ou  six  premiers  de  l'Italie,  et  il  sut 
conserver  à  ce  magnifique  établissement  son  an- 
cienne supériorité.  Sa  renommée  ne  fit  qu'y 
grandir,  à  ce  point  que  les  Italiens,  avec  leur  em- 
phase habituelle,  le  surnommèrent  le  Garibaldi 
de  l'orchestre.  Voici  comme  un  de  ses  confrères, 
le  compositeur  Alberto  Mazzucalo,  devenu  plus 


168 


MARIANI  —  MARIN 


tard  (lirecteuidii  Conservatoire  de  Milan,  et  alors 
chef  d'orrhestre  du  fhé;Ure  (le  la  "Scala,  appré- 
ciait le  talent  de  cet  artiste;  ces  lignes  enthou- 
siastes sont  extraites  d'un  journal  italien,  l'Eit- 
terpe,  du  23  septcmlire  186!»  : 

«  Directeur  d'orchestre!  —  Mais  quand  on  a 
prononcé  ces  deux  froides  paroles,  nul  ne  se 
doute  de  ce  qu'est  Mariani,  parce  qu'il  est  vrai- 
nieni  ce  que  doit  être  le  véritahle  interprète  des 
compositeurs  :  ingénu  avec  Paisiello  etCirnarosa, 
idéal  [immaginoso)  avec  Mozart  et  Rossini,  élé- 
giaque  et  passionné  avec  Gounod  et  Bellini,  ar- 
dent et  dramatique  avec  Verdi  et  Meyerbeer.  Nul 
plus  que  le  célèbre  violoniste  et  compositeur  ra- 
vennais  n'a  su  s'identifier  plus  intimement,  plus 
parfaitement,  avec  tous  les  genres  de  musique, 
avec  tous  les  styles,  avec  tous  les  créateurs  de 
mélodies  et  d'harmonies  ;  à  tel  point  que,  quand 
il  se  fait  leur  interprète,  on  dirait  que  ces  chants 
suaves  ou  volcaniques,  que  ces  harmonies  ou 
simples,  ou  sévères,  ou  idéales,  que  ces  combi- 
naisons instrumentales  légères,  brillantes,  im- 
pétueuses, formidables,  austères,  vagues,  mys- 
tiques, sont  siennes,  et  partent  toutes  de  lui. 

«  Cen'estpastout.  Non-seulement  il  s'assimile 
le  compositeur  de  façon  à  en  reproduire,  à  en 
photographier  l'imagination,  l'Ame,  l'esprit,  l'i- 
déalité, le  génie  ;  mais  cette  âme,  cet  esprit,  il 
les  surpasse  même  parfois  :  il  va  plus  loin,  et  là 
où  l'interprétation  simple  ou  ne  suffit  pas,  ou 
laisse  la  voie  ouverte  à  diverses  manières,  ou 
donne  lieu  à  hésitations,  il  la  devine  et  la  trouve; 
et  chaque  fois  sa  divination  est  un  miracle,  qui 
se  traduit  pourtant  en  un  prodige  d'effets.  Et 
ceux  que  nous  appelons  chanteurs,  que  nous 
appelons  musiciens  d'orchestre  {siionaior\),  ma- 
gnétisés et  conquis  par  l'efficacité  démesurée  d'in- 
tuition d'un  tel  génie,  sont  |>lus  que  d'obéissants 
et  valeureux  soldats  guidés  par  un  grand  capi- 
taine-, ils  sont  autant  d'émanations  de  lui-même, 
ils  sont  les  ramifications  nerveuses  de  cette  phé- 
noménale intelligence,  ils  sont  les  mouvements 
immédiats  de  sa  volonlr',  qui  pourtant,  dans  leur 
immense  variété,  la  révèlent  non-seulement  une, 
mais  si  puissante  et  si  inébranlable  que  non-seu- 
lement tout  obstacle  s'efface  et  disparaît  devant 
elle,  mais  même  qu'on  n'en  soupçonne  aucun  et 
qu'on  ne  su|ti>ose  |ioint  qu'il  en  puisse  exis- 
ter. )i 

Si  l'on  veut  liien  faire  la  part  de  l'exagération 
toute  méridionale  de  ce  jugement,  on  conviendra 
néanmoins  que  de  tels  éloges,  surtout  venant  d'un 
conirère,  ne  pouvaient  s'adresser  à  un  artiste  or- 
dinaire. Mariani  s'était  fait  d'ailleurs  une  renom- 
mée européenne,  et  il  n'est  que  juste  de  dire  que 
c'était  un  artiste  hors  ligne.  Il  dominait,  de  toute 


la  hauteur  de  son  talent  exceptionnel  et  de  son 
immense  réputation,  la  notoriété  cependant  légi- 
time de  ses  confrères  italiens  les  plus  experts, 
les  Mazzucato,  les  Nicolo  de  Giosa,  les  Franco 
Faccio,  les  FrancescoPollini  et  autres.  11  avait  mis 
le  comble  à  sa  renommée  par  les  soins  et  l'expé- 
rience qu'il  avait  apportés,  dans  ses  dernières 
années,  à  l'exécution  de  plusieurs  ouvrages  parti- 
culièrement importants  et  difficiles  el  d'une  nature 
singulièrement  dissemblable  :  l'Africaine,  de 
Meyerbeer,  ^i(/a  et  Don  Carlos,  de  Verdi,  enfin 
Lohengrin  et  Tanniumser,  de  M.  Richard  Wa- 
gner. Le  Lohengrin  fut  monté  par  lui  avec  neuf 
répétitions  d'orchestre  seulement,  ce  qui  est  un 
véritable  tour  de  force. 

Dans  les  premiers  mois  de  1873,  Mariani  venait 
(l'être  réengagé  au  théâtre  Carlo-Felice,  où  il 
rfevait  diriger  prochainement  l'exécution  de  la 
Perle  du  Brésil,  de  Félicien  David,  qu'on 
venait  de  traduire  en  italien.  C'est  précisément 
à  Gênes  qu'il  est  mort,  le  13  juin,  à  huit  heures 
du  soir,  après  une  assez  longue  et  très-cruelle 
maladie. 

Comme  compositeur,  et  outre  les  ouvrages 
qui  ont  été  cités  plus  haut,  Mariani  a  publié  un 
certain  nombre  de  recueils  de  chant,  parmi  les- 
quels on  signale  surtout  les  suivants  :  Rimem- 
branze  del  Bosforo;  il  Trovaiore  nella  Ligu- 
ria  ;  Il  Colle  di  Carignano,  recueil  de  8  mélo- 
dies ;  Album  vocale  (dédié  à  Massimo  d'Azeglio)  ; 
Rimembranze  di  Arenzano,  6  pièces  romanti- 
ques; Liete  e  triste  Rimembranze  ;  Otto  Pez- 
zi  vocali  ;  N710V0  Album  vocale,  etc.,  etc. 
C'est  Angelo  Mariani  qui  eut,  en  1864,  la  di- 
rection musicale  des  grandes  fêtes  célébrées  à 
Pcsaro  en  l'honneur  de  Rossini. 

MAR1GNA3J  (DE),  comédien  qui  vivait  au 
dix-huitième  siècle,  est  l'auteur  d'une  brochure 
ainsi  intitulée  :  Éclaircissements  donnés  à  fau- 
teur du  "Journal  encyclopédique  »  sur  la  mu- 
sique du  «  Devin  du  Village  »  (Paris,  Duche.snc, 
1781,  in-8").  Dans  cette  brochure,  écrite  avec  un 
accent  de  sincérité  convaincue,rauteur  prend  avec 
vivacité  la  défense  de  Jean-Jacques  Rousseau, 
qu'on  avaitaccusé  de  s'être  approprié  la  musique 
du  Devin  du  Village,  qui  aurait  été  écrite  par  un 
autre  que  lui.  FI  donne  d'ailleurs,  à  ce  sujot, 
des  raisons  qui  paraissent  prohantes,  et  cette 
question,  repri.se  de  nos  jours  par  Castil-Blazc 
avec  un  acharnement  qu'on  a  peine  à  s'expliquer, 
semble  bien  résolue  lorsqu'on  a  lu  l'écrit,  d'ail- 
leurs fort  rare  et  presque  inconnu,  dont  il  est  ici 
parlé.  {Voijez  Granier  et  Grenet.) 

*MARIl\(FiîAxçois-Loiis-Ci.,uDEÎ\lAHI\l 
dit). —  Cet  écrivain  avait  été  d'abord  musicien, 
et  avait  rempli  les  fonctions  d'organiste  àlaCiotat, 


MARIN  —  MARIO 


169 


sa  ville  natale.  Je  ne  rappelle  ici  son  nom  que  pour 
citer  un  passage  d'un  pamphlet  de  Beaumarchais 
dans  lequel  sont  remis  en  lumière  ces  commen- 
cements de;  sa  carrière.  Lorsqu'en  1771  Marin 
fut  appelé  à  la  rédaction  en  chef  de  la  Gazette  de 
France,  ce  choi.v  fut  l'objet  de  critiques  très- 
vives  de  la  part  de  certains  hommes  de  lettres, 
dont  Marin  s'était  fait  des  ennemis  en  qualité  de 
censeur  de  la  police.  Beaumarchais  se  distingua 
entre  tous  par  son  animosité,  et  publia  à  ce  su- 
jet un  mémoire  dans  lequel,  après  l'avoir  montré 
gagiste  à  la  Ciotat,  où  il  touchait  de  l'orgue,  il 
ajoute  :  —  «  Il  quitte  la  jaquette  et  les  galoches, 
et  ne  fait  qu'un  saut  de  l'orgue  au  professorat,  à 
la  censure,  au  secrétariat,  enfin  à  la  gazelle.  Et 
voilà  mon  Marin  les  bras  retroussés  jusques  aux 
coudes  et  péchant  le  mal  en  eau  trouble;  il  en 
dit  hautement  tant  qu'il  veut,  il  en  fait  sourde- 
ment tant  qu'il  peut.  Censure,  gazettes  étran- 
gères, nouvelles  à  la  main,  à  la  bouche,  à  la  presse, 
journaux,  petites  feuilles,  lettres  courantes,  fa- 
briquées, supposées,  distribuées,  etc.,  tout  est  à 
son  usage.  Écrivain  éloquent,  conteur  habile, 
gazetier  véridique,  journalier  de  pamphlets,  s'il 
marche,  il  rampe  comme  un  serpent ,  s'il  s'élève, 
il  tombe  comme  un  crapaud.  Enfin,  se  traînant, 
gravissant,  et  par  sauts  et  par  bonds,  il  a  tant 
fait  par  ses  journées,  que  nous  avons  vu  de  nos 
jours  le  corsaire  aller  à  Versailles  tiré  à  quatre 
chevaux  sur  la  route,  portant  pour  armoiries, 
aux  panneaux  de  son  carrosse,  dans  un  cartel  en 
forme  de  buffet  d'orgues,  une  Renommée  en  champ 
de  gueules,  les  ailes  coupées,  la  tête  en  bas,  ra- 
clant de  la  trompette  marine,  et  pour  support 
une  figure  dégoûtée,  représentant  l'Europe  :  le 
tout  embrassé  d'une  soulanelle  doublée  de  ga- 
lettes, et  surmonté  d'un  bonnet  carré,  avec  cette 
légende  à  la  houpe  :  Ques-à-co?  Marin  (I).  » 
*  MARII\ELLI  (Gaetano).  -  Au  sujet  de 
cet  artiste,  M.  Joaquimde  Vasconcellos  me  com- 
munique obligeamment  la  note  suivante  :  «  A 
ce  que  Fétis  dit  de  Marinelli,  il  faut  ajouter  que 
ce  compositeur  se  trouvait,  avant  1790,  à  Ma- 
drid, où  il  donna  des  leçons  de  chant  à  un  artiste 
de  talent,  Lourença  Correa  (2);  en  1817  il  était 


(i)  On  sait  que  Qiies-à-co  ?  est  une  locution  proven- 
çale qui  signifle  :  ><  Qu'est-ce  que  cela  ?  w  Marin  se  servait 
à  tout  propos  de  cette  expression,  qu'il  avait  rapportée 
de  son  pays.  On  raconte  qu'elle  plut  beaucoup  à  la  Oau- 
pliine,  lorsqu'elle lutle  mémoire  de  Beaumarchais,  qu'elle 
l'adopta  et  la  répétait  atout  propos, si  bien  qu'elle  devint 
un  quolibet  de  cour  et  courut  Paris  et  Versailles.  Une  mar- 
chande démodes,  profitant  de  la  circonstance,  imagina 
de  répandre  une  coiffure  à  laquelle  elle  donnait  le  nom 
de  qiiesaco  et  qui  obtint  un  succès  de  vogue. 

{l)  y.  Os  Musicos porturjuezcs,  par  Joaquim  de  Vas- 
concellos, T.  I,  p.  57, 


à  Lisbonne,  où  il  composait  une  cantate  pour  le 
mariage  du  prince  royal  D.  Pedro,  cantate  qui 
fut  chantée  au  théâtre  royal  de  l'Opéra  (San 
Carlos).  Marinelli  était  vers  1820  à  Porto,  où  il 
donnait  des  leçons  de  musique.  » 

A  la  liste  des  ouvrages  dramatiques  de  ce 
compositeur,  il  faut  ajouter  les  suivants  : 
1°  l'Intéresse  gabba  tutti,  Florence,  1795; 
2"  Issipile,  Venise,  théâtre  de  la  Feniee,  automne 
1796;  3°  Il  due  FratbUi  Castracani,  Padoue, 
1798;  ^"  la  Morte  di  Cleoputra,  Venise,  théâtre 
de  la  Feniee,  1800. 

MAIUIVI   ( ).     Un    artiste   de  ce    nom, 

resté  d'ailleurs  absolument  obscur,  a  écrit  la 
musique  d'un  opéra-comique  en  un  acte,  Duval 
ou  une  Erreur  de  jeunesse,  qui  fut  représenté 
à  l'Ambigu-Comique,  de  Paris,  en  1800. 

MARINI  (IcNAZio),  chanteur  italien,  naquit 
à  Bergame  vers  1815.  Son  père  voulait  lui  faire 
suivre  la  carrière  ecclésiastique,  mais  il  préféra 
se  consacrer  au  théâtre.  Doué  d'une  voix  de 
basse  profonde  extrêmement  puissante,  ainsi 
que  d'une  stature  colossale,  il  offrait,  dit-on,  sur 
la  scène,  un  type  d'une  majestueuse  beauté.  Il 
débuta  fort  jeune  à  Brescia,  obtint  beaucoup  de 
succès,  et  fut  bientôt  engagé  au  théâtre  de  la 
Scala,  où  il  resta  plusieurs  années  et  où  il  se  fit 
une  grande  réputation.  Chanteur  remarquable 
aussi  bien  dans  le  genre  tragique  que  dans  le 
genre  bouffe,  il  se  faisait  surtout  applaudir  dans 
Mosè  et  dans  VltaUana  in  Algeri.  C'est  pour 
lui  que  M.  Verdi  écrivit  le  rôle  principal  à'  Attila. 
Après  avoir  fait  un  assez  long  voyage  en  Améri- 
que, il  revint  à  Milan,  et  remporta  un  véritable 
triomphe,  au  théâtre  de  la  Canobbiana,  en  se 
montrant  dans  le  rôle  de  Marcel  des  Huguenots, 
où  à  ses  qualités  bien  connues  de  chanteur  il  joi- 
gnit un  talent  de  comédien  qu'il  n'avait  jamais 
à  ce  point  déployé.  Marini  a  appartenu  au  théâtre 
impérial  de  Saint-Pétersbourg,  et  en  1800  il 
chantait  sur  celui  de  Barcelone.  Il  est  mort  à  Mi- 
lan le  29  avril  1873. 

*  MARIO  (GiusErPE), comte  DE  CAMDIA, 
célèbre  ténor  italien,  n'est  pas  né  à  Gênes,  comme 
on  l'a  dit,  non  plus  qu'à  Turin.  La  Gazzcita  mu- 
sicale (de  Milan)  du  7  octobre  1877  le  déclarait 
formellement  en  ces  termes  :  «  La  patrie  du  cé- 
lèbre ténor  Giuseppe  Mario  est  Cagliari,  et  non 
Turin,  comme  le  voudrait  le  Dizionario  de 
Regli.  »  Dans  une  lettre  publiée  au  mois  de  sep- 
tembre 1807  par  un  grand  nombre  de  journaux 
français,  M.  Mario  donnait  les  détails  suivants 
sur  sa  carrière  :  —  «  J'ai  fait  ma  première  ap- 
parition à  Paris  en  décembre  1838,  dans  Robcrt- 
le-Diable,  sur  le  théâtre  de  l'Opéra.  Là,  j'ai 
passé  deux  ans  et  demi,  et  j'ai  chanté  le  Comte 


170 


MARIO  —  MARIOÏTI 


Ory,  le  Drapier  et  autres  ouvrages.  En  1840,  1 
M.  Atiii.Klo  nie  lit  f  lianlcr  VEUsire  iVamore,  au  i 

Théâtre-Italien Vax  l'ait,  ma  carrière  n'a  coni- 

niencé  qu'en  1842,  àDiii)lin,  où  j'ai  chanté  avec 
Tamhurini,  Grisi  et  Lablache,  sous  la  direction 
(le  .1.  Benedict.  Ensuite,  je  revins  à  Paris  et  j'y 
chantai  le  répertoire  de  Rubini,  ce  qui  ne  fut 
pas  une  petite  fortune  pour  moi.  Finalement, 
ma  vie  se  passait  rapidement,  allant  de  Paris  à 
Londres  à  chaque  saison,  et  rencontrant  partout 
le  plus  aimable  accueil.  Dans  l'hiver  de  1849, 
pour  la  première  fois,  je  m'en  allai  en  Russie, 
et  en  1854  en  Amérique.  Londres  et  Paris  sont 
encore  les  deux  villes  dont  j'ai  gardé  les  plus 
doux  souvenirs,  sans  oublier  pourtant  Dublin, 
cil  j'ai  reçu  les  plus  chaleureux  encouragements. 
Etrange  à  dire,  jamais  je  n'ai  chanté  en  Italie.  » 

A  la  fin  de  1862,  M.  Mario,  par  un  caprice 
sans  doute,  eut  la  singulière  idée  de  se  présenter 
de  nouveau  sur  la  scène  de  l'Opéra,  abandonnée 
par  lui  depuis  plus  de  vingt  ans,  et  s'y  montra 
dans  le  rôle  de  Raoul  des  Huguenots.  La  tenta- 
tive ne  fut  pas  heureuse,  et  il  ne  la  renouvela 
pas,  s'empressant  de  rentrer  au  Théâtre-Italien. 
Depuis  quelques  années  il  a  quitté  définitivement 
une  carrière  qui  avait  été  pour  lui  très-brillante, 
et  l'on  assure  qu'aujourd'hui  il  occupe  un  emploi 
important  dans  l'administration  des  beaux-arts  à 
Rome. 

Un  écrivain  italien,  Francesco  Regli,  affirme, 
dans  son  Dizionario  biografico,  que  M.  Mario, 
destiné  d'abord  à  l'état  militaire,  était  entré  en 
1830,  avec  le  grade  d'officier,  dans  le  régiment 
des  chasseurs  sardes,  alors  en  garnison  à  Gênes. 
Exilé  à  Cagliari  pour  un  méfait  de  jeunesse,  il 
aurait  donné  sa  démission,  qui  n'aurait  pas  été 
acceptée,  et  se  serait  alors  réfugié  à  Paris,  où  il 
fit  apprécier  dans  les  salons  son  adorable  voix 
de  ténor.  C'est  alors  que,  selon  le  même  écri- 
vain, un  engagement  lui  aurait  été  proposé  à 
ropéra,  à  raison  de  1,500  francs  par  mois.  Mais 
le  jeune  dilettante  n'était  pas  en  état  de  se  pré- 
.sentcr  sur  une  scène  de  cette  importance.  Tout 
en  acceptant  le  traité  qui  lui  était  offert,  il  se 
plaça,  ()our  faire  des  étiules  sérieuses,  .sous  la 
direction  de  Ponchard  et  de  Bordogni,  et  après 
deux  ans  de  travail  songea  enfin  à  effectuer  ses 
débuts,  qui  eurent  lieu  dans  Robert-le- Diable, 
non  le  2  décembre  1838,  comme  le  dit  Regli, 
mais  le  :!0  novembre  précédent.  Après  être  resté 
quelque  temps  à  l'Opéra,  où  d'ailleurs  il  avait 
été  bien  accueilli  et  où  il  avait  adopté  le  pseudo- 
nyme de  Mario,  le  jeune  chanteur,  dont  la  voix 
et  le  talent  convenaient  mieux  au  répcirloire 
italien  qu'au  répertoire  français,  fut  engagé  au 
Théâtre-Italien,  où  il  fit  de  brillants  débuts.  On 


a  vu  plus  haut,  d'après  M.  Mario  lui-même,  de 
quelle  façon  se  continua  sa  carrière  jusqu'au  jour 
où  il  eut  la  fâcheuse  pensée  de  reparaître  sur  la 
scène  de  l'Opéra. 

Pendant  les  vingt-six  ou  vingt-huit  années 
qu'il  passa  à  notre  Théâtre-Italien,  M.  Mario  ne 
cessa  d'y  obtenir  d'incontestables  et  légitimes 
succès.  Les  ouvrages  qui  constituaient  son  ré- 
pertoire étaient  Trancredi,  In  Gazza  ladra,  il 
Barbiere,  Mosè,  Maiilde  di  Sabran,  la  Cène- 
rentola,  de  Rossini  ;  Liicia  di  Lamennoor, 
Lucrezia  Borgio,  Poliuto,  Anyia  Bolena,  VEU- 
sire d'Amore,  Don  Pasquale,  de  Donizetti  ; 
la  Sonnambula,  il  Pirata,  Norma,  i  Pnritani, 
la  Straniera,  de  Bellini  ;  Don  Giovanni,  de 
Mozart,  etc.  Dans  la  seconde  partie  de  sa  car- 
rière, il  dut  un  regain  de  succès  aux  opéras  de 
M.  Verdi  :  Ernani,  i  Lombardi,  la  Traviala, 
Rigoletfo,  il  Trovatorc.  Mais  les  premières 
années  de  M.  .Mario  furent  assurément  les  plus 
brillantes,  alors  qu'il  se  faisait  entendre  en  com- 
pagnie de  ces  artistes  à  jamais  illustres  qui  s'ap- 
pelaient Tamhurini,  Lablache,  M™"  Persiani, 
Sontag  et  Giulia  Grisi.  11  devint  plus  tard  l'époux 
de  cette  dernière  et  célèbre  cantatrice.  A  la  fin 
de  1869,  M.  Mario  tenait  encore  à  Saint-Péters- 
bourg l'emploi  des  premiers  ténors;  mais  sa 
voix  était  alors  bien  affaiblie,  et  il  n'était  plus 
que  l'ombre  de  lui-même.  C'est  vers  cette  époque 
qu'il  se  décida  à  renoncer  définitivement  à  une 
carrière  qui  avait  duré  pour  lui  plus  de  trente 
ans. 

I\IARIOTTl  (Olimpo),  compositeur,  né  à 
Florence  le  11  juin  1813,  est  mort  en  cette  ville 
le29  juillet  1868.  D'abord  professeur  dechant,  et 
comme  tel  attaché  aux  écoles  musicales  de  sa 
ville  natale,  dont  il  fut  ensuite  l'inspecteur,  il 
devint,  en  1860,  secrétaire  de  l'Institut  musical. 
On  doit  à  cet  artiste,  outre  une  sorte  d'opérette 
'miAnXé^AaCasa  disabUala,  un  oratorio,  Giuda 
Maccubeo,  exécuté  vers  1860,  plusieurs  canta- 
tes, et  un  certain  nombre  de  compositions  reli- 
gieuses. 

MA14IOTTI  (CoiiiNNo),  compositeur,  profes- 
seur et  écrivain  musical,  était  né  à  Parme  le  4  sep- 
tembre 1827.  Il  commença  l'étude  de  la  musique 
avec  Alinori.  et  eut  ensuite  Marcello  pour  profes- 
seur de  contrepoint  et  de  composition.  S'étant 
fixé  à  Turin,  il  s'y  livra  à  l'enseignement,  et  s'oc- 
cupa surtout  avec  ardeur  de  po|)ulariser  l'étude 
et  la  pratique  du  chant  choral,  principalement 
dans  les  classes  laborieuses.  Il  écrivit  et  publia 
à  ce  sujet  plusieurs  recueils  de  chants  populaires 
à  une  i»u  plusieurs  voix,  avec  accompagnement 
de  piano  :  Tesoretto  melodico,  Braccioe  Ciiore, 
Priiiiizie  meloginniche.  On  doit  aussi  à  cet 


MARIOTTI  —  MARK 


171 


arlisle,  outre  quelques  romances  et  des  airs  de 
clause,  outre  un  recueil  de  sept  cluint  nationaux, 
intitulé  il  Canzoniere  nationale  (écrits  sur  des 
pièces  de  vers  des  meilleurs  poètes  italiens  et 
parmi  lesquels  on  cite  surtout  il  Tamburo  di 
JSornra  et  /  Tre  Colori),  la  musique  de  trois 
opei«>ttes  sans  conséquence  qui  furent  représen- 
tées à  Turin  :  i  Distratti,  l'Oca  (1876)  et  la  Ba- 
(racomiomachia.  Mariotti  s'occupa  aussi  de 
critique  musicale,  et  publia  de  nombreux  arti- 
cles non-seulement  dans  des  feuilles  spéciales, 
telles  que  il  Pirata,  la  Gazzetla  musicale, 
il  Trovalore,  mais  aussi  dans  plusieurs  journaux 
politiques  de  Turin  :  l'Espero,  la  Gazzetla  di 
Torino,  il  Conte  di  Cavoiir,  et  la  Nuova  To- 
rino.  Coiinno  Mariotti  mourut  en  cette  ville,  le 
3  août  1876. 

MARIUS  ( ),  facteur  <le  clavecins,  vi- 
vait à  Paris  à  la  (in  du  dix-septième  et  au  com- 
mencement du  dix-huitième  siècle.  On  trouve 
dans  le  tome  F'  du  recueil  ainsi  intitulé  :  Ma- 
chines et  inventions  approuvées  par  V Acadé- 
mie royale  des  sciences,  le  modèle  et  la  des- 
cription dun  clavecin  brisé  dû  à  son  invention, 
et  ([ui,  se  pliant  en  deux  au  moyen  de  charniè- 
res, était  d'un  transport  plus  facile  que  les  cla- 
vecins ordinaires.  Mais  là  n'est  pas  ce  qui  a  at- 
tiré l'attention  sur  le  nom  de  Marins.  Dans  le 
recueil  qui  vient  d'être  cité  (t.  III,  depuis  1713 
jusqu'en  17i9j,  cet  artiste  a  donné,  à  la  date  de 
17 IC,  la  description  et  le  modèle  gravé  de  trois 
clavecins  «  à  maillets  »  inventés  par  lui,  et  qui 
étaient  un  acheminement  direct  vers  la  transfor- 
mation que  le  clavecin  a  subie  pour  devenir  le 
piano  moderne.  Voilà  lonnjfemps  que  l'on  dispute 
sur  ce  sujet,  que  l'on  discute  pour  savoir  quel 
est  le  premier  auteur  de  cette  transformation,  et 
que  l'on  met  en  avant  les  noms  de  Marins  pour 
la  France,  de  Cristofori  pour  l'Italie,  et  de  Schrœ- 
ter  pour  l'Allemangne.  Tout  doute  doit  être,  je 
crois,  dissipé  maintenant,  grâce  aux  nouveaux 
documents  mis  au  jour  par  mon  savant  collabo- 
rateur, M.  Casamorata,  dans  l'article  Cristofori 
du  premier  volume  de  ce  Supplément,  documents 
desquels  il  résulte  que  les  premiers  travaux  de 
Cristofori  en  ce  sens  datent  de  1709.  Toutefois, 
comme  sa  découverte  ne  fut  répandue  que  quel- 
ques années  plus  tard,  et  que  les  communica- 
tions étaient  autrement  difficiles  alors  qu'aujour- 
d'hui, on  peut  facilement  croire  que  ni  Marins 
ni  Schrœter  n'eurent  connaissance  de  ces  tra- 
vaux, et  que  chacun  d'eux  eut  aussi,  de  son 
C(>lé,  l'idée  de  remplacer  les  sautereaux  du  clave- 
cin par  des  marteaux  ou  «  maillets.  » 

Au  reste,  dans  un  quatrième  modèle,  joint  au 
trois  précédents,  Marins  cherchait  à  marier  l'an- 


cien système  avec  sa  propre  combinaison,  et  il 
présentait  à  l'Académie  des  sciences  un  «  qua- 
trième clavecin  à  maillets  et  àsauteraux  ».  Enfln, 
cet  inventeur  donnait  aussi  le  modèle  d'un  «  or- 
gue à  soufllefs,  ).  imaginé  par  lui.  C'est  là,  mal- 
heureusement, tout  ce  qu'on  sait  sur  Marins  et 
tout  ce  qui  reste  de  lui,  et  il  in'a  été,  pour  ma 
part,  impossible  de  découvrir  aucun  détail,  au- 
cun renseignement,  aucun  vestige  d'information 
quelconque  sur  cet  artiste  intéressant,  qui  ne  ren- 
contra sans  doute  qu'indifférence  et  incrédulité. 

Ce  qu'il  y  a  déplus  singulier  peut-être,  c'est 
qu'on  n'a  retrouvé  jusqu'à  ce  jour  aucun  spéci- 
men des  fameux  clavecins  à  maillets  de  Marius, 
tandis  qu'on  connaît  au  moins  trois  exemplaires 
de  ses  clavecins  repliés.  J'en  ai  pu  voir  un,  su- 
perbe de  conservation,  dans  le  beau  musée  ins- 
trumental de  M.  Alexandre  Kraus,  à  Florence  ; 
celui-ci,  daté  de  1713  et  produisant  la  signature 
de  son  auteur  dans  ses  divers  compartiments, 
porte  aussi  cette  mention  :  Exclusif  privilège 
du  Roy.  Un  autre ,  qui  a  figuré  dans  la  galerie 
de  l'art  rétrospectif  à  l'Exposition  universelle  de 
Paris  de  1878,  appartient  à  la  riche  collection 
de  M.  Auguste  Tolbecque.  Enfin,  un  troisième 
fait  partie  du  Musée  instrumental  du  Conser- 
vatoire de  Paris,  et  est  ainsi  décrit  dans  le  cata- 
logue de  ce  Musée  :  —  «  Cet  instrument,  d'une 
étendue  de  quatre  octaves  (de  se  grave  à  fa),  se 
divise  en  trois  sections  se  repliant  l'une  sur  l'au- 
tre et  se  pouvant  serrer  dans  un  coffret  de  voyage. 
Sur  la  table  d'harmonie,  richement  décorée,  on 
lit  le  nom  du  facteur,  el  l'on  apprend  qu'il  jouis- 
sait d'un  exclusif  privilège  du  roy.  C'est  en 
1700  que  Marius  inventa  ce  clavecin  portatif 
dont  les  Mémoiresdejrévoux  (de  170-3,  p.  1292) 
ont  parlé  avec  éloges.  » 

MARK  (Le  docteur),  dilettante  passionné, 
fut  en  Angleterre  l'un  des  propagateurs  les  plus 
infatigables  de  la  musique  parmi  les  enfants,  et 
fonda  un  collège  de  musique  qu'il  dirigeait  en 
personne.  Cet  homme  dévoué  et  convaincu  mou- 
rut à  Manchester  le  2  janvier  1868.  Dans  le  der- 
nier rapport  publié  par  lui  sur  le  Collège  de 
musique  dont  il  était  le  créateur,  le  docteur 
Mark  établit  que  dans  l'espace  de  vingt  ans  il  avait 
donné9,5S6  concerts  et  5,250  conférences  devant 
7,645,791  enfants  el  5,253,689  adultes;  qu'il 
avait  fait  exécuter  l'Hymne  national  9,982  fois; 
qu'il  avait  péircour»  296,690  milles  (95,563  lieues), 
etqu'ilavaitdépensé  115,000  livres  sterling,  indé- 
pendamment de  25,000  livres  à  lui  appartenant, 
soit  une  somme  totale  de  trois  millions  500,000 
francs.  Outre  son  collège  de  musique,  le  docteur 
Mark  avait  créé  plusieurs  Conservatoires,  et  or- 
ganisé un  grand  nombre  de  corps  de  musique 


172 


MARK  —  MARMONTEL 


enfantins  qu'on  appelait  les  Petits  Hommes  ; 
enfin  plus  de  5,500  classes  déjeunes  élèves,  tant 
jmMiques  que  privées,  avaient  reçu  l'enseigne- 
ment musical  d'après  son  système. 

^lARLET  (L'abbé),  prêtre  et  musicien,  vi- 
vait à  Paris  vers  le  milieu  du  dis-hutième  siècle. 
Il  a  écrit  la  musique  d'une  pastorale  relii^ieuse  : 
Jésus  naissant  adoré  jmr  les  bergers,  qui  fut 
représentée  en  17-i-'i  dans  la  maison  des  Demoi- 
selles de  l'Enfant  Jésus. 

*  MARLIAM  (Le  comte  Marc-Aurèle).  — 
Ce  compositeur  écrivit,  en  société  avec  MM.  Be- 
noist  et  Ambroise Thomas,  la  musique  du  ballet 
la  Gipsij,  représenté  à  l'Opéra  le  28  janvier  1839. 
—  C'est  le  8  mai  1849  que  cet  artiste  patriote 
périt  sous  les  murs  de  Bologne,  mortellement 
frappé  par  une  balle  ennemie. 

MARLOW  (Madame),  cantatrice  dramati- 
que allemande  fort  distinguée,  née  vers  1838, 
appartenait  en  1859  au  théâtre  de  Stuttgard,  où 
elle  obtenait  de  très-grands  succès  et  oii  elle  res- 
tait jusqu'en  1864.  Possédant  une  superbe  voix 
de  soprano,  pleine  et  étendue,  souple  et  expéri- 
mentée, que  venait  aider  un  talent  scénique  d'une 
rare  valeur,  cette  artiste  se  faisait  applaudir 
dans  les  rôles  des  genres  les  plus  opposés,  et 
jouait  tour  à  tour  les  Hucjuenots,  la  Fiancée, 
Bobert-le-Diable,  Maria,  Stradella,  le  Phil- 
tre, le  Pardon  de  Ploirmcl, la  Fille  du  régi- 
ment, les  Diamants  delà  couronne,  etc.  Très- 
remarquable  el  très-diverse  d'ailleurs  comme 
cantatrice,  elle  n'obtenait  pas  moins  de  succès  au 
concert  qu'an  théâtre,  et  faisait  apprécier  dans 
l'oratorio  un  chant  plein  d'onction,  de  largeur  et 
de  majesté. 

En  1864,  M'""^  Marlow  se  faisait  entendre  avec 
succès  au  théâtre  Kroll,  de  Berlin,  puis,  dès  le 
commencement  de  l'année  suivante,  rentrait  au 
théâtre  royal  de  rStuttgard.  Bientôt,  elle  entre- 
prenait un  voyage  en  Italie.  C'est  alors  (août 
1865)  qu'un  journal  annonçait  sa  mort  en  ces 
termes  : — «  M"""  Marlow,  la  cé\hbx& prima  donna 
de  l'Opéra  royal  de  Stuttgard,  voyageant  en 
Italie,  s'était  arrêtée  à  Ravenne  pour  visiter  le 
tombeau  du  Dante,  et  y  est  morte  après  une 
courte  indisposition.  »  Cette  fâcheuse  nouvelle 
était  démentie  huit  jours  après,  et  cependant  je 
constate  que  depuis  lors  on  n'a  plus  en  aucune 
façon  entendu  [larler  de  M™"'  Marlow. 

*  M ARIMOAIÏKL  (Antoi*:-Imi.\nçois), com- 
positeur cl  profes?;cur  de  piano  au  Con.scrvatoire 
de  Paris,  n'a  cessé,  depuis  trente  ans,  de  rem- 
porter des  succès  constants  dans  la  personne  des 
élèves  qu'il  forme  dans  cet  établissement.  Parmi 
ceux-ci,  je  me  bornerai  à  citer  les  noms  de 
MM.  Ernest  Guiraud,  Paladilhe,  Alphonse  et  Ed- 


mond Duvernoy,  Jo.seph  Wicniawski,  Thurner, 
Georges  Bizet,  Théodore  Dubois,  Ketfen, 
Henri  Fissot,  Diémer,  Lavignac,  Lepot-Dela- 
haye,  Dolmetsch,  Paul  Chabeaux,  Bourgeois, 
Berthemet,  Thibaud,  Suiste,  Servantes,  Thoraé, 
Lack,  etc.,  etc.  Le  temps  qu'il  consacre  à  l'ensei- 
gnement n'empêche  pas  M.  Marmontel  de  se  li- 
vrer à  d'importants  travaux  de  composition,  et  le 
nombre  des  œuvres  publiées  par  cet  excellent 
artiste  dépasse  aujourd'hui  le  chiffre  de  120.  Je 
signalerai  particulièrement  les  suivantes  :  V Art 
de  déchiffrer,  100  éludes  élémentaires  et  pro- 
gressives de  lecture  musicale  (Paris,  Heugel)  ; 
École  élémentaire  de  mécanisme  et  de  style, 
24  petites  études  caractéristiques,  op.  6  (Paris, 
Legouix)  ;  24  Études  spéciales  et  progressives, 
op.  9  (Paris,  Grus)  ;  24  Éludes  d'agililé  et  d'ex- 
pression, op.  45  (id.,  id.)  ;  24  Grandes  Études  de 
style  et  de  bravoure,  op.  85  (Paris,  Heugel)  ;  30 
Petites  Études  de  mécanisme  et  mélodiques,  op. 
80  (id.,  id.);  25  Éludes  progressives  de  méca- 
nisme et  d'expression,  op.  62  (Paris,  Legouix); 
24  Grandes  Études  caractéristiques,  op.  45  (Paris, 
Grus);  École  de  mécanisme,  op.  105,106  et  107 
(Paris,  Heugel);  50  Études  de  salon,  op.  108 
(id.,  id.);  VArt  de  déchiffrer  à  4  mains,  50 
Études  mélodiques  et  rbythmiques,  op.  111  (id., 
id.);  Sonate  en  re  majeur, op.  8(id.,  id.);  2^  So- 
nate(id.,  id,);  Nocturnes,  op.  10, 11  et  12  (Paris, 
Grus)  ;  3  Sérénades,  op.  21,  56  et  109;  2  Mor- 
ceaux de  salon,  op.  23  et  24  (Paris  Grus)  ;  3  Thè- 
mes variés,  op,  49,  63  et  78  ;  3  Mélodies  caracté- 
ristiques, op.  19  (Paris,  Grus)  ;  2  Marches  carac- 
téristiques, op.  37  (Paris,  Heugel);  2  Polonaises, 
op.  40  et  92  (Paris,  Escudier);  3  Mazurkas,  op. 
35  (Paris,  Maho)  ;  Marche  triomphale,  op.  08  bis 
(Paris,  Gérard);  3  Rêveries,  op.  95  (Paris,  Escu- 
dier) ;  Sous  bois,  2  pièces  caractéristiques,  op. 
113  (Paris,  Heugel);  2  Menuets,  op.  114  (id., 
id.);  3  Pièces  caractéristiques_,  op.  117  (id.,  id.); 
Fleurs  de  bruyère,  3  pièces  caractéristiques, 
op.  83  (Paris,  Escudier),-  Napolitana,  étude  de 
concert,  op.  39  (id.,  id,);  Chants  du  Nord,  2 
mazurkas,  op.  30  (Paris,  Heugel). 

On  doit  aussi  à  M.  Marmontel  les  écrits  sui- 
vants: i"  Petite  Grammaire  populaire,  théo- 
rie raisonnéc  des  principes  élémentaires, 
Paris,  Grus;  2°  Vade-mecum  du  professeur 
de  piano,  catalogue  gradué  et  raisonné  des 
meilleures  méthodes  et  œuvres  choisies  des  maî- 
tres anciens  et  contemporains,  Paris,  Heugel, 
in-12  ;  3"  Art  classique  et  moderne  du  piano, 
conseils  d'un  professeur  sur  l'enseignement 
technique  et  Vcsthétique  du  piano,  Paris,  Heu- 
gel, in-12  ;  4°  les  Pianistes  célibres,  silhouet- 
tes el  médaillons,  Paris,  Heugel,  1878,  in-12. 


MARMONTEL  —  MARÏI 


173 


La  date  exacte  de  la  naissance  de  M.  Marmonlel 
est  le  18  juillet  1816. 

Le  lils  de  cet  artiste,  M.  Émile-Antonin- 
Louls  Marmontel,  né  à  Paris  le  24  novembre 
1850,  a  fait  ses  études  au  Conservatoire  de  cette 
ville,  où  il  a  obtenu  le  second  prix  de  solfège  en 
18G1  et  le  premier  l'année  suivante,  le  second 
accessit  de  piano  en  1864,  le  second  prix  en  1865, 
le  premier  prix  en  1867,  un  troisif^me  accessit 
d'harmonie  et  accompagnement  en  1868,  le  pre- 
mier prix  en  1869,  eniin  le  second  prix  de  fugue 
en  1870,  et  en  1873  une  mention  honorable  au 
concours  de  Rome.  M.  Marmontel  lils,  qui  est 
aujourd'hui  professeur  de  solfège  au  Conserva- 
toire, a  publié  diverses  compositions,  parmi  les- 
quelles une  marche  pour  musique  militaire,  une 
grande  sonate  (lour  piano  et  plusieurs  morceaux 
de  genre  pour  le  même  instrument. 

*  MARQUE  (Pierre-Auglste),  violoniste 
et  compositeur  de  musique  de  danse,  est  mort 
à  Paris  au  mois  de  décembre  1868. 

MARQUES  (Jo.vyuiM-JosK),  musicographe 
portugais,  amateur  distingué,  écrivain  aussi 
consciencieux  que  modeste,  a  rendu  de  grands 
services  à  la  littérature  musicale  de  son  pays. 
Plein  d'enthousiasme  pour  l'art,  il  a  prodigué  à 
tout  le  monde  ses  livres,  ses  recueils  de  musique, 
ses  notes  personnelles,  fruit  d'immense  travaux, 
sans  qu'on  l'ait,  dans  la  plupart  des  cas,  a'emer- 
cié  jamais  d'un  seul  mot.  Il  a  fait  des  sacrifices 
de  toute  espèce  pour  rappeler  la  classe  des  mu- 
siciens de  Lisbonne,  dans  laquelle  tous  les  sen- 
timents d'honneur  et  de  dignité  professionnels 
semblent  éteints,  à  leurs  devoirs  envers  l'art, 
envers  le  pays  et  ses  glorieuses  traditions  artis- 
tiques. M.  Marques  a  fondé  des  journaux,  a  mis 
sa  plume  au  service  de  toutes  les  entreprises 
utiles,  sans  aucun  souci  de  son  temps,  de  ses  in- 
térêts, de  sa  santé  même,  et  malgré  des  condi- 
tions très-modestes  de  fortune,  malgré  des  décep- 
tions de  toutes  sorte,  il  n'a  jamais  manqué  de 
courage  dans  la  lutte  ni  perdu  la  foi  dans  l'idéal 
de  l'art;  déplus,  il  a  su  conmiuniquer  à  quel- 
ques rares  prosélytes  l'enllioubiasme  qui  l'anime, 
et  recruter  deux  ou  trois  travailleurs  qui  l'ont 
aidé  dans  VArle  Mimcul,  de  Lisbonne.  Ce  jour- 
nal, qui  a  dû  suspendre  sa  publication  après  deux 
années  de  luttes  (1874-1875),  a  marqué  une  ère 
nouvelle  à  Lisbonne,  oii  les  feuilles  artistiques 
n'avaient  tendu  jusqu'alors,  tout  comme  en 
Italie,  qu'aux  plus  ignobles  buts;  M.  Marques  y 
a  publié  :  Chronologia  da  Opéra  em  Portugal 
(plus  de  20  articles),  Estudos  sobre  a  historia 
da  musica  em  Portugal  (15  articles),  d'après  le 
manuscrit  de  M.  Platon  de  Vaxel  (1),  etc.,  etc. 

(1)  La  rédaction  de  ces  articles  appartient  à  M.  Joaqiiiin 


M.  Marques  a  fourni  au  Jornal  do  Commercio, 
le  premier  journal  de  Lisbonne,  une  foule  d'ar- 
ticles relatifs  à  la  musique  ;  c'est  lui  qui,  avec 
M.  le  docteur  Ribeiro  Guimaràes  (  Voy.  ce  nom), 
qui  vient,  hélas  !  de  mourir  il  y  a  quelques  mois, 
a  éveille  et  répandu  le  goiU  pour  les  études  de 
musicographie,  revenant  sans  cesse  et  à  tous 
propos  sur  les  questions  les  plus  importan- 
tes de  l'histoire  de  l'art.  Je  tiens  à  rendre  ici 
cet  hommage  à  M.  Marques,  car  je  lui  dois,  plus 
que  toutfautre,  des  services  inappréciables  pour 
mes  travaux.  M.  Marques  est  né  à  Lisbonne  en 
1836.  J.  nE  V. 

MARQUES  (José-Martinho),  né  à  Macau, 
possession  portugaise  en  Chine,  fit  ses  études  au 
collège  de  Saint-Joseph  de  ladite  ville,  et  devint 
ensuite  interprète  officiel  du  gouvernement  et  des 
légations  étrangères .  On  a  de  lui  :  Principios  ele- 
mcntares  demusica,  Macau,  1853.  Je  ne  connais 
pas  cet  ouvrage.  J.  de  V. 

MARQUES  (Miglel),  compositeur  espagnol, 
a  fait  représenter  sur  l'un  des  théâtres  de  Madrid, 
le  24  novembre  1875,  une  zarzuela  en  trois  actes 
intitulée  la  Monja  al  ferez. 

MARQUEZ  (Antoine  LESBIO).  -  Voyez 
LESBIO  (Antonio-Marques). 

MARRACO  (José),  compositeur  espagnol 
contemporain,  a  fait  exécuter  dans  la  cathédrale 
de  Barcelone,  le  30  janvier  1868,  une  messe  de 
Requiem  pour  voix  seules,  chœur  et  orchestre. 

MARTEL  (L'abbé  A.),  est  l'auteur  d'un  ou- 
vrage publié  sous  ce  litre  :  Méthode  de  plain- 
cfiant  selon  le  rit  romain,  suivie  des  Princi- 
pes comparés  du  chant  musical.  Je  ne  connais 
que  la  «  seconde  édition,  corrigée,  »  de  celle 
Mélhode  (Fréjus,  impr.  Perreymond,  in-12). 

MARTI  (Anselme),  compositeur,  né  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle,  entra  au  couvent 
d'Engelberg  (Suisse)  en  1779.  «  C'était,  dit 
M.  George  Becker  [la  Musique  en  Suisse)  un 
organiste  et  compositeur  de  grand  mérite,  qui  a 
laissé  des  œuvres  en  tous  genres  :  messes,  mo- 
tets, opérettes,  etc.  » 

MARTI  (Le  P.  José),  compositeur  et  maître 
de  chapelle  espagnol,  naquit  à  Tortosa  en  1719, 
et  prit,  à  l'âge  de  trente  ans,  l'habit  de  moine 
bénédictin  au  fameux  couvent  de  Monlserrat,  où 
il  devint  professeur  de  musique.  A  cette  époque 
il  était  déjà  prêtre  et  avait  occupé  les  fonctions 
de  maître  de  chapelle  dans  une  cathédrale.  Il 
mourut  à  Mont;  errât,  le  3  janvier  1763.  Le  P. 
Marti  a  laissé  plusieurs  œuvres  de  musique  re- 
ligieuse que  l'on  dit  fort  distinguées,  entre  autres 
un  cantique  pour  la  ÏNativité  de  Jésus-Christ,  et 

José  Marques,  qui  a  fourni  à  M.  de  Vaxel,  amateur  russe, 
les  documents  les  plus  précieux  pour  son  travail. 


174 


MARÏI 


(ies  Lamen/nlions  de  la  semaine  sainte,  avec 
orclie>tro,  <|"'  s^"'  conservées  dans  les  ardiives 
du  couvent  de  Monlserrat. 

3IAUTIN  (UoBLiiTj,  musicien  distingué  qui 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle, 
fut  organiste  du  grand  orgue  à  l'église  métro- 
politaine de  Rouen,  de  1483  à  1488. 

MARTIN  (Micuel),  artiste  distingué,  qui 
vivait  dans  la  iiremière  moitié  du  dix-septième 
siècle,  fit  ses  études  à  la  maîtrise  de  la  cathé- 
drale de  Rouen,  s'établit  ensuite  à  Paris  comme 
professeur,  puis  devint  maître  de  la  chapelle  de 
Laon,  et  enlin  dirigea  la  maîtrise  de  la  cathédrale 
de  Rouen,  de  1032  à  1G34.  11  mourut  sans  doute 
en  cette  dernière  année. 

*  MARTIN  (Juan-Blaise),  célèbre  chanteur 
de  rOpéra-Comique.  —  Dans  son  Histoire  du 
Conservatoire,  Lassabathie,  qui  a  eu  en  mains 
tous  les  documents  originaux  nécessaires  à  son 
travail,  donne  à  cet  artiste  le  prénom  de  Nicolas, 
qui  peut-être  vient  non  se  substituer,  mais  s'a- 
jouter aux  deux  précédents,  et  fixe  la  date  de  sa 
naissance  au  24  février  1768.  Quant  à  celle  de 
sa  mort,  c'est  le  28  et  non  le  18  octobre  1837, 
ainsi  qu'une  erreur  d'impression  l'a  fait  dire  dans 
la  Biographie  universelle  des  Musiciens.  Mar- 
tin était  devenu  professeur  de  chant  au  Conser- 
vatoire le  1""^  avril  1816,  et  avait  donné  sa  dé- 
mission après  deux  années  d'exercice,  le  1*^' avril 
1818;  il  reprit  ces  fonctions  le  f'  octobre  1832, 
et  les  conserva  jusqu'au  1^"^  octobre  1837. 

*  MARTIN  (Ji lien),  connu  sous  le  nom  de 
MARTIN  D'ANGERS.  —  Au  nombre  des 
écrits  de  cet  artiste,  il  faut  signaler  la  brochure 
suivante  :  De  l'Avenir  de  l'Orphéon  et  de  tou- 
tes les  écoles  populaires  demiisiqueen  France, 
Paris,  1846,  in-8°. 

MARTIN  (Chaules),  pianiste,  professeur  et 
compositeur  allemand,  né  à  Berlin  en  1808,  mort 
en  cette  ville  au  mois  d'avril  1875,  s'est  fait  con- 
naître par  la  publication  d'un  assez  grand  nom- 
bre de  morceaux  de  genre  pour  le  piano,  consis- 
tant en  divertissements,  pots-pourris,  valses,  pe- 
tites fantaisies,  etc.  Tout  cela,  je  crois,  est  sans 
grande  valeur. 

MARTIN  (N.),  né  à  Marseille  en  1810,  fit 
ses  premières  études  musicales  dans  cette  ville, 
à  la  maîtrise  de  l'église  métropolitaine  de  Sainl- 
Martin.  Il  y  a|)(irit  le  solfège  de  Gebelin,  maître  de 
chapelle,  et  de  Mey,  organiste.  Au  sortir  de  la 
maîtrise,  il  s'essaya  d'abord  dans  la  carrière 
commerciale  à  laquelle  ses  parents  le  destinaient, 
puis,  ayant  triomphé  île  leurs  hésitations,  suivit 
détinitivemcnl  la  voie  artistique,  vers  laciiiellc  il 
se  sentait  attiré.  Ayant  obtenu  au  concours  une 
place  de  contrebassiste   au   Grand-Théàlre  de 


MARTIN 

Marseille,  il  compléta  ses  éludes  sous  la  direc- 
tion de  Maccary,  qui  lui  enseigna  l'harmonie,  et 
de  Barsolli,  fondateur  et  directeur  du  Conserva- 
toire de  Marseille,  qui  le  chargea  plusieurs  fois 
de  le  supjiléer  dans  ses  cours.  Ce  fut  à  celte 
époque  qu'il  enseigna  les  premières  notions  de 
l'harmonie  à  son  ami  d'enfance,  François  Ba/in, 
plus  tard  professeur  de  composition  au  Con- 
servatoire de  Paris,  et  membre  de  l'Institut. 
En  1831,  il  se  rendit  à  Paris,  muni  de  lettres 
de  recommandation  pour  Cherubini  et  Choron, 
et  fut  admis  comme  ^pensionnaire  à  l'école  de 
ce  dernier,  d'où  sont  sortis  tant  d'artistes  dis-  , 
tingués. 

Il  devenait  peu  après  répétiteur  des  classes 
de  contralti  et  de  basses  et  mettait  à  profit  son 
séjour  à  l'institution,  en  reprenant  ses  études 
d'harmonie  et  de  contrepoint  avec  Nicou-Choron, 
gendre  du  directeur.  Choron  étant  mort  et  l'é- 
cole fermée,  il  fut  désigné  au  concours  parmi  le 
petit  nombre  d'élèves  choisis  par  Cherubini, 
pour  achever  leurs  études  au  Conservatoire.  Il 
y  suivit  les  cours  de  haute  composition  de  Ber- 
ton.  Après  trois  ans  de  séjour  au  Conserva- 
toire, il  qu'itta  cette  école,  à  la  suite  d'un  diffé- 
rend avec  Cherubini,  et,  sur  la  recommandation 
d'Halévy,  entra  à  l'Opéra  comme  artiste  du 
chant.  Il  y  resta  jusqu'au  mois  de  mai  1840, 
sans  s'y  faire  remarquer,  par  suite  d'une  timi- 
dité excessive  qui  paralysait  ses  moyens  etl'em- 
pôchait  de  tirer  parti  d'une  bonne  voix  de  basse- 
taille,  et  de  son  talent  peu  commun  de  musicien. 
Deux  mois  plus  tard,  il  était  appelé  à  Marseille 
par  M.  Reynard,  maire  de  cette  ville,  pour  fon- 
der au  Conservatoire  les  classes  de  solfège  pour 
les  demoiselles. 

M.  Martin  occupe  encore  actuellement  ces  fonc- 
tions, où  il  a  rendu  les  plus  grands  services,  et 
où  il  a  témoigné  d'éminentes  qualités.  Il  n'a 
cessé  de  maintenir  son  enseignement  au  niveau 
le  plus  élevé,  et  sa  classe  est  certainement  une 
des  plus  fortes  de  ce  genre  qu'il  y  ail  dans  les 
écoles  spéciales  françaises.  C'est  par  centaines 
qu'il  faudrait  citer  les  noms  des  élèves  devenus 
aujourd'hui  des  artistes  et  des  professeurs  dis- 
tingués, qui  lui  doivent  une  solide  éducation  mu- 
sicale. En  deliors  des  procédés  connus,M  .Martin 
emploie  volontiers  dans  ses  cours  la  lecture, 
sans  aucun  accompagnement,  départies  instru- 
mentales travaillées  d'une  façon  inti'ressanle, 
comme,  par  exemple,  celles  des  œuvres  de  J.  S. 
Bach  pour  piano,  orgue  ou  orchestre,  dont  les 
dessins  fugues  et  les  intonations  ardues  habiluent 
la  voix  et  l'oreille  des  élèves  à  toutes  les  com- 
binaisons harmoniques  et  rythmiques.  On  lui 
doitaussi  l'adoption,  pour  les  classes  supérieures, 


MARTIN 


175 


de  la  lecture  de  manuscrits  composés  par  les 
élèves  eux-mêmes.  Ce  mode  d'enseignement, 
adopté  à  Paris,  l'a  été  aussi  récemment  à  Tou- 
louse à  la  suite  d'une  visite  que  fit  à  la  classe  de 
M.  Martin  i\L  Mériel,  directeur  du  Conservatoire 
de  cette  ville. 

M.  Martin  a  écrit  pour  la  société  chorale  Trote- 
bas,  qu'il  a  diriï;ée  pendant  quinze  ans  et  dont  il 
avait  été  fondateur  en  ]  828,  diverses  œuvres,mes- 
ses,  motels,  litanies  etcliœurs  d'une  valeur  incon- 
testable. Toutes  ces  pièces,  qui  n'ont  malheureu- 
sement pas  été  publiées,  sont  écrites  avec  clarté 
et  élégance,  sans  cette  aridité  et  cette  recherche 
qu'on  trouve  quelquefois  chez  les  artistes  habi- 
tués à  l'enseignement.  Sa  messe  en  sol  majeur 
est  une  o>uvre  très-distinguée. 

M.  Martin  a  acquis  dans  le  midi  de  laFrance  une 
légitime  notoriété  comme  bibliographe  érudit. 
Cet  artiste  modeste  est  parvenu,  au  prix  d'ef- 
forts consiiiérables  et  incessants,  à  accumuler 
dans  sa  bibliothèque  de  véritables  trésors.  Cette 
bibliothèque  est  une  des  plus  riches  et  des  plus 
intéressantes  qui  existent  en  province.  Elle  ne 
compte  pas  moins  de  dix  mille  volumes  et  par- 
titions, parmi  lesquels  les  raretés  abondent. 

On  y  trouve  à  peu  près  toutes  les  partitions 
d'orchestre  anciennes  et  modernes  :  Lulli,  Cam- 
pra.  Deslouches,  Marais,  Rameau,  Mondonville, 
Gluck,  Monsigny,  Gréfry,  Dalayrac,  Catel,  Mé- 
hul,  Cherubini,  Gossec,  Berton,  Boieldieu,  Au- 
ber,  etc. 

La  partie  théorique  est  on  ne  peut  plus  com- 
plète :  elle  renferme  presque  tous  les  livres,  his- 
toires et  traités  les  plus  recherchés  des  biblio- 
philes. —  Pour  l'Italie,  F.  Gafforius,  Vannius, 
Spataro,  Zacconi,  Canuntius,  Lanfranco,  Artusi, 
Berardi,  V.  Galileo,  Zarlino,  le  père  Martini, 
Sabattini,  Tartini.  Eximeno,  Bononcini,  Matlei, 
etc.,  jusqu'aux  plus  récentes  publications. 

Pour  l'Allemagne;  Glareanus,G.  Printz,  Fre- 
gius,  tous  les  ouvrages  de  Mattheson,  Kirnber- 
ger,  Marpurg,  Sorge,  l'abbé  Yogler,  Forkel,  F. 
et  H.  Bellermann,  Rocblitz,  Winterfeld,  CM. 
^Veber,  G.  Weber,  Kiesseweter,  Kandier,  etc. 

Pour  l'Angleterre  ,  T.  Morley,  Butler,  Simp- 
son, Hawkins,  Busby,  Burney,  W.  Jones,  Pe- 
pusch,  etc. 

Pour  la  France,  le  père  Jurnilhac,  le  livre  d'or- 
gue de  Titelouze,  tous  les  ouvrages  du  père 
Mersenne,  les  tons  du  père  Maillard,  Rameau, 
Descaries,  A.  Gaulez,  Bacilly,  Bérard,  l'abbé 
Roussier,  Laborde,  Diderot,  Grimm,  J.  J.  Rous- 
seau, A.  Choron,  Lafage,  H.  Vincent,  Cousse- 
niaker,  Fétis,  etc. 

Pour  l'Espagne  et  le  Portugal ,  la  lijra  Hispa  àa 
de  M.  Eslava,  plusieurs  traités  de  la  plus  grande 


rareté,  entreautres  par  J.  de  Ulloa  (dédié  à  Ignace 
de  Lojola.)  —  De  même  pour  la  Hollande  et  la 
Russie. 

Les  auteurs  grecs  et  latins  de  l'antiquité  et  du 
moyen  âge  sont  représentt's  par  Meibomius, 
J.  Vossius,  T.  Wallis,  V.  Galilée,  Doni,  saint  Au- 
gustin, Boëlius,  Cassiodorus,  le  [irécieux  recueil 
(le  l'abbé  Gerbert,  sa  suite  par  Coussemaker, 
les  travaux  de  Perne  sur  les  trouvères  et  de 
Yilloteau  sur  la  musique  orientale,  et  à  peu  près 
toutes  les  histoires  de  la  musique  publiées  jus- 
qu'à nos  jours. 

On  doit  signaler  encore  la  collection  complète, 
depuis  1798,  de  la  Gazette  musicale  de  Leipzig  ;  la 
Cœciliade  Mayence  ;  la  Revue  et  Gazette  musi- 
cale depuis  sa  fondation,  etc.;  quelques  manus- 
crits AUTOGRAPHES,  pamii  lesquels  un  intermède 
bouffe  inédit  et  non  achevé  de  J.  B.  Pergolèse  ;  un 
miserere  deJomelli  ;  des  préludes  et  fugues  pour 
clavecin  de  Durante;  une  messe  à  deux  chœurs 
par  Abbo;  des  solfèges  de  Columacci;  des  mo- 
tets de  Choron;  une  cantate  inédite  de  Berlioz, 
etc. 

M.Martin  possède  toutes  les  édifions  de  Htendel, 
y  compris  ses  opéras  publiées  par  Walsh,  toutes 
les  éditions  des  psaumes  de  Marcello,  les  collec- 
tions contemporaines  de  Mozart,  Beethoven,  Bach, 
etc.,  par  Breitkopfet  Hasrtel,  le  Palestrina  publié 
par  l'abbé  Alfieri  à  Rome,  etc.,  et,  comme  mu- 
sique madrigalesque,  Orlando  Lassus,  Arcadelt, 
les  deux  Gabrielli ,  Palestrina  ,  Cypriende  Rore, 
Philippe  de  Mons,  Clément  Jannequin,  Josquin 
Desprez,  J.  Mouton,  J.  Certon  et  cent  autres 
aussi  célèbres. 

C'est  à  dessein  qu'une  mention  aussi  détaillée 
a  été  faite  ici  de  cette  bibliothèque.  C'est  en  effet 
un  véritable  devoir  d'appeler  sur  elle  l'attention. 
On  doit  souhaiter  que  ces  richesses  ne  se  disper- 
sent pas,  et  qu'une  bibliothèque  publique  en  fasse 
l'acquisition  pour  qu'elles  puissent  être  mises 
utilement  à  la  disposition  des  connaisseurs  el  des 
érudits.  Al.  R— d. 

MAUTIIV  (Alexandre),  violoniste  et  compo- 
siteur, né  à  Varsovie  en  1825,  d'un  père  français 
et  (l'une  mère  polona'ise,  mourut  en  cette  ville  en 
1856 .  Après  avoir  travaillé  le  violon  et  l'harmonie, 
il  se  livra  à  la  composition,  écrivit  quelques  mor- 
ceaux de  musique  instrumentale,  puis,  désireux 
de  se  produire  au  théâtre,  s'exerça  à  mettre  en 
musique  différentes  poésies  deByron,  de  Mickie- 
vvicz  et  de  Walter  Scott.  Il  composa  ensuite  deux 
ouvertures,  et  commença  à  écrire  la  partition  d'un 
opéra  dont  le  livret,  emprunté  au  Corsaire,  de 
Byron,  lui  avait  été  confié  par  Joseph  Korze- 
niowski  ;  mais  avant  même  de  l'avoir  terminé, 
il  en  entreprit  un  second,  Wianki,  sur  un  poème 


176 


MARTIN  —  MARTINUS 


de  B.  Cwozdeçki,  et  l'acheva  assez  rapidement. 
11  fit  entendre  quelques  morceaux  de  (  e  dernier 
ouvrage  dans  une  réunion  particulière,  on  ils 
produisirent  un  effet  considérable.  Malheureu- 
sement, la  mort  le  surprit,  à  peine  âgé  de  trente 
et  un  ans,  avant  qu'il  pût  tirer  parti  de  son  (euvre. 
]Vlartin,qui  appartenait  comme  alto  à  l'orchestre 
du  théâtre  de  Varsovie,  a  laissé  les  compositions 
suivantes:  1"  Grande  Fantaisie  pour  violon,  avec 
accompagnement  de  piano,  dédiée  à  K.  Bara- 
novvski  ;  2°  Nocturne  pour  violoncelle,  dédiée  à 
SzablinsKi  ;  3"  Deux  Épisodes  pom-  violoncelle  ; 
4"  Fantaisie  pour  hautbois,  dédiée  à  M.  Malik  ; 
5»  Mazurke  pour  piano,  dédié  à  M.  Lapezynski  ; 
6°  Élégie  pour  deux  violons,  alto  et  violoncelle; 
7'>  Marche  pour  musique  militaire;  8"  Polonaise 
pour  violon  et  violoncelle  obligés,  avec  accompa- 
gnement d'orchestre  ;  9»  Marche  funèbre,  pour 
trois  trompettes,  trois  trombones,  et  chœur.  Ce 
dernier  morceau  a  été  exécuté  aux  funérailles  de 

Martin. 

MARTIIXEZ  (Vicente),  prêtre  et  musicien 
espagnol,  né  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle,  devint  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  d'Albarracin  le  19  juin  1764,  et  mou- 
rut en  cette  ville  le  10  février  1777.  On  a  con- 
servé dans  les  archives  de  la  cathédrale  d'Albar- 
vracin  les  compositions  suivantes  de  cet  artiste, 
écrites  s|>écialement  par  lui  pour  le  service  de 
sa  chapelle  :  2  Laudate  à  6  voix  ;  une  séquence 
dite  du  Saint-Esprit,  à  6  voix  ;  3  messes  à  4  et 
à  6  voix,  et  2  messes  dites  du  dimanche,  à  6 
voix  ;  5  lamentations,  à  6  voix  ;  un  motet  à  5 
voix,  pour  le  dimanche  des  Rameaux  ;  une  sé- 
quence dite  du  Corpus,  à  7  voix  ;un  Âdjuvamus 
à  4  voix;  enlin  124cantates  et  cantiques  {villan- 
cicos)  à  5,  6  et  8  voix. 

IVIARTIIXEZ  (Nicolas-Gonzalez),  compo- 
siteur espagnol  contemporain,  organiste  de  l'église 
paroissiale  deSan-José,  de  Madrid,  a  entrepris 
il  y  a  quelques  années,  conjointement  avec  M.  Lo- 
pez  .luarranz,  une  publication  à  laquelle  les  deux 
artistes  ont  donné  ce  titre  :  El  Canlo  sacro, 
publicacion  relujiosu-musical,  dedicada  à  S. 
S.PioIX  (Madrid,  Andres  Vidal). 

^MARTINI  (Jj:\N-PArL-É(;mi::).  —  Ce  com- 
positeur distingué  a  été  l'objet  d'un  travail  bio- 
graphique assez  étendu,  qui  a  paru  sous  ce  titre  : 
Martini,  par  Arthur  Pougin  (l^aris,  inipr.  Chaix, 
186'i,  in-8"(le32  pp.).  On  peut  utilement  consul- 
ter au.ssi,  à  son  sujet  ,  VÉloge  de  Martini  que 
la  princesse  Constance  de  Salm  a;publié,  avec 
ceux  de  Sedaine  et  de  Gaviniés,  dans  le  tome  IV 
de  SCS  (Euvres  complètes  (Paris,  1842,  in-8).  Je 
me  bornerai  à  mentionner  ici  un  petit  opéra  qui 
n'a  point  été  compiis  au  nombre  de  ses  ouvrages 


dramatiques,  le  Nouveau-Né;  cet  opéra,  écrit 
à  l'occasion  de  la  naissance  du  duc  d'Enghien, 
fut  représenté  à  Chantilly,  sur  le  théâtre  particu- 
lier du  prince  de  Condé,  au  mois  de  novembre 
1772. 

MARTINI  (Andréa)  ,  célèbre  sopraniste 
italien  qui  naquit  à  Sienne  (Toscane)  vers  1763, 
est  généralement  connu  sous  le  sobriquet  de 
Senesino,  mais  ne  doit  pourtant  pas  êlre  con- 
fondu avec  François  Bernardin,  dit  aussi  Sene- 
sino, qui  brillait  à  Londres  du  temps  de  Hœudel. 
Du  reste,  ce  Senesino  junior  était,  lui  aussi,  un 
parfait  musicien  et  excelleut  chanteur,  doué 
d'un  soprano  magnifique.  Son  chant  était  d'un 
fini  exquis,  et  empreint  d'une  douce  mélancolie. 
Pendant  sa  jeunesse,  Senesino  chanta  avec  beau- 
coup de  succès  sur  les  principaux  théâtres  d'I- 
talie, et,  doué  d'une  jolie  tigure,  il  jouait  ordi- 
nairement sur  les  théâtres  de  Rome  les  rôles  de 
femmes.  En  1792  il  obtint  la  place  de  second  so- 
praniste dans  la  musique  de  chambre  et  chapelle 
du  grand-duc  de  Toscane,  et  en  1797  il  y  suc- 
céda à  Veroli  dans  la  place  de  premier  sopra- 
niste, qu'il  occupa  jusqu'à  ce  que  les  événements 
politiques  eussent  contraint  le  grand-duc  à  aban- 
donner ses  États.  En  1815,  après  la  restauration 
du  gouvernement  grand-ducal,  la  musique  de  la 
cour  ayant  été  reconstituée,  Senesino  y  reprit  sa 
place,  que  cependant  il  ne  conserva  pas  long- 
temps. L'affaiblissement  de  sa  santé  l'obligea  en 
effet  à  prendre  sa  retraite  en  1819,  et  peu  de 
temps  après,  c'est-à-dire  le  19  septembre  de  la 
même  année,  il  mourut  à  Florence,  regretté  de 
tous  ceux  qui  le  connaissaient ,  car  il  était  géné- 
ralement aimé  et  estimé ,  tant  à  cause  de  son 
bahiletéque  pour  la  bonté  de  son  caractère  et 
ses  manières  pleines  de  distinction.  Senesino 
était  grand  amateur  de  beaux-arts,  et  particu- 
lièrement de  gravures,  dont  il  avait  réuni  dans 
sa  maison  une  collection  riche  et  choisie. 

L.-F.  G. 

MARTINUS    ( ),  poète  et   musicien 

polonais  du  seizième  siècle,  naquit  à  Léopol,  en 
Gallicie,  lit  ses  études  littéraires  à  l'Université 
de  Cracovie,  et  travailla  ensuite  la  musique  avec 
Sébastien  de  Felsztyn,  théoricien  et  auteur  de 
plusieurs  ouvrages  didacliques.  Ses  iirogrès  fu- 
rent tels,  dit-on,  et  il  atteignit  une  telle  perfec- 
tion qu'il  surpassa  tous  ceux  qui  avaient  étudié 
la  musique  à  Rome.  «  En  1540,  dit  M.  Albert 
Sowinski  dans  mi^i  Musiciens  polonais  et  slaves, 
il  fut  nommé  organiste  de  la  cour  de  Sigismond- 
Auguste,  roi  de  Pologne,  et  conserva  cette  place 
jusqu'à  la  mort  du  roi,  arrivée  eu  1572.  11  pu- 
blia une  Année  entière  pour  l'Église,  qui  a 
été  adoptée  par  tous  les  diocèses  catholiques  de 


MAKTINUS  —  MARX  l 


477 


Pologne.  Les  mélodies  de  Mailinus,  douces  et 
ch;intaiiles,  surpassaient  tout  ce  qu'on  avait  en- 
tendu jusqu'alors  en  Pologne  ;  il  possédait  en 
même  temps  beaucoup  de  talent  pour  la  poésie, 
et  rédigea  le  texte  de  la  plupart  de  ses  canti- 
ques; mais  c'est  surlout  dans  ses  compositions 
religieuses  qu'il  ne  pouvait  être  assez  .admiré. 
Simon  Slarovvolski,  son  historien,  fait  grand 
éloge  des  chants  chorals  qui  étaient  exécutés 
aux  processions  de  Pâques;  il  ajoute  aussi  que 
Marlinus  dédia  ses  compositions  à  Mgr  saint 
Martin  de  Tours,  son  patron,  en  signe  de  respect 
et  de  vénération.  »  D'après  Slarowolski  et  Zimo- 
rowicz,  Martinus  aurait  inventé  de  nouveaux 
instruments  de  musique.  Sur  la  (in  de  sa  vie,  il 
se  retira  à  Léopol,  sa  ville  natale,  oii  il  mourut 
en  1589.  Un  de  ses  biographes  a  fait  son  éloge 
en  ces  termes  :  «  0  Martinus,  noble  rejelon 
«  d'Apollon,  digne  des  couronnes  de  laurier  et 
«  des  chants  d'éloges  que  t'a  décernés  l'Italie! 
«  Tu  les  as  mérités  par  ton  génie,  par  ta  vertu, 
«  par  ton  courage.  Plus  dune  fois,  dans  une 
«  lutte  engagée,  le  génie  de  l'ilalie  a  dû,  en 
«  rougissant,  le  céder  au  génie  de  la  Pologne. 
«  Après  tant  de  lauriers,  ceins  ton  front  de  la 
«  couronne  de  la  gloire  immortelle,  »  M.  Sowin- 
slii  atlirme  qu'un  seul  exemplaire  des  composi- 
tions de  Martinus  avait  été  conservé,  qu'il  se 
trouvait  à  la  bibliothèque  de  Zaluski,  et  qu'il  fut 
per<lu  avec  elle. 

MARTUCCI  (Giuseppe),  pianiste  et  compo- 
siteur italien,  lils  d'un  chef  de  musique  militaire, 
est  né  à  Capoue  le  6  janvier  185<j.  Après  avoir, 
dès  l'âge  de  six  ans,  commence  l'étude  du  piano 
avec  son  père,  il  se  présenta,  en  18G7,  à  l'exa- 
men d'admission  au  Conservatoire  de  Naples, 
et  l'emporta  sur  tous  ses  concurrents  pour  l'u- 
nique place  qui  se  trouvait  alors  vacante.  Il  eut 
comme  professeurs  dans  cet  établissement  B. 
Cesi  pour  le  piano,  Carlo  Costa  pour  l'harmo- 
nie accompagnée,  enfin  MM.  Paolo  Serrao  et 
Lauro  Rossi  pour  le  contre-point  et  la  composi- 
tion. Il  fil  des  études  très-brillantes,  sortit  du 
Conservatoire  en  1872,  et  se  livra  aussitôt  à 
l'enseignement.  Cependant  son  talent  de  vir- 
tuose, déjà  remarquable,  se  développait  chaque 
jour  de  plus  en  plus,  et  le  jeune  artiste,  après 
à'êlre  produit  à  Naples  avec  beaucoup  de  succès, 
dans  plusieurs  concerts  ,  fit  un  voyage  à  Rome, 
où  il  ne  fut  pas  moins  bien  accueilli.  En  1875, 
il  se  fit  entendre  à  Milan,  et  du  premier  coup 
produisit  une  impression  profonde,  grâce  à  l'ex- 
cellence de  son  mécanisme,  à  ses  grandes  qua- 
lités de  musicien,  à  son  style  pur,  élevé,  à  son 
exécution  ferme  et  colorée,  à  son  jeu  à  la  fois 
noble  et  expressif.  Deux  ans  plus  lard  il  se  pro- 

BIOGR.    «MV.    DES    MUSICIENS.    SUPfL.    —    T 


duisit  de  nouveau  dans  la  même  ville,  et  cette 
fois  il  excita,  dit-on,  un  véritable  enthousiasme. 
Il  avait  fait  précédemment  un  voyage  en  Angle- 
terre, et  s'étiiit  vu  accueillir  avec  beaucoup  de 
faveur  dans  les  concerts  donnés  par  lui  à  Lon- 
dres et  à  Dublin.  M.  Martucci  paraît  être  de  la 
race  des  grands  artistes,  et  il  semble  destiné  à 
fournir  une  carrière  extrêmement  brillante. 

Ce  jeune  virtuose  s'est  produit  aussi  comme 
compositeur,  et,  quoiqu'à  peine  âgé  de  vingt- 
deux  ans,  il  a  déjà  publié  une  quarantaine  d'œu- 
vres  qui  se  distinguent  sinon  toujours  par  une 
grande  originalité,  du  moins  par  de  rares  qualités 
de  facture,  de  style  et  d'inspiration  ;  on  remarque, 
parmi  ces  compositions  :  fi  Caprices,  op.  2,  3,  12, 
15,  24  et  26;  2  Mélodies,  op.  16  et  21;  T' Sonate 
pour  piano,  op.  34  ;  Sonate  pour  piano  et  vio- 
lon, op.  22  ;  Polonaise,  op.  19  ;  3  Barcarolles,  op. 
20,  30  et  31  ;  4  Romances,  op.  27  et  31  ;  Étude 
de  concert,  op.  9;  Allegro  appassionato ,  op. 
13;  2  Fugues,  op.  14  et  18;  Tarentelle,  op.  6; 
Scherzo,  op.  23;  Fantaisie  en  ré  mineur,  pour  2 
pianos,  op.  32  ;  Canlo  religioso  ;  Mazurka  ;  etc. 
Au  commencement  de  1878,  M.  Marlucci  a  ob- 
tenu le  premier  prix  dans  un  concours  ouvert 
par  la  Società  del  Quarfel/o,  de  Milan,  pour  la 
composition  d'un  quintette  pour  piano  et  ins- 
truments à  cordes.  Presque  aussitôt  il  vint  à 
Paris,  s'y  produisit  simultanément  comme  vir- 
tuose et  comme  compositeur,  et  y  obtint  de  vifs 
succès,  légitimés  par  un  talent  à  la  fois  très- 
pur,  très-sobre,  très-fin  et  très-déhcat. 

*  MARX  (Adolphe-Beiî.nard),  est  mort  à 
Berlin  le  17  mai  1866.  On  doit  à  cet  artiste  la- 
borieux des  mémoires  publiés  sous  ce  titre  : 
Erinncrungen  aus  meinem  leben  (Souve- 
nirs de  ma  vie),  Berlin,  Otto  JanliC,  2  vol. 

MARX  (C -R ),  pianiste,  violoniste  et 

compositeur,  né  àArnheim  (Pays-Bas)  le  7  juil- 
let 1814,  était  fils  d'un  artiste  qui  occupait  les 
fonctions  de  directeur  de  la  musique  de  cette 
ville,  et  qui,  né  à  Salefeid  le  4  mars  1777,  mou- 
rut à  Arnheim  le  31  août  1851.  L'arli.ste  qui  est 
l'objet  de  cette  notice  eut  pour  maître  J.  H. 
Kleine  et  J.  Bertelman,  et,  après  avoir  fait  un 
voyage  en  Allemagne,  revint  dans  sa  ville  natale, 
où  en  1845  il  succéda  à  son  père,  et  où  il  fut 
nommé  successivement  chef  d'orchestre  de  ;la 
Société  de  Sainte-Cécile,  président  et  directeur 
de  la  Société  Euphonia,  directeur  honoraire  de 
la  Société  musicale  des  Pays-Bas,  chef  de  mu- 
sique de  la  garde  bourgeoise  et  organiste  de  l'É- 
glise luthérienne.  Il  mourut  à  Arnheim,  le  23 
février  1862.  Marx  a  publié  des  licder,  des  bal- 
lades, des  chœurs  pour  voix  d'hommes,  et  di- 
vers morceaux  pour  le  piano  et  pour  le  violon. 
11.  12 


178 


MAHZANO  —  AIASSART 


'i 


MAHZ.WO  ( ),  compositeur  italien, 

a  donné  sur  le  théâtre  «le  Salerne,  au  mois  de 
juilift  187"2,  un  opéra  sérieux  n\  quatre  actes, 
dont  le  sujet  était  tiré  de  lliistoire  de  cette 
ville,  et  qui  avait  pour  litre  i  Aonnanni  a 
Salenio. 

MASCIIEK  (E ),  compositeur  allemand, 

(ils  d'un  rnailre  de  chapelle  d'Heilbronn,  a  fait 
représenter  en  cette  ville,  au  mois  d'avril  18G6, 
une  opérette  intitulée  le  Postillon  d'amour. 

MASCIA  (GasEi't'E),  compositeur  amateur, 
né  à  Barletta,  dan*  la  province  de  Bari,  le  3  fé- 
vrier 180S,  se  livra  avec  ardeur  à  Tetuile  de  la 
musique  tout  en  étudiant  la  jurisprudence,  à 
laquelle  il  était  destiné  par  sa  famille,  et  ne  cessa 
jamais  de  la  cultiver  malgré  les  hautes  fonctions 
qu'il  occupa  dans  la  suite.  Il  travailla  d'abord 
le  violon,  puis  suivit  un  cours  complet  de  compo- 
sition avec  Giacoino  Tritto.  Dès  1826  il  devint 
directeur  de  la  Société  philharmonique  napoli- 
taine, i)our  laquelle  il  ecri\it  de  nombreuses 
compositions  instrumentales.  Il  s'occupa  aussi  de 
littérature  spéciale,  fut  jusqu'en  1858  l'un  des  col- 
laborateurs assidus  de  la  Gazzetia  musicale  de 
Naples,  et  depuis  1868  jusqu'à  ce  jour  n'a 
cessé  de  donner  au  journal  Napoli  musicale  de 
nondireux  articles  sur  l'esthétique  et  l'histoire 
de  l'art.  Les  compositions  de  M.  Mascia,  tant 
vocales  qu'instrumentales,  ne  s'élèvent  pas  à 
moins  de  cent  cinquante,  soit  dans  le  genre  libre 
ou  classique,  dans  le  sacré  ou  dans  le  piotane. 

*MASCITl  ou  MASCllTI  (.Micurt], 
violoniste  et  compositeur  italien.  —  Je  crois 
que  Ton  se  tromi)erait  en  prenimt  trop  à  la  lettre 
l'assertion  de  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens,  disant  que  cet  artiste  était  né 
«  dans  les  dernières  années  du  dix-septième 
siècle,  »  car,  dès  le  mois  de  novembre  1704,  le 
Mercure  parlait  ainsi  de  cet  artiste  :  —  «  M.  Mi- 
chel Mascitli,  Italien,  a  fait  graver  ici  un  livre 
de  douze  soniites,  six  à  violon  seul  avec  la 
basse,  et  six  à  deux  violons  avec  la  basse.  Ce 

livre  est  dédié  à  S.  A.  R.  le  duc  d'Orléans 

L'auteur  de  cet  ouvrage  s'est  acquis  beaucoup  de 
réputation  depuis  qu'il  est  à  Paris.  Il  a  eu  le 
bonheur  de  plaire  au  grand  prince  que  je  viens 
de  nommer,  qui  ne  se  trompe  jamais  en  gens  de 
mérite.  .M.  Masciiti  a  eu  l'honneur  de  jouer  de- 
vant le  Roy,  devant  Monseigneur  le  Dauphin, 
et  par  conséquent  devant  toute  la  cour,  dont  il 
a  esté  fort  applaudi.  »  Il  parait  donc  probable 
que  Ma.sciiti  était  établi  à  Paris  dès  la  lin  du 
dix-septième  siècle  ou  les  premiers  jours  du  dix- 
huitième. 

*  MASIXI  (FiiANfois)  ,  compositeur  italien 
qui  a  passé  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  en 


France,  a  écrit  des  centaines  de  romances  et  de 
mélodies  qui  se  faisaient  remarquer  par  une 
grâce  aimable  et  élégante,  un  sentiment  tendre 
et  expressif,  auxquels  elles  durent  un  très-réel 
succès.  Pendant  fort  longtemps,  Masini  publia 
chaque  année  un  album,  ainsi  que  le  faisaient 
A.  de  Latour,  Clapù^sou ,  Frédéric  Bérat , 
jjmis  YJctoria  Arago,  Loïsa  Puget,  etc.,  et  ses 
compositions  distinguées  étaient  recherchées  des 
amateurs  et  se  chantaient  dans  tous  les  salons. 
Cependant  Masini  ne  vit  point  la  fortune 
lui  sourire,  et  lorsqu'en  18C3  une  grave  affec- 
tion de  poitrine  vint  mettre  ses  jours  en  danger, 
il  fallut  que  le  gouvernement  fran(,'ais  vînt  à  son 
aide  et  que  le  maréchal  Vaillant,  alors  ministre 
des  Beaux- Arts,  le  fit  a'Imettre  dans  la  maison 
municipale  de  santé  connue  sous  le  nom  (Y Hos- 
pice Dubois.  C'est  là  que  Masini  est  mort,  le 
20  août  1803.  Il  était  né  à  Florence  le  16  juillet 
1804. 

Parmi  les  nombreuses  mélodies,  romances, 
chansons,  ariettes,  cantilènes  que  Masini  avait 
publiées  en  France,  et  qui  se  di.stinguaient  par 
un  rare  sentiment  mélodique  et  pur  une  saveur 
pénétrante,  il  faut  citer  surtout  le  Langage  des 
/leurs,  Ma  Bretagne,  Plus  heureux  qu'un 
roi,  les  Deux  Madones,  le  Dépari  de  Vhiron- 
delle,  rExilé,  la  Fianceedu  pécheur,  etc.,  etc. 

MASSA  (Le  duc  DE),  dilettante  et  com- 
positeur, né  vers  1835,  embrassa  la  carrière 
des  armes  et,  sous  l'empire,  devint  oflicier 
dans  un  régiment  de  la  garde.  Il  avait  étu- 
dié la  musique  en  amateur,  et  fit  repré.senter 
à  rOpéra-Comique,  le  12  avril  18(il,  lloyal- 
Crnvule,  opéra-comique  en  2  actes.  Le  20  mai 
1865  il  fai.sait  exécuter,  dans  la  grande  salle 
(lu  Conservatoire,  des  fragments  d'un  opéra  ita- 
lien, la  Spostt  veneziana,  et  le  28  mars  1^68, 
dans  la  même  salle,  des  fragments  d'un  grand 
opéra  en  5  actes,  intitulé  le  Dante,  ^l.  de  Massa 
a  publié  aussi  la  partition  d'un  opéra-comique 
en  un  acte,  Tout  chetnin  mène  à  Borne,  qui, 
je  crois,  a  été  joué  par  des  amateurs  .sur  un 
théâtre  de  société. 

*  MASSART  (L\MBEKT-Josrpn),  violoniste 
et  professeur,  est  issu  d'une  famille  qui  depuis 
un  temps  immémorial  exerce  la  musique  à  Liège. 
Trois  de  ses  frères  ont  été  ou  sont  encore  pro- 
fesseurs de  cor,  de  clarinette  et  de  contre-basse 
en  cette  ville.  Dès  ses  plus  jeunes  années, 
M.  Massart  .se  livra  à  l'étude  du  violon  sons  la 
direction  d'un  amateur  distingué,  Delaveu,  qui 
l'amena  fort  jeune  à  Paris  pour  le  faire  enten- 
dre, puis  retourna  avec  lui  en  P.elgique.  Recon 
naissant  qu'il  n'avait  plus  rien  à  lui  apprendre, 
Delaveu  intéressa  à  son  élève  la  ville  de  Liège 


l'j 


MASSART  —  MASSÉ 


179 


et  le  roi  des  Pays-Bas,  Guillaume  1^,  et  le  jeune 
arliste  obtint  une  pension  (lour  venir  terminer 
ses  études  à  Paris.  Recommandé  à  Rodolphe 
Kreutzer,  celui-ci  en  fit  son  élève  de  prédilec- 
tion, sans  pouvoir  toutefois  le  faire  entrer  ;ui 
Conservatoire,  Clierubini,  alors  directeur  de  cet 
établissement,  étant  infleNible  et  n'y  voulant  pas 
permettre  l'introduction  des  étrangers. 

M.  Massart  se  fit  entendre  avec  succès  aux 
concerts  spirituels  de  lOpéra,  pour  lesquels 
Kreutzer  lui  écrivit  plusieurs  morceaux,  dont 
un  entre  autres  sur  l'air  de  la  MoUnara.  lin 
même  temps  il  étudiait  avec  Lafont  et  Rode  les 
compositions  de  ces  grands  artistes.  Mais 
M.  Massart  se  destinait  surtout  à  l'enseignement  ; 
il  devint  bientôt  l'un  des  meilleurs  professeurs 
de  Paris,  et  en  1843  se  vit  nommer  professeur 
au  Conservatoire,  en  même  temps  que  M.  Alard. 
Depuis  trente-cinq  ans  il  a  formé  un  grand 
nombre  d'excellents  élèves,  parmi  lesquels  il 
faut  citer  MM.  Henri  WieniavvsKi,  Isidore  Lotto, 
Victor  Cliéri,  Henri  Fournier,  Taudou,  etc. 
M.  Mnssart  est  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

MASSART  (LotisE-AcL.u:  MASSOX, 
épouse), femmedu  précédent,est  l'undes  représen- 
tants les  plus  nobles  et  les  plus  distingués  de  l'école 
fran(,aise  actuelle  de  piano.  Née  à  Paris  le  10 
juin  1827,  elle  entra  au  Conservatoire  au  mois 
d'octobre  1838,  d'abord  dans  la  classe  de  M'"*  Co- 
che, d'où  elle  passa,  au  bout  d'une  année,  dans 
celle  de  Louis  Adam.  Elle  remporta  d'emblée  le 
premier  prix,  et  de  la  façon  la  plus  biillante,  en 
18^0,  à  peine  âgée  de  treize  ans.  Bientôt  elle  se 
produisit  en  jmblic,  se  vit  accueillir  avec  une 
rare  faveur,  et  obtint  le  titre  de  pianiste  de 
M""  la  duchesse  d'Orléans. 

Artiste  de  race,  musicienne  instruite,  virtuose 
de  premier  ordre,  M'"^  Massart  possède  à  la  fois 
la  grâce  et  la  vigueur,  la  grandeur  et  l'élégance, 
le  goût  et  la  passion,  et  son  jeu  brillant,  coloré, 
poétique,  sait  se  plier  aux  styles  de  tons  les 
maîtres  et  revêtir  successivement  les  qualités 
qui  conviennent  à  chacun  d'eux.  Elle  a  obtenu 
à  Paris  de  brillants  et  nombreux  succès  ;  mais, 
par  malheur,  son  talent  vraiment  magistral  n'est 
pas  connu  au  dehors,  M™^  Massart  n'ayant  ja- 
mais voyagé.  Cette  excellente  artiste  a  été  nom- 
mée professeur  de  piano  au  Conservatoire,  en 
1875.  à  la  mort  de  M"""  Farrenc. 

*  MASSÉ  (Fixix-Marie,  dit  Yictou).  — 
'Voici  la  liste  exacte  et  complète  des  œuvres  dra- 
matiques de  ce  compositeur  aimable  :  1"  le  Re- 
négat de  Tanger,  cantate  qui  lui  valut  le  prix 
de  Rome  et  qui  fut  exécutée  à  l'Opéra  au  com- 
mencement de  l'année  1845;  2°  la  Favorita  e 
la  Schiava,  opéra  italien,  qui,  je  crois,  constitua 


l'un  de  ses  envois  de  Rome  à  l'Académie  des 
Beaux- Arts;  3"  la  Chanteuse  voilée  (un  acte, 
Opéra-Comique,  26  novembre  1850),  partition 
élégante  qui  tut  un  excellent  début  pour  son 
auteur;  4°  Galatée  {2  actes,  id.,  14  avril  1852), 
n-iivre  charmante,  poétique,  pleine  de  couleur  et 
connue  imprégnée  d'un  parfum  véritablement 
antique;  5°  Cantate  (Opéra,  28  octobre  1852); 
6°  les  Noces  de  Jeannette  (un  acte,  Opéra-Co- 
mique, 4  février  1853),  petit  tableau  rustique 
plein  de  grâce,  de  fraîcheur  et  d'émotion;  1°  la 
Fiancée  du  Diable  (3  actes,  id.,  5  juin  1854); 
8°  Miss  Fauvette  (un  acte,  id.,  13  février  1855)  ; 
9°  les  Saisons  (3  actes  et  4  tableaux,  id.,  22 
décembre  1855,  repris  avec  des  remaniements 
le  15  juin  1856),  œuvre  importante  et  colorée, 
qui  méritait  mieux  que  le  froid  accueil  qu'elle 
reçut  du  public;  10°  la  Reine  Topaze  (3  actes, 
Thcâtre-Lyriqiie,  27  décembre  1856),  production 
|/leiue  de  chaleur  et  dont  le  succès  fut  très-vif; 
11°  le  Cousin  de  Marivaux  (un  acte,  théâtre 
de  Bade,  août  1857)  ;  12°  les  Chaises  à  porteurs 
(un  acte,  Opéra-Comique,  28  avril  1858);  13° 
la  Fée  Caralwsse  (3  actes,  Théâtre-Lyrique, 
28  février  1859)  ;  14°  la  Mule  de  Pedro  (2  actes. 
Opéra,  6  mars  1863);  15»  Fior  d'Aliza  (4  actes 
et  7  tableaux,  Opéra-Comique,  5  février  1866); 
16°  le  Fils  du  Brigadier  (3  actes,  id.,  25  février 
1867);  17"  Paul  et  Virginie  (3  actes  et  8  ta- 
bleaux, Théâtre-Lyrique,  15  novembre  1876), 
véritable  drame  lyrique  dont  le  retentissement  a 
été  très-grand,  grâce  au  nom  de  son  auteur  et  à 
celui  d'un  de  ses  principaux  interprètes,  M.  Ca- 
poul,  mais  qui,  à  mou  sens,  est  fort  loin  de  va- 
loir les  jolies  partitions  que  M.  Massé  avait 
écrites  dans  le  genre  tempéré,  celui  qui  con- 
\  ient  le  mieux  à  son  talent  fln,  délicat  et  plein  de 
grâce. 

A  ces  divers  ouvrages,  il  faut  ajouter  :  une 
messe  solennelle  exécutée  à  Rome  en  1846;  une 
opérette  non  représentée,  le  Prix  de  famille, 
publiée  dans  le  journal  le  Magasin  des  Demoi- 
selles; enfin,  un  grand  nombre  de  mélodies  vo- 
cales, parmi  lesquelles  il  faut  siirloul  distinguer 
les  trois  recueils  intitulés  Citants  bretons. 
Citants  du  soir.  Chants  d'autrefois,  qui  con- 
tiennent de  véritables  bijoux  (1).  —  Chef  des 


(I)  A  tout  cela  il  faut  ajouter  encore  un  chœur  écrit 
pour  une  petite  comédie,  le  Dernier  Couplet,  et  une  ou- 
verture, un  air  et  un  chœur  CDmposés  pour  une  autre 
comedli-,  .-t dieu  paniers,  vendanges  sont  faites,  touics 
'leui  représentées  â  Bade  au  mois  de  se|)tembre  1R61.  Eo- 
fin,  un  éditeur  de  musique,  M.  Michatlis,  a  annoncé  ré- 
cemiucnt  la  publication  prochaine  de  quatre  opiras-co- 
miqiies  ne  M.  Massé  qui  n'ont  jamais  été  représentés  :  la 
Trouvaille,  un  acte  ;  les  Enfants  de  Perrette,  un  acte  ; 


180 


MASSÉ  —  iMASSENET 


chœurs  à  l'Opi^ra  depuis  1860,  professeur  de 
composition  au  Conservatoire  depuis  18C6 , 
M.  Victor  Massé  est  officier  de  la  Légion  d'hon- 
neur. Il  a,  selon  la  coutume,  lu  en  séance  non 
puhli<iue  de  TAcadémie  des  Beau\-Arls  une  no- 
tice sur  Auber,  auquel  il  avait  succédé;  cet 
éloge  a  été  publié  (Paris,  Firmin-Didot,  in-4"). 

MASSEXET  (Jcles-Émile  FKLDiiiuc),  l'un 
des  mieux  doués,  le  plus  fécond  et  peut-être  le 
plus  absolument  distingué  de  tous  les  membres 
de  la  jeune  école  musicale  française,  est  né  le 
12  mai  1842  à  Montaiid  (Loire).  Le  plus  jeune 
d'une  famille  qui  ne  comprenait  pas  moins  de 
onze  enfants,  il  montra  de  bonne  heure  une  vo- 
cation décidée  pour  la  musique,  et  il  était  à 
peine  âgé  de  dix  ans  lorsqu'il  fut  admis  dans  une 
des  classas  de  solfège  du  Conservatoire  de  Paris, 
où  il  obtint  un  troisième  accessit  dès  1853.  En 
même  temps  il  suivait,  dans  cette  école,  le  cours 
de  piano  de  M.  Laurent,  et  se  voyait  décerner 
un  troisième  accessit  de  piano  en  18  j4,  le  pre- 
mier accessit  en  1856,  et  le  premier  prix  en  1859. 
Doué  d'une  précocité  remarquable,  le  jeune 
Massenet  avait  commencé  l'étude  de  l'harmonie 
avant  même  d'avoir  atteint  sa  onzième  année, 
et  était  entré  dans  la  classe  d'harmonie  et  accom- 
pagnement de  M.  François  Bazin.  Par  malheur, 
le  maître  n'avait  pas  su  discerner  la  nature  et 
les  qualités  de  l'élève,  et  un  jour,  après  lui  avoir 
fait,  j'ignore  pour  quelle  raison,  une  sorte  d'ava- 
nie devant  tous  ses  condisciples,  il  le  chassa  bru- 
talement de  sa  classe. 

Découragé,  l'enfant  resta  cinq  ans  sans  re- 
prendre ses  études  théoriques.  Puis,  devenu 
jeune  homme,  il  entra  dans  une  autre  classe 
d'harmonie,  celle  de  M.  Reber,  et  ses  progrès 
furent  si  rapides,  qu'ayant  obtenu  un  premier 
accessit  à  son  premier  concours  (1860),  son  maî- 
tre lui  dit  :  —  «  Vous  n'avez  plus  rien  à  appren- 
dre ici.  Vous  méritiez  le  premier  prix,  vous  ne 
l'avez  pas  eu ,  ne  perdez  pas  votre  temps  à 
attendre  un  nouveau  concours  et  entrez  aussitôt 
dans  une  classe  de  fugue.  »  M.  Massenet  suivit 
ce  conseil,  et  devint  alors  l'élève  de  M.  Ambroise 
Thomas,  qui  le  prit  bientôt  en  affection  en  voyant 
ses  habituiies  laborieuse?  et  son  désir  de  parve- 
nir. Il  était  en  effet,  dès  cette  époque,  dévoré  de 
la  lièvre  de  la  production,  et  Ton  raconte  qu'il 
ne  se  passait  point  de  classe  qu'il  n'apportât  à 
à  son  professeur  soit  toute  une  série  de  romances 
ou  de  mélodies  (il  mit  ainsi  en  musique  une 
grande  partie  des  poésies  d'Auguste  de  Chàtil- 
lon  :  A  la  (jrandC pinte),  soit  un  ou  deux  mor- 
ceaux de  symphonie,  soit  même  une  scène  ou 

une  Loi  tomptiiaire,  lactés,  et  la  .Petite  sœur  d'Achille, 
un  acie. 


'  un  acte  d'opéra.  D'ailleurs  très-réservé,  rem- 
pli de  modestie,  c'était  presque  en  tremblant 
que  le  jeune  compositeur  présentait  ses  essais  à 
son  maître,  et  il  semblait  toujours  confus  de  ne 
pouvoir  faire  mieux  ou  plus.  Mais  cette  furie  de 
production  n'était  pas  sans  exciter  un  peu  la  ja- 
lousie de  SCS  camarades  moins  laborieux,  qui  ne 
se  gênaient  point  pour  le  railler  en  son  absence 
(levant  le  maître,  disant  qu'il  [était  im- 
possible d'obtenir  de  bons  fruits  avec  une  culture 
ainsi  surmenée,  et  qu'une  telle  fécondité  devait 
fatalement  aboutir  à  l'impuissance.  Mieux  avisé 
que  naguère  M.  Bazin,  M.  Ambroise  Thomas, 
qui  savait  discerner  les  qualités  de  son  élève, 
faisait  au  contraire  grand  fond  sur  lui,  était  pres- 
que touché  de  l'énergie  et  de  la  force  de  volonté 
dont  il  faisait  preuve,  et  disait  alors  :  —  «  Lais- 
sez, laissez  faire;  quand  ce  grand  feu-là  sera 
passé  ,  il  saura  bien  retrouver  son  aplomb  et 
devenir  ce  qu'il  doit  être.   » 

linfm,  M.  Massenet  travailla  tant  et  si  bien 
qu'il  lit,  en  1862  et  1863,  deux  doubles  con- 
cours d'une  façon  très-brillante.  En  1862  il 
obtenait  un  second  prix  de  fugue  en  même 
temps  qu'une  mention  honorable  au  concours 
de  Rome,  et  en  1863  il  se  voyait  décerner  coup 
sur  coup  le  premier  prix  de  fugue  et  le  pre- 
mier grand  prix  de  Rome.  La  cantate  qui  lui 
avait  valu  une  mention  honorable  était  d'Edouard 
Monnais  et  avait  pour  titre  Mademoiselle  de 
Moatpensier ;  celle  avec  laquelle  il  obtint  son 
premier  prix  était  intitulée  David  Rizzio.  Cette 
dernière  fut  chantée  par  M.  Roger,  par  Gourdin, 
jeune  artiste  qui  mourut  à  la  lleur  de  l'âge  après 
avoir  fait  une  apparition  brillante 'à  l'Opéra-Co- 
mique,  et  par  M'"''  Yandenheuvel-Duprez. 

M.  Massenet  (il  donc  à  son  tour  ce  voyage  de 
Ron)e,  si  inutile  jadis  à  la  plupart  de  nos  jeunes 
compositeurs,  souvent  plus  obscurs  au  retour 
de  ce  voyage  qu'alors  qu'ils  se  préparaient  à  le 
faire.  Mais  il  ne  perdit  pas  son  temps  pendant 
son  séjour  en  Italie,  où  il  se  remit  au  travail 
avec  ardeur,  et  d'ailleurs  il  ne  resta  pas  dans  ce 
pays  tout  le  temps  qu'il  passa  hors  de  France. 
Il  prit  un  beau  jour  sa  course  et  s'en  alla  visiter 
l'Allemagne  et  la  Hongrie,  comme  Berlioz,  regar- 
dant, rêvant  et  composant  toujours,  car  il  avait 
sa  muse  pour  compagne  de  route.  En  1865,  il 
est  à  Pestli,  où  il  écrit  ses  Scènes  de  bal,  espèce 
de  «  suite  »  pour  le  piano,  d'une  forme  délicate 
et  élégante  (qu'il  publia  plus  tard,  lors  de  son 
retour  à  Paris),  et  il  ji'tte  la  première  idée  des 
Scènes  hongroises,  avec  lesquelles  il  fera,  quel- 
ques années  après,  sa  deuxième  suite  d'orches- 
tre. Au  commencement  de  1866,  il  est,  je  crois, 
de  retour  à  Rome,  d'où  il  fait  à  l'Académie  des 


MASSENET 


181 


Beaux- Arts  l'envoi  que  tout  pensionnaire  de  la 
villa  Médicis  est  tenu  d'effectuer  chaque  année. 
Celui-ci  comprenait  une  grande  ouverture  de 
concert  et  un  liequiem  à  4  et  8  voix,  avec  ac- 
compagnement de  grand  orgue ,  de  violoncelles 
et  de  contre-basses.  Presque  aussitôt  il  revient  à 
Paris,  et  dès  le  '24  février  18CC,  il  fait  exécu- 
ter au  Casino  une  composition  importante  inti- 
tulée Pompéia. 

Il  esi  toujours  intéressant,  lorsqu'un  artiste  a 
réussi  à  se  mettre  en  lumière,  de  voir  de  quelle 
façon  ont  été  jugés  ses  premiers  essais,  ceux 
qui  sont  restés  inaperçus  de  la  foule.  Je  re|)ro- 
(luirai  dune  ici,  au  sujet  de  Pompcia,  rap[iré- 
ciation  que  je  trouve  dans  un  journal  s|)écial,  la 
Revue  et  Gazette  musicale  :  —  «  M.  J.  Mas- 
senet,  prix  de  Rome  de  1863,  n'a  pas  parcouru 
en  vain  la  <i  teire  classique  des  arts  »  ;  il  en  a 
rapporté  une  fantaisie  symplionique  intitulée  : 
Pompéia,  dans  laquelle  il  a  essayé  de  retracer 
quelques  scènes  antiques.  Les  quatre  morceaux 
dont  elle  se  compose,  Prélude,  Hymne  d'Eros 
(danse  grecque),  i'hœur  des  funérailles,  Duc- 
chanale,  i)ourraienl  être  signés  Berlioz;  on  y 
retrouve  la  louche  vigoureuse  de  ce  maître, 
l'horreur  des  lieux  communs  qui  le  fait  quel(|ue- 
fois  tomber  dans  l'étrange,  el  tel  dessin  d'or- 
chestre, tel  duo  d'instruments  à  vent  rappelle, 
sans  y  ressembler  pourtant,  les  danses  puni- 
ques des  Troijcns  à  Carthage.  On  conçoit  que 
la  coupe  orditiaiie  des  morceaux  symplioui- 
ques  n'était  pas  ici  de  mise  ;  il  ne  faut  pas  cher- 
<',her  dans  cette  évocation  du  fantôme  de  la 
vieille  Italie  des  développements  selon  les  règles, 
des  motifs  revenant  à  la  place  voulue,  des  mo- 
dulations prévues  :  c'est  une  description,  un 
programme  suivi  pas  à  pas,  avec  des  accents 
tantôt  grandioses,  tantôt  naïfs,  quelquefois  exa- 
gérés dans  leur  expression,  mais  toujours  vrais. 
Nous  avons  été  frappé  de  l'habileté  de  l'instru- 
mentation, vraiment  surprenante  chez  un  jeune 
homme  de  cet  âge,  que  le  sentiment  doit  guider 
plus  encore  que  l'expérience.  M.  Masseiiet  est 
d'ailleurs  im  musicien  consommé  et  un  de  nos 
plus  habiles  pianistes.  Après  un  pareil  début, 
nous  sommes  en  droit  d'attendre  d'une  organi- 
sation aussi  heureuse  des  travaux  sérieux  d'un 
autre  ordre,  qui,  nous  en  avons  la  conviction, 
lui  assigneront  une  place  honorable  parmi  les 
compositeurs  contemporains.  » 

A  peine  est-il  de  retour  en  France ,  que 
M.  Massenet  retrouve  la  furie  de  production 
qui,  on  l'a  vu,  le  distinguait  avant  son  départ. 
Au  mois  de  juillet  1866,  il  fait  exécuter  aux 
concerts  des  Champs-Elysées  deux  fantaisies 
pour  orchestre;  le  24  mars  1867,  il  fait  connaître 


aux  habitués  des  Concerts  populaires  sa  première 
Suite  d'orchestre,  que  M.  Pasdeloup  fait  jouer 
aussi,  peu  de  jours  après,  à  l'Alliénée,  où  se 
donnaient  alors  des  concerts  très-brillants,  et 
qui  obtient  im  très-vif  succès,  justifié  par  une 
forme  originale,  par  une  inspiration  abondante  , 
par  une  instrumentation  tiès-line,  très-brillante 
et  tiès-variée;  le  3  avril  suivant,  le  jeune  mu- 
sicien fait  son  début  au  théiUre,  en  donnant  à 
l'Opéra-Comique  un  gentil  petit  acte,  la  Grand''- 
Tantc,  qui  était  chanté  par  M.  Capoul  ,  par 
jyjiits  Girard  et  Ilcilbron;  en  môme  temps,  il 
prenait  part  au  concours  ouvert  pour  la  cantate 
de  l'Exposition  universelle,  et  sa  partition,  non 
couronnée,  mais  très-bien  classée,  obtenait  le 
n°  3;  enlin,  il  écrit  pour  le  Théiltre-Lyrique  la 
cantate  oITicielle  destinée  à  être  chantée  le  15 
aoilt  1867  :  Paix  et  Liberté!  et  il  prend  part  à 
un  nouveau  concours,  celui  ouvert  à  l'Opéra  pour 
In  Coupe  du  roi  de  Thulé.  Mais  il  était  alors 
sous  l'intluence  des  idées  uitra-wagnériennes,  et, 
de  son  aveu  même,  sa  partition  de  la  Coupe, 
qu'il  détruisit  plus  tard,  était  l'œuvre  la  plus 
étrange  qui  se  put  rencontrer. 

Après  cette  veine  de  fécondité,  M.  Massenet 
semide  se  recueillir  un  peu,  et  pendant  quelque 
temps  ne  fait  plus  parler  de  lui.  Il  écrit  et  com- 
pose toujours,  mais  ne  se  produit  pas  devant  le 
public.  Un  jeune  auteur  dramatique  trace  pour 
lui  le  livret  d'un  Manfred,  grand  opéra  en  cinq 
actes,  avec  prologue  et  épilogue;  ce  sujet  con- 
venait au  compositeur,  mais,  je  ne  sais  par  suite 
de  quelles  raisons  particulières,  il  ne  se  décida 
pas  à  le  traiter.  C'est  dans  des  productions  inti- 
mes, poétiques,  tout  à  fait  en  dehors  du  drame 
et  de  la  symphonie,  qu'il  se  complaît  alors.  Il 
écrit  sur  des  vers  d'un  vrai  poëte,  M.  Armand 
Silvestre,  deux  choses  charmantes  :  Poëme 
d'avril  et  Poëme  du  souvenir,  sortes  de  fan- 
taisies mélancoliques,  formant  chacune  un  petit 
recueil  d'un  accent  très-personnel  et  très-pé- 
nétrant, d'un  caractère  touchant  et  rêveur,  par- 
fois même  pathétique,  et  indiquant  nettement 
les  aptitudes  de  l'auteur  au  point  de  vue  de 
la  scène.  Les  délicats  en  musique  apprécient 
comme  elles  le  méritent  ces  deux  compositions 
d'un  ordre  vraiment  original ,  dans  lesquelles, 
avec  une  élégance  exquise,  on  trouve  réunies 
la  mélancolie  de  Schubert  et  la  grâce  ineffa- 
ble de  M.  Gounod.  C'est  dans  le  même  temps, 
ou  à  peu  près,  que  M.  Massenet  publiait  ses 
Chants  intimes,  mélodies  vocales,  et  T/m- 
provisateur,  «  scène  italienne  transcrite  pour 
le  piano,  u 

On  retrouve  le  jeune  compositeur  aux  Con- 
certs populaires,  où  il  fait  exécuter,  le  '.>6  no- 


182 


MASSENET 


vembre  1871,  une  deuxième  Suite  d'orchestre, 
intitulée  Scènes  hongroises  [Entrée  en  forme 
de  danse,  Intermezzo,  Cortège  et  bénédiction 
nuptiale).  Malgré  quelques  détails  charmants, 
malgré  la  coquetterie  des  deux  premiers  mor- 
(  eaux,  malgré  l'ampleur  du  dernier,  il  semble 
qu'on  lioive  préférer  à  cette  seconde  suite  celle 
que  M.  Massenet  fit  exécuter  tout  d'abord.  Ce 
n'en  est  pas  moins  une  œuvre  fort  distinguée. 
Quelques  mois  après  (2fi  mars  1872),  M.  Mas- 
senet produisait  à  la  Société  classique  de 
M.  Armingaud  une  composition  tout  à  fait 
exquise,  portant  ce  simple  titre  :  Introduclion 
et  Variations  (pour  2  violons,  alto,  violoncelle, 
contre-basse,  flilte,  hautbois,  clarinette,  cor  et 
basson).  Ce  petit  badinage  mu'^ical,  tout  plein 
de  grâce  et  de  délicatesse,  de  charme  et  d'élé- 
gance, tout  parfumé  et  tout  fleuri,  obtint  le 
succès  qu'il  méritait. 

C'est  ici  que  se  place  un  incident  particulier 
dans  la  carrière  de  M.  Massenet.  La  direction 
de  ropéra-Comique,  prise  de  court  et  se  trou- 
vant avoir  besoin  d'un  ouvrage  en  trois  actes 
dans  un  délai  très-bref,  vint  demander  au  jeune 
compositeur  s'il  se  chargerait  d'écrire  cet  ou- 
vrage dans  l'espace  de  trois,  semaines.  Celui-ci, 
malheureusement,  était  encore  sous  l'inlluence 
des  idées  fâcheuses  qui  prévalaient  encore  dans 
certain  petit  clan  musical  :  d'une  part,  il  pro- 
fessait une  sorte  de  mépris  pour  le  genre  de 
l'opéra-comique,  ce  genre  illustré  et  remlu  fa- 
meux depuis  plus  d'un  siècle  par  tant  de  grands 
maîtres;  de  l'autre,  rien  ne  lui  semblait  plus 
facile  que  de  broclier  à  la  hàle  trois  actes  de 
semblable  musique;  et  comme,  en  résumé,  l'oc- 
casion était  favorable  pour  se  produire,  il  n'hé- 
sita pas  à  accepter  la  proposition  qui  lui  était 
faite.  Il  écrivit  donc  dans  le  délai  voulu  la  par- 
tition de  Don  César  de  Bazan.  Mais  pour  avoir 
trop  présumé  de  ses  forces,  pour  n'avoir  pas 
compris  tout  d'abord  que  l'opéra-comique  est 
une  forme  de  l'art  à  la(|uelle  ou  peut  ne  pas  s'at- 
taquer, mais  qu'on  n'a  pas  le  droit  de  dédai- 
gner, il  fut  bientôt  dévoyé  et  fit  un  pas  de  clerc. 
La  critique  fut  dure  à  son  œuvre,  et  le  public 
ne  lui  fit  pas  meilleur  accueil  ;  c'est  que  l'oni- 
vre  n'était  pas  bonne,  et  qu'elle  ne  pouvait  l'être, 
conçue  dans  les  conditions  qui  viennent  d'être 
rapportées.  L'artiste  était  tombé  de  haut,  il  fut 
un  [leu  étourdi  de  sa  chute;  celle-ci  lui  fut  pro- 
fitable pourtant,  car  avec  sa  vive  infelligencie  il 
couq)ril  bienlùt  qu'en  matière  «l'art  il  n'est  pas 
de  petites  œuvres,  et  que  le  devoir  de  celui  qui 
proiluit  est  de  rechercher  en  tout  la  perl'eclion. 

Il  se  releva  d'un  bond,  et  obtint  un  succè-; 
très-brillant  et  très-franc  en  faisant  exécuter  à 


rodéon,  peu  de  mois  après,  Marie-Marjdeleine, 
drame  sacré  en  trois  parties.  C'est  à  dessein 
que,  malgré  la  nature  du  sujet  traité,  il  ne  qua- 
lifia pas  cette  œuvre  d'oratorio.  M.  Mas.senet, 
en  effet,  n'avait  pas  pris  et  n'avait  pas  voulu 
prendre  en  cette  occasion  le  style  large,  noble 
et  pompeux  de  l'oratorio.  Peintre  et  poète,  il 
avait  prétendu,  dans  cette  œuvre  no»ivelle  et  lon- 
guement caressée,  donner  place  à  la  rêverie  et 
au  paysage;  de  plus,  il  y  faisait  entendre  des 
accents  d'une  passion  véritablement  humaine, 
d'une  tendresse  en  quelque  sorte  terrestre ,  qui 
auraient  pu  donner  matière  à  critique  s'il  avait 
laissé  supposer  qu'il  voulait  marcher  sur  les 
traces  de  Htendel,  de  Bach  ou  de  Mendelssohn.  En 
somme,  l'oeuvre  était  belle,  suave,  pure  de  lignes, 
tout  imprégnée  d'un  parfum  de  jeunesse  et  de 
poésie,  avec  cela  grandiose  par  instants  et  vrai- 
ment émouvante.  C'était  assez,  certes,  pour  lé- 
gitimer le  succès  qui  l'accueillit  à  son  apparition, 
et  qui  la  suivit  lors  de  son  exécution  à  l'Opéra- 
Coi  nique. 

Ce  succès,  M.  Massenet  le  retrouva  avec  son 
Eve,  ouvrage  de  proportions  beaucoup  plus  mo- 
destes, auquel  il  a  donné  la  qualification  de 
«  mystère  »,  ne  voulant  i)as  non  plus  l'intitider 
oratorio,  et  qui  fut,  on  peut  le  dire,  accueilli  avec 
un  véritable  enthousiasme  lorsque  le  public  l'en- 
tendit à  la  Société  de  l'Harmonie  sacrée,  si  bien 
diiigée  par  M.  Charles  Lamoureux.  Une  poésie 
rêveuse  et  une  passion  ardente,  un  grand  senti- 
ment du  pittoresque,  des  sonorités  exquises,  un 
orchestre  adorable,  des  idées  d'ime  fraîi  heur  et 
d'une  grâce  toutes  juvéniles,  parfois  une  chaleur 
entraînante  et  une  incomparable  piu'ssance  d'ex- 
pression, telles  sont  les  qualités  qui  distinguent 
cette  partition  et  qui  ont  fait  sa  fortune.  —  C'est 
peu  de  temps  après  l'exécution  d'Eve  que 
M.  Massenet  fut  nommé  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur. 

Mai^,  comme  l'immense  majorité  des  musiciens 
français,  M.  Massenet  avait  surtout  pour  objectif 
le  théâtre,  qu'il  n'avait  encore,  en  quelque  sorte, 
abordé  qu'acciilentellement.  En  effet,  la  Grand'- 
Tanfe  n'avait  été  qu'un  essai  sans  grande  im- 
portance, Don  César  de  Bazan  avait  été  écrit 
trop  bi\tivement,  et  la  musique  scéni(]ue  que  le 
jeune  artiste  avait  composée  pour  un  drame  de 
M.  Leconte  de  Liste,  les  Erynnies,  ne  consti- 
tuait point  une  œuvre  lyrique.  M.  Massenet  avait 
bien  en  portefeuille  la  partition  d'un  opéra  en  3 
actes.  Méduse,  mais  cet  ouvrage  lui  parai.ssait 
(l'un  caractère  un  peu  trop  circonscrit  pour  qu'il 
voulut  faire  avec  lui  son  véritable  début  sur  une 
grande  scène.  Bientôt  il  entreprit  d'écrire  un 
grand  opéra  en  4  actes,  le  Roi  de  Lahore,  sur 


MASSENET 


183 


lequel  il  fondait  de  grandes  espérances,  et  avant 
que  celte  œuvre  extrêmement  importante  fût 
tout  à  fait  terminée,  elle  était  reçue  par  la  di- 
rection de  l'Opéra. 

C'est  avec  une  certaine  impatience  que  le  pu- 
blic français  attendit  l'apitarilion  de  ce  nouvel 
ouvrage,  dû  à  un  jeune  artiste  qui  était  rapi- 
dement devenu  son  favori  et  pour  lequel 'il 
ressentait  une  sympathie  vive  et  sincère. 
La  critique  elle-même,  qui  avait  traité  M.  Mas- 
senet  en  enfant  gâté  parce  qu'elle  croyait  voir 
en  lui  l'étoffe  d'un  vrai  créateur,  la  critique  était 
désireuse  de  son  succès,  et  attendait  avec  une 
certaine  anxiété  l'issue  de  la  tentative  si  impor- 
tante d'où  allait  dépendre  en  partie  l'avenir  du 
compositeur.  Kniin,  la  première  représentation 
du  Boi  de  Lahore,  entourée  de  toute  la  pompe, 
de  tout  l'éclat  que  notre  première  scène  lyrique 
sait  mettre  au  service  d'une  œuvre  nouvelle, 
aidée  par  une  interprétation  remarquable  de  la 
part  des  ciianteurs,  excellente  en  ce  qui  concer- 
nait les  masses  instrumentale  et  chorale,  eut 
lieu  le  27  avril  1877.  Le  succès  n'en  fut  pas 
douteux  un  instant,  et  justifia  toutes  les  espé- 
rances qu'on  avait  conçues  du  talent  du  jeune 
maître.  La  partition  du  Roi  de  Lahore  ne  cons- 
titue pas  un  (hef-d'o'uvre  sans  doute;  mais 
c'est  une  œuvre  puissante  et  colorée,  sincère  et 
mâle,  à  la  fois  sobre  et  pleine  d'ampleur,  dans 
laquelle  le  compositeur  a  donné  des  preuves 
non-seulement  d'une  grande  habileté  de  main, 
ce  qui  ne  faisait  doute  pour  personne,  mais  d'un 
grand  sens  dramatique  et  scénique  ;  ces  qualités, 
déjà  remarquables,  sont  complétées  par  une 
inspiration  souple  et  vaiiée,  dans  laquelle  nn 
charme  pénétrant  et  la  grâce  la  plus  tendre  s'u- 
nissent à  une  rare  vigueur,  par  un  grand  res- 
pect des  bonnes  comlitions  vocales ,  par  une 
grande  science  de  l'orchestre,  et  enfin  par  une 
horreur  de  la  banalité  qui  ne  se  traduit  jamais 
en  une  recherche  des  effels  excentri(|ues  ou 
bizarres.  En  réalité,  cette  production  d'une  élé- 
gance si  noble,  d'une  allure  si  personnelle,  d'une 
couleur  vraiment  nouvelle,  ne  pouvait  qu'être 
accueillie  avec  faveur.  Aussi  son  succès  fut-il 
grand,  et  non-seulement  en  l<"rance,  mais  encore 
en  Italie,  où  l'ouvrage  fut  joué  peu  de  mois  après 
avoir  été  représenté  à  Paris,  et  reçu,  on  peut 
le  dire,  avec  transports.  Le  public  du  théâtre 
Regio,  de  Turin,  et  celui  du  théâtre  Apollo,  de 
Rome,  tirent  au  jeune  compositeur  des  ovations 
véritablement  enthousiastes,  et  l'on  peut  pres- 
que affirmer  que  jamais  jusqu'alors,  en  Italie, 
artiste  français  n'avait  été  l'objet  de  semblables 
manifestations.  C'est  un  honneur  pour  l'art  fran- 
çais qu'une  telle  victoire  remportée  par  un  des 


siens  à  l'étranger,  et  l'on  peut  dire  qu'en  cette 
circonstance  M.  Massenet  a  bien  mérité  de  son 
pays. 

Au  point  où  il  en  est  arrivé  pourtant,  il  est 
encore  difficile  et  il  serait  téméraire  de  chercher 
à  caractériser,  d'une  façon  nette  et  précise,  le 
talent  de  M.  Massenet,  car  malgré  ses  succès 
noudireux,  le  compositeur  en  est  encoie  à  l'au- 
rore de  sa  carrière.  Mais  on  peut  tout  au  moins 
le  féliciter,  dés  aujourd'hui,  d'avoir  agi  avec 
sagesse  et  courage  en  brisant  son  talent,  en  le 
forçant  à  se  plier  à  toutes  ses  volontés,  de  façon 
à  n'être  arrêté,  dans  la  suite,  par  aucun  obstacle; 
on  peut  aussi  remarquer  qu'en  produisant,  ainsi 
qu'il  le  fait,  dans  tous  les  genres,  il  a  donné 
des  preuves  de  cette  fécondité  heureuse  qui  est 
l'apanage  des  tempéraments  vigoureux.  M.  Mas- 
senet a  déployé  une  rare  liberté  d'esprit,  une 
fanl;usie  véritablement  personnelle,  en  s'essayant 
à  des  genres  jusqu'ici  inconnus  des  artistes 
français;  le  Poème  d'avril  et  le  Poëme  du 
souvenir  n'ont  guère  d'analogue  chez  nous  :  ce 
sont  de  petites  compositions  dramatiques  inti- 
mes, comme  qui  dirait  des  réductions  d'opéra, 
dans  lesquelles  le  musicien  a  mis  toute  son  âme, 
qu'il  a  empreintes  d'une  mélancolie  profonde, 
d'une  tendresse  pleine  d'expansion,  d'une  tou- 
chante rêverie;  j'appellerais  presque  cela  du 
Musset  musical,  et  en  parlant  ain.si  je  n'exagé- 
rerais pas  beaucoup  ma  pensée,  car  il  y  a  là  des 
qualités  exquises.  D'autre  part,  M.  Massenet 
s'est  éprouvé  dans  la  musique  instrumentale, 
avtc  ses  Suites  d'orcliestre,  son  ouvertuie  de 
Phèdre  et  sa  fantaisie  intitulée  Pompera;  il  a 
très-bien  réussi  dans  ce  genre  libre,  où  il  a  dé- 
ployé tout  à  loisir  les  qualités  de  son  imagina- 
tion, et  où  il  a  prouvé  sa  grande  connaiss;uice 
des  effets  d'orchestre,  des  accouplements  de 
tiiubres,  des  diverses  et  multiples  sonorités  de 
l'instrument  aux  cent  voix  ;  on  peut  regretter 
seulement  que  M.  Massenet  n'ait  pas  cru  devoir, 
jus(iu'ici,  s'altnquer  à  une  symphonie  véritable 
et  regidière.  A  côté  île  tout  cela,  M.  Massenet 
.s'est  exercé  dans  le  drame  religieux  avec  Eve 
et  Marie-Magdeleine,  et,  en  dehors  de  ses 
[tremiers  essais,  a  montré  ce  qu'on  pouvait 
alfenilre  de  lui,  au  point  de  vue  de  la  scène, 
avec  le  Roi  de  Lahore.  On  voit  que  son  ambi- 
tion n'est  point  celle  d'un  artiste  vulgaire,  et  que 
les  ailes  de  sa  muse  sont  douées  d'une  singulière 
envergure.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'à  l'heure 
présente  M.  Massenet  est  l'un  des  plus  fermes 
.soutiens  de  la  jeune  école  française,  qu'il  est  à 
la  tête  du  petit  groupe  d'artistes  fort  distingués 
qui  forme  cette  jeune  école,  et  (lue  ceux  qui  ont 
foi  et    espérance  dans  l'avenir  de  l'art  national 


J84 


MASSENET  —  MATERNA 


ont  les  yeux  fixés  sur  lui.  M.  Massenet  ne  trahira 
pas  la  confiance  qu'on  a  placée  en  lui  ;  il  se  peut, 
—  ce  n'est  pas  probable  cependant,  —  il  se  peut 
qu'il  reste  en  chemin;  mais,  du  moins,  on  peut 
tenir  pour  certain  qu'il  agira  toujours  avec  hon- 
nêteté, et  qu'il  ne  fera  jamais  aucune  conces- 
sion au  faux  goût  et  à  la  frivolité. 

Voici    le  catalogue   complet   des  œuvres  de 
M.  Massenet.  —  A.  Mlsique  dramatique.  1°  La 
Grand'  Trniie,  opéra-comique  en  un  acte,  Opéra- 
Comique,   3   aviil  18G7  ;    2"  Paix  et   Liberté! 
cantate  scénique ,   Théâtre-Lyrique,    15   août 
1867;  3°  Don  César  de  Bazan,  opéra-comi(|iie 
en  3  actes,  Opéra-Comique,  30  novembre  1872  ; 
les  Enjnnies,  tragédie  antique  en  2  [larties, 
Odéon,  fi  janvier  1873  (et  plus  tard,  Ïhéàfre-Ly- 
rique,    15  mai    1876,   la  partition    comprenant 
alors,  outre  l'ouverture,  l'enlr'acle  et  les  m'^lo- 
drames,  des  chœurs  et  plusieurs  airs  de  ballet); 
4°  te   Roi  de   Lahore,   5  actes  et   6  tableaux. 
Opéra,  27   avril  1877.  —   B.  Œlvres  LVRroir.s. 
i°  Marie- M agdeleine ,  drame  sacré  en  3  actes  et 
4  parties,  Odéon,  1 1  avril  1873  ;  6°  Eve,  mystère 
en  3  parties,  Société  de  l'Harmonie  sacrée,  18 
mars  1875  ;  7°  la  Vierge,  légende  sacrée  en  4  scè- 
nes (non  exécutée  jusqu'à  ce  jour)  ;  8°  Narcisse, 
idylle  antique,  exécutée  par  la  Société  chorale  d'a- 
mateurs,le  14  févrierlS78. —  C.MUSIQUESYMPHOM- 
QUE.  9°  Suite  d'orchestre,  op.  13  (réduction  pour 
pianoà  4  rnains), Paris,  Flaxiand  ;  10"  Scènes  hon- 
groises, 2"  suite  d'orchestre,  Paris,  Harlmann  ; 
11°  Musique  pour  une  pièce  antique  (?e,î  Éryn- 
nies),  3'  suite  d'orchestre,  id.,  id.;  12"  Scènes 
yittoresqnes,  4"  suite  d'orchestre,  id.,  id.;  13° 
Scènes. dramat iques,  d'après  Sliakspeare,5°suite 
d'orchestre;  14°  Ouverture  de  concert;  15°  Ou- 
verture de    Phèdre;  10°   Lamenta,  écrit  à  la 
mémoire  de  Georges  Bizet;  17°  Sarabande  espa- 
gnole, pour  petit  orchestre;  18°  Pompeia,  fan- 
taisie symphonique;   19°  Introduction  et  Varia- 
tions, pour  2  violons,  alto,  violoncelle,  contre- 
basse, llùte,  hautbois,  clarinette,  cor  et  basson. 
—  D.  McsiQi'E  DE  l'UNO.  20°  Scènes  de  bal,  suite 
pour  le  piano.  Pari-;,  Hartmann;  "îi" Improvisa- 
tions, 20  pièces  en  3  livres  (dont  le  premier  seul 
est  publié),  id.,  id.;  22°  le  Roman  d'Arlequin, 
pantomimes  enfantines  pour  piano.  —  E.  Mu- 
sique voc\LE.  23°  Poème  du  souvertir,   scènes 
(6  morceaux),    Paris,   Harlmann;    24"   Poème 
d'avril  (8  morceaux),    op.    14,  id.,    id.;   2.)° 
Poème  pastoral,  scènes  (6  morceaux),  id.,id.; 
26°  Poème  d'octobre,  ^cène,s  (5  morceaux),  id., 
id.;  27°  Poème  d'hiver,  id.,  id.  ;  28°  20  Mélo- 
dies, id.,   id.  ;  29°  Chanson  de   David   liizzio, 
Paris,   Escuiiier;    30°  Sérénade  aux  Mariés, 
VEsclave,  la  Vie  d'une  rose,  le  Portrait  d'un 


enfant,  mélodies,  Paris,  Girod.  —  A  tout  cela, 
il  faut  encore  ajouter  :  Méduse,  opéra  en  3 
actes,  écrit  en  1868  et  non  représenté  jusqu'à  ce 
jour;  l'Adorable  Bel-Boul,  fantaisie  en  un 
acte,  jouée  au  Cercle  de  l'Union  artistique  en 
1874;  Bcrrngère  et  Anatole,  saynète  jouée  au 
Cercle  de  l'Union  artistique  au  mois  de  février 
1876  (1);  un  morceau  écrit  pour  l'Hetman, 
drame  de  M.  Paul  Déroulède,  représenté  à  l'O- 
déon  le  2  février  \%11  ;Cantabde  pour  violon- 
celle, avec  accompagnement  de  piano.  Enfin, 
M.  Massenet  travaille  à  deux  grands  drames 
lyriques,  Robert  de  France  et  les  Girondins, 
dont  aucun  n'est  encore  achevé. 

Par  un  arrêté  ministériel  en  date  du  7  octobre 
1878,  M.  Massenet  a  été  nommé  professeur  de 
composition  au  Conservatoire,  en  remplacement 
de  François  Bazin. 

MASSOX  (C ),  musicien  du  dix-septième 

siècle,  est  auteur  d'un  ouvrage  ainsi  intitulé  : 
Nouveau  Traité  des  règles  pour  la  composi- 
tion de  la  musique,  très-utile  à  ceux  qui 
jouent  de  l'orgue,  du  clavessin  et  du  théorbe 
(Paris,  Ballard,  1699,  in-8°). 

MASSOiX  ( ).  Un  écrivain  de  ce  nom 

est  auteur,  avec  M.  Longet,  d'un  écrit  analytique 
publié  sous  ce  titre  :  Études  expérimentales 
sur  la  voix  et  sur  les  causes  de  la  production 
du  son  dans  divers  instruments  de  musique 
(Paris,  1852,  in-8°  de  114  p.). 

MASTERS(W Chalmers),  compositeur 

anglais,  est  l'auteur  de  deux  opérettes  dont 
l'ime,  intitulée  the  Forester''s  Daughters  (les 
Filles  du  Forestier),  a  été  représentée,  le  13  no- 
vembre 1867  dans  la  salle  Saint-Georges,  à  Lon- 
dres, par  la  London  Bijou  Operetta  Company, 
et  dont  l'autre  a  pour  titre  ?/ie  Roseof  Salency. 
M.\SUTTO  (GiovA>Ni),  écrivain  italien,  di- 
recteur d'un  recueil  périodique  intitulé  la  Vo- 
lontà,  et  régent  de  l'école  populaire  de  musique 
de  Venise,  est  l'auteur  d'un  petit  résumé  his- 
torique intéressant,  publié  par  lui  sous  ce  titre  : 
la  Musica,  delta  sua  origine  e  délia  sua  sto- 
ria.  11  a  été  fait  de  cet  opuscule  trois  éditions, 
dont  la  dernière  a  paru  en  1878. 

MATA  (Manuel  DE  LA),  pianiste  et  pro- 
fesseur espagnol  contemporain,  est  l'auteur  d'une 
Méthode  complète  d'harmonium  ou  orgue  ex- 
pressif. 

MATERNA  (Amélie  MATERNA,  épouse 
FRIEDUICII,     connue    sous    le    nom    de 

(1|  Cette  petite  pièce  a  été  jouée  peu  de  temps  après 
auttiéatreduCalals-Roya:;  mais,  M.  Massenet  n'ayanl  pas 
voulu  coaspiitir  à  laisser  exécuter  sa  musique,  le  chef 
d'orchestre  de  ce  théâtre,  M.  Barlller,  en  écrivit  une  nou- 
velle. 


MATERNA  —  MATHIEU 


185 


M"«  FRIEDRICH),  cantatrice  allemande 
(lislinguée,  allacliée  depuis  environ  dix  années 
à  l'Opéra  impérial  de  Vienne,  commença  sa  car- 
rière vers  1865  à  Grafz,  où  elle  épousa  le  chan- 
teur Friedrich,  puis  se  fit  une  réputation  dechmi- 
(euse  d'opérette  au  Carltheater,  devienne,  d'où 
elle  fut  appelée  à  tenir  un  emploi  important  sur 
la  première  scène  lyrique  de  cette  ville.  D'abord 
un  peu  effacée  dans  le  vaste  cadre  du  tlnàlre 
impérial,  elle  finit  cependant,  à  force  de  travail  et 
d'intcHi;;ence,  pars'y  faire  remarquer  et  se  créer 
une  situation  enviable.  Elle  obtint  de  vifs  suc- 
cès dans  divers  ouvrages,  entre  autres  dans  la 
Judith  de  Doppler,  la  Guerre  domestique  de 
Sciuibert,  et  surtout  dans  Fidelio  et  dans 
Lohcnrjrin.  C'est  alors  que  M.  Richard  Wagner 
songea  à  mettre  son  talent  à  contribution  pour 
les  fameuses  «  représentations-modèles» de  Bay- 
reuth,  et  qu'il  l'engagea  pour  remplir  les  pi  inci- 
paux  rôles  de  sa  tétralogie,  particulièrement  ce- 
lui deBrunhilde  de  la  Walkyrie.  M™'=  Materna 
prit  donc  part  aux  concerts  donnés  à  Londres 
par  M.  "Wagner  au  profit  de  l'entreprise  de  I5ay- 
reutb,et  se  produisit  ensuite  en  cette  dernière  ville, 
dans  la  tétralogie  du  maître  saxon,  en  compagnie 
de  M""  Weckerlinet  Scheffzky,  deMM.  Niemann, 
Betz,Unger,Gura,Kœgel,SchlosseretNiesing.  Elle 
y  Mt  un  grand  effet,  giâceàlas|)lendeurde  sa  voix, 
à  son  talent  de  cantatrice,  à  son  intelligence  de  la 
scène,  enfin  à  la  passion  qui  l'anime  et  au  feu 
qui  semble  la  dévorer.  Le  seul  reproche  qu'on 
lui  adresse  consiste  en  une  expansion  un  peu 
vive,  en  une  sorte  d'exagération  apportée  par 
elle  dans  un  jeu  scénique  d'ailleurs  fort  intelli- 
gent et  plein  de  vérité.  Depuis  l'expédition  de 
Bayreuth,  M™'=  Materna  a  repris  son  emidoi  à 
l'Opéra  de  Vienne  et  y  a  retrouvé  ses  succès. 

*  MATHIAS  (Geokces  -  Amédée  -  Saint- 
Clair).  —  Cet  artiste  extrêmement  distingué,  cpii 
a  succédé  à  M  Laurent  comme  professeur  de  piano 
au  Conservatoire  de  Paris,  a  promptempnt  relevé 
le  niveau  de  cette  classe,  qui  était  tombée  dans 
un  assez  grand  discrédit.  Au  nombre  de  ses 
meilleurs  élèves,  il  faut  surtout  citer  MM.  Pra- 
deau,  Raoul  Pugno,  Hambourg,  Auzende,  Cha- 
beaux,  etc.  M.  Malhias,  qui  lui-même,  après 
avoir  étudié  d"'abord  avec  Kalkbrenner,  a  eu  le 
bonheur  d'être  pendant  sept  années  l'élève  de 
Chopin,  sait  communiquer  à  ses  disciples  les 
grandes  traditions  de  mécanisme  et  de  style  qu'il 
doit  à  ces  deux  maîtres  célèbres. 

Mais  M.  Mathias  n'est  pas  seulement  un  grand 
virtuose  et  un  professeur  de  premier  ordre. 
Élève  de  MM.  Savard,  Bazin,  Halévy  et  Barbe- 
reau,  c'est  aussi  un  compositeur  extrêmement 
distingué,  à  l'imagination  abondante  aidée  par 


une  instruction  solide.  Les  concerts  avec  orches- 
tre donnés  par  lui  en  1859  et  dans  lesquels  il 
fit  entendre  sa  ^«  symphonie,  son  1"  concerto 
pour  [liano  et  ses  Esquisses  d'après  Ccclhe, 
l'ont  prouvé  tout  d'abord  ,  et  les  œuvres  nom- 
breuses qu'il  a  publiées  depuis  n'ont  pu  qu'aug- 
menter sa  réputation  auprès  des  gens  de  goût 
et  des  vrais  artistes.  La  nomenclature  complète 
de  ces  œuvres  ne  saurait  trouver  place  ici,  mais 
j'en  veux  citer  au  moins  les  plus  importantes, 
qui  sont  les  suivantes.—  Musique  sympuoniqueou 
coNCEKTANTE.  V  symphouic  à  grand  orchestre, 
op.  22,  dont  une  réduction  pour  le  piano  à  4 
mains  a  été  publiée  par  l'auteur;  1"  trio  i)onr  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  l(Brandus);  '2c  trio, en /a, 
op.  15  (Richault)  ;  3*^  trio,  en  fa,  op.  33(Mabo)  ; 
4"=  trio,  en  la,  op.  36  (Heugel);  b"  trio,  en  sol,  op. 

50  (Hirtraann);  ouverture  d'tffl?wZe<,  op.  "23 
(réduction  à  4  mains,  Bi(hault);  ouverture  de 
Mazeppa,  op.  56  (id.,  Hartmann);  5  morceaux 
sympboniiiues  pour  piano,  violon  et  violoncelle, 
op.  30  (Richault). —  Musiquede  piano.  T'  Sonate, 
en  si  mineur,  op.  20  (Gérard);  2*  Sonate,  op. 
34  (Heugel);  3'=  Sonate,  op.  35  (Richault);  l'-"^ 
Concerto  avec  orchestre,  en  fa  dièse  mineur, 
op.  21  (réduction  pour  2  pianos,  Heugel);  2^ 
Concerto  avec  orchestre,  en  sol  mineur,  op.  56 
(id.,  Hartmann);  Trois  Esquisses  d'après Gœthe, 
à  4  mains  (Heugel)  ;  Allegro   symphonique,  op. 

51  (Hartmann);  Allegro  appassionato,  op.  5 
(Rrandus)  ;  3  Suites  de  romances  sans  paroles, 
op.  18  (Lemoine);  Polonaise  de  salon,  op.  7 
(  lirandus)  ;  Pastoraleet  air  de  ballet,  op.  11  (id.); 
Feuilles  de  printemps  op.  8  et  17  (2  séries, 
Brandus);  2  Valses  de  concert,  op.  13  et  19 
(i'\.);  Marches  à  4  mains,  op.  37  (Heugel); 
Marche  impériale,  op.  43  (Richault);  Chants 
du  crépuscule, o[).  52  (l^-laxland) ; 7  Pièces  {Rêve, 
Menuet,  Promenade,  Marguerite  à  iéglise, 
liepas,  Canon),  op.  55  (t^'laxland);  24  Études 
de  style  et  de  mécanisme,  en  deux  livres,  op.  28 
(Heugel);  10  Études  de  genre,  op.  10  (Brandus). 

M,  Georges  Malhias  a  eu  l'honneur  elle  bon- 
heur d'être  choisi  par  Rossini  pour  accompagner 
sa  Petite  M  esse  solennelle, \oTS  des  exécutions  qui 
furent  faites  de  cette  œuvre  lumineuse,  en  1864 
et  1865,  chez  son  ami  M.  Pillet-Will.  Il  a  été 
nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en 
1872  (1). 

MATHIEU  (Emile),  chanteur  comique,  se 
lit  entendre  pendant  de  longues  années  dans  les 

(1)  En  1876,  M.  Mathias  a  formé  un  recueil  de  quelque.s- 
iincs  de  ses  compositions  pour  le  piano,  et  l'a  publié  sous 
ce  titre  :  OEuvres  choisies  pour  le  piano  de  Georges 
Mathias  (Pari»,  Brandus,  un  vol.  In-S"  avec  portrait  de 
l'auteur). 


186 


MATHIEU  —  MAÏTARESS 


cafés -concerts  de  Paris,  et  fit  un  instant  partie 
de  lu  troupe  du  petit  théâtre  des  l'olies-lNouveiles. 
Cet  artiste  est  l'auteur  d'un  écrit  publié  sous  ce 
litre:  le;  Cafés-concerts  (Paris,  IS63,  in- 12 
de47  p.). 

MATHIEU  (Emile),  compositeur,  né  à  Lille 
le  16  octobre  1844,  est  fils  d'une  cantatrice  dis- 
tinguée et  d'unclianteur  qui  tint  l'emploi  de  pre- 
mière basse  au  théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bruxel- 
les (1).  Il  commença  ses  études  à  l'école  <ie  mu- 
sique (le  Louvain,  et  les  continua  au  Conserva- 
toire de  Bruxelles,  où  il  obtint  en  1861  le  pre- 
mier prix  d'harmonie,  et  en  1863  le  premier  prix 
de  |)iano(iilasse  de  M.  Auguste  Dupont),  tl  sui- 
vit ensuite  pendant  deux  années  le  cours  de 
contre-point  de  Fétis,  puis  alla  se  fixer  h  Louvain, 
où  il  devint  professeur  de  piano  et  d'harmonie  à 
l'Académie  des  Beaux- Arts,  en  même  temps  que 
directeur  des  concerts  de  la  Société  de  musique. 
Cela  ne  l'empêcha  pas  de  prendre  part  au  con- 
cours de  Rome,  qui  a  lieu  tons  les  deux  ans  en 
Belgique  :  en  1869,  il  y  obtint  un  second  prix, 
en  partage  avec  M.  J.  Pardon;  en  1871,  il  eut 
(le  nouveau  le  second  prix,  avec  mention  spéciahi 
et  à  l'unanimité;  eu  1873,  il  manqua  d'une 
voix  le  premier  prix. 

En  cette  dernière  année,  >L  Mathieu  quitta  la 
la  situation  qu'il  occupait  à  Louvain  pour  aller 
se  fixer  à  Bruxelles.  Déjà  il  avait  publié  un  re- 
cueil de  6  mélodies,  et  6  ballades  de  Gœthe 
(Bruxelles,  Nagant),  et  il  avait  tait  représenter 
à  Liège,  le  25  avril  1863,  un  petit  opéra  intitulé  : 
l'Echange.  Il  donna  à  Bruxelles  un  concert 
destiné  à  faire  connaître  quebpies-unes  de  ses 
compositions,  entre  autres  sa  dernière  can- 
tate de  concours,  Torqiiato  Tosso's  Dood, 
qui  pio  luisit  une  lieiireuse  impression.  Il  con- 
tinua alors  à  se  livrer  à  l'enseignement,  mais 
sans  négliger  la  composition,  et  écrivit  la  musi- 
que d'un  ballet  en  un  acte,  les  Fumeurs  de  Kiff, 
qui  fut  représenté  au  théâtre  de  la  Monnaie  dans 
le  cours  du  mois  d'avril  1876  et  très-bien  ac- 
cueilli. Le  21  décembre  de  l'année  suivante,  il  a 
donné  sur  ce  même  théâtre  un  opéra-couiique  en  2 
actes,  George  Daudin,  (pii  a  été  moins  heureux 
auprès  du  public,  bien  (|ue  la  critique  lui  ait  été 
généralement  favorable.  La  partition  de  ce  dernier 
ouvrage  a  été  publiée  à  Bruxelles,  chez  Schott. 

MATIIIKL  DE  MO.\TER  (Emile),  cri- 
tique  et    écrivain  musical,  est  né   à  Bordeaux 

(I)  Nicolas- Jo.scph  Mathieu,  père  de  l'artiste  dont  il  est 
Ici  qiics'lon,  (itait  n('!  à  Ciiaiiiplon  (I.iixcrDl)riurg)  le  2i  Jan- 
vier 181n,  et  mniinit  à  Maiinps  le  21  juillet  |S60.  Après 
avoir  (l'tt;  a!tach(' au  thiatredela  Monnaie,  de  l!rii\rllcs 
;t8l0\il  était  devenu  directeur  du  iliéilre  royal  d'Anvers 
(1R49-18.0I,  et  en  dernier  lien  professeur  de  chant  à  I'a- 
cadéiDie  de  musique  de  L'iuvaln. 


lel*'  mai  1835,  et  étudia  d'abord  la  médecine  à 
la  Faculté  de  Strasbourg.  Tout  en  suivant  ses 
cours,  il  étudia  la  musique  avec  un  artiste  fort 
distingué,  Conrad  Berg,  et  vint  ensuite  s'établir 
à  Paris.  Là,  il  devint  journaliste,  et  collabora 
successivement,  au  point  de  vue  musical,  à 
l'Europe  artiste,  au  Messager  des  Théâtres, 
h  l'Orchestre,  à  l'Orphéon,  et  enfin  à  la  Gazette 
ynusicale  de  Paris,  à  la  rédaction  de  laquelle 
il  appartient  depuis  1858.  11  est  aussi  corresfion- 
dant  du  Musical  World,  de  Londres.  M.  Ma- 
thieu de  Monter,  qui  s'est  beaucoup  occupé 
de  la  musique  chorale,  et  qui  a  écrit  les  paroles 
d'un  certain  nombre  de  (  hœurs  orphéoni(|ues,  a 
publié  un  livre  intéressant  :  Louis  Lambillolte 
et  ses  /"rè/TS  (Paris,  Ruffet,  1871,  in-12  avec 
portrait  et  autographes). 

*  MATIIO  (Jean-Baptiste).  —  Lorsqu'il 
donna /l;;o«  à  l'Académie  royale  de  musique,  cet 
artiste  avait  écrit  déjà  trois  ouvrages  dramatiques, 
qui  avaient  été  représentés  à  Cliâlenay,  dans  les 
fameuses  «  nuits  »  de  la  duchesse  du  Maine. 
C'est  M.  Adolphe  Jnllien  qui  a  retrouvé  la  trace 
(le  ces  trois  ouvrages,  dont  il  parle  dans  son 
intéressant  écrit,  les  Grandes  Nuilsde  Sceaux, 
et  dont  voici  les  titres  :  \"  Philémonet  Baucis, 
5  août  1703;  2"  Le  Prince  de  Catuy,  divertis- 
sement, 17  août  1704;  3"  La  Tarenlole,  comé- 
die-ballet en  3  actes,  9  août  1705.  J'ajouterai 
(pie  Matlio  a  pris  utie  part  importante  à  la  com- 
position d'un  ouvrage  dont  je  n'ai  pu  découvrir 
le  titre,  mais  qui  a  été  représenté  le  16  (evrier 
1718  dans  une  des  salles  du  palais  des  Tuile- 
ries, en  présence  du  jeune  roi  Louis  XV,  et 
pour  fêler  l'anniversaire  de  sa'  naissance;  Le 
Mercure  disait,  en  parlant  de  cet  ouvrage  :  — 
"  Les  paroles  sont  de  la  composition  de  M.  de 
Beauchainps,  la  mu^ique  vocale  de  M.  Matot, 
l'instrumentale  de  M.  Alarius,  et  la  danse  de 
M.  Balou.  « 

Arion,  qui  n'eut  point  de  succès,  fut  donné  à 
l'Opéra  le  10  août  1714.  Dans  sou  Histoire 
(manuscrite)  de  l'Académie  royale  de  musique, 
Parfaict  raconte  au  sujet  de  cet  ouvrage  l'anecdote 
suivante  :  —  «  Le  ha/.ard  voulut  que  le  jour  même 
de  la  |>rcinière  représentation,  un  limonadier 
fit  alfi(^ber  :  Marion  vend  de  lu  glace  en  gros 
et  en  dé/ail.  Des  personnes  qui  n'avaient  pas 
été  satisfaites  de  cette  trai;('die  mirent  du  papier 
blanc  sur  la  première  lettre  du  nom  du  ma:  chand 
de  glace.  Cette  p'aisanlerie  donna  le  Ion  au 
public,  et  .l;7o;i  expira  à  la  quatrième  ou  à  la 
cimiuième  représentation.  » 

MATTARKSS  (Vincenzo),  compositeur  ita- 
lien coiUemporain,  né  à  Naples,  a  habité  pen- 
dant plusieurs  années  l'Amérique,  et  a  fait  re- 


MATTARESS  —  MATYS 


187 


présenter  à  Rio  de  Janeiro  et  à  Pernainbiico  deux 
opéras  italiens  dont  j'ignore  les  titres.  De  reiour 
en  Italie,  il  a  fait  exécuter  au  tiiéâtre  Castelli, 
de  Milan,  en  1876,  l'ouverture  d'un  autre  opéra 
inédit,  H  Re  di  Svezia,  et  une  ouverture-fugue 
intitulée  :  Ncl  Vemvio.  M.  Mallaress  a  com- 
posé aussi  des  romances  et  mélodies   vocales. 

MATTiVU  (Joseph),  né  à  Biuxelles  le  13 
mars  1788,  mort  le  5  août  1856,  est  l'inventeur 
de  l'instrument  appelé  mattaupfione,  qui  était 
un  perfectionnement  ingénieux  de  l'harmonica,  et 
qu'il  fit  entendre  avec  succès  à  Paris.  Tout  d'à 
bord  ménétrier  et  musicien  de  kermesses,  Mattau 
apprit  seul  à  jouer  de  plusieurs  instruments, 
entra  dans  le  corps  de  musique  du  72«  régiment, 
qui  avait  son  dépôt  à  Bruxelles,  fit  plusieurs 
campagnes,  puis  revint  dans  sa  ville  natale,  oii 
il  sut  se  créer  une  carrière  toute  particulière, 
devenant  maître  de  danse,  puis  directeur  des 
bals  de  la  cour,  et  participant  à  la  fondation 
de  la  Société  de  la  Grande-Harmonie.  Un  écri- 
vain anonyme  a  retracé  sous  ce  titre  :  Un  t'jpe 
bruxellois,  la  vie  de  Matla*  (Bruxelles,  Po- 
lack-Duvi\ier,  1857,  in-32j. 

*  MATTEI  (L'abbé  Sta:nisl\s).— Au  nombre 
des  écrits  publiés  sur  cet  artiste,  il  faut  com- 
prendre le  suivant  :  Osservaziuni  sulla  vitacli 
Stanislao Mellei  scritta  daW  avvocalo  Filippo 
Canuti  (Reggio,  Torreggiani,  1830,  in-S"). 

MAïTEl  (Tito)  ,  pianiste  et  compositeur 
italien,  est  né  à  Campobasso  le  24  mai  1841. 
Après  avoir,  dès  l'âge  de  quatre  ans,  commencé 
l'élude  du  pi;mo  avec  son  père,  il  montra  une 
telle  précocité  et  fit  des  progrès  si  rapides, 
qu'au  bout  de  deux  années  il  se  faisait  entendre 
en  public  avec  succès.  Un  peu  plus  tard  il 
devint,  à  Naples,. l'élève  de  Tbalberg,  et  étudia 
dans  cette  ville  la  composition  d'abord  avec 
Raimondi,  puis,  après  la  mort  de  celui-ci,  avec 
MM.  Parisi,  Conti  et  Ruta.  En  1853  il  se  produi- 
sait à  Paris  avec  succès,  se  faisait  ensuite  ap- 
plaudir à  Londres,  puis,  quelques  années  après, 
entreprenait  une  série  de  voyages  artisti(iues 
en  Italie,  en  France  et  en  Allemagne,  oii  son 
talent  très-distingué  de  virtuose  était  justement 
apprécié.  Bientôt  il  se  fixait  définitivement  à 
Londres,  oii  il  devint  l'un  des  artistes  favoris  du 
public,  et  où  il  se  lit  connaître  aussi  comme  chef 
d'orchestre,  soit  au  nouvel  opéra  italien,  soit 
même  au  théâtre  de  la  Reine.  Cela  ne  rem(»ê- 
chait  pas  de  se  produire  aussi  comme  compo>i- 
teur,  d'abord  en  exécutant  lui-même  un  grand 
concerto  de  piano  avec  accompagnement  d'or- 
cliestre,  puis  en  publiant,  outre  un  assez  grand 
nombre  de  morceaux  originaux  pour  cet  ins- 
trument, quelques  transcriptions  et  fantaisies  sur 


des  airs  d'opéras ,  ainsi  que  des  romances  et 
mélodies  vocales  sur  paroles  italiennes  ou  fran- 
çaises, et  enfin  en  faisant  entendre,  dans  la  salle 
Saint-Georges  (juillet  1877) ,  la  musique  d'un 
drame  lyrique  italien  intitulé  Maria  di  Gand, 
qui  fut  très-bien  accueillie. 

Comme  virtuose  et  comme  compositeur, 
M.  Tito  Mattei  occupe  aujourd'hui  à  Londres 
une  situation  brillante.  Le  nombre  des  œuvres 
qu'il  a  publiées  est  assez  considérable,  et  parmi 
celles  qui  ont  obtenu  le  plus  grand  succès  il  faut 
signaler  la  valse  intitulée  :  le  Tourbillon  ,  ainsi 
que  trois  mélodies  italiennes  :  Non  è  ver,  JSon 
torno,  et  la  Pesca.  Ces  dernières  ont  été  l'objet 
d'une  véritable  vogue.  Ses  productions  pour  le 
piano,  publiées  pour  la  plupart  à  Paris  chez  l'é- 
diteur M.  Alphonse  Leduc,  sont  au  nombre  de 
quarante  environ,  parmi  lesquelles  je  citerai  les 
suivantes  :  Vlllusion  ,  le  Chant  de  Vcrilé,  la 
Lyre,  nocturnes  ;  la  Danse  des  Jeuilles,  Pas  de 
charge,  la  Harpe  céleste,  une  Perle,  morceaux 
de  salon;  Ze  Tourbillon,  i\euf-huit,  le  Bouquet 
de  fleurs, Fenella ,  Avant  la  danse,  Braggiotli, 
grandes  valses;  MergelUna,  barcarolle,  etc. 

M.  Mattei,  qui  a  épousé  une  jeune  cantatrice, 
M'"=  Colombo ,  est  chevalier  de  l'ordre  des 
SS    Maurice  et  Lazare. 

MATTIOZZl  (RoDOLFo),  pianiste,  profes- 
seur et  compositeur,  né  à  Florence  le  t9  novem- 
bre 1832,  s'est  fait  une  réputation  dans  sa  patrie 
par  la  publication  de  mélodies  vocales  pleines  de 
grâce,  et  par  la  production  d'un  nombre  très- 
consiilérable  de  morceaux  de  musique  de  danse 
d'une  forme  pleine  d'élégance,  de  franchise  et  de 
brio.  Parmi  les  albums  da  ballo  livrés  par  lui 
an  public  et  qui  obtenaient  le  plus  vif  succès,  il 
faut  surtout  citer  les  suivants  :  Castelli  in  aria, 
les  Débardeurs,  et  Roma  capitale.  Mattiozzi 
est  venu  écrire  à  Paris,  pour  le  Théâtre-Italien, 
la  musique  de  deux  divertissements,  dont  l'un, 
sans  titre,  fut  représenté  le  6  novembre  1865,  et 
dont  le  second,  intitulé  laFidanzata  valacca, 
fut  joué  le  5  mai  is66  ;  une  partie  de  la  musique 
de  ce  dernier  avait  été  composée  par  M.  le  comte 
Massimiliano  Graziani. 

IMattiozzi,  qui  passait  chaque  année  une  par- 
tie de  la  saison  musicale  à  Londres  et  à  Paris, 
mourut  presque  subitement  à  Florence,  au  mo- 
ment où  il  venait  d'y  rejoindre  sa  famille,  le  14 
juin  1875.  Il  était  âgé  seulement  de  quarante- 
deux  ans. 

MATYS  (Karl),  compositeur  allemand  con- 
temporain, s'est  fait  connaître  en  ces  dernières 
années  i)ar  la  publication  et  l'exécution  d'un  cer- 
tain nombre  d'oeuvres,  qui  s'élèvent  au  chiffre  de 
cinquante  environ,  et  qui  sont  écrites  soit  pour 


i88 


MAÏYS  —  MAURICE  DE  MENZINGEN 


les  instruments,  soit  pour  la  voix.  Je  citerai,  en- 
tre autres  :  la  Nymihe  de  la  forêt,  ouverture 
à  grand  orchestre;  Souvenirs,  4  pièces  pour 
violoncelle  avec  piano  ;  im  Maien,  chanson  à 
voix  seule  avec  accompagnement  de  violoncelle 
et  piano,  etc. 

MAl'COTEL  (Chaules-Adolphe),  lulliier 
françiiis  qui  ne  manquait  pas  d'habileté,  naquit 
à  Mirecourl  en  1820,  fit  son  apprentissage  en 
cette  ville,  puis  vint  à  Paris  en  1839,  entra  comme 
ouvrier  dans  l'atelier  de  Vuillaume,  et  s'établit 
pour  son  compte  en  1844.  Il  produisit  beaucoup 
d'instruments,  violons,  altos  et  violoncelles,  qui 
se  faisaient  remarquer  par  de  bonnes  qualités  et 
qui  donnent  de  bons  érlianlillons  de  la  lutherie 
française.  Ses  travaux  lui  valurent  une  médaille 
de  seconde  classe  à  l'Exposition  internationale 
de  Paris,  en  1855.  Maucotel,  qui  s'était  d'abord 
installé  dans  la  galerie  Vivienne,  alla  demeurer 
ensuite  rue  Croix-des-Petits-Champs,  puis  rue 
Princesse.  C'est  dans  ce  dernier  endroit  qu'il  est 
mort,  d'une  façon  tragique  :  pris  d'un  accès  de 
fièvre  chaude,  le  6  février  1858,  il  se  coupa  la 
gorge  d'un  coup  de  rasoir,  et  mourut  sans  avoir 
pu  profi'rer  une  parole. 

*  MAUGARS  (André),  célèbre  violiste  du 
dix-septième  siècle,  ne  s'appelait  pas  Aude, 
comme  l'a  dit  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens,  mais  bien  André,  ainsi  qu'il  a  signé, 
e0  toutes  lettres,  la  dédicace  de  sa  traduction 
de  Touvrage  de  Bacon  :  le  Progrez  et  avance- 
ment aux  sciences  divines  et  htimaines.  Son 
talent  de  musicien  et  sa  supériorité  comme  vir- 
tuose ont  été  constatés  en  ces  termes  par  le  père 

Mersenne.  —  « Personne  en  France  n'égale 

Maugars  et  Holtman,  hommes  très-habiles  dans 
cet  art:  ils  excellent  dans  les  diminutions  et  par 
leurs  traits  d'archet  incomparables  «le  délicatesse 
et  de  suavité.  Il  n'y  a  rien  dans  l'harmonie  qu'ils 
ne  sachent  exprimer  avec  perfection,  surtout 
lorsqu'une  autre  personne  les  accompagne  sur  le 
claviconle.  Mais  le  premier  exécute  seul  et  à  la 
fois  deux,  trois  ou  plusieurs  parties  sur  la  basse 
de  viole,  avec  tant  d'ornements  et  une  prestesse 
de  doigts  dont  il  paraît  si  peu  se  préoccuper, 
qu'on  n'avait  rien  entendu  de  pareil  auparavant 
par  ceux  qui  jouaient  de  la  viole  ou  même  de 
tout  autre  instrument.  »  Un  musicographe  dis- 
tingué, M.  Ernest  Thoinan  {Voy.  ce  nom),  a 
donné,  il  y  a  quelques  années,  une  nouvelle  et 
très-bonne  édition  de  la  fameuse  lettre  de  Mau- 
gars sur  la  musique  italienne,  en  l'accompagnant 
d'une  notice  sur  son  auteur  et  de  notes  intéres- 
santes. Voici  le  titre  de  cette  publication  :  Mau- 
gars, célèbre  joueur  de  viole,  musicien  du 
cardinal  de  Kichelieu,  conseiller,  secrétaire, 


interprèle  du  Roi  en  langue  anglaise,  traduc- 
teur de  F.  Bacon,  prieur  de  Saint-Pierre 
Eynac,  sa  biographie,  suivie  de  sa  Response 
faite  à  un  curieux  sur  le  sentiment  de  la  musi- 
que d'Italie,  escrite  à  Rome  le  premier  octobre 
1639,  avec  notes  et  éclaircissements  par  Er. 
Thoinan,  Paris,  Claudin,  1865,  petit  in-8°  carré. 
Cflte  reproduction,  très-soignée  au  point  de  vue 
typographique,  n'a  été  tirée  qu'à  100  exemplaires. 

]\IAUGIX(J -C ),  artiste  absolument 

inconnu,  est  auteur  du  livre  suivant,  compris 
dans  l'intéressante  collection  des  manuels  de 
l'Encyclopédie-Roret  :  Manuel  du  luthier,  cou- 
tenant  :  1"  la  construction  intérieure  et  extérieure 
des  instruments  à  archet,  tels  que  violons,  altos, 
basses  et  contre-basses  ;  2°  la  construction  de 
la  guitare;  3°  la  confection  de  l'archet  (Paris, 
Roret,  1834,  in-18  avec  planches).  A  l'époque 
de  la  publication  de  ce  livre,  il  n'existait  aucun 
luthier  du  nom  de  Maugin;  cet  ouvrage  ne  peut 
donc  être  attribué  à  un  luthier;  mais  j'ai  re- 
trouvé, dans  {'Agenda  musical  de  1836,  la  trace 
d'un  violoniste  prWesseur  de  ce  nom.  lime  sem- 
ble donc  bien  supposable  que  c'est  à  ce  dernier 
qu'est  di1  le  manuel  en  question. 

MAUPOIAT  ( ),    écrivain  français 

du  dix-huitième  siècle,  est  l'auteur  anonyme 
du  livre  suivant,  dont  les  renseignements  ne 
sont  pas  sans  quelque  utilité  :  Bibliotèque  (>ic) 
des  Théâtres,  contenant  le  catalogue  alphé- 
tique  des  pièces  dramatiques,  opéra  (sic), 
parodies  et  opéra  comiques  et  le  tems  de  leurs 
représentations,  avec  des  anecdotes  sur  la  plu- 
part des  pièces  contenues  en  ce  recueil,  et  sur 
la  vie  des  auteurs,  musiciens  et  acteurs  (Paris, 
Prault,  1733,  in-8").  Cet  ouvrage  a  servi  de  type 
et  de  modèle  au  Dictionnaire  des  théâtres  de 
de  Léris,  et  aux  Anecdotes  dramatiques  de 
l'abbé  de  La  Porte. 

*  M.\URER  (Louis-"WiLnKLM),  violoniste  et 
compositeur,  est  mort  à  Saint-Pétersbourg  le 
25  octobre  1878,  à  l'âge  de  quatre-vingt-cpia- 
torze  ans.  Il  était  né  à  Potsdam  le  8  février  1784. 
Maurer  avait  été  chef  d'orchestre  du  théâtre 
français  de  Saint-Pétersbourg,  puis  des  concerts 
symphoniques  fondés  par  Lwoff,  et  enlin  ins- 
pecteur de  tous  les  orchestres  impériaux. 

MAUllICE  DE  MEI\ZL\(iEl\,  moine 
et  musicien  suisse,  est  connu  sous  ce  nom  parce 
qu'il  naquit  à  Menzingen,  dans  le  canton  de  Zug, 
en  1654.  Étant  entré  dans  l'ordre  des  capucins, 
il  fut  prédicateur  dans  plusieurs  couvents,  puisse 
fixa  à  Andermatt.  C'est  là  qu'il  écrivit  les  pa- 
roles et  la  musique  de  nombreuses  chansons 
religieuses,  dont  une  partie  a  été  publiée  sous 
ce  titre  :  Philomela  Mariana,  die  Marianische 


MAURICE  DE  MENZINGEN  —  MA\R 


189 


Nachligall,  welche  da  Vnterschidlich  schœne 
Lobund  Liebs-Gesxlzlein  der  allerschœnsten 
und  Iwtdseeligsten  Himmels-Kœnigin  Mariœ 
zu  schuldigem  Lob,  Preiss  und  Ehrenscludl 
schlagend  und  sinyende  die  Herzen  thut  er- 
quickcn,  in  36  Liedern  verfasset  mit  beige- 
fûgten  musikaliscfien  Aolen,  durcfi  P.  fr. 
Mauriz  von  Menzingen,  capucinern  der 
schxceizerischen-Provinz  Zug.  1713.  «  Ce 
recueil,  dil  M.  George  Becker  [la  Musique  en 
Suisse)  a  dû  être  tiès-répandu,  car  on  peut  en- 
core aujourd'hui  facilement  le  trouver.  « 

MAURIIM  (Jean-Pierre),  violoniste,  naquit 
à  Avignon  le  14  février  1822.  Admis  le  20  juin 
1838  au  Conservatoire  de  Paris,  dans  la  classe 
préparatoire  de  violon  de  Guérin,  il  pas^a  ensuite 
dans  celle  de  Baillol,  puis,  à  la  mort  de  ce  grand 
maître,  dans  cdie  d'Habeneck.  Il  obtint  le  se- 
cond prix  en  184.2,  le  premier  en  1843,  puis,  ses 
études  terminées,  se  livra  à  l'enseignement.  Un 
peu  plus  tard,  M.  Maurin  fonda  avec  Clievil- 
lard,  le  violoncelliste,  une  société  de  musique 
de  chambre,  dans  laquelle  il  s'attacha  surtout  à 
faire  connaître  au  public  parisien  les  derniers 
quatuors  de  Beethoven,  qu'on  n'exécutait  pres- 
que jamais  alors.  A  la  même  époque,  il  com- 
mença à  se  produire  dans  le  grand  monde  pari- 
sien, et  son  jeu  large,  son  style  solide,  lui 
valurent  bientôt  une  réputation  méritée.  Au  mois 
d'octobre  1875,  cet  artiste  a  été  nommé  pro- 
fesseur de  la  classe  de  violon  devenue  vacante 
au  Conservatoire  par  suite  de  la  démission  de 
M.  Alard. 

JVIAYER-MARIX   ( ),   musicien 

fiançais,  né  vers  1805,  est  l'inventeur  d'un  pe- 
tit instrument  à  clavier  et  à  anches  auquel  il  a 
donné  le  nom  (.Vliarmoni- flûte.  Cet  instrument, 
qui  n'est  pas  sans  analogie  avec  l'accordéon, 
possède  une  étendue  de  trois  octaves;  on  le  joue 
en  le  posant  sur  les  genoux,  la  main  droite  oc- 
cupant le  clavier,  tandis  que  la  gauche  fait  ma- 
nœuvrer les  soufflets.  Mayer-Marix  a  publié  une 
Méthode  et  de  nombreux  morceaux  pour  l'har- 
moni-llûte.  Cet  artiste  est  mort  à  Paris,  au  mois 
d'avril  1872,  à  l'âge  de  soixante- sept  ans. 

MAYEUR  ( ),  clarinettiste,  chef  d'or- 
chestre et  compositeur,  est  l'un  des  plus  habi- 
les virtuoses  sur  le  saxophone  qui  existent  à 
Paris.  Il  a  beaucoup  fait  pour  la  propagation  de 
cet  instrument,  qu'il  joue  à  l'orchestre  de  l'O- 
péra, ainsi  que  la  clarinette.  On  lui  doit  une 
très  bonne  Méthode  de  saxophone,  une  fantaisie 
pour  saxophone-alto  avec  accompagnement  de 
piano  sur  des  motifs  de  Don  Juan,  un  arrange- 
ment de  la  19=  sonate  de  Mozart  pour  saxopho- 
neallo  et  piano,  une  transcription  de  cinq  trios 


du  même  maître  pour  saxophones  alto,  ténor  et 
baryton,  etc.  M.  Mayeur  est  depuis  plusieurs 
années  chef  d'orclu'stre  dos  concerts  d'été  du 
Jardin  d'acclimatation.  Élève  de  KIosé  au  Con- 
servatoire de  Paris,  cet  artiste  obtint  le  premier 
prix  declurinelte  dans  cet  établissement  en  1860. 

M.VYO  (Dermlno).  Un  artiste  de  ce  nom  a 
fait  représenter  sur  le  théâtre  du  Fondo,  de 
Naples,  en  1843,  un  opéra  semi-sérieux  en  deux 
actes,  intitulé  Mattia  l'Invalido,  dont  le  livret 
était  tiré  d'un  vaudeville  français  portant  ce  titre. 

*  MAYR  (Jean-Simon).  —  Une  publication 
faite  à  Bergame,  et  dont  l'auteur  de  la  Biogra- 
phie universelle  des  Musiciens  n'a  évidemment 
pas  eu  connaissance,  vient  compléter  et  rectifier 
en  certains  points  les  détails  donnés  par  lui  sur 
la  vie  de  ce  musicien  fameux.  Cette  publication, 
mise  au  jour  en  1841,  à  l'époque  où  une  médaille 
fut  frapi)ée  en  l'honneur  de  Mayr  et  par  les  soins 
des  souscripteurs  qui  avaient  pris  l'initiative  de 
cet  hommage,  est  ainsi  intitulée  :  Per  il  setian- 
tesimo  oitavo  natalizio  del  célèbre  maestro 
Gio.  Simone  Mayr  (Bergamo,  Crescini,  1841, 
in-4'*  de|84  p.).  C'est,  selon  l'usage  italien,  un 
recueil  de  poésies  écrites  à  la  gloire  de  l'artiste  , 
poésies  qui  sont  précédées  d'une  bonne  notice 
biographique  signée  du  nom  de  M.  Adolfo-Gus- 
tavo  Maironi  Daponte,  vice-président  de  l'Athé- 
née des  sciences,  lettres  et  arts  de  Bergame,  dont 
Mayr  était  le  président. 

On  voit  dans  cet  opuscule  que  Mayr,  qui  avait 
fait  de  Bergame  sa  patrie  d'adoption,  refusa  suc- 
cessivement, pour  rester  en  cette  ville,  les  em- 
plois suivants,  qui  lui  furent  proposés  :  en  1803, 
la  direction  du  Théâtre-Italien  de  Vienne;  en 
1806,  celle  du  théâtre  et  des  concerts  de  la  cour 
du  roi  d'Italie,  empereur  des  Français;  en  1808, 
la  charge  de  censeur  du  nouveau  [Conservatoire 
de  Milan,  et  la  succession  de  Paër  comme  maî- 
tre de  chapelle  de  la  cour  royale  de  Dresde  ;  en 
1814,  la  régence  de  la  surintendance  des  théâ- 
tres royaux  de  Milan;  et  enfin,  en  1822,  le  poste 
de  maître  de  chapelle  à  Novare. 

A  partir  de  1805,  époque  à  laquelle  fut  créé 
par  ses  soins  et  placé  sous  sa  direction  le  Lycée 
musical  de  Bergame,  Mayr  se  dévoua  sans  ré- 
serve à  cet  établissement,  pour  lequel  il  écrivit 
toute  une  série  de  petits  traités  :  1°  Piccolo  ca- 
techismo  elementare ;  1"  Melodo  di  applica- 
tura,  ossia  perle  regolari  e  piùcomode  po- 
sizioni  délie  dita  sul  cembalo;  3°  Alcuni  cenni 
sul  modo  di  scrivere  pei  corni  da  caccia;  4* 
Trattato  per  il  pédale.  II  traduisit  aussi  de 
l'allemand  le  Traité  de  l'accompagnement  de 
Fœsster.  Enfin,  il  composa,  pour  les  examens  et 
concerts  du  Lycée,  un  grand  nombre  de  raor- 


190 


iMAYR 


ceaux  de  divers  genres,  et  a(in  d'exercer  ses  élè- 
ves dans  la  composition  tlioûlrale,  il  écrivit  à 
leur  usage,  et  dans  la  mesure  de  leurs  capacités, 
quelques  livrets  d'o()érettes  deslinés  à  être  par 
eux  mis  en  musique  :  la  Prova  deW  accademia 
finale;  il  Piccolo  compositore  di  miisica;  i 
PïccoU  virtuosi  ambulanti  ;  il  Giovedigrasso; 
un  Buon  cuore  scusa  molli  difelti. 

En  1809,  MayT  fontia  à  Bergame  un  Pio  Isti- 
tulo  musicale,  destiné  à  venir  en  aide  aux  ar- 
tistes devenus  vieux  ou  infirmes,  à  leurs  veuves 
et  à  leurs  or|)lielins.  Au  premier  concert  donné 
au  protit  de  cet  établissement,  il  fit  exécuter  la 
Créa/ ion  d'Haydn,  qui  n'avait  jamais  été  enten- 
due en  Italie,  et  publia  à  cette  occasion,  dans 
un  journal,  un  précis  de  la  vie  du  maître,  pré- 
cédé d'une  dissertation  sur  son  œuvre.  Ce  n'est 
pas  la  seule  (ois  que  Mayr  prit  la  plume  au  pro- 
fil de  riiistoire  et  de  la  littérature  musicales.  Il 
lut,  dans  les  séances  de  l'Altiénée  de  Bergame, 
deux  notices  étendues,  l'une  sur  le  célèbre  théo- 
ricien trancliino  Galorio,  l'autre  sur  Michèle 
Alberto  da  Carrara,  savant  écrivain  bergamasque 
du  quinzième  siècle  à  qui  l'on  doit  un  traité  sur 
la  musique.  C'est  encore  dans  une  séfince  de 
TAlhénée  qu'il  donna  lecture  d'une  dissertation 
ainsi  intiiulée  :  Cenni  istorici  intorno  all'Ora- 
torio  musicale,  ed  ai  misfcrj  che  lo  precedet- 
lero.  V.n  183G,  il  publia,  dans  le  feuilleton  de  la 
Gazzelta  Milanese,  un  écrit  qui  portait  ce  titre  : 
Considei  azioni  del  vecchio  suonalore  di  viola 
dimorante  in  Bergamo,  intorno  ad  un  arti- 
colo  di  Scvellinges  risguardante  la  vita  e  le 
opère  di  Luigi  Palestrina.  Enfin,  M.  Dapoule 
cite  divers  autres  écrits  de  Ma\r,  encore  iné- 
dits à  l'époque  où  il  publiait  sa  notice:  1"  Piano 
per  una  riforma  del  Conservatorio  di  Aapoli, 
pariicolarmente  per  i  nuovi  melodi  deW  is- 
truzïone  islromentale,  steso  per  quel  Mlnisiro 
dell'interno:  2°  Piano  per  Vistiliizione  d'una 
catledra.  di  musica  nell' Università  di  Pavia, 
scrilto  per  ordinedel  Direltore  générale  délia 
pubblica  istriizione;  3"  Parère  intorno  ad  un 
apposito  maestro  per  la  composizione  iea- 
irale,  e  pariicolarmente  per  risiromen/az/one, 
scrilto  pet  Direltore  del  Liceo  musicale  di 
Bologna;  k"  la  Vila  di  Clementi  (Muzio?); 
5"  ta  Vita  di  Sanla  Cecilia,  in  due  parti; 
6"  enfin,  une  traduction  italienne  du  Traité 
d'harmonie  de  Reicha. 

En  1838,  Mayr,  déjà  âgé  de  75  ans,  eut  le  désir 
de  revoir  sou  pays  natal.  Il  partit  donc  pour  la 
Bavière,  et  fut  l'objet,  à  Munich,  d'Iionneiiis 
extraordinaires  de  la  part  du  roi,  de  la  cour,  des 
artistes  et  de  toute  la  population;  les  journaux 
publièrent  des  récits  de  l'accueil  enthousiaste  qui 


lui  était  fait,  et  Aiblinger,  mailre  de  chapelle  du 
roi  de  Bavière,  écrivit  à  ce  sujet  au  gendre  de 
Mayr,  M.  Massinelli,  une  lettre  qui  se  terminait 
ainsi  :  "  L'Allemagne  peut  être  (ière  d'avoir 
donné  à  l'Angleterre  un  Ha^ndel,  à  la  France  un 
Gluck,  et  à  l'Italie  un  Simon  Mayr.  »  A  son  re- 
tour à  Bergame  a  la  suiie  de  ce  voyage,  Mayr 
se  vit  accueilli  avec  des  démonstrations  enthou- 
siastes :  le  comte  Giacomo  Clémente  Suardo, 
alors  président  de  l'Athénée,  fit  exécuter  son 
buste  et  le  donna  à  cette  Société.  Déjà,  en  1819, 
le  portrait  de  l'artiste,  peint  par  Diolli,  avait 
été  placé  dans  un  édifice  public.  C'est  peu  de 
temps  après  qu'on  eut  l'idée  de  faire  frapper  une 
médaille  en  son  honneur. 

La  liste  des  opéras,  cantates  et  oratorios  de 
Mayr  doit  se  compléter  par  les  œuvres  suivantes  : 
1°  Alcide  al  bivio,  cantate  pour  le  Lycée  de 
IJergame,  1809;  2°  Cantate  pour  la  naissance 
du  roi  de  Rome,  Bergame,  1811  ;3''  le  Due  Du- 
chesse, ossia  la  Caccia  de'  Lupi,  opéra  semi- 
sérieux,  Milan  (Scala),  1814  ;  i"  Cori,  opéra  sé- 
rieux, Naples  (San-Carlo),  1815;  5"  le  Feste 
d'Ercole,  cantate,  Bergame,  1816;  6°  Egeria, 
id.,  id.,  1816;  1"  il  Sogno  di  Parlenope,  can- 
tate dramatique  en  3  actes,  pour  l'ouverture  du 
théâtre  reconstruit  de  San-Carlo,  Naples,  1817  ; 
8"  Arianna  e  Bacco,  cantate  en  2  actes,  pour 
le  Pio  Jstituto,  Bergame,  1817;  9°  Mennone  e 
Zeniira,  opéra  sérieux,  Na|)les  (San-Carlo), 
1817;  10"  Tanassa,  id.,  Veni>e  (Fenice),  1818  ; 
il"  le  Da)uudi,  kl.,  Rome  (Argentina),  1819; 
12°  Inno  a  Pallade,  U\hn,  1820;  13°  A t/re do 
il  Grande,  opéra  sérieux,  Bergame,  1821;  14" 
Samuele,  oratorio,  Bergame,  1821;  15"  Fedra, 
opéra  sérieux,  Milan  (Scala),  1822;  16*  Atalia, 
oratorio,  INaples  (San-Carlo),  1822;  17"  San 
Luigi  Gonzaga,  id.,  Bergame,  1822  ;  18'  Deme- 
trio,  opéra  sérieux,  Turin  (Regio;,  1824  ;  19" 
iArmonia,  cantate,  Bergame,  1825;  20°  Cantate 
avec  chœurs  à  l'occasion  de  la  mort  de  Beetho- 
ven, Bergame  (Union  philharmonique),  1827. 
Mayr  était  membre  correspondant  de  l'Académie 
des  Beaux-Arts  de  France  (1). 

Les  12,  13  et  14  septembre  1875,  de  grandes 
solennités  euieiit  lieu  à  Bergame  pour  la  transla- 
tion, dans  la  basilique  de  Saiule-Marie-Majeure, 
des  cendres  de  Mayr  et  de  son  élève  Donizetti  (2). 

|i)  L'opéra  intitulé  Medea  a  été  donné  au  théâtre  San- 
Carlo,  (le  Naples,  en  i813,  et  non  à  la  Fcnicc,  de  Venise, 
en  1812;  celui  qui  perle  pour  titre  Alar  a  été  représenté 
au  tli'âtre  Sant'AgosiIno,  de  Géiu's,  en  181  i,  et  non  à  la 
Se. lia,  de  Ml  :in,  en  1815.  M.  le  dnctrur  H;isevi  possède 
en  mauusciit,  portant  la  slj,'nature  de  Mayr,  un  Miserere 
a  tre,  cou  viole  e  S  strumenti  di  flulo. 

(i)  Los  restes  de  Mayr  lurent  renfermés  dans  une  urne 
on  l'on  plaça,  roulé  dans  uq  tube  de  verre,  un  parcbemin 


MAYR  —  MAZUEL 


J91 


Des  exécutions  musicales  religieuses,  des  specta- 
cles, (les  concerts,  dans  le  programme  desquels 
briilait-'nt  les  noms  des  deux  grands  artistes,  si- 
gnalèrent ces  trois  journées,  et  le  lundi  13,  au 
tliéàtre  Riccardi,  on  entendit  une  cantate  expressé- 
ment écrite  pour  la  circonstance  par  le  composi- 
teur Amdcare  Poacliielli  {Voy.  ce  nom)  sur  des 
vers  de  M.  Gliislanzoni.  Ces  fêtes  donnèrent  lieu 
à  plusieurs  publications  intéressantes.  L'une, 
portant  ce  titre  :  Donizeiti-Maijr,  noiiziee  do- 
cumenti  (Bergame,  Gaffuri  et  Gatti,  1875,  in-8), 
a  pour  auteurs  MM.  Federico  Alborglietti  et 
Micbelangelo  Gaili,  et  donne  deux  biograpliies 
étendues  du  maître  et  du  disciple,  avec  vingt  et 
une  letti  es  du  second  adressées  au  premier  ;  la  se- 
conde est  la  reproduction  du  discours  prononcé 
par  M.  le  chanoine  Finazzi  à  la  cérémonie  reli- 
gieuse laite  en  l'honneur  des  deu\  grands  musi- 
ciens :  Il  maestro  Giovanni  Simone  Mayr, 
orazionc  délia  nelV  inaïujurazione  del  suo 
momunenlo  nella  basilica  di  S.  Maria  Mag- 
(jiore  dal  can. cav. Giovanni  Finazzi{BergAim, 
impr.  Pagnoncelli,  1875,  in-8)  ;entin,  la  troisième 
forme  un  recueil  des  notices  écrites  naguère  par 
Mayr  et  consacrées  par  lui  à  des  artistes  berga- 
masques,  auxquelles  on  a  ajouté  celles  du  P. 
Vaerini,  aussi  sur  des  musiciens  nés  à  Bergame  : 
Biografie  di  scrittori  e  ariisli  musicali  Ber- 
gamaschi  nalivi  od  oriundi,  di  Giovanni  Si- 
mone Mayr,  ruccolle  e  publica/e  con  note 
dal  prof.  Ab.  Antonio  Alessandri,  con  aggiunta 
degli  scrittori  musicali  Bergamaschi  del. 
P.  l'aerini  (Bergame,  impr.  Pagnoncelli,  1875, 
in-4''). 

MWRBERGER  (Charles),  compositeur 
autrichien  distingué,  né  à  Vienne  le  9juin  1828, 
fut  élève  de  M.  Gottfried  Preyer,  alors  maître  de 
la  chapelle  impériale  en  cette  ville,  et  qui  depuis 
1864  est  fixé  à  Presbourg  (Hongrie),  où  il  occupe 
les  fonctions  de  maître  de  chapelle  de  l'église 
métropolitaine  et  de  professeur  de  musique  dans 
une  école  de  l'État.  Cet  artiste  s'est  acquis  un 
renom  fort  honorable  par  la  publication  île  nom- 
breux chœurs  pour  voix  d'hommes,  qui  ont  paru 
à  Vienne,  et  dont  les  plus  considérables  sont  : 
Die  Mainacht  (Nuit  de  mai),  liiindeslied 
(chœur  de  confrérie),  et  .S7j<?Hnte  Liebe  (Amour 
muet).  M.  Mayrberger,  qui  a  écrit  aussi  de  nom- 
breux lieder,  et  qui  est  l'auteur  d'une  musique 


sur  lequel  était  le  portrait  du  maître  avec  cette  inscrip- 
tion :  y/  di  26  ,^pri/e1875,  nel  cimitero  di  f'iillcssc, 
gueste  prciioie  reliquie  di  (Aocanni  Simone  Mayr,  rlw 
illustre  /ru  i  maestri  musicali  d'italia,  morira  tu 
Bergamo,  sua  patria  adottiva,  ai  2  dicembre  184S,  ven- 
nero  in  quesVurna  composte  a  cura  del  municipio  di 
Bergamo. 


estimée  pour  la  tragédie  du  poète  Œhlenschlager  : 
Yrsa,  s'est  fait  connaître  encore  par  un  grand 
opéra  romanti(|ue,  Mélusine,  quiaété  représenté 
avec  beaucoup  de  succès  à  Presbourg  en  1876. 

La  musique  de  M.  Mayrberger  a  le  caractère 
allemand,  mais  son  opéra  de  Mélusine  a  été  vi- 
siblement écrit  sous  rinduence  du  célèbre  maître 
M.  Gounod.  Le  même  artiste  a  publié  récemment 
un  ouvrage  théorique  qui  a  paru  sous  ce  titre  : 
Lchrbuch  der  musikalischen  llarmonik  (Guide 
d'harmonie  musicale).  J.  B. 

*  MAYSEDER  (Joseph),  violoniste  remar- 
quable et  coinpofiteur,  est  mort  à  Vienne,  le  21 
novembre  1863,  à  l'âge  de  74  ans. 

MAZEL  (M""  HÉLÈNE  ROBERT).  — 
Voyez  lîOBERT-îlIAZEL  (M"*^  Hélène). 

MAZETTl  (Haffaele),  compositeur  drama- 
tique italien,  mort  à  Imolaau  mois  de  décembre 
1867,  a  écrit  la  musique  de  deux  opéras  dont 
j'ignore  la  date  elle  lieu  de  représentation.  L'un 
de  ces  ouvrages  était  intitulé  Marco  Visconti: 
l'autre  avait  pour  titre  Gustavo  Wasa.  Je  n'ai 
aucun  autre  renseignement  sur  cet  artiste. 

MAZUEL,  est  le  nom  d'une  famille  assez 
nombreuse  de  musiciens  français.  Les  notes  que 
nous  donnons  ici  sur  ces  artistes,  sont  extraites 
d'un  petit  volume  publié  par  nous  récemment  et 
intitulé  :  Un  bisaïeul  de.  Molière;  Recherches 
sur  les  Mazuel,  musiciens  des  XVI''  et  XVII' 
siècles,  alliés  de  la  famille  PoqueUn,  par  Er. 
Thoinau  (Paris,  A.  Claudin,  1878,  petit  in-12, 
Elzévir). 

Mazuel  (Adrian),  l'aîné  de  deux  frères 
joueurs  de  violon,  vivait  à  Paris  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle  ainsi  qu'on  le  voit  par 
les  baptistaires  de  deux  de  ses  enfants,  datés  de 
1558  et  de  15G0. 

Mazlel  {Guillaume),  le  plus  jeune  de  ces 
deux  frères,  avait  épousé  Claude  Mechaine,  d'une 
famille  de  luusiciens  très-probablement,  ce  nom 
ayant  été  porté  par  plusieurs  artistes  de  cette 
époque.  Guillaume  fit  partie,  ainsi  du  reste  que 
son  frère  Adrian,  de  la  corporation  des  ménétriers 
de  la  ville  de  Paris  et  fut  musicien  du  roi ,  si, 
comme  nous  le  supposons,  c'est  de  lui  qu'il  s'agit 
dans  un  acte  de  décès  du  5  juillet  1612  disant  que 
la  défunte,  Perrette  Lemesureux,  était  veuve  de 
Guillaume  Mazuel,  violon  du  roy.  La  preuve 
que,  Claude  Mechaine  étant  morte,  son  époux 
avait  épousé  en  secondes  noces  Perrette  Lemesu- 
reux nous  manque,  il  est  vrai;  aussi  nous  en  tenons- 
nous,  à  cet  égard,  à  une  simple  supposition.  Mais 
il  est  hors  de  doute  qu'une  fille  de  Guillaume 
Mazuel  et  de  sa  femme  Claude  Mechaine,  nom- 
mée Agnès,  épou:sa  le  11  juillet  15'J4  Jean  Po- 
quelin,  porteur  de  grains  et  marchand  tapissier, 


19â 


MAZUEL  —  MAZZOLANI 


qu'il  naquit  de  ce  mariage  de  nombreux  enfants, 
dont  l'aîné,  appelé,  lui  aussi,  Jean  Poquelin,  se 
maria  avec  Marie  Cre.-sé,  le  27  avril  1621,  et 
enfin  que  le  premier-né  de  celte  union,  baptisé  à 
SaintEustache  le  15  janvier  1622,  prit  plus 
tard  le  nom  immortel  de  Jean-Baptistk  Molièke. 

Guillaume  Maziiel,  artiste  musicien,  fut  donc 
le  bisaïeul  de  Molière. 

Mazuel  {Jean  I  ),  fils  de  Guillaume  et  par 
conséquent  grand-oncle  de  Molière,  fut  baptisé  à 
Saint-Eustache  le  2  mai  lô63.  Il  (irenait  le  tiire 
àe  violon  ordinaire  du  roy.  Marié  avec  Clau'ie 
Levasseur,  il  eut  une  nombreuse  famille  ;  mais 
deux  de  ses  enfants  seulement  embrassèrent  la 
carrière  musicale,  Jean  II  et  Pierre.  Son  convoi  fu- 
nèbre eut  lieu  à  Saint-Eusiache  le  6  septembre 
1616. 

M\zuEL  (Jean  II].  Ce  fils  de  Jean  T,  oncle 
de  Molière  à  la  mode  de  Bretagne,  naquit  vers 
1593.  Il  fut  reçu  de  bonne  beure  dans  la  corpo- 
ration Ae.i  Joueurs  d'instruments'  tant  licnilt 
que  bas,  et  appartint  à  la  musique  du  roi 
comme  violoniste.  Il  mourut  en  1033. 

Maziel  (Pierre),  autre  fils  de  Jean  I,  né  en 
1605,  fut,  lui  aussi,  musicien  de  la  cour. 

Mazuel  [Michel).  Nous  n'avons  pu  dé- 
couviir  aucun  indice  permettant  d'établir  que 
Micliei  était  fils  de  Jean  II  ou  de  Pierre,  ou  en- 
core de  leur  frère  nommé  Antoine,  et  exerçant  la 
profession  de  teinturier.  Il  apprit  le  violon  de 
son  père  ou  d'un  de  ses  oncles,  mais  la  compo- 
sition lui  fut  enseignée  par  un  organiste  de  Paris 
(  de  Notre-Dame  ou  de  Saint-Leu  ).  Reçu  dans  la 
musique  de  la  cour  comme  violoniste,  il  composa 
quelques  morceaux  sympboniqiies  très-remar- 
ques de  Louis  XIV,  qui  créa  pour  lui  une  nou- 
velle charge,  celle  de  compositeur  de  la  musique 
des  vingt  quatre  violons  de  la  chambre.  Le 
brevet  de  cette  place  lui  fut  délivré  en  mai  1654. 
On  sait  par  une  letlred'André  Philidor,  placée  en 
tête  de  l'un  des  volumes  de  sa  précieuse  collec- 
tion, que  Michel  Mazuel  travaillait  à  la  compo- 
sition des  morceaux  de  musique  instrumentale 
des  ballets  de  cour  avec  Louis  IMolier  et  Ver- 
pré,  tandis  que  Cambefort,  Cliancy  et  Boesset 
composaient  les  airs  de  chant.  Le  premier  vo- 
lume de  la  collection  philidorienne  renferme, 
aux  jiages  47  et  69,  deux  Allemandes  de  Mazuel. 

Noire  artiste  figura  longtemps  parmi  les  vingt- 
quatre  violons,  et  fil  souvent  sa  partie  dans  les 
pièces  que  Molière,  son  cousin  à  la  mode  de 
Bretagne,  faisait  représenter  chez  le  roi  avec  la 
musique  de  Lully.  11  fut,  en  outre,  un  des  mem- 
bres les  plus  considérés  de  la  corporation  des 
ménét  riers  ,et  représentait  cette  compagnie  comme 
administrateur  de  la  chapelle  de  Saint-Julien. 


C'est  en  cette  qualité  qu'il  signa,  avec  Guillaume 
Dumanoir,  roi  des  violons,  et  quelques  antres 
artistes  maities  de  la  communauté,  la  tran.sac- 
tion  ;)ui  intervint  en  1664,  entre  les  frères  de  la 
doctrine  chrétienne  et  les  joueurs  d'instruments 
de  la  ville  de  Paris,  concernant  la  jouissance  de 
la  chapelle  de  Saint-Jnlien,  transaction  qui  en 
.somme  donna  gain  de  cause  à  ces  derniers. i 

Michel  Mazuel  se  démit  de  sa  place  de  musi- 
cien de  la  chambre  du  roi,  le  6  février  16"4,  en 
faveur  de  Pierre  Huguenet.  Il  mourut  deux  ans 
après,  et  son  convoi  eut  lieu  à  saint-Germain-le- 
Viel  le  24  octobre  1676.  Er.  T. 

*A!AZZA  (Giusei'pe).  —  La  liste  des  com- 
positions dramatiques  de  cet  artiste  doit  s'aug- 
menter des  ouvrages  suivants  ;  1*  Amor  la 
vince,  Lucques,  1820;  2"  Montenciel,  Vlorence, 
théâtre  de  la  Pergola,  1827  ;  3°  Monsieur  Des- 
chalumeaux, Naples,  théâtre  Nuovo;  4°  la 
Prova  d'un  opéra  séria;  5°  la  Sacerdotessa 
dlside,  Milan,  tbéâlre  Carcano;  6"  la  bciocca 
per  as/Ms/G,Trieste,  théâtre  Mauroner  ;  7°  Chia- 
ra  di  Chalency;  8"  il  Veto  di  Jefle,  Tiieste, 
théâtre  Mauroner. 

*  .\1AZZAFERRATA  (Jean-Baptiste).  — 
Alix  compositions  de  cet  artiste,  il  faut  ajouter 
un  oratorio  intitulé  l'Efficacia  délia  fede,  qui 
fut  exécuté  à  Sieimeen  1684. 

MAZZI  (Le  P.  Prospero),  moine  et  musi- 
cien, qui  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  siècle,  a  écrit  la  musique  d'une  pasto- 
rale diamatique  qui  fut  représentée  à  Modèiie 
en  1674. 

MAZZOLAXI  (Antonio)  ,  compositeur  et 
professeur  italien,  né  le  26  décembre  1819  à 
Ruina,  dans  la  province  de  Ferrare,  commença 
dès  l'âge  de  sept  ans  l'étude  du  piano  et  de  l'or- 
gue avec  son  père,  et  deux  ans  après  fut  confié 
aux  soins  du  P.  Francesco  Zagagnoni,  ancien 
élève  du  P.  Mattei,  qui  demeurait  à  Ferrare. 
Mais  pour  pouvoir  prendre  des  leçons  de  cet 
artiste,  l'enfant  devait,  plusieurs  fois  par  se- 
maine, franchir  à  cheval  la  distance  qui  .séparait 
Ruina  de  Ferrare.  Lorsque  les  ressources  de  sa 
famille  permirent  à  celle-ci  de  l'envoyer  habiter 
cette  ville,  le  jeune  Mazzolani  devint  l'élève  de 
Filippo  Ferrari,  et  fit  avec  ce  maître  des  progrès 
si  rapides  qu'à  treize  ans  il  put  se  faire  entendre 
en  public,  dans  un  concert  donné  au  Ca>ino. 
A  quinze  ans  il  re\intdans  sa  ville  natale,  y 
resta  cinq  années,  puis  retourna  à  Ferrare,  oii  il 
se  livra  à  rensei;;iieinent  et  où  il  éciivit  diverses 
compositions,  dont  quelques-unes  pour  une  so- 
ciété chorale  fondée  par  lui.  II  n'y  resta  cepen- 
dant pas  longtemps,  et  bientôt  se  rendit  à  Luc- 
ques,  où,  tout  en  complétant  ses  études  musi- 


MAZZOLANl  —  MAZZUCATO 


493 


cales  avec  Micliele  Puccini,  il  écrivit  un  opéra 
intitulé  H  Tradimento,  qui  fut  accueilli  avec 
faveur  en  1852,  obtint  vingt  et  une  représenta- 
lions,  et  fut  joué  ensuite  à  Livourne,  à  Basiia  et 
à  Ferrare.  L'année  suivante  il  donniiil  dans 
cette  (ieruièrc  ville,  où  il  se  fixait  de  nouveau, 
un  second  opôra,  qui  avait  pour  titre  Gismonda. 
Depuis  lors  cet  artiste  a  continué  la  carrière  de 
l'enseignement,  tout  en  composant  un  s'■a"<^ 
nombre  de  cluriirs  et  de  cantates  pour  la  so- 
ciété chorale  qu'il  avait  créée.  Il  n'avait  cepen- 
dant pas  renoncé  complètement  à  l'espoir  de 
se  produire  de  nouveau  à  la  scène,  et  le  25  no- 
vembre 1870  il  reparaissait  sur  le  théâtre  de 
Ferrare  avec  un  troisième  ouvrage  dramatique, 
Enrico  di  Clmilis,  ovveto  il Ritorno dalla  Rus- 
sia,  opéra  sérieux  en  quatre  actes,  qui  n'était 
pas  écrit  depuis  moins  de  dix-liuit  ans  lorsqu'il 
|iiit  enfin  être  offert  au  public.  Le  sort  de  cet 
ouvrage  fut  heureux  néanmoins,  et  l'accueil  qu'il 
reçut  fut  des  plus  favorables. 

HIAZZOLD  (ViNCENzo),  théoricien  italien, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  La  bibliothèque  du  Conservatoire  de  Paris 
possède  en  manuscrit  une  Méthode  de  cet  artiste, 
qui  porte  le  titre  suivant  :  Regole  musicali 
per  iprincipianti  di  cembalo,  mlSapoli,  1795, 
per  Vincenzo  Mazzold  (in-4°  oblong). 

MAZZOLl  (  ),  compositeur  drama- 
tique italien,  a  donné  sur  le  théâtre  de  Modène, 
en  1877,  un  opéra  sérieux  intitulé  Adèle  d'As- 
tiirla. 

MAZZOi\E  (LciGi),  compositeur,  profes- 
seur de  chant  et  écrivain  musical  italien,  est  né 
le  10  décembre  1820  à  Manfredonia,  dans  la 
province  de  Foggia.  Après  avoir  pratiqué  avec 
son  père  l'étude  de  la  musique,  il  fut,  à  l'âge 
de  vingt-deux  ans,  envoyé  à  Naples  pour  y  ter- 
miner .son  éducation,  avec  une  pension  d'environ 
300  francs  que  sa  ville  natale  lui  servit  pendant 
trois  ans.  A  Naples,  il  travailla  l'harmonie  avec 
Piondinella  et  Parisi,  la  composition  avec  Fran- 
cesco  Ruggi,  puis,  une  fois  ses  cours  achevés, 
se  consacra  à  l'enseignement,  tout  en  se  livrant 
à  de  nombreux  travaux  de  composition. 
M.  Mazzone  a  publié  de  nombreux  morceaux  de 
piano,  des  mélodies  vocales,  des  canzoneltc 
napolitaines,  des  pièces  pour  divers  instruments, 
et  il  a  écrit  encore  plusieurs  messes,  des  liymnes 
et  des  morceaux  sjmphoniques.  11  s'est  aussi 
beaucoup  occupé  de  littérature  musicale;  après 
avoir  donné  de  nombreux  articles  dans  divers 
journaux,  il  Commercio,  il  Nomade,  après 
avoir  dirigé  VdGazzelta  musicale,  il  a  fondé  lui- 
même  une  feuille  spéciale,  ISapoU  musicale, 
qu'il  dirige  avec  goût  depuis  environ  dix  années. 

BIOGU.    UMV.    DES   MLSICIENS.    SUPPL.    —    T. 


Correspondant  à  Naples  d'un  journal  théâtral  de 
Venise,  la  Scena,  M.  Ma/.zone  a  en  portefeuille 
un  opéra  intitulé  lo  Scambio  de'rilralti,  qui 
jusqu'ici  n'a  pas  été  repré-senté. 

*  MAZZUCATO  (Alrk.uto),  directeur  du 
Conservatoire  de  Milan,  est  mort  en  celte  ville 
le  31  décembre  1877.  Il  était  né  à  Udine  non 
le  20,  mais  le  28  juillet  1813.  Lorsque,  après  la 
moi  t  de  Mercadante,  M.  Lauro  Rossi  fut  placé  à 
la  tète  du  Conservatoirede  Naples,  Ma/./.ucato  fut 
appelé  à  lui  succéder  comme  directeur  de  celui 
de  Milan.  Dès  1839 ,  il  avait  succédé  à  Mauri 
comme  professeur  de  la  classe  de  chaut  pour 
les  jeunes  filles  dans  cet  établissement;  il 
quittait  ces  fonctions  en  1851  pour  celles  de 
professeur  de  composition ,  dans  lesquelles  il 
remplaçait  Felice  Frasi,  devenait  en  1852  titu- 
laire de  la  chaire  d'esthétique  et  d'histoire  mu- 
sicale, créait  en  1857  une  classe  d'instrumen- 
tation, et  enfin,  en  1872,  devenait  directeur  de 
l'école  à  laquelle,  depuis  trente-trois  ans,  il 
était  attaché  comme  professeur.  J'eus  l'occasion 
et  l'heureuse  chance,  vers  cette  époque,  de  le 
connaître  à  Milan,  et  je  pus  me  convaincre  qu'il 
était  l'un  des  artistes  les  plus  distingués  de  l'I- 
talie, l'un  de  ceux  qui  faisaient  le  plus  d'hon- 
neur à  leur  pays.  Sous  des  dehors  pleins  de 
rondeur,  de  bonhomie  et  de  franchise,  empreints 
d'ailleurs  d'une  grâce  naturelle,  Mazzucato  re- 
celait un  véritable  tempérament  d'artiste,  com- 
plété par  une  instruction  solide  et  étendue  dans 
tous  les  genres.  Doué  d'une  intelligence  rare, 
plein  d'activité,  animé  des  meilleures  intentions 
et  des  plus  nobles  désirs,  on  n'eût  pu  lui  re- 
procher, dans  les  nouvelles  fonctions  qu'il  oc- 
cupait, qu'une  certaine  faiblesse  de  caractère 
causée  par  sa  bonté  même,  la  crainte  un  peu 
trop  vive  de  heurter  ou  de  chagriner  tel  ou  tel. 
Mais  on  ne  peut  nier  que  l'établissement  dont 
les  destinées  lui  étaient  confiées  n'ait  pris  rapi- 
dement, sous  son  administration  à  la  fois  ha- 
bile et  paternelle,  un  nouvel  essor,  et  l'on  peut 
certifier  qu'il  n'eût  pu  être  placé  eu  de  meil- 
leures et  plus  dignes  mains. 

Lors  de  la  création  par  l'éditeur  Ricordi  dr 
la  Gazzelta  musicale  de  Milan,  Miizzucalo 
avait  été  chargé  de  la  rédaction  en  chef  de  ce 
journal,  et  il  s'acquitta  de  cette  tâche,  pendant 
plusieurs  années,  avec  un  véritable  talent;  il 
était  d'ailleurs  très-versé  dans  la  connaissance 
de  l'histoire  de  la  musique  et  des  belles-lettres 
et  sa  valeur  était  grande  comme  théoricien. 
De  1859  à  1869,  il  occupa  brillamment  le  poste 
de  maestro  concertatore  au  théâtre  de  la 
Scala,  dont  il  avait  été  un  instant  le  directeur 
(1854-55)  Comme  compositeur  dramatique,  sa 
II.    •  13 


194 


MAZZUCATO 


MEDICIS 


carrière  fut  relativpment  courte,  car  il  ne  fit 
rejirésenler  que  les  ouvrages  suivants  :  1°  la 
Fidanzcitu  di  Lnmmennoor,  Padoue,  thfàlre 
Auovissimo,  1834;  2»  Don  Chisciotte,  Milan, 
théâtre  lie  la  Canoi)hiana,  26  avril  1836;  3°  Ea- 
jueralda,  Mantoue,  llit'àtre  social,  10  février 
1838  ;  i"  i  Corsari,  Milan,  théâtre  de  la  Srala, 
15  février  1840;  b°  i  Due  Sergenti ,  Milan, 
théâtre  Re,  27  février  1841;  G»  Luigi  V,  id., 
i(i.,  25  février  18'»3;  1"  Ernanï,  Gènes,  théàlre 
Cario-Felice,  26  décembre  1843  (1).  Au  reste, 
Maz7.iicato  ne  fut  jamais  heureux  à  la  scène,  et 
quelques-uns  de  ses  opéras  tombèrent  lour.le- 
laent,  entre  autres  Don  Chisciotte  et  i  Cor- 
sari. 

Outre  V École  de  chant  de  Garcia  et  le 
Traité  de  la  théorie  et  de  la  pratique  de  l'har- 
monie de  Félis,  Mazzucato  avait  donné  la  tra- 
duction italienne  des  ouvrages  que  voici  : 
Grand  Traité  d'instrumentation  et  d'or- 
chestration moderne  de  Berlioz  (Milan,  Ricordi); 
Hygiène  du  chanteur  de  M.  L.  A.  Second 
(id.,  id.);  Abécédaire  vocal  de  M.  Henri  Pa- 
nofka  (id.,  id.).  Enfin,  il  avait  publié  une  nou- 
velle édition,  augmentée,  des  Principi  elemen- 
tari  di  musica  d'Asioli  (Milan,  Ricordi),  et  il 
avait  donné  un  Atlas  de  la  musique  antique, 
précédé  d'une  préface  à  ses  élèves  d'histoire 
et  du  philosophie  musicale  (Milan,  Lucca). 

Comme  compositeur,  et  en  dehors  du  théâtre, 
Mazzucato  a  publié  seulement  un  recueil  de 
Quattro  Mélodie  {il  Lago ,  il  Bacio,  il 
Pensiero  délia  sera,  d  Canto  d'amore\ 
un  Hymne  du  soir  dans  les  temples  (frag- 
ment de  la  8«  Harmonie  de  Lamartine),  et  une 
canzone  intitulée  ai  Fratelli  Triestini  e 
Istriani.  Ces  diverses  productions  ont  paru  à 
Milan,  chez  Ricordi.  On  lui  doit  aussi  une  messe 
et  un  service  solennel  de  vêpres,  qui  ont  été  exé- 
cutés à  Novare  en  1841.  Enfin,  il  a  écrit  l'un  des 
trois  hymnes  (jui,  le  20  se[itembre  1871,  étaient 
exécutes  sur  la  place  du  Dôme,  à  Milan,  pour 
l'anniversaire  de  l'entrée  à  Rome  des  troupes 
italiennes;  cet  hymne  avait  pour  titre  Roma. 
Les  deux  autres  avaient  été  composés  par  MM. 
Perelli  et  Panzini  {Voy.  ces  noms). 

Mazzucato  avait  été  rédacteur  en  chef  non- 
seulement  de  la  Gazzetla  musicale  de  Milan, 
mais  aussi  du  Giornale  délia  Socieià  del 
Quarte/to,  qui  remplaça  un  instant  ce  journal; 
il  fut  aussi  le  collaborateur  de  la  Scena,  de 
Venise,  et  donna  quelques  articles  à  divers  jour- 

(1)  Il  n'est  pas  Juste  de  dire,  comme  on  l'a  fait,  que 
Mazzucalo  a  donné  une  preuve  d'orpnril  m  refaisant 
finiani  après  Verdi.  \:Eru(ini  de  Verdi  ne  fit  son  appa- 
rition qu'en  184»,  plusieurs  mois  après  celui  de  Mazzucato. 


naux  politiques.  A  ce  propos,  un  de  ses  biogra- 
phes, M.  Caputo,a  pu  dire  de  lui  avec  raison  : 
—  «  Alberto  >I,izzucato  a  été  un  des  plus  solides 
champions,  je  dirai  presque  un  des  fondateurs 
de  la  critique  musicale  en  Italie.  Il  avait  le  stvle 
facile,  concis,  convaincant  ;  ses  jugements  sont 
empreints  de  la  plus  grande  impartialité.  Quand 
il  prenait  en  main  la  plume  du  critique,  il  oubliait 
amis  et  adversaires,  et  avec  une  âme  sereine  il 
se  mettait  à  l'œuvre  uniquement  préoccupé  du 
progrès  de  l'art.  Il  aimait  les  jeunes  gens  comme 
ses  propres  fils,  et  leur  prodiguait  les  con-oils, 
donnés  sous  la  forme  la  plus  bienveillante.  Il 
respectait  toutes  les  opinions,  et  discutait  avec 
conscience,  avec  calme,  avec  affection.  Aussi  il 
était  aimé,  estimé  et  respecté  de  tous,  même  de 
ceux  qui  ne  pouvaient  se  trouver  toujours  d'ac- 
cord avec  lui.  »  Mazzucato  a  laissé  inédit  un 
Traité  d'esthétique  musicale,  qui  doit  être  pu- 
blié prochainement. 

MECHURA  ( ),  compositeur  contem- 
porain, est  l'auteur  d'un  opéra  romantique  in- 
titulé Marie  Potokâ,  qui  a  été  représenté  sur  le 
théâtre  national  de  Pesth,  au  mois  de  jan- 
vier 1871,  avec  un  brillant  succès. 

MÉDICIS  (Fi:jiDiNAXD  DE),  prince  de  Tos- 
cane, fils  du  grand-duc  Côme  III,  né  en  1663, 
mort  le  30  octobre  1713,  fut  un  des  plus  célè- 
bres amateurs  de  musique  qui  aient  existé,  un 
protecteur  généreux  et  intelligent  de  l'art  et  des 
artistes,  et  cultivait  lui-môme  la  mu.-ique  avec 
un  réel  talent ,  connaissant  l'harmonie  et  le 
contre-point  et  étant  un  virtuose  «listingué  sur 
l'orgue  et  sur  le  clavecin.  Le  prince  Ferdinand 
attirait  à  sa  cour  une  foule  de  grands  artistes, 
excitait  les  compositeurs  à  écrire  pour  lui  des 
œuvres  de  tout  genre,  opéras,  oratorios,  can- 
tates, messes,  psaumes,  motets,  madrigaux, 
divertissements,  etc.,  et  faisait  exécuter  ces 
œuvres  par  les  virtuoses  les  plus  fameux  et  les 
plus  remarquables.  Parmi  les  compositeurs 
qu'il  encourageait  et  protégeait  ainsi,  on  peut 
surtout  citer  Alessandro  Scarlatti,  Giacomo 
Perti,  Hicndel,  Clari,  Pasquini,  Polaroli,  Délia 
Porta,  Mancini,  Lucatelli,  Montuoli,  etc.  Quant 
aux  œuvres  exécutées  dans  son  théâtre  ou  à  sa 
chapelle,  aux  virtuoses  attachés  à  son  service, 
il  serait  tro[)  long  d'en  dresser  la  liste.  Le  seul 
catalogue  des  instruments  qui  formaient  sa  col- 
lection et  qui  servaient  aux  exécutions  musicales 
est  un  document  des  plus  curieux.  Ferdinand 
de  Médicis  fut  certainement  un  des  princes  qui 
contribuèrent  pour  une  large  part  aux  progrès 
et  à  la  splendeur  de  l'art  musical  en  Italie. 
M.  Leto  Puliti  a  publié  à  son  sujet,  dans  les 
Attï  de  l'Académie  du  Royal  Institut  musical 


MEDICIS  -  MEERENS 


195 


de  Florence  (12=  année),  un  travail  étendu  et 
plein  d'intérêt,  ainsi  intitulé  :  Délia  vila  del 
Serenissimo  FenUnando  dei  Medici,  gran- 
principedt  Toscana,  edella  origine  delpiano- 
forle.  Ce  l'ut,  en  effet,  à  la  cour  de  ce  prince 
que  Barlolomeo  Cristofori,  son  lulliier  et  son 
fadeur  de  clavecins,  imagina  et  construisit  en 
1709  le  prernierpmno-/b/7e. 

MEDORI  (M'""  Joséphine),  chanteuse  dra- 
matique remarquable,  esl  née,  dit-on,  en  France, 
en  1828,  et  épousa  en  Italie,  en  1848,  un  artiste 
du  nom  de  Medori  (1).  J'ignore  sous  la  direction 
de  quel  professeur  celle  artiste  lit  ses  études 
uuisicales,  mais  on  dit  qu'à  Naples  elle  reçut  des 
leçons  de  Mercadante;  toutefois,   elle  s'adonna 
de  bonne  heure  au  chant  italien,    et  se   fit  en- 
tendre avec  succès  sur  plusieurs  grandes  scènes 
de    la    Péninsule,   où  sa  beauté  vigoureuse  et 
opulente,   sa  voix  de  soprano  riche  et  étendue, 
son  grand  sentiment  dramatique  et  son  intelli- 
gence de  la  scène   lui  attirèrent  aussitôt  foutes 
les  sympathies  du  public.  C'est  surtout  dans  le 
grand  répertoire    tragique  que  M'"'  Medori  se 
lit  remarquer,    chantant  tour  à   tour  Nonna, 
Don  Juan,  Olello,  Fidelio,  Semiramide,  Er- 
nani,  les  Huguenots,   il  Trovatore,    Anna 
Bolena,  Parisina,  Maria  di  Rohan,  il  Giara- 
inento,  Poliuto,  etc.  Après  avoir  fait  apprécier 
en  Italie  son   talent  pathétique,  M™'=  Medori  se 
lit  applaudir  au  théâtre  de  la  Reine  à  Londres, 
à  l'Opéra  impérial  de  Vienne,  à  l'Opéra   italien 
de  Saint-Pétersbourg,  à  la  Fenice  de  Venise,  et 
au  grand  tliéâlre  de  Vérone.  Vers  1856,  elle  fut 
engagée  à  l'Opéra  de  Paris,  où  elle  se  fit  enten- 
dre dans  les   Vêpres  siciliennes  et  dans  les 
Huguenots;  mais  sa  voix,  dit-on,  commençait 
déjà  à  se  fatiguer,  et,  bien  que  le  public  rendit 
justice  à  ses   éminentes   qualités,   la  cantatrice 
ne  rencontra  pas   tout   le  succès  qu'elle  avait 
espéré.    Bientôt    elle    quitta    l'Europe,    après 
avoir   été    passer   une    saison  à   Lisbonne   et 
une  autre  à    Naples,  et  se  rendit   au    Brésil, 
où  elle  fut  encore  accueillie  avec  une  grande  fa- 
veur. En  1861  elle  revenait  au  théâtre  San-Carlo, 
de  Naples,  et  en  1863  elle  repartait  pour  l'Amé- 
rique et  se  produisait  à   Philadelphie,  à  New- 
York,  et  dans  diverses  autres  villes  des  États- 
Unis.  Depuis  lors,  elle  n'a  plus  fait  parler  d'elle. 
Retirée  aujourd'hui  à  Laeken-lez-Bruxelies,  celte 
artiste  remarquable  a  épousé  en  secondes  noces 
un  tailleur  du  nom  de  Navir. 


(11  Franccsro  Regli,  dans  son  Dizionario  bior/raflco, 
fait  niitre  M"'»  Medori  à  Bclleviic,  près  Paris,  tandis  que 
Scudo  {Critique  et  Uttéralure  musicales,  t.  I^^)  affirme 
qu'elle  esl  Belj-'c  et  née  à  Bruxelles.  Je  crois  que  Reeli 
était  bien  informé. 


MEElîElVS    (Jeax-Antoine),  virtuose  dis- 
tingué et  coinposileur,  naquit  ù  Rotterdam  en 
1804.  Chef  de  musique  du  Schul/ery  (giirde  ci- 
vique) de  Bruges  sous  la  (iomiiiation  hollandaise, 
il  était  renommé  pour  son  talent  sur  la  llilte,  et  sa 
virtuosi té  était  telle  sur  cet  instrument,  que  Tuloii, 
voyageant  en  Belgiriue  vers  1830,  lui  proposa  de 
l'accompagner  dans  ses  concerts,  pour  exécuter 
avec  lui  des  duos.  11  n'était  pas  moins  habile  sur  la 
guitare,  et,  outre  ces  deux  instruments,  qui  étaient 
ceux  de  sa  prédilection,  il  jouait  aussi  du  violon, 
de  la  harpe  et  du  piano.  Il  jouissait  d'une  grande 
réputation   comme  professeur,  ce   qui  ne  l'em- 
pêcha pas  de  fonder  à  Bruges  une  maison  de 
commerce  de  musique  et  de  pianos,  qu'il  con- 
tinua de  diriger  jusqu'en  1845,  époque  à  laquelle 
il   alla  se    fixer   à  Anvers,  pour  y  prendre  la 
suite  des  affaires  de  la  maison  Schott  et  la  di- 
rection du  comptoir  que  celte  maison  pos.sédait 
en  cette  ville.  Vers  la  fin  de  1854,  il  s'établit  à 
Bruxelles,  où  il  mourut  le  15  mai  1864.  Il  lais- 
sait deux  fils,  dont  l'un,  Jean  Bruno,  entreprit 
sur  la  propriété  littéraire  et  artistique  quelques 
travaux  (lue  d'autres  occupations  ne  lui  permi- 
rent pas  de  terminer,  et  dont  le  plus  jeune,  Char- 
les, fait  l'objet  de  la  notice  suivante. 

MEEREXS  (Chap.les),  violoncelliste,  acons- 
ticien  et  écrivain  musical  belge,  fils  du  précé- 
dent, est  né  à  Bruges  le  26  décembre  1831. 
Élevé  dans  un  milieu  très-artistique,  il  apprit  de 
bonne  heure  les  premiers  éléments  de  la  musi- 
que, et  lorsqu'en  1845  son  père  alla  se  fixer 
à  .\iivers,  il  commença  l'étude  du  violoncelle 
avec  M.  Joseph  Bessems,  pour  la  terminer  un 
peu  plus  tard,  à  Gand,  avec  M.  Dumon.  De 
retour  à  Bruges,  il  y  créa  une  société  sympho- 
nique  d'amateurs,  les  Francs-Amis,  et  reprit  la 
suite  de  la  maison  de  commerce  de  musique 
que  son  père  avait  fondée  en  cette  ville.  En  1855, 
il  alla  rejoindre  celui-ci,  alors  établi  à  Bruxelles, 
se  fit  admettre  au  Conservatoire  dans  la  classe 
de  Servais,  y  obtint  une  récompense  au  con- 
cours, et  fréquenta  aussi  le  cours  d'accompa- 
gnement de  M.  Steveniers,  ce  qui  lui  donna 
l'occasion  d'exécuter  et  de  connaître  toutes  les 
grandes  œuvres  de  la  musique  classique. 

Cependant,  après  s'être  produit  avec  succès 
et  à  plusieurs  reprises  comme  virtuose,  M.  Mee- 
rens  se  vit  obligé,  par  suite  de  diverses  circons- 
tances ,  de  modifier  sa  carrière.  Devenu  l'ac- 
cordeur de  la  maison  de  pianos  que  son  père 
dirigeait  à  Bruxelles,  ce  travail  réveilla  dans  son 
esprit  le  désir,  qui  s'était  déjà  présenté  à  lui, 
de  rechercher  les  lois  physico-matln'matiques 
qui  régissent  l'art  musical.  Doué  d'une  grande 
faculté  d'étude,  possesseur  d'une  bonne  instruc- 


196 


MEEllENS 


tion,  avec  cela  très-bon  musicien,  M.  Meerens 
se  livra  avec  ardeur  à  la  rei  lierclie  de  la  solu- 
tion des  problèmes  acoustiques.  Ses  travaux 
ont  été  résumés  par  lui  dans  une  série  d'opus- 
cules intéressants ,  ainsi  que  dans  de  nombreux 
articles  insérés  dans  divers  journaux,  entre 
autres  le  Guide  musical  de  Bruxelles.  Ils  ont 
parfois  suscité  d'utiles  polémiques,  et  ont 
appelé  l'attention  sur  des  sujets  dignes  du  plus 
vif  intérêt. 

En  ce  qui  concerne  le  côté  physiologique  de 
la  musique,  chacun  sait  que  jusqu'à  ce  jour  on 
s'est  trouvé  en  présence  de  deux  doctrines  ab- 
solument contraires,  dont  Tune  acceptait,  tandis 
que  l'autre  repoussait  toute  idée  d'intervention 
des  lois  physiques  des  corps  sonores  pour  l'a- 
nalyse des  phénomènes  musicaux,  la  formation 
des  gammes,  etc.  «  Jusqu'à  moi,  a  dit  lui-même 
M.  Meerens,  ces  deux  doctrines  restaient  à 
l'état  hypolhéli'iue.  Grâce  à  mes  découvertes,  il 
est  avéré  que  les  phénomènes  naturels  des  corps 
sonores,  tels  que  les  harmoniques  et  les  sons 
résultants  sont  complètement  étrangers  à  toute 
perception  musicale.  Les  combinaisons  artisti- 
ques des  sons  sont  purement  artificielles.  Ce  fait 
est  de  la  plus  haute  importance  pour  la  théorie, 
et  c'est  grâce  à  mes  travaux  qu'il  peut  être  con- 
sidéré comme  définitivement  acquis  à  la  science. 
Les  investigations  des  autres  doctrines  peuvent 
maintenant  être  éliminées.  La  voie  de  la  vérité 
est  ouverte.  » 

Sans  prendre  absolument  parti  dans  la  ques- 
tion, je  pencherais  volontiers  à  me  ranger  de 
l'avis  de  M.  Meerens.  Je  crains  pourtant  que  sa 
doctrine  n'offre  le  danger  des  doctrines  tout  d'une 
pièce,  c'est-à-dire  qu'elle  ne  soit  trop  absolue.  Je 
crois  volontiers  que  M.  Meerens  est  sur  le  che- 
min de  la  vérité;  il  me  paraît  que  les  résultats 
obtenus  par  lui  sont  remarquables  et  qu'il  a 
ouvert  la  voie  à  des  recherches  nouvelles  et  fé- 
condes ;  mais  je  me  demande  si  son  système 
n'est  pas  un  peu  trop  exclusif.  Toutefois,  M.  Ge- 
vaert,  dans  son  livre  :  Histoire  et  Théorie  de 
la  jnusiqitc  de  l'antiquité  ^  a  caractérisé  en 
ces  termi'S  les  travaux  et  les  découvertes  de  son 
compatriote  :  —  «  De  récentes  investigations 
expliquent  les  pliénomènes  physiologicpies  qui 
se  ratta(  lient  aux  diverses  combinaisons  de 
rapports  numéri(iucs  des  intervalles  musicaux, 
tels  que  la  tonalité,  le  caractère  et  la  fonction 
tonale  de  chaque  degré  de  la  gamme,  les  ac- 
cents mélancoliques  du  mode  mineur ,  les 
tendances  résolutives  des  dissonances  et  le 
sentiment  de  repos  de  l'accord  parfait.  Les  dé- 
couvertes de  M.  Meerens,  appuyées  sur  des 
expériences  précises  et  réitérées,  coordonnent 


une  théorie  nouvelle  qui  mérite  d'élre  prise  eu 
sérieuse  considération.  >> 
Dans   un    autre   ordre    d'idées,  on    doit  à 

M.  Meerens,  la  formule  ^-^,  qui  représente  la 

longueur  du  pendule  dont  les  balancements  cor- 
respondent aux  mouvementsdu  métronome  -jC'est- 
à-dire  qu'en  divisant  le  nombre  3600  par  M  1 
(le  degré  métronomique  de  l'échelle  multiplié 
par  lui-même),  on  obtient  en  mètres  et  centi- 
mètres la  longueur  en  question.  Chacun  peut 
ainsi,  à  l'aide  d'un  fil  au  bout  duquel  on  fixe 
un  petit  objet  pesant,  connaître,  sans  métro- 
nome, le  degré  exact  de  vitesse  d'un  mouve- 
ment métronomique  indiqué. 

Enfin,  M.  Meerens  a  conçu  le  projet  d'une 
réforme  partielle  dans  l'écriture  musicale.  Si- 
gnalant «  l'anomalie  des  anciennes  clefs  de  la 
musique  en  présence  du  principe  radical  mo- 
derne de  l'art,  qui  n'est  plus  le  tétracorde,  d'où 
sont  sorties  les  clefs,  mais  l'octave,  »  M.  Meerens 
propose  de  remplacer  les  anciennes  clefs  par  le 
chilfre  indiquant  le  numéro  d'ordre  de  l'octave 
à  laquelle  appartiennent  les  notes  écrites  pour 
chaque  instrument.  Pour  ma  part,  je  ne  vois 
guère  l'amélioration  qu'apporterait  le  système 
imaginé  par  M.  Meerens,  et  je  n'en  suis  point 
partisan.  Je  dois  dire  pourtant  que  ce  système  a 
rencontré  des  adhérents,  et  que  son  auteur  a 
créé  une  société  destinée  à  le  propager. 

Voici  la  liste  des  écrits  de  M.  Meerens  : 
1°  Le  Métromètre,  ou  moyen  simple  de  con- 
naître le  degré  de  vitesse  d'un  motivement 
hirf/V/ue,  Bruxelles,  Schott,  1859,  feuille  in-plano; 
2°  Instnuction  élémentaire  du  calcul  nnisi- 
cal,  et  philosophie  de  la  musique,  Bruxelles, 
Schott,  1864,  brochure  \n-8"  ;  ^°  Phènotnè- 
nes  miisico-phtjsiologiques,  id.,  id.,  18G8,  bro- 
chure in-S";  4°  Hommage  à  la  mémoire  de 
M.  Delézennc,  examen  analytique  de  ses 
précieuses  expériences  d'acoustique  musicale, 
id.,  id.,  1869,  brochure  in-8°;  5"  Le  Diapason 
et  la  notation  musicale  simplifiés,  id.,  id., 
1873,  brochure  in-8°  ;  6"  Mémoire  sur  le  dia- 
pason, adressé  à  l'Institut  national  de  Genève, 
id.,id.,  1877,  brochure  in-8°;  7"  Petite  Méthode 
pour  opprrndrela  musique  et  le  piano  en  peu 
de  temps,  d'après  le  système  de  notation  mu- 
sicale simplifiée.  M.  Meerens  a  publié,  dans 
ce  système,  diverses  transcriptions  ou  traduc- 
tions de  sonates,  études  et  fantaisies.  En  1870, 
M.  Meerens  a  adressé  à  l'Académie  des  sciences 
de  Paris  un  mémoire  portant  pour  titre  :  Exa- 
men analytique  des  expériences  d'acoustique 
musicale  de  MM.  A.  Cornu  et  E.  Mercadier. 
}\.   Meerens  est  membre  d'honneur  de  diverses 


MEERENS 


MEILLET 


197 


sociétés  musicales  et  orphéoniques  de  Belgique, 
et  membre  correspontlant  (ie  riii»tilutniitiou;il  de 
Genève  et  de  l'Académie  royale  de  Palerme. 

*  MEERTS  (Lambert-Joseph),  violoniste, 
naquit  à  Bruxelles,  non  en  1802,  mais  le  6  jan- 
vier 1800. 

*  MEES  (Joseph-Henri),  naquit  à  Bruxelles 
non  en  1779,  mais  le  28  mai  1777.  Cet  arliste, 
dont  les  dispositions  musicales  furent  exlrêine- 
ment  précoces,  chantait  à  l'église  dès  l'âge  de 
cinq  ans;  à  sept  ans  il  commençait  l'élude  du 
violon,  et  à  dix  il  faisait  déjà  sa  partie  à  l'or- 
cheslre  du  théâtre.  Il  perfectionna  son  talent 
sur  cet  instrument  avec  Pauwels,  artiste  fort 
distingué  qui  avait  reçu  des  leçons  de  Fiorillo  et 
qui,  à  cette  époque,  revenait  de  Paris  pour  se 
fixer  à  Bruxelles.  C'est  avec  son  grand-père 
Vitzthumb,  grand  admirateur  de  Gluck,  que 
Mees  travailla  le  contre-point. 

Ce  n'est  ni  à  SHint-Pétersbourg,ni  aux  environs 
de  1838  que  mourut  Mees,  car  en  1855  il  ha- 
bitait Paris,  auprès  de  son  fils,  qui  était  direc- 
teur de  l'hôpital  militaire  du  Val-de-Gràce. 
Après  un  court  séjour  à  Saint-Pétersbourg,  puis 
à  Moscou,  il  s'était  fixé  à  Kiev,  où  pendant 
quinze  ans  il  avait  dirigé  une  académie  de  mu- 
sique et  donné  des  leçons  au  pensionnat  impé- 
rial. 

MEGLIO  (ViNCENzo  DE),  pianiste  et  com- 
positeur italien,  né  à  Naples  Je  9  avril  1825,  a 
commencé  l'étude  du  piano  avec  Pasquale  Mu- 
gnone,  et  l'a  continuée  sous  la  direction  de.  Fran- 
cesco  Lanza,  tout  en  travaillant  l'harmonie  avec 
Casella  et  le  contre-point  avec  Mario  Aspa.  Il  se 
fit  admettre  néanmoins  en  1840  au  Conserva- 
toire de  Naples,  y  suivit  un  cours  de  hautbois, 
et  se  perfectionna  dans  la  théorie  de  l'art  avec 
Parisi  et  Francesco  Ruggi.  Il  sortit  de  l'école 
en  1843,  et  depuis  lors  n'a  cessé  de  se  livrer  à 
la  pratique  de  l'enseignement,  tout  en  s'occu- 
pant  beaucoup  de  composition.  Le  30  septem- 
bre 1848,  M.  de  Meglio  faisait  représenter  au 
théâtre  Nuovo  un  opéra  semi-sérieux  intitulé 
Ermelinda,  qui  n'obtint  que  quatre  représenta- 
tions, et  il  donnait  ensuite,  au  même  théâtre, 
une  farsa  qui  obtint  quelque  succès,  Giocrisse. 
Depuis  celte  époi|ue,  il  n'a  pu  réussir  à  se  re- 
produire à  la  scène,  mais  il  a  écrit  beaucoup 
de  musique  religieuse ,  avec  accompagnement 
d'orchestre  ou  d'orgue;  de  plus,  outre  quelques 
mélodies  vocales,  quelques  chansons  populaires 
napolitaines,  il  a  publié  chez  l'éditeur  Ricordi, 
de  Milan,  5  trios  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle et  environ  deux  cents  morceaux  de  piano 
à  deux  ou  quatre  mains,  dans  lesquels  il  ne  se 
trouve   pas    une  seule    composition    originale. 


Tous  ces  morceaux,  en  effet,  consistent  en  ar- 
rangements, fantaisies  ou  transcriptions  sur  des 
airs  populaires  ou  des  thèmes  d'opéras  en  vogue. 
Paruii  les  compositions  les  plus  importantes  de 
M.  de  Meglio,  il  faut  mentionner  une  sorte  d'o- 
ratorio, le  Tre  Ore  di  ogonia,  qui  a  été  exécuté 
dans  diverses  églises  de  Naples.  Sous  ce  titre  : 
Eco  di  Napoli,  il  a  publié  un  recueil  intéres- 
sant de  50  canzoni  napolitaines  populaires,  avec 
accomp;ignement  de  piano. 

*  MÉIIUL  (Étienne-Nicolas).  —  Une 
double  erreur  s'est  constamment  produite  jus- 
qu'à ce  jour  au  sujet  de  cet  artiste  célèbre, 
auquel  on  a  toujours  donné  pour  prénoms 
Élienne-flen/7,  tandis  qu'il  s'appelait  Étienne- 
Nicolas,  et  qu'on  a  fait  naître  le  24  juin,  tandis 
qu'il  est  né  le  22  juin  17G3.  Je  rectifie  les  faits  à 
l'aide  de  l'acte  de  baptême  du  maître,  daté  de 
Givet,  le  22  juin  1763.  D'ailleurs,  la  pierre  tu- 
mulairede  Méhul  indique  bien  cette  date  comme 
celle  de  sa  naissance. 

*  MEIFRED  (Joseph-JeanPierre-Émile), 
né  à  Colmars  (Basses-Alpes),  le  22  novembre 
1791  lui  non  le  23  octobre  1793),  est  mort 
le  29  août  1867.  Il  avait  pris,  en  1865,  sa 
retraite  comme  professeur  de  cor  à  pillons  au 
Conservatoire,  et  cette  classe,  naguère  créée 
pour  lui,  fut  alors  supprimée.  Parmi  les  jour- 
naux auxquels  Meifred  a  collaboré  d'une  façon 
active,  il  faut  citer  surfout  la  Mclomanie  et  la 
Critique  musicale.  On  lui  doit  aussi  l'opus- 
cule suivant  :  Sur  renseignement  populaire 
de  la  musique  en  France  (Paris,  1853,  iinpr. 
Chaix,  in-8°  de  32  p.).  Meifred  était  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur. 

MEILLET  (Auguste  -  Alphonse  -  EnMOND) , 
chanteur  et  comédien  distingué,  naquit  à  Nevers 
le  7  avril  1828.  Fils  d'un  avoué,  il  devait  suivre 
la  carrière  paternelle;  envoyé  à  Paris  pour  y 
faire  ses  études,  il  fit  son  éducation  littéraire 
au  lycée  Louis  le  Grand,  obtint  ensuite  le  di- 
plôme de  bachelier  es  lettres,  puis  prit  ses  ins- 
ciiplions  à  l'École  de  droit  et  entra  dans  une 
élude  d'avoué.  Mais  comme  à  une  jolie  voix 
de  baryton  il  joignait  le  goût  de  la  musique,  il 
commença  à  travailler  le  chant,  se  fit,  sur  des 
conseils  amis,  recevoir  au  Conservatoire  dans 
les  premiers  mois  de  1847,  fit  de  rapides  progrès, 
et  bientôt  remportait  aux  concours  les  prix  de 
chant,  d'opéra  et  d'opéra- comique. 

En  présence  de  tels  succès ,  la  famille  de 
Meillet  n'apporta  aucune  opposition  à  son  en- 
trée dans  la  carrière  artistique.  Il  signa  donc 
un  engagement  avec  la  direction  de  l'Opéra,  et 
débuta  à  ce  théâtre  en  1850,  dans  un  ouvrage  de 
M.  de  Flotow,  VAmecn  peine.  Mais  il  y  resta 


198 


MEILLET  —  MEINERS 


peu  do.  temps,  e(,  après  un  court  passage  k 
l'Opéra  Comique,  il  entra  en  1854  au  Théâtre- 
Lyrique,  où  le  succès  lattendail.  Il  s'y  lit  re- 
marquer dès  sou  apparition,  et  bientôt  se  vit 
chargé  de  créations  nombreuses  et  importantes 
qui  lui  donnèrent  de  l'aulorité  sur  le  public  et 
assurèrent  sa  réputation.  De  la  liste  des  ou- 
vrages successivement  joués  par  lui,  nous  cite- 
rons les  titres  suivants  :  Bonsoir,  voisin, 
Maître  Wolfram,  le  Bijou  perdu,  le  Médecin 
malgré  lui,  la  Poupée  de  Nuremberg,  le  Billet 
de  Marguerite,  la  Butte  des  Moulins,  la 
Fille  invisible,  Jdguarita  l'Indienne-,  puis, 
en  fait  d'œuvres  du  répertoire,  Ricard  Catir- 
de-Lion,  Ma  Tante  Aurore,  les  Aoces  de  Fi- 
garo, le  Val  d'' Andorre,  le  Brasseur  de  Pres- 
ton,  etc.,  etc. 

Alors  qu'il  était  à  l'Opéra-Comique,  Meiliet 
avait  épousé  une  jeune  artiste  de  ce  théâtre  , 
M"'"  Meyer,  qui  avait  été  sa  camarade  d'études 
au  Conservatoire.  Vers  18G1  ou  1862,  tous  deux 
quittèrent  Paris  et  s'en  allèrent  tenir  leurs  em- 
plois dans  diverses  fir.mdes  villes  de  province 
et  de  rélranj;;er.  Ils  étaient  en  1863  à  Bruxelles, 
où  M""  Meiliet  tint  avec  une  grande  distinction 
l'emploi  des  l'^aicon.  Lorsque  le  Théâtre  Lyrique 
monta  le  Bal  masqué,  de  Verdi,  M'"*^  Mt^illet 
fut  rappelée  à  ce  tliéàlre  pour  remplir  le  prin- 
cipal rôle  de  cet  ouvrage,  et  Meiliet  lui-même 
fit  bientôt  sa  rentrée  dans  le  Brasseur  de 
Preston,  créa  ensuite  Sanclio  Pança  dans  le 
Don  Quicholle,  de  M.  Boulanger,  puis  se  mon- 
tra de  nouveau  à  l'Opéra-Comique,  où  il  créa 
dans  ro?/!6re,deM.  de  l^lolow,  le  personnage  du 
docteur  Mirouet,  qui  fut  son  dernier  et  l'un  de 
ses  meilleurs  rôles. 

Meiliet  n'était  pas  seulement  un  chanteur  dis- 
tingué; c'était  encore  un  excellent  comédien, 
plein  de  rondeur,  d'intelligence,  de  verve  et  de 
bonhomie.  Il  mourut  suliitement  à  Veules, 
petit  port  de  mer  de  la  Seine-lnlérieure,  le  31 
août  18"1,  dans  sa  quarante-quatrième  année, 
au  moment  même  où  l'Opéra-Comique  annon- 
çait sa  rentrée  dans  le  docteur  Mirouet  de 
l'Ombre,  sa  dernière  création. 

MEIXAI'.DUS  (Louis),  compositeur  alle- 
mand, est  né  à  Ilooksiel  (duché  d'Oldenbourg) 
le  17  septembre  18'.'.7,  el  a  reçu  son  éducation 
musicale  au  Conservatoire  de  Leipzig,  après 
quoi  il  alla  se  perfe(  tionner  à  Weimar,  auprès 
de  M.  Liszt.  Lu  I8."J3  il  se  rendit  à  Glogau,  où 
il  était  appelé  à  la  direction  de  l'Académie  de 
chant,  et  conserva  ces  fonctions  jusipi'en  ls:)S. 
Il  passa  ensuite  plu-ieurs  années  à  Dresde,  puis 
alla  se  fixer  à  Hambourg,  où  il  réside  encore 
aujourd'hui. 


M.  Meinardus  est  un  artiste  instruit  et  dis- 
tingué, qui  s'est  fait  connaître  et  apprécier  par 
un  assez  grand  nombre  d'œuvres  im|)ortantes. 
Il  faut  citer  en  première  ligne,  parmi  ces 
œuvres,  plusieurs  oratorios  :  le  Roi  Salomon, 
Simo7i  Pierre,  Gcdéon,  Luther  à  Worms, 
qui  sont  considérés  dans  sa  patrie  comme  des 
productions  fort  estimables  et  qid  ont  toujours 
été  accueillis  avec  faveur  par  le  public.  Je  signa- 
lerai  aussi,  entre  autres  compositions  intéres- 
santes de  cet  altiste,  une  grande  ballade  pour 
voix  seule,  chœur  et  orchestre  :  Roland's 
Schaanenlied,  un  trio  pour  j'iano,  violon  et 
violoncelle,  op.  40,  un  quatuor  en  fa  majeur 
pour  instruments  à  cordes,  op.  41,  etc.,  etc. 

*  MEIXKRS  (Giovanni  Battista),  composi- 
teur, né  a  Milan  en  1826,  a  fait  ses  études  musi- 
cales au  Conservatoire  de  cette  ville,  où  il  fut 
admis  le  9  novembre  1833,  et  qu'il  quitta  le  7 
septembre  1843.  Ses  clas.ses  furent  brillantes,  et 
lorsqu'il  sortit  de  l'école,  il  avait  écrit  déjà  deux 
opéras  :  Francesca  da  Rimini  et  il  Disertore 
siizzero,  dont  le  dernier  avait  été  exécuté, 
le  il  février  1842,  sur  le  petit  théâtre  du  Con- 
servatoire. Il  se  rendit  presque  aussitôt  à  Vienne, 
s'y  perfectionna  en  se  mettant  sous  la  direc- 
tion de  Sechter,  y  reçut  aussi  des  leçons  de 
Donizetti ,  revint  à  Milan  après  deux  années 
d'absence,  et  se  vit  bientôt  nommer  maître  de 
chapelle  de  la  basilique  métiopolitaine  de  Ver- 
celli.  Il  écrivit  pour  le  service  de  sa  chapelle 
un  grand  nombre  de  compositions  religieuses, 
dont  quelques-unes  furent  publiées,  mais  la  .si- 
tuation qu'il  occupait  à  Vercelli  ne  l'empêcha 
pas  de  se  produire  au  théâtre,  vers  lequel  il  se 
sentait  attiré. 

Il  lit  jouer  d'abord  au  Théâtre-National  de 
Turin  (1851)  son  Disertore  svizzero,  qui  fut 
bien  accueilli,  et  donna  ensuite  au  théâtre  Car- 
cano,  de  Milan,  un  second  ouvrage  intitulé 
Elndia  di  san  Mauro.  Les  portes  de  la  grande 
scène  de  la  Scala  s'etant  ouvertes  devant  lui 
après  ces  deux  essais,  il  y  donna,  le  12  no- 
vembre 185!),  son  opéra  de  Riccardo  Ifl,  qui 
fut  reçu  avec  une  extrême  froideur,  bien  que 
chanté  par  des  artistes  fort  distingués,  MM.  Ti- 
berini,  Echeverria,  Corsi,  et  M'"«  Ortolani-Ti- 
berini  (1).  Après  cet  échec,  M.  Meiners  de- 
nu'ura  plusieurs  années  sans  se  reproduire  à  la 
scène,  et  ce  n'est  que  le  3  avril  ISGH  qu'on  le 
voit  donner  à  la  Pergola,  de  Florence,  un  nouvel 

(1>  Je  crois  que  l^i  pirtitioii  de  Hirciirdo  III  avait  été 
exécutée  piécédcranu-nt,  et  qii'rlle  fut  ref.iitc  en  partie 
p,ir  son  auleiii',  rhiiiiivrilif,  pinir  hi  .Scala  ;  mais  je  n';ii  pu 
decoimir  sur  quel  tUéSlre  elle  aurait  vu  le  jour  origi- 
nairement. 


MEINERS   —  MELCHIOH 


199 


ouvrage  dramatique  inlilulé  Veronica  Cybo, 
qui  était  écrit  pourtant  dopuis  près  de  di\  ans. 
Celui-ci  était  chanté  par  la  Palniieri,  la  Marini, 
MM.  Graziani  et  Ciina.  Depuis  lors,  je  crois  que 
le  coni[iositeur  n'a  pas  abordé  de  nouveau  le 
tliéàtre,  bien  qu'il  ait  encore  écrit  un  autre 
opéra,  Gaùriella  dï  Thefschen.  En  deiiors  de 
ses  œuvres  dramatiques  et  de  ses  compositions 
religieuses,  M.  Meiners,  qui  est  un  artiste  fort 
estimable,  a  publié  quelques  mélodies  vocales,  il 
Lamenta  d'unu  prkjioniera,  Perche  non  torni 
mai!  Yoga,  l'OrfancUa,  etc.  II  faut  citer 
aussi  un  ballet,  Fianimella,  dont  il  a  écrit  la 
musique  en  société  avec  M.  Paolo  Giorza  {Voy. 
ce  nom),  et  qui  a  été  représenté  à  la  Scala, 
de  Milan,  le  20  janvier  tSGG,  Enfin,  au  nombre 
de  ses  premiers  ouvrages,  se  trouve  une  «  sym- 
plionie  caractéristique,  »  la  Giornala  d'un 
Eroc,  qui  fut  exécutée  au  théâtre  Regio,  de  Tu- 
rin, vers  1862  ;  cette  vaste  composition,  dans 
laquelle,  dit-on,  l'auteur  avait  donné  des  preu- 
ves d'une  rare  connaissance  des  instruments  et 
de  leur  emploi  bien  entendu,  était  divisée  en 
quatre  parties  :  1"  il  Maitïno  ;  T  la  Batla- 
glia  ;  3°  ridilio;  4"  il  Trionfo. 

C'est  surtout  dans  la  musique  religieuse  que 
M.  Meiners  s'est  acquis  dans  son  pays  un  renom 
véritable.  Je  dois  dire  pourtant  que  plusieurs 
critiques ,  ses  compatriotes,  lui  ont  adressé  à 
diverses  reprises  le  reproche  de  ne  pas  saisir 
le  caractère  nécessaire  à  ce  genre  de  composi- 
tion, et  de  confondre  avec  trop  de  facilité  le 
style  qui  convient  au  théâtre  avec  celui  qui 
convient  au  temple;  Celte  remarque  a  été  faite 
particulièrement  à  propos  de  la  messe  de  Re- 
quiem que  M.  Meiners  écrivit  pour  l'un  des 
anniversaires  de  la  mort  du  roi  Charles-Albert, 
et   qui  fut  exécutée  à  Turin  vers  1862. 

*  MEISSO\i\IER  (A^T0INE),  guitariste, 
compositeur  et  éditeur  de  musique,  est  mort  à 
Saint-Germainen-Laye,  près  de  Paris,  en  1857. 

*  MEISSOI\I\IER  (Joseph),  frère  et  élève 
du  précèdent,  comme  lui  guitariste,  compositeur 
et  professeur,  est  mort  environ  deux  années 
avant  lui,  vers  1855. 

*  MEISTER  (Jean-Gf.orges),  organiste  à 
Hildburf-liausen,  est  mort  en  cette  ville  au  mois 
de  septembre  1870. 

MELA  (ViNCENzo),  chanteur  et  compositeur 
italien,  né  dans  les  premières  années  de  ce  siècle, 
a  écrit  la  musique  d'un  certain  nombre  d'ou- 
vrages dramatiques  dont  aucun  n'a  réussi  à  tirer 
son  nom  de  l'obscurité.  Voici  les  tilres  de  ceux  de 
ces  ouvrages  qui  sont  venus  à  ma  connaissance  :  il 
Feudaiario;  VAllogglo  militare,  farce;  il  Con- 
venlo  dis.  iSicola;  la  Testa  di  bronzo,  repré- 


sentée en  1855  et  dans  laquelle  l'auteur  rem- 
plissait un  rôle;  Cristoforo  Colombo  (Vérone, 
1857);  il  Casino  di  campagna,  farce  jouée 
pour  la  première  fois  sur  le  théâtre  l'e,  de  Mi- 
lan, au  mois  de  juillet  1865,  et  donnée  ensuite 
au  Tliéàlre-Itiilien  de  Paris,  le  5  mai  de  l'année 
suivante.  Le  piincipal  rôle  de  cette  opérette 
était  joué,  à  Paris,  par  la  propre  fille  du  com- 
posileur,  à  qui  l'on  avait  essayé  d'avance  de 
faire  une  renommée  d'après  la  nature  de  sa  voix, 
qui,  disait-on,  avait  tout  le  caractère  de  celle 
d'un  ténor;  c'est  pourquoi  on  n'appelait 
M"'  Mêla  que  la  tenoressa.  Cette  qualification 
barbare  était  ab.solument  sans  objet,  car  la  voix 
(le  la  jeune  cantatrice  ne  présentait  d'autre  par- 
ticularité (pie  celle  d'être  sans  timbre,  sans  cou- 
leur et  sans  caractère. 

MELAiXI  (Jacopo),  compositeur  dramatique, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle.  Dans  les  notes  d'un  travail  très-intéressant 
(lublié  par  Leto  Piiliti  dans  les  Atti  de  l'Acadé- 
mie de  l'Inslilut  musical  de  Florence  (pour  1874, 
12<=  année),  je  trouve  le  paragraphe  suivant  sur 
cet  artiste  :  —  «  Jacopo  Melani  a  nu's  en  musique 
beaucoup  de  drames  du  docteur  Monaglia,  et  ses 
compositions  ont  toujours  obtenu  un  très-grand 
succès.  On  cite  parmi  les  plus  applaudies  :  il 
Potestà  di  Colognole,  exécutée  à  la  Pergola 
en  1657,  et  ensuite  sur  beaucoup  d'autres  théâ- 
tres ;  il  Pazio  per  forza,  à  Pratolino,  en  1658  ; 
Tacere  ed  amure,  au  théâtre  degli  Accade- 
inici  Infuocati,  en  1674;  il  Tiranno  di  C'olco, 
à  Pratolino,  1688;  il  Bilorno  d'Utisse,  à  Pise, 
en  (.')  ;  Enea  in  Itatia,  au  pahiis  du  grand- 
duc,  en  1698;  et  la  Vcdova,  dans  le  jardin  de 
Bartolomrneo  Corsini,  en  (?).  » 

MELAIXT  (Cn\RLEs),  jeune  compositeur 
belge,  s'est  fait  connaître  d'abord  par  la  publica- 
tion de  quelques  romances,  et  a  écrit  ensuite  la 
musique  d'un  opéra-comique  en  un  acte  intitulé 
V Avalanclie.  Ce  petit  ouvrage  a  été  représenté 
avec  succès,  le  28  mars  1878,  sur  le  théâtre  de 
Ndmur. 

IMELCHIOR   (P ),  corniste  français 

qui  vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-neu- 
vième siècle,  s'est  fait  connaître  par  lu  publica- 
tion des  ouvrages  suivants  :  1°  4  petits  duos 
faciles  pour  deux  cors,  op.  1  ;  3  duos  pour  cor 
alto  et  cor  basse,  op.  2;  3  duos  pour  deux 
cors,  op.  3;  3  grands  duos  pour  cor  alto  et  cor 
basse,op.  4  ;  Ordonnance  des  sonneries  mi- 
litaires pour  le  clairon,  suivie  de  fan/ares. 

MELCHIOR  (A -J -B ),  basso- 
niste français,  sans  doute  parent  du  précédent, 
fut  admis  au  Conservatoire  de  Paris  dans  les 
premières  années  de  ce  siècle,  et  obtint  au  con- 


200 


MELCHIOR  —  MÉLESVILLE 


cours  (le  1810  le  premier  prix  de  basson.  Il  était 
attaché  en  1825  à  l'orchestre  du  théâtre  de 
rAinbigii-Coinique.  Cet  artiste  a  publié  diverses 
coinposilions  instruineiiiaies.  parmi  lesquelles  je 
signalerai  les  suivantes  :  Quatuor  pour  llûle, 
clarinette,  cor  et  basson,  op.  1;  3  Grands  Duos 
pour  clarinette  et  basson ,  op.  2  ;  3  trios  très- 
brillants  et  faciles  pour  clarinette  en  si,  cor  et 
basson,  op.  7  ;  Grand  Quatuor  pour  flûte,  clari- 
nette, cor  et  basson,  op.  8  ;  3  Petits  Quatuors 
pour  flilte,  clarinette,  cor  et  basson,  op.  14. 

MELCIOR  ( ),  écrivain  espagnol  con- 
temporain, est  l'auteur  d'un  Diccionario  enci- 
clopedico  de  la  Musica.  Je  n'ai  jamais  eu  cet 
ouvrage  sous  les  yeux,  et  n'en  puis  apprécier  la 
valeur. 

MELE  (GrxNBATTiSTA),  musicien  italien  du 
dix-huitième  siècle,  fut  attaché  à  cour  d'Espa- 
gne et  fixa  sa  résidence  à  Madrid,  où  il  lit  re- 
présenter un  certain  nombre  d'ouvrages.  Je 
n'ai  pu  découvrir  aucun  renseignement  parti- 
culier sur  la  vie  ou  la  carrière  de  cet  artiste, 
dont  aucun  biographe,  à  ma  connaissance,  n'a 
jamais  parlé,  mais  je  vais  reproduire  les  titres 
dequcl^|ues-nnes  de  ses  œuvres,  que  je  trouve 
mentionnées  dans  un  livre  publié  récemment  à 
Madrid,  Cronica  delà  opéra  ilallana  en  Ma- 
drid, par  M.  Luis  Carmena  et  Millau  (Madrid, 
1878,  in-8)  :  1°  For  amor  y  por  leallad,  opéra 
espagnol,  Madrid,  th.  de  la  Cruz,  173G  ;  Amor, 
constancia  y  mvjer,  opéra  espagnol,  Madrid, 
th.  de  los  Canos,  1737  ;  3°  Sérénade  à  5  voix, 
écrite  à  l'occasion  des  noces  de  l'infante  Marie- 
Thérèse  et  du  Dauphin  de  France,  Madrid, 
1744;  é'"  Sérénade  à  5  voix,  pour  le  rétablisse- 
ment de  la  santé  de  S.  M.  Très-Chrétienne, 
Madrid,  1744-,  b"  il  Vello  d'oro  consqxiistato, 
opéra  ilali(>n,  Madrid,  th.  du  Buen-Retiro,  23 
septembre  1748;  6°  Polïfemo,  opéra  italien 
(en  société  avec  Coradini  et  Corselli),  id.,  id., 
1748  ;  7"  Hndimion  y  Diana,  cantate  espa- 
gnole, id.,  Éd.,  1749  ;  8"  i4rm/(/ajDZac«/a,  opéra 
italien,  id.,  id.,  12  avril  1750. 

MÉLESVILLE  (Anne-IIonoré-Josi-.i'h,  ba- 
ron DUVEYUIER,  connu  dans  les  lettres 
sous  le  pseudonyme  de),  auteur  dramatique  fran- 
çais, né  à  Paris  le  13  novembre  1787  (et  non 
1788),  est  mort  à  Marly-lc-Roi  le  6  (et  non 
le  8)  novembre  1865.  Fils  d'un  magistrat,  avocat 
distingué  lui-même,  devenu  substitut  du  pro- 
cureur impérial,  puis  du  procureur  général  à 
la  cour  de  Montpellier,  ou  son  père  était  pre- 
mier président,  il  donna  sa  démission  en  1816 
pour  se  retirer  avec  son  père,  que  la  Restaura- 
tion venait  de  destituer.  Il  se  retourna  naturel- 
lement vers  le  théâtre,  où  il  s'était  déjà  essajé 


avec  succès,  et  c'est  alors  qu'il  adopta  le  pseu- 
donyme de  Mélesville,  nom  d'une  ferme  que  sa 
famille  possédait  en  Beauce.  S'il  prit  ce  nom  de 
guerre,  ce  ne  fut  pas,  comme  on  le  dil  partout, 
pour  ménager  la  susceptibilité  de  son  père, 
car  son  père  n'avait  aucune  prévention  contre 
le  théâtre,  ayant  lui-même  composé  et  signé  du 
nom  de  Duveyrier  un  opéra-comique  en  deux 
actes,  Léonore  ou  V Heureuse  épreuve,  mis  en 
musique  par  son  ami  Champein  et  représenté 
à  la  Comédie-Italienne  le  7  juillet  1781 .  De  plus, 
—  je  tiens  le  fait  de  sa  petite-fille,  —  il  avait 
collaboré  à  la  Mélomanie,  le  meilleur  ouvrage 
de  Champein,  joué  à  la  Comédie-Italienne  le  29 
(et  non  le  23)  janvier  1781  :  les  écrivains  du 
temps  neconnurent  pas  les  auteurs  du  livret,  qui 
fut  d'abord  publié  anonyme,  et  qui  fut  signé  du 
seul  nom  de  Grenier  lorsqu'on  le  republia 
beaucoup  plus  tard,  en  1825.  L'adoption  du 
nom  de  Mélesville  était  une  simple  précaution 
pour  le  cas  où,  ne  réussissant  pas  à  la  scène, 
Duveyrier  fils  aurait  voulu  rentrer  dans  la  ma- 
gi.strature,  à  supposer  que  l'état  politique  inau- 
guré après  les  Cent-jours  eût  bientôt  pris  fin. 
Ce  régime,  en  durant,  et  ses  succès  dramatiques, 
en  augmentant,  décidèrent  Mélesville  à  se  con- 
sacrer définitivement  au  théâtre.  On  connaît 
les  heureux  résultats  de  sa  collaboration  avec 
Scribe  d'abord,  ensuite  avec  Bayard,  Carmou- 
che,  Merle,  Brazier,  etc.,  et  les  succès  qu'il  obtint 
en  faisant  jouer  plus  de  300  pièces  sur  les  divers 
théâtres  de  Paris,  entre  autres  à  l'Académie  de 
musique  et  surtout  à  rO|)éra-Comique,  où  il 
donna  Sarali,  le  Chalet,  Zampa,  la  Grande- 
Duchesse,  le  Trompette  de  M.  le  Prince, 
les  Dames  capitaines,  le  Valet  de  chambre, 
Léocadie,  le  Concert  à  la  cour,  etc.  Tou- 
tefois, ce  n'est  point  pour  cela  que  le  nom 
de  Mélesville  se  trouve  mentionné  ici ,  mais 
bien  parce  que  cet  écrivain  a  fait  œuvre  de 
musicien,  ce  qui  jusqu'ici  était  resté  complè- 
tement inconnu.  Dans  Gillette  de  Narbonne, 
pièce  en  3  actes  représentée  au  théâtre  des 
Nouveautés  (1829),  Mélesville  avait  écrit  quel- 
ques airs  nouveaux,  ainsi  qu'on  en  peut  acqué- 
rir la  preuve  en  consultant  la  pièce.  Ce  n'est 
pas  tout,  et  quelques  années  auparavant,  alors 
(]ue  le  Gymnase,  qui  venait  d'être  fondé,  jouait 
de  petits  opéras-comiques,  Mélesville  donna  à  ce 
théâtre  (14  mars  1821)  un  opéra-comique  en  utt 
acte,  les  Projets  de  sagesse,  dont'  il  ne  s'était 
pas  borné  à  écrire  les  paroles,  niais  dont  il 
avait  composé  la  musique  en  société  avce 
Louis  Mares-e(Foy.  ce  nom).  Enfin  dans  la 
Visite  à  liedlnm,  dans  la  Chatte  métamor- 
phosée en   femme,  et  plusieurs  autres  de  ses 


MÉLESVILLE  —  MEMBRÉE 


201 


vaudevilles  les  plus  applaudis,  il  y  a  quelques 
couplets  dont  la  musique  est  de  lui.  Tels  sont 
les  diverses  preuves  qu'un  auteur  dramatique 
demeuré  célèbre  à  des  litres  plus  sérieux  a  pu 
donner,  presque  en  cachette,  de  son  instinct 
musical.  Ad.  J — n. 

MÉLESVILLE  (Honoré-Marie- Joseph, 
baron  DUVEYRIER),  fils  du  précé- 
dent, est  né  à  Paris  le  18  décembre  1820.  Il 
s'est  produit  au  théâtre  avec  trois  petits  ouvra- 
ges en  un  acte  :  1°  Les  Deux  Gilles  (paroles  et 
musique),  représenté  aux  Folies-Nouvelles  en 
1855;  2"  La  Mauresque  (paroles  et  musique), 
au  même  théâtre,  en  1857;  3°  Les  Soufflets  (sur 
un  livret  posthume  de  son  père),  donné  aux 
Fantaisies-Parisiennes  en  1867.  La  première  de 
ces  opérettes  se  distinguait  par  une  certaine 
facilité  élégante;  les  deux  autres  étaient  médio- 
cres. M.  Méiesville  semble  d'ailleurs  avoir  re- 
noncé à  la  musique  pour  écrire  à  ses  moments 
perdus  des  nouvelles  et  des  comédies  qu'il  réu- 
nit ensuite  en  volume  sans  essayer  de  les  faire 
jouer  {la  Fosse  aux  Ours,  in-12,  librairie 
nouvelle,  1865).  Maigre  consolation  pour  un 
auteur  qui  a  défendu  par  deux  fois,  de  sa 
plume,  la  liberté  des  théâtres,  et  auquel  les  théâ- 
tres rendent  son  entière  liberté. 

Ab.  J— N. 

MELIOT  (Adolphe),  pianiste  et  écrivain 
musical  français,  né  vers  1840,  a  été  l'élève  de 
M.  Napoléon  Alkan.  On  lui  doit  un  petit  traité 
publié  sous  ce  titre  :  Principes  de  musique, 
et  qiri  fait  partie  .d'un  cours  d'éducation  popu- 
aire  intitulé  l'École  mutuelle  (Paris,  1866,  in- 
18).  Ajoutant  à  ce  traité  élémentaire  une  se- 
conde partie  relative  à  la  composition  et  une 
troisième  concernant  l'exécution  musicale, 
M.  Méliot  publia  de  nouveau  son  ouvrage  sous 
le  titre  de  ia  Musique  expliquée  aux  gens  du 
monde  (Paris,  Delagrave,  1867,  in-12).  Cet 
écrivain  avait  annoncé  aussi  la  publication  pro- 
chaine de  trois  ouvrages  qui,  jusqu'ici,  n'ont 
pas  encore  vu  le  jour  :  io  Anecdotes  et  curiosi- 
tés musicales;  2°  Biographie  portative  des 
musiciens  anciens  et  modernes ;^°  Encyclopé- 
die universelle  de  la  musique,  dictionnaire 
général  biographique,  bibliographique,  histo- 
rique, esthétique  de  l'art  musical,  avec  de 
nombreux  exemples  et  gravure.s. 

M.  Méliot,  qui,  en  1876,  était  directeur  du 
casino  de  Dieppe  et  du  théâtre  de  la  même  ville, 
a  publié,  chez  l'éditeur  M.  Brandus,  la  réduc- 
tion au  piano  de  Trois  airs  de  ballet  inédits 
de  Meyerbeer,  qu'on  a  intercalés  au  théâtre  de 
l'Opéra^  en  ces  dernières  années,  dans  le  troi- 
sième acte  des  Huguenots. 


MELLIEK  ( ).  Un  artiste  de  ce  nom  a 

fait  représenter  sur  leThéâlre-Français  comique 
et  lyri([ue,  en  1791,  un  drame  lyrique  en  4  actes, 
intitulé  Fernand  Cortez  ou  la  Vestale  du 
Mexique. 

MELLON  (Alfred),  compositeur,  chef  d'or- 
ciiestre  et  professeur  anglais,  né  vers  1820, 
s'est  fait  une  grande  réputation  comme  chef 
d'orchestre  des  concerts  fondés  par  lui  à  Lon- 
dres en  1860,  et  auxquels  il  donna  son  nom  ;  ces 
concerts,  organisés  d'abord  dans  la  Salle  llorale 
et  transportés  ensuite  dans  un  autre  local, 
étaient  dans  le  principe  dirigés  par  lui  et  par 
le  prince  Galitzine  (Foj/f;  ce  nom);  plus  tard, 
Mellon  en  fut  le  seul  directeur,  et  il  y  faisait  ap- 
précier sa  grande  habileté  et  ses  rares  qualités 
de  conducteur.  Au  mois  de  décembre  1859, 
Mellon  fit  représenter  sur  le  théâtre  de  Covent 
Garden  un  opéra  dont  le  titre  m'est  inconnu  et 
dont  le  sujet  était  tiré  d'un  ancien  drame  fran- 
çais :  Viciorlne  ou  la  Nuit  porte  conseil;  cet 
ouvrage,  chanté  par  Mlles  Parepa  et  Tberiwals, 
par  MM.  Santley  et  Henry  Haigh,  obtint  du  suc- 
cès. Mellon  a  publié  aussi  quelques  composi- 
tions de  divers  genres.  Cet  artiste  distingué  est 
mort  à  Londres,  le  27  mars  1867,  à  l'âge  de 
quarante-six  ans. 

MELZI  (Le  comte  Lodovico),  dilettante  dis- 
tingué et  grand  amateur  de  musique,  a  été  nommé 
en  1871  régent,  et  ensuite  président  du  conseil 
du  Conservatoire  de  Milan.  Sur  rinvitation  du 
gouvernement  italien,  qui  désirait  que  cet  établis- 
sement, l'un  des  mieux  organisés  et  des  mieux 
dirigés  de  l'Europe,  fût  représenté  à  l'Exposi- 
tion universelle  de  Vienne,  M.  Melzi  en  a  tracé  et 
publié  sous  ce  titre  :  Cenni  storici  sul  R.  Con- 
servatorio  di  musica  in  Milano,  un  excellent 
historique  (Milan,  Ricordi,  1873,  in-4''). 

MEMBRÉE  (Edmond),  compositeur,  né  à 
Valenciennes  (Nord),  le  14  novembre  1820,  com- 
mença l'étude  de  la  musique  dans  sa  ville  natale, 
puis  fut  envoyé  par  sa  famille  à  Paris  pour  y 
continuer  son  éducation.  Il  reçut  à  cet  effet  pen- 
dant (juatre  ans,  de  1834  à  1838,  un  subside 
annuel  de  1,200  francs  qui  lui  était  accordé  par 
la  municipalité  de  Valenciennes.  Reçu  au  Con- 
servatoire, M.  Membréey  devint  l'élève  de  Zim- 
mermann  et  de  M.  Ch.  V.  Alkan  pour  le  piano, 
puis  de  Dourien  pour  l'harmonie  et  de  Carafa 
])onr  la  composition.  Après  avoir  terminé  ses 
cours,  il  se  livra  à  l'enseignement  enmêmetemps 
qu'il  commença  à  se  faire  connaître,  comme  com- 
pos'teur,  par  la  publication  de  certaines  mélodies 
vocales  dont  quelques-unes  obtenaient  degrands 
succès  dans  les  concerts,  notamment  celle  inti- 
tulée  Page,  écuyer,  capitaine,  qui  fut  popula- 


202 


MEMBRÉE  —  MENDEL 


risée  par  M.  Roger  et   qui  se  vendit  à  des  mil- 
liers dVxemplaires. 

M.  .Mernhrée  élait,  comme  la  plupart  des 
compositeurs,  possédé  du  démon  du  tlieàlre,  et 
son  ambition  élait  décrire  pour  la  scène.  11  pré- 
senta vers  1852,  à  la  direction  de  l'Opéra,  un 
grand  ouvrage  intitulé  l'Esclave,  avec  lequel  on 
le  berça  d'illusions  qui  devaient  rapidement  s'é- 
vanouir. Cepeudanf  ce  théâtre  lui  joua,  en  1857, 
un  petit  opéra  en  un  acte,  François  Villon,  âonl 
e  livret  lui  avait  été  fourni  par  M.  Got, l'excellent 
artiste  de  la  Comédie-Française.  Au  mois  de 
septembre  de  l'année  suivante,  ce  dernier  théâ- 
tre donnait  la  représentation  d'Œdipe  roi,  tra- 
gédie imitée  de  Sophocle  par  Jules  Lacroix  et 
pour  laquelle  M.  Membrée  avait  écrit  des  chœurs 
qui  furent  applauiiis.  Le  14  mai  1861,  le  compo- 
siteur faisait  exécuter,  dans  une  séance  de  l'U- 
nion artistique,  Fingul,  grande  cantate  avec 
chœurs  et  orchesire,  dont  les  parties  récitantes 
étaient  chantées  [)ar  MM.  Roger,  Cazaux,  Gour- 
din et  M"*^  Amélie  Rey.  11  écrivit  ensuite  un 
petit  opéra  en  un  acte,  la  Fille  de  l'orfèvre, 
qui  fut  rei)ré-;enté  sur  le  théâtre  de  Bade  au  mois 
de  juillet  1863. 

Onze  années  s'écoulèrent  alors  sans  que 
M.  Membrée  pût  de  nouveau  se  produire  au  tliéà- 
tre^et  ce  n'est  que  le  15  juillet  1874  qu'il  put  enfin 
faire  connaître  au  public  sa  partition  de  l'Esclave, 
écrite  depuis  plus  de  vingt  ans.  La  salle  de 
l'Opéra  avait  été  détruite  en  1873  par  un  incen- 
die; ce  théâtre  avait  été  obligé  de  se  réfugier 
provisoirement  dans  celle  du  Théâtre-Italien 
(place  Ventadour),  et  la  destruction  de  son  ma- 
tériel le  mettant  dans  l'impossibilité  de  jouer  la 
plupart  des  ouvrages  de  son  répertoire,  il  dut 
songer  à  monter  une  œuvre  nouvelle.  Il  choisit 
l'Esclave,  qui  depuis  si  longtemps  attendait 
son  tour.  Dans  le  même  temps,  une  entreprise 
qui  n'eut  malheureusement  qu'un  sort  éphémère, 
l'Opéra  po[iulaire,  installé  au  théâtre  du  Châte- 
let,  allait  ouvrir  ses  portes  et  demandait  à 
M.  Membrée  une  partition  nouvelle;  celui-ci  offiit 
celle  des  Parias,  opéra  eu  trois  actes  qui  fut  mis 
aussitôt  à  l'étude  et  représenté  le  13  novembre 
1874.  A  l'heure  où  cette  notice  est  écrite  (octobre 
1877),  un  opéracomi(pie  en  trois  actes  de  cet 
artiste,  la  Courle  Echelle,  doit  entrer  en  répé- 
tition à  l'Opéra-Comicpie,  après  avoir  été  reçu 
précédemment  au  Théâtre-Lyrique.  M.  Mem- 
brée a  encore  en  portefeuille  deux  autres  ouvrages 
dramatiques  :  le  Moine  rouge  et  la  Filleule 
des  anges. 

En  dehors  du  théâtre,  M.  Membrée  a  publié 
environ  cinquante  mélodies  ou  scènes  dramati- 
ques, dont  quelques-unes  ont  une  grande  allure 


et  des  développements  considérables;  parmi  ces 
compositions,  on  remarque  surtout  celles  qui 
ontpour  litre  :  Romeo  et  Juliette,  Paije,  ccuijer, 
capitaine.  Chanson  d'amour,  etc.;  l'éditeur 
M.  Heugel,chez  qui  elles  ont  presque  toutes  été 
publiées,  en  a  fait  un  choix  dont  il  a  formé  un 
volume  :  Mélodies  d'E.  Membrée.  Outre  deux 
romances  sans  paroles  pour  violoncelle,  M.  Mem- 
brée a  publié  aussi  plusieurs  trios  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  qui  lui  ont  fait  décerner 
en  1873,  par  l'Académie  des  Beaux-Arts,  le  prix 
fondé  par  M.  Charlier  pour  l'encouragement  de 
la  musique  de  chambre.  Enlin,  le  même  artiste 
a  encore  écrit  une  grande  cantate  pour  voiv  seu  - 
les,  chœur  et  orchestre,  Polyphème  et  Galatée, 
que  Berlioz  a  fait  exécuter,  sous  sa  direction, 
dans  un  concert.  M.  Membrée  a  été  nommé,  en 
I87G,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Il  est 
aujourd'hui  (1878)  président  de  la  Société  des 
compositeurs  de  musique. 

MEXC.\KELLI  (D... Antonio), musicien  ita- 
lien du  dix-huitième  siècle,  a  publié  le  manuel 
suivant  ;  Scuola  dï  musica  lutta  conforme  net 
sol/eggio  alla  lettura  délie  sette  chiavi, 
Lorelo,   1789. 

IMEXDEL  (HermanxN),  musicographe  dis- 
tingué et  éditeur  de  musi([ue,  naquit  à  Halle  le 
6  août  f834.  Il  fit  de  bonnes  études  artistiques, 
travailla  le  piano  sous  la  direction  de  Moscheles, 
et  reçut,  dit-on,  des  leçons  de  composition  de 
Mendelssohn.  Ces  leçons,  toutefois,  ne  durent 
pas  être  nombreuses,  car  Mendel  n'était  âgé  que 
de  treize  ans  lorsque  mourut  l'auteur  de  Paulus, 
en  1847.  Il  se  livra  de  bonne  heure  à  des  tra- 
vaux relatifs  à  l'histoire  et  à  la  critique  de  l'art, 
et,  devenu  rédacteur  principal  d'une  feuille  spé- 
ciale de  Berlin,  la  Deutsche  Musiher-Zeilung, 
il  y  publia  d'intéressantes  études,  dont  une  entre 
aidres,  sur  Otto  Nicolaï,  formant  dix  articles, 
fut  remarquée.  Vers  1862,  il  se  fit  éditeur  de 
musique  à  Berlin,  ce  qui  ne  l'enifiêcha  pas  de 
continuer  à  s'occuper  de  littérature,  car  il  donna 
coup  sur  coup  deux  écrits  sur  Meyerbeer  :  l'un 
intitulé  Giacomo  Meyerbeer,  eine  biographie, 
Berlin,  Ileimann,  1868;  l'autre  ayant  jiour  titre 
GiacomoMeyerbeer,  sein  leben  und seine  werke 
(Giacomo  Meyerbeer,  sa  vie  et  ses  œuvres), 
Berlin,  Leisser,  18C9.  Ce  dernier,  traduit  en 
italien,  par  M.  Luca  Lazaneo,  fut  publie  à  Tu- 
rin en  1870. 

Mais  Mendel  conçut  bientôt  le  projet  d'une 
vaste  publication  qui  aurait  la  musique  pour 
objet,  et  qui  embrasserait  tout  à  la  fois,  relati- 
vement à  cet  art,  l'histoire,  la  biographie,  la  bi- 
bliographie, la  didactique  et  la  théorie.  H  obtint  à 
cet  effet  la  collaboration  d'un  assez  grand  nom- 


MENDEL  —  MENDELSSOIIN-BARTHOLDY 


203 


bre  d'écrivains  spéciaux  de  divers  pays, entre  au- 
tres MM.  Dœrfl'el.O.  Tierscli,  Oscar  Paul,  L. Hart- 
mann, Gevaert,  L.  "Wandelt,  Z(pp(ï,iNicolai,  E.  F. 
Rithter,  E.Naumann,  F.Hiiffer,  E.  Mach,  G.  En- 
gel,  Auguste  Reissmann,  W.  Rust,  ■Willieiiii  Lan- 
glians,etc.,  et  en  1870  il  lança  celle  publication, 
à  laquelle  il  donna  le  litre  de  Musikalisches- 
Conversailons- Lexlcon  et  qu'il  dirigea  avec  une 
réelle  habileté.  Malheureusement,  Meudel  n'eut 
pas  le  temps  de,  mener  à  sa  fin  l'œuvre  très- 
honorable  à  laquelle  il  avait  attaché  son  nom  : 
fort  jeune  encore,  il  mourut  à  Berlin,  le  26  octo- 
bre 1S7(J,  âgé  seulement  de  quarante-deux  ans. 
C'est  l'un  de  ses  collaborateurs  les  plus  actifs, 
M.  Auguste  Reissmann,  qui  se  chargea  de  di- 
riger la  suite  de  sa  publication,  laquelle  est  au- 
jourd'hui terminée. 

Mendel  a  publié  quelques  morceaux  de  musi- 
que légère  pour  le  piano. 

'    MEIVDELSSOHN  -   BARTIIOLDY 
(Jacques-Louis-Félix).  —  Les  faits  précis  sont 
les  seuls  points   à  réviser  dans  le  travail  d'un 
auteur  disparu.  Les  opinions,  au  contraire,  sont 
chose  trop    personnelle  pour  qu'on   y    touche 
le  moins  du  monde,  et  d'ailleurs  les  apprécia- 
tions   comme    les    insinuations    s'évanouissent 
d'elles-mêmes,    lorsqu'elles  découlent    de    laits 
reconnus    plus   tard    controuvés  ou  de  textes 
défigurés.    Il    convient   de    rectilier    présente- 
ment   quelques   faits  de  première    importance 
au  sujet  de  Mendeissohn,  et    l'on  peut    le  faire 
en  s'appuyant  sur  deux  ouvrages  tout  récents  : 
d'abord  sur  l'étude  placée  par  M.  Félix  Grenier 
entête  de  sa  traduction  des  Z,e//»'e.5  e^so«!;e)u'r.s' 
de  Mendeissohn  par  M.   Ferd.  Hiller  (un  vol. 
in-18,  Paris,  Baur,  1877),  puis  sur  mon  propre 
travail  :  Mendeissohn  à   Paris,  dans  mon  vo- 
lume intitulé  :  Airs  variés  (in-18,  Paris,  Char- 
pentier, 1877).   Le  séjour  de  Mendeissohn  à  Pa- 
ris, pour  commencer  parle  commencement,  fut 
sensiblement  plus  long  que  ne  le  dit  Fètis  :  il 
arriva  dans  la  capitale  de  notre  pays  à   la  mi- 
novembre  1831  et  en  repartit   vers    le   milieu 
d'avril  1832,  pour  arriver  à   Londres  le  23  du 
même  mois.  Cela  n'est  qu'une  simple  question 
de  dates,    mais    voici   qui  est  beaucoup    plus 
grave.  Il  laul  se  bien  garder  d'exagérer  le  dédain 
et  le  mécontentement  que  Mendeissohn    aurait 
marqué  de  tout  ce  qu'il  voyait  à  Paris,  et  ne  pas 
dire  qu'il  garda  toujours  un  souvenir  détestable 
des  cinq  mois  qu'il   avait  passés  au  milieu   de 
nous.  Il  est  bien  vrai  que  son  amour-propre  ex- 
cessif ne  lut  qu'à  demi  .satisfait  de  l'accueil  pour- 
tant si  favorable  qu'il  recul  dans  la  société  pari- 
sienne, et  que  les  éloges  sans  restriction  adressés 
au  \irtuose  ne  purent  compenser  à  ses  yeux  le 


médiocre  succès  obtenu  par  le  compositeur;  il 
est  également  exactque  sa  nature  froide  el  réser- 
vée avait  rencontré  chez  nous  bien  des  contradic- 
tions qui  l'avaient  froissé,  et  que  son  dépit  de  ne 
pouvoir  faire  jouer  quelque  opéra  sur  l'une  ou 
l'autre  de  nos  scènes  lyriques  fut  pour  beaucoup 
dans  ses  ap|iréciations  plus  que  sévères  sur  no- 
tre théâtre  et  notre  musique   dramatique.  Au 
résumé,   il  ne  garda  pas  de  Paris    un   souvenir 
dégagé  de  tout  nuage,  lanl  s'en  faut  ;  mais  il  y  a 
loin  de  là  à  dire,  comme  on  fait  le  plus  souvent, 
qu'il  montra  un  suprême  mépris   pour  tout  ce 
qu'il  voyait  ou  entendait,  et  qu'il  en  parlait  tou- 
jours avec  une  pitié  mal  déguisée  ou  une  orgueil- 
leuse envie.  La  publication  récente  des  lettres 
de  Toyage  de   Mendeissohn  permet  de  rétablir 
le   vrai   sens   de   certaines  bribes  de  phrases, 
mal    coupées  el  défigurées,   sur  lesquelles   la 
iilupart  des  biographes  français  se  sont  ai)puyés 
avec  une  légèreté  inexplicable  pour  traiter  ce 
compositeur  en  toute  sévérité  et  le  punir  de  ses 
projios  insolents  à  notre  égard.  Le  texte  vérita- 
ble, opposé  à  ces  citations  tronquées,   suffira  à 
atténuer  singulièrement  la  gravité  de  ces  accu- 
sations.  Le   premier    grief  soulevé    contre  lui 
avec  tant  d'acrimonie  est  d'avoir  traité  Bocche- 
rini   de  perruque  à  propos  d'une  séance  de  mu- 
sique de  chambre  où  Baiilot   exécuta  un  quin- 
tette de  ce  maître  avant  le  quatuor  en  mi  majeur 
de  Mendelssolm;  or,  voici  la  phrase  entière  de  la 
lettre,  qui  dit  absolument   le  contraire  ;     07i 
commença    par  un  quintette  de  Boccherini, 
une  perruque,  mais  une  perruque  sous  la- 
quelle il  y  a  un  bon  vieux  maure  plein  de 
charme.     Il    faut    ajouter   que,     Mendeissohn 
n'ayant  jamais  composé  de  quatuor  en  mi  ma- 
jeur, mais  bien  deux  en  mi  bémol  majeur  et 
un  en  mi  mineur,  c'est  celui  en  ini  bémol  ma- 
jeur (op.  12)  qui  fut  exécuté  ce  soir-là  chez  Bail- 
lot.  La  seconde  citation  est  également  tronquée, 
el  cette  altération  change  le  sens  de  la  phrase 
du  tout  au    tout.  Mendeissohn,  a-t-on  dit,lrès- 
mécontent  de  la   médiocre  impression  produite 
par  ses  ouvrages,  se  serait   écrié  en  quittant  la 
France  :  «  Paris  est  le  tombeau  de  toutes  les  ré- 
putations !  »  C'est  dans  sa  lettre  du  31  mars  1832, 
la  dernière  de  Paris,  que  Félix,  formant  le  projet 
de  rester  jusqu'à  la  mi-avril,  si  toutefois  le  cho- 
léra laisse  quelque  répit  qui  permette  de  songer 
aux  délassements  et  à  la  musique,  ajoute  :  «Je 
serai  fixé  à  cet  égard  d'ici  à  huit  jours.  Je  crois 
cependant  que  tout  ne  tardera  pas  à   reprendre 
son  train  accoutumé,  et  que  le  Figaro  aura  eu 
raison.  Dans    un    article   intitulé   Enfoncé    le 
choléra,  ce  journal   prétend  que  Paris  est  le 
tombeau  de  toutes  les  réputations ,  que  l'on  n'y 


204 


MENDELSSOIIN-BARTHOLDY 


fait  plus  attention  à  rien,  que  l'on  y  bâille  de- 
vant Paganini,  qu'on  ne  se  retourne  même  pas 
dans  lame  pour  voir  un  empereur  ou  un  dey, 
etc..  »  Le  compositeurne  faisait  donc  que  ré- 
sumer en  riai/t  un  article  du  Figaro,  et  c'était 
là  une  simple  plaisanterie  de  journal. 

Trois  autres  points  restent  à  corriger,  qui 
visent  des  époques  diftërentes.  D'abord,  Men- 
delssohn  n'avait  pas  seize  ans,  mais  sept  seule- 
ment lorsque,  passant  par  Paris,  il  prit  des  leçons 
de  piano  de  la  célèbre  M™'  Bigot  :  Mendelssolin 
n'eut  séie  ans  qu'en  1825,  et  M™*  Bigol  élait 
morte  en  1820.  Ces  leçons  remontent  à  son  pre- 
mier voyage  à  Paris,  en  1816;  et  ce  sont  des 
conseils  de  Cherubini  qu'il  reçut,  entre  quinze 
et  seize  ans,  lorsque  son  père  le  ramena  chez 
nous,  en  1824.  Mendelssohn  vint,  en  effet,  trois 
fois  à  Paris  :  tout  enfant,  adolescent,  et  jeune 
homme. —  Il  faut  noter  ensuite  que  Mendelssohn 
fut  en  rapports  suivis  avec  le  poète  Immermann 
Lien  avant  d'aller,  en  1833,  occuper  le  poste  de 
directeur  de  la  musique  de  la  ville  à  Diisseldorf, 
et  que  leur  projet  d'écrire  en  commun  un  opéra 
d'après  la  Tempête,  de  Shakespeare,  datait  de 
plus  loin.  Mendelssohn  en  parle,  en  effet,  le  28 
mai  1831  ;  puis,  dans  sa  première  lettre  de  Paris, 
il  expose  à  son  père  .ses  engagements  avec  Im- 
mermann, et  enfin,  le  11  janvier  1832,  il  écrit  à 
celui-ci  une  de  ses  plus  jolies  lettres  de  Paris, 
sur  les  théâtres  qu'il  visite  et  les  pièces  qu'il  en- 
tend à  Paris.  —  Le  troisième  point  est  celui-ci. 
C'est  Antiyone,  et  non  pas  Œdipe  à  Colone,  qui 
fut  exécutée  à  Paris  au  théâtre  de  l'Odéon,  le  21 
mai  1844,  et  c'étaient  MM.  Meurice  et  Vacquerie 
qui  avaient  traduit  la  tragédie  de  Sophocle  :  celte 
tentative,  enfin,  ne  fut  pas  sans  obtenir  un  cer- 
tain succès  auprès  du  pubhc  très-reslreint  au- 
quel elle  s'adressait,  et  d'ailleurs,  réussite  ou 
insuccès,  elle  ne  prouve  absolument  rien  pour  ou 
contre  les  dispositions  plus  ou  moins  granJes  de 
Mendelssohn  pour  la  musique  dramatique. 

Ad.  J— n. 

Nous  allons  maintenant  dresser  une  nomencla- 
ture sinon  complète,  du  moins  aussi  étendue 
que  pos>ible,  des  nombreuses  publications  qui 
depuis  plus  de  trente  ans  ont  été  faites  sur  Men- 
delssohn, soit  en  Allemagne,  soit  en  France,  soit 
en  Angleterre.  Voici  cette  liste  :  —  1°  Veber 
Félix  Mendelssohn  -  Barikoldy  oratorium 
«  Paulus  »  (Sur  l'oralorio  Pauliis  de  Mendels- 
sohn), par  Otto  Jahn,  Kiel,  18')'2;—  2" Félix 
Mendelssohn  Ihirlholdij.  Fin  Denkmal  fur 
sein  freundc  {V.  Mcndelssobn.  Un  monument 
pour  ses  amis),  par  \V.  A.  Lampadins,  Lciiizl^, 
Hinrichs,  1848;  —  3"  F.  Mendelssohn- llar- 
tholdy,  eine  Biographie  (une    Biographie),  par 


W.  Neumann,  Cassel,  (854;  —  4°  Ueber  Félix 
Mcndclssohn-Bartholdy's  oratorium  «  Pau- 
lus >i  (Sur  l'oratorio  Paulus,  At  Mendelssohn), 
Halle,  1859  ;  —  5°  Veber  Mendelssohn's 
«  WalpurgisnachVs  »  (Sur  la  Nuit  de  Wal- 
purgis,  de  Mendelssohn),  par  Fr.  Zander, 
Kœnigsberg,  1862; — 6"  Feltx  Mendelssohn- 
Bartholdy.  Reisebriefe  von  Félix  Mcn- 
dehsohn-Barlholdy  aus  den  Jahren  1830  bis 
1832  (Lettres  de  voyage  de  Mendelssohn,  des 
années  1830  à  1832),  [lubliées  par  Paul  Men- 
delssohn-Bartholdy,  Leipzig,  Mendelssohn,  1868  ; 
—  7"  Erinnerungen  an  Félix  Mendelssohn- 
Bartholdy  (Souvenirs  de  Félix  Mendelssohn- 
Barlholdy,  vie  de  l'artiste  et  de  l'homme),  par 
M""  Élise  Polko,  Leipzig,  Brockhaus,  18G8  (ou- 
vrage traduit  en  anglais  par  lady  Wallace)  ;  — 
8°  Même  Erinnerungen  an  Mendelssohn- 
Burtholdy  (Mes  Souvenirs  relatifs  à  Mendelssohn- 
Bartholdy),  par  Edouard  Devrient,  Leipzig,  We- 
ber ;  —  TAdolfBernhard Marx^s  Verhaltnisse 
SM  Félix  Mendelssohn-Bartholdy  in  Bezug 
aufE.  Devrient's  Dordellung  harichtigt  (Rap- 
ports d'A<lolphe  Bernard  Marx  avec  Félix  Men- 
delssohn-BarlhoMy,  tels  qu'ils  ont  été  présentés 
par  E.  Devrient),  par  Thérèse  Marx,  Leipzig, 
Diirr,  1869;  —  10°  Stiidie  ûber  Ed.  DevrienVs 
Erinnerungen  an  Félix  Mendelssohn-Bar- 
tholdy (Étude  sur  les  souvenirs  d'Edouard  De- 
vrient sur  Féliv  Mendelssohn-Bartholdy),  'par 
R.  Wagner,  Berlin,  Stilke,  1869;  —  11»  Félix 
Mendelssohn-Bartholdy.  Brie fc  an  Goethe zu 
desse7i  geburtstage  (Lettres  à  Gœthe  pour  .son 
anniversaire  de  naissance),  publiées  par  von 
Ld'per,  Berlin,  Stargardt,  1869;  —  12"  Félix 
Mendelssohn-Bartholdy.  Briefe,  1830-1847 
(Lettres,  1830-1847),  Leipzig,  Mendelssohn, 
1870;  —  13°  Félix  Mendelssohn-Bartholdy. 
sein  leben  und  seine  werke  (Mendelssohn,  sa 
vie  et  ses  œuvres),  par  Auguste  Reissmann,  Ber- 
lin, Guttentag,  1871,  avec  portrait;  — 14" 
Félix  Mendelssohn-Bartholdy.  Acht  briefe 
und  ein  fac-simile  (Mendelssohn.  Huit  Lettres 
et  un  fac-simile),  Leipzig,  Grunovv,  1871  ;—  t5" 
Goethe  und  Mendelssohn-Bartholdy  (G(ethe 
et  Mendelssohn),  par  le  docteur  li.  Mendelssohn- 
Barlholdy,  avec  le  portrait  lithographie  «le  F'élix 
Mendelssohn  à  l'âge  de  12  ans,  Leipzig,  Hirzel, 
1871;  —  16"  Félix  Mendelssohn- Bartholdy. 
Briefe  und  Erinnerungen  (Mendelssohn.  Let- 
tres et  souvenirs),  par  Ferdinand  Hiller;  —  17° 
iVi(.vite//.sc/ieC/u(ra/i7ey6iWe/'x(  Portraits  carac- 
téristiques de  musiciens)  :  Mendelssohn,  Schu- 
bert, Weber,  l\ossiiii,  Auber,  Meyerheer,  par  O. 
Gumprecht,  Leipzig,  Gumbrecht,  1868;  —  17* 
bis,   Die    Famiiie  Mendelssohn,    1729  1S47, 


MENDELSSHON-BARTHOLDY  —  MENEAU 


205 


nach  briefen  und  tagebûchern  (la  Famille  Men- 
delssohn,  d'après  des  lettres  et  agendas  person- 
nels), par  S.  llensel,  Berlin,  Belir,  1879,  3  vol. 
in-S"  avec  huit  portraits  ;  —  18"  Étude  bio- 
graphique sur  Mendelssohn-  Bartholdy ,  par 
Victor  Magnien,  Beauvais,  1850,  in-8";  —  19" 
Lettres  inédites  de  Mendelssohn,  liaduites  par 
A.  A.  Rolland,  Paris,  Heizel,  s.  d.  [1864],  in- 
12);  —  20°  'La  Musique  en  Allemagne.  Men- 
delssohn, par  Camille  Selden,  Paris,  Germer- 
Baiilière,  1867,  in-12;  —  21"  Félix  Mendels- 
sohn-Bartholdy ,  sa  vie  et  ses  œuvres,  par 
H.  Barbedetle,  Paris,  Heugei,  1869,  gr.  in- 
8°  avec  portrait;  —  22"  Félix  Mendelssohn- 
Bartholdy  (Lettres  et  souvenirs  de  Ferdinand 
Hiller),  traduit  et  précédé  d'un  aperçu  de 
divers  travaux  critiques  concernant  ce  maî- 
tre,par  Félix  Grenier,  Paris,  Baur,  1877,  in-lG; 
—  23°  Sketch  o/tke  life  and  works  of  the  lute 
Félix  Mcndelssohn-Bartholdy  (Esquisse  de  la 
vie  et  des  œuvres  de  feu  F.  Mendelssohn),  par 
Julius  Benedict,  Londres,  1850;  — 24"  Ré- 
miniscences of  Félix  Mendelssohn- Bartholdy, 
onthis  bl  th  birthday  February  3  1866  (Sou- 
venirs de  Mendelssohn,  à  l'occasion  du  57*^  anni- 
versaire de  sa  naissance)^  par  J.  Sciiubring, 
Londres,  1860  ;  —  25°  Life  of  Félix  Men- 
delssohn-Bartholdy ,  from  the  German  of  W. 
A.  Lampadius,  vjith  supplementary  sketches 
by  sir  Julius  Benedict,  Henry  F.  Chorley, 
Ludwig  Bellstab,  Bayard  Taylor,  R.  S. 
Willis  and  J.  S.  Dwight.  Additional  notes  by 
CL.  Gruneisen.  Edited  and  translated  by 
Wdliam  Leonhard  Gage  (Vie  de  Mendelssohn, 
traduite  de  l'allemand  de  Lampadius,  avec  es- 
<]uises  supplémentaires  de  Jules  Benedict,  etc.; 
notes  aditionnelles  de  Gruneisen  ;  publié  et  tra- 
<iuit  par  W.  L.  Gage), Londres,  W.  Reeves,  1876, 
m-S"  avec  portrait;  —  26"  Goethe  and  Men- 
delssohn, 1824-1831,  traduit,  avec  additions, 
par  M.  Glein,  portrait  et  lettres  de  Mendelssohn 
de  la  dernière  date,  Londres,  Reeves;  —  27" 
Recolleclions  of  Félix  Mendelssohn- Bar- 
tholdy, par  E.  Devrieut  (ce  sont  les  Souvenirs 
d'Edouard  Devrient,  traduits  en  anglais  par 
M.  N.  Macfarren),  avec  portrait,  Londres,  Reeves. 
La  maison  Breilkopf  et  HcCrtel,  de  Leipzig,  a 
mis  au  jour  un  exellent  Catalogue  thématique 
des  compositions  publiées  de  Félix  Men- 
delssohn-Bartholdy.  Ce  catalogue  comprend 
un  certain  nombre  d'œuvres  qui  n'ont  pas  été 
mentionnées  dans  la  Biographie  universelle 
des  3Iusiciens  ;  \es  plus  importantes  sont  les 
suivantes  :  1°  Symphonie  de  la  Réformation,  op. 
107  ;  1°  Trompet'-n-Ouverture  (Ouverture  des 
Trompettes),  op.  101  ;  3°  Marche  funèbre   pour 


orchestre,  op.  103;  4"  Marche  en  ré  majeur, 
pour  orchestre^  op.  108  ;  5"  Sextuor  pour  piano, 
violon,  2  altos,  violoncelle  et  contre-basse,  en  ré 
majeur,  op.  110;  6"  Sonate  en  sol  mineur,  pour 
piano,  op.  105  ;  7"  Sonate  en  si  majeur,  pour 
piano,  op.  106;  8"  3  Fantaisies  pour  piano,  op.  16. 

ME.XDELSSOIIN  -  BARTHOLDY 
(Paul),  l'un  des  quatre  frères  du  compositeur  et  le 
dernier  survivant  d'entre  eux,  chef  d'une  grande 
maison  de  ban  [ue  de  Berlin,  mourut  en  cette 
ville  le  21  juin  1874.  Il  était  né  en  1812,  et  par 
conséquent  plus  jeune  de  trois  ans  que  l'auteur 
du  Songe  d'une,  nuit  d'été.  «  Rien,  disait  un 
journal  à  l'époque  de  sa  mort,  rien,  pendant  le 
cours  de  leur  vie,  n'avait  altéré  une  parfaite 
amitié  entre  les  deux  frères.  Après  la  mort  de 
Félix,  si  Paul  Mendelssohn,  interprétant  les  der- 
niers vœux  de  son  frère,  s'est  opposé  à  la  publi- 
cation des  compositions  musicales  qu'il  a  laissées, 
du  moins  on  lui  doit  d'avoir  édité  deux  volumes 
de  ses  lettres  qui  forment  une  collection  si  pleine 
d'intérêt  et  si  caractéristique.  Paul  Mendelssohn 
avait  toujours  beaucoup  aimé  la  musique,  et  son 
exécution  dans  les  quatuors  était  renommée  à 
Berlin.  Dans  sa  jeunesse,  il  jouait  du  violoncelle  : 
plus  d'une  des  œuvres  de  son  frère  a  été  écrite 
pour  lui.  Paul  Mendelssohn  hérita  de  la  splendide 
collection  d'autographes  de  Beethoven  que  Féhx 
avait  découverts.  Il  les  offrit,  très-peu  de  temps 
avant  sa  mort,  à  la  Bibliothèque  impériale  de 
Berlin.  » 

MEIXEAU  (Léon),  musicien  amateur  fort  dis- 
tingué, né  à  la  Rochelle  le  19  août  1830,  est 
mort  en  cette  ville  le  24  mai  1868.  Élève  de  Dé- 
siré Beanlieu  (Voyez  ce  nom).  Meneau  avait 
commencé  jeune  l'étude  de  la  musique,  et  s'était 
livré  de  bonne  heure  à  la  composition.  Il  avait  fait 
exécuter  dans  sa  ville  natale  plusieurs  messes  pour  • 
orchestre,  chœurs  et  soli,  deux  symphonies,  des 
ouvertures,  des  quatuors,  quintettes  et  septuors 
pour  instruments  à  cordes  et  à  vent,  et  y  avait 
fait  représenter  deux  opéras-comiques  en  un  acte  : 
Qui  compte  sans  son  hôte  (décembre  1860)-,  et 
V Amoureux  transi  (décembre  1864).  De  plus, 
il  a  laissé  en  portefeuille  un  grand  opéra  en 
trois  actes,  Hippolyte,  elles  deux  premiers  actes 
de  l'opéra-comique  le  Florentin,  avec  lequel  il 
comptait  prenlre  part  au  concours  dont  est  sorti 
vainqueur  M.  Ch.  Lenepveu  (  Voyez  ce  nom). 
Léon  Meneau  s'occupait  aussi  de  littérature  mu- 
sicale :  il  était,  à  la  Rochelle,  le  correspondant 
du  Ménestrel,  et  il  avait  donnée  ce  journal,  il 
y  a  une  dizaine  d'années,  une  longue  série  d'ar- 
ticles sur  l'histoire  de  l'Opéra-Comiquc.  Depuis 
plusieurs  années  président  de  la  Société  philhar- 
monique delà  Rochelle,  il  avait  présidé,  en  1866, 


206 


MENEAU  —  MÉON 


le  conj'rès  musical  de  l'Ouesl.  Oi\  «ioit  encore 
àcet  artiste  une  caniafe,  Hommage  à  M'ijerbeer, 
qu'il  (il  exécuter  à  la  Roclielle  lors  de  la  mort 
de  ce  f^ranJ  liomine,  le  lii  mai  18Gi. 

*  AIE.XGAL  (Martin-Joseph).  Aux  ouvrages 
dramati(iues  de  ce  compositeur,  il  faut  ajouter 
le  Vampire,  opéra-comique  en  un  acte,  repré- 
senté sur  le  théâtre  de  Gand,  sa  ville  natale,  le 
l'^''mars  1826.  Mengal  était  membre  de  l'Aca- 
mie  royale  de  Belgique,  et  c'est  à  ce  litre  qu'une 
notice  lui  a  été  consacrée  par  M.  Edouard  Fétis 
dans  i'A7uiuaire  de  cette  compagnie  pour  1859. 
Mais  c'est  à  tort  que  cette  notice  place  la  date 
de  sa  mort  au  13  juillet  1851,  de  môme  que  celle 
de  la  Biographie  universelle  des  Musiciens  le 
fait  mourir  dans  la  nuit  du  2  au  3  juillet.  Mengal 
est  mort  à  Gand,  le  4  juillet  1851. 

ME.XWECIIET  DE  BARIVAL  (M"'), 
pianiste  distinguée  et  compositeur,  s'était  acquis 
une  certaine  réputation,  il  y  aune  trentaine  d'an- 
nées, dans  la  musique  et  dans  la  littérature.  On 
doit  à  cette  artiste  un  assez  grand  nombre  de 
compositions  pour  son  instrument,  qui  ne  man- 
quaient ni  de  grâce  ni  d'élégance,  et  parmi  les- 
quelles je  citerai  les  suivantes  :  6  Étutles  poéti- 
ques (I.  Rosine;  2.  l'Adieii;  3.  ISinon  ;i.  le  Col- 
lier de  perles;  5.  Roses  de  moi  ,-6.  Voix  plain- 
tives) ;  l'Aveu,  nocturne  ;  Duchesse  de  Fontan- 
ges,  op.  25  ;  Speranza,  op.  26  ;  Brises  du  soir, 
op.  57;  la  Marquise  de  Presles,  valse;  2  Mé- 
lodies (1.  Simple  fleur  ;  2.  Guitare);  Mazurka 
brillante;  la  Prière,  mélodie  ;  etc.  M™"  Menne- 
cliet  de  Darival  est  morte  à  Paris,  le  15  janvier 
1861. 

MEWÉGAXD  (Charles),  luthier  français, 
né  à  Nancy  le  li)  juin  1822,  vint  à  Paris  en  1840 
après  avoir  fait  son  apprentissage  à  Mireconrt, 
et  entra  dans  l'atelier  de  Rambaux,  où  il  acquit 
une  grande  expérience  dans  l'ait  de  réparer  les 
instruments.  Il  passa  ensuite  quelque  temps  chez 
Maucoti'i,  puis,  en  1852,  alla  s'établir  à  Amster- 
dam, oii  il  constiuisit  un  assez  grand  nombre  <le 
violcfns,  d'altos  et  de  violoncelles,  qui  firent 
honneiM'  à  son  habileté.  En  1857  il  revint  se  fixer 
à  Paris,  oii,  tout  en  continuant  de  |)roduire  des 
instruments  neufs,  particulièrement  des  violon- 
celles, il  s'est  lait  remarquer  par  son  talent  pour 
la  réparation  des  instruments  anciens.  M.Men- 
négand  a  obtenu  une  médaille  de  seconde  classe 
aux  Expositions  universelles  de  Paris  de  1855 
et  1867. 

MENOZZI (Giovanni), pianiste, professeur  et 
compositeur  italien  contemporain,  s'est  fait  con- 
naître par  quelques  ouvrages  pédagogiques  et 
par  la  publication  de  diverses  œuvres  pour  le 
piano,  dont  le  nombre  ne  s'élève  guère  aujourd'hui 


à  moins  de  deux  cents.  Parmi  ces  œuvres,  je  c  i- 
terai  les  suivantes  :  VEsordiente,  recueil  gradué 
de  sonatines  variées,  commodes  pour  les  mains 
qui  n'atteignent  pas  l'octave  ;  Collana  di  mélodie 
teatralile  più  favorite  (environ  100  livraison.s)  ; 
Veglie  aulunnali,  fantaisies  brillantes  sur  les 
meilleurs  motifs  d'opéras  modernes;  Ricordi 
teatrali,  6  pièces  concertantes  pour  harmoni- 
(lùleet  piano,  etc.  M.  Menozzi  est  l'auteur  d'une 
Méthode  théorico-pratiquc  pour  la  lecture 
musicale,  dédiée  à  la  jeunesse  studieuse  et 
adoptée  par  le  Conservatoire  de  Milan,  op. 
102  (Milan,  Lucca,  in-8°),  et  d'un  Cours  élémen- 
taire pour  voix  de  basse  préparatoire  et  pra- 
tique, dédié  aux  écoles  populaires  de  chant, 
op.  171  (id.,  id.,  id.). 

IVIEiVOZZl  (GiLSEfPE),  pianiste,  professeur 
et  couq)ositeur,  sans  doute  parent  du  précédent, 
né  à  Pallanza  le  15  juillet  1841,  a  fait  ses  études 
au  Conservatoire  de  Milan,  où  il  fut  admis  au 
mois  de  janvier  1854  et  d'où  il  sortit  au  mois  de 
septembre  1861.  Il  a  publié  environ  soixante 
œuvres  de  morceaux  de  genre  pour  le  piano. 

i\lEOLA(LijiGi),  compositeur,  né  à  Napies  le 
5  décembre  1845,  a  fait  son  éducation  musicale 
sous  la  direction  de  M.  Claudio  Conti.  Il  a  pu- 
blié plusieurs  albums  de  chant,  Speranza  e  do- 
lore,stelte  cadule,  SuU'isola,  etc.,  et  a  écrit, 
avec  plusieurs  autres  compositeurs,  la  musique 
d'une  pièce  intitulée  gli  Speculatori,  qui  fut 
jouée  sans  aucun  succès,  en  1873,  au  théâtre 
Nuovo. 

MÉON  (Jean-François),  professeur  de  sol- 
fège au  Conservatoire  de  Paris,  naquit  en  cette 
ville  le  3  octobre  1740,  et  y  mourut  le  29  juin 
1813.  Il  entra  vers  1765  dans  les  chœurs  de  l'O- 
péra pour  y  chanter  la  partie  de  taille,  et  plus 
tard  devint  l'un  des  professeurs  de  chant  de 
l'école  annexée  à  ce  théâtre.  Les  Tablettes  de 
renommée  des  musiciens  (1785)  le  mention- 
naient ainsi  dans  le  personnel  de  l'Opéra  :  — 
«  Méon,  troisième  maître  de  chant  des  chœurs 
et  maître  de  solfège  du  Conservatoire,  n'est  pas 
moins  avantageusement  connu  par  ses  talents 
personnels  que  par  l'art  d'enseigner  et  faire  faire 
à  ses  élèves  les  progrès  les  plus  rapides.  » 
Lors  de  la  fondation  réelle  du  Conservatoire  par 
Sarretle,  Méon  fut  mis  à  la  tète  d'une  classe  de 
solfège  et  com|)ris  parmi  les  professeurs  de  2"'« 
classe.  Il  conserva  cette  situation  ju.squ'en  1803, 
époque  à  latiuelle  il  devint  l'un  des  surveillants 
delà  police  des  classes,  emploi  qu'il  conserva 
jusqu'à  sa  mort.  Méon  s'est  fait  connaître 
comme  compositeur  par  une  messe  qui  fut  exé- 
cutée à  Paris  en  1785  ou  1786.  J'ignore  si  on  lui 
doit  d'autres  ouvrages. 


MERAS  —  MERCADANTE 


207 


AIEIÎAS  (JoAQUiN),  écrivain  espagnol,  est 
l'auteur  d'un  travail  slalisli(iue  puMié  sous  ce 
titre  :  Calendario  lirico  ilaliano  (Madrid,  Ho- 
merayMarzo,  1877,  in-S").  Cet  écrit  donne, 
dans  l'ordre  chronologique,  les  titres,  lieu  origi- 
naire et  date  de  représentation  de  tons  les  opéras 
qui  ont  été  joués  sous  la  forme  italienne  sur  les 
grands  théâtres  de  Madrid  et  de  Barcelone. 

MERCADAL  Y  POXS  (Amomo),  com- 
positeur espagnol,  né  à  Port-Mahon  (île  Minor- 
que)  en  1850,  y  fit  représenter,  au  mois  de  mars 
1873,  un  opéra  intitulé  Giulieita  e  Romeo,  qui 
obtint  un  très-grand  succès.  Peu  de  temps  après, 
au  mois  d'octobre  ou  de  novembre  de  la  même 
année,  ce  jeune  artiste  mourait  dans  sa  ville 
natale,  à  peine  âgé  de  vingt-trois  ans. 

*  i\lERCADA\TE(SAVERio),  directeur  du 
Conservatoire  de  Naples,  l'un  des  plus  fameux 
musiciens  italiens  du  dix-neuvième  siècle,  est 
mort  à  ]Saples,  le  17  décembre  1870.  Six  ans 
après  sa  mort,  une  vive  polémique  s'engagea 
dans  une  feuille  spéciale  de  Milan,  la  Gazzelta 
musicale,  polémique  à  laquelle  prirent  part 
MM.  G.  Paloschi,  le  baron  Beniamino  Rossi, 
Francesco  Florimo  et  Francesco  da  Scorno,  et 
qui  avait  pour  objet  le  lieu  de  naissance  du 
vieux  maître.  Ou  ne  savait,  en  effet,  s'il  avait 
vu  le  jour  à  Altamura,  ainsi  qu'il  est  dit  dans  la 
2^  édition  de  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens  et  dans  une  notice  étendue  publiée 
sur  lui  par  M.  Ralfaele  Colucci  (1),  ou  à  Naples, 
selon  d'autres  biographes,  et  particulièrement 
M.  Fr.  Florimo  dans  son  livre  :  Cenno  storico 
sulla  scuola  musicale  di  Napoli. 

Cette  question  délicate  n'était  pas  facile  à 
élucider,  M.  Florimo,  archiviste  du  Conserva- 
toire de  Naples  et  vieil  ami  de  Mercadanle, 
avait  écrit  sa  notice  en  quelque  sorte  sous  son 
inspiration,  et  comme  l'indécision  sur  le  lieu  de 
sa  naissance  s'était  déjà  précédemment  produite, 
il  lui  demanda  s'il  était  né  à  Naples  ou  à  Alta- 
mura, à  quoi  le  maître  répondit,  non  sans  un 
mouvement  d'impatience  :  ISaples,  Aaples, 
Naples!  Et  quand  voudrezvons  tous  vous  per- 
suader que  je  suis  Napolitain  pur  sang? 
M.  Florimo  pouvait  donc,  raisonnablement,  se 
croire  autorisé  à  défendre  son  assertion  par  les 
paroles  mêmes  de  Mercadante,  qu'on  ne  pouvait 
supposer  coupable  de  mensonge  à  ce  sujet. 

Cependant,  M.  le  baron  Benjamin  Rossi  étaya 
l'argumentation  contraire  d'un  document  dont 
il  était  difticile  de  méconnaître  la  valeur,  docu- 
ment qui  n'était  autre  que  la  copie,  légalisée,  de 

(i)  Dans  le  journal  la  Scena,  de  Tricste.  des  19  et  S6 
septembre,  10  et2i  octobre  18B7. 


l'acte  de  baptême  d'un  enfant  qui  paraissait  n'ê- 
tre autre  que  Mercadante.  Cet  acte,  tiré  des  regis- 
tres baptismaux  de  la  cathédrale  d'Altamura, 
disait  :  «  Le  jour  17  septembre  mil  sept  cent 
quatre-vingt  quinze,  1795,  par  moi,  curé  Ser- 
gio  Sallicano,  fut  baptisé  sub  conditione,  Glu- 
seppe  Saverio  Raffaele,  fils  de  parents  incon- 
nus. »  En  marge,  sur  le  registre,  avait  été 
tracée  plus  récemment  cette  mention,  |)our  in- 
diquer à  qui  se  rapportait  l'acte  :  Maestro  di  cap- 
pella Mercadante. 

D'autre  part,  voici  le  récit  curieux  (car  il  s'a- 
git ici  d'une  sorte  de  roman)  que  M.  Francesco 
da  Scorno  adressa  à  la  Gazzelta  musicale,  rela- 
tivement à  l'origine  et  aux  premières  années  de 
Mercadante  :  —  «  Saverio  Mercadante  naquit  à 
Altamura  le  17  septembre   1795,    de   Giuseppe 
Mercadante  et  d'une  domestique  à  lui  nommée 
Rosa  Bia,   fut  baptisé  par  le   curé  Don  Sergio 
Sallicano,  et  eut  pour  parrain  Saverio  Tav;mi,de 
Gravina,  lequel  était  intime  de  la  famille  et  en 
mémoire  duquel  fut  donné  au  nouveau-né  le  nom 
de  Saverio.  A  la  date  des  susdits  jour  et  an,  on 
trouve,  dans  les  registres  de  la  curie  d'Altamura, 
la  naissance  de  cet  enfant  aux  noms  de  Giuseppe 
Saverio  Raffaele,  avec  l'indication  du  parrain 
susmentionné.  Des  personnes  de  bonne  foi,  con- 
temporaines (le  celle  époque,  et  encore   vivan- 
tes,  conlirment    cette   vérité  et  rappellent  les 
moindres  particularités  de  l'enfance  du  grand 
artiste....  La  mère  aimait  l'enfant,  mais  le  père 
ne  le  voulait  reconnaître  ni   légitimer,  comme 
étant  le  fruit  d'amours  secrètes.  Cependant,  un 
talent  prodigieux  pour  la  musique  s'étuit  mani- 
testé  chez    l'enfant,  beaucoup  engageaient   ses 
parents  à  l'envoyer  étudier  la  musique  àNiiples, 
et  parmi  ceux  qui  voulaient  protéger  le  pauvret 
fut  l'illustre  archidiacre  Cagnazzi.  Finalement,  la 
mère,  poussée  par  son  amour  maternel,  prit  un 
jour  avec  son  fils  la  route  de  Naples,  où  régnait 
Joachim  Murât,  puis,  un  jour  que  celui-ci  pas- 
sait les  troupes  en  revue,  elle  se  présenta  hardi- 
ment devant  lui,  en  portant  la  main  à  la  bride 
de  son  clieval,  et  lui  remit   ime  supplique  par 
laquelle  elle  le  priait  de  faire  entrer  son  (ils  au 
collège  de  musique,  afin  qu'il  y  fût  instruit  gra- 
tuitement. Le  roi  écrivit  en  marge,  au  crayon  : 
Soil  accordé,  et  rendit  la  supplique  à  la  mère.... 
Le  père,  qui  était  resté  à  Altamura,  ayant  dû  se 
rendre  aussi  à  Naples  pour  affaires,  vovant  la 
grâce  souveraine  obtenue,  se  prépara  à  conduire 
l'enfant  au  collège  de  musique;  mais  ici  on  fit 
des  difticultés  pour  le  recevoir,    sa  naissance 
n'étant  pas  légitime.  On  conseilla  alors  aux  pa- 
rents de  procéder  à  la  légitimation,  et  ils  se  pré- 
sentèrent un  jour  devant  le  curé  de  Porta  Nuova, 


208 


MEUCADANTE 


à  Naples,  avec  deux  témoins,  et  certifièrenl, 
pour  ne  pas  penlre  de  temps  en  d'autres  forma- 
lités, que  leulant  qu'ils  voulaient  légitimer  était 
né  à  Najiies  plusieurs  années  auparavant....  » 

Les  faits  contenus  dans  ce  récit,  joints  à  quel- 
ques autres  qui  se  produisirent  plus  tard,  alors 
que  Mercadunte  était  à  l'apogée  de  sa  renommée, 
semblent  donner  raison  à  ceux  qui  le  font  naître 
à  Altamura.  Quant  aux  afiirmations  de  Merca- 
dante  lui-même,  déclarant  avec  vivacité  qu'il 
était  né  à  Naples,  ne  peut-on  pas  croire  qu'elles 
lui  étaient  inspirées  par  les  circonstances  péni- 
bles qui  entouraient  son  origine  ?  et  ne  peut-on 
pas  supposer  qu'd  se  disait  né  en  cette  ville  dans 
le  but  d'ernpécher,  du  côté  d'Altamura,  toute 
recherche  qui  aurait  eu  précisément  pour  résul- 
tat de  faire  connaître  cette  origine,  qu'il  désirait 
tenir  secrète  ?  C'est  là  un  point  délicat,  qui  n'a 
pas  été  touché  dans  la  polémique  dont  j'ai  parlé, 
et  qui  me  semblerait  justement  donner  raison  à 
ceux  qui  veulent  que  Mercadante  soit  né  à  Alta- 
mura (1). 

Au  reste,  beaucoup  d'ilaliens  sont  de  ce  der- 
nier avis,  et,  sans  prétendre  ici  trancher  absolu- 
ment la  question,  je  me  range  à  leur  sentiment. 
Jusqu'à  plus  ample  informé,  je  crois  donc  qu'on 
peut  considérer  Giuseppe  Saverio  Raffaele  Mer- 
cadante comme  étant  né  à  Allamura  ,  province 
de  Bari,  le  17  septembre  1795. 

Il  est  encore  fort  difficile,  à  l'heure  présente, 
de  dresser  avec  certitude  la  liste  des  oeuvres  dra- 
matiques de  Mercadante  ;  la  voici,  cependant, 
telle  que  j'ai  pu  la  constituer  (2)  :  1'^  l'Apotcosi 


(1)  Les  numéros  de  la  Gazzelta  musicale  de  Milan  qui 
sont  à  consultera  ce  sujet  sont  ceux  des  18  juin,  16  et 
30  juillet,  13  août  et  17  septembre  1876. 

(2)  Je  me  suis,  depuis  près  de  vingt  ans,  beaucoup  oc- 
cupé de  l'histoire  d(!s  musiciens  italiens,  et  je  l'ai  fait,  à 
défaut  d'autres  qualités,  avec  beaucoup  de  soin  et  rie 
conscience,  apportant  une  grande  ardeur  à  t;\clier  de 
faire  la  lumière  sur  quelques  points  de  cette  histoire, 
laissée  jusqu'à  ces  derniers  temps  lians  une  obscurité  com- 
plète pnr  les  Italiens  eu\-iiièmes.  Cepend^int  J'ai  appris 
à  mes  dépens  qu'on  ne  se  mêle  pas  impunément  des  af- 
faires d  s  .lutres,  même  lorsqu'il  s'agit  de  l'histoire  d'un 
art  qui  intéresse  tous  les  peuples  civilisés.  Tandis  que  je 
m'évertuais  a  cherclier  et  parfois  à  découvrir  la  vérité  au 
milieu  d'un  chaos  dinforinations  contradictoires,  certains 
écrivains  italiens,  ne  me  tenant  aucun  eoin|ile  de  mes 
efforts  et  se  gar^lant  bien  de  faire  ressortir  ce  que  eeux- 
cl  avalent  pu  avoir  d'utile  pour  eux  mêmes,  se  sont  plu 
à  me  railler  et  a  me  critiquer,  parfois  d'une  façon  peu 
courtoise,  pour  les  erreurs  dans  lesquelles  m'avaient  fait 
tomber  des  doeiimcnts  ilalicns  fautifs  ou  incomplets.  C'est 
pourquoi,  voulant  d'avance  éviter  unecritique  trop  acerbe. 
Je  déclare  Ici,  en  ce  qui  concerne  Mercadante,  qu'il  m'a  été 
Impossible,  faute  de  données  précises,  de  constituer  sin 
répertoire  dramatique-  avec  une  exactitude  absolue.  La 
liste  que  Je  donne  n'est  donc  qu'un  à  peu  près,  pour  le- 
quel je  me  borne  à  l'observation  suivante  :  lorsque  Je  nu- 
crois  sûr  de  la  valeur  des  indication:)  relatives  à  un  uu- 


d'Eicole,  Naples,  th.  San-Carlo,  12  janvier 
1819  (:■■)•,  2°  Violeiiza  e  Coslania,  Naples,  th. 
Nuovo,  1820  (?)  ;  3°  Anacreonle  in  Samo,  Na- 
ples, th.  San-Carlo,  1820  (?)  ;  4°  Sc/pione  in 
Ca/'/«^i;ie,  Rome,th.  Argentina,  1821  (?j;  b"^  Ma- 
ria Siuarda,  Bologne,  th.  Communal,  1821  (?)  ; 
6"  Elisae  Claudio,  Milan,  Scala ,  30  oc- 
tobre 1821;  7"  il  Posto  abbandonalo.  Milan, 

1821  (.^);    8°  GU  Sciti,  Naples,  Ih.  San-Carlo, 

1822  (?);  9"  Alfvnso  ed  Elisa,  Mantoue,  1822 
(?);  10°  Didoae  abbandonalo,  1  actes,  Turin, 
1822  (.'J;  11"  Adde  ed  Emertco,  Milan,  Scala, 
21  septembre  1822;  12"  Andronico,  Venise,  th. 
delaFenice,  1822  {?);  13"  Costanza  ed  Alme- 
rika,  Naples,  1822  ou  1823  {?)  ;  14°  gli  Amici 
di  Siracusa,  Rome,  1822  ou  1823  (?)  ;  \b°  Mto- 
cri,  Turin,  th.  Regio,  1824  (i*);  16"  Durilice, 
Vienne,  1824  {?)  ;  IT  le  Nozze  di  Telemaco  ed 
Antiope,  Vienne,  1824  (?)  ;  18"  il  Podestà  di 
Burgos,  ossia  il  Signer  del  ViUaggio,  Vienne, 
1824  [?);  19°  Ipennestra,  Naples,  1824  (?); 
20°  il  Geloso  ravveduio,Roïae,  1824  (?)  ;  21° 
Caritea,  regina  di  Spagna  (plus  connu  sous  le 
titre  de  Donna  Caritea),  Venise,  1826  (?);  22° 
Amleto,  Milan,  Scala,  26  décembre  1826;  23° 
/s'corfe,  Venise,  1826 ou  1827  (?); '24°  i;"-;o, Turin, 
tli.  Regio,  1827  (?J;  25°  il  Montanaro,  Milan, 
Scala,  16  avril  1827  ;  26°  i  Due  Figaro,  Madrid, 
1827  (?)  ;  27°  Pietro  il  Grande,  Lisbonne,  17 
décembre  1827  {?);  28°  Adriano  in  Siriu,  Lis- 
bonne, 28  février  1828  (?)  ;  29»  Francesca  da 
Rimini,  Madrid,  1828  (?)  ;  30°  la  Testa  di 
bronzo,  Lisboniu',  1829;  31°  la  Raiiprcsaglia, 
Cadix,  1829(?);3'2°  Z>onC/uAC(o//e, faice,Cadix, 
1829  (?)  ;  33°  Zuira,  Naples,  th.  San-Carlo,  août 

1831  ;  34°  Gabriella  di  Vergy,  Gênes,  th.  Carlo- 
Felice,  1832  (?)  ;  35°  Ismnlia,  ossia  amor  e 
morte,  Milan,  Scala,  27  octobre  1832  ;  30°  i 
Normanni  a  Parigi,  4  actes,  Turin,  th.  Regio, 

1832  (?)  ;  37°  il  Conte  d'Essex,  3  actes.  Milan, 
Scala,  10  mars  1833;  38"  Emma  d'Anliocliia, 
Venise,  th.  de  la  Fenice,  1834  (?)  ;  39°  Uggero 
il  Danese,  Bergame,  1834;  40° /a  GioventU  di 
Enrico  V,  Milan,  Scala,  25  novembre  1834  ; 
ki"  Francesca  Donato, ossia  CorintodistnUta, 
3  actes,  Turin,  th.  Regio,  1835  ;  42°  i  Brigand, 
Paris,  Th.-Italien,  22  mars  1836  ;  43°  H  Giura- 
mento,  3  actes.  Milan,  Scala,  11  mars  1837; 
44"  il  Vascello  di  Gama  ,•  44°  bis,  le  Due  illuslri 
liivali,  Venise,  Fenice,  1838  (?)  ;  kh°  Elena  da 
Feltre,  Naples,  th.  San-Carlo,  janvier  1839;  40" 
il  liruvo,  Milan,  Scala,  9  mars  1839  ;  47"  la  So- 
lilaria  délie  Aslurie,  ossia  la  Spagna  ricupe- 

vrage,  je  ne  l'accompagne  d'aucun  signe  ;  mais  lorsque  ces 
indications  ne  sont  qu'approximatives.  Je  les  fais  suivre 
d'un  point  d'interrogatioa  placé  entre  parenthèses  :  (?J. 


MERCADAiNTE  —  MERCÉ  DE  FONDEVILA 


209 


rata,  Venise,  th.  de  la  Fenice,  1840  (?)  ;  48"  la 
Vestale,  Naples,  th.  San- Carlo,  1840  (?)  ;  49»  il 
Proscritto,  Naples,  tli.  San-Carlo,  1842  (?)  ;  50° 
il  Reggente,  Gênes,  th.  Carlo-Felice,  1844  (?); 
61°  Leonorn,  Naples,  Ih.  San-Carlo,  décembre 
1844  (?)  ;  52"  Oinzii  c  C^iriazii,  Naples,  th.  San- 
Carlo,  10  novembre  1846;  53"  la  Schiava  Sara- 
cena.  Milan,  Scala,  26 décembre  1848;  54°  Me- 
dea,  Naples,  th.  San-Carlo,  1831  (?)  ;  55°  Violefla, 
Naples,  th.  Nuovo,  1852  ;  56°  Siatira,  Naples,  th. 
San-Carlo,  1853  (?)  ;  57°  Pelagio,  4  actes,  Na- 
ples, 1857  (.')  ;  58°  Virginia,  4  actes,  Naples, 
th.  San-Carlo,  7  avril  1866. 

Voici  maintenant  la  liste  des  œuvres  écrites 
par  Mercadante  en  dehors  du  théâtre.  —  A. 
Musique  reugiiuse.  1"  Le  Sette  parole  di  Nos- 
tro  Signore,  cantate  religieuse  à  4  voix  et  chœur, 
avec  accompagnement  de  quatuor  d'instruments 
à  cordes;  2°  environ  20  messes,  soit  avec  orgue, 
soit  avec  orchestre  ;  3°  Hymne  à  la  Vierge  im- 
maculée, à  5  voix  et  orchestre  ;  4"  Hymne  funè- 
bre à  la  mémoire  de  Mgr  Somma,  à  4  voix  et 
orchestre;  h"  Hymne  à  Pie  IX,  à  5  voix  et  or- 
chestre; 6°  Un  soupir  sur  la  tombe  de  Mgr 
Scotli,  cantate  funèbre  à  5  voix  et  orchestre;  7° 
Christuset  Miserere  à  4  voix,  alla  Palcslrina; 
8°Dominus  a  dextris,  pour  chœur  et  orchestre  ; 
9°  De  profundis  à  4  voix  et  orchestre  ;  10°  plu- 
sieurs Tanlum  ergo,  dont  deux  à  5  voix  avec 
orchestre;  11°  un  nombre  considérable  de  psau- 
mes, motets,  anti|)lionaires,  Te  Deum,  31ag7n/i- 
cat,  etc.  — B.  Musique  vocale  profane.  12°  Can- 
tate en  riionneur  de  l'ex-roi  d'Espagne  Char- 
les IV,  Naples,  théâtre  San-Carlo,  1818;  13° /n 
Danza  augurale,  cantate  pour  l'avènement  au 
trône  du  roi  François  II,  id.,  id.,  1859;  14° 
Hymne  en  Chonneur  de  Victor-Emmanuel,  roi 
d'Italie,  1860;  15°  Hymne  guerrier,  dédié  à 
Garibaldi,  1861  ;  16°  Hymne  populaire,  dédié 
à  Dante,  1863  ;  17°  Hymne  à  l'Harmonie,  écrit 
à  l'occasion  du  premier  congrès  musical  tenu  à 
Naples,  1864;  18°  Hymne  à  Rossini,  écrit  pour 
l'inauguration  de  la  statue  de  Rossini  à  Pesaro, 
18G4  (tous  ces  hymnes  sont  avec  chœurs  et  or- 
chestre); 19"  24  Mélodies  préparatoires  au 
chant  dramatique  ;  20°  8  Nocturnes  à  4  voix; 
21°  un  nombre  infini  d'albums  de  musique  vocale, 
romances,  canzoni  napolitane,  duos,  trios  et 
qiialuorsde  divers  genres  ;  22°  beaucoup  de  Sol- 
fèges écrits  pour  les  classes  du  Conservatoire  de 
Naples C.  Musique  sïmphomque.  13"  :i  Sym- 
phonies caractéristiques  napolitaines  à  grand 
orchestre  (dont  une,  la  troisième,  intitulée  lo 
Zampognaro)  ;  24°  il  Campo  dei  Crociati,  o  la 
Schiava  Saracena,  symphonie  à  grand  orches- 
re;  25°  V Insiirrezione  Polacca,  id.  ;  26°  l'Ati- 

BIOGR.    UNIV.    DES    MUSICIENS.    —    SUPPL.      —    T 


rora,  id.  ;  27°  il  Lamenta  delVArabo,'nï.;  28°  la 
Ueligione,  id.;  29°  la  lUmembranza,  id.  ;  30° 
Symphonie  à  grand  orchestre  sur  les  motifs  du 
Siabat  de  Rossini;  'M"  Symphonie  funèbre,  à 
grand    orchestre;  32°   Omaggio  a  Donizetti, 
symphonie    funèbre    à   gran.l  orchestre  ;     33" 
Omaggio  a  Bellini,  id.,  ISCO  ;  Omaggio  a  Ros- 
sini, id.,   1868;   34"   Omaggio  a  Pacini,   id., 
1868;  35°  il  Lamento  del  ^orrfo,  symphonie  à 
grand  orchestre,  1862  ;  3G"   Symphonie  à  grand 
orchestre,  dédiée  à  Rossini,  1866  ;  37°  Sympho- 
nie-Marche, écrite  pour  la  naissance  du  jeune 
prince  de  Naples;  38"  2  Symphonies  caracté- 
ristiques à  grand  orchestre,  sur  des  motifs  pofju- 
laires  espagnols  ;  39°  3  Divertissements  à  grand 
orchestre  ;  40°  la  Malinconia,  grande  mazurka 
de  concert,  à  grand  orchestre.  —  D.  Musique 
POUR  DIVERS  INSTRUMENTS.  ^1°  Élégie  pour  violou, 
avec  orchestre;  42°  Romance  et  Rondo   sur  il 
Proscritto,  pour  violon,  avec  orchestre  ;  43°  Pièce 
sur  il  Vascello  di  Gaina,  pour  violon,  avec  or- 
chestre; 44°  Fantaisie  pour  2  violons,  avec  or- 
chestre, sur  gli  Orazi  e  Curiazi  ;45"  3  Mélodies 
pour  4  violons;  46"  Fantaisie  sur  Lucia  di  La- 
mermoor,   pour   violoncelle,    avec   orchestre; 
47°   Fantaisie  sur  il  Gitiramento,  pour  cor  et 
trompette,  avec  orchestre  ;  48°  Mélodie   pour 
harpe,  avec  orchestre;  49°  Fantaisie  sur  il  Fi- 
gliuol  prodigo,  pour  basson,  avec  orchestre; 
50°  Cavatinc  de  l'opéra  il  Caynpa  dei  Crociati, 
transcrite  pour  basson,  avec  accompagnement 
de  piano  ;  51°   Terzetiino  pour  3  cors;  52°  2 
Duetti  pour  2  cors;  53°  la  Poesia,  quatuor  pour 
4  violoncelles  ;  54°  enfin,  un  nombre  considéra- 
ble de  quatuors,  concertos  et  morceaux  de  divers 
genres  pour  divers  instruments  (1). 

On  connaît  de  Mercadante  un  opuscule  ainsi 
intitulé  :  Brève  Cenno  slorico  sulla  viusica 
teatrale,  da  Pergolesi  a  Cimarosa,  s.  1.  n.  d., 
in-4°  de  7  p. 

En  1876,  on  a  placé  à  Naples  ,  sur  la  Piaz- 
zn  di  Fontana  Médina,  une  statue  en  marbre 
de  Mercadante,  due  au  sculpteur  Tito  Angelini. 
]\IERCA]\TIi\l  (LuiGi),  compositeur  italien, 
mort  à  Palerme  au  mois  de  novembre  1872,  est 
l'auteur  de  Y  Hymne  à  Garibaldi,  composé  par 
lui  à  l'époque  du  .soulèvement  et  de  la  révolution 
suscités  par  ce  grand  patriote  dans  le  royaume  de 
Naples,  et  qui  dut  aux  circonstances  une  vogue 
extraordinaire  par  tonte  l'Italie. 

MEUCÉ  DE  FOALEVILA  (Alejo), 
prêtre  et  compositeur  espagnol,  né  à  Lérida  le 

(I)  Mercadante  a  tcrit,  en  société  arec  Coppula,  Doiil- 
zetil,  Pacini  et  Vaccaj,  une  cantate  funèbre  :  In  morte 
di  Maria  Malibran,  qui  fut  eiécutée  à  la  Scala,  de 
Milan,  le  17  mars  1837. 

II.  14 


210 


MERCÉ  DE  FONDEVILA  —  ^lÉREATJX 


5  janvier  1805,  entra  à  l'âge  de  sept  ans  connue 
enfant  île  cliœiir  à  la  catliédrale  de  celte  ville  et 
y  reçnl  son  éducation  musicale,  étudiant  le  sol- 
fège, l'orgue  et  la  composition  avec  Jainie  Nadal, 
Antonio  Sambola,  Juan  Ariel,  premier  organiste 
de  celte  église,  et  Juan  Prenafeta.  Devenu  plus 
tard  organiste  de  l'église  paroissiale  Saint- Jean, 
il  y  reçut  les  quatre  ordres  mineurs  ;  mais  n'ayant 
pas  réussi  dans  un  concours  auquel  il  avait  pris 
part  pour  la  place  de  maître  de  chapelle  alors 
vacante  à  la  cathédrale,  il  refusa  un  emploi  du 
même  genre  qu'on  lui  offrait  à  Igualada  pour 
aller  se  fuer  à  Madrid,  où  il  arriva  au  commen- 
cement de  l'année  1828.  Là,  il  devint  professeur 
de  piano  au  collège  impérial  de  San  Isidro,  tenu 
par  les  Jésuites,  puis  an  collège  royal  des  écoles 
pies  de  San  Antonio,  et  à  celui  de  San  Ferdi- 
nando.  Plus  tard,  il  revint  occuper  à  Lérida  cet 
emploi  de  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale, 
qu'il  n'avait  pu  obtenir  naguère,  et  il  en  était  en- 
core en  possession  en  1867. 

M.  Mercé  de  Fondevila,  compositeur  très- 
fécond  dans  le  genre  religieux,  n'a  pas  écrit 
moins  de  300  œuvres  de  plus  ou  moins  grande 
importance,  soit  avec  orgue,  soit  avec  orchestre. 
Parmi  ces  œuvres,  on  cite  des  messes  de  Gloria 
«t  de  Requiem,  des  cantiques,  répons,  lamenta- 
tions, hymnes,  motets,  etc. 

*  MERCIER  (Jules),  est  mort  à  Dijon,  sa 
ville  natale,  "le  h  mars  1868.  Ses  compa- 
triotes ont  fait  à  cet  artiste  honorable  des  funé- 
railles splendides,  témoignant  ainsi  de  l'estime 
que  leur  inspirait  son  caractère  et  son  talent  : 
trente-si\  sociétés  musicales  s'étaient  fait  repré- 
senter au  cortège;  deux  des  cordons  du  poêle 
étaient  tenus  par  MM.  Vieuxtemps  et  Félix  Go- 
defroid,  de  passage  à  Dijon;  la  fanfare  de  la 
ville  exécutait  un  Pic  Jesu  de  la  composition  du 
défunt,  et,  dans  l'église,  l'orchestre  joua  Ven- 
dante delà  symphonie  en  la  de  Beethoven,  dans 
lequel  le  grand  violoniste  M.  Vieuxtemps  ne 
dédaigna  pas  de  tenir  une  partie  de  premier  vio- 
lon. Fondateur  et  président  de  la  Société  phil- 
harmonique de  Dijon,  Jules  IMen  ier  avait  im- 
primé à  la  musique,  dans  sa  ville  natale,  un  mou- 
vement très-considérable,  et  avait  fait  faire  à 
l'art  qu'il  cultivait  lui-inôme  avec  un  vrai  talent 
de  grands  t't  léels  progrès. 

HIERCURI  (Asdreoni-Agostino),  pianiste, 
organiste,  chef  d'orchestre  el  compositeur  italien, 
est  né  le  2  août  1839  à  Sant'Angelo  in  Yado,  dans 
la  province  de  Pesaro.  Après  avoir  étudié 
d'abord  avec  un  professeur  nommé  Giuseppe 
Menghetli,  il  se  rendit  à  Naples  en  18.53,  et  fut 
admis  au  Conservatoire  <ie  celle  ville,  où  il  rut 
pour  maîtres  Russe,  Paiisi,  Carlo  Coiili  etiMer- 


cadante.  Son  éducation  musicale  terminée,  il 
retourna  à  Sant'Angelo,  y  devint  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  en  même  temps  que  direc- 
teur de  la  Société  philharmonique  et  du  Concert, 
et  y  lit  représenter,  en  1860,  un  opéra  intitulé 
Adello,  qui  fut  fort  bien  accueilli  el  bientôt  re- 
produilsur  plusieurs  théâtres  importants  d'Italie. 
Appelé  à  représenter  sa  ville  natale  aux  fêtes 
célébrées  à  Pesaro  en  l'honneur  de  Rossini 
(18f)i),  il  prit  à  l'exécution  musicale  une  part 
elfeclive,  et  se  lia  avec  Pacini,  Mabellini  et  An- 
gelo  Mariani.  Devenu  chef  d'orchestre  à  Assise 
en  1865,  maître  de  chapelle  de  la  métropoli- 
taine d'Urbino  et  maestro  concertatore  au 
théâtre  de  cette  ville  en  1867,  second  chef  d'or- 
chestre au  théâtre  Carlo  Felice  de  Gênes  en  1 868, 
il  fut  mandé  en  1871  à  Urbino,  à  l'occasion  du 
Centenaire  de  Raphaël,  pour  écrire  VHymne  à 
RajjhaCl  et  diriger  l'exécution  de  la  messe  funè- 
bre de  Vecchiotti.  Presque  aussitôt  il  fondait  à 
Pérouse  un  nouvel  Inslilut  musical,  où  il  était 
nommé  professeur  d'harmonie,  de  contre-point  et 
de  composition,  et  en  1872  il  était  chargé  par  le 
gouvernement  de  la  petite  république  de  Saint- 
Marin  d'écrire  l'opéra  qui  devait  servir  à  l'inau- 
guration du  nouveau  tliéàtre  de  cette  ville  ;  cet 
ouvrage  était  un  drame  lyrique  en  trois  actes, 
intitulé  Adelinda,  qui  fut  représenté  |le  27  août 
1872  avec  un  grand  succès. 

M.  Mercuri,  qui  avait  acquis  une  grande  re- 
nommée comme  chef  d'orchestre,  fut  choisi,  à 
la  mort  d'Angelo  Mariani,  pour  succéder  à  ce 
grand  artiste  comme  maestro  concertatore  du 
théâtre  communal  de  Bologne,  l'un  des  plus  im- 
portants de  toute  l'Italie.  Sur  ces  entrefaites,  son 
opéra  d' Adelinda  ayant  été  donné  àRavenne  et 
accueilli  avec  la  plus  grande  faveur,  l'éditeur 
Ricordi,  de  Milan,  se  rendit  acquéreur  de  la  par- 
tition et  lui  commanda  aussitôt  un  nouvel  ou- 
vrage, Romolo,  dont  il  lui  fournil  le  livret.  Cet 
ouvrage  n'a  pas  encore  été  représenté,  mais  de- 
puis lors  le  compositeur  a  donné  à  Cagli,  le  12 
septembre  1878,  un  opéra  en  3  actes  intitulé 
il  Viotino  del  Diavolo,(\u\.  reçu  favorablement 
en  celte  ville,  a  été  reproduit  avec  succès,  trois 
mois  plus  tard,  au  théâtre  de  la  Pergola,  de 
Florence.  Le  principal  rôle  de  cet  ouvrage  était 
tenu  par  une  artiste  fort  distinguée.  M"""  Ca- 
rolina  Ferni,  qui  y  faisait  briller  son  double 
talent  de  violoniste  et  de  cantatrice.  M.  Mer- 
curi a  écrit  plusieurs  o'uvres  importantes  de  mu- 
sique religieuse,  ainsi  que  quelques  mélodies 
vocales  :  Fior  d'erVamara,  Adina,  etc. 

*  MÉREAUX  (Jean-Nicol\s  LE  FROID 
DE).  —  Voici  la  liste  complète,  avec  les  dates 
précises  de  représentation,  des  ouvrages  dramali- 


MEREAUX  —  MERKEL 


211 


ques  de  ce  compositeur  :  1"  la  Ressource  comi- 
que ou  la  Pièce  à  deux  acteurs,  opéra-comi- 
que en  2  actes  et  un  prologue,  Comédie-Italienne, 
22  août  1772;  2"  le  Retour  de  tendresse,  un 
acte,  Comédie-Italienne,  1"^  octobre  1774  ;  3°  le 
Duel  comique,  2  actes  (musique  de  Paisieilo, 
«  rédigée  et  augmentée  par  M.  de  Méreaux,  »  dit 
la  pièce  imprimée),  Comédie-Italienne,  16  sep- 
tembre 1776;  i"  Laurette,  un  acte,  Comédie- 
Italienne,  23  juillet  1777;  5"  Alexandre  aux 
Indes,  3  actes,  Opéra,  26  août  1783  ;  6°  Œdipe 
et  Jocaste,  3  actes,  Opéra,  30  décembre  1791  ; 
7°  Fabius,  3  actes,  Opéra,  9  août  1793.  A  ces 
ouvrages,  il  faut  ajouter  la  musique  d'une  Ode 
sur  la  naissance  du  Dauphin,  exécutée  au  Con- 
cert spirituel  le  8  décembre  1781,  et  Sa7nson, 
oratorio  qui  avait  été  entendu  au  même  concert 
en  avril  1774. 

*  MÉREAUX  (Jea.n-Amédée  LE  FROID 
DE),  connu  sous  le  nom  (VAmédéc  Méreaux, 
est  mort  à  Rouen,  le  25  avril  1874.  Cet  artiste 
extrêmement  distingué  avait  publié  en  1867  un 
ouvrage  fort  important  :  les  Clavecinistes ,  de 
1637  à  1790,  œuvres  choisies  classées  dans 
leur  ordre  chronologique,  revues,  doigtées 
et  accentuées,  arec  les  agréments  et  orne- 
ments du  temps  traduits  en  toutes  noies  (Paris, 
Heugel).  Cette  publication,  dans  laquelle  on  re- 
trouvait des  œuvres  de  Frescobaldi,  Cliambon- 
nières ,  Louis  et  François  Couperin ,  Purcell, 
J.  S.  Bach,  Hœndel,  Marcello,  Scarlatti,  Rameau, 
etc.,  faisait  le  plus  grand  honneur  à  son  auteur, 
et  lui  valut,  l'année  suivante,  le  ruban  de  cheva- 
lier de  la  Légion  d'honneur.  Mereaux,  dont  l'en- 
seignement était  tiès-recherché  à  Rouen,  forma 
comme  élèves  pianistes  M™'^  Tardieu  de  Malle- 
ville,  MSI.  Emile  Madouié,  Aloys  Klein,  etc., 
et  comme  compositeurs  Maillot,  MM.  Daulresme, 
Camille  Caron  [Voyez  ces  noms),  et  d'autres 
encore. 

Collaborateur  pendant  trente  ans  du  Journal 
de  Rouen  pour  la  partie  musicale,  Méreaux  four- 
nissait aussi  d'assez  nombreux  articles  au  Moni- 
teur universel.  Il  a  publié  divers  écrits  peu  im- 
portants sur  la  musique  :  1°  Biographies  musi- 
cales :  Labarre,  de  Bériot,  Moscheies,  Sla- 
maly.  Les  écoles  de  la  harpe,  du  violon  et  du 
piano  aaXIX"  siècle,  s.  I.  n.  d.  (Rouen,  impr. 
Brière,  in-12  de  28  p.);  2°  Biographies-  mu- 
sicales :  Fétis,  Auber,  Jhalberg,  Ketterer, 
IPerelli,  s.  I.  n.  d.  (Ruuen,  impr.  Brière,  in-l2  de 
31  p.)  ;  3°  Esquisse  de  l'histoire  du  cliant  en 
France,  s,.  I.  n.  d.  (Rouen,  impr.  Brière,  in-12 
de  24  p.).  11  faut  encore  citer,  parmi  les  publi- 
cations littéraires  de  Méreaux,  son  discours  de 
réception  à  l'Académie  des  belles-lettres,  sciences 


et  arts  de  Rouen  (Rouen,  1858,  in-8°),  discours 
qui  avait  tout  naturellement  la  musique  pour 
sujet  ;  la  série  des  trois  discours  prononcés  par 
lui  comme  président  de  cette  Académie  (Rouen, 
1865,  in-8°)  ;  entin,  son  rapport  sur  les  médailles 
d'honneur  décernées  par  la  .même  compagnie 
(Rouen,  1866,  in-8'').  On  trouve  dans  ce  dernier 
des  renseignements  intéressants  sur  un  artiste 
fort  distingué,  M.  Vaucorbeil  iyoy.  ce  nom),  né 
à  Rouen.  Ces  divers  écrits,  et  d'autres  encore, 
ont  été  réunis  par  la  veuve  de  Méreaux,  et  pu- 
bliés en  un  volume  qui  a  paru  récemment  sous 
ce  titre  :  Variétés  littéraires  et  musicales, 
pages  d'' histoire,  critique,  ji  or  irait  s  à  la  plu- 
me, discours,  précédées  d'une  notice  biographi- 
que par  Marmontel,  Paris,  Lévy,  1878,  in-12. 

*  MÉRIC-LALA\DE  (Henriette-Clémen- 
tine).^— Voyez  LALANDE. 

MERIEL  (Paul),  compositeur,  directeur  du 
Conservatoire  de  Toulouse,  est  né  à  Mondoubleau 
(Loir-et-Cher),  le  4  janvier  1818.  Issu  d'une 
famille  de  comédiens  de  province  très-estimée 
au  théâtre,  il  ébaucha  ses  études  musicales  au 
milieu  des  voyages  qu'il  faisait  avec  les  siens, 
et  eut  plus  tard  pour  professeurs  deux  artistes 
italiens  :  Alessandro  jMapoleone  à  Lisbonne,  et 
Somma  à  Perpignan.  Devenu  second  chef  d'or- 
chestre au  théâtre  d'Amiens,  il  fit  représenter 
en  cette  ville  un  petit  opéra-comique  intitulé 
Cornélius  V Argentier,  puis  continua  de  parcou- 
rir la  province  comme  chef  d'orchestre,  résida 
un  instant  à  Avignon,  et  enfin,  en  1847,  se  fixa 
à  Toulouse,  où  il  se  livra  à  l'enseignement  et  à 
la  composition.  Il  y  fit  exécuter  une  grande 
symphonie,  le  Tasse,  un  oratorio  dramatique 
qui  avait  pour  titre  Gain,  un  certain  nombre  de 
morceaux  de  musique  de  chambre,  et  enfin  pro- 
duisit au  théâtre  du  Capitole  un  grand  opéra  en 
quatre  actes  et  cinq  tableaux,  VArmorique,Aoal 
il  avait  écrit  les  paroles  et  la  raiisique.  C'est  à  la 
suite  de  ces  travaux,  qui  avaient  été  favorable- 
ment accueillis  par  le  public,  que  M.  Mériel  fut 
placé  à  la  tête  du  Conservatoire  de  Toulouse,  où 
sa  femme.  M'"*  Mériel,  devint  titulaire  d'une 
classe  de  piano  pour  les  demoiselles.  M.  Paul 
Mériel  a  été  nommé,  il  y  a  quelques  années, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  et  il  a  fait  re- 
présenter à  Toulouse,  au  mois  d'avril  1877,  un 
dernier  ouvrage,  les  Précieuses  ridicules,  opéra- 
comique  en  un  acte  tiré  de  la  comédie  de  Molière. 

MERKEL  (Gustave-Adolphe),  organiste  et 
compositeur  allemand  distingué,  est  né  à  Obère- 
derwitz  (Saxe)  en  1827.  Doué  de  dispositions 
remarquables  pour  la  musique,  il  alla  faire  ses 
études  à  Dresde,  où  il  devint  l'élève  de  Julius 
Otto  pour  la  composition,  et,  pour  l'orgue,  de 


<2i2 


MERREL  —  MERMET 


Jean  Goltlob  Schneider,  organiste  de  la  cour.  11 
acquit,  sous  la  direction  de  ces  deux  liorames 
distingués,  un  talent  véritable,  se  livra  ensuite  à 
l'enseignement  et  à  la  pratique  de  son  art,  et  se 
fit  remarquer  par  son  habileté  comme  organiste 
et  sa  fécondité  comme  compositeur.  Devenu  or- 
ganiste de  l'église  de  la  cour,  il  occupe  aussi 
aujourd'hui  les  fonctions  de  professeur  au  Con- 
servatoire de  cette  ville. 

Les  compositions  de  M.  Gustave  Merkel  s'é- 
lèvent au  chiffre  de  plus  de  cent  œuvres  publiées. 
Dans  le  nombre,  on  distingue  des  sonates,  fan- 
taisies et  fugues,  préludes,  chorals  pour  orgue, 
des  sonates  et  pièces  de  concert  pour  piano,  des 
motets  et  divers  morceaux  de  musique  religieuse, 
enfin  un  assez  grand  nombre  de  lieder  aves  ac- 
compagnement de  piano  et  de  violoncelle,  etc. 

Un  jeune  artiste  du  même  nom,  M.  Jules 
Merkel,  violoncelliste  et  compositeur  pour  son 
instrument,  a  publié  dans  ces  derniers  temps 
([ueiques  morceaux  pour  violoncelle  avec  accom- 
|)agnement  de  piano. 

MERLIN  (Maru  de  las  Mercedes,  com- 
tesse), cantatrice  amateur  d'un  grand  talent,  con- 
nue par  son  admiration  affectueuse  pour  la  Mali- 
bran,  naquit  à  la  Havane  le  5  février  1789,  et 
mourut  à  Paris  le  31  mars  1852.  Fille  d'un 
grand  d'Espagne,  le  comte  de  Mopox  de  San- 
Juan  de  Jaruco,  et  nièce  du  général  O'Farill, 
qui  fut  ministre  de  la  guerre,  elle  épousa  en 
1811,  à  Madrid,  le  général  comte  Merlin,  frère 
du  conventionnel  Merlin  de  Thionville  et  alors 
capitaine  général  de  la  garde  du  roi  Joseph,  et 
le  suivit  en  1814  à  Paris,  qu'elle  ne  quitta  pour 
ainsi  dire  plus  jusqu'à  sa  mort.  «  Son  rang  et  sa 
position,  dit  un  de  ses  biographes,  lui  ouvraient 
tous  les  salons  de  la  capitale;  sa  jeunesse,  sa 
beauté,  la  placèrent  promptement  au  premier 
rang.  Musicienne  de  premier  ordre,  esprit  dis- 
tingué et  aimable,  la  comtesse  Merlin  accueil 
lait  tout  le  monde  avec  une  grâce  sans  pareille. 
Les  artistes,  les  hommes  de  lettres,  les  savants, 
les  hommes  politiques,  sans  distinction  de  par- 
tis, se  press;iient  dans  ses  réunions,  où  l'on  ne 
rencontrait  qu'un  monde  d'élite.  Bientôt, 
mettant  son  talent  et  son  inlluence  au  service 
du  malheur,  elle  organisa  à  Paris  des  concerts 
de  bienfaisance  donnés  exclusivement  par  des 
amateurs.  Ln  1823,  elle  chantait  à  Genève  lors 
d'un  voyage  qu'elle  fit  en  Suisse,  dans  un  grand 
concert  organisé  au  bénéfice  des  Grecs  et  qui 
produisit  plus  de  30,000  francs.  Elle  en  organisa 
d'autres  sur  une  grande  échelle  au  profit  des 
Polonais  après  l'insurrection  de  1831,  an  profil 
des  Lyonnais  h  la  suite  des  désastres  causés  par 
l'inondation  du  Khone,  au  profil  des  victimes  du 


tremblement  de  terre  de  la  Martinique.  En 
même  temps,  elle  patronnait  de  son  nom  et  de 
son  inlluence  les  artistes  à  leur  début,  parmi 
lesquels  nous  citerons  la  Grisi  et  Mario,  qu'elle 
|)résenta  au  directeur  de  l'Opéra.  » 

La  comtesse  Merlin,  dont  l'intelligence  était 
singulièrement  vive  et  qui  avait  le  sentiment  de 
tous  les  arts,  était  douée  de  véritables  facultés 
littéraires.  Elle  publia  divers  écrits  qui   furent 
accueillis  avec  une  rare  faveur  ;  l'un  des  plus 
importants  est  celui  qu'elle  donna  sous  ce  titre  : 
les  Loisirs  d'une  femme  du  monde  (Paris,  Lad- 
vocat,  1838,    2  vol.  in-8°).  Elle  avait  beaucoup 
connu  la  Malibran,  pour  laquelle  elle  éprouvait 
une    affection    profonde,    et    cet   ouvrage  fut 
comme  une  sorte  d'hommage  rendu  par  elle  à 
cette  noble  artiste,  car  le  premier  volume   tout 
entier  et  144  pages  du  second  étaient  consacrés 
à   retracer  son  histoire,  en  même   temps   que 
son  portrait  se  trouvait  en  tête,  portant  seule- 
ment son  nom  :  Marin.  Quelques  années  plus 
tard,  M'°*  la  comtesse   Merlin  reproduisit    cet 
écrit  sous  le  nouveau  titre  de  Lola  et  Maria 
(Paris,  de  Potter,  1845,  2  vol.  in-8°).  Une  contre- 
façon belge  en  avait  été  faite  dès  l'année  de  sa 
publication   (Bruxelles,   Wahlen,  1838,  2  vol. 
in-12). 

AIERMET  (.^lgl'ste),  compositeur,  né  vers 
1815,  est  issu  d'une  famille  de  militaires;  son 
père  et  un  de  ses  oncles  furent  généraux  sous  le 
premier  empire.  Il  s'occupa  de  musique  <i'ahord 
en  amateur,  et  commença  par  étudier  la  flûte. 
Plus  tard,  il  voulut  travailler  la  composition,  et 
prit,  dit-on,  des  leçons  de  Lesueur  et  d  Halévy. 
Destiné  par  son  père  à  la  carrière  militaire  et 
ayant  préparé  dans  ce  but  les  études  qui  devaient 
le  mener  à  l'École  polytechnique,  il  abandonna 
tout  pour  se  livrer  à  son  goût  pour  la  musique. 
Fort  jeune  encore,  il  écrivit,  sur  un  poème  de 
Carmouche,  la  Bannière  du  Bot,  la  musitpie 
d'un  petit  opéra-comique  qu'il  fit  jouer  sur  le 
théâtre  de  Versailles  ;  puis,  ayant  obtenu  de 
Soumet  qu'il  transformât  pour  lui,  en  un  livret 
de  drame  lyrique,  sa  tragédie  de  Saiil,  il  com- 
posa la  partition  de  cet  ouvrage,  et,  plus  heu- 
reux que  bien  d'autres,  réussit  à  le  faire  recevoir 
à  l'Opéra,  où  il  fut  représenté  sous  ce  titre  :  le 
Boi  David,  en  I8'i6. 

Le-Roi  David,  dont  le  rôle  principal  était  pour- 
tant joué  par  M'"'Stol/.,  n'obtint  qu'un  médiocre 
succès  (1).  M.  Mermet  conçut  alors  le  projet  d'é- 

(1)  Le  baron  de  Pccllaert,  auteur  et  compositeur  drama- 
tique, mort  il  y  a  quelques  années,  et  qui  (?talt  le  parent 
de  M.  Mermet,  a  écrit  ceci  au  sujet  de  cet  ouvrage  :  — 
«  l.r  Uni  David  fut  jout'  le  3  Juin  l»'.6  et  n'obtint  que 
peu  d<;  représentations,  quoique  Mi"^  Stolt/.  y  remplissait 


MEUMET  —  MERULO 


213 


crire  le  poëme  et  la  musique  du»  opéra  héroïque 
et  national,  et,  choisissant  pour  sujet  la  légende 
de  Roland,  il  composa  son  Rolaiid  à  Roncevaux, 
grand  opéra  en  cinq  actes  qu'il  présenta,  aussi- 
tôt achevé,  à  l'administration  de  notre  première 
scène  lyrique.  Peu  heureux  dans  ses  premières 
démarches,   mais  doué  d'une  patience  à  toute 
épreuve,  il  ne  se  laissa  pas  rebuter  par  les  refus, 
et  attendit  pendant  plus  de  quinze  ans  une  circons- 
tance favorable,  mettant  à  profit  ses  loisirs  pour 
tracer  le  livret  et  la  partition  d'un  ouvrage  d'un 
tout  autre  genre,  Pierrot  pendu,  opéra-bouffe 
en  un  acte  qui  jusqu'ici  n'a  pas  été  représenté. 
Enfin,  faisant  intervenir  de  puissantes  influences, 
M.   Mermet  finit  par  obtenir  la  mise  à  l'étude 
de  Boland  à  Roncevaux,  et  l'Opéra  en  donna 
la  preuiière   représentation   le  3  octobre  18G4. 
-  Cet  ouvrage  obtint  un  succès  auquel  personne 
ne  s'attendait,  et  qui  peut  à  bien  des  égards  pa- 
raître surprenant.  La  critique  se  montra  singu- 
lièrement bienveillante  à  son  sujet,  et  le  public 
s'enthousiasma  presque  pour  une  production  qui 
ne  méritait  assurément  pas  la  faveur  dont  elle  fut 
un  instant  l'objet.  Il  est  certain  que  Roland  à 
Roncevaux  est  une  œuvre  médiocre  au  point 
de  vue  musical,  que  la  structure  des  morceaux 
en  est  très-faible,  que  les  harmonies  sont  lâches 
et  sans  consistance,  que  l'instrumentation,  abso- 
lument élémentaire,  est  bruyante  sans  ^Ire  sonore, 
lourde  et  sans   saveur.  Mais,   d'autre  part,  le 
sujet  du  poëme  séduisait  les  spectateurs,  un  cer- 
tain caractère   martial  animait  quelques  mor- 
ceaux de  la  partition,  et  l'on  sentait  par  endroits 
une  sorte  d'élan  et  de  souffle  patriotique,  comme 
dans  le  trio  du  second  acte  et  dans  ce  qu'on  a 
appelé  «  la  Marseillaise  de  Roland  ».  Quoi  qu'il 
en  soit,  l'œuvre  était  débile,  et,  lorsque  le  pre- 
mier feu  fut  passé,  on  vit  bien  qu'elle  n'était  pas 
née  viable.  Elle  n'en  obtint  pas  moins  plus  de 
soixante  représentations  ;  mais  lorsqu'on  voulut 
la  reprendre  après  deux  ou  trois  ans,  l'effet  en 
fut  déplorable. 

Cependant  M.  Mermet,  croyant  avoir  trouvé 
sa  veine,  s'occupa  aussitôt  d'un  second  ouvrage 
conçu  dans  le  même  esprit,  c'est-à-dire  dans  un 
esprit  chevaleresque  et  patriotique,  et,  voulant 
continuer  d'être  tout  à  la  fois  son  poète  et  son 
musicien,  mit  au  jour  le  livret  et  la  musique 

(sic)  avec  talent  le  rôle  de  Da»id.  La  mnsiijue  parut  ori- 
ginale, mais  d'un  auteur  tout  à  fait  Inexpérimente;  quel- 
ques airs  (le  danse  y  furent  ajoutes  par  un  de  ses  amis, 
musicien  de  l'orchestre.  Il  put  à  peine  assister  aux  répé- 
titicins,  parce  que  l'ouvrage  n'était  pas  entièrement  or- 
chestré, et  de  la  mille  bruits  sur  le  compte  de  l'auteur 
tendant  à  faire  croire  qu'il  n'avait  pas  seul  composé  cet 
opéra  I.  (.\.  DE  Peellaert  ,  Cinquante  uns  de  souvtiiirs 
recueillis  en  isec,  t.  I,  p.  uo  ) 


d'un  nouvel  opéra  en  cinq  actes,  Jeanne  d'Arc, 
qu'il  lit  recevoir  à  l'Opéra  et  qui  était  à  l'étude 
lorsque  ce  théâtre  fut  détruit  par  l'incendie  de 
1873.  Cet  événement  ne  fit  pourtant  qu'en  retar- 
der l'apparition,  et  Jeanne  d'Arc  fut  représen- 
tée le  5  avril  1876.  Mais  cette  fois,  et  malgré  les 
splendeurs  d'une  mise  en  scène  merveilleuse, 
malgré  le  talent  des  deux  principaux  interprètes, 
qui  n'étaient  autres  que  M.  Faureet  M"«  Krauss, 
la  faiblesse  misérable  de  l'œuvre  était  telle  qu'elle 
ne  put  se  soutenir  au  delà  de  douze  ou  quinze 
représentations.  Tout  porte  à  croire  que  la  car- 
rière active  du  compositeur  aura  pris  lin  par  cet 
échec  retentissant. 

M.  Mermet  a  été  nommé  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur  en  18G5. 

MERTEiXS  (Josei'h),  compositeur  et  violo- 
niste belge,  est  né  le  17  février  1834  à  Anvers,  où 
il  remplit  les  fonctions  de  professeur  de  violon  au 
Conservatoire,  après  avoir,  pendant  plusieurs  an- 
nées, occupé  le  poste  de  premier  violon  au  théâtre 
royal.  M.  Mertens  s'est  fait  connaître  d'abord  par 
la  publication  de  six  romances  sans  paroles  pour 
le  piano,  d'im  album  de  six  mélodies  vocales,  et 
de  quelques  morceaux  de  genre.  Il  a  songé  en- 
suite à  se  produire  à  la  scène,  et  dans  ces  der- 
nières années  a  fait  représenter  les  ouvrages 
suivants,  tous  écrits  sur  paroles  flamandes  : 
1"  De  Vrijer  in  de  sirop,  opéra-comique  en  un 
acte,  Anvers,  18  mars  186fi;  2"  De  Vergissing 
(la  Méprise),  opéra-comique  en  un  acte,  Anvers, 
6  janvier  \iÇ>^;y  V Egoïste,  id.,  Anvers,  1873; 
4°  Thécla,  opéra-comique  en  un  acte,  Anvers, 
21  janvier  1874;  5°  Liederik  l'intendant,  opéra 
flamand  en  3  actes  ,  Anvers,  août  1875  ;  6°  De 
Zivarte  Kapitein  (le  Capitaine  noir),  opéra 
flamand  en  3  actes,  la  Haye,  12  mai  1877  ;  1°  les 
Trois  Étudiants,  un  acte;  8°  le  Vin,  le  jeu  et 
le  tabac,  un  acte;  9"  le  Capitaine  Robert,  un 
acte;10°^es  Évincées, nnAcit.  Ces  divers  ouvra- 
ges, tout  en  péchant  un  peu  du  côté  del'originalité, 
sont  fort  estimables  et  ont  été  très-bien  accueillis. 
Au  mois  de  décembre  1867,  M.  Mertens  avait  fait 
exécutera  Boom  un  oratorio  intitulé  V Angélus. 
Cet  artiste  a  publié  un  assez  grand  nombre  de 
compositions  de  divers  genres,  consistant  en 
chœurs  religieux,  romances,  pièces  symphoni- 
ques  et  morceaux  pour  divers  instruments. 

MERÏHE  ( ),  compositeur  allemand, 

est  l'auteur  d'un  opéra  en  deux  actes,  intitulé  Z-J5G 
ou  le  Langage  du  cœur,  qui  a  été  re|)résenté  le 
24  janvier  18/2  sur  le  Ihéàtre  de  Mannheim,  et 
dont  il  avait  écrit  les  paroles  et  la  musique. 

*  MERULO  (Claude).  — Une  notice  histori- 
que a  été  publiée,  il  y  a  quelques  années,  sur  cet 
artiste  célèbre  :  Claudio  Merulo ,  discorso 


2i4 


MERULO 


METRA 


biografico,  par   M.  Quiiino  Bijii,  Parme,  1861. 

MERVILLE  (Pif.kke-Fkançois  CAMUS, 
dit),  auteur  dramalique,  né  à  Pontoise  le  20 
avril  1783,  a  eu,  avec  Coupart,  une  part  de  rédac- 
tion dans  VAtmanach  des  Spectacles  publié  par 
le  libraire  Barba  de  1822  à  1838. 

MESEXGE  (Pierre),  cbanoine  à  la  cathé- 
drale de  Rouen,  où  il  était  l'un  des  artistes  favo- 
ris du  cardinal  Georges  V^  d'Aniboise ,  fut 
maître  des  enfants  de  chœur  de  cette  église  en 
1504.  La  cathédrale  possédait  déjà  un  grand  et 
un  petit  orgue  ;  Pierre  Mésenge  fit  construire  à 
ses  frais  un  troisième  jeu  d'orgue  d'une  grande 
beauté,  dont  il  fit  don  au  chapitre,  et  que  celui-ci 
fit  installer  au  sommet  du  jubé. 

MESSAGER  (André),  compositeur  et  or- 
ganiste français,  a  fait  ses  études  à  l'École  de 
musique  religieuse  de  Paris,  où  il  a  été  l'élève 
de  M.  Camille  Saint-Saëns.  H  a  remporté,  en 
1876,  le  premier  prix  au  concours  ouvert  par  la 
Société  des  compositeurs  pour  la  composition 
d'une  symphonie  à  grand  orchestre,  et  cette 
oeuvre  intéressante,  exécutée  le  20  janvier  1878 
aux  concerts  du  Cbàtelet,  a  été  accueillie  favora- 
blement. En  1877,  M.  Messager  a  pris  part  à  un 
nouveau  concours  ouvert  par  la  .Société  acadé- 
mique de  Saint-Quentin  pour  la  composition 
d'une  cantate  à  3  voix,  Don  Juan  et  Haijdée; 
il  a  obtenu  cette  fois  le  second  prix.  Le  même 
artiste  a  fait  entendre  à  la  Société  nationale  de 
musique  quelques  mélodies  vocales,  et  il  a  fait 
représenter  aux  Folies- Bergère  deux  petits  bal- 
lets, dont  l'un  intitulé  les  vins  de  France  (1879). 
11  est  aujourd'hui  organiste  à  l'église  Saint-Paul. 

*MESSAUS  (George).  —  On  doit  à  cet  ar- 
tiste un  recueil  important  de  chants  religieux 
pour  les  principales  fêtes  de  l'année,  qui  fut  publié 
à  Anvers  en  1635,  et  qui  ne  comprenl  pas  moins 
de  vingt-huit  morceaux.  Voici  le  titre  de  cet 
ouvrage,  dédié  à  Claude  de  Hennin,  seigneur  de 
Corionville,  musicien  distingué  lui-même  et  pro- 
tecteur de  George  Messaus,  par  lequel  nous  ap- 
prenons que  celui-ci  était  maître  de  chant  de 
l'église  paroissiale  de  Sainte-Walburge,  à  Anvers  : 
Cantiones  sacrœ  prsecipxiis  anni  festis  ac- 
comodalx,  ocio  vocxim,  cum  missa  maiali, 
a  //,  tam  vocibus  quam  instrumentis,  cum 
ba^so  conlinuo  ad  organum,  auclore  Giilliel- 
mo  Messaus,  phonasco  ecclesix  parochialis 
S.  Walburgis,  Antverpix  (Anvers,  chez  les 
héritiers  de  Pierre Phalèse,  1035,  in-i")  (I). 

(I)  Ce  titre  est  reproduit  d'aprùs  rouvraRC  de  M.  Edmond 
Vander  Strai-ten,  la  Musique  aux  l'ays-llas.  On  voit  que 
le  prénom  du  musiilcn  est  ici  (iuillaiiine,  au  lieu  de 
George.  Peut-être  s"appelait-ll  GuiUauiiie-George,  et 
prenait-it  tantôt  l'un,  tantCt  l'autre  de  ces  prénoms. 


*  MESSEMACKERS  (Henri),  e.st  mort  à 
Schaerbeeck-lez- Bruxelles  le  25  décembre  1864. 

*  METllFESSEL  (Albert-Théophile),  est 
mort  à  Brunswick,  au  mois  de  mars  1869. 

AIETIIFESSEL  (Albert),  compositeur  et 
chef  d'orchestre,  qui  s'était  acquis  une  grande 
réputation  par  la  composition  de  nombreux  lie- 
der,  naquit  dans  les  premières  années  de  ce 
siècle.  11  est  mort  à  Berne,  le  19  novembre  187», 
à  l'âge  de  72  ans. 

METOI\  (Valentin),  organiste  et  composi- 
teur espagnol, naquit  à  Tafalla,  le  16  décembre 
1810.  Placé  comme  enfant  de  chœur  à  la  cathé- 
drale de  Saragosse,  il  y  apprit  le  solfège,  l'orgue 
et  la  composition.  En  1833,  il  devint,  à  la  suite 
d'un  concours,  organiste  de  l'église  de  Notre- 
Dame  del  Pilar,  de  Saragosse,  et  conserva 
cet  emploi  pendant  vingt-sept  ans,  c'est-à-dire 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  8  septembre  1860. 
Meton  était  considéré  comme  un  organiste  distin- 
gué. Il  a  écritde  nombreuses  compositions  reli- 
gieuses. 

METRA  (Jules-Louis-Olivier),  composi- 
teur et  chef  d'orchestre  français,  est  né  à  Reims 
le  '2  juin  1830.  Son  père,  qui  avait  fait  son  droit, 
était  devenu  comédien  et  avait  joué  la  tragédie 
avec  M''^  Ducliesnois  dans  les  tournées  que  cette 
célèbre  actrice  faisait  en  province.  C'est  à  cela 
que  l'enfant  dut  l'occasion  démonter,  lui  aussi, 
sur  la  scène,  et  de  jouer  le  rôle  de  Joas  dans 
Athalie.TJn  peu  \i\ui  tard,  en  1842,  il  entra  à  Pa- 
ris dans  la  troupe  du  petit  théâtre  Comte  (devenu 
plus  tard  les  Bouffes- Parisiens),  laquelle,  on  le 
sait,  était  presque  exclusivement  composée  d'en- 
fants. C'est  là  qu'il  fit  la  connaissance  d'Edmond 
Roche  (Voy.  ce  nom),  attaché  à  l'orchestre  de 
ce  théâtre,  et  qu'il  reçut  de  lui  ses  premières 
leçons  de  musique.  M.  Métra  fit  ensuite  partie 
des  orchestres  de  divers  petits  théâtres,  où  il 
jouait  tantôt  le  violon,  tantôt  le  violoncelle, 
tantôt  la  contre-basse. 

Admis  au  Conservatoire,  le  10  janvier  1849, 
dans  la  classe  d'harmonie  d'Ehvarl,  il  obtenait 
un  second  accessit  au  concours  de  1852,  le  pre- 
mier accessit  l'année  suivante,  et  le  premier 
prix  en  1854.  Il  passa  ensuite  quelque  temps 
dans  la  classe  de  composition  de  M.  Ambroise 
Thomas,  puis  bientôt  quitta  l'école.  Devenu,  peu 
de  temps  après,  chef  d'orchesli-e  au  théâtre 
Beaumarchais,  il  publiait  en  1856  sa  première 
valse  à  succès,  le  Tour  du  monde,  qui  était 
exécutée  au  jardin  Mabille. 

Successivement  chef  d'orchestre  au  bal  Robert 
(boulevart  Rochechouart),  à  Mabille,  au  Château- 
des-Fleurs,  puis  à  l'Athénéemusical  (aujourd'hui 
théâtre  Cluny),   à  l'Elysée-Montmartre   et  au 


METRA  —  METZ  DO  RPF 


216 


Casino-Cadel,  M.  Olivier  Métra  se  livra  avec 
ardeur  à  la  composition  de  la  nuisique  de  danse, 
écrivit  en  ce  genre  de  nombreux  morceaux  : 
quadrilles,  polkas,  rédovvas,  etc.,  et  sut  ra- 
pidement se  (aire  une  réputation  par  la  grâce, 
l'élégance  et  l'originalité  dont  ses  valses  surfout 
étaient  empreintes  ;  on  peut  citer  de  lui  telles 
de  ces  valses  qui  sont  de  véritables  bijoux  :  Es- 
pérance, le  Soir,  Mélancolie,  Gambriniis,  la 
Recense,  l'Italie,  l'Orient,  le  Tour  du  monde, 
la  Nuit,  Sérénade  espagnole,  'Fascination, 
les  Faunes,  etc.  ;  mais  parmi  celles  qui  ont 
obtenu  le  plus  de  succès,  il  faut  nommer  surtout 
laVague  et  les  Roses,  dont  il  s'est  vendu  des  mil- 
liers d'exemplaires  et  qui  ont  rendu  populaire 
le  nom  de  leur  auteur.  On  peut  signaler  aussi, 
parmi  ses  mazurkas,  Bohémienne,  le  Rhin, 
Souvenir  dît  bal,  la  Neva,  Saint-Pétersbourg , 
Johannisberg;  et  pour  ses  quadrilles,  la 
Poste  aux  Amours,  le  Singe  vert,  Coqueli- 
cot, iMimi  Printemps,  les  Ombres  chinoises, 
Saphir,  etc. 

Au  bout  de  quelques  années,  M.  Métra  fut 
placé  à  la  tête  de  Torcliestre  du  bal  Frascati,  et 
là,  avec  les  ressources  que  lui  offrait  cet  orches- 
tre pour  les  effets  d'instrumentation,  il  put  don- 
ner la  juste  mesure  de  sa  valeur  dans  le  genre 
adopté  par  lui,  et  vit  grandir  d'autant  sa  répu- 
tation. Lorsque,  dans  ces  dernières  années,  l'O- 
péra-Comique  songea  à  donner  des  bals  masqués, 
ce  fut  M.  Méira  qui  fut  choisi  pour  en  diriger 
l'orchestre.  A  peu  près  dans  le  même  temps,  il 
devenait  chef  d'orchestre  du  spectacle  des  Fo- 
lies-Bergère, et  là,  pendant  plusieurs  années,  il 
écrivit  la  musique  de  la  plupart  des  opérettes  et 
divertissements  dansés,  tous  en  un  acte,  qui 
étaient  donnés  à  ce  théâtre.  Voici  une  liste  de 
ces  petits  ouvrages,  assez  étendue,  mais  que 
pourtant  je  ne  donne  pas  pour  complète,  car  le 
nombre  total  des  divertissements  de  M.  Métra 
s'élève  au  chiffre  de  trente-quatre  :  le  Valet  de 
chambre  de  Madame,  opérette,  1872;  Clown- 
Ballet, (i\\ertU&e\mnt,\8'3;Champagne-Ballet, 
id.,  1873;  le  Baptême  des  tropiques,  i(i.,1873; 
les  Femmes  de  feu,  id.,  1874  ;  un  Jour  d'o- 
rage, opérette,  1874  ;  la  Posada,  divertisse- 
ment, 1876;  la  Noce  bohème,  id.,  1876;  les 
Faunes,  id.,  1876  ;  les  Fiancés  du  Béarn,  id., 
1876  ;  une  Nuit  vénitienne,  id.,  1877  ;  Fouch- 
tra!  id.,  1877  ;  Échec  et  mat,  id.,  1877  ;  Aux 
Percherons,  id.,  1877. 

A  latin  de  l'année  1877,  M.  Métra,  qui  venait 
de  diriger  pendant  deux  années  (1874  et  1876) 
les  bals  du  théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bruxelles, 
quitta  la  situation  qu'il  occupait  aux  Folies- 
Bergère.  Il  est  aujourd'hui  chef  d'orchestre  des 


bals  de  l'Opéra.  La  plupart  des  nombreux  et 
élégants  morceaux  de  musique  de  danse  écrits 
par  cet  artiste  ont  été  publiés  par  l'éditeur  de 
M.  Gérard.  On  lui  doit  aussi  quelques  romances 
et  mélodies  vocales.  Aux  petits  ouvrages  scéni- 
ques  qui  ont  été  mentionnés  ci-dessus,  il  faut 
ajouter  Robinson  Crusoé,  ballet-pantomime  re- 
présenté aux  Folies-Nouvelles  vers  1857,  et  les 
Aimées,  divertissement  donné  au  Cirque  d'été 
en  1877.  La  dernière  et  la  plus  importante  des 
œuvres  du  compositeur  est  la  musique  d'un 
ballet  en  3  actes,  Yedda,  qni  a  été  représenté  à 
l'Opéra  le  17  janvier  1879. 

METTENLEITER  (Doaiimque),  prêtre  et 
écrivain  sur  la  musique,  était  frère  de  Jean- 
Georges  Mettenleiter  (dont  la  notice  se  trouve 
au  tome  IV  de  la  Biographie  universelle  des 
Musicie7is).  Né  le  22  mai  1822,  il  reçut  une 
bonne  éducation  littéraire  et  artistique,  entra 
dans  les  ordres,  et,  devenu  prêtre,  s'occupa 
très-activement  de  la  réforme  de  la  musique 
dans  les  églises.  Il  a  publié  une  Histoire  de  la 
musique  de  la  ville  de  Ratisbonne  (1866),  et 
une  Histoire  de  la  musique  du  Haut-Palati- 
nat  (1867).  Ces  deux  écrits  devaient  entrer  dans 
la  composition  d'un  ouvrage  plus  considérable, 
que  Mettenleiter  préparait  sous  ce  titre  :  His- 
toire de  la  musique  d'église  en  Bavière;  mais 
il  n'eut  pas  le  temps  de  publier  ce  dernier,  car 
il  mourut  le  2  mai  1868. 

METTEÎVLEITEU  (Johan> -Michel),  vio- 
loniste et  organiste  allemand,  n'appartenait  pas  à 
la  même  famille  que  le  précédent.  Uirecteurde  la 
chapelle  du  prince  de  la  Tour  et  Taxis,  il  a 
laissé  de  nombreuses  compositions  de  divers 
genres.  Cet  artiste  est  mort  à  Waltersten  le 
11  février  1859. 

METTEXLKITER  (Bernard)  ,  artiste 
allemand  contemporain,  s'est  fait  connaître  par 
quelijues  compositions.  Je  n'ai  pu  recueillir 
aucun  renseignement  sur  sa  personne  ou  sur 
sa  carrière. 

METZDORFF  (Bichako)  ,  compositeur 
allemand  contemporain,  fils  d'un  musicien  de 
chambre  qui  est,  je  crois,  professeur  au  Conser- 
vatoire de  Saint-Pétersbourg,  est  né  à  Dantzig. 
11  a  fait  ses  études  avec  MM.  Dehn  et  FI.  Geyer 
à  Berlin,  et  les  a  terminées  à  Saint-Pétersbourg, 
sous  la  direction  de  M.  H.  Stiehl.  M.  Metz.dorff 
s'est  fait  connaître  en  ces  dernières  années  par 
la  publication  et  la  production  d'un  nombre 
considérable  d'œuvres intéressantes,  soit  instru- 
mentales, soit  vocales,  qui  ont  été  bien  accueil- 
lies du  public.  Parmi  ses  compositions,  je  citerai 
les  suivantes  :  1"  symphonie  pour  orchestre,  op. 
16  (Brunswick, Litolff);  Frau  Alice,  ballade  pour 


210 


METZDORFF  —  MEYERBEER 


contralto  solo  et  chœur,  avec  accompagnement 
d'orchestre,  op.  22  ;  Rêverie  {Phnntasieslilck) 
pour  orchestre  ;  Caprice  pour  piano,  op.  20  ;  trios 
pour  piano  et  instruments  à  cordes  j  sonates  pour 
piano  ;  SchlumnierUeder,  3  morceaux  de  ciiant, 
op.  30;  Valse-impromptu  pour  piano,  op.  33 
(Brunswick,    Bauer)  ;     Quintette    pour   piano, 

2  violons,  alto  et  violoncelle,  op.  35  (id  ,  id.); 

3  Lieder  avec  piano,  o|».  36  (id.,  id.);  3  Lieder 
avec  piano,  op.  37  (id.,  id.);  3  Lieder  avec 
[liano,  op.  39  (id.,  iii.);  Metzdorff- Al- 
bum, recueil  de  chant  (Brunswick,  LilolfQ. 
M.  Metzdorff ,  qui,  je  crois,  est  fixé  depuis  plu- 
sieurs années  à  Brunswick,  a  abordé  une  fois  la 
scène;  il  a  fait  représenter  sur  le  théâtre  de 
Weimar,  en  1876,  un  opéra-comique  en  4  actes 
intitulé  Rosamunda. 

MEYER-DUSTMAXN  (Louise),  une  des 
meilleures  et  des  plus  célèbres  chanteuses  d'o- 
péra et  de  concertde  l'Allemagne,  e^t  née  en  1832 
à  Aachen,  reçut  de  sa  mère  ses  premières  leçons 
de  chant,  et  débuta  à  Vienne  en  1848  ,  au 
théâtre  Josephstadt.  Appelée  ensuite  à  Cassel, 
elle  se  perfectionna  dans  l'art  du  chant  drama- 
tique sous  la  direction  du  célèbre  Spohr.  A 
l'expiration  de  son  engagement  en  cette  ville, 
elle  se  fit  entendre  à  Prague,  puis  fut  engagée 
à  l'Opéra  impérial  de  Vienne  (1856),  où  elle 
acquit  le  plus  haut  degré  de  sa  renommée  comme 
première  chanteuse  dramatique.  Elle  prit  congé 
du  public  après  vingt  ans  de  service,  en  1876, 
et  se  retira  avec  une  pension  et  le  titre  de  can- 
tatrice de  la  cour.  Depuis  lors  elle  s'occupe  de 
fonder  à  Vienne  une  école  de  chant. 

La  voix  de  M'""  Meyer-Dustmann  était  un 
soprano  sonore  d'une  puissance  rare,  avec  un 
timbre  argentin  et  plein  de  brillant  dans  le  mé- 
dium. Cette  t;rande  artiste  chantait  avec  une 
vérité  d'expression  touchante,  avec  une  inspira- 
lion  véritable,  les  rôles  d'Iphigénie  ,|  d'Armide, 
de  Je.ssonda,  de  donna  Anna  [Don  Juan),  d'Eu- 
ryanlhe,  de  Valentine  (les  Huguenots) ,  de 
Marguerite  (Faust),  d'Eisa  (Lohcngrin),  d'Eli- 
sabeth (Tannhâuser),  d'Eve  {les  Maîtres  chan- 
teurs). Mais  elle  était  surtout  supérieure  dans 
Fidelio,  qu'elle  jouait  et  chantait  d'une  façon 
incomparable.  En  dehors  du  théâtre,  M'"*Meyer- 
iJuslmann  n'avait  pas  son  égale  pour  l'exécu- 
tion des  lieder,  et  elle  était  admirable  dans 
l'oratorio.  J.  B. 

MEYER-OLBEHSLEHEN     (J ), 

pianiste  et  compositeur  allemand  contemporain, 
s'est  fait  connaître  par  plusieurs  productions 
que  l'on  dit  intéressantes,  et  parmi  Ic'^iiuelles 
je  citerai  un  grand  concerto  de  piano  et  un  trio 
«n  mi    majeur  pour  piano,  violon    et  violon- 


celle. Je    n'ai  pas   d'autres  renseignements  sur 
cet  artiste. 

*  MEYERBEER  (Jacques -Lifbmann 
BEER,  connu  sous  le  nom  de),  né  à  Berlin 
le  23  septembre  1791  (1),  est  mort  à  PdHs  le  2 
mai  ISGi.  Je  n'ajouterai  que  quelques  rensei- 
gnements à  la  remarquable  notice  dont  cet  ar- 
tiste immortel  a  été  l'objet  dans  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens,  et  je  constaterai 
d'abord  que  la  dernière  grande  œuvre  du  maître, 
celle  dont  il  s'occupait  dès  avant  le  Prophète, 
mais  qu'il  ne  voulut  jamais  laisser  jouer  de  son 
vivant  parce  qu'il  ne  trouvait  pas  d'interprètes 
à  sa  convenance,  l'Africaine  enfin,  fut  repré- 
sentée à  l'Opéra  un  an  après  sa  mort,  le  28 
avril  1865.  Les  artistes  qui  prirent  part  à  l'exé- 
cution de  cet  ouvrage,  dont  le  succès  ne  fut 
pas  inférieur  à  celui  de  ses  aînés,  sont  MM.  Nau- 
din  (engagé  spécialement  à  cet  effet),  Faure,  Da- 
vid, Warot,  Castelmary,  Obin,  M'"^  Marie  Sax 
et  Marie  Battu. 

La  liste  des  œuvres  du  maître  se  complète 
de  la  façon  suivante  :  Musique  dramatique  : 
1''  l'Africaine,  grand  opéra  en  5  actes,  Opéra, 
28  avril  1865  (la  partition  de  cet  ouvrage  a  été 
publiée  par  l'éditeur  M.  Brandus,  qui  a  publié 
une  i<  deuxième  partie,  précédée  d'une  préface 
de  M.  Fétis  et  contenant  22  morceaux  et  fragments 
i  nédits,  qui  n'ont  pas  été  exécutés  à  la  représenta- 
tion de  l'Opéra  à  Paris  »);  2°  Introduction,  sé- 
rénade et  enlr'acte  pour  Murillo,  drame  repré- 
senté à  la  Comédie-Française  en  1853. — Cantates 
ET  CHOEURS  :  Cautule  pour  ténor  solo  et  chieur, 
composée  à  l'occasion  du  festival  donné  à  Paris, 
le  10  novembre  1859,  pour  la  célébration  du 
100"=  anniversaire  de  la  naissance  de  Schiller; 
Nice,  cantate,  hommage  pour  l'anniversaire  de 
S.  A.  L  M'"*^  la  grande-duchesse  Stéphanie  de 
Bade;  A  la  patrie,  Invocation  à  la  terre  na- 
tale, h's  Joyeux  Chasseurs,  le  C/)ant_des  Exilés, 
chœurs  pour  voix  d'hommes.  —  Musique  reli- 
gieuse :  Chant  tiré  de  l'Imitation  de  Jésus- 
Christ.  —  MÉLODIES  (  avec  accompagnement  de 
piano)  :  Confidence ,  le  Revenant  du  vieux 
château  de  Bade,  la  IS'onna.  —  Musique  i.xs- 

(I)  La  date  du  6  seplembrel794,  donnOe  dans  la  Biogra- 
phie universelle  des  .Musiciens,  provient  d'unefausse  rec- 
tlOcatioii.  Le  Jour  nuime  de  la  mort  du  maître  (î  mai  186»), 
on  écrivait  de  Berlin  à  la  lieviie  et  Gazette  music/ile  de 
l'uiis  :  —  Il  La  nouvelle  arrivie  aujourd'hui  par  le  té- 
légraphe de  la  mort  de  IMcyerbecr  a  produit  dans  noire 
ville,  où  11  est  né,  une  doiiloureuscsensallon.  D'après  les 
reRistrcs  de  la  commune  Israélite,  le  célèbre  composi- 
teur est  né  le  23  septembre  1791,  et  non  en  1794,  comme 
l'annoncent  la  plupart  des  bio^;raphes  dn  maître,  u 
D'ailleurs,  Us  lettres  [de  faire  part  adressées  par  la  la- 
nilllc  portaient  iiu'll  était  »  décédé  à  Paris,  le  2  mal  186*, 
.1  l';^;,'e  de  soixante-douze  ans.  » 


MEYERBEER  —  MÉZERAY 


217 


TRiMENTALE  :  1°  Quatrième  marche  aux  flam- 
beaux, pour  orchestre  militaire;  2"  Schiller- 
Marsch,  composée  et  exécutée  à  Pai  is  pour  le 
festival  organisé  à  l'occasion  de  l'anniversaire 
séculaire  de  la  naissance  de  Schiller;  3"  Marche 
du  Couronnement,  pour  deux  orchestres,  exé- 
cutée à  Kœnigsberg,  en  1861,  pour  le  sacre  du 
roi  de  Prusse  Guillaume  I"  ;  4"  Ouverture  en 
forme  démarche,  exécutée  à  la  séance  inaugurale 
de  l'Exposition  universelle  de  Londres,  en  1862. 
—  Parmi  les  compositions  de  Meyerbeer  restées 
inédites,  je  n'ai  connaissance  que  des  suivantes  : 
Chœurs  et  intermèdes  d'orchestre  pour  les  Eu- 
ménides ,  tragédie  d'Eschyle;  Entr'acte  (en  ré 
majeur)  pour  deux  violons,  alto,  llùtes,  haut- 
bois, clarinettes,  bassons,  cors  et  basses  (morceau 
magnifique,  dit-on ,  thématique,  et  fondé  sur 
un  dessin  de  trois  notes)  ;  20  mélodies  pour  les 
romances  du  roman  Schivarzwalderdorf-Ges- 
chichten  (Histoire  de  village  dans  la  Forêt- 
Noire),  d'Auerbach;  18  canzonette  de  Métas- 
tase; plusieurs  lieder,  écrits  à  Berlin  pour  une 
pièce  de  M""!  Birch-Pfeiffer  ;  Variations  pour 
piano,  sur  une  marche  originale  ;  Symphonie  con- 
certante pour  piano  et  violon ,  avec  accompa- 
gnement d'orchestre  (1). 

Les  écrits  suivants  ont  été  publiés  sur  Meyer- 
beer :  1°  Meyerbeer,  par  Eugène  (Jacquot)  deMi- 
recourt,  Paris,  Roret,  1854,  in-32  ;  2°  Meyerbeer, 
notes  biographiques ,"^^1-  Arthur  Pougin,  Paris, 
Tresse,  1864,  inl2  de  50  p.;  2°  Meyerbeer . 
sa  vie  et  le  catalogue  de  ses  œuvres,  par 
Albert  de  Lasalle,  Paris,  Dentu,  1864,  in-16; 
4°  La  Muse  de  l'harmonie  à  Meyerbeer,  stro- 
phes, par  Albert  Maurin,  Paris,  Dentu,  1864, 
in-8°  de  16  p.;  5°  Éloge  de  Meyerbeer,  par 
M.  Beulé,  Paris,  Firmin-Didot,  1865,  in-4''  (et 
Didier,  1865,  in-S");  6"  Meyerbeer,  sa  vie,  ses 
cetivres  et  son  temps,  par  Henri  Blaze  de  Bury, 
Paris,  Heugel,  1865,  in-8"  avec  portrait  et  auto- 
graphes (et  xMichel  Lévy,  in-r2)  ;  7°  Meyerbeer  et 
son  œuvre,  Haydn,  Mozart ,  Beethoven,  Ros- 
sini,  les  Concerts  populaires,  Thérésa ,  lettres 
d'un  campagnard  à  propos  de  V Africaine,  par 
Rustique  Froment,   Paris,  Faure,  s.  d.  (1866), 

(1)  11  faut  menlionner  encore  une  prière  et  une  scène 
ajoutées  à  la  partition  de  Robert  le  Diable,  lorsque 
M.  Mario  chanta  la  traduction  italienne  "de  cet  ouvrage, 
et  un  rondo  ajouté  pour  Mme  Alboni  à  la  traduction  ita- 
lienne des  Huguenols  ;  ces  morceaux  ont  été  publiés 
par  l'éditeur  M.  Brandus,  ainsi  que  trois  airs  de  ballet 
récemment  ajoutés  à  ce  dernier  ouvrage  et  restés  iné 
dits  jusqu'à  ces  dernières  années. 

Je  rectifle  ou  je  complète  ici  les  dates  de  représenta- 
tion de  trois  opéras  de  Meyerbeer  :  Romilda  e  Costanza, 
19  Juillet  1818;  Emma  di  Resburgo,  lil9;  il  Crociato 
in  Egitto,  26  décembre  182»;  les  Huguenots,  29  lévrier 
1I-3J;  le  Camp  de  Silésie,  7  décembre  18U. 


in-S"  carré  ;  8*  Meyerbeer,  poëme,  par  Jourdan 
de  Seule,  Arras,  Brissy,  1866,  in  8";  9*  Stances 
à  Meyerbeer,  par  G.  Romieux,  la  Rochelle,  Siret, 
1866,  in-S"  ;  10»  Giacomo  Meyerbeer,  eine  bio- 
graphie, par  Hermann  Mendel,  Berlin,  Hei- 
mann,  1868,-  11°  Giacomo  Meyerbeer,  sein 
leben'und  seine  werhe  {Giacomo  Meyerbeer,  sa 
vie  et  ses  œuvres),  fàr  Hermann  Mendel,  Berlin, 
Leisser,  1869;  Xi" Ins Despojos  de '^  la'Africana^ 
(  les  Débris  de  l'Africaine  ) ,  par  (Antonio 
Pena  y  Goni,  Madrid,  Médina,  s.  d.,  in-12.  (Cet 
écrit  intéressant  est  une  analyse  des  morceaux 
de  V Africaine  qui  ont  été  retranchés^  avant  la 
représentation,  et  dont,  ainsi  qu'on  l'a  vu  plus 
haut,  les  éditeurs  ont  fait  une  publication  par- 
culière  sous  ce  titre  :  Deuxième  partie  de  «  l'A- 
fricaine ».)  On  peut  encore  consulter,  au  sujet 
de  Meyerbeer,  les  articles  suivants,  parus  dans 
divers  recueils  :  Jacomo  Meyerbeer,  par  Jo- 
seph d'Ortigue  (Revue  de  Paris,  1831); 
M.  Meyerbeer,  par  Léon  Kreutzer  (Revue  con- 
temporaine, 1853)  ;  Meyerbeer,  par  H.  Blaze  de 
Bury  (Correspondant,  1864);  Giacomo  Meyer- 
beer, par  le  baron  Ernouf  (Revue  contempo- 
raine, 1864);  la  yéritésur  Meyerbeer  à  propos 
de."  l'Africaine  »  ,  par  Joseph  d'Ortigue  (le 
Correspondant,  2^  juin  1865);  Meyerbeer  pia- 
niste et  compositeur  de  musique  religieuse, 
par  Maurice  Cristal  (le  Correspondant,  10  oc- 
tobre 1868). 

MEYROOS  (H.  A.),  violoniste,  né  à  En- 
khuizen  en  1830,  est  un  élève  de  J.  B.  van  Bree 
et  a  fini  ses  études  au  Conservatoire  de  musique 
de  Leipsick.  Depuis  1862  il  est  maître  de  cha- 
pelle des  concerts  philharmoniques  à  Arnhem. 
M.  Meyroos  a  publié  quelques  compositions  de 
peu  d'importance.  Ed.  de  H. 

MÉZERAY  (Lodis-Charles- Lazare  COS- 
TARD  DE),  compositeur  et  chef  d'orchestre,  né 
à  Brunswick,  ville  hanséatique,  le  25  novembre 
1810,  est  le  fils  d'un  employé  dans  l'administiation 
française,  du  nom  de  Costard.  Après  les  évé- 
nements de  1814,  le  duc  de  Brunswick  ayant  été 
tué ,  M.  Costard  resta  sans  emploi.  Rentré  en 
France  sous  la  Restauration,  il  résolut  avec  sa 
femme  de  tirer  parti  des  talents  musicaux  qu'ils 
possédaient  tous  deux.  Ils  s'engagèrent  au  théâ- 
tre de  Strasbourg,  le  mari  comme  première 
basse- taille,  la  femme  comme  première  duègne, 
et  prirent  pour  nom  de  théâtre  celui  de  Méze- 
ray,  qu'avait  porté  jadis  le  grand-père  mater- 
nel de  M.  Costard,  M.  de  Mézeray,  receveur 
des  tailles  à  Montargis, 

Le  jeune  Coslard-Mézeray  manifesta,  dès  son 
enfance,  des  dispositions  particulières  pour  la 
musique;  mais  d'une  coraplexion  fort  délicate. 


218 


MÉZERAY 


il  ne  put  commencer  le  solfège  que  vers  dix  ou 
douze  ans;  il  est  vrai  de  dire  qu'il  rattrapa  bien 
vite  le  temps  perdu.  Il  avait  une  voix  de  so- 
prano charmante.  A  treize  ans  il  prit  ses  pre- 
mières leçons  de  violon.  Ses  progrès  musicaux 
furent  si  rapides,  qu'à  l'âge  de  quinze  ans  il 
était  déjà  deuxième  chef  d'orchestre  et  répéti- 
teur des  chœurs  au  théâtre  de  Strasbourg.  Il 
conomença  à  apprendre  la  composition  avec  le 
chef  d'orchestre  Talliez,  et  un  peu  plus  tard 
prit  des  leçons  plus  sérieuses  d'harmonie  avec 
Wachental,  organiste  de  la  cathédrale  de  Stras- 
bourg. 

En  1825,  M.  Mézeray  fit  représenter  au  théâ- 
tre de  Strasbourg  un  petit  opéra-comique  :  le 
Sicilien  ou  l'Amour  peintre,  sur  le  poème  de 
Molière  arrangé  par  l'acteur  Perlet,du  Gymnase. 
M.  Mézeray  père,  le  ténor  de  Rancourt,  la  pre- 
mière chanteuse  madame  Boulanl,  la  Dugazon 
M""^  Deschanel,  chantèrent  cet  ouvrage,  qui  eut 
quelques  représentations.  Peu  de  temps  aupa- 
ravant, M.  Mézeray,  enthousiaste  de  la  musique 
de  Weber,  s'était  essayé,  en  composant  pour  la 
basse-taille  DuporI,  chargé  du  rôle  de  l'Her- 
mite  dans  le  Petit  Chaperon  rouge,  un  grand 
air  dans  le  style  allemand,  dont  un  ténor  nommé 
Cobourg  lui  avait  fourni  les  paroles.  Ignorant 
quel  était  l'auteur  de  cette  musique  colorée,  tous 
les  musiciens  de  l'orchestre  s'extasièrent  .sur  ce 
morceau  :  le  jeune  Mézeray  s'étant  nommé,  chan- 
gement complet  de  physionomies,  et  ce  fut  à  qui 
trouverait  des  fautes  dans  sa  composition.,. C'est 
là  l'histoire  éternelle  de  tous  les  débutants 
qui  possèlent  quelque  talent  ! 

A  peu  de  temps  de  là,  nous  retrouvons  la 
famille  Costard-Mézeray,  le  père  et  la  mère  en- 
gagés an  théâtre  comme  chanteurs,  et  le  jeune 
Charles  remplissant  les  fonctions  de  deuxième 
chef  d'orchestre;  mais  l'ambition  de  ce  dernier 
était  d'être  chef  en  premier  ;  et  peu  de  temps 
après,  il  dirigeait  en  cette  qualité,  à  Verviers, 
un  petit  orchestre  qui  n'était  composé,  il  est 
vrai,  que  de  douze  musiciens!  C'est  là  qu'il  di- 
rigea le  premier  concert  d'un  jeune  enfant  pro- 
dige qui  devait,  plus  tard,  beaucoup  faire  parler 
dç  lui  dans  le  monde  musical  :  le  violoniste 
Vieuxtemps. 

C'est  pendant  qu'il  occupait  cette  modeste 
position  à  Verviers  que  le  jeune  Costard-Méze- 
ray, par  un  coup  du  sort  aussi  extraordinaire 
qu'imprévu,  fut  mandé  au  Graml-Tliéàtre  de 
Liège,  et  y  reçut  la  proposition  d'en  diriger 
l'orchestre  en  qualité  de  premier  chef.  Saisis- 
sant, comme  on  dit,  la  balle  au  bond,  le 
jeune  chef  d'orchestre  de  dix-sept  ans,  doué 
d'une  force  de  volonté  peu  comrauQe,  et  sen- 


tant bien  que  l'occasion  qui  s'offrait  à  lui  ne  se 
représenterait  pas  de  longtemps,  fit  des  prodiges, 
et  se  montra  si  bien  à  la  hauteur  de  sa  nouvelle 
tâche  que  DansNoigne-Méhul  n'hésita  pas,  quel- 
que temps  après ,  à  lui  confier  la  conduite  des 
concerts  du  Conservatoire  de  Liège,  dont  il  était 
alors  le  directeur.  Le  jeune  Mézeray  obtint 
encore,  dans  cette  même  ville  de  Liège,  la  direc- 
tion des  concerts  Grétry. 

En  1830,  M.  Mézeray  était  installé  à  la  Haye, 
au  Théâtre-Royal,  cette  fois  en  qualité  de  pre- 
mier chef  d'orchestre.  C'est  là   qu'il    donna , 
en   183'2    (il   avait  vingt-deux  ans),   un   grand 
opéra  héroïque  en  3  actes  de  sa  composition , 
Guillaume   de   Nassau ,   qui  fut  chanté  par 
M'"^»    Bailly    et   Borsun  ,    MM.   Gustave   Biès 
et  Léon   Bizot.   Cet  ouvrage   obtint  un  succès 
exceptionnel.  Guillaume  V  en  accepta  la  dédi- 
cace, et  envoya  à  l'auteur  une  superbe  bague 
en   brillants.   M.  Mézeray   avait  alors,   comme 
premier  chef  d'orchestre  du  Théâtre-Royal,  une 
position     magnifique.  Le      roi     de    Hollande 
lui  faisait  12,000  fr.  sur  sa  cassette.  «  Il  ne  faut 
pas  rester  ici  avec  votre  talent;  votre  place  est 
à  Paris,    »  dirent  à  M.  Mézeray  les   musiciens 
de  La  Haye,  dont  beaucoup  sans  doute  étaient 
sincères.  On  croyait  alors,  dans  les  orchestres 
importants,  de  la  meilleure  foi  du  monde,  que 
lorsqu'un  compositeur  possédait  réellement  du 
talent,  il  lui  suffisait  d'aller  à  Paris  pour  être  de 
suite  apprécié  à  sa  juste  valeur.  Le  temps  et 
les  chemins  de  fer  ont  fait  justice  de  ces  belles 
illusions...  M    Mézeray  sacrifia  donc  sa  place. 
Arrivé  dans  la   capitale    en   1833  muni   d'une 
lettre  de  recommandation  pour  Rossini,  de  son 
ex-directeur  Auguste  Nourrit,  l'auteur  de  Guil- 
laume de  IS'assau ,  comme  tant  d'autres,  des 
plus  méritants,  se  vit  sur  le  pavé  de  Paris  sans 
position,  sans  titre,  sans  espoir  d'arriver  à  se 
faire  représenter.  «  Composez  quelques  roman- 
ces pour  vous  faire  connaître,  «  lui  dirent  des 
éditeurs  compatissants....  Après  avoir  cependant 
travaillé  sérieusement  le  contre- point  et  la  fugue 
avec  Reicba,  !M.  Mézeray  s'engagea  tour  à  tour 
comme  chef  d'orchestre  à  Gand  (1834),  à  Rouen, 
à  Marseille.  Puis,  il  se  lit  baryton;  et  ce  n'est 
pas  là  assurément  le  trait  le  moins  original  de 
sa  vie  accidentée.  Il  débuta  à  Bordeaux  en  18 il , 
dans  le  rôle  d'Asthon  de  Lucie  ;  |Hiis  il  alla  à  Mont- 
pellier, à  Anvers  et  à  Nantes,  obligé  de  quitter 
successivement  les  théâtres  de  ces  villes,  par 
suite  de  la  banqueroute  de  leurs  entrepreneurs. 
M.  Mézeray  était  à  Nantes,  en  dernier  lieu,  et 
sans  position,  quand  M.  Devéria,  directeur  du 
Grand-Théâtre  de  Bordeaux,  lui  écrivit  pour  lui 
proposer  le  fauteuil  de  premier  chef  d'orches- 


MEZERAY  —  MICELI 


219 


tre,  avec  5,000  fr.  d'appointemenls,  un  béné- 
fice, et  carte  blanche  pour  la  réorganisation 
complète  de  l'orcheMre. 

M.  Mézeray  accepta,  et,  de  concert  avec 
M.  Durand,  l'arcliitccte  delà  ville,  il  fit  agrandir 
l'orchestre  des  musiciens,  engagea  des  artistes 
de  premier  mérite,  et  peu  de  temps  après  (1843) 
le  Grand-Théâtre  rouvrit  ses  portes  au  public, 
en  donnant  la  Favorite  avec  un  succès  excep- 
tionnel. Après  tant  de  courses  et  de  tentatives, 
M.  Mézeray  était  enfin  arrivé  au  port.  Son  ta- 
lent éprouvé  de  musicien,  son  habileté  incontes- 
table, sa  fermeté  ,  son  expérience  de  chef  d'or- 
chestre et  sa  volonté  de  fer  furent  appréciés  à 
leur  juste  et  haute  valeur.  Et  depuis  32  ans 
(sauf  deux  absences  insignifiantes  pour  se  rendre 
à  Toulouse  et  à  Marseille),  M.  Mézeray  est  resté 
possesseur  du  bâton  de  commandement  qu'il 
tient  encore  aujourd'hui  (1875),  et  qui,  dans 
ses  mains,  est  devenu   un  véritable  sceptre. 

Le  19  novembre  1843,  M.  Mézeray  fonda  la 
Société  Sainte-Cécile,  dont  il  fut  nommé  vice- 
président  à  l'unanimité.  Nous  jugeons  inutile  de 
nous  étendre  sur  les  services  nombreux  que 
cette  utile  institution  a  rendus  aux  artistes 
d'abord  ,  comme  société  de  bienfaisance  ;  à  l'art 
ensuite,  par  ses  brillants  festivals,  par  ses 
classes,  par  ses  concours  de  composition  et 
d'orphéons ,  etc.,  etc.  Toujours  sur  la  brèche, 
M.  Mézeray  a  vaillamment  concouru  pour  sa 
bonne  part  à  tout  ce  qui  s'est  fait  de  bon,  de 
grand  et  d'utile  dans  cette  Société. 

Marié  en  1S45,  M.  Mézeray  est  le  père  de 
M""  Caroline,  Cécile  et  Reine  Mézeray ,  canta- 
trices expérimentées  qui  se  sont  déjà  fait  enten- 
dre sur  plusieurs  scènes  importantes  de  France 
et  de  Belgique.  A.  L — >. 

*  MIARl  (Antoine,  comte  DE),  compo- 
siteur, est  mort  à  Bellune,  sa  ville  natale,  en 
1854. 

MICELI  (Giorgio),  pianiste,  chef  d'orches- 
tre et  compositeur,  est  né  le  21  octobre  1836,  à 
Reggio  de  Calabre  ,  d'une  famille  aisée.  Dès  l'âge 
de  sept  ans  il  commença  l'étude  de  la  musique  , 
dont  un  oncle  maternel  lui  enseigna  les  premiers 
éléments.  Son  père,  impliqué  dans  la  révolution 
de  1847,  ayant  été  condamné  aux  galères,  l'enfant 
fut  conduit  à  Naples  à  la  suite  de  l'amnistie  de 
1848,  et  devint  en  cette  ville  l'élève  de  Gallo  d'a- 
bord, puis  de  Giuseppe  Lillo,  sous  la  direction  du- 
quel il  fit  de  très-grands  progrès.  Il  était  à  peine 
âgé  de  seize  ans  lorsqu'en  1852  il  donna  au  théâtre 
Nuovo  un  petit  opéra,  Zoé,  qui  n'obtint  pas 
moins  de  quarante  représentations.  Moins  heu- 
reux l'année  suivante,  il  donna  un  second  ou- 
vrage, gli  Avianti  sessagenarii,  qui  ne  plut 


que  médiocrement.  Il  prenait  sa  revanche  de 
cet  insuccès  en  produisant  au  théâtre  du  Fondo, 
en  1854,  il  Conte  di  Hossiglinne,  lorsque,  après 
sept  représentations  de  cet  opéra,  la  police  na- 
politaine n'hésita  pas  à  l'interdire,  en  haine  du 
nom  de  l'auteur,  dont  la  famille  eut  à  subir  jus- 
qu'en 1860,  époque  de  l'annexion  du  royaume 
de  Naples  à  l'Italie,  les  colères  et  les  basses 
rancunes  du  gouvernement  des  Bourbons. 

M.  Miceli  se  vit  alors  réduit  à  se  consacrer 
à  l'enseignement  du  piano  et  du  chant,  ce  qui 
ne  l'empêcha  pas  de  publier  plusieurs  recueils 
de  mélodies  vocales  et  quelques  compositions 
pour  le  piano.  Puis,  en  1864  et  1865,  il  prit  part  à 
divers  concours  dont  il  sortit  vainqueur,  notam- 
ment à  Naples  et  à  Florence,  où  il  vit  cou- 
ronner un  trio  et  un  quatuor  instrumental  de 
sa  composition.  En  1870  il  écrivit  pour  les  fêtes 
de  l'Exposition  maritime  de  Naples  une  Sérénade 
avec  mandoline  et  guitare  qui  fut  bien  accueillie, 
et  l'année  suivante  il  donna  avec  succès ,  au 
théâtre  Nuovo,  un  opéra  semi-sérieux  intitulé 
l'Ombra  bianca.  Créé  chevalier  de  l'ordre  de 
la  Couronne  d'Italie  et  nommé  directeur  d'une 
école  de  chant,  il  fit  encore  représenter,  le  17 
avril  1875,  sur  le  théâtre  de  la  Société  philo- 
dramatique de  Naples,  une  opérette  intitulée 
la  Fata,  qui  fut  jouée  ensuite  au  Politeama  de 
la  même  ville.  Enfin  il  adonné  le  12  mars  1878, 
au  grand  théâtre  San-Carlo,  un  drame  lyrique 
en  4  actes,  il  Convitto  di  Baldassare,  qui  a 
obtenu  un  succès  Irès-rnarqué,  et  dont  la  parti- 
lion,  paraîl-il,  se  distingue  par  la  largeur  du 
style,  la  beauté  de  l'inspiration,  et  de  rares  qua- 
lités de  facture  et  d'instrumentation.  —  M.  Mi- 
celi a  occupé  et,  je  crois,  occupe  encore  les 
fonctions  de  chef  d'orchestre  au  Politeama  de 
Naples. 

Parmi  les  œuvres  que  M.  Miceli  a  publiées  en 
dehors  du  théâtre,  je  citerai  les  suivantes  : 
1°  Trio  (en  ut  majeur)  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle; 2' Quatuor  (en  Za  majeur)  pour  piano, 
violon,  alto  et  violoncelle,  couronné  au  concours 
de  la  Società  del  Quarteito  de  Florence;  3°lnno 
alla  marina  italiana;  4°  Canto  dei  mari- 
nari  délia  flotta  italiana;  5°  Souvenir  de 
Florence ,  album  de  six  morceaux  de  piano  ; 
6°  Lagrime  e  Speranze,  album  de  cinq  mor- 
ceaux de  chant;  1°  Sospiri  dell'anima,  id.; 
8°  Serenata,  chanir  pour  soprani,  ténors  et 
basses;  9"  un  certain  nombre  de  morceaux  de 
genre  pour  piano.  On  doit  aussi  à  M.  Miceli 
un  Miserere  pour  voix  de  femmes  avec  accom- 
pagnement de  double  quatuor,  harmonium, 
harpe  et  cor  anglais,  qui  a  été  exécuté  avec 
I  succès  dans  diverses  églises  de  Naples,  et  qui 


220 


MICELI  —  MICHEUZ 


_^t  )vva4- 


est  considéré  comme  une  œuvre  extrêmement 
remarquable. 

MICIIAELIS  (G ),  pianiste  et  compo- 
siteur allenuurJ  contein[iorain,  a  publié  dans  ces 
dernières  années  plus  de  cent  œuvres  de  piano, 
consistant  en  petits  morceaux  de  genre  et  de 
musique  de  danse  :  polkas,  valses,  galops,  etc. 
Un  artiste  de  ce  nom  tjignore  si  c'est  le  même) 
a  fait  représenter  au  mois  de  juillet  18C6  à  Ber- 
lin, sur  le  théâtre  Walltersdorf,  un  opéra  bur- 
lesque en  2  actes  intitulé  la  Maison  ensorce- 
lée, et  au  mois  de  décembre  suivant  une  opé- 
rette qui  avait  pour  titre  Avant  les  noces. 

MICHLL,  est  le  nom  sous  lequel  se  lit  con- 
naître à  Paris,  vers  le  commencement  du  dix- 
huitième  siècle,  un  violoniste  italien,  ou  peut- 
être  simplement  né  en  Italie.  Je  n'ai  trouvé 
d'autre  renseignement  sur  lui  que  ces  lignes 
écrites  par  Daquin  dans  son  Siècle  littéraire 
de  Louis  XV  (1753),  au  chapitre  concernant 
les  violonistes  :  —  «  M.  Michel,  Napolitain,  au- 
teur encore  vivant,  mit  au  jour  à  peu  près  dans 
le  même  temps  (que  Senaillé),  huit  livres  de  so- 
nates dans  le  goût  français,  qui  plurent  beau- 
coup. Sa  renommée  bien  établie  ne  souffre  point 
des  nouveautés  modernes.  La  facilité  de  jouer 
ses  pièces,  et  la  beauté  de  plusieurs,  entretien- 
nent toujours  leur  débit,  et  ma  surprise  est  que 
la  mode  courante  ne  puisse  pas  en  interrompre 
le  cours.  » 

MICHEL  (Camille),  né  vers  1825,  apprit 
de  bonne  heure  les  premiers  éléments  de  la  mu- 
sique, étudia  le  piano  d'une  façon  rudimentaire, 
puis  entra  comme  employé  dans  l'une  des  pre- 
mières maisons  de  commerce  de  musique  de 
Paris,  la  maison  Brandus.  Il  quitta  ensuite  son 
emploi  pour  se  faire  comédien,  et  fut  engagé 
dans  un  des  petits  théâtres  de  banlieue.  En  1855, 
il  entra  aux  Folies-Concertantes  (plus  tard  Folies- 
Nouvelles)  pour  y  chanter  l'opérette,  et  passa, 
au  bout  de  plusieurs  années,  aux  Délassements- 
Comiques,  puis  aux  Folies-Dramatiques.  Cet  ar- 
tiste est  mort  fou,  il  y  a  quelques  années.  Il  avait 
publié  quelques  romances  et  quelques  morceaux 
de  musique  de  danse  pour  le  piano,  et  écrit  la 
musique  de  deux  opérettes  :  l»  A  bon  chat,  bon 
rat  (un  acte,  Délassements-Comiques,  18G0); 
2°  Encore  wn  sapeur  (un  acte,  Folies- Saint- 
Antoine,  1866). 

MICHEL   (P -A ),  est    auteur  de 

l'écrit  intitulé  T/l (7  musical,  imité  de  l'Art  poé- 
tique de  Roileau  (Paris,   185'i,  in-8"). 

MICHEL  (JosF.r-n),  pianiste  el  compo.siteur 
belge,  né  à  Liège  le  13  décembre  1847,  a  fait 
ses  études  musicales  au  Conservatoire  de  cette 
ville,  où  il  obtint  en  1868  un  premier   prix  de 


piano,  et  en  1869  la  médaille  aux  concours  su- 
périeurs. Il  vint  ensuite  à  Paris,  mais  il  n'y  resta 
que  peu  de  temps,  et  retourna  en  Belgique 
en  1870.  Il  se  livra  alors  à  la  composition,  pu- 
blia un  recueil  de  mélodies  vocales,  puis  songea 
à  aborder  le  théâtre.  Son  premier  ouvrage  fut 
un  opéra-comique  en  un  acte,  la  Meunière  de 
Saventhem,  qui  fut  représenté  à  Liège  le  23  fé- 
vrier 1872,  et  qui  fut  suivi,  le  19  décembre  de 
la  même  année,  d'un  nouvel  opéra,  les  Cheva- 
liers de  Tolède,  donné  au  même  théâtre.  Le  25 
février  1875,  M.  Joseph  Michel  faisait  jouer  une 
opérette  en  un  acte,  31.  Canardier,  s.  v.  p., 
et  enfin,  au  mois  d'avril  1876,  il  donnait  au 
théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bruxelles,  un  qua- 
trième ouvrage,  Aux  Avant-postes ,  opéra- 
comique  en  un  acte.  Cet  artiste  a  écrit  aussi 
quelques  morceaux  de  musique  militaire  et  diver- 
ses compositions  religieuses,  et  il  a  fait  exécuter 
à  Liège,  dans  une  fête  officielle  (mai  ou  juin  1877), 
une  cantate  patriotique  intitulée  la  Visite 
royale.  M.  Michel  a  publié  un  recueil  de  20  Mé- 
lodies (Bruxelles,  Katto),  un  Album  de  concert 
pour  piano  (Bruxelles,  Schott),  une  Méditation 
pour  piano,  orgue,  violon  et  violoncelle,  6  Mor- 
ceaux caractéristiques  pour  piano,  etc. 

*  MICHELI  (DoMENico),  prêtre  et  composi- 
teur italien  du  seizième  siècle,  naquit  à  Bologne, 
et  vécut  longtemps  loin  de  cette  ville.  On  voit 
en  effet,  par  les  diverses  dédicaces  de  ses  œu- 
vres publiées,  qu'il  habitait  Cesena  en  1577,  Ra- 
venne  en  1581,  el  "Venise  en  1584.  Pourtant,  à  la 
mort  de  Slefano  Bettini,  en  1577,  il  fit  par  écrit 
la  demande  de  l'emploi  de  maître  de  chapelle  de 
la  basilique  de  San-Petronio,  de  Bologne  ;  mais  sa 
demande  arriva  trop  tard,  alors  que  Bartoloraeo 
Spontone  venait  d'être  nommé  à  ces  fonctions. 
Ce  n'est  que  vers  1588  qu'il  revint  dans  sa  ville 
natale  ;  c'est  du  moins  à  cette  époque  qu'il  y  fut 
nommé  maître  du  chant  à  la  cathédrale  Saint- 
Pierre,  emploi  qu'il  échangea,  l'année  suivante, 
contre  celui  de  maître  de  chapelle.  A  partir  de 
ce  dernier  moment,  on  ne  rencontre  sur  lui  au- 
cun renseignement. 

Domenico  Micheli  a  publié  cinq  livres  de  ma- 
drigaux, dont  le  dernier  parut  à  Venise  en  1581. 
On  lui  doit  aussi  un  recueil  de  cinq  messes  : 
Missarum  quinque  cum  quinque  vocdms 
{l"Missa  Vent  Sponsa  Cliristi  ;2°  Missa  Primi 
Toni  ;  3"  Missa  Drevis  ;  4"  Missa  sine  nomine; 
5°  Missa  pro  Defunctis),  Venise,  Gardano, 
1584. 

*  MICHELI  (Benedetto).  Cet  artiste  a  fait 
représentera  Rome,  en  1723,  sur  le  théâtre  Ca- 
pranica,  un  opéra  intitulé  l'Oreste. 

MICHEUZ  (Georges),  pianiste,  professeur  et 


MICHEUZ  —  MILCZARSKI 


221 


compositeur,  né  vers  1815  et  fixé  à  Paris,  s'est 
livré  à  l'enseignement  et  a  publié  pour  le  piano 
environ  cent  cinquante  morceaux  de  genre  qui 
sont  faits  non  sans  goût,  mais  qui  n'ont  pas  pu 
réussira  faire  sortir  son  nom  de  l'obscurilé.  Au 
nombre  de  ces  compositions,  parmi  lesquelles  on 
peutsurloutciter  les  deux  recueils  intitulés  i'c/«os 
de  Hongrie,  op.  50,  et  Six  Mélodies  stjmpalhi- 
qiies,  op.  112,  se  trouvent  beaucoup  de  fantaisies 
écrites  sur  des  mélodies  célèbres  et  des  thèmes 
d'opéras  en  vogue.  M.  Micheuz  a  fait  aussi,  pour 
piano  seul,  les  réductions  de  beaucoup  de  (larti- 
tions  d'opéras  et  de  toute  une  série  de  sym- 
phonies d'Haydn. 

MICHIELS  VAIV  KESSEIVICH  (Le 
baron  J.-A.-H.),  écrivain  hollandais,  né  à  Ru- 
remonde  le  2  avril  1800,  est  l'auteur  d'un  ou- 
vrage intitulé  De  la  Musique  (Ruremonde,  J.- 
J.  Roman,  1858,  un  vol.  in- 16).  Il  a  pris  pour 
épigraphe  de  son  livre  cette  phrase  modeste  :  Je 
n'entends  rien  apprendre  à  personne,  et  on 
le  croit  sans  peine  après  l'avoir  lu.  Mais  à  quoi 
bon  écrire,  lorsqu'on  n'a  rien  à  enseigner  aux 
autres  ?  Pourquoi  surtout  avoir  la  prétention  d'é- 
crire en  français,  lorsqu'on  ne  connaît  pas  les 
premiers  éléments  de  cette  langue,  et  qu'on  ne 
trace  que  des  phrases  dépourvues  de  sens  et 
absolument  inintelligibles.? 

MICHON  ( ),  musicien  français  du  dix- 
huitième  siècle,  est  l'auteur  d'un  recueil  d'airs 
pour  vielle  ou  musette,  publié  sous  ce  titre  : 
Amusements  de  chambre,  avec  basse  continue , 
dédié  à  M.  Lerehours,  conseiller  au  Parlement. 

MIGLIACCIO  ( ),  compositeur  ita- 
lien, est  l'auteur  d'un  opéra-bouffe,  una  Moglie 
per  un  solda,  qui  a  été  représenté  sur  le  théâtre 
Nuovo,  deNaples,  le  14  janvier  1874.  C'était  le 
premier  essai  de  ce  jeune  artiste,  essai  qui  a  été 
très-favorablement  accueilli.  M.  Migliaccio  a 
donné  ensuite^  toujours  à  Naples,  un  autre  ou- 
vrage du  même  genre,  Cicco  e  Rienzo,  qui  n'a 
pas  été  moins  heureux. 

*MILA.\OLLO  (Maria-Teresa  et  Maria), 
violonistes  célèbres  (1).  On  a  publié  sur  ces  deux 
grandes  artistes,  dont  l'une  mourut  si  jeune,  et 
dont  l'aînée  est  aujourd'hui  M""=  Parmentier,  une 
notice  signée  des  initiales  C.  M.,  et  intitulée  : 
Thérésa  Milunollo  et  Maria  Milanollo  [s.  l. 
n.d.  [Nantes,  impr.  MellinetJ  in-S").  C'est  un  ex- 
trait d'un  journal  de  Nantes  :/e5re<on. Une  autre 
notice,  sans  signature  d'aucune  sorte,  a  paru  sous 
ce  titre  :  les  Sœur  s  Milanollo,  études  biographi- 


(I)  Les  deux  seuls  prénoms  de  la  sœur  aînée  sont  Maria- 
reî-fsa.  La  sœur  cadette,  Maria,  était  née  à  Savigliano 
le  ISjuin  1832. 


ques,  artistiques  et  morales  (Lyon,  Girard  et 
Guyet,  1847,  in-S"  de  36  p.) 

Quelques  erreurs  se  sont  produites  dans  la  no- 
tice consacrée  à  ces  deux  artistes  célèbres.  Leur 
pèreétait,nonmenuisier,maisfabricantdemoulins 
à  soie,  et  la  famille  n'était  point  composée  de  treize 
enfants.  Lorsqu'elle  quitta  Savigliano  en  1836,  cette 
famille  comprenait  seulement  quatre  enfants 
^ivants  (un  cinquième  était  mort  en  bas  âge); 
le  père  ^lilanollo  eut  en  tout  dix  enfants,  dont 
cinq  nés  pendant  les  voyages  qu'il  fit  avec  ses 
deux  tilles  violonistes.  Teresa  n'a  jamais  eu  de 
leçons  de  M.  Ghebart  (Voy.  ce  nom)  (1),  et  l'un 
de  ses  professeurs  fut  M.  Giovaimi  Morra  (et 
non  Mora),  qui  vit  encore  à  Turin.  Enfin,  la 
propriété  achetée  par  Milanollo  père  était  située 
à  Maizéville,  et  non  Malezeville. 

M"*  Teresa  Miianollo-Parmentier,  qui,  depuis 
longtemps  déjà,  a  renoncé  à  se  produire  eu  pu- 
blic, et  ne  s'est  plus  fait  entendre  que  dans  des 
concerts  de  bienfaisance,  n'a  pas  écrit  de  con- 
certo, comme  il  a  été  dit  ;  mais  elle  a  publié  les 
compositions  suivantes  :  Fantaisie  élégiaque 
pour  violon,  avec  piano,  op.  1,  Paris,  Brandus  ; 
Ave  Maria,  chœur  à  4  voix  d'hommes  sans 
accompagnement,  op.  2,  Paris,  Lebeau  (le  même 
pour  soprano,  contralto,  ténor  et  basse,  avec 
accompagnement  d'orgue  ad  libitum)  ;  2  Ro- 
mances :  le  Baptême,  Extase,  op.  3,  Paris, 
Heinz;  Ave  Maria  de  Schubert,  transcrit  pour 
violon,  avec  piano,  op.  4,  Paris,  Scholt;  Varia- 
tions humoiistiques  sur  l'air  de  Malbrough, 
pour  violon  avec  piano,  ou  quatuor,  op.  5,  Paris, 
Maho  ;  Variations  humoristiques  sur  le  Rhein- 
weinlied,  d'André,  pour  violon,  avec  piano  ou 
quatuor,  op.  6.  {Voyez  Parmentier.) 

MILAI\TA(Evil),  néàCasalmaggioreversIe 
milieu  du  dix-septième  siècle,  devint  en  1682 
maître  de  chapelle  de  San-Biagio.  Cet  artiste  a 
publié  des  recueils  de  canons  et  contrepoints  dé- 
diés par  lui  à  divers  princes  et  seigneurs  d'Italie. 
11  était  membre  de  l'Académie  des  Philharmoni- 
ques de  Bologne,  et  mourut  le  21  octobre  1712. 

MILCZARSKI  (Mathieu),  facteur  d'orgues 
polonais,  établi  à  Varsovie,  est  né  dans  la 
première  moitié  de  ce  siècle,  et  s'est  acquis  dans 
sa  patrie  une  grande  réputation  pour  la  construc- 
tion des  orgues.  «■  M.  Milczarski,  dit  M.  Albert 
Sowinski,  contribua  beaucoup  à  créer  en  Pologne 
l'imlustrie  de  la  fabrication  des  orgues;  il  y 
parvint  à  force  de  zèle  et  de  travaux  infatigables. 
Artiste  consciencieux,  jaloux  de  la  gloire  natio- 
nale, cet  habile  constructeur  d'orgues  dota  la 
ville  de  Varsovie  de  plusieurs  instruments  remar- 

II)  Qui  est  écrit  Cebbaro  dans  la  Biographie  universelle 
des  IHusiciens,-i  l'arlicle  Milanollo. 


C)-')C) 


MILCZARSRI 


xMILLŒCKER 


quables,  qui  attestent  de  ses.heureux  efforts  pour 
mettre  cette  industrie  à  la  hauteur  des  besoins 
du  siècle.  » 

*  MILD\ER  (Mai'rici-),  chef  d'orchestre 
du  théâtre  allemand  de  Prague,  professeur  de 
violon  au  Conservatoire,  est  mort  en  cette  ville 
le  4  décembre  1865. 

MILHES  (Isidore),  professeur  français,  est 
l'auteur  d'un  ouvrage  publié  sous  ce  titre  :  le. 
Guide  du  chanteur,  traité  de  Vart  du  chant 
pratique,  de  son  perfectionnement  et  de  tous 
ses  agréments,  leur  dénomination,  leur  clas- 
sification, leur  rapport  et  leur  différence. 

Un  artiste  du  nom  de  Milhès  (j'ignore  si  c'est 
le  même),  a  composé  et  fait  exécuter  en  1867,  à 
l'occasion  de  l'inauguration  de  la  statue  de  Ro- 
trou  à  Dreux,  sa  ville  natale,  la  musique  d'une 
Cantate  à  Rotrou,  dont  les  paroles  avaient 
été  écrites  par  M""'  la  comtesse  Olympe  Milon 
de  Lernay,  petite-nièce  du  célèbre  poëte. 

MIIJLOTTI  (GiLSEPPE  et  Leopoldo)  ,  com- 
positeurs et  professeurs  italiens,  sont  fixés  à 
Rome,  où  ces  deux  frères  ont  écrit  en  collabora- 
tion la  musique  de  deux  opérettes  qui  ont  été 
très-bien  accueillies  au  théâtre  Quirino,  de 
cette  ville  ;  l'une,  la  Vendetta  d'un  follette,  a 
été  jouée  au  mois  de  juin  1875,  et  la  seconde,  un 
Sogiio  nella  luna,  a  été  représentée  le  15  octo- 
bre suivant.  M.  Leopoldo  Miliiotti  a  publié 
plusieurs  recueils  de  mélodies  vocales  :  Ore  di 
tristezza,  Brezze  deWAdriatico,  Foglie  d'Au- 
tunno.  Son  frère,  M.  Giuseppe  Miliiotti,  profes- 
seur de  la  classe  de  chant  choral  au  nouveau 
Lycée  musical  de  Rome  et  directeur  de  la  musi- 
que municipale,  était,  il  y  a  peu  d'années,  maes- 
tro concertatore  et  chef  d'orchestre  au  théâtre 
Capranica.  J'ignore  s'il  occupe  toujours  ce  der- 
nier emploi. 

M.  Giuseppe  Miliiotti  est  né  à  Ravenne  le  11 
avril  1833;  son  frère  Leopoldo  a  vu  le  jour 
dans  la  même  ville  le  16  août  1835. 

MILLET  (Louis-Émile),  compositeur  et 
professeur  de  chant,  né  à  Paris  le  21  avril 
1813,  est  le  fils  liu  célèbre  miniaturiste  qui  fut 
le  rival  d'isabey,  et  le  frère  du  statuaire  auquel 
on  doit  l'Apollon  qui  couronne  l'Opéra.  Après 
avoir  terminé  [en  1830  ses  études  classiques, 
M.Emile  Millet  entra  comme  employéilansl'admi- 
nistration  des  hospices,  ce  qui  ne  rcmpôcbait  pas 
de  prendre  des  leçons  particulières  d'harmonie 
d'Halévy.  Bientôt  cependant  il  quitta  l'adminis- 
tration pour  suivre  au  Conservatoire  la  classe  de 
contre-point  et  de  fugue  de  ce  maître  ;  ensuite  il 
passa  dans  celles  de  Lesiieur  et  de  Paër,  où  il 
apprit  la  composition'  idéale.  En  1835,  il  parta- 
geait avec  M,  Marmontel  le  2°"  prix  de  contre- 


point ;  en  1836,  il  fut  nommé  professeur  adjoint 
de  la  classe  d'Halévy,  position  qu'il  occupa  pen- 
dant trois  ans. 

M.  E.  .Millet  a  publié  à  Paris  un  certain  nom- 
bre d'oeuvres  vocales  qui  furent  remarquées ,  par- 
mi lesquelles,  Agar  dans  le  désert,  scène  dra- 
matique; la  Promenade  en  gondole,  trio  ; 
Maître  Wolframb,  le  Petit  Oiseau,  les  Pyré- 
nées, etc..  Puis,  en  1849,  il  partit  pour  New- 
York,  où  il  séjourna  vingt-quatre  ans,  propa- 
geant par  son  enseignement  les  bouiies  doctrines 
de  notre  Conservatoire,  et  publiant  quantité  de 
morceaux  de  chant  sur  des  paroles  latine'^,  fran- 
çaises, italiennes  et  anglaises.  Il  a  rempli  aussi 
dans  cette  ville  les  fonctions  de  maître  de  chant 
à  l'Opéra. 

Après  un  séjour  de  trois  ans  à  Liverpool 
(1873-1876),  M.  Millet  est  rentré  à  Paris,  où  il 
a  signalé  son  retour  en  faisant  paraître,  chez 
l'éditeur  Choudens,  un  important  recueil  de 
vingt  mélodies.  Y. 

MILLOECKER  (Carl),  chef  d'orchestre  et 
compositeur  autrichien,  est  né  à  Vienne  le  29 
avril  1842.  Son  père  était  un  pauvre  orfèvre, 
qui  voulait  lui  faire  suivre  sa  carrière;  mais 
l'étonnante  prédilection  de  l'enfant  pour  la  mu- 
sique finit  par  le  déterminer  h  céder  à  ses  dé- 
sirs. Le  jeune  Millœcker  fréquenta  le  Conserva- 
toire de, Vienne,  et  parvint  bientôt  à  pourvoir 
à  ses  besoins  en  s'engageant  dans  un  orchestre, 
ce  qui  ne  l'empêcha  pas  d'étudier  le  piano,  l'har- 
monie et  la  composition.  En  1863,  il  fut  engagé 
comme  chef  d'orchestre  au  théâtre  de  Gratz,  et 
y  fit  jouer  deux  petites  opérettes  de  sa  com- 
position. En  1865  il  était  à  Vienne,  au  théâtre  de 
l'Harmonie,  où  il  donna  avec  succès  une  opérette 
en  2  actes  intitulée  Diana.  L'année  suivante  il 
allait  à  Bude-Pesth,  et  en  t869  il  était  ;de  retour 
à  Vienne,  où  il  devenait  compositeur  et  chef 
d'orchestre  au  théâtre  du  fauboiug  Wieden,  fonc- 
tions qu'il  occupe  encore  aujourd'hui.  Sa  musi- 
que pour  le  vaudeville  :  Trois  Paires  de  sou- 
liers, qui  y  a  été  joué  plus  décent  fois,  attira  sur 
lui  l'attention  générale;  quelques  airs  de  cette 
musique  obtinrent  une  popularité  extraordinaire. 
M.  Millœcker  écrivit  ainsi,  pour  le  théâtre  du 
faubourg  Wiedeii,  la  nuisique  de  plusieurs  farces 
et  vaudevilles,  puis  celle  de  plusieurs  opérettes  : 
le  Tambour  du  régiment,  l'Ile  des  Femmes, 
une  Aventure  à  Vienne,  la  Musique  du  diable. 
.Son  dernier  ouvrage,  le  Château  enchanté, 
opéra-comique  dont  le  |)rincipal  rôle  était  tenu 
par  la  Gallmeyer,  obtint  un  grand  succès.  Dans 
cet  ouvrage,  M.  Millœcker  a  osé  faire  un  essai 
qui  lui  a  tout  à  fait  réussi  ;  cet  essai  consistait  à 
introduire    dans   l'opéra-comique  allemand    les 


MILLCeCRER  —  MILLONT 


223 


chants  des  paysans  de  la  Haute-Autriche  et  de 
la  Slyrie,  comme  Jean  Strauss  avait  iiitroiiuit 
avec  bonheur  dans  l'opérette  les  valses  et  les 
polkas  viennoises. 

La  musique  de  M.  Millœcker  est  vive,  gaie,  et 
ne  manque  pas  d'originalité  ;  elle  promet  pour 
l'avenir  du  compositeur.  De  1875  à  1878, 
M.  Millœcker  a  donné  chaque  mois  des  pièces  de 
muque  à  la  nouvelle  publication  de  musique  de 
piano  intitulée  la  Presse  musicale,  qui  contient 
des  compositions  de  musiciens  de  tous  les  pays. 

J.  B. 

MILLONT  (Bernard-Edouard),  violoniste 
distingué  et  professeur  pour  son  instrument  au 
Conservatoire  de  Marseille,  est  né  à  Manosque 
(Basses-Alpes)  le  \i  mars  1820.  Il  eut  pour 
premier  maître  un  Allemand  nommé  Kiersche- 
neck,  et  en  1832  vint  travailler  à  Marseille  sous 
la  direction  de  Charles  Bouchet.  En  décembre 
1835,  il  entra  au  Conservatoire  de  Paris,  et,  au 
bout  de  cinq  ans  de  SDlides  études,  obtint,  en  août 
1840,  le  premier  prix,  de  violon  dans  la  classe  de 
Baillot.  Au  sortir  du  Conservatoire,  il  prolongea 
son  séjour  à  Paris  et  eut  l'occasion  de  mûrir  son 
talent  dans  la  fréquentation  de  son  illustre  maî- 
tre, dont  la  maison  était  le  rendez-vous  des  ar- 
tistes les  plus  éminents.  C'est  là,  et  en  faisant 
sa  partie  dans  les  quatuors  exécutés  par  Baillot, 
qu'il  acquit  le  style  et  la  parfaite  connaissance 
de  la  musique  de  chambre,  où  excellait  ce  grand 
musicien.  Après  un  voyage  à  Marseille,  où  il 
s'était  fait  entendre  avec  succès,  M.  Millont  prit 
la  résolution  de  se  fixer  dans  cette  ville.  Il  s'y 
établit  en  18i2,  et  y  est  resté  jusqu'à  ce  jour. 
Peu  après  son  arrivée,  il  fut  nommé  premier 
violon-solo  au  Grand-Tliéàtre  :  il  a  occupé  ce  poste 
jusqu'en  1865.  En  1849,  il  fonda  la  Svclélé  des 
quatuors  qu'il  diiige  encore  aujourd'hui,  et  qui 
est,  sans  contredit,  son  meilleur  titre  artistique. 
Cette  institution  mérite  ici  une  mention  particu- 
lière, tant  à  cause  de  sa  valeur  qu'à  cause  des 
services  qu'elle  a  rendus  à  l'art  musical  à  Mar- 
seille. 

A  partir  de  1839,  le  remarquable  mouvement 
qui  s'était  produit  à  Marseille  depuis  1805  avait 
changé  de  direction.  Les  concerts  périodiques 
désignés  sous  le  nom  de  Concerts  Thubaneau, 
qui  avaient  renoué  les  tradilions  des  concerts 
fondés  en  1716 par  le  maréchal  de  \illars,  —et 
où  avaient  été  entendues,  pour'la  première  fois 
en  France,  les  syniphonies  de  Beethoven  à  côté 
d'autres  chefs-d'œuvre,  —  avaient  pris  fin  après 
une  existence  de  plus  de  34  ans.  On  avait  inu- 
tilement essayé  de  les  remplacer  par  d'autres 
institutions  qui  avaient  été  de  courte  durée.  Toute 
l'activité  se  concentrait  sur  la  musique  drama- 


tique. On  était  à  une  époque  de  développement 
pour  le  théâtre  et  l'art  du  chant.  Des  troupes 
françaises,  allemandes  et  surtout  italiennes,  où  se 
trouvaient  de  très-grands  artistes,  se  succédaient 
au  Grand-Théâtre  et  accaparaient  l'attention. 
Quant  à  la  musique  instrumentale,  elle  était  dé- 
laissée :  le  goût  s'était  altéré.  Sous  l'inlluence 
de  quelques  grands  virtuoses,  la  mode  en  était 
venue  peu  à  peu  à  la  musique  dite  brillante, 
dont  l'unique  objet  est  de  mettre  en  relief  l'habi- 
leté mécanique  de  l'exécutant.  On  en  était  là  à 
Marseille  en  1849,  quand  M.  Millont  eut  la  pen- 
sée de  créer  des  séances  publiques  de  musique 
de  chambre.  A  ce  moment,  on  le  voit,  l'entre- 
prise était  hardie.  Aussi  les  débuts  furent-ils 
pénibles.  La  nouvelle  institution  rencontra  chez 
les  artistes  une  vive  opposition  ou  une  in- 
différence plus  dangereuse  encore.  La  plupart 
des  pianistes  déclinèrent  l'honneur  de  se  faire 
entendre,  et  M.  Millont  dut  s'adresser  au  talent 
encore  ignoré  de  mademoiselle  Brissac,  qui  fut 
depuis  madame  Millont,  et  qui  prit  une  pai  t  ac- 
tive aux  séances  de  quatuors  jusqu'à  sa  mort,  en 
1868.  On  ne  put  réunir  d  abord  que  trente-deux 
souscripteurs  et,  dès  la  première  année,  il 
fallut  s'arrêter  devant  le  choléra.  Cependant 
M.  Millont  ne  se  découragea  pas.  Les  auditions  re- 
prirent leur  cours,  se  succédèrent  chaque  année 
pendant  la  saison  d'hiver,  et  gagnèrent  peu  à  peu 
la  faveur  du  public.  Le  succès  n'a  pas  été  inter- 
rompu pendant  vingt-six.  ans,  et  les  séances  de 
quatuors  ont  pris  place  parmi  les  meilleures  et 
les  plus  intéressantes  institutions  musicales  du 
midi  de  la  France.  On  y  a  entendu  à  peu  près  toute 
la  musique  de  chambre  de  Haydn,  Mozart,  Bee- 
thoven, les  plus  belles  œuvres  de  Weber,  Hurn- 
mel,  Schubert,  Schumann,  Chopin,  Rubinstein, 
et  aussi,  —  dans  les  proportions  qu'elles  com- 
portent, —  un  chuixde  celles  de  Boccherini,  Mos- 
cheles.  Ries,  Onslow,  Kucken,  Kulhau,  Golter- 
man,  Brahms,  Raff,  etc.  —  Il  convient  d'y  ajou- 
ter une  série  d'œuvres  locales  remarquables, 
notamment  des  quatuors  de  M.  Dubois,  des 
trios  et  sonates  de  M.  de  Staumer,  et  l'œuvre 
de  quatuors,  quintettes  et  trios  de  M.  Aug.  Morel. 
L'influence  exercée  par  la  Société  des  quatuors 
a  été  considérable.  Les  artistes  sont  peu  à  peu 
revenus  avec  le  public  à  la  musique  sérieuse  -. 
ils  y  ont  acheminé  leurs  élèves.  Avec  une  lar- 
geur d'esprit  qu'il  faut  louer,  la  Société  des  qua- 
tuors a  accueilli  tous  ceux  qui  ont  tenu  à  hon- 
neur de  prendre  part  à  ses  séances.  La  plupart 
s'y  sont  fait  entendre  et  y  ont  notablement 
gagné  :  d'autres,  tels  que  MM.  Thuruer,  Fronti, 
Ginouvès,  M"^  Perez,  ont  donné  des  auditions 
analogues    Enfin,  toutes  les  fois  que  de   grands 


224 


MILLONT  —  MIODUSZEWSK[ 


virtuoses  ont  passé  à  Marseille,  —  Vieuxtemps 
el  Sivori,  entre  autres,  —  ils  ont  trouvé  des  ar- 
tistes (tisposés  à  leur  faciliter  l'exécution  ^ies 
grandes  œuvres  classiques  et  un  public  préparé 
à  les  apprécier.  C'est  ainsi  que  le  goût  de  la  mu- 
sique saine  s'est  répandu  à  Marseille.  La  généra- 
tion actuelle  a  été  élevée  dans  ce  milieu,  et  toutes 
les  productions  locales  un  peu  importantes  té- 
moignent de  cette  influence  ;  on  y  sent  l'effort 
vers  cette  élévation  de  pensée,  cette  dignité  de 
style,  cette  logique  de  développement,  cette  cons- 
cience artistique  qui,  .constituent  l'esprit  classi- 
que. 

Le  quatuor  marseillais  était  formé  au  début 
comme  suit  :  1"  violon  :  B.  Millont  ;  —  2'"'  vio- 
lon :  E.  Tan ffen berger,  second  chef  d'orchestre 
au  Grand-Théâtre  ;  —  alto  :  Dubois  ;  —  violon- 
celle :  Bertolotti,  professeur  au  Conservatoire.— 
Ces  deux  derniers  instruments  ont  seuls  changé 
de  mains.  —  La  partie  d'alto  a  été  confiée  en 
1857  à  M.Aubert,  second  professeur  de  violon  au 
Conservatoire,  et  celle  de  violoncelle  en  1862  à 
M.  Heff,  qui  fit  place  en  18G4à  M.  Tolbfcqiie.  Ce 
dernier  ayantélé  en  1871  se  fixera  Paris,  où 
il  fait  partie  du  quatuor  Maurin,  a  été  remplacé 
par  M.  Casella,  professeur  au  Conservatoire  (1). 

Un  an  après  la  fondation  de  la  Société  de  qua- 
tuors, soit  en  1850,  M.  Millont  fut  nommé  pro- 
fesseur de  violon  au  Conservatoire  de  Marseille. 
En  1870,  il  a  été  appelé  à  diriger  en  outre  une 
classe  d'accompagnement  pour  l'étude  de  la 
musique  d'ensemble.  Dans  ces  fonctions  il  a  formé 
de  nombreux  élèves,  dont  plusieurs  ont  obtenu 
les  premiers  succès  au  Conservatoire  de  Paris. 
La  plupart  se  sont  voués  à  l'enseignement  on 
occupent  des  places  honorables  dans  les  orches- 
tres. On  peut  citer  MM.  Paul  Jullien,  Vanne- 
reau,  M"'*  Castellan,  Pommereul,  MM.  Brisse, 
Grobet,  Bruguier,  etc. 

Les  principales  qualités  de  M.  Millont  sont  la 
pureté  de  style,  la  correction,  la  justesse  et  la 
largeur.  Il  a  le  jeu  de  l'école  de  Baillot,  et  se 
montre  surtout  remarquable  dans  la  musique 
de  chambre. 

Cet  artiste  laborieux  a  composé  pour  son  ins- 
trument diverses  pièces,  dont  voici  l'indication  : 
Pensées  fugitives  et  Capriccio  (chez  Bru  lié)  ; 

—  l*^""  Aoclurne  (chez  Sylvain  Saint-Étienne)  ; 

—  Fantaisie  sur  Lucie,  Souvenirs  des  Alpes, 
Souvenirs  deMontvert,  Rêverie,  Berceuse  (chez 
Gérard);  —  Échos  du  soir,  Fantaisie  sur  une 
romance  d''Aug.  Morel  (chez  Roussel,  à  Mar- 
seille);  —  Six  grandes  éludes;—  2""  i\oc- 

(1)  On  a  publié   rt'cemrnent,   à    Marseille,  une    Notice 
(ajioflyiue)   sur  ta  Société   des   quatuors   de  MancilU 
Marseille,  luipr.  Barlatler-Felssat,  in-»"  de  16  p.),—  a.  p 


turne.  Fantaisies  sur  Gaîatée  et  le  Trouvère; 
—  Six  Morceaux  caractéristiques  ;  — 2  Mor- 
ceaux d'offertoire  ;  —  Exercices  journaliers  et  Dix 
Études  pour  l'archet;  — Six  Pièces;  —  Concertino. 

Al.  R— n. 

MIA'IÎOUS  ( ),  violoniste  et  composi- 
teur ru.sse,  né  vers  1840,  occupait  les  fonctions 
de  premier  violon  à  l'orchestre  du  .théâtre  im- 
périal de  Moscou  lorsqu'il  écrivit  la  musique 
deFiammettn,  ballet  en  3  actes  qui  fut  repré- 
senté à  Saint-Pétersbourg  au  mois  de  mars  1864. 
Grâce  à  de  puissantes  protections,  il  obtint  de 
faire  jouer  à  Paris,  le  11  juillet  de  la  même 
anni'e,  sur  la  scène  de  l'Opéra,  ce  même  ouvrage, 
réduit  en  2  actes  et  donné  sous  le  nouveau 
titre  de  iXéméa  ou  rAmoiir  vengé.  Le  même 
théâtre  donnait,  le  12  novembre  1866,  la  Source, 
ballet  en  3  actes  dont  M.  Minkous  avait  été 
chargé  d'écrire  la  musique  conjointement  avec 
M.  Léo  Delibes.  Enfin,  le  15  mars  1868,  cet 
artiste  faisait  jouer  sur  le  théâtre  communal  de 
Trieste  Fiamma  d'amore,  ballet  qui  n'était,  je 
crois,  qu'une  nouvelle  et  troisième  édition  de  sa 
Fiammetfa. 

MlODUSZIilWSHKL'abbéMir.HEL-MARTiN), 
prêtre  de  la  congrégation  de  la  Mission,  pro- 
fesseur de  théologie  et  de  droit  sacré  au  séminaire 
(lu  diocèse  de  Cracovie,  est  né  à  Varsovie  en 
1787.  On  lui  doit  une  publication  très-intéres- 
sante relative  aux  chants  liturgiques  de  la  Polo- 
gne. «  Ayant  été  désigné,  dit  M.  Albert  Sovvinski, 
en  1830  et  1831,  pour  accompagner  Monseigneur 
l'évêque  de  Cracovie  dans  sa  visite  pastorale,  en 
qualité  de  théologien,  il  observa  combien  on 
connaissait  peu  les  mélodies  religieuses  dans  les 
petites  paroisses,  et  que  les  organistes  man- 
quaient d'un  livre  nécessaire  pour  apprendre 
aux  enfants  le  chant  d'église  el  diriger  les  fidèles. 
Il  eut  l'heureuse  idée  de  faire  un  recueil  de 
toutes  ces  mélodies  religieuses,  et  de  le  pu- 
blier avec  le  texte  des  prières.  Dans  ce  but, 
M.  l'abbé  Mioduszewski  se  mit  à  faire  des  l'e- 
cherclies  dans  les  archives  des  communautés, 
dans  les  vieux  livres  imprimés  et  en  manus- 
crit, dans  les  recueils  de  cantiques,  Kan- 
cyonali/,  et  d.ins  toutes  les  églises  et  chapelles 
de  l'ancienne  Pologne,  où  l'on  avait  des  chants 
particuliers.  Un  beau  résultat  couronna  les  pieux 
efforts  de  M.  l'abbé  Mioduszewski,  après  un 
travail  de  huit  années.  II  publia  la  première 
édition  de  son  Livre  de  chant,  sous  le  titre  : 
Spicunik  Kos'cielny  czyli  pies'ni  mabozne 
zmelodijamiiv  Kosciele  Katolirkimuzywane,a 
dla  wygody  Hosciolow  parofijalynch  przez 
X.  M.  M.  M.  Zgromadzenia  XX.  Missionarzy 
zebrane  (Livre  de  chant,  ou  Recueil  de  prières 


MIODUSZEWSKI  —  MIREMONT 


22Ô 


avec  leurs  mélodies,  en  usa^e  dans  l'église  catho- 
lique, publié  pour  la  cominoilité  des  paroisses, 
par  l'abbé  Miciiel-Martin  Mioduszewski,  mis- 
sionnaire, Cracovie,  un  volume  in-S",  1838,  chez 
Cieszkowski).  En  même  temps  il  publia,  chez 
le  môme  libraire,  le  texte  seul  sans  musiqu^e. 
Cette  première  édition,  quoique  riche  en  mé- 
lodies religieuses  d'un  beau  caractère,  n'étant 
pas  complète,  le  digne  prêtre  continua  ses  re- 
cherches et  composa  lui-même  la  musique  pour 
certaines  prières  qui  en  manquaient,  en  arrangea 
d'autres  pour  les  cérémonies  religieuses  en  usage 
dans  les  églises  polonaises.  Il  enrichit  ainsi  son  li- 
vre d'un  grand  nombre  de  nouvelles  mélodies  ;  il 
publia  successivement  trois  nouveaux  supplé- 
ments, qui  parurt^nt  à  Leipzig  en  1842,  en  1853 
et  tn  1854,  à  la  librairie  étranj^ère  de  J.-N.  Bobro- 
wicz,  etqui  forment  un  gros  volume  de  66  feuil- 
les in-S".  M.  l'abbé  Mioduszewski  éleva  ainsi  un 
monument  impérissable  à  la  musique  religieuse, 
et  tous  les  habitants  de  la  catholique  Pologne  lui 
en  doivent  de  la  reconnaissance.  « 

M.  Mioduszewski  a  publié  un  autre  ouvrage 
intéressant,  sous  ce  titre  :  Pastorales  et  Noels, 
avec  musique,  auxquels  on  a  ajouté  plusieurs 
mélodies  populaires,  mais  qui  ne  peuvent  être 
chantées  à  l'église  (Cracovie,  1843).  Ce  livre  ren- 
ferme une  collection  de  noëls  anciens  et  moder- 
nes ,  dont  plusieurs  offrent  un  véritable  intérêt 
historique,  remontant  au  quatorzième  et  même 
au  treizième  siècle.  Le  choix  en  a  été  fait  avec 
beaucoup  d'intelligence,  et  ils  sont  accompagnés 
du   texte  polonais. 

*  MIOi\  (Jean-Jacques-Henri).  —  Dans  son 
Dictionnaire  des  théâtres,  de  Léris  attribuée 
Mion  la  musique  des  Quatre  Parties  du  monde, 
opéra-ballet  qui   fut  représenté  à  Versailles,  de- 
vant le  roi,  en  1745,  et  qui   n'est  pas  mentionné 
dans  le  recueil  de  la  Yailière  :  Ballets,  opéras  et 
autres  ouvi  âges  lyriques.  De  son  côté,  ce  der- 
nier porte  au  nom  de  Mion  deux  autres  composi- 
tions scéniques  :  V Idylle  de  Rambouillet ,  opéra 
en  un  acte  joué  à  Rambouillet  en  1735,  et  Bou- 
quets de  Mademoiselle'de  G***,  opéra  en  un 
acte,  «  chanté  en  1735  chez  Madame  de  G***,  à 
la  Dibliotlièque  du  roi.  »  Enfin,   cet  artiste  est 
encore  l'auteur  d'un  ballet  en  un  acte,  Julie  et 
Ovide,  qu'il  écrivit  en   1753,    à    l'occasion  du 
mariage  du  prince  et  de  la  princesse  de  Condé, 
et  dont  la   partition  autographe  se  trouve  aux 
Archives  de  l'Opéra  de  Paris.  Mion  était  le  neveu 
du  fameux  Michel  Richard  de  Lalande,  composi- 
teur de  musique  religieuse  et  surintendant  de 
la  musique   du  roi,  ainsi  qu'on  peut  le  voir 
dans  le  Mercure  de  février  1728. 
MIR  Y  LLUSA  ( ),  est  le  nom  d'un 

BIOGR.    UNIV.    DES  MUSICIENS.    —    8UPPL.    - 


musicien  espagnol  qui  naquit  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle  et  qui,  au  commen- 
cement du  dix-huitième,  était  maître  de  la  cha- 
pelle de  l'Incarnation,  à  Madrid.  Cet  artiste  a 
composé  de  nombreuses  œuvres  de  musique  re- 
ligieuse, parmi  lesquelles,  dit-on,  il  s'en  trouve 
de  fort  remarquables.  Ou  ignore  l'époque  de  sa 
mort. 

MIRECOURT  (Eugène  JACQUOT,  dit 
DE),  écrivain,  né  à  Mirecourt  (Vosges),  le  19 
novembre  1812,  n'est  cité  ici  que  pour  quelques 
biographies  de  musiciens  comprises  dans  sa  sé- 
rie des  Contemporains,  qui  ne  compte  pas 
moins  de  100  petits  volumes  in- 18  à  50  centimes. 
Ceux  de  ces  écrits  qui  concernent  l'art  musical 
sont  consacrés  à  Berlioz  (1854),  Meyerbeer 
(1854),  Félicien  David  (1854),  Rossini  (1855), 
Pierre  Dupont  (1856),  Auber  (1857).  Tout  cela 
est  sans  valeur  aucune,  aussi  bien  au  point  de 
vue  critique  ou  historique  qu'au  point  de  vue 
littéraire,  et  ces  écrits  informes  n'ont  été  conçus 
qu'en  vue  de  la  spéculation  commerciale.  Cela 
est  si  vrai  qu'en  renouvelant  ses  publications, 
l'auteur,  loin  de  les  améliorer,  les  amoindrissait  : 
c'est  ainsi  qu'en  1867  il  refaisait  la  biograpliie 
d'Auber,  mais  en  ne  lui  consacrant  plus  qu'un 
demi-volume,  et  en  donnant  l'autre  moitié  à 
M.Offenbach,  ce  qui  produisait  un  accouplement 
au  moins  bizarre;  l'année  suivante,  il  partageait 
un  autre  volume  entre  Arnal  et  Adolphe  Adam  ; 
enfin,  en  1871 ,  6  pages  d'un  troisième  volume  re- 
traçaient sommairement  la  vie  de  l'admirable 
artiste  qui  s'était  appelée  Giulia  Grisi,  et  le 
reste'  appartenait  à  un  romancier.  M""'  Clémence 
Robert.  Tout  cela,  nous  le  répétons,  n'existe  à 
aucun  point  de  vue.  C'est  par  erreur  que  la  mort 
de  M.  Jacquot,  dit  de  Mirecourt,  a  été  annoncée, 
il  y  a  quelques  années;  mais,  récemment,  [ilu- 
sieurs  journaux  ont  répandu  la  nouvelle  de  l'en- 
trée de  ce  personnage  dans  les  ordres. 

MIllEMOMT  (Claude-Augustin),  luthier 
français,  né  à  Mirecourt  en  1827,  est  le  fils  d'un 
luthier  alors  établi  en  cette  ville,  et  chez  lequel 
il  fit  son  apprentissage.  En  184iilvintà  Paris 
et  y  travailla  comme  premier  ouvrier  jusqu'en 
1862,  époque  à  laquelle  il  partit  pour  l'Amérique. 
Il  alla  s'établir  à  New- York,  où  il  résida  jusqu'en 
1801,  et  revint,  en  celte  dernière  année,  se  fixer 
à  Paris,  qu'il  ne  quitta  plus.  Arliste  habile, 
M.  Miremont  a  construit  un  grand  nombre  d'ins- 
truments, particulièrement  des  violoncelles,  qui 
offrent  de  bons  spécimens  de  la  lutlierie  fran- 
çaise, et  il  a  pris  part  avec  succès  à  diverses 
Expositions,  où  il  a  remporté  les  récompenses 
suivantes  :  une  médaille  à  l'Exposition  de  New- 
York  (1853)  ;  une  médaille  de  première  classe 
T.  u.  15 


226 


MIREMONT  —  MIRY 


à  l'Exposition  de  Paris  (1855),  où  il  figurait  dans 

le  dt^parleinent  des  Élats-Unis  ;  la  prize-medal 
à  rEx|iosition  de  Londres  (1862).  Fétis,  rappor- 
teur du  jury  spécial  pour  l'Exposition  univer- 
selle de  1867  (Paris),  s'exprimait  ainsi  au  sujet 
des  instruments  présentés  par  M.  Miiemont  :  — 
«  Trois  violons,  un  alto  et  un  violoncelle  sont 
exposés  par  M.  Miremont,  de  Paris.  Ce  lutliier 
travaille  seul,  voulant  une  précision  extrême 
dans  son  travail,  qu'il  ne  croit  pas  pouvoir 
obtenir  d'un  ouvrier.  Ses  instruments  sont,  en 
effet,  très-bien  faits.  » 

MIRO  Y  Ai\ORlA  (José),  pianiste  es- 
pagnol, ué  à  Cadix  en  1810,  lit  son  éducation 
musicale  à  Séville,  d'abord  sous  la  diiection 
d'un  prêtre  nommé  Vargas,  puis  comme  élève 
de  l'organiste  de  la  cathédrale,  Eugenio  Gomez. 
Devenu  habile  exécutant,  il  vint  à  Paris  en  1830, 
s'y  perfectionna  avec  Kalkbrenner,  et  pendant 
les  douze  années  de  son  séjour  en  France,  se 
lia  avec  plusieurs  pianistes  célèbres,  notam- 
ment llummel,  Chopin,  Bertini,  Dœlher  et 
M.  Herz.  Après  s'être  fait  entendre  avec  succès 
à  Paris,  Miro  fit  un  voyage  artistique  d'abord 
dans  les  départements ,  puis  jusqu'en  Belgique 
et  en  Hollande.  En  1842  il  retourna  en  Espa- 
gne, y  reçut  un  accueil  chaleureux  de  ses  com- 
patriotes, dès  l'année  suivante  alla  se  produire 
à  Londres,  puis  s'embarqua  pour  l'Amérique,  où 
il  resta  plusieurs  années,  donnant  en  premier 
lieu  des  concerts  très-suivis  à  New- York,  Phi- 
ladelphie et  Boston,  et  se  rendant  ensuite  à  la 
Havane,  où  ses  succès  furent  très-grands  et  où  il 
se  fixa  pendant  six  années,  se  livrant  à  l'ensei- 
gnement et  se  chargeant  de  la  direction  du 
Lycée  artistique.  En  1851,  Miro  visite  la  Jamaï- 
que, revient  bientôt  en  Europe,  fait  un  nouveau 
séjour  à  Paris,  et  en  1854  rentre  à  Madrid,  où 
il  est  nommé  professeur  au  Conservatoire.  11 
n'avait  pas  cessé  d'occuper  cet  emploi,  lorsqu'il 
mourut  à  Madrid  au  mois  de  janvier  1879. 

Miro  avait  composé  pour  son  instrument  un 
assez  grand  nombre  d'oeuvres,  consistant  en 
fantaisies,  soit  originales,  soit  écrites  sur  des 
thèmes  d'opéras  célèbres  :  i  Lombardi,  i  Puri- 
tani,  il  Pirata.  Tout  cela  est  resté  inédit,  et 
l'on  n'a  publié  de  lui  qu'une  bonne  Méthode  de 
piano,  adoptée  pour  l'enseignement  des  classes 
au  Conservatoire  de  Madrid. 

MIUOIK.  Trois  frères  de  ce  nom,  tous  trois 
organistes  et  clavecinistes,  vivaient  à  Paris  à  la 
fin  du  dix-huilicine  siècle.  Je  n'ai  pu  découvrir 
le  prénom  d'aucun  d'eux,  maison  les  distinguait 
en  les  désignant  sous  les  noms  de  Miroir  l'ainé, 
Miroir  cadet,  et  Miroir  le  jeune,  et  ce  dernier, 
je  ne  saib  pourquoi,  était  surnommé  Pavenlelly. 


Miroir  l'aîné  était  un  artiste  fort  remarquable, 
qu'on  appelait  toujours  «  le  célèbre  organiste  de 
Saint-Germain  des  Prés  ».  Mais  il  ne  remplissait 
pas  ces  fonctions  seulement  dans  cette  fameuse 
abbaye,  car  il  était  en  même  temps  organiste  aux 
églises  Saint-Benoît,  Saint-Houoré  et  Saint-Louis 
en  risie,  au  couvent  des  Bénédictins  anglais,  et 
au  Saint-Sépulcre  de  la  rueSaint-Honoré  (1785). 
La  renommée  de  Miroir  l'aîné  était  fort  grande, 
et  l'on  accourait  de  très-loin  pour  l'entendre.  Il 
était  aussi  compositeur,  mais  je  ne  connais  au- 
cune de  ses  œuvres. 

Miroir  cadet  avait  la  réputation  d'un  excellent 
claveciniste,  et  se  livrait  à  l'enseignement,  ainsi 
que  le  troisième  frère.  Miroir  le  jeune,  dit  Pa- 
venlelly. L'un  des  deux  était  organiste  à  Sainte- 
Aure  et  aux  Cordeliers.  Je  crois  que  ces  trois 
artistes  étaient  morts  tous  trois  en  1810. 

*  MIRY  (Charles),  compositeur,  chef  d'or- 
chestre et  professeur,  est  né  à  Gand  le  14 
août  1823  (et  non  avril,  comme  il  a  été  dit  par 
suite  d'une  erreur  typographique).  C'est  après 
avoir  commencé  l'étude  de  la  musique  avec  un 
de  ses  oncles,  Pierre  Miry,  qu'il  devint  l'élève 
de  Mengal  ;  plus  tard ,  et  lorsqu'il  commença  sa 
carrière  de  compositeur,  il  reçut  d'excellents 
conseils  de  son  compatriote,  M.  Gevaert,  au- 
jourd'hui directeur  du  Conservatoire  de  Bruxel- 
les. 

Les    premiers   essais    de   M.     Miry   étaient 
des  vaudevilles  flamands  dont  il  écrivait  la  mu- 
sique, et  dont  quelques-uns  sont  encore  joués 
aujourd'hui  avec  succès  :   Wit  en  zwart,  Een 
man  te  trouwen,  Vader  Cats,   etc.  Bientôt  il 
s'occupa  sérieusement  de  composition  drama- 
tique ,  et,  bien  qu'il  ait  écrit  quelques  ouvrages 
sur  texte  français,  ses  compatriotes  rappellent 
volontiers  qu'il  est  le  premier  qui  ait  travaillé  ^à 
la  renaissance  de  l'opéra  flamand.   11  a  montré 
une  véritable  fécondité  en  ce  genre ,  et  à  celles 
de  ses  œuvres  qui  ont  été  mentionnées  dans  la 
Biographie     universelle    des    Musiciens,   il 
faut  ajouter  aujourd'hui  les  suivantes  :  1°  Anne 
Mie,  un  acte,  Anvers,  9  octobre  1853  ;  2°  Bou- 
chard   d'Avesnes,  grand  opéra    en    5    actes, 
Gand,  1864;  3"  Maria  van  Burgondie,  grand 
opéra  en  4  actes,  Gand,  28  août  18G6;  4"  De 
Keizcr  btj  de  Boeren,  un  acte ,  Gand,  29  oc- 
tobre lb06;  5°    De  Occasie  maakt  den  dief, 
un  acte,  Gand,  24  décembre  1866;  6"  Frans 
Ackerman,  4  actes,  Bruxelles,  Cirque,  13  oc- 
tobre 1807;  7°    Briitus  en    César,  un  acte, 
Gand,   14    octobre    1867;  8°  le   Mariage   de 
Marguerite,  un  acte,  Gand,  27  novembre  1867; 
9"  Een  Engel  op  wacht  {CAnge  en  sentinelle), 
un  acte,  Anvers,  8  décembre  1869;  10"  Une 


MIRY  —  MITOYEN 


227 


Koningen  Avond,  1870;  11°  Za  Saint-Lucas , 
un  acte,  Gand,  1870;  12°  Het  Driekoningen- 
feest,  un  acte,  Bruxelles,  janvier  1876  ;  13°  la 
Rose  d'or,  un  acte;  14°  le  Poêle  et  son  idéal, 
grand  opéra  en  4  actes  ;  15°  Twee  Zusters  {les 
Deux  Sœurs),  opérette  en  un  acte.  A  ces  ouvra- 
ges nombreux,  il  faut  joindre  encore  trois  bal- 
lets représentés  à  Bruxelles  :  la  Bouquetière,  la 
Fée  des  eaux,  et  Klida. 

Parmi  les  compositions  publiées  par  M.  Miry 
en  dehors  du  théâtre,  il  faut  citer:  Recueil  de 
dix  chœurs  à  trois  voix,  pour  les  écoles  de 
filles;  Volkliedjes  voor  schoolen,  environ 
deux  cents  chants  pour  les  écoles  à  1,  2,  3  ou  4 
voix.;  Schoolgezangen,  105  chants  d'écoles 
pour  filles,  garçons  ou  adultes,  avec  ou  sans 
accompagnement  de  piano;  12  Fables  sur  des 
paroles  d'Ésope ,  pour  voix  d'enfant,  avec  ac- 
compagnement de  piano  ;  un  grand  nombre  de 
chœurs  pour  quatre  voix  d'hommes;  enfin, 
beaucoup  de  romances,  morceaux  pour  musiques 
d'harmonie  ou  fanfares,  et  quelques  airs  de 
danse  pour  le  piano.  M.  Miry  a  encore  écrit  plu- 
sieurs cantates,  qui,  je  crois,  n'ont  pas  été  pu- 
bliées, et  dont  voici  les  titres  :  Au  Bot;  la 
Belgique  ou  le  Règne  de  2b  ans;  le  \&  Dé- 
cembre; les  Orphelins;  Het  Eerevaandel  der 
werklieden;  Het  Eerevaandel  der  Weezen- 
jongens  van  Gent.  —  M.  Miry  est  chevalier  de 
l'ordre  de  Léopold. 

MISAELIDIS  (Misaël),  premier  chantre  et 
directeur  de  la  musique  de  l'église  de  Saint-Di- 
mitri,  à  Smyrne,  est  un  théoricien  remarquable 
et  l'un  des  musiciens  les  plus  distingués  de 
l'Orient.  Dans  son  intéressant  écrit  ;  Souvenirs 
d'une  mission  musicale  en  Grèce  et  en  Orient, 
M.  Bourgault-Ducoudray  {Voyez  ce  nom)  parle 
ainsi  de  cet  artiste  :  «  Misaël  Misaëlidis  est  un 
homme  intelligent  et  instruit.  S'il  n'arrive  pas  à 
régénérer  la  musique  byzantine,  il  aura,  par 
ses  travaux,  rendu  d'incontestables  services  à 
l'Orient.  Il  a  le  mérite,  rare  à  nos  yeux,  de  ne 
pas  accepter  en  aveugle  une  théorie  absurde. 
Il  raisonne ,  il  réfléchit,  il  remonte  aux  sources. 
Il  a  lu  les  traités  des  anciens,  et  dans  un  ou- 
vrage important,  qui  n'est  malheureusement  pas 
encore  imprimé,  il  montre  les  contradictions  qui 
existent  entre  leurs  principes  et  ceux  des  mo- 
dernes. Il  ne  s'est  pas  contenté  de  relever  les 
nombreuses  erreurs  dont  fourmillent  ces  théories 
qui  prétendent  donner  pour  base  à  la  musique 
byzantine  la  musique  antique  ;  il  a  fait  une 
grammaire  comparée.  Grâce  à  lui,  tout  musicien 
byzantin  pourra  arriver  en  peu  de  temps  à  lire 
la  portée  européenne,  et  vice  versa,  tout  Grec 
connaissant  la   musique    européenne    pourra 


apprendre  facilement  la  notation  orientale.  Misaël 
a  compris  l'immense  intérêt  qu'il  y  aurait  à 
abattre  la  barrière  qui  sépare  l'Orient  de  l'Oc- 
cident au  point  de  vue  musical.  Si  un  but  aussi 
désirable  et  aussi  élevé  pouvait  être  atteint, 
quelles  conséquences  n'en  découleraient  pas  ' 
Les  Orientaux,  dont  la  musique  a  été  immobi- 
lisée jusqu'ici  dans  une  longue  stagnation,  com- 
prendraient quel  élément  fécond  et  régénérateur 
elle  doit  trouver  dans  la  polyphonie  moderne.  La 
musique  européenne,  déjà  fatiguée  par  un  déve- 
loppement excessif  de  son  majeur  et  de  son 
mineur,  puiserait  des  éléments  nouveaux  de 
combinaison  et  des  moyens  d'expression  encore 
inexploités  dans  i'adaplatioa  de  l'harmonie  aux 
modes  antiques....  » 

MISOI\  (Luis),  flûtiste  et  compositeur  espa- 
gnol qui  jouit  dans  sa  patrie  d'une  grande  re- 
nommée comme  virtuose  et  comme  auteur  de 
zarzuelas  et  de  tonadillas  (chansonnettes), 
naquit  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle  à  Barcelone.  11  entra  en  1748  à  la  cha- 
pelle royale;;de  Madrid,  et  en  1756  il  y  tenait 
les  parties  de  flûte  et  de  hautbois  avec  un  trai- 
tement annuel  de  9,000  réaux  (environ  2,250 
francs),  traitement  considérable  pour  le  temps 
et  qui  donne  une  haute  idée  de  son  talent.  Artiste 
habile  et  homme  distingué,  Mison  se  faisait 
remarquer,  dit-on,  par  l'étendue  de  ses  con- 
naissances littéraires  et  musicales;  plusieurs 
écrivains  espagnols  se  .sont  occupés  de  lui,  entre 
autres  F.  M.  Samaniego  dans  sa  fable  du  Tarda 
flautista,  et  Manuel  Garcia  de  Villanueva  Hu- 
galde  et  Parra  dans  son  écrit  intitulé  Origen, 
épocas  yprogresos  delteatro  espailol.  Mison 
est  l'auteur  de  la  musique  du  monologue  : 
Guzman  el  Bueno,  dû  à  la  plume  de  Thomas 
Yriarte,  auteur  du  fameux  poème  la  Musica, 
et  il  paraît  avoir  fait  preuve  d'un  grand  talent 
et  d'une  véritable  originalité  dans  la  composition 
de  divers  opéras  et  zarzuelas,  parmi  lesquels 
on  cite  surtout  Écho  et  Narcisse  et  Pyrame  et 
Thysbé.  Il  est  considéré  comme  l'inventeur  du 
genre  de  chansons  dramatiques  connues  sous  la 
dénomination  de  tonadillas,  et  qui  lui  ont  valu 
une  foule  d'imitateurs  ;  il  en  a  composé  un  très- 
grand  nombre,  à  une  ou  plusieurs  voix,  dont  les 
rhythmes  étaient  pleins  d'originalité,  l'accent 
mélodique  plein  de  charme  et  de  saveur.  Cet 
artiste  distingué,  que  ses  compatriotes  regar- 
daient comme  une  sorte  de  musicien  national  et 
dont  la  personnalité  était  très-nettement  accusée, 
mourut  à  Madrid  le  13  février  1766. 

MITOYEN  (J -B ),  musicien  français 

né  dans  la  seconde  raoilié  du  dix-huitième  siècle, 
a  publié  à  Paris,  eu  1811,  un  Recueil  de  chants 


228 


MITOYEN  —  MOLCK 


d'église,  contenant  les  antiennes  de  la  Sainte 
Vierge,  les  hymnes  du  carême,  etc.,  vus  en 
contre-point  en  trio,  pour  haute-contre,  taille 
et  basse. 

MITTAG  (Auguste),  chef  d'orcheslre  et  pia- 
niste allemand  fort  distingué,  né,  vers  1796,  se 
lit  une  grande  réputation  de  ^irtuose  et  de  pro- 
fesseur, et  compta,  dit-on,  Ttialberg  au  nombre 
de  ses  élèves.  Après  avoir  exercé  les  fonctions 
de  chef  d'orchestre  en  Saxe,  cet  artiste  remar- 
quable était  depuis  longues  années  fixé  à  Vienne, 
où  son  enseignement  était  très-reclierché  et  oii  il 
était  professeur  de  piano  au  Conservatoire.  C'est 
à  Vienne  qu'il  est  mort,  le  21  novembre  1867, 
à  l'âge  de  72  ans. 

MOCKER  (Antony),  professeur,  pianiste  et 
compositeur  pour  son  instrument,  est  depuis 
longtemps  fixé  à  Lyon,  où  il  occupe  une  situa- 
tion fort  honorable  et  où  il  partage  son  temps  en- 
tre l'enseignement  et  la  composition.  11  a  publié 
pour  le  piano  environ  150  morceaux  de  genre, 
consistant  en  nocturnes,  mélodies,  divertisse- 
ments, airs  de  ballet,  rondos,  et  aussi  en  fan- 
taisies sur  des  motifs  d'opéras  célèbres.  Parmi 
ces  compositions,  qui  ont  été  généralement  bien 
accueillies,  je  citerai  les  suivantes  :  Scherzo  bril- 
lant, op.  73;  Chanson  autrichienne;  Villauelle, 
op.  115;  Brises  printanières,  2  mélodies, 
op.  ItO;  3  Nocturnes,  op.  60;  Nadine,  air  de 
ballet,  op.  103;  Divertissement,  op.  84;  Chan- 
son espagnole,  op.  107  ;  Fêle  au  Tyrol,  op.  88; 
les  Souvenirs,  op.  59;  la  Fête  helvétique, 
op.  65  ;  Promenade  sur  l'eau,  op.  99,  etc. 

MOCKER  (Melchior),  fils  du  précédent,  et 
«omme  lui  pianiste,  professeur  et  compositeur 
pour  son  instrument,  a  publié  une  centaine  de 
petits  morceaux  de  genre,  parmi  lesquels  on 
peut  signaler  :  2  Mazurkas  originales  ;  Marche 
lui  que,  op.  20;  la  Forêt  enchantée,  op.  45; 
Nymphes  et  Faunes,  pastorale;  Fleurs  des 
champs,  esquisses  poétiques  rn  3  livres,  op.  29 , 
3i  et  35;  Rêverie;  Sultana,  caprice,  etc. 

MODERATI  (CuTE),  est  le  nom  d'un 
compositeur  qui  ajait  représenter  sur  le  théâtre 
de  la  Zarzueia,  de  Madrid,  au  mois  de  mars 
18G'i,  une  zarzueia  intitulée  Manjarita. 

A1QEHR1\G  (Fkudi.iand),  pianiste,  orga- 
nisteet  compositeur  allemand,  est  néà  Alt-ltuppia 
le  18  janvier  181C.  Aprèsavoir  fait  debonnes élu- 
des, il  s'estlivré  à  l'enseignement  et  à  la  compo- 
sition. Outre  un  opéra-comique  en  2  actes,  der 
Pkarrauus  (la  Cure),  qui  a  été  représenté  à Rup- 
pin  le  8  avril  1856,  on  connaît  de  cet  artiste  une 
symphonie,  des  ouvertures,  des  cantates,  des 
quatuors  pour  instrumeuls  à  cordes,  des  mor- 
ceaux de  concert  pour  piano,  des  lieder,  des 


nocturnes,  et  enfin  diverses  compositions  pour 
l'église.  Le  nombre  des  œuvres  de  M.  Moehring 
s'élève  à  70  environ. 

MOEiWSTADT  ( ),  compositeur  alle- 
mand, a  fait  représenter  à  Berlin,  sur  le  théâtre 
Waltersdorff,  au  mois  de  juillet  186G,  une  opé- 
rette intitulée  l'Amour  défendu,  dont  il  avait 
écrit  les  paroles  et  la  musique, 
AlOEXS  (Simon).  —  Voyez  MOYXS. 
MOEKICKE  (Edouard;,  écrivain  distingué, 
l'un  des  meilleurs  poètes  de  l'école  de  Souabe  , 
né  à  Ludwigsbourg  le  8  septembre  1804,  mort 
à  Stuttgard  le  4  juin  1875,  est  auteur  de  l'écrit 
suivant  :  Un  Voyage  de  Mozart,  biographie, 
anecdotes,  dont  il  a  été  donné  une  traduction 
française  par  A.  Rolland  (Bruxelles,  Dumont, 
1859,  in-32). 

Un  artiste  du  même  nom,  M.  Oscar  Mce- 
ricke,  s'est  fait  connaître  en  Allemagne,  dans 
ces  dernières  années,  par  la  publication  de  quel- 
ques compositions  instrumentales.  On  lui  doit 
aussi  un  opéra  romantique  intitulé  die  Bergk- 
nappen  (les  Mineurs). 

MOERMANS  (Hans  ou  Jean),  facteur  de 
clavecins  à  Anvers  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle ,  fut  reçu  en  cette  qualité  dans 
la  gilde  de  Saint-Luc,  en  1570.  Il  eut  à  la  cathé- 
drale, jusqu'en  1610,  une  place  de  chanteur  parmi 
les  basses,  età  ce  titre  jouissait  des  revenus  d'une 
chapellenie. 

MOEZELE  (Franz),  compositeur  allemand, 
a  fait  représenter  le  3  mars  1873  à  Vienne,  sur  le 
Kunstlerhaus  theater,  un  opéra  en  2  actes  in- 
titulé Frédéric  le  Calorique. 

MOIIR  (Adolphe),  compositeurallemand,  est 
l'auteur  d'une  opérette  intitulée  le  Cousin  de 
J?réme,  qui  a  été  représentée  à  Hombourg  CD  1872. 
JMOJAi\A  (Pietro-Antomo  DE),  dilettante 
et  compositeur  italien,  s'est  fait  connaître  par 
la  publication  de  plusieurs  mélodies  vocales  à 
ime  ou  plusieurs  voix,  entre  autres  une  série  de 
trois  nocturnes  pour  soprano,  ténor  et  basse.  Il 
est  aussi  l'auteur  d'une  farsa  en  un  acte  inti- 
tulée Emma  di  Fondi,  et  d'un  opéra  sérieux, 
la  Figlia  dcl  Proscritto.  J'ignore  où  et  quand 
ces  deux  ouvrages  ont  été  représentés.  De  Mojana 
est  mort  à  Milan  le  7  décembre  1870. 

MOLCIÎ  (Heimucu),  compositeur  allemand 
contemporain,  s'est  fait  connaître  par  la  publi- 
cation d'un  grand  nombre  de  compositions 
vocales,  tant  religieuses  que  profanes.  Je  citerai 
les  suivantes  :  le  130*  psaume  à  4  voix  seules, 
avec  chœurs  et  accompagnement  d'instruments 
à  cordes,  op.  63;  4  morceaux  de  chant  religieux, 
op.  69;  3  morceaux  de  chant  religieux,  op.  75; 
recueils  de  lieder  à  une  ou  plusieurs  voix,  op. 


d 


MOLCK  —  MONBINNE 


229 


60,  6Ï,  62,  65,  66,  67,  68,  69,  70,  71,  72,  73, 
74,  75,  78,  81,  82,  83,  84,  85,  86;  lieder  pa- 
triotiques, op.  74 ,  etc.  Je  n'ai  pu  recueillir 
aucun  renseignement  biogiapliique  sur  cet  ar- 
tiste. 

ilOLINA  (Bartholomé),  moine  espagnol  de 
l'ordre  des  Franciscains,  né  dans  la  seconde 
moitié  du  quinzième  siècle,  a  publié  un  Traité  de 
plain-chant. 

*  MOLIA'OS-LAFITTE  (M""=),  composi- 
teur amateur,  publiait  chaque  année,  aux  envi- 
rons de  1840,  un  album  d'une  dizaine  de  romances 
ou  chansonnettes,  qui  paraissait  chez  l'éditeur 
Catelin. 

*  MOLIQUE  (Bernard),  violoniste  et  com- 
positeur pour  son  instrument,  est  mort  à  Kanns- 
tadt,  le  10  mai  1869.  Il  avait  tait  exécuter  au 
mois  de  septembre  1860,  au  grand  festival 
triennal  de  Norwich,  un  oratorio  intitulé  Abra- 
ham. —  Un  frère  de  cet  artiste  remarquable 
faisait  partie  de  l'orchestre  du  théâtre  de  Slutt- 
gard,  et  mourut  en  cette  ville  au  mois  de  novem- 
bre 1861. 

*  MOMIGNY  (Jérôme-Joseph  DE).  —  Cet 
artiste  n'est  pas  né  en  1766,  comme  il  est  dit  au 
tome  "VI  de  la  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens. Le  doule  n'est  plus  permis  à  ce  sujet, 
depuis  la  publication  de  son  acte  de  naissance , 
qui  a  été  produit  par  M.  Edouard  Gregoir  dans 
le  troisième  volume  de  son  Panthéon  musical, 
et  qui  est  ainsi  conçu  :  —  «  Le  vingt  janvier 
dix-sept  cent  soixante-deux  est  né  à  Philippe- 
ville  Jérôme-Joseph  Momigny,  fils  de  Jérôme 
Momigny,  maître  d'école  en  cette  ville,  et  de 
Marie-Joseph  Joslet,  ses  père  et  mère,  mariés 
ensemble  à  Walcourt,  demeurant  à  Philippe- 
ville.  »  Malheureusement,  on  n'a  pu  découvrir 
jusqu'ici  le  lieu  et  la  date  de  la  mort  de  Mo- 
migny. On  remarquera,  dans  le  document  qui 
précède,  l'absence  de  la  particule  de,  que  Mo- 
migny a  toujours  accolée  à  son  nom. 

MOMIGNY  (Georges-Joseph  DE),  com- 
positeur, né  à  Vire  (Calvados),  le  12  décem- 
bre 1812,  est  le  fils  de  l'artiste  qui  fait  l'objet 
de  la  notice  précédente. 

Admis  en  1830,  comme  élève  pensionnaire  au 
Conservatoire  de  Paris,  Georges  de  Momigny  y 
eut  pour  professeurs  Zimmermann  et  Reicha. 
Étant  sorti  de  cet  établissement,  il  se  livra  au 
professorat,  obtint  le  poste  d'organiste  à  la  Cha- 
pelle-Saint-Denis, et  se  fit  connaître  en  outre 
par  un  assez  grand  nombre  de  compositions  mu- 
sicales, consistant  surtout  en  romances,  noctur- 
nes, mélodies  religieuses,  etc. 

Eu  1844,  il  créa  la  Semaine  des  jeunes  filles, 
album  spécial  de  chant  à   l'usage  des  maisons 


d'éducation,  dont  il  a  paru  quatre  années.  Vers 
la  même  époque,  il  fut  nommé  professeur  de 
piano  et  de  chant  à  V Institution  royale  de 
jeunes  demoiselles  de  Nogent-sur-Marne. 

Parmi  les  productions  de  M.  de  Momigny, 
nous  citerons  encore  un  Album  artistique,  con- 
tenant six  morceaux  de  chant,  trois  cantiques 
pour  le  mois  de  Marie,  et  enfin  un  1"  Salut 
solennel,  composé  d'un  O  Salutaris  et  d'un 
Ave  Maria,  publiés  séparément,  avec  accom- 
pagnement d'orgue  et  violon  (Paris,  H.  Gau- 
tier). Ces  deux  compositions,  écrites  dans  le  style 
concertant,  ont  été  exécutées  pour  la  première 
fois  à  Paris,  dans  l'église  de  la  Trinité,  le  25 
avril  1875. 

M.  Georges  de  Momigny  habite  maintenant  sa 
ville  natale.  J.  C  —  z. 

*  MONARI  (Clément),  compositeur  drama- 
tique, est  né,  non  dans  le  duché  de  Modène, 
comme  il  a  été  dit  par  erreur,  mais  à  Bologne. 
Outre  les  deux  ouvrages  signalés  à  son  nom,  il 
a  encore  écrit  un  opéra,  Atalanta,  et  un  ora- 
torio, la  Purità  trionfante  del  Sospetto,  com- 
posé à  l'occasion  de  la  fête  de  l'empereur  Jo- 
seph I"  sur  l'ordre  du  duc  de  Modène,  et  exécuté 
en  1711  dans  l'église  des  Carmélites  de  Mo- 
dène. 

*  MOIVASTERIO  (Jésus),  violoniste  espa- 
gnol, est  né,  non  en  1835,  mais  le  21  mars  1836. 
Cet  artiste  fort  distingué  a  fondé  en  1861, 
à  Madrid,  une  société  de  quatuors  qui  grâce  à 
son  talent  a  obtenu  les  plus  grands  succès,  et  il 
dirige  de  la  façon  la  plus  remarquable  les  con- 
certs classiques  du  Conservatoire.  M.  Monasterio 
a  rendu  ainsi  de  très-grands  services  à  l'art  et 
à  son  pays,  en  faisant  connaître  et  apprécier 
de  ses  compatriotes,  à  l'aide  d'une  excellente 
exécution,  les  grands  chefs-d'œuvre  de  la  mu- 
sique symphoniqneet  de  la  musique  de  chambre. 
Il  est  chevalier  de  l'ordre  de  Charles  111,  com- 
mandeur de  l'ordre  d'Isabelle  la  Catholique,  et 
membre  de  l'Académie  des  Beaux-Arts  de  Ma- 
drid, 

MOIXBIiNNE  (Théodore-Nicolas-Marie), 
caissier  dans  une  maison  de  banque,  né  à  Paris 
en  1803,  mort  en  cette  ville  le  21  mars  1876, 
mérite  de  prendre  place  au  nombre  de  ceux  qui 
se  sont  fait  remarquer  par  leurs  sympathies 
effectives  en  faveur  de  l'art  et  des  artistes.  Cet 
homme  de  bien,  qui,  à  force  d'ordre  et  d'écono- 
mie, avait  amassé  un;  modeste  avoir,  a  laissé  en 
mourant  les  sommes  nécessaires  à  la  fondation 
de  quelques  œuvres  dont  deux  intéressent  la  mu- 
sique. La  première  est  une  rente  annuelle  de 
250  francs  léguée  à  l'Association  de  secours 
mutuels  des  artistes  musiciens;  la  seconde  con- 


230 


MONBINNE  —  MONIOT 


histe  en  un  prix  biennal  de  3,000  francs  mis 
à  la  disposition  de  l'Académie  des  Beaux-Arts , 
et  qui  sera  décerné  par  elle  «  soit  à  l'auteur  de 
la  musique  d'un  opéra-comique  représenté  dans 
les  deux  précédentes  années,  soit  à  une  com- 
position musicale  envoyée  par  un  pensionnaire 
de  Rome  dans  les  quatre  années  précédentes, 
soit  à  une  composition  symphonique  avec  ou 
sans  paroles,  soit  à  une  cantate,  un  oratorio, 
soit  à  une  composition  religieuse.  » 

*  MONDONVILLE  (Je\n-Joseph  CAS- 
SAIXEA  DE),  violoniste  et  compositeur  fameux 
du  dix-huitième  siècle,  naquit  à  Narbonne  le 
25  décembre  1711.  Celte  date  parait  établie 
d'une  façon  [bien  certaine  aujourd'hui,  d'après 
une  notice  publiée  à  Narbonne  même,  sous  les 
auspices  de  la  commission  arciiéologique  de  cette 
ville,  par  M.  L.  Galibert  :  J.-J.  Cassanea  de 
Mondonville,  compositeur  et  maître  de  musi- 
que de  la  chapelle  du  roi  (Narbonne,  Gaillard, 
1856,  in-8"  de  38  p.).  L'auteur  de  cette  notice 
nous  renseigne  en  ces  termes  sur  la  naissance, 
sur  le  nom  et  sur  la  famille  de  Mondonville  : 
—  «  Jean-Joseph  Cassanea  de  Mondonville  na- 
quit à  Narbonne  le  25  décembre  1711,  dans  la 
paroisse  de  Saint-Sébastien.  Cassanea  prit  le 
nom  de  Mondonville,  enrichi  de  la  particule 
nobiliaire,  par  suite  de  son  mariage  avec  une 
demoiselle  de  Mondonville,  de  '.Toulouse,  dont 
la  famille  se  rendit  célèbre  par  ses  différends 
avec  les  Jésuites,  à  propos  de  Vinstitut  des 
Filles  de  VEnfance,  fondé  par  M"^  de  Mon- 
donville, tante  de  l'épouse  de  Cassanea.  L'au- 
teur des  Annales  de  Toulouse,  du  Rosoy, 
pense  que  les  Cassanea  étaient  originaires  de 
cette  ville;  et,  à  l'appui  de  son  assertion,  il  cite 
un  Jean  de  Cassanea  qui  fut  capiloul  de  Tou- 
louse en  1533.  Si  cette  généalogie  est  exacte,  la 
branche  de  Cassanea  de  Narbonne  aurait  bien 
déchu,  car  le  père  de  notre  compositeur  était 
simple  maître  de  musique  des  enfants  de  chœur 
de  Saint- Just,  et,  en  1745,  un  autre  Cassanea 
remplissait  les  modestes  fonctions  de  bassoniste 
à  l'église  de  Saint-Sébastien....  «  Mondonville 
mourut  le  8  octobre  1772,  et  non  1773,  comme 
il  a  été  imprimé  par  erreur  dans  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens. 

En  dehors  de  ses  œuvres  dramatiques,  Mon- 
donville a  écrit  un  assez  grand  nombre  de  com- 
positions religieuses  pour  le  Concert  spirituel,  et 
il  a  public  diverses  œuvres  de  musique  instru- 
mentale. Ces  dernières  comprennent:  1°  l'Mivre 
de  sonates  de  violon;  2"  2*=  livre  de  sonates  de 
violon,  ou  sons  harmoniques;  3"  un  livre  de 
trios;  4"  un  livre  de  pièces  de  clavecin,  avec 
accompagnement  de  violon;  5"  un  second  livre 


de  pièces  de  clavecin,  en  petits  motets,  avec 
accompagnement  de  violon;  6"  plusieurs  con- 
certos de  violon.  Ses  motets,  tous  avec  chœur  et 
orchestre,  sont  les  suivants  :  De  profundis, 
Bonum  est,  Cceli  cnarrant,  Juhilate,  Domi- 
nus  regnavit,  Magnus  Lominus,  Venite 
exuliemus,  Nisi  Dominus  (1). 

*  MON  ET  A  (Joseph).  —On  a  publié  de  ce 
compositeur  un  recueil  de  Sei  ariette  a  voce 
sola.  M.  le  docteur  Basevi,  de  Florence,  possède 
en  manuscrit,  dans  sa  bibliothèque,  les  œuvres 
suivantes  de  Moneta  :  1°  Notturni  a  voce  sola; 
2"  Cantata  a  voce  sola  di  sei  ottave  del  canto 
XIX  délia  Gerusalemme  liberata  del  Tasso; 
3°  la  Morte  del  générale  Hoche ,  sinfonia. 
Enfin,  à  la  liste  des  ouvrages  dramatiques  de 
Moneta,  il  faut  ajouter  les  deux  suivants  :  la 
Poetessa  capricciosa,  jouée  à  Florence  en  1790, 
et  il  Trion/o  di  Gedeone,  donné  dans  la  même 
ville  en  1804. 

MONGIIVI  (PiETRo),  chanteur  italien,  né 
vers  1830,  parcourut  une  belle  carrière  en  fai- 
sant entendre  une  voix  de  ténor  à  la  fois  robuste 
et  pure,  qu'il  savait  diriger  avec  goût  et  intel- 
ligence. Après  s'être  fait  applaudir  dans  sa  patrie, 
à  Milan  et  à  Turin  particulièrement,  il  se  pro- 
duisit à  l'étranger,  et  obtint  surtout  des  succès 
au  théâtre  impérial  de  Saint-Pétersbourg,  à  celui 
de  l'Oriente,  de  Madrid,  ainsi  que  sur  la  scène 
italienne  de  Paris  (1872).  Cet  artiste  est  mort 
à  Milan,  dans  toute  la  force  de  l'âge  et  du  talent, 
le  27  avril  1874. 

MOIXIOT  (Eugène),  compositeur  et  auteur 
dramatique,  né  vers  1820,  mort  à  Paris  au  mois 
de  novembre  1878,  à  l'âge  de  cinquante-huit  ans, 
s'est  fait  connaître  d'abord  par  un  certain  nombre 
de  romances  et  chansonnettes,  puis  par  quelques 
vaudevilles  représentés  sur  de  petits  théâtres.  De- 
venu directeur  d'une  scène  minuscule,  celle  des 
Folies-Marigny.qui  avait  portéle  titre  de  ^oz/Z/es- 
Debureau  après  avoir  été  le  berceau  des  Bouf- 
fes-Parisiens, il  prit  ensuite  (1865)  la  direction  du 
théâtre  Saint-Germain ,  devenu  plus  tard  théâtre 
Cluny,  lequel  venait  d'être  fondé  par  l'effet  du 
décret  de  1864  qui  rétablissait  le  régime  de  liberté 
industrielle  en  matière  d'entreprises  dramati- 
ques; son  administration  ne  fut  pas  heureuse,  et 
peu  de  temps  après  il  se  voyait  obligé  d'y  re- 
noncer. Eugène  Moniot  a  fait  représenter  les 
opérettes  suivantes,  toutes  en  un  acte,  et  dont, 
à  l'exception  de  trois  seulement,  il  a  écrit  les 

(1)  J'ai  publié  dans  la  Ilexve  et  Gazette  musicale  de 
Paris,  en  1860,  un  travail  assez  étendu  sous  le  titre  de 
mondonville  et  la  Guerre  des  coins.  On  trouTera  dans 
cette  étude  des  renseignements  peu  connus  sur  l'artiste 
qui  en  fait  l'objet. 


MONIOT  —  MONIUSZRO 


231 


paroles  et  la  musique  :  1"  la  Dette  de  Jacquot 
(paroles  de  MM.  Amédée  de  Jallais  et  Emile 
Tiiieny),  Bouffes-Debureau,  1" septembre  1858; 
2°  le  Fils  (f  Ulysse  (en  vers  libres),  Délasse- 
ments-Comiques, 5  mai  1866  ;  3°  Amoureux 
d'une  valse.  Nouveautés,  octobre  1866;  4° /e 
Dernier  Romain,  Folies-Marigny,  11  octo- 
bre 1867  ;  5°  l'Exemple  (paroles  de  M.  Jaime), 
Bouffes-Parisiens,  1"  janvier  1873  ;  6°  Vlà  le 
Tambour-major,  Folies-Bergère,  février  1873; 
7°  les  Épouseux  de  Marianne,  Folies-Ber- 
gère, mars  1873;  8°  Minuit,  Menus-Plaisirs, 
14  février  1874  ;  9°  la  Fille  de  Dagoberi  (paro- 
les de  M.  Hermil),  Folies-Bergère,  ISfévrier  1874; 
10°  Marianne  et  Jeannot,  Renaissance,  1*'  sep- 
tembre 1875;  ir  Wigi?ion«e,  Bouffes-Parisiens, 

10  décembre  1877.  On  doit  aussi  à  Moniot 
la  musique  d'une  cantate  politique,  le  Mincio, 
exécutée  au  théâtre  des  Variétés  à  la  fin  du 
mois  de  juin  1859.  Tout  cela  est  bien  mesquin, 
bien  banal,  bien  peu  musical.  Eugène  Moniot, 
qui  a  écrit  encore  la  musique  d'une  féerie  en 
5  actes  et  14  tableaux,  les  Heures  diaboliques, 
jouée  au  théâtre  Déjazet  le  10  octobre  1874,  a 
publié  une  soixantaine  de  petits  morceaux 
de  piano  sans  valeur  aucune. 

Un  fils  da  cet  artiste,  M.  Georges  Moniot, 
musicien  aussi,  a  fait  représenter  au  petit  théâtre 
des  Folies-Marigny,  en  1877,  deux  opérettes  en 
un  acte  intitulées  V Héritage  de  M.  Maclou  et 
la  Dernière  Crinoline  ;  dans  la  môme  année, 
il  donnait  un  autre  ouvrage  du  même  genre, 
un  Convive  sans  gêne,  sur  une  scène  de  même 
importance,  les  Folies-Bergère. 

MOIVIUSZKO  (Stanislas),  compositeur  po- 
lonais célèbre,  naquit  lel  5  mai  1820  à  Litthauen, 
dans  le  gouvernement  de  Minsk,  en  Lithuanie. 

11  appartenait  à  une  famille  polonaise  très-ho- 
norablement connue  dans  celte  contrée ,  où  elle 
était  établie  depuis  longtemps,  et  où  elle  jouis- 
sait d'une  certaine  aisance.  Sa  mère ,  femme 
très-distinguée  et  excellente  musicienne,  douée 
d'une  voix  admirable,  berça  son  enfance  avec 
les  chants  historiques  de  Niemcewicz,  et  lui 
donna  ses  premières  leçons  de  piano.  Il  travailla 
ensuite  avec  un  artiste  de  premier  ordre,  l'excel- 
lent organiste  Auguste  Freyer,  puis  avec  l'un  des 
meilleurs  professeurs  de  Minsk,  Dominique 
Stefanowicz,  musicien  passionné,  qui  sut  déve- 
lopper chez  son  élève  l'amour  que  lui-même  res- 
sentait pour  son  art. 

Voyant  ses  penchants  favorisés  par  sa  famille 
au  lieu  d'être  combattus,  comme  il  arrive  sou- 
vent,Moniuszko  n'en  étudia  qu'avec  plus  d'ardeur. 
En  1837,  accompagné  de  son  père,  il  entreprit  un 
voyage  à  Berlin,  dans  le  but  de  se  perfectionner 


et  d'achever  son  éducation,  et  travailla  lacompo 
sition  dans  cette  ville  sous  la  direction  d'un  artiste 
fort  distingué,  Frédéric  Rungenhagen,  élève  lui- 
même  de  Benda  et  de  Zelter,  et  auteur  de  com- 
positions religieuses  estimées.  Après  trois  années 
passées  avec  ce  maître,  il  retourna  dans  sa 
patrie  et  s'établit  à  Wilna,  capitale  de  la  Li- 
thuanie, où  il  se  fit  en  peu  de  temps  une  répu- 
tation brillante  comme  compositeur  et  eomme 
professeur. 

Très-bien  vu  des  artistes,  auxquels  il  aimait 
à  rendre  service,  fort  accueilli  dans  la  société, 
Moniuszko  fit  plusieurs  voyages  à  Sainl-Péter»- 
bourg,  où  la  famille  impériale  le  reçut  avec 
courtoisie  et  distinction,  et  il  donna  en  cette 
ville  un  certain  nombre  de  concerts  pour  y  pro- 
duire quelques-unes  de  ses  œuvres,  qui  obtin- 
rent auprès  du  public  russe  un  véritable  succès. 
11  parcourut  ensuite  l'Europe,  se  lia  à  Paris 
avec  Meyerbeer,  à  Weimar  avec  Liszt,  dont 
il  admirait  le  talent  de  virtuose ,  puis,  de 
retour  en  Pologne,  se  fixa  à  Varsovie.  Il  donna 
sur  le  théâtre  de  cette  ville,  en  1846,  son  pre- 
mier ouvrage  dramatique,  Halka,  opéra  en  deux 
actes,  qui  attira  l'attention  des  vrais  connais- 
seurs ,  et  fut  bientôt  reproduit  à  Wilna.  Il  s'a- 
donne alors  au  genre  lyrique ,  y  montre  toute 
la  souplesse  de  son  talent  et  de  ses  facultés,  et 
dans  l'espace  de  dix  années  environ  fait  repré- 
senter les  ouvrages  suivants  :  Loterza,  opérette 
(Varsovie)  ;  le  Nouveau  Don  Quichotte,  opéra- 
bouffe,  paroles  du  comte  Alexandre  Fedrojwne 
Nuit  dans  les  montagnes  de  l'Apennin,  com- 
position descriptive  ;MiMa,  déesse  de  la  beau- 
té,  cantate  exécutée  à  Saint-Pétersbourg  en  pré- 
sence du  grand-duc  héritier,  et  à  lui  dédiée 
(1849);  Niola,  cantate  mythologique;  Idéal, 
opérette;  Betty,  opérette;  les  Bohémiens,  opé- 
rette ;  la  Madone,  hymne  pour  solo,  chœur  et 
orchestre;  un  Conte,  fantaisie  pour  orchestre. 

Moniuszko  écrivit  encore  la  musique  pour  la 
troisième  partie  du  grand  poëme  d'Adam  Mic- 
kiewicz,  Dziady,  pour  trois  chants  du  même 
auteur,  très-répandus  en  Lithuanie,  et  pour  un 
petit  poëme  intitulé  le  Joueur  de  lyre.  Il  se  fit 
connaître  comme  compositeur  de  musique  reli- 
gieuse en  publiant  quatre  Litanies  pour  chœur 
et  orchestres  (écrites  expressément  pour  l'église 
Notre-Dame  de  Wilna),  une  messe  à  quatre  voix 
avec  orchestre,  et  trois  messes  sur  texte  polo- 
nais, avec  accompagnement  d'orgue.  Enfin,  outre 
d'assez  nomlireux  morceaux  de  piano,  il  com- 
posa encore  plus  de  cent  mélodies  vocales,  dont 
quelques-unes  sont  devenues  et  méritaient  de 
devenir  populaires.  Ces  mélodies  se  font  re- 
marquer par  un  charme  étrange,  une   saveur 


232 


MONIUSZRO  —  MONSIGU 


toule  particulière,  un  sentiment  mélancolique  i 
(l'une  grâce  et  d'une  tendresse  tout  à  fait  péné- 
trantes. Un  recueil  choisi  de  ces  jolies  compo- 
sitions vocales  a  été  publié  à  Paris  sous  le 
titre  :  Échos  de  Pologne  (chez  Flaxland),  avec 
paroles  françaises  de  M.  Alfred  des  Essarts.  Ce 
recueil  est  formé  de  pièces  très-originales,  d'une 
allure  touchante  et  rêveuse,  qui  procurent  une 
sensation  peu  commune.  Le  caractère  de  ces 
morceaux  est  singulier,  les  rhythmes  accom- 
pagnants en  sont  très-variés  et  parfois  de  forme 
inusitée,  d'autres  fois  d'une  simplicité  toute 
primitive;  les  harmonies,  très-fines  souvent, 
très-douces  toujours,  présentent  des  successions 
d'accords  inattendus  et  qui  surprennent,  sans  les 
choquer,  nos  oreilles  occidentales,  habituées  à 
d'autres  formules,  à  d'autres  dessins,  à  d'autres 
combinaisons.  Les  mélodies  de  Moniuszko,  en 
un  mot,  sont  un  fruit  de  la  terre  sur  laquelle 
est  né  le  compositeur;  on  sent  qu'elles  sont 
slaves  de  naissance,  comme  certaines  poésies 
populaires,  les  Doinas,  entre  autres,  qui  ne 
sauraient  cacher  leur  origine.  La  plupart  de 
celles  qui  composent  le  recueil  que  j'ai  signalé 
sont  adorables,  et  il  serait  bien  difficile  d'y 
faire  un  choix;  je  cilerai  au  hasard  le  Soir, 
l'Hironrlellp,  le  Chant  de  la  Forêt,  les  Lar- 
mes,  le  Cosaque,  le  Fiancé,  et  un  charmant 
Cracoviak  h  deux  voix. 

Ce  dernier  a  donné  lieu  à  un  petit  fait  assez 
singulier.  Lorsque  M.  Léo  Delibes  (Voy.  ce  nom) 
fut  chargé  par  la  direction  de  l'Opéra  d'écrire  la 
partition  du  joli  ballet  de  Coppélia,  Saint-Léon, 
qui  était  excellent  musicien  en  môme  temps  que 
chorégraphe  accompli,  lui  proposa,  pour  donner 
plus  de  saveur  à  sa  musique  et  plus  de  caractère , 
de  lui  dicter  quelques  motifs  populaires  en  Po- 
logne et  en  Russie,  où  il  avait  longtemps 
résidé.  Les  compositeurs  sont  toujours,  avec 
raison,  très-friands  de  choses  de  ce  genre,  qui 
donnent  la  véritable  couleur  locale.  M.  Léo  De- 
libes écrivit  donc,  sous  la  dictée  de  son  colla- 
borateur, quelques-uns  de  ces  chants  populaires, 
qu'il  intercala  dans  sa  partition  sans  penser  à 
mal.  Mais  voici  que  l'éditeur  des  mélodies  de 
Moniuszko,  assistant  à  une  représentation  de 
Coppélia,  reconnut  au  passage  le  joli  Cracoviak 
dont  je  viens  de  parler,  et,  s'élonnant  d'une 
telle  rencontre  musicale,  demanda  à  M.  Deli- 
bes s'il  était  bien  certain  de  l'originalité  de  ce 
motif,  varié  du  reste  par  le  jeune  compositeur 
avec  beaucoup  de  verve,  de  gr;ke  et  de  dis- 
tinction. M.  Delibes,  qui  n'est  pas  à  cela  près 
d'une  jolie  mélodie,  et  qui  peut  sans  rougir 
avouer  un  emprunt,  déclara  aussitôt  que  celle-ri 
n'était  pas  de   lui,  que  Sainl-l^éon  la  lui  avait  ■' 


chantée  de   mémoire,  et  que  la  trouvant  fort 
heureu.se  il  lavait  employée. 

Ceci  prouve  la  popularité  des  chants  de  Mo- 
niuszko, qui  courent  les  rues  et  les  campagnes, 
et  que  chacun  répète  sans  savoir  si  l'auteur  est 
mort  ou  vivant,  connu  ou  inconnu,  célèbre  ou 
obscur. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Moniuszko  laissera  un 
nom  et  .sera  classé  dans  l'avenjr  parmi  les  mu- 
siciens sinon  les  plus  remarquables,  du  moins 
les  plus  distingués  du  dix-neuvième  siècle.  Il 
.s'est  essayé  dans  presque  tous  les  genres  :  dans 
la  musique  dramatique,  dans  la  musique  reli- 
gieuse, dans  la  cantate,  dans  la  musique  instru- 
mentale; il  a  réussi  dans  tous,  mais  il  ne  laisse- 
rait que  ses  jolies  mélodies,  ses  chants  devenus 
si  rapidement  populaires ,  qu'il  mériterait  une 
place  à  part  au  milieu  des  musiciens  de  ce 
temps,  et  serait  digne  d'être  tiré  de  pair. 

Moniuszko  est  mort  le  4  juin  1872,  à  Varso- 
vie, où  il  occupait  depuis  environ  quinze  an- 
nées le  poste  de  directeur  de  l'Opéra,  et  où  il 
avaitfait  représenter  encore,  le  14  décembre  1809, 
un  opéra  en  trois  actes,  le  Paria,  tiré  du  dra- 
me de  Casimir  Delavigne  qui  porte  le  môme 
titre,  et  exécuter  un  grand  poème  lyrique  inti- 
tulé Faust,  ainsi  qu'une  ode-symphonie,  Cri- 
mée, pour  soli,  chœurs  et  orchestre  (mars  1868). 
La  ville  de  Varsovie  lui  a  fait  des  funérailles 
splendides,  témoignant  ainsi  de  l'estime  qu'elle 
professait  pour  son  talent  et  pour  son  caractère. 

mOAXIURD  (C....-E....-F....),  e.st  le  nom 
d'un  écrivain  auquel  on  doit  un  Sermon  sur  la 
musique  sacrée,  qui  a  été  publié  à  Genève  en 
1802. 

*  MOiXiVAIS  (Guiu.M'ME-ÉnouARD-DÉsmF.), 
est  mort  à  Paris  le  25  février  1868.  A  la  liste 
de  ses  écrits  relatifs  à  la  musique,  il  faut  joindre 
le  suivant  :  F.  Halévy,  souvenirs  d'un  ami , 
pour  joindre  à  ceux  d''un  frère  (Paris,  impr. 
Chaix,  1863,  in-8°  de  38  p.)  ;  ces  «  souvenirs  » 
personnels  sont  fort  intéressants,  et  seront  utiles 
à  l'écrivain  qui  entreprendra  une  étude  com- 
plète sur  l'illustre  artiste  qui  en  fait  l'objet. 
Edouard  Monnais  possédait,  dit-on,  un  agréable 
talent  d'amateur  sur  le  violon. 

*  MOXOPOLI  (Jacques).  —  Voyez  IN- 
SAN(.III\E. 

MONSKiU  (Josf.ph-Je\n-Baptistf.),  né 
le  29  janvier  1849,  s'est  fait  connaître  à  Mar- 
seille, où  il  habite,  par  quelques  publications 
pour  le  piano,  —  Chant  des  feuilles,  Villa- 
nelle.  Voyage  aérien  (valse),  PostiUon-Polkn 
(Pépin  frères,  éditeurs  à  Marseille),  et  deux 
opéras  :  Chdteanx  en  Espagne,  opéra-comique 
en  un   acte,  et  Spartacus,  grand  opéra  en  5 


MONSIGU  —  MONTAUBRY 


233 


actes,  dont  plusieurs  fragments  ont  été  enten- 
dus dans  des  réunions  privées. 

Al.  R  —  d. 

*MO\TAG  (Ernest),  pianiste  et  compo- 
siteur, est  mort  à  Weimar  au  mois  d'octobre  ou 
de  novembre  1864. 

MONTA L  (Claude),  facteur  de  pianos,  né 
à  la  Pali«se  (Allier),  le  28  juillet  1800,  est  un 
exemple  étonnant  de  ce  que  peut  l'intelligenre 
liiimaine,  même  placée  dans  les  conditions  les 
plus  difficiles,  lorsqu'elle  est  aidée  par  l'énergie, 
la  persévérance  et  la  volonté.  A  peine  âgé  de 
cinq  ans  et  demi,  Montai  était  frappé  de  cécité, 
et  à  seize  ans  il  était  admis  à  l'Institution  des 
Jeimes-Aveugles,  où,  après  avoir  appris  les  ma- 
thématiques, il  professait  bientôt  cette  science, 
tout  en  exerçant  son  adresse  dans  certains  tra- 
vaux manuels.  Bientôt  il  se  mit  à  étudier  avec 
ardeur  la  construction  et  le  mécanisme  des  pia- 
nos, ouvrît  à  sa  sortie  de  l'école,  en  183t,  un 
cours  public  pour  l'accord  de  ces  instruments  , 
publia  en  1834  un  Abrégé  de  Part  d'accorder 
soi-même  son  piano  (Paris,  1834,  in-8°  avec 
planches  et  figures),  et  deux  ans  après  fit  suivre 
ce  petit  manuel  d'un  écrit  plus  étendu,  et  dont 
voici  le  titre  exact:  VArt  d'accorder  soi-même 
son  piano,  d'après  une  méthode  sûre,  simple 
et  facile  déduite  des  principes  exacts  de  Va- 
coustique  et  de  l'harmonie  ;  contenant  en 
outre  les  moyens  de  conserver  cet  instru- 
ment, l'exposé  de  ses  qualités,  la  manière 
de  réparer  les  accidents  qui  surviennent  à 
son  mécanisme,  tin  traité  d'acoustique,  et 
l'histoire  du  piano  et  des  instruments  à  clavier 
qui  l'ont  précédé,  depuis  le  moyen  dge  jus- 
qu'en 1834  (Paris,  Meissonnier,  in-8°  avec  plan- 
ches, 1836).  Il  a  été  fait  de  ce  manuel  plusieurs 
éditions  ,  et  il  a  été  traduit  en  plusieurs  langues. 
Pendant  ce  temps,  Montai  créait,  pour  la  fabri- 
cation des  pianos,  un  établissement  important, 
qui  prospérait  rapidement,  et,  après  avoir  placé 
quelques  .spécimens  de  ses  produits  à  l'Exposi- 
tion indusirielle  de  1834,  il. obtenait  successive- 
ment toutes  les  récompenses  et  tontes  les  dis- 
tinctions que  peuvent  décerner  les  jurys,  les 
sociétés  de  toutes  sortes,  les  académies  et  les 
athénées.  A  la  suite  de  l'Exposition  universelle 
de  1851,  Montai  était  nommé  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur,  et  peu  après  il  publiait  une 
nouvelle  brochure,  inlitniéo  :  Notice  rnisonnée 
sur  les  perfectionnements  introduits  dans  la 
fabrication  des  pianos  (Paris,  1852,  vp-S"  de  31 
pages).  Cet  homme  distingué  est  mort  le  7 
mars  1865.  —  M.  Guadet,  directeur  de  l'In-stitu- 
tion  des  Jeunes-Aveugles,  dont  Montai  avait  été 
l'élève,  a  publié  une  Notice  biographique  sur 


Clatide  Montai,  facteur  de  pianos  à  Paris 
(Paris,  1845,  in-8"). 

MONTAI\DOI\  (AcGusTE-LAtnENT),  pas- 
teur de  ri-:glise  réformée,  à  qui  ses  prédications 
valurent  une  grande  notoriété,  s'est  beaucoup 
occupé  de  musique  et  a  été  l'un  des  plus  ardents 
sectateurs  de  la  méthode  Chevé,  en  faveur  de 
laquelle  il  a  publié  l'écrit  suivant  :  École  Galin- 
Paris-Chevé.  Problème  musical  historique, 
pédagogique,  prophétique,  Paris,  1801,  Taride, 
in-8''  de  plus  de  200  pages.  Joignant  la  prati- 
que à  la  théorie,  il  publia  aussi,  en  notation 
chiffrée,  les  recueils  suivants  :  Chants  reli- 
gieux à  Vusage  des  écoles  du  dimanche,  trois 
recueils  de  cantiques  à  deux  voix  ;  2»  Chants 
de  l'Alliance  chrétienne  universelle,  à  deux 
voix;  3"  Chants  de  l'école  et  des  loisirs; 
4°  Recueil  de  psaumes  et  cantiques  à  l'u- 
sage des  églises  reformées.  Montandon,  qui 
était  né  à  Clermont-Ferrand  en  1803,  est  mort 
au  mois  de  décembre  1876. 

MONTAUBRY  (Jean-Baptiste-Édouard), 
chef  d'orchestre  et  compositeur,   né  à  Niort  le 
27  mars  1824,  reçut  de  son  père,  musicien  en 
province,  ses  premières  leçons.  Venu   de  bonne 
heure  à  Paris,  il  entra  au  Conservatoire  dans  la 
classe  d'Habeneck,  et   remporta  un  accessit  de 
violon  en  1843.  Devenu,  fort  jeune,  second  chef 
d'orchestre  au  théâtre  du  Vaudeville,  il  succéda 
bientôt  comme  premier  chef  à  Doche,  lorsque 
celui-ci  partit  pour  la  Russie.  Il  eut  alors  l'oc- 
casion de  se  faire  connaître  comme  compositeur, 
en  écrivant  descouplets,  des  rondes  et  des  chan- 
sons pour  certaines  pièces  dont  les  succès   fu- 
rent éclatants,  entre  autres  pour  les  Filles  de 
Marbre,  dont  la  ronde  de  Marco  courut  tout 
Paris,  et  pour  la   Vie  en  rose.  Ses  petits  airs 
n'étaient  dénués  ni  de  charme  ni  de  distinction. 
Quelques  auteurs  lui  confièrent  alors  de  vérita- 
bles livrets  d'opi^rettes  ,  dont   il  fit  la  musique, 
et  ces  petits  ouvrages,  le  Nid  d'amours,  le  Bat 
de  ville  et  le  Bat  des  champs,  les  Néréides 
et  les  Cyclopes,    furent  représentés  au  Vaude- 
ville et  accueillis  avec  faveur.  Bientôt  il  écrivit 
un  ouvrage  en  un  acte,  l'Agneau  de  Chloé,  qui 
fut  joué  au  Théâtre-Lyrique  le  9  juin  1858,  et 
il  donna   aussi  quelques  opérettes  aux  Folies- 
Nouvelles,  Freluchette  (1856),  la  Perruque  dtt 
Cassandre   (vers  1858),  Vendredi   (1859).  En 
1862!ou  1863,  encouragé   par  l'exemple  de  .son 
frère,  qui  s'était  fait  une  belle  situation  comme 
chanteur,   M.  Montaubry  crut  se  découvrir  de 
la  voix,  se  mit  à  travailler  léchant,  et  quitta  sa 
position  pour  aller   tenir  en  province  l'emploi 
des    ténors.    Mais  il  n'était  plus   à    l'âge   où 
de  semblables  essais   peuvent  réussir.  Depuis 


234 


MONTAUBRY  —  MONTENEGRO 


celte  époque,  on    n'en  a  plus'  entendu  parler. 

MOXTAUBRY  (Achille-Fémx),  frère  du 
précédent,  chanteur  qui  a  tenu  pendant  plu- 
sieurs années  l'emploi  de  prennier  ténor  à  l'O- 
péra-Comique, est  né  à  Niort  le  12  novem- 
bre 1826.  D'abord  élève  de  violoncelle  au  Con- 
servatoire, il  commença  par  être  musicien 
d'orchestre,  et  était  violoncelle  au  Vaudeville 
lorsque  son  frère  n'y  était  encore  que  premier 
violon.  S'étant  aperçu  qu'il  possédait  une  jolie 
voix,  il  rentra  au  Conservatoire,  y  devint  élève 
de  Panseron  pour  le  chant,  de  Moreau-Sainli 
pour  l'opéra-comique,  et  obtint  au  concours 
de  1846  un  second  prix  d'opéra-comique.  Il 
partit  alors  pour  l'Amérique,  où  un  engagement 
avantageux  lui  était  offert,  et  fit  à  la  Nouvelle- 
Orléans  une  campagne  très-brillante.  Au  bout 
de  deux  ans  il  revint  en  Europe,  et  obtint  de 
très-grands  succès  en  tenant  l'emploi  de  ténor 
léger  à  Lille,  Bruxelles,  la  Haye,  Strasbourg, 
Marseille,  Bordeaux,  etc. 

On  s'étonnait  de  ne  pas  voir  M.  Montaubry  à 
rOpéra-Comique,  lorsque  Roqueplan,  à  son  arri- 
vée à  ce  théâtre,  lui  fit  proposer  un  traité  de  cinq 
ans,  à  raison  de  40,000  francs  par  année. 
M.  Montaubry  accepta  et  vint  débuter,  le  16  dé- 
cembre 1858,  dans  un  ouvrage  fait  à  son  inten- 
tion, les  Trois  Nicolas,  dont  Clapisson  avait 
écrit  la  musique,  et  dans  lequel  il  personnifiait 
Dalayrac.  Son  succès  fut  très-grand  dès  l'abord, 
et  prit  bientôt  les  proportions  d'une  véritable 
vogue.  Non  que  le  chant  du  nouveau  ténor 
brillât  par  le  style  et  la  distinction;  il  avait 
même  parfois  un  caractère  de  vulgarité  fâcheux, 
et  M.  Montaubry,  comme  comédien,  était  sou- 
vent d'un  sans-gêne  et  d'un  laisser-aller  con- 
damnables. Mais  le  chanteur  avait  de  la  facilité, 
une  voix  bien  timbrée,  de  jolies  notes  de  faus- 
set, l'acteur  avait  de  la  verve,  de  l'acquis, 
beaucoup  d'aplomb,  et  à  une  époque  où  les 
ténors  commençaient  à  se  faire  si  rares,  il  n'en 
fallait  pas  davantage  pour  lui  assurer  les  faveurs 
du  public.  M.  Montaubry  reprit  donc  avec 
succès  un  grand  nombre  de  rôles  du  répertoire  : 
Fra  Diavolo,  le  Songe  d'une  nuit  d'été,  les 
Mousquetaires  de  la  Heine,  Zampa,  le  Pos- 
tillon de  Lovjumeau,  le  Petit  Chaperon  rouge, 
Rose  et  Colas,  et  il  lit  |)lusicurs  créations  im- 
portantes :  le  Uoman  d'Elvire,  la  Circassienne, 
le  Joaillier  de  Saint- James,  Lalla-Roukh, 
Lara,  etc. 

En  1868,  M.  Montaubry  quitta  l'Opéra-Comi- 
que.  Sa  voix  avait  perdu  une  partie  de  sa  fraî- 
cheur, et  il  songea  d'abord  à  tirer  parti  de  son 
talent  comme  professeur.  Mais  bientôt  il  acheta 
un  petit  théâtre ,  les  Folies-Marigny,  et  se  fit 


directeur  de  celte  scène  lilliputienne,  sur  laquelle 
il  fit  représenter  et  joua  lui-même  une  opérette 
de  sa  composition,  Horace.  Il  abandonna  promp- 
tement  cette  entreprise.  En  1873,  après  avoir  fait 
jouer  sur  un  petit  théâtre  une  seconde  opérette,  in- 
titulée Son  Altesse  le  Printemps,  W  fut  engagé  à  la 
Gaîté,  pour  jouer  le  rôle  principal  dans  la  reprise 
faite  à  ce  théâtre  de  VOrphée  de  M.  Offenbach. 
En  1877,  il  quitta  Paris  pour  aller  prendre  la 
direction  d'un  théâtre  en  province. 

M.  Montaubry  a  épousé  en  1850  une  chan- 
teuse de  talent,  M"«  Caroline  Prévost,  fille 
elle-même  d'une  cantatrice  distinguée,  M"«  Zoé 
Prévost.  Dans  son  premier  engagement  à  l'Opé- 
ra-Comique,  il  avait  fait  in.sérer  une  clause  par 
laquelle  le  théâtre  s'engageait  à  jouer  un  ouvrage 
en  deux  actes  de  son  frère,  dont  le  rôle  prin- 
cipal serait  rempli  par  lui.  Celui-ci  n'a  pas  pro- 
fité de  l'avantage  que  l'affection  de  son  frère 
lui  avait  fourni. 

MONTEMAYOR  (Le  P.  Francisco- 
Melchor),  musicien  espagnol,  plus  connu  en 
son  temps  sous  le  nom  de  maître  Cabello,  fut 
l'un  des  compositeurs  religieux  les  plus  distin- 
gués de  son  pays  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-septième  siècle.  Moine  de  l'ordre  de  Saint- 
Jérôme  au  monastère  de  Guadalupe,  il  écrivit 
quantité  d'œuvres  de  musique  sacrée  ,  dont  on 
rencontre  encore  un  grand  nombre  dans  les 
divers  couvents  de  son  ordre,  particulièrement 
à  l'Escurial.  On  ne  possède  aucuns  renseigne- 
ments biographiques  sur  cet  artiste,  que  l'on 
sait  seulement  être  mort  dans  un  âge  avancé. 

MONTENEGRO  (Antonietta),  chanteuse 
italienne  renommée,  née  à  Cadix  vers  1825, 
s'est  fait  une  grande  réputation  par  son  talent 
de  cantatrice,  par  sa  beauté  poétique,  fière  et 
imposante,  et  par  sa  rare  intelligence.  Elle  fit 
ses  débuts  en  1844,  à  Milan,  sur  le  théâtre  de  la 
Scala,  en  chantant  la  Norma  de  Bellini,  et  son 
succès  fut  tel  que  l'ouvrage  fut  joué  plus  de 
trente  fois  dans  le  cours  de  la  saison  et  qu'on 
frappa  une  médaille  d'or  reproduisant  les  traits 
de  la  cantatrice.  De  Milan  elle  se  rendit  à  Ve- 
nise ,  puis  se  fit  entendre  avec  le  même  succès 
à  Vienne  et  à  Rome,  et  parcourut  ensuite  l'An- 
gleterre ,  la  Hollande  et  la  Belgique.  De  retour 
à  Milan  en  1856,  elle  fanatisait  de  nouveau  le 
public  de  la  Scala  dans  Semiramide,  on  elle 
obtint  un  véritable  triomphe.  Chanteuse  d'ins- 
piration, douée  d'une  voix  étendue  et  puissante, 
symphatique  et  pénétrante  surtout  dans  le  mé- 
dium, se  distinguant  par  ses  élans  passionnés  et 
son  sentiment  pathétique,  la  Monténégro  brillait 
tout  particulièrement  dans  les  ouvrages  du  grand 
répertoire  italien,  tels  que  la  Norma,  Lucre- 


MONTENEGRO  —  MONTLAUR 


235 


iia  Borgia,  Semiramide  et  Anna  Bolena. 
Celte  artiste  remarquable  est  morte  à  Naples  au 
mois  de  juin  1864. 

MOIXTI  (Decio),  compositeur  italien,  a  fait 
représenter  en  1869,  sur  le  théâtre  Doria,  de 
Gênes,  un  opéra  en  trois  actes  intitulé  Gra- 
ziella. 

MOIXTICELLI  (Ange),  né  à  Marseille  le  2 
octobre  1829,  a  fait  dans  cetle'ville  son  éduca- 
tion musicale.  En  1845  il  se  rendit  à  Paris  pour 
y  compléter  ses  études.  Lorsque  survinrent  les 
événements  de  1848,  il  fut  rappelé  par  sa 
famille  et  revint  à  Marseille,  qu'il  n'a  plus  quittée. 
Il  s'y  est  voué  à  l'enseignement.  Cet  artiste  s'est 
fait  connaître  comme  compositeur  par  un  opéra 
eu  trois  actes,  le  Fou  de  Saint-James,  qui 
fut  représenté  pour  la  première  fois  au  Grand- 
Théâtre  de  Marseille  le  21  mai  1851.  Il  a  publié 
aussi  divers  morceaux  de  piano.  M.  Monticelli 
est  actuellement  professeur  de  musique  aux 
écoles  communales  et  au  lycée  de  Marseille. 
f  Al.  R  —  D. 

MOIVTIGI\Y  (Fanny-Marcelinr-Caroline 
REMAURY,  épouse),  l'une  des  pianistes  les 
plus  remarquables  de  l'époque  actuelle,  est  née 
à  Pamiers  (Ariége),  le  22  janvier  1843.  Elle  fut 
amenée  tout  enfant  à  Paris,  et  après  avoir  été 
admise  au  Conservatoire,  dans  la  classe  de 
solfège  de  M"®  Mercié-Porte,  elle  entrait,  peu 
de  temps  après,  dans  la  classe  de  piano  de  M.  Le 
Couppey.  Elle  obtenait  au  concours  de  1856  un 
premier  accessit  de  piano,  l'année  suivante  le 
second  accessit  de  solfège  et  le  second  prix  de 
piano,  en  1858  le  premier  accessit  de  solfège  et 
le  premier  prix  de  piano,  et  en  1859  une  se- 
conde médaille  (second  prix)  de  solfège.  A  la  fin 
de  cette  année  1859,  elle  entra  dans  la  classe 
d'harmonie  et  accompagnement  de  M""^  Dufresne, 
remporta  en  1861  le  premier  accessit  pour  cette 
partie  de  ses  études,  en  1862  le  premier  prix, 
et  termina  ainsi  brillamment  sa  carrière  sco- 
laire. 

Après  avoir  accompli  son  apprentissage 
d'artiste.  M"*  Caroline  Rémaury  commença  à 
se  faire  entendre  en  public,  et  tit  apprécier  un 
talent  qui  brillait  à  la  fois  par  la  finesse  et  la 
solidité,  la  grâce  et  la  fermeté,  par  un  goût  très- 
pur  et  par  la  franchise  d'une  exécution  dont  la 
sûreté  était  inébranlable.  Au  bout  de  .quelques 
années,  la  jeune  artiste,  par  l'évidente  supério- 
rité de  son  jeu,  s'était  fait  une  place  à  part  dans 
le  nombre  de  nos  meilleurs  virtuoses  et  avait 
conquis  une  légitime  renommée.  D'ailleurs,  il 
semblait  que  ses  succès  ne  fissent  que  l'encou- 
rager au  travail,  et  chaque  jour  son  talent 
acquérait  plus  de  force,  d'assurance  et  de  dis- 


tinction. Un  son  clair  et  superbe,  im  style  noble 
et  pur,  une  excellente  manière  de  phraser,  la  vive 
et  saine  compréhension  des  maîtres,  à  quelque 
genre  qu'ils  appartiennent,  et  par  conséquent  la 
souplesse  et  la  variété  dans  le  jeu,  telles  sont  les 
qualités  de  cette  grande  artiste,  qni  exécute 
avec  la  même  supériorité  les  œuvres  de  Bach 
ou  de  Rameau,  de  Mozart  ou  de  Beethoven,  de 
Schumann  ou  de  Chopin,  de  Schuloff  ou  de  Men- 
delssohn,  ou  encore  les  productions  des  jeunes 
compositeurs  contemporains,  MM.  Saint-Saëns, 
"Widor,  Rubinstein,  Godard,  etc. 

Dans  ces  decnières  années,  M'°*  Montigny-Ré- 
maury  (1)  s'est  fait  entendre  non-seulement  dans 
nombre  de  concerts  particuliers,  mais  aux  con- 
certs du  Châtelet,  et  surtout  au  Conservatoire,  où 
elle  obtient  toujours  de  vifs  applaudissements.  En 
1876,  elle  a  donné  des  séries  de  concerts  à  Bor- 
deaux, à  Lyon  et  à  Londres,  et  dans  cette  der- 
nière ville  ses  succès  ont  été  éclatants.  En  1877, 
sur  la  demande  expresse  de  M.  Ferdinand  Hiller, 
directeur  du  Giirzenich ,  elle  s'est  rendue  à  Co- 
logne, où  elle  a  obtenu  un  véritable  triomphe. 

M»''  Montigny  est  assurément  l'une  des  artis- 
tes les  plus  accomplies  de  ce  temps ,  et,  faculté 
rare  1  elle  ne  brille  pas  moins  dans  l'exécution 
de  la  musique  d'ensemble  que  lorsqu'elle  est 
appelée  à  se  produire  comme  virtuose  propre- 
ment dite. 

MONTLAUR  (Joseph-Isidoke,  comte 
VILLARDY  DE),  amateur  distingué  de  mu- 
sique, né  au  château  de  Poudres,  près  de  Som- 
roières,  dans  le  département  du  Gard,  le  5  fé- 
vrier 1779,  mourut  dans  le  même  lieu  le  22  dé- 
cembre 1843.  Il  prit,  dit-on,  des  leçons  de 
violon  avec  Rode,  et  travailla  l'harmonie  avec 
Reicha.  Doué  d'une  fort  belle  voix  de  ténor,  il 
obtenait,  comme  chanteur,  de  grands  succès  de 
salon,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  se  livrer  à  la 
composition.  Il  a  publié  deux  recueils  de  Noc- 
turnes :  Veillées  du  château  et  Nouvelles  Veil- 
lées du  Château  (Paris,  Pacini),  deux  duos 
italiens  :  Ecco  dunque  la  bella  Maraviglia 
et  la  Serenata  (Paris,  Bernard-Latte),  quelques 
romances  :  la  Vierge  espagnole,  Plaisir, 
amour  ont  fui  loin  de  la  France,  la  Pèle- 
rine, un  quatuor  vocal  destiné  aux  églises  réfor- 
mées (Montpellier,  Boehm),  etc.  La  mort  surprit 
ce  compositeur  au  moment  où  il  achevait  un 
grand  oratorio,  Gerusalemme  liberata,  avec 
paroles  italiennes  et  françaises.  Il  a  laissé  aussi 
en  portefeuille  un  opéra-comique,  la  Jeune 
Mère,  qui  n'a  jamais  été  représenté. 

(1)  Mlle  Caroline  Rémaury  avait  épousé  un  publiclsle 
distingué,  M.  Montigny,  rédacteur  du  Journal  le  Temps, 
qui  l'a  laissée  veuve  11  y  a  trois  ou  quatre  ans. 


236 


MONTROND  —  MOONEN 


MONTROND  (M/vxiME  DE),  écrivain,  a 
publié  lin  livre  ainsi  intitulé  :  les  Musiciens  les 
plus  célèbres  (Lille,  Lefort,  1853,  in-S"),  con- 
tenant quarante-deux  notices  sur  des  musiciens 
fameux.  Ce  volunne  fait  partie  d'une  série  de 
publications  du  même  genre,  dont  les  autres 
sont  consacrées  aux  peintres,  aux  militaires, 
aux  marins,  etc.  C'est  dire  que  l'auteur  ne  con- 
naît spécialement  aucun  des  sujets  traités  par 
lui,  et  que  ses  compilations,  dépourvues  des 
qualités  les  plus  indispensables,  ne  peuvent  être 
d'auc\ine  utilité. 

MOIXTUOLI  (Giuseppe),  compositeur  de 
musique  religieuse,  naquit  à  Lucques  vers  1670. 
Après  avoir  fait  d'excellentes  études,  il  devint 
maître  de  chapelle  de  la  république,  et  produisit 
un  certain  nombre  d'œuvres  estimables,  entre 
autre  sept  services  religieux  à  grand  orchestre 
exécutés,  de  1699  ;à  1735,  à  l'occasion  de  la 
fête  de  Sainte-Cécile,  plusieurs  compositions  du 
môme  genre  écrites  pour  les  cérémonies  de 
l'Kxaltation  de  la  Croix,  un  oratorio  intitulé  le 
Passioni  convinie,  une  messe  à  4  voix  avec 
accompagnement  instrumental,  et  plusieurs  can- 
tates da  caméra  ;  on  assure  même  qu'il  écrivit 
pour  le  théâtre ,  mais  les  titres  de  ses  oeuvres 
en  ce  genre  sont  aujourd'hui  oubliés.  Montuoli 
mourut  à  Lucques  le  27  novembre  1739;  en  lui 
s'éteignit  son  nom,  car  il  n'avait  pour,  toute 
famille  qu'une  sœur,  religieuse  au  couvent  de 
Saint-Nicolas. 

Montuoli,  qui  sans  doute  consacrait  une  partie 
de  son  temps  à  l'enseignement,  a  publié  un  ou- 
vrage théorique  dont  il  a  été  fait  plusieurs  édi- 
tions, car  on  verra  que  celle  que  je  vais  citer, 
et  qui  m'a  été  signalée  par  M.  le  docteur  Basevi, 
de  Florence,  n'est  pas  la  première  :  Lezioni  per 
notteggiare  a  voce  sola  col  basso  continuo 
del  sig.  Giuseppe  Montuoli,  maestro  di  cap- 
pella délia  Sereniss^  Bepubblica  di  Lucca. 
Di  nuovo  ristampatc.  Firenze,  ad  istanza  di 
Carlo  nolli,  librajo  delV  Arcivescovado,  1711. 

MOIXTUORO  (Achille),  compositeur  ita- 
lien, né  à  Naples,  a  fait  représenter  j\  Paris,  au 
ThéAtre-Lyrique,  le  10  juin  1867,  un  opéra-co- 
mique en  un  acte  intitulé  les  Commères,  qui 
passa  complètement  inaperçu.  L'année  suivante 
I  publiait  sous  ce  titre  :  le  Vere  e  sole  Cagioni 
délia  decndenza  delV  arte  musicale  in  Italia, 
e  quale  il  mezzo  ad  arreslarne  il  corso  (Pa- 
rigi,l8r>8,  in-8"  de  14  p.),  une  brochure  écrite  en 
italien  et  (jui  présente  celle  particularité  que, 
bien  que  publiée  à  Paris,  elle  a  été  imprimée  à 
Turin. 

J'ignore  si  c'est  le  même  artiste  qui,  en  1802, 
sollicitait  et  obtenait  la  direction  du  théâtre  San- 


Oarlo,  de  Naples,  qu'il  ne  conservait  pas  long- 
temps ;  c'est  du  moins  un  personnage  qui  por- 
tait exactement  les  mêmes  nom  et  prénom. 
Quoi  qu'il  en  soit,  M.  Montuoro  retourna  en 
Italie,  où  il  continua  sa  carrière  de  compositeur 
en  donnant  au  théâtre  de  la  Scala,  de  Milan,  le 
20  mars  18C9,  un  opéra  sérieux  intitulé  Fieschi, 
qui  fut  froidement  accueilli,  bien  qu'il  fût  chanté 
par  d'excellents  artistes,  entre  autres  M"=  Tere- 
sina  Stolz  et  le  baryton  Colonnese.  Deux  ans 
après,  au  mois  de  mai  1871,  il  faisait  représenter 
au  théâtre  Re,  de  la  même  ville,  un  ouvrage 
bouffe, /'i4 otocq/o  Patelin,  qui  n'obtenait  guère 
plus  de  succès.  Enfin,  le  9  janvier  1874,  il  pro- 
duisait nu  théâtre  Regio,  de  Turin,  un  nouveau 
drame  lyrique,  Re  Manfredi,  qui  subissait  une 
chute  lamentable.  «  Cet  ouvrage,  disait  un 
journal,  n'a  vécu  que  deux  soirées  ;  il  a  disparu 
le  lendemain  dans  un  ouragan  de  sifflets,  sans 
avoir  même  pu  s'achever.  C'est  une  série  inter- 
minable de  lieux  communs  mélodiques  et  har- 
moniques. Re  Manfredi  a  mérité  son  sort.  Il 
est  dommage  que  le  musicien  ait  entraîné  dans 
sa  chute  le  poète  Léopold  Marenco,  un  des 
esprits  les  plus  distingués  d'Italie:  mais  aucun 
libretto  ne  pouvait  sauver  cette  musique.  »  De- 
puis ce  fiasco  colossal,  M.  Montuoro  ne  s'est 
pas  représenté  à  la  scène. 

MOIVVILLE  (DE),  musicien  du  dix-hui- 
tième siècle,  a  écrit  la  musique  d'un  petit  ou- 
vrage qui  avait  pour  titre  :  «  les  Amours  de  vil- 
lage ou  Lisette  et  Colin,  scène  pastoralle,  avec 
accompagnement  de  harpe,  violon,  quinte  et 
clavecin.  »  La  partition  de  cet  ouvrage  a  été 
gravée,  et  l'on  en  trouve  un  exemplaire  à  la 
bibliothèque  de  l'Opéra  de  Paris.  Cet  artiste  est 
resté  absolument  inconnu. 

MOONEÎV  (Léon-Hermann-René),  organiste 
et  compositeur  français,  d'origine  hollandaise, 
est  né  à  Paris  le  22  février  1842.  Élevé  en 
Angleterre,  où  il  a  séjourné  pendant  dix-neuf 
ans,  il  a  fait  la  plus  gramle  partie  de  ses  études 
musicales  à  Londres,  où  il  a  été  élève  de  Stern- 
dale  Bennetl  pour  le  piano  et  de  M.  Jansa  pour 
le  violon,  et  il  a  été  attaché  pendant  plusieurs 
années ,  en  qualité  de  violoniste,  à  l'un  des 
théâtres  d'opéra  italien  de  cette  ville.  Cet  artiste 
occupe  aujourd'hui,  à  Paris,  une  situation  im- 
portante dans  la  fabrique  d'orgues-harmoniums 
Alexandre.  M.  Moonen  a  publié  une  ISoiivelle 
Méthode  d'orgue  expressif,  ouvrage  utile  et 
estimable,  et  quelques  compositions  :  3  trios  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  un  Stabat  Mater, 
une  Mar(;he  militaire,  plus  quelques  transnip  ■ 
lions  pour  l'harmonium  et  quelques  morceaux  de 
musique  de  danse  pour  piano.  M.  Moonen  a  colla- 


MOONEN  —  MORANDI 


237 


bore  aussi  à  divers  journaux,  entre  autres  à  VÉ- 
cho  musical,  deBraxcWes,  aa Miislcal  World, 
de  Londres,  et  au  Progrès  artislique,  de  Paris. 
*  MOOSER  (Aloys).  —  La  3«  livraison  des 
Souvenirs  de  Fribourg  (Priboaig,  Schmid,  1840, 
in-4<>  de 42  p.),  entièrement  consacrée  à  l'orgue 
célèbre  de  cette  ville  et  à  son  auteur,  porte  ce 
titre  particulier  :  VOrgue  d'Aloyse  Mooser, 
construit  dans  l'église  collégiale  de  S.  Nico- 
las, à  Fribourg  en  Suisse.  Elle  contient  sur 
le  fameux  facteur  quelques  détails  biographiques 
qui  ne  sont  pas  sans  intérêt,  et  qui  vont  être 
résumés  ici. 

Aloys  Mooser,  né  à  Fribourg  le  27  juin  1770, 
suivit  la  même  carrière   que  son  père,  Joseph 
Mooser,  qui   avait  étudié  la  facture  d'orgues  à 
Strasbourg,  dans  l'atelier  du  vieux  Silbermann, 
le  plus  célèbre  organier  de  son  temps.  A  18  ans, 
le  jeune  Mooser  quitta  son  pays  pour  aller  tra- 
vailler chez  Silbermann  fils,  après  quoi  il  passa 
dans   les  ateliers  de    Krœmer  à  Mannheim,  de 
Huber    à  Cologne,  et  enfin  d'Antoine  Waller, 
facteur  de  la  cour  de  Vienne.    C'est   sous  la 
direction  de  ce  dernier  maître  qu'il  prit  une 
part  importante  à  la  construction  de  différentes 
orgues  en  Autriche  et  en  Hongrie.  Revenu  dans 
sa  patrie,  Aloys  Mooser  prit  la  direction  de  la 
maison  paternelle,  et  ajouta  à  la  fabrication  des 
orgues  celle  des  pianos  ;  il  imagina  môme  une 
combinaison  des  deux  instruments,  et  construisit 
un    piano-orgue    comprenant  huit   claviers   et 
trente  registres,  qui  produisait,  dit-on,  un  grand 
effet.  Mais  sa  réputation  comme  facteur  d'or- 
gues augmentait  chaque  jour,  et  l'on  cite  parmi 
les  meilleurs  instruments  de  ce  genre  sortis  de 
ses  mains  ceux  de   l'église  du  Saint-Esprit   à 
Berne,  des  églises  paroissiales  des  villes  de  Bulle 
et  d'Estavayer,  de  l'abbaye  de  Hauterive,  des 
couvents  des  Sœurs  de  Moatorge  et  de  la  Visi- 
tation, enfin  celui  des  Pères  du  Saint-Rédemp- 
teur k  Fribourg.  Quant  à  celui  qu'il  éleva  dans 
l'église  collégiale  de  cette  ville,  il  est  générale- 
ment considéré  comme  son  chef-d'œuvre;  Mooser 
employa  dix  années   à  le  construire,   de  1824 
à  1834.  Peu  de  temps  après  l'inauguration  de 
cet  orgue,   Mooser  fut  invité  par  la  municipa- 
lité de  Winlerthur  à  en  construire  un  sur  le 
môme  modèle,  quoique    de   dimensions  moins 
considérables;  il  se  rendit  à  cet  effet  dans  cette 
ville,  mais    bientôt  il  tomba   malade,  dut   re- 
venir à  Fribourg,  et  mourut  le  23  (et  non  le  19) 
décembre  1839,  âgé  de  soixante-neuf  ans  et  demi. 
Marié  deux  fois,  Mooser  eut  quatorze  enfmls, 
dont  sept   seulement,  quatre  (illes  et  trois  lils, 
lui  survécurent  ;  l'une  de  ses  filles,  Marie  Mooser, 
mourut  peu  de  mois  après  sou  père.  Les  trois 


fils  suivirent  la  carrière  de  leur  père,  et  les  deux 
aînés,  MM.  Maurice  et  Alexandre  Mooser,  furent 
chargés  de  la  construction  de  l'orgue  de  Win- 
thertliur,  dont  il  avait  à  peine  eu  le  temps  de 
dresser  les  plans.  On  a  fait  ce  quatrain  sur  la 
mort  de  Mooser  : 

Mooser,  repose  en  pali,  ta  carrière  est  (ourole; 
Triomphant  de  la  mort,  dont  tu  subis  la  loi. 
Ton  seul  nom,  lUustrti  par  ton  heureux  ginle, 
Contraindra  l'aTcnlr  i  s'occuper  de  toi. 

MOllALES  (Melesio),  compositeur  mexi- 
cain, est  l'auteur  d'un  drame  lyiique  italien 
en  3  actes  et  un  prologue,  intitulé  Ildegonda, 
qui  a  été  donné  pour  la  première  fois,  en  18G6, 
sur  le  théâtre  de  Mexico,  où  il  a  obtenu  un  vif 
succès.  Le  jeune  artiste  étant  venu  ensuite  eu 
Euiope  pour  se  faire  connaître,  fut  assez  heu- 
reux pour  pouvoir  faire  reproduire  cet  ouvrage 
au  théâtre  Pagliano,  de  Florence,  en  1869. 
Depuis  lors  il  est  retourné  à  Mexico,  où  il  a 
fait  repiéscnter,  le  21  juillet  1877,  un  nouvel 
opéra  sérieux  intitulé  Gino  Corsini.  A  part  un 
chœur  pour  voix  de  femmes  avec  accompagne- 
ment de  piano.  Al  Liceo  di  Mèrida,  je  ne 
connais  pas  d'autre  composition  de  cet  artiste. 
M.  Morales  est  directeur  de  la  Société  philhar- 
monique de  Mexico,  et  il  a  imprimé,  par  son  in- 
telligence et  son  activité,  une  grande  impulsion 
au  mouvement  musical  de  cette  ville, 

*  MORALT  (Joseph),  violoniste  bavarois, 
n'était  pas  mort  à  Munich  en  1828,  ainsi  que  l'a 
dit  la  Biographie  universelle  des  Musiciens. 
Il  n'est  mort  en  cette  ville  que  le  14  novembre 
1855. 

MORANDI  (Rosa),   cantatrice   dramatique 
fort  distinguée,  née  à  Sinigaglia  dans  la  dernière 
partie  du  di.x-buitième  siècle,  était  la  femme  de 
Pietro  Moiandi,  compositeur  et  organiste  re- 
marquable [f^.  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens, t.  VI).  La  Morandi  se  voua  de  bonne 
heure  à  la  carrière  théâli'ale,  où  elle  obtint  de 
très-grands  succès,  et  acquit  rapidement   une 
brillante  renommée   que  justifiaient  la   beauté 
de  sa  voix  et  ses  rares   qualités  d'exécution 
et  d'expression.  Elle    fut    une  des  meilleuies 
interprètes  de  Rossini,  et  c'est  pour  elle  que 
ce  grand   homme  écrivit,  à  Venise,  en  1819, 
son  opéia  d'Odoatdo  e   Cristina.   Elle  était 
sublime,  dit-on,  dans  Otello  ,  et  aussi  dans  un 
dos  meilleurs  ouvrages  de  Pacini,  la  Sacer- 
dotessa    d'irminsul.  La  Morandi    mourut    le 
7  mai  1824,   à   Milan,  dans  tout  l'éclat  de  son 
tiilent,  au   moment  où  ce  inaître  se  |)réparait  à 
écrire  à  son  intention  un  nouvel  opéra,  Isabella 
ed  Enrico.  Les  Milanais,  qui  étaient  affolés  de  la 


238 


MORANDI  —  MOREL 


Morandi,  lui  firent  des  funérailles  splendides, 
dont  les  frais  furent  couverts  par  une  souscrip- 
tion privée,  et  le  poëte  Felice  Romani,  collabo- 
rateur de  tous  les  grands  musiciens  de  ce  temps 
et  dont  elle  avait  été  souvent  l'iulrerprète  ins- 
pirée, lui  consacra  les  quatre  vers  suivants  : 

Puro  cor,  casta  mente,  onore  e  zelo 
Dl  tnadre  amante  e  dl  fedel  consorte 
Avran  potuto  disarmar  la  morte, 
Ma  la  bell'alma  cra  aspetlata  in  clclo  (1). 

MORAIVDI  (G ),   pianiste,   organiste 

et  compositeur  italien  contemporain,  a  publié 
quelques  morceaux  de  genre  pour  le  piano, 
marches,  nocturnes,  etc.,  mais  s'est  surtout  fait 
connaître  par  la  publication  d'un  assez  grand 
nombre  d'oeuvres  importantes  pour  l'orgue, 
parmi  lesquelles  il|  faut  citer  particulière- 
ment quinze  recueils  de  sonates,  des  sym- 
phonies, et  des  pastorales.  On  lui  doit  aussi 
un  recueil  de  divertissements  et  marches  écrits 
pour  musique  militaire ,  et  réduits  par  lui  pour 
piano  et  orgue. 

•  MORANGE  (A.DE).— Auxdeuxouvrages 
dramatiques  cités  de  ce  compositeur,  il  faut 
ajouter  w?i  Grain  de  folie  ou  les  Deux  Étuis, 
opéra-comique  en  un  acte  représenté  au  théâtre 
des  Jeunes-Artistes  à  la  fin  de  1802.  Parmi  les 
mélodrames  dont  il  écrivit  la  musique,  on  peut 
mentionner  :  Ardres  sauvée,  A-t-il  deux  fem- 
mes? Aviour  et  Cruauté.  En  1805,  Morange 
était  chef  d'orchestre  au  théâtre  de  la  Gailé; 
mais  dès  l'année  suivante  il  n'était  plus  en  pos- 
session de  cet  emploi,  et  depuis  lors  il  disparut 
complètement. 

MOREAU-SAINTI  (Théodore-François), 
chanteur  scénique  ,  né  à  Paris  le  25  février 
1799,  s'appelait  Moreau ,  et  ajouta  plus  tard  à 
son  nom  celui  de  sa  femme,  M"*  Sainli,  comé- 
dienne distinguée  qu'il  épousa  à  Lille,  et  qui 
se  fit  ensuite  une  place  honorable  à  Paris, 
d'abord  à  l'Odéon,  puis  au  Théâtre-Français, 
tandis  que  son  mari  acquérait  à  l'Opéra-Comi- 
que  une  notoriété  légitime.  Moreau-Sainli  avait 
été  élève  du  Conservatoire,  et  était  entré  au 
Gymnase-Dramatique  lors  de  la  création  de  ce 
théâtre,  en  1820.  Mais  il  partit  peu  de  temps 
après  pour  la  province,  et  tint  avantageusement 
l'emploi  des  premiers  ténors  d'opéra  et  d'opéra- 
comique  dans  plusieurs  grandes  villes,  telles 
que  Rouen,  Bordeaux,  Bruxelles,  etc.  Il  était 
à  Lyon  lorsque,  en  là29,  la  retraite  dePonchard 
arrêtant  la  mise  à  la  scène  du  dernier  ouvrage  de 
Boieldieu,  les  Deux  liuits,  il  fut  appelé  à  l'O- 

•  (1)  Cœur  pur,  âme  chaste,  honneur  et  zèle  de  rac^re  ai- 
manie  et  de  fidèle  épouse  auraient  pu  dusarmer  la  niorti 
mais  sa  belle  Ame  était  attendue  au  ciel. 


péra-Comique  pour  établir  le  rôle  principal  de 
cet  ouvrage.  Malgré  ses  qualités  très-réelles,  il 
resta  au-dessous  de  la  tâche  très-difficile,  dont 
il  était  chargé,  et  fut  une  des  causes  du  peu  de 
succès  des  Deux  Nuits.  Cependant  il  sut  se 
faire  une  place  à  l'Opéra-Comique,  où  il  reprit 
d'une  façon  très-heureuse  plusieurs  rôles  du  ré- 
pertoire ;  mais  en  1831  la  fermeture  de  ce  théâ- 
tre l'obligea  à  retourner  en  province,  où  il  se  vit 
accueilli  avec  une  rare  faveur. 

En  1836,  il  reparut  à  rOpéra-Comique,  où  il 
fournit  pendant  plusieurs  années  une  excellente 
carrière,  grâce  à  son  élégance  scénique,  à  l'ai- 
sance de  ses  manières,  à  sa  diction  parfaite,  et 
au  goût  dont  il  faisait  preuve  dans  sa  façon  de 
chanter,  bien  que  sa  voix  fût  parfois  un  peu 
faible  et  manquât  d'étendue.  C'est  alors  qu'il  créa 
avec  succès  les  rôles  de  Juliano  du  Domino 
noir,  du  duc  de  l'Ambassadrice,  du  marquis 
des  Deux  Voleurs ,  de  l'ambassadeur  du  Gui- 
tarero,  et  beaucoup  d'autres  encore.  En  même 
temps  Moreau-Sainti  se  livrait  à  l'enseignement, 
et  formait  des  élèves  qui  lui  faisaient  honneur, 
tels  que  Grard,  Masset,  Sainte-Foy,  Laget, 
M""  Rouvroy,  Rossi,  etc.  Bientôt  le  Conserva- 
toire voulut  se  l'attacher  ;  en  1845,  il  fut  appelé 
dans  cet  établissement  comme  professeur  d'o- 
péra-comique, et  en  1848  il  devint  chef  du  pen- 
sionnat des  chanteurs,  après  avoir  quitté  la 
scène  en  1847,  pour  se  livrer  entièrement  aux 
soins  que  réclamait  son  enseignement.  Il  rési- 
gna ses  fonctions  de  chef  du  pensionnat  lors- 
qu'il perdit  sa  femme,  mais  il  conserva  sa  classe 
jusqu'à  son  dernier  jour.  Il  mourut  presque 
subitement  à, Paris,  le  31  mars  1860.  —  Un 
frère  de  cet  artiste,  qui  avait  tenu  longtemps  en 
province  l'emploi  des_ ténors,  est  mort  au  mois 
de  septembre  1863. 

MOREL  (AiiGUSïE-FRAisçois),  né  à  Marseille 
le  26  novembre  1809,  montra  dès  ses  premières 
années  d'heureuses  dispositions  pour  la  musi- 
que. Il  l'apprit  d'abord  comme  complément  d'é- 
ducation, et  fit  de  sérieuses  études  au  collège 
de  Marseille,  d'où  il  sortit  en  1826  pour  suivre 
la  carrière  commerciale  à  laquelle  ses  parents 
le  destinaient.  Mais  un  irrésistible  penchant 
l'entrainait  vers  l'art  qu'il  cultivait  depuis  son 
enfance;  il  voulait  s'y  consacrer  tout  entier. 
Appelé  à  faire  sa  partie  dans  des  séances  inti- 
mes de  musique  de  chambre,  il  sentait  sa  jeune 
imagination  s'enllammer  à  l'audition  des  qua- 
tuors de  Haydn,  de  Mozart  et  surtout  de  Beetho- 
ven. N'ayant  reçu  aucune  leçon  d'harmonie  ni 
de  contre-point,  il  essayait  de  se  rendre  compte 
des  accords  qui  le  fra|)|)aient  et  se  fit  ainsi  une 
sorte  de  théorie  de  l'harmonie  qu'il  compléta  et 


MOREL 


239 


régularisa  plus  tard  en  étudiant  les  œuvres  di- 
dactiques de  Reicha.  Il  mit  bientôt  en  pratique 
ces  premières  observations  en  écrivant  divers 
morceaux  pour  les  voix  ou  les  instrumenls, 
et,  en  1830,  son  premier  quatuor  en  si  mi- 
neur. 

En  1836,  ayant  triomphé  des  hésitations  de 
sa  famille,  il  partit  pour  Paris  et  essaya  d'en- 
trer au  Conservatoire.  Son  âge  s'y  opposa,  car 
on  ne  pouvait  y  être  admis  que  jusqu'à  25  ans. 
Mais  il  fut  accueilli  avec  un  bienveillant  intérêt 
par  Halévy,  qui,  —  après  avoir  examiné  quel- 
ques pièces  d'orchestre  du  jeune  artiste,  — 
lui  déclara  que  «  puisqu'il  écrivait  ainsi,  il 
n'avait  plus  besoin  de  matlres.  «  —  M.  Aug.  Morel 
ne  dut  donc  qu'à  lui-môme  sa  parfaite  entente 
des  lois  et  des  procédés  de    la    composition. 

Il  chercha  dès  lors  à  se  faire  connaître  comme 
compositeur  et  critique.  Il  lit  partie  d'abord  de 
la  rédaction  du  Vert-Vert,  dont  son  ami  et 
compatriote  Méry  lui  avait  facilité  l'accès,  et 
cil  il  avait  pour  collaborateurs  Guinot,  Gozian, 
Esquiros,  etc.  —  Il  devint  bientôt  après  feuille- 
toniste du  Messager  des  Chambres,  du  Jour- 
nal de  Paris,  et  donna  d'une  façon  suivie  des 
articles  au  Monde  musical  et  à  la  Revue  et 
Gazette  des  Théâtres.  i 

En  même  temps  il  publiait  de  la  musique, 
—  surtout  vocale,  —  dans  le  genre  qui  était  en 
vogue  à  Paris.  C'est  ainsi  qu'en  1837  il  fit  pa- 
raître un  album  de  six  mélodies,  dont  l'une, 
le  Retour,  dans  la  manière  de  Schubert,  est 
particulièrement  belle  de  pensée  et  de  forme. 
Depuis  cette  époque  jusqu'en  1850,  M.  Aug. 
Morel  écrivit  successivement  une  soixantaine 
de,  mélodies.  On  peut  citer,  parmi  les  plus  re- 
marquables :  Rappelle-toi  !  sur  les  paroles 
d'Alfred  de  Musset,  inspiration  élevée  et  tou- 
chante ;  le  Fils ,  du  Corse,  qui  devint  popu- 
laire et  qu'affectionnait  le  baryton  Géraldy; 
r Invocation,  les  Adieux  dans  la  nuit ,  la 
Plainte  du  pâtre,  le  Sonnet  sur  la  mort 
d'une  amie,  dont  la  forme  archaïque  et  la 
portée  étaient  bien  au-dessus  de  ce  qui  se 
faisait  alors  dans  le  genre;  Pauvre  Oiseau,  la 
Fille  de  l'hôtesse,  Page  et  Mari,  etc. 

M.  Aug.  Morel  avait  le  désir  de  se  faire  con- 
naître comme  compositeur  dramatique  :  mais  on 
sait  les  obstacles  que  rencontrent  les  auteurs 
français  quand  ils  veulent  aborder  le  théâtre 
dans  ce  milieu  artistique  de  Paris,  où  se  con- 
centrent et  lutlint  toutes  les  ambitions.  Ces 
obstacles,  M.  Aug.  Morel,  par  suite  de  l'extrême 
réserve  de  son  caractère,  devait  plus  dillicile- 
ment  que  tout  autre  les  surmonter.  Aussi, 
malgré  les  promesses  réitérées  des  librellistes  et 


et, des  directeurs,  ne  put-il  arriver  à  se  faire 
place  jusqu'à  une  de  nos  grandes^  scènes  lyri- 
ques. Cependant,  en  1848,  il  réussit  à  faire  appré- 
cier divers  morceaux  (introduction,  entr'actes, 
chœur,  marche  et  couplets  de  Canéphores),  des- 
tinés à  accompagner  le  drame  antique  de  Joseph 
Autran,  la  Fille  d'Eschyle,  qui  fut  joué 
avec  succès  à  l'Odéon.  En  1850,  il  fit  pour  la 
Porte-Saint-Martin  un  ballet  en  3  actes,  l'Étoile 
du  Marin,  qui  fut  favorablement  jugé  par  la 
presse,  puis,  —  pour  le  même  théâtre,  —  la 
musique  des  divertissements  d'un  drame  ayant 
pour  titre  Rome.  —  Cette  pièce  fut  interdite 
parce  quelle  mettait  en  scène  la  vie  de  Pie  IX, 
et  se  transforma  en  Connétable  de  Bourbon. 

En  1847,  M.  Aug.  Morel  écrivit  son  2'°''quatuor, 
à  la  suite  d'un  voyage  à  Marseille,  où  ses  amis 
l'engagèrent  vivement  à  s'adonner  à  la  musique 
de  chambre.  Pendant  les  quinze  années  de  son 
séjour  à  Paris,  il  écrivit  encore  une  Marche  fu- 
nèbre, une  ouverture  en  ré  mineur  et  une 
grande  scène  dramatique  pour  basse-taille  solo, 
chœur,  orchestre  et  orgue,  qui  fut  chantée 
d'abord  par  Bouché,  auteur  des  paroles,  puis 
par  Alizard. 

En  1850,  M.  Aug.  Morel  renonça,  —  par  suite 
de  considérations  de  famille,  —  à  la  situation 
et  à  la  notoriété  qu'il  avait  acquises  à  Paris, 
et  revint  se  fixer  à  Marseille.  En  octobre  1852, 
il  fut  appelé  à  la  direction  du  Conservatoire  de 
cette  ville,  en  remplacement  de  M.  Barsotti. 
Chargé  d'introduire  dans  cet  étabhssement  le 
système  d'enseignement  suivi  au  Conservatoire 
de  Paris,  il  y  parvint  en  peu  de  temps,  et  élar- 
git considérablement  le  cadre  des  études.  Il  dé- 
doubla les  classes  de  solfège,  en  les  divisant  en 
classes  élémentaires  et  supérieures,  augmenta 
le  nombre  de  celles  de  piano,  développa  celles 
de  violon  et  de  violoncelle,  et  obtint,  à  force 
d'instances,  la  création  des  classes  de  llûte, 
hautbois,  clarinette,  basson,  cor,  trompette  et 
contre-basse.  Sa  gestion  ne  prit  fin  qu'en  1873, 
après  qu'une  décision  regrettable  de  la  munici- 
palité eut  réduit  le  Conservatoire  au  rang  de 
simple  école  communale. 

Pendant  cette  période  de  vingt  ans,  M .  Aug.  Mo- 
rel écrivit  un  grand  nombre  de  pièces  pour  tous 
les  instrumenls,  en  vue  des  besoins  de  l'école 
qu'il  dirigeait.  11  publia  en  outre,  chez  Gérard, 
à  Paris,  son  3""  quatuor  en  mi,  son  quintette 
en  la,  son  4""  quatuor  en  si  bémol,  son 
5""^  quatuor  en  ré  mineur,  et,  récemment,  son 
trio  en  fa  dièze  mineur,  pour  piano,  violon  et 
violoncelle. 

En  1860,  il  donna  au  Grand-Théâtre  de  Mar- 
seille un  grand  opéra  eu  4^actes,  ayant  pour  ti- 


240 


MOREL  —  MORETTI 


tre  le  Jugement  de  Dieu.  (La  partition  d'or- 
chestre et  la  partition  piano  et  chant  ont  été 
éditées  par  Gérard,  à  Paris.)  Cet  opéra,  qui  eut 
du  succès  à  Marseille,  puis  à  Rouen,  où  il  fut 
chanté  par  M™'  Sax,  semble  avoir  été  conçu 
avec  lu  préoccupation  de  satisfaire  le  goût  de  la 
majorité  du  public  dans  ie  midi  de  l'Europe. 
L'auteur,  dont  la  musique  de  chambre  téinolj^ne 
une  prédilection  marquée  pour  les  classiques 
allemands,  a  composé  toute  sa  partition  dans 
l'esprit  et  le  style  de  la  musique  italienne. 
Plusieurs  morceaux  sont  dans  la  coupe  de  ceux 
de  Donizelti.  Ce  fut  en  cette  même  année  (1860) 
que  M.  Aug.  Morel,  fut  nommé  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur. 

llfautciterencoreparmilesœuvresqueM.  Aug. 
Morel  a  écrites  à  Marseille  des  mélodies  pu- 
bliées, soit  à  Paris  par  Gérard,  soit  à  Marseille 
par  l'éditeur  Roussel  ou  son  successeur  Car- 
bonel,  parmi  lesquelles  :  Résignation,  Si  vous 
n'avez  rien  à  me  dire,  Puisque  j'ai  mis  ma 
lèvre,  etc.  ;  divers  morceaux  de  musique  re- 
ligieuse; une  ouverture  en  mi  bémol;  une  Ou- 
verture-boléro, pour  l'inauguration  de  l'Union 
des  arts  ;  une  ouverture  en  si  bémol  pour 
les  concerts  de  distribution  de  prix  du  Con- 
servatoire; plusieurs  chœurs  d'orphéon;  trois 
cantates,  dont  une,  sur  une  poésie  de  Méry 
{V Hymne  du  travailleur  et  du  soldat),  pour 
chœurs  d'hommes  et  musiques  militaires,  fut  exé- 
cutée en  1860,  dans  un  festival  donné  au  château 
Borély,  par  une  masse  d'environ  deux  mille  chan- 
teurs et  instrumentistes;  enfin,  une  grande  sym- 
phonie en  ut  mineur,  exécutée  pour  la  pre- 
mière fois  en  1874.  Au  moment  où  celle  notice  est 
écrite,  M.  Aug.  Morel  termine  une  seconde  sym- 
phonie (en  ré),  dont  le  premier  morceau  a  élé 
entendu  en  1875  au  Cercle  artistique  de  Mar- 
seille. 

Comme  on  le  voit,  M.  Aug.  Morel  a  beaucoup 
écrit.  Musique  de  chambre  musique  symphoni- 
que,  dramatique,  religieuse,  chorale,  tous  les  gen- 
res ont  lixé  tour  à  tour  son  attention  et  tenté  son 
activité.    Sans  doute,  dans  cette  œuvre  considé- 
rable, tout  n'a  pas  la  même  portée.  Mais  on  n'y 
rencontre  jamais  de  négligence  de  forrne,  et  en 
plus  d'un  endroit  M.  Aug.  Morel  s'est  élevé  aune 
réelle  hauteur.  C'est,   sans  contredit,  dans  la 
musique  de  chambre  qu'il  a  excellé.  On  peut 
dire  qu'il  y  est  à  peu  près  à  la  tète  des  compo- 
siteurs français.  C'est  aussi  cette  partie  de  son 
œuvre  que  l'inslilut  a  couronnée,  en  lui  décer- 
nant à  deux  reprises  le  prix  Chartier.  Il  y  a  là 
la  noblesse  de  la  pensée,  l'ampleur  et  l'abon- 
dance des  développements,  et  l'esprit  classique. 
M.  Aug.  Morel  a  aussi  une  supériorité  réelle 


dans  le  cadre  concis  et  coloré  de  la  mélodie 
vocale.  Plusieurs  de  ses  romances,  lîap- 
pelle-toi,  le  Retour,  les  Adieux  dans  la  nuit, 
sont  de  petits  chefs-d'œuvre  de  grâce  et  de 
sentiment.  L'auteur  y  est  bien  au-dessus  de 
ceux  qu'on  a  appelés  en  France  les  maîtres  du 
genre,  Plantade,  Labarre,  Panseron,  L.  Puget, 
etc.  C'est  à  ÎNiedermeyer,  Gounod  ou  Reber 
qu'il  faut  le  comparer. 

Les  qualités  dominantes  de  M.  Aug.  Morel  sont 
le  vif  sentiment  mélodique,  l'expression  et  la 
clarté.  Le  caractère  de  sa  pensée  est  le  plus 
souvent  triste,  mélancolique  ou  pathétique. 
Quelquefois  sa  phrase  vocale  a  l'accent  un  peu 
plaintif  d'Halévy.  Cet  artiste  laborieux  et 
modeste,  qui  a  presque  toujours  vécu  en  pro- 
vince et  dont  les  travaux  ne  sont  pas  assez 
connus,  doit  avoir  sa  place  à  côté  des  person- 
nalités les  plus  honorées  de  l'art  contemporain. 
Une  partie  de  son  œuvre  marquera  parmi  les 
meilleures  productions  de  ce  temps  (1). 

Al.  R— d. 
MORETTI  (Félix).  —  Voyez  DAVIDE 
(Le  Père). 

*  MOKETTI  (Giovanni)  et  non  Felice, 
comme  il  a  été  dit  dans  la  Biographie  univer- 
selle des  Musiciens,  est  né  à  Naples  en  1807  (2). 
Admis  au  Consirvatoiie  de  cette  ville,  il  y  de- 
vint élève  de  Pietro  Casella  et  de  Giuseppe  Elia 
pour  le  piano,  de  Birago  pour  le  solfège,  puis  de 
Furno  pour  l'harmonie  accompagnée,  et  enfin 
de  Tritto,  de  Zingarelli  et  de  Raimondi  pour  le 
contre-point  et  lacomposilion.il  était  encore  sur 
les  bancs  de  l'école  lorsqu'il  écrivit  pour  le  théâ- 
tre Nuovo,à  l'occasiondu  retour  de  François  1", 
une  cantate  intitulée  la  Gioja]  dei  sudditi 
(1829),  et  pour  le  théâtre  de  la  Fenice  un  opéra 
semi-sérieux  en  2  actes,  il  Premio  delta  Rasa, 
qui  fut  représenté  dans  le  cours  de  la  môme 
année.  L'heureux  résultat  de  ces  premiers  es- 
sais l'amena  à  composer  coup  sur  coup  plu- 
sieurs autres  ouvrages  :  la  Strega,  2  actes, 
Fenice,  1830;  lo  Spirito  nell'umpotla,  th. 
Nuovo,  1830;  VErediiàdiPulcinella,  id.,  1831  ; 
la  Fidanzaia  ed  il  Ciarlatano,  id.,  1832; 
i  Due  Forzati,  1833. 

Ce  n'est  que  lorsqu'il  eut  donné  ce  dernier 
opéra  que  les  supérieurs  du  Conservatoire  con- 
sentirent à  lui  laisser  quitter  cet  établissement, 
dans  lequel  ils  l'avaient  retenu  jusqu'alors  mal- 

(1)  Depuis  1877,  M.  .tnRUste  Morel  s'est  de  nouveau  fixé 
à  l'arls.oii  il  est  devenu  Vun  des  coilaljoraleurs  du  Jour- 
nal le  Minestrcl.  —  A.  P. 

(2)  Je  rtfjls  octlc  notice  d  après  celle  qui  a  Clé  publiée 
par  M.  Francesco  Klorlmo  dans  son  llvfe  :  C'cnno  stàricO 
sulla  scuoia  muticalc  di  Napoli. 


MORETTI  —  MORIN 


241 


gré 'ses  prières.  Il  continua  alors  d'écrire  pour 
la  scène,  et  voici  la  liste  des  ouvrages  qirii  fit 
représenter  par  la  suite  :  Ugo  (VEdinturo,  th. 
Nuovo,  1834  ;  la  Fumiglia  indiana  ,  id.,  1836  ; 
rossesso  immagmario  ,  id.,  1836  ;  vn  Curioso 
Siratagemma,u\.j  1838  (en  société  avec  divers 
compositeurs)  ;  il  Feudatario  di  Margot e  , 
3  actes,  id.,  1839;  l'Una  per  l'altre,  2  actes, 
id.,  1844  ;  le  lyozze  frastornate  da  un  pazzo, 
Fenice,  1844  (en  société  avec  divers  composi- 
teurs); Adelina,  3  actes,  th.  Nuovo,  1846; 
Policarpio,  2  actes,  id.,  :1849;  VArrivo  del 
Nipote,  3  actes,  id.,  1850;  il  Feslino,  3  actes, 
id.,  i85i  -jinia  G i(a a Pompei,  3 actes, id.,  1856; 
le  Due  Pasquarelle,  3  actes,  id.,  1857. 

De  1840  à  1842,  M.  Moretti  exerça  les  fonc- 
tions, de  directeur  de  la  musique  au  théâtre  du 
Fondo;  de  1850  à  1861  il  remplit  le  même  em- 
ploi au  théâtre  Nuovo,  et  enfin,  en  1870,  il 
fut  engagé  en  la  même  qualité  au  théâtre  San- 
Carlo.  Il  était  alors  âgé  de  soixante-trois  ans. 
M.  Moretti  s'est  fait  à  Naples  une  réputation 
comme  professeur  de  composition,  principale- 
ment pour  les  jeunes  artistes  qui  se  destinent 
au  lliéâtre.  En  dehors  de  ses  œuvres  dramati- 
<[ues,  on  doit  à  ctt  artiste  d'assez  nombreuses 
compositions  religieuses,  parmi  lesquelles  je  ci- 
terai les  suivantes  :  12  messes  de  Gloria,  à  2, 
5  et  4  voix,  avec  orchestre;  Messe  funèbre,  à  4 
voix,  avec  orchestre;  4  Credo  à  3  et  4  voix, 
avec  orchestre;  4  Magnificat,  id.;  5  Salve  Re- 
gina,  id.  ;  Salve  Regina  pour  ténor  et  basse  avec 
chœur,  alla  Palestrina  ;  12  litanies  à  2,  3  et  4 
voix,  avec  orchestre;  leçons,  lamentations  et  ré- 
pons pour  le  mercredi  saint,  avec  accompagne- 
ment de  quatuor  d'instruments  à  cordes.  M.  Mo- 
retti a  écrit  encore  une  (quinzaine  d'ouvertures 
pour  grand  ou  petit  orchestre. 

MURI  (Franck),  professeur  de  chant  à  Lon- 
dres, né  en  1820,  a  publié,  outre  un  certain  nombre 
de  mélodies  vocales,  un  recueil  d'exercices  pour  la 
voix,  Vocal  Exercises  (Londres,  Duncan  Da- 
vison).  Ou  lui  doit  aussi  la  musique  d'un  petit 
opéra,  the  River  Spiriie  (l'Ondine),  qui  a  été 
représenté  au  théâlre  de  Covent-Garden  au  mois 
de  février  1865,  et  qui  a  reçu  du  public  un  ac- 
cueil très-favorable.  Mori,  dont  la  réputation 
comme  professeur  était  très-grande  à  Londres, 
faisait  partie  de  la  Vocal  Association  et  de  la 
Société  musicale  de  Londres.  Cet  artiste  est  mort 
en  France,  à  Chamant,  près  Senlis,  le  2  août 
1873,  à  l'âge  de  cinquante-trois  ans. 

MOU liVC  (Edouard), journaliste  français,  est 
auteur  du  livre  intitulé  :  le  ISouvel  Opéra,  le  mo- 
nument, les  artistes,  parX.  Y.  Z.  (Paris,  Lévy, 
1875,  in-l2    avec  nombreuses  vignettes).  Cet 

BTOCR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    —   SUPPL.    — 


écrivain  est  mort,  âgé  de  trente-cinq  ans  envi- 
ron, au  commencemimt  de  1876. 

*I\10RIAIVI  (Napoléon),  chanteur  italien 
célèbre,  né  à  Florence,  non  en  1800,  mais  le  10 
mars  1808,  est  mort  en  cette  ville  le  4  mars  1873. 
Élève  dun  maître  nommé  Carlo  Ruga,  et  doué 
d'une  voix  admirable,  il  eut  à  vaincre,  pour 
pouvoir  se  livrer  à  la  carrière  qu'il  ambitionnait, 
la  volonté  longtemps  inflexible  de  son  père.  Il  se 
fit  entendre  d'abord  à  la  Scala  de  Milan  (1832), 
dans  un  concert  au  bénéfice  du  Pio  Istituto 
teatrale.  L'année  suivante,  il  faisait  d'éclatants 
débuts  à  Pavie,  dans  gli  Arabi  nelle  Gallie,  de 
Pacini.  Par  la  suite,  sa  carrière  ne  fut  qu'un 
long  triomphe,  justifié  par  ce  fait  qu'il  était  co- 
médien pathétique  et  passionné  en  même  temps 
que  virtuose  incomparable.  Les  Espagnols  l'ap- 
pelaient le  ténor  à  la  belle  mort,  pour  la  fa- 
çon dont  il  jouait  la  scène  finale  de  Rolla,  qui 
se  terminait  par  la  mort  du  héros.  Donizetti 
écrivit  pour  lui  Maria  di  Rudenz;  Vaccaj,  la 
Sposa  di  Messina ;Luigi  Ricci,  Eran  due  ed 
or  son  tre  ;  Mercadante,  le  Illustri  Rivali  ;  Savi, 
ilCid;L\\\o,Rosmonda;  \Jcct\\\,Emmadi  Près- 
burgo  ;  Persiani,  Eufemia  di  Messina,  etc.  Mo- 
riani  chantait  le  genre  sérieux  ainsi  que  le 
mezzo-carattere ,  mais  non  le  bouffe;  parmi 
les  ouvrages  qui  composaient  son  répertoire,  on 
remarque  Otello,  la  Sonnambula,  Lucia  di 
Lamermoor,  il  Barbiere  di  Siviglia,  Lucrezia 
Borgia,  la  Gazza  Ladra,  i  Puritani,  un 
Ballo  in  maschera,  Poliuto  et  i  Lombardi. 
Moriani  eut  pour  compagnons  les  premiers 
chanteurs  de  son  temps,  et  l'on  se  souvient 
encore  en  Italie  du  trio  fameux  qu'il  formait 
avec  la  Carolina  Ungher  et  Georges  Ronconi,  et 
que  l'imprésario  Alessandro  Lanari  conduisait 
triomphalement  par  toute  la  Péninsule.  Ce 
grand  artiste  fut  l'ami  inséparable,  le  compa- 
gnon de  joies  et  de  douleurs  de  l'illustre  poète 
Giusti,  qui  l'aimait  comme  un  frère. 

*  MORI\  (Jean-Baptiste).  —  Ce'musicien  a 
publié ,  chez  Ballard,  non  pas  seulement  deux, 
mais  quatre  livres  de  Cantates  françoises ; 
le  livre  III  porte  la  mention  :  œuvre  sixième, 
et  le  livre  IV  :  œuvre  septième. 

MORIN  (Pierre-Auguste),  fils  d'un  musicien 
français  qui  s'était  fixé  à  Amsterdam,  naquit  en 
cette  ville  en  1795  (1).  Il   reçut  des  leçons  de 


(1)  Le  père  de  cet  artiste,  Pierre- Augustin  Morin, 
né  en  Normandie  en  1746,  était  liil-m^ine  fils  et  elèye 
d'un  musicien  qui  avait  été  au  service  du  duc  d'Orléans, 
et  apprit  le  clavecin  et  plus  tard  la  flûte.  S'étant  rendu 
fort  jeune  aux  Pays-Ras,  en  compagnie  d'une  troupe  dra- 
matique française,  il  fut  enf;agé  comme  première  flUte 
au  théitre  français  d'Amsterdam,  et  conserva  cet  fonc- 
T.    II.  16 


242 


MOUIN  —  MORNY 


\iolon  de  son  père  et  d'un  artiste  nornméMerlen, 
et  étudia  la  composition  avec  Navoigille.  Attaclié 
successivement  à  l'orchestre  du  tliéàlre  français, 
puis  du  théâtre  néerlandais,  enfin  du  théâtre 
allemand  d'Amsterdam,  il  fit  partie  aussi  de 
ceux  des  concerts  Félix  Mentis,  dfs  Concerts 
du  dimanche  et  de  la  Société  EnidUio  musica. 
Parmi  ses  compositions,  on  cite,  outre  des  étu- 
des pour  le  violon  et  un  pot-pourri  sur  la  Flûte 
enchantée,  do  Mozart,  la  musique  de  deux  bal- 
lets qu'il  écrivit  pour  l'un  des  théâtres  d'Ams- 
terdam, et  celle  d'un  mélodrame  intitulé  P>jg- 
malion.  Cet  artiste  mourut  en  1826,  à  la  fleur 
de  làge. 

*  MORINI  (Ferdinando),  compositeur  ita- 
lien, naquit  à  Florence  le  10  avril  1791,  et  fit  ses 
études  musicales  sous  la  direction  d'un  pro- 
fesseur renommé,  Disma  Ugolini,  maître  de  con- 
tre-point à  l'Académie  des  Beaux-Arts.  M.  Morini 
a  transcrit  et  arrani^épour  grand  orchestre,  sous 
le  titre  de  coucertoni,  31  œuvres  diverses  de 
Beethoven  (sonates,  trios  ou  quintettes),  trois 
de  Mozart,  une  de  Weber  et  une  de  Krommer; 
il  a  formé  aussi,  à  l'aide  de  divers  morceaux 
tirés  des  plus  belles  oeuvres  de  Beethoven,  une 
sorte  de  grande  symphonie  religieuse  qu'il  a 
intitulée  :  les  Sept  paroles  prononcées  par  le 
Rédempteur  sur  la  croix.  Enfui,  il  est  l'auteur 
d'une  symphonie  militaire  à  quatre  voix,  chœur 
et  orchestre,  écrite  après  la  bataille  de  Solferino 
et  dédiée  au  roi  d'Italie. 

*  MORLACCIII  (François).  —  Un  dilet- 
tante italien,  M.  le  comte  Giovan-Battista  Rossi- 
Scotti,  s'est  pris  d'un  véritable  culte  pour  la 
mémoire  de  ce  compositeur,  sur  lequel  il  a 
publié  un  ouvrage  important  ;  Memorie  stori- 
ehe  del  maestro  Francesco  Morlacchi  e  Bio- 
(jrafia  e  bibliografia  musicale  Perugina 
(Pérouse,  1800,  un  gros  volume  in-4°  avec  por- 
trait). M.  Rossi-Scotti,  qui  avait  fait  eu  sorte  de 
réunir  tous  les  manuscrits  originaux  dos  o'uvres 
dramatiques  de  Morlacchi,  en  a  fait  don  en- 
suite aux  archives  de  toutes  les  villes  où  ces  ou- 
vrages avaient  été  représentés  pour  la  première 
fois.  Enfin,  M.  Rossi-Scolti  a  publié  récemment, 
dans  la  Ga;;e<<amt<Sicaie  de  Milan  (année  1877, 
n°  1),  un  tableau  chronologique  complet  des 
opéras  de  Morlacchi,  dans  leipiel  on  peut  avoir 
toute  confiance.  Un  assez  grand  nombre  d'erreurs 
s'étant  produites  dans  la  liste  donnée  par  la  Bio- 
graphie universelle  des  Musiciens,  il  me  semble 
utile  de  dresser  à  nouveau  celte  liste,  d'après  le 
répertoire  que  je  viens  de  signaler  :  r  il  Poêla 


lions    pendant    plus   de   vingt-cinq   ans.    Il    mourut    à 
/iiustei'daBi   le  5  jiilii  1819. 


spianfato,  o  il  Poeta  in  campagna,  Florerlce, 
th.  delà  Pergola,  (807  (1)  ;  — 2°  ii  Ri(ratto,ossia 
la  Forza  de  l'aslrazione,  Vérone,  th.  Philhar- 
monique, 1807;  —  S"  Cnrradino,  Parme,  th. 
Impérial,  1808  (cet  ouvrage,  non  pas  refait, 
comme  il  a  été  dit,  mais  seulement  augmenté  de 
quelques  morceaux  nouveaux,  fut  ainsi  représenté 
à  Dresde  au  commencement  de  1811)  ;  —  4°  Pa- 
ride  ed  Enone,  Livourne,  tli.Avvalorati,  1808  ; — 
5"  Oreste,  Parme,  tli.  Impérial,  1808;  —  G"  Ri- 
naldo  d'Asti,  Parme,  sur  un  théâtre  particulier, 
1809;  —  7°  la  Principessa  per  ripiego,  Rome, 
th.  Valle,  1809; —  8"  il  Sinioncino  ,  id.,  id., 
1809;  — 9"  le  Avventure  di  unagiornata,  Mi- 
lan, th.  delà  Scala,  1809;  —  10°  le  Danaidi, 
Rome,  th.  Argentina,  1810;  —  11"  Raoul  de 
Créqui,  Dresde,  th.  Royal,  1811;—  w  la 
Capricciosa  pentita,  id.,  id.,  1816;  —  13°  i^ 
Barbiere  di  Siviglia,  id.,  id.,  1816;  —14° 
Boadicea,  Naples,  SanCarlo,  1818  (véritable 
opéra,  et  non  cantate,  comme  il  a  été  dit  par 
erreur); —  16"  Gianni  di Parigi,M\\Ar\,  th.  de 
la  Scala,  1818;  —  16"  Donna  Aurora,  id.,  id.,. 
1821  ;  —  17'^  Tebaldo  e  Isolina,  Venise,  tli.  de 
laFenice,  1822;  — 18°Zfl  Giovenlùdi  Enrico  V, 
Dresde,  th.  Royal,  1823;—  19°  Ildad'Avenello, 
Venise,  th.  de  la  Fenice,  1824  ;  —  20°  il  Dis- 
perato  per  eccesso  di  buon  cuore  (ouvrage 
écrit  en  1826  à  Dresde,  répété  à  diverses  reprises 
sous  la  direction  de  l'auteur,  mais  qui  ne  fut 
jamais  représenté);  —  21"  i  Saraceni  in  Sici- 
lia,  Venise,  th.  de  la  Fenice,  1828  ;  —  22°  il 
Colombo,  Gênes,  pour  l'ouverture  du  théâtre 
Carlo-Felice,  1828;—  23"  il  Rinnegato,Dves,(le, 
Ih.  Royal,  1832  (musique  toute  nouvelle  écrite 
sur  le  livret  d'j  Saraceni  in  Sicilia,  donnés 
en  1828  par  Morlacchi)  ;  —  24°  Francesca  da  Ri- 
mini,  opéra  commencé  à  Dresde  en  1839,  mais 
que  la  mort  de  l'auteur  laissa  inachevé.  Quant  à 
l'opéra  Laodicea,  signalé  dans  la  Biographie 
ttnicerselle  des  Musiciens,  M.  Rossi-Scotti  n'en 
a  retrouvé  aucune  trace  et  croit  qu'il  n'a  jamais 
existé.  Par  contre,  il  a  retrouvé,  sans  donner  d'au- 
tres détails  sur  son  compte,  l'introduction  d'un 
opéra  de  Morlacchi,  intitulé /.fl2<;v'«rt  alla  Corte. 
MORIVY  (Charles- Auguste- Louis-JosEPii, 
duc  DE),  homme  politique  français  qui  se  fit 
remarquer  par  son  diletlanlisme,  natpiit  à 
Paris  le  23  octobre  1811,  et  mourut  le  10  mars 
1865.  Amateur  passionné  de  tons  les  arts,  litté- 
rateur et  un  peu  musicien  lui-même,  il  écrivit 
les  i)aroles  et  la    musique  de  deux  opérettes 


(1)  la  bibliothèque  du  Conservatoire  de  l'aris  possède 
la  p-irtition  ;iiito(,'raplic  de  cet  ouvrage,  sous  ce  titre  ^ 
il  l'uela  iiisperuto. 


MORNY  —  MORTIER  DE  FONTAINE 


243 


qu'il  fit  représenter,  sous  le  pseudonyme  de  M. 
deSaihl-Remij,  au  petit  théâtre  des  Bouffes-Pa- 
risiens :  l'une  avait  pour  titre  le  Mari  sans  le 
savoir;  l'autre,  M.  Cliou/leury  restera  chez 
lui.  Le  duc  de  Morny  était  président  du  co- 
mité de  patronage  de  l'école  Galin-Paris  Clievé. 

MOllODKR  (AtT.usTO),  jeune  compositeur 
italien,  a  fait  ses  débuts  à  la  scène  en  donnant 
au  théâtre  dal  Vernie,  de  Milan,  le  25  mai  1878, 
un  oi)éra  sérieux,  intitulé  Gabriella  Candiano. 
Cet  ouvrage  a  été  accueilli  par  le  public  avec 
bienveillance,  et  parait  avoir  obtenu  quelque 
succès.  M.  Moroder  a  fait,  dit-on,  son  éduca- 
tion musicale  sous  la  direction  de  M.  Lauro 
Rossi(rn(/.  ce  nom),  directeur  du  Conservatoire 
de  Naples. 

MOROXI  (Luici),  compositeur  italien,  né, 
je  crois  ,  à  Rome,  est  l'auteur  d'un  opéra  intitulé 
Atnlelo,  qu'il  a  fait  représenter  en  cette  ville 
Ters  18G0.  Cet  artiste  .a  publié  un  certain  nom- 
bre (le  compositions  vocales,  parmi  lesquelles 
je  citerai  :  Ispirazioni  délia  sera,  alburn  de  6 
mélodies  ;  IS'olU  esiivca  Frascad,  2  mélodies  à 
3  voix  ;  puis  rorfunella,  Canto  noiturno  del 
Gondoliere,  il  Tramonto  délia  Luna,  etc., 
mélodies  détachées. 

Un  autre  artiste  du  même  nom  et  sans  doute 
appartenant  à  la  même  famille,  M.  Carlo  Mo- 
roni,  a  publié  aussi  diverses  compositions  pour 
le  chant,  entre  autres  un  album  lyrique  com- 
prenant 8  mélodies  et  intitulé  Souvenir  de 
Rome  et  de  Genève. 

MORTARIEU  (Henri  DE),  compositeur 
amateur,  a  fait  représenter  sur  le  théâtre  des 
Fantaisies- Parisiennes,  le  3  août  1867,  une  opé- 
rette en  un  acte  intitulée  Baldassari.  Le  G  juin 
1873  il  donnait  à  l'Athénée  un  autre  petit  ouvrage 
en  un  acte,  la  Saïnt-JSicolas,  dont  il  avait 
écrit  les  paroles  et  la  musique,  et  qui  n'était  pas 
meilleur  que  le  précédent. 

*i\IORTELLARl (Michel).—  Aux  ouvrages 
de  ce  compo.siteur,  il  faut  ajouter  il  Giuramento, 
cantate  à  deux  voix  avec  chœurs,  violons,  violes, 
basson,  violoncelle  et  basse.  M.  le  docteur  LSa- 
sevi,  de  Florence,  possède  dans  sa  bibliothèque 
le  manuscrit  de  cette  composition. 

MORTEX  (A ),  l'un  des   associés  de  la 

grande  fabrique  anglaise  d'orgues  connue  sous  la 
raison  sociale  Bryceson  frères  et  Moiten,  a 
publié  une  petite  brochure  de  13  pages  intitulée 
Hints  on  the  organ  (Avis  sur  l'orgue),  Lon- 
dres, 1878.  C'est  une  sorte  de  petit  manuel  des- 
tiné à  éclairer  rapidement  et  sans  phrases  toutes 
les  personnes  qui  veulent  savoir  à  peu  près  ce 
qu'est  l'instrument  si  admirable  et  si  compliqué 
qui  s'appelle  l'orgue.   Ce  petit  écrit,  substantiel 


à  la  fois  et  sans  prétenlion,  peut  rendre  d'utiles 
services.  Entre  autres  choses,  l'auteur  déplore 
très-justement  la  sottise  des  architectes  d'église, 
qui  placent  maladroitement  un  orgue  dans  un 
coin  du  monument  où  ses  jeux  ne  peuvent  s'é- 
pandre  comme  il  convient,  ou  qui  l'élèvent  pré- 
cisément derrière  une  assembhc,  ou  qui  font 
cent  autres  choses  aussi  fâcheuses,  provenant 
d'une  profonde  inexpérience  ou  d'une  ignorance 
absolue  des  lois  de   l'acousti(|ue. 

MORTIER  DE  FOXTAIME  (Henri- 
Louis-Stanislas),  pianiste  polonais  remarquable, 
estnéle  13  mai  1816  à  Wisnowiec,  en  Wolhy- 
nie.  Ses  [larents  s'étant  fixés  à  Milan  peu  api  es  sa 
naissance,  c'est  là  que  l'enfant ,  dès  l'âge|de  sept 
ans,  reçut  ses  premières  leçons  de  piano  d'un 
professeur  nommé  Domenico  Scappa.  Un  peu  plus 
tard,  à  Vienne,  il  devint  l'élève  d'un  maître 
aussi  obscur  que  le  précédent,  Antoine  Hladls- 
las  ;  puis,  étant  retourné  en  Pologne,  il  termina 
son  éducation  avec  un  artiste  distingué,  Maurice 
Ernemann,  qui  était  alors  professeur  au  Conser- 
vatoire de  Varsovie.  C'est  à  ce  moment  que,  des 
revers  ayant  accablé  sa  famille,  le  jeune  Mortier 
dut  commencer  à  donner  lui-même  des  leçons 
de  piano,  tandis  que  sa  mère  devenait  institu- 
trice. A  seize  ans  il  quitta  son  pays  natal,  com- 
mença à  voyager,  et  aborda  cette  carrière  de  vir- 
tuose qui  devait  être  pour  lui  particulièrement 
brillante. 

C'est  à  Dantzig  qu'il  donna  son  premier  con- 
cert. Il  se  rendit  presque  aussitôt  à  Copenhague, 
où  il  trouva  dans  la  personne  de  M.  de  Montebelio, 
ambassadeur  de  France  en  Danemark,  un  pro- 
tecteur et  un  solide  appui.  A  Kiel  se  produit 
bientôt  ce  fait  intéressant  que,  dans  la  séance 
donnée  par  le  jeune  pianiste,  l'orchestre  est  di- 
rigé par  un  étudiant  de  l'Université  qui  devait 
être,  à  vingt  ans  de  là,  l'une  des  lumières  de  la 
philologie  allemande,  et  qui  était  appelé  à  élever 
à  la  mémoire  de  Mozart  le  plus  beau  monu- 
ment qui  lui  ait  été  consacré.  Je  veux  parler  du 
célèbre  savant  Otto  Jahn.  Mortier  de  Fontaine 
se  rend  ensuite  à  Paris,  où  sa  première  visite  est 
pour  son  compatriote  Chopin,  qui  l'accueille 
comme  un  frère.  «  Il  suffit,  lui  dit  celui-ci,  que 
tu  aies  respiré  l'air  de  Varsovie  pour  trouver  en 
moi  un  ami  et  uti  conseiller.  »  Et  Chopin  tint 
parole.  On  venait  de  fonder  à  Paris  une  entre- 
prise de  grands  concerts  symphoniques  qui  avait 
pris  le  titre  de  Gymnase  musical,  et  dont  les 
séances  étaient  dirigées  par  Tilmant,  qui  fut 
plus  tard  chef  d'orchestre  du  Théâtre-Italien, 
de  rOpéra-Comique  et  de  la  Société  des  concerts 
du  Conservatoire. M. Mortier  s'y  fait  entendre  avec 
un  vif  succès  et  y  fait  connaître,  pour  la  pre- 


2-44 


MORTIER  DE  FONTAINE  —  MOSCA 


mière  fois  en  Fiance,  plusieurs  œuvres  de  Men- 
delssolui,  enlro  autres  le  beau  concerto   en  sol. 

En  1830,  M.  Mortier  épouse  une  jeune  canta- 
trice belne,  M'"=  Marie- Josine  Vanderperren,  ar- 
tiste dislint^uée,  qui  était  née  à  Bruxelles  le  29 
octobre  ISl-i.  Peudelcmps  après,  on  le  retrouvait 
avec  elle  à  Milan,  où  il  exécutait,  en  com- 
pagnie de  M.  Liszt,  un  duo  à  deuv  pianos.  C'est 
à  partir  de  ce  moment  que  M.  Mortier  de  Fon- 
taine commença  ses  explorations  intelligentes  dans 
la  musique  du  passé,  mettant  en  lumière  les  œu- 
vres oubliées  ou  inconnues  des  vieux  maîtres 
du  clavecin,  parliculièrement  de  Bach  et  de 
Haendel.  C'est  de  ce  jour  aussi  que  la  presse  eu- 
ropéenne commença  à  s'occuper  de  lui,  à  analyser 
sou  talent,  à  faire  ressortir  l'originalité  de  son 
exécution  extrêmement  remarquable.  Au  mois 
d'avril  1842  il  revient  à  Paris,  donne  au  Conser- 
vatoire un  grand  concert,  et  y  produit,  avec  un 
orchestre  de  120  musiciens  et  un  chœur  de  80 
artistes  dirigés  par  Berlioz,  la  Fantaisie  (op.  80) 
de  Beethoven.  Son  succès  fut  si  grand,  et  les 
journaux,  aussi  bien  que  le  public,  l'acclamèrent 
avec  tant  d'unanimité  que  les  séances  qu'il  donna, 
dans  le  cours  des  deux  années  suivantes,  à  Ber- 
lin, à  Leipzig  et  à  Dresde,  furent  pour  lui  au- 
tant de  triomphes. 

Pourtant,  sa  vie  intérieure  était  moins  heu- 
reuse que  sa  vie  artistique.  S'étant  rendu  en 
Suisse  pour  y  obtenir  son  divorce  avec  sa  femme, 
il  épousa,  peu  de  temps  après.  M""  Marguerite 
Limbach,  et,  se  rendant  en  Bussie,  il  résilia 
pendant  plusieurs  années  avec  elle,  tantôt  à  Saint- 
Pétersbourg,  tantôt  à  Moscou,  où  son  talent 
était  très-apprécié.  En  1860,  il  quitta  la  Bussie 
pour  la  Bavière,  et  s'établit  à  Mimich,  où  il  se 
vit  fêté  par  les  artistes,  choyé  par  la  noblesse, 
et  où  on  lui  avait  fait  espérer  la  direction  du 
Conservatoire,  Malheureusement,  il  fut  déçu 
dans  cet  espoir,  et  la  mort  de  sa  seconde  femme, 
en  lui  causant  un  chagrin  profond,  le  fit  bientôt 
s'éloigner  de  Munich  et  reprendre  sa  vie  un  peu 
errante  de  virtuose.  On  l'a  entendu  une  dernière 
fois  à  Paris,  dans  un  concert  historique  donné 
par  lui  en  1868. 

M.  Mortier  de  Fontaine  est  un  artiste  extrême- 
ment distingué,  nourri  des  pures  traditions  clas- 
siques, et  dont  le  talent  puissant  et  élevé  mérite 
la  plus  sincère  sympathie.  Aussi  le  succès  ne 
lui  a-t-il  jamais  fait  défaut.  Mais  ce  n'est  pas 
seulement  comme  exécutant  que  l'artiste  adroit 
aux  plus  chaleureux  éloges  ;  M.  Mortier  a  été, 
on  peut  le  dire,  un  vulgarisateur  et  presque  un 
novateur,  et  sous  ce  rapport  sa  carrière  artisti- 
que présente  une  véritable  originalité.  C'est  à 
lui  qu'on  doit  le  retour  aux  œuvre."?  des  grands 


el  vieux  maîtres  de  l'Allemagne  et  de  l'Italie; 
c'est  lui  qui,  entre  autres,  a  remis  en  Irtmière 
les  concertos  de  Ilicndel  et  de  Jean  Sébastien 
Bach;  il  est  le  premier  qui  ait  fait  entendre  et 
popularisé,  si  l'on  peut  dire,  les  dernières  sonates 
de  piano  de  Beethoven;  enfin  c'est  aussi  lui  qui 
a  répandu  comme  elles  le  méritaient  'les  œuvres 
si  exquises  de  Mendelssohn.  M.  Mortier  de  Fon- 
taine a  donc  rendu  à  l'art  de  véritables  et  signa- 
lés services,  et  d'autant  plus  que,  grâce  à  sa 
connaissance  universelle,  grâce  à  son  intelligence 
et  à  sa  compréhension  de  tous  les  styles,  il  sa- 
vait donner  ou  restituer  à  chaque  maître  le  ca- 
ractère qui  lui  convenait  et  placer  chaque  œuvre 
.sous  le  jour  qui  lui  était  favorable.  A  ces  divers 
titres ,  M.  Mortier  de  Fontaine  doit  être  consi- 
déré comme  un  arti.ste  d'im  ordre  exceptionnel. 

M.  Mortier  de  Fontaine  ne  s'est  que  peu  pro- 
duit comme  compositeur,  et  par  des  onivres  peu 
importantes.  Sa  seconde  femme,  Allemande  de 
naissance  et  douée,  dit-on,  d'une  voix  merveil- 
leuse, avait  embrassé  jeune  la  carrière  lyrique, 
et  vers  1835  était  attachée  au  théâtre  Kœnigstadt, 
de  Berlin.  Artiste  fort  distinguée,  c'est  elle  qui, 
la  première  en  Allemagne,  avait  chanté  le  rôle 
de  Bachel  dans  la  Juive,  d'Halévy. 

*MOSC.\  (Joseph).  —  A  la  liste  des  œuvres 
dramatiques  de  ce  compositeur,  il  faut  ajouter 
la  Dama  locandiera,  opéra  bouffe  représenté 
avec  succès  sur  le  théâtre  de  la  Scala,  de  Milan, 
le  8  avril  1822.  Quant  à  l'ouvrage  inscrit  sous 
le  titre  à'Emiro,  son  titre  véritable  était:  Emira, 
reglna  (VEgilto;  c'était  un  opéra  sérieux  qui 
vit  le  jour  au  même  théâtre,  le  6  mars  1821. 
Il  faut  signaler  encore  deux  opéras  bouffes  :  il 
Fanatico  per  VOlanda,  représenté  à  Bologne 
en  1814,  et  ?7  Disperato  per  eccesso  di  buon 
cuore,  qui  fut  donné  au  théâtre  des  Fiorentini, 
de  Naples,  en  1816.  Je  dois  corriger  aussi 
les  titres  de  trois  ouvrages  de  Joseph  Mosca, 
qui  ont  été  tronqués  dans  la  Biographie  uni- 
verselle des  Musiciens  ;  il  faut  lire  :  il  FoUetlo 
pour^7  Tolletto,  la  Poetessa  errante  pwn  la 
Principc'ysa  errante,  et  la  Yedova  misteriosa 
pour  la  Voce  misteriosa. 

*  MOSCA.  l(Luigi),  frère  du  précédent,  fit 
son  éducation  musicale  au  Conservatoire  de 
la  Pietà  dei  Turchini,  de  Naples,  où  il  fut, 
comme  on  l'a  dit,  élève  de  Feharoli.  Composi- 
teur d'un  ordre  inférieur,  comme  son  frère, 
c'était  néanmoins  un  artiste  distingué;  il  jouit 
d'une  grande  renommée  comme  professeur  de 
chant,  fut  considéré  comme  un  excellent  accom- 
pagnateur au  piano,  et  dirigea  longtemps  avec 
intelligence  et  talent  la  musique  au  théâtre 
Nuovo,  de  Naples.  Il  mourut  en  cette  ville  le  30 


MOSCA  —  MOSROWA 


245 


novembre  1824,  à  l'âge  de  49  ans  seulement. 
Louis  Mosca  était  l'ami  de  Paisiello  et  de  Zinga- 
reiii.  A  la  liste  des  ouvrages  de  ce  compositeur,  il 
faut  ajouter  les  suivants  :  1°  la  Sposa  ira  le 
imposture,  Naples,  th.  Nuovo,  1798  ;  2"  un 
Imbroglio,  id.,  id  ,  1799  ;  3»  VOmaggio  sincero, 
composition  scénique  ;  4°  il  Riiorno  impensalo, 
Naples,  th.  des  Fiorentini,  1802  ;  5°  Chi  si  con- 
tenta gode,  farce;  6"  Chi  troppo  vuol  veder 
diventa  cieco,  farce  ;  7°  Vlmposlore,  farce; 
8"  il  Sedicenle  FUosofo,  farce;  9"  Gioas, 
oratorio. 

*MOSCHELES  (Ignace).  —  Ce  grand  ar- 
tiste est  mort  à  Leipzig  le  10  mars  1870.  Peu 
d'années  après,  sa  veuve  a  publié,  en  consultant 
les  papiers  laissés  par  lui,  une  biographie  pleine 
d'intérêt  de  son  mari  :  Aus  Moschelcs'Leben, 
nach  brie  feu  und  tagebilchern,  hennisgege- 
ben  von  seiner  frau  la  Vie  de  Moscheles  ra- 
contée par  sa  veuve,  d'après  sa  correspon- 
dance et  ses  tablettes  journalières),  2  volu- 
mes in-S". 

MOSCUZZA  (ViNCENZo),  compositeur  dra- 
matique, naquit  au  mois  d'avril  1827  à  Syracuse, 
où  sa  famille  jouissait  d'une  position  aisée.  Il 
donna  dès  ses  plus  jeunes  années  des  preuves 
d'un  goi'it  musical  très- prononcé,  et  fit  d'excel- 
lentes études  de  contre-point  et  de  composition 
dans  sa  ville  natale.  Il  eut  le  bonheur,  après  avoir 
terminé  son  éducation,  de  voir  s'ouvrir  toutes 
grandes  devant  lui  les  portes  du  théâtre  San-C'arlo 
de  Naples,  et  de  pouvoir  faire  représenter  sur 
cette  scène  fameuse  son  premier  ouvrage  drama- 
tique, Slradella,  opéra  sérieux  qui  fut  accueilli 
avec  faveur.  Ce  succès  ne  l'enivra  pas  au  point 
de  l'empêcher  de  reconnaître  ce  qui  lui  man- 
quait encore  sous  le  rapport  de  la  pratifjue  et  de 
l'expérience,  et  il  se  remit  courageusement  au 
travail,  dans  le  but  de  se  perfectionner,  sous 
la  direction  d'un  des  meilleurs  maîtres  napoli- 
tains. 

Plus  sûr  de  lui  après  avoir  ainsi  parachevé 
son  éducation,  il  songea  à  se  reproduire  à  la 
scène  et  écrivit  un  second  opéra,  Eufeinia,  qui, 
comme  le  précédent,  vit  le  jour  au  théâtre  San- 
Carlo  et  y  fut  applaudi.  Le  25  mai  1862  il  don- 
nait, toujours  au  même  théâtre,  son  troi>ième 
ouvrage,  Don  Carlos,  qui  ne  fut  pas  moins 
bien  reçu,  et  l'année  suivante  il  faisait  représen- 
ter à  la  Pergola,  de  Florence,  un  nouveau  dra- 
me lyrique  intitulé  Piccarda  Donati.  De  re- 
tour dans  sa  ville  natale  en  1869,  il  y  écrivait 
rapidement  une  nouvelle  partition,  Gonzales 
Daiila,  que  ses  concitoyens  accueillirent  avec 
enthousiasme. 

Jusqu'alors  M.  Moscuzza  ne  s'était  produit 
que  dans  le  genre  sérieux    II  voulut  aborder  l'o- 


péra bouffe  avec  un  ouvrage  intitulé  Quattro 
Jîustici,  dont  la  musique,  fine  et  élégante,  fut 
reçue  avec  la  plus  grande  faveur,  le  5  juin  1875, 
par  les  spectateurs  du  Politcama,  de  Florence. 
Depuis,  il  a  encore  donné  à  Malte,  au  mois  de  mai 
1877,  un  nouveau  drame  lyrique,  Francesca  da 
liimini.  On  assure  que  M.  Moscuzza  a  en  ()or- 
tefeuille  quatorze  opéras  qui  n'ont  pu  encore  être 
représentés. 

MOSER  (Louis),  musicien  estimé,  né  à  Wein- 
felden,  vivait  à  Bâle  dans  la  seconde  moitié  du 
quinzième  siècle,  et  contribua  puissamment  à  po- 
pulariser en  Suisse  le  chant  d'église,  qui  fut 
depuis  appelé  choral.  Il  a  publié  sous  ce  titre  : 
Fin  vast  notldilrftige  Materi,  un  ouvrage 
important  dans  lequel  on  trouve  une  suite  de 
chants  allemands  adaptés  aux  mélodies  d'église 
les  plus  connues. 

MOSKOVVA  (Joseph-Napoléon  NEY, 
prince  DE  LxV),  homme  politique  français,  écri- 
vain, dilettante  fort  distingué  et  compositeur, 
était  l'aîné  des  quatre  fils  du  maréchal  Ney,  duc 
d'Elchingen,  et  naquit  à  Paris  le  8  mai  1803.11 
passa,  je  crois,  une  partie  de  sa  jeunesse  en  Italie, 
et  il  semble  que  c'est  là  qu'il  dut  recevoir  son 
éducation  musicale.  Après  son  retour  en  France, 
il  épou.sa,  en  1828,  la  fille  unique  du  célèbre 
banquier  Laffilte,  et  à  partir  de  ce  moment 
mena  une  vie  très-active,  partagée  entre  le  tra- 
vail et  le  plaisir,  se  faisant  remarquer  par  son 
luxe,  acquérant  une  véritable  célébrité  comme 
sportsman,  prenant  une  part  importante  à  la  fon- 
dation (lu  Jockey-Club  et  se  produisant  comme 
compositeur. 

A  ce  dernier  point  de  vue,  il  ne  serait  pas  juste 
sans  doute  de  considérer  le  prince  de  la  Moskowa 
comme  un  simple  amateur,  car  il  a  donné  des 
preuves,  non-seulement  d'un  sincère  et  sévère 
amour  de  l'art,  mais  aussi  d'un  talent  personnel, 
qui  s'est  exercé  tout  à  la  fois  et  avec  bonheur 
dans  le  genre  profane  et  dans  le  genre  sacré.  Dès 
le  commencement  de  1831,  c'est-à-dire  âgé  seu- 
lement de  vingt-sept  ans,  le  prince  faisait  exécu- 
ter, dans  un  des  exercices  de  l'école  de  Choron, 
une  messe  à  grand  orchestre  qui  était  ainsi  appré- 
ciée par  Fétis  dans  la  Revue  musicale  du  19  fé- 
vrier : 

"  Un  amateur,  etde  plus  un  prince,  qui  compose 
une  messe  à  grand  orchestre,  remplie  de  fugues 
etde  contre-point,  est  un  phénomène  assez  rare, 
mais  ici  la  chose  est  encore  plus  singulière,  car, 
principaidé  à  part,  la  messe  est  fort  bonne,  et 
l'effet  en  est  remarquable.  Les  conditions  pre- 
mières d'une  composition  de  ce  genre  sont  d'être 
écrite  d'un  style  pur,  et  de  renfermer  certaines 
formes  scientifiques  qu'on  désigne  sous  le  nom 
de  contre-point  fugué  ;  ces  conditions  se  trou- 


246 


MOSKOWA 


vent  (lans  la  messe  de  M.  le  prince  de  la  Mos- 
kowa  :  peiit-êlre  môme  s'y  représentenl-elies 
trop  souvenl  ;  du  moins  il  m'a  paru  que  les  en- 
trées de  fugues  y  sont  multipliées  et  donnent  en 
plusieurs  endroits  un  certain  aspect  scolastique 
à  l'ouvrage.  J'aurais  désiré  aussi  que  la  modula- 
tion générale  eût  été  plus  variée;  mais,  à  cela 
près,  j'avoue  que  j'ai  entendu  celte  composition 
avec  autant  d'étonnemcnt  que  de  plaisir.  La  mé- 
lodie a  de  la  grâce,  de  la  facilité,  et  la  conve- 
nance du  genre  ;  l'expression  est  souvent  juste  ; 
et  les  effets  de  l'instrumentation  annoncent  une 
habitude  d'analyse  qu'il  est  fort  rare  de  rencontrer 
chez  un  compositeur  qui  n'a  point  eu  d'occasion 
d'entendre  ses  productions.  J'engage  M.  de  la 
Moskowa  à  ne  point  s'arrêter  en  si  beau  chemin 
et  à  développer  par  le  travail  les  dons  heureux 
qu'il   tient  de  la  nature  et   de  l'art.  » 

L'existence  et  les  préoccupations  artistiques  du 
prince  de  la  Moskowa  ont  été  assez  exactement 
décrites  dans  la  notice  suivante,  qui  fut  publiée  à 
l'époque  de  sa  mort  : 

«  La  nature  lui  avait  prodigué  largement  ses 
faveurs.  Elle  l'avait  doué  de  ce  merveilleux  ins- 
tinct, de  ce  .sentiment  de  la  mélodie  qui,  déve- 
loppés parla  science,  produisent  les  talents  d'é- 
lite. Ses  facultés  musicales  se  révélèrent  de  bonne 
heure.  Il  était  déjà  compositeur  à  l'âge  où  tant 
d'aiitres  étudient  encore  les  [iremiers  rudiments 
de  l'art.  A  treize  ans,  le  prince  de  la  Moskowa 
fit  exécuter  à  Lucques  une  me?.se  en  musique  de 
sa  composition.  Cette  œuvre,  fruit  précoce  d'une 
adolescence  studieuse,  eut  un  brillant  succès  ; 
les  connaisseurs  y  remarquèrent  de  belles  ins- 
pirations et  une  étude  déjà  profonde  du  style  des 
grands  maîtres. 

«  Très-jeune  encore,  M.  le  prince  de  la  Mos- 
kowa s'occupa  de  recueillir  les  manuscrits  des 
musiciens  illu.stres  du  seizième  siècle,  et  l'on 
doit  à  ses  patientes  investigations  des  décou- 
vertes tout  à  fait  inattendues.  Doué  de  cet  esprit 
d'initiative  qui,  dans  le  monde  des  arts,  est  le 
principe  le  plus  actif  de  vie  et  de  progrès,  il  con- 
tribua puissamment  h  faire  connaître,  en  France, 
les  œuvres  de  Palestrina,  et  il  remit  en  lumière 
quelques-ims  des  contemporains  de  cegénie  immor- 
tel. A  ce  point  de  vue,  le  prince  de  la  Moskowa 
peut  être  considéré  comme  l'archéologue  le  plus 
distingué  de  notre  époque.  Celle  (ruvre  d'exhuma- 
tion et  de  réhahilitatiim  des  vieux  maîtres,  à  la- 
quelle il  avait  consacré  sa  jeunesse,  devint  la  pré- 
occupation constante  de  snnâgenn'ir.  l'our  donner 
à  ses  idées  une  large  application,  il  fonda  la  Société 
des  concerts  de  musique  religieuse  et  classique, 
dont  les  sé.inces,  suivies  par  l'elile  des  amateurs  et 
des  artistes,  ont  eu  tant  de  retentissement.  C'est  à 


l'infatigable  dévouement  de  M.  le  prince  delà  Mos- 
kowa qu'est  dû  le  succès. de  cette  institution,  qui 
a  rendu  à  l'art  d'immenses  .«ervices,  et  répand 
le  goût  des  éludes  sérieuses  en  appelant  l'intérêt 
sur  une  foule    de  chefs-d'œuvre  ignorés... 

«  Les  encouragements  et  les  suffrages  de  M. 
le  prince  de  la  Moskowa  n'ont  jamais  manqué 
aux  tentatives  de  quelque  importance  qui  se 
sont  produites  dans  le  domaine  de  l'art  musical. 
C'est  ainsi  qu'il  a  prêté  son  puissant  appui  aux 
concerts  historiques  organisés  à  diverses  re- 
prises par  MM.  Félis  et  Delsarte,  et  à  la  création 
du  conservatoire  de  musique  religieuse  dirigé  par 
M.  Niedermeyer.  Au  milieu  de  ses  préoccupa- 
tions d'archéologue,  il  a  trouvé  le  temps  d'écrire 
de  charmantes  partitions.  Le  Cent-Suisse,  qu'il 
fit  représenter  à  l'Opéra-Comique,  eut  cent 
représentations.  Yvonne,  que  M.  le  prince  de 
la  Moskowa  a  donné  depuis  au  même  théâtre,  se 
distingue  à  la  fois  par  l'intérêt  des  situations, 
l'élégance  des  mélodies  et  l'entente  de  la  scène. 
Lorsque  la  mort  est  venue  le  frapper,  il  mettait 
la  dernière  main  à  de  grandes  compositions  qui 
l'auraient  classé  sans  doute  parmi  nos  composi- 
teurs dramatiques  les   mieux  inspirés  (l).  » 

Le  prince  de  la  Moskowa  fit  représenter  en 
effet,  à  rOpéra-Comique,  deux  petits  ouvrages 
en  im  acte  qui  furent  bien  accueillis  du  public  : 
le  Cent-Suisse,  qui  fut  donné  le  7  juin  1840,  et 
Yvonne,  qui  parut  le  16  mars  1855.  Mais  ce  n'est 
pas  tant  comme  compositeur  que  comme  dilet- 
tante intelligent,  que  le  prince  se  fit  un  nom 
dans  l'art  musical.  Il  avait  fondé  en  1843  une 
Société  de  musique  vocale,  religieuse  et  clas- 
sique, dont  les  séances  avaient  lieu  chez  lui,  et 
qui  semblait  recueillir,  pour  les  transmettre  à 
un  public  choisi,  les  nobles  traditions  laissées 
par  l'école  de  Choron,  qu'il  avait  personnelle- 
ment connu.  Les  deux  premiers  articles  du  rè- 
glement de  celle  société ,  que  le  prince  dirigeait 
en  personne  et  dont  Niedermeyer  était  le  sous- 
directeur,  étaient  ainsi  conçus  :  —  «  Art.  1". 
Le  but  principal  que  se  propose  la  Société  est 
l'exécution  de  morceaux  écrils  pour  les  voix, 
sans  accompagnement,  ou  avec  accompagnement 
d'orgue,  et  particulièrement  par  les  maîtres 
français,  belges,  italiens  et  allemands  des  sei- 
zième et  dix-septième  siècles.  Art.  1.  La  Société 
n'exécutera  que  des  morceaux  dont  les  auteurs 
seraient  morts  avant  le  commencement  du  dix- 
neuvième  siècle.  » 

Les  concerts  donnés  pas  la  Sociélé  du  prince 
de  la  Moskowa  étaient  extrêmement  intéressants, 
organisés  avec  le  plus  grand  soin,  et  faisaient  beau- 

(IJ  France  musicale  du  2  aofit  1837. 


MOSKOWA  —  MOSONYI 


247 


coup  d'honneur  aux  connaissances  artistiques  pro- 
fondes et  au  goût  très-pur  de  son  fondateur.  Ces 
conceits  amenèrent  d'ailleurs  le  prince^à  entre- 
prendre une  publication  fort  importante,  qu'il 
mit  au  jour  sous  ce  titre  :  Recueil  des  morceaux 
de  musique  ancienne  exécutés  aux  concerts 
de  la  Société  de  musique  vocale,  religieuse  et 
classique,  fondée  à  Paris  en  1843  sous  la 
direction  de  M.  le  prince  de  la  Moshoiva 
{['aris,  Il  volumes  in-8).  Ce  recueil  précieux 
contient,  en  partition,  des  messes  et  diverses 
composions  religieuses  de  tous  ces  grands  maî- 
tres qui  s'appelaient  Palestrina,  Allegri,  Roland 
de  Lattre,  Arcadeit,  Vittoria,  Leisring,  Scarlalti, 
Jean-Sébastien  Bach,  Slradella,  l'abbé  Clari, 
Marcello,  Hœndel,  Gluck,  et  bien  d'autres  dont 
j'oublie  les  noms. 

En  réalité,  le  prince  de  la  Moskovva  a  rendu 
de  grands  services  à  l'art  musical,  et  son  nom 
mérite  de  ne  pas  périr.  Il  avait  été  nommé  pair 
de  France  par  le  gouvernement  de  juillet,  le  18 
novembre  1831,  et  après  avoir  réclamé  longtemps, 
sans  succès,  la  réhabilitation  de  son  père,  il  re- 
fusa jusqu'en  1841  de  siéger  parmi  ceux  qui 
l'avaient  jugé.  Après  l'avènement  du  second  em- 
pire, il  fut  nommé  sénateur  et  reçut  le  titre  de 
général  de  brigade,  presque  en  même  temps  que 
sa  fille  épousait  le  comte  de  Persigny,  mi- 
nistre de  l'intérieur.  Il  mourut  le  25  juillet  1857, 
à  Saint-Germain-en  Laye,  des  suites  d'une  ma- 
ladie nerveuse  ;  son  titre  passa  au  dernier  de 
ses  frères,  connu  jusqu'alors  sous  le  nom  d'Ed- 
gar Ney  (1). 

MOSOXYI  (Michel  BRAND,  dit),  le  plus 
célèbre  compositeur  hongrois  après  F.  ErKcl , 
était  le  (ils  de  pauvres  parents  et  naquit  le  4 
septembre  1814  à  Boldogasszong  (Hongrie).  Il 
excita  l'attention  du  maître  d'école  de  son  village 
natal,  qui  lui  enseigna  les  premiers  éléments  de 
l'art  du  chant  et  lui  apprit  aussi  à  jouer  de  di- 
vers instruments,  entre  autres  l'orgue,  le  violon 
et  le  cor.  Agé  de  vingt  ans,  il  se  rendit  à  Pres- 
bourg  dans  le  but  d'y  devenir  maître  d'école,  et 
y  fit  la  connaissance  de  J.  Turanyi,  qui  mourut 
plus  tard  directeur  de  musique  à  Aix-la-Chapelle. 
Celui-ci  le  fortifia  dans  l'étude  de  la  musique, 
et  lui  fit  connaître  l'œuvre  célèbre  de  Reicha, 
ainsi  que  les  symphonies  et  les  quatuors  des 
grands  maîtres  classiques.  Mosonyi  s'appliqua  à 
l'étude  avec  le    plus  grand    zèle,  et  s'exerça  à 


(1)  Le  prince  (te  ia  Moskowa  s'pst  Tait  eonnailre  aussi 
comme  écrivain  :  il  a  donné  au  Constitutionnel  des  ar- 
ticles sur  les  haras  et  sur  l'amélioralion  des  races  che- 
valines ;  à  ia  Revue  des  Deux-Mondes  des  récits  de  ses 
voyages  en  Algérie  ;  enfin,  à  la  France  musicale,  quel- 
ques articles  sur  des  sujets  artistiques. 


mettre  en  partition  ces  compositions  célèbres 
afin  de  se  pénétrer  du  style  et  de  la  technique 
de  leurs  auteurs. 

Se  consacrant  dès  lors  entièrement  à  l'étude 
d'un  art  qui  l'enchantait,  le  jeune  Mosonyi  en- 
tra, en  1835,  sur  la  recommandation  de  Turanyi, 
coinme  professeur  de  piano  dans  la  maison  du 
comte  Pejachevits,  en  Esclavonie,  et  y  resta  pen- 
dant sept  ans.  C'est  là  qu'il  se  perfectionna  lui- 
même  dans  le  mécanisme  du  piano,  qu'il  travail- 
lait la  nuit  avec  ardeur.  La  famille  du  comte 
Pejachevits  passant  chaque  hiver  quelque  temps 
soit  à  Vienne,  soit  à  Presbourg,  Mosonyi  en  profita 
pour  y  chercher  de  nouvelles  impressions  en  fré- 
quentant tantôt  l'Opéra,  tantôt  le  concert.  A 
cette  époque  il  ressentit  une  grande  prédilection 
pour  la  musique  d'église,  et  écrivit  plusieurs 
compositions  de  ce  genre.  S'étant  fixé  définitive- 
ment à  Peslh,  vers  1843  ou  1844,  son  activité 
artistique  y  prit  un  essor  plus  élevé.  Il  y  devint 
maître  de  musique,  et  fut  bientôt  connu  dans 
les  cercles  musicaux.  Il  entra  même  en  rela- 
tions intimes  avec  F.  Erkel,  ainsi  qu'avec  le  cé- 
lèbre écrivain  musical  hongrois  K.  Abranyi.  Sa 
femme,  Pauline  Weber,  qu'il  avait  épousée  en 
1845,  mourut  en  1851.  En  1853,  1854  et  1855, 
Mosonyi  composa  plusieurs  grandes  a^ifvres  reli- 
gieuses et  profanes,  parmi  lesquelles  on  remar- 
qua un  recueil  de  lieder,  publié  à  Leipzig,  et  une 
symphonie  qui  produisit,  une  grande  sensation 
lorsqu'elle  fut  exécutée  à  Pesth. 

C'est  alors  qu'il  eut  la  pensée  d'écrire  pour 
le  théâtre,  et  qu'il  composa  un  opéra  qui  avait 
pom  i'dre  M aximilien  au  rocher  de  St- Martin, 
ouvrage  conçu,  comme  toutes  ses  productions 
précédentes,  dans  le  style  des  maîtres  classiques. 
A  ce  moment  (1856),  le  plus  considérable  édi- 
teur de  musique  de  Pesth,  Rozsavolgyi,  voulant 
profiter  du  séjour  de  la  reine  Elisabeth  en  cette 
ville  pour  lui  offrir  un  album  magnifique  de  com- 
positions nationales  hongroises  pour  le  piano, 
s'adressa  à  tous  les  musiciens  hongrois  pour 
les  prier  de  lui  livrer  un  morceau.  Sur  ses  de- 
mandes réitérées,  Mosonyi  lui  envoya  une  com- 
position intitulée  la  Vie  de  la  Puszta,  qui  était 
si  parfaitement  travaillée  et  écrite  dans  un  style 
national  si  pur,  qu'Abranyi  et  tout  le  public  en 
furent  émerveillés.  Cette  composition  amena  un 
changement  complet  dans  les  créations  musicales 
de  Mosonyi.  A  l'occasion  de  la  bénédiction  de  la 
basilique  de  Gran  (1857),  pour  laquelle  Liszt 
écrivit  sa  messe  célèbre,  Mosonyi,  à  la  sollicita- 
tion de  ce  maître,  composa  un  offertoire  et  un 
graduel.  C'est  à  dater  de  ce  jour  qu'il  entra  en 
relations  intimes  avec  Liszt,  et  que,  secondé 
par  lui,  il  conçut  le  projet  de  faire  représente 


248 


MOSONYI 


à  AVeitnar  son  opéra  àe3Iaxmilien,  <lont  le  li- 
vret était  en  allemand.  Cependant,  Liszt  l'ayant 
engagé  à  retoucher  cet  ouvrage,  Mosonyi.  décou- 
ragé, le  jeta  au  feu  avec  diverses  autres  compo- 
sitions, et  dès  lors  ne  songea  qu'à  se  consacrer  à 
l'élévation  de  la  musique  nationale  hongroise. 

Jusqu'alors  Mosonyi  n'était  connu  que  sous 
son  véritable  nom  de  Brand.  En  1860,  l'éditeur 
Rozsavolgyi  reçut  à  de  courts  intervalles  un  mor- 
ceau de  piano  intitulé  Souvenir  de  Kazinczy, 
puis  toute  une  série  de  douze  morceaux  faciles 
pour  le  môme  instrument,  qui  avaient  pour  titre 
Monde  enfantin.  Il  s'empressa  de  publier  ces 
compositions,  qui  excitèrent  aussitôt  l'attention 
des  amateurs  et  qui,  aujourd'hui  encore,  sont 
considérées  comme  de  véritables  chefs  d'œu- 
vre  du  style  national  hongrois  ;  mais  elles 
ne  furent  connues  que  sous  le  nom  de  Mosonyi, 
adopté  par  le  compositeur,  jusqu'au  momont  où 
Brand  jugea  à  propos  de  faire  savoir  qu'elles 
étaient  de  lui,  et  de  déclarer  qu'il  s'était  caché 
sous  ce  pseudonyme.  Ce  n'est  qu'à  partir  de  ce 
moment  que,  sous  ce  nouveau  nom,  il  commença 
sérieusement  à  travailler  pour  l'expansion  de  la 
musique  hongroise  et  de  l'art  national.  Après 
s'être  associé  avec  K.  Abranyi  pour  la  création 
d'un  journal  musical  hongrois  dont  il  était  le 
principal  collaborateur,  il  lit  [laraître  quatre  ca- 
hiers de  musique  de  piano  intitulés  :  Études 
pour  le  perfectionnement  de  la  musique  hon- 
groise,'pur  ces  compositions  il  faisait  en  sorte  de 
gagner  à  la  musique  hongroise  un  terrain  plus 
étendu,  s'efforçant  d'exprimer  dans  chaque  pièce 
différents  sentiments,  différents  caractères,  tout 
en  leur  communiquant  une  plus  grande  variété 
d'harmonie  et  en  leur  donnant  plus  d'étendue. 
Richard  Wagner  loua  grandement  ce  nouveau 
recueil,  en  exprimant  ses  préférences  pour  deux 
des  études,  qui  lui  parurent  excellentes  :  la  ro- 
mance intitulée  Chant  lugubre  du  rossignol 
sur  la  mort  d'Egressy,  et  la  pièce  portant  pour 
titre  Pairiarcalement.  La  composition  publiée 
ensuite  par  Mosonyi  était  une  cantate  en  style 
hongrois  pour  voix  seule,  chceur  et  grand  orches- 
tre, qui,  au  grand  regret  de  ses  amis,  ne  fut 
pas  exécutée. 

En  18G0,  Mosonyi  fut  élu  chef  d'orchestre  parla 
Société  des  Amis  de  la  musique,  de  Pesth  ;  il  céda 
pourtant  bientôt  ces  fonctions  à  M.  Thern,  et  se 
mit  à  écrire,  sur  la  mort  du  grand  patriote  le 
comte  E.  Szérhénji,  une  graijde  composition 
symphonique  (dont,  la  partition  pciur  piano  parut 
chez  l'éditeur  Rozsavolgyi),  appliquant  ainsi  au 
genre  sym|ih()ni(iue  le  style  de  la  musique  nationale 
hongroise,  il  remporta  ensuite  un  très-grand 
succès  avec  une   ouverture    dans  laquelle    il  lit 


entrer  le  chant  national ,  SzozaV,  puis  produisit 
une  troisième  oeuvre  de  ce  genre  en  écrivant 
pour  l'orchestre  une  composition  intitulée  le 
Triomphe  et  le  deuil  du  Uonved,  que  ses 
amis  déclarèrent  la  meilleure  qui  fût  sortie  de 
sa  plume. 

Le  grand  succès  qu'Erkel  avait  obtenu  avec 
son  opéra  Bank  Ban  encouragea  Mosonyi  à 
écrire  un  opéra  hongrois  ;  cet  ouvrage,  intitulé 
la  Belle  llka,  fut  re|)résenté  pour  la  première 
fois  le  IG  décembre  1861  sur  le  théâtre  national 
de  Buda-Pesth.  Le  livret,  simple  et  naïf,  avait 
été  tiré  d'une  ballade  de  Yorosmaty  ;  quant  à  la 
musique,  elle  était  gracieuse,  essentiellement 
conçue  dans  le  style  hongrois,  et  tout  effet  gros- 
sier d'orchestre  en  avait  été  banni  par  l'auteur; 
celui-ci  s'était  refusé  à  y  admettre  aucune  espèce 
d'élément  étranger,  ce  qui  différenciait  son  ou- 
vrage des  opéras  d'Erkel.  La  Belle  llka  était 
d'ailleurs  une  œuvre  du  genre  purement  lyrique, 
et  c'est  peut-être  pour  cette  raison  qu'elle 
n'obtint  que  peu  de  succès.  En  1862,  Mosonyi 
composa  un  opéra  héroïque  intitulé  Almos,  et 
l'offrit  an  Théâtre-National  ;  mais  ce  nouvel  ou- 
vrage ne  fut  pas  représenté,  et  l'envie  lit 
échouer  tous  les  efforts  du  compositeur. 
Découragé  par  ce  fait,  Mosonyi  s'effaça  peu 
à  peu.  11  ne  reparut  plus  qu'une  fois  devant 
le  public,  en  1867,  pour  faire  exécuter,  lors  du 
couronnement  de  Sa  Majesté  François-Joseph 
comme  roi  de  Hongrie,  la  Messe  du  couronne- 
ment de  Liszt.  Depuis  lors  il  vécut  retiré  du 
monde,  et  mourut  le  31  octobre  1870.  Sa  parti- 
tion d'AlDios  et  hien  d'autres  manuscrits  se 
trouvèrent  dans  sa  succession. 

Comme  compositeur  national,  Mosonyi  s'est 
accjuis  une  renommée  impérissable,  et  il  a  légué 
à  la  musique  hongroise  de  véritables  chefs- 
d'œuvre  dans  tous  les  genres,  depuis  les  chœurs 
et  les  mélodies  vocales  les  plus  simples  jusqu'à 
l'opéra  et  à  la  symphonie.  Par  son  talent,  il  est 
devenu  en  quelque  sorte  le  créateur  de  la  musi- 
que nationale  hongroise  ;  il  l'a  révélée  sous  toutes 
ses  formes  ,  en  a  fait  valoir  les  richesses  jus- 
qu'alors inconnues,  et  a  ennobli  ces  richesses 
originaires  en  les  faisant  valoir  par  une  mise]en 
œuvre  admirable.  Mosonyi  était  d'ailleurs  un 
artiste  instruit,  et  possédait  de  grandes  connais- 
sances générales  ;  en  tant  qu'écrivain  musical,  il 
s'est  montré  spirituel  et  vulgarisateur,  et  ses 
essais,  publiés  dans  le  journal  cpi'il  avait  fondé, 
sont  un  véritable  trésor  pour  la  liltéialure  S|)é- 
cialc  hongroise.  Liszt  l'a  désigné  comme  «  le  re- 
présentant le  plus  noble  et  le  plus  téméraire  »  de 
la  musique  hongroise ,  et  K.  Ahranvi  a  publié 
sur  lui  une  excellente  notice  biographique,  qui 


MOSOiNYI  —  MOURET 


249 


a  paru  à  Buda-Peslh  en  1872.  A  la  liste  des 
compositions  de  Mosonyi  qui  ont  été  indiquées 
ci-dessus  comme  ayant  été  pul)liées,  il  faut 
ajouter  ;  1'^  Ouverture  de  fête  (dans  laquelle  le 
Szozat  est  employé  ;  2°  la  partition  pour  piano 
seul  de  l'opéra  la  Belle  Ilka  ;  3°  un  arrange- 
ment excellent,  pour  piano  à  4  mains,  des  neuf 
symphonies  de  Beethoven  ;  4°  enfin,  qiiehjues 
arrangements  de  chants  nationaux  hongrois. 

J.  B. 

MOSZKOVVSKI  (MoRiTz),  virtuose  fort  dis- 
tingué sur  le  piano  et  compositeur,  est  né  à 
Breslau  le  23  août  1854.  Élève  des  Conservatoi- 
res de  Dresde  et  de  Berlin,  il  a  commencé  par  se 
produire  comme  pianiste  avec  de  grands  succès, 
puis  a  fait  ap(trécier  son  talent  de  compositeur 
par  la  piihlicalion  des  ouvrages  suivants  : 
Albumhlatl  pour  piano,  op.  2  (Breslau,  liai- 
nauer);  Caprice  pour  piano,  op.  4  (id.,  id.); 
Hommage  àSchumann,  pour  piano,  op.  5  (id., 
id.);  Trois  momettls  musicaux,  id.,  op.  7  (id., 
id.);  2  lieder  avec  piano,  op.  9  (id.,  id.)  ;  Es- 
quisses pour  piano,  op.  10  (id.,  id.);  3  Pièces 
pour  piano  à  4  mains,  op.  11  (id.,  id.);  Danses 
espagnoles  pour  piano,  op.  12  (Berlin,  Simon)  ; 
3  Zierfer  avec  piano,  op.  13  (Breslau,  Hainauer); 
Humoresques  pour  piano,  op.  14  (id.,  id.)  ;  6  Piè- 
ces, id.,  op.  15  (id.,  id.);  2  Morceaux  de  con- 
cert, pour  violon  et  piano,  op.  IG  (id.,  id.);  3 
Pièces  pour  piano,  en  forme  de  danse,  op.  17 
(id.,  id.)  ; /es  Pleurs,  5  chants  sur  des  poésies 
de  Chamisso.  M.  Moszkowski  a  écrit  aussi  une 
symphonie  qui  n'a  pas  encore  été  exécutée. 

MOSZKOWSiîl  (ALEX\NDRE),écrivain  alle- 
mand, est  l'auteur  d'un  «  poënie  humoristique  » 
qu'il  a  publié  sous  ce  titre  :  Poetische  Musik- 
geschicie  (Histoire  poétique  de  la  musique), 
Berlin,  Barth,  1876. 

MOUCIIET  ( ),   compositeur  français, 

né  à  Bordeaux,  a  fait  représenter,  le  11  janvier 
1877,  sur  un  petit  théâtre  de  cette  ville,  les 
Folies-Bordelaises,  un  opéra-comique  en  un  acte 
intitulé  la  Revanche  de  Frontin. 

*  MOULLXGIIEM  (Louis-Charles).—  Aux 
opéras  de  ce  compositeur,  il  faut  ajouter  Hori- 
plième,  et  Sylvain  ;  ce  dernier,  écrit  par  lui  en 
société  avec  Legrand  et  Davesne. 

*IVIOC]Lli\GIIEM  (Jean-Baptiste).  —  Cet 
artiste  a  fait  représenter  à  Fontainebleau,  sur 
le  théâtre  delà  cour,  le  9  octobre  1773,  un 
opéra-comique  en  un  acte  intitulé  la  Servante 
fuslifiée. 

MOULIMGIIEAI  (Louise  -  Frédérique 
SKREUDERF,  femme),  épouse  du  précédent, 
fut  pendant  ilix  ans  l'une  des  actrices  les  plus 
aimées   du  public  de  la  Comédie-Italienne,  où 


elle  se  distinguait  autant  par  les  qualités  de  son 
jeu  que  par  celles  de  sa  voix  et  de  son  chant. 
Elle  mourut  jeune,  en  pleine  possession  de  son 
talent,  le  25  novembre  1780,  et  voici  comment 
le  Mercure  de  France  annonçait  cette  perte  à  ses 
lecteurs  :  «  Fille  d'un  directeur  de  comédie,  la 
jeune  Louise  parut  de  bonne  heure  sur  la  scène, 
et  y  obtint  des  succès,  ce  qui  n'est  pas  étonnant. 
L'enfance  porte  prestjue  toujours  avec  elle  un 
intérêt  (|ui  double  le  prix  de  l'effet  que  produi- 
sent ses  dispositions  à  l'intelligence.  Après  avoir 
débuté  au  Théâtre-Italien  comme  danseuse,  en 
1766,  elle  s'y  présenta  comme  comédienne  en 
1770.  Quoique  sa  voix  fût  un  peu  élevée  dans  le 
dialogue,  défaut  assez  ordinaire  aux  chanteuses, 
quoiqu'elle  phrasât  difficilement  les  vers,  les 
connoisseurs  lui  trouvèrent  un  talent  décidé,  et 
prévirent  qu'elle  mériteroit  une  réputation  :  ils 
ne  se  trompèrent  pas.  Une  belle  entente  de  la 
scène,  une  connoissance  étendue  du  jeu  muet, 
beaucoup  de  gaîté,  de  clr,aleur,  de  naturel,  une 
soumission  exacte  au  costume,  du  zèle,  de  l'ar- 
deur, une  activité  presqu'infaligable,  lui  conci- 
lièrent tous  les  suffrages,  et  la  rendirent  bientôt 
aussi  chère  à  ses  camarades  qu'au  public  ; 
éloge  flatteur,  bien  rarement  mérité,  et  qui  fait 
autant  d'honneur  au  caractère  qu'aux  talens  de 
Madame  Moulinghem.»  En  réalité,  M"'^  JMoulin- 
gliem  tint  une  place  distinguée  sur  la  scène  de 
la  Comédie-Italienne,  à  une  époque  où  la  troupe 
de  ce  théâtre  était  presque  uniquement  composée 
d'artistes  de  premier  ordre.  —  M™°  Moulinghem 
avait  une  fille  qui  devint  claveciniste  ;  élève  de 
Rigel,  cette  jeune  virtuose  se  fit  entendre  au  Con- 
cert spirituel  le  7  avril  et  le  17  mai  1787,  et  un 
journal  en  parlait  alors  en  ces  termes  :  «  Les 
concerts  spirituels  sont  devenus  plus  intéres- 
sants. MM.  Guérin  ont  excité  une  sensation 
très-vive.  On  a  aussi  entendu  avec  le  plus 
grand  ^jlaisir  le  concerto  exécuté  par  M'"  Mou- 
linghem, fille  de  feu  M"""  Moulinghem,  si  jus- 
tement regrettée  au  Théâtre-Italien,  et  élève  de 
Rigel.  »  —  M'"'=  Moulinghem  avait  aussi  une 
sœur,  actrice  comme  elle,  qui  débuta  à  la  Comé- 
die-Italienne au  mois  d'avril  ou  demai  1781,  sous 
le  nom  de  m"°  Lambert.  Son  succès  fut  né- 
gatif, et  elle  ne  fut  point  reçue. 

*  iVlOLIRET(JEAN-JosEPH). — Outre  les  ouvra- 
ges qu'il  a  fait  représenter  à  l'Opéra,  cet  artiste, 
que  ses  contemporains  avaient  surnommé  le  Mu- 
sicien des  grâces,  et  qui,  en  effet,  à  défaut  d'une 
instruction  musicale  solide,  était  doué  d'une 
imagination  pleine  de  grâce  et  de  naïveté,  a 
écrit  la  musiqne  d'une  cinquantaine  de  pièces  re- 
présentées à  la  Comédie-Italienne,  musique  qui 
coni^istait  en  chansons,  airs  de  danse,  divertisse- 


250 


MOURET  —  MOUZIN 


ments.  Laplus  grande  partie  de  celte  musique  a 
été  piililiée  dans   une  collection   formée  sous  ce 
titre  :  SLv  Recueils  de  diverfissemcns  du  nou- 
feau  ihédlre  italien,  avec  toutes  les  sympho- 
nies, airs  à  chanter,  àboire,  vaudevilles,  ron- 
des de  table, etc.,  dédiés  à  S.  A.  R.  Monseigneur 
le  duc  (l'Orléans,  régent  du  royaume,  par  Mou- 
ret,  musicien  de  la  chambre   du  roy.  Voici  les 
titres  de  quelques-unes  des  pièces  qui  étaient  ac- 
compagnées des  airs  de  Mouret  :  1"  l'Amante 
romanesque ,  1718-,  2"  le  Naufrage  au  Port- 
à-VAnglois,  1718;  Z"!' Amour  maître  de  lan- 
gues, 1718  ;  4"  Za  Désolation  des  deux  Comé- 
dies, 1718;  ô"  le  Procès  des  thcdlres,\' iS; 
6"  Arlequin   Pluton;  7°  les    Lunettes  magi- 
ques, 1719;  8"  la  Foire  renaissante,  1719;  9" 
la  Fausse  Magie,  1719;   10"  les  Aventures  de 
la  rue  Quincampoix,  1719;  11»  le  Philosophe 
trompé  par  la  nature,  1719  ;  12"  le  Triomphe 
d'Arlequin,  1719;  13"  la  Mode,  1719;  14°   le 
May,  1719;  15°  la  Rupture  du    Carnaval  et 
de  ta  Folie ,    1719  ;  16"  Zes    Amours   de  Vin- 
cennes,  1719;  17»  Mélusine,  il \^  ;  W>  le  Tré- 
sor supposé.   1720  ;  19"  les   Amans  ignorons, 
1720;  20"  Arlequin  Endymion,    1721;  21" /a 
Fille  inquiète,  1723;  2T  l'Amante  capricieuse, 
1726  ;  23"  le  Tour  de  Carnaval,  1726  ;  24<>  les 
Comédiens  esclaves,  1726;  25"  V Horoscope  ac- 
compli,1121;   26"  Zéphire  et  Flore,  i.7 27;  27" 
risle  de  la  Folie,  1727  ;  28"  la  Revue  des  Théâ- 
tres, il2H;  29"  Arlequin  huila,  1728;  30"   le 
Triomphe  dePlutus,\728  ;  31"  l'Italien  mariéà 
Paris,  1728  ;  32°  Melpomène  vengée,  1729  ;  33° 
le  Feu  d'artifice  ou,  la  Pièce  sans  dénouement , 
1729  ;  34"  la  Nouvelle  Colonie  ou  la  Ligue  des 
Femmes,  {729;  35°  la  Réunion  forcée, \~ 30;  36" 
némocritepréfendufou,{730;36"  bisle  Triom- 
phe de  l'intérêt,  17.30;  37"   le  Je  ne  sçay  quoi , 
1731;37"  bis  le  Grand-Mogol,\73i;  3S"  laSur- 
prise  de  l'amour,  1734;  39"  C  Apologie  dusiècle, 
1734  ;  40"  Pygmalion,  ballet,  1734  ;4 1"  les  Billets 
doux,   1734  ;  42°  les  Amours  anonymes-;  4.1° 
les  Fées,    1736;   44"  te    Phénix,    1731;    45» 
l'Amant  déguisé  ;   46"  le  Jeu  d'amour;   47° 
V Empereur  dans  la  lune;  48°  Colombine  mari 
par   complaisance;    49"    Danuûs;   50"   Don 
Micco;  51°  lu  Pupille;  52"  la  Guinguette   de 
la  finance. 

Mouret  écrivit  aussi  les  divertissements  de 
([uelques  pièces  jouées  à  la  Comédie-Française  : 
la  Métempsycose  ou  les  Dieux  Comédiens  ; 
Panel  Doris,  pastorale  liéroique  en  un  acte  fai- 
sant partie  d'une  pièce  de  Daigiieberl  intitulée  les 
Trois  Spectacles,  1729  ;  les  Mécontents,  1734  ; 
la  Grondeuse,  ilU;   la  Magie  deVamour, 

1735. 


Mouret  composa  encore,  pour    le    service  du 
Concert  spirituel,  un  certain   nombre  de  motets. 
Je  ne  puis  citer  que  les  suivants  :  0  Sacrum 
convivium  ,     Benedictus     Dominus ,     Can- 
tate,   Cantemus    Domino,    Quemadmodum, 
Vsquequo,    Itegina    caii     lut  are.  .U    écrivit 
aussi,   pour     les  l'êtes    fameuses    que   la   du- 
cliesse  du  Maine  donnait    à   Sceaux,  les  trois 
ouvrages    suivants,  qui    n'ont  été  représentés 
sur  aucun  théàlre  public  :  le   Mystère  ou  les 
Fêles  de  Vinconnu,  divertissement  en  3    actes 
(en  société  avec  Marchand,  qui  fit  la  musique  du 
troisième  acte),  22  novembre  1714;  Apollon  et 
les  Muses,   intermède    en  3  acies,     1715;    la 
Grande  Nuit  de  l'éclipsé,  intermède  en  3  actes, 
3  mai   1715.  Enfin,  Mouret  est  encore   l'auteur 
de  nombreuses  et  importantes  compositions  qu'il 
fit  exécuter  au  Concert   spirituel  sous  les  titres 
suivants    :  les  Amours  de  Silène,  «  divertisse- 
ment bachique,  »  1729;  la  Mort  de  Didon,  can- 
tate,   1729;  Andromède    et   Persée,   cantate, 
1729;    Au    gui     l'an    neuf,    divertissement 
chanté,  1729;  la   Beauté  couronnée,  divertis- 
sement, 1729;  Églé,  cAa\ame,  1729;  Hymne  à 
l'amour,  1729;  le  Bal,  cantate.  Pour  terminer 
cette  longue  liste  des  œuvres  dues  à  un  artiste 
remarquablement  fécond, je  citerai  une  dernière 
composition  de  Mouret,  l'Impromptu  de   Vil- 
lers-Cotterets,  dont  il   écrivit   les  paroles  et  la 
musique  pour  une  fête  donnée  au  roi  Louis  XV, 
le  3  novembre  1722,  par  le  duc  d'Orléans,  dans 
son  domaine  de  Villers-Colterets. 

MOUSSOItGSKY    ( ),   compositeur 

russe  contemporain,  s'est  fait  connaître  d'abord 
par  la  publication  de  quelques  romances  et  mé- 
lodies vocales  qui  ont  été  bien  accueillies  du  pu- 
blic. Il  a  écrit  ensuite,  sur  un  livret  tiré  du  drame 
de  Pouschkine  qui  porte  ce  titre,  la  partition 
d'un  grand  drame  lyrique  intitulé  Boris  Go- 
dounoff.  Cet  ouvrage,  en  4  actes  et  un  prologue, 
a  été  représenté  à  Saint-Pétersbourg  en  1874. 

MOlIZIiX  (PuiKRE-NicoLAS)  (l),  profcsscur 
au  Conservatoire  de  Paris,  ancien  directeur  du 
ConservatoiredeMelz,  est  né  dans  cette  dernière 
ville  le  13  juillet  1822.  Admis  à  l'école  de  mu- 
siiiue  de  sa  ville  natale  au  mois  de  juin  1838,  il 
y  devint  élève  de  Victor  Desvignes,  son  fonda- 
teur, et  étudia  l'harmonie,  le  contre-point  et  la  fu- 
gue avec  M.  Camille  Durutte.  Devenu  professeur 
ailjoint  de  l'école  en  1842,  professeur  titulaire 
deux  ans  après,  M.  Moiizin,  après  la  mort  de  Des- 


(IjMalRré  ses   pri^nonn  vOritiiblfs  de  Pierre-Nicolas, 
la  famille  (le  M.  Moiw.in   avait  adopté   pour  liil  ceiiii  d'E- 
douard. De  là  vient   (lue  plusieurs   de   sis  compositloas 
1    «ont  signées  :  lid.  Mouzln. 


MOUZIN  —  MOZART 


251 


vignes, en  fui nominédirec[eur,le  l<=f  janvier  1854. 
Artiste  actif  et  doué  d'initiative,  se  livrant  à  des 
travaux  considérables  de  coniposition  ,  donnant 
des  articles  de  critique  musicale  à  divers  journaux, 
entre  autres  au  Courrier  de  lu  Moselle,  ildirigea 
la  Société  philliarmonique  de  Metz  (orchestre  et 
chœurs)  de  18i4  à  18iy,  la  Société  des  concerts 
de  ISiOà  1851,  la  Société  de  l'Union  des  arts 
de  1851  à  1853,  fonda  l'Orphéon  au  mois  de 
novembre  1854  cl  le  dirigea  jusqu'en  1868,  fonda 
une  Société  de  musique  d'harmonie  en  1866,  pro- 
voqua l'année  suivante  une  association  de  vingt- 
deux  sociétés  chorales  du  département  de  la 
Moselle,  enfin  dirigea  les  grands  concerts  annuels 
de  l'École  de  musique,  et  ceux  qui  eurent  lieu 
sous  la  présidence  de  M.  Ambroise  Thomas,  en 
1861  et  1867,  à  l'occasion  de  l'Exposition  univer- 
selle et  du  concours  régional.  Pendant  ce  temps,  il 
publiait  :  1"  Metz.  École  de  musique,  succursale 
du  Conservatoire  impérial,  esquisse  historique 
par  le  directeur,  M.  Ed.  Mouzin  (Metz,  Blanc, 
janvier  1859,  in-S"  de  24  p.);  1" Metz.  École  de 
musique,  succursale  du  Conservatoire  impé- 
rial, et  Société  chorale  de  V Orphéon,  deuxième 
esquisse  historique  (Metz,  Blanc,  1864,  in-S°de 
90  p.);  3"  Petite  Grammaire  musicale,  à  l'u- 
sage des  écoles  primaires,  des  cours  orphéoniques 
et  de  tous  les  établissements  d'instruction,  en 
trois  parties  (Paris,  Tandou,  1864,  in-12),  ou- 
vrage adopté  au  Conservatoire  de  Paris,  et  au- 
quel une  mention  honorable  a  été  accordée  à 
l'Exposition  universelle  de  1867.  A  la  suite  des 
■événements  de  1870-71,  M.  Mouzin  vint  s'éta- 
blira Paris,  el  fut  nommé  professeur  de  solfège 
au  Conservatoire. 

Voici  la  liste  des  compositions  de  cet  artiste 
estimable.  —  MnsiQUE  dramatique.  L('S  Deux 
Valises,  opéra-comique  en  un  acte,  joué  à 
Metz  en  1866;  i^i;c/(ei-4«(7e,  opéra-comique  en 
un  acte,  resté  inédit. — Gant ATES.,Spa?7acMS, pour 
voix  de  basse,  avec  chœur  masculin  et  accompa- 
gnement d'orchestre,  exécutée  à  Metz  (compo- 
sition qui  reçut  plus  tard  de  plus  grands  dévelop- 
pements, et  devint  une  scène  pour  soprano,  té- 
nor et  basse  avec  chœur  mixte)  ;  Metz,  pour 
voix  de  mezzo-soprano  avec  chœurs  et  orches- 
tre, exécutée  à  Metz;  Sébastopol,  pour  ténor, 
baryton,  chœurs  et  orchestre,  exécutée  à  Metz; 
Hommage  à  la  mémoire  d''Halévij,  pour  so- 
prano, chœurs  et  orchestre,  id.;  Rémilly,  pour 
clxpur  d'hommes,  avec  orchestre,  id.:  les  Eaiix 
de  Metz,  pour  chœur  mixte,  avec  orchestre, 
id.;  Marclie  funèbre  de  la  Symphonie  héroïque 
de  Beethoven,  arrangée  pour  chœur  et  orches- 
tre, id.  —  McsiQLE  VOCALE.  Six  Vocalises,  pour 
soprano  ou  ténor;   six  Mélodies  pour  soprano. 


ténor  ou  mezzo-soprano  ;  Simples  Chants,  re- 
cueil  écrit  pour  les  salles  d'asile  ;  la  Voix  du 
Torrent,  la  Fauvette,  la  Jeune  Fille,  Can- 
zone  de  Vittoria  Colonna,  la  Marinière,  le 
Vieillard  aveugle,  la  Voix  secrète,  Derniers 
Soleils,  méloilies. —  Musique  religieuse.  Agnus 
Dei,  pour  ténor  et  chœur;  Sanctus  (en  ré]  pour 
baryton  et  chœur;  Ave  verum,  solo  de  basse, 
avec  orgue;  Sanctus  en  mi  bémol,  messe 
des  morts;  l'ie  Jesu,  pour  ténor  et  clueiir,  avec 
orgue  ;  Veni  Creator,  trio  ou  chœur,  avec  orches- 
tre ou  orgue. —  CnœuRS  sans  accompagnements.^ 
la  France,  la  Ronde  des  Moissonneurs,  Souve- 
nir de  Strasbourg,  la  Prière  des  petits.  Salut 
à  Ambroise  Thomas,  Chant  de  bienvenue.  Qui 
d'un  mot  calme  les  orages  ?  Chantons  la  va- 
peur, la  Moselle,  Strasbourg,  Hourrah  !  les 
Francs-Tireurs,  la  Rosée,  les  Trois  Légions; 
12  Chœurs  arrangés,  avec  paroles  spéciales,  sur 
différents  fragments  de  musique  instrumentale  de 
Hajdn,  de  Mozart  et  de  Beethoven.  —  Musique 
instrumentale.  Sérénade  pour  orchestre  ; 
Andante  et  scherzettino  pour  orchestre  ;  Ouver- 
ture à  grand  ochestre  ;  T'  Symphonie  {le 
Pa.S5e) ,  pour  orchestre  ;  Préludes  et  Fugues, 
pour  le  piano;  Souvenirs  du  pays  Messin,  six 
mélodies  pour  le  piano  ,  etc. 

MOYA'S  ou  MOENS  (Simon),  facteur  de 
clavecins,  exerçait  cette  profession  à  Anvers  au 
milieu  du  seizième  siècle,  et.était  reçu  en  cette 
qualité  dans  la  corporation  de  Saint-Luc  en 
1552. 

*  MOZART  (Jean-Chrvsostome-Wolfgang- 
Théophile).— La  bibliographie  relative  à  Mozart, 
en  ce  qui  concerne  la  France,  doit  se  compléter  par 
les  écrits  suivants  :  1»  Histoire  de  W.  A.  MO' 
zart,  sa  vie  et  son  œuvre  d'après  la  grande  bio- 
graphie de  G.  N.  de  Nissen,  augmentée  de  nou- 
velles lettres  et  de  documents  authentiques, 
traduite  de  l'allemand  par  Albert  Sowinski  (Paris, 
Garnier,  1869,  in-S"  avec  porlraitetautographes); 
2"  Not ice  biographique  sur  Jean-Chr ijsostome- 
Wolf gang -Théophile  Mozart,  par  Winckler 
(Paris,  Fuchs,  an  X  (1801),  in-S");  3°  Mozart, 
par  le  docteur  Henri  Doering,  traduit  de  l'alle- 
mand par  C.  Viel  (Paris,  Bohné,  1860,  in-12); 
4"  Mozart  ou  la  Jeunesse  d'un  grand  artiste, 
par  Etienne  Gervais  (Tours,  Maine,  1866,  in-12); 
5"  Mozart  d'après  de  nouveaux  documents, 
par  J.  Goschler  (Paris,  Douniol,  1866,  in-8''); 
6"itn  Voyage  de  Mozart .,  biographie,  anec- 
dotes,par  Edouard  Moericl<e,traduil  de  l'allemand 
par  A.  Rolland  (Bruxelles,  Duinont,  1859,  in-18)  ; 
7°  Lecture  sur  les  trois  séjours  de  Mozart  à 
Paris,  par  Charles  Poisot  (Paris,  typ.  Charaerot, 
1873,  in-i8). 


252 


MOZART  —  MULLER 


A  part  ces  publications,  nous  signalerons  les 
deux  livraisons  (29<:  et  30«  entretiens)  du  Cours 
familier  de  littérature  de  Lamartine,  intitulés  : 
la  Musique  de  Mozart,  et  surtout  l'excellent 
travail  publié  sur  le  maître  par  M.  Victor  Wilder, 
en  1874,  dans  le.  Ménestrel,  écrit  vraiment  re- 
marquable, et  le  seul  de  quelque  valeur  qui  ait 
paru  en  France.  11  est  bien  à  désirer  que  l'au- 
teur publie  sous  forme  de  volume  cette  très-in- 
téressante étude. 

MUCK  (Le  docteur  J ),  musicien  alle- 
mand, né  à  Wurzbourg  le  16  août  1824,  s'était 
d'abord  adonné  à  l'étude  du  droit,  qu'il  aban- 
donna pour  se  consacrer  à  la  musique.  Chcl' 
d'orchestre  au  théâtre  de  Briinn  en  1860,  à  celui 
de  Freihurg  en  1866,  il  se  lixa  ensuite  dans  sa 
ville  natale,  où  il  dirige  une  Société  de  chant. 
Cet  artiste  a  composé  des  chœurs  pour  voix 
d'hommes,  des  morceaux  de  violoncelle,  et 
il  a  fait  représenter  avec  un  certain  succès, 
le  3  février  1867,  à  Darmstadt,  un  drame  lyrique 
intitulé  les  ISazaréens  à  Pompéi,  dont  le  sujet 
était  emprunté  au  poëme  célèbre  de  Bulwer  : 
les  Derniers  Jours  de  Pompéi. 

MUELEVOETS  (Je an), facteur  de  cithares, 
vivait  h  Anvers  à  la  fin  du  seizième  siècle. 

MUGXONE  (Lkopoldo),  compositeur  dra- 
matique italien,  né  vers  1857,  a  fait  représenter 
àNaples,  sur  le  théâtre  Nuovo,  les  deux  ouvra- 
ges suivants  :  1°  Don  Bizzarro  e  le  sue  figlie, 
opéra  bouffe  (20  avrd  1875),  qui  a  été  assez 
bien  accueilli  ;  2°  la  Mamma  Angot  a  Costan- 
tinopoli,  opérette  (29  juillet  1875),  qui  n'a 
obtenu  aucun  succès.  Je  n'ai  pas  d'autres  ren- 
.seignements  sur  cet  artiste,  qui  n'était  âgé  que 
de  dix-sept  ans  lorscpi'il  a  fait  son  début  au 
théâtre. 

MÛHLDÔRFKR  (Guillaume-Charles), 
compositeur  et  maître  de  chapelle  autrichien,  est 
né  à  Giatz  le  6  mars  1837.  On  lui  doit  plusieurs 
ouvrages  dramatiques,  parmi  lesquels  je  citerai 
les  suivants  :  le  Sommeil  magique,  opéra-co- 
mique en  2  actes,  Leii)zig,  1866;  Ze  Comman- 
dant de  Kœnigstein,  un  acte,  Leipzig,  .'îO  mars 
1869;  Solitude  dans  /es  60/5,  ballet,  Leipzig,  2i 
décembre  1869.  Son  dernier  ouvrage,  donné 
encore  à  Leipzig,  au  mois  de  septembre  1877, 
est  un  opéra-comique  en  un  acte,  Prinzessin  Re- 
benbliiih,  qui  accompagnait  la  première  re[)re- 
sentation  du  Bornéo  et  Juliette  de  M.  Gou- 
nod.  M.  Mùbldorfer  remplit  les  fonctions  de  se- 
cond chef  d'orchestre  au  théâtre  de  Leipzig. 
On  connaît  encore  de  lui  des  lieder  et  |tlu>ieurs 
ouvertures  de  concert. 

MULDEU  (nicuAiu)),  pianiste,  chef  d'or- 
chestre et  compositeur,  naquit  a   .Vmslerdam  en 


1823,  et  reçut  une  excellente  éducation  musicale. 
Dès  sa  jeunesse  il  vint  en  France,  résida  long- 
temps à  Paris,  où  il  |)ublia  de  nombreuses  com- 
positions, et  c'est  en  cette  ville  qu'il  épousa,  en 
1844,  M"'=  Lia  Duport,  fille  de  l'auteur  drama- 
tique Paul  Duport.  M'"=  Lia  Duport  était  une 
cantatrice  distinguée,  qui  a  brillé  de  bonne  heure 
dans  les  concerts,  et  iqui  s'est  ensuite  vouée  à 
l'enseignementrilTIâ  quelques  années,  Richard 
Mulder  était  parti  pour  l'Amérique,  et  s'était 
fixe  aux  États-Unis;  il  est  mort,  jeune  encore, 
à  San-Francisco,  le  22  décembre  1874.  Parmi  les 
compositions  publiées  par  cet  ,arliste  intelligent, 
je  citerai  surtout  les  suivantes,  toutes  pour  le 
piano:  Chants  caractéristiques,  op.  9  ;  Thème  ori 
ginal  et  scherzo,  op.  10;  Plaisir  du  bal,  valse, 
rédowa  et  polka,  op.  11  ;  Styrienne,  op.  12  ;  la 
Cascade,  op.  12  bis;  Ré've  d'espoir,  andante, 
op.  13;  le  Tambour  de  basque,  impromptu,  op. 
15;  le  i)/eHue/,  variations-études,  op.  16;  Fête 
styrienne,  valse-caprice,  op.  17;  la  Consola- 
tion, nocturne,  op.  18  ;  Cécilia,  mazurka-caprice, 
op.  19  ;  le  Retour,  nocturne,  op.  20  ;  les  Chantres 
des  bois,  6  morceaux  caractéristiques,  op.  22  ; 
Souvenir  de  jeunesse,  3  morceaux  de  genre,  op. 
28  ;  le  Chalumeau,  pastorale,  op.  29  ;  Lyceum 
des  pianistes,  collection  complète  et  progressive 
d'études,  en  6  livres, 01».  31,32,33,34,  35  et  36; 
les  Loisirs  de  la  Châtelaine,  collection  de  8 
morceaux  caractéristiques  et  de  moyenne  force, 
op.  44,  etc.,  etc. 

De  son  mariage  avec  M""  Lia  Duport,  Richard 
Mulder  avait  eu  une  fille,  aujourd'hui  M'"^  Pau- 
line Boutin,  qui  est  l'une  des  plus  aimables 
cantatrices  de  concert  de  Paris  et  l'un  de  nos 
meilleurs  professeurs  de  chant. 

MULLER  (Marianus),  moine  et  musicien 
du  dix-huitième  siècle,  naquit  en  Suisse,  à  .-Esch 
(canton  de  Lucerne),  en  1724.  Après  avoir  étu- 
dié la  composition  avec  Giuseppe  Paladino, 
maître  de  chapelle  à  Milan,  il  entra  en  17i3  au 
couvent  d'Einsideln,  dont  il  fut,  trente  ans  plus 
tard,  nommé  prince-abbé.  Il  mourut  en  1780. 
On  connaît  de  cet  artiste  une  messe  à  quatre 
voix  avec  orgue,  quatre  motets  à  huit  voix,  six 
Magnificat  à  quatre  voix  avec  accompaguemenl 
d'orchestre,  etc.  .^ 

*  Mi'TLLER  (Iwan),  célèbre  clarinettiste 
russe,  na(|uit  le  3  décembre  1786,  et  non  le 
15  décembre  178t. 

*  MÙIJvER  (Fiti';ni;i(ic), violoniste,  violoncel- 
liste, clarinettiste,  compositeur  et  maître  de  cha- 
pelle, est  mort  à  Rudolsladt,  le  12  décembre 
1871.  (V.  Biographie  universelle  des  Musi- 
ciens, I.  VI,  p.  259.)  • 

*i\lÙLLER(CllUlÎTIEN-GOTTLIEB-ïni;OPIlILE)» 


MULLER  —  MURAIRE 


253 


compositeur,  est  mort  à  AUenbourg  le  29  juin 
1863.  (V.  Biographie  universelle  des  Musi- 
ciens, l.  VI .  p.  260.) 

*I\1ÛLLER  (Adolphe).—  Une  note  qui  m'est 
fournie  sur  cet  artiste,   par  RI.  Jean  Ballia   (de 
Presbourg),  me  prouve  qu'il  n'a  jamais  été  at- 
taché au  théâtre  de  Kœnigsladt,  de  Berlin.  «  En 
1828,  dit  cette  note.  Millier  fut  engagé  au  théâ- 
tre du  faubourg  de  Wieden,  à  Vienne,   comme 
compositeur  et  chef  d'orchestre  ;   il  conserva 
cet  emploi  jusqu'en    1847,   époque  où  il  passa 
dans  la  même  qualité  au  théâtre  du    faubourg 
de  Leopoldsladl.  Mais  il  rentra  bientôt  au  théâ- 
tre de  Wieden,  où  il  se  trouve  encore  aujour- 
d'hui, jouissant  de  l'estime  générale.  M.  Millier  a 
écrit  la  musique  d'environ  600  pièces  de  théâtre  : 
opéras-comiques,  opérettes,  farces  cl  vaudevilles. 
Outre  cela,  il   a  composé  300  lieder,  des  mor- 
ceaux de  musique  de  danse,  des  pièces  symphoni- 
ques  et  une  grande  messe.  On  lui  doit  aussi  une 
Méthode  de  chant  en  langue  allemande  et  fran- 
çaise, publiée  à    Vienne,    chez  Hasiinger.    Les 
compositions  de  M.  Muller  sont  très- populaires  ; 
la  plupart  de  ses  lieder  et  de  ses    couplets, 
écrits  pour  le  théâtre,  ont  fait  le  tour  de  l'Alle- 
magne, et  sont  encore  chantés  chaque  jour  par 
les  gens  du  peuple.  M.  Muller  est  un  représen- 
tant richement  doué  de  l'ancienne  école  viennoise 
de  composition.    »  (V.  Biographie  universelle 
des  Musiciens,  t.  VI,  p.  261.) 

MULLER  (Adolphe),  fils  du  précédent,  est 
né  à  Vienne  le  15  octobre  1839.  Il  a  hérité  de 
la  fantaisie  féconde  et  de  Ja  riche  force  créa- 
trice de  son  père.  Après  avoir  terminé  ses  étu- 
des, il  devint  chef  d'orchestre  à  Posen,  puis  à 
Magdebourg,  où  il  fit  représenter  '  son  premier 
opéra,  Henri  Vorjèvre.  En  1872,  il  alla  rem- 
plir le  même  emploi  au  théâtre  de  l'Opéra-Conn- 
que,  nouvellement  créé  à  Vienne,  et  où  il  se 
trouve  encore.  Son  dernier  ouvrage  :  Wald- 
meisiers  Brauljahrt,  est  un  opéra-comique 
fantastique  ;  la  musique  en  est  gracieuse  et  gaie, 
et  la  partition  en  a  été  publiée  chez  l'éditeur  M. 
Schereiber.  M.  Millier  a  écrit  un  trio,  des  lieder, 
et  la  musique  de    plusieurs  pièces  de  théâtre. 

J.  B. 
*MÛLLER  (Charles-Frédékic),  violoniste, 
l'aîné  des  quatre  frères  de  ce  nom  qui  compo- 
saient le  fameux  quatuor  Millier,  si  longtemps 
célèbre  en  Allemagne,  est  mort  à  Brunswick,  le 
4  avril  1873.  (V.  Biographie  universelle  des 
Musiciens,  t.  VI,  p.  262.) 

*MULLER  (Auguste-Théodore),  violoncel- 
liste, frère  du  précédent,  le  troisième  et  le  der- 
nier membre  survivant  de  ce  quatuor  fraternel , 
est  mort  à  Brunswick  au  mois  d'octobre  1875. 


(V.  Biographie  universelle  des  Musiciens, 
t.  VI,  p,  262.) 

MULLER  (Junus-E ),  piani.ste  et  coin- 

|)ositenr  allemand,  s'est  fait  connaître,  en  ces 
dernières  années,  par  la  publication  de  morceaux 
de  genre  et  fiintaisies  pour  piano,  dont  le  nombre 
ne  s'élève  guère  aujourd'hui  à  moins  de  deux 
cents.  — •     ■ 

MULLER  ( ),  compositeur  contempo- 
rain, connu  sous  le  nom  de  Millier,  de  Neiv- 
York,  s'est  fait  connaître  par  la  publication 
d'une  énorme  quantité  de  recueils  de  chœurs  et 
lieder  à  plusieurs  voix,  dont  quelques-uns  avec 
accompagnement  d'orchestre  ou  de  divers  ins- 
truments. Le  nombre  de  ces  recueils  ne  s'élève 
guère  aujourd'hui  à  moins  d'une  centaine.  Je 
n'ai  pu  recueillir  aucun  renseignement  biogra- 
phique sur  cet  artiste. 

MULLER  (Louis),  maître  de  chapelle  et 
profes.seur  de  chant  au  collège  Stanislas,  à  Paris, 
est  l'auteur  d'un  Solfège  pratique  et  théorique, 
à  l'usage  des  collèges,  pensionnats  et  séminai- 
res, Paris,  Leduc,  in-S".  Il  a  publié  aussi  les 
Solennités  religieuses,  recueil  avec  orguQ  de 
chants  sacrés  pour  toute  l'année,  id.,  id. 

MULLER  (Marcëllus),  notaire  à  Caen  et 
grand  amateur  de  musique,  ancien  élève  de 
Carafa,  a  fait  représenter  à  Caen,  dans  la  grande 
salle  de  l'hôtel  de  ville,  à  l'occasion  d'une  fête 
locale,  le  5  février  1875,  un  opéra-comique  en 
deux  actes  intitulé  le  Bocage.  Peu  de  jours 
après,  le  16  février,  M.  Marcëllus  Muller  don- 
nait à  la  salleTailbout,  à  Paris,  dans  une  repré- 
sentation privée,  une  opérette  en  un  acte,  les 
Idées  de  M.  Pampelune.  Enfin,  le  6  mars  1877, 
il  donnait  à  Caen  une  autre  opérette  en  un 
acte,  le  Maître  de  chant,  qu'il  faisait  repré- 
senter sous  le  pseudonyme  de  Wilhelm. 

MÛLLER-HARTUiXG  ( ),  chef  d'or- 
chestre et  professeur  allemand,  directeur  de 
l'École  de  musique  de  Weiniar,  est  l'auteur  d'un 
ouvrage  publié  récemment  .sous  le  titre  de  Théo- 
rie de  la  Musique  (Eisenach,  Bacmeister,  in-S"). 

MUKCHEIMER  (Adam),  compositeur, 
directeur  de  l'Opéra  national  de  Varsovie,  a  écrit 
la  musique  d'un  opéra  polonais  en  4  actes,  Stra- 
diota,  qui  a  été  représenté  sur  ce  théâtre 
en  1877.  On  connaît  aussi  de  cet  artiste  de  la 
musique  dejballet,  des  ouvertures,  des  lieder, 
des  chœurs,  etc. 

MURAIRE  ( ),  chanteur  français,  né 

à  Avignon  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  se 
fit  une  très-grande  réputation  à  l'Opéra  dans 
l'emploi  des  hautes-contre,  mais  ne  resta  guère 
plus  d'une  douzaine  d'années  à  ce  théâtre,  et  se 
retira  dans  toute  la  force  de  l'âge.  Doué  d'une  voix 


254 


MURAIRE  —  MURSKA 


superbe  et  étendue,  il  paraît  avoir  été  aussi  rc- 
marquablecoiiiine  comédien  que  comme  chanteur, 
car  le  Mercure  de  France  disait  de  lui,  en  par 
lant  de  la  reprise  d'Alys  qui  eut  lieu  le  23  dé- 
cembre 172;)  :  —  'I  Entre  les  meilleurs  acteurs 
qui  contribuent  au  grand  succès  de  cet  opéra,  le 
public  dislingue  le  sieur  Muraire,  dont  la  voix  et 
l'aclion  encbaiitenl  les  oreilles,  et  les  yeux  tou- 
chent le  cœur.  »  Selon  Laborde  {Essais  sur  la 
musique),  Muraire  aurait  débuté  seulement  en 
1717,  mais  il  y  a  là  une  erreur,  car  cet  artiste  rem- 
plissait un  rôle  dans  les  Fêtes  de  Vété,  de  Monte- 
clair,  quilnrentreprésentées  le  12juin  1716.  C'est 
vers  1715  que  Muraire  se  montra  pour  la  première 
fois  à  l'Opéra,  dans  Isis,  de  Lully.  Laborde  se 
trompe  encore  lorsqu'il  dit,  en  parlant  de  Mu- 
raire :  «  Il  avoit  une  des  plus  belles  haule-coutre 
qu'on  eilt  jamais  entendues,  et  il  falloit  les  ta- 
lens  réunis  de  Jélyotte  pour  réclipser.  »  Jélyotte 
put  faire  oublier  Muraire,  mais  non  récli|)ser, 
puisqu'il  ne  débuta  à  l'Opéra  qu'en  1733,  alors 
que  celui-ci  avait  pris  sa  retraite  depuis  plus  de 
six  ans,  ainsi  que  nous  l'apprend  le  Mercure 
dans  son  numéro  de  janvier  1727  :  «  Le  sieur 
Muraire,  un  des  principaux  acteurs  de  l'Académie 
royale  de  musique,  qui  a  été  assez  longtemps 
malade,  est  entièrement  rétabli  ;  mais  le  public, 
à  qui  sa  belle  voix  a  fait  tant  de  plaisir,  n'y  gagne 
rien;  il  a  quitté  l'Opéra  pour  se  retirer  à 
Avignon,  sa  patrie.  » 

Voici  la  liste  des  ouvrages  créés  par  Muraire 
à  l'Opéra  ;  les  Fêtes  de  Vêlé,  de  Monteclair; 
Camille,  reine  des  Vohques,  les  Arjes,  de  Cam- 
pra;  les  Plaisirs  de  la  campagne, (\e  Berlin; 
PoUjdore,  de  Batistin  Slriick  ;  les  Amours  de 
Pro/<?e,  de  Gervais  ;  Pirilhoûs,  de  Mouret  ;  les 
Fêtes  grecques  et  romaines,  de  Colin  de  Bla- 
mont  ;  la  Reine  des  Péris,  d'Aubert  ;  les  Élé- 
ments, de  Lalande  et  Destouclies;  les  Strata- 
gèmes de  l'amour,  de  Destouches;  Télégone, 
de  Lacoste;  enfin,  J'ijrame  et  Thisbé,  de  Rebel 
et  Francœur,  sa  ilernière  création  en  1726. 

MURATORI  (LoDovir.o),  compositeur  ita- 
lien, est  l'auteur  d'un  opéra  intitulé  Virginia, 
ovvero  un'Imprudenza,  qui  a  été  représenté 
sur  le  théâtre  du  Corso,  de  Bologne,  au  mois 
de  décembre  lSû6.  —  Un  artiste  du  même  nom, 
M.  G.  Muratori,  a  publié  dans  ces  dernières  an- 
nées quelpies  mélodies  sur  paroles  italiennes. 

MUllET  (Tni-ononF.-CKSAP.),  écrivain  dra- 
matique et  critique  distingué,  né  à  Rouen  le  24 
janvier  1808,  est  mort  à  Soissy,  près  Montmo- 
rency, le  17  juillet  1806.  Pendant  longues  années, 
Th.  MiM-et  a  publié  dans  le  journal  l('gitimiste 
l'Union,  dont  il  partageait  les  doctrines  politi- 
ques, un  feuilleton  théâtral  justement  remarqué. 


dans  lequel  une  connaissance  intime  du  sujet 
traité  .s'alliait  aux  formes  les  plus  courtoises  et 
à  un  réel  talent  littéraire.  Il  est  surtout  men- 
tionné ici  pour  un  ouvrage  fort  intéressant  : 
l'Histoire  par  le  Théâtre  (Paris,  Amyot, 
3  vol.  in-12),  qui  contient  d'assez  nombreux 
renseignements  sur  la  musique  et  quelques  mu- 
siciens. 

MURSKA  (Ilma  DE),  une  des  bonnes  can- 
tatrices allemandes  de  ce  temps,  est  née  en 
Croatie  vers  1836.  Elle  a  commencé  son  éduca- 
tion musicale  en  Italie,  puis  s'est  perfectionnée 
sous  la  direction  de  M""  Marchés!,  le  célèbre 
professeur  de  Vienne.  M"*^  de  Murska  s'était 
déjà  fait  apprécier  en  Allemagne,  lorsqu'au  mois 
de  janvier  1862  elle  se  fit  entendre  presque 
furtivement  à  Paris,  dans  un  concert  au  profit 
de  la  Société  allemande  de  bienfaisance.  Elle  ne 
resta  pas  en  cette  ville,  partit  aussitôt  pour 
Florence,  où  l'appelait  un  engagement  pour  le 
théâtre  de  la  Pergola,  et  se  rendit  ensuite  à 
Barcelone,  à  Hambourg  et  à  Peslh.  En  186'». 
elle  débute  avec  succès  à  Berlin,  y  joue  successi- 
vement Lucie  de  Lamermoor,  le  Trouvère, 
la  Somnambule,  Linda  diChamounix,  Mar- 
iha,  puis,  au  mois  d'août,  se  produit  avec  non 
moins  de  honheur  à  l'Opéra  impérial  île  Vienne. 
Elle  établit  à  ce  théâtre  le  rôle  de  Dinorah  du 
Pardon  de  Ploêrmel,  qui  lui  vaut  un  véritable 
triomphe. 

m"°  de  Murska  resta  attachée  pendant  dix 
ans  à  l'Opéra  de  Vienne,  ce  qui  ne  l'empêcha 
pas,  dès  1865,  de  passer  chaque  été  à  Londres, 
où  elle  obtenait  de  très-grands  succès  au  théâtre 
de  la  Reine.  La  brillante  carrière  de  la  canta- 
trice était  justifiée  par  ses  facultés  naturelles, 
autant  que  par  ses  qualités  acquises.  M""  de 
Murska  était  douée  d'une  voix  superbe,  sonore, 
étendue,  dont  elle  savait  tirer  le  meilleur  parti, 
chantant  avec  goût,  vocalisant  avec  légèreté,  se 
faisant  remarquer  par  un  rare  sentiment  des 
nuances,  et  joignant  à  ces  qualités  purement 
musicales  la  tendresse  et  le  charme,  la  grâce 
et  l'émotion.  Les  principaux  rôles  de  sou  réper- 
toire, outre  ceux  qui  ont  été  cités  plus  haut, 
sont  Marguerite  des  Huguenots,  le  pa^e  (Vun 
liallo  in  maschera,  Ophélie  d'Hamlet,  Cathe- 
rine de  l'Étoile  du  Nord,  Gilda  de  Rigoletto, 
puis  Médce,  Roméo  et  Juliette,  P Africaine 
(Inès),  ilFlauto  magico,  V Enlèvement  du  sé- 
rail, etc.,  etc. 

Veuve  d'un  officier  de  l'armée  autrichienne 
qui  s'appelait  Eders,  M'""^  lima  de  Murska  quitta 
rEur(i|)e  à  la  fin  de  1873,  alla  se  faire  entendre 
à  New-York  et  dans  diverses  antres  villes  des 
États-Unis,  puis  de   là  passa  en   Australie,  où 


MURSKA  —  MUSARD 


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2dD 


elle  fit  une  grande  tournée  lyrique.  C'est  dans 
ce  pays  qu'elle  épousa  en  secondes  noces,  en 
1876,  un  pianiste  du  nom  d'Anderson,  qui  mou- 
rut très-peu  de  temps  après. 

MUSAKD  (PuiLiPfE),  chef  d'orchestre  et 
compositeur  fameux  de  musique  de  danse,  na- 
quit vers  1792.  Cet  artiste,  qui  obtint,  à  l'époque 
du  règne  de  Louis- Philippe,  une  véritable  célé- 
brité comme  chef  d'orchestre  de  bal  et  compo- 
siteur de  quadrilles,  eut  des  commencements 
difficiles  et  ne  paraissait  pas  destiné  à  jamais 
sortir  de  l'obscurité.  Dans  sa  jeunesse,  qui,  dit- 
on,  fut  loin  d'être  heureuse,  il  apprit  le  cor,  et 
jouait  de  cet  instrument  dans  les  bals  publics 
de  bas  étage,  aux  barrières  de  Paris,  d'abord 
au  Bœuf  rouge,  à  Belleville,  puis  à  l'Ile  d'a- 
mour, près  de  Romainville.  Dès  cette  époque 
pourtant  il  jouait  un  peu  de  violon,  et  s'exerçait 
déjà  à  composer  des  quadrilles. 

Trouvant  que  la  fortune  ne  lui  venait  pas  assez 
vite  à  Paris,  Musard,  sous  la  Restauration, 
parfit  pour  l'Angleterre.  C'est  à  Londres  qu'il 
commença  à  se  faire  connaître,  et  que  sa  répu- 
tation s'établit  tout  d'abord.  11  s'associa,  en 
cette  ville,  avec  un  autre  artiste,  pour  exploiter 
les  bals  de  la  cour,  dont  sans  doute  il  était  le 
chef  d'orchestre,  et  c'est  alors  qu'il  publia  et  fit 
exécuter  ses  premières  compositions  dansantes, 
compositions  qu'il  envoyait  ensuite  à  Paris,  à 
un  nommé  Marchand,  chef  d'orchestre  du  bal  du 
Vauxhall,  lequel  les  faisait  exécuter  à  son  tour. 
C'est  ainsi  que  Musard  obtint  ses  premiers 
succès. 

Peu  de  temps  après  la  révolution  de  1830, 
Musard  revient  à  Paris,  et  bientôt  il  est  appelé 
à  diriger  l'orchestre  des  bals  masqués  qui  se 
donnaient  alors  au  théâtre  des  Variétés.  Chose 
singulière,  pourtant,  et  qui  pourrait  faire  croire 
que  cet  artiste  n'a  jamais  été  qu'un  déclassé, 
Musard,  àcetle  époque,  semblait  avoir  une  ambi- 
tion plus  haute,  et  désirer  une  autre  renommée 
que  celle  de  compositeur  et  de  conducteur  de 
quadrilles.  En  effet,  c'est  peu  après  son  arrivée 
à  Paris  qu'il  publiait  trois  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse  (Paris,  l'auteur),  et  c'est 
dans  le  même  temps  qu'il  faisait  paraître  les 
premiers  fascicules  d'une  Nouvelle  Méthode  de 
composition  musicale  (Paris,  l'auteur).  En 
annonçant  cet  ouvrage  dans  la  Revue  musi- 
cale, Fétis  disait  :  «  M.  Musard  annonce  aussi 
la  publication  d'un  Traité  complet  et  raisonné 
du  système  musical,  qui  paraîtra  par  livrai- 
sons et  qui  sera  accompagné  de  notes  curieu- 
ses sur  l'histoire  de  la  musique  (1).  »  Ne  sont- 

(1)  Je  crois  que  la  Nouvelle  Méthode  de  composition 


ce  pas  là  les  appétits  d'un  véritable  artiste,  et  ne 
peut-on  pas  croire  que  Musard  ne  s'est  livré  à 
une  forme  vulgaire  de  l'art  (en  y  faisant  preuve, 
d'ailleurs,  d'un  talent  véritable)  que  parce 
qu'elles  lui  offraient  des  moyens  d'existence  qui 
lui  faisaient  défaut  daulre  part,? 

Quoiqu'il  en  soit,  Musard  obtint  im  tel  succès 
aux  bals  des  Variétés  (ju'im  spéculateur,  Masson 
de  Puitneuf,  conçut  la  pensée  d'organiser ,  aux 
Champs-Elysées,  un  établissement  de  concerts 
et  de  bals  dont  il  lui  confia  la  direction  artisti- 
que. L'entreprise  réussit  à  souhait,  et  fut  bien- 
tôt connue  sous  le  nom  de  Concert- Mmurd  ; 
mais,  Musard  s'étant  brouillé  avec  son  associé, 
alla  s'installer  au  Jardin-Turc  du  boulevard  du 
Temple,  passa  ensuite  à  la  salle  Saint-Honoré 
(connue  plus  tard  sous  le  nom  de  salle  Valen- 
tino),  et  enfin  à  la  salle  Vivienne,  oii  ses  con- 
certs et  ses  bals  obtinrent  une  vogue  sans 
pareille  et  firent  littéralement  courir  tout  Paris. 
En  même  temps,  il  dirigeait  les  bals  masqués 
de  la  salle  Ventailour,  puis  ceux  de  l'Opéra-Co- 
mique,  et  l'on  se  rendra  compte  des  succès  qu'il 
obtenait  alors  par  ces  fragments  d'un  article 
un  peu  railleur  que  publiait  à  son  sujet  le  jour- 
nal le  Ménestrel  : 

«  Oh!  qu'il  est  beau,  qu'il  est  sublime,  qu'il 
est  excentrique  et  idéal,  ce  monsieur  Musard  ! 
Depuis  le  boulevard  Saint-Martin  jusqu'en 
Chine,  vous  ne  trouverez  pas  une  personne,  pas 
une  chose ,  pas  un  chef  d'orchestre ,  qui  lui 
soit  comparable. 

«  Mais  qui  n'a  pas  vu  Musard  aux  fêtes  noc- 
turnes de  l'Opéra-Comique,  celui-là  n'a  rien  vu. 
Là,  sur  ce  pont  vénitien,  le  maestro  éclairé  par 
mille  bougies,  apparaît  dans  son  vrai  jour.  Là, 
on  le  contemplerait  des  heures  entières.  Ce 
n'est  pas  un  homme,  ce  n'est  pas  un  musicien, 
c'est  un  dieu  qui  conduit  l'orchestre.  Tantôt  il 
roule  ses  yeux  comme  deux  boules  enflammées; 
tantôt  il  les  promène  avec  calme  de  droite  à 
gauche  et  de  gauche  à  droite.  Son  infatigable 
archet  marque  chaque  note,  depuis  la  ronde 
jusqu'à  la  double  croche ,  et  semble  conduire 
les  sons  jusqu'à  l'oreille  des  auditeurs.  Avec  son 
regard,  Musard  magnétise  tout  ce  qui  l'entoure-, 
avec  son  archet,  il  ramène  les  égarés,  contient 
les  audacieux,  avertit  les  distraits,  rallie  les 
traînards  et  maintient  les  fougueux.  Dans  Va- 
dagio,  dans  Vandante,  son  visage  est  onc- 
tueux, sa  bouche  est  riante,  son  altitude  est 
pleine  de  dignité  et  de  contemplation  plastique. 
Dans  Vallegro,  son  œil  lance  des  éclairs,  ses 
nerfs  s'agitent,  et  tout  son  corps  réalise  la  chi- 

musieule  de  Musard  ne  parut  jamais  dans  son  entier,  et 
que  sept  livraisons  seulement  en  furent  publiées. 


256 


MUSAllD  —  MUSONE 


tnère  du  mouvement  perpétuel.  Alors  il  ne  liât 
plus  la  mesure,  il  la  frappe  à  coups  redoublés, 
des  pieds,  des  mains,  des  coudes  et  des  genoux. 
Son  pied  fait  voler  la  poussière  en  l'air,  et  jette 
de  la  poudre  aux  yeux. 

«  Tantôt  il  se  lève,  regarde  le  plafond, mesure 
le  public  du  liaut  de  sa  majesté,  se  gratte  la 
tête  ou  se  tient  les  cotes;  tantôt  il  s'assoit, 
passe  la  main  sur  son  front,  siège  de  tant  de 
génie,  réceptacle  de  tant  d'barmonie,  entrepôt 
de  tant  de  responsabilité.  Dans  certains  moments, 
la  pointe  de  son  archet  plane  sur  la  note  jus- 
qu'à son  agonie,  et  l'aide  à  mourir;  dans  d'au- 
tres, l'archet  semble  ramasser  la  note  par  terre, 
et  la  ramener  vers  le  pupitre.  C'est  un  curieux 
spectacle,  je  vous  assure,  que  celui  de  M.  Musard 
conduisant  son  orchestre.  On  ne  se  lasse  pas  de 
l'admirer....  » 

A  l'époque  oii  ces  lignes  étaient  écrites,  Mu- 
sard était  vraiment  une  des  originalités,  on  pour- 
rait dire  une  des  célébrités  de  Paris.  Mais  c'est 
surtout  à  partir  du  jour  où  il  dirigea  les  bals  de 
l'Opéra,  que  sa  vogue  acquit  toute  sa  puissance. 
Là,  avec  un  orchestre  qui  comprenait  24  violons 
de  chaque  côté,  des  altos  et  des  contre- basses  en 
proportion,  un  orchestre  où  les  cuivres  étaient 
représentés  par  14  cornets  à  pistons  et  12  trom- 
bones, il  obtint  des  effets  de  sonorité  vraiment 
curieux,  qu'il  augmentait  d'ailleurs  par  des 
excentricités  telles  que  le  fracas  de  plusieurs 
chaises  qu'on  brisait  en  mesure  à  un  moment 
donné ,  ou  d'un  pistolet  qu'on  faisait  partir  à 
l'attaque  du  galop  final  d'un  quadrille. 

En  réalité,  et  dans  la  sphère  où  il  se  mou- 
vait, Musard  était  loin  de  manquer  de  talent. 
Dans  ses  quadrilles  de  concerts,  il  a  été  l'un  des 
premiers  à  faire  usage  du  contre-point,  parfois 
d'une  façon  vraiment  originale,  et  d'ailleurs 
quelques-uns  de  ces  quadrilles,  comme  les 
Echoa,  le  Rendez-vous  de  chasse,  les  Cloches 
argentines,  les  Gondoliers  vénitiens,  renfer- 
maient de  jolies  idées  et  étaient  vraiment  agréa- 
bles à  entendre.  Quant  à  ses  quadrilles  dansants, 
la  plupart  étaient  remarquables  par  leur  allure  , 
leur  clan,  leur  entrain,  leur  caractère;  dans  le 
nombre  on  peut  surtout  citer  le  quadrille  espa- 
gnol, le  quadrille  anglais,  le  quadrille  arabe, 
les  Étudiants  de  Paris,  les  Lions,  la  Victoire, 
le  Moyen-Age,  le  Pirate,  la  Reine  des  Fous, 
le  Tourbillon,  la  Foudre,  etc.  C'est  Musard 
qui,  le  premier,  dans  les  morceaux  de  ce  genre, 
a  imaginé  d'écrire  des  chants  de  trombones, 
parfois  même  de  faire  exécuter  par  ces  instru- 
ments le  dessin  mélodique  principal,  au  lieu  de 
leur  faire  frapper  simplement  des  temps  ou  des 
contre-temps;  il  en  résultait,  dans  l'allure  géné- 


rale, un  éclat,  une  animation,  un  entrain  extra- 
ordinaires. 

Musard  a  écrit  plus  de  cent  cinquante  qua- 
drilles, et  si,  dans  le  nombre,  beaucoup  furent 
composés  sur  des  motifs  d'opéras  en  vogue,  on 
en  peut  signaler  aussi  beaucoup  d'originaux,  et 
qui  n'étaient  pas  les  plus  médiocres.  Parmi  ces 
derniers,  je  mentionnerai  encore  ceux  qui  avaient 
pour  titre  -.Zurich,  Munich,  le  Lac,  Montmo- 
rency, Oran,  Victoria,  l'Angleterre,  Dublin, 
l'Ecosse,  r Étoile,  les  Heures,  l'Indien,  Mé- 
phisfophélès,  le  Mexique,  Milan,  Moscou, 
le  Plébéien,  le  Provençal,  le  Printemps,  V Om- 
nibus, Polichinelle,  les  Bayadères,  le  Bal  de 
l'Opéra,  l' Arc-en-ciel,  Versailles,  les  Querel- 
leurs, Florence,  Vive  la  danse,  le  Fs'ain  du 
roi,  les  Chasseurs  au  bal,  etc.,  etc.  Il  a  écrit 
aussi  un  assez  grand  nombre  de  valses. 

Cet  artiste  honorable  et  excentrique,  que  ses 
contemporains  ont  appelé  le  Paganini  de  la 
danse  et  le  Roi  du  quadrille,  e.st  mort  à  Auteuil. 
près  Paris,  le  .31  mars  ,1859,  à  l'âge 'de  66 
ans. 

MUSIOL  (Robert),  professeur  et  théoricien 
allemand,  est  l'auteur  d'un  petit  manuel  publié 
sous  ce  titre:  Kalechismus  der  Musikgeschicte 
(Catéchisme  de  l'histoire  musicale),  Leipzig, 
J.  J.  ^yeber,  in- 12.  Ce  petit  livre  est  une  sorte 
d'histoire  abrégée  de  la  musique,  exposée  par 
demandes  et  par  réponses.  On  en  avait  annoncé 
une  traduction  française,  qui  jusqu'ici  n'a  pas 
encore  paru.  M.  Robert  Musiol  est  l'un  des  col- 
laborateurs de  la  Nouvelle  Gazette  musicale 
de  Berlin. 

Il  prépare  en  ce  moment  une  nouvelle  édi- 
tion, très-augmenlée,  du  petit  Lexique  musical 
de  Julius  Schuberth. 

MUSOA'E  (PiETRo),  compositeur  dramati- 
que italien,  s'est  fait  connaître  au  public  par 
trois  ouvrages  importants  qui  ont  été  représentés 
tous  trois  à  Naples,  sur  le  théâtre  du  Fondo, 
devenu  aujourd'hui  le  théâtre  Mercadante.  Le 
premi£r  de  ces  ouvrages,  Camoens^  donné  le 
19  septembre  1872,  fut  accueilli  avec  une  grande 
faveur;  le  second,  intitulé  Wallenstein,  fut 
joué  le  19  août  187.3,  et  obtint  un  très-grand 
succès  ;  enfin,  le  troisième,  qui  avait  pour  titre 
Carlo  di  Borgngna,  ne  se  vit  guère  moins  bien 
reçu  que  les  précédents  lorsqu'il  parut  le  22  mars 
1876.  Celui-ci  était  en  4  actes  et  un  prologue. 
Je  n'ai  pas  d'autres  renseignements  sur  M.  Mu- 
sone,  qui  paraît  être  un  artiste  distingué  ;  je  sais 
seulement  que  la  critique  lui  a  été  très-favora- 
ble, que  ses  compatriotes  fondent  un  grand 
espoir  sur  son  avenir,  et  que  particulièrement 
le  quatrième  acte  de  Camoens,   son  premier 


MUSONE  —  MUZIO 


257 


-ouvrage,  est  considéré  par  quelques-uns  comme 
une  page  de  premier  ordre. 

MUSSl  (A....),  compositeur  italien,  naquit 
dans  les  premières  années  du  dix-neuvième 
siècle.  Il  a  écrit  la  musique  de  plusieurs  ballets, 
entre  autres  des  suivants:  V  Ali,  bascià  di 
Giannina,  Milan,  Scala,  1838;  2°  il  Raja  e  le 
Bajadere  (en  société  avec  Schira),  id.,  id., 
IG  août  1843;  3°  Vriella,  ossia  gli  Amori  di 
un  genia  (en  société  avec  Scaramelli  et  divers 
autres  compositeurs),  id.,  id.,  1854;  4°  GU 
Afgani;  5"  Don  Cesare  di  Bazan;  C°  un 
raWo  (  en  société  avec  M.  Paolo  Giorza).  Je 
n'ai  pas  d'autres  renseignements  [sur  cet  ar- 
tiste. 

MUSSIXI  (Adiîle  Branca),  jeune  pianiste 
italienne  et  compositeur  pour  son  instrument, 
est  descendante  du  fameux  compositeur  Giuseppe 
Sarti,  qui  fut  maître  de  chapelle  du  dôme  de 
Milan.  ÎNée  à  Berlin,  elle  fil  son  éducation  mu- 
sicale à  Florence,  et  habite  aujourd'hui  Cré- 
mone. Cette  jeune  artiste  a  publié  récemment 
chez  l'éditeur  Ricordi,  de  Milan,  un  recueil  de 
Six  Pensées  fugitives,  et  de  Tre  Pensieri  sciol- 
ti,  sortes  de  romances  sans  paroles  pour  le 
piano,  et  quelques  autres  morceaux  détachés 
pour  le  même  instrument.  La  critique  a  favora- 
blement accueilli  ces  essais  d'une  plume  qui 
paraît  élégante  et  aimable. 

MUSTEL  (Victor),  facteur  d'harmoniums  à 
Paris,  s'est  de()uis  longtemps  fait  connaître  par 
la  bonne  qualité  de  ses  instruments,  désignés 
sous  le  nom  iVorgites  Mustel,  et  les  soins  qu'il 
apportait  à  leur  fabiication.  D'abord  attaché  à 
la  fabrique  d'orgues  de  MM.  Alexandre  {Voij. 
ce  nom),  M.  Mustel  finit  par  s'établir  à  son 
com|)te,  et,  en  1854,  prit  un  brevet  «  pour  de 
nouvelles  dispositions  propres  à  produire  des 
effets  nouveaux  sur  l'oigue  expressif.  »  Après 
avoir  obtenu  à  l'Exposition  universelle  de  1855 
(Paris)  une  médaille  de  première  classe,  M.  Mus- 
tel se  vil  décerner  à  celle  de  1862  (Londres)  la 
'prize  medal  pour  l'excellence  de  sa  fabrication. 
En  1867  (l^aris),  une  médaille  d'argent  venait 
récompenser  ses  efforts,  et  dans  son  rapport 
comme  président  du  jury  de  la  classe  10  à  cette 
dernière  Exposition,  Fétis  rendait  ainsi  justice 
à  la  supériorité  des  produits  de  ce  facteur  dis- 
tingué :  —  «  M.  Mustel  n'est  pas,  à  proprement 
dire,  un  fabricant,  carie  nombre  d'instruments 
qui  sortent  chaque  année  de  sesmains  ne  dépasse 
pas  quinze.  M.  Victor  Mustel  est  un  artiste;  il 
porte  dans  son  travail  les  soins  les  plus  minu- 
tieux ;  toutes  les  parlies  de  ses  instruments  se 
font  remarquer  par  la  précision  et  le  fini,  et  la 
quaUté  des  sons  a  une  rare  distinction.  »  Depuis 

BIOGR.    UMV.    DES   MUSICIENS.  —  SUPfL.   — 


plusieurs  années,  M.  Mustel  a  associé  ses  deux 
fils  à  la  direction  de  sa  maison. 

MUTEL  (Ai.riiEu),  pianiste  et  compositeur 
français  contemporain,  a  fait  de  bonnes  études 
théoriques  sous  la  direction  de  M.  EUvart.  Il 
s'est  fait  connaître  d'abord  par  la  publication 
d'un  recueil  de  mélodies  vocales  dont  le  tour 
était  aimable  et  l'accent  distingué;  il  a  donné 
ensuite  beaucoup  de  romances  et  chansons  dé- 
tachées, ainsi  que  quelques  morceaux  de  piano 
faciles.  On  lui  doit  encore  un  certain  nombre  de 
compositions  religieuses,  consistant  en  messes 
et  motets,  et,  je  crois  aussi,  un  ou  deux  opéras 
de  salon. 

*■  MUTZEXBECHER  (le  docteur  Louis- 
Samuel  DiTERicu),  et  non  Mulzenbrecher,  ama- 
teur distingué  de  musique,  naquit  le  4  février 
1766  (et  non  1760) ,  et  mourut  à  Altona  le 
13  mai  1839  (et  non   1838). 

MUZIO  (Emaxuele),  compositeur  dramati- 
que, chef  d'orchestre  et  professeur  de  chant,  est 
né  le  25  août  1825  à  Zibello  (1),  petit  village 
situé  près  de  Busseto  (duché  de  Parme).  C'est 
en  cette  dernière  ville  qu'il  commença  son  édu- 
cation musicale,  étant  enfant  de  cha-ur  à  la  ca- 
thédrale, oii  le  vieil  organiste  Provesi  lui  donna 
ses  premières  leçons  de  chant;  il  commença 
l'étude  du  piano  avec  Maigherite  Barezzi,  pre- 
mière femme  de  M.  Verdi,  et  ce  maître,  fort 
jeune  alors,  l'ayant  pris  en  affection,  lui  fit 
obtenir  une  bourse  duMont-de-Piété  pour  ache- 
ver ses  éludes  musicales,  qu'il  put  terminer 
complètement  grâce  à  l'aide  du  vieil  Antonio 
Barezzi,  beau-père  de  l'auteur  de  Rigoletto. 

Poiu-  la  composition,  M.  Muzio  devint  l'élève 
de  M.  Verdi,  qui,  je  crois,  n'en  forma  jamais 
d'autre.  Il  s'appliqua  de  bonne  heure  à  faire  les 
réductions  pour  piano  -et  chant,  pour  piano 
seul  et  à  quali'C  mains,  des  opéras  de  son  maî- 
tre, ainsi  que  de  quelques-uns  de  ceux  de  Mer- 
cadante,  et  prépara  pour  l'éditeur  Ricordi  l'é- 
dition complète  des  œuvres  de  Rossini.  En  1852 
il  commença  sa  carrière  de  chef  d'orchestre,  et 
fut  engagé  à  Bruxelles  pour  y  diriger  les  repré- 
sentations d'une  troupe  d'opéra  italien;  c'est  là 
qu'il  fit  aussi  ses  débuts  de  compositeur  drama- 
tique, en  produisant  son  premier  opéra,  Gio- 
vanna  la  pazza,  qui  obtint  du  succès,  et  qui 
en  1853  fut  joué  sur  le  théâtre  de  la  Canobbiana, 
de  Milan.  C'est  pour  Milan  qu'il  écrivit  ensuite 
Claudia,  puis  le  Due  Régine  (Canobbiana, 
17  mai  1856);  après  quoi  il  fit  représenter  sur 
le  théâtre  comnmnal  de  Bologne,  en  1857,  la 


(1)  Le  lieu  et  la  date  de  naissance  m'ont  été  fournis  par 
M.  Muzio  lui-même. 


T.    II. 


17 


258 


MUZIO 


Sorrentina.  En  concevant  ces  divers  ouvrages, 
M.  Muzio  avait  voulu  s'écarter  autant  que  pos- 
sible (lu  style  de  son  maître,  qu'il  admirait  sans 
vouloir  l'imiter.  N'ayant  pu  trouver  sa  voie,  il 
se  résolut  à  abandonner  la  carrière  de  la  corn- 
position  dramatique. 

Engagé  en  1858  à  Londres,  comme  chef.de 
chant  au  théâtre  de  Sa  Majesté,  il  se  rendit 
ensuite  à  New-York  comme  chef  d'orchestre  de 
l'Académie  de  musique.  De  refour  en  Europe, 
il  remplit  les  mêmes  fondions  au  théâtre  de  la 
Fenice,  de  Venise,  à  Barcelone,  au  Caire  et  au 
Théâtre-Italien  de  Paris  (1876).  C'est  lui  qui 
devait  avoir  l'honneur  de  diriger,  au  Caire, 
l'exécution  du  chef-d'œuvre  de  M.  Verdi,  Aida, 
écrit  sur  la  demande  expresse  du  vice-roi  d'E- 


gypte et  représenté  pour  la  première  fois  en 
celte  ville;  les  circonstances  vinrent  l'en  empê- 
cher. 

Chef  d'orchestre  remarquable,  habile  et  exercé, 
M.  Muzio  est  aussi  un  professeur  de  chant  fort 
distingue.  On  cite  surtout,  parmi  les  élèves  qu'il 
a  formés  sous  ce  rapport,  miss  Clara  Kellogg 
{['oy.  ce  nom),  et  l'on  assure  qu'il  a  été  le  pre- 
mier maître  de  M™'  Adelina  Patti,  ainsi  que  de 
sa  sœur,  M"^  Carlotta  Patti.  Fixé  à  Paris  depuis 
1875,  il  s'y  est  exclusivement  consacré  à  l'en- 
seignement. M.  Muzio  a  écrit,  pour  les  deux 
sœ-urs  Patti,  plusieurs  morceaux  de  chant  qui 
ont  été  publiés  à  Paris,  par  l'éditeur  Schonen- 
berger,  dans  un  recueil  intitulé  les  Feuilles 
d'or. 


N 


IVABEU    (C -F ),    facteur  d'orgues 

néerlaufiais,  né  à  Devenler  vers  1798,  s'est  fait 
une  réputation  dans  sa  patrie  par  la  bonne  qua- 
lité de  ses  instruments.  Il  en  construisit  un 
grand  nombre,  dont  le  plus  estimé  est  l'orgue 
qu'il  plaça  à  l'église  Saint-Georges,  à  Amersfoort, 
en  1843.  On  cite,  parmi  les  autres  instruments 
qui  sortirent  de  ses  ateliers,  les  orgues  d'Appel- 
doorn,  d'Almelo,de  Sliedrecht,  de  Raamsdonk.de 
Devenler,  de  Dœtighem,  d'Arnhem,  de  Wilr, 
de  Raalse,  deHolten,  de  Winterzwyk,  de  Goor, 
de  Terborg,  de  Voorst,  de  Boslo,  de  Hakkum,  de 
Weye,  de  Gronio,  de  Gorsel,  etc.  Naber  mourut 
à  Deventer,  le  23  aoi'it  1861.  —  Un  fds  de  cet 
artiste,  M.  F.  S.  ISaber,  son  élève,  lui  a  suc- 
cédé. 

NACCIAROXE  (Nicola),  pianiste  et  com- 
positeur, né  à  >'aples  le  2  avril  1802,  commença 
à  l'âge  de  di\  ans  l'étude  du  piano,  et  eut  pour 
maîtres  Raffaele  Cioffi  et    Giuseppe    Elia,  qui 
prirent  soin  de  lui  au  Conservatoire.  Plus  tard, 
et  tandis  qu'il  était  encore  dans  cet  établissement, 
où  il  travaillait  le  chant  avec  Luigi  Mosca,  l'har- 
monie et  le  contre  point  avec  Fenaroii  et  Zinga- 
relli,  il  prit  des    leçons    parliculiéres   de  John 
Field.  Après  avoir   terminé  son   éducation,  il  se 
livra  à  l'enseignement  du  piano  et  de  la  composi- 
tion, et  forma  un  grand  nombre  d'élèves ,  parmi 
lesquels  on  cite  son  filsGuglielmo,  Michèle  Tinio, 
Raffaele  Billema,  Emmidio  Perrella,  etc.  Outre 
un    opéra   inédit  intitulé   Sofonisba,    outre  de 
nombreuses  compositions  pour  le  chant  et  pour 
le  piano,  publiées  pour  la  plupart  chez  Coltrau, 
à  Naples,  et  chez  Lucca,  à  Milan,  on  doit  à  Nac- 
ciarone  une  Messe  de  Requiem    exécutée  en 
1859  pour    les    funérailles  du  roi  Ferdinand  II, 
un  Sancfus  fugué  à  8  voix,  quatre  symphonies 
pour  orchestre,   une  symphonie   funèbre,   des 
quatuors  pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle, 
et  diverses  œuvres  de  musique  d'église.  Cet  ar- 
tiste est  mort  à  Naples  au  mois  de  décembre  187C. 
iXACCIAROXE    (GuGLiELMo) ,  pianiste  et 
compositeur,  fds  du  précédent,  est  né  à  Naples 
le  18  février  1837.  Dès  l'âge  de  six  ans,  il  se  li- 
vrait à  l'étude  du  piano  sous  la  direction  d'un 
professeur  nommé  Michèle  Marrano;  après  quoi, 
il  travailla  avec  son  père,  qui  devint  aussi  son 
maître  de  composition.  Il   était  à  peine  âgé  de 


dix  ans  lorsqu  il  donna  à  Naples  plusieurs  con- 
certs, et  à  douze  ans,  accompagné  de  son  père, 
il  vint  se  produire  à  Paris,  où  il  fut  remarqué 
par  Thalberg.  En  retournant  à  Naples,  eu  1851, 
il  se  fit  entendre  avec  succès  k  Florence,  et  en 
1858  il  entreprit  im  grand  voyage  artistique  dans 
les  principales  villes  de  l'Allemagne;  après  quoi, 
il  revint  à  Paris,  puis  se  rendit  à  Londres.  Enfin, 
il  se  fixa  définitivement  dans  sa  ville  natale,  où 
il  se  livra  à  l'enseignement  et  à  la  composition. 
M.  Guglielrno  Nacciarone  a  publié  à  Naples,  à 
Londres  et  à  Paris  un  assez  grand  nombre  d'œu- 
vres  pour  le  piano  ;  parmi  celles  de  ses  composi- 
tions qui  .sont  restées  inédites,  on  cite  un  opéra  : 
Pier  de  'Medici,  une  cantate,  deux  symphonies 
à  grand  orchestre,  \m  Miserere  k  4  parties  réel- 
les, des  romances,  etc. 

NACHBAUER  (FRA^z),•un  des  chanteurs 
les  plus  estimés  de  l'Allemagne  contemporaine, 
s'est  acquis  une  grande  renommée  par  la  beauté 
de  sa  voix  de  ténor,  par  son  talent  d'exécution, 
et  parle  sentiment  dramatique  dont  il  est  animé. 

Né  le  25  mars  1835  au  château  de  Giessen, 
près     Friedrichshafen      (Wurtemberg),    il  fut 
admis,  à  l'âge  de  treize  ans,  à  l'école  polytech- 
nique de  Stutlgard,  où  il  demeura  cinq  années. 
Sa  belle  voix,  pourtant,  le  détermina  à  prendre 
des  leçons  dePiscbek,  et  à  entreprendre  la  car- 
rière dii    théâtre.    D'abord  employé  dans  les 
chœurs   à  Bâie,    il    accompagna    ensuite    une 
troupe  allemande  en  France,  trouva  dans  la  per- 
sonne de  M.  Passavant,  banquier  à  Lunéville, 
un  protecteur  dévoué,  alla  compléter  ses  études 
à  Milan  sous  la  direction  de  M.   Lamperti,  au- 
près duquel   il  resta  deux  années,  puis  aborda 
sérieusement    la    scène    en    se    produisant    à 
Mannheim,  à  Hanovre,  à  Prague  et  dans  diverses 
autres   villes.    C'est  à   Darmstadt,   où  il   était 
en  18G5,  que  M.   Nachbauer  commença  à    éta- 
blir sa  réputation,  et  qu'il  se  fit  remarquer  sur- 
tout  dans  les    rôles  de  Yasco    de  Gama  de 
l'Africaine    et  de  Jean   de  Paris.    Appelé  à 
Berlin  au  mois  de  juin  1867,  il  s'y  fait   enten- 
dre avec  succès  dans  Raoul  des  Huguenots , 
va  passer  ensuite  quelques  semaines  au  théâtre 
royal  de  Munich^  puis  revient  à  Darmstadt  au 
mois  de  novembre  de  la  même  année.  C'est  alors 
qu'il  aborde  avec  la  même  fortune  plusieurs  au- 


260 


NACHBAUER  —  NADAUD 


très  grands  ouvrages  du  réperloiie,  tels  que 
Loheiitjiiit,  Don  Carlos,  Guillaume  Tell  el 
les  Maîtres  chanteurs  de  iSureniberg.  Sans 
cesser  d'ùtre  attaché  au  tliéàtre  de  Darmstadt,  il 
se  [iroduit  bientôt  sur  ceux  de  diverses  grandes 
villes  de  l'Alieniagne,  oii  le  public  l'accueille 
avec  une  laveur  constante  dans  les  ouvrages  qui 
viennent  d'être  cités,  ainsi  que  dans  quelques 
autres,  parmi  lesquels  il  faut  surtout  mention- 
ner le  Vaisseau  fantôme  de  M.  Ridiard  NVa- 
gner. 

Au  commencement  de  1871,  une  grave  mala- 
die vient  éloigner  momentanément  l'artiste  de 
la  scène.  Après  s'être  rétabli,  il  se  fait  entendre  à 
Prague,  puis  est  engagé  au  théâtre  royal  de 
Munich,  auquel,  jusqu'à  ce  jour,  il  n'a  cessé  d'ap- 
parteuir,  et  ou  le  succès  ne  l'a  jamais  abandonné. 
Pendant  ses  congés  à  ce  théâtre,  M.  Nachbauer 
est  retourné  à  Berlin,  où  les  spectateurs  du  théâ- 
tre KroU  l'ont  vivement  applaudi,  et  au  commen- 
cement de  1878  il  s'est  montré  au  théâtre 
Apollo,  de  Rome,  dans  le  rôle  de  Loliengrin. 

M.  ISachbauer  e.st,  avec  M.  îsiemann,  l'un  des 
ténors  les  plus  renomuiés  de  l'Allemagne;  mais, 
plus  jeune  que  ce  dernier,  dont  la  voix,  dit-on, 
commence  à  faiblir,  il  a  conservé  la  plénitude 
de  ses  facultés,  et  n'a  pas  encore  ressenti  la  fa- 
ligue  qui  semble  s'emparer  de  son  aîné. 

NADAL  (Jaime),  compositeur  espagnol, 
naquit  à  Lérida  en ,  1793,  et  entra  à  l'âge  de 
neuf  ans  à  l'école  de  musique  du  monastère  de 
Monserrat,  en  Catalogne,  qu'il  ne  quitta  qu'après 
y  avoir  passé  sept  années.  Devenu  organiste  à 
Lérida,  puis  à  l'église  Saint-Marlin  de  Madrid, 
iXadal  échangea  celte  situation,  en  1829,  contre 
celle  de  maestro  director  du  théâtre  d'opéra  de 
Yalladolid.  En  1831,  on  le  retrouve  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Palencia,  et  en  1833 
il  passe  en  la  même  qualité  à  la  cathédrale  d'As- 
torga.ll  conserva  ce  dernier  emploi  jusqu'à  sa 
mort,  dont  on  ignore  la  date.  Nadal  a  composé 
un  grand  nombre  d'œuvres  de  musique  religieuse, 
qui  sont,  dit-on,  estimées  en  Es|>agne,  et  l'on 
cite  surtout,  parmi  ses  meilleurs  travaux,  une 
messe  (lu'il  écrivit  en  1832,  par  ordre  du  udnis- 
Ire  de  la  guerre,  et  qui  fut  exécutée  pour  une 
cérémonie  militaire  el  nationale  dans  le  monas- 
tère de  San-Cieronimo. 

NADAUD  (Gustave),  chansonnier  français, 
néàRoubaix  (Nord)  le  20  février  1820,  d'une 
famille  de  commerçants,  tit  ses  études  littéraires 
au  collège  Rollin,  à  Paris,  puis  entra  dans  le 
commerce.  Peu  fait  pour  les  affaires,  il  s'en  dé- 
goûta rapidement,  et  Iransforina  bientôt  sa  car- 
rière. 11  avait  écrit,  pour  se  distraire,  quelques 
cliausons  qu'il  avait  fait  entendre  dans  des  réu- 


nions intimes  où  elles  avaient  produit  une  vive 
impression,  entre  autres  celles  intitulées  la  Lo- 
retle  et  les  lieines  de  Mabille.  On  lui  con- 
seilla de  poursuivre  cette  veine,  qui  paraissait 
heureuse,  et  c'est  alors  que  M.  Nadaud  com- 
mença à  montrer  sa  fécondité  en  écrivant  les 
paroles  et  la  musique  de  tous  ces  petits  |)oèmes, 
tantôt  comiques  et  amusants,  tantôt  touchants  et 
mélancoliques,  parfois  philosophiques,  le  plus 
souvent  enq)reints  d'une  fantaisie  aimable  et 
charmante,  qui  depuis  près  de  trente  ans  sont 
répétés  par  tous  les  échos  et  ont  fait  le  tour  non- 
seulement  de  la  France,  mais  on  peut  dire  de 
l'Europe,  rencontrant  partout  le  succès. 

M.  Nadaud  n'est  pas  un  profond  musicien, 
loin  de  là;  mais  il  a  des  idées  mélodiques,  et 
sait  les  adapter  avec  goût  aux  paroles  de  ses  chan- 
sons ;  il  a  d'ailleurs,  chose  importante  dans  cet 
ordre  d'idées,  le  sentiment  de  la  tonalité  et  du 
rhythme.  On  comprend  ,  dès  lois,  tout  l'avantage 
qu'il  trouve  à  être  son  propre  compositeur,  et 
combien  la  pensée  musicale  et  poétique  se  trouve 
plus  serrée,  plus  homogène,  par  le  fait  de  cette 
inspiration  unique,  de  cette  fusion  de  deux  fa- 
cultés. On  peut  dire  que  M.  Nadaud  a  obtenu  de 
triples  succès  comme  poète,  comme  compositeur 
et  comme  chanteur,  car  lui-même  interprète  ses 
chansons,  en  s'accompagnant  au  piano,  avec 
une,  finesse  et  une  bonhomie  tout  à  fait  aima- 
bles. 

Toutes  les  chansons  de  M.  Nadaud  ne  sont 
pas  d'une  égale  valeur  ;  d'ailleurs,  il  en  a  écrit 
jusqu'à  ce  jour  plus  de  trois  cents,  et  l'on  com- 
prend que  dans  ce  nombre  il  peut  s'en  trouver 
de  relativement  faibles.  Néanmoins,  le  plus  grand 
nombre  d'entre  elles  ont  obtenu  des  succès  mé- 
rités, et  il  me  serait  impossible  de  citer  toutes 
celles  qui  ont  conquis  la  laveur  du  public.  Je  me 
bornerai  à  mentionner  ici  les  titres  de  quelques- 
unes  de  celles  qui  sont  devenues  les  plus  célèbres  : 
le  Voyage  aérien,  les  Deux  Aolaires,  le  Vieux 
Télégraphe,  les  Dieux,  Vlnsomnie,  Pandore 
ou  les  Deux  Gendarmes ,  l'Aimable  Voleur, 
le  Md  abandonné,  le  Mandarin,  la  Ferme 
de  Beauvoir,  le  Quartier  latin,  Saint-Ma- 
thieu de  la  Drame,  Carcassonne,  les  Souvenirs 
de  voyage,  lionhomme,  Ivresse, la  Vie  moderne, 
Paris,  la  Pluie,  le  Message,  la  Vigne  vendan- 
gée, Profession  de  foi  pouvant  servir  à  plu- 
sieurs candidats,  la  Forêt,  Chauvin,  le  Doc- 
teur Grégoire,  etc.,  etc. 

Pendant  plusieurs  années,  le  journal  Vlllus- 
tration  donnait  chaque  semaine  les  paroles  et  la 
musique  d'une  chanson  nouvelle  de  M.  Nadaud  ; 
ces  chansons  étaient  ensuite  publiées  séparément. 
Puis  on  lit  diverses  éditions  des  paroles  seules. 


NADAUD  —  NAMY 


261 


Enfin,  l'ériileur  M,  Heugel  entreprit  une  édition 
complète  de  ces  chansons,  paroles  et  mnsifine, 
qui  comprend  aujourd'hui  environ  quinze  volu- 
mes de  chacun  vingt  chansons,  et  un  volume  de 
Chansons  légères,  au  nombre  de  trente.  M. 
Nadaud  a  encore  écritles  paroles  et  la  musique 
de  trois  opérettes  de  salon  :  le  Docteur  Vieux- 
temps,  la  Volière,  Porte  et  Fenêtre,  dont  les 
partitions  ont  été  publiées  chez  le  même  éditeur. 
M.  Nadaud,  quia  été  nommé  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur  en  1861,  est  aussi  l'auteur  d'un 
joli  roman  de  mœurs  qui  a  pour  litre  :  une 
Idylle. 

*  NADERMAIV  (François-Joseph),  —  Cet 
artiste  est  auteur  de  l'ouvrage  suivant  ;  Dic- 
tionnaire des  transitions  pour  s'exercer  dans 
Vart  de  préluder  et  d'improviser  tant  sur 
la  harpe  que  sur  le  piano,  op.  95  (Paris,  Na- 
derman,  in-f°). 

*  IVAGILLER  (Mathieu),  né.  non  vers  1820, 
mais  le  24  octobre  1815,  à  Munster,  dans  le 
Tyrol  autrichien,  est  mort  le  8  juillet  1874  à 
Inspruck.  A  son  retour  de  France  en  Allemagne, 
cet  artiste  écrivit  une  Missa  solemnis  et  plu- 
sieurs petites  messes.  En  1854  il  s'établit  à  Mu- 
nich, écrivit  et  fit  représenter  en  cette  ville  un 
opéra'  intitulé  Frédéric  à  la  poche  vide  (Frie- 
drich mit  der  leeren  Tasche) ,  puis  composa 
divers  morceaux  de  musique  pour  la  Nausihaa 
de  Widmann.  En  18GG,  il  accepta  de  se  rendre  à 
Bozen  pour  y  remplir  les  fonctions  de  maître  de 
chapelle,  et  alla  tenir  ensuite  le  même  emploi  à 
Inspruck,  où  il  mourut  à  l'âge  de  cinquante-huit 
ans.  On  connaît  de  Nagiller  des  ouvertures,  des 
symphonies,  divers  morceaux  de  chant,  et  un 
second  ouvrage  dramatique,  le  Duc  de  Tyrol, 
opéra  en  3  actes,  qui,  je  crois,  fut  représenté 
vers  1860. 

NAINVILLE  ( ),  excellent  acteur  de  la 

Co<nédie-Italienne,  s'est  fait  applaudir  pendant 
treize  ans  à  ce  théâtre,  aussi  bien  comme  comé- 
dien que  comme  chanteur,  car  son  talent  était 
remarquable  sous  ce  double  rapport.  «  On  ne 
peut  entendre  une  basse-taille  plus  belle,  plus 
franche,  plus  flatteuse,  disait  de  lui  \q  Mercure, 
et  qui  fasse  désirer  davantage  que  cet  acteur, 
qui  a  d'ailleurs  beaucoup  de  talent,  veuille  Jse 
prêter  souvent  aux  désirs  que  les  spectateurs  ont 
de  l'applaudir,  »  Nainville  avait  débuté,  le  .3  mai 
1767,  dans  l'emploi  qu'on  désignait  alors  sous 
le  nom  de  Tabliers.  Dans  l'espace  de  treize  ans, 
il  créa  un  grand  nombre  de  rôles,  dans  le  Re- 
tour de  tendresse,  Perrin  et  Lucette,  la 
Fausse  Magie,  Lauretle,  les  Femmes  vengées, 
la  Fête  du  village,  la  Belle  Arsène,  la  Ré- 
duction de  Paris,  les  Souliers  mordorés,  le 


Lord  supposé,  les  Trois  Fermier  s,  Félix,  Sar  ah, 
le  Stratagème,  lâchasse,  le  Jugement  de  Mi- 
das,  l'Amant  jaloux,  le  Porteur  de  chaises, 
etc.  Quoique  toujours  bien  accueilli  du  public,  il 
prit  sa  retraite  en  1780,  et  le  7l/^/Y?<re  regrettait 
en  ces  fermes  son  départ  :  «...  Recommandable 
d'abord  par  la  qualité  de  sa  voix,  une  des  plus 
belles  que  l'on  puisse  entendre,  c'est  au  moment 
même  qu'il  devenoit  plus  cher  aux  connoisseurs, 
comme  acteur  intelligent,  qu'il  a  renoncé  à  la 
gloire  qui  l'attendoit,  et  abandonné  les  plaisirs 
du  public,  dont  il  étoit  adoré.  » 

Nainville  avait  épousé  une  jeune  et  aimable  ar- 
tiste de  la  Comédie-Italienne,  m"^  Beaupré,  qui 
était  entrée  à  ce  théâtre  trois  ans  avant  lui,  en 
1764,  et  qui  y  avait  obtenu  de  nombreux  suc- 
cès par  sa  grâce  charmante,  parla  variété  et  l'élé- 
gance de  son  jeu;  elle  avait  su  se  faire  applaudir 
même  dans  les  rôles  créés  et  en  quelque  sorte  con- 
sacrés par  M""®  Favart,  ce  qui  ne  prouvait  pas 
médiocrement  en  faveur  de  sentaient.  M"""  Nain- 
ville, qui  se  retira  en  1780,  en  même  temps  que 
son  mari,  vivait  encore  en  1790, 

*  NALDI  (Joseph),  excellent  chanteur  bouffe 
italien,  était  né,  non  dans  le  royaume  de  Na- 
ples  en  1765,  mais  à  Bologne,  le  2  février  17"0.  Il 
avait,  dit-on,  composé  une  symphonie  militaire 
intitulée  la  Bataille  de  Waterloo,  qu'il  fit  exé- 
cuter à  Londres  au  mois  de  juin  1816. 

*NALDI(CAi!OLiNE),clianteuse  fort  distinguée, 
est  morte  dans  son  château  du  Haul-Frizay,  le  25 
décembre  1876,  à  l'âge  de  75  ans.  M"«  Naldi  avait 
débuté  sur  la  scène  italienne  de  Paris,  anx  côtés 
de  son  père,  le  19  septembre  1820,  et  pendant  trois 
années  elle  avait  partagé  la  faveur  publique  avec 
la  Pasta.  En  1823,  elle  était  devenue  l'épouse  du 
général  comte  de  Sparre,  et  avait  pour  toujours 
abandonné  le  théâtre.  Toutefois,  et  jusqu'en  ses 
derniers  jours,  elle  avait  conservé,  avec  le  goilt 
de  la  musique,  un  talent  remarquable  que  ses 
intimes  pouvaient  apprécier  encore,  soit  chez 
elle,  soit  dans  quelques  salons  amis. 

NAMY  ( ),   luthier  français,  était  établi 

à  Paris  à  la  fin  du  dix-huilième  et  au  commen- 
cement du  dix-neuvième  siècle.  On  ne  connaît 
guère  d'instruments  de  lui,  et  l'on  n'a  plus  d'au- 
tre preuve  de  son  habileté,  qui  paraît  avoir  été 
grande,  que  ces  lignes  que  l'abbé  Sibire  traçait 
à  son  sujet  dans  son  livre,  la  Chélonomie  :  — 
«  Je  m'étais  fait  une  loi  de  m'abstenir  de  toute 
citation  ;  mais,  en  vérité,  je  ne  puis  résister  au 
désir  de  nommer  entre  autres  un  homme  d'un 
vrai  mérite  qui,  avec  un  talent  très  prononcé 
pour  toutes  les  parties  de  l'art,  s'est  attaché  spé- 
cialement à  remettre  sur  pied,  à  rajeunir  ces  cen- 
tenaires décrépits  (les  vieux  instruments)  et  à 


202 


NAMY-  l^APRA^YNIK 


les  rétablir  dans  leur  première  fraîcheur.  C'est  le 
sieur  Namy....  Ses  preuves  sont  faites  depuis  un 
quart  de  siècle,  et  interne  elles  se  réitèrent  jour- 
nellement.... Nul  n'a  étudié  plus  à  fond  leur  tem- 
pérament et  leurs  besoins  ;  toutes  les  fois  qu'il 
me  tombe  sous  les  jeuv  des  instruments  qui  por- 
tent l'empreinte  de  ces  savantes  réparations,  je 
reconnais  la  trace  de  l'habile  main  qui  les  a 
entreprises;  je  dis  tout  d'un  coup:  Voilà  du 
Natmj,  comme  je  dirais  :  Voilà  du  Crémone  .'» 
Tout  porte  à  croire  que  la  très-grande  habi- 
leté de  Namy  s'exerçait  surtout  dans  les  répara- 
tions, et  qu'il  n'a  que  peu  construit  d'instruments. 
Cependant,  l'almanar  h  connu  sous  le  titre  de 
Tablettes  de  renommée  des  artistes  musiciens 
(1785),  en  l'inscrivant  au  nombre  des  luthiers 
parisiens,  fait  .suivre  son  nom  (qu'il  écrit  A'rtWî) 
de  cette  mention  :  Renommé  pour  les  vio- 
lons. 

NAMCmiM  ( ),    prêtre  dalmate,   qui 

vivait  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle,  se  fit  une  renommée  considérable  dans 
l'art  de  la  construction  des  orgues,  et  fut  con- 
sidéré sous  ce  rapport  comme  un  des  maîtres  les 
plus  habiles  de  l'école  vénilieniie.  Il  eut,  dit-on, 
pour  élèves  Valvasori  et  le  célèbre  facteur  Cal- 
lido. 

NAXTIEIl-DIDIÉE  (Constance-Betzy- 
RosABELLA  NANTIER,  épouse DIDIÉE,  con- 
nue sous  le  nom  de  M"'*) ,  cantatrice  fran- 
çaise distinguée,  née  à  Saint-Denis  (île  Bourbon) 
le  1 G  novembre  1831,  fut  admise  au  Conservatoire 
de  Paris  le  18  décembre  1845,  y  devint  élève  de 
M.  Duprez,  et  remporta  en  18'i9  un  accessit  de 
chant  et  un  premier  prix  d'opéra.  Douée  par  la 
nature  d'une  voix  de  contralto  sonore  et  bien 
timbrée,  d'un  sentiment  pathétique  très-intense 
et  de'véritables  qualités  dramatiques.  M"»®  Nan- 
lier-Didiée  se  consacra  aussitôt  à  l'étude  du 
chant  italien,  et  bientôt  alla  débuter  au  théâtre 
Cari;inan,  de  Tiirin,  où  elle  se  montra  dans  la 
Fe5<a/pdeMercadante,  cl  dans  la  Gnzzaladra. 
Après  avoir  ensuite,  en  compagnie  de  M"'"=  Vera 
et  du  ténor  Giuglini,  donné  quelques  séries  de 
représentations  en  l'Vauce,  dans  diverses  villes  de 
province,  elle  fit,  en  18jr>.,  une  courte  apparition 
au  ThéAtreltalien  de  Paris,  dans  Luisa  Miller, 
puis  fut  engagée  pour  trois  années  à  Londres,  au 
théâtre  deCovent-Garden,  ce  qui  ne  l'empêcha 
pas  de  faire  une  saison  de  quatre  mois  à  Bruxel- 
les. 

En  1854,  M°»=Nantier-Didiée  était  à  Madrid, 
cil  elle  obtenait  de  Irès-gramis  succès  ;  elle  par- 
tait ensuite  pour  l'Amérique,  visitait  successive- 
ment New-York,  Boston,  Philadi'lphie,  Ralti- 
niore,  Washington,  se  faisant  partout  aj)plaudir. 


puis  revenait  à  Londres,  faisait  une  tournée  dans 
les  provinces  anglaises  ainsi  qu'en  Irlande,  de  là 
passait  de  nouveau  en  Espagne,  se  faisait  enten- 
dre à  Valence  et  à  Barcelone,  puis  revenait  au 
Théâtre-Italien  de  Paris,  où  elle  demeurait  deux 
années  et  où  elle  était  fort  bien  accueillie  par  le 
public. 

De  Paris,  elle  se  rendit  une  troisième  fois  à 
Londres,  et  de  Londres  fut  engagée  [à  Saint-Pé- 
tersbourg, où  le  succès  la  suivit.  Son  réper- 
toire, très-étendu  et  très-varié,  lui  permettait 
de  déployer  toute  la  souplesse  d'un  talent  que  sa 
beauté  remarquable  rendait  encore  plus  sym- 
pathique ;  ce  répertoire  comprenait  le  Prophète, 
la  Favorite,  il  Trovatore,  Lucrezia  Borgia, 
Rigoletto,  Semiramide,  Linda  di  Chamouni, 
Maria  di  Rolian,  le  Barbier  de  Séville,  Saffo, 
les  Huguenots,  Don  Juan,  Roméo  et  Juliette, 
etc.  Après  s'être  fait  applaudir  en  Russie,  M"* 
Nantier-Didiée  repartit  pour  Madrid,  où  le  pu- 
blic était  désireux  de  la  revoir.  C'est  dans  cette 
ville  qu'elle  mourut,  dans  toute  la  force  de  la 
jeunesse,  le  3  décembre  1867,  ayant  à  peine  ac- 
compli sa  trente-sixième  année. 

NAPRAVVIXIK  (ÉooLAiiD),  chef  d'orches- 
tre et  compositeur  distingué,  fixé  depuis  plus  de 
quinze  ans  en  Russie,  est  né  le  24  août  1839  à 
Bejst,  près  Kœniggra?tz  (Bohême).  Dès  l'âge  de 
cinci  ans,  il  étudia  le  piano  avec  un  professeur 
nommé  J.  Puhonny.  En  1850,  il  se  rendait  à 
Pardubic,  près  de  son  oncle  Auguste  Svoboda, 
afin  de  perfectionner  son  talent  sur  le  piano  et 
sur  l'orgue.  Deux  ans  après  il  était  à  Prague,  et 
en  1856  on  le  retrouvait  à  Dasie,  où  il  faisait 
exécuter  une  messe  de  sa  composition.  En  1861 
il  était  appelé  à  Saint-Pétersbourg,  chez  le  prince 
Yusupou,  qui  lui  confiait  la  direction  de  sa  cha- 
|)elle  particulière,  et  enfin,  en  1869,  il  devenait 
chef  d'orchestre  de  l'Opéra  russe  du  théâtre 
Marie,  dans  cette  ville.  A  peu  près  dans  le 
même  temps,  M.  Naprawnik  était  nommé  di- 
recteur de  la  Société  musicale  russe,  dont  les 
concerts  syinphoniques  sont  très-suivis  et  for- 
ment un  des  attraits  artistiques  de  la  capitale  de 
l'empire.  La  situation  de  cet  artiste  est  donc 
très-considérable,  et  son  intluence  sur  la  marche 
de  l'art  très-réelle  en  Russie. 

En  1869,  M.  Naprawnik  a  fait  représenter  à 
Saint-Pétersbourg  un  grand  opéra  en  5  actes, 
Mzegorodnis  ;  il  en  a  écrit  un  autre,  la  Tempête, 
qui  jusqu'ici  n'a  pas  paru  à  la  scène.  Dans  un 
concours  ouvert  en  1876  par  la  Société  musicale 
russe  |)0ur  la  composition  d'un  trio  |)our  piano, 
violon  et  violoncelle,  il  a  obtenu  le  premier  prix 
(ce  trio,  en  sol  mineur,  a  été  publié,  et  porte  com- 
me chiffre  d'ouvré  le  n°  24).  On  connaît  de  lui 


NAPRAWNIK  —  NAUDIN 


263 


plusieurs  autres  œuvres  de  musique  instrumen- 
tale de  ciiambre,  [entre  autres  une  sonate  pour 
piano  et  violon  et  deux  quatuors  pour  instru- 
ments à  cordes.  Enfin,  M.  Naprawnik  a  encore 
écrit  un  certain  nombre  de  compositions  de  di- 
vers genres,  parmi  lesquelles  on  distingue  plu- 
sieurs ouvertures,  des  fantaisies  instrumentales, 
des  lieder,  des  duos,  des  choeurs,  etc. 

NARBOA'NE  ( ),  excellent  acteur  delà 

Comédie-Italienne  dans  un  ordre  secondaire, 
obtint  de  véritables  succès  à  ce  théâtre  dans 
l'emploi  des  chanteurs  comiques,  où  il  appor- 
tait, avec  les  qualités  d'un  comédien  souple 
et  spirituel,  celles  d'un  excellent  musicien. 
Né  en  1751,  Narbonne  avait  étudié  la  musi- 
que dès  son  enfance,  et  s'était  essayé  fort 
jeune,  à  l'Opéra  même,  dans  le  rôle  de  Colin  du 
Devin  du  village.  Sa  voix,  qui  semblait  d'abord 
un  ténor,  prit  ensuite  le  caractère  du  baryton 
(ou  concordant,  comme  on  disait  alors);  il 
travailla  assidûment  avec  Trial  le  chanteur,  et 
lorsqu'il  fut  bien  préparé,  il  débuta  à  la  Comé- 
die-Italienne, le  21  octobre  1772,  dans  le  rôle  de 
Sylvain  de  l'opéra  de  Grétry  qui  porte  ce  nom,  et 
joua  le  28  du  même  mois  celui  de\Yestern  dans 
Tom  Jones.  Il  fut  accueilli  avec  la  plus  vive 
sympathie,  et  le  Mercure  de  France  disait  de 
lui  :  «  Le  public  espère  beaucoup  de  son  jeune 
talent,  et  lui  a  prodigué  ses  applaudissemens.  » 
Narbonne  parcourut  une  heureuse  carrière,  et 
fit  de  nombreuses  créations,  entre  autres  dans 
les  Mariages  Samnites,  le  Mai,  Ernestine,  les 
Deux  Amis,  le  Porteur  de  chaises,  Lauretle, 
Biaise  et  Babef,  etc.  Il  prit  sa  retraite  en 
1788,  avec  une  pension  de  la  Comédie,  et 
alla  donner  des  représentations  à  Marseille 
(V.  Calendrier  musical,  1789,  p.  133).  Il  re- 
vint ensuite  à  Paris,  faisait  de  nouveau  partie  du 
personnel  de  la  Comédie-Italienne,  devenue 
théâtre  Favart,  en  1793,  et  en  l'an  VI  était 
passé  au  théâtre  Feydeau.  A  partir  de  cette  der- 
nière époque,  sa  trace  se  perd  complètement. 

*  NARDIIXI  (Pierre).  —  Cet  illustre  ar- 
tiste a  été  l'objet  de  la  notice  suivante:  Elngio  di 
Pietro  ISarOini,  celebratissimo  profcssor  di 
violino  (Florence,  1793),  dont  l'auteur  avait  nom 
Raimondo  Leoni. 

•  NARGEOT  (PiERRE-JuuEN).  —  Cet  ar- 
tiste a  occupé  pendant  une  vingtaine  d'années 
les  fonctions  de  chef  d'orchestre  au  théâtre  des 
Variétés,  et  a  écrit  pour  les  vaudevilles  joués 
alors  à  ce  théâtre  la  musique  d'un  grand  nom- 
bre de  couplets  et  de  chansons,  dont  une  entre 
autres  devint  populaire  sous  le  titre  de  Drinn 
drinn.  Depuis  longtemps  déjà,  M.  Nargeol  a 
renoncé  à  cet  emploi.  On  doit  à  cet  artiste  la 


musique  d'un  certain  nombre  d'opérettes  re- 
présentées sur  des  scènes  d'ordre  inférieur  ; 
voici  les  titres  de  quelques-unes  d'entre  elles  : 
1°  los  Conlrabandistas,  un  acte.  Théâtre  féeri- 
ijue,  1861  ;  2°  la  Volonté  de  mon  oncle,  un  acte, 
Vaudeville ,  1862  ;  3°  les  Exploits  de  Sylvestre, 
un acte,théâtre Saint-Germain,  18G5; 4 "«H  Vieux 
Printemps,  Luxembourg,  1865°  ;  5°  Dans  le  Pé- 
trin, un  acte,  Folies-Marigny,  1806  ;  6"  Jeanne, 
Jeannette  et  Jeanneton,  un  acte,  id.,  1876; 
7°  Trois  Troubadours,  un  acte,  Folies-Nouvel- 
les ;  8"  i  Plfferari,  un  acte,  th.  Debureau  ;  9" 
le  Docteur  Frontin,  un  acte;  10"  les  Ouvriè- 
res de  qualité,  opérette  non  représentée,  publiée 
dans  le  journal  le  Magasin  des  Demoiselles. 

*  NASOLIIM  (Sébastien).  —  La  liste  des 
productions  dramatiques  de  ce  compositeur  doit 
s'augmenter  des  ouvrages  dont  voici  les  titres  : 
1"  Tito  e  Bérénice,  Venise,  théâtre  de  la  Fenice, 
printemps  1793;  2°  Monime  e  Milridate,  Flo- 
rence, 1799;  3°  il  Medico  de'Bagni,  Livourne, 
1800;  4"  V Achille,  Florence,  1811. 

NATALUCCI  (TiBERio),  compositeur  ita- 
lien, né  au  commencement  du  dix-neuvième  siè- 
cle, a  écrit  la  musique  d'un  opéra  en  deux  actes, 
il  Viaggio  di  Bellini,  qui  a  été  représenté  à 
Rome,  sur  le  théâtre  Valle,  pendant  la  saison  du 
carnaval  de  1838.  Cet  artiste  est  mort  à  Trevi 
le  10  février  1868. 

*  XATHAX  (IsvAc),  compositeur  et  écrivain 
musical  anglais,  est  mort  à  Sydney  (Nouvelle- 
Ecosse),  le  15  janvier  1864. 

KAUDIX  (Emilio),  chanteur  italien  d'ori- 
gine française,  est  né  à  Parme  le  23  octobre 
1823.  Son  aïeul  avait  été  chargé  parle  gouver- 
nement français  d'une  mission  à  la  cour  d'Es- 
pagne, où  il  épousa  la  fille  du  marquis  de  Guz- 
man,  et  son  père  était  peintre  de  chambre  de 
l'archiduchesse  Marie-Louise  de  Parme.  Tout  en 
s'occupant  de  bonne  heure  de  musique,  il  fit 
d'excellentes  études  littéraires  et  scientifiques 
au  collège  Marie-Louise  de  sa  ville  natale,  et 
commença  l'étude  de  la  médecine  à  l'université 
de  Parme.  Mais  l'amour  du  théâtre  et  delà  mu- 
sique l'emporta  en  lui,  et  il  abandonna  la  mé- 
decine pour  se  livrer  sans  réserve  à  son  goût 
pour  le  chant.  S'étant  rendu  à  Milan,  il  se  plaça 
sous  la  direction  d'un  excellent  professeur,  Gia- 
como  Panizza,  et  au  bout  de  peu  de  temps  il  était 
en  état  de  faire  ses  débuts  sur  le  théâtre  de 
Crémone,  où  il  se  vit  très-favorablement  ac- 
cueilli. 

Ce  fut  alors  que  commença  pour  M.  Naudin 
une  brillante  carrière,  dans  laquelle  il  ne  devait 
rencontrer  que  des  succès.  Malgré  une  physio- 
nomie   dure    et  sombre,  malgré   sa   froideur 


2G4 


NAUDIN  —  NAUMBOURG 


automatique  et  son  insuffisance  complète  comme 
comédien,  ft  quoique  sa  voix  sortit  de  la  gorge 
un  peu  plus  qu'il  n'eùl  fallu,  cette  voix  était  si 
puissante  à  la  fois  et  si  charmante,  si  solide  et 
pourtant  si  veloutée,  et  l'artiste  s'en  servait 
avec  tant  de  goiM,  qu'où  |)assait  sur  ses  défauts 
pour  ne  voir  que  ses  qualités.  Après  avoir  fait  ses 
premières  armes  en  Italie,  s'être  produit  à  Gênes, 
Turin,  IHoreiice,  Rome,  Venise,  Milan,  Cologne 
et  dans  plusieurs  autres  villes,  M.  >'auilin  se  (il 
entendre  sur  les  plus  grands  théâtres  de  l'Europe, 
où  il  ne  fut  pas  moins  apprécié.  Vienne,  Londres, 
Saint-Pétersbourg,  Moscou,  Paris,  Lisbonne, 
Madrid,  Barcelone,  Berlin,  le  Caire  même, 
l'applaudirent  tour  à  tour,  et  chaque  année  aug- 
mentait la  renommée  du  chanteur. 

C'est  en  1862  que  M.  Naudin  vint  débuter 
au  Théâtre-Italien  de  Paris,  oii  il  joua  successive- 
ment Luciadi  Lamermoor,  Rlgolello,  Lucrezïa 
Borgia,Cosi/an  ^«^^e  deMozart,  et  quelques  au- 
tres ouvrages. L'effet  qu'il  produisit  fut  grand  non- 
seulement  sur  le  public,  mais  aussi  parmi  les 
artistes,  et  lorsque  après  la  mort  de  Meyerbeer, 
on  ouvrit  le  testament  <lu  grand  homme,  on  vit 
qu'une  clause  de  ce  testament,  en  accordant  au 
théâtre  de  l'Opéra  l'autorisation  de  représenter 
son  dernier  ouvrage,  l'Africaine,  mettait  pour 
condition  expresse  que  M.  Xaiulin  serait  engagé 
pour  chanter  le  rôle  de  Vasco  de  Gama.  L'ad- 
ministration de  notre  première  scène  lyrique 
s'empressa  d'acquiescer  à  cette  condition,  engagea 
M,  Naudin  au  prix  énorme  de  110,000  francs  par 
an,  et  le  chanteur  fit  son  apparition  à  l'Opéra  dans 
V Africaine.  Il  y  produisit  une  impression  profonde 
en  dépit  de  ses  défauts  de  comédien,  beaucoup 
plus  sensibles  sur  une  scène  française  que  sur 
un  théâtre  italien ,  et  de  son  accent  très-pro- 
noncé, dont  il  n'avait  pu  se  défaire.  Néan- 
moins, comme"en  raison  de  ces  défauts,  M.  Nau- 
din se  trouvait  dans  l'impossibilité  il'aborder 
les  rôles  du  répertoire  courant,  il  quitta  l'Opéra 
après  un  séjour  de  deux  années,  c'est-à-dire 
lorsque  le  succès  de  nouveauté  de  V Africaine 
eut  été  épuisé.  Depuis  lors,  il  a  repris  la  car- 
rière italienne. 

*  NAUE  (Jean-Frfdéric),  savant  musicien 
allemand,  est  mort  à  Ilallo  le  19mai  1858. 

KAUMAXi\  (ICmile),  compositeur  allemand, 
fils  d'un  médecin  renommé  qui  fut  professeur  à 
la  faculté  de  médecine  de  Bonn  et  à  qui  l'on 
doit  d'importants  ouvrages  scientifiques,  est  né  â 
Berlin  le  8  septembre  1827.  Ayant  révélé  un 
goût  précoce  pour  la  musique,  il  commença  de 
bonne  heure  l'étude  de  son  art  et  devint  plus 
tard  l'élève  de  Mendeissohn.  Il  n'avait  ijue  21  ans 
lorsqu'il  fit  ses  débuts  de  compositeur  en  faisant 


exécutera  Dresde,  en  1848,  un  oratorio  intitulé 
le  Christ  messager  de  paix  (Cliristus  der 
Friedensbote),  qu'il  fit  entendre  à  Berlin  l'année 
suivante.  Ayant  présenté  à  l'illustre  Alexandre 
de  llumboldt  un  mémoire  qui  avait  trait  à  une 
réforme  générale  de  la  musique  religieuse,  mé- 
moire que  ce  grand  homme  voulut  bien  se  char- 
ger de  lire  au  roi  de  Prusse,  M.  Naumann  s'en 
vit  récompenser  par  l'offre  de  l'emploi  de  direc- 
teur du  cho'ur  à  la  cathédrale  de  Berlin,  qu'il 
accepta.  Peu  de  temps  après,  un  autre  mémoire, 
relatif  à  l'âge  des  psaumes,  lui  fit  accorder  le  titre 
de  docteur  en  philosophie. 

M.  Emile  Naumann  a  publié  un  assez  grand 
nombre  d'œuvres  de  musique  religieuse,  parmi 
lesquelles  on  cite  surtout  une  messe  solennelle 
qui  a'  été  exécutée  à  Dresde  et  à  Berlin  en  1852. 
Parmi  ses  autres  compositions,  il  faut  signaler 
une  grande  cantate  dédiée  au  roi  de  Prusse^ 
écrite  en  l'honneur  des  succès  des  armes  prus- 
siennes pendant  la  campagne  de  1 8C6  contre  l'Au- 
triche. On  cite  comme  étant  de  lui  une  «  pièce  à 
ariettes,  y<  la  Sorcière  du  Moulin,  qui  a  été  re- 
présentée à  Berlin,  sur  le  théâtre  Friedrich -W'il- 
helmstadt,  au  mois  de  janvier  1862.  M.  Emile 
Naumann,  qui  habite  Dresde,  est  l'un  des  colla- 
borateurs de  la  Nouvelle  Gazette  musicale  de 
Berlin. 

NAUMAIXÏV  (Ernest-Charles),  organiste, 
pianiste  et  compositeur,  est  né  à  Fribourg,  en 
Saxe,  le  15  août  1832.  Après  avoir  été  d'abord 
élève  de  Moritz  Hauptmann,  il  termina  son  édu- 
cation musicale  à  Dessau,  sous  la  direction  de  J. 
Schmidt.  Devenu  en  1858  directeur  d'une  société 
musicale  de  Leipzig,  il  accepta,  deux  ans  après, 
de  remplir  les  fonctions  d'organiste  et  de  direc- 
teur des  concerts  à  léna ,  oîi  je  crois  qu'il  se 
trouve  encore  aujourd'hui.  M.  Naumann  a  fait 
exécuter  un  certain  nombre  de  compositions  im- 
portantes, entre  autres  une  symphonie  et  une  sé- 
rénade pour  orchestre. 

*XAmiDOURG  (S ),  compositeur,  mi- 
nistre officiant  du  temple  consistorial  de  Paris, 
a  publié  une  quatrième  partie  des  Chants  reli- 
gieux des  Israélites,  dont  la  Biographie  uni- 
verselle des  Musiciens  n'avait  pu  faire  connaître 
que  les  trois  premières.  Depuis  lors,  M.  Naum- 
bourg  a  attaché  son  nom  à  une  autre  publication 
digne  du  plus  vif  intérêt  ;  je  veux  parler  d'un 
choix  de  cantiques  et  de  madrigaux  de  Salomon 
Rossi,  habile  musicien  Israélite  italien  qui  vécut 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle  et 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième.  Ce 
recueil  contient  30  canticpu's  de  cet  artiste  à  .'3, 
'»,  5,  <!,  7  et  8\oi\,  et  22  madrigaux  à  5  voix, 
tous   transcrits  en  notation  moderne;   il  porte 


NAUiMBOURG  —  NEBRA 


265 


pour  titre  -.  Cantiques  de  Salomon  Rossi,  /le- 
breo  (Paris,  Naiimbourg,  1877,  petit  in-4").  On 
trouvera  au  mot  Rossi  (Saiomon)  tous  les  ren- 
seignements relatifs  à  celte  excellente  publica- 
tion. 

JVAVA(Antonio-Maria),  compositeur,  guita- 
riste et  professeur  de  chant  italien,  naquit  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Il  était 
fixé  à  Milan,  où  il  s'était  fait  une  réputation 
comme  virtuose  sur  la  guitare.  On  lui  doit  une 
Méthode  complète  de  guitare  française,  db 
nombreuses  fantaisies  pour  cet  instrument, 
écrites  pour  la  plupart  sur  des  motifs  d'opéras^ 
des  duos  pour  (liite  et  guitare,  quelques  mor- 
ceaux pour  violon,  llùte  et  guitare,  et  enfin  une 
assez  grande  quantité  de  mélodies  vocales,  entre 
autres  trois  recueils  de  chacun  6  ariettes,  op.  39, 
56  et  59.  Nava  mourut  en  1826. 

IXAVA  (Gaetano),  fils  du  précédent,  profes 
seur  de  chant  au  Conservatoire  de  Milan,  naquit 
en  cette  ville  le  10  mai  1802.  11  apprit  de  son 
père  les  premiers  éléments  de  la  musique,  tra- 
vailla le  piano  avec  divers  professeurs,  et  enfin, 
en  1817,  fut  admis  au  Conservatoire  de  Milan, 
où  il  étudia  le  chant,  l'harmonie  et  la  composi- 
tion sous  la  direction  d'Orlandi,  de  Ray,  de  Pian- 
tanida  et  de  Federici.  Sorti  de  cet  établissement 
en  1824,  au  terme  de  ses  études;  il  se  livra  à 
l'enseignement,  et  sut  se  faire  comme  professeur 
une  situation  honorable  et  indépendante.  En  1838 
il  fut  appelé  à  diriger  une  classe  de  chant  pour 
les  femmes  dans  l'excellente  école  dont  il  avait 
été  l'élève,  et  en  1860  il  échangeait  cette  classe 
contre  une  classe  d'harmonie  pour  les  femmes. 
Peu  d'années  après ,  il  prenait  sa  retraite.  Il 
mourut  à  Milan  le  31  mars  1875,  âgé  de  près 
de  soixante-treize  ans. 

Gaetano  Nava  a  publié  de  nombreux  recueils 
de  vocalises  pour  diverses  voix  (op.  10,  11,12, 
36),  et  de  solfèges  à  une  ou  plusieurs  voix  (op. 
4,  6,  7,  14,  15,  17,  18,  23,  24,  25  et  28).  On  lui 
doit  aussi  quelques  mélodies  religieuses  et  d'as- 
sez nombreuses  romances. 

Un  artiste  du  même  nom  et  sans  doute  de  la 
même  famille  que  les  précédents,  Da  vide  Nava, 
s'est  fait  connaître  par  la  publication  de  quel- 
ques compositions  légères  pour  le  piano  et  pour 
le  chant. 

NAVARUO  (Ji;an),  compositeur  espagnol, 
naquit  à  Séville  en  1545,  et  fut  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathéiirale  de  Salamanque.  Il  écrivit 
pour  le  service  de  cette  église  un  nombre  consi- 
dérable demolets,  hymnes,  psaumes,  etc.,  qui  sont 
conservés  encore  aujourd'hui  dans  diverses 
églises  d'Espagne,  et  particulièrement  à  Tolède- 
Navarro  jouit  dans  son  temps  d'une  renommée 


considérable,  et  mourut,  dit-on,  dans  les  pre- 
mières années  du  dix-septième  siècle. 

*i\AVOIGILLt:(GLiLLAi'MEjULIEN,dit). 
—  Cet  artiste  a  écrit  la  musique  des  trois  ouvrages 
suivants,  représentés  au  théâtre  de  la  Cité  (connu 
aussi  sous  le  nom  de  théâtre  du  Palais)  :  1"  l'Orage, 
oa  Quel  Guignon  !  opéra-comique  en  un  acte, 
1793;  2°  les  Honneurs  funèbres  ou  le  Tombeau 
des  Sans-Culottes,  drame  lyrique  en  un  acte, 
1793;  3"  l'Empire  de  la  Folie  on  la  Mortel 
l'Apothéose  de  Don  Quichotte,  pantomime  en 
3  actes  (en  société  avec  Baneux),  1799. 

*  JXEATE  (Charles),  pianiste,  violoncelliste 
et  compositeur,  était  né  à  Londres  le  28  mars 
1784,  et  est  mort  le  30  mars  1877  à  Crighton, 
au  moment  où  il  venait  d'accomplir  sa  quatre- 
vingt-treizième  année.  Élève  de  James  Wilson 
(de  Bath)  pour  le  piano,  et  de  William  Sharpe 
pour  le  violoncelle,  il  devint  plus  tard  l'élève  et 
l'ami  de  John  Field,  qui  en  fit  un  artiste  extrê- 
mement distingué.  Neale  fut  en  effet  au  nombre 
des  pianistes  les  plus  estimés  de  son  temps,  et 
comme  professeur  il  conquit  le  premier  rang. 
Son  école  était  celle  de  Cramer,  de  Field  et  de 
Hummel  ;  son  style,  auquel  on  pouvait  reprocher 
peut-être  une  certaine  froideur,  était  classique  et 
très-raffiné,  et  son  toucher  distingué  et  délicat. 
Il  se  fit  entendre  fréquemment  dans  les  concerts, 
et  toujours  avec  succès.  11  était  aussi  fort  ha- 
bile comme  violoncelliste.  En  tant  que  composi- 
teur, sa  valeur  était  toute  relative. 

En  1816,  Neate  s'était  rendu  à  Vienne,  unique- 
ment dans  le  but  d'y  faire  la  connaissance  de 
Beethoven,  et  pendant  les  huit  mois  qu'il  passa 
en  cette  ville  il  se  lia  avec  le  grand  homme  d'une 
amitié  solide,  dont  on  retrouve  les  traces  dans 
la  correspondance  de  ce  dernier.  De  retour  en 
Angleterre  en  1818,  il  se  fit  à  Londres  une  place 
très-distinguée  comme  virtuose  et  comme  pro- 
fesseur, et  sa  maison  devint  le  centre  et  le 
rendez-vous  de  tous  les  grands  artistes  qui 
visitaient  la  capitale  du  Royaume-Uni.  L'un 
des  premiers  il  fit  connaître  au  public  anglais 
les  œuvres  de  Beethoven. 

Neate  fut  le  dernier  survivant  des  trente 
membres  fondateurs  de  l'ancienne  Société  phil- 
harmonique de  Londres,  qui  fut  créée  en  1813, 
et  dont  il  dirigea  les  concerts  à  partir  de  1831. 
Vers  l'âge  de  65  ou  70  ans,  il  se  retira  de  la 
carrière  militante,  et  vécut  dans  le  repos.  C'était, 
en  somme,  un  artiste  fort  intéressant,  et  qui 
justifia  en  tous  points  la  notoriété  qui  s'est  atta- 
chée à  son  nom. 

NEBRA  (José),  organiste  remarquable  et 
compositeur  espagnol,  né  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  fut   organiste  de 


260 


NEBRÂ  —  NERCIAT 


la  cliapelle  royale  de  Madrid,  et  se  fit  remarquer 
par  la  composition  de  diverses  oeuvres  de  musi- 
que religieuse  écrites  par  lui  pour  le  service  de 
cette  chapelle.  On  cite  surtout,  comme  l'une  des 
plus  accomplies  parmi  ces  oeuvres,  la  messe  de 
Requiem  qu'il  écrivit  pour  les  funérailles  de  la 
reine  Barbara  et  qui  valut  à  son  auteur  une 
grande  renommée  pour  la  pureté  avec  laquelle 
elle  était  conçue  el  le  sentiment  douloureux  qui 
y  dominait.  On  connaît  aussi  de  lui  un  «  drame 
harmonique  »  intitulé  Ao/orfo  indicio  es  verdad, 
qui  fut  représenté  sur  le  théâtre  de  la  Cruz,  à 
Madrid,  en  1744.  On  ignore  la  date  de  la  mort 
comme  de  la  naissance   de  cet  artiste. 

José  Nebra  eut  un  neveu,  Manuel  Blasr.o 
Nebra,  qui  fut  aussi  un  musicien  distingué  et 
qui  remplit  les  fonctions  d'organiste  à  la  cathé- 
drale de  Sévilie.  Celui-ci  mourut  le  12  septembre 
1784,  à  l'âge  de  34  ans. 

*  \EEB  (Henui),  compositeur,  est  mort  à 
Francfort-sur-le-Mein  le  18  janvier  1878. 

NEGRINI  (Carlo  VILLA,  dit),  ténor  qui 
a  joui  d'une  grande  renommée  en  Italie,  était 
né  à  Plaisance  vers  1825  et  commença  sa  car- 
rière d'une  façon  bien  humble,  car  il  chanta  tout 
d'abord  dans  les  chœurs.  On  s'aperçut  bientôt 
qu'il  était  doué  d'une  voix  superbe,  puissante 
et  bien  timbrée,  et,  confié  aux  soins  d'un  pro- 
fesseur habile,  il  fut  mis  en  état  de  débuter  au 
théâtre  de  la  Scala,  de  Milan,  le  7  octobre  1847, 
dans  un  opéra  de  Verdi,  i  Due  FoscarL  II  par- 
courut ensuite  toute  l'Italie,  partout  se  faisant 
applaudir,  et  obtenant  des  succès  qu'il  ne  devait 
pas  moins  à  son  talent  de  comédien  qu'à  ses 
grandes  qualités  de  chanteur  dramatique  et  pas- 
sionné. Negrini  venait  d'être  engagé  par  la  direc- 
tion du  Théâtre-Italien  de  Paris,  et  il  s'apprê- 
tait à  partir  jiour  la  France  lorsqu'il  fut  atteint, 
à  Naples,  d'une  maladie  qui  le  conduisit  prompte- 
ment  au  tombeau.  Il  mourut  en  cette  ville  au 
mois  de  mars  1865,  âgé  d'environ  quarante  ans. 

*  J\EITHAlîDÏ(HcNiii-AiiGusït;),  composi- 
teur et  directeur  du  Domchor,  de  Berlin,  est 
mort  en  cette  ville  le  18  avril  18C1. 

KEIXCIXI  (Andréa)  ,  compositeur,  profes- 
seur et  remarquable  conlre-pointiste,  naquit  à 
Sienne  le  27  novembre  1788.  Après  avoir  com- 
mencé l'étude  delà  musique  dans  sa  ville  natale, 
il  lut,  dès  l'âge  de  dix  ans,  envoyé  |iar  sa  famille 
au  lycée  musical  de  Bologne,  où  il  étudia  le 
contre-poiid  avec  le  P.  Mattei  et  oii  il  fut  le 
condisciple  de  Rossini  ;  ce  fut  ce  dernier  qui, 
dans  un  des  concerts  donnés  par  les  élèves  de 
l'école,  chanta  un  air  de  soprano  qui  était  la 
première  coinposilion  de  Ncncini.  A  vingt  ans, 
et  après  examen,  Nencini  reçoit  de  l'Académie 


des  philharmoniques  le  diplôme  de  maître  de  cha- 
pelle. 11  reste  alors  quelques  années  encore  à 
Bologne,  devien  tchef  d'orchestre  au  théâtre,  puis 
accepte  l'emploi  de  maître  de  chapelle  à  Ur- 
bino,  où  il  demeure  neuf  ans,  et  se  rend  ensuite 
à  Ravenne,  pour  y  remplir  les  fonctions  de 
professeur  de  contre-point  et  de  chant  à  l'Aca- 
démie philharmonique.  Au  bout  deux  années  il 
va  à  Florence,  où  il  se  fixe  définitivement;  il  s'y 
produit  d'abord  comme  maestro  al  cembalo 
au  théâtre  de  la  Pergola,  est  nommé  ensuite  un 
des  six  maîtres  du  collège  des  musiciens  placé 
sous  l'invocation  de  sainte  Cécile  dans  l'église 
des  SS.  Michel  et  Caietan,  compose  à  ce  titre  une 
grand'messe  et  un  Requiem  pour  les  fêtes 
annuelles  de  cette  association,  et  enfin  obtient 
la  chaire  de  professeur  de  contre-point  et  de 
composition  aux  écoles  de  musique  annexées  à 
l'Académie  des  Beaux-Arts,  emploi  qu'il  conserve 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  10  mars  1852. 

Nencini  a  écrit  un  peu  pour  le  théâtre  et  beau- 
coup pour  l'église  ;  mais,  très-habile  professeur, 
il  ne  s'élevait  pas,  dit-on,  comme  compositeur, 
au-dessus  de  l'ordinaire.  —  Il  a  laissé  une  fille 
qui  est  aujourd'hui  la  femme  de  M.  Medoro  Sa- 
vini,  romancier  et  membre  de  la  chambre  des 
députés  italienne  (1). 

A^ERCIAT  (Le  chevalier  André-Robert 
AKDRÉA  DE),  amateur  de  musique,  fils  d'un 
avocat  au  parlement  de  Bourgogne,  naquit  à 
Dijon  en  1739  et  mourut  à  Naples  en  ISOO.  Ce 
personnage,  fort  instruit,  qui  fut  d'abord  officier 
de  gendarmerie,  puis  chargé  de  missions  diplo- 
matiques, etquiémigra  à  Naples  à  l'époque  de 
la  Révolution,  s'est  fait  connaître  par  la  i>ubli- 
cation  de  plusieurs  romans  licencieux,  dont  un 
surtout,  intitulé /e  Diable  au  corps,  est,  dit-on, 
d'une  obscénité  infâme.  De  Nerciat  était  aussi 
musicien,  et  a  publié  quelques  compositions, 
parmi  lesquelles  laSurprise  de  rA7nour,  ariette 
avec  accompagnement  de  deux  violons,  alto  et 
basse  ;  les  Invalides  de  V Amour,  morceau  du 
même  genre,  et  plusieurs  quatuors.  Pendant  son 
émigration  à  Naples,  de  Nerciat  devint  l'un  des 
conseillers  intimes  de  la  reine  Caroline;  lorsque 
es  troupes  de  la  République  française  s'emparèrent 
de  cette  ville,  il  fut  arrêté  et  enfermé  au  châ- 
teau   Saint-Ange.  Sa  détention    dura  jusqu'en 


(1)  Les  renseignements  contenus  dans  celte  notice,  et  qui 
m'ont  été  communiqués  en  Italie,  sont  complétés  par  le 
lait  -suivant.  Nencini  avait  epiaisc  une  cantatrice  dramati- 
que, M'"""  t(M(ii7/((  ,Vc»ri»i,  ((ui,  en  |S2(),  était  attachée  au 
théâtre  San  Glacomo,  de  Corfou;  il  écrivit  à  son  inten- 
tion, et  pour  son  bénéfice,  li's  parohs  et  la  musique  d'une 
liirsctta  a  due  roc»  per  miisica,  intitulée  l'Errore  fortu- 
nato,  qui  fut  représentée  sur  ce  thoitrc  le  7  mars  |8!6. 


NERCIAT  —   NERUDA 


267 


1800,  et  il  mourut  dans  le  cours  de  la  même 
année. 

ÏVERI  (Nereo),  prêtre  et  musicien  italien,  né 
à  Pistoia  dans  la  première  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle,  devint  maître  de  chapelle  de  la  ca- 
thédrale de  celle  ville  et  se  fit  connaître  avanta- 
geusement comme  compositeui-  de  musique  reli- 
gieuse. Outre  un  assez  grand  nombre  d'hymnes 
et  de  messes,  on  lui  doit  un  oratorio  :  la  Con- 
versione  di  S.  Agostino,  exécuté  en  1743  dans 
l'église  S.  Bartolomeo,  et  une  cantate  :  la  IS'as- 
cita  diCiro,  qu'il  (it  entendre  au  collège  épis- 
copal,  dans  une  séance  publique  donnée  en  1764 
pour  fêter  l'avènement  du  grand-duc  Pierre- 
Léopold  de  Toscane.  Cet  artiste  mourut  subite- 
ment le  24  juin  1770. 

*MERI-BO\DI  (.Michèle),  pianiste  et  com- 
positeur italien. —  Cet  artiste  doit  être  né  avant 
1769,  car,  ce  qui  paraît  peu  probable,  il  n'aurait 
eu  que  seize  ans  lorsque,  en  1785,  il  fil  repré- 
sentera Florence  un  opéra  intitulé  i  Matrimonj 
in  cantïna,  et  à  Arezzo  un  autre  opéra  qui  por- 
tait pour  titre  Ogni  disiiguaglianza  amore 
agguaglia.  En  1794,  Neri  -  Bondi  a  encore 
donné  à  Florence  la  Cameriera  raggiratrice. 
M.  le  docteur  Basevi,  qui  me  communique  ces 
renseignements,  possède  en  manuscrit  un  Bene- 
dicat  à  4  voix  avec  orchestre  de  ce  composi- 
teur. 

NERICI  (L'abbé  Llici),  prêtre  et  musicien 
italien  contemporain,  est  l'auteur  d'un  manuel 
de  pfain-chant  publié  sous  le  titre  de  Scuola  di 
canto  ferma,  et  dont  il  a  été  fait  une  seconde 
édition  en  1876.  La  première  partie  de  ce  traité 
contient  les  règles  nécessaires  pour  le  plain- 
chant,  et  la  seconde  renferme  les  chants  des 
messes  et  de  l'office  divin  qui  ne  se  trouvent  pas 
dans  les  manuels  choraux. 

XERUDA  (Joseph),  maître  d'école  qui  exer- 
çait encore  sa  profession  à  Yodolka  (Bohême), 
en  1866,  est  mentionné  ici  au  sujet  d'un  rhytlime 
de  danse  devenu  fameux,  qui  fut  imaginé  par 
une  servante  bohème  nommée  Anne  SIezak,  et 
auquel  cette  fille  donna  le  nom  de  polka.  Neruda 
écrivit  la  musique  de  cet  air,  et  le  multiplia 
partout  en  Bohême.  C'est  delà  qu'il  fut  importé 
à  Vienne  en  1839,  à  Paris  en  1840,  et  qu'il  obtint 

le  succès  que  l'on  sait. 

J.  B. 

NERUDA  (Wn.HELMiiNE  NERUDA, épouse 
KORiMAiVN,  connue  sous  le  nom  de  M""" 
NORMANN-),  violoniste  extrêmement  remar- 
quable, est  née  à  Briinn,  en  Moravie,  au  mois 
de  mars  1839.  Véritable  enfant  prodige,  elle 
avait  à  peine  accompli  sa  quatrième  année  lors- 
qu'elle commença  l'étude  du  violon  sous  la  di- 


rection de  son  père,  qui  remplissait  les  fonctions 
d'organiste  à  la  cathédrale  de  Briinn  (1).  Elle 
était  douée  de  telles  dispositions  et  ses  progrès 
furent  si  remarquables,  que,  lorsqu'elle  eut  at- 
teint sa  .sixième  année,  elle  fut  envoyée  à  Vienne 
pour  y  travailler  sous  un  maître  habile,  Léopold 
Jansa,  et  qu'au  bout  d'une  année  elle  se  pro- 
duisait en  public  avec  succès.  Au  reste,  toute 
la  famille  Neruda  était  particulièrement  douée  au 
point  de  vue  musical,  car  en  18471a  petite  Wilhel- 
mine,  en  compagnie  d'une  sœur  aînée  (Marie),  qui 
tenait  le  piano,  et  d'un  jeune  frère  (François),  qui 
jouait  du  violoncelle,  entreprenait  son  premier 
voyage  artistique  en  Allemagne,  en  Belgique  et 
dans  lesPays-Bas.  Deux  ans  après,  ce  trio  mignon 
se  rendait  en  Angleterre,  puis  partait  pour  la  Rus- 
sie, où  la  mort  venait  l'éprouver  cruellement;  en 
1850,  en  effet,  le  jeune  violoncelliste  mourait  à 
Saint-Pétersbourg.  Toutefois,  celui-ci  fut  bientôt 
remplacé  par  un  autre  frère,  et  bientôt  même  le 
trio  se  transforma  en  quatuor  par  l'adjonction 
d'une  petite  sœur  qui  vint  remplir  la  partie  de 
second  violon.  Depuis  lors,  et  pendant  environ 
dix  années,  c'est-à-dire  jusqu'en  1861,  la  famille 
Neruda  se  rendait  chaque  année  en  Russie,  et 
chaque  fois  s'y  voyait  accueillie  avec  des  trans- 
ports d'enthousiasme.  C'est,  je  crois,  en  1862 
que  M""  Wilhelmine  Neruda  visita  pour  la  pre- 
mière fois  la  Suède,  en  compagnie  de  sa  sœur 
cadette,  M"<=  Maria  Neruda,  et  que  toutes  deux 
arrivèrent  à  Stockholm  après  avoir  donné  une 
série  de  concerts  à  Copenhague  et  s'être  fuit  en- 
tendre au  Gevvandhaus  de  Leipzig.  Leur  succès, 
qui  avait  été  grand  dans  cesdeux  dernières  villes, 
ne  le  fut  pas  moins  a  Stockholm,  où  le  roi  de 
Suède,  après  lui  avoir,  accordé  la  médaille  d'or 
pour  l'art  et  les  sciences,  nomma  l'aînée  des 
deux  sœurs  virtuose  de  sa  chambre.  C'est  alors 
que  JVI'"^  Wilhelmine  Neruda  fit  la  connaissance 
de  M.  Louis  Normaun,  maître  de  la  chapelle 
royale,  avec  lequel  elle  se  fiança,  et  qu'elle  épousa 
le  27  janvier  1864. 

En  18G5,  les  deux  sœurs  créent  à  Stockholm, 
avec  le  concours  de  MM.  Dauberd,  Liudblad  et 
Sœdermann,  une  société  de  musique  de  chambre 
qui  donne  des  séances  très-suivies.  En  1867, 
M"""  Normann -Neruda  se  fait  entendre  de  nou- 
veau au  Gevvandhaus,  et  au  commencement  de 
l'année  suivante  elle  vient  à  Paris,  où  elle  se 
produit  à  trois  reprises,  aux  Concerts  populaires, 
avec  un  succès  éclatant,  en  exécutant  successi- 
vement le  concerto  de  Mendelssohn.le  concerto  en 
mi  de  Vieuxtemps  et  le  S""  concerto  de   Spohr 


(1)  Joieph  Neruda,  père  de  M°'«  Norniann-Neruda,  est 
luorl  à  Briinn  le  18  février  1873,  à  l'âge  de  68  ans. 


208 


NERUDA  —  NETZER 


(Scènes  de  chant).  Le  public  parisien  admira  dans 
Je  jeu  de  la  ■virtuose  une  grâce  toute  féminine  et 
sans  affélerio,  iinarfiiet  souple  et  nerveux,  une 
justesse  incomparable,  un  style  exquis  et  pur, 
une  étonnante  sûreté  d'exécution,  enfin  une 
expression  tendre  et  pleine  de  poésie.  On  peut 
s'étonner  qu'après  les  succès  obtenus  en  cette 
circonstance  par  la  grande  artiste ,  elle  soit 
restée  plus  de  dix  ans  sans  se  produire  de  nou- 
veau à  Paris,  où  elle  ne  s'est  plus  fait  en- 
tendre qu'une  seule  fois,  en  1878. 

Dans  le  cours  de  cette  même  année  1868,  M"'' 
Normann-Neruda  se  fait  entendre  encore  à 
Copenbague,  et  l'année  suivante  on  la  retrouve 
à  Wiesbaden,  à  Bruxelles  et  à  Londres.  Dans 
cette  dernière  ville  elle  excite  de  véritables  trans- 
ports d'admiration,  surtout  en  tenant  la  partie 
de  premier  violon  dans  les  quatuors  des  Concerts 
populaires  du  lundi.  Bientôt  elle  entreprend  une 
tournée  artistique  dans  les  provinces  anglaises, 
et  se  fait  entendre  à  Mancbester,  à  Liverpool,  et 
dans  la  plupart  des  grandes  villes  du  royaume. 
De  retour  à  Londres,  elle  y  retrouve  ses  succès, 
et  depuis  lors  elle  est  restée  fixée  en  cette  ville, 
oîi  elle  n'a  cessé  d'appartenir  au  personnel  des 
Concerts  populaires  et  continue  de  provoquer 
l'enlbousiasine  du  public.  Cela n'empéclie pas  M'"^ 
Koriiiann-^eruda  de  faire  des  voyages  fructueux 
sur  le  continent.  Elle  s'est  surtout  fait  applaudir, 
en  1871,  à  Amsterdam  et  à  Rotterdam. 

*A"ERVIUS  (LÉONARD).— M.  Edmond  Vander 
Straeten  (V.  la  Musique  aux  Pays-Bas)  a  re- 
trouvé trois  publications  extrêmement  impor- 
tantes de  ce  musicien,  toutes  trois  imprimées  à 
Anvers,  par  Pierre  Plialèse  :  1°  Magnificat  su- 
per oclo  corisuetos  ionos,  una  cum  aliquoi 
moteitis  et  litanïis  B.  Mariœ  Virginis  octo 
vocum,cum  basso  continuo  ad  organum  (An- 
vers, 1G24,  in-4"),  recueil  contenant,  outre  le 
psaume  Magnificat,  qui  a  fourni  matière  à  buit 
compositions,  cliacune  dans  un  ton  différent, 
une  série  de  motels  écrits  aussi  à  buit  parties 
réelles  ;  2»  3/isice  sûCJ'c-e  octonis  vocibus,  qui- 
bus  adjectusunt  aliquot  Moletia,  cum  Litaniis 
B.  Mavix  Virginis,  cutn  basso  continuo  ad 
organum  {\n\eTS,  \(î2i,  in-4°);  S"  Fasciculus 
cantionum  sacrarum  quatuor,  quinque  et  sex 
vocum,  addilis  Lilaniis  Lauretanis  quatuor 
et  sex  vocum,  cum  basso  ad  organum  (Anvers, 
1628,  in-4"). 

JXESSLER  (Vir.Toii-E....),  compositeur  et 
chef  d'oicbestre,  est  né  à  IJaer,  près  Strasbourg', 
le 28  janvier  1841,  a  reçu  une  excellente  édu- 
cation musicale,  et  s'est  fait  remar(|uer  par  la 
publication  tl'un  grand  nombre  d'o'uvrcs  qui  ilc- 
nole.it  un  artiste  sérieux  et  distingué.  Depuis 


plusieurs  années  fixé  en  Allemagne,  il  remplit 
les  fonctions  de  cbef  des  chœurs  au  théâtre  de 
Leipzig,  où  il  a  fait  représenter  les  ouvrages 
dramatiques  suivants  :  1°  le  Voyage  de  noces, 
mars  18G7  ;  2"  Veilleur  de  nuit  et  Étudiant, 
un  acte,  1868  ;  3"  le  Jour  de  la  Saint-AlexaU' 
dre,  opérette,  1869  ;  4°  Irmingard,  grand  opéra 
en  5  actes,  19  avril  1876  ;  5°  Dornrœschens 
Brautfahrt ,  opéra  ;  6°  le  Ratier  de  Hameln, 
opéra  en  5  actes,  mars  1879.  Précédemment,  au 
mois  de  mars  1864,  il  avait  donné  sur  le  théâtre 
de  Strasbourg  un  opéra-comique  en  2  actes,  inti- 
tulé Fleurette.  M.  Nessier  a  écrit  des  cantates,  des 
chœurs,  de  nombreux  recueils  de  lieder  à  une 
ou  plusieurs  voix,  des  compositions  vocales  avec 
accompagnement  d'orchestre,  et  ses  productions 
en  ce  genre  ne  s'élèvent  guère  aujourd'hui  à 
moins  d'une  centaine.  Je  signalerai  les  suivantes  : 
der  Blumen  Rache  (la  Légende  des  tleurs) , 
pour  chœur,  ténor  solo  et  orchestre,  op.  31  ; 
Sasngers  Frûhlingsgruss  (Salut  prinfanier  du 
chanteur),  double  cliœur  pour  voix  d'hommes, 
op.  95;  Von  derWiege  bis  zum  Grabe  (depuis 
le  berceau  jusqu'à  la  tombe),  cycle  de  chants  à 
4  voix  d'hommes  et  solo,  avec  accompagnement 
de  piano,  op.  8  ;  4  lieder  à  4  voix,  op.  83  ;  die 
Drei  Schneider  (les  Trois  Tailleurs),  chant  à  4 
voix  et  basse  solo,  op.  84  ;  der  Frater  Kellcr- 
meister  (le  Frère  sommelier),  mélodie  pour 
basse,  avec  piano,  op.  91. 

KESWADBA  (Joseph),  compositeur  et 
chef  d'orchestre,  naquit  le  19  janvier  1824  à  Vys- 
ker,  en  Boliême.  Il  reçut  une  bonne  éducation 
musicale,  et  en  1857  il  était  nommé  cbef  d'orches- 
tre du  théâtre  de  Prague,  comme  successeur  de 
François  Skraup.  Plus  tard  il  quitta  Prague  pour 
se  rendre  à  Berlin,  où  pendant  une  saison  il  diri- 
gea l'orchestre  d'une  compagnie  italienne ,  et 
ensuite  il  alla  à  Hambourg.  En  1864  il  fut  en- 
gagé à  Darmstadt  pour  y  remplacer  le  fameux 
cbef  d'orchestre  Scbindelmeisser,  et  il  obtint 
les  plus  grands  succès  eu  celte  ville,  où  il  resta 
jusqu'à  sa  mort,   arrivée  le  20  mai  1876. 

iS'eswailba  s'est  fait  un  nom  honorable  comme 
compositeur.  11  a  écrit  des  lieder  fort  distingués, 
et  l'un  d'eux,  intitulé  Betulinka,  est  devenu 
très-populaire.  Ses  compositions  pour  l'orches- 
tre sont  aussi  fort  estimées,  et  les  partitions 
qu'il  a  écrites  pour  plusieurs  ballets  représentés 
à  Darmstadt,  ont  obtenu  un  très-vif  succès.' Le 
noudjre  dos  ouvres  publiées  de  Neswadba 
s't'leve  à  trente-cinq.  J.   B. 

*  A'E'l'ZER  (Joseph),  compositeur,  né  le  18 
mars  1808  à  Zams,  dans  le  Tyrol,  est  mort  à 
Gratz  le  2»  mai  1864.  Son  opéra  en  3  actes  inti- 
tulé Mara   fut  représenté  à  Vienne  le  16  mars 


NETZER  —  NEYRAT 


269 


1842,  et  celui  qui  avait  pour  titre  la  Noceextra- 
ordinaïre,  aussi  en  3  actes,  fut  donné  dans  la 
même  ville  le  6  mai  184G.  Quant  à  la  Raine  de 
Castille,  j'ai  des  raisons  de  croire  qu'il  est 
resté  inédit   et  n'a  jamais  été  offert    au  public. 

*  NEUKOM.M  (Sicishond),  compositeur 
idlemand,  naquit  à  Salzbours  non  le  10  avril, 
mais  le  10  juillet  1778.  On  a  publié  à  son  sujet 
l'écrit  suivant  :  Esquisses  biographiques  de 
^igismond  ISeuhomm,  écrites  par  lui-même, 
Paris,  Mourgues,  1859,  in-8°  de  30  p. 

NEUKOMM  (Edmond),  écrivain  musical,  né 
à  Rouen  le  2  novembre  18i0,  est  neveu  ducélèbre 
organiste  et  compositeur  Sigismond  Neukomm, 
qui  fut  l'ami  de  Joseph  et  de  Michel  Hayiin.  Son 
père,  lui-même  musicien  distingué,  était  élève 
de  ce  dernier.  M.  Edmond  Neukomm  est  depuis 
plusieurs  années  l'un  des  collaborateurs  actifs  de 
rArt  musical,  de  la  Chronique  musicale,  et 
surtout  de  la  Revue  et  Gazette  musicale,  dans 
laquelle  sa  connaissance  approfondie  de  la  lan- 
gue allemande  lui  a  permis  de  donner  de  solides 
travaux  sur  plusieurs  grands  musiciens  d'outre- 
Rhin,  entre  autres  Weber,  Moscheles  et  Men- 
delssohn.  Il  a  publié  une  ^«^oire  duFreisc/iiitz 
(Paris,  Faure,  18C7,in-12  de  69  p.),  tirée  de  la 
Biographie  de  Charles-Marie  de  Weber  écrite 
par  le  tils  de  ce  grand  homme,  le  baron  Max- 
Marie  de  Weber,  et  un  historique  des  fêtes  célé- 
brées à  Rouen  pour  l'anniversaire  séculaire  delà 
naissance  de  Boieldieu  :  Trois  jours  à  Rouen, 
souvenirs  du  centenaire  de  Boieldieu,  13,  14  et 
Vôjuin  1875  (Paris,  Pont,  1875,  in-12  de  68  p.)- 
Ou  lui  doit  encore  une  autre  publication,  faite 
de  concert  avec  M.  Lacome  {Voyez  ce  nom): 
la  Saison  musicale,  par  une  réunion  d'écrivains 
spéciaux,  1"  année  (Paris,  Faure,  1867,  in-12); 
celle-ci  est  une  sorte  d'annuaire,  dirigé  par  ces 
deux  écrivains,  avec  le  concours  de  MM.  J.  We- 
ber, H.  'Vallier,  Arthur  Pougin,  Alexis  Azevedo, 
Léon  Escudier,  Vaudin,  Er.  Thoinan,  Malliot, 
Langhans,  A.  deGasperini  et  M.  de  Thémines  (1). 

IXEUMAKS  (Alphonse),  professeur  et  vir- 
tuose remarquable  sur  le  basson,  est  né  à  Anvers 
(Belgique)  le  23  août  1829.11  montra  de  bonne 
heure  un  goût  décidé  pour  la  musique,  s'a- 
donna à  l'étude  du  basson  et  fut  admis  au  Con- 
servatoire de  Bruxelles,  où  il  obtint,  à  peine  âgé 
de  quatorze  ans,  le  premier  prix  pour  cet  instru- 
ment. Il  en  avait  dix-liuit  lorsqu'il  fut  nommé 
professeur  de  la  classe  dont  il  avait  été  l'élève, 

(1)  En  dehors  des  questions  musicales,  M.  Neukomm  a 
collaboré  a  divers  journaux  politiques,  entre  autres  le 
Matin  et  le  XI.X"  siècle,  et  11  a  publié  un  livre  très-fran- 
çais :  les  Prussiens  devant  Paris,  d'uiirés  des  documents 
allemands;  (Paris,  s.  d.  (1873),  In-H. 


et  qui  devint,  sous  sa  direction,  l'une  des  meil- 
leures et  des  plus  brillantes  du  Conservatoire. 
Depuis  lors,  M.  Neumans  a  formé,  dans  cet 
établissement,  un  grand  nombre  d'excellents 
élèves.  M.  Neumans  est  chevalier  de  l'ordre  de 
Léopold. 

KEUSTEDT  (Charles),  pianiste,  composi- 
teur et  professeur,  est  né,  je  crois,  à  Saumur, 
vers  1838.  Établi  depuis  longues  années  à  Paris, 
cet  artiste,  dont  les  leçons  sont  très-recherchées, 
s'y  est  livré  avec  ardeur  à  l'enseignement,  en 
même  temps  qu'il  se  faisait  connaître  parla  pu- 
blication d'un  grand  nombre  de  morceaux  de 
piano  écrits  avec  délicatesse  par  une  main  légère 
et  exercée.  Ses  transcriptions  et  fantaisies  sur 
des  airs  d'opéras  sont  faites  avec  goût,  et  parmi 
ses  compositions  originales  il  en  est,  comme  ses 
Feuillets  d'album,  qui  sont  empreintes  d'une 
grâce  aimable  et  réelle.  Parmi  les  productions 
nombreuses  de  M.  Neusteilt,  on  peut  surtout  si- 
gnaler les  suivantes  :  20  Études  progressives  et 
chantantes,  op.  31;  Carnaval  hongrois,  op, 
112;  Prière  du  soir,  op.  113;  Feuillets  d'al- 
bum (12  morceaux)  ;  Promenade  militaire, 
marche  caractéristique,  op.  115;  Eluettes  musi- 
cales, 6  morceaux  de  concours;  Confidence,  3= 
rêverie,  op.  34  ;  Menuet  sentimental  ;  Gavotte 
de  Marie-Antoinette  ;  chefs-d'œuvre  dramatiques 
et  lyriques  des  grands  maîtres;  etc.,  etc. 

I\EY  (Jenny),  chanteuse  allemande  très-re- 
nommée (que  l'on  dit  proche  parente  du  maréchal 
Ney),  est  née  à  Gratz  le  21  décembre  1826.  Elle 
reçut  ses  premières  leçons  de  sa  mère,  qui  était 
elle-même  une  cantatrice  distinguée,  et  se  per- 
fectionna ensuite  sous  la  direction  de  plusieurs 
maîtres  italiens.  M'^"  Ney  se  produisit  d'abord 
sur  divers  petits  théâtres  d'Autriche,  et  plus 
tard  obtint  un  engagement  pour  le  théâtre  de 
Kt'ernthnerlhor,  de  Vienne.  Mais  son  grand 
talent  n'étant  pas  apprécié  sur  cette  scène 
comme  il  le  méritait,  m'^"  Ney  quitta  Vienne 
en  1853,  après  la  mort  de  sa  mère,  et  alla  tenir 
son  emploi  au  théâtre  de  la  cour,  à  Dresde,  oii 
elle  resta  jusqu'à  l'année  1867.  A  cette  époque, 
comme  elle  venait  d'épouser  un  acteur  estimé, 
M.  Burde,  M"^»  Burde  -  Ney  quitta  la  carrière 
dramatique  et  se  retira  de  la  scène  avec  le  titre 
de  cantatrice  de  la  cour  de  Saxe.  Les  meilleurs 
rôles  de  cette  artiste  fort  distinguée  étaient  ceux 
deDinorah  (le Pardon  de  Ploërmel),  de  Norma, 
de  dona  Anna  {Don  Juan),  d'Armide,  d'Iphi- 
génieetde  Valentine  {les  Huguenots).  Ses  plus 
grands  succès  furent  toujours  obtenus  par  elle 
dans  les  grandes  œuvres  classiques. 

J.  B. 

*  A'EYRAT  (L'abbé  Alexandre-Stanislas;, 


270 


NEYRÂT  —  NICCOLIM 


maître  de  chapelle  de  la  primatiale  de  Lyon,  a 
publié  les  deux  ouvrages  suivants,  qui  doivent 
se  joindre  à  ceu\  qui  ont  été  mentionnés  sous 
son  nom:  1°  Cantiques  du  petit  séminaire 
de  la  Primatiale  de  Lyon  (recueillis,  harmo- 
nisés ou  composés  par  lui),  Lyon,  P.  Clôt,  1SG7, 
un  volume  de  500  p.;  2°  Adoremus,  recueil 
de  motets  et  cantiques  au  Saint-Sacrement  et  au 
Sacré-Cœur  (entièrement  de  la  composition  de 
M.  Neyrat),  Paris,  Bray  et  Restant. 

La  maîtrise  de  Lyon  n'a  cessé,  sous  la  direc- 
tion de  M.  l'abbé  Neyrat,  d'exécuter  les  œuvres 
des  maîtres,  soit  à  l'église,  soit  dans  des  con- 
certs historiques  très-suivis  et  très-remarques; 
entre  autres  grandes  compositions,  elle  a  fait 
connaître  les  plus  célèbres  oratorios  classiques; 
elle  est  considérée  aujourd'hui  comme  l'une  des 
meilleures  maîtrises  de  France.  Membre  de 
l'Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts 
de  Lyon,  M .  Keyrat  a  fait,  dans  les  séances  de 
cette  compagnie,  plusieurs  lectures  sur  diverses 
questions  musicales  ;  l'un  de  ces  morceaux, 
inséré  dans  les  Mémoires  de  l'Académie,  a  été 
tiré  à  part  sous  ce  titre  :  un  Festival  musical 
en  Angleterre  (Lyon,  Riofor,   1878,  in-8'^  de 

15  p.). 

NEYTS  (Jacques),  chanteur  dramatique  et 
directeur  de  théâtre,  né  à  Bruges  en  1727,  or- 
ganisa une  troupe  de  comédiens  qui  jouaient  à 
la  fois  la  comédie,  le  vaudeville  et  l'opéra,  et 
pendant  longues  années  donna  des  représenta- 
tions en  langue  flamande  à  Bruxelles,  Anvers, 
Gand,  Bruges,  Amsterdam  et  diverses  autres 
villes  des  Pays-Bas.  Il  fit  traduire  en  langue 
flamande  et  arranger  par  son  frère,  François 
Neyts,  la  plupart  des  opéras-comiques  français 
de  ce  temps,  qu'il  faisait  ainsi  représenter  :  les 
Deux  Avares,  le  Jaloux  corrigé,  le  Déserleur, 
Von  Quichotte,  le  Devin  du  village.  Rose  et 
Colas,  Lucile,  le  Soldat  magicien,  Zémire  et 
Azor,  le  Tableau  parlant,  etc.  C'est  à  une 
représentation  du  Déserteur,  donnée  par  lui  au 
théiitre  d'Amsterdam,  le  11  mai  1772,  que  le 
feu  prit  à  ce  théâtre ,  qui  devint  la  proie  des 
flammes.  On  assure  que  le  véritable  nom  de 
Neyts  était  Canj.  Cet  artiste  mourut  à  Boulo- 
gne-sur-Mer  le  8  juillet  179'!.  Il  avait  épousé 
une  chanteuse,  M'"=  Isabelle  Stasinou,,  douée 
d'une  fort  jolie  voix,  et  qui  brillait  au  premier 
rang  dans  la  troupe  qu'il  dirigeait.  Celle-ci  était 
née  à  Bruges  vers  1730. 

\"1  BELLE  (Adolphf.-André),  compositeur 
français,  né  à  Gien  (Loiret)  le  9  octobre  1825, 
se  livra  de  bonne  heure  à  l'étude  du  violon  et 
du  piano,  puis  fut  admis  au  Conservatoire  de 
Paris  janvier   18'i4),  dans  la  classe  d'harmonie 


d'Hippolyle  Colet.  Tout  en  suivant  les  cours  de 
cet  établissement,  il  frétiuentait  ceux  de  la 
Faculté  de  droit,  devenait  licencié  en  droit  et  se 
faisait  recevoir  avocat  au  barreau  de  Paris. 
Après  avoir  obtenu  un  second  accessit  d'har- 
monie en  1847,  le  second  prix  en  1848,  et  le 
premier  en  1850,  M.  Nibelle  entra  dans  la  classe 
décomposition  d'Halévy;  mais  il  n'y  resta  que 
peu  de  temps,  et  a|)rès  avoir  quitté  le  Conser- 
vatoire, il  commença  à  se  livrer  assez  active- 
ment à  la  composition.  Il  publia  d'abord  quel- 
ques mélodies  vocales  :  Rêves  d'enfant.  Dieu 
ou  Roi,  etc.,  puis  écrivit  une  grande  cantate 
symphoniqne  en  3  parties  avec  so^i  et  chœurs, 
Jeanne  d'Arc,  qui  fut  exécutée  à  Orléans,  par 
500  exécutants,  pour  l'inauguration  en  cette 
ville  de  la  belle  statue  de  la  Pucelle  due  au  ciseau 
de  Foyatier.  Il  publia  ensuite  sous  ce  titre  :  les 
Heures  musicales,  une  série  de  24  mélodies 
vocales  (Paris,  Girod),  et  un  autre  recueil  de 
12  morceaux  intitulé  Chants  des  a/eux,\égenâes 
et  ballades  de  l'ancienne  France  (id.,  id.). 

Mais,  comme  tant  d'autres,  M.  Nibelle  son- 
geait au  théâtre.  Il  fit  représenter  aux  Folies- 
Nouvelles,  le  22  janvier  1858,  une  gentille  opé- 
rette en  un  acte,  le  Loup-garou,  dont  la  musi- 
que était  fine  et  distinguée,  et  le  18  décembre 
de  la  même  année  un  ouvrage  du  même  genre, 
les  Filles  du  lac,  dont  la  forme,  plus  ambitieuse, 
convenait  moins  à  une  scène  aussi  mignonne. 
Depuis  lors,  il  a  produit  les  ouvrages  suivants, 
qui  généralement  ont  été  bien  accueillis  :  l'Arcfie- 
Marion,  un  acte,  Bouffes-Parisiens,  30  septem- 
bre 1868  ;  la  Fontaine  deBerny,  un  acte, Opéra- 
Comique,  30  mai  1869  ;  le  15  Août  1869,  cantate. 
Opéra,  15  août  1809;  les  quatre  cents  Femmes 
d'' Ali-Baba,  2actes,Folies-Marigny,  mars  1872; 
V Alibi,  3  actes.  Athénée,  11  octobre  1872. 

M.  Nibelle,  qui  a  écrit  aussi  quelques  mor- 
ceaux de  musique  pour  deux  drames  représentés 
à  l'Ambigu  en  1876  :  Spartacus  et  Jean  So- 
bieski,  ainsi  que  pour  Casina,  comédie  jouée 
en  1878  dans  une  des  matinées  littéraires  de  la 
Gaîté,  a  en  portefeuille  un  grand  opéra  eu  un 
acte  intitulé  l'Age  d'or  et  un  opéra-cotnique  en 
un  acte  qui  a  pour  titre  Joli  Grec  à  l'œil  noir. 
On  lui  doit  encore  diverses  mélodies  vocales  : 
Tout  est  fauché,  les  Lauriers,  In  Folie  de 
Fréhel,  la  Chanson  de  l'hirondelle,  etc.  M.  Ni- 
belle est  décoré  des  ordres  de  Chartes  II!  (Es- 
pagne), du  Medjidié  (Tin-quie)  et  du  Sauveur 
(Grèce). 

*  IVICCOLLXI  (Loi'is),  compositeur  italien, 
mourut  à  Livourne  en  1829.  Ou  cite  parnu"  ses 
œuvres  une  cantate  pour  voix  de  soprano  avec 
accompagnement  de  quatuor  d'instruments    à 


NICCOLINI  —  NIGOLAI 


271 


cordes,  la  musique  de  deux  ballets  représentés 
au  théâtre  San  Carlo,  de  Naples,  et  un  grand 
nombre  de  compositions  religieuses  :  Messes, 
Dixit,  Litanies,  etc.,  écrites  pour  la  catiiédrale 
de  Livoiirne,  dont  il  était  le  maître  de  cha- 
pelle. 

*  NICCOLIi\I,  ou  plutôt  MCOLIAI  (Jo- 
seph), compositeur  italien.  Aux  n'uvros  drama- 
tiques de  cet  artiste,  il  faut  ajouter  le  ISozze 
inaspettate,  o\)éra  représenté  en  1805  àNaples, 
sur  le  théâtre  Nuovo.  Nicolini  est  mort  à  Plai- 
sance, le  18  décembre  1842. 

XICELLI  (D.vmele),  compositeur  italien 
qui  vivait  dans  la  première  moitié  de  ce  siècle, 
a  écrit  la  musique  d'un  drame  lyrique  intitulé 
il  Proscritto  di  Messina,  qu'il  a  fait  représenter 
en  1829  sur  le  théâtre  Carlo-Felice,  de  Gènes. 
On  connaît  aussi  de  lui  un  opéra  bouffe  joué 
sous  le  titre  de  VAio  nelV  imbarazzo.  Je  n'ai 
aucun  autre  renseignement  sur  cet  artiste. 

*  JVICODAMI  (François  JVICODIM,  dit). 
La  veuve  de  cet  artiste,  mariée  alors  en  secon- 
des noces,  publia  en  1843  une  notice  biogra- 
phique sur  son  premier  mari  :  Biographie  de 
M.  Nicodami  {IS'icodim),  maître  de  piano  et 
professeur  de  musique  au  Conservatoire  de 
Paris  (Paris,  impr.  Malteste,  1843,  in-S"  de  32  p., 
avec  autographe  musical  et  vue  du  tombeau  de 
Nicodami).  Cet  opuscule  nous  apprend  que 
Nicodami  naquit  en  1758  àWillinior,en  Bohème, 
qu'il  reçut  son  instruction  musicale  d'un  de  ses 
oncles,  qu'il  se  rendit  jeune  à  Vienne,  où  il 
devint  le  copiste  préféré  et  l'ami  de  Mozart,  puis 
qu'il  vint  s'établir  en  France  un  peu  avant  l'é- 
poque où  éclata  la  Révolution.  Nicodami,  qui 
parait  avoir  été  un  bon  professeur  de  piano,  ne 
fit  autre  chose  à  partir  de  ce  jour  et  jusqu'à  sa 
raort,  qui  arriva  non  en  1844,  comme  il  a  été 
dit  par  erreur,  mais  le  13  août  1829,  à  l'âge  de 
71  ans  environ. 

La  veuve  de  cet  artiste,  devenue  M""=  Ravinet, 
morte  en  1864,  a  légué  au  Conservatoire  de 
musique,  en  même  temps  que  le  buste  en  marbre 
de  son  premier  mari,  placé  aujourd'hui  dans  la 
bibliothèque  de  cet  établissement,  une  somme 
de  dix  mille  francs,  «  une  fois  donnée,  »  sans 
aucune  condition.  Après  s'être  fait  mettre  en 
possession  de  ce  legs  (le  décret  impérial  autori- 
sant l'acceptation  est  du  9  janvier  1867),  l'ad- 
ministration du  Conservatoire  résolut  de  consa- 
crer cette  somme  à  créer  un  prix  de  500  francs 
qui  servirait  à  récompenser,  chaque  année,  un 
ou  deux  élèves  qui  se  seraient  particulièrement 
distingués.  Ce  prix  est  décerné  sous  le  nom  de 
Prix  Nicodami.  —  On  trouve  à  la  bibliothèque 
du  Conservatoire  un  volume  de  Mémoires  ma- 


nuscrits de  M'"'=  Nicodami,  renfermant  des  révé- 
lations fort  curieuses  sur  un  certain  nombre 
d'artistes  qu'elle  avait  connus  dans  sa  jeunesse. 
Ce  volume  fut  acheté  il  y  a  quelques  années 
clicz  un  bouquiniste,  par  un  employé  supérieur 
de  l'administration  du  Conservatoire,  et  donné 
par  lui  à  la  bibliothè((ue  de  l'établissement. 

*  iXICOLA  (Chaklf.s),  violoniste  et  musicien 
de  chambre  à  l'ancienne  cour  de  Hanovre,  est 
mort  à  Hanovre  le  8  mai  1875. 

NICOLAI  (Charles),  père  du  compositeur 
OthonNicolaï,  était  lui-même  un  musicien  insiruit 
et  l'un  des  meilleurs  maîtres  de  chapelle  de  Uer- 
liu.  H  mourut  en  cette  ville  le  2  avril  1857,  et  le 
jour  même  de  ses  funérailles  on  donnait  au 
Théâtre  royal  une  représentation  des  Joyeuses 
Commères  de  Windsor,  l'un  des  meilleurs  ou- 
vrages (le  son  fds. 

*  iMCOLAÏ  (Othon).  —  C'est  le  9  juin  1810 
que  ce  compositeur  naquit  à  Kœnigsberg.  Iler- 
mann  Mendel  {Voy.  ce  nom)  a  publié  sur  lui 
une  notice  :  0(io  Mcolaî  (Berlin,  Heimann),  dont 
une  traduction  anglaise  a  été  faite  dans  le  3Iu- 
sical  World,  de  Londres. 

\ICOLAI  (Willem- Frédérik-Gérard),  or- 
ganiste, pianiste  et  compositeur  de  beaucoup  de 
talent,  naquit  à  Leyde  (Pays-Bas),  le  20  novem- 
bre 1829.  Dès  sa  plus  tendre  enfance  il  devint 
orphelin,  et  reçut  son  éducation  à  l'hospice  des 
Oi|ihelins.  Là,  on  remarqua  chez  lui  de  si 
grandes  dispositions  pour  la  musique,  qu'on  lui 
|)ermit  de  suivre  les  cours  de  l'École  de  musique 
de  Leyde,  où  il  remporta  plusieurs  prix;  ses 
progrès  furent  même  si  rapides  et  si  considéra- 
bles, que  ses  protecteurs  s'occupèrent  bientôt 
de  trouver  les  moyens  pécuniaires  nécessaires 
pour  l'envoyer  à  Leipzig,  et  le  mettre  à  même 
de  terminer  son  éducation  musicale  au  Conser- 
vatoire de  celte  ville.  On  organisa  plusieurs 
concerts  à  cet  effet,  et  en  1849  M.  Nicolaï  partit 
pour  Leipzig,  où  il  passa  trois  années ,  suivant 
les  cours  d'orgue,  d'harmonie  et  de  contre-point 
au  Conservatoire.  Il  se  rendit  ensuite  à  Dresde, 
y  reçut  quelques  conseils  de  Johann  Schneider, 
et  en  1852  quittait  l'Allemagne  pour  revenir  dans 
sa  patrie. 

En  1853,  M.  Nicolaï  était  nommé  professeur 
d'orgue  et  de  piano  à  l'École  royale  de  musique 
de  la  Haye,  en  môme  temps  qu'organiste  de 
l'église  française  de  cette  ville,  et  en  1805,  à  la 
mort  de  J.  H.  Lubeck,  il  était  appelé  à  lui  suc- 
céder dans  les  fonctions  de  directeur  de  cet 
établissement,  fonctions  qu'il  occupe  encore 
aujourd'hui.  A  la  même  époque,  il  devenait 
chef  d'orchestre  de  la  Société  philharmonique 
de    Toekomst  (Association   des  artistes    musi- 


272 


NICOLAI  —  NICOU-CHORON 


ciens),  de  la  ITaye,  et  c'est  aussi  lui  qui  dirigea 
pendant  quelque  temps  les  concerts  de  la  Société 
pour  l'encourageinent  de  l'art  musical. 

M.  ÎNicolaï  est  un  compositeur  de  talent,  et 
ses  lieder  surtout  jouissent,  aussi  bien  en  Alle- 
magne que  dans  les  Pays-Bas,  d'une  grande  et 
légitime  popularité;  il  en  a  publié  plusieurs  re- 
cueils, ainsi  que  des  duos  pour  soprano  et  con- 
tralto. On  lui  doit  aussi  plusieurs  grands  ou- 
vrages: Boniface,  oratorio  pour  soli,  cliœurs 
et  orchestre  ;  plusieurs  cantates,  parmi  lesquelles 
Lied  von  der  G  loche  pour  soli,  chœurs  et 
orchestre,  et  Hanshe  van  Gelder  (id.),  écrite 
sur  un  poërae  hollandais  et  l'une  de  ses  meil- 
leures productions;  une  symphonie,  plusieurs 
ouvertures  (inédites),  sans  oublier  une  grande 
sonate  pour  piano  et  violoncelle. 

M.  Nicoiaï  est  un  travailleur  sérieux,  fort  aimé 
et  fort  estimé  de  ses  confrères,  et  en  même 
temps  un  excellent  professeur  de  piano  et  d'har- 
monie, à  qui  l'on  doit  de  nombreux  élèves. 
Depuis  quelques  années  il  est  devenu  le  rédac- 
teur en  chef  île  la  revue  musicale  néerlandaise 
Cxcilia.  Il  termine  en  ce  moment  la  composi- 
tion d'une  cantate  de  circonstance  pour  chœurs 
et  orchestre,  qui  sera  exécutée  à  Amsterdam 
pour  l'inauguration  de  la  statue  de  Thorbecke, 
le  grand  homme  d'Etal.  M.  Nicolaï  est  cheva- 
lier de  l'ordre  de  la  Couronne  de  chêne. 

Éd.  de  h. 

IXICOLAO   ( ),    compositeur  français, 

<jui  a  fait  son  éducation  musicale  en  Italie,  a 
écrit  la  musique  de  MargelUna  ou  l'Orgueil- 
leuse punie,  ballet  qui  a  été  représenté  en  1860 
sur  le  Grand-Théâtre  de  Marseille. 

NICOLAS  (Didier),  dit  le  Sourd,  très- 
hâbile  luthier  français,  naquit  à  Mirecourt  en 
1757.  Il  lit  évidemment  son  apprentissage  en 
cette  ville,  où  il  s'établit  avec  cette  enseigne  : 
A  la  Tille  de  Crémone,  et  où  il  mourut  très- 
âgé,  en  1833.  «  Les  instruments  de  Nicolas  aîné 
(dit  M.  Vidal  dans  son  livre  :  les  Instruments 
à  archet),  quoifpie  d'une  facture  qui  laisse  à 
désirer  sous  certains  rapports,  sont  cependant 
loin  d'être  sans  mérite.  Le  vernis  est,  en  géné- 
ral, rouge-brun,  tirant  sur  le  jaune.  La  coupe 
des  /"/',  très-ouvertes  dans  le  milieu,  est  particu- 
lière. »  Nicolas  l'ainé  obtint  à  l'Exposition  des 
produits  de  l'industrie,  à  Paris,  en  1806,  une 
médaille  d'argent;  le  violon  qui  lui  valut  cette 
récompense  est  aujourd'luii  la  propriété  de  son 
petit-fils.  A  la  place  où  les  luthiers  fixent  d'or- 
dinaire leur  étiquette,  il  marquait  ses  instru- 
ments avec  un  fer  rouge  :  A  la  ville  de  Cré- 
mone, D.  IS'icolos  aîné. 
NICOLAS  (Joseph),  fils;  et  successeur   du 


précédent,  naquit  à  Mirecourt  en  1796,  et  mou- 
rut en  180i.  Il  fut  élève  de  son  père,  et,  à  la 
mort  de  celui-ci,  prit  la  suite  de  ses  affaires. 
Comme  lui,  il  marquait  tous  ses  instruments  à 
l'aille  d'un  poinçon  :  /.  Nicolas  fils,  après  les 
avoir  préalablement  signés  à  la  plume.  A  l'épo- 
(lue  de  sa  mort,  sa  veuve  vendit  son  fonds  de 
lutherie  à  un  confrère,  M.  Derazey,  et  dans  la 
vente  fut  comprise  la  propriété  des  deux  marques 
du  père  et  du  (ils  Nicolas;  de  telle  sorte  qu'au- 
jourd'hui on  pourrait  rencontrer  des  instruments 
de  facture  moderne  portant  le  poinçon  de  l'un 
ou  de  l'autre,  et  auxquels  pourtant  tous  deux 
seraient  étrangers. 

NICOLAS  (Michel),  théologien  protestant 
et  écrivain  fécond,  professeur  de  pliilosopbie  à  la 
Faculté  de  théologie  protestante  de  Montauban, 
est  né  à  Nîmes  le  22  mai  1810.  Parmi  ses  nom- 
breux et  remarquables  écrits,  presque  tous  rela- 
tifs à  des  questions  historiques  ou  religieuses, 
nous  ne  citerons  que  le  suivant,  le  seul  dans 
lequel  il  soit  question  de  musique  :  Histoire  des 
artistes  peintres,  sculpteurs,  architectes  ci 
musiciens-compositeurs  nés  dans  le  départe- 
ment dic  Gard  (Nîmes,  impr.  Ballivet,  18ô9, 
in-12). 

NICOLE  (Miguel),  compositeur,  habitait 
Paris  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle. 
Il  remporta  en  1581,  au  concours  du  puy  de 
musique  d'Évreux,  le  prix  de  la  harpe  d'argent 
pour  le  motet  :  In  voluntate    tua. 

*  NICOLO.  —  Voyez  ISOUARD  (Xicolo). 

NICOL' -CHORON  (Stéphane-Louis), com- 
positeur et  professeur  français,  né  à  Paris  le  20 
avril  1809,  fut  admis  dès  l'âge  de  dix  ans  à 
l'école  de  Choron,  qui  le  prit  en  affection  à  cause 
de  son  intelligence  et  de  ses  dispositions  artisti- 
ques, devint  plus  tard  professeur  dans  cette 
école,  et  en  1832  y  fut  nommé  inspecteur  des 
études.  A  la  mort  de  son  maître,  dont  il  était 
devenu  le  gendre,  M.  Nicou  prit  la  direction 
effective  de  l'école,  mais  on  sait  que  celle-ci, 
abandonnée  par  le  gouvernement  et  laissée  à  ses 
seules  forces,  ne  tarda  pas  à  disparaître. 

Tout  en  se  livrant  à  l'enseignement  particu- 
lier, M.  Nicou  s'adonna  avec  ardeur  à  la  com- 
position, et  publia  ou  fit  exécuter  un  grand 
nombre  d'œuvres  de  musique  religieuse.  On  lui 
doit,  entre  autres,  plusieurs  messes  solennelles, 
avec  orchestre;  des  messes  brèves,  à  une  ou 
plusieurs  voix  ,  avec  accompagnement  ilorgue; 
de  nombreux  motets,  et  des  cantiques  plus  nom- 
breux encore;  des  oratorios  pour  Noël,  Pâques 
et  la  Pentecôte;  plusieurs  cantates;  une  marche 
religieuse  à  grand  orchestre  ;  les  Prestiges  de 
r Harmonie,    cantate    sacrée  à  6  voix;    etc. 


NICOU-CHORON  —  NIEMANN 


2"  3 


M.  Nicou  a  donné  aussi  une  niétliode  de  solfège 
et  de  chant,  un  recueil  de  12  vocalises  pour 
soprano  et  ténor,  et  quelques  chœurs.  En  18i7, 
au  grand  concours  ouvert  par  M.  de  Salvandy 
pour  la  composition  de  chants  religieux  et  Iiis- 
toriques,  M.  Nicou  obtint  trois  médailles  d'or  et 
deux  de  bronze.  Dans  un  concours  international 
ouvert  en  Belgique,  en  1808,  par  l'éditeur  Schott, 
de  Bruxelles,  pour  la  composition  d'une  messe 
avec  orchestre,  cet  artiste  se  vit  décerner  le 
troisième  prix,  et  son  ouvre  fut  publiée  avec 
celles  des  deux  compositeurs  qui  avaient  rem- 
porté le  premier  et  le  second  prix. 

IVIEDERHEIÏMANN  (Frédéric),  ama- 
teur de  musique  et  collectionneur  de  violons 
italiens,  a  publié  en  1877  à  Aix-la-Chapelle,  où 
il  était  fixé,  un  écrit  que  l'on  dit  très-curieux, 
intitulé  Cremona,  dans  lequel  il  étudiait  les 
anciens  luthiers  italiens  et  leurs  Instruments. 
Niederheilmann  est  mort  à  Aix-la-Chapelle  au 
mois  de  septembre  ou  d'octobre  1878. 

*  NIEDERMEYER  (Louis).  —  Des  deux 
filles  de  cet  artiste  remarquable,  l'une  a  épousé 
M.  Gustave  Lefèvre,  qui    lui  a  succédé  dans  la 
direction  de  l'École  de  musique  religieuse  fondée 
par  lui  ;  l'autre,  M.  Eugène  Gigout,  organiste  de 
l'église   Saint- Augustin   (T'oy.    ces  noms).   Les 
éditeurs   MM.   Heugel   ont  publié  en   1876  une 
seconde  édition  du  Traité  théorique  et  prati- 
que de  f  accompagnement  du  plain-chant  de 
Kiedermeyeretd'Ortigiie,  pour  lequel  Félis  sem- 
ble s'être  montré  sévère;  ce  qui  paraît  certain, 
c'est   que  le  principe  fondamental  de   cet  ou- 
vrage :  «Nécessité,  dans  l'accompagnement  du 
plain-chant ,  de  l'emploi  exclusif  des  notes  de 
l'échelle,  »  est  généralement  adopté  aujourd'hui. 
Peu  de  temps  avant  sa  mort,  Niedermeyer  avait 
livré  au   public  un  manuel  intitulé  :  Accompa- 
gnement pour  orgue  des   offices  de  l'Église 
(Paris,  Gaume,  1861),  qui  a  puissamment  con- 
tribué à  la  propagation  de  ses  idées.  La  maison 
Richault,    qui  avait   publié   une    symphonie  à 
grand  orchestre  de  cet  artiste,   a  fait  paraître 
en  1877  la  partition  de  la  Fronde,  son  dernier 
ouvrage  dramatique,  resté  inédit  jusqu'alors,  et 
de  nouvelles  éditions  de    deux    autres  de  ses 
opéras,  Slradella  et  la  Casa  nel  Bosco.  Enfin, 
M.  Alfred  Niedermeyer  a   publié  sur  son  père 
une  notice  intitulée  :  Louis   Niedermeyer,  son 
œuvre  et  s-ju  école  (Paris,  Repos,  s.  d.,  in-8° 
avec  portrait). 

NIEDZIELSKI  (Joseph),  musicien  polo- 
nais, attaché  pendant  longues  années  comme 
premier  violon  à  l'orchestre  du  Grand-Théâtre 
de  Varsovie,  est  mort  en  cette  ville  en  18.'j2.  On 
lui  doit  une  École  de  i;io/on,' publiée  à  "Varsovie 

BlOGR.    UNIV.    DES  MUSICIENS.    —    SUPPL.    T. 


et  h  Saint-Pétersbourg,  ainsi  qu'une    Méthode 
de  Uûte  et  une  Méthode  de  guitare. 

*  IVIEAIAMV  (Ai.bekt),  chanteur  fameux 
en  Allemagne  depuis  plus  de  vingt  ans,  est  né 
à  Eixleben,  dans  le  cercle  de  Magdebourg, 
en  1831.  Après  avoir  fait  d'assez  bonnes  études 
musicales,  il  commença  par  accepter  un  modeste 
emploi  de  choriste  dans  une  troupe  ambulante 
1851),  puis  fut  engagé  à  Darmstadt  pour  y 
chanter,  outre  les  chœurs,  quelques  rôles  secon- 
daires, ce  qui  lui  donna  l'occasion  de  faire  re- 
marquer les  belles  qualités  de  sa  voix.  En  1855!, 
on  le  trouve  à  Halle,  où  il  chante  l'emploi  des 
ténors  et  commence  à  faire  apprécier  son  intel- 
ligence scénique,  ce  qui  le  fait  appeler  à  Berlin 
l'année  suivante.  Mais  ce  n'est  qu'à  partir  de  1855 
et  de  ses  débuts  à  Hanovre,  que  son  talent  est 
complètement  mis  en  relief  et  que  sa  renommée 
commence;  le  roi  de  Hanovre  le  prend  en  af- 
fection et  le  protège  d'une  façon  toute  particu- 
lière, et  le  public,  séduit  par  la  puissance  vocale 
du  chanteur,  par  son  jeu  chaleureux  et  pas- 
sionné, en  fait  bientôt  son  favori  et  le  comble 
des  marques  de  la  bienveillance  la  plus  cons- 
tante. M.  Niemann  chante  successivement  sur 
le  théâtre  de  Hanovre,  avec  le  plus  grand  succès, 
les  grands  rôles  du  Prophète,  de  la  Muette,  de 
Joseph,  de  Fernand  Cortez,  de  Faust,  du 
Freischiitz,  de  la  Juive,  de  Fra  Diavolo,  de 
Robert  le  Diable  et  A'iphigénie  en  Aulide. 
Il  brille  surtout  dans  les  ouvrages  de  M.  Richard 
Wagner,  Lohengrin,  Rienzi,  Tannhûuser,  si 
bien  que  lorsqu'il  est  question  de  donner  ce 
dernier  à  Paris,  le  compositeur  met  pour  condi- 
tion l'engagement  de  M.  Niemann  pour  en  chan- 
ter le  principal  rôle. 

On  sait  comment  fut  accueilli  Tannhûuser  à 
l'Opéra,  en  1861,  et  que  l'ouvrage  ne  put  être 
joué  que  trois  fois.  M.  Niemann  retourna  aussi- 
tôt à  Hanovre.  Tout  en  continuant  de  faire  par- 
tie du  personnel  du  théâtre  de  cette  ville,  il  s'é- 
tait fait  entendre  en  1859  à  Cologne,  en  1860  à 
Francfort  et  à  Leipzig;  en  1861  il  se  produisit  de 
nouveau  à  Cologne,  deux  ans  après  à  Darmstadt, 
et  en  1864  obtint  d'énormes  succès  à  Berlin  et  à 
Breslau.  Engagé  d'une  façon  définitive  au  Théâ- 
tre royal  de  Berlin,  il  se  fait  connaître  néanmoins 
à  Dresde  en  1867,  à  Vienne  en  1869,  à  Hambourg 
en  1872,  et  partout  obtient  des  succès  éclatants. 
Enfin,  en  1876,  il  prête  l'appui  de  son  talent  à 
M.  Richard  Wagner  pour  les  «  représentations 
modèles  »  du  théâtre  de  Baireulh,  et  prend  lapart 
la  plus  importante  à  l'exécution  de  la  tétralogie 
de  ce  compositeur. 

M.  Niemann  a  en  partage  la  force,  la  puis- 
sance et  la  grandeur,  mais  il  s'en  faut  de  beau- 
II.  18 


274 


NIEiMANN  —  NIEUWENIIUIJSEN 


coup  qu'il  sache  se  garder  de  l'exagération,  et 
l'on  assure  même  que  sou  chant  et  sou  jeu  scé- 
nique  sont  empreints  d'une  emphase  qui  n'est 
pas  toujours  du  meilleur  goût.  Aussi  le  genre 
tempéré  lui  est-il  beaucoup  moins  favorable  que 
le  genre  vraiment  dramatique,  et  selrouve-t-il 
assez  mal  ù  son  aise  dans  ks  ouvrages  du  réper- 
toire français,  tels  que  Fuust  et  Fra  Biavoloj 
quant  au  répertoire  italien,  celui-ci  lui  est  abso- 
lument hostile,  et  M.  Niemann  a  pu  s'en  aper- 
cevoir en  s'y  essayant  par  deux,  fois,  et  de  la 
façon  la  plus  fâcheuse,  dans  le  Trouvère  et  le 
Bal  masqué  de  M.  Verdi.  Il  est  juste  d'ajouter 
que  l'artiste  n'en  est  pas  moins  doué  d'un  incon- 
testable talent,  à  la  condition  que  ce  talent 
s'exerce  dans  des  conditions  propices,  et  que  sa 
renommée  est  tout  à  fait  légitime. 

Au  mois  de  février  1877,  M,  Niemann  a  pris 
congé  du  public  de  l'Opéra  de  Berlin,  dans  une 
représentation  extraordinaire  du  Fernand  Car- 
iez de  Spontini,  qui  lui  a  valu  de  chaleureuses 
ovations.  11  ne  s'est  cependant  pas  éloigné  de  la 
scène  pour  toujours,  mais  compte  ne  s'y  plus  re- 
produire que  de  loin  en  loin,  et  seulement  à  ti- 
tre d'artiste  en  représentations. 

La  première  femme  de  cet  artiste,  M™'^  Nie- 
mann-Seebach,  à  été  considéréeîcornme  l'une  des 
meilleures  cantatrices  dramatiques  de  ce  temps, 
et  a  chanté  avec  lui  pendant  de  longues  années. 
C'est,  je  crois,  après  avoir  divorcé  avec  elle  que 
M.  Niemann  a  épousé,  en  1871,  une  comédienne 
que  l'on  dit  fort  distinguée,  W^^ Hedwige  Raahe. 

KIEMANN  (Ridoli'Ue),  jeune  compositeur 
allemand,  né  à  Wesselburen  (Ilolstcin)  le  4  dé- 
cembre 1838,  a  été,  de  1853  à  185C,  élève  du 
Conservatoire  de  Leipzig.  11  vint  ensuite  visiter 
Paris,  puis  alla  comiiléter  sou  éducation  musi- 
cale à  Berlin,  sous  la  direction  de  M.  Hans  de 
Bùlow.  Depuis  lors  il  s'est  fixé  à  Hambourg. 
M.  Niemann  a  publié  dans  ces  dernières  années 
diverses  compositions  parmi  lesquelles  je  citerai  : 
Humoresqxics  \)o\xv  piano,  op.  15;  sonate  pour 
piano  et  violon,  op.  18  ;  gavotte  pour  piano;  valse 
de  concert,  id.;  etc. 

NIESSEL  ( ),  corniste  et  compositeur 

français,  vivait  dans  la  première  moitié  de  ce 
siècle,  et  se  fit  une  soi  te  de  s[iécialilé  de  la  pu- 
blication d'ouvrages  didactiques  et  de  composi- 
tions pour  les  instruments  de  la  famille  du  cor 
et  de  la  trompette.  Voici  ceux  dont  j'ai  eu  con- 
naissance :  1"  Mélhode  de  cor  ù  [Hslons;  1"  Mé- 
thode de  néo-cor;  3"  Mclhode  de  clavi-cor ; 
4°  Méthode  de  Irompelle  ù  cylindres;  5"*  Mé- 
tJiode  de  cornet  à  pistons;  r."  Airs  favoris  des 
plus  célèl)res  opéras,  transcrits  pour  cor  à  pis- 
tons; 7"  Ouvertures  d'opéras,  pour  deux  cors  à 


pistons  ;  8°  Airs  favoris  du  Chalet,  de  ISorma 
et  d'i  Puritani,  pour  deux  cors  à  pistons-,  9" 
3  Trios  sur  le  Chalet,  le  Maçon  et  Nabuchodo- 
nosor,  pour  deux  cornets  à  pistons  et  piano  (en 
société  avec  Miné);  10"  12  Valses  pour  deux  cor- 
nets à  pistons;  11°  G  Mélodies  de  Bellini,  pour 
deux  cornets  à  pistons;  12'^  25  Morceaux  favo- 
ris, pour  cornet  à  pistons. 

AIETO  (Manuel),  compositeur  espagnol 
contemporain,  a  fait  représenter  sur  le  théâtre 
Apolo,  de  Madrid ,  au  mois  de  mars  1879,  une 
zaruela,  en  un  acte,  intitulée  Entre  dos  tios. 

jVIETZSCIIE  (FRÉnÉHic),  professeur  de 
philologie  classique  à  l'université  de  Bàle,  est 
l'auteur  d'un  écrit  ainsi  intitulé  :  Die  Geburt  der 
tragœdie  ans  dem  geisle  der  musik  (la  Nais- 
sance de  la  tragédie  développée  par  la  musi- 
que), Leipzig,  1872.  Le  même  auteur  a  publié 
sur  M.  Richard  Wagner  un  livre  dont  il  a  été 
fait  une  traduction  française  sous  ce  titre  :  Ri- 
chard Wagner  ù  Bayreulh  (Scbloss-Chemnitz, 
Schmeitzner,  1877,  in- 12);  je  ne  parlerai  pas  du 
style  de  cette  traduction,  qui  fourmille  d'incor- 
rections et  de  barbarismes  prouvant  suffisam- 
ment que  le  traducteur  était  peu  familiarisé  avec 
la  langue  dont  il  prétendait  se  servir;  mais  quant 
aux  idées  exprimées  par  l'auteur,  elles  sont  telle- 
ment nébuleuses,  telleuient  vagues,  tellement 
enveloppées  de  brouillards  impénétrables,  que 
malgré  toute  mon  attention,  j'avoue  qu'il  m'a  été 
de  toute  impossibilité  d'en  saisir  une  seule  et  de 
la  fixer  au  passage.  Je  ne  sais  ce  que  vaut,  dans 
l'original,  le  livre  intitulé  Richard  Wagner  à 
Bayreulh,  mais  je  déclare  que  dans  le  prétendu 
français  où  l'on  a  essayé  de  le  traduire,  il  est  ou- 
trageusement illisible. 

NIEUWEi\IIUIJSE.\  (F ),  organiste 

néerlandais,  naquit  à  Zutphen  en  1758,  et  reçut 
ses  premières  leçons  d'un  organiste  nommé 
Bleumer.  Après  avoir  perfectionné  son  talent 
avec  un  autre  organiste,  Grocneman,  qui  était 
aussi  un  bon  carillonneur,  il  obtint,  à  la  suite 
d'un  concours,  la  place  d'organiste  du  Dom  à 
Utrecht.  Il  était  alors  âgé  de  vingt  ans  seule- 
ment, et  se  livra  bientôt  sérieusement  à  la  com- 
position, mettant  en  musique  des  poésies  de  Van 
Alplien,  Bellamy  et  Klein,  poètes  avec  lesquels 
il  s'était  lié  d'amitié.  Organiste  fort  distingué, 
Nieuwenhuijsen  se  fil  aussi  une  grande  réputa- 
tion conmie  carillonneur.  Maître  de  chapelle  de 
l'Académie,  fondateur  de  la  société  Naar  hooger 
doel,  directeur  de  concerts  publics  et  de  plu- 
sieurs associations  d'amateurs,  cet  artiste,  qui 
est  mort  à  Utrecht  le  29  janvier  lS'j(,a  laissé  un 
grand  nombre  de  compositions,  parmi  lesquelles 
on  remarque  ;  1"  ia  Bataille  de  Doggersbanh, 


NIEUWENHUIJSEN   —  NILSSON 


275 


pièce  symphonique  pourdeux  orclicstres  (1781); 
2°  Cantate  en  l'honneur  du  baron  Vander  Ca- 
pellen  (178i);  3°  Cantate  du  150'=  anniversaire 
de  l'Académie  dUtrcclit  (1789);  4°  Chant  dra- 
matique pour  l'inauguration  du  théâlre  de  cette 
ville  (1796);  5"  la  Paix  cPAl/itnaar,  cantate 
(1802);  de  Toonkunst,  cantate  (1818);  etc.,  etc. 

NIEUVVENHUIJSEiX  (Jean-Frédéric), 
premier  fils  du  précédent,  né  à  Utrecht  le  27  fé- 
vrier 1784,  a  été  organiste  en  cette  ville  pen- 
dant quarante  ans.  Directeur  des  concerts,  fon- 
dateur d'une  société  d'harmonie,  il  n'a  pas  été 
sans  inlluence  sur  le  développement  de  l'art  mu- 
sical à  Utrecht,  où  il  est  mort  en  1851. 

NIEUVVEXHUIJSEiV  (  Guillaume-Jean- 
Frédéric),  frère  cadet  du  précédent,  naquit  à 
Utrecht  le  4  janvier  1 8 1 8,  et  dès  l'âge  de  quatorze 
ans  touchait  l'orgue  à  l'église  des  Mennonites. 
En  1840,  à  la  suite  d'un  concours,  il  fut  nommé 
organiste  de  la  cathédrale  et  carillonneur.  Non 
content  des  succès  qu'il  obtenait  comme  exécu- 
tant, cet  artiste  se  livra  avec  ardeur  à  la  compo- 
sition, ainsi  qu'à  la  littérature  musicale.  De 
184G  à  1848,  il  rédigea  presque  seul  une  feuille 
spéciale  intitulée  i\'erferZaïi5c^  muzijkaal  Tijd- 
schrifl;  quanta  ses  compositions,  on  cite  parti- 
culièrement :  Zîenia?u,  ouverture  pour  le  drame 
de  Victor  Hugo  ;  Leicester,  cantate,  dont  il  écri- 
vit les  paroles  et  la  musique  ;  des  chœurs  à  quatre 
voix  d'hommes,  et  diverses  pièces  instrumenta- 
les. Nieuwenliuijsen,  qui  a  formé  un  assez  grand 
nombre  de  bons  élèves,  qui  a  , beaucoup  contri- 
bué à  la  réforme  du  chant  protestant  en  Hollande 
et  à  l'expansion  de  la  littérature  musicale  en  ce 
pays,  est  mort  dans  sa  ville  natale  le  19  mai 
1869. 

NIGITTl  (Francesco),  célèbre  musicien  tos- 
can, était  organiste  du  dôme  de  Florence  dans 
les  premières  années  du  dix-huitième  siècle.  An- 
tonio Maria  Salvini  le  cite  dans  son  écrit  :  Délia 
perfella  Poesia  italtana,  comme  ayant  inventé 
et  construit  un  clavecin  ou  instrument  à  touches 
et  à  quatre  claviers,  auquel  il  donnait  le  nom  de 
Strumento  omnisotio,  parce  que  l'échelle  de 
cet  instrument  était  divisée  en  tons,  demi-tons 
et  quarts  de  ton.  «  Cet  instrument,  dit  Salvini, 
est  conservé  et  joué  par  l'élève  de  Nigitti  et  son 
digne  successeur,  le  prêtre  Jean-Marie  Casini, 
aumônier  de  la  princesse  de  Toscane  Violante  de 
Bavière.  « 

NIHOUL  (Michel),  compositeur  et  profes- 
seur belge,  né  à  Tongres  en  1790,  fit  de  bonnes 
études  musicales  sous  la  direction  de  Daussoi- 
gne-Méhul,  et  se  livra  ensuite  à  l'enseignement 
et  à  la  composition.  Il  fit  représenter  à  Liège,  le 
22  février  1836,  un  opéra-comique  en  un  acte 


intitulé  îine  Soirée  à  la  mode,  et  écrivit  en 
suite  un  grand  opéra  en  cinq  actes,  le  Compro- 
7nis  des  Nobles,  dont  quelques  fragments  seule- 
ment ont  été  exécutés  en  public,  à  Tongres,  sa 
ville  natale.  On  lui  doit  aussi  quelques  morceaux 
de  musique  d'église  et  de  musique  symphoni- 
que. En  1834,  cet  artiste  avait  accepté  un  emploi 
dans  une  administration  de  l'État,  et  en  1860  il 
était  directeur  de  la  poste  à  Tongre^.  Il  est  mort 
en  celte  ville  au  mois  de  novembre  186.5. 

NIHOUL  (Romain),  fils  du  précédent,  né  à 
Tongres  en  1821,  fit  son  éducation  musicale  au 
Conservatoire  de  Liège.  Il  retourna  ensuite  dans 
sa  ville  natale,  où  il  devint  successivement  di- 
recteur de  la  Société  d'harmonie,  déjà  Société 
de  choeurs  et  de  la  Société  philharmonique, 
maître  de  chapelle  à  la  cathédrale  et  professeur 
dans  diverses  écoles.  Plus  tard,  il  fut  placé  à  la 
tête  de  l'École  de  musique.  M.  Nihoul  a  fait  re- 
présenter à  Tongres,  en  1857,  un  opéra-comi- 
que en  2  actes  intitulé  le  Bandit.  H  a  écrit  aussi 
plusieurs  messes,  des  cantiques,  des  chœurs,  et 
quelques  morceaux  religieux. 

NILSSON  (Christine), cantatrice  dramatique 
distinguée,  naquit  en  Suède,  dans  le  village  de 
Hussaby,  le  3  aortt  1843,  d'une  famille  de  pau- 
vres laboureurs  dont  elle  était  le  huitième  enfant. 
Toute  jeune,  elle  s'en  allait  aux  jours  de  fête, 
avec  un  de  ses  frères,  chanter  et  jouer  du  violon 
aux  villages  voisins,  où  les  paysans  admiraient 
sa  grâce  naïve,  sa  gentillesse,  et  sa  voix  pure  et 
brillante  comme  le  cristal.  Un  jour,  un  grand 
seigneur  du  pays  l'entendit,  fut  frappé  de  son 
intelligence,  et  offrit  à  ses  parents  de  l'emmener 
avec  lui  et  de  se  charger  de  son  éducation  et  de 
son  avenir.  L'offre  fut  acceptée,  et  l'enfant  sui- 
vit son  bienfaiteur  dans  son  château  d'abord,  puis 
à  Stockholm,  où  elle  reçut  des  leçons  de  chant  et 
de  piano  d'un  professeur  distingué,  M.  Franz 
Berwald.  Plus  tard,  elle  fut  envoyée  à  Paris, 
confiée  aux  soins  d'une  famille  anglaise,  et  c'est 
dans  cette  ville  qu'elle  acheva  son  éducation  mu- 
sicale sous  la  direction  de  M.  Wartel. 

Après  trois  années  de  ces  études  complémen- 
taires, M'"  Niisson  fut  engagée  par  M.Carvalho, 
alors  directeur  du  Théâtre-Lyrique,  et  elle  dé- 
buta à  ce  théâtre  le  27  octobre  1864,  dans  la 
traduction  de  la  Traviata  de  M.  Verdi,  jouée 
sous  le  titre  de  Violetta.  Elle  obtint  un  succès 
éclatant,  dû  tout  à  la  fois  à  sa  beauté  étrange  et 
pleine  d'élégance,  à  sa  distinction  naturelle,  à  sa 
voix  de  soprano  sfogato  d'un  timbre  particu- 
lier et  pénétrant,  à  son  style  dune  saveur  tout 
originale,  enfin  à  la  facilité  d'une  vocalisation  à 
la  fois  très-hardie  et  très-correcte.  Les  qualités 
physiques  et  vocales  de  la  jeune  cantatrice,  qua- 


27C 


NILSSON  —  NOBLEÏ 


lités  toutes  personnelles  et  essentiellement  origi- 
nales, se  trouvèrent  encore ,  l'année  suivante, 
mises  on  un  relief  plus (oniplet  lors(iu'elle  se  mon- 
tra dans  le  rôle  de  la  Reine  de  la  Muit  de  la  Flûte 
enchantée,  de  Mozart,  où  elle  produisit  une  im- 
pression profonde  et  oii  tout  Paris  voulut  la  voir 
et  l'entendre. Dès cemoment,  l'avenir  de  M"'Nils- 
son  était  assuré,   et  sa  personnalité  s'imposait 
forcément  à  l'attention.  Elle  joua  ensuite  quel- 
ques antres  ouvrages,  Mar/fia,  Don  Juan  (El- 
Tire),  Sardanapale,  les  Bluets,  puis  fut  enga- 
gée à  l'Opéra  pour  y  créer  le  rôle  d'Opliélie  dans 
VHamlel  de  M.  Ambroise  Thomas. 

Ce  rôli\  qui  convenait  merveilleusement  à  ses 
facultés  mil  le  comble  à  la  renommée  de  l'artiste, 
q\ii  ne  cessait  de  travailler  d'ailleurs  et  de  s'ef- 
forcer   chaque  jour   à   mieux   faire.   Très-bien 
accueillie  dans  le  personnage  poétique  d'Ophélie 
par  le  public  de  notre  première  scène  lyrique, 
M'^'  Niisson  ne  réussit  pas  moins  dans  celui  de 
Marguerite,  du  Faust  de  M.  Gounod.  Pourtant, 
elle  ne  devait  pas  rester   longtemps  à  l'Opéra. 
Déjà  elle  s'était  produite  à  Londres,  au  théâtre  de 
la  Reine,  dans  le  ré|)ertoire  italien,  et  après  s'y 
être  montrée  dans  les  ouvrages  joués  par  elle  à 
Paris,  elle  avait  paru  dans   Lucia   di  Lamer- 
moor  et  dans  Chérubin  des  ISoces  de  Figaro. 
Les   Anglais  ne  lui  marchandèrent  pas  les  ap- 
plaudissements, et  la  fêlèrent  plus  encore  lors- 
qu'elle prit  part,  dans  des  concerts  el  festivals,  à 
l'exécution  de  divers  oratorios  de  Hiendel. 

Bientôt,  et  comme  tant  d'autres.  M"'  Niisson, 
abandonnant  l'art  pour  le  métier,  quitta  l'Opéra, 
et,  après  s'être  fait  entendre  à  Moscou  et  à 
Saint-Pétersbourg,  s'en  alla,  sous  la  direction 
d'un  entrepreneur  audacieux,  faire  une  immense 
tournée  en  Amérique.  Sa  fortune  fut  rapidement 
faite,  el  les  ovations  ne  lui  manquèrent  pas; 
mais  il  est  permis  de  regretter  qu'une  artiste 
aussi  bien  douée  sacrifie  ainsi,  au  désir  de  réa- 
liser promplement  des  sommes  immenses,  la 
suite  d'une  carrière  vraiment  honorable  et  com- 
mencée d'une  façon  si  brillante. 

Depuis  quelques  années,  M"'=  Niisson  a  épousé 
un  jeune  Français,  M.  Auguste  Rouzaud.  Elle  a 
fait  l'ohjel  d'une  notice  publiée  par  M.  Guy  de 
Charnacé  (Paris,  Pion,  18C9,  in-8°  avec  por- 
trait), laquelle  aurait  gagné  à  être  écrite  avec 
moins  de  prétention. 

*]\IIVI  (AI.ESSA^DKo),  compositeur  italien,  est 
né  à  Fano,  non  en  1811,  mais  le  1"  novembre 
1805.  Cet  artiste  occupe  une  place  secondaire, 
mais  très-honorable,  dans  l'histoire  de  la  musi- 
ique  dramatique  italienne  au  dix-neuvième  siè- 
cle. Parmi  ses  opéras,  qui  tous  ont  été  bien  ac- 
cueillis, il  faut  surtout  citer   la  Marescialla 


d'Ancre,  qui  a  obtenu  dans  son  temps  un  très- 
grand  succès  et  qui  lui  a  valu  une  véritable  re- 
uiimmée.  Comme  compositeur  de  musique  reli- 
gieuse, M.   Nini  n'esl   pas   moins  estimé;  ses 
(l'uvres  en  ce  genre  sont  considérées  comme  tout 
à  fait  hors  ligne,  aussi  bien  en  ce  qui  concerne 
le  style  et  le  savoir  que  l'accent  et  l'inspiration, 
et  ses  compatriotes  font  surtout  grand  cas  de  sa 
messe  de  Requiem  à  4  voix  el  orchestre.  M.  Nini, 
vieux  aujourd'hui,  mais  à  qui  sa  modestie  a  fait 
grand  tort  et  qui  mériterait  d'être  mieux  connu, 
est  depuis  longues  années  fixé  à  Bergaine,  où  il 
a  occupé  pendant  longtemps  les  doubles  fonctions 
de  directeur  de  la  célèbre  chapelle   de  Sainte- 
Marie-Majeure  et  de  directeur  de  l'Institut  mu- 
sical. La  fatigue  l'a  obligé  de  renoncer,  au  mois 
d'octobre  1876,  à  l'administration  de  ce  dernier 
établissement. 

''  NISARD  (Théodore).    —  Voyez  NOR- 
MAND (L'abbé). 

NIVERXOIS  (Loiis- Jules  BARDOIV- 
MANCliM  MAZARIM ,  duc  DE),  ministre 
et  diplomate  français,  né  à  Paris  en  1716,  mourut 
enl798,  après  avoir  été  ministre  d'État  et  ambas- 
sadeur à  Rome,  à  Berlin  el  à  Londres.  Ami  et 
protecteur  des  savants,  des  artistes  et  des  gens 
de  lettres,  il  se  fit  connaître  comme  écrivain  par 
quelques  imitations  d'Anacréon,  d'Horace,  de 
Catulle,  de  Tibulle  et  de  Properce,  par  des  fa- 
bles et  quelques  autres  ouvrages.  Il  cultivait 
aussi  la  musique,  et  écrivit  celle  d'un  divertis- 
sement en  un  acte  intitulé  le  Temple  des  chi- 
mères, dont  les  paroles  étaient  dues  au  prési- 
dent Hénault,  et  qui  fut  représenté  en  1758  sur 
un  théâtre  particulier. 

NOBEUASCO  (VmcENzo),  compositeur 
rtalien  contemporain,  est  l'auteur  d'un  opéra  en 
4  actes  intitulé  Ezzelino  da  Romano,  qui  a  été 
représenté  sans  succès  à  Gênes,  sur  le  théâtre 
Carlo-Felice,  en  1863.  Je  n'ai  pas  d'autres 
renseignements  sur  cet  artiste,  qui  a  pubhé  quel- 
ques romances  et  mélodies  vocales. 

*  NOBLET  (CuAULEs),  organi.ste  et  clave- 
ciniste, naquit  à  Abbeville  (et  non  à  Paris)  vers 
1715,  el  mourut  à  Paris  en  1769.  Je  tire  ces  da- 
tes d'un  écrit  anonyme  publié  sous  ce  titre  :  la 
Musique  à  Abbeville,  1785-1856  (Abbeville), 
1876,  in-8"),  et  dans  loqucl  l'auteur- ajoute,  en 
parlant  de  Noblel  :  —  «  Son  portrait  a  été  gravé 
par  Elisabeth  Pourvoyeur,  page  41  de  la  liste  des 
portraits  des  Français  illustres,  à  la  fin  du  tome  IV 
de  la  Bibliothèque  historique  de  la  France, 
du  père  Leiong,  in-4o,  Paris,  1775.  » 

Noblet  avait  été  organiste  de  l'église  des  Ma- 
thurins  et  du  collège  de  Navarre,  en  même  temps 
que  claveciniste  à  l'Opéra.  C'est  par  erreur  qu'il 


NOBLET  —  NOHL 


277 


a  été  dit  que  sa  retraite  de  ce  dernier  emploi  lui 
avait  été  accordée  en  1762.  Noblet  remplit  ses 
fonctions  à  l'Opéra  jusqu'en  1768,  et  ce  fut  en 
cette  année  seulement  qu'il  se  retira,  avec  une 
pension  de  350  livres.  On  peut  s'en  convaincre 
en  consultant  le  pelit  almanach  :  les  Spectacles 
de  Paris.  —  Une  demoiselle  Noblet,  sans  doute 
fille  de  cet  artiste,  était  en  1784  organiste  à  la 
Madeleine. 

]\OEL  (Léger),  écrivain  français,  est  l'au- 
teur d'un  livre  étrange  publié  sous  ce  titre  : 
le  Livre  de  l'époque,  ou  Histoire  populaire 
de  la  France,  anecdolique,  critique  et  philo- 
sophique, depuis  les  premiers  temps  de  la 
monarchie  jusqu'à  Louis-Napoléon  Bona- 
parte, renfermant  la  solution  claire  et  précise 
de  toutes  les  questions  politiques  et  sociales 
(finances,  organisation  du  travail,  etc.),  et 
formant,  à  vrai  dire,  l'indispensable  manuel 
du  bon  citoyen,  ouvrage  idile  à  tous  les  peu- 
ples qui  travaillent  à  leur  régénération  (Pa- 
ris, Dutertre,  1849,  in-8°).  On  ne  s'attendrait 
pas  sans  doute  à  voir  la  musique  figurer  au  nom- 
bre des  K  questions  politiques  et  sociales  »  trai- 
tées par  l'auteur  dans  cet  ouvrage.  Cependant, 
268  pages  du  volume  lui  sont  consacrées,  et  un 
Vocabulaire  musical  en  occupe  97.  Ce  voca- 
bulaire est  bien  l'œuvre  de  l'esprit  le  plus  déré- 
glé, le  plus  fantasque  et  le  plus  étonnamment 
ignorant  qui  se  puisse  rencontrer  ;  on  en  peut 
dire  autant  du  Panthéon  musical  ou  Liste  des 
musiciens  célèbres  qui  y  fait  suite,  et  qui  se 
termine  par  cette  phrase  merveilleuse,  dans  la- 
quelle l'auteur  donne  une  idée  de  son  goClt  pour 
le  sujet  traité  par  lui  :  «  Quand  je  vous  dis  que 
la  musique  est  faite  pour  stupéfier,  dans  la  pro- 
pre acception  de  ce  mot  (rendre  stupide)  1  » 

*  I\OHL  (Ludwig),  savant  musicographe 
allemand,  né  le  5  décembre  1831,  à  Iserlohn, 
en  Westphalie,  a  reçu  une  brillante  éducation 
littéraire  et  artistique.  Reçu  docteur  en  philoso- 
phie dans  le  cours  de  l'année  1860,  il  a  entre- 
pris un  grand  voyage  en  France,  en  Italie  et  en 
Allemagne,  a  visité  Paris,  Gênes,  Naples, 
Rome,  Munich,  etc.,  puis  a  commencé  la  pu- 
blication d'un  'grand  nombre  d'écrits  impor- 
tants relatifs  à  l'histoire,  à  la  vie  et  à  l'appré- 
ciation esthétique  et  critique  de  la  carrière  et 
des  œuvres  de  plusieurs  grands  musiciens  alle- 
mands, entre  autres  Gluck,  Haydn,  Mozart, 
Beethoven  et  Weber.  Fixé  à  Carisruhe  depuis 
1865,  M.  Nohl  n'a  cessé  de  s'occuper  de  ces 
questions  intéressantes,  et  si  les  ouvrages  pu- 
bliés par  lui  laissent  parfois  à  désirer  au  point 
de  vue  du  sens  critique  déployé  par  l'auteur  et 
des  éléments  par  lui  mis  en  œuvre,  ils  n'en  sont 


pas  moins  d'une  grande  utilité  pour  l'histoire  de 
certains  artistes  et  celle  de  la  marche  générale  de 
l'art.  En  1875,  cet  artiste  a  été  nommé  profes- 
seur d'esthétique  et  d'histoire  musicales  à  l'uni- 
versité d'Heidelberg. 

Voici  la  liste  des  ouvrages  de  M.  Nohl  qui 
n'ont  pu  être  signalés  dans  la  Biographie  uni- 
verselle des  Musiciens  :  1"  Die  Zauber/lœte 
(la  FhUe  enchantée),  Francfort-sur-le-Mein, 
Sauerliender,  1862;  2°  Mozart,  Stultgard, 
Bruckmann,  1863,  un  volume  de  592  pages  ;  cet 
ouvrage  a  été  traduit  en  anglais  sous  ce  titre  : 
the  Life  of  Mozart,  par  lady  Wallace,  veuve 
du  célèbre  compositeur  (Londres,  Longmaus, 
1877,  2  vol.,  avec  les  portraits  de  Mozart  et  de 
sa  sœur);  3°  Beethoven's  Briefe  (Lettres  de 
Beethoven),  Stutfgard,  1865  ;  4°  Musikalisches 
Skizzenbucfi  (Esquisses  musicales),  Munich, 
1866;  5»  Musiker-Briefe,  von  Gluck,  Bach, 
Haydn,  Veber  und  Mendehsohn,  nach  den 
originalen  verœffcntlicht  (Lettres  musicales 
de  Gluck,  Bach,  Haydn,  Weber  cl  Mendels- 
sohn,  publiées  d'après  les  originaux),  Leipzig, 
1867  (une  traduction  d'un  choix  de  ces  lettres  a 
été  publiée  en  français  sous  ce  titre  :  Lettres 
de  Gluck  et  de  Weber,  publiées  par  M.  L.  Nohl, 
traduites  par  Guy  de  Charnacé,  Paris,  Pion, 
I870,in-12);  6°  N'eues  Skizzenbuch  (Nouvelles 
Esquisses),  Munich,  1869  ;  T  Beethoven's  Bre- 
vier  ;  Sajnmlung  der  von  ihm  selbst  ausgezo- 
genen  oder  angemerkten  Stellen  aus  Dichtern 
und  Schriftstellern  aller  und  neur  Zeit,  nobst 
einer  Darstellung  von  Beethoven's  geistiger 
Entwicklung  (Bréviaire  de  Beethoven;  Col- 
lection de  passages  extraits  et  annotés  par  lui- 
même  des  écrivains  anciens  et  modernes,  avec 
l'exposé  du  développement  du  génie  de  Bee- 
thoven), Leipzig,  Gunther,  1870,  in-8"  avec  por- 
trait; 8°  Gluck  und  Wagner.  JSebor  die  entwic- 
klung dus  musikdramas  (Gluck^et  Wagner. 
Sur  le  développement  de  la  musique  dramati- 
que), Munich,  Finsterlin,  1870  ;  9"  Beethoven, 
Liszt,  Wagner,  ein  Bild  der  Kunstbeivung 
unseres  Jahrhundert  (BeeWiowen,  Liszt,  Wa- 
gner, tableau  du  mouvement  de  notre  siècle), 
Vienne,  Braunmuller,  1874;  10"  Beethoven, 
nach  den  Schilderungen  seiner  Zeitgenossen 
(Beethoven,  d'après  les  descriptions  de  ses 
contemporains),  Stuttgard,  Cotta,  1877;  cet 
ouvrage,  dont  Beethoven  est  l'objet,  a  été  dédié 
en  ces  termes,  par  M.  Nohl,  à  l'auteur  du  Ta7in- 
hauser:  A  Richard  Wagner,  le  maître  des 
maîtres  ;  d'où  il  semblerait  résulter  que  M.  Ri- 
chard Wagner  est  supérieur  à  Beethoven  ;  c'est 
là  une  de  ces  fautes  de  goût  qui  ne  sont  pas  rares 
en  Allemagne;  11"  Musik  und  Musikgeschichte 


278 


NOIIL  —  NORMAXN 


(Musique  et  Histoire  de  la  musique),  Carls- 
ruhe,  Mùller  ;  12°  J?/He5//7/e  liebe  zu  Beetho- 
ven, nach  dcm  tagebuche  einer  juiujen  Dame 
(Un  amour  silencieux  pour  Beethoven,  d'après 
l'album  d'une  jeune  dame),  Leipzig,  Gunther, 
1875. 

*  IVOHR  (CuRÉTiEN-FRÉDÉRie),  violoniste  et 
compositeur,  est  mort  à  Meiningen  le  6  octobre 
1875. 

NORBLIX  (Louis-Pierre-Martin),  violon- 
celliste d'un  très-grand  talent,  naquit  à  Varsovie 
le  2  décembre  1781.  Son  père,  Jean- Pierre 
Norblin  de  la  Gourdaine,  peintre  français  distin- 
gué, était  allé  s'établir  en  1772  dans  la  capitale 
de  la  Pologne,  où  il  était  premier  peintre  du  roi 
Stanislas-Auguste  et  où  il  avait  fondé  une  école 
dans  laquelle  il  forma  plusieurs  artistes  de  talent. 
Marié  à  une  Polonaise,  il  en  eut  plusieurs  en- 
fants, dont  l'aîné,  qui  fait  l'objet  de  cette  notice, 
vint  à  Paris  en  1798,  entra  au  Conservatoire,  y 
devint  l'élève  de  Baudiot  et  obtint  le  premier 
prix  de  violoncelle  au  concours  de  l'an  XI.  En 
1809  il  fut  attaché  à  l'orcliestre  du  Théâtre-Ita- 
lien, entra  en  1811  à  celui  de  l'Opéra,  où  il  con- 
serva jusqu'en  1841  la  place  de  violoncelle-solo, 
et  le  V  janvier  182fi  fut  nommé  professeur  au 
Conservatoire,  en  remplacement  de  Levasseur, 
qui  prenait  sa  retraite.  Lui-même  fut  retraité  le 
5  juin  1846,  et  mourut  au  château  de  Connan- 
tre  (Marne),  le  14  juillet  1854, 

Norblin  fut  un  virtuose  extrêmement  remar- 
quable, dont  on  louait  tout  à  la  fois  le  goût,  le 
style  et  la  belle  sonorité.  Ami  intime  de  Baiilot, 
qui  ne  désirait  jamais  d'autre  accompagnateur, 
il  lit  pendant  de  longuesannées  partie  du  quatuor 
de  cet  homme  célèbre,  dont  les  séances  étaient 
fameuses  par  toute  l'Europe.  Il  se  lit  entendre 
avec  grand  succès  aux  superbes  concerts  spiri- 
tuels que  ropéra  donnait  chaque  hiver,  à  l'épo- 
que de  la  Restauration,  pendant  la  semaine  sainte, 
et  il  fut  en  1828,  avec  Habeneck,  l'un  des  ar- 
tistes qui  concoururent  le  plus  efficacement  à  la 
création  de  la  Société  des  concerts  du  Conser- 
vatoire, dont  il  lit  partie  pendant  dix-neuf  ans  (1). 
—  L'un  lie  ses  (ils  et  de  ses  meilleurs  élèves, 
M.  Emile  JS'orblin,  né  à  Paris  le  2  avril  1821 , 
obtint  un  premier  prix  de  violoncelle  au  Conser- 
vatoire, en  1841,  et  s'est  consacré  depuis  lors  à 


(I)  Norblin  était  un  numismate  fort  dlstlnsur,  et  possi^- 
(lait  sous  ce  r.ipport  une  des  collections  Icsphis  inlércs- 
s:,ntes  que  l'on  connût  en  France  à  cette  époque.  Cette 
colicction  fut  vendue  après  sa  mort,  et  l'on  en  pubifa  le 
catalogue  sous  ce  tllrc  :  Catalogue  des  monnair.t  françai- 
ses et  étruiniùres  composant  la  collection  de/eu  M.  Nor- 
blin, TtiWfè  par  M.  K.  Poey-d'Av.ml,  Fontenay-le-Coiule 
(Vcudee),  impr.  r.ubuclion,  i83o,  iii-8°. 


l'enseignement.  M.  Emile  Norblin  a  été  l'élève 
d'Halévy  pour  la  composition. 

XORDAL  (Eugène),  compositeur  dramati- 
que allemand,  a  fait  représenter  à  Lintz  deux 
ouvrages  importants,  dont  l'un,  Francesca  de 
Jiimini,  fut  donné  le  17  février  1840,  et  l'autre, 
Don  Carlos,  en  1843.  Je  ne  possède  aucun  autre 
renseignement  sur  cet  artiste. 

IXORMAIV  (Barak),  l'un  des  meilleurs  lu- 
thiers anglais  du  dix-huitième  siècle,  naquit  en 
1688  et  mourut  en  1740.  On  ignore  le  nom  de 
son  maître,  mais  on  suppose  qu'il  fiit  élève  de 
Thomas  Urquhart.  Établi  à  Londres  dès  sa  jeu- 
nesse, il  était  très-renommé  pour  ses  violes.  Ha- 
bile et  intelligent,  il  copiait  les  patrons  des  deux 
Magini,  et  obtenait  d'excellents  résultats.  Les 
instruments  de  Norman  font  honneur  à  la  vieille 
école  de  lutherie  anglaise,  et  cet  artiste  est  con- 
sidéré comme  le  premier,  pai-mi  ses  compatriotes, 
qui  ait  construit  des  violoncelles.  Vers  1715, 
Norman  s'associa  avec  son  confrère  Nathaniel 
Cross,  et  tous  deux  prirent  pour  enseigne  : 
A  la  Basse  de  viole. 

*  NORMAND  (L'abbé  TnÉonuLE-ELzÉAR- 
Xavier),  connu  sous  le  pseudonyme  de  Théo- 
dore ISisard.  —  Voici  une  liste  complémentaire 
des  écrits  de  cet  artiste  laborieux  :  1°  Lettre  à 
M.   Charles  Lenormant  au  sujet  des  chants 
de  la  Sainte-Chapelle,Paris,  1 850,in-8°  ;  2°  Étu- 
des sur  la  restauration  du  chant  grégorien 
au  XIX^  siècle,  Paris,  185G,  in-8";  3"  Question 
liturgique.  Lettres  sur  la  commission  pari- 
sienne, l'esthétique  du  plain-chant  et  la  con- 
damnation de  la  brochure  de  M.  S.  Rodière 
dans  le  diocèse  d'Albi,  Rennes,  1856,  in-8°; 
4°  Du  rhythme  dans  le  plain-chant.  Rennes, 
1856,  in  S"  ;  5"  Réponse  de  dom  Anselme  Schu- 
biger  au  P.  Dufour,  précédée  de  quelques  ré- 
flexions faisant  suite  aux  «  Notes  pour  servir 
à  Vhisloire  de  la  question  duchant  liturgique 
en  185",  »  Paris,  juin  1857,  ia-8"  ;  C"  Giovanni 
Pierluigi  da  Palestrina,  Jean  Romain,  Gros- 
Jean,  Cherubini,  etc.,  Paris,  Repos,  1866,  in- 
8"  avec  portraits  et  musique;  7"  V Abbé  Vogler, 
Paris,  Repos,  1866,  in-S°  avec  portrait  ;  8"  Saint 
Qdon  de  Clunij,  Lully,  monographie  de  Jean 
Gillt'S,  célèbre  compositeur  provençal,  Paris, 
Repos,  1867,  in-S"  ;  9°  Monographie  de  Jean- 
Philippe  Rameau,  id.,   id.,    1867,  in-8°  ;   10° 
Pergolcse,   id.,   id.,   1867,  in-8".    On  connaît 
aussi  de  M.  Th.  Nisaid  un  recueil  de  motels 
publiés    sous  ce  titre   :   la    Voix  du   sanc- 
tuaire. 

NORMAIViV  (Loiis),  compositeur  et  maître 
de  chapelle,  né  à  Stockholm  le  28  Aofit  1831,  fut 
d'abord  élève  de  Lindblad,  le  fumeux  composi- 


NORMAN N  —  NOVAYNHO 


279 


feur  de  Ueder,  puis  alla  achever  son  éducation 
musicale  au  Conservatoire  de  Leipzig.  De  retour 
dans  sa  patrie,  il  fut  nommé  professeur  décom- 
position à  l'Académie  de  musique  de  Stockholm, 
et  devint  maître  de  la  chapelle  de  la  cour  en 
1861.  On  lui  doit  une  trentaine  d'œuvres  assez 
intéressantes,  consistant  en  morceaux  de  piano 
et  compositions  de  musique  de  chambre.  En 
1864,  M.  Nortnann  a  épousé  une  violoniste  fort 
remarquable,  M"<i  Willielmine  Neruda,  qui  est 
devenue  célèbre  sous  le  nom  de  M""=  Normann- 
Neruda. 

iXORMAI\IV-IVERUD.\  (M"^).  —  Voyez 
NERIDA  (M'""  AORMANIV-). 

NORRIS  (John),  luthier  anglais  établi  à 
Londres,  naquit  en  1739  et  mourut  en  1818. 
Il  travailla  avec  Thomas  Smilh,  et  devint  par  la 
suite  l'associé  de  Robert  Barnes. 

IXOSEDA  (GusTAvo-AnoLFo) ,  dilettante  et 
compositeur  italien,  fils  d'une  famille  extrême- 
ment riche,  avait  étudié  la  musique  avec  passion 
et  Ja  cultivait  avec  bonheur.  Fort  jeune  encore, 
il  avait  fondé  en  1863,  à  Milan,  des  concerts  po- 
pulaires à  l'instar  de  ceux  que  M.  Pasdeloup 
venait  de  créer  à  Paris,  et  cette  institution,  vi- 
vement soutenue  par  les  artistes  et  par  la  presse, 
promettait  de  donner  d'excellents  fruits.  Noseda 
dirigeait  en  personne  l'exécution  de  ces  intéres- 
santes séances,  et  il  y  fit  entendre  quelques-unes 
de  ses  compositions,  qui  furent  très-favorable- 
ment accueillies,  notamment  une  Symphonie 
fantastique  dont  la  critique  semblait  faire  le 
plus  grand  cas,  et  une  Symphonie  caractéristi- 
que écrite  sur  des  mélodies  populaires  lombar- 
des. Il  venait  de  terminer  la  partition  d'un  opéra 
qu'il  avait  écrit  sur  un  livret  du  poète  Piave, 
lorsqu'il  mourut  à  îMilan,  le  27  janvier  1866,  à 
peine  âgé  de  vingt-huit  ans. 

NOTKER  LABÉO,  musicien  suisse,  qui 
vivait  à  la  tin  du  dixième  siècle  et  au  commen- 
cement du  onzième,  est  l'auteur  du  plus  ancien 
traité  de  musique  que  l'on  connaisse  en  langue 
allemande.  Cet  ouvrage,  intitulé  Opusculum 
theoricum  de  Musica,  était  divisé  en  quatre 
parties,  et  avait  été  écrit  par  Notker,  artiste  très- 
renommé  de  son  temps,  pour  l'enseignement  de 
l'école  du  couvent  de  Saint-Gall,  dans  la  biblio- 
thèque duquel  il  est  conservé.  Fétis,  dans  sa 
notice  sur  Notker  Balbulus  (le  bègue),  ne  sait 
s'il  faut  l'attribuer  à  ce  maître  ou  à  Notker  La- 
héo;  mais  dans  son  petit  livre  :  la  Musique  en 
Suisse,  M.  George  Becker  tranche  la  question 
en  faveur  de  ce  dernier.  D'ailleurs  Notker  le 
bègue  vivait  un  siècle  avant  ce  dernier,  puisqu'il 
mourut  en  912,  et  que  Notker  Labéo  mourut  en 
1023.  Parmi  les  élèves  de  cet  artiste,  on  cite 


Ekkehard  /F,'  qui  fut  plus  tard  directeur  de 
l'école  de  chant  de  Mayence. 

NOTTEBOIIM    (G ),   musicographe 

allemand  fort  distingué,  s'est  fait  connaître  par 
quelques  travaux  intéress<ints  qu'il  a  publiés  sur 
divers  musiciens  illustres  de  l'Allemagne.  Parmi 
ces  écrits,  il  faut  particulièrement  citer  les  sui- 
vants :  Études  sur  Beethoven,  Leipzig,  1865  ; 
Catalogue  thématique  des  œuvres  publiées 
de  Ludwig  van  Beethoven,  avec  des  observa' 
fions  chronologiques  et  bibliographiques, 
Leipzig,  1868,  in-S";  Catalogue  thématique 
des  œuvres  jnibliées  de  Franz  Schubert, 
Vienne,  Schreiber,  1875,  in-S".  C'est  M.  Notte- 
bohm  qui,  à  la  mort  du  savant  historien  musi- 
cal Ambros(l),  ayant  recueilli  avec  un  soinpieux 
les  fragments  et  tous  les  papiers  relatifs  au  qua- 
trième volume  de  son  Histoire  de  la  musique 
(Geschichte  der  musik),  se  chargea  de  les  mettre 
en  œuvre  et  de  rédiger  ce  dernier  volume,  qui 
a  paru  en  1878. 

*  iXOURRlT  (Adolphe).  —  Cet  admirable 
chanteur  a  été  l'objet  des  publications  suivan- 
tes :  1"  Aux  Mânes  de  Nourrit,  mort  à  Na- 
pies  en  1839,  hymne  funèbre,  par  M.  Jules 
Gabrielli  (le  Mans,  Richeiet,  1840,  in-8°);  2" 
Adolphe  Nourrit,  sa  vie,  son  talent,  son  ca- 
ractère, sa  correspondance,  par  L.  Quicherat 
(Paris,  Hachette,  1867,  3.  vol.  in  8°),  écrit  trop 
étendu  et  hors  de  proportions  avec  son  sujet, 
mais  plein  de  faits  et  de  documents  intéressants. 
Nous  signalerons  encore,  à  propos  de  Nourrit,  la 
notice  publiée  par  Miel  sur  cet  artiste  dans  le 
YUV  volume  des  Annales  de  la  Société  libre 
des  Beaux-Arts. 

IVOVARO  (M ),   compositeur  italien 

contemporain,  s'est  fait  connaître  par  la  publica- 
tion de  plusieurs  chants  nationaux  et  patriotiques 
inspirés  par  les  événements  dont  l'Italie  a  été 
le  théâtre  en  1859.  Je  citerai,  entre  autres,  il 
Canto  degV ItuUani,  hymne  national  pour  chœur 
d'hommes  ;  È  risorta,  chant  patriotique,  dédié 
au  roi  Victor-Emmanuel  II  ;  Hymne  de  guerre 
[Suona  la  tromba),  pour  chœur  d'hommes  et 
de  femmes.  Cet  artiste,  qui  a  écrit  aussi  sous 
ce  titre  :  una  Battaglia,  un  morceau  pour  or- 
chestre et  musique  militaire,  a  fait  représenter 
en  1874,  sur  le  théâtre  national  de  Gênes,  un 
opéra  bouffe  :  0  mego  per  forza,  dont  le  texte 
est  en  dialecte  génois. 

NOVAYNHO  ( ),  violoniste,  compo- 
siteur et  chef  d'orchestre  portugais,  a  fait  re- 
présenter à  Oporto,  en  1863,  un  opéra  intitulé 
Béatrice  di  Portogallo. 

(i;  Ainbros  est  mort  à  Vienne,  le  28  juin   1876. 


280 


NOVELLO  —  NUITTER 


*  iVOVELLO  (Vincent),  éditeur  de  musi- 
que à  Lontiies,  n'était  point  mort  en  cette  ville 
<i  vers  18Î5,  »  comme  il  a  été  ilit  par  erreur 
dans  la  Biographie  universelle  des  Musiciens. 
Cet  artiste  est  mortà  ISice,  au  mois  d'août  1861. 

ÎVOYKLLO  (Josei'H-Alfked),  lîls  du  précé- 
dent, fut  l'un  des  plus  habiles  et  des  plus  fameux 
éditeurs  de  musique  de  Londres,  où  il  naquit  en 
1810.  Suivant  les  traditions!  de  son  père,  et  dé- 
ployant un  zèle  actif  et  intelligent  pour  la  propa- 
gation de  la  bonne  musique  en  Angleterre,  il  était 
âgé  seulement  de  dix-neuf  ans  lorsqu'il  s'établit 
comme  éditeur  de  musique.  Il  inventait  peu  après 
un  procédé  économique  pour  l'impression  de  la 
musique, procédé  qu'il  mit  en  pratiqueavec  le  plus 
grand  succès  en  dépit  de  l'opposition  de  ses  con- 
frères, furieux  de  lui  voir  livrer  au*  public,  à 
un  prix  d'une  modicité  inconnue  jusqu'alors,  des 
éditions  très-correctes  et  très- soignées.  Les  édi- 
teurs de  musique  de  Londres  ne  comprenaient  à 
celte  époque,  pas  plus  que  ceux  de  Paris  aujour- 
d'hui, que  c'est  tout  à  la  fois  un  avantage  commer- 
cial et  un  bienfait  social  que  de  répandre  les  édi- 
tions musicales  à  grand  nombre  et  à  bas  prix,  au 
lieu  de  borner  maladroitement  la  vente  en  main- 
tenant des  prix  très-élevés. 

Possesseur  d'une  excellente  instruction  artis- 
tique et  générale,  doué  d'un  esprit  inventif  et 
d'une  activité  prodigieuse,  M.  Alfred  Novello 
publia  d'excellentes  éditions  des  grands  chefs- 
d'œuvre  classiques  de  la  musique,  et,  intime- 
ment lié  avec  Mendeissohn,  il  produisit  avec  un 
enthousiasme  confiant  devant  le  public  anglais 
les  compositions  de  ce  maître,  dont  il  traduisit 
lui-même  le  Paulus,  le  Lobrjesang,  et  autres 
œuvres  importantes.  D'autre  part,  c'est  à  ses 
courageux  efforts  qu'on  doit  l'abolition  d'une  loi 
restrictive  et  vexatoire  qui,  depuis  1811,  pesait 
sur  l'industrie  typographique  de  façon  à  en  entra- 
ver tout  l'essor  et  le  développement.  Poursui- 
vant ses  idées  d'affranchissement,  il  prit,  en 
1849,  une  part  très-active  au  mouvement  orga- 
nisé contre  «  l'impôt  sur  l'intellii^ence  »  ;  il  devint 
le  trésorier  de  l'association  formée  pour  le  com- 
battre et  dont  les  efforts  obtinrent  en  effet  le 
rappel  de  l'impôt  sur  les  annonces  (185.3),  celui 
du  timbre  des  journaux  (1855),  et  plus  tard  ce- 
lui des  droits  sur  le  papier,  sur  les  livres  étran- 
gers, etc. 

Vers  1856,  M.  Novello  se  relira  des  affaires, 
et  alla  se  lixer  en  Italie,  patrie  de  ses  ancêtres 
paternels. 

*  KOVELLO  (Claha-Anastasie),  comtesse 
GIGLlUCCil,  su'iirdu  précédent  et  quatrième 
lille  de  Vincent  Novello,  venait  de  se  produire  au 
théâtre  Drury-Lane,  de  Londres  (1843),  et  à  Man- 


chester, lorsqu'en  1844  elle  épousa  le  comte 
Gigliucci  et  renonça  à  la  carrière  artistique.  Des 
circonstances  l'obligèrent  à  la  reprendre  en  1850, 
et  elle  retrouva  ses  succès  passés  en  se  produi- 
sant dans  les  concerts,  dans  les  festivals,  en  pre- 
nant part  aux  exéculions;d'oralorios  et  même  en 
reparaissant  au  théâtre.  C'est  alors  qu'on  l'ap- 
plaudit non-seulement  à  Londres,  mais  sur  di- 
verses scènes  de  Rome,  de  Lisbonne,  de  Madrid, 
de  Milan,  ainsi  que  dans  quelques  villes  d'Alle- 
magne. En  1860,  elle  se  retira  définitivement,  et 
alla  se  fixer  en  Italie,  dans  le  voisinage  de  Gê- 
nes. 

iXOVELLO  (Sabilla),  sœur  des  précédents 
et  la  plus  jeune  des  filles  de  Vincent  Novello, 
est  née  vers  1820.  Ayant  reçu  une  bonne  éduca- 
tion musicale,  elle  se  produisit  à  Londres  comme 
cantatrice  de  concert,  tout  en  se  livrant  à  l'ensei- 
gnement ;  mais  la  délicatesse  de  sa  santé  ne  lui 
permit  pas  de  poursuivre  cette  carrière,  et  elle 
dut  aller  se  fixer  en  Italie.  On  assure  que  depuis 
lors  elle  s'est  consacrée  à  la  littérature  musicale, 
et  qu'elle  a  publié  les  ouvrages  suivants  :  École 
vocale;  la  Voix  et  Vart  vocal;  la  Basse  con- 
tinue de  Mozart;  la  Basse  continue  d'Aï- 
brechisberrjer  ;  l'École  chorale  de  ISagel  et 
Pfeiffer  ;  le  Jeu  de  Pagunini.  Aucun  de  ces 
écrits  n'est  venu  à  ma  connaissance,  et  je  n'en 
saurais  parler  autrement.  On  doit  aussi  à  cette 
artiste  une  English  Version  of  Mendelssohn's 
vocal  compositions. 

NUITTEU  (Charles-Louis-Étienne  TRUl- 
jXET,  dit),  auteur  dramatique,  né  à'Paris  le  2i 
avril  1828,  se  fit  recevoir  avocat  en  1849.  Il  a 
beaucoup  écrit  pour  le  théâtre,  en  société  aTec 
M.  Beaumont,  et  a  fourni  surtout ,  à  la  plupart 
de  nos  compositeurs,  un  grand  nombre  de  livrets 
d'opéras,  d'opéras-comiques  et  d'opérettes.  Ces 
deux  écrivains  ont  traduit  aussi  pour  la  scène 
française  plusieurs  poèmes  d'opéras  étrangers,  et 
c'est  à  eux  que  l'on  doit,  entre  autres,  les  tra- 
ductions représentées  de  Tannhàuser,  Oberon, 
Preciosa,  la  Flûte  enchantée,  Maclwth,  Rienzi, 
les  Masques  (Tuttil  in  mascliera),  le  Docteur 
Crispin,  etc.,  etc.  M.  Nuitter  a  donné  aussi  à 
l'Opéra  plusieurs  scénarios  de  ballets  :  la  Source, 
Gretna-Green,  Graziosa 

Mais  M.  IN'uitter  est  surtout  mentionné  dans 
ce  livre  pour  sa  réorganisation  des  archives  de 
l'Opéra,  et  pour  la  création,  qui  lui  est  due,  de 
la  bihliotliè(|ue  lie  ce  théâtre.  Depuis  une  quin- 
zaine d'années  que  M.  Nuitter  est  chargé  des 
fonctions  d'archiviste  de  notre  premier  théâtre 
lyrique,  il  a  misen  ordre  desmilliers  de  documents 
précieux  pour  iitilre  histoire  musicale,  jusque-là 
épars  de  tous  côtés,  et  qui,  sans  lui,  eussent  été 


NUITTER  —  NUYENS 


281 


infailliblement  détruits  ou  égarés  en  partie.  C'est 
à  ses  soins,  à  son  travail,  à  son  intelligence, 
qu'est  due  la  reconstitution  de  ces  archives  d'un 
prix  inestimable,  ainsi  que  la  création  et  la  mise 
en  ordre  de  la  bibliothèque;  c'est  sur  ses  ins- 
tances que  des  fonds  ont  été  mis  à  sa  disposition 
pour  ces  deux  dépendances  de  notre  première 
scène  lyrique,  et  c'est  grâce  à  lui  que  la  biblio- 
thèque contient  aujourd'hui  des  milliers  de  vo- 
lumes, d'o'uvres  musicales,  d'estampes  et  d'ob- 
jets précieux.  Enfin,  c'est  encore  àNuitter  qu'on 
doit  l'inslallation  du  beau  local  de  la  bibliothè- 
que, qui,  lorsqu'elle  pourra  être  rendue  publique, 
constituera  l'un  des  plus  utiles  dépôts  que  les 
travailleurs  puissent  mettre  à  contribution. 

M.  Nuitter  a  publié,  le  jour  même  de  l'inau- 
guration de  la  nouvelle  salle  de  l'Opéra,  un  livre 
intitulé  le  ISouvel  Opéra  (Paris,  Hachette, 
1875,  in-12),  qui  donne  la  description  et  This- 
torique  le  plus  complet  qu'on  puisse  désirer  du 
monument  drt  au  génie  de  M.  Charles  Garnier. 
Les  vignettes  charmantes  qui  illustrent  ce  petit 


volume  contribuent  à  en  faire  une  publication 
sans  analogue  et  sans  précédent. 

KÛRXBEIIG  (Herrmann),  pianiste  et  com- 
positeur allemand  contemporain,  est  l'auteur 
d'une  foule  de  pièces  de  genre  et  de  morceaux  de 
danse  pour  le  piano,  qui  j^araissent  accueillis  avec 
faveur  par  sescompatrioles.  Le  nombre  des  œu- 
vres publiées  par  cet  artiste  ne  s'élève  guère  à 
moins  de  250,  et  celui  des  morceaux  est  bien 
plus  considérable,  car  tel  cahier  en  contient  six 
et  même  davantage.  Rien  de  tout  cela  n'est  connu 
en  dehors  de  l'Allemagne,  et  il  y  a  lieu  de  sup- 
poser que  la  valeur  de  toute  cette  musique  n'est 
que  fort  relative. 

IXUYEIXS   ( ),  pianiste   et    professeur 

espagnol  contemporain,  a  publié  quelques  com- 
positions, parmi  lesquelles  on  remarque  :  12 
Petites  Études  élémentaires  pour  la  mesure, 
pour  être  intercalées  dans  la  Méthode  de 
Compta;  et  Esquisses  musicales,  6  études  de 
style  (Madrid,  Andrés  Vidal). 


0 


OAKELEY  (Sir  Herbert-S...)  musicien 
anglais,  a  été  nommé  en  18G5,  à  la  suite  d'un 
concours  dans  lequel  il  l'emporta  sur  vingt-trois 
concurrents  ,  titulaire  de  la  chaire  de  musique 
à  l'université  d'Edimbourg.  Cette  chaire  venait 
d'être  créée  par  le  général  Reid,  dilettante  pas- 
sionné et  compositeur  amateur.  Sir  Oakeley,  qui 
n'est  point  connu  sur  le  continent,  occupe  sans 
doute  dans  sa  patrie  une  haute  situation  artis- 
tique, car,  en  1876,  la  reine  l'a  créé  chevalier, 
distinction  qui  n'a  encore  été  Raccordée  qu'à 
trois  autres  musiciens,  Sterndale  Bennet,  sir 
Julius  Benedict  et  sir  Georges  Elvey.  Je  n'ai 
pu,  néanmoins,  recueillir  aucun  autre  rensei- 
gnement sur  cet  artiste. 

OAKEY  (George),  professeur  et  composi- 
teur anglais  contemporain,  bachelier  en  musique, 
professeur  au  rollége  de  Tonic  sol-fa,  de  Lon- 
dres, est  l'auteur  d'un  petit  Manuel  de  contre- 
point (Text  Book  of  Counterpoint),  publié 
récemment.  Cet  artiste  a  publié  aussi  des  mor- 
ceaux de  chant,  des  antiennes,  etc. 

*  OBERIIOFFER  (Henri),  pianiste  et  pro- 
fesseur, est  né  à  Trêves  le  9  décembre  1824.  Il 
a  été  l'objet  du  petit  écrit  suivant  :  Monogra- 
phie de  Henri  Oberhoffer,  par  H.  Fisquet, 
membre  de  plusieurs  sociétés  savantes  (Paris, 
Repos,  in-4°  de  14  p.  avec  portrait). 

*  OBERTIIUR  (Charles),  harpiste  extrê- 
mement remarquable  et  compositeur,  est  né  à 
Munich  le  4  mars  1819.  Établi  à  Londres  depuis 
environ  trente  années,  cet  artiste  s'est  fait  en 
cette  ville  une  situation  considérable  à  la  fois 
comme  virtuose,  comme  professeur  et  comme 
compositeur,  se  faisant  entendre  dans  tous 
les  grands  concerts  et  dans  les  soirées  de  la 
haute  aristocratie  anglaise,  publiant  ses  œuvres 
chez  les  principaux  éditeurs,  et  occupant  les 
fonctions  de  professeur  de  harpe  à  l'Acadéinii- 
royale  de  musique.  Il  a  formé  un  nombre  consi- 
dérable d'artistes  distingués,  et  ne  cesse  de  se 
produire  devant  le  p\ibiic,  qui  lui  fait  toujours 
l'accueil  le  plus  chaleureux  et  le  plus  empressé. 
En  1876,  M.  Oberthur  a  entre[»ris  une  grande 
tournée  artistique  en  Autriche  et  en  Allemagne, 
et  s'est  fait  entendre  avec  un  vif  succès  à  Ralis- 
bonne,  Coblentz,  AYiesbaden,  Vienne  et  dans 
plusieurs  autres  villes. 

Parmi  les  compositions  de  M.  Oberthur,  dont 


le  nombre  s'élève  à  deux  cents  environ,  je  signa- 
lerai :  Rûbczahl,  ouverture  à  grand  orchestre; 
Trio  en /a  mineur  pour  violon,  violoncelle  et 
harpe;  Nocturne  pour  3  harpes;  Fantaisie  pour 
harpe  sur  d'anciens  airs  anglais  ;  4  Livres  de 
mélodies  anglaises  arrangées  pour  la  harpe; 
Liebeslied,  impromptu  pour  piano  ;  Espagnolia, 
boléro  pour  piano  ;  Si  doux  et  cher,  poésie  mu- 
sicale pour  piano  ;  Home,  sicet  home,  mélodie 
anglaise  célèbre  transcrite  pour  piano,  etc.,  et 
un  grand  nombre  de  morceaux  de  chant. 

OBIIV  (Louis-Henri),  chanteur  français,  est 
né  à  Ascq,  près  de  Lille  (Nord),  le  4  août  1820. 
Après  avoir  commencé  ses  études  au  Conserva- 
toire de  Lille,  il  fut  admis  comme  élève  pension- 
naire au  Conservatoire  de  Paris,  le  10  mai  1842, 
dans  la  classe  de  Ponchard  ;  il  en  sortit  en  1844, 
sans  s'être  distingué  dans  les  concours,  et  dé- 
buta à  l'Opéra,  le  'il  octobre  de  cette  année,  par 
le  rôle  de  Brabantio  dans  Othello.  Il  ne  resta 
que  peu  de  temps  à  ce  théâtre,  mais  il  y  rentra 
en  1850  pour  créer  un  rôle  dans  V Enfant  pro- 
digue, d'Auber.  Depuis  lors,  il  fit  plusieurs  au- 
trescréations  importantes  dans  l'emploi  des  basses 
chantantes,  auquelconvenait  sa  voix,  entre  autres 
dans  les  Vêpres  Siciliennes,  Pantagruel,  l'A- 
fricaine et  Don  Carlos,  tout  en  reprenant  un 
certain  'nombre  de  rôles  du  répertoire,  dans 
Moïse,  Don  Juan,  le  Dieu  et  la  Bayadère. 
Doué  d'une  voix  pleine  et  sonore,  qu'il  condui- 
sait avec  goût,  comédien  habile  et  souple,  aussi 
remarquable  dans  les  personnages  dramatiques 
comme  Moïse,  ou  Procida  des  Vêpres  Sicilien- 
nes, que  dans  des  rôles  comiques  tels  que  le 
Leporello  de  Don  Juan,  M.  Obin  sut  se  faire  à 
l'Opéra  une  situation  importante  et  enviable. 
En  1869,  M.  Obin  (juitta  ce  théâtre  après  avoir 
fait  régler  sa  pension,  mais  il  y  rentra  en  1871, 
pour  se  retirer  définitivement  peu  de  temps  après. 
A  la  mort  de  Levasseur,  cet  artiste  fut  nommé 
professeur  de  déclamation  lyrique  au  Conserva- 
toire ;  après  avoir,  au  bout  de  deux  ans  environ, 
abandonné  ces  fonctions,  il  les  a  reprises  au 
mois  de  janvier  1877.  M.  Obin  a  fait  une  courte 
apparition  sur  le  théâtre  de  l'Opéra- Comique. 

OBIOLS  (Mvrivno),  compositeur,  violo- 
niste et  professeur  espagnol,  est  né  à  Barcelone 
le  26  novembre  1809.  Il  étudia  le  violon  dès  ses 
plus  jeunes  années  avec  un  professeur  nommé 


OBIOLS  —  ODDO 


283 


Juan  Vilanova,  mais,  destiné  par  sa  famille  au 
commerce,  il  entra  ensuite  dans  1a  maison  d'un 
de  ses  parents,  qui  était  négociant,  et  dont  il 
devint  f.remployé;  cela  ne  l'empêcha  pas  de  se 
perfectionner  dans  l'étude  de  son  instrument,  et 
de  prendre  des  leçons  d'harmonie  avec  Arhos  et 
Saldoni.  Bientôt  il  renonça  d'une  façon  absolue  à 
la  carrière  qu'on  voulait  lui  faire  parcourir,  et, 
avec  le  consentement  des  siens,  se  consacra  ex- 
clusivement à  la  musique. 

Après  avoir,  pendant  trois  années,  suivi  un 
cours  de  composition  avec  Ramon  Yilanova,  le 
jeune  artiste  écrivit  quelques  morceaux  de  mu- 
sique vocale  sacrée  et  profane,  ainsi  que  diver- 
ses pièces  instrumentales  qu'il  fit  exécuter  dans 
un  concert  à  Barcelone.  Peu  de  temps  après,  en 
1831,  il  quittait  l'Espagne  pour  aller  parfaire  son 
éducation  en  Italie,  et,  muni  de  bonnes  recom- 
mandations, il  se  présentait  à  Mercadaiite,  qui  le 
prit  en  affection,  se  chargea  de  le  faire  travailler 
et  le  traita  comme  un  fds.  Il  parcourut  avec  son 
nouveau  maître  l'Italie,  la  France  et  l'Allemagne, 
étudiant  et  admirant  toutes  les  grandes  œuvres 
qu'il  avait  l'occasion  d'entendre  dans  ces  divers 
pays.  Ayant  obtenu  un  livret  de  Felice  Romani, 
le  premier  poëte  lyrique  de  l'Italie  à  celte  époque, 
il  le  mit  bientôt-en  musique,  et  son  premier  opéra, 
Odlo  ed  canore,  fut  représenté  à  la  Scala,  de 
Milan,  le  5  septembre  1837,  chanté  par  la  Scho- 
berlecbnor,  Peilrazzi,  Cartagenova  et  Luzio. 

M.  Obiols  retourna  ensuite  dans  sa  patrie,  et 
bientôt  se  vit  chargé  de  la  direction  du  Lycée 
musical  de  Barcelone,  que  l'on  venait  de  créer  ; 
peu  de  temps  après,  il  organisait  dans  cet  éta- 
blissement des  concerts  qu'il  dirigeait  lui-même 
avec  habileté,  et  enfin  il  devenait  directeur  géné- 
ral de  la  musique  et  chef  d'orchestre  du  grand 
théâtre  du  Lycée,  pour  l'inauguration  duquel  il 
écrivait  une  grande  cantate  intitulée  il  Regio 
Imeneo.  Il  se  distingua  par  le  talent  et  l'activité 
dont  il  fit  preuve  dans  ces  diverses  fonctions,  et 
sut  se  créer  dans  sa  ville  natale  une  haute  et 
puissante  situation  artistique,  tout  à  la  fois  comme 
administrateur,  chef  d'orchestre,  compositeur 
et  professeur,  formant  au  Lycée  de  nombreux 
élèves  de  solfège,  de  chant  et  de  composition. 
C'est  alors  qu'il  écrivit  pour  le  théâtre  une  grande 
quantité  de  scènes  et  de  morceaux  à  une  ou  plu- 
sieurs voix,  avec  acrompagnemenl  d'orchestre, 
€t  pour  les  classes  du  Lycée  trois  méthodes  <le 
solfège  et  un  recueil  de  6  solfèges,  qui  furent  pu- 
bliés par  l'éditeur  Andrés  y  Vidal. 

Mais  M.  Obiols  n'a  pas  borné  là  son  activité  de 
compositeur;  parmi  les  nombreuses  œuvres  qui 
sont  sorties  de  sa  plume,  il  faut  surtout  signaler 
les  suivantes  :  Messe  avec  accompagnement  d'har- 


monium, liarpe  et  piano;  2  P.saumes;  3  Snlve 
lîegina;  plusieurs  motets;  4  grands  hymnes; 
un  Hymne  religieux  à  Saint-Jean  l'Évangéliste  ; 
un  Album  religieux,  contenant  6  morceaux  à 
une  voix  avec  accompagnement  de  piano  ou 
harmonium;  3  ouvertures  de  concert;  une 
sérénade;  un  concerto  de  cor  anglais  ;  2  albums 
de  chant,  contenant  chacun  G  morceaux  à  une 
voix  avec  accompagnement  de  jiiano  ;  enfin, 
beaucoup  de  mélodies  détachées.  Je  crois  que 
M.  Obiols  n'a  abordé  de  nouveau  le  théâtre 
qu'une  seconde  fois,  en  donnant  au  théâtre  du 
Lycée,  le  28  janvier  1874,  un  opéra  en  4  actes 
intitidé  Editta  di  Belcourt.  Cet  artiste  distingué 
est  chevalier  des  ordres  de  Charles  III  et  d'Isa- 
belle la  Catholique. 

OCON  Y  RIVAS  (Edouard),  compositeur, 
organiste  et  pianiste  espagnol,  est  né  le  12  jan- 
vier 1834  à  Malaga,  et  fit  son  éducation  musicale 
à  la  cathédrale  de  cette  ville,  où  il  entra  d'abord 
comme  enfant  de  chœur,  et  où  il  apprit  ensuite 
du  maître  de  chapelle  le  solfège,  le  chant  et  la 
composition.  Il  composa,  dit-on,  à  l'âge  de  treize 
ans  seulement,  un  Miserere  k  quatre  voix,  qui 
fut  exécuté,  et  dont  lui-même  chantait  une  des 
parties  principales.  Après  s'être  livré,  seul,  à 
l'étude  du  piano  et  de  l'orgue,  il  obtint  au  con- 
cours, en  1853,  l'emploi  de  second  organiste  à  la 
cathédrale  de  Malaga.  A  partir  de  cette  époque 
jusqu'en  1858,  il  se  consacra  en  partie  à  l'en- 
seignement du  piano,  et  dans  le  cours  de  cette 
dernière  année  il  vint  à  Paris,  où  l'on  assure 
qu'il  reçut  quelques  conseils  de  M.  Gounod.  Il 
resta  plusieurs  années  en  France,  après  quoi  il 
repartit  pour  Malaga,  où  je  crois  qu'il  est  tou- 
jours fixé. 

M.  Ocon  a  publié  un  certain  nombre  décom- 
positions religieuses,  messes,  motets,  psaumes, 
litanies,  hymnes,  etc.,  ainsi  que  toute  une  col- 
lection de  mélodies  espagnoles,  italiennes  et  fran- 
çaises, et  quelques  morceaux  de  genre  pour  le 
piano.  On  lui  doit  aussi  un  recueil  intéressant 
public  sous  ce  titre:  Cantes  espanoles,  coUec- 
cion  de  aires  nacionales  y  populares,fon)iada 
é  illustrada con  notas  explicadvas  y  biogra- 
phicas  (Malaga,  1874).  Ce  recueil,  le  premier  de 
ce  genre  fait  en  Espagne,  contient  environ  trente 
airs  populaires  espagnols,  dont  la  plupart  n'a- 
vaient jamais  été  notés  et  qui  sont  extrêmement 
curieux;  tous  portent  un  accompagnement  de 
piano,  et  quelques-uns  de  guitare.  La  musique 
en  a  été  gravée  en  Allemagne,  et  une  traduction 
allemande  e^t  jointe  au  texte  des  chansons. 

ODDO  (  PrETP.o  ),  artiste  italien,  est  l'auteur 
d'un  opuscule  publié  en  1877  sous  ce  titre  -.  Gram- 
matica  délia  lingua  musicale ,  et  dans  lequel 


284 


ODDO  —  OFFENBACH 


sont'  consisiK^es   les  plus    étranges   remarques 
sur  les  liases  ('oM()ainenf:i|ps  de  l'art  iniisicfti. 

ODOEWSKY  (Le  prince  Wladimir),  dilet- 
tante russe,  dernier  descendant  de  Rurik,  le 
fondateur  de  l'empire  moscovite,  était  un  ama- 
teur éclairé  de  musique,  '  à  qui  l'on  doit  di- 
vers opuscules  relatifs  à  cet  art,  et  des  articles 
de  journaux  dans  lesquels  il  a  toujours  plaidé  en 
faveur  de  l'opéra  et  de  la  musique  d'église  rus- 
ses. Le  prince  Odoewsky  a  publié  quelques  nou- 
velles qui  renferment  des  épisodes  intéressants 
relatifs  à  la  vie  d'artistes  célèbres.  Il  est  mort 
à  Moscou  le  II  mars  I8C9,  à  l'âge  de  soixante- 
huit  ans. 

*  OESTKJV  (Théodore),  pianiste  et  composi- 
teur allemand,  n'a  cessé  de  produire  jusqu'à  sa 
mort,  si  bien  (]ue  le  nombre  de  ses  compositions 
publiées  dépasse  le  chiffre  de  quatre  cents,  qui 
représente  peut-être  plus  de  mille  morceaux, 
car  il  est  tel  recueil  portant  un  seul  numéro 
d'œuvre,  qui  contient  six,  douze,  vingt  et  jus- 
qu'à vingt-cinq  morceaux.  C'est  ainsi  que  l'on 
trouve,  dans  le  catalogue  de  ses  œuvres  :  4  Ron- 
dos, op.  10;  les  Délices  germaniques,  12  pe- 
tites fantaisies  sur  des  mélodies  populaires  alle- 
mandes,  op.  1;  Musée  des  pensions,  12  mor- 
ceaux faciles,  op.  9;  12  Petites  Fantaisies  sans 
octaves  sur  des  mélodies  populaires  allemandes, 
op.  49;  G  Morceaux  de  salon,  op.  50;  6  Sona- 
tines, op.  60;  le  Muguet,  25  petits  morceaux 
faciles,  op..  61;  Rêves  d'enfants,  6  morceaux 
faciles,  op.  65  ;  3  Ragatelles,  op.  85;  etc.,  etc. 
Œslen  est  mort  à  Berlin  le  16  mars  1870. 

Un  ils  de  cet  artiste,  M.  Max.  Œslen,  s'est 
fait  connaître  aussi  par  la  publication  d'un  assez 
grand  nombre  de  morceaux  légers  pour  le  piano  : 
nocturnes,  tarentelles,  mélodies,  marcbes,  valses, 
galops,  polkas,  etc.  De  même  que  son  père,  il  a 
donné  beaucoup  de  transcriptions  de  mélodies 
et  de  tbèrnes  d'opéras. 

'*  OETTL\r.ER  (ÉDooAnn-MARiE),  écrivain 
allemand,  auteur  d'un  livre  fàclieux  sur  Rossini, 
est  mort  à  Blasewitz ,  près  de  Dresde,  le  26 
juin  1S72.  La  traduction  française  de  ce  livre 
comprend  tiois  volumes,  et  non  pas  seulement 
deux,  comme  il  a  été  dit.  Œttinger  a  publié  aussi 
un  roman  inlilulé  Sophie  Arnould  (Leipzig, 
1847,  2  vol.),  dont  l'béroine  est  la  célèbre  chan- 
teuse de  ce  nom. 

*  OFFEIVHACII  (Jacques),  musicien  alle- 
mand, naluraiisé  français,  offre  l'un  des  exetnples 
les  plus  prodigieux  de  la  faveur  qu'un  artiste  peut 
obtenir  du  public,  même  lorsqu'il  ne  respecte  ni 
l'art,  ni  luiiii'^'me,  ni  ce  public,  et  qu'il  se  borne 
à  ilatler  les  instincts  les  plus  grossiers  d(!  la 
foule.  Ce  compositeur,  chez  lequel  une  certaine 


adresse  de  main  ne  saurait  masquer  une  igno- 
rance profonde  de  l'art  d'écrire,  occupe  cependant 
la  scène  depuis  près  de  vingt-cinq  ans,  s'est  fait 
jouer  sur  dix  théâtres  de  Paris,  et  a  joui  d'une 
vogue  que  son  exagération  pourrait  faire  qualifier 
de  scandaleuse.  Sans  vouloir,  par  une  discussion 
inutile,  accorder  plus  d'importance  qu'elle  n'en 
mérite   à  une   production   prétendue  musicale 
qui    ne    fient  à  l'art  par  aucun   côté,  on  peut 
cependant  essayer  de  découvrir  les  causes  aux- 
quelles sont  dus  des  succès  en  apparence  inexpli- 
cables, succès  qui  sont  loin  de  faire  bonneurà  l'in- 
telligence française  et  dont,   grâce  au  ciel,  nous 
commençons  à  nous  sentir  confus.  Or,  dans  un 
temps  où  une  certaine  école  musicale,  marchant 
sur  les  traces  de  M.  Richard  Wagner,   et  enché- 
rissant encore  sur  les  défauts  de  cet  artiste  puis- 
sant mais  incomplet,  semble  vouloir  exclure  de 
la  musique  deux  de   ses  éléments  essentielle- 
ment constitutifs,  le  rbythme  et  la  tonalité,  il  est 
facile  de  supposer  que  le  public  devait  bien  ac- 
cueillir  un  musicien  qui,  réagissant  à  son  tour 
contre  une  tendance  funeste,  se  présenterait  à 
lui  en  exagérant  et  en  exaspérant,  si  l'on  peut 
dire,  le  double  sentiment  rhylhmique  et  tonal. 
C'est  précisément   ce  qu'a  fait   M.  Offenbach  : 
doué  d'une  certaine    veine  mélodique  vulgaire, 
il  appuyait  sur  les  contours   de  certains   motifs 
que  leur  caractère  trivial  destinait   à  plaire   à 
la  foule,  et   en   les  accompagnant   d'un  orches 
tre  à    la  fois  criard  et    malingre,  il  poussait  le 
rhytbme    à  son  extrême    puissance  et   le  ren- 
dait  parfois  entraînant;   d'autre    part,  la  pau- 
vreté de  son  harmonie,  son  ignorance  absolue 
de  la  modulation  rendaient  ses  petits  chants  fa- 
ciles à  retenir  et  les  faisaient  passer  de  bouche 
en  bouche.  Pour  être  juste,   d'ailleurs,    il  faut 
remarquer  que  parfois,  dans  les  commencements 
de  sa  carrière,  il  arrivait  à  M.  Offenbach  d'être 
assez  gentiment   inspiré,  et    que  quelques-unes 
de  ses  petites    pièces,  qui  n'étaient  guère  autre 
chose  que  des  vaudevilles  importants,  ne  man- 
quaient pas  toujours  d'une  certaine  grâre  aima- 
ble,quoi(iueun  peu  tropfacile.  On  peut  citer,  sous 
ce  rapport,  parmi  ses  premières  o|)érettes  en  un 
acte,  Dragonette,  la  Chanson  de  Fortunio, 
le   Mariage    aux  lanternes,   etc.  Il   faut  dire 
aussi  que  M.  Offenbach,  à  qui  l'on  ne  saurait  con- 
tester un  sentiment  assez   juste  des  conditions 
•scéniques.avaitledonde  lagaietécommunicative, 
et  que  si  cette  gaieté  tournait  neuf  fois  sur  dix 
à  la  charge  et  à  la  caricature,  elle  n'en  était  pas 
moins  réelle. 

Le  malbeur  est  que  M.  Offenbach,  qui   écri 
vaitd'iustiiKt  et  dont  l'éducation  était  nulle,  ne 
songea  pas  un  instant  à  faire  ou  â   compléter 


OFFENBACH 


985 


cette  éducation,  lorsque  son  ambition  le  porta  à 
écrire  des  oiivra'^esde  proportions  plus  considé- 
rables.  Tant  qu'il  ne  s'agit  pour  lui  que  de  se 
produire  sur    des   scènes    qui    n'étaient   point 
musicales,  où  sa  musette  était  excitée  par  des 
livrets  excellents  et  où  ses  pièces  étaient  jouées 
par  des  comédiens   remarquables,  le  public  ne 
s'aperçut  pas  trop  de  ses  défauts.  Mais  il  n'en 
fut  pas  de  même  lorsqu'il  voulut  se  montrer  sur 
de  véritables   lliéàtres  lyriques  ;  là,  le  voisinage 
et  la  comparaison  d'œuvres  vraiment  musicales 
lui  furent  fatals,  et  son  ignorance  éclata  dans  tout 
son  jour.  Aussi  devient-il  impossible  de  discuter 
ici  sa  valeur,   et  doit-on  se  borner  à  constater 
les  chutes  éclatantes  et  méritées  que  subirent 
ses  ouvrages.  L'apparition  du  ballet  le  Papillon 
à  l'Opéra  fut   un  véritable  scandale  artistique  ; 
Barkouf,\son  début  àl'Opéra-Comique,  vigou- 
reusement silflé    le  premier  soir,  tomba  bientôt 
sous   le  dédain  public,  et  ne  put  être  joué  plus 
de  six  fois  ;  enfin  ,  aucune  des  pièces  qu'il  s'obs- 
tina à  donner  encore  à  ce  dernier  théâtre  ne  put 
se  soutenir  à  la  scène,  et  toutes  furent  accueil- 
lies avec  plus  ou  moins  d'hostilité.  Au  reste,  de- 
puis dix  ans,    l'étoile  de  M.  Offenbatb  a  singu- 
lièrement   pâli,  et,  même  sur  les   théâtres  qui 
lui    étaient  dévoués  autrefois,  il   n'a  pu  obtenir 
un  véritable  succè.s.    Le   compositeur    semble 
épuisé,  et  ne  retrouve  même  plus  les  élans  de 
verve  burlesque  qui  avaient  fait  autrefois  sa  for- 
tune. 

Vers  18C6,  M.  Offenbacb  abandonna  la  direc- 
tion des  Bouffes- Parisiens,  le  petit  théâtre  qu'il 
avait  fondé,  et  c'est  alors,  qu'il  commença  à  se 
produire  sur  diverses  autres  scènes,  les  Variétés, 
le  Palais-ltoyal,  etc.,  où  il  obtint  de  bruyants 
succès  avec  Barbe-Bleue,  la  Grande-Duchesse 

de   Gerolstein,    la    Vie  Parisienne Vers 

1872,  il  prit  la  direction  de  la  Gaité,  avec  l'in- 
tention d'y  taire  jouer  ses  pièces,  et  en  effet 
c'est  là  qu'il  remonta  Orphée  aux  Enfers, 
transformé  en  une  immense  féerie,  et  qu'il  donna 
le  Voyage  dans  la  Lune ,  aaUe,  féerie  musi- 
cale. Cependant,  en  1876,  il  céda  la  direction  de 
la  Gaîté  à  M.  Albert  Vizentini  {Voy.  ce  nom), 
qui  y  établit  le  Théâtre-Lyrique,  et  il  alla  faire 
un  grand  voyage  en  Amérique,  où  il  donna  toute 
une  série  de  concerts  à  orchestre  destinés  à 
faire  connaître  sa  musique.  Les  Américains,  qui 
ne  sont  cependant  pas  le  peuple  le  plus  musical 
du  monde,  n'eurent  pas  de  peine  à  comprendre 
qu'ils  étaient  l'objet  d'une  mystification,  et  ces 
concerts  eurent  un  insuccès  colossal.  M.  Offen- 
bacb s'en  consola  en  publiant,  à  son  retour  en 
France,  un  livre  ainsi  intitulé  :  Notes  d'un  mu- 
sicien en  voyage{P3iTis,Léyy,  J877,in-12),  livre 


dans  lequel  il  s'est  efforcé  de  faire  de  l'esprit  aux 
dépens  d'une  langue  qui  lui  était  malheureuse- 
ment trop  peu  familière  et  qu'il  outrageait  à 
chaque  ligne.  Depuis  lors  il  s'est  remis  à  com- 
poser. 

A^oici  le  répertoire  complet  des  productions 
théâtrales  de  M.  Offenbacb  :  1"  Pepilo,  un  acte, 
Variétés,  vers  1850;  2"  Oyaynye,  un  acte,  Fo- 
lies-Nouvelles, vers  18.55  ;  3"  Entrez,  Messieurs, 
Mesdames  !  un  acte  ,  Bouffes- Parisiens,  1855; 
4°  «ne  Nuit  blanche,  id.,  id.,  1855;  .5»  les 
Deux  Aveugles,  U].,if\.,  1855;  6°  le  Rêvedhine 
nuit  d'été,  id.,  id.,  1855,;  7'^  le  Violoneux, 
id.,  id.,  1855;  8"  Madame  Papillon,  id.,  id., 
\8yo\^°  Permette,  id.,  id.,  1855;  10°  Ba-Ta- 
Clan,  id.,  id.,  1855  ;  11"  un  Postillon  en  gage, 
id.,id.,  \8b6;n°  Tromb-Al-Cazar,  id.,id.,1856; 
13"  la  Pose  de  Saint-Flour,  id.,  id.,  1856; 
li°  les  Dragées  du  Baptême,  id.,  id.,  1856  ; 
15°  le  06,  id.,  id.,  1856  ;  16»  le  Financier  et  le 
Savetier,  id.,  id.,  1856;  17°  la  Bonne  d'en  fants, 
id.,  id.,  1856  ;  18°  les  Trois  Baisers  du  Diable, 
id.,  id.,  1857;  19°  Croque  fer  ou  le  Dernier  des 
Paladins,  id.,  id.,  1857;  20°  Dragonet te,  id., 
id.,  1857  ;  21°  Vent  du  soir  ou  l'Horrible  Fes- 
tin, id,  id.,  1857;  22°  une  Demoiselle  en  loterie, 
id.,  id.,  1857  ;  23°  le  Mariage  aux  lanternes, 
id.,  id.,  1857;  24°  les  Deux  Pêcheurs,  id.,  id. , 
1857  ;  25'  les  Petits  Prodiges  (en  jsociété  avec 
M.  Jonas),  id.,  id.,  1857  ;  26°  Mesdames  de  la 
Halle,  id.,  id.,  1858;  27°  la  Chatte  méta- 
morphosée en  femme;  id.,  id.,  1858;  28°  Or- 
phée aux  Enfers,  2  actes  et  4  tableaux,  Bouf- 
fes-Parisiens, 1853  (remis  en  4  actes  et  12  ta- 
bleaux et  ainsi  repris  à  la  Gaîté  en  1874);  29° 
îin  Mari  à  la  porte,  un  acte,  id.,  1859;  30° 
les  Vivandières  de  la  grande  armée,  id.,id., 
1859;  31°  Geneviève  de  Brabant,  2  actes  et  6 
tableaux,  id.,  1859  (remanié  et  repris  au  théâ- 
tre des  Menus-Plaisirs  en  1867);  32"  le  Carna- 
val des  revues,  1  actes  et  9  tableaux,  id., 
1860;  33°  Daphniset  Chloé,  un  acte,  id.,  1860; 
34"  Barkouf,  3  actes.  Opéra- Comique,  1860; 
35"  le  Papillon,  ballet  en  2  actes  et  4  tableaux, 
Opéra,  1860;  36°  la  Chanson  deFortunio,  un 
acte,  Bouffes-Parisiens,  1861  ;  37°  le  Pont  des 
soupirs,  2 àcles  et  4  tableaux,  id.,  1861  (remis  en 
4  actes  et  5  tableaux,  et  ainsi  repris  aux  Varié- 
tés en  1874)  ;  38°  M.  Choujleury  restera  chez 
lui  le...  (en  société  avec  M.  de  Saint-Rémy  (1), 

Cl)  Sous  ce  pseudonyme  de  Saint-némy  .se  cachait  un 
liomme  poUtique  influent,  le  duc  de  Moni.v,  ministre  du 
^econd  empire,  qui,  parait-il.  ne  dédaignait  pas  d-écrire 
les  paroles  et  parfois  la  .musique  de  quelques  petites 
pièces  sans  imporiance. 


280 


OFFENBACH  —  O'KELLY 


un  acte,  iJ.,   1861;   39°  Apothicaire  et  Perru- 
quier, id.,  id.,  18C1;  40"   le  Roman  comique, 
3  actes,  id.,   I86t;  41°  Monsieur  et  Madame 
Denis,  uq  acte,  id.,  18C2;  42°  le  Voyage  de 
MM.Dunanan  père  et  fils,  2  actes  et  4  tableaux, 
id.,  1862  ;  43"   les  Bavards,  2  actes,  id.,  1863  ; 
44°  Lischen  et  Fritzchcn,  un  acte,  id.,    18G4; 
46°  l'Amour  chanteur,  id.,   id.,  1864;  46"  il 
SignorFagotto,U].,  id.,1864;  \l"lesGéorgiennes, 
3  actes,  id.,  1864  ;  48°  la  Fée  du  Rhin,  3  actes, 
Vienne,  1864  ;  49"  le  Fifre  enchanté,  un  acte, 
casino  d'Ems,  1 804  (joué  aux  Bouffes-Parisiens  en 
1868);  50°  Jeanne  qui  pleure  et  Jean  qui  rit, 
un  acte,  casino  d'Eins,   1864  (joué  au\  Bouffes- 
Parisiens  en  lS6â);  51°  la  Belle  Hélène,   3  ac- 
tes. Variétés,  186 i;  52°  Coscoletto,  un  acte,  ca- 
sino d'Ems,  1865;    53»    les   Bergers,    3  actes, 
Bouffes-l'arisiens,   1865;  54°    Barbe-Bleue,  3 
actes  et  4  tableaux,  Variétés,  18G6;  55°  la  Vie 
Parisienne,  i  actes  et  5  tableaux,  Palais-Royal^ 
1866;  56°  la  Grande-Duchesse  de  Gérolstein, 
3  actes  et   4  tableaux,  Variétés,  1867;  57°    la 
Permission   de  dix  heures,    un  acte,  casino 
d'Erns  1867  (joué   à  la  Renaissance  en  1873); 
58°  la  Leçon  de  chant,  un  acte,  casino  dEms, 
1867  ;   59°  Robinson  Crusoé,  3    actes,  Opéra- 
Comique,    1867;   60"    Vile  de  Tulipatan,  un 
acte,  Bouffes-Parisiens,  1868;  61°  leChdteauà 
Tofo,  3  actes,  Palais-Royal,  1868;  62°  la  Péri- 
chole,  2  actes.  Variétés,  1868  (remis  en  3  actes 
et  ainsi  repris  au  même  tbéàtre  en  1874);   63° 
la  Princesse  de    Trébizonde,  3  actes,  Bade, 
1869  (joué  aux  Bouffes-Parisiens  dans  le  cours 
de  la  même  année)  ;    64°    Vert-Vert,  3   actes, 
Opéra-Comique,   1869;   G5°   la  Diva,  3  actes, 
Bouffes-Parisiens,  1869;   66°   les  Brigands,   3 
actes,  Variétés,  1869;   6  7°  la  Romance  de  la 
rose,  un  acte,  Bouffes-Parisiens,  1869  ;  68°  Boule 
de  neige,  3  actes,  id.,   1871;  68"  bis  le   Roi 
Carotte,  5  actes,  Gaîté,  1872;  69°  Fleurette,  un 
acte,  Vienne,    1872;    70"    Fantasio,    3    actes, 
Opéra-Comique,  1872;  71°  te  Corsaire  noir, 
3  actes.  Vienne,  1872;  72°  les  Braconniers,  3 
actes.  Variétés,    1873;    73°   Pomme  d'api,  un 
acte,  Bouffes-Paiisiens ,  1873;  74°  la  Jolie  Par- 
fumeuse, 3  actes,  Renaissance,  1873;  75°  Ba- 
gatelle, un  acte,  Bouffes-Parisiens,  1874;  76° 
Madame   l'Archiduc,   3    actes,  id.,  1874;  77° 
Wittington  et  son  Chat,  4  actes,  Londres,  Al- 
hambra,    1875;  78°    les  Hannetons,   3   actes, 
Bouffes-Parisiens,  1875;  79°  la  Boulangère  a 
des  écus,  3  actes.  Variétés,  1875  ;  80°  le  Voyage 
dans  la  Lune,  4  actes  et  24  tableaux,  Gaîté, 
1875;   81°  la    Créole,    3   actes,    Bouffes-Pari- 
siens, 1875;  82"  Pierrette  et  Jacquot,  un  acte, 
id.,  187G;  86°  la  Boite  au  lait,  ^t  dcttiijhl.,  1876; 


84°  le  Docteur  Ox,  3  actes,  Variétés,  1877; 
85°  la  Foire  Saint-Laurent,  3  actes,  Folies- 
Dramatiques,  1877;  86°  Maître  Peronilla,  3 
actes,  Bouffes-Parisiens,  1878;  87°  la  Marocaine, 
3  actes,  Bouffes-Parisiens,  1879;;  88°  Madame 
Favart,  3  actes,  Folies-Dramatiques,  1879. 

M.  Offenbach  a  publié,  dans  sa  jeunesse,  un 
certain  nombre  de  compositions  vocales  et  ins- 
trumentales, dont  l'intérêt  me  paraît  devoir  être 
médiocre.  Voici  celles  qui  sont  venues  à  ma 
connaissance  :  Duos  pour  violoncelles  (4  livres)  ; 
24  Duos  pour  2  violoncelles,  op.  49,  50,  51,  52, 
53,  et  54  ;  les  Voix  mystérieuses,  6  mélodies 
vocales;  les  Chants  du  soir,  6  morceaux 
de  moyenne  difficulté  pour  piano  et  violoncelle 
(en  société  avec  M.  de  Flotow).  —  Un  frère  de 
cet  artiste,  M.  Jules  Offenbach,  violoniste, 
a  rempli  pendant  quelques  années  les  fonctions 
de  clief  d'orcbestre  aux  Bouffes-Parisiens. 

OFFERMANS  VAX  HOVE  (Sophie), 
une  des  meilleures  cantatrices  que  les  Pays-Bas 
aient  produites,  est  née  au  mois  de  juillet  1840, 
et  a  fait  son  éducation  artistique  à  l'Ecole  de 
musique  de  la  Haye,  avec  J.  H.  Lubeck.  C'est 
une  artiste  de  très-grand  talent,  excellente  mu- 
sicienne surtout,  et  l'un  des  meilleurs  professeurs 
de  chant  que  les  Pays-Bas  possèdent  en  ce  mo- 
ment. Elle  a  un  véritable  culte  pour  la  musique 
classique,  et  pendant  de  longues  années  elle  a  été 
la  digne  interprète  des  chefs-d'œuvre  de  Hion- 
del,  Haydn,  Mozart  et  Beethoven.  Depuis  quelque 
temps  elle  a  renoncé  absolument  à  se  produire 
en  public,  et  elle  se  consacre  entièrement  à  l'en- 
seignement du  chant.  Éd.  ue  H. 

*  OKEGIIEM  (Jean),  a  été  récemment  l'ob- 
jet de  la  publication  suivante  :  Déploration  de 
Guillaume  Crétin  sur  le  trépas  de  Jean 
Okeghem,  musicien,  premier  chapelain  du  roi 
de  France  et  trésorier  de  Saint-Marlin  de  Tours, 
remise  au  jour,  précédée  d'une  introduction 
biographique  et  criti(|ue,  et  annotée  par  Er. 
Thoinan  (Paris,  Claudin,  1864,  in-8).  Ce  travail 
intéressant  complète  les  renseignements  connus 
jusqu'à  ce  jour  sur  le  célèbre  ihusicien.  D'autre 
part,  un  laborieux  musicographe  llamaud,  M,  Ed- 
mond Vander  Slraeten,  a  annoncé  qu'il  avait  re- 
trouvé en  Italie  une  série  de  six  messes  d'Oke- 
ghem,  dont  rcxislence  était  restée  jusqu'ici  in- 
connue, ainsi  qu'un  Ave  Maria  et  un  motet 
(Intemerata)  du  même  maître,  éjialement  igno- 
rés. Un  journal  spécial  de  lîruxelles,  le  Guide 
musical,  a  donné  à  ce  sujet  quelques  détails 
dans  son  numéro  du  7  décembre  1876. 

O'IÎELLY  (Jom:pu),  pianiste  et  compositeur 
français,  d'origine  irlandaise,  est  né  à  Boulogne- 
sur- Mer  (Pas-de-Calai.s)  en  1829,  et  a  fait  ses 


O'KELLY  —  0  REFIGE 


287 


études  musicales  à  Paris,  où  il  a  été  l'élève  de 
M.  Osbome  et  de  Kalkbrenner  pour  le  piano,  de 
Dourlen  et  d'IIalévy  pour  la  composition.  En 
1855,  il  tit  exécuter,  dans  la  salle  du  Tliéàtre- 
Lyiique,  un  poëine  lyrique  en  3  parties  intitulé 
Paraguassû.  Deimis  lors  il  a  publié,  pour  le 
piano,  un  assez  grand  nombre  de  compositions 
qui  sont  écrites  non  sans  goût,  mais  dans  une 
forme  qui  est  loin  de  cadrer  avec  les  idées 
larges,  la  libre  allure  et  le  soufllc  nouveau  qui 
distinguent  la  jeune  école  française.  Parmi  les 
productions  ain-i  mises  au  jour  par  M.  O'Kelly, 
je  citerai  les  suivantes  :  55  Études  récréatives, 
op.  50;  to  Soirées  intimes,  24  transcriptions 
faciles;  les  Soirées  enfantines,  12  transcriptions 
faciles;  Études  de  salon;  le  Beija  Jlor,  la 
Roche  qui  pleure,  la  Mare  aux  fées,  la  Noce 
de  village,  caprices;  la  Retraite,  fantaisie  mi- 
litaire; Arlequin  et  Colombine,  passacaille  ;  le 
Menuet  delà  Reine  ;  Naples, tarentelle  ;  la  Per- 
mission de  dix  heures,  la  Vague  et  la  Perle, 
les  Oiseaux  de  Trianon,  les  Castagnettes,  etc., 
morceaux  de  genre.  Le  même  artiste  a  publié  un 
trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  d'assez  nom- 
breuses romances  el  mélodies  vocales  parmi  les- 
quelles on  signale  :  Vieille  Chanson  du  jeune 
temps,  Dernier  chant,  Hosannah!  etc.,  et  une 
opérette  intitulée  Ruse  contre  Ruse  (dans  le  jour- 
nal le  Magasin  des  Demoiselles).  Enfin ,  M. 
O'Kelly,  a  lait  exécuter:  1°  Cantate  (tliéàtre 
d'Amiens,  15  novembre  1867)  ;  2°  Cantate  pour 
le  centenaire  d'O'Connell  (Dublin,  1878);  3°  Jus- 
tice et  Charité,  cantate  religieuse  (chapelle  du 
château  de  Versailles,  1878);  4"  le  Lutin  de 
Galway,  opéra-comique  en  un  acte  (Boulogne- 
sur-Mer,  septembre  1878);  5°  la  Zingarella, 
opéra-comique  en  un  acte,  Opéra-Comique , 
février  1879. 

Un  frère  de  cet  artiste,  M.  A.  O'Kelly,  est  édi- 
teur de  musique  à  Paris. 

OLDENBOURG  (Le  prince  Nicolas-Fré- 
DÉRic-PiERKE,  grand-duc  régnant  d'),  né  le  8 
juillet  1827,  est,  comme  beaucoup  de  princes 
allemands,  amateur  de  musique  et  compositeur. 
On  lui  doit  la  musique  d'un  opéra  intitulé  liœt- 
chen  von  Heilbronn,  qui  a  été  représenté  sur 
le  théâtre  de  la  cour,  à  Wiesbaden,  dans  le  cours 
de  l'année  1861.  Depuis  lors,  le  prince  Pierre  a 
écrit  deux  symphonies  pour  orchestre,  dont  la 
seconde,  en  fa  majeur,  était  exécutée  récem- 
ment à  Oldenbourg. 

OLDYS(VALENTiN),apothicairedeBlackfriars 
à  Londres,  vivait  à  l'époque  du  protectorat  de 
Cromwell  et  s'occupait  beaucoup  de  musique. 
Il  avait  fait  sous  ce  rapport  de  bonnes  études, 
s'est  distingué  comme  compositeur,  et  a  laissé  de 


nombreuses  œuvres  de  musiqueinstrumentale, 
surtout  dans  le  genre  de  Idjantaisie  ou  fancy, 
sorte  de  pièces  qui  se  rapprochaient  beaucoup 
des  ricercari  italiens. 

*  OLIPHANT  (Thomas),  musicien  éruditet 
auteur  de  plusieurs  écrits  sur  son  art,  est  mort  à 
Londres,  le  9  mars  1873,  à  l'âge  de  soixante- 
treize  ans. 

OLIVEIRA(Henrique  VELLOZO  D'),est 
auteur  de  l'opuscule  suivant  :  Art  mnémonique 
de  lecture  musicale,  ou  le  déchiffrement  des 
notes  dans  toutes  les  clefs  et  positions  acquis 
facilement  et  presque  sans  travail  au  moyen  de 
la  mnémotechnie  additionnée  de  la  solution  de  plu- 
sieurs embarras  et  difficidtés  qui  compliquent 
l'étudede  la  musique,  d'un  moyen  ingénieux  pour 
parvenir  à  l'exécuter,  et  d'une  notion  générale 
de  la  composition,  plain-chant  et  contre-point 
(Paris,  18G0,  in-8"  de  22  p.).  Celle  brochure  pré- 
sente l'ensemble  le  plus  burlesque  de  prétendus 
préceptes  posés  par  un  écrivain  qui  ne  connaît 
pas  le  premier  mot  des  choses  dont  il  parle. 

ORAY  ( ),   ancien   chef  d'orchestre  du 

théâtre  des  Folies-Dramatiques,  à  Paris,  né  vers 
1820,  a  fait  représenter  deux  petites  opérettes 
en  un  acte  :  le  Royaume  des  aveugles,  théâtre 
des  Nouveautés,  7  mai  1866,  et  A  la  Bretonne, 
Folies-Marigny,  S  août  1868. 

ORDINAIRE  (Raoul),  compositeur  et  écri- 
vain musical,  né  à  Besançon  en  1843,  a  fait  de 
sérieuses  études  théoriques  sous  la  direction  de 
M.  Pierre  de  Mol  {Voy.  ce  nom),  artiste  belge  qui 
habita  longtemps  cette  ville.  Bien  qu'il  n'ait 
publié  jusqu'ici  que  quelques  morceaux  de  genre 
pour  le  piano,  M.  Ordinaire,  qui  n'a  pas  quitté 
sa  ville  natale,  a  en  portefeuille  plusieurs  com- 
positions importantes,  entre  autres  une  sonate 
pourpiano  et  violoncelle,  un  trio  pour  piano,  vio- 
lon et. violoncelle,  un  quatuor  pour  instruments  à 
cordes,  une  sérénade  en  quintette,  enfin  des  mé- 
lodies vocales,  des  chœurs  avec  ou  sans  accom- 
pagnement, et  divers  morceaux  symphoniques. 
Plusieurs  de  ces  compositions  ont  été  exécutées 
soit  par  l'orchestre  du  théâtre,  soit  par  les  sociétés 
de  musique  de  chambre  de  Besançon. —  M.  Or- 
dinaire s'est  occupé  de  littérature  musicale;  il 
a  pris  part,  de  1866  à  1870,  à  la  rédaction  du 
journal  VArt  musical,  et  a  publié  une  facétie 
ainsi  intitulée  :  Marius  et  les  Teutons,  fantaisie 
musicale  (Paris,  Faure,  1866,  in-12). 

OltEFICE  (Antonio),  compositeur  drama- 
tique italien,  vivait  à  Naples  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  Je  n'ai  pu  décou- 
vrir aucun  renseignement  sur  la  vie  ou  la  car- 
rière de  cet  artiste,  et  son  existence  ne  m'a  été 
révélée  que  par  les  livrets  de  trois  opéras  dont 


288 


OREFICE  ~  ORSUCCI 


il  a  écrit  la  musique  et  sur  lesquels  son  nom  se 
trouve  naturellement  inscrit.  Voici  les  titres  de 
ces  ouvrages  :  1"  il  Gemhio  amore,  Naples, 
théâtre  des  Fiorenlini,  1718;  2"  Chï  la  dura  la 
vence,  id.,  id.,  1721  ;  3°  lo  Simmele,  Naples, 
théâtre  Nuovo,  1724. 

*  ORGITANO  (Raphaël).  —  A  la  liste  des 
ouvrages  de  cet  artiste,  il  faut  ajouter:  un  opéra, 
Arsinoe;  un  oratorio,  Jefte,  et  la  Passione  di 
IS'.  S. ,  cantate  religieuse  à  3  voix.  Quant  à  la 
farsa  intitulée  .4?«ore  intraprendente  o  VAp- 
parenza  inganna,  et  citée  par  quelques  biogra- 
phes ,  l'analogie  des  titres  me  fiiit  supposer 
qu'elle  ne  fait  qu'un  avec  l'ouvrage  désigné  par 
Fétis  sous  celui-ci  :  Non  credere  aile  appa- 
renze.  On  doit  encore  à  Orgitano  une  cantate 

intitulée  Endimione. 

ORGITAXO  (ViNCENzo),  musicien  napoli- 
tain. Le  marquis  de  Villarosa,  qui  mentionne 
cet  artiste  dans  ses  Memorie  del  composilori 
del  regno  di  JSapolt,  dit  qu'il  ne  sait  autre 
chose  sur  lui  sinon  qu'il  a  écrit  le  Stahat  Mater 
à  2,  à  3  et  4  voix  avec  violon  et  basse,  diverses 
ouvertures  pour  «  violon,  piano  et  basse  obligés,  » 
et  d'autres  compositions  pour  le  service  de  l'É- 
glise. 

*  ORLANDIXI  (Joseph-Marie),  composi- 
teur dramatique  italien,  est  l'auteur  des  deux 
ouvrages  suivants,  qui  doivent  .s'ajouter  au  cata- 
logue de  ses  œuvres  :  il  Temistocle ,  opéra 
sérieux  représenté  à  Florence  en  1737,  et  Gioas, 
re  di  Giuda,  oratorio  exécuté  dans  la  même  ville 
en  1746. 

ORLAKDIIXl  (Cesare),  professeur  de  musi- 
que italien,  est  auteur  de  l'ouvrage  suivant  . 
Bottrina  musicale ,  esposta  in  sei  ragiona- 
menti  scicntifici  (Bologne,  1844,  in-f"). 

ORSIA'I  (Alessandro),  compositeur  italien, 
est  né  à  Rome  le  24  janvier  1842.  11  commença 
à  dix  ans,  dans  sa  ville  natale,  l'étude  de  la 
musique,  et  fut  successivement  l'élève  de  don 
Mariano  Astolli,  de  Ricci,  de  Raimondi,  et  enfin 
de  Muti  Papazzurri.  Chef,  pendant  plusieurs 
années,  de  divers  orchestres  d'Italie,  il  écrivit  la 
musique  de  huit  ballets  dont  j'ignore  les  titres, 
ainsi  que  les  lieux  et  dates  de  représentation 
(hormis  un  seul,  la  Modisla  alla  corte,  qui  fut 
joué  au  tliéàtrf  Capraiiira  en  1805)  ;  il  fut  moins 
heureux  en  composant  <inq  opéras,  dont  pas  un 
seul  ne  put  voir  le  jour.  De  retour  à  Rome,  il 
s'y  fixa,  fut  nommé  membre  de  l'Académie  de 
Sainte-Cécile,  devint  en  1870  bibliothécaire  de 
cette  compagnie,  puis  (1873)  professeur  de  chant 
de  son  école.  M.  Orsini  a  pris  part  à  plusieurs 
concours  de  compo.sition,  et  toujours  avec  succès  : 
en  1802  il  obtint  un  premier  prix  de  l'Institut 


musical  de  Florence  pour  un  album  vocal  ;  en. 
1864,  un  accessit  du  même  Institut  pour  une 
cantate,  Lamberto  di  Pavia;  en  1870,  la  Société 
|)hilliarmonique  romaine  couronna  sa  cantate  il 
Genio  di  Eoma;  et  enfin,  en  1873,  il  vit  aussi 
récompenser  la  cantate  qu'il  avait  écrite  pour 
l'inauguration  du  monument  de  Cavour,  à  Turin. 
IM.  Orsini  a  compo.sé  beaucoup  d'autres  œuvres, 
parmi  lesquelles  un  Ave  Maria  à  4  voix  alla 
Palestrina,  un  Benedictus  pour  voix  et  orgue, 
un  Inno  délia  Pentecoste ,  un  chœur  à  3  voix 
de  femmes,  Salve  del  mar,  o  Stella,  avec  accom- 
pagnement de  divers  instruments,  différentes 
pièces  d'orchestre,  et  12  Études  d'harmonie 
pratique.  On  doit  encore  à  cet  artiste  un  opus- 
cule intéressant  publié  sous  ce  titre  :  Conside- 
razioni  generali  suit'  arte  del  canto  (Rome, 
1876,  in-8"  de  55  p.). 

ORSINI  (Antonio),  pianiste  et  compositeur, 
né  à  Naples  le  13  juin  1843,  étudia  le  piano  avec 
Antoine  Coop,  et  la  théorie  de  l'art  avec  le  baron 
Staffa.  Après  s'être  produit  avec  succès  comme 
pianiste  virtuose  dans  sa  ville  natale,  il  se  rendit 
à  Rome,  où  il  donna  des  concerts,  puis  à  Paris 
et  à  Londres.  Ayant  atteint  l'âge  du  service  mili- 
taire, il  retourna  dans  sa  patrie,  et  obtint  au 
concours  l'emploi  de  chef  de  musique  du  54^ 
régiment  d'infanterie.  Congédié  en  1872,  il  reprit 
ses  travaux  artistiques,  et  publia  successivement 
les  ouvrages  suivants  :  1°  Fughe  per  4  voci 
(Naples,  Giannini)  ;  2°  Norme  per  apprendere  la 
composizione  musicale  ed  il  contrappunto 
(Naples,  De  Angelis);  3"  Schéma  di  un  indirizzo 
air  arte  del  canto  (Naples,  Gallo).  De  plusj 
M.  Orsini  a  fait  représenter  à  Naples ,  sur  le 
théâtre  Mercadante,  le  3  mai  1875,  un  opéra 
sérieux  intitulé  Benveniito  Ccllini.  Cet  ouvrage 
n'a  obtenu  qu'un  médiocre  succès. 

ORSUCCI  (L'abbé  Pompeo),  compositeur  de 
musique  religieuse,  issu  d'une  excellente  famille, 
naquit  à  Lucques  le  21  mai  1665.  Il  se  distingua 
autant  dans  les  sciences  sacrées  que  dans  la 
musique,  et  devint  doyen  de  l'église  collégiale 
de  San  Michèle  in  foro.  Cet  artiste  est  considéré 
comme  un  des  plus  habiles  et  des  plus  savants 
musiciens  de  son  temps  dans  le  style  religieux; 
on  connaît  particulièrement  de  lui  :  Pater  nosier 
en  italien,  à  2  voix;  un  hymne  à  la  Trinité,  en 
italien,  à  2  voix  ;  un  Symbole  à  saint  Anastase, 
aussi  à  2  voix;  deux  Vexilla  à  deux  choeurs; 
une  messe  in  pastorale;  enfin,  des  Te  Deum, 
des  hymnes,  des  motels,  des  psaumes,  des  li- 
tanies, etc.  iM.  Cerii,  dans  ses  recherches  sur 
la  musique  à  Lucques,  constate  qu'après  deux 
siècles  d'existence,  les  œuvres  d'Orsucci,  encore 
exécutées  en  cette  ville,  sont  toujours  entendues 


ORSUCCI  —  ORTOLANI 


289 


avec  plaisir  et  produisent  un  grand  effet,  princi- 
palement à  cause  de  leur  clarté  et  de  leur  ma- 
jesté. On  ignore  la  date  de  la  mort  de  cet  arliste. 

*  ORTIGUE  (Joseph-Louis  D'),  est  mort 
lé  20  novembre  ISGG.  >'ous  ajouterons  les  quel- 
ques renseignements  suivants  à  ceux  donnés  sur 
cet  artiste  par  la  Biographie  tiniverselle  des 
Musiciens.  Outre  les  journaux  cités,  d'Ortigue 
avait  collaboré  encore  au  JSational,  au  Corres- 
pondant, au  Courrier  de  l'Europe,  au  Ménes- 
trel, à  la  Revue  de  Musique  ancienne  et 
îHO(/e/'«e,  ainsi  qu'au  Dictionnaire  de  la  con- 
versation et  de  la  lecture.  Il  avait  publié  un 
Abécédaire  de  plain- chant  (Paris,  Duverger, 
1841,  in-12),  et  un  certain  nombre  de  composi- 
tions, dont  la  plus  importante  est  une  Messe 
sans  paroles.  D'Ortigue  avait  été  nommé  cheva- 
lier de  la  Légion  d'honneur  en  1843.  Le  Traité 
théorique  et  pratique  de  V accompagnement 
du  plain-chant,  qu'il  avait  publié  en  1857  avec 
Niedermeyer,  aeu^une  seconde  édition,  faite  en 
1876  par  l'éditeur  M.  Heugel  (1). 

ORTOLAN  (Elcène)  ,  compositeur,  né  à 
Paris  le  l'^'"  avril  1824,  est  le  (ils  de  M.  J.-L.-E. 
Ortolan,  dont  la  renommée  fut  si  grande  comme 
professeur  à  la  faculté  de  droit  de  Paris.  Tout 
en  suivant  la  carrière  de  son  père  et  en  fréquen- 
tant les  cours  de  l'École  de  droit,  son  amour  de 
la  musique  était  tel  qu'il  suivait  aussi  ceux  du 
Conservatoire,  où  il  fut  élève  de  Berton  et  d'Ha- 
lévy  pour  la  composition;  c'est  ainsi  qu'entre  sou 
premier  et  son  second  examen  de  licence,  il 
concourut  à  l'Institut  en  1845  et  obtint  le  second 
grand  prix  de  composition  musicale.  (Il  est  à 
remarquer  qu'il  n'y  eut  pas  de  premier  prix 
décerné  cette  année.)  Après  s'être  fait  recevoir 
docteur,  M.  Ortolan  entra  au  ministère  des 
affaires  étrangères,  oii  son  amour  de  l'art  et  sa 
connaissance  du  droit  lui  permirent  de  se  rendre 
utile  d'une  façon  toute  particulière,  en  partici- 
pant très-activement  et  très-habilement  aux  tra- 
vaux relatifs  à  la  reconnaissance  et  à  la  protec- 
tion de  la  propriété  littéraire  et  artistique  à 
l'étranger. 

Auteur  d'un  Traité  du  droit  de  souveraineté 
territoriale  et  de  Véquilibre  politique,  M.  Or- 

(I)  .Peut-être  ai-je  retrouvé  la  trace  d'un  ancêtre  de 
d'Ortigue.  Tout  au  moins  voici  la  noUce  que  le  chevalier 
de  Mouliy,  dans  ses  Tablettes  dramatiques,  consacre  à 
un  écrivain  dramatique  de  ce  nom,  originaire  de  la  tDéme 
province  :  —  «  Ortigle  (Pierre  d'),  sieur  de  Fanmo- 
riére.  11  étolt  d'une  fort  bonne  famille  d'Apt  en  Provence; 
il  écrivoit  agréablement.  On  a  de  lui  plusieurs  romans 
qui  eurent  de  la  réputation  dans  ce  tems-là.  Il  acheva 
celui  de  Pharamond,  de  la  Calprenède  ;  il  tut  quelque 
tems  au  Chatelet,  pour  dettes,  et  Richelet  le  lui  reproche. 
II  n'a  fait  qu'une  comédie  qui  a  pour  titre  :  le  Bon  Mari. 
Il  vivoit  en  1678.  » 

BIOGR.    VMV.    DES  MUSICIENS.    —    SUPPL.    — 


tolan  a  voulu  se  faire  connaître  aussi  comme 
compositeur.  Il  a  donné  au  Théâtre-Lyrique,  le 
10  avril  1855,  Lisette,  opéra-comique  en  deux 
actes,  et  le  27  juillet  1857  il  faisait  représenter 
aux  Bouffes-Parisiens  une  opérftte  en  un  acte 
intitulée  la  Momie  de  Roscoco.  De  plus,  il  a  fait 
exécuter  à  Versailles,  le  jeudi  saint  16  avril  de 
l'année  18G7,  Tobie,  oratorio  dont  il  avait  écrit 
la  musique  sur  un  poème  de  M.  Léon  Halévy, 
le  frère  de  son  ancien  maître.  On  connaît  aussi 
de  lui  plusieurs  morceaux  symphoniques  et  un 
certain  nombre  de  mélodies  vocales  d'un  joli 
tour  et  d'un  heureux  caractère.  —  M.  Eugène 
Ortolan  est  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et 
de  l'ordre  de  Léopold  de  Belgique,  et  comman- 
deur de  l'ordre  de  Saint-Stanislas  de  Russie. 

ORTOLANI  (Angelo)  (1),  né  à  Sienne 
(Toscane),  le  11  avril  1788,  étudia  la  musique 
sous  de  Ritterfels,  et  le  contre-point  .sous  Deifebo 
Romagnoli,  puis,  à  la  mort  de  celui-ci,  avec  son 
frère  Ettore  Romagnoli.  En  1813,  il  fut  nommé 
maître  des  enfants  de  chœur  de  l'église  collégiale 
de  Santa-Maria  di  Provenzano  de  Sienne,  et 
en  1838  il  succéda  à  son  maître  Ettore  Romagnoli 
dans  les  fonctions  de  maître  de  chapelle  de  la 
même  église,  pour  laquelle  il  composa  un  certain 
nombre  d'œuvres  de  musique  sacrée,  qui  géné- 
ralement sont  de  peu  d'intérêt.  Entre  1835  et  1836 
il  écrivit  un  opéra  intitulé  il  Giorno  délie  nozze, 
qui  ne  fut  pas  produit  à  la  scène,  ainsi  que  l'a  dit 
Fétis,  rriais  seulement  essayé  dans  l'intimité,  ea 
forme  de  concert,  et  sans  trop  de  succès.  Fétis 
lui[attribue  aussi,  mais  à  tort,  un  autre  opéra,  la 
Pastorella  délie  Alpi,  qui  appartient  à  un  autre 
maître  du  même  nom  (  Foî/.  la  notice  suivante). 
L'ouvrage  qui  appartient  vraiment  à  Ortolani, 
quoique  publié  sous  le  pseudonyme  de  Lotario 
Ganleno,  qui  forme  l'anagramme  de  ses  nom  et 
prénom,  est  un  traité  de  contre-point  en  vers 
intitulé  :  VArte  del  contrappunto,  passatempo 
armonico-poetico  in  ottava  rima...,  con  un 
appendice  intitolato  Cisolfantte  agli  elisi, 
publié  à  Sienne,  par  Pandoifo  Rossi,  en  1828  (2). 
Quoique  ne  s'élevant  pas  au-dessus  de  la  médio- 
crité, et  parfois  même  ne  l'atteignant  pas,  ce 
poème  contient  quelques  traits  qui  se  laissent 
lire  avec  assez  d'agrément. 


(1)  Au  nom  i'Ortolani  (Giulio),  Fétis  a  écrit,  dans  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens,  une  notice  d^ns  la- 
quelle il  confond  en  un  seul,  avec  un  prénom  inexact,  deus 
artistes  différents.  D'ailleurs,  trompé  par  de  faux  renseigne- 
ments, l'écrivain  a  accumulé  les  erreurs  dans  les  quelques 
lignes  qui  composent  celte  notice.  Nous  rétablissons  ici  les 
faits. 

(2)  Ignorant  cette  supercherie,  j'ai,  dans  le  premier 
volume  du  présent  Supplément,  signalé  cet  ouvrage  au 
nom  de  Ganieno.  La  mépnse  était  facile.  —  a.  p. 

T.  II.  19 


290 


ORTOLAM  —  OUDRID  Y  SEGURA 


Ortolani  publia  aussi  à  Sienne,  en  1839,  sept 
volumes  de  coincdies  et  drames,  et  en  1842,  à 
Colle,  sous  les  seules  lettres  initiales  A.  O.  S. 
(Angelo  Ortolani,  Senese),  un  volume  de  mé- 
moires sur  riiistoire  de  la  ville  de  Sienne,  enrichi 
d'un  catalogue  d'hommes  illustres  siennois,  qui 
ne  manque  pas  d'intérêt.  Ortolani  mourut  à 
Sienne,  à  la  suite  d'une  longue  maladie,  le  18 
avril  1871,  à  l'âge  de  quatre-vingt-trois  ans. 

L.-F.  C. 
ORTOLAXI  (Tf.rexzio),  né  à  Pesaro,  dans 
la  Marclie  d'Ancône,  le  4  septembre  1799,  s'a- 
donna à  l'élude  du  droit,  après  avoir  fait  ses 
cours  de  littérature  et  de  philosophie  au  Gymnase 
de  sa  ville  natale.  Néanmoins  il  cultivait  en 
même  temps  la  musique  pour  son  délassement, 
et  il  acquit  assez  d'habileté  sur  la  flûte  pour 
tenir  honorablement  une  place  dans  les  orches- 
tres de  son  pays.  Le  maestro  Ripini,  de  Fano, 
s'élant  lié  d'amitié  avec  lui,  il  en  reçut  des  leçons 
d'harmonie  et  de  contre-point;  ce  fut  alors  que 
sa  passion  pour  la  musique  lui  fit  abandonner 
l'étude  du  droit,  si  bien  qu'en  1822  il  se  rendit  à 
Bologne  et  se  fit  admettre  au  Ljcée  musical  de 
cette  ville  pour  se  perfectionner  dans  la  compo- 
sition sous  la  direction  du  célèbre  père  Mattei. 
Ses  progrès  furent  si  rapides  qu'en  182511  obtint 
de  l'Académie  philharmonique  de  Bologne  le 
diplôme  de  maître  de  composition. 

En  janvier  1830,  il  produisit  à  Naples,  sur  le 
théâtre   ciel  Fondo  (aujourd'hui  Mercadante), 
un  opéra  bouffe,  la  Pastorella  délie  AljJi,  que 
Fétis  a  faussement  attribué  à  un  prétendu  Giulio 
O/'io^ani  (T'oy.  ci-dessus).  Cet  ouvrage  n'eut  pas 
de  succès,  et  Ortolani,  dégoiité  du  théâtre,  revint 
à  Pesaro,  s'adonna  à  des  études  sérieuses  de 
contre-point,  et  se  fit  bientôt  remarquer  par  des 
compositions  d'église  qui  furent  accueillies  très- 
favorablement.  Ensuite  il  devint  successivement 
maître  de  chapelle  dans  plusieurs  villes  de  la 
Marche  et  des  Romagnes,  puis  revint  à  Pesaro, 
oii  il  obtint  la  place  de  maître  de  cha|)elle  de  la 
cathédrale  ;  mais  ne  pouvant  vivre  avec  les  mo- 
diques appointements  attachés  à  celte  place,  il 
obtint,  tout  en  la  conservant,  un  emploi  de  com- 
mis dans  le  bureau  de  statistique  de  la  province, 
et  remplit,  à  la  grande  satisfaction  de  ses  con- 
citoyens, les  devoirs  si  divers  de  ces  doubles 
fonctions  jusqu'à  l'époque  de  sa  mort,  arrivée 
le  7  avril  1875. 

Ortolani  publia  en  18'i4  à  Ascoli,  chez  Galanti, 
dix  fugues  à  8  voix  et  basse  chiffrée,  et  en  1871 
à  Milan,  chez  Vismara,  cent  fugues  à  2,  3  et  4 
voix,  et  di.v  canons  circulaires.  En  outre,  il  a 
laissé  inédits  un  Traité  d'harmonie  pour  les  ins- 
trumentistes,  et  beaucoup  de  messes,   psau- 


mes et  autres  morceaux  de  musique  d'église 

L.-F.  C. 

*  OTS  (CuAULEs),  violoniste  et  compositeur, 
naquit  à  Bruxelles.  Cet  artiste  a  fait  représenter 
à  Gand,  où  il  s'était  fixé,  trois  opéras-comiques 
dont  voici  les  titres  :  1°  la  Ruse  villageoise^ 
un  acte ,  2  janvier  179G  ;  2"  Jean  Second  ou 
Charles-Quint  dans  les  murs  de  Gand,  un 
acte,  19  décembre  181C;  3"  David  Téniers,  un 
acte,  28  octobre  1818. 

Une  fille  de  cet  artiste,  M^'^  Emilie  Ots,  née  à 
Gand  le  24  avril  1808,  fut  élève  de  son  père,  et 
embrassa  la  carrière  lyrique.  Elle  fit  ses  débuts  à 
Gand,  fit  successivement  partie  des  troupes  de 
diverses  villes  des  départements  français,  Amiens, 
Rouen,  le  Havre,  et  appartint  un  instant  au  per- 
sonnel du  théâtre  de  l'Opéra-Comique  à  Paris 
(1827). 

OTTAVIAA'I  ( ),  compositeur  italien, 

est  l'auteur  d'un  opéra,  Ester,  qui  a  été  repré- 
senté à  Messine  en  1865. 

*  OTTO  (Ernest-Jules),  organiste  et  compo- 
siteur, est  mort  à  Dresde  le  5  mars  1877. 

OTTOLIIXI  (Yittore),  écrivain  italien,  est 
l'auteur  d'un  écrit  intitué  :  il  Teatro  in  Jtaliu, 
sioria,  dedicata  agli  artisti  teatrati  e  agli 
allievi  dei  Conservatori  (MWan,  1876). 

OUDOT  ( ),  [musicien  français,  vivait 

dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  • 
Il  prit  part,  au  mois  d'avril  1683,  avec  trente- 
quatre  autres  artistes,    à  un  concours  ouvert 
pour  les  quatre  places  de  maîtres  de  la  chapelle 
du  roi,  vacantes  à  la  fois,  et  qui  furent  adju- 
gées à  Lalande,  Minoret,  Culasse  et  Goupillet. 
On  peut  voir,  dans  le  Mercure  galant,  les  dé- 
tails relatifs  à  ce  curieux  concours.  Au  mois  de 
juin  de  la  môme  année,  l'académicien   Charles 
Perrault,  l'auteur  des  Contes  de  fées,  donnant 
chez  lui  une  grande  fête  pour  célébrer  la  nais- 
sance du  duc  de  Bourgogne,  faisait  représenter 
à  cette  occasion  un   petit  opéra  dont   il  avait 
écrit  les  paroles  et  Oudot  la  musique,  et  que  le 
roi  voulut  entendre  ensuite.   On  a    de  cet  ar- 
tiste un  recueil  de  chants  religieux  dont  voici 
le  titre  :   Siances   chrétiennes  de  M.   L.   T. 
(l'abbé  Testu),  mises  en  musique  à  deux,  trois, 
et  quatre  parties,  avec  des  symphonies,  par 
M.  Oudot  (Paris,  Ballard,1692,  in-4'').  La  même 
édition  de  cet  ouvrage  a  été  remise  dans  le  com- 
merce par  Ballard,  en   1722,  avec  un  nouveau 
titre  et  un  nouveau  privilège. 

OUDRID  Y  SEGURA  (Cristobal),  chef 
d'orchestre  et  compositeur  dramatique  espagnol, 
né  à  Badajoz  le  7  février  1829,  est  mort  presque 
subitement  à  Madrid  au  mois  de  mars  1877. 
On  ne  sait  rien  de  son  enfance,  et  l'on  ignore  de 


OUDRID  Y   SEGURA  —  OVEJERO   Y  RAMOS 


291 


quelle  façon  et  avec  quels  maîtres  il  fit  ses  pre- 
mières études,  car  Oudrid  s'est  toujours  obstiné- 
ment refusé  à  donner  sur  lui  le  moindre  rensei- 
gnement, même  à  son  intime  ami  M.  Baltasar 
Saidoni,  lorsque  celui-ci  entreprit  la  publication 
de  son  Dictionnaire  des  musiciens  espagnols. 
Oudrid  se  rendit  à  Madrid  en  1844,  lorsqu'il 
n'était  encore  âgé  que  de  qninze  ans,  ;et  dès 
1849  il  commença  à  produire  ses  premières  com- 
positions pour  l'orchestre.  Bientôt  il  cherciia  à 
aborder  la  scène,  et  il  y  réussit  assez  rapidement, 
donnant  successivement  sur  divers  tiiéàtres  de 
Madrid  un  assez  grand  nombre  de  zarzuelas, 
dont  plusieurs  furent  accueillies  avec  une  véri- 
table faveur.  11  lit  partie,  avec  MM.  Arrieta,  Bar- 
bieri,  JoséRogel,  Reparaz,  Caballero,  Hernandez, 
Sunjer,  Inzenga,  de  ce  petit  groupe  d'artistes 
qui  surent  remettre  ce  genre  en  honneur,  et  il 
partagea  avec  eux  la  faveur  populaire.  En  même 
temps,  Oudrid  se  faisait  connaître  comme  chef 
d'orchestre,  remplissait  ces  fonctions  dans  divers 
théâtres,  et  y  déployait  une  réelle  habileté  ;  en 
1867,  il  était  chef  des  chœurs  au  théâtre  italien 
dç  Madrid,  en  1872  chef  d'orchestre  au  théâtre 
de  la  Zarzuela,  et  depuis  plusieurs  années  occu- 
pait le  même  emploi  au  théâtre  de  l'Oriente. 

Voici  une  liste  des  zarzuelas  écrites  par  Ou- 
drid; nous  ne  la  donnons  pas  comme  complète  ; 
Buencis  noches,  scnor  don  Simon,  16  avril 
1852;  a  lîey  muerio  ;  Concha  ;  los  Encantos 
de  Brijan  ;  Enlace  y  desenlacc  ;  Equilibrios  de 
amor  ;  el  Hijo  del  regimiento  ;  Memorias  de 
un  estudiante;  Nadie  se  viuere  hasta  que 
Bios  quiere,  un  acte  ;  los  Polvos  de  la  madré 
Celestina;  Por  amor  alprojnno;  el  VlHmo 
mono  (30  mai  1859);  el  Postillon  de  la  Rioja 
(2  actes,  7  juin  1856j;  la  Isla  de  San  Balan- 
dran  (un acte)  ;  Bazar  denovias  (un  acte,théâtre 
des  Variétés,  9  mars  1867)  ;  la  Pata  de  Cabra 
(3  actes);  la  Revista  de  186G  y  1867  (un  acte, 
théâtre  du  Chque,  24  décembre  1866)  ;  Mister  ios 
de  bastidores;  la  Espada  de  Satanas  (féerie 
en  quatre  actes,  théâtre  des  Variétés,  23  février 
1867);  los  Comicos  de  Alcorcon  ;  los  Pages 
del  Rey  (théâtre  de  la  Zarzuela,  décembre  1876). 
Oudiid  a  encore  donné,  en  collaboration  avec 
plusieurs  autres  compositeurs  ,  la  Cola  del 
Biablo  ;  Estebanillo  ;  Dalila;  Matildey  Malek- 
Adel;  Escenas  de  Ckamberi  (théâtre  des  Va- 
riétés, 19  novembre  1850)  ;  Por  seguir  à  una 
mujer  (4  actes,  théâtre  du  Cirque,  24  décembre 
1851)  ;  un  Dia  de  reinado  (3  actes,  Cirque,  11 
février  1854);  el  Testamento  azul  ;(3  actes, 
théâtre  du  Buen-Retiro,  20  juillet  1874). 

*  OUSELEY  (SirFREDERICE-ARTHUR-GORE), 

un  des,  musiciens  anglais  les  plus  distingués 


de  l'époque  actuelle,  est  aujourd'hui  recteur  du 
collège  Saint-Michael,  de  Tenbury,  tout  en  se 
trouvant  chargé  de  l'éducation  musicale  classique 
et  chorale  des  enfants. 

Professeur  de  musique  à  l'université  d'Oxford 
depuis  1855,  sir  Ouseley  s'est  acquis  sous  ce 
rapport  une  solide  renommée,  et  n'est  pas  moins 
estimé  comme  compositeur  de  musique  religieuse 
et  comme  théoricien  proprement  dit.  On  lui  doit 
la  musique  de  plusieurs  antiennes  remarqua- 
bles, dont  une  surtout  est  devenue  populaire  : 
How  goodly  are  thy  tenis,  o  Israël  !  (Combien 
tes  tentes  sont  gracieuses,  ô  Israël!),  et  celle 
d'un  grand  oratorio  :  Ilagar,  qui  a  été  exécuté 
pour  la  première  fois  au  festival  d'Hereford,  au 
mois  deseptembre  1873,  et  tiès-bien  accueilli. 
Outre  un  Traité  d'harmonie  et  un  Traité  de 
contre-point  et  fugue  (1809),  M.  Ouseley  a  pu- 
blié aussi  plusieurs  recueils  de  musique  d'église 
ancienne  et  moderne,  et  il  a  donné,  en  société 
avec  M,  le  docteur  Monk,  les  Chants  du  psau- 
tier anglican  (1872).  S^r^     ' 

En  1861,  M.  Ouseley  s'est  fait  remarquer  par 
ses  travaux  comme  membre  du  jury  musical 
de  l'Exposition  universelle  de  Londres.  Il  est 
l'un  des  collaborateurs  de  l'ouvrage  intéressant 
dont  la  publication  a  commencé  récemment  à 
Londres,  sous  le  titre  de  Dictionary  ofmusic 
andmusicians  et  sous  la  direction  de  M.  George 
Grove  (Londres,  Macmillan,  in-8"). 

OUVRARD  ou  OU VUOIR  (Jean), luthier, 
était  établi  à  Paris  en  1743  et  paraît  n'avoir  pas 
été  sans  talent.  Le  père  et  le  grand-père  de  cet 
artiste  étaient  sansdoute  luthiers  eux-mêmes,  car 
on  assure  qu'un  Ouvrard  fut  élève  de  Pierret, 
qui  exerçait  cette  profession  sous  les  règnes  de 
Henri  IV  et  de  Louis  XIII. 

OVEJERO  Y  RAMOS  (Ignacio),  com- 
positeur et  organiste  espagnol,  né  à  Madrid  le 
l^'  février  1828,  reçut  ses  premières  leçons  de 
musique  d'un  organiste  nommé  Gimeno,  et  ter- 
mina ses  études  sous  la  direction  d'un  artiste 
distingué,  Ledesma,  maître  de  la  chapelle  royale 
de  Madrid,  Il  n'était  âgé  que  de  onze  ans  lorsque, 
dit-on,  il  écrivit  une  ouverture  à  grand  orches- 
tre, dont  il  dirigea  lui-même  l'exécution  au  théâ- 
tre del  Principe,  et  il  avait  à  peine  accompli  .sa 
vingtième  année  quand  il  fit  représenter  sur  celui 
du  Cirque,  le  18  mars  1848,  un  drame  lyrique 
italien  intitulé  Fernando  Cortez,  Le  principal 
rôle  féminin  de  cet  ouvrage  était  rempli  par  une 
adorable  cantatrice,  Angiolina  Bosio  {Voy.  ce 
nom),  enlevée  trop  tôt  à  l'art  quelle  semblait 
appelée  à  illustrer. 

Pourtant,  malgré  ces  débuts  dans  le  genre 
dramatique,  c'est  surtout  dans  la  musique  reli- 


292 


OVEJERO  Y  RAMOS 


gieuse  que  M.  Ovcjero  s'est  exercé  par  la  suite  ; 
il  n'a  pas  écrit,  en  effet ,  moins  de  deux  cents 
œuvres  pour  l'église,  parmi  lesquelles  il  s'en 
trouve  de  fort  honorables,  lin  1858,  cet  artiste 
a  été  nommé  professeur  suppléant  de  la  classe 
d'orgue  au  Conservatoire  de  Madrid,   et  le  30 


août  de  cette  année  il  donnait  au  théâtre  du  Cir- 
que une  zarzuelaen  un  acte  intitulée  ?a  Cabana. 
Comme  chef  d'orchestre,  il  est  chargé  de  la  di- 
rection des  principales  fêtes  religieuses  de  la 
cour  d'Espagne. 


«&-«;=- 


PACEY  (Frédéric-William),  organiste  et 
compositeur  anglais  contemporain,  bachelier  en 
mnsique,  fut  d'abord  l'éîève  du  docteur  J.  Peck, 
à  Londres,  puis  étudia  le  piano,  l'orgue  et  la 
théorie  de  l'art  à  Oxford,  sous  la  direction  du 
docteur  Corfe.  D'abord  chef  de  chœurs  à 
l'Union  chorale  d'Abingdon  (18G5),  organiste  de 
l'église  Saint-Paul  à  Oxford  (1865-1873),  puis 
chef  d'orchestre  de  l'Association  musicale  d'A- 
bingdon, il  devint  en  1874  organiste,  et  ensuite 
chef  de  chœur  à  legHscde  la  Trinité  de  Bolton. 
On  doit  à  cet  artiste  diverses  antiennes,  des 
chants  religieux,  des  hymnes,  des  mélodies  vo- 
cales et  des  compositions  pour  l'orgue. 

*  PACHER  (Joseph-Albert),  pianiste  et 
coraiwsiteur,  est  mort  à  Gmunden  (Wurtemberg) 
le  3  septembre  1871. 

*  PACINI  (André),  sopraniste  renommé,  était 
né  à  Lucques  vers  1705,  et  en  1730  chantait 
ÏArtaxeixe  de  Hasse  sur  le  théâtre  de  sa  ville 
natale.  S'il  ne  se  livra  point  d'une  façon  active  à 
la  composition,  il  devait  néanmoins  être  fort  bon 
musicien,  car  les  registres  de  la  compagnie  <le 
Sainte-Cécile  de  Lucques  constatent  qu'il  écrivit 
un  service  religieux  qui  fut  exécuté  à  l'occasion 
de  la  fête  de  cette  sainte.  André  Pacini  vint  sans 
doute,  après  sa  retraite,  passer  ses  derniers  jours 
dans  sa  ville  natale,  car  il  y  mourut  en  1764. 

*  PACII\I  (Antomo-Francesco-Gaetano- 
Saverio),  d'abord  compositeur,  puis  éditeur  de 
musique,  est  mort  à  Paris  le  10  mars  1866. 
Pacini  ne  se  rendit  pas  immédiatement  à  Paris 
après  avoir  quitté  N'aples  ,  sa  ville  natale.  Il  se 
fixa  d'abord  à  Nîmes,  oii  il  devint  chef  d'or- 
chestre du  théâtre,  et  où  il  fit  exécuter  d'abord, 
à  la  cathédrale,  une  grande  composition  religieuse, 
ensuite,  dans  un  pensionnat  où  il  donnait  des  le- 
çons, une  cantate  en  l'honneur  de  Bonaparte, 
et  enfin,  pour  l'inauguration  de  la  nouvelle 
salle  de  spectacle,  un  opéra-comique,  Isabelle  et 
Gertrude,  dont  il  avait  écrit  la  musique  sur  un 
ancien  livret  de  Favart.  Martin  et  Elleviou,  alors 
en  représentation  à  Nîmes,  ayant  entendu  cet 
ouvrage,  engagèrent  son  auteur  à  se  rendre  à 
Paris,  où  il  arriva  en  effet  en  1804.  11  y  fut  d'a- 
bord professeur  de  chant,  et  donna  des  leçons 
aux  nièces  de  Joseph  Bonaparte,  à  la  maréchale 
Bernadotte,  à  l'ambassadrice  de  Naples,  à  la 
princesse  Borghèse,  etc. 


Il  songea  ensuite  à  aborder  le  théâtre,  et  donna 
successivement  quatre  ouvrages  :  Pohit  d'ad- 
versaire (théâtre  Montansier,  8  août  1805)  ;  Isa- 
belle et  Gertrude  (th.  Feydeau,  1"  mars  1806); 
le  Voyage  impromptu  (th.  Montansier,  5  août 
1806);  Amoitr  et  mauvaise  tête,  ou  la  Répu- 
tation (th.  Feyileau,  17  mai  1808).  Au  bout  de 
quelques  années,  cependant,  Pacini  renonça 
à  la  carrière  du  théâtre.  Bientôt  il  se  fit  éditeur 
de  musique,  et  c'est  à  lui  que  l'on  doit  la 
vulgarisation  en  France  des  opéras  des  com- 
positeurs italiens  qui  ont  illustré  ce  siècle  : 
Rossini,  Donizetli,  Bellini,  etc.  Depuis  long- 
temps déjà  sa  maison  de  commerce  était  fio- 
rissante,  et  il  avait  renoncé  lui-même  à  la 
composition  pour  s'attacher  à  la  publication 
des  œuvres  de  ses  confrères,  lorsqu'un  événe- 
ment vint  le  ruiner,  à  la  suite  duquel  ceux-ci  se 
réunirent  pour  le  sauver.  Le  fait  a  été  raconté 
en  ces  termes,  en  1865,  dans  le  Journal  de 
Rouen,  par  Amédée  Méreaux,  qui  avait  bien 
connu  Pacini  :  —  «...  Son  magasin,  situé  sur  le 
boulevard,  au  coin  de  la  rue  Marivaux,  fut  brûlé 
par  l'incendie  du  théâtre  Favart  vers  1835.  Tout 
le  fonds  de  Pacini  fut  la  proie  des  flammes.  C'é- 
tait une  ruine;  mais  la  sympathie  (!f  tous  les 
artistes  le  sauva  de  ce  désastre.  On  renouvela  en 
sa  faveur  le  livre  des  Cent  et  un  ;  de  tous  les  pays 
il  reçut  des  manuscrits  pour  le  piano,  pour  la 
voix,  de  cent  et  un  compositeurs  français  ou 
étrangers,  et  cette  publication  sans  droits  d'au- 
teur lui  rapporta  d'autant  plus  qu'elle  ne  lui 
avait  rien   coûté.  » 

*  PACIÎM  (Giovanni),  l'un  des  compositeurs 
les  plus  féconds  de  l'Italie  au  dix-neuvième 
siècle,  le  contemporain  et  l'ami  de  Rossini,  de 
Bellini,  de  Donizetti,  de  Mercadante,  des  deux 
Ricci,  de  Carafa,  de  Coccia,  de  Coppola,  est 
mort  à  Pescia  le  6  décembre  1867.  II  élait  né, 
non  à  Syracuse,  mais  à  Catane  le  17  février  1796, 
écrivit  à  l'âge  de  dix-sept  ans  son  premier  ou- 
vrage dramatique,  et  ne  fit  pas  représenter  moins 
de  71  opéras,  sans  compter  les  douze  ou  quinze 
partitions  qu'il  laissa  en  portefeuille,  ni  les  can- 
tates, hymnes,  messes,  etc.,  qu'il  fit  exécuter 
en  grand  nombre. 

Je  ne  crois  pas  inutile  de  dresser  ici  de  nou- 
veau, dans  son  entier,  le  catalogue  des  œuvres 
de  ce  maître,  d'après  celui,  très-complet,  qu  en 


294 


PACLM 


adonné  M.  FilippoCicconclti;  voici  ce  catalogue, 
qui  corrigera  les  erreurs  el  les  omissions  contenues 
dans  ceux  qu'on  avait  antérieurement  publiés.  — 
A.  —  Opi:r.As.  1"  Annetta  e   Lucindo,  bouffe, 
Milan,  tb.  Santa-Radegonda,  1813;  2"  VEsca- 
vazione  del  Jesoro, bouffe,  Pise,  1814;  3°  VAm- 
hizïone  delusa,  bouffe,  Florence,  tb.  de  la  Per- 
gola, 1814;  4».  (//<■  Sponsali  de'  Silfi,  bouffe, 
Milan,  th.  Re,  1814  ;  5°  Dalla   heffa  al  disin. 
ganno,  id.,  id.,  id.,  1815;  6°  il  Matrimonio 
per  procura,'u\.,  id.,id.,  1815;  7°  il  Carnevale 
di  Milano,   id.,  id.,  id.,  1815;   8*  Piglia  il 
mondo  corne  viene,  id.,  id.,  id.,  1815;  9"  il 
SeguHo  di  Ser  Mercantonio,  bouffe,  Venise, 
tb.  San-Mosè,  1815;  iO"  VIngenua,  bouffe,  Ve- 
nise, th.  San-Benedetto,  1816;   11"  Adélaïde  e 
Comingio,  bouffe,  Milan,  th.  Re,  1816  ;  12°  la 
Sacerdotessa    d'Irminsul,    sérieux,    Trieste, 
1817  ;  13°  A/flZa, sérieux,  Padoue,  1818;  14"  il 
Barone  di  Dolsheim,  sérieux.  Milan,  Scaia,  25 
septembre  1818  ;  15"  la  Sposa  fedele,  sérieux, 
Venise,  th.  San-Benedetto,  1819;  16"  il  Fale- 
gname  di  Livonia,  sérieux.  Milan,  Scala,  1819  ; 
17"  Wallace,  id.,id.,  id.,  1820;  18" Za  Sc/iiava 
di  Bagdad,  bouffe,  Turin,  tb.  Carignan,  1820  ; 
19"  la  Gioveniù  d'  Enrico  F,  bouffe,  Rome,  th. 
Valle,  1821;   20°  Cesare  in  Egitto,    sérieux, 
Rome,  th.  Argentina,  1822;  21"  la  Vestale,  s,é- 
rieux.  Milan,  Scala,  1823  ;  22"  Temistocle,  sé- 
rieux,  Lucques,  1823;  23°  Isabella  ed  Enrico, 
semi-sérieux,  Milan,  Scala,  1824;  24"  Alessan- 
dro  nelVjndie,  sérieux,  Naples,  tb,  San-Carlo, 
1824  ;  25°  Amazilia,    sérieux,  id.,  id.,  1825  ; 
26"  rvitimo  Giorno  di  Pompei,  id.,  id.,  id., 
19  novembre,  1825;  27"  la  Gelosia  correila, 
semi-sérieux.  Milan,  Scala,   1826;  28"  Aiobe, 
sérieux,  IVaples,  th.  San-Carlo,   19    novembre 
1820  ;  29"  gli  Arabi  nelle  Gallie,  sérieux.  Mi- 
lan, Scala,  8  mars  1827  ;  30"  Marghcrita  d'In- 
ghilterra,  sérieux,  Naples,  th.  San-Carlo,  1827; 
31°  i  C racial i  a  Tolemaide,  sérieux,  Trieste, 
1827  ;    32"  i  Cavalieri  di   Valenza,  sérieux, 
Milan,  Scala,  1828  ;  33°  il  Talismano,  semi- 
sérieux,  Kaples,  th.  San-Carlo,  1829;  34°  i  Fi- 
danzali,  id.,   id.,   id.,    1829;  35°  Giovanna 
d'Arco,  sérieux.   Milan,   Scala,    1830  ;   36°   il 
Corsaro,    sérieux,   Rome,   th.    Apollo,    1831  ; 
37°  Ivunhoe,  sérieux,  Venise,  th.  de  la  Fenice, 
1832;  38°  iZ  Convitaio  di  pieira,  sérieux,  Via- 
reggio,  1S32  ;  39°  gli  Elvezi,o  Corrado  di  To- 
chemburgo,  sérieux,    Naples,   th.   San-Carlo, 
1833;  40°  Fernando,  duca  di   Valenza,   id., 
id.,  id.,  1833;  41"  Irène  di  Messina,  id.,  id., 
id.,  1833;   42°  Carlo  di  Borgogna,  sérieux, 
Venise,  th.  de  la  Fenice,  183i  ;  43"  Fiirio  Ca- 
millo,  sérieux,  Rome,    tii.    Apollo,  18iû;  44' 


Haffo,  sérieux,  Naples,  th.  San-Carlo,   29   no- 
vembre 18i0;  45"  l'Uomo  del  mislero,  semi- 
sérieux,  Naples,  th.  Nuovo,  1841;   40"  la    Ft- 
danzata  Corsa,  sérieux,  Naples,  Ih.  San-Carlo, 
1841  ;  47°  il  Duca  d'Alba,  sérieux,  Venise,  th. 
de  la  Fenice,  1842;  48'  Maria   Txidor  d'In- 
ghillerra,&éTm\\,  Palerme,  th.  Caroline,  1843  ; 
49"  Luisella,  o  la  Cantante  del  Molo,  bouffe, 
Naples,  th.  Nuovo,  décembre  1843;  50"  Medea, 
.«sérieux,  Palerme,  th.  Caroline,  1843;  b]."iEbrea, 
sérieux.  Milan,  Scala,  I8'i4;  52"  Lorenzino  de' 
Medici,  sérieux,  Venise,  th.  delà  Fenice,  5  mars 
1845;   53"   Buondelmonte,  sérieux,  Florence, 
th.  de  la  Pergola,  18  juin  1845  ;  54°  la  Stella  di 
ISapoli,  sérieux, Naples,  th.  San-Carlo,  1845;  55° 
la  Regina  di  Cipro,  sérieux,  Turin,  th.  Regio, 
7  février  1846;  56"  i»/ero/;e,    sérieux,  Naples, 
th.  San-Carlo,  1846  ;  57°  Ester  d'Engaddi,  sé- 
rieux, Turin,  th.  Regio,  1847  ;  58°  Allan  Came- 
ron,  sérieux,  Venise,  th.  de  la  Fenice,  1848; 
59"   Malvina  di  Scozia,  sérieux,  Naples,  th. 
San-Carlo,  1851  ;  (iO^Za/fira,  bouffe.  Naples,  th. 
Nuovo,  1851  ;  61"  il  Cid,  sérieux.  Milan,  Scala, 
1853;  62"  Tiomilda  di  Provenza,  sérieux,  Na- 
ples, th.  San-Carlo,    1853  ;  63°  la  Punizione, 
sérieux,  Venise,    th.  delà  Fenice,  1854;   64" 
Margherila  Pusterla,  sérieux,  Naples,  th.  San- 
Carlo,  1850;  65"  il  Saltimbarico,  sem\-sér\eu\, 
Rome,  th.  Argentina,  24  mai  1858;  66°  Lidia 
di  Brusselle,  sérieux,  Bologne,  th.  Communal, 
1858  ;  67°  Gianni  di  Nisida,  sérieux,  Rome, 
th.  Argentina,  1860;  68"  il  Mulattierc  di  To- 
ledo,  serai- sérieux,  id.,  id.,  1861  ;  6\)° Belfegor, 
fantastique,  Florence,  th.de  la  Pergola,    1861  ; 
70"  Don  Diego  di  Mendoza,  sérieux,  Venise, 
th.  de  la  Fenice,  1867;  71»    Berta  di  Varnol, 
sérieux,  Naples,  th.  San-Carlo,  1867.  ~B.  — 
Oratorios.  72"  la  Destruzione  di  Geriisalemme, 
Florence,  salle  des  Cinq-Cents,  1858  ;  73°  Car- 
cere  Mamertino,  Rome,  salle  du  Capitole,  1807  ; 
74"  il  Trionfo  di  GiudiUa  ;  75°  il  Trionfo  dclla 
Religionc;  Id"  SanVAgnese.  —  C.  —Canta- 
tes ET  IIV.MNES.  77°  l'Omaggio  più  grato,  Pa- 
vie,  1819;  78°  il  Pure  Omaggio,  Trieste,  1822; 
79'  Cantate   pour  François  I",   Naples,  1825; 
80"  Cantate  pour  les  noces  de  Marie-Christine  de 
Naples,  1830;  81°  il  Felice  Imeneo ,  Naples, 
1832  ;  82°  Cantate  pour  Pie  IX,  Rome,  C;ipitole, 
1848;  83"  Cantate  pour  l'empereur  du  Brésil, 
1851  ;  84°  Cantate  pour  Pie  IX,  Bologne,  1857  ; 
85°  Cantate  pour  l'empereur  des  Français  ;  86° 
Cantate  pour  les  noces  du  prince  Ferdinand  de 
Naples  ;  87°  Cantate  pour  les  noces  du  prince 
héréditaire  de  Toscane  ;  88"  Rossini  e  la  Pairia, 
cantate  pour    les  fêles  rossiniennes  de  Pesaro; 
89"  l'Italia  catlolica,  cantate  pour  l'Académie 


PACINI 

des  Quirites,  de  Rome  -.  90"  Hymne  àGuido  d'A- 
rezzo  ;  91°  Hymne  pour  le  vice-roi  d'Égyple  ; 
92"  Hymne  pour  San-Marino  ;  93°  Hymne  à  la 
"Vierge.  —  D.  —  Misiqle  rkugielse.  Messe  à 
la  Madone  del  Castello,  Milan,  1822  ;  Messe  à 
8  parties  réelles,  dédiée  à  Grégoire  XVI,  1827; 
Messe  exécutée  à  Viareggio  en  1833;  Messe  de 
Requiem,  dédiée  à  la  ville  de  Catane;  Messe 
exécutée  dans  l'église  de  Monlecarlo  ;  Messe  de 
Requiem,  à  la  mémoire  de  Michèle  Puccini  ; 
Messe  de  Requiem,  pour  le  transport  des  cendres 
de  Bellini  ;  un  grand  noml»e  de  Messes  à  3  et 
4  parties  avec  accompagnement  d'orgue  et  de 
contre-basse  ;  un  grand  nombre  de  Messes  à 
grand  orchestre;  2  Miserere;  1  De  Profundis  ; 
beaucoup  de  services  de  vêpres,  à  4  ou  8  parties 
réelles,  avec  grand  orchestre.  —  E.  —  Compo- 
sitions DIVERSES.  Chœurs  pour  l'Œdipe  de  So- 
phocle, exécutés  à  Vicence  en  1847  ;  Dante, 
symphonie  ;  Octuor  pour  3  violons,  hautbois, 
basson,  cor,  violoncelle  et  contre-basse;  6  Qua- 
tuors pour  instruments  à  cordes  ;  Quatuor,  dé- 
dié à  M"""  Pacini  ;  Quatuor,  dédié  à  Lucca  ;  2 
Trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle;  un  grand 
nombre  de  duos,  trios  et  quatuors  pour  piano  et 
instruments  à  vent  ;  divers  morceaux  pour  harpe 
et  piano;  un  recueil  de  6  romances;  un  recueil 
de  5  romances  et  un  duo  ;  un  grand  nombre  de 
chants  détachés,  à  une  ou  plusieurs  voix. 

Pacini  a  laissé  plusieurs  opéras  inédits  ;  M.  Cic- 
conettL  cite  seulement  les  suivants  :  Rodrigo  dl 
Valenza,  la  Donna  délie  isole ,  Carmelita, 
Gusmano  d'Almeida,  Niccola  de  Lapi,  El- 
nava,  Don  Pomponio,  et  gl'  Illinesi;  mais  à  la 
mort  du  compositeur  on  signala  encore  VAs- 
sedio  di  Leida,  Maria  Siuarda,  il  Rinnegato 
Portoghcse,  i  Virtuosi  di  teatro,  VOrfanella 
Svizzera,  il  Trionfo  délie  Belle,  Elfrida,  et 
Lidia  di  Brabante.  (Il  me  semble  que  ce  dernier 
ne  doit  faire  qu'un  avec  celui  mentionné  plus 
haut[n°  66],  sous  le  titre  de  Lidia  di  Brusselle.) 
En  dehors  de  ses  travaux  de  composition  pro- 
prement dits,  dont  le  nombre  est  incalculable, 
Pacini  s'occupa  beaucoup  aussi  de  théorie  et  de 
littérature  musicale;  collaborateur  actif  de  plu- 
sieurs journaux  spéciaux,  la  Gazzetta  musicale 
(Naples),  la  Gazzetla  musicale  (Milan),  Bocche- 
rini  (Florence),  la  Scena  (Venise),  VArpa  (Bo- 
logne), il  Pirata  (Milan),  auxquels  il  fournissait 
de  nombreux  articles  d'esthétique,  de  critique  et 
de  polémique,  il  a  publié  les  ouvrages  et  opus- 
cules suivants  :  1°  Corso  teorico-pratico  di  le- 
zicni  di  armonia;  1<^  Principj  elementarj  col 
metodo  del  Meloplasto  ;  3"  Cenni  storici  sulla 
musica,  e  Trattato  di  contrappiinto,  Luc- 
•ques,  1864  ;  •4"  Sulla  originalità  délia  musica 


PAËR 


295 


ilaliana;  b"  Memoria  sul  migliore  indirizzo 
degli  studi  musicali,  Florence,  Tofani,  1863  ; 
6"  Progetto  pei  giovani  compositori,  1803  ; 
7°  Letlera  ai  Municipj  italiani  per  una 
scuola  musicale,  1863;  8°  Discorso  in  morte 
di  Michèle  Pucini,  18G5  ;  9'  Vita  di  Guida 
d'Arezzo;  10°  Discorso  ai  colleghi  sul  con- 
corso  alVufficio  di  Direttore  nel  Consenatorio 
di  Palermo,  Pescia,  1862;  11"  Discorso  nel 
primo pubhltco  esperimento  degli  alunni  delV 
Istituto  musicale  in  Lucca,  Lucques,  Landi, 
1865  ;  1 2"  Ragionamento  sulV  opéra  del  Tiron  .- 
Études  sur  la  musique  grecque;  13°  Discorso 
nel  secondo pubblico  esperimento  degli  alunni 
delV  Istituto  musicale  in  Lucca,  Pescia,  1867. 
Enfin,  Pacini  a  publié  encore  son  autobiographie 
sous  ce  titre.:  le  Mie  Memorie  artistiche,  Flo- 
rence, Guidi,  1865,  in-16  (1)  ;  M.  Filippo  Cic- 
conetti  a  donné,  après  sa  mort,  une  suite  à, ces 
Mémoires  :  le  Mie  Memorie  artistiche,  di  GiO' 
vanni  Pacini,  continuale  dall'  avvocalo  Fi- 
lippo Cicconetti,  Rome,  Sinimberghi,  1872,  in- 
12. 

Malgré  de  grandes  facultés  naturelles  et  une 
imagination  très-féconde,  Pacini  ne  laissera  dans 
l'histoire  de  l'art  qu'une  trace  superficielle.  Il 
n'avait  pas  suffisamment  cultivé  les  heureux 
dons  qu'il  avait  reçus  de  la  nature  ;  son  éduca- 
tion était  restée  imparfaite,  et  il  s'est  toujours 
prodigué  avec  une  sorte  de  fièvre,  sans  jamais 
prendre  le  temps  ni  la  peine  de  coordonner  ses 
inspirations  et  de  châtier  son  style,  de  façon  à 
produire  des  œuvres  sérieuses  et  durables.  Je 
me  souviens  qu'un  jour,  me  trouvant  avec  Ros- 
sini  et  passant  en  revue  avec  lui  tous  les  musi- 
ciens qui  avaient  brillé  en  Italie  dans  la  première 
moitié  de  ce  siècle,  le  grand  homme  me  dit  en 
parlant  de  Pacini,  pour  lequel  il  éprouvait  une 
sincère  et  profonde  affection  :  —  «  Oh  !  pour  celui- 
là,  je  pense  que  depuis  sa  jeunesse  il  a  travaillé, 
mais  pas  a.ssez.  Il  avait  de  la  fantaisie  pour  qua- 
rante compositeurs,  et  des  idées  charmantes  ; 
mais  il  n'a  jamais  su  s'en  servir.  »  Voilà  ia  vé- 
ritable condamnation  du  système  des  producteurs 
atout  prix,  dont  Pacini  faisait  malheureusement 
partie. 

*  PAER  (Ferdinand).  —  Cet  artiste  célèbre  a 
collaboré,  en  compagnie  de  Berton,  de  Kreutzer 
et  de  Méliul,  à  la  partition  de  l'Ori/lumme, 
ouvrage  de  circonstance  donné  à  l'Opéra  le  31 
janvier  1814.  Il  a  aussi,   avec  Auber,   Batton, 


(I)  C'est,  comme  il  le  déclare  lui-même,  à  l'instigation 
de  M.  le  docteur  .\braiiio  Basevi,  que  Pacini  se  décida  à 
coordonner  et  à  publier  ainsi  les  souvenirs  de  sa  longue 
existence  artistique. 


296 


PAER  —  PALADILHE 


Beiton,  Blangini,  Boieldieu,  Carafa,  Cberubini 
et  Ilérold,  une  part  de  collaboratiou  dans  la  mu- 
sique de  la  Marquise  de  BrinvilUers,  repré- 
sentée à  l'Opéra- Comique,  le  31  octobre  1831. 

*  PAGAI\1\I  (Ercolk),  compositeur  drama- 
tique italien. —  A  la  liste  des  opéras  de  cet  artiste, 
il  faut  ajouter  les  deux  suivants  :  1"  Olimpia, 
Florence,  1804;  2°  Lisiuga,  Florence,  1808. 

*  PAGAMA'I  (-XicoLAs).  —  On  a  publié  ré- 
cemment en  Italie,  sur  cet  artiste  extraordinaire, 
un  écrit  qui  n'est  point  sans  intérêt,  mais  dont 
les  détails  un  peu  romanesques  ne  peuvent,  pen- 
sons-nous, être  acceptés  que  sous  bénélice  d'in- 
ventaire. Voici  le  titre  de  cet  ouvrage  :  N'tccolo 
Paganini,  célèbre  violinista  genovese,  rac- 
contostorico  dï  Oreste]Bruni  (Florence,  Gallelti 
et  Cocci,  1873,  in-8°).  Plus  récemment,  en  Alle- 
magne, une  dame,  M"^  Elise  Polko,  a  fait  paraî- 
tre un  écrit  que  je  n'ai  pas  eu  sous  les  yeux, 
mais  qui,  d'après  son  titre,  semble  établi  sur 
une  donnée  particulière  ;  cet  écrit,  publié  à  Leip- 
zig en  1875,  est  intitulé  Nicolo  Paganini  et 
les  luthiers  (Nicolo  Paganini  und  die  Geigen- 
bauer). 

PAGANINI  (Cesare),  tbéoricien  italien,  a 
fait  paraître  le  manuel  suivant  :  Nuova  Teoria 
musicale,  Florence,  1865. 

PAGES  (Ali'boxse),  écrivain  français,  est 
l'auteur  d'une  brochure  publiée  sous  ce  lititre  : 
la  Méthode  vmsicale  Galin-Paris-Chevé, 
exposé  historique  (JPms,  18(J0,  ia-8°  de  31  p.). 
Ce  petit  écrit,  consacré  à  la  glorilication  du  sys- 
tème de  la  notation  musicale  chiffrée,  cherche  à 
faire  la  part  de  chacun  de  ceux  qui  en  ont  été  les 
principaux  promoteurs,  et  rappelle  les  efforts  per- 
sonnels de  Jean-Jacques  Rousseau,  de  Pierre 
Galin,  d'Aimé  Paris,  d'Érnile  Cbevé  et  de 
M"'"  Chevé. 

PAIXO  (Alfonso),  compositeur  italien  qui 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle,  était  maître  de  chapelle  de  la  congréga- 
tion de  Sau-Carloà  Modène.  Il  a  écrit,  pour  cette 
congrégation  et  à  l'occasion  de  la  fête  de  Sainte- 
Cécile,  nn  oratorio  intitulé  il  Baltcsimo  di  San 
Vuleriano,  qui  fut  exécuté  en  1665. 

*  PAISIELLO  (Jea.n).  —  A  la  liste  des  œu- 
vres drainaticpies  de  cet  artiste  célèbre,  il  faut 
ajouter  les  suivantes,  dont  les  manuscrits 
sont  conservés  dans  les  archives  du  Conserva- 
toire royal  de  Naples  :  1"  il  Crédule  deluso, 
opéra  bouffe  en  3  actes,  Naples,  théâtre  Nuovo, 
1774;  2'  le  Trame  per  aiuore,  id.,  id.,  id., 
1785  ;  3°  VAmor  contrastato,  id.,  id.,  th.  des 
Fiorentini,  1789  ;  4°  la  Zelmira,  opéra  sérieux 
en  3  actes;  5"  la  Daunia  /elicc,  fête  théâtrale, 
Foggia,  1797  ;  G"  Amor  vindicato,  cantate  à  4 


voix,  chœur  et  orchestre,  1786;  7"  Cantate  en 
l'honneur  de  saint  Janvier,  Naples,  1787;  &°  Sil- 
vio  e  Clori,  cantate  ;  9"  Mosè  in  Egitto,  can- 
tate, Naples,  th.  San-Carlo. 

PALADILHE  (Emile),  compositeur,  né  à 
Montpellier  (Hérault),  le  3  juin  1844,  fut  une 
sorte  d'eulant  prodige.  Admis  fort  jeune  au 
Conservatoire  de  Paris,  il  y  fit  des  études  extrê- 
mement brillantes  sous  la  direction  de  M.  Mar- 
montel  pour  le  piano,  de  Benoist  pour  l'orgue, 
et  d'Halévy  pour  le  contre-point,  la  fugue  et  la 
composition.  Dès  l'âge  de  douze  ans,  en  1856,  il 
obtenait  au  concours  un  second  prix  de  piano 
et  un  premier  accessit  de  fugue;  l'année  suivante, 
il  remportait  un  brillant  premier  prix  de  piano  , 
se  voyait  décerner  un  second  accessit  d'orgue  en 
1858,  et  en  1859  obtenait  le  premier  accessit. 
En  cette  même  année,  le  jury  du  concours  de 
Rome  lui  accordait  une  mention  honorable.  Enfin, 
en  1860,  après  avoir  reçu  un  second  prix  d'or- 
gue, il  emportait  de  haute  lutte,  bien  qu'à  peine 
âgé  de  seize  ans,  le  premier  grand  prix  de  Rome. 
Sa  cantate  de  concours,  intitulée  Ivan  IV  et 
écrite  sur  des  paroles  de  Théodore  Anne,  fut 
exécutée  à  l'Opéra  le  7  décembre  1860. 

Malheureusement,  M.  Paladilhe  n'a  pas  tenu 
jusqu'ici  tout  ce  que  faisaient  présager  de  si  bril- 
lants succès  d'école.  Est-ce  insouciance,  est-ce 
lassitude  précoce  ?  c'est  ce  que  je  ne  saurais 
dire.  Dès  le  commencement  de  1860,  avant 
même  d'avoir  obtenu  le  grand  prix  de  Rome,  il 
donnait  un  concert  dans  lequel  il  se  produisait  à  la 
fois  comme  virtuose  et  comme  compositeur,  et 
où  il  faisait  entendre  des  fragments  d'un  opéra- 
comique  en  3  actes  intitulé  la  Reine  Mathilde. 
Peu  de  temps  après,  il  publiait  chez  l'éditeur 
M.  Heugel  une  série  de  trois  morceaux  de  piano 
sous  ce  titre  :  Premières  Pensées,  et  pendant 
son  séjour  à  Rome  il  envoyait  successivement  à 
l'Académie  des  Beaux-Arts  une  Messe  solennelle, 
un  opéra  bouffe  italien,  une  ouverture  et  une  sym- 
phonie en  mi  bémol.  Mais  une  fois  de  retour  à 
Paris,  où  il  rapporta  une  charmante  mélodie  vo- 
cale, Mandolinat((,  qui  eut  un  succès  colos- 
sal, il  sembla  se  tenir  systématiquement  à  l'écart, 
et  pendant  près  de  dix  ans  ne  fit  parler  de  lui  en 
aucune  façon.  Ce  n'est  que  le  27  avril  1872  qu'il 
aborda  pour  la  première  fois  la  scène  en  donnant 
à  l'Opéra- Comique  un  ouvrage  en  un  acte,  le  Pas- 
sant, qui  n'était  que  l'adaptation  lyrique  de  la 
comédie  que  M.  François  Coppée  avait  fait  jouer 
sous  ce  titre,  à  l'Odéon,  avec  tant  de  succès.  La 
musique  du  Passant,  quoique  empreinte  d'une 
jolie  couleur,  était  plutôt  l'(euvre  d'un  rêveur 
qued'un  vrai  musicien  scénique;  l'ouvrage  n'eut 
que  peu  de  représentations.  M.  Paladilhe  ne  fut 


PALADILHE  —  PALLONI 


297 


pas  plus  heureux  avec  l'Amoiir  africain,  opéra- 
comique  en  2  actes  qu'il  donna  au  même  théâtre 
le  8  mai  1875.  Depuis  lors,  l'artiste  ne  s'est 
communiqué  au  public  que  par  deux  recueils  de 
chants  :  20  Mélodies  (Paris,  Hartmann),  et  Six 
Mélodies  écossaises  (id.,  id.),  dans  lesquels  on 
distingue  plusieurs  pièces  pleines  de  charme  et 
de  grâce  (1). 

PALELLA  (Antoine),  compositeur  italien, 
né  à  >'aples,  vivait  en  cette  ville  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  11  y  fit  représenter 
en  1741,  sur  le  théâtre  Nuovo,  un  opéra  bouffe 
intitulé  VIncanti  per  amore.  Je  n'ai  pas  d'au- 
tres renseignements  sur  cet  artiste,  dont  le  nom 
est  resté  complètement  obscur. 

*PALESTR1\A  (Giovanni  PIERLUIGI, 
surnommé  DA).  —  On  a  publié  sur  cet  artiste 
immortel  :  1°  Palestrina,  par  E.-J.  Delécluze 
(Paris,  1842,  in-8°),  extrait  de  la  Revue  de  Paris; 
2'^  Giovanni  Pierluigi  da  Palestrina,  par  Théo- 
dore >jsard  (s.  l.  n.  d.  [Paris,  Repos],  in-8")  ; 
3°  Elogio  di  Giovanni  Pierluigi  da  Palestri- 
na^ detto  dal  canonico  Agostino  Bartolini  in  S. 
Maria  in  Vallicella  il  1°  febbraio  1870  (Roma, 
tip.  Camerale,  1870). 

PALIANTI  (Louis-Pierre-Marie)  ,  né  à 
Cadix  le  9  septembre  1810,  suivit  ses  parents  en 
France  à  l'âge  de  sept  ans,  fitde  bonnes  études,  et 
embrassa  de  bonne  heure  la  carrière  lyrique. 
Après  avoir  tenu  l'emploi  des  secondes  basses- 
tailles  à  Nantes,  à  Versailles  et  à  Dijon,  il  fut  en- 
gagé à  ropéra-Coraique,  pour  y  remplir  les 
fonctions  de  régisseur  en  même  temps  que  pour 
y  jouer  des  rôles  secondaires  (183G).  Il  conserva 
cette  situation  pendant  plus  de  trente  ans,  et 
n'avait  pris  sa  retraite  que  depuis  peu  lorsqu'il 
mourut  à  Paris,  le  5  novembre  1875,  dans  la 
maison  de  Sainte-Périne; 

Palianli  a  \mh\\ii  \m  Almanach  des  Spectacles 
pour  1852  et  1853  (Paris,  Brière,  2  vol.  petit 
in-8°),  et  a  commencé  une  autre  publication  in- 
titulée :  Petites  Archivesdes  théâtres  de  Paris, 
souvenirs  de  dix  ans,  dit  l"  janvier  1855  «m 
31  décembre  \86'i  et  des  six  premiers  moisde 
1865.11  n'a  paru  de  ce  recueil  que  la  première  li- 
vraison, consacrée  à  l'Opéra  (Paris,  Gosselin,1865, 
in-12),  et  d'ailleurs  entachée  d'erreurs  fâcheuses 
et  de  fautes  typographiques  impardonnables. 
Palianti,  qui  avait  fondé  pendant  son  séjour  à 

(I)  Au  moment  où  je  corrige  les  épreuves  de  cette  no- 
tice, 51.  Paladilhe  vient  de  donner  à  l'Opéra-Comique 
(janvier  1S79)  un  charmant  ouvrage  en  3  actes,  Suzanne, 
plein  de  grâce,  de  fraicheur  et  de  jeunesse,  et  qui  sem- 
ble promettre  à  la  scène  française  un  musicien  doué  des 
plus  solides  et  des  plus  sérieuses  qualités.  La  parti- 
tion de  Suzanne  a  été  pour  le  public  la  révélation  d'un 
talent  neuf,  personnel  et  plein  de  sève. 


Dijon  une  petite  feuille  intitulée  l'Entr'ucle,  a 
collaboré  à  quelques  journaux  de  théâtres  pari- 
siens, et  a  publié  toute  une  série  de  mises  en 
scène  des  ouvrages  représentés  à  l'Opéra  et  à 
l'Opéra-Comique. 

PALIARD  (Léon),  amateur  de  musique, 
était  chef  d'une  importante  maison  de  commerce 
de  Lyon  lorsqu'il  fit  représenter  sur  le  Grand- 
Théâtre  de  cette  ville,  le  28  février  1855,  un 
opéra-comique  en  un  acte,  intitulé  l'Alchimiste, 
dont  les  deux  rôles  principaux  étaient  tenus  par 
M.  et  M'"'  Barbot  {Voy.  ces  noms).  M.  Paliard 
avait  reçu  d'ailleurs  une  assez  bonne  éducation 
musicale,  et  avait  été  l'élève  d'Adolphe  Adam. 
Quelques  années  plus  tard,  le  13  décembre  1861, 
il  donnait  à  Paris,  au  Théâtre-Lyrique,  la  Tête 
enchantée,  opéra-comique  en  un  acte.  Mais  j'ai 
lieu  (le  croire  que  cet  ouvrage  ne  faisait  qu'un 
avec  le  précédent,  et  que  le  titre  seul  en  avait 
été  changé.  M.  Paliard  a  écrit  aussi  les  paroles 
et  la  musique  d'un  chant  patriotique.  Déli- 
vrance, qui  a  été  exécuté  au  Grand-Théâtre  de 
Lyon,  en  février  1872,  dans  un  concert  donné 
au  profit  de  l'œuvrede  la  libération  du  territoire. 

PALLOIXI  (CAiETANo),est  né  le  4  aoiU  1831 
à  Camerino,  dans  la  Marche  d'Ancône.  En  1832, 
sa  famille  s'établit  à  Termo,  autre  ville  de  la 
Marche.  Dès  l'âge  de  six  ans  il  conunença  l'é- 
tude du  piano  et  de  l'orgue,  et  il  avait  onze  ans 
quand  son  père,  le  chevalier  avocat  Antoine 
Palloni,  confia  son  instruction  musicaleà  CeHini 
{Voy.  ce  nom),  qui  était  revenu  depuis  peu  dans 
sa  ville  natale,  après  avoir  été  étudier  la  com- 
position à  Naples  sous  Zingarelli  et  Mercadante. 
C'est  sous  la  direction  de  ce  maître  que  Palloni 
étudia  l'harmonie,  la  composition  et  le  chant.  Il 
devint  en  [peu  de  temps  l'organiste  favori  des 
principales  églises  de  Tenno,  et  fut  en  outre 
maître  des  chœurs  et  sous-directeur  des  spec- 
tacles au  théâtre  de  la  même  ville.  En  1855, 
ayant  perdu  son  père,  on  lui  offrit  la  maîtrise  de 
l'église  San-Benedetto  del  Tronto  ;  mais,  quel- 
que avantageuse  que  fût  celte  offre,  il  la  refusa 
pour  se  rendre  à  Florence,  afin  d'y  compléter 
son  éducation  musicale  sous  la  direction  de 
M.  MabeUini  [Voy.  ce  nom),  et  ne  tarda  pas  à  s'y 
produire  avec  des  compositions  qui  permettaient 
de  fonder  sur  luidegrandes  espérances.  En  1858, 
il  fit  exécuter  dans  l'église  des  SS.  Michel  et 
Caïetan,  de  Florence,  une  grand'messe  de  sa 
composition,  et  cette  œuvre  obtint  un  tel  succès 
qu'elle  lui  valut  le  litre  de  maître  de  chapelle 
honoraire  de  la  congrégation  de  Sainte-Cécile, 
établie 'dans  la  môme  église.  Il  publia  la  même 
année,  chez  Lorenzi,  son  premier  alburn  de 
musique  vocale  de  salon,  dont  le  succès  l'encou- 


298 


PALLONI  —  PANE 


ragea  à  s'adonner  de  préférence  à  ce  genre  de 
productions  ;  M.  Pâlloni  en  est  déjà  à  son  17« 
album  publié.  Les  romances,  nocturnes,  mélo- 
dies, ballades,  sforneUi  à  une  ou  plusieurs  voi\ 
avec  accompagnement  de  piano  de  M.  Palloni 
méritent  la  faveur  qu'ils  ont  obtenue  par  l'ex- 
pression toujours  juste,  le  bon  goilt,  le  senti- 
ment, l'élégance  qui  les  distinguent;  ce  sont 
de  petits  tableaux,  mais  des  tableaux  parfaits 
dans  leur  genre.  Ces  compositions  ont  été  édi- 
tées par  Lorenzi,  de  Florence,  et  pau  Fanti  et 
Ricordi,  de  Milan  (I). 

M.  Palloni  est  chevalier  de  la  Couronne  d'I- 
talie, associé  honoraire  de  la  Société  pliilharmo- 
nique  et  membre  résident  de  l'Institut  royal  de 
musique  de  Florence. 

L.-F. C. 
*  PAL]\IA(SiLVESTno),  compositeur  drama- 
tique italien.  —  Aux  ouvrage  signalés  au  nom  de 
cet  artiste,  il  faut  ajouter  il  Naturaliste  im- 
viaginario,  opéra  représenté  à  Florence  en 
1806. 

PALMER  (CIURLES-AvsTI^),  pianiste  fran- 
çais et  compositeur  pour  son  instrument,  est  né 
àRio-Janeiro  le  6  mai  1840.  Sa  première  éduca- 
tion musicale  lui  fut  donnée  par  sa  mère,  et  il 
travailla  ensuite,  au  Brésil,  avec  un  professeur 
allemand  nommé  F. -A.  Nolte.  Venu  en  France,  il 
étudia  le  piano  sous  la  direction  de  M.  Charles 
Jeltsch,  et  fit  un  cours  d'harmonie  et  de  compo- 
sition avec  Adolphe  Lecarpentier.  Ses  études 
terminées,  il  se  consacra  à  Paris  à  l'enseigne- 
ment, et  s'occupa  en  même  temps  de  composi- 
tion. Il  a  publié,  chez  les  éditeurs  MM.  Brandus, 
Clioudens  et  Leduc,  un  certain  nombre  de  mor- 
ceaux de  genre  pour  le  piano,  parmi  lesquels  on 
distingue  :  Boléro,  les  Fleurs  des  Tropiques, 
valse,  Murmures,  Chasse  au  bois,  scherzo-fan- 
laisie,  etc.,  etc. 

PALMIERI  (F ),  compositeur  italien, 

a  donné  en  1871,  sur  l'un  des  théâtres  de  ta- 
pies, un  opéra  intitulé  la  Fortuna  iVun  poeta. 
Le  4  décembre  1878,  il  a  fait  représenter,  sur 
le  théâtre  des  "Variétés  de  la  même  ville,  une 
opérette  (|ui  avait  pour  litre  il  Ratio  délie  Sa- 
bine. 

PALMIXTEUI  (ANTONfo),  musicien  italien 
contemporain,  a  fait  représenter  à  Monza,  le  12 
octobre  1878,  un  opéra  en  4  actes  intitulé  Ar- 
rigo  H. 

(1)  Parmi  ces  albums,  nous  signalerons  les  suivants; 
ilSentimento  {9mé]0(He^];  Fiori  d'amore  {R):  Amorec 
musica  ifi)  ;  Eco  del  cuorc  (i);  Vemicri  romantic i  [t]  ; 
Raggi  délia  itma  (8)  ;  VArpa  mclanconica  (6);  Armonie 
d'umore  (6);  Mcssagi  d'AprilexCi  I.acrime  e  sorrisn 
W  ;  Pcnsiero  ed  anima  (8);  Sospiri  c  spcranze  (3)  ;  Mis- 
teri  del  cuore(i)\  Perlé  e  rugiadeW  ,  ctc..,e\c.  -   .\.I'. 


PALOSCIII  (Giovanni),  employé  de  la 
grande  maison  d'édition  musicale  de  M.  Ricoidi, 
à  Milan,  est  l'auteur  d'un  intéressant  Annuario 
musicale  îiniversale  publié  en  1870  (Milan,  Ri- 
cordi, petit  in-4"),  et  dont  une  seconde  édition, 
très-augmentée  et  considéi-ablement  améliorée,  a 
paru  en  1878.  M.  Paîoschi,  qui  prend  une  part 
active  de  collaboration  à  la  Gazzetta  musicale 
de  Milan,  est  le  traducteur  de  plusieurs  ouvrages 
théoriques  et  didactiques  allemands  et  français, 
publiés  par  M.  Ricoidi.  11  est  aussi  le  rédacteur 
de  l'excellent  et  magnifique  catalogue  de  la 
maison  Ricordi,  qui  forme  un  volume  in-S"  de 
plus  de  700  pages. 

PALUiMBO  (CosTANTiNo),  pianiste  et  com- 
positeur,   né    le  30    novembi-e    1843  à  Torre 
Annunziata,  dans  le  royaume  de  Naples,  fut  ad- 
mis en  1854  au  Conservatoire  de  cette  ville,  oii  il 
fut  élève  de  Lanza  et  de  Russo  pour  le  piano,  et 
où  il  eut  Meicadante  pour  maître  de  composi- 
tion. Ses  études  terminées,    il  entreprit,    vers 
1864,  un  voyage    artistique,  se    fit   entendre  à 
Milan,  à  Bologne  et  dans  plusieurs  autres  gran- 
des villes  de  l'Italie,  vint  en  1867  à  Paris,  où  il 
donna  deux  concerts  et  où  il  reçut  des  conseils 
de  MM.  Henii  Herz  et  Planté,  se  rendit  à  Lon- 
dres, où  il  se  fit  connaître  aussi  comme  viituose, 
puis  retourna  à  Naples  et    y    donna  aussi  de 
nombreux  concerts,  se  produisant  fréquemment 
en  compagnie  de  Thalberg.  Depuis  lors  il  s'est 
consacié  à  l'enseignement  et  est  devenu  profes- 
seur de  piano  au  Conservatoire  (1873),  ce  qui  ne 
l'a  pas  empêché   de  publier  environ   70  compo- 
sitions  pour   son  instrument.   M.   Palumbo    a 
écrit  aussi  un  opéra  sérieux.  Maria  Stuarda, 
qui  a  été  représenté  sur  le  théâtre  San-Carlo  le 
23  avril  1874.  Au  nombre    des  œuvres  pour  le 
piano  publiées    par  M.  Palumbo,  on  remarque 
les  suivantes  :  3  Préludes  et  fugues  (op.  49,  50, 
51)  ;  2  Romances  sans  paroles  (op.  3);  2  Valses 
(op.  34)  ;  2  Nocturnes  (op.  37  et  38)  ;    Tre  Pen- 
sieri  (op.  39);  Andanle  (op.  40)  ;  Élégie  (op.  41); 
le  Fate,   caprice  (op.  6);   Tarentelle   (op.    7); 
etc,  etc. 

PAMPHILOIX  (Edward),  luthier  anglais, 
était  établi  à  Londres  dans  le  courant  du  dix- 
septième  siècle.  Ses  instruments,  dit-on,  étaient 
assez  défectueux  et  n'avaient  qu'une  valeur  se- 
condaire; mais  il  savait  les  recouvrir  d'un  bon 
vernis,  qui  leur  donnait  un  agréable  aspect. 

*  PAXCALDl  (Carlo).  —  Outre  l'écrit 
mentionné  à  son  nom,  ce  dilettante  est  encore 
l'auteur  de  l'opuscule  suivant  :  Vita  di  Lorenzo 
Gibelli,  célèbre  contrappuntista,  Bologne, 
1830. 
PAA'E  (Giu.sEri'E),   compositeur  et  profes- 


PANE  —  PANORMO 


299 


seur,  est  né  à  Naples  le  21  mars  1836,  et  a  fait 
ses  études  au  Conservatoire  de  cette  ville,  où  il 
eut  pour  professeurs  M.  Francesco  Florinio  pour 
le  chant,  Gennaro  Parisi  pour  riiarmonie  et 
Carlo  Conti  pour  le  contre-point  et  la  composi- 
tion. Il  se  rendit  à  Moscou  en  1858,  y  fut  nornmé 
professeur  de  chant  à  l'Institut  impérial  Nicolas, 
et  après  un  séjour  de  plusieurs  années  en  cette 
ville,  d'oii  il  fit  divers  voyages  à  Saint-Péters- 
bourg, à  Paris  et  à  Londres,  il  retourna  dans 
sa  patrie.  Appelé  en  1870  à  Varsovie  pour  y 
remplir  les  fonctions  de  professeur  de  chant  au 
Conservatoire,  il  n'a  cessé  depuis  lors  d'occuper 
cet  emploi.  M.  Pane  a  publié  à  Florence,  à  Mos- 
cou et  à  Varsovie  un  grand  nombre  de  comi)o- 
sitions  vocales  :  M'amastiniai,  Triste  RU orno, 
Mio  povero  amor,  Desolazione,  Chiamatelo 
desdno,  etc. 

PAXIAGUA  (Cenobio),  compositeur  mexi- 
cain, s'est  fait  connaître  dans  sa  patrie  par  un 
certain  nombre  d'oeuvres  intéressantes,  entre 
autres  par  un  drame  lyrique  intitulé  Catherine 
de  Guise,  qui  a  été  représenté  avec  un  grand 
.  succès  sur  le  Théâtre  national  de  Mexico,  et 
qui  était,  dit-on,  la  production  la  plus  remar- 
quable en  ce  genre  qui  fut  due  jusqu'alors  à  un 
artiste  de  ce  pays.  Paniagua  était  pauvre  et  ou- 
blié lorsqu'il  mourut  àVera-Cruz,  au  mois  de 
novembre  186.5. 

PAXICO  (Michèle),  compositeur  italien,  né 
à  Naples  le  16  juillet  1830,  commença  très-jeune 
l'élude  du  piano,  puis  celle  de  la  composition,  d'a- 
bord au  Conservatoire  de  Naples,  et  ensuite  à 
celui  de  Milan.  On  raconte  qu'il  était  doué  d'une 
mémoire  musicale  prodigieuse,  à  ce  point 
qu'un  soir,.dans  le  salon  du  directeur  d'un  jour- 
nal de  Naples,  il  confondit  d'étonnement  le  vieux 
Pacini  en  lui  jouant  au  piano,  sans  musique,  la 
plus  grande  partie  d'un  opéra  nouveau  de  ce 
maître  dont  la  première  représentation  avait 
été  donnée  la  veille  au  théâtre  San-Carlo. 

La  première  œuvre  que  produisit  M.  Panico 
fut  une  Messe  à  grand  orchestre,  qu'il  fit  exécu- 
ter en  1855  dans  l'église  de  San  Giorgio  de 
Genovesi.  Deux  ans  après,  en  1857,  il  donnait 
à  l'ancien  théâtre  Nuovo  un  opéra  intitulé  la  Fi- 
glia  di  Domenico,  dont  le  sujet  était  tiré  d'un 
ancien  vaudeville  français  connu  sous  ce  titre, 
et  en  1859  il  faisait  représenter  sur  la  même 
scène  un  second  opéra,  Stella.  Le  succès  obtenu 
par  ces  deux  ouvrages  avait  encouragé  la  di- 
rection à  lui  commander  une  troisième  partition, 
lorsque  l'incendie  du  théâtre  vint  ruiner  les 
espérances  du  jeune  artiste.  Ce  n'est  qu'en 
1875  que  M.  Panico  put  se  reproduire  devant 
le  public,   en    donnant  sur  le   théâtre  Nuovo, 


reconstruit,  une  opérette  intitulée  Si  e  no.  De- 
puis lors  il  a  écrit  un  nouvel  opéra,  Claudina, 
qui  n'a  pas  encore  été  représenté.  M.  Panico  a 
éci  it  diverses  œuvres  pour  l'église,  et  il  a  pu- 
blié des  mélodies  vocales,  parmi  lesquelles  je 
citerai  un  album,  leGentiline  (Naples,  Cot- 
tiau). 

PAiVIZZA  (GiACOMO),  pianiste,  composi- 
teur et  chef  d'orchestre  italien,  né  à  Castellazzo 
le  T'  mai  1804,  a  occupé  pendant  vingt  ans,  de 
1839  à  1859,  les  fonctions  de  maestro  al  cem' 
balo  et  de  maestro  concertatore  au  théâtre  de 
la  Scala,  de  Milan.  Compositeur  distingué,  il  a 
écrit  la  musique  de  plusieurs  ballets,  parmi  les- 
quels je  ne  puis  citer  que  les  suivants  :  1"  la 
fiosiera  ;  2"  Merojye  (en  société  avec  Viviani), 
Milan,  théâtre  de  la  Scala,  1832  ;  3°  Famt  (en 
société  avec  Costa  et  Bajetti),  id.,  id.,  1S48; 
4°  Palmina  (en  société  avec  Santos  et  Pinte), 
id.,  id.,  1853;  5"  Natta  Saïb  (en  société  "avec 
M.  SIrebinger),  Vienne,  Opéra  impérial,  18G7.  On 
doit  aussi  à  cet  artiste  la  musique  d'une  farsa 
intitulée  la  Collerica,  donnée  à  la  Scala  le  25 
novembre  1831,  et  celle  d'un  opéra  bouffe, 
t  Ciarlatani,  jouée  au  môme  théâtre  le  29  octo- 
bre 1839. 

Uu  artiste  dumêmenom,  M.  Achille  Panizza, 
était  en  1872  maestro  concertatore  et  chef 
d'orchestre  du  théâtre  Eretenia,  de  Vicence.  Je 
pense  que  c'est  celui-ci  qui  est  l'auteur  d'un 
opéra  bouffe,  le  Nozzeper  astuzie,  représenté 
sous  le  nom  de  Panizza  en  1872.  Je  ne  saurais 
cependant  affirmer  duquel  des  deux  est  la  musi- 
que de  cet  ouvrage. 

PANNAïN  (Antonio),  compositeur  italien, 
né  à  Naples  le  31  janvier  1841,  commença  jeune 
l'étude  de  la  musique  ,  et  de  1853  à  1859  suivit 
un  cours  complet  d'harmonie  et  de  contre-point 
avec  son  oncle,  M.  Nicola  Fornasini.  A  partir  de 
18C0,  et  tout  en  consacrant  une  grande  partie 
de  son  temps  à  l'enseignement,  il  se  livra  à  la 
composition  et  publia  chez  divers  éditeurs  toute 
une  série  de  morceaux  de  chant  et  de  morceaux 
de  piano.  Parmi  ses  œuvres  inédites,  on  cite 
quatre  messes,  dont  trois  avec  orchestre,  plu- 
sieurs autres  compositions  religieuses,  et  deux 
ouvertures  pour  orchestre,  dont  une  a  été  exé- 
cutée pendant  vingt-quatre  .soirées  consécuti- 
ves au  théâtre  Belliui,  de  Naples. 

*  PANOFKA  (Henri),  violoniste,  composi- 
teur et  professeur  de  chant,  est  né  à  Breslau,  le 
3  octobre  1807.  Cet  artiste  distingué  s'est  fixé 
définitivement  à  Florence,  depuis  1866,  et  n'a 
cessé  de  s'occuper  de  l'enseignement  théorique 
et  pratique  de  l'art  du  chant. 

*  PAXORMO  (Vincent),  luthier  habile,  né 


300 


PANORMO  —  PAPAVOINE 


en  Italie,  vint  s'établir  en  France  dans  la  pre- 
mière luoilié  du  dix-huitième  siècle.  M.  Vidai, 
dans  son  livre,  les  lastrumenis  à  archet,  a 
résumé  ainsi  les  renseignements  qu'il  a  pu  re- 
cueillir sur  cet  artiste  :  — «Il  vint  s'établir  à  Pa- 
ris vers  1735,  et  y  travailla  jusqu'en  1780  en- 
viron. Lutherie  bien  faite  et  infiniment  supérieure 
à  tout  ce  qui  se  produisait  alors  à  Paris  :  son 
vernis  est  jaune  clair.  On  rencontre  aujourd'hui 
dans  le  commerce  de  nombreux  spécimens  de 
ses  violons,  altos  et  basses,  qui  ne  sont  pas  dé- 
daignés des  connaisseurs.  Panormo  marquait 
ses  in>trutnents  d'une  étiquette  soit  en  français, 
soit  en  latin.  La  première  était  libellée  :  Vin- 
cent Panormo,  rue  de  V  Arbre-Sec,  Paris,  17..; 
la  seconde  :  Vincenzo  Triusano  Panormo  fecit 
Parisiis,  anno  17...  Dans  le  coin  droit  de  cette 
étiquette  latine  se  trouve  un  petit  cerle  formé  de 
deux  traits  en  pointillé  entre  lesquels  se  trouvent 
les  mots  :  armi  cil  Païenne;  et  au  centre  du 
cercle,  une  liarpe,  le  tout  surmonté  d'une  croix 
pattée.  Les  dates  extrêmes  que  nous  avons  re- 
levées dans  les  instruments  de  Vincent  Panor- 
mo, faits  à  Paris,  sont  173S  et  1778.  Nous  ne 
sommes  pas  autrement  fixé  sur  la  biograpbie  de 
Vincent  Panormo.  A  partir  de  1772,  on  rencon- 
tre à  Londres  un  lutbier  de  ce  nom  ;  est-ce  le 
nôtre  ou  un  de  ses  fils  ?  Nous  nous  rangerions 
volontiers  à  la  seconde  hypothèse,  puisque  le 
Vincent  Parnomo  de  Paris  a  signé  ses  instru- 
ments datés  de  cette  ville  jusqu'en  1778.  Tou- 
jours est-il  que  les  biographes  anglais  indiquent 
cinq  Panormo  comme  ayant  travaillé  à  Londres  : 
1"  Vincent  Panormo,  arrivé  à  Londres  vers 
1772,  mort  en  1813  ;  2"  Josepli,  fils  de  Vincent  ; 
3"  Georr/es-IoM!S,facteur  d'archets;  4°  Edouard; 
5°  Georges  (1).  » 

*  PAXSEROJV  (Alciste-Matuieu).  —  Dans 
son  Annuaire  des  artistes  français  publié  en 
1832,  Guyot  deFère  mentionnait  en  ces  termes  les 
compositions  religieuses  de  cet  artiste  distingué  : 
«  Parmi  ses  compositions  inédites  sont  trois 
messes  solennelles,  dont  une  composée  pour  la 
célèbre  chapelle  du  prince  Esterhazy  ;  un  Re- 
quiem et  un  De  Profanais,  exécutés  à  l'église 
française  de  Vienne,  en  Autriche,  pour  l'anniver- 
.saire,  en  1817,  de  la  mort  de  Louis  XVI.  A  la 
mort  de  Gossec,  il  improvisa  un  Pic  Jesu  qui 
depuis  s'est  exécuté  dans  beaucoup  de  céré- 
monies, entre  autres  à  la  mort  de  Calel,  de 
Nourrit  père,  etc.  On  lrou\e  aussi,  dans  ses 
manuscrits,  un  Miserere  à  ([uatre  voix,  ainsi 
qu'un  grand  nombre  de  fugues.  >• 

(t)  On  peut  consulter,  sur  les  Panormo,  le  livre  de 
M.  Jos.  Pcarce,  yiotins  and  violon  makcrs,  et  celui 
do  M.  Hart,  the  Fiolin. 


Quant  à  la  liste  des  oeuvres  dramatiques  de  ce 
compositeur,  il  y  faut  ajouter  le  Mariage  dif- 
ficile, petit  ouvrage  en  un  acte,  qui  fut  repré- 
senté au  théAtre  de  l'Opéra-Comique  le  19  fé- 
vrier 1823.  C'est  aussi  Panseron  qui  écrivit  la 
musique  de  trois  couplets  en  trio  qui  furent 
chantés  au  même  théâtre,  à  l'occasion  de  la 
naissance  du  duc  de  Bordeaux,  le  29  septembre 
1320,  par  Huet,  Darancourt  et  M"*  Boulanger. 

D'après  Vllisloire  du  Consercatoire.de  Las- 
sabatliie,  Panseron  avait  été  nommé  professeur 
adjoint  de  solfège  dans  cet  établissement  le  1'^'' 
janvier  1826,  professeur  de  vocalisation  le  1" 
septembre  1831,  et  enfin  professeur  de  chant  le 
1"  janvier    183G. 

PAI\ZINI  (.\NGELo),  pianiste,  professeur  et 
compositeur  italien,  né  à  Lodi  le  22  novembre 
1820,  a  publié  plus  de  deux  cents  œuvres  de  di- 
vers genres  pour  le  piano,  pour  le  chant  et  pour 
divers  instruments.  Parmi  ces  compositions,  je 
signalerai  les  suivantes  :  la  Cariià,  cantate  ;  24 
Solfèges  pour  2  et  3  voix  de  femmes,  adoptés  par 
le  Conservatoire  de  Milan;  G  Ariettes ;ii  Brin- 
disi,  chanson  avec  chœur  ;  All'eroica  Venezia , 
Daniele  Manin  moreate,  chant  pathétique; 
la  Cetra  lombarda,  album  de  S  morceaux  ori- 
ginaux pour  le  piano;  l'Aurora  del pianista, 
morceaux  courts  et  faciles  sur  des  thèmes  fa- 
voris italiens  ;  Grande  Sonate  pour  piano  et  har- 
monium ;  divers  morceaux  pour  les  mêmes  ins- 
truments ;  plusieurs  morceaux  pour  piano  et 
tlùte;  Grand  Duo  pour  deux  flûtes;  enfin  des 
nocturnes,  caprices,  mélodies,  schcrzi,  marches, 
divertissements,  des  fantaisies  sur  des  motifs 
d'opéras  et  quelques  morceaux  de  danse. 
AL  Panzini  est  professeur  au  Conservatoire  de 
Milan. 

Lorsque,  le  20  septembre  1871,  on  célébra 
à  Milan,  par  de  grandes  fêtes,  lanniVersaire  de 
l'entrée  à  Rome  des  troupes  italiennes,  M.  Pan- 
zini fut  chargé  d'écrire  l'un  des  trois  hymnes  de 
circonstance  qui  furent  exécutés  en  plein  air, 
sur  la  place  du  Dôme,  Les  deux  autres  étaient 
dus  à  Mazzucato  et  à  M.  Perelli. 

PAOLETTI(N ),  pianiste  et  composi- 
teur italien  de  l'époque  actuelle,  s'est  fait  con- 
naître par  la  publication  de  plus  de  deux  cents 
morceaux  de  genre  pour  le  piano,  fantaisies,  ar- 
rangements, transcriptions,  etc.,  tous  ou  pres- 
que tous  écrits  sur  des  airs  célèbres  et  des  thè- 
mes d'opéras  populaires.  J'ignore  quelle  est  la 
valeur  de  cette  musi(|i,ie,  qui  semble  beaucoup 
plus  une  œuvre  de  commerce  qu'un  produit  de 
l'art. 

*PAPAVOIXE( ).— Cet  artiste  fit  repré- 
senter à  la  Comédie-Italienne,  le  7   décembre 


PAPAVOINE  —  PAPILLON  DE  LA  FERTÉ 


301 


17G1,  un  second  ouvrage,  intitulé  le  Vieux  Co- 
quet ou  les  Deux  Amies.  Celui-ci  était  en  trois 
actes  ,  mais  le  livret,  imité  des  Joyeuses  Com- 
mères lie  Windsor,  de  Shakspeore,  déplut  si 
fort  au  public,  que  la  première  représentation  fut 
aussi  la  dornière,  et  que  cet  opéra  dut  tMre  re- 
tiré, bien  que  la  musique  en  eût  paru  agréable. 
Parmi  les  pièces  dont  Papavoine  écrivit  la  rau- 
si(iuepourrAmbigu-Comique,  et  qui  pour  la 
plupart  étaient  des  pantomimes,  je  citerai  les 
suivantes  :  Alccste  ou  la  Force  de  l'amour  et 
deVamilié;  les  Filets  de  Vulcain;  le  Fort 
pris  d'assaut;  Zélie  ;  la  Curiosité  punie  ;  le 
Magicien  de  village  ou  l'Aneperdu  et  retrouvé; 
le  Répertoire;  etc.,  etc.  Papavoine  a  publié 
quelques  oMivres  de  musique  instrumentale,  entre 
autres  :  1"  Duo  à  la  Grecque,  à  deux  violons  ; 
2"  Sympbonie  avec  iiautbois,  llùles  et  cors  de 
chasse.  Il  avait  fait  exécuter  au  Concert  spiri- 
tuel, le  19  mai  1757,  une  symphonie  pour  plu- 
sieurs instruments;  peut-être  est-ce  la  même 
que  celle  dont  il  est  ici  question. 

*PAPE  (Jean-IIemu),  habile  facteur  de 
pianos,  est  mort  le  2  février  1875  à  Asnières, 
près  Paris,  où  il  s'occupait  encore  de  recher- 
ches relatives  à  la  construction  de  l'instrument 
auquel  il  avait  consacré  toute  sa  vie.  Depuis 
longtemps  déjà  son  (ils  et  son  neveu  lui  avaient 
succédé  dans  la  direction  de  la  fabrique  fondée 
par  lui. 

*  PAPE  (Louis),  violoniste,  violoncelliste  et 
compositeur  allemand,  est  mort  le  9  janvier  1835, 

PAPER  A  (Le  P.  Giovanm- Antonio),  compo- 
siteur de  musique  religieuse,  né  à  Lucques  en  1 680, 
fut  maître  de  chapelle  du  séminaire  de  .Saint-lMar- 
tin,  de  cette  ville.  De  1699  àl733,  il  lit  exécuter, 
ainsi  que  le  constatent  les  registres  de  la  com- 
pagnie de  Sainte-Cécile ,  quatorze  services  reli- 
gieux à  quatre  voix,  avec  accompagnement  ins- 
trumental, à  l'occasion  de  la  fête  de  cette  sainte. 
Le  P.  Papera  mourut  à  Lucques  le  3  février  1746. 

PAPIER  (Lotis),  organiste  et  compositeur, 
né  à  Leipzig  le  26  février  1829,  reçut  une  excel- 
lente éducation,  et  devint,  en  1869,  organiste  de 
l'église  Saint-Thomas  de  sa  ville  natale.  lia  publié 
un  grand  nombre  de  compositions,  consistant  en 
pièces  d'orgue,  morcauxde  piano,  chœurs,  etc. 
Cet  artiste  estimable  est  mort  à  Leipzig  le  13 
février  1878. 

PAPILLOX  DE  LA  FERTÉ  (Denis- 
Pierre-Jean),  fut  inscrit  à  la  paroisse  de  Notre- 
Dame  deChâlons  le  18  février  1727,  ainsi  qu'il 
résulte  des  copies  de  son  acte  de  naissance  et 
<le  son  acte  de  décès  (l"^"^  thermidor  an  II),  con- 
servées auxachivesde  l'Opéra.  Tout  était  encore 
à  dire,  il  n'y  a  pas  plus  de  deux  ans  ,  sur  cet 


homme  qui  exerça  une  inlluence  dominante  à 
ropéra  vers  la  lin  du  siècle  dernier,  une  inlluence 
sui)érieure  môme  à  celle  du  ministre  qui  déte- 
nait le  pouvoir  nominal,  mais  qui  laissait  son 
second  gouverner.  Ce  personnage  considérable 
ne  jouissait  pas  seulement  d'une  autorité  occulte, 
car  lui-même  était  décoré  du  titre  de  commi.s- 
saire  du  roi  près  l'Académie  de  musique  ;  mais 
il  avait  su  par  son  esprit  d'intrigue,  par  son 
habileté  à  flatter  le  tiers  et  le  quart,  se  faire 
peu  à  peu  une  place  beaucoup  plus  grande  que 
ses  fonctions  ne  le  comportaient  d'abord.  Il  sut 
enfin  occuper  ce  poste  envié  pendant  les  dix 
années  qui  précédèrent  immédiatement  la  Ré- 
volution, et,  ne  fût-ce  que  par  la  durée  de  son 
autorité,  il  méritait  qu'on  s'occupât  sérieusement 
de  lui,  alors  même  qu'il  n'aurait  pas  eu  une  si 
grande  inlluence  sur  les  destinées  de  notre 
Opéra,  partant  sur  celles  de  la  musique  drama- 
tique en  France.  C'était  d'ailleurs  une  figure 
singulière  et  bien  curieuse  à  étudier  que  celle  de 
ce  Papillon  de  la  Ferlé,  parti  d'une  position  assez 
modeste  et  arrivé  aux  fonctions  les  plus  enviées, 
jouissant  d'un  crédit  sûr  et  l'employant  volontiers 
pour  ses  favorites,  homme  aimable  d'ailleurs  et 
très-affable,  trop  affable  même,  doué  d'une 
grande  activité  et  d'un  sens  droit,  ne  boudant 
pas  au  travail,  imaginant,  proposant,  essayant 
quantité  de  projets  qu'il  croyait  être  pour  le  bien 
de  l'Opéra,  homme  de  mérite  au  résumé,  mais, 
pour  employer  une  expression  toute  moderne, 
faux  bonhomme  au  premier  chef.  Ce  n'était  pas 
assez  d'un  mot  pour  expliquer  ce  caractère 
complexe,  et  il  ne  suffisait  pas  d'injurier  la 
Ferté,  comme  fait  Castil-Blaze,  le  déclarant 
«  vieux  dévot,  libertin  et  frappé  d'imbécillité 
dès  ses  plus  jeunes  ans,  «  pour  le  juger.  Celui- 
là  méritait  mieux  qu'une  appréciation  sommaire, 
qui  sut  jouer  un  tel  rôle  dans  notre  histoire  mu- 
sicale, qui  gouverna  presque  souverainement 
l'Opéra  durant  une  période  aussi  glorieuse  pour 
ce  théâtre.  La  Ferté,  dont  l'activité  était  infati- 
gable, est  certainement  un  des  hommes  qui  ont 
le  plus  écrit  durant  leur  passage  aux  affaires,  et 
les  carions  des  Archives  nationales  ne  sont  pleins 
que  de  ses  lettres  et  rapports.  Toute  sa  carrière 
administrative,  toute  sa  vie  publique  et  privée, 
toutes  ses  menées  artistiques,  toutes  ses  intrigues 
galantes,  sont  maintenant  percées  à  jour,  grâce 
aux  nombreuses  pièces  que  j'ai  le  premier  pu- 
bliées dans  mes  divers  articles,  brochures  ou 
livres  sur  l'Opéra  au  siècle  dernier,  et  en  parti- 
culier dans  le  travail  spécial  que  j'ai  consacré  à  ce 
personnagesi  important  et  pourtant  si  peu  connu  : 
un  Potentat  musical,  Papillon  de  la  Ferté, 
son  règne  à  l'Opéra  de   1780  à    1790,  d'après 


302 


PAPILLON  DE  LA  FERTÉ  —   PARDINAS 


SCS  lettres  et  ses  papiers  manuscrits  conservés 
aux  archives  de  l'Opéra  et  à  la  bibliothèque  de 
la  ville  de  Taris,  avec  un  portrait  de  lui  jiravtî 
à  l'eau-forte  par  M.  Adolphe  Varias  (Paris,  De- 
laille,  1876).  Je  renverrai  simplement  chercheurs 
et  curieux  à  cet  écrit,  ne  pouvant  essayer  de 
le  résumer  ici,  ni  même  relever  à  la  file  toutes 
les  erreurs  débitées  jusqu'à  ce  jour  sur  le  compte 
de  la  Ferté,  sans  occuper  une  place  dispropor- 
tionnée au  sujet. 

Ad,  J  —  N. 
PAPINI  (GuiDo),  virtuose  remarquable  sur 
le  violon  et  com|)Ositeur  pour  son  instrument, 
est  né  à  Camajore  au  mois  d'août  1846. 

11  fut  élève,  à  Florence,  d'un  artiste  fort  distin- 
gué, Giorgetti,  et,  après  s'être  produit  non  sans 
succès  en  cette  ville,  était  retourné  à  Camajore, 
où,  je  ne  sais  pour  quelle  raison,  il  avait  renoncé, 
m'a-t-on  dit,  à  poursuivre  la  carrière  musicale. 
Mais  un  jour  l'excellent  professeur  M.  Basevi 
ayantfaitappelà  sa  bonne  volonté  et  lui  ayant 
demandé  de  tenir  la  partie  de  premier  violon 
dans  les  superbes  séances  de  quatuor  qu'il  don- 
nait chez  lui,  M.  Papini  revint  à  Florence,  se  lit 
entendre  dans  ces  séances  avec  un  grand  bon- 
heur, et  se  produisit  ensuite  dans  de  nombreuses 
occasions.  Après  avoir,  dans  sa  patrie,  établi  sa 
renommée  sur  des  bases  solides,  il  est  venu 
demander  à  la  France  la  consécration  d'un  ta- 
lent qui  se  distingue  par  de  rares  qualités.  En 
187G,  il  s'est  fait  entendre  à  Paris  avec  un  suc- 
cès que  justifiaient  un  son  pur  et  d'une  grande 
puissance,  un  mécanisme  remarquable,  un  jeu 
plein  de  chaleur,  et  un  style  à  la  fois  souple, 
ferme  et  varié,  se  pliant  habilement  aux  exi- 
gences de  la  musique  des  maîtres  divers  inter- 
prétés par  l'artiste.  M.  Papini,  qui  s'est  pro- 
duit ensuite  à  Londres  avec  le  même  bonheur, 
est  un  violoniste  de  race,  et  son  talent  est  à  la 
fois  plein  d'élégance  et  de  solidité. 

Parmi  les  compositions  que  M.  Papini  a  écri- 
tes pour  son  instrument,  je  signalerai  les  sui- 
vantes :  Amoiir,  romance-nocturne;  A  mon 
étoile,  Tomaiîice  sans  paroles-.  Contes  ^orien- 
taux, pièces  de  genre  ;  Saicdade,  romance  ; 
Adagio  et  Valse  de  concert,  op.  23;  la  Lonla- 
nanza,  il  Ricordo,  Berceuse,  3  morceaux  de 
concert,  op.  30;  puis  des  transcriptions-fan- 
taisies sur  divers  opéras  célèbres,  te  Pardon 
de  Ploérmel,  Don  Carlos,  la  Forza  del  Des- 
tina, Aida,  tic. 

*  PAPPALARDO  (Salvatore),  com- 
positeur italien,  est  né  à  Catane  le  21  janvier 
1817.  11  fut  d'abord  chef  d'orchestre  au  théâtre 
communal  de  cette  ville,  et  en  18il  fut  nonnné 
professeur  de  contre-point  aux  écoles  de  musique 


de  l'Hospice  royal  de  bienfaisance.  En  18j4,  il  alla 
se  fixer  à   Naples,  y  reçut   le  titre  de   conqtosi- 
teunie  la  chambre  du  comte  de  Syracuse,  puis  de- 
vint maîtrede  contre-point  à  ['Albergo  dé'Poveri . 
Il  a  fait  représenter  les  ouvrages  suivants  :  Fran- 
cesca  da  Rimini,  4  actes;  il  Corsaro,  3  actes, 
Naples,  th.  du  Fomlo,  1846;  la  Firjlia  del  Doge, 
4  actes  et  un  prologue,  Catane,  1855;  l'Atrabi- 
lare,  iacles,  Naples,  th.  Nuovo,  1856;  Mirinda, 
3  actes,  Naples,  th.  San-Carlo,  1860.  On  doit  à 
M.  Pappalardo,  en  dehors  du  théâtre,  diverses 
compositions  :  une  messe  de  Requiem  ;  3  Salve 
recjina  pour  un  ou  deux  ténors,   avec  accom- 
pagnement de  petit  orchestre;  Aniijona  delta 
velazione,  recueil  de  8  morceaux  religieux  pour 
une,  deux  ou  trois  voix  de  femmes  ou  chœur  de 
femmes  ;  un  recueil  de  trois  mélodies  vocales  et 
des    romances   détachées;    un    quatuor     pour 
2  violons,  alto  et  violoncelle,  op.   18.  Sous   le 
pseudonyme  transparent  de  Paraladopp,  qui 
est  l'anagramme  de  son  nom,  le  même  artiste  a 
publié  diverses  fantaisies  pour  violon,  alto  et 
violoncelle,  pour  piano,  flûte,  violon  et  violon- 
celle, un  duo  pour   deux  violoncelles,  etc.  — 
M.  Pappalardo  s'occupe  aussi  de  littérature  mu- 
sicale,  et    a  été  chargé,    en    1873,   do  rendre 
compte  dans  un  journal    politique  de  Naples, 
la  Patria,  de  tous  les  faits  relatifs  à  la  musi- 
que. 

*  PAQUE  (Guillaime),  violoncelliste,  est 
mort  à  Londres  le  3  mars  1876.  11  était  né  à 
Bruxelles  le  24  juillet  1825. 

PAIlAZZi  (A -Antonio),  musicographe 

italien,  est  l'auteur  d'un  écrit  très-intéressant 
qui,  après  avoir  été  inséré  dans  la  Gazzetta  mu- 
sicale de  Milan,  a  été  publié  sous  ce  titre  : 
Delta  vila  e  dette  opère  musicali  di  Lodo- 
vico  Grossi-Viadana,  inventore  del  basso  con- 
iinuo  net  secolo  XVI,  cou  ritratto  e  quattro 
concerli  ecclesiastici  del  Viadana  (Milan,  Ri- 
cordi,  1877).  Dans  cet  écrit,  M.  Parazzi  a  pu, 
grâce  à  des  documents  authentiques,  rectifier 
ungiand  nombre  de  faits  concernant  la  vie  et 
les  œuvres  de  l'artiste  remarquable  dont  il  re- 
traçait la  carrière.    (Voy.  Viadana). 

PARDIGON  (Marius),  éditeur  et  marchand 
de  musique  à  Marseille,  a  publié  un  opuscule 
ainsiintitulé  :  Nécrologie  desartistes  inusicicns, 
acteurs  et  compositeurs  de  Vannée  1857,  pre- 
mière année  (Marseille,  ihipr.  Vial,  1858,  in-8"). 
J'ignore  si  cette  publication  s'est  prolongée  pen- 
dant plusieurs  années. 

PAUDIMAS  (Philippe),  compositeur,  pro- 
fesseur et  écrivain  espagnol  sur  la  musique,  na- 
quit à  Lugo,  dans  la  province  de  Galice,  au 
commencement  du  dix-septième  siècle.  On  lui 


PAHDINAS  —  PARFAICT 


303 


attribue  uo  certain  nombre  de  chants  religieux, 
cantares  gallegos,  que  le  peuple  entonnait  avec 
enthousiasme  dans  les  pèlerinages  et  les  fêtes  de 
l'ancien  royaume.  Il  se  fit  connaître  aussi  par 
un  certain  nombre  d'écrits  publiés  sur  diverses 
questions  musicales,  et  qui  donnaient  une  haute 
idée  de  ses  connaissances  en  art  et  en  littérature. 
Pardinas  était  aussi  considéré  comme  un  remar- 
quable professeur,  et  il  forma  une  quantité 
d'excellents  élèves.  Par  malheur,  il  était  doué  par 
la  nature  du  caractère  le  plus  intraitable,  qui 
lui  attirait  l'inimitié  de  tous  ceux  qui  étaient  à 
même  de  le  connaître.  Aussi  mourut-il  pauvre  et 
abandonné  de  tous. 

»i  PARDOX  (Félix),  pianiste  et  compositeur 
belge,  né  à  Bruxelles  le  2  juin  1851,  a  fait  ses 
études  au  Conservatoire,  où  il  a  été  élève  de 
M.  Mailly  pour  le  piano  (tout  en  recevant  des 
leçons  particulières  de  M.  Louis  Brassin)  et  de 
Fétis  pour  la  composition.  Il  prit  part  en  1869 
au  concours  de  Rome,  et  se  vit  décerner  le  se- 
cond prix  pour  sa  cantate  intitulée  la  Dernière 
ISuït  de  Faust.Deiix  ans  après,  le  10  avril  1871, 
c'est-à-dire  avant  même  d'avoir  accompli  sa  ving- 
tième année,  ce  jeune  artiste  faisait  représenter 
sur  le  théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bruxelles,  un 
opéra-comique  en  2  actes  qui  avait  pour  titre  la 
Jeunesse  de  Gréiry.  Au  mois  de  lévrier  1879, 
il  a  donné  à  Paris,  au  concert  de  l'Alcazar,  une 
opérette  intitulée  i^risco/'/'  l'Américain. 

PARENT  (M'"=  Charlotte-Francès-Hor- 
te>se),  pianiste  et  professeur,  néeàLondres  le  22 
mars  1837,  fut  admise  en  1853  au  Conservatoire 
de  paris,  où  elle  suivait  simultanément  le  cours 
de  piano  de  M™*^  Farrenc  et  le  cours  d'har- 
monie et  accompagnement  pratique  de  ^I"^  Du- 
fresne.  Elle  obtint  en  1854  un  premier  accessit 
d'harmonie,  le  premier  prix  l'année  suivante  avec 
un  premier  accessit  de  piano,  en  1856  le  second 
prix  de  piano  ,  et  le  premier  en  1857.  M'^*  Pa- 
rent se  consacra  alors  exclusivement  à  l'ensei- 
gnement, et  publia,  quelques  années  plus  tard, 
un  petit  livre  ainsi  intitulé  :  l'Étude  du  piano, 
manuel  de  rélève,  conseils  pratiques  (Paris, 
Hachette,  1872,  in-12).  Ce  petit  manuel,  conçu 
avec  intelligence  et  fait  avec  soin,  est  dédié  par 
l'auteur  à  M.  Félix  le  Couppey. 

*  PAREi\TI  (François-Pall-Maurice).— Ce 
compositeur  a  donné  au  théâtre  Favart,  en  1794, 
le  Cri  de  la  Patrie,  opéra-comique  en  3  actes. 

PAREPA-ROSA  (ElphrosinePAREPA, 
épouse  ROSA,  connue  sous  le  nom  de  M-^'J, 
cantatrice  dramatique ,  naquit  à  Edimbourg  en 
1837  ou  1838.  Fille  d'artistes  et  nièce  d'un 
chanteur  réputé  nommé  Seguin,  elle  reçut  une 
bonne  éducation  musicale  et,  fort  jeune  encore, 


débuta  au  théâtre  italien  de  Malle.  Elle  était  à 
peine  âgée  de  dix-neuf  ans  lorsqu'elle  fut  en- 
gagée au  théâtre  du  Lyceum,  de  Londres,  où  la 
troupe  de  l'opéra  italien  avait  dû  être  provisoi- 
rement transportée  à  la  suite  de  l'incendie  de  la 
salle  deCovent-Garden  ;  elle  s'y  montra  pour  la 
première  fois  avec  succès,  au  mois  de  mai  1857, 
dans  les  Puritains  de  Bellini.  Elle  fit  ensuite 
partie  de  la  compagnie  anglaise  dirigée  par  miss 
Louisa  Pyne  et  M.  Harrison,  devint  l'idole  du 
public,  et,|quelques  années  après,  s'étant  trouvée 
veuve  d'un  premier  mariage  contracté  avec  le 
capitaine  Carwill,  épousa  M.  Cari  Rose,  ditRosa, 
habile  violoniste  allemand  et  chef  d'orchestre 
exercé. 

C'est  alors  que  M™*"  Parepa-Rosa  conçut,  avec 
son  mari,  le  projet  de  former  une  troupe  d'o- 
péra anglais  et  d'aller  avec  elle  exploiter  l'Amé- 
rique. Cette  troupe  fit  une  tournée  immense  et 
triomphale  dans  toutes  les  grandes  villes  du  nou- 
veau monde,  et  M"'°  Parepa-Rosa,  douée  d'une 
voix  puissante  et  superbe  qu'elle  dirigeait  avec 
un  grand  style,  acquit  de  l'autre  côté  de  l'Océan 
une  immense  fortune  et  une  réputation  colos- 
sale. Après  quelques  années  passées  en  Amérique, 
elle  revint  en  Europe,  fit  une  courte  apparition 
au  théâtre  de  Covent-Garden,  puis,  toujours  en 
compagnie  de  son  mari,  forma  une  nouvelle 
troupe  destinée  à  jouer  et  à  populariser  l'opéra  an- 
glais dans  les  provinces.  Cette  troupe,  habile- 
ment dirigée,  marchait  de  succès  en  succès, 
lorsqu'une  grave  m  aladie  de  M™»  Parepa-Rosa 
vint  en  interrompre  les  représentations  ;  le  mal 
fit  des  progrès  rapides,  et  cette  artiste  distinguée 
mourut  à  Londres,  le  21  janvier  1874,  dans 
toute  la  force  de  la  jeunesse  et  du  talent. 

*PARFAICT  (François  et  Claude).  —  Il  ne 
s'est  malheureusement  pas  encore  trouvé,  jus- 
qu'ici, d'éditeur  assez  courageux  pour  publier 
ï Histoire  de  l'Opéra  (ou  plutôt,  cartel  e.st  son 
vrai  titre,  l'Histoire  de  l'Académie  royale  de 
musique)  de  ces  deux  écrivains.  La  copie  de  cet 
intéressant  ouvrage  fiiite  par  Beffara  se  trouve 
aujourd'hui,  non;plus  à  la  bibliothèque  de  la  ville 
de  Paris,  comme  il  a  été  dit,  mais  au  déparle- 
ment des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale. 

L'aîné  des  frères,  François,  est  l'auteur  d'un  al- 
manach  théâtral  dont  il  a  paru  trois  années,  et  qui 
a  été  certainement  le  premier  essai,  sinon  en 
Europe,  du  moins  en  France,  de  ce  genre  de  pu- 
blications. L'Agenda  historique  et  chronologi- 
que des  théâtres  de  Paris  a  été  publié  par  lui 
en  1735, 1736  et  1737,  et  le  seul  exemplaire  connu 
de  cette  petite  et  précieuse  collection,  acheté  par 
moi  en  1864,  à  la  vente  des  livres  de  Favart  fils, 


304 


PARFAIGT  _   PARMENTIER 


fait  aujounl'luii  partie  de  ma  bibliothèque.  Il  m'a 
servi  à  lairo  une  réimpression  en /ac-similc  de 
ces  trois  (letits  volumes,  qui  ont  éleainsi  publiés 
à  nouveau  en  1876  :  Agendas  des  théâtres  de 
Paris,  1735,  1736  et  1737,  par  François  Par- 
faict.  Réimpression  exacte  du  seul  exemplaire 
existant  j  a  vec  préface  par  Arthur  Pougin,  Pa- 
ris, Bonnassies,  1876,  3  vol.  in-32  (tiré  à  cent 
exemplaires). 

*PARIS  (Aimé),  l'un  des  propagateurs  les 
plus  ardents  et  les  plus  intelligents  du  système  de 
la  notation  musicale  par  le  chiffre,  est  mort  le  29 
novembre  186G.  Aimé  Paris  était  un  homme 
d'une  rare  valeur  et  d'une  rare  vigueur  au  point 
de  vue  intellectuel  ;  son  invention  de  la  langue 
rhythmiquc,  qu'il  appelait  la  langue  des  durées, 
est  un  moyen  pédagogique  d'une  réelle  puissance, 
qui  peut  rendre  des  services  signalés,  et  dont  le 
principe  pourra  être  un  jour  d'un  grand  secours 
dans  l'enseignement  musical  ordinaire.  Ce  qui  a 
nui  à  l'expansion  de  ce  procédé  utile  et  ingé- 
nieux, c'est  que  son  auteur  a  toujours  voulu  y 
joindre  le  système  de  la  musique  chiffrée,  abso- 
lument irrationnel. On  doit  àAimé  Paris  plusieurs 
autres  inventions  relatives  à  l'enseignement  mu- 
sical :  deux  appareils  nommés  par  lui  Œdipe 
musical  el  Panotiscope,  et  un  tableau  intitule 
Sténographie  mélodique.  On  trouvera  des  dé- 
tails fort  intéressants  sur  ces  divers  travaux  dans 
la  brochure  publiée  sous  ce  titre:  M.  Aimé  Paris 
et  ses  inventions,  trois  feuilletons  de  M.  Alexis 
Azevedo  dans  l'Opinion  nationale  des  25  aoiît, 
l"  et  8  septembre  1863  (Dieppe,  impr.  Dele- 
voye,  s.  d.  [1863],  in-3^  de  23  p.).  Aimé  Paris 
publiait  à  Rouen,  en  1850,  une  feuille  musicale 
intitulée  le  Franc-Juge. 

*  PAIÎIS  (Claude-Joseph),  est  mort  à  Paris 
le  25  juillet  1866.  Après  avoir  obtenu  le  second 
prix  au  concours  de  l'Institut  en  1825,  il  avait 
écrit  la  musique  d'un  ballet  représenté  à  la  fin 
de  la  même  année  à  la  Porte-St- Martin,  puis,  en 
1826,  il  obtenait  le  premier  prix,  ce  qui  ne  le 
conduisit  pas  à  la  fortune,  car  il  ne  put  jamais 
réussir  qu'à  faire  représenter  un  petit  acte,  la 
Veillée,  à  l'Opéra- Comique.  C'est  à  ce  propos 
qu'Adolphe  Adam  écrivait  ce  qui  suit  (V.  les  notes 
biographiques  |)lacées  en  tête  du  volume  ,  .Som- 
venirs  d'un  Musicien)  :  —  «  Je  concourus  deux 
fois  à  l'Institut  -,  la  première  fois,  j'eus  une  mention 
honorable;  la  deuxième,  le  premier  grand  prix 
fut  décerné  à  lîarbereau,  le  premier  second  prix  à 
Paris,  et  j'obtins  un  deuxième  second  prix... 
Dix  ans  plus  tard,  lîarbereau  était  chef  d'orches- 
tre au  Théâtre-Français,  Paris  était  chef  d'or- 
chestre au  théâtre  du  Panthéon,  et  j'avais  déjà 
fait  jouer  une  dizaine  d'opéras.  »  Outre  la  Veil- 


lée, donnée  à  l'Opéra-Comique,  Paris  lit  repré- 
senter on  1849  au  petit  théâtre  Beaumarchais, 
transformé  pour  un  instant  en  Opéra  bouffe,  un 
petit  ouvrage  intitulé  le  Cousin  de  Denise. 

PAIilSINl  (Federico),  théoricien  et  compo- 
siteur italien ,  professeur  au  Lycée  musical  de 
Bologne,  a  fait  exécuter  en  cette  ville  plusieurs 
messes  qui  lui  ont  valu  les  éloges  de  la  critique 
et  du  public.  Cet  artiste,  qui  considère  ajuste 
titre  la  musique  comme  un  des  éléments  les  plus 
essentiels  de  toute  bonne  éducation,  s'est  appli- 
qué à  écrire  quelques  petits  ouvrages  dramati- 
tiques  destinés  à  être  joués  et  chantés  par  des 
enfants,  et  conçus,  par  conséquent,  dans  des 
conditions  vocales  particulières  ;  c'est  ainsi  qu'il 
a  composé  la  musique  de  trois  farse  ou  opérettes 
appelées,  dans  sa  pensée,  à  être  exécutées  dans 
les  maisons  d'éducation  :  le  Sartine  (un  acte), 
Jenng  (2  actes),  et  una  Burla  (2  actes).  Ces 
trois  petits  ouvrages  ont  été  publiés  en  1871 
par  l'éditeur  Trebbi,  de  Bologne.  M.  Parisini  a 
écrit  aussi  deux  véritables  opéras,  tous  deux  du 
genre  bouffe:  l'un,  il  Maestro  di  sctiola,  a  été 
donné  au  théâtre  Brunetti,  de  Bologne,  en  1869; 
l'antre,  i  Fojic^'mW/ i;eHrfît;«j  a  été  représenté  au 
théâtre  Contavalli,  de  la  même  ville,  le  15  mars 
1876. 

M.  Parisini  s'est  fait  connaître  aussi  par  la  pu- 
blication de  véritables  ouvrages  d'éducation  et 
de  traités  théoriques.  On  a  de  lui  :  1°  Méthode 
théorique  et  pratique  de  chant  choral;  2" 
Méthode  théorique  et  pratique  de  chant  cho- 
ral pour  les  écoles  normales;  3°  Méthode 
en  chiffres  de  chant  choral  à  Vusage  des 
écoles  élémentaires.  Enfin,  on  a  annoncé 
comme  prochaine,  la  publication  d'un  Traité 
d'harmonie  du  même  artiste. 

PARISOT  ( ),  habile  facteur  d'orgues 

français,  vivait  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle,  à  Rouen.  Il  construisit  en  1731, 
conjointement  avec  un  autre  facteur  nommé  Fol, 
le  grand  orgue  de  l'église  Saint-Réniy,  à  Dieppe, 
instrument  qui  ne  coûta  pas  moins,  dit-on,  de 
18,000  livres. 

PARKER  (Daniel),  artisan  distingué,  fut 
un  des  bons  luthiers  de  l'école  anglaise  au  dix- 
huitième  siècle,  et  des  plus  justement  estimés. 
Il  dut  vivre  vieux,  car  les  dates  de  ses  instru- 
ments s'étendent  de  1740  à  1785,  et  compren- 
nent ainsi  près  d'un  demi-siècle.  C'est  Parker 
qui,  avec  Benjamin  Banks,  commença  à  dissua- 
der ses  confrères  d'imiter  les  patrons  de  Stainer. 

*  PARMEi\TIER  ( Charles- Joseph-Théo- 
doiœ),  militaire  et  amateur  distingué  de  musique, 
a  continué,  tout  en  poursuivant  avec  éclat  sa 
carrière,  à  s'occuper  de  l'art  qu'il  affectionne. 


PARMEiNTlER  —  PASCAL 


305 


Blessé  à  Wœrth,  dans  le  cours  de  la  guerre  de 
1870-71,  puis  fait  prisonnier  à  Sedan  et  emmené 
en  captivité  à  Bonn,  il  fut  promu  général  de  bri- 
gade peu  après  sa  rentrée  en  France,  et  bientôt 
nommé  commandant  supérieur  du  génie  à  Tours. 
Il  est  aujourd'hui  membre  du  comité  des  forti- 
fications, et  réside  à  Paris.  Cela  n'a  pas  empêché 
M.  Parmentier  de  publier,  dans  ces  dernières 
années,  un  certain  nombre  de  compositions  parmi 
lesquelles  je  signalerai  les  suivantes  :  i  Pièces  et 
une  Fugue  pour  orgue,  op.  5;  96  petits  Prélu- 
des et  Versets  pour  orgue,  dans  tous  les  tons 
majeurs  et  mineurs,  op.  6  ;  Nocturne  pour 
piano,  op.  9;  Polondise  en  /»j  bémol,  de  VVe- 
ber,  transcrite  pour  orchestre. 

M""=  Teresa  Milanollo- Parmentier,  la  célèbre 
violoniste,  dont  on  avait,  à  fort,  annoncé  la  mort, 
il  y  a  quelques  années,  paraît  avoir  complète- 
ment renoncé  à  se  produire  en  public.  En  1871 
ou  18/2,  elle  s'est  fait  entendre  une  fois  à  Pa- 
ris, dans  un  concert  au  profit  d'une  œuvre  na- 
tionale. 

*  PARRAlX  (Le  P.  Antoine).  —  L'auteur  de 
la  Biographie  universeAle  des  Musiciens  a  été 
trompé  par  un  faux  renseignement  lorsqu'il  a 
affirmé  que  le  Traité  de  ta  musique  Ihéoriq-ur. 
et  pratique  du  P.  Parran  avait  été  publié  pour 
la  première  fois  en  1646.  J'ignore  si  Forkel,  Ger- 
ber  et  les  autres  biographes  se  sont  trompés, 
comme  il  le  dit,  en  signalant  une  édition  de  1636; 
mais  ce  qui  est  certain,  c'est  que  la  bibliothèque 
du  Conservatoire  de  Paris  possède  une  éditionbien 
authentique  du  Traité  du  P.  Parran  datée  de  1639, 
et  formant  un  volume  de  14i  pages  avec  une 
planche  et  des  exemples  dans  le  texte. 

PARRAVAMO  (Costa^tino),  compositeur 
dramatique  italien,  est  né  à  Caserte  le  '25  no- 
vembre 1851,  eta  étudié  le  piano  avec  Vincenzo 
Ruta,  et  la  composition  avec  Domenico  Gatti  el 
Mercadante.  Il  s'est  fait  connaître  jusqu'ici  par 
quelques  ouvrages  qui  ont  été  assez  bien  ac- 
cueillis :  1°  Isaura  di  Firenze,  Caserte,  1860  ; 
2°  Colpa  e  Cnstigo,  3  actes  (paroles  et  musi- 
que), Naples,  théâtre  Bellini,  2G  septembre  18G7; 
3°  l'Uttimo  de' Mort  in  Jspagna,  Naples,  tbéà- 
treMercadante,  décembre  1874;  4°  Ginevra  di 
Monreale,  Milan,  théâtre  Dal  Verme,  18  novem- 
bre 1878.  Il  a  en  portefeuille  trois  autres  opéras, 
usqu'àcejour  inédits  :  Piccarda  Donati,  gli 
Uscocchi,  et  la  Dama  btanca.  M.  Parravano  a 
publié  quelques    romances  et  mélodies. 

PARRAVICII\I  (La  signora) ,  violoni.sle 
extrêmement  remarquable,  était  fille  d'une  canta- 
trice dramatique  fameuse,  Isabelle  Gandini,  et 
naquit  à  Turin  en  1769.  On  la  dit  élève  de  Violfi. 
ce  qui  semble  difficile,  s'il  est  vrai,  comme  l'al- 

BIOGU.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    —    SUPPL.      — 


firme  Francesco  ^v:g\\[Storiadetviotinoin  Pie- 
monte),  qu'elle  ne  vint  à  Paris  qu'en  1797;  Viot- 
li,  en  effet,  avait  quitté  Turin  dès  1780  pour  ve- 
nir en  France,  était  parti  pour  l'Angleterre  en 
1792,  et  ne  revint  à  Paris  qu'au  bout  de  dix  an- 
nées. Il  faudrait  donc  croire,  ce  qui,  après  tout, 
ne  serait  pas  impossible,  que  la  Parraviciiii  avait 
reçu  des  leçons  de  Viotti  dès  sa  plus  tendre  en- 
fance ,  et  seulement  jusqu'à  l'âge  de  onze  ans. 

Quoi  qu'il  en  soit,  déjà  mariée  lorsqu'elle  vint 
à  Paris,  elle  produisit  une  véritable  sensation  en 
s'y  faisant  entendre  aux  concerts  de  la  Société 
Olympique.  Deux  ans  apiès,  elle  obtenait  de 
grands  succès  à  Leipzig,  puis  à  Dresde,  et  en 
1801  elle  était  de  retour  à  Paris,  où  elle  retrou- 
vait toute  la  faveur  du  public.  L'année  suivante, 
elle  était  à  Berlin,  et  bientôt  elle  se  fixait  dans 
une  petite  cour  d'Allemagne,  où,  séparée  alors 
de  son  mari,  elle  s'était  présentée  sous  le  nom 
d'un  grand  seigneur  qui  était  devenu  son  amant. 
A  partir  de  ce  moment,  elle  cessa  d'employer 
son  talent  pour  vivre.  Pourlant,  et  sans  doute  à 
;a  suite  de  revers  de  fortune,  elle  se  produit  de 
nouveau  comme  virtuose  en  Allemagne  vers 
1820,  et  sept  ans  plus  tard  elle  donne  à  Munich 
des  concerts  qui  la  font  admirer  du  public,  bien 
([u'à  cette  époque  elle  fût  âgée  de  près  de  soixante  ■ 
ans.  Les  journaux  du  temps  rendirent  compte  de 
ses  succès  d'une  façon  étendue.  Depuis  lors,  on 
n'eu  entendit  plus  parler. 

La  Parravicini,  dit-on,  ne  jouait  absolument 
pas  d'autre  musique  que  celle  de  Viotti. 

PASCAL  (Pkosper),  compositeur  et  critique 
musical,  est  né  vers  1825.  Artiste  un  peu  froid, 
mais  fort  instruit  et  non  dénué  d'imagination, 
M.  Prosper  Pascal  s'est  produit  au  Ibéàtre  avec  les 
ouvrages    suivants  :     1°  le  Roman  de  la  Rose, 
un  acte,  Théâtre-Lyrique,   29  novend)re  18.^4  ; 
2"  la  Nuit  aux  gondoles,  un  acte,  id.,  19  no- 
vembre  1861;  3"   le  Cabaret  des  Amours,  un 
acte,    Opcra-Comii|ue,   8  novembre  1862  ;  4". 
Fleur  de  lotus,  théâtre  de    Bade  ,  29  juillet 
1864.  Il  a  écrit  aussi   les  paroles  el  la  musiijue 
d'un  grand  opéra  en  cinq  actes,  les  Templiers, 
dont  il  a  fait  exécuter  quelques  fragmenis,  dans 
un  salon,  au  mois  de  mai  1867.  C'est  à  M.  Pas- 
cal qu'est  due  la  traduction  de  l'Enlèvement  au 
Sérail,   de  Mozart,  donnée  au  Théâtre-Lyrique 
en   1859,  et  c'est  à  cette  occasion  qu'il  a  orches- 
tré avec  un  tact,  une  finesse  et  une  élégance  rares, 
et  fait  c  écuter  en  guise  d'enlr'acte  la  jolie  Mar- 
che turqi  c  de  Mozart.  Ainsi  arrangé,  ce  morceau 
produisait  un  effet  infaillible  non-seulement  au 
théâtre,  mais  dans  les  concerts,  où  on  l'exécutait 
sans  cesse. 

M.  Prosper  Pascal   s'est   fait  connaître   auss 
T      II.  20 


306 


Pascal  —  pasDelouP 


comme  critique,  et  il  a  fail  preuve  de  délicatesse, 
de  goiH  et  de  véritables  qualités  d'écrivain  en 
collaliorant,  sous  ce  rapport,  au  Courrier  du 
Dimanche,  au  Ménestrel,  au  Derby,  et  à  l'Ex- 
position  universelle  illustrée.  Depuis  plusieurs 
années,  la  maladie  a  réduit  cet  artiste  au  si- 
lence. Il  a  publié,  chez  l'éditeur  Gérard,  un  re- 
cueil de  vingt  mélodies  vocales,  intitulé  les 
Chants  delà  veillée,  et,  chez  Heugel,  quatre 
dnettinos,  dont  un  sur  paroles  italiennes,  por- 
tant les  titres  suivants  :  Comment  disaient-ils  ? 
la  Chanson  du  feu;  l'Eté;  Bel  tempo  che  vola. 

PASCUCCI  ( ),  compositeur  dramatique 

italien,  a  l'ait  représenter  sur  le  théâtre  Argen- 
tina,  de  Rome,  le  23  septembre  (877,  un  opéra 
semi-,-érieu\  intitulé  il  Pronosticante  fanatico. 
licrite  depuis  dix  ou  douze  ans,  la  musique  île 
cet  ouvrage  parut  conçue  dans  un  style  un  peu 
étroit,  un  peu  conventionnel,  et  dont  les  formes 
avaient  déjà  vieilli  ;  cependant,  et  bien  que  les 
idées,  parfois  gracieuses  et  élégantes,  parussent 
manquer  de  nouveauté,  on  reconnut  dans  la  par- 
tition la  trace  de  bonnes  études  et  de  l'heureuse 
organisation  du  compositeur. 

PASDELOUP  (Jcles-Étienne),  chef  d'or- 
chestre français,  fondateur  des  Concerts  popu- 
laires, est  né  à  Paris  le  15  septembre  1819.  Fils 
d'un  artiste  estimable   qui  avait  obtenu  au  Con- 
servatoire un   premier  prix  d'harmonie   (1809) 
et  un  premier   prix  de   violon  (1811),    lui-même 
fut  admis  dans  cette  école  le  16  octobre  1829,  et 
y    devint    successivement   l'élève    de    Rosellen 
pour  le  solfège,  de  Laurent  et  de  Zimmermann 
pour  le  piano,  de    Bazin  et   de  Dourlen    pour 
l'harmonie,  enlin  de  Carafa  pour  la  composition. 
Après  avoir  obtenu  un  accessit    de  solfège  en 
1830,  le  second  prix  en  1831  et  le  premier  prix 
en  1832,  il   se  vit  décerner  un  second    prix  de 
piano  en  1833  et  le  premier  prix  l'année  suivante. 
Il  était  encore  élève  de  l'école,  où  il  ne  termina 
ses  études  qu'en  184'i,   lorsqu'en    18'il   il  y  fut 
nommé  répétiteur  de  solfège;  devenu  répétiteur 
d'une  classe  d'étude  du  clavier  en  1847,  il  donna 
sa  démission  en  1850,    fut   nommé  professeur 
agrégé  de  la    classe    d'ensemble  vocal  en  185,"), 
et  en  1808  renonça  à  ces  dernières  fonctions.  Il 
était,  à   celte  époque,  directeur  d'une  des  deux 
sections  de  l'Orphéon  municipal  de  Paris. 

M.  Pasdeloup  commença  sa  carrière  artistique 
en  se  faisant  entendre  dans  les  concerts,  et  en 
publiant  pour  le  piano  quelques  piècM  de  genre 
sans  grande  importance  et  quelques  .norceaux 
de  danse.  Nommé,  à  la  suite  de  la  révolution  de 
1848,  gouverneur  du  chAteau  de  Saint-Cloud,  il 
ne  conserva  pas  longtemps  ces  h)nctions,  et, 
rappé  du  succès  qu'obtenait  alors  la  Société  de 


Sainfc-Cécile,  si  bien  dirigée  par  M.  Seghers 
{l'oij.  ce  nom),  il  songea  bientôt  à  fonder,  avec 
l'aide  des  ji'unes  élèves  du  Conservatoire,  une 
association  du  même  genre  à  laquelle  il  donna  le 
nom  de  Société  des  jeunes  artistes  du  Conser- 
vatoire. II  styla  cette  jeune  armée  de  synipho- 
nistes,  et  donna  son  premier  concert  public  à  la 
?alle  Herz,  au  mois  de  février  1851.  Peu  de 
lemps  après,  il  était  chargé  de  la  direction  des 
soirées  musicales  de  la  princesse  Malhilde  et  de 
celles  de  M.  deMeuwerkerke,  surintendant  des 
Beaux-Arts. 

Mais  M.  Pasdeloup  poursuivait   lui    but  plus 
vaste  et  plus  élevé.  Désireux  de  doter  son  pays 
d'une  institution  qui  lui  manquait  encore,  mal- 
gré les  essais  faits  en  ce  genre,  à  diverses  reprises, 
(lar  plusieurs  artistes  distingués,  il  rêvait  la  fon- 
dation d'une  entreprise  de  concerts  à  bon  mar- 
ché,  grâce  à  laquelle  on   pourrait  mettre  à  la 
portée  de  tous,  pour  un  prix  modique,  les  grands 
chefs-d'œuvre  de  la  musique  symphonique  clas- 
sique, dont  l'audition  était  jusqu'alors  le  privi- 
lège d'un  petit  nombre.   Fort  de  la  bonté  de  son 
idée,  il  songea  aux  moyens  pratiques  de  la  réa- 
liser. La  difficulté  principale  était  de  trouver  une 
salle  assez  vaste   pour  contenir  un  public  nom- 
breux, afin  que,  malgré  la  modicité  du  prix  des 
places,  le  chiffre  des  recettes  permît  de  sup- 
porter, avec  les  dépenses  d'un  orchestre  considé- 
rable, tous  les  autres  frais  inhérents  à  une  telle 
entreprise.  Or,  on  sait  combien  Paris  a  toujours 
été  pauvre  en  salles  de  concert.  M.  Pasdeloup 
ne  se  rebuta  pas  pour  cela,  et,  ne  trouvant  rien 
de  mieux,  en  vint  à  s'installer  dans  un  manège. 
Il  loua  la  salle  du  Cirque  d'Iiiver  (lioulevard  des 
l'illes-du-Calvaire),  et  c'est    là  qu'il  transporta 
son  orchestre  de  la  salle  Herz,  d'ailleurs  notable- 
ment augmenté  en  raison  de  l'importance  du  vais- 
seau dans  lequel  il  était  appelé  à  manœuvrer  dé" 
sormais.   Une  fois  en    possession   de  sa  salle, 
M.  Pasdeloup  s'occupa  de  l'organisation  maté- 
rielle de  ses  séances,  et  bientôt  d'itninenses  af- 
fiches, placardées  dans   tout  Paris,  annonçaient 
l'inauguration  des  Concerts  populaires  de  mit- 
sique  classique,  inscrivant   sous  ce  titre  hardi 
les  cinq  grands  noms  de  Haydn,  Mozart,  Bee- 
thoven, Weberet  Mendelssohn,  et  faisant  con- 
naître les   prix   des  places,  qui  étaient  fixés  à 
j  francs,  2  fi'.  50,  1  fr.  25,  et  75  centimes.  Le 
premier  concert  eut  lieu  le  dimanche  27  octobre 
1801,  et  le  programme  en  était  ainsi  composé  : 
1"  Ouverture  d'Oberon  (Weber)  ;  2"  Symphonie 
pastorale  (lieelhoven);  3"  Concerto  de  violon 
(Mendelssohn),  exécuté  par  M.  Alard  ;  4"  Hymne 
(Haydn),  exécuté  par  tous  les  instruments  à  cor- 
des; 5"  Ouverture  du  Jeune  Henri  (Méhul). 


PASDELOUP  —  PASQUALt 


307 


Le  succès  fut  spontané,  colossal,  immense. 
Bien  avant  llieure  lïMie  pour  l'ouverture  des 
bureaux,  la  foule  se  pressait  aux  portes  du 
Cirque,'  et  la  salle  était  comble  lorsque  M.  Pas- 
deloup  donna  le  signal  de  l'attaque  de  la  cheva- 
leresque ouvertured'O&e/on.  Une  immense  salve 
d'applaudissements  éclata  de  tous  les  points  do 
la  salle  lorsque  le  morceau  fut  terminé,  et  l'en- 
thousiasme ne  fit  que  s'accroître  jusqu'à  la 
fin  de  la  séance.  De  ce  jour,  l'avenir  des  Con- 
certs populaires  était  assuré,  et  M.  Pasdeloup, 
en  rendant  un  éclatant  servi(;e  à  la  musique,  en 
inettant  les  classes  bourgeoise  et  laborieuse  à 
même  de  connaître  ses  plus  admirables  cliefs- 
d'œtivre,  en  propageait  le  goût  d'une  façon  in- 
calculable et  créait  une  institution  qui  jnarquera 
dans  l'histoire  de  l'art.  Presque  aussitôt  celle-ci 
portait  les  fruits  qu'on  en  pousail  attendre,  et 
des  concerts  populaires  s'établissaient  successi- 
vement, non-seulement  dans  la  plupart  de  nos 
grandes  villes  de  France,  Toulouse,  Bordeaux, 
Nantes ,  Marseille ,  Lyon,  mais  dans  presque 
toutes  les  capitales  et  villes  importantes  des 
pajs  étrangers  :  Londres,  Turin,  Gènes,  Flo- 
rence, Moscou,  Madrid,  Dinningham,  Bruxelles, 
etc.,  et  partout  avec  le  même  succès. 

Cependant,  M.  Pasdeloup  ne  se  borna  pas  à 
faire  connaître  à  son  public  les  grandes  œuvres 
que  le  temps  avait  jusqu'alors  consacrées.  Doué 
d'un  large  esprit  d'initiative,  et  se  rendant  un 
compte  exact  des  services  qu'il  pouvait  rendre, 
il   produisit  bientôt  diverses   compositions  des 
maires  de  l'école  contemporaine  allemande  et  de 
quelques  autres  artistes  étrangers,  MM.  Richard 
Wagner,  J.  Raff,  Niels  Gade,  Rubinslein,  Tscliaï- 
Koffsky,  Grieg,  etc.  ;  puis  il  songea  à  donner  aussi 
l'hospitalité  à  nos  jeunes  musiciens  français,  qui, 
en  dehors  du  théâtre,  n'avaient  en  l'rance  aucun 
moyen   de  se  faire  connaître.  C'est  ainsi  qu'il 
lit  exécuter  les  premières  compositions  de  fous 
nos  jeunes  maîtres,  MM.  Massenet,  Georges  Ri- 
zet,  Ernest  Guiraud,    Edouard  Lalo,   Salvayre, 
Bourgault-Ducoudray.etc.j  tout  en  donnant  place 
aux  grandes  (r-uvres  de  Félicien  David,  de  Ber- 
lioz, de  MM.  Gounod,  Gouvy  et  autres.  Le  large 
et  vigoureux  éclectismede  M.  Pasdeloup  a  rendu, 
on  peut  le  dire,  de  très-grands  services  à  l'art 
musical,  et  on  doit  liù  en  savoir  d'autant  plus  de 
gré  que  ce  n'est  pas  sans  entrer  en  lutte  parfois 
avec  son  public  qu'il  pouvait  l'obliger  à  écouler 
des  o'uvres  qui  ne  lui  étaient  pas  sjmpathiques 
dès  l'abord.  En  agissant  ainsi,  M.  Pasdeloup  a 
créé  un   grand  courant  musical,  a  activé  la  pro- 
duction chez  nos  jeunes  artistes,  en  a  fait  con- 
naître plusieurs  qui   sans  lui  fussent  restés  ob- 
scurs, et  a  prouvé  à  la  France  elle-mCme  qu'elle 


possédait  une  jeune  et  forte  école  musicale,  di- 
gne et  capable  de  lutter  victorieusement  contre 
quelque  pays  que  ce  soit. 

Au  mois  de  novembre  1866,  M.  Pasdeloup, 
sans  abandonner  en  aucune  façon  les  Concerts 
populaires,  voulut  fonder  dans  la  salle  nouvelle 
de  l'Athénée  (rue  Scribe)  une  entreprise  de  con- 
certs permanents  avec  chu'urs  et  orchestre,  qui 
auraient  lieu  le  soir,  trois  fois  par  semaine.  Il 
fit  exécuter  là  diverses  œuvres  importantes,  les 
cnmvsd' Athalie,  deMendelssohn,  ceux  d'Lïj/sse, 
de  M.  Gounod,  les  Ruines  d'Athènes,  de  Bee- 
thoven, le  Désert,  de  Félicien  David,  les  Saisons, 
d'Haydn,  VOdeù sainte  Cécile,  deHœndel,etc.  ; 
mais  les  concerts  de  l'Athénée  ne  réussirent  que 
médiocrement,  et  ne  durèrent  pas  plus  d'une 
saison.  Deux  ans  après,  au  mois  d'octobre 
1868,  M.  Pasdeloup  voulut  prendre  la  direction 
du  Théàtre-tLyrique,  mais  son  administration  ne 
fut  pas  heureuse;  après  avoir  remonté  r//>^î- 
(jénie  en  Tauride,  de  Gluck,  avoir  donné  une 
traduction  du  Rienzi,  de  M.  Richard  Wagner, 
avoir  joué  Don  Quichotte,  de  M.  Ernest  Bou- 
langer, et  quelques  autres  ouvrages,  il  dut,  au 
bout  de  dix-huit  mois,  abandonner  la  situation 
et  résigner  son  privilège.  Depuis  lors  il  s'en  est 
tenu  exclusivement  à  la  direction  des  Concerts 
po|)ulaires,  dont  ia  création  reste  son  grand  et 
véritable  titre  à  l'estime  et  à  la  sympathie  pu- 
bliques. —  M.  Pasdeloup  est  chevalier  de  la  Lé- 
gion d'honneur. 

PASINl  (TiMOTEo),  compositeur  italien,  est 
auteur  d'un  drame  lyrique,  Giovanna  Grey,  qui 
était  représenté  (j'ignore  si  c'est  pour  la  première 
fois)  en  1853,  au  théâtre  communal  de  Ferrare. 
On  lui  doit  aussi  un  chant  patriotique  intitulé  la 
Parienza  del  volonturio.  Cet  artiste  était  vrai- 
semblablement l'époux  de  la  cantatrice  M""'  Pa- 
••^ini-Nencini,  dont  on  trouve  une  notice  au  tome 
\T  de  la  Biographie  universelle  des  Musiciens. 
*  PASQUALI  (Bomface),  prêtre  et  musicien 
italien  du  seizième  siècle,  ne  parait  pas  avoir  été 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Parme, 
ainsi  qu'il  a  été  dit  dans  la  Biographie  univer- 
selle des  Musiciens.  Faisant    partie  de  l'ordre 
des  mineurs  conventuels  de  San-Francesco,  de 
Bologne,  sa  ville  natale,  il  fut  tout  naturellement 
choisi  par  ses  supérieurs,    s'étant  donné  à  la 
pratique  de  la  musique,   pour  remplir  les  fonc- 
tions de  maître  de  chapelle  de  son  couvent,  fonc- 
tions qu'il  conserva  depuis  le  3  septembre  1567 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  à  la  fin  de  février  1535. 
Pendant  ce  cours  de  dix-huit  années,  il  ne  s'é- 
loigna un  instant  de  Bologne  que  pour  aller  te- 
nir le  même  emidoi  à  Padoue,  précisément  en 
1576,  t'est-à-dire  à  l'époque  Où  il  fit  paraître  à 


308 


PASQUALI  —  PATRIE 


Venise  son  recueil  de  psaumes.  Mais  il  revint 
bientôt  à  son  couvent,  pour  ne  le  plus  (piiUcr. 
On  trouvera  des  détails  à  ce  sujet  dans  l'écrit  de 
M.  Gaspari  :  Memorie  risguardanti  la  sto- 
ria  dell'artc  musicale  in  Bologna  al  XV[  5e- 
colo. 

*  PASQUIIVI  (Bernardo),  compositeur  ita- 
lien. —  A  la  liste  des  œuvres  de  ce  grand  artiste, 
I  faut  ajouter  un  oratorio  qui  avait  pour  titre 
a  Sele  di  Crisio,  et  un  opéra  intitulé  la  Forza 
d'amore.  J'ignore  le  lieu  et  la  date  de  représen- 
tation de  ce  dernier  ouvrage,  dont  M.  le  doc- 
teur Abramo  Basevi,  de  Florence,  possède  la 
partition  manuscrite  dans  .«;a  bil»liotlic(]ue. 

*PASTA(Ji'DiTHi\liGRI,  épouse).—  Cette 
cantatrice  aduu'rable,  (pii  depuis  vingt-cinq  ans 
s'était  délinilivement  retirée  de  la  scène  et  vivait 
dans  sa  splendide  villa  du  lac  de  Côme,  est  morte 
e  1"^  avril  186ô.  Deux  écrits  ont  été  publiés 
naguère,  en  Italie,  sur  I\l""'  I\ista  :  VGiuddla 
Pasta  al  Carcano,  poemn  eroi-comico,  par  Lo- 
renzo  Bossini  (Naples,  1833,  in-8")  ;  2"  lu  Iode 
dhina  muravigliosu  non  meno  i/alica  caniunte 
che  iruglca  ed  anche  comica  attrice,  canzone 
cssutain  Londra, par Lidgi  Angeloiii  (Londres, 
1833,  in-8°).  On  sait  que  le  portrait  de  M"'«  Pas- 
ta a  été  l'ail  naguère  par  l'un  des  meilleurs 
peintres  de  son  temps,  le  baron  Gérard. 

PASTA  ( ),    musicien    italien,    a   l'ait 

ses  débuts  à  la  scène  en  donnant  sur  le  théâtre 
l'aganini,  de  Gênes,  le  23  novembre  1875,  un 
o|)éia  u\l\[\i\é  Alafiualpa, 

*  PAS  rOU  (Étië>ne-Je.\n-Baitiste).  —  On 
doit  à  cet  artiste  les  ouvrages  suivants  :  1°  Cours 
de  musique  vocale,  ou  Recueil  méthodique  des 
leçonsde  Pa«^ou (Paris,  1827,  in-8°)  ;2"  Discours 
sur lU'Hseignemenl  inusicalù  Paris{Var\s,  1848, 
brochure  gr.  iu-S");  3"  Questionnaire.  kQOques- 
lions  à  ses  élèves,  par  Pastou  (Paris,  1850, 
grand  in-8"  de  16  p.). 

PATAU  (Édouaud),  ancien  officier  de  ma- 
rine, est  auteur  d'un  écrit  publié  sous  ce  titre  : 
Science  et  musique,  ou  les  Règles  de  l'art  mu- 
sical jusli  fiées  àTaidede  la  science  (Paris,  De- 
lagrave,  1807,  in-8").  Ce  travail  avait  été  d'abord 
nséré  dans  la  Presse  scientifique  el  indus- 
trielle des  deur  mondes.  M.  Palau  est  de  la 
race,  trop  nombieuse,  des  savants  qui  veulent 
subordonner  les  règles  de  la  musique  à  celles  de 
a  science,  l'asservir  à  celle-ci,  sans  vouloir  ad- 
mettre cette  vérité  incontestable  qu'en  dehors 
du  principe  pbjsicpie  de  la  détermination  du  son, 
l'une  ne  doitplus  avoir  avec  l'autre  aucune  espèce 
de    rajiport. 

PA'riî^Y  (Madame),  née  Whycolh,  cantalrici' 
anglaise  fort  distinguée,  et  qui  jouit  dans  sa  pa- 


trie d'une  grande  et  légitime  renommée,  est  née 
à  Londres  en  1843.  Ayant  reçu  de  bonne  heure 
une  excellente  éducation  artistique,  elle  a  com- 
plété cette  éducation  sous  la  direction  de  son 
mari,  qui  est  lui-même  un  musicien  et  un  chan- 
teur habile  doué  d'une  fort  belle  voix  de  basse,  et 
qid  s'est  fait  connaître  avantageusement.  M""-Pa- 
tey  a  commencé  sa  carrière  à  Londres,  avec  un 
giand  succès,  dans  les  concerts  de  M.  Henri 
Leslie;  puis,  lorsque  M'"^  Sainton-Dolby  crut  de- 
voir prendre  prématurément  sa  retraite,  elle  fut 
engagée  par  M.  Michaèl  Costa  pour  succéder  à 
celte  grande  artiste  dans  l'emploi  de  premier 
contralto  qu'elle  remplissait  à  la  Sucred  harmo- 
nie Society.  Depuis  lors  elle  s'est  fait  entendre 
avec  le  plus  grand  bonheur  dans  les  séances, 
concerts  el  festivals  donnés  par  la  célèbre  so- 
ciété, et  aacquis  une  grande  réputation.  Mi''^  Pa- 
ley  est  justement  considérée  aujourd'hui,  par  le 
public  anglais,  comme  l'une  des  premières  can- 
tatrices d'oratorio,  et  non-seulement  elle  a  fait 
apprécier  son  grand  style  et  son  admirable  voix 
dans  les  chefs-d'œuvre  de  Bach,  de  Hiendel  et 
(le  Mendels.sobn,  mais  MM.  Macfarren,  Julius 
IJenedict  el  Sullivan  (et  aussi  M.  Gounod,  pen- 
dant son  séjour  en  Angleterre)  ont  écrit  expressé- 
ment pour  elle  un  grand  nombre  de  compositions, 
(ju'elle  a  l'ail  valoir  avec  un  incontestable  talent. 

La  voix  de  M'"»  Patey,  qui  est  un  con- 
Iralto  profond,  est  d'une  pâte  superbe,  d'une 
grande  étendue,  d'une  égalité  rare  et  d'une  jus- 
tesse irréprochable  ;  elle  a  le  ton  gras  et  mer- 
veilleux qu'on  adiidrait  naguèi'e  dans  celle  de 
l'Alboni,  et  la  cantatrice  joint  à  .ses  (acidtes  na- 
turelles des  qualités  acquises  (jui  en  font  une  ar- 
tiste de  premier  ordre. 

i\jme  Piitey  n'est  pas  tout  à  fait  étrangère  à  la 
scène.  En  compagnie  de  son  mari,  de  M'"^  José- 
phine Sherrington  et  de  M.  Varley,  elle  a  fait,  en 
1870,  une  tournée  théâtrale  dans  les  piovinces 
anglaises  j  la  |)rincipale  attraction  de  celte  petite 
compagnie  d'opéra,  dont  le  grand  organiste 
M.  Lemmens  était  l'accompagnateur,  consistait 
dans  la  représentation  du  Fils  de  l'étranger,  de 
Mendelssohn.  Toutefois,  c'est  connue  chanteuse 
d'oratorio  que  M'""  Patey  a  établi  victorieuse- 
ment sa  grande  renommée,  et  c'est  sous  ce  rap- 
port qu'elle  a  été  chaudement  api)laudie  Ji  Paris, 
en  1875  , lorsqu'elle  y  vint  prendre  part  aux  belles 
exécutions  du  Messie  organisées  à  cette  époque 
par  M.  Charles  Lamoureux  [Voij.  ce  nom). 

PATUIE  ( ),  compositeur   l)elge,  a  écrit 

la  musique  d'un  opéra-comique  en  un  acte,  les 
Mcuiiiirs,  (\u\  a  été  représenté  au  Cercle  dra- 
mati(iue  et  symplionique  de  Bruxelles,  au  mois 
de  novenibre  1807. 


PATTI 


309 


PATTI  (Adeline-Marie-Jeannk),  cantatrice 
reniai(|uablp,  est  née  à  Madrid,  le  8  avril  KslS  (I). 
Son  père  (mort  à  Paris  le  21  août  180'j,  à  l'âge 
de'  soixante-neuf  ans)  était  un  chanteur  esti- 
mable, qui  tint  longtemps  l'emploi  des  ténors, 
et  sa  mt're,  (jui  avait  épousé  en  premières  noces 
le  (ils  de  la  célèbre  cantatrice  iM"'e  Barilli,  était, 
elle  aussi,  une  chanteuse  distinguée,  dont  la 
carrière  fut  brisée  par  la  naissance  de  l'enfant 
«lont  il  est  ici  question,  car  elle  perdit  la  voix 
en  lui  donnant  le  jour  ('2).  Étonnamment  douée 
pour  la  musique,  et  surtout  pour  le  chant,  la 
jeune  Adelina  Patli  fut  un  enfant  protlige,  cl 
montra  de  bonne  heure  une  véritable  vocation 
pour  l'art  qui  devait  lui  donner  la  fortune  et 
la  renommée.  Un  de  ses  biographes  a  raconté 
l'anecdote  que  voici  :  «  Un  soir,  ai)rès  avoir  as- 
sisté à  une  représentation  de  Nonna,  pendant 
laquelle  les  artistes  avaient  été  acclamés  et  cou- 
verts de  lleurs,  Adelina,  rentrée  chez  ses  pa- 
rents, prolita  du  moment  où  ceux-ci  se  trou- 
vaient réunis  au  souper  de  famille,  pour  se 
glisser  silencieusement  dans  la  chambre  de  sa 
mère.  Une  fois  là,  et  se  croyant  à  l'abri  de  tonte 
indiscrétion,  l'enfant  (elle  avait  six  ans  à  peine) 
s'affuble  tant  bien  que  mal  d'un  drap  de  lit,  se 
coiffe  d'une  couronne,  souvenir  de  quelque  soi- 
rée de  triomphe  de  sa  mère,  et,  gravement  posée 
devant  une  glace,  elle  entonne  l'air  d'entrée  de 
Norma  avec  toute  l'importance  d'une  débutante 
qui  s'attend  à  charmer  l'assemblée.  Quand  elle 


(1)  Voici  la  copie  de  l'acte  de  naissance  de  M""^  Aiie- 
llna  Patti,  tel  qu'il  a  été  publié  il  y  a  quelques  années 
par  les  journaux  français- 

<<  Livre  des  baplènies,  n°  42,  feuille  153,  verso.  —  En  la 
ville  de  Madrid,  arrondisscmcnl  et  province  du  même 
nom,  le  S  avril  1843,  moi,  don  Joseph  Losada,  vicaire  de 
la  paroisse  Saint-Louis,  j'ai  baptisé  solennellement  une 
fille,  née  à  quatre  heures  de  l'après-midi  du  lo  février 
de  l'année  courante,  fille  légitime  de  M.  Salvator  Patti, 
professeur  de  musique,  né  à  Catania,  en  Sicile,  et  de 
M"'<=   Catherine  Chiesa,  née  à  Rome. 

«  Les  grands  parents  paternels  étant  M.  Pierre  Patti  et 
M™"  Conception  Marino,  et  les  maternels  étant  M.  Jean 
Chiesa,  né  à  Venise,  et  M"'e  Louise  Caselli,  née  à  Ma- 
rino, dans  les  Ktats  pontificaux.  On  lui  donna  pour  noms 
Adèle-Jeanne-Marie. 

•<  Assistèrent  au  baptême  comme  parrain.  M.' Joseph  Si- 
nico,  né  à  Venise,  professeur  de  musique  ;  et  comme 
marraine,  son  épouse.  M""  Rosa  Manara  SInico,  née 
à  Crémone,  en  Lombardie,  lesquels  je  prévins  de  la  pa- 
renté spirituelle  et  des  devoirs  qu'ils  contractaient  par 
cet  acte  ;  et,  comme  témoins,  Julien  HutzaI  et  Casimir 
Garcia,  nés  à  Madrid,  sacristains  de  cette  paroisse. 

«  En  foi  de  quoi  j'ai  rédigé,  signé  et  délivré  le  présent 
certificat  le  8  avril,  etc.  —  Joseph  losada,  » 

(2)  Un  fils  du  premier  mariage  de  cette  artiste,  par 
conséquent  frère  utérin  de  M"'*  Adelina  PatU,  Antonio 
Barilli,  devint  un  compositeur  et  un  chef  d'orchestre 
distingué.  Il  est  mort  à  Naples,  le  15  juin  18ï6,  âgé  de 
cinquante  ans< 


eut  fini  son  air,  .simulant  alors  elle-même  son 
auditoire,  elle  s'applaudit  à  outrance,  enleva  la 
couronne  de  son  front  et  se  la  jeta  elle-inéme 
pour  avoir  l'occasion  d'essayer,  en  la  ramassant, 
le  plus  gracieux  salut  que  jamais  artiste  rappe- 
lée ait  dédié  à  son  public,  et,  reculant  en  sa- 
luant et  saluant  en  reculant,  elle  arriva  ainsi 
jusqu'à  la  porte  de  la  chambre,  où  sa  mère,  se 
doutant  de  qnelquechose  d'extraordinaire,  l'avait 
suivie  en  cachette  et  avait  pu  observer  tous  les 
détails  de  la  scène.  » 

A  cette  époque,  et  par  suite  de  diverses  cir- 
constances, la  famille  Patti,  qui  comprenait  au 
moins  quatre  enfants  (1),  se  trouvait  dans  une 
situation  difficile.  On  songea  à  tirer  aussitôt 
parti  des  dispositions  vocales  que  la  fillette  fai- 
sait pressentir,  et,  après  l'avoir  fait  étudier  pen- 
dant une  année,  on  la  produisit  un  jour  à  New- 
York,  dans  un  concert,  où  elle  obtint  un  succès 
colossal.  Elle  avait  sept  ans  alors,  on  fut  obligé 
de  la  placer  sur  une  table  pour  la  présenter  au 
public,  et  l'on  raconte  que,  pour  la  faire  entrer 
en  scène,  il  fallut  lui  laisser  dans  les  bras  sa 
poupée,  dont  elle  refusait  absolument  de  se  des- 
saisir. Ce  succès  engagea  la  famille  Patti  à  en- 
treprendre avec  l'enfant  un  grand  voyage  qu 
promettait  d'être  fructueux.  En  effet,  dans  l'es- 
pace de  deux  années,  la  petite  enfant  prodige 
donna  environ  trois-cents  concerts  et  parcourut 
la  plus  grande  partie  de  l'Amérique,  se  faisant 
entendre  successivement  à  Boston,  Philadelphie, 
Washington,  Charleslown,  la  Nouvelle-Orléans, 
Santiago,  visitant  le  Mexique,  Cuba.  Porto- 
l\ico,  etc. 

Les  parents  de  la  jeune  Adelina  jugèrent  en- 
suite à  propos  de'la  laisser  reposer,  et,  au  bout 
de  quelques  années,  songèrent  à  travailler  à  son 
avenir  en  lui  faisant  donner  une  éducation  mu- 
sicale sérieuse,  de  façon  à  lui  permettre  d'abor- 
der le  théâtre.  C'est  alors  qu'elle  fut  confiée  aux 
soins  de  M.  Maurice  Strakosch,  son  beau-frère, 
qui  s'appliqua  surtout  à  ne  pas  fatiguer  l'ad- 
mirable instrument  qu'elle  devait  à  la  nature, 
instrument  qu'une  culture  si  précoce  n'avait 
heureusement  pas  altéré.  Au  bout  de  trois  ans 
d'étude,  l'enfant,  devenue  jeune  fille,  fut  en  état 
d'aborder  sa  nouvelle  carrière,  et  le  24  novem- 
bre 18.59  elle  débutait  à  New-York,  dans  Lucla 


(i;  Ces  quatre  enfants  étaient  Amelia,  qui  devint  la 
femme  de  M.  Maurice  Strakosch;  Carlotta,  qui  s'est  fait 
ui!  grand  r  u  comme  cantatrice  de  concert,  et  qu'une 
claudication  prononcée  a  toujours  empêchée  de  se  pro- 
duirelâ  la  scène;  Carlo,  qui  devint  un  violoniste  de  mérite, 
et  qui,  fort  jeune  encore,  est  mort  de  con.somption  à  Cin- 
cinnati, en  1873;  enlin  Adelina,  qui  fait  robjet  de  cette 
l  notice. 


310 


PATTI 


de  Donizetti.  Sa  voix  au  limbre  d'or,  l'habilelé 
do  son  art,  sa  facilité  de  vocalisation,  ses  qua- 
lités naturelles  enlin,  jointes  à  sa  grâce  et  à  sa 
eunesse,  lui  valurent  un  succès  éclatant,  (jui  se 
prolongea  pendant  dix-huit  mois.  Engagée  en- 
suite à  Londres,  M""  Patti  se  produisit  pour  la 
première  fois,  le  l'i  mai  18(31,  au  Uiéàfre  de  Co- 
vent-Garden,  dans  la  Sonnamlmla.  Le  public  an- 
glais la  reçut  avec  un  véritable  enthousiasme, 
avecdesapplaudissementsfrénéljquesdont  l'écho 
retentit  bientôt  en  France  et  qui  la  tirent  appeler 
à  Paris.  Elle  vint  en  effet  débuter  à  notre  Théâ- 
tre-Italien dans  c(!  même  rôle  d'Amina  de  In 
Sonnambulu,  le  19  novembre  1862,  et  devint 
aussitôt  l'idole  d'un  public  qui  ne  jurait  plus 
que  par  elle  et  ne  voulait  plus  entendre  qu'elle. 
Depuis  la  Malibran,  de  glorieuse  mémoire,  on 
n'avait  point  vu  d'artiste  con(]uérir  aussi  lapi- 
dement  une  telle  autorité,  obtenir  d'emblée  des 
succès  si  brillants,  et  subjuguer  à  ce  point  la 
foule. 

M"*  Patti,  tout  en  allant  passer  chaque  saison 
d'été  à  Londres,  demeura  attachée  au  Théâtre- 
Italien  de  Paris  jusqu'en  1870,  se  faisant  entendre 
tour  à  tour  dans  Lucia  di  Laniennoor,  il 
Barbierie  di  Siviglia,  Linda  di  CJiamounir, 
Crispinoe  la  Comare,  la  Traviata,  Don  Pas- 
quale,  Rigoletto,  Maria,  la  Gazza  ladra,  Don 
Giovanni,  Ernani,  VElisire  d'amore,  Don  De- 
jsiderio,  i  Puritani,  il  Trovatore,  Giovanna 
d'Arco,  tandis  qu'à  Londres  elle  jouait  Faust, 
Roméo  et  Juliette,  les  Hiiguenols,  Mosé,  l'É- 
toile du  Nord,  le  Pardon  de  Ploërmel,  la 
Fille  du  Régiment,  Sémiramide,  etc.  Chaque 
jour  augmentait  sa  renommée,  et  consacrait  da- 
vantage une  réputation  qui  dès  l'abord  avait 
pris  des  proportions  inouïes.  On  se  rendra 
compte  de  ce  fait  par  ces  lignes  d'un  critique 
qiù  n'était  pas  tendre,  Scudo,  qui  s'ex])rimait 
ainsi  sur  son  compte  dès  sa  première  apparition 
à  Paris  .  —  «  C'est  une  personne  charmanle 
que  M"«=  Patli  dans  sa  petite  taille  aussi  svelte 
que  bien  prise.  Elle  a  une  physionomie  heureuse, 
cil  brillent  l'intelligence  et  la  vie  plutôt  que  la 
beauté.  Ses  traits  accusés  sont  éclairés  par  deux 
beaux  yeux  pleins  de  curiosité,  et  le  fout  est 
couronné  p;ir  une  chevelure  noire  très-abon- 
dante. La  voix  de  M"*"  Patli  est  un  soprano 
aigu  dont  l'étendue  dépasse  deux  octaves,  car 
elle  peut  aller  de  Vîtt  en  basjus(iu'au  fa  supé- 
rieur. Cette  voix,  d'un  timbre  éclati»nt  et  un 
peu  métallique,  qui  saisit  l'oreille  comme  uw 
lumière  électriijue  trappe  les  yeux,  est  d'une 
souplesse  merveilleuse,  et  la  jeune  cantatrice  en 
fait  tout  ce  qu'elle  veut.  Les  doubles  ganunes 
diatoniques  et  chromatiques,  les  arpégesde  loule 


nature,  les  notes  piquées,  les  sauts  périlleux, 
le  trille  sourtout,  qu'elle  préjjare  bien  et  qu'elle 
fait  s(  intiller  longtemps  comme  un  point  lumi- 
neux dans  une  nuit  obscure,  tous  ces  arlitices 
de  la  vocalisation  sont  réalisés  par  M"*  Patti 
avec  le  sourire  sur  les  lèvres  et  sans'Je  moindre 
effort.  Elle  chante  avec  feu,  avec  entrain,  avec 
une  ardeur  juvénile  qui  saisit  immédiatement 
l'auditeur  et  l'ébiouit.  Elle  joue  comme  elle 
chante,  avec  audace  et  sans  la  moindre  hésita- 
lion,  m"'' Patti  esl  toujours  en  scène,  sou  visage 
parle  toujours,  et  toujours  il  est  empreint  de  la 
nuance  de  sentiment  qu'elle  doit  éprouver.  C'est 
une  organisation  rare  que  M'"^^  Patti,  une  nature 
d'artiste  des  plus  vaillantes  et  des  plus  riches.  » 

C'est,  en  effet,  une  organisation  exceptionnelle 
qne  celle  de  celte  artiste  étonnante,  organisa- 
lion  que  vient  aider  d'ailleurs  une  rare  intelli- 
gence musicale.  La  voix  de  M"°  Patti,  biillante 
à  la  fois  par  le  limbre,  l'éclat  et  la  sonorilé, 
cristalline  et  pure,  d'une  justesse  et  d'une  éga- 
lité surprenantes,  obéit  comme  une  esclave  sou- 
mise aux  volontés  de  la  cantatrice,  dont  l'ha- 
bileté est  véritablement  merveilleuse.  On  a  re- 
proché à  M"''  Patti  de  n'être  qu'une  virtuose,  et 
des  critiques  injustes  ont  prétendu  qu'elle  ne 
possédait  qu'un  instrument.  On  peut  répondre 
que  lorsqu'un  instrument,  si  sou|)le  et  si  facile 
qu'il  soit,  est  guidé  avec  une  telle  habileté,  le 
talent  est  incontestable.  D'ailleurs,  aucun  artiste 
n'est  parfait,  et  si,  ce  qui  est  exact,  !\I"''  Patti 
est  moins  à  sa  place  dans  l'emploi  dramatique 
que  dans  le  genre  bouffe  ou  le  demi-caractère, 
il  serait  injuste  de  prétendre  qu'elle  est  inac- 
cessible à  la  tendresse  ou  à  l'émotion.  Je  n'eu 
veux  pour  preuve  que  la  façon  très-distinguée 
dont  elle  a  joué  et  chanté  certains  ouvrages, 
lels  que  laSonnambula,  Linda  di  Chamounix, 
la  Traviata,  et  même  la  Luciu.  En  tout  état 
de  cause.  M""  Patti  est  assurément  une  artiste 
originale,  supérieure  à  bien  des  égards,  et  dont 
les  succès  sont  justifiés  par  de  rares  qualités. 

Depuis  1870,  M'"'  Patti  ne  s'est  plus  fait  en- 
tendre à  notre  Théâtre-Italien,  disparu  d'ailleurs 
aujourd'hui.  Le  public  parisien,  dans  ces  der- 
nières années,  n'a  pu  la  voir  que  dans  ([uelques 
repré.sentations  données  par  elle  à  l'Opéra,  oii 
elle  a  joué  Faust  et  les  Huguenots.  Mais  les 
succès  de  la  cantatrice  se  sont  continués  à  l'é- 
tranger, particulièrement  à  IJruxelles,  Vienne, 
Pesth,  Saint-Pétersbourg,  Moscou,  Milan  et 
Naples,  où  elle  a  fait  littéralement  fureur.  En 
18()8,  celte  grande  artiste  avait  épousé  à  Paris 
un  Français,  M.  Louis-Sébastien-IIemi  de  Ca- 
buzac,  marquis  de  Caux,  écuyer  de  l'enqiereur 
Napoléon  III;  ce  mariage  ne  fut  pas  heureux, 


PATTI  ~  PAUL 


3n 


et,  à  la  suile  d'un  procès  qui  fit  quelque  bruit 
et  qui  se  plaida  à  Paris  au  mois  d'août  1877,1a 
séparalion  dos  deux  époux  l'ut  prouoncée. 

Plusieurs  noiices  biographiques  ont  élé  |:u- 
bliées  sur  M'"'Patti;  voici  celles  dont  j'ai  eu 
connaissance  :  1"  B'mjraphie  d'Adelina  Pal/i, 
par  Théodore  de  Grave,  Paris,  Castel,  1865,  in- 
12  avec  portrait;  2'  Adcliiia  Patli,  par  Li:o, 
Montdiilier,  Radnez,  1866,  in-18;  T  Adelina 
Patti,p<ir  Em.  de  Lyden,  Vichy,  Vallon,  1866, 
in-16;  4"  Adelina  l'utli,  par  Guy  de  Cbarnact-, 
Paris,  Pion,  I8Ç8,  gr.  in-8°  avec  portrait  et  au- 
tographe; 5"  Adelina  Patli' s  Life,  and  lier 
appearances  at  the  Royal  Italian  Opéra, 
Covent-Garden,  loilli  purticulur  documents, 
par  J.  M.  Dalinazzo,  Londres,  1877,  in-S". 

M"""  Adelina  Patti  s'est  essayée  dans  la  com- 
position; elle  a  écrit  une  mélodie  vocale  inti- 
tulée il  Dacio  d'addio,  et  une  valse  pour  piano 
qu'elle  a  publiée  sous  le  titre  de  Fior  di  pri- 
ma oer  a. 

PATTIiXSOK  (James),  pianiste,  organiste  et 
professeur  anglais  contemporain,  a  fait  ses  étu- 
des musicales  à  la  cathédrale  de  Carliste,  où  il 
a  rempli  ensuite,  de  1869  à  1874,  les  fonctions 
d'organiste  adjoint.  Il  est  devenu  ensuite  orga- 
niste et  chef  de  clia^urs  à  l'abhaye  de  Paisley. 
M.  Pattinson  publie,  depuis  plusieurs  années, 
un  Journal  trimestriel  des  organistes. 

PATTISOX  (Mek)  ,  professeur  anglais  con- 
temporain, a  publié  il  y  a  peu  d'années  le  petit 
manuel  suivant  :  Jîiidiments  of  vocal  miisic 
Eléments  de  musique  vocale,  avec  32  exercices 
préparatoires,  rondes  et  chants,  à  l'usage  des 
écoles  et  des  chœurs),  Londres,  W.  Piceves. 

PATTOiM  (Giovanîni-Battista),  composi- 
teur, né  à  Manloue  dans  la  première  moitié  du 
dix-huilième  siècle,  a  écrit  la  musique  d'une 
cantate  composée  et  exécutée  à  Modène  vers 
1750,  pour  fêler  l'arrivée  en  celte  ville  du  liuc 
François  JIL 

PÂTUDE  S.VlIVT-VIACElXT  ( ), 

est  auteur  de  deux  écrits  relatifs  au  plain-chant  : 
1"  Réplique  à  la  «  Simple  réponse  de  M.  J. 
Bonhomme  au  li.  P.  Lambillotte  »  [Pans,  18  j:'), 
in-8");  1"  Quelques  Observations  sïir  le  chant 
gréç/orien  (Paris,  18ô6,  in-8").  Ce  dernier  mé- 
moire a  été  couronné  par  l'Institut. 

PATZOLD  (iltiuniAN),  compositeur  et  or- 
ganiste allemand  distingué,  naquit  en  Silésie, 
vers  1830.  Il  reçut  une  bonne  éducation,  et  de- 
vint précepteur  des  enfants  du  comte  York  de 
Wartenbourg,  chez  lequel  il  fut  connu  du  roi  de 
Prusse  Frédéric-Guillaume  IV.  Ce  prince  le  fit 
venir  à  Berlin,  oii  Palzold  prit  des  leçons  d'or- 
gue à  l'institiit  Bach,  et  le  nomma  ensuite  orga- 


niste de  la  chapelle  du  château  et  professeur  de 
musique  à  l'Orphelinat  de  Kœnigsberg.  Pat/.old 
devint  plus  tard  directeur  des  concerts  de  l'Aca- 
démie de  mu.sique  de  Kœnigsberg,  et  c'est  en 
dirigeant  un  de  ces  concerts,  après  avoir  fait 
attaquer  les  premières  mesures  de  L'Elie,  de  Men- 
delssohn,  qu'il  mourut  subitement,  à  la  tête  de 
son  orchestre,  le  6  février  1861,  ayant  à  peine 
dé[)assé  l'âge  de  trente  ans.  Cet  artiste,  qui  était 
devenu  un  organiste  extrêmement  remarquable, 
a  écrit  l)eaucoup  de  musique  pour  son  instru- 
ment. On  lui  doit  aussi  un  album  lyrique  pour 
piano,  et  des  chœurs  pour  voix  de  femmes. 

*  PAUER  (EiiNESï).  — Parmi  les  composi- 
tions nombreuses  de  cet  artiste  distingué,  je  si- 
gnalerai les  suivantes  -.  Symphonie  à  grand  orciics- 
tre,  en  î/<  mineur,  op.  50;  Quatuor  pour  piano, 
violon,  alto  et  violoncelle,  op.  44  bis  ;  Quintette 
pour  piano,  hautbois,  clarinette,  cor  et  basson, 
op.  44  ;  Grande  Sonale  pour  piano  et  violoncelle  , 
op.  45;  Marche  triomphale  pour  piano  à  4  mains, 
op.  48;  quarante  marches  pour  le  piano;  Sonale 
pour  piano,  op.  22  ;  2  .Sonates,  id.  ,  op.  38;  Noc- 
turne, id.,  op.  32;  Pensées  fugitives,  id.,  op.  33; 
Caprice  hongrois,  id.,  op.  58;  Tarentelle  de 
concert,  op.  52;  Capriccio,  op.  39;  Séguidille, 
op.  35;  2  Mazurkas;  Magyar  Emlek,  marche; 
2   Tyroliennes  ;  etc. 

M.  Ernest  Pauer  est  l'un  des  collaborateurs 
les  plus  actifs  du  Dictionary  of  music  and 
musicians  qui  se  publie  en  ce  moment  à  Londres, 
sous  la  direction  de  M.  George  Grove  (Londres, 
Macmillan,  in-8")  ;  il  a  donné  à  ce  recueil  d'inté- 
ressants articles  encyclopédiques  et  didactiques 
11  a  fait  à  Londres,  à  différentes  reprises,  des 
lectures  et  conférences  sur  des  sujets  relatifs  à 
la  musique.  Professeur  de  piano  à  l'Académie 
royale  de  musique  de  Londres  pendant  plusieurs 
années,  M.  Pauer  remplit  aujourd'hui  les  mêmes 
fonctions  à  la  nouvelle  école  musicale  récem- 
ment fondée  par  son  ami  M.  Arthur  Sullivan. 

PAUL  (Oscar),  pianiste,  professeur,  théori- 
cien et  musicographe  allemand,  est  né  à  Freiwal- 
den,  dans  la  Silésie,  le  8  avril  1836.  J'ignore  de 
quelle  façon  cet  artiste  distingué  a  fait  ses  étu- 
des musicales,  et  quels  ont  élé  ses  maîtres.  Fixé 
à  Leipzig,  il  y  a  publié  plusieurs  ouvrages  im- 
portants, s'y  est  fait  connaître  comme  journaliste 
spécial  et,  en  1874,  est  devenu  professeur  de 
piano,  d'harmonie  et  de  sciences  musicales  à  l'u- 
niversité et  au  Conservatoire  de  cette  ville.  Les 
écrits  les  plus  importants  de  M.  Ojcar  Paul  sont 
les  suivants  :  Enseignement  de  l'harmonie  de 
Moritz  Hauptmann,  Leipzig,  i86S;  Histoire 
du  piano,  Leipzig,  1869;  Lexique-manuel  de 
la  composition,  Leipzig,  1871  1873.  11  a  fondé 


312 


PAUL  —  PEAN  DE  LA  IlOCHE-JAGU 


en  1868  une  feuille  spéciale  intitulée  Tonhalle, 
et  l'année  suivante  le  journal  intéressant  qui  se 
publie  sous  ce  titre  :  das  Musikalische  Wcchen- 
blatt.  En  dernier  lieu,  il  était  rédacteur  musical 
du  journal  Leipziger  Tugehlatt. 

*  PAVKSI  (Ktiknne),  compositeur  italien. 
_  Fétis  tenait  de  Pavesi  lui-même,  a-t-il  dit, 
les  renseignements  qui  lui  ont  servi  à  rédiger  la 
notice  consacrée  par  lui  à  ce  compositeur;  eu  ce 
cas,  Pavesi  l'avait  bien  mal  informe,  ce  qui  n'aura 
pas  lieu  de  surprendre  ceux  qui,  comme  moi,  ont 
été  amenés  à  savoir  combien  certains  artistes 
sont  souvent  négligents  des  faits  qui  les  intéres- 
sent personnellement,  combien  d'autres  cher- 
chent, pour  des  raisons  dont  on  ne  saurait  com- 
prendre la  cause,  à  dépister  l'historien  qui  prend 
ta  peine  de  s'occuper  d'eux  avec  conscience  et 
loyauté.  Quoi  qu'il  en  soit,  de  nombreuses  er- 
reurs, et  des  omissions  plus  nombreuses  encore, 
sont  à  relever  dans  la  notice  relative  à  l'artiste 
dont  il  est  ici  question. 

D'une  biographie  de  Pavesi  écrite  par  son  ami 
J.  Sanseverino,  et  publiée  en  1851  par  l'éditeur 
Ricordi,  il  résulterait  que  ce  maître  ne  serait  |)as 
né  à  Crema  le  5  février  1778,  ainsi  qu'il  a  été  dit 
dans  la  Biographie  universelle  des  Musiciens, 
mais  bien  le  22  janvier  1779,  dans  un  petit  vil- 
lage du  Crémonais  qui  a  nom  Casaielto  Vaprio.  | 
Quant  aux  œuvres  du  compositeur,  les  erreurs 
les  phis  importantes  en  ce  qui  les  concerne  sont 
les  suivantes  :  1°  l'opéra  mentionné  sous  le  ti- 
tre de  VAmor  vero  portail  celui-ci  :  Saper  si 
sciegliere  un  degno  sposo,  ossia  amor  vero  e 
amor  iniercssato,  et  fut  représenté  à  Venise 
sur  le  théâtre  de  la  Fenice,  au  printemps  de 
1807;  2°  celui  connu  sous]  le  nom  de  la  Fesia 
délia  liosa  fut  donné  an  même  théâtre  en  1808, 
et  non  en  1809;  3°  celui  qui  a  été  enregistré  sous 
ce  titre  :  Ordeno  ed  Artalla,  était  exactement 
intitulé  Ardano  e  Dartula,  et  fut  joué  sur  le 
même  théâtre  en  1825,  et  non  en  1823  ;  4°  enfin, 
V Incognito,  indiqué  comme  ayant  été  représenté 
â  Milan  en  1805,  eiVAbitator  del  fiosco,  comme 
joué  à  Venise  en  J80G,  ne  forment  qu'un  seul  et 
même  ouvrage,  à  qui,  je  crois,  l'on  a  attribué 
parfois  le  titre  de  l'Incognito,  mais  qui  fut 
donné  pour  la  première  (ois  à  la  Fenice,  de  Ve- 
nise, en  1805,  sous  l'aiipellalion  que  voici  : 
Amare  e  non  voler  essere  amante,  ossia  l'Abi- 
tutore  dcl  Bosco. 

Les  omissions  sont  considérables,  comme  on 
va  le  voir,  et  le  répertoire  des  ouvrages  drama- 
tiques de  Pavesi  doit  se  compléter  avec  les  sui- 
vants :  r  l'Amor  e  prodotto  daW  odio,  Padoue, 
iSO-li;  2'  il  Giiiocotore,  Home,  1806;  3"  Na- 
poleone  il  Grandeal  tempio  delt'immor/alità, 


cantate,  Venise,  th.  de  la  Fenice,  1806  ;  4"  la 
Sorpresa,  Venise,  1800;  5°  l'Amor  vince  l'in- 
goiiiin,  Venise,  1800;  6°  fAmor  perfetlo,  Ve- 
nise, 1808;  7"  Amore  e  generositù,  Venise, 
1812;  8"  una  Giornala  pericolosa,  Venise, 
1813;  9"  la  Fiera  di  Brindisi,  Modène,  1815; 
10"  il  Trionfo  di  Gedeone,  oratorio,  Modène, 
1819;  U"  Don  Gusmano,  Venise,  1819;  12° 
Eugenia  degli  Astolft,  Naples,  1820;  13"  Anli- 
gona  e  Lattso,  Milan,  1827.  La  maison  d'édition 
de  musique  de  M""^  veuve  Lucca,  de  Milan,  pos- 
sède les  p;u"titions  autographes  de  deux  opéras 
de  Pavesi  ;  la  Vendetta  di  Medca  et  la  Testa 
riscaldata  ;  j'ignore  si  ces  deux  ouvrages  ont 
été  représentés.  Quant  aux  compositions  reli- 
gieuses de  Pavesi,  elles  sont  nombreuses,  et 
Sanseverino,  dans  la  notice  qu'il  a  consacrée  à 
son  ami,  n'en  cite  pas  moins  de  soixante-quinze. 

*  PAX  (Charles-Édouxrd),  compositeur, 
professeTir  et  organiste,  es!  mort  à  Berlin  au 
mois  de  janvier  1868. 

PAYXE  (.Iohn),  musicien  américain,  né  à 
NewVork  en  1792,  est  l'auteur  des  paroles  et 
de  la  musique  du  chant  devenu  si  fameux  et  s 
populaire  :  Home,  swet  home,  qui  avait  été 
écrit  à  Paris  et  qui  fut  exécuté  pour  la  première 
fois,  à  Londres,  par  une  jeune  cantatrice  nommée 
miss  Tiee.  Le  succès  de  cette  chanson  fut  si 
rapide  et  si  considérable,  qu'en  moins  de  deux 
ans  il  s'en  vendit  deux  mille  exemplaires  ;  depuis 
lors,  il  a  été  transcrit,  arrangé,  paraphrasé  pour 
tous  les  instruments  possibles  par  une  foule  de 
musiciens.  Payne  écrivit  aussi  un  opéra,  intitulé 
Clari,  dont  la  fortune  tut  loin  d'être  aussi  heu- 
reuse que  celle  de  la  chanson  qui  avait  rendu 
son  nom  si  populaire.  Il  est  mort  en  1852,  à 
Tunis,  oii  il  remplissait  des  fonctions  consulaires. 

PAZZAGLIA  (Salvadore),  chanteur  dra- 
matique italien  et  compositeur  dans  le  genre  re- 
ligieux, naquit  à  Pisfoie  en  1723,  et  mourut  à 
Florence  en  1807.  U  se  livra  d'abord  à  la  carrière 
du  chant  dramatique,  et  tint  avec  succès  en  Italie 
l'emploi  des  ténors  jusqu'à  l'âge  de  plus  de  qua- 
rante ans.  Plus  tard,  il  fut  maître  de  chapelle 
du  grand-duc  de  Toscane,  puis  de  Marie-Louise. 
C'est  alors  qu'il  s'exerça  dans  la  composition. 
Luigi  Picchianti,  quia  publié  sur  cet  artiste  une 
petite  notice  biographique,  dit  que  l'on  peut  con- 
sidéier  comme  les  chefs-d'œuvre  de  Pazzagiia 
rotfertoire  du  jeudi  saint,  Dexlera  Domini,  la 
fugue  du  Kyrie  dans  son  Bequiem  pour  l'impé- 
ratrice, et  le  Libéra  qu'il  écrivit  à  l'âge  de 
quatre- vingt-im  ans. 

pi:ai\  de  la  roche- jagu  (m'-^ 

E.-Fu\n(,.oisk),  compositeur,  fille  d'un  fonc- 
tionnaire qui  remplissait  l'emploi  de  directeur 


PÉAN  DE  LA  ROCHE-JAGU  —  PEGCATE 


313 


de  l'hôpilal  de  la  marine  à  Brest,  naquit  en  cette 
ville  vers  1820.  Passionnée  pour  la  musique, 
elle  composa  fort  jeune,  et  sans  avoir  aucunt! 
connaissance  de  l'harmonie,  un  opéra  en  3  actes 
tiré  d'une  ancienne  comédie  de  Cailhava,  le  Tu- 
teur dupé,  qu'elle  (it  exécuter  par  des  amateurs 
dans  sa  ville  natale;  puis  elle  vint  avec  sa  mère 
à  Paris,  où  Bertou  consentit  à  la  prendre  pour 
élève.  Après  s'être  formée  à  l'école  de  ce  maître, 
elle  écrivit  plusieurs  autres  ouvrages  dramati- 
ques :  ISell  ou  le  Gabier  d'artimon,  drame 
lyrique  en  3  actes  ;  Git  Diaze,  opéra  en  2  actes  ; 
lu  Jeunesse  de  LuUy,  opéra-comique  en  un 
acte;  le  Retour  du  Tasse,  grand  opéra  en  un 
acte;  le  Mousquetaire  (qui  porta  aussi  ce  titre  : 
le  Jeune  Militaire  ou  la  Trahison),  opér.i- 
comiqùe  en  un  acte,  et  Simple  et  Coquette, 
opéra-comique  en  im  acte  ;  plus  une  scène  lyri- 
que intitulée  les  Deux  JSovices,  et  une  cantate. 

M'"'  Péan  de  la  Roche-Jagu,  dont  l'imagina- 
tion ne  fut  jamais  bien  saine,  avait  pris  pour 
une  vocation  musicale  ce  qui  n'était  chez  elle 
qu'un  désir  de  produire  sans  les  facultés  néces- 
saires^à  la  production.  Aussi,  comme  ce  qu'elle 
écrivait  était  au-dessous  même  de  la  critique,  il 
en  résulta  pour  elle,  avec  la  situation  la  plus 
ridicule,  les  plus  cruels  déboires  et  l'existence  la 
plus  infortunée.  Toute  sa  vie  s'écoula  en  démar- 
ches infructueuses  pour  faire  repré-senter  ses  ou- 
vrages, en  vaines  sollicitations  auprès  des  direc- 
teurs, tandis  que  la  misère  venait  frapper  à  sa 
porte  et  l'étreignait  sans  pitié.  Elle  trouva  ce- 
pendant le  moyen  de  faire  jouer,  à  ses  frais,  à 
l'hôtel  de  ville,  la  Jeunesse  de  Lully  (qui  fut 
jouée  peu  a|)rès  au  théâtre  Montmartre)  et  le 
Jeune  Militaire,  dans  la  salle  du  Théâtre-Ita- 
lien le  petit  ouvrage  intitulé  Simple  et  Coquette, 
et  à  la  salle  Herz  la  Reine  de  l'onde,  opéra- 
féerie  (1862). 

Cette  femme  malheureuse  et  un  peu  excentri- 
([ue  est  morte,  presque  de  misère  et  de  chagrin, 
vers  1871.  Elle  avait  publié,  dix  ans  auparavant, 
le  récit  de  sa  vie  sous  le  litre  de  Mémoires  artis- 
tiques de  M"''  Péan  de  la  Roche-Jagu,  écrits 
par  elle-même  (Paris,  Ledoyen,  1861,  in-12), 
mémoires  dont  le  style  est  aussi  incorrect  que 
celui  de  sa  musique,  et  dans  lesquels  elle  rappe- 
lait que  sa  famille,  »  lune  des  plus  anciennes  de 
la  Bretagne,  appartient  aux  Chateaubriand,  de 
Duras,  de  Montmorency,  de  Malestroit,  etc.  » 

PEARSALL  (R -L ),   professeur  et 

théoricien  anglais  contemporain,  est  l'auteur 
d'un  écrit  diilaclique  ainsi  intitulé  :  an  Essuij 
on  consécutive  jifths  and  octaves  in  countcr- 
point  (Essai  sur  les  quintes  et  les  octaves 
consécutives  en  contre-point),  Londres,  Novello, 


PEARSOIX  (W -W. ),  compositeur  et 

professeur  anglais  contemporain,  s'est  l'ait  con- 
naître par  la  publication  d'un  assez  grand  nom- 
bre de  compositions  vocales  profanes  ou  reli- 
gieuses, à  une  ou  plusieurs  voix,  qui  ont  été 
bien  accueillies  du  public.  Parmi  les  premières, 
je  citerai  celles  dont  voici  les  titres  :  Sombre 
Shadou'softhe  Nigfit,  à  3  voix  -,  Soûl  ofliving 
7nusic,  chant  pour  .soprano  solo  et  chœur;  Sweet 
spring,  madrigal  ;  Over  the  Mountain  Side, 
.sérénade  à  plusieurs  voix  ;  the  Océan  ;  the 
Ironfounders;  the  Jager  Chorus  ;  Auiumn  ; 
Woods  in  Winter;  Departed  joys;  Soldier, 
Jtest,  etc.  Au  nombre  des  antiennes  de  M.  Pear- 
.sun,  il  faut  mentionner  :  If  ye  love  me;  Jéru- 
salem the  Golden  ;  Gracions  lord,  we  corne 
before  thee  ;  Thy  icill  be  done ;  Sun  of  my 
soûl;  etc. 

Ou  doit  au  même  artiste  les  deux  manuels 
suivants  :  Méthode  nationale  de  musique  vo- 
cale, et  la  Notation  de  la  musique  vocale. 

PECCATE  (Dominique),  luthier  et  surtout 
archettiste  remarquable,  naquit  à  Mirecourt  le 
15  juillet  1810,  d'un  père  qui,  barbier  de  son 
état,  voulait  lui  faire  embrasser  la  même  pro- 
fession ;  mais  l'enfant,  après  s'être  essayé  à  tenir 
le  rasoir,  voulut  devenu'  luthier.  Il  fut  envoyé  à 
Paris,  en  1826,  comme  apprenti  chez  J.-B.  Vuil- 
laume,  et  bientôt,  sous  la  conduite  d'un  maître 
aussi  habile,  il  sut  se  faire  une  spécialité  et  de- 
vint le  premier  faiseur  d'archets  de  son  temps.- 
A  la  mort  de  François  Lùpot,  en  1837,  Peccate 
quitta  Vuillaume  et  prit  la  suite  de  la  mai.sou 
Lupot.  Sa  renommée  ne  tarda  pas  à  .s'établir,  et 
il  avait  peine  à  fournir  le  commerce  des  archets 
qu'on  lui  demandait  de  toutes  parts.  Il  quitta 
Paris  en  1847  pour  retourner  à  Mirecourt,  où  il 
continua  de  travailler  ;  mais  à  partir  de  ce  mo- 
ment il  produisit  moins,  et  l'on  ne  pouvait  pas 
toujours  obtenir  de  ses  archets  aussitôt  qu'on 
les  désirait.  Peccate  est  mort  à  Mirecourt  le  13 
janvier  1874. 

M.  Vidal  a  eu  raison  dédire  [les  Instruments 
à  archet)  :  «■  D'après  l'avis  de  tous  ceux  qui 
savent  juger  les  travaux  de  ce  genre,  D.  Peccate 
est,  sans  contredit,  le  premier,  après  François 
Tourte;  et  certains  de  ses  archets,  auxquels  il 
donna  un  soin  particulier,  peuvent  rivaliser  avec 
ceux  du  maître.  »  Les  archets  de  Peccate,  qui 
travaillait  toujours  avec  goût  et  conscience,  sont 
pour  la  plupart  excellents,  et  réunissent  les  qua- 
lités contraires  qui  constituent  préci.'«ément  les 
meilleurs  produits  de  ce  genre:  la  légèreté  et  la 
force,  la  souplesse  et  la  résistance.  Peccate  ven- 
dait ses  archets  vingt  francs;  la  valeur  en  a 
presque  quadruplé  aujourd'hui. 


31- 


PEDllELL   -  PEDROTTI 


PFDRELL  (Felipe),  pianiste  et  composi- 
teur es|);i;^nol  conleiiiporain,  né  dans  la  Calalo- 
Rne,  s'est  fait  connaître  par  quelques  œuvres 
importantes.  Il  a  fait  représenter  au  théâtre  du 
Lycée,  de  Barcelone,  deux  opéras,  dont  l'un 
intitulé  el  Ullitno  Abcnccnnjo,  fut  donné  le 
14  avril  1874,  et  ilunt  l'aiilre,  qui  avait  pour 
litre  Quasimodo,  fut  représenté  au  printemps 
de  l'année  suivante.  On  connaît  aussi  de  cet  ar- 
tiste une  Messe  de  Gloria  à  3  voix  et  cliœurs, 
avec  grand  orchestre,  orgue  el  harpe.  Entin,  il  a 
publié,  entre  autres  composilions  de  moindre 
importance  :  12  Orientales,  pour  chant  et 
piano;  Consolalions,  recueil  de  12  mélodies 
pour  chant  et  piano;  Hojds  de  album,  G  fan- 
taisies faciles  pour  piano  sur  des  motifs  d'opéras, 
op.  IG,  36,  37  el  38,  etc.  M.  Fedrell,  qui  s'est 
aussi  occupé  de  littérature  musicale,  et  qui  a 
collaboré  à  divers  journaux  et  recueils,  entre  au- 
tres à  la  Esjiana  musical,  a  entrepris  il  y  a 
quelques  années  une  pidilicalion  considérable, 
faite  par  lui  sous  ce  titre  :  les  Poèmes  du  pia- 
niste, petite  encyclopéilie  critique,  analytique, 
anecdotique  et  biographique  des  O'uvres  de  piano 
des  grands  maîtres,  accompagnée  du  catalogue 
de  leurs  œuvres.  C'est  une  édition  des  classiques 
du  piano. 

*  PEDROTÏI  (Carlo),  chef  d'orchestre  el 
compositeur  dramatique,  directeur  du  Lycée 
musical  de  Turin,  l'un  des  artistes  les  plus  ai- 
mables et  les  mieux  doués  de  l'Italie  contempo- 
raine, est  né  à  Vérone  le  12  novembre  1817.  Il 
a  fait  toutes  ses  études  musicales  sous  la  direc- 
tion d'un  maître  distingué,  Domenico  Foroni,  el 
il  était  à  peine  âgé  de  vingt-deux  ans  lorsqu'd 
fit  ses  débuts  de  compositeur  en  donnant  au 
TiiéAtre  philharmonique  de  Vérone,  en  1840,  un 
opéra  semi-sérieux  inlilulé  IJna,  qui  reçut  du 
public  un  accueil  favorable.  Au  mois  d'octobre 
de  la  même  année,  M.  Pedrolli  partit  pour 
Amsterdam,  où  il  était  engagé  pour  tenir  l'em- 
jiloi  de  chef  d'orchestre  au  théàlre  italien  qui 
existait  alors  en  cette  ville  ;  il  occupa  ces  fonc- 
tions pendant  cinq  années,  et  fit  repré.sentcr  à 
Amsterdam,  en  1844,  son  second  ouvrage  dia- 
matique,  la  Figlia  dell'arciere.  De  retour  à 
Vérone  en  1845,  il  y  devint  maestro  concerta- 
tore  du  Théàlre  philhariuonique,  puis  <lu  théâ- 
tre Nuovo,  donna  sur  le  premier  un  nouvel  opéra 
intitulé  Jlomea  di  Montfort  (1845),  et  écrivit 
pour  le  -second  Fiorinu  (novembre  1851)  et  i'. 
Purrucchiere  delta  Regfjcnza  (18.")2);  de  ces 
trois  partitions,  Fiorina  surtout  fut  considérée 
comme  une  (cuvre  aimal)le,  et  bien  reçue  du 
public. 

M.    Pedrotli  fut  moins  lieureu.\  en  donnant 


coup  sur  coup  à  la  Scala,  de  Milan,  deux  ou- 
vrages qui  tombèrent  l'un  après  l'autre  :  le  pre- 
mier, Gelmina,  o  col  f'uoco  non  si  scherza,  le 
3  novembre  1853,  le  second,  Getioveffa  del 
Brubante,  le  20  mars  1854.  Le  conqiositeur  se 
releva  avec  éclat  en  donnant  au  théâtre  Nuovo, 
de  Vérone  (autonme  1856),  l'opéra  TiUti  in 
maschera,  partition  pleine  de  verve,  d'éclat  et 
d'entrain,  qui  restera  peut-être  son  meilleur  ti- 
tre à  l'estime  des  artistes;  puis  il  produisit  suc- 
cessivement Isabetln  d'Arat/oua,  dont  le  succès 
fut  vif  au  théâtre  Victor- Emmanuel  de  Turin 
(carnaval  1859),  Mazpppa,  y\\x\  fut  bien  accueilli 
au  théàlre  communal  de  Bologne  (automne  1861), 
et  Guerru  in  quattro,  charmant  opéra  bouffe 
qui  du  théâtre  de  la  Canobbiana,  de  Milan,  où 
il  fut  représenté  le  25  mars  1861,  rayonna  rapi- 
dement sur  toute  l'Italie.  M.  Pedrotli  donna  en- 
suite à  Triesle  un  grand  drame  lyrique,  Marion 
Dclorme  (1865),  qui,  je  crois,  ne  compte  pas  au 
nombre  de  ses  meilleures  productions. 

Au  mois  de  décembre  18G8,  M.  Pedrotti  était 
appelé  à  Turin  pour  y  prendre  la  direction  du 
Lycée  musical  créé  en  cette  ville  et  à  la  léte  du- 
quel il  se  trouve  toujours,  et  pour  lenir  l'emploi 
de  maestro  concertatore  el  de  chef  d'orchestre 
au  théâtre  Regio.  Ces  doubles  fonctions  n'ont 
pas  empêché  cet  artiste  très-actif  et  très-labo- 
rieux de  continuer  sa  carrière  de  compositeur, 
et  depuis  lors  il  a  fait  encore  représenter  deux 
ouvrages  importants,  //  Favorilo  (1870),  dont 
le  rôle  principal  était  écrit  pour  une  cantatrice 
admirable,  la  Galletli-Gianoli,  et  Olema  la 
Sckiava  (Modène,  1872).  En  cette  année  1872, 
M.  Pedrotli  fonda  à  Turin  une  entreprise  de  con- 
certs populaires  qui  devint  rapidement  prospèie, 
et  qui  n'a  cessé  d'obtenir  des  succès.  L'orches- 
tre de  ces  concerts,  amené  par  lui  à  Paris  pen- 
dant l'Kxposition  universelle  de  1878,  s'est  fait 
entendre,  sous  sa  direclion,  dans  la  grande  .salle 
des  fêtes  du  Trocadéro,  où  il  a  donné  quatre 
séances  qui  ont  été  très- suivies. 

M.  Pedrotti,  je  l'ai  dit,  est  l'un  desmu.siciens 
les  plus  distingués  de  l'Italie  actuelle.  Peu  lait 
sans  doute  pour  le  genre  du  grand  drame  lyri- 
que, il  a  rencontré,  dans  l'opéra  semi-seria  et 
dans  l'opéra  bouffe,  des  succès  très-sincères,  que 
justiliaient  des  qualités  trè.s-réelles  de  grâce,  d'en- 
tiain  et  de  bon  sentiment  scénique.  Dans  cet 
ordre  d'idées,  son  style  se  rapproche  de  celui 
de  ropéra-comi(]ue  français,  et  rappelle  volon- 
tiers la  manière  d'AdolpheAdam,  dont  il  a  même 
parfois  la  négligence  un  peu  lâchée.  Ce  qui  est  t 
certain,  c'est  que  deux  de  ses  ouvrages,  Guerra 
in  (/uattro  et  Tutti  in  maschera,  sont  ii(>puis 
vingt  ans  en  possession  de  la  faveur  publique. 


PEDROTTI  —  PELLE 


315 


Une  traduction  «le  ce  dernier  {les  Masques)  a 
été  donnée  il  y  a  quelques  années  à  Paris,  au 
théâtre  de  l'Athénée ,  et  y  a  produit  un  vif  plaisir. 

*PEELLAERT(AuGiJSTiN-PuiLii>i'E-MAim;- 
Ghislain,  baron  DE),  lieutenant-colonel  d'elat- 
rnajor  en  retraite,  compositeur,  auteur  dramati- 
que et  romancier,  est  mort  à  Saint-Josse-ten- 
Noode-lez-Bruxelles,  le  IC  avril  1876.  Le  nom 
de  cet  artiste  a  été  inexactement  orthographié 
dans  la  Biographie  universelle  des  Musiciens, 
oii  il  est  écrit  Pellaert,  et  où  la  liste  de  ses  (ou- 
vres musicales  est  restée  incomplète.  Aux  ou- 
vrages dramati(jues  de  ce  compositeur,  il  faut 
ajouter  les  suivants  :  1"  le  Barigel,  opéra-comi- 
que en  un  acte  ;  2"  Monsieur  et  Madtime  Pu- 
tipliur,  oi)érette  en  un  acte  ([laroles  et  musique), 
Bruxelles,  Château  des  fleurs,  19  août  1857; 
3"  le  29  février,  cantate  pour  l'anniversaire  de 
la  naissance  de  Rossini,  exécutée  au  théâtre  de 
la  Moimaie,  de  Bruxelles  ;  4"  le  Mariage  par 
testament,  un  acte,  non  représenté  ;  5"  les  Trois 
Clefs,  opérette,  id.  (publiée  dans  le  Journal  des 
demoiselles)  ;  6"  Uégilde,  grand  opéra  en  2 
actes,  non  représenté;  7"  Ti'ois  contre  un,  opé- 
rette (paroles  et  musique),  id.;  8"  Tkécla,  opé- 
rette (id.),  id.  ;  9"  Sans  dot,  opérette  (id.),  id.; 
10°  la  Sirène,  opérette  (id.),  id.  ;  11"  Castor  et 
Pollux,  grand  opéra,  inachevé;  12"  Songe  et 
reaidé,  opéra  en  3  actes,  inachevé;  13"  Drack 
ou  le  Clidteau  d'Erneslal,  grand  opéra  eu  i 
actes  (arrangé  sur  la  musique  de  Faust,  du 
même  auteur). 

Le  baron  de  Peellaert  a  écrit  encore  plus  de 
cent  mélodies  vocales  à  1,  2, .3  ou  4  voix,  des 
cantiques,  des  prières,  et  plusieurs  scènes  lyri- 
ques, entre  autres  Alceste,  Montezuma,  Crom- 
well,  l'Orage  gronde,  Corinne  improvisant,  le 
Jaloux^  la  Sylphide,  enfin  des  chœurs  à  4  voix, 
des  messes,  etc.  Il  a  consigné  le  récit  de  so!i 
existence  très-active  dans  l'ouvrage  publié  sous 
ce  titre  :  Cinquante  ans  de  souvenirs,  recueil- 
lis en  1866,  par  A.  de  .Peellaert  (Bruxelles, 
Decq,  1867,  2  vol.  in-12). 

'  PELI  (I-'kançois).  Ce  compositeur  a  écrit  un 
oratorio,  VUltima  Persecuzione  di  Saulle  con- 
tra Davide,  qui  fut  exécuté  à  Modène  en  1708, 
et  une  cantate,  Giove  pronuho,  exécutée  dans 
la  même  ville  à  Toccasion  des  fiançailles  de  la 
lille  du  duc  régnant. 

*  PËLISSIER  (Mademoiselle),  célèbre  chan- 
teuse de  l'Opéra,  naquit  en  1707,  «  le  jour  de 
la  mort  de  la  célèbre  Maupin,  »  dit  Laborde,  qui 
ne  donne  pas  la  date  de  la  mort  de  cette  der- 
nière. Cette  actrice  fameuse,  qui  appartenait  au 
personnel  de  l'Académie  royale  de  musique  en 
même  temps  que  M'"  Antier  et  M'"^  Lemaure,  se 


trouva  surtout  en  rivalité  avec  celte  dernière  : 
elle  y  créa  un  grand  nombre  d'ouvrages,  dont 
voici  une  liste  sinon  complèle,  du  moins  fort 
éknulue  :  Pgrame  et  Tliisbé,  les  Amours  des 
Dieux,  Orion,  la  Princesse  d'Elide,  Tarsis  et 
Julie,  les  Amours  des  Déesses,  Pyrrhus,  les 
Sens,  Biblis,  l'Empire  de  V Amour,  Hippolyte 
et  Aricie,  les  Grâces,  les  Indes  galantes, 
Scanderberg,  les  Voyages  de  l'Amour,  les  Gé- 
nies, Castor  et  Pollux,  les  Caractères  de  l'A- 
mour, le  Ballet  de  la  Paix,  Zaïde,  reine  de 
Grenade,  Aitétis. 

La  rivalité  de  M"-  Pélissier  avec  M"'  Lemaure 
dura  plusieurs  années,  et  prit  tous  les  caractères 
d'une  de  ces  guerres  artistiques  comme  on  en 
connut  tant  au  dix-huitième  siècle.  11  y  avait 
les  Pélissiensni  les  Mauriens  comme  il  y  avait 
les  Ramisles  et  les  LuUistes,  comme,  plus  tard, 
il  y  eut  les  Gluckistes  et  les  Piccinnistes.  Cela 
en  vint  à  tel  point  que,  lorsque  les  deux  canta- 
trices paraissaient  dans  le  même  ouvrage,  les 
partisans  de  l'une  tournaient  le  dos  au  théâtre 
quand  sa  rivale  entrait  en  scène,  à  charge,  natu- 
rellement, de  revanche  de  la  part  des  partisans 
de  l'autre.  Les  mémoires  et  les  chroniques  du 
temps  se  gardèrent  bien  de  négliger  ce  grave 
sujet  de  discussions,  et  la  correspondance  de 
M"''  Aïssé  nous  en  donne  une  preuve;  on  lit  en 
effet  ce  qui  suit,  dans  sa  lettre  du  C-10  janvier 
1727  :  —  «  Les  partis  sur  M"*^  Lemaure  et 
M""  Pellissier  deviennent  tous  les  jours  plus  vifs. 
L'émulation  entre  ces  deux  actrices  est  extrême, 
et  a  rendu  la  Lemaure  très-bonne  actrice.  Il  y 
a  des  disputes  dans  le  parterre,  si  vives  que  l'on 
a  vu  le  moment  où  l'on  en  viendroit  à  tirer  l'é-. 
pée.  Elles  se  haïssent  toutes  deux  comme  des 
crapauds,  et  les  propos  de  l'une  et  de  l'autre 
sont  charmants.  M"«  Pellissier  est  très-imperti- 
nente et  très-étourdie.  L'autre  jour,  à  l'hôtel  de 
Bouillon,  à  table,  devant  des  personnes  très-sus- 
pectes, elle  a  dit  que  M.  Pellissier,  son  cher  mari, 
pouvoit  compter  d'être  le  seul,  à  Paris,  qui  ne 
lût  pas  cocu.  Pour  la  Lemaure,  elle  est  bête 
comme  un  pot;  mais  elle  a  la  plus  belle  et  la 
plus  surprenante  voix  qu'il  y  ait  dans  le  monde; 
elle  a  beaucoup  d'entrailles,  et  la  Pellissier  beau- 
coup d'art...  » 

On  a  publié  sur  cette  actrice  l'écrit  suivant  : 
Mémoires-anecdotes  pour  servir  à  l'histoire 
de  M.  Diiliz,  et  la  suite  de  ses  aventures  après 
la  catastrophe  de  y»;""  Pélissier,  actrice  de 
t'Opéra,  Londres  (Paris),  1739,  in-8". 

PELLAERT  (Le  baron  DE).  —  Voyez 
PEELLAERT. 

PELLE  (Christian  ou  Chrétien),  facteur  de 
clavecins,  vivait  à  Anvers  en  1660. 


31G 


PELLEGRINI  —  PELLETAN 


PELLEGRIXI  ( ),   musicien  italien,  a 

fait  ses  dt'buls  de  compositeur  drainalique  en 
faisant  représenter  à  Brescia,  le  29  mars  1875, 
un  opéra  intitulé  Sco77iburga.  Il  a  publié,  sous 
le  litre  île  Fiori  d'Kalia,  un  album  de  12  mélo- 
dies vocales  (Naples,  Cottrau). 

PELLESCHI.  —  Trois  frères  de  ce  nom, 
tous  trois  musiciens,  ont  vécu  à  Florence  depuis 
la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle  jusqu'au 
commencement  du  dix-neuvième. 

L'aîné,  Ltiigi  Pelleschi,  fut  un  bon  contrc- 
pointiste,  qui  composa  beaucoup  de  musique 
d'église,  particulièrement  dans  le  style  a  cap- 
pella. Parmi  ses  compositions,  une  mention  spé- 
ciale est  due  à  ses  Matines  de  la  semaine  sainte. 
La  plus  grande  partie  de  ses  oeuvres,  restées  tou- 
tes inédites,  est  conservée  dans  les  archives  de 
la  chapelle  dela.Sfl?ic/m/mrt  Annunziata,  dont 
il  était  le  maître  directeur  à  Florence.  En  1828, 
il  succéda  à  Disma  Ugolini,  professeur  de  con- 
tre-point et  de  composition  dans  les  écoles  publi- 
ques de  musique  annexées  à  cette  époque  à 
l'Académie  des  Beaux-Arts  de  Florence.  Il  con- 
serva ces  fonctions  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le 
5  avril  1832,  alors  qu'il  était  âgé  de  63  ans. 

Salvadore  Pellcsr.lii,  bon  maître  enseignant, 
ne  s'éleva  pas  au-dessus  de  la  médiocrité.  On  ne 
connaît  rien  de  sa  composition. 

Gasparo  Pelleschi,  d'un  caractère  aussi  bi- 
zarre et  fougueux  que  son  frère  Luigi  était  doux 
et  paisible,  fut  un  chanteur  distingué.  Doué  d'une 
très-belle  voix  de  ténor,  il  .s'essaya  dès  son  jeune 
âge  dans  la  carrière  du  théâtre,  mais  y  renonça 
presque  aussitôt  à  cause  de  quelques  contrarié- 
tés qu'il  éprouva.  En  1814,  il  fut  nommé  adjoint, 
puis  professeur  titulaire  de  chant  à  l'Académie 
des  Beaux-Arts  de  Florence.  Il  était  bon  con- 
tre-pointisle  aussi,  et  l'on  connaît  de  lui  quelques 
nocturnes  et  autres  morceaux  de  musique  vocale 
de  chambre  qui  sont  dignes  d'attention,  il  a 
même  laissé  des  messes  à  grand  orchestre  dont 
la  facture  savante  est  irréprochable,  mais  dont 
la  prolixité  est  excessive  (on  cite,  dans  l'une 
d'elles,  une  pédale  qui  ne  dure  pas  moins  d'une 
trentaine  démesures),  et  qui  manquent  généra- 
lement du  charme  de  linspiralion.  Gasparo  Pel- 
leschi mou  !  ut  à  Florence  le  21  janvier  1801,  ;\ 
l'âge  de  soixante-dix-neuf  ans. 

L.-F.  C. 

PELLET  (Ai.iMioNSF,),  compositeur  et  pro- 
fesseur, directeur  du  Conservatoire  de  Nîmes, 
estné  à  Uzès  (Gaidj,  le  18  octobre  1828.  Son 
père,  qui  était  organiste  de  la  calhédrale  d'I'/.ès, 
fut  son  premier  maître,  bien  que  tout  d'alxiKl  il 
n'eût  pas  voulu  lui  laisser  embrasser  la  carrière 
musicale.  C'est  en  cachette,  et  chez  des  camara- 


des, que  l'enfant  commença,  tout  .seul,  à  appren- 
dre divers  instruments,  le  violon,  le  violoncelle, 
la  llùte  et  la  clarinette,  après  quoi  son  père, 
étonné  de  ses  a|)tiludes,  lui  enseigna  le  piano  et 
l'harmonie.  Un  peu  plus  tard,  il  fut  envoyé  à 
Paris,  où  Colet,  alors  professeur  d'harmonie  au 
Conservatoire,  et  qui,  natif  d'Uzès,  avait  été  en 
cette  ville  l'élève  de  M.  Pellet  père,  l'admit 
comme  auditeur  dans  sa  classe,  après  quoi  le  jeune 
homme  passa,  au  même  titre,  dans  la  classe 
de  composition  d'Halévy.  La  mort  de  sa  mère 
le  ramena,  à  l'âge  de  21  ans,  à  INimes, qu'il  n'a 
plus  quitté  depuis  lors. 

M.  Pellet  s'est  fait  à  Nîmes  une  situation 
très-honorable.  Devenu  directeur  du  Conserva- 
toire de  celte  ville  et  organiste  de  la  basilique, 
il  s'y  livre  à  l'enseignement  du  piano  et  à  la 
composition,  et  y  a  fait  représenter  plusieurs  ou- 
vrages dramatiques  dont  voici  les  titres  :  1"  les 
Deux  Avares,  opéra-comique  écrit  sur  le  poème 
qui  servit  jadis  à  Gréiry  (1864);  2"  VOurs  et  le 
Pacha,  d'après  le  vaudeville  de  Scribe  arrangé 
en  opéra  comique  (1865)  ;  3"  Sahifi  ou  les  In- 
convénients de  la  grandeur,  3  actes  (1866); 
4"  Futaille  à  vendre,  saynète  en  un  acte  (t 808)  ; 
5"  Deux  Locataires,  un  acte  (1873);  6"  Sous 
les  palmiers,  opéra  romantique  en  2  actes  (avril 
1878).  M.  Pellet  a  publié  plusieurs  morceaux  de 
piano  (Paris,  Sylvain  St-Elienne),  deux  séries  de 
mélodies  pour  pianoet  violoncelle  (Paris,  Benoit), 
une  collection  de  morceaux  religieux  (Paris, 
Graff).  Il  a  écrit  encore  une  vingtaine  de  canta- 
tes, deux  grands  opéras  encore  inédits,  un  orato- 
rio, un  quintette  pour  2  violons,  alto  et  2  vio- 
loncelles, un  quatuor  pour  piano  et  instruments 
à  cordes,  un  trio  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, une  grande  sonate  pour  piano  et  violoncelle 
enfin  plusieurs  chœurs  orphéoniques  et  religieux. 
M.  Pellet  est  l'auteur  d'un  Essai  sur  l'opéra 
en  France  depuis  Lully  jusqu'  à  nos  jours  (Pa- 
ris, Dentu,  1876,  in-12),  écrit  qui  n'est  que 
le  résumé  de  trois  conférences  faites  par  lui  sur 
ce  sujet,  et  il  prépare  un  ouvrage  plus  important 
qu'il  compte  publier  sous  ce  titre  :  Aperçu  sur 
l'histoire  de  la  musique  depuis  les  temps  tes 
plus  reculés  jusqu^ï  nos  jours,  suivi  d'une, 
analyse  à  peu  près  complète  des  u'uvres  de  Pa- 
lestrina,  Monteverde,  Scarlatti,  Bach,  Hœndel, 
Haydn,  Mozart,  Beethoven,  Mendeissohn,  Schu- 
mann  et  Wagner.  Cet  ouvrage  ne  formera  pas 
moins  de  3  volumes  in-octavo. 

PELLETA.M  (M"'  Fanny),  amateur  pas- 
sionné de  musique,  lille  et  pelite-lille  de  méde- 
cins distingués,  née  le  28  juillet  1830,  mourut 
à  Passy  le  2  août  1876.  Cette  femme  intelligente, 
qui  avait  reçu  une  excellente  éducation  dans  la- 


PELLETAN  —  PENA  Y  GONI 


;M7 


quelle  une  large  pari  avait  été  faite  à  la  musique, 
était  bonne  pianiste,  et  s'était  même  appliquée 
à  l'étude  fie  l'harmonie  sous  la  direction  do 
Damcke  (Votj.  ce  nom).  Elle  fut  frappée  un  jour 
par  la  lecture  de  ce  passage  des  Grotesques  de  la 
musique,  dans  lequel  Berlioz  formait  le  vœu  de 
voir  entreprendre  une  édition  modèle  des  six 
grands  opéras  français  de  Gluck  :  —  «  Personne 
«  n'a  osé  en  Europe  entreprendre  une  édition  nou- 
«  velle,  et  soignée,  et  mise  en  ordre,  et  annoter, 
"  des  six  grands  opéras  de  Gluck.  Aucune  tenta- 
«  tive  sérieuse  de  souscription  à  ce  sujet  n'a  été 
«  faite.  Personne  n'a  eu  l'idée  de  risquer  vingt 
'<  mille  francs  pour  combattre  ainsi  les  causes  de 
«  plus  en  plus  nombreuses  de  destruction  qui 
"  menacent  ces  chel's-d'œuvre.  Et  malgré  les 
«  ressources  dont  l'art  et  l'industrie  disposent, 
«  grâce  à  cette  monstrueuse  indifférence  de  tous 
«  pour  les  grands  intérêts  de  l'art  musical,  ces 
Il  chefs-d'œuvre  périront.  » 

Emue  d'un  noi)le  sentiment- à  la  lecture  de  ces 
lignes,  M"*  Pellelan  résolut  de  réaliser  le  vœu 
de  Berlioz,  cl  de  consacrer  à  ce  projet  une  partie 
de  sa  modole  aisance.  AidiJe  des  conseils  et  de 
l'expérience  de  Damcke,  son  maître  et  son  ami, 
elle  entreprit  d'élever  à  la  mémoire  de  Gluck  un 
monument  artistique  digne  de  sa  gloire  et  du 
culte  quelle  lui  avait  voué.  Dès  lors,  toute  l'ac- 
iivité  de  son  esprit,  toutes  les  ressources  de  sa 
fortune  furent  mises  au  service  de  son  généreux 
projet,  et  elle  prépara  tous  les  éléments  d'une 
édition  splendide  de  l'œuvre  français  du  maître 
mmortel.  Damcke  se  chargea  de  la  paitie  criti- 
que de  ce  prodigieux  travail,  mit  à  proMt  ses  no- 
tes et  ses  lectures,  compara  et  corrigea  les 
textes,  rectifia  des  incorrections  que  le  temps 
avait  consacrées.  Bref,  à  force  d'efforts  et  de 
travaux  patients  de  la  parldecliacun,  la  partition 
iVlphigénieen  yhf^if/e, publication  irréprochable 
au  point  de  vue  artistique,  admirable  au  point 
de  vue  matériel,  fut  olferte  au  public  au  mois  de 
juin  1873,  et  bientôt  suivie  de  celle  A''lphïgénie 
en  Tauride.  Celle  A\ilcesie  allait  paraître  à 
son  tour,  lorsque  Damcke  mourut.  Privée  de 
l'appui  (le  cet  auxiliaire  intelligent  et  dévoué, 
M"°  Pellelan  ne  se  découragea  pas,  et  Alceste 
fut  en  effet  publiée.  Armidc  fut  bientôt  |)réparée 
par  elle  et  allait  aussi  voir  le  jour,  lorsque  cette 
femme  courageuse  et  convaincue,  que  la  maladie 
minait  de|)uis  plusieurs  mois  sans  affaiblir  sa 
\olonté,  fut  elle-même  frappée  par  la  mort,  à 
'âge  de  quarante-six  ans. 

L'œuvre  de  m"^  Pelletan  fut  ainsi  arrêtée  ; 
mais  on  assure  qu'elle  a  pris  tous  ses  soins  et 
toutes  ses  mesures  pour  que  cette  œuvre  soit 
menée  à  terme,  et  que  la  publication  entreprise 


par  elle  soit  complètement  achevée.  En  tout  étal 
de  cause,  le  nom  de  M'"^  Pelletan  appartient 
aujourd'hui  à  l'histoire  de  l'art,  dans  laquelle  il 
tiendra  une  place  particulièrement  honorable. 
En  mourant,  cette  femme  distinguée  a  voulu 
faire  encore  une  bonne  action  artistique  ;  elle  a 
légué  par  testament,  à  la  Bibliothèque  nationale, 
les  manuscrits  autographes  de  deux  chefs-d'œu- 
vre :  la  partition  iVAlceste,  de  Gluck,  qu'elle 
avait  achetée  10,00(i  francs  à  M""=  Girard,  veuve 
du  chef  d'orchestre  de  l'Opéra,  et  celle  de  V En- 
fance du  Christ,  de  Berlioz. 

PELLETIER  ( ),  facteur  d'instru- 
ments à  vent,  vivait  à  Paris  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  Je  n'ai  eu  con- 
naissance de  cet  artisan  que  par  la  note  sui- 
vante, insérée  au  Mercure  d'octobre  1728, 
évidemment  sur  sa  demande,  et  qui  nous  ren- 
seigne à  la  fois  sur  lui  et  sur  deux  autres  fac- 
teurs, nommés  Naust  et  L'Erable  :  «  Le  sieur 
Pelletier,  facteur  d'instrumens  à  vent,  neveu 
et  élève  de  feu  M.  Naust,  avertit  le  public  que 
le  sieur  L'Erable,  aussi  facteur  d'instrumens  à 
vent,  n'est  pas  le  seul  qui  ait  travaillé  chez  le 
sieur  Naust;  puisque  le  sieur  Pelletier,  qui  y 
travailloit  de  son  vivant,  a  toujours  continué 
après  sa  mort  sous  la  veuve  et  marquoit  les 
instrumens  au  nom  de  Naust.  A  la  vérité,  le 
sieur  l'Erable  a  aussi  travaillé  chez  Madame 
Naust  quelques  années  après,  mais  conjointe- 
ment et  de  société  avec  le  sieur  Pelletier  et  elle, 
jusqu'en  l'année  172'2,  que  le  sieur  Pelletier  a 
jugé  à  propos  de  s'établir  et  de  marquer  ses 
instrumens  à  son  nom.  Ainsi  tous  les  instru- 
mens qui  ont  été  faits  par  l'un  ou  par  l'autre 
jusqu'à  ce  temps,  ont  été  également  marquez 
du  nom  de  Naust,  et  le  sieur  Pelletier  peut 
avancer  qu'il  a  fait  la  plus  grande  partie  des 
instrumens  marquez  au  nom  du  sieur  Naust 
depuis  sa  mort.  Le  sieur  Pelletier  demeure  rue 
des  Grands  Cordeliers,  au  gros  Rai.sin.  » 

PEMBEHTOM  (Edward),  luthier  anglais 
fort  estimé,  vivait  à  Londres  en  1600.  C'est  par 
eireur  que  cet  artiste  a  été  mentionné  souvent 
comme  l'auteur  du  violon  qui  fut  présenté  à  la 
reine  Elisabeth  par  le  comte  de  Leicester,  puis- 
qu'il ne  vécut  qu'un  siècle  plus  tard. 

PENA  Y  GOI\I  (Antonio),  musicographe 
et  compositeur  espagnol,  est  né  à  Saint-Sébastien 
le  2  novembre  1846.  Orphelin  dès  l'âge  de  dix 
ans,  il  tit  en  France,  au  collège  des  Frères  de 
Marie  de  Saint-Jean  de  Luz ,  ses  premières 
éludes  littéraires,  et  sa  famille  le  destinait  à  une 
carrière  scientifique  ;  mais  dès  cette  époque,  un 
penchant  irrésistible  entraînait  son  esprit  vers 
la  musique  et  les  lettres  proprement  dites.  Aussi, 


318 


PENA  Y  GONI  —  PENCO 


lorsqu'il  fut  de  i\lour  à  Saiul-  Scbastion,  il  tra- 
vailla le  grec  et  le  latin  avec  le  célèbre  Manterola 
(qui,  comme  conseiller  intime  de  don  Carlos, 
joua  un  rôle  si  important  dans  la  dernière  guerre 
civile  qui  désola  l'Espagne),  et  se  mit  à  étudier 
seul  la  musique.  Tout  jeune,  il  olitint  un  emploi 
dans  l'administration  des  postes  de  cette  ville, 
occupation  qui  ne  l'empêcha  pas  de  travailler  le 
piano,  le  solfège  et  l'harmonie,  sans  le  secours 
d'aucun  maître.  Étant  allé  se  lixer  à  INIadrid,  il 
lit  un  court  passage  au  Conservatoire,  puis, 
étant  entré  dans  les  bureaux  du  ministère  des 
Travaux  publics,  de  rinslruction  pubbque  et  des 
Ceaux-Arts,  il  continua  ses  études  musicales, 
travaillant,  toujours  seul,  l'harmonie,  le  contre- 
point, la  fugue  et  l'instrumentation,  et  en  même 
temps  se  l'ami liarisafit  avec  les  n'iivres  des  grands 
écrivains  des  diverses  littératures  européennes, 
surtout  les  écrivains  français,  pour  lesquels  il 
éprouvait  une  admiration  profonde. 

M.  Pena  y  Goùi  était  à  peine  ^gé  de  vingt  ans 
lorsqu'il  publia  dans  el  Imparcial,  le  plus  im- 
portant journal  politique  de  Madrid,  ses  premiers 
essais  de  critique  musicale,  essais  qui  furen! 
d'autant  plus  remarqués  que  cette  critique  n'a- 
vait jamais  existé  en  Espagne,  et  qu'il  était  le 
premier  musicien  qui  se  lût  occupé  de  ces 
questions  et  qui  prit  en  main  la  défense  d'un 
art  admirable^  jusque-là  singulièrement  dédaigné 
sous  ce  rapport.  Aux  connaissances  théoriques 
indispensables  à  une  telle  tâche,  JM.  l'efia  \ 
Gofii  joignait  un  véritable  talent  d'écrivain,  qui 
ne  fit  que  s'accroître  de  jour  en  jour  par  la  pra- 
tique et  par  une  étude  toujours  plus  approfondie 
des  sujets  qu'il  avait  à  traiter.  Le  public,  com- 
plètement ignorant  des  choses  que  le  jeune  arlisie 
lui  révélait  chaque  jour,  le  suivit  avec  un  véri- 
table plaisir,  avec  une  curiosité  ardente;  bientôt 
tous  les  journaux,  suivant  le  mouvement  d'im- 
pulsion qui  leur  était  donné,  durent  chercher  à 
s'adjoinilre  des  collaborateurs  spéciaux  chargés 
de  traiter  ces  questions  pour  eux  si  nouvelles, 
elM.  Peiïa  y  Goùi,  dont  la  renommée  augmenlail 
chaque  jour,  eut  l'honneur  d'avoir  véritablenieni 
fondé  en  Espagne  la  critique  musicale,  dont 
avant  lui  on  n'avait  aucune  idée  en  ce  pays. 

On  comprend  que  l'écrivain  dont  l'initiative 
avait  eu  un  tel  résultat  devait  être  particulière- 
ment recherché;  aussi  M.  Pena  y  Goùi  a-t-il 
pris  part ,  depuis  uue  <li/.aine  d'années ,  à  la 
rédaction  d'un  grand  nombre  de  journaux,  parmi 
lesquels  il  faut  .surtout  citer,  outre  cl  Imparcial, 
lu  Iluslracion  de  Madrid,  la  Crilica,  la  lU- 
vista  conlemporanea,  el  Globo,  el  Tiempo, 
la  Iluslracion  espanola  y  omericana,  la  Ik- 
vista  europea,  etc.  Sou  style  aisé  el  brillant,  sa 


grande  connaissance  de  l'art,  son  éclectisme  large 
et  intelligent,  la  vivacité  de  son  esprit,  en  font 
d'ailleurs  un  des  écrivains  les  plus  remarquables 
(pi'on  |)uisse  rencontrer  dans  le  genre  auquel  il 
s'est  attaclié.  En  dehors  de  ses  innombrables 
articles  de  critique  courante,  M.  Pena  y  Goùi  a 
p;d)lié  deux  opuscules  intéressants  :  l'un,  inti- 
tulé los  Despojos  de  la  Africana  (les  débris 
de  «  l'Africaine,  »  iMadrid,  ]\Iedina,  s.  d.,  in- 
12),  est  une  analyse  substanlielle  de  la  seconde 
[)artition  de  l'Africaine,  c'est-à-dire  des  parties 
de  cet  opéra  qui  ont  dû  être  supprimées  avant 
la  représentation  cl  dont  on  a  fait  une  publica- 
tion à  part;  l'autre,  qui  porte  ce  titre  :  la 
Obra  maestra  de  Verdi,  «  Aida,  »  (Madrid, 
Iglesias  el  Garcia,  1875,  in-12),  est  un  essai  ana- 
lytique et  critique  de  la  dernière  œuvre  de 
M. Verdi.  On  lui  doit  aussi  une  notice  intéressante 
.sur  l'un  des  premiers  musiciens  espagnols  de  ce 
temps  :  Barbieri  (Madrid,  Duca/.cal,  187;"),  in- 
8"  de  Cl  pp. ,avec  portrait). Enfin, plus  récemment, 
il  a  formé,  de  divers  travaux  publiés  par  lui  dans 
iliiférents  journaux,  un  recueil  qu'il  a  donné 
sons  ce  titre  :  Jmprcstones  musicales  (MadnCl, 
1878,  in-8"),  et  il  a  publié  sur  M.  Gounod  un 
petit  écrit  intéressant  :  Impresiones  y  Recaer- 
dos.  Carlos  Gounod  (Madrid,  1879,  petit  in-S" 
de  59  pp.).  Comme  compositeur,  M.  Pena  y 
Goni  s'est  fait  connaître  par  quelques  mor- 
ceaux de  piano,  et  par  une  sorte  de  chaut  patrioti- 
que basque,  pour  voix  seule,  chanir  et  orchestre, 
Viva  Hernani!  qui,  chanté  par  M.  Tamberlick 
sur  lo  théâtre  royal  de  Madrid,  le  21  décembre 
1875,  obtint  un  énorme  succès. 

Membre  honoraire  de  la  Société  espagnole 
pour  le  développement  des  arts  el  de  l'Acadéraie 
de  Sainte-Cécile  de  Rome,  membre  de  la  Com- 
mission de  l'A.ssocialion  artistique  musicale  de 
secours  mutuels,  M.  Antonio  Peûa  y  Goni,  qui 
n'a  cessé  d'être  attaché  au  minislerio  de  Fo- 
mento  (travaux  publics),  est  chevalier  de  l'ordre 
de  Charles  111  et  eonunandeur  de  celui  d'Isabelle 
la  Catholique. 

PÉiM.WAïRE  (J -G  ....),  violoniste  et 

compositeur,  né  vers  1835,  a  fait  pendant  plu- 
sieurs années  paitic  de  l'orchestre  du  Théâtre- 
Italien,  el  a  écrit  la  musique  des  deux  petits 
ouvrages  suivants  :  t"  Ninelle  et  Mnon,  opé- 
rette en  un  acte,  Athénée,  28  avril  1873  ;  2°  la 
Folie  espagnole,  divertissement  en  un  acte, 
Eolie.s-Rergère,  18  mars  1874.  M.  Pénavaire  a 
publié  au.ssi  plusieurs  mélodies  vocales  cl  quel- 
ques jnorceaux  de  musique  instrumentale. 

PE^'CO  (M'''-^  Rosina),  cantatrice  italienne 
fort  distinguée,  est  née  à  Naples,  de  parenls 
génois,  au  mois  d'avril  1830.  Par  quel  singulier 


t'ENCO  -  PÉPIN 


310 


hasard  celte  artiste,  née  sous  les  rayons  brùlarils 
du  soleil  du  midi,  cominença-t-elle  sa  carrière  à 
l'extrémité  septentrionale  de  l'Europe?  c'est  ce 
que  je  ne  saurais  dire.  Toujours  est-il  que 
M'"^  Penco  se  produisit  pour  la  première  lois  en 
public  à  Copenhague,  et  qu'après  avoir  passe 
une  saison  en  cette  ville  et  avoir  fait  une  tournée 
dans  les  provinces  du  Danemark  et  de  la  Suède, 
elle  se  vit  accueillir  avec  la  plus  grande  faveur  à 
Stockholm.  De  Stockholm  elle  se  rendit  à  Berlin 
(1849),  puis  à  Constantinople  (1850-1851),  et 
enfin  alla  se  faire  applaudir  en  Italie,  particu- 
lièrement à  Florence,  à  Trieste,  à  iNaples  ,  a 
Rome,  et  à  Gênes,  où  elle  se  maria. 

C'est  après  avoir  obtenu  de  grands  succès  à 
Madrid,  que  M'"^  Penco  fut  engagée  au  Théâtre- 
Italien  de  Paris,  où  elle  débuta  en  1855.  On  la 
vit  d'abord  dans  un  opéra  de  la  jeunesse  de 
M.  Pedrolti  {Voy.  ce  nom),  Fiorina,  où  elle 
plut  aussitôt,  puis  dans  fAssedw  di  Firenzc^àv 
M.  Botlesini.  Elle  s'empara  ensuite  et  successi- 
vement d'un  grand  nombre  de  rôles  du  répertoire 
courant,  conquit  une  renommée  que  légilimaienl 
sa  beauté  radieuse,  sa  voix  limpide  et  étendue, 
ses  réelles  qualités  de  chanteuse  et  son  intelli- 
gence scénique,  et  ne  cessa ,  pendant  environ 
diK-huit  ans,  de  plaire  au  public  parisien,  qui 
l'avait  prise  en  grande  affection.  Cela  ne  l'empê- 
chait pas  de  se  faire  entendre  tantôt  à  Londres, 
tantôt  à  Madrid  ,  où  elle  n'était  pas  moins  fêtée. 

Douée  d'une  beauté  vraiment  sculpturale, 
M'"'  Penco,  dont  la  belle  voix  de  soprano  était 
solide  et  bien  timbrée,  conduisait  avec  habileté 
cette  voix  chaude,  sympathique  et  pénétrante, 
et  n'était  pas  moins  remarquable  au  point  de  vue 
de  l'art  de  la  scène  que  de  l'art  du  chant.  Canta- 
trice passionnée  et  comédienne  pathétique  dans 
les  grands  rôles  du  répertoire  sérieux,  elle  savait 
émouvoir  ses  auditeurs  en  se  montrant  dans 
Norma,  Poliuto ,  Don  Juan,  un  Ballo  in 
maschera,  il  Trovatore,  Liicrezia  Borgia, 
il  Giuramento ;  d'autre  part,  elle  déployait 
dans  le  genre  bouffe  un  naturel  charmant,  une 
bonne  humeur  conununicative ,  et  se  faisait 
également  applaudir  dans  Suzanne  des  Nozze 
di  Figaro,  dans  Caroliua  dit  Maliimonio 
segreto,  et  dans  Don  Pasquale;  elle  brillait 
encore,  à  des  titres  divers,  dans  Semiramide, 
Matilde  di  Shabran,  la  Traviata,  etc. 

M"^^  Penco  était  une  artiste  sinon  absolument 
supérieure,  du  moins  extrêmement  distinguée, 
remarquable  à  beaucoup  d'égards,  et  dont  le 
talent  souple  et  varié,  tantôt  grandiose  et  pathé- 
tique, tantôt  aimable  et  plein  de  grâce,  ne  lais- 
sait peut-être  parfois  à  désirer  qu'un  style  plus 
châtié  et  plus  soutenu.  Depuis  quelques  années 


elle  a  déliuitivement  renoncé  à  la  scène,  et  s'est 
lixée  à  Paris. 

PEJ\DOLA  (Caulo),  pianiste  et  composi- 
teur italien  contemporain,  né  à  Gênes,  s'est  fait 
connaître  par  la  publication  d'environ  soixante- 
dix  œuvres  de  genre  pour  son  instiument , 
écrites  pour  la  plupart  sur  des  motifs  d'opéras. 
Qucl(|ues-unes  cei'endant,  lulh^s  cpie  la  Coi  liera, 
grand  galop  de  concert,.  .S2(//e /!//;< ,  «scherzo 
[ùanistique  »,  sont  originales.  M.  l^endola  apublié 
aussi  quelques  morceaux  de  chant,  entre  autres 
un  Ave  Maria  pour  voix  seule,  avec  accompa- 
gnement de  piano. 

PEi\SO  ( ),  compositeur  italien,  est 

l'auteur  de  Don  Fubio ,  opéra  qui  a  été  repré- 
senté en  1862  à  Livourne. 

*  PEI\TEI\RIEDEU  (Fuançois-Xwier), 
organiste,  naquit,  non  à  Munich  en  1808,  mais 
à  Kaufbauern  (Bavière),  le  6  février  1813.  il  est 
moit  à  Munich  le  17  juillet  1867. 

PEPE  (E ),  compositeur  italien,  ne  m'est 

connu  jusqu'ici  que  par  un  ojiéra  bouffe,  i  Pre- 
Icndcnti,  qu'il  a  fait  représenter  à  Naples,  sur 
le  théâtre  Rossini,  le  3  juillet  1877. 

PEPIN  (CuARLES-JosEi'u),  clicf  d'orcheslrc 
el  compositeur,  naquit  à  Genève  en  1795  de 
parents  français.  Son  père,  qui  avait  de  la  for- 
tune, lui  lit  donner  une  éducation  très-soignée. 
Cependant,  Charles  Pépin,  ayant  un  goût  très- 
prononcé  pour  la  musique,  ne  répondit  pas  aux 
desseins  que  sa  famille  paraissait  avoir  pour  son 
avenir,  et  se  voua  de  bonne  heure  à  la  carrière 
artistique.  Dès  l'âge  de  dix-sept  ans,  il  com- 
mença à  diriger  des  orchestres  dans  les  villes 
secondaires  comme  Colmar,  où  il  prit  des  leçons 
de  violon  de  M.  Rovelli,el  Épinal,  où  il  reçut 
les  conseils  de  M.  Mongenot  pour  l'harmonie  et 
la  composition.  Tourmenté  du  désir  de  produire, 
il  fit  la  musique  d'une  pièce  intitulée  Amélie  de 
Mont  fort,  qwi  fut  jouée  à  Épinal  avec  un  succès 
assez  vif,  malgré  l'insuffisance  du  poème,  qui  fut 
jugé  très-faible.  Engagé  comme  chef  d'orchestre 
au  Grand-Théâtre  de  Nantes,  Charles  Pépin  se 
rendit  dans  cette  ville,  et,  pendant  Un  séjour  de 
plusieurs  années,  y  établit  solidement  sa  répu- 
tation de  chef  d'orchestre  et  de  compositeur.  Il 
écrivit  un  grand  ballet  et  un  assez  grand  nombre 
de  romances  sur  des  paroles  de  M.  Boucher  de 
Perthes,oudu  comte  de  Pradel,  qui  devait  acqué- 
rir plus  lard  une  grande  notoriété  par  son  talent 
surprenant  d'improvisateur.  Quelques-unes  de 
ces  romances  eurent  de  la  vogue,  surtout  celle 
qui  avait  pour  litre  les  Deux  Tombeaux.  En 
1822,  Charles  Pépin  ayant  accepté  le  poste  de 
chef  d'orchestre  au  Grand-Théâtre  de  Marseille, 
se  fixa  dans  cette  ville,  où  il  est  resté  très-long 


320 


PÉPIN  —  PERELLI 


temps.  La  première  fois  qu'il  y  conduisit  l'or- 
chestre, il  fit  exécuter  une  ouverture  de  sa 
composition  qui  lui  valut  tout  aussitôt  l'estiiuo 
des  artistes  et  des  connaisseurs.  C'est  sous  la 
direction  de  Charles  Pépin  qu'ont  été  créés  à 
Marseille  les  opéras  de  la  Muette,  Charles  Vf, 
la  Heine  de  Chypre,  Jérusalem,  les  Monténé- 
grins, les  Mousquetaires,  Ne  touchez  pas  à 
la  reine,  Mosquita  la  Sorcière,  etc.  Lui-même 
donna  au  théâtre  de  Marseille  plusieurs  ballets, 
entre  autres  un  Voyage  à  Cylhère.  Il  tit  aussi  la 
musique  d'un  opéra  dont  le  poème  était  de 
Verteuil,  comédien  distingué,  qui  joua  longtemps 
à  Marseille.  Mais  Pépin  hésita  au  moment  d'é- 
crire la  dernière  scène  de  l'ouvrage,  qui,  par 
un  singulier  caprice  du  librettiste,  devait  se 
passer  dans  un  ballon.  En  vain  le  musicien 
réclamait-il  des  modilications  à  ce  tableau;  le 
poète  s'obstinait  à  n'y  rien  changer.  Sur  ces 
entrefaites,  Verteuil  partit  pour  l'Amérique,  oii  il 
mourut.  L'opéra  ne  fut  jamais  achevé  ni  repré- 
senté. 

Charles  Pépin,  ayant  épousé  une  canta- 
trice de  talent  qui  tenait  l'emploi  des  premières 
dugazons,  fut  obligé  de  quitter  Marseille  pour 
suivre  sa  femme.  Il  alla  d'abord  à  Lille,  puis  à 
Lyon  en  183'2.  Il  composa  dans  cette  ville  la 
musique  d'un  poème  national  qui  fut  exécuté 
par  une  véritable  armée  de  chanteurs  et  d'ins- 
trumentistes. Le  Grand-Théâtre  s'étant  trouvé 
trop  petit  pour  contenir,  non  les  auditeurs,  mais 
seulement  les  exécutants,  on  dut  faire  un  plan- 
cher dans  une  vaste  cour  de  la  mairie,  où  la 
cantate  fut  donnée  avec  éclat.  Cependant,  ainsi 
qu'il  arrive  toujours  en  pareille  circonstance, 
l'œuvre  fut  mieux  appréciée  lorsqu'elle  fui  inter- 
prétée peu  après  au  théâtre  par  l'orchesire  el 
les  choristes  qui  sullisaient  aux  représentations 
ordinaires.  Pépin  avait  introduit  dans  sa  parti- 
tion une  |tartie  vocale  de  basse-contre,  sonnant 
à  une  octave  au  dessous  des  [)arlies  de  basses- 
tailles.  Ce  rôle  fut  conlié  à  un  amateur  de  la 
ville,  qui  possédait  cette  voix  exceptionnelle. 
—  La  direction  du  Grand-Théâtre  de  Lyon  ayant 
sombré  dans  une  baïKiucroule,  Charles  Pépin 
revint  à  Marseille,  ou  il  .'e  présenta  cette  fois 
comme  simple  professeur.  Mais  .sa  valeur  incon- 
testée comme  chef  d'orchestre  le  lit  bientôt  desi- 
gner pour  la  diiecliou  de  l'orchestre  du  Grand- 
Théâtre,  qu'il  reprit  et  conserva  jusqu'au  moment 
oii  éclata  le  choléra.  l'',pouvanlé  par  les  ravages 
que  faisait  le  Ih'au  ,  l'cpiii  (piitla  Marseille  et 
s'établit  définitivement  à  Genève,  ou  il  cunuila 
pendant  longtenq)s  les  fonctions  de  directeur, 
de  chef  d'orchestre  et  de  professeur  au  Conser- 
vatoire. Malgré   ces  occupalions   nmltiples,  il 


trouva  le  temps  de  composer  plusieurs  morceaux 
de  musique  religieuse  (notanunent  im  0  Salu- 
tans  à  4  voix,  et  un  Sanclus  à  six  voix),  et 
une  grande  symphonie  en  ré  mineur,  qui  obtint 
les  suffrages  de  tous  les  connais.seurs.  Atteint 
d'une  maladie  douloureuse  qui  lui  laissa  peu  de 
repos  pendant  ses  dernières  années.  Pépin  expira 
à  Genève  en  1864.  A  la  nouvelle  de  sa  mort, 
plusieurs  sociétés  musicales  de  Suisse  et  d'Alle- 
magne firent  d'instantes  démarches  auprès  de  la 
municipalité  pour  la  prier  de  refarder  l'enterre- 
ment de  Charles  Pépin,  afin  de  pouvoir  assister 
à  la  cérémonie  funèbre,  qui  fut  fort  belle  et 
témoigna  des  regrets  que  laissait  cet  artiste  labo- 
rieux et  distingué. 

Al,.  R— I). 

PERDIGAL  ( ...), compositeur  français, 

vivait  à  la  fin  du  dix-septième  .siècle,  il  ne  m'est 
connu  que  parce  qu'il  a  écrit  la  musique  de  dix- 
sept  poésies  du  recueil  que  l'abbé  Perrin  {Voy. 
ce  nom)  a  donné  sous  ce  litre  :  Diverses  Paro- 
les de  musique  pour  des  airs  de  cour,  airs  à 
boire,  dialogues,  noëls,  motels  et  chansons 
de  toute  sorte,  mises  en  musique  par  les  sieurs 
Cholonier,  Cameforl,  Lambert,  Perdigal, 
Cambert,  Martin  et  atitres  excellents  mu- 
siciens. 

*  PERELLI  (Natale),  compositeur  drama- 
tique italien ,  était  né  à  Milan  le  24  décembre 
1817.  Il  est  mort  à  Philadelphie  au  mois  de  mars 
18G7. 

PERF>LL1  (Edoakdo),  compositeur  italien, 
né  à  Milan  le  20  novembre  1842,  a  fait  repré- 
senter sur  le  théâtre  de  la  Pergola,  de  Florence, 
en  1869,  un  opéra  sérieux  intitulé  la  Martire, 
qui  a  été  bien  accueilli  du  public.  Il  a  élé  moins 
heureux  en  donnant  à  la  Scala,  de  Milan,  le 
8  avril  1873,  un  dr.ime  lyrique  en  4  actes  qui 
avait  pour  titre  Viola  Pisani;  quoique  fort  bien 
chanté  par  M"'"  Gabrielle  Kiaiiss,  par  MM.  Cain- 
panini  el  Maurel,  cel  ouvrage,  dont  le  livret 
d'ailleurs  était  détestable,  a  subi  une  chute 
complète.  J'ignore  où  et  quand  a  été  joué  nu 
autre  opéra  du  même  auteur,  Marion  Dclorme. 
M.  Perelli,  qui  est  un  artiste  de  goût  et  tie  savoir, 
a  publié,  en  dehors  du  théâtre,  diverses  compo- 
sitions :  une  Messe  à  4  voix  avec  orgue;  un 
Quatuor  en  mi  pour  deux  violons,  alto  et  vio- 
loncelle; un  recueil  de  12  Mélodies  écrites  sur 
des  poésies  de  Henri  Heine  traduites  en  italien  ; 
plusieurs  autres  mélodies  vocales  détachées  ; 
6  Madrigaux  à  4  voix  seules,  en  style  moderne 
(compositions  foit  distinguées,  qui  témoignent 
du  savoir  et  de  rimaginatioii  de  l'auteur);  divers 
morceaux  de  genre  pour  le  piano  ;  enfin,  quelques 
morceaux  de  musique  de  danse.  M.  Perelli  est 


PERELLI  —  PERI 


321 


l'auteur  de  l'un  des  trois  hymnes  de  circonstance 
(le  sien  avait  pour  titre  Hymne  de  l'Industrie) 
qui,  le  20  septembre  1871,  pour  l'anniversaire 
de  l'entrée  des  troupes  italiennes  à  Rome,  furent 
exécutés  à  Milan  sur  la  place  du  Doine. 

Cet  artiste  vraiment  distingué  s'est  parfois 
occupé  de  critique,  et  a  collaboré,  entre  autres 
journaux,  à  la  Gazzetta  musicale  de  Milan,  où 
ses  articles  étaient  signés  du  pseudonyme  à'Ed- 
icart  ;  il  a  publié  aussi  sous  ce  nom  d'emprunt 
un  petit  nombre  de  ses  compositions. 

*  PEREZ  (David).  —  A  la  liste  des  compo- 
sitions religieuses  de  cet  artiste ,  il  faut  ajouter 
les  suivantes  :  deux  messes  pour  2  chœurs  et 
plusieurs  instruments;  messe  à  4  et  8  voix  et 
plusieurs  instruments  ;  messe  à  4  voix ,  avec 
violon,  orgue  et  violoncelle-.  Magnificat  à  5  voix 
et  plusieurs  instruments  ;  Miserere  à  5  voix  avec 
bassons  obligés  et  orgue  ;  Lamentations  pour  les 
trois  offices  des  Ténèbres,  à  4  voix  avec  orgue; 
Répons  pour  les  trois  offices  des  Ténèbres.  Aux 
ouvrages  dramatiques  de  Ferez,  il  faut  joindre 
aussi  V Isola  disabdata,  opéra  sérieux  en  un 
acte. 

PEREZ  MARTINEZ  (Vicente),  ténor  de 
la  chapelle  royale  de  Madrid  pendant  environ 
trente  ans,  était  né  à  Cifuentes,  évôché  de  Si- 
giienza,  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  Renommé  pour  sa  belle  voix  et  pour  le 
grand  style  qu'il  apportait  dans  l'exécution  du 
chant  religieux,  il  fut  aussi  considéré  comme  un 
excellent  professeur,  et  au  nombre  de  ses  meil- 
leurs élèves  on  comptait  son  fils,  José  Ferez, 
qui  fut  longtemps  ténor  à  la  cathédrale  de  To- 
lède. 

Nommé  chanteur  de  la  chapelle  royale  le  25 
mars  1770,  Ferez  Martinez  faisait  paraître  au 
mois  de  mai  1799  le  premier  volume  d'un  très- 
important  traité  de  plain-chant  qui  devait  en 
comporter  trois,  et  qu'il  donna  sous  ce  titre  : 
Prontuario  del  canto  llano  gregoriano,  cor- 
regido  todo  del  mal  acento  y  otros  defectos 
notados  en  los  libros  antiguos.  Le  premier 
volume  de  cet  ouvrage  comprenait  862  pages, 
le  second  550,  et  le  troisième  environ  COO.  Le 
moine  Antonio  Hernandez  en  donna,  en  1828, 
une  nouvelle  édition,  corrigée  et  augmentée  par 
lui.  —  Ferez  Martinez  mourut  à  Madrid  le 
2  janvier  1800. 

PERFALL  (Le  baron K...  DE),  jurisconsulte 
et  musicien  allemand,  né  à  Munich  le  29  janvier 
1824,  étudia  le  droit  après  avoir  fait  ses  huma- 
nités, et  devint  fonctionnaire  de  l'État.  Il  aban- 
donna plus  tard  sa  situation  officielle  pour  se 
livrer  sans  contrainte  à  la  culture  de  la  musique, 
qu'il  avait  étudiée  à  Leipzig,  où  il  avait  reçu  des 

BIOGR.    UNIV.    DES  MUSICIENS.    —  SUPPL.   - 


leçons  du  célèbre  Moritz  Hauptmann.  Après 
avoir  pris  la  direction  de  la  Liedcrtafel  (Société 
de  chant)  de  Munich,  il  fonda  en  cette  ville  une 
société  d'oratorios  [Oratorien-Vcrein),  puis 
devint  intendant  général  du  thi'';\tie  de  la  cour 
en  1867.  Comme  compositeur,  M.  de  Perfall  s'est 
fait  connaître  par  ses  Deutsche  Muhrche 
(Contes  allemands)  pour  voix  seules,  chœurs  et 
orchestre,  et  par  des  liedcr. 

*  PERGOLÈSE  (Jean-Baptiste  PERGO- 
LESI,  connu  en  France  sous  le  nom  de).  —  Je 
n'ai  rien  à  ajouter  à  la  biographie  de  cet  artiste 
immortel,  mais  il  me  faut  joindre  à  la  liste  de  ses 
compositions  religieuses  quelques  oeuvres  dont 
les  manuscrits  ont  été  recueillis  dans  les  Archives 
du  Conservatoire  de  Naples,  par  les  soins  éclairés 
de  M.  Francesco  Florimo  :  r  Messe  à  deux 
chœurs  et  plusieurs  instruments  (en  ré  majeur); 
T  Messe  à  deux  chœurs  et  plusieurs  instruments 
(en  fa  majeur);  3°  Messe  à  4  voix,  avec  basse 
(en  fa  majeur)  ;  4°  In  hoc  die,  motet  à  5  voix  et 
plusieurs  instruments;  5»  In  cœlestibus  regnis, 
|)our  voix  de  contralto,  avec  violon  et  basse; 
6"  Sicut  erat  à  4  voix,  avec  plusieurs  instru- 
ments. Le  même  établissement  possède  les  ma- 
nuscrits de  cinq  cantates  de  Pergolèse  (1°  Ave 
tu  ben  mio  non  sei;!"  Chi  non   ode  e  chi  non 
vede;  3°  Exiridice,  ah!  dove  sei?  4° 4  te  torna 
il  tuo  Fileno  ;  5"  Dite  che  ogni  momento) ,  et 
ceux  des  compositions  suivantes  :  airs  divers, 
avec  accompagnement  de  violons,  alto  et  basse; 
duos  divers,  id.  ;  Vado  a  mo)ir  ben  mio,  trio, 
id.  ;  Cieco  che  non  vid'  io,  id.  ;  Scherzo  pour 
voix  de  ténor  et  basse;  12  Sonates  pour  2  vio- 
lons et  basse;  Concerto  de  violon,  avec  accom- 
pagnement de  quatuor  d'instruments  à  cordes; 
Solfèges  à  2  et  3  voix. 

M.  Franz  de  Viliars  a  publié  sur  l'un  des  chefs- 
d'œuvre  de  Fergolèse  l'écrit  suivant  :  la  Serva 
padrona,  son  apparition  à  Paris  en  1762,  son 
analyse,  son  influence  (Paris,  Castel,  1863, 
in-8°).  On  a  joué  sur  le  théâtre  de  la  Scala,  de 
Milan,  le  16  mars  1857,  un  opéra  intitulé  Per- 
golesi,  dont  la  musique  avait  été  écrite  par 
M.  Ronchetti,  et  au  mois  de  mars  1878  on  a 
donné  à  Jesi,  ville  natale  du  maître,  un  drame 
de  M.  P.  L.  Grazioli,  qui  avait  pour  titre  G.  Bat' 
tista  Pergolesi. 

*  PERI  (Achille),  compositeur  dramatique 
et  chef  d'orchestre  italien,  né  à  Reggio  d'Emilie, 
non  en  1817,  mais  le  20  décembre  1812,  est 
aujourd'hui,  et  depuis  longues  années  chef  d'or- 
chestre du  grand  théâtre  de  Reggio  d'Emilie,  sa 
ville  natale,  l'un  des  plus  beaux  de  toute  l'Italie. 
M.  Péri  a  eu  un  moment  de  vogue  en  imitant 
d'une  façon  presque  servile  la  première  manière 

T.    II,  21 


322 


PERI  —  PÉRONNET 


de  M.  Verdi,  mais  ce  moment  a  été  d'autant  plus 
court  que  le  disciple  reproduisait  beaucoup  plutôt 
les  défauts  et  les  exagérations  du  modèle  que  ses 
réelles  et  incontestables  qualités. 

La  carrière  active  de  M.  Péri  s'est  continuée 
par  les  ouvrages  suivants  :  i"  Tancreda,  drame 
lyrique  en  3  actes  (Gènes,  théâtre  Carlo-Félice, 
1848),  ouvrage  qui  obtint  trente  représentations 
consécutives,  ce  qui  constitue  un  succès  rare  en 
Italie;  2-  i  Fidanzati  (id.,  id.),  1856;  3"  Vittore 
Pisani,  opéra  sérieux  en  3  actes  (Reggio ,  21 
avril  1857),  qui  fut  assez  bien  accueilli,  quoique 
la  musique,  dit-on,  en  soit  médiocre;  -i"  Giu- 
ditla,  drame  biblique  en  3  actes  (Milan,  tbéàtre 
delà  Scala,  26  mars  1860);  très-bien  accueilli  à 
son  apparition,  cet  op>^ra,  qui  est  peut-être  le 
meilleur  du  compositeur,  ne  put  être  joué  qu'une 
fois  par  suite  dune  indisposition  du  ténor  Pan- 
cani,  mais  il  fui  repris  avec  succès  en  1862,  et 
l'on  en  cite  particulièrement  l'ouverture  comme 
une  page  fort  distinguée;  5'  l'Espiazione  (3 
actes.  Milan,  Scala,  7  février  1861),  ouvrage 
écrit  sur  un  poème  détestable  de  M.  Thémislocle 
Solera,  qui  énerva  l'inspiration  du  compositeur 
et  qui  lui  valut  une  chute  complète,  bien  qu'il  eût 
pour  interprètes  des  artistes  tels  que  M"*  Bor- 
ghi-Mamo,  MM.  Tiberini  et  Beneventano; 
6°  Or/ano  e  Diavolo;  1°  hienzl  (3  actes.  Milan, 
Scala,  26  décembre  1862),  partition  qui  n'eut 
pas  un  meilleur  sort,  bien  que  l'un  des  principaux 
ôlesen  fût  encore  chanté  par  laBorghi-Mamo. 
Depuis  cette  époque,  le  compositeur  n'a  plus  fait 
parler  de  lui,  et  semble  avoir  renoncé  définitive- 
ment à  la  carrière  du  théâtre.  —  M.  Péri  e.st 
chevalier  de  l'ordre  des  SS.  Maurice  et  Lazare. 

PÉRIGNON  (H -J ),  violoniste  dis- 
tingué ,  qui  fit  partie  de  l'orchestre  de  l'Opéra 
depuis  1775  jusqu'en  1808,  se  fit  entendre  fré- 
quemment au  Concert  spirituel ,  où  il  obtint  de 
grands  succès  de  virtuose  et  même  de  composi- 
teur, en  exécutant  des  morceaux  écrits  par  lui. 
«  Cet  artiste,  disait  le  rédacteur  des  Tablettes 
de  renommée  des  Musiciens  (1785),  joint  à 
beaucoup  de  netteté  une  justesse  dans  l'intona- 
tion et  une  belle  qualité  de  son  qui  le  mettent 
au  rang  des  plus  célèbres  virtuoses.  »  D'autre 
part,  les  auteurs  du  Dictionnaire  historique 
des  Musiciens  constatent  que  «  son  portrait  a 
été  gravé  en  1781,  ce  qui  prouve  sa  grande  célé- 
brité dès  cette  époque.  »  Je  n'ai  pu  recueillir 
d'autres  renseignements  sur  cet  artiste.  Je  sais 
seulement  qu'il  épousa  en  1784  M"*  Gervais, 
sœur  du  fameux  violoniste  de  ce  nom,  qui  était 
elle-même  attachée  comme  danseuse  à  l'Opéra, 
où  elle  fit  briller  pendant  plusieurs  années  un 
talent  plein  de  légèreté,  de  grâce  et  de  distinction. 


J»KR.\  ARELLl  (Odokisio),  musicien  italien, 
est  auteur  du  traité  suivant  ;  Istituzioni  di 
canto  ferma  per  uso  degli  ecclesiastici  seconda 
la  stilo  del  moderna  sistema  e  la  pratica 
délia  chiesa  romana  (Rome,  1844,  in-S"). 

PERXY  (Pierre),  pianiste,  professeur  et 
cornpositeur  pour  son  instrument,  est  né  le  7 
mars  182  i  à  Mce,  où  il  réside  toujours  et  où  il 
a  occupé  les  fonctions  de  chef  d'orchestre  au 
théâtre  italien.  11  y  partage  aujourd'iiui  son 
temps  entre  l'enseignement,  d'une  part,  et,  de 
l'autre,  la  composition  d'un  grand  nombre  de 
morceaux  de  genre  pour  le  piano,  écrits  avec 
une  grâce  aimable  et  d'une  main  expérimentée. 
M.  Perny,  qui  est  un  artiste  instruit  et  distingué, 
a  publié  ainsi  environ  deux  cents  morceaux, 
consistant  en  mélodies  originales,  caprices,  ro- 
mances sans  paroles,  diverlissemenls ,  airs  de 
danse,  etc.  Dans  le  nombre  .se  trouvent  plusieurs 
transcriptions  et  fantaisies  écrites  sur  des  chants 
populaires  et  sur  des  motifs  tirés  d'opéras  cé- 
lèbres,     r 

PERONNET  (Gustave),  pianiste  et  composi- 
teur, est  né  à  Bordeaux  vers  1823.  Il  avait  dix- 
huit  mois  lorsque  son  père,  qui  chantait  en  pro- 
vince les  rôles  d'Elleviou,  se  fixa  à  Marseille  où  il 
était  engagé.  M.  Gustave  Péronnet  apprit  la  "mu- 
sique dans  cette  ville  avec  Dumoulin,  professeur 
de  piano  et  timbalier  au  Grand-Théâtre.  Quand 
il  eut  atteint  l'âge  d'homme ,  il  se  rendit  à  Paris 
pour  y  compléter  ses  études,  et  entra  au  Con- 
servatoire dans  la  classe  de  piano  deZiminermann. 
En  même  temps,  il  recevait  des  conseils  de  Pru- 
dent pour  le  même  instrument  et  de  M.  Barbereau 
pour  l'harmonie  et  le  contre- point.  En  1843,  il 
obtint  le  premier  accessit  de  piano,  et  en  1845  le 
premier  prix.  Dans  cette  dernière  année,  il  fut 
admis  dans  la  classe  de  composition  d'Halévy, 
et  en  1849  fut  présenté  par  son  maître  au  con- 
cours pour  le  prix  de  Rome.  Revenu  à  Marseille 
quelque  temps  après,  M.  Péronnet  fut  nommé 
en  1852  professeur  de  piano  au  Conservatoire 
de  cette  ville,  qui  venait  d'être  placé  sous  la  direc- 
tion de  M.  Auguste  Morel.  Il  y  forma  de  nom- 
breux élèves,  dont  quelques-uns  se  sont  distin- 
gués dans  la  carrière  de  l'enseignement.  Après 
treize  à  quatorze  ans  de  professorat,  M.  Pé- 
ronnet renonça,  à  la  sinte  de  circonstances  di- 
verses, au  poste  qu'il  occupait  au  Conservatoire 
pour  gérer  une  entreprise  commerciale.  Ses  oc- 
cupations nouvelles  ne  l'empêchaient  pas  de  se 
livrer  à  la  composition,  pour  laquelle  son  goût 
très-vif  lui  faisait  désirer  une  situation  indépen- 
dante. Cependant  l'affaire  à  laquelle  il  s'était 
voué  ne  réussit  pas,  et  M.  Péronnet  quitta  Mar- 
seille en  1867.  Il  alla  à  Paris,  où  il  espérait  se 


PÉRONNET  —  PERRIN 


323 


faire  connaître  comme  compositeur.  A  la  suite 
des  événements  de  1870,  il  revint  à  Marseille, 
oii  il  est  resté  jusqu'à  ce  jour.  Peu  après  son  re- 
tour, il  est  rentré  au  Conservatoire  de  Marseille, 
où  il  a  été  cliargé  d'une  des  classes  de   piano. 

On  a  de  cet  artiste  :  —  Une  Sonata  capric- 
ciosa  pour  le  piano,  dédiée  à  Schuloff  (E.  Gérard, 
éditeur);  Six  impromptus  caractéristiques 
(Brandus,  éditeur);  Rêveries  d'un  solitaire  (trois 
nocturnes  (Meissonnier,  éditeur);  Six  grandes 
Eiudesi\à.);  Petit  rien  (Carbonel,  éditeur  à  Mar- 
seille); Une  Bamboula  de  plus  (id.);  Nocturne 
(Pépin  frères,  éditeurs,  à  Marseille)  ;  Chantilly, 
galop  brillant  (Renaud,  éditeur);  Madrid,  boléro 
pour  chant  (Gérard,  éditeur);  Venise,  mélodie 
(id.);  Méditation  pour  la  voix,  adaptée  à  la  Der- 
nière pensée  de  Weber  (Colombier,  éditeur). 
M.  Péronnet  a  écrit  aussi  une  partie  de  violon 
sur  les  42  premières  études  de  Cramer.  Le  but  de 
cet  arrangement,  qui  a  été  publié  par  M'"<^  veuve 
Régnier-Canaux,  est  d'habituer  les  élèves  à  la 
musique  concertante  pendant  le  temps  employé 
à  former  leur  mécanisme.  — ^Parmi  les  œuvres 
inédites  de  M.  Péronnet,  on  connaît  une  messe, 
plusieurs  morceaux  de  genre  et  de  danse  pour 
le  piano,  un  Galop  pour  orchestre  qu'il  a  fait 
entendre  aux  Concerts  d'été  de  Marseille,  et  le 
Chêne  et  le  Roseau,  scène  imitative  pour  or- 
chestre, qui  a  eu  quelques  auditions  aux  Concerts 
populaires  de  cette  ville. 

Comme  le  pianiste  Darboville,  qui  est  égale- 
ment professeur  de  piano  au  Conservatoire  de 
Marseille  ,  M.  Péronnet  est  le  fils  d'un  chanteur 
distingué.  Péronnet  père  était  un  élève  de  Plan- 
tade.  Des  amateurs  l'ayant  fait  venir  de  Paris 
en  1819,  il  se  produisit  pendant  deux  ou  trois 
ans  dans  les  concerts,  où  il  fut  très-apprécié.  Dé- 
sireux de  tirer  un  parti  plus  lucratif  de  son  talent, 
il  prit  le  théâtre  et,  en  1823,  aborda  les  premiers 
rôles  de  ténors  à  Bordeaux.  L'année  suivante,  il 
fut  engagea  Marseille.  Il  débuta  dans  le  Calife, 
où  il  fut  très-applaudi ,  malgré  sa  timidité.  Il 
chanta  ensuite  le  Barbier  et  la  Neige,  où  sa  fa- 
cilité de  vocalisation  lui  valut  la  faveur  du  pu- 
blic. Depuis  cette  époque,  Péronnet  fit  souvent 
partie  de  la  troupe  d'opéra  de  Marseille.  Il 
créa  dans  cette  ville  plusieurs  ouvrages,  notam- 
ment la  Neige,  Leicesier,  le  Concert  à  la  cour, 
Léocadie,  Fiorella,  le  Maçon,  etc.  Son  nom 
figure  pour  la  dernière  fois  sur  les  états  de 
troupes  dans  la  saison  théâtrale  1837-38.  Pen- 
dant cette  même  période  de  temps,  Péronnet 
avait  chanté  aussi  avec  succès  à  Paris  (à  l'Odéon), 
à  Anvers,  et  à  Cadix.  Sa  voix  était  pure  et  flexi- 
ble. Assez  faible  dans  le  chant  passionné  et  éner- 
gique, il  excellait  dans  la  musique  légère,  surtout 


dans]  celle  'qui  comporte  des  ornements.  Son 
meilleur  rôle  était  la  Neige.  Péronnet  était  aussi 
poète  et  compositeur  à  ses  heures.  C'est  ainsi  qu'en 
1830,  il  avait  fait  un  Chant  national,  mis  en 
musique  i)ar  Dumoulin.  En  1831,  il  avait  écrit 
les  paroles  et  la  musique  d'une  Varsovienne  que 
les  officiers  de  la  garnison  firent  chanter  au 
Grand-Théâtre.  —  Cet  artiste  estimable,  qui  a 
laissé  des  souvenirs  à  Marseille,  où  il  a  résidé, 
même  après  s'être  retiré  du  théâtre,  est  mort  il 
y  a  déjà  assez  longtemps. 

Al.  R— D. 

*  PEROTTl  (Jean-Algustin),  compositeur 
italien,  était  né  à  Verceii,  non  en  1774,  mais  le 
12  avril  1769.  Il  est  mort  à  Venise  le  28  juin 
1855. 

PERRIÈRE-PILTÉ  (M""^  la  comtesse 
Anaïs), musicienne  amateur,à  qui  sa  situation  dans 
le  monde  et  les  avantages  d'une  grande  fortune 
ont  facilité  l'accès  du  théâtre,  naquit  dans  les 
premières  années  de  ce  siècle.  M'"^  Perrière-Pilté 
faisait  jouer  chez  elle,  dans  son  salon,  des  ou- 
vrages dont  elle  écrivait  à  la  fois  le  poème  et  la 
musique,  et  qu'elle  parvenait  ensuite  à  produire 
à  la  scène;  mais  les  applaudissements  complai- 
sants qui  accueillaienl,  dans  l'intimité,  ces  pro- 
ductions vraiment  enfantines,  ne  se  retrouvaient 
plus  devant  le  vrai  public,  qui,  ayant  payé  sa 
place  au  théâtre,  manifestait  de  tout  autres 
exigences.  Sous  le  pseudonyme  d'Anais  Marcelli, 
jyjœe  Pernère-Pilté  fit  ainsi  représenter  deux 
opérettes  qui  n'obtinrent  qu'un  succès  absolu- 
ment négatif  :  le  Sorcier  (un  acte,  Théâtre-Ly- 
rique, 13  juin  1866)  ;  et  Jaloux  de  soi  (un  acte, 
Athénée,  6  juin  1873).  Elle  a  fait  exécuter  chez 
elle,  dans  son  hôtel,  où  elle  avait  fait  construire 
une  salle  de  spectacle,  un  ouvrage  de  dimensions 
pins  considérables  :  les  Vacances  de  V Amour, 
opéra-comique  en  3  actes  (6  août  1867).  En  de- 
hors de  la  spécialité  qui  nous  occupe,  cette  dame 
a  fait  aussi  représenter,  au  Théâtre- Ventadour, 
en  mai  1875,  une  comédie  en  trois  actes  et  en 
vers,  intitulée  le  Talon  d'Achille.  M'"'  Perriè- 
re-Pilté est  morte  à  Paris,  au  mois  de  décembre 
1878. 

PERRIN  (Pierre),  connu  sous  le  nom  de 
Vahbé  Perrin,  bien  qu'il  ne  fût  pas  prêtre,  fut  le 
véritable  fondateur  de  l'opéra  français,  et  mérite, 
à  ce  litre,  une  place  dans  ce  Dictionnaire.  Né  à 
Lyon  en  1619  ou  1620,  il  vint  de  bonne  heure 
à  Paris  et  y  porta  le  petit  collet,  ce  qui  ne  l'em- 
pêcha pas  d'épouser  une  certaine  veuve  La  Bar- 
roire,  dont  il  était  le  troisième  époux  et  qui 
le  laissa  veuf  lui-même  au  bout  de  peu  de  temps. 
11  se  fit  d'abord  connaître  par  une  méchante  tra- 
duction en  vers  français  de  VEnéide,pmi  acheta 


324 


PERRIN 


du  poëte  Voiture  la  cliarge  d'introducteur  des  am- 
bassadeurs auprès  de    Gaston,  duc  d'Orléans, 
frère  de  Louis  XIII,  dont  il  devint  le  protégé. 
C'est  à  la  cour  de  ce  prince  intelli{;ent  et  dissolu 
qu'il  prit  le  goût  des  choses  du  théâtre,  en  voyant 
jouer  les  divertissements  qu'il  faisait  représenter 
fréquemment  au  palais  du  Luxembourg,  habité 
parlui. C'était  aussi  l'époqueoii  Mazarin.pour  dis- 
traire la  reineAnne  d'Autriche,  faisait  veniràParis 
des  troupes  de  chanteurs  italiens  qui  proiluisaiont 
en  France  les  opéras  de  leur  pays.  Perrin,  attentif 
à  toutes  ces    manifestations   d'un  art  nouveau, 
songea  à  acclimater    l'opéra  en  France.    Avec 
une  intelligence  véritable  de  la  situation,  sentant 
ce  que  la  durée  des  ouvrages  italiens  avait  d'ex- 
cessif (sept  ou  huit  heures!),  et,  d'autre  part, 
comprenant  que  nos  vers  alexandrins  étaient  trop 
lourds  et  trop  pompeux  pour  s'allier  à  la  nuisique, 
il  conçut  la  pensée  d'écrire,  en  évitant  ces  défauts, 
des  livrets  d'opéras  en  langue  française,  et,  après 
les  avoir  fait  mettre  en  musique  par  un  artiste 
judicieusement  choisi,  de  les  produire  en  public. 
Ce  projet  fut  aussitôt  qualifié  de  chimérique 
par    tous    ceux  auxquels  il   le  confia,    chacun 
s'empressant  à  lui  répéter  que  la  langue  fran- 
çaise   était  absolument   incompatible    avec   la 
musique    dramatique.    Perrin  ne  se  laissa  pas 
émouvoir,  et  essaya  tout  d'abord  divers  com- 
positeurs en  leur  faisant  écrire  la  musique  de  di- 
verses  pièces  de  poésie  conçues  dans  le  style 
qu'il  voulait  adopter;  puis,  ayant  vu  que  celui 
qui  paraissait  le  plus  apte  à  seconder  ses  desseins 
était  Robert  Cambert  {Voy.  ce  nom),  il  lui  confia 
le  livret  d'une  «  comédie  en  musique  »  intitulée  la 
Pastorale,  avec  charge  de  la  mettre  en  musique. 
Quand  ce  dernier  eut  terminé  son  œuvre,  Perrin 
s'occupa  de  la  représentation  de  leur  Pastorale, 
qui  fut  jouée  en  effet  à  Issy,  près  de  Paris,  dans 
un  domaine  appartenant  à  un  certain  de  la  Haye, 
maître  d'hôtel  de   la  reine.    Le  spectacle  avait 
lieu  par  invitations,  et  le  succès  en  fut  tellement 
grand  que   le  roi  voulut  voir  la  Pastorale,  et 
qu'on  fut  la  jouer  devant  lui  à  Vincennes,  ce  qui 
n'empôchapas  qu'on  lareproduisîtplusienrs  fois  à 
Issy.  Pour  bien  comprendre  la  portée  et  l'intelli- 
gence de  l'essai  tenté  par  Perrin,  il  faut  lire  la 
longue  et  intéressante  lettre  placée  par  lui  en 
tête  du  livre  imprimé  de  la  Pastorale,  lettre 
adressée  au  cardinal  de  la  Rovere  et  datée  du 
30  avril  1659. 

Le  succès  éclatant  de  cette  tentative  engagea 
Perrin  à  la  renouveler.  11  écrivit  donc  un  nouvel 
opéra,  intitidé  Ariane,  dont  Cambert  lit  encore 
la  musique,  et  dont  il  se  fit  diverses  répétitions 
publiques  à  I'IkMcI  de  Nevers;  mais  la  mori  de 
Mazarin  vint  empêcher  l'ouvrage  de  voir  le  jour 


et  arrêter  son  essor.  Toutefois,  Perrin  poursui- 
vait les  projets  qu'il  avait  formés,  et  à  la  date 
du  28  juin  1GG9  il  obtenait  de  Louis  XIV  des  let- 
tres patentes  qui  lui  octroyaient  le  privilège  d'un 
théâtre  nouveau  désigné  sous  le  titre  d'Académie 
des  opéras.  Il  .s'associa  alors  avec  un  financier 
nommé  Champeron,  qui  devait  faire  les  fonds  de 
l'entreprise,  avec  le  marquis  de  Sourdéac,  qui 
était  chargé  de  toute  la  partie  relative  à  la  mise 
en  scène,  et  avec  Cambert,  qui  était  appelé  à 
écrire  la  musique  de  tous  les  ouvrages  représen- 
tés. On  réunit  une  troupe,  des  chœurs,  un  or- 
chestre, on  construisit  une  salle  sur  l'emplace- 
ment du  jeu  de  paume  dit  de  la  Bouteille, 
et,  le  19  mars  1671,  le  nouveau  théâtre  s'ouvrait 
par  la  représentation  de  Pomone,  opéra  en  5 
actes  et  un  prologue,  dont  le  succès  fut  tel  qu'il 
fit  courir  Paris  pendant  huit  mois  entiers,  et 
qu'il  produisit  un  bénéfice  de  120,000  livres. 

Malheureusement  la  désunion  se  mit  parmi  les 
associés  ;  Sourdéac  et  Champeron  trouvèrent  le 
moyen  d'évincer  Perrin,  et,  d'un  autre  côté, 
Lully,  qui  songeait  à  les  supplanter  tous,  faisait 
bientôt  révoquer  en  sa  faveur  le  privilège  de  ce- 
lui-ci, après  l'avoir  personnellement  dédommagé. 
Lully  associa  Quinault  à  sa  fortune,  attira  à  lui 
les  artistes  réunis  à  grand'peine  par  Cambert,  fit 
construire  une  nouvelle  salle,  et,  l'année  suivante, 
ouvrait  à  son  tour  son  Académie  royale  de  mu- 
sique. Mais  si  Lully  et  Quinault  ont  bénéficié 
du  titre  de  fondateurs  de  l'opéra  français,  il 
n'est  que  juste  de  constater  que  ce  titre  ne  leur 
appartient  pas  et  qu'il  revient  de  droit  à  Perrin 
et  à  Cambert,  à  Perrin  surtout,  qui  eut  vraiment 
l'idée  première,  et  qui  sut  la  réaliser  à  force  d'a- 
dresse, d'énergie  et  d'efforts.  Il  ne  s'agil  pas  ici 
de  savoir  si,  ce  qui  est  vrai,  Perrin  était  un  mé- 
chant poëte,  mais  simplement  s'il  conçut  le  pre- 
mier la  pensée  d'écrire  et  de  faire  représenter 
des  opéras  en  langue  française,  et  s'il  réussit  à 
réaliser  son  projet.  Or,  à  cet  égard,  le  doute  n'est 
[)as  possible,  et  les  sarcasmes  littéraires  de  Boileau 
ne  sauraient  entamer  la  reconnaissance  qu'on 
lui  doit  à  ce  sujet  (1). 

Perrin  avait  écrit  quatre  antres  poèmes  d'o- 
péras :  Diane  amoureuse  ou  la  Vengeance  de 
l'amour,  la  Reine  du  Parnasse,  la  Noce  de 
Venus,  et  Ariane  ou  le  Mariage  de  Bacchus. 
Ce  dernier  seul  avait  été   mis  en  musique   par 


(1)  Sous  ce  tUre  :  les  Vrais  Créateurs  de  l'Opéra 
français.  Perrin  et  Camhcrt.  j'.il  publii-  d.ins  le  jour- 
nal le  Ménestrel  (i875-lB7fi)  un  t-ciit  très-LHcndii,  conte- 
nant lie  nombreux  f;iits  inconnus,  et  qui  pourra  ftre  ull- 
leiti'nt  consulté  sur  ces  commencements  de  l'histoire  de 
notre  musique  dramatique. 


PERRIN  —  PERSIANI 


325 


Cambert  ;  mais,  on  l'a  vu,  Ariane  ne  put  être  re- 
présentée à  Paris  ,  elle  le  fut  à  Londres,  lorsque 
Ganiberl,  après  la  destruction  de  ses  espérances, 
quitta  la  France  pour  aller  se  réfugier  en  cette 
ville.  Quant  aux  trois  autres  livrets,  ils  restè- 
rent sans  emploi. 

Perrin  mourut  à  Paris,  dans  la  misère,  le  25 
avril  1(575,3  l'âge  de  cinquante-cinq  ans. 

PERIIIX  (Théodore),  docteur  en  médecine, 
vice-président  de  la  Société  de  médecine  à  Lyon, 
a  publié  l'écrit  suivant  :  de  l'Influence  des 
doctrines  el  de  la  civilisation  sur  la  musir/ue, 
discours  de  réception  à  l'Académie  des  sciences, 
belles-lettres  et  arts  de  Lyon,  lu  dans  la  séance 
du  3  juillet  1855  par  le  docteur  Théodore  Perrin 
(Lyon,  impr.  Dumoulin,  gr.  in-8  de  39  p.). 

"PERROXARD  ( ),  facteur  de  clavecins, 

vivait  à  Paris  et  était  établi,  en  1788,  rue  du  Coq- 
Saint-Honoré.  V^oici  comment  V Almanach  mu- 
sical de  1782  rendait  compte  d'une  de  ses  inven- 
tions ;  «  M.  Perronard  a  adapté  au  clavecin  des 
pédales  qui  font  jouer  un  jeu  de  basse  qui  fournit 
des  sons  de  contre-basse  très-beaux,  très-forts  et 
très-nourris.  La  pression  du  pied,  plus  ou  moins 
appuyée,  peut  varier  beaucoup  l'harmonie  ([ui  ré- 
sulte de  cette  invention.  On  la  rend  pleine  et 
forte,  quand  le  morceau  que  l'on  joue  demande 
cet  effet.  On  diminue  le  corps  des  sons,  en  ap- 
puyant légèrement  le  pied  sur  la  pédale  (pji  les 
produit.  Il  ne  faut  donner  qu'une  attention 
très-légère  à  la  méchanique  que  M.  Perronard  a 
imaginée  pour  acquérir  l'habitude  de  s'en  servir. 
Le  petit  travail  auquel  elle  soumet  d'abord  l'es- 
prit, est  agréablement  compensé  par  l'harmonie 
pleine,  moelleuse,  qu'on  tire  de  cet  instrument.  » 
PERROSSlER(. ...).—  Un  artiste  de  ce  nom 
a  écrit  la  musique  de  l'Antiquaire,  opéra-comi- 
que en  un  acte  représenté  snr  l'un  des  théâtres 
de  Toulouse  en  1875. 

PERRY-BI AGIOLl  (Antonine  et  Henri), 
compositeurs  français,  nés  la  première  vers  1848, 
le  second  vers  1854,  sont  fils  d'un  médecin  de 
talent  qui  est  mort  au  mois  d'avril   1877.  Tous 
deux  apprirent  le  piano  sous  la  direction  de  leur 
mère,  qui  avait  été,  dit-on,  élève  de  Liszt,  et  com- 
mencèrent à  composer  d'instinct,  dès  leurs  plus 
jeunes  années,  sans  avoirencore aucune  noliomle 
la  théorie  de  l'art.  Ils  écrivirent  ainsi  une  messe 
à  4  parties,  avec  chœurs  et  orchestre,   qui  fut 
exécutée  en  1863  à  Bellevue,  village  qu'ils  habi- 
taient auprès  de  Paris,  et  en  ls64  dans  l'église 
de  Saint-Vincent  de  Paul.  Dans  la  première  de 
ces  deux  exécutions,  l'orchestre  était  dirigé  par 
jime  perry-Biagioli,  la  mère  des    deux  jeunes 
compositeurs.   Les  deux  enfants  écrivirent  en- 
suite la  musique  d'une  opérette,  les  Matelots 


du  Formidable,  qui  fut  jouée  dans  un  concert 
au  mois  d'avril  1805.  Depuis  lors,  M""'  Anfonine 
Perry-Biagioli  a  publié;  quelques  morceaux  de 
chant,  et  son  frère  un  recueil  de  20  mélodies 
vocales.  M.  Henri  Perry-Biagioli  a  écrit  aussi 
la  musique  d'un  drame  lyrique  en  3  parties,  les 
Héroïques,  dont  sa  sœur  lui  a  fourni  le  poème, 
et  qui  a  étéexécuté  en  1876,  au  théâtre  de  l'Opéra- 
Comique,  dans  une  matinée  donnée  spécialement 
à  cet  effet.  Il  a  fait  représenter  ensuite  au  petit 
théâtre  Beaumarchais  (Fantaisies-Parisiennes), 
le  29  aortt  1878,  une  opérette  en  3  actes  intitulée 
la  Croix  de  V Alcade.  L'éditeur  M.  Hartmann 
a  publié  la  partition,  avec  accompagnement 
d'orgue  ou  de  piano,  de  la  Messe  fraternelle 
d'Antonine  et  Henri  Perry-Biagioli. 

*  PERSIANI  (Joseph),  compositeur  drama- 
tique italien,  est  mort  le  14  août  1869  à  Paris, 
oii  depin's  longtemps  il  s'était  fixé.  Aux  ouvrages 
dramatiques  mentionnés  sous  le  nom  de  cet  ar- 
tiste, il  faut  ajouter  il  Fantasma ,  opéra  expres- 
sément écrit  par  lui  pour  le  Théâtre-Italien  de 
Paris,  où  il  fut  représenté  sans  grand  succès  le 
14  décembre  1843.  D'autre  part,  on  doit  re- 
marquer que  les  deux  opéras  inscrits]  sons  les 
titres  suivants  :  i  Saraceni  in  Catania  et  Eufe- 
mio  di  Messina,  ne  forment  qu'un  seid  et  même 
ouvrage.  Persiani  avait  donné  au  théâtre  Alfieri, 
de  Florence,  en  1829,  un  opéra  intitidé  Eufemio 
di  Messina,  ovvero  la  Distruzione  di  Catania; 
peu  satisfait  sans  doute  de  sa  partition,  il  la  re- 
mania et  la  produisit  au  Théâtre-Neuf  de  Padoue, 
en  1832,  sous  ce  nouveau  titre  :  i  Saraceni  in 
Catania,  qu'elle  conserva  lorsqu'il  la  fil  entendre 
l'année  suivante  à  la  Fenice,  de  Venise. 

*  PERSIANI    (Faxny  TACCIIIXARDI, 
femme),  épouse  du  précédent ,  naquit  à  Rome  le  4 
octobre  1812etmourutàNeuilIy-sur-Seinele3mai 
1867.  Nous  ajouterons  quelques  renseignements 
à  ceux  donnés  sur  cette  cantatrice  célèbre  par  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens.  M™^  Per- 
siani aborda  la  carrière  théâtrale  5  Livourne,  en 
1832,  dans  Francesca  da  Riniini;  de  là  elle  alla 
à  Padoue,  à  Venise,  où  la  beauté  de  sa  voix  et 
de  son  chant   dramatique  la  firent  surnommer 
«  la  petite  Pasta,  «  à  Milan,  où  le  poète  Felice 
Romani  lui  adressa  des  vers  empreints  d'admi- 
ration pour  son  talent,  à  Rome,  à  Naplcs,  où  Do- 
nizetti  écrivit  expressément  pour  elle  son  admi- 
rable Lucia  di Laniermooret\es  deux  Ricci  leur 
Disertore  per  amore,  à  Gênes,  Pise,  Florence, 
Bologne,   etc.  Elle   se  rend  ensuite  à   Londres, 
puis  est  engagée  au  Théâtre-Italien  de  Paris,   où 
elle  débute  avec  éclat  à  la  fin  de  1837  et  reste  jus« 
qu'en  1849.  Vers  cette  époque,  elle  perd  sa  voix  et 
prend  avec  son  mari  la  direction  d'un  des  théâtres 


326 


PERSIAM  —  PESCHRA-LEUTNER 


italiens  de  Londres,  entreprise  dans  laquelle  elle 
perd  tout  le  fruit  de  ses  économies.  Oi)ligée  de 
rev(Miir  à  Paris,  elle  s'y  fixe  et  donne  des  leçons 
dechanlpour  vivre.  Frappée  le  3  mai  1867  dune 
attaque  d'apoplexie  foudroyante,  elle  meurt  sans 
avoir  le  temps  d'embrasser  son  mari  et  ses  en- 
fants, qui  l'entouraient. 

PEUSIAA'I  (Gilseppe),  compositeur  italien, 
d'une  famille  noble,  est  né  à  Gessopalena,  dans 
les  Abruzzes,  vers  1832.  Après  avoir  fait  de 
bonnes  études  littéraires  à  Chieti,  il  suivit,  à 
Naples,  un  cours  complet  de  contre-point  et  de 
composition  avec  Mario  Aspa.  En  1855,  il  fit 
représenter  à  Chieti  un  opéra  sérieux  intitulé 
Malek-Adel,  et  fil  ensuite  exécuter  sur  le  théâtre 
de  cette  villedeux  scènes  lyriques  .•  ilPrigioniero 
di  Palermo  et  ritalia.  M.  Persiani  a  écrit  un 
certain  nombre  d'oeuvres  religieuses  :  messes, 
vêpres,  hymnes,  etc.,  et  aussi  des  ouvertures, 
airs,  romances  et  morceaux  de  musique  de  danse. 

Y. 

PERSICHINI  ( ),  compositeur  drama- 
tique italien,  est  l'auteur  de  deux  opéras  sérieux, 
dont  l'un,  rviiimo  degli  Incas,  a  été  donné  sur 
le  Grand-Théâtre  de  Vienne  le  18  mars  1866,  et 
dont  l'autre.  Cola  di  Rienzi,  a  été  représenté  au 
Politeama   de  Rome,  le  28  juin  1874. 

•  PERSUIS,(Louis-Luc  LOISEAU  DE). 
— D'après  une  notice  publiée  par  M.  Bégindans  la 
Biographie  de  la  Moselle  (t.  III,  p.  456-463),  cet 
artiste  est  né  à  Metz,  non  le  21  mai,  mais  le 
4  juillet  1769.  Son  pèie,  Jean-iNicolas  Loiseau  de 
Persuis,  était  maître  de  musique  de  la  cathé- 
drale, chargé  d'instruire  les  enfants  de  chœur, 
et  sa  mère  s'appelait  Marie- Anne  Liouville.  D'au- 
tre part,  Soliman Léautaud,  dans  sa  Liste  des  por- 
traits de  personnages  nés  dans  la  Lorraine 
et  le  pays  Messin,  fait  connaître  l'existence  de 
deux  portraits  de  Persuis,  dont  le  premier,  peint 
en  1811  par  P.  Guérin,  a  été  gravé  par  Jules  Por- 
reaueu  18^i9. 

*PERTHALER  (Caroline),  pianiste  distin- 
guée, établie  à  Munich,  oij,  jusqu'en  1870,  elle 
n'a  cessé  de  se  livrera  l'enseignement,  est  morte 
à  Gries  (Tyrol),  au  mois  d'octobre  1873. 

*  PERI"!  (Jacoi es-Antoine).  —  A  la  liste 
des  ouvrages  dramatiques  dus  à  cet  artiste, 
il  faut  ajouter  les  suivants,  composés  pour  le  .ser- 
vice (lu  duc  de  Toscane  Ferdinand  de  Médicis  : 
1' Z)/o?i«/o  (1707),  2°Ginevra  (l"08)  ,  3°  fio- 
delinda  (1710).  Perti  écrivit  aussi,  pour  la  cha- 
pelle de  ce  prince  ami  des  aris,  trois  motels  et  deux 
Bencdictus.  On  lui  doit  encore  un  autre  opéra, 
Pénélope  la  casta,  qui  fut  représenté  à  Rome, 
sur  le  IhéAtre  Tonlinona,  en  \r,'J6,  et  un  orato- 
rio. Cj7S^o  ai  /iHi/;o,  exécuté  à  lîologne  en  1698. 


*  PERUCCIIIIVI  (Le  docteur  Jean-Bap- 
tiste) ,  pianiste  et  compositeur  dilettante,  était 
né  non  à;  Venise  en  1790,  mais  à  Bergame  en 
1784.  Il  est  mort  à  Venise  au  mois  de  janvier 
ou  février  1870. 

PERULLO  (LoDOVico),  pianiste  et  compo- 
siteur, né  à  Naples  le  13  juin  1839,  mort  en  cette 
ville,  à  peine  âgé  de  vingt  et  un  ans,  le  13  juillet 
1860,  avait  fait  ses  études  avec  M.  Luigi  Biscardi, 
puis  avec  le  baron  Giuseppe  Staffa.  Très-jeune, 
il  s'élail  adonné  à  la  composition,  et  avait  écrit 
un  grand  nombre  de  morceaux  soit  pour  le 
piano,  soit  pour  le  chant.  Quelques-uns  de 
ces  morceaux  avaient  été  publiés,  mais  la  plu- 
part étaient  restés  inédits.  11  y  a  quelques  an- 
nées, un  éditeur  de  musique  de  Naples,  M.  Théo- 
dore Cottrau,  eut  l'idée  de  recueillir  les  compo- 
sitions de  PeruUo  et  de  les  livrer  au  public  ;  il 
commença  par  former  un  recueil  de  Danses  na- 
politaines, qui  ne  contenait  pas  moins  de  cin- 
quante morceaux.  D'autres  recueils  ont  dû  pa- 
raître par  la  suite. 

PESCHARD  (Albert),  docteur  en  droit,  or- 
ganiste de  Saint-Étienne  de  Caen,  né  dans  cette 
ville  en  1837,  est  l'inventeur  d'un  système  d'ap- 
plication de  l'électricité  aux  orgues,  pour  lequel 
il  a  pris,  en  1862,  un  brevet  dont  se  sont  rendus 
acquéreurs  les  facteurs  Barker  et  Verschneider. 
C'est  d'après  ce  système  qu'ont  été  construits 
les  orgues  de  Salon,  en  Provence,  de  Saint-Au- 
gustin de  Paris,  et  de  Saint-Pierre  de  Montrouge. 
M.  Peschard  a  exposé  les  détails  de  soninvention 
dans  une  notice  ayant  pour  titre  :  Application 
de  l'électricité  aux  grandes  orgues,  laquelle  a 
été  publiée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  des 
Beaux-Arts  de  Caen  (juin  1865).  Il  en  a  été  fait 
un  tirage  à  part. 

J.C— z. 
PESCHKA-LEUTAER  (Mina  \0N 
LEUIWER,  épouse  PESCHKA,  connue  sous 
le  nom  de  M'"'=),  cantatrice  allemandedistinguée, 
née  à  Vienne  le  25  octobre  1839,  a  fait  ses  études 
musicales  sous  la  direction  de  Proch,  et ,  à  peine 
âgée  de  dix-sept  ans, débuta  au  théâtre  de  Bresiau, 
en  1856,  dans  le  rôle  d'Agathe  du  F/"ei.«7i«/-.  Sa 
jolie  voix  <le  soprano  léger,  .son  goût  naturel,  son 
intelligence  de  la  scène,  la  firent  aussitôt  bien  ac- 
cueillir du  public,  qui  ne  lui  inarcliamia  pas  les 
encouragements.  Du  théâtre  de  Bresiau  M"''  Leut- 
ner  passa  à  celui  de  Dessau  ;  elle  se  rendit  en- 
suite à  Vienne,  où  elle  perfectionna  son  talent 
à  l'aide  des  leçons  d'une  cantatrice  célèbre , 
M"""  Bockholz-Falconi,  et  où  elle  épousa  un  docteur 
en  médecine,  M.  Peschka.  Après  deux  années  d'un 
travail  attentif  et  soutenu,  M""^  Peschka-Leutner 
lit,  à  l'Opéra   impérial  devienne,  de  trèsheu- 


PESCHKA-LEUTNER"—  PESSARD 


327 


reux  débuts  dans  les  Huguenots  (Marguerite)  et 
Bobert  le  Diable  (Isabelle)  ;  elle  demeura  plu- 
sieurs années  attachée  à  ce  théâtre,  oii  elle  joua 
aussi  Don  Juan,  la  Flûte  enchantée,  l' Afri- 
caine, et  divers  autres  ouvrages.  A  la  suite  d'une 
longue  maladie,  et  après  avoir  quitté  Vienne, 
elle  se  produisit  à  Darmsfadt  en  t8G7,  et  depuis 
1868  jusqu'en  1876  appartint  au  théâtre  de  Leip- 
zig; elle  oblint  en  cette  ville  de  grands  succès, 
non-seulement  à  la  scène  en  jouant  Dinorah,  les 
Noces  de  Figaro,  Idoménée,  la  Fille  du  régi- 
ment, V Enlèvement  du  sérail,  etc.,  mais  en 
se  faisant  entendre  aussi  avec  beaucoup  de  fré- 
quence aux  concerts  du  Gewandhaus,  où  elle  sa- 
vait se  faire  vivement  applaudir  comme  chan- 
teuse de  lieder  et  d'oratorio.  C'est  en  cette  qua- 
lité qu'elle  s'est  fait  entendre  dans  les  festivals 
de  diverses  villes,  notamment  à  Cologne  et  à  Dus- 
seldorf.  Aujourd'hui  (1878)  M'""  Peschka-Leutner 
est  engagée  au  théâtre  de  Hambourg.  Cette  artiste 
distinguée  a  pris  part,  en  1872,  au  festival  mons- 
tre de  Boston. 

PESSARD  (ÉMiLE-Louis-FoRTLNÉ),  l'un  des 
membres  les  plus  actifs  et  les  plus  distingués  de 
la  jeune  école  musicale  française,  est  né  à  Mont- 
martre (Paris)  le  29  mai  1843.  Fils  d'un  flûtiste 
habile,  il  apprit  de  bonne  heure  les  premiers 
éléments  de  la  musique,  et  plus  tard,  tout  en 
étudiant  le  piano,  tint  l'emploi  de  contre-bassiste 
dans  divers  orchestres.  Passionné  pour  son 
art,  il  commença  à  écrire  dès  l'âge  de  douze  ou 
treize  ans,  et  composait  d'instinct,  sans  con- 
naître aucune  notion  d'harmonie.  Admis  au  Con- 
servatoire, dans  la  classe  d'harmonie  et  accom- 
pagnement de  Bazin,  il  remporta  un  second  prix 
en  1861,  le  premier  en  1862,  et  entra  ensuite 
dans  la  classe  de  fugue  et  décomposition  de  Ca- 
rafa.  Reçu  le  premier,  en  1865,  au  concours 
préparatoire  pour  le  prix  deRome,  il  n'obtint  pour- 
tant aucune  récompense  ;' mais  l'année  suivante, 
ayant  été,  au  contraire,  reçu  le  dernier  à  cette 
première  épreuve,  il  se  vit  décerner  à  l'unanimité 
le  premier  grand  prix  de  composition.  Sa  can- 
tate, intitulée  Dalita,  fut  exécutée  à  l'Opéra  le 
21  février  1867,  et  favorablement  accueillie  par 
le  public. 

M.  Pessard  partit  alors  pour  Rome,  fit  régu- 
lièrement à  l'Académie  des  beaux-arts  les  en- 
vois que  lui  imposaient  les  règlements,  et,  de 
retour  à  Paris,  fut  assez  heureux  pour  faire  re- 
cevoir à  rOpéra-Comique  un  ouvrage  en  un  acte 
qui  avait  pour  titre'^tz  Criiche  cassée.  Ce  petit 
ouvrage,  élégant  et  mignon,  fut  représenté  le 
21  février  1870,  c'est-à-dire  trois  ans,  jour  ))Our 
jour,  après  l'exécution  de  sa  cantate  à  l'Opéra. 
Quoiqu'il  eût  produit  un  excellent  effet,  son  au- 


teur dut  cependant  attendre  huit  années  une 
nouvelle  occasion  de  se  reproduire  à  la  scène. 
Mais  M.  Pessard  pour  cela  ne  perdit  point  son 
temps,  et,  voyant  que  le  théâtre  lui  était  fermé, 
se  mit  à  écrire  beaucoup  de  musique  d'église,  de 
concert  ou  de  salon.  Outre  une  petite  messe  so- 
lennelle et  divers  morceaux  religieux,  il  lit  exé- 
cuter une  jolie  suite  d'orchestre,  un  sextuor  et 
un  quintette  fort  élégants  pour  instruments  à 
vent,  un  trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle, 
une  grande  marche  symphonique,  puis  il  publia 
un  assez  grand  nombre  de  morceaux  de  piano 
et  de  morceaux  ;  de  chant  à  une  ou  plusieurs 
voix,  sans  compter  un  recueil  charmant  de  mé- 
lodies vocales  donné  sous  ce  titre:  Joyeusetés  de 
bonne  compagnie. 

M.  Pessard,  quiestun  musicien  bien  doué,  ins- 
truit et  respectueux  de  son  art,  voyait  cependant 
avec  peine  que  la  carrière  dramatique  semblait  se 
fermer  devant  lui.  Il  avait  écrit  la  musique  d'un 
opéra-comique  en  un  acte,  le  Char,  que  la  di- 
rection de  rOpéra-Comique  tenait  depuis  long- 
temps enfermé- dans  ses  cartons,  et  il  s'occupait 
d'un  ouvrage  beaucoup  plus  important,  le  Ca- 
pitaine Fracasse,  dont  le  livret  avait  été 
tiré  du  roman  fameux  de  Théophile  Gautier 
qui  porte  ce  titre.  Ce  dernier,  reçu  d'abord  à 
rOpéra-Comique,  comme  le  précédent,  fut  en- 
suite porté  aux  Folies-Dramatiques,  puis  à  l'O- 
péra populaire  installé  pour  un  instant  au  théâtre 
du  Châtelet,  puis  au  Théâtre-Lyrique  reconsti- 
tué à  celui  de  la  Gaîté  par  M.  Albert  Vizentini. 
tn  dépit  de  ses  efforts,  le  compositeur  ne  pou- 
vait parvenir  à  présenter  l'un  ou  l'autre  au  pu- 
blic, et  cette  situation  menaçait  de  se  prolonger 
indéfiniment,  lorsque  enfin,  le  18  janvier  1878, 
rOpéra-Comique  se  décida  à  donner  la  première 
représentation  du  Char,  dont  la  musique  alerte, 
vive,  enjouée,  pleine  de  grâce  et  de  distinction, 
réunit  tous  les  suffrages.  Dans  le  même  temps, 
le  Théâtre-Lyrique,  qui  avait  sombré  dans  la 
salle  de  la  Gaîté,  s'étant  reformé  à  la  salle  Ven- 
tadour,  mit  en  répétition  le  Capitaine  Fracasse, 
et  cet  ouvrage,  qui  servait  de  début  à  la  nouvelle 
administration  ,  obtint  un  succès  très-vif,  très- 
brillant,  que  légitimaient  les  excellentes  qualités 
que  l'auteur  y  avait  déployées,  qualités  qui  con- 
sistaient surtout  en  un  grand  sentiment  scénique, 
en  une  inspiration  très-franche,  en  une  verve 
très-heureuse,  complétés  par  une  recherche  à  la 
fois  sobre  et  ferme  des  effets  d'harmonie  et  d'ins- 
trumentation. Bref,  le  Capitaine  Fracasse  fut 
reçu  par  le  public  avec  une  faveur  évidente,  et 
de  ce  jour  on  put  compter  M.  Pessard  au  nom- 
bre des  jeunes  soutiens  les  plus  solides  de  la 
scène  lyrique   française.  L'avenir   se  chargera 


328 


PESSARD  —  PETRELLA 


sans  doute  de  réaliser  les  promesses  faites  par 
l'artiste  dans  cet  ouvrage  vraiment  intéressant. 

Voici  la  liste  îles  anivres  de  IM.  Pessard  pu- 
bliées jusqu'à  ce  jour  :  1"  la  Cruche  cassée,  un 
acte,  Opéra-Coinique,  21  février  1870  ;  2°  le 
Char,  un  acte,  18  février  1878;  3»  le  Capitaine 
Fracasse,  ,'J  actes  et  fi  tableaux,  Théâtre-Lyri- 
que, 2  juillet  1878;  4°  Petite  messe  solennelle 
(en  fa  majeur)  à  2  voix  égales,  avec  accompa- 
gnement dorgue  ou  harmonium  ;  5°  Ave  Maria, 
avec  accompagnement  d'orgue,  violon  et  violon- 
celle; 6"  Méiiitalion  religieuse  {Mater  Salvato- 
ris)  ;  7»  Joyeusetés  de  bonne  compagnie,  re- 
cueil de  chansons  et  mélodies  vocales  ;  8° 
25  Pièces  pour  piano  à  2  mains;  9°  10  Pièces  pour 
piano  à  4  mains  ;  10°  Quintette  pour  instruments 
à  vent  (transcrit  pour  piano)  ;  1 1°  Trio  (en  si  bé- 
mol) pour  piano,  violon  et  violoncelle;  12°  Pre- 
mière suite  d'orchestre  (transcrite  pour  piano); 
13°  Grande  Marche  pour  orchestre  (id.);  14"  2 
Nocturnes  pour  piano  ;  15°  2  Romances  sans 
paroles,  id.;  16»  3  Mazurkas,  id.  ;  17°  Diverses 
Pièces  détachées  pour  piano;  18°  Ne  la  réveil- 
lons pas,  mélodie  avec  chœur  à  3  voix  égales  ; 
19°  environ  30  chansons,  romances  ou  mélodies 
à  une  ou  deux  voix. 

M.  Emile  Pessard  est  inspecteur  du  chant 
dans  les  écoles  communales  de  la  ville  de  Paris. 
Il  a  été  nommé  chevalier  delà  Légion  d'honneur 
en  1879. 

PËTELARD  ( ).  Un  musicien  de  ce  nom 

a  fait  représenter,  à  la  fin  du  dernier  siècle, 
trois  petits  opéras-Comiques  sur  des  scènes  peu 
importantes  :  1°  le  Rossignol,  un  acte,  Délasse- 
ments-Comiques, 1798;  Tla  Résurrection  de  Ca- 
det Roitsselle,  Délassements-Comiques,  1798; 
3°  l'Amour  et  la  Nature,  un  acte,  Jeunes-Élè- 
ves, 1799. 

*  PETIT  (Adrien),  surnommé  COCLICUS. 
—  Voyez  COCLICUS. 

PETIT  (L'ahhé),  est  auteur  d'une  Disserta- 
tion sur  lu  psalmodie  et  les  autres  parties  du 
chant  grégorien  dans  leurs  rapports  avec  Vac- 
centufitiou  la/ine   (Paris,  Didron,  1855,  in-S"). 

*  PETRALI  (Loiis),  a  fait  représenter  à 
Bergame,  en  1864,  un  opéra  sérieux  intitulé  ^Va- 
ria de  Griffi.  Cet  artiste  remplissait,  vers  1872, 
les  fonctions  de  chef  d'orchestre  au  théâtre  social 
de  Crema. 

*  PETRELLA  (Enr.ico),  compositeur  dra- 
matique italien,  naquit  à  Palerme  le  10  décembre 
1813.  Fils  d'un  oflicier  de  marine,  il  fut  amené  de 
bonne  heure  i  Naples,  y  montra  un  goût  précoce 
pour  la  musique,  et  dès  l'âge  de  huit  ans  com- 
mençait l'étude  du  violon  sous  la  direction  d'un 
maître  nommé  Saveriodel  Giudice.  A  dou/c  ans, 


il  était  admis  au  Conservatoire,  où  il  avait  pour 
répétiteurs  (macsfrini)  M.  Michèle  Costa,  le  chef 
d'orchesire  devenu  depuis  lors  si  célèbre  à 
Londres, et  l'immortel  auteur  de  jSorma,  le  blond, 
doux  et  passionné  Bellini  ;  il  passa  ensuite  sous 
la  conduite  del'urno  et  de  I<'rancesco  Ruggi,  puis 
commença  l'étude  du  contre-point  et  de  la 
composition  avec  Zingarelli  lui-même,  le  direc- 
teur du  Conservatoire. 

Malheureusement  pour  lui,  l'occasion  de  se 
produire  se  présenta  beaucoup  trop  tôt .  Le  ha- 
sard fit  qu'un  ami  de  sa  famille,  s'étant  trouvé  à 
la  tête  «lu  petit  théâtre  de  la  Fenice  et  voulant 
lui  être  agréable,  vint  demander  au  jeune  Pe- 
trella,  à  peine  âgé  de  seize  ans,  s'il  voulait  écrire 
un  opéra  pour  ce  théâtre.  Or,  à  cette  époque, 
non-seulement  le  futur  artiste  était  fort  loin  d'a- 
voir terminé  ses  études,  mais  il  n'avait  jamaismis 
le  pied  dans  une  salle  de  spectacle,  il  n'avait 
jamais  entendu  un  opéra,  et  il  n'avait  pas  écrit 
un  seul  morceau  de  musique  instrumentale.  Il 
n'en  accepta  pas  avec  moins  d'empressement 
l'offre  qui  lui  était  faite,  en  dépit  de  l'opposition 
vigoureuse  et  raisonnée  qu'il  rencontrait  à  ce 
sujet  chez  son  maître  Zingarelli,  et  il  aima  mieux 
se  fâcher  avec  celui-ci  et  quitter  le  Conservatoire 
que  de  laisser  échapper  une  occasion  qui  d'ail- 
leurs, il  faut  le  dire,  était  singulièrement  ten- 
tante pour  un  jeune  artiste. 

11  écrivit  donc  l'ouvrage  demandé,  qui  était  un 
opéra  bouffe  en  deux  actes  ayant  pour  titre  il 
Diavolo  cotor  di  rosa,  et,  quoique  ainsi  com- 
posé à  la  diable  et  à  l'aventure,  ce  petit  ouvrage, 
représenté  sur  le  théâtre  de  la  Fenice  à  la  fin  de 
1829  ou  au  commencement  de  1830,  obtint  un 
énorme  succès.  Ce  succès  peut  être  considéré 
comme  un  malheur  pour  Petrella,  car  il  ne  lui 
permit  pas  de  continuer  ses  éludes  (quoiqu'on 
assure  qu'il  ait  encore  travaillé  quelque  temps 
avec  Francesco  Ruggi),  et  c'est  à  ce  défaut  d'é- 
ducation première  qu'est  dû  le  peu  de  solidité 
des  (l'uvres  qu'il  produisit  par  la  suite,  malgré 
les  dons  heureux  qu'il  tenait  de  la  nature. 

Une  fois  entré  dans  la  carrière,  Petrella  ne 
s'arrêta  plus,  et  dans  l'espace  de  quarante  ans 
donna  plus  de  vingt  ouvrages,  soit  sérieux,  soit 
bouffes,  qui,  pour  une  bonne  partie,  furent  bien 
accueillis  du  public,  (luoicpie  d'une  valeur  très- 
inégale  et  conçus  dans  im  système  dont  le  défaut 
principal  était  de  n'en  être  pas  un  et  de  laisser 
tout  au  hasard  d'une  inspiration  plus  ou  moins 
beiueuse.Parmi ses  plusgrands succès,  il  faut  sur- 
tout citer,  dans  le  genre  dramati(|ue,Jo)ie,. Vflrco 
Visconti,  Giovanna  II  di  Napoli,  et  dans  le 
genre  bouffe,  il  Folletto  di  Grrsy,  et  particuliè- 
eincnt  le  Precuuzioni,  qui  depuis  vingt-cinq 


PETRELLA 


329 


ans  n'ont  cessé  de  se  maintenir  à  la  scène.  Pe-  j 
trella  était  d'ailleurs  l'enfant  ciiéri  du  public  na- 
politain, et  l'engouement  singulier  de  ce  public 
pour  ses  œuvres  était  tel  qu'après  la  représenta- 
tion d'un  de  ses  opéras  bouffes,  \eGiornale  uffi- 
cm^e  de  tapies  ne  rougissait  pas  d'écrire  un  jour 
ces  ligues  vtritablement  monstrueuses  :  —  «  En 
cet  opéra  l'on  peut  dire  que  sont  ressuscites  Pal- 
sielloet  Cimarosa.»  Or,  pour  qui  connaît  la  forme 
lâche  et  débile,  le  style  plat  et  vulgaire  de  Pe- 
trella,  ceci  est  toutsimpleinent  inouï. 

Il  faut  bien  le  constater,  d'ailleurs,  quoiqu'il 
ne  fût  qu'un  artiste  d'un  ordre  très-secondaire, 
Petrella  a  été  l'un  des  musiciens  les  plus  applau- 
dis et  les  plus  populaires  de  l'école  qui  a  surgi, 
en  Italie,  à  la  suite  de  M.  Verdi.  Imitateur  servile 
de  la  première  manière  de  ce  maître,  il  n'a  fait, 
dans  legeure  sérieux,  que  se  traîner  vulgairement 
à  sa  remorque,  n'ayant  point  sa  générosité  d'ins- 
piration, mais  reproduisant  ses  effets  de  sonorité 
brutale  et  certains  procédés  d'un  emploi  facile. 
J'ai  entendu,  pour  ma  part,  en  Italie,  deux  ou 
trois  de  ses  ouvrages,  entre  autres  Giovanna  di 
Napoli,  et  je  ne  me  rappelle  pas  avoir  jamais  ouï 
musique  plus  plate,  plus  insipide  et  plus  banale. 
Au  reste,  un  de  ses  compatriotes,  musicien  dis- 
tingué et  critique  très-accrédité,  m'écrivait  à  son 
sujet,  il  n'y  a  pas  longtemps,  les  lignes  que  Toici  : — 
«  Petrella  a  été  considéré  longtemps  comme  le 
«  second  compositeur  dramatique  de  l'Italie, 
«  après  Verdi.  Celte  opinion  monstrueuse  s'est 
«  beaucoup  modifiée  depuis  l'apparition  de  Pon- 
«  cliielli,  de  Marchetti,  de  Boito,  de  Gomez,  et 
«  autres  véritables  musiciens.  Petrella  est  doué 
«  d'une  organisation  musicale  très-heureuse, 
«  malheureusement  entachée  de  graves  défauts. 
«  Ce  maestro  a  beaucoup  d'imaginaiion,  de  faîi- 
«  tasia,  sa  veine  mélodique  est  abondante,  mais 
«  le  sens  du  rhytlime,  de  la  mesure,  des  propor- 
«  tions  lui  manque  complètement.  De  plus  il  est 
«  vulgaire,  son  harmonie  est  incorrecte^  et  la 
«  plupartdesesgrandseffftsscéniquessont fondés 
«  sur  les  passages  inopinés,  foudroyants,  du  forte 
«  âu  piano.  Il  peut  saisir  le  public,  produire  un 
«  effet  bruyant,  faux  ;  mais  les  vrais  connaisseurs 
«  sont  forcés  de  ne  reconnaître  en  lui  qu'un  com- 
«  positeur  de  mauvais  goût.  Il  a  écrit  beaucoup 
«  d'opéras;  son  ineilloiirouvrage  reste  le  Precau- 
«  zioni,  opéra  bouffe  de  genre  napolitain,  plein 
«  de  brio,  de  verve,  et  où  l'élément  comique 
«  est  très-bien  employé.  Dans  le  genre  drama- 
«  tique,  Jone  est  son  œuvre  la  mieux  réussie;  la 
«  scène  du  délire  est  une  belle  page  de  musique 
«  inspirée  et  expressive.  Ceux  de  ses  autres  ou- 
«  vrages  qui  ont  obtenu  un  succès  plus  ou  moins 
«  brillant  sont  Giovanna  di  Napoli,  Bianca  Or- 


«  sini,  l'Assedio  di  Leida,  Caterina  Howard, 
«■  il  Dnca  di  Scilla,  la  Contessa  d'Amal/i, 
«  ce  dernier  tiré  du  drame  de  votre  Octave 
«  Feuillet  :  Dalila.  » 

Tel  e.st,  sur  l'ensemble  de  l'œuvre  et  sur  le  ta- 
lent de  Petrella,  le  jugement  d'un  Italien,  très- 
compétent,  très-sincère  et  très-désintéressé;  ce 
jugement  s'accorde  complètement  avec  l'impres- 
sion que  j'ai  ressentie  personnellement  à  l'audi- 
tion de  la  musique  de  ce  cornposileur,  et  il  me 
parait  absolument  équitable.  Pourtant,  et  comme 
on  vient  de  le  voir,  Petrella  a  obtenu  dans  sa  pa- 
trie des  succès  retentissants,  surtout  avec  Jone 
et  le  Precauzioni,  qui  sont  étonnamment  popu- 
laires de  l'autre  côté  des  Alpes.  Il  est  vrai  que, 
malgré  ses  succès,  aucune  duvre  de  cet  artiste 
n'a  pu  franchir  les  frontières  de  son  pays,  et  que 
Tonne  connaîtriende  lui  ni  en  France,  ni  en  Alle- 
magne, ni  en  Angleterre.  Il  est  probable  qu'il  ne 
laissera  aucune  trace  visible  de  son  passage,  et 
que  dans  peu  d'années  tous  ses  opéras  seront 
oubliés. 

Ce  qui  prouve  à  quel  point  l'éducation  musi- 
cale de  Petrella  était  restée  incomplète  et  tron- 
quée, c'est  qu'il  y  a  quelques  années,  un  concours 
ayant  été  ouvert  pour  une  place  de  professeur 
de  contre-point  au  Conservatoire  de  Naples,  et 
Petrella  s'étant  présenté,  il  subit  ce  concours 
d'une  façon  tellement  pitoyable  qu'il  fut  impos- 
sible de  lui  confier  l'emploi  vacant,  malgré  sa 
notoriété  de  compositeur  et  la  fortune  de  quel- 
ques-uns de  ses  ouvrages.  Il  était  d'ailleurs  aussi 
inculte  comme  homme  que  comme  musicien,  et 
tellement  ignorant  de  toutes  choses  qu'on  pou- 
vait supposer  que  son  instruction  littéraire 
avait  été  aussi  complètement  négligée  que  son 
instruction  artistique.  Honnête  homme,  du 
reste,  et  travailleur  acharné,  la  vie  lui  fut  dif- 
ficile en  dépit  des  heureuses  circonstances  qui 
se  présentèrent  pour  lui,  et  il  mourut  dans 
l'état  le  plus  précaire.  Il  se  trouvait  à  Gênes, 
dans  une  famille  amie,  lorsqu'il  tomba  grave- 
ment malade,  au  mois  de  février  ou  de  mars 
1877.  Bientôt,  son  état  empirant  et  nécessitant 
des  dépenses  considérables,  on  dut  faire  con- 
naître sa  situation,  le  pauvre  Petrella  étant  ab- 
solument sans  ressources;  le  municipe  de  Gênes 
vota  en  sa  faveur  une  somme  de  500  francs, 
et  le  théâtre  Paganini  de  cette  ville  donna  à  son 
bénéfice  une  rei)résentationdes  Precauzioni.  qui 
produisit  environ  1,500  francs;  de  leur  côté,  le 
Conservatoire  de  iN'aples  et  son  directeur,M.Lauro 
Rossi,  s'occupaient  des  moyens  de  venir  en  aide 
à  cet  arliste  honorable,  lorsqu'il  mourut,  le  7 
avril  1877,  des  suites  de  la  grave  maladie  dont 
il  était  atteint.  Il  était  âgé  de  soixante-trois  ans. 


;330 


PEÏRELLA  —  PÉTROW 


Voiti  la  liste  chronologique  des  opéras  de  Pe- 
trella:  i"ilDiavolocolordirosa,houiïe,  2actes, 
Naples,  théAtre  de  la  Fenice,  1829  ou  1830  ;  2°  il 
Giorno  didle  ISozze,  bouffe,  2  actes,  Naples, 
lliéàtre  Nuovo,  1832;  3°  Pulcinella  morlo  e 
non  morlo,  bouffe,  2  actes, Naples,  théâtre  Nuovo, 
1832;  'i"  Cimodocea,  iéritiiw,  non  représenté; 
5"  lo  Scroccone,  l)oufle,  2  actes,  Naples,  théâtre 
Nuovo,  183G;6''i  Pirati  spagnuoU,  semi-sé- 
rieux, 2  actes,  Naples,  théâtre  Nuovo,  1837  ; 
7°  le  Minière  di  Freimberg,  semi-sérieux,  Na- 
ples, théâtre  Nuovo,  1839  ;  8"  le  Precauzioni, 
bouffe,  3  actes,  Naples,  théâtre  Nuovo,  1850; 
9"  Elena  di  Tolosa,  semi-sérieux,  3  actes,  Na- 
ples, Fondo,  1852  ;  10°  Marco  Visconti,  sé- 
rieux, 3  actes,  Naples,  San-Carlo,  1854',;  11" 
Elnuva,  o  l'Assedio  di  Leida ,  sérieux,  4 
actes.  Milan,  Scala,  1835;  12°  Jone,  sérieux,  4 
actes,  Mil.in,  Scala,  1858  ;  13°  il  Duca  di  Scilla, 
sérieux,  4  actes,  Milan,  Scala,  1859;  14°  Moro- 
s/na,  sérieux,  jî  actes,  Naples,  San-Carlo,  18C0; 
15"  il  Follet to  di  Gre^y,  bouffe,  3  actes,  Naples, 
Fondo,  1860;  16°  Virginia, séiieu-x., 3  actes,  Na- 
ples, San-Carlo,  1861;  17°  la  Confessa  d'Avialfi, 
sérieux,  Turin,  théâtre  Regio,  1864  ;  18"  Celinda, 
sérieux,  3  actes,  Naples,  San-Carlo,  1865;  19° 
Caterina  Howard,  sérieux,  Rome,  théâtre  Apol 
lo,  1866;  20"  i  Promessi  Sposi,  semi-sérieux, 
Lecco,  1866;  21"  Giovanna  11  di  Napoli,  sé- 
rieux, 4actes,  Naples,  San-Carlo,  1869;22''  Man- 
fredo,  sérieux,  Naples,  San-Carlo,  1872;  23" 
Bianca  Orsini,  sérieux,  4  actes,  Naples,  San- 
Carlo,  4  avril  1874.  Petrella  a  fait  exécuter  aussi 
au  théâtre  San-Carlo,  en  1861,  un  Inno  a  Vit- 
torio-Emanuele.  Lorsqu'il  mourut,  il  avait  en 
portefeuille  un  opéra  complètement  achevé,  la 
Fatadi  Pozzuoli,  et  il  venait  d'en  commencer 
un  autre  intitulé  Salammbô.  On  connaît  aussi  de 
lui  ime  messe  funèbre  écrite  à  l'occasion  de  la 
mort  d'Angelo  Mariani  {Votj.  ce  nom). 

PETRILLO  (Francesco),  compositeur  ita- 
lien, a  fait  représenter  au  mois  d'octobre  1867, 
sur  le  pi'lit  théâtre  de  la  Fenice,  de  Naples,  un 
opéra  bouffe    intitulé   Candida   e    Tommaso. 

I»I':TUIM   (F -P ),  théoricien,   vivait 

dans  la  première  moitié  du  dix-neuvième  siè(-le. 
Il  a  publié  :  Règles  de  Vharmonie,  rendues 
plus  faciles  par  une  suite  de  leçons  en  forme 
de  préludes,  etc.  (in-folio  de  35  pages  gravées). 

PETRO(>lj\I  (Francksco),  compositeur  dra- 
matique italien,  a  fait  repré.senter  avec  un  très- 
grand  .=uccès,  le  2  déceuibre  1858,  au  théâtre  de 
la  Scala,  de  Milan,  un  opéra  intitulé  l'Uscocco, 
dont  le  sujet  avait  été  emprunté  au  roman  de 
George  Sand,  Wscoquc.  Auparavant,  il  avait 
donné,  je  ne  sais  en  quelle  ville,  un  premier  ou- 


vragcqui  avait  pour  titre  la  Ducliessa  di  la  ]'al- 
Hère.  Malgré  le  succès  obtenu  par  l'Uscocco, 
dont  la  partition,  disait-on,  renfermait  des  qua- 
lités de  |)render  ordre  au  double  point  de  vue 
de  la  forme  et  de  l'inspiration,  je  ne  sache  pas 
que  l'auteur  se  soif,  depuis  lors,  présenté  de 
nouveau  à  la  scène.  Il  est  mort  à  Milan,  au  mois 
de  juillet  1875. 

PETROiXI  (Le  P.  Antonio),  compositeur  de 
musifjue  religieuse,  naquit  à  Lucques  vers  1700, 
et  mourut  en  celte  ville  en  1760.  On  lui  doit 
une  messe  à  4  voix,  avec  accompagnement  ins- 
trumental, exécutée  à  la  fête  de  sainte  Cécile, 
huit  services  consistant  en  psaumes,  messes, 
motets,  exécutés  pour  la  même  fête,  de  1738  à 
1749,  et  un  De  profundis  à  4  voix. 

PÉTROW  (Ossip),  chanteur  russe  qui  a 
joui  dans  sa  patrie  d'une  immense  renommée 
dont  l'éclat  s'est  répandu  même  à  l'étranger, 
était  né  dans  les  premières  années  de  ce  siècle. 
Doué  d'une  superbe  et  vigoureuse  voix  de 
basse-taille,  il  s'adonna  de  bonne  lieure  à  l'étude 
du  chant  et  se  consacra  à  la  carrière  dramatique, 
donnant  surtout  l'appui  de  son  talent  à  la  musi- 
que nationale,  et  n'ayant,  je  crois,  jamais  quitté 
le  Théâtre-Impérial  de  Saint-Pétersbourg,  au- 
quel il  resta  attaché  pendant  plus  d'un  demi- 
siècle.  Pélrow  chantait  aussi  l'italien,  et,  dans 
les  grands  concerts  qui  se  donnaient  naguère  à 
la  grande  salle  de  l'assemblée  de  la  noblesse,  il 
oblenait  d'énormes  succès  aux  côtés  de  Rubini, 
qui  le  tenait  en  haute  estime,  et  de  Negri. 

Dans  le  répertoire  russe,  le  rôle  qui  lui  valut 
surtout  .son  [)!us  grand  triomphe  est  celui  de 
Soussanine  dans  roi)éra  fameux  de  Glinka,  la 
Vie  pour  le  Tzar,  qu'il  créa  lors  de  l'apparition 
decetouvrage.il  s'y  montrait,  paraît-il,  chan- 
teur consommé  et  comédien  des  plus  remar- 
quables, et  le  public,  dont  il  était  le  favori,  ne  lui 
faisait  jamais  plus  de  fête  que  dans  cet  opéra, 
où  il  fai.sail  preuve  d'une  vigueur,  d'ime  puis- 
sance et  d'un  talent  exceplionnels.  Pélrow,  à 
l'âge  de  .soixante-neuf  ans,  reprit,  dans  une  cir- 
constance exceptionnelle,  le  rôle  de  Soussanine, 
qu'il  avait  depuis  longtemps  abandonné;  il  s'a- 
gissait d(î  fêter,  sur  la  scène  du  théâtre  Marie, 
le  quarantième  anniversaire  de  l'apparition  de 
la  Vie  pour  le  Tzar,  en  donnant  la  quatre  cent 
quarante-huitième  représentation  du  chef- 
d'œuvre  populaire  de  Glinka.  C'était  le  28  no- 
vembre 1876.  Lui-même  avait  célébré,  peu  de 
mois  auparavant,  le  cinquantième  anniversaire  de 
son  début  sur  ce  Ihéâlre,  et  l'on  pense  si  le|»id)lic 
rus.se  avait  accueilli  avec  enthousiasme  le  véné- 
rable artiste  (pii  lui  avait  f,u'l  éprouver  des  joies 
si  nombreuses  et  de  si  vives  sensations!  Pélrow 


PÉTROW 


PFEIFFER 


331 


ne  survécut  pas  longtemps  à  ce  double  événe- 
ment, qui  couronnait  si  bien  une  carrière  hono- 
rable et  brillante.  Il  mourut  à  Saint-Pétersbourg, 
le  11  mars  1878,  à  l'âge  de  soixante  et  onze 
ans.  Parmi  les  autres  ouvrages  à  l'interprétation 
desquels  il  concourut  de  la  façon  la  plus  heureuse, 
il  faut  citer /rt  Pxkovitane,  de  M.  Rimski-Kor- 
sakof,  le  Convive  de  Pierre,  de  Dargomijski, 
et  la  Roussalka. 

jjme  pcii-ow,  née  Vorobiew,  femme  de  cet 
artiste,  fut  aussi  luie  cantatrice  dramatique 
distinguée,  et  appartint,  ainsi  que  lui ,  pendant 
longues  années,  au  personnel  de  l'Opéra  russe. 
C'est  elle  qui  créa  le  rôle  de  l'orphelin  Vania 
dans  la  Vie  pour  le  Tzar. 

PETRUCCI  ( ),  compositeur  italien,  a 

écrit  la  musique  de  la  Maladctta,  opéra  qui  a 
été  représenté  à  Barletta  le  22  mars  1873. 

PETTEIVGHI  ( ),  compositeur  italien, 

a  écrit  la  musique  (\'el  Risott,  bouffonnerie  mu- 
.sicale  en  dialecte,  qui  a  été  représenté  sur  le 
théâtre  Castelli,  de  Milan,  au  mois  de  février 
1877. 

*  PFEIFFER  (Georges-Jean).  —  Cetarti.ste 
extrêmement  distingué  est  l'un  des  représentants 
lesplus  originaux,  les  plus  actifs,  les  plus  féconds 
et  les  mieux  doués  de  la  jeune  école  françai- 
se (1).  Artiste  d'un  talent  souple,  d'un  esprit 
curieux  et  chercheur,  d'une  imagination 
variée,  M.  Pfeiffer  est  à  la  fois  un  composi- 
teur remarquable  et  un  virtuose  de  tendances 
élevées,  d'un  style  à  la  fois  ferme,  élégant  et 
soutenu.  Ses  œuvres,  déjà  fort  nombreuses,  se 
distinguent  par  une  heureuse  variété  mélodique, 
par  une  forme  très-chàliée,  et  par  une  heureuse 
recherche  de  l'effet  que  vient  aider  une  excel- 
lente instruction  et  une  rare  sûreté  de  main. 
Elles  sont  d'ailleurs  de  genres  très-divers,  et 
cette  diversité  dénote  chez  leur  auteur  une 
louable  ambition.  Symphonies,  ouvertures ,  con- 
certos, scènes  lyriques,  sonates,  études,  musique 
de  chambre ,  mélodies  vocales ,  M.  Pfeif- 
fer a  produit  un  peu  de  tout,  sans  compter 
même  certaines  compositions  plus  légères,  qu'il 
sait  relever  par  les  agréments  d'une  harmonie 
piquante,  d'un  style  aimable  et  recherché.  Ses 
concertos  sont  remarquables  à  plus  d'un    point 

(I)  M.  GeorgC!  Pfeiffer  est  le  petit-neveu  de  J.  l'fciffer, 
facteur  de  pianos,  qui  fut  d'abord  l'associé  de  Petîold  et 
s'élablit  ensuite  a  son  compte  (V.  Biographie  universelle 
des  Musiciens,  t.  Vil),  j.  Pfeiffer  eut  ensuite  pour  associé 
Emile  Pfeiffer,  son  neveu,  père  de  M.  Georges  Pfeiffer, 
lequel,  en  loiï,  devint  associé  de  la  maison  de  pianos 
dirigée  par  Camille  Plcyel.  Cette  maison,  connue  ac- 
tuellement sous  la  raison  sociale  Pleyel-frol/f  et  Cie, 
a  pour  gérant  aujourd'hui  M.  "Wolff  [f'oij.  'ce  nom) 
et  pour  associé  M.  Georges  Pfeiffer. 


de  vue,  sa  musique  de  chambre  est  écrite  avec 
une  granile  pureté,  et  l'une  de  ses  œuvres  les 
plus  distinguées  estcelle  qui  est  intitulée  ^j'or,  et 
qui  estqualiliée  «  scènes  lyriques.  »  Cette  belle 
composition  a  été  exécutée  au  mois  de  mars 
1875,  dans  un  concert  oii  l'auteur  fit  entendre 
aussi,  avec  un  très-grand  succès,  son  troisième 
concerto  pour  piano  et  orchestre ,  production 
mâle  et  vigoureuse,  digne  de  la  plus  grande  es- 
time. J'aime  moins  le  «  poème  symphonique  » 
intitulé  Jeanne  d''Arc,  que  M.  Pfeiffer  a  fait  exé- 
cuter au  théâtre  du  Châlelet  en  1872.  Tonte  mu- 
sique de  ce  genre  est,  à  mon  sens,  le  produit  d'une 
illusion  fâcheuse,  la  musique  étant  impuissante  à 
rendre,  sans  le  secours  des  paroles,  des  senti- 
ments précis,  à  donner  l'idée  de  faits  palpables 
et  tangibles.  Quoi  qu'il  en  soit,  M.  Pfeiffer  fait 
honneur  à  la  génération  musicale  présente,  si 
riche  et  si  fournie  en  sujets  distingués  dans 
tous   les  genres. 

Voici  le  catalogue  des  œuvres  de  ce  composi- 
teur :  Musique  symphonique,  dram.\tiqueoucon- 
CERTAiNTE  ;  1",  2''  cl  3<^  coucertos  pour  piano,  avec 
accompagnement  d'orchestre  (op.  11,  21  et  58)  ; 
Sonate  pour  piano  et  violoncelle  (op.  28)  ;  Sonate 
pour  piano  et  violon  (op.  66);  Trio  en  sol  mineur, 
pour  piano,  violon  et  violoncelle  (op.  14)  ;  Quin- 
tette pour  piano,  deux  violons,  alto  et  vio- 
loncelle (op.  41);  Symphonie  à  grand  orches- 
tre (op.  31);  Allegro  symphonique  pour 
piano  et  orchestre  (op.  40)  ;  Grande  Polo- 
naise pour  piano  (op.  B9)  ;.  Jeanne  d'Arc, 
poème  symphonique  (publié  pour  le  piano  à  4 
mains  (op.  43)  ;  Ayar,  scènes  lyriques  pour  soli, 
orchestre  et  chœurs,  paroles  de  M.  Collin  (op. 
58)  ;  Ouverture  du  Cid,  d'abord  intitulée  Phèdre 
(op.  24)  ;  le  Capitaine  Bock,  opéra-comique  en 
un  acte,  paroles  de  M.  Galoppe  d'Onquaire,  non 
représenté  au  théâtre  (l)  (op.  19).  —  Musique 
DE  PIANO.  G  Romances  sans  paroles  (op.  27);  6 
Valses  de  salon  (op.  2,  17,  33,  34  et  48)  ;  Mazur- 
kas de  salon  (op.  3,  10,  26,  35,  62  et  63)  ;  Valse- 
Fantaisie  et  Valse  rêveuse  (op.  56  et  57);  Boléro 
de  concert  (op.  12);  Tarentelle  (op.  52)  ;  Scherzo- 
ballade  (op.  49)  ;  Chanson  de  Henri  IV,  air 
varié  dans  le  style  ancien  (op.  45)  ;  Sonate  à  2 
pianos;  3  Sonatines  (op.  59)  ;  6  Études  (op.  60)  ; 
Gavotte  (op.  51)  ;  Berceuse  (op.  53)  ;  Croquis  (op. 
54);  Air  de  ballet  (op.  55);  Impromptu-fantaisie, 
(op.  50),  etc.,  etc.  Il  ya  quelques  années,  M.  Pfeif- 
fer s'est  vu  décerner  par  l'Académie  des  beaux- 
arts  le  prix  Chartier,  pour  son  quintette(op.  41); 
en  1877,  il  a  rempoilé  le  prix  mis  au  concours, 
par  la  Société  des  compositeurs  de  musique,  pour 
une  sonate  à  deux  pianos.  Sous  ce  titre  :  les 

(I)  Mais  joué  dans  un  concert  en  iobî. 


332 


PFEIFFER  —  PHILIDOR 


Chefs-d'œuvre  classiques  du  piano,  édition 
revue  et  doigtée  par  Georges  P/eiffer,  il  a  en- 
trepris récemment,  chez  l'éditour  M.  Grus,  une 
très-intéressante  collection  d'u'uvres  des  grands 
maîtres. 

Compositeur  distingué,  professeur  frès-haltile, 
très-reclierciié,  M.  Pl'eiiïer,  qui  est  doué  d'un 
tempérament  singulièrement  laborieux,  con- 
sacre encore  une  partie  de  son  temps  aux 
travaux  de  la  maison  Pleyel-Wolff  et  Cie,  dont 
il  est  l'associé,  ainsi  que  son  père. 

*  PFISTER  (Jules),  ténor  allemand,  pen- 
sionnaire du  théâtre  royal  de  Berlin,  est  mort 
en  celte  ville  le  28  février  186C. 

rFLUGlIAUPT  (Robkrt),  pianiste  distin- 
gué, naquit  le  4  août  1833  à  Berlin,  oîi,  tout  en 
travaillant  le  piano,  il  étudia  l'harmonie  avec  le 
fameux  professeur  Dehn,  chez  lequel  il  fit  con- 
naissance d'une  jeune  personne,  fille  du  général 
russe  Stschepin,  qu'il  épousa  quelques  années 
plus  tard.  Ce  fut  là  pour  lui  l'occasion  d'un 
voyage  à  Saint-Pétersbourg,  où  il  se  perfeclioiina 
dans  l'étudedu  piano,  avec  Hensell.llsemariaen 
cette  ville  en  1834,  et  en  1857  se  rendit  avec  sa 
femme  à  Weimar,  où  il  prit  des  leçons  de  Liszt, 
qui  exerça  une  grande  iniluence  non-seulement 
sur  son  talent  de  virtuose,  mais  aussi  sur  sa 
manière  de  composer.  Les  deux  époux  firent 
ensuite  un  grand  voyage  artistique  qui  leur  valut 
beaucoup  de  succès,  puisse  fixèrent  en  1862  il 
Aix-la-Chapelle.  Pflughaupt  mourut  en  cette  vil- 
le le  12  juin  1871.  Cet  artiste  a  publié  diverses 
compositions  pour  le  piano  et  des  lieder. 

^r'^SophiePAughauptavail  été  à  Saint-Péters- 
bourg l'élèvede  Herke  d'abord, de  Henselt  ensuite, 
et  avait  acquis  un  talent  de  pianiste  remarquable. 
Elle  se  distinguait  surtout  dans  l'exécution  de  la 
musique  de  Chopin,  de  Schumann  et  de  Liszt. 
Néeà  Punabourgen  1834,  elle  mourut  à  Aix-la- 
Chapelle,  quelques  années  avant  son  mari,  le 
10  novembre  1807. 

riIILBi:iVr  (C....-M ),  amateur  distin- 
gué de  musique,  attaché  à  la  légation  française 
à  Amsterdam,  né  vers  1820,  a  publié  sous  ce 
titre  un  livre  important:  l'Orgue  du  Palais  de 
V Industrie  d' Amslerdam,  la  facture  d'orgues 
moderne  et  la  facture  d'orgues  néerlandaise 
ancienne  et  contemporaine  (Amslerdam,  Bin- 
ger,  187G,  in-4°).  Ce  livre,  fait  avec  beaucoup 
de  soin,  écrit  par  un  homme  chez  qui  l'amour 
de  l'art  est  porté  à  son  phis  haut  degré  et  qu 
possède  bien  son  sujet,  va  beaucoup  plus  loin  que 
son  titre  ne  l'indique.  L'auteur  ne  se  borne  pas  à 
décrire  le  magnifique  instrument  construit  par 
M.  Cavaillé-CoU  et  posé  par  lui  dans  le  palais 
d'Amsterdam  ,  il  fait  connuitre,  au  point  de  vue 


général,  le  principe  et  les  conditions  mécaniques 
de  l'orgue,  trace  un  rapide  historique  de  la  fac- 
ture et  de  ses  progrès  dans  les/iivers  pays  euro- 
péens^ constate  son  état  actuel  et  par  conséquent 
la  supériorité  delà  facture  française,  enfin  dresse 
en  quelque  sorte  le  procès-verbal  de  la  cons- 
truction et  de  la  pose  de  l'orgue  d'Amsterdam  et 
des  belles  séances  artistiques  auxquelles  ce 
fait  adonné  lieu.  Le  livre  de  M.  Philbert,  fait  avec 
soin,  avec  intelligence,  par  un  homme  auquel  le 
sujet  est  familier,  sera  lu  avec  fruit  par  tous 
ceux  qui  s'intéressent  au  sujet  traité  par  l'au- 
teur et  (pii  considèrent  l'orgue  comme  le  plus 
noble,  le  plus  majestueux  et  le  plus  admirable 
des  instruments. 

PHILIDOR  (DANICAN-).— Les  renseigne- 
ments fournis  par  Fétis  sur  cette  famille  d'ar- 
tistes, ne  reposant  pas  sur  des  documents  authen- 
tiques, sont  tellement  incomplets  et  erronés  qu'il 
nous  a  paru  indispensable  de  refaire  entière- 
ment ici  les  notices  consacrées  à  ces  musiciens. 
Nous  nous  aidons  à  cet  égard  d'un  travail  pu- 
blié par  nous  dans  la  France  musicale  en  1867- 
1808,  travail  basé  sur  des  découvertes  que  nous 
avions  faites  aux  archives  de  l'état  civil  de  Pa- 
ris et  de  Versailles,  aux  Archives  nationales  et 
dans  des  actes  et  titres  divers  appartenant  aux 
descendants  encore  existants  de  la  famille  Da- 
nican-Pbilidor. 

Si  l'on  en  croit  la  tradition,  un  joueur  dehaut- 
bois  très-habile,  du  nom  de  Michel  Danican  et  né 
dans  le  Daupliiné,  réussit,  en  arrivant  à  Paris,  à 
se  faire  entendre  et  applaudir  de  Louis  Xllt.  Ce 
prince,  grand  amateur  de  musique  et  musicien 
1  ui-même,rut  enchanté  de  l'artiste  dauphinois,dont 
le  jeu,  disait-il,  lui  rappelait  celui  d'un  célèbre 
hautboïste  italien  nommé  Filidori,  venu  de  Sienne 
quelques  années  avant,  et  qui  l'avait  charmé.  De 
là  le  nom  de  Philidor  ajouté  à  celui  de  Danican. 

Nous  avions  déjà  douté  de  l'authenticité  de 
cette  anecdote,  et  un  nouvel  examen  des  docu- 
ments en  noire  possession  nous  donne  à  penser 
que  si  le  fond  paraît  vraisemblable,  il  n'en  est 
pas  de  même  des  détails.  Ainsi,  les  actes  que 
nous  avons  trouvés  concernant  Michel  Danican 
sont  datés  de  1031  et  de  1659,  éjioque  de  sa 
mort,  et  le  nom  de  Philidor  n'y  figure  pas.  D'au- 
tre part,  Jean  Danican  est  simplement  désigné, 
(kuis  les  actes  de  naissance  ou  île  moit  de  trois 
de  ses  enfants  en  1049  et  en  1057,  sous  son  nom 
patronymitiue  sans  l'addition  de  celui  de  Philidor. 
C'est  seulement  dans  son  brevet  de  litre  du 
roi,  daté  du  6  mars  1059,  qu'il  est  nommé  Jean 
Danican  dit  /'/(///tZor.  Depuis  lors,  tous  les  Dani- 
can, sauf  Michel  F'',  ont  porté  le  môme  surnom.  Il 
semble  résulter  de  ceci   que  si    l'anecdote  est 


PHILIDOR 


333 


vraie,  il  faudrait  l'appliquer  à  Louis  XIV  et  à 
Jean  Danican,  et  non  à  Michel  et  à  Louis  XUl, 
mort  en  1643.  Mais  ne  serail-ii  pas  plus  simple 
de  croire  que  Jean  Danican,très-sobre  et  nebuvant 
que  de  l'eau,  fut  appelé  Philidor  \^^ir  un  éniiVit 
du  temps  ?  Enfin,  laissant  dans  le  doute  la  raison 
qui  valut  aux  Danican  un  surnom  d'une  euplio- 


nie  passablement  heureuse,  s'appliquant  à  des 
musiciens,  et  sans  disserter  sur  le  degré  de  pa- 
renté existant  entre  Michel  et  Jean,  nous  éta- 
blissons comme  il  suif,  et  d'après  des  données 
positives,  le  crayon  généalonique  des  musiciens 
du  nom  de  Danican-Philidor. 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE 
DES  MUSICIENS  DE  LA  FAMILLE 

DANICAN-PHILIDOR. 


ANDRE 

(lit   l'aliii' 


M.  1730 


JEAN 


M.  1679 


JACQUES  I 

dit  Je  cadet 
N.  1657 
M.  1708 


ALEXANDRE 


l"lit. 

2'^  lit. 

ANNE 

MICHEL  II 

FRANÇOIS  I 

FRWÇOIS 

N.  1681 

N.  1683 

N.  1689 

A\DRE 

M.  1728 

>-.   1726 
M.  1795 

PIERRE 

X.    1681 
M.  1731 


JACQUES  II 

N.   1686 
M.  1709 


FRANÇOIS  II 

N.  1695 
M.  1726 


NICOLAS 

N.  1699 
M.  1769 


Philidor  (Michel  (I)  Damcan'  F'').—  Un  par- 
chemin, appartenant  à  la  famille  Philidor,  nous 
apprend  que  Michel  fut  reçu  «  en  l'estat  et  char- 
ge de  joueur  de  quinte  de  cromorne  et  trom- 
pette-marine de  la  Grande-Écurie  le  31  juil- 
let 1651.  »  Michel  n'exerça  pas  longtemps  cette 
charge  ;  il  mourut  à  la  fin  d'août  de  l'année  1659. 


(1)  Malgré  l'opinion  émise  plus  haul  et  d'après  laquelle 
Michel  l*--  Danican  n'aurait  pas  porté  le  nom  de  Philidor, 
le  lecteur  comprendra  que  nous  le  fassions  néanmoins 
ngurer  Ici  parmi  les  membres  de  la  famille. 


Sa  place  fut  promise  par  brevet,  le  10  septembre 
suivant,  au  fils  de  Jean,  nommé  André. 

Philidor  (Jean  Danican-).  —  Cet  artiste 
n'est  mentionné  par  aucun  auteur,  et  cependant, 
si  son  talent  modeste  ne  lui  valut  pas  une  gi-ande 
réputation,  son  nom  méritait  néanmoins  d'être 
conservé,  puisqu'il  fui  le  père  et  le  grand-père  des 
plus  célèbres  parmi  les  Philidor.  Le  6  mars  1659, 
il  succéda  à  Noël  Diiy,  dit  Regnaud,  comme 
phiphre  de  la  Grande-Écurie;  mais  il  avait 
sans  doute  la  survivance  de  cette  charge  depuis 
quelques  années,  car  l'acte  de  baptême  d'un  de 


33-4 


PHILIDOR 


ses  enfants,  Jacques,  né  le  5  mai  1057,  le  qiia- 
liGait  déjà  du  tilre  de  musicien  du  roi. 

Jean  Pliilidor  jouait  du  tambour,  du  fifre,  du 
Laull)ois  cl  du  cromorne  ;  il  remplit  ces  divers 
emplois  à  la  cour  et  occupait  encore,  lors  de  sa 
mort,  la  place  de  dessus  de  cromorne  et  trom- 
pette-marine de  la  Grande-Écurie.  Il  compo.sa 
quelques  airs  de  danse  qui  se  trouvaient  dans 
le  25'  volume  de  la  collection  due  à  son  fils 
André,  volume  aujourd'hui  disparu. 

Jean  avait  épousé  Jacqueline  Goudière,  et  eut 
une  nombreuse  famille.  Trois  de  ses  fils  embras- 
sèrent la  carrière  musicale.  Il  mourut  à  Paris 
le  8  se[itenibre  1G79,  et  fut  inhumé  au  cimetière 
des  Saints-Innocents. 

PniLmoR  {André  Dainican-).  —Malgré  nos 
recherches  .les  plus  minutieuses,  il  nous  a 
été  impossible  de  trouver  la  naissance  d'André,  et, 
quoiqu'il  soit  dit  dans  son  acte  de  décès  qu'il  mou- 
rut le  11  août  1730,  «  âgé  de  soixante-dix-huit 
ans  ou  environ,»  ce  qui  reporterait  sa  naissance 
de  1650  à  1652,  nous  pensons  cependant  qu'il 
naquit  vers  1047.  En  effet,  des  notes  biogra- 
phi([ues  laissées  par  son  petit-fils,  en  lui  donnant 
l'âge  de  soixante-treize  ans  lors  de  son  second 
mariage,  qui  eut  lieu  vers  1719,  permettent  d'au- 
tant plus  de  croire  à  celte  date,  qu'il  est  pro- 
bable qu'il  avait  au  moins  douze  ans  lorsqu'on 
lui  promit,  le  10  septembre  1659,  ainsi  que  nous 
l'avons  dit,  la  place  de  son  parent  Michel,  qui 
venait  de  mourir. 

C'està  Bordeaux,  le  12  octobre  1659,  que  le  roi 
signa  le  brevet  en  bonne  et  due  forme  par  lequel 
André  succédait  à  Michel  I"  comme  quinte  de 
cromorne  et  trompette-marine  de  la  Grande-Écu- 
rie. Pour  le  distinguer  de  son  frère  Jacques,  dit 
le  cadet,  reçu  également  musicien  de  la  cour 
quelques  années  plus  tard,  on  l'appelait  Pliili- 
dor l'aîné.  Il  se  maria  jeune  et  épousa  Margue- 
rite Monginot,  de  laquelle  il  eut  seize  enfants 
d'après  les  actes  de  naissance  que  nous  avons 
été  à  même  de  consiiller,  et  ceci  sans  préjudice 
des  cinq  autres  enfants  qu'il  eut  de  sa  seconde 
femme,  et  peut-être  aussi  de  ceux  dont  les  actes 
de  baptême  nous  seraient  restés  inconnus. 

Sa  place  à  la  cour  n'était  point  une  sinécure  ; 
car,  soit  que  le  travail  ait  été  un  goiit  naturel 
chez  lui,  soit  qu'il  ait  été  stimulé  [jar  les  obliga- 
tions que  lui  imposait  sa  nombreuse  famille,  il 
est  certain  qu'il  mena  une  vie  occupée  et  labo- 
rieuse. Aussi  son  nom  se  rencontre-t-ii  souvent 
dans  les  étais  delà  maison  du  roi.  Il  fut  liaid- 
bois,  basse,  dessus  et  quinte  de  cromorne  et 
trompette-marine,  basson  et  lamhdiir,  faisant 
partie  en  même  temps  de  la  musique  delà  Gran- 
de-Écurie, de  celles  de  la  chambre  et  de  la  cha- 


pelle. C'est  comme  basse  de  cromorne  qu'André 
servit  à  la  chapelle  du  roi.  Le  son  de  cet  ins- 
trument venait  renforcer  celui  du  basson  et 
du  serpent  ;  Laborde  avait  donc  raison  de  dire 
qu'on  l'employait  pour  soutenir  les  choeurs 
dans  les  cérémonies  religieuses  de  la  cour,  et 
Fétis  a  eu  tort  d'écrire  que  cette  assertion  était 
vide  de  sens,  parce  que,  suivant  lui ,  les  cro- 
morues  ne  servaient  que  dans  la  musique  de 
la  cavalerie  (!). 

André,  remplissant  de  si  nombreux  emplois, 
se  multipliait  donc  dans  toutes  les  circons- 
tances ;  il  fut  encore  chargé  par  Louis  XIV,  à 
différentes  fois  et  en  compélilion  avec  LuUy,  de 
composer  des  airs  militaires  pour  les  mousque- 
taires, les  dragons  et  autres  gardes  du  corps. 
Exécutant  assez  habile  sur  le  basson,  il  joua 
souvent  des  solos  de  sa  composition  devant  le 
roi,  qui  se  plut  à  lui  donner  des  preuves  du 
plaisir  qu'il  prenait  à  l'entendre,  et  de  la  justice 
qu'il  rendait  à  son  dévouement  pour  son  service. 
Dans  les  séances  particulières  de  musique 
ayant  lieu  à  la  cour,  il  était  le  partenaire  de  Cou- 
perin,  Duval,  Alarius  et  Dubois. 

INIais  André  ne  fut  pas  seulement  un  virtuose 
sur  le  basson  ou  sur  le  hautbois  ;  ses  aspirations 
de  compositeur  ne  portèrent  pas  exclusivement 
non  plus  sur  la  composition  de  marches,  de  re- 
traites, dégénérâtes,  de  sonneries  de  trompettes, 
de  batteries  de  tambour,  de  descentes  des  aruies 
pour  fifres  et  hautbois,  d'airs  et  de  duos  pour 
le  basson  et  autres  instruments  ;  il  tenta  aussi 
quelques  excursions  dans  le  genre  lyrique,  et  s'es- 
saya dans  la  musique  dramatique.  Il  fit  repré- 
senter devant  la  cour,  le  16  juillet  1687,  un 
opéra-ballet,  le  Canal  de  Versailles,  puis,  en 
1688,  il  composa  la  musique  d'un  divertisse- 
ment dansé  devant  monseigneur  le  grand  Dau- 
phin. Ce  divertissement,  le  Mariage  delà  Cou- 
ture avec  la  Grosse  Cathos,  était  une  mascarade 
assez  triviale,  ainsi,  du  reste,  que  son  titre 
l'indi([ue  suffisamment.  Nous  en  avons  lu  la  mu- 
sique avec  plaisir  ;  elle  est  franche,  bien  rhy  thmée, 
mais  sans  grande  originalité.  Le  roi,  devant  qui 
ce  divertissement  l'ut  représenté,  ordonna  qu'on 
en  fît  la  copie,  et  qu'une  somme  de  cent  livres 
fût  versée  à  cet  effet  au  compositeur. 

André  fut  aussi  l'auteur  de  l'opéra-ballet  la 
Princesse  de  Crète,  et  d'un  certain  nombre  de 
petites  pièces  en  musique  qui  s'exécutaient  chez 
le  roi,  dans  l'intimité  et  sans  grand  apparat.  Nous 
.sommes  sur  que  la  Hfascarade  des  Savoyards 
et  celle  du  Rnij  de  la  Chine,  représentées  à 
Marly  en  1700,  étaient  de  sa  composition,  et 
nous  supposons  fort,  sans  cependant  l'affirmer, 
qu'il  fut  aussi  l'auteur  des  mascarades  suivantes, 


PHILIDOR 


335 


jouées  vers  ia  môme  époque  :  fa  iVoce  de  vil-   . 
loge,  les  Amazones,  le  Lendemain  de  la  noce,  i 
le  Vaisseau  marchand,  le  Jeu  des  échecs  et 
la  Fête  d'Arcueil. 

Mais  le  talent  de  Phi'.i<]or  laiiië,  en  tant  que 
compositeur,  n"eut  pas  de  son  temps  un  grand  re- 
tentissement, et  il  est  peu  probable  que  sa  réputa- 
tion comme  tel  se  relève  de  l'oubli  où  on  l'a  laissée 
jusqu'à  présent.  Il  n'en  sera  pas  de  même  du  ser- 
vice qu'il  a  rendu  à  l'histoire  de  la  musique  en 
s'appliquant,  comme  il  le  lit,  à  diriger  et  à 
augmenter  la  bibliothèque  musicale  du  roi 
Louis  XIV.  Cette  collecUon,  qui  porte  son  nom 
désormais,  est  et  restera  longtemps  un  monu- 
ment précieux  pour  les  annales  de  la  musique. 
Nous   croyons   devoir  en  parler  ici  avec  détail. 

La  garde  de  la  bibliothèque  de  musique  de  la 
cour  était  confiée  à  François  Fossard,  violoniste 
de  la  chapelle  et  de  la  chambre  ;  mais  cet  artiste 
étant  trop  occupé  pour  remplir  sa  charge  à  lui 
seul,  on  lui  adjoignit  un  collaborattur.  Sur  la 
recommandation  de  M.  leducdeNoailles,qui  avait 
donné  plusieurs  fois  à  André  des  preuves  de  sa 
haute  et  puissante  protection,  ce  fui  lui  qui  obtint 
cette  place.  Sa  nomination  eut  lieu  en  168i,  et, 
sans  perdre  un  instant,   le    nouveau   bibliothé- 
caire se  mit  à  l'œuvre.  Peu  de  temps  après,  Fos- 
sard, qui  s'était  borné  à  copier  ou  à  faire  copier 
les  opéras  et  ballets  formant  le   répertoire  cou- 
rant   des  représentations   de  la   cour,    sembla 
vouloir  abandonner  la  direction  de  la  collection 
royale,  et  s'effaça  à  peu  près  tout  à  fait  devant 
l'initiative,  le  zèle  et  l'activité  de   son  collègue. 
André  Philidor  comprenait  sa  mission  autrement 
que  Fossard,  et  agrandit  considérablement^    de 
lui-même,  le  programme  suivi  par  celui-ci  (1). 
Il  coUigea  d'abord  la  musique  des  anciens  bal- 
lets dansés  à  la  cour  de  France  depuis  Henri  lli 
jusqu'à  Louis  XIV,  y  ajouta  les  opéras  de  Lully 
et  ceux  de  quelques  autres  compositeurs;  puis, 
de  même  qu'il  y  avait  intercalé   des    vieux  airs 
de  danse,  des  branles,   des  gaillardes,    des  pa- 
vanes et   sarabandes    remontant  au    règne   de 
François  r%  des  morceaux  divers,  composés  par 
Constantin  et  Dumanoir,  rois  des  violons,  par 
Mazuel,  Couperin,  Chancy.etc,  etc.,  ou  par  quel- 
ques grands  seigneurs  de  la  cour,  des  marches 
et  batteries  de  tambour,  des  airs  de  fifres,  de 
trompettes  et  de  timbales,  pour  les  carrousels,  des 
fanfares  de  trompe,  composées  pour  les  chas- 
ses royales,  il  y  joignait  encore  des  morceaux  de 
musique  religieuse,  qui  s'exécutaient  à  la  cha- 
pelle du  roi,  depuis  les  temps  les  plus  reculés, 
ainsi  que  les  messes  et  motets  des  musiciens 

(Il  Le  nom  de  Fossard,  qui  figurait  à  côté  de  celui  de 
Philidor  dans  plusieurs  lettres  adressées  au  roi  et  placées 


contemporains,  compositeurs  de  la  musique  de 
Louis  X1V\ 

On  le  voit,  une  telle  collection,  comprenant 
un  nombre  de  volumes  considérable,  offrait  un 
grand  intérêt  pour  riiistoire  de  la  musique  ; 
malheureusement,  l'œuvre  de  Philidor  ne  s'est 
pas  conservée  entière.  Lors  de  la  création  d'un 
Conservatoire  de  musique  à  Versailles,  sous  la 
république.  Bêche,  qui  fut  un  des  plus  actifs  fon- 
dateurs de  cet  établissement,  put  prendre  au 
château  les  livres  de  musique  qui  lui  étaient 
utiles  pour  ses  classes  (t).  11  en  eut  personnelle- 
ment le  plus  grand  soin,  car  il  signalait  au  comi- 
té de  l'instruction  publique  la  nécessité  de  con- 
server ces  œuvres,  infiniment  précieuses,  disait- 
il,  pour  l'art  musical  ;  mais  il  faut  croire  que 
(juelques  professeurs  ou  élèves  ne  partagèrent 
pas  son  respect  pour  ces  vieux  manusciits  :  aussi, 
(ju'il  y  ait  eu  simplement  défauld'ordre  ou  mal- 
versations honteuses,  conséquences  de  l'agitation 
que  les  événements  d'alors  entrainaienl  avec 
eux,  toujours  est-il  que  beaucoup  des  volu- 
mes qui  composaient  cette  riche  collection  dis- 
parurent (2).  Ces  dilapidations  de  l'œuvre 
d'André  Philidor  ne  devaient  pas,  hélas  !  être  les 
seules  à  déplorer,  ainsi  que  nous  allons  le  voir. 

Une  partie  de  cette  collection  fut  donnée  au 
Conservatoire  de  Paris,  l'autre  resta  à  la  Biblio- 
thèque de  Versailles.  Félis  est  un  des  premiers, 
sinon  le  premier,  qui  ait  appelé  l'attention  sur  la 
collection  Philidor,  et  ceci  dans  un  article  de  la 
Revue  musicale  du  mois  d'r.oût  1827.  En  expli- 
quant l'intérêt  que  présentait,  pour  l'histoire  de 
la  musique,  la  partie  de  cette  collection  échue  au 
Conservatoire, Fétis  s'indignait  de  la  perte  de  plu- 
sieurs volumes  détruits  par  un  employé  de  l'éta- 
blissement, et  publiait  les  initiales  du  nom  du 
délinquant,  en  regrettant  qu'il  n'ait  pas  été  puni 
sévèrement  (3).  Il  donnait,  du  reste,  le  nombre 


en  tète  de  quelques  volumes,  a  été  gratté  et  remplacé 
par  des  points.  Il  est  supposable  que  la  suppression  de 
ce  nom  fut  effectuée  par  André  Philidor,  qui  croyait 
avoir  le  droit  d'en  agir  ainsi,  son  collaborateur  n'ayant 
eu  que  peu  de  p  irt  à  la  formation  de  cette  collection. 

(1)  Manuscrits  de  Beêche  faisant  partie  de  notre  col- 
luction. 

(2)  U  s'est  vendu  à  Londres,  le  20  juin  isôS,  sous  le  n"= 
G06  du  catalogue  J.  Wlllkinson,  cinq  volumes  qui  prove- 
naient peut-être  des  vols  commis  sous  la  révohilion.  En 
voici  le  détail  :  Fcstivitatum  omnium  qno  in  Sucello  ré- 
gis christianissimi  celebi-antur  libri  y.  Recueillis  par 
Philidor  l'alsné,  ordinaire  de  ia  Musique  du  Roy,  l'an 
IS91.  —  5  volumes.  «  Splendlde  spécimen  de  calligraphie.  — 
Vieux  marocain  français  bleu,  aui  armes  de  Louis  XI V.  o 

(3)  Cet  employé  s'appelait  Hottin.  Il  se  servait  des  vo- 
lumes de  Philidor  pour  faire  des  cjrtons  avec  lesquels  il 
reliait  d'autres  volumes  Ce  Vandale,  très- ingénieux,  on 
le  voit,  ne   fut  plus  chargé  de  soiijiier  les  livres  ;  on    lui 

1   donna  d'autres  fonctions.  Berlioi  se  vante  de  l'avoir  eu 


336 


PHILIDOR 


des  volumes  disparus,  leur  contenu  et  lours 
numéros  (i'onlie.  Plus  tard,  on  constata  encore 
la  disparilion  de  quelques  autres  volumes  de 
cette  collection,  mais  cette  fois  aucune  initiale 
ne  fut  publiée. 

Quoi  <iu'il  en  soit,  les  débris  de  cette  superbe 
collection  se  trouvent  disséminés  à  la  bibliotbè- 
que  du  Conservatoire  de  Paris,  à  la  bibiioth6(iue 
de  Versailles,  à  la  Bibliotlièque  nationale  et 
dans  quelques  collections  particulières  (1).  Les 
volumes  faisant  partie  des  deux  premiers  de 
ces  dépôts  forment  encore  un  ensemble  de  do- 
cuments de  la  plus  baute  valeur.  Nous  en  avons 
relevé  le  catalogue,  et  nous  espérons,  en  le  pu- 
bliant bientôt,  mettre  les  arcbéologues  musiciens 
à  même  de  consulter  des  œuvres  utiles  à  con- 
naître et  qu'ils  cbercberaient  vainement  ailleurs. 

Pour  pouvoir  mener  à  bien  une  telle  œuvre, 
André  Philidor  (it  preuve  d'une  grande  persévé- 
rance en  poursuivant  presque  sans  interruption, 
et  malgré  le  peu  de  temps  que  devaient  lui  lais- 
ser ses  autres  emplois,  la  tâcbe  tant  soit  peu 
aride  qu'il  s'était  tracée.  Louis  XIV,  habituelle- 
ment bienveillant  pour  les  artistes  de  sa  musique, 
récompensa  son  bibliothécaire  en  lui  faisant  don 
d'un  terrain  situé  rue  du  Bel-Air,  à  Versailles. 
André,  qui  s'était  fixé  danscette  ville  depuis  1683, 
fit  bâtir  une  maison  sur  ce  terrain,  et  le  roi  té- 
moigna encore  à  son  musicien  de  ses  bonnes  dis- 
positions à  son  égard  en  l'autorisant,  en  1693,  à 
mettre  cette  maison  en  loterie,  faveur  qui  lui 
permit  d'en  retirer  un  plus  haut  pri\  que  celui 
qu'une  vente   par  les  moyens  ordinaires  aurait 

produit. 

Les  raisons  qui  déterminèrent  André  à  sedéfaire 
de  cette  propriété  nous  sont  inconnues,  et  quoi- 
que les  charges  que  lui  imposait  sa  nombreuse 
famille  puissent  donner  à  penser  que  c'est  le 
besoin  qui  l'y  décida,  nous  ne  supposons  pas 
qu'il  en  fût  ainsi.  Il  paraît  avoir  toujours  été  dans 
l'aisance,  et  fut  môme  assez  heureux  pour  pou- 
voir doter  ses  enfants  en  les  mariant.  Ce  fait  est 
constaté  par  un  acte  de  tutelle  des  enfants  mi- 
neurs du  second  lit,  qui  nous  a  été  communiqué 
par  son  arrière-petil-fils. 

On  ne  sait  au  juste  l'époque  à  laquelle  André 
quitta    Versailles    pour  aller    habiter   Dreux-, 

pour  garçon  d'orchestre,  et  dit  qu'il   était  «  le  plus  furi- 
bond parUs.m  de  sa   musique   (!).  » 

(1)  Anilré  Plillldor  m;  dirigeait  pas  seulement  le  bureau 
de  copie  pour  la  musique  royale.  Il  faisait  encore  copier 
dans  son  atelier  des  opéras  et  d'autre  musique  pour  les 
particuliers.  On  trouve  benueoup  de  ces  manuscrits  por- 
tant le  nom  de  /'AiU(/o;/'«ii)i«-,  mais  n'ayurU  pas,  com- 
me les  volumes  de  la  collection  du  roi,  un  l'x  libris  Im- 
primé avec  le  paraphe  de  Philidor,  collé  sur  une  ou  plu- 
sieurs pag«s  de  l'ouvrage. 


toujours  est-il  que  sa  première  femme,  Margue- 
rite Monginol,  étant  morte,  il  épousa,  vers  1719- 
une  jeune  fille,  âgée  seulement  dediv-neuf  ans, 
Elisabeth  LeRoy,  appartenante  une  famille  d'ar- 
tistes dont  plusieurs  membres  firent  partie  de  la 
musique  de  la  cour  (I),  et  que  le   premier   des 
cinq  enfants  qu'il  eut  de  ce  second  mariage,  Jean- 
ne Elisabeth,  naipiit  à  Dreux,  le  11  juin   1720. 
Le  troisième  enfant  de  ce  second  lit,  né  le  7  sep- 
tembre 1726,  fut  François- André,  te  grand  com- 
positeur, le  célèbre  joueur  d'échecs.  Parmi  les 
enfants  nés  de  son  premier  mariage,  il  n'y  en  eut 
que  trois  qui  embrassèrent  la  profession  de  leur 
père,  Anne,  Michel  II  et  François  P"". 

André  était  serviable,  bienveillant  et  d'une 
humeur  enjouée.  Il  vécut  toujours  dans  la  plus 
grande  intimité  avec  les  siens,  et  sut  se  faire 
aimer  et  estimer  de  ses  collègues-,  Fossard,  en- 
tre autres  ,  dont  nous  avons  eu  une   lettre  entre 
les  mains,  se  plaisait  à  reconnaître  l'excellence 
des  rapports  qui  existèrent  toujours  entre  eux. 
Enfin  ,  Philidor  l'aîné,  nommé,  on   s'en  sou- 
vient, musicien  du    roi  en  1659,  figure   dans 
l'Etat  de  la  France  de  1722   comme  vétéran 
de  la  musique  de  la  chapelle  et  n'obtint  sa  vété- 
rance  de  grand  hautbois  de  la  chambre  et  écu- 
rie que  le  15  décembre  1729.  Comme  il  conserva 
jusqu'à     sa    mort,    arrivée    à     Dreux  le     11 
août  1730,  sa  place  de  garde  de  la   Bibliothèque 
de  musique  du  roi,  il  servit  donc  soixante-dix  ans. 
Ce  fut  son  gendre  Schwarsberg,  dit  Lenoble, 
veuf  de  sa  fille  Hélène  et  musicien  de  la  chambre 
et  de  la  chapelle,  qui  lui  succéda  danscette  der- 
nière place   (2). 

Voici  maintenant  quelques  indications  biblio- 
graphiques sur  les  œuvres  d'André  Philidor  : 
Le  Canal  de  Versailles,  opéra-ballet,  1687. 
Partition  ms.  au  Conservatoire  de  Paris  ;  28= 
vol.  de  la  collection  Philidor  in-fol.  —  Le  Ma- 
riage de  la  Couture  avec  la  Grosse  Cathos, 
opéra-ballet,  1688.  Partition  ms.  au  Conser- 
vatoire de  Paris  ;  5i*  vol.  collection  Philidor  in- 
fol.  La  danse  y  est  notée.  Autre  exemplaire  in- 12 
obi.  à  la  bibliothèque  de  l'Arsenal.  Ce  dernier 
volume,  aux  armes  de  Louis  XIV,  est  la  copie 
pour  laquelle  André  reçut  cent  livres  d'ordre 
du  roi.  —  La  Princesse  de  Crète  , opéra-ballet. 
Celte  partition  formait  le  25^  vol.  de   la  coll. 


(I)  Richer  père  épousa  une  demoiselle  Le  Roy,  du  con- 
cert de  la  reine  et  n  ùce  d'Elisiibeth.  Dne  fille,  née  de 
ce  mariage,  épousa  plus  tard  son  cousin  Frnn cols- André 
i'hilidor,  ûls  d'André  PhlUdor  l'ainé  et  d'Elisabeth  Le 
l\oy. 

(îl  Ce  Lenoble  eut  plusieurs  enfmta  qui  furent  musiciens 
de  la  cour  comme  lut,  et  par  conséquent  comme  leur 
grand-pérc  André  Philidor. 


PHILIDOR 


337 


Philidor  qui  a  disparu  ;  mais  on  en  trouve  quel- 
ques airs  dans  le  51''  vol.  de  cette  même  collec- 
tion au  Coiiservaloire  de  Paris.  Ce  51'  vol.  con- 
tient encore  des  Trios,  Passe-pieds  et  Menuets 
de  la  comiiosition  d'André.  —  Mascarade  des 
Savoyards,  mise  en  musique  par  M.  Philidor 
l'aine,  ci  représentée  devant  le  Roy  à  Marly. 
Paris,  Baliard,  1700,  in-4°.  —  Mascarade  du 
Roy  de  la  Chine,  ibid.  —  Nous  ne  connaissons 
ces  deux  pièces  que  par  les  livrets  imprimés  fai- 
sant partie  de  notre  collection.  Quant  aux  autres 
mascarades  citées  plus  haut,  nous  avons  dit,  sans 
rien    aflirmer,   que  nous  les   supposions  d'An- 
dré   Philidor.  —   Suite  de    danses  pour  les 
violons  et  hautbois  qui  se  jouent  ordinaire- 
ment chez  le  Roy,  recueillies,  mises  enordreet 
composez  lu  plus  grande  partie  par  Philidor 
Vaine.  Livre  premier.  Paris,  liallard,  1699,  in-4° 
obi.  (Bibl.  nat.).  On  y  voit  des  compositions  de 
M'""  la  ducliesse    de  Boui'gogne  et  de   M"''=  la 
Dauphine,  avec  des  basses  de  Pliilidor.   —  Un 
catalogue  de  Baliard,  de  1718,    indique  comme 
ayant  été  publiés  :  un  livre  de  Trios  recueillis 
par  Philidor  le  père,  ainsi  que  le  deuxième 
livre  d'Airs  des   Bals  du  Roy,    recueillis  par 
le  même.  Nous  n'avons  pas  trouvé  ces  œuvres. 
—  Pièces  à  deux  basses  de   viole,  basse   de 
violon  et   basson,  composez  par  M.  Philidor 
faisîié,  ordinaire  de  la  musique  du  Roy  et  l'un 
des  deux  gardiens  des  livres    de  musique  de 
Sa    Majesté,  dédiez   au  Roy;  1700,  in-4°o!)l. 
gravé.  (Bibl.  Conserv.  Paris).  — Pièces  de  trom- 
pettes et  t imballes,  1"  livre,  par  M.  Philidor 
l'aisné,  ordinaire  de  laMusiquede  la  chambre 
et  de  la  chapelle  du  Roy  ;  Paris,  Baliard^  1C85, 
in-12obl.  (Collection  Weckerlin).  — Partition  dç 
plusieurs    marches  et  batteries  de  tambour 
tant  françaises  qu'étrangères,  avec  les  airs 
de  fifres    et  de  hautbois,    etc.,  etc.    Grand 
in-fol.  MS.    (bibl.  de    Versailles).    Ce    volume 
contient  une  quantité  de  compositions   d'André, 
de  son  frère  Jacques,  de  son  lils  aîné  Anne  et  de 
son  neveu  Pierre,  pour  tambours,  lifres,  hautbois 
et  timbales.  Kastner  a  reproduit  quelques-uns 
de  ces  morceaux  dans  son  Manuel  général  de 
musique  militaire. 

Philidor  {Jacques  1er  Danican-).  —  Jac- 
ques, désigné,  ainsi  que  nous  l'avons  vu,  sous 
le  nom  de  Philidor  le  cadet,  pour  le  distinguer 
de  son  frère  André,  naquit  à  Paris  le  5  mai  1657 
et  fut  baptisé  à  Saint-Merry.Il  reçut  le  5  octobre 
1669,  soit  juste  à  l'âge  de  douze  ans  et  cinq  mois, 
sa  nomination  de  fifre  de  la  Grande-Ecurie,  en 
remplacement  de  Claude  le  Bœuf,  décédé,  et 
c'est  à  Charnbord  que  le  roi  signa  son  brevet.  En 
1674,   Jacques  s'intitulait  aubois  du  roy,  au 

BlûGR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.  —  SUPPI,.    — 


baplôme  de  la  fille  ainée  d'André,  Anne-Margue- 
rite, dont  il  était  le  parrain,  et  succédait  le  13 
septembre  1679,  coMune  dessus  de  cromorne  et 
trompette-marine  de  la  Grande-Ecurie,  à  son 
père  Jean,  qui  venait  de  mourir;  il  y  joua  plus 
lard  de  la  quinte  de  cromorne  et  du  hautbois, 
et  fut  reçu  en  1683  à  la  chapelle,  où  il  jouait  in- 
dilléremment  du  basson  ordinaire  ou  du  gros 
basson  à  la  quarte,  à  l'octave.  En  1690,  il  lit  par- 
lie  de  la  musique  de  la  chambre,  en  qualité  de 
basson  du  corps  des  violons  de  cabinet. 

Jacques,  qui  habitait  avec  son  frère  André  à 
Paris  (  rue  Saint-Honoré, proche  le  Palais-Royal), 
quitta  cette  ville  à  la  lin  de  1683,  et  en  même 
temps  que  ce  frère,  pour  venir  habiter  Versail- 
les. Le  roi  lui  lit  don,  à  lui  aussi,  d'un  terrain 
situé  avenue  de  Saint-Cloud,  et  Jacques  s'y  lit 
construire  une  maison  qu'il  laissa  en  héritage  à 
ses  enfants. 

Son  mariage  avec  Elisabeth  Hanique  fut  pres- 
que aussi  fécond  que  celui  d'André,  puisque 
nous  avons  relevé  les  actes  de  baptême  de  ses 
enfants,  au  nombre  de  douze.  11  n'y  eut  que  qua- 
tre de  ses  fils  qui  se  consacrèrent  à  la  musique  : 
Pierre,  Jacques  11,  François  11  et  Nicolas.  Une  de 
ses  filles,  Marie-Jeanne,  épousa  Vignon,  chantre 
de  la  musique  du  loi. 

Philidor  le  cadet  vécut  toujours  avec  son  aîné 
dans  les  liens  de  la  plus  étroite  amitié.  Il  avait 
cédé  la  survivance  de  deux  de  ses  places  à  ses 
lils  Pierre  et  Jacques  ;  mais  il  en  resta  titulaire, 
ainsi  que  de  ses  autres  emplois,  jusqu'à  sa  morf , 
survenue  à  Versailles  le  29  mai  1708. 

11  écrivit,  comme  son  frère,  un  grand  nombre 
de  marches  de  tambour  et  de  timbales  et  d'airs 
de  hautbois  pour  les  gardes  du  corps  ;  ces  com- 
positions se  trouvent  à  la  bibliothèque  de  Versail- 
les, dans  le  curieux  volume  (M.  d.  1)  dont  nous 
avons  parlé.  Jacques  composa  aussi  des  contre- 
danses, menuets,  passe-pieds,  etc. ,  morceaux  que 
son  frère  avait  insérés  dans  les  25'^  et  26'  volu- 
mes de  sa  collection.  Ces  volumes  n'existent 
plus. 

Philidor  [Alexandre  Danican-).  —  Ce 
troisième  lils  de  Jean  fut  reçu  basse  de  cro- 
morne et  trompette-marine  de  la  Grande-Écurie 
le  30  mai  1079  ;  mais  il  n'exerça  pas  longtemps 
celte  charge,  caiil  donna  sa  démission  le  23  sep- 
tembre 1683,  et  fut  remplacé  par  Claude  Royer. 
C'est  tout  ce  que  nous  savons  de  lui. 

Philidor  [Anne  Danican-).  —  Anne  na- 
quit à  Paris  le  11  avril  1681,  et  eut  pour  par- 
rain le  duc  AnnedeNoailles.  Doué  des  meilleures 
disposilions  pour  la  musique,  il  fit  de  si  rapides 
progrès,  qu'à  peine  entré  dans  sa  dix-septième 
année  il  composa  la  musique  d'une  pastorale, 
T.  II.  22 


338 


PHILIDOR 


l'Amour  vainqueur,  qui  fut  représentée  à  la 
cour  en  1 697.  L'année  suivante,  on  représentait  en- 
core à  la  cour  une  nouvelle  œuvre  de  lui,  Diane 
et  Enilijmion,  et  le  roi  lui  lit  donner  cent  livres 
pour  une  copie  de  cet  opéra  (|u'il  lui  offrit  (1). 
En  1701,  on  joua  ;\  Marly  Danaé,  opéra  de  Leno- 
ble,  dont  il  avait  fait  la  musique.  Il  fut  admis 
dans  la  musique  du  roi  en  1702.  Assez,  habile 
exf'cutant  .sur  la  flùie,  il  publia  un  livre  de 
pièces  pour  cet  instrument  en  1712. 

De  uiènie  que  son  prédécesseur,  Louis  XV 
accorda  sa  protection  à  notre  mu.>icien,  et 
celui-ci  en  prolila  pour  fonder  une  institution 
qui  eut  les  meilleurs  résultats  powr  les  proj^rès 
de  la  musique  en  France.  L'Opéra  restant  fermé 
les  jours  de  grandes  fêtes  de  l'Église,  Anne  eut 
l'idée  de  donner,  ces  jours  fériés,  des  concerts 
composés  principalement  de  musique  religieuse 
et  qu'on  appela  concerts  spirituels.  Il  s'entendit 
à  cet  égard  avec  Francine,  directeur  de  l'Opéra, 
en  lui  payant  une  redevance  annuelle.  L'inaugu- 
ration de  ces  concerts  se  lit  aux  Tuileries  le 
18  mars  1725.  Anne  Philidor  donna  la  meilleure 
impulsion  à  sa  création,  et  sut  la  Èondiiire 
de  façon  à  conserver  la  faveur  que  le  public 
lui  accorda  dès  le  commencement.  Il  avait 
pour  associé  un  nommé  Lanoy,  avec  lequel  il 
eut  d'assez  graves  contestations  au  commence- 
ment de  1727.  11  en  résulta  une  inierrupiion 
forcée,  puis ,  en  fin  de  compli',  la  démission  de 
Pliilidor.  Simart  reprit  le  privilège  avec  l'agré- 
menl  du  roi  (1728),  et  s'adjoignit  Mouret  com- 
me chef  d'orcliestre.  Tous  les  deux  passèrent  un 
traité  avec  Gruer,  alors  directeur  de  l'Opéra; 
mais  ce  traité  n'ayant  pas  été  exécuté,  l'admi- 
nistration de  l'Opéra  rentra  dans  ses  droits,  et 
régit  elle-même  les  concerts  spirituels  à  partir 
du  25  décembre  1734. 

Anne  Philidor  mourut  le  8  octobre  1728.  Voioi 
la  liste  de  ses  œuvres  :  L Amour  vainqueur, 
pastorale  (ir.97)  ;  la  musique  a  été  imprimée  par 
Roger,  d'Amsterdam,  et  est  fort  rare.  —  Diane 
et  Endy>nion{lG98),  partition  manuscrite  à  l'Ar 
senaleldans  noire  collection.  —  Danaé,  opéra 
mis  au  Ikcdire  par  Lennblc  et  en  musique 
par  Anne  Philidor,  Can  1701.  Livret  manuscrit 
à  la  Bibliotlièque  nationale.  —  Premier  livre  de 
pièces  pour  1(1  Jl aie  iraversière,  llùte  à  liée, 
violons  et  liuulOois  avec  la  busse  continue, 
composées  par  M.  Philidor  fils  aîné,  1712. 
—  Te  Deum,  mutet  à  4  voix  et  chanté  sur  mer 


(1)  Ce  volume,  pt'lit  in-iî  oblOTiK,  rellC-  l'ii  ni:iri)(|iiiii 
rouRC  avec  laigis  denlcllci  et  armes  du  roi  sur  les  [il.its, 
fait  partie  de  noire  collecUon.  Il  est  exaeteiiieiit  sem- 
blable au  Marutçe  de  la  Couture  d'André  l'Iiilidur  que 
possède  la  blblloll)èque  de  l'Arsenal. 


devants.  A.  S.  Monseig.  l'Amiral.  Manuscrit 
à  la  bibl.  du  Conservatoire  de  Paris.  Le  volume 
de  la  l)ibliotliè(|ue  «le  Versailles,  M.  d.  1,  contient 
diverses  marches  de  lui.  Les  25*  et  2fi'  volu- 
mes de  la  collection  de  son  père  renfermaient 
divers  morceaux  de  sa  composition. 

PiuLiDOK  {Michel  II  Danican-).  —  Né  à 
Versailles  le  2  septembie  1683,  il  eut  pour  par- 
rain Michel  Richard  de  la  Lande,  maître  de  mu- 
sique de  la  chapelle  du  roi.  Il  fut  timbalier  des 
gardes  du  coips  (compagnie  de  Noailles),  et 
succéda  à  Claude  Babelon  comme  timbalier  des 
plaisirs  du  roi. 

PniLiDoit  [François  /«''  Danican-).  —  Fran- 
çois naquit  à  Versailles  le  17  mars  1689.11  fut 
reçu  en  1708  basse  de  cromorne  et  trompette- 
marine  de  la  chapelle  royale,  et  en  1716 
hautbois  de  la  chambre  et  de  la  Grande-Ecurie. 
François  jouait  de  la  flûte  avec  talent,  et  a  laissé 
deux  livres  de  pièces  pour  cet  instrument. 
Le  second  de  ces  livres,  publié  en  1718,  et  por- 
tant au  titre  ces  mots  :  «  par  feu  M.  Philidor,  » 
indique  qu'il  mourut  cette  même  année  ou  la 
précédente.  Fétis  a  cru  qu'il  avait  existé  une 
demoiselle  Philidor,  du  nom  de  Fanction,  mais 
il  a  fait  erreur  :  c'est  François  qui,  d'une  com- 
plexion  délicate,  était  appelé  Fanchon  dans  sa 
famil  e.  Voici  les  titres  de  ses  deux  livres  de  piè- 
ces pour  flûte  :  Pièces  pour  la  Jliile  Iraversière, 
qui  peuvent  aussi  se  jouer  sur  le  violon,  par 
M.  François  Philidor,  etc.;  Paris,  1710,  in  4° 
obi.  —  Pièces  pour  la  Jlûle  iraversière  et  pour 
le  violon,  par  feu  M.  Philidor.  Livre  deuxiè- 
me, Paris,  1718,  in-4"  obi. 

Philidor  [Pierre  Danican-).  —  Pierre, 
né  à  Paris  le  22  août  1081,  montra  des  dis|)osl- 
tions  non  moins  précoces  que  son  cou>in  Anne, 
venu  au  monde  quelques  mois  avant  lui  et  sous 
le  même  toit.  Tous  les  deux  firent  leurs  études 
musicales  ensemble,  dirigés  par  les  deux  frères, 
leurs  parents.  Les  progrès  de  Pierre  ne  furent 
pas  moins  rapides  que  ceux  de  son  cousin,  puis- 
que, comme  ce  dernier,  il  fit  représenter,  à 
Marly  et  à  Versailles,  en  1697,  une  Pastorale 
dont  il  avait  composé  la  musique.  Il  fut  reçu 
h.iutnois  de  la  Ciande-Ecurie  à  cette  époque, 
puis  iMulbois  de  la  Gliapolle  en  1704,  enfin 
llùtiste  delà  chambre  en  1712,  et  joueur  do 
viole  le  10  janvier  1716. 

pierre,  qui  était  habile  flûtiste,  a  laissé  trois 
livres  de  iluos  et  de  pièces  diverses  pour  flûte, 
hautbois  et  violon,  reunis  en  un  seul  volume 
dans  une  seconde  éilition,  vl  un  livre  de  trios  poul- 
ies mômes  instruments.  Après  la  mort  de  son 
père,  il  lut  iiDiiimé  tuteur  de  ses  frères  et  sœurs, 
et  Louis  MV   lui  fit  don  de  deux  terrains   à 


PHILIDOR 


339' 


Versailles.  Il  mourut  le  1"  septembre  1731. 
Voici  la  liste  de  ses  œuvres  :  Pastorale,  1697. 
Manuscrit  à  la  bibliothèque  de  Versailles.  — 
Premier  œuvre,  contenant  3  suites  à  deux 
flûtes  traversières,  etc.,  Paris,  1717,  111-4" 
obi.  —  Deuxième  œuvre,  contenant  2  suites 
à  deux  flûtes  traversières,  etc.,  Paris,  1718, 
in-4  obi.  —  Troisième  œuvre,  contenant  1 
suite  à  deux  flûtes  traversières,  etc.,  Paris, 
1718,  in-4"  obi.  La  seconde  édition,  sous  la  date 
de  1718,  renferme  ces  trois  œuvres  sous  un  seul 
et  môme  titre.  —  Trio,  premier  œuvre,  conte- 
nant ()  suites,  par  M.  P.  Philidor,  etc.,  Paris, 
sans  date,  in-4''  obi.  Le  volume  de  marches  de 
Versailles  contient  quelques  petits  airs  de  sa 
^ompo^ilion. 

Philidor  [Jacques  II  Danican-),  —  Jac- 
ques naquit  à  Versailles  en  1689,  succéda  à  son 
pèie  dans  la  place  de  hautbois  de  la  ch.imbre,  et 
lut  aussi  tambour  et  fifre  de  la  Grande-Ecurie. 
Comme  timbalier  du  duc  d'Orléans,  il  accompa- 
gna les  troupes  françaises  en  Espagne,  et  mou- 
rut à  Pampelune  le  25  juin  1709. 

PniLiDOR  [François  II  Danican-)  —  Né 
à  Versailles  en  1695,  il  fut  reçu  hautbois  de  la 
chambre  et  de  la  Giaude  Ecurie  en  1716,  et 
mourut  le  27  octobre  1726. 

Philidor  [Nicotas  Danican-).  —  Nico- 
las vint  au  monde  à  Versailles,  le  3  novembre 
1699.  Il  succéda,  comme  hautbois  de  la  Grande- 
Ecurie  et  coinme  joueur  de  viole  de  la  chambre, 
à  son  frère  Pierre,  et  fut  nommé  serpent  de  la 
chapelle  en  1747.  Admis  plus  tard  à  la  vétérance, 
il  mourut  eu  1769. 

Caslil-Blaze,  en  disant  que  les  descendants  des 
Philidor  s'étaient  voués  à'  la  bijouterie,  a  con- 
fondu les  Danican  Philidor  avec  une  autre  famil- 
le du  nom  de  PhiUsdor.  Sciulo,  également,  a 
prétendu  qu'un  artiste  qu'il  avait  connu  à  Ven- 
dôme apparienaità  la  famille  de  nos  musiciens, 
mais  il  se  trompait  ;  son  prolésé  ne  s'appelait 
pas  Danican  et  signait  :  Phylidor. 

Er.  t. 

*PHILIDOR  (Fbançois-André  DAIVI 
CA1\).— Surce  grand  artiste,  qui  mérite  d'être 
place  au  premier  rang  des  musiciens  français, 
j'ai  publié,  dans  la  Chronique  musicale  (1874- 
1875),untravail  très-étendu,accompagné|de  musi- 
que, de  portiaitset  d'autographes,  dans  lequ»il  j'ai 
rectifié  nombre  d'erreurs  et  révélé  beaucoup  de 
faits  restés  jusqu'à  ce  jour  inconnus.  Je  renvoie  à 
ce  travail  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'exis- 
tence laborieuse  et  à  la  carrière  remarquable  de 
Philidor.  Je  me  bornerai  à  dresser  ici,  dans  sou 
entier,  la  liste  exacte  de  ses  œuvres,  celles  qui 
ont  été  données   jusqu'ici  étant  toutes  fautives 


ou  incomplètes.—  Musique  dramatique.  1°  Biai- 
se le  Savetier    (un    acte,    Opera-Comique,  9 
mars  17o9i,- 2"  C  Huître  elles  Plaideurs  (un 
acte,  id.,  17  septembre  1759);  Z"  le  Quiproquo 
ou  te  Volage  fixé  (Comédie-Italienne,  6  mars 
1760)  ;  4"  le  Soldat  magicien   (un  acte,  Opéra- 
Comique,  14  août  1760)  ;  5°  te  Jardinier  et  son 
Seigneur  (un  acte,  id.,  18  février  1761);  6°  le 
Maréchal  ferrant  (2  actes,  id.,  22  août  1761)  ; 
7"    Suncho-Pança   dans  son    isle   (un  acte, 
Comédie-Italienne,  2  juillet  1762)  ;  8°  leBùche- 
ron  oMiles  Trois  Souhaits  (un  acte,  id.,  28  février 
1763)  ;  9°  les  Testes  de  la  Paix  (un  acte,  id.,  4 
juillet  1763)  ;  10°  le  Sorcier  (2  actes,  id.,  2  jan- 
vier 1764)  ;  H°  Tom  Jones  (3  actes,  id.,  27  fé- 
vrier 1765)  ;  12"  Ernelinde,  princesse  de  Nor- 
îoég-e  (3  actes,  Opéra,    29  novembre  1767;  re- 
pris avec  des  changements,  sous  le  titre  de  San- 
domir,  prince  de  Danemark,  le  24  janvier  1769  ; 
refait  en  grande  partie,  mis  en  5    actes,  et  joué 
sous  cette  nouvelle  forme  à  Versailles,   devant 
la  cour,  le  11  décembre  1773,  et  à  l'Opéra  le  8 
juillet  1777)  ;  13"  le  Jardinier  de  sidon  (2  ac- 
tes,   Comédie-Italienne,    18  juillet    1768);  14° 
l'Amant  déguisé  ou  le  Jardinier  supjjosé  (un 
acte,  id.,  2  septembre  1769);    15"  la   Nouvelle 
Ecole  des  Femmes  (3  actes,  id.,  22  janvier  1770); 
16"  le  Bon  Fils  (un  acte,  id.,  11  janvier  1773); 
17°  Zemireet  Mélide  (2  actes,  Fontainebleau, 
devant  la  cour,  30  octobre  1773,  non  joué  à  Pa- 
ris) ;  18"  Berthe  (3  actes,  en.'société  avec  Gossec 
et  Botson,  Bruxelles,  18   janvier    1775);  19° /fis 
Femmes    vengées  (1  acte,    Comédie-Italienne, 
20  mars  1775)  ;  20°    le  Puits  d'amour  ou   les 
Amours  de  Pierre  le  Long  et  de  Blanche  Bazu 
(im  acte,  théâtre  des  Petits  Comédiens  du  bois 
de  Boulogne,  1^'   mai  1779);  21°  Persée  (3   ac- 
tes. Opéra,  27  octobre  1780)  ;  22°  l'Amitié  nu 
village    (3  actC'j,     Coméilie-Italienne,   31  août 

1785)  ;  23°  Thémistocle  (3  actes.  Opéra,  23  mai 

1786)  ;  24°  la  Belle  Esclave  (théâtre  des  Beau- 
jolais, 18  septembre  1787)  ;  25°  le  Mari  comme 
il  les  faudrait  tous  (id.,  1788);  26°  Belisairet 
ouvrage  posthume  (  3  actes,  dont  le  dernier  fait 
par  Beiion,  théâtre  Favarl,  4  octobre  1796)  ; 
27°  et  28°  Alcesie  ,el  Protogène,  ouvrages  non 
représentés,  et  sans  doute  restés  inachevés  (I).  — 


(i)  Phtlidoi"  a  écrit  quelques  morceaux  de  chant  pour 
les  Pèlerins  de  lu  Mecque,  lors  d'une  reprise  qui  fut 
f^iite  de  celte  pièce  a  rOpt^r.i-Cociiique;  il  a  fait,  avec 
(luelqiies  autres  compositeurs,  la  mu'îiqiie  de  la  liosiére 
de  Sulenci/,  donnée  à  ta  Comédie- Malienne  en  176»; 
on  lui  Ilot  aussi  ccile  l'un  petit  opéra-ballet  en  un 
:<ctr,  le  Hetoiir  du  printemps,  qui  tut  repés.n'é  cher 
M.  Ttiirou  d  Eperseiine,  receveur  général  des  finances, 
au  mois  de  décembre  i766  (v.  à  ce  sujet  le  nicraire  de 


340 


PHILIDOR  —  PHILLIPS 


Musique  religieuse.  Xawrfa  Jérusalem,     motet 
exécuté  au  Concert  spiiitucl  le  2  février  17dû; 
Messe    exécutée  à    l'Oratoire     en    17G6,    pour 
l'anniversaire  de  la  inorl de  Rameau;  Te  Deum, 
exécuté  au  Concert  spirituel  le    15  août    1780; 
plusieurs  motets,  exécutés  au  Concert  spirituel  et 
non  publiés.  —  Musique  divekse.  ^M/7  de  lu 
ModttUdion,  quatuors  pour  un  haut-boy,  deux 
violons  et  basse.  Dédié  à  monseigneur  le  duc 
d'Aycn.  Paris,  l'auteur  ;  Arieltes  pcnodiqucs, 
à  voix  seule,  avec  accompagnement  de  violon 
allô,  basse,  hautbois  et  cors  de  chasse,  et  avec 
un  simple  accompagnement  de  violon  et  basse, 
différent  du  premier,  pour  la  facilite  de  l'exécu- 
tion, gravé  au-dessus  et  au-dessous  de  la  partie 
chantante,   par  MM.  Philidor  el  Trial,   Paris, 
Lachevardière  (ces   arieltes,  qui  paraissaient  de 
quinze  en  quinze  jours,  ont  été  publiées  au  nom- 
bre de  24,  dont  12  de  Trial  et  12  de  Philidor, 
dont  voici  les  titres  :  1"  le  Triomphe  de  la  Jeu- 
nesse; '1°  les  Rigueurs  d'Hortense  ;  3°  le  Père 
de  famille;  4°  le  Printemps  ;  5"  et  5°  bis  le  Poli- 
tique, A  quelque  chose  malheur  est  bon;  6° 
Aux  sons  amoureux  des  muselles  ;  7°  et  7"  bis 
Venés,  venés  sous  ces  bosquets  charmants,  la 
Restitution  ;  8"  la  Vie  champêtre  ;  9°  l'Image 
delà  guerre;  10"  V  Indifférent  ;  11°  l'Amant 
malheureux  ;  12"  la  Bergère  coquette)  ;  l'Eté, 
cantutille  à  voix  seule,  avec  symphonie,  deux 
violons,  alto  et  basse;  six  ariettes  composées  pour 
le  roman  de  Sauvigny  intitulé  Histoire    amou- 
reuse de  Pierre  le  Long  et  de  sa  très  honorée 
dame  Blanche  Bazu,  publiées  à  la  tin  du  vo- 
lume et  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  mu- 
sicjue  faite  par  Philidor  pour  le  petit  opéra  tiré 
de  ce  roman. 

On  a  publié  sur  Philidor  :  1°  Épître  à  M.  A. 
Philidor,  pensionnaire  du  roi,  par  un  citoyen 
ignoré  dans  la  République  des  Lettres,  Paris,  Har- 
douin,  1 78Q,ia-8'';2''Ré/lexions  sur  un  prospectus 
où  l'on  propose  par  souscription  la  partition 
complète  d'Ern^MnàQ,  tragédie  lyrique  mise 
en  musique  par  M.  Philidor,  par  M.  t*****  F, 
s.  I.,  1768,  in-8"  de  15  pp.;  3°  Lettre  à  M.  le 
chevalier  de***,  à  l'occasion  du  nouvel  opé- 
ra {Ernelinde),s.  1.  n.  d.  [1768,  Paris], in-8"  de 
15  pp.  ;  4"  Particularités  inédiles  concernant 
les  œuvres  musicales  deGossec  et  de  Philidor, 
par  M.  Ch.  Piot  (extrait  des /;HWc/<«.srfe  l'Aca- 
démie royale  de  Belgique,  novembre  1875), 
in-8";  ce  petit  écrit  très. substantiel,  relatif  à  un 
opéra  en  3  actes,  Berthe,  écrit  pour  le  théâtre 

lanvItT  1757)  ;  enfin,  Philidor  a  encore  écrit  la  ninsiqiic 
Ui;  plusiiurs  airs  pour  le  Triomphe  du  Temps,  comédie 
de  Legrand,  lors  d'une  reprise  de  cet  ouvrage  qui  fut 
laltc  à  la  Coniédlo-Krançatsc  au  mois  de  février  17C2. 


de  Bruxelles  par  Philidor,  Gossec  et  Bot  son, 

contient  |)lusienrs  li'ttres  de  Philidor. 
PIIILIPOT  (Jlles),  pianiste,  professeur  et 

compositeur,  est  né  à  Paris  le  24  janvier  1824. 
Admis  en  1839  au  Conservatoire,   d'abord  dans 
la  clas.se  préparatoire   de  piano  de  Laurent,  puis 
dans  celle  de  Zimmermann,  il  obtint  un  accessit 
an  concours  de  1842,  le  second  prix  l'année  sui- 
vante, et  le  premier  prix  en  1844.  Il  suivit  aussi 
dans  cet  établissement  le  cours  d'harmonie  et 
accompagnement  de  M.  Bazin,  puis  passa  quel- 
que temps  dans  la  classe  de  composition  de  Ca- 
rafa.  Après  avoir  terminé   ses  éludes,  M.  Pliili- 
pot  se  livra  à  l'enseignement  et  à  la  composition, 
et  se  (it  connaître  par  la  publication  d'un  assez 
grand  nombre  de   morceaux  de  piano  qui  se  dis- 
guaient  par  leur  facture  élégante  et  leurs  bonnes 
qualités  de  style.  Parmi  ses  productions,  je  ci- 
terai surtout  les  suivantes  :  10,Études  de  style, 
op.  30,  34,  37,    41,47,   48,49,    50,    56,61;   10 
Études  de  salon,  0|).  19,21,22,  23,24,  25,20,  29, 
32,  34  ;  3Solos,  op.  15  ;  Album  dhm  voyageur, 
4  morceaux,  op.  81,  82,  83,  84;  6  Grands  Capri- 
ces, op.  1  ;   2  Romances  sans  paroles,  op.  13; 
Sérénade     espagnole,    grande     fantaisie    de 
concert,  op.  80;  Huavila,  berceuse,  les  Gon- 
doliers,  la  Péri,  caprice,   Carillon,  Chasse 
royale,    la   Captive,  la  Chanson  du  mou- 
lin, Chanson  hongroise,   Hortensia,  Marche 
croate,  Barchetta,  souvenir  de  Venise,  Villa- 
néllc,Chantdu  pâtre,  Chanson  d'un  écolier, 
etc. 

Lorsqu'en  1867  un  triple  concours  fut  ouvert 
pour  la  composition  de  trois  ouvrages  destinés  à 
nos  trois  grandes  .scènes  lyriques,  M.  Pliilipot 
songea  à  se  mettre  sur  les  rangs  et  se  présenta  au 
concours  du  Théâtre-Lyrique  avec  un  opéra-comi  ■ 
que  en  un  acte  intitulé  le  Magnifique.  Il  l'em- 
porta sur  tous  ses  rivaux  et  vit  son  œuvre  cou- 
ronnée ;  mais,  par  suite  d'une  foule  de  circons- 
tances, la  représentation  de  celle-ci  ne  put  avoir 
lieu  qu'au  bout  de  neuf  ans,  le  24  mai  187G,  et 
le  Magnifique  ne  parut  pas  mériter  l'honneur 
qu'on  lui  avait  fait.  L'ouvrage  fut  accueilli  froi- 
dement par  le  public  et  par  la  critique,  et  ne  put 
être  joué  plus  de  quatre  fois. 

Outre  ses  morceaux  de  piano,  M.  Pliilipot  a 
|)ublié  de  jolies  mélodies  vocales,  d'un  tour  ai- 
mable et  distingué. 

PHILLIPS  (Henuy),  fameux  chanteur  an- 
glais, dorigine  Israélite,  également  estimé  dans 
les  genres  divers  de  l'opéra,  de  l'oratorio  et  de 
la  ballade,  naquit  à  Bristol  le  13  août  1801.  Sa 
mère,  d'origine  allemande,  chantait,  ainsi  que 
.son  père,  el  tous  deux  appartenaient  au  théâtre 
de  Bristol  et  à  celuide  Bath.  Il  accompagnait  ses 


PHILLIPS  —  PHIPPS 


341 


parents  dans   leurs  tournées  dans  !e  Nord,  et 
lorsqu'il  eut  atteint  sa  neuvième  année,  on  s'a- 
perçut qu'il  avait  de  la  voix.  On  lui  fit  ;dors  étu- 
dier la  musique,  el  pour  la  première  fois  il  pa- 
rut sur  la  scène  à  Harrogale.  Venu  à  Londres, 
il  prit   des  leçons   du  célèbre  chef  d'orchestre 
George  Smart  {Voij.  ce  nom),  et  débuta  au  théâ- 
tre  Haymarket,  puis  hienlôt  chanta   avec  son 
père  à   celui  de  Drury-Lane.   Il  travailla   alors 
avec  Price,  clicf  des  chœurs  de  ce  dernier  théâ- 
tre, el  avec  Leoni  Lee.  Lorsque   l'époque  de  la 
mue  de  sa  voix  fut  arrivée,  il  s'essaya  dans  la 
peinture,  étant  passionné  pour  le  dessin,  et  Ac- 
kermann  l'employa  à  colorier  des  gravures.  Mais 
bientôt  il  s'attacha  à  l'élude  du  piano,  et  lorsque 
sa  voix  eut  acquis  le  beau  timbre   de   baryton 
grave  qui  lui  valut  dans  la  suite  tant  de  succès, 
il  s'engagea  comme  choriste  au  tliéàlre  du  Ly- 
ceum,  là  travailla  avec  le  ténor  Broadhurst,  et 
au  bout  de  deux  ans  se  montra  à  Covent-Garden 
dans  un  opéra  deBishop,  la  Terre  de  Java.  Ce 
fut  peu  après  celte  époque   que  George  Smart 
le  lit  débuter  avec  succès  dans  l'oratorio,  ce  qui 
ne  l'empêcha  pas  d'entrer  comme  première  basse 
auLycenm.  Ce  fui  lui  qui  créa  (20  juillet  1824) 
le  rôle  de  Caspardansle  Freischûtzde  Weber. 
Ce  chef-d'œuvre  fut  d'abord  mal  accueilli,  mais 
bientôt  Phillips  se  mit  à  exécuter,  à  la  fin  de 
chaque  phrase  du  chant  de  son  rôle,  un  pas  de 
danse  imité  des  danses  guerrières  des   Indiens 
d'Amérique,  et  l'on  assure  que  cette  excentricité 
sauva  l'ouvrage  et  assura  son  succès,  ce  qui  n'est 
pas  à  l'honneur  du  public  anglais,  qui  se  prétend 
si  lin  appréciateur  des  choses  musicales. 

Pendant  plusieurs  années,  Phillips  tint  une 
des  premières  places  aux  théâtres  du  Lyceum, 
de  Covent-Garden,  de  Drury-Lane,  puis  se  vit 
engager  pour  tous  les  grands  festivals  de  pro- 
vince, et  bientôt  sa  renommi^e  s'établit  à  tel  point 
qu'il  ne  se  donnait  pas  une  exécution  du  Messie, 
de  la  Création  ou  d'Israël  en  Egypte  sans 
sa  participation,  que  pas  un  programme  de  con- 
cert n'était  complet  si  son  nom  n'y  était  inscrit. 
De  grands  artistes,  tels  queSpohr,  Mendelssohn, 
Neukomm,  écrivaient  des  morceaux  spéciale- 
ment pour  lui,  il  composait  lui-même  des  balla- 
des et  des  songs,  et  faisait  avec  succès  des  lec- 
tures publiques  sur    les  mélodies  hébraïques. 

Dans  sa  longue  carrière  théâtrale,  Phillips  tint 
la  partie  de  basse  dans  la  plupart  des  opéras  des 
compositeurs  anglais  contemporains  :  Balfe,  Wal- 
lace,  Edouard  Loder,  John  Barnett,  Halton, 
MM.  Macfarren,  Jules  Benedict,  etc.,  et  se  voyait 
toujours  reçu  par  le  public  avec  les  marques  de 
la  sympathie  la  plus  vive.  11  fut  moins  heureux 
en  se  produisant  lui-même  comme  compositeur 


dramatique,  et  en  donnant  à  Drury-Lane,  le  22 
avril  1838,  (Jie  Harvest  Qiieen  (la  Reine  de  la 
moisson),  opéra  qui   n'obtint  point  de   succès. 
Les  Anglais    considèrent    Phillips  comme    le 
lien  entre  l'ancienne  école    de  chant  et  l'école  ac- 
tuelle. Aucun  artiste  n'a  plus  fait  que   lui  pour 
populariser  dans  son  pays  les  grandes  o'uvres  de 
Hœndel,  de  Haydn  et  des   maîtres  classiques,  et 
il  a  donné  une  vie  nouvelle  aux  chants  du  vieux 
Purcell,  le   grand  compositeur  national.  Mais  si 
sa  voix  riche,  sympathique  et  puissante,  d'une 
étendue  de  deux  octaves,  brillait  dans  l'oratorio 
et  dans   l'opéra,    Phillips  était  |)articulièrement 
sans  rival  dans  le  genre  de  la  ballade,  et  lorsqu'i 
chanlait.en  s'accompagnant  lui-même  au  piano, 
quelqu'un  de  ces  vieu.v   airs  si   chéris  de    ses 
compatriotes,  il  excitait  littéralement   l'enthou- 
siasme. En   réalité,   il  a  tenu  pendant  quarante 
ans  une  place  à  part,  et  a  joui  d'une  popularité 
exceptionnelle.  Il  quitta  la  carrière   en  1863,  et 
donna  dans  la  salle  Saint- James,    le  25  février 
de  cette  année,  un  concert  d'adieu   auquel   pri- 
rent part  tous  les  artistes  de  renom  qui  se  trou- 
vaient alors  à  Londres.  A  partir  de  ce  moment 
il  ne  chanta   plus  que    par  occasion,  dans  les 
provinces.  Il  s'était  occupé  de  la   rédaction  de 
ses  mémoires  artistiques,  et  les   publia   sous  ce 
titre  :  Souvenirs  personnels  et  musicaux  éti- 
rant un    demi-siècle  (Musical  and  personal 
Recollections  during  halfa  cenittr^),  Londres, 
18114,  2   vol.    in-8°  avec  portrait.   Il  vécut   en- 
suite pendant  quelques  années  àEdgbaston,  près 
de  Birmingham,  et  alla  se  fixer  ensuite  à  Dais- 
ton.  En  1874,  il  vint  h.   Londres  pour  assister  à 
l'inauguration    de  la  statue  de  Balfe,  qui  eut  lien 
le  25  septembre  au  théâtre  Drury-Lane.  Il  mou- 
rut à  Dalston  le  8  novembre  187G. 

PIIILL!PSO]\.(W ),  pianiste  anglais  con- 
temporain, est  l'auteur  d'un  petit  manuel  pu- 
blié sous  ce  titre:  Guide  to  ijoung  piano-forte 
ieachers  and  students  (Guide  des  jeunes  élè- 
ves de  piano). 

PHIPPS  (Alexandre-James),  compositeur, 
organiste  et  pianiste  anglais  contemporain,  fut 
d'abord  élève  de  M.  J.  O.  Smith  au  collège  de 
Cheltenham,  passa  ensuite  deux  aimées  à  l'Aca- 
démie royale  de  musique  de. Londres,  puis  prit 
des  leçons  de  M.  W.  H.  Holmes  et  du  docteur 
Steggall,  maître  de  chœur  à  Oxford.  Devenu  or- 
ganiste à  Birkenhead(1866),à  l'église  Saint-James, 
à  Swansea,  puis  chef  d'orchestre  de  la  Société 
d'oratorio  de  cette  dernière  ville,  il  fut  ensuite 
directeur  d'une  société  dont  le  titre  est  au  moins 
original  :  Société  musicale  de  ceux  qui  parlent 
entre  leurs  dents.  M.  Phipps  s'est  fait  connaître 
par  diverses  compositions,  entre  autres  un  ora- 


342 


PHIPPS  -   PICCHl 


torio  :  les  Dix  Vierges,  plusieurs  antiennes  cl 
(les  mélodies  vocales.  On  lui  doil  aussi  un 
Giiiilf  pour  la  munique. 

PHIPSOi\  (Le  docteur),  est  l'auteur  d'un 
livre  puhlié  sous  ce  titre  :  Biogrnp/iicol  skrt- 
ches  ofcelebrated  violinists  (Esquisses  bio- 
p;rHplii()ue-i  de  violoiiisles  célèbres),  Londres, 
Richard  Beniley,  1877,  in-8".  On  trouve  dans 
ce  volume  des  notices  sur  des  violonistes  de  di- 
vers temps  et  lie  divers  pays-.  Lully,  Coreili, 
The  Bannislers,  Tartini,  Viotti,  Paganini,  Oie 
Bull,  Charles  de  Boriot,  Ernst,   Joachim,  etc. 

PIACEXTIM  ( ),  compositeur  ita- 
lien de  l'époque  actuelle,  a  écrit  la  musique 
d'un  opéra  intilulé  Buondelinonte,  dont  je  ne 
connais  ni  le  lieu  ni  la  date  de  représentation. 

PIACEI\ZA  (Pasquale),  compositeur  ita- 
lien, né  le  16  novembre  1816  à  Casalmontferrat, 
était  destiné  par  sa  famille  au  commerce,  mais 
sut  vaincre  toutes  les  résistances  pour  se  livrer, 
selon  son  désir,  à  l'étude  de  la  musique.  Il  ap- 
prit d'ahonl  à  jouer  de  la  Ih'ife  et  du  basson,  puis 
s'enrôla  comme  musicien  dans  le  3®  régiment 
d'infanterie,  où,  au  bout  de  quelques  années,  il 
devint  chef  de  musique  en  remplacement  d'un 
artiste  nommé  Berna,  qui  lui  avait  enseigné  l'har- 
monie. Son  régiment  ayant  été  placé  en  garni- 
son à  Chambéry,  le  jeune  artiste  compléta  ses 
connaissances  théoriques  avec  Musso,  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  cette  ville.  Ayant 
passé  de  Chambéry  à  Cuneo,  M.  Piacenza  se 
mit  à  écrire  de  la  musique  de  danse,  et  en  IS'i.") 
fit  représenter  un  opéra  sérieux  intitulé  H  Tri 
hinal  SPgreio.TreheHn?,  plus  tard,  en  1858,  il 
donnait  au  théâtre  Rossini,  de  Turin,  un  second 
ouvrage  dramatique  ,  Marinella,  qui  obtint  un 
très-grand  su'cès.  A  la  suite  des  événements  de 
1859,  il  fut  chargé  d'organiser  les  musiques  de 
plusieurs  régiments,  obtint  le  grade  d'officier  au 
65"  d'infanterie,  puis,  ayant  pris  son  congé,  .son- 
gea de  nouveau  au  théâtre.  Il  donna  alors  à 
Gènes  un  opéra  bouffe,  Ciprinno  il  sarto,  et  h 
Turin  (th.  Victor-Emmanuel,  20  novembre  1867) 
un  opéra  sérieux  en  trois  actes,  Monnldcsca, 
ouvrages  dont  le  succès  lui  valut  la  croix  de 
chevalier  des  SS.  Maurice  et  Lazare.  En  1873, 
M.  Piacenza  était  chef  d'orchestre  d'une  troupe 
d'opérettes  bouffes  qui  occupait  le  théâtre  Apollo, 
de  Venise,  et  il  écrivait  pour  elle  plusieurs  peti- 
tes pochades  musicales,  le  Donne  guerrière, 
Sernfino  il  Mozzo,  etc. 

M. Piacenza  s'cstoccupé  aussi  de  littérature  uui- 
sicale.  Outre  un  assez  grand  nombre  de  poésies, 
dont  quelques-unes  dans  le  genre  burlesque,  il  a 
pu  blié  un  écrit  intitulé  :  Détails  sur  la  fabrication 
des  instruments  de  cuivre  [Cenni  sxilla  fab- 


biicazione   deglis  inimenii  di  ottone ,    qu 
l'on  dit  fort  utile,  et  un  petit  poëme  mu-ical  facé- 
tieux, Sloria    délia  famiglia  semicromatica, 
qui   a  été   souvent  réimprimé. 

PIAG<ilO  (Micuele),  musicien  italien,  a  fait 
ses  débuts  de  compositeur  dramatique  en  écrj^ 
vant  la  uuisi(|ue  de  la  Fanciulla  romurttica, 
opéra  sérieux  qui  a  été  représenté  à  Gènes,  sur 
le  théâtre  Doria,  le  11  avril  1874. 

*  PIATTI  (Alfred),  violoncelliste  renommé, 
est  né  à  Bnrgame  non  en  1823  ,  mais  le  8  janvier 
1822.  Quelques  autres  erreurs  .sont  à  relever 
dans  la  notice  qui  a  été  consacrée  à  cet  artiste. 
Son  père,  Antonio  (et  non  Charles)  Piatti,  était 
non  un  chanteur,  m;iis  un  violoniste  distingué  ; 
il  est  mort  aBergame  le  27  février  1878.  Quant 
à  M.  Alfred  Piatti,  qui  quitta  le  Conserva- 
toire de  Milan  le  21  septembre  1837,  ce  n'est 
pas  en  1838  qu'il  fit  sa  première  apparition  en 
public,  mais  en  1834,  dans  un  concert  que  la 
Malibran  rendit  mémorable  par  la  part  qu'elle 
y  prit,  et  qui  devint  fameux  encore  par  ce  fait 
qu'on  y  fil  connaître  la  mort  de  Bellini.  (Un  an 
après,  la  Malibran  elle-même  cessait  de  vivre  à 
Manchester.)  En  1843,  M.  Piwtti  jouait  à  Munich, 
dans  un  concert  donné  par  Liszt;  en  1844  il  était 
à  Paris,  en  1846  à  Milan,  et  dans  le  cours  de 
cette  dernière  année  il  se  fixait  à  Londres, 
après  avoir  refu.sé  le  poste  de  professeur  au 
Conservatoire   de  Milan. 

PlAZZANO  (Felice-Geremia)  ,  pianiste,  or- 
ganiste et  compositeur,  est  né  le  15  juin  1841 
à  Balzola,  dans  la  province  d'Alexandrie.  Il  étu- 
dia d'abord  avec  M.  Meiners,  après  quoi  il  se 
fit  admettre  au  Conservatoire  de  Milan,  où  il 
devint  l'élève  de  M.  Angeleri  pour  le  piano  et  de 
M.  Mazzucato  pour  la  composition.  Après  avoir 
terminé  son  éducation,  il  songea  à  se  produire 
au  théâtre,  et  écrivit  un  opéra  sérieux,  Carlo 
il  Temerario,  dont  il  dnt  attendre  plusieurs 
années  la  représentation  ;  il  réussit  enfin  à  faire 
jouer  cet  ouvrage,  en  1865  ou  1866,  sur  le 
théâtre  communal  de  Plaisance,  et  le  repro^lui- 
sit  en  1874  à  Turin,  où  il  fut  très-bien  accueilli. 
Le  17  février  1876,  il  donna  à  Novare.son  second 
ouvrage  dramatique,  Gismonda  di  Snrrento. 
M.  Piazzano,  après  avoir  été  pendant  plusieurs 
années  maître  de  chapelle  de  l'église  de  San- 
Gaudenzio,  à  Novare,  est  allé  occuper  les  mêmes 
fonctions  à  l'église  métropolitaine  de  Verceil,  où 
il  se  trouve  encore  aujouni'hiii.  Il  a  été  nommé 
en  1873  chevalier  de  l'ordre  de  la  Couronne 
d'Italie. 

*PICCHI  (Ermanno).  —  Nouscomplétonsici 
les  renseignements  donnés  sur  ce  maître  par  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens, 


PICCHI  —  PICCINNI 


343 


Picchi  avait  éfé  destiné  par  ses  parents  à  la 
carrière  du  barreau,  et  il  fit  son  cours  de  droit 
à  l'université  de  Pise  ;  mais  son  goût  le  portait 
vers  la  musique.  Il  étudia  le  coulre-point  avec 
Ignace  Colson,  bon  contre-poinliste  tlorentin,  et, 
de  retour  de  l'Université,  il  laissa  de  coté  Justi- 
nien  pour  s'adonner  tout  entier  à  la  musi(jue,  et 
particulièrement  à  la  composition,  dans  laquelle, 
quoique  n'ayant  pas  fait  de  Irès-sérieuses  études 
il  ne  tanla  pas  à  se  (listin;j;ui'r  grâce  à  la  bonne 
culture  de  son  esprit.  Malheureusement,  Picchi 
était  un  peu  de  ceux  pour  lesquels  faire  vite 
vaut  mieux  que  bien  faire.  Abusant  de  sa  facilité 
de  concpplion,  il  roniposait  à  la  hâte,  et  n'appor- 
tait souvent  à  la  facture  de  ses  compositions 
qu'une  partie  seulement  des  soins  dont  elhs 
eussent  été  difines  d'ailleurs.  Outre  son  premier 
opéra,  Marco  Viscon/i,  Picchi  écrivit,  en  société 
avecFiori,  maîlre  livoiirnais,  un  opéra  bouffe  in- 
titulé Don  Crescendo,  qui  eut  du  succès  à  l-lo- 
renceet  sur  d'autres  théâtres  (1).  Il  produisit 
ensuite,  sur  la  scène  de  la  Pergola,  de  l'^lorence, 
il  Domino  bianco,  opéra  de  mezzo-carattere 
qui  ne  manquait  pas  de  mérite ,  mais  qui  n'obtint 
qu'un  succès  d'estime.  Enfin,  Picchi  composa 
Ezzechia,  oratorio  qui,  récemment  encore,  a 
été  exécuté  avec  succès  dans  l'église  de  San- 
Giovannino  des  écoles  pieuses,  à  Florence.  11 
écrivit  aussi  mainte  musique  de  tout  genre,  mes- 
ses, psaumes,  ouvertures,  concertos,  pièces  pour 
musique  militaire,  etc.  Parmi  ses  compositions 
pour  le  piano,  une  mention  spéciale  est  due  à 
une  grande  sonate  pour  piano  et  violon,  publiée 
à  Milan  chez  Ricordi. 

Picchi  fut  un  bon  littérateur  musical,  ainsi  que 
l'a  dit  Fétis,  et  il  se  distingua  comme  traduc- 
teur par  une  belle  traduction  italienne  de  V Étoile 
du  Nord,  qui  lui  valut  les  éloges  de  Meyerbeer 
lui-même.  En  octobre  ISôO,  il  fut  nommé  secré- 
taire de  la  classe  musicale  de  l'Académie  des 
beaux-arts  de  Florence,  et  en  1852  il  succéda 
à  Pacinidans  la  direction  des  écoles  de  musique 
annexées  à  ladite  Académie. 

L.-F.  C. 

*  PICCHI  ANTI  (LocisV—  Aux  ouvrages  di- 
dactiques ou  littéraires  mentionnés  au  nom  de 
cet  artiste,  il  faut  ajouter  les  suivants  1°  :  Ut 
Scienza  deirnrmonia  e  le  regole  dell'accoin- 
pagnamento,  brevemente  esposte  ed  applicali' 
alla  prima  pratica  deWarte;  TSaggio  di  studi 
ai  composizione  musicale  sopra  alcuni  parli- 
menli  del  Fenaroli,  offerin  ai  giovani  artisii, 
Florence,  1852,  in-4°  -,  3"  Regole  elementari  per 

(0  Don  Crescendo  fut  représente  pour  la  première  fois 
sur  le  tliéâtre  de  Motlène,  le  i7  avril  iSoV,  —  A.  P. 


imparar  suonare  la  chitarra  francese  ad  nso 
dei  principianfi,  esposte  e  ragionaie  in  com- 
pendio,  etc.,  Florence,  Volpini;  4°  Inlorno 
o/r  Histoire  de  la  musique  et  de  la  danse  par 
J  Adrien  de  la  Fage,  ccnnt  rri/ic»,  Milan,  1845, 
in-S"  de  10  pp.  ;  5°  Mcmoriu  ai  signori  pro- 
fes^ori  sopra  una  qnesUone  di  mnsica,  Flo- 
rence, 1821  ;€>"  Di.win  Uiiolini,  hiorirafin,  Flo- 
rence, 1840.  Picchianti  est  aussi  auteur  d'une  Mé- 
thorlede  guitare.  Cet  artiste,  qui,  malgré  un  talent 
sérieux  et  une  réelle  intelligence,  végéta  toujours 
dans  une  condition  misérable,  fut  nommé,  à  l'âge 
de  66  avs,  professeur  de  contre-point  à  l'École 
musicale  de  Florence  ;  lors  de  la  réorganisation 
de  celle-ci,  en  1860,  et  de  sa  transformation  en 
Institut  musical,  on  lui  conlia  la  chaire  d'his- 
toire et  d'esthétique  de  l'art.  Mais  il  était  tro|) 
lard  :  usé  par  l'âge  et  par  le  travail,  le  jjauvre 
artiste  vit  ses  forces  décliner  peu  à  peu,  et  ne 
put  même  prendre  possession  de  son  cours.  Pic- 
chianti, qui  était  né  à  Florence  le  29  août  1787 
(et  non  1786),  mourut  en  cette  ville  le  19  octobre 
1864.  Contrairement  à  ce  qui  a  été  dit,  Pic- 
cliianti  n'ajainais  voyagé,  ne  s'est  jamais  éloigné 
de  Florence. 

PÎCCI\INI  (LucuNo'),  pianiste  et  composi- 
teur italien  de  l'époquH  actuelle,  s'est  fait  con- 
naître par  la  publication  d'une  centaine  de  mor- 
ceaux de  genre  et  fantaisies  pour  le  piano,  écrits 
pour  la  plupart  sur  des  airs  populaires  et  des 
motifs  d'opéras  en  vogue. 

*  PICCI1\1\I  (Nicolas).  —  A  la  liste,  déjà  si 
fournie,  des  ouvrages  dramatiques  de  cet  artiste 
incomparable,  il  faut  ajouter  les  suivants,  dont 
les  manuscrits  ont  été  recueillis,  grâce  au  zèle 
de  M.  Francesco  Florimo,  dans  les  archives  du 
Conservatoire  royal  de  Naples  :  1°  Petiton,opèva 
bouffe,  1758;  2"  la  Scnlfra  letferata,  opéra 
bouffe  en  3  actes,  Naples,  théâtre  Niiovo,  1758  ; 
3"  Origille,  opéra  sérieux  en  3  actes,  Naples, 
th.  des  Fiorentini,  1760;  4°  la  Relia  Verità, 
bouffe,  3  actes,  1762  ;  5"  La  Finta  Raronessa, 
bouffe,  3  actes,  th.  des  Fiorentini,  1767  ;  6»  Ce- 
sare  e  Clenpatra,  sérieux,  3  actes,  1770;  7° 
Tpermnestra,  sérieux,  3  actes,  Naples,  th.  San- 
Carlo,  1772;  %°  le  Trame  Zntgnresche,  bouffe, 
3  actes,  Naples,  th.  des  Fiorentini,  1772;  9"* 
Furbi  burlati,  bouffe,  3  actes,  th.  des  Fioren- 
tini, 1773;  10°  la  Sposa  collerica,  bouffe,  2 
actes,  1773;  11»  E^iert  in  Cuma,  .sérieux,  3 
actes,  th.  des  Fiorentini,  1775;  12"  In  Copric- 
c/o.v«,  bouffe,  3  actes,  1776;  13"  la  Cecchina 
zifella,  bouffe,  3  actes,  Naples  ;  14"  i  Decemviri, 
.sérieux,  3  actes;  15"  (^  Finlo  Tiirco,  bouffe, 
3  actes;  16°  la  Donna  di  belV  umore ,  bouffe, 
3  actes,  1771  ;  17"  la  NoKe  crilica,  bouffe,  2 


344 


PICCINNI  —  PICCOLOMINI 


actes;  18°  loSposauuodi  U.Pomponio,  bouffe, 
3 actes;  19°  Tigrane,  sérieux,  3  actes; ;  20"  I'/7- 
torina,  3  actes;  21°  le  Finie  Gonelle,  inter- 
mède; 22"  VIncoslanle,  i(i.  ;  23"  il  Sordo,  M. 

Je  ne  crois  pas  inutile  de  reproduire  la  note 
suivante,  que  je  tire  de  la  biographie  de  Pic- 
cinni  que  M.  Francesco  Floriino  a  insérée  dans 
son  livre  :  Cenno  slorico  sulla  scitola  musi- 
cale (Il  ISapoli  :  —  «  Sur  beaucoup  d'opéras,  et 
«  niêiue  sur  ceux  imprimés  à  Paris  du  vivant  de 
"  l'auteur,  le  nom  de  ce  maître  se  trouve  écrit 
"tantôt  Piccinni  et  tantôt  Piccini.  De  ces  deux 
<<  orlliographes  jecioyais  devoir  préférer  la  der- 
«  nière,  comme  étant  celle  qui  se  trouve  sur 
«  quelques  autographes  existant  dans  nos  Archi- 
«  ves.  Ayant  eu,  il  y  a  peu  de  jours,  l'occasion 
«  de  parler  avec  un  parent  survivant  du  célèbre 
'<  niaitre,  il  me  fut  affirmé  que  le  nom  de  la  fa- 
rt mille  est  Piccinni ,  et  la  preuve  en  est  qu'à 
>  Bari,  sa  patrie,  où  la  municipalité  lui  a  dédié 
«  une  rue,  on  a  écrit  Strada  Piccinni.  Le  tliéà- 
«  tre,  un  des  plus  beaux  de  l'Italie  méridionale, 
«  inauguré  avec  le  nom  du  grand  compositeur, 
«  porte  sur  son  fronton  Teatro  Piccinni.  Avec 
«  l'appui  de  ces  éléments,  il  est  évident  rnain- 
«  tenant  que  l'on  doit  écrire  Piccinni. 

On  doit  signaler,  à  propos  de  Piccinni,  un  ou- 
vrage fort  important  de  M.  Gustave  Desnoires- 
terres  :  Gluck  et  Piccinni,  1774-1800  (Paris  , 
Didier,  1872,  in-8°).  11  s'y  trouve  nombre  de 
renseignements  importants  et  peu  connus  sur  le 
séjour  du  maître  àParis  et  sa  rivalité  avec  Gluck. 
{Votj.  Gluck.) 

On  a  joué  en  France,  mais  non  à  Paris,  l'ou- 
vrage suivant,  dont  je  possède  le  livret  dans  ma 
bibliothèque  et  dont  je  reproduis  le  titre  textuel- 
lement :  '«  l'Esclave  ou  le  Marin  généreux., 
intermède  en  un  acte,  rédigé  de  l'italien  et  re- 
présenté en  province.  La  musique  est  de  M.  N. 
Piccini  {sic),  maître  de  chapelle  à  Naples.  —  Aux 
Deux-Ponts,  et  se  trouve  à  Paris,  chez  la  veuve 
Duchesne,  1774  (in-8).  «  La  préface  de  ce  livret 
fait  connaître  qu'il  est  l'adaptalion  d'un  opéra 
italien  du  maître,  gli  Slravaganti.  J'ai  trouvé 
bon  de  le  signaler,  pour  éviter  toute  erreur  à 
ceux  qui  pourraient  avoir  connaissance  du  titre 
de  l'ouvrage,  sans  les  détails  que  je  rapporte 
ici. 

*PICC1\IVI  (Lotis).— Aux  œuvres  dramati- 
ques de  ce  compositeur,  il  faut  ajouter  Sujette  et 
Colinet  [ou  Ici  Amants  heureux  par  strata- 
gème, oi)éra-comique  en  un  acte,  joué  au  tlié;\- 
Ire  Beaujolais  le  25  juillet  1786.  Par  contre,  il 
faut  retrancher  de  son  répertoire  Amour  et  Mau- 
vaise tête  ou  la  Réputation,  dont  la  musique 
est  de  Pacini. 


*PICCL\I\I  (Lodis-Alexandre).^  il  serait, 
croyons-nous,  fort  difficile  de  dresser  une  liste  ab- 
solument exacte  et  complète  de  toutes  les  œuvres 
dramatiques  de  ce  compositeur,  qui  s'est  prodigué 
d'une  façon  peu  commime  et  qui  a  abordé  tous 
les  théâtres,  dei^iis  les  plus  infimes  jusqu'aux 
plus  importants,  depuis  les  Troubadours  et  les 
Jeunes-Artistes  jusqu'à  l'Opéra-Comique  et  à 
l'Opéra.  Nous  ajouterons  cependant  à  son  réper- 
toire les  ouvrages  suivants,  qui  n'y  ont  pas  été 
compris  :  1°  le  Vœu  ou  le  Solitaire  du  Canada, 
opéra-comique  donné  au  th.  des  Jeunes- Artistes 
en  1801;  2»  la  Tireuse  de  caries,  même  théâ- 
tre, inême  année;  3°  le  Jeune  Sauvage, 3  ac\es, 
môme  théâtre,  1803  ;  4''  Rien  pour  lui,  3  actes, 
même  théâtre,  1805;  5" /es  Illustres  Fugitifs, 
ballet  en  3  actes,  Porte-Saint-Marlin,  1807;  (i" 
Dona  Bella  ou  les  Illusions  de  Vamovr,  liallet 
en  2  actes,  Gaîté,  1811;  7"  Chant  français 
pour  la  fête  du  roi,  Or»éra-Comique,  24  août 
1821  ;  8°  Faublas,  ballet  (en  société  avec  Daron- 
deau,)  Porte— Saint-Martin  ,  1835. 

*  PICCOLOMII\l  (Maria),  cantatrice  ita- 
lienne distinguée,  née  à  Sienne  en  1836,  reçut 
d'abord  des  leçons  de  piano  d'un  maître  nommé 
Ricliterfeizer,  puis,  à  l'âge  de  14  ans,  devint  l'é- 
lève de  la  signera  Mazzarelli,  chanteuse  habile, 
devenue  comtesse  Tolomei,  et  qui  vivait  alors  à 
Sienne.  Après  avoir  obtenu  un  grand  succès  en 
se  faisant  entendre  dans  un  concert  dont  le  pro- 
duit était  destiné  à  l'érection  d'une  statue  à  l'ar- 
chitecte Pianigiani,  la  jeune  artiste  fut  conduite 
par  sa  famille  à  Florence,  où  on  lui  donna  pour 
professeur  l'excellent  Pietro  Romani  {Voy.  ce 
nom).  Elle  débuta  au  théâtre  de  la  Pergola  de 
cette  ville  au  mois  de  février  1852,  dans  Lu- 
crczia  Borgia,  et  se  vil  très-bien  accueillir.  Elle 
chanta  ensuite  à  Rome,  à  Pise,  à  Palerme,  à  Bo- 
logne, à  Turin,  se  montrant  successivement  dans 
Poliuto,  Don  Bucefalo,  %  Lombardi,  Don  Pas- 
quale,  Luisa  Miller,  la  Saracena,  il  Trova- 
tore,  VEUsire  d'aniore,  i  Puritani,  Caterina 
Howard,  l'Assedio  di  Malla,  Crispino  e  la 
Comare  et  la  Traviata.  L'élégance  de  sa  mi- 
gnonne personne,  ses  qualités  physiques,  la  grâce 
de  son  jeu,  son  intelligence  scénique,  et  surtout 
le  sentiment  vrai  et  distingue  de  son  chant  lui 
valurent  de  très-grands  succès  et  firent  passer 
sur  l'insuffisance  relative  de  sa  voix.  Engagée  à 
Londres,  M""  Piccolomini  obtint  au  théâtre  de 
la  Reine  de  véritables  triomphes,  et  vint  se  faire 
entendre  en  1856  auTlK'àtre-ltalien  de  Paris,  où 
elle  (it  un  début  éclatant  dans  la  Traviata  et 
où  le  public  la  i)rit  aussitôt  en  affection. 

M'"  Piccolomini  possédait  une  grâce  natu- 
relle et  un  charme  qui  disposaient  tout  d'abord 


PICCOLOMINI  —  PIFFET 


345 


en  sa  faveur.  Elle  continua  pendant  quelques 
années  encore  d'obtenir  de  très-vifs  succès, 
puis,  vers  1SC3,  devint  l'épouse  d'un  grand  s«'i- 
gneur  opulent,  M.  le  marquis  Gaetani.  Dejiuis 
lors,  elle  a  complètement  renoncé  à  la  carrière 
théâtTHle. 

PICIIOZ  (Emile),  compositeur,  fixé  à  Lyon 
et  peut-éire  né  en  celte  ville,  y  a  fait  représenter, 
sur  le  Grand-Tliéàtre,  les  ouvrages  suivants  : 
1°  la  Pomme  d'Eve,  opéra-comique;  T  le 
Canotier,  ballet,  mars  1867  ;  3"  Dans  les 
Gardes- Françaises ,  opéra-comique  en  un  acte, 
janvier  1868.  M.  Pichoz  a  pris  part  à  l'un  des 
trois  concours  ouverts  en  1867,  par  l'adminis- 
tration supérieure,  pour  la  composition  de  trois 
ouvrages  destinés  à  nos  trois  grandes  scènes  mu- 
sicales, et  il  a  mis  en  musique  le  poëme  du  Flo- 
rentin, destiné  à  l'Opéra-Coniique.  N'ayant  point 
été  couronné,  puisque  le  pri\  fut  décerné  à 
M.  Charles  Lenepveu(roy.  ce  nom), dont  l'œuvre 
a  été  jouée  depuis,  M.  Piciioz  résolut  de  faire 
aussi  représenter  la  sienne.  Il  se  mit  en  rapport 
avec  la  direction  du  théâtre  de  la  Monnaie,  de 
Bruxelles  (aucun  théâtre  de  France  n'ayant  le 
droit  de  s'approprier  le  livret  du  Florentin  sans 
la  musique  du  compositeur  couronné)  ,  qui 
consentit  à  montrer  son  ouvrage.  Celui-ci,  en 
effet,  fut  joué  à  Bruxelles  le  29  avril  1870,  mais 
il  n'obtint  qu'une  seule  représentation,  le  succès 
ayant  été  absolument   négatif. 

PIDOUX  (1M"=  Madkleine),  écrivain  musical 
français,  tille  du  médecin  en  chef  d'une  des  sta- 
tions thermales  les  plus  importantes  des  Pyré- 
nées (1),  a  fait  récemment  son  débutdans  les  let- 
tres par  la  publication,  sous  le  pseudonyme  de 
Jacques  Hermann,  d'un  opuscule  qui  porte  ce 
litre  :  le  Drame  lyrique  en  France,  depuis 
Gluck  jusqu'à  ?/os  joi/rs  (Paris,  Dentu,  1878, 
in-8").  Si  cette  brochure  importante  n'est  pas 
exempte  de  certaines  erreurs  historiques,  elle 
n'en  décèle  pas  moins  un  incontestable  talent 
d'écrivain,  mis  en  relief  par  une  force  de  dé- 
duction peu  commune.  Par  malheur,  l'auteur 
est  de  ceux  qui,  au  mépris  des  faits  les  plus 
éclatants  et  des  enseignements  même  de  l'his- 
toire, cherchent,  sans  qu'on  puisse  deviner  pour 
quelle  raison,  à  rabaisser  et  à  ravaler  la  puis- 
sance artistique  et  intellectuelle  de  leur  pays. 
11  nous  semble  qu'un  écrivain  français  qui  se 
respecte  pourrait  mieux  employer  leur  temps 
qu'à  jeter  le  dédain  et  la  raillerie  sur  les  grands 
artistes  qui  ont  illustré  et  honoré  la  France,  alors 

(l)Mlle  Madeleine  Pldoux avait  épousé,  ily  aquelques 
années,',un  médecin  belge,  M.  le  docteur  Rommelaere, 
professeur  a  l'UniversUé  de  Bruxelles,  dont  elle  est  au- 
jourd'hui séparée  parle  divorce. 


surtout  que  ces  artistes  ont  conquis  la  sympa- 
thie et  l'affection  des  étrangers.  Il  y  a  mieux  à 
faire,  en  vérité,  qu'à  bafouer  et  à  ridiculiser  les 
nobles  ligures  de  Rameau  et  de  Campra,  de  Gré- 
try  et  de  Monsigny,  de  Beitoii  et  de  Méhul, 
d'Hérold  et  de  Boieklieu,  qu'à  couvrir  de  sarcas- 
mes desmusiciens  tels(]u'Halévy,Auberoumème 
Adolphe  Adam.  C'est  là,  croyons-nous,  une  be- 
sogne aussi  fâcheuse  au  point  de  vue  de  l'in- 
telligence et  de  la  vérité  qu'au  point  de  vuf  na- 
tional, et  après  avoir  rendu  justice  aux  facultés 
de  l'écrivain  sans  douter  de  sa  sincérité,  nous 
nous  abstiendrons  de  critiquer  les  détails  d'iuio 
œuvre  qui  nous  semble  entachée  d'immoralité 
artistique. 

*  PIELTAIi\  (Dieiidonné-Pascal),  violo- 
niste belge  fort  remarquablf,  était  né  à  Ijiége  le 
4  mars  1754.  Il  mourut  en  cette  ville,  non  le  12, 
mais  le  10  décembre  1833. 

*PIERMARIi\!  (t'K.vNçois).  —  Cet  artiste, 
mort  depuis  assez  longtemps  déjà,  a  laissé  en 
portefeuille  un  assez  grand  nombre  de  compo- 
sitions inédites,  entre  autres  la  partition  d'un 
grand  opéra  en  4  actes,  le  Vieux  delaMon- 
tagne.ccv'û  par  lui  sur  un   livret  de  de   Jouy. 

PÏEIÎOTTI  (Le  P.  Domenico),  né  à  Lucques 
en  1087  et  mort  octogénaire  en  1767,  dans  la 
même  ville,  fut  maître  de  chapelle  du  séminaire 
de  Saint-Michel.  On  lui  doitune  mes.se  à  4  voix  a 
cappella,  trois  autres  messes  à  4  voix  avec  ac- 
compagnement instrumental,  et  2  5  services  mu- 
sicaux à  grand  orchestre,  écrits  de  1710  à  1761 
pour  la  célébration  annuelle  de  la  fête  de  sainte 
Cécile. 

PIERSANTELLI  ( ),  musicien  italien 

contemporaiu,  est  l'auteur  d'un  opéra  intitulé 
il  Rinnerjalo,  dont  j'ignore  le  lieu  et  la  date  de 
représentation. 

*  PIEUSON  (Henri-Hlgh),  compositeur, 
né  à  Oxford  le  12  avril  1816  (etnonl815),  est 
mort  à  Leipzig  le  28  janvier  1873.  Aux  ouvrages 
de  cet  artiste,  il  faut  ajouter  Macl>elli,  poëme 
symphoniqne  pour  orchestre.  Son  opéra  Con- 
tarini,  désigné  dans  la  Biographie  xiniverseUe 
des  Musiciens  comme  n'ayant  pas  été  repré- 
senté, l'a  été  depuis  lors. 

PI  FFET.c  st  le  nom  d'une  famille  de  musiciens 
français  qui  pendant  longues  années  firent  par- 
tie de  la  musique  delà  chambre  du  roi.  «  Voici 
(dit  M.  Vidal  dans  son  livre  :  les  Instruments  à 
archet)  la  liste  de  ceux  de  ses  membres  que  nous 
avons  rencontrés  sur  les  registres  royaux  :  Pierre 
Piffet,  7  août  1729  ;  Antoine-Joseph  Piffet,  .^fé- 
vrier 1734;  Pierre-Louis  Piffet,  20  mars  1734; 
Pierre-Louis  Piffet,  29  octobre  1753  ;  Louis- 
François- Barthélémy  Piffet,  5  septembre  1754  ; 


346 


PIFFET  —  PILLET 


Antoine  Piffef,  5  septembre  1754.  Un  (tes  Piffet, 
ICtienne,  que  nous  n'avons  pas  retrouvé  sur 
la  liste  (les  vinsl-qnatre  violons  (tu  roi,  Joua 
avec  succès  au  Concert  spirituel  le  23  avril  1753. 
Cet  Etienne  Piffet  fut  attaclié  comme  violo- 
niste à  l'orchestre  de  l'Opéra.  On  a  gravé  de  sa 
composition  des  sonates  pour  deux  violons  et 
liasse.  » 

Cet  Etienne  Piffet  (je  suis  obligé  de  m'en  rap- 
porter, pour  son  prénom,  à  l'assertion  de  M.  Vi- 
dal) taisait  non-seulcinent  partie  de  l'orclicstre 
de  l'Opéra,  mais  aussi  de  celui  du  Concert  spi- 
rituel. Il  se  fit  entendre  souvent  à  ce  Concert  ; 
le  2.i  mars  1757,  il  y  jouait  un  concerto;  le 
25  décembre  suivant,  il  s'y  produisait,  avec  un 
nommé  Baron,  dans  un  concerto  à  deux  violons; 
eu  17f)0,  il  exécutait  encore  un  concerto,  qui, 
cette  fois,  était  de  sa  composition,  et  le  1*^'  avril 
de  l'année  précédente  un  artiste  nommé  Go- 
dard avait  chanté  un  motet  de  lui.  J'ignore  l'é- 
poque de  la  mort  de  ce  virtuose,  qui  semble 
avoir  été  un  musicien  distingué. 

PILARD  (Charles),  est  l'auteur  delà  bro- 
chure suivante  :  la  Inventions  Sax  dons  les 
musiques  militaires  et  à  Vorchestre  (Paris, 
impr.  Vert,  1869,  in-8  de  16  pp.),  dans  faquelle 
M.  Sax  et  les  instruments  imaginés  par  lui  sont 
vivement  critiqués. 

*  PI L ATI  (Auguste  PILATE,  dit),  est 
mort  à  Pans  le  !«''  août  1877.  Ce  compositeur 
extrêmement  fécond,  dont  le  nom  est  pourtant  à 
peu  près  inconnu  du  public,  quoiqu'il  ne  fût 
point  sans  talent,  s'est  fait  jouer  dans  un  grand 
nombre  de  théâtres.  Voici  une  liste  de  ses  ou- 
vrages dramatiques,  que  je  ne  donne  point  pour 
complète,  mais  dans  laquelle  je  crois  qu'on  ren- 
contrera peu  d'inexactitudes  :  THÉU'itE-LvRiQi'ii. 
1"  Les  Barricades,  2  actes,  5  mars  ISIS  (en  so- 
ciété avec  M.  Eugène  Gantier)  ;  2°  les  Etoiles, 
1  actes, G  février  18 ji.  Iîenaiss.vnce.  3"  Otivier 
Basselin,  un  acte,  15  novembre  1838  ;  4°  ÂJo- 
demoiselle  de  Vontanges,  2  actes,  Il  mars 
183'.»  ;  5"  le  Nnnfrnge  de  la  Méduse,  4  actes, 
31  mai  1839  (en  société  avec  Grisar  et  M.  de 
Flotow).  Varictés.  (i°  Ln  Modiste  et  le  Lord, 
•).  actes,  23  octobre  1833  ;  7"  CAmoMT  et  Psyché, 
un  acte,  13  décembre  1S56.  Porte-Saint-Mau- 
TIN.  8°  Les  Farfadets,  ballet-féerie  en  3  actes, 
8  mai  1841  ;  8°  ttis  le  Postillon  de  Saint-Va- 
iery,  opéra-comique  en  2  actes,  I8i0.  Foi.iis- 
NouvELLES.  9°  Jean  le  So<,un  acte,  1856  ;  10"  une 
Devinette,  un  acte,  18r)r>  ;  il"  Trois  Drarions, 
un  acte,  1 857  ;  12'  Vile  de  Calypso,  un  acte,  1 857 
(donné  sous  le  pseudonyme  deRuytIer);  13"  Peau 
d'Ane,  un  acte,  1858  (id.)  ;  14°  Ignace  le  re- 
tors, un  acte,  25  septembre  1858.  Tuéatre  Hé- 


JAZET.  13"  L'Ile  du  so/-5i-ré,  unacle,  mars  1860 
(sous  le  pseudonyme  de  Ruyller).  Bouffes-P.4ri- 
siens.  16"  Les  Statues  de  l'Alcade  ,  ballet-pan- 
tomime en  un  acte,  2'J  décembre  1855.  Palais- 
ItovAL.  17°  La  Prova  dvn  opéra  séria,  un  acte, 
4  juillet  1835;  18"  la  Fermière  de  nolbec,1i(\é- 
cernl)rel835  ;  19°  Léonaonle  Parisien  enCorse, 
2  actes,  14  janvier  1830.  Théâtre  Debureai. 
20°  //  SignorCascarelli,  un  acte,  1858.  Concert 
DE  l'Ai.cazau.  21»  Jacques  et  Jacqueline,  un 
acte;  22"  ta  Nymphe  et  le  Berger,  divertisse- 
ment. Folies-Oller.  22°  bis  Les  Pêcheurs  de 
Tarente,  divertissement,  14  novembre  1876. 
Concert  de  ea  Scala.  23°  Bosette  et  Colin,  un 
acte,  décembre  1874.  Lille.  2^i"  Il  Maestro  Bla- 
guarino,  un  acte,  25  décembre  1865. 

Pilali,  qui  a  souvent  donné  des  preuves  d'une 
imagination  gracieuse  et  distinguée,  mais  qui 
s'est  trop  prodigué,  et  dans  de  mauvaises  condi- 
tions, et  qui  a  fini  par  sacrifier  l'artau  métier,  a 
donné  encore  quelques  opérettes  sur  de  petits 
théâtres,  tels  que  ceux  de  Beaumarchais  et  des 
Folies-Marigny,  et  aussi  dans  des  cafés -concerts, 
où  il  a  fait  chanter  encore  beaucoup  de  roman- 
ces et  de  duos  scéniques.  Enfin  il  a  publié  un 
nombre  incalculable  de  morceaux  de  chant  (entre 
autres  un  recueil  de  «  six  scènes  de  genre  » 
intitulé  :  Au  bord  du  Mançanares),  et  de 
petits  morceaux  de  piano,  fantaisies  faciles, 
valses,  polkas,  quadrilles,  etc.,  dont  la  (ilupart 
étaient  spécialement  destinés  aux  enfants  et 
expressément  écrits  pour  de  petites  mains.  Depuis 
une  quinzaine  d'années,  Pilali  avait  pris  l'habi- 
tude de  signer  ces  compositions  légères  du  pseu- 
donyme -.A.  P.  Juliuno  ;  il  employait  aussi 
quelquefois  celui  de  Wolfart.  C'est  cet  artiste 
qui  a  écrit  la  musique  de  la  lomance' chantée 
dans  le  Ruy-Blas  de  M.   Victor  Hugo. 

Pilati  avait  reuipli  pendant  quekpje  temps  les 
fonctions  de  chefd'orchestre  à  la  Porte-Saint  Mar- 
tin, puis  au  théâtre  Beaumarchais.  Il  fit  repré- 
senter en  1837  à  Londres,  sur  le  théâtre  Adelphi, 
un  ouvrage  intitulé  le   Roi  du   Danube. 

PILLET  (F.vbien),  journaliste,  poëte  et  cri- 
ti(|ue,  naquit  à  Lyon  le  30  octobre  1772. 
Dès  avant  la  Piévolution,  il  commença  à  se  faire 
connaître  comme  écrivain,  en  prenant  part  à  la 
rédaction  de  plusieurs  journaux.  Eu  l'an  V,  il 
fonda  une  feuille  théâtrale  et  satirique  intitu- 
lée le  Déjeuner,  qui  le  lit  condamner  à  la 
déportation;  il  trouva  le  moyen  de  se  cacher, 
et  lorsque  les  circonstances  devinrent  moins 
critiques,  il  entra  au  Journal  de  Paris  pour 
Y  faire  les  comptes-rendus  de  théâtres.  C'est 
alors  qu'il  commença  la  |)nblication  d'un  an- 
nuaire théâtral,  dont  il  parut  trois  années  sous 


PILLET  —  PINO 


347 


des  titres  différents  :  1"  Vérités  à  Vordrc  du 
jour,  ou  nouvelle  critique  rnisonnée  tant  des- 
acteurs et  actrices  des  théâtres  de  Paris,  que 
des  pièces  qui  y  ont  été  representces  pendant  le 
cours  de  l'année  dernière  vParis,Garnier,  an  VI, 
in  18);  2°  Melpnmhxe  et  Thniie  vnitjées,  ou 
nouvelle  critique  impartiale  et  raisonnéetani 

des  différents  théâtres  de  Paris  que  des  pièces 
qui  y  ont  été  représentées  pendant  le  cours  de 
l'année  dernière  (Paris,  Mitrcliand,  an  YIl,  in- 
18);  3°la  Revue  des  Théâtres,  ou  suite  de  Mel- 
pomcne  et  Thalie  vengées.  Troisième  année 
(Paris, Maiciianl,  an  Vlll,  in- 18).  Ces  trois  petits 
volumes  sont  d'aulantplns  ntilesque  i'alrnanacli 
intitulé  ies  Spectacles  de  Pam,  dont  la  pnbli- 
calion  avait  été  interrompue  en  1794,  n'existait 
plus  à  cette  époque,  et  qu'ils  donnent  la  liste 
complète  des  pièces  représentées  sur  tous  les 
théâtres  de  Paris,  jusqu'aux  |)lus  infimes,  depuis 
le  1"  janvier  1797  jusqu'au  T' janvier  180(t,  liste 
qu'on  chercherait  vainement  dans  quelque  ou- 
vrage que  ce  soit,  et  que  l'on  ne  saurait  trop 
consulter  pour  l'histoire  de  la  musique  et  celle 
des  nombreux  théâtres  lyriques  qui  existaient  à 
Paris  pendant  celte  période  si  troublée.  On  a 
attribué  aussi  à  Fabien  Pillet  un  antre  ouvrage 
du  même  genre,  /'Année  théâtrale,  dont  il  a 
paru  cinq  volumes  pour  les  ans  VIII,  IX,  X,  XI 
■  et  XII  ;  maisQuérard,  qui,  dans  l'article  sur  F;i- 
bien  Pillet  donné  par  lui  dans  le  supplément  de 
la  France  littéraire,  semble  avoir  eu  des  ren- 
seignements personnels  et  très-circonstanciés,  ne 
met  point  cette  publication  à  son  compte,  tandis 
qu'il  l'indique  comme  ayant  rédigé  les  deux  der- 
nières années  de  VOpinion  du  Parterre,  dont 
Lemazurier  avait  fait  les  premiers  volumes.  C'est 
encore  à  Fabien  Pillet  qu'on  doit  la  Lorgnette 
des  Spectacles  (Paris,  HoUier,  an  VII,  in-18), 
recueil  biographique  des  acteurs  et  actrices  de 
Paris,  fait  avec  goût  et  convenance,  et  dont  il  a 
paru  une  .seconde  édition  sons  le  titre  de  la  Nou- 
velle Lorgnette  des  Spectacles  (an  IX),  et  une 
troisième  sous  celui-ci  ;  Revue  des  comédiens, 
ou  critique  raisonnée  de  tons  lesacteurs,  dan- 
seurs et  mimes  de  la  capitale{PiiT\s,Fà\i-^,l80H, 
;',  vol.  in-18).  Cette  fois,  Grimod  de  la  Reynière 
s'était  joint  à  l'auteur  primitif.  Quérard  dit  avec 
raison  que  «  ce  livre  ne  doit  pas  être  confondu 
avec  les  pamphlets  publiés  fréquemment  contre 
les  comédiens.  »  On  y  trouve,  avec  une  critique 
courtoise,  des  renseignements  fort  utiles  sur  les 
artistes  du  temps.  Toutes  les  publications  qui 
viennent  d'être  citées  étaient  anonymes.  Plus 
tard  employé  supérieur  au  ministère  de  l'ins- 
truction publique,  Fabien  Pillet,  qui,  à  partir  de 
1834,  rendit  compte  annuellement  du  salon  de 


peinture  dans  le  Moniteur  tiniversel,  mourut  à 
Pa.ssy,  près  de  Paris,  le  23  février  1855.  Il  était 
le  père  de  Léon  Pillet,  qui  fut  directeur  de 
l'Opéra  pendant  plusieurs  années,  et  qui  mourut, 
le  21  mars  1868.  consul  de  France  à  Venise. 

PILLEVESSK  (Jules-François),  né  à 
Uelleville  (Seine),  le  11  novembre  1837,  entra 
jeune  au  Conservatoire,  où  il  obtint  un  second 
accessit  de  violoncelle  en  1856 ,  et,  la  même 
année,  un  premier  prix  d'harmonie  dans  la  classe 
de  M.  Reber.  Devenu  élève  de  Carafa  pour  la 
fugue,  il  se  vit  décerner  un  second  accessit  en 
1857,  et  l'année  suivante  obtenait  une  mention 
honorable  au  granii  concours  de  com|)osition 
musicale  à  l'Institut.  Entré  peu  de  temps  après 
au  théâtre  du  Vaudeville  en  qualitéde  chef  d'or- 
chestre, il  a  fait  représenter  aux  Fantaisies-Pari- 
siennes, en  1366,  une  opérette  en  un  acte  inti- 
tulée Bobinsnn  Crusoé. 

PI LLOTTI(Giuseppe), compositeur  religieux 
italien,  né  à  Pistoja  en  1796,  mort  en  1871,  fut 
à  Bologne  l'élève  du  P.  Mattei.  Il  devint  par  la 
suite  maître  de  chapelle  de  la  Madone  delV 
Umittà,  à  Pistoja,  et  remplit  pendant  plus  de 
quarante  ans  les  fonctions  d'organiste  à  la  cathé- 
drale de  cette  ville.  On  lui  doit  beaucoup  de 
compositions  dans  le  genre  sacré. 

Malgré  la  similitude  presque  complète  du  nom, 
cet  artiste  ne  doit  pas  être  confondu  avec  un 
autre  compositeur,  Giuseppe  Pllotti  {Voy.  ce 
nom),  (pn  vivait  en  même  temps  que  lui. 

*  PILOTTI(Giuseppe), compositeur  etthéo- 
ricien  italien.  — L'opéra  intitulé  l'Ajo  nell'imbar- 
razzo  ne  fut  pas  le  seul  ouvrage  dramatique  de 
cet  arti.ste,  comme  il  est  dit  dans  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens.  Il  en  a  écrit  au  moins 
un  autre  :  Non  essere  geloso,  opéra  bouffe  en 
deux  actes,  qui  fut  représenté  en  1816,  à  Flo- 
rence, sur  le  théâtre  des  Bisoluti. 

A  l'époque  de  sa  mort,  on  a  publié  sur  cet 
artiste  la  notice  anonyme  suivante  :  Elogio  e 
carmi  funebri  a  Giuseppe  Pilotti  (Bologne, 
1838,  in-S"  de  48  pp.,  avec  portrait). 

PINCHERLE  (GuGLiELMo),  compositeur 
italien,  né,  je  crois,  à  Trieste,  a  écrit  la  musique 
d'un  opéra  .sérieux,  il  Rapimento,  qui  a  été  re- 
présenté à  Péronse  en  1863. 

Pl\0  (Rosario-Antomio),  compositeur  ita- 
lien, né  àPalerme  le  19  décembre  1850,  fut  élève 
de  Ferdinando  Valente  et  de  Luigi  Siri  pour  le 
piano,  et  pour  le  contre-point  et  la  composition 
de  Salvatore  Lavigna,  d'Aspa  et  de  Battista.  Dès 
l'âge  de  quinze  ans  il  se  faisait  entendre  comme 
virtuose,  et  il  en  avait  à  peine  dix-sept  lorsqu'il 
fit  exécuter  à  Naples  un  oratorio,  le  Tre  Ore 
di  agonia.  M,    Pino  a   publié    déjà  un  grand 


348 


PINO  —  PIOTROWSRI 


nombre  de  compositions  vocales  ou  instrumenta- 
les, et  parmi  ses  œuvres  inédites  on  cite  des 
ouvertures,  des  messes,  des  vêpres,  etc.  Fixé  à 
Nnpies,  il  y  partage  son  temps  entre  l'enseigne- 
ment et  la  composition. 

PINSUTI  (CiRo) ,  pianiste,  compositeur  et 
professeur  italien  ,  est  né  à  Sinaiunj^a  (province 
(le  Sienne)  le  9  mai  1859.  Il  commença  l'étude 
du  piano  sous  la  direiîtion  de  son  jière ,  et , 
enfant  prodige,  se  produisit  avec  beaucoup  de 
succès,  dès  l'ilge  de  onze  ans,  dans  les  concerts 
publics.  Envoyé  en  Angleterre  en  1840,  il  s'y 
perfectionna  sur  son  instrument,  y  entreprit 
l'élude  de  l'harmonie  et  de  la  composition,  et 
y  travailla  aussi  le  violon  avec  Polter.  Il  sp. 
fit  entendre  l'année  suivante  à  Londres,  et  (il 
sensation.  De  retour  en  1845  dans  sa  ville  na- 
tale, il  y  fit  exécuter  une  messe  à  trois  voix 
avec  orgue,  puis,  sur  le  conseil  du  comte  Pepoli, 
il  se  rendit  à  Bologne ,  où ,  tout  en  suivant  un 
cours  de  contre-point  au  Lycée  musical,  il  obtint 
des  leçons  de  Rossini  en  personne.  Devenu 
presque  aussitôt  professeur  adjoint  de  la  classe 
de  piano  de  cet  établissement,  il  fut  élu  peu  de 
temps  après  membre  de  l'Académie  des  philiiar- 
monitjues. 

Cependant,  en  1848  ,  M.  Pinsuti  retourna  en 
Angleterre,  où  il  se  livra  avec  un  grand  succès  à 
l'enseignement  du  chant ,  parlas;eant  son  exis- 
tence entre  Londres,  qu'il  habitait  l'été ,  et 
Newcastle,  où  il  passait  l'hiver  et  où  il  fonda 
une  excellente  société  philharmonique.  Le  jeune 
artiste  sut  se  créer  à  Londres  \nie  situation 
exceptionnellement  brillante,  devint  le  profes- 
.seur  à  la  mode,  fut  appelé  à  diriger  un  grand 
nombre  de  concerts  publics  et  particuliers,  et 
bientôt  fut  élu  à  l'unanimité  professeur  de  per- 
fectionnement du  chant  à  l'Académie  royale  de 
musique.  En  même  temps  il  publiait  un  grand 
nombre  de  compositions,  tant  vocales  qu'instru- 
mentales, dont  le  chiffre  total  s'élève  à  plus  de 
trois-cents,  et  sa  renommée  devenait  telle  qu'en 
18f)l  le  roi  d'Italie  le  nommait,  viofu  proprio, 
chevalier  de  l'ordre  des  SS.  Maurice  et  Lazare. 
En  1871,  M.  Pinsuti  fut  appelé  à  représenter  sa 
patrie  lors  des  fêtes  musicales  qui  signalèrent 
l'inauguration  de  l'Exposition  universelle  de 
Londres,  de  même  que  U.  Gounod  représentait 
la  France,  M.  Ferdinand  Ililler  l'Allemagne,  cl 
M.  Arthur  Sullivan  l'Angleterre  elle-même; 
c'est  à  cette  occasion  qu'il  écrivit  im  hymne 
dont  l'exécution,  confiée  à  1,200  voix,  eut  lieu  le 
1"  mai  1871,  dans  rAlberf-IIall,  en  présence  de 
12,000  auditeurs. 

Néanmoins,  M.  Pinsuli  n'avait  pas  complète- 
ment abandonné  l'Italie;  il  avait  pris  l'habitude 


d'y  venir  passer  quelques  mois  chaque  hiver, 
continuant  de  résider  le  reste  de  l'année  à  Lon- 
dres. C'est  pendant  un  de  ces  séjours  qu'il  fil  re- 
présenter sur  le  théâtre  communal  de  Bologne, 
le  8  novembre  1873,  son  premier  ouvrage  dra- 
matique, il  Mercnnte  di  Vcnezia  ,  opéra-hallet 
en  4  actes,  qui  fut  bien  accueilli  et  qui  offrait, 
dit-on,  l'heureux  assemblage  des  facultés  mélo- 
diques naturelles  aux  Italiens  et  des  qualités  vi- 
goureuses et  raisonnées  qui  sont  comme  la  ré- 
sultante des  efforts  de  la  grande  école  musicale 
moderne.  Depuis  lors,  il  a  écrit  un  second  opéra, 
Mattia  Corvino,Av&m&  lyrique  en  3  actes  et  un 
prologue,  qui  a  été  joué  avec  succès  à  Milan  en 
1877  et  qui  a  réuni  les  suffrages  de  la  critique. 

Sans  être  un  génie  original,  M.  Pinsuti  semble 
être  un  talent  très-personnel  et  très-étudié.  Peut- 
être  a-t-il  abordé  le  théâtre  trop  tard  pour  y 
[)ouvoir  donner  la  mesure  de  sa  véritable  va- 
leur ;  cependant  il  est  encore  dans  toute  la 
force  de  l'âge,  et  les  deux  solides  ouvrages  qu'il 
a  produits  peuvent  faire  espérer  qu'il  se  mani- 
festera encore  avec  bonheur,  pour  peu  qu'il  soit 
servi  par  les  circonstances.  Quant  à  la  musique 
intime  de  M.  Pinsuti,  à  ses  compositions  da 
cornera,  c'est-à-dire  à  ses  nombreuses  mélodies 
vocales  ,  elles  lui  ont  valu  des  suffrages  unani- 
mes, et  l'on  cite  surtout,  parmi  elles,  les  Quat- 
tro soneiti  mis  en  musique  par  lui  sur  les  paroles 
des  quatre  grands  poêles  italiens. 

*  PIO  (Antoine).  —  Ce  compositeur  fit  re- 
présenter à  Modène.  le  26  décembre  1782,  un 
opéra  intitulé  Demofoonle. 

PIOT  (Charles),  écrivaiu  belge ,  membre 
correspondant  de  l'Académie  royale  de  Belgique, 
a  adressé  à  celte  compagnie  quatre  mémoires 
fort  intéressants  qui  ont  été  insérés  dans  ses 
Bulletins,  e[  dont  il  a  été  fait  un  tirage  à 
part  à  petit  nombre.  Voici  les  titres  de  ces 
écrits  :  X"  Particularitéx  inédites  concernant 
les  œuvres  musicales  de  Gossec  et  de  Philidor 
(s.  I.  n.  d.  [Bruxelles,  1875],  in-S"  de  32  pp.); 
7"  Quelques  lettres  de  la  Correspondance  de 
Crétnj  avec  VUzthumh  (s.  I.  n.  d.  [Bruxelles, 
1875],  in-S"  de  30  pp.);  3»  la  Méthode  de 
chanter  à  VOpéra  de  Paris  (s.  l.  n.  d.  [Bruxel- 
les, f87(;],  iu-8°);  4»  les  Oricjines  de  l'opéra 
dans  les  Pays-Bas  espagnols  (s.  l.  n.  d.  [Bruxel- 
les, 1877\  in-S"  de  12  pp.). 

PIOTIIOWSKI  (Romain),  musicien  polo- 
nais, né  dans  la  première  moitié  du  dix-neu- 
vième siècle,  a  inventé,  en  1844,  un  instru- 
ment destiné  à  faciliter  l'accord  des  pianos  et 
auquel  il  donna  le  nom  tVakordometre.  Le 
compositeur  Elsner  rendit  compte  de  cette  in- 
vention dans  le  Courrier  de  Varsovie.  M.  Pio- 


PIOTROWSKI  —  PISILANI 


349 


trowski  donna  lui-même  des  explications  sur 
la  manière  de  poser  les  cordes,  opération  difïi- 
ciie  surtout  pour  une  main  de  i'emme  et  qu'il 
sut  faciliter,  sur  la  façon  de  les  attacher,  de 
faire  les  crochets,  etc.  M.  Piolrowski  était  pro- 
fesseur de  piano,  de  \iolon  et  de  chant. 

PIQUK  (F....-L ),  l'un   des   plus  hahilcs 

luthiers  français  connus,  né  à  Rorei ,  près  Mi- 
recourt  (Vosges),  en  1758,  était  établi  à  Paris, 
rue  IMàtrière,  en  1785,  et  y  execçait  encore  sa 
profession  en  1819,  époque  à  laquelle  il  demeu- 
rait rue  des  Deux-Écus,  33.  Élève  de  Saunier, 
qui  lui-même  était  un  artiste  estimé,  il  acquit 
de  la  réputation  pour  la  bonne  construction  de 
ses  violons,  de  ses  violoncelles  et  de  ses  gui- 
tares; on  sait  que  ce  dernier  instrument  jouis- 
sait alors  d'une  grande  vogue.  Ses  violons  étaient 
particulièrement  réputés,  et  Spohr ,  dans  sa 
Méthode,  les  cite,  avec  ceux  de  son  confrère 
Lupot,  comme  étant  les  meilleurs  de  l'époque. 
Le  musée  du  Conservatoire  de  l'aris  en  possède 
un,  qui  est  catalogué  sous  le  numéro  16.  Pique 
est  mort  en  1822,  à  Charenton-Saint-Maurice, 
près  de  Paris,  dans  une  propriété  où  il  s'était 
retiré  depuis  peu  de  temps. 

On  assure  que  Lupot,  eu  travaillant  pour  lui 
avant  de  s'établir  à  son  conipte,  ne  fut  pas 
étranger  à  la  renommée  de  Pique  ;  il  lui  livrait 
des  violons  en  blanc,  au  prix  moyen  de  20  li- 
vres, et  le  plus  souvent  celui-ci  se  contentait 
de  les  vernir.  La  faveur  dont  jouis.sait  Pique 
peut  en  grande  partie  être  attribuée  à  cette 
collaboration  anonyme  de  Lupot,  ainsi  qu'à  la 
protection  du  célèbre  Baillot,  qui  jouait  volon- 
tiers ses  violons  el  lui  adressait  beaucoup  de 
ses  élèves. 

Le  vernis  de  Pique  est  d'un  rouge  foncé, 
un  peu  opaque,  et  les  épaisseurs  sont  souvent 
exagérées.  Néanmoins,  il  a  laissé  quelques  spé- 
cimens recommandables. 

J.  G  — Y. 

PIQUÉ   (G ),  compositeur  espagnol, 

est  l'auteur  d'un  opéra  italien,  Ernesto,  duca 
di  Sicilia,  qui  a  été  représenté  sur  le  théâtre 
principal  de  Barcelone,  le  14  novembre  iSVi. 
Cet  artiste  ne  m'est  pas  autrement  connu. 

PIROYE  ( ),  organiste  de  l'église  des 

Jacobins  de  la  rue  Saint-Honoré ,  mort  dans  la 
première  moitié  du  dix-huitième  siècle,  était 
un  artiste  distingué.  Titon  du  Tillet,  dans  son 
Parnasse  françois  (1732),  le  cite  au  nombre 
des  organistes  les  plus  habiles,  récemment  morts 
à  l'époque  où  il  écrivait. 

PISAiVI  (Bartolomeo),  compositeur  italien 
distingué  et  chef  d'orchestre,  né  à  Constanti- 
Hople  en  1811,  a  fait  de  bonnes  études  sous  la 


direction  de  Mercadante.  11  a  commencé,  je 
crois,  sa  carrière  de  musicien  dramatique  par 
la  composition  de  deux  oiiéras  dont  l'un  avait 
pour  titre  la  Péri,  et  l'autre,  Rosamunda;  mais 
je  ne  saurais  dire  où  ces  deux  ouvrages  ont  vu  le 
jour.  Eu  1859,  M.  Pisani  était  chef  d'orchestre 
au  théâtre  Naoum,  deConslantinople,  et  en  1863 
il  donnait  à  ce  théâtre  un  drame  lyrique  inti- 
tulé Ladislao,  qui  était  presque  aussitôt  re- 
produit à  Florence.  L'année  suivante,  M.  Pi- 
sani faisait  un  voyage  en  France  et  donnait  à 
Paris  un  grand  concert  dans  lequel  il  faisait 
entendre  quelques-unes  de  ses  compositions , 
entre  autres  des  chœurs  sans  accompagnement, 
quelques  jolies  mélodies  vocales,  une  ouverture 
et  une  grande  fantaisie  musicale  à  quatre  voix 
seules,  chœur  et  orchestre,  écrite  sur  les  Djinns 
de  Victor  Hugo;  ce  dernier  ouvrage  produisit 
particulièrement  sur  le  public  et  sur  la  critique 
une  impression  très-favorable. 

Le  5  novembre  1805,  M.  Pisani  donnait  à  la 
Scala,  lie  Milan,  Rébécca  ,  opéra  sérieux  qui 
n'obtint  aucun  succès.  Il  garda  alors  le  silence 
pendant  plus  de  dix  années ,  et  ne  reparut  à  la 
scène  que  le  27  janvier  1876,  en  donnant  à  Venise 
un  nouvel  ouvrage  dramatique  intitulé  la  Gi- 
tana,  qui  fut  plus  heureux  que  le  précédent. 
Dans  l'intervalle,  il  avait  écrit  à  la  mémoire  de 
son  vieux  maître,  qui  venait  de  mourir,  un 
chaut  funèbre  exécuté  sous  ce  titre  :  une  La- 
crima  sulla  tomba  di  Mercadante. 

En  dehors  de  ses  œuvres  dramatiques,  M.  Pi- 
sani a  publié  diverses  compositions,  entre  autres 
un  recueil  de6  morceaux  de  chant,  un  album  de 
10  mélodies  à  une  ou  <leux  voix,  plusieurs  autres 
mélodies  détachées,  un  Ave  Maria  à  voix  seule, 
et  quelques  morceaux  de  nuisique  de  danse 
pour  le  piano.  On  connaît  aussi  de  lui  un  hymne 
patriotique  intitulé.  Chant  du  peuple  au  roi 
d'Italie. 

PISANO  (Nicola),  compositeur  italien  qui 
vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  est  l'auteur  d'une  farce  en  musique  in- 
titulée la  Rïna,  qui  fut  représentée  à  Naples, 
sur  le  petit  théâtre  des  Fiorentini,  en  1731. 

*  PlSAROI\l  (Benedetta-Rosamunda).  — 
Cette  admirable  chanteuse,  qui  était  retirée  de 
la  scène  et  avait  disparu  du  monde  artistique 
depuis  près  de  quarante  ans,  est  morte  à  Plai- 
sance, sa  ville  natale,  le  6  août  1872. 

*  PISCHEK  (Jean-Baptiste),  chanteur 
distingué,  est  mort  à  Sigmaringen,  le  16  février 
1873. 

PISILAI\I  (Belisario),  compositeur  italien, 
a  écrit  la  musique  d'un  opéra  boulfe  intitulé  il 
i\aso  del  morto,  qui  a  été  représenté  en  1867. 


350 


PISTILLI  —  PLAtDY 


*  PISTILLI  (Achille),  compositeur  italien, 
est  né  a  Montagano,  dans  la  province  de  Cainpo- 
basso,  au  mois  de  juillet  1820.  Dès  son  plus  jeune 
âge  il  apprit  les  premiers  éléments  de  la  musique, 
et  il  avait  à  peine  accompli  sa  huitième  année 
lorsque  ses  parents  l'envoyèrent  à  Naples,  où 
il  fut  admis  au  Conservatoire  de  San-Pietro  a 
Majelia.  11  fut,  dans  cet  établissement,  l'élève 
de  [''rancesco  Lanza  pour  le  piano,  de  Francesco 
Rug^i  pour  le  contre-point  et  l'harmonie  accom- 
pagnée, et  de  Donizetti  pour  la  composition,  ce 
qui  n'empôcha  pas  Zingarelli  lui-même,  alors 
directeur  de  l'école,  de  lui  donner  des  conseils. 
Il  n'avait  que  dix-sept  ans  lorsqu'il  écrivit  sa 
première  messe,  à  quatre  voix  et  orchestre, 
qu'il  fit  suivre  bientôt  de  diverses  autres  com- 
positions religieuses.  Mercadante  étant  venu  à 
succéder  à  Zmgarelli,  c'est  sous  sa  direction 
qu'il  composa  ensuite  une  opérette,  il  Fïnio 
Feiidatario,  pour  le  petit  théâtre  du  Conser- 
vatoire. 

Il  quitta  celui-ci  en  1843,  et  trois  ans  après, 
en  1846,  il  faisait  représenter  sur  le  théâtre  du 
Fomlo,  de  JN'aples,  un  opéra  sérieux  en  3  actes, 
Rodolfo  da  Brienza,  qui  fut  bien  reçu  du  pu- 
blic; il  resta  cependant  dix  ans  sans  aborder 
de  nouveau  la  scène,  et  n'y  reparut  qu'une 
dernière  fois  en  donnant  eu  1856,  au  même 
théâtre,  un  drame  lyrique  en  3  actes  intitulé 
Maltlde  d'^Ostan.  A  partir  de  ce  moment  il 
se  livra  exclusivement  à  l'enseifinement,  ainsi 
qu'à  la  composition  de  nombreuses  œuvres 
de  musique  religieuse  et  de  morceaux  de 
piano  plus  nombieux  encore.  Devenu  profes- 
seur dans  un  élnblissement  religieux,  il  écrivit 
seulement  pour  les  élèves  de  cet  établisse- 
ment un  petit  opéra  intitulé  il  Gondoliere 
di  Fenezïa.  La  lin  de  cet  artiste  fut  malheu- 
reuse; ayant  perdu  un  fils  âgé  de  treize  ans, 
qu'il  adorait  et  qui  promettait  de  devenir  un 
musicien  distingué,  sa  raison  fut  ébranlée  par 
cet  événement;  ou  dut  le  transporter  dans  la 
maison  de  fous  d'Aversa,  où  il  mourut  miséra- 
blement le  29  janvier  1809. 

En  dehors  de  ses  quelques  ouvrages  drama- 
tiques, on  doit  à  Pislilli  les  compositions  suivan- 
tes :  4  messes  à  4  voix  et  orchestre;  Miserere 
à  4  voix,  avec  qualuor  <rinstrum('nls  à  cordes; 
Te  Deum  à  4  voix,  chœur  et  orchestre;  Ma- 
(jtiifical  à  4  voix  et  orchestre;  6  Tanium  eryo 
à  1,  2,  3  ou  4  voix,  avec  orchestre;  divers 
motets  à  une  ou  plusieurs  voix,  avec  orchestre; 
Ujmne  en  lionunage  â  Ferdinand  11,  roi  de  Na- 
ples; Hymne  en  hoiimia;;e  nu  pape  Pie  IX; 
Hymne  à  Victor-Iinunanuel;  la  l'ieUt,  alhutn  de 
huit  morceaux  de  chaut;  la  Gkirlanda  di/iori, 


album  de  six  morceaux  de  chant  ;  mélodies  à 
ime  ou  plusieurs  voix;  plus  de  cent  morceaux 
de  genre,  fantaisies,  etc.,  pour  le  piano,  écrits 
pour  la  plupart  sur  des  thèmes  d'opéras  et  qui 
forment  des  recueils  publiés  sous  différents  ti- 
tres :  te  Pitmizie  del  Pianista,  Ricordi  di  una 
gita  a  Aapoli,  Toccaline  e  Bagattelle,  la  Lira 
teatrale,  Piccole  fantasie  a  4  mani,  etc.,  etc. 
—  Un  artiste  du  même  nom,  M.  Giuseppe  Pis- 
tilii,  sans  doute  parent  du  précédent,  s'est  fait 
connaître  par  la  publication  de  quelques  mor- 
ceaux de  t;enre  pour  le  piano. 

PITRE  (Giuseppe),  écrivain  italien,  est  au- 
teur d'un  recueil  très-abondant  et  très-curieux 
de  Canti  populuri  siciliani  (Palerme,  Pedone- 
Lauriel,  1870-71,  2  vol.  in-12),  qu  il  a  fait  pré- 
céder d'une  étude  critique  étendue  et  intéressante 
sur  ces  chants,  et  qu'il  a  accompagné  d'un  certain 
nombre  de  mélodies  populaires  originales.  11  est 
fâcheux  que  M.  Pilrè  n'ait  pas  eu  les  connais- 
sances nécessaires  pour  compléter  son  travail 
littéraire  par  des  remarques  musicales  sur  les 
chants  populaires  siciliens.  Les  mélodies  qu'il 
a  reproduites  ont  été  réunies  par  les  soins 
de  plusieurs  musiciens,  MM.  Giovanni  Maggio, 
Alfoiiso  Accurso,  Carmelo  Pardi,  Tommaso  Can- 
nizzaro,  et  Biagio  Lipari. 

*  PIXIS  (Jean-Pierre),  pianiste  et  compo- 
siteur, est  mort  le  20  décembre  1874  à  Baden- 
Baden,  où  il  avait  fixé  sa  résidence  depuis  plus 
de  trente  ans. 

PIZET  ( ),  dit  Pizet  Vaine,  vivait  à 

Caen  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  et  était  directeur  du  Concert  de  cette 
ville  en  même  temps  que  de  la  maîtrise  de  l'église 
Saint-Pierre.  Pizet  fit  exécuter  au  Concert  de 
Caen  plusieurs  œuvres  de  sa  composition,  entre 
autres  une  cantatille  à  voix  seule  avec  sym|)ho- 
nie,  intitulée  les  Faveurs  du  Sommeil,  qu'il 
publia  à  Paris  eu  1760.  A  l'époque  de  la  Révolu- 
tion, Pizet,  devenu  vieux  ,  com|iosa  la  imisi(|ni'. 
de  plusieurs  hymnes  patriotiques ,  qui  furent 
chantés  à  Caen  pour  diverses  fêtes  nationales. 
Très-estimé  de  ses  concitoyens,  il  faisait  alors 
partie  de  la  mimicipalité  de  cette  ville. 

PLAIUY^  (LoLis),  violoniste,  pianiste  et 
professeur  allemand,  né  à  Wermsdorf  (Saxe), 
le  28  novembre  1810,  mort  à  Grimma  le  3  mars 
1874,  étudia  le  piano  à  Dresde  avec  Agthe,  et 
le  violon  avec  L.  Hache.  Il  conmiença  à  se  li- 
vrer à  l'enseignement  à  Dresde,  mais,  faute 
d'élèves,  dut  aller  se  fixer  à  Leipzig.  Là,  il  se 
lit  entendre  comme  violoniste  dans  Icsconceris, 
mais  ensuite  se  consacra  pins  spécialement  à  la 
prali(p!e  du  piano,  et,  grâce  à  l'infliicnce  de 
Mendelssohn,  se  vit  nommer  professeur   pou 


PLAIDY  —  PLANTÉ 


351 


I 


cet  instrument  au  Conservatoire  de  Leipzig. 
Plaidy  a  publié  sous  ce  litre  :  Éludes  techni- 
ques pour  le  piano ,  un  recueil  que  l'on  dit 
fort  estiinahle. 

PLAXQUE  ( ),  est  l'auteur  d'une  pu- 
blication laile  sous  ce  titre  :  Agenda  lïiusicdl 
ou  Indicateur  des  amateurs,  artistes  et  coin- 
merçans  en  musique  de  Paris,  la  province  et 
l'étranger,  p;ir  Planque,  musicien  et  accordeur 
de  pianos  (Paris,  Frère,  in-lG).  Il  a  paru  trois 
volumes  de  cette  publication,  pour  les  années 
1835,  1836  et  1837;  elle  était  d'ailleurs  conçue 
sur  un  plan  défectueux  et  incomplet. 

PLAA'ljUETTE  (  Rodeiiï  ),  pianiste  et 
compositeur,  né  vers  1850,  a,  dit  on,  fait  quel- 
quis  études  avec  M.  Dupralo  ;  mais  ces  éludes 
sont  restées  sans  doute  fort  incomplètes,  car  la 
musique  du  jeune  artiste  pèche  en  bien  des 
points.  Après  avoir  écrit  pour  les  cafés-concerts 
plusieurs  chansons  et  chansonnettes,  avoir  fait 
jouer  à  l'Eldorado  un  certain  nombre  d'opé- 
rettes sans  conséquence,  M.  Planquette  mit  en 
musique  un  monologue  de  M.  Pierre  Véron, 
On  demande  une  femme  de  chambre,  que 
M'"^  Judic  chanta  dans  divers  salons  après  l'a- 
voir fait  connaître  à  Saint  Pélersbuurg.  C'est 
alors  que  M.  Planquette  fut  chargé  d'écrire  la 
musique  d'une  pièce  en  3  actes,  les  Cloches 
de  Corneville,  qui  fut  représentée  aux  Folies- 
Dramatiques  le  19  avril  1877,  et  qui  obtint 
une  série  de  plus  de  400  représenlaiions  con- 
sécutives. Ce  succès,  absolument  inexplicable 
d'ailleurs  dans  son  exagération,  était  dû  ,  pour 
la  plus  grande  partie,  à  la  nature  de  la  pièce 
et  au  talent  des  acteurs  chargés  de  l'inter- 
préter; quant  à  la  musique,  vulgaire  et  assez 
mal  construite,  elle  ne  saurait  faire  préjuger  le 
sort  que  l'avenir  réserve  à  son  auteur.  M.  Plan- 
quette a  publié  (Paris,  Balhlot),  un  recueil  in- 
titulé :  Refrains  du  régiment,  12  chansons 
militaires.  Parmi  les  opérettes  ou  saynètes 
qu'il  a  fait  repré>enter  avant  d'aborder  un  vrai 
théâtre,  je  citerai  les  suivantes  :  Méfie-toi  de 
Pharaon,  un  acte.  Eldorado,  1872;  le  Ser- 
ment de  M"'^  Grégoire,  un  acte,  id.,  1874; 
Paille  d'avoine,  un  acte,  Déia.ssements  Comi- 
ques, 1874;  le  Péage,  saynète,  Eldoiado.  Au 
mois  de  février  18"9,  M.  Planquette  a  donné  sur 
le  théâtre  de  Monte-Carlo  (Aïonaco),  pour  son 
inauguration,  une  opérette  en  un  acte  intitulée 
te  Chevutier  Gaston. 

PLAiXTADE  (Charles-François),  compo- 
siteur, né  le  14  avril  1787,  mort  à  Paris  le 
26  mai  1870,  était  lilsde  CliariesHenii  Planlade. 
Il  fit  ses  études  musicales  au  Conservatoire, 
puis,    ayant  été  appelé  sous  les  drapeaux,  il 


servit  pendant  sept  ans  dans  la  jeune  garde  im- 
périale, d'où  il  sortit  avec  le  grade  de  sous-lieu- 
tenant, il  entra  alors  dans  l'administration  , 
devint  chef  de  bureau  au  mmislère  des  finances, 
d'où  il  fut  détaché  pendant  plusieurs  années  à 
rOpéra  et  au  Conservatoire,  et  enfin,  sous  le 
second  empire  ,  lit  partie  du  ministère  de  la 
maison  de  l'empereur  et  des  beaux-arts.  Ses 
occupations  administratives  n'eirqjêchérent  pas 
Plantade  de  se  livrer,  pemlant  plus  dun  demi- 
siècle,  à  ses  goùls  artistiques  modestes,  et  d'é- 
crire plus  de  deux-cents  romances,  chansons  et 
chansonnettes  comiques.  Parmi  ces  dernières, 
dont,  la  plupart  du  temps,  il  traçait  à  la  fois 
les  paroles  et  la  musique,  un  grand  nombre, 
obtinrent  de  très-grands  succès  et  faisaient  à  la 
lois  le  tour  des  théâtres  et  des  salons  ;  bien  que 
cela  nous  reporte  à  l'époque  de  la  Restauration  et 
de  la  monarchie  de  Judiet,  les  titres  de  quelques- 
unes  de  ces  amusantes  productions  ne  sont  pas 
tout  à  fait  oubliés,  et  l'on  se  rappelle  encore  le 
Thé  de  marne  Gibou,  le  Bureau  déplacement, 
l'Ouvreuse  de  loges,  le  Tombeau,  des  secrets, 
A  bas  les  médecins  !  les  Aaieux  à  la  garnison, 
Arez-vous  vu  mon  parapluie?  les  Caprices 
d'un  soldat,  le  Retour  du  voltigeur,  les  Jolis 
Soldats  {u  Un  grenadier,  c'est  une  rose  »),  etc., 
etc.  Les  chansonnettes  de  Plantade  obtenaient 
alors  une  vogue  semblable  à  celle  qui  accueillait 
les  nocturnes  de  Masini  et  les  romances  de  La- 
barre  et  de  Panseron.  Plantade  fut,  en  1828,  l'un 
des  membres  fondateurs  de  la  Société  des  con- 
certs du  Conservatoire,  et  trente  ans  plus  tard  il 
fondait,  avec  JMM.  Boiirget,  de  Courcy,  Delange, 
Guérm,  Paul  Henrion,  Masini  et  Parizol,  la  So- 
ciété des  auteurs,  compo>iteurs  et  éditeurs  de 
musique,  dont  il  est  resté  jusqu'à  sa  mort  le 
trésorier  et  le  président  honoraire. 

PLAi\TÉ  (François,  dit  Francis),  le  plus 
remarquable  et  le  plus  renommé  des  pianistes 
français  contemporains,  est  né  h  Orlhez  (Basses- 
Pyrénees)  le  2  mars  1839.  Conduit  de  bonne 
heure  à  Paris  par  sa  famille,  il  commença  l'é- 
lude du  piano  dès  son  plus  jeune  âge,  et  eut,  je 
crois,  pour  premier  professeur  M'""  Saint-Aubert. 
Déjà,  enfant  prodige,  il  s'était  lait  entendre  plu- 
sieurs fois  en  public  avec  succès  lorsque  ,  ayant 
accompli  seulement  sa  dixième  année,  il  se  vit 
admettre  au  Conservatoire,  dans  la  classe  de 
M.  Marmontel.  Son  admission  dans  cette  classe 
date  du  1.5  décembre  1849  ,  et  sept  mois  après, 
au  concours  de  1850,  il  remportait  d  emlilé"  le 
premier  prix ,  aux  ajjplaudissemenls  enthou- 
siastes d'un  public  qu'il  avait  presque,  on  peut 
le  dire,  affolé  par  son  étonnante  précocité. 

Ce  succès  ne  devait  pas  être  éphémère,  ainsi 


352 


PLANTÉ 


qu'il  n'arrive  que  trop  souvent  pour  certains 
enfants  bien  doués.  Le  jeune  Planté  avait  en  lui 
toute  l'flolïtî  (l'un  grand  artiste,  ses  facultés 
étaient  remarquables,  et  aux  qualités  de  virtuo- 
sité si  rares  qu'il  possédait  dans  un  âge  aussi 
tendre,  il  joignait  des  aptitudes  plus  rares  encore, 
une  solide  instruction  musicale ,  et  un  fonds  de 
lecture  tel  qu'il  connaissait  toutes  les  œuvres 
des  iriaîtres.  C'est  pourquoi  deux  artistes  fa- 
meux, MM.  Alard  et  Franchomme,dont  les  belles 
séances  de  musique  de  chambre  attiraient  tout 
ce  que  Paris  possédait  de  dilettantes  distingués, 
n'hésitèrent  pas  à  s'associer  le  jeune  pianiste  et 
à  lui  faire  partager  leurs  succès.  C'était  merveille 
de  voir  comment,  à  un  âge  où  les  enfants  ont  à 
peine  le  pressentiment  du  slyle  musical  et  où  ils 
ne  songent  guère  encore  qu'a  acqueiir  des  qua- 
lités techniques ,  celui-ci  interprétait,  dans  le 
sentiment  et  avec  l'accent  propres  à  chacune 
d'elles,  les  grandes  œuvres  d'Haydn,  de  Mozart 
et  de  lieethoven. 

Cela  ne  l'empêchait  pas,  cependant,  de  songer 
à  compléter  son  éducation  théorique.  Il  rentra 
donc  au  Conservatoire,  dans  la  classe  d'harmonie 
et  accompagnement  de  M.  Bazin  (1853),  oblint, 
pour  celte  partie  de  ses  éludes,  un  premier  acces- 
sit en  1854,  et  remporta  le  second  prix  en  1855. 
Il  ne  cessait  pas  d'ailleurs  de  se  produire  en 
public,  et  partout  retrouvait  l'accueil  flatteur  qui 
avait  signalé  ses  premiers  pas  dans  la  carrière. 
.Mais  sa  grande  valeur  intellectuelle  avait  donné 
à  M.  Planté  le  juste  sentiment  de  la  dignité  de 
l'artiste ,  et  il  lui  arrivait  de  témoigner,  en  de 
certains  cas,  d'ime  susceptibilité  qui  n'était  que 
le  résultat  d'une  fierté  légitime.  Or,  il  arriva 
qu'un  jour,  dans  un  salon  officiel  où  il  avait  été 
prié  de  se  faire  entendre,  le  bruit  des  conversa- 
tions était  tel  qu'il  lui  fut  impossible  de  le  do- 
miner, et  qu'il  ne  put  parvenir  à  obtenir  un  ins- 
tant de  silence  et  d'attention  de  la  part  de 
ceux-là  môme  qui  avaient  fait  appel  à  sou  talent. 
Justement  froissé  d'un  tel  manque  d'égards  et  de 
convenances,  M.  Planté  s'échappe  après  l'exécu- 
tion du  morceau  qu'il  avait  commencé,  rentre 
chez  lui,  fait  ses  malles,  et  part  dès  le  lendemain 
même  pour  les  Pyrénées,  en  jurant  qu'd  ne  pa- 
raîtrait plus  dans  ce  salon  inhospitalier  à  la 
musique. 

A  la  suite  de  cette  aventure,  et  pendant  près 
de  dix  années,  M.  Planté  resta  caché  à  tous  les 
regards  et  refusa  obstinément  de  se  montrer  eu 
public.  Toutefois,  ce  temps  ne  fut  |)erdu  ni  pour 
son  talent,  ni  pour  son  avenir.  Dans  la  retraite 
qu'il  s'était  choisie,  l'artiste,  parvenu  à  l'ilge  où 
l'esprit  sait  ce  qu'il  veut  et  où  il  tend,  se  livr.i  à 
l'étude  et  à  la  méditation,  et,  délivré  de  toule 


préoccupation  extérieure,  transforma,  compléta 
im  talent  déjà  si  magnilique,  et  lui  donna  toute 
la  noblesse,  toute  la  grâce ,  toute  l'élégance  qui 
depuis  lors  ont  imposé  ce  talent  à  l'admiration 
de  tons.  Étudiant  les  œuvres  de  tous  les  maîtres, 
se  familiarisant  avec  toutes  les  écoles,  cherchant 
avec  ardeur  et  persévérance  les  moyens  d'ex- 
pression favorables  à  chacune  d'elles,  \\  vécut 
ainsi  dans  l'intimité  de  tous  les  grands  créa- 
teurs, les  Scarlatti,  les  Iliendel,  les  Bach,  les 
Couperin,  les  Hunnuel ,  les  Mendelssohn,  les 
Chopin,  s'identiliant  avec  le  génie  de  chacun,  en 
creusant  le  caractère  individuel,  et  assouplissant 
son  exécution  de  façon  à  traduire  tel  ou  tel 
maître  dans  le  style  qui  lui  est  rigoureusement 
propre. 

M.  Planté  voyagea  ensuite,  parcourut  les  pays 
étrangers,  mais  pour  voir,  pour  observer,  pour 
entendre,  et  non  j)our  se  produire  lui-même. 
C'est  alors  qu'il  se  lia  avec  plusieurs  maîtres 
illustres,  Thalberg,  Liszt,  Rubinstein,  et  qu'il 
connut  la  plupart  des  grands  pianistes  contem- 
porains. Il  étudia  le  style,  les  procédés,  l'art 
particuliers  à  chacun  d'eux,  et  c'est  ainsi  qu'il 
en  arriva  à  parfaiie  et  à  parachever  une  éduca- 
tion déjà  si  complète  et  établie  sur  des  bases  si 
solides. 

Enlin,  après  avoir  fait  retour  aux  contrées 
qui  l'avaient  vu  naître,  M.  Planté  reparut  à 
Paris  en  1872,  pour  mettre  son  talent  au  service 
des  œuvres  charitables  ou  patriotiques  dont  le 
nombre  était  si  grand  à  cette  époque  doulou- 
reuse. Cette  rentrée  dans  le  monde  musical  fut 
un  véritable  événement.  Ceux  qui  ne  connais- 
saient pas  le  virtuose  furent  saisis  d'étonnemeut 
et  d'admiration;  ceux  qui  l'avaient  entendu  na- 
guère ne  furent  pas  moins  surpris  de  sa  trans- 
formation, et  de  la  grandeur,  de  la  variété  qu'il 
avait  su  donner  à  un  talent  déjà  si  élégant,  si 
correct  et  si  pur.  Après  avoir  joué  dans  divers 
concerts  de  bienfaisance,  M.  Planté  se  retrouva 
avec  ses  deux  vieux  amis,  MM.  Alard  et  Fran- 
chomme,  et  donna  avec  eux,  dans  la  salle  du 
Conservatoire,  une  série  de  séances  qui  tirent 
courir  tout  Paris  et  qui  furent  pour  lui  l'occasion 
d'éclatants  triomphes.  11  se  produisit  ensuite 
dans  divers  concerts  à  orchestre,  et  ne  fut  pas 
moins  heureux  dans  l'exécution  des  grandes 
œuvres  qu'il  y  lit  entendre,  que  dans  les  com|to- 
silions  intimes  ou  dans  celle  de  la  musique  de 
clianibrc.  Depuis  lors,  M.  Planté  a  voyagé  de 
nouveau,  mais  cette  fois  pour  se  présenter  au 
public  étranger,  et  partout,  mais  notauunent  en 
Belgique,  il  a  obtenu  d'immenses  succès. 

M.  Planté  est  véritablement  un  artiste  de 
premier  ordre,  et  d'une  valeur  telle  que  les  |)lus 


PLANTÉ  —  PLATiVrSIA 


353 


grands  éloges  ne  sauraient  l'exagérer.  Ce  n'est 
pas  à  son  sujet  qu'on  peut  parler  des  diflicultés 
pratiques  du  piano,  car  les  questions  de  méca- 
nisme n'en  sont  point  pour  un  tel  artiste,  qui 
possède  au  degré  suprême  toutes  les  qualités 
d'un  virtuose,  et  que  pourtant  on  rabaisserait 
singulièrement  en  le  considérant  comme  un 
simple  virtuose.  Ce  qu'il  faut  louer,  ce  qu'il 
faut  admirer  en  lui,  c'est  l'ensemble,  le  fini  et 
l'étonnant  fondu  de  l'exécution,  c'est  un  style 
vraiment  incomparable  et  d'une  étonnante  va- 
riété d'expression,  c'est  un  merveilleux  senti- 
ment des  nuances,  depuis  les  plus  délicates 
jusqu'aux  plus  vigoureuses,  c'est  le  moelleux,  la 
souplesse  et  la  grâce  du  doigté,  c'est  ce  phrasé 
si  riche  et  si  libre ,  c'est  enfin  son  charme  à  la 
fois  pénétrant  et  passionné,  son  entente  si  intel- 
ligente du  véritable  effet  musical ,  sot»  goiU  si 
exquis  et  si  pur.  Que  M.  Planté  fasse  entendre  le 
grand  concerto  de  Mendelssohn  ou  le  concerto  en 
mi  mineur  de  Chopin,  la  8*^  Polonaise  de  ce  der- 
nier maître  ou  la  sonate  appassionata  de  Beetho- 
ven, le  menuet  de  Boccherini  ou  la  gavotte  de 
Vfphigénie  de  Gluck,  le  concert-slilck  de  Weber 
ou  la  Mélodie  hongroise  de  Lis/.t,  c'est  toujours 
la  même  sûreté  d'accent,  la  même  sobriété  dans  le 
rendu,  la  même  sincérité  d'exécution,  la  même 
et  constante  recherche  de  l'effet  vrai,  approprié 
à  la  nature  de  l'œuvre.  Très-intéressant  d'ail- 
leurs à  considérer  lorsqu'il  est  au  piano,  il 
semble  éprouver  lui-même  tout  ce  que  la  mu- 
sique exprime,  et  passer  par  les  mille  sensations 
que  son  jeu  incomparable  fait  ressentir  à  ses 
auditeurs.  Et  pourtant  son  maintien  est  absolu- 
ment tranquille,  aisé,  calme  sans  raideur,  et 
exempt  de  tous  mouvements  et  de  toutes  contor- 
sions. C'est  à  peine  si  une  légère  ondulation  du 
corps  se  fait  remarquer  lorsqu'il  passe  d'une 
extrémité  à  l'autre  du  clavier;  mais  parfois, 
pour  l'observateur  proche  et  attentif,  un  plis- 
sement imperceptible  du  front,  un  éclair  du 
regard,  un  hochement  de  la  tête,  un  léger  fronce- 
ment du  sourcil,  viennent  indiquer  l'impression- 
nabilité  de  l'artiste,  et  ce  que  son  âme  semble 
renfermer  de  sensibilité  et  de  passion. 

M.  Planté,  qui  ne  s'est  guère  fait  connaître 
comme  compositeur,  et  qui  a  seulement  publié 
pour  le  piano  quelques  transcriptions  d'œuvres 
exécutées  par  lui,  est  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur. 

1*LATA1\IA  (PiETRo),  pianiste  et  composi- 
teur, directeur  du  Conservatoire  de  Palerme,  est 
né  à  Catane  le  5  avril  1828.  Destiné  par  sa  famille 
à  l'élude  de  la  jurisprudence,  il  n'en  était  pas 
moins  passionné  pour  la  musique,  et  l'on  ra- 
conte à  ce  sujet  un  trait  caractéristique.  L'enfant 

nîOGU.    UNIV.    DES  MUSICIENS.    —   SUPPL 


I  avait  obtenu  de  son  père  l'autorisation  d'assister 
aux  leçons  de  piano  que  recevait  sa  sœur.  Cette 
permission  lui  ayant  été  retirée  sous  prétexte 
qu'il  enabusait  au  détriment  de  ses  études  Utté- 
raires,  le  jeune  Platania,  un  jour  de  fête,  pro- 
fita de  l'absence  de  tous  les  siens,  mit  la  main 
sur  un  sac  d'argent,  prit  une  poignée  d'écus  et 
.s'en  alla  acheter  toute  une  provision  de  musique  * 
qu'il  cacha  sous  son  lit.  Le  larcin  ayant  été  dé- 
couvert, toute  la  maison  fut  en  rumeur,  et  l'en- 
fant, aussitôt  interrogé,  nia  résolument  ;  il  fal- 
lut que  sa  mère  le  prît  à  part  et  le  (;onfcssât  en 
conscience,  en  lui  promettant  l'impunité,  pour 
lui  faire  avouer  la  soustraction  dont  il  s'était  ren- 
du coupable  et  l'emploi  qu'il  avait  fait  de  l'ar- 
gent ainsi  dérobé.  Son  père  crut  alors  devoir  lui 
laisser  suivre  la  voie  qu'il  choisissait  lui-même, 
et  c'est  ainsi  qu'à  quatorze  ans  le  jeune  Platania 
se  vit  libre  de  se  livrer  sans  contrainte  à  l'étude 
de  l'art  vers  lequel  il  se  sentait  si  fortement 
entraîné  (1). 

L'entant  fut  alors  confié  aux  soins  d'un  maî- 
tre de  piano  nommé  Carmelo  Messina,  et  il  étu- 
dia la  composition  avec  Vincenzo  Abatelli.  Au 
bout  de  quelques  années,  il  lit  chanter  sur  le 
théâtre  communal  de  Catane  cinq  morceaux 
qu'il  avait  écrits  sur  des  vers  de  l'avocat  Cesare 
Clarenza,  et  dont  le  sujet  avait  été  pris  par  celui- 
ci  dans  divers  épi.sodes  des  Mystères  de  Paris. 
Raimondi,  alors  directeur  du  Con.servatoire  de 
Palerme,  ayant  entendu  ces  morceaux,  en  tira 
un  heureux  augure  pour  l'avenir  de  leur  jeune 
auteur,  et  s'offrit  à  lui  donner  des  leçons. 
M.  Platania  se  rendit  donc  à  Palerme,  avec  une 
pension  que  sa  ville  natale  lui  fit  à  cet  effet,  et 
travailla  avec  Raimondi,  qui,  au  bout  de  neuf 
mois,  lui  déclara  qu'il  n'avait  plus  rien  à  lui 
apprendre. 

M.  Platania  commença  alors  sa  carrière  de 
compositeur,  et  pour  ses  débuts  fit  représenter 
sur  le  théâtre  Caroliuo,  de  Palerme,  au  mois  de 
mars  1852,  un  opéra  sérieux  intitulé  Malilde 
Benlivoglio,  qui  fut  très-bien  reçu  du  public 
et  qui  lui  valut  du  gouvernement  une  récompense 
de  300  ducats;  cet  ouvrage,  chanté  par  Ne- 
grini,  Corsi,  SelvaetlaSalvini-Donatelli^futjoué 
presque aussilôlàCalane  par  les  mêmes  artistes,et 
n'y  obtint  pas  moins  de  succès.  Au  mois  d'avril 
1857,  le  compositeur  donna,  au  même  théâtre 
CaroHno,  un  second  ouvrage,  Piccarda  Donati, 
dont  la  réussite  fut  plus  complète  encore,  et  le 
20  septembre  18G3  il  fut  nommé  directeur  du  Con- 
servatoire de  Palerme.  Il  fil  repré.senler  encore 
à  Palerme,  en  1865,  un  drame  lyrique  intitulé  la 


(I)  V.  Caputo,  Annuario  gênerais  délia  musica,  i(i7«. 
—  T.  n.  23 


354 


PLATANIA  —  POHL 


Vendetta  slava,  mais  depuis  cette  époque  il 
semlilf  suitout  s'être  consacré  aux  devoirs  «jue 
lui  impose  la  direclion  de  i'tHablisseuient  à  la 
tète  iiu(|uel  il  est  placé.  Il  a  publié  en  1872  un 
Cours  complet  de  canons  et  fugues  de  tout 
(?ew/p (Milan,  Lucra),  et  rompte  livrer  prochai- 
nement au  public,  conuiie  iutioduction  à  cet 
•  ouvrage,  un  Traité  rationnel  et  pratique  dUiar- 
monie. 

M.  Platania,  qui  est  membre  de  l'Académie  de 
Sainte-Cécile  de  Rome,  chevalier  de  l'ordre  des 
SS.  Maurice  et  Lazare,  officier  de  celui  de  la 
Couronne  d'Italie,  a  fait  exécuter,  le  10  mai 
ISGs,  une  Symphonie  funèbre  à  la  mort  de 
Pacini,  et  a  écrit  un  quatrième  opéra,  Giulio 
Sabino,  qui  jusqu'ici  n'a  pas  été  repiésenté. 
Lors  du  voyage  que  le  roi  et  la  reine  d'Italie 
firent,  à  la  fin  de  1878,  dans  les  principales 
villes  du  royaume,  M.  Platania  ht  exécuter  à 
Palerme  une  ode-symphonie  pour  chœur,  or- 
chestre et  musique  militaire,  dédiée  au  roi,  et 
un  Hymne  à  la  reine. 

PLATZER  (Joseph),  compositeur  allemand 
conteuq)orain,  s'est  fait  connaître  du  public  par 
qiiel<|ues  opéras-comiques  dont  le  dernier,  l'En- 
lèvement des  Sabines,  avait  été  accueilli  avec 
plaisir  à  Munich,  où  il  était  représenté  au  mois 
de  décembre  1876.  Ce  jeune  artiste  mourut  pré- 
maturément à  Munjch  au  mois  d'avril  de  l'année 
suivante,  à  peine  âgé  de  trente-six  ans,  laissant 
complètement  achevée  une  partition  écrite  sur 
les  Grenouilles  d'Aristophane,  qui  devait  être 
donnée  sur  le  théâtre  de  cette  ville. 

PLETIXCliX  (François  Josi-i'H),hauboïste 
Tort  distingué,  né  à  Bruxelles  le  21  juin  1829, 
fut  admis  au  Conservatoire  de  cette  ville  à  l'âge 
de  douze  ans,  y  remporta  le  second  prix  de 
hautbois  en  184G,  et  le  premier  en  1848.  Devenu 
professeur  dans  cet  établissement  le  II  mars 
1801,  en  remplacement  de  son  ancien  maître 
M.  Friard,  il  acquit  une  véritable  renommée  de 
virtuose  en  se  faisant  entendre  fréquenunent,  soit 
aux  concerts  du  Conservatoire  de  Bruxelles,  soit 
aux  Concerts  populaires,  soit  à  ceux  de  l'Associa- 
tion des  artistes  musiciens.  M.  l'IetincKx,  qui  a 
formé  un  grand  nombre  d'excellents  élèves, 
reuq)lit  les  fonctions  de  premier  hautbois-solo 
au  théâtre  royal  de  la  Monnaie,  de  Bruxelles. 

*  1*LK  YEL  (Camilli:),  pianiste,  compositeur 
et  facteur  de  pianos,  était  né  à  Strasbourg  non 
en  17'J2,  mais  le  18  décembre  1788. 

*rLEYEL(Madanu!MAiiiii-Fti.iciTi:-DGNiSE), 
née  MAItE  ,  l'une  des  plus  grandes  pianistes  du 
dix-ncuvièmesiècle,  est  morte  à  Sainl-,Josse-ten- 
Noodc-lfz-Bruxclles  le  30  mars  1875.  Elle  était 
née  à  Paris  le  4  septembre  1811,  La  1872  elle 


avait  dû  se  démettre  de  ses  fonctions  de  profes- 
seur au  Conservatoire  de  Bruxelles,  où  elle  avait 
été  remplacée  par  M.  Auguste  Dupont  (Foy.  ce 
nom). 

rODESTA  ( ),  compo.siteur  italien,  est 

l'auteur  d'un  opéra  sérieux,  lai  Matrimonïo 
sotto  la  repuhblica,  qui  a  été  représenté  avec 
succès  le  10  juin  1875  au  théâtre  Ddl  Verme, 
de  Milan. 

*  POGGI  (Antoink),  ténor  renommé,  est  mort 
à  Bologne,  sa  ville  natale,  au  mois  d'avril  1875. 
On  sait  que  cet  artiste  avait  épousé  la  célèbre 
cantatrice  Erininia  Frezzolini. 

POHL  (Ciiakles-Ferdinand),  organiste  et 
écrivain  musical  allemand,  né  à  Darmstadt  le 
6  septembre  1819,  fut,  en  1841,  élève  de  Simon 
Sechter  à  Vienne.  De  1849  à  1855,  il  rem|ilit  les 
fonctions  d'organiste  à  l'église  protestante  du 
faubourg  Gumpendorf  de  cette  ville,  puis,  en 
1803,  il  partit  pour  Londres,  où  pendant  trois 
années  il  s'occupa  de  rechercher  au  British 
Muséum  tous  les  documents  relatifs  aux  séjours 
qu'avaient  faits  Mozart  et  Haydn  dans  la  capitale 
du  royaume  britannique.  De  retour  à  Vienne  en 
1866,  M.  Ferdinand  Pohl  fut  nommé  archiviste 
et  iiibliothécaire  de  la  Société  des  Amis  de  la 
musique,  et  il  songea  aussitôt  à  mettre  à  profit 
les  documents  intéressants  qu'il  avait  rapportés 
d'Angleterre;  il  en  fit  l'objet  d'un  ouvrage  im- 
portant qu'il  publia  sous  ce  titre  :  Mozart  und 
Haydn  in  London  (Vienne,  Géroli,  1867, 
2  vol.),  qui  fut  bien  accueilli  du  public.  Di\ja , 
avant  son  départ  pour  l'Angleterre,  M.  Pohl 
avait  livré  au  public  un  opuscule  intitulé  :  Zur 
Geschichte  der  Glas-IIarmonica  (Vienne,  Gé- 
rold,  1862).  Il  continua  de  se  livrer  à  des  tra- 
vaux de  littérature  musicale,  et  publia  successi- 
vement les  écrits  dont  voici  les  titres  :  Die  GeS' 
ellschaft  der  musikfreunde  und  ilir  Conser- 
valorium  in  Wien  {La  Société  des  Amis  de  la 
musique  et  son  Conservatoire  à  Vienne),\mme, 
Braumuller,  1871;  Denkschrift  uus  anlasz, 
des  100"  jahrigen  bestehens  der  Tonkunstler- 
Societat  in  Wien  {Souvenir  à  Voccasion  de 
la  100«a/i;iee  de  la  fondation  de  la  Société  des 
musiciens  de  Vienne),  Vienne,  Gérold,  1871; 
Joseph  Haydn,  Berlin ,  Sacco,  1875  (de  ce 
dernier  ouvrage,  le  premier  volume  a  seul  i>aru 
jus(iu'à  ce  jour;  il  doit  être  suivi  de  plusieurs 
autres);  Bibliographie  der  Musik-Sammel- 
iverki'dos  10  und  17  Jahrhunderts. 

POHL  (Rir.uAiiD)  ,  critique  musical  alle- 
mand qui  .s'est  fait  dans  sa  patrie  une  ré|>ufa- 
tion  méritée,  est  né  à  Leipzig  en  1826.  Après 
avoir  étudié  la  mécanique  et  les  mathématiques 
à  l'Lcolc  polytechnique  de  Chemnitz  et  à  Caris- 


I 


POHL  —  POISOT 


355 


ruhe,  avoir  terminé  ses  études  à  l'université 
de  Gœttingiie  et  à  Leipzig,  il  fut  nommé  pro- 
fesseur à  Gratz,  d'où  il  se  vit  obligé  de  s'éloi- 
gner au  bout  de  quelques  années  pour  causes 
politiques.  Il  se  rendit  alors  à  Dresde,  de  là  à 
Weiniar,  et  bientôt  s'occupa  activement  de  mu- 
sique et  de  critique.  C'est  sous  ce  rapport  qu'il 
a  pris  part  à  la  rédaction  de  la  Neue  Zeilschrift 
de  Leip/.ig  et  de  divers  autres  journaux.  M.  Ri- 
chard .  PohI  est  un  zélé  partisan  de  M.  Richard 
Wagner  et  de  sa  doctrine. 

La  femme  de  cet  artiste,  M'"  Eijthy  était 
une  harpiste  distinguée  et  a  brillé  comme  vir- 
tuose. Elle  est  morte  à  Baden-Baden  le  23  no- 
vembre 1870. 

POHLE  (CnARLEs-FRÉDÉuic),  pianiste,  pro- 
fesseur et  critique  musical  allemand,  est  l'au- 
teur d'un  écrit  publié  sous  ce  titre  :  de  VÉtude 
des  compositions,  ou  Clef  des  secrets  de  l'exé- 
cution pour  les  pianistes.  Cet  artiste  est  mort 
à  Leipzig  le  14  septembre  1871,  à  l'âge  de 
soixante  et  onze  ans. 

POIRSOi\  (CuARLEs),  l'un  des  professeurs 
de  rOrpbéon  municipal  de  Paris,  est  l'auteur 
d'un  livre  publié  sous  le  titre  de  Guide- Manuel 
deVorphéoniste  (Paris,  Hachette,  1868,  in-12). 
On  trouve  dans  cet  écrit  un  résumé  historique 
du  chaut  choral  en  France,  des  notices  biogra- 
phiques .succinctes  sur  les  compositeurs  fran- 
çais ou  étrangers  qui  ont  écrit  des  chœurs 
pour  voix  d'hommes  sans  accompagnement,  et 
des  notions  élémentaires  sur  l'art  du  chant  et 
sur  l'harmonie. 

*  POISE  (Jëan-Alexandre-Ferdisand).  — 
Quelques  erreuis  se  sent  glissées  dans  la  notice 
consacrée  à  cet  artiste  parla  Biographie  univer- 
selle des  Musiciens.  M.  Poise,  qui  fut  élève  non- 
seulement  d'Adolphe  Adam,  mais  aussi  de  Zim- 
mermann,  est  né  à  Nîmes  le  3  juin  1828,  et  il  a 
obtenu  en  1852,  à  l'insiitut,  non  le  premier  mais 
le  second  grand  prix,  de  composition  musicale. 
Voici,  je  crois,  la  liste  bien  complète  des  ouvra- 
ges que  ce  compositeur  distingué  a  fait  représen- 
ter jusqu'à  ce  jour  :  1"  Bonsoir,  voisin,  un 
acte,  Théâtre-Lyrique,  18  septembre  18j3  (repris 
plus  lard  à  l'Opéra-Comique)  ;  2°  les  Char- 
meurs, un  acte,  Théâtre-Lyrique,  7  mars  1855 
(repris  plus  tard  à  l'Opéra  Comique);  3"  le  Thé 
de  Polichinelle,  un  acte,  Boufles-Parisiens, 
4  mars  1856  ;  4°  Do7i  Fèdre,  2  actes,  Opéra- 
Comique,  30  avril  1858;  b°  le  Jardinier  galant, 
2  actes,  Opéra-Comique,  4  mars  1861  ;  6°  les 
Absents,  un  acte,  Opéra-Comique,  26  octobre 
1864  ;  1"  les  Moissonneurs,  cantate,  Ofiéra-Co- 
mique,  15  août  1866;  8°  le  Corricolo,  3  actes, 
Opéra-Comique,  28    novembre   1868;    9"   les 


Deux  Billets,  un  acte,  Athénée,  19  février 
Id70;i0'>  les  Trois  Souhaits,  un  acte,  Opéra- 
Comique,  29  octobre  1873;  U"  la  Surprise  de 
l'amour,  2  actes,  Opéra-Comique,  31  octobre 
1877.  Ce  dernier  ouvrage,  d'une  l'orme  tiès-chà- 
liée  et  d'une  inspiration  charmante,  empreint 
d'un  sentiment  exquis  et  d'une  grâce  pénétrante, 
a  obtenu  un  succès  très-vif  et  Irès-mérité  (1). 

M.  Poise  a  arrangé  et  réorchestré  la  partition 
du  Sorcier,  de  Philidor,  pour  la  reprise  que  lit 
de  cet  ouvrage  le  gentil  petit  théâtre  des  Fantai- 
sies-Parisiennes. En  1872,  l'Académie  des  Beaux- 
Arts  lui  a  décerné,  en  partage  avec  un  peintre 
et  un  sculpteur,  le  prix  fondé  par  le  baron  Tré- 
mont.  On  connaît  de  lui  quelques  chœurs  à 
4  voix  d'hommes,  sans  accompagnement  :  Cri 
de  guerre,  la  Saini-Valentin,  A'emausa, 
etc. 

POISLE-DESGR ANGES  (J ),  écri- 
vain français,  est  auteur  d'un  petit  livre  intitulé  : 
Rouget  de  Liste  et  la  Marseillaise  (Paris,  Ba- 
chelin-Detlorenne,  1864,  in-16  avec  portrait), 
dans  lequel  se  trouvent  quelques  renseignemeuts 
intéressants. 

*  POISOT  (Charles-Emile),  compositeur  et 
musicographe  français,  est  né  à  Dijon  le  7  (et 
nom  le  8)  juillet  1822.  Artiste  laborieux  et  con- 
vaincu, M.  Poisot,  qui  aété  à  Paris  l'un  des  fon- 
dateurs delà  Société  des  compositeurs  de  musi- 
que, a  créé  à  Dijon  un  Conservatoire,  dont  il 
fut  nommé  le  directeur  par  arrêté  ministériel  du 
15  décembre  1868,  qu'il  ouvrit  au  mois  d'avril 
de  l'année  suivante,  et  qu'il  ne  quitta  qu'au  bout 
de  trois  années,  lorsque  l'organisation  en  eût  été 
complétée  par  lui.  Au  mois  de  juin  1872,  il  fon- 
da dans  la  même  ville  une  société  de  musique 
religieuse  et  classique  qui  a  déjà  donné  plus  de 
quarante  exécutions,  et  à  l'aide  de  laquelle  il  a 
(ait  connaître  en  Bourgogne  diverses  grandes 
uiuvres  de  Hiiendel,  de  Palestrina  et  de  Rameau. 
Enfin,  c'est  à  M.  Poisot,  sincère  et  entliousiaste 
admirateur  de  ce  dernier  et  illustre  maître, 
son  compatriote,  qu'on  doit  le  généreux  projet 
de  lui  élever  une  statue  sur  l'une  des  places  de 
sa  ville  natale;  ce  projet,  poursuivi  par  lui  pen- 
dant plus  <le  quinze  ans,  en  dépit  des  obstacles 
qu'il  rencontrait  sur  son  chemin,  finit  par  pren- 
dre corps,  et  en  1876,  grâce  à  ses  ellorls,  à  son 
initiative,  à  son  énergie,  M.  Poisot  eut  enfin  la 


(i)  M.  Poise  a  publié,  dans  le  Journal  le  Maçasin  des 
Demoiselles,  les  partitions  de  trois  opérettes  qui 
n'ont  pas  été  représentées  :  Jean  Noël,  la  Cigale  et  la 
Fourmi,  et  la  Dame  de  compagnie.  11  a  écrit,  ainsi  que 
MM.  Bazille,  Claplsson,  Gautier,  Gevaert,  Mangeant  et 
Jonas,  un  morceau  pour  la  l'oxilardc  de  Caux,  opérette 
ea  uu  acte  représentée  au  ttieltre  du  Paluis-Royal, 


356 


POISOT  —  POLIGNAC 


oie  de  voir  célébrer  à  Dijon  de  grandes  fêtes 
en  riionnciir  de  Rameau,  et  de  voir  un  modèle 
de  la  statue  du  maître  s'élever  sur  la  place  du 
théâtre,  qui  prit  alors  le  nom  de  place  Rameau; 
le  monument  définitif,  œuvre  de  M.  Jules  Guil- 
laume, sera  procbainement  inauguré. 

M.  Poisot  a  en  portefeuille  plusieurs  opéras 
inédits  :  le  Prince  de  Galles  (3  actes),  répé- 
té au  Théâtre-Lyrique  en  1854,  et  non  joué  par 
suite  d'une  grave  maladie  de  l'auteur;  les 
Spendlers,  écrit  naguère  à  la  demande  de 
M.Réty,directeur  du  mêmetliéûlre  ;  enfin,  Fran- 
ccsco  (2  actes).  Il  a  écrit  aussi  plusieurs  opéras 
de  salon,  qui  ont  été  joués  avec  succès  dans 
diverses  réunions  :  le  Coin  du  feu,  la  Clé  du 
secrétaire,  les  Ressources  de  Jacqueline,  les 
Terreurs  de  M.  Pélers,  Rosa  la  rose,  les 
Deux  Bdlets.  En  dehors  du  théâtre,  il  a  publié 
plusieurs  œuvres  importantes,  divers  motets,  un 
Slabat  Mater  exécuté  avec  succès  dans  l'église 
Saint-Eustacbe,une  cantate  intitulée/e«H«ed'^?'c, 
un  Requiem  à  4  voix ,  orchestre  et  chœurs,  etc. 
Membre  de  l'Académie  de  Sainte-Cécile  de  Rome, 
M.  Poisot  s'est  aussi  beaucoup  occupé  de  litté- 
rature musicale;  il  a  collaboré  au  journal  Wni- 
vers  musical,  dirigé  le  Progrès  musical,  et 
publié  les  opuscules  suivants:  Notice  sur  Jean- 
Philippe  Rameau  (Paris,  Dentu,  1864,  in-18), 
Notice  sur  Jules  Mercier  (1869),  Notice  sur 
Dietsch,  deux,  brochures  sur  Mozart,  etc.  (1). 
On  lui  doit  aussi  un  Coxirs  d'harmonie  et  un 
Traité  de  contre-point  et  fugue. 

*  POISSL  (Jean-Népomucène,  baron  DE) , est 
mort  à  Munich,  le  17  août  1865. 

POISSOM  (Toussaint  RiiNii),  né  à  Paris  en 
1797,  fut  élève  de  Berton  au"  Conservatoire,  et 
remporta  au  concours  de  l'Institut,  en  1819,  le  se- 
cond grand  prix  de  Rome,  tandis  que  Halévy  et 
Massin  (dit  Turina)  obtenaient  le  premier.  Cet 
artiste  a  publié  les  deux  ouvrages  suivants  : 
1"  V Harmonie  dans  ses  plus  grands  développe- 
ments, ou  Théorie  de  composition  musicale, 
Paris,  Meissonnier  ;  2"  De  la  Basse  sous  le 
chant,  ou  l'Art  d'accompagner  la  mélodie 
et  du  contre  point  et  de  la  fugue,  Paris,  Vve 
Canaux,  i'oisson  est  mort  le  13  septembre  1861. 

l'OITKVlX  (GijiLLA.UMii},  prêtre  et  musicien 
français  du  dix-septième  siècle,  était  hémifi- 
cier  et  maitre  de  musique  de  l'église  métropoli- 
taine de  Sainl-Sauveur,  à  Aix  en  Provence.  C'est 
en  celte  qualité  qu'il  fut  le  maître  de  Laurent  Rel- 
lissen  et  d'un  des  plus   grands  artistes  de   ce 

(I)  Une  orreur  s'est  produite  ilansla  /lioiirapliirnnirer- 
stUe  des  Musiciens  ■■  c'est  une  notice  sur  liitilc  (le  gi^nd 
sculpteur  boiirsulb'iionl,  cl  non  sur  liode  (le  violoaiile), 
ou'j  écrite  M.  Poisot.  


temps,  André  Campra,  qui  restera  l'une  des  gloi- 
res de  notre  opéra  français.  On  connaît  de  Poite- 
vin quatre  messes  fort  estimées,  et  l'on  avait  con- 
servé pendant  fort  longtemps  l'habitude  d'en 
chanter  une,  le  jour  anniversaire  de  sa  mort,  dans 
la  cathédrale  de  l'ancienne  capitale  de  la  Pro- 
vence. Guillaume  Poitevin  mourut  à  Mx  le  7  jan- 
vier 170G. 

POL.ICK  DAXIELS,  estle  nom  sous  le- 
quel .s'est  fait  connaître  M.  le  baron  de  Knigge, 
compositeur  amateur  et  violoniste  néerlandais,  né 
à  la  Haye  en  1827  (1).  Elève  de  J.-. H  Lubeck, 
ancien  directeur  du  Conservatoire  de  la  Haye, 
M.Polacli  Daniels  est  depuis  plusieurs  années  fixé 
en  Allemagne,  à  Dresde.  Il  est  l'auteur  de  plu- 
sieurs opéras,  dont  un  seul,  je  crois,  a  été  re- 
présenté ;  c'est  celui  qui  a  pour  titre  Philippi- 
ne Welser  ou  la  Perle  d'Augsbourg,  qui  a  été 
joué  sur  diverses  scènes  allemandes,  ainsi  qu'à 
Amsterdam  et  à  Rotterdam.  M.  Polack  Daniels 
est  aussi  l'auteur  d'une  grande  cantate  religieuse 
qui  a  été  exécutée  à  Rome,  d'un  Te  Deum  qu'il  a 
fait  entendre  dans  l'église  de  Sainte-Gudule,  de 
Bruxelles,  et  de  plusieurs  autres  compositions  de 
musique  sacrée. 

POLAZZO  (Bernard),  violoniste  italien  qui 
vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  a  publié  à  Paris  un  livre  de  sonates  :  Set 
Sonate  a  violino  solo  col  basso  (Paris,  Boivin, 
1743). 

POLIDORO  (Federico), musicien  italien,  né 
àKaples  le  22  octobre  1845,  est  depuis  plusieurs 
années  professeur  d'histoire  et  d'esthétique  mu- 
sicales au  Conservatoire  de  cette  ville.  Cet  ar- 
tiste, dont  l'érudition  paraît  remarquable,  s'est 
crééàNaplesune  véritable  renommée  en  faisant 
de  fréquentes  conférences  sur  des  sujets  tirés  de 
l'histoire  de  la  musique  et  des  musiciens,  ou  en 
prenant  pour  thème  l'étude  et  l'analyse  des  fa- 
cultés esthétiques  de  certains  grands  composi- 
teurs et  l'importance  du  rôle  joué  par  eux.  Il  a 
donné  ainsi,  particulièrement,  une  série  de 
séances  fort  intéressantes  consacrées  à  la  vie  de 
Beethoven  et  à  l'étude  des  faits  qui  ont  marqué 
la  carrière  de  M.  Richard  Wagner.  Je  ne  sache 
()asquejus(|u'ici  JM.  Polidoro  ait  livré  à  l'impres- 
sion aucunedes  leçons  lues  ainsi  par  lui  à  Naples, 
avec  un  *i  vif  succès,  et  plus  d'une  fois  ses  com- 
patriotes en  ont  exprimé  le  regret. 

POLIGl\AC(liOMONDjEAN-MARIE-MELCHIOIl, 

prince  l)K),  dilettante  et  compositeur  français 
distingue,  né  le  19  avril  183»,  reçut  les  premiers 
principesde  l'enseignement  musical  de  M.  A.  Thys, 
qui  lui  lit  apprendre  le  solfège  à  l'aide  de  la  mé- 

(1)  J'emprunte  cette  date  ù  M.  Edouard  Gregolr. 


POLIGNAG  —  POLLEDRO 


357 


thode  Cheté.  Il  continua  ensuite  son  éducation 
musicale  d'une  façon  rationnelle,  et  en  185-4  suivit 
au  Conservatoire  de  Paris  le  cours  d'harmonie  de 
la  classe  de  M.  Reber.  S'étant  livré  bienlôl  à  la 
composition,  il  se  (it  connaître  par  quelques  piibli- 
calions  intéressantes,  et  prit  part  à  divers  concours 
(jui  lui  furent  généralement  favorables.  C'est 
ainsi  qu'en  1865  il,  remporta  trois  premiers  prix 
pour  trois  chœurs  intitulés:  Où  est  le  bonheur? 
le  Myosotis,  la  Vieillesse,  qui  furent  exéculés 
aux  séances  de  concerts  de  l'Orphéon  de  Paris, 
et  qu'en  1867  il  obtint  un  nouveau  premier 
prix  pour  un  autre  chœur  intitulé  l'Abeille. 
M.  de  Polignac  a  pris  part  aussi  au  concours 
institué  à  l'Opéra  en  1867,  pour  la  Coupe  du 
roi  de  Thulé,  et  dont  le  vainqueur  fut  M.  Kugène 
Diaz.  Enfin,  en  1876,  la  Société  académique  de 
Saint-Quentin  ayant  rais  au  concours  la  musique 
d'une  grande  scène  lyrique  à  trois  voix,  avec 
chœurs  et  orchestre.  Don  Juan  et  Haydée, 
M.  de  Polignac  futiCncore  une  fois  couronné  et  vit 
exécuter  son  œuvre  sur  le  théâtre  de  Saint-Quen- 
tin, le  26  novembre  1877,  avec  MM.  Tala/ac, 
Carroul  et  M'""  Boidin-Puisais  comme  interprèles. 

M.  de  Polignac  a  publié  :  1°  un  recueil  de  12 
Mélodies  (Paris,  Maho);  2°  les  Adieux  de  Dei- 
damia,  scène  avec  solo  et  chœurs,  tirée  de  la 
Coupe  et  les  Lèvres,  d'Alfred  de  Musset  (id., 
id.),  et  qui  a  été  exécutée  plusieurs  fois  en  pu- 
blic; 3»  plusieurs  chœurs  à  4  voix  d'hommes,  sans 
accompagnement  (Paris,  Richault);  4°  plusieurs 
romances  et  mélodies  vocales  détachées  (Barca- 
rolle,  Chanson  de  Barberine,  Sérénade,  No- 
tre-Dame  au  peigne  d'or,  l'Heure  d'amour, 
Chanson  du  reitre.  Rappelle-toi,  etc.);  5° 
2  pièces  pour  le  piano.  Parmi  ses  œuvres  non 
publiées,  il  faut  citer  :  divers  autres  fragments 
de  la  Coupe  et  les  Lèvres,  dont  un  chœur 
intitulé  V Invocation  au  Tyrol,  qui  a  été  chanté 
dans  un  concert  auTliéàtre-ltalien  ;  un  quatuor, 
une  Fantaisie  symphonique,  une  Marche  funè- 
bre, une  Valse  avec  chœurs,  exécutés  aux  séan- 
ces de  l'Union  artistique  ;  enfin,  plusieurs  scènes 
ou  morceaux  de  musique  religieuse. 

POLKO  (M""  Elise  )  ,  née  VOGLER, 
chanteuse  allemande  et  écrivain  sur  la  mu- 
sique, est  née  à  Leipzig  le  31  janvier  1831.  Sa 
belle  voix  et  sa  riche  organisation  musicale  en- 
chantèrent Mendelssohn,  et,  sur  les  conseils  de 
ce  maître,  sa  famille  l'envoya  à  Paris,  où  elle  fut 
placée  sous  la  direction  de  Garcia,  qui  en  fit  une 
cantatrice  distinguée.  Des  circonstances  particu- 
lières l'empêchèrent  d'aborder  la  scène,  ainsi 
qu'elle  l'eût  désiré,  mais  elle  se  produisit  avec 
un  grand  succès  dans  les  concerts,  et  l'on  assure 
que  depuis  la  Sontag  et  Jenny  Lind,  personne 


comme  elle  n'avait  chanté  le  lied.  M""  Vogler 
épousa  un  employé  supérieur  des  chemins  de 
fer,  M.  Polko,  et,  après  avoir  renoncé  à  sa  pre- 
mière carrière,  se  livra  à  la  littérature  musicale. 
Sous  ce  rapport,  on  lui  doit  les  ouvrages  sui- 
vants :  1"  Erinnerungen  an  Félix  Mendelssohn- 
Bar/holdy  {Souvenirs  de  Félix  Mendelssohn- 
Barthodly,  vie  de  l'artiste  et  de  l'homme), 
Leipzig,  Brockhaus,  1868;  2"  Fanslina  liasse, 
roman  musical,  Leipzig,  1870,  3  vol.  ;  3°  Mcolo 
Payanini  und  die  geigenbauer  (iMcolo  Puga- 
nini  et  les  luthiers) ,  Leipzig,  1875  ;  4°  Musika- 
lisc/ie  Mierhchen  (Contes  musicaux),  3  vol.; 
5"  Vom  Gesange(Snrle  chant)  ;  6"  Die  Beltler- 
oper  {l'Opéra  des  mendiants);  1°  Alte  Iler- 
ren,  vor  tau  fer  Bach' s  {Vieux  Messieurs,  pré- 
décesseur s  de  Bach). 

*  POLLEDRO  (Jean-Baftiste),  violoniste 
et  chef  d'orchestre,  na([uit  à  la  Piova,  en  Pié- 
mont, non  en  1776,  mais  le  10  juin  1781  (1). 
C'est  à  ([uinze  ans  qu'il  se  rendit  à  Turin  ,  oii 
Pugnani  le  fit  admettre  dans  l'orchestre  du 
théâtre  Regio.  En  1797,  il  donna  en  cette  ville 
son  premier  concert,  se  rendit  ensuite  à  Milan, 
puis,  quelques  années  plus  tard ,  partit  pour 
Moscou,  où  il  resta  cinq  ans.  Ayant  quitté  cette 
ville,  il  alla  se  faire  entendre  avec  succès  à 
Saiiit-Pélersbourg,  k  Varsovie,  à  Berlin,  et  enfin 
à  Dresde.  En  1814,  il  accepta  en  celte  dernière 
ville  les  fonctions  de  cappellmeister,  qu'il  con- 
serva jusqu'en  182'),  époque  à  laquelle  le  roi  de 
Piémont  Charles-l'élix  le  fit  appeler  à  Turin  pour 
y  réorganiser  et  y  diriger  la  chapelle  royale,  qui 
était  tombée  dans  un  fâcheux  état.  Il  s'acquitta 
de  cette  tâche  de  la  façon  la  plus  honorahie, 
mais  dut  prendre  sa  retraite  en  1844,  ayant  été 
frappé  d'une  névrose  qui  lui  occasionnait  un 
tremblement  général  de  tous  les  membres.  Cet 
artiste  distingué  mourut  le  15  août  1853,  dans 
son  village  natal,  où  il  s'était  retiré. 

Outre  les  compositions  mentionnées  dans  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens,  on  doit 
encore  à  Polledro  un  Miserere  à  quatre  voix* 
avec  orchestre,  une  messe  solennelle  à  quatre 
voix  et  orchestre ,  et  une  ouverture  pastorale, 
œuvres  qui  ont  été  publiées  à  Turin  chez  l'édi- 
teur Racca.  Polledro  a  laissé  en  manuscrit  : 
cinq  concertos  de  violon,  avec  accompagnement 
d'orchestre;  une  série  d'études  pour  violon 
seul  ;  trois  symphonies  pour  l'église  ;  trois  duos 
pour  violons;  un  conceito  pour  basson  avec 
accompagnement  d'orchestre. 


(1)  J'emprunte  les  renseignements  contenus  dans  cette 
notice  au  livre  de  Francesco  Regli  :  Storia  dcl  violivo 
in  Piemontc  (Turin,  1863,  in-S») 


358 


POLLET  —  PONCTTIELLI 


*  POLLET  (Marie-Nicole  SL^IO^IIV, 
femme),  est  morte  au  mois  de  mars  1864,  à 
Cliàlillon.  près  (le  Paris,  dans  une  communauté 
oii  elle  s'était  retirée.  Dans  sa  jeunesse,  M"'^  Poilet 
avait  été  harpiste  de  l'impératrice  Joséphine, 
puis  de  Miiraf,  roi  de  Naples. 

*  rOLLLXI  (François),  pianiste  et  compo- 
siteur, est  mort  à  Milan,  non  au  mois  d'avril 
1847,  mais  le  17  septembre  184G. 

POMrEUY  (EDOUARD  DE) ,  journaliste  poli- 
tique, né  vers  1825,  a  publié  sous  ce  titre  ambi- 
tieux :  Beethoven,  sa  vie,  son  caractère,  sa 
musique ,  une  courte  brochure  de  50  pages 
(Paris,  librairie  du  Petit  Journal,  1805,  in-12). 
.<  *  l*OA'CIIARD  (Locis-Antoine-Éléono- 
re),  et  non  Jean-Frédéric- Auguste,  comme 
il  a  été  dit  par  erreur,  chanteur  célèbre,  né  à 
Paris,  non  le  8  juillet  1789,  mais  le  31  aortt  1787, 
est  mort  en  cette  ville  le  6  janvier  1866.  Il  avait 
remporté  au  Conservatoire,  en  1810,  le  premier 
prix  (le  chant  en  même  temps  que  les  deux 
seconds  prix  de  tragédie  et  de  comédie  lyriques, 
et  avait  débuté  à  l'Opéra-Comiqueie  16  (et  non  le 
17)  juillet  1812.  Entre  ses  nombreuses  créa- 
tions à  ce  théâtre,  qu'il  ne  quitta  que  le  1*""  jan- 
vier 1837,  il  faut  surtout  citer  la  Sérénade,  l'A- 
mant et  le  Mari,  le  Jeune  Oncle,  Masanicllo, 
Joconde,  le  Petit  Chaperon  rouge,  Leicesler, 
la  Neige ,  le  Concert  a  la  cour,  le  Maçon  ,  la 
Dame  blanche,  etc.  Peu  de  temps  après  la  mort 
de  cet  artiste,  Amédée  Méreaux  publia  sur  lui, 
dans  le  Ménestrel,  une  excellente  notice  qui 
parut  ensuite  sous  forme  de  brochure  (Paris, 
Heugel,  1866,  gr.  in-8°),  et  dans  laquelle  son  ta- 
lent est  apprécié  avec  un  gortt  très-sùr.  Pon- 
chard  fut  le  premier  comédien  français  qui  ait  été 
fait  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  (1845).  — 
Une  sœur  de  cet  artiste,  M'i""  Julie  Ponchard, 
morte  à  Paris  au  mois  de  février  1868,  âgée  de 
70  ans,  s'était  distinguée  comme  protésseur  de 
piano. 

*  l'OXCElAUl)  (Marie-Sophie  CAL- 
LAULT,  épouse),  femme  du  précédent,  est 
morte  à  Paris  le  19  septembre  1873.  Élève  de 
Garât  au  Conservatoire,  elle  avait  obtenu  en  1810 
un  accessit  de  chant,  le  second  prix  en  1811  et 
le  premier  en  1812.  Elle  avait  commencé  sa  car- 
rière en  province  après  avoir  débuté  sans  éclat 
à  l'Opéra  ,  où  sa  voix  paraissait  trop  faible  ,  et 
venait  d'obtenir  de  très-grands  succès  au  théâtre 
des  Arts,  à  Rouen,  lorsqu'en  1818  elle  entra  à 
rOpéra-Comique.  Douée  d'une  rare  beauté, d'une 
voix  ciiarmante  et  d'im  talent  incontestable,  elle 
devint,  après  quelques  essais  accueillis  un  peu 
froidement  à  cause  de  son  excessive  timidité, 
l'une  des  favorites  du  public.  Ses  meilleu/-es 


créations  furent  la  Prison  d'Edimbourg,  de  Ca- 
rafa,  le  Préaux  clercs,  d'Hérold,  où  elle  jouait 
le  r(ile  de  la  reine  Marguerite ,  et  le  Cheval  de 
bronze,  d'Auber,  qui  lui  valut  un  véritable 
triomphe.  IM'"»  Ponchard  est  morte  âgée  de 
81  ans. 

POi\CFL\RD  (  Ch\rles-M\rie-Auguste  ) , 
fils  des  précédents,  élevé  comme  eux  au  Conser- 
vatoire, est  né  à  Paris  le  17  novembre  1824,  et 
se  destinait  à  la  carrière  dramatique,  mais  non 
lyri(iue.  11  obtint  un  accessit  de  tragédie  et  un 
second  prix  de  comédie  en  1841,  un  second  prix 
de  tragédie  en  1843,  et  fut  alors  engagé  à  la  Co- 
médie-Française. Mais  il  ne  resta  guère  plus  de 
deux  ans  à  ce  théâtre,  qu'il  quitta  bientôt  pour 
celui  de  l'Opéra^  et  pour  passer  ensuite  a  l'Opéra- 
Coinique,  où  son  talent  de  comédien  fut  apprécié, 
mais  où  le  peu  de  portée  et  d'étendue  de  sa  voix 
l'obligea  de  se  confiner  dans  l'emploi  des  seconds 
ténors  et  des  Trials.  M.  Charles  Ponchard  est 
aujourd'hui  régisseur  de  la  scène  à  ce  théâtre,  et 
il  a  succédé  à  Couderc  comme  professeur  d'opéra- 
comique  au  Conservatoire. 

POi\CHELEZ    ( ),     compositeur,    a 

écrit  la  musique  de  Sylvanire  ou  les  Amis 
réunis,  pastorale  héroïque  en  3  actes  et  un 
prologue  qui  fut  représentée  à  Valenciennes, 
sur  un  théâtre  particulier,  le  16  janvier  1717. 

PONCHIELLÎ  (Amilcare),  compositeur 
dramatique  italien,  l'un  des  artistes  les  mieux 
doués  et  les  plus  remarquables  de  la  jeune  généra- 
tion qui  s'est  formée  au  delà  des  Alpes,  est  né  le 
1"^  septembre  1834  à  Paderno  Fasolaro.  Il  com- 
mença de  très-bonne  heure  son  éducation  musi- 
cale, et  avait  à  peine  accompli  sa  neuvième  année 
lorsqu'au  mois  de  novembre  1843  il  fut  admis 
au  Conservatoire  de  Milan,  où  il  fut  condisciple 
de  M.  Cagnoni,  et  d'où  il  ne  sortit  qu'au  mois 
(le  septembre  1854.  Il  était  donc  âgé  de  vingt 
ans  lorsque  ses  études  furent  terminées;  mais 
malheureusement,  et  en  dépit  de  ses  facultés 
très-réelles,  il  ne  se  sentait  ni  la  force  ni  le 
courage  de  lutter  contre  les  retards  ou  les  ha- 
sards de  la  fortune,  ainsi  que  tout  artiste  doit 
le  faire  dans  les  grandes  villes,  où  les  chemins 
sont  naturellement  encombrés.  Quittant  donc 
Milan,  M.  Ponchielli  alla  se  confiner  à  Plaisance, 
où,  faisant  preuve  d'une  rare  modestie,  il  ac- 
cepta l'emploi  de  chef  de  musique  de  la  garde 
nationale,  après  quoi,  au  bout  de  quelques  mois, 
il  alla  remplir  les  mômes  fonctions  à  Crémone. 
Pourtant,  c'est  en  cette  dernière  ville  qu'il  trouva 
moyen  de  faire  représenter,  le  30  août  1856, 
son  premier  opéra,  i  Promessi  Sposi,  dont  le 
livret  avait  été  tiré  du  roman  admirable  et 
justement  célèbre  de  Manzoni.  Cinq  ans  après, 


PONCHIELLI 


359 


le  19  janvier  ISCI,  il  donnait  dans  la  mtme 
ville  nn  second  ouvrage  dramatique,  la  Savo- 
jarda,  et  en  1864  il  produisait  à  Plaisance  un 
drame  lyrique,  Roderico,  re  de'  Goti-  enfin, 
le  15  août  1867,  on  jouait  à  Viterbe  un  ballet 
dont  il  avait  t'cril  la  musique,  et  je  crois  que 
c'est  vers  la  môme  époque  qu'il  donnait  encore 
un  nouvel  opéra,  la  Stella  del  monte. 

Mais  ces  divers  ouvrages,  représentés  dans 
des  villes  peu  importantes,  n'avaient  fait  que 
bien  peu  de  chose  pour  sa  réputation,  et  n'a- 
vaient guère  eu  de  retentissement.  Confiant  dans 
ses  forças  et  expérimenté  par  ses  premiers 
essais,  M.  Poncliielli  avait  tout  naturellement 
le  désir  ardent  de  se  produire  sur  une  scène 
d'un  rang  supérieur  à  celles  qu'il  lui  avait  été 
donné  d'aborder  jusqu'alors.  La  chance  le  servit 
enfin  :  on  venait  d'inaugurer  à  Milan  un  fort 
beau  théâtre,  placé  dans  un  quartier  malheu- 
reusement trop  éloigné  du  centre  de  la  ville, 
mais  qui  laissait  percer  la  prétention  de  lutter 
en  quelque  sorte  avec  celui  de  la  Scala ,  et 
voulait  se  consacrer  au  grand  genre  lyrique.  Le 
jeune  compositeur,  qui  commençait  à  désespé- 
rer de  son  avenir,  eut  le  bonheur  de  faire  re- 
cevoir au  nouveau  théâtre  Dal  Verme  son  opéra 
i  Promessi  Sposi,  et  cet  ouvrage  y  fut  repré- 
senté le  5  décembre  1872.  Écrite  depuis  long- 
temps, l'œuvre  dut  être  profondément  remaniée 
pour  s'assouplir  au\  exigences  de  la  scène  sur 
laquelle  elle  se  produisait  nouvellement,  et  le 
compositeur  se  vit  obligé  d'en  refaire  tout  le 
dernier  acte  et  une  grande  partie  du  premier; 
aussi  ne  brillait-elle  pas  par  l'unité  de  facture 
et  de  conception,  et  paraissait-elle,  au  con- 
traire, fort  inégale.  Mais  telle  qu'elle  était,  avec 
ses  défauts  évidents,  que  rachetaient  d'ailleurs 
d'incontestables  qualités,  elle  témoignait  d'une 
personnalité  vivace,  d'un  talent  prime.sautier 
et  personnel,  et  fut  pour  le  public  une  véritable 
révélation.  Aussi  i  Promessi  Sposi  furent 
accueillis  avec  de  véritables  transports,  et  l'au- 
teur, inconnu  la  veille,  se  voyait  le  lendemain 
presque  célèbre. 

On  se  rendra  compte  du  succès  éclatant 
qu'obtint  cet  ouvrage  par  ces  lignes  que  j'ex- 
trais du  feuilleton  que  lui  consacrait  la  Perse- 
veranza,  le  premier  journal  de  Milan,  dans  son 
numéro  du  9  décembre  1872  :  —  «  Le  splen- 
dide  succès  d'i  Promessi  Sposi  est  une  cause 
de  joie  pour  tous ,  comme  une  de  ces  bonnes 
fortunes  qui  arrivent  trop  rarement  :  le  premier 
et  le  plus  content  de  tous  est  le  maestro,  qui 
après  seize  ans  d'une  trop  modeste  attente, 
voit  enfin  rendre  à  son  talent  la  justice  qui 
lui  est  due;  le  public,  à  celte  révélation  ines- 


pérée, n'a  pas  assez  de  voix  ni  de  façons  pour 
applaudir;  les  artistes,  les  macstri,  les  mu- 
siciens, avec  une  affection  inspirée  par  le  sim- 
ple et  noble  caractère  de  leur  confrère,  connais- 
sant depuis  longtemps  sa  valeur  extraordinaire, 
sont  enchantés  du  triomphe  obtenu  par  lui  ; 
par  une  rare  exception,  l'envie  a  dû  s'enfuir, 
avilie  et  confuse.  Même  les  critiques,  doctes 
ou  ignorants,  fanatiques  ou  tranquilles,  fré- 
missants ou  modérés,  ou  à  quelque  parti  ou  à 
quelque  école  qu'ils  appartiennent ,  font  bon 
marché  des  questions  de  passé,  de  présent  et 
d'avenir,  pour  constater  unanimement  en  Pon- 
cliielli une  organisation  exceptionnelle,  et  pour 
se  réjouir  de  son  succès.  » 

L'effet  produit  fut  tel  que  la  direction  du 
théAtre  de  la  Scala  commanda  immédiatement 
au  compositeur  la  musique  d'un  ballet  en  7 
actes,  le  Due  Gemelle,  qui  fit  son  apparition 
à  ce  théâtre  vers  le  milieu  de  février  1873,  et 
qui  fut,  lui  aussi,  accueilli  avec  une  sorte  de 
fureur;  si  bien  que  M.  Ricordi,  le  grand  éditeur 
de  musique  de  Milan,  s'empressa  d'en  graver 
la  partition  complète  réduite  pour  le  piano  (fait 
très-rare  en  Italie) ,  et  qu'en  moins  de  trois 
mois  il  en  épuisa  trois  éditions  de  500  exem- 
plaires chacune.  Entre  autres  pages  remarqua- 
bles de  ce  ballet,  on  signalait  surtout ,  au  der- 
nier acte,  une  marche  d'un  effet  extraordinaire. 

M.  Poncliielli  écrivit  ensuite  la  musique  d'un 
scfierzo  comico  de  M.  Ghislanzoni,  il  Parla- 
tore  eterno,  qui  fut  représenté  à  Lecco  le  18  oc- 
tobre 1873,  puis  celle  d'un  drame  lyrique  en 
3  actes,  i  Liluani,  dont  le  môme  écrivain  lui 
avait  fourni  le  livret,  et  qui  fut  donné  avec 
un  énorme  succès,  à  la  Scala,  le  7  mars  1874. 
Extrêmement  remarquable,  la  partition  d'i  Li- 
tuani  témoignait  d'un  progrès  étonnant  dans 
la  manière  du  compositeur;  d'une  inspiration 
puissante  et  élevée,  l'ouvrage  était  écrit  avec 
une  rare  grandeur  de  style,  et  montrait,  en 
outre,  que  l'auteur  était  un  harmoniste  remar- 
quable, qu'il  maniait  l'orchestre  avec  une  grande 
habileté,  et  qu'il  savait  tirer  le  meilleur  parti 
de  l'emploi  des  masses  vocales  et  instrumen- 
tales. 

Lors  de  la  translation,  à  Bergame,  des  cen- 
tres de  Donizetti  et  de  son  maître  Mayr, 
M.  Poncliielli  fut  chargé  de  composer  la 
musique  d'une  grande  cantate  de  circonstance, 
A  Geatano  Donizetti,  qui  fut  exécutée  au 
théâtre  Riccardi,  de  cette  ville,  le  13  sep- 
tembre 1875.  Cette  cantate,  œuvre  fort  distin- 
guée, dit-on,  ne  contenait  pas  moins  de  .sept 
morceaux,  et  était  chantée  par  M""' Brambilla- 
Ponchielli,  la  femme  du  compositeur,  M"^  Va- 


360 


PONCIIIELLI  —  PONSICCHI 


ncri-Filippi,  MM.  Paridolfini,  Povoleri,  Dal  Pasto 
et  Gariboldi.  L'année  suivante,  M.  Poncliiolli 
ohtonait  un  nouveau  triomplie  à  la  Scala,  de 
Milan,  on  faisant  représenter  Gioconda  (8  avril 
1870),  opéra  qui  ne  le  cédait  en  rien  aux  Li- 
tunni,  et  qui  renfermait  des  beautés  de  pre- 
mier ordre.  Il  fut  moins  heureux  en  donnant 
au  théâtre  Dal  Verme,  le  17  novembre  1877, 
Lina,  opéra  sérieux  en  3  actes,  qui  n'était 
qu'une  nouvelle  édition,  corrigée  et  remaniée, 
de  son  second  ouvrage  dramatique,  la  Savo- 
jarda.  Il  a  aujourd'hui  en  portefeuille  deux 
partitions  qui  sans  doule  verront  le  jour  prochai- 
nement :  la  Maschera  et  i  Morï  di  Valoiza. 

A  l'heure  présente,  M.  Ponchielli  est  con- 
sidéré, en  Italie,  comme  l'un  des  deux  ou 
trois  artistes  les  ^  plus  remarquables  de  ce 
pays;  je  dois  même  dire  qu'il  passe,  aux 
yeux  des  Milanais,  pour  supérieur  à  tous  ceux 
qui  se  sont  (iroduits  depuis  vingt  ans,  c'est-à- 
dire  depuis  que  M.  Verdi  est  en  pleine  pos- 
session de  sa  gloire.  Parvenu  à  l'âge  oii  l'homme 
est  dans  la  plénitude  de  ses  facultés,  l'avenir 
est  à  lui,  et  ïes  compatriotes  comptent  qu'il  en 
profitera  pour  établir  sa  renommée  sur  des 
bases  inébranlables,  et  faire  honneur  plus  que 
jan)ais  à  la  terre  qui  l'a  vu  naître.  Il  est  cer- 
tain que  si  M.  Ponchielli  est  resté  longtemps 
dans  l'obscurité,  sa  fortune  a  été  ensuite  aussi 
rapide  qu'éclatante,  et  qu'il  semble  appelé  à  de 
hautes  destinées.  Un  avenir  prochain  nous  dira 
sans  doute  si  l'Italie  a  trouvé  en  lui  l'artiste 
qui  doit  recueillir  la  succession  de  M.  Verdi. 

M.  Ponchielli  a  peu  écrit  en  dehors  du 
théâtre.  En  fait  d'œuvres  publiées,  je  ne  connais 
de  lui,  sous  ce  rapport,  qu'une  marche  funèbre 
pour  musique  militaire,  il  29  Maggio,  écrite 
expressément  pour  les  funérailles  du  grand  poète 
Manzoni,  une  autre  marche  funèbre  à  la  mé- 
moire de  son  père,  une  Fantasia  militare, 
et  une  romance  pour  voix  de  soprano,  Eter- 
namente,  avec  accompagnement  de  piano  et 
de  violoncelle  obligé.  Je  ne  dois  pas  oublier  de 
mentionner  parmi  ses  œuvres  un  ballet,  Clurina, 
dont  il  arrangea  la  musique,  et  qui  fut  re- 
présenté sans  succès  au  théâtre  Dal  Verme,  de 
Milan,  au  mois  de  septembre  1873.  —  M.  Pon- 
chielli a  épousé,  il  y  a  peu  d'années,  une  jeune 
cantatrice  dramdli(pu;,  .m"""  Teresina  BramhiJIa, 
fille  d'une  des  grandes  chanteuses  de  ce  nom. 

*  PO.MATOWSKI  (Le  prince  Josiph- 
MiCHEL-.V,vviEii-Fii\.N(;ois-Ji:AN),  est  mort  subite- 
ment à  Londres  le  3  juillet  1873.  Les  dernières 
années  de  cet  homme  aimable  et  distingué  ont 
été  empoisonnées  par  de  cruels  revers  de  for- 
tune. L'empereur  Napoléon  III  avait  cru  lui  être 


favorable  en  lui  accordant  le  privilège  d'une 
grande  entreprise  commerciale,  celle  des  docks 
de  Saint-Ouen;  mais  l'affaire  tourna  mal,  et  le 
prince,  enj;agé  au  delà  des  ressources  dont  il 
pouvait  disposer,  vit  prendre  contre  lui  des  ju- 
gements qui  amenèrent  la  saisie  de  tous  ses 
effets  mobiliers.  Les  événements  politiques  de 
1870  l'obligèrent  à  se  réfugier  à  Londres,  où 
il  arriva  dans  un  dénAment  presque  absolu. 
Il  supporta  cette  situation  avec  courage  ,  se  mit 
à  donner  des  leçons  de  chant  pour  vivre,  et 
songea  à  continuer  sa  carrière  de  compositeur. 
Il  avait  doimé  au  Théâtre-Lyrique,  le  JG  janvier 
180 j,  un  opéra  en  4  actes,  l'Aventurier,  et  au 
Tiiéâtre-Italien,  le  28  avril  1868,  un  opéra  en  3 
actes  intitulé  la  Contessïna  ;  il  écrivit  à  Lon- 
dres, sous  le  litre  de  Gelmina,  un  nouvel  ou- 
vrage qui  fut  représenté  au  théâtre  de  Covent 
Garden  en  1872,  et  qui  était  chanté  par  M'"**  Ade- 
lina  Patti,  MM.  Naudin  ,  Cotogni,  Bagaggiolo  et 
Tagliafico.  Peu  de  temps  après ,  un  vaisseau 
qui  se  rompit  dans  sa  poitrine  mit  sa  vie  en 
danger  ;  il  se  remit  pourtant  de  cet  accident,  et 
continua  de  travailler.  Mais  ses  jours  étaient 
comptés,  et  il  mourut  presque  subitement  au 
moment  où,  ayant  signé  un  engagement  avec 
l'entrepreneur  Ulhnann,  il  s'apprêtait  à  partir 
pour  l'Amérique  comme  chef  d'orchestre  d'une 
compagnie  lyrique. 

En  dehors  du  théâtre,  on  connaît  du  prince 
Poniatowski  une  messe  qui  a  été  exécutée  à  Pa- 
ris, en  l'église  Saint-Roch,  et  plusieurs  mélodies 
vocales  qu'il  écrivit  pendant  son  .dernier  séjour 
à  Londres.  Le  nom  du  maître  de  cet  amateur 
distingué  a  été  defigiué  dans  la  Biographie  uni- 
verselle des  Musiciens  ;  il  s'appelait  Ceccherini, 
et  non  Ceveccuini  ;  c'était  un  excellent  maître  de 
chant  et  un  habile  compositeur. 

POiXSCCHI  (Cesaue)  ,  pianiste  et  musico- 
graphe italien,  né  en  1830,  a  été  nommé  en 
1801,  à  la  suite  d'un  concours,  accordeur  et  mé- 
canicien de  l'Institut  royal  de  musique  de  Flo- 
rence. Collaborateur  du  journal  Boccherini, 
de  celte  ville,  il  s'est  uni  à  Leto  Puliti,  mort  ré- 
cemment, pour  les  travaux  relatifs  à  l'altirmation 
de  la  piiorité  de  Cristofori  (  Voy.  ce  ndm )  en  ce 
qui  concerne  l'invention  et  les  premiers  perfec- 
tioimementsdu  piano.  Il  a  publié  à  ce  sujet,  et  à 
l'occasion  des  têtes  célébrées  à  Florence  en  l'hon- 
neur de  Cristofori,  un  opuscule  intéressant  ainsi 
intitulé  :  il  l'iaimforle,  sua  origine  e  sviluppo 
(Florence,  Guidi,  1876,  in- 12  de  77  pp.  avec 
planches).  Sur  ce  petit  livre,  fait  avec  soin  et 
conscience,  et  qui  est  un  bon  et  utile  résumé  de 
l'histoire  du  piano,  M.  Ponsicclii  fait  modeste- 
ment suivre  son  nom  de  sa  qualification  oflicielle 


PONSICCHI  —  POPULUS 


361 


d'accordeur  de  l'Institut  royal  de  musique  d 
Florence.  M.  Ponsicclii  a  préparé  depuis  lors  et 
compte  livrer  prochainement  au  public  deux 
autres  écrits  :  1"  la  Completazione  di  hili  i 
viodelli  delV  invenzione  del  piano  forte,  coi 
perfezionamenfi  portati  dal  progressa,  ou- 
vrage qui  sera  accompagné  de  planches  et  de 
dessins  intéressants  ;  2"  Del  Temperamento  in' 
générale,  e  più  specialmente  di  quello  degll 
istrumenti  a  tastiera,  opuscule  dans  lequel 
l'auteur  comparera  les  systèmes  acoustiques 
avec  le  sentiment  psychologique  de  la  percep- 
tion musicale  et  indiquera  les  moyens  d'établir 
un  diapason  unique. 

*  POMTÉCOULA\T  (Louis-Adolphe  LE 
DOULCET,  comte  ,  et  aujourd'hui  marquis 
DE) ,  a  continué  ses  recherches  et  ses  travaux 
de  littérature  musicale.  A  la  liste  de  ses  écrits,  il 
faut  ajouter  les  suivants  :  Musée  instrumental 
du  Conservatoire  de  musique,  histoires  et 
anecdotes,  V  partie  (seule  parue),  Paris,  Lévy, 
1864,  in-12  ;  la  Musique  à  l'Exposition  uni- 
verselle de  1867,  Paris,  aux  bureaux  de  l'Art 
musical,  1868,  in-8";  les  Phénomènes  de  la 
musique,  1868,  in-12. 

*  POATELIBERO  (Ferdinand),  sur- 
nommé AJUT.XNTIM.  -  Outre  les  ballets 
dont  la  liste  a  été  dressée,  ce  compositeur  a 
écrit  la  musique  des  airs  de  danse  de  la  cantate 
de  Federici,  il  Mistico  Omaggio,  exécutée  en 
1815  au  théâtre  de  la  Scala,  de  Milan ,  et  celle 
d'un  dernier  ballet,  Ramesse,  ossia  gli  A?-abiin 
Egitto,  joué  au  môme  théâtre  le  5  juin  1819. 

P0\T0GL10  (CiPRiANo),  compositeur  et 
professeur  italien,  est  aujourd'hui  fixé  à  Mi- 
lan, où  il  tient  une  école  de  musique  estimée. 
Né  en  1831  à  Grumello  del  Piano,  il  a  été,  dit- 
on,  l'élève  de  M.  Antonio  Cagnoni,  et,  comme 
son  maître,  s'est  livré  à  la  composition  drama- 
tique. Il  a  fait  représenter  jusqu'ici  les  quatre 
ouvrages  suivants  :  t°  Tebaldo  Brusato,  Bres- 
cia,  1865;  1°  Don  Prospéra  l'ottimista,  Flo- 
rence, théâtre  Piossini,  novembre  1867;  3°  la 
Scliiava  Greca,  Bergame,  septembre  1868; 
4°  la  Natte  di  Natale,  Bergame,  théâtre  Ric- 
cardi,  septembre  1872.  On  lui  doit  aussi  la 
musique  d'un  ballet  en  6  actes,  Rolla ,  repré- 
senté à  Naples  vers  1877. 

Je  crois  qu'il  y  a  en  Italie  deux  autres  ar- 
tistes du  même  nom.  L'un,  M.  N.  Pontaglio, 
occupait  en  1872  les  fonctions  de  maestro 
concertatore  et  de  chef  d'orchestre  au  théâ- 
tre Victor-Emmanuel,  de  Turin  ;  l'autre,  M. /l. 
Pontoglia,  chef  de  musique  au  32"  régiment 
d'infanterie,  a  écrit  la  musique  de  deux  opéras  : 
l'Assedio  di  Brescia,  et   gli  Ottitnisti   ed  i 


Pessimisti,  dont  le  second  n'a  pas  encore  été 
représenté. 

PO\ZO  (GiusEPPF, ),  compositeur  italien, 
a  fail  représenter  sur  le  théâtre  de  Malte,  en 
1775,  un  opéra-bouffe  intitulé  il  Re  alla  cac- 
cia. 

POORTEN  (Arvf.d),  virtuose  sur  le  vio- 
loncelle, est  né  à  Riga,  vers  1835.  Issu  d'une 
bonne  famille  protestante,  neveu  d'un  évêque 
luthérien,  frère  d'un  médecin  de  talent,  cet 
artiste,  qui  a  commencé  ses  études  musicales 
dans  sa  patrie,  les  a  terminées  au  Conserva- 
toire de  Bruxelles,  et  est  devenu  un  artiste  tort 
habile  sur  son  instrument.  11  a  parcouru  la 
plus  grande  partie  de  la  Russie  en  donnant 
des  concerts,  et  s'est  fait  entendre,  au  com- 
mencement de  l'année  1873,  en  Belgique,  en 
Hollande  et  à  Paris.  M.  Poorten,  qui  est  atta- 
ché à  la  chapelle  de  l'empereur  de  Russie  et 
au  Conservatoire  de  Saint-Pétersbourg,  a  pu- 
blié en  français,  lors  de  son  séjour  à  Bruxelles, 
un  petit  volume  ainsi  intitulé  :  Tournée  artis- 
tique dans  l'intérieur  de  la  Russie  (BruxeWes, 
Muquardt,  1873,  in-18).  Ce  petit  livre  dénote 
chez  son  auteur  un  grand  sentiment  de  l'art 
et  des  beautés  de  la  nature.  La  maison  Schott, 
de  Bruxelles,  a  publié  de  M.  Poorten  Six  mor- 
ceaux caractéristiques  pour  violoncelle. 

POPPER  (David),  violoncelliste  et  compo- 
siteur pour  son  instrument,  né  en  1842,  est  un 
artiste  distingué,  qui  occupe  depuis  1868  les 
fonctions  de  violoncelle-solo  et  de  concert- 
meister  5  la  chapelle  impériale  de  Vienne.  On 
lui  doit  quelques  œuvres  intéressantes  pour 
son  instrument,  entres  autres  un  concerto  en 
mi  mineur  avec  accompagnement  d'orchestre. 
Cet  artiste  a  épousé  une  pianiste  de  talent, 
M""  Sophie  Menter. 

POPULUS  (Nicolas- Adolphe-Alphonse), 
organiste  et  compositeur,  né  à  Arcueil  en  1831, 
fut  d'abord  enfant  de  chœur  et  élève  de  la 
maîtrise  de  l'église  Saint-Jacques  du  Haut-Pas, 
placée  sous  la  direction  de  M.  A.  Dhibaut. 
Successivement  élève  de  M.  Billard  pour  le 
piano,  de  MM.  Elvvart  et  Charles  Manry  pour 
l'harmonie,  de  M.  J.  Perez  y  Alvarez  pour 
le  contre-point  et  de  M.  Marins  Gueit  pour 
l'orgue,  il  devint,  à  peine  âgé  de  quatorze  ans, 
organiste  accompagnateur  à  l'église  Saint-Jac- 
ques, puis  fut  nommé  organiste  à  Saint-Nico- 
las du  Chardonnet  (1854),  à  Chaillot  (1855),  et 
enfin  revint  à  Saint-Jacques  occuper  les  fonc- 
tions de  maître  de  chapelle,  qu'il  remplit  en- 
core actuellement.  M.  Populus  est  aussi  pro- 
fesseur de  chant  des  écoles  de  la  ville  de 
Paris,   directeur  de  musique  à  l'école  Sainte- 


362 


POPULUS  -  PORTO 


Geneviève,  et  professeur  de  piano  et  de  cliant 
à  l'école  du  Sacré-Cœur.  Vulgarisateur  de  l'or- 
gue à  quarts  de  ton  construit  par  A.-J.-H. 
Vincent,  il  a  fait  entendre  cet  instrument  aux 
expositions  universelles  do  1856-57  et  de  1HC7. 
On  lui  doit  la  création  du  choral  Saint-Michel 
(1869),  et  celle  de  la  Société  des  quinlettes 
harrnoni(iues  (1870),  où  il  a  fait  entendre  des 
œuvres  de  Reicha,  de  Rossini,  de  MM.  Adol- 
phe Blanc,  Adrien  Barthe,  etc. 

Les  compositions  jmhliées  par  M.  Populus 
sont  les  suivantes  :  r  Six  mélodies  vocales  avec 
accompagnement  de  piano  (Benoît  aîné);  2° 
Seize  mélodies  vocales,  id.  (Mackar);  3"  Si\ 
cho'urs  à  voix  égales,  avec  accompagnement 
(Gautier);  4°  Répertoire  de  chants  patriotiques, 
chœurs  à  4  voix,  n'"  1,  2  et  3  (Gambogi); 
5"  Chants  liturgiques  à  2  et  3  voix,  r'""  livraison 
(Katlo);  6"  Credo  de  Diimont,  à  2  et  3  voix 
égales  (Gambogi);  1"  Cantique  à  sainte  Cathe- 
rine, solo  et  chœur  à  3  voix ,  avec  accompa- 
gnement d'orgue  (Gautier)  ;  8"  un  certain  nom- 
bre de  motets  pour  chœur  ou  voix  diverses, 
avec  ou  sans  accompagnement;  9°  Éludes  sur 
l'orgue,  1°  série  (Benoît)  ;  10"  Six  pièces  pour 
le  piano  à  4  mains  (Durand-Schœnewerck)  ; 
11°  diverses  pièces  jiour  orgue  ou  harmonium  ; 
12"  quelques  morceaux  de  genre  pour  le  piano  ; 
13°  Recueil  de  24  mélodies  religieuses  à  l'usage 
des  établissements  cathaliques  (Graff).  Au 
nombre  des  compositions  inédites  de  M.  Po- 
pulus, il  faut  citer  :  Agar  et  Ismaël,  scène 
biblique  en  2  actes,  dont  plusieurs  fragments 
ont  été  exécutés  en  1874,  dans  la  salle  Gay- 
Lussac  ;  plusieurs  messes  à  3  et  4  voix,  avec 
orgue  et  avec  orchestre,  exécutées  à  Saint-Jac- 
ques du  Haut-Pas  et  à  Pécole  Sainte-Geneviève; 
enfin,  un  certain  nombre  de  pièces  d'orchestre, 
exécutées  connue  offertoires  à  l'école  Sainte- 
Geneviève.  M.  Populus  a  donné  des  articles 
de  critique  musicale  dans  divers  jouiiiaux  spé- 
ciaux, la  Réforme  micsicale,  la  Semaine  mu- 
sicale et  le  Monde  musical,  journal  fondé  à 
Bruxelles  par  A.  Milahran,  et  (jui  n'eut  qu'une 
courte  existence. 

J»ORLO.\  ou  BORLO\  (Artus  ou  Ar- 
nould),  facteur  de  cithares,  vivait  à  Anvers 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle ,  et 
se  fit  recevoir  dans  la  corporation  de  Saint-Luc 
en  1579. 

PORLOÎV  ou  BORLOX  (Piehre),  sans 
doute  descendant  du  précédent,  exerçait  la  pro- 
fession de  luthier  à  Anvers  an  milieu  du  dix- 
septième  siècle,  et  construisit  en  i(!'i7,  pour  le 
jubé  de  la  cathédrale,  une  conlre-basse  qui  existe 
encore  aujourd'hui.  Dans  l'intérieur  de  cet  ins- 


trument, on  lit  ces  mots  :  Peeter  Porlon  toi 
Antu-erpen  f.  1C47  (Pierre  Porlon  m'a  cons- 
truite à  Anvers  en  1647). 

l»ORLO\  ou  BORLOIV  (Jean),  descen- 
dant d'Artus,  était  comme  lui  luthier  à  Anvers. 
L'église  Saint-Jacques  de  cette  ville  possède 
une  contre-basse  faite  par  ce  facteur,  dans  l'in- 
térieur de  laquelle  sont  tracés  ces  mots  :  Joannis 
Borlon  toi  Antwerpen.  Les  éclisses  et  le  fond 
de  l'instrument  sont  en  bois  de  platane,  la  ta- 
ble d'harmonie  est  en  sapin. 

PORLO.\  ou  BORLOX  (François),  lu- 
thier comme  les  précédents,  et  de  la  même  fa- 
mille, habita  aussi  Anvers.  Une  viole  de  grand 
format,  œ'uvre  de  cet  artiste,  existe  encore  à 
l'église  Saint-Jacques.  C'est  un  excellent  instru- 
ment, assez  bien  conservé,  mais  dont  le  vernis 
a  disparu,  par  suite  de  l'usage.  Dans  l'intérieur, 
on  lit  le  nom  et  la  demeure  du  facteur  :  Fran- 
cis Borlon,  tôt  Antwerpen,  op  de  Cal/wlyne- 
Vest. 

*  PORPORA  (Nicolas).  -  Au  nombre  des 
ouvrages  dramatiques  de  ce  maître  illustre,  il 
faut  citer  îi  Barune  di  Zampano.  Sur  le  li- 
vret de  cet  opéra,  qui  fut  représenté  au  théâtre 
Nuovo  de  Naples,  en  1739,  le  nom  du  composi- 
teur est  accompagné  de  cette  qualilication  : 
u  maître  de  chapelle  du  prince  d'Armstad.  » 

PORTA  (Don  Pekseo  DELL  A),  musicien 
italien  du  dix-septième  siècle,  a  exercé  les  fonc- 
tions de  maître  de  chapelle  à  l'église  métropo- 
litaine de  Bénévent.  M.  le  docteur  Basevi 
possède  de  cet  artiste  le  manuscrit  d'un  ouvra- 
ge théorique  intitulé  VArianna  musicale,  et 
(jui  est  daté  de  Naples,  1696. 

*  PORTA  (Jean),  compositeur  dramatique 
italien,  est  l'auteur  d'un  opéra  intitulé  il  Gran 
Tamerlano,  représenté  à  Florence  en  1730,  et 
qui  n'a  pas  été  compris  dans  la  liste  de  ses 
œuvres. 

*  PORTA  (Bernardo).  --  A  la  liste  des  ou- 
vrages de  ce  compositeur  représentés  à  Paris, 
il  faut  ajouter  les  suivants:  l"  Alexis  et  Rosette 
ou  les  Uoulans ,  opéra-comique  en  un  acte, 
Théâtre  français  comique  et  lyrique,  3  aoiU 
1793;  2"  le  Pauvre  Aveugle  ou  la  Chanson 
savoïarde,  un  acte.  Ambigu,  1797  ;  3"  l'Oracle, 
un  acte.  Ambigu,  1797;  4"  le  Prisonnier  fran- 
çais ou  le  Bienfait  récompensé,  un  acte,  th. 
des  Amis  des  arts,  2  octobre  1798;  ô"  Deux 
Morts  qui  se  volent,  un  acte,  Aiid)igu,  2r>  avril 
1800;  G"  les  Deux  Statues,  un  acte,  Ambigu, 
29  .ivril  1800. 

PORTO  (J... .-F...),  est  auleur  d'un  écrit 
publie  sous  ce  titre  :  Des  Moyens  de  propager 
legoiit  de  la  7nusique  en  France,  et  parti- 


PORTO  —  POUGIN 


363 


ctilièremcnt  dans  les  départements  de  l'an- 
cienne Normandie  (Caen,  1835,  in-8°  de  90  p.). 

*P()KTOGALLO(MARO()-ANTONio),compo- 
siteur  italien  fort  reinHi-quable.a  écrit  les  ouvrages 
suivants,  qui  n'ont  pas  été  compris  dans  la  liste 
de  ses  œuvres  :  1*  Merope,  Lisbonne,  180'»; 
T  Cinna,  Florence,  1807;  3"  Tito  Vespasia- 
no,  Livourne,  1807.  Né  à  Lisbonne  le  24  mars 
17(12  (et  non  en  1763),  Portogallo  mourut  en 
cette  ville  le  7  février  1830. 

rOTIIOLT  (Jacques),  organiste  et  caril- 
lonneur  hollandais,  a  été  mentionné  à  tort,  au 
tome  VII  de  la  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens, sous  le  nom  inexact  de  Potthoff. 
Tout  ce  qui  a  été  dit  sous  ce  dernier  nom  doit 
s'appliquer  à  celui  de  Potholt. 

*  POTIKR  (Henri-Hippolyte).  —  Le  réper- 
foire  dramatique  de  ce  compositeur  doit  se  com- 
pléter par  les  ouvragessuivants  :i° Mademoiselle 
de Méranges,imac{e,  Opéra-Comique,  14  décem- 
bre 184 1  ;  2"  te  Vieux  Prix  de  Rome,  un  acte,  th. 
Beaumarchais,  21  juin  1849;  3°  le  Rosier,  un 
acte,  Opéra-Comique,  19  août  1859  ;  4°  l'Ange 
de  Rot/iesaij,  trois  actes,  th.  International  (au 
palais  de  l'Exposition  imiversclle),  11  juin  1807; 
5°  Madelaine,  un  acte,  Bouffes -Parisiens, 
10  janvier  1809  ;  6° Prologue  pour  l'ouverture  du 
Casino  <Ie  Toulouse,  vers  1870.  Henri  Potier 
avait  encore  en  portefeuille  les  partitions  de  trois 
opéras-comiques,  qui  n'ont  pas  été  représen- 
tés :  le  Baillij  deSuresnes,2  actes;  le  Fa- 
bliaii,  2  actes;  et  Volage  et  Jaloux,  un 
acte.  Destitué,  vers  1856,  de  ses  fonctions  de 
chef  du  chant  à  l'Opéra,  Potier  intenta  à 
l'administration  de  ce  théâtre  un  procès  qu'il 
gagna,  mais  qui  ne  le  fît  pas  réintégrer  dans  son 
emploi.  Depuis  longtemps  (1841)  accompagna- 
teur des  classes  au  Conservatoire,  puis  professeur 
de  l'étude  des  rôles  (1851),  cet  artiste  devint 
professeur  de  chant  dans  cette  école  au  mois  de 
février  1875,  en  remplacement  de  M.  Laget. 
Henri  Potier  a  publié  un  recueil  de  6  mélodies 
avec  accompagnement  de  piano  ou  orgue,  et 
quelques  romances  détachées.  Il  est  mort  su- 
bitement le  9  octobre  1878. 

Sa  femme.  M"""  Henri  Potier,  née.  Marie-Am- 
broisine-Minctte  de  Cussy,  qu'il  avait  épousée 
en  1837,  fut  une  chanteuse  distinguée.  Née  le 
29  octobre  1817,  elle  était  devenue,  au  Conser- 
vatoire, l'une  des  meilleures  élèves  de  M"""  Da- 
moreau,  avait  remporté  un  second  prix  de  piano 
en  183i,  un  second  prix  de  chant  en  1836,  et, 
s'étant  mariée  peu  de  temps  après,  avait  obtenu, 
.sous  le  nom  de  M""=  Henri  Potier,  son  premier 
prix  de  chant  en  1837.  Elle  débuta  à  l'Opéra- 
Comique,  le  24   février  1840,  dans  Carline,  de 


M.  Ambroise  Thomas,  puis,  après  y  avoir  fait 
plusieurs  créations  importantes,  elle  quitta  ce 
théâtre  en  1847  pour  entrer  à  l'Opéra-National, 
que  venait  de  fonder  Adam,  et  où  elle  se  montra 
pour  la  première  fois  dans  le  Brasseur  de  Pres- 
ton.  Peu  de  mois  après,  elle  abandonna  la  car- 
rière dramatique  pour  se  consacrer  exclusive- 
ment à  l'enseignement  du  chant.  Elle  avait  été 
professeur  adjoint  de  la  classe  de  M'"'-  Damoreau 
au  Conservatoire,  jusqu'à  la  retraite  de  cette 
dernière.  M"''  Henri  Polier  est  morte  à  Paris,  de 
la  petite  vérole,  le  21  septembre  1870, 

*  POTTER  (CiPRiANi),  pianiste  et  composi- 
teur, ancien  directeur  de  l'Académie  de  musique 
de  Londres,  qui  sous  son  administration  attei- 
gnit son  plus  haut  degré  de  prospérité,  est  mort 
en  cette  ville  le  20  septembre  1871. 

*  POTTHOFF.  —  Voyez  POTIIOLT. 
POUGIl\  ( François- AuGusTE-AuTHUR  PAR- 

ROISSE-POUGIM,  connu  sous  le  nom  d'AR- 
TBUR),  historien  et  critique  musical  français,  est 
né  à  Châteauroux  (Indre)  le  6  août  1834.  Fils  de 
comédiens  de  (trovincequi  voyageaient  sans  cesse 
pour  l'exercice  de  leur  profession,  il  commença 
dès  l'âge  de  sept  ans  l'étude  de  la  musique  avec 
sa  mère,  qui  était  musicienne  amateur,  et  ne 
connut,  jamais  d'antre  professeur  de  solfège. 
Lorsqu'il  eut  accompli  sa  huitième  année,  on  lui 
mit  un  violon  dans  les  mains,  et  ses  progrès  sur 
cet  instrument  furent  rapides,  bien  qu'il  fût 
obligé  de  changer  de  professeur  chaque  fois  que 
son  père  changeait  de  résidence.  Celui-ci  se  dé- 
cida a  se  fixer  à  Paris  en  1846,  dans  l'intérêt  de 
l'avenir  artistique  de  son  fds,  et  bientôt  l'enfant 
suivit  au  Conservatoire  le  cours  de  Guérin,  puis 
celui  de  M.  Alard.  Mais  les  ressources  de  la  fa- 
mille étaient  modestes,  et  dès  l'âge  de  treize  ans, 
tout  en  poursuivant  ses  études,  il  lui  fallut  com- 
mencer à  gagner  sa  vie  dans  les  orchestres  ; 
il  appartint  ainsi,  successivement,  à  ceux  du 
Cirque  national,  du  Vaudeville  et  du  Gymnase, 
où  il  occupa  le  poste  de  violon-solo. 

Tout  en  se  perfectionnant  sur  son  instrument, 
il  apprit,  seul,  le  mécanisme  du  piano,  puis  s'ap- 
pliqua bientôt  à  l'étude  du  conlre-pointetde  l'har- 
monie avec  un  excellent  professeur,  M.  Albert 
Lhote  [Voyezce,  nom),  qui  lui  donna  les  soins 
les  plus  affectueux  et  pour  lequel  il  a  conservé 
une  vive  reconnaissance.  A  cette  époque,  passant 
toutes  ses  soirées  et  parfois  une  partie  de  ses 
journées  au  théâtre,  travaillant  le  violon,  le 
piano  et  l'harmonie,  donnant  lui-môme  de  nom- 
breuses leçons,  il  trouvait  encore  le  moyen  de  se 
livrer  sans  maître  à  certaines  études  littéraires, 
et  travaillait  jusqu'à  quatorze  heures  par  jour. 
Il  avait  abandonné  les  classes  de  violon  du  Con- 


364 


POUGIN 


servatoire  pour  se  perfectionner  sous  la  direction 
d'un  artiste  fort  distingué,  M.  Bérou,  alors  vio- 
lon-solo  à  i'Opéra-Comique  ;  il  rentra  peu  après 
dans  cet  établissement  pour  y  suivre  le  cours 
d'iiarmonie  de  M.  Henri  Reber.  Déjà  il  s'exer- 
çait à  la  composition  en  écrivant,  pour  l'or- 
cliestre  restreint  du  Gymnase,  quelques  ouver- 
tures que  son  chef,  Couder,  voulait  bien  faire 
exécuter  en  tête  des  pièces  jouées  à  ce  théâtre. 

En  1855,  Poiigin  accepta  un  engagement 
qu'on  lui  offrait  comme  clief  d'orcliesfre  du 
petit  théâtre  Beaumarchais,  mais  il  n'y  resta  pas 
longtemps,  et  entra  bientôt  en  qualité  de  pre- 
mier violon  aux  concerts  de  M.  Musard  fils,  qui 
s'ouvraient  alors  au  boulevard  des  Capucines. 
Là,  il  écrivit  pour  lui-même  deux  ou  trois  fau- 
taisies  de  violon  qu'il  exécuta  avec  accompagne- 
ment d'orchestre,  puis,  au  bout  d'une  année,  il 
alla  remplir  à  l'aimable  théâtre  des  Folies-Nou- 
velles les  fonctions  de  répétiteur  etde  second  chef 
d'orchestre,  qu'il  conserva  pendant  trois  ans. 
Désirant  aborder  la  scène  comme  compositeur, 
il  écrivit  les  paroles  et  la  musique  d'une  opérette 
en  vers,  Perrine,  mais  ne  put  parvenir  à  la  faire 
recevoir  par  la  direction  des  Folies-Nouvelles  ; 
il  fit  alors  représenter  ce  petit  ouvrage  dans 
les  salons  de  M"'=  Augustine  Brohan,  qui  voulut 
bien  l'aider  en  cette  circonstance,  puis  com- 
posa quelques  morceaux  symphoniques  qu'il  (it 
exécuter  au  Casino,  par  l'orchestre  que  dirigeait 
M.  Arban. 

Voyant  le  temps  se  passer  sans  profit  pour  ses 
désirs  de  compositeur,  Pougin,  tout  en  ne  renon- 
çant pas  à  tenter  la  chance  de  ce  côté,  eut  l'idée  de 
tourner  ses  efforts  vers  la  littérature  musicale,  et 
sous  ce  rapport  débuta,  au  mois  d'avril  1859,  par 
un  travail  historique  qnaXARevueet  Gazette  mu- 
sicale publia  sous  ce  titre  :  de  i Origine,  de  la 
gam  me  et  des  noms  des  sept  notes  qui  la  compo- 
sent,en  une  série  d'articles  qui  furent  bien  accueil- 
lis. Ce  travail  fut  bientôt  suivi  d'une  longue  suite 
d'études  biographiques,  insérées  dans  le  même 
journal^sur  divers  musiciens  dramatiques  français 
du  dix-huitième  siècle,  oubliés  ou  peu  connus  : 
Duni,  André  Campra,  Mouret,  Mondonville, Mar- 
tini, Délia  Maria,  Gresnich,  Floquet,  Dezèdes, 
Devienne,  etc.  Bien  que  ces  divers  écrits  ne  fus- 
sent pas  exempts  de  l'inexpérience  et  des  tâton- 
nements naturels  de  la  |)artd'un  débutant,  on  se 
plut  à  reconnaître  en  germe  chez  leur  auteur 
les  qualités  qui  ()lus  tard  lui  ont  valu  une  place  ho- 
noraliledans  la  littérature  musicale  de  son  pays, 
et  avant  tout  la  recherche  la  plus  active  et  la 
plus  consciencieuse  de  la  vérité  historique.  Dès 
celte  époque,  Fétis,  qu'il  n'a  jamais  connu  per- 
sonnellement et  auquel  il  n'a  jamais  eu  l'honneur 


de  parler, disait  de  lui  au  directeur  d'un  journal: 
n  Voilà  un  jeune  écrivain  qu'il  faut  aider  à  se  pro- 
duire le  plus  possible  ;  il  me  paraît  appelé  à  ren- 
dre de  très-utiles  services.  » 

En  ISfiO,  Pougin  entra  comme  rédacteur  poli- 
tique au  journal  L'Opinion  nationale,  qui  venait 
de  se  fonder  (1).  Dans  le  même  temps,  infor- 
mé qu'une  place  de  violon  était  vacante  à  l'or- 
chestre de  l'Opéra-Comique,  il  prenait  part  au 
concours  ouvert  à  cet  effet  et  l'emportait  sur  ses 
rivaux.  Son  but,  en  entrant  à  ce  théâtre,  était 
d'apprendre  à  connaître  les  œuvres  de  l'école 
musicale  française,  d'étudier  de  près  les  procé- 
dés des  maîtres,  leur  hainionie,  leur  instrumen- 
tation, la  nature  de  leur  conception  générale.  Il 
songeait  ainsi  à  se  familiariser,  de  la  façon  la 
plus  pratique  et  la  plus  sûre,  avec  des  œuvres  et 
des  artistes  qui  l'intéressaient  d'autant  plus  que, 
dès  cette  époque,  il  avait  conçu  le  projet  de 
s'attacher  spécialement  à  retracer  l'histoire,  si- 
non de  la  musique  française  à  son  point  de  vue 
général,  du  moins  des  artistes  qui  avaient  con- 
tribué à  la  gloire  de  son  pays. 

Ses  études  sur  la  musique  étrangère  n'ont 
été  en  effet,  si  l'on  peut  dire,  que  des  accidents 
dans  la  vie  littéraire  de  Pougin.  Tout  en  se  ren- 
dant aussi  familière  que  possible  l'histoire  de 
cette  musique,  c'est  l'histoire  de  l'art  national 
qui  le  préoccupait  et  l'intéressait  avant  tout, 
c'est  de  ce  côté  surtout  que  se  sont  toujours  di- 
rigés ses  efforts,  ses  désirs,  ses  travaux.  Procé- 
dant avec  méthode,  il  avait  voulu  commencer  par 
le  commencement,  et  c'est  pour  cela  qu'il  avait 


(1)  Pendant  quinze  ans,  et  malgré  ses  travaux  actifs  de 
littérature,  de  critique  et  d'histoire  musicales,  il  n'a  cessé 
de  prendre  une  part  importante  de  collaboration  politique 
à  un  grand  nombre  de  journaux,  d:ins  lesquels  il  a  cons- 
tamiueiit  défendu  les  idées  de  liberté  et  de  progrès.  Ces 
Journaus  sont,  outre  l'Opinion  nationale,  a  laquelle  il 
est  resté  attaché  pendantcinq  ans,  leJ\ational,la  Liberté, 
le  Bien  public,  la  Cloche,  le  Cliuruari,  l'Histoire, 
l'Electeur  libre,  dont  il  fut  le  secrétaire  de  la  rédaction 
peu  lant  le  siéf^e  de  Paris,  le  Soir,  où  il  remplit  plus  tard 
le  niémeollice,  le  Mouvement  (Bordeaux),  la  Discussion 
(liruicllesj,  etc.  Kn  I8"l,  on  lui  offrit  d'entrer  dans  l'ad- 
ministration, et  on  lut  proposa  une  sous-prtifeclure  impor- 
tante; il  refusa  sans  peine  et  sans  regret,  estimant  qu'il 
n'est  pas  de  plus  belle  profession  que  celle  d'artiste  et 
d'écrivain  indépendant. 

l'.n  dehors  de  la  musique,  Pougin  s'est  aussi  beaucoup 
occupe  ue  (luestions  purement  liltér.iires;  il  a  collaboré, 
sons  ce  rapport,  a  de  nombreux  journaux  et  recueils  : 
l'Eclair,  te  Auin  jaune,  la  Jeune  Erance,  la  Jeunesse,  le 
Mouvement,  le  l'aris-Mdfjazine  (dont  il  fut  pendant 
queh|ue  temps  le, directeur),  {ajournai  amusant, le  Jour- 
nal littéraire,  le  Gaulois.  Il  a  donné  ((uelques  articles 
au  XIX'  .Siècle,  à  Paris-Journal,  au  Constitutionnel, 
au  .M usée  des  familles,  au  Musée  unieersel,  mi  .Soleil, 
au  l'aris-Cascade,  à  l'Année  illustrée,  à  VÉclio  de  l'agri- 
culture, etc. 


POUGIN 


365 


publié  d'abord  toute  une  série  d'écrits  historiques 
et  critiques  sur  une  douzaine  de  maîtres  dont 
le  premier,  Campra,  fermait  le  dix-septième 
siècle,  tandis  que  le  dernier,  Délia  Maria,  ou- 
vrait presque  le  dix-neuvième.  Après  s'être  essayé 
dans  ces  travaux  d'une  importance  secondaire, 
il  put,  dans  la  suite,  lorsqu'il  fut  plus  silr  de  lui, 
commencer  la  série  de  grandes  études  qu'il  avait 
rêvées  sur  les  maîtres  de  la  scène  lyrique  fran- 
çaise, et  publier  des  livres  importants  sur  quel- 
ques-uns d'entre  eux  :  Rameau,  Boieldieu,  Adol- 
phe Adam,  Albert  Grisar,  etc. 

Pougin,  cependant,  n'avait  pas  renoncé  com- 
plètement à  se  produire  lui-même  au  théâtre. 
En  1865,  il  écrivit  les  paroles  et  la  musique 
d'un  opéra-comique  en  un  acte  avec  chœurs, 
le  Cabaret  de  Ramponneau  ,•  mais  cet  ouvrage, 
reçu  successivement  au  théâtre  Saint-Germain, 
puis  au  théâtre  lyrique  de  l'Alhénée,  et  enfin  à 
l'Opéra  populaire  installé  dans  la  salle  du  Cliâte- 
let  et  dont  l'existence  fut  si  courte,  ne  put 
parvenir  à  voir  le  jour.  Il  n'en  continuait  pas 
moins  à  s'occuper  des  travaux  qui  lui  étaient 
chers.  Après  un  séjour  de  trois  annéesà  l'orches- 
tre de  rOpéra-Comique,  il  avait  quitté  ce  théâtre 
et  renoncé  complètement  à  donner  des  leçons 
pour  pouvoir  se  livrer  sans  réserve  à  ces  tra- 
vaux. Devenu  successivement  le  collaborateur 
de  plusieurs  journaux  artistiques,  la  France 
musicale,  le  Ménestrel,  VArt  musical,  le 
Théâtre,  il  publia  dans  ces  journaux  un  grand 
nombre  d'écrits  plus  ou  moins  étendus  sur  di- 
vers artistes  français  ou  étrangers,  écrits  qui, 
pour  la  plupart,  parurent  ensuite  sous  forme  de 
livres  ou  de  brochures.  C'est  ainsi  que  furent  pu- 
bliées d'abord  ses  études  sur  le  compositeur  anglais 
Wallace,  sur  F.  Halévy  écrivain,  surMeyerbeer, 
Rossini,Bellini,Léon  Kreutzer,  etc.  ;  d'autres  sont 
restées  enfouies  dans  les  recueils  oii  elles  ont  vu 
le  jour,  et  parmi  celles-là  nous  citerons  celles 
qui  ont  traita  quelques  musiciens  italiens,  Mer- 
cadante,  MM.  Pedrotti,  Cagnoni,  puis  celles  re- 
latives au  grand  violoniste  Caillot,  au  Judas 
Machabée  de  Hœndel,  aux  scènes  lyriques  secon- 
daires de  Paris,  etc. 

En  dehors  de  ces  travaux  historiques,  Pougin 
avait  été  chargé  de  la  critique  musicale  courante 
dans  diverses  feuilles  littéraires,  le  Figaro-Pro- 
gramme,le  Camarade, Paris  tllustré.En  même 
temps,  Pierre  Larousse,  l'excellent  directeur  du 
Grand  Dictionnaire  universel  du  XIX'  siècle, 
lui  avait  confié  toute  la  partie  de  cet  immense 
ouvrage  qui  concernait  la  nmsique,  et  en  effet  c'est 
lui  qui,  à  partir  du  mot  Chants  populaires, 
a  donné  tous  les  articles  historiques,  techniques, 
encyclopédiques  et  didactiques  relatifs  â  cet  art. 


Ce  travail  ne  lui  a  pas  coûté  moins    de   trois 
années,  et  il  est  tel  des  articles  en  question  qui 
forme,  on  peut  le  dire,  un  traité  complet  sur  la 
matière.    En   1871,   Pougin  prit   possession  du 
feuilleton   musical   du  journal   le  Soir;  c'est  là 
qu'il  conçut  la  pensée  de  faire  connaître  intime- 
ment au  public  les  membres  de  la  jeune  école 
musicale   française,   de   retracer  leurs    efforts, 
d'inspirer  contiance  en  leur   valeur,  enfin  d'at- 
tirer sur  eux  l'attention,  de  les  rendre  sympathi- 
ques, et  de  prouver  que  l'ensemble  des  travaux 
de  ces  jeunes  artistes  était  destiné  à  faire  hon- 
neur un  jour  au  pays  qui  les    avait  vus  naître. 
C'est  ainsi  qu'il  mit  en  lumière,  avec  la  certitude 
d'être  utile  à  tous  et  de  rendre  service  à  l'art, 
les  personnalités  de  MM.  J.   Mas.senet,  Georges 
Dizet,  Léo  Delibes,  Emile   Pessard,  Ernest  Gui- 
raud,    Théodore   Dubois,    Charles     Lenepveu, 
Edouard  Lalo,  Charles  Lecocq,  etc.  Un  change- 
ment dans  la  direction  du  Soir  ayant  amené  sa 
retraite,  Pougin  fut  appelé  à  exercer  les  fonctions 
de  critique  musical  successivement  à  la  Tribune, 
à  l'Événement,  et  enfin  d.\x  Journal  officiel,  au- 
quel il  appartient  depuis  les    premiers   mois  de 
l'année  1878.  Il  n'en  continuait  pas  moins,  par- 
ticulièrement dans  le  Ménestrel  et  la  Chronique 
musicale,  ses  travaux  historiques,  toujours  en 
grande  partie  consacrés  à  l'art  français  ;  dans 
le  premier  de  ces  journaux  il  puldia  une  série  de 
notices  biographiques  sur  Elleviou,  M'"*  Dugazon 
et  la, famille  Gavaudan,  noticesqui  formèrent  plus 
tard  le  volume  de  Figures  d'opéra-comique,  et 
un  travail  très-important  donné  sous  ce  titre  : 
les  Vrais  Créateurs  de  l'Opéra  français,  dans 
leiiuel,    à   l'aide  de   documents  inédits  et    de 
preuves  irrécusables,  il  revendique  hautement  en 
faveur  de  Cambert  et  de  l'abbé  Perrin  ce  titre 
de  «  créateurs  de  l'opéra   français,    »    accordé 
trop  légèrement,  depuis  deux  siècles,  à  Lully  et  à 
Quinault,  qui  n'ont  fait  que   poursuivre,  avec  gé- 
nie d'ailleurs,  l'œuvre   si  bien   établie  par  leurs 
devanciers.   Dans  la    Chronique  musicale,    il 
donna,   entre  autres,  un  résumé   historique  du 
gentil  petit  théâtre  musical  de  l'Athénée,  aujour- 
d'hui transformé,  et  une  étude  très-fouillée  sur  An- 
dré Philidor,  musicien  de  génie  trop  oublié,  qui 
fui  avec  Duni,  Monsigny  elGrétry,  l'un  des  vé- 
ritables créateurs  du  genre  de  l'opéra-comique. 
D'ailleurs,  l'activité  de  Pougin  ne  se  ralentissait 
pas  un  instant.  A  la  sollicitation  d'un  éilileur,  il 
avait  publié  pendant  trois  années  un  Almanach 
de  la   Musique  (1866-67-68),   qui   lui  coûtait 
beaucoup  de  soins  et  dont  ou  a  bien  voulu  re- 
gretter    la    disparition;   sur    la  demande   de 
M  Martinet.directeurdes  Fantaisies-Parisiennes, 
il  avait  rédigé  un  long  mémoire  destiné  à  attirer 


366 


POUGIN 


l'allention  du  gouvernement  sur  ce  théâtre,  qui 
avait  rendu  de  réels  services;  il  avait  publie 
dans  la  Revue  contemporaine  un  résumé  his- 
toriquetrès-coinplet  de  la  littérature  musicale  l'ran- 
çaise  ;  il  avait  fait,  dans  la  salle  du  boulevard  des 
Capucines,  diverses  conférences  sur  Meyerbeer, 
Cimarosa,  Bellini,  etc.  ;  bientôt  il  s'occupa  de 
provoquer  à  Rouen  de  grandes  fêtes  nationales 
pour  la  célébration  du  centenaire  de  Boieldieu, 
fêtes  dont  il  avait  conçu  le  premier  la  pensée,  à 
l'organisationdesquelles  il  prilune  part  importante, 
et  qui  furent  les  premières  de  ce  genre  qu'on  ait 
vues  en  France;  puis  il  aida  activement  son  ami 
M.  Charles  Lamoureux  dans  les  travaux  relatifs 
à  la  création  de  la  Société  de  l'Harmonie  sacrée  ; 
enfin,  en  qualité  de  secrétaire-rapporteur  du  Co- 
mité de  la  Société  descompositeurs  demusique,  de 
secrétaire  du  Comité  de  l'Association  des  artistes 
musiciens,  de  secrétaire  général  de  l'Institut  or- 
phéonique  français,  il  collaborait  avec  ardeur  à 
l'administration  de  ces  diverses  compagnies,  et 
remplissait  encore  les  fondions  de  {secrétaire  du 
Comité  des  études  de  l'École  de  musique  reli- 
gieuse. 

C'est  alors  que  les  éditeurs  de  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens  lui  offrirent  de  se 
charger  de  la  tâche  si  honorable  de  continuer  et 
de  mettre  à  jour  cet  ouvrage  colossal.  Après 
quelques  hésitations,  causées  par  la  crainte  de 
ne  pas  être  à  la  hauteur  de  cette  tâche,  l'ougin 
finit  par  accepter,  heureux  d'attacher  son  nom 
à  une  œuvre  aussi  importante,  désireux  de  rat- 
tacher plus  étroitement  à  la  France  ce  livre, 
écrit  eu  français  par  un  étranger,  et  décidé  d'ail- 
leurs par  les  instances  affectueuses  d'amis  et 
de  confrères  qui  voulurent  bien  lui  promettre  de 
l'aider  dans  un  travail  dont  il  ne  se  dissimulait  ni 
les  difficultés  ni  les  périls.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu 
de  s'étendre  longuement  à  ce  sujet  ;  la  préface  du 
présent  Supplément  a  dit  tout  ce  qu'il  y  avait  à  en 
dire.  Mais,  —  et  c'est  ce  qui  expli(jue  l'étendue  de 
la  présente  notice, —  l'auteur  principal  de  ce  Sup- 
plément-iviùi  le  droit  et  le  de  voir  de  faire  connaître 
au  public  quels  ont  été  les  mobiles  de  sa  carrière, 
et  de  déclarer  que  cette  carrière,  absolument  vo- 
lontaire et  tendant  à  un  but  nettement  déterminé, 
n'a  laissé  aux  hasards  des  événements  qu'une 
part  aussi  restreinte  que  possible. 

■Voici  la  liste  des  écrits  publiés  jusqu'à  ce  jour 
par  Pougin  :  1"  André  Canipra,  Paris,  inq)r. 
Chaix,  I8GI,  in-8"de'J;J  pp.;  2"  6'/Y'.VH/r/,-,  iii.,i(l., 
1862,  in-8''de  23  pp.;  3"  Dczèdes,  iil.,  id.,  18C2, 
in-S»  de  38  pp.;»'i"  Floqtict,  id.,  id.,  1803,  in-.S" 
de 24  pp.  ;  6°  iVa//m/,  id.,  id.,  18G'i,  in- 8"  de 
32  pp.;  6"  Devienne,  id.,  id.,  186'»  ,  in-8°  de 
32  pp.  (ces  six  broclmres  ont  clé  publiées  sous 


le  titre  général  de  Musiciens  français  du  X  VI 11^ 

siècle);  1"  Meyerbeer,  notes  biographiques, 
Paris,  Tresse,  1804,  in-12;  8°  F.  Halévy,  écri- 
vain flravalMans  lequel, comme  l'indi(iiie  son  titre, 
l'auleur  s'était  paiticulièremenL  proposé  d'ana- 
lyser le  talent  de  F.  llalévy  sous  le  rapport  lit- 
téraire), Paris,  Claudin,  1865,  in-8°  de  45  pp.; 
9"  William-Vincent  VVallace,  étude  biogra- 
phique et  critique  (l'un  des  bien  rares  écrits 
consacrés  en  France  à  un  musicien  anglais),  Paris, 
Ikelmer,  18G6,  in-8"  de  42  |)p.  ;  10"  Almanach 
illustré,  chronologique,  historique,  critique 
et  anecdoiique  de  la  Musique,  par  un  Musi- 
cien, Paris,  Ikehner,  1866,  1867  et  1868,  3  vol. 
in-12  (les  deux  dernières  années  ont  chacune  un 
supplément  publié  à  |)art  sous  ce  litre  :  Supplé- 
ment à  V Almanach  delà  Musique.  Nécrologie 
des  musiciens  français  et  ëtra)igcrs,  1  bro- 
chures in-12);  11"  de  la  Littérature  musicale 
en  France,  Paris,  Ikelmer,  1867,  in-8°  de  39  pp.; 
12°  De  la  Situation  des  compositeurs  de 
musique  et  de  l'avenir  de  l'art  musical  en 
France,  mémoire  présenté  au  ministre  de  la 
Maison  de  Vempereur  et  des  Beaux-Arts  par 
Louis  Martinet,  Paris,  imp.  Claye,  s.  d.  [1867], 
in-8°  (brochure  non  signée)  ;  13°  Léo7i  Kreutzer, 
Paris,  Liepmannssohn  et  DnI'our,  1868,  in-8"  de 
(6  pp.;  14°  Bellini,  sa  vie,  ses  œuvres,  Paris, 
Hachette,  1868,  un  vol.  in-12  avec  portrait  et 
autographes  (une  traduction  anglaise  de  cet  ou- 
vrage a  été  faite  dans  un  recueil  américain,  le 
Walson's  Art  Journal,  et  une  traduction  espa- 
gnole, due  à  M.  Luis  Navarro,  aujourd'hui  dé- 
puté, a  paru  à  Madrid,  sous  le  titre  de  Vida  et 
Obras  de  Vicente  Bellini,  s.  d.  [1875],  un  vol. 
\n-\.2);  \^o°  Albert  Grisar,  étude  artistique, 
Paris,  Hachette,  1870,  un  vol.  in-12  avec  portrait 
et  autographe  ;  \G'Rossini,  notes,  impressions, 
souvenirs,  commentaires,  Paris,  Claudin,  1871, 
un  vol.  in-8";  17"  AuOer,  ses  commencements, 
les  origines  de  sa  carrière,  Paris,  Pottier 
de  Lalaine,  1873,  in-12  de  36  pp.  ;  13°  A  propos 
de  Veoréculion  c/u  Messie  de  Hœndel  (brochure 
signée  .seulenu'nt  des  initiales  A.  P.),  Paris, 
imp.  Chaix,  1873,  iu-12  de  34  pp.;  19°  Notice 
sur  Rode,  violoniste  français  (couronnée  par 
l'Académie  des  sciences,  belles-lettres  el  arts  de 
Honleaux,  el  in.sérée  dans  les /Ic/e?  de  celle  com- 
pagnie), Paris,  Pottier  de  Lalaine,  1874,  in-8° 
de  64  pp.  ;  20°JSok'/(/Jeu,  sa  vie,  ses  wuvres, 
son  caractère,  sa  correspondance,  Paris, 
Charpentier,  1875,  un  vol.  in-12aVec  portrait  et 
autographe;  21°  Figures  d'opéra- comique  : 
EtlevioUfM""'  Dugazon,laTribudcs  Gavaudan, 
Paris,  Tresse,  1875,  un  vol. in-8"  avec  3  portraits  ; 
22"  Rameau,  essai  sur  sa  vie  et  ses  œuvres,Vans, 


POUGIN  —  POULTIER 


367 


Decaux,  1876,  un  vol.  iii-16  (une  traduction  an- 
glaise de  cet  ouvrage  a  paru  dans  un  journal  de 
Londres,  ^Ae  Musical  World);  23°  Adolphe 
Adam,  sa  vie,  sa  carrière,  ses  Mémoires  artis- 
tiques, Paris,  Charpentier,  1876,  un  vol.  in-1'2 
avec  portrait  et  autographe;  24"  Revue  de  la 
Musique  []o\wnA\  rédigé  presque  en  entier  par 
Pougin,  et  qui  n'a  eu  que  six  mois  d'existence), 
Paris,  1876-1877,  un  vol.  in-4'';  2ô°  Biographie 
universelle  des  Musiciens,  Supplément  et 
Co7nplément,  Paris,  Firmin-Didot,  1878-1879, 
2  vol.  in-S";  26"  Société  des  compositeurs  de 
musique.  Rapport  annuel,  Pans,  1878,  in-8"  ; 
id.,  Paris  1879,  in-8<'  ;  27"  Question  de  laliberté 
des  théâtres,  rapport  présenté  à  M.  le  minis- 
tre de  C Instruction  publique  et  des  Beaux- 
Arts  par  la  Société  des  compositeurs  de  musi- 
que, rédigé  par  M.  Arthur  Pougin,  1878,  in-8°  ; 
28"  Question  du  Théâtre-Lyrique,  mémoire 
présenté  à  M.  le  ministre  de  l'Instruction 
publique  et  des  Beaux-Arts  par  la  Société 
des  compositeurs  de  musique,  rédigé  par  M. 
Arthur  Pougin  ,  Paris,  1879  in-8°,  (1).  Parmi 
ceux  des  ouvrages  de  cet  écrivain  qui  ont  été 
puhliés  dans  divers  recueils,  mais  qui  n'ont 
pas  encore  paru  sous  forme  de  volumes,  il 
faut  surtout  citer  les  suivants  :  29°  les 
Vrais  Créateurs  de  V Opéra  français.  Per- 
rin  et  Camhert  ;  30°  Philidor,  étude  sur  la 
musique  dramatique  au  dix-huitième  siècle  ; 
31°  les  Théâtres  à  Paris  pendant  la  Révolu- 
tion, histoire,  chroniques ,  souvenirs,  por- 
traits, anecdotes;  32°  Verdi,  souvenirs  anec- 
dotiques.  (Une  traduction  allemande  de  ce  der- 
nier écrit  a  été  donnée  dans  la  Neue  Berliner 
Musilizeitung  ;  une  traduction  italienne  et  une 
espagnole  doivenlenêtre publiées  prochainement.) 
Des  compositions  musicales  de  Pougin,  consis- 
tant en  pièces  symphoniques,  mélodies  vocales. 


(1)  Pougin  a  écrit  les  paroles  delà  Fête  des  A'ations, 
â-proDos  allégorique,  musique  de  M.  .*drîen  Boieldieu, 
qui  a  été  représenté  aux  Fantiiisies-Parlslenncs  en  1S67 
(Paris,  Ikelmer,  1867,  In  8°),  et  celle  de  la  cantate  :  Hom- 
mage d  Boieldieu,  musique  de  M.  Aml)roise  Tho- 
mas, exécutée  S  Rouen  le  13  Juin  1875,  pour  les  fêtes  du 
centenaire  de  Boieldieu.  Il  a  donné  une  édition  nouvelle 
d'une  série  de  trois  AIraanachs  de  spectacles  qui  consti- 
tuent certainement  le  premier  essai  d'une  imblication 
de  ce  genre  tenté  en  France  :  Juendas  des  T/iédtres  de 
Paris,  1735,  1736  et  1737,  par  François  Parfaict,  réim- 
pression exacte  du  seul  exemplaire  existant,  avec  pré- 
face par  Arthur  Pougin,  Paris,  J.  Connassies,  1876,  in-32. 
Parmi  les  journaux  auxquels  11  a  collaboré,  il  faut  en- 
core citer  le  Nouveau  Journal,  l'Art,  la  Presse  musicale, 
le  l\Ionitejir  du  bibliophile,  le  Musée  littéraire  et  ar- 
tistique, la  lierur  du  inonde  musical,  le  Bibliographe 
musical  et  le  (,uide  musical  (de  Bruxelles).  Pougin  est  offi- 
cier d'Académie  c:  membre  correspondant  de  l'Académie 
de  l'Institut  royal  de  musique  de  Florence. 


morceaux  de  genre  pour  le  piano,  morceaux  de 
concert  pour  violon  avec  accompagnement  d'or- 
chestie  ou  de  piano,  rien  jusqu'à  ce  jour  n'a  été 
publié. 

POULTIER  (Pi.AcinE  -Alexandre  -  GuiL- 
i.AciHii;),  chanteur  dramatique,  né  le  27  mai  1814 
à  Villequier  (Seine- Inf  •'■ieure),  est  le  (ils  d'un 
marin,  qui  exerça  ensuite  la  profession  de  pilote. 
Le  jeune  Poultier  avait  neuf  ans  enviion  lors- 
qu'il fut  envoyé  à  Rouen,  chez  son  oncle,  mar- 
chand de  cidre  en  gros;  ce  fut  dans  cette  ville 
qu'il  reçut  l'instruction  primaire  ;  ce  fut  là  égale- 
ment que,  séduit  par  la  bonne  humeur  et  les 
allures  laborieuses  des  ouvriers  qu'employait  son 
parent,  il  finit  par  prendre  à  son  tour  la  doloire 
et  le  maillet  du  tonnelier.  Avec  l'âge  sa  voix 
s'était  formée,  et  comme  il  était  doué  d'un  certain 
goût  musical,  il  chantait  bien  souvent  en  façon- 
nant ses  tonneaux;  la  réputation  du  jeune  chan- 
teur ne  tarda  pas  à  s'étendre;  un  sien  ami  le 
conduisit  chez  M.  Nicoio,  directeur  du  Théàtre- 
des-Arls,  qui  l'admit  parmi  ses  choristes  ;  enfin, 
un  soir,  au  Théâtre-Français,  Poultier  osa  se 
produire  devant  le  public;  il  chanta  la  romance 
de  Guido  et  Ginevra,  et  les  Rouennais  applau- 
dirent à  outrance  le  ténor  franc  et  sympathique 
qu'avaient  laissé  éclore  les  brumes  normandes. 

Chacun  montra  au  jeune  homme  le  chemin  de 
Paris  comme  ,étant  pour  lui  la  roule  de  la  for- 
tune ;  eu  attendant,  son  éducation  musicale  étant 
des  plus  restreintes,  il  se  confia  à  l'excellent 
professeur  Malliot,  qui  n'épargna  ni  soins  ni 
conseils  pour  le  mettre  en  état  de  faire  valoir  ses 
dons  naturels.  En  mai  1840,  Poultier  partit  pour 
Paris  ;  il  se  fit  entendre  chez  M""  Boieldieu,  en 
présence  de  Cherubini  et  de  quelques  autres 
artistes,  lesquels  conçurent  de  sa  voix  une  opi- 
nion avantageuse,  ce  qui  n'empêcha  pas  le  rigide 
Cherubini  de  prononcer  sur  lui  ce  verdict  :  «  11 
est  trop  âgé  et  n'est  pas  musicien.  »  Poultier 
voyait  se  fermer  devant  lui  les  portes  du  Conser- 
vatoire; fort  heureusement,  il  obtint  de  MM.Du- 
ponihel  et  Monnais,  directeurs  de  l'Opéra,  une 
audition  qui  lui  procura,  pour  ainsi  dire  séance 
tenante,  un  engagement  pour  cinq  ans.  On  lui 
donna  comme  professeurs  :  Ponchard  pour  le 
chant,  Michelot  pour  la  déclamation,  M.  Fournier 
I)our  le  solfège,  sans  parler  des  leçons  de  langue 
française,  de  danse  et  d'escrime.  Mais  la  direction 
de  l'Opéra  étant  venue  à  passer  entre  les  mains 
de  M.  Léon  Pillet,  Poultier  se  vit  enlever  la  plu- 
part de  ses  professeurs;  on  lui  avait  même  sup- 
primé les  leçons  de  déclamation  ;  mais  Michelot, 
plus  confiant  que  M.  Pillet  en  l'avenir  de  son 
élève,  lui  continua  gratuitement  ces  leçons  jus- 
qu'à l'époque  de  ses  débuts.  Malgré  le  mauvais 


3G8 


POULTIER  —  PRELLEZZO 


vouloir  de  son  directeur,  vis-à-vis  duquel  il  dut 
niénie  eni|)loyer  les  moyens  léf^aux,  Poultier  dé- 
buta le  i  octobre  dans  Guillaume  Tell,  et  fut 
rappelé  après  le  troisième  acte;  il  continua  ses 
débuts  dans  la  Juive  et  la  Muette  de  Portici, 
où  l'air  du  Sommeil,  chanté  par  lui  avec  un  art 
exquis,  lui  valut  un  succès  qui  s'est  renouvelé 
l)ien  souvent  depuis,  ce  morceau  étant  un  de  ceux 
où  s'atlirmaient  le  plus  complètement  ses  qualités 
vocales. 

A  l'expiration  de  son  engagement,  Poultier  fit 
une  tournée  en  province;  puis,  désireux  d'ap- 
prendre le  répertoire  italien,  il  se  rendit  dans  la 
péninsule  ;  mais  bientôt  après, rappelé  par  MM.  Du- 
ponchel  et  Roqueplan,  il  rentra  à  l'Opéra  (1847), 
où  il  resta  jusqu'en  1851.  A  cette  époque,  il  alla 
faire  la  saison  de  Londres,  au  théâtre  de  la  Reine, 
et  recommença  ensuite  ses  tournées  en  province. 
En  1853,  il  étudia  avec  Malliot  le  répertoire  de 
rOpéra-Comique,  ce  qui  lui  permit  d'ajouter  de 
nouveaux  rôles  à  ceux  qu'il  possédait  déjà.  Le 
rôle  de  Georges  Brown,  de  la  Dame  blanche^ 
lui  fut  particulièrement  favorable,  et  suivant  ses 
propres  expressions,  «  c'était  pour  lui  plaisir  et 
bonheur  de  se  faire  entendre  dans  cet  ouvrage.  » 
Rentré  à  l'Opéra  en  1855,  il  n'y  resta  qu'un  au, 
et  refusa  de  signer  un  nouvel  engagement  que 
lui  proposait  M.  Crosnier,  successeur  de  Nestor 
Roqueplan.  Poultier  a  depuis  ce  temps  conservé 
son  entière  liberté,  et  il  s'est  borné  à  se  faire 
entendre  dans  les  concerts,  ou  bien  à  parcourir, 
pendant  l'hiver,  les  principaux  théâtres  de  pro- 
vince, pour  y  donner  des  représentations. 

Dans  le  cours  de  ses  divers  engagements  à 
l'Opéra,  il  a  créé  plusieurs  rôles  :  celui  de  Con- 
tran, dans  Charles  Vf,  le  rôle  du  premier  ténor 
dans  l'Apparition  de  Benoist,  dans  l'Edcn  de 
I^élicien  David,  et  dans /ei<'aji,aZ  d'Adolphe  Adam. 
Poultier,  bien  que  sa  voix  ne  manquât  ni  de  vo- 
lume, ni  d'étendue,  n'était  pas,  à  proprement 
dire,  un  ténor  de  force  ;  sa  voix  se  prêtait  da- 
vantage au  chant  expressif  et  soutenu;  l'étoffe 
en  était  moelleuse,  le  timbre  suave,  malgré  quel- 
ques sonorités  nasales;  elle  a  longtemps  con- 
servé son  charme  et  sa  fraîcheur. 

Poultier  vit  aujourd'hui  en  bon  et  paisible 
bourgeois,  à  Villequier,  sa  bourgade  natale. 

J.  C— z. 

POUUW  (Cu.\KLi:.s),  compositeur  français 
contemporain,  a  écrit  une  quantité  cons'idérable 
de  chansons  et  chansonnettes  pour  les  calés- 
concerts,  où  il  a  fait  aussi  représenter  queUpics 
opérettes.  De  ces  dernières,  je  ne  puis  citer  (pie 
celle  intitulée  Chez  un  garçon,  (|iii  a  été  jouée 
sur  le  petit  the;\tre  (lu  Pré  Catelau  en  ISdi,  et 
laClochtlle,  qui  a  étédonnéeaux  Folies-Marigny 


on  1870.  Plus  récemment,  le  7  septembre  1872, 
cet  artiste  a  fait  représenter  sur  une  scène 
plus  importante,  les  Folies-Dramatiques,  un 
opéra  bouffe  en  3  actes,  Mazeppa,  qui  n'a  pas 
obtenu  de  succès.  Sa  dernière  production  est 
une  opérette  en  un  acte,  un  Gilet  de  flanelle, 
<\u\  a  été  donnée  à  l'Eldorado,  le  12  mai  1877. 

POZZESI  (Giuseppe),  compositeur  italien, 
était  âgé  de  dix-sept  ans  seulement  lorsqu'il  fit 
repré.senter  à  Mantoue,  en  1831,  une  farce  intitu- 
lée VAllogio  militare,  qui  obtint  un  très-grand 
succès.  Le  jeune  compositeur  était  le  fils  de 
l'imprésario  du  théâtre  de  Mantoue,  et  .son  ou- 
vrage était  joué  par  ses  frères  et  par  sa  cousine, 
nommée  Antonietta  délia  Noce. 

POZZOLO  ( ),  compositeur  italien,  a 

fait  représenter  à  Vercelli,  au  mois  de  février 
1879,  un  opéra  intitulé  Caterina  da  Vinzaglio, 

*PRADHER(Louis-BARTnÉLEMv).  —  Aux 
ouvrages  dramatiques  de  ce  compositeur,  il  faut 
ajouter  :  1°  le  Voisinage,  opéra-comique  en  un 
acte  représenté  au  théâtre  Favart  en  1800,  et  écrit 
par  lui  en  société  avec  Bertaud,  Dubuat,  Duga- 
zon  fils  et  Quinebaud  ;  2"  les  Enlèvements  im- 
promptu, deux  actes,  Opéra-Comique,  2  dé- 
cembre 1824. 

*  PRADHER  (FÉLICITÉ  MORE,  épouse), 
chanteuse  et  comédienne  distinguée,  est  morte 
à  Gray  (Haute-Saône),  le  12  novembre  1876. 
Parmi  les  ouvrages  dans  lesquels  elle  fit  à  l'O- 
péra-Comique  des  créations  importantes,  il  faut 
citer  le  Coq  da  village,  le  Solitaire,  le  Mule- 
tier, la  ISeige,  Lcocadie,  le  Maçon,  la  Vieille, 
Fiorella,  Marie,  la  Fiancée,  les,  Deux  Nuits, 
FraDiavolo,  Ludovic,  le  Chalet,  Lestocq,  VÉ- 
clair,  le  Cheval  de  bronze,  etc.,  etc.  C'est  en 
1820  que  M'i^  More  avait  épousé  Pradher,  veuf 
en  premières  noces  de  M"'  Pbilidor. 

PRAiVDI  (Stefano),  musicien  fort  distin- 
gué, né  à  Bologne,  était  un  contrapuntiste  fort 
habile,  en  mênje  temps  qu'un  virtuose  remar- 
quable sur  l'orgue  et  sur  le  cornet.  Il  fut  élu, 
en  1680,  prince  de  l'Académie  des  Philharmoni- 
ques de  sa  ville  natale. 

*  PRATI  (Alessio).  — Aux  ouvrages  drama- 
tiques signalés  au  nom  de  ce  compositeur,  il 
faut  ajouter  l'opéra  sérieux  intitulé  la  Vendetta 
di  Nino. 

*  PIIEDIERI  (Luc-Antoine),  compositeur 
dramatique  italien.  — A  la  liste  des  ouvrages  de 
ce  compositeur,  il  faut  ajouter  un  opéra  inti- 
tulé Snfonisbn. 

I*RELLEZZO  (Mariano),  consul  d'Espagne 
à  Jérusalem,  amateur  de  musique,  publia  en 
18j1,  à  Madrid,  un  manuel  intitulé  Cîtrso  com- 
pléta  de  musica  icorico-pratico.  L'apparition 


PRELLEZZO  —  PRÉVOST-ROUSSEAU 


369 


de  cet  ouvrage  souleva  une  polémique  très- vive 
entre  son  auteur  et  les  rédacteurs  de  la  Gaceta 
musical  de  Madrid,  et  spécialement  M.  Eslava. 
Prellezzo  mourut  le  15  janvier  1862  à  Quibel,  en 
Turquie. 

PRESEPI  (Presepio),  compositeur  religieux 
italien,  vivait  à  Florence  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  On  connaît  de  lui  les 
œuvres  suivantes  :  1°  Sacri  Trattenimenti  di 
canto  €  suono  per  TAvvento  e  per  il  Natale, 
3'' édition,  Florence,  1711;  2"  Sacri  Tratteni- 
menti di  canto  e  suono  iopra  i  misteri  délia 
S.  infanzia  di  Gesù  bambino,  4*  édition, 
Florence,  1722;  3°  Sacri  Trattenimenti  di 
canto  e  suono  sopra  le  feste  di  Maria  ver- 
9H!e,  Florence,  1724,  petit  in-S"  de  158  pp. 

PRESSEL  (Gustave  ) ,  compositeur  alle- 
mand, a  fait  représenter  avec  succès  à  Stuttgard, 
le  24  juin  1860,  un  opéra  dont  il  avait  écrit  les 
paroles  et  la  musique,  et  qui  avait  pour  titre 
la  Nuit  de  la  Saint-Jean.  Quelques  années 
après,  au  mois  de  décembre  1866,  il  donnait  sur 
le  même  théâtre  un  opéra-comique  intitulé  le 
Tailleur  d' Vlm. 

*  PRÉVOST  (Eugène-Prosper),  est  mort  à 
la  Nouvelle-Orléans  le  30  août  1872.  Après 
avoir  été  longtemps  attaché,  en  qualité  de  chef 
d'orchestre,  au  théâtre  français  de  cette  ville, 
oii  il  fit  jouer  un  opéra-comique  en  2  actes, 
Blanche  et  René,  Prévost  était  revenu  en  France 
vers  1862.  Il  écrivit  alors  la  musique'  d'un  petit 
ouvrage  en  un  acte,  l'Illustre  Gaspard,  ancien 
vaudeville  arrangé  par  ses  auteurs,  MM.  Ou- 
vert et  Lausanne,  et  qui  fut  ainsi  représenté  à 
rOpéra-Comique  le  11  février  1863,  puis  devint 
chef  d'orchestre  des  Bouffes-Parisiens,  à  l'époque 
de  la  direction  de  M.  Varney,  et  ensuite  au 
concert  des  Champs-Elysées.  Au  mois  de  sep- 
tembre 1867,  il  repartait  pour  la  Nouvelle-Or- 
léans, où  il  allait  de  nouveau  se  fixer,  comme 
professeur. 

*  PRÉVOST  (  Jean-Marie-Michel-Hippo- 
itte),  musicien  amateur,  ancien  chef  du  service 
sténographique  au  Sénat,  est  mort  à  Paris  le  17 
février  1873.  Chargé  de  la  critique  musicale  au 
journal  la  France  depuis  la  mort  de  Fioren- 
tino,  il  avait  publié  dans  le  Courrier  du  di- 
manche, sous  le  pseudonyme  de  P.  Crocius, 
et  fait  paraître  ensuite  en  brochure  un  travail 
ainsi  intitulé  :  «  Progrès  de  la  musique  drama- 
tique, un  mot  à  l'occasion  des  articles  de  M.  le 
président  Troplong  et  de  M.  le  prince  Ponia- 
towskiu  (Paris,  Gaittet,  1859,  in-S»  de  16  pp.). 
Quelques  années  après  il  publia,  sous  son  nom 
véritable,  une  courte  brochure  relative  à  M.  Ri- 
chard Wagner  et  à  ses  théories  musicales  (Pa- 

RIOGR.    L.Mv'.    DES   MUSICIENS.    —   8UPPL,  — 


ris,  1869,  in-8°  de  16  pp.).  U  avait  donné  quel- 
ques articles  à  la  Revue  et  Gazette  musicale  de 
Paris  et  à  un  recueil  qui  n'eut  qu'une  courte 
existence,  le  Spectateur.  La' critique  d'Hippo- 
lyte  Prévost  était  celle  d'un  homme  de  goût  et 
d'un  homme  bien  élevé  ;  mais,  au  point  de  vue 
pratique,  elle  péchait  par  la  base,  c'est-à-dire 
par  le  manque  d'instruction  et  de  connaissances 
techniques,  en  dépit  des  éludes  harmoniques 
qu'il  avait  ébauchées  avec  M.  Henri  Reber. 

PRÉVOST-ROUSSEAU  (Antomn),  com- 
positeur amateur  fort  distingué,  est  né  en  1824, 
et  n'eut  d'abord  d'autres  leçons  de  musique  que 
celles  qui  se  donnaient  dans  le  collège  où  il  fit 
ses  études  littéraires.  Après  avoir  fait  son  droit 
et  s'être  fait  recevoir  avocat ,  puis  licencié,  il 
commença  en  1846  un  cours  de  contre-point  et 
d'harmonie  avec  Dourlen.  La  révolution  de  1848 
lui  ayant  fait  interrompre  ses  travaux,  il  recom- 
mença, vers  1852,  toutes  ses  études  musicales 
avec  M.  Aristide  Hignard  (Foy.  ce  nom),  en 
même  temps  qu'il  dirigeait  des  cours  de  musi- 
que d'ensemble  qui  avaient  lieu  régulièrement. 

Après  avoir  composé  des  mélodies,  des  opé- 
rettes, des  chœurs  assez  nombreux,  et  même 
plusieurs  messes,  M.  Prévost- Rousseau  écrivit 
un  poème  musical  en  huit  parties,  les  Poëmes 
de  la  Nature,  dont  il  avait  tiré  les  paroles  des 
beaux  Sonnets  d'Edmond  Arnould,  publiés  peu 
de  temps  auparavant.  Cette  composition  impor- 
tante fut  exécutée  aux  mois  de  février  et  de 
mars  1863  par  le  Cercle  musical,  alors  dirigé 
par  M.  Deldevez,  et  favorablement  accueillie  ; 
plusieurs  autres  exécutions  en  eurent  lieu  par  la 
suite,  principalement  au  premier  concert  de  la 
Société  philharmonique,  ;donné  au  Cirque  des 
Champs-Elysées  sous  la  direction  de  M.  Placet 
(mars  1866).  Encouragé  par  cet  essai ,  M.  Pré- 
vost-Rousseau fit  entendre  en  1865,  à  l'hôtel  du 
Louvre,  à  l'un  des  <■  concerts  des  compositeurs 
vivants,  »  une  symphonie  rustique  en  trois  par- 
ties intitulée  la  Ferme,  écrite  sur  des  paroles 
de  M.  Gustave  Nadaud.  Enfin,  en  1872,  Jl  offrait 
au  public  un  troisième  ouvrage  important ,  les 
Songes ,  symphonie  lyrique ,  dont  M.  Na- 
daud lui  avait  encore  fourni  le  poëme.  M.  Pré- 
vost-Rousseau a  composé  aussi  la  musique 
d'un  opéra-comique  en  3  actes  et  4  tableaux, 
avec  ballets,  Riquet  à  la  houppe,  qui  allait  être 
représenté  au  Théâtre-Lyrique  lorsque  éclata  la 
guerre  de  1870,  et  dont  quelques  fragments 
ont  été  exécutés  dans  des  concerts.  Nommé 
maire  de  la  commune  de  Champigny-sur- Marne 
à  la  suite  de  ces  événements,  il  se  vit  obligé 
d'interrompre  ses  travaux  de  composition,  et 
conserva  seulement  la  direction  d'une  société 
T.  II.  24 


370 


PRÉVOST-ROUSSEAU  —  PROUT 


chorale  mixte  d'amateurs  fondée  par  lui  en  1849, 
et  à, laquelle,  depuis  plus  de  vingt-cinq  ans,  il  a 
fait  exécuter  un  très-grand  nombre  d'œuvres 
remarquables  de  musique  d'ensemble,  tant  an- 
cienne que  moderne. 

Les  partitions  pour  chant  et  piano  des  Poèmes 
de  la  Nature,  de  la  Ferme,  dasSonges,  et  deifi- 
quei  à  la  houppe,  qui  révèlent  chez  leur  auteur 
un  talent  aimable  et  distingué,  ont  été  publiées 
par  l'éditeur  M.  Choudens, 

PRIJXA  (GiusEPPE),  prêtre  et  compositeur 
italien,  mort  à  Milan  vers  1860,  était,  dit-on, 
un  artiste  d'un  véritable  talent.  On  cite  particu- 
lièrement de  lui;  une  messe  fort  remarquable, 
exécutée  en  diverses  circonstances,  et  plusieurs 
autres  compositions  religieuses.  Il  a  écrit  aussi 
un  certain  nombre  d'œuvres  de  musique  de 
chambre. 

*  PROCH  (Henri),  compositeur ,  violoniste 
et  chef  d'orchestre,  est  mort  à  Vienne  le  18  dé- 
cembre .1878.  Il  était  fils  d'un  avocat,  et  des- 
tiné par  celui-ci  à  la  jurisprudence.  C'est  dans 
ce  but  qu'il  fit  ses  études  à  l'niversité  de 
Vienne,  où  il  passa  ses  examens  de  droit  en 
1832.  Cependant,  comme  il  avait  montré  dès  son 
enfance  de  rares  dispositions  pour  la  musique, 
on  lui  avait  fait  étudier  aussi  le  violon,  le  contre- 
point et  la  composition.  Devenu  un  virtuose 
remarquable  sur  le  violon,  il  se  fit  entendre  à 
Vienne,  dans  les  concerts,  en  1834,  avec  un 
très-grand  succès ,  entra  dans  l'orchestre  de  la 
chapelle  de  la  cour,  et  se  livra  bientôt  entière- 
ment à  la  musique. 

Proch  a  brillé  surtout  comme  chef  d'or- 
chestre. Dès  1837  il  commençait  à  remplir  ces 
fonctions  au  théâtre  Josephstadt,  et  le  1"  avril 
1840  il  entrait  en  la  même  qualité  au  théâtre 
impérial,  qu'il  ne  devait  plus  quitter  que  trente 
ans  plus  tard,  au  mois  d'octobre  1870  .  Pendant 
cette  longue  carrière  ,  il  se  distingua  par  des 
qualités  exceptionnelles,  surtout  dans  la  direc- 
tion des  opéras  italiens  et  français,  et  Meyer- 
beer,  aussi  bien  que  Donizetti,  considérait.Proch 
comme  un  chef  d'orchestre  de  premier  ordre. 

Proch  a  publié  plus  de  200  lieder  alle- 
mands, français  et  anglais,  dont  plusieurs  sont 
devenus  très-populaires,  et  beaucoup  d'autres 
compositions.  On  lui  doit  aussi  les  traductions 
allemandes  de  plusieurs  opéras  français  et  ita- 
liens ;  Linda  di  Chamounix,  les  Vêpres  sici- 
liennes, la  Reine  Topaze,  il  Trovatore,  Don 
Pasquale,  etc.  II  était  chevalier  de  l'ordre  de 
François-Joseph  d'Autriche ,  de  l'ordre  d'Ernes- 
linede  Saxe-Cobourg-Golha,  et  décoré  des  mé- 
dailles pour  les  arts  et  les  sciences  du  roi  de 
Prusse  et  du  roi  de  Hanovre. 


*  PROKSCH  (Jojeph),  clarinettiste  et  pro- 
fesseur bohémien,  est  mort  à  Prague  le  20  dé- 
cembre 1864.  Dix  ans  après  sa  mort,  on  a 
publié  sur  lui  l'écrit  suivant  :  Joseph.  Proksch 
biographisches  denkmaal  aus  dessen  nach- 
lass  papieren  errïchtet  {Souvenir  biographi- 
que, monument  élevé  à  Joseph  Proksch,  tiré 
de  ses  papiers),  Pragae,  Rudolf,  1874,  un  vol. 
avec  portrait  et  fac-similé. 

*  PROPIAC  (Girard  de).  —  Aux  ouvrages 
dramatiques  de  ce  compositeur,  il  faut  ajouter 
les  deux  suivants  :  la  Double  Apothéose, 
opéra-comique  en  2  actes,  représenté  au  théâ- 
tre des  Troubadours  en  1800;  et  la  Pension 
de  jeunes  garçons,  opéra-comique  en  un  acte, 
donné  l'année  suivante  au  théâtre  des  Jeunes- 
Artistes. 

PROTA  (IcNAzio),  compositeur  italien  du 
dix- huitième  siècle,  prenait  le  titre  de  maître 
de  chapelle  du  prince  de  la  Rochelle.  Il  a 
écrit  la  musique  des  deux  opéras  suivants  : 
la  Finta  Fattocchiera,  jouée  sur  le  théâtre  des 
Fiorentini,  de  Naples,  en  1721;  et  la  Camilla, 
qui  fut  représentée  au  théâtre  Nuovo,  de  la 
même  ville,  en  1737. 

PROTTI  (José),  compositeur,  est  né  à  Mal- 
son  (îles  Baléares),  en  1827.  Vers  1843,  il  alla 
se  fixer  à  Marseille,  où  il  fut  nommé,  au  con- 
cours, organiste  de  l'église  Saint- Théodore.  En 
1856,  il  devint  organiste  de  l'église  Saint-Vin- 
cent de  Paul,  fonctions  qu'il  occupe  encore 
aujourd'hui.  Cet  artiste  a  écrit  pour  le  piauo 
divers  morceaux  de  genre  et  de  danse  qui  ont 
été  publiés  en  France  et  en  Espagne.  On  a  aussi 
de  lui  :  Gacela,  opéra  en  4  actes  sur  un  poème 
espagnol ,  —  les  Gardes-Françaises,'  opéra-co- 
mique en  un  acte,  qui  a  été  représenté  au  Grand- 
Théâtre  de  Marseille  le  13  avril  1856,  —  et 
le  Trésor  de  Jeannot ,  opéra-comique  éga- 
lement en  un  acte,  qui  a  été  donné  an  Cercle 
artistique  de  cette  ville  en  1877.  J.  Prottia  com- 
posé aussi  de  la  musique  sacrée,  notamment 
une  messe\à  quatre  voix  avec  accompagne- 
ment de  quatuor  et  orgue,  qui  a  été  exécutée 
à  l'église  Saint-Vincent  de  Paul  le  26  août 
1877,  et  un  S/a6o?^  qui  a  été  chanté  dans  plu- 
sieurs églises  de  Marseille. 

Al.  R— D. 

*  PROTA   (Gabriel),  compositeur  italien 
était  né  à  Naples  en  1754,  et   mourut  en  cette 
ville  le  22  juin  1843. 

PROUT  (EbeiNezer),  compositeur  et  cri- 
tique musical  anglais,  est  né  à  Oundie,  dans 
le  comté  de  Northampton,  en  1835.  Quoiqu'il 
ait  montré  de  bonne  heure  un  goût  trèspro- 


PROUT  -  PUCGINI 


371 


nonce  pour  la  musique,  ses  parents  étaient 
peu  disposés  à  lui  laisser  embrasser  cette 
carrière.  Il  reçut  donc  une  bonne  éducation 
littéraire ,  prit  ses  grades  à  l'université  de 
Londres  en  1854,  et  ce  n'est  qu'en  exerçant 
ensuite,  pendant  plusieurs  années,  les  fonc- 
tions de  prolesseur  dans  diverses  écoles,  qu'il 
poursuivit  ses  études  musicales  avec  énergie. 
A  la  fin,  l'amour  de  l'art  l'entraîna  à  lui  tout 
sacrifier,  et  il  se  lança  résolument  dans  la 
carrière. 

En  1862,  la  Société  des  musiciens  anglais 
(aujourd'hui  disparue)  ayant  ouvert  un  con- 
cours pour  un  quatuor  d'instruments  à  cordes, 
M.  Prout  remporta  le  premier  prix  avec  son 
quatuor  en  mi  bémol,  op.  I  ;  trois  ans  plus 
tard,  il  obtint  la  même  récompense,  dans  une 
circonstance  semblable,  avec  son  quatuor 
op.  2,  pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle.  Ces 
deux  faits  attirèrent  l'attention  sur  sa  musique  ; 
mais  ce  n'est  qu'après  l'exécution  de  son 
concerto  en  yni  mineur  pour  orgue  et  orchestre 
(op.  5),  en  1872,  que  son  nom  commença  à 
être  généralement  connu.  Depuis  lors,  il  a 
produit  deux  symphonies,  qui  ont  été  bien 
accueillies  du  public,  un  Magnificat  pour 
soli,  chœurs  et  orchestre,  et  différentes  œu- 
vres vocales  et  instrumentales.  Ses  composi- 
tions sont  plus  remarquables  par  la  clarté  de 
la  forme  et  l'habileté  de  la  facture  que  par 
une  grande  originalité,  et  le  talent  de  M.  Prout 
se  distingue  plutôt  par  la  science  des  effets 
et  la  logique  des  développements  que  par  la 
nouveauté  des  idées  et  un  e  sprit  très- inven- 
tif. 

Mais  M.  Prout  est  plus  et  mieux  connu 
peut-être  comme  critique  et  écrivain  musical, 
que  comme  compositeur.  Il  fut  le  premier  édi- 
teur du  recueil  intitulé  Monthly  Musical  Re- 
cord, dont  il  conserva  la  direction  jusqu'en 
1874,  et  depuis  lors  il  a  été  le  critique  mu- 
sical en  titre  du  journal  the  Academy,  où  il 
s'est  fait  remarquer.  Il  est  l'un  des  collabora- 
teurs du  Dictionary  of  music  and  musicians 
qui  se  publie  actuellement  à  Londres  sous  la 
direction  de  M.  George  Grove  (Londres,  Mac- 
millan,  in-8°).  Quoique  chaud  partisan  des 
idées  et  des  doctrines  de  M.  Richard  Wagner,  il 
est  loin  de  montrer,  comme  quelques  autres 
écrivains,  un  mépris  absolu  pour  toute  musique 
appartenant  à  d'autres  écoles.  Un  fait  assez 
curieux,  observé  à  diverses  reprises  par  les 
critiques  anglais,  c'est  que  l'ardente  admira- 
tion pour  M.  Wagner,  dont  M.  Prout  donne 
de  nombreuses  preuves  dans  ses  écrits,  ne  se 
fait  jour    dans  aucune  de  ses   compositions  ; 


sous]  ce  rapport,  l'influence  du  maître  saxon 
est  nulle  sur  son  esprit,  et  il  semble  se  rap- 
procher beaucoup  plutôt  du  style  de  Mozart 
ou  de  Schubert.  M,  Prout,  qui  est  un  chef 
d'orchestre  expérimenté,  occupe  une  bonne 
situation  comme  professeur  de  piano  et  de 
composition. 

PRUDENT  ( ),  compositeur  qui  vivait 

dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle, 
a  écrit  la  musique  d'un  opéra-comique  en  2 
actes,  les  Jardiniers,  représentée  la  Comédie- 
Italienne  le  15  juillet  1771. 

*  PRUDEI\T(Emile  BEUNIE),  pianiste  et 
compositeur,  était  né  à  Angoulêrae ,  non  le  4 
avril,  mais  le  3  février  1817  ;  il  est  mort  à 
Paris,  non  le  5  juin,  mais  le  14  mai  1863. 

*  PRUMIER  (Antoine),  professeur  de 
harpe  au  Conservatoire  de  Paris  depuis  le 
l^^"^  octobre  1835,  est  mort  subitement,  de  la 
rupture  d'un  anévrisme,  pendant  une  séance 
du  comité  des  études  de  cet  établissement,  le 
20  janvier  1868. 

PRUMIER  (Ange-Conrad),  artiste  fort  dis- 
tingué, fils  du  précédent,  fut  élève  de  son  père 
au  Conservatoire  de  Paris,  où  il  remporta  un 
second  prix  de  harpe  en  1836,  et  le  premier  prix 
en  1838.  Il  obtint  ensuite  un  accessit  de  fugue 
en  1840,  et  le  premier  prix  en  1843.  Après  avoir 
été  attaché  pendant  longtemps  comme  harpiste 
à  l'orchestre  de  l'Opéra-Comique,  il  remplit  au- 
jourd'hui les  mêmes  fonctions  à  celui  de  l'Opéra. 
Depuis  1870,  M.  Prumier  a  succédé  à  Labarre 
comme  professeur  de  harpe  au  Conservatoire. 
Parmi  les  compositions  de  cet  artiste,  je  signa- 
lerai les  suivantes  :  Solo  de  harpe  (écrit  pour  le 
concours  de  1839),  Paris,  Schonenberger;  Solo 
de  harpe  (écrit  pour  le  concours  de  1843),  id., 
Challiot;  Études  spéciales  pour  la  harpe,  id,, 
Brandus  ;  Souvenirs  de  New- York,  id.,  Schonen- 
berger; Nocturne  pour  cor  et  harpe,  id.,  id.; 
0  Salutaris,  Agniis  Dei,  pour  ténor,  id.,  Ca- 
naux; Ave  verum,  id.,  id.  ;  Tantum  ergo,  pour 
ténor,  id.,  id.;  0  Salutaris,  pour  ténor  et  basse, 
id.,  id,;  le  Son  du  cor,  romance  pour  ténor 
avec  cor  obligé;  Nocturne  pour  cor  et  harpe, 
Paris,  Schonenberger;  Offertoire  pour  musique 
militaire,  Paris,  Gautrot;  les  Quatre  Fils  Ay- 
«lon,  marche  ;  les  Trois  Mcolas,  fantaisie  pour 
musique  militaire,  Paris,  Goumas,  etc. 

*  PUCCINI  (Jacques).  —Parmi  les  compo- 
sitions de  cet  artiste  distingué,  qui  sont  toutes 
conservées  par  sa  famille,  on  cite  un  Domine  à 
4  voix  seules,  un  Te  Deum,  à  4  voix  avec  instra- 
ments,  et  trente  et  un  services  solennels  écrits 
par  lui,  de  1733  à  1780,  pour  la  célébration  de 
la  fête  de  sainte  Cécile.  Jacques  Puccini  était 


)72 


PUGCINI  —  PUGET 


membre  de  l'Académie  des  Philharmoniques  de 
Bologne. 

•  PUCCIKI  (Antoine),  fils  du  précédent, 
mourut  à  Lucques  le  3  février  1832.  Il  a  écrit  un 
très-grand  nombre  de  psaumes,  messes,  hymnes, 
motets  à  2,  3,  4  et  8  voix,  et,  de  1778  à  1830, 
vingt  services  à  grand  orchestre  pour  la  fêle  de 
sainte  Cécile.  Artiste  distingué,  comme  son  père, 
Antoine  Puccini  fut  aussi,  comme  lui,  nommé 
membre  de  l'Académie  des  Philharmoniques  de 
Bologne. 

PUCCIIVI  (D0.MEN1C0),  petit-nis  et  fils  des 
précédents,  naquit  à  Lucques  en  1771.  Après 
avoir  appris  dans  sa  ville  natale  les  premiers  élé- 
ments de  l'art  musical,  il  se  rendit  à  Bologne, 
puis  à  Naples,  pour  compléter  son  éducation,  et 
fut  successivement  élève  de  l'abbé  Mattei  et  de 
l'abbé  Tesei.  Il  se  livra  ensuite  à  la  composition, 
et  y  fit  preuve  de  talent  et  de  fécondité  dans 
divers  genres.  Outre  diverses  compositions  reli- 
gieuses, telles  que  messes,  vêpres,  psaumes, 
motets,  hymnes,  Te  Beum  à  2,  4  et  8  voix, 
outre  un  motet  grandiose  à  seize  voix  et  à  double 
orchestre,  qu'il  dédia  au  pape  Pie  VII,  outre 
plusieurs  cantates  qui  sont,  dit-on,  écrites  avec 
beaucoup  de  goût,  il  composa  encore  plusieurs 
opéras,  sérieux  ou  bouffes,  qui  furent  représentés 
avec  quelque  succès  :  Quinto  Fabio,  il  Ciar- 
latano,  le  Frecce  d'amore,  la  Moglie  cap7ic~ 
ciosa,  lOrtolanella{\).  A  son  retour  à  Lucques, 
Domenico  Puccini  avait  été  nommé,  en  rempla- 
cement de  son  père,  maître  de  chapelle  de  la 
république,  et  il  conserva  ces  fonctions  à  la 
cour  des  Bacciocchi.II  mourut  dans  toute  la  force 
de  l'âge,  le  25  mai  1815,  ayant  à  peine  accompli 
sa  quarante-quatrième  année.  Il  faisait  aussi 
partie  de  l'Académie  des  Philharmoniques  de 
Bologne. 

PUCCINI  (Michèle),  fils  de  Domenico,  na- 
quit à  Lucques  le  27  décembre  1813.  Son  père 
étant  mort  lorsqu'il  était  à  peine  âgé  de  trois 
ans,  son  grand-père,  Antoine  Puccini,  se  chargea 
de  son  éducation,  et  lui  fit  étudier  les  lettres, 
la  philosophie  et  les  mathématiques,  sans  lui 
laisser  négliger  la  musique,  qui  avait  été  l'hon- 
neur de  sa  famille.  D'abord  élève  de  Fanucchi 
pour  la  théorie  musicale,  le  piano  et  l'accompa- 
gnement, le  jeune  Michèle  Puccini  passa  ensuite 
aux  mains  de  l'abbé  Santucci,  puis    d'Eugenio 

(Ij  J'ai  lieu  de  croire  que  l'auteur  de  la  liioijraphic 
universelle  des  Musiciens  a  fait  confusion  lorsqu'il 
a  dit  d'Antoine  Puccini  :  »  il  a  écrit  aussi  qui  Iqucs 
opcras  dont  on  n'a  pas  conserve  les  titres.  »  Je  ne  crois 
pas  qu'Antoine  ait  Jamais  écrit  pour  le  tlié.ltre,  et  je  suis 
certain  que  les  ouvrages  citiis  Ici  sont  dus  à  son  (ils  Do- 
menico. 


Galli,  avec  lesquels  il  étudia  l'harmonie  et  le  con- 
tre;point;  il  fut  alors  envoyé  à  Bologne  (1834) 
pour  s'y  perfectionner  avec  Pilotti,  et  (inaloinent 
s'en  fut  à  Naples  (1839)  achever  son  éducation 
musicale,  sous  la  direction  de  Mercadante. 

De  retour  dans  sa  ville  natale  en  1841,  Mi- 
chèle Puccini  se  vit  nommer  directeur  de  l'Ins- 
titut musical ,  et  forma  dans  cet  établissement 
un  grand  nombre  d'excellents  élèves.  Harmo- 
niste savant,  contrapuntiste  fort  habile,  mais 
ne  brillant  point,  comme  compositeur ,  par  la 
richesse  et  la  générosité  de  l'inspiration,  il  pos- 
sédait d'ailleurs  toutes  les  qualités  d'un  bon 
professeur,  savait  exposer  les  principes  de  l'art 
avec  clarté  et  faciliter  aux  jeunes  artistes  le 
chemin  qu'ils  avaient  à  parcourir. 

Michèle  Puccini  a  écrit  deux  opéras,  Antonio 
Foscarini,  et  Cattani,  o  la  Rivoluzione  deijli 
Straccioni,  qui  ont  été  assez  bien  accueillis.  On 
lui  doit  aussi  deux  messes ,  l'une  en  sol,  l'autre 
en  ut,  conçues  dans  le  style  allemand;  un  Mi- 
serere et  un  Benedictus  pour  la  semaine  sainte  ; 
divers  motets  à  2,  3  et  4  voix,  avec  ou  sans 
orchestre;  huit  services 'religieux  à  4  voix  et 
orchestre ,  exécutés  pour  la  fête  de  sainte  Cé- 
cile ;  enfin ,  des  compositions  à  8  voix  et  deux 
orchestres,  écrites  pour  les  solennités  de  l'Exal- 
tation de  la  Croix.  Cet  artiste  est  mort  le  23  jan- 
vier 1864. 

♦  PUCCITA  (ViNCENZo),  compositenr  dra- 
matique italien,  est  mort  à  Milan  le  20  décem- 
bre 1861.  A  la  liste  des  ouvrages  de  cet  artiste 
estimable,  il  faut  ajouter ii  Marchese  d'un  gior- 
no, 0  sia  gli  Sposi  felici,  opéra  représenté  à 
Livourne  en  1808. 

*  PUGET  (Madame  Loïsa  LEMOINE, 
née).  —  Il  y  avait  bien  longtemps  qu'on  n'avait 
entendu  parler  de  cette  artiste,  lorsqu'elle  donna 
au  Gymnase,  le  27  septembre  1869,  une  opé- 
rette en  un  acte,  intitulée  la  Veilleuse  ou  les 
Nuits  de  Milady. 

PUGET  (Paul-Charles-Marie  CURET), 
compositeur,  né  à  Nantes  le  25  juin  1848,  est 
le  second  fils  d'un  chanteur  qui  tenait  à  l'Opéra- 
Comique,  il  y  aune  vingtaine  d'années,  l'em- 
ploi de  premier  ténor,  et  qui  passa  ensuite  au 
Théâtre-Lyrique.  M.  Puget  fut  admis  jeune  au 
Conservatoire,  dans  la  classe  de  M.  Marmontel 
pour  le  piano  et  dans  celle  de  M.  Bazin  pour 
l'harmonie  et  accompagnement.  Il  n'obtint  qu'un 
troisième  accessit  d'harmonie  au  concours  <ie 
186G,  et  entra  peu  de  temps  après  dans  la 
classe  de  composition  de  M.  Victor  Massé. 
En  1867,  une  cantate  ayant  été  mise  au  con- 
cours pour  l'ouverture  de  l'Exposition  univer- 
selle, M.  Puget  prit  part  au  concours  ;  mais  son 


PUGET  —  PLGNl 


373 


œuvre  ne  fut  pas  classée ,  et  le  prix  fut  décerné 
à  M.  Saint-Saëns  ;  cependant ,  le  jeune  artiste 
fit  exécuter  sa  cantate  par  la  société  chorale  de 
M.  Prévost-Rousseau ,  et  en  confia  les  soli  à 
son  père ,  à  M.  Troy  jeune  et  à  M'^"  Schrœder. 
Ce  petit  péché  de  jeunesse  ne  valait  pas  qu'il  y 
prit  tant  de  peine.  Tout  en  continuant  ses  étu- 
des, M.  Puget  écrivit  la  musique  dune  opérette 
qu'il  fit  représenter,  vers  1871 ,  au  petit  théâtre 
Tivoli,  situé  sur  le  boulevard  Clichy.  Enfin,  en 
1873,  il  se  présenta  au  concours  de  l'Institut, 
et  se  Tit  d'emblée  décerner  le  grand  prix  de 
Rome,  quoique,  dit-on,  l'épreuve  préparatoire 
ne  lui  eût  pas  été  favorable  et  ne  fît  pas  présa- 
ger un  tel  succès  ;  mais  le  jury ,  frappé  par  les 
incontestables  qualités  scéniques  contenues  dans 
sa  partition,  crut,  à  juste  titre,  devoir  passer 
condamnation  sur  quelques  négligences  secon- 
daires. La  cantate  de  concours  était  intitulée 
Mazeppa,  et  l'auteur  des  paroles  était  M.  Achille 
de  Lauzières  ;  elle  fut  exécutée  en  séance  publi- 
que, à  l'Institut,  le  15  novembre  1873,  et  au 
Concert-National  le  28  décembre  suivant.  Peu 
de  temps  après,  M.  Puget  partait  pour  l'Italie, 
selon  les  prescriptions  du  concours  de  Rome. 
—  Cet  artiste  a  en  portefeuille  les  ouvrages 
suivants  :  1"  les  Jardins  d'Armide,  opérette 
bouffe  en  3  actes;  2"  le  Maure  danseur,  opé- 
rette en  un  acte ,  reçue  aux  Bouffes-  Parisiens 
en  1869;  3°  la  Marocaine,  opéra-comique  en 
un  acte,  reçu  au  Théâtre-Lyrique  sous  la  direc- 
tion de  M.  Pasdeloup;  4°  André  del  Sarto, 
drame  lyrique  en  2  actes,  d'après  le  drame 
d'Alfred  de  Musset. 

*  PUGA'I  (César),  compositeur  dramatique, 
fils  d'un  horloger  dont  le  magasin  était  situé  sur 
la  place  du  Dôme,  à  Milan,  naquit  certaine- 
ment avant  1810,  car  son  admission  au  Conser- 
vatoire de  cette  ville  date  du.22  janvier  181.'), 
et  il  en  sortit  le  10  juin  1822.  Il  étudia  dans  cet 
établissement  le  violon  et  la  composition,  et 
fut  l'élève  du  célèbre  Asioli.  C'est  le  28  mai 
1831  qu'il  donna  au  théâtre  de  la  Canobbiana, 
de  Milan,  son  premier  opéra,  il  Disertore 
svizzero,  o  la  Nostalgia,  qui  fut  bien  ac- 
cueilli (1).  Il  eut  moins  de  bonheur  avec  la  Ven- 

(1)  Je  rétablis  Ici  l'ordre  chronologique  exact  dans  le- 
quel furent  représentés  les  opéra»  de  Pugiil.  Je  dois  faire 
remarquer,  à  ce  sujet,  qu'une  erreur  s'est  glissée  dans 
la  Biographie  universelle  des  Musiciens,  où  II  est  dit  i 
—  «  A  la  niéme  époque  (vers  isasi,  Il  Pugni)  fit  aussi 
nne  musique  nouvelle  poui  l'Imboscata,  jouée  sans  suc- 
cès au  théâtre  Canobbiunalàc  Milan.  Welgl  avait  écrit, 
en  1815,  une  partition  sur  ce  livret  pour  le  théâtre  de  la 
Scala.  »  C'est,  non  une  partition  de  Pugnl,  mais  celle  de 
Weigl  lui-même  sur  l'Imboscata,  qui  fut  reprise  à  la  Ca- 
nobbiana le  8  avril  1838,  après  avoir  été  créée  à  la  Scala 
le  8  novembre  |B15.  comme  on   peut  s'en   convaincre  en 


detta,  qui  tomba  lourdement  à  la  Scala  le  11 
février  1832.  Le  8  octobre  de  la  même  année,  il 
donnait  à  Trieste  Ricciardo  di  Edimburgo, 
qui,  chanté  par  le  ténor  Reina,  par  M™"  Elisa 
Sediacek  et  Brigide  Lorenzani,  obtint  du  succès. 
II  en  fut  de  même  d'il  Contrabhandiere,  joué  à 
Milan  le  12  juin  1833;  mais  un  Episodio  di 
San  Michèle,  représenté  à  la  Canobbiana  le  14 
juin  1834,  subit  une  chute  complète.  A  partir 
de  ce  moment,  Pugni  paraît  avoir  renoncé  com- 
plètement à  écrire  des  opéras  pour  se  livrer 
exclusivement  à  la  composition  de  la  musique 
de  ballet.  Pendant  plus  de  trente  ans,  il  a  écrit 
un  nombre  incalculable  d'ouvrages  de  ce  genre, 
et  il  fut  spécialement  engagé  à  cet  effet  au 
théâtre  de  Saint-Pétersbourg,  ce  qui  ne  l'em- 
pêcha pas  de  faire  représenter  des  ballets  en 
Italie,  à  Paris,  à  Vienne  et  à  Londres.  Je  n'en 
citerai  que  quelques-uns,  car  il  m'a  été  impos- 
sible de  réunir  les  titres  de  toutes  ses  produc- 
tions chorégraphiques  :  le  Fucine  di  Vulcano, 
Parme,  1826;  Eutichio  délia  Castagna,  Milan, 
Scala,  1827;  Pelia  e  Mileto,  id.,  id.,  1827; 
Esmeralda,  id.,  id.,  1845;  Catterina,  ossia  la 
Flglia  del  Bandito  (en  société  avec  Bajetti), 
id.,  id.,  1847;  la  Fille  de  marbre,  Paris,  Opé- 
ra, 21  octobre  1847;  Edoardo,  Milan,  Scala, 
1848  ;  la  Vivandière,  Paris,  Opéra,  20  octobre 
1848;  le  Violon  du  diable,  id.,  id.,  19  janvier 
1849;  >Sïe/^a  ou  les  Contrebandiers,  id.,  id., 
22  février  1850;  le  Marché  des  Innocents,  id., 
id.,  29  mai  1861;  Diavolina,\A.^  id.,  6  juillet 
1863;  gli  Zingari  (en  société  avec  M.  Giorza), 
Milan,  Scala,  janvier  1864  ;  gli  Elementi,  Paris, 
Théâtre-Italien,  19  février  1866;  la  Momie, 
Saint-Pétersbourg,  janvier  1862;  Ondine; 
Wlasta,  l'Amazzonedel  IX  secolo,  etc. 

Pugni  avait  commencé  par  écrire  de  la  musi- 
que religieuse,  et  même  des  symphonies ,  ainsi 
que  le  constatait  un  journal  spécial ,  i  Teatri, 
publié  à  Milan  en  1827  (1"  vol.,  p.  70)  :  —  »  Ses 
«  symphonies  d'étude  {di  studio),  à  l'imitation 
«  des  chefs-d'œuvre  de  Haydn,  l'ont  montré 
«  parfaitement  digne  de  s'appliquer  au  genre 
n  sublime  créé  par  un  si  grand  modèle.  »  Pu- 
gni est  mort  en  1869,  à  Saint-Pétersbourg,  où 
il  était  fixé  depuis  plus  de  trente  ans.  Aux  œu- 
vres citées  ci-dessus,  il  faut  ajouter  la  musique 
d'un  Imio  alla  Beneficenza,  exécuté  à  la 
Scala,  de  Milan,  en  1833. 

consultant  le  livre  de  M.  Pompeo  CambiasI  :  Rappre- 
sentazioni  date  nei  reali  teatri  di  jMilano,  1778-1872  (Mi- 
lan, Ricordi,  187î,  in-4").  Ce  qui  est  possible,  et  ce  qui  a 
pu  donner  lieu  à  cette  erreur,  c'est  que  Pugni,  comme  il 
l'avait  fait  pour  d'autres  ouvrages,  ait  écrit  quelques 
morceaux  nouveaux  pour  cette  reprise  de  l'ouvrage  de 
Welgl. 


374 


PUIG 


PULITI 


PUIG  (Dernardo-Calvô), compositeur,  orga- 
niste et  chanteur  espagnol,  né  à  Vich  le  22  fé- 
vrier 1819,  commença  l'étude  du  solfège  avec 
Francisco  lîonamicli,  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  cette  ville ,  puis,  devenu  enfant 
de  chœur  à  cette  église,  travailla  l'orgue  avec 
José  Galles ,  et  ensuite  la  composition  avec 
Bonamich.  Ayant  succédé  comme  organiste  à  son 
maître  Galles,  puis  ayant  joint  à  ces  fonctions 
celles  de  sous-directeur  de  la  maîtrise  de  la 
cathédrale,  il  renonça ,  en  1838,  à  ces  deux 
emplois,  pour  aller  terminer  à  Barcelone  son 
éducation  artistique.  Il  travailla  en  cette  ville 
avec  José  Rosés  et  Juan  Quintaiia,  puis  succéda 
à  celui-ci  comme  organiste  de  Notre-Dame  del 
Pino,  et  renonça  à  ce  poste  pour  devenir  con- 
tralto à  la  chapelle  de  Santa-Maria  del  Mar 
et  ensuite  à  la  cathédrale.  Enfin ,  à  la  mort  de 
Francisco  Andrevi  (1853),  il  fut  choisi  pour 
remplacer  ce  grand  artiste  en  qualité  de  maître 
de  chapelle  de  l'église  de  la  Merci  et  de  direc- 
teur de  ïescolanie  annexée  à  cette  chapelle. 

A  partir  de  ce  moment,  M.  Puig ,  qui   déjà 
s'était  exercé  avec  succès  dans  la  composition , 
tourna  surtout  de  ce  côté  les  efforts  de  son  in- 
telligence, et  l'on  assure  qu'en  1866  le  nombre 
des  œuvres  écrites   par  lui  ne   s'élevait   pas  à 
moins  de   cinq  cent  trente-cinq .'  Parmi   ces 
oeuvres,  il  en  est  de   fort  importantes ,   entre 
autres  deux  oratorios,  dont  l'un  a  pour  titre  la 
Dernière  Nuit  de  Babylone,  et  l'autre  la  Des- 
cente de  la  Vierge  à  Barcelone  pour  fonder 
l'ordre  royal  de  la  Merci.  On  cite,  parmi  ses 
autres  œ-uvres,  quarante  et  une  messes  de  di- 
vers genres ,  un  titabat  Mater,  un  Miserere, 
un  service  religieux  pour  le  mois  de  mai  (c'est- 
à-dire  trente  et  un  hymnes  ou  cantiques,  soit 
un  pour  chaque  jour   de  ce  mois) ,  environ  200 
hymnes,  motets,  psaumes,  saluts,  avec  accom- 
pagnement d'orgue  ou  harmonium,  etc.   Mais 
M.  Puig  ne  s'est  pas  borné  au  genre  sacré;  on 
lui  doit  aussi  un  opéra  en  4  actes ,  Carlo  il  Te- 
merario,    un   opéra-comique  en   2  actes,  l'As- 
tronomo,  Mii&zarzuela  en  3  actes,  «n  Novio 
en  dos  personas,  et  enfin  deux  autres  ouvrages 
dramatiques.  Don  Gumersindo,  et  Don  Fran- 
cisco de  Quevedo.  J'ignore  si  un  seul  de  ces 
ouvrages  a  été  représenté. 

PULITI  (Leto),  né  à  Florence  le  29  juin 
IStS,  reçut  sa  première  éducation  au  collège  des 
Pères  Calafanciens  à  Vollerre.  Il  avait  treize  ans, 
quand  son  père,  qui  dirigeait  la  pharmacie  de 
la  cour  grand-ducale  de  Toscane,  le  rappela 
à  Florence  pour  lui  faire  étudier  les  sciences 
naturelles,  tout  en  lui  permettant  de  prendre 
des  leçons  de  musique  et  de  piano  avec  J.  Dian- 


chi,  et  plus  tard,  quoiqu'à  regret,  d'apprendre 
la  composition  et  le    contre-point   avec    Pic- 
chianti.  A  l'àgc  de  seize  ans ,  il  fut  envoyé  par 
son  père  en  Allemagne,  en  France  et  en  Angle- 
terre pour  s'y  perfectionner  dans  les  sciences, 
et  profita  de  l'occasion  pour  étendre  ses  con- 
naissances .musicales.   De  retour  dans  sa  patrie, 
il  composa  plusieurs  morceaux  de  musique  pour 
chant,  piano    ou,  orchestre,    qui   furent    assez 
bien  accueillis;    mais    le  soin  des  affaires,  des 
charges  publiques  et  des  missions  scientifiques 
eut  ce  résultat  qu'après  ses  premiers  essais  il 
abandonna  presque  entièrement  la  composition. 
Dans  les   derniers  temps  de   sa  vie,  il  piit  du 
goût  pour  la  littérature  musicale  et  en  particu- 
lier pour  l'histoire  de  la  musique  et  la  biogra- 
phie des  musiciens;  il  s'adonna  avec  ardeur  à 
cette  élude,  et  produisit  plusieurs    travaux, 
très-remarquables  par  une   érudition  étendue, 
un  sage   esprit   d'investigation  et  une  critique 
judicieuse.  Ces  travaux  consistent  en  plusieurs 
monographies  insérées  dans  leSi4^^i  de- l'Institut 
royal  de  musique  de  Florence  (vol.  VI,  VIII,  IX 
et  XII),  parmi  lesquelles  une  mention  spéciale  est 
due  à  l'étude  dans  laquelle  M.  Puliti,  à  l'appui 
de  documents  incontestables,  revendique  pour 
Barlolomeo  Crislofori,  de  Padoue,  luthier  au 
service  du  grand    prince    Ferdinand,    fils  du 
grand-duc  Côme  III  de  Florence,  l'honneur  de 
l'invention  du  piano.  Il  existe,  en  outre,  de  lui, 
une  lettre  contenant  l'histoire  et  le  commen- 
taire de  trois    madrigaux    d'ArchadeIt    et  de 
Tromboncino  écrits  sur  des  paroles  de  Michel- 
Ange  Buonarroti,   lettre  imprimée  à  la  suite  de 
la  vie  de  ce  grand  homme  publiée  par  M.  Gotti, 
à  Florence,  à  l'occasion  de  son  quatrième  cen- 
tenaire (1).—  M.  Puliti  travaillait  à  une  Histoire 
musicale  de  la  ville  de  Florence,  fovn  laquelle 
il  avait   déjà   recueilli   nombre  de    matériaux, 
quand  une  mort   soudaine ,  causée  par  la  rup- 
ture d'un  anévrisme,  vint  le  frapper  dans  toute 
la  force  de  l'âge,  le  15  novembre  1875. 

M.  Puliti  était  chevalier  de  l'ordre  de  la  Cou- 
ronne d'Italie,  membre  résident  de  l'Académie 


(I)  m  alcune  poesiedi  Michelamjelo  Buonarroti  poni 
in  7niisica  dai  compositori  delsuo  tempo,  leUera  di  Leio 
PulitKEstraltodal  volume  II  dclla  f^ita  di  Michelangelo 
Iluonarroli  ilel  conim.  Aurcllo  Gotti),  Florence,  1875, 
ln-8°,  contenant,  en  partition,  avec  accompagnement  de 
piano,  la  musique  de  trois  madrigaux  à  4  voix,  dont  l'un 
de  Tromboncino  et  les  deux  autres  d'ArchadeIt. 

M.  Guldl,  l'éditeur  de  musique  de  KIorence,  a  fait  une 
édition  de  ces  trois  madrigaux,  sans  accompagnement,  et 
sans  la  lettre  de  Pullli  :  Tre  Madrirjalidi  Michelangiolo 
liuomirroti, postiin  miisica  da  Uartolommeo  Trombon- 
cino c  da  Ciacomo  Mrchadelt,  Florence,  Guidl  1875,  In- 
8".  —  A.  P. 


PULITI  —  PYNE 


375 


de  l'Institut  royal  de  musique  et  de  l'Académie 
des  Glorgofili  de  Florence,  et  de  beaucoup 
d'autres  sociétés  savantes. 

L.-F.  C. 

*,PIJLLI  (Pierre).  —Ce  compositeur  a  écrit 
et  fait  exécuter  à  Modène  une  cantate  de  cir- 
constance intitulée  le  Nozze  del  Piacere  e 
delV  Allegria  (1740).  On  lui  doit  encore  la 
musique  d'un  opéra  bouffe,  il  Carnevale  e  la 
Pazzia,  et  celle  de  deux  farces  napolitaines, 
toutes  deux  représentées  dans  le  cours  de 
l'année  1731  à  Naples,  sur  le  petit  théâtre  des 
Fiorentini,  et  dont  l'une  avait  pour  titre  la  Ma- 
rina de  Cfiiaja,  et  l'autre,  le  Zitelle  de  lo 
Vomniaro. 

l'ULZOlXI  (Francesco),  excellent  contra- 
puntiste,  né  à  Bologne,  fut  élève  d'Agostino 
Filipuzzi.  11  fit  partie,  dès  l'année  de  sa  fonda- 
tion (1666),  de  l'Académie  des  Philharmoni- 
ques de  Bologne ,  et  en  fut  élu  prince  en  1678. 

PUZOXE  (Giuseppe),  chef  d'orchestre  et 
compositeur  italien,  né  à  Naples  au  mois  de  dé- 
cembre" 1821 ,  commença  de  bonne  heure  l'é- 
tude de  la  musique ,  et  fut  ensuite  admis  au 
Conservatoire  de  San-Pietro  a  Majella.  Il  eut 
comme  professeurs  dans  cet  établissement  Fer- 
razzano  et  Rossi  pour  le  hautbois ,  Lanza 
pour  le  piano,  Gennaro  Parisi  pour  l'harmonie 
accompagnée,  Francesco  Ruggi  pour  le  contre- 
point, enfin  Donizettl,  puis  Mercadante,  pour  la 
composition  idéale  et  l'orchestration.  Étant 
encore  sur  les  bancs  de  l'école,  il  écrivit  une 
messe  à  4  voix  avec  orchestre,  deux  ouvertures, 
un  hymne  composé  en  l'honneur  de  Rossini 
pour  une  visite  faite  par  ce  grand  homme  au 
Conservatoire,  un  Prélude  funèbre  à  la  mémoire 
du  comte  de  Gallemberg,  et  enfin  un  opéra 
semi-sérieux,  il  Marchese  Albergati,  qui  fut 
représenté  et  accueilli  favorablement  au  théâtre 
Nuovo,  en  1839.  Il  avait  alors  à  peine  dix-huit 
ans. 

En  1844,  M.  Puzone  fut  engagé  au  théâtre 
San-Carlo  en  qualité  de  maestro  concertatore, 
et  l'année  suivante  il  donnait  à  celui  du  Fondo 
son  second  ouvrage  dramatique,  il  Figlio  dello 
Schiavo.  Quatre  ans  plus  tard,  en  1849,  il  fai- 
sait représenter  au  théâtre  San-Carlo  Elfrida 
di  Salerno,  opéra  sérieux  en  3  actes ,  qui , 
comme  le  précédent ,  fut  bien  reçu  du  public. 
Il  n'en  fut  pas  de  même  d'il  Dottor  Sabato, 
opéra  bouffe  en  3  actes  qui  vit  le  jour  en  1852 
au  théâtre  du  Fondo,  et  que  les  défauts  du  livret, 
mauvaise  imitation  de  celui  du  Barbier  de  Se- 
ville,  firent  tomber  lourdement.  Depuis  celte 
époque,  M.  Puzone,  qni  est  devenu  l'un  des 
deux  chefs  d'orchestre   du  théâtre  San-Carlo, 


ne  s'est  plus  reproduit  à  la  scène  comme  com- 
positeur. 

Outre  les  œuvres  qui  ont  été  ci-dessus  citées, 
on  doit  à  cet  artiste  les  compositions  suivantes  : 
2  messes  à  plusieurs  voix ,  avec  orchestre  ;  2 
Credo  à  4  voix,  avec  orchestre  ;  3  Tanhim  crgo 
à  une  ou  2  voix,  avec  orchestre  ;  le  Tre  Orc  d'à- 
gonia,  oratorio  avec  accompagnement  de  piano 
ou  harmonium,  violoncelle  et  contre-basse;  un 
grand  nombre  de  motets ,  avec  ou  sans  or- 
chestre; plusieurs  ouvertures  à  grand  orchestre  ; 
quelques  morceaux  écrits  pour  deux  opéras 
de  divers  auteurs,  il  Ritratto  di  Don  Liborio 
et  te  Aozze  frastornate  da  un  pazzo. 

PUZZl  (Giovanni),  virtuose  d'une  rare  habi- 
leté sur  le  cor,  naquit  à  Parme  dans  les  derniè- 
res années  du  dix-huitième  siècle.  Il  acquit  de 
bonne  heure  un  talent  des  plus  remarquables, 
se  produisit  en  public  avec  les  succès  les  plus 
vifs,  et  visita  la  plupart  des  grandes  villes  de 
l'Europe  en  se  faisant  entendre  partout  au  bruit 
des  applaudissements.  Il  fut,  dit-on,  pendant 
plusieurs  années,  directeur  d'un  théâtre  de  Lon- 
dres, où  il  mourut  le  1*"^  mars  1876.  Il  a  laissé 
une  Nouvelle  Méthode  pour  apprendre  le  cor, 
qui ,  je  crois ,  n'a  pas  été  publiée.  —  La  femme 
de  cet  artiste  fut  une  cantatrice  dramatique  fort 
distinguée ,  qui  fit  ses  débuts  à  Alexandrie  dans 
le  rôle  d'Amina  de  la  Sonnambula.  /<  Belle, 
passionnée,  dit  un  biographe  (F.  Regli),  toute 
âme  dans  les  yeux ,  dans  le  sourire,  dans  la 
personne,  douée  d'une  voix  juste,  étendue, 
flexible,  elle  chantait  la  musique  de  Bellini  avec 
des  accents  suaves  et  pathétiques,  avec  un  style 
tout  italien ,  avec  une  élégance  charmante,  i» 

PYIVE  (Louisa),  cantatrice  anglaise  juste- 
ment renommée,  fille  d'un  chanteur  fort  distin- 
gué lui-môme,  M.  G.  Pyne,  est  née  en  1832. 
Élève  du  fameux  organiste  et  chef  d'orchestre 
George  Smart,  elle  commença,  à  peine  âgée  de 
dix  ans ,  à  se  produire  dans  les  concerts ,  se  fit 
entendre  un  instant  à  Paris  en  1847,  et,  de  re- 
tour à  Londres,  entama  sa  carrière  dramatique 
en  1849.  Engagée  au  théâtre  royal  italien  de  cette 
ville  en  1831,  elle  y  fut  reçue  avec  faveur,  et,  en 
1854,  alla  faire  en  Amérique  une  grande  tournée 
artistique  qui  ne  dura  pas  moins  de  trois  années 
et  qui  lui  valut  de  véritables  triomphes.  Revenue 
dans  sa  patrie,' elle  forma  avec  M.  Harrison, 
ténor  fort  distingué,  une  association  pour 
l'exploitation  à  Londres  de  l'opéra  anglais.  Les 
deux  artistes  donnèrent  d'abord  leurs  représen 
tations  auLyceum,  puis  àDrury-Lane,  etenfin, 
à  partir  de  1859,  au  théâtre  de.  Covent-Garden. 

C'est  surtout  à  partir  de  ce  moment  que 
l'entreprise    Pyne-Harrison    acquit   une    très- 


376 


PYNE 


grande  importance.  Le  talent  des  deux  artistes 
associés,  leur  activité,  l'itnpiilsion  qu'ils  surent 
donner  à  la  musique  nationale  en  représentant 
des  œuvres  nouvelles  de  Wallace,  de  Balfe,  de 
Macfarren,  de  M.  Benedict,  attirèrent  pendant 
plusieurs  années  le  public  au  Royal-English- 
Opéra.  La  troupe  réunie  par  eux  comprenait 
des  artistes  tels  que  miss  Parepa,  miss  Pillin, 
miss  Fanny  Cruise,  MM.  Santley,  H.  Corri, 
Henry  Haig,  G.  Howey,  Saint-Albin,  Mengis, 
Lyall,  Walhvorlh,  Bartleman,  Terroff,  etc.,  et 
l'orchestre  était  excellemment  dirigé  par  un  ctief 
habile,  Alfred  Mellon.  D'ailleurs,  miss  Louisa 
Pyne  était  toujours  sur  la  brèche,  ainsi  que  son 
compagnon,  et  l'autorité  qu'ils  avaient  su  ac- 
quérir sur  le  public,  la  sympathie  qu'inspirait 
leur  talent,  n'étaient  pas  sans  iulluence  sur  les 
résultats  matériels  de  leur  entreprise.  Les  ou- 
vrages nouveaux  que  les  directeurs  produisirent 
sur  la  scène  de  Covent-Garden  étaient  Lurline, 
Lové's  Triumph,  la  Fleur  du  Dé^e/'i,  de  Wal- 
lace, the  Purilan's  Daughter,  the  Armurer  of 
Nantes,  Blanche  de  Nevers,  la  Rose  de  Cas- 
tille,  de  Balfe,  Ruy  Blas,  d'Howard  Glover, 
the  Lilly  of  Killarney,  deîM.  Bénédicte  the 
Sloops  to  Conquer,  de  Macfarren,  et  chacun 


de  ces  ouvrages  était  soutenu  par  le  talent  do 
miss  Pyne.  Elle  obtint  aussi  de  très-grands 
succès  dans  diverses  traductions  d'opéras  fran- 
çais :  le  Domino  noir,  les  Noces  de  Jeannette, 
les  Diamants  de  la  Couronne,  et  surtout  le 
Pardon  de  Ploèrmel,, 3i\ec  lequel  elle  attira 
la  foule  pendant  plus  de  cinquante  représenta- 
tions. 

Cependant,  vers  1865,  miss  Louisa  Pyne  et 
M.  Harrisoa  renoncèrent  à  leur  entreprise 
et  rompirent  leur  association.  Miss  Pyne  con- 
tracta alors  un  engagement  avec  le  théâtre  de 
Sa  Majesté,  et  se  produisit  de  nouveau  dans 
l'opéra  italien,  chantant  Do7i  Giovanni,  le  Nozze 
di  Figaro,  l'Africaine,  etc.  En  même  temps , 
elle  se  faisait  entendre  fréquemment  dans  les 
festivals  et  les  concerts  publics,  et  était  souvent 
invitée  à  chanter  aux  soirées  de  la  reine,  soit  au 
château  de  Windsor,  soit  au  palais  de  Buc- 
kingham.  Je  crois  que  depuis  quelques  années 
cette  excellente  artiste  a  renoncé  à  une  carrière 
qui  avait  été  singulièrement  brillante  pour  elle, 
et  où  elle  n'avait  connu  que  des  succès.  Miss 
Louisa  Pyne  a  épousé  M.  Frank  Bodda,  mais 
elle  a  toujours  conservé  au  théâtre  le  nom  sous 
lequel  elle  s'était  fait  connaître. 


Q 


'  QtIAISA.Ij\ (Adrien).— Cet  artiste  est  au- 
teur d'un  certain  nombre  d'opéras-comiques  re- 
présentés au  commencement  de  ce  siècle  : 
1"  les  Deux  Ivrognes,  un  acte,  Ambigu,  1800-, 
2"  le  Mari  (femprunt,  un  acte,  Ambigu,  1800; 
3°îine  Éfourderie  ou  l'Une  pour  Vautre,  un 
acte,  théâtre  Feydeau,  1801  ;  4°  la  Dot  ou  le 
Mari  d'un  jour,  wn  acte,  1801;  5°  les  Amants 
absents,  un  acte,  Ambigu,  1803.  Mais,  de  tousses 
ouvrages,celui  qui  obtint  le  plusde  succès  et  dont 
la  musique  était  trouvée  charmante,  est  la  Musi- 
comanie,  écrit  par  lui  sur  un  livret  deGuiibert 
dePixerécourt,  et  représentée  l'Ambigu  en  1800, 
alors  qu'il  remplissait, avec  un  véritable  talent,  les 
fonctions  de  chef  d'orchestre  à  ce  théâtre.  Quai- 
sain  a  écrit  aussi,  en  société  avec  Quinebaud,  la 
musique  de  Ptiilomèle  et  Thérée,  grande  pan- 
tomiinedialoguée  donnée  à  l'Ambigu  en  1800.  — 
La  femme  de  ce  compositeur  appartint  à  divers 
théâtres  de  Paris,  entre  autres  à  celui  des  Amis 
des  Arts,  connu  précédemment  sous  le  nom  de 
théâtre  Molière.  Elle  ne  manquait  point  de  mé- 
rite, était  douée  d'une  voix  agréable,  et  se  faisait 
surtout  remarquer  dans  les  petits  .opéras  qu'on 
jouait  alors  un  peu  partout. 

*  QUAXTZ  (Jean-Joachim).  _  On  a  publié 
récemment  sur  cet  artiste  l'écrit  suivant  :  la 
Vie  et  l'œuvre  de  Jean-Joachim  Quantz,  maî- 
tre de  flûte  de  Frédéric  le  Grand,  par  Albert 
Quantz  (Berlin,  Oppenheim,  1877,  petit  in-8°  de 
iv-56  p.).  Cet  opuscule  est,  pour  sa  plus 
grande  partie,  la  reproduction  de  l'autobiographie 
écrite  naguère  par  Quantz  lui-même  et  publiée 
en  1754  par  Marpurg,  dans  ses  Esquisses  cri- 
tiques (vol.  I,  p.  197);  on  y  a  ajouté  un  cata- 
logue des  œuvres  de  Quantz,  ainsi  qu'un  supplé- 
ment contenant  quelques  lettres  de  lui  ou  à  lui 
adressées,  des  éloges  poétiques  écrits  à  l'époque 
de  sa  mort,  et  enfin  une  autre  table  de  ses 
œuvres,  plus  exacte  et  plus  étendue.  Cette  bro- 
chure peut  être  utile  comme  renseignement  et 
comme  point  de  départ  d'une  étude  sur  Quantz, 
mais  le  travail  est  mal  fait,  mal  coordonné,  sans 
liaison  et  sans  esprit  de  suite.  L'auteur  est  l'ar- 
rière-petit-neveu  de  Quantz  lui-même,  M.  Albert 
Quantz,  secrétaire  de  l'administration  des  postes 
à  Gœttingue. 

QUAINTZ  (Otto),  écrivain  musical  allemand, 


frère  de  M.  Albert  Quantz,  a  publié,  entre  autres 
écrits,  une  brochure  ainsi  intitulée  :  Zur  chro- 
malischen  claviatur  {De  la  chromatique  du 
clavier). 

QUARANTA  (Francesco),  musicien  ita- 
lien contemporain,  a  écrit  la  musique  d'un  drame 
lyrique  intitulé  Ettore  Fieramosca ,  dont  j'ignore 
le  lieu  et  la  date  de  représentation.  Cet  artiste  a 
publié  un  recueil  de  Six  Mélodies  sur  paroles 
françaises  et  italiennes.  On  lui  doit  aussi  une 
messe  avec  orchestre,  dont  on  dit  la  facture 
aussi  remarquable  que  l'inspiration,  et  quelques 
morceaux  de  chant  détachés. 

QUARENGHI  (Gucuelmo),  violoncelliste 
italien  distingué,  professeur  et  compositeur,  né 
à  Casalmaggiore  le  22  octobre  1826,  est  attaché 
au  théâtre  de  la  Scala,  de  Milan,  en  qualité  de 
premier  violoncelle,  et  depuis  1851  remplit  les 
fonctions  de  professeur  pour  cet  instrument  au 
Conservatoire  de  cette  ville,  dont  il  a  été  l'élève 
de  1839  à  1842.  Cet  artiste  estimable  a  publié 
un  certain  nombre  de  compositions  pour  le  vio- 
loncelle, parmi  lesquelles  je  citerai  les  suivan- 
tes :  1°  Six  caprices  (Milan,  Ricordi);  2"  Ca- 
priccio,  avec  accompagnement  de  piano  (id., 
id.)  ;  3°  Sulla  tomba  di  miopadre,  chant  élé- 
giaque,  avec  piano  (id.,  id.);  4°  Prière,  avec 
piano  (id.,  id.);  5°  Romance,  avec  piano  (id., 
id.);  6°  Scherzo,  avec  piano  (id.,  id.);  ""un 
Pensiero  al  lago,  romance,  avec  piano  (id.,  id.)  ; 
8°  quelques  fantaisies  sur  des  motifs  d'opéras  : 
Lucrezia  Borgia,  la  Sonnambula,  la  Tra- 
viata,  il  Trovatore,  Rigoletto,  etc.  On  connaît 
encore  de  lui  quelques  quatuors  estimés  et  plu- 
sieurs messes.  M.  Quarenghi  a  voulu  se  produire 
aussi  au  théâtre  ;  par  malheur,  il  fit  choix,  pour 
son  premier  et  unique  essai  de  ce  genre,  d'un 
ancien  livret  bouffe  de  Romani  et  l'un  des  moins 
heureux  de  ce  poète  distingué,  quoiqu'il  eût  été 
employé  déjà  par  plusieurs  compositeurs,  sans 
qu'aucun  ait  jamais  pu  réussir  à  le  maintenir  à 
la  scène.  M.  Quarenghi  remit  ce  livret  en  mu- 
sique, et  l'ouvrage  fut  représenté  à  Milan  au 
mois  de  mars  1863,  sous  ce  titre  :  il  Di  di  San 
Michèle.  Le  poème  produisit  sur  les  spectateurs 
un  tel  effet  de  répulsion  que  la  pièce  put  à  peine 
être  achevée,  et  qu'il  n'en  fut  plus  jamais  ques« 
tion.  Au  mois  de  février  1879,  M.  Quarenghi  a 


378 


QUARENGHI  —  QUEUX  DE  SAINT-HILAIRE 


été  nommé  directeur  de  la  chapelle  du  Dôme,  de 
Milan,  en  remplacement  de  Boucheron,  mort  ré- 
cemment. 

*  QUATREMÈIŒ  DE  QUI\CY  (An- 

toine-Chrïsostome).  — En  dehors  des  trois  no- 
tices sur  Paisiello,  Monsigny  et  MéhuI,  citées  au 
nom  de  ce  savant  critique  (plus  compétent  su  ce 
qui  concerne  les  arts  plastiques  qu'en  ce  qui 
se  rapporte  à  la  musique),  QualremèredeQuincy 
a  encore  lu,  dans  les  séances  publiques  de  l'Aca- 
démie des  Beaux-Arts,  trois  notices  sur  Boiel- 
dieu,  Catel  et  Gossec.  La  première  a  été  publiée 
(Paris,  Didot,  1835,  in-é")  (1),  etlesdeux  autres 
ont  dû  lètre  aussi.  On  retrouve  d'ailleurs  tous 
ses  éloges  académiques  sur  les  peintres,  sculp- 
teurs, architectes  et  musiciens  dans  le  Recueil 
de  notices  historiques  lues  dans  les  séances 
publiques  de  V Académie  royale  des  Beaux- 
Arts  de  rinstitut  par  Qiiatrenière  de  Quincy 
(Paris,  Adrien  Leclère,  1834-1837,2  vol.  in-8"). 
QUATREUL  (Jean),  musicien  distingué, 
chanoine  et  sous-chantre  à  la  cathédrale  de 
Rouen  pendant  la  seconde  moitié  du  quinzième 
siècle,  fut  à  trois  reprises  maître  et  instructeur 
des  enfants  de  chœur  de  cette  église,  d'abord  de 
septembre  1453  à  1456,  puis  de  1461  à  1462,  et 
une  dernière  fois  en  1467. 

*  QUEISSER  (Charles-Traugott),  trom- 
boniste allemand,  est  mort  à  Leipzig  le  12  juin 
184G. 

QUEIVTIX  (Alfred-Alexandre),  musicien 
français,  né  à  Cherbourg  (Manche)  le  1""  janvier 
1827,  fut  admis  au  Conservatoire  de  Paris,  dans 
la  classe  de  trombone  de  Dieppo,  et  obtint  le 
second  prix  de  trombone  au  concours  de  1856, 
et  le  premier  prix  l'année  suivante.  Il  faisait,  à 
cette  époque,  partie  de  l'orchestre  des  concerts 
Musard,  et  entra,  peu  après,  à  celui  de  l'Opéra. 
Cet  artiste  a  publié  sous  ce  titre  :  Orchestration., 
traité  d'instrumentation  (Paris,  l'auteur,  in- 
8'^),  un  manuel  destiné  surtout,  dans  sa  pensée, 
à  rendre  familière  aux  compositeurs  la  connais- 
sance des  instruments  de  cuivre  qui  entrent 
dans  la  composition  des  orchestres  sympho- 
niques. 

QUERALT  (Francisco),  prêtre  et  musicien 
espaonol,  né  vers  1740  aux  Borjas  d'Urgel,  en 
Catalogne,  fut  un  des  contrapuntistes  les  plus 
renommés  de  son  temps,  et  forma  un  grand 
nombre  d'élèves  qui  tous  devinrent  des  artistes 
distingués  et  occupèrent  d'importantes  i)ositions. 
On  lui  doit  de  nombreuses  œuvres  de  musique 

(1)  Dans  la  liste  de»  écrits  publiés  sur  Boleldlea  que  ]'al 
dressée  a  la  flo  de  mon  livre  :  Boieldieu,  ta  vie,  tes  œu- 
vret,  son  caractère,  sa  correspondance,  J'ai  oublié  de 
mentionner  la  notice  de  Qualrciiicrc  de  Quincy. 


religieuse,  écrites  pour  la  plupart  à  deux  et 
à  trois  chœurs,  et  qui  donnent  une  haute  idée  de 
son  habileté  et  de  son  savoir.  Cet  artiste  fort 
remarquable,  qui  a  laissé  un  nom  dans  sa  pa- 
trie, mourut  à  Barcelone,  le  28  février  1825,  âgé 
de  quatre-vingt-cinq  ans. 

QUESADA  (AnoLFo  DE),  pianiste  et. com- 
positeur de  talent  de  l'école  de  Gottschalk  et 
d'Espadero,  né  à  la  Havane  quelques  années 
après  ces  deux  artistes,  manifesta  de  bonne 
heure  les  plus  heureuses  dispositions  pour  la 
musique,  et  se  fit  entendre  dans  un  concert  à 
l'âge  de  sept  ans.  On  a  de  ce  composileur  les  œu- 
vres suivantes  pour  le  piano  :  Trois  contredanses 
(la  Havane,  Edelmaiin);  Marche  dédiée  au 
marquis  de  Moncaijo  (id.)  ;  Trois  valses  ar- 
tistiques, op.  8,  10  et  12  (pubUées  à  Madrid); 
Polonaise,  op.  11  (id.);   Trois  mazurkas,  op. 

13  (id.)j  Marche  apothéose,  à  Gottschalk,  op. 

14  (id.)  ;  Cristoforo  Colombo,  marche  .solennelle, 
op.  15  (id.);  Havane  chérie,  contredanse  créole, 
op.  16  (Paris,  Heugel);  Valse  en  la  bémol  (Bor- 
deaux, Ravayre).  La  Marche-apothéose  (dédiée 
à  Gottschalk),  arrangée  pour  orchestre,  a  élé 
exécutée  avec  un  grand  succès  à  Madrid,  aux 
Concerts  populaires,  sous  la  direction  de  M.  Mo- 
nasterio. 

A.  L— N. 

QUESIVEL  (J ),  compositeur  et  écri- 
vain français,  né  à  Saint-Malo  le  15  novembre 
1749,  mort  à  Montréal  (Canada),  le  3  juillet  1809, 
fut  d'abord  marin.  De  1768  à  1771,  il  fit  un  pre- 
mier voyage  à  Pondichéry,  à  Madagascar,  en 
Guinée  et  au  Sénégal,  et,  de  1773  à  1778,  se 
rendit  à  la  Guyane  française,  au  Brésil  et  aux 
Antilles.  En  1779,  il  fut  fait  prisonnier  par  les 
Anglais,  puis,  ayant  été  mis  peu  de  temps  après 
en  liberté,  il  alla  au  Canada  et  se  fixa  à  Mont- 
réal, où  il  se  fit  naturaliser  et  se  maria.  Une 
fois  établi  à  Montréal,  Quesnel,  de  voyageur  et 
de  marin,  devint  littérateur  et  musicien.  Il  écri- 
vit la  musique  d'un  opéra-comique  en  3  actes. 
Colas  et  Colinette  ou  le  Bailli  dupé,  qui  fut 
représenté  en  1790,  celle  d'un  autre  opéra  inti- 
tulé Lucas  et  Cécile,  et  fit  représenter  V Anglo- 
manie, comédie  en  vers,  et  les  Républicains 
français,  comédie  en  prose.  On  lui  doit  aussi 
des  symphonies,  des  motels,  des  chansons  et 
des  ariettes.  Enfin,  il  a  publié,  en  1805,  une 
sorte  de  petit  traité  didactique  :  l'Art  draina- 
tique. 

Je  crois  que  la  seule  mention  qui  ait  été  faite 
de  cet  artiste  consiste  dans  la  notice  qui  lui  a  été 
consacrée  dans  le  premier  volume  du  Répertoire 
national,  publié  à  Montréal  en  1848. 

QUEUX  DE  SAINT-IIILAIRE  (Le  mer- 


QUEUX  DE  SAINT-HILAIRE  —  QUINEBAUD 


379 


quis  DE),  amateur  de  musique  français,  letfré 
délicat,  membre  de  l'Association  pour  l'encou- 
ragement des  études  grecques,  auteur  de  divers 
écrits  littéraires,  a  publié  l'opuscule  suivant  : 
Lettre  à  M.  Adolphe  Blanc  sur  la  musique  de 
chambre,  par  L.  M.  D.  Q.  D.  S.-H.  (Paris,  impr. 
Jouaust,  1870,  in-S"  de  32  pp.). 

*  QUICHERAT  (Louis-Marie),  conserva- 
teur à  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève.— M. Qui- 
cheral  a  publié  en  1867  (Paris,  Hachette)  une 
biographie  fort  intéressante,  mais  beaucoup  trop 
développée,  de  Nourrit  :  Adolphe  Nourrit,  sa 
vie,  son  talent,  son  caractère.  Quelque  intérêt 
que  présentent  la  vie  et  la  carrière  d'un  chan- 
teur, il  est  vraiment  trop  de  trois  volumes  in- 
octavo  pour  raconter  l'une  et  faire  apprécier 
l'autre,  même  lorsque  des  lettres  fort  curieuses 
viennent,  comme  c'est  ici  le  cas,  compléter  le 
récit  et  l'éclairer  d'une  vive  lumière.  Ace  compte, 
dix  volumes  ne  suffiraient  pas  pour  retracer 
l'existence  d'un  grand  compositeur ,  mais  alors 
le  public  se  refuserait  à  suivre  l'écrivain,  et  nous 
devons  avouer  que  le  public  n'aurait  pas  tort.  — 
M.  Quicherat  a  été  élu,  en  1864,  membre  de 
l'Académie  des  Inscriptions  et  belles-lettres,  en 
remplacement  du  savant  helléniste  Hase. 

QLILICHINI  (Jean),  organiste  de  l'église 
paroissiale  de  Saint-Ours,  à  Loches  (Indre-et- 
Loire),  a  publié  en  1875  un  petit  traité  intitulé 
Leçons  élémentaires  d' harmonie  (Tours,in-8''). 

QUILICI  (DoMENico),  compositeur,  naquit 
à  Lucques  en  1759,  et  eut  pour  maîtres  Pas- 
quale  Soffi  et  Matteo  Frediano.  On  lui  doit  en- 
viron soixante-dix  œuvres  de  divers  genres,  mais 
pour  la  plus  grande  partie  religieuses,  parmi 
lesquelles  une  messe  de  Requiem  à  quatre  voix, 
le  psaume  Beatus,  des  motets,  etc.  Doué  d'une 
vive  intelligence  et  d'un  grand  amour  de  l'art, 
Quilici,  qui  ne  bornait  pas  ses  travaux  à  la  mu- 
sique, mais  qui  était  aussi  très-versé  dans  les 
lettres,  dans  la  philologie  et  dans  les  mathéma- 
tiques, était  à  la  fois  maître  de  chapelle  de  la 
cour  de  Lucques,  maestro  concertatore  au 
théâtre  de  cette  ville,  et  directeur  d'une  école 
gratuite  de  musique  qu'il  avait  organisée  à  ses 
frais  personnels  lorsque,  au  commencement  de  ce 
siècle,  furent  supprimés  les  séminaires  de  Saint- 
Martin  et  de  Saint-Michel.  En  même  temps  il  di- 
rigeait des  concerts  hebdomadaires,  à  orchestre 
et  chœurs,  dans  lesquels  il  faisait  exécuter  les 
meilleures  œuvres  de  musique  classique.  Cet 
artiste  aussi  dévoué  que  distingué  est  mort  à 
Lucques  le  9  novembre  1831,  et  a  été  l'objet, 
de  la  part  de  ses  compatriotes,  d'honneurs  excep- 
tionnels. 

QUILICI  (Biagio),  frère  du  précédent,  na- 


quit à  Lucques  le  24  août  1774,  et  fut  aussi 
élève  de  Pasquale  Soffi.  Il  s'essaya  dans  la  com- 
position, et  écrivit  un  Domine,  un  Dixit  à 
4  voix  concertantes,  et  une  messe  k'Jk  voix  avec 
instruments,qui  fut  exécutée  dans  les  années  1804 
et  1807  à  la  fête  de  sainte  Cécile.  Mais  Quilici 
s'aperçut  que  la  nature  ne  l'avait  pas  doué  d'une 
forte  dose  d'imagination,  et,  n'étant  aussi  qu'un 
médiocre  organiste,  il  résolut  de  se  consacrer  à 
l'enseignement  du  piano  et  de  l'harmonie  pra- 
tique. Nommé  maître  de  musique  du  séminaire 
de  Saint-Michel  in  foro,  il  se  borna,  dans 
cet  établissement,  à  enseigner  la  partie  élémen- 
taire de  l'art.  Cet  artiste  mourut  à  Lucques  le 
23  août  1861,  la  veille  du  jour  où  il  allait  ac- 
complir sa  quatre-vingt-septième  année. 

*  QUILICI  (Massimiliano),  compositeur  et 
professeur,  est  le  fils  du  précédent.  Il  a  fait  re- 
présenter en  1838,  au  théâtre  San-Denedetto, 
de  Venise,  un  opéra  en  2  actes  intitulé  Bar- 
tolomeo  délia  Cavallà,  ossia  VInnocente  in 
periglio,  et  à  Florence,  en  1861,  un  second 
ouvrage,  bouffe  comme  le  précédent,  la  Penna 
del  Diavolo.  Son  premier  opéra,  Francesca  di 
Rimini,  avait  été  joué  à  Lucques  le  2  sep- 
tembre 1829.  Cet  artiste  est  devenu  directeur  du 
Lycée  musical  de  Lucques,  auquel  il  était  précé- 
demment attaché  comme  professeur. 

*  QUINAULT(Jean-Baptiste-Malrice).  — 
Voici  les  titres  de  quelques-unes  des  pièces 
représentées  à  la  Comédie-Française,  pour  les- 
quelles cet  artiste  écrivit  des  airs  de  chant 
ou  de  danse  :  les  Captifs  (1714),  le  Roy  de 
Cocagne  (1718),  Momus  fabuliste  (1719),  Car- 
touche (1721),  Pandore  (1721),  le  Galant 
Coureur  (1722),  le  ISouveau-Monde  (1722),  le 
Philanthrope  (MIZ),  le  Divorce  de  V Amour  et 
de  la  Raison  (1723),  VAmi  de  tout  le  monde 
(1724),  le  Dénouement  imprévu  (1724),  l'Im- 
promptu de  la  Folie  (1725),  le  Triomphe  dit 
Temps  (1725),  la  Françoise  italienne  (1725),  la 
Chasse  du  cer/ (1726),  les  Nouveaux  Débar- 
qués {il1&),  la  Nouveauté  {illl),  les  Amazo-. 
nés  modernes  (1727),  le  Complaisant  (1732), 
etc.  Quinault  composa  aussi  une  nouvelle  musi- 
que pour  le  Bourgeois  gentilhomme  de  Molière, 
à  l'occasion  de  la  reprise  qui  en  fut  faite  en  1716, 
et  il  refit  celle  des  quatrième  et  cinquième  inter- 
mèdes de  la  Princesse  d'Élide,  pour  la  reprise 
de  1722.  La  musique  de  Quinault  faisait  grand 
plaisir,  etdeLéris  dit,  dans  son  Dictionnaire  des 
théâtres,  à  propos  du  Roy  de  Cocagne  :  «  Les 
fleurs  personnifiées  y  chantaient  des  airs  fort 
goûtés  dont  la  musique  était  de  Quinault....  ■ 

QUINEBAUD  ( ),  est  le  nom  d'un  artiste 

obscur,  qui  a  fait  représenter  :  1°  Rose  et  Flor- 


380 


QUliNEBAUD  --  QUOINTE 


bel,  opéra-comique  on  un  acte,  théâtre  Mon- 
lansier,  1800;  2°  Philom'cle  et  Thérée,  panto- 
mime diaioguée  dont  il  avait  écrit  la  musique 
en  société  avec  Quaisain,  Ambigu,  1800;  3°  le 
Voisinage,  opéra-comique  en  un  acte  repré- 
senté la  même  année  au  théâtre  Favart,  et  dont 
la  partition  portait,  avec  son  nom,  celui  de 
quatre  autres  compositeurs  :  Dugazon  fils,  Du- 
buat,  Bertrand  et  Pradher.  En  1812  ou  1813, 
Quinebaud  entra  comme  alto  à  l'Opéra;  il  y 
était  encore  en   1830. 

QUITREE  (Pierre),  compositeur,  maître 
des  enfants  de  chœur  de  la  Saussaye,  vivait  à 
la  fin  du  seizième  siècle.  En  1585,  ayant  pris 
part  au  concours  du  puy  de  musique  d'Évreux, 
il  en  tut  récompensé  par  le  prix  de  la  lyre 
d'argent,  qu'il  se  vit  décerner  pour  la  chan- 
son française  intitulée  :  Bonjour  mon  cueur. 

QUOiiVTE  (Le  P.  LE),  religieux  et  com- 
positeur, vivait  à  la  fin  du  dix-septième  et  au 
commencement  du  dix-huitième  siècle.  On  ne 
possède  aucun'  renseignement  sur  lui,  non  plus 


que  sur  l'ordre  auquel  il  appartenait;  on  ignore 
même  s'il  était  Hollandais,  Belge  ou  Français, 
et  l'on  sait  seulement  que  ses  œuvres  furent 
publiées  à  Amsterdam,  chez  le  célèbre  éditeur 
Etienne  Roger.  Voici  la  liste  de  celles  de  ses 
compositions  dont  on  a  retrouvé  la  trace  : 
1°  Pièces  en  trio  pour  les  fiâtes,  violons  et 
hautbois,  composées  à  la  manière  italienne 
et  à  la  manière  française;  2°  Messes  et 
motets  à  Z,  'k  et  5  voix  et  5  instruments, 
op.  2;  3° Sonates  à  2  violons,  premier  haute- 
contre,  une  basse  de  viole  et  une  basse  con- 
tinue, op.  3;  4°  Cantiques  spirituels  en  trois 
parties  (messes,  litanies,  motets,  Tantum 
ergo),  à  5  voix  et  5  instruments  ;  5°  Mes- 
se, motet,  Te  Deum  et  une  litanie  à  5  voix 
et  5  instruments,  op.  5  ;  G°  Psaumes  concer- 
tants à  1,  2,  3,  4  e^  5  voix  et  ^  et  b  instru- 
ments, op.  6;  Mottetti  a  voce  sola  e  basso 
continuo,  op.  7;  Mottetti  a  voce  sola  contre 
stromenti,  op.  9. 


R 


RABAUD  (Hippolyte-François),  violon- 
celliste distingué,  né  le  29  janvier  1839  à  Sallèles- 
d'Aude  (Aude) ,  a  été  admis  au  Conservatoire 
de  Paris,  dans  la  classe  de  M.  Franchomme ,  en 
1855.  11  obtint  un  premier  accessit  au  concours 
de  1857,  le  second  prix  en  1860,  et  le  premier 
prix  en  1861.  M.  Rabaud  est  aujourd'liui  vio- 
ioncelle-solo  à  l'orchestre  de  l'Opéra  et  membre 
de  la  Société  des  concerts  du  Conservatoire;  il 
a  fondé,  avec  MM.  Tandon,  Desjardins  et  Lefort, 
l'une  des  meilleures  sociétés  de  quatuors  de 
Paris.  On  doit  à  cet  artiste,  outre  quelques 
morceaux  de  genre  pour  le  violoncelle,  une 
bonne  Méthode  pour  cet  instrument  (Paris, 
Leduc). 

RABAUD  (LÉoNTiNE  VAN  DER  MAË- 
SEN  D'AVIONPUITS,  épouse),  connue  au 
théâtre  sous  le  nom  de  Léontinede  Maësen,  est 
née  en  Belgique  à  Esneux ,  province  de  Liège  (1). 
Elle  montra  de  bonne  heure  des  dispositions  pour 
la  musique,  et  le  professeur  de  piano  de  la  pension 
où  elle  était  élevée,  à  Visé,  aimait  à  la  faire  chanter 
et  à  exercer  sa  jolie  voix  d'enfant.  Elle  perdit  pré- 
maturément son  père,  qui ,  à  la  suite  de  revers 
de  fortune,  s'était  rendu  en  CaUfornie  à  la  tête 
<i'une  compagnie  de  mineurs  belges.  Elle  songea 
alors  à  tirer  parti  de  son  talent  et  entra  au  Con- 
servatoire de  Liège,  dirigé  par  Daussoigne- 
Méhul.  Elle  y  eut  pour  professeurs  MM.  Vercken 
et  Géraldy.  Dès  la  première  année  de  son  séjour 
à  l'école,  elle  obtint  le  second  prix  de  chant,  et, 
dès  la  deuxième,  le  premier  prix.  Sous  ces 
favorables  auspices ,  elle  alla  à  Paris  perfec- 
tionner son  éducation  musicale,  et  passa  quel- 
ques mois  au  Conservatoire,  dans  la  classe  de 
M"''  Damoreau.  Cependant,  la  situation  de  sa 
famille  lui  faisait  désirer  de  ne  pas  prolonger 
trop  longtemps  ses  études  ;  elle  quitta  le  Con- 
servatoire, et  prit  encore  des  leçons  de  Géral- 
dy, qu'elle  avait  retrouvé  à  Paris,  puis  de 
Duprez,  qui  la  prépara  à  aborder  le  théâtre. 
—  En  1856-57,  elle  fut  engagée  à  Grenoble 
comme  chanteuse  légère  de  grand  opéra,  et,  en 
1857-58  et  1858-59,  au  Grand-Théâtre  de  Mar- 
seille. Pendant  cette  dernière  maison,  elle  avait 
pris  l'emploi  de  première  chanteuse  d'opéra- 

(0  Fille  d'un   ancien  procureur   du  roi  à  Verviers, 
M-ne  Rabaud  de  Maësen  est  née  le  isjuillet  1837.  —  a.  r. 


comique.  Les  années  suivantes,  elle  chanta  à 
Lyon,  où  elle  fut  très-applaudie,  surtout  dans  le 
rôle  de  Marguerite  de  Faust,  qu'elle  avait  créé 
dans  cette  ville.  En  1861-62,  elle  revint  à  Mar- 
seille, où  elle  créa  la  Reine  Topaze,  et  prit  part 
à  plusieurs  reprises  intéressantes  dues  à  la 
direction  Halanzier,  notamment  les  Noces  de 
Figaro  et  Freyschiitz.  En  1863,  après  avoir 
donné  quelques  représentations  à  Lille,  elle  fut 
engagée  à  Paris,  au  Théâtre-Lyrique.  Les  rôles  qui 
lui  furent  confiés  étaient  tout  à  fait  en  harmonie 
avec  la  nature  de  son  talent.  C'était  en  effet 
surtout  un  tempérament  dramatique,  servi  par 
une  voix  de  soprano  métallique ,  vigoureuse  et 
étendue.  M"^  L.  de  Maësen  créa  avec  éclat  les 
Pêcheurs  de  Perles,  de  Bizet,  le  Roi  des  Mines, 
de  M.  Cherouvrier,  l'Aventurier,  du  prince  Po- 
niatowski,  la  traduction  française  de  Don  Pas- 
quale,  et  celle  de  Rigoletto,  où  elle  fut  très- 
reraarquée.  La  presse  fut  unanimement  élogieuse 
sur  son  compte.  Meyerbeer,  qui  préparait  la  mise 
à  l'étude  de  V Africaine ,  songea  à  elle  pour  sa 
Selika,  et  exprima  le  désir  de  l'entendre  dans  la 
vaste  salle  de  l'Opéra.  La  mort  du  maître  et 
diverses  circonstances  en  décidèrent  autrement. 
A  ce  moment,  M'"'^  L.  de  Maësen,  voulantaborder 
les  grandes  scènes  étrangères,  prit  la  carrière 
italienne.  Elle  fut  engagée  en  Italie,  et  créa 
d'une  façon  brillante,  à  Florence  et  à  Reggio,  la 
Dinorah  (le  Pardon  de  Ploërmel)  de  Meyer- 
beer. Elle  fit  ensuite  une  saison  à  Madrid. 
Cependant,  M'"'^  L.  de  Maësen  avait  contracté 
un  mariage  des  plus  honorables  avec  un  im- 
portant armateur  de  Marseille,  M.  A,  Rabaud. 
Cette  heureuse  union,  qui  lui  avait  donné  le 
bonheur  domestique,  tendait  depuis  longtemps 
à  l'éloigner  du  théâtre.  Les  considérations  de 
famille  finirent  par  l'emporter.  Au  moment 
même  où  elle  atteignait  ce  degré  de  notoriété 
qui  devait  lui  assurer  une  place  distinguée 
parmi  les  cantatrices  contemporaines.  M'""  Ra- 
baud se  décida  courageusement  à  quitter  la 
scène  pour  se  vouer  tout  entière  à  la  vie  d'in- 
térieur et  à  l'éducation  de  ses  enfants.  Depuis 
cette  époque,  elle  n'a  pas  cessé  d'habiter  Mar- 
seille, et  n'a  reparu  en  public  que  pour  aider  des 
entreprises  charitables  ou  servir  les  plus  hauts 
intérêts  artistiques.  Elle  a  soutenu  et  aidé  de  ses 
conseils  de  jeunes  artistes  qui  ont  fait  appel  à 


382 


RABAUD  —  RABELAIS 


sa  bienveillance,  et  a  formé  plusieurs  élèves, 
entre  autres  M»»  Baux,  qui  est  aujourd'hui  à 
l'Opéra.  Elle  a  popularisé,  dans  une  audition 
qu'elle  donne  chaque  année  au  profit  des  pau- 
vres, d'intéressants  fragments  d'œuvres  peu 
connues  à  Marseille,  telles  que  les  Troyens  de 
Berlioz,  Marie-Magdeleine  de  Massenet,  etc. 
£a  1872,  elle  a  chanté  dans  un  grand  festival 
au  profit  de  la  libération  du  territoire  l'oratorio 
de  Ruth  de  M.  Alexis  Rostand,  et  en  1875  le 
Gloria  Victis  du  même  auteur,  qui  lui  a  dédié 
cette  dernière  partition.  Entin,  elle  s'est  pro- 
duite avec  un  très-vif  succès  à  Bordeaux,  dans 
un  concert  de  charité.  —  Depuis  sa  retraite, 
son  talent  semble  s'être  encore  développé  ;  elle 
a  acquis  en  quelque  sorte  plus  d'autorité,  une 
manière  plus  large ,  une  notion  plus  parfaite, 
plus  distincte  des  divers  styles,  et  surtout  peut- 
être  un  sens  plus  fin,  plus  éclairé  du  coloris 
poétique  des  oeuvres  qu'elle  a  à  interpréter. 

La  sœur  de  M™*  Rabaud,  M"«  Camille  de 
Maësen,  a  suivi  également  avec  succès  la  car- 
rière artistique.  Son  nom  a  figuré  dans  les  étals 
de  troupe  de  beaucoup  de  grandes  scènes  de 
province  et  de  l'étranger.  Elle  est  restée  plu- 
sieurs années  à  Paris,  à  l'Opéra,  et  y  a  créé  le 
principal  rôle  de  femme  du  Roland  à  Ronce- 
vaux  de  M.  Mermet. 

Al.  R-D. 

RA6BONI  (Giuseppe),  flûtiste  italien  re- 
nommé et  compositeur  pour  son  instrument , 
naquit  à  Crémone  le  16  juillet  1800,  et  fit  son 
éducation  musicale  au  Conservatoire  de  Milan, 
où  il  fut  élève  de  Giuseppe  Buccinelli.  Il  était  âgé 
seulement  de  huit  ans  quand  il  fut  admis  dans  cet 
établissement,  le  1"  septembre  1808,  c'est-à- 
dire  le  jour  même  de  son  inauguration.  Il  en 
sortit  le  24  octobre  1817,  pour  y,  rentrer  dix  ans 
après,  en  1827,  enJquaUtéde  professeur,  à  la 
mort  de  son  ancien  maître.  Lui-même  conserva 
ces  fonctions  jusqu'à  son  dernier  jour,  pendant 
près  de  trente  ans ,  et  mourut  à  Varenne,  sur 
les  bords  du  lac  de  Côme,  le  10  juin  1856. 

Rabboni  fut  un  virtuose  extrêmement  remar- 
quable ,  un  professeur  excellent ,  et  un  compo- 
siteur distingué  pour  son  instrument.  Ses  fonc- 
tions de  professeur  au  Conservatoire  et  de  pre- 
mière flûte  à  l'orchestre  du  théâtre  de  la  Scala 
ne  l'empêchèrent  pas  de  se  produire  non-seule- 
ment en  Italie,  mais  dans  diverses  villes  d'Eu- 
rope ,  qu'il  parcourut  en  compagnie  du  fameux 
clarinettiste  Ernesto  Cavallini,  avec  lequel,  mal- 
gré sa  modestie  et  sa  timidité,  il  remporta  de 
nombreux  et  brillants  succès.  Il  a  publié  |>our 
la  flûte  soixante-six  compositions  de  divers  gen- 
res (dont  une  posthume),  qui  pendant  longtemps 


ont  constitué  une  partie  du  répertoire  des  vir 
tuoses  italiens  sur  cet  instrument.  Parmi  ces 
compositions,  je  signalerai  surtout  les  suivantes  : 
Divertissement  pour  flûte  et  piano,  op.  41  ;  Fan- 
taisie, id.,  op.  43  ;  Fantaisies,  id.,  sat  Linda  di 
Chamounix,  Luisa  Miller, Macbeth,  Rigoletto, 
Stiffelio,  op.  48,  52,  53,  54,  56,  58;  Grands 
Duos  pour  2  flûtes,  op.  20,  22,  44,  47  et  autres  ; 
2  Caprices  pour  2  flûtes;  Duos  pour  deux  flûtes, 
avec  accompagnement  de  piano,  sur  Rigoletto, 
Sti/felio,  Leonora,  il  Trovatore  (posthume), 
op.  55,  57,  60,  67. 

RABELAIS  (François),  écrivain  français, 
moine  cordelier,  puis  bénédictin,  docteur  et  pro- 
fesseur de  l'université  de  Montpellier,  médecin 
de  l'Hôtel-Dieu  de  Lyon,  secrétaire  du  cardinal 
du  Bellay,  qu'il  suivit  à  Rome,  lors  de  ses  am- 
bassades, enfin  curé  des  pa'-oisses  de  Soudray  , 
du  Jambet,  et  de  Meudon,  naquit  vers  1483  , 
en  Touraine,  à  Chinon,  k  ville  insigne,  ville 
noble,  ville  antique,  voyre  première  du  munde,  » 
et  mourut  à  Paris  en  1553. 

Ce  sera  assurément  la  première  fois  qu'on 
aura  vu  le  chantre  des  hauts  faits  de  Gargantua 
et  de  Pantagruel  classé  parmi  les  musicologues. 
Il  est  des  leurs  pourtant,  et  comme,  sans  effort, 
on  peut  le  démontrer,  pour  la  plus  grande  con- 
fusion des  commentateurs,  qui,  jusqu'à  ce  jour, 
ont  laissé  inaperçu  un  des  côtés  les  plus  intéres- 
sants de  son  génie  encyclopédique.  Rabelais,  en  ef- 
fet, revient  souvent  sur  la  musique,  qu'il  fait  aller 
de  pair  avec  la  géométrie  et  l'arithmétique 
[Pantagruel,  1.  II,  chap.  [8)  ;  et  il  en  parle  tou- 
jours en  connaisseur  passionné  :  «  Nous  dési- 
rions tous  nos  membres  en  aureilles  convertis  !  » 
fait-il  dire  â  un  de  ses  personnages ,  qui  exprime 
dans  ce  langage  extatique  le  ravissement  où 
le  jette  la  voix  et  le  chant  d'une  abbesse.  (P., 
1.  V,  ch.  8.)  Ce  n'est  là,  il  est  vrai,  qu'un  élan  de 
lyrisme.  Mais  les  termes  du  vocabulaire  musical 
lui  sont  familiers  ;  il  s'en  sert  au  propre  et  au 
figuré  avec  une  égale  aisance,  les  tourne  et  re- 
tourne pour  ajouter  des  couleurs  à  ses  descrip- 
tions ou  pour  donner  un  vernis  de  science  aux 
héros  de  son  épopée  ;  il  en  fait  même  des  lazzi, 
et  montre  de  toute  manière  qu'il  en  possède  le 
sens  exact. 

C'est  ainsi  que,  louant  les  soldats  de  Grand- 
gousier  sur  ,leur  prudence,  leur  discipline,  et  la 
belle  régularité  de  leurs  mouvements  rhythmés, 
il  dit  que  «  mieulx  ressembloient  une  har- 
monie d'orgues  qu'une  armée,  on  gendarmerie.  » 
[Gargantua^  1.  I,  ch.  47.)  Le  peuple  de  Paris, 
il  le  traite  de  «  sot  par  nature,  par  béquarre  et 
par  bémol  »  (P.,  1.  Il,  ch.  7)  ;  plus  loin  (P., 
1.  III,  ch.  38),  Tribouletest  gratifié  par  Panurge 


RABELAIS 


383 


des  épilhètes  de  «  fol  de  haulle  gamme,  de  fol 
deBquarre,  et  de  B  mol,»  allusions  à  la  solraisa- 
tion,  telle  qu'elle  se  pratiquait  encore  au  seizième 
siècle  (voir  à  cet  égard  le  mot  Propriété,  dans 
le  Dictionnaire  de  musique  moderne  de  Cas- 
til-Blaze).  Dans  la  célèbre  scène  de  la  tempête 
(P.,1.  IV, cil.  19),  le  poltron  Panurge  croit  que  le 
vaisseau  snr  lequel  il  est  monté  vient  de  plonger 
jusqu'au  plus  profond  de  la  mer,  et  il  s'écrie, 
affolé  de  terreur  :  «  Zalas  !  sommes-nous  au 
dessous  du  gamma  ut,  »  expression  énergique 
et  très-pittoresque,  Je  contre-ut  grave  étant 
alors  la  note  la  plus  basse  de  l'échelle  des  sons 
perceptibles.  Nous  ,,  pouvons  suivre  encore 
Pantagruel  et  ses  compagnons  au  palais  de  la 
reine  Quinte-Essence,  <<  qui  guarit  les  ma- 
ladies sans  y  toucher,  seulement  leur  sonnant 
une  chanson,  selon  la  compétence  du  mal.  »  {P., 
1.  V,  ch.  20.)  Elle  se  sert  à  cet  effet  «  d'orgues 
de  faczon  bien  estrange,  car  les  tuyaulx  sont  de 
casse  en  canon,  le  sommier  de  gayac,  les  mar- 
chettes  de  rht  iibarbe,  le  suppied  de  turbith,  le 
clavier  de  scammonie.  »  D'ailleurs,  cette  dame 
Quinte,  princesse  très-gracieuse ,  «  est  de  tous 
bons  accords,  »  jeu  de  mots  où  se  révèlent  les 
connaissances  que  Rabelais  devait  posséder  en 
musique;  car  ce  n'est  plus  là  au  dilettante  que 
nous  avons  affaire,  mais  au  théoricien.  Il  faut 
considérer,  en  effet,  qu'à  l'époque  où  il  écri- 
vit, l'harmonie  consonnante  prédominait  dans 
l'art  profane  aussi  bien  que  dans  l'art  sacré.  Ce 
qu'il,  appelle  «  bon  accord  »  ne  peut  être  ,  à 
coup  sûr,  que  l'accord  parfait  à  l'état  direct,  soit 
l'accord  par  excellence,  et  dont  l'intervalle  de 
quinte  est  justement  un  des  éléments  caracté- 
ristiques. 

Nous  pourrions  multiplier  ces  sortes  d'exem- 
ples, mais  nous  avons  hâte  d'établir  que  l'éru- 
dition de  notre  auteur  s'étend  aussi  bien  aux  per- 
sonnes qu'aux  choses,  ce  dont  témoigne  ample- 
ment le  «  Nouveau  prologue  du  IV*  livre  de  Pan- 
tagruel. »  On  y  trouve,  en  effet,  une  nomenclature 
de  cinquante-huit  musiciens,  la  plupart  de  l'é- 
cole néerlandaise,  et  ayant  tenu  un  rang  glorieux 
depuis  1450  environ,  jusqu'aux  premières  années 
de  la  Renaissance.  En  burinant  leurs  noms  dans 
ses  écrits,  Rabelais  semble  acquitter  une  dette 
contractée  envers  les  compositeurs  de  son  temps 
dont  les  œuvres  l'avaient  charmé.  11  les  fait 
d'ailleurs  intervenir  dans  son  récit  sans  né- 
cessité apparente,  et  pour  le  seul  plaisir  de  les 
•  saluer  au  passage. 

A  ne  prendre  d'abord  que  ceux  dont  on 
trouve  la  biographie  dans  ce  dictionnaire,  ce 
sont  :  Josquin  des  Prés,  —  Ockeghem,  —  Ho- 
brecht,  —  Agricola,  —  Brumel,  —  de  la  Fage,  — 


Prioris,  —  de  la  Rue,  —  Moulu,  —  Mouton,  — 
Gascogne,  —  Loyset  Compère,  —  Penet,  —  Ri- 
chardfort,  —  Roussel,  —  Adrian  Villaèrt,  — 
Gombert,  —  Jannequin,  —  Arcadeit,  —  Clau- 
din,  —  Certon,  —  Manchicourt,  —  Villiers,  — 
Sandrin,  —  Sohier,  —  Hesdin,  —  Morales,  — 
Passereau,  —  Maille,  —  Maillart,  —  Jacotin,  — 
Heurteur,  —  Verdelot,  —  Carpentras,  —  l'Hé- 
ritier, —  Cadéac,  —  Vermont,  —  Lupi,  —  du 
Moulin,  —  Gendre. 

Ce  sont  maintenant  (et  dans  un  ordre  démé- 
rite probablement  inférieur,  puisqu'ils  ont  été 
dédaignés  des  biographes)  :  Camelin,  —  Vigoris, 
—  Bruyer,  —  Seguin,  —  Midy,  —  Fevin,  — 
Rouzée,  —  Consilion,  —  Constantio  Festi,  — 
Jacquet  Rercan,  —  Auxerre,  — Doublet,  — 
Bouteiller,  —  Pagnier,  —  Millet,  —  Alaire,  — 
Morpain,  —  Marault. 

Quant  aux  instruments  de  musique,  Rabelais 
connaît  tous  ceux  de  son  temps,  et  il  estime  que 
leur  culture  est  une  partie  nécessaire  d'un  pro- 
gramme d'éducation  bien  compris.  Le  jeune  Gar- 
gantua, nous  apprend-il,  s'exerçait  en  compa- 
gnie de  son  précepteur  Ponocratès,  à  «  chanter 
sus  ung  thème,  à  plaisir  de  guorge,  »  puis  «  à 
jouer  (lu  luth,  de  l'espinette,  de  la  harpe,  de  la 
fluste  d'Âleman  et  à  neuf  trous,  de  la  viole,  de  la 
saqueboute.  »  (G.,  I.  I.,  ch.  23.)  D'autre  part 
(G.,  I.  I,  ch.  57),  les  hôtes  de  la  très-docte 
mais  très-réjouissante  abbaye  de  Thélème  «  tant 
noblement  estoient  apprins,  que  il  n'estoyt  en- 
tr'enx,cellui,  necelle,quine  sceust  lire,  escripre, 
chanter,  jouer  d'instruments  harmonieux.  »  Plus 
loin  (P.,1.  IV,  ch.  35),  nous  rencontrons  l'armée 
des  Andouilles,  «  furieusement  en  bataille,  mar- 
chante au  son  des  vèzes,  des  piboles,  des  gogues 
et  des  vessies,  des  joyeulx  pifres  et  labours,  des 
trompettes  et  clérons.  »  Un  autre  passage  est  bien 
digne  de  remarque  encore  :  c'est  celui  qui  établit 
que  l'artifice  du  de'manchement  était  pratiqué  sur 
les  instruments  à  cordes  dès  le  seizième  siècle, 
Panurge  jette  aux  avides  chats-fourrés  (aux  gens 
de  justice)  une  bourse  pleine  d'écus  qui  tombe 
devant  eux  sur  le  parquet  ;  et  «  au  son  de  la 
bourse  commencent  tous  les  chats-fourrés  jouer 
des  gryphes,  comme  si  feussent  violons  déman- 
chés. M  (P.,  1.  V,  ch.  13.)  Enfin,  au  cours  de  son 
récit,  Rabelais  mentionne  encore  le  flageolet,  la 
cornemuse,  les  cymbales,  la  bouzine,  les  cliquet- 
tes, la  vielle,  le  hautbois,  la  musetie,  le  fifre,  le 
tmabourin,  le  rebec,  la  harpe,  la  guiterne,  le  cor- 
net à  bouquin,  la  lyre,  la  flûte  de  Pan,  et  l'orgue, 
dont  il  analyse  les  diverses  parties,  comme  il  a 
été  vu  plus  haut.  C'est,  presqu'au  complet,  l'or- 
chestre de  la  Renaissance. 
La  danse,  vassale  de  la  musique,  etquiendérive 


384 


RABELAIS  —  RADECRE 


si  éviilemment,  intéresse  aussi  Rabelais,  et  nous 
voyons  les  personnages  de  son  roman  exécuter 
tour  à  tour  les  pas  de  l'estrindore,  du  triori,  de  la 
moresque,  de  la  pyrrhique,  des  cordaces,  de  l'i- 
tliynibon,  et  de  l'amorabuquine.  En  un  de  ses  cha- 
pitres, il  s'est  môme  fait  chorégraphe  -,  il  a  donné 
le  scénario  d'un  ballet  de  sa  composition  qu'il 
intitule  «  le  Bal  joyeulx  en  forme  de  tournoi,  » 
et  qui  est  la  représentation  d'une  partie  d'é- 
checs, dont  les  pions  mouvants  sont  des  danseurs 
de  chair  et  d'os.  Les  figures,  ou  plutôt  les  coups, 
s'exécutent  sur  une  «  ample  pièce  de  tapisserie 
veloutée,  faite  en  forme  d'échiquier,  sçavoir  est  à 
carreaulx  moitié  blanc,  moitié  jaune.  Et  puis 
deux  orchestres  suivent  les  péripéties  du  jeu,  et 
les  accompagnent  d'une  façon  expressive,  en  ob- 
servant ce  que  nous  appelons  aujourd'hui  (sans 
l'avoir  inventée)  la  vérité  dramatique.  En  effet, 
«  les  musiciens  estoient  huict  de  chascun  costé, 
avecques  instruments  touls  divers,  de  joyculse 
invention,  ensemble  concordants  ,  variants  en 
touts  temps  et  mesure,  comme  requerroit  les  pro- 
grès du  bal,  ce  que  je  trouvois  admirable,  atten- 
du la  numéreuse  diversité  de  pas,  de  des- 
marches, de  saults,  recours,  fuites,  embuscades, 
letraictes,  etsurprinses.  Et  sembloit  que  les  per- 
sonnages du  bal  tant  soubdain  entendoient  le  son 
qui  competoil  à  leurs  démarches,  ou  retraictes, 
que  plustôt  n'avoit  signifié  le  ton,  la  musique 
qu'ils  se  posoient  en  place  désignée.  »  (P.,  1.  V, 
ch.  23.)  Or  ce  ballet  si  pittoresque  a  été  réalisé 
deux  foisselonla  teneur  du  scénario  :  d'abord  en 
1607,  à  la  cour  de  Henri  IV  (et  Bassompierre, 
dans  ses  Mémoires,  dit  qu'il  fut  «  plus  ingénieux 
qu'aucun  autre  qui  se  soit  dansé  ><)  ;  ensuite 
le  17  mars  1858  ,  à  l'Opéra,  où  il  remplissait 
une  partie  du  troisième  acte  de  la  'Magicienne, 
d'Halévy.  (Voir  la  gravure  publiée  par  le  Monde 
illustré  dans  le  n"  50  de  sa  collection,  t.  11, 
année  1858.)  Le  divertissement  de  la  Juive, 
«  la  Prise  du  Château-Fort,  »  était  déjà  inspiré 
de  la  Sciomachie,  ou  relation  donnée  par  Ra- 
belais d'un  carrousel  qui  eut  lieu  à  Rome  en 
1549. 

Enfin,  dans  notre  littérature,  il  n'est  certes 
pas  d'autre  exemple  d'un  roman  qui  touche  ainsi 
à  toutes  les  parties  de  l'art  musical,  sans  que  ce 
soit  d'ailleurs  le  thème  spécial  développé  par 
l'auteur  ;  et  l'on  peut  dire  que  si  les  documents 
que  nous  possédons  sur  la  musique  au  seizième 
siècle  venaient  à  se  perdre,  on  les  retrouverait, 
tout  au  moins  à  l'état  d'indications,  dans  le  livre 
immortel  de  François  Rabelais. 

All. 

RABUTEAU  (Victou-Alfred  PELLE- 
TIER), pianiste,  violoniste  et  compositeur,  né 


à  Paris  le  7  juin  1843,  fit  ses  études  théoriques 
au  Conservatoire  de  cette  ville,  où  il  fut  l'élève 
de  M.  Bazin  pour  l'harmonie  et  l'accompagne- 
ment, et  de  M.  Ambroise  Thomas  pour  la  fugue 
et  la  composition.  Il  était  à  cette  époque  pre- 
mier violon  à  l'orchestre  du  théâtre  Déjazet. 
Après  avoir  obtenu  en  1864  un  premier  accessit 
d'harmonie  et  accompagnement,  le  premier  prix 
en  1865,  et  en  1866  un  premier  accessit  de  fugue, 
M.  Rabuteau  prit  part  au  grand  concours  de 
composition  musicale,  et  en  1868  se  vit  décerner 
le  premier  grand  prix  de  Rome,  en  partage  avec 
Wintzweiller,  son  condisciple  dans  la  classe  de 
M.  Ambroise  Thomas.  Parmi  les  envois  que  le 
jeune  compositeur  fit  à  l'Académie  des  Beaux- 
Arts  ,  comme  pensionnaire  de  l'Académie  de 
France  à  Rome,  figurait  un  oratorio  intitulé  le 
Passage  de  la  mer  Rouge,  qui  fut  exécuté  au 
Conservatoire,  dans  la  séance  d'audition  des 
envois  de  Rome  du  23  mai  1874.  Je  ne  sache 
pas  que  M.  Rabuteau  se  soit  produit  d'autre 
façon,  en  dehors  d'une  suite  symphonique  qu'il 
a  fait  entendre  aux  concerts  du  Châtelef,  à  peu 
près  à  la  même  époque. 

RACHELE   ( ),  compositeur  italien, 

est  l'auteur  de  Castellana  di  Thurn,  opéra  qui 
a  élé  représenté  à  Cagliari  en  1862. 

RADAU  (R ),  physicien  français,  est 

l'auteur  d'un  livre  plein  d'intérêt  qu'il  a  publié 
sous  ce  titre  :  V Acoustique,  ou  les  Phénomènes 
du  son  (Paris,  Hachette,  1867,  un  vol.  in-12 
avec  114  vignettes).  Ce  petit  livre  n'est  pas  un 
traité  scientifique  sur  la  matière,  mais  un  exposé 
lucide  et  lumineux  des  principes  qui  régissent 
la  production,  la  naissance  et  la  propagation  du 
son  ;  jusqu'à  lui ,  il  n'avait  pas  paru  en  France 
une  œuvre  de  vulgarisation  aussi  saisissante, 
aussi  claire  et  aussi  vivante,  concernant  les  phé- 
nomènes de  l'acoustique,  et  M.  Radau,  par  cette 
publication,  a  rendu  un  véritable  service.  On 
doit  au  même  écrivain  ,  qui  s'est  beaucoup  oc- 
cupé de  ces  questions ,  un  mémoire  inséré  dans 
le  Moniteur  scientifique  Quesneville,  où  il  a 
été  donné  sous  ce  titre  :  Sur  la  base  scienti- 
fique de  la  musique,  analyse  des  recherches 
de  M.  Ilelmholiz.  Il  a  été  fait  un  tii  é  à  part  de 
ce  travail  intéressant  et  utile  (Paris  [1865],  in-8" 
de  22   pp.). 

*  RADECKE  (Robert),  un  des  artistes  les 
plus  distingués  de  l'Allemagne  contemporaine, 
organiste  de  premier  ordre,  pianiste  remarqua- 
ble surtout  dans  l'interprétation  des  œuvres  de 
Beethoven  et  deSchumann,  occupe  depuis  1863 
les  fonctions  de  kapellmeister  à  l'Opéra  royal 
de  Berlin.  Il  a  fait  représenter  à  ce  théâtre  un 
opéra   intitulé  die  Mœnkguter  [les  Biem  des 


RADECRE  —  IIADOUX 


385 


moines).  Ses  compositions  s'élèvent  aujourd'hui 
au  nombre  d'environ  cinquante,  parmi  lesquelles 
une  ouverture  pour  orchestre  :  Am  Strandc, 
op.  40;  un  recueil  de  3  duos  pour  soprano  et 
contralto,  op.  47;  des  lieder,  etc. 

RADECKE  (Louise),  ex-première  chanteuse 
du  liiéàtre  royal  de  Madrid  et  Tune  des  plus 
remarquables  cantatrices  dramatiques  de  ce 
temps,  est  née  dans  le  Hanovre  le  27  juin  1847. 
Élève  du  Conservatoire  de  Cologne ,  elle  eut  pour 
maîtres  dans  cet  établissement  M.  Ferdinand 
Hiller  et  M"'"  Marchesi ,  et  débuta  d'une  façon 
très-heureuse  sur  le  théâtre  même  de  Cologne, 
en  18C7,  par  le  rôle  d'Agathe  du  Freisc/iictz. 
Elle  obtint,  par  la  suite,  de  brillants  succès  à 
Berlin,  à  Weimar,  à  Carisruhe,  à  Rioja,  et 
enfin,  en  1873,  à  Munich,  où  elle  fut  appelée 
par  le  roi  Louis  de  Bavière  pour  chanter  les 
opéras  de  M.  Richard  Wagner.  Cette  artiste  dis- 
tinguée ne  s'est  pas  fait  seulement  remarquer 
au  théâtre;  elle  a  donné,  dans  les  principales 
villes  de  l'Allemagne  et  de  l'étranger,  des  con- 
certs qui  ont  été  pour  elle  une  longue  suite  de 
triomphes.  M""  Louise  Radecke  a  quitté  la 
scène  en  1876,  pour  se  marier  avec  le  baron 
von  Briimmer.  Depuis  lors,  elle  ne  s'est  fait 
entendre  que  dans  des  concerts  de  charité. 

*  RADICATÎ  (Félix-Alexandre).  —  On  a 
publié  sur  cet  artiste  distingué  la  notice  biogra- 
phique suivante  :  Cenni  intorno  Felice  Radi- 
cati,  célèbre  suonatore  di  violino  e  contrap- 
/mntista,  par  Carlo  Pancaldi  (Bologne,  INobili, 
1828,  in-S"). 

RADOUX  (Jean- Toussaint),  musicien  belge, 
né  à  Liège  le  4  septembre  1825,  est  un  corniste 
fort  distingué.  Nommé  professeur^decor  (1856)  et 
de  chant  d'ensemble  au  Conservatoire  de  sa  ville 
natale,  oii  lui-même  avait  été  l'élève  d'Hubert 
Massartpour  le  cor  et  de  Daussoigue-MéhuI  pour 
l'harmonie,  le  contre  point  et  la  fugue,  il  est 
directeur  de  la  célèbre  société  chorale  la  Legia 
et  de  plusieurs  autres  sociétés  musicales ,  en 
même  temps  que  maître  de  chapelle  au  collège 
Saint-Servais.  La  carrière  professorale  de  M.  J.- 
T.  Radoux  ne  l'a  pas  empêclié  de  se  livrer  avec 
activité  à  la  composition.  Outre  un  grand  Te 
Dexim  avec  orchestre ,  qui  a  été  exécuté  plu- 
sieurs fois  dans  la  cathédrale  de  Liège,  on  con- 
naît de  lui  les  (ouvres  suivantes  :  Marie  de  Bra- 
banf,  épisode  lyrique  (théâtre  de  Liège,  2  mars 
1854);  ^e  Réveil  desTiircs,  cantate  (Liège  ,1856); 
Cantate  patriotique  (Verviers,  1866)  ;  la  Pa- 
trie eu  le  Roi,  cantate  (Liège,  1866).  II  a  publié 
aussi  un  recueil  de  41  Mélodies  religieuses 
(Liège,  Muraille),  des  mélodies  profanes,  des 
chœurs,  divers  autres  morceaux  religieux,  etc. 


'BIOGU.    LNIV.    DES   MUSICIENS. 


sur  PL. 


Enfin,  on  connaît  encore  de  lui  un  grand  nombre 
de  morceaux  pour  musique  d'harmonie,  ainsi  que 
plusieurs  transcriptions  pour  orchestre  symplio- 
nique,  M.  Radoux  a  été  nommé,  en  1875,  che- 
valier de  l'ordre  de  Léopold. 

RADOUX  (Jean-Théodore),  compositeur 
belge  distingué,  est  né  à  Liège  le  9  novembre 
1835.  Fils  d'un  armurier,  ses  premières  leçons 
de  musique  lui  furent  données  par  son  père, 
qui  jouait  assez  bien  du  violon  et  du  cor,  après 
quoi  il  entra,  dès  l'âge  de  neuf  ans,  au  Conserva- 
toire de  sa  ville  natale,  où  il  obtint  rapide- 
ment un  premier  prix  de  solfège.  Au  bout  de 
quelques  années,  il  fut  admis  dans  la  classe  de 
basson  de  Bâcha,  où  il  remporta  le  premier  prix. 
Son  maître  étant  mort  en  1856  et  la  place  qu'il 
occupait  ayant  été  mise  au  concours.  M,  Radoux 
se  présenta,  exécuta  une  fantaisie  de  sa  compo- 
sition sur  la  Muette  de  Portici  et  l'emporta  sur 
tous  ses  concurrents.  Le  lendemain  même  de  ce 
succès,  il  se  voyait  décerner  un  premier  prix  de 
piano ,  et  presque  aussitôt  entrait  dans  la  classe 
de  contre-point  et  fugue  de  Daussoigne-MéhuI , 
le  directeur  du  Conservatoire,  dont  il  devint 
bientôt  le  disciple  favori.  Ses  progrès  furent  ra- 
pides, et  dès  1857  il  faisait  exécuter  à  la  cathé- 
drale de  Liège  un  Te  Deum  qui  était  fort  bien 
accueilli.  Il  se  décida  alors  à  prendre  part,  en 
1859,  au  concours  de  composition  de  Bruxelles, 
et  obtint  le  grand  prix  de  Rome  pour  la  cantate 
intitulée  le  Juif  errant,  dont  les  paroles  avaient 
été  écrites  par  M"''  Braquaval.  Ce  prix  lui  fut 
décerné  à  l'unanimité,  ce  qui  ne  s'était  pas 
encore  vu  depuis  la  fondation  du  concours  de 
Rome  en  Belgique  en  1840. 

Ce  n'était  pourtant  pas  sans  peine  et  sans 
obstacles  que  M.  Radoux  avait  pu  poursuivre 
la  carrière  dans  laquelle  il  s'était  engagé.  Son 
père  s'était  longtemps  opposé  à  ses  désirs,  vou- 
lant lui  voir  embrasser  sa  propre  profession , 
celle  de  musicien  lui  semblant  trop  peu  lucrative. 
La  famille  Radoux  se  composait  de  huit  per- 
sonnes, et  son  chef  désirait  que  le  jeune  homme 
contribuât  pour  sa  part  au  bien-être  général. 
Tout  en  faisant  ses  éludes,  le  futur  compositeur 
dut  donc  s'ingénier  à  gagner  sa  vie,  et  il  y 
réussit,  soit  en  chantant  dans  les  églises ,  soit  en 
jouant  du  basson  dans  les  processions,  dans  les 
bals,  dans  les  sérénades  ou  à  l'orchestre  du 
théâtre,  soit  enfin  en  donnant  des  leçons  de 
solfège  à  des  élèves  à  peine  plus  jeunes  que  lui. 

A  peine  eut-il  remporté  son  prix  de  Rome, 
M.  Radoux  songea  à  venir  se  perfectionner  à 
Paris  ;  mais,  avant  de  partir,  il  écrivit  un  «  ta- 
bleau symphonique  ))  en  trois  parties,  Ahasvé- 
rus, qu'il  fit  exécuter  à  Liège.  Par  malheur , 
T.   II.  25 


386 


IIADOUX  —  RAEJNTROrH 


les  doctrines  wagnériennes,  qui  déjà  commen- 
çaient à  exercer  leurs  ravages  en  Belgique, 
avaient  hanté  plus  que  de  raison  le  cerveau  du 
jeune  artiste;  son  œuvre  s'en  ressentit,  et  sou- 
leva de  vives  critiques  dans  la  presse.  Il  vint 
à  Paris,  convaincu  qu'il  avait  fait  fausse  route, 
y  passa  quatre  années,  et  se  plaça  sous  la  direc- 
tion d'Halévy  ,  qui  le  prit  en  grande  estime  et  le 
remit  dans  la  voie  qui  convenait  à  son  tempé- 
rament. Pendant  son  séjour  à  Paris,  M.  Radoux 
écrivit  un  grand  nombre  de  mélodies  vocales 
que  son  ami ,  le  grand  chanteur  Géraldy,  pro- 
duisit frénuemment  dans  les  concerts ,  et  qui 
alliaient  à  une  inspiration  aimable  et  distinguée 
une  forme  très-sévère  et  très-chàtiée. 

A  partir  de  ce  moment,  les  compositions  de 
M.  Radoux  se  succédèrent  rapidement,  comme 
on  va  le  voir  par  cette  nomenclature  :  le  Festin 
de  Balthasar,  2"  tableau  symphonique,  exécuté 
à  Liège  en  1861  ;  Te  Deiim,  demandé  par  le  gou- 
vernement, exécuté  à  l'église  Sainte- Gudule  de 
Bruxelles  en  1863,  et  considéré  comme  une 
œuvre  fort  remarquable  (  il  a  fait  l'objet  d'un 
rapport  très-élogieux  de  Fétis  à  l'Académie  de 
Belgique);  Épopée  nationale^  troisième  ouver- 
ture symphonique  (Bruxelles,  1863);  l'Art  et 
la  Liberté,  hymne  pour  harmonie  (ou  sym- 
phonie) et  chœurs  (Verviers);  le  Travail,  id., 
écrit  et  exécuté  pour  l'inauguration  de  la  statue 
de  John  Cockerill  à  Seraiiig;  quatrième  ouver- 
ture symphonique  (Liège,  1864);  Fragments 
symphoniques ,  pour  2  orchestres  (Bruxelles, 
Concerts  populaires,  1868);  Grande  Marche 
royale  (Liège,  pour  la  visite  du  roi,  1866);  le 
Béarnais,  opéra-comique  en  3  actes  et  4  ta- 
bleaux, représenté  avec  un  grand  succès  à  Liège 
en  1866,  puis  à  Bruxelles  avec  d'importants  re- 
maniements (  avait  été  reçu  au  Théâtre-Lyrique 
de  Paris  en  1864  );  la  Coupe  enchantée,  opéra- 
comique  en  2  actes,  joué  à  Bruxelles  en  1872 
(avait  été  reçu  à  l'Opéra-Comique  en  1870); 
Grande  Marche  internationale,  pour  harmonie 
ou  symphonie;  Grande  Marche  nationale  belge, 
id.;  Hymne  triomphal  pour  voix  et  orchestre , 
composé  à  l'occasion  de  la  visite  des  rijlemen 
à  Liège,  production  magistrale  qui  valut  à  son 
auteur  la  décoration  de  chevalier  de  l'ordre  de 
Léopold;  Gain,  oratorio  exécuté  au  quatrième 
grand  festival  de  Belgique  dirigé  par  M.  Théo- 
dore Radoux  (Liège,  1877);  la  Fille  de  Jephté, 
cantate  pour  so/i,  chœurs  et  orchestre;  le  Prin- 
temps, clKPur  pour  voix  de  femmes,  avec  or- 
chestre. 

'  M.  Radoux  a  publié ,  en  dehors  des  œuvres 
qui  viennent  d'être  citées,  les  compositions  sui- 
vantes :  "M)  MéioJies  pour  chant  et  piano  (1'^''  vo- 


lume, Paris,  Heu,  avec  portrait);  20  Mélodies 
pour  chant  et  piano  (2*  volume,  Liège,  Gevaert); 
10  Romances  sans  paroles  pour  le  piano  Liège, 
Muraille  )  ;  6  Morceaux  religieux  à  une  ou  plu- 
sieurs voix,  avec  ou  sans  chœurs,  accompagne- 
ment d'orgue  (id.,  id.);  [le  Serment  des  Fran- 
chimon'tois,  les  Venettrs ,  les  Montagnards 
Spadois,  le  Chant  des  matelots  ,  thonns  à  4 
voix  d'hommes;  6 Mélodies  pour  violon  et  piano 
(Paris,  Gregh;,  etc.,  etc.  M.  Radoux  a  en  porte- 
feuille trois  opéras  inédits:  André  Doriu,  dont 
l'ouverture  a  été  exécutée  en  public,  le  Mira- 
cle, opéra-comique  en  un  acte,  et  une  Aven- 
ture sous  la  ligue,  opéra-comique  en  un  acte. 

Après  la  mort  d'Etienne  Soubre,  et  ()ar  arrêté 
royal  en  date  du  14  septembre  1872,  M.  Radoux 
a  été  nommé  directeur  du  Conservatoire  royal 
de  Liège.  En  ,1877,  il  a  été  promu  au  grade 
d'officier  de  l'ordre  de  Léopold.  1\L  Radoux  a 
épousé,  il  y  a  quelques  années.  M"*  de  Grelle, 
nièce  de  M.  Charles  Rogier,  l'ancien  et  célèbre 
homme  d'État  belge. 

RADOUX  (J... .-Joseph),  frère  du  précé- 
dent, né  en  1833,  mort  à  Liège  le  Ij  avril 
1877,  fut  élève  du  Conservatoire  de  cette  ville  , 
où  il  obtint  un  premier  prix  de  violon,  et  fit, 
comme  ses  deux  frères,  d'excellentes  études 
d'harmonie,  de  contre-point  et  de  fugue  avec 
Daussoigne-Méhul.  Professeur  de  musique  aux 
écoles  communales  de  Liège,  directeur  de  plu- 
sieurs sociétés  chorales,  entre  autres  VEuterpe 
et  V  Union  chorale,  il  a  com[)osé  un  très-grand 
nombre  de  motets,  de  romances ,  de  chœur.s 
pour  voix  d'hommes  sans  accompagnement,  etc. 

Un  quatrième  membre  de  cette  famille,  frère 
aîné  des  trois  précédents,  né  vers  1822,  occupe 
l'emploi  de  premier  contre-bassiste  à  l'orchestre 
du  théâtre  royal  de  Liège.  11  n'a  jamais  com- 
posé. 

*RADZIWILL  (Le  prince  Aîstoine-Heiski), 
grand  amateur  de  musique,  était  né  à  Posen  le 
13  juin  (et  non  juillet)  1775,  et  mourut  à  Berlin 
le  7  (et  non  du  8  au  9)  avril  1833. 

*  IIAEJIVTROPH  (FoiiTUNATo),  et  non 
RAIEjVTROPH  ,  compositeur  italien  dont  le 
nom  semble  indi(iuer  une  origine  slave,  est  né  à 
Naples  le  6  mars  1812,  et,  s'étant  adonné  de 
bonne  heure  à  l'étude  de  la  musique,  lit  un 
cours  complet  d'harmonie  et  de  composition 
avec  Pietro  Raimondi.  On  connaît  de  lui  huit 
opéras ,  qui,  je  crois ,  ont  tous  été  re[)résentés  à 
Naples,  et  dont  voici  les  titres  :  1°  un  Matri- 
monio  inopinato  ;  2"  Amore  e  Scompigiio  ; 
3"  Vent'anni  di  esilio;  4°;  l'Astuccio  d'oro 
(th.  Kuovo,  1838);  5°  Allan  Cameron  .id., 
1839j  ;  6°  lo  Zio  Baltisia  ;  1"  StefancUa ;  8"  Cas- 


KAEJNTROPH  —  RAFF 


387 


iellamviare  ;  9°  la Figlia  delSoldato.  M.  Raejn- 
troph,  qui  a  publié  quelques  morceaux  de 
piano  et  des  mélodies  à  une  et  deux  voix,  a 
écrit  aussi  un  assez  grand  nombre  d'œuvres  de 
musique  religieuse.  Il  est  mort  à  Naples  le 
Il  mars  1878. 

Un  frère  de  cet  artiste,  M.  Girolamo  liaejn- 
tropli,  né  à  Naples  au  mois  de  mars  1820,  a  été 
l'élève  de  son  frère  pour  le  piano  et  de  Mario 
Aspa  pour  le  contre-point.  Il  s'est  consacré  à 
l'enseignement  du  piano ,  a  publié,  un  grand 
nombre  de  transcriptions  pour  cet  instrument, 
et  a  fait  exécuter  diverses  œuvres  importantes 
de  musique  religieuse  qui  sont  restées  inédites  , 
mais  parmi  lesquelles  on  a  surtout  remarqué 
plusieurs  messes  de  Gloria. 

RAFAËL  (Frvnçois-Xavier),  compositeur 
dramatique  allemand,  né  le  12  février  1816  à 
Treppau,  en  Silésie  ,  mort  le  19  avril  1867  à 
Gratz,  a  fait  représenter  les  ouvrages  suivants  : 
1°  Henri  le  violoneux,  2  actes,  Olraiitz,  1860  ; 
20  Witiekind,  grand  opéra  en  3  actes,  Gratz, 
2  mars  1861;  3°  .4  la  Veillée,  Gratz,  1864; 
4^*  Tours  déjeune  homme,  1  acte,  Gralz , 
4  mars  1865. 

*  RAFANELLI  (Lotis),  oa  Raffa7ielli,  cé- 
lèbre  cbanteur  bouffe  italien  ,  naquit  à  Pistoia, 
et  non  à  Lecce,  le  21  mars  I7ô2.  Je  tire  ce 
double  renseignement  d'un  opuscule  publié  ré- 
cemment par  M.  G.  C.  Rospigliosi  :  Notizie  dei 
maestri  ed  arlicti  di  musica  pisloiesi  (Pistoia, 
Niccolai,  1878,  in-12).  Selon  l'auteur  de  ce  petit 
écrit,  Rafanelli  serait  mort  à  Milan  en  1821. 

*  RAFF   ( Joseph- Joachim),  l'un  des    musi- 
ciens les  plus  actifs  de  l'Allemagne  contempo- 
raine, est  né  le  27  mai  1822  à  Lachen,  dans  le  can- 
ton de  Schwyz  (Suisse),  où  ses  parents  faisaient 
un  séjour  momentané.   Malgré  cejiasard  de  sa 
naissance,  M.  Ratf  est  bien  de  race  et  d'origine 
allemande,  et  il  est  resté  sujet  wurtembergeois. 
Jusqu'à  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  se  consacra , 
d'abord  en  >Vurtemberg,  puis  au  lycée  des  jé- 
suites de  Schwyz,  à  des  études  philologiques, 
mathématiques  et  philosophiques.  A  cette  épo- 
que, la  situation  de  fortune  de  sa  famille  le  mit 
dans  l'impossibilité  de  terminer  ses  cours  à  l'u- 
niversité, et  il  se  vit  même  obligé  d'accepter,  pour 
vivre,    une  position  dans  l'enseignement.  Cest 
à  ce  moment  que  son  goût  pour  la  musique ,  qui 
avait  toujours  été  très-prononcé,  se  développa 
d'une  façon  considérable.   Déjà   il  avait  étudié 
avec  fruit  le  piano ,  le  violon  et  l'orgue  ;  bientôt 
il  songea  à  faire  quelques  tentatives  dans  le  do- 
maine de  la   composition  ,   et,  en   1843,  il  s'a- 
visa d'envoyer  quelques-uns  de    ses  essais  à 
Mendelssohn,  qui  le,  recommanda  aussitôt  aux 


fameux  éditeurs  Breitkopf  et  Hsertel,  de  Leipzig. 
Ce  résultat  encouragea  M.  Raff,  au  point  que 
dès  lors,  et  malgré  l'opposition  qu'il  rencon- 
trait auprès  de  ses  parents,  il  résolut  de  se  con- 
sacrer complètement  et  exclusivement  à  la  mu- 
sique. 

Le  jeune  artiste  eut  à  supporter  des  crises 
difficiles  ,    à  surmonter    bien  des   obstacles  ,  à 
lutter  môme  contre  les  besoins  matériels  de  la 
vie,  jusqu'au  jour  où  il  eut  la  chance  de  rencon- 
trer le  grand  pianiste  Franz  Liszt.  Celui-ci  le 
connut  pendant  une  tournée  de  concerts  qu'il 
faisait  en   Suisse,  et   lui  proposa  de  le    suivre 
comme  accompagnateur.  C'est  ainsi  que  M.  Raff 
arriva  en  1846  à  Cologne,  d'où  M.  Liszt  se  rendit 
seul  à  Paris,  et  qu'il  songea  à  se  créer  une  posi- 
tion en  celte  ville ,  où  il  fit  la  connaissance  di- 
recte de  Mendelssohn.  Il  ht  part  à  ce  maître  du 
besoin  qu'il  avait  de  pousser  plus  loin  son  édu- 
cation musicale,  et  Mendelssohn,  qui  repartait 
pour  Leipzig,   l'engagea  à  venir   le  retrouver; 
mais  au  moment  où   le  jeune  compositeur  son- 
geait à  mettre  ce   projet  à  exécution  et  à    se 
rendre  à  l'invitation  qui  lui  avait  été  faite ,  la 
nouvelle  de  la  mort  de  Mendelssohn  vint  ren- 
verser toutes  ses  espérances  et  l'obliger  à  rester 
à  Cologne,  [l  s'occupa  à  cette  époque  de  diffé- 
rents travaux  de  littérature  musicale,  et  prit  une 
part  active  de  collaboration  au  journal  Cœcilia, 
dirigé  par  S.-W.  Dehn  et  que  publiait  alors  la 
maison  Schott,  de  Mayence.  On  raconte  que  les 
écrits  du  jeune  artiste  avaient  inspiré  à  Dehn 
une  telle   estime,    que  quand,  deux  ans  plus 
tard ,  celui-ci  se  trouva  en  face  de  son  colla- 
borateur, il  refusait  d'en  croire  .ses  yeux,  ren- 
contrant un  homme  à  peine   âgé  de   vingt-cinq 
ans,  alors  que  la  maturité  de  son  esprit  lui  avait 
fait  supposer  qu'il  en  avait  au  moins  quarante. 
Néanmoins,    la   question   des  nécessités  de 
l'existence   s'était  soulevée   de    nouveau  pour 
M.  Raff,  et  il  conçut  la  pensée  d'aller  chercher 
une  situation  à  Vienne,  où  une  chaude  recom- 
mandation de  Liszt  à  l'éditeur  de  musique  Karl 
Mechetti  devait  lui  aplanir  les  obstacles.  Mais  la 
fatalité  semblait  le  poursuivre,   et  il  était   on 
route  pour  Vienne   lorsqu'il  apprit  la  mort  de 
Mechetti.  Il  se  décida  alors  à  se  rendre  à  Stutt- 
gard,  patrie  de  sa  famille,  et  se  remit  au  travail 
avec  ardeur,  afin  d'acquérir  ce  qui  lui  manquait 
encore  pour  devenir  un  virtuose  et  un  compo- 
siteur. Mais  s'il  réussit   sous  ce  rapport,   ses 
tentatives   furent  vaines  lorsqu'il  voulut   faire 
exécuter  quelqu'une  de  ses   grandes   composi- 
tions-, en  effet,  Lindpaintner,  qui  remplissait  à 
Stuttgard  les  fonctions  de  maître  de  chapelle, 
représentait  en  cette  ville  l'esprit  musical  clas- 


388 


RAFF 


sique  el  la  tradition,  et  l'on  conçoit  qu'il  se  soit 
facilement  effarouché  des  tendances  ultra-ro- 
mantiiiiies  de  M.  Raff.  Cependant,  celui-ci  ayant 
fait  la  connaissance  de  M.  Ilans  de  Biilow  ,  ce 
dernier  le  prit  en  grande  estime  et  consentit 
sans  peine  à  exécuter,  dans  un  des  concerts 
d'abonnés  de  la  salle  de  la  Redoute,  un  morceau 
composé  expressément  à  son  intention  par  son 
nouvel  ami.  L'auteur  et  le  compositeur  rempor- 
tèrent en  cette  circonstance  un  brillant  succès, 
el  bientôt  M.  Raff  s'occupa  d'écrire  un  opéra  en 
4  actes,  le  Roi  Alfred,  que  Reissiger,  à  cette 
époque  maître  de  chapelle  à  Dresde,  s'engagea  à 
faire  représenter  sur  le  théâtre  de  cette  ville. 
Mais  cette  fois  encore  la  destinée  semblait  con- 
traire à  l'artiste,  et  les  terribles  événements  po- 
litiques de  1849  mirent  à  néant  les  projets  for- 
més. Enfin,  quittant  Sluttgard  pour  aller 
trouver  Liszt  à  Hambourg,  il  le  suivit  à  Weimar, 
où  l'illustre  virtuose,  interrompant  ses  voyages 
artistiques,  se  décida  enfin  à  occuper  de  fait  les 
fonctions  de  maître  de  chapelle  de  la  cour,  qu'il 
n'avait  exercées  jusqu'alors  que  d'une  façon 
nominale. 

C'est  à  Weimar,  dans  cette  petite  ville  illus- 
trée par  le  séjour  et  le  souvenir  du  plus  grand 
homme  de  TAUemagne  moderne,  et  qui  est  tou- 
jours restée  un  foyer  de  civilisation  artistique, 
que  M.  Raff  trouva  enfin  une  sphère  d'action 
correspondant  à  ses  désirs  et  à  son  ambition. 
C'est  là  qu'il  fit  la  connaissance  d'un  grand 
nombre  d'hommes  distingués  dans  tous  les 
genres,  et  qu'il  rencontra  Dehn  et  A.-B.  Marx, 
dont  la  fréquentation  ne  fut  pas  sans  opérer  sur 
son  esprit  une  salutaire  influence.  Un  des  fruits 
de  son  séjour  à  Weimar  fut  un  remaniement  de 
son  opéra  le  Roi  Alfred,  qu'il  obtint  de  voir 
représenter,  sous  la  direction  de  Liszt,  pour 
l'anniversaire  de  naissance  de  la  grande-du- 
chesse Maria  Paulowna,  qui  l'avait  pris  sous  sa 
protection  particulière.  L'ouvrage,  pourtant, 
n'obtint  qu'un  médiocre  succès ,  et  ne  fut  joué 
sur  aucun  autre  théâtre;  on  sait,  d'ailleurs,  que 
le  théâtre  n'est  point  le  fait  de  M.  Raff,  et  que 
ce  milieu  n'est  point  favorable  à  son  talent  pro- 
digieusement inégal. 

Mais  c'est  alors  que  commença  pour  lui  l'ère 
active  de  la  production.  11  écrivit  successive- 
ment à  Weimar  sa  première  composition  pour 
piano  el  violon,  diverses  œuvres  pour  piano  seul, 
une  ouverture  de  fête  qui  fut  exécutée  dans  un 
des  concerts  de  la  cour,  et  un  Te  Demn  qu'il  fit 
entendre  dans  la  principale  église  de  la  ville  à 
l'occasion  de  l'avènement  au  trône  du  grand-duc 
de  Saxe.  A  celte  époque  aussi,  il  recommença  à 
s'occuper  avec  ardeur  de   critique  et  de  polé- 


mique musicales,  ainsi  que  le  prouvent  ses  let- 
tres] à  là  Neiie  Zeitzschri/t  fiir  Musik  {Nou- 
velle Revue  de  musique)  de  Leipzig,  et  sa 
brochure  :  la  Question  tvagnérienne,  dans  la- 
quelle il  prenait  avec  ardeur  la  défense  des 
idées  mises  en  cours  par  le  futur  auteur  de 
Tristan  et  Iseulde  et  des  Niebelungen.  Ces 
travaux  littéraires  pourtant  ne  lui  firent  en  au- 
cune façon  négliger  la  composition.  A  partir  de 
1854,  époque  de  ses  fiançailles  avec  une  jeune 
tragédienne,  Mi'e  Doris  Genast,  il  s'occupa  sur- 
tout de  musique  de  chambre,  écrivit  sa  pre- 
mière sonate  pour  violon ,  son  premier  quatuor 
pour  instruments  à  cordes,  la  seconde  sonate  et 
quelques  autres  03uvres  du  même  genre  ;  puis 
parut  la  musique  pour  le  drame  intitulé  Ber- 
nard de  Weimar,  bientôt  suivie  de  la  suite 
d'orchestre  en  fa  mineur,  du  Psaume  121,  et 
du  morceau  de  concert  la  fée  d'amour,  pour 
violon  et  orchestre.  En  1855,  le  compositeur 
part  pour  Wiesbaden,  sa  fiancée  étant  engagée 
au  théâtre  de  celte  ville ,  et  peu  après  il  y  fixe 
tout  à  fait  son  séjour,  se  livrant  à  l'enseigne- 
ment, devenant  le  professeur  de  piano  le  plus 
recherché  de  la  ville,  et  ne  cessant  pourtant  pas 
d'écrire.  11  se  marie  enfin  en  1859,  et  bientôt 
livre  au  public  la  symphonie  :  A  la  Patrie,  la 
suite  d'orchestre  en  ut,  la  seconde  symphonie  , 
qui  obtient  un  très-grand  succès,  deux  cantates 
importantes,  et  diverses  autres  compositions. 
Toutes  ces  œuvres,  successivement  exécutées  à 
Wiesbade,  à  Carlsruhe,  à  Berlin,  à  Vienne,  à 
Dresde,  à  Leipzig,  à  Kœnigsberg,  répandaient 
le  nom  de  l'artiste  dans  toute  l'Allemagne,  même 
à  l'étranger,  lui  créaient  une  réputation  consi- 
dérable ,  et  lui  valaient  des  honneurs  répétés. 
C'est  ainsi  que  M.  Raff  se  voyait  nommer  suc- 
cessivement membre  de  l'Association  des  Amis 
de  la  musique  de  Kœnigsberg,  de  celle  des  Ar- 
tistes musiciens  de  Dresde ,  de  la  Société  du 
Quatuor  de  Milan,  de  la  Société  philharmonique 
de  New-York,  de  l'Institut  royal  fie  musique  de 
Florence,  etc.  L'apparition  de  sa  3®  symphonie  , 
Im  Wald,  mit  le  sceau  à  sa  renommée  ,  et  cette 
vaste  composition  fut  applaudie  non-seulement 
en  Allemagne,  mais  aussi  en  Belgique,  en  An- 
gleterre, en  Russie  et  même,  dit-on,  en  Italie  ; 
quant  à  la  France,  nous  devons  faire  des  ré- 
serves, car  on  sait  que  cette  œuvre  y  a  été  vi- 
vement discutée. 

Mais  si,  comme  symphoniste,  comme  compo- 
siteur dans  le  genre  instrumental ,  M.  Raff  s'est 
placé  en  quelque  sorte  à  la  tête  de  l'école  alle- 
mande contemporaine ,  il  a  été  beaucoup  moins 
heureux,  il  faut  le  constater,  lorsqu'il  a  voulu 
écrire  pour  la  voix,  et  surtout    lorsqu'il  s'est 


1 


RAFF 


389 


attaqué  au  tliéàtre.  Les  nombreux  lieder  qu'il 
a  publiés  sont  loin li'ètre  devenus  populaires,  et 
ont  toujours  été,  au  contraire ,  accueillis  avec 
froideur.  Quant  à  ses  deux  ouvrages  dramati- 
ques, le  Roi  Alfred,  et  l'opéra-comique  Dame 
Kobold  (représenté  à  Weiniar  en  1870),  aucun 
n'a  eu  de  succès.  Un  grand  opéra  en  5  actes , 
Samson,  dont  M.  Raff  a  écrit  les  paroles  et  la 
musique,  n'a  même  pu  voir  le  jour  jusqu'ici. 

M.  Raff  est  un  musicien  instruit,  mais  éton- 
namment inégal,  ne  sachant  pas  régler  son  ins- 
piration, ne  sachant  pas  se  priver  d'écrire  lors- 
qu'elle lui  fait  défaut,  se  figurant  trop  souvent 
qu'une  habile  pratique  de  la  science  musicale 
peut  suppléer  à  l'imagination,  et  paraissant  ne 
s'inquiéter  que  médiocrement  de  la  valeur  re- 
lative des  œuvres  qu'il  livre  au  public.  De 
ce  dédain  parfois  trop  accentué  pour  le  carac- 
tère poétique  et  spirituel  de  la  musique,  de  cette 
insouciance  trop  fréquente  de  la  recherche  de 
l'idée  musicale,  que  l'artiste  paraît  vouloir  rem- 
placer trop  facilement  par  la  formule  ou  par  la 
banalité,  il  résulte  un  véritable  dérèglement 
dans  la  production ,  qui  aboutit  à  un  manque 
violent  d'équilibre  entre  les  diverses  œuvres  du 
compositeur  et,  si  l'on  peut  dire,  à  un  manque 
absolu  de  respect  envers  le  public.  Aussi, 
parmi  les  quelques  centaines  de  compositions 
écrites  par  M.  Raff,  peut-on  constater  qu'il  en 
est  d'excellentes,  tandis  que  d'autres  sont  fran- 
chement et  absolument  détestables.  Ce  qu'il  y  a 
de  plus  étrange  encore,  c'est  qu'avec  son  habileté 
technique  incontestable,  il  arrive  que  M.  Raff, 
dans  sa  démangeaison  d'écrire  quand  même, 
produit  des  œuvres  dont  non-seulement  le 
charme  est  nul  au  point  de  vue  de  la  conception 
idéale,  mais  dans  lesquelles  on  ne  trouve  même 
ni  style  ni  talent  pratique.  Je  n'en  veux  pour 
preuve  que  la  suite  pour  violon  et  orchestre,  op. 
180,  et  certaine  suite  pour  piano  et  orchestre, 
qui  n'est  point  meilleure.  D'autre  part,  il  faut 
citer,  parmi  les  productions  les  mieux  venues 
du  compositeur,  la  première  sonate  pour  violon, 
la  sonate  pour  violoncelle,  op.  183,  elles  deux 
grands  trios.  Que  l'on  compare  les  unes  aux 
autres,  et  l'on  verra  s'il  n'est  pas  singulièrement 
fâcheux  qu'un  artiste  aussi  instruit,  aussi  bien 
doué,  ne  puisse  imposer  parfois  le  repos  à  sa 
plume,  et  n'ait  pas  davantage  souci  de  sa  re- 
nommée et  des  plaisirs  du  public. 

Je  vais  essayer  de  dresser,  au  moins  au  point 
de  vue  général,  un  catalogue  des  œuvres  nom- 
breuses de  M.  Raff.  — Musique  dramatique.  Le 
Boi  Alfred ,  opéra  en  4  actes,  Weimar,  vers 
1850;  Dame  Kobold,  opéra-comique  en  un 
acte,  Weimar,  1870;  musique  pour  5er7iard  de 


Weimar,  drame;  Samson,  opéra  en  5  actes, 
non  représenté.  —  Musique  sympiionique.  S  Sym- 
phonies à  grand  orchestre  (dont  la  plupart  avec 
des  titres  particuliers  :  A  la  Patrie,  Im  Wald, 
In  den  Alpen ,  Lénore,  etc.  )  ;  2  Suites  d'or- 
chestre; 5  Ouvertures;  Sirifonielta  pour  2  flft- 
tes,  2  hautbois,  2  clarinettes,  2  bassons  et  2 
cors,  op.  188  ;  Marche  pour  orchestre.  —  Mu- 
sique RELIGIEUSE.  7)6  Pro/'ijnrfi.s  (psaumo  130), 
pour  voix  seules,  chour  et  orchestre;  Psaume 
121,  pour  voix  seules,  chœur  et  orchestre;  Te 
Deum.  —  Musique  vocale.  Éveillez-vous, 
cantate  pour  voix  d'hommes,  avec  orchestre; 
Pour  la  fêle  de  la  bal  aille  de  Leipzig,  id.; 
le  Roi  des  songes  et  son  amante,  ballade  pour 
voix  seule  et  orchestre  ;  la  Bergère,  la  Fiancée 
du  chasseur,  scènes  pour  voix  seule  et  orches- 
tre ;  Dans  la  barque.  En  danse,  Chant  du 
matin,  A  une  endormie,  chœurs  avec  accom- 
pagnement d'orchestre;  30  chœurs  à  4  voix, 
sans  accompagnement;  6  morceaux  à  3  voix, 
avec  piano;  12  morceaux  à  2  voix,  avec  piano; 
30  lieder  k  une  voix,  avec  piano,  op.  9S;  8 
chants  pour  une  voix,  avec  piano,  op.  173;  12 
morceaux  de  chant,  en  3  livres,  op.  114.  —  Mu- 
sique concertante  avec  orchestre.  La  Fée 
d'amour,  pièce  de  concert  pour  violon;  Con- 
certo en  la  mineur,  pour  violon,  op.  161  ;  Suite 
en  50/ mineur,  pour  violon,  op.  180;  Concerto  en 
/■e  mineur,  pour  violoncelle,  op.  193;  Ode  au 
printemps,  morceau  de  concert  pour  piano; 
Concerto  en  ut  mineur,  pour  piano,  op.  185; 
Suite  en  mi  majeur,   pour  piano.  —  ïMusique 

INSTRUMENTALE     DE     CHAMBRE.      Quiutctte      pOUr 

piano,  2  violons,  alto  et  violoncelle,  op.  107; 
Octuor  pour  piano  et  divers  instruments  ; 
Sextuor  pour  piano  et  divers  instruments; 
2  Quatuors  pour  piano,  violon,  alto  et  violon- 
celle; 4  Trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle; 
8  Quatuors  pour  2  violons,  alto  et  violoncelle; 
5  Sonates  pour  piano  et  violon,  op.  73,  78,  128, 
129  et  145;  Au  Soir,  rhapsodie  pour  piano  et 
violon;  Cyklische  Tondichtung,  9  Pièces  pour 
violon  avec  piano,  op.  203;  divers  autres  mor- 
ceaux pour  piano  et  violon  ;  Sonate  pour  piano  et 
violoncelle,  op.  183;  5  Morceaux  divers  pour 
piano  et  violoncelle;  Suite  dans  le  genre  ancien, 
pour  quatuor  d'instruments  à  cordes;  Suite  en 
forme  de  canon,  id.  — Musique  de  piaxo.  Les 
Messagers  du  printemps,  pièces;  Caprices 
dansants;  3  Morceaux,  op.  2;  Gigue  avec  va- 
riations; Fantaisie-sonate,  op.  168;  3  Sonatines, 
op.  99  ;  Album  lyrique,  op.  17;  Rhapsodie  hon- 
groise, op.  113;  2  Morceaux  lyriques,  op.  115j 
Valse-caprice,  op.  116;  4  Caprices  ;  Orientales, 
8   morceaux,  op.  175;  Villanclle,  op.  89;   Cw 


390 


RAFF  —  RAHN 


priccio,  op.  14G  ;  2  Médilations ,  op.  147; 
Scherzo,  op.  143  ;  2  Elégies,  op.  149  ;  Allegro 
agitalo,  op.  151;  2  Romances,  op.  152;  Raf/- 
Album,  10  Morceaux,  op.  156,  157,  166,  196  et 
197;  Suite  de  pièces,  op.  162;  plus  de  150  au- 
tres morceaux  pour  piano  à  2  mains  ;  Fantaisie 
pour  2  pianos,  op.  207  (dont  il  a  tiré  lui-même 
une  Fantaisie  pour  piano,  2  violons,  alto  et  vio- 
loncelle); 12  Pièces  de  salon  à  4  mains,  op.  82, 
et  une  douzaine  d'autres  morceaux  à  4  mains; 
Cliacone  pour  2  pianos,  op.  150.  M.  Raff  a  en- 
core publié  :  les  6  sonates  pour  violon  de  Bacli, 
transcrites  pour  piano;  la  Cliacone  pour  violon 
de  Bach,  orchestrée;  les  Suites  d'orchestre  de 
Bach,  transcrites  pour  piano. 

Jusqu'à  ces  derniers  temps ,  M.  Raff  a  con- 
tinué de  résider  à  Wiesbaden.  On  a  annoncé  ré- 
cemment qu'il  avait  accepté  la  direction  du  Con- 
servatoire en  formation  à  Francfort-sur-le-Mein. 
M.  Raff  est  chevalier  des  ordres  de  Hohenzol- 
lern,  du  Faucon  blanc  ,  de  la  Branche  Ernestine 
de  Saxe,  d'Adolphe  de  Nassau,  et  titulaire  delà 
grande  médaille  d'or  royale  wurtembergeoise 
pour  l'art  et  la  science,  ainsi  que  de  la  médaille 
d'or  grand-ducale  de  Saxe  pour  les  mérites 
civils. 

*  RAGUÉ  (Locis-Charles  ).  —  Ce  composi- 
teur a  donné  à  l'Opéra  :  les  Muses,  ou  le  Triom- 
phe  d'Apollon,  ballet  en  un  acte  représenté  le 
12  décembre  1793. 

*  RAHLES  (Ferdinand),  compositeur  alle- 
mand, professeur  de  piano  et  d'harmonie,  écri- 
vain musical  et  l'un  des  collabornteurs  du  jour- 
nal the  Musical  [Vorld,  de  Londres,  où  il 
s'était  fixé,  est  mort  en  cette  ville  le  19  mars 
1878.  11  avait  publié,  peu  d'années  auparavant, 
un  petit  écrit  ainsi  intitulé  :  Practical  hinis 
and  observations  relaJive  io  the  introduction 
by  government  of  singing  in  public  schools 
{Avis  et  observations  pratiques  relatifs  à 
l'introduction  par  le  gouvernement  du  chant 
dans  les  écoles  publiques). 

RAIIN  (BER^'ARDI^),  professeur  et  théoricien 
françai.'^,  est  né  à  Chatenois  (Bas-Rhin)  le  23  mai 
1824.  Quinzième  lils  d'un  instituteur  qui  tou- 
chait l'orgue  à  l'église  de  Chatenois ,  il  dut  à 
son  père  sa  première  éducation  musicale  ,  et  se 
prit  pour  l'art  d'une  véritable  passion.  Son  rêve 
eût  été  de  se  faire  admettre  au  Conservatoire  de 
Paris;  mais  comment  y  songer,  à  une  époque  où 
les  chemins  de  fer  n'existaient  pas,  et  alors 
qu'il  n'eût  même  pu  réunir  la  petite  somme 
nécessaire  pour  se  rendre  au  chef-lieu  de  son 
déparlement!  Le  jeune  homme  attendit  avec 
impatience  l'époque  où  il  pourrait  s'engager, 
■  s'enrôla  en  effet  dans  le  3"  régiment  de  ligne , 


alors  on  garnison  à  Strasbourg,  et  entra  dans  la 
musique.  Il  espérait  ainsi  pouvoir  iirofiter  de 
la  disposition  réglementaire  qui  permettait  à 
chaque  régiment  d'envoypr  chaque  année  au 
Conservatoire,  à  Paris,  un  élève  musicien  des- 
tiné à  devenir  plus  tard  chef  de  musique  mi- 
litaire. 

Malgré  ses  désirs  et  ses  aptitudes ,  malgré 
tous  ses  efforts,  ce  ne  fut  qu'au  bout  de  plu- 
sieurs années,  et  grâce  à  la  protection  du  gé- 
néral Gémeau ,  que  M.  Rahn  obtint  d'être  en- 
voyé au  Conservatoire,  où  il  travailla  l'har- 
monie et  la  composition  sous  la  direction  de 
M.  François  Bazin.  Une  fois  parvenu  à  son  but, 
le  jeune  soldat  mit,  comme  ou  dit,  les  bou- 
chées doubles,  consacra  tout  son  temps  à  l'étude, 
et,  touten  satisfaisant  son  professeur,  s'appliqua 
à  analyser  les  procédés  théoriques  développés 
dans  tous  les  traités  d'harmonie  français  et  al- 
lemands ,  s'atfachant  à  faire  sortir  de  celte  lec- 
ture et  de  cette  analyse  un  ensemble  de  pré- 
ceptes pédagogiques  qui  lui  permissent  de  sim- 
plifier, de  rassembler  et  de  coordonner  tous  les 
éléments  de  la  théorie  de  l'art. 

C'est  que  M.  Rahn  avait,  si  l'on  peut  dire,  la 
vocation  ,  le  génie  de  l'enseignement ,  et  qu'il 
songeaifdéjà  à  compléter,  tout  en  le  simplifiant, 
celui  de  la  théorie  musicale.  Il  voulait  propager 
la  connaissance  de  l'harmonie,  de  la  pratique  de  la 
composition,  se  disant  avec  raison  qu'on  ne  peut 
se  croire  musicien  lorsqu'on  n'est  qu'un  simple 
exécutant ,  ignorant  des  préceptes  de  l'art  d'é- 
crire et  d'accompagner,  et  que  la  possession  des 
principes  théoriques  est  le  complément  na- 
turel et  indispensable  de  toute  éducation  mu- 
sicale sérieuse.  Il  imagina  donc  une  méthode 
d'enseignement  nouvelle  ,  ingénieuse ,  dans  la- 
quelle il  menait  de  front,  avec  la  lecture  et  l'écri- 
ture musicales,  l'étude  des  accords,  de  la  trans- 
position et  de  l'improvisation  accompagnée,  sans 
oublier  surtout  l'analyse  rhythmique  appro- 
fondie de  toute  espèce  de  dessin  mélodique. 
Cette  méthode,  facilement  applicable  même  aux 
plus  jeunes  enfants  ,  donna  d'excellents  résul- 
tats, et  les  nombreux  cours  publics  faits  par 
l'habile  professeur,  ses  manuels  d'enseignement 
sont  là  iiour  attester  l'utilité  de. ses  efforts  et 
l'intelligence  de  ses  procédés.  A  l'heure  pré- 
sente, M.  Rahn  a  formé  plus  de  6,000  élèves, 
dont  plus  de  200  ont  pris  à  cœur  de  propager  et 
de  vulgariser  sa  méthode. 

L'une  des  innovations  les  plus  intéressantes 
de  M,  Rahn  fut  la  création  d'un  Journal  de 
composition  musicale  (18C5),  au  moyen  du- 
quel il  put  fournir  tout  un  cours  d'harmonie, 
d'accompagnement    et  de  composition   propre- 


RAHN  —  RAISIN 


391 


ment  dite.  Les  souscripteurs  du  Journal  pou- 
vaient travailler  d'après  ce  cours,  l'aire  les 
exercices,  réaliser  les  leçons  qui  s'y  trouvaient 
contenues ,  et,  par  correspondance  avec  l'au- 
teur ,  faire  corriger  leurs  devoirs.  M.  Ralin 
a  publié  aussi  :  1°  Méthode  de  piano  et  d'har- 
monie, dans  laquelle  il  fait  niarclier  de  front 
l'étude  de  rinslrument  et  celle  de  la  théorie  ; 
2°  Nouvel  enseignement  musical,  ou  Mé- 
thode pratique  pour  apprendre  simultané- 
ment la  lecture  musicale,  les  accords  et  la 
composition;  3"  Spécimen  d'une  grammaire 
musicale;  4°  une  brochure  intitulée  ;  l'Ensei- 
gnement musical  en  France  et  le  Conserva- 
toire impérial  de  musique  {Pàv\s,  Deiitu,  1864, 
in-8"). 

*  RAIENTROPIl  (FouTUNATo).  —  Voyez 
RAEJi^TROPII. 

*  RAIMOXDI  (PiETRo),  compositeur  ita- 
lien. —  On  a  publié  sur  cet  artiste  célèbre  l'é- 
crit suivant  :  Memorie  intorno  Pietro  Rai- 
mondi,  raccolte  eannotateda  Filippo  Cicco- 
netti,  Rome,  1867,  un  vol.  in- 12.; 

RAISIN    ( ),  dit  Vaine,  organiste  qui 

vivait  au  dix-septième  siècle ,  fut  l'inventeur 
ou  au  moins  le  propagateur  d'une  épinette  d'un 
genre  un  peu  mystérieux  pour  le  public,  et  qui 
fit,  à  un  moment  donné,  grand  bruit  à  Paris. 
■Voici  le  curieux  récit  qu'on  trouve  à  ce  sujet 
dans  les  Tablettes  dramatiques  du  chevalier  de 
Mouhy  :  —  «  Le  sieur  Raisin ,  organiste  de 
Troyes,  qui  travailloit  secrètement  depuis  plu- 
sieurs années  à  faire  sa  fortune,  partit  pour  Paris 
au  commencement  de  l'année  1662 ,  avec  sa 
femme  et  quatre  enfants.  A  peine  y  fut-il  arrivé 
qu'il  loua  une  loge  à  la  foire  Saint-Germain.  Il 
fit  publier,  quelques  jours  avant  que  de  l'ouvrir, 
qu'il  feroit  voir  une  merveille  qui  teftoit  du  pro- 
dige, et  qui  feroit  l'admiration  de  tout  le  monde. 
Une  annonce  qui  promettoit  pour  ainsi  dire  un 
miracle,  lui  attira  un  si  grand  monde,  le  jour 
indiqué,  qu'il  avoit  à  peine  la  place  qui  lui  con- 
venoit  pour  mettre  en  évidence  la  merveille 
affichée.  Raisin  tint  exactement  parole.  Elle  con- 
sistoit  eu  une  épinette  à  trois  claviers. [Deux  filles 
de  Raisin  jouoient  sur  les  deux  premiers  :  lors- 
qu'elles avoient  fini ,  elles  élevoient  les  mains', 
et  le  troisième  clavier  répétoit  seul  l'air  qu'elles 
venoient  de  jouer.  Ce  spectacle  frappa  d'une  si 
grande  surprise  tous  ceux  qui  s'y  trouvèrent , 
que  les  jours  suivants  il  ne  désemplit  pas.  Il 
fit  si  grand  bruit  que  le  roi  voulut  le  voir  :  Rai- 
sin ayant  eu  ordre  de  se  rendre  à  Versailles,  il 
exposa  devant  Leurs  Majestés  ,  environnées  de 
leur  cour,  la  fameuse  épinette.  La  répétition  du 
troisième  clavier  surprit  le  roi  au  dernier  point. 


^  Raisin  reçut  ordre  sur-le-champ  de  rendre  raison 
du  prodige.  L'organiste  ouviit  alors  le  corps  de 
l'instrument  :  dès  qu'il  eut  tiré  une  planche  en 
coulisse,  il  en  sorlit  un  enfant  de  cinq  ans  (c'é> 
toit  Raisin  le  cadet),  beau  comme  l'Amour,  et 
c'étoit  lui  qui  touclioit  le  merveilleux  clavier 
dans  l'intérieur  de  l'instrument.  Leurs  Majestés 
trouvèrent  le  petit  Raisin  charmant,  le  caressè- 
rent beaucoup  et  lui  firent  des  présens;  toute  la 
cour  en  usa  de  même  :  Raisin  ,  sa  femme  et  ses 
enfans  jouèrent  ensuite  une  petite  pièce;  et  en 
considération  du  plaisir  que  ce  spectacle  avoit 
fait  au  roi.  Sa  Majesté  leur  accorda  la  permis- 
sion de  jouer  à  la  cour,  sous  le  titre  de  troupe  du 
Dauphin,  et,  en  attendant,  de  continuer  à  montrer 
leur  épinette  à  la  foire,  grâce  qui  valut  encore 
beaucoup  d'argent  à  l'organiste  et  à  sa  famille. 
«  Raisin  étant  mort  en  1664,  sa  veuve  con- 
tinua à  jouer  la  comédie  avec  ses  enfans  ; 
l'acquisition  qu'elle  fit  quelque  tems  après  du 
jeune  Raron  qui  n'avoit  que  douze  ans  alors,  et 
qui  annonça  dans  ses  débuts  les  talens  supé- 
rieurs qu'il  a  acquis  depuis  et  qui  lui  ont  fait  une 
si  grande  réputation,  lui  fit  gagner  tout  ce  qu'elle 
voulut;  on  ne  se  lassa  point  d'aller  voir  ce 
jeune  acteur.  Le  théâtre  de  la  veuve  Raisin 
étoit  toujours  rempli,  et  tous  les  autres  étoient 
déserts.  Molière,  surpris  de  cet  abandon,  et  bien 
davantage  du  motif  qui  l'occasionnoit,  voulut  ju- 
ger par  lui-même  de  tout  ce  que  la  renommée 
publioit  du  jeune  acteur.  Il  ne  l'eut  pas  plutôt 
entendu  réciter  une  scène,  qu'il  vola  à  Versailles 
et  le  demanda  au  roi  pour  sa  troupe;  il  l'obtint  ; 
la  veuve  Raisin,  qui  en  fut  avertie  sur-le-champ, 
en  fut  désespérée  ;  elle  accourut  chez  Molière, 
la  fureur  dans  les  yeux  et  armée  de  deux  pisto- 
lets, voulant  qu'on  luifrendît,  disoit-elle,  son 
Baron  ,  ou  qu'elle  feroit  sauter  la  cervelle  à  qui 
oseroit  le  retenir  :  Molière,  sans  se  déconcerter, 
lui  présenta  l'ordre  du  roi;  la  Raisin  jugeant 
par-là  qu'elle  n'avoit  plus  rien  à  espérer,  fondit 
en  pleurs ,  se  jeta  aux  pieds  de  Molière ,  et  le 
pria  du  moins  de  lui  prêter  pour  trois  jours  le 
jeune  acteur.  Molière,  touché,  lui  en  accorda 
généreusement  huit,  mais  à  condition  qu'un  de 
ses  gens  accompagneroit  Baron,  ne  le  perdroit 
pas  de  vue  et  leramèneroit  chez  lui  aussitôt  que 
la  pièce  seroit  finie.  Cette  grâce  calma  la  Raisin 
et  lui  valut  des  sommes  considérables  ;  mais 
aussitôt  qu'elle  fut  privée  du  jeune  comédien  , 
son  théâtre  devint  désert,  et  se  voyant  hors 
d'état  de  se  soutenir  davantage,  elle  prit  le  parti 
de  le  fermer  et  de  se  retirer.  » 

Quant  au  fameux  instrument,  qui  avait  com- 
mencé la  fortune  de  la  famille,  il  n'en  fut  plus 
jamais  question. 


392 


RAISIN  —  RAMEAUX 


RAISIJX  (J\CQUES),  fils  aîné  de  l'organiste 
dontil  vient  (l'tMro  question,  fut  acteur,  auteur  et 
compositeur.  Il  débuta  à  la  Coinédie-lMançdiseen 
1685,  y  joua  les  seconds  rôles  dans  la  tragédie 
et  les  amoureux  dans  la  comédie,  et  prit  sa  re- 
traite au  mois  d'octohrc  1094.  Il  lit  représenter  à 
ce  théâtre  quatre  comédies  en  un  acte  dont  il  était 
l'auteur,  et  dont  aucune  ne  fut  imprimée  :  le 
Faux  Gascon,  le  Petit  Homme  de  la  Foire, 
Merlin  Gascon,  et  le  Niais  de  Sologne.  Enfin, 
Jacques  Raisin  écrivit  la  musique  des  diverti.s- 
semeuts  de  quelques  pièces  jouées  à  la  Comédie, 
entre  autres  l'Opéra  de  village,  de  Dancourt 
(1692),  et  Jevons  prens  sans  verd,  de  la  Fon- 
taine (1693).  «  C'étoit  un  fort  honnête  homme, 
dit  de  Mouhy,  et  fort  relire  chez  lui.  Il  mourut 
d'une  pleurésie,  environ  en  1698  ou  1699.  >> 

RAISIX  (Jean-Baptiste),  frère  cadet  du 
précédent,  est  celui  dont  il  est  question  dans  le 
récit  de  de  Mouhy,  et  qui,  âgé  de  cinq  ans,  faisait 
mouvoir,  enfermé  dans  l'épinette  de  son  père, 
le  troisième  clavier  de  l'instrument.  Celui-ci 
se  fit  comédien,  comme  son  père,  débuta  à  la 
Comédie-Française  en  1679,  y  remplaça  bientôt 
Champmeslé,  et  devint  fameux  dans  l'emploi  des 
caractères  et  des  rôles  à  manteau,  oii  il  déployait 
un  talent  de  premier  ordre,  formé  tout  à 
la  fois  d'étude  et  de  naturel,  et  qui  le  fit  sur- 
nommer le  petit  Molière.  Malheureusement, 
Raisin  le  cadet  aimait  encore  plus  la  bouteille 
que  le  théâtre,  et  il  mourut,  dit-on,  pour  avoir 
trop  bu.  Né  en  1636,  ses  excès  le  conduisirent 
au  tombeau  le  5  septembre  169.3,  âgé  seulement 
de  37  ans,  et  sa  rnort  donna  lieu  à  ré|)igramme 
suivante  : 

Quel  astre  pervers  et  malin. 
Par  une  maudite  influence, 
Empêcte  désormais  qu'en  France 
On  puisse  recueillir  du  vin  ? 
C'est  avec  raison  que  l'on  crie 

Contre  la  rigueur  du  destin. 
Qui  nous  ùte  jusqu'au  Raisin 
De  notre  pauvre  Comédie. 

Raisin  avait  épousé  M'"  Fanchon  Lon.i;champs, 
comédienne  comme  lui,  qui  avait  débuté  en 
même  temps  que  lui  à  la  Comédie-Française,  et 
qui  avait  succédé  à  ce  théâtre  à  la  Champmeslé, 
comme  lui-même  avait  succédé  au  mari  de  celle- 
ci.  «  Il  y  avoit  des  tems,  dit  un  contempo- 
rain, qu'il  auroit  donné  sa  femme  pour  une  bou- 
teille de  vin  de  Champagne.  »  Celle-ci  quitta  le 
théâtre  en  1701,  et  mourut  en  1721. 

RAISIM  (M"*),  épouse  VILLIEHS,  sœur 
des  deux  précédents,  et  l'une  des  deux  (illes  de 
l'organiste  de  Troyes  qui  touchèrent  à  Paris 
l'épinette  inventée  par  leur  père,  se  fit  sans  doute 
comédienne  comme  ses  deux  frères.  Elle  épousa 


dans  la  suite  le  comédien  Villiers,  camaïade 
de  ceux-ci  dans  la  troupe  du  théiUre  de  l'IIùtel 
de  Bourgogne  et  auteur  d'une  domi-donzaiue  de 
pièces  représentées  à  ce  théâtre.  Le  seul  ren- 
seignement que  j'aie  pu  découvrir  sur  elle  con- 
siste dans  les  lignes  suivantes,  extraites  d'un 
Mémoire  pour  les  Comédiens  dît  Roy,  con- 
tre Charles  Dollef,  Antoine  Laplace,  Alexan- 
dre Bertrand,  et  antres  (s.  l.  n.  d.,  in-4'')  : 
«.  En  1C88,  la  damoiselle  de  Villiers  (1),  femme 
d'un  des  comédiens  du  roy,  et  sœur  des  sieurs 
Raisin  aussi  comédiens,  .s'avisa  de  construire  un 
théâtre  et  d'y  faire  représenter  dtîs  comédies 
par  des  enfants  sous  le  titre  de  Petits  Comédiens 
Français.  Les  comédiens  en  portèrent  leur 
plainte  au  roy,  et  le  théâtre  fut  fermé.  » 

*RAJ  ou  RAY  (Pierre).— L'ouvrage  indiqué 
sous  le  titre  d' Alessandi'O  in  Àrmenia  s'appelait 
réellement  Alessandro  in  Armozia,  et  était  non 
point  un  opéra,  mais  une  cantate.  Ray  en  a  écrit 
une  autre,  intitulée  il  Tempio  d'Imeneo.  Quant 
à  son  oratorio  sur  la  Passion,  il  portait  pour  ti- 
tre :    Tre  Ore  d'agonia,  o  le  Selle  Parole. 

RAJOLA  (G ),  compositeur  italien  con- 
temporain, est  l'auteur  d'une  opérette  intitulée 
il  Giovanetto,  qui  a  été  jouée  par  des  amateurs, 
sur  le  théâtre  Niiovo,  de  Naples,  au  mois  de 
juillet  1877. 

*  RAMAZZOTTO  (Douiitien),  et  non  Ra- 
mazzoiti,  prêtre  et  musicien  italien,  fils  d'un 
guerrier  qui  mourut  âgé  de  près  décent  ans,  na- 
quit à  Bologne,  et  prit  l'habit  religieux  au  mo- 
nastère de  San-Michele  in  bosco,  près  de  cette 
ville,  en  1542.  Cela  ne  l'empêcha  pas  d'étudier 
la  musique  et  le  contre-point,  et  de  se  faire  con- 
naître comme  compositeur  par  deux  recueils  de 
psaumes  :  Psalmi  aliquot  ad  vesperas  dierum 
festorum  et  solemnium  cantari  soliti,  cum 
iino  Magni/icat,  quinque  vocum,  Venise,  1567, 
in-4'';  2°  Psalmi  onines  qui  cunctis  diebus 
anni  Jestis  pro  iempore  recitantur,  sex  voci- 
bus  decantandi,  Ferrare,  1584,  in-4°.  Ramaz- 
zotto  mourut  en  1594,  au  monastère  de  Santa- 
Maria  in  Regola,  à  Imola. 

r.AMBAUX  (Claude-Victor),  luthier  ha- 
bile, né  à  Darney  (Vosges)  le  25  février  1806, 
commença  son  apprentissage  à  l'âge  de  quatorze 
ans,  et  fut  élève,  à  Mirecourt,  de  L.  Moitcssier, 
chez  lequel  il  resta  jusqu'en  I8'24.  A  cette  époque 
il  partit  i>our  Caen,  où  il  travailla  chez  Tliibout 
jusqu'en  18''.7,  puis  vint  alors  à  Paris,  où  il  en- 
tra chez  Gand  père,  dont  il  devint  bientôt  le  pre- 


(1)  On  .sait  qu'à  cette  époque  les  femmes  delà  noblesse 
portaient  seules  le  litre  de  dame.  On  donnait  aux  autres 
la  qualité  de  demoiselle  avec  le  nom  de  leur  mari. 


RAMBAUX  —  RAMEAU 


393 


mier  ouvrier,  et  auprès  duquel  il  acheva  de  se 
perfectionner  dans  son  art.  En  1838,  il  quitta 
Gand  pour  s'établir  à  son  compte,  et  s'installa 
dans  un  petit  entre-sol  de  la  maison  qui  porte 
aujourd'hui  len"  18  de  la  rue  du  Faubourg-Pois- 
sonnière, juste  en  face  le  Conservatoire.  11  resta 
là  jusqu'en  1857,  époque  où  il  alla  se  retirer  à 
Mirecouit.  Des  fenêtres  de  notre  classe,  au  Con- 
servatoire, nous  le  voyions  travailler  sans  cesse, 
à  son  petit  établi,  ne  quittant  pas  l'outil  de  la 
journée.  Artiste  habile  autant  que  modeste,  Ram- 
baux  était  d'ailleurs  un  excellent  bomme,  hon- 
nête au  suprême  degré,  ne  tirant  de  son  talent  que 
la  stricte  rémunération  qu'il  croyait  devoir  lui  de- 
mander, et  qui  se  serait  lait  scrupule  d'exagérer 
celle-ci  en  quoi  que  ce  (ût.  Celte  modestie,  cette 
honnêteté,  et  sa  proximité  du  Conservatoire, 
attiraient  chez  lui  un  grand  nombre  d'élèves  de 
cet  établissement,  et  il  aimait  à  nous  voir  tous 
autour  de  lui,  essayant  des  instruments,  le  regar- 
dant curieusement  travailler,  ou  lui  demandant 
des  éclaircissements  et  des  renseignements  sur 
cet  art  charmant  de  la  lutherie,  qui  a  vraiment 
un  côté  étrange  et  mystérieux. 

Je  ne  résiste  pas  au  désir  de  reproduire  ici, 
sur]  ce  travailleur  si  estimable  et  si  intelligent, 
que  j'ai  intimement  connu  au  temps  de  ma  jeu- 
nesse, les  détails  qu'a  donnés  M.  Vidal  dans  son 
livre  :  les  Instruments  à  archet  : 

«  Lorsque  C.-V.  Rambaux  s'établit,  l'art  et  le 
commerce  de  la  lutherie  étaient  en  pleine  pros- 
périté à  Paris.  Les  Nicolas  Lupot,  les  Pique,  les 
Gand,  les  Vuillaume,  les  Bernardel,  avaient 
donné  à  la  facture  des  instruments  neufs  une  im- 
pulsion habile  et  intelligente;  d'un  autre  côté, 
le  commerce  des  anciens  instruments  italiens 
avait  pris  un  accroissement  qu'entretenait  l'en- 
thousiasme des  musiciens  pour  la  vieille  luthe- 
rie. Pour  réussir  dans  ce  milieu,  il  fallait  non- 
seulement  produire  de  bons  instruments  neufs, 
mais  encore  connaître  à  fond  les  anciens  maî- 
tres ;  en  un  mot,  «  faire  revivre  ces  centenaires 
décrépits,  »  ainsi  que  les  qualifie  l'abbé  Sibire. 
C.-"V.  Rambaux  excella  dans  ces  deux  branches, 
qui  résument  l'art  du  luthier. 

«  Les  récompenses  qu'il  obtint  aux  expositions 
de  1844,  1848  et  1855,  à  Paris,  le  placent  au 
premier  rang  des  luthiers  de  son  temps,  et  at- 
testent son  habileté  comme  facteur;  mais  ce 
que  les  distinctions  de  ce  genre  ne  sont  pas  appe- 
lées à  récompenser,  c'est  la  patience  infinie  et 
la  recherche  incessante  des  procédés  de  tout 
genre  nécessaires  à  la  réparation  des  anciens 
instruments;  et  c'est  surtout  dans  cette  partie 
de  l'art  que  Rambaux  sut  se  faire  apprécier  (1). 

(1)  Cela  est  absolument  exact.  Rambaux  ne  jouit  ja- 


«  Parmi  les  opérations  les  plus  difficiles,  on 
peut  compter  le  recoupatje  des  anciens  instru- 
ments ;  c'est  notamment  pour  les  violoncelles 
qu'il  est  parfois  indispensable,  à  cause  du  peu  de 
régularité  apporté  par  les  luthiers  italiens  dans 
leur  patron.  11  est  nécessaire,  pour  donner  la 
forme  exigée  par  la  virtuosité  actuelle,  de  les 
ramener  aux  dimensions  adoptées  par  Stradivari 
dans  son  beau  modèle.  Il  n'y  a  pas  à  errer  d'une 
ligne;  la  moindre  hésitation  dans  un  trait  de 
scie  ou  dans  un  coup  de  rabot  serait  fatale  et 
détruirait  en  quelques  minutes  la  valeur  de  l'ins- 
trument, loin  de  l'améliorer  !  On  comprendra  dif- 
ficilement quelle  sûreté  de  main  et  quelles  con- 
naissances spéciales  sont  requises  pour  une  opé- 
ration aussi  délicate.  C'est  dans  cette  partie  du 
métier  que  Rambaux  avait  acquis  une  supé- 
riorité qui  le  laissait  sans  rival  en  Europe. 

«  Du  reste,  travailleur  infatigable,  une  fois 
l'heure  sonnée,  il  revêlait  le  tablier  traditionnel, 
qu'il  ne  quittait  plus  de  la  journée.  11  était  inté- 
ressant de  le  voir,  tout  en  conservant  l'outil  en 
main,  et  suivant  d'un  œil  attentif  le  travail  de 
l'ouvrier  assis  en  face  de  lui,  et  dont  aucun 
mouvement  ne  lui  échappait,  accueillir  ama- 
teurs et  artistes  qui  se  succédaient  dans  son  ate- 
lier, et  accorder  une  attention  soutenue  aux 
théories  interminables  qui  se  déroulaient  devant 
lui,  sur  les  instruments,  la  place  de  l'àme,  du 
chevalet,  etc.  ;  toujours'calme  et  plaçant  modeste- 
ment son  mot,  avec  ce  sourire  fin  et  doux  qui 
le  rendait  sympathique  à  tous. 

«  Après  un  exercice  de  dix-neuf  années  écou- 
lées dans  ce  dernier  domicile,  Rambaux  se  re- 
tira à  Mirecourt  en  juin  1857,  pour  y  jouir  tran- 
quillement de  la  modeste  aisance  que  sa  carrière 
honorable  lui  avait  procurée  ;  toutefois  sa  passion 
favorite  ne  cessa  de  l'occuper,  et  il  continua  ses 
travaux  de  retouches  et  de  réparations,  en  les 
bornant  aux  instruments  de  choix  et  sans  se 
départir  de  cette  recherche  qui  attestait  que 
chez  lui  l'âge  n'avait  pas  éteint  l'amour  de  l'art 
auquel  il  avait  consacré  sa  vie.  » 

Cet  excellent  homme,  ce  travailleur  intelligent 
et  modeste  mourut  à  Mirecourt  le  25  juin  1871. 

RAMBOSSOIV  (J ),  écrivain  français, 

est  l'auteur  d'un  livre  publié  sous  ce  titre  am- 
bitieux :  les  Harmonies  du  son  et  l'histoire  des 
instruments  de  musique  (Paris,  Didot,  1878, 
in-S"  avec  gravures). 

*  RAMEAU  (Jean-Philippe).  —  On  trou- 
vaer  dans  l'écrit  que  j'ai  publié  sur  cet  artiste 


mais  que  d'une  modeste  renommée  comme  fabricnnt  d'ins- 
truments neufs;  mais,  comme  réparateur,  il  était  d'une 
habileté  vraiment  prodigieuse,  —  a.  p. 


394 


RAMEAU  —  RANDEGGER 


célèbre  :  Hameau,  essai  sur  sa  vie  eLses  oeuvres, 
des  renseignements  nouveaux  et  inconnus  sur 
son  exi>tence  et  sur  sa  carrière.  Rameau  a  été 
récemment  l'objet  d'bonneurs  malbeureusement 
trop  rares  en  France  :  les  12,  13,  14  et  15  aoiU 
1876,  de  grandes  fêles  nationales  ont  été  célé- 
brées à  Dijon,  sa  ville  natale,  à  roccasion  de  lé- 
reclion  de  sa  statue.  Cette  statue,  œuvre  distin- 
guée de  M.  Eugène  Guillaume,  directeur  des 
Beaux-Arts  et  membre  de  rin>titut,  a  été  élevée 
sur  la  place  du  Théâtre,  qui  depuis  lors  a  pris  le 
nom  de  place  Rameau. 

A  la  liste  des  œuvres  publiées  par  Rameau, 
il  faut  ajouter  les  deux  recueils  suivants  : 
1°  Premier  livre  depièces  de  clavessin,  Pa- 
ris, l'auteur,  170C,  petit  in-4''  oblong  (publication 
qui  donne  la  preuve  d'un  premier  séjour  de 
Rameau  à  Paris  bien  avant  l'époque  fixée  jus- 
qu'ici par  fous  les  biographes);  2"  Pièces  de 
clavessin,  avec  une  méthode  pour  la  viécha- 
nique  des  doigts,  où  l'on  enseigne  les  moyens 
de  se  procurer  une  parfaite  exécution  sur 
cet  instrument,  Paris,  l'auteur,  s.  d.,  in-4" 
oblong.  J'ai  découvert,  dans  les  manuscrits  de 
la  Bibliothèque  nationale,  quatre  cantates  iné- 
dites du  maître  :  Thétis,  l'Impatience,  la  Mu- 
sette, Aquilon  et  Oriihie,  ainsi  que  des  frag- 
ments d'un  Roland  resté  inachevé  et  qu'il 
avait  commencé  sur  le  poëme  de  Quinault.  De 
Croix,  dans  l'Ami  des  Arts,  affirme  que  Ra- 
meau a  publié  deux  cantates  :  le  Berger 
fidèle  et  l'Enlèvement  d'Orithie,  et  il  en  si- 
gnale deux  autres,  Orphée  et  les  Amants  trahis, 
comme  étant  restées  manuscrites.  De  son  côté, 
Maret  donne  les  titres  de  deux  autres  cantates 
qui  n'ont  pas  été  publiées  :  Médce,  et  l'Absence. 

Les  publications  suivantes,  relatives  à  Rameau, 
et  dont  quelques-unes  ont  été  faites  à  l'occasion 
des  fêtes  de  Dijon,  n'ont  pas  été  mentionnées 
dans  la  Biographie  universelle  des  Musiciens: 
1°  Réflexions  sur  divers  ouvrages  de  M.  Ra- 
»iear<,par  M.  Ducharger  (Rennes,  1761,  in-12); 
2°  Rameau  aux  Champs-Elysées,  nouvelle 
nouvelle  (Amsterdam,  1764,  in-8°);  Z"  Apothéose 
de  Rameau,  scènes  lyriques  (sans  doute  repré- 
sentées à  Dijon),  paroles  de  M.**,  musique  de 
M.**  (Dijon,  Causse,  1783,  in-8°)  ;  4»  Rameau, 
ballet  allégorique  en  un  acte,  pour  le  centenaire 
de  sa  naissance,  suivi  de  réflexions  sur  la  poésie 
lyrique  et  d'un  oratorio  intitulé  la  Mort  d'A- 
bel  (1),  par  M.  Lefebvre,  maître  de  composition 
(Paris,  1784)  ;  5°  Rameau,  par  Adolphe  Adam, 


(1)  Je  n'ai  pa^s  eu  cet  écrit  sous  les  yeux  ;  J'en'repro- 
duls  le  titre  d'après  l'annonce  qu'en  lit  le  Mcrcitrc'^de 
France. 


extrait  de  la  Revue  contemporaine  du  15  octo- 
bre 1859.  (cette  notice  a  été  reproduite  dans  le 
volume  d'Adam  intitulé  Derniers  souvenirs 
d'vn  vmsicien)  ;  6"  Rameau,  par  Dieudonné 
Denne-Baron,  extrait  de  la  Nouvelle  Biogra- 
phie générale  (Paris,  Didot,  s.  d.,  in-8°  de  12 
col.)  ;  7°  Notice  sur  Rameau,  par  Charles  Poi- 
.sol  (Paris,  Dentu,  1864,  in-18);  8°  Monogra- 
phie de  Jean-  Philippe  Rameau,  par  Th.  Nisard 
(Paris,  s.  d.  [1867],  Repos,  in-8°)  ;  9"  Délibéra- 
tion du  conseil  municipal  de  Dijon  sur  lapro- 
position  d'ériger  unestatue  à  Rameau,  rapport 
présenté  par  M.  Muteau  (Dijon,  impr.  Carré, 
s.  d.  [1876],  in-S")  ;  10"  Rameau,  sa  vie,  ses  œu- 
vres (Dijon,  H.  Grigne,  1876,  in- 16),  compila- 
tion informe  faite  par  l'éditeur  même  de  cette 
brochure;  11°  Rameau,  essai  sur  sa  vie  et  ses 
œuvres,  par  Arthur  Pougin  (Paris,  Decaux, 
1876,  in-16).  On  ne  doit  pas  oublier  non  plus 
de  mentionner  le  pamphlet  justement  célèbre  de 
Diderot,  intitulé  le  Neveu  de  Rameau,  dont  il 
a  été  fait  un  nombre  incalculable  d'éditions, 
ainsi  qu'un  écrit  de  Génin  fils,  publié  vers  187  j 
et  portant  pour  titre  le  Petit  Neveu  de  Rameau. 

Une  médaille,  représentant  la  statue  du  maî- 
tre, a  été  frappée  à  Dijon  en  1876  et  offerte  par 
là  municipalité  aux  invités  qu'elle  avait  appelés 
à  assister  aux  fêtes  de  Rameau. 

RAMOIXEDA  Y  BUSQUETS  (Fran- 
cisco), prêtre  et  musicien  espagnol  du  dix-hui- 
tième siècle,  était  né  à  Tarrasa,  en  Catalogne, 
et,  après  avoir  fait  ses  études  musicales  à  l'é- 
cole du  monastère  de  Montserrat,  devint  maître 
de  chapelle  de  l'église  principale  de  sa  ville  na- 
tale, pour  laquelle  il  écrivit  un  certain  nombre 
de  compositions  qui  paraissent  avoir  été  esti- 
mées. Cet  artiste  mourut  à  Tarrasa  le  26  février 

1803. 

RANDEGGER  (Albert),  professeur  et  com- 
positeur, né  à  Trieste  le  13  avril  1832,  com- 
mença l'élude  de  la  musique  à  l'Age  de  quatorze 
ans,  et  d'abord  en  vue  de  son  seul  agrément.  Son 
premier  maître  fut  M.  Auguste  Tivoli,  et  il  reçut 
ensuite  des  leçons  d'harmonie  d'un  chef  de  mu- 
.sique  militaire  autrichien  renommé,  Hœffner.  Il 
étudia  aussi  le  piano  avec  Lafoiit,  et  enfin,  de  1848 
à  1852,  fit  un  cours  complet  de  composition  avec 
Luigi  Ricci,  qui  occu|iait  alors  à  Trieste  une 
grande  situation  et  dont  il  devint  l'élève  préféré. 
Tout  en  poursuivant  ses  études,  il  avait  écrit  di- 
verses cantates,  quelques  morceaux  de  musique 
d'église  et  les  partitions  de  deux  ballets  :  la 
Fidanzata  di  Castellamare  et  la  Sposa  di 
Appcnzello.  Après  ces  essais,  il  se  livra  décidé- 
ment à  la  composition,  et  écrivit  avec  trois  au- 
tres jeunes  artistes,   MM.  Giuseppe  Rota,  Al- 


RANDEGGER  —  RAVINA 


393 


berfo  Zelman  et  Francesco  Beyer,  un  opéra 
boude  en  4  actes,  il  Lazzarone,  qui  fut  repré- 
senté sur  le  théâtre  Mauroner,  de  Triesle,  en 
1852  ;  puis  il  se  produisit  d'une  façon  plus  im- 
portante en  donnant  à  Brescia,  pendant  le  car- 
naval de  1853-54,  un  opéra  sérieux  intitulé 
Bianca  Cappella.  C'est  alors  qu'il  partit  pour 
Paris,  puis  pour  Londres,  où  il  se  présentait  à 
M.  Michael  Costa  avec  une  chaleureuse  lettre  de 
recommandation  de  son  maître  Ricci,  qui  avait 
été  naguère  le  condisciple  de  celui-ci  au  Con- 
servatoire de  Naples.  Grâce  à  l'appui  si  efficace 
de  M.  Costa,  qui  jouit  à  Londres  d'une  sorte 
de  royauté  musicale,  grâce  aussi  à  son  talent 
très-réel,  M.  Randegger  se  créa  bientôt,  dans  la 
capitale  du  Royaume-Uni,  une  excellente  si- 
tuation artistique.  Devenu  chef  d'orchestre 
pendant  une  année  au  théâtre  Saint-James,  il 
entreprit  ensuite  un  grand  voyage  dans  les  pro- 
vinces anglaises,  après  quoi  il  revint  à.Londres, 
oii  il  fut  bientôt  l'un  des  professeurs  les  plus 
recherchés.  En  1869,  il  forma  dans  cette  ville 
une  société  chorale  qui  comprend  environ 
300  voix,  et  la  même  année  il  fut  nommé  pro- 
fesseur de  chanta  la  Royal  Academij  of  Music, 
ce  qui  ne  l'empêchait  pas  de  se  produire  aussi 
avec  succès  comme  compositeur. 

M.  Randegger  a  publié  un  grand  nombre  de 
mélodies  vocales.  Voici  la  liste  de  ses  autres 
œuvres  :  les  Beautés  rivales,  opéra-comique, 
Leeds,  18G3;  A  i'Aztôe,  cantate  à  4  voix  avec 
orchestre,  festival  de  Norwich,  18G6;  Médée, 
scène  dramatique  pour  soprano  avec  orchestre, 
Leipzig,  concerts  du  Gewaudhans,  1869;  le  150<^ 
psaume  de  David,  pour  soprano  solo,  chœur  et 
orchestre,  festival  de  Boston,  juin  l872;i'>ido- 
li7i,  cantate  dramatique  avec  orchestre,  écrite 
expressément  pour  le  grand  festival  triennal  de 
Birmingham  (28  août  1873),  où  elle  obtint  un 
éclatant  succès  et  d'où  elle  rayonna  ensuite  sur 
toute  l'Angleterre. 

RAOUX  (Louis-Alexis),  compositeur  belge, 
né  à  Courtrai  le  11  septembre  1814,  fut  élève, 
à  Bruxelles,  de  l'Académie  de  musique  dirigée 
par  J.-H.  Mees,  et  acquit  un  talent  réel  sur  le 
violoncelle  et  sur  le  piano,  sans  négliger  l'étude 
delà  composition.  En  1827  il  devint  répétiteur 
à  l'École  royale  de  musique,  en  1831  il  fonda 
une  école  gratuite  de  musique  dans  laquelle  il 
enseignait  aux  jeunes  gens  des  deux  sexes  le 
solfège,  le  chant,  le  piano  et  l'harmonie,  en 
1833  il  devenait  professeur  de  solfège  au  Con- 
servatoire de  Bruxelles,  en  1835  il  ouvrait  une 
Académie  de  musique  où  il  donnait  l'instruction 
musicale  d'après  la  méthode  du  méloplaste,  et 
enfin,  en  1839,  il  créait  un  Conservatoire  de 


musique  classique  et  religieuse,  institution  ex- 
cellente, destinée  à  former  des  organistes  et  des 
maîtres  de  chapelle,  mais  que  sa  santé  ne  lui 
permit  de  diriger  que  pendant  quelques  années. 

Cette  honorable  et  laborieuse  carrière  de  pro- 
fesseur n'empêchait  pas  Raoux.  de  se  livrer  à  de 
nombreux  et  importants  travaux  de  composi- 
tion. Il  écrivit  plusieurs  opéras-comiques,  les 
Deux  Précepteurs,  le  Mariage  à  l'anglaise, 
etc., qu'il  ne  put  parvenir  à  faire  représenter, 
remit  en  musique,  après  tant  d'autres,  les  chœurs 
tïAthalie,  qu'il  fit  exécuter  à  diverses  reprises, 
composa  des  symphonies,  des  ouvertures,  des 
messes,  des  motets,  deux  recueils  de  cantiques, 
un  lecueil  de  chansons  morales, un  oratorio,  des 
cantates,  des  mélodies  vocales,  des  chœurs  sans 
accompagnement,  des  solfèges,  etc. 

Cet  artiste  estimable  et  distingué  mourut  à 
Evère-lez-Brnxelles  le  15  novembre  1855. 

RAPARLIER  ( ),  est  auteur  d'un  ou- 
vrage publié  sous  ce  titre  :  Principes  de  mu- 
sique, les  agréments  du  chant  et  un  essai  sur 
la  prononciation,  V articulation  et  la  proso- 
die de  la  langue  française  (Lille,  Lalan,  1772, 
in-4°). 

RASORI  ( ),  jeune  compositeur  italien, 

est  l'auteur  d'un  opéra  intitulé  Don  Marzio, 
qui  a  été  représenté  sans  succès  à  Milan,  sur  îe 
théâtre  Fossati,  au  mois  de  juillet  1872.  Il  a 
écrit  depuis  lors  un  second  ouvrage  dramati- 
que, Saùl,  qu'il  a  fait  connaître  dans  une  réu- 
nion privée,  mais  qui  n'a  pas  encore  été  pro- 
duit devant  le  public. 

lîAUSCHER  (Jean-Frédéric),  fabricant 
d'instruments  et  facteur  d'orgues  à  Dantzik, 
vivait  dans  la  'seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle  et  inventa,  en  1771,  un  procédé  à  l'aide 
duquel  il  maintenait  l'accord  des  clavecins,  en 
dépit  des  variations  de  la  température. 

RAYERA  (Teresio-Nicolo),  né  à  Alexan- 
drie (Piémont)  en  1851,  a  fait  ses  études  musi- 
cales au  Conservatoire  de  Milan,  où  il  s'est 
appliqué  spécialement  au  piano  sous  la  direction 
de  Sangalli.  11  obtint  le  l^-^  prix  en  1870.  De- 
puis sa  sortie,  il  a  fait  exécuter  à  Milan  une 
symphonie  à  grand  orchestre,  restée  inédite, 
puis  il  s'est  lancé  dans  les  voyages  et  a  par- 
couru les  deux  Amériques,  en  donnant  des  con- 
certs. M.  Ravera  a  publié  à  New-York  :  Tor- 
nero,  romance  pour  soprano;  il  Canto  delV 
Esule,  pour  ténor  ;  et  deux  nocturnes  pour  piano. 
A  Paris,  il  a  publié  un  nocturne  en  si  bémol 
mineur,  deux  valses  de  concert,  et  une  scène  ro- 
mantique pour  piano. 

J.  D.  F. 

*  RAYIXA  (Jean-Henri),  pianiste  renommé 


396 


RAVINA  —  RAYMAN 


et  compositeur  pour  son  instrument,  n'est  point 
mort  en  1862,  comme  une  fausse  nouvelle  alors 
répandue  dans  quelques  journaux  français  l'a 
fait  dire  à  tort  à  l'auteur  de  la  Biographie  uni- 
verselle des  Musiciens.  Issu  d'une  famille  béar- 
naise, il  fut  tout  d'abord  élève  de  sa  mère,  ar- 
tiste elle-même  fort  distinguée,  qui  était  un  des 
professeurs  les  plus  renommés  de  Bordeaux  (1). 
Enfant  prodige,  il  enthousiasma  de  grands  ar- 
tistes, ainsi  que  le  constate  une  note  que  j'ai 
sous  les  yeux  et  d'où  j'extrais  les  lignes  sui- 
vantes ;  —  «  En  1826,  à  liuit  ans.  Ravina  figu- 
rait avec  honneur  dans  un  des  grands  concerts 
de  la  Société  philharmonique  de  Bordeaux,  où 
il  exécuta  un  concerto  de  KalUbrenner.  L'enfant 
précoce  annonçait  un  maître.  Ainsi  en  jugea  un 
des  auditeurs,  l'illustre  violoniste  Rode.  Rode 
fut  émerveillé  de  la  sûreté  de  jeu,  de  l'agilité 
des  doigts,  du  style  et  du  goût  que  montrait  déjà 
l'enfant.  Il  se  leva  de  sa  place,  alla  lui  tourner 
les  pages,  et,  le  morceau  terminé  au  bruit  des 
applaudissements,  prit  le  petit  virtuose  dans  ses 
bras  et  le  porta  triomphant  à  sa  mère.  Dès  ce 
moment,  l'artiste  illustre  se  fit  le  prôneur  et  le 
protecteur  de  l'artiste  en  herbe,  et  aux  encoura- 
gements il  joignit  les  conseils  d'une  longue  expé- 
rience, acquise  au  milieu  des  succès  les  plus 
éclatants.  Nul  doute  que  Ravina  ne  doive  quel- 
ques-unes de  ses  qualités  les  plus  délicates  à  la 
tradition  de  Rode.  On  en  trouverait  peut-être 
directement  la  preuve  dans  les  premières  compo- 
sitions du  jeune  artiste,  qui  datent  de  1829.  En 
1831,  Zimmermnan,  de  passage  à  Bordeaux,  en- 
tendit Henri  Ravina,  que  ses  compatriotes  ap- 
plaudissaient avec  cet  orgueil  de  clocher  que  l'on 
comprendra  toujours.  Zimmermann  fit  comme 
les  Bordelais  :  il  applaudit;  mais  il  attira  Henri 
Ravina  à  Paris,  et  le  fit  entrer  au  Conserva- 
toire. » 

On  sait  que  M.  Ravina  obtint  le  second  prix 
de  piano  en  1832,  le  premier  prix  en  183i,  et 
que  le  premier  prix  d'harmonie  et  accompa- 
gnement lui  fut  décerné  en  1835.  A  la  fin  de 
cette  même  année,  le  24  novembre,  à  peine  âgé 
de  dix-sept  ans,  Ravina  était  nommé  professeur 
adjoint  de  piano  dans  l'école  dont  il  fréquentait 
encore  une  classe  comme  élève  de  composition. 
II  conserva  cette  situation  pendant  un  peu  plus 
d'une  année,  mais  il  donna  sa  démission  le 
25  février  1837  pour  se  livrer  à  la  carrière  de 
virtuose.  A  partir  de  ce  moment,  il  se  produisit 
fréquemment  en  public  et  retrouva  les  succès 
qui  l'avaient  accueilli  dès  ses  plus  jeunes  années, 


(I)  Mme  Ravina,  née  Kiigdnie  Lasalle,  est  morte  à  Pa- 
ris le  16  novembre  1877,  i\  l'rtgc  de  33  ans. 


succès  (|iie  légitimaient  la  grâce,  la  finesse  et  la 
solidité  d'un  jeu  plein  d'élégance  et  d'expression, 
lin  même  temps,  il  se  livrait  à  de  sérieux  tra- 
vaux de  composition,  publiait  ses  Études  de 
concert  et  ses  Éludes  caractéristiques,  qui 
furent  suivies,  plus  tard,  de  plusieurs  recueils  du 
même  genre,  et  produisait  aussi  quelques-uns 
de  ces  jolis  morceaux  de  salon  et  de  concert  qui 
commencèrent  sa  réputation.  Et  comme  si  ce 
nélait  assez  de  ce  double  courant  ,de  travaux, 
M.  Ravina  consacrait  encore  une  notable  partie 
de  son  temps  à  l'enseignement,  qu'il  n'a  jamais 
cessé  d'exercer.  Cet  excellent  artiste  n'a  presque 
jamais  quitté  Paris,  si  ce  n'est  pour  faire  un 
voyage  en  Russie  (1858),  où  il  retrouva  les 
mêmes  succès  qu'en  France,  et  une  rapide  excur- 
sion en  Espagne  (187i).  Il  a  été  nommé  cheva- 
lier de  la  Légion  d'honneur  le  13  août  1861. 

Parmi  les  compositions  publiées  de  JNI.  Ra- 
vina, il  faut  surtout  citer  les  suivantes  :  Con- 
certo, avec  accompagnement  d'orchestre,  op. 
63  (Leduc);  Éhides  mignonnes;  les  Harmo- 
nieuses, 25  études  de  moyenne  difficulté  (Heu- 
gel)  ;  Études  de  concert;  Études  caractéris- 
tiques; .Pièces  intimes,  12  études  à  4  mains,' 
op.  78  (Leduc);  Thème  original,  varié  (Gérard); 
Mélodies  sentimentales,  op.  30  (id.);  Marche 
triomphale,  op.  34  (id.);  Grand  caprice  drama- 
tique, op.  38  (id.)  ;  Chant  d'exil,  Douce  Pen- 
sée, Tristesse,  mélodies,  op.  39,41,42  (id.); 
Havaneras,  fantaisie  espagnole,  op.  52  (Heu- 
gel);  Souvenirs  de  fiussie,  morceau  de  concert 
avec  accompagnement  de  quatuor,  o[». 64  (Leduc); 
les  Oiseaux,  les  Mages,  Joies  du  soir,  études  à 
4  mains,  op.  53,  54,  57(id.);  Délire,  fantaisie 
originale,  op.  59  (id.);  Dialogue,  caprice-étude, 
op.  74  (id.);  Scherzo,  op.  75  (id.)  ;  Canzonetta, 
op.  77  (id.);  Tyrolienne  à  6  mains,  op.  69  (id.); 
Adoremus,  duo  pour  piano  et  orgue,  op.  72 
(id.);  etc.  M.  Ravina  a  donné  une  transcription 
complète,  pour  piano  à  4  mains,  des  symphonies 
de  Beethoven.' 

RAVOIRE  (L )    est  auteur  d'un  écrit 

français  publié  en  Italie  sous  ce  titre  :  De  la 
musique  et  de  la  peinture,  de  leurs  effets  sur 
les  hommes  en  général  et  de  leur  influence 
sur  tes  mœurs.  Milan,  1834. 

IlAY.  —  Voyez  RAJ  (Pietro). 

R.VY.MA:\  (Jacob),  luthier,  était  établi  à 
Londres  au  dix-septième  siècle.  On  le  suppose 
d'origine  allemande  et  on  le  considère  comme  le 
premier  qui  ait  fait  des  violons  en  Angleterre, 
car  on  ne  trouve  pas  trace  avant  lui  d'un  seul 
violon  construit  par  un  ouvrier  anglais.  Son  tra- 
vail diffère  d'ailleurs  sensiblement  de  celui  des 
anciens  luthiers  de  Londres,  et  ses  instruments 


RAYMAN   —  REBORA 


397 


ont  un   caractère  très-accentué  de  fabrication 
tyrolienne. 

RAZZI  (Fra  Serafino),  prêtre  et  musicien 
italien  du  seizième  siècle,  naquit  à  Florence.  Il 
ne  m'est  connu  que  par  la  publication  suivante, 
qui  m'est  signalée  par  M.  le  docteur  Basevi  : 
Libro  primo  délie  Laudi  spirituali  du  di- 
versi  eccell.  e  divoti  autori,  antichi  e  moderni 
composte,  le  quali  si  usano  cantare  in  Firenze 
nelte  chiese,  duppo  il  Vespro  o  la  compiela  a 
coHsolatione  e  trattenimento  de'  devoti  servi 
di  Dio.  Con  la  propria  musica  e  modo  di 
cantare  ciascuna  Lande,  corne  si  è  usalo  da 
(jli  aniiclii,  et  si  usa  in  Firenze.  Raccolie 
dal  R.  P.  Fra  Serafino  Razzi,  fiorentino, 
Venetia,  1563.  Cette  édition  n'est  pas  la  pre- 
mière, et  l'on  croit  que  Razzi  n'a  publié  que  ce 
premier  livre  du  recueil  qui  vient  d'être  décrit. 

READ  (Charles-John),  musicien  anglais 
contemporain,  a  été  pendant  cinq  années,  de 
1836  à  1841,  l'élève  de  l'Académie  royale  de 
musique  de  Londres,  où  il  a  étudié  le  piano,  le 
violon  et  l'barmonie.  Il  est  ti\é  à  Salisbury,  oii 
il  se  consacre,  je  crois,  à  l'enseignement.  On 
connaît  de  cet  artiste  plusieurs  compositions  de 
divers  genres,  consistant  en  ouvertures  à  grand 
orchestre,  quatuors  pour  instruments  à  cordes, 
préludes  et  fugues  pour  le  piano,  etc. 

*  REBER  (Napoléon-Henri).  —  Cet  artiste 
fort  distingué,  qui  n'a  que  le  tort  de  fuir  la  pu- 
blicité avec  autant  d'ardeur  que  d'autres  en 
mettent  à  la  rechercher,  semble  avoir  depuis 
longtemps  complètement  renoncé  aux  succès  du 
théâtre,  pour  se  livrer  sans  réserve  à  ses  travaux 
de  composition  et  aux  soins  de  son  enseignement. 
Dans  ces  dernières  années,  M.  Reber  a  publié 
un  certain  nombre  d'œuvres,  dont  quelques-unes 
fort  importantes,  et  il  en  a  fait  entendre  plusieurs 
dans  un  grand  concert  donné  par  lui  au  Conser- 
vatoire. Esprit  élevé,  studieux  et  réfléchi,  il  n'a 
jamais  flatté  les  faiblesses  du  public,  et  a  tou- 
jours respecté  l'art  en  se  respectant  lui-même. 
Parmi  les  dernières  œuvres  de  M.  Reber,  il  faut 
surtout  citer  na  Roland,  écrit  sur  le  poëme  de 
Quinault,  et  qui  contient  des  pages  de  premier 
ordre. 

Nommé  professeur  d'harmonie  écrite  au  Con- 
servatoire eu  remplacement  de  Colet,  le  1"^  Juin 
1851  M.  Reber  a  été  appelé,  en  1862,  à  succéder 
à  Halévy  comme  professeur  de  composition.  En 
1853  il  était  élu  membre  de  la  section  de  mu- 
sique de  l'Académie  des  Beaux-Arts,  lors  de  la 
mort  d'Onslow,  et  en  1854  il  était  fait  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur.  Parmi  les  élèves  formés 
par  lui,  nous  citerons  MM.  Eugène  Diaz,  Ben- 
jamin Godard,  Arthur  Pougin,    Isidore  Lotto, 


Legouix,  etc.  Le  catalogue  des  œuvres  de  M.  Re- 
ber doit  se  compléter  de  la  façon  suivante  : 
1"  le  Diable  amoureux,  ballet  en  3  actes  (en 
société  avec  Benoist),  Opéra,  23  septembre  1840; 
2"  Aaim,  grand  opéra  (inédit);  3"  Roland, 
scènes  lyriques,  extraites  du  poëme  de  Quinault 
(Paris,  Colombier);  4°  1'"''  symphonie  pour  or- 
chestre, en  ré  mineur  (Paris,  Richault)  ;  5'  2^ 
symphonie,  en  ut  (id.);  6"  3"=  symphonie,  en  mi 
bémol  (id.);  y" 4"=  symphonie, en soZ  (id.);  8' Suite 
de  morceaux  pour  orchestre  (1.  Pastorale;  2. 
Danse  des  Pirates;  3.  Hymne;  4.  Valse  du  Dia- 
ble amoureux  ;  5.  Marche  du  Ménétrier  à  la 
cour;  6.  Pas  de  deux  du  Diable  amoureux  ; 
7.  Valse  de  la  Nuit  de  Noël;  8.  Menuet;  9. 
Rêverie;  10.  Galop)  (id.);  S'^bis  les  mêmes,  pour 
piano  à  4  mains  (id.)  ;  9"  6  valses  pour  piano  et 
violon  ou  violoncelle,  op.  9  (id.);  10°  Pièces  de 
différents  caractères  pour  piano  et  violon  ou  vio- 
loncelle, en  3  suites,  op.  11  (id.);  11"  Pièces  de 
différents  caractères  pour  piano  et  violon,  ou 
flûte,  ou  violoncelle,  en  3  suites,  op.  15  (id.); 
ii°bis\es  mêmes,  pour  piano  à  4  mains  (id.);  12» 
Neuf  pièces  de  différents  caractères,  en  forme  de 
valses,  pour  piano,  op.  3  (id.)  ;  13°  Six  valses 
expressives,  pour  piano,  op.  10  (id.);  14°  Six 
pièces  de  différents  caractères  pour  piano,  en 
3  suites, op.  13  (id.);  lo»  Six  pièces  pour  piano, 
op.  14  (id.);  10°  Pensée  et  Souvenir,  pour 
piano  (id.);  17°  Collection  de  33  mélodies  pour 
le  chant,  avec  accompagnement  de  piano  (id.); 
18°  vocalises  pour  soprano  ou  ténor,  avec  accom- 
pagnement de  piano,  op.  16  ;  19»  Ave  Maria 
pour  2  sopranos,  ténor  et  basse,  avec  orgue; 
20°  Agnus  Dei  pour  2  sopranos,  ténor  et  basse, 
avec  orgue;  21°  le  Soir,  chœur  à  4  voix  d'hom- 
mes, avec  piano;  22°  Chœur  de  Pirates  à  3  voix 
d'hommes,  avec  piano;  23°  Bagatelles,  30  pe- 
tites pièces  pour  piano,  op.  36  (Paris,  Richault). 

Al.  R— D. 
REBLI\G  (Gustave),  organiste  et  com- 
positeur allemand,  né  à  Barby,  près  Magde- 
bourg,  le  10  juillet  1821,  reçut  d'abord  des 
leçons  de  son  père,  puis  fréquenta,  de  1836  à 
1839,  l'institut  musical  de  Fr.  Schneider,  après 
quoi  il  devint  organiste  de  l'église  française  de 
Magdebourg.  Appelé  plus  tard  à  remplir  les 
mêmes  fonctions  à  l'église  Saint-Jean,  de  la  même 
ville,  il  fonda  en  1846  la  Kirchengesangverein 
(Société  de  chant  d'église).  Comme  compositeur, 
on  doit  à  cet  artiste  des  sonates  et  autres  03u- 
vres  pour  le  piano,  plusieurs  psaumes  et  un  cer- 
tain nombre  de  lieder. 

REBORA  (NiNo),  jeune  compositeur  italien, 
né  à  Gênes,  a  écrit  la  musique  de  Corinna, 
opéra  qu'il  a  fait  représenter  sur  le  théâtre  Mer- 


398 


REBORA  —  REICHEL 


cadantc,  dcNaples,  le  13  février  1875,  et  qui  n'a 
obtenu  aiiriin  succès. 

RE  DEUX  (Le  comte  FRÉDÉRic-GurixAUME 
DE),  dignitaire  prussien,  compositeur  amateur, 
exerçait  les  fonctions  de  grand  chambellan  et 
d'intendant  général  des  théâlres  royaux  et  de  la 
musique  de  la  cour,  à  Berlin,  lorsqu'il  lit  re- 
présenter sur  le  théâtre  royal  de  cette  ville,  au 
mois  de  janvier  1860,  la  Reine  Christine  (ou 
Christine  de  Suède),  opéra  en  3  actes  dont  il 
avait  écrit  la  musique.  Peu  de  temps  après, 
dans  un  grand  concert  qui  avait  lieu  à  la  cour 
pour  une  cérémonie  oflicielle,  il  fit  exécuter  une 
Ouverture  de  Fête  de  sa  composition,  ftl.  de  Re- 
dern  est  né  à  Berlin  le  9  décembre  1802, 

REDOX  i,FÉLix-ERNEST},  né  à  la  Nouvelle- 
Orléans  le  15  juin  1835,  a  été  l'élève  de  Schad 
pour  le  piano,  et  de  Schaffner  pour  l'harmonie 
et  la  composition.  M.  Redon,  qui  habite  Bordeaux, 
a  publié  les  œuvres  suivantes  pour  piano  : 
Louisidad  et  la  Créole,  op.  1  (Bordeaux, 
Raver);  Maïka,  op.  2  (id.)  ;  Pensée  fugitive, 
op.  3  (Paris,  Fiaxiand)  ;  Menuet,  op.  4  (id.}; 
Deux  mazurkas,  op.  5  (id.);  Trois  impromp- 
tus-mazurkas, op.  6  (id);  Lied,  op.  7  (id.); 
Beux  ariettes,  op.  8  (id.);  Andanie-Valse,  op. 
9  (id.)  ;  Cinq  feuillets  d''album,  op.  10  (Bor- 
deaux, Raver)  ;  Grande  Valse,  op.  1 1  (Paris, 
Benoît)  ;  Fantaisie- Mazurka,  op.  12  (Paris, 
Fiaxiand);  Valsons  encore,  valse,  op.  13  (Bor- 
deaux, Raver)  ;  Ballade,  op.  14  (id.);  Ecossaise, 
op.  15  (id.);  Étude,  op.  16  (id.);  JSovelette,  op. 
17  (id.);  Havanaise,  op.  18  (id.);  Six  esquisses 
musicales,"^,  0^.  19  (id.);  Hommage  à  Schu- 
mann,  romance  sans  paroles,  op.  20  (Paris, 
Heugel);  Gigue  américaine,  op.  21  (id.);  Ber- 
ceuse créole,  op.  22  (id.);  Romance,  op.  23 
(Paris,  Durand  et  Schcenewerk)  ;  Chanson  des 
Blés,  op.  24  (id.);  Deuxième  lied,  op.  25  (id.). 
C'est  M.  Red.on  qui  a  fait  les  remarquables  ré- 
ductions pour  piano  à  2  et  à  4  mains  de  la 
Damnation  de  Faust,  de  Berlioz  .  —  A.  L — î«. 

REGLI  (Frxncesco),  écrivain  italien,  né  à  Mi- 
lan en  1804,  est  mort  en  cette  ville  le  10  mars 
1866.  Ceux  de  ses  écrits  intéressant  la  musique 
sont:  1°  Dizionario  biografico  [TiirÏQ,  Dalmaz- 
zo,  in-S",  IsfiO),  espèce  de  Vapereau  italien,  mais 
fort  mal  fait,  utile  néanmoins  par  ses  renseigne- 
ments sur  les  artistes  contemi)orains  ;  2°  Storia 
del  Violino  in  l'icmonte  (Turin,  Dalmaz/o, 
1863,  in-8",  avec  portrait  de  Paganini);  3"  Bio- 
grafia  di  Ho$sini;^°  Elogio  diFelice  Romani, 
l'un  des  plus  habiles  librettistes  italiens  de  ce 
siècle.  Regii  rédigeait  encore ,  lorsqu'il  mourut, 
un  journal  de  théâtre,  ii  Pirata,  qu'il  avait  fondé 
à  Milan  en  1835. 


REGXAULT  ( ),  compositeur,  fit  ses 

études  au  Conservatoire  de  Paris,  et  se  fi\a 
ensuite  à  Caen.  Il  fit  exécuter,  en  l'église  Saint- 
Étienne  de  cette  ville,  .plusieurs  œuvres  impor- 
tantes de  musique  religieuse  :  le  9  juin  1811, 
pour  la  naissance  du  roi  de  Rome,  un  Te  Deiun; 
le  2  juin  1814,  «  pour  les  royales  victimes  de 
93,  »  un  Requiem;  et  pour  la  fête  de  la  Sainte- 
Cécile,  un  Credo,  un  Domine  salvum  et  un 
Vivat. 

REHBAUM  (Tuéobald),  violoniste  et  com- 
positeur allemand  contemporain,  a  publié  récem- 
ment un  recueil  de  20  Exercices  faciles  et  spé- 
ciaux pour  le  violon,  op.  13  (Berlin,  Schle- 
singer);  on  lui  doit  diverses  autres  compositions 
pour  cet  instrument,  ainsi  qu'une  École  d'alto 
à  Vusage  des  violonistes  {Bratschen-Sckule 
zum  Selbstunterricht  fiir  violinisten),  op.  9 
(Berlin,  Schlesinger).;On  a  annoncé  comme  pro- 
chaine, en  ces  derniers  temps,  la  première  re- 
présentation au  théâtre  de  Dresde  d'un  opéra- 
comique  en  3  actes  de  M.  Th.  Rehbaum,  Don 
Pahlo.  J'ignore  si  cet  ouvrage  a  vu  le  jour. 

*  REICHA  (Antoine).  —  La  bibliothèque  du 
Conservatoire  de  Paris  possède  un  traité  manus- 
crit de  cet  artiste,  qui  semble  être  restéjusqu'ici 
complètement  inconnu  ;  cet  ouvrage,  écrit  en 
allemand,  porte  le  titre  que  voici  :  Philoso- 
phïsche practische  anmerkungen  zu  de»  prac- 
tischen  Beyspielen  {Observations  pMlosophico- 
pratiques  pour  les  exemples  pratiques)  ;  les 
principaux  chapitres  sont  ainsi  intitulés  :  Avan- 
tages de  la  musique  parmi  les  sept  arts  li- 
béraux; Mathématiques  et  musique;  V Ar- 
tiste^ le  Compositeur  ;  le  Pianiste;  etc.  Le 
manuscrit  de  Reicha  comprend  47  pages  in- 
folio. Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  cet  ouvrage 
n'a  jamais  été  publié. 

REICHEL  (Frédéric),  musicien  allemand, 
né  le  27  janvier  1833  à  Oberoderwitz,  près 
Zittaii,  se  signalait  tout  à  la  fois,  dit-on,  dès 
l'âge  de  onze  ans,  comme  organiste,  violoniste, 
llùtiste,  corni.ste,  timbalier  et  chanteur.  En  IS48 
il  se  rend  à  Dresde  pour  y  compléter  son  ins- 
truction musicale,  prend  en  cette  ville  des  leçons 
de  piano  de  Frédéric  Wieck,  puis  entre  à  Posen, 
comme  professeur  de  mu.si(jue,  dans  la  famille 
du  comteSzembeck.il  retourne  ensuite  à  Dresde, 
travaille  de  nouveau  avec  Wieck,  étudie  la 
théorie  de  l'art  avec  Jules  Otto  et  Rietz,  et  se 
consacre  à  l'enseignement  et  à  la  composition. 

Très-recherché  comme  professeur,  M.  Reicliel 
a  dirigé  successivement  plusieurs  sociétés  de 
chant.  En  tant  que  compositeur,  il  a  écrit  des 
quatuors  pour  instruments  à  cordes,  des  octuors 
pour  instruments  à  vent,  des  études  de  piano, 


REICHEL  —  REINSDORP 


399 


des  morceaux  de  genre  pour  le  même  instru- 
ment, des  chœurs,  etc.  On  lui  doit  aussi  une 
opérette,  die  Geangdeten  Diplomaten  {les  m- 
plomates  timides),  qui  a  été  représentée  en 
1875,  à  Dresde,  sur  le  tiiéàlre  de  la  cour. 

*  REI\A  (Dominique),  chanteur  italien  dis- 
tingué. —  Dans  la  seconde  édition  de  son  An- 
nuario  musicale,  M.  Palosclii  fixe  la  date  de 
la  naissance  de  cet  artiste  à  iannée  1797,  et  le 
dit  mort  à  Lugano  le  29  juillet  1843. 

REIiXDL  (Benoit),  moine  et  musicien  du 
dix-huitième  siècle,  fut  capilulaire  de  l'abbaye 
des  bénédictins  de  Dissentis  (Suisse),  et  s'est 
fait  connaître  comme  compositeur  par  un  recueil 
de  messes  à  quatre  voix,  publié  en  1789  sous  ce 
litre  :  Annulus  eucharisticiis  sex  gemrnis  co- 
ruscaus.  Ce  recueil  fut  dédié  par  son  auteur  à 
Beat  Kùttel,  prince-abbé  d'Einsiedeln. 

REI\DL  (Constantin),  professeur  au  Gym- 
nase de  Lucerne  de  1770  à  1790,  peut-être 
parent  du  précédent,  fut  un  violoniste  et  un 
violoncelliste  renommé,  en  même  temps  qu'un 
compositeur  de  mérite.  On  lui  doit  plusieurs 
symphonies,  une  messe  à  trois  chœurs,  un 
offertoire  pour  voix  de  soprano  avec  orchestre, 
et  diverses  antres  œuvres. 

*  REI^'ECKE  (Charles),  pianiste  et  com- 
positeur allemand,  est  aujourd'hui  chef  d'or- 
chestre de  la  célèbre  société  musicale  Geivand- 
haus,  de  Leipzig.  Virtuose  très-remarquable, 
M.  Reinecke  a  obtenu  sous  ce  rapport  de  très- 
grands  succès,  non-seulement  dans  toute  l'Alle- 
magne, mais  aussi  à  Londres,  où  il  s'est  vu 
très-bien  accueilli.  Musicien  fort  instruit,  théo- 
ricien expérimenté,  il  est  cependant  moins  heu- 
reux comme  compositeur,  malgré  sa  rare  fécon- 
dité; ses  œuvres,  bien  conçues,  bien  construites, 
manquent  essentiellement  d'originalité,  et  l'ins- 
piration leur  fait  trop  souvent  défaut.  En  réalité, 
M.  Reinecke,  qui  est  un  praticien  consommé, 
n'est  quun  artiste  secondaire  au  point  de  vue  de 
la^création  proprement  dite. 

Parmi  les  œuvres  nombreuses  de  M.  Reinecke, 
je  signalerai  les  suivantes  :  le  Roi  Manfred, 
opéra  en  5  actes,  représenté  à  Leipzig  et  à 
Wiesbaden -,  une  Aventure  de  Hândel,  opéra- 
comique  en  un  acte(Schwenn,  théâtre  de  la  cour, 
novembre  1873);  die  Mœnkguter,  id.  (Berlin, 
1874);  un  oratorio  dont  j'ignore  le  titre;  Dame 
Kobold,  Aladin,  ouvertures  de  concert;  Sym- 
phonie en  /a  majeur;  Symphonie  en  ut  mineur; 
Friedensfeier,  ouverture  de  fête  ;  2  messes  avec 
orchestre;  Quintette  pour  piano  et  instruments 
à  cordes,  op.  83;  Quatuor  pour  instruments  à 
cordes,  op.  132;  Dornrœsclien,  scène  pour  3 
voix  seules,  chœurs,  et  déclamation,  avec  ac- 


compagnement de  piano,  op.  139;  la  Fuite  en 
ÉO'Jple,  pour  ciid'ur  et  orchestre;  In  Memo- 
riam,  introduction  et  fugue  avec  choral  pour 
grand  orchestre;  1*^%  2%  3*  Concertos  de  piano, 
avec  accompagnement  d'orchestre;  Concerto  de 
violon,  id.,  op.  141;  Concerto  de  violoncelle, 
id.;  3  Sonatines  pour  piano,  op.  47;  3  Sonatines 
pour  piano,  op.  98;  6  Sonates- miniature,  op. 
13C;  6  Z/e(/er-sonalines  ;  Variations  pour  piano, 
op.  52;  Études  pour  piano,  op;  137;  18  Pièces 
faciles  pour  piano,  op.  91  et  1,35;  Ballade  pour 
piano,  op.  20;  Variations  sur  une  Sarabande  de 
Bach,  pour  2  pianos  ;  Impromptu  pour  2  pianos, 
op.  66  ;  la  Belle  Griselidis,  duo  pour  2  pianos; 
Marchengestalten,  fantaisie  pour  piano,  op. 
147;  Kinderiieder,  op.  37,  03,  75,  91,  135,  138  ; 
un  grand  nombre  de  lieder  à  une  ou  plusieurs 
voix,  chœurs,  etc.  M.  Reinecke  a  donné  une 
édition  des  œuvres  de  Bach  pour  le  piano,  et 
on  lui  doit  toute  une  série  de  Cadences  pour 
des  concertos  de  piano  classiques  (de  Bach, 
Mozart,  Beethoven  et  Weber),  op.  87. 

REIXHOLD  (Hlgo),  l'un  des  mieux  doués 
parmi  les  jeimes  compositeurs  autrichiens,  est 
né  à  Vienne^le  3  mars  1854.  Après  avoir  été 
pendant  quatre  ans  enfant  de  chœur  à  la  cha- 
pelle de  la  cour,  il  obtint,  par  l'entremise  du 
chef  d'orchestre  Herbeck,  un  subside  qui  lui 
permit  de  poursuivre  ses  études  au  Conserva- 
toire de  Vienne,  où  il  eut  pour  maîtres  Bruckner, 
Epstein  et  Dessoff,  et  où  il  obtint  la  médaille 
d'argent.  Le  9  décembre  1877,  il  faisait  exé- 
cuter au  Concert  philharmonique,  société  célèbre 
de  Vienne,  une  suite  de  morceaux  pour  piano  et 
orchestre  d'instruments  à  cordes;  l'année  sui- 
vante il  y  faisait  entendre,  avec  un  très-grand 
succès,  un  prélude,  un  menuet  et  une  fugue 
pour  semblable  orchestre.  Depuis  lors,  le  jeune 
artiste  a  publié  des  lieder,  divers  morceaux  de 
piano  et  des  chœurs  pour  voix  d'hommes.  Il  a 
écrit  aussi  deux  symphonies,  qui  doivent  être 
exécutées  piochainement.  Les  compositions  de 
M  Reinhold  se  distinguent  par  une  imagination 
brillante,  une  grande  pureté  de  forme  et  une 
instrumentation  fine  et  distinguée. 

J.  B. 

RELXSDORF  (Otto),  compositeur  et  écri- 
vain musical,  né  à  Kœsclitz  (Anhalt),  le  28  mai 
1848,  a  fait  ses  études  à  Berlin,  où  il  fut  l'élève 
de  M.  Kullak  pour  le  piano  et  de  M.  Richard 
Wuerst  pour  la  composition.  Il  était  à  peine  âgé 
de  vingt-deux  ans  lorsqu'en  1870,  à  Leipzig,  il 
commença  à  collaborer  à  la  Nouvelle  Revue 
musicale,  tout  en  publiant  ses  premières  com- 
positions. Après  avoir  pris  part  aussi  à  la  rédac- 
tion de  la  Tonhalle,  il  fonde  coup  sur  coup 


400 


REIiNSDORF  —  REISSIGER 


(1872-1873)  un  «  bureau  central  de  musique  » 
et  un  journal  qui  avait  pour  titre  :  Gazette  cen- 
trale de  la  musique.  Ces  deux  entreprises 
ayant  étlioué,  il  va  fonder  à  Cassel  la  Gazeile 
universelle  allemande  de  musique,  dont  l'exis- 
tence dure  à  peine  une  année,  occupe  une  place 
de  professeur  qu'il  abandonne  presque  aussitôt, 
et  part  pour  Vienne  où  il  crée  en  1875  un  troi- 
sième journal,  le  Journal  illustré  de  musique 
et  de  théâtre,  dont  il  se  sépare  au  bout  de  peu 
de  temps.  11  devient  alors  directeur  d'opéra  dans 
quelques  petites  villes,  puis  revient  en  1877  à 
Berlin,  où  je  crois  qu'il  est  encore  aujourd'hui. 
Tout  en  s'occupant  ainsi  de  littérature  musicale, 
M.  Reinsdorf  ne  négligeait  pas  la  composition  et 
publiait,  tantôt  chez  un  éditeur,  tantôt  cliez  un 
autre,  diverses  œuvres  dont  le  nombre  atteint 
aujourd'liui  le  chiffre  de  soixante-dix  environ,  et 
qui  consistent  surtout  en  lieder  et  en  pièces  de 
genre  pour  le  piano.  On  assure  que  M.  Reinsdoif 
n'est  pas  un  artiste  sans  valeur,  et  qu'avec  un 
peu  plus  de  constance  dans  le  caractère,  un  peu 
plus  de  fixité  dans  les  idées,  il  pourrait  se  dis- 
tinguer tant  comme  compositeur  que  comme 
écrivain. 

*  REIXTHALER  (Ch\rles-Martin),  est 
né  le  13  octobre  1822  à  Erfurt,  où  son  père  avait 
fondé  et  dirigeait  une  maison  d'éducation.  11 
manifesta  de  bonne  heure  un  goût  prononcé 
pour  la  musique,  et  reçut  d'Auguste  Rilfer,  qui 
fut  plus  tard  organiste  de  la  cathédrale  de  Mag- 
debourg,  des  leçons  de  piano,  d'orgue  et  d'har- 
monie. En  1841,  il  se  rendit  à  Berlin  pour  y 
étudier  la  théologie,  mais  cette  étude  ne  put  lui 
enlever  sa  passion  pour  la  musique,  qu'accom- 
pagnait chez  lui  celle  du  dessin  et  de  la  peinture, 
et  il  prit  des  leçons  du  fameux  théoricien  A.-B. 
Marx. 

Tout  en  passant  ses  derniers  examens  de 
théologie,  M.  Reinthaler  commença  à  se  produire 
comme  compositeur,  en  faisant  exécuter  quel- 
ques psaumes  par  le  chœur  de  la  cathédrale  de 
Berlin.  Ces  ouvrages  furent  bien  accueillis,  et  le 
roi  Frédéric-Guillaume  IV,  pour  encourager  le 
jeune  artiste,  lui  accorda  un  subside  pour  aller 
en  Italie,  et  particulièrement  à  Rome,  étudier  le 
cliant  d'église  italien.  M.  Reinthaler  voulut 
passer  par  la  iM'ance  et  vint  d'aboj'd  à  Paris, 
pour  s'y  fortifier  dans  la  pratique  et  l'enseigne- 
ment du  chant;  à  cet  effet,  il  prit  des  leçons  de 
Géraldy  et  de  Bordogni,  après  quoi,  en  1851,  il 
partit  pour  l'Italie,  séjournant  surtout  à  Naples 
et  à  Rome.  De  retour  en  Allemagne  en  1853,  il 
devenait  professeur  de  chant  au  Conservatoire 
de  Colognt^  et  en  1858  il  était  appelé  à  Brème 
comme  organiste  de  la  cathédrale.  II  se  fit  une 


grande  situation  dans  cette  dernière  ville,  où  il 
prit  la  direction  de  l'Académie  de  chant  (fondée 
en  1815  par  le  docteur  Riem)  et  celle  de  la 
Lieder  ta  fel,  en  môme  temps  que  celle  des  con- 
certs privés,  qui  y  étaient  organisés  sur  le  mo- 
dèle des  belles  séances  du  Gewandhaus  de 
Leipzig;  il  dirigeait  aussi  les  chœurs  de  la  ca- 
thédrale, et  fit  preuve  dans  ces  fonctions  di- 
verses et  multiples  d'une  grande  habileté  et  d'un 
talent  pratique  incontestable. 

Outre  les  compositions  de  M.  Reinthaler  qui 
ont  été  mentionnées  dans  la  Biographie  uni- 
verselle des  Musiciens,  il  faut  signaler  les  œu- 
vres suivantes  :  Edda,  opéra  en  4  actes,  qui  a 
été  représenté  à  Brème  le  22  février  1875;  das 
Mxdchen  von  Cola,  composition  pour  chœur 
et  orchestre;  In  der  Wilste  (Dans  le  Désert), 
cantate  pour  soli,  chœurs  et  orchestre  ;  2  duos 
pour  soprano  et  contralto,  avec  piano,  op.  28; 
une  symphonie  ;  des  ouvertures,  des  morceaux 
religieux,  des  quatuors  pour  voix  d'hommes  et 
pour  voix  mixtes,  et  enfin  le  Bismark- Hymne, 
qui  a  remporté  le  prix  au  concours  ouvert  pour 
la  mise  en  musique  de  la  poésie  de  M.  Rodol- 
phe Gotlschall. 

*  IlEISET  ( DE),  diplomate  français 

et  compositeur  amateur,  était  en  1802  chargé 
d'affaires  de  France  à  Darmstadt,  et  quelques 
années  plus  tard  ambassadeur  à  Hanovre.  Il 
s'occupait  beaucoup  de  musique,  et  écrivit 
d'abord  un  petit  opéra  intitulé  le  Meunier  de 
Marlinac,  qu'il  fit  représenter  à  Darmstadt,  au 
mois  de  février  1863,  sous  le  pseudonyme  de 
Jesper  ;  je  crois  bien  que  c'est  le  même  ouvrage 
qu'il  donna  l'année  suivante  à  Brunswick,  sur 
le  théâtre  de  la  cour,  sous  le  nouveau  titre  de 
la  Meunière  de  Marly  (titre  d'un  ancien  vau- 
deville français,  qui  avait  sans  doute  servi  de 
livret)  et  sous  le  pseudonyme  plus  transparent 
de  Tester.  Enfin,  au  mois  de  janvier  18C5,  M.  de 
Reiset  fit  jouer,  sur  le  même  théâtre  de  Bruns- 
wick, un  nouvel  opéra  en  2  actes,  Dona  Maria, 
infante  d'Espagne,  dont  il  avait  écrit  la  musi- 
que en  société  avec  M.  Langert  et  pour  lequel 
il  se  dissimula  encore  sous  le  pseudonyme  de 
Tesier,  qui  forme  l'anagramme  de  son  nom. 

*  REISSIGER  (Frédéric-Auguste),  com- 
positeur, est  né  à  Beizig,  non  en  1804,  mais  le 
20  juillet  1809.  Il  reçut  de  son  père  sa  première 
instruction  musicale  et  littéraire,  et  avant  d'avoir 
accom|ili  sa  treizième  année,  il  fut  admis,  après 
examen,  au  Thomaschor  de  Leipzig.  Là,  il 
reçut  des  leçons  de  Schicht  et  de  Th.  Weinlig, 
en  même  temps  qu'il  prenait  part,  comme  les 
meilleurs  élèves  de  cet  établissement,  à  l'exécu- 
tion des  excellents  concerts  du  Gewandhaus,  où 


REîSSIGER  —  REISSMANN 


401 


son  jpunc  esprit  se  prit  d'admiration  pour  les 
chefs-d'œuvre  de  Haydn,  de  Mozart  et  de 
Beethoven.  En  1830,  M.  Rcissiger  entra  à  i'u- 
uiversilé  de  Berlin  pour  y  étudier  la  théologie  ; 
mais,  ses  ressources  se  bornant  à  une  modique 
pension  annuelle  de  59  lh;ilers  que  lin'  servait  sa 
ville  natale,  il  dut  se  mettre  à  donner  des  leçons 
pour  vivre.  Sur  les  conseils  de  Zelter,  il  prit 
des  leçons  d'harmonie  et  de  contre-point  du 
professeur  Dehn,  et  bientôt  publia  quelques 
compositions,  consistant  en  lieder  avec  piano, 
recueils  de  duos,  marches,  morceaux  de  danse 
et  de  genre  pour  le  piano. 

En  1840,  on  lui  offrit  l'emploi  de  chef  d'or- 
chestre au  théâtre  de  Christiania  (Norwége).  Il 
accepta,  et,  tout  en  remplissant  ces  fonctions, 
se  livra  activement  à  la  composition,  écrivant 
plusieurs  ouvertures  de  concert,  des  messes, 
un  Requiem,  diverses  cantates,  ainsi  que  la  mu- 
sique de  <ieux  ouvrages  dramatiques  :  Tie  Sc- 
ters,  et  Ogtemanders  Reprasent^  .it.  En  môme 
temps,  il  se  faisait  remarquer  par  son  amour 
pour  les  mélodies  norwégiennes^  qu'il  recher- 
chait de  toutes  parts  et  qu'il  arrangeait  avec  un 
art  très-habile. 

Après  un  séjour  de  dix  ans  à  Christiania, 
M.  Reissiger,  fatigué  de  la  vie  de  théâtre,  se 
rendit  à  Frederikshalt,  comme  organiste  et  chef 
de  musique  de  la  V  brigade.  Là,  il  dut  tourner 
son  talent  du  côté  de  la  musique  militaire,  et 
composa  un  grand  nombre  de  fantaisies  sur  des 
mélodies  norwégiennes,  suédoises  et  «lanoisos, 
ainsi  que  des  marches,  pas  redoublés,  polo- 
naises, valses,  etc.,  qui  obtinrent  de  grands  suc- 
cès; un  quintette  pour  instruments  à  cordes, 
qu'il  écrivit  sur  des  thèmes  norwégiens,  lui 
valut  surtout  une  grande  popularité.  Devenu 
aussi  directeur  d'une  société  chorale,  M.  Reissi- 
ger publia  plus  de  50  chœurs  pour  voix  d'hom- 
mes, et  enfin,  comme  chef  d'orchestre  de  la  So- 
ciété musicale  de  Frederikshalt,  il  eut  de  nom- 
breuses occasions  de  déployer  son  talent  de 
compositeur.  M.  Reissiger  est  particulièrement 
estimé  en  Norwége,;^  où  son  talent  très-réel, 
l'amour  dont  il  s'est  épris  pour  les  mélodies  na- 
tionales et  l'habileté  remarquable  avec  laquelle 
il  a  su  les  mettre  en  œuvre  en  plus  d'une  occa- 
sion, lui  ont  créé  de  vives  sympathies. 

REISS\IAiVi\  (Auguste),  docteur  en  philo- 
sophie, pianiste,  organiste,  violoniste,  composi- 
teur et  écrivain  musical,  est  l'un  des  artistes  les 
plus  laborieux  et  les  plus  actifs  de  l'Allemagne 
à  l'époque  actuelle.  Né  le  14  novembre  1825  à 
Frankenstein,  dans  la  Silésie,  il  apprit  les  pre- 
miers éléments  de  l'art  d'un  cantor  nommé 
H.  Jung,  excellent  maître  qui  a  formé  en  Silésie 

BIOGR.    UNIV.    DES  MUSICIENS.    —    SUPPL.    — 


nombre  de  cantors  et  organistes  fort  habiles.  En 
18'»3,  M.  Reissmann  alla  terminer  son  éducation 
littéraire  à  l'université  de  Breslau,  et  là  il  con- 
tinua à  s'occuper  activement  de  musicjue,  étu- 
diant le  piano  ,  l'orgue  et  la  composition  avec 
E.  Richter,  et  le  violon  avec  1*.  Luster.  Ses 
éludes  achevées,  il  se  livra  décidément  à  la 
carrière  artistique,  et  pendant  un  séjour  de  deux 
années  qu'il  fit  à  Weimar,  de  1850  à  1852,  il 
prit  hardiment  parti  pour  les  théories  et  les 
doctrines  de  M.  Richard  Wagner. 

Ayant  quitté  Weimar,  M.  Reissmann  alla  se 
fixer  à  Halle,  où  il  resta  longtemps  et  où,  tout 
en  consacrant  une  partie  de  son  temps  à  la  com- 
position, il  commença  à  s'occuper  de  critique  et 
à  se  livrer  à  de  sérieuses  recherches  sur  l'his- 
toire de  la  musique  et  des  musiciens  allemands. 
Le  premier  fruit  de  ses  travaux  en  ce  genre  fut 
un  écrit  important  qu'il  publia  sous  ce  titre  : 
Von  Bach  bis  Wagner  {De  Bach  à  Wagner), 
Berlin,  Guttenberg,  1861.  Deux  ans  après,  en 
1863,  il  allait  s'établir  à  Berlin,  qu'il  n'a  pas 
quitté  depuis;  là,  sa  grande  activité  lui  permit, 
sans  cesser  de  s'occuper  de  composition  et  de 
littérature  musicale,  de  se  donner  aussi  à  l'en- 
seignement. Il  publia  d'abord  un  ouvrage  sur  le 
lied  :  das  Lied  in  seincr  historischen  Entwicke- 
lung  {le  Lied  dans  son  développement  histo- 
rique), ouvrage  qui  fut  refait  et  publié  en  1874 
sous  ce  nouveau  titre  :  Geschichte  des  dentschen 
Lied  {Histoire  du  lied  allemand).  Cet  écrit  fut 
suivi  d'une  Histoire  universelle  de  la  musique 
{Allgemeinen  Musikgeschichte),  en  trois  volu- 
mes, qui  parut  de  1863  à  1865,  et  d'un  ouvrage 
pédagogique  intitulé  Allgemeinen  Musiklehre 
{Enseignement universel  delamusique),  Ber- 
lin, 1864.  En  1865,  M.  Reissmann  livrait  au 
public  une  importante  biographie  de  Schumann  : 
Robert  Schumann,  sa  vie  et  ses  œuvres,  et 
l'année  suivante  il  commençait  la  publication 
d'un  grand  traité  didactique  :  Lehrbuch  der 
musikalischen  Composition  {Traité  de  com- 
position musicale),  qui  ne  comporte  pas  moins 
de  trois  volumes  (1);  il  a  donné  ensuite  une 
étude  biographique  sur  Félix  Mendelssohn- 
Bartholdy  (1872),  une  autre  sur  Franz  Schu- 
bert (1874),  et  une  brochure  intitulée  die  Kœnig- 
liche  Hochschule  fur  Musik  in  Berlin  {De 
l'École  supérieure  royale  de  musique  à  Ber- 
lin). Enfin,  il  a  fait  au  Conservatoire  de  cette 
ville  une  série  de  conférences  sur  l'histoire  de 


(I)  Je  ne  connais  pas  cet  ouvrage,  qui  fut  publié  à 
Hcrlin  de  18g6  à  1S70.  Fétis  a  fait  un  compte-rendu  sévère 
du  premier  volume  dau'.  la  llevue  et  Gazette  thusicale  de 
Paris,  année  186g,  h»  7. 

T    II.  26 


402 


REISSMANN  —  REMENYI 


la  musique,  lesquelles  ont  élé  réunies  et  publiées 
en  1877  chez  l'éditeur  Otto  Janke. 

Mais  ces  nombreux  travaux  littéraires  ne  ra- 
lentissaient en  aucune  façon,  chez  M.  Reissmann^ 
la  production  musicale  proprement  dite,  et  le 
compositeur  ne  le  cédait  en  rien  à  l'écrivain. 
M.  Reissmann  se  produisit  à  plusieurs  reprises 
au  théAIre,  avec  des  ouvrages  importants;  il 
donna  ainsi  GudrtDi,  grand  opéra  dont  le  rôle 
principal  était  rempli  par  une  cantatrice  de  ta- 
lent, M'""  Peschka-Leutner,  et  qui  fut  très-favo- 
rablement accueilli  à  Leipzig  au  mois  d'octobre 
1871,  puis  (las  Gralspiel,  grand  opéra,  et  un 
opéra-comique  intitulé  le  Bourgmestre  de 
Schondorf.  On  connaît  aussi  de  lui,  outre  deux 
grandes  scènes  dramatiques,  Loreley,  et  la 
Mort  de  Drusus,  pour  voix  seules,  chœurs  et 
orchestre,  un  «  oratorio  dramatique,  »  Witle- 
kind,  œuvre  remarquable,  dit-on,  dont  il  a  écrit 
les  paroles  et  la  musique,  et  qui  a  été  exécuté 
avec  succès  à  Berlin  au  mois  de  mai  1877. 
M.  Reissmann  a  composé  aussi  beaucoup  de  mu- 
sique instrumentale,  entre  autres  un  concerto  de 
violon  avec  orchestre,  une  suite  pour  violon 
solo  avec  accompagnement  d'orchestre  (op.  42), 
2  sonates  pour  piano  et  violon,  etc.  Enfin,  il  a 
publié  encore  plusieurs  recueils  de  lieder  avec 
accompagnement  de  piano,  des  ballades,  des 
duos  et  trios  pour  diverses  voix,  et  d'assez  nom- 
breux chœurs  avec  ou  sans  accompagnement. 

Lorsque  Hermann  Meudel  {Voy.  ce  nom) 
mourut  en  1876,  laissant  inachevé  le  grand  ou- 
vrage dont  il  avait  entrepris  la  publication  et 
qu'il  dirigeait  lui-même  :  MustkaUschcs-Con- 
versations- Lexicon,  c'est  M.  Auguste  Reiss- 
mann, l'un  des  collaborateurs  les  plus  actifs  de 
cet  ouvrage,  qui  en  devint  le  directeur  et  qui 
fut  chargé  de  le  mener  à  bien.  Au  moment  où 
cette  notice  est  écrite  (juillet  1878),  il  vient 
d'en  faire  paraître  le  neuvième  volume.  En  ré- 
sumé, M.  Reissmann  occupe  en  Allemagne,  tant 
comme  compositeur  que  comme  écrivain  et  his- 
torien musical,  une  situation  considérable. 

^^  IIELLSTAB  (Heniîi-Frédéric-Louis), 
écrivain  nuisical  allemand,  est  mort  subitement 
à  Berlin  le  28  novembre  1860.  Il  avait  assisté  la 
veille  à  la  représentation  de  l'Opéra,  et  le  matin 
il  fut  trouvé  mort  dans  son  lit.  Il  occupait  encore 
à  cette  époque  les  fonctions  de  rédacteur  mu- 
sical de  la  Gazette  de  Voss,  qu'il  remidissait 
depuis  1827.  Rellstab  fut  aussi,  pendant  longues 
années,  l'un  des  collaborateurs  de  la  Revue  et 
Gazelle  musicale  de  Paris.  C'est  lui  qui  avait 
fourni  à  Meyerbeer  le  livret  de  son  opéra  le 
Camp  de  Silfisic. 
^  Sponiini  et  Rellstab  est  le  titre  d'un  prlil 


écrit  qui  fut  publié  par  Charles-Frédéric  Millier 
(Berlin,  Bechtoid,  in-16,  1833),  à  l'époque  où 
Rellstab  poursuivait  de  sa  haine  l'auteur  de  la 
Vestale  et  de  Fernand  Cortez. 

RÉMAURY  (Caroline).  —  VoyezMON- 
TKliXY-RÉMAURY  (Madame). 

REMEiXYI  (Edouard),  virtuose  extrême- 
ment remarquable  sur  le  violon,  est  né  à  llewes 
(Hongrie)  en  1830,  et  a  fait  son  éducation  musi- 
cale au  Conservatoire  de  Vienne,  où  il  est  resté 
de  1842  à  1845.  A  peine  adolescent,  en  184S,  il 
prit  part  à  la  grande  insurrection  hongroise, 
s'engagea  comme  volontaire,  gagna  le  grade 
d'adjudant,  et  fit  toute  la  campagne  contre  l'Au- 
triche sous  les  ordres  du  fameux  général  Geor- 
gei.  Lorsque,  après  des  prodiges  de  vaillance,  l'ar- 
mée patriote  eut  été  vaincue,  M.  Remenyi  dut 
faire  comme  tant  d'autres,  et  chercher  son  salut 
dans  l'exil.  Il  partit  pour  les  États-Unis,  et  là, 
reprenant  son  instrument,  il  commença  cette 
carrièie  de  virtuose  qui  devait  lui  valoir  une  si 
grande  renommée.  Cependant,  dès  1853,  il  était 
de  retour  en  Europe,  et  se  trouvait  à  Weimar, 
où  il  faisait  la  connaissance  de  M.  Liszt,  qui  lui 
donnait  d'utiles  conseils.  L'année  suivante,  il  se 
rendait  à  Londres,  et  y  devenait  bientôt  violon- 
solo  de  la  reine  d'Angleterre.  Quelques  années 
après,  il  entreprenait  une  série  de  voyages  artis- 
tiques sur  le  continent,  et  en  1865  il  se  faisait 
entendre  pour  la  première  fois  à  Paris,  dans 
quelques  salons,  avec  un  énorme  succès.  Depuis 
lors  il  a  parcouru  l'Allemagne,  la  Belgique,  la 
Hollande,  accueilli  partout  de  la  façon  la  plus 
favorable.  Depuis  1875,  il  semble  s'être  fixé  à 
Paris,  sans  pourtant  que  cela  l'empêche  d'aller 
se  faire  entendre  et  applaudir  à  l'étranger. 

M.  Reinenyi  est  un  artiste  absolument  origi- 
nal, au  jeu  étrange,  désordonné,  ayant  quelque 
chose  de  fauve  et  de  sauvage,  mais  d'une  gran- 
deur réelle,   d'une  puissance  incontestable,  qui 
s'allie,  chose  rare,  au  charme  le  plus  pénétrant. 
Le  virtuose  se  joue  des  difficultés  les  plus  com- 
pliquées, les  plus  invraisemblables,  il  les  accu- 
mule comme  à  plaisir,  puis,  quand  il  a  fasciné, 
ébloui  son  auditoire,  il  l'étonné,  le  charme  et  le 
tient  sous  le  joug  par  des  accents  de  la  passion 
la  plus  intense,  de  la  tendresse  la  plus  expres- 
sive. Artiste  fiévreux,  singulier,  d'une  nature  à 
la  fois  étrange,  puissante   et  mélancolique,  il 
possède  une  étonnante  force    d'action  et  fait 
passer  le  public  par  les  impressions  les  plus 
diverses  et  les  plus  inattendues,  le  tenant  tou- 
jours attentif  et  haletant.  Il  a  des  doigts  d'acier, 
un  son  d'une  ampleur  et  d'une  majesté  surpre- 
nantes, un  archet  d'une  souplesse,  d'une  variété 
et  d'une  indépendance  sans  pareilles,  avec  cela 


UEMENYI  —  REMUSAT 


403 


une  fougue  et  une  mm  vc  absolument  person- 
nelles. D'ailleurs,  M.  Keraenyi  se  laisse  souvent 
aller  à  sou  inspiration,  et  improvise  souvent, 
devant  le  public,  fie  façon  à  émerveiller  ses 
auditeurs.  Un  toi  artisle  ne  saurait  faire  école, 
mais  il  est  vraiment  prodigieux,  et  procure  des 
sensations  que  nul  autre  ne  saurait  faire  naître. 

Pour  une  nature  semblable  et  aussi  irrégu- 
lière, le  répertoire  de  la  musique  de  violon, 
malgré  sa  [ricliesse,  s'est  trouvé  naturellement 
trop  restreint.  Aussi  M.  Remenyi,  qui,  je  crois, 
ne  compose  guère,  a-t  il  pris  le  parti  de  trans- 
crire pour  le  violon  et  de  s'approprier  un  grand 
nombre  d'œuvres  écrites  originairement  pour  le 
piano,  et  choisies  surfout  par  lui  dans  les  produc- 
tions des  maîtres  romantiques.  C'est  ainsi  qu'il 
a  adapté  à  son  instrument  divers  nocturnes  de 
Field,  des  mazureks  et  des  polonaises  de  Cho- 
pin, i)lusieurs  mélodies  de  Schubert,  quelques 
romances  sans  paroles  de  Mendelssohn,  et  aussi 
quelques  courts  morceaux  de  Jean-Sébastien 
Bach,  de  Rameau  et  de  Mozart.  Il  a  entrepris 
récemment  la  publication  de  ces  transcriptions 
(Paris,  Heugel),  qui  ont  paru  sous  le  litre  de 
Nouvelle  École  de  violon. 

M.  Remenyi  a  le  titre  de  violon-solo  de  l'em- 
pereur d'Autriche,  roi  de  Hongrie. 

RÉMI  ou  RÉMY,  est  le  nom  d'une  famille 
de  luthiers  qui  exercent  leur  industrie  à  Paris 
depuis  plus  d'un  siècle.  Le  chef  de  cette  famille 
était  établi  en  17G0,  rueSainte-Marguerile-Saint- 
Antoine,  d'où  il  alla  demeurer  ensuite  rue  Ti- 
quetonne;  ses  instruments  étaient,  dit-on,  du 
genre  de  ceux  des  Guersan,  de  Saint-Paul  et  de 
Gaviniés.  Son  fils,  Jean-Mathurin  Rémi,  né 
rue  Tiquetonne  en  1770,  s'établit  au  n°  30  de 
la  rue  de  Grenelle-Saint-Honoré,  où  il  demeura 
pendant  trente-sept  ans,  et  mourut  en  1854.  Le 
fils  de  celui-ci,  M.  Jules  Rémi,  né  en  1813,  a 
succédé  à  son  père  et  exerce  encore  sa  profes- 
sion à  Paris. 

RÉAIUSAT  (JusTisiEN  DE),  compositeur, 
est  né  à  Marseille  le  24  octobre  1803  (1"  bru- 
maire  an  XII). 

Appartenant  à  une  ancienne  et  riche  famille 
de  Provence,  qui  a  marqué  dans  les  charges 
municipales  à  Marseille,  il  apprit  la  musique 
sans  autre  but  que  d'occiq)er  les  loisirs  d'une 
vie  facile.  Mais  il  vit  bientôt  dans  l'art  autre 
chose  qu'une  distraction  frivole,  et  l'étudia  de 
la  façon  la  plus  sérieuse,  comme  il  l'est  assez 
fréquemment  en  Allemagne  par  de  simples  ama- 
teurs. 

Il  prit  une  part  active  au  remarquable  mou- 
vement artistique  qui  se  produisit  à  Marseille 
à  partir  des  premières  années  de  la  Restauration 


jusque  vers  1839.  —  11  fut  l'ami  dévoué  de 
d'Oriigue  et  de  Berlioz.  On  a  de-cet  amateur 
éclairé  diverses  compositions  qui  lui  assignent 
une  place  dans  ce  volume.  —  Quelques-unes 
ont  été  publiées  et  sont  signées  de  l'anagramme 
De  Siauiner,  —  En  voici  le  relevé  :  —  12  valses 
pour  piano  :  ~  Ave  verum,  pour  chœur  et 
orchestre,  chez  Gérard  (à  Paris)  -,  —  O  Salu- 
taris,  pour  ténor,  chœur  et  orchestre  ;  — 
Kolherstal,  grande  valse  pour  piano  (chez  Gé- 
rard); —  Un  quatuor  pour  deux  violons,  alto 
et  violoncelle  ;  —  Trois  trios  pour  piano,  vio- 
lon et  violoncelle  (chez  Gérard)  ;  —  Une  sonate 
pour  piano  et  violon  (chez  Gérard). 

Ces  pièces  témoignent  d'une  solide  éducation 
musicale  et  d'un  commerce  assidu  avec  les  grandes 
œuvres  classiques  :  elles  sont  bien  conduites, 
bien  développées  et  conçues  dans  un  esprit 
simple,  également  éloigné  du  banal  et  du  tour- 
menté. Les  plus  remarquables  sont  les  deux 
derniers  trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle 
et  l'Ave  verum,  œuvre  d'un  sentiment  élevé  et 
suave,  qui  est  bien  empreinte  du  caractère  reli- 
gieux. Al.  R — D. 

^  RÉMUSAT  (Jean),  flûtiste  et  composi- 
teur pour  son  instrument.  —  Il  a  été  dit,  dans 
la  Biographie  universelle  des  Musiciens,  que 
cet  artiste,  après  un  long  séjour  à  Londres,  était 
revenu  à  Paris,  où  il  avait  tenu  l'emploi  de 
première  flûte  au  Théâtre-Lyrique.  Je  ne  sais 
si  le  fait  est  exact;  en  tout  cas,  Rémusat  n'au- 
rait pas  tardé  à  retourner  en  Angleterre,  car, 
en  1856,  j'ai  connu  cet  excellent  artiste  à  Lon- 
dres, où  il  occupait  une  brillante  situation. 
Depuis  lors,  Rémusat,  qui  était  un  homme  fort 
intelligent,  mais  un  esprit  original  et  un  peu 
excentrique,  est  allé,  paraît-il,  se  fixer  à  Shang- 
haï, où  l'on  assure  qu'il  a  ouvert  une  école  de 
musique. 

"Voici  la  liste  des  principales  compositions  de 
Rémusat  :  Méthode  dejlùte;  —  Échos  d'Italie, 
10  fantaisies-,  —  Bouquet  de  mélodies,  10  pe- 
tites fantaisies  sur  des  motifs  d'opéras;  — : 
1^"^  Concertino,  op.  22  ;  —  le  Flûtiste  roman* 
cier,  choix  de  romances  variées  en  forme  de 
fantaisies  (7  livraisons)  ;  —  Illustrations  musi- 
cales, 10  fantaisies  sur  des  motifs  d'opéras;  — 
Souvenir  du  théâtre  allemand,  10  fantaisies 
id.;  —  8  Cavatines  italiennes  en  forme  de  fan- 
taisies; —  Hommage  à  Bellini,  op.  50;  — 
le  Carnaval  napolitain,  fantaisie  de  concert, 
op.  40;  —  24  fantaisies  pour  flûte  et  piano,  sur 
des  airs  célèbres  (avec  Alphonse  Leduc);  —  8 
Duos  faciles  pour  flûte  et  violon  (avec  M.  Ernest 
Depas)  ;  —  6  Duos  pour  flûte  et  violon  (avec  le 
même)  ;  —  Feuilleton  du  flûtiste,  6  morceaux 


404 


RP'MUSAT  —  RENDANO 


pour  flûte  seule;  —  Album  des  jeunes' flûtistes, 
C  airs  variés;  —  6  Duos  faciles  et  progressifs^ 
pour  2  flûtes,  op.  13  ;  —  Fantaisies  diverses  sur 
la  Part  du  Diable,  la  Sirène,  la  Barcarolle, 
Robert  Bruce,  Naydée,  l'Étoile  du  Nord,  etc., 
etc. 

RENAUD  (Pierre-Guillaume),  fils  d'un 
musicien  d'origine  française  qui  occupait  une 
honorable  situation  artistique  en  Hollande  (1), 
est  né  à  la  Haye  le  3  avril  1807.  Élève  de 
F.  Voicke  ,  il  devint  liii-inùmc  un  organiste  et 
un  compositeur  distingué.  Directeur  d'une  so- 
ciété musicale  à  la  Haye,  il  était  professeur  de 
piano  en  cette  ville  et  remplissait  les  fonctions 
d'organiste  à  l'église  des  Remonstrants.  On  con- 
naît de  lui  un  grand  nombre  de  compositions, 
parmi  lesquelles  je  citerai  les  suivantes  :  liet 
land  der  Zaligen,  cantate  pour  chœur  et  or- 
chestre; Chant  de  guerre,  pour  voix  d'hommes 
et  fanfare  ;  De  Zon,  cantate  pour  chœur  et  or- 
chestre-, Ouverture  à  grand  orchestre;  le  Soir, 
l'Automne,  méditations  de  Lamartine,  pour  voix 
seule  ;  Messe  à  4  voix  ;  Fantaisies  pour  le  piano 
sur  la  Vestale,  le  Barbier  de  Séville,  les  Mar- 
tyrs, le  Guitarero;  divers  autres  morceaux  de 
piano,  et  un  nombre  considérable  de  chœurs, 
lieder  et  mélodies  vocales. 

RENAUD  (François-Augustin),  physicien 
français,  professeur  au  collège  de  Rambervil- 
1ers  (Vosges),  s'est  beaucoup  occupé  des  ques- 
tions d'acoustique  et  de  celles  qui  concernent 
la  constitution  physiologique  du  système  mu- 
sical moderne.  A  l'enconlre  de  beaucoup  d'au- 
tres savants  qui  ont  traité  ces  questions, 
M.  Renaud  n'a  pas  jugé  inutile,  avant  de  présen- 
ter .ses  observations  au  public,  d'étudier  la 
musique,  afin  d'établir  les  bases  de  son  sys- 
tème sur  une  alliance  aussi  étroite  que  possi- 
ble entre  les  données  positives  de  la  science  et 
les  exigences  délicates  de  l'oreille.  Il  en  résulte 
que  ce  système,  établi  sur  une  série  d'expé- 
riences qii'on  peut  qualifier  jusqu'à  un  certain 
point  de  contradictoires,  amène  une  sorte 
de  compromis  entre  les  prétentions  souvent 
insoutenables  des  physiciens  et  les  assertions 
de  ceux  qui  s'occupent  surtout  de  déterminer 
les  effets  de  la  sensation  auditive.  Partant  de 
ce  principe,  M.  Renaud  a  cru  trouver,  d;ins  la 
nalure  physiologique  du  son  musical,  la  hase 
d'une  harmonie  naturelle  qui  s'imposerait  aux 
musiciens  en  quelque  sorte  malgré  eux,  et  les 
obligerait  à  cidopter  un  système  fondé   sur  le 


(I)  Guillaume  Renaud  pire,  orRanIste,  (HaU  n6  ii  Ilar- 
derwljck  le  15  décembre  I786.  It  mourut  à  M.iass'uls  le 
4  Janvier  I8i6. 


rapport  et  l'échelonnement  des  harmoniques. 
Cependant,  venant  après  Rameau  et  M.  Helm- 
lioliz,  M.  Renaud  ne  pousse  pas  à  ses  consé- 
quences extrêmes  le  système  préconisé  par 
eux,  et  il  admet  dans  son  application  un 
certain  tempérament,  une  très-réelle  élasti- 
cité. Malgré  tout,  je  ne  suis  guère  partisan, 
l)our  ma  part,  de  systèmes  de  ce  genre,  et, 
sans  entrer  ici  dans  une  discussion  approfondie 
de  celui  de  M.  Renaud,  je  me  borne  à  le  men- 
tionner en  renvoyant  à  ses  ouvrages  tous  ceux 
que  passionnent  ces  questions  intéressantes. 

Voici  ceux  des  écrits  de  M.  Renaud  qui 
sont  venus  à  ma  connaissance  :  1°  le  Prin- 
cipe radical  de  la  musique  et  la  tonalité 
moderne  ou  la  Science  de  l'harmonie  basée 
S7tr  la  nature  même  du  son  7nusical,  Paris, 
Tolra  et  Ilaton,  in-8%  1870;  2°  Étude  sur 
les  diverses  interprétations  oii  évaluations 
de  la  gamme  diatonique  majeure  ut,  ré,  mi, 
fa,  sol,  la,  si,  ut,  précédée  de  notions  élé- 
mentaires  de   calcul  musical,    Paris,  Hat  on, 

1871,  in-8°   de  64    pp.  ;   3'   Du  rote    de  la 
science    dans    l'art  musical,    Paris  ,  Haton, 

1872,  in-8"  de  16  pp. 

RENAUDIN  (Léopold),  luthier  français, 
né  à  Mirecourt  en  1749,  jouit  de  quelque  répu- 
tation dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  En  1783  il  était  établi  à  Paris,  et  demeu- 
rait rue  Saint-Honoré,  auprès  de  l'Opéra.  Il 
périt  en  1793,  sur  l'Ochafaud  révolutionnaire. 
On  a  de  Renaudin  quelques  violons  d'une  assez 
bonne  facture.  En  1873,  lors  de  l'incendie  de 
l'Opéra  dans  lequel  furent  détruits  tous  les  ins- 
truments de  l'orchestre,  on  perdit  plusieurs 
excellentes  contre-basses  qui  avaient  été  cons- 
truites par  cet  artiste. 

J.  G-T. 

RENAULT  (Nicolas),  luthier,  exerçait  sa 
profession  à  Paris  en  1546.  Originaire  de  Nancy, 
il  y  avait  travaillé  avec  les  frères  Médard  (Ni- 
colas et  Jean),  également  de  cette  ville.  Nicolas 
Renault  passe  pour  avoir  travaillé  avec  André 
Amati,  lorsque  Charles  IX  fit  venir  à  Paris  le 
toièhre  luthier  italien,  qu'il  avait  chargé  de  l'or- 
ganisalion  de  sa  chapelle.  Il  est  en  effet  peu 
probable  qu'André  Amati  ait  pu,  sans  collabo- 
raleur,  pourvoir  à  la  royale  commande,  qui  ne 
comprenait  pas  moins  de  24  violons  de  grand  pa- 
tron, 12  violons  moyens,  G  violes  et  8  basses  de 
viole. 

J.    G— Y. 

RENDANO  (Alfonso),  pianiste  et  composi- 
teur italien,  né  à  Carolei,  près  de  Cosenza,  le  6 

avril  1853,  a  commencé  son  édncalion  musicale 
dans  sa  patrie,  passa  quelques  mois  au  Conser- 


HENDANO 


REULING 


405 


vatoire  de  Naples,  travailla  ensuite  avec  Tli.il- 
berg,  qui  l'avait  pris  en  vive  affection,  puis  alla 
terminer  ses  études  au  Conservatoire  de  Leipzig. 
Agé  de  dix-iniit  ans  et  sortant  à  peine  de  cet 
établissement,  il  se  (it  entendre  avec  un  grand 
succès  à  la  célèbre  société  du  Gewandhaus.  11  se 
produisit  ensuite,  d'une  façon  non  moins  heu- 
reuse, à  Paris,  puis  à  Londres,  d'abord  à  l'Union 
musicale,  puis  à  la  New  Philharmonie  Society, 
et  enlin  à  la  cour.  L'accueil  qui  lui  fut  fait  à 
Londres  fut  tout  particulièrement  llatteur  pour 
le  jeune  artiste,  dont  les  qualités  sont  d'ailleurs 
des  plus  remarquables.  Musicien  instruit,  brisé 
aux  styles  de  tous  les  maîlres,  Beethoven  et 
Weber,  Mendelssohn  et  Chopin,  M.  Rendano, 
dont  le  jeu  est  plein  de  grâce  et  de  lendresse, 
d'expression  et  de  mélancolie,  ne  se  dislingue 
pas  moins  par  la  virtuosité  pure,  et  son  méca- 
nisme surprenant  se  joue  de  toutes  les  diffi- 
cultés, sans  qu'aucune  apparence  de  charlata- 
nisme vienne  jamais  gâter  le  fini  d'une  exécution 
irréprochable. 

Depuis  quelques  années,  M.  Rendano  est  de 
retour  dans  sa  patrie.  On  lui  doit  quelques  com- 
positions pour  son  instrument  que  l'on  dit  fort 
distinguées,  entre  autres  un  recueil  intitulé 
Feuillets  d'album  (Londres,  Slanley-Lncas),  et 
divers  morceaux  détachés  :  Alla  Gavotla, 
Chant  du  paysan,  Valse-caprice,  Marche  des 
souris  contre  les  grenouilles,  etc. 

RENÉ  (Charles),  artiste  qui  faisait  partie 
delà  troupe  dramatique  occupant  le  théâtre  de 
Caen,  a  fait  jouer  sur  ce  théâtre,  le  25  février 
1836,  un  opéra-comique  intitulé  les  Blanchis- 
seuses, dont  il  avait  écrit  les  paroles  et  la  mu- 
sique. 

REiVES  (R ),  est  le  nom  d'un  composi- 
teur inconnu  qui  vivait  au  commencement  du 
seizième  siècle,  et  qui  a  fourni  à  Pierre  Attai- 
gnant,  pour  le  recueil  de  chansons  françaises 
à  4  parties  publié  par  cet  éditeur  vers  1530,  la 
musique  des  chansons  suivantes  :  Ce  fut  en 
montant  les  degrez,  tardant  désir  que 
fay,  L'autre  jour  je  vis  par  un  matin.  Le 
doux  accueil.  Le  maintien. 

*  REPARAZ  (Anto.mo),  chef  d'orchestre 
et  compositeur  espagnol,  a  rempli  à  quatre  re- 
prises différentes  les  fonctions  de  chef  d'or- 
chestre au  théâtre  italien  de  San- Juan,  à  Oporto 
(Portugal),  et  a  tenu  le  même  emploi  à  celui 
du  Cirque,  de  Madrid,  ainsi  que  dans  diverses 
villes  d'Amérique.  En  1850,  il  faisait  représen- 
ter à  Oporto  un  opéra  italien,  Gonzalvo  di 
Cordova,  qu'il  faisait  bientôt  suivre  de  deux 
autres  ouvrages  donnés  dans  la  même  ville, 
Pietro  il  Crudele,  et  Malek-Adel  (1859).  Au 


mois  d'octobre  1806,  il  donnait  coup  sur  coup 
à  Madrid,  au  théâtre  du  Cirque,  trois  zarzue- 
las  qui  avaient  pour  titre  la  Gitanilla,  las 
Bodas  de  Camacho  et  la  Cruz  del  Val  le.  Ses 
autres  ouvrages  dramatiques  .sont  la  Nina  de 
nieve,  qui  obtint  du  succès  à  Madrid,  la  Venta 
encantada,  opéra  dont  le  sujet  était  tiré  d'un 
épisode  de  Don  Quichotte,  et  qui,  donné  aussi 
à  Madrid,  y  fit  une  chute  complète,  la  Toma 
de  Granada,  qui  fut  représentée  en  Portugal, 
et  la  Rinnegata,  opéra  italien  qui  fut  donné 
à  Porto  le  28  février  1874.  Ce  dernier  fut  joué 
ensuite  en  Italie,  au  théâtre  Chiabrera,  de  Sa- 
vone,  sous  le  titre  de  Zaida  la  Rinnegata 
(1878). 

KFPETTO  ( ),  compositeur  italien,  a 

fait  représenter  à  Nice,  en  1855,  un  opéra 
bouffe  intitulé  un  Episodio  di  San  Michèle, 
écrit  par  lui  sur  le  livret  bien  connu  de  Félice 
Romani  qui  avait  servi  déjà  à  plusieurs  com- 
positeurs. 

RESSIER  ( ).  —  Un  artiste  de  ce  nom 

a  écrit  la  musique  de  trois  ballets-pantomimes 
représentés  sur  le  théâtre  de  Nicolet  vers  1772: 
r  tes  Fêtes  villageoises  ;  2°  les  Forges  de 
Vulcain  ;  3°  le  Vieillard  rajeuni. 

RETY  (Hippolvte),  écrivain  musical  fran- 
çais, membre  de  l'Académie  de  Màcon,  a  pu- 
blié quelques  opuscules  dont  les  trois  suivants 
seulement  sont  venus  à  ma  connaissance  :  1" 
Éludes  historiques  sur  le  chant  religieux  et 
moyens  pratiques  d'en  améliorer  l'exécution 
dans  les  grandes  et  les  petites  paroisses, 
Paris,  Lyon  et  Mâcon,  1870,  in-8^;  2°  Notice 
historique  sur  Choron  et  son  école,  Paris, 
Douniol,  1873,  in-8°;  3°  De  l'importance  d\ne 
bonne  éducation  musicale,  Paris,  Blériot, 
1878,  in-8°  de  24  pp. 

*  REULING  (Louis-Wilhelm),  composi- 
teur et  chef  d'orchestre,  né  à  Darmstadt  le  22 
décembre  1802,  avait  reçu  de  son  père  les  pre- 
mières notions  de  l'art  musical,  puis  était  devenu 
l'élève  de  Seyfried.  Sur  la  recommandation  de 
Beethoven,  un  professeur  célèbre  alors,  Emma- 
nuel Fœrster,  consentit  à  achever  son  éduca- 
tion. Par  la  suite,  Reuling  devint  chef  d'orches- 
tre de  la  cour  de  Vienne,  et  fit  représenter  en 
cette  ville  un  assez  grand  nombre  d'ouvrages 
dramatiques,  parmi  lesquels  on  peut  citer,  comme 
ayant  obtenu  de  véritables  succès,  la  Fête  des 
travailleurs,  Alfred  le  Grand  et  le  Kobold. 
Cet  artiste  très-honorable  est  mort  à  Munich, 
le  29  avril  1877,  à  l'âge  de  soixante-quatorze 
ans. 

Voici  une  liste  des  ouvrages  que  Reuling  a 
fait  représenter  ;  je  ne  puis  assurer  qu'elle  soil 


406 


REULÏNG  —  REY 


absolument  complète,  mais  je  crois  qu'elle  est  i 
bien  près  de  l'être  :  1°  le  Gai  Fritz,  un  acte, 
Vienne,  1832  ;  2"  Paris  en  Poméranie,  un 
acte,  Vienne,  1832  ;  3°.  le  Choriste  en  équi- 
page, un  acte,  Vienne,  1832;  4°  Malice  et  Cha- 
grin, un  acte.  Vienne,  1832;  5°  les  Insépara- 
bles, un  acte,  Vienne,  1832;  6o  le  Menteur 
et  son/ils^  un  acte,  Vienne,  1833  ;  7"  les  Deux 
Chambellans,  Vienne,  29  juillet  1833  ;  8°  Ze 
Neveu  trépassé.  Vienne,  20  août  1833  ;  9° 
l'Ennemi  des  femmes,  un  acte,  Vienne,  6  no- 
vembre 1833;  10°  les  Méprises,  un  acte. 
Vienne,  25  mars  1834  ;  U"  le  Cadet,  un  acte. 
Vienne,  14  novembre  1834  ;  12°  la  Famille  des 
Quakers,  un  acte.  Vienne,  5  janvier  1835  ; 
13"  Alfred  le  Grand,  grand  opéra  en  3  actes, 
Vienne,  16  septembre  1840  ;  14°  Petits  Cha- 
grins, un  acte.  Vienne,  1846;  i5°  Falconiere  ; 
16°  Ulysse;  17°  la  Fête  des  travailleurs. 
A  ces  ouvrages,  il  faut  encore  ajouter  les  bal- 
lets dont  voiciles titres  :  18°  Za  Vestale,  Yieane, 
1830;  19°  le  Kobold,  Vienne,  1831;  20°  le 
Diable  boiteux,  Vieivne,  1836. 

REVE]\TOS  Y  TRUCH  (José),  com- 
positeur et  professeur  espagnol,  né  à  Barcelone 
le  29  janvier  1840,  commença  ses  études  mu- 
sicales sous  la  direction  d'Andrevi,  et,  après  la 
mort  de  celui-ci,  les  continua  avec  M.  Bernardo 
Calvo  Pulg.  Devenu  en  1865  professeur  auxi- 
liaire de  chant  au  Conservatoire  de  Madrid,  il 
n'en  conserva  pas  moins  la  direction  d'une  école 
de  musique  pour  enfants  qu'il  avait  fondée  l'an- 
née précédente  dans  l'église  de  Moniserrat  de 
îetfe  ville.  M.  Reventos  a  fait  exécuter  plu- 
sieurs œuvres  importantes  de  sa  composition, 
entre  autres  une  symphonie  dans  les  formes 
classiques,  un  Slabat  Mater  à  grand  orches- 
tre, des  villancicos  (cantiques),  etc.,  et  une 
messe  de  gloria  à  voix  seules,  qui  a  été  dé- 
diée parlai  au  pape  Pie  IX.  lia  publié  aussi 
quelques  morceaux  religieux  à  une,  doux  et 
trois  voix,  avec  accompagnement  d'orgue. 

RKVEUCJI01\( ),est  l'auteur  d'un  petit 

manuel  de  musique  plus  prétentieux  que  déve- 
lop|)é,  et  publié  sous  ce  titre  :  «  De  la  Musique. 
Nouvelle^  théorie,  nouvelle  pratique.  L'harmo- 
nie .expli(iuée'revêtant  la  forme  mathématique. 
Guide  du  compositeur  et  du  maître  de  chant 
(s.J.  n.  d.  [Cbambéry,  1873],  in-18).  »  Telle 
est  la  tâche  que  l'auteur  s'est  chargé  d'accom- 
plir ^en'  moins  de  120  pages  in-12,  et  l'on  con- 
viendra qu'il^faut  une  certaine  dose  de  con- 
fiance en  soi  seulement'pour  l'entreprendre.  La 
théorie  est  nouvelle  en  effet,  comme  on  va  le 
voir  par  cet  exposé  imprimé  sur  la  couverture 
même   du  volume  :  «  Enseignement  simultané 


du  chant  à  2  et  3  parties,  sans  notes,  ni  clefs, 
ni  portées,  rendu  possible  par  les  pères  et  inères 
de  famille  et  tous  les  instituteurs.  Système  dé- 
robé à  l'instinct  de  l'ouïe  (la  musique  apprise 
sans  le  secours  et  la  participation  de  l'oreille  !), 
annulant  toutes  les  diflicultés  et  permettant  aux 
enfants  comme  aux  adultes  de  tout  solfier 
après  quelques  leçons.  »  C'est  toujours  cette 
vieille  utopie  de  la  musique  hors  de  la  musi- 
que, enseignée  en  quelques  jours,  h  l'aide  de 
formules  algébriques.  De  pareils  systèmes  ne 
se  discutent  pas,  car  cela  revient  à  enseigner  la 
peinture  sans  le  secours  de  la  vue  ou  l'archi- 
tecture sans  le  secours  des  proportions. 

*  RÉVIAL  (Marie-Pauline-Françoise- 
Locis-Benoit-Alphonse),  est  mort  à  Étretat 
le  13  octobre  1871.  Il  avait,  depuis  quelques 
années,  donné  sa  démission  de  professeur  au 
Conservatoire.  Révial  était  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur.  On  lui  doit  un  recueil  de  12  Études 
pour  le  chant,  destinées  aux  voix  de  so- 
prano, mezzo-soprano  et  ténor. 

REW  (Henry-G ),  musicien  anglais  con- 
temporain, établi  à  Londres,  a  publié  en  cette 
ville  un  certain  nombre  de  composit'ions  reli- 
gieuses, parmi  lesquelles  on  remarque  un  ser- 
vice de  communion  en  ré  {Kyrie,  Credo,  Sur- 
sum  corda,  Sanctus,  Benedictus,  Agnus  Dei, 
Tantum  ergo,  Gloria  in  excelsis),  deux  Sen- 
tences d'offertoire,  une  marche  pour  orgue,  etc. , 
etc. 

REY  (Jean-Étienne),  compositeur,  né  à 
Toulouse  (Haute-Garonne),  le  3  août  1832, 
commença  son  éducation  musicale  en  celte 
ville  et  vint  ensuite  à  Paris,  oîi  il  se  fit  admet- 
tre au  Conservatoire,  dans  la  classe  de  compo- 
sition de  Carafa.  Un  jour,  Révial,  professeur  de 
chant  dans  cette  école,  l'ayant  entendu  chanter 
dans  une  église,  fut  frappé  de  la  beauté  de  sa 
voix,  et  lui  offrit  de  le  prendre  dans  sa  classe  ; 
le  jeune  homme  accepta,  mais  à  la  condition 
de  pouvoir  continuer  ses  études  de  composi- 
tion. Il  obtint  un  accessit  de  chant  en  1854,  en 
même  temps  qu'une  de  ses  camarades  de  classe, 
M"*  Balla,  remportait  un  second  prix.  L'année 
suivante,  M'"^  Balla,  devenue  M™'°-Rey,  se 
voyait  décerner  les  trois  prix  de  chant,  d'opéra 
et  d'opéra- comique,  et  acceptait  aussitôt  un 
brillant  engagement  pour  l'étranger. 

A  partir  de  ce  moment,  M.  Rcy  se  voua  à 
l'avenir  de  sa  jeune  femme  et  se  sacrifia  en 
(piehiue  sorte  à  elle,  racconq)aguant  dans  tous 
ses  voyages,  en  Italie,  en  Belgique,  en  Espagne, 
en  Portugal  et  dans  toutes  nos  grandes  villes  de 
province.  Mais  il  ne  perdit  point  son  temps 
pour  cela,  et  se   livra    h  la  composition  avec 


RRY  —  REYER 


407 


une  sorte  de  fureur,  écrivant  des  opéras,  six 
messes,  six  sonates  pour  piano  seul,  qua- 
tre sonates  pour  piano  et  violon  ou  violoncelle, 
deux  trios,  trois  quatuors,  deux  quintettes  et 
un  sextuor  pour  divers  instruments,  vingt 
morceaux  de  musique  religieuse  avec  accompa- 
gnement d'orchestre  ou  d'orgue  et  de  quatuor, 
35  autres  morceaux  religieux  avec  orgue  seul, 
treize  mélodies  sur  paroles  italiennes  ou  espa- 
gnoles avec  orciiestre  ou  piano,  30  morceaux 
de  chant  sur  paroles  françaises,  7  chœurs  à  4 
voix,  6  valses  pour  orchestre,  4  cantates  à  3 
personnages,  7  symphonies,  etc.,  etc.  Au  cours 
de  ses  voyages,  M.  Rey  lit  exécuter  (Toulouse, 
185G)  un  grand  oratorio  en  deux  parties,  le 
Martyre  de  saint  Saturnin,  et  il  fit  représen- 
ter (Bordeaux,  février  1864)  un  grand  opéra 
en  5  actes  intitulé  la  Gitana. 

Cependant,  M™"  Rey-Balla,  qui  était  venue 
créer  au  Théâtre-Lyrique  le  rôle  de  lady  Macbeth 
dans  le  Macbeth  français  de  M.  Verdi,  était 
atteinte,  vers  1872,  d'une  paralysie  qui  venait 
subitement  briser  sa  carrière.  Son  mari,  qui 
jusqu'alors  s'était  effacé  devant  elle,  songea 
alors  sérieusement  à  se  produire;  il  eût  voulu 
aboriler  le  théâtre,  mais  jusqu'à  ce  jour  il  n'a 
pu  y  réussir.  Ne  pouvant,  de  ce  côté,  en  venir  â 
ses  fins,  il  se  mit  à  publier  un  assez  grand 
nombre  des  compositions  qu'il  tenait  en  porte- 
feuille et  qui,  généralement,  se  faisaient  remar- 
quer par  un  heureux  sentiment  mélodique,  par 
l'élégance  de  la  forme  et  par  de  bonnes  qualités 
de  facture. 

Parmi  ces  compositions,  aujourd'hui  pu- 
bliées, il  est  bon  de  signaler  particulièrement 
les  suivantes  :  1°  Grand  Trio  pour  piano,  violon 
et  violoncelle  ;  2"  Sérénade^  Pastorale,  2 
petits  trios  pour  pianos,  violon  ou  flûte  et  vio- 
loncelle ;  3"  3  Sonates  faciles  pour  piano  ;  4° 
3  Sonates  (en  la,  en  j-e,  en  sol  iiiineur)  pour 
piano;  5"  2  Sonates  (en  la  mineur  et  en  %U 
mineur)  pour  piano  et  violon  ;  6"  Sonate  (en 
la  mineur)  pour  piano  et  violoncelle;  7"  So- 
nate (en  sol  mineur)  pour  piano  el  clarinette 
ou  violoncelle;  8°  A  la  Jeunesse,  6  mélodies  à 
une  voix;  9"  les  Harmonies  du  Christianisme, 
12  mélodies  religieuses  à  une  voix  ;  10"  12 
Chœurs  religieux  faciles,  à  3  voix  égales  ;  11" 
Messe  à  3  voix  ;  12'»  Messe  de  Requiem  facile, 
à  4  voix  d'hommes  ;  13°  6  Mélodies  religieu- 
ses à  une  voix,  avec  accompagnement  d'orgue 
ou  de  piano  ;  14°  Messe  sans  credo  et  sans 
chœurs;  15"  4  Chœurs  religieux  à  4  voix 
d'hommes ,  sans  accompagnement  (1.  0  salu- 
iaris  ;  2.  Pie  Jesu;S.  Ave  Maria;  4.  Te 
Deum)  ;  IG"  Magnificat,  à  3  voix  ;  17°  Laudate, 


à  3  voix  ;  18°  3  Chœurs  faciles,  à  3  voix  égales, 
avec  piano  ;  19"  les  Faux  Monnayeurs,  le 
Loup  et  l'Agneau,  le  Baptême,  le  Charla- 
tan, les  Forbans,  le  Rat  de  ville  et  le  Rat 
des  champs,  le  Départ,  clumurs  à  4  voix 
d'hoiiimes  sans  accompagnement  ;  20"  un  grand 
nombre  de  mélodies,  morceaux  de  chant  di- 
vers à  1,  2,  3  ou  4  voix;  21°  Méthode  de 
chant  ,  etc. 

Au  nombre  des  œuvres  inédites  de  M.  Etienne 
Rey,  je  citerai  les  ouvrages  dramatiques  sui- 
vants :  J'ai  coupé  le  roi,  l'Amour  villageois, 
S?n6or,  opéras-comiques  en  un  acte;  le  Talis- 
man des  Sultanes,  opéra  bouffe  en  3  actes  ; 
Ballhazar,  grand  opéra  en  4  actes  ;  Irène, 
grand  opéra  en  5  actes. 

♦  REYER  (Locis-Etienne-Erîsest  REY, 
dit),  l'un  des  maîtres  les  plus  distingués  de  la 
nouvelle  école  française,  a  été  élu  membre  de 
l'Académie  des  Beaux-Arts  en  1876,  en  rempla- 
cement de  Félicien  David.  Les  circonstances, 
si  peu  favorables  souvent  à  nos  artistes,  n'ont 
pas  été  propices  à  M.  Reyer,  qui  depuis  quinze 
ans  n'a  pu  se  produire  à  la  scène  avec  un  ou- 
vrage nouveau,  bien  qu'il  ait  en  portefeuille  un 
grand  opéra  en  5  actes,  Sigiird,  dont  il  a  fait 
exécuter  quelques  fragments  dans  les  concerts. 
Ce  n'était  pas,  en  effet,  un  ouvrage  nouveau 
qu'Erostrate,  opéra  en  2  actes  qui  fut  repré- 
senté à  l'Opéra  le  16  octobre  1871,  après  avoir 
fait  sa  première  apparition  sur  le  théâtre  de 
Bade  neuf  ans  auparavant;  par  malheur  pour 
le  compositeur,  le  [livret  à'Erostrate,  aussi 
bien  que  la  partition,  dut  en  cette  circonstance 
subir  de  profondes  modifications,  et  il  en  ré- 
sulta dans  l'allure  générale  de  l'œuvre  un  man- 
que d'équilibre  et  de  proportions  qui  fut  nuisi- 
ble à  son  succès.  Au  mois  de  novembre  1873, 
M.  Reyer  transporta  à  l'Opéra-Comique  sa  par- 
tition de  Maître  Wolfram,  petit  acte  plein 
d'élégance  et  de  charme  qui  avait  été  naguère 
accueilli  avec  la  plus  grande  faveur  au  Théâtre- 
Lyrique,  et  qui,  modifié  ^et  remanié  pour  cette 
reprise,  ne  fut  pas  moins  heureux  que  précé- 
demment. Le  20  avril  1878,  l'Opéra-Comique 
reprenait  aussi  la  Statue,  la  production  la  plus 
importante  du  compositeur  et  l'une  des  œuvres 
les  plus  poétiques,  les  plus  savoureuses  et  les 
plus  originales  qui  se  soient  fait  jour  en  France 
depuis  vingt  ans.  Je  ne  puis  pourtant,  à  ce 
sujet,  m'empêcher  de  regretter  que  M.  Reyer 
ait  cru  devoir  alourdir  la  marche  générale  de 
cet  ouvrage  en  en  supprimant  le  dialogue  et  en 
le  remplaçant  par  des  récitatifs.  Quelle  que 
soit  la  valeur  de  ceux-ci,  on  doit  remarquer  que 
l'œuvre,    qui  n'avait   pas   été   conçue  dans  la 


408 


REYKU  -  IlEYNIER 


forme  du  drame  lyrique ,  ne  semblait  pas  de- 
voir comporter  cette  forme,  et  que  le  milieu  où 
elle  se  produisait  de  nouveau  n'était  pas  favo- 
rable à  ce  changement.  Cette  observation  faite^ 
la  Statue  n'en  reste  pas  moins  une  partition 
charmante,  pleine  de  poésie,  et  souvent  ex- 
quise. 

M.  Reyer  a  peu  écrit  en  dehors  du  théâtre. 
11  a  fait  exécuter  aux  Concerts  populaires,  le 
22  mars  1874,  une  scène  dramatique  pour  voix 
de  basse,  la  Madeleine  au  désert,  qui  a  été 
cliantée  par  M.  Bouhy.  On  connaît  aussi  de 
lui  quelques  chœurs  à  quatre  voix  d'hommes, 
l'Uytnne  du  lUiin,  le  Chant  du  Paysan, 
Chœur  des  buveurs,  Chœur  des  assiégés, 
quelques  morceaux  détachés,  et  enfin  un  re- 
cueil de  Dix  Mélodies  pour  chant  et  piano 
(Paris,  Choudens,  in-8"),  dont  quatre  sont  ex- 
traites des  œuvres  dramatiques  de  l'auteur. 

M.  Reyer,  qui  est  un  écrivain  distingué  en 
même  temps  qu'un  musicien  de  talent,  a  été 
chargé  de  la  rédaction  du  feuilleton  musical 
du  Journal  des  Débats,  lors  de  la  retraite  de 
Berlioz.  Depuis  lors,  il  a  publié  sous  ce  tilre  : 
Notes  de  musique  (Paris,  Charpentier,  1875 , 
in-12),  un  volume  formé  d'un  choix  de  ses 
meilleurs  articles.  M.  Reyer  a  été  nommé  che- 
valier de  la  Lésion  d'honneur  en  1862. 

REYIMAUD   (J ),    musicien    français 

contemporain,  chef  de  musique  au  74*  régi- 
ment de  ligne,  a  écrit  la  musique  d'un  opéra- 
comique  en  3  actes,  Jeanne  Mariotte,  qui  a 
été  représenté  avec  succès  sur  divers  théâtres 
de  province,  notamment  à  Lille  et  à  Rouen. 

REYMEK  (Joseph  - Fbix  -  Simo\  -  Marius), 
organiste  et  compositeur,  né  à  Aix  (Bouches-du- 
Rhône)  le  9  thermidor  an  V  (26  juillet  1797), 
mort  dans  cette  même  ville  le  5  janvier  1874, 
a  joui  en  Provence  d'une  grande  notoriété. 
Reynier  était  aveugle,  et  c'est  une  particularité 
assez  curieuse  que  plusieurs  artistes  atteints  de 
celte  terrible  inlirmilé  se  soient  fait  remar- 
quer dans  le  midi  de  la  France  comme  orga- 
nistes (Espent  à  Marseille,  Cézanne  à  Toulon, 
etc.).  Né  dans  une  famille  de  musiciens,  il 
fut  élevé  dans  un  milieu  oii  la  musique  était 
sans  cesse  pratiquée.  11  en  reçut  dès  l'enfance 
les  premières  notions  de  son  oncle  maternel 
Nicolas,  qui  était  hilbier,  et  de  son  père,  Pierre 
Reynier,  artiste  de  profession,  qui  mourut 
presque  centenaire.  A  sept  ans,  Reynier  perdit 
la  vue  à  la  suite  de  la  rougeole.  Il  n'en  conti- 
nua pas  moins  son  éducation  musicale,  et,  à 
l'âge  de  treize  ans,  fut  confié  aux  soins  de  La- 
pierre,  organiste  de  l'église  Saint-Ksprit,  qui  lui 
aiiprit    l'oryue,    le   piaoo    et  l'harmonie,    tu 


1825,  il  fut  nommé  organiste  de  la  Madeleine; 
il  a  conservé  ce  poste  pendant  une  cinquantaine 
d'années,  jusqu'à  ce  qu'un  an  avant  sa  mort, 
une  attaque  d'apoplexie  l'en  eût  douloureuse- 
ment éloigné.  —  Là  est  toute  la  vie  de  Reynier  : 
elle  s'est  écoulée  paisiblement  dans  sa  ville  na- 
tale, partagée  entre  ses  fonctions  d'organiste, 
qu'il  remplissait  avec  un  soin  pieux,  ses  tra- 
vaux de  composition  et  la  pratique  dévouée 
de  l'enseignement.  Reynier  a  été  Irèsregretté; 
tous  ceux  qui  l'ont  approché  ont  estimé  sa 
modestie  vraie  et  son  excellent  cœur,  à  l'égal 
de  son    talent. 

Malgré  les  difficultés  inhérentes  à  son  état, 
Reynier  a  beaucoup  composé.  Il  a  dicté  la 
plupart  de  ses  œuvres  à  son  élève  et  ami, 
M.  Henri  Poncet,  aujourd'hui  maître  de  cha- 
pelle à  la  cathédrale  d'Aix,  qui  a  lui-même 
beaucoup  produit  et  a  conservé  pour  son  maî- 
tre un  culte  touchant. 

On  peut  citer  parmi  les  œuvres  de  Reynier 
trois  Stabat  ;  trois  messes  en  la,  en  fa  et  en 
ut;  des  chœurs  d'Esther,  des  litanies,  des 
motets,  des  cantiques  en  fiançais  et  en  pro- 
vençal, des  romance^,  des  pièces  d'orgue,  elc. 
Il  y  a  eu  donc  en  lui  deux  personnalités  dis- 
tinctes :  l'organiste  exécutant,  et  le  composi- 
teur. —  L'une  et  l'autre  ont  été  placées  très- 
haut  en  Provence. 

De  bons  juges,  qui  ont  enteniiu  Reynier,  lui 
ont  reconnu  un  très-grand  mérite  d'exécution. 
Il  excellait,  dit-on,  dans  le  genre  fugué,  qu'il 
prisait  par-dessus  tout.  Ayant  une  grande  fa- 
cilité de  mécanisme,  des  connaissances  très- 
étendues  et  une  pratique  constante  de  l'im- 
provisation, il  produisait  de  beaux  effets  par  la 
simple  conception  et  le  logique  développement 
de  la  pensée.  Par  contre,  Reynier  s'était  tenu 
trop  en  dehors  du  mouvement  musical  de  son 
époque.  Il  en  était  resté  à  Mozart,  et  n'allait 
pas  jusqu'à  Beethoven,  qui  l'étonnait.  Son 
improvisation  avait  un  caractère  de  vétusté 
d'autant  plus  marqué  qu'il  ne  s'était  jamais 
préoccupé  des  effets  de  timbre  et  de  sonorité 
résultant  de  l'habile  et  rapide  accouple- 
mont  des  jeux.  —  En  un  mot,  s'il  fallait  en 
croire  ses  admirateurs,  Reynier  aurait  été  une 
sorte  de  Boély  provençal,  sans  toutefois  la 
parfaite  connaissance  et  la  profonde  intelli- 
gence des  maîtres  de  l'école  d'orgue  allemande, 
et  notamment  de  J.-S  Bach,  qui  avaient  porté 
si  haut  le  beau  et  sincère  talent  de  Boèly. 

Il  faut  bien  le  dire,  on  ne  peut  admettre  sans 
restrictions  ce  jugement,  lorsqu'on  a  lu  atten- 
tivement les  (iiuvres  de  Reynier.  11  est  diffi- 
cile eu  elïet-d'enlrevoir  d'aussi  éminentes  qiia- 


REYNIER 


RHEINREUGER 


409 


lités  d'improvisation  et  même  d'exécution 
cliez  un  artiste  dont  les  productions  écrites 
sont  médiocres.  —  Les  ouvrages  de  Reynier 
ne  témoignent  ni  d'un  savoir  exceptionnel,  ni 
d'une  inspiration  géniale.  La  pensée  est  rare- 
ment saillante,  ella  forme  trop  souvent  lourde 
et  sans  intérêt.  Les  pièces  d'orgue  sont  par- 
ticulièrement faibles.  —  Sa  meilleure  composi- 
tion est  sans  contredit  son  Siabat  Mater  en  fa 
mineur.  Il  s'en  dégage,  en  certaines  parties, 
une  impression  d'émotion  religieuse  qui  dénote 
la  sincérité  des  sentiments  de  l'artiste  :  la  sim- 
plicité même  de  l'expression  et  des  moyens 
employés  en  fait  le  charme.  C'est  aussi  celle 
de  ses  œuvres  qui  est  la  mieux  écrite. 
;  Les  productions  de  Joseph  Reynier  ont  été 
publiées  en  fascicules,  chez  M'"'^  V"  Remondel- 
Aubin  à  Aix,  par  les  soins  pieux  de  M.  H.  Pou- 
cet, organiste  de  la  métropole  Saint-Sauveur, 
et  de  M.  l'abbé  Rolland,  aumônier  du  collège 
Bourbon.  Un  de  ces  fascicules  porte  l'étonnante 
menlion  que  voici  :  «  Nous  aurions  voulu, 
en  faveur  de  nos  abonnés  inoins  habiles,  dé- 
barrasser la  musique  de  ce  Siabat  des  nom- 
breux bémols  qui  raccompagnent ,  mais 
nous  avons  dû  y  renoncer  pour  ne  changer 
en  rien  le  caractère  du  morceau,  et  l'œuvre 
du  maître.  »  (2"'°  année),  7  janvier  1876, 
n"  4  du  2'"'  volume.)  Cette  annotation,  dont 
les  honorables  promoteurs  de  la  publication 
Reynier  ont  cru  nécessaire  d'accompagner 
auprès  de  leurs  abonnés  la  musique,  d'ailleurs 
fort  simple,  du  Stabat,  indique  dans  quel 
milieu  étroit  Reynier  a  vécu.  C'est  ce  qui  expli- 
que comment  cet  artiste^  heureusement  doué,  n'a 
pu  s'élever  plus  haut.  11  lui  a  manqué  l'exem- 
ple, la  fréquentation  des  grands  modèles  qu'il 
ne  pouvait  entendre,  et  celte  participation 
constante  à  l'activité  intellectuelle  des  grands 
centres  qui  féconde  les  facultés  de  l'artiste.  Sa 
cécité,  qui  a  certainement  accru  l'estime  où  l'on 
tenait  son  talent,  et  qui  en  a  fait  exagérer  la 
portée,  a  dû  être  aussi  pour  lui  un  douloureux 
obstacle. 

Telle  qu'elle  est,  la  physionomie  de  cet  or- 
ganiste aveugle,  né  dans  une  vieille  famille  de 
musiciens,  passant  modestement  sa  vie  dans 
ce  coin  de  province  où  avaient  vécu  les  siens, 
la  consacrant  tout  entière  au  culte  dévoué  de 
l'art  chrétien,  à  l'ombre  du  sanctuaire,  demeure 
particulièrement  intéressante  en  ce  temps  de 
bruyantes  et  vaniteuses  personnalités.  Elle  mé- 
rite le  plus  sympathique  souvenir.  — Al.  R — d. 

*  RIIEIIV  (Charles-Laurent),  pianiste  et 
compositeur,  est  niort  à  Paris  au  mois  d'oc- 
tobre 1804. 


RIIEIIVRKRGER  (Joseph),  pianiste,  or- 
ganiste, professeur  et  compositeur,  l'un  des 
artistes  allemands  les  plus  distingués  de  l'épo- 
que actuelle,  est  né  à  Vaduz  le  17  mars  1829. 
Très-précoce  au  point  de  vue  musical,  il  reçut 
dès  l'Age  de  quatre  ans  des  levons  de  piano  de 
sa  sœur  aînée  ;  il  en  avait  à  peine  sept  qu'il 
remplissait  les  fonctions  d'organiste  à  l'église  de 
Vaduz,  et  entin  en  1839,  âgé  de  dix  ans,  il 
écrivait  une  messe  à  3  voix,  avec  accompagne- 
ment d'orgue,  qu'il  faisait  exécuter  dans  cette 
église  aux  applaudissements  de  tous.  Cepen- 
dant, son  père,  que  de  tels  succès  auraient  dû 
flatter,  se  montrait  rebelle,  au  contraire,  à  la 
pensée  de  voir  son  (ils  se  livrer  à  la  carrière 
musicale,  et  prétendait  l'obliger  à  embrasser 
une  autre  profession.  Il  fallut  qu'un  ami  de 
la  famille,  bon  musicien  et  qui  jouait  bien  du 
violon,  prît  l'enfant  sous  sa  protection,  et,  à 
force  d'instances  et  de  remontrances,  ramenât 
son  père  à  d'autres  sentiments,  et  obtint  que 
le  jeune  Rheinberger  serait  envoyé  à  Feldkirch 
pour  y  continuer  son  éducation  musicale. 

En  1851,  M.  Rheinberger  fut  admis  au  Con> 
servatoire  de  Munich,  alors  dirigé  par  Franz 
Hduser,  et  il  y  eut  pour  professeurs  MM.  Léo- 
nard pour  le  piano,  Herzog  pour  l'orgue,  et 
Jules  Meier  pour  la  théorie.  Ses  études  termi- 
nées, il  quitta  le  Conservatoire  en  1854,  mais  il 
y  rentra  comme  professeur  en  1859,  pour  suc- 
céder dans  la  classe  de  piano  à  son  ancien 
maître  Léonard.  Un  an  plus  tard,  il  échan- 
geait cette  situation  contre  celle  de  professeur 
de  composition,  et  depuis  lors  il  est  aussi  de- 
venu titulaire  de  la  classe  d'orgue.  Après  avoir 
rempli  les  fonctions  de  répétiteur  au  théâtre  de 
la  cour,  M.  Rheinberger  a  été  nommé,  en 
1877,  chef  d'orchestre  de  ce  théâtre  et  direc- 
teur de  la  musique  de  la  chapelle  royale  de 
Bavière.  11  est  aussi,  depuis  18C4,  directeur  de 
VOratorien  Verein,  de  Munich. 

Ces  diverses  occupations  n'ont  pas  empêché 
M.  Rheinberger,  qui  est  un  artiste  aussi  labo- 
rieux que  distingué,  de  se  livrer  avec  activité 
à  la  composition,  et'  de  se  faire  vivement  re- 
manpier  sous  ce  rapport.  11  a  fait  représenter 
à  Munich  plusieurs  opéras  :  Magnus  le  thau- 
maturge, la  Couronne  malheureuse,  les  Sept 
Corbeaux  (23  mai  1869),  la  Fille  du  sonneur 
(23  avril  1873).  En  dehors  du  théâtre,  ses  œu- 
vres sont  nombreuses  el  importantes,  et  celles 
qui  sont  publiées  jusqu'à  ce  jour  dépassent  le 
chiftre  décent.  Voici  une  liste  de  celles  qui  sont 
venues  à  ma  connaissance  : 

S/nbat  Mater  pour  voix  seules,  chœur  et 
petit  orchestre,    op.   IG  ;  Messe  de  Requiem  , 


410 


RHEINBERGER  —  RICCI 


Missa  brevis;  Grande  Symphonie  (Symi)lionie 
florentine),  op.  87  ;  Wallenstcin,  tableau  sym- 
plionique,  op.  10  ;  Ouverture  pour  une  pièce  de 
Sliakespeare,  op.  18  ;  Quintette  pour  2  vio- 
lons, 2  altos  et  violoncelle,  op.  82  ;  Quatuor 
pour  instruments  à  cordes  (en  ut  mineur), 
op.  89  ;  Quatuor  pour  piano,  violon,  alto  et 
violoncelle  (en  mi  bémol),  op.  38  ;  Trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  34  ;  Thème 
avec  variations  pour  2  violons,  alto  et  violon- 
celle, op.  93  ;  Sonate  pour  piano  et  violon, 
op.  77  ;  Duo  pour  2  pianos  (en  la  mineur),  op. 
15  ;  Concerto  pour  piano,  avec  orchestre;  So- 
nate symphoniipie  pour  piano,  op.  47  ;  Sonate 
pour  piano  (en  ré  bémol),  op.  99  ;  3  Éludes 
pour  piano,  op.  101  ;  Bumoresques,  4  pièces 
pour  piano,  op.  28  ;  Aus  Italien,  3  pièces 
pour  piano,  op.  29  ;  6  Pièces  en  style  fugué, 
pour  piano,  op.  39  ;  Suite  classique  pour  piano  ; 
Toccata  pour  piano,  op.  12  ;  Toccata  pour 
piano,  op.  104  ;  Waldmdrchen,  esquisse  de 
concert  pour  piano,  op.  8  ;  Improvisation  sur 
un  motif  de  la  Flùle  enchantée,  op.  51  ;  So- 
nate (en  ut  mineur)  pour  orgue,  op.  27  ;  Sonate 
pastorale  (en  soi  majeur),  pour  orgue;  Wit- 
tekind,  ballade  pour  chœur  et  orchestre  ;  le 
Roi  Eric,  id.  ;  Das  Thaï  des  Espïncjo,  id., 
op.  50;  Maitag,  intermède  de  cinq  chœurs  de 
femmes  à  3  parties,  avec  accompagnement  de 
piano  ;  die  Wasserfee  [la  Fée  des  eaux),  chœur 
à  4  voix,  avec  piano,  op.  21  ;  Toggenburg, 
cycle  de  romances  pour  voix  seules  et  chonir, 
avec  piano,  op.  76  ;  Lockung  {Séduction), 
chœur  à  4  voix,  op.  25  ;  Vom  lïhein,  6  chœurs 
d'hommes  à  4  voix,  op.  90  ;  die  Todie  Braut 
{la  Fiancée  morte),  romance  pour  mez/,o-so- 
prano  avec  chœur  et  accompagnement  de  piano, 
op.  81  ;  In  der  Zechslube  [Au  Cabaret),  cinq 
chœurs  gais  pour  4  voix  d'hommes,  op.  74  ; 
Clàrchen  auf  Eberstein  [Clairette  à  Ebers- 
tein),  ballade  pour  voix  seules,  chœur  et  or- 
chestre,  op.   97. 

t;  *,lîlCCI(LriGi),  compositeur  dramatique,  na- 
quit à  Naples  le  8  juillet  1805  (1).  11  n'était  ilgé  que 
de  neufans  lorsqu'il  fut  admis  au  Conservatoire 
de  San-Sebastiano,  oii  il  reçut  des  leçons  de  Gio- 
vanni Furno  pour  l'harmonie  accompagnée  et 
de  Zingarelli  pour  l;i  composition.  Plus  tard,  et 
pendant  un  séjour  de  Generali  à  Naples,  il  obtint 


(i)  Dassci nombreuses  et  d'assez  graves  erreurs  s'étant 
produites  dans  les  notices  consacrées  aux.  frères  Ricci  par 
la  Uiogruithie  universelle  des  iMusiciens,  Je  rétablis 
Ici  le»  faits  en  ni'appuyant  sur  le  livre  de  M.  Franecsco 
rioriiuo  ;  Ceniii  .<;li)riri  stttla  scuola  musicale  di  A'a- 
poli,  et  sur  deux  Inltressanls  écrits  dus  à  MM  I'.  de  Vil- 
lars  et  Arthur  llculliard.| 


aussi  quelques  conseils  de  ce  grand  maître,  qui 
était  l'ami  de  sa  famille.  Après  avoir  écrit,  étant 
encore  sur  les  bancs  de  l'école,  un  opéra  bouffe 
intitulé  l'Imprésario  in  angustie,  une  messe  à 
4  voix  et  orchestre  et  une  cantate  exécutée  le 
jour  de  la  fête  de  Zingarelli,  le  jeune  artiste  entra 
de  plain-pied  dans  la  carrière  de  la  composition 
diamatiqiie,  qu'il  devait  parcourir  d'une  façon 
fort  honorable,  soit  seul,  soit  en  compagnie  de 
son  jeune  frère  Federico  Ricci,  avec  lequel  il 
écrivit  plusieurs  ouvrages  importants. 

iJImpresario  in  e?i(j'Ms/i!'e  avait  été  joué  sur 
le  petit  théâtre  du  Conservatoii'e,  en  1823  ;  dès 
l'année  suivante,  Luigi  Ricci  donne  sur  le  tliéiUre 
Nuovo,  de  Naples,  la  Cena  frastornata,  ou- 
vrage dont  la  partition  avait  été  retouchée  et,  si 
l'on  peut  dire,  miseaii  point  par  Generali.  Trois 
antres  opéras  sont  donnés  successivement  par 
lui  sur  la  même  scène  :  VAbbote  Taccarella  en 
1825  (1),  il  Diavolo  condannato  a  prender 
moglie  en  1826,  et  la  Lucerna  di  Epitteto  en 
1827.  Les  deux  premiers  surtout  furent  heureux; 
le  dernier  ne  fut  guère  fortuné,  non  plus  qu'une 
grande  cantate  intitulée  Vlisse,  qui  servit  de  dé- 
but au  compositeur  sur  la  scène  de  San-Carlo. 
Il  prit  sa  revanche  en  écrivant  pour  l'inaugura- 
tion du  nouveau  théâtre  de  Parme  (1829)  son 
Colombo,  qui  fut  très-bien  accueilli,  et  en  fai- 
sant représenter  sur  le  théâtre  Valle,  de  Rome, 
vers  la  fin  de  la  même  année,  VOrfanella  di 
Ginevra,  qui  fut  reçue  avec  une  sorte  d'enthou- 
siasme par  le  public.  Il  n'en  fut  pas  de  môme 
des  quatre  ouvrages  suivants,  dont  le  sort  fut 
fâcheux  :  il  Sonnambulo  (Rome,  théâtre  Valle, 
26  décembre  1829),  VEroina  delMessico,  ossia 
Fernando  Cortez  (Rome,  th.  Tordinona,  fé- 
vrier 1830),  Annibale  in  Torino  (Turin,  26  dé- 
cembre 1830),  et  la  JSeve  (Milan,  th.  de  la  Ca- 
nobbiana,  21  juin  1831)  ;  la  JS'eve  surtout  fit  un 
//asco  complet. 

Luigi  Ricci  se  releva  brillamment  avec  Chiara 
di  Rosemberg,  dont  le  rôle  principal  ^tait  tenu 
par  Giuditta  Grisi  et  qui  obtint  un  très-grand 
succès  à  la  Scala  de  Milan,  le  11  octobre  1831. 
Il  Nuovo  Figaro,  donné  au  mois  de  février  1832 
au  théâtre  de  Parme,  y  fut  aussi  bien  reçu;  mais 
le  public  de  la  Scala  lit  un  accueil  plus  que  ré- 
servé aux  Due  Sergenti,  qui  lui  furent  offerts  le 
1"    septembre   1833.  11  est  vrai  que  ce  même 


(11  Cet  opéra  a  c'té  représenté  successivement  sous  deux 
autres  titres  :  .Itadino,  et  la  Cabhia  dei  matti,  ce  qui 
a  fait  croire  à  desouvra'.'es  divers.  L'ancienne  censure  na- 
poiit.ilne,  dont  la  réputation  de  sottise  n'est  plus  à  faire, 
ne  voulant  pas,  i  un  tuotnent  donné,  laisser  raetire  en 
scène  un  ,ibbé,  fit  aussi  niodilier  le  premier  titre  de  ces 
doux  façons  :  il  l'ocla  Tacciirellact  il  Fatc  Taccarella. 


RICCI 


411 


public  applaudit  avecentliousiasme  un'  Avven-  i 
tura  di  Scaramuccia,  charmant  opéra  bouffe 
que  le  compositeur  lui  présenta  le  8  mars  de 
l'année  suivante,  et  que  les  Turinais  ne  furent 
pas  moins  bienveillants  envers  gli  Esposti,  qui 
furent  représentés  sur  le  théâtre  d'Angennes  peu 
de  mois  après  ;  ce  dernier  ouvrage  est  plus  connu 
sous  le  titre  :  L'ran  due,  ed  or  son  tre,  qu'on  lui 
donna  par  la  suite. 

A  la  lin  de  cette  même  année  1834  ,  le  26  dé- 
cembre, Luigi  Ricci  reparaissait  au  théâtre 
Valle,  deRome,  avec  C/n  dura  t'mce,  joli  opéra 
bouffe  qui  fut  sifllé,  mais  qui  plus  tard  obtint 
un  grand  succès  dans  toute  l'Italie.  C'est  à  la 
suite  de  cet  ouvrage  qu'il  écrit  avec  son  frère 
Federico  le  premier  opéra  qui  doit  réunir  leurs 
deux  noms;  celui-ci  était  intitulé  il  Colonello  , 
et  fut  représenté  au  théâtre  du  Fondo,  de  Na- 
ples,  pendant  la  saison  du  printemps  de  1835. 
Les  deux  rôles  principaux  en  devaient  être  tenus 
par  laMaiibran  et  notre  grand  chanteur  Duprez  ; 
mais,  victime  d'un  accident,  la  Malibran,  bien 
qu'elle  eût  répété  déjà  plusieurs  fois  il  Colonel- 
lo, dut  être  remplacée  par  Carolina  Ungher  (l). 
Je  crois  que  c'est  dans  le  même  temps  que  Luigi 
Ricci  composa  à  la  hâte  une  farsa  en  un  acte 
intitulée  laServa  e  l'Ussaro,  qui  fut  représentée 
à  Pavie  sans  retentissement.  Puis,  le  15  août 
1835,  il  reparaissait  à  la  Scaia  avec  un  opéra 
sérieux,  Chiara  di  Montalbano,  qui  fut  loin 
d'être  heureux. 

C'est  environ  un  an  après,  c'est-à-dire  pen- 
dant l'été  de  1836,  que,  par  la  protection  du 
prince  Alfonso  Porcia,  le  compositeur  obtint 
l'emploi  de  maître  de  chapelle  à  la  cathédrale  de 
Trieste,  eu  même  temps  qu'il  devenait  chef  du 
chant  au  théâtre  de  cette  ville.  Cela  ne  l'empêcha 
pourtant  pas  d'écrire  avec  son  frère  un  opéra 
bouffe  en  deux  actes,  il  Disertore  per  amore, 
qui  fut  représente  au  tliéàtre  du  Fondo,  de  Na- 
ples,  à  latin  de  1836ou  dans  les  premiers  jours 
de  1837  ;  et  il  donna  encore  à  la  Scala,  de  Milan, 
le  13   lévrier    1838,    le  Aozze  di   Figaro.  U  y 

(I)  Voilà  comment  M.  F.  de  Villars,  dans  ses  IVotices 
sur  J.uiiji  et  t'cdenco  Iticci,  racoate  ce  fait  tragi-coiiii- 
<iuc  :  —  «  C'était  la  iMalibran  qui  devait  remplir  le  rûle 
ITliicipal;  elle  l'avait  même  plusieurs  lois  répète;  11  ne 
inaii(|uait  que  peu  de  chose  pour  la  mise  en  scène.  Mais 
on  ne  devinerait  jaiuais  ce  qui  priva  l'opéra  d'une  telle 
Interprète.  Lu  .Malibran  se  promenait  en  voiture  à  Chiuja, 
L"n  animal  se  jette  dans  les  jambes  de  ses  chevaux;  ils 
s'effrayent, se  cabrcnt.renversent  ia  voiture.  Aux  Champs- 
Elysées,  cal  animal  serait  un  chien,  il  n'y  aurait  pas  be- 
soin de  le  dire  ;  mais  à  Naples,  c'était  tout  simplement- 
un  cochon. Quelle  qu'en  fut  la  cause,  la  célèbre  cantatrice 
se  démit  le  bras,  et  fut  obligée  de  garder  le  lit  pendant 
plusieurs  semaines.  Quand  elle  put  se  lever,  elle  chanta 
deux  ou  trois  fols  la  Sonnambula,  le  bras  en  écharpc  ; 
puis  la  Malibran  partitpour  Milan,  où  elle  était  engagée. 


avait]  quelque^  témérité  à  reprendre  un  sujet 
immortalisé  par  Mozart;  le  compositeur  put  s'en 
apercevoir  à  l'apparition  de  son  ouvrage,  qui 
tomba  tout  à  plat. 

Six  ans  s'écoulent  alors  sans  que  Luigi  Ricci, 
absorbé  sans  doute  par  les  doubles  fonctions  qu'il 
remplissait  à  Trieste,  fasse  en  aucune  façon  par- 
ler de  lui.  Ce  n'est  qu'au  carnaval  de  1844  que, 
étant  appelé  à  Odessa  pour  y  faire  représenter 
un  opéra  nouveau,  il  donne  sur  le  théâtre  de 
cette  ville  un  grand  drame  lyrique,  la  Solilaria 
délie  Aslurie,  écrit  par  lui  sur  un  livret  de 
F.  Romani  qui  avait  été  déjà  mis  en  musique  par 
Cocciaet  Mercadante.  En  1 846,  il  s'associe  pour  la 
troisième  fois  avec  son  frère,  et  produit  avec  lui 
au  théâtre  d'Angennes,  de  Turin,  un  opéra 
bouffe  intitulé  V Amante  di  richiamo,  dont 
le  poème  était  tiré  du  joli  vaudeville  de  Scribe, 
Zoé  ou  l'Amant  prêté.  L'année  suivante,  il 
donne  à  la  Pergola ,  de  Florence,  il  Birrajo  di 
Preston,  qui  obtient  un  franc  succès,  et  en  1850 
il  écrit  avec  Federico  Ricci  le  dernier  ouvrage 
qui  signala  leur  fraternelle  collaboration  ;  cet  ou- 
vrage était  une  charmante  bouffonnerie  pleine  de 
verve,  d'éclat,  d'entrain  et  de  bonne  humeur, 
qui  fut  représentée  au  théâtre  deSan-Benedetto, 
de  Venise,  sous  le  titre  de  Crispino  e  la  Co- 
mare,  et  qui  valut  une  sorte  de  triomphe  aux 
deux  compo-siteurs. 

A  partir  de  ce  moment, Luigi  Riccin'aborda 
plus  que  deux  fois  la  scène.  Il  donna  au 
théâtre  Nuovo,  de  Naples,  en  1852,  la  Festadi 
Piedigvotta,  et  en  1859,  à  Trieste,  il  Diavolo  a 
Quattro.  Ces  dmx  ouvrages  obtinrent  un  plein 
succès.  Néanmoins,  peu  de  temps  après  l'appa- 
rition du  dernier,  il  fut  atteint  d'une  terrible 
maladie  cérébrale,  et  dès  l'été  de  1859  il  était 
devenu  complètement  fou.  On  dut  le  transporter 
à  Prague,  dans  un  asile  d'aliénés;  mais  tous  les 
soins  furent  inutiles,  la  maladie  prit  bientôt  un 
caractère  alarmant,  et  le  31  décembre  1859 
Luigi  Ricci  mourait  à  Prague,  sans  avoir  pu  re- 
couvrer la  raison. 

Les  habitants  de  Trieste  voulurent  honorer 
l'artiste  distingué  qui  pendant  vingt  ans  avait 
vécu  parmi  eux.  Une  cérémonie  funèbre  fut  cé- 
lébrée en  cette  ville,  et  le  buste  du  compositeur, 
commandé  au  sculpteur  Ferrari,  fut  placé  dans 
le  vestibule  du  théâtre,  à'Ja  ,suite  d'une  repré- 
sentation extraordinaire  dans  laquelle  divers 
fragments  de  ses  œuvres>vaient  été  exécutés. 
'  Luigi.Riccia  publié  à  Milan,  chez  Ricordi,  sous 
ces  titres:  Mes  Loisirs,  el.les  Inspirations  du 
thé,  deux  albums  de  mélodies  italiennes  à  une 
ou  plusieurs  voix.  Il  a  écrit  aussi,  pour  le  ser- 
vice de  la  cathédrale  de  Trieste,  un  grand  nom- 


M2 


RICCI 


bre  d'uMivres  religieuses.  On  peut  consulter  sur 
cet  ailiste  IVcrit  intéressant  jniblié  sous  ce  titre 
par  M.  F.  de  Villars  :  Aolices  sur  Luigi  et  Fe- 
derico Ricci,  suivies  d'une  (Dialyse  critique  de 
«  Crispino  e  la  Comnre  »  (Paris,  L6vy,  i8G(i, 
in-12).  11  a  été  puhlié  aussi  à  Florence,  en  1878, 
une  hrocluire  ainsi  intitulée  :  i  Fratelli  Ricci, 
appunti  critici,  par  M.  Loopoido  de  Rada.  I£nfin, 
M.  Dal  Torso  a  puhlié  l'opuscule  suivant  :  Di 
Luigi  Ricci  e  délie  sue  opère,  Triesle,  1860, 
in-8"  avec  portrait. 

*  IUC(J  (Fedkkico), compositeur  dramatique, 
frère  du  précédent,  naquit  à  Naples  le  22  oclobrc 
1809.  En  1818,  il  entra  au  Conservatoire  de  San 
Sebasiiano,  où  se  Irouvail  déjà  son  frère,  et  après 
y  avoir  étudié  l'harmonie  accompagnée  avec 
Giovanni  F'urno,  il  passa  sous  la  direction  de 
Zingarelli  et  de  Raimondi  pour  la  composition 
idéale.  L'usage  était  alors  que  les  élèves,  qu'ils 
eussent  ou  non  terminé  leurs  études,  restassent 
an  Conservatoirejusqu'a  l'âge  de  vingt-deux  ans 
accomplis.  Mais  les  deux  frères  s'aimaient  ten- 
dreuient,  et  lorsque  Luigi  Ricci  eut  quitté  Naples 
pour  se  rendre  à  Rome,  l'ederico  ne  pouvait  se 
consoler  de  son  absence.  En  1829,  celui-ci  de- 
manda donc  et  obtint  un  congé  d'un  mois  pour 
aller  voir  son  frère  ;  mais  une  fois  à  Rome,  et 
réuni  à  lui,  il  lui  fut  impossible  de  se  résoudre 
à  retourner  au  Conservatoire,  et  il  resta  auprès 
de  ce  frère  qu'il  chérissait. 

Ce  n'est  cependant  que  six  ans  après,  en  1835, 
qu'il  fit  ses  débuts  de  compositeur  dramatique, 
précisément  sous  les  auspices  de  Luigi,  en  col- 
laboration duquel  il  écrivit  sa  première  partition, 
il  Co/o?ie//o.  Presque  aussitôt  la  représentation 
de  cet  ouvrage,  qui  fut  donné  au  théâtre  du 
Fondo,  de  Naples,  au  printemps  de  1835,  Fede- 
rico se  rendit  à  Venise  et  lit  jouer  au  théâtre 
San-Denedetto,  de  cette  ville.  Monsieur  Descha- 
lumeaux, opéra  bouffe  en  2  actes  (juin  1835)  ; 
puis  il  revint  à  Naples  donner  avec  son  frère,  au 
même  théâtre  du  Fondo,  il  Desertore  per  amore 
(183C  on  1837). 

On  voit  (pi'il  était  entré  de  plain-pied  dans  la 
carrière.  En  1837,  <^  peine  âgé  de  vingt-huit  ans, 
il  fait  représenter  au  Grand-Théâtre  de  Triesle 
un  drame  lyrique  in  trois  actes,  la  Prigione 
d'Iidi)nOurgo,  dont  le  succès  éclatant  le  classe 
au  rang  des  jeunes  composileurs  d'avenir.  Il  ne 
fut  pas  moins  heureux  avec  un  Duello  sotto  Tii- 
c/ieli(U,  qui  se  vil  Irès-bien  accueilli  à  la  Scala, 
de  Milan,  le  17  août  1839,  avec  Mtcliel-Angclo 
e  Rolla,  qui  parut  avec  succès  à  la  Pergola,  de 
Florence,  ]ien(lanl  le  carême  de  18 il,  et  avec 
Corrudo  d'Allaniurn,  que  le  public,  di'  la  bcala 
reçut  encore  avec  faveur  au  mois  d'oclobrc  de  la 


même  année.  Vallombra,  donné  au  même  théâtre 
le  20  décembre  1842,  fut  moins  fortimé  et  nob- 
lint  qu'un  petit  nombre  de  représentations.  C'est 
alors  que  le  compositeur  fit  un  premier  voyage 
à  Paris,  oii  le  Théâtre-Italien  donna,  le  15  mars 
ISh'i,  s.on  Corrodo  d\'ilta)HHva,  dont  il  avait 
remanié  la  partition.  C'est  aussi  en  1844  que 
Federico  Ricci  produisit  à  Triesle  Isabella  de' 
Medici,  ilont  le  succès  fut  médiocre.  En  184C, 
il  donna  à  la  Scala,  le  21  février,  Estella,  qui 
fut  bien  reçue,  et  il  écrivit  avec  son  frère  l'A- 
mante di  ricfiaimo,  qui  parut  dans  le  cours  de 
la  saison  d'été  au  Ibéâlre  d'Angennes,  de  Turin. 
A[)rès  Griselda,  qui  fut  représentée  à  la  l'enice, 
de  Venise,  en  1847,  le  compositeur  garde  un  si- 
lence de  trois  années,  et  ne  reparaît  à  la  scène 
qu'en  compagnie  de  son  frère,  avec  lequel  il 
donne  au  théâtre  San-Benedetto,  de  la  même 
ville,  le  cliarmanl  ouvrage  qui  a  pour  litre  Cris- 
pino e  la  Coniare  (1850). 

Cet  ouvrage  est  bientôt  suivi,  vers  la  fin  de  la 
même  année,  de  celui  intitulé  i  Due  Ritratti,  dont 
Federico  Ricci  avait  écrit  à  la  fois  les  paroles  et 
la  musique,  et  qui  est  accueilli  avec  le  plus  vif 
plaisir  au  môme  théâtre  San  Benedetlo.  Enfin,  au 
théâtre  delà  Porte-Carinihie,  à  Vienne,  Ricci  fait 
représenter,  en  1852,  il  Marifo  e  l'Amante,  et, 
en  1853,  il  Panière  d' amore. 

A  partir  de  ce  moment,  il  semble  renoncer 
à  la  scène.  Parla  protection  du  comte  Wladimir 
Adierberg,  ministre  de  la  cour  de  Russie,  et  de 
la  comtesse  Catherine,  sa  femme,  qu'il  avait  con- 
nus à  Venise,  il  obtient  la  charge  d'inspecteur 
des  classes  de  chant  à  l'École  impériale  des 
théâtres  de  Saint-Pétersbourg,  part  pour  la  Rus- 
sie, et  le  V'  septembre  1853  prend  possession 
de  son  emploi,  qu'il  garde  pendant  longues  an- 
nées. 

Cependant,  le  joli  opéra  de  Crispino  e  la  Co- 
mare  ayant  été  représenté  au  Théâtre-Italien 
de  Paris  en  1800,  le  succès  éclatant  obtenu  par 
cet  ouvrage  mit  en  relief  le  nom  des  deux  frères 
Ricci,  jusque-là  peu  connu  du  public  français. 
Luigi  était  mort  depuis  plusieurs  années  ;  mais 
Federico,  qui  était  toujours  à  Saint-Pétersbourg, 
fut  louché  par  ce  succès  et  se  sentit  de  nouveau 
tourmenté  par  le  démon  du  théâtre. 

Après  laut  d'années  de  silence,  il  se  mit  donc 
à  écrire  les  paroles  et  la  musique  d'un  ouvrage 
nouveau  qu'il  mlilu\AunaFollia  aRoina,el(\u'i\ 
avait  le  désir  de  faire  jouer  à  notre  Théâtre-italien. 
Des  pourparlers  engagés  à  ce  sujet  n'ayant  pu 
aboutir,  bien  que  le  compositeur  frtt  venu  ex- 
pressément à  Paris,  le  directeur  du  gentil  petit 
théâtre  des  Fanlaisies-Parisieimcs  |)roposa  à 
Ricci  de  faire  traduire  son  opéra  et  de  le  re- 


RICCI 


RICHARD 


413 


présenter  sur  cette  scène  élégante  et  mignonne. 
Celui-ci  y  consentit,  et  une  Folie  à  Home  fut 
jouée  en  effet,  le  30  janvier  1869,  aux.  l-antai- 
sies-Pari.'^iennes,  avec  un  très-grand  succès  (1). 

Le  même  théâtre  donna,  au  mois  de  septem- 
bre suivant,  la  traduction  de  Crispino  e  la 
Comare,  sous  le  titre  du  Docteur  Crispin,  et 
l'effet  produit  par  cette  traduction  n'ayant  pas 
été  moins  heureux,  Federico  Ricci  songea  à  ren- 
trer décidément  dans  la  carrière  et  à  travail- 
ler pour  la  scène  française. 

Il  écrivit  alors  un  opéra-comique  en  trois 
actes,  le  Dodcur  rose,  et,  sur  un  nouveau  li- 
vret, remania  profondément  son  ancienne  parti- 
tion d'il  Marito  e  V Amante,  qui  prit  le  litre 
d'une  Fêle  à  Venise.  Le  premier  de  ces  ouvra- 
ges fut  donné  aux  Bouffes-Parisiens,  le  10  fé- 
vrier 1872,  et  le  second  au  théâtre  de  l'Athénée, 
le  15  du  même  mois.  Mais  l'un  et  l'autre  furent 
accueillis  avec  une  grande  froideur,  et  depuis 
lors  Ricci  sembla  avoir  pour  toujours  renoncé  au 
théâtre.  11  n'y  revint  une  dernière  fois  que  pour 
arranger  et  remanier,  en  vue  de  la  scène  fran- 
çaise, Tun  des  opéras  de  son  frère  qui  avaient 
été  le  plus  applaudis  naguère  :  Chi  dura  vince. 
Cet  ouvrage,  aiusi  approprié,  fut  représenté  sans 
aucun  succès,  le  21  février  187G,au  petit  théâtre 
Tailbout.  Peu  de  temps  après,  Feilerico  Ricci, 
qui  depuis  phisieurs  années  résidait  à  Paris,  re- 
tourna eu  Italie,  et  se  fixa  à  Coneyiiauo.  C'est 
là  qu'il  est  mort,  le  10  décembre  1877,  à  l'âge 
de  soixante-huit  ans. 

En  dehors  de  ses  œuvres  dramatiques,  il  faut 
signaler  les  compositions  suivantes  de  Federico 
Ricci  :  2  Messes  à  4  voix  et  orchestre  ;  la  Fé- 
licita, cantate  exécutée  au  théâtre  Carlo-Felice, 
de  Gènes,  le  6  juin  18'i2,  pour  les  fêtes  nuptiales 
du  prince  Victor- Emmanuel  de  Savoie, plus  tard 
roi  d'Italie  ;Cantate  commandée  par  le  roi  Char- 
les-Albert et  exécutée  au  palais  royal  de  Gênes; 
Cantate  en  l'honneur  de  l'Italie,  exécutée  à 
Saint-Pétersbourg  en  1854  ;  le  Rendez-vous  au 
salon,  album  de  6  ariettes  et  6  nocturnes  ita- 
liens à  2  voix  (Milan,  Ricordi);  Étrennes  àl'ob- 
iet  de  ma  pensée,  ^\bam  de  8  mélodies  ita- 
liennes (id.,  id.)  ;  Album  de  fi  mélodies  italiennes 
(id.,  id.)  ;  Album  de  6  mélodies  en  directe  véni- 
tien (id.,  id.)  ;  Canti,  recueil  de  6  mélodies  ita- 
liennes (id.,  id.)-,  Cest  pour  vous,  album  de  8 

(1)  J'ji  dit  que  Ricci  avait  écrit  les  paroles  et  la  musique 
de  cet  ouvrage,  ToiUoruis,  les  premif^res  ne  lui  ont  sans 
doute  pas  beaucoup  coûté.  En  ce  qui  contîcrnc  le  pntnier 
acte  tout  au  moins,  un  curieux  a  découvert  que  le  com- 
positeur avait  reproduit,  mot  pour  mot  et  vers  pour 
vers,  le  premier  acte  du  livret  des  ^stuUi  (cmmimli 
de  Palumbo,  que  Clmarosa  mit  Jadis  en  musique  et  qui 
procura  à  ce  maître  un  de  ses   plus  grands  triomphes. 


ariettes  italiennes  (Milan,  Lucca);  enfin,  des  ro- 
mances italiennes  détachées,  à  une  ou  plusieurs 
voix, divers  chants  napolitains,  et  un  assez  grand 
nombre  de  mélodies  françaises  écrites  surtout 
sur  des  paroles  de  la  Fontaine,  de  Gilbert,  de  Dé- 
ranger et  d'Alfred  de  Musset. 

Federico  Ricci  était  un  artiste  intéressant,  bien 
doué,  qui  avait,  dans  la  mesure  de  sa  valeur  se- 
condaire, mais  réelle,  dignement  continué  la  tra- 
dition des  anciens  musiciens  bouffes  italiens 
Quelques-unes  de  ses  œuvres  étaient  vraiment 
réussies,  et  s'il  a  éprouvé  des  revers,  on  peut  dire 
qu'il  a  connu  aussi  des  succès,  et  ([ue  ces  succès 
étaient  mérités.  On  consultera  avec  profit,  sur 
cet  artiste,  les  deux  écrits  suivants  :  1°  Notice 
sur  Luigi  et  Federico  Ricci,  suivies  dhine 
analyse  critique  de  «  Crispino  e  la  Comare,  » 
par  F.  de  Villars  (Paris,  Lévy,  1866,  in-12)  ; 
2"  Étude  sur  «■  une  Folie  à  Rome,  »  opéra 
bouffe  de  Federico  Ricci,  par  Arthur  Heii- 
Ihard  (Paris,  Bachelin-Detlorenne,  1872,  in-12 
avec  portrait).  Je  signalerai  aussi  une  brochure 
de  50  pages,  publiée  à  Florence  en  1878  :  i 
Fratelli  Ricci,  appunti  critici,  par  M.  Leo- 
poldo  de  Rada.  , 

RICCI  (LuiGi),  compositeur,  fds  de  Luigi  et 
neveu  de  Federico  Ricci,  s'est  adonné  aussi  à  la 
composition  dramatique.  Encouragé  par  la  mu- 
nicipalité de  Trieste,  sa  ville  natale,  il  obtint 
d'elle,  quelque  temps  après  la  mort  de  son  père, 
une  pension  qui  lui  permit  de  continuer 
ses  études  musicales,  et  peu  après,  le  15 
août  1861,  alors  qu'il  était  encore  à  peine  âgé 
de  huit  ans,  il  lit  exécuter  dans  la  cathédrale  de 
Saint-Juste,  de  celte  ville,  une  messe  de  sa  com- 
position. Depuis  lors,  il  a  fait  représenter  sur  le 
théâtre  Carlo-Felice,  de  Gênes,  une /orsa  intitulée 
Fros nia  (1870),  ainsi  qu'une  bouffonnerie  qui 
avait  pour  titre  un  Curioso  Accidente  (1871) 
et  qui  eut  peu  de  succès.  M.  Luigi  Ricci  était, 
au  commencement  de  1878,  chef  d'orchestre  et 
maestro  concertatore  an  Politeama,  de  Trieste. 

KICCl  (Lella),  cantatrice  dramatique,  sœur 
du  précédent  et  fille  de  Luigi  Ricci  I,  commença 
à  se  faire  connaître  en  Italie,  puis,  en  1871,  alla 
chanter  à  Prague,  où  elle  obtint  de  brillants  suc- 
cès et  où  elle  se  fiança  avec  un  jeune  homme 
de  bonne  famille.  Elle  quittait  cette  ville  pour  re- 
tourner, je  crois,  en  Italie,  lorsque,  saisie  de 
convulsions  en  chemin  de  fer  même,  elle  dut  in- 
terrompre son  voyage  pour  revenir  en  toute  hâte 
à  Prague.  Elle  mourait  au  bout  de  vingt-quatre 
heures,  le  7  aoi^t  1871,  des  suites  d'une  hémor- 
ragie. Elle  avait  à  peine  accompli  sa  vingtième 
année. 

RICHARD  ( ),estlenomd'un  compositeur 


41  i 


RICHARD  —  lUCHAULT 


qui  fit  représenter  sur  le  tliéàtre  des  Jeunes- 
Élèves,  le  29  juin  1807,  un  opora-comique  en  un 
acte  intitulé  V Orpheline  du/iavieau. 

RICHARDS  (Bkinley),  compositeur  et  pia- 
niste anglais  fort  distingué,  fils  d'un  artiste  qui 
tenait  l'emploi  d'organiste  à  l'église  Saint-Pierre, 
de  Carmarthen  (principauté  de  Galles),  est  né 
dans  cette  ville  en  1819.  Destiné  d'abord  à  la 
médecine,  il  ne  tarda  pas  à  abandonner  l'étude 
de_ cette  science  pour  se  livrer  à  celle  de  la  mu- 
sique, vers  laquelle  il  se  sentait  irrésistiblement 
attiré,  et,  protégé  par  le  duc  de  Nevvcastle  et  le 
comte  de  Westmoreland,  qui  l'avaient  pris  en 
affection,  il  obtint  une  bourse  à  l'Académie  royale 
de  musique  de  Londres,  et  fit  dans  cet  établis- 
sement des  études  très-complètes  et  très-bril- 
lantes. 

Devenu  un  virtuose  extrêmement  remarquable, 
particulièrement  dans  l'exécution  de  la  musique 
classique  et  des  œuvres  des  maîtres,  M.  Brinley 
Richards  se  produisit  en  public  avec  le  plus  vif 
succès.  11  ne  se  fit  pas  applaudir  seulement  par 
ses  compatriotes ,  mais  aussi  en  Allemagne,  en 
France,  en  Italie,  dans  une  série  de  voyages 
artistiques  au  cours  desquels  il  se  vit  partout 
bien  accueilli.  Il  fit  à  Paris  la  connaissance  de 
Chopin,  dont  les  conseils  ne  lui  furent  pas  inu- 
tiles et  avec  quiilse  lia  d'une  vive  amitié.  De  re- 
tour en  Angleterre,  M.  Brinley  Richards  se  vit 
bientôt  nommer  professeur  dans  l'établissement 
où  il  avait  fait  son  éducation,  et,  .sans  aban- 
donner en  aucune  façon  la  carrière  de  virtuose 
qu'il  avait  commencée  d'une  manière  brillante,  se 
livra  avec  activité  à  la  composition.  Ses  succès 
ne  furent  pas  moins  grands  sous  ce  sapport,  et 
les  oeuvres  nombreuses  et  diver.ses  qu'il  a  pu- 
bliées depuis  trente  ans  n'ont  fait  qu'affermir  et 
consolider  sa  renommée.  M.  Brinley  Richards  se 
rendit  tout  d'abord  populaire  par  la  production 
d'un  certain  nombre  de  chants  écrits  par  lui  en 
l'honneur  ou  en  souvenir  de  ce  pays  de  Galles, 
où  il  a  vu  le  jour,  et  qui  sont  tout  empreints 
d'un  ardent  amour  pour  cette  belle  et  pittoresque 
contrée  ;  le  Chant  de  guerre  cambrique ,  la 
Harpe  galloise,  le  Plv^net  cambrique,  ne  sont 
pas  moins  fameux,  le  sont  plus  encore  peut-être 
que  son  célèbre  Dieu  bénisse  le  prince  de  Gal- 
les {God  bless  the  prince  of  Wales),  devenu 
pourtant  si  rapidement  populaire.  Parmi  ses  au- 
tres compositions  vocales,  on  peut  citer  encore 
des  chants  sacrés  à  une  ou  plusieurs  voix  :  le 
Sentier  du  pèlerin,  En  ce  jour,  A  l'heure  de 
ma  détresse,  Comme  par  le  passé  ;  puis  des  mé- 
lodies :  Petits  Oiseaux,  Quelles  sont  ces  Clo- 
ckesP  Debout ,  Abandonne  ton  berceau,  Petits 
Enfants,  le  Songe,  etc. 


Mais  c'est  surtout  comme  compositeur  pour 
son  instrument,  que  M.  Brinley  Richards  .s'est 
fait  remarquer  par  sa  fécon<lilé.  11  me  serait  im- 
possible ici  de  citer  toutes  ses  œuvres,  et  je  dois 
me  borner  à  l'indication  des  suivantes  :  Andan- 
ie  con  moto,  pastorale,  op.  7  ;  Sibylle,  le  Chant 
du  soir,  Chant  du  matin,  le  Chant  du  captif, 
Éthel,  Chant  du  crépuscule,  romances,  op. 
30,  50,  82,  24,  28,  71  ;  Marie,  Louise,  Floren- 
ce, Alexandra,  VAdieu,  la  Santa  Madré, 
rÉtoile  du  soir,  nocturnes,  op.  60,  67,  75,  81, 
26,  118,  134;  Sérénade  au  clair  de  lune; 
la  Reine  Blanche,  galop  de  concert  ;  les  Oi- 
seaux et  le  Ruisseau,  scherzo  ;  le  Chant  dv. 
ménestrel  ;  la  Vivandière  ;  les  Gardes  du  roi  ; 
^?'(d,  caprice-valse  ;  Bellagio;  le  Songe  d'un 
ange  ;  Vaillance,  étude  d'octaves;  le  Monas- 
tère ;  la  Danse  des  Péris;  la  Vision;  in  Me- 
moriam  ;Chère  Angleterre;  Souvenirs  du  pays 
de  Galles;  etc.  M.  Brinley  Richards  a  écrit  aussi 
plusieurs  concertos  de  piano  avec  accompagne- 
ment d'orchestre,  un  recueil  d''Études,  puis  di- 
ver.<;es  compositions  pour  rorchestre,entre  autres 
une  grande  ouverture  en/a  mineur,  et  sa  fameuse 
Marche  de  Carmarthen ,  devenue  populaire 
dans  les  trois  royaumes. 

En  résumé,  M.  Brinley  Richards  est  un  artiste 
d'une  grande  valeur,  et,  qu'on  le  considère  comme 
virtuose  ou  comme  compositeur,  l'un  des  mieux 
doués  et  des  plus  distingués  de  l'Angleterre  au 
dix-neuvième  siècle. 

RÏCHARDSOiV  (John-Elliott),  pianiste, 
organiste  et  compositeur  anglais  contemporain,  a 
commencé  ses  études  musicales  à  la  maîtrise  de  la 
cathédrale  de  Salisbury,  où  il  était  enfant  de 
chœur,  et  se  mit  ensuite  pendant  cinq  années 
sous  la  direction  d'un  organiste  nommé  A. -T. 
Corfe.  Devenu  organiste  adjoint  à  la  cathédrale 
de  Salisbury^  il  fut  nommé  organiste  titulaire  et 
chef  des  chœurs  de  la  môme  église  en  1863,  et 
occupe  encore  aujourd'hui  ces  fonctions.  On 
connaît  de  cet  artiste  diverses  conqjositions  re- 
ligieuses, parmi  lesquelles  une  grande  Marche 
pour  orgue,  deux  services  de  cathédrale  com- 
plets (en  mi  et  fa),  plusieurs  antiennes,  etc., 
etc.         / 

Rir:iIAUF.T  (CiURi.Rs-SiMON'),  est  le  chef 
d'une  dynastie  d'éditeurs  de  musique  français 
dont  les  premiers  travaux  remontent  à  l'origine 
de  ce  siècle.  Né  en  1780,  Richault,  après  avoir 
été  pondant  quelques  années  commis  chez  de 
Momigny,  conçut  le  projet  de  s'établir  à  son 
compte;  à  cei  effet,  il  commença  par  graver  lui- 
même,  le  soir,  après  .son  travail  de  la  journée,  les 
ouvrages  avec  lesquels  il  voulait  commencer  son 
fonds,  puis,  en  J80a,  il  s'installa  modestement 


RICHAULT  —  RICHERT 


415 


au  n"  7  de  la  rue  Grange-Batelière,  d'où  il  passa, 
quelques  années  plus   tard,  au  n"  IG  du  boule- 
vard Poissonnière.  Ses  affaires  ayant  pris  une 
grande  extension,  à  la  suite  de  la  publication  faite 
par  lui  des  grandes  œuvres  classiques  de  la  mu- 
sique d'ensemble  et  d'orchestre,  il  se  fixa  ensuite 
au  n"  2G  du   môme  boulevard.  Là,  il  donna  une 
plus  vive  impulsion  encore  à  son  commerce,  et 
s'atlaciia,  entre  autres,  à  faire  connaître  an  pu- 
blic français  les  adorables  mélodies  de  Schubert, 
dont  Nourrit  d'abord,  et  Wartel  ensuite,  se  firent 
les  propagateurs  convaincus.  La  collection  com- 
plète de  toutes  les  œuvres  de  ce  grand  artiste, 
pourléchant  ou  pour  le  piano,  fut  successivement 
faite  par  hii,  et  Richault  contribua  puissamment 
à  développer  en  France  le  goût  de   la  musique 
sérieuse  par  la  publication  des  productions  les 
plus  importantes  des  grands  symphonistes  alle- 
mands.  Par  suite  des  additions  très-considéra- 
bles faites  à  son  fonds  par  l'acquisition  d'œuvres 
nombreuses  fai.sant  partie  de  ceux  de  quelques- 
uns  de  ses  confrères  :  Frey,  Naderman,  Sieber, 
Pleyel,  Petit,  Lemoine,  Meysemberg,  Érard,  De- 
lahante,  l'emplacement  qu'il  occupait  devint  in- 
suffisant, et  en  1862,  Richault  quitta  le  boule- 
vard Poissonnière  pour  s'établir  boulevard  des 
Italiens,  n"  4.  C'est  là  qu'il  mourut,  à  la  fin  de 
février   1866,  après   avoir  dirigé  pendant  plus 
d'un  demi-siècle  la  maison  qu'il  avait  fondée. 

11  eut  pour  successeur  son  fils,  GulUmimc- 
Simon  Richault,  né  en  1806,  qui  pendant  de 
longues  années  avait  été  son  collaborateur,  et  qui 
continua  les  intelligentes  et  laborieuses  traditions 
paternelles.  Celui-ci  fit  lui-même  de  nombreuses 
publications  classiques  et  sérieuses,  et  augmenta 
encore  son  fonds  de  celui  de  Pacini,  qui  com- 
prenait une  quantité  de  partitions  d'opéras  dus 
aux  derniers  grands  maîtres  italiens.  Guillaume- 
Simon  Richault  mourut  à  Paris  le  7  février  1877, 
laissant  à  la  tète  de  sa  maison  son  fils,  M.  Léon 
Richault,  qui  représente  aujourd'hui  la  troi- 
sième génération  de  cette  famille  bien  connue  de 
toute  l'Europe  musicale. 

Il  serait  impossible  de'dresser  ici,  même  som- 
mairement, une  liste  des  principaux  ouvrages 
compris  dans  le  catalogue  des  18,000  publications 
faites  jusqu'à  ce  jour  par  la  maison  Richault,  ca- 
talogue sur  lequel  figurent  les  noms  des  plus 
célèbres  compositeurs  modernes.  Cette  maison, 
devenue  si  importante,  a  été  dès  ses  débuts  le 
rendez-vous  de  tout  ce  que  Paris  comptait  de 
musiciens  fameux  ou  distingués,  qui  savaient 
trouver  toujours  en  Richault  un  homme  affable, 
aux  vues  élevées,  d'excellents  conseils,  et  pos- 
sesseur d'une  utile  expérience. 

Parmi  les  artistes  illustres  dont  il  a  publié  les 


œuvres,  il  faut  citer  avant  tout,  dans  la  musique 
dramatique,  Cheruhini,  Roieldieu,  MéhuI,  Meyer- 
beer,  Niedermeyer,  Onslow,  Kreutzer,  Spontini, 
Carafa,  Ad.  Adam,  Ries,  Marschner,  Rossini, 
Donizetti,  Bellini,  Monpou,  Mercadante,  Vaccaj, 
Coppola,  Ciniarosa,  Marliani,  Zingarelli,  Pacini, 
les  deux  Ricci,  Balle,  Paër,  Paisicllo,  Grétry, 
Nicolaï,  MM.  Ambroise  Thomas, dont  il  a  gravé  les 
premières  œuvres,  Victor  Massé,  Duprato,  Bazin. 
En  ce  qui  concerne  la  musique  symphonique  et 
religieuSe,  Richault  est  le  premier  qui  ait  publié 
en  partition  les  œuvres  de  Beethoven,  bien  avant 
que  l'Allemagne  elle-même  n'ait  songé  aie  faire; 
au  grand  nom  de  Beethoven,  il  faut  ajouter  ceux 
de  Bach,  Hsendel,  Cherubini,  Boëly,  Reicha, 
IS'euKomm,  Rinck,  :Hummel,  Choron,  Dietsch, 
Lefèbure-Wély,  Miné,  Fessy ,  puis  ceux  de 
MM.  Gounod,  Guilmant,  Mabellini,  Proch,  etc. 
Richault  professait  une  admiration  profonde  pour 
le  génie  de  Berlioz,  et  c'est  lui  qui  a  livré  au  pu- 
blic la  plupart  des  œuvres  de  ce  grand  homme, 
entre  autres  la  Damnation  de  Faust  et  l^ En- 
fance du  Christ,  bien  avant  l'heure  où  ces  pro- 
ductions colossales,  d'abord  méconnues,  obtin- 
rent enfin  l'accueil  qu'elles  méritaient. 

Le  catalogue  de  piano  de  la  maison  Richault 
comprend  toutes  les  grandes  œuvres  classiques, 
puis  celles  de  Thalberg,  Mendeissohn,  Schumann, 
Cramer,  Moscheles,  Pixis,  Hummel,  Reissiger, 
Dohler,  Lysberg,  Amédée  Méreaux,  Rosellen, 
Charles  Schunck ,  Liszt,  Alkan,  Schulotf,  Wil- 
mers,  Stephen  Heller,  Herz,  Kùhiau,  Henri 
Reber,  et  bien  d'autres  que  nous  ne  pourrions 
citer.  Enfin,  la  musique  pour  instruments  à  cor- 
des nous  donne  les  noms  de  Rode,  Viotti,  Bail- 
lot,  Paganini,  Robberechts,  Campagnol!,  Fio- 
rillo,  Rolla,  Spohr,  Habeneck,  Mayseder,  Fesca, 
Kalliwoda,  Boccherini,  Romberg,  Ries,  Ernst, 
Krommer,  Wéry,  Servais,  Kummer,  Dotzauer, 
Lee,  Dancla,  Léonard,  Deldevez,  Jansa,  Joachim, 
Sauzay,  Urhan,  Batta,  Piatti,  etc.  En  réalité,  on 
peut  dire  que  la  hbrairie  musicale  de  Richault  a 
été  l'une  des  plus  considérables,  sinon  même  la 
plus  importante  de  toutes  celles  qui  ont  été 
fondées  en  France.  Y. 

RICHERT  (Félix),  pianiste,  professeur  et 
compositeur,  était  fixé  dans  une  petite  ville  de 
province,  à  Tonnerre  (Yonne),  lorsqu'il  y  a  une 
quinzaine  d'années,  il  publia  sous  ce  titre  :  VArt 
déjouer  du  piano  suivant  les  lois  delanature 
(Paris,  Leduc,  un  vol.  in-12  de  210  pp.),  un  ma- 
nuel technique  dont  Fétis  rendait  compte  en  ces 
termes  élogieux  dans  la  Revue  et  Gazette  mu- 
sicale du  8  octobre  1865  :  —  «...  Les  natures 
d'élite  n'ont  besoin  que  d'elles-mêmes  pour  se 
développer  ;  or,  dans  mon  opinion,  M.  Richert 


416 


RICIIERT  -   llICHTER 


est  une  de  cos  heureuses  organisations.  Livré  à 
lui-inôrne,  et  sans  autre  secours  que  son  intelli- 
gence et  sa  volonté,  il  a  conçu  un  plan  d'ensei- 
gnement logi(iue  pour  un  art  qui  ne  semble  (ié- 
pendre  que  du  sentiment  et  d'une  pratique  in- 
cessante des  difficultés  de  mécanisme.  Il  en  a 
creusé  toutes  les  parties  par  une  analyse  métlio- 
dique  et  en  a  formé  un  système^  c'est-à-dire  un 
ensemble  complet.  Possédant  une  instruction  so- 
lide et  philosopliique,  il  a  pu  donner  à  l'exposé 
de  ce  système  la  l'orme  scient4fique  qui  en  fait 
un  ouvrage  absolument  différent  de  toutes  les 
méthodes  de  piano...  Une  méthode  progres- 
sive, un  esprit  net,  un  .style  clair  et  logique  se 
font  remarquer  dans  l'exposé  des  idées  de  M.  Ri- 
chert  et  y  ajoutent  le  mérite  de  la  forme.  Toute 
sa  théorie  du  doigter  est  traitée  de  main  de 
maître  et  réduite  à  des  principes  d'une 
grande  simplicité...» 

Ricbert  n'a  pas  borné  à  ce  seul  et  intéressant 
ouvrage  l'application  théorique  de  .ses  principes 
en  matière  d'enseignement.  Sous  ce  rapport,  on 
lui  doit  encore  les  traités  suivants  :  1°  École 
pratique  du  pianiste.,  suivant  l'état  technique 
actuel  de  Vart  déjouer  du  piano,  Paris,  Le- 
duc ;  2°  Cours  théorique  et  pratique  de  mu- 
sique vocale,  contenant  un  exposé  analytique 
et  raisonné  des  principes  de  Vart  du  chant 
et  un  abrégé  de  la  théorie  du  plain-ckant  (ou- 
vrage dont  il  a  été  fait  quatre  éditions),  id.,  id.; 
3"  Traité  élémentaire  du  plain-chant,  con- 
tenant un  choix  de  morceaux  sur  les  8  fo7is  du 
plain-chant,  id.,  id.  ;  4°  Griide  méthodique  du 
professeur  de  piano,',  contenant  un  indicateur 
gradué  dans  le  domaine  de  la  littérature  mu- 
sicale, Paris,  librairie  internationale,  I8f)6jin-t2. 
Ricbert  avait  annoncé  la  |)ublication  de  deux 
autres  traités  :  l'Art  de  chanter  suivant  les 
lois  de  la  nature,  ^i  l'Harmonie  fondée  sur  les 
lois  de  la  nature  ;  f  ignore  si  ces  deux  ouvra- 
ges ont  paru.  Ricbert  s'est  fait  connaître  aussi 
comme  compositeur,  et  a  publié  quelques  mor- 
ceaux de  genre  pour  le  piano  :  Boléro  briilanl  ; 
le  Jiêve,  valse  de  salon,  op.  18;  Valse  de  bra- 
voure,op.  24;  Sous  les  Tilleuls,  caprice-rêve- 
rie, op.  28;  le  Réveil  au  hameau,  scène  pas- 
torale, op.  30;  etc.;  3  grands  duos  concertants 
pour  2  pianos,et  quelques  chœurs  à,4  voixd'hom- 
mes  .sans  accompagnement.  Cet  artiste  modeste 
et  distingué    est  mort  il  y  a  quelques  années. 

RICIÏMOM)  (Wiixiam-Henry),  pianiste, 
organi.ste  et  coinposileur  anglais  contemporain  , 
a  été  l'élève  de  deux  artistes  dont  l'un  s'appe- 
lait James  Rhodes,  et  l'autre  T. -A.  Marsh.  De- 
venu organiste  d'une  église  de  Kiiaresl)oroug, 
ville  du  comte  d'York,  il  alla  se  fixer  ensuite  en 


Ecosse,  à  Dundee,  où  il  fut  nommé  successive- 
ment organiste  de  la  cathédrale  (1871),  organiste 
de  l'Union  chorale  des  amateurs  (1871),  organiste 
de  l'Association  des  chœurs  d'église  (1873),  et 
pianiste  de  la  Société  musicale  des  amateurs 
(1875).  Parmi  les  compositions  de  M.  Richmoml. 
on  cite  une  Marche  triomphale  (en  ré)  et  mi 
Andante  (en  si  bémol)  pour  orgue,  un  Servie;- 
pour  la  communion  (en  fa),  4  introït,  4  offer- 
toires, une  antienne,  3  Services  pour  orchestre, 
3  romances,  une  application  du  Magnificat  et 
du  Nunc  dimitlis  pour  le  Festival  des  chœurs 
d'église  donné  à  Dundee  en  1877,  etc. 

RICIIOMME  (François),  joueur  de  violon 
de  la  chambre  de  Henri  IV  et  de  Louis  Xlll, 
naquit  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle. 
A  la  mort  de  Pierre  Roussel,  il  lui  succéda 
dans  la  charge  de  roi  des  violons,  charge  qu'il 
occupait  en  1620,  car  dans  l'acte  de  baptême 
d'un  lils  de  Louis  Constantin  {Voy.  ce  nom), 
dont  il  était  parrain  et  qui  naquit  en  celte 
année  1020,  il  prend  les  titres  de  «  Roy  des  vio- 
lons et  violon  ordinaire  du  Roy  ».  Je  n'ai  pu 
découvrir  sur  cet  artiste  aucun  renseignement, 
en  dehors  de  ces  lignes  que  j'emprunte  à  Jal 
{Dictionnaire  critique  de  biographie  et  d'his- 
toire) :  —  «  Cette  même  année  (1620),  il  eut  à 
faire  un  acte  d'autorité.  Quatre  musiciens  .s'ingé- 
raient de  montrer  à  danser  sans  la  permission  de 
Sa  Majesté  F'rançois  Richomme  ,  et,  faisant  partit; 
de  la  bande  des  instrumentistes  de  Louis  Xlll. 
refusaient  de  suivre  la  cour  en  ses  voyages.  Il 
fallut  livrer  au  mépris  de  la  postérité  ces  révo- 
lutionnaires qui  protestaient  contre  les  statuts 
de  leur  communauté.  Ils  se  nommaient  Alain  Ri- 
queur,  François  Rozier,  François  Imbert  et  Gilles 
Coustelet.  Richomme  les  traduisit  devant  les 
juges  du  Chàtelet  et  obtint  contre  eux  une  sen- 
tence qui  leur  ordonnait  de  se  rendre  à  la  suite 
de  la  cour  quand  ils  en  seraient  requis,  et  leur 
défendait  de  montrer  à  danser  en  ville,  sans  le 
congé  du  roi  des  violons.  Les  condamnés  appe- 
lèrent de  la  sentence  au  grand  conseil,  qui,  le 
23  mars  1620,  maintint  les  condamnations.  » 
C'était,  on  le  voit,  le  prélude  de  la  guerre  d'af- 
franchissement des  musiciens  qui  donna  lieu , 
un  demi-siècle  plus  tard,  au  pamjihlet  de  Guil- 
laume du  Manoir,  alors  roi  des  violons,  te  Maria  je 
de  la  musique  avec  ta  dance,  et  qui  se  termina 
en  1695  par  l'abdication  du  dernier  souveraindcs 
ménétriers,  Guillaume-Michel  du  Manoir. 

On  ne  connaît  ni  la  date  de  nais.sance,  ni  celle 
de  la  mort  de  François  Richomme. 

*  RICIITER  (ERNi;sT-FRi:oÉRic-ÉDOUARn'), 
théoricien,  professeur  et  compositeur  alle- 
mand, est    mort    à    Leipzig  le  9   avril  1870. 


RICHTER  —  RICORDI 


417 


A  la  liste  des  ouvrages  les  plus  importants  de  cet 
artiste,  il  faut  ajouter  les  suivants  :  Enseigne- 
ment de  la  fugue  et  de  toutes  les  formes  du 
contre-point,  double,  triple  et  quadruple, 
Leipzig,  1868;  Quatuor  en  fa  mineur  pour  2 
violons,  alto  et  violoncelle,  op.  25;  Sonate  pour 
violoncelle,  op.  37  ;  Me.sse  pour  voix  seules 
et  chœur,  a  cappella,  op.  44  ;  Messe  pour  2 
chœurs,  a  cappella,  op.  46;  Stabat  Mater,  pour 
voix  seules  et  chœur,  a  cappella,  op.  47. 

RICHTER  (Hans),  un  des  chefs  dorchestre 
les  plus  remarquables  de  l'Autriche,  est  né  à 
Raab  (Hongrie),  le  4  avril  1843.  Son  père,  excel- 
lent musicien,  était  maître  de  chapelle  de  la  ca- 
thédrale de  cette  ville,  et  lui  enseigna  les  pre- 
mières notions  de  l'art.  L'enfant  n'avait  que  dix 
ans  lorsqu'il  eut  le  malheur  de  le  perdre,  eldès 
l'année  suivante  il  entra  comme  enfant  de  chœur 
à  la  chapelle  de  la  cour,  à  Vienne,  où  il  resta 
quatre  années.  En  1849,  il  fut  admis  au  Conser- 
vatoire de  la  même  ville,  y  devint  élève  de  Klei- 
nicke  pour  le  cor,  et  y  lit  ses  études  théoriques 
avec  Sechter  et  Helimesberger.  En  même  temps, 
il  entrait  en  qualité  de  corniste  à  l'orchestre  de 
l'Opéra  impérial. 

Sur  la  recommandation  d'Esser,  M.  Richler 
fut  appelé  quelques  années  plus  tard  à  Lucerne 
par  M.  Richard  Wagner,  qui  vivait  alors  en  cette 
ville,  et  qui  lui  fit  exécuter  la  copie  de  sa  parti- 
tion des  Maîtres  chanteurs.  M.  Richter  resta 
à  Lucerne  depuis  le  mois  d'octobre  1866  jusqu'au 
mois  de  décembre  1867,  et  son  séjour  auprès  de 
M.  Richard  Wagner  ne  fut  pas,  on  le  comprend, 
sans  exercer  une  grande inlhience  sur  son  esprit. 
De  ce  jour,  il  devint  l'un  des  plus  fervents  apô- 
tres des  doctrines  du  maître  saxon.  Grâce  à 
l'appui  de  celui  ci ,  il  obtint  l'emploi  de  chef  de 
chœurs  au  théâtre  royal  de  Munich  (1868) , 
puis  celui  de  directeur  de  la  musique  roynle.  En 
1869,  il  quitta  Munich  pour  se  rendre  à  Paris, 
afin  d'y  étudier  l'état  de  l'art  musical ,  et  de  là 
fut  mandé  à  Bruxelles  pour  diriger  les  études 
de  Lohcngrin,  qu'il  fit  exécuter  au  théâtre  de 
la  Monnaie  avec  un  très-grand  succès  (1870). 
Il  se  rendit  ensuite  à  Vienne^  puis  retourna  au- 
près de  M.  Richard  Wagner  pour  faire  la  copie 
de  la  partition  de  V Anneau  des  ISiebelungen 
destinée  à  l'impression. 

11  resta  auprès  de  M.  Wagner  jusqu'au  prin- 
temps de  1871,  époque  à  laquelle  il  alla  prendre 
la  diredion  de  l'orchestre  du  théâtre  national 
de  Peslh,  qu'il  conserva  jusqu'en  1875.  Il  de- 
vint alors  premier  chef  d'orchestre  de  l'Opéra  de 
\ienne,  où  il  se  trouve  encore  aujourd'hui,  et 
en  1878  il  fut  nommé  second  chef  de  la  chapelle 
impériale. 

BIOGR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    —   8UPPL.    — 


En  1876,  M.  Richler  se  vit  confier  par  M.  Ri- 
chard Wagner  la  direction  des  représentations 
fameuses  de  l'Anneau  des  NiebelungenàBay' 
reulh,  et  l'exécution  magistrale  de  cette  œu- 
vre, due  à  .ses  soins,  lui  fil  le  plus  grand  honneur 
et  mit  le  comble  à  sa  renommée  de  chef  d'or- 
chestre. Depuis  lors,  il  en  a  fait  entendre  des 
fragments  à  Londres,  où  son   succès  personnel 
n'a  pas  été  moins  grand  .11  ne  se  fait  pas  moins  re- 
marquer, d'ailleurs,  dans  l'exécution  des  œuvres 
symphoniques  que  dans  celle  des  œuvres  lyriques, 
et  comme  directeur  des  célèbres  concerts  phil- 
harmoniques de  Vienne,  où  il  a  succédé  à  De>.sof, 
il  a  fait  admirer  son  interprétation  des  compo- 
sitions de   Mozart,   Beethoven,  Méhul,  Cheru- 
biui,   Liszt,  Berlioz,  Volkmann,   Schumann   et 
Brahms.   En  réalité,  M.  Richter  est  un  artiste 
de  premier   ordre,  qui  joint  à  un   tempérament 
personnel  remarquable  la  compréhension  la  plus 
complète  du  style  de  tous  les  maîtres. 

J.  B. 
Plusieurs  artistes  du  nom  de  Bichier  se  sont 
fait  connaître  en  Allemagne  dans  ces  dernières 
années;  je  signalerai  les  deux  suivants  :  — 
M.  C.  J.  Ricliter,  professeur  au  Conservatoire  de 
Leipzig,  organiste  del'église  Saint-Nicolas,  auteur 
d'un  Cc<ec/»5werferor9i<e  (Leipzig,  J.-J.Weber, 
1868,  in-12  )  ;  —M.  A.  Richter,  pianiste  et  profes- 
seur, quia  publié  dans  cesderniers  temps  diverses 
compositions  pour  le  piano,  entre  autres  une 
série  de  3  Études  de  concert,  op.  13,  et  un  re- 
cueil de  Sonates  instructives,  op.  14. 

RICORDI  (Giovanni),    célèbre  éfliteur    de 
musique   italien,  né  à  Milan  en   1785,  mort  eu 
cette  ville  le  15  mars  1853,  peut  être  considéré 
comtne  le  fondateur  du  commerce  de  musique 
dans  sa  patrie.  Jeune  et  pauvre,    mais  plein 
d'ardeur  au  travail,  il  gagnait  péniblement   sa 
vie  en  s'occupanL  de  copie  de  musi(|ue,  et  avait 
pour  bureau  une  sorte  d'échoppe  située  sur  la 
piazza  dei  Mercanti,  à  Milan,  entre  deux  pi- 
lastres de  l'Archive  municipale,  lorsqu'il  conçut 
la  pensée  de  se  livrer  au  commerce  qui  devait 
faire  sa  fortune.  Attentif,  intelligent  et  avisé ,  il 
pressentit,  à    la   première    représentation    d'un 
opéra  deLuigi  Mosca,  i  Prelendenti  delusi, 
l'énorme  succès  que  cet  ouvrage  allait  obtenir, 
et  l'idée  lui  vint  de  s'en  rendre  acquéreur.  Se 
trouvant,  après  le  spectacle,  dans  un  café  où  le 
compositeur   s'était  rendu  avec  quelques  amis, 
il  lui  proposa  im  traité  pour  la  cession  de  .son 
opéra   moyennant    une  somme  d'une  centaine 
d'écus,  payable  en  plusieurs  échéances.  On  n'a- 
vait pas   l'habitude  alors,  en   Italie,  de  publier 
les  partitions  d'opéras,  et,  sous  ce  rapport,  les 
1  auteurs  ne  tiraient  de  leurs  œuvres  aucune  ré- 
T.  II.  27 


418 


RICORDI 


munération.  Mosca  ne  se  (it  donc  pas  trop  prier, 
et  signa  sans  plus  larder  le  traité  qui  lui  était 
offert. 

C»'ci  se  passait  au  commencrment  de  la  sai- 
son (l'ant'inne,  rt   le  cHniJiviil  11  élMJI   pas  cnni- 
menci*   que  déjà  Hiconli  avait    vendu   à  divers 
iii  pri ssarii  une  quinzaine  de  copies  de  la  par- 
tition nou\e!le.  Celui  la  l'origine  de  sa  fortune. 
Avec  Taraient  que  lui   rnpporla  cet  onvra-je,   jl 
loua  un  inasasin  ,  s'éliiblit  coiiforlablemi  nf ,  et, 
s'agrandissant  pi  u  à  pi-n,  (Ie\int,  au  bout  d'un 
certain  nombre    d'années,  l'un  des   principaux 
éditeurs  de  l'iiurope  et  le  premier  fie  tonte  l'I- 
talie. Il  alla  étudier  en  Allemagne  les  meilleurs 
procédés  de  gravure,  d'impression  et  de  publi- 
caliou.  les   importa  dans   son  pays,   se   trouva 
bientôt   en   rapports  avec  les   maîtres   les  plus 
célèbres,    publia    leurs  oeuvres,  et  étendit  son 
commerce  non-seiilement  dans  toutes  les  parties 
de  l'I^urope,  mais  jusqu'au  delà  des  mers.  C'est 
Giovanni    Riconli   qui   lépandil  les  oeuvres  de 
Rossini,   Mosca.    Nicolini,    Orlandi ,    Gcnerali, 
Mayr,  Morlacdii,  Coccia ,  Pavesi,  Carala,  Vac- 
caj,  Bellini,  Donizeiti,  Mercadante,  Solera,  Pe- 
trella,  de  MM.  Verdi,   Pedrolti,  Péri,  etc.,  sans 
compter  une   immense  quantité  de  musifiue  de 
piano    et  de  chant.   En    même   temps,  et  pour 
augmenter  encore  la  force  d'expansion  de  son 
commerce,  il  fondait  un  journal  spécial,  la  Gaz- 
zetta  musicale,  qui,  fort  bien  dirigé  à   cette 
époque  par  un  artiste  distingué,   Alberto  Maz- 
zucato,  faisait  autorité  en   Italie.  En    résumé, 
Giovanni  Ricordi  dé|)loya,  dans  le  cours  d'une 
carrière  extrêmement  honorable ,  un   rare  es- 
prit d'initiative,  une  grande  intelligence  et  une 
étonnante  activité. 

RI(>ORDI  (Tito),  fils  du  précédent,  succéda 
à  son  père  à  la  mort  de  celui-ci,  et  continua  les 
bonnes  traditions  établies  par  lui.  Sou  activité 
ne  fut  pas  moindre,  et  tous  ses  effoits  tendirent 
à  jusùlier  de  plus  en  plus  la  grande  renommée 
que  le  chef  tt  le  fondateur  de  la  maison  Ricordi 
avait  su  lui  conquérir.  Aujourd'hui ,  et  après 
soixHnIe-dix  ans  environ  d'existence,  cette  mai- 
son a  [lublié  les  ouvres  de  plus  de  deux  mille 
compositeurs  italiens  ou  étrangers,  et  sa  pro- 
duction annuelle  représente  un  lot;il  de  prè>  de 
quarante  mille  planches  ;  l'ensemble  des  plan- 
ches existant  en  magasin  est  de  000,000,  et  l'on 
en  fond   8  ou    10,000  chaque  année  (1).  D'ail- 

|l)  I,e  fonds  de  la  innison  Ricordi  ne  comprpnd  pua 
tno'ins  de  quaraute-fix  mille  ouvrages  publies  Jii-qii';i  ec 
jour,  l'endant  l'iinnèe  1877,  \v*  presses  de  l'élablisse- 
mciil  ont  lonriil  quaninte  vnltions  Ar  pages  de  iimsifuic. 
La  maison  Ricotdl  possède  des  sucoursales  à  Uonie,  à 
Naples,  àl'lorcricc  et  A  Londres. 


leurs,  rien  ou  presque  rien  ne  .se  fait  au  dehors, 
et  la  nviison  Ricordi,  installée  de  la  fnçon  la 
plus  inielli;ieiite,  renferme  des  ateliers  de  gra- 
vure, de  typographie,  de  lithographie,  de  chro- 
iiiolitlio^rapliie,  de  biocbure,  de  carlonnagc  ,  de 
reliure,  etc.  Le  catalogue  des  publications,  qui 
a  été  refait  récemment  avec  le  plus  grand  soin 
et  (pii  a  été  nouvellement  publié  en  1875,  forme 
un  volume  grand  in-8"  de  738  pages.  Un  des 
trésors  de  la  maison  Ricordi  est  la  collection 
com/ilète  des  manuscrits  autographes  de  tous 
les  opéras  publiés  par  elle  depuis  sa  fondation  ; 
on  comprend  quelle  est  la  valeur  rie  celte  col- 
lection, sans  doute  unique  dans  le  monde.  De- 
puis (pielques  années,  iVI  TiloRicoidi,  dont  la 
santé  est  précaire,  a  confié  la  direction  effective 
des  affaires  à  l'un  de  ses  fils,  M.  Giiilio  Ri- 
cordi. 

RICORDI  (Gii'Lio),  fils  du  précédent,  né 
veis  1835,  est  aujourd'hui  le  chef  réel  de  la 
grande  librairie  musicale  qui  porte  ce  nom.  Il 
a  reçu  une  excellente  éducation  artislique,  et 
s'est  fait  connaître  tout  d'abord  comme  compo- 
siteur par  la  publication  d'un  grand  nombre 
d'œiivres  de  différents  genres,  dont  l'ensemble 
ne  s'élève  guère  à  moins  de  deux-cents.  Homme 
de  goiil  d'ailleurs,  actif,  et  de  relations  très- 
siires,  M.  Giulio  Ricordi  e.st  doué  de  facultés 
diverses  et  qu'il  exerce  de  différentes  façons  : 
compositeur  aimable,  écrivain  expérimenté,  des- 
sinateur habile,  il  publie  des  ballabili  et  des 
canzone,  prend  une  part  à  la  rédaction  de  la 
Gazzelta  musicale  (1),  et  trace  les  plus  jolis 
frontispices  de  ses  éditions. 

Parmi  les  nombreuses  compositions  de 
M.  Giulio  Ricordi,  je  signalerai  les  suivantes  : 
Quatuor  pour  instruments  à  cordes  (qui  a  obtenu 
le  2'  prix  au  concours  Basevi,  en  1864];  Trio 
pour  piano,  violon  et  violoncelle;  6  Études  mé- 
lodiques pour  le  piano,  op.  14  ;  Improrisafions 
musicales  (6  morceaux;,  op.  66,  67,  68,  69,  70, 
71;  8  Albums  de  danses;  Album  da  ballo; 
A  Fanfiilla,  album  de  danses;  la  rrincipessa 
invisibile,  album  de  danses  ;  plusieurs  mar- 
ches pour  le  piano  ;  un  grand  nombre  de  mor- 
ceaux et  fantaisies  pour  le  piano,  tant  originaux 
qu'écrits  sur  des  luotifs  d'opéras;  enfin,  une 
quantité  de  valses,  polkas  et  ma/.urkas  déta- 
chées. M.  Giulio  Ricordi  a  écrit  aussi  la  musique 
d'un  ballet  représenté  à  la  Scala. 

(1)  11  y  a  une  quinzaine  d'années,  la  Ciizzetla  musi- 
cale av.ilt  ch  ingti  de  nature  et  de  titre,  et  était  devenue 
le  Ciorriale  délia  Société  (ici  quurtelto  de  Milan.  V.Wr  a, 
depuis  lors,  repris  sa  première  forme  et  son  premier 
titre;  mais  j'ai  regret  a  dire  t|iiVlle  est  loin  de  valoir  ce 
qu'elle  était  à  l'é|in(|ue  île  sa  fondation,  et  qu'elle  ne  rend 
pas  louilcsscrticco  qu'on  en  pourraitallendre. 


RIGOÏTI  —  RIEDEl. 


419 


RICOTTI  (Onestina),  pianiste  et  prolcb- 
seiir,  fliiectrice  des  écoles  de  musique  de  l'Insti- 
tut national  de  Tui  in  pour  les  (illes  de  militaires, 
a  publié  sous  ce  titre  :  la  Miisica  e  i  suoi  cul- 
iori  (Turin,  l'aravia,  1874,  in-12),  un  traité 
élémentaire  à  l'usage  des  maisons  d'éducation. 
Ce  petit  livre  est  divisé  en  deux  parties,  dont  la 
première  comprend  une  espèce  d'encyclopédie 
historique,  technique  et  pratique  de  l'art  mu- 
sical, et  la  seconde  une  série  de  courtes  notices 
bioiîrapliiques  sur  les  grands  artlNles  :  compo- 
siteurs, instrumentistes  ou  chanteurs,  qui  l'ont 
illustré.  Le  danger  de  ces  sortes  de  publications, 
lorsqu'elles  ne  sont  pas  dues  à  des  écrivains 
versés  dans  la  science  historique  de  l'art,  con- 
siste en  ceci  que  les  auteurs,  n'ayant  pas  l'expé- 
rience nécessaire  pour  discerner  le  vrai  du  faux, 
mêlent  à  doses  à  peu  près  égales  l'erreur  et  la 
vérité  et  inculquent  aux  jeunes  lecteurs  des 
notions  qui  parfois  ne  sont  rien  moins  qu'exactes. 
L'opuscule  de  ^1""=  Ricotti ,  quoique  élaboré  avec 
goût  et  intelligence  ,  est  loin  d'être  à  l'abri  de 
ce  reproche.  C'est  ainsi  (|ue,  pour  ne  citer  que 
deux  exemples  relatifs  à  l'histoire  de  deux 
grands  artistes,  elle  place  la  date  de  la  mort  de 
Meyerbeer  en  1S60  au  lieu  de  1864,  et  que,  après 
avoir  fait  naître  Garât  en  1704  au  lieu  de  1764, 
elle  ajoule  ingénument  :  «  Garât  mourut  en 
1823,  à  Page  de  cent  dix-neuf  ans!  »  M""'  Ri- 
cotti traite  aussi  les  noms  étrangers  avec  un 
peu  trop  de  sans-façon,  et  elle  écrit,  par  exem- 
ple, ChasUl-bUn  au  lieu  de  Casdl-Blaze. 
Enfin,  j'ajouterai  que  les  connaissances  de  l'au- 
teur en  matière  d'harmonie  me  paraissent  super- 
ficielles au  point  de  devenir  dangereuses  :  je  n'en 
veux  pour  preuve  que  sa  façon  d'accompagner 
la  gamme  majeure  (page  59),  où,  en  passant  du 
cinquième  au  sixième  degré,  elle  attaque  une 
septième  majeure  sans  préparation  et  fait  du 
même  coup  succéder  deux  quintes  justes  entre 
la  basse  et  la  seconde  partie. 

Mme  onesta  Ricotti  a  publié  à  Turin  un 
certain  nombre  de  compositions  :  Ti  vldi,  lo 
t'amo,  il  LiiKjuaggio  del  cor,  romances;  Ida, 
barcarolle  ;  les  Petits  Tambours,  choeur  à  l'u- 
nisson (?);  Aniina,  idylle  pour  chant,  piano  et 
violon  on  fiùte  ;  lu  Fiancée  aux  cheveux  d'or, 
fantaisie  pour  piano;  le  Sponde  del  Po,  caprice 
de  concert  ;  le  Rêve  Wun  ange,  nocturne  ; 
Douce  Espérance,  rêverie,  etc.,  etc. 

RIDLEY  (William I,  organiste,  pianiste  et 
compositeur  anglais  contemporain,  a  été,  <ie 
1836  à  1844,  élève  de  Henry  l'orbes  pour  le 
piano,  et  de  Dearle  pour  la  théorie  de  l'art. 
Successivement  organiste  et  chef  de  chœurs 
dans  les  églises  de  différentes  villes,  cet  artiste 


remplit  encore  aujourd'hui  ces  fonctions  dans 
une  des  principales  églises  de  Liverpool.  M.  Rid- 
ley  a  publié  un  recueil  de  301  Chants  anciens 
et  modernes ,  une  collection  de  256  antiennes 
écrites  par  lui  pour  l'usage  des  églises  parois- 
siales, et  un  ouvrage  intitulé  :  Psautier  ponctué 
pour  le  chant. 

RIE  (niîRNAiîb),  pianiste,  compositeur  et 
professeur,  né  le  25  octobre  1839  à  Prague 
(liohènie),  montra  de  bonne  heure  de  rares  dis- 
positions pour  la  musique,  et  dès  l'Age  de  six 
ans  se  livra  à  l'étude  du  piano.  A  onze  ans, 
ayant  exécuté  au  théâtre  de  Prague  un  con- 
certo de  Beethoven  avec  accompagnement  d'or- 
ciiestre,  son  succès  fut  assez  grand  pour  que  le 
fameux  pianiste  Alexandre  Dreyschock  voulût 
lui  donner  des  leçons.  11  travailla  donc  avec  cet 
artistejusqu'en  185G,  époque  à  laquelle  il  fit  une 
tournée  artisti(|uc  en  Allemagne.  De  retour  à 
Prague,  il  étudia  la  composition  avec  un  orga- 
niste remarquable,  Ch.  Pitsch,  et,  à  la  mort  de 
ce  professeur  ()8bS),  vint  à  Paris,  où,  muni  de 
bonnes  lettres  de  recommandation ,  il  l'ut  parti- 
culièrement bien  accueilli  par  l'éditeur  Alphonse 
Leduc,  qui  le  prit  en  amitié  et  s'intéressa  vive- 
ment à  son  avenir. 

Pianiste  d'un  mérite  solide  et  d'un  mécanisme 
particulièrement  remarquable,  M.  Bernard  Rie 
se  fit  tout  d'abord  connaître  comme  virtuose, 
mais  bientôt  renonça  presque  complètement  à 
se  produire  en  public,  afin  de  se  livrer  sans  ré- 
serve à  l'enseignement.  Il  s'est  fait  sous  ce  rap- 
port à  Paris  une  situation  presque  exception- 
nelle. M.  Bernard  Rie  ,  qui  avait  commencé  par 
publier  chez  l'éditeur  Leduc  quelques  morceaux 
de  genre  pour  son  instrument  •.  le  Rouet  de  Mar- 
guerite, l'Aubade,  V Etoile  du  soir,  la  Belle  Ba- 
telière, Prélude,  Souvenir  de  Prague,  Prière 
du  soir,  Chant  de  bergère,  Tarentelle,  etc., 
a  donné  depuis,  chez  le  même  éditeur,  plusieurs 
recueils  excellents  dont  voici  les  titres  :  Exer- 
cices des  cinq  doigts,  ouvrage  écrit  principale- 
ment en  vue  des  nombreuses  combinaisons 
des  doigts  et  de  leur  indépendance,  op.  32  ; 
25  Études  spéciales  et  progressives  de  méca- 
nisme, op.  34;  le  Début,  25  études  faciles,  op. 
o3  ;  le  Progrès,  25  éludes  préparatoires,  op.  35  ; 
V Indépendance  des  doigts,  25  études  pour  dé- 
lier les  doigts,  op.  36;  25  Études  d'agilité,  op. 
37  ;  25  Études  de  vélocité,  op.  38. 

RIEDEL  (IIeukmann),  chef  d'orchestre  et 
compositeur  allemand,  est  né  à  Bourg,  près  de 
iMagdebourg,  le  2  janvier  1847.  Il  étudia  à  Wil- 
tcnberg,  i)uis ,  comme  deux  de  ses  frères  étaient 
commerçants  à  Vienne,  il  se  rendit  en  cette  ville, 
se  fit  admettre  au  Conservatoire ,  et  y  termina 


/r20 


UlEDEL  —  RIKS 


son  éducation  inuâicalc  sous  la  diiecliou  de 
rcchter  et  de  Uessoff.  C'est  à  Vienne  qu'il  lit  la 
Lonnnissance  du  ténor  W'alter,  qui  l'engagea 
beaucoup  à  coniiioser  des  lieder  ;  il  en  publia 
en  effet  une  quarantaine,  dont  plusieurs obiin- 
rcnt  de  très-grands  succès.  11  a  écrit  aussi  un 
o|.'éra-coniique,  la  Réception  du  chevalier,  qui 
(!uit  être  représenté  prochainement.  M.  Riedel 
occupe  aujourd'hui  les  fonctions  de  chef  d'or- 
tliestre  à  Brunswick. 

J.  B. 

*  RIEGER  (Jean-Néfomlcèine).  —  La  date 
do  1828,  fixée  parla  Biographie  universelle  des 
J.Hsiciens  couiine  celle  de  la  mort  de  cet  artiste, 
(st  évidemment  inexacte,  puisqu'en  1833  Rieger 
publiait  l'ouvrage  suivant  :  JS'ouvelle  Méthode 
pour  apprendre  le  piam-forté,  contenant  les 
principes  de  la  musique  et  un  système  com- 
plet du  doigté,  la  classification  des  auteurs, 
la  manière  d^étudier  les  préludes  dans  tous 
les  tons  majeurs  et  mineurs  les  plus  usités, 
avec  des  remarques  pour  apprendre  à  l'é- 
lève dans  quel  ion  il  est  et  dans  lequel  il 
passe  (Paris,  chez  l'auteur).  La  Revïtc  musicale 
(lu  2'i  août  1833  rendait  compte  de  cet  ouvrage, 
en  rappelant  que  Rieger  avait  déjà  publié,  en 
181'»,  une  grande  méthode  de  piano  en  trois 
parties,  laquelle  n'a  pas  été  comprise,  non  plus 
(|iie  la  précédente,  dans  la  liste  des  œuvres  de 
cjt  artiste. 

*  IIIEIIL  (Wiuielm-Heiisuich),  musicogra- 
phe allemand,  est  né  à  Biberich  le  6  mai  1823  (1), 
(  t  n'a  cessé,  depuis  1854,  d'être  professeur  à  l'U- 
liiversité  de  Munich.  On  lui  doit  un  livre  pul)lié 
sous  ce  titre  :  Musikulischen  Charakterkapfen 
{Figures musicales),  quia  obtenu  beaucoup  de 
succès  et  dont  il  a  été  fait  plusieurs  éditions.  Ce 
livre,  paru  il  y  a  vingt-cinq  ans  (Slultgard, 
Culta,  1853j,  contient  des  portraits  piquants  de 
AVenzel  Muller,  Astorga,  Bach,  Mendelssohn, 
liasse,  la  Faustina,  Meyerbeer,  Spontini,  Che- 
rubini,  Gyrowetz,  Tleyel,  Rosetti,  etc.  M.Rielil 
a  beaucoup  moins  réussi  en  se  produisant 
comme  compositeur  avec  la  série  de  lieder  qu'il 
a  publiée  sous  le  litre  de  Hausmusik  {Musique 
delà  maison],   qui  a  été  froidement  accueillie. 

l\IEiMi\Ki\  (Le  docteur  Huoo),  pianiste, 
compositeur  et  théoricien  allemand  contcmpo- 
v.dn,  est  l'auteur  d  un  ouvrage  publié  sous  ce 
titre  :  Syntaxe  musicale,  pkm  général  d'une 
école  harmonique  pour  la  formation  de  la 
phrase  musicale  {  Musikalische  Syn taris. 
Grundriss  einer  harmonischen  salzbildungs- 

(l),le  preiuls  f.ctlo  date  djiis  le  Lexique  d'ilciiiianii 
Mnidel.  .Iulius  Schuberlh  , 'dans  son  petit  Lexique,  dit 
Kjnrs  au  lieu  de  mat. 


lehre).   Le  même  artiste    a  publié  on  certain 
nombre  de  compositions  pour  le  piano  :  Ilumo- 
resque  [un  mi  mineur);  Prélude  et  Fugue,  op. 
l'i;  Vult  und  Walt,  op.  14;  Goldene  Zeiten 
{Age  d'or),  op.    10;  10  pièces  faciles  pour  la 
jeunes.se;  .5  Pièces  d'exécution,  op.  21  ,  etc.,  etc. 
RIEMEIXSCIIXEIDER  (Georcis),    chef 
d'orchestre  et  compositeur  allemand  ,   est  né.  à 
Stialsund  le  1*^'"  avril  1848.  Après  avoir  en  pour 
maître  M.  A.  Lorenz,  à  Stettin,  il  alla  poursuivre 
ses  études  à  Berlin,  où  il  devint  l'élève  de  M.  A. 
Haupt  pour  l'orgue  et  de  M.  Frédéric  Kiel  pour 
la  composition.  Son  éducation  terminée,  il  devint 
chef  d'orchestre  dans  divers  théâtres,  entre  au- 
tres à  Lubeck,  où  il  remplissait  ces  fonctions  en 
1875.   M.  Riemenschneider  s'est  fait  connaître 
comme  compositeur  en  écrivant  pour  l'orchestre 
plusieurs  œuvres  dont  voici  les  titres  :  1°  Donna 
Diana,   pièce  symphonique  ;    2°  Nachtfahrt, 
ballade;  3°  Der  Todtentanz,  pièce  de  carac- 
tère; i'^  Juiinacht,  pièce  symphonique  ;  5°  l^esl- 
Prœludium,  id.  Cet  artiste  est  aussi  l'auteur 
d'un  opéra  intitulé  die  Eisjungfrau  { la  Jeune 
Fille  de  glace),  qui  jusqu'ici  n'a  pas  été  repré- 
senté. 

lîIEPP  ( ),  habile  facteur  d'orgues  fran- 
çais, construisit  un  assez  grand  nombre  d'ins- 
truments de  ce  genre,  parnn'  lesquels  il  faut  sur- 
tout citer  le  superbe  orgue  de  vingt-quatre  pieds 
en  montre  du  portail  de  la  cathédrale  de  Dijon 
(reconstruit  en  1848),  et  celui  de  la  cathédrale 
de  Besançon.  Riepp  vivait  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle. 

RIES  (^Fra>z),  violoniste,  compositeur  et 
éditeur  de  musique  allemand ,  est  le  plus  jeune 
des  lils  de  M.  Hubert  Ries,  et  le  neveu  de  Fer- 
dinand Ries,  l'élève,  l'ami  et  le  biograplie  de 
Beethoven.  Né  à  Berlin  le  7  avril  1846,  il  étu- 
dia d'abord  le  violon  avec  sou  père ,  puis  de- 
vint l'élève  de  M.  Frédéric  Kiel  pour  riiarnio- 
nie  et  la  composition.  En  18C6  il  se  rendit  à 
Paris  pour  y  terminer  son  éducation,  se  fit  ad- 
mettre au  Conservatoire,  dans  la  classe  de  M.  Mas- 
sart,  et  prit  part  au  concours  de  1867,  où  il  rem- 
porta un  second  prix  ;  le  premier  lui  fut  décerné 
l'année  suivante.  M.  Ries  quitta  ensuite  Paris 
pour  Londres,  où  il  se  produisit  comri>e  violo- 
niste et  comme  compositeur;  mais  une  maladie 
vint  l'obliger  à  abandonner  sa  carrière  de  vir- 
tuose, et  en  1873  il  s'établit  comme  éditeur  de 
nuisique  à  Dresde  (sous  la  raison  sociale  J/of. 
far/h\  Cependant,  M.  Ries  n'a  pas  renoncé  à  la 
composition,  et  il  continue  d'écrire.  Parmi  ses 
œuvres  publiées,  on  signale  un  concerto  pour 
violon  avec  accompagnement  d'orchestre,  2  suites 
l)Our  violon    avec    accompagnement  île    piano 


RIES 


RIFAUT 


iîl 


(op.  26  et  27),  une  ouverture  de  .fêle,  un  quin- 
tette et  2  quatuors  pour  instruments  à  cordes, 
divers  morceaux  de  genre  pour  violon,  une  cen- 
taine de  lieder,  etc. 

RIESCK  (Loiis),  compositeur  dramatique, 
est  l'auteur  d'un  drame  lyrique  intitulé  Bianca 
di  Belmonte,  qui  fut  représenté  au  tliéàtre  de 
la  Scala,  de  Milan;  le  26  décembre  1829. 
Quoique  écrit  sur  un  livret  inédit  de  Felice  Ro- 
mani, le  poëte  dramatique  alors  favori  du  public 
italien,  quoique  chanté  par  une  réunion  d'ar- 
tistes de  premier  ordre,  M'"^  Méric-Lalande  , 
Carolina  Uuglier,  Rublni,  Tamburini,  cet  ou- 
vrage ne  réussit  pas  et  fit,  au  contraire  ,  un 
fiasco  complet.  Je  n'ai  aucun  renseignement  sur 
le  compositeur  Louis  Riesck. 

*  IIIETZ  (Jlles),  compositeur  et  chef  d'or- 
chestre justement  renommé,  est  mort  à  Dresde 
le  12  septembre  1877.  Depuis  1860,  il  occupait 
en  celte  ville  les  fonctions  de  chef  d'orchestre 
delà  cour,  dans  lesquelles  il  avait  succédé  à 
Reissiger,  et  qu'il  n'avait  abandonnées  que  de- 
puis quelques  mois  ,  par  suite  de  l'affaiblisse- 
■  ment  de  sa  santé.  A  l'occasion  du  quarantième  an- 
niversaire (30  octobre  1874)  de  son  entrée  dans 
la  carrière  comme  chef  d'orchestre,  le  roi  de 
Saxe  lui  avait  conféré  le  litre  de  generalmu- 
sïkdirector,  titre  qu'ont  porté  seulement  quel- 
ques artistes  illustres,  tels  que  Spontiniet  Meyer- 
beer.  Il  était  aussi  directeur  artistique  du  Con- 
servatoire de  Dresde. 

Rietz  n'était  pas  seulement  un  virtuose  dis- 
tingué, un  compositeur  élégant  et  un  chef  d'or- 
chestre de  premier  ordre;  c'était  aussi  im  ana- 
lyste, un  critique  et  un  écrivain  remarquable , 
doublé  d'un  véritable  érudit.  Otto  Jabn,  qui  s'y 
connaissait,  disait  de  lui  :  -  »  Rietz  aurait  été 
une  des  lumières  de  la  philologie,  et  ce  serait 
grand  dommage  qu'il  eût  renoncé  à  cetfe  science, 
s'il  n'avait  été  musicien.  »  Ses  travaux  de  criti- 
que et  d'érudition  resterontcomme  un  monument 
de  son  profond  savoir  et  de  la  sagacité  de  son 
jugement,  et  l'on  peut  dire  qu'il  a  attaché  son 
nom  aux  grandes  éditions  critiques  des  œuvres 
de  Rach,  de  Héendel,  de  Mozart,  de  Beethoven 
et  de  Mendelssolm  qui  ont  été  faites  dans  ces 
dernières  années  par  les  soins  de  la  maison 
Breitkopfet  Heerlel. 

Le  catalogue  des  compositions  de  Rietz  se 
complète  par  les  œuvres  suivantes  :  1"  Ouver- 
ture pour  la  Tempéle,  de  Shakspeare;  2"  Ou- 
verture de  Fêle  ;  3"  Cantate  de  1-ète  ;  4"  Airs 
et  chœurs  pour  les  Républicains,  drame  de 
Frœbel  ;  5°  Airs  et  chœurs  pour  Marie  Tudor, 
drame  ;  6"  Ouverture  solennelle  pour  le  cinquan- 
tième anniversaire  du  mariage  du  roi  de  Saxe 


(1872);  1°  Concertstiick  pour  flûte,  haulbo's, 
clarinelte,  basson,  cor  et  orchestre;  8°  Ario.o 
pour  violon  et  orgue;  *J"  Sonate  (en  sol)  po;ir 
piano  et  Ihlte;  10"  Grande  messe  (en /"a  ma- 
jeur); ir  Offertoire;  12°  Laudate  Dominum, 
pour  baryton  solo,  chœur  et  orchestre;  1.3"  Te 
Dcum,  pour  chœur  d'hommes  et  fanfare;  l'^" 
Salviim  fac  regem,  pour  chœur  mixte;  l."." 
Allemagne,  hymne  pour  basse  solo,  chœi;r 
et  orchestre,  écrit  sur  des  paroles  de  Pabst  ; 
16"  Cantate  pour  l'inauguration  du  monument  de 
Weher;  17°  Air  de  concert  pour  voix  de  soprano, 
op.  38.  Enfin,  Rietz  a  publié  des  arrangements 
d'un  grand  nombre  de  chants  populaires  alle- 
mands qui  ont  été  réunis  sous  ce  titre  :  Deuts- 
che liederhallc.  Dans  les  dernières  années  d.; 
sa  vie,  il  s'occupait  de  terminer  la  partition  dci. 
Noces  de  Gamache,  opéra  laissé  inachevé  par 
Mendelssohn;  la  mort  l'a  surpris  sans  qu'il  ail 
pu  lui-même  mener  ce  travail  à  terme. 

Comme  violoncelliste,  Rietz  avait  été  succes- 
sivement l'élève  de  Schmidt,  de  Romberg  et  de 
Hanz,  et  l'on  sait  qu'il  était  devenu  un  virtuose 
de  premier  ordre.  Il  avait  étudié  la  théorie  musi- 
cale avec  Zeller.  Lui-même  fit  l'éducation  de 
beaucoup  d'artistes  qui  se  sont  distingués  dans  la 
composition,  et  parmi  lesquels  il  faut  surtout  ci- 
ter M.  Radeke  (Berlin),  M.  Nicolai,  directeur  di\ 
Conservatoire  de  la  Haye,  M.  Bargiel,  professeu; 
au  Conservatoire  de  Berlin,  M.  Dessoff  (Carls- 
ruhe),  M.  Normann  (Stockholm),  M.  Lévy  (Mu- 
nich), etc.  Docteur  de  l'Université  de  Leipzig, 
membre  d'honneur  de  la  Philharmonie  Socief;/ 
de  Londres,  des  Académies  de  Berlin  et  de 
Stockholm,  de  la  Société  néerlandaise  pour  le 
progrès  des  arts,  Rietz  était  chevalier  des  or- 
dres d'Albert  de  Saxe  et  de  l'Étoile  du  Nord. 

Le  matin  du  9  septembre  1877,  après  avoir 
travaillé  toute  la  journée  précédente  à  la  parli- 
lion  encore  incomplète  des  A'off.s  de  Gamache, 
de  Mendelssohn,  Rietz  fui  trouvé  inanimé  sur  son 
lit;  frappé  d'une  attaque  subite  de  paralysie, 
il  était  entièrement  paralysé  du  côté  gauche  et 
avait  perdu  connaissance.  Il  mourut  trois  jours 
après,  le  12  septembre,  sans  avoir  repris  ses  sens. 

Rietz  avait  laissé  une  superbe  bibliothèque 
musicale.  Cette  collection  remanjuable,  dont  le 
catalogue  imprimé  ne  comprenait  pas  moins  de 
3,000  numéros,  a  été  vendue  aux  enchères,  à 
Dresde,  au  mois  d'avril  1878. 

*  RIFAUT  (Lolis-Victou-Étienne).  —  Le 
premier  ouvrage  dramatique  de  ce  compositeur, 
intitulé  le  Duel  ou  ^me  Loi  de  Frédéric,  opéra- 
comique  en  3  actes,  fut  représenté  à  l'Opéra- 
Coinique  le  4  juillet  1826.  Rifaut  a  composé  une 
ballade  pour  un  drame  fameux  d'Alexandre  Du- 


452 


RIFATJT  —  RIGEL 


mas,  Thérésa,  joué  au  même  théâtre,  à  l'épo- 
que de  sa  déconfiture,  le  6  février  1832.  Cet 
arlisteest  mort  à  Orléans  le  2  mars  1838. 

RIGA  (l'RANçois),  compositeur  belge,  né  à 
Lii'se  le  21  janvier  1831,  commença  l'élude  de 
l'harmonie  avec  Dieudonné  Duguet,  organiste 
et  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  cette 
ville,  lit  ses  humanités  jusqu'en  poésie  au  sé- 
minaire deSaint-Trund,  où  il  donna  un  cours  de 
solfège  et  de  chant  d'ensemhle,  et  en  1849  fut 
admis  au  Conservatoire  de  Bruxelles,  où  il  re- 
çut des  leçons  d'harmonie  de  Bosselet,  étudia 
la  composition  avec  Fétis,  et  suivit  le  cours 
d'orgue  de  M.  Lemmens.  11  ohlint  au  concours 
le  premier  prix  d'orgue,  travailla  ensuite  l'or- 
chestration avec  Ch.  Hanssens,  et  fut  nommé 
maître  de  chapelle  de  l'église  des  Minimes. 

M.  Riga  est  l'auteur  de  plus  de  cent  mélodies 
pour  dilférenfes  voix,  avec  accompagnement  de 
piano;  de  huit  cantates  pour  chœur  et  orchestre, 
dont  les  principales  ont  été  exécutées  à  Bruxelles, 
Gand  et  Liège  ;  de  chœurs  pour  voix  d'hommes 
sans  accompagnement,  dont  la  plupart  sont  de- 
venus pojiulaires  en  France  ;  de  plus  de  vingt- 
cinq  chœurs  pour  voix  de  femmes  avec  accom- 
pagnement de  piano  ;  d'un  Aoel  à  voix  seule, 
douhle  chœur  et  orchestre;  de  plusieurs  scènes 
pour  différentes  voix;  d'une  Scène  maritime 
en  4  parties,  pour  soli,  chœur  et  orchestre; 
d'un  IIijDime  à  saint  Joseph  à  3  voix  égales; 
de  plusieurs  Fahles  de  La  Fontaine  mises  en  mu- 
sique ;  de  trois  ouvertures  de  concert  pour  or- 
chestre; d'un  recueil  intitulé  le  Poënie  d'une 
mère,  suite  de  8  morceaux  avec  accompagne- 
ment de  piano  et  d'orchestre,  paroles  de  M.  Sol- 
vay  (Bruxelles,  Schott,  in-S")-,  de  plusieurs 
morceaux  pour  violon,  pour  violoncelle  et  pour 
cor  ;  enfin,  de  nomhrcux  morceaux  pour.le  piano, 
à  2,  à  4  et  à  8  mains. 

La  partie  la  plus    importante   de  l'œuvre  de 
M.   Riga  est  la  musique  religieuse  ;  il  est  peu 
d'églises  en  Belgique  qui  ne  possèdent  dans  leur 
répertoire  plusieurs  compositions  de  cet  artiste; 
elles  sont  également  connues  en  France,  en  Hol- 
lande, en  Italie,  en  Allemagne,  en  Angleterre  et 
en  Irlande,  l'armi  ces  compositions,  au  nombre 
de  plus  de  soixante,  écrites  pour  la  plupart'avec 
orchestre,   il    faut  citer   :    1"  Ave  veruni  ;  2" 
Salve  negina;  3"  Tota  pulchra  ;  4"  Tanlum 
ergo  (en  mi  bémol)  ;  5"  Jiegina  cœli  ,•  6"  A  ce 
maria  à  5  voix;  7"    Ave  liegina;   8"   Aima 
Hedcinptoris;  'J°  Cor  Jesu;  10"    Ave  Maria  à 
2  voix;  U"  Pie  Jesu;  12°  Jesu  doloris ,•  13° 
Pater  noster  ;  14"  Sub  tuum,  etc.  Toutefois, 
parmi  ses  productions  les  plus  considérables  en 
ce  genre,    il  faut  particulièrement  signaler  sa 


belle  Messe  à  4  voix  d'hommes  avec  orchestre, 
(\\n,  exi'cidée  d'abord  le  17  mai  1875  dans  l'église 
Sainte-Gu  luledc  Bruxelles,  le  fut  ensuite  dans 
les  principales  villes  de  Bt^lgique,  ainsi  qu'à  Va- 
lenciennes,  à  La  Haye,  à  Florence  et  en  Irlande  ; 
puis  son  grand  Te  Deum,  qui  fut  aussi  exé- 
cuté à  Saiute-Gudule,  le  21  juillet  1874,  et  trois 
fois  réentendu  depuis  cette  époque.  Le  caractère 
si  profondément  et  si  savamment  religieux  de 
cette  large  composition  la  fait  considérer  comme 
le  type  à  prendre  pour  modèle  de  ce  genre  de 
musique.  Parmi  les  recueils  publiés  par  M.  Riga, 
nous  citerons  :  Fleurs  d'Allemagne,  suite  de 
mélodies  vocales  ;  Nouvelles  Mélodies,  id.  ;  8 
Motets  à  2  et  à  3  voix  (Bruxelles,  Katio). 
M.  Riga  est  chevalier   de  l'ordre  de  Léopold. 

F.  D. 
*  RIGADE  (André-Jean).  —  Le  premier  ou- 
vrage par  lequel  ce  compositeur  se  fit  connaître 
en  France  est  la  Nouvelle  Italie,  pièce  lyrique 
en  3  actes,  en  prose  italienne  et  française,  dont 
il  écrivit  la  musique  avec  Duni,  et  qui  fut  re- 
présentée à  la  Comédie-Italienne  au  mois  de 
juillet  1762.  Après  avoir  donné  au  même  théâtre, 
l'année  suivante,  Zéiie  et  Lindor,  il  écrivit  la 
musique  des  pantomimes  et  ballets  suivants,  tous 
représentés  à  l'Amhigu  :  1°  Acis  et  Galathée,  un 
acte,  vers  1768;  2°  l'Oiseau  chéri  ou  la  Co- 
quette de  village,  un  acte,  1774  ;  3°  Narcisse, 
un  acte,  vers  1775;  4°  la  Partie  de  chasse,  un 
acte,  vers  1775. 

RIGBl  (Giuseppe-Maria),  organiste  et  com- 
positeur, élève  de  Pietro-Maria  Minelli,  fut  reçu 
en  1702  au  notnbre  des  membres  de  l'Acadé- 
mie des  Philharmoniques  de  Bologne,  et  en  1717 
fut  élu  prince  de  cette  compagnie. 

*  RIGEL  (Hf.nui-Joseph).  —  A  la  liste  des 
ouvrages  dramatiques  de  ce  compositeur,  il  faut 
ajouter  Pauline  et  Henri,  un  acte,  représenté 
au  théâtre  Feydeau  en  1793.  On  a  donné  aussi  à 
l'Amliigu,  en  1800,  quelques  mois  après  sa 
mort,  un  petit  ouvrage  en  un  acte,  le  Magot  de 
la  Chine,  dont  il  avait  écrit  la  musique.  Enfin 
on  représentait  en  1805,  à  l'Opéra-Comique,  un 
autre  ouvrage  en  un  acte,  intitulé  le  Duel  noc- 
turne, dont  la  musique  était  encore  donnée  sous 
le  nom  de  Rigel.  J'ignore  si  c'était  encore  là  une 
œuvre  posthume  d'Henri-Josepb  Rigel,  ou  si 
celte  jiartition  doit  être  attribuée  à  son  fils 
Louis,  dont  ce  serait  alors  la  seule  production 
dram-dique. 

*  RIGEL  (Henri-Jean).  —  Cet  artiste  a  écrit 
la  musique  d'une  cantate  en  l'honneur  de  Le- 
sueur,  qui  fut  exécutée  le  5  août  1846,  à  Ahhe- 
ville,  dans  un  concert  donné  à  la  mémoire  de  ce 
célèbre  musicien. 


RIGHI  —  RITTER 


4'i3 


BIGHI  (TELESFono),  musicien  italien,  a  écrit 
la  musique  rie  Marcellma,  opéra  qui  a  été  re- 
présenté à  Parme  le  l"  mars  1873. 

*111MB  A  ULT  (Edward-Francis),  composi- 
teur, organiste  et  très-savant  musicographe  an- 
glais, est  mort  à  Londres  le  26  septembre  1876, 
à  l'âge  de  soixante  ans.  Dans  les  dernières  années 
de  sa  vie,  il  publia  de  nombreux  articles  dans 
le  journal  musical  the  Choir,  dont  il  fut  pen- 
dant un  assez  long  temps  le  principal  rédacteur. 

RIMSKI-KORSAKOI  F(Nicolas-André), 
compositeur  russe,  né  à  Ticbwin  en  184'»,  fut 
d'abord  officier  dans  la  marine   impériale,    où 
l'un  de  ses  parents  occupe  aujourd'hui  un  grade 
supérieur,  et  abandonna  cette  carrière  pour  se  li- 
vrer sans  réserve  à  son  goiH  pour  la  musique. 
J'ignore  de  quelle  façon  el  .sous  la  direction  de 
quels  maîtres  M.  Rim.vki-Korsakoff  fit  .son  édu- 
cation artistique ,  mais  il    est  devenu   un  des 
musiciens  les  plus  considérés  de  son  pays,  et  a 
été  chargé,  depuis  1871,  d'une  classe  de  com- 
position et  d'instrumentation  au  Conservatoire  de 
Saint-Pétersbourg.  Ses  œuvres  sont  nombreu- 
ses, et  il  s'e.st  exercé  dans  tous  les  genres  :  mu- 
sique dramatique,  symphonie,  musique  de  cham- 
bre, fantaisies  pour  l'orchestre,  romances,  ^ief/f?-, 
etc.  Uu  opéra  en  4  actes  de  M.  Rimski-Korsakoff, 
la  Pskovitaine.,  a  été  représenté  avec  succès  à 
Saint-Pétersbourg,   et  quelques  fragments  d'un 
autre  ouvrage  dramatique,  dont  j'ignore  le  titre, 
ont  été  publiés   par  l'éditeur  M.   Bessel,  de  la 
même  ville.  Parmi  les  autres  productions  de  ce 
compositeur,  je  citerai  un  poème  sympbonique 
intitulé  Sadko,  un  quatuor  pour  instruments  à 
cordes  qui  a  obtenu  une  mention  honorable  dans 
un  concours   ouvert   par   la   Société  impériale 
russe  de  musique,  en  1876,  et  diverses  compo- 
sitions chorales.  Il  a  en    portefeuille  un   opéra 
encore  inédit,  intitulé  la  Nuit  de  Mai.  M  Rimski 
Korsakorff,  qui  est  directeur  de  l'École  musicale 
gratuite  de  Saint-Pétersbourg,  a  publié  :  100  mé- 
lodies populaires  russes,  avec  accompagnement 
de  piano;   6   Fugues  pour  piano;   3  morceaux 
pour  piano;  C  chœurs. 

RIIXALDI  (G ),  pianiste  italien  et  com- 
positeur pour  son  instrument,  est  fixé,  je  crois, 
à  Gênes,  et  est  considéré  dans  sa  patrie  comme 
un  artiste  fort  distingué,  dont  le  talent  présen- 
terait une  sorte  d'analogie  avec  le  génie  tendre 
et  mélancolique  de  Chopin.  Les  compositions  de 
M.  Rinaldi  .'•ont  assez  nombreuses,  et  parmi 
elles  on  peut  citer  :  Fantaatichetie,  six  pièces, 
op.  26,  27,  28,  29,  30  et  31;  Snlle  Alpi,  deux 
esquisses,  op.  32  et  33  ;  2  Mazurkas,  op.  35  et 
36;  Divagazioni  pianisticite,  six  pièces,  op. 
39,  40,  41,  42,  43  ,  44  ;  et  divers  luorcsaux  de 


genre:  Novelletta,  ilviio  Villngio  A  Lei,  etc. 

*RI\ALDt)DA  C:\PUA,  compositeur 
italien  du  dix-huiliè»ie  siècle.— Outre  les  ouvra- 
ges inscrits  sous  son  nom,  il  a  fait  représenter 
à  Florence,  sur  le  théâtre  Pallacorda,  un  in- 
termezzo à  trois  voix  intitulé  il  Bravo  burlato. 

RIi\CK  (Gustave),  pianiste  et  compositeur, 
s'est  fait  une  réputation  à  Bordeaux  par  son  ta- 
lent très-distingué  d'exécution,  qu'il  a  fait  ap- 
précier fréquemment  dans  les  concerts,  et  par  la 
publicafion  d'un  certain  nombre  de  morceaux  de 
piano,  dans  lesquels  la  grâce  des  idées  s'allie  à 
la  pureté  de  la  forme.  Dans  ces  dernières  années, 
cet  artiste  a  surtout  attiré  l'attention  sur  lui 
par  des  œuvres  de  plus  grandes  proportions  et 
d'un  caractère  plus  élevé;  c'est  ainsi  qu'il  a  fait 
entendre,  en  1876,  un  grand  concerto  de  piano 
(en  ré)  avec  accompagnement  d'instruments  à 
cordes,  un  quatuor  en  si  bémol  pour  piano,  vio- 
lon, alto  et  violoncelle,  un  menuet  et  fugue  pour 
instruments  à  cordes,  une  tarentelle  pour  violon 
et  violoncelle,  puis  diverses  mélodies  vocales 
parmi  lesquelles  on  cite  un  hymne  triomphal 
d'une  véritalile  puissance  d'effet.  Depuis  lors, 
M.  Gustave  Rinck  a  voulu  s'essayer  à  la  scène, 
et  il  a  fait  représenter  sur  le  Grand-Théâtre 
de  Bordeaux,  le  10  avril  1877,  un  opéra-comi- 
que en  deux  actes,  Mademoiselle  de  Kerven, 
qui  se  faisait  remarquer  par  d'excellentes  qua- 
lités, et  était  écrit  avec  beaucoup  de  soin. 

RiI\UCCI!\I  (Giovan-Battista),  écrivain 
italien  du  dix-neuvième  siècle,  est  l'auteur  des 
deux  opuscules  suivants  :  1°  SuUa  vuisica  e 
sulla  poesia  melodrammatica  italiana  del 
secolo  XIX,  Lucques ,  1843;  2"  Biografia 
di  Marco  Santucci,  Massa,  1851. 

RISPOLI  (RaffaeleI,  compositeur  italien, 
a  écrit  la  musique  d'un  opéra  bouffe,  il  Figlio 
del  signor  Sindaco,  qui  a  été  représenté  sur 
le  théâtre  Nuovo,  de  Naples,  le  6  mai  1874.  Il 
a  publié  quelques  romances  et  mélodies  vocales. 

RITTER  (Théodore  BE!\A1ET,  dit),  pia- 
niste distingué  et  compositeur,  est  né  près  de 
Paris  vers  1836.  Il  se  livra,  dès  son  plus  jeune 
âge,  à  l'étude  de  la  musique,  et  reçut  une  ex- 
cellente et  solide  éducation,  qu'il  compléta  avec 
M.  Liszt,  dont  il  reçut  des  leçons  de  piano  et  de 
composition.  Il  était  fort  jeune  encore  lorsqu'il 
commença  à  se  produire  dans  les  concerts,  et 
obtint  de  très-grands  succès  de  virtuose;  son  fa- 
lent,  très-net,  très-précis  etlrès-sùr,  ne  brillait 
pas  moins  dans  l'exécution  de  la  grande  musique 
classique,  que  lorsqu'il  faisait  entendre  les  œu- 
vres des  compositeurs  modernes.  Après  s'être 
fait  apprécier  en  France,  M.  Rilter  fit  plusieurs 
voyages  artistiques  à  l'étranger,  et  fut  accueilli 


424 


RITTER  —  RORERT-MAZEL 


avec  beaucoup  de  faveur  en  Allemagne,  en  Bel- 
gique, el  surtout  en  Angleterre,  où  il  devint  l'un 
(les  favoris  du  public. 

M.  Ritter  s'est  produit  aussi  comme  compo- 
sileur;  on  connaît  de  lui  un  certain  nombre  de 
morceaux  de  genre  pour  le  piano,  que  lui- 
même  exécute  avec  une  véritable  maeiiria,  et 
parmi  lesquelles  on  remarque  les  suivants  : 
les  Courriers,  fantaisie  qui  a  obtenu  un  énorme 
succès;  le  Tourbillon  ;  Véloce,  impromptu,  op. 
24;  Rêverie,  op.  25;  Chant  du  Braconnier, 
op.  26;  Sylphes,  scherzo,  op.  27;  Bonde  de 
nuit,  marcbe;  Souvenir  de  .Sawios,  [ballade  ; 
Aubade,  morceau  caractéristique;  la  Fesfa, 
valse  de  concert;  Titania,  scherzo-caprice; 
les  i4/mées, caprice-étude;  Sorrente,  tarentelle; 
Habanera,  sérénade  créole.  M.  Ritter  a  publié 
encore,  outre  une  .sonate  pour  deux  pianos, 
quelques  compositions  vocales  importantes  : 
le  Sacrifice,  chant  biblique  avec  accompagne- 
ment d'orchestre,  exécuté  aux  coni  erts  du  Clià- 
telet,  le  14  novembre  1875,  par  M.  Gailhard; 
le  Paradis  perdu,  scène  dramatique;  Méphis- 
tophélès,  id.  ;  Ave  Maria  à  2  voix  ;  0  Saluta- 
ris.  Entiri,  M.  Ritter  s'est  essayé  aussi  au  théâtre  ; 
il  a  donné  à  l'Opéra-Comique,  le  17  juin  1861, 
un  petit  ouvrage  en  un  acte,  Marianne,  dont 
la  valeur  était  mince,  et  en  1865  il  faisait  repré- 
senter à  Florence,  sur  le  théâtre  Alfierl,  un  opéra 
italien  intitulé  la  Dea  risorta,  dont  le  succès 
fut  négatif. 

Une  sœur  de  cet  arti.ste,  M"*  Cécile  Ritter, 
née  le  22  novembre  1859,  pianiste  et  chanteuse 
aimable,  a  abordé  la  scène  en  créant,  au  Théâtre- 
Lyrique,  le  rôle  de  Virginie  dans  l'opéra  de 
M.  Victor  Massé,  Paul  el  Virginie.  Elle  voulut 
ensuite  se  produire  à  l'Opéra-Comique,  et  dé- 
buta à  ce  théâtre  dans  le  rôle  de  Catherine  de 
V Étoile  du  Nord;  mais  ce  rôle  était  au-dessus 
de  ses  forces  physiques  et  de  son  talent  d'artiste, 
et  elle  dut  y  renoncer. 

RlTTElKFRÉDÉrucL ),  professeur  de  mu- 
sique dans  un  collège  de  Londres,  a  publié,  dans 
ces  dernières  années,  une  Ilistorij  of  Mvsic, 
from  the  Christian  cra  to  the  présent  time 
(Londres,  W.  Reeves,  1875,  un  vol.  in-8°). 
Ce  résumé  de  l'histoire  de  la  musique  depuis 
l'âge  chrétien  est  fait  à  un  point  de  vue  plus 
mondain  qu'essentiellement  rigoureux  en  ce  qui 
concerne  l'érudition.  On  le  comprendra  lors- 
qu'on saura  i\nW  n'est  que  la  reproduction  de 
lectures  publiques  fiil^s  par  lauleur.  Le  vo- 
lume est  accompagné  d'un  portrait  de  Mozart  à 
l'âge  de  sept  ans. 

RITTER  (Hermvnn),  virtuose  de  la  chambre 
du  grand-duc  de  Mecklembourg-Schwerin  à  Hei- 


delberg,  est  l'auteur  de  l'ouvrage  suivant  : 
V Histoire  de  Valto,  et  les  principes  de  sa 
construction  {die  Geschichte  der  viola  alla 
und  die  grundsàtze  thres  baues),  Leipzig, 
J.-J.  Weber,  1877. 

RITTER  (F\NNY-RATM0Nn),  écrivain  musi- 
cal anglais  contemporain,  est  l'auteur  d'un  opus- 
cule récemment  publié  sous  ce  titre  :  Woman 
as  a  muiician  (la  Femme  comme  musicienne, 
étude  liistorique  d'art),  Londres,  W.  Reeves. 
M""*^  Faimy  Ritter  e.st  aussi  l'auteur  des  traduc- 
tions anglaises  de  divers  écrits  allemands  rela- 
tifs à  la  musique,  entre  autres  Musique  et  mu- 
siciens ,  de  Robert  Schumann,  Conseils  et 
Maximes  pour  les  jeunes  musiciens,  du  même 
maître,  Lettres  sur  la  musique  à  une  amie, 
par  M.  Louis  Ehlert. 

RIZZO  (Alfonso),  compositeur  italien,  ne 
m'est  connu  que  par  un  opéra  intitulé  Clotilde 
di  Montelice,  qu'il  a  fait  représenter  sur  le 
théâtre  Victor-Emmanuel,  de  Turin,  au  mois  de 
novembre  1870. 

ROBERT-MAZEL  (m''«  Hélène),  pia- 
niste, compositeur  et  professeur,  commença,  vers 
1832,  à  faire  apprécier  un  joli  talent  de  vir- 
tuose en  se  produisant  fréquemment  dans  les 
concerts.  Vers  le  même  temps,  elle  se  faisait 
connaître  aussi  comme  compositeur  en  publiant, 
chez  l'éditeur  Delahante,  divers  morceaux  de 
chant  qui  se  faisaient  remarquer  par  de  réelles 
qualités  :  un  Souvenir,  A  mon  père,  mélo- 
dies, f  Arabe  et  son  cotirsier,  f  Aspect  des  bois, 
la  Luciole,  ballades ,  les  Deux  Captifs,  duo  pour 
.soprano et  contralto,  le  Jugement  dernier,  can- 
tate, etc.  En  1839,  elle  faisait  paraître  chez 
l'éditeur  Cotelle  VAlbum  de  M^^'  H.  liobert- 
Mazel,  contenant  huit  romances.  Elle  se  livrait 
aussi  à  la  pratique  de  l'enseignement,  surtout  en 
ce  qui  concernait  les  enfants,  dont  l'éducation 
musicale  la  préoccupait  vivement;  c'est  ce  qui 
lui  lit  publier  sous  ce  titre  :  Concert  des  en- 
fants, une  suite  de  petits  morceaux  à  une  ou 
deux  parties,  «  écrits  dans  le  diapason  de  la 
voix  des  enfants,  »  et  plus  tard  un  ouvrage  pé- 
dagogique ainsi  intitulé  :  «  Guide  musical  de 
Ven/ance,  contenant  :  1"  Princij)es  élémentaires 
et  complets,  cla.ssés  par  petites  leçons;  2"  Sol- 
fège composé  d'exercices  et  de  récréations  dans 
tous  les  tons  majeurs  et  mineurs,  commençant 
par  l'étendue  de  trois  notes  et  ne  dépassant  ja- 
mais l'octave  de  la  voix  parlée  des  enfants,  »  Pa- 
ris, in-8°.  Dans  un  de  ses  feuilletons  de /'/l.ÇAe;H- 
blée  nationale,  Adol|)he  Adam  rendait  conqile 
de  cet  ouvrage  avec  des  éloges  motivés,  et,  en 
même  temps,  faisait  ressortir  en  ces  termes  le 
talent  dont  M"*  Robert-Mazel  avait  fait  preuve 


ROBERT-MAZEL  —  ROBSON 


425 


comme  compositeur  :  —  «  M"*  Mazel  s'est  fait 
connaître  par  de  charmantes  compositions  vo- 
cales, qui  avaient  un  degré  d'intérêt  musical  plus 
élevé  que  celui  que  comportent  d'ordinaire  les 
compositions  féminines.  Quoique  très-mélotli- 
ques,  ces  compositions,  par  la  ricliesse  de  l'iiar- 
monie  et  les  recherches  des  accompagnements, 
semblent  un  peu  inspirées  de  l'école  allemande,  et 
surtout  de  la  manière  de  Weber  et  de  Schu- 
bert.... »  J'ignore  ce  qu'est  devenue  cette  artiste 
distinguée. 

ROBERTI  (GiL'Lio),  compositeur  et  profes- 
seur de  chant  choral,  est  né  à  Barge,  dans  la 
province  de  Saluées,  le  14  novembre  1823.  Il 
se  destinait  d'abord  au  barreau,  mais  à  l'âge  de 
vingt  ans  l'amour  de  la  musique  l'emporta  chez 
lui  sur  tout  autre  désir,  et  il  se  plaça  sous  la  di- 
rection de  Luigi-Felice  Rossi ,  qui  lui  fit  suivre 
un  cours  complet  de  contre-point  et  de  compo- 
sition. En  1849,  il  fit  son  début  de  compositeur 
dramatique  en  donnant  au  théâtre  Carignan,  de 
Turin,  un  opéra  intitulé  Pier  dé'  Medici,  et 
presque  aussitôt  se  rendit  à  Paris,  où  il  s'établit 
et  d'où  il  ne  s'éloigna  qu'en  1858  pour  faire  re- 
présenter au  théâtre  Victor- Emmanuel,  de  Turin, 
un  second  ouvrage,  PétrarcOy  qui,  par  la  faute 
d'un  livret  détestable,  fut  loin  d'être  aussi  heu- 
reux que  le  précédent.  De  retour  à  Paris,  il  y 
obtint  un  emploi  dans  l'administration  des  che- 
mins de  fer  romains,  et  pendant  quelque  temps 
ne  s'occupa  plus  de  musique  qu'en  amateur. 

Cependant,  une  messe  à  quatre  voix  de 
M.  Roberti  ayant  été  exécutée  à  Londres,  le 
compositeur  fut  invité  à  la  faire  entendre  dans 
l'église  de  l'Oratoire  de  Brompton.  L'accueil  qui 
lui  fut  fait  en  celte  occasion  le  décida  à  repren- 
dre sa  carrière  artistique,  et  bientôt  il  se  fixa  à 
Londres,  où  il  publia  des  mélodies  vocales,  des 
cJKfiurs  et  diverses  compositions  religieuses. 
Quelques  années  après,  il  quittait  l'Angleterre 
pour  retourner  en  Italie  et  s'établir  à  Florence, 
où  il  fondait  en  18G9  une  école  gratuite  de  chant 
choral  et  où  il  organisait,  dans  sa  propre  de- 
meure, des  cours  du  soir  pour  les  adultes.  A 
partir  de  ce  moment,  le  chant  d'ensemble,  pour 
lequel  il  s'était  pris  en  Angleterre  d'une  véritable 
passion,  occupa  presque  entièrement  son  esprit, 
il  s'en  fit  le  propagateur  assidu;  et  désintéressé, 
et,  sur  la  demande  de  la  municipalité  llorentine, 
institua  dos  cours  dans  la  plupart  des  écoles  de 
la  ville.  Enfin,  en  1873,  il  créa,  sur  le  modèle 
des  associations  allemandes  de  ce  genre,  une  so- 
ciété chorale  à  laquelle  il  donna  le  nom  d'Har- 
monie vocale. 

Parmi  les  ouvrages  publiés  par  M.  Roberti, 
il  faut  citer  :  Corso  elementare  di  musica  vo- 


cale, en  2  parties;  plusieurs  albums  de  roman- 
ces et  mélodies;  Armonia  vocale,  collection  de 
chœurs  sans  accompagnement,  etc.  Il  a  écrit 
aussi  deux  quatuors  pour  instruments  à  cordes. 
Enfin  on  lui  doit  un  livre  publié  sous  ce  titre  : 
Pagine  di  buona  fede  a  proposito  di  musica 
(Florence,  Barbera,  1876).  Ce  volume,  écrit 
d'une  main  rapide  et  ferme,  est  formé  de  la 
réunion  de  plusieurs  écrits  insérés  dans  divers 
journaux  politiques  et  de  travaux  lus  par  l'au- 
teur dans  les  séances  de  l'Institut  royal  de  mu- 
sique de  Florence,  dont  il  est  un  des  membres 
les  plus  actifs-,  les  principaux  chapitres  portent 
les  titres  suivants  :  le  Chant  choral  dans  ses  ^ 
rapports  avec  l'éducation  populaire,  avec 
l'église  et  le  théâtre;  les  Concours  interna- 
tionaux de  chant  d'ensemble  à  Malines  et  à 
Gand  en  juillet  1873;  Course  artistique  à 
grande  vitesse,  Cologne,  Leipzig,  Dresde,  Ber- 
lin, Amsterdam,  Gand,  Bruxelles,  Louvain. 
—  M.  Giulio  Roberti,  qui  est  chevalier  de  l'or- 
dre de  la  Couronne  d'Italie,  a  été  chargé,  vers 
la  fin  de  1877,  de  la  rédaction  du  feuilleton  mu- 
sical de  l'un  des  principaux  journaux  politiques 
de  Florence,  la  Gazzeita  d'ilalia. 

ROBERTO  ( ),  écrivain  espagnol,  a 

publié  sous  ce  titre  :  Calendario  musical  de 
1859,  con  infinidad  de  curiosidades  y  piezas 
de  musica,  un  almanach  spécial  qui  n'est  pas 
sans  utilité.  Pourtant,  cette  publication  pério- 
dique a  disparu  après  sa  seconde  année,  parue 
en  1860.  < 

ROBERTSOX  (John),  pianiste  et  organiste 
anglais,  membre  de  l'Institut  d'éducation  d'E- 
cosse, a  commencé  ses  études  musicales  à  l'Uni- 
versité d'Edimbourg,  après  quoi  il  alla  se  per- 
fectionner en  Allemagne.  Il  est  aujourd'hui 
organiste  et  chef  des  chœurs  d'une  des  princi- 
pales églises  d'Edimbourg.  On  connaît  de  ce 
musicien  un  71e  Deum  en  ut,  un  autre  Te 
Deum,  un  Nunc  dimittis  en  fa,  et  diverses  an- 
tres compositions  religieuses,  --     «g 

J'ignore  si  cet  artiste  est  le  même  que  celui 
qui  est  mentionné  au  tome  VII  de  la  Biogra- 
phie universelle  des  Musiciens. 

ROBSON,  est  le  nom  d'une  famille  de  mu- 
siciens qui  vécut  en  Belgique  au  dix-huitième 
siècle,  et  dont  le  premier,  d'abord  facteur  de  pia- 
nos à  Londres,  s'était  certainement  établi  ensuite 
en  ce  pays.  Jean-Jacques  Robson,  l'alné  de  la 
famille,  le  .seul  dont  ait  parlé  la  Biographie  uni- 
verselle des  Musiciens,  mourut  à  Tirlemont  le 
24  octobre  1785  (1);  on  croit  qu'il  était  né  à 

(I)  J'emprunte  ces  renseignements  aux  Documents  his^ 
toriques  de  M.  Edouard  Grcgolr. 


426 


HOBSON  —  ROCHARn  DE  BOUILLAC 


Tliiiin  au  commencement  du  siècle.  —  Sébastien- 
Joseph  Robson,  fils  du  précédent,  né  à  Thuin 
en  173i,  morl  à  Tluirnout  le  3  juillet  1814,  fut 
orléaniste  du  cliapilre  royal  de  cette  dernière 
ville  et  maître  de  musique  de  la  grande  église; 
on  lui  doit,  entre  autres  compositions,  la  Mar- 
che des  Patriotes,  qui  se  chante  encore  au- 
jourd'hui. —  Emmamiel  Robson,  sans  doute 
frère  du  précédent,  né  à  Termonde  en  1740,  de- 
vint organiste  à  Sotteghem,  et  mourut  à  Ter- 
monde  le  3  décembre  1768.  —  François-Joseph 
Bobso)],  fils  de  Sébastien-Joseph,  né  à  Turn- 
hout  en  1763,  succéda  à  son  père  en  1814,  et 
mourut  dans  la  même  ville  le  7  juillet  1833;  il 
était  aussi  professeur  au  pensionnat  des  Dames 
chanoinesses  du  Saint-Sépulcre.  —  Enfin,  un 
dernier  membre  de  la  famille,  G.  Robson,  sur 
lequel  je  n'ai  pas  d'autres  renseignements,  fut 
organiste  de  la  grande  église  de  ïurnliout,  et  a 
écrit  de  nombreuses  œuvres  de  musique  reli- 
gieuse. 

ROCABERT  (Jean-Baptiste),  organiste  et 
compositeur  espagnol  renommé,  né  vers  1660  à 
Barcelone,  fut  élève  de  l'école  du  monastère  de 
Montserrat,  où  il  prit  l'habit  le  7  novembre  1674. 
Habile  exécutant  sur  la  harpe  et  sur  le  violon, 
Rocabert  fut  consiiléré  comme  l'un  des  premiers 
organistes  de  son  temps,  et,  dans  le  genre  reli- 
gieux, il  écrivit  des  compositions  que  l'on  chan- 
tait non-seulement  à  Montserrat,  mais  dans  diver- 
ses chapelles  d'Espagne.  Doué  d'ailleurs  d'une 
vigueur  d'esprit  peu  commune,  âpre  au  travail 
et  d'une  activité  infatigable,  il  était  à  la  fois  la- 
tiniste remarquable,  philosophe,  théologien, 
moraliste,  poète  distingué,  et  enfin  .s'occupa 
beaucoup  d'histoire  religieuse.  11  fut  mailre  de 
la  chapelle  et  de  l'école  de  musique  de  Mont- 
serrat pendant  huit  ans,  après  quoi  il  devint  or- 
ganiste du  couvent  de  Saint-Martin,  de  Ma- 
drid, C'est  là  qu'il  mourut,  le  7  janvier  •1701, 
dans  toute  la  force  de  l'ûge,  ayant  à  peine  ac- 
compli sa  quarante  et  unième  année. 

ROCHAUD  jTe  BOUILLAC  ( ), 

excellent 'acteur  de  la  Comédie-Italienne,  où  il 
se  (it  une  grande  renommée,  était  né  à  Paris 
dans  les  premières  années  du  dix-huitième 
siècle,  et  ne  semblait  en  aucune  façon  destiné  à 
suivre  cette  carrière.  Le  rédacteur  des  Mé- 
moires secrets  pour  servir  à  l'histoire  de  la 
République  des  Lettres  (à  la  date  de  novembre 
1781)  disait  de  lui  :  —  «  M.  Rochard  étoit  assez 
bien  né;  il  avnitélé  substitut  du  procureur  géné- 
ral des  requèlesde  l'bôlel.  et  entraîné  par  sa  pas- 
sion pour  le  théâtre,  avoit  quitté  cet  élat  lion- 
nôte  pour  celui  de  comédien,  dans  lequel  il 
s'étoit  distingué  par  un  goût   exquis   et  une 


grande  propreté  de  chant.  »  Doué  en  effet  d'une 
voix  agréable,  mais  un  peu  frêle,  qu'il  condui- 
sait avec  goût  et  surtout  avec  expression,  Ro- 
chard commença  par  appartenir  au  personnel  de 
l'Opéra,  où  il  passa  presque  complètement  ina- 
perçu. Ce  que  voyant,  il  tourna  ses  vues  du 
côté  de  la  Comédie-Italienne,  où  il  débuta  avec 
succès,  le  19  novembre  1740,  dans  l'emploi  des 
amoureux  chantants.  «  Ses  succès  dans  le  chant 
et  dans  la  déclamation,  disait  l'auteur  de  {'His- 
toire du  Théâtre- Italien,  sont  trop  présens  au 
public  pour  avoir  besoin  de  lui  rappeler  cet  ac» 
teur,  qu'il  regrette  encore  dans  les  rôles  chan- 
tans.  »  Et  un  poète  du  temps  écrivait  : 

Kochard,  en  eh.-intant,  sûr  de  plaire, 
Nous  prouve  bien  sensiblement 
Que  la  voix  est  moins  nécessaire 
Que  le  goût  et  le  sentiment. 

Si  Rochard  avait  obtenu  des  succès  dans  le 
genre  du  vaudeville,  sa  carrière  devint  plus  bril- 
lante encore  peut-être  lorsque  la  Comédie-Ita- 
lienne commença  à  s'adonner  aux  pièces  à  ariet- 
tes, dans  lesquelles  son  talent  trouvait  plus 
encore  le  moyen  de  se  développer.  C'e»t  lui  qui 
eut  l'honneur,  avec  M""'  Favart,  de  produire 
devant  le  public  parisien  la  traduction  française 
de  la  Serva  padrona  de  Pergolèse,  et  de  jouer 
le  rôle  de  Pandolphe  de  la  Servante  maîtresse, 
qui  lui  valut  un  aussi  grand  succès  que  celui  de 
Zerbine  à  son  aimable  partenaire.  Il  se  montra 
ensuite  dans  une  foule  d'ouvrages  du  même 
genre  :  la  Bohémienne  (traduction  de  la  Zin- 
gara),  qu'il  jouait  encore  avec  M"*  Favart  ; 
Mazet,  de  Duni  ;  le  Gui/  de  chêne,  de  Laruelte; 
les  Fêtes  de  la  paix,  de  Philidor,  etc.  Après 
plus  de  vingt-trois  années  de  service,  pendant 
lesquelles  il  n'avait  cessé  de  mériter  et  d'obtenir 
les  faveurs  du  public,  il  prit  sa  retraite,  an 
mois  de  juin  1764,  et  se  consacra  à  l'enseigne- 
ment du  chant.  Il  vivait  encore  en  1785,  car 
les  Tablettes  de  renommée  des  Musiciens,  pu- 
bliées en  cette  année,  le  comprenaient  au  nombre 
des  professeurs  de  Paris,  et  le  mentionnaient  en 
ces  termes  :  —  «  Rochard,  maître  de  musique 
vocale,  renommé  pour  le  goût  du  chant  italien. 
Attaché  ci-devant  à  la  Comédie-Italienne,  il  en 
a  fait  les  délices  par  les  charmes  de  la  voix  la 
plus  agréable  et  l'expression  la  plus  touchante.  « 
Peu  d'années  auparavant,  au  mois  de  novembre 
1781,  il  paraît  que  Rochard,  rentrant  comme 
auteur  dans  un  théâtre  où  il  avait  si  longtemps 
brillé  comme  acteur,  avait  donné  à  la  Comédie- 
Italienne  une  pièce  intitulée  l^ Amour  trop  pré- 
venu de  lui-même;  tout  au  moins  cette  pièce 
lui  était-elle  attribuée,  ainsi  que  le  prouve  cette 
note  des  Mémoires  secrets  :  —  «  On  prétend 


ROCHARD  DE  BOUILLAC 


RODA 


427 


qae  la  pièce  est  du  sieur  Rochard,  retiré  depuis 
longtemps,  et  qui  doit  être  au  moins  septua- 
génaire.... » 

Ce  n'est  que  dans  son  volume  de  l'année  1792, 
que  l'alinanach  les  Spectacles  de  Paris  fait 
disparaître  le  nom  de  Rocliard  de  la  liste  des 
acteurs  pensionnés  par  la  Comédie- Italienne; 
cet  artiste  mourut  donc  en  1791,  dans  un  âge 
éviiiemment  très-avancé. 

BOCHE  (Edmond),  poêle  et  musicien,  né  à 
Calais  le  20  février  1828,  est  mort  à  Paris  le 
16  décembre  18G1.  Tout  jeune,  il  avait  com- 
mencé l'étude  du  violon,  et,  venu  de  bonne 
heure  à  Paris,  il  était  entré  au  Conservatoire 
dans  la  classe  d'Habeneck.  Obligé  de  gagner  ra- 
pidement sa  vie,  comme  tous  les  jeunes  instru- 
mentistes, il  prit  une  place  de  premier  violon  à 
lorchestre  du  théâtre  de  la  Porte-Saint-Martin, 
puis,  im  peu  plus  tard,  cumula  cette  place  avec 
un  petit  emploi  à  la  Douane.  Mais  déjà  le  démon 
de  la  poésie  le  tentait,  et  le  soir,  au  théâtre, 
entre  deux  morceaux,  il  lui  arrivait  d'écrire  des 
vers  qui  n'étaient  ni  sans  charme,  ni  sans  talent, 
et  dont  quelques-uns  lui  étaient  inspirés  par  la 
musique,  entre  autres  un  petit  poëme  sur  Stra- 
divarius, une  fable  intitulée  les  Cordes  et  VAr- 
cliet,  dédiée  à  M.  Edouard  Lalo,  une  autre 
pièce  sur  Mozart,  etc.  (morceaux  qui  ont  été 
compris  dans  le  recueil  de  ses  Poésies  posthu- 
mes), et  aussi  quelques  œuvres  dramatiques  : 
Velléda,  Bernard  Palissy,  la  Dernière  Four- 
berie de  Scapin. 

C'est  à  Edmond  Roche  qu'on  doit  la  traduc- 
tion française  de  Tannh'ùuser  de  M.  Richard 
Wagner.  Dans  une  notice  placée  en  tête  de  ses 
Poésies  posthumes  (Paris,  Lévy,  1863,  in- 12), 
M.  V.  Sardou  a  raconté  de  quelle  façon  singu- 
lière il  avait  fait  la  connaissance  de  ce  musicien. 
M.  Sardou  a  fait  connaître  aussi  quelques  dé- 
tails au  sujet  de  celle  traduction  :  —  «  La  tra- 
duction du  Tannliaiiser  \ml  à  Roche  une  année 
entière  du  travail  le  plus  assidu,  le  plus  exté- 
nuant; il  J  prodigua  ses  jours  et  ses  nuits.  Il 
faut  lui  avoir  entendu  raconter  tout  ce  que  lui 
faisait  souffrir  l'exigence  de  ce  terrible  homme, 
comme  il  l'appelait.  Le  dimanche,  jour  de  repos 
à  la  Douane,  était  naturellement  celui  que  Wa- 
gner accaparait  pour  sa  traduction.  —  Quel 
congé  pour  le  pauvre  Roche!  —  «  A  sept  heu- 
«  res,  me  disait-il,  nous  étions  à  la  besogne,  et 
«  ainsi  jusqu'à  midi,  sans  répit,  sans  repos  : 
«  moi  courbé,  écrivant,  raturant,  et  cherchant 
"  la  fameuse  syllabe  qui  devait  correspondre  à 
'(  la  fameuse  note,  sans  cesser  néanmoins  d'avoir 
«  le  sens  commun;  lui  debout,  allant,  venant, 
«  l'œil  ardent,  le  geste  turieux,  tapant  sur  son 


«  piano  au  passage,  chantant,  criant,  et  me  di- 
«  sant  toujours:  ^//e;,fl//<'s.' A  midi,  une  heure 
«  quelquefois,  et  souvent  deux  heures,  épuisé, 
«  mourant  de  faim,  je  laissais  tomber  ma  plume 
«  et  me  sentais  sur  le  point  de  m'évanouir.  — 
«  Qu'avez-vous .'  me  disait  Wagner  tout  sur- 
«  pris.  —  Hélas!  j'ai  faim!  —  Oh!  c'est  juste, 
«  je  n'y  songeais  pas.  Eh  bien  !  mangeons  un 
«  morceau  vite,  et  continuons.  —  On  mangeait 
«  donc  un  morceau,  vite,  et  le  soir  venait,  et 
«  nous  surprenait  encore,  moi  anéanti,  abruti, 
«  la  tête  en  feu,  la  fièvre  aux  tempes,  à  moitié 
«  fou  de  cette  poursuite  insensée  à  la  recherche 
«  des  syllabes  les  plus  baroques....  et  lui  tou- 
«  jours  debout,  aussi  frais  qu'à  la  première 
«  heure,  allant,  venant,  tapotant  son  infernal 
«  piano,  et  tinissant  par  m'épouvanter  de  cette 
«  grande  ombre  crochue  qui  dansait  autour  de 
«  moi  aux  relleîs  fantastiques  de  la  lampe,  et  qui 
«  me  criait,  comme  un  personnage  d'Hoffmann  : 
K  Allez  toujours,  allez!  en  me  cornant  aux 
«  oreilles  des  mots  cabalistiques  et  des  notes  de 
«  l'autre  monde.  » 

Le  pauvre  Roche  avait  compté  sur  la  repré- 
sentation du  Tannhuuser  pour  mettre  son  nom 
à  la  lumière  et  l'arracher  à  la  misère  qui  élrei- 
.  gtiait  son  jeune  ménage.  On  sait  comment  il  suf- 
fit de  trois  soirées  pour  renverser  toutes  ces  espé- 
rances. Il  n'eut  même  pas  la  satisfaction  de  voir 
une  seule  fois  son  nom  sur  l'afiiche;  bien  plus, 
l'éditeur  de  la  partition  ne  le  mit  pas  sur  la  tra- 
duction française.  La  fatigue  et  le  chagrin  que  lui 
avait  causés  ce  travail  lui  furent  fiine>tes;  bien- 
tôt il  tomba  malade,  une  affection  de  poitrine  se 
déclara,  et,  malgré  tous  les  soins,  il  fut  emporté 
par  elle,  avantd'avoir  atteint  sa  trente-quatrième 
année.  —  Edmond  Roche  av^it  donné  d'assez 
nombreux  articles  de  critique  musicale  dans  di- 
vers journaux  liltéiaires,  le  iSouvcau  Journal, 
le  Cadet -Roussel,  le  Diogène,  l'Effronté,  le 
Diable  boiteux,  etc. 

*  ROCHEFOHT  (Jean- Baptiste).  —  A  la 
liste  des  œuvres  de  cet  artiste,  il  faut  ajouter  : 
1°  Apothéose  de  la  feue  Impératrice,  mère  de 
la  reine  de  France,  cantate  exécutée  au  Concert 
spirituel,  le  8  décembre  1781;  2"  la  Laitière 
polonaise,  ballet-pantomime  en  3  actes,  joué 
au  tliéàtre  du  Palais  en  1798. 

RODA  (Ferdlnand  DE),  compositeur  et 
professeur  allemand,  né  à  RudoMadt  le  2G  mars 
1818,  étudia  le  piano  à  Weimar,  sous  la  direc- 
tion de  Hummel,  et  acquit  aussi  un  talent  dis- 
tingué sur  la  harpe.  Il  fut  harpiste  à  la  chapelle 
de  la  cour  de  Brunswick,  professeur  de  musique 
à  Hambourg  (1841-1856),  oii  il  fonda  une  aca- 
démie de  piano  et  une  société  de  chant  dite  de 


428 


RODA  —  RODOREDA 


Bach,  puis  professeur  de  musique  à  l'Université 
He  Roslock.  Roda  fut  fécond  comme  composi- 
teur, et  on  lui  doit  des  oratorios,  des  cantates, 
une  symphonie,  des  lieder,  quelques  morceaux 
de  piano  et  diverses  œuvres  de  musique  reli- 
gieuse; son  œuvre  la  plus  importante  est  un 
Faust  en  deux  parties,  qui  a  été  exécuté  pour 
la  première  fois  à  Rostock,  le  7  mars  1872.  Il 
était  occupé  à  mettre  en  musique  le  Cid  de  Her- 
dtM-,  et  avait  écrit  déjà  la  première  partie  de 
cet  ouvrage,  lorsque  la  mort  le  surprit  au  châ- 
teau de  Bulovv,  près  Crivitz  (Mecklembourg- 
Schwerin),  le  26  avril  1877. 

*  RODE  (Jacqles-Pierre-Joseph),  violoniste 
célèbre,  est  né  non  le  26,  mais  le  16  février  1774, 
ainsi  que  le  constate  son  acte  de  naissance  (1). 
Il  y  a  tout  lieu  de  croire  qu'il  est  mort  non  le 
25,  mais  le  26  novembre  1830,  car  Baillot,  l'in- 
time ami  de  Rode,  qui  ne  cessa  jamais  de  cor- 
respondre avec  lui  et  qui  fut  certainement  in- 
formé par  sa  famille  elle-même  de  la  perte  de 
son  vieux  compagnon,  a  inséré  cette  note  à  son 
sujet  dans  le  Catalogue  des  auteurs  dont  les 
compositions  servent  à  l'enseignement  du 
violon  dans  les  classes  du  Conservatoire,  ca- 
talogue dressé  par  lui  à  la  fin  de  son  Art  du 
VIOLON  :  Il  Rode  (Jacques-PierreJoseph),  né  à 
Bordeaux  le  16  février  1774,  mort  au  château 
de  Bourbon,  entre  Tonneins  et  Aiguillon,  le 
20  novembre  1830  (2).   »   D'une   lettre  restée 


'  fl)  Cet  acte  a  été  relevé  par  mes  soins  à  la  mairie  de 
Bordeaux,  et  je  l'ai  publié  dnns  ma  j\otice  suf  Rode, 
violoniste  français,  couronnée  par  1" Académie  des  Scien- 
ces, Belles-Lettres  et  Arts  de  Bordeaux  (Paris,  Pottier  de 
Lalaine,  1874,  in-8  de  64  pp.). 

(î)  Au  moment  où  je  corrige  \es  épreuves  de  cette  no- 
tice, j'acquiers  la  preuve  que  Baillot  s'est  trompé,  et  que 
la  date  de  la  mort  de  Rode  est  bien  le  23  novembre  1830. 
M.  Er.  Thoinan  me  communique  une  brochure  anonyme 
ainsi  intitulée  :  «  Pierre  Ilode.  Dédié  à  ses  amis,  »  Berlin, 
1831,  in-4  de  i4  pages.  (L'exemplaire  de  M.  Er.  Tlioiiian 
porte  cet  ex  dono  :  «  A  M.  le  major  Bles^on,  par  son  très- 
dévoué,  Massa.  »  L'auteur  était  allemand,  brochure  dans 
laquelle  l'auteur,  intime  ami  de  Rode,  nous  apprend  qu  il 
reçut  en  ces  termes,  de  la  main  de  Mme  Rode,  la  nou- 
velle de  sa  mort  :  «  (".'est  le  13  novembre,  après  -s'élre 
senti  quelque  temps  beaucoup  mieux,  que  Rode  a  été 
frappé  d'une  attaque  qui  le  priva  de  la  parole,  delà  con- 
naissance et  de  l'usage  du  bras  droit.  Aucun  reuiéile  n'a 
opéré,  et  son  existence  n'a  plus  été  qu'une  longue  agonie. 
Dieu  a  mis  fin  a  ses  souffrances  le  23  novembre  U30, 
à  uneln'ure  et  demie  de  l'aprés-mldl.  Sa  déponlllc  mor- 
telle a  été  transportée  à  Bordeaux,  pour  y  être  déposée 
dans  un  tombeau  de  famille,  qu'il  avait  fait  ériger  lui- 
Uiéme  à  peu  prés  trois  ans  auparavant.  » 

Rode  était  malade  liepuls  longtemps,  des  suites  d'un 
accident,  qui  lui  valait  parfois  des  accès  de  fièvre  fu- 
rieuse Il  avait  épousé  une  Jeune  veuve,  Mme  Galliari, 
fille  aiuée  du  décorateur  Verona  et  d'une  mère  française, 
née  à  Fontainebleau.  Il  revint  en  France  en  1850,  avec 
sa  belle-mère,  sa  femme,  qui  était  riche,  et  ses  deux  en- 
fants  Il  mourut  dans  le  domaine  de  Bourbon,  qu'il  avait 


inconnue  et  retrouvée  par  moi  dans  le  Courrier 
des  spectacles  da  2  frimaire  an  VIII  (23  novem- 
bre 1799),  il  résulte  ce  fait,  ignoré  jusqu'ici,  que 
Rode  fut  violon-solo  à  l'Opéra  et  qu'il  donna  sa 
démission  de  cet  emploi  le  17  novembre  1799.  A 
la  même  époque  il  était  déjà  professeur  au  Con- 
servatoire, car  un  de  ses  élèves,  Luc  Guénée, 
obtanait  le  premier  prix  de  violon  au  concours 
de  l'an  VIII;  en  1803,  un  autre  deses  élèves,  Mar- 
cel Duret  (Voy.  ce  nom),  remportait  à  son  tour 
le  premier  prix.  Ce  sont  les  deux  seuls  disciples 
de  Rode  dont  j'aie  pu  retrouver  la  trace. 

Le  catalogue  des  compositions  de  Rode  doit 
s'augmenter  d'un  certain  nombre  d'œuvres,  qui 
n'y  ont  pas  été  comprises  :  11^  concerto  (en  ré 
majeur),  Paris,  Frey  ;  12^  concerto  (en  mi  ma- 
jeur), ibid.;  IS**  concerto  (commence  en  fa  dièze 
mineur  et  finit  en  la  majeur),  Paris,  Launer 
(œuvre  posthume).  — Quatrième  Quatuor  pour 
deux  violons,  alto  et  basse,  op.  18,  Paris,  Gam- 
baio;  Deux  Quatuois  ou  Sonates  brillantes 
pour  violon  principal,  avec  accompagnement  d'un 
second  violon,  alto  et  violoncelle,  op.  28,  Paris, 
Frey  ;  Deux  Quatuors  brillards  dédiés  à  Clie- 
rubini  (œuvre  posthume),  Paris,  Launer.  — 
Vingt-quatre  Caprices  en  forme  d'études,  dans 
les  24  tons  de  la  gaitime,  Paris,  Frey;  Douze 
Études,  Paris,  Launer  (œuvre  posthume).  — 
Deux  Romances,  paroles  de  Millevoye,  Paris, 
chez  Clieriibini,  .Méliul,  etc.  ;  Deux  Romances 
françaises  et  un  petit  air  italien,  Paris. —  Plu- 
sieurs Airs  variés. 

Rode,  qui,  dans  les  dernières  années  de  sa 
vie,  avait  été  nommé  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  fut,  après  sa  mort,  l'objet  d'un  rare 
honneur  dans  sa  ville  natale,  qui  donna  son  nom 
à  l'une  de  ses  rues. 

*  RODIO  (Rocco).  —  Parmi  les  compositions 
de  cei  artiste,  il  faut  signaler  le  recueil  suivant  : 
Libro  di  ricercate  a  4  voci,  con  alcune  fan- 
tasie  sopra  varii  cantifermi,  Naples,  157.'i. 

*  RODOLPHE  (JEA^-JosEPH).  —  Cet  artiste 
a  écrit  la  musique  de  deux  ballets  représentés  à 
l'Opéra  :  Apelle  et  Campaspe  ou  la  Généro- 
sité d'Alexandre,  1^'  octobre  1776;  2"  Médée 
et  Jason,  3  actes,  30  janvier  1780.  Rodolphe  fut 
pendant  plusieurs  années  chef  d'orchestre  du 
théâtre  de  la  Cité. 

RODOREDA  (José),  compositeur  espagnol 
contemporain,  est  l'auteur  d'un  oratorio  pour 
voix  seules,  chœur  et  orchestre  ,  las  Sieie  Pa- 
labras (les  Sept  Paroles).  La  partition  de  cet 


aclieté,  et  qui  était  situé  prés  de  Damazon,  au  confluent 
du  Lot  et  de  la  Garonne.  J'extrais  ces  derniers  renseii;n«- 
uients  de  la  brochure  dont  je  viens  de  parler. 


RODOREDA  —  ROEDER 


429 


ouvrage  a  été  publiée  par  les  éditeurs  Vidal  et 
Bernareggi,  de  Barcelone. 

ROUOTHEATO  ( ),  compositeur,  a 

fait  représenter  sur  le  théâtre  communal  de 
Corfou,  le  25  janvier  1876,  une  action  musicale 
en  un  acte,  Oitona,  dont  le  livret,  écrit  en  ita- 
lien, était  tiré  d'un  poème  d'Ossian. 

liODRIGUES  (Hippolyte),  amateur  de 
musique  et  compositeur  français,  a  écrit  les  pa- 
roles et  la  musique  d'un  opéra  en  3  actes  et  4 
tableaux,  intitulé  David  Rizzio.  J'ignore  si  cet 
ouvrage  a  été  représenté  ;  mais  la  partition  pour 
chant  et  piano  en  a  été  publiée  il  y  a  quelques 
années. 

RODRIGUES(J...-M...  Pekkira),  écrivain 
portugais,  est  l'auteur  d'un  livre  intitulé  Es- 
corços  biographicos ,  publié  il  y  a  quelques 
années ,  et  dans  lequel  on  trouve  des  notices 
biographiques  sur  un  compositeur  fiançais ,  et 
sur  plusieurs  chanteurs  et  chanteuses,  MM.  Be- 
neventano  ,  Stagno  ,  Mongini,  Neri-Barakli,  et 
Mmes  Damoreau,  Rossi-Caccia ,  Fricci  et  Vol- 
pi  ni. 

RODVVELL   (C ),   professeur  anglais, 

est  l'auteur  d'un  petit  traité  publié  récemment 
sous  ce  titre  :  Manuel  d'instruction  musicale 
pour  le  piano. 

ROECKEL  (Joseph-Aucuste),  remarqua- 
ble chanteur  allemand  ,  dont  le  nom  se  rat- 
tache à  l'introduction  en  Angleterre  des  chefs- 
d'œuvre  lyriques  de  son  pays,  naquit  le  28  août 
1783  à  Neuenbourg  ,  dans  le  Haut-Palalinat. 
Destiné  d'abord  à  l'état  ecclésiastique ,  il  reçut 
une  excellente  éducation  littéraire;  mais  ayant, 
à  l'âge  de  vingt  ans,  renoncé  à  l'étude  de  la  théo- 
logie pour  entrer  dans  la  diplomatie ,  il  fut  at- 
taché en  qualité  de  secrétaire  d'ambassade  au 
service  de  l'électeur  de  Bavière.  L'ambassade  de 
Salzbourg  ayant  été  dissoute  lorsqu'en  1804 
éclata  la  guerre  entre  la  Bavière  et  l'Autriche  , 
le  jeune  Rœckel ,  qui  était  doué  d'une  voix 
charmante,  accepta  les  propositions  du  directeur 
du  théâtre  de  la  cour,  à  Vienne,  qui  l'avait  en- 
tendu chanter  et  qui  l'engageait  comme  premier 
ténor  à  l'Opéra  impérial.  Son  succès  fut  tel  à  son 
début  qu'il  n'eut  pas  de  peine  à  se  décider  à 
poursuivre  cette  carrière,  et  l'on  assure  que  la 
façon  absolument  supérieure  dont  il  chanta  le 
rôle  de  Florestan  dans  Fidelio  lui  valut,  jus- 
qu'à la  mort  de  Beethoven,  l'amitié  de  ce  grand 
homme. 

.  En  1822,  Rœckel,  qui  était  devenu  excellent 
musicien,  fut  nommé  par  l'empereur  François  1*'^ 
professeur  de  chaut  à  l'Opéra;  c'est  la  surtout 
qu'il  prouva  l'excellence  de  sa  méthode,  en  for- 
mant un  grand  nombre  d'élèves  remarquables , 


entre  autres  la  célèbre  cantatrice  Henriette  Son- 
tag.  Appelé  en  1828  à  diriger  l'orchestre  du 
théâtre  d'Aix-la-Chapelle,  il  conçut  et  réalisa, 
dès  l'année  suivante,  le  projet  de  faire  connaître 
à  Paris  le  répertoire  allemand,  chanté  par  des 
artistes  allemands.  L'effet  produit  parles  chœurs 
surtout  lut  entraînant,  et  l'accueil  qu'il  reçut  à 
Paris  engagea  Rœckel  à  y  rester  jusqu'en  1832. 
C'est  alors  que  Mont-Mason ,  à  cette  époque 
directeur  de  l'Opéra  italien  établi  au  King's- 
théâtre  de  Londres,  le  décida  à  aller  tenter  en 
cette  ville  l'expérience  qui  lui  avait  si  bien 
réussi  à  Paris.  Homme  entreprenant,  Rœckel 
ne  recula  pas  devant  les  diflicuUés;  et  bien  lui 
en  prit,  car  c'est  avec  un  véritable  enthousiasme 
que  furent  reçus  en  Angleterre  les  chefs-d'œu- 
vre de  l'école  dramatique  allemande,  alors  en- 
tièrement inconnus  en  ce  pays  et  qui  valurent 
d'immenses  succès  à  la  grande  cantatrice  M""' 
Schrœder-Devrient  et  au  ténor  Haitzinger. 

En  1835,  Rœckel  abandonna  cette  entreprise 
et  renonça  pour  lui-même  à  la  vie  de  théâtre, 
sans  se  désintéresser  pourtant  de  l'reuvre  de 
propagande  qu'il  avait  été  poursuivre  en  Angle- 
terre ,  après  l'avoir  commencée  en  France.  Ce 
n'est  qu'eu  1853  qu'il  retourna  en  Allemagne, 
pour  y  jouir  tranquillement  d'un  repos  qu'il 
avait  bien  gagné  après  une  longue  existence  si 
active  et  si  bien  remplie.  Rœckel  mourut  à  Cœ- 
then  le  19  septembre  1870,  peu  de  temps  après 
avoir  accompli  sa  quatre-vingt-septième  année. 

*  ROECKEL  (Edouard),  pianiste  allemand, 
est  mort  à  Pesth  le  15  juin  1876. 

*  ROECKEL  (Auguste),  pianiste  et  chef 
d'orchestre,  frère  du  précédent,  fit  son  éduca- 
tion musicale  sous  la  direction  de  Hummel.  De- 
venu chef  d'orchestre  au  théâtre  royal  de 
Dresde,  il  y  fut  le  collègue  de  M.  Richard  Wa- 
gner. Lorsque  éclata  le  mouvement  populaire  de 
1848,  ces  deux  artistes  prirent  la  part  la  plus 
active  à  la  révolution.  Plus  heureux  ou  plus 
habile  que  son  ami,  M.  Wagner  put  prendre  la 
fuite  et  se  réfugier  en  Suisse,  tandis  que  Rœckel 
fut  jeté  en  prison ,  où  il  ne  resta  pas  moins  de 
quatorze  ans.  De  tous  les  condamnés  de  cette 
époque,  c'est  lui  qui  eut  à  subir  la  plus  longue 
détention  ;  encore  ne  recouvra-t-il  la  liberté  que 
grâce  aux  prières  et  aux  supplications  de  sa 
tille,  qui  ne  cessait  d'implorer  sa  grâce.  Rendu 
à  lui-même,  Rœckel  se  fit  journaliste,  d'abord 
à  Francfort,  et  ensuite  en  Autriche.  Il  mourut  à 
Pesth,  au  mois  de  novembre  1876. 

ROEDER  (Martin),  violoniste,  chef  d'or- 
chestre, com(iositeur  et  critique  musical  alle- 
mand, est  né  à  Berlin  le  7  avril  1861.  Ayant 
acquis  de  bonne  heure  un  talent  distingué  sur  le 


430 


RŒDER  —  UOGKL 


violon  ,  il  se  fil  enlendre  avec  succès  clans  di- 
verses villes  (ie  l'AlIfinagne,  puis  se  livrant  par 
lui  seul  à  l'élude  (le  la  composition,  il  écrivit  des 
syiiiplionies ,  des  (lualuors,  des  psaumes,  des 
cliaiisons,  el  commença  même  la  partition  d'un 
opéra.  Sentant  loutclois  que  son  éducation  res- 
tait incomplète,  il  entra  à  l'Académie  supérieure 
de  musique  de  Berlin ,  el  s'y  i)er(cclionna  sous 
la  direction  de  M.  Joachim  pour  le  violon,  et 
sous  celle  de  M!  l\iel  pour  le  contre  point.  Il  se 
remit  ensuite  à  la  composition,  et  écrivit  deux 
sonates  pour  piano  et  violon»,  une  sonate  pour 
piano  seul,  un  trio  instrumental,  une  symphonie 
et  un  Miserere.  Appelé  à  Milan  pour  y  diriger 
l'orchestre  du  théâtre  Ual  Vernie,  il  se  fixa  en 
cette  ville,  oii  il  a  l'onde  la  première  société 
chorale  qui  y  ait  vu  ie  jour,  et  où  il  dirige  les 
concerts  s\mplioni(iues  de  la  Société  du  qua- 
tuor. M.  Rœder  a  écrit  la  musique  d'un  opéra- 
ballet  itahen  en  4  actes,  Pietro  Candiano  IV, 
qui  jusqu'ici  n'a  pas  été  représenté,  et  celle 
d'un  oratorio  en  trois  parties,  Maria  Magdn- 
lena,  aussi  inédit.  On  lui  doit  quelques  articles 
publiés  dans  divers  journaux  de  musique  alle- 
mands et  italiens.  Painii  ses  œuvres  publiées, 
on  remarque  un  recueil  de  7  lieder  sur  paroles 
allemandes,  op.  12,  un  autre  recueil  de  6  lie- 
der, op.  11,  une  Gavotte  pour  piano,  op.  7, 
et  quelques  mélodies  vocales  sur  paroles  ita- 
liennes. 

ROENTGEN  (Jules),  fils  d'un  artiste  néer- 
landais distingué  établi  en  Allemagne  (1),  est  né 
à  Leipzif^  le  9  mai  1855.  Il  était  à  peine  âgé  de 
quatre  ou  cinq  ans  qu'il  montrait  une  intelli- 
gence précoce  et  des  dispositions  extraordinaires 
pour  la  musique;  à  huit  ans  il  écrivait  une  so- 
nate de  piano,  ce  qui  éveillait  l'attention  de  ceux 
qui  l'entouraient,  et  à  seize  ans  il  savait  le  latin 
et  le  grec.  Dès  ses  plus  jeunes  années  ,  M.  R(Bnt- 
gen  se  livra  avec  assiduité  à  l'étude  du  piano  , 
acquit  im  talent  remarquable  sur  cet  instru- 
ment, et  bientôt  s'occupa  avec  une  ardeur  égale 
de  la  composition.  Pendant  l'hiver  de  1873- 
1874,  il  a  lait,  en  compagnie  du  chanteur 
Stockhausen ,  un  grand  voyage  artistique  dans 
l'Allemagne  du  Nord  cl  du  Sud,  que  tous  deux 
ont  parcourue  d'une  laç.on  brillante,  en  donnant 
des  concerts  qui  leur  valaient  de  grands  succès. 
Quoique  fort  jeune  encore,  M.  Rœntgen  a  déjà 
publié  un  certain  nombre  d'œuvres  sérieuses, 


(0  M.  Engclbert  nrentgen,  père  de  l'artlsle  dont  il  csl 
Ici  (iiipstiim,  est  ne  à  I)  voiiler  (l'ays-Bas)  le  30  septem- 
bre IS29.  Il  s'clablil  dans  la  suite  a  l.eipzijj  ,  oii,  dès 
1861,  il  était  professeur  au  Conservatoire  ,  membre  de 
la  célclirc  socitHc  de  ronccrts  du  Gewandliaus  et  attaché 
a  l'orchcslre  du  théâtre. 


parmi  lesquelles  on  cite  surtout  les  suivantes  • 
1°  Sonate  pour  piano  et  violon;  20  2  Sonates 
pour  piano  seul;  3°  Sonate  pour  violoncelle  et 
piano;  4"  Petits  morceaux  pour  piano,  en  3  li- 
vres ;  5"  Recueil  de  morceaux  de  genre  pour 
piano;  6°  Ballade,  pour  piano;  7°  Sinte  pour 
piano,  en  3  parties  ;  8°  Moiccau  de  concert,  pour 
piano  ;  9"  Concerto  de  piano,  avec  accompagne- 
ment d'orchestre  (exécuté  par  l'auteur  à  Ham- 
bourg et  dans  diverses  autres  villes)  ;  10"  Sym- 
phonie à  grand  orchestre;  11"  Sérénade  pour 
in.strumeids  à  vent;  etc.,  etc. 

ROEVER  Hkmîi),  musicien  autrichien,  vir- 
tuose remarquable  sur  le  violoncelle  et  compo- 
siteur pour  son  instrument,  naquit  à  Vienne  le 
27  mai  1823,  et  mourut  en  cette  ville  le  13  mai 
1875.  Il  a  occupé  d'une  façon  distinguée  les 
fonctions  de  violoncelle-solo  à  l'orchestre  de 
l'Opéra  impérial  et  celles  de  professeur  de  vio- 
loncelle au  Conservatoire  de  Vienne,  en  même 
temps  qu'il  faisait  partie  de  la  société  des  qua- 
tuors si  renommée  dont  Hellmesberger  était  le 
chef.  Comme  virtuose,  Rœver  se  faisait  remar- 
quer par  un  mécanisme  brillant  et  une  superbe 
qualité  de  son  ;  comme  compositeur,  il  a  publié 
pour  son  instrument  de  nombreux  morceaux 
origincyix  et  des  arrangements  sur  des  motifs 
d'opéras. 

J.  B. 

ROGEL  (José),  chef  d'orchestre  et  composi- 
teur dramatique  espagnol,  est  né  à  Orihuela, 
province  d'Alicante,  le  24  décembre  1829.  Il 
étudia  la  musique  dès  son  plus  jeune  âge,  et  eut 
pour  maître  de  solfège,  de  piano  et  de  compo- 
sition l'organiste  de  la  cathédrale ,  Joaquim 
Cascales,  tandis  qu'il  prenait  des  leçons  de  tli'ite 
du  maître  de  chapelle  José  Gil.  A  l'âge  de  neuf 
ans,  il  instrumentait  des  morceaux  d'opéras  tant 
pour  musiques  militaires  que  pour  orchestres 
syinphoniqiies,  et  composait  des  valses  et  des 
pas  redoublés.  A  dix  ans,  il  écrivit  une  messe 
extrêmement  facile  ,  qui  devint  populaire  dans 
loule  la  province,  et  à  partir  de  ce  moment  il 
lut  chargé  de  la  direction  de  rorcliestre  et  de  la 
bande  militaire  de  la  ville. 

Cependant,  pour  obéir  aux  désirs  de  son  père  , 
il  se  vit  obligé  de  se  rendre  à  Valence  pour  y 
faire  ses  études  de  droit ,  et  passa  six  ans  en 
cette  ville;  mais  il  ne  cessa  de  s'y  occuper  de 
musique,  doimant  des  leçons  de  solfège,  de  flûte 
et  de  piano,  et  recevant  gratuitement,  pendant 
trois  années,  des  leçons  de  composition,  de  con- 
tre-point et  de  fugue  d'un  organiste  remarqua- 
ble, M.  Pascual  l'eivz,  sur  les  conseils  duquel  il 
s'appliqua  à  coiiualtre  d'une  façon  pratique  la 
plupart  des  instruments,  soit  à  cordes,  soit  à 


ROGEL  —  ROGER 


431 


vent.  En  même  temps  il  étudiait  avec  ardeur 
les  grandes  œuvres  de  musique  classique,  et  se 
livrait  activement  à  la  composilion,  écrivant  de 
nombreux  morceaux  pour  orchestre  et  produi- 
sant de  noinhreuses  œuvres  de  mii-iqne  reli- 
gieuse, plusieurs  Stabut  Mater,  des  marclies 
funèbres,  etc.,  ainsi  que  des  leçons  de  solfège  , 
de  llrtleet  de  piano  à  l'usage  de  ses  élèves.  C'est 
à  celte  époque  qu'il  composa  \mejota  pour  qua- 
tre bandes  militaires,  laquelle  fut  exécutée  dans 
une  sérénade  donnée  au  recteur  de  l'Université. 

Enlin ,  après  avoir  été  achever  son  droit  à 
Madrid,  M.  Rogel  put  se  livrer  sans  contrainte 
à  son  goût  pour  la  musique.  Il  recommença  alors 
à  donner  en  cette  ville  des  leçons  de  piano  et 
de  ciiant,  puis  publia  de  nombreuses  composi- 
tions :  airs  de  danses,  fantaisies  pour  piano,  etc., 
et  fit  des  réductions  au  piano  de  partitions  d'o- 
péras et  de  zarzuelds.  Bientôt  il  se  produisit 
comme  chef  d'orchestre,  remplit  ces  fondions 
dans  plusieurs  théâtres,  et  enfin,  ayant  abordé 
la  scène  comme  compositeur,  écrivit,  d^ns  l'es- 
pace de  vingt-cinq  ans,  soLranfe-qitinze  zttr- 
zuelas  formant  un  total  de  136  actes,  dont  quel- 
ques-unes seulement  n'ont  pas  encore  été  re- 
présentées. 

Voici  la  liste  de  ces  ouvrages  :  1"  Loa  a  la 
Liberlad,  un  acte,  1854;  2°  Revista  de  tm 
mnerto  (en  société  avec  M.  Barbieri),  un  acte, 
1855;  3°  Soy  mi  hijo,  un  acte,  1856;  4"  D.  Ca- 
nuto,  un  acte,  1856;  5"  Soy  yo,  un  acte,  t856; 
&°  las  Carras  delDiablo,  an  ac\e,  1856;  l''San- 
tiayuillo,  un  acte,  1 857  ;  8"  Recuerdos  de  gloria, 
un  acte,  1858;  9"  las  Dos  Nosas  (en  société 
avec  M.  Allu  ),  un  acte,  1858;  10°  un  H  on  go , 
un  acte,  1859;  11°  los  Peregrinos,  un  acte, 
1860;  l'2°  el  Lumbra  recoge,  un  acte,  1860; 
13°  Impresiones  de  viage,  un  acte,  1860; 
14"  linlre  Ceuta  y  Marriiecos,  un  acte,  I860  ; 
15°  Doiln  Casimira,  un  acte,  1861  ;  16°  Fer- 
randoel  Calderero,  3  actes,  1861;  l7"  Pablo 
y  Virginia,  un  acte,  1861  ;  18°  tina  Tia  en  In- 
dias,  3  actes,  1861;  19°  Roqiielaur,  3  actes 
(en  société  avec  Ondrid  et  M.  Caballero),  1864  ; 
20°  Par  sorpresa,  2  actes  (en  société  avec 
M.  Vazquez),1864  ;  21°  Punio  y  aparté,  2  acles, 
1865  ;  22°  la  Car  a  raja,  un  acte,  1865  ;  23"  las 
Amazonas  del  Tormes,  2  actes,  1865;  24°  la 
Epistola  de  San  Pablo,  un  acte,  1865  ;  25"  las 
Carias  de  Rosalia,  un  acte,  1865;  26'  Dcs- 
puerta  y  Donnida,  un  acte,  1865;  27°  los  Ré- 
galas, un  acte,  1865  ;  28°  Suplicio  de  un  fiom- 
bre,  3  actes,  1866;  29"  tl  Lago  de  las  Srr- 
pientes,  3  actes  (en  société  avec  M.  Moderalfi), 
1866;  30"  el  Joven  Telemaco,  2  actes.  1866; 
31">  Me  escamo,  un  acte,  1866;  32"  Faulocorre 


como  vuela,  un  acte,  1866  ;  33°  un  Cuadro,  un 
melonnr  y  dos  hodas,  2  actes  (  en  société  avec 
MM.  Inzeng.i  et  Oepeda  ),  1866  ;  34"  el  Malin  de 
las  Estretlas,  un  acte,  1866;  35°  Franchi fredo, 
'>■  acies,  1867;  36"  î(?i  Mnerto  de  Imcn  hii- 
mnr,  un  acte,  1867;  37»  los  Orgauns  de  Mos- 
totes,  3  aciefi,  1867;  38°  Pablo  y  Virginia,  2 
actes,  1867  ;  39°  los  fnfiernns  de  Madrid, 
3  actes,  1867;  40'=  la  Isla  de  los  Portentos, 
3  actes,  1808;  41"  Genoveva  de  Brabtmle, 
1868  ;  42"  la  Gran  Duçuesn,  1868  ;  43"  el  Ge- 
neral Bumbuni,  un  acte,  1S68;  44"  Iris  Très 
Marias,  un  acte,  18G9;  45°  dos  Truchas 
en  seco,  un  acte,  1869;  46"  un  Canto  rep-u- 
blicano,  3  actes,  1809;  47"  cl  Malrimonio, 
un  acte,  1869  ;  48"  el  Habitono  hace  al  mange, 
2  actes,  1869;  49°  Canto  de  angelo,  un  acte, 
1870;  50"  el  Rey  M'nlas,  3  actes,  1870;  51°  el 
Criado ,  un  acte  (en  société  avec  MM.  Ca- 
ballero et  Hernandez),  1870;  b2°  un  Palomino 
alonlado,  3  actes,  1871  ;  53"  la  Palonia  del 
Brillante,  un  acte,  1872;  54"  la  Creacion  re- 
fundida,  3  actes,  1872;  55"  el  Conde  y  el 
Condenado,  3  actes  (en  société  avec  M.  Inzenga), 
1872  ;  56"  Lola,  2  actes,  1872  ;  57"  el  Ultimo 
Figiirin,  un  acte,  1873;  58°  ^^n  Viage  de  mil 
demonios,3  actes,  1873;  59°  pi  Comandante 
Léon,  2  actes,  1874;  60°  Telemaco  en  la  Albu- 
fera,  un  acte  ;  61°  Viva7i  las  Cuenas  !  3  ac- 
tes ,  1879.  M.  Rogel  à  en  portefeuille  une 
quinzaine  de  zarzuelas  qui  n'ont  pas  encore 
été  représentées. 

*  ROGEK  (Etienne),  célèbre  éditeur  de  mu- 
sique à  Amsterdam.  —  Le  nom  de  cet  imprimeur 
fameux  indique  suffisamment  une  origine  fran^ 
çaise,  mais  les  renseignements  sont  bien  rares 
sur  ce  véritable  artiste,  qui  fut  l'honneur  de  la 
librairie  musicale  au  dix-septième  et  au  dix- 
huitième  siècle,  et  dont  les  belles  éditions,  si 
remarquables  sous  tant  de  rapports,  sont  restées 
les  modèles  du  genre.  M.  Edouard  Gregoir,  qui 
s'est  occupé  avec  tant  d'activité  de  tout  ce  qui 
se  rapporte  à  l'histoire  musicale  dans  la  Bel- 
gique et  la  Néerlande,  a  donné  quelques  détails 
sur  Etienne  Roger,  en  négligeant ,  mallieureuse- 
nient,  d'indiquer  les  sources  où  il  avait  (luisé. 
Voici  ce  qu'il  dit  à  son  sujet  :  «  Etienne  Roger 
naquit  en  France,  vers  1665,  et  se  fixa  à  Ams- 
terdam. Le  7  novembre  1695,  alors  qu'il  avait 
établi  une  maison  de  librairie  el  de  musique,  il  a 
été  admis  en  qualité  de  membre  de  la  confrérie 
des  imprimeurs  à  Amsterdam.  Il  paya  ses  der- 
nières contributions  l'an  1722,  et  il  faut  suppo- 
ser qu'il  mourut  vers  cette  époque,  j.  Il  eut  pour 
successeur  son  gendre  et  associé,  Michel- 
Charles  Le  Cène  {Voyez  ce  nom). 


432 


ROGER 


Etienne  Roger  s'était  atlaclié  des  dessina- 
teurs tiès-hal)ilcs  et  d'excellents  graveurs  sur 
cuivre,  cliarj;és  par  lui  d'exécuter  les  portraits 
et  les  frontispices  superbes  qui  accompagnaient 
la  plupart  de  ses  publications.  Il  avait  d'ailleurs 
la  conscience  de  l'excellence  de  ses  éditions, 
ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  cette  note,  placée 
en  tête  de  celle  qu'il  publia  du  Dictionnaire  de 
musique  de  Brossard  :  "  On  trouve  à  Amster- 
dam,  cliez  Etienne  Roger,  un  assortiment  gé- 
néral de  toute  sorte  de  musique,  à  beaucoup 
meilleur  marclié  que  partout  ailleurs.  On  peut 
en  même  temps  être  assuré  que  c'est  la  musi- 
que la  plus  correctement  gravée  et  imprimée 
qu'il  y  ait  dans  le  monde.  » 

ROGER  (Joseph-Pierre),  néà  Montpellier  le 
19  mars  1789,  mourut  dans  cette  même  ville  le 
7  août  1859.  Il  fit  ses  études  musicales  au  Con- 
servatoire de  Paris,  oii  il  reçut  les  leçons  de 
Catel  et  devint  l'ami  de  Nicolo  et  de  Méliul  A 
l'âge  de  dix-neuf  ans,  il  composa ,  sur  un  poème 
de  M"*  Sophie  Gay,  un  ojiéra  intitulé  les  Deux 
Portes,  qui  fut  reçu  à  l'Opéra-Comique.  A  l'oc- 
casion de  cet  ouvrage,  Méhul  ,lui  envoya  une 
lettre  qui  mérite  d'être  rapportée  ici.  Elle  ré- 
sume en  eflêt  les  idées  de  l'auteur  de  Joseph  sur 
le  théâtre,  et  montre  combien  était  scrupuleuse 
sa  conscience  d'artiste  : 

«  Travaillez-vous?  —  écrivait-il,  — svr- 
tout  que  la  sagesse  vous  guide.  Vous  en- 
treprenez l'ouvrage  le  plus  difficile  à  faire. 
Grétry  dans  sa  force  aurait  été  obligé  d'em- 
ployer tout  son  esprit,  tout  son  génie  pour 
essayer  de  bien  faire  la  besogne  que  vous 
avez  sur  les  bras.  Je  ne  veux  pas  vous  épou- 
vanter, mais  vous  inspirer  une  méfiance 
qu'on  connaît  rarement  à  votre  âge.  Tachez 
d'être  naturel,  ferme,  comique  et  rapide,  et 
vous  toucherez  au  but  que  vous  avez  dû. 
vous  proposer.  Si  vous  n'étiez  qu'élégant, 
léger  et  gracieux,  votre  musique  grimacerait 
avec  le  ton  de  vieille  comédie  qui  règne  jus- 
tement dans  la  Maison  à  deux  portes.  Ré- 
fléchissez, Roger,  autrement  vous  ne  donne- 
riez qu'un  feu  d'artifice,  et  vous  savez  ce 
qu'il  en  reste.  » 

Les  Deux  Portes  ne  furent  jamais  jouées.  Au 
moment  où  Roger  recevait  cette  lettre,  sa  mère 
tombait  gravement  malade.  Il  quitta  Paris  et 
revint  à  Montpellier  :  .^on  mariage  l'y  fixa  dé- 
finitivement. 11  entreprit  le  commerce  de  la  mu- 
sique ,  des  objets  d'art  et  des  tableaux,  où  il 
paraît  s'être  montré  habile  connaisseur.  Cepen- 
dant il  composait  toujours  ,  et  éciivit  un  assez 
grand  nombre  do  cantates,  duos  et  romances, 
dont  plusieurs  sur  des  paroles    patoises.  Les 


scènes  intitulées  Homère,  et  les  Regrets  de 
Chactas  (chez  Maurice  Schlesinger,  Paris),  eu- 
rent un  succès  de  vogue.  On  y  trouve  en  effet 
des  qualités  d'expression  qui  rappellent  la  ma- 
nière de  Méhul.  Malgré  son  éloignement,  Roger 
resta  dans  l'intimité  des  deux  maîtres  qui  l'ho- 
noraient de  leur  amitié.  Nicolo  lui  dédia  son 
opéra  Lulli  et  Quinault.  Quand  Méhul  vint 
dans  le  Midi  s'efforcer  de  guérir  la  maladie  qui 
devait  l'empoi  ter,  Roger  le  suivit  partout.  —  Un 
jour,  Nicolo  les  avait  accompagnés.  Au  moment 
de  se  séparer,  l'auteur  de  Joconde  prit  Roger 
par  le  bras,  et  lui  dit  :  «  Vous  allez  partir 
avec  Méhul  :  priez-le  de  vous  enseigner  à 
faire  des  duos.  «  Et  il  se  mit  à  chanter  la 
première  phrase  du  beau  duo  de  la  jalousie 
i\' Euphrosine  et  Conradin. 

Al.  R— d. 

ROGER  (Victor),  cousin  du  précédent,  est 
néà  Montpellier  en  1811.  Il  (it.ses  études  au  Con- 
servatoire de  Paris,  et  eut  pour  maîtres  Reicha 
et  Lesueur.  Après  un  assez  long  séjour  à  Paris, 
des  raisons  de  famille  le  déterminèient  à  re- 
tourner dans  .sa  ville  natale,  où  il  se  fixa  défini- 
tivement. Il  écrivit  alors  Abekar  ou  mie  Cons- 
piration Moscovite,  opéra  en  deux  actes,  qui 
fut  joué  successivement,  en  183'i,  à  Montpellier 
et  à  Toulouse;  puis  les  Jacobites,  en  collabora- 
tion avec  Hippolyte  Aymés,  qui  furent  également 
représentés  à  Montpellier.  On  a  aussi  de  cet  ar- 
tiste des  fantaisies  pour  piano,  études,  ro- 
mances, morceaux  de  danse,  etc. 

Al.  R— d. 

*  ROGER  (Alexis-André).  — Cetarliste,  qui 
fut  élève  non-seulement  dePaër,  mais  aussi  d'Ha- 
lévy  et  de  Lesueur,  avait  obtenu,  avant  de  rem- 
porter le  grand  prix  de  Rome,  un  second  prix 
de  fugue  au  Con.servatoire  en  /834  ,  et  en  1838 
une  mention  honorable  au  concours  de  l'Ins- 
titut. Déjà  sans  doute  sa  santé  était  précaire, 
car  la  grande  distance  qui  sépare  son  concours 
de  fugue  de  son  dernier  concours  à  l'Institut 
semble  indiquer  un  état  maladif,  qui  l'obligea 
d'interrompre  ses  travaux.  Ce  jeune  artiste 
mourut  en  1846,  à  peine  âgé  de  trente-deux  ans. 
Raoul-Rochette,  secrétaire  perpétuel  de  l'Aca- 
démie des  Beaux-Arts,  disait  à  ce  sujet,  dans 
son  rapport  de  cette  année  sur  les  envois  de 
Rome  :  «  L'école  de  Rome  a  perdu  M.  Roger, 
qui  était  arrivé  à  la  quatrième  année  de  sa  pen- 
sion ,  et  qu'une  maladie  de  poitrine  a  conduit 
lentement  au  tombeau,  malgré  les  soins  de  sa 
famille,  qui  du  moins  l'ont  entouré  dans  ses 
derniers  moments.  » 

KROGER  (Gustave- HippoLVTE).  —Cetar- 
liste extrêmement  distingué,  qui  aujourd'hui  a 


ROGER  —  ROHDE 


433 


complètement  renoncé  au  théâtre,  a  été  nommé, 
en  1868,  professeur  de  chant  au  Conservatoire, 
en  remplacement  de  Révial,  qui  venait  de  donner 
sa  démission. 

Il  n'est  pas  sans  intérêt,  croyons- nous,  de 
rappeler  ici  quelques-unes  des  créations  que 
M.  Roger  (it  naguère  à  l'Opéra-Comique ,  et  qui 
établirent  sa  réputation  d'une  façon  si  solide  ; 
parmi  les  ouvrages  dont  il  établit  ainsi  le  prin- 
cipal rôle  pendant  les  di\  années  qu'il  passa  à 
ce  théâtre,  il  faut  surtout  citer  le  Perruquier 
de  la  Régence,  le  Schériff,  la  Figurante  Ré- 
gine, leGuiiarero,  le  duc  d'Olonne,  Éva, 
V Aïeule,  la  Sirène,  la  Part  du  Diable,  les 
Mousquetaires  de  la  Reine,  Gibby  la  Corne- 
muse, Haijdée.  A  l'Opéra,  il  créa  successive- 
ment le  Prophète,  V Enfant  prodigue,  le  Juif 
errant  et  la  Fronde. 

En  1848,  alors  qu'il  venait  de  quitter  l'Opéra- 
Comique  et  qu'il  n'était  pas  encore  entré  à 
l'Opéra ,  M.  Roger  fit,  en  compagnie  de  la  cé- 
lèbre chanteuse  M'"*"  Jenny  Lind,  une  grande 
tournée  artistique  en  Angleterre,  en  Ecosse  et  en 
Irlande.  Ce  voyage  fut  un  triomphe  pour  les 
deux  grands  artistes,  et  M.  Roger,  qui  en  avait 
conservé  d'intéressants  souvenirs,  consigna  ces 
souvenirs  dans  une  série  d'articles  publiés  par 
lui  dans  le  journal  le  Figaro,  sous  ce  titre  :  Car- 
net d'un  ténor.  M.  Roger  est  d'ailleurs  un 
homme  instruit  et  un  leltré  ;  entre  autres  tra- 
vaux ,  on  lui  doit  une  traduction  française  des 
Saisons  d'Haydn,  qui  a  servi  pour  l'exécution 
de  ce  chef-d'œuvre  aux  concerts  du  Conserva- 
toire. 

Les  succès  de  M.  Roger  ne  furent  pas  moins 
grands,  furent  plus  grands  peut-être  même  à 
l'étranger  qu'en  France.  Dans  l'espace  de  dix 
ans,  il  visita  sept  fois  l'Allemagne,  se  faisant 
entendre  tour  à  tour  à  Weimar,  à  Francfort,  à 
Berlin,  à  Munich,  à  Vienne,  et  partout  se  voyant 
acclamé  avec  enthousiasme;  un  jour  môme,  il 
chanta  en  allemand  un  acte  du  Prophète,  ce  qui 
faisait  dire  à  l'un  de  ses  admirateurs  :  «  Ces 
Français  sont  capables  de  tout  !  »  A  Bruxelles , 
le  chanteur  fut  aussi  l'objet  d'ovations  écla- 
tantes. Cependant,  la  perte  de  sa  voix  vint 
l'obliger  de  renoncer  à  sa  carrière.  Il  conçut 
alors  la  pensée  de  se  montrer  à  la  scène  non 
plus  comme  artiste  lyrique,  mais  comme  simple 
comédien ,  sans  songer  que  n'étant  déjà  plus 
jeune,  ayant  été  frappé  physiquement  d'une 
façon  terrible,  et  se  trouvant  gêné  par  un  em- 
bonpoint presque  excessif,  il  n'avait  que  peu 
de  chances  de  réussite.  Néanmoins ,  il  signa  un 
engagement  avec  l'administration  du  théâtre  de 
la  Porte-Saint- Martin,  et  parut  sur  cette  scène, 

BIOGR.    IMV.    DES  MUSICIENS.   —   SVPPL.   ■ 


en  1868,  dans  un  drame  nouveau  de  George 
Sand  :  Cadio,  Quelque  sympathie  qu'elle  eut 
toujours  ressentie  pour  le  talent  et  la  personne 
de  M.  Roger,  la  criticpie  ne  put  s'empêcher  de  lui 
être  défavorable  en  cette  circonstance,  et  elle 
fut  unaniuKî  à  blâmer  sa  tentative.  Depuis  lors, 
M  Roger  n'a  plus  reparu  au  théâtre,  et  s'est  en- 
tièrement consacré  à  l'enseignement.  —  Par  sa 
mère  ,  M.  Roger  est  petit-fils  du  fameux  acteur- 
auteur  Corse,  qui  fut,  il  y  a  soixante-dix  ans,  di- 
recteur de  l'Ambigu-Comique. 

M.  Auguste  Laget  a  publié  sous  ce  titre  :  Ro- 
ger, une  notice  biographique  sur  cet  artiste 
fort  distingué  (Toulouse,  impr.  Charmin,  18G5, 
in  8°).  Une  autre  notice,  anonyme,  qui  forme 
une  brochure  in-8°  de  16  pages,  lui  a  été  con- 
sacrée dans  une  publication  biographique  inti. 
tiilée  les  Grands  et  les  petits  hommes  du  jour 
(Paris,  s.  d.,  Poujaud   de  Laroche)  (I). 

ROGERS  (Roland),  musicien  anglais  dis- 
tingué et  organiste  habile,  a  fait  d'excellentes 
éludes,  à  la  suite  desquelles  il  s'est  (ait  recevoir 
bachelier  es  musiijue  près  l'Université  d'Oxford 
(1870),  et  docteur  en  nmsique  à  la  même  Uni- 
versité (1875).  Cet  artiste  occupe  aujourd'hui  les 
fonctions  d'organiste  à  la  cathédrale  de  Bangor.  On 
connaît  de  lui  une  grande  cantate  sacrée  :  Pra- 
yer  and  Pr aise  {Prière  et  louange),  plusieurs 
services  de  caihédrales,  des  romances  et  diver- 
ses compositions  pour  l'orgue. 

ROGOSKI  (Gustave),  compositeur,  profes- 
seur et  théoricien  polonais,  est  né  à  Varsovie  en 
1839.  Après  avoir  fait  ses  premières  études  dans  sa 
vdie  natale,  il  se  rendit  à  Berlin,  suivit  un  cours 
complet  d'harmonie  et  de  contre-point  sous  la 
direclion  d'Adolphe-Bernard  Marx,  et  en  186â 
fui  de  retour  dans  sa  patrie.  Peu  d'années  après, 
il  était  nommé  professeur  de  haute  théorie 
musicale  et  de  composition  au  Conservatoire  de 
Varsovie.  M.  Rogoski  a  écrit  une  grande  sym- 
phonie pour  orchestre,  deux  messes,  un  quintette 
pour  piano  et  instruments  à  vent,  deux  qua- 
tuors pour  violons,  alto  et  violoncelle,  deux 
trios,  et  diverses  autres  compositions. 

ROHDE  (Edouard),  pianiste,  organiste  et 
professeur,  né  à  Halle,  sur  la  Saaie,  en  1828,  a 
reçu  une  excellente  éducation  musicale,  s'est 
livré  avec  activité  à  la  composition,  et  s'est  fait 
dans  sa  patrie  une  situation  importante  et  hono- 
rable. Il  remplit  aujourd'hui  les  fonctions  d'or- 
ganiste et  de  directeur  du  chœur  à  l'église  Saint- 
Georges,  de  Berlin,  et  est  en  même  temps  profes- 
seur de  chant  au  gymnase  Sainte-Sopliie,  de  la 

(1)  Au  moment  où  je   corrige    les  épreiivcsj^le    cette 
notice,  Roger  vient   de  mourir  i  l'arls,  le  î2  septembre 
1879. 
T.  II.  28 


43-i 


ROHDE  —  ROLLAND 


même  ville.  Lescompositionsde  M.  Edouard  Roii- 
de  sont  nombreuses,  car  l'une  d'elles,  une  grande 
cantate  pour  voix  seules,  chœurs  et  orchestre, 
porte  le  numéro  d'œuvre  l'28;  parmi  ces  com- 
positions on  trouvedes  motets,  plusieurs  chœurs 
religieux,  des  pièces  pour  l'orchestre,  des  étu- 
des et  des  morceaux  de  genre  pour  le  piano,  des 
pièces  d'or^ue,  etc.  - 

*  ROLAI\DEAU  (Louise-Piiilippixe-José- 
puine),  actrice  fameuse  de  l'Opéra-Comique, 
est  morte  à  Paris  le  27  mai  180'.).  C'est  par 
erreur  qu'il  a  été  dit  qu'en  180C  elle  avait  pris 
la  direction  du  thoàtre  de  Gand  ;  elle  alla  seule- 
ment en  novembre  1803  donner  des  représenta- 
tions sur  ce  théâtre,  dont  Frémy  .  était  alors  le 
directeur. 

*  ROLL  (Pierre-Gaspard),  compositeur 
français,  est  mort  à  Paris  le  20  février  1848. 

*  ROLLA  (Alexandre).  —  Cet  artiste  extrê- 
mement distingué  a  écrit  la  musique  du  ballet 
intitulé  Plzzarro,  ossia  la  conquisla  del  Pei  à, 
représenté  au  théâtre  de  la  Scala,  de  Milan,  en 
1807.  Peut-être  est-ce  le  très-mauvais  accueil 
fait  par  le  public  à  cet  ouvrage,  qui  dégoûta 
Relia  de  travailler  désormais  pour  la  scène. 

ROLLAND  (Hector-Alfred),  est  le  nom 
d'un  homme  de  cœur  qui  fut  aussi  un  artiste, 
et  dont  le  souvenir  ne  doit  pas  périr.  J'ignore 
les  dates  de  la  naissance  et  de  la  mort  de  cet 
homme 'généreux,  qui  fut,  on  peut  le  dire,  avec 
Wilhem,  l'un  des  plus  ardents  précurseurs  de 
l'Orphéon,  et  qui,  comme  directeur  des  fameux 
Montagnards  pyrénéens  dont  les  succès  fu- 
rent si  grands  par  toute  l'Europe  il  y  a  près  d'un 
demi-siècle,  fut  un  de  ceux  qui  contribuèrent 
le  plus  à  donner  la  première  hnpulsion  au 
grand  mouvement  musical  populaire.  Je  n'ai 
d'autres  renseignements  biographiques  sur  Rol- 
land que  la  notice  suivante,  publiée  dans  le 
Guide  musical  de  Bruxelles  du  4  novembre 
187ô,  et  que  je  reproduis  en  grande  partie. 

'<■  Au  printemps  de  l'année  1832,  lors  de  la 
première  invasion  du  choléra,  un  jeune  Parisien, 
à  demi  victime  du  fléau,  fuit  sa  ville  natale  et 
courut  à  loute  bride  vers  les  Pyrénées.  Issu 
d'une  des  premières  familles  financières  de  la 
capitale,  Rolland,  quoi(pie  fort  jeune  encore, 
avait  reçu  comme  complément  d'une  éducation 
extrêmement  soignée,des  leçons  de  chant  et  d'har- 
monie des  meilleurs  maîtres  de  France  et  d'Ita- 
Ue.  Filleul  de  Grélry,  dont  les  suaves  mélodies 
avaient  bercé  son  enfance,  et  disciple  de  Lays, 
le  célèbre  baryton,  Rolland,  s'inspirant  des  sou- 
venirs que  lui  avaient  laissés  d'aussi  parfaits  mo- 
dèles, se  mit  bientôt  lui-môme  à  l'œuvre,  et  se 
consacra  à  la  propagande  universelle  de  la  musi- 


que faite  au  profit  des  pauvres.  Une  fois  ce  pro- 
gramme rêvé,  il  réunit  quelques  pauvres  bergers 
montagnards  de  Ragnères  qui,  nouveaux  apôtres, 
devaient  le  lendemain,  à  la  suite  du  maître, 
en  poursuivre  la  réalisation. 

«  Tout  à  la  fois  poète  et  compositeur,  profes- 
seur et  exécutant,  doué  d'une  forte  tèle,  d'une 
grande  âme  et  d'une  volonté  de  fer,  Rolland 
puisa  dans  ses  propres  et  uniques  ressources  tous 
les  éléments  capables  de  l'aider  à  atteindre  vic- 
torieusement son  but  ;  c'est  ainsi  qu'au  premier 
appel  du  maître,  on  vit  accourir  du  fond  des 
plus  obscures  vallées  des  Pyrénées  une  foule  de 
jeunes  pâtres  à  l'œil  vif,  au  front  intelligent,  à 
la  poitrine  sonore,  qui,  se  pressant  aux  leçons 
du  nouvel  Orphée,  l'écoutaient  dans  le  plus 
extatique  recueillement.  Improvisant  le  matin 
ce  que  ses  élèves  devaient  exécuter  le  soir,  Rol- 
land forma  peu  à  peu  ce  répertoire  à  cinq  parties 
concertantes  donttant  de  morceaux  pittoresques, 
pleins  de  verve  et  d'originalité,  sont  devenus 
populaires  dans  toutes  les  parties  du  monde. 

«  Un  beau  jour  il  part  pour  Toulouse,  à  la  tête 
de  cent  de  ses  élèves,  que  trois  jours  après  il 
ramenait  vainqueurs.  Enhardi  par  cet  éclatant 
triomphe,  Rolland  forme  aussitôt  un  corps  d'é- 
lite, composé  de  quarante  de  ses  meilleurs  preux, 
et  sans  perdre  de  temps,  vole  à  leur  tète  sur  la 
capitale  du  monde  civilisé,  où  eux,  pauvres  et 
rustiques  enfants  des  montagnes,  à  peine  fami- 
liers avec  les  premiers  mots  de  la  langue  fran- 
çaise, viennent  coup  sur  coup  donner,  aux  Pa- 
risiens étonnés,  une  longue  série  de  concerts 
oii  l'expression,  la  vocalisation,  l'ensemble  et 
surtout,  qui  le  croirait  ?  la  parfaite  prononcia- 
tion étaient  observés.  Paris  assura  la  vogue  des 
quarante  artistes.  Depuis  ce  jour  ils  parcouru- 
rent la  France,  la  Belgique,  l'Angleterre,  la  Rus- 
sie, la  Hollande,  le  Hanovre,  la  Saxe,  la  Prusse, 
le  Danemark,  la  Suède,  la  Norwége,  l'Autriche, 
l'Italie,  la  Turquie,  la  Grèce,  l'Asie,  l'Afrique, 
au  bruit  des  aubades  etdes  sérénades  qu'ils  pro- 
voquaient de  toutes  parts  sur  leur  passage.  Il 
n'est  pas  un  temple  catholique  ou  réformé,  schis- 
matique  ou  païen,  qui  n'ait  ouvert  à  deux  bat- 
tants ses  portes,  et  les  échos  des  basiliques  de 
Rome  et  de  Paris,  comme  celles  de  Cantorbéry 
et  de  Munster,  l'église  de  Bethléem,  comme  les 
mosquées  de  David  et  de  Salomon,  les  synago- 
gues de  l'Allemagne  comme  les  ruines  des  ado- 
rateurs du  feu,  ont  retenti  tour  à  tour  des  chants 
bienfaisants  de  la  troupe  de  Rolland,  qui,  pen- 
dant près  de  vingt  ans  de  cette  mission  sacrée, 
a  donné  des  concerts  dans  presque  toutes  les 
parties  du  monde. 

«  Les  chiffres  ont  leur  éloquence  :  les  recelte 


ROLLAND  —  ROMANI 


435 


se  sont  élevées  à  2,335,400  fr.  et  les  dépenses  à 
2,437,400.  Le  déficit  a  été  de  102,000  fr.,  que 
Rolland  a  comblé  de  sa  bourse,  quoiqu'il  n'eût 
pas  distribué  moins  de  1,320,200  fr.  en  œuvres 
philanthropiques  de  toute  sorte,  les  dépenses, 
frais  de  voyage  dt^s  montagnards  ayant  emporté 
le  reste  des  recettes,  soit  1,172,000  frans. 

«  L'homme  de  cœur  qui  a  consacré  sa  vie  et 
sa  fortune  à  la  propagation  de  la  musi(jueet  a 
versé  le  produit  de  ses  concerts  entre  les  mains 
des  malheureux,  est  mort  pauvre  ;  les  sociétés 
de  Grenoble,  au  milieu  desquelles  il  vivait  heu- 
reux depuis  quelques  années  et  qui  ont  eu  la 
douleur  de  l'accompagner  au  champ  de  repos, 
veulent  remplacer  la  modeste  croix  de  bois 
actuelle  par  un  monument  simple  et  digne  de 
sa  mémoire,  et  désirent  associer  à  cette  pensée 
toutes  les  sociétés  musicales  de  la  France  et 
tous  ceux  qui  comprennent  les  bienfaits  de  cet 
art  moralisateur  qui  fait  une  si  rude  guerre  aux 
récréations  débilitantes  de  l'oisiveté.  » 

Parmi  les  compositions  écrites  expressément 
pour  SCS  chanteurs  par  Alfred  Rolland,  on  cite 
particulièrement,  comme  étant  une  œuvre  de 
haute  valeur  et  de  grand  caractère,  une  messe 
solennelle  dite  Messe  des  Montagnards  pyré- 
néens, qu'il  (it  chanter  pour  la  première  fois  à 
Rome,  et  plus  tard  à  Jérusalem,  sous  sa  direc- 
tion, et  qu'une  société  musicale  de  Bordeaux, 
le  cercle  Boieldieu,  exécutait  encore  il  y  a  peu 
d'années  en  cette  ville  avec  un  vif  succès. 

*  BOLLE  (Jean-  Henri).  —  La  bibliothè- 
que du  Conservatoire  de  Bruxelles  possède  en 
manuscrit  deux  cantates  de  cet  artiste,  qui  n'ont 
pas  été  comprises  au  nombre  de  ses  œuvres  : 
la  Passion,  pour  chœur  et  orchestre,  et  la  Mort 
du  Christ,  pour  voix  seule,  chœur  et  orchestre. 

ROLLIN   (A ),  théoricien  et  professeur 

espagnol  contemporain,  est  l'auteur  d'une  GrU' 
matica  musical,  elemental  y  progresiva, 
publiée  à  Barcelone,  chez  les  éditeurs  Vidal  et 
Bernareggi. 

ROLLY  ( ),  compositeur,  a  fait  représen- 
tera Toulouse,  au  mois  de  décembre  1859,  un 
opéra-comique  en  un  acte,  intitulé  une  Fausse 
Alerte. 

ROMAIN  DE  BRASSEUR  ( ),  vio- 
loniste, vivait  à  Paris  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  Il  a  publié  Sei  Sonate  da 
caméra  a  violino  solo,  col  basse  (Paris,  Gavi- 
gnies,  in-f°). 

ROMANI  (Antonio),  chanteur  italien  du  dix- 
huitième  siècle,  se  fit  une  grande  réputation  en 
Prusse.  On  ne  sait  que  bien  peu  de  chose  de  sa 
vie,  et  les  lexiques  de  Gerber  et  de  Schilling 
ne  donnent  sur  lui  que  des  renseignements  som- 


maires. C'est  vers  1744  qu'il  fut  appelé  au  ser- 
vice de  Frédéric  II,  et  <iu'il  devint  chanteur  de  la 
cour  de  Prusse  et  de  lOpéia  de  Berlin,  où  bien- 
tôt il  fut  le  favori  du  public.  11  mourut  au 
mois  de  novembre  1768.  Schneider,  dans  son 
Histoire  de  l'Opéra  de  Berlin,  raconte  que  le 
baron  de  Pœllnitz  ayant,  par  une  lettre  en  date 
du  11  novembre  de  cette  année,  fait  connaître 
cet  événement  au  roi,  reçut  de  ce  prince  une 
réponse  dans  laquelle  se  trouvaient  ces  mots  :  — 
«  J'ai  reçu  votre  lettre  de  notification  du  il  de 
ce  mois  du  décès  de  Romani,  et  n'ai  à  vous  dire 
en  réponse  que  ceci,  c'est-à-dire  que  mes  chapons 
et  poulardes  en  porteront  le  deuil.  «  Ceci  indi- 
que évidemment  qu'à  cette  époque  le  beau  temps 
de  Romani  était  passé,  car  Frédéric,  sans  cela, 
ne  se  fût  pas  exprimé  de  la  sorte  au  sujet  de 
son  virtuose  favori. 

ROMANI  (PiETRo),  naquit  à  Rome  le  29  mai 
1791.  Il  reçut  de,  son  père,  Gaétano  Romani, 
chanteur  et  organiste,  sa  première  éducation 
nmsicale.  Il  avait  acquis  quelque  habileté  sur  le 
clavecin,  et  tout  enfant  était  recherché  comme 
accompagnateur  et  admiré  dans  les  églises  comme 
chanteur  à  cause  de  son  véritable  talent  et  de  sa 
belle  voix  de  soprano.  C'est  à  cette  époque  qu'il 
reçut  quelques  leçons  de  Fenaroli,  mais  la  mort 
de  celui-ci  l'empêcha  de  terminer  son  cours  sous 
cet  illustre  maître.  Ayant  perdu  son  |)ère,  il  se 
rendit  à  Rome,  où  il  demeura  quelque  temps,  y 
vivant  de  son  mieux  avec  les  maigres  appointe- 
ments de  maestro  al  cembalo  au  petit  théâtre 
Capranica.  —  Mais  quelques  bonnes  personnes 
s'étant  intéressées  à  son  sort,  l'envoyèrent  ter- 
miner ses  études  de  composition  à  Bologne,  où 
il  se  lia  avec  le  jeune  Rossini  d'une  amitié  qui 
dura  jusqu'à  la  mort  de  ce  dernier. 

Venu  à  Florence  alors  qu'on  préparait,  au 
théâtre  de  la  Pergola,  la  représentation  d'il  Bar- 
biere  di  Sivïglia  de  Rossini,  et  le  bouffe  Rosich 
ne  voulant  ou  ne  sachant  pas  chanter  convena- 
blement l'air  de  Bartolo  :  A  un  dottor  délia  mia 
sorte,  il  composa,  en  1817,  sur  des  paroles  de 
G.  Gasbarri,  cet  air  :  Manca  un  foglio,  que 
depuis  lors  les  bouffes  ont  presque  tous  préféré 
à  l'air  original. 

Directeurde  musique  très-apprécié  à  cause  de 
son  goût  et  de  sa  fermeté,  il  eut  mission  de  com- 
poser pour  les  plus  célèbres  chanteurs  bon  nom- 
bre de  morceaux,  airs,  duos,  etc.,  destinés  à 
être  intercalés,  selon  la  mode  du  temps,  dans  les 
opéras  d'autrui;  mais  ces  compositions,  quoique 
généralement  applaudies,  sont  tombées  dans  le 
même  oubli  que  les  opéras  dans  lesquels  elles 
avaient  été  placées. 

Pietro  Romani  a  un  mérite  qu'on  ne  peut  lui 


436 


ROMANI  —  ROMERO 


contester,  c'est  celui  d'avoir  été  sinon  le  pre- 
mier, du  moins  nn  des  premiers  à  élever  en 
Italie  la  musique  des  ballets  à  la  hauteur  d'œu- 
vres  d'art,  en  lui  donnant  cette  ampleur  de 
forme,  ce  développement  artistique  qui  lui 
manquaient,  composée  comme  elle  l'était  d'une 
suite  de  petits  morceaux  que  l'on  répétait  à 
satiété,  selon  le  bon  plaisir  des  danseurs.  —  Piè- 
tre Romani  a  continué  pendant  une  vinolaine 
d'années,  avec,  un  succès  qui  ne  s'est  jamais 
démenti,  à  écrire  de  bonne  musique  de  bal- 
let, qui  se  distinguait  généralement  par  l'élé- 
gance et  la  facilité  de  la  médolie.  par  une  bonne 
orcheslralion,  et  parla  juste  expression  des 
sentiments  et  des  situations  scéniques  (l). 

Le  seul  reproche  qu'on  aurait  pu  lui  faire, 
reproche  d'ailleurs  commun  à  presque  tous  les 
maîtres  italiens  de  son  temps,  était  celui  d'une 
imitation  trop  marquée  delà  formule  rossinienne, 
surtout, en  ce  qui  concerne  les  cadences,  et 
au>si  les  crescendos  mis  en  vogue  par  Rossini. 
Du  petit  nombre  de  ceux  qui  conservent  les 
nobles  traditions  de  la  grande  école  italienne, 
Pietro  Romani  est  un  excellent  maître  de  chant  -, 
aussi,  pendant  bien  longtemps,  il  ne  passait  par 
Florence  presque  aucun  chanteur  de  quelque 
renommée  qui  ne  se  tint  pour  honoré  de  rece- 
voir de  lui  quelques  leçons.  —  Retiré  aujour- 
d'hui du  théâtre,  il  continue,  malgré  son  grand 
âge,  à  donner  des  leçons  qui  sont  trés-recher- 
chées.  Membre  de  plusieurs  académies,  il  est 
chevalier  de  l'ordre  des  SS.  Maurice  et  Lazare, 
et  professeur  de  chant  et  d'art  scénique  à  l'Ins- 
titut royal  de  musique  de  Florence  (2).  1 

F.-A.  C. 
'  ROMANI  (Carlo),  neveu  du  précédent, 
naquit  à  Avellino,  dans  l'ex-royaume  de  Naples, 
le  24  mai  1824.  Venu  encore  enfant  à  Florence, 
il  y  étudia  le  piano  avec  Palafuti,  la  composition 
avec  Picchianti,  et  reçut  de  son  oncle  le  com- 
plément de  son  éducation  musicale.  A  dix- 
huit  ans,  il  se  fit  connaître  très- favorable- 
ment en  mettant  en  musique  les  récitatifs  du 
FreischiUz  de  Weber,  quand,  pendant  le 
carnaval  1842-43,  on  donna  cet  opéra  pour 
la  première  fois  en  Italie,  sur  le  théAtre  de  la 
Pergola,  de  Florence.  Il  composa  pour  le  même 
théâtre,  en  1847,  son  premier  opéra-comique. 
Tutti  Amanti,  qui  fut  accueilli  avec  faveur.  En 

"  (1)  Parmi  les  ouvrage»  de  ce  genre  qu'on  doit  à  M. 
Romani,  tl  faut  citer  Cabriella  di  Vertjy,  écrit  par  lui 
en  société  avec  Augustin  Belloli  et  représenté  »  la 
Scala,  de  Milan,  le  î4  août  1822,  et  Ottaviu,  donné  l'an- 
Inée  suivante  au  raôme  tliéâtrc.  —  A.  I'. 

(î)  Depuis  que  cet  article  est  écrit,  Pietro  Romani  est 
mort  à  Horence  les  Janvier  «h77,  à  l'âge  de  quatre- 
viDijtclnq  ans.  —  A.  P. 


1852,  il  produisit  sur  le  théâtre  Leopoldo  (à  pré- 
sent    ISazionale),   à  Florence,     «7   Mantello, 
autre  opéra-comique,  qui  eut  un  véritable  succès, 
et  qui,  en  peu  de  temps,  fit  avec    la  môme  for- 
tune le  tour  de  bon  nombre  de  théâtres  de  la 
Péninsule.  Mais  dès   ce  moment  il  commença 
à  faiblir;    ainsi    i  Baccanalï  di  Rouia  ,   opéra 
sérieux,  et  i  Diamanli  délia  Corona,  opéra- 
comique,  donnés  à   la   Pergola,  le  premier  en 
18ô4,  et  le  second  en  1856,  n'eurent  qu'un  suc- 
cès d'estime.    —  En  ISH't,  il  fit   exécuter  dans 
l'église  de  S.  Giovannino  degli  scolopi  un   ora- 
torio {San   Sebastiano),   qui    contient  çà  et  là 
des  pages  heureuses,  mais  qui,  dans  son  ensem- 
ble, est  trop  au-dessous  de  l'idéal  d'un  bon  ora- 
torio, pour  qu'on  doive  s'arrêter  à  en   parler 
autrement  que  pour  mémoire.  On  a  cru  trouver 
la  cause  de  ce  mouvement  de  recul  sur  le  chemin 
du  succès  dans   le  caractère  un  tant  soit  peu 
nonchalant  de  Carlo  Romani.  On  serait  proba- 
blement plus    dans   le   vrai  en  l'altribuant  au 
germe,  d'abord  caché,  de  la  cruelle  maladie  qui 
le  conduisit  au  tombeau,  dans  toute  la  force  de 
l'âge,  le  4  mars  1875.  Carlo  Romani  a  laissé  un 
opéra     inédit,    Giannini  di   Nisida,   dont   il 
faisait  grand  cas.  On  a  de  lui  quelques  chants 
patiioliques  très-ap|ilaudis,    entre  autres  celui 
qu'on  connaît  sous  le  titre  de  la  CrocediSavoja, 
et    quelques    bons    morceaux  de    musique  de 
chambre,   soit  vocale,   soit    instrumentale.   Il 
était  chevalier  de  l'ordre  de  la  Couronne  d'Ita- 
lie et  membre  résidant  de  l'académie  de  l'Institut 
royal  de  musique  de  Florence  (1).  —  F.-A.  C. 

ROlMAiXI  (LtiGi),  écrivain  ilalien,  est  l'au- 
teur d'une  publication  fort  utile,  faite  par  lui 
sous  ce  titre  :  Teatro  alla  Scala.  Cronologia  di 
tutu  gli  spetlacoU  rappresentali  in  cjuesto- 
(eairo  dal  giorno  del  solenne  suo  aprimento 
sino  ad  oggi,  con  introduzione  edannotazioni. 
Milan,  Pirola,  1862.  petit   in-4". 

*  ROMBKRG  (Bkknard),  estmortà  Ham- 
bourg, le  13  août  1841. 

*ROMBEUG  (CiPRiEN),  est  mort  nojé. 
le  14  octobre  1865,  en  se  baignant  dans  l'Elbe, 
près  de  Hambourg.  Il  était  né  en  cette  ville  le 
28  octobre   1807,  et  non  en  1810. 

ROMERO  Y  ANDIA  (Antonio)  ,  éditeur 
de  musique  à  Madrid,  est  né  en  celte  ville  vers 
1815.  Il  s'adonna  de  bonne  heure  à  l'étude  de 
la  clarinette,  acquit  sur  cet  instrument  un 
remarquable  talent,  et  se  fit  apprécier  comme 
virtuose  en  se  faisant  entendre  sur  les  théâtres 

(  )  Après  la  mort  de  Carlo  Romani,  un  éditeur  de  musi- 
que de  Florence,  M.  Vcnturlnl,  publia  un  recueil  de  six 
morceaux  de  chant  posthumes  de  ce  compositeur,  ornfr 
de  son  portrait.  —  A.  P. 


HOMERO 


RONGÉ 


437 


(les  principales  villes  de  l'Espagne.  Devenu  en 
1841  chef  demusi(|ue  du  l"^'  régiment  de  grena- 
diers de  la  garde  royale,  il  Ait  nommé  en  18i9 
professeur  do  clariiietle  au  Conservatoire  de 
Mal  riil, et  fonda  en  1856  une  maison  de  commerce 
de  musique  qui  est  aujourd'hui  la  plus  impor- 
tante de  la  capitale  de  l'Espagne,  M.  Romero  y 
Andia  est  l'inventeur  d'un  nouveau  système  de 
clarinette  qui  a  oblenu  des  récompenses  aux 
expositions  de  Paris  (18G7),  d'Aragon  (1868), 
de  Salamanque,  de  Madrid,  et  de  Vienne  (1873), 
Membre  de  la  commission  espagnole  à  l'Exposi- 
tion de  Londres  de  1862,  il  fut  chargé  de  la 
rédaction  du  rapport  officiel  de  celte  exposi- 
tion, et  lors  de  celle  de  Paris,  en  1867,  il  fit  par- 
tie des  jurys  relatifs  aux  concours  européens  des 
musiques  militaires.  On  doit  à  cet  artiste  une 
Méthode  nouvelle  et  complète  de  solfège,  une 
Grammaire  musicale,  et  des  Méthodes  pour  la 
clarinette,  la  trompette  et  le  basson,  ainsi  que 
toute  une  collection  iVIns  truc  lions  prélimi- 
naires pour  tous  les  instruments  à  vent.  M. 
Romero  y  Andia  est  commandeur  des  ordres  de 
Charles  III,  d'Isabeile-la-Catholique  et  du  Christ. 

ROIXCAGLIA  (Bernardino),  compositeur 
et  professeur,  naquit  à  Lacques  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-septième  siècle,  et  mourut 
en  1692.  Il  faisait  partie  de  la  chapelle  de  la 
République  de  Lucques,  et,  entre  autres  com- 
positions, écrivit  deux  cantates  à  plusieurs  voix, 
avec  accompagnement  instrumental,  qui  furent 
exécutées  dans  les  années  1654  et  1657,  à  l'oc- 
casion des  fêtes  des  comices. 

ROi\CIlETTI-MOi\TEVITI  (Stefano), 
compositeur  et  professeur  ital'ien,  directeur  du 
Conservatoire  de  Milan,  est  né  à  Asti  le  18  sep- 
tembre 1814.  Je  n'ai  que  fort  peu  de  rensei- 
gnements sur  la  carrière  de  cet  artiste  estimé 
de  ses  confrères,  mais  peu  connu  du  public. 
Devenu  professeur  de  composition  au  Conserva- 
toire de  Milan  le  ?8  août  ISôO,  il  fit  représenter 
au  théâtre  de  la  Scala,  le  16  mars  1857,  un 
opéra  intitulé  Pergolesi,  qui  fut  froidement 
accueilli.  Depuis  lors,  il  ne  s'est  pas  reproduit 
à  la  scène,  et  a  seulement  fait  exécuter  diverses 
«omposilions  religieuses.  A  la  mort  de  Mazzu- 
cato  (Fo(/.  ce  nom),  M.  Ronchetti  a  succédé  à 
cet  excellent  artiste  dans  la  direction  du  Con- 
«erva'oire. 

RONDIiVELLA.  (Pasquale),  professeur 
italien,  est  né  à  Naples  le  16  mars  1825,  et  a 
fait  ses  études  musicales  au  Conservatoire  de 
cette  ville,  on  il  fut  l'élèvede  Lanza  pour  le  piano, 
de  Busti  pour  le  chant,  et  de  Ruggi  pour  le 
contre-point.  En  1852,  il  partit  pour  l'Amérique 
et  s'établit  à  Philadelphie,  où   il  se  consacra  à 


l'enseignement  du  chant.  Il  y  réside  encore 
aujourd'hui.  M.  Rondinella  a  publié  une  Brève 
Méthode  de  chant  (Naples,  Cotlrau),  un  Traité 
d'harmonie,  diverses  fantaisies  pour  le  piano 
écrites  sur  des  motifs  d'opéras,  deux  albums  de 
chant,  des  canzone  napolitaines,  des  airs,  des 
duos,  et  plusieurs  compositions  religieuses. 

llO\GE  (Jean-Baptiste),  compositeur  belge, 
né  à  Liège  le  1"  avril  1825,  se  destinait  d'a- 
bord à  l'étude  des  sciences  exactes,  et  se  fit 
admettre  à  l'Ecole  des  mines  de  sa  ville  natale. 
Mais  un  goût  prononcé  pour  la  musique  le 
détermina  à  transformer  sa  carrière,  et  il  quitta 
cet  établissement  pour  entrer  au  Conservatoire 
de  Liège,  que  dirigeait  alors  Daussoigne-Méhul. 

Devenu  l'élèvede  ce  maître  pour  l'harmo- 
nie, le  contre-point  et  la  fugue,  M.  Rongé  prit 
part  à  Bruxelles,  en  1851,  au  grand  concours  de 
composition,  et  obtint  d'emblée  le  second  prix 
de  Rome  ;  puis,  s'étant  présenté  de  nouveau  au 
concours  de  1853,  il  se  retira  sans  prendre  part 
à  la  lutte  et  après  avoir  pris  connaissance  des 
paroles  delà  canlale,  celles-ci  ne  répondant  pas 
à  ses  sentiments  et  à  ses  désirs. 

M.  Rongé  commença  alors  à  se  livrer  à  la 
composition,  tout  en  s'occupanl  des  questions 
concernant  l'histoire  et  la  théorie  de  la  musique, 
questions  dont  l'étude  était  sympathique  à  son 
esprit.  Il  écrivit  tout  d'abord,  pour  le  théâtre 
royal  de  Liège,  la  musique  de  deux  cantates, 
dont  l'une  fut  exécutée  à  l'occasion  de  la  majo- 
rité du  duc  de  Brabant,  aujourd'hui  Léopold  II, 
et  l'autre  pour  l'anniversaire  de  la  naissance  de 
Grétry.  Mais  tout  en  consacrant  une  partie  de 
son  temps  à  la  composition,  il  se  préoccupait 
particulièrement  de  l'étude  du  rhylbmedans  ses 
rapports  avec  la  musique  et  la  poésie,  et  pu- 
bliait sur  ce  sujet  deux  brochures  intéressantes. 
Ces  deux  écrits  attirèrent  sur  lui  l'attention  d'un 
poète  distingué,  André  van  Hassell,  auteur  de 
plusieurs  recueils  remarquables  de  vers,  eJ, 
celui-ci  s'étant  mis  en  rapport  avec  lui,  une 
association  se  forma  bientôt  entre  le  musicien 
et  le  poète  pour  l'entreprise  d'une  traduction 
rhythmiquedes  grands  chefs-d'œuvre  delà  scène 
lyrique  allemande  et  italienne,  traduction  des- 
tinée à  la  grande  collection  de  l'éditeur  Lilolff. 
Tous  deux  publièrent  ainsi]  successivement  des 
éditions  françaises  de  Don  Juan,  des  Noces  de 
Figaro,  de  la  Flûte  enchantée,  de  Fidelio, 
du  Freischûtz,  d'Oberon,  â'Euryanthe,  de 
Preciosa,  de  Korma  et  du  Barbier  de  Séville. 
La  presse  française  et  belge  a  rendu  l'hommage 
qu'il  méritait  à  l'excellent  travail  de  MM.  Van 
Hasselt  et  Rongé,  qui,  dans  leurs  traductions 
rhythmiques,  s'efforçaient  de  rendre  scrupideu- 


438 


RONGÉ  —  ROQUES 


sèment  en  vers  français  non-seulement  le  sens 
exact  des  paroles  allemandes  ou  italiennes,  mais 
jusqu'aux  moindres  accents  donnés  par  les 
coupes  méloiiiiiues.  Les  deux  collaborateurs 
traduisirent  aussi,  d'après  leur  système  rhythmi- 
(pie,  30  mélodies  de  Schubert,  ainsi  que  30  airs 
de  basse  et  30  airs  de  ténor  choisis  parmi  les 
meilleurs  de  l'école  allemande.  La  mort  seule 
d'André  Van  Ilasselt  (décembre  1875)  put  mettre 
fin  à  celle  intelligente  association  artistique.  De- 
l)uis  lors,  M.  Rongé  s'est  remis  exclusivement  à 
la  composition,  et  il  a  écrit  la  musique  d'un  opé- 
ra-comique en  3  actes,  la  Comtesse  d'Albany, 
qui  a  été  représenté  avec  succès,  le  15  janvier 
1877,  sur  le  théâtre  royal  de  Liège. 

M.  Rongé  a  publié  les  œuvres  suivantes  : 
1"  2i  Éludes  rhyfhmiques,  pour  chant  et 
piano;  2°  12  Mélodies,  pour  toutes  les  voix; 
3'  12  Chœurs  pour  4  voix  d'hommes,  sans 
accompa.unenient  ;  4"  2  Romances  sans  paroles 
{Sarah  la  ba'ujneuse,  VEioile  où  l'on  s'aime), 
pour  piano  seul.  Ces  diverses  compositions  ont 
paru  chez  les  éditeurs  MM.  Enoch,  et  plusieurs  ■ 
d'entre  elles  ont  été  bien  accueillies  dans  les 
concerts,  notamment  un  Aoël,  hymne  pour 
voix  de  baryton,  auquel  l'auteur  a  ajouté  des 
choeurs  et  un  accompagnement  d'orchestre  qui 
en  rehaussent  le  coloris. 

M.  Rongé  s'est  parfois  occupé  de  critique 
spéciale,  et  a  publié  un  certain  nombre  d'arti- 
cles dans  la  Revue  et  Gazette  musicale  de  Paris 
et  dans  le.  Guide  7nusical  de  Bruxelles. 

RO\SO  (Pablo),  professeur  et  compositeur 
espagnol  contemporain,  est  l'auteur  d'une  Mé- 
thode de  solfège,  publiée  récemment.  On  con- 
naît aussi  de  lui,  entre  autres  compositions, 
un  Hymne  pastoral  à  la  Vierge  {Trisagio 
pastoril  à  la  Virgen)k2  ou  3  voix,  avec  ac- 
compagnement d'orgue,  et  un  recueil  de  Vil- 
lancicos  à  2  voix  avec  orgue. 

*RO.\TAIXI  (R\i  FAELo).  —  Dans  ses  Ele- 
ment  amusica,  Quirin  van  Blankenburg  cite 
l'ouvrage  suivant  de  ce  compositeur,  au  nombre 
de  ceux  qu'il  étudia  dans  sa  jeunesse  :  le  Varie 
Musiche,  del  lia/faelo  Rontani,  a  xma  e  due 
voci,  per  cantare  nel  cembalo  o  in  altri 
sfromenti  da  corpo  (Roma,  1632).  Cet  ouvra- 
ge porte  la  mention  :  œuvre  W. 

*  ROAZI  (Llk;i',  compositeur,  naipiit  à 
Florence  le  7  juin  1805,  et  mourut  en  celte 
ville  le  15  mai   1875. 

'  IIOXZI  (Antomo),  professeur  de  chant 
et  compositeur  italien,  né  en  1813,  est  l'au- 
teur d'un  opéra  sérieux,  Luisa  Strozzi,  dont 
j'ignore  le  lieu  et  la  date  de  représentation.  Il  a 
publié  sous  ce  tilre  ;    l'Eco  délia  Veneta  La- 


guna,  chez  l'éditeur  Ricordi,  de  Milan,  un  re- 
cueil de  neuf  mélodies  vocales.  Cet  artiste  est 
mort  à  Florence  le  25  janvier  1873. 

ROi\ZI  (Follio^e),  compositeur  italien,  est 
l'auteur  d'un  drame  lyrique  en  4  actes,  Gas- 
tone  d'Anversa,  qui  a  été  représenté  au  théâ- 
tre de  la  Pergola,  de  Florence,  en  1853.  Cet 
artiste  a  publié  à  Milan,  chez  Ricordi,  un  Al- 
bum contenant  douze  mélodies  à  une  ou  deux 
voix. 

ROJ\ZI  DE  BEGIXIS  (M"'^).  —  Voyez  DE 
BEGiVIS  (Joséphine  R0\ZI,  épouse). 

^  ROQUEFORT -FLAMERICOURT 
(Jean-Bvptiste-Bonaventijre).  — G.  M.  'F.  de 
Martonne  a  publié  une  Notice  biographique  et 
littéraire  sur  J.-B.-B.  de  Roquefort  (Paris, 
Techener,  1844,  in-8").  Cette  notice  est  extraite 
du  XVII«  volume  des  Mémoires  de  la  Société 
royale  des  Antiquaires  de  France. 

HOQUEPLAX  (Louis-  Victor  -  Nestor 
ROCOPLAiV,  dit),  né  à  Malemort  (Bouches- 
du-Rhône)  en  1804,  fut  d'abord  journaliste, 
puis  directeur  de  théâtre.  Rédacteur  en  chef 
du  Figaro,  avec  Bohain,  et  à  ce  tilre  signa- 
taire, en  1830,  de  la  protestation  des  journalis- 
tes contre  les  ordonnances  de  juillet,  il  fut,  avec 
le  même,  directeur  des  Nouveautés.  Il  devint 
ensuite  directeur  des  Variétés,  puis,  de  1847  à 
1854,  directeur  de  l'Opéra,  où,  à  la  suite  d'une 
gestion  inintelligente  et  désastreuse,  il  fut  assez 
habile  pour  faire  payer  ses  dettes  (600,000 
francs!)  par  l'Élat.  En  1857,  on  le  mit  à  la  tête 
du  théâtre  de  l'Opéra-Comique,  dont  il  céda  le 
privilège  en  1800.  Roqueplan  fut  alors  chargé 
du  feuilleton  théâtral  du  Constitutionnel.  Cet 
écrivain,  d'ailleurs  plein  d'esprit,  a  publié  un 
petit  volume  intitulé  les  Coulisses  de  l'Opéra 
(Paris,  Librairie  nouvelle,  1855,  in-18;.  On  lui 
doit  aussi  sous  ce  titre  :  Rossini,  une  petite  bro- 
chure qui  est  la  reproduction  de  l'article  nécro- 
logique qu'il  écrivit,  sur  la  mort  de  ce  maître, 
dans  le  Constitutionnel  (Paris,  Dentu,  18G9, 
in- 12  de  16  pp.).  11  est  mort  à  Paris,  le  24  avril 
1870.  Nestor  Roqueplan  était  le  frère  cadet 
du  fameux  peintre  romantique  Camille  Roque- 
plan. 

ROQUES  ( ),  violoniste,  né  vers  1810, 

était  chef  d'orchestre  du  Théâtre-Français  en 
1851.  Cet  artiste  a  fait  représenter  aux  Folies- 
Nouvelles,  le  4  décembre  1858,  une  opérette 
intitulée  :  Fra  Diavolino.  On  a  gravé  de  lui 
une  œuvre  de  duos  pour  deux  violons. 

ROQUES  (Jean- Léon),  musicien  français, 
né  à  Aurignac  (Haute-Garonne)  le  24  octobre 
1839,  fut  admis  en  1854  au  Conservatoire  de 
Paris,  où  il  devint  l'élève   de  M.   Savard  pour 


ROQUES  —  ROSÉS 


439 


le  solfège,  de  M.  Bazin  pour  Tharmonie  et  ac- 
compagnement, de  Benoist  pour  l'orgue,  et  de 
M.  Aiiibioise  Thomas  pour  la  fugue  et  la  corn 
position.  Voici  la  liste  des  récompenses  qu'il 
obtint  dans  cet  établissement  :  en  1857,  le  2"= 
accessit  d'harmonie  et  accompagnement;  en 
1858,  le  1"  accessit;  en  1859,  le  second  prix  ; 
en  1860,  un  1"  accessit  de  fugue;  en  1861,  un 
2''  accessit  d'orgue;  en  18G2,  le  premier  prix  de 
fugue  et  le  second  prix  d'orgue.  Après  avoir 
terminé  ses  études,  M.  Roques  accepta  les 
fonctions  d'accompagnateur  au  petit  théâtre  des 
Bouffes-Parisiens,  dont  plus  tard  il  fut  un  ins- 
tant le  chef  d'orchestre,  pour  revenir  ensuite 
à  son  premier  emploi .  En  même  temps  il  de- 
venait organiste  de  l'église  Saint-Pierre  de  Cliail- 
lot.  Il  occupe  encore  aujourd'hui  ces  doubles 
fondions. 

Comme  compositeur,  M.  Roques  a  fait  re- 
présenter quelques  opérettes  dans  les  cafés- 
concerts,  entre  autres  les  suivantes  :  Âvnnt  la 
retraite  (Eldorado,  1875),  le  Diable  rouge, 
le  Secret  du  sapeur,  etc.  11  a  donné  aux 
Bouffes- Parisiens,  en  1873,  un  ouvrage  plus 
important,  la  Rosière  d'ici,  opéra  bouffe  en  3 
actes  qui  n'a  pas  été  très-heureux.  Enfin,  il  a 
fait  exécuter  en  1874  au  concert  des  Champs- 
Elysées,  sous  le  titre  de  Symphonie-Ballet, 
une  sorte  de  suite  d'orchestre  composée  de 
trois  morceaux  :  Marche  bohémienne,  Inter- 
mezzo, Divertissement.  L'œuvre  la  plus  impor- 
tante du  compositeur  est  un  oratorio,  le  Mys- 
tère de  la  Résurrection,  qui  a  été  exécuté  le 
2  avril  1877  dans  l'église  Saint-Pierre  de  Chail- 
lot,  et  dont  la  partition  a  été  publiée  chez  lé- 
diteur  M.  Brandus.  11  a  fait  paraître  un  recueil 
àe  Motets  pour  les  saluts  dît  Saint-Sacre- 
ment, à  1,  2  et  3  voix,  avec  accompagnement 
d'orgue  (première  série). 

On  doit  à  M.  Léon  Roques  un  petit  manuel 
intitulé  l'Accompagnement  du  plain-chant 
mis  à  la  portée  de  tout  le  viande,  méthode 
nouvelle  essentiellement  pratique  (Paris,  Ha- 
chette, 1872,  in-12),  et  un  Métronome  métri- 
que, dont  le  système  est  ingénieux.  M.  Roques 
a  mis  son  nom  sur  les  réductions  de  piano  d'un 
grand  nombre  de  partitions  d'ouvrages  repré- 
sentés aux  Bouffes-Parisiens. 

ROSE  (Georges),  chanteur  et  compositeur, 
est  né  vers  1830.  Cet  artiste  s'est  produit,  depuis 
une  quinzaine  d'années,  dans  de  petits  théâtres 
et  dans  des  cafés-concerts,  chantant  des  chan- 
sons et  des  romances  composées  par  lui,  et 
faisant  jouer  en  assez  grand  nombre  des  opé- 
rettes dont  il  avait  écrit  la  musique  et  dont 
quelquefois  aussi  il  remplissait  le  principal  rôle. 


Nous  citerons  celles  de  ces  petites  pièces  dont 
les  titres  sont  venus  à  notre  connaissance  :  1° 
Entre  onze  heures  et  minuit,  un  Acle,  Nou- 
veautés, 1866  ;  2°  la  Fillc  des  Bruyères,  id., 
id.,  1867;  3°  Tintano,  id.,  id.,  1867;  4"  la  Ré- 
conciliation, id.,  id.,  1867  ;  5°  la  Belle  Hélène 
dans  son'ménage,  id.,  id.,  1867;  6"  li  Famil- 
le Duver  g  la  s,  un  acte,  th.  Saint- Pierre,  1868; 
7°  le  Robinson  du  faubourg  Saint-Denis,  un 
acte,  concert  du  Gaulois,  1872  ;  8°  une  Partie 
de  Valets,  un  acte.  Nouveautés,  1872  ;  9° 
le  Cousin  don  César,  1  actes,  concert  Tivoli, 
1873  ;  10°  le  Hareng  saur  sur  le  gril,  4  actes, 
salle  Saint-Laurent,  1873  ;  il"  Mon  Cousin  Vic- 
toire, 1  acte,  Folies-Nouvelles,  1873.  Tout  cela 
est  sans  valeur. 

'*  ROSELLEiV  (Henri),  pianiste  distingué 
et  compositeur  aimable  pour  son  instrument, 
est  mort  le  20  mars  1876.  On  lui  doit  une  7»/^- 
tkode  de  piano  (Paris,  Heugel),  et  un  Manuel 
des  pianistes,  recueil  d'exercices  journaliers, 
gammes  et  arpèges  de  tout  genre,  précédés 
de  la  description  anatomique  de  la  main 
(id.,  id.).  Quant  à  ses  compositions,  dont  le 
chiffre  total  ne  s'élève  guère  à  moins  de  200, 
elles  sont,  pour  la  plus  grande  partie,  écrites 
sur  des  airs  populaires  ou  des  motifs  d'opéras 
en  vogue  ;  il  faut  en  excepter  seulement  quel- 
ques morceaux,  entre  autres  ses  Rêveries,  dont 
une  surtout,  en  trémolo  ,  a  joui  d'une  vogue 
inouïe  et  a  été,  on  peut  le  dire,  célèbre  dans 
l'Europe  entière. 

ROSÉS  (José),  prêtre  et  musicien  espa- 
^ol,  né  à  Barcelone  le  9  février  1791,  mort 
en  celte  ville  le  2  janvier  1856,  fut  élève  de 
Francisco  Sampere,  maître  de  chapelle  de  l'é- 
glise paroissiale  de  Notre-Dame  del  Pino,  de 
Barcelone.  Il  devint  d'abord,  après  avoir  ter- 
miné ses  études,  organiste  du  monastère  de 
San  Pablo,  puis  succéda  à  son  maître  dans  les 
fonctions  de  maître  de  chapelle  de  Notre-Dame 
del  Pino,  fonctions  qu'il  obtint  à  la  suite  d'un 
concours  et  qu'il  occupa  pendant  trente  années. 
On  doit  à  cet  artiste  un  grand  nombre  de  com- 
positions importantes  dans  le  genre  religieux  : 
une  messe  solennelle  de  Gloria  à  grand  orches- 
tre ;  deux  messes  de  morts,  avec  accompagne- 
ment de  divers  instruments  ;  diverses  messes  à 
deux  chœurs  ;  puis  des  motets  de  divers  gen- 
res, des  rosaires,  des  séquences,  des  graduels, 
etc.  La  plupart  de  ces  compositions  sont  con- 
servées dans  les  archives  de  l'église  pour  le 
service  de  laquelle  elles  ont  été  écrites.  José 
Rosés  fut  aussi  un  professeur  habile,  et  il 
forma  nombre  d'élèves  distingués,  parmi  les- 
quels on  cite   particulièrement   MM.  Calvo   y 


440 


ROSÉS 


ROSSI 


Puig,  Anlonio  Rius,  Hipolilo  Casanovas,  puis 
son  nt'vcu  et  les  prêtres  Nin,  Mûrira,  etc. 

I10S1>1GLI0S1     (G -C ),    écrivain 

italien  contemporain,  membre  de  l'Académie 
des  sciences,  lettres  et  aits  de  Pistoia,  a  lu 
dans  les  séances  de  cette  compagnie  un  cer- 
tain nombre  de  notices  consacrées  à  des  mu- 
siciens natifs  de  Pistoia.  Il  a  réuni  ensuite  en 
une  brochure  ces  intéressantes  esquisses  bio- 
graphiques, et  les  a  publiées  sous  ce  titre  : 
ISolizie  dei  maestri  ed  artisli  di  musica  Pis- 
toiesi,   Pistoia,  Niccolai,   1878,  in-12  de  53  pp. 

ROSS  ( ),  luthier,  exerçait  sa  profes- 
sion à  Londres  en  1662.  II  eut  un  fils  qui  fut 
luliiier  comme  lui,  et  comme  lui  établi  à  Lon- 
dres. 

ROSSARI  (GusTAYo),  virtuose  sur  le  cor, 
professeur  au  Conservatoire  de  Milan  et  com- 
positeur, est  né  à  Milan  le  '27  décembre  1827. 
Admis  au  Conservatoire  de  cette  ville  le  5  no- 
vembre 1839,  dans  la  classe  de  cor  d'Agoslino 
Belloli,  il  y  resti  jusqu'en  1849,  et  dans  le 
cours  de  cette  même  année  fut  nommé  profes- 
seur dans  l'établissement  où  il  venait  d'accom- 
plir ses  études  ;  depuis  cette  époque,  il  est  de- 
meuré tiliilaire  de  la  classe  de  cor,  trompette 
et  trombone. 

M.  Rossari  s'est  fait  à  Milan  une  véritable 
réputation  comme  chef  de  musique  militaire  (il 
est  cupo  musica  de  la  j^arde  nationale  de  Mi- 
lan) et  comme  compositeur.  Son  nom  est  très- 
populaire  en  Italie,  et  p;irmi  ses  œuvres,  qui 
atteignent  le  chiffre  d'environ  200,  il  en  est 
qui  ont  obtenu  de  très- grands  succès,  grâce 
surtout  à  leur  caractère  national  et  patrioti- 
que. Au  nombre  de  ces  dernières,  il  faut  sur- 
tout citer:  Vica  Ilalia  !  marche-chœur  des 
chasseurs  des  Alpes;  Hymne  de  guerre, 
pour  ténors  et  basses,  sur  des  paroles  d'Angelo 
Brofferio,  op.  163  ;  Marche  funèbre  à  la  mé- 
moire des  victimes  de  la  révolution  milanaise 
de  mars  1848,  pour  musique  militaire,  op.  61  ; 
Hymne  de  Oaiibaldi,  id.  ;  Cavour,  marche  mi- 
litaire, op.  38  ;  Garibaldi,  id.,  op.  40  ;  le  2 
Juin  1861,  id.,  op.  79;  1802,  Fesla  nazionale, 
id.,  op.  94  ;  Marclie  militaire,  op.  37  ;  etc.  M. 
Rossari  a  publié  aussi  un  grand  nombre  d'al- 
bums de  musique  de  danse  :  Album  di  danzu 
(8  morceaux)  ;  il  Carncvale  ilaliano  (8)  ; 
Tripudio  carnacalexco  (8);  la  Slagione  dei 
piaceti  (7);  Volutta  invernali  (C)  ;  Ftori 
d'inverno  (8)  ;  Speranze  ed  lllusioni  (7)  ; 
Taccuino  dei  Carncvale  (6);  il  Carnevale  di 
Veuczia  lC)];I>rnfinni  d'inverno  (12).  Outre  une 
quantité  d'autres  morceaux  de  danse  détaches, 
M.  Rossari  a  encore  écrit  beaucoup  de  fantai- 


sies et  de  morceaux  de  concert  pour  cor,  trom- 
pette ou  cornet  à  pistons,  avec  accompagne- 
ment de  piano  ;  ces  morceaux  sont  écrits  soit 
sur  des  mélodies  originales,  soit  sur  des  motifs 
populaires  ou  des  airs  d'opéras  célèbres. 

UOSSARO  (C\RLo),  virtuose  distingué 
sur  le  piano  et  compositeur  |)our  son  instru- 
ment, s'était  acquis  en  Italie  une  bonne  répu- 
tation par  la  publication  de  diverses  (cuvres 
intéressantes,  qui  témoignaient  de  son  goût 
naturel  et  de  la  bonne  instruction  qu'il  avait 
reçue.  Je  citerai  les  suivantes  parmi  ses  com- 
positions :  Sonate,  op.  23  ;  4  Étmies  caractéris- 
tiques, op.  10,  11,  15  et  16  ;  3  Morceaux  très- 
passionnés,  op.  12,  13  et  14  ;  V Angélus,  Ancor 
la  rivedro  ?  Vltimo  addio,  Erminia,  mé- 
lodies, op.  29,  30,  31  et  32;  Siciliana,  op. 
36;  Amor  malerno,  op.  17;  Moment  d'en- 
thousiasmc  à  Venise,  op.  18  ;  Bimembranze 
dei  lago  di  Como,  op.  19  ;  Festa  campeslra, 
scherzo,  op.  21  ;  Allegro  vivo  energico,  op.  22  ; 
Toujours  la  même,  mélodie  ;  la  Madré  sut 
figito  morente,  id.;  Fantaisies  ou  transcrip- 
tions sur  la  Traviaia,un  Ballo  in  maschera, 
Orfeo,  Lucrezia  Borgia,  etc. 

Carlo  Rossaro,  qui  était  aussi  l'auteur  d'un 
opéra  inlilulé  il  Castello  maledeliOj  est  mort 
à  Turin  le  7  février  1878. 

ROSSETTI  ( ).  —  Un  compositeur  ita- 
lien de  ce  nom  écrivit  la  musique  d'un  ballet 
qui  fut  représenté  en  1789  sous  ce  titre  :  Don 
Pedro  infante  di  Poriogallo,  au  théâtre  de  la 
Scala,  de  Milan. 

*  ROSSI  (Salomon),  savant  musicien  Israé- 
lite, vivait  à  Mantoue  dans  la  seconde  moitié 
du  seizième  siècle  et  dans  la  première  moitié 
du  dix-septième.  M.  S.  Naumbourg,  ministre 
ofliciant  au  temple  consistorial  de  Paris,  s'est 
occupé  de  cet  artiste  habile,  et  en  a  fait  l'objet 
d'une  publication  dont  l'intérêt  est  aussi  puis- 
sant au  point  de  vue  historique  qu'au  point  de 
vue  arlistique.  Sous  ce  titre  :  Cantiques  de 
Salomon  Bossi,  hebreo,M.  Naumbourg  adonné 
un  recueil  de  compositions  de  Rossi,  ainsi  di- 
visé en  deux  parties  :  V^  partie,  chants,  psau- 
mes et  hymnes  à  3,  4,  5,  6,  7  et  8  voix,  trans- 
crits et  mis  en  partition  d'après  l'original 
(Venise,  1620)  par  S.  Naumbourg  ;  2*  partie, 
choix  de  madrigaux  à  5  voix,  transcrits  d'a- 
près les  deux  édilions  princeps  (Venise,  1600- 
leo"*)  par  Vincent  d'indy,  publiés  par  S.  Naum- 
bourg (Paris,  Naumbourg,  1877,  petit  in-4"). 

Dans  la  préface  très-réservée  et  fort  bien 
faite  cpi'il  a  placée  en  tête  de  ce  recueil,  M. 
Naumbourg  déclare  qu'il  n'a  pu  réunir  sur  son 
auteur    de  nouveaux    renseignements   biogra- 


ROSS! 


441 


phlques.  Les  probabilités  le  portent  à  croire 
que  Rossi  naquit  entre  1565  et  1570,  et  qu'il 
Tnourut  peu  après  l'année  1623,  qui  est  la  date 
de  publication  de  sa  dernière  œuvre.  Mais  ce 
qui  est  surtout  intéressant,  c'est  que  M.  Naum- 
bourg  a  découvert  deux  recueils  de  Rossi  restés 
jusqu'à  ce  jour  inconnus  :  l'un  est  un  Premier 
Livre  de  symphonies  et  gaillardes  à  3,  i  et 
5  voix,  pour  jouer  avec  2  violons  ou  cornets, . 
€t  une  guitare  ou  autre  instrument  à  cordes, 
Venise,  R.  Aniadius,  1C07,  in-4''  ;  le  second 
porte  pour  titre  Cantiques  de  Salomon,  psau- 
mes, Iiijmnes  et  louange,  composés  d'après  la 
science  musicale,  à  3,4,  5,  6,7  et  9,  voix, 
■Venise,  Pietroet  LorenzoBragadini,'  1620.  «  On 
pourrail,dit  M.  Nauinbourg  au  sujet  de  ce  dernier, 
s'étonner  de  ce  titre,  Cantiques  de  Salomon,  en 
voyant  que  ce  recueil  ne  renferme,  en  majeure 
parlie,  que  des  psaumes  de  David  ;  mais  l'au- 
teur a  voulu  faire  un  de  ces  jeux  de  mots  si 
en  faveur  à  son  époque,  et  dire  que  ce  sont 
des  chants  composés  par  Salomon  ,  sous  ■ 
entendu  Rossi.  » 

C'est  précisément  ce  dernier  recueil,  plein 
d'intérêt,  qui  forme  la  première  partie  de  la 
publication  de  M.  Naumbourg  ;  il  comprend  30 
cbanls  d'une  rare  valeur,  transcrits  avec  tout 
le  soin  et  l'intelligence  désirables.  La  seconde 
partie  du  volume  contient  un  cboix  de  22  ma- 
drigaux à  5  voix,  pris  dans  les  deux  recueils  de 
■  madrigaux  de  Rossi,  et  transcrits  par  M.  V. 
d'Indy  ;  quelques-uns  de  ces  chants  sont  avec 
accompagnement  de  chitarrone,  d'autres  avec 
orgue  et  basse  continue,  d'autres  enfin  sans 
accompagnement.  On  y  retrouve  les  qualités 
d'élégance  et  de  style  qui  distinguent  la  grande 
école  madrigalesque  de  l'époque. 

Enfin,  M.  Naumbourg  a  retrouvé  la  trace 
d'une  autre  composition  ignorée  de  Rossi,  faite 
par  lui  en  compagnie  de  trois  autres  musiciens 
dont  l'un  n'était  autre  que  l'illustre  Monteverde. 
Il  en  parle  ainsi  :  —  «  Une  preuve  encore  à 
joindre  à  celles  qui  parlent  en  faveur  du  talent 
musical  de  Rossi,  réside  dans  ce  fait,  qu'en 
1617  il  collabora  avec  Irois  illustres  confrères 
à  la  composition  de  la  musique  d'un  drame  qui 
a  pour  titre  :  Musiche  de  alcuni  excellentis- 
iimi  musici,  composte  per  la  Maddalena, 
sacra  rappresentazione  di  Gio.  Baltista  An- 
drexni,  fiorentino.  Stampa  del  Gardano.  Ve- 
netia,  MDCXVII.  Appresso  Bartholomeo  Ma- 
yni.  —  Cis  excellent issimi  musici  furent, 
■outre  Rossi,  l"  Claudio  Monteverde,  maître 
de  chapelle  de  la  basilique  de  Saint-Marc,  à 
Venise  ;  2°  Muzzio  Effrem,  maître  de  chapelle 
des  ducs  de  Mantoue  -,   et  3°  Allessandro  Gui- 


nizzani,  compositeur  lucquois,  fort  estimé  de 
son  temps,  mais  sur  lequel  je  n'ai  pas  trouvé 
de  renseignements.  Le  petit  balletto  à  quatre 
voix,  que  je  donne  à  la  suite  des  madrigaux  du 
présent  volume,  a  été  écrit  par  Rossi  pour  ce 
•Iraine,  et  je  l'ai  extrait  d'un  opuscule  existant 
à  la  bibliothèque  du  Liceo  musicale  de  Colo- 
gne. ■) 

ROSSI  (LuiGi),  compositeur  italien,  est  l'an- 
teur  d'un  opéra  intitulé  gli  Avventurirri,  qin 
a  été  représenté  en  1835,  à  Turin,  sur  le  théâ- 
tre d'Angennes.  J'ignore  si  cet  artiste  est  le 
mémo  que  celui  qui  est  mentionné  sous  le  nom 
de  Louis  Rossi,  au  t.  VII  de  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens. 

*  ROSSI  (Lairo),  compositeur  dramatique, 
directeur  du  Conservatoire  de  Naples,  n'est 
point  né  dans  celle  ville,  comme  il  a  été  dit  par 
erreur,  mais  à  Macerata,  le  20  février  1812  (i). 
Sa  famille  étant  allée  s'établir  à  Naples  lorsqu'il 
était  encore  fort  jeune,  et  les  dispositions  mu- 
sicales de  l'enfant  s'élant  fait  jour,  elle  eut  la 
chance  de  pouvoir  le  faire  admettre  au  Conserva- 
toire, oii  il  devint  l'élève  de  Crescentini  pour 
le  chant,  de  Giovanni  Fnrno  pour  l'harmonie,  et 
deZingarelli  pour  la  composition.  Sorti  fort  jeune 
de  cet  établissement,  après  y  avoir  terminé  son 
éducation,  M.  Rossi  fit  représenter  ses  premiers 
ouvrages  à  Naples,  puis,  sur  la  recommanda- 
tion de  Donizetti,  il  fut  engagé  en  1832  au  théâ- 
tre Valle,  de  Rome,  comme  chef  d'orchestre  et 
compositeur.  Après  avoir  écrit  quatre  partitions 
à  Rome,  il  alla  faire  jouer  à  Milan  sa  Casa  di- 
sabitata,  opéra  bouffe  dont  le  succès  fut 
énorme  et  qui  sous  son  second  titre  .•  i  Falsi 
Monetari,  a  fait  depuis  lors  le  tour  de  l'Italie 
et  s'est  vu  appeler  «  le  Barbier  de  Serille  de 
Rossi.  »  La  Malibran  elle-même,  en  entendant  cet 
ouvrage,  en  fut  tellement  enchantëe  qu'elle  ex- 
prima le  désir  de  voir  M.  Rossi  écrire  un  ouvrage 
pour  elle.  A  cet  effet,  elle  lui  fit  signer  un  contrat 
avec  Barbaja,  le  fameux  directeur  des  théâtres 
de  Naples,  et  M.  Rossi  composa  son  Amclia, 
qui  fut  représentée  en  183 i  sur  la  grande  scène 
de  San-Carlo.  «  Mais  que  sont  les  femmes,  dit 
à  ce  sujet  un  biographe,  même  celles  qni 
possèdent  les  plus  grands  talenls,  même  celles 


(1)  II  n'y  a  point  de  doute  à  avoir  sur  ce  fait,  que 
M.  Lauro  Rossi  n'est  point  Napolitain.  Non-seulement 
M.  Franccsco  Florimo,  dans  ses  Cfnnistorici  suUaScuola 
musicale  di  Napoli,\nii\(\ne  bien  Macerata  comme  le  lieu 
de  sa  naissance,  mais  il  insiste  sur  cette  rartlcularité  que 
M.  Ro^si  fut  admis  dans  sa  jeunesse,  quoique  étranger 
et  par  exception,  au  Conservatoire  de  Naples,  Ctablisse- 
inenl  ciMquo  et  municipal  cxclusiTcment  réscrte  d'ordi- 
naire aux  seuls  nationaux. 


442 


ROSSI 


qui  sont  inspirées  par  le  génie,  comme  l'était 
la  Malibran?  Le  caprice  est  toujours  leur  guiile, 
et  la  plupart  du  temps  le  suprôme  moteur  de 
toutes  leurs  opérations.  11  vint  en  tète  à  la  diva 
de  faire  introduire  dans  VAmelia  une  situa- 
tion dans  laquelle  elle  pourrait  exécuter  un 
pas  de  deux  avec  le  danseur  Matliis.  Cette  nou- 
velle ime  fois  répandue  dans  Naples,  toute  la  ville 
se  mil  en  mouvement,  et  heureux  pouvait  se 
dire  celui  qui  avait  obtenu  une  place  au  théâtre. 
L'opéra  commence;  la  Malibran  chante;  mais 
le  public,  impatient  de  voir  la  célèbre  cantatrice 
mouvoir  ses  jambes,  ne  fait  pas  attention  au 
chant,  ne  fait  pas  attention  à  la  musique,  et 
finit  par  se  fâcher  de  ce  qu'elle  tarde  à  danser. 
Attention  générale....  Les  jambes  dans  la  danse 
n'avaient  point  l'habileté  du  gosier  dans  le  chant, 
et  la  Malibran  dans  cette  étrange  représentation 
est  dé.sapprouvée  parle  public.  Le  mécontente- 
ment causé  par  cette  extravagance  se  reporte 
sur  l'opéra,  qui  est  condamné  de.  même  que  la 
danse,  et  qui,  non  entendu  et  peut-être  encore 
moins  écouté,  tombe,  entraîné  par  l'autre 
chute  (1).  » 

Le  compositeur  ressentit  un  vif  chagrin  de 
cette  déconvenue,  chagrin  que  ne  put  guérir  le 
succès  de  son  nouvel  opéra  :  Leocadia,  repré- 
senté l'année  suivante  au  théâtre  de  la  Canob- 
biana,  de  Milan.  C'est  ce  qui  lui  .fit  accepter, 
à  la  fin  de  l'année  1833,  l'engagement  qui  lui 
était  offert  pour  le  Mexique,  en  qualité  de  chef 
d'orchestre  et  de  compositeur  d'une  compagnie 
italienne.  Cette  campagne  ne  fut  pas  com|)léte- 
ment  heureuse.  Au  bout  de  deux  ans,  les  cir- 
constances politiques  avaient  amené  la  ruine  de 
l'entrepreneur,  et  les  artistes  de  la  troupe,  aban- 
donnés par  celui-ci,  durent  se  mettre  en  so- 
ciété, en  confiant  leurs  intérêts  à  un  comité  com- 
posé de  cinq  d'entre  eux,  dont  faisait  partie 
M.  Lauro  Rossi.  «  Rossi,  dit  M.  Florimo  en  re- 
traçant cette  période  de  la  carrière  du  composi- 
teur,  Rossi,  à  ce  moment  de  sa  vie,  se  montra 
bienfaisant,  philanthrope,  compatissant.  Il  as- 
suma la  direction  de  la  compagnie  dissoute,  et 
proposa  à  celle-ci  de  faire  une  tournée  artisti- 
que dans  tout  l'empire  du  Mexique,  en  donnant 
une  série  de  représentations  dans  toutes  les 
villes  principales.  On  ne  saurait  passer  sous 
silence  l'aclivité  que  le  maestro  italien  déploya 
en  cette  excursion.  11  fut  le  père,  le  frère,  l'ami 
de  tous  :  la  compagnie  se  composait  de  qua- 
rante personnes,  et  il  fut  le  soutien  de  tous, 
entretenant  toujours  parmi  eux  la  gaieté  et  l'af- 
fection. Il  précédait  généralement  de  quelques 

(I)  F.  Florimo  :  t'en/il  slorxci  sulta  Scuola  musicale  di 
JVapoli. 


jours  la  petite  caravane,  stipulait  le  prix  de 
location  des  théâtres,  etc.,  faisait  jles  abonne- 
ments, établissait  les  comptes,  engageait  les  ar- 
tistes d'orchestre  et  répétait,  seul  avec  eux,  les 
divers  opéras  que  la  compagnie,  à  peine  arrivée 
et  après  un  jour  de  repos,  devait  exécuter  en 
public,  et  qui  partout  produisaient  le  plus  grand 
effet  ;  enfin,  il  était  d'une  activité  merveilleuse 
et  infatigable.  Un  soir  qu'on  devait  jouer  le  Bar- 
bier de  Séville,  l'artiste  chargé  du  rôle  de  Fi- 
garo fait  une  chute  grave  dans  un  escalier,  et 
se  trouve  dans  l'impossibilité  de  paraître  en 
scène.  Le  théâtre  était  plein  de  spectateurs,  et 
l'affluence  était  extraordinaire  :  comment  ren- 
voyer ce  public,  et  causer  un  tel  préjudice  à 
la  société  ?  Tous  les  artistes,  tristes  et  décou- 
ragés, se  tournent  vers  le  maestro  :  —  «  Que 
faire.'  »  leur  dit-il....  Puis  il  les  quitte  brus- 
quement, et  peu  de  moments  après  se  repré- 
sente à  eux  sous  le  brillant  costume  de  Figaro. 
Tous  l'acclament  aussitôt,  et  le  public,  in- 
formé de  la  résolution  prise  par  lui  pour  ne  pas 
faire  manquer  le  spectacle,  le  récompensa  par  les 
marques  d'affection  les  plus  sincères  et  les  plus 
enthousiastes....  La  soirée  fut  satisfaisante  pour 
tous.  » 

Après  un  séjour  de  huit  années  au  Mexique, 
à  la  Havane,  à  la  Nouvelle-Orléans  et  à  Madras, 
M.  Lauro  Rossi  revint  en  Italie  et  reprit  sa 
carrière  de  compositeur.  En  1850  il  devenait  di- 
recteur du  Conservatoire  de  Milan,  et  vingt  ans 
plus  tard,  à  la  mort  de  Mercadante,  il  fut  appelé 
à  succéder  à  ce  grand  artiste  et  à  remplir  les 
mêmes  fonctions  au  Conservatoire  de  Naples, 
fonctions  qu'il  a  résignées  depuis  peu. 

Voici  la  liste  complète  des  œuvres  dramatiques 
de  M.  Lauro  Rossi  :  1"  le  Confesse  villane,  Na- 
ples, th.  delà  Fcn'ce,  1829;  —  2°  la  Villana 
contessa,  Naples,  th.  Nuovo,  1830;  —  3^  CoS' 
tanzo  ed  Ormgaldo,  Naples,  th.  San-Carlo, 
30  mai  1830;  —  4"  la  Casa  in  vendita,  o  il 
Casino  di  cflmpaj'na, Naples,  th.  Nuovo,  1831  ; 
—  5°  la  Sposo  al  lotto,  id . ,  id . ,  1 83 1  ;  —  6°  Bal- 
dovino,  tiranno  di  Spoleto;  —  7"  il  Maestro 
di  scuola  {ces  deux  ouvrages,  écrits  à  Rome  en 
1832,  à  la  sollicitation  de  M.  le  chevalier  Cantini, 
ont  été  représentés  chez  ce  personnage);  —  8° 
il  Disertore  svizzero,-  Rome,  th.  Valle,  9  sep- 
tembre 1832;  —  9°  le  Fucine  di  Bergen,  id., 
id.,  1833;  —  10"  la  Casa  disahitata,  o  i  Falii 
monetari.  Milan,  th.  de  la  Scala,  16  août  1834 
(partition  considérée  comme  la  meilleure  œuvre 
de  son  auteur);  —  11"  Amelia,  Naples,  th.  San- 
Carlo,  31  décembre  1834;  —  12"  Leocadia, 
Milan,  th.  de  la  Canobbiana,  30  avril  1835;  — 
13"  Giovanna    Shore,  Mexico,  th.  principal, 


ROSSI 


443 


1836;  —  14»  il  Borgomestro  di  Schiedam,  Mi- 
lan, th.  Re,  1"  juin  1844;  —  15°  Doltor  Bo- 
bolo,  o  la  Fiera,  Naples,  th.  Nuovo,  2  mars 
1845  ;  —  10°  Cellini  a  Parigi,  Turin,  th. 
d'Angennes,  2  juin  1845;  —  17°  Azema  di  Gra- 
nata.  Milan,  tii.  de  la  Scala,  21  mars  t8i<j;  — 
18°  la  Figlia  di  Figaro,  Vienne,  tli.  de  la  Porte- 
Carinthic,  17  avril  1846;  —  19°  Bianca  Conta- 
rini,  Milan,  th.  de  Jla  Scala,  24  février  °  184 7; 

—  20"  il  Domino  \nero,  Milan,  th.  de  la  Ca- 
nobbiana,  1"  septembre  1849  (ouvrage  qui, 
avec  t  Falsi  Monetari,  a  surtout  contribué 
à  établir  la  renommée  de  M.  Lauro  Rossi)  ;  — 
21°  le   Sabine,  Milan,   Scala,  21  février   1852; 

—  22°  VAlchimista,  Naples,  th.?|du  Fonde, 
23  août  1853;  —  23°  la  Sirena,  Milan,  Ca- 
nobbiana,  11  octobre  1855;  —  24°  lo  Zigaro 
rivale,  Turin  th.  Baibo,  juin  1867;  —  25°  il 
Maestro  e  la  Contante,  farce  en  un  acte  dont 
M  Lauro  Rossi  écrivit  lui-même  les  paroles, 
Turin,  th.  Nota,  1867;  —  26°  gli  Arlisti  alla 
fiera,  Turin,  th.  Carignan,  7  novembre  1868; 

—  27°  la  Confessa  di  Mans,  Turin,  th.  Re- 
gio,  31  janvier  1874;  —  28°  Cleopatra,ià.,  id., 
5  mars  1876;  —  29°  Biorn,  5  actes,  Londres, 
Queen's  Théâtre,  17  janvier  1877  (texte  anglais). 
A  tout  cela,  il  faut  ajouter  :  Saul,  oratorio 
exécuté  à  Rome,  à  rho.?pice  Saint-Michel,  en 
1833  ;  un  Maestro  ed  una  Gantante,  «  scherzo 
comique  »  à  deux  personnages,  exécuté  à  Milan 
le  8  janvier  1853,  et  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  la  farsa  mentionnée  plus  haut  sous  un  ti- 
tre presque  absolument  pareil;  In  morte  di 
Bellini,  élégie,  dédiée  à  la  Pasta  (1835);  Can- 
tate, dédiée  aux  élèves  du  Collège  royal  des 
jeunes  tilles,  de  Milan  ;  Grande  Cantate,  dédiée 
à  l'empereur  d'Autriche  (Milan,  1857);  Marcia 
trionfale,  dédiée  aux  princes  de  Piémont  (Milan, 
Î8G8)  ;  A  Mcrcadante,  élégie,  exécutée  à  Na- 
ples, dans  l'église  de  la  Pietà  deTurchini,18'6. 

Enfin,  on  connaît  encore  de  M.  Lauro  Rossi 
les  compositions  suivantes  :  Chœur  pour  les 
Captifs,  comédie  de  Piaule;  Grande  Messe  da 
Gion'a,  Mexico,  1836;  8  Vocalises  pour  voix  de 
soprano  (Milan,  Ricordi);  12  Exercices  pour  voix 
de  soprano  (id..  id.)  ;  Pièce  pour  20  instruments  à 
Tent,  dédiée  aux  élèves  du  Conservatoire  de 
Milan;  Sei  fughe per  quartetto;  quelques  mé- 
lorlies  à  une  ou  plusieurs  voix,  publiées  à  Milan 
soit  chez  l'éditeur  Ricordi,  .soit  chez  l'éditeur 
Lucca.  On  lui  doit  aussi  un  traité  théorique  ainsi 
intitulé  :  Guida  ad  un  corso  di  armonia  pra- 
tica  orale  per  gli  allievi  del  Conservatorio 
di  musica  di  M  ilano  ;  y  ignore  si  cet  ouvrage 
a  été  publié  (1). 

(1)  Un  op(?ra  bouffe,  Sindaco  Babbeo,  a  été  représenté 


M.  Lauro  Rossi  occupe  un  rang  très-distingué 
parmi  les  compositeurs  de  l'Italie  contemporaine, 
et  continue  en  quelque  sorte  les  traditions  lais- 
sées par  Donizetti.  Il  a  de  la  verve,  de  la  chaleur, 
de  la  clarté,  une  véritable  abondance  mélodique, 
mais  sans  se  hasarder  dans  des]  recherches  ou 
des  spéculations  nouvelles  et  en  se  maintenant 
dans  les  formules  consacrées.  Deux  des  ouvra- 
ges de  sa  jeunesse,  i  Falsi  Monetari  et  il  Do- 
mino nero,  ont  assuré  sa  renommée  et  n'ont 
cessé  de  se  maintenir  au  répertoire  de  tous  les 
théâtres  d'Italie.  Lorsqu'à  la  suite  d'un  long  si- 
lence, le  compositeur  est  rentré  dans  la  lice  et 
a  donné  à  Turin  sa  Confessa  di  Mons,  dont 
le  succès  a  été  retentissant,  il  a  prouvé  cepen- 
dant qu'il  n'était  pas  hostile  à  tout  progrès  artis- 
tique; la  partition  de  cet  ouvrage  est  une  œu- 
vre fort  distinguée,  soigneusement  travaillée, 
chaude,  colorée,  et  empreinte  d'un  excellent 
sentiment  dramatique.  En  résumé,  M.  Lauro 
Rossi  est  un  des  compositeurs  qui  honorent  le 
plus  l'Italie  actuelle. 

La  femme  de  cet  artiste  extrêmement  distin- 
gué, M""^  Matilde  Rossi,  est  une  cantatrice 
fort  remarquable,  qui  se  fait  souvent  encore 
applaudir  dans  les  concerts  (1). 

ROSSI  (IsiDORo),  compositeur  italien,  est 
né  à  Correggio,  dans  l'ancien  duché  de  Modène, 
le  13  décembre  1818.  Il  fit  de  bonnes  études 
littéraires  et  était  destiné  par  sa  famille  à  la  mé- 
decine, mais  son  goût  pour  la  musique  l'em- 
porta, et  ce  fut  son  oncle,  lethéoricien  Bonifazio 
Asioli,qui  lui  en  fit  connaître  les  premiers  prin- 
cipes. Admis  ensuite  au  Conservatoire  de  Milan, 
il  y  devint,  pour  l'harmonie  'et  la  composition, 
l'élève  de  Francesco  Basil  y  et  de  Gaetano  Planta - 
nida.  Au  sortir  de  cet  établissement,  il  alla  se 
fixer  à  Mirandola,  où  pendant  quinze  ans  il  par- 
tagea sa  vie  entre  les  travaux  de  l'enseigne- 
ment et  ceux  de  la  composition,  et  où  il  écrivit 
plusieurs  opéras  qu'il  ne  put  réussir  à  faire  re- 
présenter. Plus  tard  il  s'établit  à  Modène,  où  il 
devint  chef  des  chœurs  au  théâtre  communal, 
ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  produire  plusieurs 
œuvres  de  musique  religieuse.  Les  événements 
politiques  du  1859  ayant  détruit  sa  position, 
M.  Rossi  se  rendit  à  Pavie,  et  devint  chef  de 
musique     de   la    garde    nationale     de    cette 

les  mars  1851  à  Milan,  sur  le  théâtre  de  Santa-Rade- 
gonda  et  sous  le  nom  de  M.  Lauro  Rossi.  Cet  ouvrage 
pourtant  n'était  pas  de  lui,  et  la  musique  en  avait  été  écrite 
par  quatre  élèves  du  Conservatoire  de  Milan,  MM.  Ca- 
giioni,  Cuneo,  Marcora  et  PonchieUl. 

(1)  Depuis  que  cette  notice  est  écrite,  M,  Lauro  Rossi  a 
donné  (I878)  sa  démission  de  directeur  du  Conservatoire 
de  Naples,  où  son  administration  aurait  été  vertement 
criiiquée. 


444 


Rossi  —  nossiNi 


ville;  il  y  fit  représenter,  le  1«''  mai  1875,  sur 
le  théâtre  I-'raschini  ;  un  opéra  sérieux,  Isabella 
Orsini,  et  il  faisait  exécuter  en  1877,  à  l'occasion 
d'une  Exposition  industrielle,  un  hymnie  de  sa 
composition.  Je  crois  qu'il  a  donné  aussi  à  Mo- 
dène,  en  18G5,  un  petit  opéra  intitulé  Mimi, 
M.  Rossi  ^a  en  portefeuille  un  autre  ouvrage 
dramatique,  Alzira,  et  un  scherzo  comique  ayant 
pour  titre  Qui  pro  quo.  On  connaît  de  lui  un 
oratorio,  la  Fine  del  mondo,  un  drame  sacré, 
VAgonia  di  N.  S.  Giesù  Cristo,  un  autre  in- 
titulé i  Treni  di  Geremia  Pro  fêta,  plusieurs 
symphonies  pour  orchestre,  des  trios  et  quatuors 
pour  instruments  de  cuivre,  et  te  Cinq  Mai, 
de  Manzoni,  mis  en  musique  à  4  voix  avec  chœur 
et  orchestre. 

ROSSI  (GtovANNi),  compositeur  etchef  d'or- 
cheslre  italien,  né  à  Borgo  San-Donnino  le 
5  août  1828,  est  depuis  plusieurs  années  fi\é  à 
Gênes,  où  il  occupe  les  fonctions  de  maestro 
concertatore  et  de  chef  d'orchestre  au  théâtre 
Carlo-Felice,  et  celles  do  directeur  de  l'orchestre 
civique.  M.  Rossi  a  fait  représenter  sur  le  théâ- 
tre de  sa  ville  natale,  le  4  octobre  1871,  un 
opéra  sérieux  intitulé  la  Contessa  d''AUem- 
berg,  qui  a  été  très-favorablement  accueilli  du 
public  et  reproduit  d'abord  à  Gênes,  puis  dans 
diverses  autres  villes.  Sept  ans  auparavant, 
en  18G4,  il  avait  donné  à  Ancône  un  premier 
ouvrage  dramatique,  Nicolo  de'  Lapi.  Il  s'est 
fait  connaître  aussi  comme  compositeur  de  mu- 
sique religieuse,  notamment  par  une  messe  pour 
trois  voix  seules,  chœurs  etorcheslre,  comman- 
dée par  la  municipalité  de  Parme  à  l'occasion 
de  la  mort  du  prince  Othou  et  exécutée  en  celte 
ville  à  celte  époque. 

Un  autre  musicien,  nommé,  comme  celui-ci, 
Giovanni  Rossi,  ne  doit  pas  être  confondu  avec 
lui.  Cet  artiste,  qui  était  professeur  de  chant 
choral  à  Milan,  est  mort  en  cette  ville  le  4  no- 
vembre 1871. 

ROSSI  (Cesare),  pianiste,  chef  d'orchestre  et 
compositeur  italien,  est  né  à  Naples  le  31  dé- 
cembre IS'i?..  Il  commença  l'étude  de  la  musi- 
que à  l'âge  de  onze  ans,  sous  la  direction  d'un 
de  ses  cousins,  et  acquit  rapidement  un  talent 
distingué  sur  le  piano.  11  commença  alors  à  se 
faire  entendre  en  public,  et  jusqu'à  vingt-cinq 
ans  parcourut  la  carrière  de  virtuose  avec  de 
vifs  succès.  Après  avoir  rempli  au  théâtre  San- 
Carlo,  de  Naples,  les  (onctions  d'accompagna- 
teur au  piano,  il  devint  chef  d'orchestre  de  di- 
vers théâtres  de  cette  ville,  le  théâtre  du  Fondo, 
le  théâtre  philharmonique  •  et  le  Politeama. 
M.  Cesare  Rossi  a  publié  de  nombreux  morceaux 
de  genre  pour  le  piano.  Il  a  fait  représenter  h 


Naples,  sur  le  théâtre  particulier  du  Casino  de 
l'Union,  le  7  janvier  1879,  une  «  idylle  lyriciue  » 
en  3  actes,  il  Hitratlo  di  Perla,  qui,  le  17  mai 
suivant,  fut  jouée  sur  le  théâtre  lîellini.  Juste 
une  semaine  auparavant,  le  10  mai  1879,  M. 
Cesare  Rossi  avait  donné  sur  une  autre  scène, 
le  théâtre  Mercadante  (ex-Fondo),  un  opéra- 
comique  en  4  actes  et  7  tableaux,  intitulé  Ba- 
bilas. 

ROSSI  ( DE),   est  auteur  d'un  écrit 

publié  sous  ce  titre  :  Preuve  sans  réplique  du 
progrès  incontestable  que  les  Français  ont 
fait  en  musique  (Venise  et  Paris,  Nyon,  1777, 
in-8°). 

*  ROSSIXI  (GioACCHiNo),  le  plus  grand  des 
musiciens  italiens  du  dix-neuvième  siècle,  est 
mort  à  Paris  le  13  novembre  1868,  à  l'âge  de 
soixante-seize  ans.  Je  ne  veux  point  refaire 
ici  une  biographie  de  cet  artiste  admirable, 
mais  il  me  faut  bien  compléter  sa  notice  par 
quelques  ren.seignements  indispensables. 

En  ce  qui  concerne  ses  œuvres  dramatiques, 
je  dois  constater  tout  d'abord  que  Sigismondo, 
dont  la  date  et  le  lieu  de  représentation  n'ont 
pas  été  indiqués,  a  paru  pour  la  première  fois  sur 
le  théâtre  delà  Fenice,  de  Venise,  en  1815,  et 
qu'un  petit  opéra  bouffe,  Adina,  o  il  Califfo 
di  Bagdad,  donné  à  Lisbonne  eu  1818,  a  été 
omis  dans  le  catalogue  de  ses  productions  scé- 
niques.  De  même,  en  ce  qui  louche  les  can- 
tates, je  signalerai  Igea,  exécutée  au  théâtre 
San-Carlo,  de  Naples,  le  20  février  1819,  Par- 
lenope,  donnée  au  même  théâtre  le  9  mai  de  la 
même  année,  VAugurio  felice,  la  Sacra  Al- 
leanza  et  il  Bardo,  exécutées  à  Vérone  en 
182;5;  il  Riforno  (Venise,  1823),  il  Pianto  délie 
j»/use  (Londres,  1823),  i  Pastori  (Naples,  1825), 
et  !7  Serto  ro^iw  (Bologne,  1829). 

En  dehors  du  théâtre,  les  oeuvres  publiées 
par  Rossini  sont  nombreuses;  je  vais  essayer 
d'en  drosser  la  liste  :  1°  Stabat  Mater  à  4  voix, 
chœur  et  orchestre-,  2"  Petite  Messe  solennelle 
à  4  voix,  cbo'ur  et  orchestre;  3"  Tantum  ergo 
à  3  voix  d'hommes  avec  orchestre,  écrit  à  l'occa- 
sion de  la  restitution  au  culte  catholique  de  l'é- 
gUse  Saint-François,  de  Bologne  (1847);  4»  Quo- 
viam  pour  baryton,  avec  orchestre;  5° /a  7'OJ, 
l'Espérance,  la  Charité,  3  chœurs  à  3  voix  de 
femmes,  avec  piano;  &"  Soirées  musicales,  8 
ariettes  et  4  duos  expressément  composés  pour 
l'étude  du  chant  italien  ;  7°  Gorgheggie  Solfeggi 
per  soprano,  per  rendere  ta  voceagile  e  dim- 
parare  il  canfo  seconda  ilgustomoderno;^" 
Hynune  populaire  à  Pie  W  ;  9°  Se  il  vuol  ta 
Molinara  (première  composition  de  Rossini); 
10°   la    Fassaggiata,    ariette;    11°    VAmante 


ROSSIi\[ 


445 


discreto,  id.  ;  12°  il  Trovalore,  id.;  13»  CA'  io 
mai  vi  passa  lasciar  d'amore,  canzonette; 
14"  Aice,  id.;  15°  la  Separazione,  mélodie 
dramalique;  16"  Aile  voci  délia  glor'ta,  scène  et 
air;  17"  i\'on  posso,  o  Dio,  rcsistere,  cantale  ; 
1S°  Oh!  quanto  son  grate,  dueltino;  19"  Ri- 
diamo,  candamo,  che  iutlo  sen  va,  qiiartelto  ; 
20°  DalV  Oriente  l'aslro  del  giorno,  id.;  21° 
Trois  Marciies  militaires,  composées  pour  le 
mariage  du  duc  d'Orléans;  22°  Pas  redoublé, 
composé  pour  le  sultan  Abdul-Medjid. 
i  A  tout  cela,  il  fautajouterZp  Chant  des  Titans, 
pour  4  \oi\  de  basse  et  orchestre,  exécuté  à 
l'Exposition  universelle  de  Paris  de  1867,  et  d'as- 
sez nombreuses  compositions  écrites  en  diverses 
circonstances  et  non  publiées;  et  enfin  un  grand 
nombre  de  morceaux  de  divers  genres,  restés 
aussi  inédits,  et  que  la  veuve  de  Rossini  vendit, 
après  la  mort  de  son  mari,  pour  la  somme  ronde 
de  cent  mille  francs,  à  un  riche  amateur  an- 
glais. 

On  a  beaucoup  écrit  depuis  un  demi  siècle 
sur  Rossini,  et  dans  divers  pays,  mais  c'est  en 
France  et  en  llalie  surtout  que  les  publications 
ont  été  le  plus  nombreuses.  Il  serait  bien  dif- 
ficile, je  crois,  de  dresser  une  bibliographie  rossi- 
nienue  exacte  et  complète;  je  vais  cependant 
donner  ici  la  liste  de  ceux  des  écrits  sur  Ros- 
sini qui  sont  venus  à  ma  connaissance,  en  de- 
hors de  ceux  qui  ont  été  signalés  dans  la  Bio- 
graphie universelle  des  Musiciens  :  1°  Cenni  di 
una  donna  già  canlante  sopra  il  maestro  Ros- 
sini, par  Maria  Righetli-Giorgi  (la  créatrice,  en 
Italie,  du  rôle  de  Rosine  du  Barbier),  Bologne, 
Sassi,  1823,  in-8°;  2"  Lettre  critique  sur  Ros- 
sini, par  Papillon,  Paris,  1823,  in-S"  ;  3"  Rossini 
e  la  sua  musica,  par  L.  B.,  Milan,  1824;  4° 
De  la  guerre  desdilellanti,  ou  de  la  révolu- 
tion opérée  par  M.  Rossini  dans  l'opéra  fran- 
çais, et  des  rapports  qui  existent  entre  la 
musique,  la  littérature  et  les  arts,  par  Joseph 
d'Orligue,  Paris,  Ladvocat,  1829,in-8°;  5°  Z)e/Za 
musica  rossiniana  e  del  suo  axilore,  par  Pietro 
Brighenti,  Bologne,  DaU'OImo,  1830,  in-8°  ;  6° 
Rossini  et  sa  musique  (par  N.  Beltoni),  Paris, 
Bettoni,  1836,  in-S"  (i);  7°  Rossini  e  la  sua 
musica  ;   una   passegiata  con   Rossini  (sans 


(1)  Antoaio  Zanolini,  dans  sa  Biografla  di  Gioacchino 
Rossini  (pp.  35-3*;),  croit  pouvoir  arfirmer  que  cet  écrit 
de  Beltoni  n'eilste  pas,  et  que  Kétis  s'est  trompé  en  en 
parlant.  Si  l'on  veut  bien  consulter  non-seulement  le  Ca- 
talogue de  lu  bibliothèque  de  F.-J.  Fétis,  acquise  par 
l'État  belge  [p.  589:,  mais  encore  le  Catalogue  de  la  bi- 
bliothèque mus\cale  de  M.  A.  Farrenc  |p.  !i|,'  on  se 
convaincra  de  l'e\isleDce  trcs-réelle  de  l'opuscule  en 
question,  dont  cbaciin  de  ces  deux  écrivains  possédait 
un   xemplaire.  —  Zanolini  est  mort  à  la  lia  de  1877. 


nom  d'auteur),  Florence,  1841,  in-16;  8°  Dello 
Stabat  Mater;  dl  Gioachino  Rossini,  lettere 
storico-critiche  di  un  Lombardo,  Bologne, 
1842,  in-8";  9°  Quelques  observations  sur  la 
publication  du  Stabat  Mater  de  Rossini,  par 
A.  Aulagnier,  s.  ,1.  n.  d.;„ (Paris,  18'i2,  impr. 
Bourgogne  et  Martinet),  in-4";  10"  Rossini, 
canto diGiovanni  Ra/faetli,Moi\iine,Zàinche\\\, 
1844,  in-8";  11°  Rossini,  par  Eugène  de  Mire- 
court,  Paris,  lia vard,  1855,  in-32  avec  portrait  ; 
12"  Giovacchino  Rossini,  par  Enrico  Montazio, 
Turin,  union  typographique,  1862,  in-18  avec 
portrait  ;  13°  G.  Rossini,  sa  vie  et  ses  œuvres, 
par  A.  Azevedo,  Paris,  Heugel,  1865,  grand  in-8° 
avec  portraits  et  autographes;  14°  Rossini,  par 
Nestor  Roqueplan,  Paris,  Dentu,  1869,  in-l2  de 
16  pp.;  15°  Rossini,  notes,  impressions,  sou- 
venirs, commentaires,  par  Arthur  Pougin,  Pa- 
ris, Claudin,  1S.70,  in-8°  de  91  pp.;  16°  Rossini 
et  son  «  Guillaume  Tell  »,  par  A.  Moutoz, 
Bouig,  1872,  in-8"  ;  ;i7°  Delta  vera  patria  di 
Gioachino  Rossini,  par  Giuliano  Vaiizolini,  Pe- 
saro,  1873,  in-S»  (l);  18"  Delta  vita  e  délie 
opère  di  Gioachino  Rossini,  par  Settimo  Sil- 
vestri,  Milan,  l'auteur,  1874,  in-8°  avec  portrait 
et  autographes;  19"  Biografia  di  Gioachino 
Rossini,  par  Antonio  Zanolini,  Bologne,  Zani- 
chelli,  1875,  in-8"  avec  portrait  et  autographe; 
19"  bis,  Mélodie  la  populaire  dans  l'opéra 
Guillaume  Tell  de  Rossini,  par  Edmond  Vander 
Slraeten,  Paiis.Baur,  1879,  in-8°  ;  20°  Elogio  di 
Gioacchino  Rossiiii,  par  Francesco  Regli;  21" 
Rossini,  par  Georges  Bell  (extrait  de  la  publi- 
cation.intitulée  :  les  Grands  et  les  Petits  Per- 
sonnages du  jour,  par  un  des  plus  petits), 
Paris,  s.  d.,  in-8°;  22°  la  Nascita  del  gran 
Rossini,  ode,  par  Biagioli,  in-4°  ;  23"  Lettre  de 
Mozart  à  Rossini,  publiée  par  un  dilettante, 
Paris,  Delaunay,  s.  d.,  in-8°;  24°  Rossini's 
Life  {Vie  de  Rossini),  par  H.  S.  Edwards, 
Londres,  Reeves,  in-8°  avec  poitrail;  25°  Ros- 
sini, sein  leben,  seine  werkexmd  charakter- 
ziige  {Rossini,  sa  vie,  ses  œuvres  et  ses  traits 
caractéristiques),  par  A.  Struth,  Leipzig,  Beig- 
son  (2). 
On  ne  saurait  trop  multiplier  les  renseigne- 


(1)  Le  même  écrivain  a  publié  en  1869,  à  Pesaro,  un 
compte-rendu  des  grandes  fêtes  qui  avaient  été  célébrées 
en  cette  ville,  quelques  années  auparavant,  en  l'honneur 
de  Rossini-  J'ignore  le  titre  de  cet  opuscule. 

(2)  Je  dois  faire  remarquer  que  le  pamphlet  d'ÛEttinger, 
traduit  en  français  par  P.  Royer  et  publié  à  Bruielleg 
sous  ce  titre  :  Kostini,  l'homme  et  Carliste  (3  vol.  in-i8, 
et  non  1  vol.  In-12),  était  intitulé  en  allemand  :  Rossini, 
Komischer  roman.  Quant  i  lécritintitulé  :  Fie  de  Ros- 
sini, par  un  dilettante  (Anvers,  1839),  son  auteur  «'ap- 
pelait Van  Damme. 


446 


ROSSLNI  —  ROSTAND 


rnents  lorsqu'il  s'agit  d'un  artiste  de  la  taille 

et  de  la  trempe  de  Rossini  ;  c'est  pourquoi  je  si- 
gnalerai encore  les  articles  suivants,  publiés  dans 
divers  recueils,  et  qui  contiennent  des  détails 
utiles  et  parfois  des  données  peu  connues  sur 
le  maître  :  Bossini,  ses  ouvrages  et.  son  in- 
fliience  sur  la  musique  actuelle  (Revue  na- 
tionale de  Belgique,    t.  V,  Bruxelles,   1841); 
Rossini,  sa  vie  et  son  œuire,  par  H.  Biaze  de 
Bury    (Revue  des    Deux-Mondes  des    1"    et 
15  mai  et  1'"^  juin  1854);  Rossini,  notice  avec 
portrait    (Magasin    pittoresque,  année   1872, 
p.  241,  309  et  386);  Rossini,  par  G.  Doussault 
(Revue  de  Paris  du  l*"^  mars  1856);  Rossini, 
par  Maurice  Cristal  (Correspondant  du  25  iio- 
vcinhre  1868);  Rossini,  sa  vie  et  son  œuvre, 
par   le  baron  Ernouf  (Revue  contemporaine 
du  15  décembre  1868);  Gioacckino  Rossiiii,  par 
A.  Zanolini  (Ape  italiana  [Paris],  183C).   J'a- 
jouterai que  Méry  a  placé  une  notice  sur  Rossini 
en  tête  de  sa  traduction  française  de  Semira- 
mide  (Paris,  Lévy,  1860,  in-12),  qu'on  a  joué  au 
théâtre  Re,  de   Milan,  au  mois  de  novembre 
1863,  une  comédie  de  M.  d'Aste  intitulée    Ros- 
sini a  JSapoli,  et  enfin   qu'on  avait  donné  à 
Paris,  au  théâtre  du  Gymnase,  le  29  novembre 
1823,  un  vaudeville  en  un  acte  de  Scribe  et 
Mazères,  qui  avait  pour  titre  le  Grand  Repas 
ou  Rossini  à  Paris. 

La  veuve  de  l'illustre  maître,  M"'  Rossini, 
née  Olympe  Pélissier,  a  survécu  de  près  de  dix 
ans  à  son  époux';  elle  est  morte  à  Paris,  le 
22  mars  1878,  à  l'âge  de  soixanle-dix-huit  ans. 
Deux  ou  trois  années  après  la  mort  de  son 
mari,  elle  avait  vendu  pour  la  somme  de  cent 
mille  francs  à  un  riche  anglais,  le  baron  Grant, 
la  totalité  de  ses  oeuvres  posthumes;  le  baron 
Grant  étant  mort  lui-même  récemment,  ses  hé- 
ritiers ont  mis  en  vente,  en  enchères  publiques, 
les  manuscrits  de  Rossini.  Tous  n'ont  pas,  pa- 
raît-il, trouvé  acquéreur,  mais  M.  Ricordi,  le 
grand  éditeur  de  musique  de  Milan,  en  a  acheté 
un  certain  nombre,  qu'il  se  propose  de  publier 
prochainement. 

ROSSY  (LiiopoLD-FRANçois  SORMAM, 
dit),  llùtiste  et  compositeur,  né  au  Havre  en 
janvier  1798,  a  exercé  pendant  longtemps  le 
professorat  à  Caen.  Il  a  fait  jouer,  le  25  février 
1«47,  sur  le  théâtre  de  celte  ville,  un  grand 
opéra  en  trois  actes,  Isabelle,  dont  il  avait  écrit 
les  paroles  et  la  musique.  11  a  laissé  en  manus- 
crit deux  autres  opéras. 

Rossy  a  publié  entre  autres  compositions  : 
1°  Trois  grands  duos  brillants  pour  deux 
flûtes,  op.  1«%  Paris,  Petibon  ;  —  2"  Trois  ré- 
créations pour  la  Jlùte  avec  ace.  de  piano. 


Caen,  l'auteur.  Comme  membre  de  l'Académie 
des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Caen,  il  a 
fait  paraître  en  1845,  dans  les  Mémoires  de  cette 
compagnie,  un  poërae  assez  étendu,  intitule  : 
la  Musique.  Cet  artiste  est  mort  à  Caen,  le 
23  mai  1852. 

J.  C  —  z. 
ROSTAI\D  (Alexis-Jean),  compositeur  et 
écrivain  musical  distingué,  est  né  à  Marseille 
le  22  décembre  1844.  Son  père,  qui  occupait  en 
cette  ville  les  fonctions  de  receveur  municipal, 
lui  fit  donner,  avec  une  excellente  instruction 
littéraire,  une  éducation  musicale  très-complète, 
secondant  les  désirs  de  son  fils,  qui  dès  l'âge 
de  sept  ans  avait  commencé  l'étude  du  piano 
et  montrait  les  plus  grandes  dispositions  pour 
cet  art,  et  considérant  d'ailleurs  la  musique  non 
comme  une  distraction  frivole,  mais  comme  une 
des  formes  les  plus  élevées  et  les  plus  exquises 
de  l'exiansion  intellectuelle.  Le  jeune  Alexis 
vivait  au  reste  dans  un  milieu  presque  artistique, 
car  son  père,  sa  mère,  son  grand-père,  ses  on- 
cles et  grands-oncles  avaient,  quoique  en  ama- 
teurs, cultivé  la  musique  avec  un  véritable  suc- 
cès, et  c'est  chez  son  aïeul  paternel  qu'avaient 
été  exécutés  pour  la  première  fois,  à  Marseille, 
les  quatuors  de  Beethoven. 

M.  Rostand  eut  pour  premier  maître  de  sol- 
fège et  de  piano  M.  Louis  Bignon  (Voij.  ce 
nom),  professeur  au  Conservatoire  de  Marseille, 
continua  au  lycée  l'étude  du  piano,  et  l'acheva 
plus  tard  sous  la  direction  de  M.  Jules  Arnoux. 
A  peine  âgé  de  quatorze  ans,  ayant  reçu  quelques 
notions  d'harmonie  et  déjà  désireux  de  produire, 
il  mit  en  musique  le  poème  d'un  opéra  en  3  ac- 
tes, les  Pêcheurs  de  Calane,  qu'Aimé  Mail- 
lart  avait  fait  représenter  au  Théâtre-Lyrique. 
Lorsqu'il  eut  terminé  ses  humanités,  son  père, 
qui  le  destinait  à  la  carrière  de  la  banque,  le 
fit  entrer  à  l'agence  très-importante  que  le  Comp- 
toir d'escompte  de  Paris  possède  à  Marseille, 
et  il  s'y  distingua  à  ce  point  qu'il  est  aujour- 
d'hui le  directeur  de  cet  établissement.  Ces  fonc- 
tions, d'une  nature  en  apparence  si  hostile  à  toute 
préoccupation  artistique,  ne  l'empêchèrent  pour- 
tant pas  de  continuer  ses  études  d'harmonie 
avec  M.  Bignon,  et  ensuite  de  faire  un  cours  de 
contre- point  et  de  composition  pratique  avec 
M.  Auguste  Morel  (Voij.  ce  nom),  directeur  du 
Conservatoire.  Depuis  lors  il  n'a  cessé  de  cultiver 
la  musique  avec  une  véritable  passion,  se  mêlant 
à  toutes  les  manifestations  artistiques  qui  se 
produisaient  dans  sa  ville  natale  et  contribuant 
à  y  développer  le  goût  de  l'art  qu'il  chérit. 

Après   quelques  essais  timides,  M.   Rostand 
voulut  éprouver  ses  forces  dans  une  œuvre  de 


ROSTAND  —  ROSTISLAW 


447 


longue  haleine  qui  répomlit  à  son  idéal.  Il  écrivit 
un  oratorio  en  trois  parties,  Ruih,  sur  un  poëine 
de  son  frère..  M.  Eugène  Rostand,  et,  n'ayant 
pas  d'orchestre  à  sa  disposition,  il  n'y  employa 
qu'un  accompagnement  de  piano,  orgue,  harpe, 
violoncelles  et  contre-basses,  qui,  dans  sa  pensée, 
devait  donner  à  la  composition  un  coloris  parli- 
culier.  L'œuvre,  ainsi  conçue,  fut  exécutée  dans 
une  réunion  privée  le  28  mai  1870,  et  produisit 
un  effet  considérable.  Deux  ans  plus  tard,  le  jeune 
artiste  ayant  développé  et  complètement  orches- 
tré cette  œuvre,  la  fit  exécuter  publiquement 
dans  un  grand  concert  donné  au  théàlie  Vallette 
au  profit  de  la  souscription  pour  la  libération  du 
territoire  (27  mars  1872).  Ce  concert  eut  un  im- 
mense retentissement,  l'oratorio  de  Ruth,  ainsi 
exécuté  dans  une  salle  où  se  pressaient  plus  de 
4,000  auditeurs,  obtint  un  énorme  succès,  et  la 
recette  s'éleva  à  18,500  francs,  dont  13,000,  for- 
mant le  produit  net,  furent  versés  à  l'œuvre  d'Al- 
sace-Lorraine. Les  journaux  de  Marseihe  firent 
tous  un  éloge  mérité  du  jeune  compositeur,  et  le 
Sémaphore  parlait  ainsi  en  rendant  compte  de 
ce  concert  :  —  «...  Quant  à  l'œuvre  musicale, 
elle  révèle  la  constante  préoccupation  d'un  idéal 
élevé,  planant  au-dessus  des  vulgarités  moder- 
nes, et  qui,  s'il  n'est  pas  toujours  atteint,  pré- 
serve le  musicien  de  la  banalité  par  la  noblesse 
même  de  ses  efforts.  »  Au  reste,  le  compositeur 
ayant  publié  sa  partition,  la  musique  de  Ruth 
a  pu  être  jugée  ailleurs  que  dans  le  milieu  où 
elle  s'était  produite,  et  l'on  a  pu  se  rendre 
compte  de  la  haute  valeur  de  l'œuvre,  du  style 
qui  la  distingue,  et  du  noble  esprit  dans  lequel 
elle  est  conçue.  Deux  ans  après,  elle  fut  exécutée 
à  Genève,  dans  la  salle  de  la  Réformation,  et 
n'obtint  pas  moins  de  succès  qu'à  Marseille.  Sans 
doute  en  guise  de  remercîment,  M.  Rostand 
écrivit  pour  la  Société  de  chant  sacré  de  Ge- 
nève, qui  avait  fait  entendre  son  oratorio,  un 
Psaume  à  4  voix  et  en  canon,  que  cette  Société 
exécuta  dans  un  grand  concert  donné  à  la  ca- 
thédrale de  Saint-Pierre,  le  5  décembre  1874. 
On  reprocha  à  cette  composition  un  excès  d'aus- 
térité et  l'abus  des  formes  scolastiques. 

Après  avoir  fait  paraître  un  recueil  de  18  Pré- 
ludes et  petites  pièces  pour  le  piano,  évidem- 
ment conçu  sous  l'inlluence  de  Mendelssohn  et 
de  Schumann,  après  avoir  publié  sous  ce  litre  : 
l'Art  en  province,  un  volume  formé  d'une  réu- 
nion d'articles  insérés  dans  divers  journaux  et 
qui  se  faisait  remarquer  par  un  esprit  critique 
très-indépendant  et  très  élevé  et  un  réel  bonheur 
de  forme,  M.  Rostand  écrivit,  sur  un  poème  de 
son  frère  et  sous  le  titre  de  Gloria  victis,  une 
grande  ballade  pour  soli,  chœurs  et  orchestre. 


dont  le  sujet  était  à  la  fois  fantastique  et  palrio- 
tique.  Celle  vaste  composition,  exécutée  le 
IG  février  1875  au  profit  des  pauvres,  dans  la 
salle  du  Cercle  artistique  de  Marseille,  obtint  un 
très-vif  succès,  et  dut  être  répétée  peu  de  jours 
après.  Depuis  lors  M.  Rostand  s'est  surtout  oc- 
cupé de  littérature  musicale  ;  il  a  pris  une  part 
fort  importante  à  la  rédaction  du  Journal  mu- 
sical fondé  à  iMarseille  par  MM.  i'épin  frères,  et 
a  donné  notamment,  à  ce  journal,  la  première 
partie  d'une  très-intéressante  étude  sur  Mendels- 
sohn, l'un  des  artistes  de  sa  prédilection.  Pour- 
tant, il  a  publié  récemment  un  recueil  de  20  J/é- 
lodies  pour  chant  et  piano,  recueil  qui,  par 
l'élégance  du  style  et  la  grâce  de  la  pensée  , 
mérite  d'attirer  l'attention  sur  son  auteur. 

M.  Rostand  est  l'un  des  rares  artistes  de  pro- 
vince qui  aient  su  se  faire  un  nom,  s'imposer  au 
public,  et  dont  les  œuvres  aient  eu  l'honneur 
de  l'exécution  à  l'étranger.  S'il  n'a  pu  se  faire 
connaître  encore  à  Paris,  les  circonstances  ne 
l'ayant  pas  aidé  à  se  produire,  il  n'en  mérite 
pas  moins  de  fixer  les  regards  des  véritables  ar- 
tistes, et  il  est  de  ceux  qui  sont  appelés  à  faire 
parler  d'eux,  car  il  représente  la  jeune  école 
française  dans  ce  qu'elle  a  de  plus  ferme,  de 
plus  personnel  et  de  plus  élevé. 

Voici  la  liste  des  œuvres  de  M.  Rostand  pu- 
bliées jusqu'à  ce  jour  :  1°  Ruth,  oratorio  en  3 
parties,  partition  pour  chant  et  piano  (Paris,  Ri- 
chauit);  2°  Gloria  victis,  ballade  pour  soli, 
cha'urs  et  orchestre  (id.,  id.);  3°  18  Prélu- 
des et  petites  pièces  pour  le  piano  (id.,  id.)  ; 
4°  Psaumeà  4  voix(id.,  id.);  5"  Six  nouvelles 
pièces  pour  le  piano  (id.,  id.);  6°  20  Mélodies 
pour  chant  et  piano  (Paris,  Heugel)  ;  7"  l'Art 
en  province.  La  musique  à  Marseille,  essais 
de  littérature  et  de  critique  musicales  (Paris, 
Sandoz  et  Fischbacher,  187i,  in-12).  M.  Alexis 
Rostand,  qui  a  été  élu  membre  de  l'Académie 
de  Marseille  en  1874,  est  l'un  des  collaborateurs 
du  Supplément  à  la  Biographie  universelle 
des  Musiciens,  auquel  il  a  fourni  de  nombreuses 
notices  sur  les  artistes  habitant  le  midi  de  la 
France. 

ROSTISLAW  (Théophile  TOLSTOÏ, 
dit),  dilettante  et  compositeur  russe,  né  dans  les 
premières  années  de  ce  siècle,  remplit  à  la 
cour  de  Russie  les  fonctions  de  maître  des  cé- 
rémonies. Il  a  reçu  une  assez  bonne  éducation 
musicale,  et  a  écrit  la  partition  d'un  opéra  italien 
dont  j'ignore  le  titre  et  qui  a  été  représenté  à 
Saint-Pétersbourg  aux  environs  de  l'année  1845. 
Depuis  fort  longtemps  M.  Tolstoï  est  chargé  de 
la  rédaction  du  feuilleton  musical  du  Journal 
(français)  de  Saint-Pétersbourg,  feuillelon  qu'il 


448 


ROSTISLAW  —  ROUBIN 


signe  liu  i)seu(lonyme  (ic  Eosdslaw.  Ses  arlicles 
sont  généralement  bien  faits,  écrits  avec  soin, 
et  décèlent  un  homme  de  goilt  et  un  artiste  ins- 
truit; si  le  critique  est  un  peu  rebelle  aux  idées 
modernes  et  reste  parfois  un  peu  confiné  dans  le 
passé,  il  n'en  exprime  pas  moins  des  idées  justes 
et  empreintes  d'un  sincère  amour  de  l'arf. 

ROSTWOUOWSKl   (J —  N ), 

musicien  li\e  à  Varsovie  dans  la  première  moitié 
du  dix-neuvième  siècle,  s'est  fait  connaîlre 
comme  compositeur  religieux.  On  a  de  lui  plu- 
sieurs messes,  dont  une  a  été  exécutée  en  1837 
dans  l'église  de  Leszno,  chez  les  pères  carmé- 
lites, et  dont  une  autre,  écrite  sur  texte  polo- 
nais, a  été  entendue  en  1842  chez  les  Piaristes. 
Vwc  autre  composition  du  même  artiste,  inti- 
tulée Ilymn  do  Boga-Rodzioj  (Hymne  à  la  Mère 
de  Dieu),  a  été  chantée  à  Varsovie  en  1837. 

*  ROSZAVOELGYI  (Marc),  compositeur 
hongrois,  était  né  en  1787.  —  Un  éditeur  de  mu- 
sique du  même  nom,  Jules  Roszavœlgyi,  pro- 
bablement parent  de  cet  artiste,  était  à  Pesth  le 
chef  d'une  importante  maison  d'édition  musi- 
cale, et  mourut  en  cette  ville  le  18  août  1861. 
Il  avait,  dit-on,  donné  une  vive  impulsion  à  l'art 
national,  qu'il  encourageait  de  tous  ses  efforts. 

*  IIOTA    (André),   musicien  italien,    né  à 
Bologne  vers   1553,  mort  en  cette  ville  en  juin 
1597,  à  l'âge  de  quarante-quatre  ans,  ainsi  que 
le    prouve    son    épilaphe,    reproduite  par   le 
P.  Martini,  succéda  à  Spontone  {Voy.  ce  nom) 
dans  les  fonctions  de  maître  de  chapelle  de  la 
basilique  de  San-Petronio.  Il  avait  auparavant 
longtemps  séjourné  à  Rome,  où  la  renommée 
qu'il  s'était  acquise  prouve  son   habileté,  et  où 
il  avait  ouvert  une  école  de  musique  qui  était 
très-fréquentée,  bien  qu'elle  se  trouvât  en  con- 
currence avec  celles  de  Palestrina  et  de  Nanini. 
Ce  seul  fait  donnerait  une  idée  de  son  talent,  si 
Ton  n'avait,  en  faveur  de  celui-ci,  le  témoignage 
authentique  du  cardinal  San-Sisto  (  Filippo  Bon- 
compagni),  neveu  du  pape  Grégoire  XIII.  C'est 
en  1583  ,  à  peine  âgé  de  trente  ans,  que  Rota 
devint  maître  de  chapelle  de  San-Petronio,  et  le 
conseil  de  fabrique  était  si  satisfait  de  ses  ser- 
vices qu'il  ne  manquait  aucune  occasion  de  le  lui 
prouver,   soit  par  des  gratifications  ajoutées  à 
son  traitement  ordinaire,  soit  i)ar  les  bons  pro- 
cédés employés   envers  lui.   Rota  paraît   avoir 
été  un   artiste  extrêmement  distingué,  qu'une 
mort  précoce  a  enlevé  à  la  gloire  qui  l'attendait. 
On  trouvera  de  plus  amples  détails  à  .son  sujet 
dans  le  solide  écrit  de  M.  Gaspari  :   Memorie 
risguardanti  lasioria  dell'  arte  musicale  in 
Bologna  al  XVI  secolo.  Outre  les  recueils  si- 
gnalés dans  \dL  Biographie  universelle  des  Mu- 


siciens et  publiés  sous  le  nom  de  Rota,  cet  écri- 
vain cite  trois  compositions  manuscrites  du 
grand  artiste  :  un  Dixil  Dominus  à  8  voix,  le 
motet  llodie  Christus  natus  est  à  9  voix,  et  un 
Magnificat  à  12  voix  en  trois  chœurs. 

ROTA  (Giuseppe),  chef  d'orchestre  et  com- 
positeur italien,  né,  je  crois,  à  Trieste,  a  rempli 
les  fonctions  de  chef  d'orchestre  au  théâtre 
communal  de  cette  ville.  11  est  l'auteur  des  ou- 
vrages dramatiques  suivants  :  1°  Ginevra  di 
Scozia,  3  actes,  Parme,  1862;  2°  Béatrice 
Cenci,  3  actes,  18G3  ;  3°  Pene^pe ,  Trieste, 
théâtre  communal,  avril  18GG;  4°  i  Romani 
in  Pompejano.  Inventeur  d'un  système  que 
l'on  dit  fort  ingénieux  et  grâce  auquel  il  rend 
aux  sourds-muets  l'avantage  de  la  parole, 
M.  Rota  s'est  fixé  depuis  plusieurs  années  à 
Paris,  où  il  a  expérimenté  ce  système  d'une  fa- 
çon pratique,  et,  dans  des  expériences  publi- 
ques d'un  grand  intérêt,  a  obtenu  des  résultats 
aussi  surprenants  qu'inattendus. 

ROTII  (Franz),  musicien  allemand  contem- 
porain, est  l'auteur  de  plusieurs  opérettes  ré- 
cemment représentées  à  Vienne,  entre  autres  die 
Yorstadtprinzessin  (4  actes),  et  e/n  Mann  fiir 
Ailes  (4  actes).  t^Wîii- 

Un  artiste  du  même  nom,  M.  Louis  Roth,  a 
donné  récemment  à  Pestli  un  opéra-comique  en 
3  actes  intitulé  Don  Quichotte. 

ROUIÎIER(H ),  pianiste,  professeur  au 

couvent  du  Sacré-Cœur  à  Paris,  a  publié  plu- 
sieurs ouvrages  d'enseignement  qui  révèlent 
chez  leur  auteur  de  solides  et  sérieuses  qualités 
pratiques;  1°  Éitide  du  mécanisme  du  piano 
(réédition,  un  volume;  2"  édition,  2  volumes), 
Paris,  Richault;  2°  les  Trois  premières  années 
du  piano,  école  progressive  {contenAni,  à  la 
suite  d'un  Exercice  journalier,  un  choix  con- 
sidérable de  morceaux  pris  dans  les  œuvres 
des  maîtres  du  clavecin  et  du  piano),  Paris,  Ri- 
chault ;  3"  l'Art  de  préluder  et  de  moduler  dans 
tous  les  tons  majeurs  et  mineurs,  à  l'usage 
des  pianistes,  organistes,  accompagnateurs 
et  chanteurs,  Paris,  Richault.  Le  même  artiste 
a  donné  chez  le  même  éditeur,  sous  le  titre 
général  d'Œuvres  classiques  pour  le  piano  à 
quatre  mains,  une  série  considérable  de  réduc- 
tions et  transcriptions  de  symphonies,  quin- 
tettes, quatuors  et  trios  d'Haydn,  Mozart,  Bee- 
thoven et  Weber.  On  doit  au.sssi  à  M.  Roubier 
un  certain  nombre  de  morceaux  de  genre  pour 
son  instrument. 

*  ROUBIN  (Amkdée  DE),  compositeur  ama- 
teur, a  fait  jouer  le  G  juillet  1866,  aux  Folies- 
Marigny,  une  opérette  en  un  acte  :  Quai  Mala- 
quais.  M.  de  Roubin  a  beaucoup  écrit  pour  le* 


ROUBIN  —  ROUSSEAU 


449 


sociétés  chorales  ;  nous  citerons  paimi  ses  pro- 
ductions en  ce  genre  :  Messe  très- facile ,  à  4  voix 
«l'iiommes ,  avec  orgue  orf.  lib.  (U.  Gautier, 
éditeur)  ;  Oit  s'en  vont  les  rêves,  ciiœur  à  4  voix 
«l'iiommes  (Gambogi  frères);  les  Rêveries  du  bi- 
vouac, ii\.  {F.  Gauvin)  ;  Au  gré  des  flots,  id.; 
les  Pécheurs  vénitiens,  M.;  la  Ronde  deséco- 
liers, id.  ;  les  Jeunes  Soldats,  chœur  à  3  voix 
égales  (V.  Lory),  etc.  Son  dévouement  à  l'in.s- 
titutionorpliéonique  avait  valu  à  M.  de  Roiibin, 
dans  les  dernières  années  de  l'Empire,  sa  no- 
mination aux  fonctions  d'inspecteur  des  or- 
phéons de  l'Eure,  département  qu'il  habite. 

J.  C— z. 

*  ROUGET  DE  LISLE  (Claude-Joseph), 
poète  et  compositeur  français ,  auteur  de  la 
Marseillaise:  —  11  sera  impossible  de  s'occuper 
désormais  de  l'histoire  de  la  }farseillaise  et  de 
son  immortel  auteur,  sans  consulter  les  deux 
écrits  .s^uivants  :  1"  Rouget  de  Liste  et  «  la 
Marseillaise»,  par  J.  Poisie-Desgrange-,  Paris, 
iJaciielin-Dellorenne,  1864,  in-lS  avec  portrait  ; 
2"  Rouget  de  Liste.  La  vérité  sur  la  paternité 
de  «  la  Marseillaise  ».  Faits  et  documents 
authentiques,  par  A.  Rouget  de  Lisle,  Paris, 
1865,  in-8°.  Je  signalerai  aussi  un  article  de 
M.  Gindre  de  Mancy  père  :  Rouget  de  Lisle,  pu- 
blié dans  la  Revue  littéraire  de  la  Franche- 
Comté  âii  1""  novembre  1864,  et  toute  une  série 
de  renseignements  et  de  faits  relatifs  à  la  Mar- 
seillaise donnés  par  M.  Anatole  Loquin  {Voy. 
ce  nom)  dans  son  intéressant  recueil  ;  la  Musique 
à  Bordeaux  (1877).  Ce  dernier  et  très-impor- 
tant travail  a  été  reproduit  par  son  auteur  dans 
un  volume  intitulé  :  les  Mélodies  populaires  de 
la  France,  paroles,  musique  et  histoire,  pre- 
mière série,  Paris,  Richault,  1879,  in-8'. 

La  date  de  la  mort  de  Rouget  de  Lisle  est,  non 
3e27,  mais  le26  juin  1836,  ainsi  que  le  constate 
son  acte  de  décès  relevé  à  la  mairie  de  Choisy- 
le-Roi. 

UOUGXOiV  (Paul-Louis),  pianiste,  profes- 
seur et  compositeur  français,  est  né  à  Poitiers 
(Vienne)  le  24  août  1846.  11  fut  admis  au  Con- 
servatoire de  Paris  le  10  janvier  1862,  et  y  de- 
vint successivement  l'élève  de  Baliste  pour  le 
solfège,  (le  Bazin  pour  l'harmonie  et  accompagne- 
ment, et  de  M.  Ambroise  Thomas  pour  la  fugue 
•et  la  composition.  Jl  obtint  une  première  mé- 
daille de  soKége  en  1865,  un  troisième  accessit 
d'harmonie  en  1868,  et  le  premier  prix  de  fugue 
en  1870.  Trois  ans  après,  en  1873,  M.  Rougnon 
.était  nommé  répétiteur  de  solfège  au  Conserva- 
toire. On  doit  à  cet  artiste,  outre  divers  mor- 
ceaux de  genre  pour  le  piano  et  quelques  mé- 
lodies vocales,  deux  recueiis  intéressants  : 
k:ocr.  lmv.  des  musiciens.  —  supil.  — 


1°  Quinze  Études  préparatoires  de  mécanisme 
et  de  style,  pour  le  piano  ;  2°  V École  du  Pia- 
niste, sorte  de  cours  progressif  de  piano,  divisé 
en  deux  parties,  et  qui  constilue  un  ouvrage 
très-recommandable.  M.  Paul  Rougnon  a  fait 
représenter  sur  le  petit  théâtre  des  Folics-Mari- 
gny  une  opérette  intitulée  Ze  Prince  charmant. 

*  ROUSSEAU  (Je\n-J\c«)ues).  —  L'auteur 
du  Devin  du  village  fut  un  des  combaltanis 
les  plus  acharnés  de  la  fameuse  guerre  des  Bouf- 
fons; il  y  prit  part  dès  le  commencement,  et 
resta  tout  le  temps  sur  la  brèche.  A  un  moment 
donné,  désireux  de  se  distinguer  par  une  action 
d'éclat,  il  se  jeta  dans  la  mêlée,  seul  et  tèle 
baissée,  daubant  à  tort  et  à  travers,  tirant  au 
hasard  ,  au  risque  de  se  blesser  lui-même.  Il 
nous  a  semblé  qu'une  bibliographie  de  celte 
grande  querelle  musicale  serait  à  sa  place 
au  nom  de  celui  qui  fut  le  plus  militant  de  tous 
ces  singuliers  lutteurs;  nous  la  |.ublions  donc 
ci-après,  aussi  exacte  que  possible,  et  certaine- 
ment plus  complète  qu'on  ne  l'a  jamais  donnée. 
Pour  obvier  aux  erreurs  fréquentes  dans  les- 
quelles nombre  d'écrivains  sont  tombés  en  ne 
connaissant  pas  l'ordre  d'apparition  de  ces 
brochures,  nous  les  énumérons  suivant  l'époque 
de  leur  publication;  puis,  pour  éviter  toute  con- 
fusion dans  l'esprit  du  lecteur,  nous  avons  établi 
cinq  divisions,  repré.sentant  logiquement  les 
différentes  péripéties  de  la  lutte. 

A.  L\  Lettkë  sur,  Omphale.  —  1.  Grimm. 
Lettre  de  M.  Grimm  sur  Omphale,  trag.  lyri- 
que, reprise  par  l'Académie  royale  de  ynusi- 
quele  li  janvier  1752,  s.  I.,  1752,  in-8'',  52  pp. 
Cette  brochure,  parue  en  février,  mit  littéra- 
lement le  feu  aux  poudres.  Elle  est  rare;  on  l'a 
réimprimée  dans  le  .Supplément  à  la  Correspon- 
dance littéraire  de  MM.  Grimm  et  Diderot, 
Paris,  t814,  in-S".  —  2.  D***.  Remarques  au  v, 
sujet  de  la  lettre  de  M.  Grimtn  sur  Om- 
phale, Paris,  1752,  in-8°,  28  pp.  —  3.  Grimm. 
Lettre  de  M.  Grimm  à  M.  Vaibé  Raynal,  sur 
les  remarques  au  sujet  de  la  lettre  d'Om- 
phale,  à  Paris,  le  jour  de  Pâques,  2  avril 
1752,  à  la  sortie  du  concert.  Cette  réponse, 
insérée  dans  le  .^/ercwrp  de  mai,  p.  187  (5  pp.), 
a  été  reproiluite  dans  le  Supplément  à  la  Cor- 
respondance de  Grimm  et  Diderot.  —  4.  (J.-J. 
Rousseau.)  Lettre  à  M.  Grimm,  au  sujet  des  ^ 
remarqties  ajoutées  à  sa  lettre  sur  Omphale 
(Paris),  1752,  in-8",  29  pp.  Une  des  pièces  les 
plus  rares  de  la  collection  ;  heureusement,  elle 
a  été  reimprimée  en  entier  dans  presque  toutes 
les  éditions  des  œuvres  de  Rousseau  publiées 
depuis  celle  de  Lefèvre  de  1819.  Les  éditions  de 
t764  et  1776  n'en  contenaient  qu'un  extrait. 
T.  II.  29 


4ë0 


ROUSSEAU 


^ 


B.  Les  Boiffons  a  Paris.  —  5.  (D'Holbacli.)  ^ 
Lettre  à  une  dame  d'un  certain  âge,  s«r 
l'état  présent  de  VOpéra,  en  Arcadie,  1752, 
in-8",  2  éditions,  17  pp.  ou  11  pp.  Publiée  trois 
mois  après  l'arrivée  à  Paris  des  Bouffons,  qui 
débutèrent  le  2  août  1752,  cette  lettre  n'eut  pas 
de  réponse  ;  mais  en  revanche  les  discussions , 
ou  plutôt  les  disputes,  furent  des  plus  animées. 
On  ne  parlait  plus  que  musique  italienne  ou  fran- 
çaise, dans  les  salons,  et  surtout  dans  les  cafés, 
oii  les  verres  et  les  tasses,  vides  ou  non,  servi- 
rent plus  d'une  fois  d'arguments  péremploires. 
Les  tliéâlres ,  de  leur  coté,  n'eurent  garde  de 
laisser  passer  sous  silence  un  sujet  qui  passion- 
nait également  la  cour  et  la  ville.  Comme  on  le 
verra  plus  loin,  quelques  comédies,  renfermant 
des  scènes  assez  importantes  sur  l'actualité  du 
moment,  figurent  dans  la  liste  de  ces  brochures 
spéciales  ;  mais  nous  devons  dire  en  passant 
que  presque  toutes  les  pièces  jouées  à  cette 
époque  faisaient  allusion,  plus  ou  moins  direc- 
tement ,  à  cette  grande  querelle  ,  principalement 
dans  les  vaudevilles  de  la  fin.  Les  tréteaux  de 
la  foire  discutèrent  aussi  à  leur  manière  et  les 
prophéties  et  les  sons  d'Italie;  on  y  exécuta 
même  un  certain  concert  des  Chats,  opéra 
miaulique,  qui  fit  courir  la  foule. 

C.  Le  Petit  Prophète.  —  6.  (Grimm.)  Le 
Petit  Prophète  de  Boehmischhroda,  s.  1.  n.  d., 
in-8",  58  pp.  avec  un  frontispice  à  l'eau-forte. 
Plusieurs  éditions,  une  entre  autres  sous  le  titre 
(le  :  tes  Vinrjt-un  Chapitres  de  la  Prophétie  de 
Gabriel  Joannes,  etc.,  iu-12.  La  satire  de  Grimm 
parut  dans  la  première  quinzaine  de  janvier 
1753;  elle  eut  un  grand  retentissement,  et  l'é- 
motion des  dissidents,  déjà  passablement  sur- 
excitée, se  traduisit  par  une  véritable  avalanche 
de  plaquettes  de  toutes  sortes.  Mais  avant  d'ar- 
river à  ces  nombreuses  réponses,  et  pour  con- 
server l'ordre  des  dates ,  nous  devons  men- 
tionner la  comédie  de  Boissy,  laquelle,  écrite  et 
répétée  avant  l'ajjparilion  du  Prophète,  ne 
pouvait,  par  conséquent,  en  rien  dire.  — 
7.  Boissy.  La  Frivolité,  comédie  en  i  acte  et 
en  vers,  représentée  pour  la  V"  fois  par 
les  Comédiens-Italiens  le  23  janvier  1753, 
Paris,  1753,  in-8",  'iS  pp.  et  9  pp.  de  musique. 
Cette  pièce  eut  beaucoup  de  succès  ;  M""  Fa- 
vart  imita  à  s'y  méprendre  le  jeu,  la  danse 
elle  chant  de  la  Tonelli. —  8.  (L'abbé  Voisenon.) 
Réponse  du  coin  du  Roi  au  coin  de  la  Reine  , 
s.  L,  datée  du  25  janvier  1753.  Plusieurs  éditions, 
dont  la  3'  ajoutée,  en  continuant  la  pagination, 
à  une  édition  du  Pedt  Prophète.  —  9.  ^U'Ilol- 
bach.)  Arrêt  rendu  à  Vamphithiâtre  de  CO- 
péra  sur  la  Plainte  du  milieu  du  Parterre, 


intervenant  dans  la  querelle  des  deux  coins, 
s.  1.  n.  (!.,   in-8",  15  pp.  Poulet-Malassis  possé- 
dait un  recueil  de  pièces  sur  la  querelle  des  Bouf- 
fons avec  la  signature  de  J.-J.  Rousseau  sur  le 
premier  titre,  ce  qui  lui  fit  supposer  que  ce  vo- 
lume  avait   a[)partenu  au   citoyen  de  Genève. 
Comme  l'exemplaire  de  V Arrêt    rendu,   etc., 
(|ui  se  trouvait  dans  ce  volume  portait,  de  la 
mémo  main  que  la  signature  du  titre,  ces  mots  : 
«  par   Diderot ,  »   il   concluait  de  là  et  de  ce 
qu'il   ignorait   sur  quelle  autorité  Barbier  avait 
attribué  celte  brochure  à  d'Holbach,  qu'il  fallait 
la  restituer  à    Diderot.  Sans   entrer  dans  des 
détails  qui  nous  entraîneraient  au  delà  des  li- 
mites d'une   simple  bibliographie,   nous  main- 
tiendrons celle  brocliure  à  d'Holbach,   et  cela 
d'après   la    France    littéraire  de  17G9,    que 
Poulet-Malassis  a  omis  de  consulter,  et  surtout 
d'après    la  brocliure  de  Caux  de  Cappeval,  un 
des  combattants ,  dans   laquelle  il  dit  que  cet 
Arrêt  venait  encore  soit  d'Allemagne,  soit  d'un 
Allemand,  comme  le  Petit  Prophète.  —  10.  Dé-    )i^ 
clarution  du  Public,  au  sujet  des  contestations 
qui  se  sont  élevées  sur  la  musique,  s.  I.  n.  d., 
in-8",  7   pp.    —  11.  (Jourdan.)  Le  Correcteur    X 
des  Bouffons  à  l'Écolier  de  Prague,  s.  1.  n.  d., 
in-8",  20  pp. —  12.  (Pidansat  de  Mairoberf.)  Les    .. 
Prophéties  du  grand  prophète  Monet,    s.  I., 
1753,   in-8",  16   pp.  La  meilleure  plaisanterie, 
peut-être,  de  toute  la  série.  —  13.  (J.  Cazotte.) 
La  Guerre    de  l'Opéra.  Lettre  écrite  à  une    yL 
dame  de  province,  par  quelqu'un  qui  n'est 
ni  d'un  coin  ni  de  l'autre  ,  s.  I.  n.  d.,  iu-8',  2i 
pp.  —  li.  (Suard.)  Lettre  écrite  de  l'autre 
monde,  par  l'A.  D.  F.   (l'abbé  Desfonfaines  ) 
à  M.  F.   (Fréron),  s.  1.   n.  d.,  in-s°,  37   pp. 
L'abbé  de  la  Porte,   dans  la  France  littéraire 
de  1769,  attribue  cet  écrit  à  Suard,  et  comme  il 
y  est  malmené  à  deux  reprises  différentes,  on 
peut  croire  qu'il  était  bien  informé.  Cependant 
Suard,  né  en  janvier  1734,  n'avait  alors  que  dix- 
neuf  ans  ;  il  est  vrai  que,  venu  à  Paris  en  1752 
et  reçu  à  son  arrivée  dans  les  salons  de  M""* 
Geoffrin,  d'Heivétius  et  du  baron  d'Holbach,  il 
fut  peut-être  encouragé  ou  aidé   par  l'un  des 
habilués  de  ces  cénacles.  —  15.  L'Anti-Scurra,    ^ 
ou  Préservatif  contre  les  Bouffons,  s.  I.,  daféfr 
du  6  février  1753,  in-S",  8pp.  eu  vers. —  16.  La 
Reforme  de  l' Opéra, s.  I.,daléedu9février  1753, 
in-S",  8  i)p.  en  vers.  —  il .  Épitre  aux  Bouffa- 
ni.s<es,  s.  1.,  datée  du  12  février  1753,in-8°,  8  pp. 
en  vers.  —  18.  Réflexions  liriques  (sic),  s.  I.,. 
datée  du   16  février   1753,  in-S",  en    vers.  De 
sijie  identique  et  im|)rimés  en  parfaite  confor- 
mité de  caractères  et  de  dispositions  typographi- 
ques, ces  quatre  poèmes    paraissent  être  du 


ROUSSEAU 


451 


même  auteur.  En  effet  YÉpttre  est  signée  :  PAnli- 
Scurra,  titre  de  la  première  brochure;  puis, 
Jourdan  dans  sa  Seconde  lettre  (n"  27)  se  plaint 
de  ce  qu'un  «  certain  homme  qui  se  croit  poète 
se  distingue  par  sa  malheureuse  fécondité,  en 
accablant  le  public  tous  les  deux  ou  trois  jours 
de  deux  ou  trois-cents  vers.  »  D'autre  part, 
comme  les  Adieux  aux  Bouffons,  placés  à  la 
fin  d'une  autre  brochure  également  en  vers, 
Apologie  du  goût  français,  etc.  (a"  53),  ne  sont 
que  la  reproduction  de  l'Anti-Scurra,  il  faut, 
croyons-nous  ,  attribuer  ces  quatre  poèmes  à 
l'auteur  reconnu  du  cinquième,  soit  à  Caux  de 
Cappeval.  —  \^.  Au  Petit  Prophète  de  Boes- 
mickbroda,  au  Grand  Prophète  Monet,  etc., 
s.  !.,  datée  du  22  février  1753,  13  pp.  Poulet-Ma- 
lassis  a  cru  que  cette  pièce  était  de  Diderot,  parce 
qu'elle  figurait  avec  le  nom  de  celui-ci,  écrit  à  la 
main,  dans  le  recueil  supposé  avoir  appartenu  à 
Rousseau  dont  nous  avons  parlé,  et  parce  qu'on 
y  lit  ces  mots  :  «  Si  du  milieu  du  parterre  où 
j'élève  ma  voix  ,  »  ayant  quelque  rapport  avec  le 
titre  de  la  brochure  n"  9.  Nous  avons  vu  que 
cette  dernière  pièce  était  sans  aucun  doute  du 
baron  d'Holbach  -,  mais  comme  Diderot,  tou- 
jours disposé  à  donner  des  conseils,  put  très-bien 
aider  celui  qui  était  son  amphitryon  en  môme 
temps  que  celui  des  philosophes  bouffonistes,  il 
est  très-admissible  qu'il  y  ait  eu  confusion  dans 
les  souvenirs  de  Rousseau;  par  conséquent, 
nous  attendrons  des  preuves  plus  décisives  pour 
déterminer  la  paternité  d'un  écrit  qui,  en  somme, 
ne  peut  en  rien  honorer  la  mémoire  de  Diderot.  — 
20.  L'Apologie  du  sublime  bon  mot,  etc.,  s.  I., 
datée  du  28  février  1753,  in-S",  12  pp.  Réponse  di- 
recte à  la  brochure  précédente.  Fétis  l'a  attribuée 
à  A.  Parisot  (?).  —2i.  Jugement  de  l'orchestre 
de  V Opéra,  s.  I.  n.  d.,  petit  in-8",  8  pp.  — 

22.  Lettre  critique  et  historique  sur  la  mu- 
sique françoise,  la  musique  italienne,  et  sur 
les  Bouffons,  à  Mme  ©.,  s.  1.  n.d.,  in-8°,  20 
pp.  Fétis  attribue  cette  brochure  à  l'Héritier  (?).— 

23.  (F.  L.  C.  Marin.)  Ce  qu'on  a  dit,  ce  qu'on  a 
voulu  dire.  Lettre  à  M>"e Folio,  s.  I.  n.  d.,  deux 
éditions  in-S",  16  pp.  ou  13  pp.  —  24.  Ce  que 
l'on  doit  dire.  Réponse  de  Madame  Foliot  à  la 
lettre  de  Monsieur***,  s.  1.  n.  d.jin-S",  8  pp. — 
25.  Les  Trois  Chapitres,  ou  la  Vision  de  la  nuit 
du  mardi  gras  au  mercredi  des  Cendres ,  s.l. 
n.  d.,  in-8'',  36  pp.  Facétie  dans  le  style  du  Petit 
Prophète  et  faisant  l'apologie  du  Devin  du  vil- 
lage, représenté  le  1*^'  mars  1753,  six  jours  avant 
le  mardi  gras.  Cette  brochure  n'avait  été  citée 
ni  dans  les  écrits  appartenant  à  la  querelle  des 
boutfons,  ni  dans  les  catalogues  ou  bibliogra- 
phies du  temps;  elle  resta  inconnue  jusqu'au 


jour  où  Taschereau  la  publia  dans  le  1. 1'''  de  lu 
2«  série  de  la  Revue  rétrospective  {i8^5).  M.  Ra- 
venel  l'avait  trouvée  à  Neuchàtel  dans  les  pa- 
piers de  Rousseau,  et,  sans  dire  sur  quoi  l'asser- 
tion était  basée,  on  publia  les  Trois  Chapitres 
comme  étant  de  Diderot.  Le  fameux  volume  de 
Poulet-Malassis   contenait  cette    pièce  avec  le 
nom  de  Diderot,  écrit  de  la  main  de  Rousseau , 
toujours  suivant  les  apparences.  Il  n'en  a  pas 
fallu   davantage  à   A.ssézat ,  et  il    a  publié  sans 
hésiter  cette  dernière  brochure,  de  même  que  les 
n°'  9  et  19,  dans  le  Xir  vol.  des  Œuvres  com- 
plètes de  Diderot.  Avant  de   nous  prononcer, 
nous  attendrons  la  découverte  de  preuves  plus 
convaincantes,  tout  en  reconnaissant  qu'il  n'y 
aurait  rien  d'impossible  à  ce  que  Diderot  ait  écrit 
les  Trois  Chapitres.  Il  est  supposable  que  cette 
brochure  ne  fut  pas  mise  en  vente,  et  qu'on  la 
détruisit;  ce  qui  explique  son  extrême  rareté.  — 
26.  La  Paix  de  l'Opéra,  ou  Parallèle  impar- 
tial de  la  musique  françoise  et  de  la  musique 
italienne,    Amsterdam,    1753,   in-12,  40  pp. 
C'est  un   extrait  du  volume  de  Raguenet  :  le 
Parallèle  des  Italiens  et  des  François  en  ce 
qui regardela  musiqueetles  opéra(i:02), avec 
quelques  réflexions.  —  27.  (Jourdan.)  Seconde 
lettre  du  Correcteur  des  Bouffons  à  l'Écolier 
de  Prague,  s.  1.  n.  d  ,  in-8°,  22  pp.  —  28.  (Fré- 
déric II,  roi  de  Prusse.)  Lettre  au  public,  par 
Main  de  Maître,  Francfort  et  Leipsic,  la  Haye, 
1753,  in-16,   x.vxii  pp.  Il  y  eut  plusieurs  édi- 
tions; celle  que   nous  indiquons  ici  contient, 
malgré  son  titre  au  singulier,  trois   lettres  et 
une  Réponse  du   baron    de   Zopenbrug,  mi- 
nistre de  S.  M.  Prussienne,  au  comte  Rinon- 
chetti,  !<''■  sénateur  de  la  Répub.  de  Santo- 
Marino.  D'après  Barbier,  les  trois  lettres  au- 
raient été  publiées  isolément.  Quoi  qu'il  en  soif, 
c'est  là,  vraiment,  un  triste  échantillon  du  style 
et  de  l'esprit  de   Sa  Majesté  Prussienne!  — 
29.    Relation    véritable    et  intéressante  du 
combat  des   Fourches  Caud'mes ,   livré  à  la    • 
place  Maubert,  au  sujet  des  Bouffons,  s.  I., 
1753,  in-8°,  15  pp.  Plaisanterie   en  style  pois- 
sard, imitation  de  Vadé.  —  30.  J.-J.  Rousseau. 
Lettre    d'un    symphoniste    de     l'Académie 
royale  de  musique   à  ses  camarades.   Cette 
lettre  fut  écrite  alors  qu'on  répétait  l'intermède 
italien,  il  Paratajo,  qui  ne  fut  représenté  que 
le  23  septembre  1753.  Rousseau  parie  bien  en 
commençant ,  comme  le  faisait  l'auteur  des  Trois 
Chapitres,  du  départ  des  Bouffons,  lequel  n'eut 
réellement  lieu  qu'en  mars  1754,  mais  on  an- 
nonçait sans  cesse  leur  renvoi  comme  une  chose 
décidée,  et  cependant  ils  ne  partaient  pas  et  con- 
tinuaient^à  monter   de    i  ouvelles    pièces.   Si 


452 


ROUSSEAU 


celte  facétie,  un  peu  familière,  ne  fui  pas  im- 
primée en  brochure,  il  est  du  moin^;  prolialilc 
que  le  coin  du  roi  en  eul  connaissance.  On  la 
trouve  dans  les  œuvres  compièles  de  son  au- 
teur. 

D.    L\    Lf.TTUE    SIJK    L,V    MUSIOLE    lUANÇAlSi:.  — 

31.  J.-J.  Rousseau.  Lettre  sur  la  musique 
françoise,  s.  1.,  1753,  in-S»,  92  pp.  Plusieurs 
éditions.  La  lulte  parais>ait  se  calmer  et  les 
combattanis  n'y  mettaient  plus  la  môme  ar- 
deur, lorsque,  vers  la  mi-novembre  1763,  Rous- 
seau s'imagina  de  publier  son  fameux  lactutn. 
Ce  fut  alors  comme  un  réveil  général ,  cl  de 
tous  côtés  le  malheureux  fut  assailli  par  Us 
réfutations  et  les  critiques  les  plus  violentes.  — 

32.  (Fiéron.)  Lettres  sur  la  musique  française, 
en  réjionse  à  celle  de  Jean-Jacques  lious- 
seau,  Genève  (Paris),  1754,  in-8°,  64  pp.  Malgré 
sa  date,  nous  faisons  figurer  ici  cet  écrit,  parce 
qu'il  n'est  que  la  réimpression  de  deux  aili- 
cles  parus  dans  les  Lettres  sur  quelques  écrits 
de  ce  temps,  de  Fréron,  à  la  date  des  30  no- 
vembre et  20  décembre  1753.  —  33.  (Cazotte.) 
Observations  sur  la  lettre  de  J.-J.  Rousseau  au 
sujet  de  la  musique  françoise,  s.  I.,  1753, 
in  8°,  19  pp.  —  34.  Yzo,  Lettre  sur  celle  de 
M.  J.-J.  liousseau,  citoyen  de  Genève,  sur  lu 
musique,  s.  1.,  1753,  in-12,24  pp.  —  35.  (Tra- 
venol.)  Arrest  du  conseil  d'État  dWpotlon, 
rendu  en  faveur  de  V orchestre  de  V Opéra 
contre  le  nommé  J.-J.  Rousseau,  copiste  de 
musique,  eic,  Montparnasse,  1753,  in-12,  14 
pp.,  vers  et  prose.  —  3g.  Bàlon  le  jeune.  Exa- 
men de  la  lettre  de  M.  Rousseau  sur  la 
musique  françoise,  dans  lequel  on  expose  le 
plan  d'une  bonne  musique  propre  à  notre 
langue,  s.  1.,  1753,  in-8",  3C  pp.;  2*  édit.  1754, 
43  pp.  Tout  en  ayant  l'air  de  combattre  Rous- 
seau, cet  examen  lui  donnait  raison.  On  re- 
procha à  BAton  d'avoir  prêté  son  nom  à  Diderot, 
formellement  accusé  par  l'un  des  combattants 
d'être  le  vérilal  le  aulcur  de  cette  feinte.  — 
37.  (De  laMorlière.)  Lettre  d'un  sage  à  un 
homme  très-respectable  et  dont  il  a  ttesoin,  s. 
I.  n.d.  (1753),  petit  in-8°,  18  pp.  —  38.  (Cosie 
d'Arnobal.)  Doutes  d'un  Pyrronien,  proposés 
amicalement  à  J.-J.  Rousseau,  s.  1.,  1753, 
in-8",  36  pp.  —  3'J.  Chevrier.  La  Revue  des  théâ- 
tres,comédie  en  1  acte,  en  vers,  représentée  à 
la  Comédie- Italienne  le  22  décembre  1753. 
Nous  n'avons  pu  trouver  celte  pièce,  qui,  quoique 
jouée  une  seule  fois,  a  néanmoins  été  imprimée. 
Fréron,  dans  le  I""  volume  de  son  Année  litté- 
raire, p.  35,  et  Desboidmiers,  dans  le  VI*  vol.  de 
V Histoire  du  théâtre  Italien,  en  ont  donné  des 
evirails.  —  40  et  41.  (Fréron.)  Suite  des  lettres 


sur  la  musique  françoise,  en  répome  à  celle 
de  J.-J.  Rou.s.seau.  A  la  (in  :  Lettre  de  Jean- 
Jacques  Raudinet,  citoyen  de  Gonesse ,  à 
maître  Mcolas,  magister  de  Chaillot,  à  Ge- 
nève (t*aris1,  1754,  in-8°,  40  pp.  Les  premières 
letires  parurent  dans  les  Lettres  sur  quelques 
écrits  de  ce  temps,  de  l'auteur,  en  janvier  1754. 
Quant  à  la  Lettre  de  J.-J.  liaudinet,  imprimée 
à  la  suite  de  cet  écrit  de  Fréron,  il  est  dit  en 
note  qu'elle  n'est  pas  de  lui ,  ce  que  nous 
croyons  sans  peine.  —  42.  (L'abbé  d-e  Caveirac.) 
Lettre  dhm  Visigoth  ,  à  M.  Fréron,  sur  sa 
dispute  harmonique  avec  M.  Liousseau.  Sep- 
timaniopolis,  1754,  in-8",  20  pp.  —  43.  (De  Bon- 
neval.)  Apologie  de  la  musique  et  des  inusi- 
cicns  français,  contre  les  assertions  peu  mé- 
lodieuses, peu  mesurées  et  mal  fondées  du 
sieur  J.-J.  Rousseau,  ci-devant  citoyen  de  Ge- 
nève, s.  1.  n.  d.,  in-8°,  15  pp.  —  4').  (P.  de  Mo- 
rand.) Justification  de  la  musique  françoise, 
contre  la  querelle  qui  lui  a  été  faite  par  un 
Allemand  et  un  Allobroge,  la  Haye  (Paris), 
1754,  in-8°,  55  pp.  L'auteur  accuse  Rousseau 
d'avoir  puisé  ses  arguments  dans  l'Esprit  des 
beaux-arts  d'Estève.— 45.  (Laugier.)  .l/;o/oj«e 
de  la  musique  françoise ,  contre  M.  Rous- 
seau, s.  1.,  1754,  in-8'',  78  pp.  Peut-être  la 
meilleure  réponse  qui  fut  faite  à  Rousseau;  elle 
a  été  insérée  dans  le  t.  II  de  l'édition  des 
ouvres  de  ce  dernier  publiée  à  Neuchàtel  en 
1764.  — 46.(Patu  et  Porlelance.)  Les  Adieux 
du  goût,  comédie  en  1  acte  et  en  vers,  re- 
présentée par  les  Comédiens-François,  le  mer- 
credi 13  fév.  1754,  Paris  1754,  in-12,  64  (ip.  et 
14  pp.  de  musique.  —  47.  Chevrier.  Le  Retour 
du  goût,  comédie  en  1  acte  et  en  vers  libres, 
représentée  par  les  Comédiens-Italiens  le 
lundi  2b  fév.  1754,  Paris,  1754,  in-12,  44  pp. 
Ces  deux  pièces  renferment  plusieurs  scènes 
importantes,  ajant  trail  à  la  polémique  des  deux 
musiques.  —  48.  (Robineau.)  Lettre  d''un  Pa- 
risien, contenant  quelques  réflexions  sur  celle 
de  M.  Rousseau,  en  France,  1754,  in-8",  15  pp. 
—  49.  (Le  P.CasIel.)  Lettres  d'un  Académicien 
de  Bordeaux  sur  le  fonds  de  la  musique,  à 
l'occasion  de  la  lettre  de  M.  R***  contre  la 
musique  françoise,  tome  I""  (unique),  Londres 
et  Paris,  1754,  in-12,  74  pp.  —  50.  (Le  P.  Cas- 
lel.)  Réponse  critique  d'un  Académicien  de 
Rouen  à  l'Académicien  de  Bordeaux,  sur  le 
plus  profond  de  la  musique  (1754),  in-12,  36 
pp.  Notre  exemplaire  commence  à  la  page  1  et 
n'a  pas  de  litre  frontispice  :  nous  ignorons  s'il  y 
en  cul  un.  On  le  voit ,  le  Père  Caslel  se  ré|ioM- 
dait  à  lui-même.  —  51.  Kouvelle  lettre  à 
M.  Rousseau  de  Genève,  sur  celle  qui  parut 


.  4, 


ROUSSEAU 


453 


de  lui,  il  y  n  quelques  mois,  contre  la  mu- 
sique françoise,  par  le  M...  de  C....,s.  1.,  )75'i, 
in-8",  10  pp.  Faut-il  lire  sous  ces  initiales  :  le 
marquis  de  Cliastellux  ?  11  tétait  alors  dans  sa 
vingtième  année.  —  52.  (Travennl.)  La  Galerie 
de  IWcndémie  royale  de  7)iusique,  confenanl 
les  portraits,  en  vers,  des  principaux  sujets 
qui  la  composent  en  la  présente  année  1754. 
Dédiée  à  J.-J.  Hoiisseau  de  Genève,  copiste  de 
musique,  philosophe,  orateur,  grammairien, 
historien,  théologien,  mathématicien, peintre, 
poète,  musicien,  comédien,  médecin,  chirur- 
gien, apothicaire,  etc.,  etc.,  par  un  zélé  par- 
tisan de  son  système  sur  la  musique  fran- 
çoise, 8.  1.,  1754,  in-S",  62  pp.  L'ëpître  dédica- 
toirc  a  50  pages;  elle  est  écrite  dans  un  style 
(|ui  n'est  certes  pas  celui  de  Travenol  ,  tête  pas- 
sal)lement  fêlée  et  qui  n'eut  jamais  dans  ses  écrits 
le  hon  sens  qui  se  trouve  dans  celte  dédicace. 
En  revanche,  les  portraits,  sans  le  moindre 
doute,  sont  bien  de  lui.  —  53.  (Caux  de  Cap- 
peval.)  Apologie  du  goù'.  françois,  relative- 
ment à  l'opéra.  Poème  avec  un  discours  apo- 
logétique, et  des  adieux  aux  Bouffons,  s.  I., 
1754,  in-8",  80  pp.  VotI  joli  titre  frontispice  à 
leau-forfe  et  non  signé,  où  l'on  voit  Rous-îoau 
recevant  une  ruade  du  cheval  Pégase  et  deux 
satyres  fustigeant  le  Petit  Prophète.  —  5i. 
(L'abbé  Arnaud.)  Réflexions  sur  la  musique  en 
général  et  sur  la  musique  françoise  en  par- 
ticulier, s.).,  1754,  in-8",  27  pp.  — 55.  Disser- 
tation sur  la  musique  françoise  et  italienne 
par  M.  VA***  p******\  Amsterdam,  1754, 
petit  in  8°,  61  pp.  Notre  exemplaire  porte  en 
écriture  du  temps  :  «  par  M.  l'abbé  Pellegrin  , 
chanoine  d'Aix,  frère  de  celuy  qui  a  fait  des 
opéras.  »  —  56.  Rameau.  Observations  sur 
notre  instinct  pour  la  musique  et  sur  son 
principe  ;  où  les  moyens  de  reconnaître  l'utt 
par  l'autre,  conduisent  à  pouvoir  se  rendre 
raison  avec  certitude  des  différens  effets  de 
cet  art,  Paris,  1754,  in-S",  xvi  et    125  pp.  — 

57.  C.  H.  Blainville.  L'Esprit  de  Vart  musical, 
ou  Réflexions  sur  la  musique  et  ses  diffé- 
rentes parties,  Genève,  1754,  in-S",  130  pj)., 
frontispice  gravé.  Ces  deux  dernières  publica- 
tions, de  même  que  les  lié  flexion  s  de  l'abbé 
Arnaud,  se  rattachent  bien  à  la  polémique, 
quoiqu'elles   n'en  traitent  pas  exclusivement.  — 

58.  (Dandré-Bardon.)  V impartialité  sur  la 
nmsique.  Épitre  à  M.  J.-J.  Bousseau  de  Ge- 
nève, par  M.  D.  jB.,s.  I.,17i4,inr4",  36  pp.  — 

59.  (L'abbé  J.  L.  Auberl.)  Béfutation  suivie 
et  détaillée  des  principes  de  M.  Bousseau  de 
Genève,  touchant  la  musique  françoise, 
Paris,   1754,  in-8",   98  pp.  —  60.  (De   Roclie- 


mont.)  Réflexions  d'un  patriote  sur  l'Opéra 
françois  et  sur  l'Opéra  italien,  qui  présen- 
tent le  parallèle  du  goût  des  deux  nations 
djns  les  b>  auxarts,  Lausanne,  1754,  in-S", 
XII  et  137  pp.  —  61.  Lettre  de  MM.  du  coin 
du  Boi,  à  MM.  du  coin  de  la  Beine,  sur  la 
nouvelle  pièce  intitulée  :  la  Servante  mai- 
tresse,  s.  1.  n.  d.,in-12,24  pp.  Brochure  inconnue 
jusqu'ici  et  dont  nous  n'avons  trouvé  l'indication 
nulle  part.  Notre  exemplaire  n'a  pas  de  lilre 
froidispice  ;  celui  que  nous  donnons  est  en  tête 
de  la  première  page.  La  pagination  va  bien  de 
1  à  24,  et  aprè-;  la  signature  :  M.,  on  lit  le  mot  : 
Fin.  Il  s'agit,  croyons-nous,  d'une  brochure  for- 
mant un  tout,  et  non  de  l'extrait  d'un  volume. 
C'est  une  des  bonnes  publications  de  la  série. 
Arrivée  à  la  tin  des  hostiliiés,  il  est  piobable 
que,  se  vendant  mal,  on  la  détruisit;  elle  est 
excessivement  rare. 

E.  EeiLOCiE.  —  62.  (J.de  Villeneuve).  Lettre 
srcr  le  mcchanisme  de  l'Ojjcra  italien,  ni 
guelfe,  ni  gibelin;  ni  ivigh,  ni  Ihoris  [i\c), 
Naples  et  Paris,  1750,  in-12,  122  pp.  — 
63.  (D'Alembert.)  De  la  liberté  de  la  musique. 
Cet  écrit  ne  fut  pas  publié  séparément;  il  fait 
partie  du  tome  IV  des  Mélanges  de  littérature, 
d  Histoire  et  de  philosophie  de  l'auteur,  et  se 
trouve,  pour  la  première  fois ,  dans  l'édition  de 
1759. 

Maintenant,  nous  avons  à  parler  de  plusieurs 
sortes  de  publications  mentionnées  dans  les  bi- 
bliographies comme  faisant  partie  de  la  querelle 
des  Bouffons,  soit  celles  que  nous  n'avons  trou- 
vées dans  aucune  bibliothèque  et  que  pour  celte 
raison  nous  n'avons  pu  classer  avec  certitude, 
soit  celles  qui  n'appartiennent  réellement  pas  à 
cette  polémique  musicale,  soit  enlin  celles  qui 
n'ont  jamais  existé.  —  1.  Lettre  sur  ta  musi- 
que, par  M.  le  vicomte  de  la  Pétarade,  ama- 
teur de  basson.  Citée  dans  le  catalogue  du  li- 
braire Duchesne  placé  à  la  lin  de  la  seconde  édi- 
tion âeVHisloire  de  l'Opéra  de  Durey  deNoin- 
ville.  —  2.  Supplique  de  VOpéra  à  l'Apollon 
de  ta  France  ait/..., également  citée  dans  le  cata- 
logue ci-dessus.  Manory,  l'avocat  de  Travenol, 
appelait  Voltaire  :  l'Apollon  de  la  France.  Si 
cette  brochure  existe,  ne  se  ratlacherait-ellepas 
au  fameux  procès  Voltaire-Travenol?  N'y  a-t-il 
pas  plutôt  confusion  avec  le  n"  35  :  Arrest  du 
conseil  d'État  d'Apollon,  etc.?  —  3.  Essai  sur 
le  goût  ancien  et  moderne  de  la  musique 
françoise  relativement  aux  paroles  d'opéra, 
1754,  in-4°,  11  pp.  Attribué  à  l'ahbé  Descréau 
par  Barbier,  ce  que  nous  acceptons  pour  vrai. 
Mais  cet  écrit  appartient-il  à  la  querelle  des 
Bouffons  ?  Il  a  échappé  à  toutes  nos  recherches. 


454 


ROUSSEAU  —  ROUSSELOIS 


—  4.  Le  Uè formateur  de  Z'Oper«.  N'existe  pas. 
Il  s'agit  de  l'auteur  anonyme  delà  Réforme  de 
l'Opéra,  désigné  par  un  des  combattants  sous 
le  nom  de  Réformateur,  d'oii  un  bibliographe 
allemand  a  cru  lire  le  titre  d'une  nouvelle  bro- 
chure. —  5.  Vaudeville  des  philosophes  du 
siècle.  Ce  vaudeville,  ajouté  à  la  pièce  de  Dan- 
court,  les  Fées,  reprise  au  Théâtre-Français, 
parait  avoir  été  gravé  à  part ,  mais  comme  en 
somme  il  n'est  ici  question  que  de  quatre  vers, 
nous  ne  pouvons  les  compter  comme  une  bro- 
chure. On  les  trouvera  àan^  l'Année  Ufféraire, 
*.  1,  p.  354  (1).  —  6.  (Chevrier.)  Le  Quart- 
d'heure  d'une  jolie  femme,  etc.,  oiivrage 
presque  moral  dédié  à  Messieurs  les  habi- 
tants des  coins  du  Roi  et  de  la  Reine,  etc., 
Genève,  1753,  in-12.  Roman  dans  lequel  notre 
sujet  n'est  mentionné  que  par  le  titre  et  quelques 
mots  de  la  dédicace.  —  7.  La  Nouvelle  Bigar- 
rure, p.  140.  C'est  un  recueil  périodique,  dans 
lequel  on  trouve  accidentellement  des  articles 
sur  la  musique.  Fétis  a  cru  à  une  brochure  de 
li  pp.  L'article  de  la  page  140  a  trait  à  l'His- 
toire de  l'Opéra  de  Durey  de  Noinville.  — 
8.  Constitution  du  patriarche  de  l'Opéra  qui 
condamne  cent  une  propositions  extraites  de 
deux  écrits  intitulés  :  Réflexions  sur  les 
vrais  principes  de  l'harmonie,  et  Lettre  sur 
Voriyine  et  les  progrès  de  l'Académie  royale 
de  musique,  Cyteropolis,  1754,  petit  in-8°,  32 
pp.  Cette  plaquette  a  bien  été  publiée  pendant 
la  mêlée,  mais  ce  n'est  qu'une  spéculation  d'un 
libraire  voulant  profiter  du  succès  qu'obtenaient 
alors  les  publications  sur  la  musique  et  sur 
l'Opéra;  il  réimprima  purement  et  simplement 
le  petit  volume  attribué  à  Chevrier  et  qui  parut 
daté  du  1"  novembre  1736,  sous  le  titre  de  : 
la  Constitution  de  l'Opéra.  —  9.  Lettre  d'un 
HermileàJ.-J.  Rousseau,  s.  \.,  avril  1753.  Félis 
s'est  trompé  en  ajoutant  au  iiire:  sur  la  musique 
française  et  en  classant  ce  petit  écrit  dans  la 
guerre  des  Bouffons.  Bonneval,  qui  en  est  l'au- 
teur, y  parle  incidemment  de  l'avertissement 
du  Devin  du  village,  mais  il  ne  vise  ni  la  mu- 
sique, ni  les  Bouffons.  —  10.  Observations 
sur  la  lettre  de  M.  Rousseau,  de  Genève,  à 
M.  Grimm ,  par  M.  Gautier,  chanoine  ré- 
gulier,  Nancy,  1752,  in-12,  48  pp.  Cette  bro- 
chure a  trait  au  Discours  sur  les  sciences  et 


(1)  Outre  les  couplets  de  vaudcvUlcs,on  fit  aussi  des 
chansons,  dont  quelques-unes  furent  imprimées  sur  des 
feuilles  volantes.  Nous  posièdons  celle  qui  coiDiuence 
ainsi  : 

Bouffons  les  mardi, 
Bouflons  les  jeudi, 
Aurons  (Sic)  une  fin  prochaine,  etc.      -/^ 


les  arts  de  Rousseau,  et  non  à  la  polémique 
musicale. 

Nous  complétons  nos  renseignements  biblio- 
graphiques en  donnant  ici  les  titres  de  quelques 
publications  récentes  sur  une  guerre  qui,  on 
l'a  vu,  coûta  passablement  d'encre  aux  combat- 
tants :  F.  de  Villars.  La  Serva  Padrona.  Son 
apparition  en  1752,  son  influence,  son  ana- 
lyse. Querelle  des  Bouffons  Paris, ,Castel, 
1863,  grand  in-8°,  48  pp.;  —  Jules  Cariez. 
Grimm  et  la  musique  de  son  temps,  Caen, 
1872,  in-8°,41  pp.;  —Adolphe  Jullien.  La  Mu- 
sique et  les  philosophes  au  dix-huitième 
siècle,  Paris,  Baur,  1873,  grand  in-8°,  68  pp. 
On  nous  permettra  de  passer  sous  silence  une 
fouie  d'articles  sans  grande  valeur,  publiés  çà  et 
là  dans  les  revues  et  journaux  de  musique. 

Er.    t. 

ROUSSEL  (Pierre),  joueur  de  viole,  mu- 
sicien de  la  chambre  du  roi  Charles  IX,  exerça 
la  charge  fameuse  de  roi  des  ménétriers.  Sur 
l'acte  de  baptême  de  son  fils  Jehan ,  daté  du 
15  septembre  1572  et  cité  par  Jal  dans  sou  Dic- 
tionnaire critique  de  biographie  et  d'his- 
toire, il  prend  le  titre  de  «  roy  des  joueurs 
d'instruments  du  royaume  de  France  ».  C'est 
tout  ce  que  l'on  sait  de  cet  artiste,  resté  jusqu'ici 
absolument  inconnu. 

ROUSSELOIS  (  Marie- WiLHELMi>E  DE 
ROUSSELLOIS,  connue  sous  le  nom  de  M"'), 
cantatrice  dramatique  renommée,  naquit  à 
Vienne  (Autriche),  le  26  février  1765  (1).  Tout 
ce  qu'on  sait  sur  les  commencements  de  sa  car- 
rière, c'est  qu'en  1784  elle  était  première  can- 
tatrice au  théâtre'  d'opéra  français  de  Cassel ,  et 
qu'on  vantait  déjà  son  double  talent  de  comé- 
dienne et  de  musicienne.  Congédiée  en  1786, 
avec  la  plupart  de  ses  camarades,  elle  se  rendit 
à  Paris,  où  bientôt  elle  fut  engagée  à  l'Opéra. 
Elle  parut  pour  la  première  fois  sur  ce  théâtre 
dans  le  rôle  de  Clytemnestre  d'iphigénie  en 
Aulide,  de  Gluck.  «  Sa  figure,  disait  un  recueil 
de  l'époque,  est  peu  agréable,  et  sa  taille 
trop  massive;  mais  ces  deux  défauts  semblent 
disparaître  aux  yeux  du  public  quand  elle  a  dé- 
ployé l'étendue  de  sa  voix,  l'une  des  plus  belles 


(I)  L'acte  de  décès  de  M"'  Rousselois,  Inscrit  à  l'état 
civil  de  Bruxelles,  porte  son  nom  ainsi  orthographié:  De 
Houssellois  Tout  porte  à  croire  que  celte  (rande  artiste, 
quoique  née  à  l'étranger,  était  d'origine  et  do  famille 
française;  la  contexture  de  son  nom  l'indique,  ainsi  que 
sa  carrière,  exclusivement  française,  et  enfin  ses  atta- 
ches ultérieures  de  famille,  puisque  ses  filles  et  ses  pe- 
tites-filles brillèrent  au  nombre  des  •meilleures  comé- 
diennes françaises.  a.  r. 


ROUSSELOIS 


qui  existent.  Celle  cantatrice  est  tellement  mu- 
sicienne ,  elle  possède  si  parfaitement  l'art  de 
ménager  ses  moyens,  pour  les  [faire  ressortir, 
qu'elle  exécute  avec  la  même  supériorité  l'a- 
riette de  bravoure  et  la  romance,  la  musique 
de  Gluck  et  le  vaudeville.  Elle  a,  d'ailleurs, 
comme  actrice,  un  talent  digne  des  plus  grands 
éloges.  Sa  diction  est  juste  et  nuancée;  son  dé- 
bit a,  selon  les  rôles,  de  l'énergie  ou  de  la  lé- 
gèreté, de  la  noblesse  ou  du  comique,  de  la 
finesse  ou  du  sentiment.  On  l'a  vue  plusieurs 
fois  remplir  ceux  de  grandes  coquettes  avec  un 
talent  égal  à  celui  de  nos  meilleures  actrices. 
Tout  Paris  se  rappelle  la  manière  vive  et  spiri- 
tuelle dont  elle  a  joué  le  joli  rôle  de  soubrette 
dans  l'opéra  des  Prétendus...  » 

Après  avoir  été  forcée  de  quitter  l'Académie 
royale  de  musique,  où  elle  avait  créé  avec  succès 
le  rôle  princijtal  du  Démophon,  de  Yogel ,  mais 
oii  elle  éclipsait  un  peu  trop  M'^'  Maillard , 
son  chef  d'emploi,  M""'  Rousselois  prit  un 
engagement  en  province  ,  et  ensuite  à  Bruxel- 
les, où  elle  débuta  le  2  octobre  1800  dans  Di- 
don,  de  Piccinui.  De  Bruxelles  elle  se  rendit  à 
Rouen ,  revint  dans  la  première  de  ces  deux 
villes  en  1804,  y  passa  les  trois  ou  quatre  années 
qui  suivirent,  puis  retourna  à  Rouen,  où  elle 
faillit  périr  dans  l'incendie  qui  consuma  le  théâtre 
le  28  janvier  1810.  Elle  s'échappa  fort  heureu- 
sement par  une  fenêtre,  plus  fortunée  que 
plusieurs  de  ses  camarades,  qui  trouvèrent  la 
mort  au  milieu  des  flammes. 

A  partir  de  1815,  m'^^  Rousselois,  de  retour 
en  Belgique,  ne  quitta  plus  ce  pays  ;  elle  fit  par- 
lie  sans  interruption  de  toutes  les  troupes  qui 
se  succédèrent  à  Bruxelles,  jouant  à  la  fois  les 
caractères  dans  la  comédie  et  les  premières 
duègnes  dans  l'opéra  et  le  vaudeville.  Quelques 
vieux  amateurs  se  la  rappellent  encore,  lorsque 
(1820),  à  côté  de  ses  deux  petites-filles,  deve- 
nues plus  tard  M'"'*  Génol  et  Yolnys,  elle  dé- 
ployait un  entrain,  une  verdeur,  un  naturel  qui 
défiaient  le  temps  et  les  orages.  Peu  d'années 
avant  l'époque  de  sa  retraite,  le  public  ne  man- 
quait jamais  d'applaudir  avec  transport  ces  deux 
vers  de  la  Fausse  Magie,  appliqués  à  la  canta- 
Irice  quasi  septuagénaire  dont  la  voix  se  re- 
trouvait encore  »i  belle  dans  la  musique  de 
Grélry. 

Et  voilà,  voilà  de  ces  femmes; 

On  n'en  fait  plus,  c'est  du  l)on  temps. 

Elle  quitta  définitivement  le  théâlre  le  31 
mai  1838.  La  représentation  donnée  à  cette 
occasion  fut  extrêmement  brillante  ;  le  public  y 
était  accouru  en  foule.  Malgré  ses  soixante- 
treize  ans,  la  bénéficiaire  s'acquitta  encore  par- 


faitement des  rôles  qu'elle  jouait  pour  la  der- 
nière fois  dans  les  Voitures  versées  et  le  Ga- 
min de  Paris.  Aussi^le  public  lui  fil-il  une  de 
ces  ovations  comme  il  en  sait  faire  à  ses  altis- 
tes de  prédilection. 

m""  Rousselois  est  morte  à  Bruxelles,  le  8 
novembre  ^  1850,  à  l'âge  de  quatre-vingt-cinq 
ans  (1). 

F.  D. 


(1)  M"»  Rousselois  a  eu  deax  de  ses  filles  actrices 
comme  elle  :  l'une,  M""^  Fay,  femme  du  chanteur  et 
compositeur  de  ce  nom  ;  la  seconde,  M"'=  I.eniesle, 
qui  débuta  au  théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bruxelles,  le 
11  mai  1818,  obtint  sur  cette  scène  des  succèi  éclatants, 
et  mourut  à  Paris,  au  mois  de  juin  i8i8,  dans  un  ûge 
encore  peu  avancé.  Ces  deux  artistes  étaient  dignes  de 
leur  mère. 

Fétis  a  fait  une  confusion  lorsqu'il  a  dit,  à  l'article 
Fay,  que  ce  compositeur  avait  épousé  M'"  Rousselois, 
tandis  qu'en  réalité  c'est  de  sa  fille  qu'il  devint  le  mari. 
Voici  la  notice  qu'on  trouve  sur  M""'  Fay  dans  la  liiogra- 
phie  universelle  et  portative  des  contemporains  : 

«  Fay  (M"'<^  Jeanne),  née  en  I78l,  est  fille  de  iM'"»  Rous- 
selois, l'une  des  meilleures  actrices  et  cantatrices  qui 
aient  paru  à  l'Académie  royale  de  musique,  qu'elle  fut 
forcée  ne  quitter,  parce  qu'elle  j  éclipsait  M"^  >lalllard, 
son  chef  d'emploi.  (Le  fait  est  exact,  quoique  singulier, 
et  Mme  Fay,  comme  auparavant  sa  mère,  fut  à  lOpéra 
la  rivale  sagrifiée  de  Mlle  Maillard.)  Mme  Fay,  héritière 
du  double  talent  de  sa  mère,  lïîais  douée  d'un  physique 
beaucoup  plus  agréable,  a  éprouvé  les  mêmes  entraves. 
Sans  études  préliminaires,  mais  excellente  musicienne, 
elle  débuta  fort  jeune,  en  i797,  au  théâtre  Feydeau, 
sous  le  nom  de  Mme  Bachelier,  dans  les  grands  rOles  de 
.Tulietle  dans  iiowieo,  de  Séraphine  dans /«  CareDit',  et 
de  Lodoislca  ;  elle  y  montra  une  intelligence  et  une 
énergie  au-dessus  de  son  âge,  et  fut  jugée  digne  de 
remplacer  Mme  Scio  :  mais  bientôt  des  intrigues  l'obli- 
gèrent de  passer  au  théâtre  Favart,  où  elle  eut  les 
mêmes  succès  et  les  mêmes  désagréments.  .4yant 
épousé  M.  Fay,  elle  voyagea  avec  lui  et  fit  par- 
tout une  ample  moisson  de  lauriers  et  d'argent  ;  par- 
tout elle  excita  l'enthousiasme,  et  les  journaux  des 
départements  ne  lui  épargnèrent  pas  Its  louanges.  Le 
bruit  de  ses  talents  la  fit  rappeler  à  Paris.  Elle  parut 
au  théâtre  Feydeau,  en  isi8,  dans  Isaure  de  Raoul 
Barbe-Bleue.  Mais  le  volume  de  sa  voix,  l'expression 
de  sa  physionomie  et  de  son  jeu,  la  noblesse  de  sa  taille, 
la  firent  juger  plus  convenable  à  l'.tcadémie  royale  de 
musique,  pour  remplacer  Mine  Branchu,  qui  songeait  à 
se  retirer.  Mme  Fay  y  débuta  en  18i9,  et  joua  succes- 
sivement les  rôles  d'.\rmide,  de  la  Vestale,  de  Clytem- 
neslre  dans  Iphigcnie  en  Aulide,  de  Climéne  dans  Pa- 
nurge,  de  DiJon,  etc.  Les  applaudissements  qu'elle  y  ob- 
tint lui  valurent  un  ordre  de  réception;  mais  de  nou- 
velles intrigues  la  forcèrent  de  quitter  au  bout  d'un 
an.  On  s'était  flatté  de  la  voir  rentrer  â  l'Opéra,  eu 
18Î2,  après  la  retraite  de  Mme  Branchu  ;  mais  l'altente 
du  public  fut  cruellement  déçue;  car  aucune  des  actri- 
ces qui  ont  paru  ou  qui  sont  encore  à  ce  théâtre,  ne 
possède  assurément  l'ensemble  des  quaUiés  qui  distin- 
guent les  talents  de  Mme  Fay.  C'est  ainsi  que,  sous 
une  administration  sans  lumières  et  sans  énergie,  dnns 
les  choses  d'agrément,  comme  dans  les  affaires  Impor- 
tantes, la  médiocrité  l'emporte  trop  souvent  sur  le  mé- 
rite. Mme  Fay.  éloignée  dj  la  scène  dans  un  âge  où  la 
conservation  de  tous  ses  moyens  lui  promettait  encore 


456 


ROUSSELOT  —  ROXAS 


IIOITSSELOT  (Scipioin),    \ioIoncelliste    et 
coiii(tosilem'   liistingiié,     né  au    commencement 
de  ce  siècle,  (it  son  éducation  musicale  au  Con- 
seivatoire  de  Paris,   où  il   fut  admis   dans  la 
classe  de  violoncelle  de  Baudiot,  et  où  il  obtint 
un  premier  prix  au  concours  de  1823.  11  étudia 
ensuite  l'harmonie  et  la  composition  '  avec  Rei- 
clia,    et  bientôt  se  fit  connaître  par  la  produc- 
tion de  plusieurs  œuvres  de  musique  de  cham- 
bre ou  de  musique  symphonique  qui  décelaient 
un  artiste  instruit,  bien  doué   et  digne  de  sin- 
cères  encourafiemenls.  Le  9   février  1834,  M. 
Uousselot    faisait  exécuter,  à   la    Société    des 
concerts  du  Conservatoire,  une  symphonie  qui 
était    très-bien  accueillie   du    public,    et    peu 
après  la  Société  de  musique  de  chambre  fondée 
par   les  frères    Tilmant  (Voij.   ce  nom)  faisait 
applaudir   quelques  unes   de  ses  compositions 
en  ce  genre.   11   fut  moins  heureux  au  théâtre, 
qu'il   n'aborda  d'ailleurs  qu'une  seule   fois,  en 
donnant  à  l'Opéra-Comique    un  ouvrage  en  un 
acte,   Zurich,    qui    ne   fut  que  médiocrement 
heureux  par  suite  de  la  faiblesse  du  poème  et 
des  allures  un  peu  trop  ambitieuses  de  la   parti- 
tion. Depuis  lors,  M.  Rousselolest  allé  se  fixer  en 
An.'leterre,  et  l'on  n'en  a  plus  guèreenteniiu  parler. 
Je  citerai  les  ouvrages  suivants,  presque  tous 
publiés  chez  l'éditeur  Richault,  parmi    ceux  qui 
sont  dus  à  cet  artiste   honorable:  1'^  Sympho- 
nie à  grand  orchestre  ;  Sextuor  pour  hautbois, 
clarinette,    cor,    basson,  violoncelle  et  contre- 
basse  (Paris,     Catelin)  ;    5  grands    Quintettes 
pour  2  violons,  alto,  violoncelle  et  contre- basse, 
op.  14,  16,   21,  23  et  2C;  3  Quatuors   pour   2 
violons,    alto  et  violoncelle,  op.    10;  4'   Qua- 
tuor, id.,  op.  25;    Trios  pour   piano,  violon  et 
violoncelle,  op.   7  ;  3    Sonatines   pour  violon- 
celle et  basse,  op.  2  ;  Thème  varié  pour  vio- 
loncelle, avec  accompagnement  de  piano  ou  de 
quatuor,  op.  8  ;  Variations  sur  il  Crociato  pour 
violoncelle    ou  violon,    avec  accompagnement 
de   piano,  op.  11  ;  Variations  faciles  pour  vio- 
loncelle, avec   accompagnement  de  2  violons  et 
alto  ou    piano,  op.  12  ;  1"  Morceau   de  salon 
pour  violoncelle  et  piano,  op.  13  ;  Mélange  sur 
deux  airs  languedociens  pour  violoncelle,  avec 
accompagnement    de    piano,    op.l9;    Nocturne 
pour  piano  et  violon,  op.  9. 

Un  frère  de  cet  artiste,  M.  Joseph-François 
Ponsselo/,  virtuose  fort  distingué  sur  le  cor, 
est  né  le  6  février  1803.  Il  lui  ailmis  au  Con- 
servatoire, dans  la  clas.se  de  Dauprat,  et  obtint 
un  second  prix  décor  au  concours  de  1822,  et 

de  longs  succès,  paraît  sVIre  consacrée  cntU-remcnt  an\ 
soins  particuliers  qu'eiigealcnt  les  dispositions  précoces 
et  l'cdiicalion.lliéûtrale  dejia  ûlle.  • 


le  premier  prix  l'année  suivante.  11  fit  ensuite 
partie  des  orchestres  de  l'Opéra,  de  la  Société 
des  concerts  du  Conservatoire,  où  il  se  produi- 
sit parfois  comme  soliste,  et  de  la  chapelle 
royale.  M.  J.-F,  Rousselol  vit  aujourd'hui  re- 
tiré à  Argenteuil,  près  Paris. 

*  ROVETÏA  (Jk.4n).  —  Dans  la  seconde 
édition  de  son  Amiuario  musicale,  M.  Palos- 
chi  fixe  la  date  de  la  mort  de  cet  artiste  au  23 
octobre  1668. 

ROVIRA  (A ),  compositeur  espagnol, 

est  l'auteur  d'im  opéra  italien,  Sennondo  il 
(jeneroso,  qui  fut  représenté  sur  le  théâtre 
principal  de  Barcelone,  le  6  janvier  1839.  Je 
n'ai  pu  découvrir  aucun  autre  renseignement 
sur  cet  artiste. 

ROXAS  (Emanlei.e  DE),  compositeur  ita- 
lien d'origine  espagnole,  est  né  à  Reggio  de 
Calabre  le  1"  janvier  1827.  Destiné  à  la  car- 
rière des  armes,  que  sa  famille  avait  parcourue 
pendant  plusieurs  générations,  il  devait  être 
placé  à  l'école  de  marine  lorsque,  sur  ses  ins- 
tances, son  père  consentit  à  lui  laisser  suivre  son 
penchant  pour  la  musique.  Il  entra  alors  au  Con- 
servatoire de  Naples,  où  tout  d'abord  iTse 
livra  à  l'étude  du  hautbois;  mais  bientôt  il 
abandonna  cet  instrument,  et  devint  élève  de 
Busti,  puis  de  Crescentini  pour  le  chant.  Dans 
le  même  temps,  il  commença  l'étude  de  l'har- 
monie avec  Giacomo  Cordella,  et  enlin  fil  un 
cours  complet  de  contre-point  et  de  composi- 
tion avec  Francesco  Ruggi. 

Ayant   quitté   le  Conservatoire  en    1847  ,  il 
écrivit  aussitôt  un  opéra  en  2  actes,  la  Fiylia 
di'l  Sergente,  qui  fut  représenté  avec  succès, 
l'année  suivante,  sur  un   petit  théâtre   de  Na- 
ples  aujourd'hui  disparu.   Au   mois   de  juillet 
1852,  il  donnait  au   théâtre    Nuovo   un  opéra 
bouffe  en  3  actes,  intitulé  Gisella,  que  le  pu- 
blic reçut  avec  la  même  laveur.  Tout  en  s'oc- 
cupant  aussi  de  musique  religieuse,  M.  de  Roxas 
écrivit  un  troisième  ouvrage  dramatique,  Rita, 
qui,  moins  heureux  que   les  précédents,  fut  ac- 
cueilli   avec  froideur    au    théâtre    du    Fondo, 
en   1857.    Ce  fut   alors  que    la  mort   de    son 
père  et  certaines  circonstances  de  famille  vin- 
rent obliger  le  compositeur  à  renoncer  à  la  car- 
rière du    théâtre    A   partir  de  ce    moment,  il 
n'écrivit  plus  guère   qu'un  certain  nombre  de 
romances  et  mélodies,  et  consacra  presque  en- 
tièrement   son   activité    à    l'enseignement   du 
chant.   Il    forma   sous  ce  rapport  d'excellents 
élèves,  parmi  lesquels  on  se  plait  surtout  à  ci- 
ter deux  chanteurs  dramatiques  fort  distingués, 
qui  ont  été  applaudis  par  toute  l'Europe,  le  té- 
nor Mario  Tiberini  et  le  baryton  Luigi  Colonnese. 


ROXAS  —  RUBINSTEIN 


457 


M.  de  Roxas  a  publié,  chez  l'éditeur  Ricordi 
(Milan),  quatre  albums  de  chant;  chez  l'éditeur 
Coltrau  iN.ipies),  deux  albums  intitulés /eZf/<>:;;e 
?i/if)olitane  et  fmmagine  d' a viore  ;  chez  MM. 
Giudici  et  Strada  (Turin),  deu\  autres  recueils 
du  môme  genre.  Comme  compositeur  de  mu- 
sique religieuse,  on  lui  doit  une  Messe  de  Glo- 
ria, un  Magnificat,  un  Tantum  ergo,  les 
Sept  Paroles  de  Jésus-Christ,  oratorio  à  3 
voix  avec  accompagnement  de  petit  orchestre 
et  piano,  et  plusieurs  motets.  —  M.  de  Roxas 
est  chevalier  de  l'ordre  de  la  Couronne  dllali". 
Depuis  1873,  il  remplit  les  fonctions  de  profes- 
seur de  chant  au  Conservatoire  de  Naples. 

ROY  (Paui,),  musicien  français,  fixé  à  Al- 
ger comme  professeur  de  musique,  est  l'auteur 
d'un  traité  publié  sous  ce  titre  :  Enseignement 
rationnel  de  la  musique  (2  volumes  in-8"). 

ROYER  (Alphonse),  auteur  dramatique 
français,  né  à  Paris  le  10  septembre  1803,  y 
eit  mort  le  11  avril  1875.  On  lui  doit  les  li- 
vrets, originaux  ou  traduits,  des  opéras  sui- 
vants, tous  écrits  en  société  avec  Gustave 
Waëz  :  Lticie  de  Lamermoor,  la.  Favorite, 
Othello,  Don  J'asqnale,  Jérusalem  (i  Loin- 
bnrdi),  Robert  Bruce.  Alphonse  Royer,  qui 
avait  été  directeur  du  théâtre  de  l'Odéon,  de- 
vint directeur  de  l'Opéra  le  1*'  juillet  1856  et 
Conserva  cette  situation  jusqu'au  mois  de  dé- 
cembre 1802.  Depuis  cette  époque,  renonçnnt 
au  théâtre  d'une  façon  active,  il  en  fit  l'objet 
d'éludés  littéraires  importantes,  traduisant  les 
œuvres  d'Alarcon,  de  Tirso  de  Molina,  de  Carlo 
Gozzi, et  publiant  une  médiocre  Histoire  univer- 
selle du  Théâtre  (Paris,  Franck,  1869-1877  , 
fi  vol.  in-8°).  Lors  de  l'inauguration  de  la  nouvelle 
salle  de  l'Opéra,  il  a  publié  aussi  une  Histoire 
de  l'Opéra  (Paris,  Bachelin-Dellorenne,  1875, 
petit  in- 8°  avec  portraits),  qui  peut  être  agréable 
aux  gens  du  monde  complètement  ignorants  des 
phasi's  historiques  de  notre  première  scène 
lyrique,  mais  pour  laquelle  l'auteur  a  négligé 
de  remonter  aux  sources,  et  qui,  par  consé- 
quent, ne  contient  aucun  fait  nouveau,  aucune 
vue  particulière,  aucun  document  inédit ,  et 
bien  moins  encore  de  vues  d'ensemble  et  de 
résumé  philosophique. 

ROZET  ( ).  —  Un  artiste  de  ce  nom  a 

fait  représenter  à  Lyon,  au  mois  de  septembre 
1845,  un  opéra-comique  en  un  acte  intitulé  la 
Jeunesse  de  Charles  XI I. 

ROZROSNY    (R ),     compositeur    lion- 

grois,  est  l'auteur  d'un  opéra  romantique,  qui 
a  été  représenté  sous  ce  litre  :  Svatojnncky 
Prondy,  sur  le  théâtre  national  de  Pestb,  au 
mois  d'octobre  1871. 


RrBE.\   (A ),    compositeur  allemani 

contemporain,  a  éciit  lu  inusi(|ue  d'un  petit 
ouvrage  de  circonstance,  Vor  hundert  Jahren 
{Il  y  a  cent  ans),  qui  a  élé  représenté  le  7 
octobre  1&78,  sur  le  théâtre  royal  de  Munich, 
poiu-  célébrer  le  centième  anniversaire  de  l'i- 
nauguration de  ce  théâtre. 

RURERTI  (CosTANTiNo) ,  violoniste  et 
compositeur  italien  du  dix-huitième  siè(U^, 
était  né  à  >'aples  et  résidait  en  cette  ville. 
Membre  de  la  chapelle  royale,  il  lit  représenter 
sur  le  théâlre  ISuovo,  en  1735,  un  opéia  inti- 
tulé j^  Filippo. 

*  RURIXI  (Jean-B.vptiste),  célèbre  chan- 
teur italien.  —  Cet  artiste  fameux  a  publié  : 
1°  12  Leçons  de  chant  moderne,  pour  ténor 
ou  soprano,  Paris,  Bernard-Latte  (1839),  avec 
portrait;  2°  /M diei<^  hommages  et  souvenirs  à 
.'•on  élève  mademoiselle  de  Flahauf,  Paris,  Ber- 
nard-Latte, avec  portrait  de  l'auteur  dans  sou 
costume  à'i  Puritani.  Ce  dernier  recueil  con- 
tient six  morceaux  :  le  Pendez-vous  de  nuit, 
romance  ;  une  Prière,  id.;  llvgrets  et  Souve- 
nir, ariette  ;  Ma  belle  promise,  air  ;  la  Rose, 
duettino;  l'Adieu,  duetto. 

M'"'  Rubini,  Française  de  naissance  et  d'ori- 
gine, et  dont  le  nom  de  demoiselle  était  Adèle 
Chomel,  s'était  fait  connaître  d'abord  sous 
celui  de  Comelli,  et  avait  obtenu  de  grands 
succès  en  Italie  et  en  Angleterre,  eu  compa- 
gnie de  son  mari.  Elle  est  morte  à  Milan,  au 
mois   de  janvier  ou  février   1874. 

*  RUBIMSTEIX  (Antoine),  l'un  des  ar- 
tistes les  |)lus  remarquables  de  l'époque  ac- 
tuelle, est  considéré  aujourd'hui  comme  le  chef 
de  l'école  musicale  russe.  Virtuose  de  premier 
ordre,  remarquable  par  la  fougue  de  sou  exé- 
cution, la  grandeur,  la  puissance  et  souvent 
la  noblesse  de  son  jeu,  pourvu  d'une  solide 
instruction  et  d'une  vaste  connaissance  de 
toutes  les  œuvres  et  de  tous  les  styles,  il  lui 
manque  malheureusement  les  qualités  de  charme 
et  d'émotion  sans  lesquelles  il  n'est  pas  d'ar- 
tiste accompli.  Admirable  au  point  de  vue  de 
la  sonorité  qu'il  lire  de  l'instrument,  des  inian- 
ces  qu'il  sait  lui  faire  rendre,  des  qualités  ner- 
veuses d'une  exécution  pleine  de  souplesse  et 
d'imprévu,  de  hardiesse  et  d'autorité,  M.  Ru- 
bin.stein  étonne  et  frappe  ses  auditeurs  p'us 
qu'il  ne  les  charme.  Il  y  a  quebiue  chose  d'a- 
brupt, de  sauvage  dans  ce  jeu  viril  jusqu'à 
l'excès,  et  qui  ne  connaît  pour  ainsi  dire  ni  la 
grâce  ni  la  tendresse.  Ce  n'en  est  pas  moins 
un  artiste  de  haute  lignée,  d'un  talent  magni- 
fique, et  d'un  ordre  exceptionnel. 

Comme  compositeur,  M.  Rubinstein  peut  être 


458 


RUBINSTEIN 


apprécié  à  peu  près  de  même  que  comme  vir- 
tuose. Plus  violent  que  vigoureux,  plus  étrange 
que  foncièrement  original,  plus  habile  au  point 
de  vue  teduiique  que  fertile  en  ce  qui  con- 
cerne l'imagination,  il  est  fort  loin  cependant 
d'i'^tre  le  premier  venu,  et  son  talent  heurté 
mais  [Hiissant,  parfois  brutal,  mais  grandiose, 
a|)pelle  forcément  l'intérêt  et  s'impose  à  l'at- 
tenkion.  Les  opéras  de  M.  Rubinstein  ont  subi 
des  chances  diverses,  et  sont  d'ailleurs  très- 
inégaux  en  valeur,  non-seulement  entre  eux, 
mais  dans  leurs  diverses  parties.  On  ne  peut 
nier  cependant  que  Feramors  et  le  Démon 
n'aient  obtenu  des  succès  très-réels.  Ses  deux 
oratorios,  la  Tour  de  Babel  et  le  Paradis 
perdu,  ont  été  moins  complètement  heureux. 
Le  premier  de  ces  ouvrages  a  paru  à  la  fois 
bien  lourd  et  bien  monotone  lorsque  l'auteur  est 
venu  le  faire  entendre  à  Paris  en  1875,  et  Ion 
n'y  a  remarqué  que  les  trois  jolis  petits  clio'urs 
des  enfants  de  Cham,  deSem  et  de  Japhet.  Quant 
au  second,  il-  ne  semble  avoir  été  accueilli,  à 
Saint-  Pétersbourg,  qu'avec  un  succès  relatif.  En 
ce  qui  concerne  sa  musique  symphonique,  elle 
est  beaucoup  plus  prisée  en  Allemagne  qu'en 
France,  où  l'on  a  reçu  avec  une  certaine  froi- 
deur la  symphonie;  l'Océan  et  le  tableau  mu- 
sical intitulé  Ivan  IV.  Il  y  a  sans  doute  dans 
ces  œuvres  de  grandes  qualités  de  facture,  une 
science  magistrale  de  l'instrumentation  et  un 
sentiment  remarquable  des  effets  d'orchestre, 
mais  on  y  voudrait  une  inspiration  plus  sou- 
ple, plus  brillante,  et  surtout  plus  généreuse. 
Parmi  ses  compositions  pour  le  piano,  il  faut 
tirer  de  pair  quelques-uns  de  ses  concertos 
de  piano,  particulièrement  le  cinquième, 
qui  est  une  production  extrêmement  remar- 
quable, et  que  M.  Rubinstein  exécute  avec 
une  incomparable  [maestria.  Enfin,  si  M.  Ru- 
binstein laisse  à  désirer,  dans  sa  musique  de 
chambre,  un  style  moins  heurté,  moins  iné- 
gal et  moins  violent,  il  a  produit  un  grand 
nombre  de  lieder  dont  la  forme  et  l'inspiration 
sont  vraiment  originales,  particulières  et  sa- 
voureuses. 

M.  Antoine  Rubinstein,  qui  a  rendu  de  grands 
services  à  l'art  musical  russe  en  créant,  en 
1862,  le  Conservatoire  de  Saint-Pétersbourg,  et 
en  imprimant  aux  concerts  philharmoniques  de 
cette  ville  une  direction  excellente,  n'a  cepen- 
dant jamais  renoncé  complètement  à  ses  voya- 
ges artistiques,  qui  lui  ont  valu  de  nombreux 
et  brillants  succès.  Il  a  parcouru  plusieurs 
fois  l'Allemagne,  où  sa  musique  est  inscrite  sur 
les  programmes  de  tous  les  concerts,  il  a  visité 
la  Belgique  en  18GG,  est  venu  à  Paris  en  18C8, 


1870  et  1875,  et  s'est  fait  entendre  de  nouveau, 
en  1878,  à  Bruxelles,  où  il  a  remporté  de  vé- 
ritables triomphes.  En  somme,  qu'on  le  con- 
sidère comme  virtuose  ou  comme  composi- 
teur, M.  Rubinstein  est  un  artiste  incomplet 
sans  doute,  profondément  inégal,  mais  prodi- 
gieusement doué,  d'une  valeur  véritablement 
exceptionnelle,  et  qui  a  fait  assez  pour  que  son 
nom  tienne  désormais  une  place  toujours  hono- 
rable, parfois  brillante,  dans  l'histoire  de  l'art 
musical. 

Voici  un  catalogue  étendu,  quoique  encore 
très-incomplet,  des  œuvres  de  M.  Antoine  Ru- 
binstein. —  Musique  dramatique  et  oratorio. 
Dimitri  Donskoï,  opéra  en  3  actes,  Saint-Péters- 
bourg, 1832;  Tom  le  fou;  les  Enfants  des 
Landes,  Vienne,  i86l;  Feramors,  Dresde,  théâ- 
tre royal,  22  février  1863;  le  Démon,  opéra 
«  religieux  »  en  3  actes,  Saint-Pétersbourg,  25 
janvier  1875;  les  Macchabées,  Berlin,  17  avril 
1875;  Néron;  la  Venr/eance ^  un  acie  (non  re- 
présenté); les  Sept  Chasseurs  sibériens  (non 
représenté)  ;  la  Tour  de  Babel,  oratorio,  exécuté 
au  festival  rhénan  de  Dusseldorf,  en  1872;  le 
Paradis  perdu,  oratorio,  Saint-Pétersbourg, 
17  décembre  1876.  —  Musique  symphonique. 
L'Océan,  symphonie;  Symphonie  dramatique; 
2  Symphonies;  Ivan  IV,  composition  caracté- 
ristique pour  orchestre,  op.  79  ;  Don  Quichotte, 
composition  caractéristique  pour  orchestre,  op. 
87.  —  Musique  vocale.  Hécube,  air  avec  ac- 
compagnement  d'orchestre,  op.  92,  n°  1  ;  Agar 
dans  le  désert,  scène  dramatique  avec  accom- 
pagnement d'orchestre,  op.  92,  n"  2;  le  Lyrique 
et  le  Requiem  pour  Mignon,  vaste  composition 
écrite  sur  un  texte  tiré  du  Wilhelm  Meister  de 
Gœthe,  op.  91;  Mélodies  Persanes;  musique 
pour  le  Faust,  de  Ga'lhe  ;  10  lieder,  op.  83; 
un  très-grand  nombre  de  lieder  et  mélodies  vo- 
cales à  une  ou  plusieurs  voix.  —  Musique  ins- 
trumentale. Sextuor  pour  instruments  à  cordes; 
Quintette  pour  piano,  deux  violons,  alto  et  vio- 
loncelle (en  so^  mineur);  Quintette  pour  piano, 
flûte,  clarinette,  cor  et  basson,  op.  55  ;  Quatuor 
pour  jiiano,  violon,  alto  et  violoncelle  (en  ut 
majeur),  op.  66  ;  3  quatuors  pour  instruments  à 
cordes,  op.  17  ;  2  quatuors  pour  instruments  à 
cordes  (ioi  mineur,  mi  mineur),  op.  9(>;  Qua- 
tuors pour  instruments  à  cordes,  op.  47;  2  Trios 
pour  piano,  violon  et  violoncelle  (fa  majeur,  sol 
inineiu),  op.  15;  Trio,  id.  (5/ majeur),  op.  52; 
Trio,  id.  (ut  mineur),  op.  85;  1'*  sonate  pour 
piano  et  violon  (sol  majeur),  op.  13;  T'  Sonate, 
iii.  (la  mineur),  op.  19;  Grand  Duo  pour  piano 
et  violon  sur  le  Prophète  (avec  M.  Vieuxtemps); 
Romance  et  Caprice  pour  piano  et  violon,  op.  86  ; 


RUBINSTEIN  —  RUEG 


459 


Sonate  pour  piano  et  alto,  op.  49  (arrangée  pour 
piano  et  violon  par  Ferdinand  David)  ;  2  Sonates 
pour  piano  et  violoncelle  (ré  majeur,  sol  majeur), 
op.  18  et  39  ;  Concerto  pour  violoncelle,  avec 
accompagnement  d'orchestre;  1*"",  2",  S"",  4*  et 
5'  Concertos  pour  piano,  avec  accompagnement 
d'orchestre;  Fantaisie  pour  piano,  avec  accom- 
pagnement d'orchestre,  op.  84  ;  Sonate  pour 
piano,  op.  89;  4*  Sonate  pour  piano  {la  mineur), 
op.  100;  6  Études,  id.,  dédiées  à  M""'  Marie 
Pleyel,  op.  23  ;  6  Études,  id.,  dédiées  à  M™"  Clara 
Schumann,  op.  24;  6  Études,  id.,  op.  81;  2 
Grandes  Études,  id.,  op.  93;  Ondine,  étude, 
id.,  op.  1  ;  2  Mélodies,  id.,  op.  3;  2  Fantaisies 
sur  des  chansons  populaires  russes,  op.  2;  Ma- 
zurka-fantaisie, op.  4;  3  morceaux  {Polonaise, 
Cracovienne,  Mazarke),  op.  5;  Tarentelle, 
op.  6  ;  linproniptu-Caprice,  op.  7  ;  3  morceaux 
{Tinproniptu,  Berceuse,  Sér&nade),  op.  16  ; 
Acrostiche,  op.  37  ;  5  morceaux  {Caprice,  Noc- 
turne, Scherzo,  Romance,  Toccaia),  op.  69; 
3  Morceaux  {Nocturne,  Mazurke,  Scherzo),  op. 
7\;  le  Bal,  fantaisie  en  10  numéros  ;  Album  des 
danses  populaires  des  différentes  nations,  op_ 
82  ;  Thème  et  Variations,  op.  88. 

RUBIXSTEIN  (NicoL.vs),  frère  du  précé- 
dent, est  né  en  1835  à  Moscou.  Dès  son  enfance, 
il  avait  révélé  des  dispositions  remarquables 
pour  la  musique  ;  à  l'âge  de  sept  ans,  on  com- 
mençait à  le  produire  avec  son  frère  dans  des 
tournées  artistiques-  en  Russie.  Toutefois  il  re- 
connaît avoir  fait  ses  études  les  plus  sérieuses  à 
Berlin  ;  il  s'y  perfectionna  pour  le  piano  avec 
Kullak  et  apprit  la  composition  avec  Dehn, 
qui  était  aussi  le  maître  d'Antoine  Rubinstein  et 
avait  aussi  réformé  l'éducation  de  Glinka.  Après 
son  retour  à  Moscou,  sa  famille  l'obligea  vaine- 
ment d'entrer  à  l'Université,  dans  la  faculté  de 
droit  :  la  vocation  musicale  reprit  le  dessus.  Eu 
Russie,  il  était  considéré  comme  l'égal  de  son 
frère,  mais  celui-ci  ajoutait  aux  mérites  éminents 
du  virtuose  le  prestige  du  compositeur,  et  décu- 
plait sa  renommée  en  faisant  des  tournées  à 
travers  foute  l'Europe  et  même  en  Amérique. 
Nicolas  Rubinstein,  au  contraire,  s'est  tellement 
voué  à  l'enseignement  qu'il  a  négligé  la  compo- 
sition, et  jusqu'en  ces  derniers  temps  il  se  con- 
tentait comme  virtuose  de  l'admiration  enthou- 
siaste de  ses  compatriotes. 

En  18:^9, c'est-à-dire  à  vingt-quatre  ans, il  fonda 
la  Société  musicale  russe  de  Moscou,  et  il  n'a  ces- 
sé d'en  diriger  les  concerts  syraphoniques  ;  cha- 
que année  il  organise  une  vingtaine  de  program 
mes,  où  les  maîtres  étrangers  alternent  avec  les 
nationaux;  c'est  ainsi,  et  grâce  à  lui,  que  bon 
nombre  d'œuvres  de  l'école  française  contempo- 


raine sont  populaires  à  ISIoscou.  En  outre,  Nico- 
las Rubinstein  va  tous  les  printemps  donner  des 
concerts  à  Saint-Pétersbourg  pendant  le  carême. 

En  1864,  il  a  fondé  le  Conservatoire  de  mu- 
sique de  Moscou,  dont  il  est  toujours  directeur. 
Ce  Conservatoire  est  aussi  actif  que  celui  de 
Saint-Pétersbourg;  les  classes  de  composition  et 
celles  de  piano  y  sont  particulièrement  fortes. 

Ce  ne  sont  pas  seulement  ses  mérites  de  vir- 
tuose et  de  professeur  qui  ont  fait  sa  popularité, 
mais  aussi  ses  qualités  de  cœur  et  d'esprit.  Du- 
rant la  dernière  guerre  d'Orient,  il  a  donné  des 
concerts  dans  trente-trois  villes  de  Russie  au 
profit  des  blessés,  et  a  versé  des  sommes  con- 
sidérables dans  la  caisse  de  la  société  de  la  Croix- 
Rouge. 

Lors  de  l'Exposition  universelle  de  Paris  en 
1878,  il  fut  désigné  pour  venir  organiser  trois 
concerts  russes  au  palais  du  Trocadéro,  et  il  se  fit 
enfin  apprécier  du  public  cosmopolite  comme  pia- 
niste et  comme  chef  d'orchestre.  On  connaît  les 
programmes  de  ses  trois  concerts  nationaux 
russes,  et  l'on  sait  que  le  succès  en  fut  si  grand 
qu'il  fallut  donner  une  quatrième  séance. 

G.  B. 

RUBIO  (Jaci-nto),  est  l'auteur  d'un  Traité  de 
transposition  publié  sous  ce  titre  :  Observa- 
ciones  y  reglas  sobre  el  trasporte  mitsical, 
Mexico,  I8.j6. 

RUBIO  (Angel),  musicien  espagnol  contem- 
porain, a  fait  représenter  au  théâtre  Apolo,  de  Ma- 
drid ,  au  mois  de  mars  1879,  une  zarzuela  en 
un  acte  intitulée  la  Salsa  de  Aniceta. 

*  RUDERSDORFF  (Joseph),  violoniste, 
né  à  Amsterdam,  est  mort  à  Kœnigsberg  au 
mois  de  mars  186G. 

RUDORFF  (Ernest),  compositeur  alle- 
mand, s'est  fait  connaître  récemment  par  la 
publication  de  quelques  œuvres,  entre  autres  : 
Ouverture  sur  le  conte  de  Ludwig  Tieck  :  Ehbert 
le  blond,  op.  8;  Audante,  scherzo  et  finale  pour 
orchestre,  op.  15;  Sérénade  pour  orchestre,  op. 
20  ;  Variations  pour  orchestre  sur  un  thème 
original,  op.  24;  etc. 

RUEG  (Benedict),  musicien  suisse,  né  à 
Uznach,  près  du  lac  de  Zurich,  vivait  à  la  fin 
du  dix-septième  siècle  et  au  commencement  du 
dix-huitième.  Il  fut  maître  de  chapelle  du  cou- 
vent de  Wettingen,  près  de  Bade  (Argovie),  et 
publia  plusieurs  ouvrages  parmi  lesquels  on 
cite  surtout  le  suivant  :  Corona  Mariana  stel- 
larum  duodecim,  seu  totidem  Salve  Regina  : 
3  Vocibiis,  2  violinis  et  2  clarinis  necessariis  : 
5  ripien-vero,  et  3  violis  ad  libitum  una  cum 
duplici  Basso  continuo  ;  compilata  a  R.  P.  F. 
Benedicto  Rueg,  celeberrimi  Monast.  B.  V.  de 


460 


RUEG    -  RUFER 


M  mis  niella   Musicx    Pr.vfccio   ac.    Philos. 
Viof.  orilni.  0|».  Il,  1703. 

ItIJKLLK  (Chaki.es-E^iii.k),  liellénisie  flis- 
lin^ue,  a  qui  ses  connaissances  musicales  ont 
pfiiinis  Je  lioler  notre  lilléraluie  spéciale  de 
travaux  intéressants,  est  né  à  Paris  le  24  oclo- 
liic  18:53.  .\llatljé  au  niinislère  de  l'Instruction 
|)nhli(iue  (division  des  sciences  et  lettres)  en 
l.S.)i),  il  devenait  à  la  môme  époque  le  secrétaire 
de  .J.-.\.-H.  Vincent  [Voy.  ce  nom),  qu'il  aida 
constamment  de  son  intelligence  et  de  son  dé- 
vouement dans  ses  laborieuses  recherches  sur 
l'art  musical  des  Grecs,  et  c'est  sous  les  yeux 
de  ce  savant  que  M.  Ruelle  entre|)rit  la  traduc- 
ti')n  des  Éléments  harmoniques  rl'Aristoxène, 
traikulion  qui  manquait  à  la  France.  La  mort 
suiprit  le  maître  avant  que  son  disciple  n'eût 
achevé  son  œuvre,  mais  celle-ci  n'en  fut  pas 
moins  menée  à  bonne  (in,  et  la  traduction  de 
M.  Ruelle  tut  publiée  sous  ce  titre  :  Eléments 
harmoniques  crArisloxene,  truduils  en  fran- 
rais-pour  la  première  fois,  d'après  un  texte 
rch-a  sur. les  sept  manuscrits  de  la  Bibliothè- 
que impériale  et  sur  celui  de  Strasbourg,  par 
Cil. -Km).  Ruelle  (Paris,  Pottier  de  Lalaine,  1870, 
in-8").  Dans  un  avertissement  plein  d'inlérêt,  le 
traducteur  fait  une  sorte  d'historique  de  la  vie 
il'Aristoxène  et  de  ses  écrits,  et  le  texte  de  son 
auteur  est  élucidé  par  lui  à  l'aide  de  notes  nom- 
breuses et  savantes.  Le  travail  de  M.  Ruelle  a 
été  couronné  par  l'Association  pour  l'enseigne- 
ment de-i  études  grecques. 

En  I87i,  M.  Ruelle  publiait  l'opuscule  sui- 
vant, qui  avait  été  inséré  daboid  dans  les 
Comptes-Rendus  de  l'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres  :  ISolices  et  variantes  d'un 
manuscrit  grec  relatif  à  la  musique  qui  a 
pvri  pendant  le  bombardement  de  Strasbourg 
(Paris,  Donnaud,  1871,  in-8"  de  4  pp.);  puis, 
ajant  été  charj^é  par  le  gouvernement  français, 
au  mois  d'octobre  de  la  même  année,  d'une  mis- 
sion qui  avait  pour  but  la  recherche,  dans  les 
bibliothèques  de  l'p]spagne,  des  manuscrits  grecs 
contenant  des  textes  inédits  relatifs  à  la  nuisique, 
il  rapporta  de  son  voya;;e  les  éléments  des  deux 
publications  suivantes  :  1"  Etudes  sur  l'ancienne 
musique  grecque.  Rapports  à  M.  le  ministre 
de  l'Instruction  publique  sur  une  mission 
littéraire  en  Espagne  (Paris,  Impr.  nationale, 
187Ô,  in-8°);  2°  Traduction  de  quelques  textes 
grecs  inédits,  recueillis  à  Madrid  et  à  l'Es- 
curial  :  lettres  de  Psellus,  fragments  ano- 
nymes sur  ta  musique  et  sur  l'accentuation 
grecque,  table  des  chapitres  du  Dynaméron 
du  médecin  Elius  Promolus  (Paris,  Duran  I, 
1875,  in-S"). 


Outre  ces  travaux  dont  l'inlérôt  et  l'utilité 
n'ont  pas  besoin  d'être  démontrés,  M.  Ruelle  a 
publie,  sur  les  questions  spéciales  qui  l'intéres- 
sent en  ce  qui  concerne  la  musique,  un  assez 
grand  nombre  d'articles  dans  l'Univers  musical, 
la  Revue  et  Gazette  musicale,  le  Bibliographe 
musical  et  la  Revue  archéologique. 

RUELLE  (Jules),  écrivain  français,  colla- 
borateur du  Monde  artiste  et  de  \'Arl  musical, 
ancien  rédacteur  du  Messager  des  théâtres,  a 
été  secrétaire  du  Ïhéàtie-Lyrique  et  de  celui 
de  l'Athénée.  Il  e.st  l'auteur  d'une  brochure 
anonyme  publiée  sous  ce  titre  ;  la  Musique  et 
le  théâtre  en  1871  (Paris,  impr.  Renou  et 
Maulde,  juin  1871,  in-4")  ;  celte  brochure,  écrite 
à  l'instigation  de  M.  Maitinet,  alors  directeur  du 
Théâtre-Lyrique,  qui  venait  d'êlre  incendié  pen- 
dant les  événements  de  la  Commune,  était  un 
plaidoyer  en  faveur  de  ce  théâtre,  auquel  l'As- 
semblée nationale  semblait  dis|)0sée  à  retirer  sa 
subvention  ;  elle  ne  fut  point  mise  dans  le  com- 
merce, mais  seulement  distribuée  aux  membies 
de  l'Assemblée  et  aux  journalistes  spéciaux. 
Lorsque  M.  Martinet  eut  rouvert,  à  ses  risques 
et  périls,  le  Tliéàtre-Lyrique  dans  la  petite  salle 
de  l'Athénée,  et  qu'il  y  eut  fait  de  mauvaises 
affiiires,  M.  Ruelle  lui  succéda  comme  directeur. 
Il  ne  fut  pas  plus  heureux,  malgré  l'activité  qu'il 
déploya  et  les  services  qu'il  rendit  pendant  sa 
courte  administration. 

RU  F  (S ),  écrivain  allemand,  auteur  de 

plusieurs  ouvrages  philosophiques  et  scienlili- 
ques,  s'était  pris  de  passion  pour  la  vie  et  les 
travaux  habiles  du  fameux  luthier  tyrolien  Jacob 
Stainer.  Il  lui  a  consacré  une  notice  biografthique 
qu'il  a  publiée  sous  ce  titre  :  le  Fabricant  de 
violons  Jacob  stainer.  Ruf  est  mort  à  Hall 
(Tyrol),  le  11  avril  1877,  à  l'âge  de  soixante- 
quinze  ans. 

RÙrER  (PHiLir'PE-BvRTHOLOMÉ),  pianiste  et 
compositeur,  fds  d'un  pianiste  et  organiste  alle- 
mand né  en  1810  et  qui  .s'établ'it  à  Liège  en 
1830,  naquit  en  cette  ville  le  7  juin  1844.  Il  lit 
ses  études  musicales  au  Conservatoire  de  Liège, 
où  il  obtint  en  1865  le  premier  prix  de  fugue, 
après  s'être  vu  décerner,  l'année  précédente,  la 
méiiaille  de  vermeil  dans  les  classes  de  piano 
et  d'orgue.  Il  prit  part  ensuite  (186>>)  au  concours 
de  Rome,  où  il  obtint  une  mention  honorable 
avec  sa  cantate  ta  Fille  de  Jephté,  et  concourut 
une  seconde  fois  sans  résultat.  Devenu  répéti- 
teur de  piano  dans  l'établissement  dont  il  avait 
été  l'élève,  M.  Rùfer  accepta  en  1867  la  situation 
de  maître  de  chapelle  à  Kssen,  sur  le  Rhin,  où  il 
se  fit  remarquer  dans  la  direction  des  concerts, 
puis,  en  1871 ,  alla  se  fixer  à  Berlin,  où  il  occupa 


RUFER  —  RUGGI 


461 


pendant  quelque  temps  la  place  de  professeur 
de  piano  au  Conservatoire-Stern. 

Comme  compositeur,  M.  Rùfer  s'est  fait  con- 
naître par  la  publication  de  diverses  œuvres  qui 
ne  manquent  ni  de  style,  ni  de  distinction,  et 
dont  voici  une  liste  étendue  :  Sonate  pour  piano 
et  violon,  op.  I;  4  lieder  avec  piano,  op.  2; 
3  /ieder  sur  des  paroles  de  Gd'tlie,  op.  3;  3  lie- 
der, op.  4;  Ouverture  de  concert,  à  j^rand  or- 
chestre, op.  j;  4  lieder,  op.  6;  3  Clnrurs  pour 
voix  d"liommes,  op.  7  ;  3  Suites  pour  violoncelle, 
avec  acconiiiagnenifnt  de  piano,  op.  8  ;  3  lieder, 
o;i.  9;  3  Morceaux  de  piano  à  4  mains,  op.  lO; 
3  lieder,  op.  Il  ;  4  lieder,  op.  12  ;  3  Suites  p  ur 
violoncelle,  avec  piano,  op.  13;  Morceauv  de 
fantaisie,  pour  piano,  op.  14  ;  3  Chœurs,  op.  lô  ; 
Sonate  pour  orgue,  op.  16;  3  lieder,  op.  17; 
Chanson  de  Mai,  à  3  voix,  op.  18;  3  lieder, 
op.  19  :  Quatuor  en  ré  mineur,  pour  2  violons, 
alto  et  violoncelle,  op.  20;  Tarentelle  pour 
piano,  op.  21;  4  Morceauv  pour  piano,  op.  22; 
Symphonie  en  fa  majeur,  pour  otchesire,  op. 
23;  Scherzo,  op.  24;  Ouverture  de  concert, 
op.  29;  Ouverture  dramatique. 

M.  Riifer  s'est  fait  une  situation  fort  hono- 
rable à  Berlin,  on  il  est  très-cons'déré  à  la  fois 
comme  professeur  et  comme  compositeur. 

*  KUFFO  (Vincent),  compositeur  italien  du 
seizième  siècle.  —  A  la  liste  des  nombreux  ouvra- 
ges de  cet  artiste,  il  faut  ajouter  -.  Il  primo  lihro 
di  Madrigali  cromatici  à  4  voci,  con  la  givnla 
di  alquanti  madrigali  del  mcdesimo  autore, 
noiatnente  con  ogni  diligentia  ristampato  et 
correftn.  Venezia,  Antonio  Gardane,  1552. 

*  RUGGI  (Fkançois),  compositeur  et  l'un 
des  théoriciens  les  plus  renommés  de  l'école  na- 
politaine, naquit  à  Naplesle  21  octobre  1767.  Il  lit 
ses  éludes  au  Conservatoire  de  la  Madone  de 
Loreto,  et  y  devint  l'élève  préféré  du  célèbre 
Fenaroii,  qui  lui  enseigna  l'harmonie,  le  contre" 
point  et  la  composition.  Fort  jeune  encore,  il 
écrivit  beaucoup  et  avec  talent,  car  il  n'avait  (pic 
vingt-sept  ans  lorsqu'il  fut  l'objet  d'un  hommage 
tel  qu'on  n'en  reçoit  guère  à  cet  âge  :  le  2  fé- 
vrier 1795,  le  conseil  des  Élus  de  la  ville  de  Na- 
ples  lui  écrivait,  à  la  suite  d'une  de  ses  délibé- 
rations :  —  X  Vous  avez  donné  les  preuves  dune 
«  si  grande  habileté  dans  les  œuvres  que  vous 
«  avez  fait  connaître  dans  cette  capitale  au  mi- 
«  lieu  d'applaudissements  universels,  que  leurs 
«  Excellences  ont  résolu  de  vous  nommer  mai- 
«  tre  de  chapelle  extraordinaire  de  cette  ville 
«  très  fidèle...» 

Dès  cette  époque,  Ruggi  arait  lieureusement 
abordé  le  théâtre  en  fai.sant  représenter  à  >ia- 
ples,  avec  succès,  deuxopéras  sérieux  intitulé^  là 


Félicita  compila  et  l'Ombra  di  Aine.  En  1796, 
il  donnait  à  Milan  un  opéra  .«emisérieux  en  2 
actes,  la  Guerra  aperta,  qui  fut  moins  favo- 
rablement accueilli,  et  un  autre  ouvrage  boulfe, 
Sof'fi.  Trippone.  On  assure  que  ce  dernier  conte- 
nait des  allusions  politi(pies  qui  se  firent  jour  à  la 
scène,  mais  qui  lui  avaient  été  tenues  secrètes; 
il  en  conçut  un  tel  dépit  que  jamais  plus  il  ne 
voulut  travailler  pour  le  théâtre.  A  j>arlirdece 
jour,  en  effet,  il  ne  s'exerça  plus  absolimienl  (pie 
dans  la  musique  sacrée,  où  d'ailleurs  il  ht  preuve 
d'une  rare  fécondité;  décrivit  surtout  iinnonjbre 
d'œu  vies  considérable  pour  le  couvent  de  Regiiia 
Cœli,  dont  il  était  le  maître  de  chapelle.  H  s'a- 
donna aussi  à  l'enseignement  du  chant ,  dans  letpiei 
il  était  fort  habile,  et  devint  le  professeur  des 
lilles  de  Murât,  lorsque  celui-ci  eut  été  fait  roi 
de  Naples.  En  1823,  à  la  mort  de  Giacomo  Trit- 
to,  Ruggi  fut  nommé  professeur  de  conlre-[u)  nt 
et  de  composition  au  Conservatoire,  et  la,  dans 
l'espace  de  vingt  ans,  il  forma  un  grand  nombre 
d'excellents  élèves  et  acquit  la  réputation  d'un 
théoricien  de  premier  ordre.  Cet  artiste  ns  c'c- 
table  et  distingué  mourut  à  Naples,  le  23  janxicr 
1845,  à  l'âge  de  soixanle-dix-sept  ans.  Élève  de 
Fenaroii,  dont  il  ne  cessa  de  propager  les  sid- 
nes  doctrines,  lié  d'une  vive  amitié  avec  Zin- 
garelli,  auquel  il  succéda  comme  membre  de 
l'Académie  des  Beaux-Arts  de  Nafiles,  Ruggi  lut 
le  maître  de  Bellini,  de  Carafa  et  d'une  foule 
d'arti.stes  distingués  qui  professaient  pour  lui  le 
|tlus  profond  respect  et  lui  témoignaient  la  plus 
tendre  et  la  plus  sincère  affection. 

Le  nombre  des  compositions  religieuses  de 
Francesco  Ruggi  est  extréinementconsidérablo,  et 
je  n'en  saurais  dresser  ici  un  catalogue  complet 
et  détaillé;  les  plus  importantes  sont  les  suivan- 
tes :  10  Messes  à  2,  3,  4,  5  et  8  voix,  avec  ac- 
compagnement soit  d'orgue,  soil  d'orchestre  ;  ta 
Passion  selon  saint  Jean,  oratorio;  Tre  Ore 
di  agonia,  oratorio  ;  Giosué  al  Giordano,  ora- 
torio ;  2"  Te  Deuin  à  2,  4  ou  5  voix,  avec  ac- 
com(iagnement  d'orgue,  ou  de  petit  ou  de  grand 
orchestre  ;  Slabat  Mater,  à  2  voix  avec  orgue; 
Cantate  sacrée  à  5  voix  avec  orchestre;  Messe 
funèbre  à  3  voix  avec  orgue  ;  2  Magnificat 
à  3  et  4  voix;  Salve Kegina  pour  3  voix  d'hom- 
mes, avec  clai  inette  et  violoncelle  ;  Salve  Re- 
gina  |iour  3  voix  de  .soprano  avec  orgue;  Salve 
Regina  pour  ténor  solo,  avec  ciiœur  et  grand 
orchestre  ;  2  Miserere  à  3  et4  voix,  avec  accom- 
pagnement d'instruments  à  cordes;  4  Christits 
et  Miserere;  entin  un  grand  nombre  de  motets 
divers,  à  une  ou  plusieurs  voix,  avec  accompa- 
gnement d'orgue,  ou  de  grand  orchestre,  ou 
d'instruments  à  vent,  ou  d  in>truirents  à  cordes. 


462 


RUGGI  —  RUMMEL 


RUC.GI  (FKA>r.F.sco),  compositeur  italien,  né 
à  Naples  en  182G,  a  commencé  l'étude  de  la 
musique  avec  Luij;i  Capotorti  et  Francesco  Lan- 
zilli,  et  eut  ensuite  Pietro  Casella  pour  profes- 
seur d'harmonie  et  de  contrepoint.  11  est  l'au- 
teur des  opéras  suivants  :  ï"  una  Festa  dipacse 
(3  actes,  Naples,  théâtre  Nuovo,1856)  ;  2°  i  Due 
Cifl6««//a  (farce  en  un  acte,  id.,id.,  1860),  petit 
ouvrage  qui  obtint  un  vif  succès  et  qui  est  tou- 
jours au  répertoire  des  scènes  napolitaines  ; 
3"  Loretta  l'indovina  (4  actes,  Naples,  tliéàtre 
Bellini,  1862)  ;  ^i"  ISadilla,  o  la  statua  di  carne 
(5  actes,  id.,  id.,  13  janvier  18G8).  M.  Ruggi 
a  publié  quelques  mélodies  vocales,  et  a  écrit 
aussi  de  nombreuses  œuvres  de  musique  reli- 
gieuse. 

Un  compositeur  du  nom  de  Ruggi  a  donné  au 
petit  théâtre  Santa-Radegonda,  de  Milan  (avril 
1868),  un  opéra  bouffe  en  3  actes,  la  Donna 
romantica,  qu'il  avait  écrit  en  société  avec 
trois  autres  artistes,  MM.  Buonomo,  Campanella 
et  Valente.  Je  ne  saurais  affirmer  que  c'est  le 
mAme  que  celui  dont  il  est  ici  question,  mais 
je  suis  volontiers  porté  à  le  croire. 

1\ÛHLMANI\  (Adolphe-Jules),  pianiste, 
virtuose  remarquable  sur  la  trompette  et  écri- 
vain musical,  né  à  Dresde  le  28  février  1817, 
mort  en  cette  ville  le  27  octobre  1877,  apprit  la 
théorie  de  l'art  avec  Jules  Otto,  mais,  dit-on,  se 
forma  surtout  lui-même.  Devenu  musicien  de 
chambre  à  la  chapelle  royale  de  Dresde,  il  fut 
l'un  des  fondateurs  de  la  Réunion  des  musi- 
ciens et  devint  professeur  au  Conservatoire,  où  il 
était  tout  à  la  fois  chargé  d'une  classe  de  piano 
et  du  cours  d'histoire  de  la  musique.  Riihlmann 
s'est  fait  connaître  comme  écrivain  spécial  en 
prenant  part  à  la  rédaction  de  divers  recueils, 
particulièrement  à  celle  de  la  I^ouvelle  Gazette 
musicale  dirigée  par  Schumann.  Il  fut  lié  d'ail- 
leurs d'une  étroite  amitié  avec  cet  artiste, 
comme  il  le  fut  aussi  plus  tard  avec  M.  Richard 
Wagner,  ses  principes  en  matière  d'art  étant 
toujours  ceux  du  parti  le  plus  avancé.  Riihlmann 
était,  au  surplus,  un  homme  intelligent  et  un 
véritable  artiste. 

RUIZ  (Glstwe-Raphael),  compositeur  fran- 
çais, né  à  Nevers  (Nièvre)  le  6  mars  1840,  a  été, 
au  Conservatoire  de  Paris,  l'élève  de  Leborne 
pour  la  fugue.  Ayant  pris  part  au  concours  de 
Rome  en  1863,  il  obtint  une  mention  honorable; 
mais  les  épreuves  des  années  suivantes  ne  lui 
furent  pas  favorables.  Étant  parti  pour  l'Italie, 
M.  Ruiz  voulut  se  produire  en  ce  pays  comme 
compositeur,  et  donna  au  théâtre  de  la  Fenice,  de 
Venise,  un  opéra  intitulé  Orio  Soranzo  ;  cet  ou- 
vrage, joué  au  mois    d'avril    1870,  subit    une 


chute  complète  ot  ne  put  obtenir  plus  d'une  re- 
présentation. Après  être  revenu  passer  quelque 
temps  en  France,  M.  Ruiz  retourna  en  Italie,  et 
écrivit  un  second  ouvrage  dramatique,  Wallens- 
tein,  qu'il  fit  jouer  sur  le  théâtre  communal  de 
Bologne,  le  4  décembre  1877,  et  qui  ne  fut  pas 
beaucoup  plus  heureux  que  le  précédent. 

*RUlVlMEL(CnUÉTIEN-FRANÇOIS-LOLIS-FRÉ- 

déric-Alexanm'.e),  pianiste  de  premier  ordre, 
clarinettiste,  violoniste,  compositeur  et  chef  d'or- 
chestre, maître  de  chapelle  du  duc  de  Nassau, 
était  né  à  Brichsenstadt,  en  Bavière,  le  27  novem- 
bre 17s7.  Virtuose  hors  ligne,  il  avait  obtenu  de 
très-grands  succès  sous  ce  rapport,  non-seule- 
ment en  Allemagne,  mais  dans  les  pays  étran- 
gers, et  notamment  en  Belgique,  où  il  se  trou- 
vait en  1824.  Rummel  avait  été,  à  Mannheim, 
l'élève  du  violoniste  Ritterel  <i'un  maître  de  cha- 
pelle nommé  Wagner,  qui  lui  donna  les  leçons 
décomposition.  Il  reçut  aussi  des  conseils  de 
l'dbbé  Vogler.  En  1800,  après  avoir  refusé  un 
brillant  engagement,  il  accepta  la  place  de  chef 
de  musique  du  2"  régiment  d'infanterie  de  Nas- 
sau, avec  lequel  il  lit  la  campagne  d'Espagne, 
de  1808  à  1813,  sous  le  roi  Joseph.  Il  se  maria 
dans  ce  pays.  Fait  prisonnier  de  guerre,  il  recou- 
vra sa  liberté  en  1814,  s'en  fut  à  Wiesbaden,  et 
termina  sa  carrière  militaire  à  Waterloo. 

Nommé  alors  professeur  de  musique  dans  un 
établissement  public  (pedagogium),  Rummel  fut 
chargé  par  le  duc  de  Nassau  de  lui  organiser  une 
chapelle,  qu'il  dirigea  jusqu'à  l'époque  (1841)  où 
elle  fut  dissoute  et  remplacée  par  l'orchestre  du 
théâtre  de  Wiesbaden.  Cette  chapelle  fut  bientôt 
l'une  des  plus  renommées  de  l'Allemagne,  tant 
à  cause  du  mérite  des  artistes  qui  la  composaient 
que  pour  l'excellence  de  son  exécution  sous  la 
direction  de  Rummel. 

Rummel,  qui  se  fit  entendre  avec  succès  comme 
pianiste  dans  les  principales  villes  de  l'Allemagne, 
de  la  Suisse  et  des  Pays-Bas,  s'est  montré  fé- 
cond comme  compositeur.  Il  a  écrit  un  nombre 
considérable  d'œuvres,  dont  une  partie  seule- 
ment a  été  gravée,  et  où  l'on  remaniue  un  cours 
complet  d'éducation  pour  le  piano  à  l'usage  de 
la  princesse  de  Nassau,  dont  il  était  le  professeur. 
Sa  sonate  en  fa  a  été  écrite  à  Vienne,  sous  les 
yeux  même  de  Beethoven,  qui  portait  la  plus 
vive  amitié  à  Rummel.  Parmi  les  élèves  de  cet 
artiste  remarquable,  qui  est  mort  à  Wiesl)aden 
le  13  (et  non  le  12)  février  1849,  on  cite  son  fils 
Joseph,  ses  deux  filles  Joséphine  et  Francisca, 
MM.  Josejih  et  Edouard  Gregoir,  Vander  Does, 
StadtIVId,   etc. 

RUMMKL(M"«  Joséphine),  fille  et  élève  du 
précédent,  née  à  Man/.anarès  (Espagne)  le  12  mai 


RUMMEL  —  RUSÏIGI 


463 


1812,  devint  une  pianiste  fort  distinguée  et  fut 
attachée  comme  professeur  à  la  cour  de  Nassau. 
Elle  est  morte  en  chemin  de  fer,  entre  ^Vieshaden 
et  Mayence,  le  19  décembre  1877. 

KUMMEL  (Joseph),  frère  de  la  précédente, 
est  né  à  Wiesbaden,  le  6  octobre  1818.  Élève  de 
son  père,  il  a  été  longtemps  professeur  de  piano 
à  Paris,  puis  s'est  fixé  à  Londres,  où  il  réside 
encore  aujourd'hui.  M.  J.  Rummel  s'est  fait  con- 
naître par  la  publication  d'un  grand  nombre  de 
transcriptions,  fantaisies  et  petits  morceaux  de 
genre,  écrits  dans  les  conditions  d'une  exécution 
généralement  très-facile  et  pour  la  plupart  des- 
tinés aux  enfants.  Parmi  ces  compositions,  je 
signalerai  les  suivantes  :  Perles  enfantines, 
32  mélodies  tirées  des  opéras  les  plus  célèbres  ; 
Becréaiions  mélodiques,  arrangements  faciles 
et  brillants  sur  les  oi)éras  de  G.  Verdi  ;  les  Suc- 
cès dramatiques,  transcriptions  ;  6  Impromp- 
tus de  salon;  Bouquet  de  înélodies,  8  uwv- 
ceaux  sur  des  airs  d'opéras;  Fleurettes  drama- 
tiques, 12  récréations  mignonnes;  Échos  des 
opéras,  12  fantaisies.  Couronne  de  mélodies, 
12  amusements  très-faciles  sur  des  airs  d'opéras; 
8  Mosaïques  sur  des  opéras  de  Verdi  ;  fleurs 
d'Italie,  8  morceaux  ;  Bouquets  mélodiques, 
16  morceaux  ;  Bonbonnière  des  pianistes,  etc., 
etc.  M.  Rummel  a  publié  aussi  une  Méthode 
élémentaire  de  piano. 

*  RL'MMEL  (l-"RA>iciscA),  sœur  des  précé- 
dents, née  à  Wiesbaden  le  4  février  1821,  fut, 
comme  eux,  élève  de  son  père  pour  le  piano,  puis 
étudia  le  chant,  d'abord  à  Paris  avec  Bordogni, 
puis  à  Milan  avec  Lamberti.  En  1843,  elle  tenait 
l'emploi  de  première  chanteuse  au  théâtre  de 
Wiesbaden,  puis  elle  accompagna  son  père  en 
Allemagne  et  en  Belgique,  où  elle  donna  des  con- 
certs. Elle  épousa  le  fameux  éditeur  de  musique 
Pierre  Schott,  de  Bruxelles,  dont  elle  est  veuve 
depuis  1873. 

IIUMMDÏ  (Franz),  petit-fils  de  Chrétien 
Rummel  et  neveu  des  précédents,  est  né  le  1 1  jan- 
vier 1853  à  Londres.  Son  père,  établi  en  cette  ville, 
lui  enseigna  les  premiers  principes  de  la  musi- 
que, et  l'envoya  ensuite  à  Bruxelles  pour  suivre 
les  cours  du  Conservatoire,  où  il  fut  admis  dans 
la  classse  de  M.  Louis  Brassin.  11  en  sortit  en  1872, 
et  depuis  lors  s'est  lait  entendre  avec  succès  en 
Angleterre,  en  France,  en  Allemagne  et  en  Bel- 
gique. Il  est  aujourd'hui  considéré  comme  un 
des  meilleurs  pianistes  de  l'école  belge.  Depuis 
1878,  il  est  fixé  en  Amérique. 

*  RUi\G  (Henri),  compositeur  danois  et  pro- 
fesseur dédiant,  est  mort  à  Copenhague  le  13  dé- 
cembre 1871,  à  l'âge  de  soixante-quatre  ans.  Il 
remplissait  les  fonctions  de  maître  de  chant  au 


théâtre  t'.e  cette  ville  et  était  directeur  du  cercle 
Cecitia. 

*RUOLZ  (Henri,  vicomte  DE).—  Auxouvra- 
•ges  cités  au  nom  de  ce  compositeur,  il  faut  ajou- 
ter :  Attendre  et  courir,  opéra-comique  en  un  acte 
donné  à  l'Opéra-Comique  en  1830.  M.  de  Ruolz 
est  aussi  l'auteur  d'une  scène  lyrique,  Marc/ ue- 
rite,  qui  fut  chantée  à  l'une  des  séances  de  la 
Société  des  concerts  du  Conservatoire,  le  19  mars 
1837,  par  la  célèbre  cantatrice  M'"^  Cornélie 
Falcon. 

Né  à  Paris  le  5  mars  1808,  M.  de  Ruolz  a  élé 
autorisé,  en  18j4,  à  joindre  à  sou  nom  celui  tie 
son  aïeul  maternel  et  à  s'appeler  désormais  de 
Ruolz-Fontenay  (1). 

liCSSO  (Raphaël).—  Un  arlitle  de  ce  nom 
a  fait  représenter  à  l'Opéra-Comique,  le  29  no- 
vembre 1828,  un  ouvrage  en  un  acte,  intitulé 
l'Exil  de  Rochester. 

*  UUSSO  (MicuELANGELo),  pianiste  italien 
fort  remarquable  et  professeur,  s'était,  après 
de  nombreux  voyages,  fixé  à  Naples,  sa  ville  na- 
tale, et  était  devenu  professeur  au  Conservatoire, 
où  il  a  formé  de  nombreux  et  excellents  élèves. 
Il  s'est  démis  de  ces  fonctions  il  y  a  quelques 
années. 

RL'STlCl(GnJSEppE),néà  Lucques  vers  1752, 
fut  maître  de  chapelle  de  l'église  primatiale  de 
Massa-Carrara.  Organiste  médiocre,  cet  artiste 
s'est  fait  connaître  par  un  certain  nombre  de 
compositions  religieuses,  dont  il  ne  reste  plus 
aujourd'hui  aucune  trace.  De  1782  à  1805,  il 
écrivit  pour  les  fêtes  de  sainte  Cécile  de  Luc- 
ques quatre  services  solennels  à  quatre  voix 
concertantes,  avec  accompagnement  d'orchestre. 

ItUSTlCI  (Jacopo),  sans  doute  frère  du 
précédent,  naquit  à  Lucques  vers  l7C6,  et  fut 
maître  de  musique  et  de  piano  à  l'institut  Saint- 
Dominique  de  cette  ville,  en  même  temps  que 
chef  des  chœurs  au  théâtre.  Il  a  écrit  un  certain 
nombre  de  compositions  religieuses  à  2  et  à  4 
voix,  et  un  hymne  à  4  voix  et  orchestre  exécuté 
à  la  fête  de  sainte  Cécile  de  1820.  Cet  artiste 
est  mort  à  Lucques  le  6  mars  1827. 

RUSTICI  (Alessandro),  fils  du  précédent, 
né  à  Lucques  le  18  avril  1798,  fut  élève  de  l'abbé 
Santucci,  professeur  à  l'institut  Saint-Domini- 
que. On  connaît  de  ce  compositeur  diverses 
pièces  religieuses  à  2  et  à  4  voix,  une  messe  qui 
fut  exécutée  à  la  fête  delà  Santa- Croce,  et  sept 
services  ecclésiasliques  à  grand  orchestre  écrits 
par  lui,  de  1821  à  1850,  pour  la  célébration  de 
la  fête  de  sainte  Cécile.  Alessandro  Rustici  mou- 
rut à  Lucques  le  15  juin  1856. 

(1)  Voyez  Annuaire  de  la  noblesse  de  France,  par  M. 
Borel  d'Hauterive,  année  183'»,  p.  317. 


i64 


HUSTICI  -   RUT  A 


*  IIL'STICI  (JosK.i'ii),  naquit  à  Lucques  en 
l,sl3.  l.lèvetle  Doiiieniro  Qiiilici,  il  devint  habile 
orj;ai»isl(',  excellent  aicoinpagnaleiir,  et  bon  pro- 
JVsàeiif  àe  chant  et  «le  piano.  Outre  l'opéra  qu'il 
ht  représenter  à  Milan,  il  écrivit  un  cprlain 
nombre  cfe  con)positions  relij^ieuses  :  messes, 
Tt^pres,  motets,  etc.;  un  Miserere  à  4  voix  avec 
orchestre,  dont  on  «lit  le  plus  grand  bien,  et  quel- 
ques cantates  da  caméra.  Cet  artiste  est  mort 
h  IjUcqiies  le  i  noveuibre  185G. 

IIUTA  (MicnuLE),  professeur,  compositeur 
et  musicographe  ihilicn,  est  né  à  Caserla  en  1827. 
Son  père,  Vincen/o  lUita,  et  son  aïeul,  Michèle 
Kula,  musiciens  l'un  et  l'autre,  avaient  fait  leurs 
éludes  au  Conservatoire  de  Xaples,  sous  la  direc- 
tion du  célèbre  théoricien  Tenaroli.  C'est  aussi 
dans  cet  établissement  que  l'artiste  dont  il  est  ici 
question,  après  avoir  étudié  avec  son  père  et  son 
grand-père  les  premiers  éléments  de  l'art,  pour- 
suivit et  termina  .son  éducation.  Il  fut  élève  de 
Lanza  pour  le  piano,  de  Cimarosa  fils  et  de 
Crescentini  pour  le  chant,  de  Gennaro  Parisi 
pour  l'harmonie,  enfin  de  Francesco  Ruggi  et  de 
Carlo  Conti  pour  le  contre-point  et  la  composition. 
Les  événements  de  1848  vinrent  exalter  sa  jeune 
imagination  au  point  de  lui  faire  abandoimfr 
furtivement  le  Conservatoire,  pour  aller  s'enrôler 
parmi  les  volontaires  que  réunissait  la  |)rincesse 
de  Helgiojoso  pour  la  guerre  de  l'indépendance 
italienne.  11  partit  donc  pour  la  Lombardie,  et 
c'est  alors  qu'il  écrivit  deux  hymnes  patriotiques 
dont  l'un  fut  publié  par  l'éditeur  Ricordi,  de 
Milan. 

Après  le  désastre  de  Novare,  il  revint  à  Naples, 
oii  la  prudence  lui  conseillait  de  se  montrer  le 
moins  possible.  Il  se  condamna  donc  à  une  re- 
traite momentanée,  et  c'est  dans  la  solitude  qu'il 
conçut  et  écrivit  plusieurs  ouvrages  (iidactiques 
dont  voici  les  titres  -.  Corso  compléta  di  coiii- 
posizione  (>'aples,  Cottrau),  Corso  compléta  di 
canto  corale  (id.,  Maddaloni),  Gram^natica  ele- 
mentare  di  viusica  (Milan,  Ricordi),  Brève 
Mciododi  canto  (Naples,  Tramater),  Atinala- 
ziorii  ed  iltus(razioni\w\ir  le  traité  de  Fenaroli 
inUMù  Régale  e  Parlimenti  (id.,  Del  Monaco  . 
bans  le  même  temps  il  publiait,  dans  la  Gazzet- 
tn  musicale  de  Naples,  une  série  d'études  sous 
le  litre  de  Ricordi  pei  giovani  compositori. 

Après  avoir  terminé  ces  importants  travaux, 
M.  Ruta  se  livra  avec  ardeur  à  la  composition. 
11  (it  représenter  en  18.»3  un  opéra  semi  sé- 
rieux intitulé  Leonilda,  et  en  ISaa  il  donnait  au 
théâtre  du  Fon<io,  de  Naples,  un  second  ouvrage 
dramatique,  Diana  di  Vitnj.  Il  écrivit  ensuite 
une  grande  cantate  pour  rinauguraliondu  théâtre 
Piccinni  de  Rari,  (il   représenter   un   troisième 


opéra,  l'Imprésario  per  progeito  (Naples,  th. 
.Mercadante,  1873)  et  publia  successivement 
six  albums  de  mélodies  vocales  :  Canti  d'a- 
more,  Aurorae  (ramonto,  Memorie  e  Sospiri, 
lùa  délia  Campania,  Eco  de'  Monii  Tifa- 
tnii,  et  PArpa  viia.  La  musique  religieuse 
l'attirail  aussi,  et  il  composa  deux  messes  à  i 
voix  et  orchestre,  trois  messes  alla  Palestrina, 
deux  messes  à  3  voix  d'hommes  avec  accompa- 
gnement de  harpe,  harmonium,  violons  et  con- 
tre-basse, un  Jiequiem  a  i  voix  et  orchestre, 
un  Te  Deum  et  plusieurs  motets.  Enfin,  cet  ar- 
tiste s'est  fait,  depuis  plusieurs  années,  une  sorte 
<le  spécialité  en  écrivant  des  morceaux  de  chant 
pour  les  drames  et  comé<lies  représentés  sur  les 
théiilres  non  lyriques  de  Naples,  et  pour  les  re- 
vues de  fin  d'année.  On  lui  doit  lu  musique 
d'un  ballet  intitulé  Imelda.  Il  a  publié  aussi  des 
mélodies  à  une  ou  plusieurs  voix, et  un  assez  grand 
nombre  de  morceaux  de  genre  pour  le  piano. 

M.  Ruta,  quia  en  portefeuille  les  partitions 
de  deux  opéras  qui  jusqu'ici  n'ont  pas  été  repré- 
sentés, Caterina  et  Marco  Bozznri,  s'occupe 
activement  aussi  de  littérature  musicale.  Feuille- 
toniste spécial  d'un  journal  politique  de  Naples, 
(7  Carrière  del  mattino,  il  a  fondé  et  il  dirige 
une  feuille  purement  artistique,  lu  Miisica.  Il  a 
publié  récemment  un  petit  livre  intéressant,  don- 
né i>ar  lui  sous  ce  titre  :  Storia  criiica  délie 
condizioni  délia  musica  in  Italia  e  del  Cau- 
ser vatorio  di  S.  l'ietro  a  Majella  di  ^apoh 
(Naples,  Detken  et  Rocholl,  1877,  petit  in-8";. 
Cet  écrit,  dont  le  titre  n'est  pas  sulfisamment 
justifié,  et  qui  serait  mieux  intitulé  ;  Eludes  sur 
la  réorganisation  el  la  régénération  du  Con- 
servatoire de  Naples,  n'en  est  |)as  moins  foi  t 
utile,  et  rempli  d'idées  pratiques  et  fécondes, 
de  vues  saines  et  élevées  sur  son  art  ;  c'est  l'œu- 
vre d'un  artiste  instruit,  d'un  professeur  inlelli- 
gent  et  digne  de  ce  nom.  M.  Ruta  est  d'ailleurs 
l'un  des  professeurs  du  Conservatoire  de  Naples, 
après  en  avoir  été  l'un  des  élèves  les  plus  distin- 
gués. 

Le  nomlire  des  œuvres  publiées  par  cet  artiste 
s'élève  aujourd'hui  à  plus  de  soixante,  parmi 
lesquelles  je  mentionnerai  encore  un  recueil  de 
6  Canti  patriotici,  le  Canzoni  del  Fausla  [i 
chan.sons\  un  Traltato  d'armonia,  adopte  pour 
les  classes  du  Conservatoire  de  Nnples,  divers 
morceaux  écrits  pour  la  traduction  italienne  du 
drame  d'Alexandre  Dumas,  Don  Juan  de  Ma- 
rana,  la  musique  d'une  petite  revue-opéra  :  %in 
lirano  di  Hivisla  del  1867  (th.  du  Fondo,  3 
janvier  1868),  etc. 

Ine  fille  de  M.  Ruta,  M'"  Gilda  Ruta,  élève 
de  .'OU  pèie,  el  à  la  (ois  pianiste,  cantatrice  el 


RUTTA  —  HZEWUSKI 


465 


compositeur,  s'est  souvent  distinguée  dans  les 
concerts  et  a  publié  quelques  compositions. 

*  RUTIiVI  (Jean-Marc),  pianiste  et  compo- 
siteur italien.— A  la  liste  de  ses  ouvrages  drama- 
tiques, il  faut  ajouter  les  suivants  :  1°  Ezio,  Li- 
vourne,  1764  ;  2"  l'Olandese  in  Italia,  Flo- 
rence, 1705;  Z°  Zvlisma,¥\o\&nct,  illl. 

*RUTI\I  (Ferdinand),  fils  du  précédent.  — 
Parmi  ses  ouvrages  dramatiques,  je  citerai  les 
trois  suivants  :  i"  il  Matrimonio  per  indusiria, 


Florence,  1792  ;  2"  il  Locandiere  deliiso,  Flo- 
rence, 1794  ;  3"  la  Prova  del  dramma  scrio, 
Florence,  1797. 

RZE\VUSKI(Wencf.slas,  comte),  amateur 
polonais  distingué,  est  l'un  des  compositeurs 
qui  ont  mis  en  musique  ksChants  historiques  de 
Niemcewicz.  Auteur  d'un  certain  nombre  de  ro- 
mances élégantes,  le  comte  Rzewuski  a  composé 
une  messe  de  Requiem  pour  la  mort  du  célèbre 
Thadée  Czacki  (1818). 


<^*-^s- 


BIOGK.    UNIV.   DES  MUSICIENS.   —  SVPPL.    —  T.    II. 


30 


*  SAlîADIIM  (Bernard),  compositeur  dra- 
matique italien,  maître  de  ciiapelle  de  la  cour  de 
Parme,  a  écrit  les  deux  ouvrages  suivants,  qui 
n'ont  pas  été  compris;  dans  la  liste  de  ses  œu- 
vres :  1°  Circe  abbandonaia  da  Ulisse,  Parme, 
1G9'2:  2"  Talestri  innamorata  di  Alessandro 
«ifljno,  Parme,  1693.  L'opéra  intitulé  i^  Favore 
degll  Dei  n'a  pas  été  représenté  à  Venise  en 
1689,  mais  à  Parme  en  1690,  à  l'occasion  du 
mariage  du  prince  Odoard,  (ils  aîné  du  duc  de 
Parme.  Le  livret  de  cet  opéra,  qui  est  orné  de 
quinze  gravures,  est  précédé  d'une  préface  dans 
laquelle  il  est  dit  que  le  théâtre  de  Parme  est  le 
plus  maestoso  qu'on  connaisse,  et  que  la  repré- 
sentation de  l'opéra  durera  sept  heures. 

*  SABLIÈRES  (Je\n  DE  GRAIVOUIL- 
HET,  sieur  DE),  écuyer,  intendant  de  la  mu- 
sique de  Monsieur,  duc  d'Orléans,  frère  de 
Louis  XIV.  —  J'ai  retrouvé  les  divers  noms 
de  cet  artiste  dans  le  livre  d'Eudore  Soulié  :  Re- 
cherches sur  Molière  et  sur  sa  famille,  où 
l'auteur  reproduit  sa  signature,  telle  qu'il  l'avait 
apposée  comme  témoin  au  mariage  de  Jean- 
Baptiste  Auhry  et  de  Geneviève  Béjard.  J'ai  re- 
trouvé aussi  la  trace  d'un  opéra" inconnu  de  Sa- 
blières, que  le  Mercure  de  février  1679  rnenlion- 
nait  en  ces  termes  :  —  «  Je  vous  ay  parlé  dans 
nia  lettre  du  dernier  mois  des  réjotiissances  par- 
ticulières qui  se  sont  faites  en  divers  lieux  du 
royaume  à  l'occasion  de  la  paix  d'Espagne.  On 
ne  s'est  pas  contenté  à  Montpellier  d'allumer 
des  feux,  et  d'y  faire  éclater  toute  la  joye  que 
font  paroistre  les  peuples  dans  ces  sortes  de  ren- 
contres. On  y  a  préparé  une  manière  d'opéra 
Irès-agréable,  et  M.  de  Sablières,  qui  en  est 
l'auteur,  en  a  donné  le  divertissement  pendant  la 
tenue  des  États  de  Languedoc,  à  Monsieur  le 
cardinal  de  Bonzi,  qui  comme  vous  sçavez  est 
président  né  de  ceux  qui  s'y  tiennent,  en  qualité 
d'archevestiuc  et  de  primat  de  Narbonne.  »  Le 
Mercure  donne  une  ample  analyse  du  poëme  de 
cet  opéra,  qui  comprenait  un  prologue  et  trois 
actes,  mais  il  borne  là  tous  ses  renseignements, 
et  ne  donne  même  pas  le  lllre  de  l'ouvrage. 

*  SA ÏJOLÏ  (Nicolas),  dont  les  noëls  sont 
fameux  depuis  plus  de  deux  siècles  el  se  chantent 
encore  aujourd'hui  dans  toute  la  Provence,  na- 
quit àMonteuXjdans  le  diocèse  deCarpentras,  le 
30  janvier  loU,  et  mourut  à  Avignon  le  25  juil- 


let 1675.  Devenu  deuxième  bénéficier  de  Saint- 
Pierre,  l'église  collégiale  de  cette  dernière  ville,  il 
enjfut  aussi,  |iendant  de  longues  années,  le  maître 
de  chapelle  et  l'organiste,  et  c'est  pendant  ce 
temps  qu'il  mit  au  jour  plus  de  cent  noëls,  dont 
il  écrivait  les  paroles  en  langue  provençale,  et 
dont,  la  |)lupart  du  temps,  il  composait  aussi 
la  nmsique;  ces  petits  poëmes  se  font  remar- 
quer, au  double  point  de  vue  littéraire  et  mu- 
sical, par  une  grâce  charmante,  une  naïveté  rare 
et  un  heureux  sentiment  poétique  el  mélodique, 
qualités  qui  l'ont  fait  surnommer  le  troubadour 
du  dix-septième  siècle.  »  S'il  avait  pu,  a  dit 
de  lui  Fortiad'Urban,  chanter  l'amour,  les  belles 
et  les  exploits  de  l'ancienne  chevalerie,  il  aurait 
obtenu  une  place  très-distinguée'parmi  les  pre- 
miers poètes  de  la  nation.  Ses  noëls,  qui  sont 
tout  autant  d'hymnes,  respirent  une  naïveté  tou- 
chante et  presque  sublime.  »  Un  grand  nombre 
des  paroles  de  Saboly  ont  été  mises  en  musique 
par  d'autres  compositeurs,  et  l'on  trouve  parfois 
jusqu'à  trois  ou  quatre  airs  différents  pour  un 
seul  noel  ;  mais  les  meilleurs  sont  toujours  ceux 
de  Saboly  lui-même.  M.  Auguste  Boudin  a  pu- 
blié une  notice  biographique  sur  Nicolas  Saboly. 

SxVCCHI   (V ),  compositeur  italien,  est 

l'auteur  d'un  drame  lyrique,  Cleopatra,  qui  a 
été  représenté  au  théâtre  Carcano,  de  Milan,  le 
23  novembre  1877.  Cet  ouvrage  n'a  obtenu  au- 
cun succès. 

*  SACCHIIVI  (Antoine-M4rie-Gaspard).— 
On  peut  consulter,  sur  la  carrière  française  de 
cet  artiste  admirable,  un  livre  intéressant  de 
M.  Adolphe  Jullien  :  la  Cour  et  l'Opéra  sous 
Louis  XVI ;  Marie-Antoinette  et  Sacchini  ; 
Salieri  ;  Favart  et  Gluck,  Paris,  Didier,  1878, 
in-12. 

A  la  liste  des  ouvrages  de  Sacchini,  il  faut 
ajouter  :  il  Finto  Pazzo  per  amore,  «  farsa  » 
à  une  voix  qui  fut  représentée  en  1771  à  Poggio  a 
cojano,  propric'té  royale  sise  (très  de  Florence. 

*  SAEMAi\I\  (Charles-IIenri),  musicien 
allemand,  naquit  à  Kœnigsberg  le  30  seplem- 
hre  1790,  et  mourut  en  cette  ville  le  29  jan- 
vier 1860. 

SAETTA  (ViNCENzo),  pianiste,  compositeur 
et  professeur,  né  à  Naples  en  1836,  a  étudié  la 
théorie  de  l'art  avec  le  haron  Slalfa  et  avec  Mer- 
cadante.  Dès  l'âge  de  dix-neuf  ans,  il  se  livra  â 


SAETTA  —  SAINT-CHRISTOPHE 


467 


la  carrière  de  l'enseignement,  fil  paraître  un 
premier  ouvrage  théorique,  puis  une  Méthode 
complète  de  piano  pratico-théorico-normale, 
et  publia  enfin  un  ouvrage  qui  porte  ce  titre  : 
la  Scienza  esletica,  traitato  di  Armonologia 
(?)  e  Prescrizione  del  gusto  per  divenire  vero 
compositore  filosofo  e  pratico. 

SAIIX  D'AROD  (Prosper),  compositeur  de 
musique  religieuse,  né  à  Vienne  (Isère)  en  1814, 
étudia  la  composition  avec  Paër  et  Halévy.  En 
1841,  il  remportait  le  grand  prix  unique  d'un 
concours  ouvert  dans  tous  les  pays  catholiques, 
parla  Société  de  Sainte-Cécile,  de  Rome,  pour  la 
composition  d'une  messe  solennelle  avec  sali, 
chœurs,  orgue  et  orchestre,  à  l'occasion  des  so- 
lennités de  la  canonisation  de  saint  Alphonse  de 
Liguori.  Son  œuvre  l'emportait  sur  celles  pré- 
sentées par  Benoist,  Dietsch,  Lefébure-Wély, 
Niedermeyer,  etc.,  et  elle  était  exécutée  sous  sa 
direction  ,  en  l'église  Saint-Louis-des-Français, 
dans  une  cérémonie  magnifique  présidée  par  le 
pape  en  personne. 

Après  avoir  essayé,  de  concert  avec  Danjou, 
de  reconstituer  l'ancienne  école  de  Choron,  dis- 
parue depuis  plusieurs  années,  M.  Sain  d'Arod 
prenait  part  en  1852,  en  compagnie  du  prince  de 
la  Moskowa,  de  Danjou,  de  Dielsch  et  de  Nie- 
dermeyer, à  la  fondation  de  l'École  de  musique 
religieuse  dont  ce  dernier  devint  le  directeur  et 
qui  est  aujourd'hui  confiée  à  un  de  ses  gendres, 
M.  Lefèvre  [Voy.  ce  nom).  Il  voyagea  ensuite 
en  Italie,  puis,  à  son  retour  en  France,  créa  une 
quinzaine  de  maîtrises  dans  diverses  grandes 
églises  de  province.  En  1860,  lors  des  fêtes  or- 
ganisées à  Paris  pour  la  rentrée  de  l'armée  d'Ita- 
lie, il  fit  exécuter  à  Notre-Dame  un  Te  Deiim 
solennel,  et  peu  après  parcourut  les  grandes 
villes  des  départements  en  donnant  des  audi- 
tions de  sa  grande  messe  de  Rome,  auditions 
dont  le  produit  total,  qui  ne  s'éleva  pas  à  moins 
de  80,000  francs,  fut  généreusement  abandonné 
par  lui  à  diverses  bonnes  œuvres.  C'est  à  ce 
propos  qu'il  fut,  par  le  souverain  pontife,  élevé 
à  la  dignité  de  commandeur  de  l'ordre  de  Saint- 
Grégoire- le-Grand  et  nommé  maître  de  chapelle 
ad  honorem.  Devenu  maître  de  chapelle  à 
l'église  Sainl-Sulpice,  de  Paris,  M.  Sain  d'Arod 
s'est  dérais  de  cet  emploi  au  mois  de  novembre 
1867,  et  depuis  lors  il  a  été  nommé  inspecteur 
des  maîtrises  de  province. 

Outre  sa  Messe  de  Borne,  qui  est  considérée 
comme  une  œuvre  d'une  rare  valeur  et  d'une 
grande  inspiration,  M.  Sain  d'Arod  a  publié  les 
compositions  suivantes  :  1°  Répertoire  à  l'usage 
du  chœur  et  du  séminaire  de  Saini-Sulpice, 
recueil  de  60  motets,  Paris,  Repos,  2  vol.  in-S"; 


2  Messe  à  4  voix  d'hommes  et  orgue,  dédiée  à 
Meyerbeer,  Paris,  Régnier-Canaux  ;  3  '  Messe  de 
charité,  pour  soprani,  ténor.s,  barytons  et  bas- 
ses, Paris,  Meissonnier;  4°  Te  Deum  militaire, 
à  4  parties  et  à  grande  symphonie,  Paris,  Be- 
noist; 5"  Te  Deum  en  contre-point  à  4  parties, 
sur  le  chant  de  la  liturgie,  Paris,  Repos  ;  6«  Li- 
tanies, id.,  id.;  7°  Regina  cœli,  pour  ténor  et 
basse,  avec  orgue,  Turin,  Magrini  ;  8°  Ave  Ma» 
riakZ  voix,  avec  orgue,  Turin,  Giudici  etStra- 
da;  9°  Tantum  ergo  à  3  voix,  avec  orgue, 
Paris,  Pégiel;  10°  0  Salutaris,  Paris,  Richault; 
1 1"'  la  Création,  ode-oratorio,  Paris,  Schonem- 
berger;  12°  la  Fin  des  temps,  ode-oratorio, 
Bruxelles,  Katto;  13°  Trio  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  Paris,  Richault  ;  14°  Ode  à  la  mé- 
moire de  Ponsard;  15°  Quelques  mélodies  vo- 
cales. 

De  1864  à  1870,  M.  Sain  d'Arod  a  donné  au 
Moniteur  universel  quelques  articles  de  cri- 
tique musicale  d'un  faible  intérêt. 

*  SAL\T-AMAIXS  (Louis-Joseph).  —  A  la 
liste  des  ouvrages  dramatiques  de  cet  artiste,  il 
faut  joindre  les  deux  suivants  :  Vlsle  déserte, 
opéra-comique  en  2  actes,  donné  au  théâtre  des 
Jeunes-Artistes,  1801;  la  Fée  Urgèle,  remise  en 
musique,  et  représentée  à  Brest  en  1803.  Oa 
trouve  aux  Archives  de  l'Opéra,  à  Paris,  la  par- 
tition autographe  d'Oroës,  tragédie  lyrique  en 
5  actes  de  Saint-Amans,  qui  avait  sans  doute  été 
reçue  à  ce  théâtre,  mais  qui  n'y  fut  jamais  re- 
présentée. 

*  SAlI\T-AUBIi\  (Alexandrine).  —  Cette 
chanteuse  remarquable,  qui  en  1812  avait  épousé 
Joly,  acteur  du  Vaudeville,  et  qui  s'était  retirée 
du  théâtre  en  1817,  devint  veuve  quelques  an- 
nées après.  Elle  se  remaria  plus  tard  avec  un 
riche  marchand  de  bois  de  Nevers,  nommé  Ou- 
daille,  auquel  elle  survécut  aussi.  Elle  est  morte 
à  Saint-Saulge  (Nièvre),  au  mois  d'avril  1867. 

SAINT-CHRISTOPHE  (Mademoiselle), 
cantatrice  du  dix-septième  siècle,  se  fit  d'abord 
remarquer,  en  compagnie  de  M'"^»  Hilaire,  la 
Barre,  Raymond  et  des  deux  sœurs  de  Serca- 
manan,  dans  les  récits  des  ballets  et  divertisse- 
ments qui  se  jouaient  à  la  cour  et  chez  les  grands 
seigneurs,  et  se  distingua  surtout  dans  le  Ballet 
des  Arts,  qui  fut  représenté  à  Vincennes  le 
8  janvier  1663.  Elle  faisait  partie  delà  musique 
du  roi.  Engagée  par  Lully  à  la  fin  de  1674,  elle 
débuta  à  l'Opéra  le  11  janvier  1675,  jour  de  la 
première  représentation  de  Thésée,  dans  lequel 
elle  jouait  le  rôle  de  Médée.  Sa  voix  était  su- 
perbe, son  physiqae  plein  de  nol)Iesse,  et  elle 
joignait  à  ces  dons  naturels  le  goût  et  le  senti- 
ment de  la  scène.  Aussi  Lully  n'hésita-t-il  pas  à 


4G8 


SAINT-CHRISTOPHE  —  SAINT-JULIEN 


lui  eonfier  le  rôle  capital  de  cet  ouvrage,  dont 
elle  s'acciuilta  à  la  satisfaction  générale.  Elle 
joua  successivement  Cybèle  dans  A>ys,  Junon 
dans  Isis,  la  Reine  dans  Psyché,  Sténobée  dans 
Belleroplion,  Cérès  dans  J'roserpiue,  la  Nuit 
dans  le  Triomphe  de  V Amour,  et  enlin  Cas- 
siope  dans  Persée.  Après  avoir  créé  ce  dernier 
rôle,  et  à  la  suite  d'un  séjour  de  sept  ans  en- 
viron à  l'Opéra,  elle  demanda  son  congé  (1682), 
l'obtint,  et  se  relira  dans  un  couvent,  où  elle 
prit  Je  voile  au  bout  de  peu  de  temps.  Dans  leur 
Histoire  rfe /'Opéra,  restée  jusqu'ici  manuscrite, 
les  frères  Parfait  disent  que  «  mademoiselle  de 
Saint-Cbristophe  étoit  grande.  Lien  faite,  belle 
et  vertueuse.  » 

SAIMT-DIDIER  (M""'  la  comtesse  de), 
compositeur  amateur,  a  écrit,  sur  des  (wrolesdu 
comte  de  Lagarde-Messener,  la  musique  d'une 
cantate  intitulée  :  Il  est  rendu,  »  chant  royal,  « 
qui  fut  chantée  par  Huet,  à  i'Opéra-Comique, 
le  30  septembre  1820. 

*  SAIIXT-ÉVREMOXD  (Charles-Mau- 
GLETEL  DE  SAiisT-DENis,seigneur  DE).— Parmi  les 
œuvres  littéraires  de  cet  écrivain  c^ui  touchent 
à  la  musique,  il  est  nécessaire  de  citer  les  Opéra 
(sic),  comédie  en  cinq  actes  et  eu  prose  avec 
des  divertissements,  qui,  je  crois,  ne  fut  jamais 
représentée.  Cet  ouvrage  est  d'autant  plus  inté- 
ressant qu'il  est  le  seul,  à  notre  connaissance, 
où  il  soit  fait  une  critique  raisonnée  du  talent 
de  Cambeit,  le  grand  arliste  à  qui  nous  devons 
les  premiers  opéras  représentés  en  France,  la 
Pastorale,  Pomone,  les  Peines  et  les  plaisirs 
de  Vamour.  Au  second  acte  de  cette  comédie, 
un  des  personnages,  M.  Guillaut,  s'exprime  ainsi 
au  sujet  de  ce  grand  musicien,  en  parlant  de  son 
Ariane,  qui  ne  fut  jamais  jouée  -.  —  «  La  poésie 
fut  pareille  à  celle  de  Pomone,  pour  élre  du 
même  auteur,  et  la  musique  fut  le  chef-d'opuvre 
de  Cambert.  J'ose  dire  que  les  plaintes  d'Ariane, 
et  quelques  autres  endroits  de  la  pièce,  ne  cè- 
dent presque  en  rien  à  ce  que  Baptiste  (Lully)  a 
fait  de  plus  beau.  Cambert  a  eu  cet  avantage 
dans  ses  opéras,  que  le  récitatif  ordinaire  n'en- 
nuyoit  pas,  pour  être  composé  avec  plus  de  soin 
que  les  airs  mêmes,  et  varié  avec  le  plus  grand 
art  du  monde.  A  la  vérité,  Cambert  n'entroit 
pas  assi'Z  dans  le  sens  des  vers,  et  il  manquoit 
souvent  à  la  véritable  expression  du  chant,  parce 
qu'il  n'enlendoit  pas  bien  celle  des  paroles.  Il 
aiinoit  les  paroles  qui  n'cxprimoient  rien,  pour 
n'être  assujetti  à  aucune  expression,  et  avoir  la 
liberté  de  faire  des  airs  purement  à  sa  fantaisie. 
ISanette,  Brunelte,  Feuillage,  Bocage,  Ber- 
gère, Fougère,  Oiseaux  et  Hameaux,  lou- 
cboioiit  particulièrement  .«ion  pénie.  S'il  falioit 


tomber  dans  les  passions,  il  en  vouloit  de  ces 
violentes,  qui  se  font  sentir  à  tout  le  monde.  A 
moins  que  la  passion  n.e  fût  extrême,  il  ne  s'ea 
appercevoit  pas.  Les  sentimens  tendres  et  dé- 
licats lui  echappoient.  L'ennui,  la  tristesse,  la 
langueur,  avoient  quelque  chose  de  trop  secret 
et  de  trop  délicat  pour  lui.  il  ne  connoissoit  la 
douleur  que  par  les  cris,  l'altliction  que  par  les 
larmes.  Ce  qu'il  y  a  de  douloureux  et  de  plain- 
tif ne  lui  étoit  pas  connu....  11  avoit  un  des  plus 
beaux  génies  du  monde  pour  la  musique;  te  plus 
entendu  et  le  plus  naturel  :  il  lui  falioit  quel- 
qu'un de  plus  intelligent  que  lui,  pour  la  direc- 
tion de  son  génie.  J'ajouterai  une  instruction 
qui  pourra  servir  à  tous  les  savans  en  quel- 
que matière  que  ce  puisse  être  :  c'est  de  re- 
chercher le  commerce  des  honnêtes  gens  de 
la  cour,  autant  que  Cambert  l'a  évité.  Le  bon 
goût  se  forme  avec  eux  :  la  science  peut  s'ac- 
quérir avec  les  savans  de  profession  ;  le  boa 
usage  de  la  science  ne  s'acquiert  que  dans  le 
monde.  « 

Saint-Évremond  parlait  évidemment  par  la 
bouche  d'un  de  ses  personnages.  Ce  jugement 
n'en  a  que  plus  de  prix,  étant  celui  d'un  con- 
temporain de  Cambert,  et  le  seul  qui  nous  soit 
resté  au  sujet  de  cet  arliste  célèbre. 

-^  SAli\T-GE01\GES(Le  chevalier  de).  — 
Aux  quelques  opéras  écrits  par  ce  virtuose  célè- 
bre, il  faut  joindre /e  Marchand  de  marrons, 
opéra-comique  en  2  actes,  donné  au  théâtre  Beau- 
jolais en  1788.  Un  écrivain  français,  Roger  de 
Beauvoir,  a  publié  sous  ce  titre  :  le  Chevalier 
de  Saint-Georges,  un  roman  dans  lequel  il  a  mis 
cet  artiste  en  scène,  en  abusant  un  peu  trop  de 
ses  facultés  d'imagination. 

SAIAT-IIILAIHE.  —  Voyez  QUEUX 
DE  SAI\T-HILAIRE  (Le  marquis  DE). 

SAli\T-JULIE\  (CLÉMEiXCEAU 
DE),  compositeur  amateur,  reçut  des  leçons  de 
composition  d'Adolphe  Adam,  et  lut  en  diverses 
occasions  son  collaborateur.  Il  écrivit  avec  son 
maître  une  messe  à  3  voix  qui  fut  exécutée 
dans  diverses  églises  de  Paris,  ainsi  que  la  mu- 
sique d'un  grand  ballet  en  3  actes  et  un  pro- 
logue, la  Filleule  des  Fées,  dont  la  représen- 
tation eut  lieu  à  l'Opéra  le  8  octobre  1849.  Pré- 
cédemment, M.  de  Saint-Julien  avait  composé 
un  opéra-comique  en  un  acte,  la  séraphina, 
qu'Adam  avait  reçu  à  l'Opéra  national  alors 
qu'il  était  directeur  de  ce  Ihéiiiro;  celui-ci 
ayant  disparu  à  la  suite  des  événements  de 
1848,  l'auteur  porta  son;ouvrage  à  I'Opéra- 
Comique,  où,  malgré  la  protection  de  son  maître, 
il  eut  la  i)lus  glande  peine  à  le  faire  jouer.  On  le 
mitjipourtant  en  répétitions,  mais  on  le  trouva 


SAINT-JULIEN  —  SAINT-SAENS 


469 


•trop  court  et  on  lui  fit  ajouter  un  acte-,  puis, 
après  l'avoir  étudié  de  nouveau  sous  cette  nou- 
velle forme,  on  le  trouva  trop  long,  et  l'on 
supprima  l'acle  ajouté.  Enlin,  après  mille  vicis- 
situdes, la  Seraphina  fut  rei)résentée,  sans 
grand  succès,  le  17  août  1851,  avec  M.  Audran, 
Sainte- Foy  et  M""  Leinaire  comme  interprètes. 
Depuis  lors,  le  compositeur  n'a  plus  fait  parler 
de  lui. 

Peniiant  une  absence  de  quelques  semaines 
d'Adam  (mars  1851),  M.  de  Saint-Julien  rédi- 
gea à  sa  place  le  feuilleton  musical  du  journal 
l'Assemblée  nationale.  Il  a  publié,  en  1847, 
un  album  de  romances. 

SAIJXT-  LÉON  (Charles-Victor-Arthdr), 
danseur,  cliorégraphe,  violoniste  et  compositeur, 
naquit  en  1815  selon  les  uns,  selon  d'autres  le 
17  avril  1817,  et  enfin  à  Paris  en  1821,  s'il  faut 
en  croire  la  notice  donnée  sur  lui  par  M.  Th.  de 
Lajarle  dans  son  Catalogue  de  la  bibliothèque 
de  VOpéra.  C'est  à  M.  de  Lajarte  que  j'emprun- 
terai, d'ailleurs,  les  renseignements  suivants 
sur  cet  artiste,  dont  le  vrai  nom  de  famille 
aurait  été  Michel  :  —  «  Son  père  était  maî- 
tre de  ballets  du  théâtre  royal  de  Stuttgart  et 
lui  donna  les  premiers  enseignements  de  son 
art.  Saint-Léon  commença  de  bonne  heure  sa 
double  carrière  de  danseur  et  de  violoniste, 
puisque  dès  l'âge  de  quatorze  ans  il  se  faisait 
entendre  dans  les  concerts  et  dansait,  pour  ses 
débuts,  sur  le'  théâtre  de  Munich,  dans  un 
ballet  écrit  par  Pentenrieder.  A  partir  de  1838, 
Saint-Léon  ne  s'arrête  plus  dans  sa  vie  de  voya- 
ges et  de  succès,  dansant  des  pas  et  jouant  des 
concertos  de  sa  composition,  tantôt  à  Bruxelles, 
en  Autriche,  en  Italie  (1843),  où  il  donne  pour 
!a  première  fois,  avec  M'"  Fanny  Cerrito,  son 
ballet  de  la  Vivandière  et  le  Postillon,  puis 
en  Angleterre,  en  Hongrie.  Saint-Léon  débute 
à  Paris  (octobre  1847),  dans  la  Fille  de  marbre, 
avec  sa  femme.  M"'  Fanny  Cerrito-Saint-Léon  ; 
puis  il  recommence  ses  voyages  pour  revenir 
l'année  suivante  à  Paris  se  faire  applaudir 
dans  le  Violon  du  Diable  (1849),  qui  avait  été 
Joué  en  Italie  sous  le  litre  de  Tartini  le  vio- 
loniste.Le  Portugal  et  l'Espagne  l'applaudissent 
bientôt  après,  à  leur  tour.  La  plus  belle  partie 
de  la  carrière  de  Saint-Léon  s'est  écoulée  en 
Russie,  à  Saint-Pétersbourg  et  à  Moscou,  où  il 
allait  chaque  année  et  où  il  faisait  représenter 
des  ballets  d'action  tenant  tout  le  spectacle, 
qui  font  le  bonheur  du  public  russe  et  qui 
ne  .«ont  usités  qu'en  Russie.  « 

Saint-Léon  avait  épousé  en  Italie  M"'  Cerrito, 
qui  était  l'une  des  plus  admirables  danseuses  de 
son  temps.    Lorsqu'il  fut  engagé  avec    elle   h 


l'Opéra,  il  traça,  pour  ce  tliéâtre,  les  scénarios 
des  ballets  suivants  :  la  Fille  de  marbre  (1847), 
la  Vivandière  (1848),  le  Violon  du  Diable 
(1849),  où  il  se  produisait  tout  à  la  fois  comme 
chorégraphe,  comme  danseur,  comme  violoniste 
et  comme  compositeur  des  morceaux  qu'il  exé- 
cutait, Stella  ou  les  Contrebandiers  (1850), 
et  Pâquerette  (1851).  En  1853,  Saint-Léon  se 
montrait  au  Théâtre-Lyrique  dans  deux  opéras- 
ballets  où  il  dé|iloyait  les  mêmes  talents  :  le 
Lutin  de  la  vallée  (22  janvier),  et  le  Danseur 
du  roi  (22  octobre);  on  assure  qu'il  avait  une 
part  importante  dans  la  musique  de  ces  detix 
ouvrages,  dont  le  compositeur  Eugène  Gautier 
avait  écrit  l'autre  partie.  Plus  lard,  à  la  suite 
de  nouveaux  voyages,  Saint-Léon,  qui  avait  per- 
sonnellement renoncé  à  la  danse,  fit  encore,  soit 
seul,  soit  en  collaboration,  les  scénarios  de  quel- 
ques ballets  représentés  à  l'Opéra  :  Diavolina 
(1863),  IS'éméu  ou  l'Amour  vengé  (1864),  la 
Source  (186C),  Coppéiia  ou  la  Fille  aux  ijeux 
d'émail.  Cet  excellent  artiste,  qui  était  un 
esprit  aussi  cultivé  que  distingué  et  un  par- 
fait honnête  homme,  était  en  Allemagne  lors- 
qu'éclata  la  guerre  [de  1870-71;  il  s'enipreisa 
de  revenir  à  Paris,  et  mourut  en  cette  ville 
le  2  décembre  1870. 

«  M.  Saint-Léon,  disaii  Castil-Blaze  dans  son 
Académie  impériale  de  musique,  possède  un 
très-beau  talent  sur  le  violon;  les  difficultés 
qu'il  exécute  sont  diabaliques  et  parfaitement 
adaptées  à  la  situation.  Les  chants  de  son  ar- 
chet auraient  toute  la  séduction,  l'élégance  qui 
doivent  charmer  rorcille  et  le  cœur,  s'ils  ne 
laissaient  à  désirer  à  l'égard  de  la  qualité  du 
son.  »  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'uniquement 
considéré  au  point  de  vue  du  virtuose,  Saint- 
Léon  remporta  des  succès  éclatants  et  répétés, 

*  SAI\T-SAËXS  (Ckakles-Camille),  pia- 
niste, organiste  et  compo.-iteur  français,  a  con- 
quis en  France  et  à  l'étranger,  tant  comme  vir- 
tuose que  comme  compositeur,  une  grande 
notoriété,  quoique  la  nature  de  son  talent,  d'ail- 
leurs incontestable  sous  de  certains  rapports, 
n'ait  pas  été  sans  susciter  de  vives  critiques. 
Musicien  laborieux  et  d'une  instruction  aussi 
solide  qu'étendue,  exécutant  très-remarquable 
au  point  de  vue  du  mécani.smc  et  de  la  virtuosité 
pure,  compositeur  fécond  et  d'une  étonnante 
habileté  technique,  M.  Saint- Saëns  manque  mal- 
heureusement, à  tous  égards,  de  poésie,  de 
chaleur  d'âme  et  de  spont.anéité;  ses  œuvres, 
comme  son  jeu,  pèchent  par  l'inspiration,  par  la 
tendresse,  par  le  charme,  et  l'artiste,  s'il  étonne 
souvent  par  la  puissance,  par  l'habileté,  par 
une  expérience  indiscutable,   par  une  science 


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SAINT-SAENS 


prodigieuse  de  l'effet  et  de  la  couleur,  n'émeut 
en  aucun  cas  et  ne  transporte  jamais  l'âme  dans 
les  sereines  et  pures  régions  de  l'idéal  entrevu 
par  les  pocles.  Son  esprit  sec,  son  jeu  nerveux, 
son  tempérament  glacé,  laissent  sans  cesse  à 
désirer  ce  je  ne  sais  quoi  qui  repose  l'âme,  ré- 
chauffe le  cœur  et  fait  monter  les  larmes  aux 
yeu\.  Aussi  M.  Saint-Saëns  n'a-t-ii  cessé  jus- 
qu'à ce  jour  d'être  discuté  avec  âpreté,  et  ses 
compositions,  parfois  favorablement  accueillies 
par  les  uns,  ont-elles  amené  de  la  part  des  autres 
une  critique  sévère  et  généralement  raisonnée. 

C'est  ainsi  que,  dans  un  article  de  la  Revue  et 
Gazette  musicale  de  Paris  (22  mars  1863), 
M.  Adolphe  Botte,  ayant  à  apprécier  quelques 
compositions  nouvelles  du  jeune  artiste,  s'expri- 
mait en  ces  termes  :  —  »  Il  y  a  toujours  Infini- 
ment de  talent  dans  les  ouvrages  de  M.  Saint- 
Saëns  ;  mais  tantôt,  comme  dans  cette  symphonie 
(en  ré),  le  style  fugué,  une  concision  exagérée, 
une  instrumentation  un  peu  vide  (et  où  est  pro- 
diguée celte  puérile  antithèse  de  la  flûte  et  du 
hautbois,  dialoguant  avec  la  masse  des  instru- 
ments), ne  laissent  que  trop  voir  la  pauvreté  de 
l'invention  première;  tantôt,  comme  dans  son 
concerto  de  violon,  des  développements  trop 
longs,  des  harmonies  plus  correctes  que  belles, 
enlèvent  toute  proportion  à  l'œuvre  et  cachent 
complètement  l'idée  mélodique.  Mais,  dira-t-on, 
y  a-t-il  des  idées  mélodiques  dans  la  musique  de 
M.  Saint-Saëns?  Oui,  il  y  en  a  ;  pas  en  profusion 
assurément,  mais  enfin,  dans  ses  concertos,  par 
exemple,  on  en  trouve.  Malheureusement,  avec 
sa  crainte  d'être  commun,  son  amour  du  détail 
et  de  la  couleur,  l'auteur  précipite  bientôt  ses 
thèmes  dans  un  tlot  d'imitations,  de  canons,  où 
ils  disparaissent  tout  à  fait,  pressés  et  étouffés 
sous  une  forme  qui  manque  d'air  et  de  naturel, 
sous  une  harmonie  trop  serrée,  sous  un  réseau 
de  dissonances,  de  cadences  évitées,  qui  fait 
perdre  de  vue  la  tonalité  et  qui  déroute  l'oreille. 
Cette  monotonie  des  surprises  et  des  coquetteries 
ne  vaut  pas  mieux  que  l'autre.  En  somme,  tous 
ceux  qui  connaissent  les  diificultés  du  style 
symphonique,  accordent  largement  à  M.  Saint- 
Saëns  presque  tous  les  genres  de  mérite  que 
donne  l'étude  ;  quant  à  la  grâce  et  à  l'abondance 
mélodique,  c'est  tout  autre  chose.  » 

D'autre  part,  et  plus  récemment,  M.  Adolphe 
Jullien,  dans  le  journal  le  Français  (juin  1872), 
parlait  en  ces  termes  de  M.  Saint-Saëns  et  de 
ses  «ruvres  :  —  "  J'ai  entendu  (juanfité  de  mor- 
ceaux de  M.  Saint-Saëns  :  symphonies,  quatuors, 
concertos,  musique  de  piano,  mélodies,  jusqu'à 
sa  ciuilatc  de  Promélliée,  qui  fut  couronnée  à 
l'Expoj^iiion  de  1867.  Or,  ces  auditions  m'avaient 


appris  que,  si  la  science  musicale  n'a  plus  de 
secrets  pour  M.  Saint-Saëns,  il  est,  en  revanche, 
peu  de  compositeurs  auxquels  l'inspiration 
tienne  plus  rigueur.  Tous  ces  ouvrages  déno- 
taient une  extrême  habileté  de  main,  mais  aussi 
une  grande  pauvreté  d'idées.  Dans  les  morceaux 
même  que  j'avais  le  plus  goûtés,  ce  n'était  pas 
l'imagination,  mais  le  savoir  qui  donnait  à  telle 
ou  telle  page  de  la  couleur.  Ce  n'était  qu'effets 
de  timbres  et  de  rhythme,  que  curieuses  com- 
binaisons d'orchestre,  bref,  une  musique  qui 
frappait  l'oreille  sans  rien  dire  à  l'esprit.  Une 
qualité  me  paraissait  surtout  faire  défaut,  le 
sentiment  dramatique;  la  nature  sèche  de  l'au- 
teur semblait  le  destiner  plutôt  aux  développe- 
ments scolasliques  de  la  musique  d'église  qu'aux 
entraînements  passionnés  de  la  musique  drama- 
tique. 

«  Et  pourtant  il  n'avait  qu'une  ambition,  faire 
jouer  un  opéra  de  sa  façon.  Depuis  nombre 
d'années,  il  s'en  allait  frapper  aux  portes  de 
chaque  théâtre  :  toutes  s'ouvraient,  puis  se  re- 
fermaient devant  lui....  Toujours  est-il  qu'il  a, 
enfin!  fait  représenter  un  opéra.  Quand  je  dis  : 
opéra,  c'est  que  le  mot  est  sur  l'alfiche.  Dans 
Djamileh  (de  Georges  Bizet),  il  n'y  avait  qu'un 
sujet  de   pièce  ;  il  y  a  moins  encore  dans  la 

Princesse  jaune.  C'est  un  rêve Avec  un 

poëme  de  ce  genre,  le  musicien  échappait  à  tous 
les  dangers  de  la  scène  :  un  tel  essai  ne  pouvait 
rien  prouver  à  l'égard  de  son  aptitude  drama- 
tique. Cet  ouvrage  est  très-court,  et  pourtant  il 
a  dû  demander  à  l'auteur  une  grande  somme  de 
travail.  Chaque  page  porte  l'empreinte  d'un  la- 
beur assidu  ;  chaque  mesure,  chaque  note  a  dû 
être  discutée,  pesée  ;  mais  aussi,  dès  que  l'auteur 
s'oublie,  sa  musique  prend  une  teinte  vulgaire 
qui  frappe  d'autant  plus  vivement  que  le  contraste 
est  plus  brutal.  La  musique  imitalive  y  joue  un 
grand  rôle  ;  quant  à  la  musique  proprement  dite, 
on  y  peut  noter  beaucoup  d'effets  d'une  re- 
cherche curieuse,  mais  on  y  chercherait  vaine- 
ment quelque  gage  de  la  puissance  dramatique 
de  l'auteur....  Il  faut  avouer  que  l'audition  d'un 
opéra  aussi  vide  d'inspiration  et  aussi  plein  de 
science  et  de  travail  ne  laisse  pas  de  lasser  ceux- 
là  même  qui  sont  le  plus  faits  à  cette  étude  : 
l'esprit  se  fatigue  à  saisir  au  passage  les  moin- 
dres intentions  de  l'auteur  de  peur  de  lui  faire 
tort  d'aucune.  Aussi  bien,  je  crois  qne  c'est  un 
bonheur  pour  l'auteur  de  n'avoir  pas  débuté  par 
le  Timbre  d'argent.  Trois  actes  de  ce  genre- 
là,  c'eût  été  trop  pour  une  première  fois.  » 

Enfin,  plus  récemment  encore,  un  critique 
allemand  très-réputé,  M.  Edouard  Hanslick, 
analysait  ainsi,  dans  la  Nouvelle  Presse  libre^ 


SAINT-SAENS 


471 


de  Vienne  (avril  187C),  la  nalure  musicale  du 
compositeur:  —  «  Depuis  IJerlioz,  Camille  Sainl- 
Saëns  est  le  premier  musicien  qui,  n'étant  pas 
Allemand,  ait  écrit  delà  musique  instrumentale 
pure,  et  créé  dans  ce  genre  iJes  œuvres  de  valeur 
et  originales  dont  la  réputation  ait  passé  les 
frontières  de  la  France.  Berlioz  a  exercé  sur  lui 
une  influence  incontestable;  il  suffit,  pour  s'en 
convaincre,  de  considérer  les  titres  de  ses  ou- 
vrages, qui  rentrent  presque  tous  dans  le  genre 
de  la  musique  pittoresque  {Danse  macabre, 
Pltaeton,  Omphale),  et  en  outre  de  remarquer 
certains  effets  d'instrumentation  qu'il  affectionne 
particulièrement,  à  l'exemple  de  Berlioz  :  ainsi 
l'emploi  fréquent  des  harpes,  des  pizzicati  de 
violons,  etc.  De  là  il  ne  faut  cependant  pas  con- 
clure que  Saint-Saëns  soit  un  imitateur  ou  un 
continuateur  de  Berlioz.  Berlioz  est  un  maître 
exceptionnel  ;  Saint-Saëns  ne  l'est  point.  S'il  n'a 
pas  l'originalité  de  génie  de  Berlioz,  Saint-Saëns 
est  du  moins  un  meilleur  musicien  que  Berlioz, 
qui,  à  vrai  dire,  était  avant  tout  un  poète  se 
servant  d'éléments  musicaux.  Malgré  fout  son 
génie,  Berlioz  était  un  homme  perdu  quand  il 
n'avait  pas  pour  se  soutenir  une  matière  poéti- 
que, un  sujet,  quand  il  ne  pouvait  pas  faire  de 
la  couleur.  Jamais  il  n'aurait  pu  produire, 
comme  Saint-Saëns,  une  œuvre  aussi  exclusive- 
mont  musicale  de  forme  et  <i'idée  qu'un  quintette 
ou  un  trio.  Et  c'est  là  ce  qui  rend  précisément 
intéressante  la  personnalité  du  jeune  maître 
français,  c'est  que,  par  le  talent  et  le  travail,  il 
se  soit  élevé  jusqu'à  cette  région  supérieure  de 
son  art  où  les  séductions  d'une  spécialité  essen- 
tiellement française  auraient  pu  l'empêcher  d'at- 
teindre.... Ce  qui  le  dislingue,  ce  n'est  ni  la 
profondeur,  ni  l'originalité  de  la  pensée  -,  son  in- 
vention mélodique  n'est  pas  très-riche;  il  lui 
inanf[ue  encore  davantage  la  profondeur  du  sen- 
timent, dont  l'absence  se  fait  sentir  surtout  dans 
ses  adagios  ;  mais  il  y  a  partout  dans  les  œuvres 
de  Saint-Saëns  de  l'esprit,  de  l'humour,'  beau- 
coup de  qualités  d'apparat,  une  piquante  vivacité 
d'allure,  et  par-dessus  tout  ses  compositions  ré- 
vèlent une  éminente  habileté  de  facture,  une 
facilité  extrême  à  manier  indistinctement  tous 
les  genres  d'ex|)ression  musicale.  » 

On  voit  que  M.  Hanslick,  quoique  plus  indul- 
gent que  les  deux  écrivains  cités  plus  haut,  en 
arrive  à  peu  près  aux  mêmes  conclusions,  con- 
clusions qui  s'accordent  avec  le  jugement  que 
j'ai  porté  moi-même  sur  le  talent  de  M.  Saint- 
Saëns.  En  réalité,  le  tempérament  musical  de 
M.  Saint-Saëns  est  sec,  nerveux,  absolument 
dépourvu  de  tendresse,  de  sentiment  et  de  pas- 
sion, et  l'artiste  ne  peut  donner  le  change  sur 


la  pauvreté  de  ses  idées,  sur  la  stérilité  de  sort 
imagination,  qu'à  l'aide  d'une  habileté  technique 
incontestable,  d'une  instruction  aussi  soliiie  que 
variée,  d'une  profonde  connaissance  des  effets  et 
d'une  prodigieuse  dextérité.  Or,  la  musique  étant 
l'art  de  charmer  et  d'émouvoir,  ce  sont  là  des 
qualités  pour  ainsi  dire  négatives,  et  qui  ne  sau- 
raient remplacer  les  dons  naturels  qui  seuls  font 
les  vrais  poètes,  les  grands  créateurs.  Jamais, 
je  le  crains,  M.  Saint-Saëns  ne  pourra  être  compté 
au  nombrede  ces  derniers. 

A'ers  1852,  la  Société  Sainte-Cécile,  de  Paris, 
habilement  dirigée  par  M.  Seghers,  et  qui  avait 
coutume  de  consacrer  chaque  année  un  concert 
à  l'exécution  d'œuvres  de  jeunes  compositeurs, 
ayant  reçu  une  symphonie  anonyme  et  l'ayant 
jugée  digne  d'être  offerte  à  son  public,  fil  en- 
tendre cette  symphonie  dans  une  de  ses  séances. 
L'œuvre  parut  remarquable,  particulièrement  au 
point  de  vue  de  la  forme,  surtout  le  (inale,  écrit 
pour  double  orchestre,  et  ce  n'est  qu'après  l'exé- 
cution qu'on  apprit  que  l'auteur  était  M.  Saint- 
Saëns,  âgé  seulement  alors  d'enuron  dix-sept 
ans.  C'est  à  peu  près  à  cette  époque  que  le 
jeune  artiste  se  présentait,  pour  la  première  fois, 
au  concours  de  Rome.  N'ayant  pas  réussi  dans 
cette  première  épreuve,  il  voulut  la  tenter  de 
nouveau,  douze  ans  plus  tard,  en  1864;  cette 
fois  encore  il  échoua  complètement,  et  le  grand 
prix  fut  décerné  à  M.  Victor  Sieg.  En  1867, 
M.  Sainl-Saèns  prit  part  à  un  autre  concours, 
celui  qui  était  ouvert  pour  la  composition  d'une 
cantate  destinée  à  être  exécutée  pour  l'inaugu- 
ration de  l'Exposition  universelle;  cette  fois, 
son  œuvre  fut  courormée  (les  Aoces  de  Pro- 
mctliée),  et  ce  succès  lui  valut  le  ruban  de  che- 
valier de  la  Légion  d'honneur.  En  1868,  il  faisait 
exécuter  à  Versailles,  pour  les  fêles  du  cente- 
naire du  général  Hoche,  une  autre  cantate  dont 
les  paroles  lui  avaient  été  fournies  par  le  poète 
Emile  Deschamps.  Mais,  comme  tous  les  com- 
positeurs, le  théâtre  attirait  M.  Saint-Saëns,  bien 
qu'il  ne  paraisse  en  aucune  façon  doué  des 
qualilés  qui  conviennent  à  la  scène.  Un  acte 
donné  par  lui  à  l'Opéra-Comique,  la  Princesse 
jaune,  fut  l'objet  des  critiques  les  plus  vives,  et 
n'obtint  qu'un  très-petit  nombre  de  représenta- 
tions; il  en  fut  de  même  d'un  ouvrage  plus  im- 
portant,/e  Timbre  {Varcjent,  qui,  d'abord  reçu 
au  même  théâtre,  fut  joué  ensuite  au  Théâtre- 
Lyrique,  où  il  n'obtint  aucun  succès.  Depuis 
lors,  le  compositeur  a  cru  devoir  aller  jusqu'à 
Wcimar  pour  y  faire  repr('scnler  un  grand  opéra 
biblique  intitulé  Sumson  et  Dalila,  et  il  a  donné 
sur  le  Grand-Théâtre  de  Lyon  un  drame  lyrique 
qui  avait  pour  titre  Élienne  Marcel.  Il  faisait 


472 


SAINT-SAENS 


exécuter  aussi,  dans  nos  grands  concerts,  des  | 
n  poèmes  symphoniques  »  intitulés  Phaélon, 
le  Rouet  cVOmphale,  la  Danse  macabre,  la 
Jeunesse  d'Hercule  ;  mais  ces  compositions, 
remarquables  par  un  savoir  profond,  de 
grandes  qualités  de  facture  et  la  science  de 
l'orchestre,  laissaient  toujours  à  désirer  sous  le 
rapport  de  la  clarté,  de  l'inspiration,  du  vrai 
sentiment  musical,  et  soulevaient  le  plus  souvent 
des  protestations  violentes  de  la  part  du  public. 
M.  Sainl-Saëns  réussissait  mieux  à  se  concilier 
ses  auditeurs  avec  sa  musique  de  chambre,  ses 
concertos  et  quelques-unes  de  ses  mélodies  vo- 
cales. D'ailleurs,  M.  Saint-Saëns,  dont  l'activité 
est  remarquable,  ne  se  laissait  pas  entièrement 
dominer  par  ses  travaux  de  composition  ;  il  ne 
cessait  de  se  produire  aussi  comme  virtuose, 
et  faisait  même  de  fréquents  voyages  artistiques 
soit  en  Allemaf;ne,  soit  en  Autriche,  soit  jusqu'en 
Russie.  En  même  temps  il  remplissait  les  fonc- 
tions d'organiste  à  l'église  de  la  Madeleine,  fonc- 
tions qu'il  n'a  résignées  que  dans  ces  dernières 
années,  et  il  s'essayait  encore  dans  la  critique 
musicale;  sous  ce  rapport  il  a  rédigé,  mais  pen- 
dant quelques  mois  seulement,  le  feuilleton  spé- 
cial du  journal  le  Bon  Sens,  devenu  pou  après 
VEstafette.  En  résumé,  M.  Saint-Saëns  est  un 
musicien  très-laborieux,  très-actif,  fort  instruit 
et  d'une  habileté  indiscutable,  mais  auquel  pa- 
raissent  manquer  les  qualités  ou  plutôt  les  fa- 
cultés qui  font  les  créateurs  et  les  grands  artis- 
tes. 

Voici  une  liste,  que  je  crois  bien  près  d'être 
complète,  des  œuvres  de  M.  Saint-Saëns.  — 
A.  Musique  dramatique.  1°  la  Princesse  jaune, 
un  acte,  Opéra-Comique,  12  juin  1872,  op.  30, 
Paris,  Durand-Schœnwerk  ;  2°  le  Déluge,  poème 
biblique  en  3  parties,  concert  du  Cliâtelet,  5 
mars  187G,  op.  45,  id.,  id.;  3°  le  Timbre  d'ar- 
gent, opéra  fantastique  en  4  actes,  Théâtre- 
Lyrique,  23  février  1877,  Paris,  Choudens; 
4°  Sarnson  et  Dalila,  drame  biblique  en  3  par- 
ties, théâtre  de  Weimar,  2  décembre  1877, 
Paris,  Durand-Schœnwerk  ;  5°  L'iiennelMarcel, 
drame  lyrique  en  4  actes  et  6  tableaux,  Grand- 
Théâtre  de  Lyon,  8  février  1879;  6"  les  Aoces 
de  Prométhée,  cantate  pour  sali,  chœurs  et  or- 
chestre, palais  de  l'Industrie,  1*"^  septembre 
1867  ;  7°  Cantate,  pour  la  célébration  du  cen- 
tième anniversaire  de  la  naissance  du  général 
Hoche,  exécutée  à  Versailles,  le  2i  juin  1868, 
par  des  sociétés  chorales  de  Paris  et  de  Ver- 
sailles avec  accompagnement  de  la  fanfare  de 
M.  Sax.  —  B.  Musique  svMPnoNiQUE.  7°  bis  1" 
Symphonie  (en  mi  bémol),  exécutée  par  la  Société 
biinte-Cécile,  de  Paris;  Paris,  Richault;  8"  2" 


Symplionie(en /a), exécutée  en  1856  parla  Société 
Sainte-Cécile,   de  Cordeaux;  9°   3°  Symphonie 
(en  la  mineur);  10"  4*^  Symphonie  (en  ré),  exé- 
cutée à  Paris  au  mois  de  mars  1803;   11°  le 
Rouet  d'Omphale,  poème  symphonique,  op.  31, 
Paris,  Durand-Schœnwerk;  12"  Phaéton,  id., 
op.  39,  id..  id.;  13"  la  Danse  macabre,  id., 
op.  40,  id.,  id.;  14°  la  Jeunesse  d'Hercule,  id., 
op.  50,  id.,  id.;  15°  Suite  pour  orchestre  {Pré- 
lude,Sarabande, Gavotle,  Romance  et  Finale), 
op.  49,  id.,  id.;  16°  Marche  héroïque,  pour  or- 
chestre, op.  34,  id.,  id.;  17°  Ouverture  de  Spar- 
iacus,  couronnée   en   1803  dans    un  concours 
ouvert  par  la  Société  Sainte-Cécile,  de  Bordeaux. 
—  C.  Musique  religieuse.  18°  Messe  à  4  voix, 
orchestre   et    deux  orgues,    Paris,    Richault; 
19°  Messe  de  Requiem  à  4  voix,  chœur,  orgue 
et  orchestre ,  op.  54  ;  20°  Cœli  enarrant,  psaume 
XVIII,  pour  soli,  chœurs  et  orchestre,  op.  42, 
Paris,   Durand-Scliœncwerk  ;    21°  Oratorio    de 
Noël,  pour  voix  seules,  cho'ur  et  orgue,  op.  12, 
id.,  id.;  22°  Ave  verum  pour  soprano  et  con- 
tralto, Paris,  Pégiel;  23°  4i;e  ve/«?w  pour  2  so- 
pranos et  2  contraltos,  avec  cor  chromatique 
obligé,  id.,  id.;  24°  0  Salutaris  pour  mezzo- 
soprano,  id.,  id.;  25°  Tantum  ergo  à  3  voix  et 
à  grand  cbduir,  id.,  id.;  20°  Trois  Ave  Maria 
pour  soprano  solo,  id.,  id.;  27°  Ave  Maria  pour 
soprano  et  contralto,  id.,  id.;   28°  Inviolata 
pour   mezzo-soprano,   id.,   id.;  29°  Sub   tuum 
pour  soprano  et  contralto,  id.,  id.  —  D.  Musique 
INSTRUMENTALE.  30°  Quintctle  (en  la  mineur) 
pour  piano,  2  violons,  alto  et  violoncelle,  op. 
14;   31°  Quatuor  (en  si  bémol)  pour  piano   et 
instruments  à  cordes,  op.  41  ;   32°  Trio  (en  fa 
majeur)  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  18  ; 
33°  Sonate  (en  ut  mineur)  pour  piano  et  violon- 
celle,   op.    32,    Paris,    Durand  -  Scha'nwerk  ; 
34"  Suite   pour  piano  et  violoncelle,   op.    16, 
Paris,  Maho;  35"  Romance  pour  piano,  orgue  et 
violon,    op.    27,    Paris,      Durand-Scli(rn\verk; 
36°  Introduction  et  Rondo  pour  piano  et  violon, 
op.  28,  id.,  id.;  37"  Romance  (en  /'«)  pour  cor 
ou  violoncelle  et  piano,  op.  36,  id.,  id.;  38°  Ro- 
mance (en  ré  bémol)  pour  tlùte  ou  violon  et 
piano,  op.  37,  id.,  id  ;  39"  Berceuse  (en  si  bé- 
mol)   pour   piano  et  violon,    op.    38,  id.,   id.; 
40°  Romance  (en  xit)  pour  i)iano  et  violon,  op. 
48,  id.,  id.;  41°  Tarentelle  pour  flûte  et  clari- 
nette, avec  accompagnement  d'orchestre,  Paris, 
Richault  ;  42"  Variations  sur  un  thème  de  Beetho- 
ven, pour  2  pianos, op.  35,  Paris,  Durand-Schon- 
werk;  43"  6   Duos  pour  harmonium  et  piano, 
Paris,  Girod  ;  44"  Allegro  appassionalo,  pour 
violoncelle    et  piano,    op.   43,  Paris,   Durand- 
Schœnwerk;  45"  Occident  et  Orient,  marche 


SAINT-SAENS  —  SAINTE-FOY 


473 


pour  piano  à  4  mains,  op.  25,  id,,  M.;  46°  l*'  Con- 
certo (en  ré)  pour  piano,  avec  accompagnement 
d'orcheslre,  op.  17,  id.,  id.;  47°  2"  Concerto 
(en  soi  mineur),  id.,  id-,  op.  22,  id.,  id.;  48° 3* 
Concerto  (en  mi  bémol),  id.,  id.,  op.  29,  id., 
id.;  49"  4*  Concerto  (en  u(  mineur),  id.,  M.,  op. 
44,  id.,  id.;  50"  Concerto  (en  ut),  pour  violon, 
id.;  51"  Concerto  (en  la  mineur)  pour  violon- 
celle, id.,  op.  33,  Paris,  Durand-Scliœnwerk; 
52"  Mazurka  pour  piano,  op.  21,  id.,  id.;  53"  Ga- 
votte (en  îd  mineur)  pour  piano^  op.  23,  id.,  id.; 
54"  2^  Mazurka  pour  piano,  op.  24,  id.,  id.; 
55°  6  Études  pour  piano,  op.  52,  id.,  i<l.;  56"  Ro- 
mance pour  violon,  op.  51,  id.,  id.-.  jT"  Béné- 
diction nuptiale,  pièce  d'or^^ue,  Paris,  Pégiel  ; 
58"  Élévation  ou  Communion  pour  orjsue,  id., 
Id.;  59"  6  Bagatelles  pour  piano,  Paris,  Richault; 
60°  2  Morceaux  pour  harmonium,  Paris,  Girod  ; 
61"  3  Rapsodies  bretonnes  (cantiques  bretons), 
pour  orgue,  Paris,  Pégiel.  —  E.  Musique  de 
CHANT.  62°  Ode  à  Sainte  Cécile,  pour  voix 
seule,  ciiœur  et  orchestre;  63"  Scènes  des  fjo- 
races,  de  Corneille,  avec  accompagnement  de 
piano,  op.  10,  Paris,  Durand -Schœnwerk  ; 
64"  les  Soldais  de  Gédéon,  double  chœur  à 
4  voix  d'hommes,  sans  accompagnement,  op.  46, 
id.,  id.;  65"  Mélodies  Persanes,  pour  chaut  et 
piano,  op.  26,  id.,  id.;  66°  20  Mélodies,  pour 
chant  et  piano,  Paris,  Richault;  67°  Chanson  de 
.grand-père,  chœur  à  2  voi\  de  femmes,  avec 
piano  ou  orchestre,  et  Chanson  d'ancêtres,  pour 
barylon-solo  avec  chœur  d'hommes,  op.  53; 
68°  Tristesse,  sonnet  ;  Vogue  la  galère,  barca- 
rolle;  Canzonelta  Toscana  ;  Alla  riva  del  Ti- 
bro,  et  diverses  autres  mélodies  vocales.  —  On 
doit  à  M.  Sainl-Saëns  12  transcriptions  de  di- 
vers fragments  de  Jean-Sébastien  Bach  pour  le 
piano,  trois  transcriptions  extraites  des  quatuors 
de  Beethoven,  et  quelques  autres  encore. 

*  SAirV'TE  CÉCBLE.  —  Ou  a  publié  en 
France,  dans  ces  dernières  années,  les  ouvrages 
suivants  sur  celte  sainte,  considérée  d'une  façon 
un  peu  débonnaire  coinme  la  patronne  des  mu- 
siciens :  1°  Sainte  Cécile,  poème  tragique,  par 
le  comte  de  Ségur,  Paris,  Bray,  1868,  in-16; 
2°  Histoire  de  Sainte  Cécile,  vierge  et  martyre' 
patronne  des  musiciens,  par  l'abbé  Thiesson, 
Paris,  Josse,  1870,  in-12;  3°  Sainte  Cécile  et 
la  société  romaine,  par  don  Guéranger,  Paris, 
Firmin-Didot,1875,  grand  in-8°avec  nombreu.ses 
gravures.  On  a  représenté  à  l'Opéra-Comique, 
le  19  septembre  1844,  un  ouvrage  en  3  actes, 
la  Sainte-Cécile,  dont  les  paroles  avaient  été 
écrites  par  Ancelot  et  de  Comberousse,  et  la 
musique  par  Montforf. 

SAIi\TE-CROIX  (M™-^  DE),  compositeur 


amateur,  a  étudié  l'harmonie  sous  la  direction 
de  M.  J.-B  (le  Coninck,  et  a  fait  représenter  les 
opérettes  dont  les  titres  suivent  :  1"  les  Uendez- 
vous  galants,  un  acte.  Athénée,  23 janvier  1873j 
2°  Madame  de  Rabucor,  un  acte,  Bouffes- 
Parisiens,  5  février  1874;  3°  Pygmalion,  un 
acte,  théâtre  Déjazet,  9  février  1875;  4°  la 
Chanson  du  Printemps,  un  acte,  théâtre  de 
Versailles,  28  mars  1875. 

SAIMTE-FOY  (CHAnLEs-Louis  PUBE- 
REAUX,  dit),  chanteur  scénique,  né  à  Vitry- 
le-François  le  13  février  1817,  était  fils  d'un 
soldat  du  premier  empire.  Sorti  du  collège  en 
1836,  il  vint  à  Paris  et  entra  aussitôt  au  Conser- 
vatoire, où  il  devint  l'élève  de  Panseron  et  de 
Garaudé  pour  le  chant,  et  de  Morin  pour  l'opéra- 
comique.  Il  débuta  à  l'Opéra-Comique  au  mois 
de  mai  1840,  dans  l'emploi  bouffe  auquel  Trial, 
son  fondateur,  donna  son  nom  naguère,  et  qui 
avait  été  tenu  dans  la  suite  par  Moreau,  Lesage 
et  T'éréol.  Sa  voix  aiguë  et  nasillarde  ne  fut 
jamais  bien  agréable  à  entemire,  mais  il  en  savait 
tirer  des  effets  très-comiques,  et  il  s'en  servait 
avec  une  habileté  très- réelle. 

Dès  ses  débuts,  Sainte-Foy  fit  preuve  d'un 
excellent  jeu  scénique,  toujours  amusant,  em- 
preint selon  les  cas  de  ruse  ou  de  naïveté,  et  qui 
était  servi  par  une  physionomie  très-mobile  et 
des  allures  étranges  qui  ne  tombaient  jamais 
dans  la  trivialité.  Parmi  les  rôles  du  répertoire 
que  Sainte-Foy  reprit  avec  le  plus  de  succès,  il 
faut  citer  ceux  de  l'Anglais  d;ins  Fra  Diavolo, 
de  Dickson  dans  la  Dame  Blanche,  de  Canla 
relli  dans  le  Pré-aux-Clercs,  du  grand  cousin 
dans  le  Déserteur,  de  maître  Lerond  dans  Jo- 
eonde,  de  l'Auvergnat  dans  Jeannot  et  Colin, 
puisencore  les  Rendez-vous  bourgeois,  Zampa, 
Marie,  le  Tableau  parlant,  les  Deux  Chas- 
seurs'el  la  Laitière.  Il  réussit  pleinement  dans 
l'emploi  qu'il  avait  adopté  et  qui  lui  convenait 
si  bien,  et  les  créations  ne  se  firent  pas  attendre 
pour  lui.  Parmi  les  meilleures,  nous  citerons 
celles  qull  fit  dans  Giralda,  le  Caïd,  la  Fée 
aux  Roses,  le  Carillonneur  de  Bruges,  le 
Pardon  de  Ploërmel,  Jocrisse,  le  Joaillier  de 
Saint-James,  le  Voyage  en  Chine,  les  Absents, 
le  Fils  du  Brigadier,  Zilda,  etc.,  etc.  Son 
talent  était  d'ailleurs  très-souple,  et  nous  nous 
rappelons  le  succès  de  larmes  qu'il  obtint  au 
troisième  acte  du  Joaillier  de  Saint-James,  de 
Grisar,  en  chantant  de  la  façon  la  plus  tou- 
chante des  couplets  que  la  salle  voulut  entendre 
jusqu'à  trois  fois. 

En  1869,  Sainte-Foy,  engagé  par  la  Russie, 
quitta  l'Opéra- Comique  et  se  rendit  à  Saint- 
Pétersbourg,  oîi  l'on  ne  comprit  pas  la  finesse 


474 


SALNTE-FOY 


SALNTON-DOLBY 


de  son  jeu.  11  n'y  resta  pas  longtemps,  et,  de 
retour  à  Paris,  alla  se  fourvoyer  aux  Folies-Dra- 
matiques, où  il  ne  passa  qu'un  instant,  pour  y 
jouer  la  Belle  Bourbonnaise.  Sa  santé,  du 
reste,  s'était  déjà  altérée,  et  il  était  sous  le  coup 
de  la  maladie  qui  devait  l'emporter.  Il  dit  adieu 
au  théâtre,  et  se  retira  dans  une  petite  propriété 
qu'il  possédait  à  Neuilly.  C'est  la  que, depuis  deux 
ou  trois  ans,  la  paralysie  l'avait  cloué,  lorsqu'il 
iTiOurut  le  1"  avril  1877,  la  santé  et  la  raison 
l'ayant  abandonné. 

Sainte-Foy  avait  épousé  une  chanteuse, 
M'"  Clarisse  Henri,  qui  avait  débuté  la  même 
année  que  lui  à  l'Opéra-Comique,  mais  qui  pres- 
que aussitôt  avait  renoncé  au  théâtre.  Les  deux 
époux,  d'ailleurs,  ne  vécurent  pas  longtemps 
ensemble. 

SAIAITIS  (Auguste);  compositeur  et  pro- 
fesseur français,  né  à  Montauban  (Tarn-et-Ga- 
ronne)  vers  1820,  suivit  d'abord  la  carrière  com- 
merciale, puis  se  livra  à  l'étude  de  l'harmonie 
et  de  la  composition  sous  la  direction  d'un  ar- 
tiste instruit,  J.-B.  Labat,  organisie  de  la  cathé- 
drale de  Montauban.  En  1846,  il  fonda  en  celte 
Tille  une  société  chorale  à  latjuelle  il  consacra 
tous  ses  soins,  et  pour  laquelle  il  écrivit  plu- 
sieurs choeurs  qu'elle  chantait  avec  succès  dans 
les  concours.  Ces  chœurs  furent  bien  accueillis, 
et  bientôt  RI.  Sainlis,  qui  prenait  une  part  active 
aux  progrès  du  chant  populaire,  vit  son  nom 
rapidement  répandu  dans  le  milieu  orphéonique. 
Au  nombre  de  ses  chœurs  les  mieux  réussis,  on 
cite  les  Braconniers,  la  Fête  aux  Champs,  les 
Quatre  Saisons,  les  Pèlerins,  les  Enfants  du 
peuple,  les  Mi7ieiirs,  En  7ner,  les  Paysans,  la 
Veillée,  le  Secret,  Gaule  et  France,  la  Mine, 
Sur  les  remparts,  le  Jour  du  combat.  Oui  et 
Non,  les  Proscrits,  les  Maçons,  la  Bienvenue, 
Éveillez-vous,  les  Enfants  du  peuple,  le 
Printemps,  etc.  Directeur  de  l'école  gratuite  de 
chant  de  Montauban,  M.  Saintis  s'est  fait  con- 
naître aussi  par  diverses  autres  compositions  : 
une  messe  brève  à  3  voix  avec  orgue,  divers 
cantiques,  des  romances,  quelques  pièces  de 
genre  pour  le  piano  et  des  morceaux  de  musique 
de  danse. 

*  S.\K\TO\  (PnospER- Philippe -Cathe- 
rine), violoniste  remarquable,  fils  du  chef  d'une 
des  plus  importantes  maisons  de  commerce  de 
Toulouse,  était  destiné  par  son  père  à  la  profes- 
sion d'avocat.  Après  avoir  fait  toutes  ses  études 
au  collège  de  Toulouse,  il  s'y  fit  recevoir  bache- 
lier es  lettres  en  1830,  et  y  fit  sa  première  année 
de  droit.  La  crise  commerciale  causée  par  la 
révolution  de  1830  ayant  fait  perdre  h  son  père 
toute  sa  fortune,  M.  Sainlon,  qui  avait  obtenu 


quelques  .'^uccès  comme  violoniste  amateur,  et 
sur  (pu  la  musique  exerçait  un  attrait  irrésis- 
tible, abandonna  le  droit  pour  embrasser  la 
carrière  artistique. 

C'est  alors  qu'il  se  décida  à  venir  à  Paris, 
où  il  fit  de  brillantes  études  au  Conservatoire, 
dans  la  classe  d'Habeneck.  Après  avoir,  pendant 
deux  ans,  fait  partie  de  l'orchestre  de  l'Opéra 
et  de  celui  de  la  Société  des  concerts,  il  quitta 
Paris  pour  entrepremire  un  grand  voyage  artis- 
tique, visita  successivement  l'Italie,  l'Allemagne, 
la  Russie,  la  Finlande,  la  Suède,  le  Danemark, 
l'Espagne,  obtenant  partout  de  très-grands  suc- 
cès. De  retour  en  1840  à  Toulouse,  il  y  fut 
nommé  professeur  au  Conservatoire,  et  y  de- 
meura jusqu'en  1844,  époque  à  laquelle  il  fit  sa 
première  visite  à  Lomlres.  Malgré  les  difficultés 
qu'il  éprouva  tout  d'abord  à  s'y  faire  entendre, 
une  heureuse  occasion  s'étant  présentée,  il  fut 
accueilli  avec  une  telle  faveur  qu'il  y  retourna 
l'année  suivante.  C'est  alors  qu'il  se  décida  à  se 
fixer  en  cette  ville,  ayant  été  nommé  successive- 
ment professeur  de  violon  à  l'Acailèmie  royale 
de  musique,  violon-solo  de  l'orchestre  du  théâtre 
de  Sa  Majesié  et  violon-solo  de  la  reine  d'An- 
gleterre (il  s'est  démis  seulement  de  ces  der- 
nières fonctions  en  1856).  Il  a  formé  à  l'Aca- 
démie royale  de  musique  un  grand  nombre  d'é- 
lèves, qui  tous  sont  devenus  des  artistes  dis- 
tingués et  occupent  de  brillantes  positions. 

Depuis  lors,  M.  Sainton  n'a  quitté  l'Angleterre 
que  pour  faire  sur  le  continent  i)lusieurs  voyages 
artistiques,  particulièrement  en  1848,  où  il  alla 
se  faire  applaudir  en  Hollande,  et  en  ISôO,  où  il 
se  fit  entendre  avec  un  grand  succès  à  la  Société 
des  Jeunes-Artistes,  dirigée  par  M.  Pasdeloup. 
En  1860,  il  épousa  miss  Dolby,  la  célèl)re  canta- 
trice anglaisequi  fait  l'objet  de  la  notire  suivante. 

Comme  compositeur  pour  son  instrument, 
M.  Sainton  a  écrit  :  2  Concertos,  avec  accom- 
pagnement d'orchestre;  un  Solo  de  concert;  un 
Rondo-Mazurka;  3  Romances;  3  Etudes  carac- 
téristiques; une  Tarentelle;  plusieurs  Fantaisies 
sur  Lucrezia  Borgia,  la  Fille  du  Réyimcnt, 
liigoletto,  la  Traviata,  Faust,  il  Trovatore, 
et  plusieurs  airs  variés  avec  accompagnement 
de  piano  et  d'orchestre.  M.  Sainton  est  cheva- 
lier de  l'ordre  de  la  Couronne  de  chêne,  des 
Pays-r.as. 

SA1AT(>XDOLBY(Chariottf  DOLBY, 
épouse  S.\I\TOÏV,  connue  sous  le  nom  de 
Madame),  femme  du  précédent,  l'une  des  canta- 
trices de  concert  les  |)lus  renommées  de  l'An- 
gleterre, est  née  à  Londres  en  1821.  Elle  reçut 
son  éducation  artistique  à  l'Académie  royale  de 
muijique  de  celte  ville,  et  son  admirable  voix 


SAINTON-DOLBY  —  SALAMAN 


475 


de  contralto,  son  assiduité  à  l'étude  et  ses  heu- 
reux dons  naturels  en  firent  une  des  plus  brillan- 
tes élèves  que  cette  institution  eût  encore  possé- 
dées. Lorsque  le  moment  fut  venu  pour  elle  de  se 
produire  en  public,  miss  Dolby  résolut  de  se  dé- 
rober aux  occasions  tentantes  que  pourrait  lui 
offrir  la  scène  lyrique,  et  voulut  consacrer  son 
talent  à  l'exécution  des  oratorios  de  Hœndel  et 
des  autres  grands  maîtres,  ainsi  qu'à  l'expan- 
sion de  la  musique  nalionale;  la  conservation 
de  la  traditionnelle  ballade  anglaise,  dans  toute 
sa  vérité,  sa  sinnplicilé  et  sa  sensibilité,  est  due 
principalement  aux  efforts  intelligents  de  cette 
grande  artiste,  devenue  étonnamment  populaire. 
Dans  ces  deux  genres,  miss  Dolby  ne  connut 
bientôt  aucune  rivale.  Mendeissobn,  qui  l'en- 
tendit à  Londres  dans  son  Paiilus,  lut  si  frappé 
de  son  talent  et  de  la  beauté  de  sa  voix,  qu'il 
lui  dédia  un  de  .ses  recueils  de  lieder  (op.  57), 
et  qu'il  écrivit  expressément  pour  elle  la  partie 
de  contralto  de  son  oratorio  Elle.  C'est  lui  qui 
la  fit  engager,  en  1846,  par  l'administration  des 
concerts  du  Gewandhaus,  de  Leipzig,  où  elle 
demeura  pendant  toute  la  saison  d'biver,  et  où 
elle  reçut,  aussi  bien  que  dans  plusieurs  autres 
villes  du  continent,  les  témoignages  de  l'admi- 
ration la  plus  sincère  et  la  plus  vive. 

Miss  Dolby  avait  atteint  l'apogée  de  sa  re- 
nommée lorsqu'elle  épousa,  en  18G0,  M.  Sainton, 
l'excellent  violoniste.  Elle  continua  sa  carrière 
jusqu'en  1870,  époque  à  laquelle  elle  fit  ses 
adieux  au  public,  et  à  partir  de  ce  moment  con- 
sacra toute  son  activité  au  développement  d'un 
plan  depuis  longtemps  formé  par  elle,  lequel 
consistait  dans  la  création  d'une  école  particu- 
lière de  chant,  et  dans  la  publication  d'un  livre 
renfermant  le  résumé  de  ses  observations  et  de 
ses  principes  sur  l'enseignement  du  chant. 
M""  Sainton-Dolby  créa,  en  effet,  une  Académie 
vocale  où  les  élèves  affluèrent  et  où  elle  forma 
plusieurs  chanteurs  excellents,  et  elle  publia  un 
traité  de  l'art  du  chant  dont  il  a  été  fait  plu- 
sieurs éditions. 

M"^  Sainlon-Dolby  s'est  fait  connaître  aussi 
comme  compositeur.  Après  avoir  écrit  quelques 
mélodies  vocales  qui  sont  devenues  extrêmement 
populaires,  elle  voulut  affirmer  sa  valeur  dans 
une  œuvre  plus  sérieuse  et  de  plus  vastes  di- 
mensions; c'est  alors  qu'elle  composa  une  grande 
cantate  pour  voix  seules,  chœurs  et  orchestre, 
la  Légende  de  Sainte  Dorothée,  qui  fut  exécu- 
tée pour  la  première  fois  avec  un  très-grand 
succès  à  Londres,  dans  la  salle  Saint-James,  le 
14  juin  1876,  et  qui  fut  reproduite  ensuite,  avec 
le  même  bonheur,  dans  différentes  villes  du 
Royaume-Uni. 


SALA  (Antonio),  compositeur  espagnol  re- 
marquable dans  le  genre  religieux,  naquit  vers  le 
commencement  du  dix-huitième  siècle  à  Aytona, 
village  de  la  province  de  Lérida,  et  devint  en 
1738,  à  la  suite  d'un  concours,  maître  de  cha- 
pelle de  Lérida.  Il  remplaçait  dans  cet  emploi 
un  artiste  estimé,  nommé  Domingo  Teixido.  Sala 
fut,  dit-on,  l'un  des  compositeurs  religieux  les 
plus  distingués  de  son  temps,  et  sa  musique, 
sans  manquer  ni  de  goût  ni  d'in.spiration,  révèle 
un  artiste  rompu  à  toutes  les  habiletés  du  con- 
tre-point. On  cite  surtout,  parmi  ses  œuvres, 
plusieurs  messes  à  deux  chœurs  d'un  effet  im- 
posant, et  une  autre  messe  à  grand  orchestre 
qu'on  exécutait  encore  dans  ces  dernières  années. 
Sala  mourut  à  Lérida,  dans  un  âge  très-avancé, 
le  22  janvier  1/94. 

SALA  (Marco),  compositeur  italien  contem- 
porain, a  publié  chez  l'éditeur  M.  Ricordi,  à 
Milan;  plusieurs  albums  de  musique  de  danse  : 
Danze  del  Carnevale  (5  morceaux);  Ricordi 
di  SanMavrizio  (4  morceaux);  Danze  (7 mor- 
ceaux); Danze  (5  morceaux).  On  lui  doit  aussi 
des  valses  et  un  grand  nombre  d'autres  morceaux 
de  danse  détachés,  un  recueil  de  pièces  de  piano 
intitulé  Fogli  d'album,  un  recueil  vocal  :  Cin- 
que  mélodie,  des  romances,  barcarolles,  canzo- 
nettes,  etc. 

Un  artiste  du  même  nom,  M.  Giuseppe  Sala, 
a  fait  ses  études  au  Conservatoire  de  Milan,  où 
il  était  élève  des  classes  d'orgue  et  de  composi- 
tion. J'ignore  lequel  des  deux  est  l'auteur  d'un 
opéra  sérieux,  Ginevra  di  Monreale,  qui  a  été 
représenté  il  y  a  quelques  années,  et  d'un  autre 
ouvrage  du  même  genre,  Bice  AUghieri,  qui  a 
été  joué  sur  le  théâtre  Neuf,  de  Vérone,  au  mois 
de  novembre  1865. 

SALADIXI  (GiROi.AMo),  écrivain  italien,  est 
l'auteur  de  l'écrit  intitulé  :  Nuovo  Metodo  délie 
proporzioni  geomelrica,  aritmeiica  ed  anno- 
nica  (Bologne,  1761,  in-S°). 

SALAMAN  (Charles-Kensington),  pianiste 
et  compositeur  anglais,  né  à  Londres  le  3  mars 
1811,  reçut  une  bonne  éducation  musicale,  et 
se  fit  entendre  pour  la  première  fois  en  cette 
ville  à  l'âge  de  vingt  ans,  après  quoi  il  se  pro- 
duisit avec  succès  dans  les  provinces  anglaises, 
et  voyagea  ensuite  en  Allemagne  et  en  Italie  en 
donnant  des  concerts.  M.  Salaman  a  publié  un 
assez  grand  nombre  de  compositions  pour  le 
chant  et  pour  le  piano,  et  il  s'est  fait  appré- 
cier aussi  de  ses  compatriotes  en  faisant  de 
nombreuses  lectures  et  conférences  sur  l'esthé- 
tique musicale  et  sur  l'histoire  de  l'art.  L'un 
des  fondateurs  de  la  Société  musicale  de  Londres, 
il  a  été  pendant  plusieurs  années  le  secrétaire 


476 


SALAMAN  —  SALDONI 


de  celte  association  artistique.  M.  Saiaman,  dont 
l'enseignement  a  toujours  été  très-roclierclié,  a 
été  élu  en  1847  membre  de  la  Société  de  Sainte- 
Cécile,  de  Rome. 

*  SALARI  (François).  —  On  connaît  de  cet 
artiste  un  opéra  intitulé  il  Marchese  carbonaro, 
qui  fut  représenté  à  Venise  en  1776. 

SALAS  (l''nANCisco),  chanteur  espaj^nol  dis- 
tingué, né  à  Grenade,  (ut|élève  du  ténor  Va- 
lencia,  et  vint  jeune  à  iMadriii,  où,  par  la  pro- 
tection de  cet  artiste,  il  fut  engagé  au  tliéàlre  de 
la  Cruz,  alors  dirige  par  Carnicer,  pour  chanter 
des  rôles  secondaires  dans  les  opéras  italiens  ou 
espagnols  qu'on  y  représentait.  Il[suf,  dans  cette 
tàclie  suballerne,  donner  rapidement  la  mesure 
de  sa  valeur,  se  fit  confier  des  rôles  plus  impor- 
tants, et  bientôt  obtint  de  très-grands  succès 
dans  l'emploi  de  basse  chantante  et  de  buffo  ca- 
ricato.  Il  faisait  littéralement  fureur  dans  cer- 
tains ouvrages,  notamment  dans  la  Chiara  di 
Rosemberg  de  Donizetli. 

Salas  voyagea  ensuite  en  Espagne,  se  fit 
applaudir  dans  plusieurs  villes  importantes,  puis 
revint  à  Madrid,  et  s'associalde  cœur  à  l'idée  de 
quelques  jeunes  auteurs  et^ compositeurs,  entre 
autres  MM.  Oiona,  Barbieri,  Gazfarnbide,  qui 
voulaient  faire  revivre  la  zarzuela,  l'opéra  na- 
tional espagnol.  Il  était  devenu  alors  directeur 
du  théâtre  italien  de  Madrid,  mais,  une  fois 
son  contrat  terminé,  il  prit  la  direction  de  la 
nouvelle  scène  nationale  qui  se  fondait  et  lui 
donna  tous  ses  soins.  L'entreprise  pourtant  ne 
fut  pas  heureuse  dans  ses  commencements,  et 
Salas,  après  avoir  passé  i)arde  cruelles  épreuves, 
crut  devoir  l'abandonner  et  la  confier  à  un 
successeur. 

Cet  artiste  estimable,  qui  pendant  de  longues 
années  fut  exlraonlinaireinent  populaire  à  Ma- 
<lrid,  mourut  en  cette  ville  le  20  juin  1875.  Il  a 
écrit  la  mu,sique  de  quelques  romances  et  chan- 
sons, qu'il  intercalait  dans  les  pièces  jouées  par 
lui. 

*  SALDOM  (B\ltas.\r),  compositeur  et 
historien  musical,  est  l'un  des  artistes  les  plus 
remarquables,  les  plus  intelligents  et  les  mieux 
doués  que  l'Espagne  ait  produits  dans  le  siècle 
présent.  Non-seulement  M.  Saldoni  est  un  pro- 
fesseur fort  distingué,  non-souleinent  il  a  donné 
des  preuves  d'une  rare  fécondité  comme  compo- 
siteur, mais  il  aurait  pu  rendre  d'immenses 
services  comme  historien  de  l'art  espagnol,  s'il 
n'avait  rencontré  auprès  de  ses  compatriotes 
une  indifférence  si  complète  et  si  coupable. 
Son  Résumé  historique  de  l'école  de  musique 
du  monastère  de  Montserrat  est  une  publica- 
tion fort   intéressante   malgré  ses   proportions 


modestes,  et  quant  à  son  Diccionario  biO' 
grafico-bibtiogrojico  de  efeniérides  de  mttsicos 
espanoles,  c'eût  été,  si  la  [lublicalion  n'en  avait 
été  si  fâcheusement  interrompue  après  le  pre- 
mier volume,  une  oeuvre  d'une  immense  utilité. 
La  forme  générale  de  l'ouvrage  était  évidemment 
défectueuse,  car,  pour  un  tel  livre,  rien  ne  vaut 
l'ordre  alphabétique;  mais  la  sûreté  des  infor- 
mations, la  bonne  foi  de  l'auteur,  l'indulgente 
imparlialilé  de  .sa  critique,  faisaient  de  son  Dic- 
tionnaire une  œuvre  sérieuse,  digne,  honnête, 
appelée  à  prendre  place  dans  toute  bibliothèque 
artistique  bien  ordonnée. 

Je  ne  saurais  refaire  ici  la  biographie  de 
M.  Saldoni,  bien  qu'elle  ait  été  à  peine  esquissée 
dans  la  Biographie  universelle  des  Musiciens, 
et  je  dirai  seulement  que  cet  artiste  vénérable, 
maître  encore,  à  l'heure  présente,  d'une  |ietite 
chapelle  de  Madrid,  membre  de  la  section  de 
musique  de  l'.Académie  des  Beaux-Arts,  semble 
avoir  renoncé  aux  travaux  de  com|)osilion  qui 
l'ont  si  longtemps  occupé;  mais  je  vais  essayer 
de  dresser,  d'une  façon  sommaire,  la  liste  de  ses 
œuvres,  afin  de  donner  une  idée  de  sa  fécondité 
et  de  sa  puissance  lahoiieuse. 

Musique  dramatique.  —  1°  El  Triunfo  del 
amor,  opérette  en  un  acte,  jouée  sur  un  théâtre 
paiticulier,  1826;  2°  Saladino  e  Cloiilde,  opéra 
italien  en  2  actes,  dont  un  fragment  seulement 
a  été  chanté  au  théâtre  de  la  Cruz,  en   1833; 
3"  Tperjuestra,  opéra  italien  en  2  actes,  Ma- 
drid, lii.  de  la  Cruz,  20  janvier  1838;  4°  Cleo- 
nice,  regina  di  Siria,  id.,  id.,  id.,  2i  janvier 
1840  ;  5''  Boabdil,  ultimo  rey  vioro  de  Gra- 
nada,  opéra  espagnol  en  3  actes,  non  re|iré- 
senté;  6»  el  Rey  y  la  Coslurera,  zarzuela  en 
3  actes,  id.;  7°  la  Cor  le  de  Monaco,  zarzuela 
en  un  acte,  Madrid,  th.  de  la  Zarzuela,  IG  fé- 
vrier 1857;  8"  Guzman  il  Biiono,  opéra  italien 
en  3  actes,  non  représenté;  9°  las  Maridos  en 
Ins  Mascaras,  zarzuela  en  2  actes,   Barcelone, 
Champs-Elysées,  26  août  18(!4.  —  Musique  re- 
ligieuse. 10"  Messe  de  Gloria  (en  mi  bémol 
majeur),  avec  orchestre;    11  Messe  âc  Gloria 
(en  ni),  id.;  12°  Bosario,  id.;  i3°  Santo  Dios, 
id.;  14"  Slabal  Mater,  id.;  15°  Miserere,  id.  ; 
16°  diverses  autres  compositions  religieuses,  avec 
orchestre;    17°    Salve   Regina   à  4  et  8  voix, 
avec  piano  et  instruments  à  cordes;  \8"  Slabai 
Mater  à  2    voix,    avec  harmonium  ou  piano; 
19° diverses  compositions  religieuses,  avec  piano 
et  instruments  à  cordes  ;  20°  un  grand  nombre  de 
motets,  hymnes,  cantiques  à  une,  2,  3,  4,  6  voix 
et  plus,  avec  orgue  ou  piano;  21°  70  versets 
pour  orgue;  22»  29  versets,  id.;  23°  31)  versets, 
id.  ;   24°  72  versets,  id.;   25"    12  versets,  id.; 


SALDÛM  —  SALIERI 


477 


26°  fugues  (14)  pour  orgue.  —  Misiole  sympho- 
MQUE.  2V  A  mi  pairia,  grande  symphonie  pour 
grand  orchestre,  bande  militaire  et  orgue  obligé; 
28°  quatorze  morceaux  de  genre  pour  orchestre. 
—  Ml'sique  de  chant.  29°  Hymne  au  Dieu  des 
Arts,  cantate  exécutée  au  Lycée  de  Madrid,  en 
1842;  30°  Hymne  national.Lycée  de  Madrid, 1843-, 
31°  plusieurs  marches,  chœurs,  morceaux  à  une, 
2,  3  et  4  voix,  avec  accompagnement  d'orciieslre  ; 
32°  environ  40  morceaux  à  une  ou  plusieurs 
voix,  avec  accompagnement  de  piano.  —  Mu- 
siQin  DE  PIANO.  Environ  trente  morceaux  de  sa- 
lon ou  de  concert.  —  Enfin,  à  tout  cela  il  [;nit 
ajouter  divers  morceaux  pour  musicpie  rnililaire, 
quelques  chansons  andalouses,  puis  une  i\ou- 
velle  Mclhode  de  solfège  et  de  chant  adoptée 
pour  les  classes  du  Conservatoire  de  Madrid,  et 
un  Recueil  de  24  Vocalises  adopté  dans  le  même 
établissement. 

*  SALIERI  (Antoine),  t-  Pour  ne  parler 
que  de  la  carrière  de  Salieri  en  France  et  des 
divers  ouvrages  qu'il  écrivit  en  vue  de  l'Opéra 
de  Paris,  il  y  a  trois  rectifications  importantes  à 
faire  à  toutes  les  notices  précédemment  publiées 
sur  ce  grand  compositeur;  je  ne  ferai  que  les 
exposer  en  résumant  certains  passages  du  long 
travail  sur  cette  période  de  la  carrière  de  Sa- 
Ikri  qui  forme  la  seconde  partie  de  mon  ouvrage  : 
la  Cour  et  l'Opéra  sous  Louis  XVI  (un  vol. 
in-18,  Paris,  Didier,  1877). 

Il  s'agit  d'abord  de  la  lettre  rendue  publique 
par  laquelle  Gluck  déclarait  que  Salieri  était  le 
seul  et  unique  auteur  de  la  musique  des  Da- 
naïdes.  Mais  la  date  même  de  cette  lettre  (de 
Vienne,  26  avril  1784)  moutrail  bien  que  du 
lîoullet  l'avait  depuis  longtemps  en  poche  —  le 
courrier  ne  mettant  pas  vingt  jours  pour  venir 
de  Vienne  —  et  qu'il  n'attendait  que  le  moment 
favorable  pour  la  produire  :  ce  subterfuge 
employé  par  Salieri  et  son  collaborateur  était 
singulièrement  inconvenant  pour  le  public  et  peu 
honorable  pour  eux-mêmes.  On  s'est  ingénié 
depuis  lors  à  trouver  des  excuses  au  retard  que 
du  Pioullet  avait  mis  à  publier  la  lettre  de  Gluck, 
et  Félis  assure  que  ce  fut  une  clause  exigée  par 
l'éditeur  de  musique  Deslnuiiers.  «  J'ai  vu,  dit- 
il,  l'acte  de  vente  où  l'éditeur  s'engageait  à  payer 
douze  cents  livres,  à  la  condition  que  le  nom 
de  Gluck  resterait  .sur  l'affiche  jusqu'à  la  trei- 
zième représentation  ;  ce  ne  fut  que  le  matin 
même  de  celte  représentation  que  [larut  dans 
les  journaux  de  Paris  une  lettre  où  Gluck  dé- 
clarait que  Salieri  était  l'unique  auteur  de  la 
musique  des  Danaïdes.  »  Tous  les  écrivains, 
M.  Desnoiresterres  en  dernier  lieu,  ont  assuré 
aussi  que  la  lettre  de  Gluck  ne  parut  qu'après 


la  douzième  représentation.  C'est  une  f  rreur  , 
un  simple  rapprochement  de  dates  va  le  prouver 
et  mettre  à  néant  l'excuse  précitée  et  toutes 
autres  qu'on  pourrait  imaginer.  La  lettre  révé- 
latrice fut  insérée  dans  le  Journal  de  Paris  du 
16  mai.  Or,  à  celte  date,  les  Danaïdes  ne 
comptaient  encore  que  six  représentations,  celles 
des  26  et  30  avril,  4,  7,  Il  et  14  mai;  la  dou- 
zième n'arriva  qu'en  juillet.  Nul  doute  (lue  si 
la  clause  que  Fétis  prétend  avoir  vue  eût  existé, 
Salieri  aurait  attendu  jusque-là  pour  divul- 
guer la  vérité.  Le  motif  réel  du  retard  apporté 
à  la  publication  de  la  lettre  de  Gluck  est  que 
Salieri  voulutattendie  d'avoir  palpé  les  12,000  li- 
vres qu'il  devait,  d'après  son  traité,  toucher 
comme  représentant  de  Gluck  et  après  la 
troisième  représentation.  Cette  représentation 
eut  lieu  le  4  mai;  les  formalités  de  paiement  et 
de  décharge  demandèrent  quelques  jours,  puis 
Salieri  laissa  encore  s'écouler  quelque  temps 
avant  de  jeter  bas  le  masque.  [Cette  explication 
est  peu  honorable,  mais  c'estjla  seule  que  les 
faits  et  les  dates  ne  démentent^pas. 

Le  second  point  traite  d'une  question  de  chif- 
fres. Castil-Blaze  et  Fétis  se  trompent  double- 
ment en  disant  que  Salieri  reçut  «  10,000  fr. 
pour  sa  partition  des  Danaïdes,  3,000  fr.  de 
frais  de  voyage  et  un  cadeau  royal.  »  D'abord, 
il  toucha  12,000  livres  (et  non  10,000)  de  l'Opéra; 
de  plus,  les  3,000  livres  supplémentaires  et  le 
cadeau  royal  ne  font  qu'un.  Le  chiffre  de 
10,000  livres,  indiqué  par  ces  auteurs,  montre 
qu'ils  n'ont  pas  eu  connaissance  du  traité  ori- 
ginal consenti  par  Salieri.  Les  écrivains  con- 
temporains eux-mêmes  n'eu  ont  pas  connu  les 
termes  précis  et  ne  |)arlent  sur  ce  sujet  que 
d'après  les  rapports  et  les  on-dit  qu'ils  récol- 
taient de  divers  côtés. 

En  dernier  lieu,  j'ai  voulu  m'assurer  si  Sa- 
lieri, outre  les  Danaïdes,  les  Horaces  et  Tarare, 
avait  encore  composé  pour  Paris  trois  opéras 
qui  ne  furent  pas  représentés,  à  savoir  :  Chi- 
mène  et  Rodrigue,  tragédie  lyrique  en  cinq  actes 
(1788);  la  Princesse  de  Dabylone,  en  trois 
actes  (1789),  et  Sapho,  également  en  trois  actes 
(1790),  et  si  ces  partitions,  composées  à  ces  dates 
ainsi  précisées  par  les  biographes,  mais  non 
exécutées,  se  trouvaient  effectivement  «  dans  les 
carions  de  l'Académie  de  musique  de  Paris  ». 
Je  me  suis  naturellement  adressé  à  M.  Nuitter 
pour  dissiper  ou  confirmer  mes  doutes  et  j'ai  pu 
vérifier  que  ces  trois  |)arlitions  se  trouvent  en 
effet  aux  archives  de  l'Opéra,  — mais,  comme 
bien  je  pensais,  la  Chiméne  est  celle  de  Sac- 
chini,  la  Princesse  de  Bobylone,ce\le  de  Kreut- 
zer, et  la  Sapho,  celle  de  Reiclia.  Les  dales 


4-8 


ISALIERI  —  SALOMOiN 


données  plus  haut  ne  concordent  môme  pas  avec 
la  ivpri'senlalion  de  ces  opéras,  qui  furent  joués 
en  1784,  181j  et  1822  (1). 

An.  J — N. 

*  SALOMAN  (SrECFRiED).  —  Cet  artiste 
fort  distingué  a  (dit  représenter  à  Moscou,  le 
7  janvier  1868,  un  opéra  intitulé  la  Rose  des 
Carpatlies. 

*  SALOMAX  (M'°^  Henkiette  IVISSElX). 
—  Api  es  avoir  renoncé  à  la  carrière  dramatique, 
cette  artiste  remarquable  s'était  fixée  à  Saint- 
Pétersbourg,  où  elle  s'était  consacrée  à  l'ensei- 
gnement du  chant.  D'abord  chargée  d'une  classe 
au  Conservatoire  de  cette  ville,  M"*  Nissen- 
Saloman  n'avait  pas  tardé  à  y  renoncer,  pour  ne 
plus  donner  ses  soins  qu'à  ses  élèves  particu- 
lières. Ses  succès  n'ont  pas  été  moins  grands 
comme  professeur  que  comme  artiste,  et  elle  a 
formé  un  grand  nombre  de  cantatrices  qui  ont 
brillé  non-seulement  sur  les  grands  théâtres 
de  Saint-Pétersbourg  et  de  Moscou,  mais  aussi 
sur  d'importantes  scènes  étrangères.  Parmi  les 
principales  élèves  de  M"^  Nissen-Saloman,  il 
faut  citer  M"**  Raab,  une  des  meilleures  artistes 
de  l'Opéra  russe  de  Saint-Pétersbourg ,  m"^  de 
Reszké,  qui  est  attachée  depuis  plusieurs  an- 
nées à  l'Opéra  de  Paris,  M""^  Anna  de  Belokha 
(Belocca),  qui  s'est  déjà  fait  un  nom  dans  la 
carrière  italienne,  M^'*'  Lawrovsky,  M"'  Wal- 
ter-Kamensky,  M"'  Bitchourine,  etc.  M'""  Nis- 
sen-Saloman est  morte  à  Hartzbourg ,  au  mois 
de  septembre  1879. 

SALOMÉ  {Théodore-Cés\r),  musicien  fran- 
çais, né  à  Paris  le  20  janvier  1834,  a  fait  ses 
études  musicales  au  Conservatoire  de  cette 
ville,  où  il  fut  l'élève  de  Bazin  pour  l'har- 
monie et  accompagnement,  de  M.  Ambroise 
Thomas  pour  la  fugue  et  la  composition,  et  de 
Benoist  pour  l'orgue.  Il  obtint  les  récompenses 
suivantes  ;  en  18r)5,  deuxième  accessit  d'har- 
monie; en  1856,  le  deuxième  accessit  d'orgue;  en 
1857,  deuxième  prix  d'harmonie  etj  deuxième 
second  i)rix  d'orgue;  en  1858,  troisième  accessit 
de  fugue;  en  1859,  deuxième  accessit  de  fugue; 
en  1861,  premier  second  grand  prix  de  Rome. 
Malgré  ce  dernier  succès,  M.  Salomé  ne  s'est 
guère  produit  comme  compositeur,  et  l'on  ne 
connaît  de  lui,  en  dehors  de  quelques  morceaux 
do  peu  d'importance,  que  des  fragments  de  sym- 
phonie exécutés  à  la  Société  nationale  de  musi- 
que en  1877,  et  im  recueil  de  dix  [)ièces  d'orgue 

(1)  A  la  liste  générale  des  œuvres  de  Salicri,  il  faut 
iijoutcr  la  luusiquc  d'un  «  divertissement  théâtral  •  écrite 
l)ar  lui  sur  un  livret  de  Da  Ponte,  Prima  la  timsica,  poi 
le  parole,  lequel  fut  représenté  à  SchœDbrunn  durant  le 
carnaval  de  1783.  —  A.  P, 


publié  à  Londres.   M.  Salomé  est  organiste  du 
petit  orgue  à  l'église  de  la  Trinité. 

*  SALOMOiV  (Jean-Pierre),  violoniste 
allemand,  mourut  à  Londres  le  25  novembre 
1815.  La  Revue  et  Gazette  musicale  de  Paris 
a  publié,  dans  son  numéro  du  l'"'  juillet  186(3, 
une  lettre  que  Beethoven  avait  adressée  devienne 
à  cet  artiste,  à  la  date  du  l"juin  1815. 

SALOMO\  (Hector),  compositeur,  est  né 
le 29  mai  1838,  à  Strasbourg,  d'une  famille  peu 
aisée.  11  commença  dès  son  plus  jeune  âge  l'é- 
tude de  la  musique,  entraîné  qu'il  était  par  une 
vocation  irrésistible,  et  en  1847  commençait  à 
travailler  le  violon ,  instrument  pour  lequel  il 
éprouvait  une  véritable  passion.  Son  père  étant 
mort  peu  de  temps  après,  cet  événement  vint 
interrompre  ses  premiers  travaux,  et  ce  n'est 
qu'un  peu  plus  tard  que  le  jeune  Salomon,  alors 
âgé  de  onze  ans ,  commença  l'étude  du  piano 
sous  la  direction  de  M.  Frédéric  Leutz.  Venu  à 
Paris  pour  s'y  perfectionner,  il  entra  en  1850 
au  Conservatoire ,  dans  la  classe  de  solfège  de 
M.  Savard,  et  l'année  suivante  remportait  le 
premier  prix.  Admis  en  1852  dans  la  classe 
d'harmonie  et  accompagnement  de  M.  Bazin, 
il  remportait  un  second  accessit  en  1853  et  un 
second  prix  en  1855,  après  quoi  il  passait  dans 
la  classe  de  composition  d'Halévy.  Pendant  tout 
ce  temps  il  continuait  l'étude  du  piano,  d'abord 
avec  M.  Jonas,  puis  avec  M.  Marmonlel. 

Les  nécessités  de  la  vie  contraignirent  M.  Sa- 
lomon à  quitter  le  Conservatoire  pour  accepter 
un  emploi  d'accompagnateur  aux  Bouffes-Pari- 
siens ,  où  il  écrivit  la  musique  d'un  ballet,  Fas- 
cination,  qui  fut  représenté  à  ce  théâtre  en  1856. 
En  1860,  il  entrait  au  Théâtre-Lyrique  pour  y 
remplir  les  mêmes  fonctions,  et  y  restait  jusqu'en 
1870.  Il  fit  jouer  à  ce  théâtre,  le  13  juin  1866, 
un  joli  petit  opéra-comique  en  un  acte,  les  Dra- 
gées de  Suzette ,  et  écrivait  ensuite  la  musique 
d'une  cantate,  le  Génie  de  la  France,  qui 
y  était  exécutée  le  15  août  suivant;  enfin,  le 
13  septembre  1877,  il  y  donnait  un  nouvel  ou- 
vrage, en  un  acte,  l'Aumônier  du  régiment, 
dont  le  livret  était  tiré  d'un  ancien  vaudeville, 
et'qui  était  bien  accueilli  par  le  public. 

M.  Salomon,  qui  depuis  1870  a  quitté  le 
Théâtre-Lyrique  j)our  passer  en  qualité  de  se- 
cond chef  des  chœurs  à  l'Opéra ,  où  il  remplit 
aujourd'hui  les  fonctions  de  chef  du  chant,  a 
beaucoup  composé.  Outre  deux  symphonies,  un 
quatuor  pour  instruments  à  cordes, «une  sonate 
pour  piano  et  violon  ,  près  de  200  mélodies  vo- 
cales, tant  publiées  qu'inédites,  quelques  mor- 
ceaux de  musique  religieuse,  un  certain  nombre 
de  romances  sans  paroles  pour  piano  seul,  piano 


SALOMON  —  SALVAYRE 


479 


et  violon,  ou  piano  et  violoncelle,  il  a  en  porte- 
feuille cin({  ouvrages  dramatiques  ,  parmi  les- 
quels se  trouvent  Biunca  Capello,  grand  opéra 
en  4  actes,  les  Contes  d'Hoffmann,  drame 
lyrique  en  5  actes,  et  un  opéra-comique  en  un 
acte,  intitulé  Lubin  Dandïn.  11  a  pulilié  ré- 
cemment un  joli  recueil  de  20  Mélodies  avec 
accompagnement  de  piano  (  Paris,  Brandus, 
in-S»). 

SALYATOR  ( ).   —   Un   compositeur 

français  de  ce  nom  a  fait  représenter  en  1802,  sur 
le  théâtre  de  Toulon,  un  opéra  bouffe  intitulé 
l'Ombre  d'Argentine. 

SALVAYRE  (Gervais-Bernard),  compo- 
siteur françai'?,  né  à  Toulouse  (Haute-Garonne 
le  24  juin  1847,  a  fait  ses  premières  éludes  musi- 
cales à  la  maîtrise  de  la  cathédrale  de  cette  ville, 
où  il  eut  pour  condisciple  M.  Gailhard ,  jeune 
chanteur  qui  tient  aujourd'hui  l'emploi  des 
basses  chantantes  à  l'Opéra.  Il  entra  ensuite  au 
Conservatoire  de  Toulouse,  où  il  se  livra  à 
l'étude  du  piano,  du  violoncelle  et  de  l'harmo- 
nie. Il  obtint  un  premier  prix  de  \ioloncelle 
dans  la  classe  de  M.  Garreau.  C'est  là  que 
M.  Amhroise  Thomas,  dans  une  de  ses  tournées 
d'inspection  dts  écoles  musicales  des  départe- 
ments, le  remarqua,  le  fit  venir  à  Paris,  et  le 
fit  admettre  au  Conservatoire,  où  il  devint  l'élève 
de  M.  Benoistpour  l'orgue,  et  de  MM.  Ambroise 
Thomas  et  Bazin  pour  le  contre-point  et  la  fugue. 
Il  obtint  en  1866  le  second  accessit  d'orgue  et 
le  troi>ième  accossit  de  fugue,  en  1867  le  second 
prix  d'orgue  et  le  second  accessit  de  fugue ,  et 
en  1868  le  premier  prix  d'orgue.  Dès  1867,  il 
prenait  part  au  concours  de  composition  musi- 
cale pour  le  grand  prix  de  Rome,  mais  il  n'y  fut 
pas  heureux  les  premières  années;  ce  n'est  qu'en 
1871  qu'il  se  voyait  décerner  le  second  prix 
pour  cette  partie  supérieure  des  études,  et 
l'année  suivante  il  remportait  le  premier  grand 
prix  pour  sa  cantate  intitulée  Calypso. 

A  la  lin  de  1872,  M.  Salvayre  partait  donc 
pour  Rome,  emportant  avec  lui  le  livret  d'un 
grand  opéra  en  3  actes  ,  le  Bravo,  qu'il  comptait 
mettre  en  musique  pendant  son  séjour  dans  la 
ville  éternelle.  Artiste  laborieux,  persévérant  et 
bien  doué,  il  ne  faillit  d'ailleurs  à  aucune  des 
obligations  que  lui  imposait  son  titre  de  lauréat 
de  l'Académie  desBeaux-Arts,  et  il  fit  poncluelle- 
nient  chaque  année,  à  cette  compagnie,  les  en- 
vois exigés  par  le  règlement,  ce  qui  ne  l'em- 
pêchait pas  de  s'occuper  d'autres  travaux.  C'est 
ainsi  qu'il  écrivit,  dans  le  cours  des  quatre  an- 
nées pendant  lesquelles  il  resta  pensionnaire  de 
l'Académie,  plusieurs  ouvrages  sérieux  dont  il 
sera  parlé   plus  loin,  sa  partition  du  Bravo,  et 


cinq  mélodies  italiennes  qui  furent  publiées  par 
l'éditeur  M.  Ricordi,  de  Milan. 

De  retour  à  Paris  au  commencement  de 
1874,  le  jeune  artiste  fit  d'abord  exécuter  aux 
Concerts  populaires  (22  mars)  une  «  ouverture 
symphonique  >•,  puis,  engagé  comme  chef  du 
chant  à  l'Opéra  populaire  du  Cliûtelet,  dont 
l'existence  devait  être  si  courte,  il  fut  chargé 
d'écrire  la  musique  d'un  divertissement  intercalé 
dans  les  Amours  du  Diable,  de  Grisar,  dont 
la  reprise  eut  lieu  à  ce  théàlre  au  mois  de  no- 
vembre 1874.  Presque  dans  le  même  temps, 
l'adunnistration  des  Beaux-Arts  faisait  exécuter, 
dans  la  salle  du  Conservatoire  et  pour  la  séance 
d'audition  des  envois  de  Rome,  un  Slabat  Ma- 
ter du  la  composition  de  M.  Salvayre,  œuvre 
intéressante,  qui  ne  manquait  ni  de  couleur  ni 
d'énergie.  En  1870,  M.  Salvayre  faisait  entendre 
aux  concerts  du  Châtelet  la  Résurrection, 
«  symphonie  biblique  »  en  4  parties  qui  cons- 
tituait aussi  l'un  de  ses  envois  de  Rome,  mais 
qui  avait  été  adressée  à  l'Académie  des  Beaux- 
Arts  sous  un  titre  différent  :^e,//({/e»ie)i<  dernier. 

Cependant,  M.  Salvayre  songeait  à  se  produire 
à  la  scène  et  à  faire  connaître  sa  partition  du 
Bravo,  sur  laquelle  il  fondait  de  sérieuses  es- 
pérances. Le  Théâtre-Lyrique  ,  disparu  depuis 
quelques  années,  venait  de  se  reconstituer  dans 
l'ancienne  salle  de  laGaîlé,  sous  la  direction  de 
M.  Albert  Vizentini.  Le  Bravo  fut  reçu  à  ce 
théâtre,  bientôt  mis  à  l'étude,  et  offert  au  public 
le  18  avril  1877.  L'ouvrage,  sans  jjrésenter  une 
grande  originalité,  décelait  du  moins  un  artiste 
instruit,  en  possession  de  qualités  réelles,  et 
doué  d'un  fempérartient  dramatique  incontes- 
table. Il  fut  bien  reçu  du  public  et  de  la  critique, 
et  l'auteur  se  vit  aussitôt  chargé,  par  la  direc- 
tion de  l'Opéra,  d'écrire  la  musique  d'un  ballet 
en  un  acte,  le  Fandango,  qui  fut  représenté  à 
ce  théâtre  le  2G  novembre  1877.  Avant  la  fin  de 
cette  même  année ,  on  exécutait  encore  au  Con- 
servatoire, pour  l'audition  des  envois  de  Rome, 
deux  compositions  de  M.  Salvayre  :  le  Psaume 
CXIII,  pour  so/i,  chœurs  et  orchestre ,  œuvre 
distinguée ,  et  un  charmant  «  air  varié  pour 
instruments  à  cordes  ». 

M.  Salvayre  est  un  des  artistes  qui  honorent 
le  plus  la  jeune  école  musicale  française.  Il  est 
aussi,  malheureusement,  l'un  de  ceux  qu'effa- 
rouche le  plus  la  critique.  Mais  M.  Salvayre  est 
assez  bien  doué  pour  que  ce  défaut  disparaisse 
rapidement,  et  qu'il  en  vienne  à  comprendre 
l'utilité  du  rôle  de  la  critique,  lorsque  celle-ci  est 
sincère  et  qu'elle  agit  pour  le  seul  bien  de  l'art. 

Parmi  les  œuvres  publiées  de  M.  Salvayre,  je 
signalerai  la  partition  pour  piano  et  chant  du 


480 


SALVAYUE  —  SAMUEL 


Braro  (Paris,  Lemoine),  cello  du  S/abat  Mater 
(Paris,  lliirtinann),  et  cinq  mélodies  ilaliciines 
dont  voiti  les  titres  :  Sospiii  miel  !  Inymmora- 
nienio,  Dolore  del  fradimen/o,  Serenata  ro- 
mana,Seronata  di  Francesca  da  fi/HU/ii  (Mi- 
lan, Ricordi).  —  Une  scène  instruinenlale,  les 
Bacchantes,  envoyée  par  l'auteur  avec  le 
Psaume  CXIIl  à  l'Académie  des  lîeauxArts,  a 
donné  lieu,  avec  cette  dernière  composition,  à 
ce  jugement  motivé  de  l'Académie  :  »  Les  deux 
ouvrages  qui  viennent  d'êlre  examinés  justifient 
pleinement  Ips  espérances  que  les  piéccdents 
envois  de  M.  Salvayre  avaient  lait  concevoir. 
Ce  jeune  compositeur,  déjà  plusieurs  fois  ap- 
plaudi par  le  public ,  semble  appelé  à  un  bel 
avenir.  11  est  de  ceux  qui,  prémunis  par  de 
longues  et  fortes  éludes  contre  les  écueils  que 
tant  d'autres  n'ont  pas  su  reconnaître  et  éviter, 
marchent  résolument  dans  la  bonne  voie.  » 

*  SALVl  (LoRENzo),  chanteur  dramatique 
italien,  était  né  à  Bergame  en  1810,  et  non  en 
1812.  11  est  mort  à  Bologne,  au  mois  de  février 
1879. 

*SALVI  (Matteo),  compositeur  italien, 
pendant  de  longues  années  fixé  à  Vienne,  serait 
né  près  de  Bergame,  en  1820,  s'il  faut  en  croire 
une  notice,  accompagnée  d'un  portrait ,  publiée 
sur  lui  par  un  journal  de  Vienne,  die  Blxiter 
fur  knnst  Wissen  wid  Antike,  dans  son  nu- 
méro du  10  novembre  186G.  Selon  un  aulre 
biographe,  Francesco  Regli  (D/sio'iario  biogra- 
fico),  M.  Salvi  aurait  été  à  Bergame  l'élève  de 
Doni/.etti ,  et  non  de  Mayr.  Quoi  qu'il  en  soit, 
après  avoir  été  chef  d'orchestre  d'une  compagnie 
d'opéra  italien  à  Berlin  ,  puis  à  Vienne,  M.  Salvi 
se  fixa  dans  cette  dernière  ville,  où  il  fit  repré- 
senter sur  le  théAtre  de  la  Porte-Cavintbie,  en 
1847,  un  opéra  intitulé  Cailcrina  Howard,  et 
011  il  se  livra  ensuite  à  l'enseignement  du  chant. 
En  18GI,  il  fut  nommé  directeur  de  l'Opéra  de 
la  cour,  et  conserva  ces  fonctions  pendant  plu- 
sieurs années.  Après  un  séjour  d'environ  trenle 
années  dans  la  capitale  de  l'Autriche,  M.  Maltoo 
Salvi  fut  appelé,  au  mois  d'octobre  1876,  à  la 
direction  du  Lycée  musical  de  Bergame,  où  il 
succéda  à  M.  Alessandro  Mni ,  qui  venait  de  se 
démettre  de  ces  fonctions.  M.  Salvi  a  fait  exé- 
cuter à  Vienne,  pour  une  cérémonie  publique, 
une  messe  volive  qui  est  considérée  comme  une 
O'uvre  dislingnée. 

Le  fière  de  cet  artiste,  M.  Luigi  Salvi,  est 
professeur  de  chant  au  Lycée  musical  de  Ber- 
gaiiio. 

SALVIANI  ( ),  compositeur  italien,  a 

fait  rciiréscnter  sur  le  théâtre  ducal  de  Parme, 
le  30  juin   1831,  un  opéra  boulfe  intitulé  l'Ac- 


quistoper  rnggiro,  ossia  la  Casa  da  vendere, 
qui  n'obtint  aucun  succès. 

SAMKA'TIxM  (S ),  violoniste,  profes- 
seur et  compositeur  pour  son  instrument,  né  à 
Middelbourg  en  1816,  a  résidé  |)endaut  longues 
années  à  Lceuwarden  ,  après  quoi  il  s'est  fixe  à 
Amsterdam.  On  connaît  de  lui  les  compositions 
suivantes,  toutes  pour  le  violon:  1°  Élégie; 
2°  Fantai.sie  sur  AJina  Bulena;  3°  Marche  ma- 
çonnique; 4"  10  Études  ;  5"  12  Éludes;  6"  Con- 
certo; 7°  Introduction  et  variations;  8°  10  Mor- 
ceaux. 

*  SAIMPIERI  (Le  marquis  François).  — 
Aux  ouvrages  dramatiques  de  cet  artiste,  il  laul 
ajouter  un  opéra  sérieux  intitulé  gl'  lllinesi, 
qui  fut  représenté  en  1823  au  grand  théâtre  de 
Bologne. 

SAMPIETRO  (GiuLio),  musicien  italien  du 
dix-septième  siècle,  est  l'auteur  de  l'ouvrage 
suivant  :  Délie  grazie  di  7nusica  moderna,  di 
Giîilio  Sampietro  di  Negro  (Venise,  1C25), 
cité  par  Quirin  Van  Blankenhurg  dans  ses  Ele- 
menta  musica  comme  un  de  ceux  qu'il  étudia 
dans  sa, "jeunesse. 

*  SAMUEL  (Adolphe),  compositeur  et  pro- 
fesseur belge ,  est  aujourd'hui  directeur  du 
Conservatoire  de  Gand. 

Après  qu'il  eut  obtenu  en  1845,  à  Bruxelles, 
le  grand  prix  de  coiiiposilicin  musicale  ,  M.  Sa- 
muel fit  un  grand  voyage  en  Italie  et  en  Alle- 
magne,  et  .séjourna  particulièrement  à  Leipzig, 
où  il  connut  Mendelssohn,  qui  le  prit  en  affec- 
tion et  auprès  duquel  il  termina  son  éducation 
musicale  de  la  façon  la  plus  avantageuse.  De 
retour  à  Bruxelles,  il  s'y  fit  une  situation  bril- 
lante, et  en  1865  il  eut  l'idée  d'acclimater  en 
cette  ville  des  concerts  populaires  de  musique 
classique,  à  l'imitation  de  ceux  que  M.  Pasde- 
loup  [Voy.  ce  nom)  venait  de  fonder  à  Paris 
avec  un  succès  colossal.  Les  concerts  populaires 
de  Bruxelles  obtinrent,  eux  aussi,  une  vogue 
considérable,  et  imprimèrent  une  active  impul- 
sion au  déveloi>pement  du  goût  musical  en  Bel- 
gique; ils  firent  connaître  en  ce  pays  les  meil- 
leures productions  de  l'école  nationale,  qui 
jusqu'alors  n'avait  pas  de  débouchés ,  et  celles 
de  la  jeune  école  allemande,  en  même  temps 
qu'ils  révélaient  au  public  un  certain  nombre 
d'œuvres  importantes  des  grands  maîtres  :  Bach, 
Mozart,  Beethoven,  Mondelssohn,  Schiimann  , 
qui  y  étaient  encore  inconnues.  En  1SG9,  M.  Sa- 
muel fut  chargé  par  le  gouvernement  belge 
d'organiser  de  grands  festivals  annuels  de  mu- 
si(]ue  classique  à  l'instar  des  fameuses  fêtes  mu- 
sicales du  l'.as-niiin,  et  le  premier  de  ces  festi- 
vals eut  lieu    sous  sa   direction  à  Bruxelles, 


SAMUEL  —  SAN-GIACINTO 


481 


<]aiis  la  nouvelle  gare  du  Midi,  qui  fut  inaugurée 
à  celte  occasion  (septembre  18G9).  Le  chœur 
étiiit  composé  de  1,200  chanteurs,  l'orchestre  de 
150  artistes,  elle  programme  des  trois  journées 
traditionnelles  comprenait,  entre  autres  œuvres, 
le  Messie,  de  Hœndel ,  exécuté  pour  la  pre- 
mière fois  en  Belgique,  les  Ruines  d'Athènes  et 
la  Symphonie  en  la,  de  Beethoven, |le  Lucifer  de 
M.  P.  Benoit  et  une  symphonie  de  M.  Ad.  Sa- 
muel; les  principaux  solistes  étaient  M""  Marie 
Sasse  ,  MM.  Vieuxtemps  et  Auguste  Dupont. 
Cette  grande  solennité  artistique  ne  réunit  pas 
moins  de  8,000  auditeurs,  accourus  de  toutes 
les  parties  du  pays  et  même  de  l'étranger,  et  le 
succès  en  fut  éclatant.  A  cette  occasion,  M.  Sa- 
muel fut  promu  au  grade  d'officier  de  l'ordre  de 
Léopold.  En  1871,  M.  Samuel  fut  appelé  à  la  di- 
rection du  Conservatoire  de  Gand,  qui  reçut 
alors,  avec  une  subvention  de  l'État ,  le  titre  de 
Conservatoire  royal;  sous  la  direction  d'un  ar- 
tisle  aussi  distingué,  cet  établissement,  dont 
l'importance  était  déjà  considérable,  prit  un 
nouvel  et  plus  grand  essor,  et  il  est  considéré 
aujourd'hui  comme  une  école  de  premier  ordre; 
il  est,  à  l'heure  actuelle,  fréquenté  par  plus  de 
600  élèves ,  et  ne  comprend  pas  moins  de  65 
cours.  Le  8  janvier  1874,  M.  Samuel  a  été  élu 
membre  effectif  de  l'Académie  royale  de  Bel- 
t;i(|ue,  pour  la  classe  des  beaux-arts. 

Voici  la  liste  des  œuvres  de  M.  Adolphe  Sa- 
muel, telle  qu'elle  a  été  publiée  dans  la  Diblio- 
grnphie  académique  de  l'Académie  royale  de 
Belgiqne  (édition  de  1874)  :  —  Musique  drama- 
tique ET  VOCALE,  r  II  a  rêvé,  opéra-comique 
en  3  actes,  1845;  2°  Giovanni  da  Procida, 
opéra  sérieux  italien  en  4  actes,  1848;  3°  3Ia- 
deleine,  opéra-comique  en  un  acte,  1849;  4°  les 
Deux  Prétendants,  grand  opéra  en  3  actes, 
1S.)1  ;  5°  l'Heure  de  la  retraite,  oiiéra-comique 
en  ?.  actes,  1852;  6"  Ouverture,  entr'acte,  ro- 
mance et  musique  mélodramatique  pour  les 
Gueux,  drame  de  M.  Charles  Potvin  ,  1864; 
1°  la  Vendetta,  cantate,  1845;  8°  Cantate  pour 
voix  d'homme  et  instruments  de  cuivre,  com- 
posée pour  le  25«  anniversaire  de  l'indépendance 
nationale,  1855;  9°  Cantate  nationale,  pour  deux 
chœurs  et  orchestre  d'harmonie,  composée  pour 
l'inauguration  de  la  colonne  du  Congrès,  1859; 
10"  Mélodies  diverses  pour  chant  et  piano,  pu- 
bliées à  Cologne,  Mayence,  Paris  et  Bruxelles; 
1 1°  4  chœurs  à  voix  égales,  avec  piano  (Bruxel- 
les, Meynne)  ;  12°  ClioMir  pour  Esther,  tragédie 
de  Racine,  pour  voix  mixtes,  avec  orchestre 
(Bruxelles,  Schotl)  ;  13"  3  chœurs  à  voix  égaies, 
s.ms  accompaanement  (Bruxelles,  Kallo); 
li"  Ave  Maria  pour  chœur,  orchestre  et  or- 

BIOGR     UNIV.    DES   MUSICIENS.    —    SUI'PL.    - 


gue;  15"  4  Motels  {Ave  Maria,  Salve  Regina, 
Pater  noster,  Tantum  ergo)  pour  chœur  et 
orchestre  (Bruxelles,  Katto)  ;  Iti"  Prière  pour 
l'inauguration  du  temple  Israélite  de  Bruxelles 
(1878),  pour  voix  seules,  chœur  et  orgue.  — 
Musique  instrumentale.  17"  1''^  Symphonie  à 
grand  orchestre  (en  la  majeur);  18"  2^  sym- 
phonie (en  la  mineur)  ;  19"  S»  symphonie  (en 
vii  mineur)  ;  20°  4'  symphonie  (en  ré  mineur)  ; 
21"  5'  symphonie  (en  si  bémol);  22"  Ouverture 
de  concert  (en  fa);  23"  Ouverture  de  concert 
(en  ré)  ;  24"  Roland  à  Roncevaux,  fragments 
symphoniques;  25"  2  Quatuors  pour  instru- 
ments à  cordes  (en  mi  bémol  et  en  si  mineur)  ; 
20"  Divers  morceaux  de  piano. 

On  doit  aussi  à  M.  Adolphe  Samuel  un  Cours 
d'accompagnement  pratique  H  de  basse  chif- 
frée (Bruxelles,  Schott),  et  un  grand  nombre 
d'articles  de  littérature  et  de  critique  musicales, 
publiés  dans  divers  journaux  et  recueils,  la 
Revue  trimestrielle,  la  Civilisation,  la  Flan- 
dre libérale,  l'Indépendance  belge,  l'Écho  de 
Bruxelles,  le  Télégraphe,  l'Art  universel. 
M.  Samuel  a  donné  aussi  dans  un  recueil  de  ca- 
ractère national,  la  Patria  Leigica,  un  grand 
travail  historique  sur  la  musique  et  les  musi- 
ciens belges,  travail  qui  lui  a  valu  quelques  cri- 
tiques un  peu  vives  et  qui  semblent  fondées,  re- 
lalivement  à  ses  inexactitudes,  ses  erreurs  et 
surtout  ses  omissions.  Enfin,  on  lui  doit  encore 
un  résumé  sur  les  Instruments  de  musique  à 
V Exposition  de  Paris,  publié  dans  la  Bel- 
gique à  l'Exposition  tiniverselle  de  1878. 

SAI\-FIORE\ZO  (Cesap.e),  pianiste  et 
compositeur  italien,  né  à  Gênes  le  17  mars 
1834,  s'est  fait  connaître  par  ia  publication  d'un 
assez  grand  nombre  d'œuvres  (lour  le  piano  et 
pour  le  chant ,  parmi  lesquelles  je  signalerai 
les  suivantes  :  Tre  Romanze ,  1"  album  ; 
Scène  caratleristiche,  3  morceaux  pour  le 
piano;  Illusioni  caratterische,  3  morceaux 
pour  le  piano;  le  Quattro  Parti  dcl  mondo, 
4  morceaux  pour  le  piano;  la  Divina  Comme- 
dia,  illustrations  dramalico-musicales,  4  mor- 
ceaux pour  le  piano;  enfin,  (quelques  duos  pour 
piano  et  harmonium.  Au  mois  de  janvier  ou  fé- 
vrier 1879,  M.  San-Fiorenzo  a  fait  représenter 
au  théâtre  Dal  Terme,  de  Miian,  un  opéra  inti- 
tulé il  Taumaturgo. 

Un  artiste  du  même  nom ,  M.  L.  San-Fio- 
renzo, vraisemblablement  parent  de  celui  dont 
il  est  ici  question,  a  publié  quelques  morceaux 
de  danse  pour  le  piano. 

*SAX-GïACIMTO  (Stefano  Mira  e  Siri- 
GNANo,  marquis  DE).  —  Ce  dilettante  passionné 
a  réuni  récemment  en  un  \r.lume  un  certain 
T.   II.  31 


482 


SAN-GIACINÏO  —  SANDI 


nombre  de  travaux  et  d'articles  relatifs  à  la  mu- 
sique, et  publiés  par  lui  dans  divers  journaux. 
Ce  volume  a  paru  sous  le  titre  de  Biografie  e 
Cose  varie  (Palerme,  1873,  in-12),  et  contient, 
entre  autres,  divers  chapitres  sur  Pacini,  Ila- 
lévy,  Rossiiii,  Mercadante,  Pacciiiarotli,  les 
psaumes  de  Marcello,  etc.,  etc.  (1).  Sur  le  dos 
de  ce  volume,  l'auteur  donne  les  titres  d'un  assez 
grand  nombre  de  compositions  musicales  livrées 
par  lui  au  public,  et  qui  consistent  en  varia- 
tions pour  le  piano,  valses,  polkas,  mazurkas, 
quadrilles  à  quatre  mains,  canzonettcs,  ariette*; 
parmi  ces  dernières,  j'en  remarque  une  intitulée: 
Mi  disse  un  pastore,  «  arietia  musicata  su  pa- 
role di  G.  Rossini,  >•  et  parmi  les  compositions 
restées  jusqu'ici  inédites  il  faut  signaler  des 
cantates,  des  sonates,  et  une  symphonie  à  or- 
chestre. 

M.  le  marquis  de  San-Giacinfo  est  né,  non  en 
1809,  comme  il  a  été  dit,  mais  le  22  février 
1803. 

*SAN-JACIIVTO  (Le  marquis  DE).  - 
Voyez  SAX  GIACIXTO. 

*  SAXCIIEZ  DE  LA  MADRID  (Ven- 
tura). —  C'est  le  27  janvier  1841  que  cet  artiste 
espagnol  lit  représenter  au  théâlre  de  la  Cruz, 
à  Madrid,  son  opéra  italien  intitulé  Za  Congiura 
di  Venezia. 

SAl\CHEZ-GABANACH  (  François  de 
Pacle),  compositeur  espagnol,  est  né  à  Barce- 
lone le  6  février  1845.  D'abord  élève  d'un  artiste 
nommé  Pedro  Llorens,  puis  de  Raimondi  Giii, 
avec  lesquels  il  travailla  le  solfège  et  le  piano , 
il  étudia  ensuite  la  composition  avec  M.  Gabriel 
Balart(roy.  ce  nom).  A  dix-huit  ans,''en  1863, 
il  écrivit  une  ouverture  de  i>//«erre  qui  fut  exé- 
cutée aux  Champs-Elysées  de  Barcelone,  et  une 
autre  ouverture  qu'il  fit  entendre  au  théâtre 
principal.  En  1864,  il  produisit  une  troisième 
ouverture,  dédiée  à  la  mémoire  de  Meyerbeer, 
et  le  23  mars  1867  il  donnait  sur  le  théâtre  du 
Lycée,  de  Barcelone,  son  premier  opéra,  Ra- 
habba,  dont  son  père  lui  avait  fourni  le  livret, 
et  qui  fui  accueilli  avec  succès.  Depuis  lors, 
cet  artiste  a  écrit  les  paroles  et  la  musique  de 
deux  autres  opéras,  Giuseppe,  et  le  Ghironde; 
je  ne  saurais  dire  si  ces  deux  ouvrages  ont 
été  représentés.  On  lui  doit  encore  une 
messe  de  ncquiem  écrite  à  la  mémoire  de  sa 
sœur,    et  deux  ouvertures  portant  pour  titre, 


M  On  y  trouve  aiis.si  rcprortuit  l'écrit  (|iii  jivalt  p.ini  na- 
guère son';  forme  de  brochure:  Osicrvaziohi  sul  pariit- 
Iclo  di  licllinie  Hossiui.  l.'aiilenr  ;ivait  slf,'iU!  cet  opus- 
cule :  Marchescdl  .S.in  .lacinlo,  tandis  que  le  voliiniedont 
Uist  ici  t|ncstion  tst  publié,  on  le  voit,  .sous  le  nom  de  ) 
.S'ciano  Mira  c  Siripnnno,  marchcse  dl  San-Ciaclnto. 


l'une  :  A  ma  patrie  et  pour  ma  patrie,  et 
l'autre  :  In  Mort  de  Salvador. 

SAXCIIIOL!  (GiLi.!A),née  à  Milan  en  181.4, 
s'était  d'aboid  vouée  à  la  peinture,  mais  à  seize 
ans  sa  belle  voix  ayant  été  remarquée,  son  père 
lui   fit  étudier  le   chant  sous  la  direction    de 
Vaccaj,   sans  toutefois  la  destiner  au  théâtre. 
Restée  veuve  de  bonne  heure  et  presque  sans 
fortune,  elle    accepta  d'abord  un   engagement 
pour    Rome,    où  elle   débuta  avec   éclat  dans 
la  JSorma,   puis  pour  Londres,  où  ses  succès 
ne  furent  pas  moins  brillants.  Lumley  en  parle 
avec  éloge  dans  ses  Mémoires  sur  l'Opéra  ; 
on  peut  voir  aussi  à  son  sujet  le  Dizionario 
biografico  de  Regli.   M"=  Sanchioli  >  manqué, 
comme  l'Albertini ,  la  Gallctti  et  tant  d'autres , 
à  la  gloire  de  l'Opéra  Italien  de  Paris.  C'est  elle 
qui  a  créé  le  Prophète  en  Italie,  avec  le  plus  grand 
succès.  Meyerbeer  ne  tarissait  pas  d'éloges  sur 
son  compte,  et  il  aurait  voulu  la  voir  engager 
à  l'Opéra,    lors  de  la  retraite  prématurée  de 
M™=  Tedesco;  mais  son  accent  par  trop  italien 
empêcha  la  conclu.sion  de  cette  affaire.  Regli  ra- 
conte un  trait  curieux  de  la  vie  de  cette  artiste. 
Quelques  années  avant  la  chute  des  Bourbons  de 
Naples    (1860),     Y  imprésario     de   San-Carlo 
avait  engagé  M""  Sanchioli  précisément   pour 
chanter  le  rôle  de  Fidès  dans  le  Prophète  ;  l'en- 
gagement était  signé  de  part  et  d'autre,  et  l'ar- 
tiste s'apprêtait  à  se  rendre  à  son  poste,  lorsque 
le  ministre  de  la  police  lui  fit  défendre  l'entrée 
du  bienlieureux  royaume  à  cause  de  ses  opinions 
libérales. 

M"""  Sanchioli,  remariée  à  M.  Aparici,  auteur 
dramatique  espagnol,  s'est  fixée  à  Pau  depuis 
quelques  années  et  se  consacre  à  l'enseignement 
du  chant.  J.  D.  F. 

SAI\D  (Beuthe  eux,  épouse),  chanteuse 
dramatique  éminente,  née  à  Pesth  (Hongrie)  en 
1845,  fut  amenée  à  Vienne  à  l'âge  de  six  ans, 
et  fit  son  éducation  musicale  au  Conservatoire 
des  amis  de  la  musique  de  cette  ville.  Engagée 
d'abord  à  Nuremberg,  puisa  Slutlgard,  elle  ap- 
partient depuis  1868  au  personnel  de  l'Opéra 
im[iérial"  de  Vienne. 

jyjme  Ehn-.Sand  possède  une  superbe  voix  de 
sopiano,  particulièrement  admirable  dans  ses 
cordes  hautes.  Les  principaux  rôles  qu'elle  a 
créés  à  Vienne  sont  ceux  de  Juliette  dans  Ro- 
méo et  Juliette,  de  Mignon,  de  Carmen,  et 
d'Oi)liélie  dans  Hamlet.  J.  B. 

SAXDI  (Franxesco),  musicien  italien ,  fut 
admis  au  mois  de  novembre  1850,  comme  élève 
de  composition,  au  Conservatoire  de  Milan,  et 
ne  quitta  cet  établissement  qu'au  bout  de  huit 
ans,  en  septemlire  1858.  Il  remplit  cnsnito  les 


SANDI  —  SÂNSONE 


483 


fonctions  de  maestro  concertatore  en  second 
au  tlKlàtrede  la  Scala,  et  se  fit  connaître  par  un 
Traifolo  d'istromentazione  pratica,  qui  fut 
approuvé  par  le  Conservatoire.  Cet  artiste  mou- 
rut à  Feltre,  au  mois  de  mars  1868. 

*  SAXDOA^I  (Pierre-Joseph),  a  écrit  un  ora- 
torio, il  Trionfo  délia  grazia,  qui  fut  exécuté  à 
Bologne  en  1705. 

SAXDRE  (Gustave),  pianiste  et  composi- 
teur français,  s'est  fait  connaître  depuis  une 
dizaine  d'années  par  la  publication  de  quelques 
œuvres  peu  nombreuses,  mais  intéressantes, 
écrites  avec  un  grand  soin,  non  dépourvues 
d'inspiration,  et  qui  témoignent  en  faveur  des 
bonnes  études,  de  l'esprit  ouvert  et  des  larges 
tendances  de  leur  auteur.  Parmi  ces  produc- 
tions dignes  d'estime  et  de  sympathie,  je  cite- 
rai un  élégant  et  joli  recueil  de  pièces  de  piano, 
Feuilles  d'album  (op.  16),  contenant  cinq 
morceaux  distingués,  une  suite  de  12  valses  à 
4  mains  (op.  17),  dont  quelques-unes  sont  tout 
à  fait  charmantes  ,  un  Quatuor  en  mi  bémol 
pour  piano  et  instruments  à  cordes  (op.  15) 
d'un  style  excellent,  et  une  Marche  caractéris- 
tique à  4  mains  (op.  13),  d'un  heureux  carac- 
tère. Au  nombre  des  autres  œuvres  de  M.  San- 
dre, on  trouve  encore  :  4  Ballades  à  une  voix, 
op.  8  (1.  Ophélia;  2.  la  Fleur  d'or  ;  3.  Com- 
plainie  ;  4.  Chanson  du  rouet),  l-'antaisie 
rondeau  pour  piano  et  violon,  op.  12,  Scher- 
zo vivace  pour  piano,  op.  1,  Bourrée  d'AU' 
vergne,  id.,  op.  2,  6  Pièces  à  4  mains  (en  3 
livres),  op.  10,  une  sonate  pour  piano  et  vio- 
lon, etc. 

*  S.WELU  (GuALTiERo),  compositeur 
italien,  est  mort  le  15  décembre  1861.  La  liste 
des  ouvrages  dramatiques  de  cet  artiste  doit 
s'augmenter  de  ceux  dont  les  titres  suivent  : 
1°  il  Fornaretfo,  opéra  sérieux  représenté  à 
Parme  le  24  mars  185t  ;  2"  Tradita,  drame 
lyrique  en  4  actes,  donné  sur  le  théâtre  de  la 
Fenice,  de  Venise,  dans  la  saison  du  carnaval 
de  1851-1852;  3°  CojHoerts,  opéra  sérieux  en 
3  actes,  joué  au  théâtre  Regio,  de  Turin,  en 
1852  ;  4°  Oftavia  opéra  sérieux,  qui  tomba  à 
la  Scala,  de  Milan,  le  11  février  1854;  5"  Geti- 
naro  Annese.  J'ignore  la  date  et  le  lieu  de 
représentation  de  ce  dernier. 

SAIXGERMANO  (Luici),  compositeur 
italien,  né  à  Arpino  (province  de  Caserte)  le 
14  octobre  1846,  fit  ses  études  littéraires  au 
collège  de  sa  ville  natale,  puis,  s'étant  rendu 
à  Rome  en  1864  ,  y  reçut  ses  premières 
leçons  de  musique  de  M.  Filippo  Murchetti 
(  Voy.  ce  nom).  L'année  suivante  il  parlait 
pour   Naples,  où,   recommandé    à  Mercadante 


par  son  oncle  Carlo  Conti,  il  suivait,  sous  la  di- 
rection de  ce  maître  et  avec  l'assistance  de 
MM.  Claudio  Conti  et  Ralfaelc  de  Pantis,  un 
cours  complet  de  contre-point  et  de  composi- 
lion.  M.  Sangermano,  qui  se  destinait  à  la  car- 
rière du  théâtre,  «iébuta  sous  ce  rapport  au 
théâtre  Re,  de  Milan,  où  il  lit  représenter,  au 
mois  de  mai  1869,  un  opéra  semi-sérieux  in- 
titulé Goretla.  Le  bon  accueil  obtenu  par  ce 
premier  ouvrage  lui  donna  la  facilité  de  pro- 
duire au  théâtre  San-Carlo,  de  Naples,  un 
drame  lyrique  en  4  actes,  Regina  e  Favorita, 
qui  y  parut  le  24  mai  1871.  Celui-ci  fut 
sévèrement  accueilli  et  n'obtint,  je  crois,  qu'une 
seule  représentation,  malgré  la  présence  de 
deux  grandes  cantatrices,  m"-^'  Krauss  et  Wald- 
mann,  qui  en  remplissaient  les  deux  principaux 
rôles.  L'inspiration  manquait  à  la  musique 
de  cet  ouvrage,  conçue,  dit-on,  selon  les  doc- 
trines les  plus  abstraites  de  l'école  allemande 
la  plus  avancée.  Depuis  lors,  le  jeune  artiste  a 
écrit  un  troisième  opéra,  Clelia  Olgiaio,  qui 
n'a  pas  encore  été  représenté. 

M.  Sangermano  a  publié  cinq  recueils  de  mé- 
lodres  vocales  et  quelques  autres  morceaux  de 
chant  détachés.  Il  a  écrit  plusieuis  compo- 
sitions religieuses  :  psaumes  à  4  parties,  vêpres 
motets,  etc.,  une  grande  symphonie,  des  qua- 
tuors pour  instruments  à  cordes,  et  divers 
morceaux  de  musique  de  danse. 

SANGIORGi  ou  SAN  GÎORGB  (Filippo), 
compositeur  italien,  a   été  pendant    plusieurs 
années  chef  de  la  musique  de  la   garde  natio- 
nale de  Rome.    J'ignore  s'il   occupe  encore  ac- 
tuellement ces  fonctions.   M.  Sangiorgi  est  ho- 
norablement connu  dans  sa  patrie  par  plusieurs 
ouvrages  dramatiques  qui    semblent  avoir  ob- 
tenu des  succès  assez   marqués,  mais  dont  au- 
cun, cependant,  n'a  pu  franchir  les  limites  de 
l'Italie.  Voici  la   liste  de  ces  ouvrages  :  1°  la 
Mendicanle,  Rome,    1861  ;  2°   Iginia  d'Asti, 
Rome,    1862  ;    3°  Guisemherga    da  Spoleto, 
ouvrage  qui,    parfaitement  accueilli  à  Spoleto 
au  mois  de  septembre  1864,  a  été  presque  aus- 
sitôt reproduit  dans  plusieurs  villes  importantes 
et  reçu   avec   la    même    faveur;   4°  Giuseppe 
Balsamo,  Milan,  théâtre  Dal  Vorme,  novembre 
1873  ;  5"  Diana  di  Chavernij,  Rome,  théâtre 
Argentina,  27  novembre  1875.  J'ignore  si  M.  San- 
giorgi a  produit  quelques  compositions  en  dehors 
du  Ihtâtre. 

SAXSOA'E  (.Michèle),  compositeur  italien, 
aveugle  de  naissance,  s'est  fait  connaître  par 
un  opéra  sérieux,  liuggiero  di  Sangineto,  qui 
a  été  représenté  sur  le  théâtre  du  Fondo,  de 
Naples,   au  mois  de  septembre  1859.    Cet  ou- 


484 


SANSONE  —  SANTLEY 


vrage  obliiit  un  très-granii  succès  lors  de  son 
appaiilioii,  et  fut  l'objet  de  maniloslations  en- 
thousiastes de  la  part  des  coinpalrioles  de 
l'auteur  aussi  bien  que  d'cMoges  unanimes  de  la 
part  de  la  critifpio.  L'artiste,  cependant,  n'a 
plus  fait  parier  de  lui  depuis  lors,  et  n'a  pro- 
duit aucune  œuvre  nouvt'ile. 

SA.\ TA-COLOMA  SOUUGET  (M™'  Eu- 
GiiME  DE),  née  à  Bordeaux  le  8  février  1827,  fille 
de  M.  de  Santa-Coloma,  consul  général  de  la 
Confédération  Argentine,  mariée  en  1849  à  un 
armateur  de  Bordeaux,  montra  dès  son  enfance 
des  aptitudes  musicales  extraordinaires.  En 
1830,  à  moins  de  quatre  ans,  elle  se  mil  un  jour, 
au  piano,  à  jouer  l'air  de  la  Parisienne,  que  les 
orgues  de  Barbarie  rendaient  alors  populaire. 
A  cin(i  ans,  elle  recevait  ses' premières  leçons 
de  piano  de  M"""  Dufresne,  (ille  du  célèbre 
chanteur  de  l'Opéra. 

A  l'âge  de  quatorze  ans,  au  retour  d'un 
voyage  à  Paris  où  elle  avait  pris  des  leçons  de 
Ziinniermann  et  de  Bertini,  elle  joua  pour  la 
première  fois  en  public  à  Bordeaux,  dans  un 
concert  du  Cercle  |)billiavmonique,  le  concerto 
de  Ries.  Elle  fut  initiée  aux  lois  de  l'harmonie 
par  M.  Colin,  chef  d'orchestre  du  Grand  Tliéà- 
tre  de  Bordeaux,  et  père  du  professeur  actuel 
du  Conservatoire.  A  17  ans,  m"'  Smla-Coloma 
révélait  des  facultés  vocales  exceptionnelles  ,  et 
son  or-;ane,  d'abord  un  peu  rude,  fut  assoupli 
et  dirigé  par  les  leçons  du  professeur  espagnol 
Arrégni.  C'est  en  1847  qu'elle  obtint,  à  Paris, 
une  suite  de  triomphes.  Elle  y  produisit  quel- 
ques-unes de  ses  premières  œuvres  :  le  Chant 
du  crépuscule,  A  une  jeune  fille,  Chante 
Madeleine,  etc.,  publiées  depuis  par  l'éditeur 
Mtissouuier.  Une  barcarolle  intitulée  vne 
£"/oi/e  avait  déjà  paru  en  1842  chez  Escudier. 
Fendant  ce  séjour  à  Paris,  la  double  person- 
nalité artistique  de  M"°  Santa-Coloma  s'af- 
firma à  la  fois.  Ilalévy,  après  l'avoir  entendue, 
offrit  de  lui  écrire  un  rôle  nouveau  si  elle  vou- 
lait débutera  l'Opéra,  et  le  comité  de  la  Société 
des  gens  de  lettres  lui  écrivit  une  lettre  conçue 
dans  les  ternies  les  plus  flatteurs,  pour  la  prier 
de  lui  envoyer  un  autographe  lyrique  pour 
V Album  qu'il  préparait. 

M""'  Sourget,  vers  18G4,  a  fait  représenter, 
dms  un  salon,  un  opéra  en  un  acte,  l'Image, 
sur  des  paroles  de  Scribe.  Depuis  lors,  de  nou- 
velles compositions  (lour  le  chant  ont  été  pu- 
bliées par  elle  chez  Gérard.  La  mélodie  intitulée 
C'fsl  ton  no?)i  a  été  tout  récemment  transcrite 
pour  le  piano  par  Francis  Piaulé.  ICnlin,  une 
o- ivre  iiiq)ortanfe,  un  grand  trio  instrumen- 
lal,    édité  en    1872  par  Gérard,    semble  indi- 


quer que  'le  talent  de  madame  Santa-Coloma 
Sourget  vient  d'entrer  dans  une  voie  nouvelle. 
Il  y  a,  dans  les  (cuvres  de  cette  artiste  distin- 
guée, une  qualité  inappréciable  :  le  charme.  On 
peut  leur  rcproclier  un  peu  trop  de  laisser- 
aller  dans  la  forme  ;  mais  les  idées  en  sont 
heureuses,  spontanées.  Plusieurs  de  ses  mélo- 
dies pour  le  cliant  ont  obtenu  un  vrai  succès. 

A.  L  — N. 

SA!XTESTEBAN(J... -A....),  compositeur 
et  éditeur  de  musique  espagnol,  établi  à  Saint- 
Sébastien,  a  publié  vers  1878  uu  recueil  de  chan- 
sons po|)ulaires  basques,  notées  par  lui  avec  ac- 
compagnement de  piano  ;  ce  recueil  est  curieux 
et  intéressant.  M.  Santesteban  a  écrit  et  publié 
aussi  quelques  morceaux  de  musique  légère 
|)Our  le  piano. 

SAJ\TIS  ( DE),    compositeur    russe 

contemporain,  a  écrit  la  musique  d'un  opéra 
en  4  actes,  qui  a  été  représenté  sur  le  théâtre 
iMarie,  de  Saint-Pétersbourg,  au  mois  de  jan- 
vier 1874.  Cet  ouvrage  n'a  pas  eu  de  succès. 

SAA'TLEY  (Chaules),  chanteur  dramatique 
remarquable,  est  né  à  Liverpool  vers  1835. 
Après  avoir  reçu  dans  son  pays  une  très-bonne 
éducation  musicale,  il  alla  passer  quelque 
temps  en  Italie  pour  s'y  perfeclionner  dans 
l'art  du  chant,  puis,  de  retour  en  Angleterre, 
il  fut  engagé  dans  la  troupe  d'opéra  anglais  que 
dirigeaient  alors  au  tliéâtre  Covent  Garden,  de 
Londres,  miss  Louisa  Pyne  {Voy.  ce  nom)  et 
M.  Harrison.  Le  public  ne  le  remarqua  pas 
tout  d'abord,  mais  lorsqu'on  18G0  il  parut 
ilans  le  rôle  de  Rhineberg  d'un  opéra  nouveau 
de  Wallace,  Lurline,  son  succès  fut  très-grand, 
et  il  (ut  aussitôt  classé  au  nombre  des  premiers 
barytons  de  l'Angleterre.  Il  se  montra  ensuite, 
avec  le  même  bonheur,  dans  Amber  Witche, 
du  môme  maître,  the  Lilly  of  Killarney,  de 
M.  Benedict,  the  Puritans  Daughler,  the  Ar- 
murer  of  Nantes,  de  Balfe,  où  le  public 
apprécia  chez  lui,  avec  un  très-réel  talent  de 
comédien,  une  voix  d'une  puissance  et  d'une 
étendue  surprenantes,  ne  comprenant  pas 
moins  de  deux  octaves,  et  partant  des  notes 
graves  de  la  voix  de  basse  pour  atteindre,  dans 
le  registre  élevé,  aux  sons  d'un  vériliible  ténor. 

Après  avoir,  pendant  quelques  années,  brillé 
dans  l'opéra  anglais,  M.  Santley  aborda  avec 
autant  de  succès  l'opéra  italien.  Engagé  en  1864 
au  tliràtre  de  Sa  Majesté,  il  alla  faire  une  sai- 
son à  Barcelone  en  18G5,  une  autre  à  la  Scala 
de  .Milan  en  18G6,  revint  à  Londres,  et  du  théâ- 
tre (le  Sa  Majesté  passa  plus  tant  à  ceux  de 
Covent  Ganlcn  (I80'J)  M  de  Drury  Lane  (,1^70). 
Il    se    produisit   successivement,    et    toujours 


SANl'LEÏ  —  SAilASATE 


485 


avec  bonheur,  dans  la  plupart  des  ouvrages 
du  répertoire  :  Maria,  les  Joyeuses  Commè- 
res de  Windsor,  il  Trovatore,  Rigolelto, 
Médée,  le  Pardon  de  Ploermel,  la  Flùle  en- 
chantée, les  Huguenots,  Hamlet,  Oberon, 
Faust,  il  Teinplario,  etc.  Mais  ce  n'est  pas 
seulement  comme  chanteur  drainalitiue  que 
!\I.  Santley  acquit  une  renommée  éclatante  et 
incontestée  ;  il  ne  réussit  pas  moins  en  se  pro- 
duisant dans  les  concerts,  dans  h's  festivals,  et 
surtout  en  prenant  part  aux  exécutions  d'ora- 
torios qui  sont  si  fréquentes  en  Angleterre;  il 
s'est  souvent  fait  entendre  aux  belles  séances 
de  la  Société  philliarmonique  et  des  Concerts 
populaires,  de  même  qu'aux  grands  festivals 
de  Londres  ou  des  provinces,  et  n'obtint  pas 
moins  de  succès  en  chantant  le  Paulus  ou 
VËUe  de  Mendeissohn,  que  le  Messie,  Israël 
en  Egypte  on  tel  autre  chef-d'œuvre  de  Haindel, 
ou  des  œuvres  nouvelles  telles  que  !Saaman  de 
M.  Costa,  ou  la  Légende  de  sainte  Cécile  de 
M.  Bénédict. 

En  1872,  M.  Santley  fit  un  voyage  en  Amé- 
rique, et  se  fit  entendre  avec  le  plus  grand 
succès  à  l'Académie  de  musique  de  New- York. 
Il  revint  ensuite  dans  sa  patrie,  et,  en  1875, 
lorsque  M.  Cari  Rosa,  le  chef  d'orchestre,  vou- 
lut, en  compagnie  de  sa  femme,  l'excellente 
cantatrice  M""  Parepa-Rosa,  faire  revivre  l'o- 
péra anglais  au  prix  d'un  nouvel  effort,  il 
trouva  M.  Santley  tout  prêt  à  le  secomier.  Ce- 
lui-ci fit  donc  partie  de  la  troupe  que  M.  Rosa 
réunit  au  Princess's  Théâtre  ,  de  Londres,  et 
avec  laquelle  il  entreprit  ensuite  une  grande 
tournée  dans  les  provinces.  Dans  cette  nou- 
velle campagne,  M.  Santley  aborda  plusieurs 
rôles  qu'il  n'avait  pas  joués  encore,  et  se  mon- 
tra dans /e  Vaisseau  fantôme,  dam  tes  Noces 
de  Figaro,  dans  la  Bohémienne  et  dans  quel- 
ques autres  ouvrages.  Mais  son  succès  le  plus 
éclatant  fut  celui  qu'il  remporta  dans  Zampa, 
où  l'on  assure  qu'il  est  incomparable.  Quand 
M.  Cari  Rosa  transporta  sa  troupe  au  Lyceum, 
M.  Santley,  qui  depuis  longtemps,  parait -il, 
avait  le  désir  de  jouer  Joconde,  de  Nicolo,  (it 
lui-même  l'adaptation  anglaise  du  livret  de 
cet  opéra,  et  le  chanta  d'une  façon  tout  à  fait 
supérieure. 

En  résumé,  M.  Santley  est  un  chanteur  et  un 
acteur  remarquable,  et  l'un  des  meilleurs  ar- 
tistes que  possède  en   ce  moment  l'Angleterre. 

SAA'TO   COPPA     ( ...),    compositeur 

italien,   est   l'auteur   d'un   opéra  sérieux,   Cos- 
tanza    Francavilla,  qui  a  été  représenté   à 
Milan,  sur  le  théâtre  Carcano,  en  1869. 
•  SAKTUCCI  (Marco).  —  Au  nombre  des 


compositions  manuscrites  de  cet  artiste,  il  faut 
ajouter  un  Magnificat  a  4  voci  et  Sei  Cantate 
a  voce  sola  di  soprano.  M.  le  docteur  Basevi, 
de  Florence,  possède  des  copies  de  ces  ou- 
vrage*. 

SARASATE  (MAUTiN-MruTON),  l'un  des 
virtuoses  violonistes  les  plus  remarquables  et 
les  plus  accomplis  de  l'époque  actuelle,  est  né  à 
Pampelune,  dans  la  Navarre,  le  10  mars  1844. 
Espagnol  par  sa  naissance  et  son  origine, 
M.  Sarasate  appartient  à  la  France  par  son  édu- 
cation artistique,  et  de  tous  les  virtuoses  qui 
se  sont  produits  depuis  vingt  ans,  il  est  celui 
qui  continue  avec  le  plus  d'éclat  et  de  la  façon 
la  plus  directe  les  nobles  traditions  de  notre 
grande  école  de  violon.  Admis  au  Conserva- 
toire de  Paris  au  mois  de  janvier  1856,  dans 
une  classe  de  solfège  et  dans  la  classe  de  vio- 
lon de  M.  Alard,  il  prenait  part  aux  concours 
en  1857,  après  dix-huit  mois  d'études,  et,  après 
avoir  obtenu  un  premier  prix  de  solfège,  il 
remporiait  im  des  plus  beaux  premiers  prix 
de  violon  qu'on  eût  v\is  depuis  longtemps.  11 
était  seulement  alors  âgé  de  treize  ans.  11  en- 
trait ensuite  dans  la  classe  d'harmonie  de 
M.  Reber,  et,  pour  cette  partie  de  l'art.^obtenait 
un  accessit  en  1859. 

Enfant  prodige,  le  jeune  Sarasate  se  fit  rapi- 
dement entendre  en  public,  et  bientôt  fut  re- 
cherché dans  tous  les  salons,  où  chacun  lui 
faisait  fête  et  où  ses  succès  se  renouvelaient 
chaque  jour.  Au  bout  de  quelques  années,  il 
entreprit  quelques  courts  voyages,  principale- 
ment en  Espagne,  sa  patrie,  où  il  n'est  pas  be- 
soin;de  dire  qu'il  fut  reçu  avec  sympathie  ;  mais 
il  revenait  toujours  à  Paris,  où  il  résidait  régu- 
lièrement et  où  le  public  ne  cessait  de  lui  faire 
fête. 

Toutefois,  c'est  dans  ces  dernières  années 
que  la  renommée  de  M.  Sarasate  s'est  établie 
sur  des  bases  inébranlables,  le  talent  de  l'ar- 
tiste, mûri  par  un  travail  incessant,  ayant  ac- 
quis toute  son  ampleur,  ayant  pris  son  entier 
essor,  et  se  faisant  surtout  remarquer  par  les 
qualités  du  style  le  plus  pur,  le  plus  sévère  et 
le  plus  noble  à  la  fois.  C'est  alors  que  le  vir- 
tuose fit  apprécier  toute  l'élévation  de  son  ta- 
lent en  faisant  entendre,  soit  aux  Concerts  po- 
pulaires, soit  aux  concerts  du  Chàtelet,  soit  aux 
admirables  séances  du  Conservatoire,  diverses 
œuvres  écrites  expressément  à  son  intention, 
entre  autres  le  joli  concerto  de  M.  Max  Bruch, 
celui  de  M.  Edouard  Lalo  et  la  Symphonie  es- 
pagnole du  même  auteur.  M.  Sarasate  exécutait 
aussi  tantôt  le  concerto  de  Beethoven,  tantôt 
celui  de  Mendeissohn,  et  dans  ces  œuvres  de 


48G 


SARASATE  -  SARRIA 


genres  d  de  caractères  si  divers  il  faisait  ad- 
mirer la  souplesse  de  son  style,  la  fierté  d'un 
jeu  plein  d'iMé^'^Bce  et  de  cliarme,  la  perfection 
de  son  niécnnisme,  la  pureté  merveilleuse  d'un 
son  qui  brille  moins  par  la  puissance  que  par 
son  exquise  limpidité,  enfin  un  phrasé  parfait, 
une  étonnante  facilité  d'archet  et  un  chant 
plein  de  grâce  et  de  sentiment.  Le  public 
était  tenu  sous  le  charme  par  le  jeu  du  vir- 
tuose ,  et  l'accueillait  chaque  fois  avec  enthou- 
siasme. 

En  1870  et  1877,  M.  Sarasate  entreprit  un 
grand  voyage  artistique.  Après  s'être  fait  enten- 
dre à  Vienne,  où  il  ne  fut  pas  moins  bien  reçu 
qu'il  l'avait  toujours  été  à  Paris,  il  parcourut 
toute  l'Allemagne,  visita  Breslau,  Schwerin,Dus- 
seldorf,  Cologne,  Bonn,  Halle,  Pesth,  Bade, 
Hanovre,  etc.,  partout  excitant  l'enthousiasme 
et  recueillant  les  applaudissements.  Après  avoir 
été  à  Londres  et  à  Bruxelles,  il  partit  pour  Ber- 
lin, où,  dans  quatre  concerts  donnés  par  lui  au 
théâtre  de  l'Opéra,  il  remporta  de  véritables 
triomphes  (1).  Au  moment  où  cette  notice  est 
écrite  (mai  1878),  on  assure  que  M.  Sarasate 
.s'apprête  à  partir  pour  la  Russie,  où  il  retrouvera 
assurément  les  mêmes  succès. 

Les  compositions  de  M.  Sarasate  sont  d'im- 
portance secondaire.  Parmi  celles  qu'il  a  pu- 
bliées jusqu'ici,  je  citerai  :  Confidence,  romance 
sans  paroles,  op.  7  iSouveyiir  de  Domont,  valse 
de  salon,  op.  8;  le  Sommeil,  nîélodie,  op.  11; 
Moscovienne,o'^.  12;  Mosaïque  sur  Z«?«;;(7,  op. 
15  ;  Prière  et  Berceuse,  op.  17;  Don  Juan, 
fantaisie  concertante  pour  piano  et  violon  ;  Airs 
Bohémiens ,  Fantaisie  sur  Fmist,  Airs  espa- 
gnols ;  etc. 

SAlll  (Thomas),  compositeur,  né  à  Ajaccio  le 
8  janvier  1832,  a  fait  à  peu  près  seul  son  éduca- 
tion technique.  Dans  sa  modeste  sphère  d'ac- 
tion, il  a  rendu  des  services  à  l'art  musical 
comme  professeur  et  comme  chef  d'orchestre. 
Vers  1863,  il  a  fait  jouer  au  théâtre  d'Ajaccio 
un  opéra  en  3  actes,  Ivanoé,  qui  a  été  donné 
plusieurs  fois  pendant  deux  années  consécutives 
par  une  troupe  italienne.  Il  a  écrit  aussi  un  petit 
opéra-comique  sur  un  poème  français  qui  n'a  pas 
encore  été  exécuté  jusqu'à  ce  jour,  un  assez 
grand  nombre  de  romances,  des  morceaux  de 
genre  et  de  danse  pour  le  piano,  et  des  marches 
ou  des   pas  redoublés  pour    la  musique   de   la 

(1)  Les  joiirnain  allern.inils  qui,  pondant  les  récents 
voyaRos  (le  M.  Sar.isale  en  Allcnia^:no,  ont  pnblié  .sur  lui 
des  notices  biograpliiques,  l'ont  tous  appelé  l'ablo  de 
Sarasate.  J'ai  relevé  les  noms  et  les  renseignements  re- 
latifs a  la  naissance  de  M.  Sarasate  sur  les  registres 
d'inscrlpllon  du  Conservatoire  de  Paris,  dont  II  a  été  l'é- 
lève. 


ville.  Cet  artiste  n'a  jamais  quitté  la  Corse,  où 
réside  sa  famille. 

Al.  R  — d. 

*  SAHMIEXTO  (Salvatoue),  compositeur 
Italien. — Selon  lanoticequeM.FrancescoFlorimo 
(  Foy.  ce  nom)  a  consacrée  h  cet  artiste,  il  serait 
né  à  Païenne  en  1817  et  aurait  été,  au  Conser- 
vatoire de  Na|ilfs,  l'élève  de  Furno,  de  Zinga- 
relli  et  de  Donizetti.  A  la  suite  de  son  séjour  en 
France,  Sarmiento  retourna  à  Naples,  où,  en 
1854,  le  roi  le  nomma  maître  de  sa  chambre  et 
de  sa  chapelle.  Il  mourut  en  cette  ville  le  13  mai 
1869.  Aux  ouvrages  dramatiques  de  ce  composi- 
teur, il  faut  ajouter  Eloisa  (2  actes,  Naples,  th. 
duFondo,  1841),  et  Elmira  (Parme,  th.  Ducal  , 
1851).  Il  a  écrit  beaucoup  de  musique  religieuse 
pour  le  service  de  la  chapelle  royale  de  Naples  , 
entre  autres  une  cantate  sacrée  :  le  Tre  Ore 
deW  aQonia,unemesse  funèbre,  de  nombreuses 
messes  de  Gloria,  un  Dixit  Dominus,  \xn  Ma- 
gnificat, des  Litanies  et  im  Tanlum  ergo. 

Un  artiste  du  nom  de  Pierre  Sarmienio  était, 
vers  1855,  professeur  de  llùte  au  Conservatoire 
de  Madrid.  J'ignore  si  c'est  un  parent  du  précé- 
dent. 

*  SARO  (J....-HENKI),  est  aujourd'hui  chef 
de  musique  d'un  régiment  de  l'armée  prussienne. 
Il  a  obtenu  des  succès  en  1872,  en  Amérique, 
où  il  était  allé  donner  des  concerts  avec  son 
corps  de  musique.  Les  compositions  de  cet 
artiste,  consistant  surtout  en  ouvertures,  mar- 
ches, q'uadrilles  et  morceaux  de  danse  divers, 
s'élèvent  au  chiffre  de  cent  environ. 

*  SAlliU  (Dominique).  —  La  liste  des  com- 
positions de  cet  artiste  doit  s'augmenter  des 
œuvres  suivantes  :  i°Par(enope,  opéra  sérieux 
en  3  actes,  Naples,  th.  San-Bartolomeo,  1722; 
2"  Siroe,  re  di  Persia,  id.,  id.,  id.,  1725; 
3"  Bérénice,  id.,id.,  id.,  1732  ,-4°  Achille  in 
Sciro,  id.,  id.,  th.  San-Carlo,  1737;  5"  Lucio 
Vero,  opéra  sérieux  en  3  actes  ;  6°  Valdemaro, 
id.;  7°  Cantates  pour  voix  seule,  avec  basse; 
8°  3  Sérénades  à  3  et 4  voix;  9"  Concerto  pont 
2  violons,  fliile,  alto,  violoncelle  et  basse. 

SARRIA  (Enrico),  compositeur  dramatique, 
est  né  à  Naples  le  19  février  1836.  Élève  de 
Raffaele  Gentile  Vitale  pour  le  piano,  de  Nicola 
Fornasiniet  ensuite  du  baron  Giuseppe  Staffa 
pour  l'harmonie  et  la  composition,  il  n'était  âgé 
que  de  dix-sept  ans  lorsqu'il  (it  son  début  à  la 
scène  en  donnant  au  théâtre  Nuovo,  de  Naples, 
en  1853,  un  opéra  bouffe  intitulé  Carmosina, 
([iii  obtint  un  grand  succès.  Cet  ouvrage  fut 
suivi  de  Donna  Manuela,  donné  par  le  jeune 
compositeurau  mémethéâtreen  iSbd,  cl  à' Estel- 
la,  joué  au   théâtre  du  Fondo  en  1858.   Après 


SARRIA 


SASSAROLI 


487 


un  long  silence,  M.  Sania  rentra  dans  la  car- 
rière et  remporta  un  énorme  succès  avec  Babbeo 
e  V Intrigante,  opéra  bouffe  qui  obtint  en  1872 
près  (le  150  représentations  au  théâtre  Rossini, 
et  qui  fut  repris  ensuite  au  tbéiUi;e  Nuovo.  De- 
venu pianiste  accompagnateur  au  théâtre  Mer- 
cadante  (ex-Fondo),  M.  Sarria  y  a  fait  représen- 
ter encore  deux  ouvrages  importants:  Guidclla, 
opéra  semi-sérieux  donné  le  25  mai  1875,  et 
la  Campana  delV  Eremitaggio,  qui  fut  offerte 
au  public  le  25  septembre  suivant.  Ce  dernier, 
dont  le  livret  était  simplement  traduit  de  l'opéra 
français  les  Dragons  de  Villars,  semble  avoir 
été  bien  accueilli.  Enfin,  M.  Sarria  a  donné 
encore  au  théâtre  Nuovo,  le  17  février  1878,  un 
opéra-comique  intitulé  gll  Equivoci. 

SASIRUS  (Pierre-Frf.déric),  mathémati- 
cien, né  à  Saint-Alfrique  (Aveyron),  vers  la  (In 
du  dix-huitième  siècle,  a  mis  au  jour  des  tra- 
vaux qui  honorent  la  science  française  et  qui 
lui  ont  fait  un  renom  mérité.  Auteur  de 
nombreux  Mémoiies  présentés  à  l'Académie 
des  sciences,  et  dont  plusieurs,  couronnés  par 
elle,  ont  trouvé  place  dans  les  Comptes-rendus 
de  cette  compagnie,  M.  Sarrus  n'est  cité  ici 
que  pour  l'écrit  suivant  :  Essai  sur  la  théorie 
du  son,  tribut  académique  présenté  à  la  Faculté 
des  sciences  de  Montpellier  pour  obtenir  le  grade 
de  docteur  es  sciences  (Montpellier,  I82i,  in-î"). 
SASS  (Marie-Const.\nce  SASSE,  dite 
d'ubord  SAX,  puis),  chanteuse  remarquable, 
fille  d'un  chef  de  musique  militaire  belge,  naquit 
à  Gand  le  26  janvier  1838.  A  la  mort  de  son 
pète,  elle  fut  admise  au  Conservatoire  de  sa  ville 
natale,  puis  fut  obligée,  pour  vivre,  de  donner 
quelques  leçons.  Engagée  au  Casino  des  Galeries 
Saint-Hubert,  à  Bruxelles,  elle  y  resta  environ 
dix-huit  mois,  puis  vint  à  Paris,  où  elle  chanta 
dans  divers  cafés-concerts,  d'abord  au  café  des 
Ambassadeurs  des  Champs-Elysées,  puis  au 
Casino  du  Palais-Royal,  et  enfin  au  café  du 
Géant,  situé  alors  sur  le  boulevard  du  Temple, 
entre  la  rue  du  Temple  et  le  passage  Vendôme. 
M™'^  Ugalde  (  Voy.  ce  nom)  l'ayant  entendue  dans 
ce  dernier  établissement,  s'intéressa  à  elle,  s'of- 
frit à  lui  donner  des  leçons,  et  s'employa  pour 
la  faire  entrer  au  Théâtre-Lyrique,  où  elle  fut 
effectivement  engagée  par  M.  Carvalho. 

C'est  le  1"  octobre  1859  que  M"«  Sass  débuta 
à  ce  théâtre,  sous  le  nom  de  Marie  Sax,  dans 
le  rôle  de  la  comtesse  des  Noces  de  Figaro.  Sa 
réussite  fut  complète,  et  elle  joua  bientôt  dans 
Orphée,  dans  Philémon  etBaucis  et  dans  Robin 
des  Dois.  Mais  au  bout  de  quelques  mois  elle 
était  engngée  à  l'Opéra,  où  elle  débutait,  le 
3  août  18(  0,  dans  Robert  le   Diable.    Sa  voix 


puissante,  étendue  et  sonore  fit  merveille  dans 
le  rôle  de  Valentine,  et,  quoicjue  l'expérience  et 
le  style  manquassent  encore  à  la  nouvelle  can- 
latrice,  ou  s'aperçut  bien  vite  qu'elle  pourrait 
rendre  de  grands  services  et  tiendrait  bientôt 
le  premier  rang.  En  effet,  elle  joua  successive- 
ment la  Juive,  le  Trouvère,  les  Huguenots, 
avec  un  succès  croissant,  les  (jualités  de  sa  voix 
admirable  se  développant  de  plus  en  plus,  et 
l'intelligence  dramatique  lui  venant  avec  l'ha- 
bitude de  la  scène  et  du  public.  Les  Vêpres  Sici- 
liennes, Don  Juan  achevèrent  de  mûrir  son 
talent,  et  elle  se  vit  chargée  de  créations  très- 
importantes  f  dans  le  Tannhàuser  de  M.  Ri- 
chard Wagner,  Z>oH  Carlos  de  M.  Verdi,  et  sur- 
tout l'Africaine^  où  le  rôle-  de  Sélika  lui  fit  le  • 
plus  grand  honneur. 

Mariée  au  mois  de  mars  1864  avec  M.  Cas- 
tan,  ditCastelmary,  chanteur  de  province  qu'elle 
avait  fait  engager  à  l'Opéra,  etdontellese  sépara 
judiciairement  en  janvier  1807,  M"»  Sass  sévit 
intenter  un  procès  par  son  compatriote, 
M.  AdolpheSax,  facteur  d'instruments  de  cuivre, 
qui  réussit  à  lui  faire  défendre  de  porter  son  nom. 
Ce  fut  alors  qu'après  avoir  porté  pendant  plu- 
sieurs années  ce  nom  de  Marie  Sax,  puis  Marie 
Saxe,  elle  adopta  celui  de  Sass,  qui  différait 
peu  de  son  nom  véritable.  Cette  artiste  resta  à 
l'Opéra  jusqu'au  mois  de  septembre  1870  ;  la 
guerre  lui  fit  alors  quitter  la  France,  et  depuis 
lors  elle  a  modifié  sa  carrière,  en  s'adonnant  au 
chant  italien,  et  a  parcouru  avec  les  plus  grands 
succès  les  principales  villes  de  l'Italie. 

La  voix  de  M"<=  Sass  est  d'un  timbre  admi- 
rable, d'une  irréprochable  justesse,  d'une  soli- 
dité à  toute  épreuve  et  en  môme  temps  d'un 
velouté  parfait.  Le  talent  de  la  cantatrice,  sans 
être  à  la  hauteur  de  la  beauté  de  son  instrument, 
n'en  est  pas  moins  remarquable  à  beaucoup  d'é- 
gards, et  brille,  en  dehors  d'une  bonne  exécu- 
tion vocale,  par  de  rares  qualités  d'énergie  et 
de  passion. 

SASSAROLI  (ViNCENzo),  organiste  et  com- 
positeur, neveu  et  élève  de  Mercadante,  est  né  à 
Tolentino.  Il  a  fait  représenter  en  IS72  au  théâ- 
tre Doria,  de  Gènes,  un  opéra  sérieux  intitulé 
Riccardo,  ducadi  York,  dont  û  avait  écrit  les 
paroles  et  la  musique  et  qui  lifua  fiasco  com- 
plet, et  il  est  aussi  l'auteur  d'un  opéra  bouffe, 
Santa  Lucia,  qui,  je  crois,  n'a  point  été  livréau 
public.  On  lui  doit  encore  quelques  compositions 
religieuses,  entre  autres  une  messe  à  grand 
orchestre  et  un  Tantum  erpo, .  exécutés  tous 
deux  à  Orvieto.  M.  Sassaroli  a  publié  une  bro- 
chure qui  a.fait  quelque  bruit  en  Italie  :  Consi- 
derazioni  sullo  sialo  altuale  deli'arle  7nusi' 


488 


SASSAUOLI  —  SATTER 


cale  in  Ilalii  e  sull'imporlanza  artistica 
delV  opéra  Aida  e  délia  messa  di  Verdi  (Gênes, 
1876,  in-8°  rie  44  pp.).  Dans  cette  brochure, 
l'auteur  renouvelait  le  défi  qu'il  avait  adressé 
sous  forme  de  lettre  à  M.  Rie  ordi,  directeur  delà 
Gazzelta  mu:4cale  de  Milan  et  éditeur  des 
œuvres  de  M.  Verdi,  et  à  M.  Verdi  lui-même; 
cette  lettre  est  trop  curieuse  pour  que  je  ne  croie 
pas  devoir  la  traduire  ici.  La  voici  : 

«  Très-cher  Monsieur,  après  avoir  balancé 
quelque  peu,  je  me  suis  décidé  à  entendre  aussi 
Aida,  opéra  que  d'ailleurs  j'avais  déjà  lu  ;  et 
maintenant  le  but  de  cette  lettre  n'est  pas  de 
vous  faire  connaître  le  jugement  que  j'en  ai  porté 
soit  à  la  lecture,  soit  à  l'audition;  seulement, 
je  vous  prie  de  prêter  la  plus  grande  attention  à 
ce  que  je  vais  vous  dire.  Je  vous  demande  la 
permission  (attendu  que  l'opéra  susdit  est  votre 
propriété)  de  mettre  en  musique  à  mon  tour  le 
livret  A' Aida.  Dites-le  au  maestro  Verdi ,  et 
voyez  s'il  consent  à  soutenir  la  comparaison  avec 
moi;  je  suis  pi  et  à  me  mettre  à  ce  travail  aux 
conditions  suivantes  :  l'opéra  sera  fait  sur  le 
même  livret,  sans  y  rien  ajouter,  sans  en  rien 
retrancher,  sans  y  changer  quoi  que  ce  soit;  la 
musique  sera  écrite  dans  l'espace  d'une  année  à 
partir  de  l'accen-ation  de  ces  propositions  ;  l'opéra 
sera  payé  20*100  francs,  c'est-à-dire,  5,000 
francs  lors  do  la  remise  de  chaque  acte;  ces 
sommes  seront  consignées  entre  les  mains  d'une 
tierce  personne  de  commune  confiance,  jusqu'à 
l'achèvement  d-^  l'cuvre,  laquelle  sera  jugée 
par  un  jury  composé  de  trois  maestri  choisis 
par  moi ,  de  trois  choisis  par  Verdi ,  et 
d'un  choisi  par  les  six  réunis.  Comme  je 
me  verrai  forcé  d'abandonner  mes  leçons 
pendant  une  année  pour  pouvoir  exécuter  ce 
traité,  on  prélèvera  sur  la  somme  susdite  une 
part  suffisante  pour  me  permettre  de  vivre  sans 
m'occuper  d'autre  chose.  Si  l'œuvre  est  jugée 
défavorablemeul,  l'argent  sera  relire  par  le 
déposant,  moins  le  susdit  prélèvement.  Il  me 
sera  permis  d'associer  à  mon  travail  quelques- 
uns  de  mes  élives,  qui  fourniront  les  morceaux 
les  moins  import  ints  de  l'opéra,  saufà  moi  de  faire 
tout  en  cas  d'cpposition.  Comme  vous  le  voyez, 
c'est  un  défi  que  je  jette  à  Verdi,  et  à  vous  son 
éditeur,  et  auqu-dje  verrai  comment  vous  répon- 
drez. Dans  ce  combat,  l'unique  risque  que  vous 
couriez  consiste  dans  le  prélèvement  spécifié  ci- 
dessus,  que  toutefois  je  pourrais  vous  fiiire 
garantir.  Je  verrai,  d'autre  part,  si  avec  toutes 
ces  propositions  vous  lois-serez  échapper  l'occa- 
sion de  pouvoir  m'écraser  et  de  'me  faire  taire 
une  fois,  et  de  pouvoir  vous  écrier  triomphale- 
ment :  «  Nos  télégrammes    du  Caire,  de  Paris 


et  de  Naples  qui  proclamaient  Verdi  invinci!)lt> 
étaient  tous  spontanés,  et  rien  n'y  était  arrangé 
par  nous.  »  Je  saisis  l'occasion,  etc. 

«  ViNCENZO  SaSSAROLI.  m 

M.  Sassaroli  s'en  allait  en  effet  criant  sur  les 
toits  que  la  partition  iVAida  et  la  musique  du 
ne(juieinâe\ev(Vi  indiquaient  un  profond  abais 
sèment  del'artnational,et  qu'il  se  faisait  fort, pour 
sa  part,  do  faire  beaucoup  mieux.  M.  Ricordi 
ayant  insiré  sa  lettre  dans  la  Gazzetfa  musicale. 
et  l'ayant  accompagnée  de  quelques  plaisante- 
ries, M.  Sassaroli  revint  à  la  charge  par  une 
seconde  épître,  plus  développée  encore,  dans 
laquelle  il  renouvelait  sa  proposition,  affirmant 
que  si  elle  était  de  nouveau  repoussée,  c'est  que 
M.  Ricordi  aurait  peur  de  se  voir  vaincu,  avec 
M.  Verdi,  dats  le  combat  proposé.  Ce  combat 
n'eut  pas  lieu  d'ailleurs,  M.  Ricordi  ayant  refusé 
une  seconde  fois,  avec  la  plus  grande  netteté, 
les  propositions  qui  lui  étaient  faites. 

SATTER(Gust\ve),  pianiste  aulrichientrès- 
remarquable  et  compositeur  distingué,  est  né  à 
Vienne  le  12  février  1832.  Son  père,  médecin 
fort  habile,  voulait  lui  faire  suivre  la  même  car- 
rière, et,  après  lui  avoir  fait  commencer  à  Vien- 
ne ses  étud.  s  spéciales,  l'envoya  à  Paris  pour 
y  terminera*  1  éducation;  mais  le  jeune  homme, 
dont  le  taleat  sur  le  piano  était  déjà  des  plus 
remarquable.^  i  t  qui  ne  rêvait  que  des  succès 
artistiques,  s'embarqua  un  beau  jour  pour  l'A- 
mérique afin  d'y  faire  apprécier  ses  qualités  de 
virtuose.  Il;  arriva  dans  ce  pays  en  1854  et  y 
re.sta  jusqu'en  1860,  remportant  de  véritables 
triomphes  et  se  voyant  accueilli  avec  une  égale 
faveur  au  Brésil  et  dans  toutes  les  grandes  villes 
de  l'Union  américaine.  De  retour  en  Europe,  il 
se  prodiiit^en  1SG2  à  Paris,  où  Berlioz  le  signale 
avec  chaleur  au  public,  puis  va  se  faire  entendre 
à  Vienne,  où  ses  coin|)atriotes  le  reçoivent  avec 
une  sorte  d'enthousiasme.  Ses  succès  ne  sont 
|)as  moins  grands  à  Leipzig,  à  Pesth,  à  Dresde, 
à  Copenhague  et  à  Stockholm.  Depuis  lors, 
M.  Satler  s'est  fait  applaudir  dans  divers  pays, 
particulièrement  en  Norwége  et  en  Belgique. 
C'est,  en  réalité,  un  virtuose  d'un  rare  mérite 
et  fort  distingué. 

M.  Satter  s'est  produit  aussi  comme  compo- 
siteur. Ses  premiers  ouvr.iges,  désavoués  par 
la  suite,  furent  publiés  à  \ienne.  chez  l'éditeur 
M.  Meclielti.  Plus  tard,  il  a  publié  un  grand 
nombre  d'o'uvres  pour  le  piano,  principalement 
à  Leipzig  (Kisiner),  et  l'on  cite  particulièrement 
des  études,  3  sonates,  une  transcription  de  l'ou- 
verture de  Tannfiàuser  et  des  fantaisies  sur 
des  molifs  d'opéras.  On  connaît  aussi  de  M.  Sat- 
ter trois  ouvertures  de  concert  :  Loreley,  Jules- 


SATTEU  —  SAVAKD 


489 


Césnr  et  Andie  Fieude,\  deux  symphonies  à 
grand  orchestre,  et  une  autre  composition 
symphoiiique  intitulée  Washington. 

M.  Satlera  été,  je  crois,  en  18C6,  chef  d'or- 
chestre des  concerts  de  la  cour,  à  Hanovre. 

SAUGEOAI(J...-M....-M ),  est  l'auteur, 

avec  M.  Anatole  Loqum  [Voy.  ce  nom),  d'un 
écrit  publié  sous  ce,  titre  :  Lettres  sur  l'ensei- 
gnement populaire  de  la  musique,  Cordeaux, 
impr.  Gouuouilhou,  1861,  in-8°  de  32  pp.— 
La  femme  de  cet  écrivain.  M™'  Zélie  Saugeon, 
née  Faget,  professeur  et  compositeur,  a  ensei- 
gné la  musique  pendant  trente  ans  à  Cordeaux, 
d'après  le  système  du  meloplaste ;  elle  avait 
été  l'élève  de  Pierre  Galin  et  d'Aimé  Paris.  On 
lui  doit  un  Questionnaire  de  musique  vocale, 
dont  les  principes  sont  ceux  de  la  méthode 
Galin,  un  recueil  d'Airs  tr/piques,  et  un  cer- 
tain nombre  de  morceaux  de  piano  et  de  mé- 
lodies vocales,  le  tout  publié  à  Cordeaux. 
M"""  Zélie  Saugeon  est  morte  à  la  Tresne  (Gi- 
ronde), au  mois  d'octobre  1878. 

SAUTOIX  (Jean-Gaptiste),  musicien  belge, 
qui  vivait  à  la  fin  du  dix-septième  et  au  com- 
mencement du  dix-huitième  siècle,  remplissait 
les  fonctions  d'organiste  du  chapitre  royal  de 
Sainte-Wandru,  à  Mons.  Il  écrivit  la  musique 
d'un  opéra  en  3  actes  qui  portait  ce  titre  singu- 
lier :  V  Alliance  de  Climène  avec  le  jubilé. Cet 
ouvrage  fut  joué  le  31  août  1711,  dans  la  maison 
des  filles  de  Notre-Dame,  de  Mons,  par  les 
jeunes  pensionnaires  de  cet  établissement,  pour 
fêter  le  jubilé  de  la  supérieure  de  la  communauté. 
.  SAUVAGE-TRUDirS]  ( ),  riche  ama- 
teur ae  musique,  né  à  Goulogne-sur-Mer,  est 
morten  cette  ville  au  commencement  de  l'année 
1877.  Il  avait  écrit  la  musique  de  deux  petits 
opéras-comiques  en  un  acte,  les  Deux  Cousines 
et  le  Précepteur,  qu'il  avait  fait  jouer  sur  le 
IhéAIre  de  sa  ville  natale  ;  il  avait  même  réussi 
à  faire  représenter  ensuite  à  Paris,  sur  le  théâ- 
tre de  la  Renaissance,  le  premier  de  ces  deux 
très-médiocres  ouvrages. 

SAUVAGEOT  (Charles),  violoniste  ,  né 
à  Paris  le  6  novembre  1781,  fut  un  des  pre- 
miers élèves  admis  au  Conservatoire  lors  de  sa 
création,  et  y  eut  pour  professeur  Blasius.  Il 
était  âgé  de  quinzeans  seulement  lorsqu'il  obtint 
le  premier  prix  de  violon  au  concours  de  l'an 
VI.  Il  n'est  pas  exact,  comme  on  l'a  dit,  qu'à 
l'âge  de  seize  ans  il  faisait  partie  de  l'orchestre 
de  l'Opéra,  car  en  1800  il  n'était  pas  encore  por- 
té sur  les  listes  du  personnel.  Je  crois  que  c'est 
vers  cette  époque  qu'il  entra  à  ce  théâtre  ;  à  coup 
sûr  il  y  était  en  1804,  et  il  y  resta  jusqu'un  peu 
après  1830.  En  même  temps  que  sa  place  de 


second  violon  à  l'orchestre  de  l'Opéra,  il  occupait 
un  emploi  modeste  dans  l'administration  des 
douanes,  on  il  parvint  au  grade  de  vérificateur. 

Sauvageot  avait  du  goût,  et  il  aimait  les  arts. 
Avec  l'aide  unique  des  modiques  ressources  que 
lui  procuraient  ses  doubles  fonctions,  il  forma, 
dans  le  cours  de  sa  longue  existence,  une  collec- 
tion si  précieuse,  si  intelligemment  choisie,  qu'on 
ne  l'évalua  guère  à  moins  d'un  million,  et  qu'elle 
olfrait  des  pièces  d'un  prix  inestimable,  surtout 
en  ce  qui  concernait  les  objets  de  l'époque  de  la 
Renaissance.  Cet  artiste  honorable,  doublé  d'un 
connaisseur  éclairé,  mourut  en  homme  de  bien, 
le  30  mars  1860,  léguant  sa  riche  collection  au 
musée  du  Louvre. 

*SAUZAY  (Eugicnk),  violoniste,  composi- 
teur et  écrivain  sur  la  musique,  a  publié  sous 
ce  titre  :  l'École  de  l'accompagnement, 
ouvrage  faisant  suite  à  l'Étude  sur  le  qua- 
tuor (Paris,  Didot,  1869,  in-S»),  un  écrit 
important  qui,  comme  ce  dernier,  est  écrit 
dans  une  langue  élégante  et  contient  sur  l'art 
des  vues  utiles  et  élevées.  De  même  que  le 
premier  ouvrage,  le  second  contient  un  catalogue 
tiiématique  complet  de  l'œuvre  des  trois  grands 
maîtres  allemands,  Haydn,  Mozart,  Beethoven, 
dans  le  genre  dont  traite  le  livre,  suivi  d'un  cata- 
logue complémentaire,  non  thématique,  des  com- 
positeurs les  plus  remarquables  qui,  après  eux, 
se  sont  distingués  dans  la  musique  de  chambre. 
La  partie  de  l'ouvrage  intitulée  :  Questions 
usuelles  est  pleine  d'aperçus  piquants  et  d'obser- 
vations appuyées  par  l'expérience. Parmi  les  com- 
positions de  M.  Sauzay,  je  citerai  la  musique 
écrite  par  lui  pour  les  intermèdes  de  Georges 
Dandin  et  ceux  du  Sicilien ,  de  Molière  ,  qui 
a  été  exécutée  avec  un  vif  succès  dans  divers 
concerts  ;  ces  deux  partitions,  écrites  avec  im  goût 
très-pur,  dans  un  style  d'une  simplicité  un  peu 
archaïque,  renferment  des  inspirations  charman- 
tes et  font  le  plus  grand  honneur  à  leur  auteur. 

A  côté  de  ces  importantes  compositions, il  faut 
citer  ausside  nombreuses  mélodies  pour  le  chant 
sur  des  pièces  bien  choisies  de  nos  poètes,  entre 
autres  une  Chanson  sur  d'anciennes  paroles, 
avec  accompagnement  de  violon,  dont  le  motif 
est  charmant  et  d'un  effet  irré>istible.  —  Y. 

*  SAVARD  (Marie- Gabri EL -Avglstin), 
professeur  et  théoricien  français,  est  aujourd'hui 
professeur  d'harmonie  et  accompagnement  au 
Conservatoire  de  Paris.  A  la  liste  de  ses  ouvra- 
ges, il  faut  ajouter  un  petit  manuel  publié  sous 
ce  titre  :  Premières  notions  de  musique,  et 
dont  il  a  été  fait  douze  éditions  (Paris,  Hachette, 
petit  in-S"  oblong),  et  un  recueil  important  : 
Études  d'harmonie  pratique, partimenti  prO' 


490 


SAVARD  —  SAVOJA 


gressifs,  basses  et  chants  donnés  et  réalisés 
(2  vol.  in-S"). 

SAVARY  (Toussaint),  compositeur,  né  en 
JVormaniiie  vers  le  milieu  du  seizième  siècle, 
obtint  en  1584,  au  concours  du  puy  de  musique 
d'Evreux,  le  priv  de  l'orgue  d'argent  pour  le 
motet  :  Ne  recorderis.  Quatre  ans  après,  en 
1588,  au  môme  concours,  il  remporta  le  prix  de 
la  lyre  d'argont  pour  une  chanson  française: 
Dybedijbcdon. 

SAVARY  (Edmond),  pianiste,  professeur  et 
compositeur  français,  a  été  admis  en  1848  au 
Conservaloin;  <ie  Paris,  où  11  a  obtenu  un  se- 
cond prixUie  piano  en  1850,  et  le  premier  prix 
enl852.  Il  se  consacra  ensuite  à  l'enseignement, 
tout  en  se  livrant  à  divers  travaux  de  composi- 
tion, et  fil  représenter  au  Théâtre-Lyrique,  le 
13  octobre  18G5,  un  opéra-comique  en  un  acte 
intitulé  le  Rêve.  On  connaît  aussi  de  cet  artiste 
des  sonates  pour  piano  et  violon,  quelques  mor- 
ceaux pour  orgue,  etc.  M.  Savary  est  fixé 
aujourd'hui  comme  professeur  à  Saint-Hélier, 
dans  l'ile  de  Jersey. 

*    SAVl  (  Louis  ).     —    Voyez     SAVJ 
(Louis). 

*SAV'^liM!ELL!  (Angelo), professeur  de  chant, 
est  né,  selon  les  uns,  à  Vérone,  selon  d'autres  à 
Goritz,  en  1800.  Admis  au  Conservatoire  de 
Milan  en  1 808,  il  y  étudia  d'abord  le  basson  avec 
Buccinelli,  puis  la  composition  avec  Asioli. 
Cependant,  il  travaillait  aussi  le  chant,  pour 
lequel  il  avait  de  l'inclination,  ce  qui  ne  l'empê- 
cha pas  d'accepter,  en  1820,  l'emploi  de  1"  bas- 
son à  la  chapelle  ducale  de  Lucqueset  au  théâtre 
de  cette  ville.  D'humeur  assez  capricieuse,  il  ne 
conserva  pas  longtemps  celte  position,  alla 
se  fixer  dans  une  autre  ville  d'Italie,  puis  partit 
pour  l'Espagne,  où  il  épousa  une  chanteuse, 
Mathilde  Palazzesi,  qu'il  suivit  dans  ses  voyages, 
et  qu'il  eut  la  douleur  de  perdre,  en  I8i2,  à  Bar- 
celone. Savinulli  revint  alors  en  Italie,  s'y  occupa 
de  commerce,  et  fit  de  fort  mauvaises  affaires. 
C'est  alors  que,  songeant  à  assurer  enfin  son 
existence,  il  se  consacra  à  l'enseignement  du  chant, 
et  se  mil  à  publier  des  Méthodes  et  des  ouvrages 
didactiques;:  la  Scuola  delcanto;  VAvviamenlo 
nWartedel  canfo;  Prime  Nozinni  musicali  ; 
Corso  elementare  di  dirmione  c  solfcggio.  On 
lui  doit  aussi  deux  ouvertures,  une  messe  à 
grand  orchestre,  et  un  assez  grand  nombre  de 
romances.  Savinelli  est  mort  à  Florence  le  17 
mai  1870.  Il  était  professeur  de  solfège  à  l'Ins- 
titut musical  de  cette  ville. 

*  SAVJ  (Louis),  composilein-  et  violoniste  i(a- 
lis^n. —  Celartistii  a  publie  chez  l'éditeur  Ricordi, 
de  Milan,  un  recueil  de  12  Duos  et  un  Caprice 


pour  violon  et  contre-basse,  et  un  autre  recueil  de 
3  Duos  pour  les  mêmes  instruments.  Les  deux 
ouvrages  dramatiques  indiqués  au  nom  de  Savj 
sous  les  titres  de  l'Avaro  eiun  Episodio  di  San 
Michèle,  n'en  forment  qu'un  seul,  qui  a  été  re- 
présenté sous  celui-ci  :  l'Avaro,  ossia  îcn  Epi- 
sodio del  San  Michèle. 

S.VVOJA  (Paolo),  musicien  italien,  est  né 
à  Gerace  le  17  aoilt  1820.  Sa  mère,  sœur  du 
fameux  chanteur  Nicolas-Antoine  Manfroce,  qui 
avait  reçu  une  excellente  éducation  musicale, 
lui  enseigna  elle-même  les  premiers  éléments  de 
l'art,  après  quoi  l'enfant  fut  envoyé  à  Naples. 
Muni  de  bonnes  recommandations  pour  le  minis- 
tre de  l'Instruction  publique,  il  fut  d'abord  confié 
aux  soins  d'un  élève  du  Conservatoire,  nommé 
Garofalo,  et  au  bout  d'un  an  d'études  se  voyait 
admis  dans  cet  établissement,  comme  élève  de 
Ruggi  pour  le  contre-point,  ensuite  de  Donizetti, 
et  eiiiin,  lors  du  départ  de  celui-ci,  de  Merca- 
dante.  Lorsqu'il  eut  terminé  ses  études,  il  ac- 
cepta l'emploi  de  chef  de  musique  au  3°  régi- 
ment suisse,  passa  plus  lard  en  la  même  qua- 
lité dans  un  régiment  de  la  garde  royale,  et 
conserva  ce  poste  jusqu'en  1859,  époque  de  la 
dissolution  de  l'armée  napolitaine.  A  partir  de 
ce  moment,  il  se  livra  à  l'enseignement,  et  il 
est  aujourd'hui  chef  de  la  bande  militaire  du 
théâtre  San-Carlo,  de  Naples. 

M.  Savoja  a  abordé  par  deux  fois  la  scène,  en 
donnant  au  théâtre  Nuovo,  de  Naples  (1857)  un 
opéra  bouffe  en  trois  actes,  un  Maestro  di 
musica.  ed  unPoeta,  et  au  théâtre  Goldoni  un 
autre  ouvrage  intitulé  Cristianella,  dont  la 
musique  était  l'œuvre  de  plusieurs  composi- 
teurs. Une  trop  grande  timidité  l'a  empêché,  dit- 
on,  de  poursuivre  celte  carrière,  mais  il  a  pro- 
duit beaucoup  dans  le  genre  de  la  musique  reli- 
gieuse. On  lui  doit,  sous  ce  rapport,  les  compo- 
sitions suivantes  :  Messe  à  3  voi\,  avec  orciies- 
tre,  en  /a  mineur;  Grande  messe  à  3  voix,  avec 
orchestre  militaire;  Tantum  ergo  pour  voix  de 
basse,  avec  solo  de  cor  anglais  ;  Taniitm  ergo 
à  3  trois  voix  avec  orchestre;  Tantum  ergo 
pour  voix  de  basse,  avec  chœur;  Slabat  Mater 
à  2  voix,  avec  petit  orchestre;  Stabat  Mater 
à  3  voix;  Hymne  choral  eu  l'honneur  de  saint 
Louis,  avec  orchestre  militaire;  Libéra  pour 
voix  de  basse  avec  chœur,  solo  de  cor  anglais  et 
orchestre  militaire.  Parmi  les  autres  productions 
de  cet  artiste,  on  remarque  encore  :  trois  ouver- 
tures à  grand  orcheslre  (en  mi  mineur,  7"e  majeur 
et  M^  mineur);  quatre  marches  funèbres  pour 
musique  militaire  ;  dix  marches  pour  musique  mi- 
litaire ;  une  mélodie  pour  cor,  avec  accompagne- 
ment d'orchestre,  et  un  grand  nombre  de  pas 


SAVOJA  . 

redoublés,  morceaux  de  danse,  etc.,  pour  mu- 
sique niililaire. 

Un  clianleur  bouffe  du  même  nom,  M.  Pos- 
quale  Savoja,  né  à  Naples  le  27  janvier  1819, 
s'est  fait  une  brillante  réputation  dans  l'emploi 
des  basses  comiques.  C'est  lui  qui  a  créé,  avec 
un  énorme  succès,  le  rôle  de  Cola  dans  l'opéra 
fameux  de  Petrella  le  Precauzioni,  écrit  expres- 
sément à  son  intention.  M.  Savoja,  qui  fait  par- 
tie aujourd'hui  du  personnel  du  tiiéâlre  Nuovo, 
de  Naples,  a  joué  dans  plus  de  trois-cents  ou- 
vrages. 

SAWER  (Théodore),  habile  constructeur 
d'orgues  du  dix-neuvième  siècle,  ne  m'est  connu 
que  par  la  notice  suivante,  qui  lui  a  été  consacrée 
dans  le  Nouveau  Manuel  complet  du  facteur 
d'orgues  (Paris,  Roret,  1849)  :  —  «  11  travailla 
quelque  temps  comme  ouvrier  dans  les  ateliers 
de  M.  Abbey,  qu'il  quitta  pour  passer  en  qualité 
de  contre-maître  dans  ceux  que  venait  d'ouvrir 
la  maison  Daublaine.  Son  talent  contribua  beau- 
coup à  la  prospérité  de  cet  établissement,  dont 
les  premiers  essais  n'avaient  pas  été  heureux, 
et  quoiqu'il  n'ait  attaché  son  nom  à  aucun  des 
instruments  à  la  construction  desquels  il  a  con- 
couru, il  ne  s'en  est  pas  moins  acquis  la  réputa- 
tion d'artiste  distingué  dans  sa  profession.  Son 
esprit  d'ordre  et  l'habitude  qu'il  avait  acquise 
dediriger  des  travaux  importants,  le  firent  pla- 
cer à  la  tète  de  la  suceurs  aie  que  la  maison  Dau- 
blaine et  Coliinet  fut  obligée  d'établir  à  Lyon 
pour  satisfaire  aux  nombreuses  commandes 
des  villes  du  Midi,  et  il  y  resta  jusqu'en  1848, 
époque  à  laquelle,  tous  les  travaux  de  cette 
contrée  étant  terminés,  elle  fut  supprimée.  Alors 
M.  Sawer  se  retira  à  Montpellier,  où  il  s'occupe 
de  l'entretien  des  orgues  et  des  pianos. 

*  SAX  (Charles-Joseph),  facteur  d'instru- 
ments, naquit  à  Dinanl,  non  en  1793,  mais  le 
l*'  février  1791.  il  est  mort  à  Paris  le  26  avril 
18C5. 

SBOKGÏ  (Giuseppe-Maria),  pianiste,  vio- 
loncelliste, compositeur  et  professeur,  né  à  Flo- 
rence le  30  mars  1814,  est  sans  doute  le  fils  et 
le  petit-fils  des  deux  artistes  de  ce  nom  men- 
tionnés au  t.  Vil  delà  Biorjraphie  universelle 
des  Musiciens.  Il  fit  ses  études  musicales  dans 
sa  ville  natale,  ayant  pour  professeurs  A.  Pala- 
futi  pour  le  piano,  Gaetano  Giorgeiti  pour  le 
violoncelle,  et  P.  Picchianli  pour  la  composition. 
Son  éducation  terminée,  il  se  livra  à  l'ensei- 
gnement du  chant,  du  piano,  du  violoncelle  et  de 
la  composition,  et  devint  premier  violoncelle  au 
théâtre  de  la  Pergola,  à  l'orchestre  duquel  il 
resta  attaché  pendant  quarante  ans.  II  fit  aussi 
partie,  comme  violoncelliste,  de  la  musique  de 


SGAllD 


491 


la  chambre  et  de  la  chapelle  de  Léopold  II,  duc 
de  Toscane. 

M.  Sborgi  a  produit  un  assez  grand  nombre 
de  compositions,  parmi  lesquelles  il  faut  citer 
surtout  un  concerto  de  violoncelle,  et  un  con- 
certo pour  violoncelle  et  piano.  On  lui  doit 
aussiquelquesopéras  :  1»  Demofoonte,  Florence, 
1836  ;  2°  il  Giorno  natalizio;  3°  Ippolila  degli 
Azzi  (I),  Arezzo,  1838;  4°  il  Tesoro,  Flo- 
rence, théâtre  Uossini. 

SCAPPA  ( ),  compositeur  italien,    a 

fait  représenter  à  Milan,   vers   1816,   un  opéra 
intitulé  le  Tre  Eleonore. 

*  SCARAMELLI  (Joseph),  est  mort  à 
Trieste  au  mois  de  février  ou  de  mars  1862.  Cet 
artiste  était  né,  non  en  1761,  comme  il  a  été  im- 
primé par  erreur,  mais  en  1781.  Son  fils  était,  à 
l'époque  de  sa  mort,  chef  d'orchestre  à  Trieste, 
et  c'est  évidemment  lui  qui  écrivit,  eu  compagnie, 
de 'vhissi,  la  musique  d'un  ballet  intitulé  Uriella, 
qui  fut  représenté  sur  le  théâtre  de  la  Scala,  de 
Milan,  en  1854. 

SGARAA'O  (Oronzo),  jeune  compositeur 
dramatique  italien,  a  abordé  pour  la  première 
fois  la  scène  avec  un  opéra  intitulé  la  Forza  del 
Danaro,  qui  a  été  représenté  à  Nafiles,  sur  le 
théâtre  Nuovo,  le  22  février  1873.  Le  succès  de 
cet  ouvrage,  dont  la  musique  renfermait  de 
bonnes  qualités,  fut  compromis  par  la  faiblesse 
du  poème.  Cinq  ans  plus  tard,  le  6  janvier  1878, 
le  compositeur  reparais.sait  sur  le  même  théâtre 
avec  un  drame  lyrique  en  3  actes,  Griselda,  o  la 
Marchesana  di  Saluzzo,  et  il  faillit,  cette  fois 
encore,  être  victime  des  fautes  de  son  collabora- 
teur. Toutefois,  la  critique  sut  tenir  compte  à 
M.  Scarano  de  ses  efforts,  de  son  bon  vouloir  et 
de  ses  qualités,  et  il  est  à  croire  que  le  jeune 
artiste  pourra,  dans  un  avenir  prochain,  donner 
la  mesure  de  sa  valeur. 

Ké  à  Moltola,  dans  la  province  de  Lecce, 
M.  Scarano  a  fait  ses  études  musicales  à  Naples, 
sous  la  direction  de  M.  Giorgio  Miceli. 

SCARD  ( ),  compositeur,  a  fait  repré- 
senter au  mois  de  juin  18'i6,  sur  le  théâtre  de 
Montmartre  (commune  de  la  banlieue  de  Paris  au- 
jourd'hui annexée  à  cette  ville),  un  opéra-comi- - 
que  en  un  acte  intitulé  la  Tète  de  Méduse.  Ce 
petit  ouvrage  a  été  joué  ensuite,  au  mois  dejan- 
vrier  1848,  à  l'OpéraNafional.  Depuis  lors,  on 
n'a  plus  entendu  parler  du  compositeur.  M.  Scard 
a  publié  sous  ce  titre  :  Harmonies  françaises, 
une  grande  collection  demorceaux  de  chant,  air.s, 


{!)  Cet  ouvrage  est  celui  que  FcMIs  hi^sitait  à  attribuer 
à  Oaetand  Sborgi,  en  en  fixant  d'jilleiirs  l'apparition  à 
l'annf'e  18ifi. 


Ad2 


SGAKU  —  SGHADj 


romances,  duos,  trios  et  quatuors,  écrits  pour 
toutes  les  voix  et  dans  toutes  les  conditions  vo- 
cales. 

SCARIA  (Emile),  un  des  chanteurs  alle- 
mands les  plus  excellents  de  ce  temps,  naquit 
vers  IS.iSen  Styrie.  Il  se  voua  d"aberd  aux  études 
juridiques,  mais  ayant  reconnu  qu'il  possédait 
une  belle  voix,  il  commença  à  la  cultiver  à 
Vienne,  en  1856.  Après  avoir  débuté  sur  divers  pe- 
tits théâtres  de  l'Autriche,  il  partit  pour  Londres 
en  1860,  y  travailla  avec  ardeur  sous  la  direction 
de  Garcia,  et  ne  quitta  cette  ville  que  lorsqu'il 
fut  devenu  un  chanteur  accompli.  Engagé  d'a- 
bord à  Dessau,  puis  à  Leipzig,  puis  au  théâtre 
de  la  cour,  à  Dresde,  d'où  sa  renommée  se  ré- 
pandit bien  vile  au  dehors,  il  vint  enfin  débuter 
à  l'Opéra  impérial  de  Vienne,  où  il  obtint  de 
grands  succès  et  dont  il  est  encore  aujourd'hui 
l'un  des  artistes  les  plus  aimés  du  public. 
M.  Scaria  est  doué  d'une  voix  de  basse  étonnam- 
ment puissante  et  d'un  timbre  superbe,  dont  la 
grande  étendue  lui  permet  de  chauler  tour  à 
tour  Sarastro  de  la  Flûte  enchaniée,  et  Don 
Juan.  Il  s'est  fait  surtout  une  grande  réputation 
dans  les  ouvrages  de  M.  Richard  Wagner,  et  il 
a  créé  à  Vienne,  d'une  façon  splendide,  le  rôle  de 
Wotan  dans  V Anneau  des  Nibelungcn.  Ce  qui 
n'empêche  pas  M.  Scaria,  dont  le  talent  est  très- 
souple,  de  briller  dans  le  genre  comique,  où  il 
fait  preuve  d'une  verve  éblouissante. 

J.  B. 

*SCHACHNER  (Rodolphe),  compositeur 
allemand,  est  aujourd'hui  (ixé  à  Vienne.  C'est 
là  qu'il  a  produit  son  chef-d'œuvre,  l'oratorio 
intitulé  le  Retour  d'Israël  de  V Egypte,  qui  est 
toujourd  exécuté  en  Allemagne  avec  le  jilus  grand 
succès.    ' 

J.  B. 

*SCIL\D  (Joseph).  —  Depuis  1847,  Schad 
s'était  fixé  à  Bordeaux,  où  sa  clientèle  de  leçons 
et  ses  relations  lui  donnaient  une  belle  position 
artistique.  Il  avait  fait  représenter  au  Grand- 
Théâtre  de  cette  ville,  en  1864,  un  ballet  en 
un  acte,  Franizia,  composé  sur  un  livret  de 
M.  Eugène  Duval.  Franizia  a  obtenu  un  grand 
succès,  qui  s'est  traduit  par  une  longue  suite  de 
représentations.  —  Schad  est  mort  à  Bordeaux, 
le  4  juillet  1879,  à  l'âge  de  67  ans.  Il  était  né, 
non  à  Vurzbourg,  mais  à  Steinach,  en  Bavière, 
leemai  1812. 

Voici  la  liste  complète  des  compositions  mu- 
sicales de  Joseph  Schad  : 

Œuvres  numérotées  :  Mélangessur  des  motifs 
de  l'opéra  le  Cornet,  op.  2.  —  Air  suisse,  op. 
3.  —  Rondo  suisse,  op.  4.  —  Premiers  exerci- 
ces pour  les  commençants  (Schonenberger),  op. 


5.  —  Trois  nocturnes  dédiés  à  Chopin  (Richault), 
op.  6.  —  Lllciireux  Suisse,  op.  9.  —Études, 
premier  et  deuxième  livres  (Schonenberger),  op. 
10.  —  Deux  sonatines,  op.  11. —  Le  Départ 
du  jeune  marin,  fantaisie  sur  une  romance  de 
Lafon  (Bernard-Latte), op.  12.  —  Souvenirs  de 
la  Vallée,  valses  expressives  (Brandus),  op. 
14.  —  Wai'ila,  souvenir  du  Tyrol,  divertisse- 
ment (A.Leduc),  op.  16.  —  Le  Soupir,  mé\o(iie 
(Chabal)  op.  19.  —  Fantaisie  sur  la  romance  : 
Adieux,  bords  chéris  de  la  Seine,  de  Bérat 
(Madame  Guérin),  op.  20.  — Le  Retour  en  Suisse, 
valses  expressives  (Brandus),  op.  2t. —  La  Gra- 
cieuse, valse,  op.  22.  —  Sérénade,  de'.Schubert, 
morceau  de  salon  (Brandus),  op.  2.3.  —  La  Scin- 
tillante,  grande  valse  brillante  (Richault),  op. 
24.  —  Le  Chant  de  Madone,  andante  pour 
piano  et  violon  (Richault),  op.  25.  — Deux  Ames, 
mélodie  (Richault),  op.  26.  —  Le  Casse-bras, 
grande  étude  (chez  Hofmeister,  à  Leipzig,  op. 
27.  —  Morceau  de  concert  sur  le  sextuor  de 
Z,Mcie  (Bernard -Latte),  op.  28. —  Grande  fan- 
taisie sur  le  célèbre  Te  Deum  d'Haydn  (Bran- 
dus), op.  29.  —  Grande  iantai.sie  sur  un  thème 
de  Belisario  de  DonizelU  (Pacini),  op.  30.  — 
Douze  études,  pour  les  petites  mains,  l'"'  livre 
(Meissonnier),  op.  31.  —  La  Pensée,  mélodie 
transcrite  (Meissonnier),  op.  32.  —  Douze  études 
faciles  pour  le  piano,  livre  II  (Leipzig,  chez  Hof- 
meister), op.  33.  —  Gemma  di  Vergi,  divertis- 
sement (Bonoldi),  op.  34.  —  Grazioso,  nocturne 
(Bonoldi),  op.  35.  —  Petit  Ange,  première  mé- 
lodie-valse (Lemoine),  op.  36.  —  Les  Charynes 
de  Bordeaux,  scherzo-valse  (Bonoldi),  op.    37. 

—  La  Rose  des  Alpes,  romance  sans  paroles, 
(Bonoldi),  op.  38.  —  La  Rose  des  Alpes,  2«  édi- 
tion revue  et  corrigée  (Ravayre-Raver),  op.  38 
bis.  —  La  Fleur  des  Alpes,  tyrolienne  variée 
(Heugel),  op.  39.  — Amour  à  Jésus-Christ, 
l.  «  Ils  ne  sont  plus  les  jours  de  larmes  »,  can- 
tique du  R.  P.  Hermann  (Ravayre-Raver),  op.  40. 

—  Célèbre  valse  du  Désir,  de  François  Schu- 
bert, variée  ^Heugel),  op.  41.  —  Amour  à  Jé- 
sus-Christ, II.  «  Je  dors  et  mon  cœur  veille  >» 
(Ravayre-Raver),  op.  42.  —  Amour  à  Jésus- 
Christ,  III,  «  Mystère  de  foi  »  (Ravayre-Raver), 
op.  43.  —  Valse  en  octaves  (Bordeaux,  chez 
l'auteur),  op.  44.  —  Mater  dolorosa,  chant  d'é- 
glise franconien  (ib.,  ih.),  op.  45.  —  Le  Muguet, 
fleur  de  Mai,  nocturne  (ib.,  ib.),  op.  48.  — 
/>'/»f/f'x,  valse-étude  (ib.,  ib.),  op.  47.  —  Pre- 
mière absence,  pensée  fugitive  (à  Bor- 
deaux, chez  l'auteur),  op.  48. —  Légende,  pensée 
musicale  écrite  en  vers  (ibid.),  op.  49.  — 
Jeanne  ,  deuxième  tyrolienne  (ibid.),  op.  50. — 
Brise  des  Alpes,  troisième    tyrolienne  (ibid.). 


SCHAU  —  SCHAFFiNER 


493 


op.  51.  —  Ivana,  mazurka  de  salon;  (ibid.), 
op.  52.  —  Adieic  au  Monde,  du  R.  P.  Her- 
mcinn,  transcrit  pour  le  piano  (ibiil.),  op.  53.— 
Gammes  chromatiques,  dédiées  à  M'"=  Rœder, 
étude  de  vélocité  (ibid.),  op.  54.—  Tarentelle 
(ibid.),  op.  55.  —  Dernière  pensée  de  Weber, 
de  Reissiger,  variée  (ibid),  op.  5G.  —  Air  fa- 
vori allemand,  varié  (ii)id.),  op.  57.  —  La 
Rieuse,  mazurka  de  salon  (ibid.),  op.  58.  — 
La  Caille,  valse  (ibid.),  op.  59.  —  Les  Oc- 
taves, gvànàc  étude  de  concert  (ibid.),  op.  CO. 

—  Le  Tremble,  grande  élude  de  concert 
{ibi.l.),  op. 61.  —Grand  concerto  de  piano,  dédié 
à  Franz  Liszt  (ibid.),  op.  62.  —  V Étoile  du 
Soir,  nocturne  (ibid.),  op.  63.  —  Gammes 
diatoniques.  Études  de  vélocité  (Ravayre- 
Raver),op.  64.  —  Reviens,  mélodie  (Heugel), 
«p.  65.  —  Siyriana,  mazurka  (Heugel),  op.  66. 

—  Le  Fremersberg,  chanson  (Heugel),  op.  C7.— 
Mandolina,  boléro  (Heugel),  op.  68.—  Chamou- 
nix,  valse  (Heugel),  op.  69.  —  G«/op,  polka 
(Heugel),  op.  70.  —  Roméo  et  Juliette,  trans- 
cription d'après  Gounod  (Clioudens),  op.  71.  — 
Ave  Maria  de  Ch.  Gounod  (Heugel),  op.  72.  — 
Le  Robe  azur,  d'Yradier,  transcrite  (Heugel),  op. 
73. —  Le  Galop  des  gazelles  (Schott),  op.  74. — 
Souvenir  de  Royan  (Schott),  op.  75.  —  Ar- 
mina  (Schott),  op.  76.  —Orphée  de  Gluck  (ib.), 
op.  77.  —  Souvenir,  de  François  Schubert, 
transcription  (ib.),  op.  78.  —  Un  thème  de  Cb. 
Marie  de  Weber  (ib.),  op.  79.—  Valse  Brillante 
(ib.),  op.  80.  —  Z-ore/ey,  chanson  du  Rhin  (ib.), 
op.  81.— Mélodie  et  impromptu  (ib.),  op.  82.  — 
irt  iUoHcAe,  valse  (ib .),  op.  83.-  Iphigénie  en 
Tauride,  de  Gluck  (ib.),  op.  84.—  Sur  la  mon- 
tagne (ib.),  op.  85.—  Armide,  de  Gluck  (ib.), 
op.  86.  —  Souvenir  de  Weber,  op.  87.  —  Mo- 
ment musical,  de  Scubert,  vawé,  op.  88.  — 
i4/ceî>^e,  de  Gluck,  transcription,  op.  89.  —  Fran- 
tzia,  ballet  de  J.  Schad,  deux  suites,  op.  90. — 
Oi[)(ro?j,  transcription,  op.  91. —  Marie,  Étoile 
des  ?«er5,  de  l'abbé  Donis,  »p.  92.  —  Berceuse 
i-rcole,  op.  93.  —  JViime  ces  chants,  de  l'abbé 
Donis,  op.  94.  —  Fille  du  ciel,  transcription 
d'un  cantique  de  l'abbé  P.  Donis  (Schot),  op. 
9b. 

Œuvres  s.ws  nuiiéros  :  Lindler  national 
bavarois  (Genève,  chez  Friard  Larpin).  —  Les 
Plaintes  de  la  jeune  fille,  mélodie  de  Schubert 
(Ricbault).  —  Souvenirs  de  Munich,  suite  de 
valses  (Meissonnier).  —  Deux  Polkas  (A.  Leduc). 

—  Deux  mazurkas  (Bernard-Latte).  —  Les 
■C loches deQuasimodo ,  nocturne  caractéristique 
.pour  piano  (Vienne,  chez  Haslinger).  —  Valses 
■expressives  (1). 

;t)  cotées,  par  erreur,  op.  19. 


Citons  encore,  pour  être  absolument  complet  : 
Vokynette,  polka  (Heugel).  —  Polka  (A.  Le- 
duc). —Florence,  polka  (à  Bordeaux,  Ravayre- 
Raver).  —  Minuit,  mélodie  (Bonoldi).  —  La 
Vierge  de  Domremy,  mélodie  (L.  Mayaud).  — 
Tyrolienne  (à  Bordeaux,  l'auteur).  —  Jeune 
fille,  mélodie  (Heugel). 

Plusieurs  autres  œuvres  de  J.  Schad,  annon- 
cées sur  différents  catalogues,  n'ont  jamais  été 
publiées  ;  ce  sont  :  Le  Carnaval  de  ]'cnise, 
varié.  —  iVe  pats  pas,  tyrolienne,  chant  et 
transcri[ition  pour  le  piano  —  Chant  jiational. 
—  L'Aérolilhe,  grande  [étude  de  concert. — 
4*  acte  de  Lucie. 

A.  L  —  N. 

*  SCIIAEFFER  (Henki),  ancien  ténor  du 
théâtre  de  Hambourg,  est  mort  à  Cassel,  le  28 
novembre  1874. 

'*  SCIIAEFFER  i^AiiGUSTE),a  fait  représenter 
en  1801,  sur  l'un  des  théâtres  de  Berlin,  un  opé- 
ra-comique en  3  actes  intitulé  Junker  Habakuk. 

SdlAEKEl^  (Jean-Hubert),  compositeur, 
né  à  Weert  (Limbourg),  le  2  janvier  1832,  est 
le  (ils  d'un  organiste  et  reçut  de  son  père  ses 
premières  leçons  de  musique.  Admis  au  Conser- 
vatoire de  Bruxelles  en  1853,  il  y  suivit  la  classe 
d'orgue,  puis  devint  élève  de  Tilborgs  pour 
l'harmonie  et  de  Fétis  pour  le  contre-point  et  la 
fugue.  Après  avoir  obtenu  dans  cette  école  les 
deux  premiers  prix  d'harmonie  et  de  com- 
position, il  ne  iput,  réussir  à  se  faire  nommer 
professeur  au  Conservatoire  de  la  Haye,  et  alla 
s'établir  à  Amstentam,  où  il  se  livra  à  l'ensei- 
gnement et  à  la  composition  et  fil  e.\écuter  une 
messe  à  3  voix  et  orgue.  En  1859,  il  épousait 
une  jeune  cantatrice,  M""  Ariaans,  et  deux  ans 
plus  tard  il  partait  pour  Java,  visitait  Batavia, 
puis  se  fixait  comme  professeur  à  Samarang, 
oii  il  trouvait  un  emploi  d'organiste.  De  retour 
en  Européen  1868,  il  établissait  définitivement 
sa  rési<lence  à  Bruxelles,  qu'il  n'a  pas  quitté  de- 
puis lors.  M.  Schaeken  a  publié  les  compositions 
suivantes  :  Te  Deuni  à  4  voix,  avec  orgue  ;  24 
morceaux  pour  orgue  dans  tous  les  tons  majeurs 
et  mineurs;  24  cantiques  ;  62  études  de  chant; 
OSalutaris,  à  3  voix;  3  mélodies  avec  accom- 
pagnement de  piano,  etc. 

*  SCHAFFA'EU  (Nicolas-Albert),  ciief 
d'orchestre  et  com^iosileur. —  A  la  liste  des  ou- 
vrages de  cet  artiste  distingué,  il  faut  ajouter 
sept  quintettes  pour  2  violons,  alto,  violon- 
celle et  contre-basse,  op.  32,  33,  34,  35,  36,  37  et 
38,  publiés  à  Paris,  chez  Ricbault.  Après  avoir 
quitte  Rouen,  Schaffneralla  remplir  les  fonctions 
de  chef  d'orchestre  au  Grand-Theàlrc  de  Bor- 
deaux.  Il  est  mort  en  1860. 


49-i 


SCHAFFNER  —  SCHEBEK 


C'est  pendant  son  séjour  à  Rouen  que  Scliaffnor 
se  vil  intenter  un  procès  singulier,  qui  pourrait 
presque  prendre  place  parmi  les  causes  célèbres 
et  qui  égaya  la  ville  pendant  tout  un  grand  mois. 
En  sa  qualité  de  chef  d'orchestre  du  théâtre  des 
Arts,  il  avait  eu  ridée  de  donner,  le  15  octobre 
1829,  à  l'issue  de  la  première  représentation  des 
Deux  ISuits,  une  sérénade  à  Boieldieu.  Certains 
agents  d'une  police  trop  cliatouilicuse  avaient  vu, 
dans  ce  fait  d'un  hommage  rendu  publiquement 
par  ses  compatriotes  à  un  artiste  célèbre,  une  con- 
travention à  certains  règlements  sur  la  police  des 
rues.  En  conséquence,  Schaffner  fut  cité  à  com- 
paraître devant  le  tribunal,  et,  malgré  le  ridicule 
de  celte  affaire,  se  vit  condamner  à  onze  francs 
d'amende  et  aux  dépens.  En  faisant  connaître 
l'issue  de  ce  procès,  qui,  à  l'audience  môme,  fut 
agrémenté  des  incidents  les  plus  burlesques,  un 
journal  local,  le  iYe!<str?m,  déclarait  ouvrir  une 
souscription,  dont  le  montant^  qui  ne  pouvait  dé- 
passer vingt-cinq  centimes  par  souscripteur,  était 
destiné  à  payer  l'amende  infligée  au  «  coupable  » 
et  à  couvrir  les  frais  de  ce  procès  orijiinal.  Il  va 
sans  dire  que  les  souscriptions  arrivèrent  par 
centaines,  et  que  Boieldieu  ne  fut  pas  ledernier  à 
envoyer  la  sienne.  La  relation  de  cette  affaire  fut 
publiée  sous  ce  titre  :  Précis  du  procès  de  la  sé- 
rénade donnée  le  [hoclobre  1829  à  M.  Boiel- 
dieu (Rouen,  impr.  Marie,  1829,  in-8°  de  16  pp.). 

SCHAFFNER    ( ),  artiste  belge,   a 

écrit  la  musique  de  V Amant  Diable,  opéra-co- 
mique en  un  acte  qui  a  été  représenté  sur  le 
théâtre  de  Gand  le  5  février  1817. 

SCIIARVVEMÎA  (Philippe),  composi- 
teur allem:md,  né  à  Samfer  (Prusse),  le  25 
février  1847,  s'est  fait  connaître  d'une  façon 
avantageuse,  en  ces  dernières  années,  par  di- 
verses œuvres  qui  ont  été  bien  accueillies  du 
public.  Je  citerai  seulement  les  suivantes  :  Scènes 
de  danse,  pour  piano,  op.  6  ;  Romance  et  scherzo 
pour  piano  et  violon,  op.  10  ;  Faniaisie-Slilck, 
pour  piano,  op.  11  ;  Humoresque  en  forme  de 
danse  et  mazurka,  id.,  op.  13;  3  Morceaux  de 
concert,  pour  piano  et  violoncelle,  op.  17  ;  Mis- 
cellanées,  G  morceaux  pour  piano,  op.  18;Séré- 
nade  pour  orchestre,  op.  19;  2  Polonaises  pour 
orchestre,  op.  20  ;  Cavatine  pour  violoncelle, 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  22;  Schcr- 
sino,  pour  piano;  Menuet  cl  Jilouvemenl per- 
pétuel, pour  violon,  avec  accompagnement  de 
piano,  op.  24  ;  Caprice  pour  piano,  op.  25  ; 
Albuinhhrtter,  5  pièces  pour  piano,  op.  27. 

M.  Philippe  Scharvvenka  a  fait  ses  études  à 
la  nouvelle  Académie  do  musique  de  Berlin,  di- 
rigée par  Théodore  Kuliak.  11  est  aujourd'hui 
professeur  dans  cet  établissement. 


SCiLVR\VEXKA(XAviER),pianisleet  com- 
positeur allemand,  frère  du  précédent,  est  né  le 
6  janvier  1850  à  Samter  (Prusse).  Il  a  fait  ses 
études,  comme  son  frère,  à  la  nouvelle  Académie 
de  Berlin,  et  s'est  fait  ensuite  connaître  et  appré- 
cier en  Allemagne  par  un  certain  nombre  de 
proiiuctions  importantes,  qui  semblent  avoir 
excité  un  vif  intérêt  et  qui  lui  ont  valu  une  ho- 
norable notoriété.  Voici  la  liste  des  composi- 
tions de  ce  jeune  artiste  qui  sont  venues  à  ma 
connaissance  :  Novelette  et  mélodie,  2  pièces 
pour  piano,  op.  22  ;  Wanderbilder,  pour  piano, 
op.  23  ;  4  Danses  pour  piano  à  4  mains,  op.  24  ; 
2  Romances  pour  piano,  op.  25  ;  6  Valses  pour 
piano,  op.  2S;  2  Danses  polonaises,  id.,  op.  29  ; 
Valse-impromptu,  id.,  op.  30  ;  Concerto  pour 
piano,  en  si  bémol,  avec  accompagnement  d'or- 
chestre, op.  32  ;  Romance  pour  piano,  op.  33; 
Quatuor  en  fa  majeur  pour  piano,  alto,  violon 
et  violoncelle,  op.  37  ;  Sonate  pour  pianoetviolon, 
en  ré  mineur;  Impromptu  dans  le  style  hon- 
grois ,  2'  sonate  pour  piano,  op.  3G.  M.  Xavier 
Scharvvenka  ne  s'est  pas  borné  à  des  succès  de 
compositeur,  et  s'est  fait  apprécier  aussi  comme 
virtuose  ;  habile  pianiste,  il  s'est  produit  assez 
fréquemment  sous  ce  rapport,  notamment  à  l'A- 
cadémie de  chant  de  Berlin,  et  au  Gewandhaus, 
de  Leipzig.  Ce  jeune  artiste  paraît  destiné  à  un 
avenir  brillant.  Son  oeuvre  la  plus  accomplie  est, 
dit  on,  son  second  concerto  de  piano,  qu'il  a 
fait  entendre  à  Berlin,  au  commencement  de 
1879,  avec  un  très-grand  succès. 

SCïiEBEK  (Edmond),  docteur  en  droit,  con- 
seiller impérial,  secrétaire  de  la  chambre  de 
commerce  et  industrie  de  Prague,  est  né  à  Pé- 
tersdorf,  en  Moravie,  le  22  octobre  1819.  Bien 
que  les  questions  artistiques  fussent  très-étran- 
gères à  ses  occupations  ordinaires ,  il  s'éprit  d'une 
vive  passion  pour  la  musique,  et  fonda  à  Prague, 
avec  deux  artistes  de  ses  amis,  Barnabe  Weiss 
et  Joseph  Krejci,  une  entre[)rise  de  concerts  qui 
devint  rapidement  florissante.  Il  s'occupa  beau- 
coup aussi  delà  facture  et  de  l'histoire  des  instru- 
mentsà  archet, cequilui  donna  l'occasion  de  rédi- 
ger, à  propos  de  l'Exposition  universelle  de  Paris 
de  1855,  un  rapport  sur  la  facture  instrumentale 
qui  trouva  place  dans  le  compte-rendu  oflirie! 
autrichien  et  qui  fut  aussi  publié  à  part  (Vienne, 
impr.  de  l'État,  1858).  M.  Schebek  a  publié  deux 
auties  opuscules  :  la  Fabrication  des  violonsen 
Italie  et  son  origine  allemande  (Prague,  1874), 
et  Deux  lettres  sur  G.  G.  Frohbcrgvr,  or- 
ganiste impérial  de  Vienne  (ib.)  ;  le  litre  du 
premier  de  ces  deux  écrits  indique  facilement 
son  but  et  les  visées  de  l'auteur,  qui  tend  à  prou- 
ver que  l'art  de  la  lutherie  moderne  est  sorti 


SGIIEBEK  —  SCHIRA 


495 


tout  d'abord  de  mains  allemandes,  en  constatant 
que  ICerlinoet  Duiffopruf^ar,  Allemands  de  nais- 
sance et  d'origine,  se  sont  tous  deux  fixés  en 
Italie,  où  ils  ont  exercé  leur  profession  et  sans 
doute  formé  des  élèves.  Ce  petit  écrit  de  28  pages 
est  d'ailleurs  très-intéressant,  très-instruc.lif 
malgré  ses  dimensions  modestes,  et  utile  pour 
qui  veut  connaître  rapidement  et  sommairement 
les  origines  et  les  progrès  de  l'art  de  la  killierie; 
une  traduction  anglaise  en  aéle  faite  par  M.  Wal- 
ter  E.  Lawson. 

SCIiEBOR    (L ),  chef  d'orcliestre  et 

compositeur  bohémien,  a  fait  ses  études  musi- 
cales au  Conservatoire  de  Prague.  Devenu  se- 
cond chef  d'orcliestre  au  théâtre  national  de 
cette  ville,  il  y  a  fait  représenter,  le  19  octobre 
1865,  avec  un  succès  éclatant,  un  opéra  intitulé 
les  Templiers  de  Moravie.  Deux  ans  plus 
tard,  au  moisd'octobre  1807,11  donnait  au  môme 
théâtre  un  nouvel  ouvrage,  Drahomira,  qui 
était  reçu  avec  une  égale  faveur. 

*SCnECH\EU-WAAGEX  (M°>'  Na- 
nette),  cantatrice  allemamie  fort,  distinguée,  est 
morte  à  Munich,  sa  ville  natale,  le  30  avril  1860. 

*  SCÎSELLER  (Jacques),  violoniste,  est 
mort  en  1800,  dans  un  village  de  la  Frise. 

SïlEPHERDSON  (W....),  écrivain  musi- 
cal anglais,  est  l'auteur  de  l'opuscule  suivant, 
publié  dans  ces  dernières  années  :  the  Organ, 
hints  on  its  construction,  parchase,  and 
préservation  {Conseils  sur  la  construction, 
V achat  et  la  conservation  de  l'orgue)  , 
in-8°. 

SCIÎERMERS  (François-Corneille),  pia- 
niste, professeur  et  compositeur,  fils  d'un 
chantre  de  la  cathédrale  d'Anvers  ,  naquit 
en  cette  ville  le  11  novembre  1822.  11  fit 
de  bonnes  études  musicales,  et  produisit  tout 
d'abord,  en  1845,  une  cantate  intitulée  la  Nati- 
vité du  Seigneur,  qui  lui  valut  une  récom- 
pense de  l'Académie  des  Beaux-Arts.  En  1853,  il 
fit  représenter  à  Gand  un  opéra-comique  en  un 
acte  qui  avait  pour  titre  le  Teneur  de  livres 
et  qui  fut  bien  accueilli.  Fixé  à  Anvers  comme 
professeur  de  piano,  cet  artiste  y  a  fait  exécuter 
différentes  œuvres,  entre  autres  deux  ouvertu- 
res ;  on  lui  doit  diverses  autres  compositions, 
telles  que  motets,  quatuors,  chœurs  sans  accom- 
pagnement, etc.;  mais  presque  rien  de  tout  cela 
n'a  été  publié.  Scliermers  est  mort  à  Anvers  le  2 
juillet  1874. 

'  SCIUASSÎ  (Gaétan-M.\iiîf.>.  — Cet  artiste, 
qui  était  virtuose  au  service  du  prince  d'Harms- 
tad,a  écrit  la  musique  d'un  divertissement  dra- 
matique intitulé  Zanina  finta  contessa,  qui  fut 
représenté  à  Modène  le  2  février  1827,  et  dont 


les  paroles  étaient  moitié  en  italien,  moitié  en 
dialecte. 

SCSîIMOM    ( ),    musicien  allemand,  a 

écrit  la  mu.sique  d'un  opéra-comique  en  un  acte, 
Huse  contre  ruse,  dont  le  sujet  était  tiré  de  la 
fameuse  comédie  française  de  Dumaniant,  et  qui 
fut  représenté  à  Berlin,  sur  le  théâtre  Fiiedrich- 
Willieliiistadt,  au  mois  de  mai  ISGl. 

*  SCÎIL\DELMESSTER  (Louis),  et  non 
Schindelineisser,  coiiq)bsileur,  a  fait  représen- 
ter à  Darmstadt,  en  1861,  un  opéra  intitulé  Mé- 
lusine. 

*  SCÏIINDLER  (Antoine),  directeur  de  mu- 
sique, l'ami  et  le  biographe  de  Beethoven,  est 
mort  le  IG  janvier  18G4. 

SCH8RA  (Francesco),  compositeur  dra- 
mati(]ue  et  chef  d'orchestre  italien,  est  né  à 
Malte  dans  les  premières  années  de  ce  siècle  (1). 
Sa  famille,  qui  était  originaire  de  Milan, 
le  conduisit  de  bonne  heure  en  cette  ville  et 
le  fit  admettre  au  Conservatoire,  où  il  entra  le 
13  août  iSlS,  le  lendemain  du  jour  où  son  frère 
avait  fait  lui-même  sou  entrée  dans  cet  établis- 
sement. Francesco  Schira  ne  reçut  au  Conser- 
vatoire que  d£s  leçons  de  composition,  ce  qui 
prouve  que  son  éducation  devait  êire  déjà  assez 
avancée,  et  son  maître  fut  Francesco  Basily  ; 
toutefois  il  n'y  resta  pas  moins  de  neuf  ans  et 
demi,  et  ne  quitta  l'école  que  le  31  janvier  1823. 
Cinq  ans  euviron  s'écoulèrent  avant  qu'il  put 
se  produire  au  théâtre,  car  ce  n'est  que  le  17 
novembre  1832  qu'il  donna  à  la  Scala,  de  Mi- 
lan, son  premier  opéra,  Elena  e  Malvina, 
qui  ne  fut  pas  très-heureux  (2).  Presque  aussi - 

(i|  La  Biographie  universelle  des  Musicietis  a  établi 
une  confusion  au  sujet  du  nom  de  Schira,  en  faisant, 
de  deux  artistes,  dont  l'un  s'appelait  J'raiiçois  Sc/iira, 
et  l'autre  F'incent  Schira,  un  seul  musicien  réunissant 
les  deuî  prénoms  de  François-Vincent  .Scliira.  Ln  con- 
fusion était  faclli",  en  presi'nce  du  peu  de  soin  dont, 
Jusqu'à  CCS  derniers  temps,  les  Italiens  donnaient  la 
preuve  en  matière  d'histoire  musicale.  J'ai  été  moi- 
même  .-issez  long  à  la  découvrir,  d'aul.uit  que  les  deux 
frères  Schira  ont  fait  leurs  études  au  Conservatoire  de 
Milan  à  la  même  époque,  que  tous  deux  ont  commence 
leur  carrière  musicale  en  cette  ville,  que  tous  deux  ont 
écrit  de  nombreuses  partitions  de  ballet,  que  tous  deux 
enfin  ont  voyagé  longtemps  hors  de  leur  pays  et  ont 
été  fixés  pendant  un  certain  temps  à  Lisbonne. 

Quant  a  celui  qui  m'occupe  en  ce  moment,  Francesco 
Scliirj,  un  écrivain  it.ilien,  Francesco  Regli,  le  fait 
naître  en  18I6  d:ins  son  Dizionario  biograflco.  Mais 
comme  les  registres  du  Conservatoire  de  Milan  aitestent 
qu'il  entra  dans  cet  établssemenl  an  milieu  de  l'année 
1813,  alors  qu'il  aurait  été  âgé  de  trois  ans  environ,  j'ai 
peine  a  cruire  que  sa  précocité  ait  été  telle  ;  et  sans 
pouvoir  fixer  d'une  façon  précise  la  date  de  ta  nais- 
sance, Je  crois  pouvoir  reculer  celle-ci  au  commencement 
de  ce  siècle. 

(2)  Je  voudrais  éviter  les  erreurs,  et  tâcher  moi-même 
de  ne  pas  nn  luvclcr  la   confusion   que  Je    viens  de  si- 


•lOfi 


SCHlllA  —  SOULAGER 


tôt  il  accepta  un  ensasîeinoiit  qiirlui  était  pro- 
posé comme  clu-f  d'orctiestre  du  tlicàlie  San- 
Carlos,  de  Lisbonne,  et  partit  pour  le  Portugal. 
A  Lishonne,  il  écrivit  la  musique  non-seule- 
ment de  plusieurs  ballets,  et  de  diverses  canta- 
tes, mais  encore  de  quelque.'?  opéras,  parmi 
:"squi'ls  on  cite  ceux  qui  avaient  pour  litre  i 
Cavalieridi  Valenza  et  il  Fanatico  per  la 
musica.  Après  être  dom.euré  six  ans  en  celte 
\ille,  où  il  était  devenu  professeur  de  ciiant  au 
Conservatoire,  il  se  rendit  à  Londres.  Là,  il 
continua  ses  travaux  de  composition,  tout  en 
se  livrant  à  l'enseignement  du  ch;mt.  On  as- 
sure que  c'est  lui  qui  forma  le  talent  de  la  célè- 
bre cantatrice  anglaise  miss  Luisa  Pyne,  et  qui 
perfectionna  celui  du  ténor  Mario,  lequel  resta 
pendant  trois  ans  sous  sa  direction. 

A  Londres,  M.  Francesco  Schira  écrivit  la 
musique  de  deux  opéras  anglais,  Hlina,  et  Thé- 
rèse ouVOrpheliîte  de  Genève,  qui  mirent  en 
relief  le  talent  de  son  élève,  miss  Luisa  Pyne. 
Puis,  après  un  voyage  et  un  séjour  assez  pro- 
longé à  Paris,  il  y  retourna  en  qualité  de  di- 
recteur de  la  musique  de  l'Opéra  anglais  de 
DruryLane  ,  et  écrivit  pour  ce  théâtre  un 
nouvel  ouvrage,  Kenihrorlh  ,  qui  ne  put  être 
représenté  par  suite  de  la  faillite  de  l'entreprise. 
11  se  décida  alors,  je  pense,  à  revenir  en  Italie, 
car,  peu  de  temps  après,  il  composa  un  opéra, 
Mcolo  de  '  Lapi,  pour  le  théâtre  Regio  de 
Turin,  mais  celui-ci  encore  fut  menacé  de  ne 
pas  voir  le  jour,  le  directeur  de  ce  théâtre  étant 
mort  avant  qu'il  pi1t  être  joué  ;  toutefois, 
.M.  Schira  réussit  à  faire  représenter  à  Londres, 
au  théâtre  de  la  Reine,  son  Mcolo  de'  Lapi,  qui, 
fort  bien  chanté  pour  les  deux  rôles  principaux 
par  M"""'  Tieljens  et  Trebelii,  obtint  un  vif 
succès  (mai  18C3).  Depuis  lors,  cet  artiste  a 
produit  deux  autres  opéras,  l'un,  Selvaygia, 
donné  au  théâtre  de  la  Fenice,  de  Venise,  le  20 
i.vrier  1875,  l'autre.  Lia,  représenté  dans  la 
même  ville  le  "25  mars  1876.  Cependant,  il  est 
toujours  fixé  à  Londres,  où  il  occupe  une  bril- 
lante siluation  comme  professeur,  et  où  il  a  pu- 
blié un  grand  nombre  de  composîtions  vocales 

(fiinlcr.  CcLi  me  sera  peut-être  difficile,  c:ir  Je  siiLs 
fii.lige  (l'agir  mi  peu  par  induclion.  Les  documents  Ita- 
lîms  inenlioniKMit,  sous  le  nom  d'un  composîtcur  nommé 
Schira,  mais  sans  y  joindre  aucun  prénom,  quatre  bal- 
lets qui  ont  été  représentes  à  laSciia  en  1820,1828  et 
1529.  Je  crois  devoir  atlribucr  la  musique  de  ces  ballets 
;i  vinccnzo  Schira,  qui  était  sorti  du  Conservatoire  en 
1921  plus  de  six  ans  avant  son  frère  Francesco.  D'ail- 
leurs, il  parait  bien  établi  que  l'opéra  li'Eleiia  e  Mal- 
iina  est  le  premier  ouvra','e  de  celui-ci.  Mais  on  con- 
ç,i|t  que  la  crrtiludc  est  difficile  à  obtenir  cm  ce  qui 
concerne  les  ouvrai:cs  respectif»  des  deui  frères,  et  Je 
SUIS  bien  oblige  de  déclarer  que  Je  marche  Ici  un  peu  a 
l'.ivcniure. 


(pii  ont  été  toujours  très-bien  accueillies  par  le 
public  anglais.  C'est  ainsi  qu'il  a  écrit,  sur  pa- 
roles anglaises,  une  quantité  de  so7igs  à  une  ou 
plusieurs  voix  :  Aller  long  years,  Moonbeams, 
Onlij  apart,  Angel's  food,  Whm  music 
c/iarms,  etc.,  et  qu'il  a  fait  exécuter  au  grand 
festival  de  Biruiingham  (aoi'it  1873}  nue  cantate 
avec  orchestre  ini'Uuïée  (he  Lord  of  Burleigh. 
On  lui  doit  aussi  un  recueil  de  6  mélodies  ita- 
liennes :  Dalla  velia  délie  Alpi  (Milan,  Ri- 
cordi),  2  polonaises  pour  orgue,  etc.  M.  l'ran- 
cesco  Schira  est  oflicier  de  l'ordre  de  la  Cou- 
ronne d'Italie. 

SCSIJUA  (ViNCENzo),  frère  du  précédent, 
compositeur  et  chef  d'orchestre  comme  lui,  était 
né  à  Madrid  au  commencement  de  ce  siècle, 
et,  amené  à  Milan  par  ses  parents,  fut  admis 
au  Conservatoire  de  cette  ville  le  12  août  1818. 
Il  en  sortit  le  12  septembre  1821,  et  après 
quelques  années  commença  à  écrire  la  musique 
de  plusieurs  ballets  qui  furent  représentés  au 
théâtre  de  la  Scala.  Voici  les  titres  de  ceux 
dont  j'ai  eu>onnaissance  :  1°  la  Sposa  di  Mes- 
sina  (14  octobre  1826);  2"  gli  Empirici  (31 
octobre  182S);  3"  Rosmunda  (janvier  1829); 
4"  Duondelmonte  {1  février  1829)  ;  5"  il  Raja 
e  le  Dajadere  (en  .société  avec  Mussi,  16  août 
1843).  Plus  tard,  il  alla  remplir  au  théâtre 
San-Carlos,  de  Lisbonne,  les  fonctions  lie  chef 
d'orchestre,  que  son  frère  avait  occupées  quel- 
ques années  auparavant.  C'est  en  cette  ville 
qu'il  est  mort,  en  1857,  victime  de  la  terrible 
épidémie  de  choléra  qui  sévissait  sur  la  capi- 
tale du  Portugal. 

SCimiA  (Maugherita),  cantatrice,  sœur 
des  deux  précédents,  fit,  ainsi  qu'eux,  son  édu- 
cation iniisicale  au  Conservatoire  de  Milan,  où 
elle  fut  admise  le  8  novembre  1814,  et  qu'elle 
quitta  le  10  août  1821.  Elle  aborda  la  carrière 
dramatique,  et  chanta  non  sans  succès  sur  di- 
vers théâtres  d'Italie.  Mais  elle  perdit  sa  voix 
d'une  façon  as.sez  rapide,  et  dut  abandonner  la 
scène  pour  se  borner  à  l'enseignement.  Elle  était 
encore  ,  en  1860,  professeur  de  chant   à  Milan. 

SCHIIlMEll  (Adolphe),  compositeur  al- 
lemand, a  écrit  les  paroles  et  la  musique  d'une 
opérette  intitulée  la  C liasse  du  R<'gC7i(,  qui  a  été 
représentée  à  Vienne,  sur  le  Ihéàlre  de  l'Harmo- 
nie, au  mois  de  mars  1SC6. 

*  SCÏIL.î:CFJI  (Hans),  compositeur  et 
professeur  allemand,  a  rempli  pendant  plusieurs 
années  les  fondions  de  directeur  du  Mozar- 
ieinn,  de  Salzbourg.  11  a  donné  en  cette  ville, 
au  mois  de  mars  ou  d'avril  1873,  un  opéra 
intitulé  Hans  Ilaidekuh,  et  il  a  fait  représen- 
ter encore,    en  1878,   sur  le  théàire  Wolters- 


SCHLiEGER   —  SCIILOTTMANN 


497 


dorff,  de  Berlin,  un  opéra  qui  avait  pour  litre 
Prins  Heinrich  und  lise,  et  qui  ne  paraît 
avoir  obtenu  qu'un  médiocre  succès. 

*  SCHLESIÎVGEU  (Maurice-Adolphe), 
éditeur  de  musique,  est  mort  à  Baden-Baden 
au  mois  de  février  1871.  —  Son  frère,  Henri 
Schlesinger,  éditeur  de  musique  à  Berlin,  est 
mort  en  cette  ville,  au  mois  de  décembre  1879,  à 
l'âge  de  7?.  ans.  Il  avait  succédé  à  son  père,  et  son 
successeur  est  M.  Robert  Lienau. 

*  SCHLETTERER  (Haks-Michel),  com- 
positeur, instrumentiste  et  écrivain  musical 
allemand,  a  publié  les  ouvrages  suivants  :  His- 
toire de  la  musique  d'église  ,•  Histoire  de  la 
musique  dramatique  et  de  la  poésie  en  Alle- 
magne; Jean-Frédéric  Reichardt,  sa  vie  et 
ses  oeuvres.  Il  a  donné  encore  un  court  écrit 
sur  M.  Richard  Wagner.  On  connaît  aussi  de 
cet  artiste,  entre  autres  compositions,  une 
grande  cantate ,  la  Fille  de  Jephté,  pour  2 
voix  de  femmes,  chœur  et  accompagnement  de 
piano,  op.  50. 

*  SCHLICK  (Arnold),  organiste  renommé, 
vivait  aux  quinzième  et  seizième  siècles.  —  Ou- 
tre l'ouvrage  cité  par  Félisau  nom  de  cet  artiste, 
qui  parait  avoir  été  fort  distingué  {Tablaluren 
eilicher  Lobgesang  und  Lidlein  uffdii'  Orgeln 
und  Lauten),  on  lui  doit  encore  le  suivant  : 
Spiegel  der  Orgelmacher  und  Organistcn 
(Miroir  des  fadeurs  d''orgue  et  de  l'orga- 
niste), Mayence,  Schœffer,  1511,  qui  serait 
antérieur  d'une  année.  Ces  deux  écrits,  fort  in- 
téressants, paraît-il,  ont  été  réimprimés  en  18G9 
par  les  soins  de  la  Société  d'arciiéologie  musi- 
cale de  Berne,  pour  ses  seuls  membres. 

SCHLIEBÎ^ER  (Gotthold),  compositeur 
allemand,  a  fait  ses  débuts  à  la  scène  en  donnant 
à  Leipzig,  sur  le  théâtre  de  la  ville,  en  1861,  un 
opéra  intitulé  le  Comte  de  Santarem.  Deux  ans 
après,  au  mois  de  mars  1863,  il  faisait  représen- 
ter à  I^rague  un  second  ouvrage,  Kizzio,  drame 
lyrique  en  5  actes,  qui,  de  même  que  le  précédent 
était  bien  accueilli  du  public.  Cet  artiste  a  en- 
core fait  représenter  les  trois  ouvrages  suivants  ■ 
Student  und  Baiier  {Etudiant  et  Paysan), 
Berlin;  der  Lost  trïtger  {le  Portefaix);  et  der 
Liebeiring  {l'Anneau  d'amour),  Dâle,  mars 
1879.  M.  Schliebner,  qui  est  né  à  Lindenberg, 
près  Beeskow,  en  1820,  a  composé  aussi  des  lie- 
der  et  des  morceaux  de  musique  instrumentale 
et  religieuse. 

*  SCHLOESSER  (Louis),  compositeur  et 
violoniste,  est  né  à  Darmstadt  en  1800v  et  fit 
ses  études  musicales  à  Vienne,  où  il  fut  l'élève 
de  Mayseder  pour  le  violon,  de  Rinck,  Seyfried 
et  Salieri  pour  la  composition.   11  vint  ensuite 

BIOr.R.    UNIV.    DES  MUSICIENS.    —    SUPPL.    — 


se  perfectionner  à  Paris,  où  il  reçut  des  leçons 
de  Kreutzer  pour  le  violon  et  de  Lesueur  pour 
la  théorie  de  l'art.  Devenu  maître  de  chapelle  de 
la  cour  à  Darmstadt,  il  s'y  fit  connaître  avanta- 
geusement, non-.seulement  comme  virtuose  et 
compositeur,  mais  encore  comme  critique  et 
écrivain  musical  ;  sous  ce  dernier  rapport,  il 
occupe   en  Allemagne  une  place  considérable. 

A  la  liste  des  œuvres  de  cet  artiste  estima- 
ble, il  faut  ajouter  les  suivantes  :  Benvenuto 
Cellini,  die  Jahreszeiten,  opéras  ;  musique 
pour  le  Faust,  de  Gœtlie  ;  plusieurs  .sympho- 
nies; une  messe;  des  quatuors  pour  instru- 
ments à  cordes  ;  des  ouvertures  de  concert  ;  des 
concertos  et  des  morceaux  de  genre  pour 
piano;  des  lieder,  des  chœurs,  etc. 

*  SCULOESSER  (Adolphe),  pianiste  et 
compositeur,  fils  du  précédent  et  son  élève,  a 
fait  avec  lui  son  éducation  musicale.  Né  à  Darm- 
stadt le  1"  février  1830,  il  était  à  peine  âgé 
de  dix-sept  ans  lorsqii'en  1847  il  attira  l'atten- 
tion du  public  de  Francfort,  où  il  se  produisit 
à  la  fois  comme  virtuose  et  comme  composi- 
teur. Après  avoir  fait  plusieurs  voyages  ar- 
tistiques en  Allemagne,  en  France  et  en  Angle- 
terre, il  se  fixa  à  Londres,  où  depuis  1854  il 
est  établi  comme  professeur.  II  a  obtenu  aussi 
en  celte  ville  de  grands  succès  d'exécutant,  et 
il  y  donne  chaque  année,  sous  le  titre  de  SchU' 
mann  evenings,  des  concerts  entièrement  con- 
sacrés à  l'audition  d'œuvres  de  ce  maître.  Parmi 
les  principales  œuvres  de  M.  Adolphe  Schlœsser, 
on  distingue  un  quatuor  et  un  Irio  pour  piano 
et  instruments  à  cordes,  puis  des  morceaux  de 
genre  pour  le  piano,  des  chœurs  et  des  lieder  à 
une  ou  plusieurs  voix. 

SCHLOSSER  (Théodore),  pianiste  et 
fompositeur  pour  son  instrument,  vivait  au 
temps  où  Berlioz,  dont  il  fut  l'ami,  obtenait  de 
grands  succès  en  Allemagne,  et  publia  à  Paris, 
chez  l'éditeur  Richault,  un  certain  nombre  de 
compositions  qui  se  distinguaient  parla  verve, 
le  mouvement  et  l'originalité.  Je  citerai  parti- 
culièrement les  suivantes  :  3  mazurkas,  op.  16  ; 
Galop  brillant,  op.  17  ;  Introduction,  thème  et 
variations,  op.  21  ;  Petite  Rêverie,  op.  24  ; 
Contraste,  caprice,  op.  25  ;  20  Études,  ser- 
vant à  développer  le  mécanisme,  le  rhythme,  le 
sentiment,  et  à  acquérir  du  style  (  en  2  suites), 
op.  28  ;  2'  Nocturne,  op.  29  ;  une  Nuit  à  Ve- 
nise, fantaisie,  op.  30  ;  Pensées  musicales  (en 
2  suites),  op.  38,  etc.,  etc.  Je  n'ai  pu  recueillir 
aucim  renseignement  sur  cet  artiste. 

SCHLOTTMAIXrV  (Louis),  musicien  alle- 
mand, né  à  Berlin  le   12  novembre  1826,  est 
encore  aujourd'hui  fixé  en  cette  ville,  où  son 
T.  II.  32 


498 


SCHLOTTMANN    —    SCHMITZ 


•nseignenienl  est  frès-recheiché.  Élève  de  W. 
Tauliert  pour  le  piano  et  du  fameux  lliéoricien 
Dehn  pour  la  composition,  M.  Schlottmann  (it 
avec  ces  deux  maîties  des  éludes  excellentes 
et  très- complètes.  11  s'est  produit  fréquemment 
comme  virtuose  et  toujours  avec  succès,  no- 
tamment à  Londres,  où  son  talent  (ut  Irès-ap- 
précié  en  1850.  Il  s'est  fait  connaître  avantageu- 
sement aussi  comme  compositeur,  et  a  écrit 
des  ouvertures  et  divers  morceaux  d'orchestre, 
des  lieder,  des  |)ièces  de  piano  ;  on  cite  sur- 
tout de  lui  une  ouverture  de  Roméo  et  Juliette, 
un  Concertstiick,  op.  40,  un  recueil  de  10 
lieder  sur  des  vers  de  Gœtlie,  et  une  grande 
scène   sjmplionique    :  Trauermarsch. 

*  SCHMID  (ÏOBiE).  —  Une  particularité 
de  la  vie  de  cel  Allemand,  facteur  de  pianos, 
nous  permet  de  rectitier  la  date  1796,  que 
Fétis  donne  comme  celle  de  sou  arrivée  et  de 
son  établissement  à  Paris.  Scliinid  est,  en  effet, 
ie  constructeur  de  la  première  guillotine,  qu'il 
fit  exécuter  dans  ses  ateliers  d'après  les  plans 
d'Antoine  Louis,  secrétaire  perpétuel  de  l'Aca- 
démie de  chirurgie,  et  qui  fut  inaugurée  sur  la 
place  de  Grève,  le  25  avril  1792.  il  avait  d'ail- 
leurs pu  mériter  la  confiance  ilu  gouvernement 
par  le  iiombie  et  l'ingéniosité  de  ses  inventions  : 
on  lui  devrait  un  scaphandie,  une  charrue 
mécanique,  une  échelle  de  sauvetage  pour  les 
incendies,  etc.  On  trouve  aussi  dans  les  ar- 
chives du  Conservatoire  des  arts  et  métiers  un 
brevet  qu'il  prit  pour  un  «  piano-harmonica 
qui  file  et  enfle  les  sons  à  volonté,  de  sorle 
que  l'on  entend  le  violon,  l'alto  et  la  basse, 
et  que,  moyennant  une  nouvelle  pédale,  on 
peut  jouer  les  morceaux  de  musique  qui  mon- 
tent à  six  octaves  sur  un  piano  de  cinq  octa- 
ves «  (idée  reprise  de|)uis  et  perfectionnée 
sous  le  nom  de  «  piano-quatuor  »  ).  Tobie 
Sciimid  demeurait  rue  de  ïhionville,  ci-de- 
vant Dauphine,  à  l'enseigne  du  Musée.  — Y. 

*  SCH3HDT  (Joseph),  violoniste,  est  mort 
à  Buckebourg,  sa  ville  natale,  le  15  mars  1865. 

*  SCIIMIDT   (Marie-Henri),  ancien  ténor 
-des  théâtres  de  Vienne,  Berlin,  Cassel,  Breslau, 

etc., compositeur,  auteur  d'un  écrit  intitulé  :  Du 
chant  et  de  l'opéra,  est  mort  à  Berlin  le  3  mai 
1870.  Il  était  né  à  Lubeck  le  18  février  1808. 
*  SCII-UIDT  (Gustave),  compositeur  et 
chef  d'orchestre  allemand,  remplissait  ces  der- 
nières fonctions  au  théâtre  de  Mayence  lors- 
qu'il y  fit  jouer,  au  mois  d'avril  t8(<2,  dans 
une  représentation  donnée  à  son  béiulice,  un 
opéra  qui  avait  pour  titre  la  Fidélité  des  Fem- 
mes, et  qui  fut  reproduit  plus  tard  à  Brunswick, 
sur  le  théâtre  de  la  cour,  sous  celui  de  Conrad. 


Au  mois  de  janvier  1863,  le  même  artiste  donnait 
à  Breslau   un  autre  opéra  ,  intitulé  la  Réole. 

*  SCII3IITT  (Aloïs),  est  mort  à  Francfort- 
sur-ie-.Mein  le  25  juillet  186G.  M.  Heinrich 
Henkel  a  publié  sur  cet  artiste  célèbre  un  livre 
intitidé  :  Leben  und  Werken  von  D^  Aloys 
Sc/nnitt  (  Vie  et  œuvres  du  D' AloysSchmitt), 
Francfort,  Savenlajnder,  in-8°  avec  portrait  et 
fac-simite. 

*  SCHMITT  (Jacoces,  ou  plutôt  Jacob), 
pianiste  et  compositeur  allemand,  naquit  à 
Obernbourg,  non  en  1796,  mais  le  2  novembre 
1803.  Il  est  mort  à  Hambourg  au  mois  de  juin 
1853.  Le  nombre  des  œuvres  publiées  par  cet 
artiste  dépasse  trois  cent  vingt-cinq. 

SCH3HTT  (Georges),  organiste,  compo- 
siteur et  écrivain  musical  français,  né  dans  la 
première  partie  de  ce  siècle,  a  occupé  (icndant 
longtemps  les  fonctions  d'organiste  du  grand 
orgue  à  l'église  Saint-Sulpice,  à  Paris.  Artiste 
habile  et  pourvu  d'une  bonne  instruction, 
M.  Georges  Schmitl  s'est  fait  connaître  par  la 
publication  d'un  assez  grand  nombre  de  compo- 
sitions pour  l'orgue,  et  il  a  donné  sous  ce  ti- 
tre :  Musée  de  l'organiste,  un  recueil  intéres- 
sant de  101  morceaux  choi.sis  des  compositeurs 
célèbns  anciens  et  modernes,  pour  le  service 
religieux  au  grand  orgue,  divisé  en  4  livres 
(Paris,  Richault).  Cet  artiste  a  voulu  s'essayer 
aussi  au  théâtre,  mais  ses  essais  en  ce  genre 
n'ont  produit  qu'un  faible  retentissement  :  c'est 
ainsi  qu'il  a  donné  en  18C6,  au  théâtre  Déjazet, 
un  opéra-comique  en  3  actes  intitulé  la  Belle 
Madeleine,  et  le  12  novembre  1867,  au  théâ- 
tre des  Menus  -  Plaisirs,  une  opérette  en  un 
acte  qui  avait  pour  litre  le  Mariage  à  l'en- 
ctume.  M.  Georges  Si.hmitt  a  écrit  le  premier 
volume  du  Nouveau  Manuel  complet  de  l'or- 
ganiste, publié  par  Roret,  dont  le  second  vo- 
lume est  dû  à  Charles  Simon  et  le  troisième  à 
Miné.  Cet  artiste  a  été  aussi  organiste  de  l'é- 
glise des  Carmes,  et  il  a  eu  le  titre  de  maître 
de  chapelle  de  la  reine  d'Espagne. 

SCHMITZ  (Jean-Englebert),  organiste  et 
compositeur  néerlandais,  né  à  Harlem  le  22 
novembre  1800,  a  occupé  simultanément  et 
pendant  longues  années  les  fonctions  d'organiste 
à  Harlem  et  à  Rennebioek,  près  de  cette  ville. 
Très-amoureux  de  son  art,  il  a  été,  pendant 
trente  ans,  directeur  de  la  société  Zang  en 
Vriendschap,  qu'il  avait  contribué  à  fonder, 
et  il  a  obtenu  plusieurs  prix  dans  divers  con- 
cours ide  composition  ouverts  parla  Société 
musicale  des  Pays-Bas.  On  cite,  parmi  ses 
œuvres  publiées  :  Landelijke  avondstond, 
cantate  pour    solo,  chœur    et  orchestre;  Ode 


SGHMITZ  —  SGHNOW 


499 


aan  God,  cantate;  6  Chœurs  pour  voix  d'hom- 
mes ;  Chants  d'enfants,  à  2  et  3  voix  ;  des 
lieder  ;  Tantum  ergo  avec  chœur  et  orclies- 
tre.  M.  Schmitz  a  encore  écrit  :  De  Migdad, 
cantate,  des  messes,  des  romances  et  des  chants 
de  divers  genres.  Cet  artiste  est  mort  à  Har- 
lem le  5  juin  1872. 

SCHI^AUIIELT  (Henri)  ,  compositeur 
allemand,  a  fait  représenter  à  Salzbourg,  au 
mois  de  mars  1868,  un  opéra  romantique  inti- 
tulé die  Rose  von  Hallwyl. 

SCHIVEIDER  (Jean-Joseph),  organiste, 
compositeur  et  professeur,  a  occupé  pendant 
longues  années,  à  Bordeaux,  une  situation  ar- 
tistique importante.  Organiste  de  l'église  Saint- 
Pierre,  de  celte  ville,  professeur  aux  écoles 
laïques,  membre  du  comité  d'examen  de  la  So- 
ciété de  Saillie- Cécile,  il  était  reconnu  comme 
un  excellent  théoricien,  un  contrapuntiste  ha- 
bile et  un  compositeur  distingué.  Auteur  d'un 
Manuel  de  l'enfant  de  chœur,  écrit  en  so- 
ciété avec  quelques  autres  artistes,  il  a  publié 
toute  une  série  de  motets  pour  orgue  (Bor- 
deaux, Willemot)  et  un  très-grand  nombre  de 
morceaux  de  chant  à  l'usage  des  pensionnats 
et  des  communautés  (Bordeaux  ,  Ravajre- 
Raver),  parmi  lesquels  des  chœurs  pour  voix 
d'enfants.  On  doit  aussi  à  cet  artiste  la  mu- 
sique d'un  opéra-comique  en  un  acte,  le  Com- 
père Lustncru,  qui  a  été  représenté  en  1868, 
à  Bordeaux,  dans  les  salons  d'un  amateur. 
Schneider  est  mort  à  Talence  (Gironde)  le  29 
juin  1877. 

SCHIVEIDER  (Jost),  capilulaire  au  cou- 
vent deMury,  né  à  Lucerne,  fut  un  des  facteurs 
d'orgues  les  plus  estimables  de  la  Suisse  au  dix- 
huitième  siècle. 

*  SCHrVEITZUOEFFER  (Jean-Made- 
leine), étail  né,  non  à  Paris,  mais  à  Toulouse, 
le  13  octobre  1785.  On  peut  à  ce  sujet  consul- 
ter V Histoire  du  Conservatoire,  de  Lassaba- 
thie'.  Schneil/.hœffer  avait  été  nommé  professeur 
d'une  classe  de  solfège,  dans  cet  établissement, 
le  1"  avril  1807,  et  le  1"  septembre  183t  il 
était  devenu  professeur  de  la  classe  des  chœurs 
pour  les  hommes.  Jl  prit  sa  retraite  le  1«' jan- 
vier 18jl,  et  mourut  à  Paris  le  4  octobre  1852. 
Il  faut  ajouter,  à  la  liste  des  ouvrages  donnés 
à  l'Opéra  par  cet  artiste  fort  distingué,  la  Tem- 
pête ou  l'Ile  des  Génies,  ballet-féerie  en  2  ac- 
tes représenté  le  15  septembre  1834,  et  dont  le 
scénario  avait  été  tracé  par  Adolphe  Nourrit 
et  Coralli. 

•  SCHiyiTGER  (Arp),  et  non  Schnitker, 
facteur  d'orgues  allemand,  naquit  à  Hambourg 
le  2  juillet  1648,  et  mourut  en  1718  ou  1719. 


Le  journal  Cœcilia,  d'Utrecht,  a  publié  une 
notice  sur  cet  artiste  dans  son  numéro  de 
mai  1853. 

*  SCH-AflTGER  (François-Gaspard),  fils 
du  précédent  ,  est  mentionné  ici  uniquement 
pour  la  rectification  de  la  forme  de  son  nom, 
qui  ne  doit   pas  s'écrire  Schnitker. 

*  SCH]\rrRER.  —  Voyez  SCH.^ITGER. 
SCH]\OVV  ,      pseudonyme      sous     lequel 

GEÎVOUD  (Jkan-Baptiste-Marie-Gabriel)   a 
publié   des   compositions    estimables.    Gabriel 
Genoud   était  né   à   Marseille  le   7   septembre 
1805.   Il  commença  ses  études  musicales  dans 
cette  ville,  et  les  compléta  au  Conser\atoiie  de 
Paris.   Il  revint  ensuite  à    Marseille,  où  il  a 
passé  toute  sa  vie,  partageant  son  temps  entre 
les   occupations  de     l'enseignement,  auquel   il 
s'était  voué   avec   un   zèle  scrupuleux,    et  ses 
fonctions  d'organiste  à  l'église  desCharlreux, 
qu'il  a  remplies  jusqu'à  sa  vieillesse  avec  une 
touchante    assiduité.    Modeste  et  très-réservé, 
Genoud   ne  chercha  jamais  à   se  faire  valoir. 
L'ancienne   et   belle  église  des  Chartreux  étant 
située   presque  dans  la  banlieue  de  la   ville,  on 
n'avait  que  bien  peu  d'occasions  de  l'entendre 
jouer  de  l'orgue,    quoiqu'il  eût  à  sa  disposition 
un  bon   instrument.    Aussi   était-il   à  peu  près 
inconnu    de  la  génération  actuelle.  Genoud  n'é- 
tait  pourtant  pas    sans  valeur.    Il  connaissait 
à   fond  la  musique  classique   et,   quoique  ses 
préférences  fussent  pour   les  maîtres   les  plus 
anciens,    il    savait  apprécier    les    productions 
contemporaines.  Il  avait  même,   —  don   char- 
mant et  rare  entre  tous,  —  cette  sympathie 
qui  va  au-devant  de  la  jeunesse  et  encourage 
chez  elle  tout  effort  sérieux.  C'est  ainsi  qu'on 
le  vit,  déjà  âgé,  —  en  1870,  —  sortir  de  sa  vie 
retirée  pour  s'enrôler  dans  des  chœurs  groupés 
en   vue     de  faire   entendre    une  œuvre   iné- 
dite, et  prêter  au  jpune  auteur   l'appui  de  son 
autorité,   en    donnant   à  tous    l'exemple    du 
dévouement  et  d'une  noble    abnégation  artis- 
tique. —   Comme   pianiste,    Genoud   avait  le 
jeu  sec  et  sans  grand  coloris.  Il  avait  l'ancienne 
manière  de  jouer   du  |)iano.    Mais,   au   piano 
comme  à  l'orgue,  il  était  solide  et  correct.  Ses 
compositions  ont   le  même  caractère.   Il  n'osait 
les   produire  par  suite  d'une  extrême  timidité, 
et  la  plupart  sont  restées  inédites  ;  un  très- petit 
nombre  ont  élé  publiées.  Encore  ne  se  décida- 
t-il  à  les  livrer  que  sous  le  pseu<lonyme  men- 
tionné en  tête  de  cette   notice.   On  peut   citer 
parmi  celles-ci  :  Rondeau  brillant  en  mi  bémol 
pour  piano  (éditeur,   Benoît  à  Paris);    Scherzo 
en    sol  (id.)  ;  Scherzo  en  fa  (id.)  ;  Rondoletto 
en  si  bémol  (éditeur,  Meissonnier  à  Paris)  ; 


500 


SGHNOW 


SGHOËLGHER 


Polonaise  en  ré  (id.)  —  Homme  de  bien, 
de  convictions  simples  el  profondes  ,  Genoud 
s'est  éteint  en  1877,  regretté  de  tous  ceux  qui 
l'avaient  connu  et  approché. —  Al.  R  —  d. 

*  SCIIIXYDER  DE  AVARÏE3fSÉE 
(Xavier),  compositeur,  théoricien  et  critique 
musical,  est  mort  à  Francforl-sur-le-Mein,  le 
27  août  1868.  Il  était  né  le  18  avril  1786. 

*  SCIIOBEULECIII>EU  (Sophie  DAL- 
L'OCCA ,  épouse),  cantatrice  dramatique 
célèbre,  s'est  vue  forcée,  par  suite  de  revers  de 
fortune,  de  retourner  à  Saint-Pétersbourg  et  de 
s'y  li\rer  à  l'enseignement  du  chant.  C'est  en 
cette  ville,  et  non  à  Florence,  qu'elle  est  morte 
au  mois  de  janvier  1864.  Suivant  YAnnuario 
musicale  de  M.  Paloschi,  M™^  Schoberlechner 
serait  née  à  Bologne  en  1809. 

SCHOELCIIEU  (Victor),  homme  politique 
français,  membre  inamovible  du  Sénat,  est  né 
à  Paris  le  21  juillet  1804.  Il  lit  dans  sa  jeu- 
nesse plusieurs  voyages  aux  Antilles,  visila 
les  colonies  anglaises  et  espagnoles  de  l'Atlan- 
tique, le  Sénégal,  une  partie  de  l'Orient,  et  à 
la  suite  de  ces  voyages,  devenu  sous-secrétaire 
d'État  au  ministère  de  la  marine  après  la  révo- 
lution de  1848,  il  proposa  et  lit  adopter  le  dé- 
cret qui  abolissait  l'esclavage  dans  les  colonies 
françaises.  Nommé  représentant  du  peuple 
pour  la  Guadeloupe  a  l'Assemblée  consti- 
tuante et  à  l'Assemblée  législative,  M.  Scliœl- 
cher,  au  2  décembre  1851,  défendit  la  constitu- 
tion les  armes  à  la  main,  fut  blessé  d'un  coup 
de  baïonnette  et  dut,  pendant  foute  la  durée  de 
l'empire,  se  réfugier  en  Angleterre.  Il  ne  revint 
en  France  qu'au  mois  d'août  1870,  et  rentra 
aussitôt  dans  la  vie  politique. 

Mais  ce  n'est  pas  à  ce  point  de  vue  que  j'ai  à 
parler  ici  de  M.  Schœlcher.  Je  n'ai  même  rap- 
pelé les  grands  traits  de  sa  carrière  militante 
que  pour  expliquer  de  quelle  façon  il  en  est 
venu  à  s'occuper  de  musique  et  à  rendre  les  ser- 
vices que  je  vais  signaler.  Pendant  ses  voyages 
d'outre-mer,  M.  Schœlcher  eull'idée  de  réunir, 
soit  en  Afrique,  soit  en  Amérique,  toute  une 
série  d'instruments  primitifs  à  l'usage  des  peu- 
plades sauvages  de  ces  contrées  ;  ces  instru- 
ments très-curieux,  rapportés  par  lui  en  Europe, 
furent,  lois  de  son  retour  en  France,  l'ohjct 
d'une  intelligente  libéralité  :  il  en  fit  don  au 
Musée  instrumental  du  Conservatoire  de  Paris, 
qui  se  trouve  ainsi  en  possession  d'une  collec- 
tion d'un  genre  particulier  et  remarquable  h 
beaucoup  d'égards. 

D'autre  part,  le  séjour  de  M.  Scluelcher  en 
Angleterre  le  fit  s'éprendre  d'une  véiilabie  pas- 
sion pour  les  œuvres  de   Hœndei,  qu'il  avait 


occasion  d'entendre  fréquemment,  et  pour  la 
vie  de  ce  maître  immortel.  Il  s'occupa  donc 
bientôt  d'écrire  une  histoire  de  ce  grand 
homme,  qui  lut  publiée  en  anglais  sous  ce 
titre  :  Ihe  Life  of  H andel  {Londres,  1857, 
in-8°),  mais  dont  jusqu'ici,  malheureusement, 
l'auteur  n'a  pas  songé  à  nous  donner  le  texte 
français,  bien  qu'il  ait  inséré  de  nombreux 
fragments  de  son  livre  dans  le  journal  la  France 
musicale.  Pour  écrire  cet  ouvrage,  M.  Schœl- 
cher s'était  entouré  de  tous  les  documents  pos- 
sibles ;  à  force  de  soins,  de  recherches,  de 
dépenses,  il  avait  réuni  non-seulement  tontes 
les  éditions  des  œuvres  de  Ikemiel,  mais  encore 
les  livrets  de  ses  opéras  et  de  ses  oratorios, 
les  écrits  dont  il  avait  été  l'objet,  le»  portraits 
qui  avaient  été  faits  de  sa  personne,  et,  par  une 
sorte  d'extension  naturelle,  jusqu'aux  œuvres 
des  musiciens  qui  vivaient  de  son  temps  en 
Angleterre  ou  dont  les  productions  étaient  goû- 
tées du  public  anglais.  On  peut  se  faire  une 
idée  de  l'intérêt  que  peut  offrir,  pour  I  histoire 
de  l'art,  une  collection  si  intelligemment 
ordonnée  et  poursuivie  sans  relâche,  par  un 
homme  actif  et  valide,  pendant  près  de  vingt 
ans  ! 

M.  Schœlcher  n'a  pas  voulu  garder  par  devers 
lui  des  trésors  si  inestimables.  De  môme  qu'il 
avait  fait  don  au  Musée  du  Conservatoire  de  sa 
curieuse  série  d'instruments  de  musique,  il 
offrit  généreusement  à  la  bibliothèque  de  cet 
établissement  tout  l'ensemble  de  la  riche  et  pré- 
cieuse collection  de  documents  de  toute  sorte 
qu'il  avait  réunis  sur  Hœndei,  collection  qui  ne 
(orme  pas  moins  de  cinq-cents  volumes  et  qui 
n'a  pas  son  égale  au  monde,  même  en  Angle- 
terre, oii  l'admiration  pour  le  maître  est  portée 
à  un  si  haut  degré.  On  jugera  de  sa  valeur  et  de 
son  importance  exceptionnelle  par  les  lignes  sui- 
vantes, que  traçait  à  son  sujet  Eugène  Gautier, 
dans  le  Journal  officiel  du  3  janvier  1877  : 

«  La  collection  Schœlcher,  aujourd'hui  à 
l'abri  des  hasards,  occupe  dans  la  bibliothèque 
du  Conservatoire  une  centaine  de  cartons  cou- 
verts de  maroquin  noir.  Nous  avons  été  mis  à 
même  de  voir  ces  trésors,  el  nous  allons  en 
parler  avec  quelques  détails.  M.  Schœlcher,  qui, 
après  un  long  séjour  dans  la  capitale  de  la 
Grande-Bretagne,  est  arrivé  à  connaître  la  lan- 
gue anglaise  comme  sa  langue  maternelle,  est 
l'auteur  d'un  important  et  remarquable  travail 
publié  à  Lonlies  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de 
Hajndel.  La  collection  du  Conservatoire  com- 
mence donc  par  une  réunion  coin[)ii'te  el  pré- 
cieuse de  toutes  les  éditions  connues  de  H;ende!. 
Au  point  de  vue  de  la  valeur  de  la  collection, 


SCHCELCHER  —  SCHOLZ 


501 


cela  est    inappréciable  ;  mais   ce  qui ,  comme 
intérêt  et  comme  pittoresque,  a  encore  plus  de 
prix  à  nos  yeux,  c'est  la  secomie  partie  de  cette 
collection.  On  y   trouve  plusieurs  carions  pré- 
cieux remplis  des  fameux  opéras  de  Bononcini, 
presque  inconnus  en  France  :  Asturtus,  1720  ; 
Griselda,  1722;  Farnace,  1723.  On  y  rencon- 
tre plusieurs    pièces  rarissimes  de   ce  Crotch, 
le  jeune  prodige  que  son  père  essaya  d'opposer 
aux  souvenirs   encore    vivants   de  Mozart,   et 
dont    l'âge  mûr  ne  tint  pas  les   promesses  de 
sa  jeunesse.  Voici    l'opéra    de  Rosemonde  de 
Clayton;  voici  un    souvenir  du  théâtre   italien 
de   Londres,  une  longue  et   agréable    série  de 
fragments  des  ouvrages  de  Cimarosa,  de  Pai- 
siello,   et  de  ce    Gugliemi,    si   peu  connu   en 
France   et  encore  si  populaire  en  Angleterre; 
Gugliemi,    le    maestro  spadassin  ,   le   compo- 
siteur  à     la    plume    élégante,  à    l'épée  mor- 
telle ;  Gugliemi,  qui    se   lit  aimer  de  presque 
autant     de   cantatrices     qu'il    tua    ou     blessa 
de  rivaux.  Il   y  a  dans   les  Délices  de  l'Opéra 
italien,  dont  nous  parlons,    des  pièces  char- 
mantes de  Gugliemi.  Cette  série  de  chants  mé- 
lodieux,   imprimée   à  Londres  dans  le  dernier 
tiers    du    dix-huitième    siècle,    présente    aussi 
comme  typographie    un    intérêt    assez    grand. 
George  III  régnait,  et   le    frontispice  des  Déli- 
ces de  COpéra  nous  présente   une  assemblée 
de  dieux  et  de  déesses,  où  le  goût  des  artistes 
hanovriens  amenés  parîGeorges  l"  se  fait  encore 
sentir.  On  voit  là  de  gros  Apollons  et  des  Vénus 
rebondies  qui  n'ont  plus  rien  de  commun  avec 
les  types  grecs.  La  forte  encre  de  Chine  avec 
laquelle  ils    sont  imprimés,  ne  rappelle  en  rien 
non  plus  la  lumière  sereine  du  soleil  de  l'Attique, 
mais  bien  plutôt  les  brouillards  de  Londres. 

«  Ce  qui  nous  a  le  plus  frappé  dans  la  col- 
lection Schœlcher,  par  son  intérêt  et  sa  rarelé, 
c'est  une  suite  d'airs  anglais  de  toutes  les  épo- 
ques, rassemblés,  vers  1797,  par  Joseph  Bail- 
don,  qui  mit  de  longues  années  à  recueillir 
cette  suite  de  monuments  curieux.  Tous  les 
chants  poétiques,  politiques  et  même  séditieux 
qu'inspirèrent  les  événements  qui,  sous  les 
George,  de  1715  à  1744,  firent  tant  pleurer 
les  épouses  et  les  mères,  et  sortir  dehors  tant 
de  gentilshommes  d'Ecosse  et  d'Angleterre, 
ont  été  écrits  par  Baildon  et  accompagnés 
d'harmonies  parfois  trop  modernes.  Quand  on 
voudra  retrouver  la  musique  des  innombrables 
chansons  locales  et  jacobites  dont  Waller  Scott 
est  rempli,  alin  d'en  faire  un  volume  de  mu- 
sique, on  trouvera  les  éléments  de  ce  volume 
dans  la  collection  Schœlcher,  et  sous  ce  titre  : 
TheLawrel  a  new  collection  ofenglishsongs. 


«  Là  sont  certainement  les  airs  de  ces  chan- 
sons citées  dans  Redgauntlet  : 

Enfoncez  sur  vos  fronts  vos  casques  redoutables. 
Passez  la  frontière  avec  mol  I 


«   Ou  : 


Mon  cœur  n'est 'point  Ici, 
Il  est  sur  la  montagne  ! 


«  Ou  encore  : 

J'aime  toujours  mon  cher  Chariot. 
D'autres,  je  sais,  ne  l'aiment  guère,  etc. 

«  Le  fonds  Schœlcher,  comme  on  commence 
à  dire  au  Conservatoire,  sera  beaucoup  con- 
sulté, et  ses  précieux  cartons  vont  perdre  en 
tranquillité  ce  qu'ils  gagneront  en  utilité  et  en 
réputation.  Que  le  généreux  donateur  du  fonds 
Schœlcher  soit  donc  et  avant  tout  remercié  !  » 

SCHOEZV  (MoRiTz),  violoniste  allemand  et 
compositeur  pour  son  instrument,  né  à  Krônauen 
en  1808,  futélève  de  Spohret  a  publié  une  méthode 
élémentaire  pour  le  violn,  des  duos  faciles  dans 
les  différentes  positions,  des  études,  des  trans- 
criptions, des  fantaisies  pour  violon  et  piano  sur 
des  mollis  d'opéras,  etc.  Le  nombre  de  ces  pu- 
blications s'élève  à  plus  de  cinquante  ;  elles  ont  été 
faites  pour  la  plupart  chez  l'éditeur  Leuckart,  à 
Leipzig.  M.  Moritz  Scliœn  est  directeur  de  mu- 
sique à  Breslau  depuis  1865. 

SCH0EÎ\B1L;RG  (Hihiar),  musicien  con- 
temporain allemand  ou  Scandinave,  a  publié  dans 
ces  dernières  années,  notamment  chez  les  édi- 
teurs Bote  et  Bock,  de  Berlin,  un  assez  grand 
nombre  de  morceaux  et  pièces  de  genre  pour 
le  piano,  consistant  en  marches,  fantaisies, 
rêveries,  idylles,  mélodies,  pièces  caractéristi- 
ques, etc.  Le  nombre  de  ces  compositions  pu- 
bliées s'élève  aujourd'hui  à  plus  d'une  cen- 
taine. —  Je  n'ai  pu  découvrir  aucun  autre 
renseignement  sur  cet  artiste. 

*  SCHOLZ  (Bernard),  compositeur  et 
chef  d'orchestre,  ancien  maître  de  chapelle  du 
roi  de  Hanovre,  a  dû  quitter  ces  fonctions  à 
la  suite  de  la  dépossession  de  ce  souverain. 
Après  avoir  passé  quelque  temps  à  Florence, 
il  alla  s'établir  à  Berlin,  où  il  demeura  jus- 
qu'en 1870,  puis  fixa  son  séjour  à  Breslau. 
Dans  ces  dernières  années,  M.  Bernard  Scholz 
a  fait  représenter  plusieurs  ouvrages  dramati- 
ques, qui  semblent  avoir  été  favorablement 
accueillis  par  le  public  et  dont  voici  les  titres  : 
les  Hussards  de  Ziethen  (Breslau,  1869)  ; 
Morgiane  (1870)  ;  Golo  (1875)  ;  le  Trompette 
de  Sacliingen  (1877).  On  lui  doit  aussi  un 
grand  Requiem,  2  ouvertures  de  concert,  des 
quatuors  pour  instruments  à  cordes,  des  trios, 
des  sonates  pour  piano,  enfin   des  lieder    et 


502 


SCHOLZ  —  SCTTREIBER 


des  chœurs  assez  nombreux.  Les  œuvres  de 
M.  Homard  Scliolz  sont  frcquetnment  exécu- 
tées dans  les  concerts  en  Allemagne,  et  le  font 
considérer  coinme  un  artiste  fort  estimable. 

SCIIOLTZ  (Heiiumann),  pianiste  allemand 
distingué  et  coniimsiteur,  est  né  à  lîreslau  le 
9  juin  1845.  D'abonI  élève  d'un  artiste  nommé 
Brosig.  il  se  rendit  vers  1864  à  Leipzig,  où  il 
étudia  avec  MM.  Plaidy  et  Riedel,  et  eniin,  sur 
les  conseils  de  Liszt,  partit  pour  Municii,  se 
fit  admettre  au  Conservatoire  de  cette  ville  et 
y  eut  pour  maîtres  MM.  Hans  de  Biilow  el 
Rheinberger.  Devenu  un  virtuose  remarquable 
sur  le  piano,  M.  Herrmann  Scbollzalla  s'établir 
en  1875  à  Dresde,  où  il  a  obtenu  de  vifs  succès 
en  donnant,  avec  MM.  E.  PVigerl  et  F.  Bœch- 
man,  des  séances  intéressantes  de  trios.  Les 
œuvres  publiées  par  cet  artiste  sont  déjà  nom- 
breuses, et  parmi  elles  je  citerai  les  suivantes  : 
Variations  pour  piano,  op.  27  ;  Variations,  id., 
op.  31  ;  G  Pièces  de  caractère,  id.,  op.  32  ;  Fan- 
taisie, id.,  op.  33  ;  2*  et  4'  Barcarolles,  id.,  op. 
35  et  4G  ;  Variations  .sur  un  thème  original,  id., 
op.  36  ;  Miedchenlieder,  id.,  op.  37;  4  Pièces 
de  caractère,  id.,  op.  38;  Lyrittche  Blœser, 
9  pièces,  id.,  op.  40;  Sonate,  id.,  op.  44  ; 
Buch  der  Lieder,  8  pièces,  id.,  op.  45;  Elé- 
gie, id.,  op.  48  ;  2  Pièces,  id.,  op.  49;  Nacht- 
gesang,  pièce,  id.,  op.  50;  Trio  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  51.  Un  concerto  de 
piano  encore  inédit  de  M.  Herrmann  Scholtz 
a  été  exécuté  avec  succès,  par  l'auteur,  dans 
diverses  villes,  entre  autres  à  Mannheim,  à 
Munich  et  à  Breslau. 

SCHOOFS  (François-Xavier),  compositeur 
et  professeur  belge,  né  à  Saint-Trond  en  1835, 
a  fait  ses  études  au  Conservatoire  de  Liège,  où 
il  fut  élève  de  M.  Ledent  pour  lé  piano  et  de 
Daussoigne-Méhul  pour  la  composition.  Plus 
tard  il  s'est  ti\é  comme  professeur  en  cette  ville, 
sans  que  les  devoirs  de  l'enseignement  lui  fissent 
négliger  son  goût  pour  la  composition.  Parmi 
les  proiluctions  assez  nombreuses  de  cet  artiste, 
qui  se  distinguent,  dit-on,  par  une  grâce  tendre 
et  délicate,  on  cite  un  album  de  30  romances, 
un  Recueil  de  50  cantiques  flamands,  un  Recueil 
decanti(]ues  français  et  de  litanies,  une  messe 
à  4  voix,  un  Chant  de  ISoël,  un  0  Salutoris 
à  2  voix,  un  Ecce  panis  à  3  voix,  el  divers 
morceaux  de  genre  pour  le  piano.  La  plupart  de 
ces  ouvrages  ont  été  publiés  à  Liège,  chez 
M""  V"  Muraille. 

SCIIOUTMANIV  ( ),  est  l'inventeur 

d'un  instrument  dont  les  Annales  de.  la  Musi- 
que, publiées  en  1820  par  César  Gardeton,  fai- 
saient la  .singulière  description  que  voici  :  — 


«  M.  Schortmann,  de  Buttstaed,  est  l'inventeur 
d'un  instrument  qui  parait  devoir  faire  beaucoup 
de  sensation  dans  le  monde  musical.  Il  rend 
dans  toute  sa  force  et  sa  pureté  le  son  de  l'har- 
monica, de  la  clarinette,  du  cor,  du  haulbois, 
et  le  coup  d'archet  du  violon.  L'instnunent  a 
des  touches  pareilles  à  celles  d'un  piano;  mais 
on  en  joue  d'une  tout  autre  manière.  Les  tons 
sont  prodinis  par  de  petits  hâtons  de  bois  brûlé, 
de  grandeur  et  d'épaisseur  différentes,  mis  en 
vibration  par  un  courant  d'air.  Le  pianissimo 
ressemble  parfaitement  à  la  harpe  d'Éole.  L'au- 
teur a  employé  quatre  ans  à  méditer  l'invention 
de  cet  instrument,  et  il  se  dispose  maintenant  à 
voyager  pour  le  faire  entendre  dans  les  grandes 
villes  de  l'Europe.  » 

*  SCHOTT,  est  le  nom  d'une  famille  d'édi- 
teurs de  musique  dont  la  maison,  qui  compte 
aujourd'hui  un  siècle  d'existence,  fut  fondée  par 
Bernard  Schott  à  Mayence,  en  1780,  et  devint 
bientôt  l'une  des  plus  considérables  de  foute 
l'Europe.  Bernard  Schott,  étant  mort  en  1817, 
eut  pour  successeurs  ses  deux  liis,  J.-J.  Schott 
(né  le  12  décembre  1782,  tnort  le  4  février  1855), 
qui  était  déjà  dans  les  affaires  depuis  1800,  et 
A.  Schott.  En  1840,  la  maison  passa  aux  mains 
de  .son  neveu  Franz-Pliiiippe  Schott,  homme  in- 
telligent et  laborieux  qui,  par  son  activité,  sut 
donner  encore  une  plus  grande  extension  à  ses 
opérations;  Franz- Philippe  Schott,  qui  avait 
conquis  une  position  considérable  et  était  devenu 
bourgmestre  de  Mayence,  mourut  subitement 
à  Milan,  le  8  mai  1874,  pendant  un  voyage  qu'il 
avait  fait  en  cette  ville.  Sa  femme,  née  Betty  de 
Braunrasch,  qui  était  une  pianiste  remarquable, 
lui  survécut  peu,  et  mourut  à  Mayence  le  5  avril 
1875.  La  maison  Schott  est  administri'e  aujour- 
d'hui par  M.  Peter  Schott  neveu,  né  à  Bruxelles 
et  Belge  de  nationalité,  aidé  d'un  de  ses  cohé- 
ritiers, M.  Louis  Strecker,  le  troisième,  M.  Franz 
de  Landwehr,  étant  encore  mineur.  —  La  grande 
librairie  musicale  Schott,  dont  le  siège  principal 
est  toujours  à  Mayence,  possède  d'importantes 
succursales  à  Bruxelles,  Paris,  Londres,  Leipzig 
et  Rotterdam,  et  son  fonds  se  compose  d'envi- 
ron 23,000  œuvres  de  tout  genre.  Parmi  celles- 
ci,  on  cite  la  symphonie  avec  chœurs  et  la  Messe 
solennelle  de  Beethoven,  des  opéras  de  Rossini, 
Auber,  Donizetti,  M.  Richard  Wagner  (entre 
autres  les  Meistersinger  et  le  Ring  der  ISiebe- 
liingcn).  La  maison  Schott,  qui  |)ublie  à  Bru- 
xelles un  journal  intitulé  le  Guide  musical,  est 
la  première  qui  ait  employé  la  lithographie  pour 
l'impression  d(î  la  musique. 

S<]lilt  Kilt  1:11  (Jean),  moine  et  compositeur 
suisse,  né  à  Arlh  en  1716,  entra  fort  jeune  au 


SCHREIBER  —  SCHUBERT 


503 


couvent  de  Saint-Urban  pour  y  faire  son  noviciat, 
y  prononça  ses  v(eux  en  1738  et  ne  quitta  plus 
cet  établissement  jusqu'en  1800,  époque  où  il 
mourut,  âgé  d'environ  84  ans.  11  étudia  la  com- 
position au  couvent,  et  pul)lia  les  ouvrages  sui- 
vants :  1"  Fasciculus  Ariarvm  vigenti  quatuor, 
^loriosae  Virgini...  Quorum  XII.  Dmlto  XII. 
Solo.  1  violin.,  viola  e  cluplici  basso  Op.  1, 
1747;  2°  Missale  Cistercienne  vnisicum,  corn- 
plectens  VI  7nissas  cum  Appendice  II.  Re- 
quiem a  4  voc.  2  viol.,  vida.,  2  clarin.,  vel 
coc.  Op.  2,  1747  ;  3"  Adoratio  Dei  ppr  XV  Of- 
fertoria  solemnia  a  4  voc,  2  viol.,  etc.  Op.  3, 
1750. 

SCIIROEDER  (Carl),  violoncelliste  remar- 
quable et  compositeur  pour  son  instrument,  est 
né  à  Queillinhurg  le  18  décembre  1848.  Dès  son 
plus  jeune  âge  il  se  livra  avec  ardeur  à  l'étude 
de  la  musique,  et,  devenu  à  Dessau  l'élève  de 
Drescbler,  il  avait  à  peine  accompli  sa  huitième 
année  qu'il  se  faisait  entendre  avec  succès  dans 
les  concerts.  En  1862,  il  faisait  partie  de  l'or- 
chestre de  la  chapelle  de  la  petite  cour  de  Son- 
dershausen.  Un  peu  plus  tard,  il  alla  faire  un 
voyage  à  Saint-Pétersbourg,  puis  vint  à  Paris, 
et  en  1869,  ayant  fondé  avec  ses  trois  frères, 
Hermann,  Franz  et  Aiwin,  un  quatuor  qui  prit 
le  nom  de  Quatuor  Sc/irœder,  il  commença  à 
parcourir  avec  eux  les  principales  villes  du 
nord  de  l'Allemagne  en  donnant  des  concerts. 
M.  Sclirœder,  malgré  son  jeun^  âge,  s'était  ac- 
quis déjà  une  brillante  renommée,  lorsqu'au 
mois  d'octobre  1874  il  fut  appelé  à  Leipzig  pour 
y  tenir  la  partie  de  violoncelle-solo  à  l'orchestre 
de  la  célèbre  société  musicale  du  Gewandhaus, 
qu'il  remplit  encore  aujourd'hui. 

M.  Schrœder,  qui  a  été  l'élève  de  M.  Frédéric 
Kiel  pour  la  composition,  a  |)ulilié  pour  son 
instrument  un  assez  grand  nombre  d'œuvres 
importantes,  parmi  lesquelles  Je  citerai  les  sui- 
vantes ;  ISouvelle  grande  Méthode  théorique 
et  pratique  de  violoncelle,  en  4  parties,  op. 
34;  Éludes  d'orchestre,  pour  violoncelle; 
Études  techniques,  h\.,  adoptées  par  le  Conser- 
vatoire de  Leipzig,  op.  35;  Concerto,  avec  ac- 
compagnement d'orchestre  ou  de  piano,  op.  32  ; 
Concert-Mazurka,  avec  accompagnement  de 
piano,  op.  33:  Tarentelle  napolitaine;  etc. 

-^  SCHROEDER-DEVRIEÎXT  (Wilhel- 
mine),  célèbre  cantatrice  allemande,  est  née  non 
le  6  octobre  1805,  mais  le  6  décembre  1804, 
d'après  tous  les  historiens  allemands  contempo- 
rains. 

*  SCnROEDER-STEINMETZ  (Nicolas- 
Guillmme),  administrateur  et  homme  politique 
néerlandais,  amateur  très-distingué  de  musique, 


était  né  le  25  juillet  1793  à  Groningue,  et 
mourut  en  cette  ville  le  12  novemhre  1826  (1). 
Parmi  ses  compositions  nombreuses,  il  faut 
surtout  citer  les  suivantes  :  Divertissement  à 
grand  orchestre;  Fughetta  pour  piano;  Thème 
et  variations  pour  4  instruments  à  cordes  ;  'Va- 
riations pour  piano;  De  Watersnood,  cantate 
pour  clKï'ur  et  orchestre  ;  Chant  funèl)re  à  4  voix  ; 
plusieurs  chœurs  pour  voix  d'hommes  sans  ac- 
compagnement. Cet  homme  distingué,  qui  pos- 
sédait une  riche  bibliothèque  musicale,  a  puhlié 
divers  écrits  sur  la  musique  et  les  musiciens, 
entre  autres  Mozart,  Rossini  et  Holfmann.  Lui- 
même  a  été  l'objet  d'une  notice  biographique, 
due  à  B  -H.  Lulofs. 

*  SCHUBERT  (Franz-Pierre).  —  Les 
écrits  suivants  ont  été  publiés  en  Allemagne  sur 
cet  artiste  célèbre  :  Franz  Schubert,  biographie 
musicale,  par  le  docteur  K.  von  Helborn  (une 
traduction  anglaise  de  cet  ouvrage,  due  à  M.  Ed. 
Wilberforce,  a  été  publiée  à  Londres,  chez 
W.  Reeves,  in  8°)  ;  Franz  Schtibcrt  und  seine 
lieder  (F.  Schubert  et  ses  liedcr),  par  J.  Risse, 
Hanovre,  Riiinpler,  1871;  Franz  Schubert, 
sein  leben  und  seine  werke  (F.  Schubert,  sa 
vie  et  ses  œuvres),  par  Aug.  Reissmann,  Berlin, 
J.  Guttenlag,  1873,  in-8''  avec  portrait  et  fac- 
similé  ;  je  crois  que  c'est  cet  écrit  qui  a  été 
publié  en  anglais  sous  ce  titre  :  Life  of  Franz 
Schubert,  traduit  par  Arthur  Duke  Coleridge, 
avec  un  appendice  par  George  Grove,  Londres^ 
W.  Reeves,  2  vol.  in-S°  avec  portrait.  —  Deux 
biograpbiesde  Schubert  ont  aussi  paru  en  France': 
F.  Schubert,  sa  vie,  ses  œuvres,  son  temps, 
par  H.  Barbedette,  Paris,  Heugel,  1866,  gr. 
in  8"  avec  portrait  et  autographes;  et  Franz 
Schubert,  sa  vie  et  ses  œuvres,  par  M"^  A. 
Audiey,  Paris,  Di<lier,  1871,  in-12.  —  Un  des 
plus  jolis  opéras  de  Schubert,  la  Croisade  des 
Dames,  traduit  par  M.  Victor  Wilder,  a  été  joué 
à  Paris,  sur  le  petit  théâtre  des  Fantaisies- Pari- 
siennes, vers  1868. 

SCHUBERT  ^François-Louis),  compositeur 
et  chef  d'orchestre,  né  en  1804  à  Durenberg, 
étudia  la  musique  avec  GroUmann,  et  entra 
d'abord,  en  1824,  comme  employé  dans  la  grande 
maison  île  librairie  musicale  de  Breitkopf,  d'où 
il  passa  ensuite  chez  l'éditeur  Hofmeisler.  Au 
bout  de  quelques  années,  en  1831,  il  accepta  et 
remplit  les  fonctions  de  chef  d'orchestre  au 
théâtre  de  Géra.  Plus  tard  il  se  fixa  à  Leipzig, 
et  publia  de  nombreuses  compositions  chez 
Schuberlb,    Breitkopf,  et  autres  éditeurs.  Cet 

(1)  Telles  sont  les  dales  que  donne  H.  VA.  Gregoir,  dans 
son  livre  :  les  artistes  musiciens  néerlandais.  \ 


504 


SCHUBERT  —  SCHUCHT 


artiste  est  mort  à  Leipzig  le  19  mars  1868  (1). 

•SCnUBERT  (François),  violoniste  et  com- 
positeur, est  mort  à  Dresde  au  mois  d'avril  1878. 

SCHUBERT  (Camille),  est  le  pseudonyme 
sous  lequel  s'est  fait  connaître,  comme  compo- 
siteur, un  artiste  qui  était  en  même  temps 
éditeur  de  musique  à  Paris  sous  son  véritable 
nom  de  Camille  Priiipp.  M.  Priiipp,  né,  je  crois, 
vers  1810,  tint  pendant  de  longues  années,  sur 
le  boulevard  des  Italiens,  un  établissement  de 
librairie  musicale  auquel  il  a  renoncé  il  y  a  peu 
de  temps,  et  qu'il  aclialandait  surtout  de  ses 
propres  ceuvres,  publiées  sous  le  nom  de  Camille 
Schubert.  Celles-ci,  dont  le  nombre  ne  s'élève 
guère  à  moins  de  quatre-cents,  consistaient  sur- 
tout en  transcriptions,  fantaisies  légères  sur  des 
thèmes  d'opéras  populaires,  et  en  morceaux  de 
musique  de  danse  :  quadrilles,  galops,  polkas, 
rédowas,  etc.  Parmi  ses  autres  compositions, 
on  remarque  :  environ  30  romances;  une  collec- 
tion d'ouvertures  célèbres  arrangées  pour  le 
piano  à  4  mains;  2  marches  caractéristiques, 
pour  piano,  op.  142  et  143;  3  Nocturnes,  id., 
op.  190;  Romance  et  sérénade,  id.;  Menuet  de 
la  cour,  id.;  la  Fêle  des  palineiirs,  id.;  3  Mé- 
lodies sans  paroles,  id.,  op.  379;  Hymne  à 
l'Élerncl,  chœur  à  2  voix  de  femmes;  Fête  du 
Prinlemps,  id.;  la  Fêle  de  la  Rosière,  Espé- 
rance et  Souvenir,  les  Cloches  du  monastère, 
choeurs  à  3  voix  de  femmes;  Invocation  à 
l'harmonie,  les  Chasseurs  tyroliens,  les 
Veilleurs  de  nuit,  chœurs  à  4  voix.  Cet  artiste 
a  fait  exécuter  au  mois  de  mars  1855,  dans 
l'église  Saint-Eustiiche,  une  grande  Messe  solen- 
nelle, dont  les  soli  étaient  chantés  par  MM.  Bus- 
sine  et  Jourdan,  de  l'Opéra-Comique. 

SCIILIÎEUT  (Louis),  compositeur  allemand 
contemporain,  a  fait  représenter  sur  le  théâtre 
d'Altenl)ourg,  le  2  mars  1879,  un  opéra  en 
3  actes  intitulé  Faustina  Hasse.  Précéilemment, 
cet  artiste  avait  fait  jouer  sur  divers  théâtres 
quelques  opérettes  dont  j'ignore  les  titres, 
ife  SCIII]IU:IITII(Julii]s-FerdinaindGeorges), 
né  à  Magdehourg  le  14  juillet  1804,  mort  à 
Leipzig  le  9  juin  1875,  fut  l'un  des  éditeurs  de 
musique  les  plus  considérables  de  l'Allemagne 

(1)  Je  seraU  tenté  de  croire  que  c'est  à  François- Louis 
Schubert  que  sont  dus  un  certain  nombre  de  petits  ma- 
nuels publics  sous  le  nom  de  F.  L.  Schubert,  et  dont 
TOlcl  les  lltrrs  :  ^  Il  C  der  Tonkiinst,  ober  dus  Uif- 
/ensicUrdi/jsIc  fur  Musiker  ttnd  /rnindc  der  To/ikiinst 
(Leipzig',  MiTsi  burgcr,  iii-i2);  Inftrtimentutiomlebre 
inach  den  Hediir/inssen  der  gegenwart  (id.,  Id.,  IJ.)  ; 
hatcchismun  der  gisunqlehre  (id.,  id.,  Id.X;  Die  f'iolin, 
ihr  weseii,  titre  Oedevtuny  uiid  behandlunij  ait  snlo  und 
orchester  instrumint  (Id.,  Id.,  Id.);  Die  Orgel,  ihr  bail, 
ifire  gesrhichte  wid  behuiidluug  (id.,  Id.,  id.).  Il  a  été 
fiat  plusieurs  cdillons  de  cts  petit  s  traités. 


et  le  chef  de  la  maison  J.  Schuberth  et  Cie  de 
Leipzig  et  de  New- York.  Il  étudia  la  musique 
de  bonne  heure,  et  dès  l'âge  de  quinze  uns,  en 
1819,  entrait  comme  employé  dans  la  maison 
Heinrichsholer,  de  Magdebourg.  Sept  ans  plus 
tard,  en  1826,  il  fondait  une  librairie  à  Ham- 
bourg, puis  enfin  s'établissait  détinitivement  à 
Leipzig,  comme  éditeur  de  musique.  De  cette 
ville  il  fit  plusieurs  voyages  aux  États-Unis,  et  alla 
établir  un  comptoir  à  New-York.  Il  accompagna 
même  le  grand  violoniste  Vieuxternps  à  Mexico. 

Ses  affaires  en  Amérique  prenant  une  exten- 
sion considérable,  Schuberth  crée  en  ce  pays 
des  journaux,  des  sociétés  de  musique,  y  publie 
de  petits  manuels  biographique.s,  et,  amateur 
passionné  de  violon,  écrit  un  quatuor  pour  ins- 
tiuments  à  cordes,  qu'il  exécute  dans  des  .soirées 
intimes.  Sa  femme,  née  Bertlia  Prœger,  pianiste 
distinguée,  s'y  produit  et  s'y  fait  remarquer 
comme  virtuose.  En  1874,  Schuberth  revint  se 
fixer  définitivement  à  Leipzig,  oii  il  continua  ses 
publications.  On  connaît  ses  belles  éditions  des 
(l'uvres  de  Chopin,  de  Mendeissohn,  de  Liszt, 
(le  Sch.umann,  de  Wallace,  de  M.  Rubinstein. 
Le  catalogue  de  sa  maison  comprend  plus  de 
6,000  numéros. 

Entre  autres  écrits,  on  doit  à  Julius  Schuberth 
un  petit  manuel  biographique  et  encyclopédique  . 
de  la  musique  publié  sous  ce  titre  :  Kleines 
Musikalisches  Conversations  Lexikon  fiir 
Tonkunsiler  und  Musikfrexinde.  Il  a  été  fait, 
du  vivant  de  l'auteur,  onze  éditions  de  ce  petit 
ouvrage,  et  en  ce  moment  (1878)  M.  Robert 
Musiol  en  prépare  une  douzième.  La  direction 
de  la  maison  Schuberth  et  Cie  est  aujourd'hui 
aux  mains  de  M"®  veuve  Schuberth,  assistée 
d'un  de  ses  neveux. 

*  SCHUBERTH  (Louis),  contrebassiste  et 
compositeur  allemand,  est  mort  à  Saint-Péters- 
bourg au  mois  de  juin  1850. 

SCHUCHT  (JouANN-F ),  écrivain  musi- 
cal et  compositeur  allemand,  docteur  en  philo- 
sophie, est  né  en  1832  à  Holzthaleben,  dans  la 
Thuringe.  Il  se  livra  de  bonne  heure  à  la  pra- 
tique du  piano,  puis  travailla  la  composition, 
qu'il  étudia  sous  la  direction  de  Morilz  Haiipt- 
iiiann,  de  Schnyder  de  Wartensée  et  de  Spohr. 
On  connaît  de  cet  artiste  trois  symphonies, 
plusieurs  ouvertures  de  concert,  des  quatuors 
pour  piano  et  instruments  à  cordes,  des  tieder 
et  un  certain  nombre  de  morceaux  pour  le 
piano.  Il  a  écrit  aussi  les  paroles  et  la  musique 
d'un  opéra  qui  a  été  représenté  sous  ce  litre  : 
les  Français  à  Madrid.  Ayant  fait  à  Berlin  la 
connaissance  de  Meyerbcer,  M.  Sdiuchl  publia 
sur  ce  grand  homme  un  écrit  intitulé  :  Meyer- 


SCHUGHT  —  SCHWAB 


505 


beer's  leben  und  bildungsgang,  Leipzig,  Ma- 
thas.  Depuis  lors,  il  a  livré  au  public  divers 
ouvrages  didacliques  dont  voici  les  titres  : 
Wegwaiser  in  der  tonkunst  {Guide  pour  la 
composition);  Paiiiturenkennlniss  {Étude  des 
parutions)  ;  Kleines  Lezikon  der  Tonkunst 
{Petit  Dictionnaire  delà  composition),  Leipzig, 
Matbas;  Gruiidriss  einer  practischen  Hur- 
monielehre  {Plan  d'un  enseignement  pra- 
tique de  V  harmonie),  Leipzig,  Kahnt. 
M.  Schuchf,  qui  depuis  longues  années  est 
fixé  à  Leipzig,  est  l'un  des  collaborateurs  assidus 
du  journal  qui  se  publie  en  cette  ville  sous  le 
titre  de  Nouvelle  Gazette  musicale  {Neue 
Zeitschrift  fur  Musik),  Il  a  publié  une  biogra- 
phie de  Chopin  :  Friedrich  Chopin  und  seine 
werke,  Leipzig,  Kahnt,  1880,  in-S". 

SCHL'LTHES(  Wilhelm),  compositeur  con- 
temporain, établi,  je  crois,  à  Londres,  s'est  fait 
connaître  par  la  publication  de  diverses  œuvres 
de  musique  religieuse  :  12  Hymnes  latines,  avec 
accompagnement  d'orgue;  Guirlandes  de  Mai, 
hymne  avec  accompagnement  d'orgue  ;  Cor  Jesu, 
salus  in  te  sperantum,  motet  pour  trois  voix 
égales  et  chœur,  avec  orgue;  Vent,  Domine, 
motet  pour  quatre  voix  égales  et  chœur,  avec 
orgue;  etc. 

SCHLLZ-BEUTHEIX  (H....),  musicien 
contemporain,  a  publié  dans  ces  dernières  an- 
nées quelques  compositions  parmi  lesquelles  je 
citerai  les  suivantes  :  Sérénade  hongroise 
pour  violon  et  piano,  op.  9;  Pièce  caractéristi- 
que pour  le  piano,  à  4  mains,  op.  10;  5  pièces 
pour  piano,  en  forme  de  suite,  op.  19;  4  pièces 
pour  piano,  en  style  héroïque,  op.  22  ;  3  pièces 
de  piano,  cycle  en  forme  de  sonate,  op.  23; 
Pièces  de  piano,  op.  24.  M.  Schulz-Beutlien  a 
abordé  une  fois  la  scène,  en  donnant  sur  le 
théâtre  de  Zurich,  au  mois  de  mars  1879,  un 
grand  opéra  \niii\i\é  der  Zauberschlaf  {le  Som- 
meil magique). 

SCHULZ-SCHWERIIV  (C ),  musicien 

allemand  contemporain,  ne  m'est  connu  que  par 
quelques  compositions  symphoniques  qu'il  a  fait 
exécuter  dans  les  concerts  en  ces  dernières  an- 
nées :  Grande  Marche  triomphale.  Ouverture  de 
Torquaio  Tasso,  Ouverture  de  la  Fiancée  de 
Messine,  etc. 

SCHULZ-AVEIDA  (J ),  musicien  alle- 
mand contemporain,  s'est  fait  connaître  par  la 
publication  de  morceaux  et  de  pièces  de  genre 
pour  le  piano,  dont  le  nombre  ne  s'élève  guère  à 
moins  de  deux-cents,  et  parmi  lesquels,  je  crois, 
il  n'est  rien  de  bien  important.  Je  n'ai  pu  réunir 
aucuns  renseignements  sur  cet  artiste. 

*  SCHUMAINN  (Robert).  —  L'ouvrage  es- 


timé que  M.  J.  von  Wasielewski  a  publié  sur  cet 
artiste  célèbre  :  Robert  Schumann,  Fine  bio- 
graphie (Dresde,  Kuntze,  1858,  in-8"),  a  été 
traduit  en  anglais  sous  ce  titre  :  Robert  Schu' 
mann's  life  and  letters,  traduit  par  A.  L.Alger, 
avec  préface  par  W.-A.  Barrctt,  Londres,  W. 
Reeves,  in-8°.  Une  traduction  anglaise  a  été 
faite  aussi  du  recueil  des  écrits  de  Schumann 
sur  la  musique  :  Music  and  Musicians,  essays 
and  criticisms,  publié,  traduit  et  annoté  par 
Fanny-Raymond  Ritter,  Londres,  W.  Reeves, 
in-8°  avec  portrait.  Une  autre  biographie  de 
Schumann  a  paru  en  Allemagne  :  Robert  Schu- 
mann, sein  leben  und  seine  werke,  par  Au- 
guste Reissmann,  Berlin,  J.  Guttentag,  1865> 
in-8°.  En  France,  il  faut  signaler,  outre  un 
très-intéressant  article  de  M.  le  baron  Ernouf  i 
Robert  Schumann,  sa  vie  et  ses  œuvres,  pu- 
blié dans  la  Revue  contemporaine  du  31  jan- 
vier 1864,  l'écrit  suivant  :  Un  successeur  de 
Beethoven ,  Elude  sur  Robert  Schumann , 
par  Léonce  Mesnard,  Paris,  Sandoz  et  Fischba- 
clier,  1876,  in-8'^  de  84  pages.  En  Belgique, 
M.  Maurice  Kufferath  a  donné  sous  ce  titre  : 
Hector  Berlioz  et  Robert  Schumann  (Bruxel- 
les, Sannes,  1879,  in-8°  de  56  pp.),  une  traduc- 
tion anonyme  de  plusieurs  articles  consacrés  par 
Schumann  à  différentes  œuvres  de  Berlioz  dans 
la  ISouvelle  Revue  musicale  de  Leipzig.  Enfin, 
l'éditeur  J.  Schuberth,  de  Leipzig,  a  publié  le 
texte  allemand,  avec  une  traduction  française 
de  M.  Liszt,  des  Conseils  aux  jeunes  musi- 
ciens deScbumann,  Leipzig  et  New-York,  s.  d., 
in-l6  de  3j  pp.,  et  les  éditeurs  MM.  Durand- 
Schœnevcerk  ont  donné  la  traduction  seule  de  ce 
petit  écrit,  sous  ce  litre  :  l'Art  du  piano,  con- 
seils extraits  de  V Album  dédié  à  la  jeunesse, 
par  Robert  Schumann,  traduits  de  l'allemand 
par  Franz  Liszt,  Paris,  s.  d.,  in-16de  19  pp.  (1). 
SCHWAB  (François-Marie-Louis),  com- 
positeur et  critique  musical  français,  est  né  à 
Strasbourg  le  18  avril  1829.  Doué  de  disposi- 
tions précoces  pour  la  musique,  il  étudia  le  piano 
avec  Ed,  Hausser,  l'harmonie  avec  Ph.  Hoerter, 
et  fut  dirigé  de  bonne  heure  vers  l'étude  des 
grands  maîtres  classiques.  Étant  encore  au  col- 
lège, il  dirigeait  déjà  un  orchestre  d'amateurs,  et 

(1)  La  veuve  de  ce  corapositeur,  Mme  Clara  Schumann, 
née  Wicck,  pianiste  de  premier  ordre,  a  conservé  un  vé- 
ritable cuUe  pour  la  mémoire  de  son  mari  et  ne  néglige 
aucune  occasion  de  se  consacrer  à  sa  gloire.  On  trouve 
des  renseignements  intéressants  sur  cette  grande  artiste 
et  sur  sa  famille  dans  l'écrit  suivant  :  Notices  biographi- 
ques de  Frédéric  Ifieck  et  de  ses  deux  filles,  avec  des 
lettres  inédites  de  Hans  de  llûlow,  Czerny.  Robert 
Scàumann,  Carl-Ularia  de  freber.  par  A.  Von  Meisch- 
ner.  Leipzig,  Mutthes,  187S,  in-Sï  de  i28  pp.,  atec  portraits. 


506 


SCHWAB  —  SCIROLI 


il  était  fort  jeune  lorsqu'il  se  produisit  comme 
compositeur  avec  des  ouvertures  et  des  mor- 
ceaux de  chnnt  exécutés  dans  sa  ville  natale, 
soit  au  lliéAtre,  soit  dans  les  concerts,  avec  un 
véritable  succès.  Son  début  en  ce  s^nre  fut  une 
valse  k  ^rand  orchestre,  dédiée'à  M"'  Teresa  Mi- 
lanollo.  Il  lit  entendre  ensuite  plusieurs  œuvres 
d'une  importance  plus  considérable,  entre  autres 
une  messe  solennelle,  et  plusieurs  opéras-comi- 
ques qui  furent  joués  avec  un  grand  succès  à 
Strasbourg  et  à  B;ide.  En  même  temps,  il  se  li- 
vrait à  d'excellents  travaux  de  critique  musi- 
cale, devenait  le  feuilletoniste  attitré  du  Courrier 
du  Bas-Rhin,  dans  lequel  il  passait  régulière- 
ment en  revue  le  mouvement  musical  si  impor- 
tant de  Strasbourg  et  de  Bade,  et  collaborait  à 
la  Gazette  musicale  de  Paris  et  à  Vlllusira- 
tion  de  Bade.  Un  journal  parisien  a  dit  que 
M.  Fr.  Schwab  était  «  une  des  gloires  musica- 
les de  la  province,  »  et  Vllluslration  de  Bade 
appréciait  ainsi  son  talent  :  —  «  Ses  œuvres  se 
distinguent  par  l'inspiration,  la  finesse,  l'origina- 
lité, mélodie  abondante  et  distinguée,  clarté  et 
verve  françaises  imies  à  l'étude  approfondie  des 
grands  maîtres  classiques.  Indépendamment  de 
son  talent  de  compositeur,  Schwab  est  encore  un 
critique  musical  des  plus  compétents,  dont  les 
articles  font  autorité,  et  un  grand  nombre  de 
feuilles  spéciales  ont  publié  ses  intéressantes  et 
savantes  éludes.  » 

Voici  la  liste  des  compositions  de  M.  Schwab. 
—  Musique  dramatiqle.  1"  La  nuit,  tous  tes 
chats  sont  gris,  opéra-comique  en  2  actes,  pa- 
roles de  M.  Ph.  Mutée,  joué  à  Strasbourg  en 
1858;  2°  les  Amours  de  Sylvio,  opéra-comique 
en  un  acte,  joué  sur  le  théâtre  des  Salons  de  la 
Conversation,  à  Bade,  en  1861,  par  MM.  Mon- 
taubry,  Sainte-Foy,  Balanqué,  m""  A.  Faivre 
et  Louisa  Singelée,  livret  de  MM.  Michel  Carré 
et  Jules  Barbier  ;  3"  les  Deux  Consulta/ions, 
opéra-coini(|ue  en  un  acte,  paroles  de  M.  Gran- 
sard,  représenté  au  lycée  de  Strasbourg,  par  les 
élèves  de  cet  établissement,  le  9  aoi^it  1807.  — 
MrsnjiE  iiF.i.ioiEiSE.  1"  Messe  à  grand  orches- 
tre, avec  soli  et  cbœurs,  exéculée  d'abord  à 
Strasbourg,  en  1859,  ensuite  à  Madrid,  puis  à 
Bade,  par  les  chanteurs  du  Théâtre-Italien  et 
l'orchestre  de  la  cbaijelle  de  Bade,  et  enfin  à 
Paris,  à  Saint-Eustache  (Heugel,  éditeur); 
2°  Benedictus,  0  Saltitaris,  et  divers  autres 
morceaux.  —  Musique  de  concert  .  1"  Valse  à 
grand  orchestre {\8hO);  T  Grande  Fantaisie 
pour  clarinette,  avec  orchestre  (1859),  écrite 
pour  le  fameux  clarinettiste  Wuille  et  exécutée 
en  1859  au  grand  festival  de  Bade  sous  la  direc- 
tion d'Hector  Berlioz,  au  festival  de  Mulhouse 


en  18C0,  et  à  Paris,  au  concert  Besselièvre ,  en 
1862;  3°  SjIo  de  saxophone,  écrit  pour  le  même 
virtuose  (18C0),  qui.  à  l'aide  de  ce  morceau,  fit 
connaître  cet  instrument  à  Bade;  4"  Cantabile 
pour  violoncelle  (Choudens,  éd.)  ;  5°  Concertino 
pour  violoncelle(Flaxland).  —  Musique dechant. 
1"  les  Voix  de  la  Lyre,  grande  cantat(>  écrite, 
sur  des  paroles  de  Méry,  pour  le  grand  festival 
de  Strasbourg  en  1863;  2" /e  Dernier  Chant  de 
Corinne,  scène  pour  soprano,  avec  acoinpagne- 
ment  d'orchestre  ;  3°  /a  Vision,  mélodie  pour 
ioprano  ;  i"  le  Lac  Léman,  mélodie  pour  ba- 
ryton ;  5°  V Alsace,  chœur  à  quatre  voix  d'hom- 
mes; 6°  Gambrinus,  id.;  7°  Agnus  Dei  pour  voix 
de  contralto  avec  orgue,  Paris,  Choudens. 

M.  Schwab,  qui  a  reçu,  à  différentes  reprises, 
des  félicitations  et  des  marques  d'amitié  de  quel- 
ques-uns de  nos  grands  maîtres,  MM.  Gounod, 
Ambroise  Thomas,  Reyer,  Gevaert,  a  dirigé  avec 
de  brillants  résultats,  de  1871  à  1874,  l'excel- 
lente société  chorale  l'Union  musicale,  et  est 
aujourd'hui  le  rédacteur  musical  spécial  du 
Journal  d'Alsace.  Il  est  officier  d'Académie,  et 
chevalier  des  ordres  de  Charles  III  d'Espagne  et 
de  la  maison  Ernestine  de  Saxe. 

SCH  WARZ  (WiLHELM),  musicien  allemand, 
docteur  en  philosophie  et  professeur  de  chant, 
naquit  à  Stutlgard  le  11  mai  1825,  et  mourut  à 
Berlin  le  4  janvier  1878.  Il  étudia  d'abord  la  phi- 
lologie el  la  théologie  pour  devenir  prêtre,  mais 
renonça  ensuite  à  entrer  dans  les  ordres,  et 
après  s'être  adonné  à  l'étude  du  chant,  il  aborda 
le  théâtre  et  remplit  pendant  plusieurs  années 
rem|)loi  des  ténors  sur  plusieurs  scènes  alle- 
mandes. Après  avoir  effectué  un  voyage  à 
Vienne,  à  Venise  et  à  Milan,  il  s'établit  à  Ham- 
bourg comme  professeur  de  chant,  et  bientôt 
publia  en  cette  ville  un  traité  intitulé  :  Système 
de  Vart  du  chant  d'après  les  lois  physiologi- 
ques (Hambourg,  Hellwig,  1857).  L'année  sui- 
vante il  alla  fixer  sa  résidence  à  Berlin,  où  il 
forma  un  grand  nombre  d'élèves,  parmi  les- 
quelles M""  Harriers-Wippern  {Voy.  ce  nom), 
cantatrice  dramatique  distinguée,  morte  récem- 
ment. C'est  en  cette  ville  que  lui-même  est  mort, 
à  l'âge  de  cinquante-deux  ans. 

Outre  l'ouvrage  signalé  ci-dessus,  Schwarz  a 
encore  publié  l'écrit  suivant  :  la  Musique 
comme  langue  de  sentiment,  en  rapport 
avec  la  voix  et  Vart  du  chant  (Leipzig,  Kahnt, 
1860).  Il  a  aussi  fourni  un  certain  nombre  d'ar- 
ticles à  différents  journaux. 

*  SCIROLI  (Grégoike),  compositeurdrama- 
tique  italien  du  dix-huilième  siècle.  —  Aux  ou- 
vrages mentionnés  sous  le  nom  de  cet  artiste, 
il  faut  ajouter  les  suivants  ;  U  Nnamorate  cor- 


SCIROTJ  —  SECHTER 


507 


revale,  et  il  Finto  Pasiorella  {sic),  représentés 
tous  deux  au  tliéâtre  Nuovo,  de  Naples,  le  pre- 
mier en  1752,  le  second  en  1755;  et  Alessan- 
dro  nelle  Indie,  qui  fut  donné  à  Bologne  en 
1774. 

SCOFFIERO  (Celestino),  écrivain  mu- 
sical italien,  est  l'auteur  d'un  opuscule  publié 
sous  ce  titre  :  Cenni  storici  intorno  al  re  dei 
musicali  islrumenti,  Vorgano,  e  brève  descri- 
zione  délia  sua  itruttura.  Je  ne  connais  de  ce 
petit  écrit  que  la  seconde  édition,  publiée  en  t878, 
à  Oneglia,  cliez  l'imprimeur  Ghiliui,  et  qui  forme 
une  brochure  de  24  pages. 

*  SCOLARI  (GiusEPPE).  —A  la  liste  des  ou- 
vrages dramatiques  de  ce  compositeur,  il  faut 
ajouter  un  opéra  intitulé  il  Finio  Cavaliero. 

SCOI^TIIOO   ( ),   musicien   italien,  a 

fait  représenter  à  Milan,  sur  le  théâtre  Dal 
Veime,  le  18  juin  1879,  un  opéra  en  4  actes,  in- 
titulé Malelda. 

SCOTO  (M....),  professeur  italien  contem- 
porain, est  l'auteur  d'un  petit  manuel  publié 
sous  ce  titre  :  Grammatica  elementare  di  77iu- 
sica  divisa  in  quattro  lezioni,  op.  16,  Milan, 
Lucca.  J'ignore  quels  sont  les  autres  ouvrages 
de  cet  artiste,  qui,  je  crois,  est  professeur  de 
chant  dans  les  écoles  municipales  de  Molfetta. 

*  SCUDO  (P ),  critique  et  écrivain  musi- 
cal, né  à  Venise  le  8  juin  1806,  est  mort  à  Blois 
le  14  octobre  1864.  Scudo  a  collaboré,  en  ce  qui 
concerne  la  musique,  à  un  certain  nombre  de 
journaux  et  recueils  périodiques  -.  la  Bévue  et 
Gazette  musicale  de  Paris,  la  Réforme,  la  pre- 
mière Revue  de  Paris,  la  Revue  indépendante, 
le  Musée  des  Familles,  le  Siècle,  VOrdre, 
l'Art  ynusical,  et  enfin  la  Revue  des  Deux-Mon- 
des, où  pendant  plusieurs  années  ses  articles, 
écrits  avec  élégance,  mais  d'une  critique  un  peu 
superficielle,  étaient  fort  remarqués.  Il  a  donné 
aussi  quelques  articles  à  V Encyclopédie  géné- 
rale de  MM.  Firmin-Didot,  et  à  la  seconde  édi- 
tion du  Dictionnaire  de  la  Conversation  et  de 
la  Lecture, 

Parmi  les  volumes  publiés  par  Scudo,  V  Année 
musicale  ne  comprend  que  trois  années,  por- 
tant les  dates  de  1860,  1861  et  1862  (Paris, 
Hachette,  in-12);  mais  un  quatrième  volume  a 
été  donné  sous  ce  titre  :  la  Musique  en  1862 
(Paris,  Helzel,  in-12,  1863).  Scudo  a  donné  à  la 
Revue  des  Deux-Mondes  un  roman  musical, 
Frédérique,  «  suite  du  Chevalier  Sorti,  u  qui 
n'a  point  été  publié  en  volume,  non  plus  que  les 
biographies  de  divers  sopranistes  célèbres  :  Cres- 
centini,  Velluti,  etc.,  insérées  dans  le  môme  re- 
cueil. Les  deux  premiers  ouvrages  livrés  au 
public  par  cet  écrivain  n'avaient  aucun  rapport 


à  la  musique;  l'un  était  intitulé  Physiologie 
du  Rire,  et  le  second  avait  pour  titre  les  Partis 
politiques  en  province  (1838,  in-S").  Scudo, 
dont  l'exagération  d'esprit  était  évidente,  et  qui 
était  doué  d'une  forte  dose  de  vanité,  donna, 
vers  le  milieu  de  l'année  1803,  des  signes  non 
équivo(pies  d'un  dérangement  des  facultés  in- 
tellectuelles ;  bientôt  il  fut  atteint  d'une  véri- 
table folie  qui  devint  assez  rapidement  furieuse, 
et  il  mourut  à  Blois,  au  milieu  d'une  famille 
amie  qui  lui  était  profondément  attachée,  et 
qui  avait  poussé  le  dévouement  jusqu'à  le  re- 
cueillir en  cet  état. 

Dans  un  de  ses  ouvrages  de  crilique  {Année 
musicale,  Z"  année,  p.  189),  Scudo  dit  avoir 
reçu  des  leçons  d'harmonie  de  Chelaid. 

SEBASTIAN!  (Ehnesto),  pianiste  et 
compositeur  italien,  né  à  Naples  le  6  janvier 
1843,  fut  élève  de  Ferdinando  Bonamici  pour 
le  piano,  él  pour  la  composition  de  Yincenzo 
Fiodo  et^  de  Giovanni  Moretti.  Il  a  fait  repré- 
senter sur  le  théâtre  Bellini ,  de  Naples ,  au  mois 
de  novembre  1867,  un  opéra  bouffe  en  trois  actes 
intitulé  il  Marchese  Taddeo,  qui  fut  très-bien 
accueilli,  et  peu  de  temps  après  il  entreprit  un 
voyage  artistique  à  la  suite  duquel  il  se  fixa  à 
Tuni^,  oii  il  réside  encore  aujourd'hui.  Pour- 
tant il  a  fait  retour  un  instant  dans  sa  ville 
natale  pour  y  faire  représenter,  sur  le  théâtre 
de  la  Fenice,  le  23  novembre  1876,  un  second 
ouvrage  dramatique,  il  Povero  Diavolo.  Cet 
ouvrage,  dont  le  livret,  selon  la  coutume  ita- 
lienne, était  tout  simplement  calqué  sur  celui 
de  notre  opéra  français  la  Part  du  Diable, 
seml)le  avoir  été  favorablement  reçu  par  le  pu- 
blic. Depuis  lors  M.  Sébastian!  a  encore  donné, 
sur  l'un  des  théâtres  de  Borne  (août  1878),  un 
troisième  opéra,  Raffaele  e  la  Fornarina, 
dont  il  avait  écrit  les  paroles  et  la  musique; 
celui-ci  a  été  moins  heureux  que  les  précédents , 
et  n'a  obtenu  qu'un  méiliocre  succès. 

SECCHI  (Benedetto),  compositeur  italien, 
né  à  Mondovi  le  28  janvier  1831,  a  fait  ses 
études  au  conservatoire  de  Milan,  où  il  a  suivi 
les  classes  de  piano  et  de  composition  de  1844 
à  1847.  Il  a  fait  représenter  avec  succès  le  22  oc- 
tobre 1856,  sur  le  théâtre  de  la  Canobbiana,  de 
Milan,  un  opéra  sérieux  intitulé  la  Fnnciulla 
délie  Asturie.  Je  n'ai  aucun  autre  renseigne- 
ment sur  cet  artiste,  qui  de|)uis  lors ,  et  malgré 
le  bon  act  ueil  fait  à  son  ouvrage,  ne  s'est  pas 
de  nouveau  proiiuit  à  la  scène. 

*  SECHTER  (Simon),  ancien  organiste  de 
la  cour  de  Vienne  et  professeur  au  Conser- 
vatoire de  cette  ville,  est  mort  le  10  septembre 
1867.  Sechter   fut  l'un  des  plus  savants  contra- 


508 


SECHTER  —  SEHON 


punlistes  du  dix-neuvième  siècle,  et  son  enseigne- 
ment, devenu  célèbre,  était  recherché  par  toute 
l'Allemagne.  11  a  compté  parmi  ses  élèves  Thal- 
berg,  Pauer,  Th.  Dœhler,  Dœrfeld,  Lœwe,  Ad. 
Henselt,  Vieuxteraps,  les  princes  Constantin 
et  Georges  Czartoryski,  etc. 

Sous  le  pseudonyme  de  Enist  Heiter,  Sechter 
avait  fait  représenter  sur  le  théâtre  de  Josephs- 
tadt ,  à  Vienne ,  le  12  novembre  1844,  un  opéra 
burlesque  intitulé  Ali  Hilsch-Uatsch. 

SECOi^iD  (Albéric),  romancier  et  vaudevil- 
liste, né  à  Angoulêine  le  17  juin  1817,  est  mort  à 
Paris  vers  1872.  Il  a  publié  sous  ce  titre  :  les 
Petits  Mystères  de  l'Opéra  (Paris_,  1844,  in-8°), 
une  sorte  de  chronique  plaisante  de  notre  pre- 
mière scène  lyrique,  et  sous  cet  autre  litre  : 
Misères  d'un  prix  de  Rome  (Paris,  1868,  in- 
12),  un  roman  dont  le  héros  est  un  musicien 
découragé. 

*  SEDLAZER  (Jean),  flùtiste^est  mort  à 
Vienne  le  11  avril  1806. 

SEGHERS  (François-Jean-Baptiste),  vio- 
loniste et  chef  d'orchestre  distingué,  né  à 
Bruxelles  au  mois  de  janvier  1801,  commença 
ses  études  musicales  avec  un  de  ses  oncles,  prit 
ensuite  des  leçons  de  Gensse,  violon-solo  du 
Grand-Théâtre  de  Bruxelles,  puis  vint  à  Paris 
et  fut  reçu,  au  Conservatoire,  dans  la  classe  de 
Baillot.  11  fut  l'un  des  fondateurs  de  la  Société 
des  concerts  du  Conservatoire,  fit  partie  de  cet 
orchestre  admirable  jusqu'en  1848,  et  l'année 
suivante  fonda  la  Société  de  Sainte-Cécile,  établie 
sur  les  mêmes  bases,  et  qui  donnait  ses  séances 
dans  la  salle  du  casino  Paganini,  rue  de  la 
Chaussée-d'Antin.  M.  Seghers  donna,  dans  la  di- 
rection de  cette  société,  des  preuves  d'un  véri- 
table talent  de  chef  d'orchestre,  surtout  en  ce 
qui  concerne  la  symphonie,  et,  musicien  aussi 
instruit  qu'intelligent,  il  fit  connaître  au  public 
parisien  un  grand  nombre  d'œuvres  importantes 
qui  jusqu'alors  n'avaient  pas  été  exécutées  en 
France,  entre  autres  la  musique  de  Preciosa  et 
la  Jubel-Ouveriure,  de  Weber,  la  symphonie- 
cantate,  la  4"  symphonie  et  les  ouvertures  de  Men- 
delssohn,  la  symphonie  en  ut  et  l'ouverture  de 
Rosemonde,  de  Schubert,  l'ouverture  de  Maii- 
fred,  de  Robert  Schumann,  etc.  De  plus,  M.  Se- 
ghers  exerçait  une  large  hos|)ilalilé  à  l'égard  des 
jeunes  compositeurs  et  des  musiciens  français, 
et  c'est  lui  qui  lit  entendre  les  symphonies  et  di- 
Tcrses  œuvres  de  M.  Gounod,  l'ode  à  sainte  Cé- 
cile et  la  première  symphonie  de  M.  Saint-Sacns, 
les  symphonies  de  M.  Reber  et  de  M.  Gouvy,  la 
Fuite  en  Egypte  et  l'ouverture  du  Carnaval 
romain,  de  Berliox,  le  Jugement  dernier,  de 
M.  "Weckerlin,  etc.,  etc.  Malheureusement,  des 


difficultés  intérieures  amenèrent,  vers  1854,  la 
retraite  de  M.  Seghers,  qui  fut  rapidement  suivie 
de  la  dissolution  de  la  Société  de  Sainte-Cécile. 
Depuis  lors,  M.  Seghers  n'a  plus  fait  parler  de 
lui,  et  vit  retiré  à  Paris. 

SEGLR  (Anatole,  comte  DE),  fils  du  comte 
Eugène  de  Ségur,  ancien  pair  de  France,  est  né 
en  1821.  La  carrière  administrative  qu'il  suivit 
sous  le  second  empire,  où  il  devint  préfet  de  la 
Haute-Marne,  puis  conseiller  d'État,  ne  l'empê- 
cha pas  de  se  livrer  à  la  culture  des  lettres. 
Entre  autres  ouvrages,  M.  de  Ségur  publia 
Sainte  Cécile,  poème  tragique  en  deux  parties 
et  quatre  actes  (Paris,  Bray,  1868,  in-t6),  qui 
lui  valut  en  1869  un  prix  à  l'Académie  fran- 
çaise. 

SEHELLE  (Edouard),  professeur  allemand 
et  écrivain  musical  distingué,  est  né,  croyons- 
nous,  à  Berlin,  entre  les  années  1825  et  1830. 
Nous  ignorons  les  détails  de  son  existence,  mais 
nous  pensons  qu'avant  de  se  fixer  à  Vienne,  il 
doit  avoir  passé  quelques  années  à  Paris  et  à 
Rome.  M.  Sehelle  a  publié  un  écrit  très-intéres- 
santsur  la  représentation  à  Parisdu  Tannhàuser 
de  M.  Richard  Wagner,  écrit  dans  lequel  son  su- 
jet l'amenait  à  rappeler,  d'une  façon  très-ingé- 
nieuse, la  fameuse  guerre  des  gluckistes  et  des 
piccinnisles  au  siècle  dernier.  Depuis  lors,  il  a 
livré  au  public  un  ouvrage  très-impoi  tant  sur  les 
chanteurs  de  la  chapelle  Sixtine  à  Rome  (Vienne, 
Golthardt,  1875),  ouvrage  dans  lequel  on  trouve 
des  renseignements  précis  et  pleins  d'intérêt  sur 
le  développement  de  cette  école  et  sur  les  artistes 
qui  s'y  sont  formés.  Depuis  1862,  M.  Sehelle 
a  succédé  à  M.  Hanslick  comme  feuilletoniste 
musical  du  journal  la  Presse,  de  Vienne. 

J.  B. 

SEH03f  (  Le  chevalier  Edouard),  composi- 
teur autrichien  distingué,  connu  sous  le  pseu- 
donyme à'Engelsberg,  est  né  à  Engelsherg,  en 
Silésie,  le  23  janvier  1825.  Il  s'adonna  à  l'étude 
du  droit,  et,  après  avoir  été  reçu  docteur  de 
l'Université  de  Vienne,  entra  dans  la  magistra- 
ture et  fut  pensionné  comme  conseiller  en 
1878.  Dès  sa  jeunesse,  M.  Sehon  s'était  beau- 
coup occupé  de  musique,  encouragé  par  son 
père,  qui  était  amateur  de  cet  art  cl  qui  chan- 
tait avec  goût;  il  étudia  seul  la  composition,  à 
l'aide  du  traité  de  Reicha,  et  acquit  la  connais- 
sance de  l'instrumentation  en  analysant  les  gran- 
des (Tuvres  de  Berlioz.  Il  écrivit  surtout  beau- 
coup de  chœurs  pour  voix  d'hommes,  et  devint 
le  compositeur  favori  du  Mànnergesangsverein 
de  Vienne,  qui  chante  partout  ses  chœurs  avec 
le  plus  grand  succès,  et  a  rendu  populaire  le 
nom  d'Engelsberg.  M.  Sehon  a  publié  sous  ce 


SEHON  —  SELLT 


509 


nom,  jusqu'à  ce  jour,  environ  70  chœurs,  soit 
sérieux,  soit  gais;  ces  compositions  sont  trcs- 
méloiliques,  et  écrites  avec  une  grande  habileté. 
Il  faut  surtout  citer  celles  qui  ont  pour  titre  : 
les  Scènes  amusantes  de  bal,  le  Quadrille  des 
Fous,  Annahell  Lee  et  le  Liederspiel.  Cette 
dernière  est  d'une  invention  gracieuse  et  d'une 
mélodie  charmante. 

J.  B. 

*  SEIDEOIAIVIV  (Eugène),  et  non  Sei/del- 
mann,  compositeur  allemand,  était  né  le  12  avril 
1800,  et  mourut  à  Breslau  le  31  juillet  1864. 

La  femme  de  cet  artiste,  née  Marie  Dick- 
mann,  vit  le  jour  à  Elbing  le  5  novembre  1817, 
et  devint  une  cantatrice  dramatique  distinguée. 
Après  s'être  fait  remarquer  sur  divers  théâtres, 
entres  autres  à  Berlin,  Hanovre  et  Breslau,  elle 
abandonna  cette  carrière  dans  toute  la  force  de 
la  jeunesse,  et  se  retira  en  1845. 

SEIDL  (J.... -Chrétien),  chef  d'orchestre  et 
compositeur  allemand,  s'est  fait  connaître  par 
la  publication  d'un  grand  nombre  de  lieder  qui 
obtinrent  du  succès  et  dont  plusieurs  devinrent 
populaires.  Il  avait  fondé  à  Munich  une  société 
de  concerts  particulièrement  destinée  à  l'exécu- 
tion des  œuvres  des  maîtres  modernes,  et  qui 
avait  été  fort  bien  accueillie.  Cet  artiste  est  mort 
à  Munich  au  mois  de  septembre  1861. 

*  SEIDLER  (Madame  Caroline),  née  Wra- 
nitzki,  chanteuse  dramatique  renommée,  née 
en  1794,  est  morte  à  Berlin  le  4  septembre  1872, 
à  l'âge  de  soixante-dix-huit  ans. 

SEIFRIZ  (Max),  compositeur  allemand,  a 
écrit  la  musique  d'un  poème  dramatique  intitulé 
Ariane  à  ISaxos,  qui  a  été  représenté  en  1860, 
à  Lœwenberg. 

SEISS  (Isidore),  pianiste,  professeur  et  com- 
positeur allemand  contemporain,  s'est  fait  en- 
tendre avec  quelque  succès  en  Allemagne  et  en 
Belgique,  et  est  aujourd'hui  professeur  au  Con- 
servatoire de  Cologne.  Parmi  ses  composilions, 
on  remarque  :  3  Pièces  pour  piano,  op.  7  ;  3  So- 
natines pour  piano,  op.  8;  Interviezzo  pour 
piano,  op.  9;  Études  de  bravoure,  pour  piano, 
op.  10;  Préludes  pour  piano,  en  formes  d'études, 
op.  12  ;  Fantaisie  pour  piano  en  forme  de  Toc- 
cata, op.  1 1  ;  Adagio  pour  violoncelle,  avec 
accompagnement  d'orchestre,  op.  13;  Valse  fan- 
tastique pour  piano,  à  4  mains,  op.  15  ;  Cadence 
pour  un  concerto  de  Weber,  op.  32  ;  Scène  et 
Marche  à  grand  orchestre,  op.  16  ;  Pièce  lyri- 
que pour  piano,  op.  17.  Tontes  ces  œuvres  ont 
été  publiées  par  la  maison  Schlesinger  (Robert 
Lienau),  de  Berlin. 

*   SÉJAIV    (Louis),  organiste  français,   est 
mort  à  Paris  au  mois  d'avril  1849. 


SELDErV  (Camille).  —  Voyez  KRIIMTZ 
(M"''  DE  ). 

*  SELIGMAIVIV  (Hippolyïe-Prosier),  vio- 
poncelliste  et  compositeur  pour  son  instrument. 
A  la  liste  des  œuvres  de  cet  artiste,  j'ajouterai  les 
suivantes  :  t°  Howmage  à  Auber,  caprice,  avec 
piano,  op.  55;  2"  Album  algérien,  4  morceaux 
caractéristiques,  id.,  op.  60;  3"  Concerto,  id., 
op.  70;  4°  Anriante  et  rondo  de  concert,  id.,  op. 
75;  5°  Dernier  chant  d'amour,  id.,  op.  76; 
6°  Caprice  humoristique  et  chanson  havanaise, 
id.,  op.  77  ;  7°  le  Secret,  id.,  op.  79;  8"  Dans 
les  nuages,  id.,  op.  80;  puis  diverses  fantaisies 
sur  des  motifs  d'opéras  :  les  Huguenots,  op.  58, 
le  Pardon  de  Ploërmel,  op.  69,  Joconde,  op. 
72,  l'Africaine,  op.  78,  Martha,  op.  82,  les 
Dragons  de  Vdlars,  op.  90,  l'Ombre,  op.  94, 
etc.,  etc.  M.  Seligmann  s'est  essayé  dans  la  cri- 
tique musicale,  et  a  donné  quelques  articles  à 
divers  journaux. 

SELITTI  ou  SELITTO  (Giuseppe),  com- 
positeur dramatique  italien,  vivait  dans  la  pre- 
mière moitié  du  di\- huitième  siècle,  et  a  fait  re- 
jrésenter  les  ouvrages  dont  voici  les  titres  :  iTO- 
ronte,  ovvero  il  Custode  di  se  s/esso,  Naples, 
théâtre  des  Fiorentini,  1730;  2°  i  Due  Baroni, 
id.,  id.,  1736;  3°  VAmor  comico,  id.,  id.,  1749. 
J'ignore  si  cet  artiste  a  écrit  d'autres  opéras,  et 
le  n'ai  pu  découvrir  sur  lui  aucun  renseigne- 
ment. 

SELLENICK   ( ),    compositeur    et 

chef  de  musique  militaire,  remplissait,  il  y  a  une 
vingtaine  d'années,  les  fonctions  de  chef  d'or- 
chestre au  théâtre  de  Strasbourg.  Fils  d'un  chef 
de  musique  d'origine  styrienne,  il  naquit  en 
cette  ville  vers  1820,  et,  fort  jeune  encore,  apprit 
à  jouer  de  plusieurs  instruments,  entre  autres 
du  violon  et  du  cor.  Devenu  chef  de  musique 
au  2*^  régiment  de  voltigeurs  de  la  garde  impé- 
riale, il  fit  en  cette  qualité  la  campagne  d'Ita- 
lie et  celle  de  1870.  M.  Sellenick  a  écrit  la 
musique  de  Crispin  rival  de  son  maître,  opéra- 
comique  en  2  actes  dont  le  livret  avait  été  tiré 
de  la  célèbre  comédie  de  Lesage  qui  porte  ce 
titre,  et  qui  fut  représenté  au  Théâtre-Lyrique, 
le  1^""  septembre  1860.  M.  Sellenick  s'est  fait  con- 
naître aussi  comme  compositeur  de  musique  mi- 
litaire. Il  remplit  aujourd'hui  les  fonctions  de 
chef  de  musique  au  régiment  de  la  garde  ré- 
publicaine. .M.  Sellenick  est  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur. 

*SELLI  (Prospero).—  Aux  ouvrages  drama- 
tiques mentionnés  au  nom  de  cet  artiste,  il  faut 
ajouter  Ricciarda,  opéra  sérieux  représenté  au 
théâtre  San-Garlo,  de  Naples,  vers  1840,  et 
Ada  Marescotti,  joué  sur  le  théâtre  de  Viterbp 


510 


SELLI  —  SENEKE 


aux  environs  de  Tannée  1865.  Quant  à  Medea, 
cet  ouvrage  a  été  donné  au  lht<\tie  Apollo,  de 
Rome,  non  en  IS'il,  mais  on  1839. 

*  SELLI\t;R  (JosKpn),  iiaulhoïste  allemand, 
est  mort  à  Vienne  le  17  mai  1843. 

SEMET  (TiiKoi'nii.E-AiMÉ-ÉMiLE),  composi- 
teur dramali(]ue  français,  est  né  à  Lille  (Nord) 
le  G  septembre  I824  (1).  Son  père,  qui  était 
employé  à  la  recette  générale  du  département, 
le  fil  admettre  au  Conservatoire  de  celte  ville, 
où  il  étudia  le  violoiicclle  et  fut,  pour  l'harmonie, 
élève  de  Pierre  Baiimann.  M.  Semet  était  très- 
jeune  encore  lorsqu'il  composa  et  fit  exécuter 
quelques  morceaux  d'orcliestre  par  une  société 
musicale  de  Lille;  la  municipalité  de  sa  ville 
natale  lui  accorda  alors  une  pension  qui  lui 
permit  de  venir  à  Paris  terminer  ses  études.  Le 
jeune  artiste  prit  en  effet  le  chemin  de  la  capi- 
tale, et,  en  1845,  fut  aduiis  au  Conservatoire 
dans  la  classe  de  composition  d'Halévy. 

Après  (juelqiies  années  passées  au  Conserva- 
toire, M.  Semet  se  livra  à  l'enseignement,  tout 
en  cherchant  à  se  produire  au  théâtre,  ce  qui, 
à  cette  époque  surtout,  était  particulièrement 
difficile.  Ai)rès  avoir  fait  jouer  dans  une  société 
un  petit  opéra  dont  j'ignore  le  litre,  il  fut  chargé 
par  la  direction  du  théâtre  des  Variétés  d'écrire 
quelques  airs  nouveaux  pour  un  vaudeville  en 
2  actes  que  M.  Anicet  Bourgeois  avait  tiré  du 
joli  roman  de  George  Sanii  :  la  PeiUe  Fadette, 
et  qui  lut  représenté  sous  ce  titre,  à  ce  théâtre, 
le  28  décembre  1850.  Mais  c'était  là  bien  (leu 
de  chose,  et  il  fallait  vivre;  bientôt,  M.  Semet 
accepta  donc  un  enq)loi  de  timbalier  dans  l'or- 
chestre de  rO|)éra,  emploi  qu'il  conserva  pendant 
longues  années,  même  quand  il  se  fut  fait  un 
nom  comme  compositeur. 

Enfin,  loisque  M.  Carvallio,  avec  lequel  il 
s'était  lié  au  Conservatoire,  eut  été  placé  à  la 
tête  du  Tbeûlre-Lyri(|ue,  M  Semet  se  vit  charge 
par  lui  d'éciire  la  musique  d'un  opéra-comique 
en  2  actes,  les  Nuits  d' Espagne,  qui  fut  repré- 
senté le  26  mai  1857.  Cet  ouvrage  aimable,  écrit 
avec  grûce  et  distinclion,  fut  accueilli  |)ar  le 
public  avec  une  laveur  marquée  et  fit  eonnailre 
du  coup  le  nom  du  composileur.  Celui-ci  s'oc- 
cupa aussitôt  il'ime  seconde  partition,  la  De 
moisel le  d'honneur,  et  cel  ouvrage,  en  3  actes, 
fut  joué  le  30  deceMd)rc  1857.  Comme  il  arrive 
souvent  à  la  suite  d'un  premier  succès  éclatant, 


(I)  Le  Dictionnaire  des  Contemporains  fait  n;iitre 
M.  Sciutt  U'  8  hcplitiibre  l82c;  un  autre  biofiraplif  d^nne 
pour  date  dr  sa  nai^sance  lo  4  décembre  i82o  J'ai  lieu  de 
croire  que  la  date  que  Je  donne  ici  est  la  seule  exacte, 
puisque  c'(  st  C(;lle  (|ue  J'ai  relev(?e  sur  les  registres  d'à  1 
njission  du  Conservatoire  de  Paris. 


cette  nouvelle  production  du  jeune  musicien  fut 
reçue  avec  froiileuret  défiance,  bien  que  l'œuvre 
fût  plus  vigoureuse  et  qu'elle  dénotât  un  talent 
réel  ;  la  malechance  aussi  s'en  mêla,  la  maladie 
d'une  artiste  vint  interrompre  les  représentations, 
qui  ne  purent  être  reprises  qu'au  bout  d'un  cer- 
tain temps,  et,  bref,  la  Demoiselle  dlionneur 
ne  fut  pas  heureuse. 

M. Semet  se  releva  brillamment  avec  Gil-Blns, 
opéra-comique  en  5  actes  qu'il  donna  au  même 
théâtre  le  26  mars  1860,  et  qui  obtint  un  grand 
succès,  grâce  au  mérite  et  à  la  vive  allure  de 
la  musique,  et  aussi  au  talent  et  à  la  verve 
endiablée  qu'y  déployait  la  piincipale  interprèle, 
M"":  Ugalde,  chargée  du  rôle  de  Gil-Blas.  On  a 
surtout  gardé,  de  cet  opéra,  le  souvenir  d'une 
sérénade  qui  devint  rapidement  populaire  et  qui 
se  vendit  par  milliers  d'exemplaires.  Le  compo- 
siteur fut  moins  heureux  avec  Ondine,  très- 
faible  ouvrage  en  3  actes  qu'il  donna  au  Théâtre- 
Lyrique  le  7  janvier  18G3,  et  qui,  si  j'ai  bonne 
mémoire,  ne  put  même  atteindre  le  chiffre  de 
dix  représentations;  on  remarqua  seulement 
dans  la  partition  une  chanson,  dite  «  chanson 
de  la  taupe,  »  qui  était  un  petit  bijou.  Enfin, 
en  1869,  M.  Semet  abordait  la  scène  de  l'Opéra- 
Comique  avec  un  nouvel  ouvrage  en  3  actes,  la 
Peiiie  Fadette,  dont  le  poème,  tiré  encore  du 
roman  de  George  Sand,  n'avait  cependant  rien 
de  commun  avec  la  petite  pièce  dont  il  avait  na- 
guère écrit  la  musique  pour  le  Ihéàtre  des  Va- 
riétés. Cette  nouvelle  partition,  d'un  style  par- 
fois un  i)eu  recherché,  n'en  était  |)as  moins 
remarquable  à  divers  égards,  et  dénotait  un 
véritable  progrès  dans  la  manière  du  composi- 
teur, surtout  par  rapport  à  la  vérité  scénique  et 
au  maniement  de  l'orchestre.  Pourtant,  depuis 
lors,  M.  Semet  ne  s'est  pas  repioduit  au  théâtre. 

En  dehors  des  ouvrages  qui  viennent  d'être 
énumérés,  M.  Semet,  qui  est  un  artiste  bien 
doué  et  vraiment  distingué,  n'a  écrit  qu'une 
cantate,  la  Fête  de  Napoléon  III,  qui  a  été 
exécutée  à  rO|)éra  le  1 5  aoilt  1862,  et  la  musique 
des  divertissements  dansés  des  Pirates  de  la 
Savane,  pour  la  reprise  de  ce  drame  qid  fut  faite 
en  1867  au  théâtre  de  la  Gaîfé.  M.  Semet  est 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

SEi>Eïi.E  (Tehesa),  musicienne  italienne, 
née  vers  1848,  s'était  fait  connaître  par  la 
musique  d'un  opéra  intitulé  le  Due  Atmclir,  qui 
avait  été  re|irésenté  à  Rome ,  sur  le  théâtre 
Argenlina.  On  connaissait  d'elle  aussi  <|uelques 
romances  et  mélodies  vocales,  ainsi  que  des 
morceaux  de  musi(iue  de  danse.  Cette  jeune 
artiste  est  morte  à  Rome,  au  mois  de  novembre 
1875,  à  peine  âgée  de  vingt-sept  ans. 


SERASSI 


oH 


SERASSI,  est  le  nom  d'une  famille  de  fac- 
teurs d'orgues  célèbre  en  Italie,  et  dont  la  re- 
nommée n'a  cessé  d'être  vivace  depuis  le  com- 
mencement du  dix-huitième  siècle  jusqu'à  nos 
jours    Deux    membres  de  celle  dynastie,  Jo- 
seph Il  et  Charles,  ont  seuls  été  menlionnes  dans 
la   Biographie  universelle  des  Musicieus  ; '}e 
Tais  faire  connaître  ici  ceux  de  ces  arlisles  sur 
lesquels  Fetis  n'a  pas  donné  de  renseignements. 
SEUASSI  (Joseph),  dit  il  vecchio,  est  né  à 
Gordano,  dans  la  [)aroisse  de  Gandola,  sur  le 
lac  de  Corne,  en  16'J4.  Il  s'établit  dès  sa  jeunesse 
à  Bergame,  où  il  s'adonna  à  l'étude  de  divers 
instruiuenls  à  vent,  et  oii  il  cultiva  ensuite  l'or- 
gue de  façon  à  devenir  fort  habile  sur  cet  ins- 
trument. Doué  par  la  nature  d'une  grande  ;.pti- 
tude  pour   la  mécanique,   il   se  mit  bientôt  à 
étudier  alteiilivement  les  principes  de  la  fabri- 
cation des  orgues,  en  observant  le  système  de 
con^tructio^   des  orgues  établies  par  les  Ante- 
gnali,  dont  plusieurs  spécimens  excellents  exis- 
taient encore  dans  la  contrée  qu'il  habitait.  C'est 
donc  d'apiès  les  meilleurs  procédés  en  usage  de 
son  temps  que  Serassi  le  vieux   s'adonna   à  la 
facture  des  orgues,  dans  laquelle  il  déploya  un 
talent  remarquable  et  un  esprit  novateur  dans 
le  bon   sens  du  mol,  en  réduisant  à  d'exactes 
proportions  les  sommiers,  le  vent  el  les  tuyaux, 
pour  la  fabrication  desquels  il  n'employait  jamais 
qu'un  métal  excellent    et  choisi  avec  le  plus 
grand   soin.   Serassi  produisit  ainsi   un    grand 
nombre  d'instrumenls,  qui  se  distinguaient  par 
des  qualités  supérieures,  et  parmi  lesquels  on 
cite  surtout  l'orgue  de  San-Pelegrino  dans  le  val 
Brembana,  celui  île  Saint-Uominiqne  à  Lodi  (qui 
a  été  place  depuis  dans  la  cathédrale  de  cette 
■ville),  et  celui  de  la  Bienheureuse-Vierge  de  Ca- 
ravaggio,  dans  lequel  il  lit  usage  de  registres 
entièrement   nouveaux.   Il  mourut  en    17G0   à 
Crema,   où  \\  se  trouvait  pour  la  construclion 
d'un  oigue. 

SEUASSI  (AîUDREA-LuiGi),  second  fils  de 
Joseph  (1),  naquit  à  Bergame  le  19  mai  1725. 
Il  reçut  une  excellente  éducation  littéraire  el 
musicale,  et  composa  dans  sa  jeunesse  des 
messes,  des  hymnes,  des  psaumes  et  diverses 
autres  oeuvres  de  musique  religieuse  qu'il  fit 
eotenure  avec  succès.  Il  suivit  néanmoins    la 

(t)  Son  frère  aine  fier- Antonio,  premier  fils  de  Joseph 
le  vieux,  ne  a  Birgame  le  n  février  1721,  fut  un  écri- 
vain distingue  et  entra  dans  les  ordres.  Il  jouait  bien  du 
clavecin  el  liu  v.olun,  iiisiruinent  qu'il  avait  ciudié  avec 
Kerleniis,  d  l'école  duquel  il  fut  le  condisciple  du  célè- 
bre Lolli.  Il  avait  acquis  aussi,  grâce  à  son  père,  de  gran- 
des coniiai>saiices  d^iis  la  faL;ricaùon  des  orgues.  11  mou- 
rut le  19  fevrer  \'^\,  au  luomeot  où  il  venait  d'accom- 
plir sa  soiiaate-dixiënie  année. 


carrière  de  son  père,  et,  comme  lui,  consacra 
son  existence  à  la  facture  des  orgues,  apportant 
aussi  dans  leur  fabrication  les  progrès  que  son 
intelligence  et  son  esprit  d'initiative  lui  faisaient 
juger  nécessaires.  Parmi  les  excellents  instru- 
ments sortis  en  grand  nombre  de  ses  mains,  on 
cite  tout  particulièrement  l'orgue  de  la  cathé- 
drale de  Crema,  celui  du  dôme  de  Parme,  qui 
lui  valut  comme  récompense  extraordinaire  une 
médaille  d'or  et  un  cadeau  de  deux-cents  onces 
d'argent  travaillé,  et  celui  de  l'église  San-Bar- 
lolomeo  de  la  même  ville,  dans  la  construction 
duquel  son  fils  Joseph  l'avait  aidé,  et  qui  lui 
valut  l'honneur  d'une  inscription  élogieuse  tracée 
sur  une  table  de  marbre  et  placée  dans  l'église. 
Il  construisit  aussi  des  orgues  pour  les  cathé- 
d.-ales  de  Fossano,  d'Intra,  de  "Vigevano,  de  Bor- 
gomanero,  etc.  Andrea-Luigi  Serassi  avait  épousé 
une  jeune  fille  d'une  famille  riche  et  distinguée, 
Catherine  Bertarelli,  qui  lui  donna  trois  fils. 
Sa  femme  étant  morte  en  1756,  il  se  résolut  à 
entrer  dans  les  ordres  et  se  fit  bientôt  or- 
donner prêtre,  ce  qui  ne  l'empêcha  point  de 
continuer  sa  profession,  dans  laquelle  il  acqué- 
rait chaque  jour  une  plus  grande  renommée. 
11  mourut  en  1799,  âgé  d'environ  soixante-qua- 
torze ans. 

•  SEUASSI  (Giovanni-Battista),  frère  du 
préc 'dent  et  troisième  fils  de  Joseph  le  vieux, 
naquit  à  Bergame  le  9  mai  1727,  se  sentit  de 
bonne  heure  une  vocation  pour  la  carrière  sa- 
cerdotale, et  entra  dans  les  ordres.  Toutefois,  il 
n'en  étudia  pas  moins  la  musique  avec  ardeur, 
et  acquit  rapidement  sur  l'orgue  un  talent  qui 
était  très-apprécié.  «  Il  délectait,  dit  le  com- 
positeur Simon  Mayr  dans  la  série  de  notices 
biographiques  qu'il  a  consacrées  aux  Serassi, 
parce  qu'il  sut  accommoder  les  cantilènes  que 
lui  inspirait  son  génie  naturel  à  la  nature  des 
dilférenls  registres  destinés  à  l'imitation  des 
divers  instruments;  il  sur  prenait,  parce  qu'étant 
très  instruit  dans  l'art  de  l'harmonie,  il  savait 
employer  une  grande  variété  dans  les  réponses, 
les  imilalions,  les  fugues,  les  canons,  etc.  ;  et 
il  édifiait  selon  la  dévotion  et  la  piété  la  plus 
pure,  parce  qu'il  usait  d'un  style  convenable 
à  la  majesté  du  lieu,  à  la  gravité  des  au- 
gustes cérémonies,  et  au  caractère  sublime  du 
service  divin.   « 

L'abbé  Jean-Baptiste  Serassi  ne  fut  pas  seu- 
lement un  organiste  fort  distingué  ;  il  s'exerça 
aussi  dans  la  composition,  écrivit  un  grand 
nombre  de  sonates  pour  son  instrument,  et  mit 
encore  au  jour  plusieurs  compositions  vocales 
religieuses;  enfin,  il  suivit  les  traditions  de 
sa  famille   en  acquérant  de   grandes   connais- 


512 


SERASSI  —  SÉROW 


sances  dans  la  fabrication  des  orgues,  et  aida 
souvent  son  frère  André  dans  la  construction 
des  instruments  dont  celui-ci  ttait  chargé.  Il 
fut,  avec  lui,  accueilli  d'une  façon  très-distin- 
guée à  la  cour  de  l'infant  duc  de  Panne, 
qui  le  combla  de  faveurs.  Cet  artiste  esli- 
mable  mourut  le  13  mai  1808,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-un  ans  (1). 

*  SEUASSI  (Joseph  11),  né  à  Bergame  le 
16  novembre  1750,  mourut  le  19  février  1817 
et  accrut  encore,  par  ses  talents,  la  renomun  e 
de  sa  famille.  La  notice  qui  lui  a  été  consacrée 
dans  la  lUor/raphie  îiniverseile  des  Musiciens 
n'a  nul  besoin  d'être  complétée.  J'ajouterai  seu- 
lement que  Jose()h  Serassi  publia  en  1815  le 
Catalogo  degli  orgnni  fabricati  da'  Serassi, 
dont  le  nombre  s'élevait  alors  à  345,  et  qu'il 
semble  s'être  élevé  plus  haut  encore  que  ses 
prédécesseurs  dans  l'art  qu'il  exerçait.  «  Ses 
o'uvres,  dit  Simon  Mayr  en  parlant  des  ins- 
truments construits  par  lui,  furent  chantées  par 
des  poêles  distingués,  récompensées  avec  des 
largesses  extraordinaires  par  des  mécènes  il- 
lustres, et  ses  inventions  exaltées  par  des  hom- 
mes intelligents,  Gervasoni  (dans  sa  Sciiola  di 
musica),  Schultesius  (dans  son  Mémoii-e  sur 
la  jnusique  d'église),  et  par  beaucoup  d'au- 
tres. » 

La  famille  Serassi  a  continué  jusqu'à  nos 
jours  à  se  distinguer  dans  la  fabrication  des 
orgues.  Du  mois  de  novembre  1815,  époque  oii 
fut  publié  le  Catalogo  de  Joseph  Serassi,  jus- 
qu'en lfe34,  163  instruments  nouve.iux  avaient 
été  construits  par  elle.  Enfin,  dans  un  nouveau 
catalogue  imprimé  à  Bergame  en  1858,1e  nombre 
des  instruments  construits  par  les  Serassi  s'éle- 
vait à  654. 

*  SEI\Ii>'G  (François-Guillaume)  ,  musicien 
allemand,  est  né  à  Finsterwalde  le  26  novem- 
bre 1822.  Après  avoir  étudié  à  Berlin  avec 
MM.  A.-\V.  Bach  et  Grell,  il  devint  en  1851 
professeur  de  musique  au  séminaire  de  Kie- 
penick,  d'où  il  passa  en  la  même  qualité  à 
Franzberg,  et  en  1855  à  Barhy.  En  1871  il  se 
fixa  à  Strasbourg  comme  professeur  en  chef  au 
séminaire,  et  il  fonda  en  cette  ville  une  société 
de    chant.  M.    Sering  rédige    depuis    quelques 

(i|Unc  fille  de  Joseph  \crvicuji, Mdrie-Catherinc  Serassi, 
sœur  (l'Andri'-Louis,  (le  l'Icrre-Antoine  et  de  Jean-llip- 
tiste.née  le  I8  septembre  1723,  élève  de  l'organisic  sihinl 
et  douée  d'une  vulx  ailiiiinible,  devint  une  chunteusc  re- 
ninrquable  et  une  virtuose  d'une  rare  hibileté  sur  l'orgue 
et  sur  le  clavecin.  Elle  eut,  ainsi  que  deux  de  ses  frères, 
des  désirs  religieux,  et  prit  le  voile  en  1743  dans  le  nio- 
nasière  de  .San  lienedHtn  in  (.undino.  Elle  mourut  dans 
toute  la  force  de  la  jeunesse,  a  l'âge  de  trente-trois  ans 
seulement,  le  11  décembre  17S6. 


années  la  revue  musicale  Euierpe,  fondée  par 
E.  Hentschel.  Les  compositions  publiées  de  cet 
arliste  sont  au  nombre  d'une  centaine  environ, 
parmi  lesquelles  on  remarque  :  École  de  vio- 
lon, op.  31;  École  élémentaire  de  violon,  op. 
9i  ;  Traité  d'harmonie  ;  puis  un  Traité  théo- 
rique et  pratique  du  chant  en  chœur  et  en 
solo,  des  études  de  piano,  des  morceaux  pour 
l'orgue,  de  nombreux  lieder,  des  compositions 
pour  l'église,  etc. 

SilUOAV^  (Alexanobe),  compositeur  drama- 
tique, le  musicien  le  plus  renommé  de  l'école 
russe  après  Glinka  {Voij.  ce  nom),  naquit  vers 
1820.  Fils  d'un  avocat,  il  fit  preuve,  dès  ses  plus 
jeunes  années,  d'une  grande  intelligence  et  d'ap- 
tiludes  très-diverses,  étudiant  l'histoire  natu- 
relle, apprenant  facilement  les  langues  étran- 
gères (outre  le  latin  et  le  russe,  il  parlait  le 
français,  l'anglais  et  l'italien),  montrant  un  goût 
prononcé  pour  le  théâtre,  s'exerçant  au  dessin, 
et  enfin,  par-dessus  tout,  adorant  la  musique.  Il 
reçut  ses  premières  leçons  de  piano  d'une  vieille 
demoiselle,  sa  parente,  mais  n'eut  point,  à 
proprement  parler,  d'éducation  musicale.  Voici 
ce  que  dit  à  ce  sujet  M.  W.  de  Lenz,  qui  fut  son 
ami,  dans  une  rapide  étude  consacrée  à  cet  ar- 
tiste :  —  "En  1834,  le  père  de  Sérow  fit  entrer 
son  fils  à  l'École  de  droit  de  Saint-Pétersbourg. 
Il  en  sortit  en  1840,  avec  un  numéro  d'honneur, 
le  deuxième,  et  entra  aussitôt  au  département 
du  Sénat.  A  l'école,  Ch.  Schuberth  lui  avait 
donné  des  leçons  de  violoncelle;  il  ne  continua 
point  cet  instrument.  La  vieille  demoiselle  au 
piano  et  Schuberth,  voilà  donc  tout  son  ensei- 
gnement musical;  le  reste,  il  le  fit  lui-même. 
Dès  sa  sortie  de  l'école,  Sérow  passa  sa  vie  dans 
les  livres  de  théorie  musicale  ,  en  toutes  langues, 
de  tous  les  temps,  depuis  les  Bach,  les  Kirnber- 
ger,  les  Albrechtsberger,  les  Fiirk,  les  Catel,  jus- 
qu'à Marck,  en  écrivant  pour  son  usage  la  critique 
des  ouvrages,  qu'il  trouvait  tous  insuffisants, 
beaucoup  trop  peu  philosophiques.  Il  exceptait 
bien  un  peu  le  livre  de  Marck.  Il  était  en  proie  à 
la  pensée  de  fonder  une  théorie  plus  simple, 
mieux  assise.  Plus  il  avançait  dans  cet  immense 
labeur,  plus  il  négligeait  son  service  au  Sénat.  Il 
fut  transféré  en  Crimée,  en  qualité  de  vice- pré- 
sident d'un  tribunal  de  justice.  «  J'écrivais  de 
«  petites  fugues  pendant  les  rapports,  — me  di- 
«  sait-il,—  de  jolies  petites  fugues.  Un  jour  qu'il 
«  s'agissait  du  vol  d'un  cheval,  on  voulut  avoir 
«  mon  opinion;  je  répondis  que  je  n'avais  abso- 
«  lument  rien  entendu,  et  levai  la  séance.  Je  tra- 
«  vaillais  alors  à  mon  premier  opéra,  une  Auit 
«  de  7)ini ; jC.  lai  brillé,  il  était  horrible!  »  Sé- 
row quitta  la  carrière  judiciaire,  au  plus  grand 


SEROW 


513 


désespoir  de  son  père,  et  revint  à  Saint-Péters- 
bourg, où  nous  l'avons  rencontré  censeur  avec 
un  traitement  des  plus  modiques.  » 

La  façon  toute  pratique  et  tout  isolée  dont  il 
fit  l'étude  de  la  théorie  musicale  développa  dans 
■de  larges  proportions,  chez  Sérow,  un  sens  cri- 
tique dont  il  possédait  le  germe,  dit-on,  à  un 
haut  degré.  Mais  aussi  peut-on  croire  que  cet 
enseignement  tout  personnel  troubla  un  peu 
l'équilibre  de  ses  puissantes  facultés  musicales. 
En  effet,  Sérow,  qui  était  un  ardent  admirateur 
des  œuvres  les  plus  abstraites  de  la  dernière 
manière  de  Beethoven  et  un  sectateur  acharné 
des  doctrines  de  M.  Richard  Wagner,  semblait 
trouver  dans  Beethoven  ce  que  d'autres  y  cher- 
cheraient en  vain  -.  un  souvenir  des  anciens 
modes  grecs  !  et  il  s'était  pris  pour  ceux-ci  d'un 
tel  amour  qu'il  rêvait  une  transformation  de  la 
garnme  moderne  à  leur  profit,  et  qu'il  les  aurait 
volontiers  transportés  à  la  scène.  Sous  ce  rapport 
il  a  laissé,  paraît-il,  des  représentants  de  ses 
idées  dans  son  pays,  et  l'on  assure  que  toute  une 
jeune  école  musicale  russe  s'en  est  entichée  un 
peu  plus  qu'il  ne  faudrait  (1). 

Quoi  qu'il  en  soit,  Sérow  songea  tout  à  la  fois  à 
répandre  ces  idées  à  l'aide  de  la  plume  et  de  la 
parole,  et  à  aborder  la  scène  comme  compositeur 
dramatique.  Devenu  censeur  à  la  poste  de  Saint- 
Pétersbourg  pour  les  journaux  étrangers,  il 
n'était  pas  tellement  absorbé  par  ses  fonctions 
qu'il  ne  trouvât  le  temps  de  s'occuper  sérieuse- 
ment des  questions  qui  l'intéressaient  et  lui  te- 
naient à  cœur.  11  commença  par  publier  dans  une 
revue,  le  Panthéon,  une  série  de  lettres  polé- 
miques destinées  à  réfuter  les  idées  ré()andues 
par  son  compatriote  Oulibicheff  dans  sa  Nou- 
velle Biographie  de  Mozart,  puis  une  impor- 
tante brochure  dans  laquelle  il  combattait  les 
théories  émises  par  son  autre  compatriote, 
M.  de  Lenz,  dans  le  livre  intitulé  Beethoven  et 
ses  trois  styles  (1853).  Tout  cela  pour  la  plus 
grande  gloire  de  la  dernière  manière  de  Beetho- 

(I)  Voici  ce  que  dit  à  ce  sujet  M.  Gustave  Bertrund 
dans  son  livre  très-intéressant, /es  Nationalités  musi- 
cales étudiées  dans  le  drame  lyrique  .-  —  «  La  nouvelle 
école  russe  veut  avoir  non-seulement  un  style,  mais  une 
langue  musicale  à  elle  seule.  Sa  frayeur  est  si  grande 
d'être  encore  accusée  d'imitation,  qu'elle  prétend  répudier 
jusqu'à  la  Kammc  it.ilo  franco-germanique  et  tout  ce  sys- 
tème de  tonalités  et  de  modulations  que  l'on  considérait 
depuis  trois  siècles  comme  la  base  de  toute  civilisation 
musicale;  il  s'agirait  d'introniser  un  autre  système  de 
gammes,  une  autre  grammaire,  une  autre  syntaxe I.... 
Voyons  pourtant  quelle  est  cette  langue  nouvelle.  Hé- 
las! elle  est  nouvelle  à  force  d'être  ancienne  ;  le  plus 
souvent  lesnovatcurs  ne  sont  que  des  réactionnaires  dé- 
guisés. La  tonalité  russe  ne  serait  autre  chose  que  la  to- 
nalité du  plam-chant,  conservée  très-purement  dans  la 
plupart  des  chansons  populaires  de  la  Russie 

BIOGR.    UNIV.    DES    MUSICIENS.  —  SUPPL.    — 


ven.  Sérow  collabora  aussi  à  plusieurs  autres 
journaux  russes,  donna  d'assez  nombreux  ar- 
ticles decritiqueau  JorirnoZ  (français)  de  Saint- 
Pétersbourg,  et  fut  de  1856  à  1860  l'un  des  prin- 
cipaux collaborateurs,  sinon  même  le  directeur 
d'une  feuille  spéciale ,  la  Revue  théâtrale  et 
musicale.  Simultanément,  il  mettait  sa  parole 
au  service  de  l'art  qu'il  adorait.  C'est  ainsi  que, 
dans  le  cours  des  hivers  de  1858  et  1859,  il 
donna,  dans  l'une  des  salles  de  l'Université,  une 
série  de  dix  conférences  historiques  et  esthéti- 
ques sur  la  théorie  de  la  musique,  qu'au  printemps 
de  1864  il  reprit  ses  séances  en  s'attachant  au 
drame  mu-iiical,  qu'en  1865  il  fit,  au  Conserva- 
toire de  Moscou,  six  conférences  sur  le  même 
sujet,  et  qu'enfin,  au  mois  de  janvier  1870, 
il  consacra  encore,  dans  la  salle  du  Club  des 
artistes  à  Saint-Pétersbourg,  six  séances  à  l'é- 
tude du  développement  de  l'opéra. 

Mais  tout  cela  ne  lui  faisait  pas  négliger  la 
carrière  qu'il  prétendait  fournir  comme  compo- 
siteur. Sous  ce  rapport,  il  débuta  (juin  1863) 
par  un  opéra  en  5  actes,  Judith,  dont  il  avait 
écrit  les  paroles  et  la  musique,  et  qui  fut  très- 
bien  accueilli  du  public.  On  reprocha  bien  à 
l'auteur  des  tendances  un  peu  trop  wagnériennes, 
la  prédominance  qu'il  semblait  accorder  trop 
complaisamment  à  la  partie  instrumentale  sur 
la  partie  vocale  et  son  insouci  relatif  de  la  pensée 
mélodique  proprement  dite;  mais  on  lui  reconnut 
aussi  de  grandes  qualités  dramatiques,  l'en- 
tente de  la  scène,  et  une  rare  puissance  dans 
l'emploi  des  grandes  masses.  Bref,  le  succès  fut 
d'autant  plus  grand  qu'il  s'y  mêlait  un  sentiment 
patriotique,  le  public  se  trouvant  enchanté  de 
pouvoir  applaudir  un  compositeur  national,  et 
l'artiste  se  vit  l'objet  de  la  reconnaissance  de 
tous  et  de  la  sympathie  personnelle  d'une  prin- 
cesse du  sang,  la  grande-duchesse  Hélène,  qui 
le  récompensa  richement  pour  l'œuvre  dont  il 
venait  de  doter  son  pays. 

Après  avoir  pris  dans  la  Bible  le  sujet  de  son 
premier  ouvrage  dramatique,  Sérow  voulut 
puiser  dans  les  annales  nationales  celui  de  son 
second  opéra,  et  il  écrivit  bientôt  le  texte  et  la 
musique  de  Bognéda,  drame  lyrique  en  5  actes, 
qui,  comme  le  précédent,  fut  représenté  à  Saint- 
Pétersbourg  (novembre  1865),  et  dont  le  succès 
fut  plus  considérable  encore.  Voici,  à  propos  de 
cet  ouvrage,  l'opinion  d'un  critique  français,  qui 
a  bien  étudié ,  et  sur  place,  la  musique  russe  ;  il 
parle  ainsi  de  Sérow  :  —  «  Dans  sa  Judith,  que 
nous  n'avons  pu  entendre ,  le  wagnérisme,  dit- 
on,  coulait  à  pleins  bords.  Dans  son  opéra  de 
Bognéda,  nous  avons  pu  constater  d'étranges 
contrastes  de  styles  différents ,  reliés  ensemble 
T.  II.  33 


514 


SÉllOW  —  SERPETTE 


par  une  volonté  toute-puissante ,  mais  non  fon- 
dus. S'agit-ii  d'exprimer  les  passions  inquiètes 
de  Rojjncda  et  de  Roualde,  voici  les  procédés 
tourmentés  du  wagnerisme  quf  prédominent. 
Sagit-il  de  mettre  en  scène  les  divertissements 
d'une  cour  primitive,  le  style  aussitôt  se  fait 
très-simple  d'harmonie,  très-clair  de  mélodie  et 
très-carré  de  rythmes.  Toutes  les  fois  que  re- 
viendra l'élément  chrétien,  le  style  imitera  très- 
exactement  les  allures  spacieuses  de  la  musique 
d'égli.se;  quelques  alleclations  d'archaïsme  se 
feront  remarquer  dans  certains  passages  reli- 
gieux ou  populaires;  puis,  tout  redeviendra  fa- 
cile, pur  et  gracieux  pour  les  chansons  des 
femmes  du  terem....  On  peut  dire  que  ces  ma- 
nières diverses  se  plaquent  trop  distinctement 
sur  telles  ou  telles  régions  de  l'œuvre.  On  ne 
songe  pourtant  pas  à  se  plaindre  des  disparates, 
parce  que  chacune  des  nuances  est  toujours  em- 
ployée à  propos  :  l'unité  d'inspiration  résulte  de 
cette  application  constante  à  tirer  sincèrement  la 
musique  du  drame  même.  C'est  l'idéal,  en  effet, 
que  doit  se  proposer  tout  compositeur  drama- 
tique ;  mais  il  ne  faut  pas  que  l'effort  et  la  pré- 
méditation se  trahissent.  Or,  en  ocoutani  le 
drame  lyrique  de  Rognéda,  on  se  fent  en  face 
d'une  œuvre  inspirée  sans  doute,  mais  encore 
plus  voulue  qu'inspirée.  Telle  est  l'impression 
générale  (1).  » 

Ce  ne  fut  plus  une  princesse  de  la  famille  im- 
périale, ce  fut  le  tzar  lui-même  qui  voulut  ré- 
compenser le  compositeur  de  son  second  succès, 
et  qui  lui  constitua  sur  sa  cassette  une  pension 
annuelle  de  l,'.iOO  roubles.  Sérow,  qui  était  sans 
fortune,  fut  délivré  alors  de  toute  espèce  d'in- 
quiétude et  de  souci  matériel ,  et  put  se  livrer 
sans  contrainte  à  l'exercice  de  son  art.  Bientôt 
il  songea  à  écrire  un  nouvel  opéra,  le  Pouvoir 
du  Diable,  dont  il  avait  emprunté  le  sujet  à 
une  comédie  d'OstroAvski  et  qu'il  avait  divisé  en 
4  actes.  Mais  il  n'eut  pas  le  temps  de  s'occuper 
de  la  représentation  de  cet  ouvrage,  et  mourut 
subitement,  le  i*""  février  1871,  dans  toute  la 
force  de  l'âge,  ayant  à  peine  accompli  sa  cin- 
quante et  unième  année. 

Sérow  peut  être  considéré  comme  un  artiste 
brillant,  intelligent,  bien  doué,  mai.s  qui,  sans 
doute,  n'a  pas  eu  le  tenq>s  de  donner  sa  mesure 
en  tant  que  créateur.  On  peut  supposer  que  ses 
études  esthétiques  l'auraient  beaucoup  servi  dans 
sa  carrière  de  compositeur,  soit  en  lui  faisant 
entrevoir  des  voies  nouvelles,  soit,  tout  au  moins, 
en  l'empèchanl  de  s'aventurer  sur  des  routes 
qui  ne  lui  auraient  pas  été  favorables.  Il  ne  lui 

(1)  Gustave  Rertbaivd,  Jei  Nationalités  mmicuUf 
itvdides  dant  le  drame  lyrique,  p.  329-330. 


a  pas  été  donné  d'atteindre  son  plein  épanouis- 
.sement,  et  le  regret  doit  en  être  d'autant  plus 
vif  qu'il  semblait  doué  comme  les  plus  vigou- 
reux et  les  plus  forts,  et  qu'il  eût  f;iit  incontes- 
tablement honneur  à  son  temps  et  à  son  pays. 

En  dehors  de  ses  œuvres  dramatiques,  on  con- 
naît fie  Sérow  un  Stabat  Mater  pour  trois  voix 
de  femmes.  ■ 

SERPETTE  HE^Rl-CHARLEs-A^TOI^E-G\s. 
ton),  compositeur,  e.st  (ils  d'un  riche  industriel 
de  IVantes,  et  naquit  en  cette  ville  le  4  novembre 
1846.  Il  fit  des  études  littéraires  extrêmement 
brillantes,  et,  après  avoir  fait  son  droit ,  se  fit 
ensuite  recevoir  avocat.  Cependant,  il  éprouvait 
une  véritable  passion  pour  la  musique,  et,  tout 
en  ne  négligeant  point  ses  autres  travaux,  il  l'a- 
vait étudiée  d'une  façon  très-sérieuse.  Vers 
1868,  il  entra  au  Conservatoire,  dans  la  classe 
de  composition  de  M.  Ambroise  Thomas,  et  en 
1869  il  se  présenta  au  grand  concours  de  l'Ins- 
titut. 11  ne  fut  heureux  ni  cette  année,  ni  la 
suivante,  mais  en  1871  il  obtenait  le  premier 
grand  prix  de  Rome.  Sa  cantate,  intitulée  Jeayme 
d'Arc,  et  dont  les  paroles  avaient  pour  auteur 
M.  Jules  Barbier,  fut  exécutée  à  l'Opéra  le 
24  novembre  de  cette  année,  avec  M"*  Rosine 
Bloch,  MM.  Gailhard  et  Richard  pour  inter- 
prètes; d'un  heureux  caractère  mélodique,  cette 
composition  se  distinguait  aussi  par  de  bonnes 
qualités  de  facture  et  fut  généralement  bien 
accueillie  par  la  critique. 

Après  avoir  été  passer  quelque  temps  en  Italie, 
M.  Serpette  revint  à  Paris,  et  accepta  d'écrire  la 
musique  d'une  opérette  bouffe  en  trois  actes, 
la  Branche  cassée ,  qui  fui  représentée  au 
théâtre  des  Bouffes-Parisiens  le  23  Janvier  1874. 
Ce  premier  ouvrage  scénique  ne  reproduisait  pas 
les  qualités  qu'on  avait  cru  reconnaître  dans  la 
cantate  qui  avait  valu  le  prix  de  Rome  au  jeune 
artiste,  et  se  faisait  remarquer  par  une  facilité 
un  peu  banale.  Au  mois  de  mai  1875,  M.  Ser- 
pette se  présentait  de  nouveau  au  public  ,  cette 
fois  au  théâtre  des  Variétés,  avec  un  autre  ou- 
vrage en  trois  actes,  du  même  genre,  le  Ma- 
noir de  Pic-Tordu,  qui  ne  valait  guère  mieux 
que  le  premier  et  n'affichait  d'ailleurs  que  de 
modestes  prétentions.  Il  retournait  ensuite  aux 
Bouffes-Parisiens,  où  il  donnait  le  Moulin  du 
Vert  Galant  (3  actes,  12  avril  1876),  et  la  Petite 
Muetle  (3  actes,  3  octobre  1877),  et  un  peu 
plus  tard  il  donnait  aux  Fantaisies  Parisiennes,  de 
Bruxelles,  laiSuitde  St-Germahi  (3  actes,  mars 

1880. 11  est  fâcheux  de  voir  un  jeune  artiste  pourvu 
d'une  bonne  instruction,  avant  fait  d'eNcellentes 
études  qui  lui  ont  valu  l'honneurd'obtenir  legrand 

prix  de  Rome,  et  qui  n'apas  pour  lui  l'excuse  du 


SERPETTE  —  SERVAIS 


515 


besoin,  se  lancer  dansia  voie  de  la  musique  buries- 
queet  manquer  véritablement  de  respect  pour  son 
art,  alors  que  tani  d'autres  lui  donnent  de  meil- 
leurs exemples  et  conservent ,  même  dans  des 
situations  dilficiles,  le  souci  de  leur  avenir  et  de 
leur  bonne  renommée. 

Deux  morceaux  de  la  cantate  Jeanne  d'Ai'c 
entêté  publiés  à  Paris,  par  la  maison  Heugei. 
On  a  gravé  aussi  de  M.  Serpette  quelques  mé- 
lodies vocales.  M.  Serpette  a  doiuié  deux  ou  trois 
articles  de  critique  musicale  dans  une  feuilla 
littéraire  sans  conséquence,  le  Diable  boiteux, 
dont  l'existence  a  été  fugitive  (1879). 

*  SEIIUA  (Jean),  compositeur  et  cbef  d'or- 
chestre, est  mort  à  Gênes  au  mois  de  décembre 
1876.  Il  avait  été  pendant  plusieurs  années 
maestro  concerlatore  au  Ihéàlre  Carlo-Felice , 
de  cette  ville. 

SEIIUAO  (Paolo),  compositeur  italien,  est 
né  à  Philadelphie,  dans  les  Calabres  (province 
de  Cafanzaro),en  1830.  Ayant  commencé  l'étude 
du  piano  dès  sa  plus  tendre  enfance,  il  obtint 
un  tel  succès  en  exécutant  à  l'âge  de  huit  ans, 
sur  le  théâtre  de  Cat^mzaro ,  un  concerto  de 
Steibelt,  que  le  conseil  provincial  intercéda 
auprès  du  roi  de  Naples  pour  que  l'enfant  fût 
admis  au  Conservatoire  de  la  capitale,  il  entra 
en  effet  en  1839  dans  cet  établissement,  où  il 
eut  pour  maîtres  Francesco  Lanza  pour  le  piano, 
Gennaro  Parisi  pour  l'harmonie  accompagnée, 
et  enfin  Carlo  Conti  et  Mercadanle  pour  la 
composition.  Il  avait  déjà  donné  des  preuves  de 
ses  bonnes  dispositions  et  avait  écrit  plusieurs 
morceaux  religieux  avec  accompagnement  d'or- 
chestre, lorsque  éclatèrent  les  graves  événements 
de  1848.  Bien  qu'à  peine  âgé  de  dix-huit  ans,  il 
quitta  furtivement  l'école,  s'enrôla  comme  vo- 
lontaire dans  la  garde  nationale  de  Naples,  et 
dans  la  sanglante  journée  du  15  mai  fit  résolu- 
ment le  coup  de  feu  sur  les  barricades  de  la  rue 
de  Tolède.  Mais  lorsque  l'insurrection  eut  été 
vaincue,  le  jeune  patriote  dut  se  cacher  et  se 
tenir  à  l'écart,  pendant  plusieurs  mois,  dans  le 
logis  d'un  ami  dévoué.  Cependant,  il  (init  par 
rentrer  au  Conservatoire,  et  y  termina  complè- 
tement ses  études. 

En  1852  il  quitta  cet  établissement,  après  avoir 
écrit  pour  le  théâtre  du  Fondo  un  opéra  intitulé 
V Imposture,  dont  les  événements  politiques  ne 
permirent  pas  la  représentation.  Il  en  fut  de 
même  d'un  second  ouvrage,  Dionorade' Bardi, 
qui  ne  put  paraître  à  la  scène,  l'auteur  étant  sys- 
tématiquement éloigné  du  théâtre  par  une  police 
ombrageuse  qui  ne  lui  pardonnait  pas  ses  prin- 
cipes libéraux.  11  lui  fallut  donc  attendre  jus- 
qu'en 1857  pour  voir  enfin  représenter  au  théâtre 


du  î'ondo  son  Giambattistu  Pergolesi,  opéra 
semi-seiieux  en  3  actes,  qui  fut  favorablement 
accueilli  par  le  public.  A  cette  époque,  M.  Serrao 
s'était  livré  avec  ardeur  à  l'enseignement,  et 
produisait  en  môme  temps  beaucoup  de  musique 
de  piano.  Plusieurs  années  s'écoulèrent  donc 
avant  qu'il  s'occupât  d'un  nouvel  opéra,  et  ce 
n'est  que  le  8  décembre  1805  qu'il  put  doniiîr 
au  théâtre  San-Carlo  son  drame  lyrique  de  la 
Duchessa  di  Guisa,  dont  le  succès  fut  trè.s-ho- 
norable,  et  que  suivit,  le  23  avril  1868,  il  Fi- 
(jliuol  prodigo,  joué  au  même  théâtre.  Ce 
dernier  fut  accueilli  froidement,  et  n'oidint  que 
peu  de  représentations.  Depuis  lors,  M.  Serrao, 
qui  est  depuis  plusieurs  années  professeur  de 
contre-point  au  Conservatoire  de  Naples,  s'est 
consacré  tout  entier  aux  soins  de  son  enseigne- 
ment ainsi  qu'à  la  composition  non  dramatique. 

En  dehors  des  ouvrages  cités  dans  le  cours  de 
cette  notice,  il  faut  mentionner,  parmi  les  com- 
|)ositions  de  M.  Serrao  :  1°  Gli  Ortonesi  in 
Scio,  oratorio  en  2  parties  exécuté  à  Ortona, 
lors  du  centenaire  célébré  en  1859;  2"  Hymne 
au  roi  Victor- Emmanuel  If,  pour  2  chœurs 
et  orchestre  (Naples,  th.  du  Fondo,  29  juillet 
1871);  3°  Omaggio  a  Mercadante,  symphonie 
funèbre;  4°  Messe  à  4  voix  et  orchestre-, 
5"  Messe  de  Requiem,  exécutée  aux  funérailles 
de  Mercadante;  6°  Magnificat  à  4  voix  et  or- 
chestre ;  7°  Salve  Regina  pour  voix  seule  et 
orchestre;  8°  i  Taiitum  ergo ;  9°  Ouverture  à 
grand  orchestre  ;  10°  Album  de  six  morceaux  de 
chant;  11"  Te  Deum  h  4  voix  et  orchestre; 
12°  le  Tre  Ore  d'agonia,  à  4  voix  et  orchestre; 
13°  2  Fugues  pour  piano;  14°  4  Romances  sans 
paroles,  pour  piano;  15"  4  Tarentelles,  id.; 
16"  2  Études,  id.;  17°  8  Mazurkas,  id.;  18° 
3  Mélodies,  id.;  19°  enfin,  plusieurs  motets  avec 
accompagnement  d'orgue  ou  d'orchestre ,  et  un 
grand  nombre  de  morceaux  de  genre  et  fantai- 
sies pour  le  piano,  écrits  pour  la  plupart  sur  des 
thèmes  d'opéras  en  vogue. 

M.  Serrao  est,  avec  M.  Giuseppe  Puzone  (Voy. 
ce  nom),  l'un  des  deux  chefs  d'orchestre  du 
théâtre  San-Carlo. 

*SEIIVAIS  (Adrien-François)  .violoncelliste 
célèbre,  né  le  6,  et  non  le  7  juin  1807,  est  mort 
à  Hal,  sa  ville  natale,  le  26  novembre  1866  (1). 
Au  commencement  de  cette  année,  il  avait 
fait  un  troisième  voyage  en  Russie,  où  il  avait 

(i)  M.  Edouard  Grcgoir,  placé  cependant  lie  manière  à 
être  bien  Informé,  dit,  au  t.  III  de  son  l'antficon  musi- 
cul,  que  les  funérailles  de  Servais  ont  été  célébrées  a  Haï 
le  6  iléceiiibre  i866,  ce  qui  ferait  supposer  qu.'  la  mort  de 
l'artiste  serait  du  moine  mois.  C'est  une  erreur  :  Serval» 
mourut  le  26  novembre,  et  ses  obsèques  furent  célébrées 
le  29  novembre. 


516 


SERVAIS  —  SGAMBATI 


obtenu  naguère  de  très-grands  succès,  et  l'on 
croit  que  ce  voyage,  entrepris  dans  une  saison 
rigoureuse,  ne  contriliua  pas  peu  i\  développer 
le  germe  du  mal  qui  reni|)orta.  Le  1*^'  octobre 
1871,  la  petite  ville  de  Hal  élevait  à  l'artiste  qui 
ravHif  illustrée  une  statue  due  au  ciseau  de 
M.  Godebski,  beau-frère  de  celui-ci,  et  une 
cantate,  dont  la  musique  avait  été  écrite  par 
M.  Edouard  Lassen,  était  chantée  en  cette  cir- 
constance. On  a  publié  une  Biographie  de  F. 
Servais,  suivie  de  la  relation  de  ses  funé- 
railles (Hal,  Vanderbroeck-Desmeth,  1866,  in- 
8"  de  3ti  pp.),  quia  été  copiée  littéralement, 
sans  indication  de  source,  dans  VAnnuaire dra- 
matique (belge)  de  1843. 

Le  fds  aîné  de  cet  artiste,  M.  Joseph  Servais, 
violoncelliste  comme  lui  et  digne  du  nom  qu'il 
porte,  né  à  Hal  le  23  novembre  1850,  est  aujour- 
d'hui professeur  de  violoncelle  au  Conservatoire 
de  Bruxelles.  Il  a  été  nommé  récemment  che- 
valier de  l'ordre  de  Léopold.  Son  second  fils, 
M.  François- Mathieu  (dit  Franz)  Servais,  né 
aus.si  à  Hal,  élève  du  Conservatoire  de  Bruxel- 
les, a  obtenu  le  prix  de  Rome  au  concours  de  1 873 
pour  sa  cantate  la  Mort  du  Tasse. 

SEUVEL  (Edmond),  compositeur,  est  né 
à  Clermont-l'Hérault,  le  4  janvier  1829.  Il  reçut 
les  premières  leçons  de  musique  de  son  père,  qui 
était  ménétrier,  et  montra  de  bonne  heure  d'heu- 
reuses dispositions.  Dès  l'âge  de  quinze  ans,  il 
fut  attaché  au  théâtre  de  Montpellier  en  qualité 
de  premier  violon,  et  fut  nommé  peu  de  temps 
après  répétiteur.  Trois  ans  plus  tard,  il  s'engagea 
comme  musicien  dans  un  régiment  et  devint 
chef  de  musique.  Au  bout  de  quelques  années, 
il  quitta  le  service,  et,  de  retour  dans  ses  foyers, 
.s'efforça  d'étendre  ses  connaissances  techniques. 
Cet  artiste  a  fait  représenter  à  Montpellier  : 
le  Camp  de  Maestrich,  grand  opéra  en  deux 
actes  ;  le  Roman  d'une  veuve,  opéra-comique 
en  un  acte;  les  Lucioles,  opéra-comique  en  un 
acte;  Simone,  opéra-comique  en  un  acte;  enfin 
une  Aventure  sous  la  ligne,  opéra-comique  en 
un  acte.  —  On  a  aussi  de  lui  plusieurs  cantates, 
des  fantaisies  pour  piano  ou  violon,  et  diverses 
romances,  entre  autres  tin  Soupir  de  Faust, 
production  d'ailleurs  assez  médiocre,  qui  a  eu 
de  la  vogue  (1). 

Al.  K  —  D. 

SEIU  lEU  (M""  H ),  pianiste  et  pro- 
fesseur français,  est  auteur  d'une  Méthode 
élémentaire  et  i^rogressive  de  chant  à  l'usage 

(1)  M.  Edmond  Servel  est  l'auteur  d'un  opuscule  ainsi 
Intitulé  :  Projet  d'enseignement  populaire  de  lu  musique 
pouvant  amener  lu  création  d'un  Conservatoire  à  .Vont - 
peliier  (Montpellier,.  Inipr.  Gras,  iBfifi,  in-l2  delV  pp.— a. P. 


de  toutes  les  voix,  avec  une  seconde  partie  àd 
libitum  et  accompagnement  de  piano,  Paris, 
Sclionenherger.  On  lui  doit  aussi  un  Exercice  sur 
le  trille,  \yo\iv  le  piano,  op.  11,  id.,  id.,  et  quel- 
ques compositions  pour  le  piano,  parmi  les- 
quelles je  signalerai  les  suivantes  :  4  bagatelles, 
op.  6,  7,  8  et  9;  3  airs  variés  à  4  mains,  op.  3  ; 
Simple  mélodie,  à  4  mains,  op.  5;  Variations  à 
4  mains  sur  i  Monlecchi  ed  i  Capuleti,  op.  10. 
Je  n'ai  pas  d'autres  renseignements  sur  cette 
artiste. 

SEUVVACZYl^iSKI  (Stamslas),  violoniste 
et  compositeur  polonais  distingué,  commença  sa 
carrière  de  virtuose  à  Léopol,  vers  1820.  Son 
talent,  dit-on,  n'était  pas  à  cette  époque  .sans 
analogie  avec  celui  de  Mayseder.  En  1822,  après 
s'être  fait  entendre  à  Varsovie,  cet  artiste  se 
fixa  en  cette  ville,  où  il  s'était  vu  très-bien  ac- 
cueilli, et  devint  premier  violon  à  l'orchestre  du 
grand  théâtre,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  dans  la 
suite  de  voyager  et  de  donner  des  concerts.  Il 
se  faisait  remarquer  par  un  jeu  tout  à  la  fois 
brillant,  passionné  et  mélancolique.  Il  a  jiublié 
pour  le  violon  un  certain  nombrede  compositions, 
parmi  lesquelles  il  faut  surtout  citer  :  Introduc- 
tion et  Variations  brillantes  sur  un  thème  de 
Rossini,  avec  accompagnement  d'orchestre,  op. 
8  (Leipzig);  Introduction  et  Variations  sur  un 
thème  hongrois,  avec  accompagnement  d'un 
quintette,  op.  9  (idem);  Polonaise  brillante 
(idem). 

SESSA  ( ),  compositeur  italien,  aécrit 

la  musique  de  Cuor  di  mariiutro,  opéra  qui  a 
été  représenté  à  Reggio  le   3  juin   1876. 

SEWELL  (John),  organiste  et  compositeur 
anglais  contemporain,  a  été  pendant  cinq  ans 
l'élève  de  M.  E.  W.  Go  ver,  à  Biidgnorth  (comté 
de  Salop),  et  est  devenu,  en  1843,  or;;aiiisle  et 
chef  de  choeurs  de  l'église  de  Saint-Léonard,  de 
cette  ville.  On  connaît  de  cet  artiste  diverses 
compositions,  consistant  en  antiennes  et  services 
religieux. 

*  SEYDELMAIMV  (Eugène).  -  Voyez 
SEIDELMAIMX. 

SrO>DmiXO  (Giovanm-Battista),  guita- 
riste italien  du  dix-septième  .siècle  et  compo- 
sileur  pour  son  instrument,  a  publié  le  recueil 
suivant  :  Trattenimeufo  virtuose,  disposto  in 
leggiadrissisme  sonate  per  la  chilarra,  Mi- 
lan, 1C37. 

Sr./VMBATI  (G ),  piani.ste,  compo- 
siteur et  professeur  italien  contemporain,  né  à 
Trevi,  est  fixé  à  Rome,  où  il  est  considéré  comme 
le  grand  apôtre  de  la  musique  dite  de  l'avenir. 
L'un  des  élèves  préférés  de  Liszt,  dont  il  partage, 
en  les  exagérant  encore,  les  idées  déjà  souvent 


SGAMBATI  —  SIEG 


517 


extravagantes,  il  semble  s'être  donné  pour  mis- 
sion de  faire  triomplier  ces  idées,  aussi  bien  que 
les  théories  les  plus  nébuleuses  de  iM.  Ricliard 
Wagner.  Artiste  remarquable  au  surplus  et  vir- 
tuose de  premier  ordre,  M.  Sgambati  exécute, 
dit-on,  d'une  façon  admirable  les  œuvres  de 
Beethoven,  de  Chopin,  de  Schuinann,  ainsi  que 
la  musique  la  plus  enchevêtrée  de  son  maître 
Liszt.  Ses  compatriotes  le  considèrent  aussi 
comme  un  compositeur  remarquable ,  mais 
quand  il  ne  se  laisse  pas  entraîner  par  des  exa- 
gérations et  des  extravagances  de  parti  pris; 
fout  au  moins  estime- f-on  quelques-unes  de  ses 
compositions  pour  le  piano  ou  pour  l'ensemble. 
M.  Sgambati  en  a  publié  un  grand  nombre,  ainsi 
que  plusieurs  recueils  de  mélodies  à  une  ou  plu- 
sieurs voix.  Par  malheur,  sa  musique  vocale  est 
écrite  de  telle  façon,  et  avec  un  tel  mépris  de 
l'instrument  auquel  clic  est  destinée,  qu'elle  est 
absolument  inchantable.  En  résumé,  on  peut  dire 
de  M.  Sgambati  que  c'est  un  artiste  d'un  rare  ta- 
lent, qui  a  mis  de  précieuses  facultés  au  service 
d'une  cause  impossible,  et  qui  est  complètement 
dévoyé. 

SHARP  (EmvARD),  pianiste  anglais  contem- 
porain et  compositeur  pour  son  instrument,  a 
publié  à  Londres  un  certain  nombre  d  œuvres 
parmi  lesquelles  on  remarque  une  Sonate  en  mi 
mineur,  un  Rondo  grazioso,  une  série  de  Pièces 
caractéristiques,  etc.,  etc. 

SIBONI  (Erik),  compositeur,  fds  du  ténor 
Joseph  Siboni  (V.  Biographie  universelle  des 
Musiciens,  t.  VIII),  est  né  à  Copenhague  le  26 
août  1828.  Élève  de  J.-P.  Hartmann  et  du  Con- 
servatoire de  Leipzig,  il  est  devenu  un  compo- 
siteur distingué  et  s'est  fait  dans  sa  patrie  une 
réputation  méritée.  Parmi  ses  œuvres  publiées, 
il  faut  citer  un  quatuor  pour  piano,  violon,  alto 
et  violoncelle,  des  pièces  de  piano,  des  lieder, 
des  chœurs,  etc.,  le  tout  conçu,  dit-on,  sous 
l'influence  de  Mendelssohu  et  de  Robert  Schu- 
mann.  On  lui  doit  aussi  deux  symphonies,  des 
ouvertures  de  concert,  et  enfin  deu\  opéras  qui 
ont  été  joués  avec  succès;  l'un  a  pour  ■titre  La- 
reie(/;  l'autre,  m\i{\x\é  la  Fuite  de  Charles  II, 
a  été  représenté  à  Copenhague  au  mois  de  no- 
vembre 18C1.  M.  Siboni  réside  à  Gorôe,  ville 
située  près  de  Copenhague,  où  il  se  livre  à  l'en- 
seignement. 

La  femme  de  cet  artiste,  M"""  Siboni,  née 
Briill,  est  une  pianiste  remarquable. 

■*  SICARD  (Laurent),  compositeur  fran- 
çais du  dix-septième  siècle,  était  très-prise  de 
son  temps.  —  «  Parmi  les  musiciens  contem- 
porains de  Lambert  (dit  Titon  du  ïiiict  dans 
son  Parnasse  français),  Sicard  réussissoit  très- 


bien  dans  les  airs  à  boire;  on  a  de  lui  des  airs  de 
basse-taille  d'un  très-grand  goût.  »  Outre  les 
recueils  ipie  Sicard  a  publiés  chez  Ballard,  il  a 
inséré  quelques  airs  dans /e  Nouveau  Recueil 
des  plus  beaux  vers  mis  en  chant  (Paris,  G. 
de  Luyne,  1680,  in- 12).  On  assure  qu'il  a  eu 
part  à  la   musique  de  quelques  ballets. 

SICARD  (F ),    professeur  de  musique, 

est  l'auteur  d'un  petit  Traité  de  transposition 
(Paris  et  Nantes,  1852,  in-4''  de  15  pp.,  avec 
tableaux). 

*  SIEBECK  (At'GUSTE-UAvm-HENni).  —  Cet 
artiste  a  publié  un  Petit  Traité  de  composition 
pour  les  amis  et  les  amies  de  la  musique 
{Kleine  Compositions  lehre,  etc.),  Tubingue, 
1850,  in-8"  de  252  pp. 

*  SIEBER  (  Ferdinand),  chanteur^  compo- 
siteur et  professeur  allemand.  —  Les  œuvres  pu- 
bliées par  cet  artiste  atteignent  aujourd'hui  le 
chiffre  de  120 environ.  Je  signalerai,  entre  autres, 
les  suivantes  :  l'Art  du  chant,  divisé  en  deux 
parties;  1"^^  partie  :  Principes  théoriques,  op. 
110;  T  partie  :  Études  pratiques,  op.  111;  Vo- 
calises et  .solfèges  pour  soprano  avec  accompa- 
gnement de  piano,  op.  30;  pour  mezzo-soprano, 
op.  31  ;  pour  contralto,  op.  32  ;  pour  ténor,  op. 
33  ;  pour  baryton,  op.  34;  pour  basse,  op.  35  ;  10 
Vocalises  et  solfèges  pour  soprano  avec  piano, 
op.  112;id.pourmezzo-soprano,op.  113;id.pour 
contralto,  op.  11  i;  id.  pour  ténor,  op.  115;  id. 
pour  baryton,  op.  11  G;  id.  pour  basse, op.  117;  la 
Rose  des  Alpes, chàni  avec  accompagnement  de 
piano,  op.  102  ;  divers  recueils  de  lieder,  chan- 
sons, etc. 

SIEG  (Constant),  pianiste,  organiste  et  com- 
positeur, est  auteur  d'un  assez  grand  nombre  de 
compositions  religieuses,  vocales  ou  instrumen- 
tales, de  petits  morceaux  de  piano  à  l'usage  des 
enfants,  et  de  morceaux  de  musique  de  danse. 
Parmi.les  œuvres  publiées  de  cet  artiste,  on  peut 
signaler  :  1°  Gammes  harmoniques  ou  gammes 
par  accords,  dans  tous  les  tons  majeurs  et  mi- 
neurs et  dans  les  différentes  positions,  pour 
piano  ou  orgue, op.  41  (Paris,Mackar);  2°  60  Ver- 
sets courts  et  faciles,  pour  orgue  ou  harmo- 
nium, op.  48  (id.,  id.);  3"  Dix  Motets  faciles,  à 
deux  voix  égales,  op.  49  (id.,  id.);  4"  Messe 
facile,  à  deux  voix,  soli  et  chœurs,  op.  50  (id., 
id.);  5"^  1"'  Recueil  de  compositions  faciles, 
pour  orgue  ou  harmonium,  op.  51  i^id.,  id.);  6" 
Marche  religieuse  à  Notre-Dame-des-Victoires, 
pour  piano  ou  orgue,  op.  65  (id.,  id.)  ;  1°  3Iar- 
che  solennelle  à  Sa  Sainteté  Pie  I.X,  pour  piano 
ou  orgue,  op.  GO  vid.,  id.);  8"  Six  Romancines 
pour  enfants  (id.,  id.)  ;  9"  Causeries  musicales, 
10  morceaux  de  piano,  op.   52-61  (id.,  id.); 


518 


SIEG  —  SIKEMEIER 


10°  les  Grâces  enfantines,  6  morceaux  faciles 
(id.,  id.)  ;  11°  15  Romances  pour  la  jeunesse, 
elc,  etc. 

SIEG  (Charles-Victor),  compositeur,  fils 
du  précédent,  est  né  à  Turckeiii\  (Flaut-Rliin), 
le  8  aoiU  1837,  et  a  fait  ses  éludes  au  Conser- 
vatoire de  Paris,  où  il  eul  pour  prolesseiu'  d'or- 
gue Benoist  et  pour  professeur  de  composition 
M.  Ambroise  Thomas.  Ajirès  avoir  obtenu  un 
troisième  accessit  d'orgue  en  ISCI,  le  premier 
l'année  suivante,  el  le  second  prix  en  18f>3, 
M.Siegscprésenta,en  1864,au  concoursde  l'Ins- 
titut ;  reçu  le  dernier  sur  cinq  à  la  suite  de  l'é- 
preuve préjtaraloire,  il  obtint  néanmoins  le  pre- 
mier prix  d'emblée,  et  sa  cantate,  intitulée 
Iranhnè  (paroles  de  M.  Victor  Roussy),  fit 
bon  effet  à  l'Opéra  lorsqu'elle  y  fut  exécutée,  le 
18  novembre  de  la  même  année,  chantée  par 
m"»  de  Taisy,  MM.  Morère  et  Dumeslre.  De- 
puis cette  époiiue,  M.  Sieg  s'est  livré  à  l'ensei- 
gnement, sans  même  essayer  de  faire  jouer  un 
opéra-comique  qu'il  a  depuis  longtemps  en  por- 
tefeuille. Je  ne  connais  de  lui  que  trois  Covi- 
posit tons  pour  le  piano,  publiées  à  Leipzig  il 
y  a  une  dizaine  d'années,  et  divisées  eu  trois 
livres  :  œuvre  1,  Trois  Impromptus;  œuvre  2, 
Tarentelle;  oeuvre  3, Caprice-Valse. 

SIEMKUS  (Charlks-Hf.nki- Auguste),  mu- 
sicien allemand,  né  à  Goldenstedt  (Oldenbourg) 
le  7  mai  1819,  a  été  l'élève  de  K.  Arnold  pour 
le  piano,  et  en  183'J  étudiait  la  composition  avec 
Seyfried.  Après  un  long  séjour  en  Hongrie,  il 
se  fixe  à  Hambourg,  dix  ans  après  "part  pour 
l'Angleterre  et  s'établit  à  Manchester,  puis,  en 
1864,  revient  en  Allemagne  et  fixe  sa  résidence 
à  Dresde.  Il  eslmorl  en  cette  ville  le  30  novem- 
bre 1876.  Siemers  a  publié  diverses  compositions 
pour  le  piano,  et  un  assez  grand  nombre  de  re- 
cueils de  lieder  à  plusieurs  voix. 

SIEUAKOWSKI  (L'abbé  Venceslas  DE 
ROGl'SEAVVICÉ, comte),  né  en  Pologne  en 
1741,  mort  en  1806,  fut  un  écrivain  fécond,  un 
patriote  ardent,  et  un  protecteur  intelligent  de 
l'art  musical,  qu'il  avait  cultivé  dès  ses  jeunes 
années.  Chanoine  et  prévôt  de  la  cathédrale 
de  Cracovie,  il  fonda  de  ses  deniers,  en  cette 
ville,  une  école  de  chant  qui  donna  à  la  Polo- 
gne un  certain  nombrcd'artistes  distingués.  Cette 
école,  dont  la  |)remiére  pensée  ai)[iai  tenait  à 
l'évéque  de  Cracovie  Kajetan  Sollyk,  fut  orga- 
nisée par  les  soins  de  l'ahbi'  Sierako^\sKi,  qui 
fit  venir  à  ses  frais,  de  Bohème,  les  artistes  des- 
tinés à  en  être  les  professeurs  :  J.  Golumbek 
pour  le  chant,  Lang  pour  le  piano,  et  Trancois- 
Xavier  Iwatzer.  Klle  prospéra  rapidement,  el  le 
directeur  du  théâtre  de  Varsovie,  Roguslawski, 


y  venait  volontiers  recruter  les  sujets  de  sa 
troupe,  parmi  lesquels  on  cite  le  chanteur  bouffe 
Szczurowski  et  ValentinKrafzer.  L'abbé  Siera- 
kowski  est  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  :  l'Art 
musical  pour  la  jeunesse  du  pays  (Cracovie, 
1795-1796,  3  vol.  in-S"). 

SIEV'EIIS  (Jacques-Feudinaind),  habile  fac- 
teur de  pianos,  né  à  Saint-Pétersbourg  le  10  juin 
1809,  apprit  dans  sa  jeunesse  à  jouer  de  la  llûte, 
du  violon  et  du  piano,  et  en  1835  environ  alla 
fonder  une  fabrique  de  pianos  à  tapies,  oii  il  se 
(il  ime  grande  renommée  non-seulement  par  la 
bonté  el  l'excellente  qualité  des  instruments  qui 
sortaient  de  ses  ateliers,  mais  aussi  par  la  pu- 
lication  d'un  écrit  important  dont  il  est   l'au- 
teur, et  qu'il  a  donné  sous  ce  titre  :  il  Piano- 
forte,  (juida  pratica  per  costrtittori,  accor- 
dafori,  dilettanti  e  possessori  ai  pianoforti 
(Naples,    1868,    2    volumes,  dont   un   orné   de 
figures,  et  un  formant  un  atlas  de  16  planches 
reproduisant,  dans  leurs  proportions  naturelles, 
les  dessins  de  toutes  les  parties  intérieures  du 
piano).  Cet  ouvrage,  le  premier  de  ce  genre  qui 
eût  paru  en  Italie,  était  fort  bien  fait  et  obtint 
fout  le  succès  qu'il  méritait.  Il  ne  fut  pas  moins 
bien  accueilli  à  l'étranger,  et  se  vit  même,  en 
Allemagne,  l'objet  non-seulement   d'une  imita- 
tion, mais  d'une  contrefaçon  grossière  et  impu- 
dente, faite  au  mépris  des  droits  de  l'auteur  et 
de  la  plus  vulgaire  honnêteté,  avec  la  reproduc- 
tion, dans  des  proportions   réduites,  de  toutes 
les  planches  de  l'œuvre  originale.  L'auteur  n'en 
a  pas  moins  rendu  un  signalé  service  à  l'art  de 
la  fabrication  du  piano,  et  il  serait  à  souhaiter 
que  son  ouvrage  fût  dans  les  mains  de  tous  les 
facteurs  dignes  de  ce  nom. 

Il  est  à  supposer  que  .J.-F.  Sievers  est  le  fils 
de  Georges-Louis-Pierre  Sievers,  musicographe 
allemand,  auteur  de  nombreux  écrits  sur  l'art, 
qui  s'établit  à  Rome  en  1824.  (V.  Biographie, 
t.  VIII,  p.  34.)  Ce  facteur  distingué  est  îuort 
à  Naples,  au  mois  de  juin  1878. 

SIREMEIEK  (J -H ),  pianiste  très- 
distingué,  l'un  des  meilleurs  que  les  Pays- 
Ras  possèdent  depuis  la  mort  d'Ernst  Lnbeck, 
est  né  à  Amsterdam  en  1838.  Il  a  eu  tout  d'a- 
bord la  renommée  d'un  enfant  prodige,  et,  de 
-sa  dixième  à  sa  douzième  année,  il  se  fit  entendre 
avec  succès  dans  les  villes  principales  de  sa 
patrie.  En  1850,  il  fut  admis  au  Conservatoire 
(le  Rruxelles,  oii  il  travailla  avec  M.  L.  Godi- 
neau,  remporta  le  prix  en  1855,  et  retourna  en- 
suite dans  les  Pays-Bas  pour  se  fixer  à  Rot- 
terdam el  s'y  livrer  à  l'enseignement. 

Depuis  quehiues  années,  M.  Sikemeier  est 
professeur  de  piano  à  l'École  de  musique  de 


SIKEMEIER  —  SILVA  (DA) 


5i9 


Rotterdam,  et  il  se  fait  entendre  souvent  dans  les 
concerts,  où  il  obtient  toujours  de  grands  et  légi- 
times succès. 

Ed.  de  h. 

SILAS  (Edmond),  pianiste  et  compositeur  de 
granfl  mérite,  né  à  Amsterdam  en  1827,  a  fait 
ses  premières  études  en  Allemagne,  à  Mannheim, 
avec  un  mu>i(  ien  du  théâtre,  nommé  Neher. 
C'était  un  véritable  enfant  prodige,  car  à  l'âge 
de  dix  ans  il  se  fît  entendre  en  public  à  Mann- 
heim. En  1840,  il  donna  son  premier  concert  à 
Amsterdam  avec  beaucoup  de  succès.  En  1842 
il  partit  pour  Paris,  où  il  travailla  le  piano  avec 
Kalkbrenner,  puis  il  entra  au  Conservatoire  de 
cette  ville,  d'abord  dans  la  classe  d'orgue  de 
M.  Benoist,  puis  dans  celle  de  composition 
d  Haiévy  ;  ayant  pris  part  au  concours  de  1847, 
il  y  obtint  le  T  accessit  d'orgue,  se  vit  décer- 
ner le  premier  accessit  l'année  suivante,  et 
remporta  le  premier  prix  en  1849. 

En  1850,  M.  Silas  se  rendit  en  Angleterre,  se 
fit  entendre  d'abord  à  Liverpool,  dans  un  con- 
cert de  la  Société  philharmonique,  où  il  fut 
applaudi  comme  pianiste  et  comme  compositeur, 
puis  débuta  à  Londres,  à  la  Musical  Union  de 
M.  Ella,  où  son  talent  fut  très-discuté.  Le  jour- 
nal le  Times,  .surtout,  le  maltraita  impitoya- 
blement, en  lui  disant,  entre  autres  choses, 
«  qu'un  artiste  devrait  toujours  éviter  d'obte- 
nir un  premier  prix  au  Conservatoire  de  Paris.  » 
M.  Silas  finit  pourtant  par  se  fixer  à  Londres,  et 
ne  tarda  pas  à  s'y  faire  une  réputation  fort  ho- 
norable comme  |)ianiste  et  comme  compositeur. 

Le  bagage  musical  de  cet  artiste  distingué 
est  assez  volumineux,  et  il  a  écrit  des  ouvrages 
fort  importants,  parmi  lesquels  nous  citerons 
les  suivants  :  Messe  à  4  voix,  avec  orgue,  cou- 
ronnée en  Belgique  au  concours  international 
de  musique  sacrée  ouvert  en  1866;  Joas,  ora- 
torio exécuté  avec  succès  au  festival  de  Norwich, 
en  1863  ;  symphonie  en  la,  exécutée  à  la  Mu- 
sical Society,  de  Londres  ;  Nitocris,  opéra  écrit 
sur  un  poème  anglais  et  encore  inédit;  deux 
concertos  pour  piano  et  orchestre;  plusieurs 
cantates;  un  Ave  verum;  deux  O  Salut ar is j 
Ouverture  et  entr'af;tes  pour  un  drame  intitulé 
Fanchette;  une  symphonie  burlesque;  un  traité 
historique  et  pratique  sur  la  notation  musi- 
cale (en  anglais);  enfin,  une  quantité  d'œuvres 
fort  distinguées  de  musique  de  chambre. 
M.  Silas,  qui,  incontestablement,  est  un  artiste 
doué  d'une  organisation  musicale  des  plus  re- 
marquables, termine  en  ce  moment  une  nou- 
velle symphonie  (1). 

,  Éd.  de  h. 

(0  Parmi  les  compositions  de  M.  Silas,  on  peut  signaler 


*  SÏLCHER  (Frédéric),  directeur  le  mu- 
sique à  Tubingne,  a  publié  un  Traité  d'har- 
monie et  de  composition,  exposé  clairement 
et  populairement  (Harmonie  und  compost- 
tion  lelire,  etc.),  Tubingue,  1851,  in-S"  de  188 
pages.  Cet  artiste  est  mort  àStuttgard  le  26  août 
1860. 

*  SILVA  (David'.POLL  DA),  a  obtenu  le 
premier  prix  (une  médaille  d'or)  au  concours 
de  composition  musicale  ouvert  en  1871  par  la 
Société  de  Sainte-Cécile,  de  Bordeaux.  Sa  par- 
tition couronnée,  —  un  Stabat  Mater  pour 
chœurs  et  orchestre,  —  est  une  œuvre  de 
premier  ordre.  En  1866,  M.  Poil  da  Silva  avait 
obtenu  au  concours  de  symphonie  de  la  même 
.société  deux  mentions  honorables. 

Et  cependant,  l'auteur  de  ces  compositions 
importantes,  et  de  tant  d'autres  encore,  était 
devenu  complètement  aveugle!  Mais  sa  mère, 
M""*  Anaïs  da  Silva,  femme  de  l'esprit  le 
plus  distingué,  s'était  habituée  à  écrire,  sous 
sa  dictée,  mesure  par  mesure  et  noie  par  note, 
ses  inspirations,  au  fur  et  à  mesure  qu'elles  lui 
venaient.  C'est  grâce  à  son  touchant  amour  ma- 
ternel et  à  son  admirable  dévouement,  que  les 
œuvres  de  son  fils  existent,  que  le  nom  de 
Poil  da  Silva  parviendra  à  la  postérité  !... 

Une  grave  maladie  est  venue  interrompre  le 
cours  des  travaux  de  cet  artiste  sérieux,  marié  * 
le  21  décembre  1872  à  M*'"  Lucile  Prieusier. 
Transporté  à  Clermont  (Oise),  dans  une  maison 
de  santé,  il  y  est  mort  le  9  mai  1875.  C'était, 
sans  contredit,  un  des  compositeurs  à  la  fois  les 
plus  féconds  et  les  plus  originaux  de  notre  épo- 
que. 

Voici  le  catalogue  complet  de  ses  œuvres  : 

1"  Ouvrages  gravés.  Valentine  de  Milan, 
quadrille  (Ravayre);  la  Jeune  Fille  et  Rossini, 
mélodie  (l\avayre);  Ode  à  la  Vierge  pour  3  voix 
et  orgue,  op.  I2  (Richault);  Deux  romances 
sans  paroles,  pour  violon  et  piano,  op.  13 
(Girod);  la  Ronde  des  Lutins,  rondo-caprice 
pour  piano,  op.  14  (Girod);  Invocation,  qua- 
tuor, op.  15  (Alexandre);  la  Chasse  aérienne, 
rondo-scherzo  pour  piano,  op.  16  (Flaxiand)  ; 
Huit  mélodies,  chant  et  piano,  op.  17  (Richault)  ; 
Pleurs  et  Sourires,  pensées  musicales,  1"^  et 
2'  suites,  op.  18  (Richault);  Polonaise  bril- 
'  tante  pour  piano,  op.  19  (Girod);  0  Satutaris, 
pour  ténor  et  chœur,  op.  20  (Richault)  ;  Trois 
nocturnes  à  deux  voix,  op.  21  (Richault)  ;  Duo 
en  mi  bémol  pour  piano  et  violoncelle,  op.  22  (Ri- 
chault) ;  Six  mélodies  pour  chant  et  piano,  op. 

encore  un  Magnificat  à  4  voix  avec  orgue  et  orchestre, 
et  toute  une  série  de   pièces  originales   pour  l'orgue. 

A.  P. 


K20 


SILVA  (DA)  —  SIMIOT 


23  (Richault)  ;  Pleurs  et  Sourires,  3'  et  4*  sui- 
tes pour  piano,  op.  24  (Richault);  Trio  en  sol 
mineur,  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op. 
25  (Richault)  ;  Ave  Maria  pour  soprano,  mezzo- 
soprano  et  orgue,  op.  26  (Richault)  ;  Six  mélo- 
dies cUantei  piano,  op.  27  (Richault);  Quatuor 
en  ré  majeur,  op.  28  (Ricliaull);  Trio  en  ut  ma- 
jeur, op.  29  (Richault);  Six  mélodies  pour 
chant,  op.  30  (Richault);  4  ^flZwecca,  texte  d'Al- 
fred de  Musset;  .S/x  mélodies,  op.  32  ^Richault)  ; 
le  Chant  de  Fionnualla,  ballade,  op.  33  (Ri- 
chault) ;  5e/Tez«e  pour  piano,  o|».  40  (Brandusi  ; 
Pensées  intimes,  quatre  suites  pour  piano,  op. 
47  et  48  (Brandus);  Veni  Creator,  4  voix  et 
orgue  (Richault)  ;  Adoremus,  solo  pour  baryton, 
op.  50  (Richault)  ;  Villanella,  chœur  de  fem- 
mes, op.  51  (Richault);  Souvenez-vous  des 
morts!  chant  et  orgue,  op.  52  (Richault);  la 
Vague,  allégorie  pour  soprano,  avec  chœur  et 
orchestre,  op.  53  (Richault)  ;  les  Guerriers  de 
Lucifer,  scène-ballade,  chœur  et  orchestre,  op. 
54  ;  les  Bateliers  canadiens,  chœur  et  orches- 
tre, op.  :)5;  J'aspire  à  toi,  pour  ténor,  cor, 
violoncelle,  op.  56  (Richault)  ;  la  Valse,  mélo- 
die, ténor  et  orchestre,  op.  57  ;  Dieu  le  veiit, 
quatre  voix  d'hommes,  op.  58  (Richault^  ;  les  Ti- 
railleurs, chœur  sans  accompagnement,  op.  59; 
les  Elfes,  chœur  pour  voix  de  femmes  avec  or- 
.  chestre,  op.  60  ;  Noustechantons,  dnuit  !  chœur 
sans  accompagnement  pour  voix  d'hommes  (Ri- 
chault), Rêverie,  sérénade  avec  violon  obligé,  op. 
62  (Richault);  Trois  mélodies,  pour  piano  et 
chant,  op.  63;  Trois  mélodies,  idem,  op.  f'4  (Ri- 
chault); Trois  mélodies,  pour  chant  et  piano,  op. 
65  (Richault);  Deux  nocturnes  à  2  voix  (Ri- 
chault); la  Chasse  aux  lions,  chœur  à  4  voix, 
op.  67  (Richault);  la  Française,  cantate  avec 
soli  et  chœurs;  18  chœurs  (Richault);  un  Duo 
pour  piano  et  violoncelle  (sous  presse  chez  Ri- 
chault) ;  l'Ile  aux  cocotiers,  Fleur  des  Antil- 
les, d'Octave  Giraud  (id.,  idem);  les  trois  Pen- 
sées, Moins  que  vous,  Veni  Creator,  Deux 
duetini  (id.,  idem). 

Voici  maintenant  la  liste  des  ouvrages  laissés 
en  manuscrits  par  ToU  da  Silva  :  —  I.  Mu- 
sique DE  ii.\No.  Recueil  de  16  mélodies,  pen- 
sées intimes  en  4  suites;  Jiegrets,  romance  sans 
paroles;  Soirs  d'automne j  l'Aurore^  Décep- 
tion; 8  mélodies;  le  Délire,  grande  étude; 
!*■"  Nocturne  en  sol  majeur  ;  Scène  et  fantaisie 
en  ut  mineur;  2  Valses  brillantes;  6  Mazur- 
kas; Andanle  pour  piano  seul;  le  Réveil,  de 
la  nature,  caprice;  6  Études  caractéristiques  ; 
6  Eludes  faciles;!  Morceaux  de  genre  ;  l'Ou- 
bli, romance  sans  paroles;  Fantaisie  sur  le  Pro- 
phète; Grande  Valse  en  la  bémol  ;  Vlmpromp- 


tu,  en  mi  hémo\;  Symphonie k  'i  mains;  Valse 
à  4  mains;  Sonate  pour  piano  seul;  Suite  en 
fa  mineur.  —  II.  Musique  d'ensemble.  Septuor 
en  sol  mineur,  pour  2  violons,  2  altos,  1  violon- 
celle, piano  et  contre-basse;  Quintette  en  ré  ma- 
jeur, pour  piano,  \iolon,  alto,  basse,  et  contre- 
basse ;  Quatuor  en  ré  majeur,  pour  piano,  vio- 
lon, alto  et  violoncelle;  Sonate  en  si  mineur, 
pour  piano  et  violon;  Sude  en  si  mineur, 
pour  piano  et  violoncelle;  Scène  romantique  en 
la  bémol,  eu  quatre  suites,  pour  piano  et  violon. 
—  m.  Musique  de  chant.  Trente-quatre  mé- 
lodies inédites,  avec  accompagnement  de  piano  ; 
Seize  chœurs  pour  voix  d'hommes;  Six  chœurs 
pour  voix  d'hommes  et  de  femmes;  ISeuf  chœurs, 
id.,  avec  orchestre.  —  IV.  Musique  d'orches- 
TKE.  Première  Symphonie  en  si  bémol  (couron- 
née à  Bordeaux  en  1866)  ;  Seconde  SymphoniCf 
Épisode  de  la  vie  d'un  poète  (couronnée  à 
Bordeaux  en  1866);  Charlemagne,  ouverture 
symphonie;  laMarche  des  Francs;Barcarolles; 
la  Danse  moresque  ;  Richard  en  Palestine, 
suite  d'orchestre  en  4  parties.  —  V.  Musique  de 

THEATRE,  ET  MUSIQUE  DE  CHANT  ET  ORCHES- 
TRE. Moïse  au  mont  Sinaï,  oratorio  pour  soli^ 
chœurs  et  orchestre;  Judith,  oratorio;  Clovis, 
ode-symphonie  ;  Cantate,  en  mi  bémol  ;  les  Noces 
de  Prométhee,  canlàiii  ;  la  TF^'yre,  grand  opéra  en 
5  actes  ;  Gunem,  ou  la  Favorite  du  calife,  opéra- 
comique  en  3  actes;  la  Sulamite,  ballet  orien- 
tal en  2  actes;  l'Avalanche,  opéra-comique  en 
un  acte  ;  Un,  deux,  trois  Serpents,  opéra  bouffe 
en  un  acte;  Stabat  Mater  pour  orchestre, 
chœurs  et  soli. 

A.  L  —  N. 
SIMIOT  (André),  compositeur  français,  est 
né  vers  1815.  Cet  artiste,  qui  a  été  chel  de  chant 
au  Grand-Théâtre -Parisien  lorsqu'on  y  repré- 
senta la  Jeanne  d'Arc  de  M.  Duprez,  et  chef  d'or- 
chestre du  théâtre  Rossini  pendant  sa  courte 
existence,  a  fait  représenter  :  1"  Venise  la 
belle,  opéra-comique  en  un  acte,  Lyon,  1853; 
2"  le  Portrait  de  Séraphine,  opérette  en  un 
acte,  Folies-Nouvelles,  1857  ;  3°  tin  Suicide  en 
partie  double,  opérette  en  un  acte,  théâtre  des 
Jeunes-Artistes,  30  mai  1868;  4"  l'Africain, 
grand  opéra  en  5  actes  (paroles  et  rnusi(|ue), 
donné  au  café-concert  de  Tivoli  le  10  février 
1872.  M.  Simiot  est  encore  auteur  d'un  Te  Deum 
exécuté  à  Besançon  le  15  août  1867,  et  de 
quelques  opérettes,  entre  autres  les  Mariés 
de  Nanterre,  données  sur  le  petit  théàlre  par- 
ticulier du  cercle  Pigalle.  Cet  artiste  s'est  es- 
sayé aussi  à  faire  de  la  criliqiie  musicale,  et  il 
a  collaboré  à  l'Écho  des  Orphéons  et  à  l'Or- 
phéon. 


SIMLER  —  SINGELÉE 


52t 


SI5ILLU  (J -W....),  pasteur  et  musicien 

du  dix-septième  siècle,  naquit  vers  1C05  à  Zu- 
rich, où  il  lit  ses  études  de  théologie,  (il  un 
voyage  en  France,  et,  après  un  court  séjour  à  Paris 
et  un  autre  à  Genève,  fut  nommé  pasteur  à 
Utiken  en  1C29,  et  allait  remplir  deux  ans  après 
les  mêmes  fonctions  à  Herliberg.  Il  mourut  en 
1672.  Simier  a  publié  un  recueil  de  chants  dont 
voici  le  titre  :  Deutsch  Gedichte,  darinnen  :  1. 
Haupt  begrif/Iiche  Inhalte  clen  Psahnen  Da- 
vids;  2.  Underschiedliche  aiif  zeiten  und  An- 
lasse  gerichteteGesunge;^.  Allerhand  erbau- 
iche  Ueberschriften,  etc.,  enthaltend  seind, 
Zurich,  Boiimer,  1648.  Ce  recueil,  qui  contient 
cinquante  chants  à  quatre  parties,  a  été  réédité 
plusieurs  fois,  en  1653,  1662,  1688,  etc.,  eton  en 
a  fait  une  édition  en  langue  romanche. 

*  SIMO-^  (Louis-Victor).  —  Cet  artiste  a 
écrit,  en  société  avec  Foignef,  la  musique  de 
deux  opéras-comiques  qui  ont  été  représentés 
au  théâtre  Montansier  ;  la  Boiteuse  (un  acte), 
le  17  avril  1791,  et  l'Apothicaire  (2  actes),  en 
1793. 

*  SOION  (Jean-Henri),  compositeur  et  vio- 
loniste belge,  né  à  Anvers  au  mois  d'avril  1783, 
mort  en  cette  ville  en  1861,  y  commença  ses 
éludes  musicales  à  la  maîtrise  de  Saint-Jacques. 
Ses  dispositions  étaient  telles  qu'à  peine  âgé  de 
liuit  ans,  raconte-t-on,  il  dirigeait  à  grand  or- 
chestre l'exéculion  d'une  messe  de  Kraft.  Plus 
tard,  il  vint  à  Paris,  où  il  reçut  des  leçons  de 
la  Houssaye  et  de  Rode  pour  le  violon,  de  Gos- 
sec,  de  Catel  et  de  Lesueur  pour  la  composition. 
Puis  il  retourna  à  Anvers,  où  il  se  lit  une  grande 
situation  comme  violoniste  et  comme  composi- 
teur. «  Plusieurs  de  ses  compositions  religieuses 
et  chorales,  dit  M.  Ed.  Gregoir  dans  ses  Artistes 
musiciens  belges,  ont  été  exécutées  en  pu- 
blic, qui  a  toujours  apprécié  à  sa  juste  valeur 
la  musique  savante  et  mélodieuse  de  notre  com- 
patriote. H.  Simon,  le  plus  populaire  de  nos  au- 
teurs classiques,  est  du  petit  nombre  de  ceux  qui 
savent  concilier  une  harmonie  abondante  et 
claire  avec  une  mélodie  distinguée,  originale, 
et  parfois  large  et  grandiose.  Ses  compositions 
respirent  la  grandeur  et  la  solennité,  et  sont  d'une 
belle  facture.  Ses  chœurs,  d'une  assez  grande 
difficulté,  sont  empreints  d'une  couleur  alle- 
mande, école  que  Simon  affectionnait  particu- 
lièrement. En  général,  l'orchestration  de  ses 
œuvres  est  riche,  puissante  et  remplie  d'effets 
inattendus.  » 

On  doit  à  cet  artiste  :  3  messes  à  grand  or- 
chestre; plusieurs  oratorios,  entre  autres  celui 
intitulé  Judith  ou  le  Siège  de  Bélhulie;  7  con- 
certos pour    le  violon;  plusieurs  airs  variés  et 


fantaisies  pour  le  même  instrument;  diverses 
cantates;  un  trio  pour  2  violons  et  basse;  une 
ouverture;  la  Voix  du  soir,  double  chœur;  un. 
Poème  à  V Alhambra,  chœur  sans  accompa- 
gnement; des  motets,  diverses  autres  compo- 
sitions chorales,  etc.  Simon  lit  beaucoup  d'é- 
lèves, parmi  lesquels  on  cite  surtout  Meerts, 
qui  fut  professeur  de  violon  au  Conservatoire  de 
Bruxelles,  Janssens,  compositeur  anversois  re- 
marquable, et  M.  Vieuxtemps. 

SIMON  ( ),   organiste  français  qui  a 

joui  d'une  grande  renommée,  était  né  dans  les 
dernières  années  du  dix- huitième  siècle.  Artiste 
d'un  mérite  supérieur,   esprit  fort  distingué,  il 
se  lit  une  situation  brillante,   était  à  la  fois  ti- 
tulaire de   l'orgue  de  l'église  de  Notre-Dame- 
des-Victoires  à  Paris  et  de  celui  de  la  basilique  de 
Saint-Denis,  professeur  d  harmonie  à  la  maison, 
royale  de  Saint-Denis  et  membre  de  l'Institut 
historique  de  France.  Dans  son  Manuel  de  l'or- 
ganiste, M.  Georges  Schmitt,  qui  le  connut  per- 
sonnellement, analyse  son  talent  de  la  façon  la 
plus  chaleureuse  :  —  «  M.  Simon,  dit-il,  le  doyen 
des  organistes,  qui  touche  l'orgue  de  la   basi- 
lique de  Saint-Denis,  est  l'artiste  à  qui  nous  de- 
vons  en  grande  partie  le  perfectionnement  de 
l'orgue   d'aujourd'hui.   C'est  lui  qui   le  premier 
a   fait    usage  des  pédales  de    combinaison  et 
d'autres  effets.  Son  jeu  est  varié,  riche  en  effets 
saisissanis,  ses  combinaisons  de  différents  jeux, 
produisent  des  timbres  nouveaux  et  peu  connus. 
Il   joue   ce    grand   instrument  de    Saint-Denis 
d'une  manière  supérieure,   son  beau  talent  se 
présente  là  dans  toute  la  plénitude  de  sa  puis- 
sance. Son  style  est  lié,  sa  manière  de  toucher 
large  et  accentuée,  et  il  excelle  dans  le  vrai  ca- 
ractère  à  donner   aux   différents  jeux  de  l'or- 
gue. »  Simon  est  mort  à  Paris,  au  mois  de  mai 
ou  de  juin   1866,  à  l'âge  de  soixante-dix-huit 
ans.  Il  était  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et 
de  l'ordre  de  Saint-Sylvestre.  Y. 

SIMOIVE  ( DK  ).   écrivain  italien,   est 

l'auteur  d'un  opuscule  publié  sous  ce  titre  :  Délia 
niusica  melodrammatica,  ragionamento,  ta- 
pies, 1859,  in-S". 

SIMONETTI  (F ),  pianiste  et  composi- 
teur italien,  est  l'auteur  d'un  ouvrage  didactique 
publié  sous  ce  titre  :  Cenni  sul  modemo  mec- 
canismo  del  pianoforte  (1875). 

*  SINGELÉE  (Jean-Baptiste),  violoniste, 
chef  d'orchestre  et  compositeur  belge,  est  mort 
à  Ostende  le  29  septembre  1875.  Après  avoir 
rempli  l'emploi  de  chef  d'orchestre  au  théâtre 
et  au  casino  de  Gand,  il  avait  occupé  les  mêmes 
fonctions  au  théâtre  d'Anvers;  de  retour  à 
Bruxelles,  il  était  devenu  second  chef  au  théâtre 


622 


SLNGELEE  —  SINICO 


do  la  Monnaie,  sous  la  direction  de  Ch.-L. 
Hanssens,  puis  premier  chef  à  la  mort  de  ce- 
lui-ci. Il  dirigea  aussi  pendant  tnu'k|ues  an- 
nées les  concerts  de  l'Association  des  artistes 
musiciens  de  Bruxelles.  Les  compositions  gravées 
de  Slngelée  s'élèvent  au  chiffre  de  140  environ. 
Il  a  écrit,  en  société  avec  Sor,  la  musique  d'un 
ballet,  Arsène  ou  la  Baguette  magique,  qui 
a  été  représenté  à  Bruxelles  en  1845.  —  Une 
fille  <le  cet  artiste,  M'"^  Louisa  Slngelée,  vio- 
loniste distinguée  et  chanteuse  dramatique,  fit 
son  éducation  musicale  au  Conservatoire  de 
Bruxelles  et  fut  son  élève  pour  le  violon.  Elle 
voyagea  avec  son  père  en  donnant  des  concerts, 
puis  embrassa  la  carrière  du  théâtre.  Vers  1872 
elle  faisait,  à  Paris,  partie  delà  troupe  de  l'Athé- 
née, et  en  1877  elle  (it  une  courte  apparition  au 
Théâtre-Lyrique.  Elle  s'est  produite  aussi,  sous 
le  nom  de  M"'  Singelli,  sur  l'une  des  scènes 
italiennes  de  Londres. 

SI>ICO  (FiiANCEsco),  compositeur,  profes- 
seur el  théoiicien,  naquit  àTriestele  12  décembre 
1810  (I).Fils  d'un  marchand  quincaillier  originaire 
de  Brescia,  il  entrait  à  quinze  ans  comme  em- 
ployé dans  une  maison  de  commerce,  mais  aban- 
donnait bientôt  cette  carrière  pour  se  livrer  à 
l'étude  de  la  musique,  vers  laquelle  il  se  sentait 
invinciblement  attiré.  D'abord  élève  d'un  orga- 
niste nommé  Andreuzzi,  il  prit  ensuite  des  leçons 
de  Farinelli,  maître  de  chapelle  distingué.  A 
22  ans,  il  devient  directeur  de  la  Société  phil- 
harmonico-drainatique  de  Trieste,  se  fait  rapi- 
dement remarquer  par  l'habileté  qu'il  déploie 
dans  l'exercice  de  ces  fonctions,  débute  bientôt 
comme  compositeur  en  écrivant  des  chœurs  pour 
une  tragédie  de  Somma,  Parisina,  produit  en- 
suite plusieurs  oeuvres  de  musique  sacrée,  puis 
enfin  fait  jouer  en  1841,  sur  le  théâtre  Mauroner, 
un  opéra  intitulé  t  Virtuosi  di  Barcellona. 

Mais  ce  n'est  pas  à  ces  travaux  en  ce  genre 
<ju'il  devra  la  renommée  qui  s'attachera  à  son 
nom.  En  1843,  Sinico  devient  maître  de  la  cha- 
pelle des  Jésuites  de  Trieste,  et  il  s'occupe 
alors,  une  fois  sa  position  matérielle  assurée, 
de  réaliser  le  rêve  qu'il  caressait  depuis  long- 
temps, celui  de  doter  sa  ville  natale  d'institu- 
tions musicales  qu'elle  ne  connaissait  pas,  et 
d'en  faire  une  grande  cité  artistique  et  harmo- 
nieuse. Rien  ne  lui  cofitera  pour  atteindre  son 
but  :  ni  peines,  ni  soins,  ni  efforts  de  toutes 
sortes-,  il  saura  aplanir  toutes  les  difficulté.^, 
renverser  tous  les  obstacles,  venir  à   bout    de 

(1)  On  verra,  par  la  lecture  d''  cette  notiic  et  des  deux 
suiv;iiitcs,  qu'on  doit  annuler  la  notice  Joseph  .Sinico 
Insérée  au  t.  Vlll  de  la  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens. 


tous  les  mauvais  vouloirs,  défier  toutes  les  ja- 
lousies, vaincre  enfin  jusqu'à  la  force  d'inertie 
et  se  faire  aider  par  ceux-là  môme  qui  d'abord 
étaient  les  plus  opposés  ou  les  plus  étrangers  à 
ces  idées. 

Dès  1843,  Sinico,  après  s'être  assuré  la  pro- 
teefion  d'un  haut  et  infiiient  personnage,  le 
comte  Stadion,  sollicite  et  obtient  de  la  municipa- 
lité de  Trieste  un  décret  par  lequel,  sur  le  rap- 
|M)r(  d'une  commission  spéciale,  une  école  de 
chant  pour  80  enfants  est  instituée  et  placée 
sous  sa  direction.  Il  se  met  aussitôt  à  l'a-uvre, 
entreprend  l'éducation  musicale  de  ces  enfants 
à  l'aide  de  la  méthode  Wilhem,  et  les  résultats 
sont  tels  qu'au  bout  de  peu  de  temps  il  peut 
les  faire  entendre  en  séance  publique  et  leur 
faire  exécuter  plusieurs  hymnes  et  chants  qu'il 
avait  écrits  à  leur  intention.  Profitant  de  l'effet 
de  surprise  et  de  plaisir  produit  par  cette  expé- 
rience, il  obtient  l'ouverture  d'une  seconde  école 
d'enfants  dans  la  vieille  ville,  et  d'une  école  do- 
minicale pour  les  ouvriers  des  deux  sexes  qui 
voudraient  se  livrera  l'étude  du  cbant choral.  Ce 
n'est  pas  tout,  et  au  bout  de  dix  autres  mois  d'é- 
tudes et  d'expériences,  ne  se  tenant  point  pour 
satisfait,  re.stant  insatiable  dans  ses  généreux 
désirs  comme  il  était  infaligable  dans  son  œuvre, 
il  deiïiande  et  se  voit  accorder  que  l'enseigne- 
ment musical  sera  désormais  administré  dans 
huit  écoles  populaires  et  dans  deux  écoles  norma- 
les, toutes  placées  sous  sa  direction  supérieure 
et  son  inspection,  avec  cinq  professeurs  placés 
sous  ses  ordres. 

Sa  vie  tout  entière  fut  alors  consacrée  à  la 
noble  entreprise  qu'il  avait  su  réaliser.  A  part 
le  temps  qu'il  lui  fallait  accorder  à  sa  chapelle, 
il  ne  s'occupait  que  de  ses  écoles,  de  ses  élèves, 
écrivant  pour  eux  des  méthodes,  des  traités, 
des  hymnes,  des  chœurs  sacrés  ou  profanes, 
leur  prodiguant  ses  soins,  ses  leçons,  ses  con- 
seils, les  surveillant  sans  cesse,  leur  faisant  ap- 
prendre de  grandes  œuvres,  multipliant  les  ex- 
périences publiques,  les  grandes  séances,  leur 
faisant  exécuter  des  oratorios  de  Ha^ndel  et  de 
Haydn,  des  messes  de  Cheriihiniet  de  Beethoven, 
conviant  à  ses  concerts  un  public  toujours  plus 
enthousiaste,  et,  pour  que  la  charité  n'y  perdît 
rien,  donnant  la  plupart  du  temps  ces  concerts 
au  profit  de  quelque  oeuvre  bienfaisante  ou  des 
victimes  de  quelque  malheur  public.  C'est  alors 
que  dans  une  vaste  .salle,  en  présence  d'une 
foule  immense,  on  le  voyait,  enthousiaste  et 
lier,  se  placer  à  la  tête  de  ces  mille  ou  douze 
cents  chanteurs,  hommes,  femmes  et  enfants, 
s'en  faire  obéir  au  moindre  signe,  et  obtenir 
d'eux  des  exécutions  merveilleuses,  magistrales, 


SINICO  —  SIVRY  (DE) 


523 


qui  faisaient  naître  cliez  tous  l'émotion  et  exci- 
taient l'admiration  des  auditeurs.  Toute  lexis- 
lencc  de  Siuico  se  traduisit  ainsi  en  travaux 
incessants,  en  luttes  continuelles,  d'abord  pour 
établir  ses  écoles  ,  puis  pour  les  maintenir,  en 
dépit  des  mesquineries  et  des  prétentions  à  l'é- 
conomie de  la  municipalité  de  Trieste,  enfin 
pour  obtenir  d'elles  tout  ce  qu'elles  pouvaient 
donner  au  point  de  vue  de  l'art  et  de  la  inorali- 
sàtion  générale.  Là  est  son  rôle,  là  est  sa  lâche, 
là,  pourrait-on  dire,  est  sa  gloire,  et  c'est  ce  qui 
a  rendu  son  nom  impérissable  dans  la  ville  où 
il  a  vu  le  jour,  et  qu'il  n'a  cessé,  je  crois,  d'ha- 
biter jusqu'à  sa  mort. 

Je  ne  saurais  donner  la  liste  des  nombreuses 
compositions  de  Sinico.  En  dehors  des  œuvres 
écrites  par  lui  pour  ses  écoles,  on  lui  doit  de 
nombreuses  messes,  des  hymnes,  des  motets, 
etc.,  composés  pour  le  service  de  la  chapelle  des 
Jésuites.  On  cite  aussi  de  lui  les  partitions  de 
deux  opéras  restés  inachevés  :  Rosmunda,  et 
Zaira.  Cet  homme  de  bien,  cet  artiste  de  ccrur 
et  de  talent,  mourut  à  Trieste  le  18  août  1865. 

SIAICO  (Giuseppe),  frère  cadet  du  précé- 
dent, naquit  à  Trieste  vers  1812,  commença  son 
éducation  musicale  avec  lui,  et  devint  un  chan- 
teur distingué.  C'est  évidemment  de  lui  que 
Fétis  a  parlé  quand  il  a  dit  qu'  «  il  y  a  eu  un  ténor 
de  ce  nom  qui  a  chanté  à  Madrid  en  1841,  a 
Oporto  vers  la  même  époque,  puis  à  Florence 
et  à  Milan.  »  Depuis  lors,  je  crois  qu'il  a  aban- 
donné la  carrière  théâtrale  pour  se  livrer  à  l'en- 
seignement du  chant. 

Sl>ICO  (Grseppe),  compositeur  dramati- 
que, fils  de  Francesco  Sinico,  est  né  à  Trieste 
le  10  février  1836.  Il  commença  d'abord  par 
aider  son  père  dans  ses  rudes  travaux  d'ensei- 
gnement, et  publia  à  ce  sujet  une  méthode  qui 
a  paru  sous  ce  titre  :  Brève  Metodo  teorico- 
pratico  di  canio  clementare  per  uso  délie 
scuole  popolari  di  canto  per  adulti.  Plus 
lard  il  se  livra  à  la  composition,  et  songea  à 
aborder  la  scène.  Il  était  fort  jeune  encore  lors- 
qu'il fit  ainsi  ses  débuts  avec  un  opéra  de  demi 
caractère,  i  Moschettïeri,  qui  fut  représenté  à 
Trieste  le  26  mars  1859.  En  1861,  il  donnait  à 
Trieste  son  second  ouvrage  dramatique,  Aurora 
di  Ncvers,  et  au  mois  de  décembre  de  l'année 
suivante  il  faisait  jouer,  dans  la  même  ville,  un 
troisième  opéra,  intitulé  Marinella.  Ces  divers 
ouvrages  furent  accueillis  avec  faveur,  et  pour- 
tant, depuis  lors,  M.  Sinico  ne  s'est  plus  pré- 
senté à  la  scène  et  n'a  plus  fait  parler  de  lui. 

Une  artiste  de  la  même  famille.  M™-  Cam- 
pobello)ii  Sinico ,  chanteuse  de  talent,  fiiit  de- 
puis près  de  quinze  ans  partie  de  l'une  des 


deux  compagnies  italiennes  de  Londres,  où  elle 
a  obtenu  de  réels  succès.  J'ignore  si  elle  est  la 
fille  de  Francesco  Sinico  ou  de  son  frère,  ou  la 
femme  du  précédent  artiste,  l'auteur  de  Mari- 
nella et  d'è  Moschettieri. 

SIIMiKF^  (Emile).  —  Un  écrivain  belge  de  ce 
nom  a  publié  un  petit  volume  ainsi  intitulé  : 
Description  succincte  de  pliisie^irs  opéras, 
contenant  l'analyse  des  livrets  des  opéras  sui- 
vants, V Africaine,  Tunnhxuser ,  le  Prophète, 
la  Juive,  les  Huguenots,  Guillaume  Tell  et 
Robert  le  Diable  (Bruxelles,  Pool,  lS7'i,  in- 
12).  Tout  en  analysant  ces  livrets,  l'écrivain 
donne  volontiers  son  .sentiment  sur  la  nature  et 
la  portée  musicale  des  œuvres  dont  il  entretient 
son  lecteur;  il  dit  d'ailleurs  dans  sa  préface  : 
«  Bien  des  jeunes  gens  n'ont  ni  le  temps,  ni  les 
moyens,  ni  les  dispositions  nécessaires  pour  lire 
des  livrets  et  des  con)pfes-rendus  d'o]iéras  jjCe 
petit  volume  contient  la  description  et  l'analyse 
résumées  de  sept  principaux  opéras  du  réper- 
toire courant;  notre  but,  en  le  publiant,  est  de 
porter  la  génération  nouvelle  à  aller  entendre 
souvent  ces  chefs-d'o'uvre  et  de  lui  fournir  des 
éléments  d'appréciation.  »  Grand  amateur  de 
tous  les  arts,  Sinkel,  qui  était  né  vers  1822  et 
qui  avait  commencé  par  être  officier  de  marine, 
devint  rédacteur  en  chef  d'un  journal  politique 
hebdomadaire  de  Bruxelles,  le  Droit.  Il  est 
mort  à  Ixelles-lez-Bru\elles,  le  18  septembre 
1876,  à  l'âge  de  cinquante-trois  ans. 

SII\I  (LuiGi),  pianiste  et  compositeur  italien, 
mort  à  Naples  le  23  mars  1870,  a  publié  pour 
son  instrument  une  centaine  de  compositions, 
dont  les  unes  originales,  d'autres  écrites  sur  des 
motifs  populaires  ou  des  thèmes  d'opéras  célè- 
bres. Parmi  les  premières,  je  citerai  celles  qui 
ont  pour  titre  l'Addio  a  Malla,  romance;  il 
Pianto,  à  la  mémoire  de  Beethoven;  l'Addio, 
romance  et  étude;  Urania,  pensée;  la  Corsa 
del  Beduino;  la  Danzatrice  Eç/iziana;  îtn 
Pensiero ;  Tarentelle;  etc.,  etc. 

*  STROTTI  (François),  était  virtuose  de  la 
chambre  de  la  duchesse  de  Modène.  Il  a  fait  re- 
présenter sur  le  théâtre  de  Modène,  en  1783, 
un  opéra  intitulé  Zenobia. 

*  SIVOIII  (Eunest-Camille),  violoniste  ita- 
lien fort  remarquable,  est  né  à  Gènes  non  le  6 
juin  1817,  mais  le  25  octobre  1815. 

SIVRY  (Charles  DE),  chef  d'orchestre  du 
petit  théâtre  des  Délassements-Comiques  à 
Paris,  puis  des  Folies-Marigny,  a  fait  repré- 
senter les  opérettes  suivantes,  toutes  en  un  acte  : 
1"  le  Rhinocéros  et  son  enfant,  Délassements- 
Comiques,  3  septembre  1874;  2°  de  Chryso- 
cale, id.,  22  octobre  1874;  3°  Jolicœur,  Fan- 


524 


SIVRY  (DE)  —  SMART 


taisies-Oller,  2i  janvier  1877;  4°  Tous  gentils- 
hommes, id.,  20  mars  1877.  Cet  artiste,  qui 
prend  une  part  de  collaboration  à  une  petite 
feuille  musicale,  le  Progrès  artistique,  a  écrit 
Ja  musique  d'une  sorte  de  poëme  symphonique, 
la  Légende  d'Hiram,  qui  a  été  exécuté  le  24 
octobre  1878,  dans  la  salle  des  fêles  du  palais 
du  Trocadéro,  pour  une  grande  solennité  franc- 
maçonnique. 

SKIBIiXSlir  (LiouRiTcn),  pianiste  et  com- 
positeur, porte  le  titre  de  pianiste  de  la  cour  de 
Roumanie.  Il  a  écrit  la  musique  du  premier 
opéra  composé  sur  un  texte  roumain,  lequt'l 
portait  pour  titre  Verful  eu  dor  {la  Cime  du 
désir),  et  a  été  représenté  sur  le  théâtre  national 
de  Bucharest  le  6  février  1879.  Le  livret  de 
cet  opéra  était  l'a^uvre  de  la  princesse  régnante 
Elisabeth  de  Roumanie,  qui  l'avait  signé  du 
pseudonyme  de  P.  de  Laroc. 

SKRAtil»  ou  SRROtîP  (François;,  com- 
positeur et  chef  d'orchestre  distingué,  naquit  à 
Vosic  (Bohême)  le  3  juin  1801  (1).  Fils  d'un 
maître  d'école  qui  lui  enseigna  les  premiers  élé- 
ments de  la  musique,  il  fréquenta  plus  tard  le 
lycée  de  Prague,  chanta  comme  enfant  de  clio-ur 
dans  les  églises  de  cette  ville,  et  enfm  y  étudia 
le  droit  à  l'Université.  Plusieurs  amateurs  de 
musique  ayant  conçu  le  projet  de  faire  repré- 
senter, au  profit  d'une  onivre  de  bienfaisance, 
un  opéra  en  langue  bohème,  Skraup  se  chargea 
de  traduire  en  cette  langue  le  livret  d'un  opéra 
allemand  de  Weigl,  la  Famille  suisse,  et  l'ou- 
vrage fut  ainsi  représenté  le  23  décembre  1823. 
C'était  le  premier  essai  de  ce  genre ,  le  pre- 
mier opéra  ainsi  joué  à  l^rague  dans  la  langue 
nationale,  et,  la  tentative  ayant  réussi,  on  se  mit 
bientôt  en  devoir  de  traduire  ainsi  divers  opéras 
allemands,  italiens  et  français. 

Néanmoins,  on  désira  bientôt  posséder  un 
véritable  opéra  national ,  et  Skraup  écrivit  la 
musique  d'un  ouvrage  intitulé  der  Drahlbindcr, 
qui  fut  joué  avec  succès.  En  1827,  lorsqu'il  eut 
terminé  son  droit,  Skraup  entra  au  théâtre  na- 
tional de  Prague  en  qualité  de  second  chef  d'or- 
chestre; c'est  alors  qu'il  donna  sur  ce  tliéûtre 
l'opéra  qui  avait  pour  litre  Udalrich  et  Bo- 
zena,  et  qu'en  1834  il  (il  la  musique  d'un  vau- 
deville national,  la  Fête  des  cordonniers  de 
Prague,  qui  obtint  un  succès  énorme,  parce 
qu'il  y  avait  intercalé  des  danses  et  des  chansons 
populaires,  dont  l'une  :  Où  est  ma  patrie? 
devint  par  la  suite  l'hymne  du  peuple  bohème. 

(0  Une  confusion  s'est  établie,  dans  la  Dinriraphie  uni- 
verselle des  Musiciens,  enire  le»  deux  frères  François 
et  Jean  Skraup.  La  présente  notice  et  celle  qui  la  suU 
rétabliront  les  faits.  —  A.  P. 


Skraup  écrivit  enguite  la  musique  d'une  tra- 
gédie :  Brudermord  (1835),  l'opiéra  Ze  Sojir/e  rfe 
Libussa,  et  un  autre  opéra,  en  langue  allemande, 
intitulé  la  Fiancée  du  gnome  (1836). 

Nommé  le  l*""  janvier  1837  premier  chef 
d'orchestre  du  Laudestheater  {Ihéàire  i]a  pays), 
à  Prague,  il  conserva  cet  emploi  pendant  vingt 
ans,  jusqu'en  1837,  époque  à  laquelle  il  fut 
pensionné.  En  1848  il  lit  représenter  l'opéra 
allemand  Draliomira,  et  quelques  années  plus 
tard  celui  intitulé  Meergeusc. 

Skranp  s'est  acquis  un  renom  brillant  comme 
chef  d'orchestre,  tant  au  théâtre  qu'au  con- 
cert. C'est  à  lui  que  la  ville  de  Prague  doit 
d'avoir  connu  le  Hollandais  volant,  le  Tann- 
hàuser  et  Lohengrin,  de  M.  Richard  Wagner. 
De  plus,  il  a  eu  le  mérite  d'activer  la  vie  mu- 
sicale en  celte  ville. 

Après  avoir  été  pensionné,  il  se  rendit  en  1860 
à  Rotterdam,  pour  y  occuper  les  fonctions  de 
chef  d'orchestre  au  théâtre.  C'est  là  qu'il  mou- 
rut, le  7  février  1862. 

Outre  les  opéras  ci-dessus  mentionnés,  outre 
une  ouverture  pour  la  tragédie  de  Kolar  :  la  Mort 
de  Zislio,  Skraup  a  encore  écrit  une  quantité 
d'autres  ouvrages,  des  messes,  des  quatuors,  des 
danses,  et  des  lieder  en  langues  bohème  et 
allemande.  Plusieurs  de  ces  lieder,  d'un  tour 
très-mélodique,  ont  pénétré  parmi  le  peuple  et 
sont  considérés  en  quelque  sorte  comme  des 
chants  nationaux.  On  a  trouvé  dans  les  papiers 
de  Skraup,  à  sa  mort,  la  partition  d'un  opéra 
allemand  intitulé  Colombus.  Skraup  est  regardé 
comme  le  compositeur  bohème  par  excellence. 

J.  B. 

SKUAUP  ou  SKllOl  P  (Jean-Népomucè- 
ne),  compositeur,  frère  du  précédent,  naquit  le 
15  septembre  1811  à  Vosic,  et  mourut  à  Prague, 
où  il  était  devenu  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale,  le  18  novembre  1865.  On  connaît  de 
lui  des  compositions  religieuses,  des  lieder  et 
divers  ouvrages  théoriques  en  langue  bohème  (1); 
mais  il  est  loin  d'avoir  acquis  une  renom- 
mée semblable  à  celle  de  son  frère.  Après  sa 
mort,  on  a  représenté  à  Prague  deux  opéras  de 
cet  artiste  :  l'un,  en  langue  bohème,  intitulé 
les  Suédois  devant  Prague;  l'autre,  en  alle- 
mand, ayant  pour  titre  Vineta. 

J.  B. 

SMAIIT  (Sir  Gkorge-Thomas),  organiste  et 
compositeur  de  la  chapelle  royale  de  Saint- 
James,  à  Londres,  né  on  cette  ville  au  mois  de 

(1)  Dont:  un  pnblk^  sons  ce  litre  :  Fcole  théorique 
et  pratique  de  musique  pour  les  professeurs  et  les  di- 
rccrrurs  de  7naUrises  (Prague,  1862,  in-S"  de  254  pp.). 
-  A. P. 


SMART  —  SMEÏANA 


525 


mai  1776,  y  mourut  le  23  février  1867,  à  l'à^e 
de  90  ans  accomplis.  George  Smart  est  l'un  des 
musiciens  anglais  qui  ont  parcouru  dans  leur 
pays  la  plus  longue  et  la  plus  lionorable  car- 
rière, et  il  s'est  l'ait  remarquer  tout  à  la  fois 
comme  organiste,  comme  compositeur  de  mu- 
sique sacrée  et  comme  chef  d'orcliestre.  A  peine 
âgé  de  trente-cinq  ans,  en  1811,  sa  renommée 
était  telle  qu'il  fut  créé  chevalier  par  le  duc  de 
Richmond,  alors  lord-lieutenant  en  Irlande.  11 
a  i)ris,  pendant  un  demi-siècle,  une  part  très- 
aclive  et  très-importanle  aux  progrès  de  l'art 
musical  en  Angleterre. 

De  grands  souvenirs  se  ratlachent  au  nom  de 
cet  artiste  vraiment  distingué.  Comme  directeur 
de  concerts,  c'est  lui  qui,  dit-on,  forma  la  Son- 
lag  et  M™"  Jenny  Lindà  l'exécution  de  la  mu- 
sique d'oratorio.  Comme  chef  d'orchestre  d'o- 
péra, c'est  sous  sa  direction  que  VOberon  de 
Weber  fut  représenté  pour  la  premièie  fois  au 
théâtre  Covent-Garden,  et  c'est  dans  sa  propre 
résidence,  Greet-Portland  street,  n°  91,  qu'ex- 
pira l'illustre  auteur  de  ce  chef-d'œuvre.  C'est 
lui  aussi  qui,  en  18.36,  dirigeait  l'orchestre  du 
festival  de  Manchester,  le  jour  où  l'infortunée 
Marie  Malibran  chanta  pour  la  dernière  fois. 
■<(  M™«  Malibran,  disait  alors  un  biographe,  déjà 
souffrante,  chanta  un  duo  (avec  M""*  Caradori) 
qui  exigeait  de  grands  efforts  <Ie  voix  et  qui 
fut  redemandé.  La  célèbre  cantatrice,  après 
avoir  fait  des  signes  suppliants ,  s'adressa  à 
George  Smart,  qui  dirigeait  l'orchestre,  et  lui 
dit  :  «  Si  je  lépète,  j'en  mourrai.  —  Alors, 
madame,  lui  répondit  George  Smart,  vous  n'a- 
vez qu'à  vous  retirer,  et  je  ferai  des  excuses  au 
public.  —  Non!  répliqua-t-elle  avec  énergie, 
non;  je  chanterai!  mais  je  suis  une  femme 
morte.  »  La  pauvre  grande  artiste  avait  dit 
vrai . 

Sir  George  Smart  avait  dirigé  la  musique  au 
couronnement  du  roi  Guillaume  IV  et  de  la  reine 
Adélaïde,  ainsi  qu'à  celui  de  la  reine  Victoria. 
C'est  lui  qui,  en  1813,  fonda  à  Londres  la  Phil- 
harmonic  Society,  et  qui  le  premier  fit  con- 
naître en  Angleterre  les  œuvres  de  Beethoven, 
de  Franz  Schubert,  de  Weber  et  de  Schumann. 
Il  a  donné,  par  son  aciivité,  son  intelligence  et 
son  énergie,  une  grande  impulsion  à  l'art  mu- 
sical en  Angleterre. 

SMART  (Henri),  neveu  du  précédent,  coin- 
positeur  remarquable  qui  fut  le  premier  organiste 
de  l'Angleterre,  naquit  à  Londres  le  25  octobre 
1812  et  a  joui  dans  sa  pairie  d'une  renommée 
que  justifiait  un  talent  de  premier  ordre.  Mem- 
bre du  Collège  des  orgaHisles,  organiste  de  l'église 
Saint-Pancrace,  à  Londres,  M.  Henry  Smart  n'a 


cessé,  quoique  aveugle,  de  se  livrer  à  de  nombreux 
travaux  de  composition,  tout  en  faisant  admirer 
ses  rares  qualités  commeorganiste,  (|ualités  aussi 
remarquables  sous  le  rapport  de  l'exécution  pro- 
prement dite,  de  l'expression,  du  sentiment  et  du 
caractère,  qu'en  ce  qui  concerne  l'improvisation, 
où  il  se  montrait  d'une  extrême  habileté.  Par- 
mi les  teuvres  de  cet  artiste  très-dislingué,  il 
faut  surtout  signaler  une  grande  cantate  avec 
orchestre.  Bride  of  Dunkeron{la  Fiancée  de 
Dunkeron),  exécutée  au  festival  de  Birmingham 
en  1864;  une  autre  cantate,  pour  voix  de  femmes, 
IheFis/iennaidens  [les  Filles  du  pêcheur)  ■  une 
troisième  composition  du  même  genre,  King 
l'orné's  Duughter,  exécutée  à  Londres  en  1871  ; 
plusieurs  grands  services  pour  orgue,  et  une 
quantité  innombrable  de  mélodies  vocales  {songs) 
qui  ont  rendu  son  nom  populaire  et  dont  la 
plupart  ont  obtenu  une  véritable  vogue. 
Henry  Smart  a  écrit  aussi  de  nombreux  mor- 
ceaux de  chant  à  deux,  trois  et  quatre  voix, 
presque  toujours  féminines;  ses  duos  surtout 
ont  été  bien  accueillis  du  public,  et  l'on  cite 
particulièrement  ceux  qui  ont  pour  titre  Beyond 
the  Finis,  Blay,  the  Land  of  Dreams,Farewell, 
the  McUing  of  the  snow,  Summer  of  the  Si- 
lent  Heart,  On  Como's  lake,  0  Breathe,  ye 
sweet  roses,  etc.,  etc. 

Henry  Smart,  qui  mourut  à  Londres  le  6 
juillet  1879,  était  le  fils  d'un  violoniste  distingué. 
Une  pension  de  cent  livres  sterling  sur  la  liste 
civile  lui  avait  été  accordée  peu  de  temps  avant 
sa  mort.  Il  n'en  a  pu  profiter. 

SMET  VAN  TIENE]\  (Théodore),  facteur 
d'orgues  à  Dulfel ,  dans  la  province  d'Anvers, 
naquit  à  Gbeel  le  1^'  janvier  1782.  Après  avoir 
fait  son  apprentissage  à  Malines,  chez  Van 
Overbeck ,  il  se  fixa  à  Dufl'el ,  et  sut  se  faire 
une  renommée  par  son  habileté  et  sa  probité. 
Il  construisit  des  Instruments  estimés  pour 
les  villes  de  Diest,  Louvain,  Houthem,  Lenth, 
Malines,  Tessenderloo,  Broechem,  Schaffet, 
Herenthals ,  Jodoigne,  Londerzeel ,  Ranst, 
Wortel ,  Klyn-Vort,  Anvers,  Bouchoul,  Wes- 
terloo,  etc.  Cet  artiste  mourut  à  Duffelle  21  no- 
vembre 1853. 

SMETANA  (Frédéric),  chef  d'orchestre 
et  compositeur  distingué ,  est  né  en  Bohême  le 
2  mars  1824.  Doué  de  rares  dispositions  musi- 
cales, ce  ne  fut  cependant  qu'après  de  lon- 
gues prières  qu'il  parvint  à  décider  son  père 
à  lui  laisser  suivre  son  penchant.  Il  devint  alors 
l'élève,  en  1843,  du  célèbre  Prokscli,  l'un  des 
théoriciens  et  des  maîtres  de  piano  les  plus 
renommés  de  Prague.  En  1846,  il  fit  la  con- 
naissance de  Robert  Schumann  et  de  sa  femme. 


526 


SMETANA  —  SMITS 


grâce  auxquels  il  îe  familiarisa  avec  les  œuvres 
de  Jean-Sébasiien  Bach.  Deux  ans  après,  il 
ouvrait  à  Prague  une  école  tle  musique,  et 
il  épousait  une  pianiste  fort  habile,  M''""  Cathe- 
rine Kolar.  En  1850,  il  organisa  d'intéressantes 
soirées  de  quatuor,  et  en  1836,  lorsque  Liszt 
se  rendit  à  Prague  pour  assister  à  l'exécution 
projetée  de  sa  messe  de  Gran,  M.  Smelana  fré- 
quenta journellement  cet  homme  illustre,  aux 
conseils  duquel  son  talent  dut  de  prendre  un 
essor  iinprévu. 

Dans  le  courant  de  cette  dernière  année, 
M.  Smetana  fut  engagé,  par  l'entremise  de 
Dreyschock ,  comme  chef  d'orchestre  de  la  So- 
ciété philharmonique  de  Gothenbourg,  en  Suède. 
Il  se  rendit  donc  en  cette  ville  avec  sa  femme; 
par  malheur,  le  climat  rigoureux  du  pays  fut 
fatal  à  celle-ci,  qui  tomba  gravement  malade. 
M.  Smetana  s'empressa  alors  de  la  reconduire 
en  Bohême  ;  mais  le  mal  avait  fait  de  tels  pro- 
grès que  l'inforlunée  mourut  dans  le  cours  du 
voyage,  à  Dresde,  et  que  son  mari  ne  put  que 
ramener  à  Prague  ses  restes  mortels.  Étant  allé 
reprendre  son  poste  à  Gothenbourg,  M.  Smetana 
quitta  cette  ville  pour  faire  un  grand  voyage 
en  Suède  et  en  Allemagne  (1861),  après  quoi  il 
revint  à  Prague,  où  il  fut  engagé  en  qualité  de 
premier  chef  d'orchestre  au  Théâtre-National. 
C'est  là  qu'il  lit  représenter  plusieurs  opéras, 
tous  écrits  sur  texte  bohème,  et  qui  obtin- 
rent du  succès.  Malheureusement,  une  infirmité 
particulièrement  douloureuse  pour  un  musicien 
vint ,  en  1874  ,  obliger  l'artiste  à  résigner  des 
fonctions  qu'il  remplissait  avec  un  véritable  ta- 
lent :  il  était  devenu  complètement  sourd. 

On  cite,  parmi  les  compositions  pour  le  piano 
de  M.  Smetana, un  Allegro  capriccioso  en  si  mi- 
neur dédié  à  Dreyschock,  et  parmi  ses  œuvres 
symphoniques  une  marche  solennelle  qui  fut 
exécutée  à  Prague  pour  le  trois-centième  anni- 
versaire de  la  naissance  de  Shakspeare.  Quant 
à  ses  opéras,  les  Branibor  en  Bohême,  la 
Fiancée  cendue  (1866),  Dalibar  (1868),  et  le 
Baiser,  ce  dernier  est  considéré  comme  le  meil- 
leur (1). 

J.  B. 

SMITH  (ïnoMAS;,  luthier  anglais  qui  ne  man- 
quait pas  d'habileté,  vivait  à  Londres  en  1750. 
Il  fut  l'élève  de  Peter  Wamsley  et  le  maître 
de  John  Norris. 


|i)  Voici,  )c  crois,  les  dates  précises  de  la  représentation 
des  ouvrages  dramatiques  de  M.  Smetana  :  1°  les  Bra- 
nibor en  Bohi'me,  5  janvier  1866;  S"  la  l'iancec  fendue, 
30  mai  1866;  3»  Dalibar,  I8iî8;  4"  un  llaiier,  î  acics, 
décemDrc  l876;ôoifi  Secret,  3  actes,    J8  septembre  i878. 

A.  P. 


SMITH  (William),  autre  luthier  anglais, 
était  établi  à  Londres  vers  1770.  J'ignore  s'il 
était  paient  du  précédent. 

SMITH  (Robert),  artiste  anglais  contempo- 
rain, est  l'auteur  d'un  écrit  publié  sous  ce  titre  ; 
Harmonies,  or  the  philosophy  of  viusical 
sounds  {Harmonies,  ou  pliilosophie  des  sons 
musicaux). 

SMITH  (Le  docteur  J ),  théoricien  an- 
glais, est  l'auteur  de  l'ouvrage  suivant,  publié  il 
y  a  quelques  années  :  Treatise  on  the  Iheorij  and 
practice  of  Music,  uith  the  principles  of  har- 
mony  and  composition  {Traité  de  la  théorie 
et  de  la  pratique  de  la  musique,  avec  les 
principes  de  Vharinonie  et  de  la  composition), 
Londres,  in-4°. 

SMITH  (SiDNEï),  pianiste  anglais  distingué  , 
professeur  et  compositeur,  s'est  fait  une  grande 
réputation  à  Londres  par  la  publication  d'une 
innombrable  quantité  de  moi'ceaux  de  piano, 
consistant  en  transcriptions  ou  fantaisies  sur  des 
motifs  d'opéras  célèbres,  en  paraphrasesd'œuvres 
de  grands  maîtres,  enfin  en  petites  compositions 
faciles  et  de  peu  d'iinportance.  Le  nombre  de 
ces  bagatelles  s'élève  aujourd'hui,  dit-on  ,  à  plus 
de  deux-cents.  M.  Sidney  Smith  a  mis  ainsi 
à  contribulion  la  plupart  des  opéras  aimés  du 
public:  Martha,  les  Diamants  de  la  couronne, 
les  Noces  de  Figaro,  les  Huguenots,  Lucrezia 
Borgia,  Robert  le  Diable,  Jligoletlo,  Zampa, 
Oberon,  Don  Pasquale,  Guillaume  Tell, 
Faust,  la  Favorite ,  la  Somnambule,  la  Fille 
du  régiment,  Don  Juan  ,  la  Traviata  ,  Fra 
Diavolo,  etc.,  etc.  Quant  aux  compositions 
pins  ou  moins  originales  de  M.  Sidney  Smith, 
ou  y  rencontre  des  sérénades,  des  berceuses, 
des  mélodies,  des  polonaises,  des  nocturnes, 
des  galops,  des  caprices,  des  élégies,  des  mor- 
ceaux de  salon,  élégants,  brillants,  militaires, 
caractéristiques,  que  sais-je?M.  Sidney  Smith 
a  publié  aussi  une  Méthode  de  piano. 

SMITS  (Willem),  compositeur  de  musique  et 
écrivain,  est  né  à  Amsterdam  en  1804.  il  a 
consacré  une  partie  de  sa  vie  à  la  propagation 
et  à  l'amélioration  de  la  musi([ue  vocale  po- 
pulaire dans  les  Pays-Bas,  et  c'est  lui  qui  a  fondé 
à  Amsterdam  la  premièie  école  de  chant  po- 
pulaire, école  dont  il  est  le  directeur. 

M.  Sniits  n'a  rien  composé  de  bien  remar- 
quable, quoi(iue  son  bagage  musical  soit  assez 
volumineux;  mais  la  quantité  l'emporte  de  beau- 
coup sur  la  qualité.  Ses  compositions  sont  cor- 
rectement ,  honorablement  écrites ,  mais  c'est 
tout  ce  que  l'on  peut  en  dire.  Au  surplus, 
.M.  Smits  ne  paraît  guère  viser  à  la  postérité  Cet 
artiste  est  décoré  de  l'ordre  néerlandais  de  la 


SMITS  —  SCEDERMAN 


527 


Couronne  de  chêne,  et  membre  de  mérite  de 
la  Sociélë  pour  l'encouragement  de  l'art  musical 
dans  les  Pays-Bas  (1).  , 

ÉD.  DE  H. 

S]\OECK(Ci':sar).  amateur  de  musique  belge, 
né  vers  1825,  est  le  possesseur  d'une  des  plus 
belles  collections  d'instruments  de  musique  qui 
existent  en  Europe.  C'est  à  Renaix,  où  il  exerce 
les  fonctions  de  notaire,  qu'Usa  réiuii  et  amé- 
nagé cette  superbe  collection.  A  la  fois  nombreuse 
et  choisie,  celle-ci  est  disposée  avec  adresse 
et  avec  goût  dans  plusieurs  salles  généreuse- 
ment éclairées;  on  y  trouve  des  spécimens 
d'instruments  de  tout  genre ,  tous  dans  un  par- 
fait état  de  conservation  :  épinettes  et  virginales, 
clavecins  et  clavicordes ,  basses  et  dessus 
de  viole ,  luths  et  mandores ,  tympans  et  ma- 
nicordions ,  serpents  et  bassons ,  oliphants  et 
musettes,  Hiltes  à  bec  et  flûtes  traversières , 
clarinettes  et  cors  de  basset ,  tambourins  et 
trompettes  marines,  binious  et  claquebois,  psal- 
térions  et  crotales,  castagnettes  et  lyres  de  toutes 
sortes,  pifferi  et  tambours  de  basque ,  cytliares 
et  sistres,  pochettes  et  chapeaux-chinois,  man- 
dolines et  flrttps  de  Pan,  etc.,  sans  compter  les 
instruments  modernes,  et  les  fantaisies  excen- 
triques de  tel  ou  tel  facteur  obscur  ou  renommé. 

Le  propriétaire  de  ce  musée  remarquable, 
enfoui  dans  une  petite  ville  de  province,  en  fait 
les  honneurs  avec  une  grâce  charmante,  au  ser- 
vice de  laquelle  il  met  un  vrai  savoir  et  une 
inteUigence  très-déliée.  J'ai  pu  m'en  rendre 
compte,  il  y  a  quelques  années,  lorsque  le  ha- 
sard m'a  mis  à  même  d'admirer  sa  collec- 
tion. Non-seulement  M.  Snoeck  connaît  à  mer- 
veille l'histoire  de  tous  les  instruments,  mais  il 
a  appris,  tout  seul  et  comme  sans  s'en  douter,  à 
jouer  de  tous  ou  de  presque  tous  :  je  l'ai  vu, 
dans  l'espace  de  deux  ou  trois  heures,  jouer 


(i)  .auteur  (l'un  opéra  en  3  actes,  De  Celofte,  qui  a  été 
représenté  avec  succès  à  Amsterdam  en  1840,  et  d'une  can- 
tate piiur  clireuis  et  orchestre  intitulée  De  If^etcnschap, 
M.  Siuits  a  publié,  outre  une  Méthode  de  chant  populaire 
très-répandue,  les  compositions  suivantes  :  3  messes  à  3 
voix  d'hommes  avec  orgne;  Ma<jniflcat  ixZ  voix  d'hommes, 
Si  choeurs  et  chorals  (en  2  livres),  à  l'unisson  ou  à  plu- 
sieurs voix;  6  chœurs  d'enfants  .'i  3  voix  égales,  ù  l'usage 
des  écoles;  Ernst  en  Litiiii,  chœurs,  canons  et  tieder  (en 
2  livres)  ;  De  eere  Gods,  hymnes  pour  clueurs  et  or- 
chestre; 2  chants  pour  voix  d'hommes;  3  chœnrs;  Ckan- 
S071S  d'evfants;  18  chants  à  2  voix;  Quatuor  pour  2  so- 
pranos, contrilto  et  baryton,  avec  piano.  Parmi  le 
œvres  non  publiées  de  cet  artiste,  il  faut  citer:  plu- 
sieurs messes  à  S  voix  d'hommes,  avec  orgue;  Ouvertures 
à  grand  orchestre;  De  p?-o/««(idi.?  pour  voix  d'hommes 
avec  orgue;  l'ange  lingua ;  Salve  Regina;  <)  quant 
suatis,  pour  vdix  d'hommes;  Uet  Landlevcn,  cantate; 
enfin,  un  nombre  considérable  de  chœurs,  mélodies  et, 
chansons,  —  A.  I". 


du  clavecin,  du  violon,  de  la  flûte,  de  la  cla- 
rinette, du  cor  anglais,  du  serpent,  et  de  bien 
d'autres  instruments.  Il  connaît  parfaitement 
l'étendue,  le  timbre,  la  qualité,  l'âge,  la  natio- 
nalité (le  tous  les  spécimens  qu'il  possède,  et 
il  est  toujours  prêt  à  donner  sur  chacun  d'eux 
un  renseignement  sûr,  exact  et  précis. 

Il  y  a  plus  de  trente  ans  que,  tourmenté  par 
cette  pa.ssion  intelligente  et  lui  consacrant  une 
notable  partie  de  sa  fortune,  M.  Snoeck  a  com- 
mencé à  former  sa  collection.  Rien  ne  lui  a  coûté 
pour  l'enrichir  :  ni  peines,  ni  soins,  ni  dépenses, 
ni  voyages.  Connu  non-seulement  dans  foute  la 
Belgique,  mais  encore  à  l'étranger,  entretenant 
une  correspondance  très-active  avec  tous  ceux 
dont  les  relations  peuvent  lui  être  utiles,  tenu 
jour  par  jour  au  courant  de  tous  les  faits  qui 
peuvent  l'intéresser,  il  n'hésite  pas,  dès  qu'un 
objet  lui  est  signalé,  à  courir  à  sa  recherche, 
se  rendant  indifféremment  en  Angleterre  ou  en 
Allemagne,  en  Hollande  ou  en  France,  en  Suisse 
ou  eu  Italie,  en  Espagne  ou  en  Portugal,  et  en 
revenant  rapidement ,  une  fois  en  possession  de 
l'échantillon  convoité.  On  comprend  qu'avec  de 
telles  façons  d'agir,  une  collection  de  ce  genre, 
entreprise  il  y  a  plus  d'un  quart  de  siècle,  ait 
pu  devenir  aussi  considérable  qu'intéressante.  De 
fait,  elle  est  aujourd'hui,  ainsi  que  je  l'ai  dit, 
l'une  des  plus  belles  et  des  plus  riches  qui  soient 
en   Europe. 

*  SOBOLEWSKI  (Edouard),  violoniste, 
compositeur  et  écrivain  sur  la  musique,  né  à 
Kœnigsberg  non  en  1804,  mais  le  l"  octobre 
1808,  avait  quitté  l'Allemagne  en  1859  pour 
aller  s'établir  à  Saint-Louis  (Amérique),  où  il  di- 
rigeait la  Société  philharmonique.  Il  est  mort  en 
cette  ville  le  23  mai  187'i. 

SOEDEUMAN  (Auguste-Jean),  composi- 
teur .Scandinave,  né  à  Stockholm  le  17  juillet  1832, 
commença  dans  sa  patrie  l'étude  de  la  musique, 
pour  laquelle  il  montrait  de  remarquables  ap- 
titudes, et  alla  terminer  son  éducation  artistitjue 
à  Leipzig,  où  il  eut  pour  maîtres  Richter  et  le 
fameux  théoricien  Moritz  Hauptmann.  C'est  en 
Allemagne  qu'il  commença  à  se  faire  connaître 
avantageusement  comme  compositeur,  faisant  re- 
présenter, le  12  septembre  1856,  une  opérette 
intitulée  Hinandes  fœrsta  lœrospons ,  faisant 
exécuter  dans  les  concerts  des  ballades  et  di- 
vers morceaux  de  chant  avec  accompagnement 
d'orchestre,  et  écrivant  une  musique  nouvelle 
pour  la  Jeanne  d'Arc  de  Schiller.  En  1862, 
Sœderman  fut  rappelé  à  Stockholm,  pour  y  oc- 
cuper les  fonctions  de  chef  d'orchestre  au  grand 
théâtre,  fonctions  qu'il  conserva,  je  crois, 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  cette  ville  le  10  fé- 


528 


SCEDERMAN  —  SOLIÉ 


Trier  1876.  Sœderman  était  considéré  en  Aile- 
marine  comme  un  artiste  fort  distinsiié,  et  par 
ses  compatriotes  comme  un  de  leurs  composi- 
teurs le»  plus  originaux.  On  connaît  de  lui 
une  messe  pour  voix  seules,  chœurs  et  or- 
chestre, qui  est,  dit-on,  une  œuvre  remar- 
quable à  beaucoup  d'égards. 

SOFFI  (Pasquale),  compositeur  de  musique 
religieuse  très-estimé,  naquit  à  Lucqnes  vers 
1732.  Excellent  organiste,  il  forma  sous  ce  rap- 
port un  grand  nombre  d'élèves  dans  le  sémi- 
naire de  San-Giovanni.  Ses  compositions  pour 
la  semaine  sainte,  qui  consistent  en  inesses,  vê- 
pres, motels, .  introït,  benedictus,  miserere  à 
3  et  4  voix,  s'exécutent  encore  aujourd'hui  dans 
sa  ville  natale,  et  sont,  dit-on,  d'un  admirable 
effet.  De  1761  à  1807,  cet  artiste  écrivit  vingt  et 
un  services  à  grand  orchestre  qui  furent  exé- 
cutés par  les  soins  de  la  compagnie  de  Sainte-Cé- 
cile, à  l'occasion  de  la  fête  de  sa  patronne.  Suffi 
a  écrit  aussi  un  oratorio  :  Saint  Thomas  apo/re, 
dont  la  partition  est  conservée  dans  les  archives 
de  la  congrégation  des  Anges  gardiens.  Parmi 
ses  meilleurs  et  .ses  nombreux  élèves ,  on  cite 
particulièrement  Domenico  Quilici  et  Donato 
Barsanti.  Softi  mourut  à  Lucques  en  1810. 

SOFFIlEDmi  ( ),  musicien  ita- 
lien, a  écrit  la  musique  d'un  opéra  bouffe,  il 
Maestro  del  signorini,  qui  a  été  représenté  sur  le 
théâtre  philodramatique  de  Livonrne,  au  mois 
de  mars  1872. 

*SOLEIlA  (Thémistocle),  compositeur  dra- 
matique et  librettiste  italien,  naquit  le  25  décem- 
bre 1819.  Adix-liuitans,ildébuta  dans  la  carrière 
littéraire  par  un  volume  de  vers,  i  Miei  primi 
Canti,  qui  produisit  sensation  et  qui  lit  dire  aux 
Italiens:  A'ous  avons  un  poète!  Bientôt  il  se 
produisit  aussi  au  théâtre,  tout  à  la  fois  comme 
poète  et  comme  compositeur,  d'abord  en  faisant 
«xécuter  à  la  Scala,  de  Milan,  un  hymne  intitulé 
la  Melodia  (25  novembre  1839),  puis  en  don- 
nant au  même  théâtre  un  opéra  sérieux,  llde- 
gonda,  dont  il  avait  écrit  les  paroles  et  la  um- 
sique,  et  qui  fut  bien  accueilli  (20  mars  1840). 
Peu  de  mois  après,  le  4  octobre  de  la  même 
année,  il  affrontait  de  nouveau  le  public  re- 
doutable de  la  Scala  en  fai>ant  représenter  un 
opéra  semi-sérieux,  il  Contadino  diAgliate.  Kn 
1842,  il  donnait  à  Modène  la  Fanciulla  di  Cas- 
ielguelfo,  qui  n'obtenait  (ju'un  médiocre  su(;cès, 
et  peu  après  il  se  produisait  à  I^adoue  avec  un 
ouvrage  intitulé  Genio  e  Sventura.  Enfin,  il 
a  donné  encore,  en  Espagne,  la  Sorclla  di  Pe- 
iagio.  En  somme,  le  talent  de  Solera,  comme 
compositeur,  était  médiocre ,  et  sa  faculté  créa- 
trice semblait  procéder  moins  d'une  imagina- 


lion  généreuse  que  de  l'imitation  de  certains 
artistes  renommés,  particulièrement  de  M.  Verdi 
Mais  ce  ijui  a  fait  sa  réputation,  ce  .sont  .ses  li- 
bretli,  qui  l'ont  fait  quelquefois  comparer  par 
ses  compatriotes  à  Felice  Romani,  bien  qu'il 
soit  resté,  malgré  des  qualités  réelles,  au  des- 
sous de  ce  poète  aimable  et  élégant.  Non-seu- 
lement Solera  a  écrit  les  livrets  des  ouvrages 
mis  par  lui  en  musique,  mais  lorsqu'il  vit  qu'il 
ne  réussissait  que  médiocrement  comme  com- 
positeur, il  se  mit  à  écrire  des  poëraes  pour  ses 
confrères.  Entre  autres,  il  a  fourni  à  M.  Verdi 
ceux  de  Nabucco,  d'i  Lombardi,  de  Giovan- 
na  d'Arco,  à'Attila,  à  Villanis  ceux  de  Vascon- 
cello,  A'Alfonso  III,  d' Emanuele-Filiberto,  à 
Secchi  celui  de  la  Fanciulla  detle  Asturie,  à 
.M.  Buz/,i  ceux  de  Sordello  et  de  V Indovina, 
à  M.  Péri  celui  de  l'Espiazione,  à  M.  Ron- 
chetti  celui  de  Pergolesi,  à  M.  Ponchielli  celui 
de  la  Stella  del  Monte,  etc.,  etc.  Dans  ces  der- 
nières années,  Solera,  transformant  d'une 
étrange  façon  sa  carrière,  alla  se  fixer  en 
Egypte,  oii  il  remplit  auprès  du  vice-roi  les  fonc- 
tions de  directeur  général  delà  police;  mais  ses 
habitudes  fantaisistes,  son  désir  d'indépendance 
ne  pouvaient  longtemps  s'accommoder  d'une 
telle  situation;  au  bout  de  quelques  années  il 
revint  en  Italie,  oii  il  mena  une  sorte  d'existence 
de  bohème,  qui  le  fit  bientôt  tomber  dans  la 
misère;  un  instant,  on  prétendit  (ju'il  exerçait 
à  Paris  le  métier  de  marchand  brocanteur. 
La  vérité  est  qu'il  mourut  à  Milan,  le  21  avril 
1878. 

•*  SOLIÉ  (JiîAN-PiERUE  SOULIÉ  ou  SOU- 
LIFU  dit).  —  Aux  ouvrages  dramatiques  dont 
cet  artiste  intéressant  a  écrit  la  musique,  il  faut 
ajouter  les  suivants  :  r  la  Moisson,  th.  Favart, 
5  septembre  1793;  2"  le  Plaisir  et  la  Gloire, 
un  acte,  id.,  19  janvier  1794;  3"  Quatre  Maris 
pour  un,  un  acte,  th.  des  Jeunes-Artistes,  26 
avril  1801;  4"  le  Petit  Jacquot ,  un  acte,  th. 
Monlansier,  26  juillet  1801;  5°  V Oncle  et  le  Ne- 
veu,un  acte,  id.,  26  novembre  1803;  6»  Agathe 
et  TJsmore.  Il  a  aussi  une  part  au  Congrès  des 
Ixois,  ouvrage  représenté  au  théâtre  Favart  en 
1793,  et  dont  la  musique  avait  été  écrite  par  une 
douzaine  de  compo>iteurs.  Quant  à  ro])éra-co- 
mique  intitulé  :  Lisez  Plutarque,  il  y  a  erreur 
en  ce  qui  le  concerne;  la  musique  de  ce  petit 
ouvrage,  représenté  au  th.  l'avart  le  21  décem- 
bre 1801,  était  de  Plantadc;  Solié  a  écrit  la  mu- 
sique d'une  autre  pièce  en  un  acte,  qui  avait 
pour  titre  Plutarque,  et  qui  avait  été  Jouée  au- 
jiaravant  an   même  théâtre,  le  fi  octobre  1800. 

Un  des  lils  de  Solié  se  noya  dans  la  Seine  en 
1802,  ainsi  qu'en  témoigne  une  pièce  de  vers 


SOLIÉ  —  SOMIS 


529 


publiée  dans  le  Courrier  des  spectacles  du 
5  fructidor  an  X,  et  adressée  à  Solié  père.  J'i- 
gnore si  c'est  celui-là  ou  un  autre,  mais  c'est 
aussi  un  fils  de  Solié  qui  écrivit  la  musique  d'un 
opéra-comique  en  2  actes,  le  Fifre  et  le  Tam- 
bour, joué  au  théâtre  des  Jeunes-Artistes,  le 
16  juin  1801. 

SOLIÉ  (Charles),  chef  d'orchestre  et  com- 
positeur, est,  je  crois,  le  petit-fils  du  précé- 
dent et  le  fils  d'Emile  Solié.  Il  a  rempli  pendant 
plusieurs  années,  avec  talent,  les  fonctions  de 
premier  chef  d'orchestre  au  grand  théâtre  de 
Nantes;  il  en  a  même  été  un  instant  le  direc- 
teur. Il  est  aujourd'hui  chef  d'orchestre  du 
théâtre  français  de  Nice,  où  il  a  fait  représenter 
avec  succès,  le  5  avril  1879  ,  un  opéra-comique 
en  3  actes  intitulé  Scheinn  Baba  ou  Vlntrigxic 
au  harem. 

*  SOLI\  A  (Charles-Evasio),  a  fait  repré- 
senter au  théâtre  de  la  Scala,  de  Milan,  en 
1824,  un  opéra  qui  avait  pour  titre  ^tom  e 
Malvina.  Je  crois  qu'on  lui  doit  aussi  un  autre 
ouvrage  dramatique,  intitulé  Bérénice  d'Ar- 
menia.  Parmi  les  compositions  que  cet  artiste 
a  publiées  en  dehors  du  théâtre,  je  signalerai  un 
Veni  Creator  à  3  voix,  et  un  chant  funèbre  à 
4  voix  avec  deux  cloches,  écrit  à  la  mémoire 
de  Mayr,  sous  ce  titre  :  Compianto  sulla  tomba 
di  Mayr.  Il  a  publié  encore  diverses  autres 
compositions  religieuses  :  Te  Deum  pour  voix 
seules  et  orgue;  les  psaumes  112  et  128,  avec 
orchestre  ;  De  profundis  à  la  mémoire  de  son 
àh;Ave  Maria,  Pater  nos  fer,  Salve  Regina 
pour  chœur  de  voi\  égales  ;  Veni  Creator  et 
Ave  maris  Stella. 

Sohva  avait  étudié,  au  Conservatoire  de  Mi- 
lan, sous  la  direclion  d'Asioli  et  de  Federici. 
En  1821,  il  avait  élé  appelé  à  remplir  au  Con- 
servatoire de  Varsovie  les  fonctions  de  profes- 
seur de  chant,  et  il  y  forma  de  fort  bons  élèves. 
11  resta  en  cette  ville  jusqu'en  1832,  époque  à 
laquelle  il  partit  pour  Saint-Pétersbourg,  où  il 
devint  maître  de  chapelle,  directeur  de  l'Opéra, 
directeur  de  la  musique  vocale  de  l'école  impé- 
riale des  théâtres,  et  professeur  de  chant  de  la 
grande-duchesse  Alexandra.  De  retour  en  Italie 
en  1841,  il  s'établit  ensuite  à  Paris, où  il  mourut 
le   20  décembre   1853. 

SOLLOIIUB  (Vladimir-Alexandrowitch, 
comte),  écrivain  russe  fort  distingué,  né  à  Saint- 
Pétersbourg  en  1814,  s'est  trouvé  mêlé  à  la 
longue  et  vive  polémique  excitée  en  France  par 
les  ardeurs  exagérées  des  propagateurs  de  la 
méthode  Galin-Paris-Chevé.  Chargé  par  l'em- 
pereur de  Russie  d'une  sorte  de  mission  offi- 
cieuse qui  se  rattachait  à  la  création  d'un  Con- 

BIOGR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.      —   SUPPL.    — 


servaloire  à  Saint-Pétersbourg,  M.  le  comte  Sol- 
lohub  voulut  se  rendre  compte  de  la  valeur  des 
diverses  méthodes  d'enseignement  élémentaire 
de  la  musique  en  usage  à  Paris.  II  assista,  entre 
autres,  aux  leçons  données  alors  par  Emile 
Chevédansl'amphitliéâtrede  l'Éculi'  de  médecine, 
et  se  prit  aussitôt  d'enthousiasme  pour  son  sys- 
tème. Après  une  lettre  écrite  à  ce  sujet  au  jour- 
nal r Indépendance  belge,  et  qui  fut  ensuite  pu- 
bliée à  part  sous  ce  titre  :  Lettre  du  comte  Sol- 
Inhïib  au  rédacteur  de  l'Indépendance  belge  5wr 
la  méthode  Galin-Paris-Chevé  (Paris,  Bour- 
dilliat,  1859,  in-8"),  M.  Sollohub  donna,  au 
Journal  de  Saint-Pétersbourg ,\m&  série  d'ar- 
ticles dans  lesquels  il  répondait  à  la  brochure 
publiée  en  France  par  les  adversaires  du  sys- 
tème Galin  et  qui  était  intitulée  :  Observations 
de  quelques  musiciens  et  de  quelques  ama- 
teurs sur  laméthode  Chevé.  La  polémique,  très- 
courtoise  d'ailleurs  et  très-habile  de  l'écrivain 
russe,  offrant  une  longue  apologie  de  cette  mé- 
thode, Chevé  n'eut  garde  de  la  laisser  perdre,  et 
recueillit  en  une  forte  brochure  l'écrit  du  comte 
Sollohub,  qui  parut  sous  ce  titre  :  les  Musiciens 
contre  la  musique,  par  le  comte  Sollohub 
(Paris,  Ciievé,  août  1860,  in-8°  de  86  pp.).  Je 
ne  sache  pas  que  M.  Sollohub  se  soit  mêlé  autre- 
ment aux  questions  musicales. 

*  SOMIS  (Giovanni-Battista),  l'un  des  plus 
fameux  violonistes  de  l'école  italienne  et  le  fon- 
dateur de  l'école  piémontaise,  naquit  en  1676  (I), 
d'une  famille  distinguée.  Il  s'adonna  dès  sapins 
tendre  enfance  à  l'étude  de  la  musique  et  du  vio- 
lon, et,  fort  jeune  encore,  se  rendit  à  Rome  et  à 
Venise  dans  le  but  d'y  connaître  les  grands  ar- 
tistes qui  faisaient  alors  la  gloire  de  ces  deux 
villes.  A  Venise,  il  reçut  des  conseils  du  célè- 
bre Antonio  Vivaldi,  qui  était  directeur  du  Con- 
servatoire de  la  Pietà  ;  mais  tout  en  prenant  ce 
grand  maître  pour  modèle,  tout  en  admirant 
aussi  le  jeu  noble  et  savant  de  Corelli,  il  prit 
soin  de  conserver  sa  personnalité  propre  et  se 
fit  remarquer,  dans  la  suite,  par  une  exécution 
d'une  grâce  et  d'une  élégance  pleines  d'origi- 
nalité, dont  il  sut  transmettre  les  traditions  à 
ses  deux  meilleurs  élèves,  Giardin  et  Chia- 
bran. 

Lorsqu'au  retour  de  ses  voyages^  Somis  se  pro- 
duisit à  Turin,  son  talent  remarquable  ûtsensa- 


(I)  Fétis,  en  écrivant  sa  notice  sur  Somis,  n'avait  évi- 
demment à  sa  disposition  que  des  renseignements  insur- 
ûsants  et  manquant  de  précision;  il  le  confond  d'ailleurs 
un  peu  avec  son  frère  (dont  il  ne  parle  p.Ts).  Je  rétablis 
Ici  les  faits,  parllculiërement  avec  l'aide  du  livre  de  Kran- 
cesco  l\egli  ;  Storia  del  violino  in  Piemonte  (Turin, 
1863,  in-so). 

T.  II.  34 


530 


SOMIS  -   SONiNTAG 


lion  sur  ses  compatriotes,  et  il  acquit  rapide- 
ment une  renommée  légitime,  due  à  ses  rares 
qualités  de  virtuose  et  à  l'expression  touchante 
qui!  apportait  dans  son  jeu.  Le  roi  de  Sardai- 
gne,  l'ayant  entendu,  ne  put  s'empêcher  de  l'ad- 
mirer, et  le  nomma  bientôt  premier  violon  et 
directeur  de  sa  chapelle  et  de  sa  chambre,  poste 
dans  lequel  Somis  lit  preuve  des  plus  grandes 
qualités.  Cet  artiste  justement  célèbre  mourut  à 
Turin,  le  14  août  1763,  âgé  d'environ  quatre- 
vingt-sept  ans. 

Somis  ne  borna  pas  ses  succès  à  son  pays.  Il 
vint  à  Paris  en  1733,  s'y  fit  entendre  au  Concert 
spirituel  et  dans  des  réunions  privées,  et,  quoi- 
qu'il approchât  alors  de  la  soixantaine,  il  pro- 
duisit sur  le  public  une  impression  vive  et  pro- 
fonde. Le  Mercure  de  France  en  parlait  en 
ces  termes  :  —  «  Le  sieur  Somis,  fameux  joueur 
de  violon  du  roy  de  Sardaigne,  a  exécuté  diffé- 
rentes sonates  et  concertos  dans  la  dernière  per- 
fection, et  a  été  très-applaudi  par  de  nombreuses 
assemblées  que  la  justesse  et  la  brillante  exécu- 
tion de  ce  grand  maître  y  avoient  attirées.  » 
D'autre  part,  Hubert  Le  Blanc,  l'auteur  de  l'é- 
trange petit  livre  connu  sous  ce  titre  :  Défense 
de  la  basse  de  viole  contre  Us  entreprises 
du  violon  et  les  prétentions  du  violoncel, 
louait  ainsi  Somis  dans  ce  factum  (1700)  :  «Somis 
parut  sur  les  rangs;  il  étala  le  majestueux  du 
plus  beau  coup  d'archet  de  l'Europe.  Il  franchit  la 
borne  où  l'on  se  brise,  surmonta  l'écueil  oii  l'on 
échoue,  en  un  mot,  vintàboutdu  grand  oeuvre  sur 
le  violon  :  la  tenue  d'une  ronde.  Un  seul  tiré 
d'archet  dura  au  point  que  le  souvenir  en  fait 
perdre  haleine  quand  on  y  pense,  et  parut  sem- 
blable à  un  cordage  de  soie  tendu  qui,  pour  ne 
pas  ennuyer  dans  la  nudité  de  son  uni,  est  en- 
touré de  festons  d'argent,  de  tiligranes  d'or  en- 
tremêlés de  diamants,  de  rubis,  de  grenats  et 
surtout  de  perles  :  on  les  voyait  sortir  du  bout 
des  doigts.  La  Musique  descendit  de  l'Olympe, 
et,  ayant  son  dessein,  mit  dans  l'esprit  aux  dames 
de  faire  accueil  à  Somis.  il  fut  reçu  tantôt  chez 
les  unes,  tantôt  chez  les  aulres,  et  ce,  l'espace 
d'un  mois,  sans  que  durant  ce  temps  il  fùlmen- 
tion  de  porter  un  jugement  où  Ion  songeât  seu- 
lement à  lui  opposer  un  rival.  »  Ce  style  amphi- 
gourique, mais  non  railleur,  donne  la  mesure 
des  succès  que  Somis  remporta  à  Paris.  — 
Comme  compositeur,  on  ne  connaît  de  cet  ar- 
tiste qu'un  recueil  de  .sonates  :  Opéra  prima  di 
sonate  a  violino  e  violoncetto  o  cembalo, 
Rome,  1722. 

La  fille  de  ce  grand  virtuose,  Maria-Cristina 
Somis,  cantatrice  d'un  talent  supérieur,  devint 
la  femme  du  peintre  français  Carie  Vanloo,  qui 


la  connut  lors  de  son  premier  séjour  en  Italie. 
l'allé  vint  à  Paris  avec  son  mari  en  1734,  se  fit 
entendre  dans  le  monde,  et  conquit  aussitôt  une 
très-grande  renommée.  Elle  importail  en  France 
la  musique  et  le  grand  style  vocal  italiens,  qui  y 
étaient  alors  complètement  inconnus,  et  comme 
elle  joignait  à  un  talent  de  premier  ordre  une 
voix  expressive  et  d'une  rare  beauté,  elle  fit  aus- 
sitôt tourner  toutes  les  têtes  et  obtint  à  la  cour 
et  dans  le  monde  les  succès  les  plus  llatleurs. 
Dandré  Bardon.danssa  Vie  de  Carie  Vanloo,  en 
faisait  l'éloge  en  ces  termes  :  —  «  La  belle  voix 
de  madame  de  Vanloo,  les  grâces  qu'elle  met 
dans  son  chant,  le  choix  des  airs  agréables  et 
pathétiques  que  son  discernement  présente  aux 
Français,  gagnent  tous  les  cœurs  à  la  musique 
italienne;  on  en  goûte  pour  la  première  fois  le 
charme  délicieux.  Ce  genre  est  fêté  dans  les 
plus  belles  assemblées;  telle  est  l'époque  de  son 
établissement  en  France.  »  On  assure  que 
jyjme  Yanioo  donua  des  leçons  à  deux  des  meil- 
leures chanteuses  de  l'Opéra,  M*'"  Fel  et  Petit- 
pas  (1). 

S03IIS  (LoRENzo),  frère  du  précédent,  fut 
comme  lui  violoniste,  et  a  composé  aussi  des  so- 
nates pour  violon  avec  accompagnement  de  vio- 
loncelle. Les  portraits  des  deux  frères,  peints  à 
l'huile,  furent  offerts  au  P.  Martini,  en  1765, 
par  Ignazio  Somis ,  leur  frère.  Ils  sont  aujour- 
d'hui dans  la  galerie  du  Lycée  musical  de  Bo- 
logne. 

SOi\INET   ( ),    musicien  français,  a 

écrit  la  musique  d'un  ballet  en  3  actes,  Oberon, 
qui  fut  représenté  au  théâtre  de  la  Monnaie,  de 
Bruxelles,  le  21  septembre  1836.  Ce  doit  être 
le  mathématicien  Hippolyte  Sonnet,  né  vers 
1800  et  mort  il  y  a  trois  ou  quatre  ans, 
après  avoir  été  professeur  à  l'École  centrale  et 
inspecteur  de  l'Académie  de  Paris.  A  la  veille 
d'être  reçu  docteur  es  sciences,  Sonnet  avait 
été  compris  dans  le  licenciement  de  l'Ecole  nor- 
male en  1822,  et  il  avait  dû  chercher  dans  la 
musique  un  moyen  de  vivre  ;  il  voyagea  alors 
beaucoup  à  l'étranger,  en  qualité  de  chef»  d'or- 
chestre, et  se  donna  complètement  à  un  art  au- 
quel il  renonça  tout  à  fait  par  la  suite  ;  il  a  pu- 
blié uti  recueil  classique  de  morceaux  do  chant  : 
Polymnieiii^yj,  in-4  "),  avec  le  savantM.  L.Qui- 
cherat,  très-versé  aussi  dans  l'art  musical.  —  'S  . 

*  SO-^I^TAG  ou  SOISÏAi;  (IIknriette- 
GEKTRuni>W\Li'UUGis  ) ,  comtcsse  IlOSSI  , 
cantatrice  célèbre.  —  Plusieurs  écrits  ont  été 
publiés  sur  celte  grande  artiste  ;  le  premier,  paru 

(1)  V.  Castil-Blaïc,  l'académie  impériale  de  mutignf, 

t.    1",    p.    iSt»  460. 


SONNTAG  —  SORIA 


531 


en  Angleterre,  est  ainsi  intitulé  :  A  Memoir  on 
tbe  countess  de  Ilossi  (Madame  Sontag)  pu- 
blis  hed  by  Milchell,  Londres,  in-8";  un  autre 
a  été  donné  en  France  sous  cetiire  :  Biographie 
de  la  comtesse  Rossi,  Paris,  Sartorius,  1850,  in- 
18.  Uu  journal  de  Paris,  la  Musique,  avait  in- 
séré, dans  son  numéro  du  13  janvier  1850,  une 
notice  sur  M»'  Sontag  due  à  Théophile  Gautier 
et  intitulée  l'Ambassadrice;  cette  notice  l'ut  im- 
primée et  publiée  peu  de  temps  après  en  Belgi- 
que, sous  forme  de  brochure  :  L'Ambassadrice, 
biographie  de  la  comtesse  Rossi,  Bruxelles, 
Stapleaux,  1850,  in-18.  M'"-^  Sontag  a  fourni 
aussi  à  Rellstab  {Voy.  ce  nom)  le  sujet  d'un 
roman  satirique  donné  par  lui  sous  ce  titre  : 
Henriette  ou  la  Belle  Cantatrice,  lùifin,  on  n'i- 
gnore pas  que  le  livret  de  ro|)éra  de  Scribe  et 
Auber,  l'Ambassadrice,  dont  l'hérome  s'appelle 
aussi  Henriette,  a  été  inspiré  de  même  par  les 
événements  de  la  vie  de  la  célèbre  artiste. 

D'après  l'inscription  placée  sur  sa  tombe,  la 
date  de  la  naissance  de  M'""'  Sontag  est  le  3 
janvier  ts06,  et  non  le  13  mai    1805. 

Une  sœur  cadette  de  cette  admirable  artiste, 
M''^  Nina  Sontag,  avait,  comme  elle,  em- 
brassé la  carrière  du  théâtre,  puis,  à  l'âge  de 
quarante  ans  environ,  avait  pris  le  voile  au 
couvent  de  Marientbal,  dans  la  Saxe.  C'est  là 
qu'elle  est  morte,  dans  un  âge  avancé,  le  22  sep- 
tembre 1879.  —  Un  frère  de  ces  deux  artistes, 
Cari  Sontag,  avait  aussi  appartenu  au  théâtre. 
Il  a  publié  sur  sa  sœur  une  monographie  ainsi 
intitulée  :  Henriette  Sonntag,  aus  Karl  Sonn- 
tag's  Bijbhnonerlcbnissen  (Souveniisdetliéâlre), 
Hanovre,  Helwig,  1875.  —  Il  reste  deux  autres 
frères  de  la  célèbre  cantatrice,  dont  un  est  colo- 
nel dans  l'armée  autrichienne. 

Quatre  ans  après  la  mort  d'Henriette  Sontag  à 
Mexico,  en  1858,  ses  restes  lurent  ramenés  au 
couvent  de  Marienthal,  retraite  de  sa  sœur,  qui 
l'aimait  tendrement;  toutes  deux  y  reposent  au- 
jourd'hui dans  le  même  tombeau. 

SOIM'HEOI  (Henri),  chanteur  dramatique 
allemand  très-renommé,  est  né  en  Wurtemberg. 
Doué  d'une  splendide  voix  de  ténor,  il  étudia 
le  chant  sous  la  direction  du  ténor  Haizin- 
ger,  et  fut  engagé  pour  toute  sa  vie  au  théâ- 
tre de  Stuttgard,  avec  le  titre  de  chanteur  de 
la  cour.  Pendant  les  voyages  qu'il  faisait  cha- 
que année  à  l'époque  de  la  fermeture  du  théâ- 
tre de  Stuttgard,  il  se  faisait  entendre  sur  les 
scènes  les  plus  importantes  de  l'Allernagne,  et 
partout  excitait  la  plus  grande  admiration.  Quoi- 
que aujourd'hui  avancé  en  âge,  il  est  considéré 
comme  le  plus  parfait  Eléazar  qu'on  ait  entendu 
jamais  en  Allemagne  dans  la  Juive,  et  non-seu- 


ement  il  chante,  mais  il  joue  ce  rôle  d'une  fa- 
çon incomparable.  La  voix  forte  et  sonore  de 
M.  Sonlheim  est  celle  du  véritable  ténor  héroï- 
que ;  il  possède  eu  même  tem[)s  une  telle  habileté 
dans  l'emploi  de  la  voix  mixte,  et  ses  nuances 
dansle  piano  sont  d'un  si  excellent  effet,  que  l'un 
de  ses  triomphes  fut  aussi  le  rôle  de  Georges 
Brown  de  la  Dame  blanche.  11  a  obtenu 
encore  de  grands  succès  dans  Astorgu,  dans  les 
Huguenots,  Guillaume  Tell,  etc. 

M.  Sontheim  a  pris  récemment  sa  retraite, 
avec  une  pension  et  le  titre  de  membre  d'hon- 
neur du  théâtre  de  la  cour  de  Stuttgard.  Il  vit 
aujourd'hui  dans  sa  piopriélé  de  lebenhausen, 
située  près  de  cette  ville.  J.  B. 

*  SOU  (Fekdinani)),  ou  plutôt  Sors,  ainsi  que 
l'écrivent  ses  compatriotes,  guitariste  célèbre 
et  compositeur,  naquit  à  Madiid  non  le  1"  fé- 
vrier 1780,  mais  le  14  février  1778.  Son  opéra 
Télémaque  dans  l'ûe  de  Calypso  fut  représenté 
au  théâtre  Principal  de  Barcelone  ,  le  19  mai 
1798  (1).  Pour  ce  qui  concerne  sa  carrière  tran- 
çaise,  le  ballet  de  Cendrillon,  dont  il  avait  écrit 
la  musique,  fut  joué  à  l'Opéra  le  3  mars  1823.  Il 
a  fait  encore,  en  société  avec  Schneitzhoeffer,  lu 
musique  d'un  petit  ballet  en  un  acte,  le  Sicilien 
ou  l'Amour  peintre,  qui  fut  donné  au  même 
théâtre  le  11  juin  1827,  et  avec  Singelée  celle 
d'un  autre  ouvrage  du  même  genre,  Arsène  ou 
la  Baguette  magique,  dont  la  représentation 
eut  lieu  à  Bruxelles  en  1845,  plusieurs  années 
après  sa  mort. 

SOIIACI  (Paolo),  chef  d'orchestre  et  com- 
positeur italien,  naquit  en  Sicile.  Il  fil  repré- 
senter en  1871,  sur  l'un  des  théâtres  de  Mes- 
sine, un  opéra  qui  avait  pour  titre  Eleonora  da 
Romano.  En  1875,  il  remplissait  au  théâtre  de 
Côme  les  fonctions  de  maestro  concertatore, 
et  le  9  octobre  1876  il  donnait  sur  la  petite 
scène  de  Santa-Radegonda,  de  Milan,  un  nou- 
vel ouvrage  dramatique,  intitulé  Ginevra.  Peu 
de  temps  après,  au  mois  de  février  1877,  il 
mourait  à  Milan. 

SOIIDELLI  (Giuseppe),  compositeur  italien, 
a  fait  représenter  à  Pavie,  en  1846,  un  drame  ly- 
rique intitulé  la  SolUaria  dette  Asturie. 

SORIA  (.Iules  DIAZ  DE),  chanteur  dis- 
tingué, est  né  à  Bordeaux,  de  père  et  mère 
français,  originaires  du  Portugal.  A  huit  ans,  il 
entra  en  qualité  d'enfant  de  chœur  à  la  synago- 
gue de  Bordeaux,  et,  jusqu'à  l'âge  de  treize 
ans,    s'y  lit  entendre  comme    soliste.  Il   avait 


(1)  Je  tire  ces  renseignements  d'un  écrit  publié  récem- 
ment en  Espagne  .  Calendario  Urico  italiano,  par 
M.  Joaquin  Meras  (Madrid,  Romero  y  Marïo,  1817,  ln-8»). 


532 


SORIA. 


alors  une  voix  de  soprano  très-étendue.  A  douze 
ans,  il  fut  admis  à   la  Société  Sainte-Cécile,  et, 
pendant  deux  ans,  y  apprit  le  solfège.  Cepen- 
dant l'époque  de  la  mue  était  arrivée,  et  sa  voix 
d'enfant  l'avait    abandonné  pour  faire  place  à 
une  lia.sse  chantante  assez,  caractérisée.  En  môme 
temps,  M.  de  Soria  faisait  ses  premiers  pas  dans 
la  carrière  commerciale,  à  laquelle  il  était  des- 
tiné, et  (Ju'il  n'a  jamais  abandonnée.  Chargé  de 
voyager  pour  la  maison  qui  se  Tétait  attaché,  il 
eut  occasion,  en  186  i,  de  visiter  l'Italie   et  d'y 
suivre  les  chanteurs   les  plus  en  renom.  Cette 
circonstance   développa  ses  heureuses  disposi- 
tions pour  léchant.  Sa  voix  était  devenue  défini- 
tivement  un  baryton  d'une  excellente  qualité. 
Il  voulut  mettre  en  valeur  les  ressources  de  ce 
généreux  organe  et  se  perfectionner  par  l'étude, 
en  s'appropriant  les  procédés  des  artistes  dont  le 
talent  et  la  méthode  l'avaient  plus  particulière- 
ment frappé.  Pendant  une  seconde  tournée,  il  se 
produisit  à  Marseilledansdes  réunions  privées,  et 
y  fit  sensation.  De  retour  en  Italie, il  chanta  de- 
vant Donzelli,  Liverani,  Verdi,  qui  le  comblèrent 
d'éloges,  et  devant  Mercadante,  qui  lui  dit:    Je 
vois  bien  que  vous  n'avez  jamais  eu  de  profes- 
seur :  coniimiez  àn'en  pas  avoir  ;  vous  ri'avez 
rien  à  apprendre  d'eux.   En   novembre   18G6, 
M.  de  Soria  fut  chargé  par  la  municipalité  de  Ve- 
nise d'interpréter  sur  le  graml  canal  une  ballade 
pour  solo  et  choeur,  écrite  par  le  conipositeur 
Tessarin  pour  célébrer  l'entrée  de*  troupes  ita- 
liennes. Depuis  cette  époquejusqu'en  1873,  M.  de 
Sorid  .se   fit  entendre   fréquemment    dans    les 
grandes  villesd'Europe,où  ses  affaires  l'amenaient 
d'une  façon  en  quelque  sorte  pér'iodique,  et    y 
acquit  une  autorité  toujours  grandissante.  Son 
arrivée  dans  chacune  d'elles  était  d'e   plus  en 
plus  fêlée,  et  sa  présence  était  l'occasion  des 
auditions  musicales  les  plus  courues.  A  Rome, 
il  était  particulièrement  choyé  par  les  élèves  de 
l'École  française.  Pendant  l'année  néfaste  1871, 
il  prit  part  dans  celte  ville  à  un  concert  inter 
national,  ou  il  eut   à   cœur  de   faire  applaudir, 
à  ce  moment,  des  compositions  françaises  par 
UB  public  cosmopolite.    En  1873,  il   fit  sa  pre- 
mière apparition  à  Paris  sur   la  scène   du  Con- 
servatoire  et   obtint  un   vif  succès  à   côté  de 
Mme  Carvallio,  de  MM.  Planté,  Alard  et  Dancla. 
Il  se  décida  alors  à  demander  à  son  talenl  autre 
chose  (|ue  des  satisfactions  d'amour-propre.    11 
se  produisit  dans  beaucoup  de  salons  à  Paris  et 
participa  à  une  tournée  organisée  i)ar  Vimpresa- 
rio  Ulmann,  tournée  dans   laquelle  il  parcourut 
la  province  encompagniede  MM. Planté,  Léonard, 
Alard,Sivori,FranchommeeldeM"''  Marimon.  Il 
alla  en  Angleterre,  en  Italie,  en  Autriche,  oii  les  di- 


recteurs du  Conservatoire  de  Vienne  lui  deman- 
dèrent une  audition;  dans  les  principautés  Danu- 
biennes, en  Turquie,   en  Russie  et  en  Grèce.  A 
Athènes,  où  l'on  organisa  en  son  honneur  deux 
concerts  dont  le  produit  devait  aidera  la  fonda- 
tion d'un  Conservatoire  national,  M  de  Sori  i  eut 
uu    succès  d'enthousiasme,  et  le,    roi,  l'ayant 
mandé    dans   son   palais,   le  décora  de  l'ordre 
du   Sauveur.  En  1877  ,  il    fut  appelé  à  Paris 
par    le   consistoire    israélile,   qui     inaugurait 
le  temple  de  la   rue  Buffaull,  pour  contribuer 
par  son   talent  à  l'éclat  de  la  cérémonie.   Peu 
après,  il  joua  Hamlet  à  Nice  sur  une  scène  par- 
ticulière qui  avait  été  installée  à  l'occasion  d'une 
fête  de    chanté.   M.  de  Soria  a    chaulé  aussi 
plusieurs  fois  à  Paris  dans  les  réunions  officielles, 
à    Londres  devant   le    prince  de    Galles    ,  en 
Italie  devant  le  prince  Ilumbert.  Gounod  a  écrit 
pour  lui  son  charmant    duo-barcaroUe    et   la 
pièce  :    0   dille  tu.  Félicien   David    l'avait  en 
très-haute  estime  ,  et  la  presse  technique  alle- 
mande, qui  lui  a  été  favorable,  a  loué  sa  façon 
d'interpréter  les  mélodies   de  Schubert  et  de 
Schumann.  Enfin,  des  offres  brillantes  lui  ontété 
faites  pour  prendre  le   théâtre,  et  y  créer  des 
rôles  spécialement  écrits  pour  lui.  M.  de  Soria  a 
résisté  jusqu'à  ce  jour  à  ces  propositions  sédui- 
santes, préférant  s'en    tenir  à  la  spécialité  de 
chanteur  de  concert,  dans  laquelle  il  a  fait  sa 
réputation. 

M.  <le  Soria  possède  un  baryton  élevé,  sonore  et 
moelleux.  L'étendue  de  cette  voix,  chaude  et  bien 
timbrée,  est  encore  accrue  par  des  sons  de  tête 
très-purs,  dont  le  caractère  se  rapproche  beau- 
coup de  ceux  du  ténor.  C'est  ce  qu'on  appelle 
un  Martin.  L'émission  est  facile,  et  la  voix  se 
trouve  en  quelque  sorte  toute  posée  sur  les 
lèvres,  comme  chez  les  chanteurs  formés  à  la 
grande  école  italienne.  Ce  qui  caractérisée  sa 
manière,  c'est  l'absence  de  tout  effort  et  une 
étonnante  facilité  à  varier  les  timbres.  L'artiste 
trouve  dans  cette  opposition  de  liinbres  une 
source  d'effets  tout  particuliers, —  soit  en  passant 
de  la  voix  sombrée  habilement  ménagée  à  la 
voix  claire  réduite  à  une  ténuité  telle  qu'elle 
arrive  à  la  blancheur,  —  soit  en  faisant  se 
succéder  l'un  à  l'autre  ces  deux  timbres  par  des 
nuances  graduées  qui  modifient  insensiblement  la 
couleur  du  son.  C'est  môme  là,  on  peut  le  dire, 
ce  qui  le  distingue  de  la  plupart  des  artistes 
contemporains,  dont  l'organe  est  déiraîcbi  et  le 
chant  rendu  monotone  par  l'usage  presque 
exclusif  de  la  voix  sombrée. 

Quelques  critiques  à  Paris  se  sont  montrés 
sévères  à  l'égard  de  M.  de  Soria,  et  ont  contesté 
son  talent.  On  peut  lui  reprocher  un  p.'u  d'affé- 


SORIA  —  SOURINDRO  MOHUN  TAGORE 


533 


terieetdes  oppositions  trop  multipliées,  que  le 
sens  des  paroles  ou  de  la  phrase  musicale  ne 
justifie  pas  toujours.  Il  est  possible  aussi  que  ce 
talent  délicat ,  susceptible  pourlant  d'énergie,  ne 
fût  pas  de  mise  dans  le  drame  lyrique  et  ne  put 
en  affronter  les  fatigues.  Mais  on  n'en  saurait 
nier  le  charme,  ni  l'aclion  sur  le  public.  Tel  qu'il 
est,  il  n'est  pas  sans  analogie  avec  celui  de  Ga- 
rât, qui,  dans  un  autre  temps  et  avec  des  qua- 
lités supérieures,  ne  rechercha  pas  plus  que  M.  de 
Soria  les  triomphes  du  théâtre,  et  dut  aussi  à  sa 
nature  et  à  ses  propres  observations  plus  qu'à 
la  science  et  à  une  forte  éducation. 

Al.  R  -  d. 

*  SORIA3iO  FLERTES  (M vri\ino),  com- 
positeur et  musicogiaplie  espagnol,  est  l'auteur 
des  deux  écrits  dont  voici  les  titres  :  1"  Memoria 
sobre  las  sociedades  corales  en  Ëspaàa  ;  2" 
Espana  artistica  é  industrial  en  la  Exposi- 
eion  de  1867,  un  vol.  in-S".  Soriano  Fuerles  est 
mort  à  Madrid,  au  mois  d'avril  1880.; 

SOSSOi^  ( ),  clerc  tonsuré,  compositeur, 

devint  vers  1775  ou  1780  directeur  de  la  maîtrise 
de  l'église  Saint- Pierre,  deCatn.  Il  fit  exécuter 
dans  celte  église  un  Magnificat  Dominus, 
motet  à  grand  chœur  et  à  grand  orchestre,  et  à 
l'église  des  Cordeliers,  en  178.5,  pour  la  fête  que 
l'Université  fit  célébrer  en  actions  de  grâces  de  la 
naissance  du  Dauphin,  un  Te  Deum  et  une 
messe  à  grand  orchestre.  Le  9  octobre  1793, 
Sosson  était  nommé  maire  de  la  ville  de  Caen. 
Au  commencement  de  ce  siècle,  cet  artiste,  ex- 
clerc tonsuré,  ex-maître  de  chapelle,  ex-officier 
municipal,  se  livrait  à  l'enseignement  de  la 
harpe  et  de  la  lyre. 

SOUBIES  (Albert)  ,  critique  musical 
français,  est  né  à  Paris  le  10  mai  1846.  Après 
avoir  fait  de  bonnes  études  littéraires  au  lycée 
Loiiis-le-Grand,  il  étudia  le  droit  et  se  fit  re- 
cevoir avocat.  Cependant,  il  se  sentait  attiré  vers 
la  musique,  qu'il  avait  cultivée  en  amateur,  et 
il  suivit  au  Conservatoire  le  cours  d'harmonie  de 
M.  Savard,  après  quoi  il  entra  dans  la  classe  de 
fugue  et  de  composition  de  Bazin,  tout  en  tra- 
vaillant l'orgue  avec  M.  Alexandre  Guilmant. 
Après  avoir  acquis  ainsi  une  instruction  solide, 
M.  Soubies  s'occupa  d'histoire  et  de  critique  ar- 
tistiques, et  tout  d'abord  songea  à. reprendre, 
après  soixante  années  d'interruption,  la  publica- 
tion du  célèbre  almanach  des  spectacles  connu 
naguère  sous  le  titre  de  Spectacles  de  Paris. 
Aidé  d'un  de  ses  amis,  M.  Paul  Milliet,  il  fit 
paraître  en  1875  le  premier  volume  de  cette  nou- 
velle colledion,  qu'il  intilula  ainsi  :  «.  Almanach 
des  spectacles,  continuant  l'ancien  Almanach 
des  spectacles   publié  de   1752  à  1815,   tome 


premier  (XL1X«  de  la  collection),  année  18/4  » 
(Paris,  Jouausf,  1875,  in-18  avec  une  eau-forte). 
M.  Soubies  donna  ensuite,  seul  (excepté  le  troi- 
sième volume,  que  son  frère  a  signé  avec  lui),  les 
deuxième  ,  troisième,  quatrième  et  cinquième 
années  de  cette  nouvelle  série,  publiée  avec  un 
soin  et  un  luxe  typographique  du  meilleur  goût  et 
accompagnée  de  portraits  qui  la  rendent  double- 
ment intéressante.  Depuis  quelques  années,  le 
même  écrivain  signe  du  pseudonyme  :  B.  de 
Lomagne,  les  articles  de  critique  musicale  du 
journal  le  Soir.  Il  s'occupe  en  ce  moment  d'une 
histoire  des  principaux  théâtres  de  Paris  depuis 
1848. 

*SOUBRE  (Etienne-Joseph)  ,  composi- 
teur, directeur  du  Conservatoire  de  Liège,  est 
mort  en  cette  ville  le  8  septembre  1871.  Le 
grand  violoniste  Henri  Vicuxtemps  a  écrit  sur 
cet  artiste  une  notice  biographique  qui  a  été 
publiée  dans  Winnuaire  de  l'Académie  royale 
de  Belgique  et  dont  il  a  été  fait  ensuite  un  ti- 
rage à  part  (Bruxelles,  Hayes,  1872,  in-12). 

Deux  filles  de  cet  artiste,  m""  Mariette  et 
Anna ',Soubre,  se  sont  consacrées  à  la  carrière 
du  chant. 

*SOULLIER  DE  ROBLAIN  (Ciiarles- 
Simon-Pascal),  écrivain  musical,  est  mort  à 
Paris  dans  les  premiers  jours  de  janvier  1879. 
Après  être  retourné  dans  son  pays  natal,  cet 
artiste  était  revenu,  vers  1871,  se  fixer  à  Paris, 
oii  il  avait  pris  part  à  la  rédaction  de  divers 
journaux,  entre  autres  l'Art  musical  et  la  Chro- 
nique musicale  ;'û  y  publia  ensuite  un  écrit  aussi 
prétentieux  qu'incompréhensible,  ainsi  intitulé  : 
les  i\'éogammes.  essai  scientifique  d'une  nou- 
velletfiéorie  musicale  appliquée  au  développe- 
ment du  mystère  de  l'origine  des  modes  et  des 
ions,  Paris,  E^cudier,  s.  d.  (1877),  petit  in-8°. 
Cela  est  aussi  médiocre  que  les  autres  produc- 
tions de  l'auteur,  parmi  lesquelles  il  faut  encore 
signaler  un  Annuaire  musical,  ou  Guide  des 
compositeurs,  professeurs,  artistes,  amateurs, 
facteurs  d'instruments  et  éditeurs  de  musique, 
pour  1855,  Paris,  Sylvain-Saint  Etienne,  in-8°. 
SOURirVDRO  MOHUN  TAGORE, 
rajah  indien,  dilettante  passionné,  a  fondé  à  Cal- 
cutta l'École  de  musique  du  Bengale,  dont  il  est 
le  président.  Cette  école  indigène,  due  à  son  ini- 
tiative, organisée  sur  les  mêmes  bases  que  nos 
Conservatoires  européens  et  entretenue  presque 
exclusivement  à  ses  frais,  s'est  ouverte  le  3  août 
1871;  elle  publie  des  rapports  annuels  sur  la. 
marche  de  l'institution,  et  c'est  par  l'un  de  ces 
rapports,  le  troisième  (1874-75),  qu'on  apprend 
qu'à  la  fin  du  mois  de  juin  1875  l'école  comptait 
huit  professeurs,  tous  indigènes,  dont  deux  pour 


o3i 


SOURINDRO  MOHUN  TAGORE  —  SPEIDEL 


la  sitara,  un  pour  le  bahoolinon  violon,  un  poul- 
ie mrdunga  (instrument  de  percussion,  servant 
à  l'accompaf^neinent),  trois  professeurs  de  chant, 
et  un  de  tiiéorie  rnusicnle.  L'établisserncnt  était 
fréquenté  alors  par  soixante  élèves,  qui  y  rece- 
vaient l'instruction  musicale  moyennant  une 
rétribulion  d'une  roupie  par  mois.  Les  priv  dé- 
cernés à  ces  élèves  à  la  lin  de  l'année  scolaire 
consistent,  comme  en  Europe,  en  instruments 
et  en  livres  d'éludé.  Des  témoignages  très-éio- 
gicu\  d'Européens,  qui  paraissent  versés  dans  la 
connaissance  des  choses  de  la  musique,  mon- 
trent l'École  de  musique  de  Calcutta  en  pleine 
voie  de  prospérité. 

Ce  ne  serait  pas  assez  dire  que  de  donner  au 
rajah  de  Tagore  la  qualification  de  dilettante. 
Théoricien,  compositeur  et  poète,  il  a  fait  de 
l'art  une  élude  approfondie,  et  on  lui  doit,  entre 
autres,  les  publications  suivantes  :  1°  Sangita- 
5dra-Son^/'rt/ia5  (littéralement  :  Musicx  essen- 
tise  colledio),  Calcutta,  1875,  ouvrage  qui,  si 
l'on  s'en  rapporte  au  titre  et  à  la  table  des  ma- 
tières, paraît  une  coinfiilation  d'anciens  traités 
de  musique,  publiée  et  annotée  par  le  savant 
rajah;  il  est  divisé  en  six  parties,  dont  la  pre- 
mière traite  des  sons  {ndda-adht/àijas],  la  se- 
conde, des  modes  {râga-adhyâyos),  la  troisième, 
de  l'enchaînement  drs  sons  et  des  rhythines, 
c  est-à-dire  de  la  composition  {prabandlia-ad- 
/i^dyas),  la  quatrième,  des  instruments  {vâdya- 
adhyàijas),  la  cinquième,  de  la  mesure  {tâla- 
adhyâijas),  enfin,  la  sixième  et.  dernière,  de  la 
danse  {nrtya-adhyâgas)  ;  2"  Victoria-Giiikà 
(Calcutta,  187.5,  in-S"),  recueil  de  118  chants 
sanscrits,  relatifs  aux  faits  principaux  de  l'his- 
toire d'Angleterre  depuis  la  conquête  normande 
jusqu'à  ré|)oque  actuelle,  dont  la  poésie  et  la 
musique  sont  du  rajah  de  ïagore  (avec  une 
transcription  en  langue  musicale  européenne  ac- 
compagnant la  notation  hindoue);  3"  50  Chants 
sanscrits  (quatrains  et  distiques)  en  l'honneur 
du  prince  de  Galles,  poésie  et  musique  du  rajah 
de  Tagore. 

Le  rajah  Sourindro,  quia  fait  don  au  musée 
du  Conservatoire  de  Bruxelles  d'une  collection 
complète  des  instruments  de  musique  hindous, 
et  à  l'Académie  royale  de  Belgique  de  toute  une 
série  de  publications  et  d'ouvrages  relatifs  à  la 
musique  imlienne,  est  membre  associé  de  l'Aca- 
démie de  Sainte-Cécile  de  Rome. 

*  SOW  IfMSKI  (Albert),  pianiste  polonais, 
compositeur  distingué  et  écrivain  musical,  est 
mort  à  Paris,  le  5  mars  1880. 

SOVKK-VVILLEMET  (H -F ),   bi- 

bliotliécaire  en  chef  et  conservateur  du  cabinet 
d'histoire  naturelle  de  la  ville  de  Nancy,  a  inséré 


des  sciences,  lettres  et  arts  de  Nancy,  un  tra- 
vail ainsi  intitulé  :  Observations  sur  la  gamine 
en  183r.,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  royale 
mineure.  Il  a  été  fait  un  tirage  à  part  de 
cet  écrit  (Nancy,  Thomas,  1837,  in -S»  de  17 
pp.). 

SOZZf  (Liiioi),  compositeur  italien,  est  l'au- 
teur d'un  opéra  semi-sérieux,  le  Memorie  del 
Diavoto,  dont  le  livret  était  imité  de  la  pièce 
française  du  même  titre,  et  qui  a  été  représenté 
à  Milan,  au  théâtre  Carcano,  dans  le  cours  du 
mois  de  décembre  1864.  I^e  C""  octobre  1879,  le 
même  artiste,  ou  un  artiste  du  même  nom,  don- 
nait an  théâtre  de  Lecco  un  autre  opéra  intitulé 
Adelina. 

*  SPAETH  (André),  compositeur,  ancien 
maître  de  chapelle  de  la  cour  de  Saxe-Cohourg, 
est  mort  à  Gotha  au  mois  de  mai  1876.  Cet 
artiste  était  né  à  Rossach  (et  non  Kosvich). 

SPARK  (William),  organiste  anglais, 
docteur  en  musique,  est,  je  crois,  fixé  à  Leeds. 
M.  Spark,  qui  est  un  artiste  distingué,  est  le 
directeur  d'une  publication  intéressante,  the 
Organïst's  Qnarterly  Journal  of original  co)i,- 
positions,  dans  laquelle  il  fait  connaître  des 
œuvres  originales  des  principaux  organistes  an- 
glais ou  étrangers.  Entre  autres  publications  faites 
par  M.  Spark,  je  citerai  aussi  un  recueil  de 
Vingt  Marches  célèbres,  arrangées  pour  l'orgue, 
avec  pédale  obligée. 

SPEIDEL  (Wiluf.lm),  compositeur  allemand 
distingué,  est  né  à  Ulm  le  3  septembre  1826.  Son 
père,  excellent  chanteur,  lui  apprit  les  éléments 
de  la  musique,  après  quoi  il  fut  envoyé  à  Mu- 
nich pour  s'y  perfectionner  sons  la  direction  des 
deux  frères  Ignace  et  Franz  Lachner.  En  1832  il 
faisait  à  Leipzig,  avec  un  très-grand  succès,  ses 
débuts  comme  virtuose  pianiste,  et  un  peu  plus 
tard  il  faisait  la  connaissance  de  Schumann, 
dont  il  subit  vivement  l'influence.  En  1854  il  ob- 
tint un  emploi  de  directeur  de  musique  à  Ulm, 
mais  lors  de  la  fondation  du  Conservatoire  de 
Stultgard  il  y  fut  appelé  comme  professeur,  et 
conserva  ces  fonctions  jusqu'à  l'année  1874,  épo- 
qiie  où  il  fonda  lui-môme,  dans  cette  ville,  un 
institut  musical  qui  comi»le  aujourd'hui  plus 
de  cent  élèves. 

Directeur  du  Mânnergesangvercin  de  Stiitt- 
gard,  M.  Speidel  a  public  environ  60  compo- 
sitions, parmi  lesquelles  on  cite  sa  belle  mu- 
sique pour  la  tragédie  d'ŒhlenschIager,  le  Roi 
de  Helge,  des  trios,  des  quatuors,  des  sonates, 
beaucoup  de  pièces  de  piano,  et  une  quantité 
d'excellents  chœurs  pour  voix  d'hommes. 
M.  Speidel  a  fait  aussi  une  édition  des  sonates 
d'Haydn  et  des  œuvres  de  piano  de  Mendelssohn, 


SPEIDEL  —  SPITTA 


535 


et,  avec  M.  Singer,  une  édition  des  sonates  pour 
piano  et  violon  de  Mozart.  J.  B. 

SPEIDKL  (Louis),  écrivain  et  critique  mu- 
sical autriciiien  distingué,  frère  du  précédent, 
est  né  à  Ulm  le  11  avril  1830.  Il  apprit  la  mu- 
sique de  son  père  et  de  son  frère,  et  après  avoir 
terminé  sesétudes  philosophiques  à  l'Université 
de  Munich,  il  devint  collaborateur  de  la  Gazette 
générale  d'Augshourg.  En  1853,  il  se  fixa  à 
Vienne  comme  correspondant  de  ce  journal,  et 
bientôt  fut  chargé  en  cette  ville  du  feuilleton  de 
la  Presse.  Lors  de  la  création  de  la  Nouvelle 
Presse  libre.,  il  fut  appelé  à  y  écrire  le  feuilleton 
littéraire  et  théàlral,  qu'il  a  conservé  jusqu'à  ce 
jour  et  où  il  a  déployé  un  rare  talent;  cela  ne  l'a 
pas  empêché  de  prendre  part,  en  ([ualité  de  cri- 
tique musical,  à  la  rédaction  du  fameux  journal 
Fremdenblatt,  où  ses  articles  sont  recherchés 
et  lus  avec  avidité.  Dans  les  articles  que 
M.  Speidel  écrit  pour  celle  feuille  importante, 
il  relate  de  la  façon  la  plus  piquante  tous  les 
événements  delà  vie  musicale  de  Vienne;  ses  cri- 
tiques sont  courtes,  mais  justes,  remplies  de  sail- 
lies mordantes,  et  étincelantes  d'esprit. 

M.  Speidel  est  un  des  adversaires  les  plus 
acharnés  de  M.  Richard  Wagner;  ses  analyses 
des  dernières  œuvres  de  ce  maître  sont  de  véri- 
tables modèles  d'une  polémique  énergique,  d'une 
critique  vigoureuse  en  même  temps  que  spiri- 
tuelle, et  restant  toujours  dans  les  limites  des 
plus  strictes  convenances.  L'écrivain  possède 
d'ailleurs  de  vastes  connaissances  musicales,  et 
une  instruction  aussi  solide  et  variée  que  pro- 
fonde et  étendue;  son  style  est  irréprochable,  et 
il  est  certainement  l'un  des  critiques  les  plus 
considérés  et  les  plus  considérables  de  Vienne. 
Les  convictions  artistiques  de  M.  Speidel  ne 
sont  d'ailleurs  jamais  influencées  par  qui  ou  par 
quoi  que  ce  soit,  et  l'indépendance  avec  laquelle 
il  exprime  franchement  et  ouvertement  son  opi- 
nion donne  à  tout  ce  qui  sort  de  .sa  plume  une 
énorme  importance.  J.  B. 

"SPEIER  (Wilhelm),  violoniste  et  compo- 
siteur, est  mort  à  Francfort-s\ir-le-Mein  le  5  avril 
1878. 

SPEIVCEIl  (Charles-Child),  pianiste  et 
professeur  anglais,  est  l'auteur  d'un  manuel  qu'il 
a  publié  sous  ce  titre  et  dont  il  n'a  pas  été  fait 
moins  de  huit  éditions  :  Music,  a  rudtrnentary 
and  practical  ireatise  on  {Traité  élémentaire 
et  pratique  de  la  musique,  avec  de  nombreux 
exemples),  Londres,  Lockwood.  Cet  artiste  a 
publié  enmre  le  traité  suivant  :  the  Pianofortc, 
the  rudiments  of  the  art  of  playing  [le  Piano, 
éléments  de  l'art  de  Vexécutant],  Londres, 
Lockwood,  in-t2. 


*SPEll  A1>ZA"  (Giovanni-Antonîo),  composi- 
teur dramatique  italien  de  la  première  moitié  du 
dix-neuvième  siècle,  est  mort  fou,  à  Milan, 
en  1850.  Francesco  Regli,  au  Dizionario  bio- 
grafico  duquel  j'emprunte  ce  renseignement,  dit 
qu'il  était  alors  âgé  de  trente-huit  ans,  ce  qui  re- 
porterait la  date  de  sa  naissance  à  1812,  et  non 
à  1816.  A  la  liste  des  partitions  de  cet  artiste, 
il  faut  ajouter  deux  opéras  bouffes,  l'Allogio  mi' 
lilare,  et  Java.  Selon  Rfgli,  Speranza  aurait  fait 
son  début  dans  la  carrière,  non  à  Naples  avec 
Gianni  di  Parigi,mA\?,  à  Turin,  avec  «  Due  f?'- 
garo.  Ce  biographe  est  évidemment  dans  l'erreur, 
car  l'ouvrage  intitulé  i  Due  Figaro  ne  fut  pas 
joué  d'origine  à  Turin,  comme  il  le  dit,  ni  à 
Naples  en  1838,  comme  l'a  dit  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens,  mais  sur  le  théâ- 
tre ducal  de  Parme,  le  20  avril  1840.  Speranza 
était  né  à  Mantoue. 

SPETIll]>iO  (Francesco),  jeune  composi- 
teur italien,  élève  du  Conservatoire  de  Palerme 
et  de  M.  Platania,  directeur  de  cet  établisse- 
ment, a  fait  représenter  sur  le  petit  théâtre  du 
Conservatoire,  par  ses  condisciples,  au  mois  de 
novembre  1876,  un  opéra  sérieux  en  trois  actes 
intitulé  Filippo  If.  Les  journaux  locaux  ont 
adressé  de  grands  éloges  à  cet  ouvrage,  dont  le 
succès  paraît  en  effet  avoir  été  exceptionnel,  car 
il  n'a  pas  été  joué  moins  de  huit  (ois. 

SPIG.V  (L ),   musicien  italien,  a  écrit  la 

musique  d'il  Barbiere  e  l'Avaro,  opéra  bouffe 
qui  a  été  représenté  à  Parme  au  mois  de  fé- 
vrier 1876.  Le  même  arliste  est  l'auteur  d'une 
méthode  de  chant  qu'il  a  publiée  sous  ce  titre  : 
Brève  Guida  per  l'allievo  di  canto,  con  32 
eserciztpel  vocalizzo.  Milan,  Lucca,  in-8°. 

*SPIiXI)LEll  (Fritz),  pianiste  et  composi- 
teur allemand,  n'a  cessé  de  produire  depuis  plus 
de  trente-cinq  ans,  de  telle  sorte  que  le  nombre 
(le  ses  œuvres  publiées  dépasse  aujourd'hui  le 
chiffre  de  300,  comprenant  un  bien  plus  grand 
nombre  de  morceaux,  car  il  est  tel  recueil  de 
M.  Spindler  qui  en  contient  quatre,  cinq,  six  et 
mémedavantage.  Parmi  ces  recueils,  je  signalerai, 
entre  autres,  les  suivants  :  Studienblxlter,  op. 
245;  Im  Wald  und  auf  der  Haide,  10  pièces 
de  caractère,  op.  258  ;  Libellules,  6  airs  de 
danse,  op.  294  ;  6  sonates  brillantes  à  quatre 
mains,  op.  296  ;  Musikalische  Gedenkblxtter, 
4  morceaux  à  2  mains,  op.  299;  Waldlieder, 
6 morceaux,  op.  300  ;  Kornblumen,  5  morceaux, 
op.  304  ;  etc.  Puis,  une  quantité  innombrable  de 
pièces  détachées  de  toute  forme  et  de  tout  genre. 
J'ignore  quelle  est  la  valeur  de  toute  cette  mu- 
sique. 

SPITTA  (Emmanuel-Philippe),  écrivain  mu- 


536 


SPITTA  —  SPONTINI 


sical  allemand  dislingué,  actuellement  professeur 
d'histoire  de  la  musique  à  l'École  musicale  de 
Berlin,  est  né  à  Leipzig  le  27  décembre  1841. 
M.  Spitla  s'est  acquis  une  grande  renommée  par 
sa  biographie  du  célèbre  Jean-Sébastien  Bach, 
dont  le  premier  volume  seul  a  paru  à  Leipzig, 
chez  les  éditeurs  Breitlioptet  Ikertel,  et  dont  le 
second  et  dernier  est  en  ce  moment  sous  presse 
(1879).  Cet  ouvrage,  aussi  remarquable  par  l'a- 
bondance des  renseignements  que  par  la  solidité 
du  style,  est  utile  non-seulement  par  les  détails 
pleins  d'intérêt  qu'il  donne  sur  le  grand  Bach, 
mais  aussi  par  les  faits  qu'il  révèle  sur  les  grands 
artistes  qui  l'ont  précédé,  tels  que  Buxtehude, 
Wachelbel,  etc. 

J.  B. 

•SPITZEDEIl-VIO  (M™-^  Bettï),  canla- 
trice  dramatique  allemande,  est  morte  à  Munich 
au  mois  de  décembre  1872. 

SPOETH  (Jean-Adam),  constructeur  d'or- 
gues allemand  fort  habile,  qui  vivait  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-huitième  siècle,  est  l'auteur 
du  bel  orgue  de  la  cathédrale  de  Ratisbonne. 
qui  date  de  cette  époque. 

*SPOHR  (Louis),  violoniste  célèbre  et  com- 
positeur. —  Les  ouvrages  suivants  ont  été  pu- 
bliés sur  cet  artiste  illustre  :  Louis  Spohr's 
Selbslbiographie  {Autobiographie  de  Louis 
Spohr),  Cassel,  Wigand,  1860-1861,  2  vol.  in-8°, 
avec  portrait  et  fac-similé;  Louis  Spohr,  sein 
leben  und  u-irken,  dargestellt  von  seinem 
Schiller  Alexander  Malibran  {Louis  Spohr,  sa 
vie  et  ses  œuvres,  par  son  élève  Alexandre 
Malibran),  Francfort-sur-le-Meiii,  Sauerlander, 
1860,  in-8»  avec  portrait(l).  Grabrede,gehaUen 
bei  der  feierlichen  Beisetzung  des  verewigten 
General-Musikdireciors  und  Hof-Kapell- 
meisters  Dr  Louis  Spohr  am  25  october  1859, 
von  L.  Jatho  {Discours  funèbre  prononcé  sur 
la  tombe  de  Louis  Spohr,  etc.,  par  L.  Jatho), 
Cassel,  Wigand,  une  1/2  feuille  in-8'.  —  La  Stid- 
deutsche  Mxisihzeiiung  {Gazette  musicale  du 
sud  de  l'Allemagne)  a  donné,  vers  1860,  une 
série  de  quatorze  articles  intitulés  :  Esqiiisses 
de  la  vie  de  Louis  Spohr  d'après  son  Auto- 
biographie. En  1860  et  1861,  la  Revue  et 
Gazette  musicale  de  Paris  a  extrait  et  traduit 
divers  épisodes  du  môme  ouvrage. 

*  SPOIXTIIXI  (Loi is-Gaspaud- Pacifique).  — 
Le  centième  anniversaire  de  la  naissance  du 
grand  compositeur  a  été  célébré  deux  fois  à  Ma- 
jolati,  son  village  natal,  d'abord  à  sa  vraie  date 

(1)  Alexandre  Malibran  (f-'o^.  cenom|,  violoniste,  chef 
(l'orchestre  et  écrivain  musical  français,  avait  longtemps 
liabllC-  l'Allemagne. 


(septembre  1874)  d'une  façon  un  peu  mes- 
quine, puis  un  an|)lus  tard  avec  plus  d'éclat.  Ce 
petit  bourg  s'était  piqué  d'honneur  et  s'était 
efforcé,  avec  son  peu  de  ressources,  d'honorer 
dignement  la  mémoire  du  maître  illustre  à  la 
générosité  du([uel  il  doit  la  fondation  d'un  bel 
hospice  de  vieillards.  Nombre  de  villes  étaient 
ofiicielleiuent  représentées  à  cette  fête,  dont  le 
programme  musical  .se  bornait  à  un  hymne  de 
circonstance  composé  par  le  maestro  Emilio 
Stacchini,  de  Jesi,  et  chanté  en  plein  air,  devant 
l'hospice,  par  quatre-vingts  voix  :  quarante  en- 
fants et  autant  d'hommes.  Discours,  tombola, 
feux  d'artifice,  etc.,  aidaient  à  remplir  la  journée. 
Quelques  jours  après,  la  ville  de  Jesi ,  voisine 
de  Majolati,  célébrait  aussi  ce  centenaire,  par  de 
belles  représentations  de  la  Vestale.  Cette  re- 
prise attira  en  cette  ville  beaucoup  d'étrangers, 
désireux  d'entendre  le  chef-d'œuvre  de  Spontini 
très-bien  exécuté  par  M"^  Wanda  Miller,  une 
excellente  Julia,  par  M'"*  BarlaniDini,  par  le 
ténor  Tasca  De-Capellio,  le  baryton  Sparapani 
et  la  basse  Miller. 

Il  y  a  plusieurs  corrections  à  faire  aux  bio- 
graphies de  Spontini  les  plus  répandues  jusqu'à 
ce  jour,  notamment  pour  la  période  qui  s'étend 
depuis  son  arrivée  à  Paris  ju.squ'à  la  représen- 
tation de  la  Vestale.  Ces  années  d'essais  et  de 
revers  sont  souvent  les  plus  intéressantes  à  con- 
naître dans  la  carrière  des  grands  compositeurs, 
mais  elles  .sont  aussi  les  moins  connues  parce  que 
les  premiers  biographes  s'occupent  toujours  des 
années  les  plus  glorieuses,  pour  lesquelles  les 
preuves  et  témoignages  sont  beaucoup  plus  fa- 
ciles à  réunir  :  de  là  quelques  erreurs  que  je 
relèverai  par  ordre  de  date  en  suivant  simple- 
ment l'étude  sur  les  Commencements  de  Spon- 
tini (1774-1807),  que  je  publiai  à  la  Chronique 
musicale,  en  octobre  1875,  à  l'occasion  du 
centenaire  du  grand  compositeur. 

Voici  d'abord  l'ordre  exact  et  la  date  précise 
des  ouvrages  écrits  par  Spontini  pour  l'Opéra- 
Comique  de  Paris  :  Z«  Petite  Maison,  12  mai 
1804;  Milton,  27  novembre  180  i  ;  Julie  ou  le 
Pot  de  fleurs,  12  mars  1805.  Julie  est  bien 
postérieure  d'un  an  à  Milton,  et  n'offre  même 
pas  l'intérêt  qu'on  lui  attribue  parfois  de  faire 
connaître  le  point  de  départ  de  Spontini,  et, 
les  partitions  qu'il  écrivit  en  Italie  taisant  dé- 
faut, (l'accuser  la  prodigieuse  transformation 
qui  s'opéra  tout  à  coup  dwns  ses  facultés.  On 
a  dit,  en  effet,  que  cette  pièce  avait  été  jouée 
d'abord  un  an  plus  tôt,  à  la  fin  de  mars  1804, 
et  que  l'insuccès  avait  déci<lé  Spontini  à  retirer 
sa  partition  pour  y  faire  des  changements.  Julie 
serait  ainsi  le  premier  ouvrage  français  de  Spon- 


SPONTINI 


SPONTONE 


337 


tini,  au  lieu  de  la  Petite  Maison,  et  cette  re- 
présentation, en  mars  1805,  ne  serait  qu'une 
reprise.  C'est  là  une  erreur  :  il  suffit,  en  effet, 
de  suivre  les  spectacles  de  chaque  jour  donnés 
par  les  journaux  <lu  temps,  pour  s'assurer  que 
Julie  n'avait  |)as  été  jouée,  même  une  fois,  en 
mars  1804,  et  que  la  première  représentation 
date  seulement  de  mars  1805.  On  peut  trouver 
l'explication  de  l'erreur  dans  ce  fait  que  la 
musique,  composée  d'abord  par  Fay,  avait  é(é, 
comme  le  dit  Geoffroy  dans  ses  feuilletons  des 
Débats,  jugée  inexécutable  par  les  comédiens 
et  remplacée  par  celle  de  Spontini. 

Il  me  paraît  également  certain  que  Spontini 
ne  donna  pas  d'oratorio  de  sa  composition  aux 
concerts  spirituels  de  l'Opéra- Italien,  et  par  con- 
séquent que  la  cabale  qui  aurait  empêché  cette 
exécution  d'aller  jusqu'à  la  tin  est  tout  imagi- 
naire. D'après  les  circonstances  si  précises  qu'on 
rapporte,  cette  scène  scandaleuse  n'a  pu  avoir  lieu 
que  pendant  les  jours  saints  de  1806  ou  de  1807, 
puisqu'elle  fut  provoquée  par  ce  fait  que  la 
Vestale  était  en  pleines  répétitions;  or  en 
1805  on  ne  s'en  occupait  pas  encore,  et  en  1808 
toute  cabale  avait  désarmé  devant  l'éclatant 
succès  du  nouvel  opéra.  Les  journaux  du  temps 
nous  ont  transmis  les  programmes  des  concerts 
spirituels  des  années  1806  et  7,  programmes  qu'ils 
inséraient  la  veille  ou  le  matin  même  en  insis- 
tant sur  l'œuvre  ou  l'artiste  qui  devait  former 
le  principal  attrait  du  concert  :  il  est  donc  hors 
de  doute  qu'ils  n'auraient  pas  manqué  d'ap- 
puyer sur  une  uuuvre  religieuse  du  compositeur 
dont  tout  le  monde  musical  se  préoccupait 
si  fort.  Il  n'en  est  rien.  En  1806,  la  troupe  ita- 
lienne qui  donnait  des  représentations  au  Théâtre 
de  l'Impératrice,  situé  rue  de  Louvois,  n'organisa 
qu'un  concert  spirituel ,  pour  le  mercredi  de  la 
semaine  sainte,  et  y  fit  entendre  le  Stabat  Mater 
d'Haydn.  En  1807,  l'année  précisée  par  Fétis,  il 
y  eut  trois  concerts  :  les  deux  premiers  (jeudi 
et  vendredi  saints,  26  et  27  mars)  étaient  com- 
posés «  des  plus  beaux  morceaux  des  oratorios 
du  célèbre  Gnglielmi,  Sisara  e  Debora  et 
Giudite  e  Olo/erno  »  ;  le  troisième  et  dernier 
eut  lieu  le  samedi,  et  M.  Casimir  y  exécuta 
brillamment  plusieurs  morceaux  sur  la  harpe. 
Mais  nul  indice  de  Spontini  ni  d'oratorio  de  sa 
façon,  avant  ni  après  aucun  concert. 

Il  est  aussi  avéré  que,  malgré  la  protection 
active  de  l'impératrice.  Napoléon  non-seule- 
ment ne  soutint  pas  Spontini  et  ses  collaborateurs, 
mais  qu'il  méconnut  même  leurs  droits  acquis, 
d'abord  pour  faire  jouer  l'opéra  apol03éli(|ue 
du  Triomphe  de  Jrajan, puis  la  Mort  d'Adam, 
l'opéra  de  Lesueur,  dont  il  appréciait  particuliè- 


rement la  musique  froide  et  majestueuse.  Oii 
donc  de  Lornénie,  Raoul-Rochette  et  Castil- 
Blaze,  se  copiant  à  la  file,  ont-ils  pris  l'anec- 
dote d'après  laquelle  ce  serait  précisément 
l'empereur  qui  aurait  protégé  Spontini  en  em- 
pêchant la  Vestale  de  succomber  sous  les 
intrigues  des  envieux  ?  La  scène  qu'ils  préten- 
dent s'être  passée  à  un  concert  des  Tuileries 
n'est  que  roman  l'outre  que  l'empereur,  qui  n'ai- 
mait aucunement  la  musique,  était  incapable 
de  développer  sa  pensée  comme  on  le  rapporte 
sur  une  oeuvre  musicale  quelconque,  la  sup- 
plique à  lui  adressée  par  Jouy  et  Spontini  et  les 
pièces  des  archives  de  l'Opéra  prouvent  en 
toute  évidence  qu'il  n'appuya  jamais  l'opéra  de 
Spontini,  et  que,  bien  au  contraire,  il  le  rejeta 
toujours  au  second  rang,  d'abord  après  le 
Triomphe  de  Trajan,  puis  après  la  Mort 
d'Adam.  Cette  dernière  décision  aurait  peut- 
être  été  un  arrêt  de  mort  pour  le  chef-d'œuvre 
de  Spontini,  si  un  bienheureux  hasard  n'avait  fait 
que  la  partition  de  Lesueur  ne  se  trouva  pas 
prête  au  moment  précis  où  il  fallait  la  livrer  au 
copiste.  Spontini  sut  assez  bien  profiter  de  ce 
coup  de  fortune  pour  reconquérir  son  tour  de 
représentation;  la  Mort  d'Adam  fut  reculée 
de  plus  d'un  an,  et  la  Vestale,  d'abord  annoncée 
pour  le  vendredi  11  décembre,  fut  définitivement 
exécutée  le  mardi  15  décembre    1807  (1). 

Ad.  J — N. 
*  SPONTONE  (Bartolomeo),  musicien  ita- 
lien du  seizième  siècle,  vivait  non  à  Venise,  mais 
à  Bologne,  où  il  occupait  les  fondions  de  maître 
de  chapelle  de  la  collégiale  de  San-Petronio. 
Homme  distingué,  musicien  éminent,  aussi  ap- 
précié pour  son  remarquable  talent  que  pour 
ses  qualités  morales  et  sa  haute  valeur  person- 
nelle, cet  artiste  occupait  une  grande  situation, 
et  sa  renommée  était  grande  non-seulement  à 
Bologne,  mais  dans  toute  l'Italie.  Il  avait  com- 
mencé l'étude  du  contre-point  à  Bologne,  avec 
le  vieux  maître  de  chapelle  Nicole  Manlovani , 
et  avait  continué  ses  études  à  Rome,  d'abord 
avec  Jacques  de  Ponte,  puis  avec  le  célèbre 
Morales.  Né  à  Bologne  vers  1529,  comme  l'éta- 

(1)  Oeiix  publicalions  ont  été  faites  ;'i  l'occasion  des 
fêtes  célébrées  à  Majolati  et  à  Jesi  pour  le  centennire 
(le  Spontini  :  1°  Fita  di  Catpare  Spontini,  par  Alcibiade 
Moretti,  Imola,  1875,  petit  Jii-S»  de  36  pp.;  2»  hicordo  del 
primo  centenario  di  Spontini,  .lesi,  in-8.  Il  faut  citer 
aussi  une  1  ublication  allemanile  faite  sur  ce  grand  ar- 
tiste :  Spontini  in  Dcustchland,  etc.  (Spontini  en  Alle- 
magne, ou  Appréciation  impartiale  de  ses  procédés 
pendant  tes  dix  dernières  années  de  son  séjour  en  ce 
pai/s),  Leipzisr,  Sieinacker  et  Harlknoch,  I83O,  in-8°.  La 
veuve  de  Spontini,  qui  était  la  fille  de  Séb.islien  Erard  et 
la  sœur  de  l'Ierre  Érard,  est  morte  à  Passy  (l'aris),  le  30 
septembre  1878.  —  \.P. 


538 


SPONTONE  —  SQUARCIALUPl 


blil  (l'une  façon  très-probable  M.  Gaspari  dans 
ses  Memorie  risguurdanti  la  sloria  delV  arte 
nmsicnle  in  Bologna  ni  XVI  sexolo,  il  retourna 
dans  sa  ville  natale  après  avoir  terminé  son 
éducation  à  Rome,  et  commença  modestement 
sa  carrière  en  entrant  comme  chantre  à  la  l)a- 
siiique  de  San-Petronio,  en  1551.  U  abandonna 
cet  emploi  l'année  suivante,  et  ce  n'est  que 
vingt-cinq  ans  plus  tard,  en  1577,  qu'il  rentra 
dans  cette  église  en  qualité  de  maître  de  cha- 
pelle, avec  un  traitement  de  vingt  lires  par  mois. 
Ce  traitement  était  mince,  mais  le  chapitre  était 
si  satisfait  des  services  de  Spontone,  qu'il  l'aug- 
mentait  spontanément  par  des  gratifications  et 
des  libéralités  qui  n'étaient  pas  habituelles.  Tou- 
tefois, et  en  raison  du  mauvais  élal  de  sa  santé, 
Spontone  ne  conserva  ces  fonctions  que  pen- 
dant six  ans,  jusqu'au  mois  de  juin  1533;  on 
le  retrouve  en  1588  à  Vérone,  où  il  occupe  celles 
de  maître  de  musique  de  la  cathédrale.  On  ignore 
l'époque  de  la  mort  de  ce  grand  artiste. 

Voici  la  liste  des  œuvi-es  de  Bartolomeo  Spon- 
tone :  1°  il  Primo  libro  di  mndngali  a  4  voci , 
Venise,  Scoto,  1558  ;  2'  il  Seconda  libro  de ma- 
drigali  aàvoci,con  tina  canzone,  Venise,  Gar- 
dano,  1567;3°  Libro  (erzo  de  madrigali  a  i> 
voci,  Venise,  Gardano,  158:i;  4"  Missarum 
quinis,  senis  et  octonis  vocibus,  liber  priinus, 
Venise,  1588.  On  trouve  aussi  des  compositions 
de  cet  artiste  dans  les  recueils  suivants,  qui  doi- 
vent être  ajoutés  à  ceu\  qui  ont  été  signalés  dans 
la  Biographie  iiniverselle  des  Musiciens  : 
1°  Di  Cipriano  de  Rorc  il  quinto  libro  di 
madrigali  a  5  voci,  insieme  alcuni  de  dii^ersi, 
Venise,  Gardano,  1568;  — 2°  i  Dolci  Frutii 
primo  libro  de  vnghi  et  diletteooli  madrigali 
di  diversi  ecceUentissimi  auftori ,  Venise, 
Scolto,  1570;  —  3°  Mnsica  di  XIII  autori  il- 
lustri,  a  5  voci,  Venise,  Gardano,  1576;  —4°  il 
Primo  Flore  délia  Ghirlandn  musicale,  n  5 
Toci...  di  diversi  ecceUentissimi  musici,  Ve- 
nise, Scotto,  1577;  —  5"  il  Lauro  secco,  libro 
primo  di  madrigali  a  5  voci  di  diversi  au- 
tori,  Ferrare,  Baldini,  1582;  —  6°  il  Gatidio, 
primo  libro  de  madrigali  de  diversi  eccelleu- 
tissi7niviusici,a^  ?ocJ,  Venise,  Scotto,  1586; — 
7°  Spoglia  amorosa ,  viadrigali  a  5  voci  de 
diversi  ecceUentissimi  musici,  Venise,  Gar- 
dano, 1592. 

Bartolomeo  Spontone  eut  un  frère,  Ales- 
sandro  Spontone,  qui  fut  son  élève  et  qui  devint 
un  musicien  pratique  hahili'.  On  ne  dit  pas  qu'il 
se  soit  livré  à  la  composition. 

SPOUCK  (I-e  comte  RrnoLi'HE),  compositeur 
alleman  1  contemporain,  est  l'auteur  d'un  opéra 
romantique,  das  Mixenm^'de/ien    [l'Ondine) , 


qui  a  été  représenté  avec  succès    au    Landes- 
théâtre  de  Prague,  au  mois  de  février  1877. 

*  wSI»OLimi(Vi;NCESLAs).  — Cet  artiste,  qui 
prenait  siur  ses  compositions  le  titre  de  «  com- 
positeur de  S.  A.  ^W  le  prince  de  Carignan  », 
a  publié  les  œuvres  suivantes  :  6  Sonates  en 
duo  pour  deux  violoncelles;  Sonates  pour  le 
violoncelle,  op,  'i,  12,  13  et  14  (Paris,  Leclerc). 
.Te  ne  connais  pas   ses  autres  productions. 

*S(J>LAKCIALL1»I  ou  SCHÎ^^AKCIA- 
LUPI  (Antoine).  — M.  Fétis,  dans  sa  Biogra- 
phie universelle  (2""  édition),  assure  que  ce  musi- 
cien célèbre  était  organiste  au  service  de  Laurent 
lie  Médicis,  dit  il  Magni/ico-  cette  asseition 
n'est  pas  exacte,  puisque  Squarciahipi,  issu  de 
famille  noble  ayant  juridiction  féodale  sur  plu- 
sieurs cliâteau\  du  Val-d'Elsa,  n'était  jtas  par 
conséquent  aux  gages  d'un  Médicis,  mais  comj)- 
tait  au  nombre  des  amis  personnels  de  ce  der- 
nier, dont  il  soutint  la  fiimille  au  milieu  des 
troubles  qui  désolèrent  à  cette  époque  la  répu- 
blique florentine.  Du  reste,  cette  rectification  a 
peu  d'importance  ,  mais  nous  fournit  l'occasion 
de  consigner  ici  les  noms  de  quelques  anciens 
maîtres  auxquels  nous  ne  saurions  assigner  une 
place  mieux  appropriée  dans  le  cours  de  cet  ou- 
vrage. 

Le  manuscrit  ayant  appartenu  à  Squarcialupi, 
et  dont  parle  M.  Fétis  ,  existe  à  la  bibliothèque 
Latirenziana  de  ¥\ovence  (c.lxxxvii);  il  ren- 
ferme des  compositions  de  plusieurs  anciens 
maîtres  dont  les  noms  suivent  :  Giovanni  da 
Cascia  da  Firenze,  Vincenzo  abale  Riminese, 
Lorenzo  da  Firenze,  Xiccolo  Preposto  Peru- 
gino,  Fr.  Bartolino  da  Padova,  Francesco 
Cicco  (Landino)  da  Firenze,  Frate  Egidio  e 
Frate  Guglielmo,  Agostiniani  Francesi  Zac- 
caria,  cantore  Pontificio,  Andréa  da  Firenze. 
organista.  Il  y  a,  en  outre,  dans  le  même  ma- 
nuscrit, les  titres  de  deux  autres  chansons  de 
Paolo  abate,  et  de  Messer  Giovanni  da  Fi- 
renze, organista,  dont  cependant  la  musique 
n'a  pas  été  notée. 

Le  savant  chanoine  Bandini  affirme,  dans  son 
catalogue  illustré  de  la  bibliothèque  Lauren- 
ziana,  que  tous  ces  musiciens,  sauf  Landino, 
sont  entièrement  inconnus.  Nous  croyons  que 
Bandini  était  dans  le  vrai  en  émettint  cette 
assertion  :  en  effet,  toutes  nos  recherches  pour 
trouver  quelques  renseignements  sur  leur 
compte  ne  nous  ont  fourni  que  la  date,  d'ailleurs 
incertaine,  de  la  mort  de  Giovanni  da  Firenze 
{Voy.  ce  nom).  Ce  qui  nous  semble  pouvoir  être 
assuré,  c'est  qu'ils  ont  dû  fleurir  du  quatorzième 
siècle  à  la  moitié  du  quinzième,  et  qu'ils  ont  dû 
jouir  d'une  belle  réputation  à  leur  époque,  en  se 


SQUARCIALUPI  —  STAHL 


539 


basant  sur  ce  fait  qu'un  musicien  distingué  comme 
Squaicialupi  s'était  donné  la  peine  de  recueillir 
leurs  coinposilions,  et  de  les  faire  copier  sur 
un  livre  magnifique  de  parchemin,  enluminé 
et  enrichi  des  portraits  de  tous  ces  maîtres 
placés  en  téie  de  leurs  compositions  respectives. 

L.-F.  G. 
SREZI^EWSKI      ou     SREZINKFSKI 

( ),  est  l'auteur  d'un  ouvrage  sur  les  chants 

populaires  des  Zaporogues,^  intitulé  :  Zaporoz- 
kaia  Starina  (Charkow,  1830-1838). 

*  STARILE  (François),  compositeur  ita- 
lien, naquit  à  Polenza  en  1804,  et  lit  ses  étu- 
des musicales  au  Conservatoire  de  Naples,  oîi  il 
fut  l'élève  de  Salini  pour  le  solfège,  d'Elia  pour 
le  piano,  enfin  de  Furno  et  de  Zingarelli  pour 
l'harmonie,  le  contre-point  et  la  composition. 
Après  avoir  écrit,  pour  le  petit  théâtre  du  Con- 
servatoire, une  opérette  comique  intitulée  lo 
Sposo  al  lotlo  (1826),  il  quitta  cet  établissement 
en  1828  et  se  livra  à  l'enseignement  du  chant  et 
du  piano.  En  183G,  il  faisait  représenter  au  théâ- 
tre San-Carlo  un  opéra  sérieux,  l'almiia,  qui 
péchait  par  l'invention  mélodique,  mais  qui  ce- 
pendant fut  assez  bien  accueilli.  Un  peu  plus 
lard,  il  retourna  à  Potenza,  sa  ville  natale,  où 
il  mourut  en  1856.  On  connaît  de  cet  artiste, 
resté  obscur,  une  messe  et  quelques  autres  com- 
positions religieuses. 

STACCHINI  ( ),  compositeur  italien, 

est  l'auteur  de  la  musique  d'un  hymne  en  l'hon- 
neur de  Spontini,  qui  fut  exécuté  en  1875  à  Ma- 
jolafi,  lors  des  fêtes  célébrées  à  l'occasion  flu 
centenaire  du  grand  artiste. 

STAES  (Guill.\ume),  organiste  et  claveci- 
niste belge  fort  distingué,  fut  nommé,  vers 
1750,  organiste  de  la  chapelle  royale  de  Bruxel- 
les. On  suppose  que  c'est  en  1780  que  son 
fils,  dont  il  fut  le  maître,  lui  succéda  dans  cet 
emploi,  et  cette  époque  fut  peut-être  celle  de 
sa  mort.  On  ne  parait  connaître  aucune  com- 
position de  cet  artiste,  dont  le  talent  était  des 
plus  remarquables. 

*  STAES  (Ferdinand-Philippe-Joseph),  or- 
ganiste et  claveciniste,  fils  du  précédent,  fut 
aussi  son  élève,  et,  comme  on  vient  de  le  voir, 
lui  succéda  dans  les  fonctions  d'organiste  de  la 
chapelle  royale  de  Bruxelles.  A  la  liste  de  ses 
œuvres,  il  faut  ajouter  un  cinquième  livre  de  3 
Sonates  pour  clavecin  ou  piano,  avec  violon  et 
violoncelle  (Bruxelles,  Vanypen),  et  un  recueil 
intitulé  Idées  de  campagne  pour  clavecin  ou 
piano,  avec  accompagnement  d'un  violon,  vio- 
loncelle et  2  cors,  op.  7  (id.,  id.). 

*  STAFFA  (Le  baron  Joseph),  dilettante 
napolitain,  avait  fait  de  bonnes  études  musicale.s 


d'abord  avec  Francesco  Ruggi,  puis  avec  Gia- 
como  Tritto.  Possesseur  d'une  fortune  qui  lui 
assurait  l'indépendance,  il  ne  cultiva  l'art  qu'en 
amateur,  mais  en  amateur  pratiquant  et  actif, 
comme  compositeur  d'abord,  ensuite  comme 
l)rofesseur.  Il  se  livra  fort  jeune  à  la  composi- 
tion dramatique,  et  fit  représenter  les  ouvrages 
suivants  :  1"  Priamo  alla  tenda  di  Achille, 
Naples,  théâtre  San-Carlo,  19  novendjre  1828; 
V  Francesca  da  Rimini,  id.,id.,  12  mars  1831  ; 
3"  un  Malrimonioper  ragione,  2  actes,  Naples, 
théâtre  du  Fondo,  1835;  4°  la  Batlaglia  di 
A'flyomno,  Naples,  théâtre  San-Carlo,  25  février 
1837;  5°  la  Zingara,  Naples,  théâtre  Nuovo, 
1845;  6"  ii  M erciaiuolo  ambulante,  id.,  id., 
1846;  1°  Alcesle,  Naples,  théâtre  San-Carlo, 
1851.  L'insuccès  obtenu  par  ce  dernier  ouvrage 
décida  l'auteur  à  ne  plus  aborder  la  scène.  On 
lui  doit  encore  une  messe  pour  orchestre  et 
chœurs,  qui,  exécutée  au  mois  de  novembre 
1859  dans  l'église  de  Santa-Maria  la  Nttova. 
fut  accueillie  défavorablement  et  lui  enleva  de 
même  le  désir  <ie  s'occuper  davantage  de  musi- 
que religieuse.  Depuis  lors  il  n'écrivit  plus,  dans 
quelque  genre  que  ce  fût. 

Fort  instruit  dans  son  art,  connaissant  toutes 
les  œuvres  classiques  allemandes,  ami  sincère 
du  progrès  sans  vouloir  franchir  les  bornes  que 
lui  assigne  le  sens  commun  musical,  très-épris 
des  grandes  compositions  de  Meyerbeer  et  de 
celles  de  son  compatriote  Verdi,  le  baron  Staffa, 
doué  de  grandes  facultés  d'assimilation,  ne  pos- 
sédait pas  le  génie  de  l'invention.  Quoiqu'il  fût, 
dit-on,  un  théoricien  fort  distingué,  il  ne  fut 
jamais  qu'un  médiocre  compositeur,  et  ne  put 
obtenir  de  succès  véritables.  Après  avoir  aban- 
donné la  carrière  en  tant  que  créateur,  il  prodi- 
gua ses  leçons  et  ses  conseils  aux  jeunes  artistes 
qui  venaient  les  lui  demander,  et  sut  se  rendre 
uiile  en  ouvrant  la  voie  à  ceux  qui  venaient 
après  lui.  Il  aimait  d'ailleurs  l'art  avec  une  véri- 
table passion,  et  le  cultiva  toujours  avec  amour. 
Il  a  publié  un  Traité  d'harmonie  ainsi  qu'un 
Traité  de  composition,  et  a  fondé  à  Naples  un 
journal  intitulé  la  Musica,  qui,  je  crois,  n'a  eu 
qu'une  courte  existence.  Pendant  plusieurs 
années,  Slaffa  dirigea  l'orchestre  du  théâtre  du 
Fondo  et  du  théâtre  Nuovo.  Cet  homme  distin- 
gué, qui  était  né  à  Naples  au  mois  de  décembre 
1807,  mourut  en  cette  ville  le  18  mai  1877, 
dans  sa  soixante-dixième  année.  Il  était  membre 
et  avait  été  président  de  la  section  musicale  de 
l'Académie  des  sciences,  lettres  et  arts  de  Na- 
ples. 

STAHL  (Nicolas),  un  des  meilleurs  facteurs 
de  pianos  de  Varsovie,  mourut  en  1850.  Ses 


540 


STAHL  —  SÏARR 


instruments  étaient  très-appréciés  en  Pologne,  à 
cause  de  leur  solidité. 

STAIi>iKU(JoiiN},  docteur  en  musique,  théo- 
ricien et  écrivain  musical  auf^lais,  s'est  fait  con- 
naître par  un  assez  grand  nombre  de  publications 
parmi  lesquelles  je  signalerai  les  suivantes  :  1  "  (he 
Music  of  (he  Bible  [la  Musique  de  la  Bible, 
avec  un  aperçu  du  développement  des  instru- 
ments de  musique  moderne,  depuis  les  anciens 
lypesjusqu'ànosjours),in-8";2''i4  Dictionaryof 
musical  tenns  {Dictionnaire  des  termes  de 
musique),  en  société  avec  M.  W.   A.  Barrett, 
Londres,  Novello,  in-S";  A  Treatise  on    har- 
mony  {Traité  d'harmonie  et  classification  des 
accords,  avec  questions  et  exercices   à  l'usage 
des  élèves),  Londres,  Novello,  ouvrage  dont  il 
a  été  fait  quatre  éditions  ;  4  "  Christmas  Carols 
(Chants  de  Aoël,  vieux  et  nouveaux),  paroles 
éditées   par  le  Rév.  Henry  Ramsden  Bramley» 
musique  éditée  par  John  Stainer,  id.,  id.;  5"  the 
School  round  book  {Livre  de  rondes  enfan- 
tines), collection  de  100  rondes,  catches  et  ca- 
nons, paroles  éditées  par  le  Rév.  J.  Povvell  Met- 
calfe,  musique  éditée  par  John  Stainer,  id.,  id. 
M.  Stainer  a  donné  aussi  une  nouvelle  édition, 
avec  additions,  du  Manuel  de  chant  de  Richard 
Mann.  Comme  compositeur,  on  doit,  entre  autres 
productions,  à  M.  Stainer  une  cantate  intitulée 
the  Dangter  ofjairus,  Magnificat  et  un  Nune 
dimittis,  et  un  certain  nombre  de  songs  ou  mé- 
lodies vocales. 

STAirVLEirV  -  SAALEIIVSTEI3f  (Le 
comte  Lol'is-Charles-Georges-Cokneili.e  DE), 
amateur  distingué  de  musique  et  compositeur, na- 
quit en  Flongrie  le  3  juillet  1819,  et  mourut  à 
Angleur-lez-Liége  le  22  novembre  1867.  Fils  d'un 
diplomate,  les  services  qu'il  rendit  dans  la  car- 
rière militaire  ne  l'avaient  pas  empêché  de  se 
livrer  avec  ardeur  à  l'étude  de  la  musique.  Il 
acquit  d'abord  sur  le  violoncelle  un  talent  re- 
manjuable  de  virtuosité  et  d'expression,  puis  se 
consacra  à  la  composition,  et  sous  ce  rapport 
obtint  en  Allemagne  de  vifs  succès.  Le  comte 
de  Stainlein  vint  en  1.S57  à  Paris,  et  y  donna, 
en  compagnie  de  MM.  Sivori,  Casimir  Ney,  Van 
Gelder  et  Ernst  Luheck,  quatre  séances  de  mu- 
sique de  chambre  dans  lesquelles  il  lit  apprécier 
son  habileté  comme  exécutant,  tout  en  faisant 
connaître  plusieurs  œuvres  importantes  de  sa 
composition  ••  deux  quatuors  pour  instruments 
à  cordes  (en  sol  mineur  et  en  ut  majeur),  un 
trio  pour  piano ,  violon  et  violoncelle,  et  une 
sonate  pour  violoncelle  et  piano.  Cet  homme 
distingué  se  fixa  pbis  tard  en  Belgique,  où  il 
épousa  une  dame  Nagelmackers,  de  Liège. 
STALDER    (DoMiNiQUE-XwiEu),   musicien 


du    dix-huitième    siècle,  naquit  à  |Lucerne  en 
1725,  et  montra  dès  sa  jeunesse  de  telles  dis- 
po.sitions   pour   la    musique    qu'il    fut  envoyé 
en  Italie,  aux  frais  de   la  municipalité  de    sa 
ville  natale,  pour  y  faire  ses  études.  S'étant  fixé 
plus  tard  à   Londres,   il  s'y  vit  très- recherché 
comme  professeur   et  y  amassa  une  petite  for- 
tune, après  quoi  il  (juitta  l'Angleterre  pour  rem- 
plir   les    fonctions   de  maître  de   chapelle   du 
prince  de  Monaco,  et  accepter  ensuite  un  em- 
ploi chez  le  prince  de  Condé.  Ce  fut  alors  qu'il 
donna  à  Paris  des  concerts  qui  furent  très-suivis. 
Cependant  il   retourna   dans  sa   patrie,  devint 
pendant  quelque  temps  rector  chori   à  Herr- 
gottswaldt,  puis  organiste  à  Lucerne,  et,  jeune 
encore,   mourut  en  cette  ville  en  1765.  Deux 
motets  manuscrits  de  cet  artiste  figurent  dans 
les  archives  des  couvents  d'Engelberg  et  d'Ein- 
siedeln,  un  In  exitu  Israël  et  un  In  te  Domine 
speravi.  Il  a  publié  à  Paris  :   T  Sei  Sinfonie 
a  due  violini,  alto-viola  e  basso;  T  Sei  Trio 
a  due  violini  e  basso;  3"  Sei  Sinfonie  a  quat- 
tro  parte,  con  corni. 

*  STAMATY  (Camille-Marie),  est  mort  à 
Paris  le  19  avril  1870.  Cet  artiste  distingué 
avait  été  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur le  16  août  1862. 

STA]\rOIlD  (Charles  Villiers),  composi- 
teur anglais,  ne  m'est  connu  que  par  deux  pro- 
ductions importantes,  exécutées  à  Londres  en 
ces  dernières  années.  Lune  est  un  trio  en  sol 
majeur  pour  piano,  violon  et  violoncelle;  l'autre, 
une  symphonie  à  grand  orchestre  qui  a  obtenu 
le  second  prix  dans  le  concours  de  l'Alexandra 
Palace,  en  1876,  'et  dont  l'exécution  a  eu  lieu 
trois  ans  plus  tard  au  Crystal  Palace.  Sans  s'im- 
poser par  leur  originalité,  ces  deux  compositions 
sont,  dit-on,  fort  estimables,  et  dénotent  un  ar- 
tiste instruit  et  expérimenté. 

STAISISTREET  (Henri-Dawson),  pianiste, 
organiste  et  compositeur  anglais  contemporain, 
a  fait  ses  études  à  la  maîtrise  de  l'église  cathé- 
drale d'York,  et  s'est  fait  ensuite  recevoir  ba- 
chelier, puis  docteur  en  musique.  Il  est  aujour- 
d'hui organiste  de  l'église  paroissiale  de  Bandon, 
dans  le  comté  de  Cork.  On  connaît  plusieurs 
compositions  importantes  de  cet  artiste,  entre 
autres    les  psaumes  16  et  69. 

STAIIK  (IkiMi'iiRV-JoiiiN),  pianiste,  organiste 
et  compositeur  anglais  contemporain  ,  membre 
du  collège  des  organistes,  s'est  fait  recevoir 
licencié  en  musique  en  1874,  et  l'année  suivante 
a  obtenu  le  grade  de  bachelier  en  musique  à 
riTniversifé  d'Oxford.  Aujourd'hui  professeur 
d'harmonie  pour  la  classe  des  femmes  au  Tri- 
nity- Collège  de  Londres,  il  remplit  aussi  les 


SïARK  —  STAUDIGL 


541 


fonctions  d'organiste  et  de  chef  de  chœurs  à 
l'église  de  la  Trinité.  M.  Stark  est  l'auteur  de 
diverses  compositions  religieuses  :  Service  du 
soir  en  ré,  avec  orchestre-,  Fraise  the  Lord 
{Gloire  au  Seigneur),  antienne;  motets,  mor- 
ceaux pour  orgue,  etc. 

STAllK  (Lidwig),  musicien  allemand  con- 
temporain, professeur  au  Conservatoire  de  Slutt- 
gard,  est  l'auteur,  en  société  avec  un  autre 
professeur  au  même  établissement,  M.  Sigismond 
Lébert,  d'une  grande  méthode  de  piano,  dont 
une  traduction  française,  due  à  M.  Victor 
Wilder,  a  été  publiée  à  Bruxelles,  chez  l'édi- 
teur M.  Schott,  sous  ce  litre  :  École  du  pia- 
niste, offrant  un  enseignement  systématique 
et  gradué,  depuis  les  notions  les  plus  élé- 
mentaires jusqu'au  i  études  les  plus  élevées. 
On  connaît  aussi  de  M.  Ludwig  Stark  plusieurs 
compositions,  entre  autres  un  quatuor  pour  ins- 
truments à  cordes,  ainsi  qu'un  ouvrage  intitulé 
Neue  phdharmonischc  Bibliothfk. 

STAIIRE  (JoHANiNF.s) ,  compositeur  alle- 
mand, est  l'auteur  d'un  opéra-comique  en  3  actes, 
die  Fremden  {les  Étrangers),  qm  a  été  repré- 
senté à  Mannheim  le  1*""  mai  1877. 

STAS!>Y  ( ),  musicien  allemand,  a  fait 

représenter  à  Majence,  au  mois  d'avril   1879, 
un  opéra  intitulé  les  Deux  Orfèvres. 

STAL'DIGL  (Joseph),  l'un  des  plus  célèbres 
chanteurs  allemands  de  ce  siècle,  naquit  à  Wol- 
lersdorf,  dans  la  basse  Autriche,  le  14  avril  1807. 
Son  père  était  chasseur  dans  ce  petit  village, 
et  l'enfant  était  destiné  à  devenir  maître  d'école. 
Un  instituteur  du  voi.sinage  lui  apprit,  dès  l'âge 
de  sept  ans,  à  chanter  et  à  jouer  du  violon,  et 
le  1^"'  novembre  1816  11  fut  admis  comme  en- 
fant de  chœur  à  Wiener-Neustadt;  il  y  fit  de 
si  grands  progrès  sous  la  direction  du  chef  de 
«hfpurs  de  l'endroit,  Antoine  Herzog,  qu'il  de- 
vint soliste.  Il  commença  l'élude  du  latin  ,  et 
apprit  en  même  temps  à  dessiner,  ne  pouvant 
faire  de  progrès  sur  le  violon.  L'architecte  Koch, 
à  Wiener-Neustadt ,  à  qui  l'on  avait  fait  re- 
marquer son  habileté  pour  le  dessin,  songeait 
à  le  prendre  pour  élève,  l'enfant  étant  obligé  de 
quitter  sa  place  à  cause  de  la  mue  de  sa  voix; 
mais  les  parents  du  jeune  Staudigl  ne  furent 
pas  de  cet  avis,  et  comme  leurs  modiques  res- 
sources ne  leur  permettaient  pas  de  lui  faire 
faire  ses  études  |)hilosophiques,  ils  exigèrent  de 
nouveau  de  leur  (ils  qu'il  travaillât  pour  devenir 
maître  d'école. 

A  cette  époque,  le  jeune  homme  reçut  d'un  de 
ses  anciens  maîtres,  prêtre  à  l'abbaye  de 
Zwettel,  une  lettre  lui  annonçant  qu'il  s'était 
chargé  detoutpourlui  à  Krems,  et  qu'il  y  pourrait 


continuer  ses  études  sans  soucis.  Il  se  rendit 
donc  à  Krems  le  2  novembre  1823,  se  perfec- 
tionna dans  l'étude  du  dessin,  et,  à  Pâques  de 
l'année  suivante,  se  voyant  de  nouveau  dé- 
pourvu des  moyens  nécessaires  pour  continuer 
son  éducation,  entra  comme  novice  à  l'abbaye 
de  Molk  ,  dépendant  de  l'ordre  de  Saint-Benoît. 
Le  1"  novembre  suivant,  il  reçut  l'habit  de 
l'ordre,  prit  un  peu  plus  tard  la  direction  de 
l'école  de  dessin  de  l'abbaye,  puis  recommença 
à  s'occuper  de  l'étude  du  chant  avec  ardeur. 
Cependant,  ne  se  sentant  aucun  goftt  pour 
l'état  ecclésiastique,  il  quitta  l'ordre  le  13  sep- 
tembre 1827,  et  s'en  fut  droit  à  Vienne.  Dénué 
de  toute  ressource,  il  chercha  d'abord  à  se  faire 
recevoir  comme  chanteur  à  la  chapelle  de  la 
cour,  ce  qu'il  ne  put  obtenir, 'sa  voix,  lui  di- 
sait-on, n'élant  pas  as.sez  exercée.  A  cette 
époque;,  le  comte  de  Gallemberg  recrutait  des 
artistes  pour  le  Ihéàtre  de  l'Opéra  de  la  cour, 
et  Staudigl  fut  engagé  comme  choriste  à  ce 
théâtre  le  1"  septembre  1828.  Dans  l'impossi- 
bilité de  se  créer  les  moyens  nécessaires  pour 
étudier  la  médecine,  comme  il  l'avait  désiré, 
il  s'appliqua  à  perfectionner  sa  belle  voix  de 
basse.  Mais  il  eut  à  lutter  pendant  longtemps 
avant  de  voir  s'améliorer  la  situation  subalterne 
qu'il  occupait  au  théâtre.  Un  jour  pourtant, 
une  circonstance  imprévue  vint  le  mettre  à 
même  de  se  produire  avec  avantage  :  l'artiste 
qui  jouait  le  rôle  de  Pietro  dans  la  Muette  de 
Portici  étant  tombé  subitement  malade  (17  oc- 
tobre 1830),  Staudigl  fut  chargé  de  le  remplacer, 
et  le  bonheur  avec  lequel  il  accomplit  son  début 
fixa  enfin  son  sort.  Il  fut  engagé  pour  cinq 
ans,  avec  de  meilleurs  appointements. 

A  partir  de  ce  moment,  Staudigl  travailla  le 
chant  avec  une  nouvelle  énergie,  se  mit  sous 
la  direction  du  célèbre  Cicimara,  qui  lui  apprit 
les  rôles  de  .son  répertoire,  et,  devenu  l'un  des 
favoris  du  public,  ne  cessa,  jusqu'à  l'année  1845, 
d'obtenir  les  plus  vifs  succès  au  théâtre  de  la 
cour.  En  1841,  il  alla  se  faire  entendre  à  Lon- 
dres, enthousiasma  les  Anglais,  et  lorsqu'en  1843 
il  retourna  en  cette  ville  et  y  chanta  en  anglais, 
la  joie  du  public  ne  connut  plus  de  bornes. 
Lumley,  directeur  de  l'opéra  italien ,  l'engagea 
pour  la  saison  de  1846,  et  son  succès  ne  fut 
pas  moins  grand. 

Au  mois  d'avril  1845,  Staudigl  avait  quitté  le 
théâtre  de  la  cour,  pour  passer,  en  qualité  de 
premier  régisseur,  au  théâtre  de  la  Wien,  ofi 
le  directeur  Pokar  avait  établi  une  troupe  lyrique 
pour  faire  concurrence  à  l'Opéra  impérial.  Stau- 
digl chanta  à  ce  théâtre  avec  Jenny  Lind,  qui 
se  faisait  entendre  à  Vienne  pour  la  première 


542 


STAUDIGL  —  STEFAN  I 


fois,  et  avec  plusieurs  autres  artistes  remar- 
quables, tandis  que  Meyerbeer,  Balle  et  Lorlzing 
y  (iirif^eaicnt  eu  personne  l'exéciitioa  de  leurs 
œuvres.  C'étaient  là  des  soirées  brillantes  et  vé- 
ritablement artistiques. 

En  1848,  Staudif^l  retourna  au  théâtre  de  la 
cour,  mais  en  1854  il  en  lut  congédié  par 
M.  Cornet,  directeur,  pour  une  raison  injuste,  et 
le  chagrin  qu'il  ressentit  de  ce  fait  fut  la  pre- 
mière cause  d'une  maladie  mentale  qui  se  dé- 
clara bienlôt  chez  Staudigl,  et  prit  bientôt  de 
tels  développements  qu'en  1856  il  fallut  trans- 
porter ,1e  pauvre  artiste  dans  une  maison  de 
fous,  à  Diehliiig,  près  de  Vienne.  11  ne  quitta 
plus  cet  élabli^sement,  où  il  mourut ,  complè- 
tement fou,  le  28  mars   1861. 

Staudigl  avait  des  aptitudes  universelles. 
Exécutant  fort  habile  sur  l'orgue  et  sur  le  piano, 
chanteur  de  premier  ordre,  dessinateur  remar- 
quable, il  avait  aussi  du  talent  comme  peintre, 
composait  de  jolis  lieder,  et  s'exerça  avec  bon- 
heur dans  la  photographie  ;  enfin ,  il  apprit, 
sur  la  (in  de  sa  vie,  l'anglais  de  façon  à  le 
parler  avec  élégance,  et  jouait  Uès-bieu  aux 
échecs,  ainsi  qu'au  billard.  C'était  un  homme 
aimable,  rempli  de  cœur,  et  des  plus  distingués. 
La  ville  de  Vienne  lui  conféra  le  droit  de  bour- 
geoisie et  sa  grande  médaille  d'or,  le  plus  grand 
honneur  qu'elle  puisse  accorder. 

Staudigl  fut  assurément  l'un  des  plus  grands 
chanteurs  de  ce  siècle.  Sa  voix  de  basse  spleii- 
dide  avait  une  étendue  de  près  de  trois  oc- 
taves, l'égalité  en  était  parfaite  dans  tous  les 
registres ,  l'intonation  d'une  justesse  incompa- 
rable, eniin  l'étoffe  eu  était  à  la  fois  métallique 
et  veloutée,  de  façon  à  produire  les  effets  les 
plus  merveilleux.  Quant  à  l'habileté  du  chan- 
teur, elle  n'avait  point  d'égale  :  son  goût  était 
parfait,  son  sentiment  dramatique  très-inlen<e, 
son  phrasé  ma<;ni(ique,  enlin  sa  respiration  était 
longue  et  habile,  et  il  battait  le  trille  avec  une 
précision,  une  justesse  et  une  perfection  éton- 
nantes. Parmi  les  nombreux  ouvrages  qui  com- 
posaient le  répertoire  de  Slaudigl,  il  faut  sur- 
tout citer  la  Fldlc  oicluiiiléc,  r Enlèvement 
au  sérail,  freischutz.  Don  Juan,  Moïse,  les 
Noces  de  Figaro,  Hobert  le  Diable,  les  Hu- 
guenots, la  Juive,  Martlia,  etc.  11  chantait 
aussi  avec  une  grûce  surprenante  les  ouvrages 
légers  d'Auber  et  de  Boieldieu.  Il  ne  brillait  pas 
moins  comme  chanteur  d'oratorio  et  d'église 
(il  fut  reçu  à  la  cha|)elle  de  la  cour  en  1831), 
et  la  simplicité  sublime,  pieuse,  qu'il  déployait 
dans  les  oratorios  de  Ha^ndel  et  ih;  Haydn,  dans 
l'exécution  des  messes,  était  incompaiable. 
Enfin,   comme  chanteur  de  lieder,  il  atteignait 


la  perfection  idéale,  et  touchait  ses  auditeurs 
jusqu'aux  larines. 

Apiès  la  mort  de  Staudigl,  on  plaça  sur  la 
maison  où  il  était  né,  à  Wollersdorf,  une  plaque 
commémorative ,  et  on  lui  éleva  a  Vienne  un 
monument  magnifique,  qui  fut  solennellement 
inauguré  en  présence  d'une  foule  d'artistes. 

Le  fils  cadet  de  ce  grand  artiste,  M.  Joseph 
Staudigl,  né  vers  1850,  a  embrassé  la  carrière 
paternelle.  Doué  d'une  belle  voix  de  baryton,  il  a 
fait  ses  études  au  Conservatoire  de  Vienne,  et 
il  est  engagé  en  ce  moment  (1879)  au  théâtre 
de  la  cour,    à   Carlsruhe. 

J.  B. 

STAUFFER  (Théodore),  musicien  suisse, 
occupait  les  fonctions  de  chef  d'orchestre  à  Cons- 
tance lorsqu'il  fit  représenter  sur  le  théâtre  de 
Lucerne,  ,dans  le  cours  de  l'année  1869,  une 
opérette  intitulée  les  Touristes.  Plus  tard,  le 
même  artiste  écrivit  les  paroles  et  la  musique 
d'un  opéra-comique  en  deux  actes,  Anyéla  ou 
la  Vision,  qui  fut  joué  avec  succès  à  Zurich, 
au  mois  de  décembre  1875. 

STECHER  (Hermann),  musicien  allemand, 
est  né  à  Gazen,  près  de  Pegau,  le  6  février  1835. 
Dès  l'âge  de  dix  ans  il  jouait  déjà  de  l'orgue,  et 
à  douze  ans,  sans  avoir  encore  reçu  aucune  ins- 
truction théorique,  il  écrivait  de  petites  compo- 
sitions. Plus  tard,  il  étudia  le  violon.  De  1850 
à  1854  il  était  au  séminaire  de  Grimma.  Depuis 
1868,  il  est  professeur  de  musique  au  séminaire 
royal  d'Annaberg.  Cet  artiste  a  publié  une  cin- 
quantaine d'œuvres  de  divers  genres,  soit  pour 
l'orgue,  soit  pour  le  violon. 

STEElXHLiIS  ITjerko),  organiste  et  com- 
positeur néerlandais,  né  à  Appingedam  en  1840, 
a  fait  ses  études  musicales  au  Conservaloire  de 
Leipzig,  où  il  eut  pourmaîtres  Moschelcs,  MiM.  E. 
Richtpr  et  Cari  Reinecke.  II  devint  ensuite,  à 
son  retour  dans  sa  patrie,  organiste  de  la  nou- 
velle église  de  Groningue.  Comme  compositeur, 
on  lui  doit,  entre  autres  productions  :  Varia- 
tions symphoniqiies,  pour  piano;  Bloemen,  12 
chants  d'enfants  à  3  voix;  2  lieder  pour  ba- 
ryton ;  Allegro  de  concert,  pour  piano  et  vio- 
lon ;  Nocturne,  Scherzo,  et  divers  autres  mor- 
ceaux de  piano. 

*STEFAI>II  (Jean),  violoniste  et  composi- 
teur, mourut  non  en  1819,  comme  il  a  été  dit 
par  suite  d'une  erreur  typographique,  mais  le 
23  février  1829. 

STEFA  I^I  ( I)E),compositeur  italien, 

a  fait  représenter  au  théâtre  Manzoni,  de  Milan, 
le  1  'juillet  1874,  un  opéra  intitulé  Céleste.  Un 
musicien  du  même  nom  a  publié,  dans  la  même 
ville,  un  certain  nombre  de  fantaisies  pour  haut- 


STEFANI  —  SÏEINKIJHLER 


543 


boisavec  accompagnement  de  piano,  écrites  sur 
des  mol  ifs  d'opéras.  Jignoie  si  c'est  le  même. 
STEFFE]\OiAE  (M™''  Bina),  cantatrice  dra- 
matique  distinguée,  née  à  Turin  en   1825,  lit 
son  éducation  inusicsie  à  Bologne,  sous  la  di- 
rection de  Bertinotti,  et  débuta  en  1842  à  Ma- 
cerata,  où  elle  fut  reçue  avec  une  vive  sympa- 
thie. Elle  se  produisit  ensuite  à  Modène,  lloine, 
Lucques,  Turin,  Vicence,  Padoue,  Venise,  Flo- 
rence, et  parlout  se  vit  accueillir  avec  le  plus 
franc  succès.  Sa  bi'lle  voix  de  soprano,  étendue 
et  claire,  comluite  avec  goût  et  aidée  par  un 
rare  sentiment  dranialique,   sa  grande  intelli- 
gence de   la  scène,   en  avaient  fait  rapidement 
une  des  artistes  les  plus  aimées  du  public.  En- 
gagée au  théâtre  italien  de  Londres,  elle  s'y  fit 
surtout  applaudir  dans  Ernani  et  dans  le  Nozze 
di  Figaro,  et,  après  deux  saisons  passées  en 
cette  ville,  elle  partit  pour  l'Ainériiiue,  où  ses 
succès  furent   éclatants.  Elle  se  (il  entendre  à 
la  Havane,  à  New- York,  à  Boston,  à  Fliiladel- 
plùe,  à  Mexico,  puis,  au  bout  de  sept  ans,  elle 
revint  en  Europe  et  se  produisit  avec  autant  de 
bonheur  à  Vienne.  C'est  de  cette  ville  qu'elle 
fut  engagée  au  Théâtre-Italien  de  Paris,  où  elle 
vint  débuter  en   1855,  et  où  elle  resta  l'année 
suivante.  En  1859,  M""  Steffenone   retourne  à 
l'Opéra  impérial  de  Vienne,  en  1860  et  18G1  elle 
fait  deux  nouvelles  saisons  au  théâtre  San-Carlo 
de  Naples,  mais  à   partir  de  1862  elle  semble 
renoncer  à  la  carrière.  A  ce  moment,  en  effet,  on 
perd  complètement  sa  trace,  et  depuis  cette  épo- 
que on  n'en  entend  plus  parler  en  aucime  façon. 

STEGGAL  (Chaules),  pianiste,  organiste 
et  compositeur  anglais  contemporain,  a  accom- 
pli ses  études  musicales  à  l'Académie  royale  de 
musique  de  Londres,  sous  la  direction  de  Slern- 
dale  Bennett.  11  s'est  fait  recevoir  docteur  en 
musique  en  1851,  et  est  devenu,  l'année  sui- 
vante, professeur  d'orgue  et  d'harmonie  à  l'A- 
cadémie royale  de  misiqne;  à  cette  époque,  il 
remplissait  les  fonctions  d'organiste  à  ia  cha- 
pelle du  Christ,  et  depuis  il  a  lempli  le  même 
poste  dans  diverses  églises.  Connue  composi- 
teur, on  doit  à  M.  Steggal  une  Antienne  de  fê- 
te pour  voix  et  orchestre,  une  Cantate  sacrée 
pour  voix  et  orchestre,  le  33*^  Psaume,  des  Ou 
vertures  de  concert,  des  services  pour  l'église, 
des  antiennes,  etc.,  etc. 

STEI.\  (.Jean  Joseph),  artisan  français  ha- 
bile, s'est  fait  connaître  comme  facteur  d'orgues. 
i<  Né  à  Besançon  Ie23  avril  1809(dit  le  Manuel  du 
facteur  d'orgues),  il  travailla  d'abord  dans  l'é- 
bénisterie;  il  entra  ensuite  dans  les  ateliers  de 
facture  d'orgues  en  grand;  et  après  une  longue 
pratique  acquise  dans  cet  art,  comme  ouvrier, 


il  se  livra  à  de  nombreuses  études  et  lit  de 
grandes  recherches  pour  arriver  à  construire  un 
orgue  portatif  et  peu  coûteux, 'qui,  dans  les  églises 
pauvres,  et  surtout  celles  de  campagne,  pût  rem- 
placer un  grand  orgue.  Entin  il  parvint  à  pro- 
duire un  instrument  à  anches  libres,  dont  les 
résultats  attirèrent  l'attention  de  la  Société  d'en- 
couragement pour  l'industrie  nationale,  et  il  en 
obtint  un  rapport  très-honorable,  imprimé  dans 
les  Annales  de  celte  société,  12  mai  1847,  avec 
deux  planibes,  chez  M'""  V^^' Bouchard-Huzard, 
rue  de  l'Éperon,  n"  7.  » 

*STEIl^EI\  ou  plutôt  STAINER  (Jac- 
ques), fameux  luthier  tyrolien.  —  Un  écrivain  et 
philosophe  allemand,  S.  Ruf,  a  consacré  à  cet  ha- 
bile artiste  une  notice  qu'il  a  publiée  sous  ce  ti- 
tre :   le  Fabricant  de  violons  Jacob  S/ainer. 

STEIIVER  ( ),  musicien  suisse   du  dix- 

huilième  siècle,  vivait  à  Winterlbur,  où  il  a  pu- 
blié les  deux  petits  ouvrages  suivants  :  1"  Ver- 
misclile  Lieder  mil  Melodien  aufs  Klavier ; 
2"  Gesànge  mil  Bajleiluug  des  Klaviers. 

STEirMHAIlT  (W ),  compositeur  alle- 
mand, est  l'auteur  d'un  opéra-comique  intitulé 
Héro  et  Léandre,  qui  a  été  représenté  au  mois 
de  mars  1868  sur  le  théâtre  de  Magdebourg.  Cet 
artiste  était  à  celle  époque  mailre  de  chapelle 
du  roi  de  Wurtemberg. 

ST£I]>KUIiLEU  (Emile),  pianiste,  violo- 
niste et  compositeur,  né  à  Dusseldorf  le  12  mai 
1824,  commença  l'étude  de  la  musique  dès  l'âge 
de  quatre  ans,  et  apprit  de  son  père  à  jouer  du 
violon  et  du  piano,  il  avait  dix  ans  seulement 
lorsqu'il  se  fit  entendre  pour  la  première  fois, 
sur  ces  deux  instruments,  au  théâtre  de  Dussel- 
dorf, et  un  peu  plus  lard  dans  les  villes  voi- 
sines. 11  reçut  des  leçons  de  composition  de 
Mendeissohn,  et  il  n'était  encore  âgé  que  de 
seize  ans  lorsqu'il  écrivit  plusieurs  morceaux  de 
|iiano  et  la  musiiiue  d'un  petit  opéra  eu  un  acte, 
die  Alpenhiitle.  L'année  suivante,  il  se  rendit  à 
Frandort,  où  il  compta  bientôt  au  nombre  des 
meilleurs  pianistes,  compléta  en  cette  ville  ses 
études  .sous  la  direction  d'Aloys  Sclimitt,  puis, 
en  1842,  alla  s'établir  à  Lille  comme  professeur. 
Steinkuhler  aurait  sans  doute  terminé  ses  jours 
à  Lille,  si  les  évéïiemenls  politiques  et  militaires 
de  1870  ne  l'avaient  obligé  à  quitlcr  la  France; 
il  alla  fixer  alors  son  .séjour  à  Gand,  mais  il  y 
mourut  au  bout  de  deux  années,  le  2t  novembre 
1872.  Cet  artiste  a  publié,  tant  en  France  qu'en 
Allemagne,  environ  quatre-vingt-dix  composi- 
tions de  divers  genres,  consistant  en  ouvertures 
pour  orchestre,  trios  pour  piano  et  instruments 
à  cordes,  sonates,  études  et  morceaux  de  genre 
pour  le  piano,  romances,  lieder,  etc. 


544 


STEINWAY 


STEi:\^VAY  (Henri  STEI.^VVEG  dit), 
fondateur  et  chef  d'une  des  plus  importantes 
fabriques  de  pianos  de  l'Amériiiue,  naquit  le 
15  février  1797  à  Seesen,  petite  ville  du  duché 
de  Brunswick.  Simple  menuisier,  il  montra  dès 
sa  plus  tendre  jeunesse  un  goût  prononcé  pour 
la  musique  et  surtout  pour  les  instruments,  et 
il  occupait  ses  moments  de  loisir  à  en  construire 
de  diverses  sortes,  guitares,  cithares,  etc.  Son 
penchant  le  («oussa  à  se  mettre  en  apprentissage 
chez  un  facteur  d'orgues  de  Goslar,  et  bientôt 
il  s'établissait  pour  son  propre  compte  et  com- 
mençait à  fabriquer  des  pianos.  Mallieureuse- 
raent  pour  lui,  son  petit  pays  offrait  peu  de  res- 
sources à  son  esprit  entreprenant,  et, lorsque  ar- 
riva 1848,  les  événements  politiques  qui  trou- 
blèrent si  profondément  l'Allemagne  vinrent 
ruiner  son  commerce  encore  peu  Horissant.  11 
porta  alors  ses  regards  au  delà  de  l'Océan,  et 
envoya  à  New-York  l'un  de  ses  fils,  Charles, 
pour  làter  le  terrain  et  voir  si  l'on  ne  pourrait 
fonder  en  cette  ville  un  établissement  industriel. 
Un  an  après,  Steinway  père  émigrait  pour  l'A- 
mérique avec  ses  trois  autres  fils,  Wilhelm, 
Henri  et  Albert,  et  chacun  d'eux  se  plaçait  chez 
différents  facteurs  d'instruments.  Enfin,  en  1853, 
Henri  Sleinway  fondait  avec  ses  fils  la  fabrique 
de  pianos  qui  porte  son  nom.  Deux  anmes  s'é- 
taient à  peine  écoulées  que  ce  nom  devenait  fa- 
meux par  toute  l'Amérique,  car  la  maison  Stein- 
way ayant  envoyé  à  l'Exposition  de  i'indu.strie 
(ie  VAmericati  Institiite  un  piano  construit  d'a- 
près un  système  entièrement  nouveau,  ce  piano 
faisait  décerner  par  le  jury,  à  ses  auteurs,  le 
premier  prix  consistant  en  une  médaille  d'or. 

Dès  lors  la  fabrication  de  la  maison  Steinway 
prit  une  grande  extension,  et  le  chef  de  cette 
maison  entreprit  de  se  faire  connaître  jusqu'en 
Europe  et  d'y  lutter  avec  les  facteurs  les  plus 
en  renom,  il  envoya  donc  plusieurs  instruments 
à  l'Exposition  internationale  de  Londres  (186'2), 
où  ils  obtinrent  un  tel  succès  que  l'unique  ré- 
compense de  cette  exposition  leur  fut  décernée. 
C'est  alors  que  commença,  en  Amérique,  une 
lutte  énergique  entre  la  fabrique  de  MM.  Stein- 
way et  celle  de  MM.  Chickering  (l'o^.  ce  nom), 
lutte  qui  se  prolongea  jusque  sur  le  continent 
européen,  surtout  à  l'occasion  de  l'Exposition 
universelle  de  Paris  de  1867,  où  les  deux  mai- 
sons rivales  se  trouvèrent  en  présence,  et  ou 
elles  combattirent  à  l'aide  de  procédés  qui  n'é- 
taient pas  toujours  du  meilleiu-  goi'it. 

Dès  le  20  décembre  1859,  la  maison  Steinway 
avait  pris  un  brevet  pour  un  système  de  piano 
à  queue  qui  faisait  disparaître  certains  défauts 
que  l'on  reprochait  aux  instruments  américains. 


Voici  comment,  dans  les  Rapports  du  jury  in- 
ternational de  l'Exposition  universelle  de  1867, 
Eétis,  rapporteur  de  la  classe  10,  appréciait  ce 
système,  ainsi  que  les  produits  exposés  par  la 
maison  Steinway  : 

•<  Dans  ce  système,  le  cadre  en  fer  reçut  une 
dispoiiition  nouvelle  pour  le  placement  des  cor- 
des et  des  traverses.  Le  placement  de  ces  cordes, 
en  forme  d'éventail,  fut  adopté,  en  divisant  leur 
ensemble  sur  les  divers  chevalets  de  la  table 
d'harmonie.  Dans  le  dessus  du  piano,  on  continua 
de  placer  les  cordes  parallèlement  à  la  direction 
des  marteaux,  parce  qu'il  avait  été  reconnu,  dans 
le  piano  carré,  que  cette  position  des  cordes  pro- 
duit des  sons  plus  intenses  dans  cette  partie  de 
l'instrument.  Dans  le  médium,  les  cordes  furent 
tendues  en  forme  d'éventail,  de  droite  à  gau- 
che, autant  que  l'espace  le  permettait.  Les  cor- 
des de  la  basse,  filées  sur  acier,  furent  tendues 
de  gauche  à  droite,  au-dessus  des  autres,  sur 
un  chevalet  plus  élevé  et  placé  derrière  le  pre- 
mier. 

«  Les  avantages  de  ce  système  sont  ceux-ci  : 
1  "  La  longueur  des  chevalets  de  la  table  d'har- 
monie est  augmentée,  et  l'on  peut  profiter  de 
grands  espaces  qui  n'avaient  pas  été  utilisés 
jusque-là;  2°  l'espace  d'une  corde  à  l'autre  est 
agrandi,  d'où  il  suit  que  leur  résonnance  se 
développe  plus  puissamment  et  plus  librement; 
3  les  chevalets  posés  plus  au  centre  de  la  table 
d'harmonie,  et  conséquemmeni  plus  éloignés  des 
bords  ferrés  de  la  caisse,  agissent  avec  plus  d'é- 
nergie sur  l'élasticité  de  celle  table,  et  favori- 
sent la  puissance  du  son;  de  plus,  en  gardant 
les  mêmes  dimensions  pour  l'instrument,  la  lon- 
gueur des  cordes  se  trouve  augmentée;  -i"  la 
position  des  cordes  du  médium  et  de  la  basse, 
vers  la  direction  du  coup  de  marteau,  produit 
des  vibrations  circulaires,  d'où  résultent  des 
sons  moelleuv  et  purs. 

«  Le  système  du  croisement  des  cordes  n'est 
pas  nouveau  ;  il  a  été  essayé  plusieurs  fois  sans 
succès,  mais  il  était  employé  sans  intelligence- 
car,  au  Jieu  de  favoriser  les  vibrations  des  cor- 
des, en  les  écartant,  on  y  portait  atteinte  en 
rapprochant  ces  cordes  l'une  de  l'autre... 

"■  Les  pianos  droits  ne  sont  en  usage  dans  les 
États-Unis  que  depuis  peu  d'années.  MM.  Stein- 
way ont  introduit  dans  la  construction  de  ce 
genre  d'instruments  de  nouvelles  combinaisons 
qui  en  assurent  la  solidité,  si  nécessaire  dans  le 
climat  à  température  variable  des  États-Unis. 
Ces  améliorations  consistent  en  un  double  cadre 
en  fer,  avec  plaque  d'attache  et  barrages,  fondus 
en  une  seule  pièce.  Le  côté  gauche  de  ce  cadre 
reste  ouvert,  et  par  cette  ouverture  se  glisse  la 


STEINWAY  —  STEPHENS 


545 


tabie  (i'harnioine  ;  à  celle-ci  s'adaple  un  appa- 
reil S'pécial,  lei]iiel  consiste  en  un  cerlain  nom- 
bre (le  vis  qui  servent  à  comprimer  ses  bords  à 
volonté. 

»  Le  succès  de  celte  combinaison,  pour  la 
beauté  du  son  et  la  soliiiité  de  l'accord,  a  déler- 
miné  MM.  Sloinway  à  appliquer  le  même  sys- 
tème à  la  construction  des  pianos  à  queue,  dont 
la  puissance  du  son  est  devenue  plus  cli.iiit mie 
et  plus  syin|)atiiique  par  ce  moyen  de  com|iios- 
sion  facultative.  JMM.  Steinway  ont  été  brevetés 
le  .5  juin  1866  pour  cette  importante  améliora- 
tion. 

'<  De  ce  qui  vient  d'èlre  dit  se  tire  la  consé- 
quence que  le  grand  son  des  pianos  est  une  véri- 
table conquête  pour  l'art  ;  conquête  dont  les  ré- 
sultats pourront  s'a;irandir  par  des  perfectioiine- 
ir.enls  i'uturs,  mais  dont  le  mérite  actuel  ne 
peut  être  mis  en  doute,  si  ce  n'est  par  des  pré- 
jugés d'babituile... 

«  Les  pianos  de  MM.  Sleinvvay  pèreet  fils  ont 
l'ampleur  saisissante  et  le  volume,  auparavant 
inconnu,  d'un  son  (jui  remplit  l'espace.  Brillan- 
te dans  les  dessus,  clianlanle  dans  le  médium,  et 
formidable  dans  la  basse,  cette  sonorité  agit  avec 
une  puissance  irrésistible  sur  l'organe  de  l'ouïe. 
Au  point  de  vue  de  l'expression,  des  nuances 
délicates  et  de  la  variété  des  accents,  les  instru- 
ments de  M_^I.  Steinway  ont  sur  ceux  de  MJf. 
Ciiickering  un  avantage  qui  ne  peut  être  con- 
testé ;  on  y  entend  beaucoup  moins  le  coup  de 
marteau,  et  le  pianiste  sent  sous  sa  main  un 
mécanisme  souple  et  facile,  qui  lui'permet  d'être 
à  volonté  puissant  ou  léger,  véhément  ou  gra- 
cieux. Ces  pianos  sont  à  la  fois  l'instrument  du 
viituose  qui  veut  frapper  par  l'éclat  de  son  exé- 
cution, et  celui  île  l'artiste  qui  applique  son  ta- 
lent à  la  musique  de  pensée  et  de  .sentiment  (pie 
nous  ont  laissée  les  maîtres  illustres;  en  im  mot, 
ils  sont  en  même  temps  des  pianos  de  concert 
et  de  salon,  doués  d'une  sonorité  exception- 
nelle. » 

La  maison  Steinway  obtint  à  l'Exposition  de 
1807  une  grande  médaille  d'or,  et  depuis  loi  s  elle 
n'a  cessé  de  prospérer.  A  l'heure  présente,  elle 
fabrique  pai' année  plus  de  deux  mille  pianos.  En 
1861,  Charles  Steinway  fils  mourut  à  New-Yori», 
et  son  frère  Henri  en  1865.  Théodore,  l'aîné  des 
cinq  frères,  qui  était  rcirté  à  Brunswick,  quitta 
l'Europe  alors  pour  aller  prendre  part  aux  tra- 
vaux de  la  fabrique,  où  il  s'occupe  particulière- 
ment delà  construction  des  instruments^  tandis 
que  Willielm  est  surtout  chargé  de  la  [)artie 
financière  de  l'entreprise.  Henri  Steinway  pèie 
est  mort  à  New-York  le  6  février  1871,  au 
moment  où  il  allait  ac(  omplir  sa  soixantc-qiia- 
Bioc.n.  LNiv.  ni:s  musiciens.  —  sippl.  — 


torzième  année,  et  l'un  de  ses  autres  fils,  Albert, 
est  mort  en  1877. 

*  STi:i'ii!:\  DK  la3iai)i:lai.>e.  — 

Voyez    LA  MADELAIM-:   (Stépuen    DE). 

STFP!I5-]_>S  (Katueuine),  comtesse  douai- 
rière d'ESSEX,  cantatrice  anglaise  qui  a  joui 
pendant  ()lusieurs  années  d'une  renommée  véri- 
table, était  la  fdle  d'un  sculpteur  et  doreur  sur 
bois,  et  naquit  le  18  septembre  I79'i.  I^JIe  mon- 
trait de  bonnes  (îis|)ositions  pour  la  musi(iuc,  et 
était  douée  d'une  voix  de  soprano  superbe  et 
d'une  rare  étendue.  Elle  fut,  en  consétiuence, 
confiée  aux  soins  de  Lan/a,  fils  du  compositeur 
de  ce  nom,  qui  avait  suivi  son  père  à  Londres  et 
s'y  était  û\é  comme  professeur  de  chant.  Elle 
était  à  peine  âgée  de  treize  ans  lorsque,  en 
1807,  sa  famille  lui  fit  contracter  un  engage- 
ment de  cinq  années  avec  son  maître,  qui  la  lit 
chanter  successivement  à  Bath,  à  Soulliampton, 
à  Bristol,  et  au  Panlheon-I  lieatre,  de  Londres. 
A  l'expiration  de  cet  engagement,  devenue  élève 
de  Welche,  elle  débuta  à  l'opéra  anglais  de 
Covent-Garden,  dans  le  rôle  de  Mandane  d'i4- 
taxercès  (sans  doute  celui  d'Arne),  après  quoi 
elle  se  montra  dans  deux  opéras  de  Linley,  les 
Mendiants  et  la  Duègne  {(lie   Duenna). 

Api  es  avoir  passé  quelques  années  à  Covent- 
Garden,  où  elle  obtenait  de  \ifs  succès,  miss 
Stophens  quitta  ce  thé;\lre  pour  celui  de  Drury- 
Lane,  puis,  au  bout  de  peu  de  temps,  on  lui 
offrit  à  l'Opéra  italien  la  succession  de  la  Catala- 
ni,  qui  revenait  se  fixer  à  Paris.  Elle  ne  ci  ut  pan 
devoir  accepter,  à  cause  de  sa  connaissance  in- 
suffisante de  la  langue  italienne,  et  se  borna  à 
poursuivre   la  carrière  qu'elle  avait  entreprise. 

En  1S38,  miss  Stephens,  qui  dejniis  plusieurs 
années  avait  quitté  le  théâtre  et  ne  se  faisait  plus 
guère  entendre  que  dans  les  concerts  et  dans  les 
salons  de  la  haute  aristocratie,  devint  la  second(i 
femme  du  cinquième  comte  d'Essex,  lequi  I 
mourait  Tannée  suivante,  la  laissant  veuve  sans 
enfants. 

*  STEPHENS  (CnAnLEs-Enw\RD),  orga- 
niste, pianiste,  violoniste  tl  compositeur  anglais, 
neveu  delà  précédente,  a  rempli  les  fondions 
d'organiste  successivement  dans  plusieurs  égli- 
ses de  Londres,  à  Saint-.Marc,  à  la  Trinité,  a 
Saint-Jean,  à  Saint-Clément  et  à  Saint-Sauveur, 
^leinbre  et  plusieurs  fois  élu  directeur  de  la  So- 
ciété philharmonique  de  Londres,  Miembre  hono- 
raire de  l'Académie  royale  de  musi(jiie  et  du  col- 
lège de  la  Trinité,  M.  Stephens,  absorbé  par  ses 
travaux  de  composition  et  les  exigences  de  s,» 
situation  de  professeur  très-recherché,  ne  s'est 
|)ioiluit  ([ue  rarement  en  public  dt;pijis  un  cer- 
tain nombre  d'années.  Voici  la  liste  de  sesprin- 
T.  n.  35 


540 


STEiniE.NS  —  STOCK  il  AL'SEN 


cipalcs  iipuvres  publiéi'sjusqu'à  ce  jour  :  Trio  pour 
l'iano,    ^iolon     et   violoiiCflle,  op.    1  ;  Quatuor 
pour  2  \i(i!ous,  allô  et  violoncelle,  op.    '>;  Mor- 
ceaux poui"  l'orgue,  op.  3;  Duo  concertant  pour 
2  pianos,  op.  4  ;  seconde  série  île  2  morceaux 
pour  l'orgue,  op.  7;  1'*^  Grande  .Sonate  pour  pia- 
no, op.  8  ;  Fantaisie  pour  Jorgue  sur  le  tHioral  : 
Saint-James,   op.   Il  ;  3*"  série  de   2  morceaux 
[)our  l'orgue,  op.  15;  Olfertoirc  pour  orgue,  op. 
10;  Duo  brilhnl  pour  piano  à  i  inains,  op.  19; 
2  Services  complets    pour  l'église   anglaise.     A 
tout    cela  il  faut   ajouter   divers   morceaux  de 
genre  pour  piano,  plusieurs  autres  coinposilions 
pour  l'orgue,  et  un  certain  nombre  de  morceaux 
<le  cliant. 

STi-JUUICîI  (XicoLA>;,  tuinposileur  con- 
temporain, a  fait  une  partie  de  .nBS  éludes  musi- 
cales au  Conservatoire  de  Milan,  où  il  a  été  admis 
dans  une  classe  de  violon  au  mois  de  no- 
vembre 1852,  et  d'oii  il  est  sorti  au  mois  de  sep- 
tembre 1857.  Cet  artiste  ne  m'est  connu  que  par 
les  deux  opéras  italiens  dont  voici  les  titres  : 
\° Desiderio,  duca cV Islria,](méh.  Zaraen  1861; 
2"  la  Madré  slara,  représenté  au  théâtre  com- 
munal de  ïrieste  au  mois  d'avril  1SC5.  J'igriore 
s'il  a  écrit  d'autres  ouvrages, 

STEU^'  (TuiioDonEj,  organiste  du  Temple- 
Neuf  de  Strasbourg  et  coivipositeur,  artiste 
fort  distingué,  a  publié  sept  Recueils  de  mor- 
ceaux d'orgue  qui  peuvent  se  jouer  sur  l'har- 
monium, en  supprimant  de  ces  morceaux  la 
portée  écrite  en  petites  notes  qui  doit  servir 
pour  la  pédale.  Ces  recueils  sont  pleins  d'inté- 
rêt, et  décèlent  un  artiste  instruit^  habile  et 
élevé  à  bonne  école. 

STliVEiVS  (Frédéric),  professeur  et  compo- 
siteur, a  été  nouuné  en  1879  directeur  du  Con- 
servatoire nouvellement  fondé  à  Alhènes.  Je  n'ai 
aucun  renseignement  sur  cet  artiste,  qui  a  écrit 
quelques  morceaux  pour  un  drame  :  Libres!  re- 
présenté en  1873  au  théàlrede  la  Porle-Sainl- 
.Martin,  à  Paris. 

*  SïÉYirV  (Simoin).  —  Ce  savant  était  né  à 
T$ruges  en  1648,  et  mourut  à  la  Haye  en  1720. 
Il  a  paru  un  écrit  intitulé  Simon  Stévin  et 
M.  Dumorlier  (par  Sjlvain  Van  de  Weyer), 
Mieuporl,  1845. 

STKW  AUT  (M'"^),  est  l'auteur  d'un  opéra 
liouffe,  la  Suocera,  dont  elle  a  écrit  les  paroles 
et  la  musique,  et  qu'elle  a  l'ail  représenter  sans 
succès  sur  le  Ihéàlre  Nuovo,  de  Naples,  au  mois 
d'avril  1877. 

♦  SÏIAVA  (François-Marie),  était  né  à 
Lucques,  en  1C40,  et  mourut  en  cette  ville 
en  1702. 

STICII  (Joseph),  compositeur  dramatique 


allemand,  est  l'auteur  d'uu  opéra  intitulé  der 
Gei(jer  zu  G ihûitd  (le  Ménétrier  de  Gnuiud), 
qui  a  été  représenté  sur  le  théâtre  de  Dus.sel- 
dorf,  au  mois  de  mai  1875. 

STIEIIL  (HE.NRI-F....-D  ....),  composi'.eur 
allemand  contemporain,  né  à  Lubcck  le  5  aof;! 
1829,  est  le  deuxième  (ils  d'un  artiste  qui  était 
estimé  connue  oiganiste  et  comme  professeur 
de  piano  (1).  M.  Henri  Stiehl  a  longtemps 
hahité  la  Russie,  et  a  rempli  pendant  tlix  an- 
nées les  fonctions  d'organiste  à  i'église  Saint- 
Pierre,  de  Saint-Pétersbourg.  Il  fit  ensuite  plu- 
sieurs voyages  en  Allemagne,  en  Angleterre  et 
en  Italie,  et  depuis  1875  il  a  fixé  sa  résidence 
à  Belfast  (Irlande),  où  il  est  devenu  directeur 
de  lu  Société  pliilluirmoniquc. 

On  connaît  de  M.  Sliehl  diverses  composi- 
tions aimables  et  élégantes,  parmi  lesquelles  il 
faut  signaler  une  jolie  sonate  pour  violoncelle  et 
piano,  des  Irios  et  des  quatuors  pour  piano  et 
instruments  à  cordes,  des  morceaux  de  genre 
pour  piano  seul,  des  chœurs,  etc.  Il  a  écrit 
aussi  deux  opérettes  :  Jerij  et  Bathilde,  et  le 
Chercheur  de  trésors.  Le  chiffre  de  ses  œuvres 
publiées  s'élève  à  cent  environ. 

Le  frère  aîné  de  cet  artiste,  M.  Charles-J.- 
Ch.  Sliehl,  né  à  Lubeck  lu  12  juillet  1S26,  a 
été,  de  1848  à  1858,  organiste  et  directeur  de 
la  Société  de  chant  à  Jever.  Il  devint  ensuite 
ilirecteur  de  la  musique  grand-ducale  à  Eu  tin, 
où  chaque  année  ont  lieu,  sous  sa  direction,  de 
grandes  fêtes  musicales.  M.  Charles  Stiehl  a 
publié  quelques  lieder  et  des  compositions 
pour  le  piano. 

STIERLIIM  (Ambuoise),  musicien  suisse,  né 
à  Siikingen  en  17G7,  l'ut  un  organiste  remarqua- 
ble. Entré  au  couvent  de  Mariaslein  à  l'âge  de 
vingt-deux  ans,  il  ne  le  quitta  plus  jusqu'en  1809, 
époque  de  sa  mort.  On  doit  à  cet  artiste  de 
nombreuses  compositions  du  genre  religieux, 
parmi  lesquelles  on  cite  particulièrement  :  Six 
vespres,  une  douzaine  de  messes  à  3  et  4  voix- 
avcc  accompagnement  d'orgue,  des  Magnificat, 
des  offertoires,  des  motets  de  divers  genres, 
etc.  —  Son  frère,  Augustin  Stierlin,  né  en  1778, 
entra  aussi  au  couvent  de  Mariastein,  y  prononça 
ses  vu'ux  en  1801, etdevint  organiste  du  chapi- 
tre. Il  mourut,  en  1822. 

STOCKIIAUSEiV  (SCHMLCK,  épouse), 
cantatrice  distinguée,  née  à  Guebwiller 
Jlaut-Rhin)  en  1803,  lit  son  éducation  musi- 
cale à  Paris,  sous  la  direction  du  composi- 
teur Catruffo,  qui  était  un  excellent  professeur 


(i)  11  s"appel;iit  Jean   Stiehl,  et   élalt  ne  ù  Lubcck  le 
9  juillet  isoo.  11  mourut  en  cette  ville  leâ7tjuin  i^To. 


fi 


SÏOGKHAUSEN  —  STOLZ 


5-47 


<le  cliant,  el  devint  uiiearlisle  de  premier  ordre. 
Après  avoir  épousé  un  harpiste  allemand,  Franz 
Stociiliausen,  qui  était  né  à  Cologne  en  1792  (1), 
elle  alla  se;  fixer  en  Angleterre,  où  pendant 
douze  années,  de  1830  à  1842,  elle  obtint  de 
tiès-grands  succès  dans  les  concerts,  se  voyant 
classée  par  le  public  dilettante  sur  le  même  rang 
que  les  artistes  les  plus  célèbres  de  celte  épo- 
que, M'»'-"^  Caradori-Allan,  Clara  Novello,  Giulia 
Grisi,  Persiani,  etc.  M'"^  Stockhausen,  qui  avait 
j)erdu  son  mari  vers  1868,  est  morte  à  Coimar 
le  6  octobre  1877. 

*  STOCKIIAUSEl\  (Jclius),  fils  aîné  de  la 
précédente,  est  né  à  Paris  le  22  juillet  1826.  En 
1SG4,  cet  artiste  se  fixait  à  Haudiourg,  qu'il 
quittait  quelques  années  plus  tard  pour  se  ren- 
dre à  Suttgard, où  il  devenait  cliauteur  de  la  cour. 
Depuis  1874,  il  est  directeur  du  Conservatoire- 
Stern,  à  Berlin. 

Je  rappellerai  ici  pour  mémoire  la  conduite 
indigne  tenue  par  ce  personnage  à  la  suite  de  la 
guerre  de  1870-1871.  >îé  à  Paris  d'un  père  étran- 
ger et  d'une  mère  française,  ayant  reçu  son  édu- 
cation musicale  au  Conservatoire  de  cette  ville 
et  pendant  ce  temps  ayant  été  logé  et  nourri 
chez  une  dame  française,  sa  marraine,  ayant  enfin 
passé  ia  plus  grande  partie  de  son  existence  à 
Paris,  où  il  possédait  naturellement  de  nombreu- 
ses relations,  M.  Stockhausen  ne  craignit  pas 
d'outrager  et  d'insulter  la  France  de  la  façon  la 
plus  odieuse,  oubliant  en  un  jour  toat  ce  qu'il 
lui  devait  et  faisant  volontairement  litière  de  tous 
seutiments  de  convenance  et  d'honnételé.  Ce  fut 
à  ce  point  qu'un  certain  nombre  d'artistes  de 
i'Opéra-Coraiqiie,  écœurés  des  platitudes  de  ce 
triste  sire,  qu'ils  avaient  connu  naguère  à  ce 
tliéàtre,  crurent  devoir,  par  une  lettre  collec- 
tive et  rendue  publique,  manifester  leur  mépris 
à  son  égard  et  prolester  contre  une  conduite 
qu'ils  qualifiaient  selon  les  mérites. 

STOCKHAUSEN  (Franz),  frère  du  précé- 
dent, né  à  Guebwiller  le  30  janvier  1839,  n'eut 
d'autre  maître  que  son  père  jusqu'à  l'âge  de 
dix-huit  ans.  11  vint  ensuite  à  Paris,  où  il  re- 
çut des  leçons  de  piano  de  M.  Alkan,  puis, 
en  1860,  termina  ses  études  au  Conservatoire. 
En  1862,  il  acceptait  les  fonctions  de  directeur 
de  chœur  à  Thann  (Alsace),  et  en  I8GG  il 
suivait  son  frère  à  Hambourg.  En  1868,  il  se 
fixait  à  Strasbourg,  prenait  en  cette  ville  la  di- 
rection de  la  Société  de  chant  sacré,  puis  celle 
du  chœur  de  la  cathédrale,  et  en  1871,  après 
la  retraite  de  M.  Hasselmans,  alors  directeur 
du  Conservatoire,  il  le  remplaçait  dans  ces  fonc- 
tions, qu'il  a  conservées  jusqu'à  ce  jour. 

(I)  V.  biographie  universelle  des  Musiciens,  t.  VII. 


*  STOER  (Kaiil).  —  Voyez  STÔll  (K.uil). 
*SrOKSSKL  (Nicolas),  chef  de  musique, 

est  moit  à  Louisbourg  le  13  mai  1839. 

*  STOLTZ  (tlosiM-),  et  non  pas  STOLZ, 
est  remariée  depuis  plusieurs  années  et  est  de- 
venue baronne  de  Kefschendorf.  Complètement 
retirée  du  théâtre  depuis  plus  de  vingt  ans,  elle 
s'est  essayée  dans  la  composition  et  a  publié,  on 
1S70,  un  recueil  de  six  mélodies  pour  chant 
avec  accompagnement  de  piano  (Paris,  Schœn 
et  Laval,  in-8").  Aux  publications  dont  cette 
artiste  a  été  l'objet,  il  faut  ajouter  les  deux  sui- 
vantes :  lo  Rosine  Sfollz,  par  M"«  Eugénie  Pé- 
rignon  (Paris,  1847,  m-S");'!"  A  Rosina  Stollz, 
1854  (Parigi,  stamperia  Brière,  in-S").  Ce  dernier 
écrit  est  un  petit  poème  italien,  qui  porte,  à  la 
fin  de  la  brochure,  la  signature  :  Eugenio  Cai- 
mi  (1). 

STOLTZ  (Jules)  ,  pianiste,  organiste  et 
compositeur  français,  né  vers  1850,  a  fait  de 
bonnes  études  à  l'Ecole  de  musique  religieuse 
fondée  par  Niedermeyer,  où  il  est  aujourd'hui 
professeur  de  solfège.  M.  StoKz  a  donné,  dans 
ces  dernières  années,  des  séances  d'orgue  du 
genre  des  récitals  anglais,  et  il  y  a  fait  appré- 
cier un  talent  solide,  correct  et  distingué.  On 
connaît  de  lui,  outre  plusieurs  compositions 
p<iiir  l'orgue,  un  grand  oratorio  pour  soli, 
cho'urs,  orchestre  et  orgue,  la  Ptjihonisse 
d'Eudor  ou  Saiil  évoquant  l'ombre  de  Sa- 
intieJ^  qu'il  a  fait  exécuter  le  28  avril  1880. 

SrOLZ  (Teresinv),  canlalrice  dramatique 
distinguée,  née  à  Trieste  vers  1840,  a  fait,  je  crois" 
ses  études  musicales  en  Italie.  En  «865,  elle 
était  engagée  au  théâtre  de  la  Scala,  de  Milan, 
ou  elle  se  faisait  entendre  avec  succès  dans  la 
GiGvanna  dWrco,  de  Verdi,  puis  dans  DonCar- 
los  et  /a  Forza  del  Destina.  Elle  se  produisit 
ensuite  à  Gênes,  à  Padoue,  à  Turin,  à  Venise  et 
dans  diverses  autres  villes,  puis  revint  à  la 
Scala,  où  elle  obtint  un  véritable  triomphe  par 
le  superbe  talent  vocal  et  scénique  qu'elle  dé- 
ploya dans  le  rôle  d'Aida  du  chef-d'œuvre  de 

(I)  Depuis  que  cette  notice  est    écrite,    Mme    Stollz  s'est 
reni,iriée  de  nouveau.  Voici  les  détails  précis  qu'on  lirait  h  ce 
sujet  dans  un  jourml  spécial,  le  Guide  musical,  de  Bruxelles 
du  4  avril  |S7S  : 

«  Mme  Soltz,'  qui  fit  les  beaui  jours  de  l'Opéra,  vient  de 
se  remarier  à  Panopelune  avec  don  Emmanuel  de  Godoy, 
prince  de  la  Paix. 

«  C'est  pour  la  quatrième  fois  que  l'ancienne  chanteuse 
«allume  le  flambeau  d'iiyménée.  i»  Ses  trois  précédents 
époux  furent  :  1"  M.  Auguste  Lescuyer,  avocat  de  Rouen  • 
i"  un  baron  ou  comte  Stohenau  de  Ketsthendorf  ;  3»  ua  duc 
Carlo  Raimondi  Lesignano  di  San-Marino.  Le  premier  de 
ces  mariages,  nous  pouvons  le  certifier  comme  authentique 
car  il  est  inscrit  à  l'état  civil  Je  la  ville  de  B  ruxelles,  sous  la 
date  du  2  mars  1837.  »  ,^ 


548 


S  roi  z 


STUADELLA 


Venli,  qui  faisait  sa  première  apparilion  eu  Italie 
après  avoir  élé  créé  au  Caire.  C'est  elle  aussi 
qui  vint  icmplir  ce  rôle  à  Paris  tleux  ans  p!i;s 
lard,  et  qui  alla  le  jouer  ensuite  au  tliéillre  San- 
Carlo,  de  Naples.  Eulin,  c'est  encore  à  M'"  T(- 
rcsina  Stulz  que  Verdi  confia,  on  1874,  l'exé- 
cution d'une  des  parties  (3e  son  a(hniral)Ie  messe 
de  Requiem,  lorsque  cet  ouvrage  fut  exécuté  à 
Milan,  d'abord,  puis  à  Paris,  dans  la  salle  du 
théâtre  de  l'Opera-Comique.  Parmi  les  ouvrages 
qui  constituaient  le  répertoire  de  celte  artiste  re- 
marquable, il  faut  citer  l'Africaine,  laVestale 
(Mercadante),  lo  Favorite,  un  Ilallo  in  vios- 
cheru,  Huy  BUis,  etc.  Je  crois  que  M""  Stolz 
s'est  mariée  il  y  a  trois  ou  quatre  ans,  et  qu'elle 
vit  aujourd'hui  retirée  à  Bologne. 

STOAli  (J... -T...),  organiste  anglais,  fixé  à 
]\otlinghain,  a  entrepris  sous  ce  titre  :  the  Clcis- 
sical  Organiste,  luie  publication  importante  con~ 
sistant  en  un  choix 'de  compositions  des  plus 
grands  maîtres,  Hsendel, Mozart,  Beellioven,  etc., 
arrangées  pour  l'orgue  avec  pédale  obligée.  11  a 
déjà  paru  4  volumes  (in-folio  oblong)  de  celte 
publ'ication. 

*  S'I'OIl  (Karl),  compositeur  distingué,  a 
célébré  à  Weimar,  le  28  mai  1877,  le  cinquan- 
tième anniversaire  de  sa  carrière  d'artiste.  Lors- 
que le  grand  virtuose  Liszt  quitta  cette  ville,  ce 
fut  M.  Stor  qui  le  l'emplaça  comme  chef  d'or- 
chestre à  l'Opéra;  plus  tard,  une  maladie  dfs 
yeux  l'obligea  de  résigner  ces  tondions. 

Parmi  les  ceuvres  les  plus  importantes  de  cet 
artiste,  il  faut  signaler  en  premier  lieu  le  Citant  de 
la  cloche,  grand  poéine  sjmplionique  écrit  d'a- 
près le  poème  célèbre  de  Schiller;  cet  ouvrage 
très- remarquable  a  été  exécute  en  t875.  M.  Stor 
a  écrit  aussi  de  la  musique  i>our  divers  drames  .- 
Macbeth,  Luther,  Henri  de  Schirerin,  plu- 
sieurs ouvertures,  une  sérénade  pour  violon- 
celle avec  orchestre,  des  chœurs,  des  lieder,  etc. 
Ses  compositions  atleigneutaujourd'hui  lecliillro 
d'une  centaine  environ. 

•  STOLI.I.IG  (lioMOisr)),  dilettante  et  écii- 
vain  français,  est  né  à  Paris  le  5  décembre 
1845.  Employé  supérieur  h  l'administration  (ie> 
postes,  son  goût  très-vif  i)0ur  les  choses  de  la 
musique  et  du  théâtre  ne  s'en  est  pas  moins 
m;mifesté  avec  intensité,  et  ses  fonctions  no 
l'ont  pas  empêché  de  prendre  part,  pour  ce  (jui 
concerne  les  questions  artistiques,  à  la  rédac- 
tion de  divers  journaux,  entre  autres  V Électeur 
libre,  le  Courrier  d'État ,  t'Ercnetnent,  tu 
Tribune,  l' Homme  libre;  il  est  chargé  aujour- 
d'hui de  la  chronique  quotidienne  du  théâtre 
et  de  la  musique  au  National  et  au  Petit  .\a- 
iional.  En    1875,  M.    Stoullig  a  commence,  ou 


société  avec  M.  Edouard  Noèl,  la  publication 
des  Annales  du  théâtre  et  de  la  musique, 
(jui  paraissent  chaque  année,  sous  la  torme 
d'un  gros  volume  iu-12  (Paris,  Charpentier),  et 
(|ui  offrent  un  résumé  très-exact,  très-complet  et 
tros-intelligont  du  mouvement  musical  ot  théâ- 
tral de  la  france,  et  même  de  l'étranger.  De- 
puis longtemps  nous  n'avions  possédé,  en  France, 
une  publication  spéciale  aussi  .soignée  et  aussi  bien 
conq)rise.  M.  Sloullig  s'y  est  personnellement 
chargé  de  tous  les  chapitres  concernant  les  théâ- 
tres lyriques,  les  concerts  et  la  bibliographie. 
Les  Annales  du  théâtre  et  de  la  vinsique 
com|>reunent  à  l'heure  présente  cinq  volumes 
pour  les  années  1875,1876,  1877,  1878  et  1879. 

ST0L310î\  (Oscar),  compositeur  belge, 
né  à  Liège  le  20  août  1«33,  se  destinait  d'abord 
au  barreau,  mais  fut  emporté  par  sa  passion  pour 
la  musi(|ue,  dont  il  avait  appris  les  éléments 
dans  son  enfance.  Il  fit  alors  un  cours  comiilet 
de  théorie  sous  la  direction  d'un  artiste  ilislin- 
gue  de  Liège,  Wanson,  et  se  livra  ensuite  à  la 
littérature  et  à  la  composition  dramatiques,  se 
produisant  à  la  scène  par  lesouvrages  dont  les  ti- 
tres suivent  :  1"  Phœdé,  opéra-comique  en  un 
acte  (paroles  et  musique),  I5ruxelles,  théâtre  de 
la  Monnaie,  19  janvier  18C0  ;  1"  Endijmion, 
ballet,  id.,  id.,  1860;  3°  la  Ferme  de  Frede- 
ricksborg,  opéra-c^uique  en  un  acte  (paroles  et 
musique),  Liège,  lO  mars  1802;  4°  l'Orco,  opéra 
fantastique  en  2  actes  et  3  tableaux,  Bruxelles, 
théâtre  de  la  Monnaie,  8  janvier  18G4;  5"  la 
Jieine  des  Prairies,  ballot  en  trois  tableaux,  id., 
id.,  24  octobre  18(55;  6"  le  jSauj'rage,  ballet 
en  un  acte,  id.,  id.,  \U^&•,1^  la  Fée  amou- 
reuse, ballet  en  2  actes,  id.,  id.,  1867  ;  8"  les 
Fumeurs  d'opium,  opéra  bouffe  (paroles  et 
musique),  Bruxelles,  th.  des  Galeries-Saint-Hu- 
bert, 1809;  9"  les  Belles  de  Nuit,  ballet  en  nu 
acte,  Bruxelles,  th.  de  la  Monnaie,  1870  ;  10" 
la  Madone,  ballet  en  2  tableaux,  id.,  id.,  7 
février  1871  ;  11°  les  llannetons,  opéra  bouffe 
(paroles  et  musique),  id.,  th.  des  Galeries-Saiiil- 
lliihert,  1S71  ;  12"  la  Moisson,  ballet,  id.,  th. 
do  la  Monnaie,  2«  septembre  1875.  M.  Slou- 
mon,  qui  est  aussi  l'auteur  de  trois  comédies  le- 
présentées  aux  Galeries-Saint- Hubert,  la  Sonate 
paihél/quc,  une  Crève  et  le  Fil  à  la  patte,  a 
collaboré,  pour  la  critique  théâtrale,  à  flenx 
journaux  de  Bruxelles,  la  Chronique  et  le 
Guide  musical.  r:)opuis  1875  il  a  pris,  on  so- 
ciété avec  M.  Calabresi ,  la  direction  du  théâtre 
de  la  Monnaie,  de  cette  ville. 

*  Sril  \l)i:i.l..\  (Ai-EXVNDRiî).  —.Un criti- 
que italien  distingué  a  publié  sur  cet  artiste  cé- 
Icbre  un  écrit  important,' dont  voici  le   titre  -. 


STRADELLA  —  STRAUSS 


549 


Belle  Opère di  Alessamlio  Slradella  esistetiti 
neW  Archivio  musicale  delta  H.  Biblioleca 
PaUilina  di  Modeiia,  eleiico,  con  prcrazione 
enotecii  Angelo  Catelaiii  {Modcna,  Vinceii/j, 
1>66,  iii-4").  Vers  la  même  époque,  un  écrivain 
français,  P.  Richard,  conservateur  à  la  Biblio- 
thèqiie  impériale  de. Paris,  publiait  une  étude 
sur  ce  compositeur  dans  le  journal  le  Ménes- 
trel. On  sait  enfin  que  Slrad<;lla  a  fourni  le  sujet 
et  le  titre  de  deux  opéns,  dont  l'un  est  dil  à 
INiedeniieyer  et  l'autre  à  M.  de  Flotow. 

*  STRAUSS  (Joseph),  né  à  Briuin  en 
1793,  est  mort  à  Carl>rulit\  frappé  d'apoplexie, 
le  1"  décembre  18G0.  Les  journaux  français 
ont  alors  confondu  cet  artiste  avec  Johann 
Strauss  le  père,  chef  d'orchestrée!  fameux  com- 
positeur demusi({ue  de  danse. 

STUAISS  (Johann),  fils  du  célèbre 
compositeur  de  danse  Johann  Strauss,  est  né  à 
Vienne  le  25  octobre  1825.  Destiné  par  son 
père  au  commerce,  il  fil  les  éludes  nécessaires 
pour  embrasser  cette  carrière,  mais  fut  entraîné 
à  l'abandonner  par  son  penchant  pour  la  mu- 
sique. Chaleureusement  secondé  par  sa  mère 
dans  ses  projets,  il  devint  l'élève  de  Dreschler, 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Saint- 
Etienne,  et  il  n'avait  pas  encore  accompli  sa 
dix-neuvième  année  lorsque,  le  15  octobre  18iï, 
il  lit  ses  débuts  de  chef  d'orchestre  et  de  com- 
positeur à  la  têle  d'un  orchestre  formé  par  lui. 
A  la  mort  de  son  père,  en  1849,  il  prit  la  direc- 
tion de  l'orchestre  de  celui-ci,  et  donna  des  con- 
certs à  Vienne  jusqu'en  1859.  Les  premières 
valses  qu'il  fil  entendre  :  Chansons  d'amour, 
Ver  luisant,  Sons  de  Rhadamante,  aimables, 
gracieuses,  pleines  de  charme,  eurent  le  plus 
grand  succès  et  attirèrent  sur  lui  l'attenlion  gé- 
nérale. Les  heureuses  qualités  qui  distinguaient 
ses  premières  compositions  en  ce  genre  ne  l'a- 
bandonnèrent point  par  la  suite,  et  ses  autres 
valses  :  Feuilles  dumatin,Sur  les  montagnes, 
Vienne  '.nouveau,  Feuilles  volantes.  Vin, 
femmes  et  c/ian^, obtinrent  un  succès  égal,  que 
partagèrent  ses  charmantes  polkas,  ses  mazur- 
kas et  ses  quadrilles. 

La  renommée  de  M.  Johann  Strauss  s'élcn- 
dant  chaque  jour,  il  fut  engagé,  pendant  l'été 
de  185G,  par  la  compagnie  du  chemin  de  fer  de 
Tsarskoë-Selo,  pour  diriger  des  concerts  en 
Russie.  Il  donna  donc  annuellement  une  série 
de  conterts  au  Vaux-Hall,  et  plus  tard  à  Saint- 
Pétersbourg.  A  partir  de  ce  moment  il  fit  de 
nombreux  voyages  à  la  tête  de  son  orchestre, 
dans  toute  l'Allemagne,  en  Italie,  en  France,  en 
Angleterre  et  jusqu'aux  États-Unis,  toujours  et 
partout  retrouvant  le  succès.  Chaque  hiver,  il 


revenait  à  Vienne,  où  bientôt  l'empereur  d'Au- 
triche le  nomma  chef  d'orchestre  des  bals  de  la 
cour,  emploi  qu'occupe  aujourd'hui  son  frère 
cadet  Edouard  Strauss,  dont  il  est  question  plus 
loin.  En  18G.3,  M.  Johann  Strauss  ayant  épousé 
une  chanteuse  distinguée,  M"^  JeKyTreffz  (l),il 
confia  son  orchestre  à  ses  deux  frères,  Joseph  et 
Edouard,  et  parut  ne  plus  s'occuper  de  musique. 

En  1870,  M.  Johann  Strauss  rentra  dans  la 
lice,  mais,  m  modifiant  sa  carrière,  il  commença 
une  nouvelle  jihase  de  sa  vie  artisli(|uc.  Sur  les 
conseils  de  sa  femme,  il  écrivit  une  opérette 
intitulée  la  Reine  Indigo,  et  cet  ouvrage,  re- 
présenté au  théâtre  de  la  Wieden,  reçut  un 
arcueil  si  chaleureux  de  la  part  du  public,  que 
le  compositeur  se  décida  facilement  à  pour- 
suivre la  nouvelle  voie  qu'il  avaitchoisie.il  fit 
jouer  alors  successivement  le  Carnaval  àliome 
(1873),  Fledermaus  {la  Chauve- Souris,  1874), 
Cngliostro  (1875),  Mnthusnlem  (1877),  et 
Blinde  Knh  {CoUn-maillnrd,  1878).  De  tous 
ces  ouvrages,  c'est  Fledermaus  qui  obtint  le 
succès  le  '  plus  prononcé    et  le  plus  décisif  (2). 

Comme  compositeur  de  valses,  M.  Johann 
Strauss  s'est  fait  un  renom  exceptionnel;  la 
fraîcheur  des  idées,  la  nouveauté  des  rhythmes, 
l'ingéniosité  de  l'harmonie,  le  piquant  de  l'ins- 
trumentation, donnent  à  ses  compositions  en  ce 
genre  une  originalité  réelle,  et  il  est  juste  de 
dire,  comme  l'a  fait  remarquer  l'excellent  criti- 
que viennois,  M.  Hanslick,  qu'il  a  donné  un 
grand  élan  et  des  développements  inconnus  à 
l'ancienne  et  étroite  forme  de  la  valse.  Il  a 
d'ailleurs  comimsé  plus  de  400  morceaux  de 
danse  de  tout  genre,  mais  ce  sont  ses  valses 
surtout  qui  ont  rendu  son  nom  populaire,  ce 
sont  elles  qui  ne  cessent  de  charmer  et  d'en 
chanter  les  auditeurs,  et  qui  les  entraînent  à  la 


(1)  Celte  artiste  est  morte  à  Hictziiig,  près  de  Vienne,  le 
9  avril  1878.  Voici  comment  en  parlait  alors  un  journal-  — 
«  Mme  Johann  Strauss,  femme  du  célèbre  compositeur  et  chef 
d"orchestre,  avait  été,  avant  son  mariage,  une  cantatrice  Irês- 
rccherchée  et  frès-fétée,  sous  le  nom  de  Jelly  Treffz.  C'était 
une  véritable  charmeresse,  que  le  nionde  dilettante  viennois 
idolâtrait,  et  qui  retrouva  les  mêmes  triomphes  à  Londres 
lorsque,  abandonnant  la  carrière  théâtrale,  elle  s'y  fit  connaî- 
tre comme  cantatrice  de  concerts.  De  retour  à  Vienne,  elle 
épousa  Johann  Strauss,  dont  elle  a  partagé  depuis  la  vie  vova- 
gcuse  et  les  grands  succès.  Tous  ceux  qui  la  connaissaient 
regrettent  en  elle  une  femme  aitinble  et  bonne  en  même 
temps  qu'une  artiste  de  race.»  M.Johann  Strauss  est  re- 
marié  depuis  les  derniers   mois  de  1878.  —  A. P. 

(2)  Le  'il  avril  1875  on  donnait  à  Paris,  sur  le  théâtre  de 
la  Renaissance,  une  traduction  de  la  Heine  Jndif/o.  Le  30  oc- 
tobre 1877,  le  même  théâtre  représentait  la  Tzlijane,  sorte 
de  pastiche  où  l'on  avait  fait  entrer  la  plus  grande  partie  de 
1  a  musique  de  Fledermaus,  quelques  pages  de  Caijlioslro,  et 
pour  k-quel  M.  Johann  Slraus- avait  écrit  expressément  divers 
morceaux  nouveaux.  —A.  I'. 


STRAUSS 


STHEPPOM 


danse  en  quelque  sorte  malgré  eux.  L'une 
d'elles,  intitulée  leBeau  Danube  bleu,  a  obtenu 
une  vogue  sans  pareille;  célèbre  par  toute 
TEurope,  elle  est  devenue  pour  Vienne  et  les 
Viennois  comme  une  sorte  de  cliant  national, 
et  le  docteur  llanslick,  que  nous  venons  déjà 
de  citer,  constate  qu'à  côté  de  l'Hymne  autri- 
chien d'Haydn,  consacré  à  la  gloriiication  du 
souverain  et  de  la  famille  régnante,  celte  valse 
peut  être  considérée  comme  le  chant  de  fôte  de 
la  ville  et  du  peuple  de  Vienne,  comme  une 
sorte  de  «  Marseillaise  de  la  paix  «  sans 
paroles.  J.  p,. 

STIIAUSS    (Joseph),   frère    du    précédent 
et  deuxième  (ils  de  Johann  Strauss  le  père,  na- 
quit à  Vienne    le  20  août    1827.  Bien   qu'il  se 
destinât  à  la    profession  d'ingénieur,  il  étudia 
aussi   la  musique    avec    passion,  et  acquit  un 
véritable  talent  sur  le  piano.  Son   frère  aîné 
ayant  été  oblige  de  faire   une  cure   prolongée 
dans  ,une  ville  d'eaux,  Joseph  se  chargea,   pen- 
dant son  absence,  de  la  direction  de  son  orches- 
tre, le  dirigea  avec  un  brillant  succès,  et  lors- 
que Johann  fut  rétabli,  ils  partagèrent  les  fonc- 
tions   de  chef  de    cet  orchestre.    Plus  tard, 
quand  Johann  renonça   délinitivement  à  celte 
carrière,  il  fut  remplacé  par  son  second  frère 
Edouard, qui  dirigea  concurremment  avec  Joseph . 
Celui-ci    fit,  avec  ses  musiciens,  une  série  de 
voyages  en  Allemagne  et  en  Russie,  pour  don- 
ner des  concerts,  et  en  1S70  il  entreprit  la  di- 
rection des  concerts  du  jardin  suisse  de  Var- 
sovie Mais,  atteint  d'une  violente  maladie  de 
nerfs,  il  arriva  malade  en  cette  ville,  et  comme 
il  n'avait  pu  amener  son  orchestre  et  ipi'il  éiait 
obligé  de  faire  exécuter  ses   compositions  pai- 
des  musiciens  étrangers,  les  contrariétés  et  l'ir- 
ritation qu'il  éprouvait  hâtèrent  ;une  catastrophe 
qui  semblait  inévitable.  Frappé  d'une  apoplexie 
du  cerveau,  il  dut  se  faire  transporter  à  Vienne, 
mais  il  mourut  le  lendemain  même  de  son  ar- 
rivée en  celle  ville,  le  :>:>  juillet  1870. 

Joseph  Strauss  s'est  fait,  ainsi  que  son  père  et 
son  frère,  un  nom  comme  compositeur  de  musi- 
que de  danso,niais  son  genre  semble  serapprocher 
plutôt  de  celui  de  Joseph  Lanncr,et  sa  musique 
est  empreinte  d'une  sorte  de  mollesse  rêveuse  et 
de  tendresse  mélancolique.  Celles  de  ses  compo- 
sitions qui  le  caractérisent  le  mieux  sous  ce 
rapport  sont  les  valses  :  Roses  d'automne, 
les  Hirondelles  du  village,  Saluluiions  alle- 
mandes. Sons  du  cœur;  les  polkas  :  Yeux 
amoureux,  Polka  de  V Étoile  du  soir  ;  et  les 
charmantes  polkas-mazurkes  :  Pensée,  Géra- 
nium, Idylle,  Nachlschatlcn,  et  surtout  la  per- 
de ce  genre,  FrauenlierziCccur  de  femme). 


sa  plus  noble  ccmposiiion.  La  polka  intitulée 
Pizzicato,  qu'il  a  composée  avec  son  frère  Jo- 
hann et  qui  est  écrite  pour  les  seuls  insfru- 
monlsà  cordes,  est  charmante  et  d'un  caractère 
très-piquant.  Le  nombre  de  ses  compositions 
originales  s'élève  à  283,  auxquelles  il  faut  ajou- 
ter environ  300  arrangements  pour  orchestre. 

J.  B. 
STRAUSS  (ÉDOiAun),  frère  des  précédents 
et  troisième  (ils  de  Johann  Strauss  le  père,  est  né 
à  Vienne  le  15  mars  1835,  et  fil  ,ses  études  au 
collège  impérial  et  royal  de  Thérèse.   Son  père 
voulait  lui  faire  embrasser  la  carrière  diploma- 
tique, mais,  comme  ses  frères,  il  avait  le  goiltde 
la  musique  et  s'y  consacra  tout  entier.  Devenu 
élève  de  Godefroid  Preyer,  maître   de  chapelle 
de  la  cour,  il  acquit  im  véritable  talent  de  vir- 
tuose sur  le  piano,  sur  le  violon  et  sur  la  harpe. 
En  1861,  il  commença  à  conduire  quelques  con- 
certs,'et  lorsque  Johann  Strauss  se  retira,  il  diri- 
gea l'orchestre  avec  Joseph.  A  la  mort  de  celui- 
ci,  resté  seul,  il   augmenta  le  nombre  de   ses 
musiciens  et  le  porta  à  cinquante.   En  1872,  il 
fut  nommé  chef  d'orchestre  des  bals  de  la  cour. 
C'est  lui  qui  dirige  encore  aujourd'hui  les  célèbres 
concerts  Strauss,  si  fameux  à  Vienne,  et  il  a  su» 
en  maintenant  la  tradition    de  sa  famille,  leur 
conserver  leur    ancienne    splendeur.    Éflouard 
Strauss  est  le  meilleur,  on  pourrait  dire  l'uni- 
que interprète  de  la  musique  de  son  père   et  de 
ses  frères,  qu'il  fait  exécuter  avec  toute  la  verve 
et  la  grâce  qu'elle  exige  et  qu'elle  comporte. 
Ainsi  que  ses  frères,  il  admet  dans  ses  program- 
mes de  concert  des  pièces  classiques  de  Haydn, 
de  Beethoven,  de  Mozart,  de  Berlioz,  des  frag- 
ments d'opéras  d'Auber,   de  Wagner,  de  Bizet, 
de  Delibcs,  enfin  des   lieder    de    Schubert,  de 
Schumann,  deRubinstein,  pour  la  plupart  arran- 
gés par  lui-rnéme.   Edouard  Strauss  a  publié 
jusqu'à  ce  jour  139  compositions,  dans  lesquelles 
il  s'est    appliqué  à  marcher    sur  les  traces  de 
son  père  et^de  ses  frères,  et  à  suivre  leur  exem- 
ple. '  -T.  B. 
STREARÎlOr..  —Voyez.  GOlîîiA  ERTS. 
*ST«l-;Kr>GER    (Matmias),  violoniste  et 
compositeur,  ancien  chef  d'orchestre  de   ballet 
à  l'Opéra  de  Vienne^   auquel    il   resta    attaché 
pendant  45  ans,  est  mort  en  cette  ville  le  12  té- 
vrier  187'i. 

*STr.l-:Pl''OM  (Felicuno).  —  Cet  artiste  a 
fait  représenter  à  Vienne,  en  1S23,  un  -opéra 
sérieux  intitulé  Iranccscuda  Riinini. 

Sa  fdle,  M""  Gh/5<'/9/)«'na  Strepponi,  canlalrice 
dramatique   dislinguée,   née  à  Lodi  le  8  septem- 
bre 1815,  est  devenue,   depuisjongues    années 
l'épouse  de  31.  Verdi. 


STHIGELLI  —  SULLIVAN 


0.)1 


STHïGELHjÎ  (GicsF.ppii),  musicien  itaiien,  a 
écritja  nmsique  d'un  drame  lyrique  en  i  actes, 
/  FKjlidi  Borgia,  qui  a  été  représenté  au  théâ- 
tre (le  la  Seala,  de  Milan,  le  29  septembre  180G. 

STRIGLIONÏ  (FiLireo),  né  à  Lucques  .vers 
1050,  a  fait  reprc-scnleren  1678,  sur  le  théàire 
de  I^ivoiirne,  un  scherzo  comique  dont  le  titre 
est  oublié  aiijourd'luii.  Ou  assure  que  cet  artiste 
moiniit  vor,^  1750. 

*STÎltJMPHLER  (.1 ),  habile  facteur 

d'orgues  néerlandais,  naquit  à  Amsterdam  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  et  mourut 
en  celle  ville  en  1810.  11  acquit  la  réputation 
d'unartiste  distingué  dans  son  genre,  et  conslrui- 
s'I  trente-six  orgues,  parmi  lesquelles  on  cite 
surtout  celles  qu'il  plaça  à  Amsterdam,  à  Weesp, 
à  "Warmcnhuizen,  à  Ryp,  à  Purmerend,  à 
iùilvhuysen,  à  Welsen,  à  Wormer,  à  SloterdvK 
et  à  Alkinaar. 

STLDZîr^"SKI(PiEURE),organisteàCracovie, 
attaché  à  la  cathédrale  de  celte  ville,  professeur 
de  la  classe  des  instruments  de  cuivre  à  l'i^lrole 
de  musique,  est  considéré  comme  unartisie  fort 
liislingué.  Il  a  écrit  la  musique  de  Lobzoïvianie, 
opéra-comédie  joué  avec  succès  à  Varsovie  et 
dans  d'autres  villes  de  la  Pologne. 

STULICHI  (Antonio),  violoniste  napolitain 
du  dix-huitième  siècle,  a  publié  eu  France  nn  re- 
cueil de  .Se*  Sonafe  a  r'iolino  solo,  flanto  tra- 
vcisicro  0  oboe  e  violone  o  cembalo,  op.  pri- 
ma (Paris,  Boivin). 

SUCHEÎl  (JosEPu),  chef  d'orchestre  et  com- 
positeur, est  néà  Saint-Golthard  (Hongrie),  en 
1S43.  11  fit  ses  études  musicales  à  Vienne,  et 
termina  son  cours  de  contre-point  sous  la  direc- 
tion de  Sechter.  Après  avoir  été  élu  chef 
d'orchestre  de  la  Société  académique  de  chan- 
!eurs  de  Vienne,  il  devint  répétiteur  à  l'Opéra 
impérial.  A  l'ouverture  de  l'Opéra-Comique,  en 
lS7'i,  il  fut  engagé  à  ce  théâtre  comme  chef 
d'orchestre,  et  alla  ensuite  tenir  le  même  emploi 
à  Leipzig  (1876),  puis  à  Hambourg  (1878). M.  Su- 
.■.lier  a  acquis  une  grande  renommée  en  Allemagne, 
par  la  façon  extrêmement  remarquable  dont  il  a 
<iirigé,  à  Leipzig,  l'exécution  de  la  tétralogie  des 
Aiebeliingen,  de  M.  Richard  Wagner.  En  1877, 
cet  artiste  habile  épousa  une  cantatrice  ■Iramati- 
que,  M"'^  llasselbecli,  attachée  comme  lui  an 
théâtre  de  Leipzig,  où  elle  s'était  fait  aussi  une 
situation  considérable  par  le  talent  qu'elle  dé- 
ployait dans  l'interprétation  des  ouvrages  de 
M.  R.  Wagner. 

Plusieurs  compositions  de  M.  Sucher  ont  été 
publiées,  parmi  lesquelles  nous  citerons  les 
suivantes  :  Lied  und  Liebe  {Lied  et  Amour), 
cycle  de  Ueder  ;  Aus  alien  M.rlirclien   (D'rtn- 


c<>/is  Co«/es)^  composilion  pour  chœur  de  voix. 
de  femmes  ;  Waldfrnule.in  {la  Demoiselle  de  la 
forêt),  scène  dramatique  pour  voix  seule, 
chœur  et  orchestre;  lu  Bataille  navale  de  Lv- 
pante.  M.  Sucher  a  fairexéculer  toutes  ces 
œuvres  à  Vienne,  dans  un  concert  organisé  à 
cet  effet.  Au  mois  d'avril  t-S79,  il  a  fait  entendre 
encore  à  Vienne,  avec  beaucoup  de  succès,  un 
hymne  pour  soli,  chœur  et  orchestre.  Los 
œuvres  de  ^î.  Sucher,  conçues  dans  le  système 
wagnérien,  se  font  remarquer  par  un  profond  sen- 
timent dramatique.  J.  B. 

SlLLfl'A3i(AnTnt.n-S[:\MOiiO,piiinisle,chef 
d'orchestre  et  compositeur,  l'un  des  artistes  les 
plus  distingués  de  l'Angleterre  à  l'époque  actuel- 
le, est  né  à  Londres  le  13. mai  1842.  Il  a  fait  d'ex- 
cellentes éludes  à  l'Académie  royale  de  musique, 
dont  il  était  l'un  des  élèves  boursiers,  et  s'est 
ensuite  livré  avec  ardeur  à  la  composition,  tout 
en  se  faisant  connaître  et  apprécier  comme  un 
chef  d'orchestre  habile.  En  tant  que  composi- 
teur, M.  Sullivan  s'est  exercé  dans  presque  tous 
les  genres,  et,  tout.en  se  produisant  au  théâtre, 
a  écrit  aussi  des  oratorios,  des  cantates,  de  la 
musique  religieuse  et  symphonique  et  des  mélo- 
dies vocales.  L'une  de  ses  premières  productions 
fut  une  bouffonnerie  musicale, //«e  Contraban- 
dista,  qui  fut  donnée  sur  un  petit  théâtre  d'opéra 
anglais  {Saint-Georges  Opera-House)  le  25 no- 
vembre 1807;  deux  ans  après  (septembre  I8r.9), 
il  faisait  exécuter  au  festival  de  Worcester  un 
oratorio  intitulé^  the  Prodigal  Son  {V Enfant 
prodigue],  et  le  le'  mai  1872  il  faisait  entendre 
au  Crystal  Palace  un  grand  Te  Deum  pour 
soli,  chœurs  et  orchestre  dans  une  cérémonie 
d'actions  de  grâce  pour  le  rétablissement  de  la 
santé  du  prince  de  Galles.  Il  obtint  un  très- 
grand  succès  en  produisant  au  festival  de  Bir- 
mingham (août  1873)  un  nouvel  oratorio,  Ihe 
Light  ofthc  World  {la  Lumière  du  Blonde), 
et  enfin  donna  au  théâtre  de  l'Opéra-Comique, 
le  17  novembre  1877,  un  ouvrage  en  2  actes, 
ihe  Sorcerer  {le  Sorcier),  qui  fut  très-bien  ac- 
cueilli, et  bientôt  suivi  d'un  autre  ouvrage 
du  même  genre,  le  Pinafore,  joué  au  même 
tliéâtre  (mai  ou  juin  IS78).  Ce  dernier  obtint  un 
succès  colossal. 

Mais  là  ne  se  bornent  pas  les  travaux  de  com- 
position de  M.  Sullivan.  Entre  autres  ouvra- 
ges, on  lui  doit  encore  deux  cantates  :  le  Juge- 
ment du  jury,  et  Siir  terre  et  sur  mer,  une 
symphonie  en  mi  pour  orchestre,  une  ou- 
verture di  ballo,  une  autre  ouverture  avec 
ce  titre  -.  In  MeVinriam,  divers  morceaux 
symphoniques  écrits  pour  un  drame  de  M.  Cal- 
vert,  Henri  VIII,ti,  sous  le  titre  de  Masca- 


552 


SULLIVAN  —  SUxNYER 


rade,  loiite  une  série  de  morceaux  do  diant  et 
de  danse  (Sp/v^/|(7(/c,  Bourrée,  Danse  des  Pier- 
rots et  des  Arlequins)  pour  le  Marchand  de 
Venise,  de  Shakspeare.  M.  Sullivan  a  publié 
aussi  un  assez  srand  nombre  de  sangs  ou  mélo- 
dies vocales  :  tlie  Distant  s/iore,  Tendcr  and 
True,  theJud(/e''i  Song,  Golden  Pays,  Lookinrj 
back,Looking  foruard,  Eirds  in  the  Night, 
Marij Morison,  Sweetliearls,  Thouart  weanj, 
Liring  poems,  eic.  Enfin,  on  coniiaif  encorede 
M.  Sullivan  diverses  compositions  rclii^ieuses  : 
un  Te  Deutn  et  Domine  salvam  fac  Reginam, 
«n  Jubilate  et  Kijrie,  et  d'assez  nombreuses 
antiennes  pour  une  ou  i)lusieurs  voix,  avec  ou 
sans  chœurs. 

M.  Arlliiir  Sullivon  a  ('Xé  le  chef  d'orchestre  de 
diverses  entreprises  ou  sociétés  arlisti(iues.  lia 
dirigé  les  concerts  du  théâtre  Covent-Garden, 
<hi  Crystal  Palace  et  de  rAquariurn  de  West- 
minster, ainsi  que  les  séances  de  la  Société 
orchestrale  d'amateurs,  où  l'un  des  fds  de  la 
reine  Victoria,  le  duc  d'Edimbourg,  tenait  sa 
partie  au  premier  pupiire des  premiers  violons. 
C"est  sous  le  patronage  de  ce  prince,  amateur 
fort  distingué  de  musique,  que  fut  fondée  et  ou- 
verte en  1876  la  nouvelle  grande  école  musicale 
de  South-Kensington  [National  trolning Sc/iool 
for  music),  dont  M.  Sullivan  fut  nommé  direc- 
teur, en  se  chargeant  de  l'enseignement  d'une  des 
classes  de  composilion.  M.  Sullivan,  qui,  l'année 
précédente,  avait  été  nommé  professeur  de  com- 
posilion,en  remplacement  de  Stecndale  Bennett,  à 
l'Académie  royalede  musique,  àlaquelle  il  appar- 
tenait déjà  comme  professeur,  dut  donner  sa  dé- 
mission pour  prendre  possession  de  ses  nouvel- 
les fonctions,  et  on  lui  reprocha  avec  quelque 
aigreur  d'abandonner  ainsi  un  élablissement 
dont  il  avait  été  l'élève,  pour  prendre  la  direc- 
tion d'une  institution  en  quelque  sorte  rivale  de 
celui-ci.  Quelques  explications  très-correctes  et 
très-lo\ales  firent  bientôt  cesser  toute  lâcheuse 
inter[)rétation  de  la  conduite  de  l'excellent  ar- 
tiste. 

*Slil/rZlîB:il(;E!l  (Jkan-Ulrich),  vécut 
dans  la  seconde  moilié  du  dix-septième  siècle  et 
dans  la  première  moitié  du  dix-huitième.  On  sait 
aujourd'hui  que  cet  artiste  naquit  en  Suisse,  et 
l'on  croit  (lue  ce  fut  à  Saint- Gall.  Il  fut  nommé, 
en  1670,  zinkenist  (joueur  de  zink)  et  direc- 
teur de  la  musique  vocale  et  instrumentale  de 
la  ville  de  lîerne.  «  Suitzberger  était  un  musi- 
cien de  talent,  dit  M.George  Bec  Ker  (la  Musi- 
que en  Suisse),  ses  mélodies  sont  simples  et 
expressives,  son  harmonie  riche  sans  être  sur- 
chargée. »  Le  recueil  de  Psaumes  de  David  mis 
en  musique  par   cet  artiste  et  signalé  dans    la 


lliographie  universelle  des  Musiciens,  à  la 
date  d>!  1727,  est  une  réimpression,  car  cet 
ouvrage  a  été  publié  pour  la  première  fois  en 
1G75.  L'année  précédente,  il  avait  livré  au 
public  un  autre  recueil  dont  voici  le  titre  : 
Saloinons  dess  Ebreischen  Kônigs  Geistlich, 
Wot'illust  oder  Ilohes  Lied  :  In  Palmen  oder 
Dattelreimen^  mit  beigefiigten  Neivem,  vom 
fiirlrefflichen  Johann  Schoppen  geselzten, 
Sangweisen,aiich  Kurlzen  ErliUiruncjen  des 
geistltchen  Versiandes,  Beides  nach  art  der 
Gespràch  Spiele,  auff  offentlicher  Schau- 
bnrg  filrgeslellel  durch  Filip  von  Zezen, 
Jclzvnderaber  auf  vielfaltige  anhalten  und 
begàhren,  noch  mit  einer  SiimnievervoUiom- 
mnet  und  mit  vielen  Melodeyen  vermehret  : 
von  Johann  Ulrich  Siiltzbergern;  mus.  und 
Zinkenistenin  Bern,  Berne,  Sonnieitner,  1674, 
in-S".  Ce  recueil  contient  35  chants  à  trois  par- 
ties, dont  15  sont  entièrement  de  Suitzberger,  et 
20  du  violoniste  Jean  Schopp  (V.  Biographie 
universelle  des  Musiciens,  t.  Vil),  auxquels 
il  a  ajouté  une  partie.  On  suppose  que  Suitzber- 
ger est  mort  en  1735  ou  173<1.  Cequi  est  certain, 
c'est  qu'à  partir  de  cette  dernière  année,  les 
éditions  de  son  fameux  psautier  (pendant  près 
d'un  siècle,  on  en  a  fait  régulièrement  une  ou 
deux  par  an)  portent  sur  le  titré  Welland, 
«    feu  »  J.-U.  Suitzberger. 

SULZEIl  ( ),  estle  nom  d'un  composi- 
teur qui  a  fait  représenter  avec  succès  à  Prague, 
au  mois  d'août  1865,  un  opéra  intitulé  Jean  de 
.\aples. 

SLWKIV  (R....-Le\ndro),  professeur  et 
compositeur  espagnol  distingué,  est  né  à  Masto- 
rell,  dans  la  province  de  Barcelone,  le  13  mars 
1833.  Dès  l'âge  de  cinq  ans,  il  fut  confié  par  sa 
famille  aux  soins  d'un  excellent  maître,  Matco 
Ferrer  (Fo!/.  ce  nom),  sous  la  direction  duquel  il 
fitlouleson  éducation  musicale,  et  qui  lui  ensei- 
gna le  contre-point,  l'harmonie,  la  fugue  et  la 
composition.  A  peine  âgé  de  dix-neuf  ans, 
M.  Sunyer  obtint  au  concours  la  place  de  maître 
de  chapelle  de  l'église  de  Santa-Maria  del 
l'ino,  deBarcelone.mais  il  dut  la  résigner  au  bout 
d'un  an  par  suite  de  son  refus  d'entrer  dans  les 
ordres  ,  ce  qui  était  une  condition  attachée  à 
l'exercice   de  cet  emploi. 

C'est  alors  qu'il  se  décida  à  se  consacrer  à  l'en- 
seignement, sans  toutefois  négliger  de  grands 
travaux  de  composilion  qu'il  avait  entrepris 
déjà.  De  cette  époque  de  sa  vie  datent  plusieurs 
messes,  des  motets,  des  psaumes,  et  diverses 
autres  compositions  religieuses,  notamment  un 
Te  Dcum  à  deux  chœurs  fugues,  dans  le  genre 
classique,    dont  on  dit    le  plus  grand     bien. 


SUNYKR  —  SUPPÉ 


5r)3 


M.  Sunyer  voulut  aussi  s'essayer  au  lliéûtie,  et 
écrivit  un  opi-ra,  Don  Alfonso  cl  casIo,  qu'il 
(iédia  au  prince  des  Asluries(aujourd'iini  Alpiion- 
se  XII),  et  qui,  soumis  à  '  l'examen  d'un  jury, 
fut  l'objet  d'un  rapport  très-favorable.  Néan- 
moins, l'ouvrage,  —  comme  tant  d'autres!  —  ne 
pul  parvenir  à  se  produire  à  la  scène  ;  mais  il 
valut  à  son  auteur  le  brevet  de  cbevalierde  l'or- 
dre de  Cliarleslll 

Du  drame  lyrique,  où  ses  efforts  restaient 
infructueux,  M.  Sunyer  passa  à  la  zarziiela ;  ici 
il  trouva  sa  voie,  et  ses  productions  en  ce  genre 
obliurent  un  grand  succès,  aussi  bien  à  Barcelone 
<iu'à  Madrid.  Parmi  ses  zarzuelas  les  plus  applau- 
dies, il  faut  surtout  citer  los  Tios  de  sus  sobii- 
nos  (les  Oncles  de  ses  neveux),  las  Mvgeres 
(Ici  siglo  [les  Femmes  du  siècle),  2  actes, 
Bouffes-Madrilènes,  29  avril  1867,  et  la  Poil- 
ticomania.  Cirque,  17  mai  18G7. 

On  doit  à  M.  Sunyer  la  fondation  du  Conserva- 
toirt»  de  Barcelone,  aujourd'hui  malheureuse- 
ment disparu,  mais  dont  l'existence,  si  elle  a  été 
courte,  n'en  a  pas  moins  été  brillante.  Cet  artiste 
distingué,  qui  a  formé  de  nombreux  élèves  deve- 
nus d'habiles  musiciens,  et  qui  a  écrit  un  grand 
nombre  de  morceaux  de  genre  pour  le  piano,  a 
été  récemment  nommé  professeur  honoraire 
du  Conservatoire  de  Madrid. 

*SLIPPÉ  (  Franz  DE  ),  :clief  dorcliestre  et 
compositeur  autrichien  renommé,  issu  d'une 
famille  originaire  de  la  Belgique,  est  né  à  Spalalo, 
en  Dalmatie,  le  18  avril  1820  (et  non  1823, 
comme  il  a  été  imprimé  par  erreur).  Son  grand- 
père  avait  quitté  la  Belgique  pour  aller  se  fixer  à 
Crémone,  et  ses  parents  étaient  nés  en  cette 
ville.  Lors  de  la  naissance  du  futur  artiste,  son 
père  occupait  à  Spalato  des  fonctions  adminis- 
tratives, et  cinq  mois  après,  par  suite  d'avance- 
ment, il  dut  changer  de  résidence  et  se  rendre 
à  Zara.  Grand  amateur  de  musique,  M.  de 
Suppé  père  encouragea  de  l)onne  heure  chez  son 
fils  les  dispositions  que  celui-ci  témoignait  pour 
cet  art'-,  l'enfant  apprit  seul  à  jouer  ,de  la  flûte, 
et  à  peine  âgé  de  neuf  ans  écrivait  même  deux 
petits  morceaux  pour  cet  instrument;  cependant, 
comme  en  cette  circonslance  il  avait  négligé  ses 
devoirs  de  collège,  il  reçut  de  son  père  une 
semonce  qui  se  termina  par  la  destruction  de 
ces  premiers  essais  de  composition.  Mais,  à  peu 
de  temps  de  là,  le  jeune  Suppé  ayant  organisé, 
pour  l'anniversaire  de  la  naissance  de  son  père, 
une  petite  fête  musicale  dans  laquelle  il  exécuta 
un  nouveau  morceau  écrit  par  lui  pour  la  llùte, 
M.  de  Suppé,  touché  de  cette  intelligente  persis- 
tance, consentit  à  lui  faire  donner  des  leçons  de 
musique. 


C'est  alors  que  l'enfant  fut  confié  aux  soins 
d'un  artiste  dislingué,  Giusoppe  Ferrari,  qui 
faisait  partie  de  lamusiquedu  régiment  «  Baron 
Gepperl  m,  et  qui  lui  enseigna  d'une  façon  ra- 
tionnelle les  jirinci|)es  et  le  mécanisme  de  la 
tlùle.  Dès  cette  époque,  et  sans  rien  connaître 
encore  de  la  théorie  musicale,  le  jeune  Suppé 
écrivit  toute  une  série  de  duos  pour  deux  flûtes. 
Dans  le  même  temps,  il  participait,  soit  à  l'or- 
clie.stre  comme  flùlisle,  soit  dans  les  rhoï-urs 
comme  soprano,  aux  exécutions  de  musique 
religieuse  qui  avaient  lieu  dans  la  cathédrale 
de  Zara  sous  la  direction  du  maître  de  chapelle 
de  Cigalla,  et  c'est  là  ce  qui  lui  donna  l'idée  de 
composer,  à  peine  âgé  de  treize  ans,  une  messe 
qu'il  eut  la  chance  de  pouvoir  faire  entendre  en 
public.  Il  écrivit  aussi  la  musique  d'une  opé- 
rette corai(|ue,  ia  f'OHîwe,  qu'il  joua  lui-môme 
encompagniede  quebpies-uns  de  ses  camarades. 

M.  de  Suppé  avait  quinze  ans  lorsqu'il  perdit 
son  père.  Sa  mère  alla  se  fixer  alors  à  'Vienne, 
afin  que  le  jeune  homme  put  terminer  .ses  étu- 
des littéraires  au  Gymnase  de  cette  ville,  et 
étudier  ensuite  la  médecine.  Mais  la  science 
le  tentait  peu,  et  il  ne  songeait  qu'à  l'art  qu'il 
chérissait.  Bientôt  il  se  consacra  sans  réserve  à 
l'élude  de  lamusique,  se  fit  ailiaettre  au  Conser- 
vatoire devienne,  y  devint  l'élève  du  professeur 
Salzmann  pour  l'harmonie,  et  un  peu  plus  tard 
travailla,  dans  le  même  établissement,  lecontre- 
point  et  rinstrumentation  sous  la  direction  de 
Sachteret  deSeyfried.  Il  fit  des  progrès  rapides, 
et  une  messe  qu'il  composa  à  celte  époque  lui 
valut  les  éloges  de  Sechter,  à  cause  de  la 
bonne  disposition  d'une  fugue  qu'il  y  avait  intro- 
duite. 

Donizctli  venait  d'arriver  à  Vienne,  oii  il 
était  appelé  parla  prochaine  représentation  de  sa 
Lindadi  Chamounix,  qu'il  avait  écrite  expres- 
sément pour  l'Opéra  impérial  de  cette  ville. 
Peu  de  temps  après,  il  était  nommé  maître  [de 
chapelle  de  la  cour.  C'est  alors  que  le  jeune  de 
Suppé,  qui  était  son  parent,  fit  sa  connaissance. 
Donizetti,  sur  sa  demande,  consentit  de  grand 
Cd'ur  à  lui  donner  ses  soins,  et  c'est  sous  la 
direction  de  ce  maître  illustre  que  le  jeune  artiste 
termina  son  éducation,  s'appliquant  surtout  à 
l'étude  et  à  la  lecture  assidue  des  œuvres  des 
maîtres  classiques  et  des  anciens  Italiens.  Bien- 
tôt, et  quoiqu'd  fût  encore  adolescent,  on  le 
nomma  professeur  suppléant  au  Conservatoire, 
presque  en  même  temps  qu'il  fut  engagé  au 
théâtre  Josephstadt  pour  y  remplir  les  fonctions 
de  chef  d'orchestre.  Il  écrivit  pour  ce  théâtre  la 
musique  d'un  vaudeville  qui  obtint  un  tel  succès, 
qu'il  fut  au.ssilôt  appelé  à  celui    de  Presbourg 


SUPPÉ  —  SLRE.MONT 


(Hongrie),  cii  qualité  de  premier  chef  d'ordies- 
re.  Après  trois  ans  de  séjour  en  celte  ville,  il 
retourna  à  Vienne,  et  accepta  le  môme  eni;>loi 
au  théâtre -1»  der  TV/en,  où  eut  lieu  sous  sa 
direction  la  première  représentation  de  l'Etoile 
du  A'ord,  de  M.'verheer,  et  où  il  fit  jouer  d«ux 
opéras  de  sa  coinposiliou  :  la  Fille  de  campagne 
et  Paragraphe  NI.  En  1869.,  M.  de  Suppé  quitta 
le  théâtre  An  der  Wien  pour  le  théâtre  du 
Quai,  puis  celui-ci  ayant  été  déiruit  peu  de  temps 
aprè-i  par  i;n  incendie,  il  entra  au  théâtre  de 
Leopoldsladt,  qu'il  n'a  pas  quitté  depuis  lors  et 
011  il  n'a  cessé  d'obtenir  les  plus  grands  succès 
comme  compositeur  et  comme  chef  d'osthestre. 

M.  de  Suppé  a  fait  preuve  d'une  étonnante 
fécondité.  En  dehors  des  vingt  opérettes  on 
opéras  bouffes  qu'il  a  fait  représenter,  pres- 
que toujours  avec  un  brillant  succès,  en  <le- 
hors  des  deux  .cents  vaudevilles  dont  il  a  écrit 
la  musique  pour  les  théâtres  dont  il  était  le 
chef  d'orchestre,  il  a  publié  près  de  deux 
mille  compositions  de  tout  genre,  consistant 
principalement  en  lieder,  chœurs  pour  voix 
d'honunes,  airs,  romances,  mélodies,  etc. 

Voici  une  liste  assez  étendue  des  produc- 
tions dramatiques  de  M.  de  Suppé  :  1°  la 
Jeune  campagnarde,  3  actes,  Vienne,  7 
août  1847;  2°  Paragraphe  lll ,  Vienne,  8 
janvier  1858;  3"  le  Pensionnat,  un  acte, 
Vienne,  24  novembre  1860  ;  4°  la  Tireuse  de 
caries,  un  acte,  Vienne,  1^''  avril  1862  ;  5" 
Dix  Filles  et  pas  de  mari  {Zehn  M'àdchcn 
und  hein  Mann),  un  acte.  Vienne,  25  octo- 
bre 18C2  ;  G"  les  Mauvais  Garçons,  un  acte, 
Vienne,  19  avril  1863;  7°  la  Vengeance, 
Vienne,  mars  1864  ;  8°  Pique-Dame,  2  actes, 
Vienne,  22  juin  1864:  9"  Franz  Schtcber/, 
un  acte,  Vienne,  10  septembre  1864;  10°  la 
Belle  Galathée  (Sc/iœne  Gnlathea),  un  ac- 
te. Vienne,  Carl-Théàtre,  9  septembre  1865  ; 
11°  Cavalerie  légère,  2  actes,  id.,  id.,  21 
mars  18CG  ;  12"  Freiga,  2  actes,  id.,  id.,  23 
octobre  1866  ;  13°  Exploits  de  bandits,  un 
acte,  Vienne,  27  avril  1867  ;  14"  Madame 
Meislerin,  3  actes.  Vienne,  20  janvier  1868; 
15°  le  Supplice  de  Tantale,  un  acte,  Vienne, 
3  octobre  1868;  16°  Isabelle,  1  acte,  vienne, 
5  mars  1869;  17°  la  Jeune  Fille  de  Dra- 
gant,  3  actes,  Prague,  23  juillet  1870;  18" 
Cannebas,  Vienne,  1870  ;  ly»  Fatinitza, 
3  actes,  Vienne,  5  janvier  1876;  20"  le  Dia- 
ble sur  terre,  3  actes,  Vienne,  5  janvier  1878  ; 
21°  enfin,  Jioccacio,  qui  est  sa  dernière  leu- 
vre  représentée.  De  tous  ces  ouvrages,  un 
seul,  Fatinitza,  est  connu  en  France  ;  après 
avoir  valu  à  son  auteur  un  véritable  triomphe 


à  Vienne,  puis  à  Berlin,  Fatinitza  a  été  jouée 
à  Bruxelles,  et  ensuite  à  Paris,  au  théâtre  des 
IS'ouveaufés  (mars  1879),  avec  un  succès  reten- 
tissant et  prolongé. 

Mais  M.  de  Suppé  n'est  pa?  seulement  un 
musicien  plein  de  verve,  de  jeunesse  et  de 
gaieté  en  ce  qui  concerne  le  théâtre.  Tempéra- 
ment éclectique,  soutenu  par  une  excellente 
éducation,  alliant  la  grâce  italienne  à  la  pro- 
fondeur allemande,  il  a  écrit  plusieurs  œuvres 
importantes  et  sérieuses  qui  révèlent  un  ar- 
tiste très-instruit  et  heureusement  inspiré, 
entre  autres  une  messe  solennelle  en  ut  mi- 
neur, un  grand  Requiem  pour  voix  seules, 
chœur  et  orchestre,  des  symphonies,  des  ou- 
vertures de  concert,  des  quatuors  pour  ins- 
truments à  cordes,  etc.  Parmi  ses  comi)osi- 
tions  vocales,  il  en  est  deux  surtout  qui  sont 
devenues  étonnamment  populaires  dans  sa  pa- 
trie :  c'est  le  lied,  0  toi,  mon  Autriche  !  qui 
a  presque  aujourd'hui  le  caractère  d'un  chant 
national,  et  un  autre  lied  qui,  sous  le  titre  de 
Tantum  ergo,  n'en  est  pas  moins  un  vrai 
petit  chef-d'œuvre  de  musique  comique.  En 
ré>umé,  M.  de  Suppé  est  l'un  des  musicien? 
les  plus  distingués  et  les  plus  populaires  de 
l'Autriche  actuelle.  J.  B. 

SUIIEMOIXT  (Pierre-Jean)  ,  compositeur 
belge,  naquit  à  Anvers  en  1762.  Il  fit  de 
bonnes  études  musicales  ,  et  .se  livra  de 
bonne  heure  à  l'enseignement  et  à  la  composi- 
tion, écrivant  tour  à  tour  des  opéras,  des  can- 
tates, des  symphonies,  des  messes,  des  ouver- 
tures, etc.  Eu  1804,  il  fait  exécuter  aux  funé- 
railles de  son  ami  J.  E.  Pauwels,  une  Missa 
funerale,-  en  1805,  1807,  1809  et  1819,  il  pro- 
duit quatre  autres  messes  avec  orceslre  ;  es 
1810  il  obtient,  conjointement  avec  Verbeyen, 
le  premier  prix  pour  la  composition  d'une 
cantate  sur  la  bataille  de  Waterloo,  mise  au 
concours  [)ar  la  Société  royale  des  Beaux-Arts 
de  Gand  ;  l'année  suivante  il  remporte  le  prix 
pour  une  autre  cantate,  de  Toonkunst,  mise 
au  concours  par  l'ln4itut  des  Pays-Bas  ;  enfin, 
en  1824,  il  fait  représenter  à  .\nvers  un  opéra- 
comique  en  trois  actes,  intitulé  les  Trois  Cou- 
sines. Parmi  les  autres  compositions  de  Sure- 
mont,  il  faut  citer  :  ['Invocation  à  lu  paij , 
chœur  pour  voix  de  femmes;  Nederlandsch 
Zegepraal,  cantate  ;  une  Symphonie  pour 
musique  d'harmonie;  des  ouvertures,  des  mo- 
tets et  quelques  œuvres  de  moindre  impor- 
tance. Suremont  est  aussi  l'auteur  de  l'écrit 
suivant  :  Opuscule  apologétique  sur  les  mé- 
rites des  célèbres  musiciens  belges  aux  qua- 
torzième,    quinzième    et   seizième     siècles 


SL'HKMONT  —  SVBNDSEN 


p^-  -v  <o 


(Anvers,  Schœsetters,  1823),  opuscule  qui  (ut 
l'objet  d'un  rapport  défavorable  au  concours 
ouvert  sur  ce  sujet,  en  1826,  par  l'Institut  des 
Pays-Bas.  Cet  artiste;  estimable  est  mort  à 
Anvers  le  8  mars    1831. 

SLTTEll  (Jean-David),  écrivain  artistique, 
naquit  à  Genève  d'un  père  genevois  et  d'une 
mère  française,  le  12  janvier  1811  (1).  Douédune 
grande  ambition  intellectueik',  il  se  livra  de 
bonne  heure,  avec  passion,  à  l'étude  de  la  plii- 
iosopiiie,  de  la  physique  et  des  mathématiques, 
menant  de  front,  pendant  tout  le  cours  d'une 
existence  laborieuse,  la  musique,  la  peinture,  les 
sciences  d'observation  et  la  littérature.  Il  apprit, 
très-jeune,  à  jouer  du  violon,  de  la  guitare  et  de 
la  flûte,  et  étudia  la  composition  avec  André 
Spaëth.  11  se  produisit  avec  succès  <ians  les 
concerts,  comme  flûtiste,  et,  venu  à  Paris  en 
ISil,  il  entra  comn>e  alto  à  l'orchestre  des  con- 
certs Paganini,  tout  en  ;  prenant  des  leçons 
avecTulou. 

Riais  Sntter  était  un  esprit  réfléchi,  qui 
cherchait  à  se  rendre  compte  des  choses.  Il  ne 
se  contenta  pas  d'être  un  exécutant  plus  ou 
moins  habile,  et  voulut  établir  les  lois  du  style 
musicai,  après  quoi  il  s'occupa  de  la  nature  es- 
thétique de  l'art,  puis  de  l'histoire  même  de  cet 
art,  et  en  vint  enfin  à  vouloir  réformer  la  science 
de  l'acoustique.  Par  malheur,  Sutler,  avec  son 
intelligence  très-déliée  et  très-subtile,  appar- 
tenait à  cette  classe  d'hommes  qui  se  figurent 
que  rien  n'a  été  fait  avant  eux,  qu'ils  sont  une 
sorte  de  Messie  apportant  avec  lui  la  lumière 
et  la  vérité,  et  qui  considèrent  tout  ce  qui  a 
été  fait  jusqu'à  eux  comme  entaché  d'erreur  et 
atteint  d'impuissance.  Avec  cela,  esprit  unique- 
ment réfl('chi,  dénué  de  faculté  créatrice  et  de 
spontanéité,  il  ne  savait  pas  faire  la  part  de  l'ima- 
gination, traitait  l'art  comme  une  chose  mécani- 
(jue  et  mathématique,  prétendait  subordonner 
absolument  l'inspiration  à  la  science,  et  rava- 
lait la  manifestation  artistique  à  une  question 
de  formule  et  de  procédé.  On  comprend  l'effet 
morbide  de  semblables^lhéories,  destructives  de 
tout  sentiment,  et  qui  sont  la  négation  même 
de  l'art.  Telles  étaient  pourtant  celles  de  Suttcr, 
dont  la  bonne  foi  d'ailleurs  n'était  pas  douteuse, 
mais  qui,  par  cela  même,  était  destiné  à  l'im- 
puissance. C'est  pour  cette  raison  sans  doute 
qu'il  ne  put  jamais  trouver  un  éditeur  pour  les 
trois  grands  ouvrages  qu'il  avait  si  laborieuse- 
ment enfantés,  un  Traité  d'acoustique,  une 
Histoire  de  la  musique  depuis   les  Grecs  jus- 

(t)  Je  liens  cette  date  de  Siitter  lui-même,  qui  me  si- 
gnala comme  inexacte  celle  du  31  liécemfjre^donntc  par 
le  Dictionnaire  Larousse. 


^u'à  nos  jours,  et  un  Traité  d'esthétique  mu- 
sicale; il  put  seulement,   peu  de  mois  avant  sa 
mort,  publier  dans  un  journal  spécial, "/'^ri  mu- 
sical, une  partie  de  son  Histoire  de  la  musique, 
celle  ()ui  avait  rapport  à  la  période  grecque.  Ce 
travailleur  acharné  et  intelligent,  mais  dévoyé, 
était  si  convaincu  de  l'excellence   de  ses  doc- 
trines, qu'il  m'écrivait,  dans  une  note  le  con- 
cernant :  —  «  On  ne  sera  pas   surpris  de  voir 
sortir  de  la  môme  plume  tant  d  ouvrages  dont 
un  seul  attrait  suffi    à  illustrer   son  auteur, 
quand  on  saura  que  ce  travailicur  infaligable  a, 
pendant  plus  de  cinquante-cinq  ans,  consacré  son 
existence  à  l'étude  et  à  la  pratique  des  sciences  et 
des  arts.  »  Hélas  !  tous  tant  que  nous  sommes, 
nous  consacrons  notre  existence  à  l'élude,  en  y 
appliquant  toutes  nos  facultés  ;  mais  nous  pui- 
sons notre  force,  non  dans  le  dédain  des  efforts 
d'autrui,  mais,  au  contraire,  dans  le  désir  que 
nous  avons  de  mettre  à  prolit  les  travaux[de  nos 
devanciers    pour  compléter^  dans  notre  sphère 
d'action  et  par  notre  effort  personnel,  la  somm<» 
des  connaissances  générales  et  le  patrimoine  in- 
tellectuel de  l'humanité.  Voilà  ce  dontSutter  n'a 
pas  su  ou  voulu  se  rendre  compte;  il  a  prétendu 
marcher  seul,  il  a  cru  que  lui  seul  avait  la  science 
et  possédait    la  vérité,    il   a  voulu   se  poser  en 
prophète,  et  il  n'a  pas  été  compris    parce  qu'il 
était  incompréhensible. 

Sutler  est  mort  à  Paris,  le  3  mars  1880. 

SVENDSEiy  (Johan-Severin),  compositeur 
norwégien,  est  né  à  Christiania,  le  30  septem- 
bre 1840,  de  parents  peu  fortunés.  Bien  que 
n'ayant  pas  encore  atteint  quarante  ans,  il  la 
déjà  fourni  une  carrière  toute  de  voyages  et 
d'aventures.  Il  montra  de  bonne  heure  une 
véritable  passion  pour  l'état  militaire  et  de 
rares  dispositions  pour  le  violon,  que  son  père 
commença  de  lui  apprendre  et  sur  lequel  il  de- 
vait acquérir  un  vrai  talent.  D'une  constitution 
robuste  et  Irès-développé  dès  l'âge  de  quinze 
ans,  il  entra  alors  comme  chasseur  dans  l'ar- 
mée norvégienne  ;  mais,  dès  qu'il  fut  soldat, 
son  goût  militaire  ne  tarda  pas  à  s'affaiblir,  et 
il  se  retourna  avec  énergie  vers  la  carrière 
musicale.  Il  débuta  d'abord  comme  clarinelle, 
puis  comme  flûtiste,  dans  la  musique  même  du 
régiment,  sans  négliger  pour  cela  l'étude  du 
violon.  Il  saisissait,  au  contraire,  toutes  les 
occasions  de  s'y  exercer.  C'est  ainsi  qu'il  s'en- 
gagea comme  violon-solo  pour  accompagner 
un  cours  de  danse,  et,  pendant  la  durée  des 
leçons,  il  accommodait  à  toutes  les  danses 
imaginables  les  études  les  plus  ardues  de 
Kreutzer  et  de  Paganini.  A  vingt  et  un  ans,  il  ob- 
tint son  congé  militaire,  et  parcourut  la  Suède 


5o6 


SVENDSEN 


ri  le  1101(1  (le  rAllemaguc  en  jouanl  du  violon 
ilans les  concerts;  c'est  à  la  suite  d'un  orcliestre 
aiiilnilaiit  (lu'il  arriva  un  beau  jour  à  Lubeck 
où  le  docleur  Lèche,  consul  de  Suède  et  Nor- 
wége  en  cette  ville,  le  reçut  avec  une  bonté 
presque  paternelle,  et  c'est  grâce  à  ce  protec- 
leur  inalteniiu  que  Svendscn  obtint  du  roi 
Charles  XV  une  pension  que  lui  permit  daller 
leiminer  ses  études  musicales  au  Conserva- 
toire de  Leipzig.  Le  jeune  homme  y  entra 
Cil  18G3,  et  il  y  resta  plus  de  trois  ans,  pen- 
dant lesquels  il  eut  pour  professeurs  d'harmo- 
nie Hauptmann  et  Richler,  et  comme  maître 
de  violon  le  célèbre  virtuose  Ferdinand  Da- 
vid. Au  printemps  de  18G7,  Svendsen  quitta 
le  Conservatoire  et  entreprit  un  grand  voyage 
artistique  ;  il  alla  en  Danemarck,  en  Ecosse, 
en  Irlande,  en  Angleterre,  puis  retourna  en 
Norwége  où  il  donna  deux  grands  concerts 
qui  lui  valurent  un  triomphe  complet.  L'année 
suivante,  il  vint  à  Paris,  où  il  séjourna  deux 
ans,  et  comme  il  fallait  vivre,  il  accepta  d'en- 
trer à  l'orchestre  de  l'Odéon  (!),  puis  il  re- 
tourna à  Lei|)zig,  où  il  remplissait  en  1 870  les 
fonctions  de  concert  meisier  de  la  Société 
Euterpe,  rivale  du  Gewandhaus,  En  1871,  il 
parlait  pour  les  États-Unis,  où  il  prenait 
témme,  et  l'année  suivante,  il  était  rappelé 
à  Christiania  pour  y  diriger  des  concerts  offi- 
ciels. 11  passait  enfin  l'hiver  1877-78  en  Italie, 
l'-été  de  1878  à  Londres  et  arrivait  en  octobre 
à  Paris,  où  il  réside  encore  aujourd'hui,  pro- 
fitant ainsi  de  la  pension  que  le  roi  Oscar  II 
lui  a  attribuée,  ainsi  qu'à  Edouard  Grieg,  pour 
leur  permettre  de  se  livrer  à  la  composition 
en  toute  liberté  d'esprit.  La  première  fois  que 
ces  deux  compositeurs  furent  étudiés  en 
France  avec  l'allenliou  qu'ils  méritent,  ce  fut 
dans  un  arlicle  que  je  m'honore  d'avoir 
écrit  dès  1875  et  qui  ne  produisit  pas,  {laraît-il, 
une  petite  émotion  lorsqu'il  parvint  à  Chris- 
tiania. La  première  fois  qu'on  exécuta  quel- 
qu'une de  leurs  œuvres  à  Paris,  ce  fut  à  l'Ex 
position  universelle  de  1878,  dans  la  séance  de 
musiiiue  de  chambre  norvvégicnne  on  la  sonate 
en  fa  de  Grieg  pour  piano  et  violon  et  l'octuor 
pour  cordes  de  M.  Svendsen  produisirent  le 
jilug  grand  effet.  Ce  succès  ne  fut  |ias  perdu 
pour  M.  Svsndspu,  puisque,  dans  l'hiver  qui 
suivit,  M  Pasdeloup  exécuta  une  de  ses  belles 
Bapsodies  noruégiennes  et  que  les  concerts 
populaires  d'Angers  jouèrent  sa  symphonie  en 
ré  majeur. 

Svendsen  ne  se  dislingue  pas  i)ar  une  fécon- 
dité extraordinaire,  car  le  nombre  de  ses  œu- 
vres n'atteint  pas  encore  la   trentaine  ;  mais  il 


n'en  est  aucune  qui  n'appartienne  au  genre 
élevé.  Ses  premiers  essais,  comme  musicien  de 
régiment,  étaient  écrits  d'emblée  pour  or- 
chestre ;  il  n'est  donc  pas  («tonnant  qu'il  ait 
très-vite  acquis  une  grande  habileté  de  main 
dans  l'art  de  combiner  et  de  nuancer  les  tons 
de  l'orchestre.  ISIais  cette  connaissance  appro- 
fondie des  ressources  orchestrales  dégénère 
parfois  en  défaut, 'lorsque  l'auteur  se  lance  dans 
des  combinaisons  où  il  s'occupe  avant  tout  de  la 
facture,  de  la  forme  extérieure.  Cela  est  par- 
ticulièrement sensible  dans  son  morceau  hu- 
moristique :  le  Carnaval  à  Paris,  on  il  a  fait 
de  la  musique  exclusivement  descriptive,  non 
sans  un  grand  talent  et  une  rare  habileté.  Les 
morceaux  symphoniques  de  M.  Svendsen  sont 
généralement  bien  conçus  et  bâtis  avec  art, 
encore  qu'il  fasse  un  usage  trop  fréquent  des 
petits  motifs  et  des  phrases'écourtées.  Ses  thè- 
mes de  scherzos  et  d'allégros  sont  gracieux 
et  séduisants,  son  orchestration  abonde  en  re- 
cherches piquantes;  enfin,  il  sait  faire  un  em- 
ploi très-beureux  des  contrastes  et  faire  alter- 
ner dans  un  même  morceau  les  émotions  ter- 
ribles et  les  mélodies  gracieuses  ou  caressan- 
tes. Il  marque  même  pour  ce  procédé  une  pré- 
dilection qui  pourrait  l'entraîner  à  l'excès  et 
qui  prête  à  certains  morceaux'  une  apparence 
de  mosaïque,  lorsqu'un  début  pompeux  et 
grandiose  amène  sans  transition  et  sans  raison 
apparente  une  série  de  développements  gra- 
cieux et  de  rhythmes  légers.  Ces  critiques 
de  détail  n'atténuent  en  rien  le  mérite  de  ce 
musicien,  dont  j'ai  voulu  étudier  le  talent  dans 
ses  faces  principales,  en  opposant  ses  moin- 
dres défauts  à  ses  brillantes  qualités.  Les 
premières  de  ses  qualités  sont  une  personna- 
lité bien  franche,  parfois  même  un  peu  bizarre, 
une  couleur  poétiipie  en  ses  andantes,  une 
fantaisie  délicieuse  en  ses  scherzos,  dont  les 
idées  'et  les  développements  lui  aiiparliennent 
bien  en  propre.  Cette  personnalité,  encore  un 
peu  noyée  dans  sa  première  symphonie,  se  dé- 
gage plus  nettement  dans  la  seconde,  dans 
l'ouverture  de  Sigurd  le  mauvais,  et  surtout 
dans  son  quintette  et  son  octuor  pour  instru- 
ments à  cordes  :  c'est  là  le  genre  où  il  me 
parait  exceller  et  devoir  pas.ser  maître.  En 
résumé,  les  qualités,  6t  des  qualités  qu'on 
n'acquiert  pas,  l'emportent  de  beaucoup  dans 
la  balance  ;  on  peut  donc  fonder  de  sérieuses 
espérances  sur  ce  compositeur  dans  un  genre 
où  notre  époque  n'est  pas  trop  riche,  et  il 
faudra  suivre  avec  attention  et  intérêt  le 
déveIopi)ement  ultérieur  du  talent  symphoni- 
que  de  M.  fevendscn. 


SVENDSEN  —  SZAMOTtlLSKI 


5o7 


Voici  l.i  liste  très-complète  des  compositions 
de  M.  SveiKisen  ,  rangées  ]>ar  numéros  (l'œu- 
vre :  1"  Quatuor  pour  cordes  en  la  mineur  ; 
_  2°  Cii.insons  pour  voix  d'hommes  ;  —  3° 
Ottetto  en  la  majeur  pour  deux  violons,  deux 
altos  et  deux  violoncelles  ;  —  4°  Symphonie 
en  ré  majeur  ;  —  5»  Quinletle  en  ut  majeur 
pour  deux  violons,   deux  altos  et   violoncelle; 

—  6"  Concerto  en  la  majeur  pour  violon  et 
orchestre  ;  —  7°  Concerto  en  ré  majeur  pour 
violoncelle  et  orchestre  ;  —  8°  Sigurd  Slembe 
(Sigurd  le  mauvais),  introduction'  symphoni- 
(pie  en  ut  majeur  pour  le  drame  de  IJjornst- 
jerne  Bjornson  ;  —  9°  le  Carnaval  à  Paris, 
épisode  pour  orchestre;  —  10"  Marche  funèhre, 
pour  les  obsèques  du  roi  Charles  XV  ;  —  ir 
Zoraïdée,  légende  pour  orchestre;  —  12" 
Polonaise  de  fête,  pour  orchestre;  —  13" 
Marche  solennelle  pour  le  couronnement 
d'Oscar  II  et  de  son  épouse  Sophie  à  Uron- 
theim,  le  18  juillet  1873  ;  —  14"  Fête  nuptiale 
à  Dévre,  pour  orchestre;  —  15"  Symphonie 
en  si  bémol  majeur,  exécutée  pour  la  pre- 
mière fois  au  Gewandhans  de  Lei[)zig  le  8  no- 
vembre 1877  ;  —  IG"  Marche  humoristique, 
composée  [lour  une  fête  dans  une  société 
d'artistes,  à  Christiania  ;  —  17°  Rliap- 
sodie    norivégienne   u"     !,    pour    orchestre; 

—  18"  Roméo  et  Juliette,  ouverture  pour 
orchestre;  —  19"  Rhapsodie  norwégiennc 
i\"  2  ;  —  20"  Quatuor  pour  cordes  ;  — 
21"  et  22"  Rhapsodies  norircgiennes 
n-'*  3  et  4  ;  —  23°  Cinq  mélodies  pour  voix 
avec  piano,  poésies  allemandes  de  Bodenstedt 
[Mirza  schaffij)  et  françaises  de  Victor  Wilder; 

—  24"  Quatre  mélodies  pour  une  voix  avec 
piano,  traduites  en  français  par  Victor  Wilder. 
De  plus,  M.  Svendsèn  a  orchestré  divers 
morceaux  de  Bach,  Schubert,  Liszt  et  Schu- 
inann  ;  il  a  aussi  arrangé  pour  petit  orches- 
tre de  cordes  différentes  mélodies  popu- 
laires, deux  d'Irlande,  une  de  Norwége  et 
deux  de  Suède  ;  il  a  enfin  |iublié  sans  numéro 
d'ordre  une  mélodie  avec  piano,  la  Violelle, 
qui  se  chante  en  norwégien,  en  anglais  et  en 
allemand.  Au.  J— x. 

*  SAVELIIVCK  (Jean-Pierre),  organiste 
néerlandais,  mourut  non  en  1622,  mais  le 
9  octobre   1G21. 

SYLVESTRE  (François-Xavier),  né  à  La- 
coste (Vauclusi^)  en  1793,  mort  à  Aix  (Bouches- 
du-Rhôno)  le  27  juillet  1856,  a  joui  en  Provence 
d'une  certaine  notoriété.  Ce  fut  à  Cavaillon 
qu'il  reçut  le  premier  enseignement  régulier 
de  iniibique  et  de  violon  d'un  professeur  nommé 
Dérive.  Appelé  à   l'âge  de  dix-huit   ans  sous  les 


drapeaux,  il  se  fit  remarquer  par  ses  aptitudes 
spéciales,  et  fut  nommé  sous-chef  de  musique. 
A  la  chute  de  l'ILinpire  il  retourna  dans  ses 
foyers,  et  en  1817  se  maria  à  Lauris.  H  com- 
pléta dans  cette  petite  ville  ses  connaissances 
musicales  sous  la  direction  de  Garnier,  ex-haut- 
bois de  ropéra  et  de  la  chapelle  royale,  qui 
y  vivait  retiré.  Il  habita  ensuite  Forcal(|uier, 
puis  se  (ixa  délinitivement  à  Aix,  où  il  a  ter- 
miné sa  carrière.  En  1829,  il  fut  choisi  pour 
diriger  la  maîtrise  de  l'église  métropolitaine 
d'Aix,  que  Félicien  David  venait  de  quitter,  et 
où  André  Campra  avait  fait  jadis  ses  études, 
juscju'en  1679.  Il  conserva  ces  fonctions  de  maî- 
tre de  chapelle  jusqn'cà  sa  mort. 

Sylvestre  a  beaucoup  écrit.  Celles  de  ses 
œuvres  qui  méritent  le  plus  d'être  mention- 
nées sont  les  Psaumes  110,'lll  et  112  et  quatre 
messes  pour  soti,  chœurs  et  orchf  stre  ;  l'une 
d'elles,  dédiée  à  sainte  Cécile,  fut  entendue 
pour  la  première  fois  à  Aix  en  1836,  et  y  a 
été  depuis  assez  fréquemment  exécutée.  On 
connaît  encore  de  lui  diverses  cantates,  entre 
antres  celle  de  Saùl  et  une  autre  pour  les 
victimes  de  la  Guaileloupe,  beaucoup  d'an- 
tiennes, motets  et  cautiquL\s,  et  des  leçons  et 
solfèges  pour  ses  élèves. 

Ces  ouvrages  sont  d'une  assez  bonne  facture 
et  témoignent  d'une  grande  facilité  mélodique. 
IMaiheureuseinent  le  choix  des  idées  n'est  nul- 
lement épuré,  et  le  style  se  ressent  beaucoup 
du  milieu  étroit  où  Sylvestre  a  passé  sa  vie 
depuis  sa  première  enfance.  On  peut  appli- 
quer à  tous  ses  travaux  l'appréciation  très- 
exacte  que  d'Orligue  a  portée,  dans  ce  .sens, 
sur  la  messe  à  sainte  Cécile  dans  la  Musi- 
que à  VÉrjlise    (page    129). 

Sylvestre  était  un  artiste  laborieux  et  mo- 
deste. Il  a  rendu  de  réels  services  comme 
professeur  et  maître  de  chapelle,  et  sa  mort 
causa  d'unanimes  regrets. 

Al.  R— d. 

SZAl^lOTLXSîil  (Vexceslas),  Venceslaus 
SamotuUensis,  musicien  fameux  du  seizième 
siècle,  naquit  à  Szamotuly,  et  fit  ses  études 
littéraires  d'abord  au  collège  de  LuKzanki, 
à  Posen,  puisa  Cracovie.  Admis  ensuite  comme 
secrétaire  chez  Jérôme  Chodkiewicz,  hetman 
de  Lithuanie,  il  se  fit  recevo'ir  docteur  en 
philoso|)hie  à  l'Univeisité  de  Cracovie,  puis  se 
consacra  à  la  culture  de  la  poésie  et  de  la 
musique,  sans  négliger  les  mathématiques. 
Nommé  plus  tard  directeur  de  la  musique  du 
roi  de  Pologne  Sigismon  I-Auguste,  il  écrivit 
des  mélodie^  pour  les  Lamentations  de  Jéré- 
mie  et  composa    un    grand   nombre    de  chants 


SZAMOTULSKI  —  SZCZUP.OWSRl 


sacrés  qui    liront  l'admiration   générale  ;    con- 
!cnii>orain  de  .lean    WirbKowski.     il   composa 
aussi  plusieurs  cantates  pour   ce   chanteur  cé- 
lèbre, qui  n'a  jamais   eu  d'éj^al  dans  son  pays. 
Tous  les  écrivains  polonais  sont  unanimes  dans 
les    louanges  •(|;i  ils    ont    accordées    à  la    mé- 
moire  de   Szainotiilski,    et    l'iiisloricn   Simon 
Sfarowolski,    <|ui    lui   a    consacré   une    notice 
dans   ses   Cent    illusirca   PoUmais,   en  parle 
ainsi  à  la  fin  de  celle  notice  :  «  On  dit  qu'Am- 
phion  fléchit  par  ses  chants  mélodieux  les  ro- 
chers immobiles  et  attendrit  les  pierres  ;   mais 
voici  que,   de  sa  douce  voix,   un  nouvel  Am- 
phion  attendrit  les  hommes  du  Nord....  »  Ses 
contemporains  le  considéraient  comme    un  di- 
gne émule  des  grands  maîtres  de  l'Italie.  Mal- 
heureusement cet  artiste  mourut  jeune,  à  peine 
Agé  de  quarante-trois  ans,  et  avant    d'avoir  pu 
donner  la   mesure  complète    de   ses  facultés. 
Tous  les  recueils  de  chant  religieux   publiés  en 
Pologne  dans  le  cours  du  seizième  siècle  con- 
tiennent des    mélodies  de    Venceslas   Szamo- 
tulski,  désignées  par  ses  deux   initiales  :  V.  S. 
On    cite   parmi  ses    compositions    :    Alléluia 
(Cracovie,   Andrysovic)  ;   Christe  qui   luv    es 
cl  dies,  motet  à  quatre  voix,    sur  paroles  po- 
lonaises (idem,    idem);   chant    d"André    Trzy- 
cyeski,  Ach  moij  niebieski   panie,  mélodie   à 
([uatre    voix,    cantus,    altus,    ténor    et  basse 
(idem,  idem)  ;  Prière  dit,  soir,  à    quatre  voix 
(idem,  idem);  Inclina,  Domine,  aurem  iiiam, 
psaume  85,   .sur  paroles   polonaises  ;    Beatus 
rir  qui  non  nbiit  in  concilio   iinpiorum,  mo- 
tet à  quatre  voix,  sur    paroles  polonaises  ;   Do- 
mine, qiiis   habitabit    in     tabernaculo  tito, 
psaume  14,  à   quatre   voix,   sur  paroles  polo- 
naises (Cracovie,  Andrysovic). 

SZCZEPA^OAVSKI  (Stanislas),  l'un  des 
virtuoses  sur  la  guitare  les  itlus  remarquables 
qu'ait  produits  le  dix -neuvième  siècle,  naquit 
en  181  i  dans  le  Palatinat  de  Cracovie.  Ayant 
fait  un  voyage  à  Edimbourg  dans  ses  jeunes 
aimées,  il  commença  l'étude  de  son  inslnunent 
avec  Horeçki  {Voyez  ce  nom),  alors  établi  en 
celte  ville  ,  puis,  étant  venu  à  Paris,  prit  des 
leçons  avec  Sor,  qui  lui  enseigna  aussi  la 
composition.  Après  avoir  ainsi  terminé  son 
éducation,  il  retourna  à  Edimbourg,  donna 
son  premier  concert,  qui  produisit  une  véri- 
table sensation,  et  entreprit  un  grand  voyage 
musical  à  travers  l'Europe,  se  faisant  entendre 
successivement  à  Londres,  à  Berlin,  où  la 
jeunesse  polonaise  lui  offrait  un  banquet  ,  à 
l'osen,  où  il  donnait  quinze  concerts,  à  Cra- 
covie, où  il  n'en  donnait  pas  moins,  à  Varso- 
vie, à  Saint-Pétersbourg,  où  il  se  produisait  trois 


ois  de  suite  au  théâtre  Michel,  à  Wilna,  cii  il 
était     accueilli    avec    enthousiasme,    et    dans 
d'autres  villes  encore.  Szczepanowski  ne  resta 
pas  longtemps  dans  sa  patrie,  et  reprit  bien- 
tôt le    cours   de    ses  pérégrinations,    visitant 
cette  fois   les  provinces  danubiennes,    la  Tur- 
quie, la  Syrie,  et  se  faisant  applaudir  à  Kùow, 
Bucharest,     Ibralïa,     Warna,    Constantinople, 
Smyrne  ,  etc.  ,   puis   traversant  l'Europe  cen- 
trale ,  et    allant   chercher    le   succès   jusqu'en 
Espagne.  Partout  il  recevait  le  même  accueil, 
et  se  voyait  fêté  par  ses  auditeurs.  En  1855, 
comme  il  visitait  de  nouveau   l'Allemagne,  une 
feuille  germanique,    ïlllustrirte   Zeitung,  pu- 
bliait sa   biographie    et  son  portrait,   Szczepa- 
nowski ne    se   bornait  pas  d'ailleurs   à  pincer 
de  la  guitare  ;  il  possédait  aussi  un  talent  dis- 
tingué sur   le  violoncelle,  et   se  faisait  souvent 
entendre  sur  cet  instrument.  Mais  il  n'a  écrit, 
je   crois,  que  pour    la  guitare,   et     l'on   cite, 
parmi  ses  compositions  :    1°  Fantaisie  [sur  un 
air  anglais;  2°  la  Jota  Arragonesa,  variée  ; 
?,"  Introduction  et    Variations  sur   un  thème 
de  Sor,   pour    la  main  gauche  seule;  4"  Dif' 
ficullés    de   la  guitare  (Andante  et  Mazurek, 
suivis    d'une   valse  fantastique)  ;  5°    Souvenir 
de  Varsovie,   pot-pourri  militaire;    6°   Varia- 
tions sur  un  air  polonais;  7°  Duo  comique  sur 
le.  Carnaval  de  Venise  ;  8°  Mazureks    origi- 
nales; 9"  Quatre  Mazoures    (Londres,   Cocks) 
etc. 

SZCZLROlVSîvI  (JE.VN-NÉPOMLCt:NE) ,  un 
des  chanteurs  les  plus  remarquables  qu'ait 
possédés  la  Pologne,  naquit  en  1771  ;">  Pine- 
zow,  «lans  ,1e  Palatinat  de  Cracovie.  Cet  ar- 
tiste extrêmement  distingué,  doué  d'une  voix 
de  basse-taille  forte  et  vibrante,  conserva  cette 
voix  pendant  près  de'soixante  ans.  Après  avoir 
fait  son  éducation  musicale  dans  sa  ville  na- 
tale, il  débuta,  en  1787,  sur  le  théâtre  de  Cra- 
covie, puis  se  fit  entendre  sur  ceux  de  Dubno 
et  de  Lublin  ;  mais  ce  milieu  modeste  ne  suf- 
fisant pas  à  son  ambition,  il  s'engagea  à  Var- 
sovie, dans  la  troupe  du  célèbre  directeur 
Boguslawski,  et  y  débuta  avec  succès,  en  1793, 
ilans  la  Frascatana,  de  Paisiello.  Au  bout 
de  deux  ans,  il  partit  pour  Léopol,  où  il  resta 
quatre  années,  puis  revint  à  Varsovie  où  il 
fut  jusqu'en  1806  le  principal  soutien  de  l'opéra 
polonais.  Il  entreprit  alors  un  nouveau  voyage, 
visita  Dubno,  Tulc/yn,  Kamienieç-Podolski, 
et,  une  fois  de  retour  à  Varsovie,  ne  quitta 
plus  cette  ville  jusqu'à  la  fin  de  sa  carrière. 

Alors  commença  la  plus  belle  période  de  la 
vie  artislicpie  de  Szczurowski,  qui  se  montra 
tour  à  tour,  avec  le  plus  grand  succès,   dans 


SZCZURONYSKI 


S/ÉKELY 


Soi) 


ÏAxur,  de  Salieri,  dans  la  Vestale,  de  Spon- 
tiiii,  dans  Don  Jîiun  et  la  Flàle  magique, 
de  Mozart,  dans  le  Turc  en  Italie,  le  Bar- 
bier de  Séville  et  la  Pie  voleuse,  de  Ros- 
>\u\,  dans  VAgnese  ,  de  Paër,  dans  Robert  le 
Diable,  de  :Meyeibeer.  «  Dans  tous  ces  rôles, 
ilit  M.  Albert  Sowinski,  il  brilla  comme  chan- 
teur, aiiné  du  public,  estimé  des  artistes, 
toujours  exact  à  remplir  ses  devoirs  et  em- 
l)ressé  à  rendre  service  à  ses  confrères.  Indé- 
liendamment  des  opéras  traduits,  il  remplit  des 
rôles  importants  dans  les  opéras  polonais  de 
Charles  KurpinMvi.  11  fut  très-applaudi  dans 
les  personnages  de  Lancelot,  du  Palais  de 
f.ucifer  et  de  Czaromijsl.  En  i837,  la  direc- 
tion des  lliéàlres  de  Varsovie  lui  accordt  une 
représentation  à  son  bénéfice  à  l'occasion  de 
son  jubilé  (cinquante  ans  de  service).  Le 
Turc  en  Italie  fut  monté  avec  magnifi- 
cence ;  tous  les  artistes  parurent  dans  les  dif- 
férents costumes;  le  bénéficiaire,  rappelé  après 
chaque  moi'ceau,  remercia  l'assemblée  dans 
une  pièce  composée  exprès  pour  la  circons- 
iance,  par  le  maître  de  chapelle,  Charles  Kur- 
pinslii,  après  laquelle  le  ténor  Dobrski  chanta 
des  couplets  en  l'honneur  du  bénéficiaire,  et 
i  la  fin  de  cette  solennité  les  artistes  lui  of- 
frirent une  bague  précieuse  avec  cette  inscrip- 
tion :  Pamiontka  od  artystow  (Souvenir 
(i'artistes).  »  En  1845,  Szczurowski  se  lit  en- 
tendre une  dernière  fois  dans  une  séance  donnée 


pour  célébrer  le  vingt-cinquième  anniversaire 
lie  la  fondation,  à  Varsovie  ,  des  concerts  de 
la  liessource  marchande.  Il  était  alors  âgé  de 
soixante- quatorze  ans.  Il  moiuut  peu  d'années 
après. 

SZEKELV  (Eméhiquk),  pianiste  et  compo- 
siteur, distingué,  est;  né  à  Matyfalva  (Hongrie) 
le  8  mai  1823.  Après  avoir  reçu  une  bonne 
éducation  musicale,  il  fit,  en  1816,  un  voyagea 
Paris  et  à  Londres,  puis  rentra  dans  sa  patrie 
et  se  fixa  en  1850  à  Budapest.  Il  y  occupe  au- 
jourd'hui une  situation  considérable  comme  com- 
positeur, virtuose  remarquable  et  professeur  re- 
cherché.M.  Székely  a  écrit  beaucoup  et  dans  di- 
vers genres  :  pièces  .symphoniiiues,  concertos  et 
sonates  pour  le  piano,  etc.  Le  nombre  de  ses 
compositions  publiées  (pour  la  plupart  chez  l'é- 
diteur Rozsavolgyi,  à  Budapest)  s'élève  à  60  en- 
virons. Ses  morceaux  de  salon  pour  le  piano,  en 
style  hongrois,  sont  les  plus  renommés  et  les 
plus  répandus;  ce  sont  généralement  des  trans- 
criptions brUlantes  de  chants  nationaux,  ou  des 
conqiositions  écrites  sur  des  motifs  populaires. 
La  plus  belle  de  ses  fantaisies  hongroises  est 
un  morceau  intitulé  Souvenir  du  lac  de  Balu- 
ton,  du  nom  d'un  lac  qui  est  situé  d'une  façon 
romantique  au  milieu  de  la  Hongrie.  M.  Székely 
a  publié  aussi  diverses  transcriptions  sur  des 
motifs  de  deux  opéras  d'Erkcl  :  Hunijady  et 
Bankban. 

J.  B 


*  ï.\CCni:>^\l\DI  (Nicolas).  —  C'est  le 
14  mars  1859,  et  non  au  mois  de  janvier  18G0, 
que  ce  chanteur  célèbre  est  mort  à  l^lorence. 
D'autre  part,  la  date  de  sa  naissance  est  le 
3  septembre  1772,  et  non  le  10  seplemiin' 
177G. 

TACC1II>,\RD1  (GuiDo),  jeune  compo- 
siteur italien,  élève,  je  crois,  de  M.  Mabellini, 
a  fait  ses  débuts  à  la  scène  en  écrivant  avec 
quelques  jeunes  confrères,  MM.  Baccbini,  De 
Champs,  Felici,  Gialdini  et  Usiglio,  la  partition 
d'un  petit  o|)éra  bouffe,  la  Secc/iia  rapita,  qui 
fut  représenté  sur  le  théâtre  Gokloni,  de  Flo- 
rence, au  mois  d'avril  1872.  Le  22  octobre  de  la 
même  année,  il  donnait, seul,  au  théâtre  Nuovo, 
de  la  même  ville,  un  autre  ouvrage  bouffe  inli- 
tulé  i  Conti  senza  Voslo.  Enfin,  le  25  février 
1874,  le  théâtre  des  Loges  offrait  à  son  public 
une  nouvelle  bouffonnerie,  Vidolo  Cinese,  dont 
la  musique' avait  encore  été  écrite  par  M.  Tar- 
chinardi  et  trois  autres  jeunes  artistes,  Mi\L  De 
Champs,  Felici  et  Gialdini. 

TAC-COE>'  ( ),  musicien    français, 

a  fait  représenter  à  Nanles,  au  mois  de  juillet 
1872,  un  opéra-comique  en  un  acte  intitulé 
Jean  le  duc. 

TADDELCCI  ( ),    jeune  compositeur 

italien,  était  âgé  seulement  de  dix-huit  ans  lors- 
qu'il (It  repré.senter  le  Ifi  avril  186S,  sur  lelhéâde 
delà  Pergola,  de  Florence,  ,4/ H((c/e,  opéra  can- 
tate en  deux  parties. 

*  TADOLOÎ  (Jean),  compositeur  dramali- 
que  'italien,  est  mort  à  Bologne  le  2'J  novembre 
1872. 

*  T AKr.LICHSBKCK  (Tuobas),  composi- 
teur et  vio'oniste,  est  mort  à  Bade  le  4  octobre 
18C7. 

TAGLIAFICO  (Josepii-Dievdonné),  né  à 
Toulon,  déparent»  iinlicns,  le  1""  janvier  I>S2l,fi! 
de  remanjuables  éludes  au  collège  Henri  IVà  Pa- 
ris, où  il  obtint  en  1837  un  accessit  au  prix 
d'honneur  du  grand  concours.  Destiné  au  bar- 
reau, il  fit  son  droit  à  Paris;  mais  des  succès  de 
salon  comme  chanteur  déterminèrent  sa  voca- 
tion pour  le  théâtre.  Instruit  par  Piermarini 
pour  le  chant  et  par  Lablaclie  pour  la  scène,  il 
d'ibula  en  18i4  aux  Italiens,  de  Paris,  el  eu 
1847  à  Londres.  Depuis  cette  époque,  il  n'a  pas 


manqué  une  ^eule  saison  à  Covent-Garden. 
Il  a  chanté  dans  les  intervalles  en  Russie,  en 
.\llemagne,  en  .Amérique.  M.  Tagliafico  est  l'au- 
teur de  beaucoup  de  traductions  françaises  des 
maîtres  italiens,  espMgnols  et  anglais.  Comme 
compositeur,  il  a  produit  quelques  œuvres  de 
.salon  dont  certaines,  telles  que  le  Duo  co- 
inique  de  Saint-Janvier,  ont  obtenu  un  grand 
succès.  La  correspondance  anglaise  adressée  au 
Ménestrel  depuis  quinze  ans,  sous  le  pseudo- 
nyme de  de  Retz  ,  est  également  de  M.  Taglia- 
fico. 

J.  D.  F. 

TAGLIOAfI  (Fekdinando)  ,  compositeur, 
professeur  de  chant  et  écrivain  musical,  né  à 
Naples  le  14  septembre  1810,  est  le  fils  du  fa- 
meux choiégrapiie  Salvatore  Taglioni.  Il  com- 
mença dès  ses  plus  jeunes  années  l'étude  de 
la  musique  et  du  piano,  puis,  ayant  été  envoyé  à 
Lucques  pour  y  faire  son  éducation  littéraire, 
il  y  devint  en  même  temps  l'élève  de  Massimi- 
liano  Quilici  j^our  le  piano  et  de  Doinenico  Qui- 
lici  pour  riiaimonie  et  le  confie-point  ;  enfin, 
étant  retourné  à  Niples  en  1828,  il  .compléta 
ses  connaissances  artistiques  avec  Raiinondi  et 
le  comte  Galleinberg.  qui  lui  fit  particulièrement 
travailler  l'instrumentation.  Après  avoir  écnt 
pour  le  théâtre  du  Fondo  deux  opéras  qui  fu- 
rent bien  accueillis,  i  Gualderano  (1838),  et 
/  Due  Mardi  (1839),  M.  Taglioni  se  livra  avec 
succès  à  l'enseignement  du  chant  et  forma 
d'excellents  élèves,  parmi  les(iiiels  on  cite  sur- 
tout la  Borghi-Mamo,  W"  Elena  Angri,  et  le  té- 
nor Braham,  devenus  si  célèbres  depuis.  INommé 
en  1842  directeur  de  la  chapelle  de  la  B.  S.  Casa 
di  Lanciano,  il  conserva  ces  fonctions  jusqu'en 
1849,  écrivant  de  nombreuses  (euvres  de  mu- 
sique religieuse,  soit  a  cappella,  soit  à  grand 
orciiestre,  entre  autres  deux  grands  Miserere, 
un  Te  Deum  et  un  oratorio  intitulé  Maria. 
Durant  son  séjour  à  Lanciano,  M.  Taglioni  fut 
chef  d'orchestre  du  théâtre  de  cette  ville. 

Mn  18'i9,  il  revint  à  Na|>les,  où  il  remplit 
jusqu'en  18.'j2  l'emploi  de  maestro  concerla/ore 
au  théâtre  San-Carlo;  à  celle  époque  il  du! 
émigrer  pour  se  soustraire  à  deux  condanma- 
t'ous  qu'il  avait  subies  pour  faits  politique?. 
Après  avoir    obtenu    sa  grâce,    il  fixa  de  non- 


TAGLIONI 


TALEXY 


361 


veau  son  séjour  à  Naples,  où  il  prit  la  direc- 
lioti  (le  la  Gazzettu  musicale;  puis,  en  18ôG, 
il  introduisit,  le  premier  en  Italie,  les  concerts 
historiques  classiques^  avec  commentaires 
écrits  par  hii-mèinp.  C'est  aussi  lui  qui,  en 
lS6i,  proposa  l'idée  d'un  congrès  musical  italien, 
ilont,  lors  de  sa  réunion,  il  fut  nommé  prési- 
dent. Enfin,  c'est  encore  iM.  Ta};iioni  qui,  le  pre- 
imier,  s'occupa  de  i'enseisincment  du  chant 
choral  en  Italie,  et  fonda  la  première  école  de 
be  genre  à  Naples  en  1865. 
f  M.  Taj^lioni  n'a  pidilié  qu'un  pelit  nombre 
ide  ses  compositions  :  2  romances,  quelques 
duos  pour  piano  et  violon,  un  recueil  d'exer- 
iCices  et  de  mélodies  jiour  l'enseignement  du 
chant  choral.  Voici  la  liste  de  ses  écrits  rela- 
tifs soit  à  la  théorie,  soit  à  l'enseignement  de 
la  musique  :  i"  l'rogcflo  diri/brme  musicall 
dklattkhe,  cJiiesastiche ,  teatrali  (ISCI); 
i"  Discorso  inaugurale,  délia  Socielàdel  Quar- 
letlo  (1862);  3°  Proposta  di  un  regolamen/o 
per  Vinsegnamenlo  obbligalorio  délia  musica 
nelle  scuole  primarie  e  normali  (  1 865)  ;  4"  Dis- 
corso inatigurale  del  1°  Congresso  musicale 
italiano  (1865);  5°  la  Queslione  del  collegiodi 
miisica  (iliOC)};  6"  Osservazioni  iiilonio  alla 
rclazione  délia  commissionne  d'iachiesta  per 
le  scuole  di  musica  nel  R.  Albergo  de'  Poveri 
(fSG7);  7"  Lezinni  popolari  di  letlura  musi- 
cale  deiiale  per  Vinsegnamenlo  simuUaueo 
(1868);  8"  VOrganico  del  collegiodi  musica, 
ixservazioni  e  pensieri  {\HG'.)};  9°  Metodo  ra- 
zinnale  per  l'insegnamento  del  canto  coralc 
mile  scuole  in  faut  m  e  popolari  (IS'i);  iO''3fa- 
uitale  per  Vinsegnamenlo  pratico  de'  cnnli 
per  udizione  (1870);  11"  Mnntiale  dirudi- 
nienli  elemenlari  ])er  Vinsegnamenlo  leorico 
dfi  canto  coralc  nulle  scuole  popolari  {{870)  ; 
l'î"  Diserjno  di  un  corso  diesfetica  musicale 
(1873).  Outre  ces  écrits,  M.  Tnj^lioni  a  publié 
lians  divers  journaux  un  grand  nombre  de  bio- 
graphies artistiques  et  d'articles  de  critique  et 
(l'histoire  musicales.  M.  Taglioiiiest  membre  de 
diverses  académies,  et  chevalier  de  l'ordre 
des    SS.    Maurice  et  Lazare. 

TAI\  ( ),    violoniste   et  compositeur, 

a  fait  représenter  en  ISo'i,  sur  le  théâtre  des 
Jeunes-Élèves,  deux.  |)etils  opéras-comiques  en 
un  acte  :  1"  la  Raison,  VHgmen  et  V Amour; 
2"  une  Heure  d'Alcihinde.  Il  a  écrit  aussi  la 
musique  de  plusieurs  drames  joués  aux  bou- 
levards. En  1807,  il  était  premier  violon  au 
théâtre  de  la  Gaîté  ;  peu  d'années  après ,  il 
descendait  au  second  violon,  ce  qui  indiquerait 
qu'à  cette  époque  il  n'était  déjà  plus  jeune. 
J  'ignore  les  dates  de  sa  naissance  et  de  sa  mort. 

BIOCU     UNlV.   DES   MUSICIENS.    —   SUI'I'L.    - 


TAJAN-UOGIi  (D ), musicien etécri vain 

français,  a  publié  en  1867,  dans  la  Revue  phi- 
losophique et  religieuse,  l'écrit  suivant  :  «  les 
Beaux- Arts  aux  Etats-Unis  d'Amérique, 
deux  discours  prononcés  à  New-York,  les  27 
et  31  mai  1856,  par  M.  D.  Tajan-Rogé,  »  dont 
il  a  été  fait  un  tirage  à  part  (Paris,  Be;fel,1857, 
in-S"  de  72  pp.).  Le  second  de  ces  discours 
porte  pour  titre  :  État  général  de  la  musique 
et  de  Vopéra  lyrique.  Le  même  écrivain  a  pu- 
blié une  brochure  intitulée  :  Hommage  à  la 
mémoire  de  Ikiillot  (Paris,  Le  Chevalier,  1827, 
\n-V\  de  2i  pp.),  un  écrit  plus  étendu  qui, 
sous  ce  titre  •  Mémoires  d'un  piano,  trace  le 
récit  de  voyages  faits  par  l'auteur  en  Asie  et 
en  Ani(|ue,  une  brochure  de  polémique  intitulée 
Fausses  noies,  et  enfin  un  autre  opuscule,  non 
signé  :  <^  le  Festival  de  Birmingham,  ^ay  un 
Welche.  i.  Tajan-Rogé,  qui  avait  pris  part  à  la 
rédaction  du  journal  VArenir  musical  (1853), 
est  mort  à  Paris  au  mois  de  mars  1878,  âgé  de 
75  ans.  Il  avait  séjourné  longtemps  à  Saint-Pé- 
tersbourg, où  il  faûsait  partie  de  l'orchestre  du 
théâtre  impérial.  Dans  sa  jeunesse  il  avait  ap- 
liarlenu,  connue  Télicien  David,  à  la  secte  saint- 
simonienne. 

T ALIJW  (Adkien),  pianisleet  compositeur 
français,  né  vers  1820,  s'est  consacré  de  bonne 
heure  à  l'iMiseiguemeut,  tout  en  se  faisant  con- 
naître par  la  publication  d'une  a.ssez  grande 
quantité  de  morceaux  de  genre  pour  le  piano, 
morceaux  auxquels  leur  grâce  facile  valut  un 
succès  assez  vif  auprès  des  amateurs.  En  1860, 
M.  Talexy  eut  la  singulière  idée  de  .se  faire  di- 
recteur do  théâtre,  et  de  conduire  à  Londres 
une  troupe  d'acteurs  non  lyriques.  Cette  expé- 
dition ne  fut  pas  heureuse,  et  bientôt  il  re- 
commençai! à  donner  des  leçons  et  à  compo- 
ser. Dans  CCS  dernièies  années,  il  a  écrit  lamu- 
siipie  de  quelques  opérettes  en  un  acte,  dont 
voici  la  liste  :  i°  îin  Garçon  de  cabinet,  I-'olies- 
Mariguy,  mai  1872  ;  2°  la  Fête  des  lanternes, 
id.,  2  octobre  1872  ;  3°  le  Boulon  perdu,  P.ouf- 
fes-Parisieus,  7  mars  1874;  4"  le  Secret  de 
Rose,  café-concert  de  la  Pépinière,  30  octobre 
1875;  5*  le  Garçon  malgré  lui,  Folies-Oller, 
12  mai  1877;  6"  Quand  on  manque  le  coche, 
I^ouffes-Parisiens,  5  mai  1878. 

Les  compositions  de  M.  Talexy  pour  le  piano 
sont  au  nombre  de  cent  cinquante  environ, 
parmi  lesquelles  il  faut  smlout  ciler  une  Mé- 
thode élémentaire  et  progressive  de  piano 
(Paris,  Colombier),  un  recueil  de  20  Études  ex- 
pressives, o\^.  80(i.i.,  id.),  et  des  morceaux  de 
salon  originaux  :  Promenade  sur  Veau,  le 
Coucher  des  oiseaux.  Bruits  des  champs 
T.  II.  36 


iOfî 


TALEXY  -   'lAPPEllï 


!\'ttit  ètoilée,  Bona  sera,  Privre  à  la  Madone, 
Marche  des  fifres,  Araujuez,  la  Pagode, 
Jlymne  à  Cèrès,  Chœur  d^adieu,  etc.  Cel 
artisic  a  publié  aussi  des  fantaisies  sur  des 
motifs  d'iipéras  et  un  assez  grand  nombre  de 
morceaux  de  musique  de  danse. 

TAMBi:ilLICIv  (ENRico),céIèlire  ténor  ita- 
lien, est  né  à  Rome  le  16  mars  1820.  Fils  d'un 
employé  au  Trésor,  il  était  destiné  par  son  père 
à  la  carrière  du  barreau,  et  envoyé  d'abord  à 
rUniversité  de  Bologne;  mais  le  jeune  homme 
avait  une  Ame  d'artiste,  une  voix  merveilleuse, 
et  il  abandonna  tout  pour  se  consacrer  à  l'é- 
lude du  dianl,  sous  la  direction  d'un  ancien 
ténor  nonuné  Guglielmi.  11  fit  de  rapides  pro- 
grès avec  ce  maître,  et  après  deux  années  d'un 
travail  assidu  il  |>ut  débuter  au  théâtre  du 
Fondo,  de  Naples,  dans  GiuUetta  e  Romeo  de 
Bel  Uni.  Son  succès  fut  si  grand,  dès  sa  pre- 
mière apparition,  qu'on  l'appela  aussitôt  au 
grand  théâtre  San-Cailo,  oii  il  se  vit  accueillir 
avec  un  véritable  enthousiasme  dans  la  Norma 
et  Gemma  di  Vergij. 

Un  piiysique  superbe,  une  physionomie  noble 
et  théâtrale,  une  voix  aussi  remarquable  par  sa 
fraîcheur  et  sa  limpidité  que  par  sa  puissance 
et  sa  grandeur,  un  style  d'une  rare  pureté,  un 
cliant  patliélique  et  animé,  enfin  un  rare  sen- 
timent de  la  .scène  et  de  ses  exigences,  telles 
étaient  les  qualités  de  M.  Tamberlick,  qui  fut 
certainement, [avec  M.  Fraschini,M'"'^'  Alboni  et 
Frezzolini,  l'un  des  derniers  représentants  de 
tette  grande  école  du  beau  chant  italien,  si 
déchue  aujourd'hui. 

Après  avoir  fait  fureur  à  Naples,  M.  Tamber- 
lick partit  pour  Lisbonne,  où  l'appelait  un  brillant 
engagement.  Il  se  produisit  ensuite  à  Madiid, 
à  Barcelone,  à  Londres  et  à  Saint-Pétersbourg, 
après  quoi  il  alla  faire  une  tournée  triomphale 
dans  les  deux  Amériques.  C'est  en  1858  qu'il 
vint  pour  la  première  fois  à  Paris,  où,  il  laul 
bien  le  confesser,  le  public  accourut  en  foide 
tout  d'abord  plutôt  pour  entendre  le  fameux 
ut  dièze  qu'il  faisait  sonner  avec  tant  d'éclat, 
que  pour  apprécier  et  admirer  les  belles  et 
nobles  qualités  qui  constituaient  son  talent. 
Toutefois,  les  connaisseurs  ne  s'y  trompèrent 
pas,  et  trouvèrent  en  lui  l'un  des  plus  beaux 
chanteurs  qu'on  eût  depuis  longtemps  entendus. 
Le  réjiertoire  de  M.  Tamberlick  se  composait 
des  grands  ouvrages  sérieux,  Olello,  Pollalo, 
il  Trovatore,  la  Forza  del  Destino,  liigolclto, 
auxquels  il  joignait,  à  l'étranger,  les  traductions 
de  nos  opéras  français  :  Guillaume  Tell,  Ro- 
bert le  Diable,  les  Huguenols,  la  Muette, 
le  Prophète,  r Africaine,  le  Pardon  de   Plo- 


ërmel,  etc.  Avec  la.  Muette,  entre  autres,  il 
obtiÊit  un  succès  fou  à  Madrid,  où  il  se  trou- 
vait lors  de  la  révolution  de  septembre  1808.  Il 
était  de  retour  à  Paris  l'année  suivante,  et  y  re- 
vint encore  en  1877,  aux  derniers  temps  de 
notre  théâtre  italien.  Mais  alors,  âgé  déjà  de  57 
ans,  il  n'était  plus  que  l'ombre  de  lui-même, 
et,  malgré  ses  efforts,  son  succès  fut  négatif. 
Je  crois  qu'aujourd'hui  il  a  complètement  re- 
noncé au  théâtre. 

*ÏAMI{Lni:VI  (ANTorNE),  chanteur  re- 
in irquable,  est  mort  à  Nice  le  9  novembre  187G. 
Après  avoir  définitivement  quitté  le  théâtre,  il 
s'était  retiré  dans  une  fort  belle  propriété  ([u'il 
avait  acquise  dans  les  environs  de  Sèvres,  à 
deux  pas  de  Paris,  et  c'est  seulement  en  1871 
que  l'état  de  sa  santé  l'obligea  d'aller  se  fiver 
à  Nice.  Tamburini  avait  épousé  dans  sa  jeunesse 
la  cantatrice  Marietia  Gioja,  qui  était  elle- 
même  une  artiste  distinguée.  Peu  de  mois  après 
sa  mort,  on  a  publié  sur  Tamburini  l'écrit  sui- 
vant :  Tamburini  et  la  musique  italienne, 
par  Jacques  de  Biez  (Paris,  Tresse,  1877,in-12). 

ÏAMIILUIIMI  ( ),  compositeur   italien, 

était  mort  depuis  peu  de  temps  lorsqu'on  a 
représenté  sur  le  théâtre  Carcano,  de  Milan,  il 
y  a  qutlques  années,  un  opéra  bouffe,  i  Due 
Ilaitani,  dont  la  musique  avait  été  écrite 
par    lui.    Cet   ouvrage    n'obtint  aucun  succès. 

TANARA  ( ),  compositeur  dramati- 
que italien,  a  fait  ses  débuts  au  tliéàlre  en  fai- 
.«ant  jouera  Turin,  au  mois  de  mai  1870,  un 
opéra  intitulé  Rila.  Au  mois  de  juillet  1S75, 
il  donnait  au  théâtre  Balbo,  de  cotte  ville,  il 
Castello  dei  fantasmi,  o\^érel{e  bouffe  dont  il 
avait  écrit  la  musique  en  société  avec  M.  Boz- 
zolli.  Enfin,  le  10  juin  de  l'année  suivante,  il 
faisait  représenter,  toujours  à  Turin,  une 
autre  bouffonnerie  intitulée  il  Vicerè  del  Mes- 
sico. 

TA'>'C10iM  ( ),  musicien    italien,     a 

fait  représenter  en  1869  sur  le  théâtre  Allieri, 
de  Tuiin,  mi  opéra  bouffe  intitulé  la  Serva 
padronn. 

TAiNZ  (Ai.ovs),  musicien  allemand,  di- 
recteur du  Mozarteum  de  Salzbourg,  s'était 
fait  connaître,  comme  compositeur,  par  plu- 
sieurs o'uvrcs  importantes,  entre  autres  deux 
messes,  une  ouverture  de  concert,  et  des  qua- 
tuors. Cel  artiste  mourut  subitement  le  17  avril 
18(11,  à  ?al/,hourg,  au  moment  où  ,  venant 
de  s'asseoir  au  piano,  il  s'apprêtait  à  faire  la 
répétition  d'un  concert.  Il  était  âgé  seulement 
de  (iiiaraiite-cpiaire  ans. 

TAl'li'KIV  J'  (Wii.uELJi),  musicogra(»he  alle- 
mand, est  né  à  Ober-ïiiomaswaldaUjprèsBunzlau 


TAl'Pr:i\T  —   TAUCHl 


503 


(Silésic),  le  19  février  1830.  Après  sêlre  consa- 
cré (l'abord  à  l'enseignement,  avoir  été  [iro- 
l'esseiir  en  divers  endroits,  il  se  rendit  en  1850  à 
Berlin  dans  le  but  de  s'adonner  exclusivement  à 
la  musique.  C'est  à  la  Nouvelle  Académie  de  la 
musique  de  cette  ville  qu'il  reçut,  du  professeur 
Delin,  son  instruction  dans  cet  art.  Il  com- 
mença à  se  faire  connaître,  en  186C,  par  la  pu- 
blication des  deux  écrits  suivants  :  Masi/aiiis- 
che  Studien (Éludes  musicales),  et  Musihund 
MusikaUsche erziehung  {Musique  et  éducation 
musicale),  Berlin,  Gulfentag.  Il  donna  ensuite 
u!i  opuscule  tbéorique  :  dus  Verbot  der  quin- 
ten  parallelen  {la  Défense  des  quintes  paral- 
lèles) (1).  Le  dernier  et  le  plus  étrange  écrit 
de  M.  Tappcrt  est  celui  qu'il  a  publié  sous  ce 
titre,  dont  la  prolixité  est  au  moins  remarqua- 
ble :  Ein  Wagner-Lexikon  ^\ œrterbuch  der 
UuhœJlicJihcU,  cnlJia/tend  grobc,  ha'hnende, 
gehessige  und  verlecumderische  ausdrilchc, 
Wetche  gegcn  den  Meister  Richard  Wagner, 
seine  wcrke  und  seine  anhanger  von  dcn 
feindcn  undspœtlcrn  gebraacht  worden  sind, 
zur  gemuths-ergœizung  in  mûssigen  slunden 
gesammelt  von  Wilhelm  Tappert  {Lexique 
wagnérien,  dictionnaire  d'incivilité,  conte- 
nanties  expressions  grossières,  méprisantes, 
haineuses  et  calomnieuses  qui  ont  été  em- 
ployées envers  nintire  Richard  Wagner,  ses 
cruvres  et  ses  partisans,  par  ses  ennemis  et 
ses  insulteurs,  réunies  dans  les  heures  d'oisi- 
veté, pour  l'agrément  de  l'esprit,  par  Wil- 
lielm  Tappert],  Leipzig,  Frilzscb,  1878.  En 
ciierchant  bien,  M.  Tappert  n'aurait  pas  grande 
(lil'liculté  à  construire  un  aulre  lexique,  qui 
serait  la  contre-partie  de  celui-ci  ,  et  dans 
le(iuel  il  pourrait  recueillir,  «  pour  l'agréineiit 
(le  l'esprit,  »  les  expressions  viles  et  calom- 
nieuses qui  ont  été  appliquées  par  les  idolâtres 
(ie  M.  Ricliard  Wai^ner  à  ceux  qui  ne  partagcnl 
pas  leurs  senliments;  l'un  serait  aussi  utile  que 
l'autre,  et  prmiverail  que  la  palme  de  la  po- 
litesse n'appartient  pas  plus  à  son  parti  (pi'.iu 
parti  oppose. 

M.  Tappert,  quia  publié  quelques  recueils  de 
lieder,  et  qui  a  pris  part  à  l'enseignement  dr 
l'Ëcole  de  musique  fondée  par  Tansig,  est  de- 
venu récemment  l'un  des  collaborateurs  de  la 
youvelle  Gazette  musicale  universelle  alle- 
mande. Dans  son  livre  :  Études  musicales, 
cet  écrivain,  à  la  suite  d'un  grand  nombre 
de  ses  compatriotes,  a  voulu  dire  son  mot  sur 
la  Marseillaise,  qui  a  préoccupé  tant  de  cer- 

(1)  Ce  que  nous  appelons  im  France,  en  luirmonio,  le? 
«  quintes  con^ocn'ive;  ». 


veaux  allemands;  sans  produire  aucune  preuve, 
aucune  indication  précise,  même  aucun  rensei- 
gnement d'une  valeur  quelconque  à  l'appui  d(! 
son  dire,  il  se  borne  à  affirmer  sommairement 
que  la  musi(|ue  de  ce  cbani  célèbre  n'est  point 
de  I\ougel  de  Lisle,  et  que  celui-ci  l'a  simple- 
ment empruntée  à  un  compositeur  allemand  par- 
faitement inconnu,  nommé  Ilolzbauer,  lequel 
est  l'auteur  de  vingt  et  une  messes  dont  au- 
ctme  n'a  été  gravée  et  qui  sont  restées  abso- 
lument inconnues.  Ce  serait  pourtant  dans  l'une 
de  ces  messes  que  Rouget  de  Lisle  aurait  trouvé 
le  motif  de  son  hymne  immortel.  Il  faut  re- 
marquer que  d'autre  part  l'organiste  Ilamma 
{Voy.  ce  nom),  compatriote  de  M.  Taïqiert,  a 
affirmé  avoir  découvert,  dans  le  Credo  d'une 
autre  messe  d'un  autre  de  ses  compatriotes, 
Hollzinann,  la  mélodie  que  Kouget  de  Lisle 
aurait  appliquée  sans  vergogne  aux  stioplios  de 
la  Marseillaise.  Il  serait  bon  cepcn<iant  que 
messieurs  les  Allemands  s'entendissent  entre 
eux  à  ce  sujet,  afin  de  ne  pas  paraître  trop 
ridicules. 

*TAIl ADE  ( ).—  Cet  artiste,  qui  fut 

pensionné  par  l'Opéra  à  sa  retraite  de  l'orcliesire 
de  ce  théâtre,  et  qui  était  attaché  aussi  au  Con- 
cert spirituel,  a  publié  un  Traité  du  violon, 
ou  Régies  de  cet  instrument  (Paris,  m"°  Gi- 
rard, in-Pde  60  pp.).  D'autre  part,  le  petit  li- 
vre publié  en  1785  sous  le  titre  de  Tablettes  des 
Musiciens,  mentionne^  ainsi  ce  comi)ositeur  : 
«  Tarade,  excellent  violon^  pensionné  de  l'Aca- 
démie royale,  a  fait  plusieurs  sonates,  un  Traité 
de  violon  et  une  Méthode  de  principes  pour  la 
clarinette.  -■>  Tarade  était  aussi  éditeur,  et  sa 
femme  graveuse  de  musique  ;  celle-ci  prenait 
même  le  titre  de  "  graveuse  de  musique  de  la 
reine,  »  ainsi  qu'on  peut  le  voir  sur  certaines 
publications  musicales  de  la  seconde  moitié  du 
elix-huitiènie  siècle. 

TAIlilÉ  DES  SA51L03,S  (M"'«),  compo- 
siteur-amateur, est  l'auteur  d'un  drame  lyriipie 
en  .3  actes,  i  Batavi,  qui  aélé  représenté  à  l-lo- 
lence,  sur  le  théâtre  de  la  Pergola,  avec  un 
très-vif  succès.  Cet  ouvrage,  écrit  sur  un  livret 
français  intitulé  le  Siège  de  Leyde,  avait  été 
primitivement  reçu  au  Théâtie-Lyrique  de  Taris, 
ou  pourtant  il  ne  ]nd  parvenir  à  être  repré- 
senté. —  M.  Edmond  Tardé,  fils  de  M'"*"  Tarbc 
des  Sablons,  après  avoir  été  charge,  sous  ie 
pseudonyme  de  Zanoni,  de  la  ciiti(|ue  musi- 
cale au  journal  le  Figaro,  a  fondé  en  ISC'J  le 
journal  le  Gaulois,  qu'il  n'a  cessé  de  diriger 
que  depuis  (jueliiues  inois. 

*  TAKCIil  (A.NGELo),  compositeur  drama- 
tique napolitain.  —  Aux  ouvr.:;:cs  !c  ce!  aili,  .; 


oG-4 


TAUCHI  —  TASKIN 


ilfaut  ajouler  ifl  Général  suédois,  opéra-comi- 
(1110  en  (ic\i\  actes,  qui    fui  lioniié   au    tliéàlre 
l'avait,  à    Paris,  le    17   lloival  an  Vil.    Selon 
.M.  Francesco  Floriino,  l'hislorien  des  conser- 
valoires  de  Naples,  le  premier  opéra  de  Tarchi, 
écrit  par  lui   en   1781,  pour  être  Joué  par  ses 
(  oinpagiions  d'elude,  avait  pour  litre  VArche- 
fiello,  el  non  VArchilcllo.  J'ignore  si    l'arciii 
avait  refait  en  entier  la  iniisiiiue    des  iSozze.  di 
Figaro;  toujours  est-il  que   Vliidke  des  Ihéù- 
frcs  d'Italie  pour  1737-88  contient  (p.  107)ceUc 
singulière  mention  relative  aux  ouvrages  repré- 
sentés ;\  Monza  pen.lant  l'automne   de    1787   : 
le  Aozze  (il  Figaro,  avec  chœurs;  le  premier 
et  le  second  acte,  niusiquedumaes/roWolfango 
.Mozart;  troisième  et   quatrième  acte,  musi(]ue 
nouvelle    du    maestro  Angelo    Tarchi.    Enfin, 
Tarchi  a  encore  fait  représenter  à  Livourne,  en 
1785,  un  opéra  intitulé  //  Malrimonio  per  con- 
Irai/empo,  el  j'ai  trouvé  dans  la  Clironiqne  de 
l'Opéraitalien  à  Madrid   de  M.    Carmena    y 
.Millan,   la   trace    d'un  autre    ouvrage   de    lui, 
Dorval  e  Virginia,  op('ra  bouffe  qui  était  joué 
en  cette  ville   fpeut-ètrc    après  l'avoir  été    en 
Italie)  le  10  janvier  1795. 

TARDIi:U  DE  iiialle\ilij: 
^jjmc  CiiAitLOTTKj,  piauiste  française  fort  distin- 
guée, s'est  fait  remarquer  dans  les  concerts  par 
les  qualités  d'un  jeu  souple,  brillant  et  plein  de 
grAce.  Celte  artiste,  ijui  send)le  ne  se  plus  faire 
entendre  que  rarement,  est  l'auteur  de  quebpies 
comi)Ositions  aimables  :  Granrie  valse  brillante, 
op.  2;  Romances  sans  paroles,  op.  3;  1"  et  T 
Préludes,  op.  4  el  5  ;  Carillon,  op.  fi;  Berceuse, 
op.  7;  etc. 

TARDIF  (Lucien),  s'est  fait  connaître  à  Mar- 
seille comme  comiwsiteur  par  une  messe  à 
'i  voix  d'hommes  avec  aecomiiagncment  de 
quatuor  et  orgue,  qui  a  été  chank'e  à  l'église 
>'i)tre-Daine-du-Mont  de  <;elte  ville  ;  —  une 
ouverlure  qui  a  été  exécutée  à  Marseille  aux 
Concerts  populaires,  et,  à  Monaco,  |)ar  l'ex- 
cellent orchestre  de  Monte-Carlo  ;  —  ([uelqiir.v 
morceaux  de  genre  el  de  danse  pnui'  le  piano, 
et  quelques  mélodies  jiour  la  voix.  Vw  petit 
uond)re  de  ces  dernières  compositions  seule- 
ment a  été  jinblié  ju-ipi'à   ce  j<uir. 

Al..  U  —  u. 

TAUDIF  (L'.djlié  J ),    est  auteur    d'une 

Méthode  élémentaire  et  pratique  de  plain- 
c liant  (Angers,  Harassé,  1860,  in- 8").  On  a 
aussi  de  lui  un  Essai  sur  les  nevmcs,  insère 
dans  la  IViblioihèqxie  de  tl'.'colc  des  chartes 
iParis,  Durand,  1853). 

TA  RIO  I'  (ALEXVNDni:-  Josi-rn-  Di'.sinE  j ,  lils 
d'un  artiste  qui   lut,  de  1821  à  1824,  chef  du 


pensioimat  au  Conservatoire  de  Paris,  naqni 
à  Paris  le  l-^-  juillet  1802.  11  étudia,  la  liarpe 
et  fit  partie,  comme  harpiste,  de  l'orchestre 
de  rO|)éra  et  de  celui  de  la  Société  des  con- 
certs. En  1819,  à  peine  âgé  de  17  ans,  il  de- 
venait répétiteur  de  solfège  au  Conservatoire, 
puis  successivement  répétiteur  au  pensionnat 
08?2),  accompagnateur  (1827),  professeur  des 
clio'urs  (1833),  et  enfin  professeur  titulaire  de 
solfège  (!•='  janvier  1840).  Il  a  fait  exécuter  à 
i'eglise  Sainl-Kuslache,  en  1861,  une  messe  à 
3  voix,  chœurs  et  orchestre  de  sa  composition, 
mais  ne  put  jamais  réussir  à  se  produire  au 
théâtre,  bien  qu'il  ait  écrit  quelques  ouvrages, 
entre  autres  un  opéra-comique  intitulé  la  Fille 
du  Soldat.  Tariot  est  mort  à  Paris,  le  23 
août  1872. 

TARISIO  (Luu;i),  célèbre  colporteur  d'ins- 
frnmenls,  né  à  Fonlanetto,  près  de  Milan,  était 
bien  connu  des  anciens  luthiers  parisiens,  et  a 
apporté  à  Paris  et  à  Londres,  de  1820  à  1846, 
presque  tous  les  admirables  instruments  qui 
s  y  trouvent  des  anciens  maîtres,  les'  Aiuati, 
les  Stradivarius,  les  Guarnerius,  les  Bergouzi, 
les  Riiger,  les  Montagnana,  etc.,  aujourd'hui  si 
rares  et  si  recherchés. 

Tarisio  avait  fait  ses  premiers  voyages  à 
pied,  portant  dans  une  sacoche  le.s  chefs-d'œu- 
vre de  l'école  de  Crémone  et  de  Brescia, 
qu  il  découvrait  en  Italie  avec  un  rare  ins- 
tinct. Plus  tard,  il  voyageait  avec  de  grandes 
malles  remplies  d'instruments  entiers  ou  frac- 
turés. Il  savait  tout  le  prix  d'uu  manclu; 
original,  d'une  tète,  d'une  table  ou  d'un  fond 
que  tel  luthier  attendait  impatiemment  pour 
rétablir  dans  son  état  primitif  un  instrument 
de  maître.  Personne  n'égala  jamais  Tarisio 
dans  celle  chasse  arLisliiiue  et  d'uu  genre  si 
singulier.  Tarisio  mourut  en  Italie,  après  avoir 
amassé  une  petite  fortune. 

J.G  _  Y. 
TARrVOAX  SKI  (Adsm),  chef d'orcbeslrc  et 
(ouqiositeur  polonais,  était,  en  184),  chef  d'or- 
chestre du  Ibéàtre  des  Variétés  de  Varsovie, 
in)ur  lequel  il  écrivit  la  musique  d'une  piè(  e 
intitulée  :  Tu  lir/it ,  et,  d'une  autre  (jui  avait 
pour  titre  :  Gazrla  sondowa  {la  Gazette  des 
Tril)unuux).  Cet  artiste  a  fait  chanter  chez 
les  moines  Auguslins,  de  Varsovie,  un  Gra- 
dnale  de  sa  composition,  et  il  a  fait  exécuter 
au  Ihèàtre  el  dans  les  bals  un  certain  nombre 
de  Ma/iueks,  qui  ont  été  publics  chez  l'édi- 
teur   Klukowski. 

*  TASKIN  (PASc.\L),^u;lèbre  facteur  de  cla- 
vecins, naquit  non  à  Liège,  vers  1730,  mais 
à  Tlieux   (province  de  Liège),  en  1723. 


TASKIN  —  TAUSIG 


503 


*  TASKIN  (IIf.nri-Joseph-Pascai.)  ,  (ils 
du  [)rt!cé(ienf,  naquit  à  Versailles  le  24  aoill  1779, 
et  mouMil  à  Paris  non  en  1837,  mais  le  4 
mai  1832. 

*T Al  i{B:îlî"(CiiAiir,Eâ-GoTTHiiEi)-WiMit:i.M). 
—  A  la  liste  des  principaux  ouvraj^es  de  cet 
artiste  fécond  et  distingué,  il  faut  ajonlcr  les 
suivants  :  Cesario,  opéra  représenté  en  1874, 
à  Berlin,  avec  un  vif  succès  ;  musique  pour 
Phcdre,  tragédie  en  5  actes  avec  chœurs  et 
morceaux  symphoniqiies,  donnée  au  théâtre 
royal  de  cette  ville  le  4  avril  1808  ;  2'^^  Con- 
certo de  piano,  avec  accompagnement  d'or- 
ciieslre,  op.  189  ;  Concerto  pour  violoncelle, 
avec  accompagnement  d'orclieslre,  op.  173  ; 
20  K'uiderlieder,  op.  138  et  148  ;  4  Pièces 
pour  le  piano,  op.  187  ;  etc. 

TALRERT  (Éunest-Édou.vud), compositeur 
et  écrivain  musical  allemand,  est  né  à  Ucgens- 
walde,  dans  la  Poméranie,  le  25  septembre 
1838.  Après  avoir  fait  à  Bonn  de  solides  éludes 
de  théologie  et  de  philologie,  il  se  lia  d'amitié 
avec  le  compositeur  Albert  Dietrich  {Voy.  ce 
nom),  qui  exerçait  alors  en  celte  ville  les  fonc- 
tions de  chef  d'orchestre,  et  sous  son  iniluence 
il  se  livra  avec  ardeur  à  l'élude  de  la  musi- 
<pie.  Il  se  rendit  un  peu  plus  tard  à  Berlin,  oii 
il  lit  un  cours  de  contrCz-point  sous  la  direction 
de  M.  Frédéric  Kiel,  l'un  des  plus  grands  ar- 
tistes de  l'Allemagne  contemporaine,  puis 
visita  Leipzig  et  Weimar.  Depuis  lors,  et  tout 
en  étant  chargé  de  la  critique  musicale  au 
journal  la  Poste,  M.  Taubert  a  publié  di- 
verses compositions,  parmi  lesquelles  on  re- 
marque un  quintette  pour  piano  et  instru- 
ments à  cordes,  des  quatuors  pour  2  violons, 
alto  et  violoncelle,  des  morceaux  de  piano  à  2 
ou  à  4  mains,  des  |)ièces  pour  violon  et 
piano,  divers  recueils  de  liedcr  à  une  ou 
plusieurs  voix,  des  Mélodies  toscanes,  etc-, 
etc. 

TAUDOU  (Antoine-Antonin-Bauthélem\)  , 
violoniste  et  compositeur,  né  à  Perpignan  le 
24  août  18^6,  est  le  dernier  et  le  seul  survi- 
vant des  cinq  hls  d'un  in>tituteur  de  celle 
ville.  Doué  de  grandes  dispositions  musicales, 
il  fui  envoyé  fort  jeune  à  Paris  par  sa  famille, 
cl  entra  au  Conservatoire,  oîi  il  fit  des  études 
exceptionnellement  brillantes,  ainsi  que  le  cons- 
tate la  série  des  récompenses  qui  lui  furent 
décernées  dans  l'ordre  suivant  :  en  18G2,  se- 
conde médaille  de  solfège;  en  1863,  première 
médaille  de  solfège  et  premier  accessit  de  vio- 
lon; en  1865,  second  prix  de  violon,  et  pre- 
mier prix  en  1806  ;  en  1867,  premier  prix^d'har- 
monie  ;  enfin,  en  1868,  premier  prix  de  contre- 


point et  fugue.  M.  Tauilou  avait  eu  pour 
professeurs  au  Conservatoire  M.  Massart  pour 
le  violon,  M.  Savard  pour  l'harmonie,  M.  Reher 
pour  la  fugue  et  la  com|)osition.  Violonisl.' 
exlrèmenient  distingué,  au  jeu  élégant  et  lin, 
liarnioidste  habile  el  musicien  consommé,  il 
avait,  à  peine  âgé  de  vingt-deux  ans,  oblenii 
dans  notre  grande  école  de  musique  toutes  les 
récompenses  qu'un  élève  puisse  ambitionner. 
Iji  18(i9,  il  se  préscida  au  concours  de  l'insti- 
(ut,  et  pour  son  coup  d'essai  se  vit  décerner 
11!  premier  grand  prix  de  composition  musi- 
cale. 

Malheureusement,  la  santé  du  jeune  artiste 
laissait  beaucoup  à  désirer,  et  M.  Taudou  dut 
demander  au  ministre  des  Beaux-Arts  l'autori- 
sation de  rester  à  Paris  et  de  ne  point  faire 
le  voyage  de  Rome,  ce  qui  lui  fut  sans  peine; 
accordé.  Depuis  cette  époque,  il  se  livre  à  des 
travaux  de  composition  sérieux;  il  a  fait  en- 
tendre en  1872,  à  la  Société  philharmonique, 
une  Marche-ballet  d'un  joli  effet  ;  en  1873, 
au  concert  Danbé,  deux  bleuelles  instrumen- 
tales ,  Chant  d'automne  et  Marche  noctur- 
ne ;  en  1874,  dans  nne  .séance  de  musique  di; 
chambre,  un  trio  en  sol  majeur  pour  piano, 
violon  et  violoncelle  ;  enfin,  à  l'une  des 
séances  de  la  Société  des  concerts  du  Conser- 
vatoire, un  conceilo  de  violon,  qui  a  èti- 
exécuté  par  M.  Desjardins.  On  lui  doit  aussi 
une  cantate  écrite  pour  l'inauguration  à  Per- 
pignan de  la  statue  de  François  Arago,  et  exé- 
cutée en  cette  ville  en  1879.  M.  ïaudou,  qui 
a  fait  partie  de  .l'orchestré  de  l'Opéra  et  qui 
est  membre  de  la  Société  des  concerts  du  Con- 
servatoire, a  écrit  aussi  et  publié  quelquis 
mélodies  vocales,  ainsi  qu'un  trio  pour  llùte, 
alto   et  violoncelle. 

*  T  \L'SICl(Cn.vuLE*,  pianiste  renommé,  né 
il  Varsovie  le  4  novembre  1841,  est  mort  à 
Leipzig,  du  typhus,  le  17  juillet  1871.  Elève 
d'abord  de  son  père,  puis  de  Liszt,  il  s'était 
fait  une  grande  réputation  de  virtuose,  et, 
quoique  plus  jeune  que  UM.  Hans  de  Bii- 
low  et  Antoine  Rubinslein,  visait  à  les  surpas- 
ser au  point  de  vue  du  mécanisme  et  de  l'exé- 
cution matérielle,  reconnaissant  son  infériorité 
sous  le  rapport  du  style  el  <lu  sentiment  ar- 
tistique. Aussi  .ses  études,  dit-on,  étaient 
sans  cesse  dirigées  vers  ce  but,  et  l'on  assure 
qu'il  passait  chaque  jour  trois  heures  consé- 
cutives ail  travail  purement  mécanique  du 
piano.  —  La  veuve  de  cet  artiste,  M"""  Séra- 
phïna  Taiiskj,  née  Vrabélij,  est  une  pianiste 
fort  distinguée.  Native  de  Presbourg,  elle 
habite  Vienne  depuis    plusieurs  années. 


5  no 


TAYLOR  —  TEICIIMAN 


TAYLOn  ( ),  luthier     anglais,      était 

«'labli  à  Londres  au  commencement  du  dix- 
neuvième  siècle.  Il  iuiituil  surtout  les  instru- 
ments de  Joseph  Panormo. 

TAVLOIl  (John),  théoricien  et  professeur 
anglais,  est  l'autour  d'un  traité  récemment 
publié  sous  ce  titre  :  Text-Book  of  {lie  science 
of  music  [Manuel  delà  science  de  la  mu- 
sique, Londres,  Gcori^e  Pliih'p,  in-8").  Ce 
manuel,  divisé  en  trois  parties  :  mélodie, 
harmonie  et  contre-point,  composition,  est  fait 
avec  le  plus  j^rand  soin,  et  forme  un  traité 
véritable  et  complet  de  composition  musicale  ; 
en  ce  qui  concerne  l'harmonie  proprement  dite, 
l'auteur  s'est  inspiré  des  travaux  et  des  doc- 
trines de  deux  de  ses  com|)alriotes,  MM.  Day 
(t  G.  A.  Macfarren  ;  pour  ce  qui  est  du  contre- 
point ,  il  a  tiré  lu  plupart  de  ses  exemples 
des  œuvres  de  deux  gramls  théoriciens,  Albre- 
chlsberger  et  Cberubini.  L'ouvrage  de  M.  John 
Taylor  est  ]considéré  en  Angleterre  comme 
excellent. 

Je  ne  sais  si  c'est  le  même  artiste,  mais 
c'est  toujours  un  écrivain  du  nom  de  Taylor, 
qui  a  publié  un  autre  ouvrage  sous  le  titre 
suivant  :  le  Son  et  la  Musique,  traité  non 
mathématique  siir  la  constitution  physi- 
que des  sons  musicaux  et  de  l'harmonie 
(Londres,  [in-8"). 

T.VYLOU  (William),  musicien  anglais  con- 
temporain, bachelier  en  musique,  est  l'auteur 
de  diverses  compositions,  parmi  lesquelles  on 
remarque  im  oratorio  intitulé  Saint -Jean- Bap- 
tiste. 

TEDESCO  (M""=  FoitTLN\TA),chanteuse dra- 
matique d'un  grand  talent,  née  à'Mantoue  le 
14  décembre  1826,  commença  l'étude  de  la 
musique  à  l't'ige  de  quatorze  ans,  et  devint 
l'élève  particulière  du  compositeur  Vaccaj,  qui 
était  alors  directeur  du  Conservatoire  de  Mi- 
lan. Kilo  n'avait  pas  encore  accompli  sa  dix- 
huitième  année  lorsqu'elle  débuta  au  théâtre 
de  la  Scala,  de  cette  ville,  le  26  novembre 
18ii,  dans  un  opéra  nouveau  de  Pasqualc 
Bona,  i  Luna  ed  t  Perollo.  Favorablement 
reçue  par  le  public,  elle  joua  ensuite  Guil- 
laume Tell,  Iloberlo  Devereui,  puis  parut 
dans  deux  autres  ouvrages  nouveaux,  i  Bur- 
fjravi,  do  Salvi,  et  Saul,  de  Cannelo.  lùiga- 
gée  pour  Vienne,  où  elle  obtint  de  brillants 
succès,  elle  ■  partit  bientôt  pour  rAinéri(|iie,  et 
chanta  successivement  à  New-Vork,  à  Philadel- 
phie, à  Boston,  à  la  Havane,  où  on  lui  (it  d'indes- 
criptibles ovations.  C'est  de  là  qu'ellevint  à  Pari'^ 
et  (|uelle  débuta,  le  ô  novembre  18jl,  dans  le 
rôle  de  Calarinade/«  Jteine  de  Chypre,  ba  taille 


majestueuse,  sa  beauté  idéale,  son  admirable- 
voix  de  contralto,  ])uissamment  aidée  par  une 
grande  science  de  l'art  <lu  chant,  par  une 
passion  intense  et  par  un  sentiment  pathétique 
inconteslable,  la  firent  accueillir  avec  une 
sympathie  chaleureuse.  Après  lu  Heine  de 
Chypre,  elle  se  montra  dans  le  Prophète  et 
dans  la  Favorite,  où  elle  n'obtint  pas  moins 
de  succès,  puis  elle  fit  deux  créations  im- 
portantes dans  le.  Juif  errant,  d'IIalévy,  et 
la  Fronde,  de  JNieiiermeyer. 

M™'^"  Tedesco  quitta  l'Opéra  en  1837,  alla 
se  taire  entendre  à  Venise,  passa  trois  années 
au  théâtre  San-Carlos,  de  Lisbonne,  puis,  à 
la  lin  de  1800,  revint  à  l'Opéra,  où  elle  était 
encore  en  1862.  En  1864  *^\\c  retournait  à 
Lisbonne,  et  allait  faire  ensuite  une  saison 
brillante  à  Madrid.  Jl  est  supposable  que 
peu  de  temps  après  elle  jugea  à  propos  d'a- 
bandonner uue  carrière  qui  pour  elle  avait  été 
pleine  d'éclat,  car,  depuis  1806  ou  environ,  on 
n'a  plus  entendu  parler  de  cette  grande  aitiste. 

jj^iiil'  Tedesco  était  une  cantatrice  d'un  très- 
grand  talent,  qui,  aux  qualités  de  la  virtuose, 
joignait  l'iiabilelé  et  l'intelligence  de  la  tragé- 
dienne lyrique.  Sous  le  rapport  scénique  pro- 
prement dit,  on  peut  affirmer  que  son  jeu 
était  d'une  rare  souplesse,  car,  pathétique  et 
puissante  au  possible  dans  des  ouvrages  tels 
que  le  Prophète,  Anna  Bolena,  il  Trovatore, 
tSina  pazza  per  amore,  elle  était  pleine  de 
malice,  d'enjouement  et  d'entrain  dans  des 
opéras  bouffes  ou  di  mezzo  caraltere  tels  que 
la  liegina  di  Golconde  ou  le  Barbier  de  Sé- 
ville. 

Un  frère  de  cette  artiste,  M.  Major  Te- 
desco, a  fait  exécuter  en  1860,  à  Naples, 
deux  ouvertures  et  une  messe  à  grand  or- 
chestre de  sa  composition. 

TEKTr.lv>  (Allxandri-:),  criticpie  musical 
anglais,  a  publié  récemment,  sur  les  sympho- 
nies de  Beethoven,  une  étude  analytit[ue  a  la- 
quelle il  a  donné  ce  titre  .  Beethoven  s  sympho- 
nies critically  discussed  (Londres,  W.  Beeves, 
iu-s"). 

TKEl  lilXS  (Joseph),  facteur  d'orgues  néer- 
landais (]ui  jouit  en  sou  temps  d'une  grande  répu- 
tation, nai|uit  en  1773  et  mourut  à. \mslerdam  en 
1836. 11  fut  élève  en  cette  ville  de  Strumphler,  et 
construisit  un  grand  nombre  d'instruments 
pour  les  églises  catholiques  de  la  Hollande. 
Parmi  les  meilleurs,  on  cite  l'orgue  de  Wur- 
vermeer,  et  celui  qu'il  |)laça  dans  l'église  Pots- 
lioorn  à  Amsterdam. 

TEKJIW.W  (Amoim;),  violoniste,  chan- 
teur et  compositeur,  né  au  commencement  de 


TI-ICHMAN  —  TRN  BRINR 


5G7 


ce  siècle,  a  joui  à  Varsovie,  où  il  était  fixe, 
(le  la  renommée  d'un  artiste  distiiif^iié.  D'aboi d 
attaché  à  roicbeslre  du  grand  théâtre  de  cette 
ville  en  qualité  de  violoncelle-solo,  il  s'est 
ensuite  fait  remarquer  comme  ciiantcur  et 
comme  compositeur,  produisant  lui-même  ses 
(cuvres  et  les  chantant  avec  une  voix  superbe, 
que  relevait  encore  un  goût  délicat.  A'ers  18i5, 
M.  Teichman  fut  nommé  professeur  de  chant 
à  l'Institut  d'Alexandre.  Cet  artiste  a  écrit 
beaucoup  de  mélodies  vocales  et  de  morceaux 
de  musique  religieuse  ;  on  connaît  surtout  de 
lui  :  1°  Ave  Maria  pour  voix  setile,  avec  ac- 
compagnement de  violoncelle  ;  2"  Salve  Re- 
gina,  pour  voix  de  ténor;  3"  Offertoire;  4° 
l'Addio  (Pozegnanie),  barcarolle  (Varsovie, 
Sennewald)  ;  5"  Mélodie  pastorale,  avec  pa- 
roles françaises  et  polonaises  (id.,  Spies);  C 
la  Quêteuse,  romance;  etc. 

*  TELLSC  (GriLL-vuME),  maître  de  chapelle  et 
compositeur  allemand,  connu  par  pUisieuis 
opéras  et  par  un  grand  nombre  d'teuvrcs  de 
musique  religieuse,  exerça  les  fonctions  de 
chef  d'orchestre  successivement  aux  théâtres 
de  Magdebourg  et  d'Aix-la-Chapelle,  ainsi 
(iu'cà  la  salle  ICioll  et  au  théâtre  Friedrich- 
Wdhelmstadf,  de  Herlin.  Il  mourut  en  cette 
dernière  ville,  au  mois  de  mai  1862.  —  Il  y  a 
tout  lieu  de  croire  que  cet  artiste  ne  fait  qu'un 
avec  les  deux  compositeurs  mentionnés,  au 
tome  VIII  de  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens,  sous  les  noms  de  Telle  (Guil- 
laume), et  Telle  [Withelm). 

*  TELLEFSEN  (Tiiom.\s-Dvke-Acl\nd),  pia- 
niste, professeur  et  compositeur  norwégien 
établi  à  Paris,  est  mort  en  cette  ville  au  mois 
d'octobre  1874. 

TEMPÏ.'l  (SïEFANo),  violoniste,  profes- 
seur, compositeur  et  critique  italien,  naqiiit  à 
Racconigi  (Piémont),  le  5  décembre  1832.  Fils 
d'un  chef  de  musique  militaire,  il  commença 
(lès  l'âge  de  cinq  ans,  sous  sa  direction,  l'étude 
de  la  musique,  et  à  sept  ans  celle  du  violon,  qu'il 
continua  jusqu'à  l'époque  où,  envoyé  en  France 
pour  y  taire  son  éducation  littéraire,  il  entra  au 
collège  d'Alais.  De  retour  en  Italie  en  1849,  il 
compléta  .ses  études  musicales  avec  un  excel- 
lent maître,  Luigi  Felice  Rossi,  puis  se  livra  à 
l'enseignement  et  devint  chef  d'orchestre  du 
théâtre  Sutera,  à  Turin.  Nommé  en  1833  maître 
de  chapelle  de  la  collégiale  de  Triuo,  dans  la 
province  de  Verceil,  il  conserva  ces  fonctions 
jusqu'en  1859,  puis  retourna  à  Turin,  oii  il  prit 
la  direction  de  l'orchestre  du  théâtre  Carignan. 
En  1861,  il  fut  appelé  à  faire  partie  de  la  cha- 
pelle royale,  puis  succéda  à  Rossi  comme  pro- 


fesseur de  deux  écoles  de  la  ville.  Enlin,  en 
1808,  il  devint  professeur  de  violon  au  Lycée 
uuisical  de. Turin,  en  même  temps  (pi'il  était 
chargé  de  la  direction  des  écoles  de  chant  cho- 
ral de  cette  ville. 

IM.  Tempia  s'est  fait  remarquer  comme  com- 
positeur. On  cite  surtout  parmi  ses  meilleures 
(l'uvres  une  messe  solennelle  écrite  en  18C4 
pour  l'anniversaire  de  la  mort  du  roi  Charles- 
Albert,  et  une  autre  messe,  à  i  voix,  écrite  pour 
la  chapelle  royale  de  Lisbonne  sur  la  demande 
de  la  reine  de  Portugal.  On  lui  doit  aussi 
un  hymme  à  4  voix  alla  Paleslrina  :  Ave. 
virgo  singularis,  ainsi  qu'un  assez  grand  nom- 
bre de  productions  de  divers  genres  pour  le  vio- 
lon, entre  autres  les  suivantes  :  12  Études,  dédiées 
à  M.  Charles  Dancla  (Milan,  Lucca);  1<;'  Thème 
varié  (id.,  id):  Pensées  d'un  malade,  romance 
sans  paroles  ;  3  Morceaux  caractéristiques  pour 
piano  et  violon,  op.  130;  Bécréatio)ts  du 
jeune  violoniste,  7  petites  Fantaisies  faciles  avec 
accompagnement  de  piano  ou  d'un  second  vio- 
lon. M.  Tempia  a  livré  encore  au  public  un  Can- 
zoniere  délie  scuole  e  délie  famiglie,  recueil  de 
chansons  faciles  avec  accompagnement  de'piano, 
quelques  morceaux  de  danse  distingués  pour  cet 
instrument,  et  plusieurs  romances.  Enfin,  on 
connaît  encore  de  lui  quelques  pièces  sympho- 
niipies,  parmi  lesquelles  une  fantaisie  ayant 
pour  titre  la  Caravane,  et  il  a  fait  représenter 
à  Turin,  en  1869,  une  opérette  intitulée  Aviore 
c  Capriccio.  "' 

M.  Tempia,  qui  est  un  esprit  fort  distingué, 
ouvert  et  libéral,  et  qui  a  fait  d'excellentes  études 
littéraires,  s'est  aussi  beaucoup  occupé  de  criti- 
que et  de  littérature  musicales.  Collaborateur 
de  plusieurs  journaux  artistiques,  la  Gazzelta 
musicale  de  Milan,  la  Scena  de  Venise,  etc., 
il  est  depuis  longues  années  chargé  de  la  ré- 
daction du  feuilleton  spécial  d'une  des  premières 
fî^uilles  politiques  de  Turin,  la  Gazzetta  Pie- 
montese.  Il  a  publié  sous  ce  titre  :  Studii  sulla 
musicografia  (1873),  un  écrit  important  et  qui 
n'a  pas  été  mis  dans  le  commerce,  dans  lequel 
il  réclamait  une  réforme  de  l'écriture  musicale 
usuelle,  qui  lui  semble  trop  compliquée  et  in- 
suffisamment claire  (i)."] 

TEIN  lîIUNK  (Jules),  compositeur  très-dis- 
tingué, bien  que  fort  peu  connu  dans  sa  patrie, 
joint  à  un  mérite  réel  une  modestie  presque 
exagérée  et  bien  rare  parmi  les  musiciens.  Il 
est  né  en  novembre  1838  à  Amsterdam,  où  son 


(I)  Au  moment  où  je  corrige  lus  épreuves  de  celle  nolice, 
j'apprends  que  'l'eiiipia  est  mort  subitement  .'i  Turin,  le  -23  no- 
vembre 1878. 


3G8 


TEN  BRINK  —  TERBY 


père  s'occupait  de  ciirniiic  iiuisicale.  Ses  prc- 
inièiTS  levons  dp  |)iano  et  de  violon  lui  lurent 
<loniiées  par  JJernaid  Kocli,  et  il  prit  des  leçons 
de  composition  de  M.  ilein/e,  compositeur  alle- 
mand lixé  à  Amsterdam  depuis  de  nombreuses 
années.  Kn  IS5S  il  partit  pour  Bruxelles,  où  il 
tiavaiila  pendant  une  année  avec;  M.  Auguste 
Dupont,  et  en  1S,")9  il  se  rendit  à  Leipzig  pour 
y  terminer  son  éducation  musicale  sous  la  direc- 
tion de  M.  l'r.  i^ichter,  professeur  de  contre- 
point Irès-connu  en  Allema_i;ne.  Vers  la  lin  de 
1860,  il  mit  le  cap  sur  Lyon,  oii  il  demeura  pen- 
dant plusieurs  années  et  oii  il  dirigea  une  société 
mu.-icale. 

Knl868,  M.  Ten  Brink  se  li\a  délinitivement 
à  Paris,  et  il  eut  la  chance  d'y  trouver  de  nom- 
breux élèves,  d'y  travailler  beaucoup  et  d'y  |)ro- 
duire  des  ceuvres.  très-sérieuses.  Au  bout  de 
<|uelques  années,  les  portes  des  Concerts  popu- 
laires s'ouvrirent  pour  lui,  et  il  y  fit  exécuter  deux 
com|iositions  importantes  :  en  1874,  une  suite 
d'orcbestre,  œuvre  fort  honorable  et  qui  l'ut  liès- 
bien  accueillie;  et  en  février  I87G,  un  «  Poème 
sjm|>lionique  ».  Déjà,  en  lSf,Vi,M.  Ten  BrinK  avait 
fait  représenter  au  tliéâlre  de  rAtlién(''e  un  opéra- 
cotniipie  en  nu  acte,  Cnlonicc,  que  la  critique 
avait  reçu  avec  faveur,  mais  qui,  par  suile  de 
la  situation  fâcheuse  dans  laiiuelle  se  trouvait 
ce  théâtre,  n'avait  pu  être  joué  que  six  lois. 

M.  Ten  lîrinck  a  beaucoup  écrit.  Il  a  en  por- 
tefeuille plusieiu's  o'uvresde  musique  de  cham- 
bre, un  grand  opéra  en  5  actes,  et  une  foule  de 
compositions  de  moindre  importance  (1). 

En,  ni;  IL 

TI>]N  C/\TE  (André),  violoncelliste  el  com- 
positeur néerlandais,  né  à  Amsterdam  en  1796  el 
d'abord  destiné  au  commerce,  commença  fétude 
de  la  musique  à  l'âge  de  quatorze  ans  seulement, 
et  devint  élève  de  l'erli'lman.  Après  avoir  écril 
plusieurs  quatuors  et  quinlctles,  des  concertos 
pour  in-lruinents  à  veid,  des  cantates  pour 
cbo'ur  et  orelicstre,  il  se  décida  à  aborder  la 
scène  el  fit  représenter  en  IS.SI,  à  Amsterdam, 
un  opéra-ballet  en  3  actes  inlitidé  Scid  et  Pal- 
mire  ;  cet  ouvrage  ayant  été  bien  accueilli,  il 
donna  en  183.'>  un  second  opéra,  Consffnifhr, 
qui  obtint  un  égal  succès.  Il  n'en  fut  pas  de 
même  de  sa  troisième  o'ovie  dramatique,  IS'innti 
Pompilius,  qui,  donni'-e  encrueii  Amsterdam,  fui 
moins  heureuse  que  les  précédentes.  Ten  Cale, 
qui  a  écril  aus.si  et  publié  des  chants  poiu-  les 

(I)  Depuis  que  ceUe  notice  i'«l  (■ciito,  M.  ïeii  Ilriiik  :i  ilonm- 
à  Taris  (1878)  un  concert  dan'  le.|iiel  il  ;i  lail  entenilie  piii- 
sicurs  (cuvres  nouvelles  furl  inipoi  tantes  ;  une  symphonie  en 
mi  m.njenr,  des  l'riiKnn'nis  d'une  densiènio  «nile  d'orclie-lic  ri 
un  concerto  de  violon  avec  orcheçire.  —  A.  P. 


écoles,  des  cliœurs  à  4  voix,  et  des  cantiques 
rendit  des  services  à  l'art  et  a  beaucoup  contri- 
bué, par  sou  zèle  et  son  activité,  à  l'expansion 
<le  la  musique  dans  les  Pays-Bas.  Il  mourut  à 
Harlem,  le  27  juillet  1858. 

'rilAIB]l«S(Ci'iLLVi.Mi;-Ai.iiKKT),  violoniste  et 
conqwsileur  belge,  né  à  Louvain  en  17j8,  était 
fixé  dans  les  premières  années  de  ce  siècle  à 
Amsterdam,  où  il  se  livrait  à  l'enseignement  tout 
en  occupant  l'emploi  de  premier  violon  au  !béà- 
lie  français  de  cette  ville.  Il  moiuut  à  Amster- 
dam le  12  fi'vrier  1820.  On  connaît  de  cet  ar- 
tiste .3  sonates  pour  alto,  plusiem's  concertos 
pour  violon  avec  accompagnement  de  deux  altos 
(publiés  à  Hambourg,  chez  Bo-hme),  des  l'an- 
laisies  et  variations  pour  violon,  etc. 

TE^NSïll<:r)T(J -C ),  compositeur,  né 

en  1807  à  Allstedt,  dans  le  duché  de  Saxe- W'eiinar, 
fut  admis  en  182r>  à  l'école  normale  de  Weimar.' 
C'est  dans  cette  ville  (pi'il  étudia  l'orgue  et  l'har- 
monie sous  la  direction  de  Tœpfer,  après  quoi 
il  reçut  des  leçons  de  Hse.ser.  En  1830  il  devint 
directeur  de  concerts  à  léna,  et  en  183G  il  se  fixa 
à  Louvain,  où  il  était  appelé  comme  professeur;) 
l'Ecole  de  musique.  Il  conserva  ces  dernières 
fonctions  pendant  plus  de  vingt  ans.  Cet  artiste, 
qui  a  publié  à  léna  un  recueil  de  6  iiedcr  alle- 
mands, et  en  Belgicpie  un  clueur  à  8  voix 
d'hommes  intitulé  les  Quatre  Saisons  et  une 
Mardie  de  la  garde  civique  helije,  a  écrit  en 
18.">2  une  grande  cantate  pour  la  visile  de  la  fa- 
mille royale  à  Louvain.  Ou  connaît  encore  de  lui 
la  Bencontre,  grande  scène  pour  voix  d'hom- 
mes et  orchestre  couronnée  dans  un  concours 
ouvert  à  Dnnkerque,  des  clueurs,  des  chansons, 
et  <les  divortissemenis  à  grand  orchestre. 

TEI^l>iSTI-:r)T  (Aucuste),  .sans  doute  fils  du 
précédent,  fixé  à  Louvain,  où  il  mourut  en  ISTH, 
a  l'ait  reprt'senter  à  IJruxelles,  dans  lUie  létmion 
|)rivée,  le  25  septembre  1871,  un  opéra  en  3 
actes  intitulé  Quinlijn  Mfisijs. 

Tl:;iîi5\  (Joseph),  violoniste  et  maître  de 
chapelle,  né  à  Louvain  le  25  décembre  1780,  est 
mort  en  celle  ville  le  23  février  1800.  Il  fil  si's 
étuiles  musicales  à  Bruxelles  sons  la  direction 
d'im  artiste  fort  remaniuable,  le  violoniste' l'aii- 
wels,  puis  n'\int'Se  fixer  jiour  tmijoius  dans, si 
ville  natale.  V.w  ISOO  il  fonda  à  Louvain  une  aca- 
démie de  musi(pi(>,  dans  laiiuelle  il  n'euseignail 
d'abord  que  le  violon;  ce  ne  fut  que  queliiue- 
années  plus  tard  qu'il  créa  dans  cet  établisse- 
ment une  classe  de  chant.  GrAce  aux  intelligents 
efforts  de  Terby,  la  musi(|ue,  jusque-là  négligée 
à  Louvain,  devint  un  art  à  la  mode,  le  goiit  s'en 
répandit  de  plus  en  plus  (ba(piejour,  et  bienlot 
1  le  professeur  se  vit  à  même  d  organiser  d'impôt- 


TERBY  —  TKSSATIIN 


jG9 


tantes  fôlfts  musicales,  à  l'instar  des  grandes 
villes  voisines.  Kn  l,S33,T(;rI»y  fui  nommé  maître 
(iecliapelle  de  la  cathédrale  Saiiil-l'ierre,eu  IS-l''. 
il  fonda  la  Société  lyrique  de  cliant  d'ensemble, 
eniiii  il  prit  sa  retraite  en  1852. 

Terby,  qui  était,  à  fous  les  points  de  vue,  un 
artiste  fort  intelligent,  avait  formé  une  magnili- 
(|ue  collection  de  musique  religieuse,  dramati- 
(|ue  et  iiisf  rumenfale,  de  livres  relatifs  à  l'art  mu- 
sical, eiilin  d'instruments  à  cordes  des  plus  célè- 
bres luthiers.  J'ignore  ce  qu'est  devenue  cette 
collection,  qui  n'a  pu  trouver  «l'acquéreurs  lors- 
«lu'elle  l'ut  mise  en  vente  ajjiès  la  mort  de  sou 
propriétaire,  les  24  et  25  octobre  18C0.  Le  cala- 
logue,  qui  en  fut  publié  alors  (Louvain,  Cue- 
lens,  in-8"  de  50  pp.),  comprenait  574  morceaux 
de  musique  religieuse,  332  morceaux  de  musi- 
(jue  dramatique,  112  morceaux  de  musique  sym- 
phoni(|ue,  is;;  morceaux  de  musique  de  cham- 
bie,  2(5  violons  de  choix,  dont  un  Stradivarius 
et  deux  Arnali,  deux  violoncelles,  une  contre- 
basse, une  harpe,  etc.  Terby  avait  consacré  plus 
d'un  demi-siècle  à  rechercher  tous  ces  docu- 
ments précieux,  d'autant  plus  précieux  même 
qu'en  ce  qui  concernait  la  musique  proprement 
dite,  quelques-uns  étaient  inédits.  Dans  cette  col- 
lection remarquable,  (|ui  f)artait  de  l'époque  cii 
brillaient  Orlando  di  Lasso  et  ses  contemporains, 
un  voyait  la  musique  instiumenlale  se  dévelop- 
|ier,  chronologiquement,  avec  une  importance 
iliaque  jour  croissante  ;  depuis  le  milieu  du  sei- 
/ièmesiècle,  les  auteurs  célèbres  s'y  succédaient 
sans  interruption  jusqu'à  l'époque  actuelle;  les 
écoles  italienne,  llamande,  Iraiiçuise  et  allemande 
y  étaient  au  grand  complet,  et  dans  l'école  ita- 
lienne la  branche  naiiolilaine  surtout  était  abon- 
damment représentée  ;  les  copies  inédites  étaient 
excellentes,  et  d'autant  plus  intéressantes 
i|u'elles  ne  se  trouvaient  nulle  part  ailleurs.  En 
lui  mot,  c'était  un  véiitable  trésor  artistique, 
et  tel  qu'on  en  rencontre  bien  l'arement. 

Au  nombre  des  élèves  formés  par  Terby,  il 
l'.mt  citer  ses  ilcux  lils,  Joseph  et  François,  tous 
deux  violonistes  distingués  et  compositeurs  pour 
leur  instrument.  Le  [)rernier,  né  à  Louv.iin  le 
'i  juillet  1808,  vint  à  Paris  en  18^5  avec  Charles 
de  IJériot  et  prit  des  leçons  de  Robberechts;  lU 
retour  en  Belgique  en  1830,  il  reçut  le  litre  de 
violon  honoraire  du  roi  des  Pays-Bas,  puis,  étant 
venu  se  fixer  à  Paris,  il  devint  premier  violon- 
solo  et  second  chef  d'orchestre  du  Théâtre-Italien. 
A  la  mort  de  son  père,  il  alla  lui  succéiler 
comme  maître  de  chapelle  à  l'église  de  Louvain. 
Il  mourut  en  cette  ville  le  19  mai  1879.  Collec- 
tionneur passionné  de  musique  et  d'instrumenls, 
il  a  laissé  à  sa  mort  une  collection  remarquable 


dont  le  catalogue  a  été  publié  {Catalogue ile  la 
belle  collcdion  de  violons  italiens,  ardiels 
de  Tourte,  musique  de  chambre  et  manuscrits 
précieux  des  grands  mailres  anciens  et  mo- 
dernes, délaissée  par  feu  M.  Josepli  Terbij, 
Louvain,  1879,  in-8"  de  l 'i  pp.),  «t  qui,  entre 
autres  objets  précieux,  com|)renait  les  manus- 
crits autographes  de  plusieurs  concertos  inédits 
de  Tartirn.  —  Le  frère  de  celui-ci,  François 
Ti'rhij,  né  à  Louvain  eu  1813,  est  professeur  de 
violon  à  l'Académie  de  musique  de  cette  ville. 
Il  a  publié,  chez  les  éditeurs  Schott  frères, 
quelques  compositions  ]iour  sou  instrument. 
*  Ti:i\ï\ADE(JLIAS  ou  TKIU;  \DKL- 

L  AS     (DO.:»nNlQUE-MlCIlEL-BARNABÉ).     —     AuX 

ouvrages  dramatiques  de  ce  compositeur,  il  faut 
ajouter  gPlnlriglii  délie  cantariue,  opéra- 
bouffe  représenté  ;\  Naples,  sur  le  théAtre  des 
l^iorcnlini,  en  HIO. 

"Tl'ir.îlV  (LÉoNAnn),  chef  d'orche.'îtrc  et 
compositeur  belge,  est  né  à  Liège  le  13  février 
1810.  Il  (it  exécuter  en  18i9,  en  présence  du 
roi  et  de  la  reine  des  Belges,  une  Cantate-séré- 
nade qui  lui  avait  été  demandée  par  la  régence 
de  Liège,  et  l'année  suivante  une  Élégie  harmo- 
nique pour  voix  d'hommes,  violon-solo  et  or- 
chestre, qu'il  avait  composée  en  mémoire  de  sou 
ami  François.  Prumc,  violoniste  extrêmement 
distingué. 

TEUSCÎIAK  (Auolpue),  llùtiste  allemand 
et  compositeur  pour  son  instrument,  est  né 
en  1832  à  Hermannstadt,  et  a  fait  son  éduca- 
tion musicale  au  Conservatoire  de  Vienne,  où, 
admis  en  1850,  il  remporta  le  premier  prix  de 
flûte  en  1852.  Il  entreprit  alors  un  grand  voyage 
arti.stique,se  rendit  d'abord  à  Berlin,à  Hambourg, 
puis  à  Londres,  visita  l'Angleterre,  l'Ecosse  et 
l'Irlande,  vint  en  France  en  1853,  et  retourna 
dans  sa  patrie.  En  185G,  il  quitta  de  nouveau 
l'Autriche  pour  aller  à  Saiut-Pélersbo\irg.  Eu 
1859,  il  se  fixa  délinitivement  à  Vienne. 
M.  Terschalv  a  publié  plus  de  150  compositions 
pour  la  llùte,  avec  accompagnement  d'orches- 
tre ou  de  piano. 

ÏESIER.   -  Voyez  lîEISKT  (DE). 

TESSAIUrV  (Imuncesco),  compositeur!  et 
pianiste  italien,  né  à  Venise  le  8  décembre  1820, 
a  reçu  une  solide  éducation  musicale,  et  a  été 
l'élève  pour  le  piano  du  virtuose  compositeur 
.\ntonio  Fanua,  et  pour  la  composition  deG.-B. 
Ferrari.  Après  avoir  terminé  ses  éludes,  il  se 
livra  à  l'enseignement,  tout  en  produisant  un 
assez  grand  nombre  d'œuvres  de  divers  gen- 
res. Il  publia  d'abord  quelques  morceaux  de 
concert  pour  le  piano,  écrits  pour  la  plupart  sur 
'  des  thèmes   d'opéras  et  qui  parurent  chez  les 


oTO 


TESSARIN  —  THEHN 


éditeurs  Lucca  et  Canti,  de  Milan-,  puis  il  écri- 
vit un  f^raïui  (iraine  luique  en  3  actes,  î'UKhno 
Abencerragio,  qui  lut  représenté  à  Venise,  sur 
le  théâtre  de  la  Fenice,  pendant  la  saison  du 
carvanal  l857-t858.  On  connaît  aussi,  de 
M.  Francesco  Tessariii,  diverses  compositions 
religieuses,  entre  autres  une  inesso  et  dos 
psaumes;  mais  je  crois  que  ses  ouvrages  en  ce 
genre  sont  restés  inédits. 

TKSS  VUl.'^  (Angelo),  piaidste  et  composi- 
teur italien,  vraisemblablement  parent  du  précè- 
dent, est  né  à  Venise  le  16  août  1834.  Après 
avoir  fait  de  bonnes  éludes,  i!  s"est  livré  à  l'en- 
seignement du  ciiant  et  à  la  composition.  On  lui 
doit  divers  morceaux,  de  genre  pour  le  piano  : 
Valse  mélodique,  op.  2;  Danse  des  diables,  o[). 
4;  2  romances  sans  paroles,  op.  5;  Ballade,  op. 
7;  le  ifêw,  nocturne,  op.  8;  Grande  valse-caprice, 
op.  10,  etc.;  il  a  publié  aussi  des  mélodies  vo- 
cales, entre  autres  un  album  de  six  morceaux, 
intitulé  Brezze  délia  Laguna  ,  et  diverses 
compositions  pour  voix  seule  avec  cbœur  et 
orchestre.  M.  Tessarin  a  fait  exécuter  au  théâtre 
de  la  Fenice,  de  Venise,  le  6  avril  1875,  pour 
une  cii'constance  politique,  une  sorte  de  grande 
cantate  :  Inno-Salulo,  avec  chœurs  et  orches- 
tre. 

TESSITORE  ( ),  compositeur  italien, 

est  l'auteur  d'un  opéra  en  4  actes,  Elisa,  qui  a 
été  représenté  à  Turin  en  1879. 

*TETTA31AINZI  (Le  P.  Fkançois-Fabiiice\ 
-  Je  rétablis  ici  l'orthographe  exacte  de  ce 
nom,  qui  a  été  imprimé  à  tort  sous  cette  forme  -. 
Tetamanzi. 

*THAL5ia-:ilG  (Sir.iSMOND),  piani.stecélèbie, 
est  mort  à  Naples  le  27  avril  1871.  L'opéra  de 
ce  compositeur  intitulé  Crislïna  di  Svczia  n'a 
pas  paru  pour  la  i)reniière  fois  en  Italie,  ainsi 
qu'il  a  été  dit  par  erreur;  la  représentation  en 
a  eu  lieu  à  Vienne,  au  théâtre  de  la  Porle-Ca- 
rinthie,  en  18G5.  —  Sigismond  Tbalberg  était  le 
fds  naturel  du  prince  Mauiice  Dietrichslein  et 
de  la  baronne  de  Wetzlar. 

TU  V>>I{8':i\(l  (HENin  BE), avocat  à  la  cour 
d'appel  de  Paris,  grand  anudcur  de  musi([ue, 
né  en  Alsace  vers  1848,  a  publié  un  opuscule 
ainsi  intitulé  -.'le  Centenaire  de  Jioieldieii, 
anecdotes  et>nnvenirs  (Paris,  s.  d.  [avril  1875J, 
Ilaulard,  in-18  d(!  U3  i>p.).  Cette  brochure,  bour- 
rée d'erreurs,  ne  contient  aucun  renseignement 
nouveau  sur  le  grand  artiste  qui  en  est  l'objet. 
M.  de  Thannberg  a  annoncé  plusieurs  autres 
travaux  sur  la  musique  :  JSotice  biographique 
sur  Berlioz,  les  Maîtrises  (étude),  les  Fcmme.i 
vnisicirnncs,  dont  aucun  n'a  encore  été  publié. 
TllAVEli    (ALEXANuut),   diplomate   amé- 


ricain, actuellement  (i.xé  à  Leip/ig,  y  travaille 
à  une  grande  biograjjliie  de  Beethoven  qu'il  fera 
paraître  en  langue  anglaise  aussitôt  qu'elle  sera 
achevée,  mais  dont  une  traduction  allemande 
est  publiée  à  Berlin,  chez  l'éditeur  Weber, 
volume  par  volume.  Le.>  trois  premiers  ont  été 
déjà  livrés  au  [)ublic,  et  le  quatrième  et  dernier 
doit  suivre  prochainement.  Cet  ouvrage  consi- 
dérable, quia  produit  in  Allemagne  une  sensa- 
tion profonde,  nous  renseigne  admirablement 
sur  l'existence  extérieurede  Beethoven,  mais  sans 
doimer  aucun  détail  sur  ses  œuvres,  l'auteur 
n'étant  mallieureusement  pas  musicien  ;  il  fait 
justice  de  maintes  légendes  dépourvues  devéritc, 
entre  autres  celle  relative  au  prétendu  amour 
du  maître  pour  Julie  Guicciardi,  et  de  maints 
récits  absolument  inexacts,  comme  ceux  qui 
concernent  la  pauvreté  supposée  de  Beethoven. 
En  même  temps,  la  narration  très-attachante  de 
M.Tbayerfait  connaître,  apprécier  et  aimer  le 
grand  homme,  tout  en  apportant  la  précision  la 
plus  rigoureuse  sur  les  faits  qui  ont  marqué  sa 
vie  et  sa  carrière.  Il  n'est  pas  inutile  de  dire 
que  M.  Thayer  a  reçu  d'Otto  Jahn  {Voy.  ce 
nom),  à  la  mort  de  celui-ci,  tous  les  documents 
qu'il  avait  réunis  depuis  de  longues  années, 
dans  le  monde  entier,  sur  Beethoven,  dont  il 
voulait  lui-même  retracer  la  vie,  ainsi  qu'il 
avait  fait  pour  Mozart. 

TliEEUlVES  ou  TEEUS,  nom  de  deux 
facteurs  de  clavecins,  Jacques  et  Louis,  établis 
en  cette  qualité  à  Anvers,  au  milieu  du  seizième 
siècle,  et  reçus  tous  deux,  en  1558,  dans  la 
gilde  de  St-Luc. 

THEÎII\'  (Carl)  ,  compositeur,  pianiste, 
chef  d'orchestre  et  professeur,  est  né  à  Tglo 
(Hongrie),  le  13  août  1817.  Dès  1841  il  remplis- 
sait les  fonctions  de  chef  d'orchestre  au  théâtre 
national  de  Pestb^  où  il  lit  repré.senter,  outre 
quelques  opérettes  d'une  importance  secondaire, 
les  opéras  dont  voici  les  titres  :  Gizula,  le  Siigr 
de  Tihung  et  le.  Malade  imaginaire.  De  1853  à 
18G4,  M.  Carl  Thern  fut  professeur  décomposi- 
tion au  Conservatoire  de  Pesth,  et  il  dirigea 
ensuite,  pendant  cinq  années,  la  Société  d<  s 
amis  de  la  musique.  Outre  ses  productions  dra- 
matiques, il  a  publié  une  cinijuantaine  de  com- 
positions.', parmi  lesquelles  on  distingue  des 
chu'urs,  des  lieder  et  des  [tièces  de  divers 
genres  pour  le   piano. 

Les  deux  lilsde  cet  artiste,  M.  Willi  Thern, 
né  le  22  juin  1847,  et  M.  Louis  Thern,  né  le  18 
décembre  1848,  sont  tous  deux  pianistes  distin- 
gués, et  n'ont  pas  de  rivaux,  dit-on,  pour  l'en- 
semble dont  ils  font  preuve  lorsqu'ils  se  (ont 
entendre  siumllanéinent.  Ils  ont  fait  apprév'er 


THERiN 


THILLON 


STl 


eur  talent  non-seulement  dans  leur  patrie,  mais 
à  Paris,  où  ils  se  sont  produits  dans  les  salons 
(le  plusieurs  grands  artistes  :  Rossini,  Berlioz, 
M.  Vieu\teinps,  à  Londres,  oii  leur  succès  a  été 
très-grand  aux  concerts  du  Palais  de  cristal,  .'i 
Liverpool,  et  enfin  dans  toute  l'Allemagne, 
qu'ils  ont  parcourue  au  bruit  des  applaudissc- 
men 

THIBAU  (Achille),  compositeur  belge,  a 
fait  exécuter  à  Turnhout,  à  l'occasion  d'une 
comiiiémordlion  patriotique  (octobre  1876),  une 
cantate  flamande  intitulée  de  Feestzang,  pour 
voix  de  femme  seule  avec  chœur  d'hommes.  Cet 
artiste  a  écrit  aussi  un  grand  drame  lyrique  sur 
paroles  flamandes,  Philippe  Van  Artevelde, 
qui  jusqu'ici  n'a  pas  été  représenté. 

*TH1ÉI{ALLT  (Le  baron  1>aii.-Cu\ules- 
I^n.vNçois-ADUiEN-HEMU-DiEui)ON«K),  cst  mort 
à  Paris  le  14  octobre  1846. 

TIlïEF.E  (Luuwu;),  organiste  et  composi- 
teur allemand  contemporain,  est  considéré  dans 
sa  patrie 'comme  un  artiste  remarquable.  Entre 
autres  œuvres  importantes,  on  lui  doit  un  Trio 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  une  Fantaisie 
chromatique  et  Fugue  pour  orgue,  un  Thème 
avec  variations,  id.,  2  Pièces  de  concert,  id., 
une  Pièce  de  concert  et  Adagio,  id.,  et  diverses 
autres  compositions.  J.   B. 

TIÎÎELE  (Richard),  compositeur  allemand, 
est  l'auteur  d'un  opéra  qui  a  été  représenté  sur  le 
théâtre  de  Linz,  en  1872,  sous  ce  titre  :  les  Mu- 
siciens du  village. 

TIIIELEMANS  (Pierre),  compositeur  bel- 
ge, né  à  Leeuw-Saint-Pierre  (Bruxelles)  le  .22 
lévrier  1825,  a  fait  ses  études  au  Conservatoire 
de  Bruxelles,  et  a  pris  part  en  1853  au  concours 
de  Rome.  Devenu  organiste  à  l'église  Sainte- 
Catherine,  cet  artiste  quitta  ensuite  Bruxelles 
pour  se  fixer  en  France,  et  fit  représenter  à 
Rennes,  au  mois  de  mars  1867,  un  opéra-comi- 
que intitulé  Michel  Colomb. 

TIIIEUFELDEII  (Albert),  compositeur 
contemporain,  est  né  à  Miihlhausen,  le  30  avril 
1846.  Il  fit  ses  études  musicales  à  Leipzig,  oîi 
il  lievint  l'élève  de  Moritz  Hauptmanu  et  de  E. 
F.  Richter,  tout  on  travaillant  à  l'Université,  où 
il  obtint  le  doctorat.  Il  fut  engagé  ensuite  à 
Flbing  comme  directeur  de  musique,  et  de  là  se 
rendit  en  1800  à  Brandebourg,  où  il  reuq)lit  les 
fonctions  decffl?j<oretde  professeur  au  Gymnase. 

On  n'a  guère  publié  de  cet  artiste  que  (|uel- 
ques  mor(;eaux  de  piano  et  des  lieder,  qui  for- 
ment six  numéros  d'œuvre  ;  mais  il  a  fait  exé- 
cuter plusieurs  fois  une  symphonie  à  grand 
orchestre,  ainsi  qu'une  composition  pour  choMirs, 
voix  seules  et  orchestre,  intitulée  Zlaturog,  qui  a 


obtenu  du  succès  à  Brandebourg.  On  connaît 
aussi  de  lui  des  quatuors  pour  piano,  violon,  alto 
et  violoncelle,  et  des  sonates  do  |)iano,  Enfin, 
M.Thierfelder  a  en  portefeuille  un  opéra  roman- 
tique en  3  actes,  die  Jungfrau  von  Kœnigsee 
[la  Vierge  du  lac  du  Roi),  dont  une  exécution 
intime  a  eu  lieu  à  Brandebourg,  lo  30  juin  1877, 
par  les  membres  d'une  société  d'amateurs,  la 
Singakademie. 

THIEIUOT  (Ferdlwnd),  compositeur  et 
chef  d'orchestre  allemand,  est  né  à  Hambourg 
et  a  fait  son  éducation  artistique  sous  la  direc- 
tion de  MM.  Marxsen  et  Johannes  Brahms.  Après 
avoir  terminé  ses  études,  il  devint  directeur  de 
musique  dans  sa  ville  natale,  puis  remplit  suc- 
cessivement les  mômes  fonctions  à  Leipzig 
(1867),  à  Glogau,  et  en  dernier  lieu  à  Graz,  où 
je  crois  qu'il  est  encore  aujourd'hui  fixé. 
M.  Thieriot  a  publié  un  certain  nombre  de 
compositions,  parmi  lesquelles  je  signa- 
lerai les  suivantes  :  Loch  Loiaond,  fantaisie 
pour  voix  et  orchestre,  op.  13;  IS'alur  icnd  Le- 
bensbilder,  op.  18;  Am  Traunsee,  pour  baryton 
solo  et  chœur  de  femmes,  avec  accompagne- 
ment d'instruments  à  cordes,  op.  19;  6  lieder, 
op.  21;  Sonate  pour  piano  et  violon,  op.  24; 
lieder  pour  voix  de  femmes,  avec  accompagne- 
ment de  piano,  op.  25  ;  2  pièces  pour  violoncelle, 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  20;  8  pièces 
pour  le  piano,  op.  27;  4  fantaisies  pour  piano  et 
violon,  op.  28. 

TilIESSOî^  (M.  l'abbé),  chanoine  honoraire 
de  Troyes,  membre  de  la  Société  académique  de 
l'Aube,  est  auteur  du  livre  intitulé  :  Histoire 
de  sainte  Cécile,  vierge  et  martyre,  patronne 
des  musiciens  (Paris,  Josse,  1870,  in-12).  Ce 
livre  n'est  qu'un  récit  romanesque,  dans  lequel 
l'écrivain  reproduit  tous  les  faits  miraculeux 
repoussés  par  l'histoire,  en  se  demandant  tout 
simplement  pour  quel  motif  on  refuserait  de 
les  croire.  «  Serait-ce,  dit  M.  l'abbé  Thiesson, 
parce  qu'il  s'agit  là  de  faits  surnaturels,  incom- 
préhensibles, mystérieux  .^  Mais  n'en  est-il  pas 
ainsi  de  tous  les  miracles  ?  »  On  coujprend 
quelle  peut  être  la  valeur  d'un  écrit  reposant  sur 
de  tels  principes  scientifiques.  Seize  ans  aupa- 
ravant, M.  Thiesson  avait  publié  l'opuscule  sui- 
vant :  Notice  sur  l'orgue  d'Avallon  construit 
par  M.  Paul  Chazelle  pour  l'égliseSt-Pierre- 
St' Lazare,  contenant  l'exposé  de  tous  les 
progrès  de  la  facture  d'orgues  jusqu'à  ce  jour, 
Plancy,  1854,  gr.  in-8"  de  110  pp. 

THILLON(Anna HLIMT,  épouse),chanteuse 
dramatique,  naquit  à  Calcutta  en  1819,  et  fut 
élevée  à  Londres,  où  elle  reçut  une  brillante 
éducation  et  fit  de  bonnes  études  musicales. 


572 


TITILLON  —  TllOINAN  ; 


Ayant  perdu  sttn  père,  M"«  Iliinl,  dont  la  voi\ 
était  cliannanlo,  songea  à  utiliser  le  talent 
qu'elle  avait  atuiuis,  et,  suivie  de  sa  mère  et  de 
sa  so'ur,  iiiiitla  l'Aii^lelcrrc  cl\int  en  France 
pour  y  tenter  la  lorlnnc.  Ayant  débarqué  au 
Havre,  elle  y  donna  «luelijues  concerts  dans  les- 
(luelselle  oblinl  du  succès,  et  bientôt  épousa  en 
cette  ville  M.  Tliillon,  chef  d'orchestre  de  la 
Société  ;)liilliannonii|uo.  l'.lle  s'adonna  alors  au 
lliéàtre,  paicourutla  province  avec  son  mari,  et 
joua  les  premières  chanteuses  à  Clermoul  et  à 
Nantes,  oii  elle  fut  accueillie  avec  la  plus  grande 
faveur.  C'esl  dans  cette  dernière  ville  qu'Anté- 
nor  Joly,  qui  venait  d'obtenir  à  Paris  le  privilège 
d'un  nouveau  théâtre  lyrique,  celui  de  la  Renais- 
sance, el  (jui  cherchait  à  former  sa  troupe,  en- 
tendit M'"':  Anna  'l'Iiillon  ,  et  l'engagea  aussilôl. 

M""'  Anna  Tliillon  vint  en  effet  à  Paris,  et 
débuta  à  la  Renaissance,  le  15  novembre  1838, 
dans  un  opéra  de  Grisar,  Ladij  Melvil.  La 
beauté  exquise  de  celle  jeune  femme,  sa  voix  de 
soprano  s/ogra/o,  merveilleusement  timbrée,  sa 
grande  élégance,  tout,  jusqu'à  son  opulente 
chevelure  blonde  et  à  son  accent  légèrement 
britannique,  tout  contribua  à  lui  attirer  les 
bonnes  grâces  du  public,  qui  lui  (it  uu  très- 
grand  succès.  «  M""-'  Anna  Tliillon,  disait  alors 
le  Monde  dramatique,  est  une  jeune  canta- 
trice anglaise,  qui  a  obtenu  en  province  et  sur 
des  scènes  assez  élevées,  des  succès  mérités. 
Cette  actrice  est  douée  d'une  charmante  figure, 
ses  manières  ont  de  la  giAce,  de  la  dislindion, 
et  son  accent  légèrement  britannique  n'est  pas 
sans  quelque  charme.  Quant  à  la  voix  de  la 
canlalrice,  c'est  un  mélange  de  douceur,  de 
Ib'xibililé,  (p:i  lui  donne  (]ui'l(]ue  analogie  avec 
celle  de  M""-'  Damoreau;  son  timbre  est  ravis- 
sant, et  ses  sons  d'une  exquise  pureté,  d'une  fraî- 
cheur native.  C'esl  à  la  fois  le  chant  élégant  et 
perlé  du  rossignol  et  le  gazouillement  gracieux  de 
la  fauvette.  M""'  Tliillon,  avec  de  pareils  avanta- 
ges, ne  pouvait  qu'obtenir  un  succès  complet  ; 
aussi  le  public  lui  a-t-il  décerné.la  plus  flatteuse 
des  ovations,  et  l'a-t-il  couverte  de  bravos....  » 

Les  artistes  sévères  trouvaient  bien  que  la 
nouvelle  cantatrice  màn<]uail  un  |)eu  de  style 
et  de  gofit  ;  mais,  en  somme,  sa  voix  était  char- 
mante, conduite  avec  farililé  et  habileté,  et  le 
pnlilicn'en  demandait  pas  davantage.  M'""  Anna 
TLillon  chanta  successivement  à  la  Renaissance 
dans  la  Chaste  Suzanne,  dans  l'Eau  merveil- 
leuse, (\i\ns  Lucie  de  Lamermoor,  ef,  son  suc- 
cès augmentant  chaque  jour,  l'Opéra-Comique 
songea  à  l'attirer  à  lui,  et  lui  offrit  un  engage- 
ment, (jui  fut  accepté.  Bientôt  elle  débutait  à  ce 
Ibeàlre,  oii  la  faveur  du  public  la  suivait,  el  ou 


plusieurs  créations  vinrent  augmenter  la  renom, 
inée  qu'elle  s'était  acquise.  C'est  ainsi  qu'elle 
établit  à  rOpéra-Comique  les  principaux  rôles  des 
ouvrages  suivants  :  les  Diamants  de  la  Cou- 
ronne,  le  Duc  d'Oloune,  le  Puils  d'amour,  la 
Part  du  Diable,  Sainte-Cécile,  Cagliostro,  el 
qu'elle  reprit  avec  beaucoup  de  succès  liichard 
Cœur-de-Lion.  Cependant,  la  vogue  dont 
M'"'  Anna  Thillon  avait  été  l'objet  liuit  par  se 
calmer,  et  au  bout  de  cinq  ans  à  peine  elle  quit- 
tait l'Opéra-Comiiiue.  A  la  fin  de  1847,  après 
avoir  été  donné  des  représentations  dans  diver- 
ses villes  des  départements,  elle  était  engagée  au 
Princess^s-Tlieatre,  de  Londres,  oii  elle  débu- 
tait dans  l^ Ambassadrice.  Klle  n'y  resta  que  peu 
de  temps,  revint  en  France,  se  fit  entendre  pen- 
dant quelques  années  à  Paris  dans  les  concerts, 
puis  disparut  complètement  et  ne  fit  plus  en  au- 
cune façon  parler  d'elle.  J'ignore  ce  qu'est  deve- 
nue cette  artiste,  aimable  sans  doute,  mais  dont 
la  vogue  fut  plutôt  un  effet  de  l'engouement  que 
du  jugement  réfléchi  du  public. 

THIAIl  S  (Le  baron  Alepiît  DE) ,  juriscon- 
consulte  et  homme  politique  allemand,  conseil- 
ler à  la  cour  d'appel  de  Cologne,  puis  membre 
duReichslag  prussien,  est  l'auteur  d'un  ouvra- 
ge important  publié  sous  ce  litre  :  die  Harmoni- 
kale  Sijmbolik  des  Alterihums  {l'Harmonie 
el  le  symbolisme  dans  Vantiquité),  Cologne 
2  volumes,  1868-1876.  Ce  personnage  est  mort 
à  Cologne,  le  6  novembre  1878,  à  l'âge  de 
soixanle-douze  ans. 

THIOjWILLE  (M'""),  professeur  de  chant 
et  de  solfège,  a  publié  un  petit  ouvrage  élémen- 
taire dont  voici  le  titre  :  Qneslionnaire  sur  ta 
musique,  principes  choisis  dans  les  meilleurs 
solfèges  (Paris,  Choudens  [1875],    petit  in-S"). 

TIlOI!>AN  (Ilhnkst),  est  le  pseudonyme 
sous  lequel  s'est  fait  connaître  un  écrivain  mu- 
sical distingué,  M.  Antoine- Ernest  Hoquet.  Né 
à  Nantes  le  23  janvier  18?.7,  M.  Tlioinan  vint 
Il  Paris  en  1844  pour  y  apprendre  le  commerce, 
passa  en  Angleterre  en  1851,  puis  revint  en 
l'rance  et  fit  ensuite  plusieurs  voyages  aux 
Antilles,  en  Ru-ssie,  en  Italie,  etc.  Son  active 
carrière  commerciale  n'empêcha  pas  M.  Thoi- 
n.in  de  se  livrer  à  son  goût  prononcé  pour  la 
nuisique:  il  avait  étudié  le  piano  et  le  violon- 
celle, et  bientôt  l'histoire  de  l'art  le  préocciip.'i 
à  un  tel  point  qu'il  commença  à  rassembler  avec 
passion  tous  les  livres  qui  avaient  trait  à  ce  su- 
jet. Sa  bibliolhè(|ue  musicale,  commencée  vers 
18G0,  est  assurément,  dans  sa  spécialité,  l'une 
des  plus  riches  que  l'on  connaisse;  tout  en  pos- 
sédant un  grand  nombre  d'ouvrages  étrangers, 
il  s'est  altaché  particulièrement  à  la  liltéralure 


THOINAN  —  THOMAS 


573 


musicale  française,  et  sous  ce  rapport  sa  col- 
lection  est  beaucoup  plus  fournie  que   ne   l'é- 
taient celles  d'Adrien  de  la  Fage,  de  Farrenc,  et 
riK^iac  celle  de  Fétis,  dont  les  catalogues  ont  été 
publiés.    A  l'aide  de  ces  précieux  documents  et 
de  ceux  qu'il  ne  cesse  de  reciiercher  dans  nos 
divers  dépôts  publics,  notamment  aux  Archives 
nationales,  M.  Thoinan  s'est  livré  à  des  éludes 
tiès-sérieuses  et  a  jMihlié  plusieurs  écrits  inté- 
ressants dont  voici   les  titres:  1"  la  Musique 
à    Paris  en    18G2   (en   société  avec    M.    Al- 
bert de  Lasalle),  Paris,   Morizot,    18(J3,   in-fi  ; 
2"    les   Origines  de  la  chapelle-musique  des 
souverains  de  France  (publié  d'abord  dans  un 
recueil  intitulé  les  Veillées  chrétiennes),  Paris, 
Claudin,  18G4,  in-12;3''  la  Dèploration  de  Guil- 
laume Crestin  sur   le  tripas  de  Jean  Ockcg- 
hcni,  musicien,  premier  chapelain  du  roi  de 
France,  Paris,  Claudin,  18()i,in-8";  4"  Maa- 
ijurs ,  célèbre  joueur  de    riole,  musicien  du 
cardinal  de  Richelieu,  etc. ,  sa  biographie,  sui- 
vie de  sa  Response  faite  à  un  curieux  sur  le 
sentiment  de  la  musique  d'Italie,  avec  notes 
et  éclaircissements,  Paris,  Claudin,  1865^  in-8"; 
5"  Antoine  de  Cousu  et  les  singulières  desti- 
nées de  son  livre  rarissime  :  «  la  Musique  uni- 
verselle »,  Paris,  Claudin,  18ti6,  in-12;  G"  Cu- 
riosités musicales  et  autres,  trouvées  dans 
les  œuvres  de  Michel  Coijssard,  de  la  Compa- 
gnie de  Jésus,  Paris,    Claudin,    186G,  in-12; 
1"  un  Bisaïeul  de  Molière.  Recherches  sur  les 
Mazuel,  musiciens  des  XVF"  et  XVIF  siè- 
cles, alliés  de  la  famille  Poquelin,  Paris, 
Claudin,  1878,  in-12  Ei/evier;  8"  Louis  Cons- 
tantin, roi   des  violons,  avec  un  fac-similé 
de  brevet  de   maître  joueur   d'instruments 
de  la  ville  de  Paris,  I^arls,    Baur,   1878,  in- 
4°  ;  9"  Notes  bibliographiques  sur  la  guerre 
musicale   des  gluckistes  et  des  piccinnistes, 
Paris,    R.iur,  1878,  in-S". 

M.  Tlioinan  a  réimprimé,  en  l'accompagnant 
d'une  préface  et  de  notes  intéressantes,  un  des 
livres  les  plus  rares  et  les  plus  curieux  de  la 
littérature  musicale  française  :  VEniretien  des 
Musiciens,  par  Annibal  Gantez,  Paris,  Claudin, 
1878,  in-12.  Enfin,  on  lui.doit  encore  une  bro- 
(bure  satirique  ainsi  intitulée  :  l'Opéra  «  les 
Troyens  »  au  Père-Lachaise,  lettre  de  feu 
ISantho,  ex-timbalier  soliste, >ilc.,Vairis,'Io\\ni}, 
l8Go,  in-S".  M.  Tlioinan  a  collaboré  à  divers 
journaux  spéciaux,  la  Semaine  musicale,  l'Art 
musical,  la  France  musicale  et  la  Chroni- 
que musicale.  Il  est  aussi  l'un  des  collabora- 
teurs (lu  présent  Supplément. 

*  THOMAS  (Georces-Sébastiejn),  maître  de 
chapelle  et  directeur  de  la  musique  du  grand- 


duc  de  Ilesse-Darmstadt,  était  né  à  Perma- 
sens,  le  17  décembre  1788,  d'une  famille  atla- 
cliée  au  service  de  la  cour.  Dès  l'âge  de  onze 
ans  il  donnait  des  concerts,  et  il  ac(iuil  un  ta- 
lent hors  ligne  sur  le  violon  et  sur  le  cor  de 
chasse,  dont  il  tirait  des  sons  d'une  douceur 
merveilleuse.  Il  fut  l'un  des  condisciples  de  We- 
ber  et  de  Meyerbeor  à  l'école  de  l'abbé  Vogier. 
Compositeur  estimé,  il  a  laissé  des  symphonies, 
des  ouvertures,  des  quatuors,  etc.  Cet  artiste 
est  mort  à  Darmstadt,  le  4  septembre  18G6. 

*     TÎÎOIIAS    (  CIIAKLES-LOUIS-AMIUIOISIC  )  , 

compositeur,  l'un  des  maîtres  de  l'école  fran- 
çaise du  dix-neuvième  siècle,  est  aujourd'hui 
directeur  du  Conservatoire  de  Paris,  et  a  suc- 
cédé dans  ces  fonctions  à  Auber,  mort  en  1«71. 
La  haute  situation  artistique  qu'occupait  M.  Am- 
broise  Thomas  et  la  parfaite  honorabilité  de  son 
caractère  l'appelaient  tout  naturellement  à  rem- 
placer le  maître  illustre  dont  il  fui  toujours  l'ami 
le  plus  dévoué.  Sous  son  administration,  l'école 
dont  l'avenir  lui  est  confié  a  repris  un  nouvel 
essor,  a  vu  réaliser  des  réformes  et  des  progrès 
depuis  longtemps  réclamés  par  l'opinion  publi- 
que, et  a  continué  de  se  maintenir  au  premier, 
rang  des  iuslitulions  du  même  genre  qui  exis- 
tent en  Europe. 

Comme  compositeur,  M.  Thomas  n'a  cessé 
d'accjuérir  de  nouveaux  titres  à  l'estime  el  à  la 
sympathie  des  artistes  et  du  public.  Parvenu  au 
faîte  de  la  renommée,  deux  ouvrages  ont  particu- 
lièrement contribué  à  étendre  encore  sa  popu- 
larité non-seulement  en  France,  mais  par  toute 
l'Europe,  et  à  ajoiilcr  à  l'éclat  de  son  nom  ;  je 
veux  parler  de  Mignon,  dont  l'énorme  succès 
s'est  traduit  à  rOi)éra-Comi(iue  par  une  série  de 
plus  de  quatre  cents  représentations,  et  A^Hum- 
let,  dont  le  retentissement  n'a  pas  été  moindre 
<à  l'Opéra.  Ces  deux  ouvrages,  traduits  en  ita- 
lien, n'ont  pas  été  moins  heureux  sur  toutes  les 
grandes  scènes  de  l'Europe  et  de  l'Amérique 
qu'ils  ne  l'avaient  été  à  Paris. 

Une  chose  est  remarquable,  si  l'on  compare 
les  dernières  œuvres  do  M.  Thomas  à  celles  qui 
les  ont  précédées  :  c'est  l'évolution  qui  s'est  opé- 
rée dans  le  talent,  dans  la  manière  du  composi- 
teur. Devenu  maître  absolu  de  tous  les  secrets 
de  son  art,  rompu  à  foutes  ses  difficultés  pra- 
tiques, on  dirait  que  l'idéal  entrevu  jusqu'à  ce 
jour  par  l'artiste  ne  le  salisFait  pas  pleinement, 
et  que  son  regard  embrasse  un  horizon  plus 
vaste,  plus  lumineux,  plus  complet.  Après  avoir 
eu  la  grâce  et  l'élégance  dans  la  Doid>le  Echelle, 
dans  le  Panier  fleuri,  dans  la  Tonelti,  avoir 
ri  à  belles  dents,  de  ce  rire  large  et  sensuel  des 
Italiens,  dans  son    fameux  Caïd,  après  avoir 


oi4 


THOMAS 


donné  «ne  note  mélancolique  cl  tendre,  fière  et 
clicvaleresqiu',  d,ins  Raymond  et  dans  le  Songe 
d'une  nuit  d'été,  voici  qne  les  deux  dernières 
œuvres  du  musicien,  Mignon  et  Ilamlet,  attes- 
tent de  nouvelles  recherches,  un  ohjeclif  encore 
inconnu,  et  nous  transportent  dans  des  régions 
encore  inexplorées  par  lui.  Artiste  d'un  tempé- 
rament plein  de  souplesse  et  de  vigueur,  de  poé- 
sie et  de  clialour  d'àme,  esprit  médilalif  et  cul- 
tivé, M.  Tlioiuas  n'a  certainement  pas  dit  son 
dernier  mot,  et  l'on  est  en  droit  d'attendre  de  lui 
une  cnuvre  tout  à  fait  grandiose,  hors  ligne,  se 
présentant  comme  la  synthèse  et  le  couronne- 
ment de  sa  carrière,  carrière  peut-être  plus  noble 
et  plus  laborieuse  encore  qu'éclatante,  mais  qui 
nous  montre  un  artiste  plein  de  foi,  d'élévation, 
d'enthousiasme  et  d'honnêteté. 

Voici  la  liste  complète  des  productions  drama- 
tiques de  M.  Ambroise  Thomas  :  I"  la  Double 
Echelle,  un  acte,  Opéra-Comique,  23  août  1837; 
2"  le  Perruquier  de  la  Régence,  3  actes,  id., 
avril   1838;   3" la  Gipsi/,   ballet  en  3  actes  (eu 
.société  avec  Benoist  et  Marliani),  Opéra,  28  jan- 
vier 1833;  4"  le  Panier  fleuri,  un  acte,  Opéra- 
. Comique,  6  mai  1839;  5°  Carline,  3  actes,  id., 
24  lévrier  18iO;  C"  le  Comte  de  Carmagnola, 
2  actes.  Opéra,  19  avril  18il  ;  7°  le  Guérillero, 
2  actes,  id.,  2  juin  1842  ;  8"  Angélique  et  Mé- 
dor,  un   acte,    Opéra-Comique,  10    mai  1843; 
9''  Mina  ou   le  Ménage  à  trois,  3  actes,  id., 
10  octobre  1843;  10°   Betty,  ballet  en  2   actes. 
Opéra,  10  juillet   1846;    11"  le  Caïd,  2  actes, 
Opéra-Comique,  3  janvier  1849;  \2"  le  Songe  d'une 
nuit  d'été,  3  actes,  id.,  20  avril  1850;  13"  Bay- 
mond  ou  le  Secret  de  la  JHeine,  3  actes,  id., 
5  juin  1851;  14°  Cantate  pour  l'inauguration  île 
la  statue  de  Lesueur,  exécutée   à   Abbeville   le 
10  août  1852;  la  TonelU,  2  actes,  Opéra-Comi- 
que, "30  mars  18j3;  IG"  la  Cour  de  Célimène, 
2  actes,  id.,  11  avril  18r)5;  17"  Psyché,  Z  actes, 
id.,    26  janvier  1857   (repris  au  même  théâtre, 
avec  de  nombreux  et  importants  changements, 
le  21  mai   1878;»;  18°  le  Carnaval  de  Venise,  3 
actes,  Opéra-Comique,  9  décembre  1857;  19"  le 
Jioman  d'Elvire,  3  actes,  id.,  3  février  1860; 
20°   Mignon,  3  actes,  id.,  17  novembre  1860; 
21"  Ilamlei,   5   actes,   Opéra,    9    mars   1868; 
22°  Gille  et  Gitlotin,  un  acte,  Opéra- Comique, 
22  avril  1874;  23°  Nommage  à  Boieldieu,  can- 
tate exécutée  lors  des  fêtes  du  centenaire  de  Boiel- 
dieu, à  Rouen,  le  13  juin  1875.  Parmi  les  coni- 
positions  de  M.  Ambroise  Thomas  en  dehors  du 
théâtre,  je  citerai  les  suivantes  :  Messe  solen- 
nelle, exécutée  le  22  novembre  1857,  en  l'église 
Saint-Eustaclie;  Marche   religieuse  à  grand  or- 
chestre, exécutée  à  Notre-Dame  en  1865;  3  Mo- 


tets avec  accompagnement  d'orgue  (1.  Veni 
spnnsa;  2.  Sub  tuum;  3.  0  salutaris);  Souve- 
nir d'Italie,  6  romances  italiennes  et  vénitien- 
nes, pour  chant  et  piano-,  la  Vapeur,  le  Chant 
des  ajnis,  le  Tyrol,  France,  V Atlantique,  les 
Archers  de  Bouvines,  le  Carnaval  de  Rome, 
les  Traîneaux,  le  Temple  de  la  Paix,  la  l\uit 
du  sabbat,  etc.,  chœurs  orphéoniques,  dont 
<pielques-uns  sont  de  véritables  compositions 
iyri(pies  et  des  productions  de  premier  ordre. 
La  cantate  Hcrmann  et  Kctty,  qui  a  valu  à 
M.  Ambroise  Thomas  le  iiremicr  grand  prix  de 
Rome,  a  été  gravée.  M.  Thomas  a  en  portefeuille 
un  grand  opéra  terminé  et  encore  inédit  :  Fran- 
çoise de  Rimini. 

Les  trois  écrits  suivants  ont  été  publiés  sur 
V Hamlet  de  ^\.  Ambroise  Thomas  :  1"  Théâtre 
impérial  de  VOpéra.  Hamlet.  Distribution  des 
rôles,  analyse  de  la  pièce,  biographie  des 
auteurs  et  des  artistes,  par  Burtai  et  Goizet, 
Paris,  1868,  in-S";  2°  Hamlet,  grand  opéra  en 
5  actes,  paroles  de  MM.  Micliel  Carré  et  Ju- 
les Barbier,  musique  de  M.  Ambroise  Tho- 
mas, étude  littéraire  et  musicale,  par  Hyacinthe 
Kirsch,  Liège,  impr.  de  Thier,  1872,  in-18  de 
36  pp.;  3°  r«  Amleto  »  del  maestro  Ambrogio 
Thomas  a  Venezia,  arlicoli  dl  P.  Faustini, 
estratti  dalla  «  Gazzetta  di  Venezia  »  et 
dalla  't  Gazzetta  musicale  di  Milano,  «  s.  1, 
[Venise],  impr.  de  la  Gazzetta,  mars  1876,  in-S" 
de  27  pp. 

THOMAS  (Tukodoke),  musicien  allemand 
li.xé  depuis  longues  années  en  Amérique,  ou  il 
s'est  fait  une  grande  réputation  comme  chef 
il'orchestre,  est  né  dans  la  Frise  orientale  (Ha- 
novre) le  11  octobre  1835.  Il  étudia  le  violon 
,-ous  la  direction  de  son  frère,  qui  était  lui-même 
habile  violoniste  et  excellent  musicien,  et  partit 
en  1845  pour  l'Amérique,  où  sa  famille  emi- 
grait.  Il  était  à  peine  âgé  de  quinze  ans  lors- 
qu'il fut  appelé  à  faire  partie,  en  qualité  de  pre- 
mier violon,  de  l'orchestre  de  la  compagnie  ita- 
lienne organisée  par  le  fameux  entrepreneur 
Barnum  pour  les  représentations  de  M'^"'  Jenny 
Liud,  et  il  accompagna  cette  célèbre  cantatrice 
dans  son  voyage  à  travers  l'Amérique.  Devenu 
chef  d'orchestre,  il  organisa  à  New-York,  en 
1855,  des  soirées  de  musique  de  chambre  qui 
durèrent  quatorze  ans;  neuf  ans  après,  en  1864, 
il  créa  de  grands  concerts  symphoniques,  puis 
de  grands  concerts  en  plein  air,  dans  la  direc- 
tion desquels  il  déploya  un  talent  remarquable, 
qui  obtinrent  un  immense  succès,  et  qui  ne  ces- 
sèrent (|u"en  1875.  A  plusieurs  reprises,  il  visita, 
à  la  tête  de  son  orchestre,  considéré  comme 
l'un  des  meilleurs  du  monde  entier,  les  princi- 


THOMAS  —  TUCRNER 


o/o 


pales  villes  de  l'Union  américaine,  et  ces  voya- 
ges furent  aussi  productifs  an  point  de  vue  ma- 
tériel que  brillants  sous  le  rapport  artistique.  1! 
est  certain  que  M.  Théodore  Thomas  a  conquis 
aux  États-Unis  une  renommée  absolument  ex- 
ceptionnelle, et  qu'il  y  est  considéré  comme  l'un 
des  premiers  artistes  de  ce  temps.  Depuis  1878 
il  est  fixé  à  Cincinnati,  où  il  a  pris  la  direction 
du  Conservatoire  récemment  fondé  en  cette 
viljp.  —  Bien  que  sa  réputation  soit  beaucoup 
moins  considérable  comme  compositeur  que 
comme  chef  d'orchestre,  M.  Thomas  s'est  pour- 
tant fîiit  apprécier  sous  ce  rapport;  on  lui  doit 
liliisieurs  ouvertures  de  concert,  des  quatuors 
l»our  instruments  à  cordes,  des  lieder  et  divers 
morceaux  de  genre. 

TIIOMÉ  (FuANçois-Lro-JosKi'U,  dit  Fkain- 
cis),  pianiste  et  compositeur,  né  à  Port-Louis 
(ile  Maurice)  le  18  octobre  1850,  vint  fort  jeune 
à  Paris,  qu'il  n'a  plus  quitté  depuis,  et  fui  admis 
en  1866  au  Conservatoire,  d'abord  dans  la  classe 
de  piano  de  M.  Marmontel,  puis  dans  celled'har- 
monie  de  M.  Duprato-  11  obtint  en  1869  un  se- 
cond prix  d'harmonie,  et  en  1870  un  premier 
prix  de  fugue.  Depuis  lors  il  s'est  livré,  je  crois, 
à  l'enseignement.  M.  Thomé  a  publié  un  certain 
nombre  de  morceaux  de  piano  d'une  forme  élé- 
gante, il  a  écrit  une  ou  deux  opérettes  qui 
ont  été  jouées  dans  les  salons,  et  il  a  fait  exé- 
cuter récemment  une  ode-symphonie  pour  soZi, 
chœurs  et  orchestre,  intitulée  Hymne  à  la 
nuit. 

TIIOMELO  (J ),   organiste  fort   dis- 
tingué du  dix- huitième  siècle,   semble  être    le 
chef  d'une    famille  d'artistes  de  ce  genre,  qui 
était   originaire   de  la  Brie.  Il  était,  en  1667, 
l'un  des  quatre   organistes  de    la  chapelle  de 
Louis  XIV,   les  autres  étant  Gabriel  Nivers,  J. 
Buterne  et  N.  Lebègue,  et  en  même  temps  tenait 
à  Paris  l'orgue  de  l'église  Saint-Jacques-la-Bou- 
cherie.  Ami  intime  de  Charles  Couperin,  il  fut 
le  premier  maîlre  du  fils  de  ce  dernier,  Fran- 
çois Couperin,  celui  que  plus  tard  on  appela 
Couperin  le  Grand.  Titou  du  Tillet,  dans  son 
intéressant  Parnasse  français,  rend  plus  d'une 
fois  hommage  au   talent  de   J.   Thomelin,   qui 
était  très-apprécié  du  public  parisien,  et,  entre 
autres,  rappelle  ainsi  son  souvenir  -.  —  «  Dans  le 
même  temps   que  Louis  et  Charles   Couperin, 
Tomelin  (sic)  se  distingua  aussi  beaucoup  dans 
l'art  de  toucher  l'orgue,  et  tous  les  curieux  en 
musique  allaient  en  grande  foule  l'entendre  les 
jours  de  grandes  fêtes,  principalement  la  veille 
et  le  jour  du  saint,  patron  de  cette  église  (l'é- 
glise Saint-Jacques).  Il  a  laissé  quelques  pièces 
manuscrites  pour  l'orgue,  et  surtout  pour  le  cla- 


vecin, qui  ^mériteroient  bien  la  gravure  ou  l'im- 
pression. » 

Un  autre  Thomelin,  Lovis- Antoine,  fut  or- 
ganiste de  l'église  Saint-Aspais,  de  Melun,  en 
1746,  et  un  troisième,  Louis- Jacques,  remplis- 
.sait  en  176i  les  mêmes  fonctions  à  l'église  No- 
tre-Dame de  la  même  ville.  Je  n'ai  eu  connais- 
sance de  l'existence  de  ces  deux  artistes  que  par 
l'opuscule  de  M.  Th.  Lhuillier:  Notes  sur  quel- 
ques inusiciens  dans  la  Brie. 

THOOFT  (G -F ),  est  ce  qu'on  ap- 
pelle généralement  un  amateur,  un  dilettante, 
parce  que  ses  parents  avaient  de  la  fortune  et 
qu'il  ne  s'est  occupé  de  musique  que  par  amour 
de  l'art.  Mais  comme  il  possède  un  véritable  ta- 
lent d'artiste  et  que,  parmi  les  rares  composi- 
teurs néerlandais,  il  occupe  un  rang  fort  hono- 
rable, il  a  droit  à  une  place  dans  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens. 

M.  Tliooft  est  né  à  Amsterdam  en  1829.  Il  s'a- 
donna d'abord  aux  études  scientifiques,  travailla 
et  étudia  pendant  plusieurs  années  à  l'université 
de  Leyde,  mais  il  fut  atteint  d'une  maladie  de 
l'ouïe,  d'une  surdité  chronique  qui  l'empêcha 
de  terminer  ses  études  de  jurisprudence.  C'est 
alors  qu'il  se  consacra  complètement  à  la  musi- 
que, et  qu'il  se  mit  à  étudier  le  piano  avec 
M.  Vander  Does  et  la  composition  avec  M.  J. 
Dupont,  de  Rotterdam, 

En  1852  il  se  dirigea  vers  Leipzig,  on  il  tra- 
vailla pendant  plusieurs  années  avec  le  célèbre 
Hauptmann  et  avec  Richter.  On  exécuta  plusieurs 
ouvrages  de  lui  dans  cette  ville,  et  une  de  ses 
ouvertures,  la  Pucelle  d'Orléans,  y  obtint  un 
certain  succès.  En  1855,  et  après  un  court  sé- 
jour à  Paris,  il  revint  dans  sa  patrie  et  se  fixa  à 
Rotterdam,  où  il  réside  encore.  Il  y  écrivit  un 
opéra  en  3  actes,  Aleïde  de  Hollande,  et  il  eut 
la  chance  et  le  rare  privilège  de  voir  cet  ou- 
vrage représenté  dans  plusieurs  villes  de  l'Alle- 
magne et  des  Pays-Bas,  où  il  fut  très- favorable- 
ment accueilli  (1). 

M.  Thooft  est  un  des  rares  compositeurs  néer- 
landais qui  aient  produit  de  la  musique  drama- 
tique, dont  on  s'occupe  fort  peu  dans  les  Pays- 
Bas.  On  lui  doit  encore  trois  symphonies,  une 
symphonie  avec  chœurs  qui  a  été  couronnée  par 
la  Société  pour  l'encouragement  de  l'art  musical, 
des  trios,  des  lieder,  et  beaucoup  d'autres  com- 
positions. 11  s'occupe  aussi  lie  littérature  et  de 
critique  musicales,  et  pemlant  plusieurs  années  il 
a  été  rédacteur  en  chef  de  la  revue  musicale 
néerlandaise  CœciVa.  Ed.  di:  H. 

THLIIT^EU   (Théodore),  piani.ste-composi- 

(1)  Cet  ouvrage  fut  représenté  àRotterdam  le  10  mirs  1866 
-  A.    P. 


576 


TllURNER 


leur,  ost  né  à  rfaffensheim  (Haiit-Rirm)le  13  ài'- 
ceinl)rc  ls.!:î.  —  Appaitcnant  à  une  famille 
qui  com])le  beaucoup  (i'arlistes,  il  re^ut  de 
très-bonne  heure  les  premières  leçons  de  piano 
et,  à  treize  ans,  fui  admis  au  Conservatoire  de 
Paris  dans  la  classe  de  Zimmermann,  où  il 
avait  pour  condisciples  Georges  lîi/.et,  IManlé, 
Joseph  Wieniawski  et  Kelterer.  Après  une 
année  d'étu  les  il  obtenait  un  accessit,  et  l'an- 
née suivante  (ISiU)  le  premier  prix  de  piano 
avec  Wieniawski.  Il  apprenait  en  même  temps 
l'harmonie  avec  Hazin  et  le  contre-point  avec 
Zimmermann.  Il  demanda  aussi  des  conseils  à 
.M.  Alkan  l'ainé,  musicien  d'une  haute  valeur, 
i|ui  lui  donna  le  goût  des  œuvres  de  J.  S. 
Ilach.  En  1850  il  alla  se  lixer  à  Toulon.  II  y 
resta  neuf  ans  et  y  remplit  les  fonctions  d'or- 
i^aniste  à  l'égli-se  de  Saint-Jean,  puis  à  la  cathé- 
drale. Vers  185'J  il, vint  à  Marseille,  oii  il  est 
resté  jusqu'à  ce  jour.  Son  talent  y  a  reçu 
une  vive  impulsion  ;  car  il  y  a  trouvé  un  mi- 
lieu artistique  actif  et  un  groupe  de  musi- 
ciens (|ui  ont  conservé,  avec  les  plus  saines 
traditions,  le  goût  et  le  culte  du  grand  art. 
Accueilli  avec  une  faveur  exceptionnelle,  M.  Th. 
Thurner  ne  se  laissa  pas  éblouir  par  de 
bruyants  succès  de  salon,  et  ne  cessa  de  tra- 
v.iiller  à  perfectionner  son  talent.  En  18C4 
il  fut  nommé  professeur  de  piano  au  Conser- 
vatoire, et  y  forma  d'excellents  élèves  dont 
plusieurs  se  sont  voués  avec  succès  à  l'ensei- 
gnement. Il  a  donné  sa  démission  eu  1874,  peu 
de  temps  après  une  fatale  mesure  qui  a  rno- 
dilié  la  situation  de  cette  utile  école,  en  rom- 
[lant  les  liens  qui  la  rattachaient  au  Conser- 
vatoire de  l'aris.  En  ISGi,  il  fonda  avec 
.MM.  Cil.  C.raffet  Aug.  Tolbecque' des  séances 
pul)li(iues  de  trios,  dont  le  but  était  de  pro- 
pager les  œuvres  de  la  nouvelle  école  ro- 
man(i(|ue.  Ces  séances  durèrent  six  ans,  soit, 
jusiiu'en  18G9.  A  celle  époque  se  développa 
chez  lui  une  prédilection  marquée  pour  les 
dernières  œuvres  de  Dectlioven  et  les  produc- 
tions allemandes  contemporaines,  qu'il  a  plu- 
sieurs fois  fait  entendre  à  Marseille.  Contraire- 
ment à  ce  (jui  est  arrivé  à  plus  d'un  esprit 
(lislirigué,  cette  inihience  lui  a  été  salutaire. 
Son  jeu  y  a  acquis  quelque  chose  de  plus  viril 
et  son  talent  de  compositeur  s'est  élevé  et 
s'est  coloré,  sans  rien  perdre  de  la  clarté,  qui 
semble  être  une  obligation  naturelle  de  la  pen- 
sée pour  les  artistes  de  notre  pays.  Ses  der- 
nières œuvres  témoignent  d'un  vrai  tempéra- 
ment musical,  et  accusent  un  progrès  marqué 
sur  la  forme  élégante,  brillante,  mais  sans  por- 
tée, de    ses  premières  composilions.   On  peut 


citer  surtout  la  Polonaise  en  ré  bémol,  le 
J'rio  en  ré  majeur  ()our  piano,  violon  et  vio- 
loncelle, et  le  Concerto  pour  piano  et  or- 
cliestre  en  sol  mineur  qu'il  a  produit  en 
1872,  au  ThéiUro- Valette,  dans  un  grand  festi- 
val au  prolit  de  lœuvre  d'Alsace  et  Lorraine. 
Son  style  .semble  y  procéder  de  Mendeissohn, 
Schumann,  et  surtout  peut-être  de   Ruhinstein. 

Comme  exécutant,  M.  Th.  Thurner  a  ce  je  ne 
sais  (pioi,  diflicile  à  délinir,  qui  constitue  un 
talent  personnel.  Il  a  au  plus  haut  degré  l'é- 
galité de  doigts,  la  sûreté  du  mécanisme  et 
aussi  la  grâce  et  la  délicatesse.  C'est  après 
Planté,  avec  lequel  il  a  plus  d'un  rapport,  un 
des  pianistes  français  dont  le  jeu  est  le  plus  pur. 

Son  talent  d'organiste  n'est  pas  moins  re- 
manpiable.  A|»rès  avoir  tenu  l'orgue  de  l'é- 
glise St-Cbarles,  il  a  depuis  plusieurs  années 
à  sa  disposition,  à  l'église  St-Joseph,  un  puis- 
sant instrument  de  Cavaillé-Coll.  Il  a  le  ma- 
niement adroit  et  rapide  des  jeux  et  se  mon- 
tre très-habile  sur  le  clavier  des  pédales,  dont 
les  organistes  français  négligent  trop  souvent 
l'étude.  Il  a  aussi  une  heureuse  faculté  d'im- 
provisation ;  il  y  apporte  toujours  l'ordre,  la 
clarté,  le  plan,  la  méthode  indispensable  à 
toute  improvisation  sérieuse. 

Voici  la  liste  à  peu  près  complète  des 
(ruvres  de  cet   artiste  : 

Chez  Lcmoine  :  Six  romances  sans 
paroles;  Barcarolle  ;  Tarentelle;  Saruk 
la     baigneuse;    Souvenir    de     Gmbioiller. 

—  Chez  Meissonnier  :  Moderato;  deux  Val- 
ses dans  le  style  de   Chopin;    Wiegenlied. 

—  Chez  Richault  :  Polonaise  en  si  mi- 
neur; Elude  Toccata;  Chanson  de  matelots; 
2''-  Polonaise  en  ré  bémol;  Souvenir  de 
Valfrais.  —  Chez  Carbonel,  à  Marseille  ; 
Menuet  ;  2  Valses  romantiques  ;  liluette  ; 
Uarcarolle  ;  Scène  matinale.  — Non  encore 
publiés  :  Ilumorcsque  ;  Sous  les  pins, 
élude;  Pastorale  pour  orchestre;  Grand 
Trio  en  ré  majeur,  j)our  piano,  violon  el 
riolnncellc  ;  Concerto  en  sol  mineur,  pour 
piano  et  orchestre.  Ai,.  R — n. 

TilLllîMvll   (A ),    professeur   de  piano, 

est  devenu,  après  avoir  collaboré  à  la  France 
musicale  et  au  Grand  Journal,  l'un  des  ré- 
dacteurs de  la  lierue  el  Gazette  tnusicale , 
où  il  a  donné  quelques  travaux  intéressants. 
M.  Thurner  a  publié  aussi  un  petit  volume 
intitulé  les  Transformations  de  Vopéra-vo- 
mique  (Paris,  Castel,  in-12,  1865)  ;  malheu- 
reusement, il  ne  paraissait  pas  avoir  étudié 
son  sujet  d'une  façon  assez  complète,  car  les 
jugements   portés   par    lui  sur  certains   musi- 


TllURNER  —  TIERSOÏ 


577 


ciens  dislingués,  sur  Devienne  entre  autres, 
sont  au  moins  hasardés.  M.  Tliurner  s'est 
produit  aussi  comme  compositeur,  avec  quel- 
ques œuvres  qui  dénotaient  un  talent  réel  et 
un  bon  sentiment  de  l'art  ;  entre  autres  pro- 
ductions estimables,  on  connaît  de  lui  un 
allegro  de  concert  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle, un  scherzo  pour  piano  et  violon,  un 
lamenio  pour  violoncelle  avec  accompagne- 
ment de  violon,  deux  tarentelles  pour  piano 
àeul,  enfin  nombre  de  morceaux  de  genre 
()our  piano  et  des  mélodies  vocales  d'un  tour 
lioureux  et  caractéristique. 

*  THYS  (Alphonse).  —  Cet  artiste  a  pu- 
blié la  partition  pour  chant  et  piano  d'un  petit 
opéra  de  salon  intitulé  les  Echos  de  Rosine. 
11  est  mort  à  Bois-Guillaunîe,  près  Rouen, 
dans  les  premiers  jours  du  mois  d'août  1879. 

Avant  de  faire  jouer  quelques  pièces  à  l'O- 
péra-Comique,  Thys  avait  commencé,  ainsi 
qu'Adolphe  Adam,  par  écrire  de  nombreux 
morceaux  de  musique  nouvelle  pour  des  piè- 
ces qui  se  jouaient  sur  des  théâtres  de  genre, 
le  Gymnase,  le  Vaudeville,  etc.  ;  c'est  ainsi 
qu'il  composa  les  airs  de  la  Belle  Limona- 
dière, de  la  Nuit  au  Sérail,  qui  devinrent 
populaires  et  servirent  longtemps  de  timbres 
pour  les  vaudevilles.  Il  avait  été,  avec  Ernest 
Bourget  {Voy.  ce  nom),  l'un  des  fondateurs  et 
des  membres  les  plus  actifs  de  la  Société  des 
auteurs,  compositeurs  et  éditeurs  de  musique, 
dont  il  fut  plusieurs  fois  élu  président. 

THYS  (Madame  SÉBAULT,  née  Pau- 
line), née  vers  1836,  est  la  fille  du  précé- 
dent. M^'''  Thys  a  commencé  de  bonne  heure 
à  se  faire  connaître  par  un  assez  grand  nom- 
bre de  chansonnettes  et  de  romances,  qui 
obtenaient  de  certains  succès  de  salon.  Elle 
voulut  ensuite  aborder  le  théâtre,  et  donna 
aux  Bouffes-Parisiens,  en  1857,  une  opérette 
en  un  acte,  la  Pomme  de  Turquie,  dont 
elle  avait  écrit  les  paroles  et  la  musique  ; 
c'est  comme  librettiste  et  comme  composi- 
teur qu'elle  produisit  encore,  en  1860,  deux 
autres  petites  opérettes.  Quand  Dieu  est  dans 
le  ménage.  Dieu  le  garde,  exécutée  dans 
un  salon,  et  la  Perruque  du  Bailli,  jouée 
à  la  salle  Herz,  dans  un  concert.  Le  24 
mai  1862,  M"^  Thys  faisait  représenter  au 
Théâtre-Lyrique  un  opéra-comique  en  deux 
actes,  le  Pays  de  cocagne,  composé  sur 
un  poëme  de  M.  de  Forges,  et  en  1865,  dans 
un  spectacle  extraordinaire  de  jour  donné  au 
Vaudeville,  elle  faisait  entendre  des  fragments 
d'un  autre  opéra-comique.  Manette,  dont 
elle  avait  encore  écrit-le  livret  et  la  partition. 

BIOGR.    UMV.    DES   MUSICIENS.     —   SUPPL.    — 


Enfin,  le  19  octobre  18V8,  elle  donnait  à  l'Al- 
cazar,  de  Bruxelles  ,  une  opérette  en  3  actes, 
le  Cabaret  du  Pol-Cussé.  W'""  Thys-Sébault, 
qui  a  publié  quelques  romans,  a  encore  en 
portefeuille  un  opéra-comique  en  3  actes, 
le  Fruit  vert,  dont  elle  a,  selon  sa  cou- 
tume presque  constante,  écrit  la  musique  sur 
ses  propres  paroles. 

TIBAUT  (Vincent)  ,  facteur  de  clave- 
cins, exerçait  sa  profession  à  Toulouse  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  Je 
n'ai  pu  découvrir  aucun  renseignement  sur 
cet  artiste,  d'ailleurs  extrêmement  distingué  si 
l'on  en  juge  'par  un  très-charmant  clavecin  à 
deux  claviers,  exécuté  par  lui,  et  qui  fait 
partie  de  l'intéressante  collection  d'instruments  * 

de  musique  réunie  par  M.  Tolbecque,  vio- 
loncelliste à  Paris.  Ce  joli  clavecin  porte  l'ins- 
cription suivante  :  Fuit  par  moy,  Vincent 
Tibaut,  à  Tolose,  1C79.  y 

ÏICCI  (Rinaldo),  professeur  et  théoricien 
itahen,  est  l'auteur  d'un  Trattato  di  contrap- 
punto  qui  a  été  publié  à  Sienne  en  18i5.  On 
lui  doit  aussi  un  manuel  qui  a  pour  litre  : 
Principj  elementari  di  musica,  ad  uso  dei 
giovani  délia  scuola  di  Siena  ;  je  ne  connais 
que  la  seconde  édition  de  cet  ouvrage,  qui 
a  paru  à  Sienne  en  1840.  Il  est  supposable 
que  c'est  le  môme  artiste  (c'est  du  moins  un 
artiste  portant  le  même  nom)  qui  a  fait  re- 
présenter le  30  janvier  1866,  sur  le  Grand- 
Théâtre  de  la  même  ville  de  Sienne,  une 
opérette  bouffe  intitulée  la  Vivandier  a  al 
campo  di  Federico  II. 

TIERSCH  (Otto),  théoricien  et  écrivain 
musical  allemand,  est  né  à  Kaibsrieth,  dans 
le  duché  de  Saxe-Weimar,  le  1"^'  septembre 
1838,  et  a  fait  ses  éludes  sous  la  direction  de 
J.  G.  Tœpfer,  de  L.  ErK  et  de  H.  Bellermann. 
Il  est,  depuis  1861,  professeur  de  la  théorie  de 
l'art  au  Conservatoire-Stern,  à  Berlin.  On  lui 
doit  les  ouvrages  suivants  :  1"  System  und 
Met/iode  a-**  Harmonielehre,  Leipzig,  Breit- 
kopf  et  Hœrtel  ;  T  Elementarbuch  der  musi- 
kalischen  Harmonie  und  Modulationslehre, 
Berlin,  Oppenheim,  1874  (ouvrage  traduit  eu 
anglais  par  le  professeur  Dœlker  et  publiii  à 
Albany)  ;  3"  Kurze  praktische  generalbnss 
Harmonie  und  Modulationslehre,  Leipzig', 
Breitkoph  et  Haîrtel,  1876.  M.  Otto  Tiersch  a 
fourni  quantité  d'articles  à  différents  journaux, 
entre  autres  à  la  A'cue  Berliner  Musikzei- 
tung,  et  à  la  IS'eue  Zeitschrijt  fur  Mu- 
sik. 

TIERSOT      (Edmond  -  Piebre  -  Lazare), 
médecin  et  homme   politique,   né  le   29  août 
T.  II.  37 


378 


TIERSOT  —  TIETJENS 


1822  à  Dourg-en-Bresse,  est  directeur  d'une 
société  orpiiéonique  fondée  par  lui  au  lieu 
de  sa  résidence.  M.  Tiersot,  qui  avait  étu- 
dié avec  soin  toutes  les  questions  intéressant 
la  théorie  musicale,  écrivit  pour  les  jeunes 
membres  de  cette  société  le  petit  traité  sui- 
vant :]  Leçons  élémentaires  de  lecture  vui- 
sicale  (Bourg,  impr.  Dufour,  1807,  in-8").  Ce 
petit  livre  était  dédié  par  son  auteur  à  George 
HainI,  alors  chef  d'orchestre  de  l'Opéra. 
M.  Tiersot  est  membre  de  la  chambre  des  dé- 
putés pour  le  département  de  l'Ain.  —  Son 
fils,  M.  Julien  Tiersot,  élève  d'une  des  classes 
de  composition  du  Conservatoire  de  Paris,  est 
le  rédacteur  musical  d'un  recueil  périodique, 
la  Réforme. 

TIETJE3fS  '(Thérèse-Jeanne-Alexandra 
TITIEîVS,  connue  sous  le  nom  de),  cantatrice 
dramatique  à  laquelle  son  admirable  talent  valut 
une  immense  renommée,  était  née  à  Hambourg 
d'une  famille  hongroise  (1).  Elle  donna  dès  l'âge 
le  plus  tendre  des  signes  non  équivoques  de  la 
vocation  qui  devait  l'entraîner  vers  le  théâtre,  et 
dès  1 849  elle  débutait,  sur  le  théâtre  de  sa  ville  na- 
tale, dans  la  Lucrezia Borgia  deDonizetti,|qui  lui 
valut  un  succès  considérable.  On  raconte  qu'un 
jeune  homme,  possesseur  d'une  fortune  considéra- 
ble, s'en  éprit  ardemment  après  l'avoir  entendue 
lors  de  ses  débuts,  et  demanda  sa  main,  mais 
se  vit  repoussé  par  elle  parce  qu'elle  ne  voulait 
à  aucun  prix  abandonner  la  carrière  qu'elle  avait 
embrassée;  cependant,  la  jeune  fille  étant  orphe- 
line, son  tuteur  crut  devoir  interposer  son  au- 
torité, et  lui  fit  promettre  de  renoncer  à  la 
scène  pendant  une  année,  sauf  à  y  reparaître 
ensuite  si  elle  persévérait  dans  sa  résolution. 
M"*^  Tietjens  supporta  impatiemment  une  partie 
de  cette  épreuve,  mais,  avant  que  celle-ci  ftlt 
terminée,  elle  quitta  Hambourg  pour  débuter 
à  Francfort,  où  elle  fut  accueillie  avec  la  plus 
grande  faveur,  puis,  en  1856,  se  vit  engager  au 
théâtre  impérial  de  "Vienne,  où  ses  succès  fu- 
rent éclatants.  Après  avoir  passé  deux  années 
sur  cette  scène  importante,  elle  signa  un  traité 
avantageux  avecM.  Lumiey,  directeur  du  Théâ- 
tre de  la  Reine,  à  Londres,  et  fit  son  apparition 
en  celte  ville  dans  le  rôle  de  Vaienline  des  Hu- 


(I)  Lors  de  la  mort  de  M'"»  Tietjens,  la  plupart  des  no- 
tices nécrologiques  publiées  dins  les  Journaux  lixaicnt 
l'cpoquede  sanalssince  à  l'année  1834  .d'autres  donnaient 
la  date  plus  précise  du  17  Juillet  1333  ;  enfin  sa  pierre  tu- 
mulalreau  cimetière  de  Kensall-Green  (Londres)  portait 
une  Inscription  indiquant  que  la  grande  artiste  (italt 
morte  âgée  de  46  ans.  Je  me  borne  à  mentionner  ici  ces 
divers  renseignements,  n'ayant  pas  les  moyens  de  choi- 
sir entre  oui  et  de  les  contrôler  d'une  manière  efficace. 


giienots.  Ce  début  fut  pour  elle  un  triomphe, 
et  la  classa  d'emblée  parmi  les  cantatrices  de 
premier  rang  qui  faisaient  la  gloire  de  la  grande 
scène  italienne  de  Londres.  Dès  lors  elle  se 
fixa  pour  toujours  en  cette  ville,  qu'elle  ne  quitta 
plus  qu'accidentellement,  en  1863  pour  venir  se 
faire  entendre  à  l'Opéra  de  Paris  dans  de?  con- 
ditions de  santé  assez  peu  favorables  à  son  ta- 
lent, et  en  1875  pour  aller  faire  une  brillante  et 
fructueuse  tournée  aux  États-Unis.  Au  commen- 
cement de  1877,  elle  fut  atteinte  d'une  maladie 
contre  laquelle  elle  lutta  avec  le  plus  graml  cou- 
rage, mais  après  plusieurs  mois  de  cruelles  souf- 
frances, elle  s'éteignit,  le  3  octobre  de  cette  an- 
née, dans  toute  la  force  de  l'âge  et  dans  tout 
l'éclat  d'un  talent  qui  ne  s'était  jamais  démenti. 

Pendant  près  de  vingt  ans,  M''-^  Tietjens  (ut  la 
gloire  et  le  soutien  de  Her  Majesti/s  Théâtre; 
c'est  sur  elle,  sur  sa  voix  magnifique  et  d'une 
infatigable  solidité,  sur  son  double  talent  de 
cantatrice  et  de  tragédienne,  que  reposait  la 
plus  grande  partie  du  répertoire,  et  c'est  à  elle 
qu'on  revenait  toujours  après  les  essais  plus  ou 
moins  heureux  des  cantatrices  de  passage.  Les 
critiques  anglais  n'hésitaient  pas  à  la  comparer 
à  trois  grandes  artistes  disparues,  la  Schrœder- 
Devrient,  la  Pasta  et  la  Grisi,  et  la  réunion  de 
ces  trois  noms  indique  assez  quelle  était  la  va- 
leur de  la  cantatrice  qui  semblait  les  résumer. 
Son  répertoire  était  prodigieu'^ement  vaste  et 
singulièrement  varié,  et  comprenait  les  rôles  les 
plus  opposés  :  Lucrezia  Borgia,  Semiramide, 
Maria.  Fidelio,  le  ISozze  di  Figaro  (la  com- 
tesse), là  Favorite,  il  Trovatore,  Don  Giovanni 
(Anna),  la  Flûte  enchantée  (Pamina),  Aorma, 
un  Ballo  in  maschera,  Ernani,  Faust,  Lo- 
hengrin  (Artrude),  le  Freischiitz  (Agathe).  Bo- 
bert  le  Diable  (Alice),  les  Huguenots  (Vaien- 
line), Lucia  di  Lamermoor,  etc.,  etc. 

Nature  ardente  et  passionnée,  artiste  inspirée 
et  digne  de  la  plus  complète  admiration,  la  Tiet- 
jens était  douée  d'une  voix  égale  et  pure,  sympa- 
thique et  puissante,  et  la  largeur  de  son  slyle, 
la  souplesse  et  la  flexibilité  de  son  talent,  se  prê- 
taient aussi  bien  à  l'exécution  de  l'oratorio  qu'à 
l'interprétation  du  grand  drame  lyrique  et  de 
l'opéra  (le  demi-carnctère.  A  tous  ces  mérites, 
elle  joignait  la  conscience,  le  zèle,  le  respect  du 
public,  le  feu  sacré  et  l'amour  de  .son  art.  Son 
nom  sur  l'affiche,  disait  un  journal  de  Londres, 
VAthenxum,  était  pour  le  public  une  sotte 
d'assurance  contre  les  changements  de  spectai  lo 
ou  les  relâches  pour  cause  d'indisposition.  Elle 
ne  fit  même  pas  solliciter  l'indulgence  lorsqu'elle 
donna,  le  19  mai  1877,  sa  dernièie  représenta- 
tion dans  cette  même  Lucrezia  Borgia  qui  avait 


TIETJENS  —  TILMANT 


579 


été  son  premier  début  à  Hambourg  vingt-huit 
ans  auparavant.  Et  pourtant  elle  souffrait  déjà 
cruellement  du  mal  qui  devait  l'emporter.  Elle 
faillit,  à  plusieurs  reprises,  s'évanouir  dans  sa 
loge,  mais  sachant  qu'elle  avait  à  subir  le  lende- 
main une  opération  chanceuse  :  J'irai  jusqii'mc 
bout,  s'écriait-elle  en  se  redressant,  cl  si  je  dois 
mourir,  eh  bien,  f  aurai  du  moins  joué  Lu- 
crèce encore  une  fois.  El  elle  le  joua  mieux  que 
jamais  ;  la  souffrance  ajoutait  encore  à  l'intensité 
de  son  sentiment  tragique^  et  son  cri  de  déses- 
poir après  la  mort  de  Gennaro,  sa  dernière  note, 
son  adieu  suprême  au  théâtre,  sont  restés  un 
souvenir  pour  tous  ceux  qui  l'ont  entendue. 
Cela  rappelle  la  dernière  soirée  et  les  derniers 
moments  de  la  Malibran. 

Femme  distinguée  et  femme  de  cœur,  bonne, 
généreuse,  bienfaisante,  la  Tiefjens  était  aussi 
aimée,  respectée  et  estimée  comme  femme  qu'ad- 
mirée comme  artiste.  Pendant  sa  maladie,  la 
reine  Victoria  faisait  prendre  fréquemment  de 
ses  nouvelles,  et  sa  mort  fut  un  deuil  véritable 
pour  la  ville  de  Londres. 

TIETZ  (Hermann),  pianiste  allemand,  né  à 
Driesen  le  8  mars  1844,  s'adonna  d'abord  à  l'é- 
tude de  la  chimie,  qu'il  abandonna  plus  tard 
pour  se  livrer  exclusivement  à  la  musique.  Il 
fut  élève  de  Kullak  à  la  nouvelle  Académie  de 
Berlin,  dont  il  devint  l'un  des  professeurs  en 
1866.  Fixé  à  Gotha  en  1868,  son  talent  distingué 
le  fit  nommer,  l'année  suivante,  pianiste  de  la 
cour. 

Un  artiste  du  même  nom  et  peut-être  de  la 
même  famille,  M.  Philippe  Tietz,  s'est  fait 
connaître  en  ces  dernières  années  par  la  publi- 
cation d'une  centaine  de  compositions  de  divers 
genres.  Je  n'ai  pu|  recueillir  sur  lui  aucun  ren- 
seignement. 

TILLIARD    ( ),    musicien    français 

contemporain,  s'est  lait  une  spécialité  de  la  com- 
position d'innombrables  morceaux  écrits  pour 
musiques  d'harmonie  ou  fanfares.  Le  nombre 
ae  ses  compositions  en  ce  genre  s'élève  à  plu- 
sieurs centaines,  et  il  les  publie  principalement 
dans  un  Journal  spécial  de  musique  militaire, 
fondé  par  lui  depuis  une  quinzaine  d'années, 
«  à  l'usage  des  musiques  municipales,  sociétés 
d'amateurs,  collèges  et  pensions  ».  Tout  cela,  il 
faut  le  dire,  est  peu  musical,  et  de  médiocre 
qualité.  M.  Tilliard  a  publié  aussi  une  Méthode 
de  cornet  à  pistons  otc  bugle  et  [une  Méthode 
d^alto  ou  saX'horn. 

TILMAN  (Alfred),  compositeur  et  pia- 
niste belge,  né  à  Bruxelles  le  3  février  1848,  a 
fait  ses  études  musicales  au  Conservatoire  de 
cette  ville,  dont  il  a  été  l'élève  depuis  1866  jus- 


qu'en 1871.  En  1870,  il  obtint  dans  cet  éta- 
blissement les  premiers  prix  de  piano,  de  con- 
tre-point et  fugue,  et  l'année  suivante  une  men- 
tion honorable  lui  fut  décernée  au  concours  de 
Rome. 

C'est  surtout  par  d'importantes  compositions 
dans  le  genre  religieux  que  M.  Tilman  s'est  fait 
connaître  jusqu'à  ce  jour.  Après  un  0  Sacrum, 
qui  avait  attiré  l'attention  sur  lui,  il  écrivit,  pour 
le  25^  anniversaire  de  la  mort  de  la  reine  des 
Belges,  une  messe  de  Requiem  qui  fut  exécutée 
dans  l'église  de  Notre-Dame  de  Laeken  ( Bruxelles) 
en  1873,  et  deux  .fois  reproduite  depuis  lors. 
En  1877,  il  fit  entendre  dans  l'église  de  Sainte- 
Gudule,  de  la  môme  ville,  un  Te  Deum  solennel. 
Ces  diverses  productions  furent  accueillies  par 
la  critique  avec  des  éloges  que  tempéraient  des 
réserves  assez  importantes.  M.  Tilman  a  publié  : 
Hymne  à  la  nature,  chœur  à  4  voix;  la  Chute 
des  feuilles,  solo  avec  chœur  ;  les  Blés  sont 
7nùrs,«.  strophes  jubilaires»;  2  Ballades  ca- 
ractéristiques ;  Ave  Maria,  etc.  On  connaît 
encore  de  lui  un  Recueil  de  24  fugues  à  2  et 
3  voix  ;  Marnix,  scène  pour  voix  de  basse  ; 
Chant  sacré,  exécuté  à  Louvain  en  1874  ;  Qua- 
tuor pour  4  cors  ;  et  diverses  autres  composi- 
tions. Au  mois  d'août  1878,  à  l'occasion  des 
fêtes  célébrées  à  Bruxelles  pour  les  «  noces 
d'argent  »  du  [roi  et  de  la  reine  des  Belges, 
M.  Tilman  fit  exécuter  à  l'Alcazar  de  cette  ville 
une  grande  Cantate  patriotique  qui  produisit 
sur  le  public  une  heureuse  impression.  On  con- 
naît aussi  de  lui  une  cantate  d'un  autre  genre, 
la  Sirène,  pour  voix  seules,  chœurs  et  orchestre, 
qui  a  été  exécutée  à  Gand  au  mois  de  décembre 
de  la  môme  année. 

TILMAIVT  (Théophile-Alexandre),  violo- 
niste et  chef  d'orchestre  français,  né  à  Yalen- 
ciennes  (Nord)  le  8  juillet  1799,  fit  ses  études  au 
Conservatoire  de  Paris,  où  il  devint  élève  de 
Rodolphe  Kreutzer,  et  où  il  remporta  un  pre- 
mier prix  de  violon.  Peu  de  temps  après,  il  en- 
trait en  qualité  de  premier  violon  à  l'orchestre 
du  Théâtre-Italien,  et  allait,  en  1825,  tenir  le 
môme  emploi  à  celui  de  l'Opéra.  En  1834,  il 
rentrait  au  Théâtre-Italien  comme  second  chef, 
et  en  1838  il  y  devenait  premier  chef  d'orches- 
tre. Malgré  les  imperfections  d'une  éducation 
théorique  très-incomplète,  sinon  tout  à  fait  nulle, 
Tilmant  possédait  un  sens  musical  si  parfait  et 
si  sûr,  dea  qualités  naturelles  si  rares,  il  savait 
donner  à  l'exécution  des  ouvrages  tant  de  fe», 
tant  de  verve,  tant  d'éclat,  tout  en  restant  abso- 
lument maître  de  lui-même  et  du  personnel 
placé  sous  ses  ordres,  qu'il  se  fit  aussitôt  re- 
marquer et  considérer  comme  un  artiste  excep- 


580 


TILMANT  —  TINEL 


liûunel  en  son  genre.  Violoniste  fort  distingué 
d'aiileuis,  il  s'était  déjà  fait  une  brillante  re- 
nommée par  le  style  plein  d'ardeur  et  de  pureté 
(]ii"il  apportait  dans  l'interprétation  de  la  grande 
musique  classique;  aussi  obtint-il  de  grands 
succès  lorsqu'il  fonda  en  1838,  avec  sou  frère, 
violoncelliste  fort  habile,  une  société  de  musi- 
que de  chambre  dans  laquelle  il  faisait  exécuter, 
en  même  temps  que  les  grandes  œuvres  d'Haydn, 
de  Mozart  et  de  Beethoven,  les  compositions 
modernes  de  plusieurs  jeunes  musiciens,  entre 
autres  celles  de  MM.  Rousselot  et  Henri  Ber- 
tini.  Tilmant  se  distingua  aussi  en  dirigeant  les 
concerts  du  Gymnase  musical,  fondés  en  1835, 
et  dans  lesquels  on  entendit  les  œuvres  sympho- 
niques  de  Berlioz  et  de  Turbry.  Au  reste,  ce 
qui  prouve  bien  sa  rare  valeur,  c'est  que  dès 
l'origine  de  la  Société  des  concerts  du  Conser- 
vatoire (1828),  dont  il  fut  un  des  fondateurs, 
Tilmant  avait  été  choisi  comme  second  chef 
d'orchestre  de  cette  compagnie,  qui,  sous  l'impul- 
sion énergique  et  intelligente  d'Habeneck,  devait 
devefiir  si  rapidement  célèbre. 

En  1S49,  lorsque  Théodore  Labarre  se  vit 
obligé  de  résigner  les  fonctions  de  [)remier  chef 
d'orchestre  qu'il  remplissait  à  l'Opéra-Comique, 
Tilmant  fut  appelé  à  lui  succéder.  Cette  époque 
fut  la  plus  brillante  de  sa  carrière.  Pendant 
les  vingt  années  qu'il  conserva  cet  emploi, 
Tilmant  se  fit  remarquer  non-seulement  par 
le  soin  qu'il  apportait  dans  la  direction  des 
études,  mais  par  l'éclat  qu'il  savait  donner 
à  l'exécution  des  ouvrages.  C'est  lui  qui 
monta,  entre  autres  œuvres  importantes,  la  Fée 
aux  Roses,  les  Porcherons,  le  Songe  d'une 
nuit  d'été,  Giralda,  la  Dame  de  pique,  Gala- 
ihée,  le  Père  Gaillard,  Marco  Spada,  V Étoile 
du  JS'ord,  Manon  Lescaut,  Psyché,  Quentin 
Durward,  le  Pardon  de  Ploérmel,  etc.  H  prit 
sa  retraite  en  1868,  et  alla  se  fixer  à  Asnières, 
près  de  Paris.  En  1860,  à  la  mort  de  Girard,  il 
avait  été  élu  premier  chef  d'orchestre  de  la  So- 
ciété des  concerts  ;  mais  il  n'avait  gardé  ces 
fonctions  que  pendant  trois  années,  et  au  bout 
de  ce  temps  avait  donné  sa  démission.  En  1861, 
il  avait  été  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur. Cet  artiste  honnête  et  distingué  mourut  à 
Asnières,  le  7  ou  le  8  mai  1878.  —  Le  frère 
puîné  de  cet  artiste,  M.  Alexandre  Tilmant, 
né  à  Valenciennes  en  1808,  étudia  le  violon- 
celle et  fut,  comme  lui,  élève  du  Conservatoire 
de  Paris,  où  il  eut  pour  maître  M.  Vasiin  et 
où  il  remporta  un  premier  prix  en  182'J.  Exé- 
cutant remarquable,  une  timidité  invincible 
l'empêdia  malheureusement  de  jamais  se  pro- 
duire en  public  comme  soliste  ;  mais  il  excellait 


dans  l'interprétation  de  la  musique  de  chambre, 
et  sous  ce  rapport  il  obtint  de  véritables  succès 
dans  les  si^ances  de  quatuors  qu'il  organisa  avec 
son  frère  et  qui  durèieiit  plusieurs  années. 
Alexandre  Tilmant  fut  un  des  fondateurs  et  des 
membres  les  plus  zélés  de  la  Société  des  con- 
certs du  Conservatoire,  à  laquelle  il  resta  atta- 
ché pendant  quarante-cinq  ans,';  et  il  lit  long- 
temps partie  de  l'orchestre  du  Théâtre-Italien, 
il  est    mort  à  Paris  le  13  juin  1880  (1). 

THIPE  I  Jean-Gcillaume),  facteur  d'orgues 
néerlandais,  né  en  17G0  au  village  de  Glaan,  lit 
son  apprentissage  à  Groningue,  chez  Lohman,  et 
y  resta  sans  doute  longtemps  ouvrier,  car  il  ne 
quitta  l'atelier  de  celui-ci  qu'en  1806.  C'est  pro- 
bablement à  cette  époque  qu'il  s'établit  à  son 
compte.  De  1813  à,1835,  Timpe  construisit  un 
certain  nombre  d'orgues  de  grandes  dimensions, 
et  beaucoup  de  petites  orgues  de  chapelle.  On 
cite,  parmi  ses  meilleurs  instruments,  ceux  qu'il 
plaça  à  Zutphen,  à  Groningue,  à  Embden,  à 
Veendam,  puis  ceux  d'Amsterdam,  de  Duiven, 
de  Bedam,  de  Middelbert  et  de,  Blankenheim. 
Timpe  mourut  vers  1840. 

*  TOCTORIS  (Jean).  —  D'après  des  do- 
cuments récemment  découverts  et  mis  au  jour 
par  M.  Edmond  Vanderstraeten  (2),  le  vrai  nom 
de  ce  célèbre  musicien  serait  Jean  de  Vaeruere 
(nom  latinisé  ensuite,  comme  c'était  la  coutume 
à  cette  époque),  et  il  serait  né  non  à  Nivelles, 
comme  on  l'a  cru  jusqu'à  ce  jour,  mais  à  Po- 
periiighe,  en  1446.  Tinctori<,  d'après  le  même 
écrivain,  serait  mort  en  1511. 

TI3ÎEL  (Edgar),  pianiste  et  compositeur  bel- 
ge, est  né  le  27  mars  1854  à  Sinay,  où  son  père 
remplissait  les  fonctions  d'instituteur  et  d'orga- 
niste. Dès  l'âge  de  huit  ans  il  se  fit  entendre 
en  public,  et,  encouragé  par  le  succès  qu'il  obtint, 
son  père  résolut  de  lui  faire  continuer  ses  études 
au  Conservatoire  de  Bruxelles,  où  l'enfant  fut 
admis  au  mois  d'octobre  1863.  Il  y  devint  élève 
de  MM.  Michelot,  Mailly  et  Samuel,  obtint  un 
premier  prix  d'harmonie  en  1870,  et,  étant  entré 
dans  la  classe  de  M.  Brassin,  se  vit  décerner  le 
premier  prix  de  piano  en  1H73.  H  commença 
alors  à  se  produire  comme  virtuose  et  à  faire 
apprécier  un  talent  que  l'on  dit  plein  de  souples- 
se, de  délicatesse  et  de  grâce,  mais  ne  négligea  pas 
pour  cela  de  continuer  ses  études  théoriques,  et 
devint  élève  de  MM.  Gevaertet  Kufferath  pour 
le  contre-point,,  la  fugue  et  la  composition.  En 

(1)  I.e  Dictionnaire  des  contemporains  a  confondu  en 
un  seul  Individu  les  deux  fri-rcs  Tilmant,  et  a  lait  du 
même  artiste  un  violoniste,  un  Tioloncelliste  et  un  chef 
d'orchestre. 

(ï)  La  musique  aux  l'ays-IJas,    t.  IV. 


TINEL  —  TillON 


581 


1877,  s'étant  présenté  au  concours  de  Rome,  il 
remporta  le  premier  grand  prix  de  composition 
musicale,  et  sa  cantate  sur  texte  flamand,  de 
Klokke  Roeiand  (pour  soli,  chofiirs  et  nrclies- 
tre),  exécutée  publiquement  à  l'Académie  royale 
de  Belgique,  le  2't  septembre  1877,  tut  accueillie 
par  kl  critique  avec  une  faveur  que  rencontrent 
rarement  à  un  pareil  degré  les  lauréats  du  grand 
concours.  Presque  aussitôt  M.  Tinel,  qui  paraît 
doué  d'une  rare  facilité  de  production  et  d'une 
heureuse  ardeur  au  travail,  commença  la  publi- 
cation d'un  assez  grand  nombre  de  compositions 
pour  léchant  ou  pour  le  piano,  compositions  qui  le 
tirent  bien  venir  du  public.  Voici  la  liste  de 
celles  qui  ont  paru  jusqu'à  ce  jour,  et  qui  toutes 
ont  été  publiées  par  la  maison  Schott,  de  Bruxel- 
les: 4  Nocturnes  pour  chant,  op.  1;  Scherzo  (en  «7 
mineur),  pour  piano,  op.  3;  3  liedet  (sur  paroles 
flamandes),  op.  4;  4  Mélodies  pour  chant,  op. 
5;  2  Mélodies  pour  chant,  op.  6;  Imprornptu- 
valse  et  chanson,  pour  piano,  op.  7;  7  lieder 
(texte  allemand  et  flamand),  op.  8  ;  1"^*  Sonate 
pour  piano,  op.  9;  4  lieder  (texte  allemand 
et  flamand),  op.  10;  5  lieder  (id.),  op.  11  ; 
Cycle  de  14  chants  (texte  flamand),  op.  12;  4 
lieder  (texte  flamand),  op.  13  ;  Au  Printemps, 
5  morceaux  de  fantaisie  pour  piano,  op.  14; 
de  Klokke  Roeiand,  cantate  pour  s^oli,  chœurs 
et  orchestre,  op.  17;  le  Petit  Postillon,  chan- 
sonnette ;  le  Mois  de  mai    (à  Marie),  mélodie. 

TirVTO  (Michèle),  pianiste  et  compositeur 
pour  son  instrument,  est  né  à  Aversa  (province 
de  Caserta),  dans  l'ancien  royaume  de  Naples, 
le  10  février  1822.  Fils  d'un  maître  de  chapelle, 
il  fut  admis  à  l'âge  de  neuf  ans  au  Conservatoire 
de  Naples,  où  il  devint  l'élève  de  Lanza  et  de 
Nicolas  Nacciarone,  et  où  il  eut  des  leçons  de 
Zingarelli,  puis,  après  la  mort  de  celui-ci,  de 
Mercadante  pour  la  composition.  Arrivé  au  ter- 
me de  ses  études,  il  se  consacra  sans  réserve  à 
l'enseignement  du  piano,  et  n'a  cessé  de  former 
de  nombreux  élèves.  M.  Tinto  a  publié  une 
centaine  de  morceaux  de  genre  pour  son  instru- 
ment, soit  originaux,  soit  écrits  sur  des  motifs 
d'opéras. 

Deux  fils  jumeaux  de  cet  artiste,  IMM.  Luigi 
et  Pasquale  Tinto,  nés  à  Naples  le  30  mai 
185S,  sont  pianistes  ainsi  que  leur  père,  à  qui  ils 
doivent  leur  éducation. 

TirVTORER  Y  SEG ARRA  (Pedro), 
professeur  et  compositeur  espagnol,  est  né  à 
Palma  (Majorque)  le  12  février  1814.  Ses  parents, 
qui  avaient  fui  de  Barcelone  lors  de  l'invasion 
française,  étant  revenus  se  fixer  en  cette  ville,  il 
y  étudia  le  solfège,  le  piano  et  la  composition 
avec    Ramon  Vilanova,  puis  entra   au  Conser- 


vatoire, où  il  devint  élève  d'Albeniz  pour  le 
piano  et  de  Carnicer  pour  la  composition.  En 
18,'i4  il  vint  à  Paris,  où  il  se  perfectionna  sous 
la  direction  de  Zlmmermann,  puis,  en  1836, 
alla  s'établir  à  Lyon,  où  il  demeura  quatorze  ans 
et  où  il  fut  professeur  de  musique  au  collège 
municipal.  Depuis,  il  est  retourné  à  Barcelone, 
où  il  se  livre  à  l'enseignement  et  à  la  composi- 
tion. On  doit  h  M.  Tintorer  un  assez  grand 
nombre  d'œuvres  de  divers  genres,  parmi  les- 
quelles je  citerai  les  suivantes  :  2  Messes  à  4 
voix,  chœur  et  orchestre;  un  Stabat  Mater 
à  4  voix,  chœur  et  orchestre;  un  Te  Devm  à 
4  voix  et  orchestre  ;  2  Symphonies  pour  orches- 
tre ;  Quatuor  pour  piano,  violon,  alto  et  vio- 
loncelle (Paris,  Richault)  ;  2  Quatuors,  id.; 
Quatuor  pour  instruments  à  cordes  ;  Trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle  (Paris,  Gérard)  ; 
2  Duos  pour  piano  el  violon  ;  Duo  pour  piano 
et  violoncelle  ;  enfin,  divers  morceaux  de  gen- 
re pour  piano  seul.  Parmi  les  dernières  publi- 
cations de  cet  artiste,  il  faut  mentionner  :  un 
recueil  de  25  Études  de  mécanisme  et  de  style, 
op.  102,  qui  a  paru  chez  l'éditeur  Vidal  y  Roger, 
et  dont  on  dit  le  plus  grand  bien  ;  20  Études  de 
vélocité,op.  103;  25  Études,  op.  100;  12  Gran- 
des Éludes,  op.  101;  Méthode  théorique  et 
pratique  de  piano,  op.  104. 

TIRII\DELLI(Gicuo),  compositeur  italien, 
a  fait  représenter  à  Conegliano,  le  2  octobre 
1877,  un  opéra  bouffe  en  4  actes,  intitulé  Elda. 
Ce  jeune  homme,  alors  âgé  seulement  de  dix- 
huit  ans,  n'avait  pas  encore  achevé  .ses  études,  et 
comptait  au  nombre  des  élèves  du  Conservatoire 
de  Milan. 

TIR03Î  (Aux),  amateur  de  musique  et  écri- 
vain français,  occupait  les  fonctions  de  chef  du 
secrétariat  général  du  ministère  de  la  maison  de 
l'empereur  et  des  beaux-arts,  lorsqu'il  publia  un 
livre  auquel  il  avait  donné  ce  titre  :  Études 
sur  la  musique  grecque,  le  plain-chant  et  la 
tonalité  moderne  (Paris,  imprimerie  impériale, 
1866,  grand  in-8'>).  Cet  ouvrage,  écrit  dans  une 
langue  claire  et  facile,  était  le  fruit  des  loisirs 
d'un  homme  du  monde  qui  n'était  qu'imparfai- 
tement familiarisé  avec  les  questions  très-ardues 
et  parfois  très-obscures  qu'il  avait  eu  le  louable 
désir  d'éclaircir  etde  vulgariser.  Si  l'auteur  émet- 
tait quelques  idées  saines,  et  d'ailleurs  générale- 
ment adoptées,  au  point  de  vue  des  données 
générales  de  l'art,  il  n'apportait  que  des  lumières 
bien  restreintes  sur  ce  terrible  sujet  de  la  musi- 
que grecque,  qui  a  passionné  tant  d'écrivains,  et 
il  se  lançait  plus  qu'il  n'eût  fallu  dans  le  champ 
de  l'hypothèse  et  de  la  fantaisie,  si  dangereuses 
en  pareilles  matières.  D'autre  part,  et  en  ce  qui 


582 


TIRON 


TOFAXO 


concerne  le  système  liarmonique  moderne,  il 
professait  des  théories  singulièrement  cavalières, 
et  qui  eussent  été  presque  complètement  des- 
tructives de  l'art  qu'il  prétendait  servir.  En  réa- 
lité, le  livre  dont  il  est  ici  parlé  n'a  ajouté  quoi 
que  ce  soit  aux  connaissances  qu'on  possédait 
sur  les  sujets  qui  s'y  trouvent  traités,  et  son 
utilité  reste  problématique.  Tiron,quieslmort  à 
Paris  le  6  août  1873,  âgé  de  74  ans,  avait  fait 
pressentir  la  publication  d'un  second  ouvrage, 
qu'il  n'a  sans  doute  pas  eu  le  temps  d'achever. 
Ses  manuscrits  ont  été  gracieusement  offerts  par 
sa  famille  à  la  bibliothèque  du  Conservatoire. 

TIIIPEIMM]  (Victor.),  théoricien  et  profes- 
seur français,  s'est  depuis  longues  années  con- 
sacré à  l'enseignement  du  piano,  et  a  publié  sous 
ce  titre  général  :  Cours  complet  de  musique 
appliqué  au  piano,  toute  une  série  d'ouvrages 
didactiques  comprenant  :  1°  Méthode  depiano, 
en  3  parties,  Paris,  Brandus,  2"  Solfège  élémen- 
taire, id.,  là.;  i"  Cent  Études  graduées.,  divi- 
sées en  5livres(l.  Études  primaires  ;  2.  Études 
élémentaires  ;  3.  Études  de  genre  ;  4.  Etudes  de 
vélocité;  5.  Études  des  tonalités).  Dans  un  rap- 
port présenté  par  elle  sur  cet  ouvrage,  la  section 
de  musique  de  l'Académie  des  Beaux-Arts  s'ex- 
primait en  ses  termes  :  —  r.  L'ouvrage  de 
M.Tirpenne,  intitulé  Cours  complet  de  musique 
appliqué  au  piano,  nous  a  semblé,  par  sa  forme 
et  son  étendue,  mériter  une  attention  particu- 
lière. C'est  une  sorte  d'encyclopédie  qui  a  le 
double  avantage  d'être  à  la  fois  un  guide  sûr 
pour  la  longue  et  sérieuse  étude  du  piano,  et 
d'offrir  à  l'élève  des  connaissances  théoriques 
très-variées,  depuis  les  premiers  rudiments  de 
la  musique  jusqu'à  l'étude  de  l'harmonie,  de  la 
transposition  et  du  plain-chant.  C'est  une  idée 
heureuse  sans  doute  que  d'avoir  voulu  réunir  en 
un  seul  corps  d'ouvrage  tous  les  éléments  pro- 
pres à  former,  non-seulement  des  pianistes  habi- 
les, mais  aussi  de  bons  musiciens.  »  Outre  cette 
vaste  publication,  on  doit  à  M.  Victor  Tirpenne 
une  Grammaire  musicale  par  demandes  et  par 
réponses,  et  nn  Petit  Solfège,  composé  spécia- 
lement pour  les  pensionnats. 

TIZZA]>iI  (ViNCENzo),  pianiste  et  professeur 
italien,  fixé  à  Naples,  est  l'auteur  d'un  très-bon 
recueil  d'études  pour  le  i)iano,  qu'il  a  publié 
sous  ce  titre  :  Studii  suite  sepiime  diminuiti 
ntilissimi  per  rendereforli  ed  indipenti  le  dit  a. 
Milan,  Lucca.  Cet  artiste  a  publié  quelques 
compositions  pour  le  piano  ou  pour  le  chant, 
entre  autres  une  jolie  ballade  pour  voix  de  sopra- 
no :  la  Yenditrice  di  fragole. 

TOUl.X  (llu;uAiii)),  luthier  anglais,  (ixo  à 
l/)ndres  au  commencement  de  ce  siècle,  avait 


fait  son  apprentissage  chez  Perry,  à  Dublin.  Ses 
instruments  sont  aujourd'hui  très-recherchés  en 
Angb^terre,  et  l'on  assure  que  pas  un  ne  savait 
comme  lui  tailler  la  tête  d'un  violon.  —  Cet 
artiste  eut  un  fils,  qui  comme  lui  fut  luthier. 

TODT  (Jean-Aigi'Ste-Guill\lme),  violo- 
niste, pianiste  et  l'un  des  meilleurs  organistes  de 
notre  temps,  est  né  à  Dusterorl  le  20.  Juillet 
1833.  Après  avoir  étudié  assidûment  le  violon 
et  le  piano  jusqu'à  Tàge  de  dix-huit  ans ,  il  con- 
sacra tout  son  temps!  à  l'étude  de  l'orgue, 
qu'il  travailla  à  Berlin  avec  A. -W.  Bach,  et  devint 
en  ce  genre  un  artiste  extrêmement  remarquable. 
Devenu  par  la  suite  professeur  de  chant  et  orga- 
niste à  Steltin,  il  n'a  pas  cessé  depuis  lors 
d'habiter  cette  ville.  M.  Todt  est  aussi  un  com- 
positeur distingué;  parmi  ses  œuvres,  dont  on  a 
publié  environ  quatre-vingts,  on  remarque  un 
oratorio,  une  symphonie  à  grand  orchestre,  des 
psaumes,  des  sonates  et  sonatines  pour  piano, 
des  morceaux  pour  piano  et  orgue,  des  chœurs, 
des  lieder,  etc. 

*  TOEPFER  (Jean-Gottlob),  compositeur, 
organiste  et  écrivain  musical,  est  mort  à  Wei- 
mar  le  8  mai  1870. 

TOFAI\0  (Glstave),  pianiste,  professeur 
et  compositeur,  est  né  à  Naples  le  22  décembre 
1844.  11  commença  l'élude  du  piano  à  l'âge  de 
onze  ans,  et  fut  successivement  élève  de  Gas- 
trucci  à  Pisp,  de  Domenico  Caldi  à  Turin,  de 
Stefano  Golinelli  à  Bologne,  et  enfin,  à  Na- 
ples, de  Giuseppe  Lillo,  d'Antoine  Coop  et  de 
Luigi  Siri.  Il  suivit  ensuite  un  cours  de  compo- 
sition avec  le  baron  Giuseppe  Staffa.  En  1872, 
lors  de  la  retraite  de  son  ancien  maître  Golinel- 
li, il  fut  nommé  professeur  de  piano  au  Lycée 
musical  de  Bologne.  M.Tofanoa  publié  de  nom- 
breuses compositions  pour  le  piano  et  pour  le 
chant,  il  a  fait  exécuter  une  cantate  intitulée 
Margherila  délie  Alpi  (Naples,  th.  San-Carlo, 
18C9),  un  Hymme  choral  à  l'occasion  du  7"' Con- 
grès pédagogique  (^aples,  th.  du  Fondo,  1871); 
il  a  écrit  en  société  avec  MM.  Baur,  Marenco 
et  Dall'Argine  la  musique  d'un  ballet  intitulé 
Alpha  et  Oméga  (Naples,  th.  San-Carlo,  dé- 
cembre 1872),  et  enfin  il  a  fait  représenter  sur 
le  théâtre  du  Corso,  de  Bologne,  le  14  mars 
187j,  sous  le  titre  à'Amore  e  suo  tempo,  un 
opéra  semi-sérieux  dont  il  avait  à  la  fois  tracé 
le  livret  et  composé  la  musique.  Ce  dernier  ou- 
vrage n'a  obtenu  que  peu  de  succès. 

M.  Tofano  est  considéré  en  Italie  comme  l'un 
des  meilleurs  pianistes  de  l'école  actuelle;  son 
jeu  mt'Iancoli(|ue,  élégant  et  passionné,  son  exé- 
cution correcte  cl  précise,  sa  grande  connais- 
sance des  œuvres  des  maîtres,  lui  ont  valu  de 


TOFANO  —  TONASSI 


583 


grands  succès,  parliculièrement  à  Naples  et  à 
Bologne,  et  l'ont  fait  classer  au  premier  rang. 

TOLBEC<J»UE  (  Isidore- Joseph),  né  à 
Hanzinne  (Belgique),  le  17  avril  1794,  fut  d'a- 
bord soldat,  puis  devint  chef  d'orcliestre  de  bals. 
Il  est  mort  à  Vichy  le  10  mai  1871.  Il  était, 
ainsi  que  ses  frères,  fixé  depuis  longtemps  en 
France. 

*  TOLBECQUE  (Jean-Baptiste-Joseph), 
violoniste,  compositeur  et  chef  d'orchestre, 
frère  du  précédent.  —  Avant  de  s'adonner  à  la 
composition  de  la  musique  de  danse,  où  il  fit 
preuve  d'ailleurs  d'un  véritable  talent,  cet 
excellent  artiste  avait  essayé  de  se  produire  d'une 
façon  plus  sérieuse.  Il  avait  écrit,  en  société, 
avec  Gilbert  et  Guiraud,  un  opéra-comique  en 
un  acte,  Charles  V  et  DuguescUn,  qui  fut  repré- 
senté à  rodéon  le  3  octobre  1827.  Plus  tard 
Toibecque  écrivit,  en  société  avec  M.  Deldevez, 
la  musique  de  Vert-Vert,  ballet  en  3  actes  qui 
fut  donné  à  l'Opéra  le  24  novembre  1851.  Jean- 
Baptisle-Joseph  Toibecque  mourut  à  Paris  le 
23  octobre  1869. 

*TOLBECQLE  (Alguste-Joseph),  frère 
des  précédents,  a  occupé  pendant  plusieurs  an- 
nées le  poste  de  violon-solo  à  lorchestre  du 
Théâtre  de  la  Reine,  à  Londres.  Il  est  mort  à 
Paris  le  'il  mai  1869. 

*  TOLBEC(^UE  (Auguste),  violoncelliste 
distingué,  fils  du  précédent,  a  été  professeur 
de  violoncelle  au  Conservatoire  de  Marseille,  de 
1 805  à  1871.  Il  est  ensuite  revenu  à  Paris,  où  il 
fait  partie  de  la  Société  des  concerts  du  Conser- 
vatoire. M.  Auguste  Toibecque  avait  formé  une 
très-belle  et  très-remarquable  collection  d'ins- 
truments de  musique,  qu'il  voulut,  il  yia  quelques 
années,  céder  au  gouvernement  français  pour  en 
enrichir  le  musée  du  Conservatoire;  malheureuse- 
ment, le  ministère  des  beaux-arts  se  fit  maladroi- 
tement tirer  l'oreille,  et  la  riche  collection  de 
M.  Toibecque  fut  acquise  par  le  gouvernement 
belge. 

TOLBECQUE  (Jean),  violoncelliste  et  orga- 
niste, fils  du  précédent,  est  né  à  Niort  le 
•7  octobre  1857.  Il  obtint  le  premier  prix  de 
violoncelle  en  l869  au  Conservatoire  de  Marseil- 
le, comme  élève  de  son  père,  puis  vint  avec 
lui  à  Paris,  se  fit  admettre  au  Conservatoire, 
dans  la  classe  de  Chevillard,  et  obtint  le  second 
prix  de  violoncelle  en  1872  et  le  premier  en 
1873.  En  cette  dernière  année,  devenu  élève  de 
M.  César  Franck,  il  obtenait  aussi  un  premier 
accessit  d'orgue.  Il  fait  partie  aujourd'hui  de 
l'orchestre  de  l'Opéra-Comique. 

T0L03IEI  ( ),  musicien  italien,  est 

l'autfur  d'un  opéra  bouffe,  il  Rilorno  del  cos- 


crilto,  qui  a  été  joué  à  Vienne  le  11  avril  1875. 
*   TOMEOIM  (Pellegrino),  est  né  à  Luc- 
ques,  non  en  1759,  comme  il  a  été  dit  parerreur, 
mais  en  1729.  Successivement  maître  de  chapel- 
le de  la  collégiale  de  San-Micbele,   puis  de  la 
collégiale   de    Camaiore,   et  enfin  du  dôme  de 
Pietrasanta,  il  écrivit  beaucoup  de  musique  reli- 
gieuse. On  a  conservé  de  lui  une  messe  à  4  voix, 
une  autre    »n  pastorale,  un  Kyrie    à  4  voix 
avec  instruments,  trois  messes  à  4  voix  a  cap- 
pella, un  Ecce  sacerdos  à  4  voix,  divers  motets, 
un  Magnificat  à  deux  chœurs  avec  orgue  obligé, 
et  un  Recordare  Domine  pour  voix  de  soprano. 
En  1761,  Pellegrino  Tomeoni    écrivit  quelques 
morceaux  dramatiques  et  des  récitatifs  pour  la 
Zenobia  de  Métastase,   qu'on  représentait  au 
théâtre  de  Lucques.  A  cette  époque,  il  remplis- 
sait à  ce  théâtre  les  fonctions  de  maestro  al 
cembalo. 

T030IASI  (........  DE),  compositeur  ita- 
lien, est  l'auteur  d'un  opéra  sérieux,  Guido  e 
Ginevra,  qui  a  été  représenté  à  Naples,  sur  le 
théâtre  San-Carlo,  en  1856,  et  d'un  opéra  bouf- 
fe, Ser  Pomponio,  qui  a  été  donné  au  théâtre 
Nuovo,  de  la  même  ville,  au  mois  de  septembre 
1859.  J'ignore  où  et  quand  a  été  joué  un  autre 
ouvrage  dramatique  du  même  artiste,  qui  avait 
pour  titre  Errico  di  Svezia. 

ÏOÎVASSI  (Pietro),  violoniste,  violoncellis- 
te, chef  d'orchestre  et  compositeur,  né  à  Venise 
au  mois  de  septembre  1801,  mort  en  celte  ville 
le  5  novembre  1877,  me  paraît  devoir  être  le 
fils  du  Pietro  Tonassi  dont  la  notice  est  insérée 
au  t.  VIII  de  laBiographie  universelle  des  Mu- 
siciens. N'ayant  pu  découvrir  sur  cet  artiste  de 
renseignements  plus  directs  et  plus  récents  que 
ceux  qui  sont  contenus  dans  le  Dizionario  bio- 
grafico  de  Francesco  Regli,  je  ne  crois  pouvoir 
mieux  faire  que  de  les  traduire  et  de  les  repro- 
duire ici. 

«  Pietro  Tonassi,  dit  Regli,  eut  de  son  père 
les  premiers  rudiments  de  l'art  de  jouer  le 
violon,  et  plus  tard  reçut  une  année  de  leçons 
du  professeur  Caméra  pour  le  même  instrument, 
et  rien  de  plus.  De  1828  à  1832  il  fut  premier 
violon  et  chef  d'orchestre  au  grand  théâtre  de 
la  Fenice,  de  Venise,  et  ensuite  premier  vio- 
loncelle au  même  théâtre  ;  à  la  même  époque, 
il  fut  pendant  six  années  chef  de  la  musique  de 
la  marine  impériale  et  royale.  En  1841  il  se  ren- 
dit à  Milan,  auprès  de  l'éditeur  Ricordi,  en  qua- 
lité de  compositeur,  rédacteur  et  correcteur,  et 
y  demeura  quatre  années  environ.  Puis  il  re- 
tourna à  Venise,  où  il  se  trouve  encore  présen- 
tement (1860).  En  ne  tenant  pas  compte  d'un 
grand  nombre  de  fantaisies,   pots-pourris,    ré- 


584 


ÏONASSI  -  TOSTIJ 


ductions  pour  tous  les  instruments,  ses  notables 
compositions  sont  :  une  messe  de  Requiem  à 
3  voix,  avec  accompagnement  d'altos,  violons  et 
basses,  4  trompettes,  4  cors  et  3  trombones  ; 
une  messe  à  4  voix,  avec  grand  orchestre;  une 
antre  messe  à  3  voix,  id.;  3  messes  à  3  voix  et 
ori^ue  ohW'^é;  Miserere  à  2  voix,  ténor  et  basse, 
accompagnement  de  piano  et  violon  oblig*',  etc. 

«  Ce  célèbre  virtuose  et  compositeur  a  mis 
aussien  musique  la  Noél,  la  Passion,  la  I\ésurrec- 
tion,  les  Hymnes  sacrés  de  Manzoni  à  4  voix 
avec  grand  orchestre,  une  grandiose  sympho- 
nie dans  le  style  classique  pour  grand  orchestre, 
il  Cinque  Maggio  pour  baryton  et  chœur  avec 
grand  orchestre,  7  grandes  ouvertures  pour 
grand  orchestre,  beaucoup  d'ariettes  da  caméra, 
et  bien  d'autres  choses.  Il  a  écrit  un  opéra  semi- 
sérieux  intitulé  una  Costanzn  rara,  qui  n'a 
jamais  été  représenté.  » 

*TORLKZ  ( )  professeur  de  musique 

et  compositeur,  vivait  à  Clermont-Ferrand  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle.  Il  écrivit  la 
musiq4ie  d'une  pastorale  en  un  acte,  le  Départ 
du  guerrier  amant,  qui  fut  représentée  en  celte 
ville  au  mois  de  février  1742. 

TORIlA3IORELL(MlCHEI,-B0NAVENTliRE- 

François),  né  le  16  février  1786  à  Gisona  (Espa- 
gne), fut  tour  à  tour  chef  de  musique  militaire  en 
France,enHollande(15' régiment)  et  en  Belgique 
(7'' de  ligne).  Il  avait  du  talent  sur  la  clarinette,  et 
publia,  outre  un  ouvrage  didactique  pour  les 
orphéons,  beaucoup  de  compositions  pour  har- 
monie militaire  ainsi  que  des  airs  variés  pour 
son  instrument.  En  1821,  il  devint  chef  d'orches- 
tre de  la  Société  de  l'Harmonie  d'Anvers,  et  fit 
représenter  en  cette  ville,  le  1*"'  février  1825, 
un  opéra-comique  intitulé  le  Fxitur  de  pro- 
vince. En  18:J6,  le  31  octobre,  il  donna  sans 
succès  à  Bruxelles  un  autre  petit  opéra-comi- 
que, le  Mari  de  circonstance,  écrit  sur  un  li- 
vret mis  originairement  en  musique  par  Plan- 
tade.  Il  quitta  alors  le  service  belge,  fut  décoré 
de  l'ordre  de  Léopold,  et  vint  s'établir  à  Paris,  où 
il  est  mort  le  24  décembre  1871,  âgé  de  près  de 
quatre-vingt-six  ans.  Torramorell  a  publié,  en 
société  avec  M.  Félix  Clément,  une  Méthode  de 
musique  vocale  graduée  et  concertante  pour 
apprendre  à  solfier  et  à  chanter  à  une  et  ù 
plusieurs  voix,  avec  accompagnement  de 
piano  (Paris,  Firmin-Didot,  in-8°). 

ÏOIMIÏ AAI  (EtCKMo),  compositeur  et  pro- 
fesseur italien,  l'un  des  promoteurs  de  l'ensei- 
gnement du  chant  choral  dans  sa  pairie,  a  pu- 
blié un  opuscule  didactique  intitulé  :  Principii 
elcmentari  di  nuisica  applicali  al  canto  enra- 
ie,per  iiso  délie  scuole  comunali  maschili  e 


femminili  di  Milano  (Milan,  Ricordi),  et  isn 
Solfeggio  in  do  maggiore  per  gli  alunni  dclle 
scuole  civiche  di  Milano  (id.,  id.).  Cet  artiste 
a  fait  représenter  sur  le  théâtre  de  la  Scala,  le 
17  mars  1852,  un  drame  lyrique  intitulé  Carlo 
Magno,  qui  a  obtenu  un  vif  succès.  Deux  ans 
après,  le  23  novembre  1854,  il  donnait  sur  un 
autre  théâtre  de  Milan,  celui  de  la  Canobbiana, 
un  second  ouvrage  dramatique,  Anna  Campbell, 
qui  était  loin  d'être  aussi  heureux.  Je  ne  sache 
pas  qu'il  ait  depuis  lors  abordé  de  nouveau  la 
scène.  Torriani,  qui  a  publié  quelques  mor- 
ceaux de  piano,  est  mort  à  Milan  au  mois  de 
février  1872,  à  l'âge  de  quarante-sept  ans. 

Un  artiste  du  même  nom,  vraisemblablement 
parent  du  précédent,  M.  Antonio  Torriani, 
remplit  les  fonctions  de  premier  basson  à  l'or- 
chestre de  la  Scala,  et  a  publié  quelques  mor- 
ceaux pour  son  instrument,  et  quelques  duos 
pour  flûte  et  basson  écrits  en  société  avec 
M.  P.  Morlacchi. 

TOSCANI  (D.  Antonio),  musicien  italien, 
né  à  Parme  en  1744,  mourut  en  1805.  Il  fut 
maître  de  chapelle  dans  sa  ville  natale.  M.  le 
docteur  Basevi,  de  Florence,  possède  en  manus- 
crit, de  cet  artiste,  des  Responsorj per  la  set- 
timana  sauta,  et  un  recueil  de  «  Leçons  prati- 
ques de  contre-point  dictées  par  le  P.  Gio.  Bat- 
tista  Martini  à  D.  Antonio  Toscani.  » 

*  TOSI  (JosEPH-FÉux),  fut  élu,  en  1679, 
prince  de  l'Académie  des  Philharmoniques  de 
Bologne. 

*  TOSI  (Pierrr-François).  — Une  excel- 
lente traduction  française  du  célèbre  Traité  de 
chant  de  cet  artiste  a  été  publiée  récemment 
sous  ce  titre  :  l'Art  du  chant,  opinioits  sur 
les  chanteurs  anciens  et  modernes,  ou  obser- 
vations sur  le  chant  figuré,  pur  Pierfran- 
cesco  Tosi,  traduit  de  l'italien  et  accompa- 
gné de  notes  et  d'exemples,  par  Théophile 
Lemaire  (  Voy.  ce  nom),  Paris,  Rosthschild, 
1874,    in-16. 

TOSOllOM  (A ),  professeur  italien  con- 
temporain, est  l'auteur  d'un  ouvrage  didactique 
publié  sous  ce  titre  :  Traité  pratique  d'ins-  ' 
trumenlation,  ou  Notioiis  générales  sur  le 
caractère  et  stir  la  propriété  des  instruments 
de  musique,  tant  anciens  que  d'invention  et 
de  perfectionnement  récents,  qui  servent  ac- 
tuellement dans  les  orchestres,  bandes  et  fan- 
fares ,  Milan,  Lucca. 

TOSTI  (F....-PA0L0),  compositeur  italien 
contemporain,  s'est  fait  connaître  par  la  publi- 
cation de  qucl<)ues  mélodies  vocales  d'une  grâce 
exquise  et  d'un  charme  pénctiant,  Il  a  donné 
ainsi,  chez  l'éditeur   M.  Ricordi,  de  Milan,  un 


TOSÏI  —  TRAGIENSE 


585 


recueil  intitulé  Pagine  d'album  et  quelques 
mélodies  détachées  sur  paroles  italiennes  ou 
françaises.  M.  Tosti  a  publié  aussi  un  recueil  e\- 
trêmeinent  intéressant  de  Canti  popolari  abruz- 
ies«,  transcrits  par  lui  avec  paroles  italiennes  de 
M.  Petrosemolo,  traduites  du  dialecte,  recueil 
très-précieux  et  composé  de  chansons  pleines 
d'originalité,  de  saveur  et  de  mélancolie. 

TOURiXAILLON  (Henri),  compositeur  et 
organiste,  titulaire  du  grand  orgue  de  la  cathé- 
drale d'Orléans,  a  publié  récemment  sous  ce 
titre  :  Devant  Dieu  ,  un  recueil  considérable 
de  morceaux  pour  orgue.  Il  avait  déjà  donné, 
chez  l'éditeur  M.  Colombier,  une  suite  de;4  Of- 
fertoires et  de  4  Élévations  qui  forme  la  18*  suite 
d'une  publication  faite  sous  le  titre  d^Aréne 
des  organistes. 

ÏOUUS  (Jacques),  organiste  et  composi- 
teur néerlandais,  né  à  Rotterdam  en  l759, 
reçut  une  bonne  éducation  littéraire  et  se  des- 
tinait à  la  carrière  commerciale.  Ce  n'est  qu'à 
l'âge  de  seize  ans  qu'il  commença  à  étudier  la 
musique,  ayant  pour  professeur  d'orgue  Brui- 
ninkhuijzen  et  J.  Robbers.  Il  se  livra  ensuite 
à  l'enseignement  et  à  la  composition,  et  rem- 
plit les  fonctions  d'organiste  d'abord  à  Maass- 
luis,  et  plus  tard  à  Rotterdam.  On  connaît 
de  cet  artiste  plusieurs  compositions  impor- 
tantes, entre  autres  un  Te  Deum,  une  sym- 
phonie à  grand  orchestre,  les  psaumes  de  Da- 
vid pour  orgue  et  piano,  avec  préludes  et  inter- 
mèdes, un  concerto  pour  le  piano,  des  sona- 
tes, fantaisies  et  variations  pour  le  même  ins- 
trument, une  cantate,  trois  ouvertures,  etc. 
Jacques  Tours    mourut  le  11  mars  1811. 

TOL'RS  (Barthélémy),  fils  du  précédent,  or- 
ganiste, violoniste  et  maître  de  chapelle  à  Rot- 
terdam, naquit  dans  celte  ville  le  19  août 
1797.  Il  fut,  en  1813,  nommé  organiste  de 
la  nouvelle  église  (Nieuwekerh),  et  en  1830,  à 
la  mort  de  Robbers,  il  le  remplaça  comme  or- 
ganiste à  l'église  Saint-Laurent,  où  il  donna 
des  séances  d'orgue  qui  ne  manquaient  pas 
d'intérêt  et  qui  attiraient  d'ordinaire  un  grand 
concours    d'amateurs  et  de  dilettanti. 

Tours  fut  un  des  fondateurs  delà  société  phil- 
harmonique Eruditio  miisica,  qui,  en  1820, 
inaugura  des  concerts  à  Rotterdam.  Pendant  de 
nombreuses  années,  il  a  contribué  à  fonder  et 
à  soutenir  en  celte  ville  des  séances  de  musi- 
que de  chambre,  et  après  avoir  été  pendant 
longtemps  un  des  meilleurs  soutiens  de  l'orches- 
tre de  Rotterdam,  il  y  dirigea  les  concerts  phi- 
harmoniques  et  autres.  Tours  mourut  dans  sa 
ville  natale,  au  mois  de  mars  1864.  Éd.  de  H. 

TOURS  (Berthold),  artiste  anglais  ou  fixé 


en  Angleterre,  violoniste,  pianiste,  professeur  et 
compositeur,  est  l'auteur  d'une  petite  Méthode 
fie  violon  publiée  sous  ce  titre  :  the  Violin 
(Londres,  Novello),  et  d'un  Album  juvénile 
contenant  8  morceaux  caractéristiques  pour  le 
piano  à  4  mains  (id.,  id.).  11  a  publié  un  certain 
nombre  de  songsou  mélodies  vocales,  et  diver- 
ses autres  compositions.  Je  n'ai  pu  découvrir 
aucun  autre  renseignement  sur  cet  artiste. 

TOUTA]>lT   (L -C ),   professeur    de 

musique,  est  l'auteur  de  l'ouvrnge  suivant  : 
Théorie  musicale,  principes  généraux  (Poi- 
tiers, lith.  Pichot,  1845,  in-4°J. 

ÏOWERS  (Jon^),  compositeur,  organiste 
et  pianiste  anglais  contemporain,  fixé  à  Man- 
chester, a  fait  de  très-bonnes  études  d'abord  à 
la  cathédrale  de  Manchester,  puis  à  l'Académie 
royale  de  musique  de  Londres,  et  enfui  à  Ber- 
lin, où,  en  1860,  il  était  l'élève  du  célèbre  pro- 
fesseur Marx,  auprès  duquel  il  resta  trois  années. 
Devenu  oi'ganiste  à  Manchester,  où  il  a  dirigé 
successivement  plusieurs  sociétés  de  chant, 
M.  Towers  s'est  fait  connaître  par  diverses 
compositions  pour  le  piano  et  pour  le  chant. 
Il  s'est  occupé  aussi  de  littérature  musicale, 
et  sous  ce  rapport  on  a  de  lui,  entre  autres 
écrits,  celui  intitulé  :  Mortality  ofmusicians ,  et 
Beethoven,  a  Centenary  Memoir,  etc. 

TOYON  (Paul  MARY  DE),  écrivain  di- 
lettanle,  a  publié  sous  ce  titre  :  lu  Musique 
en  1864,  documents  relatifs  à  l'art  musical 
(Paris,  Arnauld  de  Vresse,  in-12),  un  an- 
nuaire dont  le  plan  n'avait  pas  été  suffisam- 
ment étudié,  mais  qui  aurait  pu  néanmoins 
rendre  quelques  services.  Un  second  volume 
seulement  a  paru  sous  ce  titre  :  la  Musique 
<?n  1865-66.  M.  de  Toyon  avait  annoncé  un 
ouvrage  d'un  autre  genre  :  Halévij,  sa  vie  et 
ses  œuvres,  avec  catalogue  annoté  ;  mais  il  ne 
semble  pas  avoir  donné  suite  à  son  projet,  car 
ce  volume  n'a  jamais  paru. 

*  TOZZI  (Antoine).  —  A  la  liste  des  opé- 
ras écrits  par  ce  compositeur,  il  faut  ajouter 
celui  qui  porte  pour  titre  i  Due  Ragazzi  savo- 
jardi,  qui  fut  représenté  à  Barcelone  en  1794. 

*  TRAETTA  (Thomas).  —  Un  écrivain  ita- 
lien, M.  Vincenzo  Capruzzi,  a  publié  sur  cet 
artiste  célèbre  un  opuscule  intitulé  Traettu  c  la 
vnisica,  Naples,  1878. 

TRAGIEIVSE  "(Laurisio),  écrivain  italien 
du  dernier  siècle,  a  pubhé  l'ouvrage  suivant  : 
Deivizi  edeidifeiti  del  moderno  teatro,  e 
del  modo  di  correggergli  e  d'emenderli.  Ra- 
gionamenti  VI.  Rome,  1753.  Le  véritable 
nom  de  cet  écrivain  était  Giovan-Anlonio 
Bianchi,  de  L'icques. 


586 


TRAYENTI  —  TIIIBOU 


TRAVEIXTI  (Andréa),  professeur  de  chant 
et  compositeur,  né  à  Naples  en  1825,  a  fait 
toutes  ses  études  musicales  sous  la  direction 
du  baron  Giuseppe  Staffa  {Voy.  ce  nom).  Il 
fit  représenter  le  22  novembre  1858,  à  Rome, 
sur  le  théâtre  Argenlina,  i  Promessi  Sposi, 
opéra  sérieux  qui  Cul  bien  accueilli  du  public. 
Il  passa  ensuite  quelques  années  à  Paris,  puis 
à  Londres,  comme  professeur.  De  retour  à 
Naples  en  18G0,  il  y  resta  plusieurs  mois,  puis 
de  nouveau  s'alla  (ixer  à  Londres,  où  il  réside 
encore  aujourd'hui  et  où,  dit-on,  son  ensei- 
gnement iest  recherché.  II  a  publié,  surtout 
en  cette  ville,  de  nombreux  morceaux  de 
chant. 

TIIAVERSARI  (Antonio),  musicien  ita- 
lien contemporain,  né  à  Ravenne,  fut  élève  du 
Conservatoire  de  Naples,  où  il  reçut,  au  dire 
de  Francesco  Regli  dans  son  Dizionario  bio- 
grafico,  des  leçons  de  Donizetti.  11  se  livra  en- 
suite à  la  composition,  écrivit  plusieurs  messes, 
diversescantafes,  et  produisit  aussi  quelques  opé- 
ras. Voici  les  titres  de  ceux  de  ses  ouvrages  dra- 
matiques qui  sont  venus  à  ma  connaissance:  1°  il 
Fuoritscito,  2°  la  Leitera  dï  raccomanda- 
zione  ;  3"  gli  Originali;  4"  Don  Cesare  di  Ba- 
zan;  5"  li  Diavolo,  oïl  Conte  di  San-Gennaro. 
Trois  autres  opéras  ,  la  Novella  Eloisa,  Eros- 
trato,  il  Rinnegato,  ont  été  encore  écrits  [)ar 
cet  artiste,  mais  je  ne  crois  pas  qu'aucun  d'eux 
ait  été  représenté. 

TREHDE  (G ),  musicien  allemand  con- 
temporain, est  l'auteur  d'une  innombrable  quan- 
tité de  petits  morceaux  et  de  fantaisies  de 
piano  qui  paraissent  rencontrer  une  grande 
faveur  auprès  des  amateurs  de  ce  genre  de  mu- 
sique, mais  qui  ne  comptent  guère  au  point  de 
vue  de  l'art  proprement  dit.  Ces  sortes  de  pro- 
ductions, beaucoup  plus  communes  en  Allema- 
gne qu'on  ne  serait  en  droit  de  le  supposer 
d'après  le  rigorisme  de  ce  pays  en  matière  in- 
tellectuelle elles  prétentions  qu'il  affiche  à  une 
suprématie  artistique  universelle,  y  trouvent 
cependant,  avec  un  débit  facile,  un  public  très- 
disposé  à  en  faire  sa  nourriture  quotidienne.  Ce 
qui  le  prouve,  c'est  que  le  nombre  des  com- 
positions de  M.  Treiide  publiées  jusqu'à  ce  jour 
dépasse  le  chiffre  de  quatre  cents. 

TREMAIS  ( DE),  musicien  qui  vi- 
vait dans  la  première  moitié  du  dix-huilièine 
siècle,  a  publié  un  livre  de  Sonates  pour  le 
violon  et  pour  la  Jlùte,  avec  la  basse  con- 
tinue (Paris,  Boivin,  1736). 

TRÉ310ILLE  (Le  duc  DE  LA),  gentil- 
homme de  la  chambre  de  Louis  XV,  sest  pro- 
duit conmie  compositeur  amateur,   en  écrivau\. 


la  musique  d'un  opéra  qui  avait  pour  titre 
les  Quatre  Parties  du  monde.  De  Léris, 
dans  son  Dictionnaire  des  théâtres,  parlant 
d'un  opéra  de  Mion  ainsi  intitulé,  ajoute   ;  «  En 

1740,  on  exécuta  chez  M.  le  chevalier  d'Orléans, 
grand-prieur  de  France,  trois  actes  d'un  opéra 
sous  le  même  titre,  dont  les  paroles  et  la  mu- 
sique étoienl  de  M.  le  duc  de  la  Trémoille, 
premier  gentilhomme  de  la  chambre,  mort  en 

1741,  âgé  de  trente-cinq  ans.  » 

*  TREI>TO  (ViTTORio).  —  A  la  liste  des  pro- 
ductions dramatiques  de  cet  artiste,  il  faut  ajou- 
ter un  opéra  sérieux  intitulé  (7e?»e»:a  d''En- 
traguez,  qui  a  été  représenté  sur  le  théâtre  de 
la  Fenice,  de  Venise,  en  18iy,  et  un  opéra 
bouffe,  la  Baronessa  immaginaria,  qui  fut 
donné  à  Florence  en  1804. 

TREVES  (GucoMo),  professeur  et  com- 
positeur italien,  est  né  à  Milan  le  26  octobre 
1818,  et  depuis  prèsdetrente  ans  occupe  les  fonc- 
tions de  professeur  de  solfège  au  Conservatoire 
de  cette  ville.  Il  a  publié  un  recueil  de  18  Sol- 
/e'ges  faciles  pour  mezzo-sopiano,  et  s'est  es- 
sayé une  fois  à  la  scène  en  faisant  représenter 
au  théâtre  de  la  Scala,  le  10  novembre  1847, 
un  drame  lyrique  intitulé  Agamemno.  L'in- 
succès complet  de  cet  ouvrage  le  découragea 
sans  doute,  car  je  ne  sache  pas  que  depuis 
lors  il  ait  tenté  un  nouvel  essai. 

TRIROUf ),  l'un  des  acteurs  qui  ob- 
tinrent le  plus  de  succès  à  l'Opéra  dans  la 
première  moitié  du  dix-huitième  siècle,  entra 
à  ce  théâtre  en  1721,  ft  prit  sa  retraite  en  1742, 
Il  avait  une  très-belle  voix  de  haute-contre, 
et,  quoique  son  nom  soit  aujourd'hui  complè- 
tement oublié,  personne,  dit  Laborde,  n'a 
jamais  mieux  joué  que  lui,  ni  joui  d'une  plus 
grande  réputation.  C'est  le  13  novembre  1721 
que  Tribou  débuta  à  l'Opéra  par  le  nMe  du 
Soleil  dans  une  reprise  du  Phaéton,  de  Lully, 
et  il  y  fut  si  bien  accueilli  que  peu  de  se- 
maines après  il  paraissait  avec  succès  dans  le 
rôle  de  Phaéton  même.  Par  la  suite,  il  fit  de 
nombreuses  créations  dans  Renaud,  Piriihoiis, 
les  Fêtes  grecques  et  romaines,  les  Eléments, 
les  A7nours  des  dieux,  Tarsis  ei  Zélie,  les 
Amours  des  déesses,  End  i/mion,Jephté,les  Sens, 
l'Empire  de  r^woH/- (Hip|)ol)te),  Hippolyte 
et  Aricie,  Achille  et  Dcidamie,  les  Grâces,  les 
Indes  galantes,  Scanderberg  (Scaiidci  herg),  le 
Triomphe  de  l'Amour,  Castor  et  Pollur  (Cas- 
tor), les  Caractères  de  l'Amour,  Zaïde,  reine 
de  Grenade.  La  plupart  de  ces  créations  étaient 
fort  importantes,  et  il  est  remarquable  de  voir 
que  c'est  cet  artiste,  dont  la  renommée  a  disparu 
■  d'une  façon  si  ab.solue,  qui  a  joué  presque  tous 


TRIBOU    —  TROMBETTl 


587 


les  grands  rôles  despremiers  opéras  de  Rameau. 
Tiibou  mourut  en  1761. 

'TlUEBERT  (Charles-Louis).  —  Cet  artiste 
n'avait  pas  abandonné,  comme  il  a  été  dit  par 
erreur,  l'exercice  de  son  talent  sur  le  hautbois 
pour  se  livrer  exclusivement  à  la  fabrication 
des  instruments.  Depuis  longues  années,  Triebert 
était  premier  hautbois  au  Tbéàtrc-ltalien  et  à 
la  Société  des  concerts,  et  vers  1800  il  avait 
succédé  à  Verroiist  comme  professeur  de  haut- 
bois au  Conservatoire.  Atteint  d'une  fluxion  de 
poitrine  au  commencement  de  1867,  il  alla 
chercher  à  Hyères  un  climat  plus  propice  à  sa 
santé,  et  c'est  peu  de  temps  après  son  retour 
qu'il  s'éteignit,  le  18  juillet  de  la  même  année, 
à  Gravelle-St-Maurice,  près  Joinville-Ie-Pont 
(Seine). 

Un  frère  de  cet  artiste,  Frédéric  Triebert, 
facteur  d'instruments  à  ventet  hautboïste  comme 
lui,  né  à  Paris  le  1''  mai  1813,  est  mort  en 
cette  ville  au  mois  de  mars  1878.  Un  fils  de  celui- 
ci  est  un  de  nos  hautboïstes  actuels  les  plus 
distingués. 

*  TRITTOou  TRITTA  (Jacques).  —  A  la 
liste  des  ouvrages  dramatiques  de  ce  composi- 
teur, il  faul  ajouter  Aiessandro  in  Efeso,  opéra 
sérieux  représenté  en  1804  au  théâtre  national 
de  Mantoue,  et  Cesare  in  Egitto,  donné  à 
Napies  en  1810. 

Dans  la  notice  qu'il  a  consacrée  à  ce  compo- 
siteur [Miscellanées  musicales,  p.  173),  Adrien 
de  la  Page,  qui  s'appuyait  sur  des  renseigne- 
ments obtenus  directement  de  son  propre  (ils, 
affirme  que  son  véritable  nom  était  Giacovio 
di  Turitto  et  qu'il  était  né  à  Altamura  non  en 
1732,  mais  en  1735  ou  l736.  De  son  côté, 
M.  iM'ancesco  Florimo,  qui  avait  lieu  aussi 
d'être  bien  informé,  le  fait  naître  en  1735,  cer- 
tifie qu'il  s'appelait  di  Turillo ,  et  fait  savoir 
qu'il  fut  admis  au  Conservatoire  de  la  Pietà  de 
Turchini  en  1743.  Selon  de  la  Page,  Tritto 
serait  mort  non  le  17,  mais  le  10  septembre 
1824. 

"  TROESTLER  (Bernasd).  —  Une  erreur 
typographique  a  fait  tronquer  le  nom  de  cet 
artiste,  qui  a  été  écrit  à  tort  Troessler  dans  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens.  D'autre 
part,  il  faut  signaler  que  le  Traité  d'harmonie 
et  de  modulation  de  Troc'^Uer  a  été  publié  chez 
Vogt,  et  non  chez  Pleyel,  et  qu'on  lui  doit 
encore  un  autre  ouvrage  d'enseignement  intitulé: 
Répertoire  des  organistes,  contenant  la  par- 
tie de  l'orgue  de  Voffice  divin  de  l'année  et 
terminé  par  un  grand  nombre  de  pièces  d^or- 
gue  (Paris,  JanetetCotelle,  in-folio). 

TROMAIX  (Tfiomas),  pianiste,  organiste  et  I 


compositeur  anglais  contemporain,  fixé  à  Bir- 
mingham, né  vers  1828,  a  rempli,  depuis  1848, 
les  fonctions  d'organiste  dans  diverses  églises. 
Il  s'e.st  fait  connaître,  comme  compositeur,  par 
la  pid)licalion  d'un  certain  nombre  de  pièces 
pour  l'orgue  et  le  piano,  par  des  antiennes, 
des  services  de  chant  pour  l'église,  et  enfin  par 
une  grande  cantate  :  Bij  the  tcaters  of  Ba- 
bylon. 

*  TR03IBETTI  (AscANm),  composilcur 
italien  du  seizième  siècle,  né  à  Bologne,  s'appli- 
qua dès  sa  plus  fendre  enfance  à  l'élude  de  la 
musique,  et  devint  un  artiste  fort  habile.  11  n'a 
pas  vécu  à  Napies,  ainsi  qu'il  a  été  dit  dans 
la  Biographie  universelle  des  Musiciens, 
quoiqu'il  ait  mis  en  musique  des  chansons 
napolitaines,  et  paraît  n'avoir  pas  quille  sa 
ville  natale,  car  sur  le  frontispice  de  presque 
toutes  ses  œuvres  il  prend  le  titre  de  »  Musi- 
cien de  rillustrissimc  Seigneurie  de  Bologne  »(1). 
De  1583  à  1.589,  il  fut  maître  de  chapelle  de 
l'église  des  chanoines  de  Snn-Giovanni  in 
Monte  de  cette  ville ,  et  à  partir  de  cette  an- 
née 1589  on  le  perd  complètement  de  vue,  ce 
qui  peut  d'autant  plus  faire  supposer  que  cette 
époque  est  celle  de  sa  mort,  qu'en  1591  son 
frère  [Giralomo  Trombetti  devint  à  son  tour 
maître  de  chapelle  à  San-Giovanni. 

En  dehors  de  ses  chansons  napolitaines,  As- 
canio  Trombetti  a  livré  à  la  publicité  plusieurs 
oeuvres  importantes  :  1"  il  Primo  libro  de  Ma- 
drigali  a  5  voci,  Venise,  Gardano,  1583;  2°  il 
Primo  Libro  de  Madrigali  a  4  voci,  Venise, 
Gardano,  1586  (contient  21  madrigaux);  3"  il 
Primo  Libro  de  Motetti  a  5,  0,  7,  8, 10  et  12, 
Venise,  Gardano,  1589  (dédié  au  duc  Alphonse 
d'Esté  et  de  Ferrare,  et  ne  contenant  pas  moins 
de  38  compositions);  4°  un  madrigal  à  quatre 
voix,  qui  offre  cette  particularité  qu'il  est  l'une 
des  premières  œuvres  musicales  imprimées  à 
Bologne  (1587),  chez  Giovanni  Rossi. 

TR03IBETTI  (Giholamo),  frère  du  pré- 
cédent, naquit  à  Bologne,  et  fut  comme  lui  un 
musicien  distingué.  Virtuose  habile  sur  le  trom- 
bone, il  faisait  aussi  partie  de  la  musique  de  la 
seigneurie  de  Bologne,  et  il  succéda  à  son  fière 
comme  maître  de  chapelle  de  l'église  de  San- 
Giovanni  in  Monte.  Toutefois,  on  ne  connaît 
de  lui  qu'un  recueil  de  compositions  -.  il  Primo 
Lihro  de  Madrigali  a  5  voci  (Venise,  Gar- 
dano, 1590),  contenant  23  morceaux;  mais  il 
avait  commencé  à  se  faire  connaître  en  insérant 
quelques   morceaux  dans   les   recueils  publiés 


(  1)  C'est-à-dire  qu'il  prenait  part  comme  iostrumenliste 
aux  concerts  de  cette  scgiicurle. 


o88 


TROMBETTI  —  TSCHAIKOWSKY 


par  son  frère.  C'est  ainsi  qu'on  trouve  un  ma- 
drigal de  lui  dans  le  recueil  donné  par  ce  der- 
nier en  1583,  deux  dans  celui  de  1586,  et  deu\ 
motets  dans  le  recueil  de  1589.  Girolamo  Trom- 
betti  conserva  ses  fonctions  de  maître  de  cha- 
pelle jusqu'en  1G24,  et  l'on  peut  supposer  qu'il 
mourut  dans  le  cours  de  cette  année  ou  de 
l'année  suivante.  Toutefois,  on  a  la  certitude 
qu  il  n'était  plus  vivant  en  1628. 

*  TRO^fCI,  est  le  nom  d'une  dynastie  de 
facteurs  d'orgues  originaires  de  Pisloia,  qui 
s'est  perpétuée  jusqu'à  nos  jours,  et  qui  n'a 
connu  de  rivale  que  celle  des  Serassi  (Voij. 
ce  nom),  de  Bergame.  Fondée  par  Anton- 
3Iaria  Tronci,  cette  maison  existait  dès  les 
premières  années  du  dix-huitième  siècle.  Elle 
passa  dans  les  mains  de  Filippo  et  Antonio 
Tronci  frères,  et  ensuite  dans  celles  des  deux 
fils  du  premier,  Luigi  et  Benedetto  Tronci. 
Ce  dernier,  né  en  1786,  donna  surtout  une 
grande  importance  à  la  fabrique,  par  les  amé- 
liorations et  les  procédés  nouveaux  qu'il  ap- 
porta dans  la  iacture.  Filippo  II,  fils  de  Luigi, 
se  fit  remarquer  aussi  par  son  talent  person- 
nel, et  l'on  en  cite  comme  exemple  l'orgue 
de  l'église  de 'Saint- Pierre  de  Pistoia,  construit 
par  Luigi  et  son  neveu  Filippo,  qui  compte 
deux  pédaliers,  65  registres  et  trois  claviers  à 
mains,  et  qui  est,  dit-on,  un  instrument  de 
premier  ordre.  Un  grand  nombre  d'orgues 
célèbres  en  Italie  sortent  des  ateliers  de  la  fa- 
brique Tronci,  qui  n'a  cessé  de  conserver  sa 
renommée,  et  qui  a  envoyé  des  instruments 
jusqu'en  Syrie,  à  Bethléem,  et  à  l'église  du 
Saint-Sépulcre    de  Jérusalem  (1). 

TROPLO^fG  (R.vYMOiSD-TnÉODORE),  magis- 
trat et  jurisconsulte ,  membre  de  l'Institut, 
président  du  Sénat  sous  le  second  empire, 
estnéà  Saint-Gaudens  (Haute-Garonne)  le  8  oc- 
tobre 1795,  et  mort  à  Paris  le  2  mars  1869. 
Grand  amateur  de  musique  ,  Troplong  a  pu- 
blié dans  la  Bévue  européenne  duj  31  dé- 
cembre  1858  une  étude  intitulée  l'Armide  de 

(1)  Je  tire  ces  renseignements  d'une  broi'.hurc  de  1\I.  G.- 
C.  Rospifîlinsl  :  JVotizie  dei  maestri  ed  artisti  di 
musica  pistoiesi  (Pistoi.i,  Niccolai,  |S78,  in-12J.  Par 
cet  écrit,  je  suis  en  mesure  de  relever  une  erreur  de 
la  Biographie  itnivfraetle  des  Hlmieiens,  qui  cite 
comme  fils  de  Benedetto  Tronci  :  Pietr^i.  .Ag  iti  et  Giosué. 
l'ietro  Àqati  étaient  li-  prénom  elle  nom  d'un  élève  et 
ouvrier  de  la  fabrique  Tronci,  qui,  dans  la  seconde  uini- 
tie  du  dix-huitième  siècle,  ouvrit  lul-méinc  un  atelier 
de  facteur  d'orgues  a  Pistoia,  et  eut  pour  successeur  son 
flis  Ciosuè  Àqati.  Celui-ci,  plus  habile  que  son  père, 
acquit  une  grande  renommée,  et  la  maison  Agati  n';i 
pas  consiruit  jusqu'à  re  jour  moins  de  r>oo  orgues,  dont 
un  grand  nombre  pour  l'étranger,  entre  autres  pour  li:- 
gypte  et  le  Cblli. 


Gluck,    dont    il    a   été  fait    un   tirage  à    part 
(Paris,  1859,    in-8''). 

TIIUMPEU  (NicoL.vs-JosEPu),  général-ma- 
jor dans  l'armée  belge,  excellent  musicien,  né 
à  Bruxelles  le  19  avril  1799,  a  publié  en  cette 
ville  un  opuscule  ainsi  intitulé  :  Des  musiques 
militaires  et  de  Vavenir  des  jeunes  com- 
positeurs belges.  Il  est  mort  le  24  octobre 
1865. 

*  TRUTSCHEL  (A....-L -E ),  orga- 
niste, est  mort  à  Rostock  le  12  janvier  1869. 
11  était  né  à  Grafenau  (Thuringe)  le  27  aoiil 
1787. 

TRUTSCIIEL  (Antoine),  pianiste  et  com- 
positeur, fils  du  précédent,  né  à  Rostock  le  15 
octobre  1832,  fut  élève  de  Moscheles  et  compte 
aujourd'hui  parmi  les  meilleurs  organistes  de 
l'Allemagne.  11  a  publié  un  certain  nombre  de 
compositions  pour  l'orgue  et  pour  le  piano. 

ÏRUZZI  (Alessandro),  pianiste,  profes- 
seur et  compositeur,  né  à  la  fin  du  siècle  der- 
nier ou  au  commencement  de  celui-ci,  mort 
à  Milan  le  19  octobre  1860,  s'est  fait  con- 
naître par  la  publication  d'une  cinquantaine 
de  morceaux  de  piano,  consistant  en  fantai- 
sies sur  des  airs  d'opéras  célèbres,  en  mar- 
ches et  en  morceaux  de  danse. 

TRIZZÏ  (Luigi),  sans  doute  frère  du  pré- 
cédent, pianiste,  professeur  et  compositeur 
comme  lui,  né  à  Mantoue  le  29  septembre 
1799,  est  mort  à  Milan  le  6  octobre  186i.  Ou- 
tre une  Méthode  complète  de  piano,  cet  ar- 
tiste a  publié  plus  de  six  cents  morceaux 
de  genre  pour  cet  instrument,  formant  des  sé- 
ries considérables  et  écrits,  pour  l'imineiise 
majorité,  sur  des  chants  populaires,  des  mélo- 
dies célèbres  ou  des  thèmes  d'opéras  en  vogue . 
Je  citerai,  entre  autres,  les  recueil';  suivants  : 
Primizie  del  pianista  (15  sonatines  sur  des 
thèmes  d'opéras),  op.  367  ;  le  Speranze  ma- 
terne (39  sonatines),  op.  88;  la  Gioja  délie 
madri  (166  sonatines),  op.  67  ;  i  Zeffiretli 
(13  morceaux)  ;  la  Primavera  (80  divertis- 
sements) ;  Eden  musicale  (16  morceaux\  op. 
93;  Diorama  teatrale  (13  morceaux);  lE- 
mulazione  (33  morceaux)  ;  VEta  delV  oro 
(16  morceaux)  ;  l'Arpa  italica;  Ftori  mclo- 
dici  ,    etc.,  etc. 

Un  artiste  de  la  même  famille,  M.  l'aolo 
Truzzi,  né  à  Milan  le  27  octobre  1840,  a  fait 
ses  études  au  Conservatoire  de  celte  ville,  où 
il  est  resté  depuis  185'!  jusqu'à  1861.  11  s'est 
ensuite  livré  à  l'enseignement,  et  s'est  fait  con- 
naître aussi  par  la  publication  de  divers  mor- 
ceaux pour   le  piano. 

TSCIIAÏSÎOWSKY      (Pierre-Iuitsch), 


TSGHAIKOWSKY 


589 


compositeur,  l'un  des  représentants  les  plus  dis- 
tingués et  les  plus  estimés  de  la  jeune  école  musi- 
cale russe.est  né  dans  le  district  d'Ural,le  25  avril 
1840.  On  assure  que  ce  n'est  qu'à  l'âge  <le  vingt 
ans  qu'il  commença  à  s'occuper  sérieusement  de 
musique  ;  il  fit  alors,  dans  sa  |)atrie,  au  Con- 
servatoire de  Saint-Pétersbourg,  des  éludes 
très-sévères,  qu'il  poussa  fort  loin,  puis  il  alla 
se  perfectionner  en  Allemagne,  où  il  suivit  le 
courant  des  esprits  et  devint,  dit-on,  un  ar- 
dent partisan  des  doctrines  et  des  œuvres  de 
Robert  Schumann.  De  retour  en  Russie,  il  com- 
mença à  se  livrer  avec  une  sorte  de  fièvre  à 
de  nombreux  travaux  de  composition,  en  même 
'  temps  qu'il  consacrait  une  partie  de  son  temps 
à  l'enseignement.  C'est  ainsi  qu'après  avoir 
présenté  au  public  quelques  œuvres  intéres- 
santes, M.  ïschaikowsky  se  vit  nommer  pro- 
fesseur de  composition  au  Conservatoire  de 
Moscou. 

Au  surplus,  le  jeune  artiste  sut  conquérir 
de  bonne  heure  une  importante  notoriété.  Après 
la  publication  de  plusieurs  compositions  ins- 
trinnentales  qui  décelaient,  en  même  temps 
qu'un  rare  talent  de  forme  et  une  réelle  habi- 
leté de  main,  d'heureuses  facultés  en  ce  qui 
concerne  l'inspiration,  il  songea  à  se  produire 
au  Ibéàtre,  qui  est,  en  Russie,  comme  en 
France  et  en  Italie,  le  principal  objectif  des 
musiciens.  11  débuta  sous  ce  rapport  par  un 
opéra  intitulé  le  Voivode,  qui  fut  représenté 
à  Moscou,  au  mois  de  février  1869,  et  favora- 
blement accueilli.  Cet  heureux  essai  n'arrêta 
pas  l'essor  que  M.  TschaikowsUy  avait  donné 
d'autre  part  à  son  imagination,  et  le  jeune  artiste 
continua  de  se  faire  connaître  par  des  œuvres 
de  genres  très-divers,  toutes  conçues  et  exécu- 
tées sérieusement,  et  décelant  la  noble  ambition 
de  marcher  sur  la  trace  des  grands  maîtres.  C'est 
ainsi  que,  dans  l'espace  de  quelques  années, 
il  produisit  successivement  trois  symphonies, 
un  concerto  de  piano  avec  orchestre,  plusieurs 
quatuors  pour  instruments  à  cordes,  des  ou- 
vertures de  concert,  divers  recueils  de  mélo- 
dies très-savoureuses,  et  enfin  un  grand  nom- 
bre de  morceaux  divers  pour  le  piano. 

Au  mois  de  mai  1874,  M.  Tschaïkowsky 
reparaissait  à  la  scène  en  donnant,  sur  le  théâ- 
tre impérial  de  Saint-Pétersbourg,  un  nouvel 
opéra  intitulé  Apritschnik,  dont  le  succès  fut 
très-vif  et  qui  valut  à  son  auteur  le  prix  de 
300  roubles  d'argent  institué  par  le  Comité  de 
musique  russe  en  faveur  du  meilleur  drame 
lyrique  delà  saison.  A  cette  époque  déjà,  la 
grande-duchesse  Hélène  de  Russie  avait  dé- 
cidé- qu'un    concours   serait  ouvert,  avec    un 


premier  prix  de  1,000  roubles  et  un  second 
de  500  roubles,  pour  la  mise  en  musique  du 
livret  d'un  opéra  qui  avait  pour  titre  Vahoul 
le  Forgeron.  Ce  livret,  tiré  par  M.  PolowsKy 
d'une  nouvelle  de  Nicolas  Gogol,  avait  été  écrit 
poiu-  le  compositeur  Serow  {Voy.  ce  nom),  qui 
s'en  était  enthousiasmé,  mais  qui  était  mort 
avant  d'en  pouvoir  tirer  parti.  La  commission 
chargée  de  juger  le  concours  avait  reçu  cinq 
partitions  ;  elle  accorda  le  premier  prix  à  celle 
qui  portait  |)Our  devise  :  Ars  longa,  vita  bre- 
vis,  et  qui  était  l'œuvre  de  M.  Tschaïkowsky. 
L'ouvrage  couronné  fut  aussitôt  mis  à  l'étude, 
et  Yalioul  le  Forgeron  fut  représenté  solen- 
nellement, le  10  décembre  1876,  sur  le  théâtre 
Marie,  de  Saint-Pétersbourg,  où  les  principaux 
rôles  en  étaient  tenus  par  MM.  Melnikow  et 
Kommissarjevsky,  M"'  Raab  et  M"eiBitchou- 
rine.  Bien  que  le  succès  de  l'œuvre  ait  été 
très-grand  à  la  première  représentation,  la 
critique  cependant  dut  faire  des  réserves^  et 
fit  remarquer  que  le  jeune  compositeur,  sa- 
crifiant plus  qu'il  n'eût  fallu  à  des  doctrines 
musicales  antiscéniques  et  fort  en  honneur 
depuis  quelques  années,  semblait  avoir  pris 
à  tâche  d'être  beaucoup  moins  mélodique  dans 
son  œuvre  nouvelle  que  dans  ses  précédentes 
compositions;  on  lui  reprocha  surtout  de  se 
montrer  étrange  pour  éviter  la  banalité,  de 
changer  avec  beaucoup  trop  de  fréquence  de 
rhythme  et  de  mesure,  et  de  substituer  trop 
souvent  une  mélopée  vague  à; la  véritable  idée 
musicale.  Le  meilleur  de  la  partition  consistait, 
disait-on,  en  des  fragments  symphouiques 
exquis,  orchestrés  de  main  de  maître,  et  dans 
des  airs  de  ballet  charmants,  pleins  de  verve  , 
d'un  tour  très-original,  et  d'une  grande  élé- 
gance de  forme  et  d'inspiration. 

En  réalité,  M.  Tschaïkowsky  est  l'un  des 
artistes  les  mieux  doués  et  les  plus  intéres- 
sants de  la  jeune  école  musicale  russe.  Esprit 
un  peu  indécis  peut-être,  un  peu  trop  imbu 
parfois  des  idées  fâcheuses  qui  depuis  un 
quart  de  siècle  travaillent  tant  de  cerveaux, 
son  éclectisme  un  peu  nuageux  l'a  sans  doute 
empêché  jusqu'ici  de  donner  la  mesure  com- 
plète de  sa  valeur.  C'est  pour  cela  que  son 
originalité  ne  s'est  pas  affirmée  encore  d'une 
façon  éclatante,  et  que  ses  œuvres ,  d'une 
nature  et  dune  inspiration  fort  inégales,  se 
font  remarquer  tantôt  par  des  qualités  vérita- 
blement exquises,  comme  son  beau  concerto 
de  piano  et  ses  jolies  mélodies  vocales,  si  sa- 
voureuses et  si  originales,  tantôt  par  une  sorte 
d'obscurité]  voulue,  par  un  style  tendu  à  l'ex- 
cès, par  une   bizarrerie  cherchée  et   fâcheuse 


590 


TSCHAIKOWSRY  —  TURLE 


qui  en  rendent  la  compréhension  diflicile  et 
l'audition  on  ne  peut  plus  fatigante,  comme 
dans  sa  fantaisie  symplionique  sur  la  Tempête 
de  Shakespeare  et  son  ouverture  de  Roméo 
et  Juliette.  On  retrouve  un  peu  de  tous  les 
styles  dans  la  musique  de  M.  Tschaïkowsky, 
aussi  bien  celui  de  Schumann  que  celui  de 
M.  Richard  Wagner,  et  celui  de  Berlioz  que 
celui  de  Meiidelssohn;  de  là  le  manque  de 
fixité  dans  les  moyens,  d'unité  dans  le  talent, 
de  précision  dans  les  résultats;  de  là  aussi  la 
difliculté;,  pour  la  critique,  de  classer  l'artiste 
et  de  lui  assigner  la  jtlace  qu'il  est  en  dioil 
d'occuper.  Mais,  à  tout  prendre,  il  n'en  reste 
pas  moins  que  M.  Tschaïkowsky  est  un  ar- 
tiste fort  remarquable,  un  musicien  instruit, 
souvent  inspiré,  maître  de  tous  les  secrets  de 
son  art,  connaissant  et  employant  à  merveille 
tontes  les  ressources  de  l'orchestre,  et  à  qui 
l'on  ne  saurait  reprocher  que  de  sacrifier  i)ar- 
fois  le  côté  idéal  de  la  musique  à  la  recher- 
che de  l'effet  matériel  et  brutal. 

Voici  la  liste  des  œuvres  de  M.  Tschaï- 
kowsky  :  le  Foïvode,  opéra,  Moscou,  février 
1869  ;  Opritschnlk,  opéra  ,  Saint-Pétersbourg, 
mai  1874  ;  VukoxU  le  Forgeron,  opéra  fan- 
tastique en  4  actes,  Saint-Pétersbourg,  10  décem- 
bre 1876;  le  Lac  des  cygnes,  ballet  (j'ignore 
si  cet  ouvrage  a  été  représenté)  ;  Snégourots- 
chka  {Fille  de  neige),  conte  dramatique  d'Ors- 
rowsky,  mis  en  musique  avec  airs,  chœurs, 
entr'actes  et  airs  de  ballet  ;  Symphonies  à 
grand  orchestre,  N"'  1,  2  et  3  ;  /a  Tempête 
(d'après  Shakespeare),  fantaisie  pour  orches- 
tre, op.  18;  Ouverture  de  Roméo  et  Juliette  ; 
Ouverture  triomphale,  sur  l'Hymne  national 
danois,  op.  15  ;  Francesca  da  Rimini,  fan- 
taisie pour  orcliestre,  op.  32  ;  Concerto  pour 
piano,  avec  accompagnement  d'orchestre,  op. 
23  ;  Concerto  pour  violon,  avec  accompagne- 
ment d'orchestre,  op.  35  ;  Sérénade  mélanco- 
lique pour  violon,  id. ,  op.  26;  Valse-scherzo 
pour  violon,  id.,  op.  34  ;  3  Quatuors  pour 
2  violons,  alto  et  violoncelle,  op.  11,  22  et 
30  ;  6  Romances  russes,  pour  chant,  avec 
piano,  op.  6  ;  6  Romances  russes,  id.,  op. 
27  ;  6  Romances  russes,  id.,  op.  28  ;  Scherzo 
à  la  russe,  impromptu  pour  piano,  op.  1  ; 
Souvenir  de  Hapsal,  3  morceaux  de  piano 
(1.  Ruines  d'un  château;  2.  Scherzo;  3.  Ro- 
mance sans  paroles),  op.  2  ;  Valse,  pour 
piano,  op.  4  ;  Romance,  id.,  op.  5;  Valse- 
scherzo,  id.,  op.  7;  Cappriccio,  id.,  op. 
8;  3  Morceaux,  id.  (Rôverie,  Polka,  Mazuika), 
op.  9  ;  2  Morceaux,  iil.  (Nocturne,  Humores- 
que),  op.     10;  6  Morceaux,  id.   (1.  Rôverie; 


2.  Scherzo  humoristique  ;  3  Feuillet  d'al- 
bum ;  4.  Nocturne;  5.  Capriccioso ;  6.  Thème 
avec  variations),  op.  19  ;  Album  d'enfants, 
24  morceaux  faciles  pour  piano,  op.  39  ;  12  Mor- 
ceaux pour  piano,  op.  40  ;  Variations  sur  un 
thème  rococo,  pour  violoncelle,  avec  accompa- 
gnement, de  |)iano,  op.  33.  M.  Tschaikowsky 
a  publié  un  arrangement,  pour  la  main  gauche 
seule,  du  Mouvement  perpétuel  de  Weber, 
et  un  recueil  de  50  Chansons  populaires 
russes,  arrangées  à  4  mains. 

TSCHIRCH  (Adolphe),  pianiste,  organiste 
et  compositeur,  était  l'aîné  de  sept  frères  mu- 
siciens, dont  trois  :  Wilhelm,  Ernest  et  Ro- 
dolphe, ont  eu  leurs  noms  inscrits  dans  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens.  Admi- 
rateur passionné  de  la  grande  musique  d'é- 
glise, Adolphe  Tschirch  se  ht  connaître  par' 
diverses  compositions  pour  l'orgue,  le  piano  et 
le  chant ,  et  collabora  à  la  Aeiie  Berliner 
M/izikzeitnng.  Il  mourut  à  Guben  le  27  août 
1875,  laissant  vivant  un  seul  de  ses  frères, 
Wilhelm  Tschirch,  maître  de  chapelle  à  Géra. 
11  était  né  le  8  avril  1815. 

TSCHIRCH  (JcLEs),  frère  du  précédent, 
organiste  et  compositeur,  naquit  en  1820  et 
mourut  le  10  avril  18C7  à  Hirschberg,  en  Silésie, 
où  il  était  considéré  comme  un  organiste  de 
premier  ordre.  On  connaît  de  lui  un  ceitain 
nombre  de  compositions  pour  le  piano. 

*  TSCHIRCH  (RoDOLHiE),  frère  des  précé- 
dents, est  mort  à  Berlin  le  17  janvier  1872.  Il 
était  né,  non  en  1821,  mais  le  17  août  1825. 

*  TLLOU  (Jean-Louis),  flûtiste  célèbre, 
est  mort  le  23  juillet  1865  à  Nantes,  où  il  s'é- 
tait retiré  depuis  quelques  années.  Le  nombre 
des  œuvres  publiées  pour  son  instrument  par 
cet  excellent  artiste  s'élève  à  plus  de  cent, 
parmi  lesquelles  il  faut  distinguer  quinze  grands 
solos,  écrits  pour  la  plupart  à  l'occasion  des 
concours  du  Conservatoire,  avec  accompagne- 
ment d'orchestre,  de  quatuor  ou  de  piano. 

TURII>A  ( ),  compositeur  italien  re- 
marquable dans  le  genre  religieux,  est  maître 
de  la  chapelle  du  roi  d'Italie,  et  occupe  ces  fonc- 
tions depuis  1858.  Je  n'ai  pu  recueillir  aucun 
renseignement  biographique  surcetarliste,  que 
l'on  dit  fort  distingué,  et  je  ne  puis  que  donner 
la  liste  de  quelques-unes  de  ses  œuvres  :  iMise- 
rere  avec  orchestre;  3  messes  avec  orchestre, 
exécutée^  dans  l'église  de  San-Giovanni,  de  Tu- 
rin, en  18G0  et  1862;  Lamentazioni,  avec  or- 
chestre; Profezia,  avec  orchestre  ,  etc. 

TLKLE    (J ),     musicien   anglais,    est 

l'auteur  d'un  recueil  de  Psaumes  et  hymnes 
pour  le   service  religieux  public.  Le  même 


TURLE    —  TYNDALL 


591 


artiste  a  publié,  avec  M.  E.  Taylor,  un  manuel 
intitulé  le  Livre  du  Chant;  l'art  du  chant 
à  première  vue  enseigné  à  l'aide  d'exercices 
progressifs  {tlie  Singing  Bock,   etc.). 

*  TUR^HOUT  (Jean  DE).  —Un  savant 
musicographe  beige,  M.  Léon  de  Burbure,  a  re- 
trouvé récemment  le  véritable  nom  tie  cet  artiste. 
Il  a  fait  connaître  le  résultat  des  recherches  faites 
par  lui  à  ce  sujet  dans  une  note  dont  il  a  donné 
lecture  à  l'Académie  royale  de  Belgique  (1), 
et  dont  voici  le  passage  important  :  —  «  Jean 
de  Turnbout,  né  probablement  à  Turnbout,  ne 
s'appelait  ni  Fijens,  ni  Fienus.  Son  nom  de  fa- 
mille était  Jacques.  Soit  que  ce  nom  eût  paru 
trop  vulgaire  pour  un  artiste,  soit  que  celui-ci 
eCit  en  lui-même  quelque  raison  spéciale  de  le 
cacher  ou  de  l'abandonner,  on  ne  le  lui  donna  pas 
une  seule  fois  dans  les  comptes  relatifs  à  sa  po- 
sition ol'ticielle  à  la  cour  des  archiducs;  le  nom 
de  Jean  Jacques  ne  fut  pas  inscrit  sur  une  seule 
de  ses  œuvres  imprimées.  Mais  la  forme  incom- 
plète Jean  de  Tiirnhout  ne  pouvait  remplacer 
celle  de  J<an  Jacques  dans  les  actes  authenti- 
ques où  intervenaient  d'autres  membres  de  sa 
famille.  C'est  dans  un  document  de  celte  espèce 
que  j'ai  trouvé  notre  compositeur  sous  son  véri- 
table nom,  accompagné  de  son  titre  de  maître 
de  la  chapelle  du  duc  de  Parme.  Dans  cet  acte, 
passé  (levani  la  chambre  des  pupilles,  à  Anvers, 
le  19  mars  1589,  interviennent  plusieurs  parents 
de  notre  artiste  et  l'artiste  lui-même,  qu'on  qua- 
lifie de  mai/re  Jean  Jacques,  fils  de  Gérard, 
viaûre  de  la  chapelle  de  Son  Altesse  [meester 
Jan  Jacques,  Gheerts^sone,  sangmeesler  van 
Zyne  Hoocheijt).  Celui-ci  vient,  avec  son  pa- 
rent et  cotuteiir,  Pierre  Verdonckt,  rendre 
compte  de  la  gestion  des  biens  que  leur  cousin, 
Jean  Jacques  le  jeune,  âgé  de  25  ans,  fils  de 
Jean  Jacques  le  vieux,  avait  hérités  de  ses  grands 
parents  durant  sa  minorité.  » 

Il  est  donc  établi  maintenant  que  l'artiste 
dont  il  est  Ici  question  doit  être  désigné  désor- 
mais sous  le  nom  de  Jean  Jacques,  dit  Jean 
de  Tant  haut. 

TLIIOU'ICZ  (X ),  pianiste  et  compo- 
siteur polon;iis  du  dix-neuvième  siècle,  s'est  fait 
connaître  par  un  certain  nombre  d'œuvres  pu- 
bliées à  Léopol,  chez  l'éditeur  Milikowski  : 
1°  Cinq  M azureks  ;  2"  Exercices  journaliers, 
pour  acquérir  V agilité  des  doigts,  etc. 

TL'SQLETS  Y  3IAIG:\0>  (Estévan), 
négociant  et  dilettante  espagnol,  né  vers  1831, 
se  livra  de  bonne  heure,  et  pour  son  seul  agré- 

(1)  Cette  note  a  été  insérée  dans  les  Bulletins  de  l'A- 
cadcinie,  2<  série,  t.,  XLVI,  n"  12;  1873.  Il  en  a  cté  tiré 
des  exemplaires  à  part  t*  pp.  in-8»). 


ment,  à  l'élude  de  la  musique,  qu'il  ne  cessa  de 
cultiver.tout  en  suivant  la  carrière  du  commerce, 
à  laquelle  il  était  destiné  par  sa  famille.  Il  reçut 
pendant  trois  mois  des  leçons  de  solfège  d'un  ar- 
tiste nommé  Sivilla,  apprit  seul  le  piano,  et,  après 
avoir  eu  seulement  quelques  conseils  de  M.  Fran- 
cisco Andrevi,  s'attacha  setd  à  l'étude  de  l'har- 
monie et  de  la  composition,  sans  autre  guide  que 
la  lecture  attentive  de  divers  traités  théori([ues 
et  des  partitions  des  grands  maîtres.  Bien  que 
la  musique  ne  fiît  jamais  pour  lui  qu'un  délasse- 
ment et  une  distraction,  il  écrivit  un  assez  grand 
nombre  de  compositions  de  divers  genres,  parmi 
lesquelles  on  remarque  surtout  un  Siabat  Muter 
avec  accompagnement  de  piano,  harmonium  et 
violoncelle,  un  ballet-pantomime  en  un  acte,  et 
deux  zarzuelas,  dont  l'une  intitulée  Geroma 
la  castanera,  et  l'autre  la  Molinera  y  el  Viejo 
vcrde.  Ses  autres  œuvres  comprennent  une 
douzaine  de  morceaux  de  danse  pour  le  piano, 
autant  de  pièces  de  genre  pour  le  même  instru- 
ment, 3  morceaux  pour  violoncelle  et  piano,  un 
O  Saluiaris,  un  Ave  Maria,  un  Salut  à  la 
Vierge,  et  environ  cinquante  morceaux  de  chant 
à  une  voix,  écrits  sur  paroles  espagnoles,  cata- 
lanes, italiennes  ou  françaises.  Quelques-unes 
de  ces  compositions  ont  été  publiées  par  l'édi- 
teur M.  Andrés  Vidal,  d'autres  sont  restées 
inédites.  Tusquets  y  Maignon  est  mort  le  7  no- 
vembre 1876,  à  l'âge  de  quarante-cinq  ans. 

TY'LEII(Sarah), écrivain  anglais,  est  l'aufeur, 
avec  un  autre  écrivain  nommé  J.  Watson,  d'un 
ouvrage  publié  sous  ce  titre  :  Songstresses  of 
Scotland  [Chanteuses  d'Ecosse),  2  vol.  in-8°. 

T  YISDALL  (John),  physicien  irlandais  et  l'un 
des  premiers  savants  de  la  Grande-Bretagne, 
professeur  de  physique  à  l'Institution  royale  de 
la  Grande-Bretagne  et  surintendant  de  cet  éta- 
blissement, où  il  a  succédé  à  Faraday,  est  né 
vers  1820  à  Leighiin-Bridge,  près  de  Carlow.  Il 
est  depuis  longtemps  fameux  par  ses  nombreux 
et  solides  travaux,  par  ses  belles  études  sur  la 
chaleur  rayonnante  et  sur  l'électricité,  par  les 
explorations  hardies  et  périlleuses  qu'il  a  fré- 
quemment entreprises  dans  l'intérêt  de  la  science. 

M.  Tyndall  n'est  cité  ici  que  pour  son  livre 
sur  le  Son  (Sound),  composé  d'un  cours  de 
huit  lectures  faites  par  lui  à  l'Institution  royale, 
et  qui  forme  un  traité  complet  et  lumineux 
sur  la  matière,  rendant,  comme  il  le  dit  lui- 
même,  la  science  de  l'acoustique  accessible  à 
toutes  les  personnes  intelligentes,  en  y  compre- 
nant celles  qui  n'ont  reçu  aucune  instruction 
.scientifique  particulière.  «  J'ai  traité  mon  sujet, 
dit  l'auteur,  d'une  manière  tout  à  fait  expéri- 
mentale,   et    j'ai  cherché   à    placer   tellement 


592 


TYNDALL  —  TZARTZELEV 


chaque  expérience  sous  les  yeux  et  dans  la 
main  du  lecteur,  qu'il  puisse  la  réaliser  lui- 
même  ou  la  répéter.  Mon  désir  et  mon  but  ont 
été  de  laisser  dans  les  esprilsilts  images  si  nettes 
des  divers  phénomènes  de  l'acousticiue,  qu'ils 
les  saisissent  et  les  voient  dans  leurs  rapports 
réels.  >i  Une  traduction  française  du  beau  livre 
de  M.  Tyndall  a  été  faite  sous  ce  titre  :  le  Son, 
par  .M.  l'abbé  Moigno  (Paris,  Gaulhier-Villars. 
1809,  in-8°  avec  nombreuses  figures). 


TVWEUSLS  ( ),  était  luthier  des  priu- 

cesde  la  maison  de  Lorraine  en  1520.  On  connaît 
de  cet  artiste  quelques  instruments  qui  offrent 
une  certaine  analogie  avec  la  facture  d'André 
Aniati.  Tywcrsus  habitait  le  château  de  Ravenel, 
résidence  habituelle  de  ses  protecteurs,  à  une 
lieue  environ  de  Mirecourt. 

J.  G  —  Y. 

TZAIITZÉLEV   (I\r«    la    princesse).    — 
Voyez  LAVnOTSKY,  (Elisabeth). 


u 


*  UCCELLI  (Madame  Carolina),  composi- 
teur dramatique,  est  morte  vers  1855. 

UKTZ  ( ),  compositeur  allemand,  a  fait 

représentera  Darmsladt,  en  18G9,  un  opéra  in- 
titulé Othon  l'archer. 

UGALDE  (Delphine  BEAL'CÉ,  dame), 
cantatrice  distinguée,  naquit  à  Paris  le  3  décem- 
bre 1829.  Pelite-fiile,  par  sa  mère,  de  l'excel- 
lent guitariste  Porro,  qui  fut  éditeur  de  musique, 
elle  reçut  de  celle-ci,  qui  était  très-bonne  musi- 
cienne, presque  toute  son  éducation  artistique. 
Dès  l'âge  de  six  ans  elle  jouait  du  piano,  à  neuf 
ans  elle  donnait  des  leçons,  et  à  onze  ans  elle 
obtenait  un  grand  succès  en  se  faisant  entendre, 
aux  côtés*  de  ces  grands  artistes  qui  s'appelaient 
Rubini,  Lablache  et  Tamburini,  dans  un  concert 
donné  à  la  salle  Herz.  Remarquée  par  le  prince 
de  la  Mosliowa,  cet  amateur,  qui  avait  le  talent 
d'un  altiste,  l'engagea  pour  chanter  les  solos  dans 
les  séances  de  la  Société  de  chant  classique,  so- 
ciété fondée  et  dirigée  par  lui,  exclusivement 
composée  de  dilettantes,  et  dont  la  jeune  Del- 
phine Beaucé  était  la  seule  artiste;  elle  acquit  là, 
par  la  fréquentation  et  l'étude  des  œuvres  des 
grands  maîtres,  une  instruction  pratique  qui  dé- 
veloppa d'une  façon  considérable  son  sens  artis- 
tique et  exerça  une  utile  et  bienfaisante  influence 
sur  la  suite  de  sa  carrière. 

La  jeune  fille,  pourtant,  se  destinait  au  théâtre. 
Elle  devint  élève  de  Moreau-Sainti,  et  fit  ses  pre- 
miers pas  en  ce  genre  sur  la  petite  scène  d'ama- 
teurs connue  sous  le  nom  de  théâtre  de  la  Tour- 
d'Auvergne,  où  elle  se  montrait  à  la  fois  dans 
la  comédie  et  dans  l'opéra- comique.  C'est  alors 
que  M.  Limnander,  qui  se  préparait  à  faire 
jouer  à  l'Opéra-National  son  opéra  les  Monténé- 
grins^ la  fit  engager  pour  en  remplir  le  principal 
rôle.  La  révolution  de  février  1848  étant  surve- 
nue, et  le  théâtre  ayant  fermé  ses  portes, 
m""  Beaucé  se  vit  obligée  d'accepter  les  propo- 
sitions qu'on  lui  faisait  pour  chanter  au  Château- 
des-Fleurs,  établissement  de  concerts  situé  aux 
Champs-Elysées.  Mais  avant  qu'elle  y  eût  paru, 
M.  Limnanier,  qui  avait  porté  et  fait  recevoir 
sa  pièce  à  l'Opéra-Coraique,  y  faisait  engager 
aussi  sa  jeune  interprète. 

C'est  donc  dans  le  courant  dcl'anrée  1848  que 
M""  Ugalde  fit  "ses  débuis  à  l'Opéra-Comique, 

BIOGR.   UNIT.   DBS  MUSICIENS,   —  SUPPL.   — 


OÙ  elle  parut  d'abord  dans  le  Domino  noir  et 
dans  l'Ambassadrice  avec  un  véritable  .succès. 
Elle  créa  ensuite  plusieurs  rôles  qui  lui  firent 
beaucoup  d'honneur,  dans  le  Caïd,  les  Mon- 
ténégrins, le  Toréador,  la  Fée  aux  Roses,  le 
Songe  d'une  nuit  d'été,  la  Dame  de  pique,  la 
Tonelli,  et  surtout  dans  Galathée,  qui  conve- 
nait à  merveille  à  la  nature  de  son  talent  fou- 
gueux et  expansif. 

Tout  d'un  coup,  une  maladie  grave  des  cordes 
vocales  vint  éloigner  l'artiste  de  la  scène.  On  put 
croire  un  instant  qu'elle  avait  complètement 
perdu  la  voix.  Cependant,  après  avoir  quitté 
rOpéra-Comique,  elle  put  entrer  aux  Variétés 
pour  y  jouer  Roxelane  dans  les  Trois  Sultanes, 
de  Favart,  ouvrage  auquel  M.  Jules  Creste 
avait,  à  son  intention,  ajusté  quelques  morceaux 
de  chant.  Puis,  à  la  suite  d'un  voyage  aux  Py- 
rénées, M"'  Ugalde  rentra  au  théâtre  Favart 
(1854),  où  elle  créa,  entre  autres,  le  rôle  de 
l'Amour  dans  Psyché.  Engagée  ensuite  au 
Théâtre-Lyrique  pour  y  jouer  celui  de  Suzanne 
dans  les  Noces  de  Figaro  (1858),  elle  y  créa 
la  Fée  Carabosse  et  Gil  Blas,  où  elle  retrouva 
tous  ses  succès  passés,  après  quoi  elle  rentra  de 
nouveau  à  l'Opéra-Comique,  pour  le  quitter 
encore  au  bout  de  peu  de  temps.  Elle  fit  alors 
une  apparition  à  la  Porte-Saint-Martin,  où  l'on 
arrangea  pour  elle  un  rôle  chantant  dans  une 
reprise  de  la  Biche  aux  Bois,  et  de  là  fut  en- 
gagée aux  Bouffes-Parisiens  par  M.  Varney,  qui 
lui  fit  faire  deux  excellentes  créations  dans  les 
Bavards  et  dans  les  Géorgiennes. 

M"«  Ugalde,  qui  avait  perdu  son  premier 
mari  en  1858,  et  qui  avait  épousé  en  secondes 
noces  M.  Varcollier,  prit  avec  celui-ci  la  direc- 
tion des  Bouffes-Parisiens,  au  mois  de  septembre 
1866  ;  mais  sa  direction  ne  dura  pas  plus  de  six 
mois  et  demi,  pendant  lesquels  elle  joua  un 
rôle  important  dans  les  Chevaliers  de  la  table 
ronde  et  fit  représenter  une  Halle  au  moulin, 
opérette  dont  elle  avait  écrit  la  musique  (1 1  jan- 
vier 1867).  Depuis  lors  elle  n'a  plus  fait  beau- 
coup parler  d'elle,  et  s'est  bornée  à  quelques 
tournées  en  province. 

Douée  d'une  voix  superbe,  chaude  et  colorée, 
mais  qui  perdit  assez  rapidement  une  partie  de 
son  éclat,  cette  artiste  était  remarquable  par  sa 
T.  II.  .38 


594 


UGALDE  —  UHIO 


fougue,  sa  verve,  son  entrain,  par  la  hardiesse 
de  ses  traits,  par  la  larj^eur  de  son  phrasé,  et, 
sinon  par  le  style,  du  moins  par  un  grand  senti- 
ment musical.  Dépassant  parfois  le  but  en  raison 
de  sa  nature  expansive,  elle  n'en  produisait  pas 
moins  un  grand  effet,  parce  qu'il  y  avait  en  elle 
l'étoffe  et  le  tempérament  d'une  grande  artiste,  et 
qu'elle  se  livrait  tout  entière.  Ses  défaillances 
étaient  rachetées  d'ailleurs  par  les  qualités  d'une 
excellente  musicienne.  M™'  Ugalde  a,  dit-on, 
formé  plusieurs  élèves,  dont  la  plus  remarquable 
est  assurément  M""  Marie  Sass  (Voij.  ce  nom). 
Sa  fille  et  son  élève,  M"'  Marguerite  Ugalde, 
âgée  de  dix-huit  ans  environ,  a  débuté  d'une 
façon  heureuse  à  l'Opéra-Comique,  au  commen- 
cement de  1880,  dans  la  Fille  du  régiment. 

Depuis  qu'elle  semble  avoir  tout  à  fait  quitté 
la  scène,  M™*  Ugalde  s'est  beaucoup  occupée  de 
composition.  Elle  a  fait  entendre  récemment, 
dans  un  concert  (1878),  toute  une  série  de  mélo- 
dies vocales,  dont  quelques-unes  étaient  vraiment 
aimables  et  écrites  avec  goût,  et  elle  a  en  por- 
tefeuille la  musique  d'une  opérette  en  3  actes, 
les  Quatre  Fils  Aymon,  qui  jusqu'ici  n'a  pas 
été  représentée. 

tlGOLIISI  (Disma),  compositeur  et  profes- 
seur italien,  né  à  Florence  en  .1755,  mourul^cn 
1828.  Il  fit  ses  études  sous  la  direction  de  Bar- 
tolomeo  Felici,  théoricien  renommé  qui  tenait  à 
Florence  une  école  de  contre-point,  et  se  fit  con- 
naître en  écrivant  beaucoup  de  musique  pour 
l'église,  et  aussi  nombre  de  petites  cantates, 
ariettes,  canons,  fugues  et  solfèges.  En  1811,  à 
la  suite  d'un  concours,  cet  artiste  fut  nommé 
professeur  de  contre-point  dans  les  écoles  de  mu- 
sique de  l'Académie  des  Beaux-Arts  de  sa  ville 
natale.  Il  y  a  fonné  beaucoup  de  bons  élèves, 
parmi  lesquels  il  faut  surtout  citer  Luigi  Pic- 
chianti,  qui  a  publié  sur  son  maître  une  intéres- 
sante notice  biographique. 

*  ULRICH  (Hugo),  compositeur  allemand, 
est  mort  à  Berlin  le  22  mai  1872. 

*  UINGEU  ou  UNGOEU  (Caroline),  canta- 
trice remarquable,  est  morte  le  23  mars  1877 
dans  sa  villa  de  la  Conce|ition,  située,  je  crois, 
près  de  Florence.  Fille  d'un  conseiller  aulique 
qui  était  professeur  à  l'Académie  Thérésienne  de 
Vienne,  et  d'nne  mère  qui  descendait  d'une  noble 
famille  polonaise  (Anna  Karvvinska,  baronne  de 
Karwin),  elle  naquit  non  à  Vienne  en  1800,  mais 
à  Stidihveisscnburg  le  28  octobre  ISO.'..  Ses  prc- 
inièresleçons  de  musique  lui  furent  données  par  un 
professeur  vénitien  nommé  Mozatti  ou  Musatti,  qui 
demeurait  à  Vienne,  et  elle  commença  à  se  faire 
entendre  dans  des  oratorios  de  Bach,  de  Hiendel 
et  de  Haydn.  C'est  le  24  février  1821  qu'elle 


aborda  le  théâtre  eu  chantant  Cosi  fan  lutte,  de 
Mozart,  et  en  1824  elle  eut  l'Iionncur  de  parti- 
ciper à  la  première  exécution  de  la  neuvième 
symphonie  avec  chœurs  de  Beethoven,  en  chan- 
tant, aux  côtés  de  la  Sonntag,  la  partie  de  con- 
tralto de  ce  chef-d'oeuvre.  C'est  l'année  suivante 
qu'elle  entreprit  la  carrière  italienne,  où  elle 
trouva  aussitôt  de  grands  succès.  Doni^etti  écrivit 
pour   elle   Parisina,  Belisario  et  Maria  di 
ii«(/e?!s;  Beliini,  la  Straiiiera;  VM\n\,  Niohv, 
Furio  Camilto  et  i  Cavalieri  di  Valcnza;  Mer- 
cadante,  le  Due  illustri  lUvali.  Après  [)lus  de 
vingt  années  passées  au  tbeàlre,  cette  grande  ar- 
tiste se  retira,  se  faisant  entendre  une  dernière 
fois,  à  Dresde,  le  5  septembre  1843.  On  attribue 
;\  Rossini   cette  appréciation  caractéristique  de 
la  nature  artistique  de  Caroline  Unijher  :  Ardeur 
du  Sud,  énergie  du  Nord,  poitrine  de  bronze, 
voix  d'argent,  talent  d'or.  La  forme  en  parait 
tout  au  moins  un  peu  prétentieuse,  dans  son 
laconisme  recherché. 

tlIMA  (Guiseppe),  pianiste,  professeur  et 
compositeur  italien,  né  à  Dogiiani  le  2  février 
1818,  mort  à  Recanali  le  23  novembre  1871,  a 
résidé  pendant  de  longues  années  à  Turin,  oii 
il  se  hvrait  à  l'enseignement  et  à  la  composi- 
tion. Le  nombre  de  ses  œuvres  pour  le  piano 
est  très-considérable,  et  s'élève  à  plus  de  deu\- 
cents,  dont  la  plupart  sont  écrites  sur  des 
thèmes  d'opéras  en  vogue.  On  cite  cependant 
parmi  ses  productions  les  mieux  réussies  une 
Sonata  appassionata  en  ré  mineur,  ainsi 
([u'une  grande  Marche  pour  le  couronnement 
du  roi  Victor-Emmanuel.  Il  a  publié  aussi,  en 
huit  fascicules,  tout  un  cours  d'exercices  pour 
le  piano,  qui  a  paru  à  Mihin,  chez  l'édileur 
M.  Canti.  Unia.  qui  était  un  virtuose  habile  et 
distingué,  avait  le  titre  de  pianiste  du  roi 
d'ItaUe. 

UllBAIV  (Heinricm),  violoniste  allemand  cou 
temporain  et  compositeur,  s'est  fait  coiinailio 
par  plusieurs  œuvres  importantes,  qui  parais- 
sent avoir  été  bien  accueillies  et  parmi  lesquelles 
je  citerai  les  suivantes  :  Friihling,  symphonie 
pour  orchestre;  Ouverture  de  Scheherazade ; 
concerto  de  violon,  avec  orchestre,  op.  22; 
2  pièces  de  concert  pour  violoncelle  avec  or- 
chestre, op.  23;  6  pièces  pour  violon  et  piano  ; 
Romance  pour  violon,  avec  pelit  orchestre,  op. 
17  ;  Barcarollc  pour  violoncelle,  id.,'op.  18  :  etc. 

lililUN  ( ),  est  auteur  d'une  Méthode 

de  cor  à  trois  pistons  ou  cylindres,  prd)liee 
à  Paris,  chez  Richault. 

*  UIllO  (Fraisçois-Antoine),  a  écrit  pour  le 
service  du  prince  de  Toscane  Ferdinand  de  Mé- 
dias une  cantata  da  caméra  (1696),  l'oratorio 


I 


URIO  —  UZÉPY 


595 


(ieSansone  (1701),  et  uq  autre  oratorio,  Mad- 
dalcna  cnnvertita  (1706). 

UUOLllAllT  (Tiioins),  lutliicr  habile, 
exerçait  sa  profession  à  Londres  vers  la  lin  du 
dix-septième  siècle.  Ses  produits  ressemblent 
beaucoup  à  ceux  de  Jacob  Rayman,  ce  qui  fait 
supposer  qu'il  a  dû  recevoir  des  conseils  de  cet 
artiste,  si  même  il  n'a  pas  été  son  élève.  Les 
instruments  de  Thomas  Urquhart  sont  estimés 
en  Angleterre.  Urquliart  a  été  le  maître  de  Nor- 
man, qui  fut,  dit-on,  l'un  des  meilleurs  luthiers 
de  ce  pays  au  dix-huitième  siècle. 

*  LUSILLO  (Fadio).  —  Cet  artiste,  venu 
sans  doute  fort  jeune  dans  les  Pays-Bas,  devint, 
en  1725,  musicien  particulier  de  l'évêque  de 
Tournai,  et  resta  au  service  de  ce  prélat  pendant 
Iri'iite-quatre  ans,  c'est-à-dire  jusqu'à  l'année 
1759,  qui  fut  probablement  celle  de  sa  mort.  Il 
aurait  donc  passé  en  Belgique  la  plus  grande 
partie  de  son  existence.  (V.  l'ouvrage  de  M.  Van- 
der  Straeten,  la  Musique  aux  Bays-Bas.) 

USIGLIO  (Emilio),  chef  d'orchestre  et  com- 
positeur dramati(|ue  italien,  est  né  à  Parme,  le 
8  janvier  1841,  et  a  été  l'élève  d'un  excellent  ar- 
tiste, M.  Teodulo  Mabellini,  de  Florence.  Dès  le 
mois  de  septembre  1861,  il  abordait  la  scène  en 
donnant  au  théâtre  Viclor-limmanuel,  de  Turin, 
un  opéra  bouffe  en  4  actes,  la  Locandiera,  qui 
ne  réussit  que  médiocrement.  Trois  ans  plus 
tard  (juin  1864),  il  faisait  représenter  sur  le  petit 
théâtre  Santa-Radegonda,  de  Milan,  son  second 
ouvrage  dramatique,  «;i'  Eredilà  in  Corsica, 
qui  n'était  pas  beaucoup  plus  heureux.  A  peu 
près  à  la  même  époque,  M.  Usiglio  devenait  di- 
recteur du  théâtre  Goldoni,  de  Livourne,  et  son 
exploitation  se  terminait  par  une  catastrophe. 
Reprenant  la  [)lnme  du  compositeur,  il  écrivit 
alors  (in  nouvel  opéra  bouffe,  le  Educande  di 
Sonento,  qui  obtint  au  théâtre  Alfieri,  de  Flo- 
rence, le  !''■  mai  1868,  un  succès  auquel,  dit-on, 
la  bonne  humeur  et  les  qualités  du  livret  furent 
loin  d'être  étrangères;  cet  ouvrage,  le  seul  de  son 


auteur  qui  ait  vraiment  rencontré  la  fortune,  fut 
joué  par  toute  l'Italie,  et  produit  parfois  sous  le 
titre  de  la  Figlia  del générale.  Il  fut  suivi  delà 
Scommessa,  dont  le  sort  fut  loin  d'être  aussi 
heureux  au  théâtre  du  prince  Humbert,  de  Flo- 
rence (août  1870).  Depuis  lors,  M.  Usiglio  a  pris 
une  part  de  collaboration  à  la  Secchia  rapita, 
petit  opéra  bouffe  dont  les  autres  auteurs  étaient 
MM.  Bacchini,  De  Champs,  Felici,  Giaidini  et 
Tacchinardi  {Voy.  ces  noms),  et  qui  fut  repré- 
senté au  tliéàtre  Goldoni,  de  Florence,  en  1872, 
et  il  a  donné  au  théâtre  royal  de  Madrid  (février 
1879)  un  opéra  intitulé  le  Donne  curiose. 

M.  Usiglio  s'est  produit  aussi  comme  chet 
d'orchestre,  et  a  rempli  successivement  ces  fonc- 
tions dans  plusieurs  théâtres  fort  importants,  au 
Pagliano,  de  Florence  (1872),  àl'Apollo,  de  Rome 
(1874),  au  Communal,  de  Bologne  (1875),  à  la 
Feuice,  de  Venise  (1876),  enfin  au  Théâtre-Ita- 
lien de  Paris  (1877).  Il  est  cependant  fort  loin 
de  réaliser  l'idéal  du  chef  d'orchestre,  et  manque 
à  la  fois  de  précision,  de  souplesse  et  de  fer- 
meté, malgré  ses  incontestables  qualités  de  mu- 
sicien. 

*  UUTEIVDAL  (Alexandre),  et  non  UT- 
TEIVDALç,  musicien  flamand  ou  néerlandais 
du  seizième  siècle,  n'était  pas  maître  de  cha- 
pelle de  l'empereur  F'erdin and  I",  mais  bien  de 
l'archiduc  Ferdinand  d'Autriche,  comte  de  Ty- 
rol,  et  recevait,  en  cette  qualité,  un  traitement 
de    10,950   maravédis.    Cet    artiste  mourut   le 

8  mai  1581  à  Inspruck,  ainsi  que  le  prouve  une 
lettre  d'un  de  ses  confrères,  publiée  par  M.  Vander 
Straeten  dans  le  troisième  volume  de  son  ou- 
vrage :  la  Musique  aux  Pays-Bas,  auquel 
j'emprunte  les  éléments  de  cette  notice  rectifi- 
cative. 

LZÉPY  ( ),   compositeur,  a  écrit  la 

musique  de  l'Alcade,  opéra-comique  en  un 
acte  qui  a  été  représenté  au  Théâtre-Lyrique  !<■ 

9  septembre  1864.  Cet  artiste  ne  s'est  fait  con- 
naître d'aucune  autre  façon. 


*  VACCAJ  (Nicolas).  —  Ce  compositeur 
distingué  est  Fauteur  d'une  méthode  de  chant 
dont  l'éditeur  Ricordi,  de  Milan,  a  fait  une  édi- 
tion italienne  et  française  :  Metodo  di  canio 
itallano  per  caméra.  Il  a  écrit  aussi,  princi- 
palement pendant  son  séjour  en  Angleterre,  toute 
une  série  d'ai?s  de  chambre  remarquables  par 
la  fraîcheur  de  leur  mélodie  et  leur  originalité; 
le  même  éditeur  les  a  publiés;  sous  ce  titre  : 
12  Ariette  per  caméra,  per  l'insegnamento 
del  Bel-Canto  Ualiano,  ainsi  qu'uH  recueil  de 
4  Romanze  po'ifume,  et  plusieurs  morceaux  de 
chant  détachés  :  la  Soliiudine,  Amor  corris- 
posto.  Api  erranti,  Chï  non  la  vede,  Ogni 
icffiro  che  spira,  ariettes;  il  Dolore,  chaut; 
Guardami  il  riso,  cavaline;  Cara,  consolati, 
duetto;  Verginella  desolata,  romance  pour  une 
voix,  avec  accompagnement  de  deux  voix  ad  li- 
bitum. Vaccaj  a  pris  part,  avec  Coppola,  Doni- 
zetli,  Mercadante  et  Pacini,  à  la  composition 
d'une  cantate  funèbre  :  In  morte  di  Maria  Ma- 
libran,  qui  fut  exécutée  au  théâtre  de  la  Scaia, 
de  Milan,  le  17  mars  1837. 

Dès  1844,  Vaccaj  avait  abandonné  la  direction 
du  Conservatoire  de  Milan  pour  aller  se  reposer 
au  milieu  de  sa  famille,  à  Pesaro.  Il  ne  s'en 
éloigna  plus  que  pour  aller  écrire  et  faire  repré- 
senter à  Rome,  sur  le  théâtre  Argentina,  son 
opéra  Virginia,  qui  obtint  un  plein  succès.  Ce 
fut  son  dernier  ouvrage  dramatique.  Sa  santé 
chancelante  l'obligea  à  retourner  ensuite  à  Pe- 
saro, où  il  mourut  le  C  août  1848.  —  M.  Giulio 
N'aecaj,  fils  de  cet  artiste  remarquable,  préi»are 
en  ce  moment,  à  Rome,  une  biographie  com- 
plète et  détaillée  de  son  père. 

VACBlEll  (Loiis),  docteur  en  médecine  de 
la  Faculté  de  Paris,  aide-major  stagiaire  au  Val- 
de-Grâce,  est  luuteur  de  l'écrit  suivant  :  De  la 
voix  chez  Ihomme,  au  point  de  vue  de  sa 
formation,  de  son  étendue  et  de  ses  registres 
(Paris,  G.  Masson,  1877,  in-8°  de  62  pp.,  avec 
figures).  Cet  écrit  emprunte  un  intérêt  particu- 
lier aux  connaissances  musicales  de  son  auteur, 
(jui  a  fait  do  bonnes  études  de  chant  au  Conser- 
vatoire de  Lyon,  et  qui  s'est  lait  entendre  parfois 
dans  les  concerts  sous  le  pseudonyme  de  Louis 
Dalvard. 

V'AGGIfN'I  (Agostino),  professeur  italien,  nô 


à  Gênes  le  1"  novembre  1824,  s'est  livré  dès 
l'âge  de  vingt  ans  à  l'enseignement  du  chant,  et 
spécialement  du  chant  choral,  après  avoir  fait 
toutes  ses  études  sous  la  direction  de  Miresky 
et  de  Mandanici.  En  1836,  il  a  publié  une  Mé- 
thode pour  renseignement  du  chant  choral, 
dont  il  a  été  fait  trois  éditions  successives,  et  peu 
de  temps  après  il  fut  nommé  professeur  de  chant 
d'ensemble  dans  l'école  normale  féminine  et  dans 
les  écoles  municipales  de  Gênes.  M.  Vaggini  est 
aussi  l'auteur  d'une  méthode  de  piano  publiée 
chez  Ricordi,  à  Milan,  sous  ce  titre  :  le  Mettre 
de  piano,  méthode  récréative  en  forme  de  gram- 
maire raisonnée.  On  lui  doit  encore  un  certain 
nombre  de  morceaux  de  musique  de  danse, 
ainsi  qu'un  hymne  national  intitulé  Viva  l'italia 
e  il  Re  ! 

VAILLAI>'T  (A ),  compositeur  qui  vivait 

dans  la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle, 
était  attaché  comme  musicien  à  la  chapelle  éche- 
vinale  de  Valenciennes.  Il  a  fait  représenter  à 
Mons  les  deux  ouvrages  suivants  :  1°  les  Plai- 
sirs de  Marimont,  pastorale  en  un  acte,  1708; 
2"  le  Retour  des  plaisirs ,  opéra  en  un  acte,  1719. 

VALDRIGHI  (Le  comte  Luigi-Francesco), 
dilettante  italien  contemporain,  est  l'auteur  d'un 
opuscule  qui  a  été  publié  en  1878  sous  ce  titre  : 
Ricerche  sulla  liuleria  e  violineria  modenese 
aniica  e  moderna.  Ce  petit  écrit,  imiquoment 
consacré,  comme  son  titre  l'indique,  à  retracer 
sommairement  l'histoire  des  luthiers  de  l'école 
de  Modène,  avait  paru  d'abord  sous  forme  d'ar- 
ticles dans  le  journal  il  Ciitadino. 

M.  Vaidrighi  a  publié  ensuite  sous  ce  titre  : 
Mnsurgiana,  un  second  opuscule  dans  lequel 
il  décrit  deux  instruments,  la  scrandola  et  le 
psaltérion,  qu'il  considère  comme  les  deux  an- 
cêtres du  piano  (Modène,  Olivari,  1879,  in-12  de 
54  pp.  avec  2  planches).  Enlin  il  a  livré  encore 
au  pubhc  une  troisième  et  intéressante  bro- 
chure, ainsi  intitulée  :  Di  una  busla  di  antichi 
e  rari  strumenii  di  fiaio  (Florence,  Guidi,  in- 
12). 

VALE]\SII\  (GiORCm),  musicien  italien,  est 
l'auteur  de  la  Capricciosa,  opéra  semi-sérieux 
qui  a  été  représenté  au  théâtre  des  Loges,  de 
Florence,  le  28  février  1874. 

VALE]\TE  (G ),  est  le  nom  d'un  corn- 


VALENTR  —  VALENTINO 


597 


posileur  qui  a  fait  représenter  à  Molfelta,  en 
1865,  un  drame  lyrique  intitulé  Roberio  dé'  Gke- 
rardini.  Il  a  donné  aussi  sur  le  théitrc  Nuovo, 
de  Naples,  un  opéra  bouffe,  la  Festa  dcll'  Ar- 
chitiello,  et  sur  celui  des  Variétés,  de  la  même 
ville,  un  autre  ouvrage  bouffe,  »  Cabalisti  di 
prima  for:.a  (12  juin  1875). 

VALENTI  (André-Avelino- Joseph  -Pere- 
cr.iN),  pianiste  et  compositeur  espagnol  fixé  de- 
puis longtemps  à  Paris,  est  né  à  Barcelone  le 
10  novembre  1829.  Admis  en  1849  au  Conserva- 
foire  de  Paris,  dans  la  classe  d'Elwart,  il  y  rem- 
porta un  second  accessit  d'barmonie  en  1851,  et 
l'année  suivante  entra  dans  la  classe  de  compo- 
sition de  Carafa.  Son  éducation  terminée,  il 
s'est  livré  à  l'enseignement  et  à  la  composition. 
M.  Valenli  a  fait  représenter  à  Madrid  et  à  Bar- 
celone deux  opéras  espagnols,  el  Colegial  et 
Don  Serapio  de  Bobadilla;  il  a  écrit  unStabat 
H/afer  et  un  oratorio  intitulé  Judith,  et  il  a  pu- 
blié, entre  autres  œuvres,  un  traité  de  solfège, 
une  Messe  pastorale  à  3  voix,  avec  accompagne- 
ment de  piano  ou  orgue,  une  Petite  Messe  à  2 
voix  égales,  avec  accompagnement  d'orgue  ou 
d'harmonium,  un  Domine  salvum,  quelques 
mélodies  vocales  :  la  Colombe,  Malfildtre,  etc. 
Le  6  juin  1879,  il  a  fait  représenter  à  l'Opéra- 
Comique  un  petit  ouvrage  en  un  acte  :  Em- 
brassons-nous, Folleville,  qui  n'a  pas  obtenu 
de  succès. 

VALEI^TirVI  (MiCHELAN'GELo),  compositcur 
italien  qui  vivait  au  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  a  fait  représenter  en  1748  à  Naples,  sur 
le  petit  théâtre  des  Fioreulini,  un  opéra  bouffe 
intitulé  la  Villana  nobile.  Peut-être  cet  ar- 
tiste est-il  le  père  du  compositeur  Jean  Valen- 
tini,  dont  il  est  ])arlé  au  tome  VIII  de  la  Bio- 
graphie universelle  des  Musiciens.  Je  ne  sau- 
rais le  dire  pourtant,  car  je  n'ai  pu  recueillir 
sur  lui  aucun  autre  renseignement  que  celui  re- 
latif à  l'ouvrage  dont  le  titre  est  rapporté  ci- 
dessus. 

VALElNTrM  (Le  P.  Domenico),  composi- 
teur, né  à  Lucques  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  est  auteur  d'un  oratorio  in- 
titulé la  Mort  d'Abel,  qui  fut  exécuté  à  Venise, 
chez  les  Pères  de  l'Oratoire.  On  ignore  la  date 
de  la  mort  de  cet  artiste. 

*  VALEIXTirSI  (Charles),  né  à  Lucques 
vers  1790.  —  Outre  ses  opéras,  qui  sont  au  nom- 
bre (le  dix-sept,  ce  compositeur  a  écrit  un  grand 
nombre  de  messes,  de  vêpres,  de  motets,  et  un 
oratorio  :  les  Sept  Paroles  de  Jésus-Christ, 
avec  accompagnement  de  piano,  dédié  à  la  prin- 
cesse Marie-Thérèse  de  Savoie.  Devenu  maître 
de  chant,  il  publia  à  Lucques,  en  1848,  un  re- 


cueil de  vocalises.  Valentini,  qui  avait  été  élève 
de  Giovanni  Pacini,  mourut  dans  sa  ville  natale, 
le  1"  avril  1853. 

VALEÎ>T1!\0   (Henri-Justin-Joseph),    un 
des  plus  excellents  chefs  d'orchestre  qu'ait  pos- 
sédés la   France,  naquit  le   14  octobre   1785  à 
Lille,  où  son  père,  Italien  d'origine,  était  attaché 
comme   pharmacien   à   l'hôpital  mililaire.  Dès 
l'âge  de  quatorze  ans  il  était  chef  d'orchestre  en 
province,  et  déployait  dans  ces  fonctions  diffi- 
ciles de  rares  qualités.  Ayant  épousé  en  1813,  à 
Metz,  la  nièce  du  compositeur  Persuis,  alors  di- 
recteur de  la  musique  à  l'Opéra,  il  obtint  tout 
naturellement  la  protection  de  celui-ci  ;  cependant 
il  ne  paraît  pas  que  cette  protection  se  soit  ma- 
nifestée d'une  façon  fort  efficace,  car  ce  n'est 
que  peu  de  mois  après  la  mort  de  Persuis,  c'est- 
à-dire  en  1820,  que  Valentino  lut  engagé  à  l'O- 
péra comme  second  chef  d'orchestre,  alors  que 
Kreutzer  était  premier.  En  1824,  au  départ  de 
ce  dernier,  il  fut  appelé  à  exercer  les  fonctions  de 
premier  chef,  en  partage  avec  Habeneck,  chacun 
d'eux  devant  diriger  les  études  et  l'exécution 
d'un  ouvrage  nouveau  sur  deux  qui  étaient  pré- 
sentés au  public.   Parmi  ceux  que  Valentino 
monta  ainsi  pour  sa  part,  il  faut  citer  la  Muette 
de  Portici,  Guillaume   Tell,  le  Serment,  le 
Dieu  et  la  Bayadère,  et  Olympie.  Ce  dernier 
était  pourtant  échu  à  Habeneck  ;  mais,  à  l'une  des 
répétitions  générales,  une  discussion  d'une  ex- 
trême violence  s'étant  élevée  entre  Habeneck  et 
Sponlini,  Valentino  fut  chargé  d'en  diriger  l'exé- 
cution, qui  fut  superbe  sous  ses  ordres.  On  assure 
qu'Habeneck  en  conçut  contre  lui  un  vif  ressenti- 
ment, bien  que  Valentino  fût  resté  complètement 
étranger  aux  incidents  qui  s'étaient  produits,  et 
que  les  effets  de  ce  ressentiment  ne  furent  pas 
sans  influence  sur  les  causes  qui  amenèrent,  quel- 
ques années  plus  tard,  la  retraite  de  Valentino. 
Valentino  était  d'ailleurs  un  chef  d'orchestre  de 
premier  ordre.  Doué  d'un  talent  à  la  fois  énergi- 
que et  souple,  soigneux  des  moindres  détails, 
sachant  inspirer  la  confiance  et  le  respect  à  tous 
ceux  qui  étaient  placés  sous  ses  ordres,  il  exci- 
tait non-seulement  l'admiration  du  public,  mais 
celle  de  tous  les  artistes  du  chant,  de  la  danse, 
des  chœurs  et  de  l'orchestre.  D'autre  part,  sa 
nature  bienveillante  et  droite,  son  caractère  ferme 
et  juste  lui  conciliaient  les  sympathies  générales 
et  lui  donnaient  une  grande  autorité  morale. 

C'est  précisément  la  droiture  et  la  fermeté  de 
son  caractère  qui  devinrent  la  cause,  ou  tout  au 
moins  le  prétexte,  de  son  départ  de  l'Opéra. 
Lorsqu'en  1830  le  docteur  Véron  eut  été  appelé 
à  la  direction  de  ce  tbéAtre,  l'un  de  ses  premiers 
soins  fut  de  chercher  à  diminuer  les  traitements 


598 


VALENTINO  ~  VALIQUET 


déjà  si  faibles  des  artistes  de  rorcliestic.  Va- 
lentino  aima  mieux  se  retirer  que  de  paraître 
souscrire  à  une  mesure  qu'il  considérait  conune 
inique.  C'est  alors  que  la  direction  de  l'Opéra- 
Comique,  qui  désirait  se  l'attacher,  lui  fit  faire 
des  offres  avantageuses  et  qui  furent  aussitôt 
acceptées.  Vaienlino  fit  liquider  sa  pension  «^ 
ropéra,  laquelle  fut  fixée  à  1/iOO  francs,  et  alla 
succéder  à  lOpéra-Comique  à  Crémont  (IS.'il). 
Pendant  son  séjour  à  ce  théâtre,  il  se  fil  parti- 
culièrement remarquer  en  dirigeatit,  avec  le  ta- 
lent dont  il  avait  déjà  donné  tant  de  preuves, 
l'exécution  des  deux  admirables  chefs-d'd'uvre 
i'Hérold,  Zampa  et  le  Pré  aux  Clercs,  puis 
celle  de  l'Éclair,  de  Lestocq,  du  Cheval  de 
bronze,  à'Actéon,  des  Chaperons  blancs,  du 
Chalet  et  du  Postillon  de  Lonjumeau. 

Au  bout  de  quelques  années  pourtant,  Va- 
lentino  quittait  l'Opéra-Comique,  et,  après  s'être 
retiré  quelque  temps  à  Chantilly,  il  fondait  en 
1837,  dans  la  salle  Saint-Honoré  (connue  encore 
aujourd'hui  sous  le  nom  de  Salle  Valentino), 
les  premiers  concerts  populaires  de  musique 
classique  qui  aient  été  connus  en  France.  Il  re- 
cruta, au  concours,  un  orchestre  de  85  exécu- 
tants composé  déjeunes  artistes  dont  la  plupart 
se  sont  fait  depuis  lors  un  nom  distingué,  et 
qui,  faisant  leurs  premières  armes  sous  la  di- 
rection d'un  maître  habile,  s'initiaient  à  la  con- 
naissance des  grands  chefs-d'œuvre  de  la  mu- 
sique symphonique.  Il  suffira  de  citer,  parmi  ces 
artistes,  les  violonistes  Maurice  Singer,  Aîné, 
Deloffre,  Armingaud,  les  violoncellistes  Pillet  et 
Offenbach,  les  flûtistes  Rémusat  et  Bauller,  les 
hautboïstes  Verroust  et  Triebert,  le  clarinettiste 
Lecerf,  le  bassoniste  Jancourt,  les  cornistes  Ba- 
neux  père  et  Urbin,  etc. 

Les  concerts  classiques  avaient  Heu  quatre 
fois  par  semaine,  les  lundi,  mercredi,  vendredi, 
et  dimanche,  à  la  salle  Saint-Honoré,  sous  la  di- 
rection de  Valentino  ;  toute  la  musique  de  virtuo- 
sité, solosou  duos  concertants,  était  dirigée  par 
le  second  chef,  Joseph  Habeneck,  frère  du  chef 
d'orchestre  de  l'Opéra;  les  mardis,  jeudis  et 
samedis  étaient  consacrés  à  la  musique  légère, 
et  c'est  un  excelleht  artiste,  Fessy,  qui  tenait 
alors  le  bâton  conducteur.  Les  prix  d'entrée 
étaient  fixés  à  2  francs  pour  les  concerts  classi- 
ques, et  à  1  franc  pour  les  autres  jours.  Par 
malheur,  Valentino  avait  devancé  son  temps,  et 
le  moment  n'était  pas  encore  venu  de  faire  en- 
tendre au  public  de  la  musique  sérieuse.  Après 
quelque  temps  de  vogue,  le  succès  s'affaiblit  peu 
à  peu,  et  bientôt  la  lutte  ne  fut  plus  possible. 
Bref,  et  au  bout  de  trois  ans  environ,  les  sym- 
phonies die  Beethoven  ayant  drt  céder  la  place 


aux  quadrilles  de  Tolbecque  et  de  Musard,  Va- 
lentino, qui  n'aurait  jamais  consenti  à  diriger 
un  orchestre  de  danse,  se  sépara  de  l'entreprise. 
En  1841,  il  se  retira  déliuilivement  à  Versailles, 

C'est  là  qu'en  1840  Léon  Pillet,  alors  direc- 
reclenr  de  l'Opéra,  alla  lui  proposer  de  rentrer  à 
ce  théâtre  pour  y  monter  Robert  Bruce,  la  santé 
chancelante  d'Habeneck  ne  lui  permettant  plus 
de  conserver  ses  fonctions.  Léon  Pillet  offrait  à 
Valcnlinoun  traitomentannuel  de  15,000  francs, 
avec  une  représentation  à  bénéfice;  mais,  au  re- 
gret de  tous  les  artistes  qui  l'avaient  connu,  Va- 
lentino, déjà  vieux  à  celte  époque,  ne  put  se  dé- 
cider à  quitter  sa  retraite  et  à  rentrer  dans  la 
vie  active.  Cet  artiste  remarquable  est  mort  à 
Versailles,  le  28  janvier  1865,  âgé  de  près  de 
quatre-vingts  ans. 

VALEj\ZA  (Achille),  compositeur  italien, 
réinpiissait  en  1872  les  fonctions  de  chef  d'or- 
chestre au  petit  théâtre  delà  Fenice,  de  Naples. 
Le  2  juin  18C6  il  avait  fait  représenter  sur  ce 
théâtre  nn  opéra  en  3  actes,  le  Fate,  qui  avait 
été  accueilli  avec  faveur;  il  écrivit  ensuite  la 
musique  d'une  féerie  intitulée  il  Finimondo,  qui 
fut  donnée  sur  la  même  scène  le  25  septembre 
1872. 

VALIQUET  (H ),  pianiste,   professeur 

et  compositeur  français,  s'est  surtout  adonné  à 
la  composition  de  petites  études  et  de  petits 
morceaux  faciles,  écrits  spécialement  en  vue  des 
enfants.  On  peut  citer,  entre  autres,  les  recueils 
suivants  :  les  Grains  de  sable,  G  morceaux  sur 
les  cinq  notes,  op.  17;  les  Brins  d'herbe,  6  pe- 
tits morceaux  faisant  suite  aux  Grains  de  sa- 
ble; Contes  de  Fées,  n  petits  morceaux,  op.. 
18;  les  Soirées  de  famille,  id.,  oi).  19;  les 
Premiers  Pas,  15  éludes  très- faciles  pour  les 
petites  mains,  op.  21;  le  Progrès,  15  études  très- 
faciles  pour  les  petites  mains,  op.  22  ;  le  Succès, 
15  éludes  progressives  pour  les  petites  mains, 
op.  23;  les  Refrains  de  l'enfance,  petites  trans- 
criptions variées;  Chansons  de  Nadaud,  12  pe- 
tites fantaisies  sans  octaves  ;  Récréations  reli- 
gieuses, 25  canti(jues  célèbres  ;  Concerts  des 
Bouffes,  24  petites  fantaisies  sans  octaves,  op. 
37;  Exercices  rhythmi<jues  eu  mélodiques  du 
premier  âge;  le  Berquin  des  pianistes,  12  pe- 
tits morceaux  ;  École  concertante  des  petites 
mains,  12  morceaux  à  4  mnins;  la  Moisson 
d'or,  25  pelit-s  morceaux  très-faciles,  op.  41; 
la  Nouvelle  3toisson  d'or,  id.,  elc.  Valiifuet  a 
publié  aussi  un  grand  nombre  de  transcriptions 
et  fantaisies  détachées  sur  des  airs  d'opéras. 
Cet  artiste,  qui  avait  été  l'élève  de  Choron,  est 
mort  à  Paris,  au  mois  d'avril  1879,  à  l'âge  de 
soixante-deux  ans. 


VAN  DE  VYVERE    -  VAN  DEN  I300RN 


590 


VAIS  DE  VYVERE  (Edouard-François), 
prêlre  et  (oinpositeur  belge  contemporain,  né  à 
Waeisthoot,  a  fait  son  éducation  musicale  à 
Gand,  sous  la  direction  d'un  luofosscur  nommé 
Alsters,  et  s'est  perfectionné  ensuite  par  la  lec- 
ture (les  ouvrages  des  auteurs  allemands  et 
français.  Nommé  en  1839  professeur  de  musi- 
(|ue  à  l'école  normale  épiscopaie  de  Saint-Nico- 
las, il  quitta  cette  position  en  1S47.  Il  est  au- 
jourd'hui curé  à  NieuKerken.  M.  Van  de  Vyvere 
s'est  fait  connaître  par  la  publication  de  diver- 
ses compositions  religieuses,  dont  les  plus  im- 
portantes sont  une  messe  h  3  voix  avec  orgue, 
uu  recueil  de  4  motets  à  3  voix  avec  orgue,  et 
une  cantate  pour  la  f'  communion,  avec  piano. 
On  lui  doit  aussi  plusieurs  chœurs  à  4  voix  sans 
accompagnement,  et  quekjues  productions  de 
moindre  importance. 

VAIV  DE  WEYElt  (Jean-Sylvain),  homme 
d'État  belge,  ancien  ministre  plénipotentiaire  à 
Londres,  né  à  Louvain  le  l'J  janvier  1802,rnorl 
à  Londres  le  23  mai  1874,  est  l'auteur  d'un 
écrit  rarissime  :  Lettres  sur  les  Anglais  qui 
ont  écrit  en  français  (Londres,  petit  in-8°,  tiré 
h  25  exemplaires  seulement).  On  trouve  dans 
cet  opuscule  une  biographie  de  Thomas  Haies, 
connu  sous  le  nom  de  iVHèle,  d'Hèle  l'excenlri- 
fiue,  qui  fournit  à  Grélry  les  livrets  de  trois  de 
ses  opéras,  et,  chemin  faisant,  l'auteur  donne  des 
détails  intéressants  sur  l'état  de  la  musique  au 
temps  du  célèbre  compositeur  liégeois. 

*  VAIN  DElN  ACîiESV  (Jean),   composi- 
teur belge  contemporain,  a  occupé  pendant  plu- 
sieurs années  les  fonctions  de  chef  d'orchestre 
au  théâtre  flamand   d'Anvers,  sur  lequel  il   a 
fait  représenter  les  opéras  suivants  :  1°    Vijf 
janr  gewaclit,  un  acte,   9  décembre  1855;  2° 
Ten  aventuur  van  Keizer  Karel,  un  acte,  23 
janvier  1856;  3°   De   Dorpsmeeting,  nn  acte, 
21  octobre  1857  ;  4"  De  Zinnelooze  Van  Ostade, 
un  acte,  G  décembre  1857;  5"   Monr  en    Cris- 
pijn,  5  décembre  1858.';  f."  llomco  en  Mariette, 
un  acte,   26  octobre   1859;  7°   Ilet  Lied  van 
Margot,  2  actes,  2G  octobre  1859;  8»  Nagerons 
de  geiienwaclitsler,  2  actes,  5  janvier  1802;  9" 
Van  Dycii  te   Saventliem,  un  acte,  7  janvier 
1863;  10°    Koppen  en  Lctleren,  un  acte,  12 
novembre  1866. 

VAIN  DEÎN  liEïlGïiE  (Philippe),  compo- 
siteur  amateur  belge,  né  à  Menin  en  1822,  étu- 
dia très-sérieusement  la  musique  tout  en  fai- 
sant ses  études  littéraires  au  collège  de  Namur 
et  à  l'Université  de  Louvain.  Plus  tard,  il  con- 
nut Thalberg  et  M.  Henri  Herz,  qui  lui  donnè- 
rent de  bons  conseils,  reçut  des  leçons  d'orgue 
et  de  contre-point  de  M.  Ferdinand  Ililler,  et 


enfin  établit  des  rel.Uinns  qui  ne  lui  furent  pas 
inutiles  avec  F.  KiunstedI,  Schuloff  et  Dreys- 
cliocl<.  Comme  virtuose  sur  le  piano,  M.  Van 
den  Berghe  s'est  fait  entend le  non-seulement 
en  Belgique,  mais  à  Paris  et  à  Londres  ;  comme 
compositeur,  il  a  publié,  entre  autres  œuvres  : 
i8  Études  de  genre  pour  orgue  ;  Études  de  con- 
cert pour  piano  ;  Concei  to  pour  le  piano  ;  Pré- 
ludes et  fugues  pour  orgue,  et  un  grand  nombre  ' 
de  morceaux  détachés  pour  le  piano.  On  connaît 
encore  de  lui  un  Te  Deum  ;  G  messes;  de  nom- 
breux motets;  des  versets  pour  orgue;  des 
psaumes  ;  plusieurs  cantates  avec  orchestre  ;  24 
Études  caractéristi(iues  pour  le  piano;  entin  des 
quatuors,  des  sonates,  des  fugues,  des  chœurs. 

VA1>  DE?f  BOGAEHDE(GniSEERT),  fac- 
teur de  clavecins,  né  à  Gand  dans  la  première 
moitié  du  seizième  siècle,  alla  s'établir  à  Anvers. 
En  1558  il  se  faisait  inscrire  dans  la  gilde  de 
Saint-Luc,  et  le  3  mars  de  l'année  suivante  il 
était  reçu  dans  la  bourgeoisie  d'Anvers, 

VAIV  DEN  Ii001\l\  (Jean),  né  à  Grons- 
veld  (Limbourg  hollandais)  en  1826,  fit  ses  étu- 
des au  Conservatoire  royal  <le  Liège  [dirigé  par 
Daussoigne-Méhul,  et  y  remporta  le  1"  prix 
de  piano.  Il  vint  ensuite  habiter  Paris,  dont  le 
séjour  eut  la  plus  heureuse  iniluence  sur  le  dé- 
veloppement de  son  talent,  et  où  il  publia  (chez 
Heugel)  son  premier  morceau  de  concert  :  la 
Ptage,  dédié  à  son  maître  M.  J.  Jalhenu.  Re- 
venu à  Liège,  il  s'y  lit  fréquemment  entendre 
dans  les  concerts,  organisa  des  séances  de  mu- 
sique classique  avec  M.  Jebin-Prume,  violoniste, 
M.  Léon  Massait,  violoncelliste,  et  d'autres  ar- 
tistes ,  et  s'y  créa  une  brillante  réputation  par 
son  interprétation  élevée  des  maîtres  de  l'art. 
Il  fit  également  apprécier  son  talent  à  Bruxelles 
(salle  d'Harmonie),  à  Spa,  où  il  joua  fréquem- 
ment, et  parcourut  .succcssiveinefltune  partie  de 
la  Hollande,  de  l'Allemagne,  de  la  Suisse  et  de 
l'Angleterre.  A  Aix-la-Chapelle,  Wiesbade,  Ge- 
nève et  Londres  notamment,  ses  qualités  artis- 
tiques furent  des  mieux  accueillies.  Établi  à 
Liège  depuis  nombre  d'années,  M.  J.  Van  den 
Boom,  malgré  le  professorat,  n'a  cessé  de  se 
produire  chaque  hiver  dans  les  principaux  cer- 
cles, tels  que  l'Union  des'arlistes,  la  Légia  (cé- 
lèbre société  chorale),  etc.  Les  morceaux  com- 
posés par  cet  artiste  qui  ont  obtenu  le  plus 
grand  succès,  sont  des  duos  pour  piano  et 
haimonium,  où  les  qualités  respectives  des 
deux  instruments  sont  habilement  mises  en  re- 
lief. Y. 

VAN  DEN  BOORN  (Edouard),  frère  du 
précédent,  né  à  Gronsveld  en  1829,  fit  ses  études 
au  Conservatoire  royal  de  Liège,  et  y  remporta 


GOO 


VAN  DEN  BOORN  —  VAN  DEN  DRIES 


le  1*'  prix  (le  piano.  Sans  cesser  de  cultiver  cet 
insliument,  il  s'attacha  en  même  temps  à  l'étiiile 
de  l'harmonium,  dont  il  sut  bientôt  saisir  le  vé- 
ritable caractère  et  déployer  toutes  les  res- 
sources artistiques.  Il  composa  plusieurs  mor- 
ceaux pour  ce  dernier  instrument.  Ceux  qui  ont 
été  joués  avec  le  plus  de  succès  par  l'auteur 
ont  pour  titres  :  Rayon  d'espoir,  Dans  les  mon- 
tagnes.  Grand  caprice  de  concert,  etc.  Plu- 
sieurs transcriptions  ingénieuses  de  quelques- 
unes  des  principales  pages  de  Mozart,  de  Beetiio- 
ven  et  autres  grands  maîtres,  et  leur  exécu- 
tion colorée  ne  contribuèrent  pas  peu  à  faire 
connaître  le  goût  pur  et  élevé  de  l'artiste. 

M.  E.  Van  den  Boom  voyagea  avec  son  frère 
et  partagea  ses  succès,  jouant  tour  à  tour 
de  l'orgue  ou  du  piano.  Cet  artiste  est  égale- 
ment connu  comme  littérateur  et  critique  musi- 
cal. 11  a  collaboré  successivement  à  la  Revue 
musicale  de  Bruxelles,  au  Moniteur  des  Théâ- 
tres de  la  même  ville,  à  l'Europe  artiste  de 
l'aris,  au  Ménestrel^  et  a  donné  de  nombreux 
articles  de  musique  au  journal  la  Meuse  de 
Liège,  et  au  Courrier  de  la  Meuse.  Enfin  il  a 
obtenu,  en  1858,  la  médaille  d'or  au  concours 
institué  par  la  Société  d'émulation  à  Liège  sur 
cette  question  :  De  Vinjluence  réciproque 
de  l'industrie  sur  les  Beaux-Arts,  et  des 
Beaux- Arts  sur  riadust rie  (1  vol.  in-12,  Liège, 
imprimerie  de  L.  de  Thier  et  Lovintorse,  1861). 
M.  E.  Van  den  Bourn  s'est  distingué  aussi 
comme  poète,  dans  des  hommages  rendus  à  la 
mémoire  de  Meyerbeer,  Moschelès,  Rossini  et 
autres  grands  maîtres.  Son  hommage  à  Rossini 
a  étédéclamé  au  Théâtre-Royal  de  Liège,  ainsi  que 
la  pièce  adressée  à  Adeliiia  Palti.  Son  poème  à 
la  mémoire  de  Fétis  tut  récité  par  M.  Kronké  à 
la  Société  de  l'Union  des  artistes,  de  Liège.  Cette 
dernière  piècef  ainsi  que  celles  dédiées  à  Rossini 
et  à  la  Patti,  figurent  dans  les  A  nnales  de  C  Union 
des  altistes.  Celle  sur  Meyerbeer  a  été  publiée 
dans  le  journal  la  Comédie,  de  Paris.  Un  autre 
poëme  sur  la  symphonie  de  Ralf  inlilulée 
Im  Walde,  exéculée  pour  la  1"  fois  à  S|)a,  a 
paru  dans  les  journaux  de  celte  ville.  Dans 
une  séance  de  l'Union  des  artistes,  M.  E.  Van 
den  Boom  a  lu  lui-mêrne  un  grand  poi-mc  musi- 
cal qui  a  pour  titre  VAlpcnhurn  (leCor  desAlpes). 
La  plupart  de  ces  pièces  ont  paru  dans  les 
journaux  de  Liège.  M.  E.  Van  den  Boom  se  pro- 
pose d'en  publier  un  recueil  complet.  —  Y. 

VAIXDE.^  BOSCH  (PiiciiRF.-JosEr-u),  cla- 
veciniste distingué  et  organiste  de  la  cathédrale 
d'Anvers,  naquit  à  liobokcn  eu  1730  et  se  fixa 
en  1762  à  Anvers,  oii  il  devint,  trois  ans  après, 
organiste  de  la  cathédrale,  conservant  cel  em- 


ploi jusqu'en  1797.  On  vantait  beaucoup  le  ta- 
lent de  cet  artiste,  dont  l'habileté  sur  la  pédale 
était  prodigieuse,  et  qui,  excellent  musicien,  de- 
vint l'accompagnateur  de  tous  les  concerts.  Il 
exerça  une  grande  influence  sur  le  mouvement 
musical  à  Anvers,  et  son  Jugement  était  considéré 
comme  infaillible.  «  Quand  un  artiste  étranger 
venait  se  produire  aux  concerts,  dit  M.  Ed.  Gre- 
goir  {Artistes  musiciens  belges),  Yiu\  den  Bosch 
donnait  le  mot  d'ordre.  Il  occupait  ordinairement 
une  place  fixe  aux  couceris,  et  le  public  avait 
l'aîil  sur  lui;  aussi  le  succès  de  l'artiste  dépendait 
des  signes  d'approbation  ou  de  désapprobation 
de  Van  den  Bosch  ;  un  mouvement  décisif  de  sa 
part,  et  le  public  acclamait  avec  frénésie  le  ta- 
lent de  l'artiste.  Jamais  nous  n'avons  vu  une 
pression  aussi  influente  que  celle  de  notre  or- 
ganiste. » 

Il  paraît,  néanmoins,  que  le  mérite  de  Van 
den  Bosch,  très-réel  au  point  de  vue  de  l'exécu- 
tion, était  mince  en  ce  qui  concerne  la  compo- 
sition. Ses  œuvres,  consistant  en  sonates  et 
concertos,  sont  absolument  médiocres,  soit 
qu'on  en  considère  l'harmonie,  le  sentiment 
personnel  ou  la  forme  générale,  et  la  simplicité 
en  est  par  trop  élémentaire.  Cet  artiste,  dont  la 
valeur  semble  avoir  été  surfaite  de  son  vivant, 
mourut  à  Anvers  le  19  février  1803. 

*  VAl^DElN'IlUOIîCïv  (OxnoN-JosEPH), 
virtuose  sur  le  cor  et  compositeur,  ancien  pro- 
fesseur au  Conservatoire  de  Paris.  — Au  nombre 
des  ouvrages  écrits  par  cet  artiste,  il  faut  ajouter 
les  deux  suivants  -.le  Codicile  ou  tes  Héritiers, 
o|)éra-comiqiie  en  un  acte  représenté  au  théâtre 
Montansier  le  5  août  1793  ;  et  l'Anniversaire 
ou  la  Fêle  de  la  Souveraineté,  scène  lyrique 
exécutée  au  théâtre  de  l'Ambigu-Comique  le 
30  ventôse  an  VI. 

VAIS  13EÎ\  DlîïLS  (Jean),  flûtiste  et  com- 
positeur belge  contemporain,  né  à  Anvers,  a  été 
attaché  pendant  plusieurs  années  eu  qualité  de 
flûtiste  au  théâtre  royal  de  celte  ville.  Comme 
compositeur,  on  lui  doit  une  cantate  pour  voix 
seules  et  chœurs,  exéculée  à  Deuriie,  une  grande 
scène  pour  chœurs,  orchestre  et  orgue,  et  un 
chant  patriotique  intitulé  :  Hommage  à  S.  M. 
Leopold  H.  lia  publié  plusieurs  motets  avec  or- 
chestre, diverses  autres  compositions  religieuses  , 
des  mélodies  vocales,  et  quehpies  morceaux 
pour  |)iano,  pour  flûte  et  pour  cornet  à  pistons. 
Dans  ces  dernières  années,  M.  Van  den  Dries 
est  devenu  direclcur-gèrant  du  journal  l'Escaut, 
l'une  des  principales  feuilles  politiques  d'Anvers, 
et  il  publie  depuis  lors  dans  ce  journal  d'assez 
nombreux  articles  de  critique  musicale  et  théâ- 
trale. ,    , 


VANDEN  EEDEN  -  VAN  DER  LINDEN 


601 


VAINDEÎV  EEDEN  (Jean-Baptiste),  com- 
posilt'ur  bclj;e,  né  à  Gand  le  26  décembre  18V2, 
a  fait  do  brillantes  éludes  au  Conservatoire  de 
sa  ville  natale,  et  a  concouru  ensuite  à  Bruxelles 
pour  le  prix  de  Rome.  Dès  son  premier  con- 
cours, en  1S65,  il  obtenait  le  second  prix,  su- 
bissait inutilement  une  seconde  épreuve  en 
1807  (le  concours  de  Rome  n'a  lieu  en  Belgiijue 
que  tous  les  deux  ans),  enfin  en  1869  se  voyait 
décerner  le  premier  prix  pour  sa  canlale  lla- 
niande  :  Faust'laalste  Nalclit  (la  Dernière 
Nuit  de  Faust).  Depuis  lors,  M.  Vanden  Eeden 
a  écrit  cl  fait  exécuter  à  Anvers,  pour  l'inaugu- 
ration au  théâtre  de  cette  ville  de  la  statue  d'Al- 
bert Grisar,  une  cantate  qui  a  produit  une  bonne 
impression,  puis  il  a  fait  entendre  à  Gand  un 
scherzo  symphonique,  et  aux  Concerts  populaires 
de  Bruxelles  un  morceau  d'orchestre  intitulé 
Marche  des  esclaves.  On  connaît  aussi  de  lui 
un  oratorio,  le  Jugement  dernier,  qui  a  élé  exé- 
cuté à  Malines,  le  4  septembre  1807,  à  l'une  des 
séances  du  congrès  catholique  qui  se  tenait  ators 
en  cette  ville,  un  ouvrage  intitulé  Brutus  et 
qualifié  d'«  oratorio  historique  »  et  une  composi- 
tion symphonique  ayant  pour  titre  la  Lutte  au 
XVI'  siècle. 

Parmi  les  composilions  publiées  de  cet  ar- 
tiste, je  signalerai  les  suivantes  :  Judith  ou  le 
Siège  de  Bétkulie,  grande  scène  à  3  voix  ;  les 
Couronnes,  chicur;  Vaderlandsche  volksUede- 
ren,  c  chants  patriotiques;  sonate-offertoire, 
pour  orgue  ;  4  préludes  pour  le  même  instrument  ; 
et  quelques  morceaux  détachés  pour  piano. 

M.  Vanden  Eeden  est  aujourd'hui  directeur 
de  l'École  de  musique  de  Mons. 

VAIV  DEIX  ELSCBE  ou  VAN  ELSEN 
(Jacqlks),  fut  l'un  des  derniers  facteurs  de  cla- 
vecins qui  exercèrent  leur  profession  il  Anvers, 
où  il  se  lit  recevoir,  en  171 7,  dans  la  gilde  de 
Saint-Luc.  Il  vivait  encore  en  cette  ville  en  17;)1. 

*  VAN  DEN  GIIEVN  (Mattuias),  célèbre 
organiste,  claveciniste  et  carillonneur  belge. 
M.  Van  Elewyck  (Voy.  ce  nom),  qui  s'est  pris 
d'une  véritable  passion  pour  la  mémoire  de  cet 
artiste  remarquable,  a  publié  sur  lui  une  notice 
importante  :  Matthias  Van  den  Gheyn,  le  plus 
grand  organiste  et  carillonneur  belge  du 
18^  siècle,  et  les  célèbres  fondeurs  de  cloches 
de  ce  nom  depuis  \iibOj%isqu'à  nos  jours,  Pa- 
ris, Lethielleux,  1802,  in-8°.  Le  même  écrivain 
a  publié  un  choix  de  compositions  de  ce  maître  : 
Matthias  Van  den  Gheyn,  le  plus  grand  orga- 
niste belge  du  XVIIP  siècle,  recueil  de  pro- 
ductions légères  pour  piano  ou  pour  orgue, 
publié  par  Xavier  Van  Elewyck,  Bruxelles, 
Schott,  ia-f°.  Enfin,  M.  Van  Elewyck  a  consacré 


à  Van  don  Gheyn  tout  le  premier  volume  de  sa 
balle  Collection  d'œuvres  composées  par  d'an- 
ciens et  de  célèbres  clavecinistes  flamands 
(Bruxelles,  Schott,  iu-f")  ;  ce  volume  contient 
6  suites  de  pièces  de  clavecin,  op.  3,  6  Diverti- 
menti  pour  le  môme  instrument,  2  préludes 
pour  orgue,  et  2  préludes  pour  carillon. 

*  VANDER  DOES  (Charles),  pianiste 
néerlandais  fort  distingué  et  compositeur  dra- 
ruatique,  ancien  professeur  de  piano  à  l'tlcole 
de  musique  de  la  Haye,  commissaire  royal  des 
pensionnaires  du  roi  des  Pays-Bas,  et  président 
de  l'Association  des  artistes  musiciens  de  la 
Haye,  est  mort  en  cette  ville  le  30  janvier  1878. 
11  était  né  à  Amsterdam  le  6  mars  1817,  et  non 
en  1821,  ainsi  qu'd  a  été  dit. 

VAN  DEU  ELST  (Aert  ou  Arnold),  fac- 
teur de  clavecins  à  Anvers,  fut  inscrit  sur  les 
registres  de  la  corporation  de  Saint-Luc  en  157C. 

VAN  DER  GIJIi>STE(PuiUiE),  composi- 
teur belge,  né  àCourtraien  1789,  est  l'auteur 
du  premier  opéra  composé  sur  des  paroles  tla- 
mamles  et  ainsi  présenté  au  public  (1).  Cet  ou- 
vrage avait  pour  titre  :  Het  pruissisch  Soldaten 
Kwariier,  et  fut  joué  pour  la  première  fois  en 
1810,  à  Courtrai.  Van  der  Ghinste,  qui  lut  pen- 
dant de  longues  années  maître  de  chapelle  de 
la  grande  église  de  Courtrai,  mourut  dans  sa 
ville  natale  le  21  octobre  1861.  On  connaît  de 
lui  les  compositions  suivantes  :  l^e  messe  à 
3  voix,  avec  orgue  (Courlrai,  l'auteur);  Missa 
pro  defunctis,  à  3  voix  (en  manuscrit)  ;  3*  messe 
(en  manuscrit);  Missa solemnis  (en  manuscrit); 
Ave  Maria  avec  orchestre  (en  manuscrit)  ;  Be- 
ginu  cceli  à  3  voix,  avec  orgue;  12  pièces  fa- 
ciles pour  piano  (Courtrai,  l'auteur);  thème 
varié  pour  piano  ou  harpe. 

VANDER  HAGEN  (Armand),  clarinettiste 
et  compositeur  belge,  né  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle,  vint  s'établir  j\  Paris,  où  ii  fit 
[)arlie  de  ,1a  musique  de  la  garde  des  consuls. 
H  publia  un  recueil  de  Douze  petits  airs  et  six 
duos  pour  2  flûtes,  un  autre  recueil  de  Duos 
pour  G  fiâtes  tirés  des  opéras-comiques  ;  puis 
les  airs  d'une  Folie,  deMéhul,  mis  en  harmonie, 
et  les  airs  de  Picaros  et  Diego,  de  Dalayrac, 
mis  en  harmonie.  Cet  artiste  mourut  à  Paris  en 
1822;  il  était  alors,  depuis  plusieurs  années, 
attaché  à  l'orcheslre  de  la  Comédie-Française 
en  qualité  de  seconde  clarinette. 

VAN  DER  LINDEN  (C ),   composi- 


(I)  Un  autre  musicien  belKC  Pierre  Verheycn,  né  à 
G;ind  en  1780  et  raort  en  iSlï,  avait  composé,  antérieure- 
ment à  Van  der  Ghinste,  un  opéra  flamand  :  De  Jagt- 
partij  van  llendrih  /f ,  mais  cet  ouvrage  ne  fut  Jamais 
rcproenté. 


602 


VAN  DEi;  LINDFN  —  VANDERSTRAETEN 


tour  néerlandnis,  est  né  à  Dordrechten  1839,  et 
montra  dès  sa  plus  tendre  enfance  de  rares 
dispositions  musicales.  A  l'âge  de  sept  ans,  et 
sans  avoir  travaillé  avec  aucun  professeur,  il 
composait  de  petils  cfiœurs  à  quatre  parties. 
A  dix  ans,  il  fut  présenté  à  Coiime,  directeur 
de  musique  à  Dordrecht,  qui  lui  donna  des  le- 
çons d'harmonie  et  de  contre-point  pendant  plu- 
sieurs années,  et  il  prit  en  même  temps  des  le- 
çons de  piano  de  M.  J.  Kwast. 

Après  avoir  fini  ses  études,  il  fit  un  voyage 
artislique  à  Bruxelles,  Liège  et  Paris,  et  re- 
tourna en  18f)2  à  Dordrecht,  pour  y  fixer  sa 
résidence.  11  y  dirigea  plusieurs  sociétés  cho- 
rales, la  société  philharmonique  KunstmineiVà 
musique  militaire  de  la  garde  nationale.  Actuel- 
lement il  fait  partie  du  comité  de  la  Société  des 
artistes  musiciens  néerlandais,  et  en  est  un  dis 
membres  les  plus  actifs. 

M.  Van  der  Linden  a  composé  deux  opéras, 
Téniers  et  le  Mariage  au  tambour,  qui  n'ont 
pas  été  représentés  ;  il  a  écrit  des  ouvertures 
pour  orchestre,  des  ouvrages  pour  chœurs  et  or- 
chestre, des  mélodies,  et  des  arrangements  pour 
musique  militaire.  C'est  un  jeune  musicien  fort 
estimé.  Éd.  de  H. 

♦  VANDER  PLA3fCKE:V  (Corneille,  et 
'non  CiivRLEs),  violoniste  et  clarinettiste,  était  né 
à  Bruxelles  non  le  22,  mais  le  23  octobre  1772, 
et  mourut  en  cette  ville  non  au  mois  de  janvier, 
mais  le  9  février  18'i9. 

*  VA!\DERSTUAETETV  (Edmond),  et  non 
Vanderstraet  (I),  écrivain  musical  belge,  est 
né  à  Audenarde  le  3  décembre  1826.  Il  fit  ses 
premières  études  littéraires  au  collège  d'Alost, 
et  termina  son  éducation  à  l'Université  de  Gand. 
Voici  la  liste  de  ceux  de  ses  ouvrages  qui  ont  la 
musique  pour  objet  :  1°  Coup  d'œilsîir  la  mu- 
sique actuelle  à  Audenarde.  Ce  que  nous 
sommes,  ce  que  nous  pouvons  devenir,  Aude- 
narde, Rousse,  1851,  in-12;  2°  Notice  sur 
Charles-Félix  de  Hollnndre,  compositeur  de 
musique  sacrée,  Gand,  de  Busscher,  1854,  in-S"  ; 
3°  Notice  sur  les  carillons  d'Audenarde,  id., 
id.,  18.55,  in-S"  ;  4"  Recherches  S2tr  la  musique 
à  Audenarde  avant  le  XIX^  siècle,  Anvers, 
Buschmann,  1856,  in-S"  ;  5°  Examen  des  chants 
populaires  des  Flamands  de  France,  publics 
par  E.  de  Cousscmaher,  Gand,  Hebbelynck, 
1858,  in-8°;  C  Jacques  de  Goiiy,  chanoine 
d'Embrun,  Anvers,  Buschmann,  1863,   in-S"; 


(1)  II  est  difficile  de  fixer  au  Juste  l'orlhcsr.iphe  du  num 
de  eelécrl»alu,  car  M  signe  tantôt  fandenlraeten  en  un 
seul  mot,  tantftt  frauder  Straeten  en  deux  mnts,  et  ses 
livres  mCme  prodalsent  i  tantôt  l'uiic,  tantôt  l'autre 
forme  de  son  Dom. 


7"  Jean-François-Joseph  Janssens,  composi- 
teur de  musique,  Bruxelles, Sannes,  18G6,  in-12; 
8°  la   Musique   aux    Pays-Bas,   documents 
inédits  et  annotés,  Bruxelles   1SG7-1880,  5  vol. 
in-S"  (ouvrage  non  encore  terminé)  ;  9"  le  Noor- 
dsche  Balck  [instrument  à  cordes]  du  Musée 
communal    d'Ypres,    Ypres,    La    Fontcyne, 
1808,  in-S°  ;   10"  Wagner,  Verslag  aan  den 
heer  ministervan  Binnenlandsche  Zaken  (rap- 
port au  ministre  de  l'intérieur  sur  les  fêtes  wa- 
gnériennes  de  Weiraar,  écrit  en  français   par 
l'auteur  et  publié  en  une  traduction  flamande 
due  à  MM.  Julius  Host  et  Jean  Van  Droogon- 
broeck,  dit  Ferguut),  Bruxelles,  de  Ries,  1871, 
in-lG;  11°  le  Théâtre  villageois  en  Flandre, 
Bruxelles,  Glaassen,  1874,  t.  I,  in-8»  (ouvrage 
non  encore  terminé);  12"  les  Musiciens  belges 
en  Italie,  rapport  à  M.  le  ministre  de  l'inté- 
rieur, Bruxelles,  1875,  in-S";  13"  Sociétés  dra- 
matiques des  environs  d'Audenarde,  Gand,  de 
Busscher,  in-S";  14"  Voltaire  musicien, Pàùs, 
Baur,  1878,  in-8";  15"  la    Mélodie  populaire 
dans  l'opéra  Guillaume  Tell  de  Rossini,  Paris, 
Baur,  1879,  in-8';  IG"  Lohengrin,  Instrumenta- 
tion et  philosophie,  Paris,  Baur,  1879,  in- 12  ; 
17°  Turin  musical,  pages  détachées;  Chan- 
sons populaires  ;  Concerts  ;  Théâtres  lyriques  ; 
Critique  musicale;    Wagnérisme;   Audenarde, 
Van  Eechante,  1880,  in-8». 

Après  avoir  quitté  la  Belgique  il  y  a  quelques 
années,  M.  Vanderstraeten  s'était  fixé  à  Dijon, 
qu'il  habita  pendant  assez  longtemps,  bien  que 
ses  sympathies  et  son  estime  pour  la  France 
soient  beaucoup  plus  que  médiocres-,  en  effet, 
malgré  l'accueil  courtois  qu'il  a  toujours  reçu 
en  ce  pays,  il  le  considère  ouvertement  comme 
le  réceptacle  de  toutes  les  hontes  et  de  toutes 
les  décadences,  et  ne  laisse  guère  échapper  l'oc- 
casion de  le  traiter  avec  le  dédain  le  plus  mé- 
prisant, le  rejetant  sans  façon  au  rang  le  plus 
infime  des  nations  prétendues  policées;  aux 
yeux  de  ce  gallophobe  enragé,  évidemment 
désolé  d'être  obligé  d'employer  la  langue  fran- 
çaise pour  se  faire  comprendre  de  ses  compa- 
triotes, l'Allemagne  représente  seule,  dans  l'u- 
nivers, la  civilisation,  la  probité,  la  grandeur  et 
l'intelligence.  Cela  ne  l'a  pas  empêché,  comme 
je  l'ai  dit,  de  séjourner  pendant  quelques  an- 
nées à  Dijon,  après  quoi  il  est  retourné  à  Bru- 
xelles, oii  il  réside  aujourd'hui  de  nouveau. 
On  a  publié  sur  cet  'écrivain  un  petit  pamphlet 
ainsi  intitulé  :  A  Monsieur  Edm.  Vander  Strae- 
ten, commis  aux  archives  du  royaume;  cet 
écrit,  qui  forme  une  demi-feuille  d'impression, 
soit  8  pages  in-8°,  est  signé  :  J.  Lewardt,  et  dal.- 
de  Bruxelles,  14  mai  1869.  Une  notice  sur  le  même 


VANDERSTRAETEN  —  VAN  DUYSE 


603 


artiste,  écrite  en  français  par  M.  Meerens  {Voy. 
ce  nom),  mais,  jeciois,  non  publiée,  a  (!'té  tra- 
duite en  italien  par  M.  G.  Muzzi  et  imprimée  à 
Rome  en  1877. 

VAI>i  Di:i\  STiJCKEIX  (Franck),  jeune 
compositeur  né  à  Fréilcrickburg  (Texas),  au  mois 
d'octobre  1SÔ8,  d'un  père  belge  et  d'une  mère 
allemande,  fut  amené  à  Anvers  à  l'Age  de  sept 
ans,  et  commençait  deux  ans  après  l'étude  du 
violon.  Il  avait  écrit  déjà  quelques  composi- 
tions lorsqu'il  se  fit  admettre  au  Conservatoire 
de  cette  ville,  où  il  devint  en  1873  l'élève  de 
M.  Pierre  Benoit.  Bien  que  M.  Van  der  Stii(;kea 
soit  encore  à  l'heure  présente  assis  sur  les  bancs 
de  l'école  (I878),  il  s'est  cependant  produit  à 
plusieurs  reprises  comme  compositeur.  Entre 
autres  œuvres,  on  connaît  de  lui  :  la  musique 
d'un  ballet  qui  a  été  représenté  au  théâtre  royal 
d'Anvers  vers  1875;  un  Te  Deum,  exécuté 
phisieurs  fois  à  l'église  Saint-Jacques  de  cette 
ville;  une  marche  pour  l'anniversaire  de  la  fon- 
dation de  l'école  allemande;  une  cantate  an- 
glaise, the  last  Jiidgement  {le  Jugement  der- 
nier), exécutée  par  les  soins  de  la  colonie  an- 
glaise d'Anvers  ;  divers  chœurs  pour  voix  d'hom- 
mes ou  d'enfants;  enfin,  de  nombreuses  mélo- 
dies vocales,  <lont  six  en  un  recueil  publié  par 
l'éditeur  M.  Schlesinger,  de  Berlin. 

VAJ\DERSYPE]\(CHARLEs),néàBruxelles 
le  4  décembre  1818,  attaché  aux  archives 
de  l'hôtel  de  ville  de  Bruxelles,  a  publié,  en 
1880,  chez  Bruyiant-Christophe  en  cette  ville,  un 
volume  in-8°  de  142  pages,  orné  de  7  gravures 
(portraits,  médailles,  vues,  musique,  etc.)  et  ayant 
\Mnït\lre  lia  Brabançonne,  chant  national  de 
la  Belgique,  avec  la  biographie  des  deux  auteurs, 
l'un,  Jenneval,  poète  et  artiste  dramatiijiie  fran- 
çais, qui  fut  tué  en  octobre  1830  en  combattant 
avec  les  patriotes  belges  contre  les  Hollandais; 
l'autre,  François  Campenhout,  chanteur  et  com- 
positeur, sur  lequel  l'écrivain  donne  des  détails 
très-curieux  et  pour  la  plupart  inédits.  (V. 
Biographie  tiniverselle  des  Musiciens,  t  II, 
p.  166  et  Supplément,  t.  I,  p.  145.)       • 

F.  D. 

Y^ANDERVELPEN  (Jean-Baptiste),  com- 
positeur belge,  né  à  Malines  le  18  février  1834, 
a  fait  ses  études  musicales  au  Conservatoire  de 
Brnxelles,  où  il  fut  l'élève  de  M.  Lemmens  pour 
l'orgue,  de  Bosselet  pour  l'harmonie,  et  de  Fétis 
pour  la  fugue  et  la  composition.  En  1859,  ayant 
pris  partau  concoursde  Rome,  il  obtintune  men- 
tion honorable,  et  le  second  prix  lui  fut  décerné 
en  18C1,  pour  sa  cantate  intitulé*  Agar  dans  le 
désert.  On  connaît  de  cet  artiste  quelques 
morceaux  de  piano,  des  compositions  pour  mu- 


sique d'harmonie,  et  une  opérette,  le  Voyage  en 
Suisse,  qui  a] été  jouée  à  Arlon  en  1873. 

VAIN  l)i:il  VOOIIT  (JiAN),  facteur  de 
trompettes,  était  établi  en  16'.*.9  à  Anvers. 

VAIN  DIKI'EJMVVCK  (Louis),  facteur  de 
clavecins,  vivait  à  Anvers,  où  il  exerçait  .sa  pro- 
fession, dans  les  dernières  années  du  seizième 
siècle. 

A  A>'  DICTER  est  le  nom  de  toute  une 
famille  de  facteurs  d'oigues,  dont  les  membres 
exercent  cette  profession  depuis  trois  quarts  de 
siècle. 

VanDintei!  (p. -F.),  premier  du  nom,  naquit 
en  1785  à  Rotterdam,  et  alla  s'établir  du  côté 
du  Rhin  avec  un  de  ses  fils.  Il  mourut  à  Tege- 
len  (Limbourg),  le  18  août  1854. 

Vai\  Dimeu  (P. -a.),  son  fils  et  sans  doute 
son  élève,  s'établit  d'abord  à  Tirlemont,  et  plus 
tard,  en  1857,  à  Maeseyck.  On  doit  à  cetartisle 
des  instruments  estimables,  parmi  lesquels  l'im 
(les  meilleurs  était  l'orgue  qu'il  construisit  en 
1854  pour  l'église  Saint-Marlin,  de  Courtray,  et 
qui  fut  détruit  en  186'2  dans  l'incendie  de  cette 
l'glise.  En  1864,  M.  P.-A.  Van  Dinter  avait 
déjà  construit  soixante-quatre  orgues  de  diverses 
dimensions. 

VAN-DiNTEu(il/a^//««.«),  frère  du  précédent  et 
son  élève,  est  depuis  longtemps  déjà  établi  à 
Weert. 

VAN-DiNTER(frfl«fo/s),  frère  des  précédents, 
est,  depuis  longtemps  aussi,  fixé  à  Monhein-sur- 
le-Rhin,  comme  constructeur  d'orgues. 

Un  quatrième  fils  de  P. -F.  Van-Dinter  par- 
tit pour  la  Suisse,  lors  de  la  mort  de  son  père, 
pour  y  terminer  ses  études  dans  la  facture  des 
orgues. 

VAN  DCVSE  (FlorimOxNd),  avocat  belge, 
né  à  Gand  le  4  août  1843  et  inscrit  au  barreau 
de  cette  ville,  n'a  cultivé  la  musique  que  pour 
son  agrément.  Il  n'en  a  pas  moins  reçu  une  édu- 
cation artistique  très-complète,  et  s'est  fréquem- 
ment produit  comme  compositeur.  Élève  du 
Conservatoire  de  Gand,  où  il  a  remporté  un 
prix  d'harmonie,  M.  Van  Duyse  était  très- 
jeune  quand  il  aborda  la  scène,  où  il  s'est  fait 
connaître  par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Teniers 
te  Grimbergen,  Gand,  15  juillet  18C0;  2"  le 
Médaillon  de  Mariette,  Gand,  20  mars 
1861;  3°  Een  die f  in  huis,  un  acte,  Anvers, 
1861  ;  4°  De  Zoete  in  val,  un  acte, Anvers,  Sniars 
l863;ù°Rosalinde,  3  actes,  Anvers,  17  jan- 
vier 1864  ;  6°  De  Nackt,  ode-symphonie, 
1867;  7°  Sa^an,  3  actes  et  prologue,  Gand, 
7  février  1869;  &°  De  Wildstrooper,  2  actes, 
Gand,  6  novembre  1870. 

Après  avoir  fait  représenter  ces  divers  ou- 


604 


VAN  DUYSE  —  VAN  EYREN 


vrages,  M.  Van  Duysc  se  présenta  au  concours 
(le  Rome  en  1873,  et  se  vit  décerner  le  second 
|)ri\  pour  sa  cantate  flamande  :  Torquato 
Tasso's  dood.  Il  a  en  portefeuille  un  opéra  en 
2  actes,  Lena,  non  encore  représenté  jusqu'ici. 
M.  "Van  Duyse  est  fils  d'un  poète  flamand  distin- 
gua^- 

VAI\  EESBUOECK  (Jean),  facteur  fde 
luths,  né  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle  à  Mariakerck,  exerçait  sa  profession  à 
Anvers,  et  l'ut  reçu  bourgeois  de  celte  ville  le 
9  décembre  1583. 

VAÎ\  EIJSDEN  ou  EYSDErV  (Jacques), 
musicien  néerlandais,  né  à  Dordrecht  le 
18  février  1839,  commença  ses  études  musicales 
à  Rotterdam,  se  lit  ensuite  admettre  au  Conser- 
vatoire de  Bruxelles,  puis  eniinalia  achever  son 
éducation  à  Leipzig.  11  revint  à  L'trecht,  s'éta- 
blit auprès  de  sa  famille,  fit  partie  en  cette  ville 
d'une  société  de  musique  de  chambre,  et  publia 
diverses  compositions  :  Quintette  (couronné  au 
concours  ouvert  par  la  Société  musicale  des 
Pays-Bas);  6  liederh  1  voix  ;  3  lieder  à  1  voix; 
Ouverture  à  grand  orchestre;  Polonaise  pour 
violon  et  orchestre,  etc.  Il  écrivit  aussi,  pour 
une  société  de  Rotterdam,  une  cantate  qui  fut 
exécutée  sous  sa  direction,  et  qui  lui  valut  une 
médaille  d'or.  En  1862,  M.  Van  Eijsden  quitta 
son  pays  pour  aller  remplir  au  théâtre  de  Go- 
Ihenbourg  (Suède)  les  fonctions  de  chef  d'orches- 
tre. 

*  VAIS  ELE1VYCK  (Leicbevalier  Xavier- 
Victor),  amateur  fort  distingué  de  musique,  est 
né  le  24  avril  1825  à  Ixelles-lez-Bruxelles,  dont 
son  père,  docteur  en  droit,  était  le  bourgmestre. 
Il  renonça  à  la  carrière  diplomatique,  à  laquelle 
il  était  destiné,  pour  se  livrer  exclusivement  à 
ses  goùls  artistiques.  Depuis  douze  ans, 
M.  Van  Elewyck  dirige,  à  titre  d'amateur, 
la  maîtrise  de  la  cathédrale  de  Louvain,  qui 
compte  un  personnel  de  80  exécutants,  et  où 
tous  les  dimanches  et  fêtes  on  emploie  le  grand 
orchestre.  Comme  compositeur,  il  a  écrit  envi- 
ron cinquante  motets  avec  orchestre,  dont  une 
vingtaine  ont  élé  publiés  avec  accompagnement 
d'orgue  (Bruxelles,  Katto);  il  a  publié  aussi 
qnehpies  compositions  pour  musique  de  sym- 
phonie ou  dharmonie,  pour  le  chant  et  pour  le 
piano. 

M.  Van  Elewyck,  qui  s'est  fait  connaîtie 
aussi  comme  écrivain  spécial,  et  qui  collabore  à 
plusieurs  journaux  belges,  français,  anglais 
et  italiens,  a  publié,  en  société  avec  M.  le  cha- 
noine T.-J.  de  Vroye,  un  écrit  ainsi  intitulé  : 
De  la  musique  religieuse,  les  congrès  de  .i/«- 
/ùfcs  (1803  et  1864)  et  de  l>aris{i&Gû),    et  la 


législation  de  PÉglise  sur  cette  matière  (Paris, 
Louvain  et  Bruxelles,  1866,  in-8°).  Chargé  par 
son  gouvernement,  en  1875,  de  visiter  les  con- 
servatoires, maîtrises  et  écoles  de  musique  de 
l'Italie,  il  a  adressé  à  son  retour,  au  ministre 
de  l'intérieur,  un  rapport  qu'il  a  publié  ensuite 
sous  ce  titre  :  De  l'état  actuel  de  la  musique 
en  Italie  (Bruxelles,  Rossel,  1875,  in-8°),  et 
dans  lequel  il  fait  connaître  dans  tous  ses  détails 
le  mouvement  musical  de  l'Italie  contemporaine. 
Une  traduction  anglaise  de  ce  document  a  paru 
à  Londres.  Enfin,  M.  Van  Elewyck  s'est  fait 
l'éditeur  d'une  publication  aussi  intéressante  au 
point  de  vue  artistique  que  sous  le  rapport  his- 
torique, et  qu'il  a  donnée  sous  ce  titre  :  Col- 
lection d'œuvres  d'anciens  et  célèbres  claveci- 
nistes flamands,  recueillies  et  publiées  par  le 
chevalier  X.  Van  Elewyck,  Bruxelles,  Schott,  2 
vol.  in-folio. 

*  VAi^  EYREN  (Jean-Albert),  pianiste, 
violoniste,  organiste  et  compositeur  néerlan- 
dais, est  mort  à  Elberfeld,  au  mois  de  septem- 
bre 1868  (1). 

Lorsque,  après  avoir  terminé  ses  études  à 
Leipzig,  il  revint  dans  sa  patrie  en  1847,  Vau 
Eyken  se  fit  entendre  en  plusieurs  circonstances 
avec  un  succès  éclatant,  et  l'année  suivante  il 
fut  choisi,  entre  trente-cinq  concurrents,  pour 
remplir  les  fonctions  d'organiste  à  l'église  réfor- 
mée d'Amsterdam,  emploi  qu'il  résigna  en 
1853  pour  accepter  celui  d'organiste  à  l'église 
du  Sud  et  de  professeur  à  l'Ecole  de  musique  de 
Rotterdam.  Il  ne  resta  pas  longtemps  en  celte 
ville,  et  en  1854  il  devint  organiste  de  lagramle 
église  réformée  d'Elberfeld.  C'est  là  qu'en  18C0 
il  donna  environ  trente  concerts  d'orgue,  qui 
attirèrent  la  foule,  et  dans  lesquels  il  exécuta 
de  nombreuses  compositions  de  J.-S.  Bach,  de 
Mozart,  de  Beethoven,  de  Ritter,  de  Hesse,  de 
Fischer,  de  Topfer,  de  Mendelssohn,  de  Kùhms- 
tedt  et  de  beaucoup  d'autres  artistes  célèbres. 
11  se  fit  entendre  ensuite,  avec  le  môme  succès, 
dans  plusieurs  villes  de  l'Allemagne,  à  Leipzig, 
à  Dreade,  à  Hambourg,  à  Hanovre,  à  Dussel- 
dorf,  etc.,  et,  sur  le  désir  exprimé  par  le  roi  de 
Prusse,  joua  l'orgue  à  l'inauguration  de  la  basi- 
lique de  Trêves.  Nommé  membre  de  mérite  de 
la  Société  musicale  des  Pays-Bas,  Van  Eyken 
remporta  plusieurs  prix  dans  les  concours 
ouverts  par  cette  compagnie. 


(U  Cette  notice  complémentaire  aurait  dû  être  clnsscc 
dans  le  premier  volume  de    ce  Supplément.    Le   lecteur 
voudra  bien  -•se reporter,  pour  l'artiste  qui  en  est  l'oli)ct 
au  t.  111  de  la  /tiurjraphie  universelle  des  Musiciens 
Eyken  {Jean-Albert  Vax). 


VAN  EYKEN  —  VAN  HERZEELE 


605 


Les  compositions  de  cet  artiste  sont  nombreu- 
ses et  remarquables  ;  il  faut  citer  surtout  parmi 
elles  :  1°  150  chorals  avec  préludes,  à  l'usage 
des  églises  réformées  ;  2°  6  chansons  d'enfants, 
à  trois  voix  ;  3"  quatre  romances,  sur  paroles 
hollandaises;  4°  trois  lieder;  5°  trois  lieder 
pour  baryton  ou  contralto  ;  6°  cinq  lieder  pour 
soprano,  alto,  ténor  et  basse  ,  ?<>  Minnezang, 
paroles  deBilderdijk,  pour  contralto  ou  basse; 
8°  six  lieder,  op.  12;  9"  cinq  mélodies,  op. 
33;  10°  Der  Thurmwart  von  Lima,  ballade; 
ir  six  chœurs  à  l'usage  des  sociétés  de  chant; 
12°  quatre  romances,  sur  paroles  allemandes  de 
Siebel  ;  13"  Lucifer,  drame  couronné  par  la 
Société  musicale  des  Pays-Bas,  et  dédié  à  la 
grande-duchesse  de  Weimar  ;  14°  Nixen,  bal- 
lade; 15"  Hymne,  pour  chœur  et  fanfares; 
IG"  Variations  pour  orgue  sur  un  thème  natio- 
nal hollandais  ;  17°  Trois  sonates  pour  orgue  ; 
18°  Transcriptions  pour  orgue;  19°  les  plus  jolies 
fugues  de  Bach  (extraites  du  Clavecin  bien 
iempér^,  transcrites  et  doigtées  pour  l'orgue; 
'  20"  Toccato  und  Fuga,  op.  38  ;  21°  .sonate 
pour  piano  et  vioJon,  op.  18  ;  22°  Deux  Mazur- 
kas pour  piano  ;  23°  Grande  marche  pour  piano, 
à  quatre  mains;  etc.,  etc. 

VAN  EYSDEPf  (Jacques).  —  Voyez  Y  ATS 
EIJSDErV. 

VArV  EYSDONCK  (Paul),  facteur  d'or- 
gues néerlandais,  naquit  à  Helmond  dans  les 
premières  années  du  dix-hiiitième  siècle,  et 
mourut  à  Gemert,  où  il  s'était  fixé,  en  1773. 
On  a  perdu  la  trace  de  la  plupart  de  ses  ins- 
truments, quoiqu'il  en  ait  construit  un  grand 
nombre,  et  l'on  ne  peut  plus  guère  citer  que 
ceux  qu'il  a  placés  à  Oerschot  et  à  Elst. 

\^\I\  EVSDONCIv  (Léonard),  fils  du  pré- 
cédent, comme  lui  facteur  d'orgues  et  sans 
doute  son  élève,  naquit  à  Gemert  en  1735  et 
mourut  à  Oss  le  8  avril  1812. 11  était  aussi  fac- 
teur de  clavecins. 

VAN  GEEUTSOM(jE\N),typographe musi- 
cal hollandais,  était  établi  à  Rotterdam  au  milieu 
du  dix-septième  siècle,  précisément  à  l'époque 
où  Pierre  Phalèse  publiait  en  l^'landre  ses  super- 
bes éditions,  devenues  si  justement  célèbres. 
«  Van  Geerlsom  était  musicien,  dit  M.  Vander 
Straelen  dans  son  ouvrage  ;  la  Musique  aux 
Pays-Bas.  Son  nom,  placé  en  tète  d'une  collec- 
tion de  motets,  éditée  par  lui,  le  prouve.  » 

VAN  GHELUWE  (Léon),  compositeur 
belge,  est  né  le  15  septembre  1837  à  Wanneg- 
hem-Lede,  près  d'Audenarde.  Dès  l'Age  de 
quinze  ans,  il  composa  une  messe,  qui,  mise 
quelques  années  après  sous  les  yeux  de 
M  .  Gevaert,  le  fit  encourager   par  celui-ci,  ce 


qui  décida  ses  parents  à  l'envoyer  à  Gand,  où 
il  se  rendit  à  l'âge  de  dix-neuf  ans,  en  1856. 
Là,  il  entreprit  de  sérieuses  études,  qui  le  mi- 
rent à  môme  de  prendre  part  à  Bruxelles,  en 
1863,  au  concours  de  Rome,  où  il  obtint  l'acces- 
sit. Il  concourut  de  nouveau  en  18G5  (on  sait 
qu'en  Belgique  le  concours  de  Rome  n'a  lieu 
que  tous  les  deux  ans);  mais,  étant  tombé  ma- 
lade en  loge,  il  ne  put  achever  sa  cantate.  Enfin 
il  obtint  le  second  prix  en  1867,  et,  quoique 
cette  récompense  ne  lui  donnât  pas  le  droit 
d'aller  à  Rome,  le  gouvernement  belge,  voulant 
l'encourager,  lui  donna  les  moyens  de  voyager 
pendant  deux  ans  à  l'étranger. 

M.  Van  Gheluwe  visita  en  effet,  en  18G8 
et  1869,  l'Allemagne  et  l'Italie,  et  à  son  retour 
le  gouvernement  lui  demanda  un  rapport  sur 
l'état  de  l'enseignement  musical  élémentaire 
dans  ces  deux  pays  et  en  Belgique.  C'est  à  ce 
travail  qu'il  dut,  en  1870,  la  place  de  délégué- 
inspecteur  des  écoles  de  musique  de  Belgique, 
qu'il  occupe  encore  aujourd'hui.  Depuis  cette 
époque,  M.  Van  Gheluwe,  après  avoir  été  pen- 
dant plusieurs  années  professeur  au  Conserva- 
toire de  Gand,  est  devenu,  dans  ces  derniers 
temps,  directeur  de  l'école  de  musique  de 
Bruges. 

Cet  artiste  a  publié,  sous  un  pseudonyme, 
plusieurs  œuvres  de  musique  d'église,  et  sous 
son  nom  véritable  un  certain  nombre  de  mélo- 
dies vocales.  Il  a  écrit  aussi  un  oratorio,  Venise 
sauvée,  qui,  je  crois,  n'a  pas  encore  été  exécu- 
té jusqu'ici,  et  un  opéra  (\a.msindf  Philippinne 
van  Vlaanderen,  qui  a  été  joué  à  Bruxelles  le 
18  mars  1876.  La  cantate  qui  lui  avait  valu  un 
second  prix  de  Rome,  le  Vent,  fut  exécutée  à 
Gahd  en  1867. 

M.  Van  Gheluwe  a  épousé,  en  1878,  une  jeune 
pianiste  distinguée  qui  s'est  fait  connaître  aussi 
comme  compositeur,  M"°  Marie  Simonis. 

VAN     IIAESDONCK    (F ),    musicien 

belge,  fit  représenter  à  Termonde,  le  l""-  février 
1807,  sur  le  tbéâtre  de  la  Société  des  Amis  des 
arts,  un  opéra  en  un  acte  intitulé  Nadir  ou 
r Orphelin  d'Afrique. 

VAN  HERZEELE  (François),  compositeur 
et  virtuose  sur  la  clarinette,  est  né  à  Gand  en 
1830.  Elève  du  Conservatoire  de  cette  ville,  il 
y  étudia  d'abord  la  clarinette,  puis  reçut  des 
leçons  d'harmonie  de  Mengal  et  de  Girschner. 
Plus  tard  il  eut,  dit-on,  des  conseils  de  M.  Ge- 
vaert. Entré  en  1850  au  régiment  des  Guides 
en  qualité  de  première  clarinette,  il  devint,  en 
1853'  chef  de  musique  au  12*  de  ligne,  et  con- 
serva cetemploi  jusqu'en  1S58.  Après  s'être  vu 
I  couronner  dans  divers  concours  de  composition, 


606 


VAN  HERZEELE  —  VAN  MALDEGHEM 


particulièrement  à  Gand,  pour  une  cantate  inti- 
tulée rfe  .Sc^oo?ie  A'wnsfen  in  België  (1858^,  il 
fit  représenter  dans  la  inôme  ville  deux  opéras  : 
Het  Zoi7i€rltef{l8b9),  et  Ilotse  Botse  (1860). 
En  1861,  il  alla  s'établir  à  Sottegera,  et  y  fonda 
une  école  de  musique.  M.  Van  Herzeele  a  écrit 
environ  deux-cents  compositions  de  différents 
genres,  dont  quelques-unes  ont  été  publiées. 

VAiN  HIIIÏUM  (Nicolas),  est  le  premier 
membre  connu  d'une  famille  de  facteurs  d'or- 
gues flamands.  Il  naquit  sans  doute  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle,  alla  faire  son 
apprentissage  en  Allemagne,  principalement  à 
Cologne,  et  revint  ensuite  dans  sa  patrie.  —  Son 
fils,  Bernard  Van  Hirtum  ,  né  le  21  mars 
1792  à  Hilvarcnbeek,  dans  le  Brabant  septen- 
trional, fut  élève  de  son  père  et  construisit  un 
grand  nombre  d'instruments.  —  Enfin,  M.  Jean 
Van  Hirtum,  fils  de  ce  dernier,  né  en  1819,  a 
embrassé  la  même  carrière. 

VAIV  UOtY'  (Gl'stave-Jean-Const.vnt- 
Marie),  compositeur  belge,  né  à  Malines  le  26 
octobre  1835,  étudia  d'abord  la  peinture,  puis 
s'adonna  à  la  musique,  et  fit  de  bonnes  études 
au  Conservatoire  <le  Bruxelles,  où  il  remporta  les 
prix  d'barmonie  et  de  composition.  11  prit  part 
aux  concoursde  Rome  de  1859,1861, 1863  et  1865, 
obtint  une  mention  honorable  en  1861,  et  le 
second  deuxième  prix  en  1865,  avec  la  cantate 
intitulée  de  Wind.  Nommé  en  1868  directeur 
de  l'Académie  (école)  musicale  de  Malines,  il 
est  devenu  aussi  maître  de  chapelle  de  Téglise 
Saint-Pierre,  de  cette  ville.  M.  Van  Hoey,  qui 
avait  été  admis  au  cours  de  paléographie  donné 
par  Fétis,  y  fit  preuve  d'aptitudes  remarquables, 
ainsi  qu'en  témoignent  ces  lignes  d'un  rapport 
de  Félis  lui-même  :  —  "  Trois  mois  de  leçons 
et  d'études  lui  ont  sutli  pour  acquérir  les  connais- 
sances des  combinaisons  difficiles  de  tous  les 
signes  de  notation  des  XV<=  et  XVP  siècles,  et 
pour  être  capable  de  faire  des  traductions  cor- 
rectes. » 

M.  Van  Hoey  a  fait  représenter  les  ouvrages 
suivants  :  T  Een  Schilders  mesdag  (la  Fête 
d'un  peintre),  Bruxelles,  th.  du  Cirque,  1865; 
2»  la  Saint- Luc,  id.,  id.,  18G5;  3"  het  Eerek- 
ruis  (la  Croix  d'honneur),  Louvain,  1868;  4°  le 
Féofter,  Malines,  vers  1872.  On  connaît  aussi 
de  lui  deux  grandes  cantates,  qui  ont  été  exécu- 
tées en  1862  et  1875,  plusieurs  ouvertures,  des 
messes  avec  orgue  ou  orchestre  (dont  une  écrite 
pour  le  congrès  catholique  tenu  à  Malines  en 
1866),  des  motets,  des  offertoires,  et  enfin  des 
mélodies  vocales  sur  paroles  françaises  ou  fla- 
mandes, des  chœurs  pour  voix  d'homnaes  et  di- 
verses compositions  pour  le  piano. 


*VAI\  nCLST  (Félix-Alexandre),  profes- 
seur à  l'Université  de  Liège,  est  mort  en  cette 
ville  le  12  avril  1872. 

VAIV  LAMPKÏIEN  (Michel),  professeur, 
bibliographe  et  compositeur  belge,  né  à  Bruxel- 
les le  26  décembre  1826,  a  fait  ses  études  au 
Conservatoire    de  cette  ville,  où  il  obtint  à 
l'unanimité,  en  1845,  le  premier  prix  de  lecture 
musicale.  Dans  le  cours  de  la  même  année  il 
devenait  répétiteur  dans  cet  établissement,  et 
plus  tard  était  nommé  professeur  adjoint,  puis 
professeur  titulaire  de  la  classe  d'enseignement 
supérieur  du  solfège.  En  1859,  M.  Van   Lampe- 
ren,  sur  la  proposition  de  Félis,  se  voyait  dési- 
gné pour  remplir  les  fonctions  de  bibliothécaire 
au    Conservatoire;    la  bibliothèque    n'existait 
guère  alors  qu'à  l'état  embryonnaire,  et  tout  y 
était  pour  ainsi  dire  à  créer.  M.  Van  Lamperen 
se  mit  résolument  à  l'œuvre,  enrichit   rapide- 
ment et  d'une  façon  considérable  le  dépôt  confié 
à  ses  soins,  et,  tout  en  s'occupant  avec  ardeur 
de  l'augmenter  sans  cesse,  songea  à  en  dresser  le 
catalogue,  à  la  confection  duquel  il  apporta  une 
conscience  et  une  patience  infatigables.  Ce  docu- 
ment|iraportant,qui comprend  prèsde5,000  numé- 
ros, et  qui  forme  un  volume  de  340  pages  grand 
in-8'',  fut  publié  en  1870  sous  ce  titre  ;  Catalogue 
de  la  bibliothèque  du  Conservatoire  royal  de 
musique  de  Bruxelles,  dressé  par  ordre  de 
matières  ,     alphabétique    et  ;  chronologique 
(Bruxelles,  Pool  et  C''=).  Le  second  volume  de  ce 
catalogue  est  en  préparation,  et  contiendra  envi- 
ron 4,000  numéros. 

M.  Van  Lamperen  a  publié  chez  l'éditeur 
M,  Schott,  à  Bruxelles,  les  compositions  suivan- 
tes :  Ave  Maria  à  2  voix,  avec  orgue;  Ave 
Maria  pour  soprano  solo,  avec  orgue  et  harpe; 
0  cor  amoiis,  pour  ténor  solo  et  chœur,  avec 
orgue  ;  Ave  maris  Stella  à  3  voix,  avec  orgue  ; 
Tota  pulchra  es  pour  voix  seule  et  chœur, 
avec  orgue  ;  2  Nocturnes  pour  piano. 

M.  Van  Lamperen  est  officier  de    l'ordre  de 
Guadalupe,  et  chevalier  de  l'ordre  de  la  Cou- 
ronne de  chêne. 
VANLOO  (M"»  CARLE).  —  Voyez.  SO  - 

ans. 

*  VAIV  MALDEGHEM  (Robert-Ji-liek). 
—  Cet  artiste,  qui  a  pris  une  grande  part  à  l'ex- 
pansion du  chant  choral  en  Belgique,  a  été  le  di- 
recteur et  le  fondateur  de  deux  sociétés  de  chant  et 
a  écrit  de  nombreux  chœurs  flamands  ou  français, 
qui  pour  la  plupart  ont  été  insérés  dans  une 
collection  publiée  par  lui,  Rfiyn-en-Scheldegal- 
men,  et  dans  un  journal  mensuel  de  musique 
intitulé  Cecilia,  qu'il  publiait  avec  son  frère  Éva- 
riste.  On  lui  doit  aussi  une  inesse  des  mort  s 


VAN  MALDEGHEM  —  VAN  STEEL  ANT 


C07 


pour  quatre  voix  d'hommes  et  orgue,  plusieur  s 
autres  messes,  un  Stabat  Mater  avec  orclieslre, 
le  Psaume  67,  une  Méthode  d'orgue,  une  scène 
lyrique  avec  orcliestre  intitulée  Bretjdel  et  de 
Coninck,  enfin  des  canons,  des  mélodies,  des 
cantiques,  des  motets  et  un  nombre  très-consi- 
dérable d'autres  compositions  religieuses. 

VAIV  MALDEGHJiM  (Évariste),  frère  du 
précédent,  est  né  comme  lui  à  Denterghem  et  a 
été  son  élève.  11  a  publié  sous  ce  titre  :  Orphée, 
une  méthode  de  chant  à  l'usage  des  maisons  d'é- 
ducation, en  français  et  en  flamand.  On  connaît 
aussi  de  lui  des  chœurs,  des  chansons  burles- 
(jues  et  des  motets.  Il  a  publié  pendant  plusieurs 
années,  avec  son  frère  I\obert-Julien,  un  journal 
mensuel  de  nmsiqiie  intitulé  Cecilia,  qui  était 
illustré  ()ar  un  autre  de  leurs  frères,  M.  Eugène 
Van  Maldeghem,  peintre  d'histoire  non. sans 
mérite. 

La  famille  Van  Maldeghena  comprenait  un 
quatrième  frère,  Jean- Baptiste  Van  Malde- 
ghem, professeur  et  musicien  distingué,  dit-on, 
qui  était  né  à  Denterghem  en  1803  et  qui  mourut 
à  Bruxelles  le  24  décembre  1841. 

*  VArV  MALDER  (Pierre),  compositeur  et 
violoniste  belge.  —  Lorsque  cet  artiste  fit  jouer 
à  la  Comédie-Italienne  la  Bagarre,  petit  opéra- 
comique  qui  avait  été  retouché  par  Philidor  et 
qu'im  poème  détestable  empêcha  d'être  joué 
plus  d'une  fois,  il  avait  déjà  donné  à  Bruxelles 
deux  ouvrages  de  ce  genre,  le  Déguisement  pas- 
toral (un  acte),    représenté  le   12  septembre 

1759,  et  les   Précautions  inutiles,  jouées  en 

1760.  Le  4  novembre  1766,  de  retour  en  Belgi- 
que, il  abordait  une  dernière  fois  la  scène  avec 
le  Soldat  par  amour,  opéra-comique  en  un 
acte,  qu'il  donna  à  Bruxelles  (1).  Comme  vio- 
loniste, cet  artiste  avait,  dit-on,  reçu  des  le- 
çons de  Tartini. 

Van  Malder  avait  nn  frère,  musicien  comme 
lui,  auquel  Choron  et  Fayolle  ont  consacré  la 
petite  notice  suivante  dans  leur  Dictionnaire  his- 
torique des  musiciens  :  —  «  Van  Malder,  frère 
du  précédent,  et  après  la  mort  de  ce  dernier 
directeur  de  l'orchestre  de  Bruxelles,  étudia,  en 
1754,  la  musique  chez  Marlinelli,  à  Venise.  Il 
était  grand  virtuose  sur  le  violoncelle.  En 
1754  (2),  il  fut  appelé  à  la  chapelle  du  duc  de 
Wurtemberg,  à  Stuttgard.  » 


(1)  Dans  ses  î\lusicient  belges,  M.  Edouard  Gregolr  cite 
encore  deux  petits  opéras  de  Van  Malder  :  Lorenzo  Bo- 
logna,  et  la,  l'olitesse,  qui  auraient  été  représentes  à 
Bruxelles  en  ITB». 

(2)  Une  (aute  typographique  fait  Ici  reproduire  la  même 
date  pour  deux  faits  différents.  C'est  TraUemblablemcut 
1764  qu'il  faut  lire  la  seconde. fols.  ■ 


L'Histoire  du  théâtre  français  en  Belgique 
de  M.  Frédéric  Faber,  dont  quatre  volumes  ont 
paru  et  dont  le  dernier  est  sous  presse,  nous 
apprend  qu'un  François  Van  Malder,  sans  doute 
fils  de  l'un  de  ces  deux  artistes,  était,  de  1800 
à  1811,  l'un'des  trois  «  entrepreneurs -sociétaires 
du  grand  théâtre  de  Bruxelles  ». 

VA]\  I\EEUou  VArV  INEEREN,  né  à 
Nyel,  près  de  Juliers,  au  commencement  du 
seizième  siècle,  fut  un  fadeur  de  clavecins  dis- 
tingué. Établi  à  Anvers,  et  reçu  dans  la  bour- 
geoisie de  celle  ville  en  1542,  il  y  exerçait  encore 
sa  profession  en  1558,  époque  à  laquelle  il  en- 
trait, avec  neuf  de  ses  confrères,  dans  la  gilde 
de  Saint-Luc. 

VAIN  OOUDT(A -W ),  écrivain  mu- 
sical néerlandais,  s'est  fait  connaître  par  deux 
ouvrages^  importants,  qui,  dit  on,  sont  dignes 
d'estime  et  d'attention.  L'un  a  pour  titre  :  Essai 
d'une  histoire  de  la  musique  {Proeve  eener  ges- 
chiedenis  der  tnuzijk) ,  Dcesberg,  A.  Schal- 
tenkerk,  1860  ;  l'autre  est  intitulé  :  Essai  d'une 
histoire  du  chant  protestant  {Proeve  eener  gcs- 
chiedenis  vanhet protcstantsche Kcrkgezang), 
Deventer,  J.  de  Lange. 

VAiX  PEBOIIG  (Je\n  ou  Hans),  facteur 
de  clavecins,  vivait  à  Anvers  au  milieu  du  sei- 
zième siècle,  et  se  faisait  recevoir  danslagilde 
de  Saint-Luc  en  1558. 

VAIV  REYSSCUOOT  (D....-L -II  ...), 

organiste  et  compositeur  belge,  arrière-petit-iils 
du  peintre  de  ce  nom,  est  né  à  Gand  en  1832. 
Il  commença  par  être  enfant  de  chœur,  puis  fut 
admis  au  Conservatoire  de  Gand,  où  il  étudia  la 
composition  avec  MM.Gevaertet  Girschner.  Il 
devint  plus  tard  organiste  aux  églises  des  Jésui- 
tes et  du  collège  Sainte-Barbe.  Parmi  les  nom- 
breuses compositions  de  cet  artiste,  publiées  ou 
inédites,  on  cite  :  Trio  pour  piano,violon  et  violon- 
celle; 12  Morceauxoriginaux  pour  pianoou  orgue; 
Sonate  |)Our  piano  et  violon;  15  Chœurs  à  3  et 
4  voix  ;  Cantate  flamande  à  4  voix  ;  30  Motets  ; 
Cantique  de  Aoèl  ;  10  Morceaux  en  plain- 
chant  mesuré  et  harmonisé,  avec  orgue;  enfin, 
divers  morceaux  religieux  à  une  ou  plusieurs 
voix,  et  des  mélodies,  romances,  etc.  M.  Van 
Reysschoot  a  fait  représenter  à  Gand,  le  27  dé- 
cembre 1864,  un  opéra-comique  intitulé  :  A; 
roi  ni  reine. 

V/IÎV  STEELANT  (Philippe),  musicien 
flamand  du  dix-septième  siècle.  Dans  un  recueil 
collectif  :  Cantiones  natalilix,  seuLaudes  B. 
Marix,  quatuor,  quinque  et  sex  vocum  (Gand, 
1651,  in-4°),  on  trouve  diverses  compositions 
de  cet  artiste.  On  connaît  aussi  de  lui  un  Dies 
ira' h  quatre  voix  sans  accompagnement,  et  une 


608 


VAN  STEELANT  —  VASGONCELLOS 


messe  de  Requiem  à  six  voix  et  cinq  instru- 
ments. 

VAiy  UFFEL  (François),  facteur  de  clave- 
cins à  Anvers,  fut  reçu  à  ce  titre,  en  1606, 
dans  la  corporation  de  Sainl-Luc. 

V'AIX  \ÔLXE3I  (J....-B ),  violoncel- 
liste, compositeur  et  professeur  belge,  l'un  des 
propagateurs  les  plus  ardents  du  chant  choral  à 
Bruxelles,  est  né  à  Uccle-lez-Bruxelles  le  30  no- 
vembre 1817.  Admis  en  1833  au  Conservatoire 
de  Bruxelles,  il  y  suivit  les  cours  de  solfège,  de 
violoucelle  (classe  de  Plate!)  et  de  composition, 
et  obtint  un  premier  prix  de  solfège  en  1835,  un 
second  prix  de  violoncelle  et  un  second  prix 
de  composition  en  183G.  Plus  tard,  il  devint  ré- 
pétiteur, puis  chef  des  chœurs  au  théâtre  de  la 
Monnaie,  directeur  des  cours  populaires  de  chant 
d'ensemble  à  Bruxelles,  et  enlin  professeur  de 
solfège  au  Conservatoire;  chef  de  musique  de  la 
^i"  légion  de  la  garde  civique,  directeur  de  la 
Société  royale  des  Artisans-réunis,  entin  pr  o- 
fesseur de  musique  àl'Athénée.  M.  Van  Volxem, 
qui  n'a  cessé  de  s'occuper  activement  du  progrès 
et  de  la  diffusion  du  chant  choral  en  Belgique, 
a  été  nommé  en  1869  chevalier  de  l'ordre  de  Lèo- 
pold.Cetartiste  a  publié  un  recueil  de  11  Chœurs 
à  3  voix  pour  enfants  (Bruxelles,  Katto), 
55  Exercices  de  solfège  à  2  t'oja?  (id.,id.),  un 
Solfège  progressif  à  1  ou  ,2  voix  (id.,  id.),  et 
un  grand  nombie  de  chœurs  à  4  voix  sans 
accompagnement. 

VAIVIMiM  (C ),  théoricien  italien  qui 

vivait  dans  la  première  moitié  de  ce  siècle,  ne 
m'est  connu  que  par  un  manuel  de  plain-chant 
qu'il  a  publié  sous  ce  litre  :  Regole  di  canlo  fer- 
mo,  conformi  al  sisiema  moderne  francese, 
Florence,  1826. 

VAAALCCI  (Le  P.  Domenico-Francesco), 
compositeur  et  professeur,  naquit  à  Lucques  en 
1718,  et  reçut  une  excellente  éducation  musi- 
cale. Nouimè  en  1743  maître  de  la  chapelle  de 
l'archevêché,  où  il  enseignait  le  plain-cliant  et  le 
violoncelle,  il  eut  l'honneur  d'être  le  premier 
maître  de  Boccherini.  Compositeur  d'un  vrai 
mérite,  il  écrivit  beaucoup,  et  la  plupart  de  ses 
œuvres  sont  aujourd'hui  conservées  dans  les 
archives  de  la  Congrégation  des  Anges  gardiens 
et  dans  celles  de  l'archevêché.  On  a  de  lui  six  ora- 
torios, dont  Abel,  composé  en  1757,  et  la  Pas- 
sion de  N.S.  Jésus-Christ,  en  1762  ;une  messe 
à  4  voix,  une  autre  à 8  voix,  des  motets  pour 
la  semaine  sainte,  et  neuf  services  religieux  à 
grand  orchestre  écrits,  de  1740  à  1771,  pour  la 
fête  de  sainte  Cécile.  L'abbé  Vannucci,  qui 
mourut  à  Lucques  en  1776,  a  toujours  joui  dans 
sa  ville  natale  de  la  réputation  d'un  artiste  fort 


distingué,  et  il  forma,  à  l'école  de  musique  de 
l'archevêché,  un  grand  nombre  d'excellents 
élèves. 

VARELA     SILVARI  ( ),    écrivain 

espagnol  contemporain,  a  publié  à  la  Corogne, 
en  1875,  un  livre  intitulé:  Galeria  biografica 
de  musicos  gallegos,  qui  contient  trente  et  une 
notices  sur  les  musiciens  nés  dans  la  province  de 
Galice.  Je  n'ai  pas  eu  cet  ouvrage  sous  les  yeux, 
et  n'en  puis  autrement  parler. 

VARISCniiN'O  (GiovANM),  compositeur 
dramatique  italien,  vivait  à  Venise  dans  la  se- 
conde moitié  duîdix-seplième  siècle.  Cet  artiste 
ne  m'est  connu  que  par  les  deux  opéras  qu'il 
a  fait  rei)résenter  sur  le  théâtre  Sant'Angelo, 
de  cette  ville,  l'un,  VOdoacre,  en  1680,  l'au- 
tre, l'Amante  forlunuto  per  forza,  en  1684. 

*  VAKi\EY  (Pierre- Joseph-Alphonse).  — 
Cet  artiste  était  devenu,  en  18G5,  chef  d'orches- 
tie  du  Grand-Théâtre  de  Bordeaux,  et  l'année 
suivante  directeur  et  président  de  la  Société  de 
Sainte-Cécile  de  cette  ville,  de  laquelle  dépend 
une  école  de  musique  très-importante.  Il  renon- 
ça à  ces  fonctions  en  1878.  Pendant  son  séjour 
à  Bordeaux,  il  lit  représenter  au  Théâtre-Fran- 
çais (11  février  1868)  une  Leçon  d'amour,  opé- 
ra-comique en  un  acte  dont  le  livret  lui  avait  été 
fourni  par  son  fils,  Edouard  Varney,  mort 
depuis.  —  Varney  est  mort  à  Paris,  le  7  février 
1879.  Il  était  l'auteur  du  fameux  Chant  des 
Girondins  :  «  Mourir  pour  la  patrie,  »  qui 
jouit  d'une  si  grande  popularité  et  qui  fut  comme 
le  symbole  musical  de  la  révolution  do  1848  ; 
ce  chant  avait  été  écrit  pour  un  drame  d'Alexan- 
dre Dumas,  le-  Chevalier  de  Maison- Rouge, 
représenté  en  1847  au  Théâtre-Historique,  et  il 
est  juste  de  remarquer  qu'en  cette  circonstance, 
le  poëte  et  le  musicien  s'étaient  souvenus  un 
peu  trop  fidèlement  de  l'un  des  Cinquante 
Chants  français  de  Rouget  de  Liste. 

Varney  est  l'auteur  du  Rapport  sur  le  con- 
cours de  composition  musicale  ouvert  pour 
l'année  1871-1872  par  la  Société  de  Sainte-Cécile 
(Bordeaux,  brochure  in-8°). 

VAIlVARO(P ),pianisteet  compositeur, 

a  écrit  la  musique  d'un  opéra  sérieux,  Carlo  di 
Borgogna,  qui  a  été  représenté  en  1862  à  Val- 
ladoilid.  Cet  artiste  a  publié  chez  l'éditeur 
Ricordi,  de  Milan,  deux  albums  de  mélodies 
vocales,  et  im  chœur  religieux  -.  Preghiera  del 
maitino,  avec  accompagnement  de  piano.  On  lui 
doit  aussi  quelques  morceaux  pour  cet  instru- 
ment, écrits  pour  la  plupart  sur  des  thèmes  d'o- 
péras. 

VASGONCELLOS  (Joa^l'Im  DE),  écri- 
vain musical  portugais  fort  distingué,  s'est  cf- 


VASCONCELLOS  —  VASSEUR 


609 


forré,  depuis  un  certain  nombre  d'années,  d'at- 
tirer l'attention  du  public  sur  les  faits  qui  ont 
marqui^dans  l'histoire  de  l'art  musical  dans  sa 
patrie,  et  sur  les  artistes,  nationaux  ou  étran- 
gers, qui  se  sont  distingués  en  Portugal.  Assez 
heureux  pour  jouir  d'une  position  iudépendaule, 
qui  lui  permettait  de  se  livrer  sans  contrainte 
aux  études  qui  lui  étaient  chères,  M.  de  Vas- 
concellos  n'a  pas  hésité  à  entreprendre  de  longs 
voyages  pour  se  mettre  à  la  recherche  des  do- 
cuments nécessaires  à  ses  travaux,  et,  entre 
autres,  il  a  séjourné  assez  longtemps  à  Paris  et 
à  Berlin  pour  y  visiter  les  bibliothèques  si  im- 
portantes de  ces  deux  \illes  et  y  puiser  les  ma- 
tériaux dont  il  avait  besoin. 

Le  [)remier  ouvrage  publié  par  M.  de  Vascon- 
cellos  est  un  Dictionnaire  des  musiciens  portu- 
gais, qu'il  a  donné  sous  ce  titre  :  Os  Musicos 
porliiguezes{bwgraphia-hibliographia),  Porto, 
1870,  2  vol.  in-S".  Ce  livre,  fait  avec  le  plus  grand 
soin,  est  venu  combler  une  lacune  dans  la  litté- 
rature musicale  européenne,  et  fait  beaucoup 
d'honneur  à  son  auteur,  au  <louble  point  de  vue 
(le  la  conscience  historique  et  des  connaissances 
musicales  dont  il  y  a  fait  preuve  ;  grâce  à  lui, 
beaucoup  d'erreurs  ont  été  corrigées  sur  les 
musiciens  portugais  dont  on  avait  précédem- 
ment retracé  la  vie  et  la  carrière,  et  un  grand 
nombre  d'artistes  ont  été  révélés  dont  les  noms 
étaient  jus(|u'à  ce  jour  restés  inconnus.  Par  la 
|Hibiicaliou  de  cet  ouvrage,  M.  de  Yascon- 
cellos  a  rendu  un  véritable  service  à  l'art  et  à 
.sou  pays.  Quelques  années  plus  tard,  cet  écri- 
vain a  entrepris  sous  ce  titre  :  Archeologia  ar- 
lislica,  une  publication  intéressante  dans  la- 
i[uelle  la  musique  a  trouvé  sa  place  ;  le  premier 
fascicule  du  premier  volume  de  cette  publication 
était  consacré  entièrement  à  une  cantatrice 
célèl)re,  M'""  Todi,  que  le  Portugal  revendique 
comme  une  de  ses  gloires  et  dont  le  talent  a  fait 
l'admiration  de  l'Europe  entière.  Luiza  Todi, 
esludo  critico,  tel  est  le  titre  que  M.  de  Vas- 
concellos  a  donné  à  ce  travail  plein  d'intérêt 
(Porto,  1873,  petit  in-4"'  de  157  pp.),  qui  abonde 
en  détails  neufs  et  inconnus  sur  la  grande  artiste 
et  sur  sa  rivalité  avec  la  fameuse  M'""  ftlara.  Le 
troisième  fascicule  de  la  même  publication 
est  de  nature  à  attirer  aussi  l'attention  des  mu- 
eiciens  et  surtout  de  ceux  qui,  parmi  eux ,  se 
piquent  de  connaissances  en  bibliographie  ;  c'est 
un  Eiisaio  critico  sobre  o  catalogo  d'el  reij 
D.  Jodo  /r  (Porto..  1873,  petit  in-4o  de  102-vii 
pp.),  ce  fameux  roi  Jean  IV  dont  la  riche  bi- 
bliothèque musicale  était  une  des  merveilles  de 
son  ^temps.  M.  de  Vasconcellos  ne  s'est  pas 
borné  à  rédiger  cet  Es'^ai  critique  sur  le  cata- 

BtOGR.   UNIV.   DES  MUSICIENS.   —   SUPI'L.  — 


logue  célèbre  de  l'admirable  bibliothèque  musi- 
caledu  roi  Jean  IV,  dont,  par  malheur,  la  pre- 
mière partie  seule  avait  été  publiée  sur  l'ordre 
^l  par  les  soins  de  ce  prince,  il  a  préparé  une 
nouvelle  édition  de  celte  première  partie,  qu'il 
a  annoncée  sous  ce  titre  :  Catalogo  da  livraria 
de  musica  d,^el  rcij  D.  Jodo  I  V,pritneira  parte, 
iinica  piiblicada,  nova  cdiçâo  critica  scgxmdo 
a  de  U'.'iî),  prccedida  d'uina  exposicûo  histo- 
rica  da  arte  aie  vieado  do  seculo  XVI  f,  e  en- 
riquecidacom  um  belloretrato  de  D.  Jodo  IV, 
com  um  volume  supplementar  de  notas  e  ad- 
ditamentos  ineditos. 

M.  de  Vasconcellos  saisit  d'ailleurs  toutes  les 
occasions  de  rappeler  l'histoire  des  hauts  faits 
de  l'art  musical  dans  sa  patrie,  et  de  faire  con- 
naître les  artistes  qui  ont  été  l'honneur  et  la 
gloire  du  Portugal.  Il  a  publié,  sous  ce  rapport, 
nombre  d'articles  intéressants  dans  divers  jour- 
naux, et,  à  ma  sollicitation,  il  n'a  pas  hésité  à 
fournir  au  Supplément  de  la  Biographie  uni- 
verselle des  Musiciens  toute  une  série  d'arti- 
cles qui  se  font  remarquer  par  leur  exactitude 
historique  et  les  excellents  renseignements  qui 
y  sont  contenus. 

A  AS<JiLEZ  Y  G03IEZ  (Marivno),  chef 
d'orchestre  et  compositeur  espagnol,  né  à  Gre- 
nade le  3  février  1831,  fut  en  cette  ville  l'élève 
de  Baltasar  Mira,  organiste  de  la  chapelle  royale, 
el,  aprèsavoirterminé  ses  études,  alla  s'établir  à 
Madrid,  où  il  fut  pendant  deux  ans  chef  d'or- 
chestre du  théâtre  de  la  Zarzuela.  Plus  tard,  il 
remplit  les  fonctions  de  maestro  concertatore 
au  théâtre  royal. 

M.  Vasque/,  a  écrit  et  fait  représenter  plu- 
sieurs ::a?';i«e^as ,  parmi  lesquelles  je  citerai  les 
suivantes  :  los  Mosqueieros  de  la  Reina,  3 
actes  ;  el  Cervecero  de  Preston,  ,3  actes;  cl 
Ilijo  de  Don  Juan,  un  acte  ;  la  Franqueza. 
unacte;  Malaro  morir,  un  acte;  Por  un  inglës, 
un  acte.  On  lui  doit  aussi  quelques  compositions 
religieuses,  entre  autres  plusieurs  messes  à 
grand  orchestre,  et  une  messe  de  Requiem  qui 
a  été  exécutée  à  Grenade  pour  une  cérémou'e 
oflicielle. 

\  ASSJELIl  (Félix.-Augustin-Josi:ph-Léo!s), 
organiste  et  compositeur,|  est  né  à  Bapaume 
(Pas-de-Calais)  le  28  mai  1844.  Fils  de  l'orga- 
niste de  l'église  de  cette  ville,  il  reçut  de  son 
père  ses  premières  leçons  de  musique,  puis 
fut  envoyé  à  Paris,  où,  sur  la  recommandalion 
de  révoque  d'Arras,  il  obtint  une  bourse  pour 
entrer  à  l'École  de  musique  religieuse,  fondée 
et  dirigée  par  INiedermeyer.  Élève  à  la  fois, 
dans  cet  établissement,  de  Dietsch  et  de  Nie- 
dermeyer,  il  en  sortit  au  bout  de  six  ans  d'é- 
T.  11.  39 


610 


VASSEUU  —  VAllCORBEIL 


tudes  avec  un  premier  prix  de  piano  et  un  pre- 
mier prix  d'orgue.  Il  avait  di\-huit  ans. 

Peu  de  tem|)s  après,  une  [)lace  d'organiste 
se  trouvant  vacante  à  l'église  de  Saint-Sympho-^ 
ricD,  à  Versailles,  le  jeune  artiste  concourut 
et  l'emporta  sur  ses  rivaux.  Au  mois  de  mai 
1870,  il  fut  appelé  à  remplir  les  mêmes  fonc- 
tions à  la  calliédrale ,  fonctions  qu'il  occupe 
encore  aujourd'hui. 

Mais  le  démon  du  théâtre  tentait  le  jeune 
organiste.  Sous  ce  rapport,  il  débuta  d'une  fa- 
<;on  obscure  cl  fâcheuse,  en  faisant  représen- 
ter dans  un  café-concert,  à  l'Alcazar,  une  opé- 
rette intitulée  :  Vil  fi,  deux  fi,  trois  figurants  y 
que  l'ineplie  du  livret  fit  tomber  avec  fracas. 
M.Vasseurne  se  découragea  pas.  Le  hasard  ayant 
fait  que  le  Ihéàtre  des  Bouffes-Parisiens,  alors 
dans  une  situation  lamentable,  eût  besoin  d'une 
pièce  écrite  dans  des  conditions  d'une  extrême 
rapidité,  M.  Yasseur  s'offrit  à  faire  cette  pièce, 
qui  fut  écrite  par  les  auteurs,  composée  par  lui, 
montée  et  représentée  en  moins  d'un  mois,  et 
dont  le  succès,  qui  sauva  le  théâtre  de  la  ruine, 
se  traduisit  par  une  série  de  plus  de  200  repré- 
sentations. Je  veux  parler  de  la  Timbale  d'ar- 
gent, qui  mit  aussitôt  en  lumière  le  nom  du 
compositeur.  La  partition  de  cet  ouvrage  est, 
à  mon  sens,  la  meilleure  de  toutes  celles  qu'a 
écrites  jusqu'à  ce  jour  son  auteur  ;  elle  se 
faisait  remarquer  par  des  idées  assez  heureuses, 
une  bonne  manière  d'écrire  les  parties  vocales, 
et  un  juste  sentiment  de  la  scène. 

Depuis  lors  M.  Vasseur  n'a  pu  [retrouver 
un  semblable  succès.  Cela  tient  peut-être  à  ce 
qu'il  |)roduit  trop  hâtivement,  et  n'apporte  pas 
assez  de  soin  dans  ses  compositions.  Toujouis 
est-il  qu'on  ne  retrouve  pas  dans  la  plupart  de 
ses  derniers  ouvrages  la  jeunesse  et  la  fraîcheur 
de  cette  première  production,  et  qu'ils  se  font  re- 
marquer plutôt  par  une  facilité  un  peu  banale  qui 
louibe  parfois  dans  la  vulgarité.  La  soif  du  suc- 
cès semble  avoir  ^dévoyé  ce  jeune  artiste,  qui 
pourtant  ne  parait  manquer  ni  de  talent  ni  de  fa- 
cultés, et  qui  >  été  poussé  par  une  chance 
singulièrement  diflicile  et  rare  à  rencontrer. 

Voici  la  liste  de  ses  productions  dramatiques  : 
1°  Un  fi,  deux  fi,' trois  figurants,  un  acte, 
Alcazar;  2"  la  Timbale  d'argent,  3  actes, 
Bouffes-Parisiens,  y  avril  1872;  3°  la  Petite 
Heine,  3  actes,  Boutfes-Parisicns,  9  janvier 
1873  ;  4"  le  Grelot,  un  acte,  Bouffes-Parisiens, 
20  mai  1873  ;  5"  le  J\oi  d'Yvetot,  3  actes, 
Bruxelles,  {25  octobre  1873  (et  plus  tard  à 
Paris,  Jau  théâtre  Taitbout,  le  3  avril  187G)  ; 
6"  les  Parisiennes,  5  actes,  Bouffes-Parisiens, 
31  -mars   1874;    7"  la    Famille   Trouillat, 


3  actes,  Renaissance,  10  septembre  1874  ;  8"  la 
Blanchisseuse  de  Berg-op-Zoom,  3  actes, 
Polies-Dramatiques,  27  janvier  1875  ;  9  "  la 
Cruche  cassée,  3  actes  ,  théâtre  Taitbout, 
27  octobre  1875  ;  10'  la  Sorrentine,  3  actes, 
Bouffes-Parisiens,  24  mars  1877;  ii"  l'Oppo- 
ponax,  un  acte,  Bouffes-Parisiens,  2  mai  1877  ; 
12"  le  Droit  du  Seigneur,  3  actes,  Fantaisies- 
Parisiennes  (th.  Beaumarchais),  13  décembre 
1878;  13"  le  Billet  de  logement,  3  actes,  l^an- 
taisies-Parisiennes,  15  novembre  1879. 

M.  Vasseur  a  publié  aussi  :  1°  Méthode 
d'orgue-harmonium  ;  2"  l'Office  divin  pour 
orgue,  contenant  la  1™  et  la  3'"  messes  com- 
plètes de  Dumont,  offertoires,  antiennes  pour 
le  Magnificat,  entrées,  sorties,  élévations,  etc., 
etc.  ;  3"  un  grand  nombre  de  transcriptions 
d'opéras  célèbres  pour  l'orgue,  et  quelques 
fantaisies  pour  le  piano.  Le  25  novembre 
1877,  M.  Vasseur  a  |fait  exécuter  à  la  cathé- 
drale de  Versailles  un  Hymne  à  Sainte-Cé- 
cile pour  soprano  solo^  orchestre  et  orgue, 
qui  est  une  compo.sition  distinguée. 

Dans  le  courant  de  l'année  1879,  M.  Vasseur 
a  eu  la  singulière  idée  de  se  faire  directeur  de 
théâtre;  il  rouvrit  la  petite  salle  Taitbout  pour 
en  faire,  sous  ce  mauvais  titre,  le  Nouveau-Ly- 
rique, une  nouvelle  scèue  musicale.  Son  entre- 
prise n'obtint  aucun  succès,  et  au  bout  de  quel- 
ques semaines  il  n'en  était  plus  question. 

Lu  frère  aîné  de  cet  artiste  est  organiste 
d'une  des  églises  de  Versailles. 

\  AL'COUlîIilL  (  Auguste-Emmanuel), 
couii)ositeur  français,  né  à  Rouen  en  décembre 
1821,  est  le  fds  d'un  excellent  comédien  qui 
pendant  quarante  ans  se  lit  applaudir  à  Paris 
sous  le  nom  de  Ferville,  qu'il  avait  adopte 
au  théâtre.  M.  Vaucorbeil,  qui  apprit  de 
jVpuc  Yigano  les  principes  du  chant,  fil  son 
éducation  musicale  au  Conservatoire  de  Pa- 
ris, où  il  fut  l'élève  de  Kuhn  pour  le  sol- 
fège, de  M.  Marmontel  pour  le  piano,  et  de 
Dourlen  pour  l'harmonie.  11  étudia  la  fugue 
et  la  composition  sous  la  direction  personnelle 
de  Cherubini,  dont  il  fut  un  des  derniers  élè- 
ves. Pourvu  d'une  excellente  et  solide  instruc- 
tion, qu'il  compléta  ensuite  par  la  lecture 
assidue  des  œuvres  des  grands  maîtres,  M.  Vau- 
corbeil commença  à  se  faire  connaître,  comme 
conqjositeur,  |)ar  la  publication  de  plusieurs 
mélodies  vocales  écrites  avec  style  et  emprein- 
tes d'une  émotion  pénétrante.  Bientôt  il  pro- 
duisait plusieurs  teuvres  d'un  genre  plus  élevéj 
entre  autres  des  sonates  pour  piano  et  violon, 
et  deux  quatuors  pour  instruments  à  cordes, 
qu'il  fit  entendre  dans  un  concert  donné  par 


VAUCOllBEIL  —  VAUTIÏROT, 


Gll 


lui  à  la  salle  Erard,  et  dont  J.  d'Orligue  par- 
lait en  ces  termes  dans  le  feuilleton  du  Jour^ 
nul  des  Débals.  —  «  Nous  avons  déjà  parié 
de  ces  deux  quatuors  de  M.  Vaucorbeil,  qui 
lui  assurent  une  place  si  distinguée  parmi  les 
conn)ositeurs  >lc  musique  instrumentale.  Le 
scherzo  et  l'adagio  du  premier,  en  ré,  ont 
excité  les  plus  vifs  applaudissements  de  l'au- 
ditoire, qui  s'est  montré  émerveillé  du  thème 
varié  en  mi  bémol  et  de  l'admirable  (inale  du 
second,  en  ut  mineur.  Il  est  impossible,  en 
effet,  de  joindre  plus  d'élévation  dans  les  idées 
à  plus  de  science,  de  finesse,  d'imagination, 
d'esprit  et  de  développements  ingénieux.  « 

Le  13  avril  1863,  M.  Vaucorbeil  abordait 
la  scène  en  donnant  à  l'Opéra-Coinique  un 
agréable  ouvrage  en  3  actes,  Bataille  d'a- 
mour, dont  le  livret,  tiré  d'une  ancienne  co- 
niédie  de  Dumaniant  ;  Guerre  ouverte  ou 
Ruse  contre  Jluse,  lui  avait  été  fourni  par 
M.  Victorien  Sardou.  Cet  ouvrage  était  joué 
par  MM.  Montaubry,  Crosti  et  Sainte-Foy, 
M'"^'  Baretti,  Bélla  et  Révilly.  Quelques  années 
I)lus  tard,  le  compositeur  publiait  sous  ce  titre.: 
InliiniléSflanc.  double  suite  de  pièces  de  piano 
d'un  style  très-pur  et  du  sentiment  le  i)lus  dé- 
licat, et  il  faisait  entendre  à  la  Société  des 
conceits  du  Conservatoire  une  grande  scène 
lyrique  avec  chœur  :  la  Mort  de  Diane, 
•  •  <|ui,  chantée  par  une  grande  artiste,  M"*  Ga- 
brielle  Krauss,  obtenait  aiq)rès  du  public  dif- 
ficile de  ces  admirables  séances  un  succès  très- 
vif  et  très-mérité.  C'est  dans  le  môme  temps 
qu'il  réunissait  en  un  recueil  plein  d'intérêt 
(Paris,  lleugel,  iu-8")  la  série  des  mélolies  vo- 
cales qui  avaient  paru  séparément  à  diverses 
époques. 

Au  mois  de  mars  1872,  M.  Vaucorbeil  avait 
été  nommé  commissaire  du  gouvernement 
près  les  théâtres  subventionnés.  Peu  après, 
la  Société  des  compositeurs  de  musique  l'élut 
pour  son  président,  el  c'est  grâce  à  son  action 
intelligente,  à  son  dévouement  infatigable,  à 
son  zèle  de  chaque  jour  que  cette  conqKignie, 
dont  l'existence  était  jusqu'alors  en  partie 
ignorée,  doit  la  grande  importance  qu'elle  a 
conquise  et  le  rôle  utile  (ju'elle  joue  aujour- 
d'hui, au  grand  profit  île  l'art  et  des  artistes. 
L'esprit  sagace,  pratique  et  libéral  de  M.  Vau- 
corbeil a  su  développer  avec  une  rare  intelli- 
gence le  côté  utile  d'une  association  si  inté- 
ressante, et  sur  son  initiative  la  Société  a  pu 
mettre  vigoureusement  à  profit  les  éléments 
si  puissants  qu'elle  possédait  dans  son  sein. 

Les  fonctions  administratives  dont  M.  Vau- 
corbeil était  chargé,  celles  de  président   de  la 


Société  des  compositeurs,  qu'il  se  vit  obligé 
«le  résigner  au  boul  de  quelques  années,  ont 
interrompu  pendant  un  temjts  sa  carrière 
active  de  compositeur.  Cependant  il  a  en  por- 
tefeuille un  grand  opéra  complètement  terminé, 
Mahomet,  écrit  sur  un  poème  de  M.  Henri 
de  Lacretelle,  et  dont  des  fragments  ont  été 
entendus  aux  concerts  du  Conservatoire.  Aux 
œuvres  de  cet  artiste  distingué  qui  ont  été 
mentionnées  ci-dessus,  il  faut  ajouter  quehiues 
conqiositions  religieuses  publiées  naguère  dans 
le  journal  lu  Maîtrise  :  le  Cantique  des 
trois  Enfants,  sur  des  paroles  de  Pierre  Cor- 
neille ;  un  Cantique  à  3  voix  sur  une  para- 
phrase du  Magnificat  ;  Kyrie  à  3  voix  -,  Ave 
verum,  antienne  à  2  voix  égales.  Enfin  on 
lui  doit  encore  une  sonate  pour  alto,  et  une 
«  méditation  »  pour  jjiano,  le  Néophyte,  ins- 
pirée par  un  tableau  de  M.  Gustave  Doré. 

M.  Vaucorbeil  est  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur.  lia  épousé,  il  y  a  quelques  années, 
une  aimable  cantatrice  belge,  m"'^  Annah 
Siernbcrg,  qui  a  obtenu  des  succès  au  théâtre 
de  la  Monnaie,  de  Bruxelles,  et  qui  a  fait  une 
courte  apparition  à  l'Opéra  de  Paris  (1). 

1 AUDIIV  (Jean-Fkaixçois),  écrivain  fran- 
çais qui  s'est  mêlé  avec  une  grande  ardeur  au 
mouvement  orphéonique,  a  été  successive- 
ment le  rédacteur  en  chef  de  deux  feuilles  spé- 
ciales, VOrphéon  et  la  France  chorale,  et 
a  fondé  ensuite  un  autre  journal,  l'Orphéon 
illuslré,  dont  l'existence  s'est  bornée  à  quel- 
ques mois.  Auteur  des  Plaisantins  de  la  mu- 
sique (Paris,  Perrotin,  1861,  in-8),  écrit  dirigé 
contre  les  partisans  de  la  musique  eu  chiffres, 
Vaudin  a  publié  sous  ce  litre  :  Gazettes  et 
Gazellers  (Paris,  Dentu,  1860-1863,  2  vol. 
in-12),  une  histoire  critique  et  anecdotique  de 
la  presse  parisienne,  dans  laquelle  on  trouve 
quelques  notes  sur  diftërents  journalistes  et 
écrivains  français  sur  la  musique.  Vaudin  est 
mort  le    16  mars   1869. 

VAUTllUOT  (François-Eugèke),  profes- 
seur de  chant  au  Conservatoire  et  chef  du  chant 
à  l'Opéra,  né  à  Paris  le  2  septembre  1825,  est 
mort  en  cette  ville  le  18  avril  1871.  11  lit  de 
Irès-bonnes  éludes,  d'abord  à  la  maîtrise  de 
l'église  de  la  Madeleine,  sous  la  direction  de 
Trévaux,  puis  au  Conservatoire,  où  il  fut 
couronné  pour  la  fugue  et  pour  l'orgue.  Peu  de 
temps  après  avoir  terminé  ses  études  musica- 
les, il  entra  comme  accompagnateur  et  chef 
du  chant  à  l'Opéra-Comique,   puis,  en  février 


(1)  UcpuU  le   5  juillet  1B79,  M.  V«ucorbell  a  succédé 
a  M.  Ilalaii^ler  comme  direclear  do  tbcàtre  de  l'Opéra. 


61-2 


VAUTHHOT  —  VENTURELLl 


1850,  succéda  à  IM.  llenii  Polier,  à  l'Opéra, 
en  qualité  dcclicf  du  chant.  En  1865,  à  la 
mort  de  Fontana,  il  devenait  professeur  de 
cliant  au  Conservatoire,  et  presque  en  môme 
temps  était  appelé  à  remplir  les  fonctions  de 
chef  do  chant  à  la  Société  des  concerts.  Mu- 
sicien fort  instruit  et  très-expérimenté,  accom- 
pagnateur de  premier  ordre,  artiste  distingué 
et  tous  égards,  Yauthrot  n'a,  croyons-nous, 
rien  laissé  comme  compositeur.  On  lui  doit  la 
réduction  au  piano,  très-hahiiemenl  faite,  des 
partitions  de  divers  ouvrages  représentés  à 
rOpéra-Comique  et  à  l'Opéra.  Les  réductions 
de  l'Africaine  et  d'IIamlet  lui  font  notam- 
ment grand  honneur. 

VAUTRIIV  ( ),    était  un   habile  facteur 

d'orgues  français.  On  n'a  cependant  d'autre  ren- 
.seignement  sur  lui  que  cette  courte  notice,  dont 
il  estl'ohjel  dans  le  Manuel  du  facteur  d'orgues 
(l'aris,  Roret,  1849)  :  —  «  Vautrin,  élève  de 
Dupont,  facteur  d'orgues  à  Nancy,  vivait  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle.  11  a  continué 
l'orgue  de  la  cathédrale  de  cette  ville,  dont  les 
travaux  avaient  été  interrompus  par  la  mort  de 
Dupont.  En  1818,  il  lit  d'importantes  augmenta- 
lions  à  ce  même  instrument,  et  il  venait  de  les  ter- 
miner lorsqu'il  mourut,  âgé  de  94  ans,  en  disant 
qiCil  commençait  à  comprendre  Vorgue.  » 
.  *,VAVASSEUri  (Nicolas  LE).  —  Dans  un 
écrit  intéressant,  la  Musique  à  Caen  de  lOGG 
ù  1848,  M.  Jules  Cariez  donne  les  lieu  et 
date  de  naissance  de  cet  artiste,  qui  serait  né 
à  Bernay  en  1G58.  Huct,  le  célèbre  évêqut? 
d'Avranches,  dans  son  livre  :  les  Origines  de 
Caen,  dit  de  Le  Yavasseur  que,  «  s'il  céda  à 
d'autres  le  prix  dos  grâces  et  de  l'élégance  de 
la  composition,  il  n'y  en  eut  aucun  à  qui  il  ne 
|)ût  disputer  le  prix  de  la  profondeur  du  sa- 
voir. »  Ce  jugement  est  inléressaiil  en  ce  que 
liuet,  contemporain  de  Le  Yavasseur  et  bon 
musicien  lui-même,  avait  pujuger  personnelle- 
ment de  la  valeur  des  œuvres  de  l'arliste. 

VECCSllOTTl  (LuiGi),  compositcuritalien, 
né  à  Castel-Clementino,  petit  pays  voisin  de 
Ferme,  le  4  mai  1804,  api»ril  dès  ses  plus  jeunes 
années  les  éléments  de  la  musique,  se  rendit 
ensuite,  à  l'âge  de  onze  ans,  à  Feiino,  oii  il 
étudia  le  piano  et  l'accompagnement  avec  un 
artiste  nommé  Curci,  quitta  celui-ci  pour  aller 
travailler  Tharmonie  à  Bologne  sous  la  direc- 
tion <Iu  P.  Matlt'i,  et  enfin,  à  la  mort  de  ce  der- 
nier, partit  pour  Milan,  cl  se  lit  recevoir  au 
Conservatoire  de  celte  ville,  où  il  eut  pour 
rriaîlre  de  composition  Federico.  Après  avoir 
terminé  ses  études,  il  écrivit  deux  opéras,  dont 
j'ignore  les  titres,  ([u'il  (il  représenter  à  Rome, 


et  dont  le  succès  très-réel  ne  l'empêcha  point 
de  renoncer  pour  jamais  à  la  composition  dra- 
matique. En  1827  Yecchiotti  fut  appelé  à 
diriger  la  chapelle  métropolitaine  d'Urbino,  et 
en  1841  il  abandonna  ces  fonctions  pour  occuper 
celles  de  maître  de  chapelle  et  de  directeur  de 
la  basilique  de  Loreto,  qu'il  conserva  jusqu'à 
sa  mort.  Il  écrivit,  pour  le  service  de  ces  deux 
chapelles,  un  grand  nombre  d'œuvres  de  mu- 
sique sacrée,  qui  se  distinguaient  par  un  style 
très-pur  [etj  de  remarquables  qualités.  Ces 
œuvres,"  dont  la  plupart  sont  restées  en  ma- 
nuscrit, consistaient  en  messes,  hymnes,  psau- 
mes, motets,  etc.  Yecchiotti  est  mort  le  10  fé- 
vrier 1863. 

VECOLI  (Francesco),  compositeur,  né  à 
Lucques  vers  1550,  a  publié  à  Venise,  en 
1581,  un  recueil  de  motets  à   5  voix. 

*  VECOLI  (Recolo),  compositeur  italien, 
n'était  point  napolitain,  mais  était  né  à  Luc- 
ques. Il  concourut  en  1586  au  puy  de  musi- 
que d'Évreux,  et  y  remporta,  pour  un  De  pro- 
fundis  de  sa  composition,  le  prix  de  la  harpe 
d'argent. 

*  VEIT  (Weszel-Henri),  magistrat  et  com- 
positeur, président  du  tribunal  du  cercle,  est 
mort  à  Leitméritz  (Bohême),  le  15  février  1864. 
Parmi  ses  compositions  nombreuses,  on  re- 
marque une  messe,  une  symphonie,  et  divers 
morceaux  de  piano. 

*  \  E3(TO  (Mathias).  —Cet  artiste  a  écrit, 
en  société  avec  Floriano  Gessmann,  un  opéra 
intitulé  la  Zingara ,  qui  fut  représenté  à 
Florence  en  1771. 

\E:\TÎJUA  (Giuseppf.),  compositeur  ita- 
lien, vivait  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Cet  artiste,  sur  lequel  je  n'ai 
pu  découvrir  aucun  renseignement  particulier, 
est  l'auteur  d'un  opéra  intitulé  Prizeta  cor- 
revata,  qui  était  représenté  au  théâtre  Nuovo 
d'A versa,  en  1732. 

l'ErVTUllA  (LioNELLo),  compositeur,  né  à 
Triesle,  est  l'auteur  d'un  opéra  intitulé  Aida, 
qui  a  été  représenté  il  y  a  quelques  années. 
Avant  de  se  produire  comme  musicien  dramati- 
que, cet  artiste  s'était  fait  connaître  comme  criti- 
que et  écrivain  musical,  et  avait  été  sous  ce 
rapport  le  collaborateur  de  divers  journaux, 
entre  autres  de  la  Scena,  l'une  des  feuilles 
artistiques  les  plus  intéressantes  de  l'Italie. 
Sous  ce  litre,  la  Musica  delV Avvenire ,  il 
avait  notamment  publié  dans  ce  journal  une 
série  d'articles  remarquables  par  la  laigeur 
des  vues  et  la  clarté  du  style. 

\  E^TLRELLI  ( ),  compositeur  ita- 
lien, est  l'auteur  d'un  opéra  sérieux,  il  Conte 


VENTURELLI  —  VERCKEN  DE  VREUSCHMEN 


613 


di   Lara,  qui  a  élé  représenté  avec  succès  à 
Florence,  !e  22  février  187G. 

lliiNZAIVO  (Li:ii:i),  violoncelliste  et  compo- 
siteur italien,  né  à  Géncs  vers  1815,  s'est  fuit 
connaître  d'abord  par  la  publication  d'un  assez 
grand  nombre  de  mélodies  vocales  qui  ont  été 
bien  accueillies  du  public,  et  dont  la  plus  fa- 
meuse est  la  valse  chantée  connue  sous  le  nom 
de.valsede  rcn:«HO,  qui  fut  écrite  pourM""'Gas- 
sier,  et  que  celte  grande  artiste  rendit  popu- 
laire par  toute  l'Europe  en  l'intercalant  dans  la 
scène  de  la  leçon  de  chant  du  Barbier  de  Se  ville. 
t'armi  les  autres  compositions  vocales  de  Ven- 
zano,  je  citerai  la  Zingarella,  «  chant  fantas- 
tique »  pour  voix  de  soprano  avec  accompagne- 
ment d'orchestre,  la  Prcghiera  aSanVAnna, 
la  Fioraja  di  Genova,  un  Fiore,  Beppeinna- 
vioralo,  l'Arrivo,  etc.  Venzano  a  écrit  aussi  la 
musique  de  plusieurs  ballets,  entre  antres  Lidia 
(l'u  société  avec  MM.  Corradi  et  Olivari),  re- 
présenté au  théAtre  Carlo-Felice,  de  Gènes,  le 
11  mars  1865,  et  Benvenulo  Cellini.  Enfin,  cet 
artiste  adonné  dans  la  salle  Sivori,  de  la  même 
ville,  le  25  avril  1873,  un  opéra  bouffe  en  2 
actes  intitulé  la  Notte  degli  schiaffi. 

Yenzano  remfvlissait  les  fonctions  de  premier 
violoncelle  à  l'orchestre  du  théâtre  Carlo-Fclice, 
et  de  professeur  de  cet  instrument  à  l'Inslitul 
musical  civique  de  Gènes.  Il  est  mort  en  cette 
ville  à  la  suite  d'une  maladie  de  poitrine,  le 
27  janvier  1878,  à  l'âge  de  soixante-trois  ans. 
l"EI\A-LOIlI3fI      (Carlotta-Enrichetta 
]\OESEU,   femme),   cantatrice   allemande  de 
nai-ssance  et  d'origine,  née  dans  les  dernières 
années    du  dix-huitième  siècle,  morte  au  mois 
de  janvier  1866,  parcourut,  sous  son   nom   de 
demoiselle,  une  brillante  carrière,  chanta  à  la 
Scala  de  Milan,  en  compagnie  du  célèbre  ténor 
Tacchinardi,   et  obtenait  en    1807    d'immenses 
succès  à  Vienne  et  à  Prague.  On  assure  qu'elle 
fut  la  première  chanteuse  en  Italie  qui  revêtit 
1  'habit  masculin,  ce  qui  la  mit  en  rivalité  d'em- 
ploi avec  les  plus  fameux  virtuoses  de  l'époque, 
les   sopranistes  Crescentini,  Velluti   et  autres. 
Vers  1814,  elle   épousa  l'avocat  Vera,  un  des 
jurisconsultes   romains    les  plus  dislingués,    et 
quitta  le   théâtre,    où    plus    tard    sa  lille,   la 
prima    donna   Sofia    Vera-Lorini,    devait  se 
faire  à  son  tour  une  brillante  renommée.  Spohr, 
dans  ses    Mémoires ,    parle    avec    éloges   de 
M'"'  Yera-Lorini,  et  Hoffmann,  dans  l'un  de  ses 
Contes  fanlasliques,  lui  a  consacré  un  cha- 
pitre entier  (1).  ...  ,.y 

(U  Je  crois  que  c'est  par  erreur  que  certains  biographes, 
dont  j'ai  suivi  l'excrapl(>,  ont  appelé  cette  cantatrice 
Mme  fera-Lorini.   Ce  nom  appartenait  à  ta  fille,  qui 


VEIIA    (Eduardo),;  fils    <le   la    précédente, 
professeur  de  chant  et  compositeur  italien,  est 
né   vers  182r>.  Il  .s'est  acquis  comme  professeur 
une  grande  réputation,  non-seulement  en  Italie, 
où,  entre  autres  élèves,  il  a  enseigné  le  chant 
à  la  princesse  Marguerite  de  Savoie,  mais  aussi 
à  Londres,  où  il  a  élé  établi  petidant  plusieurs 
années  et  où  sa  clientèle  se  recrutait  surtout 
dans  les  grandes  familles  de    l'aristocratie  an- 
glaise. Il  est  aujourd'hui  fixé  à  Rome.  M.  Vera, 
qui  a  reçu  d'ailleurs  une  bonne  éducation  mu- 
sicale, s'est  produit  aussi  comme  compositeur, 
et  a  écrit  la  musique  de  plusieurs   opéras  sé- 
rieux ;  j'ignore   s'il  en  a   produit  d'autres  que 
les  trois  suivants,  qui  seuls  sont  venus    à  ma 
connaissance  :  T  Adriana  Lecouvreur  (Milan, 
théâtre   de  la  Scala,    17    octobi'e  18i3);  2"  A- 
nelda  di  Messina  (Lisbonne,   théâtre  San-Car- 
los,  5  décembre    1858);   3°   Valeria;  ce  der- 
nier représenté  en  1869  au  théâtre  communal 
de  Bologne.  Il  a  publié  aussi  différents  recueils 
de  mélodies  vocales,  dont  deux  ont  paru  à  Mi- 
lan, chez  l'éditeur  M.  Ricordi. 

Lasœurdecet  artiste, M''"^  Sofia  Vera,  mariée 
aujourd'hui  àM.  Lorini,  chanteur  et  imprésario, 
est  une  cantatrice  de  grand  talent,  qui  n'a  pas 
moins  brillé  dans  le  chant  dramatique  que 
dans  l'interprétation  des  jolis  poèmes  musicaux 
de  l'école  allemande  classique.  Mm"  Vera- 
Lorini  a  appartenu  en  1850  au  Théàtre-Ilalien 
de  Paris,  puis  elle  s'est  fait  entendre  en  Italie, 
en  Angleterre  et  en  Amérique,  toujours  avec 
succès.  De  retour  de  Rio-Janeiro  en  18.59,  elle 
se  produisit  avec  le  même  bonheur  à  Bologne, 
à  la  Scala  de  Milan  et  à  Naples. 

*  VEl\lîOî>3IET  ( ).  —M.  le  docteur 

Abramo  Basevi,  de  Florence,  possède  un  ma- 
nuscrit sur  parchemin,  du  seizième  siècle,  qui 
contient  quatre  compositions  de  cet  artiste, 
dont  Fétis  déclarait  n'avoir  jamais  connu 
([n'un  seul  morceau.  M.  Basevi  a  fait  faire  ime 
copie  de  ce  manuscrit  précieux,  et  a  donné 
celte  copie  à  l'Académie  royale  des  Sciences 
de  Bruxelles. 

l'EîllMlL'GGEIN  (Théodore),  luthier  et 
musicien  instrumentiste,  vivait  dans  la  première 
moilié  du  dix-septième  siècle  à  Anvers,  où  il 
construisit,  en  1641,  une  contre-basse  pour  le 
jubé  de  la  cathédrale. 

\  EllCREN  DE  VP.ELSCSÏ^ïE:V  (Léon), 
amateur  de  musique  et  composileur,  est  né  à 
Liège  (Belgique)  le  15  octobre  1828.  Après  avoir 

épousa  le  chanteur  Lorlnl.  Peut-être  pourtant,  lorsque 
rclle-ci  eut  titii  mariée,  prit-on  à  tort  l'haliitude  de  désigner 
aussi  Mme  Vera  .mCre  sous  le  double  nom  que  sa  fille 
avait  adopté. 


614 


VERCKEN  DE  VREUSGIIMEN  —  VERDI 


fait  son  droit  et  sVtre  fait  recnvoir  avocat,  il 
devint  en  1852  socrt'-laire  de  l'Institut  et  de  la 
Cliambre  de  commerce  d'Anvers,  fut  un  peu  plus 
lard  consul  de  Porse,  et  enfin,  se  lançant  dans 
les  affaires,   se  vit  nommer  administrateur  de 
plusieurs  sociétés  financières  et  de  chemins  de 
fer.  Cependant  M.  Vercken,  qui  avait  reçudans 
sa  jeunesse  une  bonne  éducation  musicale,  con- 
sacrait une  partie  de  son  temps  h  la  pratique  de 
l'art  et  s'occupait  de  composition.    Dès  1851  il 
publiait  à  Anvers,    chez  l'éditeur  Possoz,  plu- 
sieurs   mélodies,  duos  et   ballades,  faisait  pa- 
raître l'année  suivante  deux,  recueils  de  Chants 
f/;<  soir  (Paris, Chabal),  et  plus  tard  des  morceaux 
de  piano  :  caprices,  suite  de>alses,  Études  mélo- 
diques, etc.  En  1803  il  faisait  exécuter  à  Anvers 
un  grand  chœur  à  8  \oïx,les  Lévites  dît  Temple, 
avec    soli  et  orchestre,  dans  le  même   temps 
faisait  entendre  à  la  cathédrale  divers  motets  à 
4   voix  et  orchestre,  et  enfin  écrivait  une  bal- 
lade symphunique,   le  Tambour  sur  mer,  sorte 
de  grande    cantate  [lour  soli,   chmurs    et  or- 
chestre, composée  sur  un  texte  imité  du  poète 
danois  Œhlenschiaeger.  Peu  de  temps  après,  en 
1865,  M.  Vercken  faisait  exécuter  à  Anvers  un 
opéra-comique  en  deux  actes,  la  Légende  du 
diable,    et  en  1871  il  donnait  h  Bruxelles,  sur 
le   théâtre  des  Galeries-Saint-Hubert,  une  opé- 
rette en  un  acte  intitulée /4  la  mer.  A  la  même 
époque  il  faisait  répéter  au  théâtre  de  la  Mon- 
naie, de  cette  ville,  un  opéra-comique  en  deux 
actes,  le  Chemin  de    Venise,  dont  les   circons- 
tances politiques  empêchèrent  la  représentation. 
Enfin,  le  6  juin  1873,  il  faisait  jouer  à  Paris, 
au  Théâtre-Lyrique  (Athénée),  un   gentil  petit 
ouvrage  en  un  acte  intitulé  Pierrot  fantôme. 

M.  Vercken,  qui  a  fait  encore  exécuter  ?i 
Lille  (1870)  une  Marche  inaugurale  pour  la 
cérémonie  d'ouverture  du  chemin  de  fer  de 
Lille  à  Valenciennes,  et  qui  a  en  portefeuille 
un  opéra-comique  inédit,  le  Mystère,  s'est  aussi 
occupé  de  critique  musicale.  Il  a  rédigé,  de 
18G0  à  1803,  le  feuilleton  musical  du  principal 
journal  d'Anvers,  le  Précurseur,  et  a  publié 
de  nombreux  articles  dans  V Union  commerciale 
et  dans  trois  feuilles  parisiennes  qui  n'ont  eu 
(ju'une  courte  existence  :  l'Eclair,  le  Nouvel- 
liste et  le  Journal  officiel  des  Théâtres. 

*  VKUDI  (Giusicppe),  le  plus  fameux  com- 
positeur de  l'Italie  contemporaine,  n'est  pas  né 
le  0  octobre  1814  à  IJussefo,  comme  tous  les 
l)iographcs  l'ont  écrit  jusqu'à  ce  jour,  mais  le 
9  octobre  1813,  â  Roncolo,  petit  village  peuplé 
seulement  de  9.00  habitants,  situé  à  trois  uiillcs 
environ  de  la  petite  ville  de  Bussefo,  et  dans 
lequel  son  père,  simple  paysan,  tenait  une  mo- 


deste auberge  de  campagne  (1).  Il  dut  les  bien- 
faits de  son  éducation  musicale  à  la  munici])a- 
lité  de  Busseto,  qui  lui  accorda  une  bourse  pour 
aller  étudier  à  Milan,  et  à  un  dilettante  intelli- 
gent, Antonio  Barezzi,  qui  compléta  pendant 
plusieurs  années  les  ressources  dont  il  pou- 
vait avoir  besoin,  et  dont  il  épousa  la  fille.  Plus 
tard,  et  celle-ci  étant  morte.  Verdi  se  maria 
en  secondes  noces  avecune  cantatrice  distinguée 
qui  avait  été  l'une  des  meilleures  interprètes  de 
ses  oeuvres,  m"''  Giuseppina  Strepponi,  fille 
du  compositeur  de  ce  nom. 

La  renommée  du  cctmpositeur  s'est  agrandie 
dans  ces  dernières  années  et  a  pris  un  nouvel 
essor,   par  suite  de  la  production  de  trois  ceu- 
vres,  dont  les  deux  dernières  surtout  révélaient 
luie    évolution    profonde    dans    son  esprit    et 
un    changement    très-remarquable    <lans    son 
style.    Don  Carlos,  o\^éïA  français  en  5  actes, 
représenté  à  l'Opéra  de  Paris,  le  11  mars  1867, 
donnait  déjà  les  preuves  d'un  effort  vigoureux 
du  maître  en  vue  de  serrer  de  plus  près  la  vérité 
dramatique,  et   d'amener  l'alliance  aussi  com- 
plète que  possible  du  discours  musical  avec  tous 
les  détails  de  l'action  scénique.  DoîiCarZos  était 
une  œuvre    beaucoup  plus  rélléchie,  beaucoup 
plus  étudiée  que  les  compositions  antérieures  de 
M.  Verdi,  et  si  elle  man((uait  parfois  de  jet, 
de  spontanéité,  elle  n'en  était  pas  moins  remar- 
quable à  divers  égards,  et  surtout  sous  ce  rap- 
port de  la  recherche  exacte,  consciencieuse,  de 
la  véritable  expression    dramatique,  que,  dans 
une  œuvre  suivante,   le  compositeur  allait  dé- 
ployer dans  toute  sa  grandeur  et  tout  son  éclat. 
Peu  de  temps   après,  le    khédive    (vice-roi) 
d'Egypte,  Ismail-Pacha,  inaugurait  au  Caire  un 
théâtre  italien   qu'il  venait  de  faire  construire 
en  cette  ville.   Pour  donner   une   plus  grande 
importance  à  ce  théâtre  et  appeler  sur  lui  l'at- 
tention même  du  public  européen,  il  eut  l'idée 
de  demander  à  M.  Verdi  s'il  voudrait  écrire  un 
ouvrage   nouveau  pour  le    Caire,  lui  proposant 
un  livret  qui  avait  pour  titre  Aida  et  le  priant 
de  fixer  lui-même  ses  conditions.  M.  Verdi  de- 
manda 4,000  livres  sterling  (100,000  francs),  qui 

(i)  Sous  ce  titre  :  Verdi,  souvenirs  anccdotique.'!,  j'ni 
publift  en  1878,  dans  le  journal /<■  Mcjicstrel,  une  série 
d'articles  bioRvapliiqucs  dont  les  renseignements,  trùs- 
préeis  et  pour  la  plupart  inconnus,  m'avaient  été  four- 
nis en  Italie  par  un  ami  intime  du  maître,  qui  le  con- 
naissait depuis  sa  Jeunesse.  J'y  renvoie  le  lecteur  eti- 
ricui  de  connaître  tous  les  faits  intéressants  de  la  vie 
et  de  la  carrière  de  l'auteur  de  Ilirjoletto  et  de  la  Tra- 
viata.  Une  traduction  Ualienne  de  cet  écrit,  en  ce  mo- 
ment .sons  presse,  va  paraître  incessamment  à  Milan. 
par  les  soins  de  l'edllenr  M.Rieordi,  Tue  traduction  es|)a- 
gnole  est  près  de  par.iitre  aussi  à  Madrid.  Une  troisième, 
en  allemand,  a  él<-  •  "itlién  dans  la  JYetie  Berlincr  iViisi/,- 
zcitvnq. 


VEHDl  ~  VF.nr.ER  (DU) 


615 


lui  ftiiPiit  affonl(^e<; ,  et  il  se  init  aussitôt  à  Vcnn- 
vi(>.  Celle-ri  achevée,  les  étinlosen  furml  rom- 
nipncées,  et  Aida  fut  représentée  sur  le  tliéi'i- 
fre  lini>érial  du  Caire,  le  ?.'i  décembro  1871 , 
avec  un  succès  colossal,  qui  se  renouvela  sur 
la  scène  de  la  Scala,  de  Milan,  lorsqu'elle  y  pa- 
rut peu  de  semaines  après,  et  successivement 
dans  toutes  les  grandes  villes  de  l'Europe,  et 
particulièrement  à  Paris.  La  partition  à' Aida 
est  une  œuvre  de  premier  ordre,  d'une  grande 
puissance  et  d'une  rare  intensité  d'effet,  qui 
se  fiiit  remarquer  par  une  déclamation  ina- 
gnitique  et  pleine  de  noblesse,  par  une  couleur 
éclatante,  par  un  sentiment  pathétique  et  |ias- 
sionné  que  l'auteur  n'avait  encore  jamais  mani- 
festé à  un  si  haut  degré,  enfin  par  une  re- 
cherche singulièrement  heureuse  de  la  nouveauté 
harmonique  et  du  coloris  instrumental.  Les 
grandes  lignes  de  l'œuvre  sont  vraiment  monu- 
mentales, son  architecture  est  grandiose,  l'ins- 
piration yestpuissanfe,  et  l'ensemble  en  est  aussi 
sévère  qu'harmonieux.  Aida  venait  couronner 
d'une  façon  superbe,  glorieuse,  pourrail-on  dire, 
la  cairière  inégale  sans  doute,  mais  déjà  bien 
brillante  du  maître. 

Une  production  d'un  genre  bien  différent  allait 
montrer  son  génie  sous  un  jour  tout  nou- 
veau. Dans  les  premiers  mois  de  1873  mourait  à 
Milan,  chargé  d'ans  et  de  gloire,  l'un  des  hommes 
les  plus  justement  célèbres  de  l'Italie  contempo- 
raine, l'un  des  plus  grands  patriotes,  l'un  des 
poètes  les  plus  exquis  qu'ait  produits  cette 
terre  si  fertile  sous  ce  doublejrapport,  Alessan- 
dro  Manzoni.  Verdi,  qu'une  affection  profonde  et 
presque  filiale  allacliait  à  ce  grand  homme,  se 
rendit  aussitôt  à  Milan  pour  proposer  à  la  mu- 
nicipalité de  cette  ville  d'écrire,  en  l'honneur 
de  Manzoni,  une  messe  de  Requiem  qui  serait 
exécutée  l'année  suivante,  pour  l'anniversaire  de 
sa  mort.  L'offre  fut  acceptée  avec^empresscment, 
et  en  effet,  le  22  mai  1874,  le  Reqviem  de 
Verdi  fui  produit  dans  l'église  San-Marco,  de 
Milan,  avec  une  solennité  et  un  éclat  exception- 
nels ;  les  soli  étaient  chantés  par  M'"'''  Teie- 
sinaStolz  et  Waldmann,  MM.  Capponi  et  Maini, 
et  le  compositeur  en  personne  dirigeait  l'or- 
chestre, composé  de  100  exécutants,  ainsi  que 
le  chœur,  qui  en  comprenait  120,  et  dont  fai- 
saient modestement  partie  quelques  uns  des 
meilleurs  artistes  lyriques  de  l'Italie. 

Le  Requiem  à  la  mémoire  de  Manzoni  fut 
accueilli  avec  un  tel  enthousiasme,  qu'il  fut  dé- 
cidé que  trois  autres  exécutions  en  seraient 
faites  au  théâtre  de  la  Scala,  où  la  foule  se 
porta  avec  une  sorte  de  fureur,  et  où  les  mani- 
festations d'admiration,  qui  n'avaient  pu  que  se 


laisser  entrevoir  dans  lenceinle  d'une  église,  se 
donnèrent  librement  carrière.  Il  en  fut  de  même 
h  Paris,  où,':huit  jours  après,  les  mêmes  artistes 
vinrent  chanter  le  Requiem,  dans  la  .salle  de 
l'Opéra-Comique,  encore  sous  la  direction  de 
l'auteur.  Depuis  lors  cette  œuvre  magistrale  a 
été  admirée  par  toute  l'Europe,  rencontrant  par- 
tout la  môme  faveur. 

11  est  certain  qu'avec  Aida,  comme  avec  le 
Requiem,  Verdi  a  acquis  des  titres  beaucoup 
plus  importants  à  l'estime  publique  qu'avec  ses 
compositions  précédentes.  Dans  ces  deux  o-u- 
vres  grandioses,  son  génie  s'est  assoupli,  civilisé, 
si  l'on  peut  dire,  son  inspiration,  naguère  iné- 
gale, farouche,  heurtée,  a  gagné  en  grandeur, 
en  égalité,  en  sérénité;  son  sentiment  de  l'har- 
monie s'est  montré  beaucoup  plus  châtié,  plus 
vivant,  plus  varié,  enlin  son  orchestre  a  pris 
un  aplomb,  un  corps,  un  ensemble,  une  cohé- 
sion, qu'on  ne  lui  connaissait  pas  jusqu'alors. 
Sous  le  rapport  de  la  forme  enfin,  aussi  bien 
qu'en  ce  qui  concerne  le  fond,  le  compositeur 
s'est  montré,  dans  ces  deux  (euvres,  dix  fois  su- 
périeur à  ce  qu'on  pouvait  attendre  de  lui. 
Depuis  lors,  malheureusement,  il  n'a  rien  pro- 
duit de  nouveau. 

En  dehors  de  ses  œuvres  dramatiques,  voici 
la  liste  des  rares  compositions  du  maître  qui 
ont  été  publiées  :  C  Romances  {\.Non  i'accox- 
iare  alluma;  2. More,  Elisa,  lo  stanco  poêla; 
3.  In  solitaria  Slanza;^i.  NelVorror  dinoile 
oscura;  5.  Perdu  fa  ho  la  pace;  G.  Deh!  pie- 
ioso);  —  Albiun  de  fi  romances  (1.  il  Tramonfo; 
1.  la  Z ingara;  3.  Ad  una  [esta;  4.  lo 
Spazzacamino ;  T^.  il  Mislero;  G.  Brindisi); 
—  l'Esule,  chant  pour  voix  de  basse;  —  la 
Sedw^ione,  id.;  —  il  Poierello,  romance;  — 
Jit  dici  clic  non  m'ami,  «  stornello  ■»;  Guar- 
dache  hianca  liina,  nocturne  à  trois  voix, 
avec  accompagnement  de  flûte  obligée;  — Qua- 
tuor pour  2  violons  ,  alto  et  violoncelle. 

Verdi  est  sénateur  du  royaume  d'Italie. 

VERDYEÎV  (Chrétien-Éuile),  musicien 
belge,  né  à  Louvain  le  fi  mai  1827,  a  fait  repré- 
senter à  Liège,  en  1858,  un  opéra-comique  inti- 
tulé le  Fou  du  Roi. 

VERGEU  (Virginie  MOREL,  épouse  1>U\ 
pianiste  distinguée,  naquit  à  Metz  en  1790.  Bien 
que  privée  d'une  véritable  direction  dans  ses 
études  musicales,  elle  jouait  à  douze  ans  du 
piano  d'une  manière  remarquable.  Des  artistes 
de  mérite  passant  à  Metz  conseillèrent  h  sa 
mère  d'aller  chercher  à  Paris  le  développement 
des  dispositions  de  la  jeune  Virginie.  En  1814 
la  mère  et  la  lille  s'arrachèrent  courageusement 
à    une'Jexistencc    honorable  et  [lucrative  pour 


616 


VERGER  (DU)  —  VERRIMST 


s'exposer  aux  tristes  chances  de  la  vie  de  l'arjs, 
où  l'isolemenl  et  les  privations  de,  tout  genre 
les  alti'iidaient.  Virginie  More!,  dès  son  entnu' 
au  Conservatoire,  fut  accueillie,  écoutée  favora- 
blement par  le  jury,  encouragée  tout  particu- 
lièrement par  Mëluil,  et  se  fixa  à  Paris  après 
avoir  obtenu  le  premier  prix  de  piano.  Mai- 
grêles  fatigues  du  professorat,  elle  se  mit,  sous 
la  direction  de  Reicha,  à  l'étude  de  l'harmonie. 
De  1820  à  1828,  plusieurs  de  ses  compositions 
parurent  et  furent  goûtées.  Elle  devint  profes- 
seur de  piano  de  la  duchesse  de  Berry,  à 
laquelle  elle  dédia  trois  duetCnii  pour  piano  et 
violon  d'un  excellent  style  et  pleins  de  charme. 
A  cette  époque,  elle  reçut  de  démenti  de  précieux 
conseils,  où  elle  puisa  cette  manière  large,  ex- 
pressive, qu'on  remarquait  chez  cette  arti.ste. 
Elle  reçut  aussi  quelques  leçons  de  Hummel. 
En  1829  commença  une  existence  nouvelle  pour 
Virginie  Morel.  Elle  épousa  le  baron  du  Verger, 
lieutenant-colonel  d'état-major,  devenu  plus 
tard  général,  et  le  suivit,  après  la  révolution 
de  1830,  à  Alger,  où  plus  que  jamais  elle  s'oc- 
cupa de  son  art  et  se  livra  à  la  composition. 
Après  la  mise  à  la  retraite  de  son  mari,  elle  se 
fixa  avec  lui  au  chàleau  du  Verger,  où  elle 
mourut  en  1870. 

Les  compositions  de  M'"°  du  Verger,  pu- 
bliées chez  Richault,  sont  :  l''  une  sonate  pour 
piano  ;  2°  trois  duetlini  pour  piano  et  violon; 
3"  une  fantaisie  sur  un  air  anglais  ;  4°  variations 
brillantes  sur  un  air  allemand;  5"  huit  études 
mélodiques;  G°  une  valse  brillante,  la  Mascara  ; 
7°    Virrjinla,  valse. 

M""^  [du  Verger  a  laissé  des  com[)ositions 
inédites,  toutes  remarquables,  dont  elle  a  légué 
les  manuscrits  à  M"'e  A.-  Delhou,  née  Cléau, 
son  élève  et  son  amie,  pianiste  distinguée  elle- 
mftme.  Y. 

*  VERHEVEIX  (Pierre).  —  A  la  nomen- 
clature des  compositions  de  cet  artiste  hono- 
rable, il  faut  joindre  un  Divertissement  lyrique 
qui  fut  exécuté  à  Sammerghera  le  2â  août  1788, 
à  l'occasion  d'une  visite  faile  au  curé  de  celte 
localité  par  le  prince  Ferdinand  de  Lobkowilz, 
évêque  de  Gand. 

VEIl.MKL'LEl^  (A....-C....-G....),  dilet- 
tante distingué,  excellent  protecteur  des  aris  et 
des  artistes  dans  le  royaume  des  Pays-Bas,  na- 
quit à  Rotterdam  eu  1798.  C'est  lui  qui  fonda, 
lel20  avril  1829,  la  Société  pour  l'encourage- 
ment de  l'art  musical  dans  les  Pays-Bas,  société 
universellement  connue,  célèbre  dans  ce  pays, 
et,dont  il  est  resté  le  secrétaire  général  jusqu'à 
sa  mort.  C'est  à  Vermeulen  que  les  Pays-P.as 
doivent  une  jiarlie  de  leur  pro'^périte  dans  le 


mouvement  musical  du  dix-neuvième  siècle,  et 
pendant  de  bien  longues  années  il  n'a  cessé 
d'en  pour.suivre  le  développement  avec  autant 
de  zèle  que  de  succès. 

H  reçut  le  grand  diplôme  d'honneur  de  la  So- 
ciété pour  l'encouragement  de  l'art  musical,  de 
l'Académie  de  Sainte-Cécile  de  Rome,  et  de  l'A- 
cadémie  royale  des  Arts  de  Berlin,  ainsi  qu'une 
médaille  d'or  du  roi  de  Suède  et  une  de  I  ex- 
roi  de  Hanovre.  Il  était  chevalier  des  ordres  du 
Lion  Néerlandais,  de  l'Aigle  rouge  et  du  Faucon 
blanc,  et  membre  de  l'Académie  de  Stockholm. 

Vermeulen  mourut  à  Rotterdam  au  mois  de 
juillet  1872.  Éd.  de  H. 

\'EI\1\AY  (L'abbé  Augustin),  a  écrit  la  mu- 
sique d'im  recueil  de  chants  religieux,  intitulé  : 
Litanies  de  la  bienheureuse  Marguerite- 
Marie.  Ce  recueil,  composé  de  trente-cinq  can- 
tiques à  une  ou  plusieurs  voix,  avec  accom- 
pagnement de  piano,  a  été  publié  en  1875 
(Paris,  Haton,  1  vol.  in-8). 

VÉRO>    ou    VEUa\OI\    ( ),    luthier 

français,  contemporain  de  Bocquay,  de  Pierret 
et  de  Despons,  vivait  à  la  lin  du  seizième  et  au 
commencement  du  dix-septième  siècle.  Au  mois 
de  juillet  1599,  il  signa,  en  compagnie  des  trois 
artistes  ci-de.ssus,  ses  confrères,  les  statuts  des 
lulliiersconstituésen  corps,  statuts  qui  furent  ap- 
prouvés par  le  roi  Henri  IV.  Y. 
g;,/  ^'EllIIÏMST  (ViCTOR-l<nÉDÉRif.).  —  Cet 
artiste  distingué,  qui  occupe  les  fonctions  de 
première  contre-basse  à  l'orchestre  de  l'Opéia 
ainsi  qu'à  la  Société  des  concerts  du  Conserva- 
toire, a  publié  un  grand  nombre  de  compositions 
de  divers  genres,  dont  les  plus  importantes 
consi.stent  en  cinq  messes,  et  environ  quinze 
motets  à  une,  deux,  trois  et  quatre  voix,  la 
plupart  avec  accompagnement  d'orgue  et  quel- 
quefois de  contre-basse.  Pour  l'enseignement, 
M.  Verrimst  a^  publié  -.  1°  Méthode  complète 
pour  la  contre-tKisse  à  quatre  cordes,  adoptée 
par  le  Conservatoire  (Gérard)  ;  2°  École  des 
diverses  positions  pour  le  violoncelle  (Hic- 
lard)  ;  3"  Douze  petits  morceaux  caractéristi- 
ques, pour  le  piano  à  4  mains,  en  forme  d'études 
sur  cinq  notes,  l"^  suite  (Gérard);  4°  Douze 
petits  morceaux  caractéristiques,  2c  suite 
(id.)  ;  5"  Douze  rondes  enfantines,  3^  suite  (id.)  ; 
C"  Douze  petites  transcriptions  très-facites 
sur  des  opéras  célèbres,  i"  suite  (id.);  Panto- 
mime, huit  petits  morceaux  caractéristiques, 
5"  suite(id.).  Les  autres  compositions  deM.A'er- 
rimst  comprennent  des  chœurs  orphéoniques, 
quelques  morceaux  de  genre  pour  le  piano,  et 
un  certain  nombre  de  mélodies  vocales  et  chan- 
sonnettes.   En    1873,   dans  ses  den.x  concerts 


VERRTMST  —  VIA  DANA 


617 


spirituels  du  vendredi  saint  et  du  dimanclie  de 
Pâques,  la  Sociélé  des  concerts  du  Conserva- 
toire a  exécuté  le  Kijric  et  le  Gloria  de  la 
5''  messe  de  M.  Verrimst.  Cet  artiste  très-iio- 
norable  a  publié  sous  ce  titre  :  Rondes  et  Chan- 
sons populaires  (Paris,  Hachette,  in-S"),  un 
recueil  intéressant  dont  les  acconipa};netnents 
sont  écrits  avec  soin  et  avec  goût. 

VERSTOA  SIîY  ( ),  compositeur  russe 

contemporain,  a  remi)li  les  fonctions  d'inspecteur 
des  lliéàtres  de  Moscou,  et  est  mort  en  cette 
ville  au  mois  de  novembre  1862.  VerstovsKy  a 
écrit  la  musique  de  deux  ou  trois  opéras,  dont 
l'un  surtout,  intitulé  la  Tombe  d'Askold,  obtint 
un  vif  succès  et  resta  pendant  plus  de  vin^t  ans 
au  répertoire.  Un  autre  de  ses  ouvrages  avait 
pour  titre  Gromoioï. 

VESPOLI  (LiJici),  professeur  de  piano  au 
Conservatoire  de  Naples  et  compositeur,  est  né 
à  Avellino  le  12  janvier  1834.  Fils  d'un  compo- 
siteur de  musique  religieuse,  il  en  reçut  ses 
premières  leçons,  et  se  fit  admettre  ensuite 
au  Conservatoire  de  Naples,  où  il  devint  l'élève 
de  Miclieiangelo  Rus.so  pour  le  piano,  de  Gen- 
naro  Parisi  pour  l'harmonie,  puis  de  Mercadante 
pour  la  composition.  Après  avoir  terminé 
ses  études,  il  écrivit  la  musique  d'un  opéra 
en  3  actes,  la  Cantanle,  qui  fut  représenté 
avec  succès  au  théâtre  du  Fondo,  de  Naples, 
en  18.58;  mais,  malgré  cet  heureux  début, 
une  limidité  naturelle  et  une  trop  grande  dé- 
liance  de  lui-même  l'empêchèrent  de  poursuivre 
la  carrière  du  théâtre.  11  se  livra  alors  à  l'en- 
seignement, et  devint  professeur  dans  réta- 
blissement dont  il  avait  été  l'élève.  Comme  com- 
positeur, on  doit  à  M.  Vespoli  un  recueil  de 
12  litndes  pour  le  jùano,  deux  ouvertures  à 
grand  orchestre  et  quchpies  morceaux  de  genre 
et  de  danse  pour  son  instrument. 

VESTV  VLf  (FÉLicni;  ,  canlatrice  dramati- 
que, issue  d'une  noble  et  riche  famille  polon.iise, 
naciuit  selon  les  uns  à  Stettin  eu  1829,  selon  d'au- 
tres à  Varsovie  en  18;{1.  Son  père  avait  le  titre 
de  comte  et  le  grade  de  général  dans  l'armée 
prussienne.  I^a  jeune  tille,  qui  était  douée  d'un 
physique  majestueux  et  d'une  opulente  beauté, 
avait  le  goftt  des  arts.  Elle  s'essaya  dès  son 
jeune  âge,  à  lîerlin,  comme  actrice  dramatique, 
obtint  des  succès,  puis,  ayant  découvert  qu'elle 
possédait  une  magnifique  voix  de  contralto,  elle 
résolut  de  cultiver  cet  admirable  instrument  et 
alla  prendre,  en  Italie,  des  leçons  de  Mercadante 
et  de  Pielro  Romani.  Son  éducation  musicale  ter- 
minée, elle  fut  engagée  au  théâtre  de  la  Stala, 
de  Milan,  où  elle  débuta,  en  1853,  dans  le  nJle 
d'Azucena  du  Trovatore,  qui  lui  valut  un  triple 


succès  de  femme,  de  cantatrice  et   de  tragé- 
dienne  lyri(]ue. 

Ce  premier  succès  lui  valut  un  brillant  enga- 
gtment  à  Londres,  où  elIt;  fut  reçue  avec  une 
grande  faveur.  Bientôt  après  elle  partit  pour 
rAriiéri([ue,  en  compagnie  de  Mario  et  de  la 
Urisi,  etselil  applaudir  iiNew-YorUetà  Mexico, 
en  se  montrant  dans  Romeo  e  Giuliella,  dans 
Semirumide  et  dans  il  Trovatore.  Eu  1859, 
elle  lit  une  courte  apparition  à  l'Opéra  de  Paris, 
où  l'on  monta  pour  elle  une  traduction  de  Romeo 
e  Ginlietta,  puis  elle  retourna  en  Amérique,  où, 
abandonnant  la  carrière  lyrique  pour  le  drame 
shaKespearien,  elle  obtint  de  véritables  triom- 
phes et  amassa  une  fortune  considérable  en 
jouant  en  anglais  les  œuvres  du  grand  poêle, 
et  particulièrement  Ilamlet,  qui  lui  valut  une 
immense  renommée.  M'""  Vestvali,  dont  les 
journaux  avaient  annoncé  prématurément  la 
mort  en  18G3,  est  morte  à  Varsovie,  le  3  avril 
1880.  Elle  laissait  une  lille,  qui  suit  en  Améri- 
que la  carrière  maternelle. 

l  EZZOSI  ( ),  compos'iteur  italien,  a 

écrit  la  musique  de  Caterina  Howard,  drame 
lyrique  qui  a  été  représenté  à  Calane  en  1869. 

*  V  IADAI\  A  (Louis  GllOSSi,  connu  sous 
le  nom  de),  moine  et  musicien  italien,  n'est  pas 
né  à  Lodi,  comme  on  l'avait  cru  jusqu'à  ce  jour, 
mais  à  Viadana,  gros  bourg  du  pays  de  Man- 
tone.  Son  nom  de  famille  était  Grossi,  mais, 
comme  il  arrivait  assez  fréi^uemrnent  pour  les 
artistes  à  cette  époque,  on  le  désigna  sous  celui 
du  pays  où  il  avait  vu  le  jour,  et  il  fut  appelé 
dans  la  suite  Viadana.  Dans  un  travail  étendu, 
sérieux  et  important  de  M.  Antonio  Parazzi,  pu- 
blié .sur  ce  compositeur  par  la  Gazzetta  mu- 
sicale de  Milan  (187G-1877),  les  faits  sont  éta- 
blis à  ce  sujet  de  la  façon  la  plus  aulhcnlique; 
M.  Parazzi  n'a  pu,  il  est  vrai,  établir  la  date 
précise  de  la  naissance  de  Viadana,  mais  il 
prouve,  par  des  documents  certains,  que  sa 
famille  habitait  le  bourg  dont  il  a  pris  le 
nom,  que  tous  ses  frères  y  sont  nés,  et  que 
ce  nuisicien  a  dû  y  naître  vers  I56i.  Après 
avoir  retracé  la  vie  et  la  carrière  de  Via- 
dana, l'écrivain  donne  la  liste  complète  de  ses 
œuvres,  liste  à  l'aide  de  laquelle  je  vais  com- 
pléter celle  qui  a  été  publiée  dans  la  Biogra- 
phie universelle  des  flJusiciens.  Voici  quelles 
sont  les  compositions  de  Viadana  qui  n'ont  pas 
été  mentionnées  par  Fétis  :  —  1°  Canzonetle  a 
qualtro  voci,  con  un  dialogo  a  otlo  di  ninfe 
e  pastori,  e  un' aria  di  canzon  francese  per 
sonare,  Venise,  Amadino,  1590,  in-4";  2"  Can- 
zonetle a  trevoci,  libro  primo,  id.,  id.,  1594, 
in-4";    3"    Mtssarum  cum  quatuor  voclbus 


ki 


6(8 


VIADANA  —  VIALLON 


nunc  primnm  in  lucem  editvs  liber  primiis, 
Vonise,  (:>iir.,  in-'i"  (il  a  Hé  fair  au  moins  liiiit 
édilions  de  ccl  ouvrage)  ;  /i"  fAidovici  Viadanae 
Psalmi  omnes  qui  a  S.  lîomana  Ecdesio  in 
solemnitatilnis  ad  Vesperasdecaniari  soient, 
Cum  diiobus  Magnificat  tum  vira  voce,  ium 
onini  instrumentonim  génère,  cantatu  com- 
modissimi,  Cum  quinque  vocibus  nunc  pri- 
mnm in  lucem  edUi.  Liber  secundus,  Venise, 
lf)04,  in-4"  ;  5"  Lilanie  che  si  cantano  nella 
Santa  Casa  di  Loreto,  et  nelle  Ckiese  di 
Roma  ogni  sabbato,  et  feste  délia  Madonna 
a  3,  a  4.  a  à,  a  C,  al,  a  s,  et  12  î;oci,  Venise, 
lfi07,  in-4"  (2°  édition);  6"  Concerii  ecclesias- 
tici  a  una,  a  due,  a  tre,  et  a  quottro  voci,  con 
il  basso  continuo per  sonar  neW  organo,  libio 


secondo,  Venise,  iC07,,in- 


4" 


Completorium 


romanum  quaternis  vocibus  decanlandnm, 
una  cum  basso  continuo  pro  organo,  Venise, 
lfi09,  in-4»  ;  8"  Responsoria  ad  Lamentationes 
lUeremix  prophetge,  qux  in  maioris  hebdo- 
madae  officiis  concimintur  cum  quatuor  vo- 
cibus, Venise,  1609,  in-4";  9"  Salmi  a  quattro 
roci  pari  col  basso  per  Vorgano,  breri,  com- 
modi  et  ariosi,  Con  dui  Magnificat,  Venise, 
IfilO,  in-4"  ;  10"  Lamentationes  Hieremix pi'o- 
phctrc  in  majori  hebdomada  concinendx  qua- 
tuor paribus  vocibus,  Venise,  1010,  in-4° 
(2'' édition)  ;  ir  Venfiquattro  Credo  a  canto 
ferma  sopra  i  tuoni  delli  Hinni  che  Santa 
Chiesuusa  cantare,  co^  ^'^rse//o  Etincarnatiis 
est  in  musica,  à  chi  place,  Con  le  quattro 
Aniiphone  délia  Madonna  in  ttiono  feriale, 
Venise,  1619,  in-f  ;  12"  Missa  defnnctorum 
tribus  vocibus,  lf,G7,  in-4''  (édition  posthume). 

L'écrit  de  M.  Antonio  Parazzi  dont  il  est  parlé 
plus  haut,  et  qui  a  paru  d'abord  dans  la  Gaz- 
zella  musicale  de  Milan,  a  été  depuis  publié 
sous  ce  titre  :  Delta  viia  e  délie  opère  musi- 
cali  di  Lodovico  Grossi-Viadana,  Milan,  1876. 

"\'IALO->  (Antoine),  musicien  français,  né 
le  17  décembre  1814,  mort  le  4  mars  1866,  avait 
été  d'abord  graveur  de  titres  de  musique,  et 
sous  ce  rapport  avait  fait  preuve  d'un  talent 
exceptionnel.  Un  jour,  il  se  passionna  pour  le 
système  de  la  notation  par  le  chiffre,  se  fit 
éditeur  pour  aider  efficacement  à  sa  propau;a- 
tion,  et,  gravant  lui-même  les  morceaux  qu'il 
publiait,  fondaen  quelque  sorte  la  première biblio- 
llièque  de  l'école  du  chiffre.  Plus  tard  il  aban- 
donna le  système  Cbevé,  et  se  porta  avec  au- 
tant d'ardeur  dans  le  camp  qui  lui  était  hostile, 
c'est-à-dire  du  côté  de  l'Orphéon.  C'est  alors 
qu'il  commença  à  fournir  à  Adam  et  h  Clapisson 
les  paroles  d'un  grand  nombre  de  chœurs  dont 
ceux-ci  écrivaient  la  musique,  et  que  lui-même, 


bientôt,  on  composa  toute  une  série,  parmi 
lesquels  il  faut  citer  la  Mascarade,  les  PU- 
cheurs  napolitains,  le  Baptême  des  cloches, 
l'Orphéon  au  bal,  la  Fournaise,  Dans  les 
champs.  Heureux  oiseaux,  la  Couronne 
triomphale.  Parfums  prinianiers,  etc.,  etc. 

1 1  VLL03i  (Jcstimen-Pieure-Marie),  com- 
positeur, théoricien  et  professeur  français,  né  à 
Paris  le  31  mars  1806,  fut  admis  au  Conserva- 
toire, dans  la  classe  de  Reicha,  et  obtint  en 
1831  un  second  prix  de  contre-point  et  fugue. 
Devenu  répétiteur  de  son  maître  dans  cet  éta- 
blissement, il  ne  quitta  cette  situation  que  pour 
entrer,  en  1838,  comme  professeur  de  compo- 
sition au  Gymnase  musical  militaire  ;  il  conserva 
ces  fonctions  jusqu'à  la  disparition  de  cette 
école  spéciale,  disparition  fâcheuse  à  tous 
égards.  Professeur  de  musique  au  collège  des 
Jésuites  de  Vaugirard,  Viallon,  en  même  temps 
qu'il  consacrait  ainsi  la  plus  grande  partie  de 
son  temps  à  l'enseignement,  tenait  successive- 
ment le  grand  orgue  aux  églises  Saint-Paul, 
Saint-Louis,  Saint-Philippe-du-Roule,  et  pen- 
dant vingt-cinq  ans  restait  titulaire  du  petit 
orgue  de  h  Madeleine.  Travailleur  infatigable, 
il  trouvait  encore  la  possibilité  de  composer  des 
œuvres  assez  nombreuses,  et  d'écrire  des  traités 
didactiques  remarquables,  qui  font  honneur  à 
l'enseignement  musical  français. 

Viallon  forma,  au  Gymnase  militaire,  un 
grand  nombre  d'artistes  qui  devinrent  dans 
l'armée  d'excellents  chefs  de  musique;  très- ar- 
dent dans  la  propagation  de  la  musique  popu- 
laire et  de  tout  ce  qui  se  rattache  à  l'orphéon, 
il  instruisit  aussi  beaucoup  de  chefs  de  sociétés 
chorales  ou  instrumentales.  L'application  sé- 
rieuse de  son  esprit,  son  ensoif^nement  très-ra- 
tionnel, très-logique,  très-intelligent,  faisaient  re- 
chercher ses  leçons  et  lui  avaient  acquis  un  re- 
nom légitime. 

Comme  théoricien,  on  doit  à  Viallon  plusieurs 
traités  importants  et  justement  estimés  :  un 
Traité  d'harmonie,  nn  Résumé  hannoniqtie 
qui  est  l'abrégé  du  précédent  ouvrage,  un  ma- 
nuel intitulé  Instrumentation  et  Orcliestra- 
tion,  un  Solfège  vocal  et  instrumental  pour 
enseignement  collectif  ou  particulier.  Il  a 
laissé  inédite  une  Grammaire  générale  de 
composil/on  musicale  qui  ne  devait  pas  former 
moins  de  quatre  volumes,  et  qui  est  grande- 
ment louée  par  ceux  qui  en  ont  eu  connais- 
.sance.  Comme  compositeur,  il  a  publié  les  ou- 
vrages suivants  :  le  Mois  de  Marie,  oratorio 
]tour  voix  seules  et  clurur  ;  Magnificat  à  3  voix, 
avec  accompagnement  d'orgue;  6  Offertoires 
pour  orgue,  sur  des  cantiques,  en  3  suites  ; 


VIALLON  —  VIARDOT 


G19 


2  Noëls  variés,  pour  orgue;  la  Bonne  Fête, 
chœur  à  5  voix,  avec  orgue  ou  piano;  Chœur 
Cacile  à  3  voix,  avec  musique niiiifaire  on  piano  ; 
Retraite  en  forêt,  scène  orphéonique  à  4  voix 
et  -i  instruments  à  pistons;  Barcarolle,  le 
Myosotis,  le  Tirage  au  sort,  chœurs  à  4  voix 
d'hommes  sans  accompagnement  ;  enlin  un  assez 
grand  nombre  de  morceaux  pour  fanfare  ou 
musique  militaire. 

Vialion  est  mort  subitement  à  Paris,  le  4  fé- 
vrier. 1874. 

VIARDOT  (Michei-le-Pauline  GARCIA, 
épouse),  cantatrice  française  d'un  admirable 
talent,  née  à  Paris  le  18  juillet  1821,  est  la  fille 
du  grand  chanteur  Garcia  et  la  sœur  de  la  cé- 
lèbre Maria  Malibran.  Elle'était  à  peine  Agée  de 
trois  ans  lorsque  son  père  quitta  la  France, 
emmenant  toute  sa  famille  en  Angleterre,  puis 
aux  Étals-Unis  et  au  Mexique.  C'est  à  Mexico 
que  la  jeune  Pauline  prit  ses  premières  leçons 
(le  piano  avec  Marcos  Vega,  organiste  à  la  cathé- 
drale. Peu  de  temps  après  (1828),  toute  la  fa- 
mille revenait  en  Europe,  et  pendant  la  traver- 
sée Garcia  faisait  connaître  à  sa  fdle  les  premiers 
éléments  de  l'art  du  chant  ;  plus  tard  elle  étudia 
sérieusement  le  piano  avec  Meysenberg,  puis 
avec  Franz  Liszt,  et  travailla  l'harmonie  avec 
Reicha.  Après  la  mort  de  son  père  (1832),  elle 
habita  Bruxelles  avec  sa  mère,  et  c'est  là 
qu'elle  termina  son  éducation  musicale.  Après 
s'être  produite  en  cette  ville  d'abord  dans  des 
salons  particuliers,  elle  chanta  pour  la  première 
fois  en  public,  avec  un  très-grand  succès,  dans 
un  concert  donné  au  bénéfice  des  pauvres 
(13  décembre  1837),  el  où  elle  se  montra  en 
compagnie  de  son  beau-frère,  le  célèbre  violo- 
niste Charles  de  Bériot.  Elle  partit  presque  aus- 
sitôt pour  l'Allemagne,  avec  ce  dernier  et 
M"""  Garcia,  sa  mère,  se  fit  applaudir  à  Berlin, 
h  Dresde  et  à  Francfort,  puis  vint  à  Paris  en 
1838,  et  s'y  produisit  aussi  dans  les  concerts. 

m"«  Pauline  Garcia  songeait  cependant  à 
aborder  le  théâtre.  Pourvue  d'une  instruction 
musicale  des  plus  complètes,  douée  d'une  or- 
ganisation exceptionnelle,  possédant  une  admi- 
rable voix  de  contralto,  qui,  partant  du  /"«grave, 
parcourait  une  étendue  de  deux  octaves  et  demie 
et  atteignait  Vut  aigu,  parlant  avec  une  égale 
facilité  le  français,  l'anglais,  l'espagnol  et  l'ita- 
lien, il  semblait  qu'elle  n'eût  qu'à  paraître  de- 
vant le  public  pour  obtenir  les  succès  les 
plus  brillants.  Engagée  au)  King's  Théâtre,  de 
Londres,  elle  y  débuta  en  effet,  le  9  mai  1839, 
dans  le  rôle  de  Desdemnna  à'Otello,  de  la  fa- 
çon la  plus  heureuse.  Elle  ne  fut  pas  accueillie 
avec  moins  de  faveur  dans  les  salons  de  la  haute 


aristocratie  anglaise,  et  même  chez  la  reine,  où 
l'Ile  fut  appelée  plus  d'une  fois  à  se  faire  en- 
tendre. M.  Louis  Viardot,  alors  directeur  du 
Théâtre-Italien  de  Paris,  ayant  entendu  parler 
de  la  jeune  cantatrice,  se  rendit  à  Londres  pour 
pouvoir  juger  par  lui-même  de  ses  talents,  et 
lui  proposa  aussitôt  un  engagement,  qui  fut 
accepté.  M"*  Pauline  Garcia  débuta  à  Pa- 
ris le  8  octobre  1839,  chanta  successivement 
Otello,  Cenerentola,  il  Barbiere  di  Siriglia, 
Tancredi,  et  se  fit  admirer  dans  ces  divers 
ouvrages.  Au  bout  de  deux  années,  elle  deve- 
nait l'épouse  de  M.  Viardot,  qui  abandonnait 
alors  la  direction  du  Théâtre-Italien,  et  accom- 
pagnait bientôt  sa  jeune  femme  dans  une  série 
de  voyages  que  celle-ci  entreprenait  à  l'étranger. 
M'""  Viardot  parcourait  successivement  l'Es- 
pagne, l'Italie,  l'Allemagne,  la  Russie,  l'Angle- 
terre, se  produisait  sur  les  plus  grandes  scènes 
de  Vienne,  de  Berlin,  de  Saint-Pétersbourg,  de 
Moscou,  de  Londres  et  d'autres  villes,  et  trou- 
vait partout  des  admirateurs  enthousiastes. 

Sur  la  demande  de  Meyerbeer,  M""'  Viardot 
fut  engagée  à  l'Opéra  pour  y  créer  le  rôle  si 
pathétique  de  Fidès,  du  Prophète  (1849),  dans 
lequel  elle  se  montra  tragédienne  aussi  émou- 
vante que  cantatrice  incomparable.  Elle  alla 
jouer  ensuite  ce  rôle  à  Berlin,  à  Saint-Péters- 
bourg et  à  Londres,  et  peu  de  temps  après 
rentra  à  l'Opéra  poiu-  s'y  montrer  dans  la  Sapho 
de  M.  Gounod,  à  qui  elle  avait,  par  son  influence, 
ouvert  les  portes  de  ce  théâtre.  M"""  Viardot 
se  reproduisit,  pendant  plusieurs  années,  sur 
diverses  scènes  importantes  de  l'étranger,  puis, 
en  1859,  elle  consentit,  à  la  sollicitation  de  Ber- 
lioz, à  contracter  un  engagement  avec  le  Théâtre- 
Lyrique  pour  y  remplir  le  rôle  d'Orphée  dans 
la  restitution  brillante  Iqui  fut  faite  du  chef- 
d'œuvre  de  Gluck.  L'admirable  talent  de  la 
cantatrice,  sa  connaissance  des  grandes  tradi- 
tions artistiques,  la  pureté,  la  grandeur  et  la 
noblesse  de  son  style,  ses  grandes  qualités 
dramatiques,  lui  valurent  dans  ce  rôle  un  succès 
éclatant,  qui  se  poursuivit  pendant  une  série  de 
cent  cinquante  représentations  et  qui  fit  accourir 
tout  Paris  au  Théâtre-Lyrique.  Le  sculpteur 
Aimé  Millet  modela  un  buste  magnifique  de 
jyjme  viardot  dans  le  costume  d'Orphée,  qu'elle 
portait  avec  une  aisance  et  un  sentiment  de 
l'antique  vraiment  merveilleux.  Depuis  cette 
époque,  cette  grande  artiste  ne  s'est  plus  fait 
entendre  à  Paris. 

M™"  Viardot,  dont  l'éducation  musicale  a  été 
très-complète,  s'est  fait  connaître  comme  compo- 
siteur,d'abord  en  publiant  un  assez  grand  nombre 
de  mélodies  vocales  :  En  mer,  l' Absence,  T Exile 


620 


VIÂRDOT  -  VIDAL 


polonais,  l" Abricotier,  Villanella,  Adieubeaux 
jours,  l'Enfant  et  la  Mère,  la  Chanaon  de 
Loïc,  un  Jour  de  printemps,  la  Luciole, 
V Enfant  de  la  montagne,  la  Chapelle,  Ma- 
rie et  Louise,  Solitude,  le  Chêne  et  le  Ro- 
seau, rombre  et  le  Jour,  la  Petite  Cherricre, 
etc.  On  lui  doit  aussi  une  série  de  12  Mé- 
lodies sur  des  poésies  russes,  6  Mazurkas  de 
Chopin  arrangées  pour  la  voix,  6  Morceaux 
pour  piano  et  violon  «  composés  pour  son  fils 
Paul  »,  et  un  choix  de  morceaux  classiques 
pour  le  ciiant,  avec  accompagnement  de  piano. 
Enfin  elle  a  écrit  encore  la  musique  de  trois 
opérettes  :  le  Dernier  Sorcier,  l'Ogre,  et  Trop 
de  femmes,  qu'elle  a  fait  représenter  chez 
elle,  àlîade,  en  1807,  1808  et  18G9.  M""=  Yiar- 
dot  passe  pour  être  l'auteur  des  accompagne- 
ments de  piano  des  études  de  violon  de  son 
beau-frère  Ch.  de  Bériot. 

La  fille  aînée  de  cette  grande  artiste, 
M""'  Louise  Héritte-Viardot,  s'est  adonnée 
à  la  composition  ;  on  connaît  d'elle,  entre 
autres  œuvres,  un  quatuor  pour  piano,  violon, 
alto  et  violoncelle,  un  trio  italien  pour  voix  de 
femmes,  et  un  assez  grand  nombre  de  mélodies 
pour  une  ou  deux  voix.  Elle  a  écrit  aussi  les 
paroles  et  la  musique  de  deux  opéras-comiques, 
dont  l'un,  Lindoro,  en  un  acte,  traduit  en  al- 
lemand, a  été  représenté  à  Weimar  au  mois  de 
mai  1879  ;  quant  à  l'autre,  qui  est  en  2  actes,  et 
qui  a  pour  titre  les  Fêtes  de  Bacc/ius,  elle  en  a 
fait  entendre  récemment  plusieurs  fragments  |à 
Stockholm,  en  en  dirigeant  elle-même  l'exécution 
(mars  1880).  — Deux  autres  filles  de  jM'"'^  Yiar- 
dot.  M'""  Chamerot-Viardotet  M"'^  Marianne. 
Viardot,  se  sont  produites  avantageusement 
comme  cantatrices  dans  les  concerts.  Enfin,  son 
fils,  M.  Paul  Viardot,  élève  de  M.  Léonard  {voij. 
ce  nom),  est  un  violoniste  distingué  ;  il  s'est 
fait  entendre  ponr  la  première  fois  à  Paris, 
aux  Concerts  populaires  (novembre  187C),'dans 
l'élégant  concerto  de  Mendclssohn,  et  depuis  il 
a  obtenu  des  succès  à  Londres,  à  Bruxelles  et 
à  Stockholm.  | 

VICSXOÎXTE  (Ernesto),  compositeur  ita- 
lien, naquit  à  Naples  le  2  janvier  1830.  Il  com- 
mença l'étude  de  la  musique  à  l'âge  de  huit  ans, 
cf,  après  avoir  pris  des  leçons  de  piano  d'un 
professeur  nommé  Lavigna,  il  fut  admis  au  Con- 
servatoire de  Naples,  où  il  devint  l'élève  de 
Giuseppe  Lillo  pour  l'harmonie  et  de  Carlo 
Conti  pour  le  contre-point  et  la  composition. 
Avant  d'avoir  terminé  ses  études,  il  fit  exécuter 
à  l'église  Saint- Georges  une  messe  pour  voix  seu- 
les, chœur  et  orchestre,  et  fit  représenter  au 
tliéùtre  du  Fondo  (1856)  un  opéra  en  3  actes. 


intitulé  Evelina,  qui  obtint  un  véritable  succès. 
11  quitta  le  Conservatoire  l'année  suivante,  et  se 
livra  aussit(5t  à  la  composition  et  à  l'enseigne- 
ment. En  1802  il  donnait  au  théâtre  San-Carlo 
un  grand  drame  lyrique,  Luisa  Strozzi,  et  ce 
n'est  qu'après  un  silence  de  dix  ans  qu'il  y 
produisait  un  nouvel  ouvrage,  Selvaggia.  Mais 
en  dehors  de  la  scène  il  produisit  de  nombreuses 
compositions  de  divers  genres,  entre  autres  les 
suivantes  :  Messe,  Credo  et  Dixit,  avec  petit 
orchestre  ;  Messe,  Credo  et  Dixit,  à  la  Pales- 
frina;  Dixit,  avec  grand  orchestre;  le  Tre  Ore 
di  Maria  desolata  ;  3  cantates  religieuses-,  31a- 
gnifical  à  3  voix  et  orchestre;  plusieurs  al- 
bums de  mélodies  vocales  ;  Ouverture  à  grand 
orchestre  ;  Concerto  pour  deux  piano.s  ;  Chansons 
sacrées  ;  beaucoup  de  romances,  chansons, 
mélodies  à  une  ou  plusieurs  voix;  un  grand 
nombre  de  morceaux  de  genre  et  de  danse  pour 
le  piano.  —  Viceconte  est  mort  presque  subite- 
ment à  Naples,  le  18  mars  1877,  âgé  seule- 
ment de  quarante  et  un  ans.  Il  laissait,  complè- 
tement achevé,  un  opéra  intitulé  Benvcnulo 
Cellini.  Cet  artiste  estimable  avait  fait  ses 
débuts  de  compositeur  dramatique  alors  qu'il 
était  encore  élève  du  Conservatoire  de  Naples, 
en  faisant  représenter  sur  le  petit  théâtre  de  cet 
établissement  un  opéra  bouffe,  il  Traviato, 
qu'il  avait  écrit  en  compagnie  de  quatre  de  ses 
condisciples,  MM.  Conti,  VespoU,  Menzitieri  ci 
Carelli. 

^'ICII\I  (Luigi),  compositeur  dramatique 
italien,  a  fait  ses  débuts  à  la  scène  en  donnant 
sur  le  Grand-Théâtre  de  Brescia,  le  20  janvier 
1860,  un  opéra  sérieux  en  3  actes  intitulé 
Aneldo  da  Salerno.  Cinq  ans  après,  en  1871, 
il  faisait  représenter  à  Bergame  un  second  ou- 
vrage dramatique,  Gian-Maria  Visconti,  (jui 
faisait  un  fiasco  complet.  Depuis  lors  il  n'a 
plus  fait  parler  de  lui. 

*  YIDAL  (Jean-Joseph),  violoniste.  —  Cet 
artiste  distingué  était  devenu,  en  1829,  chef 
d'orchestre  du  Théâtre- Italien,  alors  dirigé  par 
Severini  ;  il  ne  garda  ces  fonctions  que  pen- 
dant deux  années,  ayant  remplacé  Grasset  et 
précédé  Girard.  Il  fut  aussi  chef  d'orchestre 
de  l'Athénée  musical  (1836)  et  premier  violon 
de  la  chambre  du  roi  Louis-Philippe.  Vidal  est 
mort  le  l'i  juin  1807.  Il  n'avait  point  remporté 
de  prix  de  violon  au  Conservatoire,  comme 
cela  a  été  dit  par  erreur. 

VIDAL  (Louis-AiSTOiNE),  musicographe 
français,  est  né  le  10  juillet  1820  à  Rouen,  où 
son  père,  originaire  d'ime  vieille  famille  du 
barreau  de  Nîmes,  fut  pendant  longtemps 
directeur    de  la    Banque  de   la  ville,  devenue 


VIDAL 


621 


plus  tard  succursale  déjà  Bauque  de. France. 
Il  se  livra  de  bonne  heure  à  l'étude  de 
la  musique,  qu'il  ne  cultiva  cependant  que 
pour  son  plaisir,  et  étudia  le  violoncelle  sous 
la  direction  de  M.  Franchomme  ;  mais  la  littéra- 
ture musicale  attirait  surtout  son  atlenlion,  et 
c'est  comme  écrivain  spécial  qu'il  trouve  sa 
place  dans  ce  Dictionnaire. 

Depuis  longues  années,  M.  Vidal  avait 
recueilli  des  notes  nombreuses  et  intéressantes 
sur  l'histoire  de  l'art  instrumental,  et  il  son- 
geait à  utiliser  ces  notes,  lorsque,  causant  un 
jour  de  ses  projets  avec  un  de  ses  amis,  aqua- 
forliste  amateur  fort  distingué,  M.  Frédéric 
Hillemacher,  celui-ci  lui  proposa  de  s'associer 
au  travail  qu'il  entrevoyait  et  d'illustrer  le 
livre  dont  il  avait  conçu  la  pensée.  Cette  offre 
modifia  aussilôt  les  idées  de  M.  Vidal,  lui  per- 
mit de  les  compléter,  et  c'est  alors  qu'il  songea 
sérieusement  à  entreprendre,  sur  un  plan  beau- 
coup plus  vaste  que  celui  qu'il  avait  rêvé, 
l'ouvrage  auquel  il  voulait  attacher  son  nom. 
Les  df'ux  amis  se  mirent  bientôt  à  l'œuvre, 
et  M.  Vidal  jiut  lancer,  au  commencement  de 
1876,  le  premier  volume  du  livre  important 
qu'il  a  publié  sous  ce  titre  :  les  Instruments 
à  archet,  les  feseitrs,  les  joueurs  d'instru- 
ments, leur  histoire  sur  le  continent  européen , 
suivi  d'un  catalogue  général  de  la  musique 
de  chambre,  Paris,  J.  Claye,  in-4°.  Le  second 
volume  de  cet  ouvrage  a  paru  en  1877,'  le 
troisième  et  dernier  en  1878.  Son  sujet 
et  l'importance  que  l'auteur  lui  avait  donnée, 
son  format  exceptionnel,  le  luxe  de  la  publica- 
tion, enfin  le  nombre  et  la  beauté  des  planches 
qui  l'accompagnaient  (le  nombre  de  ces  eaux- 
forles  ne  s'élève  pas  à  moins  de  120),  signalè- 
rent tout  naturellement  ce  livre  à  l'attention 
du  public  spécial,  aussi  bien  à  l'étranger  qu'en 
F'rance  (1),  et  firent  de  son  ajjparition  un  vé- 

(1)  M.  Frédéric  IliUemaclier,  qui  a  été  en  celte  circons- 
l:ince  le  collaborateur  dévoué  de  IM.  Vidal,  est  le  frère 
du  peintre  bien  connu  de  ce  nom.  Attaché  depuis  sa  fon- 
dation à  la  grande  compagnie  des  Quatre-Canaux,  dont 
il  est  aujourd'hui  le  directeur,  il  n'a  cessé,  malgré  l'im- 
portance de  ses  fonctions  administratives,  de  se  livrer 
;ivec  ardeur  à  la  culture  de  l'art,  et  est  devenu  l'un  de 
nos  aqua-fortisti  s  les  plus  habiles  et  les  plus  réputés.  C'est 
lui  qui  a  publié,  sur  les  Princcp%,  la  fameuse  édition  en 
huit  volumes  des  œuvres  de  Molière,  accompagnée  de 
toute  une  série  de  magnifiques  eaux-fortes  gravées  par 
lui  sur  les  dessins  de  son  frère,  et  qu'il  a  fait  suivre 
d'une  éiilion  semblable  de  ^zciae.  Ses.  Illustrations  An 
livre  de  M.  Vidal  ne  sont  pas  moins  remarquables,  et 
l'on  peut  surtout  recommander  aux  amateurs  et  aux  his- 
toriens de  l'art  toute  la  série  superbe  des  portraits  repro- 
duits par  lui  de  divers  compositeurs,  des  grands  virtuoses 
du  violon  et  du  violoncelle,  et  des  luthiers  célèbres.  Cela 
forme  un  ensemble  de  documents  inestimables,  qu'on  ne 


ritable    événement  artistique.   C'était  la    pre- 
mière fois,  en  effet,  qu'im  travail  vraiment  d'en- 
semble était  fait  sur  les  inslruments  à  archet. 
lAI.  Vidal  s'était  efforcé  de  retracer  aussi  exacte- 
ment que  possible  l'histoire  de  ces  instruments 
et  des  diverses  transformations  qu'ils  avaient 
subies  dans  le  cours  des  siècles,  celle  de  ces  arti- 
sans modestes,  ?nais   sublimes,  qui,  tels  que  les 
JJergonzi,  les  Arnati,  les  Guarneri,  lesStradivari, 
en  avaient  porté  la  fabrication  et  la  constiuction 
à    un    point    de    perfection   vraiment    idéale, 
enfin  celle  des  artistes  immortels  qui,  comme 
les  Leclair,  les  Gaviniés,  les  Violli,  les  lîoile, 
les   Duport,    les  Romberg,  ont   su    leur   faire 
parler    un    langage    éclatant    et    merveilleux. 
L'cruvre  était  ardue,  difficile,   et  surtout  un 
peu  effrayante  par  les  proportions  que  lui  avait 
données  l'auteur.  On   peut  dire,  bien  que  quel- 
ques réserves    soient   de    mise    sur    certains 
points,  que  M.  Vidal  s'en  est  tiré  à  son  hon- 
neur. Il  y    a   certainement    des   lacunes,    des 
oublis,  des  erreurs  à  signaler  dans  son  livre  ; 
mais,  encore  un  coup,  nous  ne  devons  oublier 
ni  l'ampleur  avec  laquelle  il  a  traité  son  sujet, 
ni   les    mille   détails    avec    lesquels    il    s'est 
trouvé  aux  prises,  ni  le  service  qu'il  a  rendu 
en  réunissant  dans  un  seul  ouvrage  une  foule 
de  renseignements  et  de  documents  qiu  étaient 
épars  dans  des  centaines  de  volumes  et  que 
souvent  on  ne   savait  où  trouver.    C'est    une 
grosse  chose  et  une  grande  audace,  pour  un 
écrivain,  que  de  s'attaquer  du  premier  coup  à 
un  sujet  si  vaste  et  à  une  (euvre  de  cette  nature, 
sans  s'être  rompu  par  avance  à   des    travaux 
moins  importants  ;  M.  Vidal  n'a  pas  échappé  à 
l'inconvénient  qui  résulte  d'une  telle  façon  de 
procéder.   Mais,  tel  qu'il  esf,  on  peut  dire  de 
son  livre   que   non-seulement   c'est   un  livre 
utile,  mais  aussi  que  c'est  un  livre  nouveau, 
qui  n'avait   encore    été   essayé  nidlc  part,   et 
que  la  France  est  la  première  à  posséder. 

VIDAL  (Françols),  né  à  Aiv  le  li  juillet 
1832,  a  publié  un  volume  en  langue  provençale 
avec  traduction  littérale  en  regard,  intitulé 
lou  Tambourin  ,  Musique,  Poésie  et  Prose 
provençales  (Aix,  Remondet-Aubin  ;  —  Avi- 
gnon, J.  Romanille),  Cet  ouvrage  comprend 
trois  parties  : 

La  première,  qui  est  l'histoire  du  tambou- 
rin et  du  galoubet, contient  des  indications  sur  les 
origines  de  ces  deux  inslruments,  les  pays  où 
ils  sont  en  honneur,  et  les  traditions  qui  s'y  rat 
tachent.  —  La  seconde  est  une  méthode  de 
galoubet    suivie    d'études    et   d'exercices.    

trouverait  réunis  nulle  autre  part,  et  qui  font  le  plus 
grand  honneur  au  talent  de  M.  Hillemacher. 


622 


V  VIDA.L—  VIEL 


La  troisième  est  la  collection  des  airs  populaires 
de  Provence,  autrefois  en  usage  [pour  les  fôtes 
religieuses,  les  aubades,  les  romèrages,  les 
farandoles  et  danses  diverses,  et  les  jeux. 

L'ouvrage  de  M.  Vidal  n'est  pas  une  étude 
d'archéologie  poursuivie  dans  un  esprit  et 
avec  une  méthode  scientiliques.  Cependant 
les  recherches  sérieuses  n'y  manquent  pas; 
les  citations  intéressantes  y  abondent,  et 
aussi  les  souvenirs  des  gens  et  des  choses  de 
Provence  qui  se  pressent  dans  la  mémoire  de 
l'auteur,  à  l'occasion  de  l'instrument  favori. 
Tout  cela  est  présenté  sous  une  forme  alerte, 
dans  le  ton  d'une  conversation  de  bonne  hu- 
meur, et  avec  ce  plaisir  et  ce  talent  de  ra- 
conter particuliers  aux  méridionaux.  Il  s'en 
dégage  je  ne  sais  quel  'parfum  ensoleillé  du 
pays.  C'est  cette  couleur  locale,  où  on  ne  sent 
rien  de  voulu,  ce  sont  ces  renseignements  re- 
cueillis avec  un  soin  jaloux  sur  des  ^traditions 
de  plus  en  plus  effacées  ,  qui  font  l'intérêt  dn 
livre  de  M.  Vidal.  —  L'auteur  a  été  couronné 
comme  écrivain  provençal  aux  Jeux  Floraux 
d'Api  en  1862,  d'Avignon  en  1874,  de  Monteux 
et  de  Forcalquier  en  1875. 

Lou  Tambourin  est  dédié  à  Gaspard  Michel, 
capouUé  (chef)  ciel  Tambourinaire.  —  Louis- 
Gaspard  Michel,  surnommé  communément  le 
Père  Michel,  faisait  partie  d'une  véritable  dy- 
nastie de  tambourinaires.  Son  père  François, 
son  aïeul  Pascal,  ses  beau -frère  et  neveu, 
avaient  acquis  une  réputation  locale,  tant  comme 
tambourinaires,  que  comme^facteurs  de  galou- 
bets. Le  Père  Michel  était  né  à  Aix  le  6  sep- 
tembre 1786,  et  mourut  dans  cette  même 
ville  en  mars  1872,  à  l'âge  quatre-vingt-six 
ans.  Il  était  lulhier  de  profession  et  mar- 
chand de  sa  propre  musique.  Nommé  pro- 
fesseur de  tambourin  au  Conservatoire  d'Aix, 
il  apprit  à  jouer  de  tons  les  instruments  à  plu- 
sieurs générations.  11  a  écrit  une  innombrable 
quantité  de  morceaux  de  toutes  sortes,  parmi 
lesquels  ligurenl  même  des  quatuors  pour  instru- 
ments à  cordes.  Il  composait  ces  morceau.v  à  la 
première  demande  de  ses  élèves,  les  appropriait 
à  leur  goût  et  à  leur  degré  d'instruction  musicale, 
elles  leur  vendait  à  vil  prix.  Quoi  qu'on  puisse 
penser  du  talent  du  Père  Michel,  cette  bizarre 
(igure  de  musicien  n'en  est  pas  moins  curieuse 
à  signaler.  Elle  semble  appartenir  à  une  autre 
époque. 

A  l'occasion  du  livre  de  M.  Vidal,  on  peut 
encore  rappeler  le  nom  du  tambourinaire  Phi- 
lippe Buisson.  Buisson  a  fait  son  tour  de  France, 
et  sa  notoriété  a  été  au  delà  de  sa  province. 

Al.  R  —  d. 


VIDAL  Y  ROGER  (Andrés),  le  doyen  des 
éditeurs  de  musique  de  l'Espagne,  est  né  à  Bar- 
celone le  l'J  juin  1807.  La  maison  de  commerce 
de  musique  qu'il  dirige  en  cette  ville  avec  habi- 
leté date  de  1826,  c'est-à-dire  de  plus  d'un  demi- 
siècle.  M.  Vidal  a  publié  un  très-grand  nombre 
d'ouvrages  d'auteurs  espagnols  et  quelques  opéras 
qui  ont  été  joués  avec  succès  à  Barcelone,  ainsi 
qu'une  quantité  considérable  de  zarzuelas.  En 
outre,  il  a  été  le  fondateur,  et  pendant  treize 
ans  le  directeur  propriétaire  d'une  feuille  artis- 
tique importante,  la  Espam  musical.  Le  gou- 
vernement espagnol  a  récemment  récompensé  le 
zèle  de  M.  Vidal  et  les  services  qu'il  a  rendus  à 
l'art  musical  national  avec  la  croix  de  l'ordre 
de  Charles  III,  dont  le  vénérable  et  intelligent 
éditeur  a  été  décoré  à  l'occasion  du  mariage  du 
roi  Alphonse.  y. 

VIDAL  Y  LLIMOIVA  (A?(Dré9),  éditeur  de 
musique  et  musicien  distingué,  fils  du  précé- 
dent, est  né  à  Barcelone  le  5  juin  1844.  Il  fit 
ses  éludes  musicales  en  France  et  en  Allemagne, 
et,  de  retour  à  Barcelone,  écrivit  plusieurs  zar- 
zuelas qui  obtinrent  un  grand  succès,  ainsi  que 
divers  morceaux  de  musique  de  chambre  qui 
furent  très-remarques.  M.  Vidal  s'établit  à  Ma- 
drid en  1874,  et  il  est  aujourd'hui  l'éditeur  le 
plus  important  de  toute  l'Espagne.  Il  a  publié 
plusieurs  opéras  espagnols,  et  \q&  zarzuelas  les 
plus  populaires  de  MM.  Barbieri,  Arrieta,  Ou- 
drid  et  Caballero.  Y. 

VIEILLARD  DE  BOIS3IARTIN 
(Pierre-Ange),  né  à  Rouen  le  17  juin  1778,  mort 
à  Paris  le  12  janvier  1862,  était  un  grand  amateur 
de  musique.  Administrateur  de  la  bibliothèque  de 
l'Arsenal,  et  plus  tard,  sous  le  second  empire, 
bibliothécaire  du  Sénat,  il  s'occupait  de  théâtre 
et  de  poésie,  et  écrivit  les  paroles  de  sept  can- 
tates qui  furent  choisies  par  l'Académie  des 
Beaux-Arts  pour  le  grand  concours  de  compo- 
sition musicale:  Herminie  {\%Vi),  Atala{i^\ii), 
Œno«e  (1815),  Sophonisbe  (1820),  Agnès  Sorel 
(1824),  Cléopâtre  (1829),  Imagine  (1845).  Cet 
écrivain,  qui  avait  été  lié  dans  sa  jeunesse  avec 
un  grand  nombre  d'artistes,  publia,  peu  d'années 
avant  de  mourir,  une  pâle  notice  biographique  sur 
Méhul  :  Méhul,  sa  vie  et  ses  œuvres  (Paris, 1859, 
petit  in-8°  de  56  pp.).  qui  est  pourtant  tout  ce  que 
nous  possédons  sur  cet  artiste  admirable. 

VIEL  (Eumond),  est  l'auteur  d'un  opuscule 
publié  sous  ce  titre  :  Projet  d'un  Opéra  popu- 
laire à  Paris  (Paris,  Denlu,  1870,  in-S"  de 
16  pp.).  Viel  était  en  1840  l'un  des  rédacteurs 
ôa  Bulletin  musical  j)ublié  par  la  maison  Heugel 
et  Meissonnier;  il  devint  ensuite  l'un  des  colla- 
borateurs du  journal  le  Méneslrel,  publié  par 


VIEL)  —  VIETTI 


623 


les  mêmes  éditeurs.  C'était  un  dilettante  pas- 
sionné. Il  est  mort  à  Paris  au  mois  de  février 
187G. 

VIE^iOT  (Edouard),  pianiste  et  compositeur 
amateur,  né  vers  1825,  s'est  pendant  longtemps 
occupé  de  musique, malgré  la  situation  qu'il  oc- 
cupait dans  l'armée,  où  il  était  capitaine  de  cui- 
rassiers. Outre  un  nombre  considérable  de  mor- 
ceaux de  musique  de  danse,  il  a  publié  aussi  plu- 
sieurs morceaux  de  genre  pour  le  piano  ;  Taren- 
telle élégante;  Nocturne-,  Sérénade;  Norina, 
élégie;  Fantasia,  GcUomina,  Zuleika,  valse 
de  concert;  Yvonne,  Fa^en^^«e,  romances  sans 
paroles;  etc.,  etc. 

*  V'IERLirMG  (Georges),  compositeur  alle- 
mand. —  Parmi  les  compositions  nombreuses  de 
cet  artiste,  je  citerai  les  suivantes  :  le  Psaume 
137  (et  non  127,  comme  il  a  été  imprimé  par 
erreur),  pour  ténor  solo,  chœur  et  orchestre, 
op.  22  ;  V Enlèvement  des  Sabines,  pour  voix  seu- 
les, chœur  et  orchestre,  op.  50;  le  100''  Psaume, 
pour  chœur  a  cappella,  op.  57;  Quatuor  pour 
instruments  à  cordes,  op.  56;  trois  Phanta- 
sieslûcke  pour  violoncelle  et  piano,  op.  55  ;  trois 
P hantasiestûcke  ponr  piano  et  violon,  op.  41; 
Fantaisie  pour  piano  et  violon,  op.  17  ;  3  Im- 
promptus pour  piano,  op.  53;  Zechcantate, 
pour  chœur  et  orchestre,  op.  10;  2  Kyrie  pour 
chœur  a  cappella,  op.  29;  Héro  et  Léandre, 
composition  en  forme  d'oratorio,  op.  30;  Znr 
Weinlese,  pour  chœur  et  orchestre,  op.  32;  di- 
vers recueils  de  chœurs  a  cappella,  en  forme 
de  lieder,  pour  différentes  voix,  op.  11,  18,  19, 
26,  28,  34,  35,  37,  47,  52  ;  recueils  de  chœurs 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  1,  38,  39, 
42;  etc. 

V  lETTI  (Caroline),  cantatrice  remarqua- 
ble, est  née  à  Turin  le  3  février  1820.  Son  père, 
Carlo  Yietti,  ingénieur  au  service  de  Victor-Em- 
mauuel  l"  et  de  Charles-Félix,  rois  de  Piémont, 
cultivait  la  musique  avec  passion  et  jouait  du 
violon.  Sa  mère,  Félicita,  née  Valenti,  était  la 
fille  d'un  officier  en  retraite.  De  ce  mariage 
étaient  nés  quatorze  enfants  ;  Caroline  Yietti  était 
le  douzième. 

Ayant  montré  de  bonne  heure  des  dispositions 
pour  la  musique,  elle  fut  placée  dès  l'âge  de  onze 
ans  à  l'Accademia  Filarmonica  de  Turin,  et  pen- 
dant quatre  ans  y  fit  de  solides  études  sous  la 
direction  d'excellents  professeurs,  notamment 
de  Joseph  Montanino  pour  le  solfège,  et  de  Carlo 
Tomniasoni  pourléchant.  Dès  la  troisième  année 
de  son  séjour  à  l'Académie,  elle  avait  remporté 
tes  premiers  prix  de  chant,  de  ttiéorie  musicale 
et  de  déclamation.  Mais  étant  trop  jeune  encore 
pour  entreprendre  la  carrière  théâtrale,  elle 


avait  demandé  et  obtenu  de  rester  un  an  de  plus 
à  l'Académie.  Cet  exemple  est  à  citer  aux  jeunes 
chanteurs  d'aujourd'hui  qui,  ne  se  souciant  nulle- 
ment d'acquérir  une  éducation  complète  de  chan- 
teurs et  de  musiciens,  n'aspirent  qu'à  quitter  les 
bancs  de  l'école  pour  aborder  le  théâtre. 

En  1830,  Caroline  Viclti  débuta,  comme  con- 
tralto, au  théâtre  Carignano,de  Turin,  dans  les 
o|)éras  Zadig  e  Ariastea  et  la  Donna  del 
Lago,  qu'elle  chanta  avec  le  célèbre  ténor  Don- 
zelli,  Je  baryton  Salvatori,  et  M'""  Orlandi. 
Elle  eut  un  vif  succès.  Mais  n'ayant  que  seize 
ans,  et  ne  pouvant  encore  supporter  les  fatigues 
de  la  vie  de  théâtre,  elle  prit  un  repos  d'une 
année,  et  en  profita  pour  perfectionner  son  ta- 
lent. Elle  se  rendit  dans  ce  but  à  Milan  et  y  ie(,ut 
les  conseils  de  Luigi  Mauri,  directeur  du  Con- 
servatoire de  cette  ville.  Dès  l'année  suivante, 
elle  aborda  définitivement  la  scène  et  fut  en- 
gagée à  la  Fenice,  à  Venise,  où  elle  chanta,  avec 
M'"'  Pasta,  Donzelli,  et  la  basse  Cartagenova, 
Semiramis,  Anna  Bolena,  et  les  principaux 
ouvrages  du  répertoire.  En  1839  elle  chanta  à  la 
Scalade  Milan,  etjusqu'en  1841  y  tint  son  emploi 
avec  les  meilleurs  chanteurs  de  l'époque.  Elle 
fut  notamment  chargée  d'un  des  premiers  rôles 
(avec  les  ténors  Donzelli  et  Guasco,  le  baryton 
Badiali,  la  basse  Marini,  les  cantatrices  Schober- 
lechner  et  Gulber)  dans  une  cantate  com- 
posée par  Vaccaj  à  l'occasion  du  couronnement 
de  l'empereur  d'Autriche,  François  II.  Cette 
cantate  fut  exécutée  en  grande  pompe  devant  l'em- 
pereur et  sa  cour.  En  1841,  Caroline  Vietli 
chanta  à  Rome,  à  Gènes,  et  sur  les  principales 
scènes  d'Italie.  En  1842  elle  vint  à  Marseille,  sous 
la  direction  Gorla,  et  y  eut  un  succès  d'enthou- 
siasme, surtout  dans  Lucrèce  Borgia,  Semira- 
mis, Tancrède  et  i  Capuleti.  De  Marseille 
elle  retourna  à  Milan,  et  fut  engagée  aux  théâtres 
italiens  de  Moscou  et  Saint-Pétersbourg,  où  elle 
resta  de  1843  â  1845,  avec  Rubini,  Salvi,  Tam- 
burini,  M"""  Viardot  et  Castellan.  En  1846  elle 
revint  à  Marseille,  sous  la^direction  de  M.  Pro- 
vini,  qui  avait  réussi  à  grouper  autour  de  lui  une 
troupe  d'élite,  dans  laquelle  on  comptait 
M"'"  Rossi-Caccia,  la  basse  Alizard  et  le  comique 
Yincenzo  Galli.  En  1847  elle  chanta  à  Barcelone, 
et  en  1848  à  Londres,  en  compagnie  de  Jenny 
Lind,  Tamburini  et  Gardoni. Cette  môme  année^ 
elle  créa  à  Milan  Lnigi  1%  opéra  de  Mazzucato. 
Elle  alla  ensuite  à  la  Havane  avec  Salvi,  Marini, 
Badiali,  M™"  Bosio,  Tedesco  et  Steffenone,  piiis^ 
parcourut  pendant  six  ans  l'Amérique  avec  ces 
mêmes  artistes,  et  plus  tard  avec  M°«^  Grisi  et 
Mario,  qui  faisaient  une  tournée.  —  A  l'arrivée 
de  M"*  Soutag  à  i\ew-York,  Caroline  Vietti  fut 


624 


VIETïI  —  VIEUXTEMPS 


engagée  dans  la  troupe  dont  faisait  partie  cette 
éininente  cantatrice,  et  la  suivit  à  Mexico,  où  les 
représentations  furent  brusquement  interrom- 
pues par  le  choléra.  Elle  donna  Lucrezia  Borgia 
avec  M""'Sontag,  qui,  ce  même  soir,  fut  atteinte 
parle  terriblelléau.  Peudejoursaprès,  M"""  Soiitag 
mourait,  prescpie  dans  ses  bras.  —  De  retour  en 
Europe  en  1857,  Caroline  Vielti  chanta  en  Portu- 
gal et  en  Espagne,  puis,  en  1859,  pour  la  troi- 
sième fois,  à  Marseille,  sous  la  direction  Montelli. 
En  dépit  de  la  fatigue  que  trahissait  sa  voix, 
elle  retrouva  dans  cette  ville  ses  anciens  succès, 
grâce  à  l'ampleur  et  à  la  perfection  de  sa  mé- 
thode. Elle  fut  surtout  très-applaudiedans  Sémi- 
ramis  et  Lucrèce  Borgia  :  elle  lançait  le  brin- 
disi  de  ce  dernier  opéra  avec  un  brio  et  une  au- 
torité de  style  qui  s'imposaient  au  public.  — 
Après  de  nouveaux  voyages  artistiques  en  Italie 
et  en  Ecosse,  Caroline  Vietti  revint  en  1861  à 
Marseille,  où  elle  avait  contracté  un  mariage 
honorable  avec  un  négociant,  M.  Vertiprat.  Elle 
n'a  pas'quitlé  depuis  cette  ville,  et  s'y  est  vouée 
avec  succès  à  l'enseignement. 

Douée  d'une  belle  voix  de  contralto,  Caroline 
Vietti  a  fait  particde  cette  génération  de  chanteurs, 
aujourd'hui  disparue,  qui  a  interprété  avec  une 
perfection  rare  et  fait  applaudir  dans  le  monde 
entier  les  œuvres  de  Rossini,  Doni/etti,  Bellini  et 
Mercadante.  11  semble  qu'on  ne  puisse  retrouver 
ni  le  grand  style,  ni  même  les  voix  de  cette 
époque,  et  surtout  ces  magnifiques  contralii 
dont  nousavons  pour  types  Arsacede,Se??ii/-ftHi<5, 
Malcolm  de  la  Donna  del  Lago,  Isabella  de 
l'italiana  in  Alrjicri,  Roméo  de  i  Capulcii,elc. 
—  Soit  par  un  caprice  de  la  nature,  soit  par  suite 
des  exigences  d'un  réi>ertoire  violent,  dont  la  fessi- 
tura  trop  étendue  dénature  les  voix,  on  n'entend 
|)lus  au  théâtre,  —  on  fait  de  voix  de  femmes  gra- 
ves, —  que  des  mezzo-soprani  d'un  clavier  inégal, 
chez  lesquels  les  registres  de  tête  et  de  poitrine 
semblent  toujoursmal  soudés.  Caroline  Vietti  avait 
un  véritable  contralto,  —  un  peu  court  peut-être 
pour  les  ouvrages  contemporains,  tels  que  la 
Reine  de  Chypre  ou  le  Prophète,  —  mais 
large,  plein,  sonore,  d'une  pureté  et  d'une  égalité 
remarquables.  Elle  avait  à  la  fuis  la  flexibilité  et 
l'ampleur.  Ayant  poursuivi  toute  sa  carrière  au 
milieu  des  plus  éminenis  chanteurs,  elle  avait 
les  traditions  de  la  grande  école  italienne  dont 
elle  a  été  en  quekiue  sorte  un  des  derniers  re- 
présentants. 11  est  regrettable,  pour  sa  renommée, 
que  Caroline  Vietti  ne  se  soit  jamais  produite  à 
Paris.  Mais  ceux  (\w.  l'ont  entendue  peuvent 
affirmer  qu'elle  a  été  une  des  cantatrices  dis- 
tinguées de  ce  temps. 

Al.  R  —  d. 


*  VIEUXTEMPS  (Henri),  violoniste  ad- 
mirable, a  été  cruellement  éprouvé  dans  ces  der- 
nières années.  Une  paralysie  du  bras  droit  est 
venue  l'empêcher  de  se  livrer  à  l'exercice  de  son 
art,  et  quoiqu'un  mieux  assez  sensible  se  soit  pro- 
duit depuis  lors  dans  sa  situation,  il  a  dû  cependant 
renoncer  complètement  à  se  faire  entendre  en  pu- 
blic. M.  Vieuxtemps  est  fixé  aujourd'hui  à  Pa- 
ris, où  il  continue  de  se  livrer  à  la  composition. 
Il  a  publié  récemment,  sous  le  titre  de  Voix  in- 
times, un  recueil  de  6  pensées  mélodiques  pour 
violon,  avec  accompagnement  de  piano  (Paris, 
Brandus),  et  un  Concerto  pour  violoncelle,  avec 
piano  ou  orchestre  (id.,  id.).  A  ses  oeuvres  pu- 
bliées antérieurement,  il  faut  ajouter  les  sui- 
vantes :  3  Morceaux  de  salon,  avec  accompagne- 
ment de  piano;  Duo  pour  piano  et  violon  sur  ieZ)?<c 
d'Olonne,  en  société  avec  M.  Ed.  WoUf;  Grande 
Fantaisie  sur  Obéron,  op,  14;  Duo  brillant  pour 
piano  et  violon,  sur  des  airs  hongrois,  en  société 
avec  Erkel;  Fantaisie,  id.,  sur  les  Huguenots, 
avec  Joseph  Grcgoir;  Duo,  id.,  surZe  Prophète 
avec  M.  Rubinstein;  Grand  duo  pour  violon  et 
violoncelle  sur  les'  Huguenots,  avec  Servais. 
Tous  ces  ouvrages  ont  été  publiés  chez  l'éditeur 
M.  Rrandus. 

M""  Vieuxtemps  est  morte  à  la  Celle-Saint- 
Cloud,  près  Paris,  le  29  juin  1868.  On  a 
publié  sur  M.  Vieuxtemps  l'écrit  anonyme 
suivant,  dont  l'auteur  est  M.  Félix  Delhasse  : 
//.  Vieuxtemps.  Erratum  de  la  «  Bio- 
graphie universelle  des  Musiciens  »  j)ar 
M.  Félis,  Bruxelles,  Wouters,  1844,  in-8"  de 
7  pages.  —  Comme  membre  de  l'Académie 
royale  de  Belgique,  M.  Vieuxtemps  a  lu  dans 
une  séance  de  cette  compagnie  une  ISodce  bio- 
graphique sur  Elicnnc-Jcan  Soubre,  notice 
qui  a  été  publiée  dans  VAnnuaire  de  l'Aca- 
démie pour  1872,  et  dont  il  a  été  fait  un  tirage 
à  part  (Bruxelles,  Hayes,  1872,  in-12). 

i  lELiXTEMPS  (JEÂN-JosEPn-LiîciiîN).  frère 
du  précédent,  jùaniste,  élève  d'Edouard  Wolf, 
est  né  à  Verviers,  le  5  juillet  1828,  et  s'est  pro- 
duit en  public  pour  la  première  fois  dans  un 
concert  donné  par  son  frère  Henri,  au  théâtre 
delà  Monnaie  de  Bruxelles,  le  19  mars  184:).  Il 
s'est  établi  dans  cette  ville  Comme  professeur  de 
piano  et  il  a  publié  quantité  de  morceaux  pour 
son  instrument  (caprices,  mazurkes,  valses, 
fantaisies,  ballades,  romances,  etc.). Il  en  est  d'au- 
tres qui  ont  été  exécutés  sans  avoir  été  gravés 
(des  septuors,  quatuors,  trios  sonales,  éludes, 
fantaisies,  etc.).  y. 

\  J  EL  VTEMPS  (JuLcs-JosEPH-EnNEST), 
frère  des  précédents,  né  à  Bruxelles  le  18  mars 
1832,  est  violoncelle-solo  des  conceris  Halle  à 


VIEUXTEMPS  —  VILLANIS 


G25 


Manchester,  après  avoir  été  longlemps  atlaclié 
en  la  même  qualité  au  théâtre  italien  de  Lon- 
dres. —  Y. 

VIGIVOIX  ( ).'—  On  a  publié  sous  ce  nom 

une  brochure  intitulée  :  Enseignement  de  la 
musique  vocale  (Paris,  18G0,  in-S"  de  16  pp.). 

VIGIVOZZI  (Egisto),  compositeur  italien,  a 
écrit  la  musique  d'un  opéra  bouffe  intitulé  Elena 
eMalvina,  qui  fut  représenté  sur  le  théâtre San- 
Benedetto,  de  Venise,  pendant  l'automne  de 
1835.  Je  crois  qu'ensuite  il  en  a  produit  un  se- 
cond, sous  le  titre  de  la  Sposa.  Cet  artiste  a 
publié  un  recueil  de  chant  :  mia  Serenata  sulla 
Neva,  qui  comprend  trois  ariettes  et  trois  noc- 
turnes à  2  voix. 

VILAMALA  ( ),  compositeur  espa- 
gnol, est  l'auteur  d'une  zarzuela  intitulée  la 
Trompa  de  Eustaquio,  qui  a  été  représentée  à 
Madrid,  sur  le  théâtre  des  Bouffes-Madrilènes, 
le  29  janvier  1867, 

^'ILAIVOVA  (Ramon),  compositeur  espagnol 
distingué  de  musique  religieuse,  naquit  à  Bar- 
celone le  21  janvier  1801.  Dès  l'âge  de  huit  ans, 
il  commença  l'élude  du  solfège  avec  un  artiste 
nommé  José  Ferres,  partit  peu  de  temps  après 
avec  sa  famille  pour  Berga,  et  là,  devenu  enfant 
de  chreur,  continua  cette  étude  avec  un  prêtre 
nommé  Jaime  Domenech.  De  retour  à  Barce- 
lone en  1814,  il  devint  l'élève  de  Francisco  Que- 
ralt  pour  l'harmonie  et  la  composition,  et  reçut 
aussi  des  leçons  deMateo Ferrer.  11  s'appliqua  en- 
suite à  connaître  et  à  étudier  les  grandes  œuvres 
de  musique  religieuse  qui  s'exécutaient  dans  les 
églises  de  sa  ville  natale,  après  quoi  il  partit  en 
1829  pour  Milan,  où  il  se  perfectionna  sous  la 
direction  de  Piantanida. 

Après  un  an  de  séjour  à  Milan,  il  revint  dans 
sa  patrie,  et  fut  nommé  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Barcelone.  Il  renonça  en  1833  à 
cet  emploi  pour  accepter  celui  de  directeur  de  la 
musique  au  théâtre  de  Valence,  mais  justement 
ce  théâtre  vint  à  fermer  par  suite  de  la  mort  du 
roi  Ferdinand  VII.  11  revint  donc  se  fixer  défini- 
tivement à  lîarcelono,  où  il  se  livra  à  l'enseigne- 
ment et  à  la  composition,  et  qu'il  ne  quitta  plus 
depuis  lors.  Artiste  intelligent,  professeur  vénéré, 
homme  de  cu'ur  et  de  bien,  il  est  mort  en  cette 
ville,  au  mois  de  mai  1870,  âgé  de  soixante-neuf 
ans. 

Parmi  les  nombreuses  compositions  religieuses 
de  Ramon  Vilanova,  qui  sont  très-estimées  en 
Espagne,  on  cite  particulièrement  la  messe  de 
Requiem  écrite  par  lui  en  1838,  et  qui  fut  exé- 
cutée dans  la  cathédrale  de  Barcelone  pour  le 
service  funèbre  des  victimes  de  la  guerre  civile 
qui  désola  l'Espagne  de  1833  à  1839,  puis  deux 

BIOCR.    UNIV.   DES  MUSICIENS.  —  SUPfL.   — 


autres  messes  de  Requiem,  écrites  postérieu- 
rement. Au  nombre  de  ses  meilleurs  élèves,  on 
mentionne  MM.  Vicente  Ciiyas,  Mariano  Obiols, 
Pedro  Tintorcr,  Antonio  Rovira,  José  Pique  y 
Cavero,  et  Casanas. 

\  ILUAIl  (MiiïosLAw),  compositeur  et  poëte 
hongrois,  mort  dans  sa  propriété  de  Kalz,  près 
de  Pesth,  le  6  août  1871,  est  l'auteur  d'un  opéra 
intitulé  Jamska  Ivanha,  et  d'un  grand  nombre 
de  chansons  qui  lui  ont  fait  une  renommée  et 
sont  devenues  populaires  parmi  ses  compatrio- 
tes. 

VILL ATSIS  (Angelo),  compositeur  dramati- 
que, né  à  Turin  en  1821,  est  mort  le?  septembre 
1865.  Fils  d'un  avocat  distingué  de  Turin,  il 
embrassa  d'abord  lui-même  la  carrière  du 
barreau,  puis  l'abandonna  pour  se  livrer  à  la 
passion  indomptable  qu'il  éprouvait  pour  la 
musique.  Il  se  plaça  alors  sous  la  direction  du 
maestro  Luigi-Felice  Rcssi,  suivit  avec  lui  un 
cours  complet  d'éducation  musicale,  et  au  bout 
de  peu  d'années  se  vit  en  état  d'aborder  la 
scène,  but  de  ses  désirs  ardents.  Il  s'essaya 
pour  la  première  fois  vers  1849,  en  donnant  au 
théâtre  Gerbino,  de  Turin,  une  faj'sa  intitu- 
lée i  Saltimbanchi  in  Ispagna,  qu'il  fit  re- 
présenter sous  le  couvert  de  l'anonyme  et  qui 
fut  fort  bien  accueillie  néanmoins.  Encouragé 
par  le  résultat  favorable  qu'il  avait  obtenu  avec 
ce  premier  et  timide  essai,  il  se  décida  à  pour- 
suivre la  carrière  de  la  musique  dramatique  et 
donna  par  la  suite  huit  autres  ouvrages,  presque 
tous  fort  importants,  qui  subirent  des  sorts  divers, 
mais  qui  révélèrent  chez  Villanis  un  talent  ho- 
norable et  distingué.  En  voici  les  titres  :  1°  la 
Spia,  0  il  Mercaiuolo  americano,  opéra 
serai-scria  en  4  actes  (Tin'in,  th.  Sutera,  1850)  ; 
2**  la  Figlia  del  Proscritto,  opéra  sérieux  (Tu- 
rin, th.  Carignan,  1851)  ;  3°  la  Regina  di  Leone 
(Venise,  th.  Apollo,  1851),  ouvrage  qui,  ainsi 
que  le  précédent,  obtint  un  grand  succès  ; 
4"  Alina,  o  il  Matrimonio  d'ima  cantante, 
opérette  bouffe  (Turin,  th.  National,  vers  1853); 
5"  la  Vergine  di  Kent,  opéra  sérieux  en  4  actes 
(Turin,  th.  Regio,  février  1856)  ;  6°  Una  Notte 
di  festa,  opéra  sérieux  (Venise,'  1858),  repré- 
senté sous  ce  titre,  mais  publié  sous  celui 
à' Emanuele-Filiberto  avec  une  dédicace  à 
Victor-Emmanuel,  roi  d'Italie;  7°  Vasconcello 
(Milan,  th.  de  la  Scala,  1859)  ;  8°  Bianca  degli 
Albizzi  (Milan,  th.  de  la  Scala,  1865). 

La  On  d'Angelo  Villanis  fut  lamentable.  Cet 
artiste  avaft  un  jeune  fils  qu'il  aimait  tendre- 
ment ,  et  qu'il  avait  placé  au  collège  d'Asti  ; 
l'enfant  tombe  un  jour  d'une  fenêtre,  et  dans 
sa  chute  se  casse  un  bras.  Les  médecins,  ap- 
T.  U.  40 


626 


VILLANIS 


pelés  aussitôt,  déclarent  que  pour  lui  sauver 
la  vie  l'amputation  est  indispensable.  Le  pauvre 
père,  mandé  en  tonte  liàfe  ,  devient  fou  en 
voyant  la  situation  de  son  lils  ;  il  est  ramené 
dans  sa  famille,  mais  sa  folie  devient  bientôt 
furieuse,  et  il  meurt  au  bout  de  quelques  jours, 
dans  un  horrible  délire,  à  peine  âgé  de  qua- 
rante-quatre ans. 

En  dehors  du  théâtre,  on  a  publié  de  cet 
artiste  quelques  compositions  vocales,  entre 
autres  un  recueil  élégant  de  Sei  Canzoni  po- 
polari  (1). 

VILLAROSA  (Le  marquis  DE),  dilettante 
et  écrivain  musical  italien,  esj,  l'auteur  d'un 
recueil  biographique  intitulé  Memorie  dei  com- 
posHori  di  miisica  del  regno  di  Napoli  (Na- 
ples,  Impr.  royale,  1840,  in-8"),  et  qui,  comme 
l'indique  son  titre,  était  exclusivement  con- 
sacré aux  musiciens  napolitains.  Quelque  in- 
complet que  soit  cet  ouvrage,  il  est  resté  pen- 
dant longues  années  le  seul  que  l'on  piU  con- 
sulter sur  les  grands  artistes  qui  avaient  fait 
partie  de  cette  admirable  école  napolitaine,  si 
féconde  et  si  brillante,  et  l'on  doit  savoir  gré 
au  marquis  de  Villarosa  du  soin  qu'il  avait 
pris  de  grouper  tous  ces  noms  glorieux 
et  de  retracer  la  vie  de  tant  d'artistes  jus- 
tement célèbres.  On  doit  au  même  écrivain 
.  une  notice  sur  Pergolèse,  qu'il  a  donnée  sous 
ce  titre  :  Lettera  biografica  intorno  alla  pa- 
tria  ed  alla  vita  di  Gio.  Battista  Pergolèse, 
célèbre  composilore  di  musïca.  Je  ne  connais 
de  cet  opuscule  qu'une  seconde  édition,  publiée 
à  Naples,  en  1843,  dans  le  format  in-8°. 

VILLAPiS  (Louis-Hector,  maréchal,  duc 
DE),  né  à  Moulins  en  1653,  mort  à  Turin  en 
1734,  —  qui  sauva  la  France  à  Denain,  — 
doit  être  mentionné  ici  pour  la  protection 
éclairée  qu'il  accorda  aux  arts.  Vers  1712  il 
avait  été  reçu  membre  de  l'Académie  française. 
En  1716  il  fut  nommé  gouverneur  général  de 
Provence,  et  sa  venue  fut  célébrée  dans  le  pays 
par  des  hommages  de  toute  sorte,  notamment 
à  Marseille,  où  un  prologue  de  circonstance 
mis  en  musique  par  Campra  fut  donné  au 
théâtre.  Le  maréchal  de  Villars  se  montra  très- 
attaché  à    la  province     dont   l'administration 

(1)  En  1861,  la  municipalité  rie  Turin  avait  nommé, 
pour  élaborer  un  projet  de  création  d'un  institut  musi- 
cal en  celle  ville,  une  commission  rie  quatre  conseillers 
communaux  cl  rie  quatreartistcs,  qui  étaient  MM.  Uiigi 
Luzzi,  Antonio  Marcliisio,  Lui},'!  l'abbrica  et  Angelo 
Vili.mis.  Villanis  fut  clioisl  comme  rapporteur  de  celte 
commission,  et  le  projet  rédigé  par  lui,  trés-clairement 
et  trés-élégamment  écrit,  fut  publié  en  feuilleton  dans 
ics  numéros  du  journal  l'Opinione  des  30  décembre  1861, 
i"-"^  et  3  janvier   1862. 


-  VILLARS 

lui  avait  été  confiée.  Il  lui  rendit  de  signalés 
services,  et  s'efforça  particulièrement  d'y  dé- 
velopper par  tous  les  moyens  le  goût  des  choses 
de  l'esprit.  Vers  1726  il  encouragea  la  fondation 
de  l'Académie  de  Marseille,  qui  depuis  quebjue 
temps  cherchait  à  se  constituer,  et  obtint 
pour  elle  des  lettres  patentes  du  roi  et  l'allilia- 
tion  à  l'Académie  française.  Il  fut  le  premier 
protecteur  de  cette  compagnie,  et  institua 
un  prix  annuel  d'éloquence  et  de  poésie  qui 
devait  être  décerné  par  elle.  Aussi,  les  pre- 
mières médailles  de  l'Académie  de  Marseille 
portent-elles  les  armes  de  son  illustre  patron. 
Ce  fut  également  sous  les  auspices  du  maré- 
chal de  Villars  que  se  forma  à  Marseille,  en 
1717,  une  Académie  de  musique.  En  1728, 
grâce  encore  à  l'appui  du  maréchal,  cette 
académie  reçut,  à  son  tour,  des  lettres  pa- 
tentes. C'était  une  véritable  Société  de  con- 
certs appuyée  par  un  certain  nombre  de  sous- 
cripteurs, qui  donnaient  chacun  dans  l'origine 
60  livres  par  an.  Protégée  par  le  gouver- 
neur, dirigée  par  des  commissaires  renouvelés 
chaque  année  et  choisis  parmi  les  notables  de 
la  ville,  jouissant  de  diverses  immunités,  et 
ayant  par  contre  certaines  charges,  la  Société 
des  concerts  hâta  les  progrès  de  l'art  musical 
à  Marseille.  Elle  donnait  fréquemment  des 
séances,  et  fut  la  première  à  organiser  des 
concerts  spirituels  au  profit  des  pauvres, 
avant  même  Paris,  où  le  premier  concert  spi- 
rituel date,  dit-on,  de  1725.  Ces  auditions  eurent 
lieu  d'abord  dans  la  rue  Venture  (autrefois 
rue  du  Vieux-Concert),  puis  dans  une  salle 
construite  place  Royale,  qui  fut  démolie  sous 
la  Terreur.  —  C'est,  en  effet,  à  cette  époque 
seulement  que    cesse  sa  bienfaisante   action. 

—  Les  programmes,  dont  le  niveau  s'élève  peu 
à  peu,  comprennent  tous  les  genres  de  musi- 
que :  symphonies,  motets,  airs  dramatiques, 
ariettes,  concertos,  etc.,  et  l'on  y  voit  suc- 
cessivement figurer  les  noms  des  compositeurs 
Rameau,  Pergolèse,  Lalande,  Lulli,  Mondonville, 
d'Auvergne,  Campra,  Rebel  et  Francœur, 
Mouret  l'Avignonnais,  etc.  En  dernier  lieu, 
on  exécutait  à  chaque  concert  une  sympho- 
nie de  Haydn  ou  de  Pleyel.  Quelquefois  même 
c'étaient  des  œuvres  locales  de  Rey,  maître 
de  musique  des  concerts,  de  Beck,  qu'on  ap- 
pelait le  Gluck  de  la  Provence ,  du  chef  d'or- 
chestre Legrand,  etc.  En  1761,  cette  société 
ne  comptait  pas  moins  de  45  sujets.  Parmi 
les  solennités  les  plus  remarquables  préparées 
par  elle,  il  faut  citer  celles  des  15  et  17  mai  1720, 
en  l'honneur  de  la  duchesse  de  Modène,  fille  du 
régent  de  France;  —  du  5  avril  1742,  pour  la 


VILLAUS 


627 


réception  de  don  Philippe,  infant  d'Espagne, 
de  passage  à  Marseille;  —  de  1744,  à  l'occa- 
sion de  la  convalescence  de  Louis  XV;  —  de 
1777,  pour  fêler  le  comte  de  Provence.  Au 
nombre  des  musiciens  les  plus  distingués  qui 
la;  dirigèren!,  se  trouvent  Lainenf  Bellisscn, 
élève  de  Poitevin  et  maître  de  chapelle  de 
l'abbaye  de  Saint-Victor,  qui  écrivit  beaucoup 
de  musique  religieuse  fort  prisée  de  son  temps, 
et  Rey,  maître  de  concerts,  dont  un  motet, 
Nunc  (limitas,  était  particulièrement  estimé. 
—  L'idée  de  cette  belle  institution  fut  reprise 
vers  1805  et  poursuivie  jusqu'en  1839  par  l'as- 
sociation des  Concerts  Thubaneau,  qui  fut 
véritablement  la  continuation  des  Concerts 
entrepris  en  1717.  Les  Concerts  Thubaneau 
rendirent  en  Provence  les  plus  éminents  ser- 
vices à  l'art  musical.  Il  suflit,  pour  les  faire 
apprécier,  de  rappeler  qu'on  y  entendit  et  qu'on 
y  applaudit  les  symphonies  de  Beethoven  de 
1821  à  1827,  alors  que  Paris  hésitait  encore 
à  acclamer  ces  immortels  chefs-d'œuvre.  — 
L'Académie  de  musique  fondée  par  le  maréchal 
de  Villars  eut  aussi  son  action  sur  l'Académie 
de  Marseille.  En  1766,  cette  dernière  compa- 
gnie (qui  avait  compté  plusieurs  membres  très- 
distingués,  entre  autres  Jean-André  Peyssonnel, 
à  qui  l'on  doit  des  découvertes  du  premier  or- 
dre  sur  le  corail)  s'adjoignit  une  classe  des 
Beaux-Arts.  Plus  tard,  une  section  spéciale 
fut  réservée  à  la  musique.  Le  5  ventôse  an 
IX,  deux  musiciens  de  talent,  Delattre  et  Le-  ■ 
grand,  y  furent  admis;  peu  après,  Alexandre 
Louet  y  entra  à  son  tour  (voir  ces  noms  dans 
la  Biographie  tinïverselle  de  Fétis  et  dans  le 
Supplément).  Le  25  lloréal  an  XII,  l'Acadé- 
mie de  Marseille  forma  le  projet  d'ouvrir  un 
Conservatoire  de  musique,  dont  la  direction 
devait  être  conliée  à  Delattre.  Ce  projet,  qui, 
après  bien  des  débats,  ne  fut  pas  mis  à  exé-' 
cution,  devait  être  repris  plus  tard.  En  1822, 
M.  Barsolti  fonda  le  Conservatoire  existant 
aujourd'hui  à  Marseille,  qui  est  une  véritable 
pépinière  d'artistes.  —  On  voit  quelle  chaîne 
de  traditions  fécondes  avait  nouée  l'intelligente 
initiative  du  maréchal  de  Villars.  Il  y  aurait 
injustice  à  ne  pas  reporter  à  cette  glorieuse 
personnalité  l'honneur  d'avoir  créé  des  institu- 
tions artistiques  qui  ont  été  l'origine  de  nos 
institutions  actuelles.  Les  contemporains  du 
maréchal  apprécièrent  foute  la  portée  de  ses 
bienfaits.  Quand  il  mourut,  ce  fut  en  Provence 
un  deuil  général.  L'Académie  de  Marseille  fut 
l'interprète  des  sentiments  de  la  population, 
par  l'organe  de  deux  de  ses  membres  ;  Charles 
de  Peyssonnel  fit  l'éloge  funèbre  du.  maréchal 


en  séance  publique, .  et  de  la  "Visclède  lut  une 
ode  de  circonstance.  L'Académie  ouvrit  aussi 
un  concours  de  poésie  destiné  à  perpétuer  le 
souvenir  de  son  fondateur.  Cinq  des  meilleures 
pièces  écrites  à  cette  occasion  furent  insérées 
dans  le  Recueil  de  l'Académie  publié  en  1735. 

Al.  R— n. 
VILLARS  (Honoré- AnMAND,  duc  DE),  fils 
du  précédent,  né  en  1702,  mort  aux  Aigalades, 
près  Marseille,  en  1770,  succéda  à  son  père  dans 
ses  diverses  dignités ,  notamment  <lans  sa 
charge  du  gouvernement  de  Provence  et  dans 
son  fauteuil  à  l'Académie  française.  Le  duc 
de  Villars  contribua  aussi  activement  que 
possible  au  développement  des  institutions 
fondées  par  le  maréchal ,  et  beaucoup  des 
progrès  rappelés  dans  la  notice  ci-dessus  lui 
sont  dus.  Il  soutint  du  prestige  de  son  autorité 
l'Académie  de  Marseille,  et  tint  à  honneur  de 
la  présider  souvent.  En  1767  il  institua  pour 
cette  compagnie  un  nouveau  prix  destiné  à  en- 
courager les  sciences,  et,  en  mourant,  lui  légua 
un  capital  de  20,000  livres.  Il  protégea  d'une 
façon  continue  l'Académie  de  musique  et  sur- 
tout peut-être  le  théâtre  de  Marseille,  qu'il 
suivait  très-assidûment  et  qu'il  aimait  avec 
passion.  On  retrouve  le  nom  du  duc  de  Villars 
associé  à  foutes  les  solennités  et  à  toutes  les 
créations  artistiques  de  celte  époque.  La  secon- 
de série  des  médailles  de  l'Académie  de  Mar- 
seille porte  son  effigie.  On  peut  dire  que  les 
bienfaits  du  duc  furent  aussi  intelligents  que 
persévérants.  Aussi,  en  Provence,  confondit-on 
les  deux  Villars  dans  une  même  reconnais- 
sance. En  dépit  de  vices  qui  déparaient  ses 
belles  qualités,  le  fils  fut  unanimement  regretté, 
comme  l'avait  été  le  père.  Il  mérite  d'être  men- 
tionné parmi  les  bienfaiteurs  de  l'art  en  pro- 
vince. 

Al.  R— d. 
VILLARS  (Franz  DE),  amateur  de  musique 
et  de  peinture,  naquit  à  l'île  Bourbon  le  20 
janvier  1825.  Venu  de  bonne  heure  en  France, 
oii  il  termina  son  éducation  littéraire,  il  y 
prit  le  goût  de  la  musique,  étudia  la  flûte, 
puis  travailla  l'harmonie  sous  la  direction  de 
M.  Deldevez.  Il  a  rédigé  pendant  un  temps 
le  feuilleton  musical  de  l'Europe,  journal 
français  de  Francfort,  et  a  collaboré  activement 
à  l'Art  musical.  On  lui  doit  les  publications 
suivantes  :  1°  la  Serva  padroria,  son  appari- 
tion à  Paris  en  1752,  son  analyse,  son  influence 
(Paris,  Castel,  1803,  gr.  in-S")  ;  2°  Notices  sur 
Luigi  et  Federico  Ricci,  suivies  d'une  analyse 
critique  de  Crispino  e  la  Comare  (Paris,  Mi- 
chel-Lévy,  1800,  in-12)  jS'/cs  deuxlphujénie  de 


628 


VILLARS  —  VILLERS 


GZ«cA  (Paris,  Liepmannssohn,  1868,  in-S»).  Les 
Notices  sur  Luigi  et  Federico  Ricci  sont  par- 
ticulièrement intéressantes,  ayant  été  rédigées 
d'après  des  documents  fournis  par  le  survivant 
des  deux  frères.  F.  de  Villars  est  mort  à  Paris, 
au  mois  d'avril  1879. 

VILLATE  (Gaspar),  musicien  américain, 
est  né  à  Cuba  le  17  janvier  1851.  Possesseur 
d'une  fortune  considérable  et  cultivant  l'art  en 
amateur,  il  commença  dans  sa  patrie  son  édu- 
cation musicale,  puis  la  termina  à  Paris,  où 
il  suivit,  je  crois,  comme  auditeur,  une  des 
classes  du  Conservatoire.  M.  Yillate  commença 
par  publier  quelques  romances,  quelques  mé- 
lodies vocales,  puis  il  écrivit  un  opéra  italien 
en  4  actes,  Zilia,  qu'il  fit  représenter  sur  le 
Théâtre-Italien  de  Paris  le  1"  décembre  1877. 
La  partition  de  cet  ouvrage,  extrêmement 
faible,  n'offrait  qu'une  imitation  flagrante  et 
banale  du  style  de  Donizelti  et  de  celui  de 
M.  Verdi.  Zilia  ne  put  se  soutenir  à  la  scène, 
malgré  le  talent  qu'y  déployaient  ses  deux 
principaux  interprètes,  M"«  Elena  Sanz  et 
M.  Tambe.rlick.  Depuis  lors,  M.  Villate  a  donné 
au  théâtre  royal  de  la  Haye  un  opéra  français 
en  4  actes  et  7  tableaux,  la  Czarine,  qui  paraît 
avoir  reçu  un  accueil  favorable  (2  février  1880). 

VILLEBICHOT  (A DE),  composi- 
teur français,  né  vers  1820,  a  fait  de  bonnes 
études  décomposition  avec  M.  Maleden,  et  est 
devenu  plus  tard  chef  d'orchestre  dans  dif- 
férents cafés-concerts  de  Paris,  entre  autres  à 
l'Alcazar  et  au  Café  des  Ambassadeurs.  Jl  a 
écrit  pour  plusieurs  de  ces  établissements 
un  assez  grand  nombre  d'opérettes  et  de  saynè- 
tes qui  y  ont  été  représentées  et  parmi  les- 
quelles je  citerai  les  suivantes  :  Marjolaine, 
Roublard  le  Canotier,  l'Héritage  de  mon 
oncle,  la  Tour  du  Nord,  un  Homme  agaçant, 
les  Hidalgos  de  Paris,  Mademoiselle  J''or- 
donne,  le  Lion  en  cage,  le  Bailli  de  Croque- 
tendron,  Turlurette,la  Tyrolienne,  un  Bal  à 
la  sous-préfecture,  une  Minute  trop  tard,  la 
Corde  cassera,  Blagados  et  Bêtinet,  les  Deux 
Maris  garçons,  les-  Deux  Scélérats,  les  Deux 
Postillons,  Vengeance,  la  Grève  des  femmes, 
etc. 

M.  de  Villebichot  a  donné  au  théâtre  Déjazet 
un  ouvrage  plus  important,  Nabuco,  opéra 
bouffe  en  3  actes,  qui  n'était  pas  dépourvu  de 
bonnes  qualités.  Cet  artiste  a  publié,  en  18'j8, 
une  brochure  sur  l'état  de  rcnseif;ncnient  musi- 
cal et  les  réformes  qu'il  lui  semblait  utile  d'y 
apporter. 

VILLEBLAIXCIIE  ( ),  compositeur 

français,  a  écrit    la   musique   d'un    opéra-co- 


mique en  2  actes,  les  Fiançailles  des  Roses, 
qui  a  été  représenté  au  Théâtre- Lyrique  le 
21  février  1852.  Je  ne  sache  pas  que  cet  ar- 
tiste se  soit  produit  d'aucune  autre  façon. 

A'ILLEBOIS    ( ),    compositeur  russe 

contemporain,  descend  d'une  ancienne  famille 
française,  dont  le  chef,  soldat  courageux,  fut, 
dit-on,  l'un  des  compagnons  de  Pierre  le  Grand. 
M.  Villebois  est  l'auteur  d'un  opéra  intitulé 
Nataschha,  dont  la  valeur  est  mince  et  qui  a 
été  représenté  sur  le  théâtre  Marie,  de  Saint-Pé- 
tersbourg, en  1863.  Il  a  publié  un^recueil  in- 
téressant de  chants  populaires  russes. 

*  VILLENEUVE  (André-Jacques).  —  Ce 
musicien  est  l'auteur  de  la  Princesse  d'Élide, 
opéra-ballet  héroïque  en  trois  actes  et  un  pro- 
logue, dont  il  écrivit  la  partition  sur  un  livret 
de  l'abbé  Pellegrin  et  qui  fut  représenté  à 
l'Opéra  le  20  juillet  1728.  Villeneuve,  qui  avait 
été  maître  de  musique  de  la  cathédrale  d'Aix 
(et  non  d'Arles),  était  venu  sans  doute  se  fixer 
à  Paris,  car,  au  mois  d'avril  1727,  il  faisait 
exécuter  au  Concert  spirituel  une  œuvre  im- 
portante, le  Psaume  96,  mis  en  musique  par 
lui  sur  une  traduction  française  de  l'abbé  Pelle- 
grin. Quinze  ans  auparavant,  le  4  janvier  1712, 
il  faisait  entendre  une  cantate  intitulée  Thétis, 
écrite  par  lui  sur  des  vers  de  la  Mothe,  pour 
fêter  le  rétablissement  de  la  santé  du  comte  de 
Toulouse. 

Un  artiste  nommé  Villeneuve  publia  à  Paris, 
en  1756,  une  Nouvelle  Méthode  pour  appren- 
dre la  musique  et  les  agréments  du  chant 
(Paris,  1756,  in-4°  oblong)  ;  ce  doit  être  le 
mêmeque  celui  dont  il  est  ici  question,  car,  à  cette 
date  de  1756,  l'almanach  intitulé  les  Specta- 
cles de  Paris  mentionne  Villeneuve  au  nombre 
des  musiciens  vivants  qui  ont  travaillé  pour 
l'Opéra.  Il  existait  donc  encore  à  cette  épo- 
que, bien  qu'il  fût  évidemment  fort  âgé  (1). 

*  A  ILLERS  (Le  baron  Henri-Louis-Martin 
DE),  né  à  Eu  le  21  juillel  1780,  devint  successi- 
vement maire  de  Neufchâtel,  membre  du  Conseil 
général  de  la  Seine-Inférieure,  député,  repré- 
sentant du  peuple,  et  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur.  Ses  travaux  de  littérature  et  ses 
œuvres  musicales  lui  donnèrent  entrée  à  l'Aca- 
démie des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de 
Rouen,  ville  qu'il  a  longtemps  habitée,  et  dans 

(!)  J'ignore  si  c'est  d'une  parente  de  cet  artiste  qu'il  est 
question  dans  ces  lignes  que  publiait  le  Mercurcde  France 
de  décembre   1770:  — «  Le    jeudi  i"  novembre,  il  y   a 

eu  concert  spirituel On  a  fort  ;ipplaudi  à  l'exécution 

de  M'ie  de  Villeneuve,  qui  a  joué  avec  lépéreté  et  pré- 
cision surin  mandoline  un  concerto  de  M.  Kritzeri.  Cette 
virtuose  se  proposoit  de  jouerun  concerto  sur  leclavessin, 
irais  les  arrangemens  du  concert  ne  lelui  ont  pas  permis. 


VILLERS  —  VINCENS 


629 


laquelle  il  est  mort,  le  8  novembre  1855.  Il 
y  exerça  égaiement,  pendant  plusieurs  années, 
les  fonctions  de  président  de  la  Société  philhar- 
monique. 

M.  Martin  de  Villers  pouvait  être  consi- 
déré, en  effet,  comme  un  amateur  sérieux  et 
instruit  ;  il  avait  étudié  la  composition  sous  la 
direction  de  Berton,  dont  il  était  l'ami,  et,  in- 
dépendamment d'un  opéra  qui,  croyons-nous, 
n'a  pas  été  représenté,  il  avait  écrit  diverses 
œuvres  de  musique  de  chambre,  lesquelles 
n'ont  été  publiées  qu'après  sa  mort,  et  par 
les  soins  de  M.  Ch.  Dancla.  Ces  œuvres  con- 
sistent en  six  quatuors  pour  deux  violons,  alto 
et  violoncelle,  trois  trios  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  un  quatuor  pour  piano,  violon, 
violoncellej  et  contre-basse,  un  quintette  pour 
piano,  deux  violons,  alto  et  violoncelle,  et  un 
autre  quintette  pour  piano,  harpe,  hautbois, 
cor  et  contre-basse.  Parmi  les  œuvres  manus- 
crites de  M.  de  Villers,  nous  citerons  une  ou- 
verture qui  fut  exécutée  en  1836,  à  la  séance 
publique  de  l'Institut. 

Il  a  laissé  également  quelques  écrits,  notam- 
ment les  suivants,  qui  se  rattachent  à  la  musi- 
que :  Discours  sur  le  rang  qui  appartient 
dans  l'ordre  moral  et  intellectuel  aux  Let- 
tres et  aux  Arts  (Précis  des  travaux  de 
r Académie  de  Rouen,  1840).  —  Notice  sur  la 
Société  philharmonique  de  Rouen  (id.  1842  ; 
Revue  de  Rouen,  1843  ;  Annuaire  normand, 
1843).  —  Dissertation  sur  l'enseignement  de 
la  musique  par  la  méthode  Galin-Paris- 
Chevé  (Académie  de  Rouen,  1850).  —  Quel- 
ques considérations  générales  sur  la  musi- 
que religieuse  à  l'occasion  d'une  messe  de 
M.  Vervoitte,  maître  de  chapelle  de  la  ca- 
thédrale de  Rouen  (id.,  1853). 

J.  C— z. 

VILLIERS  STAINDFOIlD(C ),  orga- 
niste, pianiste  et  compositeur  anglais,  exerce  les 
fonctions  d'organiste  au  Trinity  Collège  de  Cam- 
bridge, en  même  temps  qu'il  est  conductor  de 
la  Société  musicale  de  cette  ville.  J'ai  le  regret 
de  ne  posséder  aucun  renseignement  sur  cet 
artiste,  qui  paraît  fort  distingué,  et  d'être  obligé 
de  rae  borner  à  mentionner  quelques-unes  de 
ses  œuvres.  L'une  des  plus  intéressantes  est  une 
symphonie  à  grand  orchestre  qui  fut  envoyée 
par  l'auteur  au  concours  ouvert  en  1876  par  les 
directeurs  de  VAlexandra  Palace,  et  qui,  je 
crois,  obtint  le  second  prix,  le  premier  étant 
décerné  à  la  composition  de  M.  G.-E.  Daven- 
port,  sur  quarante-six  manuscrits  envoyés. 
M.  Villiers  Standford  a  écrit  aussi  des  airs  et 
des  entr'actes  pour  une  tragédie  de  Tennyson, 


Qîieen  Mary,  une  ouverture  pour  le  festival  de 
Gloucester,  en  1877,  et  il  a  publié  le  Psaume  46 
pour  voix  seules,  chœurs  et  orchestre,  un  trio 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  une  sonate 
pour  piano  et  violon,  des  mélodies  vocales,  etc. 

A^ILLOIIXG  (ALEXAPtDRu),  pianiste  et  pro- 
fesseur russe  fort  distingué,  compositeur  pour 
son  instrument,  a  été  le  maître  des  deux 
grands  virtuoses  MM.  Antoine  et  Nicolas  Ru- 
binstein,  et  a  formé  un  grand  nombre  d'autres 
élèves  à  Saint-Pétersbourg,  où  son  enseigne- 
ment était  très-renommé.  On  lui  doit  diverses 
compositions,  parmi  lesquelles  un  concerto  de 
piano  et  un  concerto  do  violon,  tous  deux 
avec  accompagnement  d'orchestre,  et  une 
grande  Méthode  publiée  .sous  ce  titre  :  l'Ecole 
pratique  du  piano,  dont  il  a  été  fait  une 
édition  française  (Paris  ,  Heugel).  Dans  cet 
ouvrage,  dont  l'originalité  est  parfois  excessive, 
on  trouve  pourtant  quelques  idées  neuves  et 
utiles.  Villoing  est  mort  à  Saint-Pétersbourg, 
au  mois  de  .septembre   1878, 

VINCE]\S  (Pierre  -Joseph  -  Denis  -  Au- 
guste), compositeur,  naquit  le  5  novembre  1779. 
Membre  d'une  vieille  famille  marseillaise  dans 
laquelle  le  culte  de  la  musique  a  toujours  été  en 
honneur,  il  ne  s'occupa  pourtant  qu'en  amateur 
de  cet  art  aimé  par  lui  jusqu'à  la  passion.  Il 
paraissait  même  tenir  à  cette  qualification  d'a- 
mateur, car  on  la  retrouve  à  côté  de  son  nom 
sur  toutes  ses  publications  et  sur  tous  les  pro- 
grammes mentionnant  quelque  pièce  de  sa 
composition.  Auguste  Vincens  appartenait  à 
une  véritable  dynastie  d'assureurs  maritimes, 
profession  à  laquelle  se  sont  voués  successi- 
vement son  aïeul  Gaspard,  son  père  Mathieu, 
son  fils  Antoine  et  son  petit-fils  Charles.  Quoi- 
que destiné  à  suivre  cette  carrière ,  il  étudia 
sérieusement  la  musique  et  apprit  l'harmonie 
d'une  façon  à  peu-  près  complète.  Pendant  un 
quart  de  siècle,  il  fut  un  des  organisateurs  les 
plus  actifs  de  toutes  les  auditions  et  un  des  sou- 
tiens les  plus  dévoués  de  toutes  les  fondations 
pouvant  développer  à  Marseille  le  goût  de  l'art 
musical.  Après  que  les  églises  eurent  été  rendues 
au  culte  catholique,  il  s'attacha  avec  un  groupe 
d'hommes  éclairés,  MM.  Albrand,  VitalGilly, 
Mey,  Reymonencq,  Lecourt,  à  la  restauration 
à  Marseille  de  la  musique  religieuse.  Il  fut 
même  longtemps  maître  de  chapelle  de  la  ca- 
thédrale. Il  prit  aussi  une  grande  part  à  la 
création  et  à  la  prospérité  des  Concerts  Thu- 
buneau  qui,  de  1805  à  1839,  firent  beaucoup 
à  Marseille  pour  le  grand  art.  On  y  faisait 
entendre  des  fragments  de  musique  sym- 
phonique ,  dramatique  ou  religieuse  des  meil- 


630 


VINCENS  —  VINCENT 


It'tirs  inaîlres  anciens  cl  modernes,  et  sou- 
vent les  concerts,  dirigés  avec  un  rare  esprit 
d'initiative,  coniprenaienl  des  œuvres  nouvelles, 
nationales  ou  étrangères,  encore  inconnues 
en  France.  —  Le  29  mars  1827,  Auguste  Vin- 
cens  fut  reçu  membre  de  l'Académie  de  Mar- 
seille, en  même  temps  que  le  professeur  d'har- 
monie Macarry.  Il  fit  pour  cette  compagnie 
un  intéressant  rapport  sur  les  ouvrages  de 
musique  d'un  de  ses  membres,  M.  de  Valer- 
nes.  Auguste  Vincens  passa  toute  sa  vie  dans 
ce  cercle  d'artistes  et  d'amis  qu'il  affection- 
nait tant,  et  dans  lequel  sa  gaieté,  sa  verve 
gauloise  et  son  esprit  l'avaient  en  quelque 
sorte  rendu  populaire.  On  peut  même  dire  qu'il 
mourut  au  milieu  d'eux,  car  le  7  février 
1S36  il  fut  frappé  d'une  attaque  d'apoplexie, 
l'archet  à  la  main,  en  dirigeant  l'exécution 
d'une  messe  en  musique  dans  l'église  de  Saint- 
Victor. 

Voici  la    lisle  des  principales  compositions 
d'Auguste   Vincens  : 

Popule  meus  pour' orchestre  et  chœur  (Pa- 
cini,  éditeur  à  Paris);  Tantum  ergo,  motet  à 
trois  voix  sans  accompagnement  (Dufaut  et 
Dubois,  éditeurs,  Paris)  ;  0  salutaris  Hostia  ; 
Panis  angelïcus  ;  Domine  salvum  fac  ;  Re- 
quiem xternam,  motets  à  trois  voix  sans  ac- 
compagnement, dédiés  àLesueur  (Dufaut  et  Du- 
boiSj  éditeurs);  Salve  Regina,  motet  à  trois 
vois  sans  accompagnement  (Boisseiot,  éditeur 
à  Marseille);  Trois  Romances  avec  accompa- 
gnement de  piano  ou  de  harpe  (Boisselot,  édi- 
teur); Couplets  et  chœur  en  l'honneur  de  la 
duchesse  d'Angoulèrae,  chantés  en  sa  présence 
au  Grand-Théâtre  de  Marseille;  Ouverture 
pastorale  à  grand  orchestre  ;  Ouverture  de 
concert  à  grand  orchestre ,  composée  pour 
l'inauguration  de  la  nouvelle  salle  où  se  trans- 
portèrent les  Concerts  Thuhaneau  ;  Andante 
religioso  pour  orchestre;  Marche  pour  bande 
militaire  ;  Magnificat  pour  orchestre  et  chœur  ; 
Ave  Regina  3i\ec  accompagnement  de  quatuor; 
Ave  maris  Stella  avec  accompagnement  de 
quatuor;  De  Profundis  pour  orchestre  et 
chœur.  Cette  dernière  pièce  fut  exécutée  à  ses 
obsèques,  et  le  manuscrit  fait  partie  de  la  biblio- 
thèque du  Conservatoire  de  Marseille. 

Al.  R  —  d. 

*VIiyCENT(ALEXANDRE-j0SEPH-HYDULPHE), 

est  mort  à  Paris  le  26  novembre  1868.  Cet  écri- 
vain laborieux  a  tellement  prodigué  ses  écrits 
sur  une  foule  de  sujets  relatifs  à  la  musique, 
qu'il  est  bien  difficile  d'en  dresser  une  liste 
exacte  et  complète.  Je  vais  du  moins  citer  tous 
eux  qui  sont  parvenus  à  ma  connaissance,  en 


dehors  de  ceux  déjà  signalés  par  la  Biographie 
universelle  des  musiciens.  —  1°  Note  sur  la 
tncsse  grecque  qui  se  chantait  autrefois  à 
V abbaye  de]  Saint- Denis  (Paris,  Didier,  1864, 
gr.  in-8°)  ;  2°  Explication  d'une  scène  relative 
à  la  musique  représentée  sur  un  vase  grec 
du  musée  de  Berlin  (Paris,  Laliure  [1839],  in- 
8°  de  7  pp.,  avec  planche);  3° Introduction  au 
traité  d'harmonique  de  Georges  Pachymère 
(Paris,  in-4°,  avec  4  planches  gravées)  ;  4°  Des 
notations  scientifiques  à  l'école  d'Alexandrie 
(Paris,  1846,  in-8'');  5°  Communication  faite  à 
l'Académie  des  Beaux-Arts  dans  la  séance 
du  4  mars  1854.  Quarts  de  ton  et  principe 
harmonique  (Paris,  1854,  in-S"  de  7  pp.); 
6°  Emploi  des  quarts  de  ton  dans  léchant  gré- 
gorien, constaté  sur  l'antiphonaire  de  Mont- 
pellier (Paris,  Leleux,  1854,^1-8"  de  8  pp.); 
7°  Notice  sur  la  vie  et  les  ouvrages  d'Auguste 
Bottée  de  Joif/mon  (Paris,  Crapelet,  1851,  in- 
8°)  ;  8°  Pédagogie  musicale.  Sur  une  clef  uni- 
verselle (Rennes,  impr.  Vatar,  1856,  in-8°);. 
9"  Rapport  fait  à  la  section  d'archéologie,  le 
30  avril  1855,  sur  des  feuillets  de  musique 
communiqués  par  M  .Maurice  Ardant, corres- 
pondant à  Limoges  (Paris,  1856,  in-8»  de  4  pp. 
de  texte  et  de  4  pp.  de  musique)  ;  10°  Supplément 
aune  précédente  note  sur  l'emploi  des  quarts 
de  ion  dans  le  chant  liturgique  (Paris,  in-8», 
1856);  ii"  Acoustique.  Théorie  de  la  gamme 
(Paris,  1858,  in-8»  de  7  pp.);  12°  Lettre  sur  la 
musique  des  Grecs,  adressée  à  l'Académie 
royale  des  inscriptions  et  belles-lettres  de 
Paris  (Sèvres,  René,  1838,  in-8°  de  3  pp.); 
13°  Communication  d'une  lettre  de  M.  Nisard, 
relative  à  la  faculté  remarquable  dont  jouit 
U7i  enfant  de  sept  ans,  d'apprécier  la  tonalité 
du  discours  parlé  [Paris,  Bachelier,  1851,  in-4° 
de  2  pp.).  Tous  ces  écrits  ont  été  d'abord  insérés 
dans  des  recueils  scientifiques,  artistiques  ou  lit- 
téraires, et  ensuite  publiés  à  part.  J'en  vais  ci- 
ter encore  quelques-uns,  mais  sans  pouvoir  dire 
si  ceux-ci  ont  été  l'objet  d'une  publication  par- 
ticulière; 14"  Mémoire  sur  la  théorie  des 
battements  et  l'accord  de  l'orgue  {Annales  de 
chimie  et  de  physique,  1849);  15°  Discours  sur 
la  musique  des  anciens  Grecs,  lu  au  Congrès 
scientifique  d'Arras  (1853)  ;  16°  Nouvelles  con- 
sidérations sur  la  musique  et  la  versification 
au  moyen  âge  {Correspondant,  juin  1855); 
17°  Sur  la  théorie  de  la  gamme  et  des  ac- 
cords (Comptes-rendus  de  l'Académie  des  scien- 
ces, 1855);  18"  Sur  un  procédé  démodulation 
au  moyen  de  trois  accords  (1833)  ;  19°  Diverses 
notes  sur  le  calyndrier,  sur  le  système  métri- 
que cl  sur  la  7misique  des  Grecs,  aie  sujet  d'un 


VINCENT  —  VITZTIIUMB 


631 


manuscrit  c?(z  Traité  des  lois  de  Gemislhus  PU- 
thon,  découvert  par  M.  Vincent  (1842);  IQ' Sur 
la  poésie  lyrique  des  Grecs  et  le  vers  doch- 
miaque  {Bévue  archéologique,  1845);  21"  Sur 
un  rituel  païen  que  possède  la  Btbliothèque 
du  roi  [Revue  archéologique,  1842);  22"  ISote 
sur  une  formule  générale  de  modulation 
(Lille,  1832). 

M.  Vincent  a  été  le  sujet  des  écrits  suivants  : 
i"  Notice  sur  A. -J.- II.  Vincent,  par  E.  Havet 
(Paris,  1869,  in-8°);  2°  i»/.  Vincent,  membre 
de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-let- 
tres, par  M.  Tisseron  (extrailiies  Annales  his- 
toriques et  biographiques,  Paris,  1863,  gr.  in- 
8"  de  3  pp.);  3"  Manuscrits  relatifs  à  la 
musique  des  Grecs  anciens,  publiés  par 
M.  Vincent  ;  compte-rendu  de  cet  ouvrage, 
par  Lecomte  (Paris,  1847,  in-8"  de  8  pp.)  ;  4"  les 
Gloires  d'Uesdin.  M.  A.-J.-H.  Vincent,  de 
l'Iustitut,  par  M.  l'abbé  Fromentin  (Boulogne, 
Magnier,  1869,  in-8°  de  60  pp.). 

VIÎVYALS  Y  GALI  (Le  P.  José),  moine 
et  musicien  espagnol,  né  en  1770  ou  1771  àTar- 
rasa,  dans  le  diocèse  de  Barcelone,  l'ut  élève  du 
collège  de  musique  de  la  fameuse  abbaye  de 
Monlserrat,  dont  il  devint  ensuite  le  maître  de 
musique,  après  avoir  fait  profession  le  l'^"'  mai 
1791.  Le  P.  Vinjals  écrivit  un  certain  nombre 
de  morceaux  religieux  qui,  paraît-il,  n'étaient 
point  sans  valeur,  mais  que  l'on  croit  tous  per- 
dus aujourd'hui.  I!  mourut  à  Tarrasa,  sa  ville 
natale,  le  10  janvier  1825. 

VIOLA  (Le  P.  Anselmo),  prêtre  et  musi- 
cien espagnol,  naquit  à  Torruela,  dans  l'évêclié 
de  Gérone,  en  1739,  et  fut  élève  du  fameux  mo- 
nastère de  Montserrat,  oii  il  étudia  la  composi- 
tion avec  le  P.  Marti.  Il  lit  de  rapides  progrès 
sous  la  direction  de  ce  maître  habile,  prit  l'habit 
de  moine  en  1756,  et,  un  peu  plus  tard,  fut  en- 
voyé au  couvent  que  les  religieux  de  Montserrat 
possédaient  alors  à  Madrid.  Là,  il  se  fit  connaître 
par  de  remarquables  compositions  sacrées,  dont 
quelques-unes  furent  exécutées  à  la  chapelle 
royale,  puis  il  fut  rappelé  comme  professeur  au 
collège  de  Monlserrat,  où  pendant  trente  ans  il 
forma  un  grand  nombre  d'élèves.  Arrivé  à  l'ûge 
de  56  ans,  l'état  fâcheux  de  sa  santé  l'obligea  de 
renoncer  à  ces  fonctions,  pour  ne  plus  remplir 
que  celles  de  maître  de  chapelle.  Il  ne  put  même 
conserver  longtemps  celles-ci,  passa  ses  derniers 
jours  à  l'infirmerie  du  couvent,  et  mourut  le 
25  janvier  1798,.  avant  d'avoir  accompli  sa 
soixantième  année. 

La  musique  du  P.  Viola  se  faisait  remarquer, 
dit-on,  par  l'originalité  des  idées,  l'habilelé  et 
la  hardiesse  des  modulations,  et  la  pureté  du 


contre-point.  Extrêmement  laborieux,  on  assure 
que  pas  un  maître  n'a  écrit  autant  que  lui  à  l'é- 
cole de  Montserrat,  soit  jiour  le  service  de  la 
chapelle,  soit  pour  l'instruction  des  élèves. 

"*  VIOLE  (lloooLPUE),  pianiste,  organiste  et 
compositeur,  est  mort  à  Berlin  le  7  décembre 
1867. 

VIOTTA  (Henui),  musicien  et  écrivain 
néerlandais  contemporain,  a  commencé  récem- 
ment (1879)  la  publicjition,  sons  ce  litre  :  Lexi- 
con  der  Toonkunst,  d'un  grand  dictionnaire  de 
musique  à  la  fois  technologique  et  biogra|)lii- 
que.  Cet  ouvrage,  qui  s'est  annoncé,  dit-on,  d'ime 
façon  avantageuse,  est  publié  à  Amsterdam,  à 
la  librairie  Biirinann  et  Roothaan, 

VlllET  (Fr.ÉuÉuic),  compositeur,  maître  de 
chapelle  de  l'église  Saint-Germain-l'Auxerrois, 
à  Paris,  a  fait  ses  études  aux  maîtrises  des  égli- 
ses Saint-Merry  et  Saint-Roch,  puis  termina  son 
éducation  musicale  avec  J.-B.  Stiegler,  qu'il  ac- 
compagna dans  un  voyage  en  Allemagne.  Dès 
l'âge  de  seize  ans,  M.  Viret  dirigeait  le  chœur 
de  l'église  Saint-Merry  ;  plus  tard,  en  1854,  il 
devint  maître  de  chapelle  de  Saint-Germain- 
l'Auxerrois,  où  il  se  trouve  encore  aujour- 
d'hui. 

Parmi  les  nombreuses  compositions  de  cet  ar- 
tiste, je  citerai  les  suivantes  '•  Six  messes  solen- 
nelles ;  60  Motels  à  une  ou  plusieurs  voix  ;  un 
Recueil  de  cantiques  à  Marie,  pour  4  voix 
d'hommes;  V Egypte,  ode-symphonie  pour  voix 
d'hommes  et  de  femmes;  les  Pionniers  du  genre 
humain,  cantate  pour  voix  d'hommes  et  de 
femmes,  sans  accompagnement;  30  chœurs  pour 
voix  d'hommes,  sans  accompagnement;  la  Pas- 
sion; Chants  du  psalmiste,  collection  de  psau- 
mes pour  4  voix  d'hommes;  les  Veillées  des 
salons,  recueil  de  mélodies  vocales,  etc.,  etc. 

VISSLAN  (M ).  —  Un    écrivain  italien 

de  ce*  nom,  sur  lequel  je  n'ai  pu  découvrir  au- 
cun renseignement,  est  l'auteur  d'un  diction- 
naire de  musique  publié  sous  ce  titre  :  Dizio- 
nario  delta  musica,  ossia  raccolta  dei  prin- 
cipali  vocaboli  îtaliani  e  francesi.  Milan, 
18i6. 

*  VITALI  (Jean-Baptiste).  —  Ce  compo- 
siteur a  écrit  la  musique  d'un  oratorio  en  deux 
parties,  Giona,  qui  fut  exécuté  à  Modène  en 
1689,  et  celle  d'une  action  dramatique  intitulée 
V Ambizione  debellata,  ovvero  la  caduta  di 
Blonniuih,  aussi  en  deux  parties. 

*  VITZTHUMB  (Ignace).  —  La  lettre  ini- 
tiale du  nom  de  cet  artiste  est  un  V  et  non  un 
■W,  comme  l'indique  la  V  édition  de  la  Bio- 
graphie universelle  des  musiciens  de  Fétis 
(t.  VIII,  p.  48i).  De  plus,  la  date  donnée  pour  la 


632 


VITZTHUMB  —  VIZENTINI 


naissance  est  fautive  :  celle-ci  doit  Ctre  fixée  au 
20  juillet  1723,  au  lieu  du  10  juillet  1720.  D'ail- 
leurs, le  nom  peu  euphonique  de  Vitzthumb  avait 
été  transformé  en  celui  de  Fiston  par  le  vul- 
gaire et  même  par  un  certain  Topeliers,  auteur 
d'un  Précis  de  l'histoire  des  chambres  de  rhé- 
torique et  des  sociétés  dramatiques  belges 
(Bruxelles,  Wouters,  1864).  Il  en  est  peu  qui 
aient  fait  autant  que  lui  pour  l'avancement  de 
l'art  musical  en  Belgique.  L'orchestre,  les 
chœurs,  les  sociétés  de  musique,;ies  artistes  eux- 
mêmes,  tout,  en  un  mot,  se  ressentit  de  l'habi- 
leté, du  talent  et  de  l'intelligence  de  Vitzthumb. 
C'est  sous  sa  direction  que  furent  montées  à 
Bruxelles  les  nouveautés  en  vogue  de  l'époque  : 
Zëmire  et  Azor,  Iphigénieen  Aiilide,  Alceste, 
le  Magnifique,  les  Mariages  Samnites,  etc. 

Compositeur  médiocre,  mais  théoricien  d'un 
grand  mérite,  il  forma  plusieurs  élèves  distin- 
gués :  son  gendre  Henri  Mees,  Ferdinand  Staes, 
Verheyen,  Englebert  Pauwels,  etc.  Outre  des 
symphonies,  des  messes  et  des  motets,  il  a  mis 
en  musique  trois  opéras  :  1"  le  Soldat  par 
amour,  en  2  actes,  paroles  de  Bastide,  en  colla- 
boration avec  Van  Maldere  et  représenté  à 
Bruxelles  le  4  novembre  1766;  2°  Céphalide 
ou  les  autres  Mariages  Samnites,  en  3  actes, 
paroles  du  prince  de  Ligne,  en  collaboration  avec 
Cifolelli,  Bruxelles,  1777  ;  3"  la  Foire  de  vil- 
lage, en  2  actes,  1786,  Aucune  de  ces  partitions 
n'a  été  gravée. 

Il  existe  de  cette  époque  un  fort  joli  portrait 
de  Vifzlhumb,  gravé  par  Cardot.  Les  traits  du 
«  directeur  de  l'orchestre  de  Bruxelles,  »  comme 
il  est  dit  dans  l'exergue,  respirent  à  la  fois  l'in- 
telligence, la  finesse,  la  bonhomie  et  une  certaine 
fermeté  de  caractère.  Au-dessus  du  portrait  se 
trouvent  les  attributs  de  la  musique  :  une  lyre 
surmontée  d'un  soleil,  un  hautbois,  des  parti- 
tions reliées,  un  bâton  de  mesure  ;  au  bas,  les 
vers  suivants  : 

Le  calme  des  vertus  et  le  feu  du  génie 
Sont  unis  dans  ces  traits,  par  le  burin  tracés: 
Ses  talents  et  son  nom  seront  par  Polymnie 
Au  temple  de  Mémoire  avec  honneur  placés. 

En  ces  derniers  temps,  il  a  été  publié  à  Bruxel. 
les  deux  brochures  Irès-curieuses,  où  Vitzthumb 
est  mis  en  scène  dune  manière  fort  honorable 
el  comme  homme  et  comme  artiste  {Voyez  ar- 
ticle PioT,  p.  348). 

Vitzthumb  avait  laissé  deux  enfants  -.^i'^  Paul- 
Joseph-Ghislain,  né  le  3  mars  1751  à  Bruxelles, 
où  il  est  mort  le  21  mai  1838.  Il  avait  été  tim- 
balier de  la  chapelle  du  prince  Charles  de  Lor- 
raine et  du  théâtre  royal,  de  1769  à  1831,  épo- 


que de  sa  retraite  ;  —  2»  Marie-Françoise-Ghis- 
laine, née  à  Bruxelles  le  24  octobre  1753,  pre- 
mière chanteuse  du  théâtre,  et  qui,  devenue 
M'"^  Henri  Mees,  suivit  son  mari  en  Russie,  où 
elle  est  morte  [Voy.  ce  nom,  [t.  VI,  p.  54). 
Leur  fils,  Joseph-Henri  Mees,  est  celui  dont  il 
est  question  au  présent  volume,  p.  197. 

F.  D. 

VIVIAIVI  (Le  P.  Felice),  compositeur  de 
musique  religieuse,  né  à  Lucques  vers  1672, 
est  mort  en  1751.  Il  a  écrit  beaucoup  de  psau- 
mes, de  motets,  et  des  messes  à  2  ou  4  voix, 
avec  ou  sans  accompagnement  d'orchestre.  De 
1701  à  1723,  la  compagnie  de  Sainte-Cécile  de 
Lucques  a  exécuté  douze  fois  des  services  so- 
lennels à  grand  orchestre,  de  la  composition  de 
cet  artiste. 

VIVIANI  (LuiGi),  compositeur  italien  qui 
vivait  dans  la  première  moitié  de  ce  siècle, 
a  écrit  la  musique  d'un  opéra  sérieux,  VEroe 
francese,  qui  a  été  représenté  au  grand  théâ- 
tre de  Brescia  en  1826.  Je  n'ai  pas  d'autres  ren- 
seignements sur  cet  artiste,  resté  complètement 
obscur,  si  ce  n'est  qu'il  composa,  en  société 
avec  Panizza,  la  musique  d'un  grand  ballet, 
Merope,  qui  fut  donné  sur  le  théâtre  de  la 
Scala,  de  Milan,  en  1832. 

*■  VIVIER.  (Albert-Joseph),  est  né  à  Huy 
(Belgique)  le  15  décembre  1816.  Cet  artiste 
estimable  et  modeste,  qu'on  ne  doit  pas  con- 
fondre avec  le  virtuose  excentrique  et  bruyant 
qui  porte  le  même  nom,  a  depuis  plusieurs  an- 
nées abandonné  l'exercice  de  son  art.  Il  dirige 
aujourd'hui,  à  Bruxelles,  un  dépôt  d'une  fa- 
brique de  cristaux.  [Le  Traité  d'iiarmonie  de 
M.  Vivier  est  parvenu  aujourd'hui  à  sa  sixième 
édition. 

VIZEI^TIÎVI  (Albert),  violoniste,  compo- 
siteur, chef  d'orchestre  et  écrivain  sur  la  mu- 
sique, est  né  à  Paris  le  9  novembre  1841.  Des- 
cendant d'une  famille  italienne  qui  depuis  en- 
viron deux  siècles  appartient  au  théâtre  et 
dont  un  membre  vint  jadis  s'établir  en  France, 
où  il  fut  célèbre  à  la  Comédie-Italienne,  il  a 
fait  ses  études  musicales  au  Conservatoire  de 
Bruxelles,  où  il  devint  l'élève  de  M.  Léonard 
et  de  Fétis,  et  où  il  obtint  un  premier  prix  de 
violon  eu  1860  et  un  premier  prix  de  compo- 
sition en  1861.  Après  avoir  rempli  un  instant 
les  fonctions  de  second  chef  d'orchestre  au 
théâtre  d'Anvers,  il  revint  se  fixer  à  Paris, 
entra  aux  Bouffes-Parisiens,  puis  au^iThéâtre- 
Lyrique  en  qualité  de  violon-solo,  et  se  fit  en- 
tendre avec  succès  dans  les  concerts.  Dans  le 
même  temps,  il  commençait  h  se  produire 
comme  écrivaia  dans  plusieurs  journaux  et  pu- 


VIZENTINI  ~  VOGEL 


633 


bliait,  sur  le  IhéiUre  et  sur  la  musique,  des 
articles  dans  lesquols  il  savait  ailier  à  un  fond 
solide  une  forme  vive,  aimable  et  spirituoile. 
Il  collabora  ainsi  au  Charivari,  à  l'Enir'acte, 
au  Grand  Journal,  au  Paris-Magazine,  à 
l'Événement  illustré,  à  l'Éclair,  et  fonda 
même  une  feuille  théâtrale, "^Ze  Télégraphe,  qui 
n'eut  qu'une  courte  existence. 

Devenu  chef  d'orchestre  an  théâtre  de  la 
Porte-Saint-Marlin,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de 
remplir  le  même  office,  avec  une  troupe  d'o- 
pérette française,  à  Londres,  dans  les  provin- 
ces anglaises  et  jusqu'en  Irlande,  M.  Vizentini 
fut  ensuite  engagé  en  la  même  qualité  par 
M.  Offenbach,  au  théâtre  de  la  Gaîté,  où  il 
occupait  en  même  temps  les  fonctions  d'admi- 
nistrateur. Au  bout  de  quelque  temps,  M.  Of- 
fenbach ayant  manifesté  l'intention  de  se  reti- 
rer, M.  Vizentini  lui  racheta  ses  droits  sur  ce 
tbéâtre,  et  en  devint  le  directeur.  Mais  son 
intention  n'était  pas  de  continuer  l'exploitation 
du  genre  de  la  féerie  et  de  l'opérette.  Se  souve- 
nant qu'il  était  musicien,  M.  Vizentini  conçut 
le  louable  projet  de  reconstituer  le  Théâtre- 
Lyrique,  disparu  depuis  quelques  années,  et  de 
l'installer  dans  la  salle  de  la  Gaîté.  Vivement 
soutenu,  en  cette  circonstance,  par  les  compo- 
siteurs, par  la  presse  et  par  l'administration 
supérieure,  il  obtint  du  ministère  le  privilège 
du  Théâtre-Lyrique  et  de  l'Assemblée  natio- 
nale la  subvention  nécessaire  à  son  existence. 
II  se  mit  aussitôt  à  l'œuvre,  réunit  une  troupe 
remarquable,  s'occupa  de  former  un  réper- 
toire, et  inaugura  son  entreprise,  le  5  mai 
1876,  par  la  première  représentation  d'un 
opéra  nouveau  en  5  actes,  Dimitri.  Puis,  tout 
en  remontant  un  grand  nombre  d'anciens  ou- 
vrages, voulant  frapper  un  coup  d'éclat,  il  réus- 
sit à  offrir  au  public  un  opéra  dont  on  parlait 
depuis  longues  ;  années,  Patil  et  Virginie,  de 
M.  Victor  Massé,  qui  obtint  un  immense  suc- 
cès. Déployant  une  activité  extraordinaire,  il 
donna  ensuite  plusieurs  ouvrages  importants 
dus  à  de  jeunes  compositeurs,  entre  autres 
le  Timbre  cfargent,  de  M.  Saint-Saëns,  le 
Bravo,  de  M.  Salvayre,  V Aumônier  du  régi- 
ment, de  M.  Hector  Salomon,  etc.  Pourtant, 
malgré  d'incontestables  qualités  artistiques, 
en  dépit  des  sympathies  dont  il  était  entouré, 
les  défauts  d'une  administration  imprévoyante 
vinrent  entraver  la  réussite  de  M.  Vizentini. 
Après  vingt  mois  d'exploitation,  il  dut  renon- 
cer à  son  privilège,  et  le  Théâtre-Lyrique  fut 
fermé  dans  les  premiers  jours  du  mois  de 
janvier  1878.  Depuis  lors,  M.  Vizentini  est  de- 
venu chef  d'orchestre .,de  l'Hippodrome.  Il  oc- 


cupe aujourd'hui,  au  théâtre  italien  de  Saint- 
Pétersbourg,  les  doubles  fonctions  de  chef  d'or- 
chestre et  de  régisseur  général. 

Comme  compositeur,  on  doit  à  M.  Vizentini 
la  musique  de  deux  opérettes  en  un  acte,  la 
Tsigane  (Foiies-Marigny,  1865),  et  le  Moulin 
Ténébreux  (Bouffes-Parisiens,  18G9),  celle  de 
deux  cantates  exécutées  au  Vaudeville  et  à  la 
Porte-Saint-Martin,  et  de  plusieurs  diames  re- 
présentés à  ce  dernier  théâtre  ainsi  qu'à  la 
Gaîté,  entre  autres  iVos  Ancêtres,  Cadio,  Pa- 
irie, le  Bossu,  etc.  Il  a  publié  aussi  quelques 
fantaisies  pour  violon  avec  accompagnement  de 
piano.  Comme  écrivain,  il  a  donné  un  petit 
volume  humoristique  intitulé  Derrière  la  toile 
(Paris,  Faure,  186S,  in- 12). 

*  VOGKL  (Chakles-Louis-Adolpue),  com- 
positeur, né  à  Lille  au  mois  de  mai  1808,  vint 
à  Paris,  après  avoir  commencé  ses  études 
dans  sa  ville  natale,  et  se  (it  admettre  au  Con- 
servatoire. Sa  réputation  de  compositeur  com- 
mença à  s'établir  tout  d'un  coup  en  1830,  par 
le  chant  patriotique  intitulé  les  Trois  Cou- 
leurs, qu'il  écrivit  en  une  nuit,  au  lendemain 
de  la  révolution  de  Juillet,  et  qui  devint  aus- 
sitôt populaire.  Le  16  décembre  de  l'année  sui- 
vante, il  donnait  au  théâtre  des  Nouveautés 
son  premier  ouvrage  dramatique,  le  Podestat, 
opéra-comique  en  un  acte,  qui  fut  repris  à 
l'Opéra-Comique  le  3  avril  1833.  11  espérait 
faire  jouer  à  ce  dernier  théâtre  un  ouvrage  en 
3  actes,  Marie  Stuart,  mais  il  n'y  put  parve- 
nir. C'est  alors  qu'il  commença  à  écrire  des 
romances  et  scènes  dramatiques  qui  obtinrent 
de  grands  succès,  puis  diverses  œuvres  de 
musique  de  chambre,  et  enfin  un  oratorio,  le 
Jugement  dernier,  qui  fut  exécuté  avec  décors 
et  costumes  au  théâtre  de  la  Renaissance,  dirigé 
par  Anténor  Joly. 

Après  avoir  écrit  et  fait  jouer  à  la  Haye  son 
opéra  le  Siège  de  Leyde,  qui  fut  accueilli  en 
cette  ville  avec  enthousiasme,  M.  Vogel  revint 
à  Paris,  où,  après  plusieurs  années  passées  en 
démarches  infructueuses,  il  fit  enfin  recevoir 
au  Théâtre-Lyrique  la  Moissonneuse,  opéra 
en  4  actes  qui  fut  représenté  le  3  décembre 
1853.  Mais  alors  recommencèrent  les  déboires 
de  l'artiste,  qui  présenta  inutilement  deux  ou- 
vrages à  l'Opéra,  sans  pouvoir  forcer  les  por- 
tes de  ce  théâtre.  Il  donna  alors  aux  Bouffes- 
Parisiens,  le  21  septembre  1857,  un  petit  acte 
intitulé  Rompons  !  puis  écrivit  pour  le  théâtre 
des  jeux  de  Bade  un  autre  opéra-comique  en 
un  acte,  le  Nid  de  Cigognes,  qui,  donné  sur 
ce  théâtre  au  mois  de  septembre  1858,  fut 
ensuite  traduit  en  allemand  et  joué  à  Stutl- 


634 


VOGEL  —  VOGT 


gard.  Quelques  années  après,  M.  Vogel  donnait 
sur  la  toute  petite  scène  des  Folies-Marigny 
une  opérette  intitulée  :  Greclin  de  Phjoche  ! 
(19  octobre  1860).  Enfin,  le  23  octobre  1875, 
il  faisait  représenter  à  la  Renaissance  la  Fil- 
leule du  Roi,  opéra-comique  qui  avait  été 
joué  avec  succès  à  Bruxelles  quelques  mois 
au|)aravant,  et  qui  fut  froidement  accueilli  à 
Paris. 

En  dehors  du  théâtre,  M.  Vogel  a  écrit  plu- 
sieurs symphonies,  des  quatuors  et  des  quin- 
tettes pour  instruments  à  cordes,  des  cliœurs, 
et  divers  morceaux  religieux.  L'Académie  des 
Beaux-Arts  lui  a  décerné,  il  y  a  quelques  an- 
nées, le  prix  Trémont. 

Il  n'est  pas  inutile  de  faire  savoir  que  M.  Vo- 
gel est  le  petit-fils  de  Jean-Christophe  Vogel, 
l'auteur  de  Démophon,  opéra  dont  l'ouverture 
est  restée  longtemps  célèbre. 

VOGEL  (Guii.lxume-Maurice),  musicien 
russe  distingué,  est  né  à  Sorgau,  en  Sibérie, 
le  9  juillet  1846.  Il  a  fait  son  éducation  mu- 
sicale en  Allemagne,  d'abord  à  Sleinau,  près  de 
M.  E.  Richter,  puis  au  Conservatoire  de  Leip- 
zig. Depuis  1868  il  est  fixé  en  cette  dernière 
ville,  où  il  est  rédacteur;  du  journal  der  Ton- 
halle,  dirige  plusieurs  sociétés  de  chant  et 
est  très-recherché  comme  professeur.  M.  Vogel 
s'est  fait  connaître  aussi,  depuis  quelques  an- 
nées, par  la  publication  de  diverses  composi- 
tions qui  ont  été  bien  accueillies  et  dont  le 
nombre  s'élève  à  une  quarantaine  environ,  tant 
pour  le  piano  que  pour  le  chant.  Ces  compo- 
sitions  consistent  en  lieder  pour  une  ou  plu- 
sieurs voix,  sonates  ou  sonatines  pour  le  piano, 
ainsi  qu'en  ouvrages  didactiques  pour  cet  ins- 
trument. 

VOGL  (Henri),  chanteur  dramatique  alle- 
mand et  l'un  des  interprètes  préférés  de  M.  Ri- 
chard Wagner,  est  le  fils  d'un  maître  d'école, 
et  naquit  en  Bavière  le  13  janvier  1845.  D'abord 
enfant  de  chœur  à  Munich,  il  songea,  comme 
son  père,  à  se  consacrer  à  la  carrière  de  l'en- 
seignement ,  et  en  1862  accepta  un  emploi  de 
maître  d"école  dans  un  petit  centre  bavarois. 
Cependant,  ayant  découvert  qu'il  possédait  une 
belle  voix  de  ténor^   magnifiquement  timbrée, 

conçut  la  pensée  d'étudier  le  chant  en  vue 
d'aborder  le  théâtre.  Il  fit  alors  de  sérieuses 
éludes  sous  la  direction  de  Franz  Lachner,  et  le 
5  novembre  1805  il  débutait  avec  le  plus  grand 
succès  à  Munich,  sur  le  théâtre  de  la  cour,  dans 
le  rôle  de  Max  du  Freisckûlz.  Depuis  ce  temps, 
M.  Vogl  est  devenu  l'un  des  premiers  ténors 
héroïques  allemands,  son  répertoire  est  très- 
étcndu,   et  il  est  surtout   inimitable  dans  les 


ouvrages  de  M.  Wagner.  Après  la  mort  du 
chanteur  Schnorr,  il  est  le  premier  qui  ait 
chanté  le  plus  difficile  de  tous  les  rôles  écrits 
par  ce  maître,  celui  de  Tristan  dans  Tristan  cl 
Iseulde;  il  y  obtint  le  plus  grand  succès  à 
Munich  en  1869,  et  à  Weimar  en  1874.  M.  Vogl 
est  aussi  très-remarquable  dans  l'oratorio,  et 
il  est  vraiment  magnifique  dans  l'Evangéliste 
de  la  Passion  selon  Saint-Mathieu  de  J.-S. 
Bach.  Sa  voix  superbe,  étendue  et  très-élevée, 
est  aidée  par  une  déclamation  parfaite  et  une 
expression  dramatique  remplie   de  vérité. 

VOGL  (TuÉKÈSE  TH03IAS,  épouse), 
femme  du  précédent  et  l'une  des  cantatrices 
dramatiques  les  plus  renommées  de  l'Allema- 
gne, est  née  le  12  novembre  1845  à  Tutzwing 
(Bavière).  Après  avoir  étudié  le  chant  avec 
Hauser,  elle  fut  engagée,  en  1864,  au  théâtre  de 
la  cour  à  CarUruhe,  et,  l'année  suivante,  après 
un  brillant  début,  prenait  place  sur  celui  de  la 
cour,  à  Munich,  qu'elle  n'a  pas  quitté  depuis 
lors.  En  1868,  elle  a  épousé  M.  Vogl.  Comme 
son  mari,  M°"=  Vogl  brille  surtout  dans  le  ré- 
pertoire de  M.  Richard  Wagner,  et  le  succès 
des  deux  époux  a  surtout  été  éclatant  dans 
Tristan  et  Iseulde. 

*  VOGLER  (L'abbé  Georges-Joseph).  — 
M.  Théodore  Nisard  a  pubhé  sous  ce  titre  : 
l'Abbé  Vogler,  une  Notice  sur  ce  célèbre  théo- 
ricien (s.  1.  n.  d.  [Paris],  Repos,  in-8°  avec 
portrait). 

*  VOGT  (Auguste- Georges-Gustave),  an- 
cien professeur  de  hautbois  au  Conserva- 
toire, le  doyen  des  hautboïstes  français,  est 
mort  à  Paris  le  30  mai  1870.  Il  avait  pris  sa 
retraite  de  professeur  non  en  1844,  comme 
il  a  été  dit  par  erreur,  mais  seulement  le  1"^ 
novembre  1853.  Comme  il  avait  été  nommé 
professeur  adjoint  le  1"  octobre  1802,  et  pro- 
fesseur titulaire  le  1"  avril  1816,  il  avait  donc 
exercé  ces  fonctions  pendant  plus  d'un  demi- 
siècle. 

VOGT  (Jean),  compositeur  allemand,  né  à 
Gross-Tinz,  prèsLiegnitz  (Silésie  prussienne),  le 
17  janvier  1823,  est  le  fils  d'un  meunier,  et  eût 
été  meunier  comme  son  père,  si  le  goût  de  la 
musique  ne  l'avait  emporté  en  lui  sur  toute  au- 
tre considération.  Il  apprit  de  bonne  heure  à 
jouer  du  piano  et  de  l'orgue,  devint  à  Berlin,  en 
1845,  l'élève  de  Bach  et  de  Greil,  puis  alla  étu- 
dier pendant  deux  ans  à  Breslau  sous  la  direc- 
tion de  Hess  et  de  Seidel.  En  1850,  muni  d'excel- 
lentes recommandations  pour  Henselt,  il  part 
pour  Saint-Pétersbourg,  s'y  fait  connaître  avan- 
tageusement, et  bientôt  s'y  voit  très-recherché 
comme  professeur  de  piano.  En  1855,  il  entre- 


VOGT  —  VOLKMANN 


635 


prend  un  grand  voyage  artistique  en  Allemagne, 
en  Angleterre  et  en  France,  et  en  I8ô7  il  visite 
successivement  Leipzig,  Vienne,  lîerlin,  Breslau, 
Weimar,  en  faisant  entendre  plusieurs  de  ses 
compositions.  Dans  son  premier  voyage  il  avait 
fait  exécuter  avec  succès,  à  Liegnitz,  un  orato- 
rio intitulé  la  Résurreclion  de  Lazare. 

En  18G1,  M.  Vogt  se  fixe  à  Dresde,  en  18G5 
il  devient  professeur  au  Conservatoire  de  Leip- 
zig, puis,  doué  d'une  humeur  un  peu  capricieuse, 
il  s'embarque  en  1871  pour  New-York.  Un  ac- 
cident lui  arrive  en  cette  ville,  il  se  casse  un 
bras,  et  bientôt  revient  en  Europe.  Depuis  1873, 
il  parait  fixé  définiliveuienl  à  Leipzig. 

Pianiste  fort  distingué,  M.  Yogt  a  obtenu  de 
grands  succès  comme  virtuose,  et  s'est  vu  bien 
accueilli  partout  où  il  s'est  fait  entendre.  Il  est 
fort  estimé  aussi  comme  compositeur,  et  le  nom- 
bre de  ses  œuvres  publiées  s'élève  aujourd'hui  à 
150  environ.  Parmi  ces  œuvres  il  faut  citer,  ou- 
tre l'oratorio  de  la  Résurrection  de  Lazare, 
plusieurs  quatuors  et  trios'pour  piano  et  instru- 
ments à  cordes,  des  sonates  de  piano,  enfin  un 
grand  nombre  de  morceaux  de  genre  ou  de 
caractère  pourle  môme  instrument,  à  deux  ou 
à  quatre  mains,  dont  quelques-uns  écrits  sur  des 
motifs  d'opéras. 

VOIGT  (Charles),  musicien  allemand,  né  à 
Hambourg  le  29  mars  1808,  est  mort  en  cette 
ville  le  6  février  1879.  Il  fut  élève  de  J.-J.  Beh- 
rens  pour  le  piano,  et  étudia  la  théorie  de  l'art 
d'abord  avec  J.-H.  Clasing,  puis  avec  F.-W. 
Gruud  et  Moritz  IIau[)tmann  à  Cassel.  Il  a  dirigé 
la  société  de  Sainte-Cécile  à  Francfort,  et  plus 
tard,  à  Hambourg,  une  autre  société  du  même 
nom.  J'ignore  si  cet  artiste,  qui  avait  de  la  va- 
leur, s'est  produit  comme  compositeur. 

VOIRO  (François-Nicolas),  luthier  fran- 
çais, s'est  fait  une  spécialité  de  la  fabrication 
des  archets,  où  il  a  acquis  une  supériorité  in- 
contestable. Ses  produits,  fort  estimés,  en  font 
le  digne  successeur  de  ces  archellistes  fameux 
qui  s'appelaient  Tourte ,  Lnpot  et  Peccate.  Né 
à  31irecourt  le  1"  octobre  1833,  M.  Voirin,  qui 
était  parent  de  Jean-Baptiste  A'nillaume,  entra 
en  1855  dans  l'atelier  de  ce  luthier  fameux,  et 
y  resta,  en  qualité  d'ouvrier  aux  pièces,  jusqu'à 
la  fin  de  1869.  Au  mois  de  janvier  1870,  il  s'é- 
tablit à  son  compte,  et  commença  sa  réputation 
en  produisant  une  grande  quantité  d'archets  dont 
les  artistes  et  les  amateurs  apprécièrent  aussitôt 
les  bonnes  et  solides  qualités.  Déjà,  à  l'Exposi- 
tion universelle  de  Paris  de  1867,  M.  Voiriu  s'é- 
tait vu  décerner  une  mention  honorable  comme 
collaborateur  de  J.-B.  Vuillaume;  il  obtint  en- 
suite diverses  récomponses  aux   expositions  de 


Portugal  et  d'Angleterre,  et  se  lit  tout  particu- 
lièrement remarquer,  à  l'Exposition  universelle 
de  1878  (Paris),  par  une  série  de  vingt-six  ar- 
chets (le  violon,  d'alto,  de  violoncelle  et  de  con- 
tre-basse d'une  exécution  parfaite. 

*  VOLCîOIAU  (A... .-B....-W)lhklm),  or- 
ganiste et  compositeur  allemand.  —  Le  nombre 
des  œuvres  publiées  par  cet  artiste  est  devenu 
très-considérable;  l'une  des  dernières,  compre- 
nant plusieurs  adagios  pour  l'orgue,  porte  le 
chiffre  d'œuvre  357. 

*  VOLDER  (Pierre-Jean  DE).  —  Outre  la 
Jeunesse  de  Henri  V,  qui  fut  représentée  à  Gand, 
on  cite  encore  un  autre  opéra  en  trois  actes  de 
ce  compositeur,  le  Château  de  Lochleven,  joué 
dans  la  même  ville  le  29  mars  182G.  A  cette 
époque,  de  Volder  dirigeait  à  Gand  les  concerts 
de  la  Sodalité, 

Le  fils  de  cetartiste,  Henri  de  Volder,  né  à  An- 
vers en  1794,  partagea  les  travaux  de  son  père 
et  lui  succéda  dans  la  direction  de  sa  fabrique 
d'orgues.  Il  mourut  à  Bruxelles  le  18  mars  1865, 
laissant  à  son  tour  cet  établissement  important 
à  ses  deux  fils,  MM.  Charles  ni  Léon  de  Volder, 
qui  continuent  les  traditions  de  la  famille. 

VOLKMAIMV  (Frédéric-Robert),  musi- 
cien allemand,  qui  vit  retiré  en  Hongrie,  est 
regardé  en  Allemagne  comme  un  des  composi- 
teurs les  plus  sérieux  et  les  plus  solides  de  ce 
temps.  Il  est  issu  d'ime  famille  de  musiciens, 
car  son  père  était  cantor  à  Lommarch,  dans 
la  province  de  Misnie  :  c'est  là  qu'il  naquit,  le  6 
avril  1815,  avec  un  frère  jumeau  qui  mourut 
aussitôt.  Il  apprit  le  piano  et  l'orgue  sous  la  di- 
rection de  son  père,  et,  dès  l'àge  de  douze  ans,  il 
avait  acquis  une  telle  habileté  sur  ces  deux  ins- 
truments, qu'il  touchait  l'orgue  au  service  divin 
et  remplaçait  son  père  au  piano  pour  faire  étudier 
leurs  parties  aux  enfants  de  chœur.  M.  VolKmann 
se  destinait,  comme  son  père,  à  la  carrière  de 
l'enseignement  musical  ;  mais  sur  le  conseil 
d'Auscher,  directeur  de  musique  à  Fribourg,  il 
se  rendit  en  1836  à  Leipzig,  pour  s'y  consacrer 
entièrement  à  la  composition.  Trois  ans  après, 
il  séjourna  à  Prague  et  de  là  gagna  la  Hongrie, 
qui  est  devenue  sa  seconde  patrie.  Il  est  aujour- 
d'hui professeur  de  composition  à  l'école  de  mu- 
sique de  Pesth.  Symphonies,  musique  de  cham- 
bre, concertos  pour  violoncelle,  violon  ou  piano, 
morceaux  pour  piano  à  deux  et  quatre  mains, 
pièces  vocales  à  une  ou  plusieurs  voix,  ce  com- 
positeur s'est  essayé  dans  tous  les  genres  de 
musique  vocale  et  instrumentale,  sauf  l'opéra. 

Les  compositions  de  M.  Volkmann  que  j'ai  en- 
tendues comme  cellcsqucj'ai  lues,  saiiuisique  de 
chambre  comme  celle  pour  orchestre,  ne  me 


G36 


VOLRMANN 


permettent  pas  de  partager  la  haute  opinion  que 
ce  musicien  a  insjiiiée  de  lui  à  ses  compatriotes. 
Il  paraît  sans  doute  posséder  une  grande  con- 
naissance de  son  métier,  avoir  un  juste  et  sé- 
rieux idéal  et  ne  pas  sacrifier  aux  tendances 
trop  répandues  de  nos  jours  à  dégrader  l'art 
musical,  mais  l'inspiration  parait  lui  faire  dé- 
faut, et,  en  outre  de  l'originalité,  cette  élévation 
de  pensée  et  cette  richesse  de  facture  qui  peut 
parfois,  dans  la  musique  symphoniqne,  dissimu- 
ler un  peu  la  pauvreté  ou  la  banalité  des  idées. 
La  plupart  de  ses  œuvres  sont  sagement^ écrites 
et  habilement  composées,  mais  elles  manquent 
de  relief,  de  chaleur,  et  ne  peuvent  par  conséquent 
produire  un  puissant  effet  sur  le  public;  le 
musicien  seul  peut  en  tirer  profit  et  en  apprécier 
la  sage  ordonnance.  Sa  grande  ouverture  de  lU- 
chard  III,  qu'on  peut  prendre  pour  modèle 
des  œuvres  orchestrales  de  l'auteur,  à  cause  de 
son  importance  et  du  succès  qu'elle  a  obtenu  et 
aussi  parce  que  l'auteur  l'a  composée  dans  la 
forte  maturité  de  son  talent,  a  le  tort  de  vouloir 
reproduire  à  la  fois  les  principaux  épisodes  de 
la  tragédie  de  Shakespeare.  Il  en  résulte  une 
série  de  fragments  décousus  d'inégale  valeur  qui 
éparpillent  l'attention  de  l'auditeur,  au  lieu  de 
la  concentrer  sur  une  pensée  dominante.  L'au- 
teur, bien  qu'il  connaisse  à  fond  les  ressources 
de  son  métier,  n'a  pu  réussir,  malgré  sa  science, 
à  former  un  tout  grandiose  de  cette  longue  com- 
position, où  l'on  rencontre  de  beaux  effets  d'or- 
chestre, de  la  tendresse,  de  la  grandeur  même 
et  du  pathétique,  mais  où  le  défaut  d'unité  se 
fait  trop  vivement  sentir.  Il  en  est  de  même  de 
ses  compositions  pour  piano  et  de  ses  morceaux 
de  musique  de  chambre,  dont  plusieurs,  notam- 
ment le  deuxième  quatuor  en  sol  mineur  et  le 
quatrième  en  mi  mineur,  ont  été  exécutés  aux 
séances  de  nos  différentes  sociétés  d'instruments 
à  cordes.  Son  Noclurne  et  ses  Esquisses  de 
voyage,  huit  morceaux  pour  piano  seul,  comme 
son  Livre  d'images,  recueil  de  six  pièces  à 
quatre  mains,  dédiées  à  ses  neveux  Oscar  et 
Paul  Yolkmann,  comme  sa  suite  de  douze  poè- 
mes intitulée  Visegrad,  comme  les  Danses  al- 
lemandes et  les  Mélodies  hongroises,  dénotent 
la  même  facilité  banale  dans  les  idées  mélodi- 
ques et  sont,  en  outre,  d'une  contexture  bien 
maigre  et  peu  intéressante.  Au  résumé,  M.  Yolk- 
mann peut  être  un  musicien  très- sérieux  et  un 
excellent  professeur,  mais  il  me  paraît  manquer, 
je  ne  dirai  pas  de  génie,  mais  môme  de  puissance 
créatrice,  et  la  plupart  des  compositions  que  je 
connais^de  lui  sont  dépourvues  de  toute  em- 
preinte personnelle. 
Si  considérable  que  soil  le  catalogue  des  œu- 


vres de  M.  Robert  Volkmann,  j'ai  pu  arriver  à 

le  dresser  aussi  exactement  que  possible,  en 
le  divisant,  pour  plus  de  clarté,  en  trois  grandes 
séries,  celle  du  chant,  celle  du  piano,  celle  des 
autres  instruments.  —  Musique  vocale.  —  Cinq 
Ueder  de  Joseph  de  Eicbendorff,  pour  voix  seule 
(op.  2).  —  Trois  poésies  pour  soprano  ou  ténor 
(op.  13).  —  Trois  Ueder  pour  mezzo-soprano 
(op.  16).  —  1'^  messe  en  re  majeur,  pour  voix 
d'homme  avec  soH  (op.  28).  —  2"  messe  en  la 
bémol  majeur,  pour  voix  d'hommes  sans  soli, 
(op.  29).  —  Six  Ueder  pour  voix  d'hommes, 
en  deux  suites  (op.  30).  —  Trois  Ueder,  pour 
ténor  (op.  32).  —  Trois  chants  religieux,  pour 
chœur  avec  piano  (op.  38),  dont  le  premier,  Con- 
fiance en  Dieu,  a  été  arrangé  par  l'auteur 
pour  chœur,  orchestre  de  cordes,  deux  flûtes 
et  deux  cors.  —  A  la  nuit,  morceau  de  fan- 
taisie pour  voix  d'alto  solo  avec  orchestre  (op. 
45).  — ;  Recueil  de  Ueder  de  Betti  Paoli  pour 
voix  d'alto  avec  piano  (op.  46).  —  Offertoire 
pour  soprano  solo,  chœur  et  orchestre  (op.  47). 

—  Trois  Ueder  pour  chœur  d'hommes  (op.  48). 

—  Sappho,  scène  dramatique  pour  soprano  solo 
et  orchestre  (op.  49).  —  Trois  Ueder  pour  ténor 
ou  soprano  (op.  52).  —  La  ConverUe,  de  Gœ- 
the,  pour  soprano  (op.  54).  —  Du  petit  berger 
et  Souvenir,  deux  Ueder  pour  mezzo-soprano 
avec  piano  et  violoncelle  (op.  56).  —  Amour 
constant  et  Au  Sommeil,  deux  Ueder  pour 
voix  d'hommes  (op.  58).—  !Soèl,  pour  chœur 
et  soli  (op.  59).  —  Hymne  en  vieil  allemand, 
pour  double  chœur  de  voix  d'hommes  (op.  64). 

—  Air  d'église,  pour  baryton  avec  instruments 
à  cordes  et  llûte  (op.  65).  —  Trois  Zierfer  pour 
soprano  avec  piano  (op.  66).  —  Six  duos  pour 
soprano  et  ténor,  sur  un  texte  en  vieil  allemand 
avec  piano  (op.,  67).  — Deux  chants  religieux 
pour  chœur  complet  (op.  70).  —  Trois  épitha- 
lames  pour  chœur  complet  (op.  71).  —  Trois  Ue- 
(Ze/'pour  ténor  avec  piano  (op.  72).  — Recueil  de 
chants  allemands,  chœurs  choisis  pour  la  jeu- 
nesse. —  I^oël  du  XIP  siècle,  pour  chœur  et 
soli. —  Musique  de  piano.  —  Tableaux  de  fan- 
taisie (op.  1).  —  Dithyrambe  et  Toccata  (op. 
4).  —  Souvenir  de  Marolh,  impromptu  (op.  6). 

—  Nocturne  (op.  8).  —  Livres  d'images  mu- 
sicales, 6  pièces  à  deux  et  quatre  mains  (op. 
11).  —  Sonate  en  ut  mineur  (op.  12).  —  Livre 
des  chants  (op.  17).  :—  Danses  allemandes 
(op.  18).  —   Cavaline  et  Barcarolle  (op.   19). 

—  Mélodies  hongroises  (op.  20).  —  Visegrad, 
douze  pièces  pour  deux  ou  quatre  mains,  ins- 
pirées à  l'auteur  par  la  vue  des  ruines  du  châ- 
teau fort  de  Visegrad,  situé  sur  un  ro(  her  au 
bord   du    Danube   et    résidence  favorite   des 


VOLKMANN  —  VUILLAUME 


637 


rois  de  Hongrie  (op.  21).  —  Quatre  marches 
(op.  22).  —  Esquisses  de  voyage,  liuit  pièces 
(op.  23).  —  Esquisses  hongroises,  sept  piè- 
ces à  deux  on  quatre  mains  (op.  fii).  —  Inier- 
viezzo  (op.  25).  —  Variations  pour  deux  pianos 
sur  un  thème  de  Hœndel  (op.  2G).  —  Chan- 
sons de  la  grand'mère,  morceaux  à  quatre 
mains  pour  enfants  (op.  27).  —  Improvisations 
(op.  36).  —  Les  Heures  du  jour,  douze 
pièces  en  quatre  suites  :  1°  le  Matin,  2°  le 
Midi,  3°  le  Soir,  4"  la  Nuit  (op.  39).  —  Trois 
marches,  à  quatre  mains  (op.  40).  —  Aie  tom- 
beau du   comte  Széchenyi,  fantaisie  (op.  41). 

—  Morceau  de  concert  en  ut  pour  piano  et  or- 
chestre ou  deuxième  piano  (op.  42).  — Bal- 
lade et  Scherzetto  (op.  51).  —  Rondino  et 
Marche-caprice,  à  quatre  mains  (op.  55).  — 
Sonatine  à  quatre  mains  (op.  57). —  Capricietto, 

—  Six  tableaux  de  fantaisie  :  Nocturne,  Idylle, 
la  Nuit  de  Walpurgiss,  Danse  de  sorcières, 
Humoresque,  Élégie.  —  Chant  du  vin  du 
Rhin,  variante  d'un  morceau  des  Esquisses 
hongroises.  —  Quatre  lieder  de  Mozart  {la  Vio- 
lette, le  Sentiment  du  soir,  A  Chloé,  Chant 
d'adieu)  et  cinq  lieder  de  Schubert,  tirés  du 
recueil  la  Belle  Meunière  {Soir  de  fête,  Salut 
matinal,  Fleurs  du  Meunier,  Couleur  de 
Vamour,  Fleurs  desséchées)  arrangés  pour 
piano.  —  Musique  instrumentale.  —  Trio  en 
/a  majeur,  pour  violon,  violoncelle  et  piano 
(op.  3).  —  Trio  en  si  bémol  mineur,  id.  (op. 5). 

—  Romance  pour  violoncelle  et  piano  (op.  7). 

—  !*"■  quatuor,  en  la  ?nmez«/' ,  pour  instruments 
à  cordes  (op.  9).  —  Chant  du  Troubadour, 
pour  violon  ou   violoncelle  et  piano  (op.  10). 

—  2^  quatuor,  en  sol  mineur,  pour  instru- 
ments à  cordes  (op.  li).  —  AUegretto-capric- 
cio,  pour  violon  et  piano  (op.  15).  —  Rhapso- 
die, pour  violon  et  piano  (op.  31).  —  Concerto 
en  la  mineur,  pour  violoncelle  (op.  33).  —  3* 
quatuor  en  sol,  pour  instruments  à  cordes  (op. 
34).  —  4"  quatuor,  en  mi  mineur,  id.  (op.  35). 

—  5=  quatuor,    en  fa   mineur,   id.   (op.    37). 

—  G»  quatuor,  en  mi  bémol,  id.  (op.  43).  — 
1"  Symphonie,  en  ré  mineur  (op.'  44).  —  Ou- 
verture de  fête,  pour  grand  orchestre,  composée 
pour  le  25«  amiiversaire  de  la  fondation  du  Con- 
servatoire de  Pesth  (op.  50). —2<'Symplionieensi 
bémol  {o\i.  53).  —  V^  Sonatine  enia  mineur, 
pour  piano  et  violon  (op.  60).  —  2'  Sonatine  en 
mi  mineur,  id.  (op.  61).  —  1"  Sérénade,  twid, 

•  pour  orchestre  d'instruments  à  cordes  (op.  62). 

—  2»  Sérénade,  en  fa,  id.  (op.  63).  —  Ouver- 
ture de  Richard  III,  d'après  Shakespeare 
(op.  G8).  —  3  Sérénade,  en  ré  mineur  (op. 
69).  Ad.  J— n. 


VOREIVllORCn  ou  VORNENBERCH 

(Piehre),  né  à  Cologne  au  commencement  du 
seizième  siècle,  vint  s'établir  à  Anvers  et  fut 
reçu  dans  la  bourgeoisie  de  cette  ville,  le 
25  juin  1542,  comme  facteur  de  clavicordes. 
Dix  ans  plus  lard,  en  1552,  il  se  faisait  ad- 
mettre dans  la  gilde  de  Saint-Luc  comme  fac- 
teur de  clavecins. 

VUTES  (DE).  —  Voyez  DE  \  RIES. 

*  V'ROVE  (Le  chanoine  Théodore-Joseph 
DE),  artiste  qui  s'est  spécialement  occupé  de 
toutes  les  questions  relatives  à  la  musique  re- 
ligieuse, a  publié,  en  société  avec  M.  Van 
Elewyck  {Voy.  ce  nom),  l'écrit  important  dont 
voici  le  titre  :  De  la  musique  religieuse,  les 
congrès  de  Matines  (1863  et  18G4)  et  de  Paris 
(18G0),  et  la  législation  de  l'Église  sur  cette 
matière,  Paris,  Louvain  et  Bruxelles,  18GG, 
in-8°.  De  Vroye  est  mort  à  Liège  le  29  juillet 
1873. 

VUILLAUME  (Jean),  luthier  français,  exer- 
çait sa  profession  à  Mirecourt  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  Le  fameux  luthier 
Jean-Captiste  Vuillaume,  dont  il  est  parlé  plus 
loin,  possédait  de  lui  un  violon  d'une  facture 
assez  médiocre,  qui  était  marqué  d'une  éti- 
quette ainsi  conçue  :  Fait  par  moy,  Jean 
Vuillaume,  à  Mirecourt,  1738.  Il  semble 
probable  que  cet  artiste  était  membre  de  la  fa- 
mille des  luthiers  dont  il  est  question  ci-après  ; 
cependant,  malgré  les  recherches  faites  à  ce 
sujet,  aucune  certitude  n'a  pu  être  obtenue. 

VUILLAUME  (Claude),  chef  de  la  fa- 
mille des  luthiers  de  ce  nom,  naquit  à  Mire- 
court  (Vosges)  en  1772,  et  exerça  sa  profession 
dans  cette  ville,  où  il  s'occupait  surtout  de  la 
fabrication  des  violons  à  bon  marché.  Il  eut 
quatre  tils,  qui  suivirent  la  même  carrière,  et 
qui  commencèrent  tous  avec  lui  leur  appren- 
tissage. Claude   Vuillaume  mourut   en    1834. 

VUILLAUME  (Jeaj<- Baptiste),  lils  aîné 
du  précédent,  l'un  des  artistes  qui  ont  le  plus 
honoré  la  lutherie,  naquit  à  Mirecourt  le  7  oc- 
tobre 1798.  Il  fit  son  apprentissage  avec  son 
père,  et  venait  d'accomplir  sa  dix-neuvième 
année  lorsque,  en  1818,  il  accepta  de  venir 
travailler  à  Paris,  chez  Clianot.  En  1821,  il 
quitta  celui-ci  pour  entrer  chez  un  fabri- 
cant d'orgues  nommé  Lété,  qui  tenait  aussi 
un  magasin  de  lutherie  et  qui  avait  été  membre 
de  la  maison  Clianol-Lété-Simon  aîné  et 
Payonne.  Il  devint  bientôt  l'associé  de  Lété, 
qui  était  gendre  de  l'excellent  luthier  Pique, 
alors  retiré,  et  tous  deux  s'établirent,  sous  la 
raison  sociale  Lété  et  Vuillaume,  au  n°  30  de 
la  rue  Oroix-des-Pelits-Chanips,  cette  rue  qui 


638 


VUILLAUME 


fut  pendant  si  longtemps  comme  le  quartier 
gént^ral  de  la  lulherie  parisienne.  Les  fréquents 
entretiens  qu'il  avait  avec  Pique,  artiste  exercé 
et  fort  distingué,  ne  furent  pas  sans  influence 
sur  l'esprit  chercheur  et  investigateur  de  Jean- 
Bapli>te  Vuillaume,  et  les  relations  qu'il  établit 
vers  la  même  époque  avec  le  célèbre  acousti- 
cien  Savarl,  achevèrent  de  former  son  expé- 
rience et  de  mûrir  sou  talent,  en  l'aidant  effica- 
cement dans  ses  recherches  pour  analyser  et 
retrouver  les  secrets  de  l'admirable  fabrication 
des  luthiers  italiens  de  Crémone  et  de  Brescia. 
Au  bout  de  quelques  années,  en  1828,  Vuil- 
laume rompit  son  association  avec  Lété  pour 
s'établir  seul,  et  s'installa  au  n°  4C  de  la  rue 
Croix-des-Petils-Champs,  où  il  demeura  pen- 
dant près  de  trente  années.  «  Établi  pour  son 
compte  à  l'âge  de  vingt-neuf  ans,  dit  un  de 
ses  biographes  (1),  poussé  par  la  ferme  volonté 
de  parvenir,  il  devait  en  trouver  les  moyens. 
11  chercha  d'abord  à  construire  par  lui-même 
des  instruments  neufs  auxquels  il  donnait  tous 
les  soins  dont  il  était  capable;  mais  cela  se 
vendait  lentement  et  mal,  le  désir  des  amateurs 
n'était  pas  là.  L'enthousiasme  pour  la  vieille 
lutherie  italienne  commençait  à  se  produire  : 
amateurs  et  aitistes  n'avaient  qu'un  rêve, 
posséder  mi  Stradivari,  un  Amati  ou  un  Guar- 
neri  !  Vuillaume  comprend,  se  met  à  l'œuvre, 
et,  après  de  nombreux  essais  et  un  travail  ob- 
stiné, offre  un  beau  jour  pour  la  somme  de 
trois  cents  francs  un  magnifique  violon  de 
Stradivari,  signé  du  grand  maître,  et  ayant  une 
sonorité  remarquable!  A  peine  vu  et  essayé, 
rinstriunent  est  enlevé  d'enthousiasme.  La 
voie  était  trouvée  :  et,  depuis  ce  moment,  il 
ne  peut  suffire  aux  demandes  d'imitations  qui 
lui  arrivent  de  toutes  les  parties  du  monde.  Ce 
fut  l'origine  de  la  grande  fortune  de  J.-B.  Vuil- 
laume. Les  violons  se  vendaient  300  francs  et  les 
violoncelles  500  francs...  Le  succès  que  ren- 
contrèrent ces  copies'n'empêcha  pas  Vuillaume 
de  continuer  ses  recherches  en  vue  d'améliorer 
toutes  les  conditions  de  la  facture.  Son  esprit 
actif  et  intelligent  n'avait  pas  de  repos;  les  plus 
beaux  instruments  italiens  qui  lui  passaient  jour- 
nellement pas  les  mains  (et  leur  nombre  était 
grand)  lui  avaient  tous  laissé  leur  secret  ;  mais 
parmi  les  grands  auteurs  de  la  belle  époque,  un 
seul  était  devenu  son  idole  :  A.  Stradivari  était 
pour  lui  le  nec  plus  xillra  de  la  perfection.  Aussi 
l'a-t-il  étudié  et  analysé  jusque  dans  ses  plus 
minces  détails  :  qualité  des  bois,  épaisseur  des 
tables,  hauteur  des  voûtes,  dimensions  de  tout 
genre,  volutes,  vernis,  conditions  acoustiques, 

(1)  M.  Vidal  :  les  Instruments  â  arc/iet. 


rien  ne  lui  a  échappé  ;  tout  a  été  tellement 
fouillé  par  lui,  qu'il  en  est  arrivé  à  connaître 
Stradivari,  on  oserait  presque  dire,  mieux  que 
le  grand  artiste  ne  se  connaissait  lui-même.... 
Ses  recherches  sur  la  qualité  des  bois  à  em- 
ployer ont  été  incessantes.  Il  avait  parcouru  la 
Suisse,  leTyrol,  rillyrie,  achetant  des  érables  et 
des  sapins  vieillis  en  grume,  de  vieux  meubles,  de 
vieux  parquets  :  tout  cela,  transformé  par  lui 
en  violons  et  violoncelles,  lui  avait  fourni  des 
résultats  qui  étaient  la  source  de  remarques 
utiles  et  intelligentes....  Le  vernis  fut  l'objet 
d'une  étude  constante  de  sa  part.  Depuis  la 
disparition  de  la  belle  école  italienne,  il  n'y  a 
pas  un  seul  luthier  en  Europe  qui  ait  retrouvé 
le  vernis  des  Stradivari,  Guarneri,  etc.  ;  J.-B. 
Vuillaume  seztZ  est  parvenu  à  en  approcher  de 
si  près,  qu'il  en  a  saisi  la  finesse,  la  nuance, 
et  la  légèreté  solide.  Tous  les  instruments  sortis 
de  ses  mains,  surtout  depuis  l'année  1859,  ne 
laissent  rien  à  désirer  sous  ce  rapport.  Mal- 
heureusement il  a  emporté  son  secret  dans  la 
tombe,  et  il  n'a  été  rien  retrouvé  sur  ce  sujet 
dans  les  nombreuses  notes  qu'il  a  laissées.  » 

Ces  éloges,  je  l'avoue,  me  paraissent  un  peu 
excessifs,  et  depuis  quelques  années  on  semble 
être  revenu  de  l'engouement  qu'avait  excité  l'ap- 
parition des  instruments  de  Vuillaume,  engoue- 
ment dont  l'exagération  était  manifeste.  Toute- 
fois, et  pour  remettre  les  choses  en  leur  place, 
le  talent  de  Vuillaume  était  réel,  'et  lui  valut  de 
nombreuses  récompenses  dans  la  plupart  des  Ex- 
positions auxquelles  il  prit  part  pendant  le  cours 
de  sa  longue  carrière.  Dès  1827  il  obtenait  une 
médaille  d'argent  (Paris),  qui  lui  était  décernée  de 
nouveau  en  1834  (Paris);  en  1839  (Paris)  et  1844 
(Paris),  il  remportait  deux  médailles  d'or;  en 
t851,  à  l'Exposition  universelle  de  Londres,  où 
il  produisait,  avec  son  octobasse  perfectionnée, 
deux  magnifiques  quatuors  d'instruments  à  archet, 
il  se  voyait  adjuger  la  grande  council  medal,  et  le 
gouvernement  français  lui  accordait  ensuite  le 
ruban  de  la  Légion  d'honneur;  enfin,  en  1855,  à 
l'Exposition  universelle  de  Paris,  il  obtenait  la 
seule  grande  médaille  d'honneur  qui  fût  décer- 
née. A  partir  de  ce  moment,  il  lut  déclaré Jiors 
concours. 

Vuillaume,  d'ailleurs,  travailla  jusqu'à  son 
dernier  jour,  et  se  fit  toujours  remarquer  par 
des  inventions  soit  utiles,  soit  ingénieuses,  qui 
donnent  des  preuves  multiples  de  sa  continuelle 
activité  d'esprit.  On  lui  doit  un  instrument 
nommé  par  lui  contralto,  qui,'  sans  différer  de 
l'alto  comme  étendue  et  comme  accord,  mais 
construit  dans  des  formes  nouvelles,  se  dis- 
tingue oar  une  rare  ampleur  de  son;  il  imagina 


VUILLAUME 


639 


aussi  une  odobasse,  dont,  ainsi  que  le  précé- 
dent, on  voit  un  échantillon  au  Musée  instru- 
mental du  Conservatoire  de  Paris  (I);  Il  faut  ci- 
ter encore,  au  nombre  des  innovations  dues  à 
cet  esprit  iiivcntil',  une  pédale  sourdine,  pro- 
duite |)ar  lui  à  I  exposition  universelle  de  1867; 
puis  une  machine  au  moyen  de  laquelle  il  don- 
nait aux  cordes  de  boyau  une  égalité  de  cali- 
bre telle  que,  selon  lui,  elles  offraient  une  jus- 
tesse absolue  dans  toute  leur  longueur;  enfin, 
l'archet  à  hausse  fixe  et  l'archet  en  acier 
creux. 

Jean-Baptiste  Vuillaume,  qui  depuis  environ 
vingt  ans  avait  quitté  ses  ateliers  de  la  rue 
Croix-des-Petits-Cliamps  pour  aller  s'établir 
dans  une  maison  qu'il  possédait  aux  Ternes, 
rue  Demours,  n°  3,  est  mort  dans  celte  maison 
le  19  mars  1875.  Une  de  ses  filles  avait  épousé 
M.  Alard,  l'excellent  violoniste. 

VUILLAUME  (Nicolas),  deuxième  fils  de 
Claude  Vuillaume,  naquit  à  Mirecourt  en  1800, 
travailla  longtemps  avec  son  père,  puis,  devenu 
veuf  en  1832,  se  décida  à  venir  à  Paris,  chez 
son  frère  Jean-Baptiste,  auprès  duquel  il  resta 
pendant  dix  années.  En  1842  il  retourna  à  Mi- 
recourt, s'y  établit  pour  son  compte,  et  se  livra 
particulièrement  à  la  fabrication  de  la  lutherie 


(i)  —  «  Cet  Instrument,  haut  de  4  mètres,  imaginé  par 
J.-B.  Vuillaume  en  1849,  et  perfectionné  par  lui  en  1851, 
est  monté  de  trois  cordes  {ut,  sol,  ut).  Il  a  quatre  notes 
au  grave  de  plus  qui>  la  contre-basse  ordinaire.  —  Les  di- 
mensions de  l'octobasse  ont  exigé  l'invention  d'un  méca- 
nisme spécial  :  au  moyen  de  leviers,  des  doigts  d'acier 
viennent  se  placer  sur  les  cordes  à  la  façon  d'une  barre, 
en  sorte  que  l'exécutant,  dans  chaque  position  du  doigt 
d'acier,  a  toujours  à  sa  portée  trois  degrés,  dont  le 
deuxième  est  la  quinte,  et  le  troisième  l'octave  de 
l'autre.  L'appareil  des  leviers  est  fixé  au  cûté  droit  de 
l'instrument,  et  l'on  agit  sur  les  bascules  à  l'aide 
d'un  pédalier.  —  Il  n'existe  plus  qu'une  octobasse 
comme  celle-ci  :  elle  est  en  Russie.  »  —  {Le  Musée  du 
Conservatoire  national  de  viusique.  Catalogue  de  cette 
collection.) 


commune.  Il  obtint  une  médaille  de  bronze  à 
l'Exposition  universelle  de  Paris  de  1855,  pour 
divers  instruments  à  1res-  bas  prix.  11  est  mort 
en  1871. 

VUILLAUME  (NicoLAS-FR\Nr.O!s),  troi- 
sième (ils  de  Claude  Vuillaume,  naquit  à  Mire- 
court  le  13  mai  1802,  fit  son  apprentissage  avec 
son  père,  vint  ensuite  travailler  à  Paris,  auprès 
de  son  frère  Jean-Baptiste,  puis,  ayant  acquis 
une  très-réelle  habileté,  alla  s'établir  en  187,8  à 
Bruxelles,  qu'il  ne  quitta  plus  jusqu'à  sa  mort, 
c'est-à-dire  pendant  près  d'un  demi-siècle.  De- 
venu en  cette  ville  luthier  du  Conservatoire,  il 
ptit  part  aux  deux  Expositions  qui  y  eurent  lieu 
en  1835  et  18il,  lesquelles  lui  valurent  une  mé- 
daille d'argent,  se  produisit  aussi  aux  Exposi- 
tions universelles  de  Londres,  Paris  et  Dublin, 
obtint  une  médaille  de  première  classe,  et  en- 
fin se  vit  décerner  aussi  une  médaille  de  pre- 
mière classe  à  l'Exposition  universelle  de  Vienne 
(1873).  A  la  suite  de  ces  succès,  il  fut  nommé 
chevalier  de  l'ordre  de  Léopold.  Nicolas-François 
Vuillaume  mourut  à  Bruxelles  le  14  janvier 
1876. 

VUILLAUME  (CLAunE-pRANçois),  qua- 
trième fils  de  Claude  Vuillaume,  naquit  à  Mire- 
court  au  mois  de  mars  1807,  et,  ainsi  que  ses 
frères,  fitson  apprentissage  chez  son  père.  Mais 
plus  tard  il  modifia  sa  carrière,  et  abandonna 
la  lulheiie  pour  se  livrer  à  la  fabrication  des 
orgues. 

VUILLAUME  (Sébastien),  fils  du  précé- 
dent, luthier,  est  établi  à  Paris.  Il  a  obtenu  une 
médaille  de  bronze  à  l'Exposition  universelle  de 
Paris  (1867),  et  une  médaille  d'argent  à  l'Ex- 
position du  Havre  (1808).  Unique  possesseur 
aujourd'hui  de  la  machine  à  tailler  les  archets 
inventée  par  Jean-Baptiste  Vuillaume  peu  de 
temps  avant  sa  mort,  M.  Sébastien  Vuillaume 
continue  la  fabrication  des  archets  d'après  le 
système  de  son  oncle. 


w 


1VACHS  (Frédéric),  compositeur,  né  vers 
1825,  a  publié  un  grand  nombre  de  morceaux 
faciles  pour  le  piano,  de  romances  et  de  chan- 
sonnettes, et  a  fait  jouer,  dans  de  petits  théâ- 
tres et  des  cafés-concerts,  les  opérettes  suivan- 
tes, toutes  en  un  acte  :  1°  le  Bel  Adonis, 
Folies-Bergère,  1872;  2°  la  Belle  KalUcha, 
id.,  id.  ;  3°  C'est  un  prodige!  id,,  1873;  4»  la 
Leçon  d'amour,  Bouffes-Parisiens,  1873; 
5°  Amour  et  Cor  de  chasse,  concerts  des  Por- 
cherons,  1874;  6°  Une  pleine  eau  à  Chatou, 
Folies-Bergère,  1874  ;  7"  Tata  che:i  Toto,  id., 
id.  ;  8°  Grain-de- Beauté,  th.  des  Familles, 
1875;  9»  Madame  le  Boclexir,  Eldorado,  1875  ; 
10"  les  Volontés  de  mon  oncle,  Folies-Bergère, 
1876;  11"  les  Feuilles  mortes.  Parmi  les  pu- 
blications de  M.  "Wachs  relatives  au  piano,  il 
me  suffira  de  citer  les  suivantes  :  Récréations 
lyriques  des  jeunes  pianistes,  48  petits  mor- 
ceaux sur  des  airs  d'opéras  ;  la  Gerbe  d'or, 
40  transcriptions  faciles;  les  Feuilles  d'al- 
bum, 50  transcriptions  mignonnes.  Tout  cela 
est  écrit  surtout  en  vue  des  petits  enfants  et 
des  commençants.  M.  Wachs  est  maître  de  cha- 
pelle à-l'église  Saint-Merry. 

WACHS  (Etienne-Victor-Paul),  organiste 
et  compositeur,  fils  du  précédent,  est  né  à  Paris 
le  19  septembre  1851.  Admis  au  Conservatoire, 
dans  la  classe  d'orgue  dirigée  par'Benoist  et 
ensuite  par  M.  César  Franck,  il  obtint  le  pre- 
mier prix  au  concours  de  1872.  Un  peu  plus 
tard, il  devint  organiste  de  l'église  Saint-Merry, 
où  il  exerce  encore  aujourd'hui  ces  fonctions. 
On  doit  à  ce  jeune  artiste  un  Petit  Traité  pra- 
tique d'harmonie  et  un  Petit  Ti-aité pratique 
de  contre-point  et  fugue,  qui  on  paru  chez 
l'éditeur  M.  Egrot.  M.  Paul  Wachs  a  publié 
aussi  quelques  morceaux  de  musique  légère 
pour  le  piano. 

WACHTEL  (TnÉODORE),  chanteur  alle- 
mand très-renommé,  né  à  Hambourg  en  1824,  est 
le  fils  d'un  cocher  et  loueur  de  voitures,  dont  il 
embrassa  la  profession  et  auquel  il  succéda  à  sa 
mort,  restant  avec  sa  mère  à  la  tète  de  la  mai- 
son. C'est  au  hasard  qu'il  dut  la  révélation  de 
la  belle  voix  de  ténor  qu'il  possédait  et  dont 
on  lui  conseilla  aussitôt  de  tirer  parti.  Il  prit 
alors  un  professeur  (M"'   Grandjean,  à  Ham- 


bourg), se  livra  assidûment  h  l'étude  du  chant, 
et  bientôt  fut  en  état  de  se  produire  à  Hambourg, 
d'abord  dans  des  concerts,  et  ensuite  au  théâtre. 
Encouragé  par  l'accueil  qu'il  reçut  de  ses  com- 
patriotes, il  se  montra  successivement  sur  les 
scènes  de  Schwerin,  de  Dresde,  de  Vurtzbourg, 
de  Darmstadt,  voyant  chaque  jour  augmenter 
ses  succès  et  s'affermir  sa  réputation.  Engagé 
en  1854  à  Hanovre,  il  resta  quatre  ans  en  cette 
ville,  partageant  l'emploi  de  premier  ténor  avec 
M.  Niemann  (Voy.  ce  nom),  et  il  y  devint  l'idole 
du  public.  De  Hanovre,  M.  Wachtel  alla  à  Cas- 
sel,  puis  au  théâtre  de  la  cour,  à  Vienne,  et 
vers  1864  il  fut  appelé  à  l'Opéra  royal  de  Ber- 
lin, où  il  fit  fureur.  Dès  cette  époque,  il  allait 
passer  chaque  année  une  saison  à  Londres, 
chantant  l'opéra  italien  au  théâtre  de  Covent- 
Garden  et  se  faisant  entendre  fréquemment 
dans  les  concerts.  Vers  la  fin  de  1869,  M.  Wa- 
chtel  vint  faire  une  fugitive  apparition  au 
Théâtre-Italien  de  Paris,  où  il  se  montra  dans  il 
Trovatore;  la  voix  de  l'artiste  était  fatiguée, 
le  chanteur  parut  vulgaire,  et  son  succès  fut  né- 
gatif. Depuis  lors,  néanmoins,  il  a  continué  bril- 
lamment sa  carrière  en  Allemagne. 

Au  beau  temps  de  cette  carrière,  M.  Wachtel 
était  doué,  dit-on,  d'une  voix  dont  l'étendue  et 
la  puissance  étaient  surprenantes,  et  il  se  fai- 
sait remarquer  par  la  grande  flexibilité  de 
son  talent  de  comédien,  qui  lui  permettait  d'a- 
border avec  le  même  bonheur  les  rôles  des 
genres  les  plus  opposés,  et  de  jouer  tour  à  tour 
Guillaiime  Tell,  Don  Juan,  le  Trouvère,  les 
Huguenots,  Lucie  de  Lamcrmoor,  le  Pro- 
phète, Stradella,  la  Dame  Blanche,  le  Pos- 
tillon de  Lonjumeau,  etc.  Ce  dernier  ouvrage 
lui  valut  toujours  ses  plus  grands  triomphes, 
parce  qu'il  rappelait  au  public  son  origine  et  sa 
profession  première,  que  l'artiste  le  jouait  avec 
une  désinvolture  toute  particulière,  et  que  (ses 
compatriotes  l'ont  dit  et  redit  sur  tous  lestons) 
il  y  faisait  claquer  son  fouet  d'une  façon  inimi- 
table. M.  Wachtel  se  vante  d'avoir  joué  plus  de 
mille  fois  le  Postillon  de  Lonjumeau. 

Un  fils  de  cet  artiste,  Théodore  Wachtel, 
d'abord  orfèvre,  et  qui  avait  ensuite,  comme  son 
père,  embrassé  la  carrière  du  chant,  qui  ne  lui 
avait  pas  été  aussi  favorable,  avait  été  obligé, 


WACHTEL  —  WAGNER 


641 


pour  raison  de  santé,  de  reprendre  son  premier 
état,  et  s'était  établi  à  Dessau.  Il  y  mourut  peu 
de  temps  après,  au  mois  de  janvier  1875,  à  l'âge 
de  trente  ans. 

*  WACKENTHALER  (Joseph),  est  mort 
à  Strasbourg  le  3  mars  18C9. 

AVACREll]\AGEL  (Philippe),  écrivain 
allemand,  est  connu  pour  une  Hisloire  du 
chant  religieux  allemand,  qu'il  a  publiée  à 
Stuttgard  en  1841.  Wackernagel  est  mort  à 
Dresde,  le  20  juin  1877,  à  l'âge  de  soixante-dix- 
sept  ans. 

WAELPUT    (Henri),  compositeur  lielge, 
né  à  Gand  le  2G  octobre  1845,  reçut  dans  celte 
ville  sa     première   éducation   musicale,    puis 
alla  terminer  ses  études  au    Conservatoire  de 
Bruxelles,  où  il  obtint  le  premier  prix  de  com- 
position en  1866.   Ayant  pris  part  l'année  sui- 
vante au  concours  de  Rome,  il  remporta  d'em- 
blée le  premier  prix  pour  sa  cantate  flamande 
hct  Woud  {la   Forêl).  En  1869,  M.   Waeiput 
fut  appelé,  malgré  sa  jeunesse,  à  la  direction 
du  Conservatoire  de  Bruges,  prit  une  part  ac- 
tive au   mouvement  musical  de  cette  ville,  de- 
vint clief  d'orchestre  au  théâtre,  et  fonda  des 
concerts  populaires  qui  obtinrent  un  grand  suc- 
cès. Pourtant,  il  quitta  Bruges  en  1871,  et  alla 
se  fixer  à  Dijon,  où  il  demeura   plusieurs  an- 
nées. De  retour  en  Belgique  en  1875,  il  s'éta- 
blissait dans  sa  ville  natale,  où  il  devenait  chef 
d'orchestre  du  grand  théâtre,  et,   le  9  janvier 
1876,  il  donnait  au  Palais-Ducal,  à  Bruxelles, 
un   grand    concert    avec    orchestre  et  chœurs 
destiné  à  faire  connaître  quelques-unes  de  ses 
compositions  les  plus  importantes.  Il  fit  entendre 
sous  sa  direction,  dans  cette  séance,  sa  2*  sym- 
phonie, écrite  à  la  mémoire  de  Charles-Louis 
Hanssens,  divers  morceaux  d'un  opéra  flamand 
inédit,  Berken  de  Diamant slijper  {Berken  le 
lapidaire),  des  fragments  de  ses  Si"  et  4"  sym- 
phonies, et  une   cantate,  de   Zegen  der   Wa- 
pens  {la  Bénédiction  des  arvies),  composée  à 
l'occasion  d'une  visite  faite  à  Gand  par  les  rif- 
jlemen  anglais,  et  dans  laquelle  on  trouvait  un 
arrangement  très-curieux   du  God  save    the 
Queen  et  de  la  Brabançonne,  le  chant  national 
belge.   Ces  diverses  œuvres  furent  accueillies 
avec  une  grande  faveur,  et  donnèrent  une  heureuse 
idée  du  talent  de  leur    auteur.    Depuis    lors, 
M.  Waeiput  a  fait  exécuter  à  Gand  une  cantate, 
la  Pacification  de  Gand,  que  le  public  n'a  pas 
moins  bien  reçue.  Parmi  les  autres  composi- 
tions de  cet  artiste,  je  citerai  :  Hans  Memling, 
marche   festivale    pour   orchestre;  Memling, 
cantate    pour  soli    et   chœurs;  un    recueil  de 
6  lieder  avec  piano  ;  un  autre  recueil  de  20  lie- 

mOCR.    UNIV.    DES  MUSICIENS.    —   SUPPL.    - 


der  avec  piano;  un  autre  recueil  de  mélodies 
nouvelles,    etc.,  etc. 

*  YVAELUAINT  (Hubert).— Neuf  chansons 
de  cet  artiste  fameux  sont  insérées  dans  le  re- 
cueil divisé  en  six  livres  que  Pierre  Phalèse 
publia  à  Louvain  en  l.'");)5-155G,  et  dont  le  pre- 
mier parut  sous  ce  titre  :  Premier  livre  des 
chansons  à  quatre  parties,  nouvellement  com- 
posez (sic)  et  mises  en  musique,  convenables 
tant  aux  instrumentz  comme  à  la  voix 
(Louvain,  1555,  in-4°). 

Il  parait  établi  d'une  façon  certaine  aujourd'hui 
que  cet  artiste  fameux  n'a  vu  le  jour  ni  à  Ath , 
ni  à  Arras,  ni  à  Anvers,  mais  bien  à  Tongerloo, 
petit  village  de  la  Canipine,  dans  l'ancien  duché 
de  Brabant. 

''  WAGENSEIL  (Georges-Christophe), 
compositeur  allemand,  naquit  en  1717  (et  non 
en  1688,  comme  il  a  été  dit),  et  mourut  le 
1"''  mars  1779,  à  Vienne.  On  connaît  de  lui  un 
ouvrage  intitulé  i  Lamenti  d'Orfeo,  qui  a  été 
joué  en  cette  ville  le  26  juillet  1740. 

*  WAGNER  (GuiLLAUHE-RicnAr,n),compo- 
siteur  dramatique  allemand.  —  Il  est  difficile 
d'apprécier,  d'une  façon  précise  et  nette,  la 
valeur  de  cet  artiste  à  la  fois  étrange  et  puissant, 
auquel  son  immense  vanité,  son  incommensu- 
rable orgueil,  son  absence  absolue  de  sens 
moral,  son  mépris  complet  du  public,  son  dé- 
dain superbe  pour  tout  ce  qui  n'est  pas  lui,  sa 
haine  pour  tous  les  grands  artistes  qui  l'ont 
précédé,  ont  fait  une  singulière  situation  dans  le 
monde.  M.  Wagner,  dont  il  y  aurait  puérilité  à 
nier  la  vaste  intelligence  et  les  rares  facultés 
musicales,  a  été  et  est  encore  discuté  avec  une 
âpreté,  une  ardeur,  une  énergie  dont  il  existe 
peu  d'exemples  dans  l'histoire  de  l'art;  on  peut 
tlire  que,  en  ce  qui  le  concerne,  l'Europe  musi- 
cale est  divisée  en  deux  partis  immenses,  en 
deux  camps  gigantesques,  dont  l'un  tient  pour 
le  musicien  novateur  à  ([ui  l'on  doit  Tristan 
et  Ysolde  et  la  tétralogie  des  Nibelungen,  tan- 
dis que  l'autre  est  absolument  hostile  à  son  tem-_ 
péiament  réformateur  et  à  la  conception  qu'il  s'est 
formée  du  drame  lyrique.  Qu'on  ne  s'y  trompe 
pas,  en  effet  :  ce  n'est  pas  seulement  en  France 
que  M.  Wagner,  avec  des  partisans  résolus, 
trouve  aussi  des  adversaires  déclarés  de  sa  per- 
sonnalité aitistique  et  de  ses  théories.  En  Alle- 
magne, le  terrain  n'est  pas  plus  uni  à  son  égard, 
et  à  Vienne,  comme  à  Berlin,  comme  à  Munich, 
comme  ailleurs,  s'il  trouve  des  sectateurs 
enthousiastes,  il  rencontre  aussi  des  ennemis 
ardents  qui  battent  en  brèche  et  son  système, 
et  ses  doctrines,  et  ses  œuvres.  Il  est  vrai  que 
tous  les  wagnériens,  allemands  ou  français,  ont 

T.  II.  41 


642 


WAGNER 


cela  de  commun  avec  leur  idole  :  qu'ils  considè- 
rent comme  de  simples  imbéciles  ceux  qui  ne  pen- 
sent pas  comme  eux,  les  traitent  avec  une  bien- 
veillance dédaigneuse,  et  se  figurent  modestement 
qu'ils  possèdent  seuls  la  lumière,  l'intelligence, 
la  sincérité,  le  sens  de  l'art,  et,  pour  tout  dire 
d'un  mol,  la  vérité. 

Pour  moi,  qui  ne  suis  ni  d'un  camp  ni  de 
l'autre,  qui  cherche  celte  vérité  avec  courage, 
honnêteté  et  persistance,  et  qui  ne  me  flatle  pas 
de  la  posséder  tout  d'abord,  je  répète  qu'il  est 
fort  difficile  d'apprécier  sainement,  complètement 
la  valeur  et  la  portée  artistique  de  M.  Richard 
Wagner;  et  cela  d'autant  plus  que,  malheureu- 
sement, la  nature  morale  de  l'homme  peut,  jus- 
qu'à un  certain  point  et  quant  à  présent,  influer 
sur  le  jugement  qu'on  est  porté  à  exprimer  relative- 
ment à  ses  œuvres.  Il  n'est  pas  toujours  aussi  facile 
qu'on  le  croit  de  séparer  l'homme  de  l'arlisle; 
M.  Wagner  lui-même  l'a  déclaré  plus  d'une  fois. 
Bien  plus  -.  selon  lui,  on  ne  peut  vraiment  admirer 
le  second  que  quand  on  aime  et  qu'on  estime  le 
premier.  Or,  c'est  ici,  je  l'avoue,  que  la  route 
me  paraît  difficile,  quand  je  me  rappelle,  par 
exemple,  que  M.  Wagner,  accueilli  par  Meyer- 
beer  en  France  avec  une  bienveillance  toute 
particulière,  n'a  cessé  de  souiller  et  de  ternir  la 
mémoire  de  ce  grand  homme;  que  M.  Wagner, 
après  avoir  reçu  de  M.  Hans  de  Bùlow  les  preu- 
ves les  plus  touchantes  d'affection  et  de  dévoue- 
ment, n'a  rien  trouvé  de  mieux,  pour  le  remer- 
cier, que  de  lui  ravir  sa  femme;  que  M.  Wagner, 
l'ancien  révolutionnaire  ardent  et  hautain,  s'est 
fait  le  plat  courtisan  que  l'on  sait  et  s'est  mis 
sans  vergogne  à  la  remorque  d'un  souverain 
dans  l'unique  but  de  faire  sa  fortune  artistique;  que 
M.  Wagner,  pour  se  venger  de  ses  insuccès  en 
France,  l'a  insultée  de  la  façon  la  plus  odieuse  et 
aurait  voulu,  dans  sa  haine,  la  rayer  du  nombre 
des  nations;  que  M.  Wagner  enfin,  effarouché 
même  par  la  gloire  des  grands  artistes  qui  l'ont 
précédé,  n'a  cessé,  dans  ses  écrits,  de  déverser 
l'outrage  sur  des  hommes  tels  que  Mendels- 
sohn,  Meyerbeer,  Halévy,  Berlioz,  et  que,  dans 
le  journal  qu'il  a  fondé  récemment  à  Bayreuth 
pour  sa  propre  glorification,  il  fait  indignement 
injurier  les  ombres  de  Schumann  et  de  maint 
autre  compositeur  dont  la  renommée  ne  saurait 
cependant  nuire  aujourd'hui  à  celle  de  l'iras- 
cible maître  saxon. 

Le  jugement  du  public,  relativement  à 
M.  Wagner,  e.st  donc  peut-être  plus  influencé 
qu'on  ne  pourrait  le  croire  par  la  conduite  et  le 
caractère  de  l'homme  privé  ;  je  ne  prétends 
point  que  le  public  ait  raison,  et  me  borne  à  cons- 
tater le  fait.  11  est  certain  que  M.  Wagner,  tou- 


jours  hautain,  dur,  sec,  cassant,  orgueilleux, 
indulgent  à  lui-même  et  singulièrement  mépri- 
sant envers  les  autres,  n'est  que  médiocrement 
fait  pour  exciter  la  sympathie  et  faire  naître  la 
bienveillance.  Et  si  l'on  veut  bien  remarquer 
que  l'idéal  artistique  de  M.  Wagner  pousse  non 
pas  seulement  à  une  réforme,  mais  à  une  révo- 
lution musicale  presque  radicale,  qu'il  veut 
faire  litière  de  tout  nn  passé  glorieux  en  affec- 
tant le  mépris  le  plus  insolent  pour  des  artis- 
tes et  des  œuvres  que  chacun  s'était  plu  jus- 
qu'à ce  jour  à  respecter  et  à  admirer,  enfin  qu'il 
prétend  détruire  jusqu'aux  traces  de  ce  passé 
et  reconstituer  l'art  sur  des  bases  entièrement 
nouvelles,  on  comprendra  que  ses  nombreux  ad- 
versaires soient  pour  le  moins  aussi  ardents  à  le 
poursuivre  et  à  le  combattre  que  ses  nombreux 
partisans  le  sont  à  le  glorifier  et  à  le  défendre. 

La  puissance  artistique  de  M.  Richard  Wa- 
gner est  incontestable;  et  ce  qui  le  prouve,  c'est 
l'influence  qu'il  exerce  à  un  certain  point  de 
vue,  depuis  une  vingtaine  d'années,  sur  tous 
les  jeunes  musiciens  de  l'Europe,  que  ce  soit  en 
Allemagne,  en  France,  en  Belgique,  en  Russie, 
ou  jusqu'en  Italie.  Mais  je  dis  :  à  un  certain  point 
de  vue,  parce  que  cette  influence  est  forcément 
limitée.  En  effet,  l'idéal  rêvé  par  M.  Wagner 
me  semble  ne  jamais  devoir  être  réalisable  ;  j'en 
vais  expliquer  les  raisons,  qui  feront  compren- 
dre les  limites  que  je  crois  fatalement  assignées 
àl'action  génératrice  ou  régénératrice  de  l'artiste. 

On  ne  voit  généralement  qu'une  individua- 
lité chez  M.  Wagner;  or,  à  mon  sens,  il  y  en 
a  deux,  tout  à  fait  distinctes,  mais  qui  unissent 
leurs  facultés  dans  la  recherche  du  buta  attein- 
dre, lequel  but  est  la  réforme  du  drame  lyrique  : 
il  y  a  l'esthéticien  d  une  part,  de  l'autre  le  musi- 
cien proprement  dit.  L'esthéticien  ne  s'est  pas 
contenté,  et  ne  pouvait  pas  se  contenter  d'être 
musicien  ;  cela  ne  lui  aurait  pas  suffi.  Pour  opé- 
rer la  réforme  qu'il  rêvait,  pour  agir  en  toute 
liberté  et  sans  être  gêné  par  une  collaboration 
qui  ne  l'aurait  pas  toujours  servi  à  ses  souhaits, 
il  lui  a  fallu  devenir  poêle  dramatique  et  se  faire 
son  propre  collaborateur.  La  visée  de  M.  Wa- 
gner est  immense,  tellement  immense  qu'elle  en 
arrive  à  devenir  chimérique.  M.  Wagner  a  vou- 
lu d'abord  réformer  la  musique  dramatique 
puis  réformer  le  poëme  du  drame  musical,  puis 
enfin  réformer  jusqu'aux  coutumes  théâtrales, 
jusqu'au  public,  et  jusqu'à  la  structure,  à  la  con- 
figuration et  à  l'aménagenient  des  salles  desti- 
nées aux  représentations  lyriques.  On  ne  croira 
pas  que  j'exagère,  car  les  faits  sont  là  pour 
confirmer  mes  assertions,  et  je  vais  essayer  de 
les  rappeler  rapidement. 


WAGNER 


643 


Dans  son  premier  opéra  représenté,  Rienzi, 
M.  Wagner  ne  s'est  guère  écarté  des  opinions 
reçues,  des  traditions  adoptées.  L'œuvre  est  bril- 
lante, (ière,  d'une  allure  noble  et  chevaleres- 
que, mais  déjà  d'un  style  tendu,  et  d'un  carac- 
tère excessif  en  ce  qui  concerne  l'emploi  de 
l'orcliestre.  Toutefois,  elle  est  coulée  dans  le 
moule  habituel  de  l'opéra,  divisée  en  actes  qui 
contiennent  des  airs,  des  chœurs,  des  duos,  des 
trios,  morceaux  d'ensemble,  etc.  Certains  épi- 
sodes sont  saisissants  (parfois,  il  est  bon  de  le 
remarquer,  avec  certaines  réminiscences  ita- 
liennes), mais  l'ensemble  de  l'œuvre  est  si  géné- 
ralement éclatant,  tout  y  est  mis  dans  une  lu- 
mière si  intense  et  si  vive,  sans  oppositions  ni 
ombres,  qu'elle  est  déjà  fatigante  et  laborieuse 
à  entendre. 

Le  Vaisseau  fantôme,  qui  vint  après  Rienzi, 
est  assurément  plus  personnel,  plus  original.  Le 
poëme  ne  manque  point  d'intérêt,  la  musique  ne 
manque  point  de  variété,  et  l'auteur,  s'il  a 
recherché  la  nouveauté  dans  certains  détails  de 
forme,  n'a  cependant  pas  entrepris  d'accomplir 
encore  la  révolution  qui  déjà  grondait  dans  son 
cerveau.  C'est  dansée  Vaisseati  fantôme  qu'on 
trouve  pour  la  première  fois  l'emploi  de  certains 
motifs,  de  certaines  phrases  particulières  des- 
tinées à  caractériser  la  nature  psychologique  et 
morale  de  divers  personnages.  En  un  mot,  l'œu- 
vre est  puissante,  non  sans  certaines  étrangetés, 
mais  elle  n'a  pas  encore  rejeté  loin  d'elle  le  vieux 
vêtement  du  vieil  opéra.  Là  encore  on  trouve 
des  airs,  des  chansons,  des  ballades,  des  chœurs, 
des  trios,  et, — qui  le  croirait  ?  —  jusqu'à  uneca- 
vatine.  La  partition  du  Vaisseau  fantôme  ren- 
ferme d'ailleurs,  à  côté  d'épisodes  vigoureux 
comme  l'ouverture  et  l'air  du  Hollandais,  des 
pages  pleines  de  charme  et  de  grâce,  telles  que 
le  chœur  des  (ileuses  et  la  cavatine  d'Erik. 

Avec  Tannhâuser,  et  plus  lard  avec  \Lohen- 
grin,  nous  commençons  à  faire  connaissance 
avec  le  système  qui  trouvera  son  plein  épa- 
nouissement, son  entier  accomplissement  d'a- 
bord dans  Tristan  et  Ysolde,  puis  dans  la  té- 
tralogie des  ISihelungen.  Dans  Tannhâuser, 
M.  Richard  Wagner  commence  à  rompre  vio- 
lemment avec  les  habitudes  du  passé;  pourtant, 
cette  rupture  n'atteint  pas  encore  la  forme  et 
la  structure  de  l'œuvre  prise  dans  son  ensemble, 
mais  seulement  la  forme  et  la  structure  des  mor- 
ceaux. L'artiste  n'a  pas  jugé  à  propos  d'enlever 
à  son  drame,  comme  il  le  fera  plus  tard,  tout 
intérêt  scénique,  tout  mouvement,  toute  action  ; 
à  ce  point  de  vue  même,  il  y  a  dans  Tann. 
hàuser  des  scènes  caractéristiques  et  émou- 
vantes ;  seulement,  l'ouvrage  se  fait  aussi  remar- 


quer par  des  longueurs  cruelles,  faites  pour 
exercer  déjà  la  patience  de  l'auditeur  le  mieux 
prévenu  et  le  plus  attentif.  .Sous  le  rapport  pure- 
ment musical,  on  peut  constater  que  l'auteur 
fait  en  sorte  de  s'écarter  des  sentiers  frayés  jus- 
(lu'à  lui.  Déjà  nous  voyons  que  la  régularité  de 
la  phrase  le  préoccupe  peu,  que  le  discours 
sonore  s'étend  à  perle  de  vue,  sans  repos,  sans 
point  d'arrêt,  que  le  retour  de  l'idée  mélodique 
est  rigoureusement  évité,  que  les  périodes 
nouvelles  succèdent  incessamment  aux  périodes, 
sans  que  l'oreille,  tendue  à  l'excès  et  succombant 
sous  l'effet  de  la  fatigue  attentive,  rencontre 
jamais  un  point  de  repère,  jamais  un  ressou- 
venir sur  lequel  elle  puisse  s'appuyer  et  se 
reposer  un  instant.  La  contention  d'esprit  exi- 
gée par  l'audition  d'une  telle  œuvre  est  déjà 
excessive,  et  exige  une  prédisposition  intellec- 
tuelle particulière,  d'autant  que  certains  épiso- 
des, principalement  celui  de  la  lutte  des  chan- 
teurs, .sont  d'une  longueur  et  d'une  étendue 
inusitées.  Une  remarque  est  à  faire  pourtant, 
au  sujet  de  Tannhâuser  :  c'est  que,  dans  cet 
ouvrage,  M.  Wagner  n'a  pas  dédaigné  complè- 
tement de  faire  entendre,  dans  les  duos,  l'ac- 
cord de  deux  voix  et  leur  audition  simultanée. 
Profitons-en  ;  car,  à  partir  de  Lohengrin,  cette 
jouissance,  trop  musicale" et  trop  poétique  sans 
doute,  nous  sera  interdite  à  jamais. 

La  seconde  manière  de  M.  Richard  Wagner, 
très-accentuée  dans  Tannhâuser,  s'accuse 
complètement  dans  Lohengrin.  Les  tempéra- 
ments artistiques  à  la  fois  libéraux  et  modérés 
consentent  volontiers  à  accompagner  le  musi- 
cien jusqu'à  cette  œuvre  puissante  et  passionnée; 
mais  ils  se  refusent  à  aller  plus  loin,  car  elle 
leur  semble  former  la  limite  extrême  des  ten- 
dances réformatrices  qu'on  peut  admettre  dans 
la  conception  de  l'opéra  moderne.  Mais  avant 
de  parler  moi-même  de  Lohengrin,  je  veux 
donner  un  échantillon  des  théories  étranges  que 
fait  germer  dans  les  cerveaux  les  mieux  équi- 
librés l'étude  acharnée  du  système  théâtral  et 
musical  de  M.  Richard  Wagner.  Voici  ce  qu'un 
Français,  qu'on  dit  homme  de  goût  et  esprit 
éclairé,  n'a  pas  hésité  à  écrire  sur  ce  sujet; 
j'emprunte  les  lignes  qui  suivent  au  livre  de 
M.  Edouard  Schuré,  le  Drame  musical  (1)  -. 

«....  Le  passage  de  Tannhâuser  à  Lohengrin 
marque  dans  la  vie  de  Richard  Wagner  une  de 
ces  transformations  profondes,  j'allais  dire  une 
de  ces  élévations  subites.  Deux  courants  éga- 
lement forts  avaient  agité  sa  jeunesse  :  d'une 
part,  une  vigueur  extraordinaire  de  nature  et 

(1)  T.  Il,  p.  lOG-lll. 


644 


WAGNER 


ce  puissant  instinct  des  sens  qui  est  comme  l'ai- 
gnillon  (lu  tempérament  artistique  le  poussaient 
;\  jouir  de  la  vie,  à  s'y  lancer  à  corps  perdu,  à 
en  courir  tous  les  liasards,  en  explorer  tous 
les  recoins;  de  l'autre,  un  désir  souverain,  une 
imagination  merveilleuse,  un  idéalisme  trans- 
cendant l'entraînaient  aux  plus  hautes  régions 
de  l'espiit.  Depuis  son  adolescence,  ces  deux 
courants  l'avaient  dominé  tour  à  tour,  et  cela 
sans  trop  se  nuire,  sans  presque  se  déranger. 
Toutefois  ses  dernières  expériences  l'avaient 
amené  à  prendre  possession  de  la  meilleure  par- 
tie de  lui-même  et  à  s'y  réfugier  comme  en  un 
sanctuaire  contre  les  atteintes  du  monde  exté- 
rieur. 

«  Maître  de  chapelle  à  Dresde,  toutes  les 
portes  s'étaient  ouvertes  devant  lui.  Il  avait  vu 
de  près  ce  monde  du  théâtre  et  de  l'opéra  où 
l'homme  et  la  femme  qui  ne  trouvent  point  de 
satisfaction  dans  l'étroitesse  de  notre  vie  bour- 
geoise vont  chercher  parfois  un  plus  libre  épa- 
nouissement. Au  premier  moment,  Richard 
Wagner  s'était  jeté  dans  ce  milieu  avec  sa  fou- 
gue habituelle,  comme  pour  en  avoir  le  dernier 
mot.  11  connut  bientôt  le  fond  de  misères,  de 
tristesses,  de  corruptions  qui  se  cache  sous  sa 
chatoyante  fimtasmagorie.  Le  dégoût  le  saisit. 
11  voyait  par  l'exemple  d'une  actrice  de  génie, 
la  Scbrœder-Devrient,  ce  qu'une  belle  âme  peut 
souffrir  de  froissements  etdetortures  lorsqu'elle 
entre  en  contact  par  ses  plus  nobles  aspirations 
avec  ce  .monde  inférieur  et  frivole.  Dans  sa 
destinée  il  avait  vu  le  miroir  de  ses  propres 
déceptions.  Sortir  de  ce  milieu,  en  trouver 
un  supérieur,  s'élever  au-dessus  des  tristes 
plaisirs  et  des  frivolités  décevantes  de  la  société 
moderne,  tel  fut  son  effort.  De  cette  aspiration 
à  un  élément  pur,  virginal  et  si  élevé  au-dessus 
de  la  réalité  contemporaine  qu'il  lui  semblait 
encore  inaccessible,  naquit  le  Tunnh'ùuser. 
«  Ma  vraie  nature,  qui  m'était  revenue  par 
«  dégoût  de  la  société  moderne  et  dans  la 
«  recherche  de  quelque  chose  de  plus  noble, 
«  embrassa  d'une  violente  et  fervente  étreinte 
«  les  deux  forces  extrêmes  de  mon  être  et  les 
«  joignit  en  un  seul  courant.  L'achèvement  du 
«  Tannkùuser  m'absorba  dans  une  activité  si 
«  dévorante,  que  |)lus  j'approchais  de  la  lin  de 
«  ce  travail,  \)lus  je  fus  dominé  par  l'idée  fixe 
«  qu'une  mort  rapide  m'empêcherait  de  le  ter- 
«  miner.  En  écrivant  la  dernière  note  j'éprouvai 
«  le  soulagement  d'un  homme  qui  échappe  â 
«  un  danger  mortel.  » 

«  Dès  que  l'œuvre  fut  terminée,  un  grand 
apaisement  succéda  â  cette  ébullition  fiévreuse. 
Le  côté  éncrgiquement  terrestre  et  hardiment 


sensuel  de  cette  nature  puissante  et  concentrée 
s'était   exprimé  tout  entier   dans  la  montagne 
enchantée    et     daus  la  séduisante  création  de 
Vénus.  L'autre  côté  s'en  trouva  comme  dégagé 
et  affranchi.  Cette  hauteur  où  Tannhàuser  as- 
pire du  fond  des  grottes  de  la  déesse  païenne,  où 
il  se  sent   attiré   par  un  rayon  céleste  qui  lui 
vient   à   travers   Elisabeth^   l'artiste,  d'un  fort 
coup  d'aile,'.s'y  était  élevé.  Il  avait  laissé  loin  der- 
rière luil'opéra,  la  vie  de  théâtre,  les  misères  de  la 
réahté.  Son  âme  et  sa  pensée  planaient  main- 
tenant   dans    l'atmosphère  pure  et  suave  d'un 
éther  lumineux.  Il  éprouvait  une  sensation  pa- 
reille à  celle  dun  voyageur  qui,  cheminant  dans 
un  marais  bourbeux  sous  les  lourdes  vapeurs  de 
la  plaine,  se  verrait  enlevé  soudainement  loin 
du  monde  habité  sur  une  cime  des  Alpes,  où 
nous  enveloppent    les  bleus  océans  de  l'air  et 
courent  les  frissons  vivifiants  des  libres  espaces. 
Un  nouveau    sentiment  de   solitude   l'envahit. 
Mais  c'était  une  solitude  délicieuse,  bienfaisante, 
enchanteresse,  celle  de  l'âme  qui  loin  des  hom- 
mes a  conquis  son  royaume  éternel  et  se  sent 
une  avec  lui.  De  quelle  fierté  l'homme  parvenu 
à  cette  hauteur  plonge  dans  les  vallées  noyées 
de  brume  à  ses   pieds  !  de  quelle  chaste  volupté 
il   embrasse    l'horizon    des   neiges    éternelles  ! 
Heureux   le  penseur,  heureux  le  sage  qui  peu 
vent  demeurer  sur  cette  cime.   Pour  eux  plus 
de  lutte,  plus  de  déception.  Le  passé,  le  présent, 
l'avenir  se  confondent  à  leurs  yeux  dans  une 
sereine  contemplation,  les  chaudes  exhalaisons 
des  passions  humaines  se   résolvent  comme  de 
légères  nuées.dans  le  ciel  limpide  de   la  pensée 
pure,  les  bruits  stridents  des  luttes  terrestres  se 
fondent   dans    l'harmonie  des   sphères.    Moins 
calme,  moins  libre  de   souffrance  et  pourtant 
plus  heureuse  peut-être  est  l'âme  passionnée  de 
l'artiste  lorsqu'elle  est   i)arvenue  à  ces  régions 
sublimes.  Pour  elle  la  contemplation  est  un  rêve 
ardent,   et  la   possession  de  cette  félicité  su- 
prême est  un  sentiment  qui  la  consume.  Elle  ne 
peut  voir  l'éternelle  vérité  que  sous  le  voile 
changeant  de  Maia  :  ainsi  la  révélation  même 
du  divin  devient  drame  et  souffrance.  Car  son 
plus  grand  besoin  n'est  pas  celui  de  comprendre 
et  de  se  reposer,  mais   de  s'épancher  à  plein 
torrent  et  de  se  communiquer  aux  autres.  «  A 
«  peine,  dit  Richard  Wagner,  me  sentis-je  enve- 
«■  loppé    de  cette    solitude   pleine   de   félicité, 
«  qu'elle  éveilla  en  moi   un  désir  nouveau   et 
«  impérieux,    le   désir    qui    nous    attire   des 
■<  hauteurs    vers  les  profondeurs,  qui  dans   le 
«  lumineux  éclat  du  ciel  le   plus  chaste   et  le 
«  plus  pur  nous  fait  chercher  l'ombre  familière 
«  de  l'amour  humain.  »  Or  ce  désir  est  celui 


WAGNER 


645 


même  qui  fait  descendre  Lohengrin,  le  cheva- 
lier du  Saint-Graal,  de  sa  iiauteur  azurée  vers  la 
ciiaude  poitrine  de  la  terre,  et  qui  lui  fait  pré- 
férer à  son  royaume  bienheureux  la  lutte  au 
milieu  des  hommes,  parce  qu'il  cherche  parmi 
eux  ce  qu'il  ne  saurait  rencontrer  dans  le 
splcndide  héritage  de  son  père  :  la  pleine  effu- 
sion de  l'amour.  C'est  le  désir  même  du  héros, 
du  génie,  de  toute  nature  supérieure;  ils  brû- 
lent de  verser  leur  propre  bonheur  aux  natures 
humbles  et  aimantes  qui  d'avance  les  devinent 
et  d'élan  les  comprennent.  » 

Si  jamais  au  monde  il  y  a  eu  pathos  inintelli- 
gible et  obscur,  je  crois  que  c'est  bien  celui-ci. 
Que  veut  dire  ce  langage  mystique  jusqu'à  l'in- 
accessible, boursouflé  jusqu'à  l'incompréhen- 
sible ?  Est-il  donc  besoin  de  phrases  si  redou- 
tantes, de  comparaisons  si  forcées,  d'images  si 
contournées  pour  déclarer  que  l'on  trouve 
M.  Wagner  le  plus  grand  musicien  dramatique 
qui  ait  jamais  existé,  et  qu'auprès  de  lui  les 
Gluck,  les  Salieri,  les  Spontini,  les  Weber  et  les 
Meyerbeer  sont  de  pauvres  garçons  ?  Car  c'est 
évidemment  à  cela  que  tend  M.  Schuré.  Il  est 
remarquable,  en  effet,  que  tous  les  partisans  de 
M.  Wagner  font  singulièrement  bon  marché  de 
tous  ceux  qui  ont  existé,  produit  et  créé  avant 
lui,  et  qu'il  semble,  d'après  eux,  être  venu  au 
monde  tout  d'une  pièce  et  sans  avoir  eu  besoin, 
tellement  son  génie  était  puissant,  de  proliter 
d'aucun  des  efforts  et  des  travaux  de  ses  devan- 
ciers. C'est  se  constituer  une  idole  à  bon  marché, 
et  d'un  coup  effacer  l'histoire  de  l'art  au  profit 
d'un  seul  artiste  (1). 


(I)  J'ai  dit  que  les  wagnériens  étaient  impitoyables  pour 
ceux  qui  combattent  ou  qui  ne  partagent  pas  leur  ma- 
nière de  voir,  et  qu'ils  le  prenaient  de  haut  avec  eux,  les 
accablant  sans  pitié  sous  le  poids  de  leur  immense  supé- 
riorité. C'est  ainsi  qu'à  propos  de  Tristan  et  Y  solde,  dont 
il  se  montre  l'admirateur  ardent  tout  en  convenant  que 
l'œuvre  est  d'une  compréhension  diflicile,  M,  Schuré  en 
vient  à  dire  :  —  «  Mais,  objecteront  certains  critiques,  à 
quoi  bon  des  œuvres  qui  réclament  tant  d'efforts  et 
qui  d'ailleurs  sont  comprises  de  si  peu  de  gens  ?  A 
cela  on  peut  répondre  :  Tout  ce  qui  est  graud  est  dif- 
ficile et  rare  ;  ou  mieux  encore  par  ce  mot  de  Berlioz  :  // 
serait  vraiment  déplorable  que  certaines  œuvres  fussent 
admirées  par  certaines  gens.  » 

Ceci  revient  à  dire  que  M.  Schuré  et  ses  pareils  sont 
seuls  intelligents,  seuls  capables,  seuls  de  bonne  foi,  et 
que  les  obstinés  qui  ont  l'audace  de  ne  pas  admirer  les 
yeux  fermés  toutes  les  merveilles  de  M.  Uichard  Wagner 
sont,  sinon  des  malfaiteurs  artistiques,  au  moins  de  sim- 
ples ignorants,  des  pauvres  d'esprit  dépourvus  de  tout  sens 
commun,  de  tout  sens  poétique,  incapables  de  toute 
perception  élevée,  de  toute  sensation  généreuse  et  vive. 

Les  wagnériens  ont  de  ces  politesses  et  de  ce^;  modes- 
ties. 11  est  donc  impossible,  et  il  serait  d'ailleurs  inutile, 
d'entrer  en  discussion  avec  des  gens  qui  se  bornent  à 
rendre  des  oracles,  et  qui  ont  à  ce  point  la  science  in- 


J'en  reviens  à  Lohengrin,  oîi,  comme  je  l'ai 
dit,  s'accusent  nettement  les  tendances  réforma- 
trices de  M.  Wagner,  quoitiue  nous  soyons  loin 
encore  de  la  manifestation  exacte  de  ces  tendan- 
ces, qui  ne  deviennent  complètes  et  ne  prennent  ab- 
solnmentcoi'ps que  dans  \*i9<Nibelungen,  expres- 
sion achevéede  l'idéal  entrevu  par  l'artiste.  Aussi 
af(irme-t-on  que  M.  Wagner  dédaigne  aujour- 
d'hui la  partition  de  Lohengrin,  et  la  considère 
comme  une  de  ses  œuvres  les  plus  imparfaites. 
Cela  me  paraît  fâcheux,  car,  ainsi  que  je  le  fai- 
sais observer  plus  haut,  c'est  précisément  celle- 
là  que  préfèrent  les  esprits  à  la  fois  progressistes 
et  résolus  qui  prétendent  ne  se  point  payer  de 
chimères  et  qui  considèrent  la  scène  lyritiue 
non  comme  un  laboratoire  d'impossibilités,  mais 
comme  un  lieu  de  plaisir  élevé,  délicat,  intelli- 
gent et  intelligible,  comme  une  source 'de  jouissan- 
ces et  d'émotions  qui  n'exigent  pas,  de  qui  les 
veut  goûter,  une  tension  intellectuelle  voisine 
de  la  souffrance  et  amenant  comme  une  obli- 
tération des  facultés  cérébrales. 

Dans  Lohengrin,  M.  Wagner,  en  tant  que 
poète  lyrique,  n'a  pas  encore  fait  absolument  bon 
marché  de  l'action  dramatique  ;  il  a  bien  voulu 
condescendre  à  tracer  encore  (quoique  rarement) 
quelques  scènes  presque  mouvementées.  Cepen- 
dant l'étude  psychologique  des  personnages, 
cet  élément  radicalement  hostile  au  théâtre, 
l'analyse  de  leurs  sentiments  intimes,  acquiert 
déjà  beaucoup  trop  d'importance,  et  le  poème 
est  hérissé  de  longueurs  qui  rendent  l'œuvre 
interminable.  En  ce  qui  concerne  la  musique, 
nous  voyons  ici  que  l'auteur,  sous  prétexte  de 
bannir  la  convention  (comme  si  le  théâtre,  et 
surtout  le  théâtre  musical,  n'était  pas  un  com- 
posé de  conventions  t),  se  prive  volontairement 
de  moyens  d'effet  et  d'expression  qu'on  n'avait 
jamais  songé  à  exclure  de  la  scène.  C'est  ainsi 
que  dans  les  duos  et  dans  les  trios  il  se  défend 
de  faire  chanter  les  voix  simultanément,  et  ne 
fes  fait  jamais  entendre  que  séparément  et  l'une 
après  l'autre;  d'où  il  suit  que  l'action  musicale  s 
compose  uniquement  d'une  série  ininterrompui; 
de  solos,  et  que  le  mariage  de  deux  ou  plu- 
sieurs voix,  cet  effet  d'un  charme  si  puissant, 
qui  donne  une  impression  toujours  vive  et  tou- 
jours nouvelle,  disparaît  de  la  façon  la  plus  abso- 
lue. D'autre  i)art,  toujours  sous  prétexte  de 
vérité,  M.  Wagner  se  défend  non-seulement  de 
redoubler  les  paroles,  ce  qui  serait  compréhen- 
sible, mais  de  reprendre  jamais  un  motif,  de  le 
traiter  à  l'aide  des  artifices  que  la  science  met 
à  la  disposition  du  compositeur,  de  le  travailler 

fuse,  la  conscience  de  leur  valeur  et  le  senUment  de  leur 
impeccabilité. 


646 


WAGNER 


de  diverses  sortes,  de  façon  à  en  faire  jaillir  des 
effets  nouveaux,  tantôt  piquants  et  imprévus, 
tantôt  pleins  de  puissance,  de  couleur  et  d'éner- 
gie. Il  en  résulte,  avec  le  procédé  de  n'employer 
jamais  qu'une  voix,  que  le  dessin  mélodique  se 
présente  presque  toujours  sous  la  forme  d'une 
longue  mélopée  se  distendant  à  perte  de  vue, 
d'un  récitatif  plus  ou  moins  mesuré,  rliythmé 
arbitrairement,  modulé  à  l'extrême,  et  qui  donne 
non  point  l'idée  d'une  sensation  musicale  pro- 
prement dite,  mais  bien,  si  je  puis  m'exprimer 
ainsi,  celle  d'un  éternel  dialogue  polytonique. 

Toutefois,  non  à  cause  de  ce  système,  qui  impose 
à  l'auditeur  une  extrême  fatigue,  mais  malgré  ce 
système,  Lohengrin  reste  une  œuvre  puissante, 
émouvante,  sans  doute  inégale  et  démesurément 
longue,  mais  où  éclate,  en  élans  superbes,  le  feu 
du  génie.  La  passion,  si  elle  n'y  domine  pas  tou- 
jours, s'y  fait  du  moins  une  large  place,  l'étude 
des  sentiments,  bien  que  parfois  exagérée,  y  est 
traitée  avec  beaucoup  d'art,  le  style  en  est  d'une 
ampleur  rare,  et  la  richesse  orchestrale,  trop 
souvent  poussée  à  l'excès,  n'en  est  pas  moins, 
souvent  aussi,  splendide  et  lumineuse.  Aussi,  de 
tous  les  opéras  de  M.  AVagner,  Lohengrin  est- 
il  resté  partout  le  favori  du  public,  celui  qu'on 
représente  le  plus  souvent  et  qui  attire  le  plus 
volontiers  les  spectateurs. 

Mais  M.  Wagner  ne  pouvait  s'en  tenir  à  Lo- 
hengrin. Il  avait  un  système,  et  il  voulait  pous- 
ser la  pratique  de  ce  système  à  l'outrance  der- 
nière. L'idée  d'un  complet  renversement  des  cou- 
tumes en  ce  qui  concerne  le  drame  lyrique,  d'une 
destruction  de  l'ancien  opéra,  dont  il  voulait  ab- 
solument briser  le  moule,  continuait  de  hanter  son 
imagination.  Pour  lui,  Gluck  avec  Alceste  et  les 
deux  Iphigénie,  Salieri  avec  Tarare,  Sacchini 
avec  Œdipe  à  Colons,  Spontini  avec  Fernand 
Cortez,  Rossini  avec  Guillaume  Tell,  Weber 
avec  Freischûtz  et  Oberon,  Meyerbeer  avec  les 
Huguenots  et  le  Prophète,  n'étaient  que  de  pau- 
vres sires,  dont  la  gloire  était  indignement  usur- 
pée. Foin  de  ces  hommes  sans  conscience,  de  ces 
créateurs  sans  génie,  de  ces  artistes  sans  intelli- 
gence, de  ces  œuvres  sans  portée,  de  cette  mu- 
sique impuissante  et  misérable,  de  cet  art  avilis- 
sant! M.  Wagner,  une  fois  ses  prémisses  posées 
et  son  terrain  préparé,  se  présente  résolument  à 
la  foule  avec  le  drapeau  de  la  réforme,  ce  dra- 
peau sur  lequel  on  pourrait  inscrire  pour  devise  : 
La  vérité,  c'est  Vennuil eXie,  ses  larges  plis  il 
fait  sortir  l'nnivre  éclatante  et  vraiment  révolu- 
tionnaire :  Tristan  et  Ysolde  ! 

C'est  en  effet  dans  cette  œuvre,  représentée 
pour  la  première  fois  à  Munich  le  10  juin  1865, 
que  M.  Wagner  mit  véritablement  son  système 


en  pratique  pour  la  première  fois.  L'artiste  avait 
emprunté  le  sujet  de  son  nouveau  drame  au 
cycle  fameux  de  la  Table  ronde;  mais,  comme 
poète  dramatique,  il  n'avait  pas  su  le  rendre 
intéressant,  et  comme  musicien  il  avait  vrai- 
ment abusé  de  la  patience  et  de  la  bonne  volonté 
du  public,  encore  insuffisamment  préparé  à  une 
telle  épreuve.  Ici,  non-seulement  le  compositeur 
a  dédaigné  les  ensembles  vocaux  comme  consti- 
tuant sans  doute  un  moyen  d'action  trop  volup- 
tueux, mais  encore  il  a  banni  de  sa  partition  la 
forme  chorale,  cet  élément  si  puissant  et  si  noble 
de  variété  dans  l'unité.  Pendant  tout  le  cours 
d'une  œuvre  dont  l'exécution  ne  dure  pas  moins 
de  cinq  heures,  on  n'entend  donc  que  des  voix 
isolées  ;  et  encore,  par  l'effet  d'une  volonté  al- 
tière  et  audacieuse,  ces  voix  ne  sont  pas  traitées 
avec  le  sentiment  de  la  prédominance  qui  leur 
appartient  légitimement  dans  le  drame  lyrique, 
mais  elles  prennent  simplement  une  part  quel- 
conque dans  l'ensemble  sonore,  sont  volontaire- 
ment fondues  et  confondues  par  le  musicien  dans 
cet  ensemble,  reléguées  au  rôle  de  simple  unité 
symphonique,  et  n'acquièrent  pas  plus  d'impor- 
tance que  tel  ou  tel  instrument  de  l'orchestre. 
Notez  que  l'artiste  qui  agit  de  cette  façon  avec  le 
plus  admirable  élément  musical  que  l'on  puisse 
concevoir  exprime  la  prétention  d'avoir  découvert 
et  résolu,  dans  toute  sa  iigueur,|la' vérité  scénique 
appliquée  au  drame  lyrique  !  Mais  s'il  en  est 
ainsi  et  si,  dans  le  drame  lyrique,  la  voix  hu- 
maine est  traitée  sur  un  pied  d'égalité  parfaite 
avec  les  instruments,  ce  n'est  plus  un  opéra  que 
nous  entendons,  mais  une  immense  symphonie 
vocale  et  instrumentale,  et  il  n'y  a  point  déraison 
qui  vous  empêche  de  faire  descendre  les  chan- 
teurs dans  l'orchestre  ou  de  faire  monter  celui-ci 
sur  la  scène...  Quant  au  procédé  mélodique  em- 
ployé par  le  compositeur,  c'est  la  mise  en  pra- 
tique, poussée  à  ses  dernières  limites,  à  son  ca- 
ractère le  plus,  excessif,  de  celui  que  nous  lu 
avons  vu  essayer  dans  ses  œuvres  antérieures  : 
c'est-à-dire  des  périodes  interminables,  d'une  lon- 
gueur invraisemblable,  succédant  incessamment 
à  des  périodes  d'une  pareille  étendue,  sans  jamais 
un  point  de  repos,  sans  une  répétition  de  parole, 
sans  le  retour,  à  jamais  proscrit,  d'une  phrase 
musicale  précédemment  entendue.  Qu'il  y  ait  par- 
fois, et  malgré  ce  procédé,  dans  le  cours  d'une 
œuvre  d'aussi  longue  haleine,  un  fragment  su- 
perbe, un  élan  magnifique,  on  peut  le  croire  sans 
peine,  étant  donné  le  génie  très-réel  du  musicien  ; 
mais  que  celte  (ruvre,  considérée  dans  son  en- 
semble, soit  destructive  d'une  véritable  jouis- 
sance inlellecluelle  et  artistique,  qu'elle  amène, 
avec  la  tension  continuelle  des  nerfs  et  de  l'esprit 


i 


WAGNER 


647 


une  fatigue  meurtrière  et  un  ennui  profond,  c'est 
ce  qui  n'est  pas  moins  incontestable.  Tel  est  pour- 
tant l'objectif  obstinément  poursuivi  par  M.  Wa- 
gner, tel  est  le  rêve  réalisé  par  lui,  tels  sont, 
selon  lui,  le  but  et  les  tins  dernières  d'un  art 
qu'on  a  toujours  considéré  comme  enchanteur  (  1  )  ! 
Cependant,  après  Tristan  et  Ysotde,  M.  Wa- 
gner jugea  à  propos,  sans  renoncer  à  ses  princi- 
pes, d'offrir  au  public  une  œuvre  qui,  par  son 
genre  et  par  sa  nature,  contrastai  d'une  façon 
complète  avec  ses  productions  antérieures.  Il 
voulut  s'attaquer,  musicalement,  à  l'élément  bouf- 
fon, et  écrivit  le  poërne  et  la  musique  des  Maî- 
tres chanteurs  de  Nuremberg.  J'ai  à  peine  be- 


(1)  Un  écrivain  français  qui  se  donne  comme  un  admi- 
rateur de  M.  Richard  Wagner  s'exprimait  pourtant  ainsi 
en  rendant  compte,  dans  le  journal  le  Temps  (mars  1876), 
de  la  représentation  de  Tristan'et  Ysolde  qui  venait  d'a- 
voir lieu  à  l'Opéra  de  Berlin  ;  —  «  Wagner  n'a  pas  étii 
heureui  quand  il  a  emprunté  au  cycle  de  la  Table  ronde 
les  romanesques  aventures  de  Tristan  et  Yseult,  pour  les 
mettre  en  musique.  Ici,  ce  n'est  plus  la  volonté  humaine 
qui  lui  sert  de  ressort  dramatique,  c'est  un  breuvage,  la 
fatalité  d'une  ivresse  animale....  Ce  Tristan  et  cette  Yseult 
nous  laissent  en  somme  plus  que  froids.  Fiancée  à  un 
vieux  roi  de  Cornouailles,  Yseult  aime  en  secret  le  gar- 
çon d'honneur  qui  est  venu  solliciter  sa  main  au  nom  de 
ce  monarque,  et  Tristan  ne  la  trouve  pas  trop  mal,  mais 
il  est  vertueux  comme  Joseph.  La  jeune  Putiphar  se  dé- 
cide à  l'empoisonner;  toutefois  le  pliiltre  qu'elle  lui  verse 
est,  à  son  insu,  un  philtre  d'amour,  dont  ils  boivent  tous 
les  deux.  Avant  cette  libation,  ils  nous  intéressent  encore 
dramatiquement;  après,  l'intérêt  qu'on  prend  à  eux  de- 
vient pathologique.  C'est  un  couple  intoxiqué,  rien  de 
plus.  Le  roi  Marke  découvre  cette  intrigue,  se  plante  gra- 
vement devant  les  coupables,  et,  au  lieu  de  percer  Tris- 
tan de  son  épée  ou  de  l'envoyer  en  prison,  le  punit  d'une 
mélopée  wagnérienne  longue,  montre  en  main,  d'un  quart 
d'heure.  Ce  châtiment,  qui  rejaillit  sur  la  salle,  détermine 
Tristan  au  suicide,  —  rien  de  plus  naturel;  —  mais  le 
traître  Melot  se  charge  de  l'introduire  aux  sombres  ré- 
gions de  la  mort.  Le  chevalier  n'étant  que  blessé,  il  en  ré- 
sulte un  troisième  acte.  Celui-ci  se  passe  en  Eretigne,  et 
l'obstination  de  Tristan  à  ne  pas  mourir  plus  vite  prouve 
qu'il  n'est  pas  sans  motif  du  Finistère,  ot.  l'on  a  géné- 
ralement la  tête  aussi  dure  qu'en  Westphalle.  Dans  tout 
cela  il  y  aurait  lieu  sans  doute  à  mélodies,  si  Wagner,  cette 
fois,  les  cherchait.  Mais  Tristan  et  Yseult  diffère  pro- 
fondément de  Lohengrin  et  de  Taniihduser,  oii  les  mélo- 
dies abondent....  Dans  Tristan  et  Y^teult,  tout  révèle  la 
manie,  l'idée  fixe.  On  sent  un  homme  qui  chevauche  un 
dada,  qui  recherche  de  propos  délibéré,  comme  pour  se 
démontrer  à  lui-même  sa  supériorité  sur  le  commun  des 
hommes,  l'inattendu  dans  la  monotonie.  Wagner  déploie 
en  eflet  les  ressources  d'un  esprit  prodigieusement  inven- 
tif pour  produire  une  impression  totale  constamment  la 
même.  C'est  un  phénomène  en  apparence  contradictoire 
que  cette  variété  de  moyens  n'engendrant  qu'une  sensa- 
tion d'uniformité  ennuyeuse.  Mais  plus  cela  change,  plus 
c'est  la  même  chose.  Ajoutez  l'abus  des  moyens  violents, 
le  tapage  élevé  à  la  hauteur  d'un  principe  musical,  le 
Vague  taisant  loi,  l'hyperbole  à  tous  les  degrés,  et  —  per- 
mettez-moi de  le  dire  en  ôtjnt  mon  chapeau  devant  no- 
tre grand  polSte  —  «  ce  que  dit  la  bouche  d'ombre  i> 
traduit  en  vacarme  insensé  parles  cent  voix  de  l'orches- 
tre. » 


soin  de  dire  que,  chercliaiit  partout  l'imprévu  et* 
la  nouveauté  (peut-être  est-ce  là  la  qualité  domi- 
nante et  comme  la  cara(;léristique  du  tempéra- 
ment théâtral  de  M.  Richard  Wagner),  il  s'éloi- 
gnait autant,  dans  cette  œuvre,  du  genrede  l'opéra- 
comique  français  que  des  pasquinades  foraines 
de  son  compatriote  M.  Offenbach.  Mais,  il  faut 
bien  le  déclarer,  l'auleurde  Lohfngrin  n'a  pas 
le  génie  du  rire,  et  son  comique  lourd, forcé,grima- 
çant,  sans  grâce  et  sans  légèreté,  est  loin  d'être 
amusant.  Le  livret  des  Maîtres  chanteurs  avait 
la  prétention  de  peindre  les  mœurs  populaires  de 
l'Allemagne  au  moyen-àge,  de  faire  connaître  lavie 
et  les  coutumes  des  trouvères  d'outre-Rhin,  ces  fa- 
meux Minnesànger  &t  Meistersinger,àersippdet 
la  lutte  qui  s'établit  entre  eux,  et  enfin  de  tirer  des 
incidents  de  cette  lutte  une  sorte  de  morale  artis- 
tique en  faveur  du  progrès  intellectuel  sur  la 
tradition  immobilisée,  de  revendiquer  la  libre 
allure  de  l'art  et  sa  complète  indépendance.  On 
pourrait  presque  dire  que  c'est  un  plaidoyer  pro 
domo  sud  que  M.  Wagner  esquissait  dans  cet  ou- 
vrage. Par  malheur,  je  l'ai  fait  remarquer,  la 
verve  comique  n'est  pas,  ni  musicalement  ni  lit- 
térairement, ce  qui  caractérise  son  génie  ;  aussi, 
malgré  les  quelques  bonnes  pages  très-rares  que 
l'on  rencontrait  dans  le  poëme  et  dans  la  parti- 
tion des  Maîtres  chanteurs,  l'œuvre  n'obtint- 
elle  qu'un  succès  relatif,  en  dépit  de  l'immense 
concert  de  louanges  qui  en  avait  préparé  l'appa- 
rition et  du  mal  que  s'étaient  donné  les  partisans 
de  l'auteur  et  l'auteur  lui-même  pour  crier  d'a- 
vance au  chef-d'œuvre.  Ce  qui  est  certain,  c'est 
que  la  partition  des  Maîtres  chanteurs,  longue 
et  obscure,  épaisse  et  touffue  jusqu'à  l'excès, 
fertile  en  combinaisons  orchestrales  d'un  carac- 
tère presque  inaccessible  à  la  masse  du  public, 
offrant  à  chaque  instant  des  partis-pris  d'extra- 
vagance et  comme  des  rébus  absolument  indé- 
chiffrables, provoque  chez  l'auditeur  le  plus  dé- 
teiminé  une  lassitude  cruelle  et  une  souffrance 
véritable.  Aussi,  quelques  efforts  qui  aient  été 
faits  en  sa  faveur,  est-elle  fort  loin  d'approcher 
de  la  popularité  très-réelle  qui  s'est  attachée  au 
Tannhàuser  et  à  Lohengrin. 

Mais  nous  voici  arrivés  à  l'œuvre  typique  de 
M.  Richard  Wagner,  celle  que  le  maître  a  entourée 
de  tout  son  amour,  de  toutes  ses  prédilections, 
celle  qui  représente  le  mieux  ses  théories  et  ses 
tendances,  qui  personnifie  réellement  son  génie 
et  qui  donne  la  mesure  exacte  de  son  tempéra- 
ment et  de  sa  volonté  artistiques  ;  l'Anneau 
du  Nihelung.  Il  ne  s'agit  pas  ici,  comme  le 
vulgaire  pourrait  le  croire,  d'un  simple  opéra,  mais 
d'une  «  tétralogie,  »  c'est-à-dire  de  quatre  opéras 
en  un  seul,  d'une  œuvre  immense  divisée  en 


648 


WAGNER 


•quatre  parties  dont  cliacune  foirae  séparément 
un  drame  lyrique  complet,  rattaché  aux  trois  au- 
tres par  un  lien  commun  et  par  l'unité  du  sujet. 
L'idée  n'était  pas  neuve,  sinon  au  point  de 
vue  musical,  du  moins  au  point  de  vue  théâ- 
tral, car,  sans  remonter  jusqu'à  Beaumarchais  et 
à  son  Figaro^  jusqu'à  Scliiller  et  à  son  Wal- 
lemtein,  elle  avait  été  mise  en  pratique  chez 
nous,  il  y  a  trente-cinq  ans,  par  Alexandre  Du- 
mas; et  Dieu  sait  si  les  hrocards  plurent  sur 
notre  grand  romancier  lorsqu'il  s'avisa  de  tirer 
de  son  Monte-Cristo  un  drame  colossal  en 
quatre  soirées,  dont  chaque  partie  formait  un 
tout  conqilet  !  Mais  il  paraît  que  ce  qui  était 
ridicule  chez  un  dramaturge  français  ne  pouvait 
qu'être  sublime  chez  le  rénovateur  musical 
allemand  du  dix-neuvième  siècle.  Autres  temps, 
autres  contrées,  autres  mœurs  (1)! 

L'ambition  de  M.  Wagner  —  il  l'a  dit  et  répété 
en  mainte  circonstance —  était  de  prouver  à  l'Alle- 
magne qu'elle  pouvait  avoir  un  art  scénique  na- 
tional, au  lieu  de  vivre  servilement  sous  ce  rap- 
port aux  dépens  des  autres  nations,  et  d'être 
lui-même  le  créateur  de  cet  art.  Le  sentiment 
était  assurément  élevé  s'il  était  sincère  ;  on  peut 
toutefois  se  demander  si  M.  Wagner  ne  parlait 
pas  ainsi  pour  flatter  la  fibre  populaire  et  pour 
se  faire,  sous  couvert  de  patriotisme,  des  partisans 
plus  nombreux  et  plus  dévoués,  qui  l'aideraient 
de  tons  leurs  efforts  dans  la  réalisation  des  pro- 
jets qu'il  méditait.  Il  ne  s'agiss-ait  pas  de  peu  de 
chose  en  effet,  et  l'union  de  tous  les  bons  vou- 
loirs n'était  pas  de  trop  pour  l'exécution  du  plan 
gigantesque  que  l'artiste  avait  conçu. 

J'ai  dit  plus  haut  que  M.  Wagner  avait  la  pré- 
tention, ou,  si  l'on  veut,  l'ambition  de  réformer 
non-seulement  la  musique  dramatique  et  subsi- 
diairement  le  poème  du  drame  musical,  mais 
encore  jusqu'aux  coutumes  théâtrales,  jusqu'au 
public,  enfin  jusqu'à  la  structure,, à  la  configura- 
tion et  à  l'aménagement  des  salles  destinées  aux 
représentations  lyriques.  Le  théâtre  ne  doit  pas 
être  un  lieu  d'amusement  et  de  récréation  intel- 
lectuelle, s'est  dit  M.  Wagner,  mais  une  sorte  de 
sanctuaire  interdit  aux  profanes  et  comme  une 
espèce  de  prison  temporaire  de  laquelle  toute 
pensée  extérieure  doit  être  chassée  ,  d'oîi  doit 
être  banni  tout  souvenir,  toute  idée,  toute  ré- 
flexion qui  n'a  pas  pour  objectif  immédiat  la 
contemplation  exclusive,  absolue,  sans  distrac- 

(t)  Même  au  point  de  vue  musical  on  peut  dire  que,  de 
ce  fait,  M.  Wagner  n'a  rien  inventé.  Le  13  février  1787, 
Scdaiiie  et  Grétry  donnaient  à  la  Comédie-Italienne  deux 
pièces  dont  l'une  était  le  complément  de  l'autre  :  le  Comte 
d'  llbcrt  (en  -2  actes),  et  la  Suite  du  Comte  d'Albert  (en 
un  acte).  11  y  avait  là  le  germe  de  l'idée  tétralogique  de 
M.  Richard  Wagner. 


tion  aucune,  du  spectacle  qu'on  est  venu  cher- 
cher. Aux  yeux  de  ce  réformateur  exigeant,  le 
théâtre  moderne  devient  un  temple,  et  le  spec- 
tateur une  sorte  de  patient  ;  quant  à  la  distrac- 
tion intelligente  que  celui-ci  cherche  à  se  procurer, 
bien  loin  de  constituer  un  plaisir,  elle  doit  se 
transformer  en  une  obligation  visuelle  et  auditive 
absolument  tyrannique,  sévère  et  pleine  d'austé- 
rité, qui  semble  devoir  constituer  plutôt  un  sup- 
plice que  cette  dilatation  des  hautes  facultés  mo- 
rales, que  cette  joie  de  l'esprit  et  des  sens  qui 
accompagnent,  chez  un  être  bien  disposé,  la  vue 
ou  l'audition  d'une  belle  oeuvre  d'art  ;  en  un  mot, 
celui  qui  met  le  pied  au  théâtre  semble  y  venir 
moins  pour  admirer  un  beau  spectacle  dans 
toute  la  liberté  de  son  imagination,  que  pour  y 
exercer  ce  qu'on  pourrait  appeler  une  fonction  et 
comme  une  sorte  de  sacerdoce. 

On  sait  maintenant  en  quoi  consistait,  au  point 
de  vue  théorique,  la  réforme  projetée  par  M.  Ri- 
chard Wagner  ;  on  va  voir  quels  moyens  il  em- 
ploya pour  la  faire  passer  dans  la  pratique,  au 
moins  autant  qu'il  dépendait  de  lui.  «  Malgré  le 
succès  de  ses  premiers  opéras  sur  beaucoup  de 
théâtres  étrangers,  dit  M.  Schuré,  malgré  le  goût 
croissant  du  public  allemand  pour  sa  musique  et 
ses  poèmes,  Richard  Wagner  a  renoncé  depuis 
longtemps  à  tout  rapport  avec  les  théâtres  exis- 
tants. Une  conviction  s'était  formée  dans  son  es- 
prit pendant  sa  longue  carrière,  c'est  que  tes 
conditions  premières  de  nos  théâtres  d'opéra 
s'opposent  aux  innovations  fécondes  et  décisives. 
Il  comprit  qu'une  institution  avant  tout  indus- 
trielle et  commerciale,  qui  doit  gagner  le  plus 
d'argent  possible  pour  subsister,  ne  peut  servir 
loyalement  le  grand  art.  Il  avait  constaté  aussi 
que  l'habitude  des  représentations  quotidiennes 
ravale  souvent  le  théâtre  à  un  divertissement 
frivole  (1).  Enfin,  la  construction  même  de  nos 
salles  d'opéra  ne  répondait  nullement  à  ses  in- 
tentions esthétiques.  Ainsi  naquit  peu  à  peu  dans 
son  esprit  l'idée  de  fonder  une  institution  entiè- 

(1)  Ainsi,  voilà  qui  est  convenu  :  quand  le  théâtre  de 
Prague  montait  Don  Juan,  quand  l'Opéra  de  Paris  mettait 
à  la  scène  Orphée,  Alceste,  la  F'estale,  Guillaume  Tell, 
la  Juive,  le  Prophète,  quand  notre  Opéra-Comique  présen- 
tait au  pul)licyo.sfp/i  et  le  Pré  aux  Clercs,  quand  le  théâtre 
Kœnigstacit  de  Berlin  produisait  le  Freiscliûtz,  quand  on 
donnait  à  l'Opéra  impérial  de  Vienne  il  lllatrimonio  se- 
greto  et  Euryanthe,  dans  la  salle  de  Covcnt-Garden  de 
Londres,  Oberon,  à  la  Scala  de  Milan,  Aida,  aucun  de 
ces  théâtres  ne  servait  «  loyalement  »  le  grand  art,  et 
l'habitude  des  représentations  quotidiennes  ravalait  le 
théâtre  «  à  un  divertissement  frivole  ».  C'est  une  belle 
chose,  convenons-en,  que  des  opinions  «  loyalement  >• 
exprimées,  et  que  ce  mépris  touchant  de  messieurs  les 
wagnériens  pour  les  grands  artistes,  les  grandes  œuvres 
et  les  grandes  entreprises  qui  ont  précédé  l'apparition  de 
leur  idole  ou  qui  lui  sont  restées  étrangères. 


I 


WAGNER 


649 


renient  dislincte  de  nos  tliéâfres ,  par  l'esprit 
comme  par  la  forme,  par  le  (;;enre  des  repré- 
sentations comme  par  la  structure  de  l'édifice.  » 

II  y  avait  déjà  longtemps  que  M.  Wagner,  l'an- 
cien révolutionnaire  qu'une  condamnation  à  mort 
avait  obligé  de  fuir  de  son  pays,  s'était  réconcilié 
avec  les  grands  de  la  terre  pour  le  hien  de  sa 
cause  artistique;  l'insurgé  saxon  de  1848  était 
devenu  le  commensal,  l'hôte  assidu  et  le  courti- 
san d'un  prince  dilettante,  le  roi  Louis  de  Ba- 
vière, dont  la  protection  lui  avait  été  très-utile 
et  l'aide  fort  eflicace.  C'est  grâce  au  roi  Louis 
qu'il  avait  pu  faire  représenter  à  Munich,  dans 
des  conditions  tout  exceptionnelles,  sou  opéra 
de  Tristan  et  Ysolde  ,■  c'est  à  lui  qu'il  eut  re- 
cours pour  la  représentation,  autrement  difficile, 
de  sa  fameuse  tétralogie  do  l'Anneau  du  Nlbe- 
limg,  pour  laquelle,  étant  donnés  ses  projets  et 
ses  désirs,  tout  était  à  créer  :  théâtre,  matériel  et 
appareils  scénicjues,  personnel,  et  jusqu'au  public. 

Il  s'agissait  d'abord  de  procéder  à  la  construc- 
tion d'un  théâtre  conçu  selon  les  idées  du  coinpo- 
.siteur,  et  dans  le  but  qu'il  avait^déterminé.  Ce 
théâtre,  pour  ne  point  voir  ses  représentations 
«  ravalées  à  un  divertissement  frivole,  »  ne  devait 
en  donner  chaque  année  qu'un  petit  nombre, 
pendant  la  saison  d'été,  et  devant  un  public  d'au- 
tant plus  et  mieux  choisi  qu'on  lui  en  ferait 
payer  la  jouissance  fort  cher,  — environ  100  francs 
par  place  et  par  représentation.  Ces  représen- 
tations prenaient  le  litre  de  «  représentations 
modèles,  »  et  c'était  en  vérité  le  moins  qu'on 
pût  faire  pour  des  spectateurs  qu'on  étrillait  de 
la  sorte.  M.  Wagner,  en  effet,  n'entendait  en 
aucune  façon  faire  lui-môme  les  frais  de  son  en- 
treprise, et  prétendait  que  ses  admirateurs  fus- 
sent ses  soutiens  et  ses  bailleurs  de  fonds.  C'était 
bien  le  moins.  Il  s'adressa  donc,  en  premier  lieu, 
à  son  royal  protecteur,  grâce  auquel  il  obtint  la 
concession  du  terrain  sur  lequel  devait  s'élever  le 
fameux  théâtre;  ce  terrain  était  situé  aux  portes 
de  Baireuth,  l'une  des  villes  les  plus  paisibles  et 
les  moins  connues  de  la  Bavière.  Puis,  M.  Wa- 
gnerouvritpar  toute  l'Allemagne  une  souscription 
publique,  destinée  à  lui  procurer  les  ressources 
qui  lui  étaient  indispensables,  j'ai  à  peine  besoin 
de  dire  qu'il  ne  s'agissait  nullement  d'un  emprunt, 
et  que  les  sommes  versées  ne  devaient,  en  aucun 
cas,  être  remboursées.  L'idée  d'ailleurs  était 
assez  ingénieuse,  et  le  mécanisme  de  l'affaire  — 
puisque  cela  devenait  une  affaire  —  consistait  en 
ceci  :  trois  séries  de  représentations  de  la  téti-a- 
logie,  formant  un  ensemble  de  douze  soirées,  de- 
vaient être  données  au  futur  théâtre  de  Baireuth, 
à  une  époque  qui  restait  à  fixer;  on  ouvrait 
une  sorte  de  liste  d'abonnement  pour  chacune  de 


ces  séries  de  représentations,  et  le  prix  (uniforme) 
de  chaque  place  pour  chaque  série  était  fixé  à 
300  marks  (375  francs).  On  obtenait  ainsi,  je 
crois,  pour  le  total  de  la  souscription,  une  somme 
de  deux  millions  et  demi  à  trois  millions  de  francs, 
que  l'on  pensait  devoir  suffire  à  couvrir  les  frais 
de  l'entreprise.  Dès  que  cette  idée  fut  lancée,  ce 
fut,  par  toute  l'Allemagne,  un  tapage  et  un  remue- 
ménage  dont  on  ne  se  fait  pas  d'idée  ])0ur  la  faire 
réussir  (1).  Bref,  au  bout  de  quelque  temps,  on 
se  mit  à  l'œuvre  à  Baireuth,  et  les  travaux  fu- 
rent entamés,  sous  l'œil  du  maître,  avec  une  cei'- 
taine  énergie. 

Une  description  du  théâtre  de  Baireuth  n'est 
pas  inutile,  pour  donner  une  idée  des  conditions 
dans  lesquelles  M.  Wagner  voulait  placer  le  pu- 
blic qu'il  conviait  aux  «  représentations  modèles  » 
de  sa  tétralogie.  Je  ne  saurais  mieux  faire  que 
de  l'emprunter  au  livre  de  M.  Schuré,  qu'on  ne 
suspectera  pas  de  froideur  à  cet  égard. 

«  Le  nouveau  théâtre  de  Baireuth,  dit  cet  écri- 
vain, s'élève  sur  une  colline  en  pente  douce,  à 
vingt  minutes  de  la  ville,  et  de  ce  monticule  do- 
mine la  contrée.  Le  principe  général  qui  a  présidé 
à  sa  construction  a  été  de  conformer  l'intérieur 
de  l'édifice  aux  besoins  esthétiques  les  plus  élevés 
du  spectateur  moderne.  De  ce  principe  décou- 
lait une  première  nécessité,  celle  de  rendre  l'or- 
chestre invisible.  De  quoi  s'agit-il  au  théâtre.^ 
De  disposer  l'œil  du  spectateur  à  la  vision  précise 
d'une  image  scénicpie,  et,  par  conséquent,  de  dé- 
tourner son  attention  de  tous  les  objets  réels  qui 
pourraient  s'interposer  entre  lui  et  cette  image. 
Alors  seulement  l'édifice  répondra  à  sa  destina- 
tion et  sera,  selon  la  signification  môme  du  mot 
grec,  un  theatron,  c'est-à-dire  une  salle  pour 
voir.  Or,  tous  les  théâtres  actuels  ont  l'inconvé- 
nient de  détourner  le  spectateur  d'une  telle  disposi- 
tion par  la  vue  de  l'orchestre  et  par  la  structure  de 
la  salle,  car  ils  semblent  plutôt  faits  pour  laisser 
aux  spectateurs  le  plaisir  de  se  regarder  entre 
eux  que  pour  concentrer  leur  attention  sur  la 
scène.  Ici,  au  contraire,  on  voulait  avant  tout  la 
plus  grande  illusion  possible,  enlever  le  specta- 
teur à  tout  souvenir  de  la  réalité,  et  provoquer  en 
lui  un  état  d'âme  favorable  à  la  vision  des  chose's 
idéales. 

«  La  salle  a  la  forme  oblongue  d'un  secteur 
de  cercle,  comprenant  environ  le  sixième  de  la 


(1)  On  a  beaucoup  IiIAiik-,  non  sans  raison,  les  proccdùs 
misen  reavre  par  Mcyerbccr  pour  attirer,  par  avance,  l'at- 
tention du  public  sur  ses  ouvrages  et  eu  assurer  préven- 
tivement le  succès.  Mais,  au  point  de  vue  de  la  réclainf; 
effrontée,  du  cliaiialanismc  iiupudent  eraplijyés  dans  ce 
sens  par  M.  Hii:hard  Wagner,  les  procédés  éiéinentaires 
de  Meycrbccr  ressemblent  à  des  jeux  d'ailarit. 


650 


WAGNER 


circonférence.  Les  gradins  s'y  élèvent  en  amphi- 
tliéAlre  à  la  manière  antique,  mais  avec  une  in- 
clinaison plus  légère,et  se  terminent  en  haut  par  un 
sful  rang  tle  loges.  Les  côtés  de  la  salle  sont  for- 
més par  une  série  de  parois  parallèles  à  la  scène, 
et  terminées  chacune  par  une  colonne  décorative. 
Le  spectateur,  assis  en  un  point  quelconque  de 
cet  amphithéâtre,  se  trouve  ainsi  comme  sous  la 
colonnade  d'un  vaste  portique  qui  se  rétrécit 
graduellement,  et  aboutit  au  cadre  scénique. 

«  De  distance  en  distance,  ces  colonnes  s'éche- 
lonnent à  droite  et  à  gauche,  le  long  des  gradins. 
La  ligne  de  leurs  soubassements  répond  à  la  li- 
gne de  la  rampe.  Pilastres  et  colonnes  forment 
donc  à  la  scène  une  série  de  cadres  successifs 
dont  la  perspective  l'isole  complètement.  De  là, 
une  illusion  d'optique  qui  fait  paraître  la  scène 
plus  éloignée  et  les  personnages  plus  grands  que 
nature.  L'orchestre  invisible  est  ici  l'abîme  mys- 
tique qui  sépare  le  monde  idéal  du  monde  réel. 
Les  harmonies  qui  s'en  échappent  et  qui  roulent 
de  portique  en  portique  semblent  venir  de  par- 
tout et  de  nulle  part.  Sous  leurs  effluves  pénétran- 
tes, l'âme  entre  dans  un  état  de  demi-rève  vi- 
sionnaire. Elle  pourrait  se  croire  dans  un  de  ces 
temples  antiques,  où  à  certains  jours,  au  dire 
du  peuple,  trépieds,  colonnes  et  statues  entraient 
en  vibration  et  se  mettaient  à  résonner  sous  un 
souffle  inconnu.  Et,  lorsque  enfin  la  toile  se  lève, 
le  spectateur  est  préparé  à  la  vision  des  plus 
merveilleux  spectacles.  » 

Tel  était,  en  ce  qui  se  rapporte  au  public,  le 
caractère  particulier  du  théâtre  de  Baireuth.  Quant 
à  l'aménagement  de  la  scène,  sans  différer  sensi- 
blement de  ce  qu'on  rencontre  dans  les  grands 
théâtres  publics,  il  était  conçu  de  manière  à  fa- 
ciliter les  plus  grands  prodiges  de  la  mécanique 
et  de  la  splendeur  scéniques,  et  aussi,  naturelle- 
ment, à  compléter  l'illusion  du  spectateur.  Il  faut 
dire  que  dans  les  quatre  pièces  qui  formaient 
l'ensemble  de  sa  tétralogie,  M.  Wagner  avait  ac- 
cumulé les  plus  grandes  merveilles  de  la  mise  en 
scène  et  ce  que  l'art  du  décor  et  de  la  perspec- 
tive théâtrale  peut  présenter  de  plus  riche,  de 
plus  étonnant  et  de  plus  nouveau.  Au  reste,  et 
quelle  que  soit  l'opinion  (|u'on  ait  à  exprimer  sur 
M.  Wagner  uniquement  considéré  comme  musi- 
cien, il  est  impossible  de  nier  la  puissance  éner- 
gique et  la  haute  valeur  intellectuelle  de  l'artiste 
qui  a  pu  rêver  une  conception  aussi  gigantesque 
(juc  la  tétralogie  des  Nibehmgen,  qui  a  su  la 
réaliser,  et  qui,  ensuite,  par  quelques  moyens 
que  ce  soit,  s'est  occupe  de  la  présenter  au  pu- 
blic dans  des  conditions  exceptionnelles,  sur  un 
théâtre  construit  d'après  ses  propres  idées  et  à 
l'aide  de  procédés  scéniques  combinés  par  lui, 


enfin  par  un  personnel  vocal  et  instrumental 
choisi,  formé,  stylé  par  lui,  de  façon  que  tout 
partît  de  son  cerveau,  portât  son  empreinte  et 
obéît  à  son  inspiration.  Il  y  a  là,  évidemment, 
un  côté  grandiose  qui  saisit  l'imagination  d'une 
sorte  de  respect  (1). 

Une  fois  que  tout  fut  prêt,  on  s'occupa  d'arrê- 
ter la  date  des  représentations  de  V Anneau  du 
Nibelung  (c'est  le  litre  général  de  la  tétralogie) , 
qui  fut  fixée  ainsi  qu'il  suit  :  le  13  août  1876, 
l'Or  du  Rhin,  prologue;  le  14  août,  la  Walky- 
rie,  première  partie;  le  16,  Siegfried,  seconde 
partie;  enfin,  le  18,  le  Crépuscule  des  dieux, 
troisième  partie.  Il  va  sans  dire  qu'à  cette  pre- 
mière série  de  représentations,  qui  avait  un  ca- 
ractère presque  diplomatique  et  officiel,  le  pu- 
blic   était  composé    de    telle    façon    que   son 
enthousiasme  était  en  quelque  sorte  certain  d'a- 
vance'; le  succès,  très-accentué,  ne  fut  pas  com- 
plet cependant,  tellement   l'œuvre,  prise   dans 
son  ensemble,  montrait  d'inégalités  et,  à  côté  de 
parties  vraiment   belles  et  majestueuses,  mais 
par  malheur  trop  rares,  présentait  de  longueurs, 
de  lourdeurs,  de    partis- pris  et  d'exagérations 
de  toutes  sortes.  Ce  succès  s'amoindrit  considé- 
rablement aux  deux  séries  suivantes  de  représen- 
tations, où  le  public  était  moins  trié,  et  où  le 
très-grand  talent  des  interprètes  ne  parvenait  que 
difficilement  à  le  faire  sortir  de  sa  froideur  et  de 
sa  réserve;  ces  interprètes  avaient  été  choisis 
parmi  les  premiers  chanteurs  de  l'Allemagne  : 
c'étaient  MM.  Niemann,  Schlosser,  Betz,  Niering, 
Unger,  Gura,  Kœgel,  M'""  Materna,  Scheffzky 
et  Weckerlin.    Il  serait  difficile  d'imaginer  l'effet 
de  fatigue  et  de  lassitude  produit  sur  le  public 
par  la  représentation  de  l'Anneau  du  Nibelung, 
malgré  quelques  épisodes  superbes  contenus  dans 
les  diverses  parties  de  cette  œuvre  d'un  déve- 
loppement en  dehors  de  toutes  proportions  ;  il 
était  évident  pour  tous  quele  résultat  atteint  ne 
répondait  pas  à  la  grandeur  de  l'effort,  et  que, 
en  somme,  on  était  loin  d'être  en  présence  du 
chef-d'œuvre  si  bruyamment  et  si  pompeuse- 
ment annoncé.  Bref,  si  ce  ne  fut  pas  une  décep- 

(1)  Néamoins,  il  est  permis  de  constater  que  la  réalité 
ne  répoQdit  pas  complètement  aux  désirs  et  aus  projets 
cclos  dans  le  cerveau  du  réformateur.  Plus  d'un  specta- 
teur irrespectueux  s'est  permis  de  railler  le  théâtre  de  Bai- 
reuth, d'en  trouver  la  construction  à  la  fois  ruide,  mes- 
quine et  sans  grice,  et  de  ne  lui  reconnaître  qu'uu  point 
de  contact  fort  éloigné  avec  les  admirables  produits  du 
génie  arcliiiectural  de  la  Grèce  antique.  Quant  aux  fameux 
prodiges  de  mise  en  scène  dont  il  fut  tant  parlé,  si  quel- 
ques effets  étaient  vraiment  réussis,  d'autres  tombaient 
dans  le  ridicule  le  plus  vulgaire,  et  l'on  a  surtout  cité 
la  fameuse  chevauchée  des  Walkiires  comme  étant  d'ua 
burlesque  achevé. 


WAGNER 


651 


tion,  ce  ne  fut  pas  davantage  une  révélation,  et 
les  spectateurs  ue  partagèrent  pas  tout  à  fait  l'o- 
pinion de  M.  Richard  Wagner,  qui,  dans  un  dis- 
cours public,  s'écriait,  avec  sa  modestie  accou- 
tumée :  Nous  avons  montré  maintenant  que 
nous  avons  un  art,  se  mettant  ainsi,  de  propos 
délibéré,  au-dessus  de  tous  les  grands  poètes  et 
de  tous  les  grands  musiciens  de  l'Allemagne,  et 
effaçant  à  son  profil  les  grands  noms  de  Gœtlie 
et  de  Schiller,  de  Gluck  et  de  Mozart,  de  Beetho- 
ven et  de  Weber,  sans  compter  les  autres. 

On  se  fera  une  idée  de  l'effet  produit  par  la  re- 
présentation de  l'Anneau  du  ISihelung  sur 
les  esprits  impartiaux,  par  ces  lignes  du  corres- 
pondant d'un journal  spécial  français,  la  Revue 
et  Gazette  musicale  de  Paris  :  —  «  On  ne  peut 
refuser  son  admiration  à  un  homme  quia  conçu, 
osé  commencer  et  mener  à  bonne  lin  une  sem- 
blable entreprise.  C'est  un  puissant  cerveau; 
il  a  la  hardiesse,  la  persévérance,  non  moins 
que  la  confiance  en  lui-même,  qui  est^aussi  une 
condition  de  réussite.  Mais  cette  confiance,  il  la 
pousse  jusqu'à  l'exlrême,  jusqu'à  un  orgueil 
parfois  insensé.  Il  s'est  llatté  d'avoir  créé  un 
nouvel  art  allemand,  c'est-à-dire,  pour  lui  (et 
quoiqu'il  ait  fait  mine  de  s'en  défendre),  l'art 
universel,  d'après  des  principes  exposés  depuis 
longtemps  dans  ses  écrits.  Ces  principes,  je  les 
crois  faux  en  grande  partie  ;  et  comme  la  tétra- 
logie est  l'œuvre  qui,  jusqu'ici,  s'y  conforme  le 
mieux,  je  ne  saurais  la  considérer  comme  l'idéal 
du  drame  lyrique.  Il  y  a  beaucoup  à  prendre 
dans  les  idées  qui  ont  présidé  à  la  création  de 
V Anneau  du  Albelung;  il  y  a  tout  autant  à 
laisser...  "Wagner  dramaturge  manque  de  l'ins- 
tinct scénique,  du  sentiment,  de  la  mesure  ;  s'il 
conçoit  de  belles  scènes,  il  les  amène  sou- 
vent fort  mal,  ou  les  noie  dans  de  fatigants 
détails.  A  la  vérité ,  c'est  là  quelquefois  , 
mais  ce  ne  peut  être  toujours,  un  raffinement, 
une  manière  d'employer  le  repoussoir.  Il  sait 
faire  parler  la  passion,  violente  ou  tendre  ;  il 
n'a  point  la  finesse,  et  sa  gaieté  est  grosse. 
Wagner  musicien  est,  par  bien  des  côtés,  un 
homme  de  génie.  Mais  là,  encore,  on  sent  le 
défaut  de  mesure.  Il  aime  trop  à  frapper  fort 
(et  parla  je  neveux  pas  dire  faire  beaucoup  de 
bruit)  pour  frapper  toujours  juste.  La  mélopée, 
ce  compromis  continu  entre  le  récitatif  et  la 
mélodie,  est  bien  ce  qui  convient  à  ce  tem- 
pérament impatient  de  tout  frein  et  de  toute  limi- 
te. Avec  la  mélopée,  rien  ne  vous  oblige  à  vous 
arrêter;  on  peut  aller  au  bout  du  monde.  J'ajou- 
terai cependant  que  si  les  vieilles  formes  mélo- 
diques de  l'air,  de  la  romance,  etc.,  sont  l'ob- 
jet d'une  réprobation  absolue  pour  Wagner,  il 


n'hésite  pas  à  chanter  à  l'italienne  lorsqu'il  a  à 
exprimer  les  élans  passionnés ,  les  ardeurs  sen- 
suelles; dans  ce  cas,  il  puise  à  la  vraie 
source,  et  il  n'a  pas  tort.  Son  harmonie  est 
nourrie,  ferme,  très-recherchée  le  plus  sou- 
vent, parfois  dure  et  heurtée  ;  jamais  une  disso- 
nance n'a  effrayé  l'auteur  de  Tristan.  L'art  du 
chant  |)ro|)rement  dit,  du  moins  tel  qu'on  l'a 
toujours  compris  jusqu'ici,  n'a  qu'un  emploi  fort 
restreint  dans  cette  musique  ;  il  est  réduit  à  la 
pose  du  son  et  à  l'expression  -,  quant  à  la  vir- 
tuosité vocale,  elle  n'existe  pas  pour  Wagner. 
Symphoniste  de  premier  ordre,  il  sait  admi- 
rablement peindre  en  musique  ;  il  pousse  même 
ce  talent  jusqu'au  réalisme,  jusqu'à  l'abus.  11 
y  a  assurément  du  procédé  dans  ce  faire  magis- 
tral ;  mais  il  est  employé  avec  tant  d'art,  si  bien 
dissimulé,  qu'il  ne  choque  nullement.  Pas  si 
caché  cependant  qu'on  ne  le  trouve  en  le  cher- 
chant, et  c'est  ce  qu'ont  fait  plusieurs  jeunes 
compositeurs  qui  se  le  sont  assez  bien  assimilé  : 
preuve  que  c'est  un  procédé.  En  résumé,  des 
artistes  divers  qu'il  y  a  en  Wagner,  je  crois  que 
c'est  le  musicien  seul  qui  demeurera,  réserve 
faite  de  quelques  principes  justes  sur  l'essence 
du  drame  lyrique,  et  qui  ne  sont  probablement 
pas  ceux  auxquels  il  tient  le  plus.  » 

En  réalité,  et  malgré  tout  le  bruit  qui  se  fit 
autour  d'elle^  la  tentative  audacieuse  de  Baireuth 
fut  loin  d'être  couronnée  d'un  succès  décisif. 
M.  Wagner  est  resté,  après,  ce  qu'il  était  avant , 
un  artiste  puissant,  hardi  jusqu'à  l'aventure, 
doué  d'une  façon  remarquable,  mais  manquant 
d'équilibre  et  dévoré  d'une  ambition  supérieure 
encore  à  ses  facultés.  L'apparition  de  l'Anneau 
du  Nibelung  est  loin  d'avoir  réduit  ses  adver- 
saires au  silence,  d'autant  plus  que  le  triomphe 
théâtral  et  emphatique  des  premiers  jours  n'a 
abouti,  en  somme,  qu'à  un  mécompte  assez  amer 
en  ce  qui  touche  le  résultat  matériel  de  l'entre- 
prise. En  effet,  les  listes  de  souscription  pour 
les  trois  séries  de  représentations  de  Baireuth 
étaient  loin  d'être  remplies  lorsqu'on  se  décida 
à  inaugurer  enfin  le  théâtre  ;  l'empressement  du 
public,  malgré  la  puissance  des  procédés  mis  en 
<euvre  pour  l'exciter,  avait  été  fort  loin  de  ré- 
pondre à  l'espoir  qu'on  avait  fondé  sur  lui,  et, 
|)our  la  seconde  et  la  troisième  série,  les  places 
se  négocièrent,  sur  lieu,  à  un  taux  singulière- 
ment inférieur  au  prix  qui  avait  été  fixé  tout 
d'abord.  De  fout  celait  résulta,  à  la  fin  des  re- 
présentations, un  déficit  assez  considérable,  qui 
se  traduisait  par  une  somme  de  plusieurs  cen- 
taines de  mille  francs.  Toutefois,  après  comme 
avant,  M.  Wagner  resta  inflexible  à  l'égard  de 
son  escarcelle,  se  refusant  à  lui  laisser  courir 


652 


WAGNER 


aucim  (langer;  il  se  borna,  avec  une  dignité 
olympienne,  à  accepter  les  services  qui  lui 
étaient  offerts  de  divers  côtés  dans  le  but 
d'éteindre  le  déficit  en  question  ;  c'est  pour 
atteindre  ce  but  que  divers  théâtres  allemands 
donnèrent  des  représentations  au  profit  de 
«  l'œuvre  de  Baireulli,  »  et  que  le  fameux 
chef  d'orchestre  M.  Hans  Richter,  qui  avait 
dirigé  l'exécution  de  V Anneau  du  Aibelung, 
s'en  alla  donner  à  Londres,  au  bénéfice  de  la 
même  œuvre,  toute  une  série  de  concerts  wagné- 
riens.  Je  crois  qu'aujourd'hui,  à  l'aide  de  ces 
ressources  extraordinaires,  l'équilibre  financier 
de  l'entreprise  est  rétabli;  mais  il  ne  parait  pas, 
après  un  insuccès  matériel  si  flagrant,  qu'on 
soit  près  de  renouveler  l'épreuve.  En  effet,  mal- 
gré tous  les  efforts  tentés  depuis  1876,  malgré 
tous  les  appels  vainement  adressés  à  la  bourse 
du  public  allemand,  il  n''a  pas  été  possible  d'or- 
ganiser depuis  lors,  à  Baireuth,  même  une  série 
nouvelle  des  fameuses  «  représentations  modè- 
les ».  Quant  aux  autres  théâtres  de  l'Allemagne, 
il  va  sans  dire  qu'aucun  jusqu'ici  ne  s'est  avisé 
de  donner  régulièrement,  dans  son  entier,  la 
tétralogie  de  l'Anneau  du  Aibelung  ;  diverses 
parties  seulement  en  ont  été  représentées  sur 
diverses  scènes,  et,  entre  autres,  la  WalKyrie 
semble  avoir  obtenu,  à  l'Opéra  impérial  de 
Vienne ,  un  certain  succès  ;  mais  presque 
partout  il  a  fallu  pratiquer  de  larges  cou- 
pures dans  les  fragments  par  trop  développés 
de  celte  o'uvre  par  trop  colossale,  dont  telle 
partie  forme  à  elle  seule  un  spectacle  de  sept 
heures,  et  dont  le  prologue,  VOr  du  Rhin, 
comprend  un  seul  acte  dont  l'exécution  dure 
deux  heures  trois  quarts  !  Un  artiste  qui  ne 
veut  point  se  rendre  compte  des  nécessités  pra- 
tiques de  l'art  et  qui,  de  propos  délibéré,  se 
place  ainsi  en  dehors  de  ses  conditions  matériel- 
les les  plus  élémentaires,  n'a  à  s'en  prendre 
qu'à  lui-même  de  l'insuccès  qui  accueille  ses 
œuvres.  En  réalité,  on  ne  peut  dire  que  l'Anneau 
du  Aibelung  ait  été  jusqu'à  ce  jour  fort  heureux 
en  Allemagne.  Aujourd'hui,  M.  Richard  Wagner 
travaille  à  la  musique  tl'un  nouvel  opéra,  Par- 
sifal,  dont  le  poume,  écrit  par  lui,  comme  à 
l'ordinaire,  est  publié  par  avance,  ainsi  qu'il  l'a- 
vait fait  naguère  poui  sa  tétralogie  (1).  Cet  ou- 
vrage est  encore  destiné  au  théâtre  de  Baireuth, 

(1)  M.  Wagner  a  le  désir  d'Otre  pris  pour  un  grand 
poiSte,  aussi  bien  que  pour  un  grand  musicien  ;  ses 
compatrlotis  ne  partagent  pas,  sous  ce  rapport,  la  bon- 
ne opinion  qu'il  a  de  lui-niùme.  Treize  ans  avant  la 
représentation  de  sa  tétralogie,  en  1863,  il  en  publia  le 
le\te  sous  ce  titre  :  a  VJnneaa  du  NXbclung,  fôtc  scé- 
niquc  pour  trois  jours  et  une  soirée  comme  prologue,  • 
Malgré  le  bruit  qui,  des  celle  époque,  se  faisait  déjà  dc- 


et  dans  ce  but  de  nouveaux  et  pressants  appels 
sont  adressés  par  les  comités  vvagnériens  aux 
souscripteurs  allemands  désireux  d'encourager 
la  grande  œuvre  ;  mais,  malgré  toutes  les  in- 
citations, le  public  est  loin  de  se  montrer  em- 
pressé de  fournir  les  12  ou  1,500,000  francs  né- 
cessaires à  l'accomplissement  de  cette  œuvre. 
J'ai  constaté,  au  commencement  de  cette  no- 
tice, l'influence  que  M.  Wagner  exerce,  depuis 
une  vingtaine  d'années,  sur  les  musiciens  de 
toutes  les  parties  de  l'Europe,  en  faisant  remar- 
quer que  cette  influence  était  forcément  limitée. 
Il  n'est  pas  un  pays,  en  effet,  où  l'action  de  cet 
artiste  ne  se  soit  fait  sentir  ;  mais  cette  action  est 
soit  féconde,  soit  morbide,  selon  la  façon  dont 
elle  s'exerce,  et  en  tous  cas  elle  ne  saurait 
jamais  être  entière.  On  n'observe  pas  assez,  ai- 
je  dit,  qu'il  y  a  deux  personnalités  distinctes  dans 
M,  Wagner  :  d'une  part,  l'esthéticien,  de  l'autre, 
le  musicien;  or,  il  est  évident  pour  moi  que  l'un 
fait  tort  à  l'autre,  et  que  si  M.  Wagner  avait 
consenti  à  n'être  que  musicien,  il  aurait  écrit 
des  œuvres  plus  puissantes,  plus  égales,  mieux 
équilibrées,  et  par  cela  même  plus  durables. 
Les  jeunes  artistes  qui  depuis  tant  d'années 
subissent,  plus  ou  moins  volontairement,  l'at- 
traction exercée  par  ce  génie  très-réel,  mais 
prodigieusrnent  inégal  en  ses  facultés,  ne  se 
rendent  pas  suffisamment  compte  des  conditions 
de  son  être  artistique,  et  n'aperçoivent  pas  la 
double  personnalité  que  je  signale  en  lui.  Quoi 
qu'ils  en  aient  cependant,  ils  sentent  très-bien, 
en  France  pour  le  moms,  qu'ils  ne  peuvent  pas 
le  suivre  partout  et  l'imiter  de  toute  façon, 
parce  que  le  public  se  refuserait  à  les  suivre 
eux-mêmes,  le  génie  latin  étant  absolument  oppo- 
sé, de  son  essence,  à  certaines  tendances  ultra- 
germaniques du  prétendu  réformateur.  Qu'on 
essaie  donc,  chez  nous,  d'écrire  des  opéras  d'une 
durée  de  sept  heures  !  que  l'on  s'avise  de  con- 
cevoir une  grande  œuvre  lyrique  sans  le  secours 
des  chœurs  et  sans  que  jamais  deux  ou  trois 
voix  se  fassent  entendre  simultanément  !  que 
l'on  ose  mettre  à  la  scène  un  drame  musical 
dont  toute  action  proprement  dite  sera  sévère- 
ment proscrite,  qui  se  bornera  à  une  éternelle 
analyse  des  sentiments  humains  ou  au  spectacle 
d'une  rêverie  vague,  extatique  et  sans  objet  ! 
que  l'on  ait,  enfin,  la  prétention  de  faire  accepter 
au  public  un  opéra  qui  se  fasse  remarquer  par 
l'absence  voulue  de  tout  rhythme  accusé,  par 
une  mélopée  interminable  marchant  sans  cesse 
do  modulation  en  modulation,  sans  que  jamais  un 
morceau  d'une  forme  appréciable  et  convenue 

puis  longtemps,  autour  du  nom   de  M.  Wagner,  cette 
publication  se  perdit  au  milieu  de  l'iudllférence  générale. 


WAGNER 


653 


vienne  reposer  l'oreille  de  l'auditeur  et  lui  pcr- 
nieltro  de  se  retrouver  au  milieu  des  fils  d'un 
labyrinthe  inextricable!...  Tel  est  pourtant  le 
système  de  M.  Wagner. 

Or,  voilà  précisément  où  quelques  musiciens 
s'égarent,  en  confondant  le  systè^ne  d^M.  Wa- 
gner eslliéticien  avec  la  manière  de  M.  Wagner 
musicien.  Du  premier,  il  faut  presque  tout  re- 
pousser, parce  que,  quoi  qu'il  on  dise,  il  n'a  pas  le 
vrai  sens  du  tbéàtre,  parce  que,  s'il  a  la  passion,  il 
n'a.ni  le  mouvement  ni  l'action,  ni  le  sentiment  des 
contrastes,  parce  qu'il  lui  manque  la  mesure  et 
le  goût,  ces  deux  qualités  essentielles  qu'aucune 
autre  ne  saurait  remplacer,  parce  qu'enfin  il  est 
excessif  en  tout,  qu'il  prend  l'emphase  pour  la 
noblesse,  la  boursouflure  pour  l'éloquence  et  l'in- 
fini pour  la  grandeur.  En  réalité,  M.  Wagner,  es- 
théticien, n'a  rien  apporté  de  nouveau  dans  l'art,  à 
moins  que  l'on  ne  considère  comme  une  nouveauté 
esthétique  le  fait  d'avoir  écrit  un  opéra  en  douze 
actes  et  en  quatre  journées  ;  à  ce  prix,  le  titre  de 
novateur  s'acquerrait  facilement,  car  il  sufMraità 
un  compositeurj'de  mener  à  terme  un  drame  ly- 
rique en  vingt  actes  et  en  six  journées  pour  pa- 
raître plus  fort  et  plus  audacieux  que  l'auteur 
de  V Anneau  du  ISibelung. 

Sous  ce  rapport,  donc,  je  crois  que  l'action 
de  M.  Wagner  sur  l'art,  sur  les  artistes,  sur  le 
public,  est  destinée  à  devenir  forcément,  abso- 
lument, radicalement  nulle.  Mais  il  n'en  est  pas 
(le  même  si  je  le  considère  uniquement  comme 
musicien,  en  faisant,  abstraction  de  ses  préten- 
tions à  une  réforme  complète  de  l'art  lyrique, 
et  en  rendant  justice  aux  progrès  rationnels 
qu'il  cherche  à  introduire  dans  la  musique  dra- 
matique. Ici,  il  m'est  permis  d'admirer  la 
puissance  de  conception  de  l'artiste,  son  génie 
mille  et  audacieux,  la  passion  ardente  qu'il  sait 
traduire  en  accents  émouvants  ,  la  couleur 
étonnante  qu'il  sait  répandre  sur  certaines  par- 
ties de  ses  œuvres,  le  relief  merveilleux  qu'il 
donne  à  l'orchestre,  enfin  les  éléments  nouveaux 
qu'il  a  introduits  dans  la  science  de  l'harmonie 
aussi  bien  que  dans  l'art  de  l'instrumentation. 
Sur  ce  terrain,  on  ne  saurait  le  nier,  M.  Wagner 
est  un  grand,  un  très-grand  artiste,  que  je  crois 
qu'il  ne  faut  pas  imiter,  mais  auquel  on  peut 
emprunter  utilement  certains  r.noyens  d'action, 
certains  procédés,  non  crûment  et  d'une  manière 
servile,  mais  en  les  combinant  avec  les  éléments 
de  l'art  moderne  de  façon  à  enrichir  le  domaine 
de  cet  art,  à  le  renouveler  et  à  le  rajeunir. 

Voilà,  selon  moi,  à  quoi  doit  se  borner  la 
puissance  dominatrice,  l'action,  l'influence  de 
M.  Wagner.  En  ce  qui  concerne  la  France,  il  n'y 
a  guère  à  craindre  qu'elle  s'étende  au  delà  des 


limites  que  je  viens  d'indiquer,  le  contre-poids 
nécessaire  à  des  doctrines  débilitantes  se  trou- 
vant dans  la  nature  même  de  notre  génie,  qui 
se  distingue  par  le  goût,  la  mesure  et  surtout  la 
précision  ;  aussi,'j  après  le  trouble  momentané 
qu'aura  causé  dans  le  cerveau  de  nos  jeunes  musi- 
ciens ra)»parition  des  ceu  vresde  l'auteur,  de  Trislun 
et  l'soWe,  l'équilibre  se  rétablira  de  lui-môme  et 
notre  tempérament  reprendra  rapidement  ses 
droits.  La  crise  sera  évidemment  plus  longue  en 
Allemagne,  où  l'influence  de  M.  Wagner  est  non- 
seulement  prépondérante,  mais  exclusive,  parce 
que  ce  pays  ne  possède  pas,dansun  ordre  d'idées 
dilférent,  un  artiste  assez  vigoureux  pour  démon- 
trer par  le  contraste,  à  l'aide  de  Jses  œuvres, 
le  principe  funeste  et  pernicieux  contenu  dans 
le  système  général  du  «  réformateur  ».  Pour 
expliquer  complètement  ma  pensée,  l'Allemagne 
me  paraît  condamnée  à  subir,  longtemps  encore, 
les  effets  de  l'esthétique  de  M.  Richard  Wagner  ; 
la  France,  après  quelques  instants  d'hésitation, 
en  sera  quitte  pour  s'approprier  quelques-iinesdes 
qualités  de  sa  musique,  qui  viendront  compléter 
le  bagage  scientifique  de  nos  artistes  sans  faire 
courir  aucun  risque  à  l'art  national  et  à  sa  mar- 
che rationnelle. 

Voici  la  liste  des  œuvres  dramatiques  de 
M.  Richard  Wagner  :  1°  la  Novice  de  Païenne, 
Magdebourg,  29  mars  1836  ;  2»  Rienzi,  le  der- 
nier des  tribuns,  Dresde,  20  octobre  1842  ; 
3°  le  Hollandais  volant  (connu  aussi  sous  ce 
titre  :  le  Vaisseau  fantôme),  Dresde,  2  janvier 
1843;  4°  Tannhïiuser,  Dresde,  19  octobre 
1845;  5"  lohengrin,  Weimar,  28  août  1850; 
6'  Tristan  et  Ysolde,  Munich,  10  juin  1865  ; 
7"  les  Maitres-chanleurs  de  Nuremberg,Myxmch, 
21  juin  1868  ;  8'^  l'Anneau  du  Nibelung,  tétra- 
logie :  a.  das  Rhelngold  [VOr  du  Rhin),  prolo- 
gue, Raireuth,  13  août  1870;  b.  die  Walkûre 
{la  TFa;/,yrie),  r''partie,Baireulh,|l4août  187C; 
c.  Siegfried  {Siegfrid),  2"  partie,  Baireuth,  1q 
août  187G;  d.  Gôtterdùmmerung  {le  Crépus- 
cule des  dieux),  3'-  partie,  Baireuth,  18  août 
1876  (1).  A  ces  divers  ouvrages,  il  faut  ajouter 
le  premier  opéra  écrit  par  M.  Wagner ,  les 
Fées,  qui  n'a  jamais  été  représenté,  ci  Par  si  f al, 
sa  dernière  composition  dramatique,  qui,  s'il 
plaît  à  Dieu  et  aux  souscripteurs  allemands,  qui 
sont  vigoureusement  sollicités  à  cet  effet,  verra 
le  jour  sur  le  théâtre  de  Baireuth,  dans  l'été  de 


(1)  Il  faut  remarquer  qu'avant  les  «  représentations 
modèles  »  et  rexécution  intégrale  i  Baireuth  do  la  tétra- 
logie <ie&  Nibeiun(ien,  la  //a//tyrie  avait  été  représen- 
tée à  Munich,  le  2G  juin  18"0,  peu  de  temps  avant  l'appa- 
rition à  la  scène,  aussi  en  celte  ville,  de  COr  du  lifmi. 


654 


WAGNER 


1881.  (On  sait  que  deux  ouvrages  de  M.  Wagner, 
traduits  en  français,  ont  été  représentés  à  Paris  : 
Tannhàuser,  qui  lut  accueilli  à  l'Opéra,  le 
13  mars  1861,  avec  une  brutalité  fort  maladroite, 
et  Rienzi,  qui  parut  sans  hostilité  mais  sans  suc- 
cès au  Théâtre-Lyrique,  en  18G9,  sous  la  direc- 
tion de  M. Pasdeloup.M.Pasdeloup, qui  est  un  par- 
tisan déterminé  des  doctrines  de  M.Richard  Wa- 
gner, n'a  cessé  de[)uis  quinze  ans  de  faire  ses 
efforts,  aux  Concerts  populaires,  pour  l'acclima- 
tation en  France  des  œuvres  d'un  artiste  qui,  lui, 
n'a  cessé  de  traîner  notre  pays  aux  gémonies  ;  il  y 
a  même  fait  entendre  récemment,  presque  en  son 
entier  autant  du  moins  que  le  permettait  la 
forme  du  concert,  la  partition  de    Lohengrin.) 

En  dehors  du  théâtre,  M.  Wagner  a  très- 
peu  écrit  :  on  ne  connaît  guère  de  lui  que  trois 
mélodies  sur  paroles  françaises.  Dors,  mon  en- 
fant. Mignonne,  Attente,  une  Marche  d'hom- 
mage dédiée  au  roi  de  Bavière,  une  Marche 
impériale  exécutée  au  couronnement  de  l'em- 
pereur Guillaume  de  Prusse,  el  une  Marche  du 
centenaire,  pour  la  célébration  du  centième  armi- 
versairede  l'indépendance  des  Etats-Unis  d'A- 
mérique. Par  parenthèse,  cette  marche,  qui,  si 
j'ai  bonne  mémoire,  a  été  payée  a  son  auteur  la 
bagatelle  de  25,000  francs,  a  produit  l'effet  le 
plus  piteux  lors  de  son  exécution  el  est  l'œuvre 
la  plus  plate  et  la  plus  informe  qui  se  puisse 
concevoir.  C'est  du  moins  ce  que  tous  les  jour- 
naux étrangers  ont  constaté  à  l'envi. 

M.  Wagner,  qui  est  plus  prolifique  encore 
comme  écrivain  que  comme  compositeur,  possè- 
de un  bagage  littéraire  très-considérable  ;  il  a 
publié  de  nombreux  écrits,  dont  plusieurs  ont  eu 
diverses  éditions.  Une  édition  complète  de  ces 
écrits,  formant  neuf  volumes  in-octavo,  a  été 
faite,  il  y  a  quelques  années,  par  l'éditeur  E.  W. 
Fritzsch,  de  Leipzig,  sous  ce  titre:  Gesammel- 
te  Schriflen  und  Dichtungen  {Écrits  et 
poèmes  réunis,  de  Richard  Wagner).  Voici  le 
détail  de  celte  édition  :  Tome  I»*".  Prologue  de 
l'édition  complète  ;  Introduction  ;  Esquisse 
autobiographique  (1842),-  «  la  Novice  de  Pa- 
ïenne, »  résumé  du  sujet  de  l'opéra;  Menzi,  le 
dernier  des  tribuns;  un  Musicien  allemand  à 
Paris,  récits  et  mémoires,  1840  et  1841(1.  Un 
Pèlerinage  à  la  maison  de  Beethoven.  2.  La 
Fin  d'un  musicien  à  Paris.  3.  £/ne  Soirée  heu- 
reuse. 4.  Sur  la  musique  allemande.  3.  Le 
Virtuoseet  l'Artiste. G.  L'Artisteet  la  Publici- 
té. 7.  Le  Stabat  Mater  de  Bossini).  De  l'ou- 
verture.  Le  ^'^  Freischûiz»  à  Paris.  Compte- 
rendu  dhm  nouvel  opéra  parisien  {la  Beine  de 
Chypre,  d'IIalévy).  Le  Hollandais  volant. 
—  Tome  II.  Introduction. Tannhàuser.  Comp- 


te-rendu de  la  translation  dans  sa  patrie, 
de  Londres  à  Dresde,  des  restes  mortels  de 
Weber  ;  discours  sur  la  tombe  de  Weber  ; 
chant  pour  les  funérailles.  Compte-rendu 
de  l'exécution  de  la  d"  symphonie  de  Bee- 
thoven en  184G,  avec  le  progranune.  Lohen- 
grin.«.  Die  Wibelungen,  »  histoire  universelle 
de  la  légende.  Le  Mythe  des  «  Nibelungen,  » 
avec  le  plan  d'un  drame.  Toast  à  la  fête 
commémorative  du  300*  anniversaire  de  la 
fondation  de  la  Chapelle  royale  de  musique 
de  Dresde.  Projet  d'' organisation  d'un  théâtre 
national  allemand  pour  le  royaume  de  Saxe 
(1849).  -Tome  III.  Introduction  aux  tomes  IJI 
et  IV.  L'Art  et  la  Bévolution.  V Œuvre  d'art 
de  l'avenir.  <i  Wielandle  forgeron,  »  projet 
d'un  drame.  Art  et  climat.  Opéra  et  drame, 
V^  partie  :  VOpéra  et  la  nature  de  lamusique. 
—Tome  IV.  Opéra  et  drame,  1"  partie  :  le  Dra- 
me et  la  nature  de  la  poésie  dramatique  ; 
3<=  partie  :  poésie  et  musique  dans  le  drame 
de  l'avenir.  Une  communication  à  mes  amis. 

—  TomeV.  Introduction  aux  tomes  V  et  VI. 
De  la  Fondation-Gœlhe,  lettre  à  Franz  Liszt. 
Un  théâtre  à  Zurich.  De  la  critique  musica- 
le, lettre  au  directeur  du  «  Nouveau  Journal 
de  musique.  ■»  Le  Judaïsme  dans  la  inusique. 
Souvenirsde  Spontïni.  Nécrologie  de  L.  Spohr 
et  du  maître  de  chœurs  W.  Fischer.  L'Ouver- 
ture rf'Iphigénie  en  Aulide  de  Gluck.  Sur  la 
représentation  du  Tannhàuser.  Note  sur  la 
représentation  de  l'opéra  le  Hollandais  volant. 
Commentaires -programmes  (1.  Symphonie 
héroïque,  de  Beethoven;  2.  Ouverture  de 
Coriolan;  3.  Ouverture  du  Hollandais  volant; 
4.  Ouverture  du  Tannhàuser;  5.  Prélude  de 
Lohengrin).  Sur  les  poèmes  symphoniques  de 
Franz  Liszt,  lettre  à  M.  W...  L'Or  du  Rhin, 
prologue  de  la  fête  théâtrale  :  l'Anneau  du 
Nibelung.  —  Tome  VL  L'Anneau  du  Nibelung, 
fête  théâtrale  :  la  Walkyrie,  l''«70M?'«ce;  Sieg- 
fried, 2"^  journée;  le  Crépuscule  des  dieux, 
'i'' journée.  Compte-rendu  final  dît  résultat  et 
des  circonstances  qui  ont  accompagné  l'exécu- 
tion de  la  fête  théâtrale  l'Anneau  du  Ni  belung. 

—  Tom^  y \\.\Tristan  et  Ysolde.  Lettre  à  Hec- 
tor Berlioz.  »  Musiqtie  de  l'avenir  :  »  A  un  ami 
français  {M .  Fr.  yillot),commeprologued''une 
traduction  en  prose  de  mes  livrets.  Compte- 
rendu  épistolaire  de  la  représentation  du 
Tannhàuser  à  Paris.  Les  Maîtres  chanteurs 
de  Nuremberg.  Le  théâtre  de  VOpéra  de  Vien- 
ne. —  Tome  VIII.  A  l'ami  royal,  poème.  Sur 
État  et  Religion.  Art  allemand  et  politique 
allemande.  Rapport  à  S.  M.  le  roi  Louis  II 
de  Bavière  sur  une  écote  allemande  de  musi- 


WAGNER 


655 


que  à  ériger  à   Munich.  Mes  souvenirs  de 
Louis  Schnorr  de  Carolsfeld.  Dédicace  de  la 
seconde  édition  «/'Opéra  et  drame.    Critique 
(Préface,  a.  W. H.  Riel',b. Ferdinand  Hiller;c. 
Un  Souvenir  de  Bosaini  ;  d. Edouard  Dcvrient. 
e.    Eclaircissemenls    sur     le    Judaïsme    en 
musique).   Sur  la  direction  de  la    musique. 
Trois  Poèmes.— Tome  IX.  A  l'armée  allemande 
entourant  Paris  (janvier  1871).  Une  Capitu- 
lation, comédie  à  la  manière  antique.  Souvenirs 
sur  Auber.  Beethoven.  De  la  destinée  de  l'opé- 
ra.   Des  comiques    et  des  chanteurs.  Sur  la 
9^  symphonie  de  Beethoven.  Lettres  et  petits 
mémoires  (l.Lettreà  un  acteur  sur  la  nature 
de  l'art  dramatique  ;  2.  Idée  de  la  nature  de 
l'opéra  allemand  actuel;  3.  Lettre  à  un  ami 
italien  sur  la  représentation   de  Lohengrin 
à  Bologne  ;  4.  Lettre  au  syndic,  de  Bologne; 
5.  A  Frédéric  Nietzsche,  professeur  de  philo- 
logie classique  à  Bâle  ;  6.  Sur  la  dénomina- 
tion (^  drame  musical   »  ,•  1 .  Introduction    à 
une  lecturedu  Crépuscuiedes  dieux  devant  une 
assemblée  choisie  a  Berlin).  Bayreuth .  Six 
plans  architecloniques  du  théâtre  pour  la  fête 
scèniqîie. 

L'éditeur  Scholt,  de  Mayence,  a  publié  en 
187G,  lors  des  fêtes  de  Baireuth,  les  livrets  des 
quatre  poèmes  de  la  tétralogie,  conformes  à  la 
représentation  :  VOr  du  Rhin,  la  Walkyrie, 
Siegfried  et  le  Crépuscule  des  dieux.  Depuis 
lors,  M.  Wagner  a  livré  aussi  à  la  publicité  le 
poème  de  Parsifal,  l'opéra  qui  doit  être  repré- 
senté en  1881. 

On  a  prodigieusement  écrit,  particulièrement 
depuis  vingt  ans,  sur,  pour  ou  contre  M.  Richard 
Wagner,  et  non-seulement  en  Allemagne,  mais 
en  France,  en  Angleterre,  en  lielgique,  en 
Hollande,  et  jusqu'en  Italie,  en  Espagne  et  en 
Suisse.  Je  serais  fort  embarrassé,  je  l'avoue,  de 
dresser  une  nomenclature  exacte  et  surtout 
complète  do  tous  les  livres,  brochures,  apologies, 
libelles,  pamphlets,  enlin  écrits  de  toutes  sortes 
dont  cet^arliste  a  été  l'objet  ou  le  prétexte  ; 
cependant,  je  vais  inscrire  ici  les  litres  de  tous 
ceux  qui  sont  venus  à  ma  connaissance  :  — 
1°  LoJienyrin  et  Tannhàuser,  par  Franz  Liszt 
(en  français),  Leipzig,  Brockliaus,  1851,  in-8"  ; 
2»  Bichard  Wagner,  par  ChampHeury,  Paris, 
Bourdillat,  18G0,  in-S^de  16  pp.;  3°  un  Nou- 
veau petit  Saint  Jean  précurseur;  grande 
explosion  exotico-héléroclyte  ;  Bichard  Wa- 
gner, feuille  volante  in-8°,  signée  :  J.  L.  [Lardin], 
et  datée  :  «  Paris,  février  18G0  »  (typ.  E.  Meyer)  ; 
4°  Richard,  Wagner,  par  Charles  de  Lorbac, 
Paris,  Havard,  18C1,  in-18avec  portrait  et  auto- 
graphe; à"  Richard  Wagner  et  <(  Tannhàuser  » 


à  Paris,  par  Charles  Baudelaire,  Paris,  Denlu, 
1801 ,  petit  iu-8"  de  70  pp.;  6"  le  «  Tannhàuser  »  à 
Paris  et  la  troisième  guerre  musicale,  par 
Edouard  Scballe,  traduitde  l'allemand  par  Albert 
Heuzay,  Paris,  18G1  ;  l*"  la  Nouvelle  Allemagne 
musicale.  Richard  U'a(//te/',parA.deGasperini, 
Paris,  Heugel,  18CC,  gr.  in-8"  avec  portrait  et 
autographes  ;  8''  Théâtre  de  la  llenaissance. 
Concerts  d'été.  «  Bienzi.  »  Richard  Wagner, 
ïcuiUetona  du  Phare  de  la  Loire  des  18, 19,20,21 
juillet  1809,  par  Edouard  Garnier,  Nantes,  impr. 
Mangin,  in-18  de  08  pp.;  9°  Richard  Wagner, 
Vhommeel  le  musicien,  à  propos  de  «  Bienzi,n 
Paris,  Dentu,  1869,  in-8"  avec  portrait;  10" 
Étude  sur  Richard  Wagner  à  ^occasion  de 
«  Rïenzi,  »  par  Hippolyte  Prévost,  Paris,  1809, 
in-8''  de  10  pp.;  1 1°  Esquisse  sur  Bichard  Wa- 
gner, par  Charles  Grandmougin,  Paris,  Flax- 
land,  s.  d.  [octobre  1873],  in-8°  de  75  pp.; 
12"  Bichard  Wagner  à  Bayreuth,  par  Frédé- 
ric Nietzsche,  professeur  de  philologie  classique 
à  l'université  de  Bàle,  traduit  (dans  un  français 
illisible  et  barbare)  par  Marie  Baumgartner, 
Schloss-Cheinnitz,  Schmeitzner,  1877,  petit  in-8»; 
13" /a  Walkyrie,  grand  opéra  en  3  actes,  musi- 
que de  Wagner,  Bruxelles,  alliance  typographi- 
que, 1878,  in-10  de  16  ipP-;  14°  Essai  de 
traduction  analytique  sur  le  «  Parsifal,  » 
pièce  d'inauguration  théâtrale  de  Bichard 
Wagner,  par  Jules  de  Brayer,  Paris,  Schott, 
1879,  in-16  ;  15°  «  Lohengrin,  »  instrumenta- 
tion et  philosophie,  par  Edmond  Vander  Strae- 
ten,   Paris,   Baur,    1879,  in-12   de  37  pp.  (1)  ; 

(1)  Pour  èlro  complet  en  ce  qui  concerne  la  bibliogra- 
phie française  relative  ;1]  M.  Richard  Wagner,  Je  dois 
ajouter  que  tout  le  second  volumedu  livre  de  M.  Edouard 
Schuré,  le  Drame  musical  (Paris,  Sandoz  et  Flschbaclier, 
1873,  2  vol.  in-S°;,  est  consacré  à  M.  Richard  Wagner,  et 
que  l'ouvrage  de  M.  scluirc  a  été  traduit  en  allemand 
par  SI.  H.  von  Wolzogen  et  publié  sous  ce  titre  :  das 
jMusihalisclie  Draina  (l-eipzig,  Schlnemp).  .le  dois  men- 
tionner aussi  le  tratail  que  Fétis  a  publié,  dans  la 
Revue  et,  Gazette  musicale  de  Paris  (ner  des  6,  13> 
20,  27  juin,  11,25  juillet  et  8  août  18321  sous  ce.titre  : 
lUc/iard  TFaçiner,  sa  vie,  son  système  de  rénovation 
de  l'opéra,  ses  œuvres  comme  poète  et  comme  musicien, 
son  parti  en  Allemagne,  apprccialion  de  la  valeur  de 
ses  tdees.  EnDn,  je  ferai  rcmarqucrîque,  outre  la  publi- 
cation à  Paris  de  ses  Quatre  Poèmes  d'opéras,  préce- 
dis  (l'une  lettre  sur  la  musique  {Paria,  Librairie  nou- 
velle, 1860,  ln-12),  on  a  donné  la  traduction  en  langue 
française  de;  quelques-uns  des  écrits  dcM.  Richard  Wa- 
gner :  1°  .irt  et  politique  (traduclion  anonyme  de 
M.  Jules  Guillaume),  Bruxelles,  impr.  Sanncs,  1868,  in-8; 
2°  le  Judaïsme  dans  la  musique  (traduction  anonyme  de 
M.  Jules  Guilliaunic^.  liruxelles,  Sanncs,  1869,  in-8  de 
31  pp.;  3°  Richard  If'agner  et  la  neuvième  symphonie 
de  lieethoven.  Conanentairc-profjrainme  pour  cette 
symphonie  et  observations  au  sujet  de  son  exécution, 
par  Rich.ird  Wagner,  traduit  par  M.  K.  (Maurice  Kuf- 
ferath),  Paris  et  Bruxelles,  Schott,  ISIS,  'n-8  de  46  pp.;  4° 


656 


WAGNER 


16"  Richard  Wagner,  der  Zukunftsmusïk 
Heiland  von  der  œffentlichcn  Meinung 
(Ricliard  Wagner,  le  sauveur  de  la  musique  de 
l'avenir,  r(''i)onse  à  sa  brochure  frivole  ;  le 
Judaïsme  dans  la  musique),  par  un  chrétien, 
Leipzi};,  Arndt,  1809;  17°  Richard  ^yagner 
und  das  Jiidenthum,  ein  Beitraq  zur  cultur- 
geschichte  unserer  zeit  (Richard  Wagner  et  le 
judaïsme ,  supplément  à  l'histoire  de  notre 
temps) ,  par  un  impartial ,  Elberfeid ,  Lucas, 
1869;  18°  Richard  Wagner  und  Offenbach 
(Richard  Wagner  et  Offenbacli),  par  un  ami 
de  la  musique,  Altona,  1871;  19°  Herr  Ri- 
chard Wagner  und  seine  neueste  schrifte 
«  das  Judenthum  in  der  Musik  »  (Monsieur 
Richard  Wagner  et  son  nouvel  écrit  :  les  Juifs 
dans  la  musique),  par  le  D'  B.,  Breslau,  Hei- 
denfeld,  1869;  20°  Richard  Wagner's  Leben 
und  TF/r/i  en  (Richard  Wagner,  sa  vie  et  ses  œu- 
vres), par  Cari.  Fr.  Glasenapp,  Cassel,  Maurer, 
1876-77,2  vol.  in-S";  21°  Wagner- Katalog, 
chronologisches  Verzeichniss  der  \von  und 
ûber  Richard  Wagner  erschienenen  Schrif- 
ten,  Musiktverke  (Catalogue  Wagner,  liste  chro- 
nologique de  tout  ce  qui  a  paru  pour  et  contre 
Richard  Wagner  en  tant  qu'écrivain  et  musicien), 
par  Emericb  Kastner,  Olfenbach,  J.  André,  1878; 
22°  die  Musik  und  ihre  classiker  in  Auss2)ru- 
chen  Richard  Wagner's  (la  Musique  et  les  clas- 
siques jugés  par  Richard  W^agner),  Leipzig, 
Schloemp  ;  23°  Buhnenfestspiele  in  Batjreuth, 
ihre  Gegnerund  ihre  zukunft  (les  Fêtesthéâtra- 
Ins  de  Bayreuth,  leurs  antagonistes  et  leur  avenir), 
par  M.  Pliiddemann,  Leipzig,  Schiœmp;  24°  Ri- 
chard Wagner  %ind  die  national  idée  (Richard 
Wagner  et  l'idée  nationale),  par  Adalbert  Hora- 
witz,  Vienne,  J.Guttmann,  1874;  25°  die  Aiif- 
fûhrung  von  Beethoven''s  neunter  Symphonie 
unter  Richard  Wagiier  in  Bayreuth  (Exécu- 
tion de  la  9"  Symphonie  de  Beethoven  par  Ri- 
chard Wagner  à  Bayreuth) ,  par  H.  Porges:  26° 
Richard  Wagner.  Streiflichter  auf  D""  Pusch- 
mann'spsychiatrischestudieiKidmrdViidgner. 
Fusées  sur  ses  études  psychiatriques  du  D""  Pus- 
chmann),    par  le  D"'  Franz  Herrmann,  Munich, 


Ricliaril  JVaqncr  et  les  Parisiens,  traduction  com- 
plète (par  M:  Victor  Tissot)  de  la  comédie  de  M.  Ri- 
chard Wagner  contre  l'aris  assiégé,  avec  une  préface 
et  un  portrait  de  l'auteur,  Paris,  ?.(!,  (novembre  iS76), 
in-4°  de  16  pp.,  formant  un  supplément  du  journal  l'É- 
clipsc.  Ce  dernier  écrit,  indigne  du  dernier  des  saltim- 
banques littéraires,  est  la  production  la  plus  niaise,  la 
plus  inepte  et  la  plus  grossière  qui  se  puisse  concevoir; 
l'écrivain  qui,  en  France  et  dans  de  lellcs  circonstan- 
ces, se  serait  rendu  co\ipable  d'une  telle  infamie,  se 
serait  mis  au  ban  de  l'opinion  publique  et  aurait  fait 
rougir  de  bonté  tous  ses  compatriotes. 


Cari  Merkoff;  27°  Richard  Wagner  und  Scho. 
penhauer  (Richard  Wagner  et  Schopeiihaucr), 
par  Friedrich  von  Hausegger,  Leipzig,  Sclilo'mp  ; 
28°  Wotan,  par  Aloys  Hœfler,  Yienne,  J.  Wel- 
lishausser;  29°  Richard  Wagner  in  seinen 
Kûnstlerischen  Bestrebungen  und  seinen  Be- 
dentung  fur  eine  nationale  Kultur  (Richard 
Wagner  dans  ses  efforts  artistiques  et  dans  ce 
qu'il  entend  par  une  éducation  nationale),  par  L. 
Schemann,  Wolfenbuttel,  J.  Zwissler;  30"  die 
Sprache  in  Richard  Wagner's  Dichtungen  (la 
Langue  des  poésies  de  Richard  Wagner),  par 
Ilans  von  Wolzogen,  Leipzig,  Schiœmp,  1877,  in- 
%°  \^\.°  i'.  Rheingold"^und«-  Walkiire«.  in  Wien 
{\eRheingold  et  la  Walkijriek  Vienne),  par  Ves- 
terlein„Vienne,  K.  Konegen;  32°  Deutsche  Schrif- 
ten  (  Écrits  allemands),  par  Paul  de  Lagarde, 
Gœltingue,  Dietrich  ;  33°  Thematischer  Leit- 
faden  durch  die  Musik  zu  Wagner's  Feslspiel 
«  der  Ring  des  ISibelungen  »  (Guide.thématique 
de  la  musique  de  l'Anneau  du  JSibelung  de 
Wagner),  par  Hans  von  Wolzogen,  Leipzig, 
Schiœmp,  1876,  in-8°;  34°  Erlàuterungen  zu 
Richard  Wagner's  Nibelungen-Drama  (Ex- 
plication pour  le  drame  des  Nibelungen  de  Ri- 
chard Wagner),  par  Hans  von  Wolzogen,  Leipzig, 
Schiœmp,  1878,  in-8°;  35°  Ein  Wagner- Lexicon. 
Wœrterbuch  der  Unhœflichkeit,  enthaltend 
grobe,  hœhnende,  gehxssige  und  verlœumde- 
rische  Ausdriicke,  welche  gegen  den  Meister 
Richard  Wagner ,  seine  werke  und  seine  An- 
hxnger  von  den  Feinden  ïind  Spœttern  ge- 
braucht  worden  sind  (Lexique  wagnérien,  dic- 
tionnaire d'incivilité,  contenant  les  expressions 
grossières,  méprisantes,haineuses  et  calomnieuses 
qui  ont  été  employées  envers  maître  Richard  Wa- 
gner, ses  œuvres  et  ses  partisans,  par  ses  ennemis 
et  ses  insulteurs,  réunies  dans  les  heures  d'oisi- 
veté, pour  l'agrément  de  l'esprit,  par  Wilhelm  Tap- 
pert,  Leipzig,  E.  W.  Fritzsch,  1878  ;  30°  Richard 
Wagner  und  sein  Biihnenfesispiel  (Richard 
Wagner  et  sa  fête  théâtrale),  parOtto  Gumprecht, 
Leipzig,  1873  ;  37°  Weimar  und  lena  (Weimar  et 
lena),  par  Adolphe  Stahr,  1852;  38°  die  Geschi- 
chte  von  Richard  TFog'Her's  Tannhàuser  in  Pa- 
ris (Histoire  du  Tannhàuser  de  Richard  Wagner 
à  Paris),  par  Paul  Lindau,  Stuttgard,  Krônc; 
39°  Richard  Wagner  in  Bayreuth  (Richard 
Wagner  à  Bayreuth),  par  Friedrich  Nietzsche, 
Schloss-Chemnitz,  Schmeilzner;  40°  das  Griin- 
derthum  in  der  Musik.  Ein  Epilog  zur  Bayreu- 
ther  Griindsleinlegung  (la  Manie  des  fonda- 
tions musicales;  un^épilogue  à  la  fondation  de  Bay- 
reuth), Cassel,  vers  1872;  41"  Grundlageund 
Aufgabe  des  allgemeincn  patron  atvereines 
zur  p/leige  und  erhaltung  der  Bûhnenfests, 


WAGNER  —  WALLACE 


657 


piele  iu  Bayreuth  (Commencement  et  fin  de 
l'association  générale  de  patronage  pour  le  sou- 
tien et  la  conservation  de  la  fête  tliéâtraie  de 
Bayreuth),  par  Hans  von  Woizogen,    Sciiloss- 
Chemnilz,Schmeitzner-,42*'  Richard  Wagner, 
lus  iendencies  and  théories  (Richard  Wagner,  ses 
tendances  et  ses  théories),  par  Edward  Dannreu- 
ther,  Londres,  Augeuer,  1873,  in-8°  ;  43"  Letters 
from  Bayreuth,  descriptive   and  critical,  of 
Wagner's  der  «  Ring  des  Nibelungen  »  (Lettres 
descriptives  et  critiques  de  Bayreutli,  sur  VAn- 
neau  du  Nibelung  de  Riciiard  Wagner),  par 
Joseph  Bennett,  correspondant  spécial  du  Daily 
Telegraph,  Londres,  in-S";  44°  Richard  Wa- 
gner's zijn  leven,    richting  en    streven  bek- 
nopte  schots  uitgegeven  bij  gelegenheid  van 
het  Wagner-concert  van  Rotte's  Mannenkoor 
(Richard  Wagner,  sa  vie,  sa  direction,  sesjuttes, 
à  l'occasion  du  concert- Wagner  donné  par    la 
Société  chorale  van  Rolte,  dirigée  par  Ludwig 
Félix  Brandis),  Rotterdam,   1878,  J.-P.  Blader- 
groen,  in-8°  de  23  pp.;  45°  Wagner- Muzikale 
feesten  van  Weimar  (Fêtes  musicales  de  Wa- 
gner, à  Weimar),  par  Edmond  Vander  Slraeten, 
Bruxelles,  de  Ries,  1871,  in-16  de  38  pp.  (tra- 
duction en  langu«  flamande,    par    MM.  Julius 
Hoste  et  Jean  van  Droogenbrœck,  d'un  rapport 
rédigé  en  français  et  adressé  au  ministre  de  l'in- 
térieur de  Belgique  sur  les  fêtes  de  Weimar); 
46°  Rossiiii  e  Wagner,  o   la  Musica  italiana 
e  la  musica  tedesca  (Rossini  et  Wagner,  ou  la 
Musique  italienne  et  la  musique  allemande),  par 
Carlo  Magnico,  Turin,  Candeietti,  1877,  in-12  de 
64  pp.  ;  47°  Riccardo  Wagner  ed  i  Wagneristi 
(Richard  Wagner  et  les  Wagnériens),  par  Fran- 
cesco  Florimo,  1876,  in-8°  ;  48°  il  «  Lohengrin  » 
di  Riccardo  Wagner,  par  G. -P.  Zuliani ,  pro- 
fesseur d'histoire  et  d'estliétique  au  Lycée  musi- 
cal de  Rome,  Rome,  Botta,  1880;  49°  Ricardo 
Wagner,  ensayo  biografico-critico,  par  Mar- 
sillach  Lleonart,  avec  un  prologue  épistolaire 
étendu  par  le  D''  José  de  Letamendi,  Barcelone, 
Texido  y  Parera,  s.  d.  [1878], petit  in-8°  avec  por- 
trait, autographe  et  vue  du  théâtre  de  Baireuth. 
Je  ne  dois  pas  oublier  de  dire  que  M.  Richard 
Wagner  a  fondé  à  Baireuth  un  journal  spécial, 
destiné  à  propager  et  à  défendre  avec  ardeur  ses 
doctrines,  et    qui  peut  être  considéré  comme 
son  Moniteur  personnel  et  officiel.   Ce  journal, 
qui  parait  chez  l'éditeur  Th.  Burger,  par  livrai- 
sons de  56  pages  in-8°,  est  ainsi  intitulé  :  Bay- 
reutherBldlter,  Monatschrifl  des  Bayreuther 
Patronatvereines  (Feuilles  de  Baireuth,  bulle- 
tin mensuel  du  patronat  de  Baireuth),  rédigé, 
avec  la  collaboration  de  Richard  Wagner,   par 
Hans  von  Woizogen.  C'est  là-dedans  que  M.  Wa- 

BIOGR,    UNIV.   DES  MUSICIENS.   —   SUPPL.    - 


gner  fait  outrager  et  injurier  chaque  jour, 
quand  il  ne  se  charge  pas  lui-même  de  cette  dé- 
licate besogne,  tous  les  grands  musiciens  qui  ont 
été  et  qui  restent  la  gloire  de  l'Allemagne  :  Men- 
delssohn,  Meyerbeer,  Robert  Scluimann,etc.,  etc. 
Il  n'est  pas  un  numéro  de  ce  journal  qui  ne  pro- 
voque, sous  ce  rapport,  l'indignation  et  les  nau- 
sées de  tout  homme  qui  a  le  sentiment  du  beau 
dans  l'art  en  même  temps  que  le  respect  de  la 
mémoire  et  de  l'honneur  des  grands  artistes. 

*  WALCKIERS  (Eugène),  flûtiste  et  com- 
positeur pour  son  instrument,  est  mort  à  Paris 
le  1*'  septembre  1866.  Il  était  né  à  Avesnes, 
non  en  1789,  mais  le  22  juillet  1793. 

"WALD3IA]\i\  (Ludolf),  chanteur  et  com- 
positeur allemand,  a  écrit  les  paroles  et  la  mu- 
sique d'un  opéra-comique  en  3  actes,  Senora 
Matida  Florida  ou  les  Joyeux  Moines  du 
couvent  de  Saint-Just,  qui  a  été  représenté  au 
théâtre  Waltersdorff,  de  Berhn,  en  octobre  1878, 
et  dans  lequel  il  remplissait  le  rôle  principal.  Cet 
ouvrage  n'a  obtenu  qu'un  médiocre  succès.  Pré- 
cédemment, au  mois  de  juin  ou  de  juillet  1876, 
cet  artiste  avait  donné  sur  le  théâtre  Wallner, 
de  la  même  ville,  une  opérette  intitulée  la 
Fiancée  du  Vhlan. 

WALE  (IIenrt-William),  compositeur  et 
organiste  anglais  contemporain ,  bachelier  es 
musique  et  membre  de  l'Académie  d'Oxford, 
membre  du  Collège  des  organistes,  exerce  au- 
jourd'hui les  fonctions  d'organiste  et  de  chef  de 
chœurs  à  l'église  Saint-Pierre,  de  Leicester,  ea 
même  temps  qu'il  est  chef  d'orchestre  de  l'Union 
orchestrale  de  la  même  ville.  On  doit  à  cet  ar- 
tiste plusieurs  compositions  importantes,  entre 
autres  une  symphonie  en  sol  et  une  cantate  sa- 
crée intitulée  Joël,  plus  des  mélodies  vocales, 
des  morceaux  d'orgue  et  diverses  œuvres  de 
musique  de  chambre. 

*  WALKER  (Eberhard-Friedrich),  fac- 
teur d'orgues  distingué,  était  né  à  Cannstadt, 
dans  le  Wurtemberg,  en  1795,  et  est  mort  à 
Ludwigsburg,  en  Bavière,  le  4  octobre  1872. 
Son  chef-d'œuvre,  dit-on,  est  l'orgue  célèbre  de 
la  cathédrale  d'Ulm  ;  il  en  a  construit  d'autres 
à  Moscou,  à  Saint-Pétersbourg,  à  Agrara  et  dans 
diverses  villes  d'Amérique. 

*AVALLACE  (William-'Vincent),  virtuose 
extrêmement  distingué  sur  le  piano  et  sur  le  vio- 
lon, compositeur  fort  remarquable  et  d'une  rare 
fécondité,  naquit  à  Waterford  (Irlande),  non  en 
1815,  mais  le  1«''  juin  1814.  Son  existence  fut 
aventureuse  et  des  plus  romanesques,  ses  succès 
furent  énormes  dans  les  deux  mondes,  en  An- 
gleterre aussi  bien  qu'en  Amérique,  en  Allema- 
gne comme  aux  Indes  ou  en  Autralie.  Wallacc 
T.  II.  42 


658 


WALLACE  —  WALLWORTH 


peut  être  considéré  comme  le  restaurateur  de 
l'opéra  anglais,  et  l'on  ne  peut  que  regretter 
que  sa  vie  courte  et  si  étonnamment  acciilenlée 
ne  lui  ait  pas  permis  de  travailler  davantage 
pour  la  scène,  où  deux  de  ses  opéras  surtout, 
Lurline  et  Maritana,  furent  accueillis  avec 
transport,  aussi  bien  à  Londres  que  dans  les 
grandes  villes  d'Allemagne.  Il  fut  même  question 
un  instant  de  représenter  le  premier  de  ces 
ouvrages  à  Paris,  d'abord  à  l'Opéra,  puis  au 
Théâtre-Lyrique,  et  M.  Sylvain-Saint-Etienne 
en  avait  fait  une  traduction.  Outre  ces  deux  opé- 
ras, VVallace  a  fait  jouer  encore  Mathilda  of 
Hungary,  t/ieAmber  Witch  [la  Sorcière  d'am- 
bre), Lové's  Triumph  {le  Triomphe  de 
Vamour),  et  the  Désert  Flower  [la  Fleur  du 
Désert).  De  plus,  il  a  laissé  complètement  ache- 
vées les  partitions  de  deux  opéras  anglais,  the 
Maid  of  Zurich  et  Estrella,  et  de  deux  opé- 
ras italiens,  Gulnare  et  Olga,  dont  divers  frag- 
ments ont  été  exécutés  à  Wiesbaden. 

Cet  artiste,  auquel  il  ne  manqua  peut-être 
qu'une  plus  grande  dose  d'originalité  pour  être 
un  créateur  de  premier  ordre,  mourut  âgé  seu- 
lement de  51  ans,  le  12  octobre  1865.  Depuis 
plusieurs  années  il  était  miné  par  la  maladie; 
les  médecins,  après  l'avoir  envoyé  d'abord  en 
Amérique,  lui  conseillèrent  ensuite  de  venir  se 
faire  soigner  en  France;  mais,  après  d'épou- 
vantables et  longues  souffrances,  il  s'éteignit  au 
château  de  Bagen  (Haute-Garonne),  résidence 
d'un  de  ses  amis  chez  lequel  il  avait  reçu  une 
touchante  hospitalité.  La  mort  de  Wallace  fut 
pour  l'Angleterre  une  sorte  de  deuil  national,  et 
pendant  plusieurs  mois  les  journaux  de  ce  pays, 
comme  ceux  d'Amérique,  où  il  avait  longtemps 
séjourné,  furent  remplis  de  détails  sur  le  grand 
artiste.  Ses  restes  furent  transportés  à  Londres, 
où  on  lui  fit  de  splendides  funérailles.  Des  sous- 
criptions furent  ouvertes  en  cette  ville  et  des 
concerts  y  furent  donnés,  ainsi  qu'à  New- York, 
pour  couvrir  les  frais  du  monument  que  l'on 
voulait  élever  à  sa  mémoire.  Enfin,  les  regrets 
furent  unanimes  par  toute  la  Grande-Bretagne, 
où  Wallace  était  considéré  comme  le  seul  artiste 
capable  de  relever  et  de  soutenir  le  drapeau  de 
l'art  musical  national,  en  ce  qui  concerne  le 
théâtre.  Tous  les  détails  intéressant  la  vie  et 
l'importante  carrière  de  Wallace  ont  été  réunis 
dans  uu  écrit  étendu,  publié  en  France  peu  de 
temps  après  sa  mort  :  William- VincentWal~ 
lace,  étude  biographique  et  critique,  par  Artliur 
Pougin  (Paris,  Ikelmer,  1866,  in-8°).  Celte  notice 
résume  tout  ce  que  les  feuilles  anglaises  et  amé- 
ricaines ont  fait  connaître  sur  l'artiste  à  cette 
époque. 


En  dehors  de  ses  opéras,  connus  ou  inédits, 
d'une  cantate,  restée  inédite  aussi,  d'une  messe 
écrite  et  exécutée  à  Mexico,  mais  non  publiée, 
d'une  foule  de  compositions  restées  manuscrites, 
Wallace  a  livré  au  public  plus  de  deux  cents 
morceaux  de  chant  :  romances,  nocturnes, 
cavatines,  ballades,  hymnes,  sérénades,  tyro- 
liennes, canzonettes,  etc.,  et  un  nombre  égal  de 
morceaux  de  musique  instrumentale,  fantaisies 
de  concert,  morceaux  de  salon,  variations  sur 
des  airs  d'opéra  ou  des  mélodies  populaires,  ro- 
mances sans  paroles,  préludes,  études,  et  aussi 
de  musique  de  danse,  valses,  polkas,  schofischs, 
mazurkas,  etc.,  etc.  Enfin,  Wallace  a  pris  part 
à  une  nouvelle  édition  des  Études  de  Czerny, 
faite  par  une  des  [premières  maisons  de  com- 
merce de    musique  de  Londres. 

WALLACE  (Madame),  écrivain  musical 
anglais,  a  donné  la  traduction  anglaise  du  livre 
de  M'"^  Elise  Polko  sur  Mendelssohn  :  Réminis- 
cences of  Félix  Mendelssohn- Bartholdy,  et  de 
la  correspondance  de  ce  grand  artiste  :  Letters 
from  Italy  andSwitzerland,  by  Félix Mendels- 
sohn-Bariholdy.  Elle  a  traduit  aussi  de  l'alle- 
mand un  recueil  de  Lettres  de  musiciens  célè- 
bres :  Gluck,  Haydn,  Bach,  Weber,  etc. 

*WALLERSTEI]\  (Antoine),  compositeur 
de  musique  de  danse,  s'est  fait  une  grande  re- 
nommée sous  ce  rapport,  et  a  publié  environ 
300  recueils  ou  morceaux  détachés.  La  vogue 
qui  s'est  attachée  aux  compositions,  d'ailleurs 
gracieuses,  de  cet  artiste  ne  semble  pas  près  de 
s'éteindre.  Une  rédowa  de  M.  Wallerstein,  inti- 
tulée un  Premier  Amour,  a  été  célèbre  par 
toute  l'Europe,  s'est  jouée  sur  tous  les  orgues  de 
Barbarie,  et  s'est  vendue  à  plus  de  cent  mille 
exemplaires.  Le  nom  de  M.  Wallerstein  est  si 
populaire  en  Allemagne  pour  la  musique  de 
danse,  que  certains  éditeurs  de  ce  pays,  pour 
allécher  le  public,  n'ont  pas  craint  de  mettre  ce 
nom  sur  des  morceaux  qui  n'étaient  pas  de  lui  ; 
le  compositeur  a  dû  réclamer,  par  la  voie  des 
journaux,  contre  ce  subterfuge. 

M.  Wallerstein  est  né  à  Dresde  non  en  1812, 
mais  le  28  septembre  1813. 

VV^ALLIXER.  (Edmond),  musicien  allemand 
contemporain,  est  l'auteur,  entre  autres  compo- 
sitions, de  trois  opérettes  de  salon  dont  les  par- 
titions pour  chant  et  piano  ont  été  publiées  : 
1°  ein  Damen-Kaffee;  2°  das  Testament  ; 
3°  der  Maskenball. 

WALLWORTH  (T -A ),  profes- 
seur de  chant  à  l'Académie  royale  de  musique 
de  Londres,  est  l'auteur  d'un  traité  publié  sous 
ce  titre  :  the  Art  of  singing  {l'Art  de  chanter), 
cours  d'étude  et  de  pratique  pour  la  voix  (Lon- 


WALLWORTH  —  WANSRI 


659 


dres,  l'auteur).  Il  a  été  fait  récemment  une 
nouvelle  édition,  revue  et  corrigée,  de  cet  ou- 
vrage. M.  Wallworth  faisait  partie  en  1859  de  la 
compagnie  d'opéra  anglais  réunie  au  théâtre 
Covcnt-Garden  sous  la  direction  de  M.  Harris- 
son  et  de  miss  Louisa  Pyne. 

VVALTER  (Gustave),  ténor  et  célèbre 
chanteur  dramatique  allemand,  est  né  à  Bilin 
(Cohôme)  en  1835.  11  étudia  d'abord  les  scien- 
ces techniques  à  Prague,  tout  en  étant  enfant 
de  choeur  dans  une  église,  et  plus  tard  occupa 
un  emploi  dans  une  fabrique  de  sucre.  Mais  sa 
voix  d'enfant  étant  devenue  un  beau  ténor,  exci- 
ta une  telle  sensation  qu'il  se  décida  à  la  perfec- 
tionner sous  la  direction  du  professeur  Vogt. 
En  1856,  M.  Walter  fut  engagé  à  l'Opéra  de  la 
cour,  à  Vienne,  et  aujourd'hui  encore  il  est  l'un 
des  artistes  préférés  de  ce  théâtre.  M.  Walter 
est,  si  l'on  peut  dire,  le  Capoul  de  Vienne;  sa 
voix,  d'un  caractère  doux  et  tendre,  est  d'un 
timbre  charmant,  et  il  chante  d'une  façon  déli- 
cieuse. Les  ouvrages  dans  lesquels  il  obtient  le 
plus  de  succès  sont  Faust,  Mignon,  Carmen, 
le  Domino  noir,  la  Dame  blanche,  la  Flûte 
enchantée,  Don  Juan,  les  Huguenots,  etc. 
M.  Walter  est  aussi  un  excellent  chanteur  de 
liecler  ;  il  dit  ceux  de  Schubert  dans  la  perfec- 
tion, et  il  a  rendu  populaire  à  Vienne  la  char- 
mante mélodie  de  M.  Gounod  :  Au  printemps. 

J.  B. 

WALTER  (GRAZIANI-),  compositeur, 
a  fait  représenter  à  Florence,  sur  le  théâtre  Nuo- 
vo,  le  19  avril  1879,  un  opéra  intitulé  Silvano. 

WAMIiACII  (Emile),  violoniste,  pianiste, 
organiste  et  compositeur,  est  né  à  Arlon,  dans 
le  Luxembourg  beige,  en  1854.  A  l'âge  de  qua- 
tre ans  on  lui  mit  un  solfège  sous  les  yeux,  et  à 
cinq  un  violon  entre  les  mains.  Ses  progrès 
furent  si  rapides  qu'au  bout  de  deux  années 
son  professeur,  M.  Hoeben  (sa  famille  s'était 
alors  (ixée  à  Anvers),  le  fit  entendre  dans  une 
séance  donnée  par  l'École  de  musique.  Lorsque 
le  jeune  Wambach  eut  atteint  l'âge  de  onze  ans, 
il  se  rendit  à  Bruxelles  et  se  fit  admettre  au 
Conservatoire  de  celte  ville,  dans  la  classe  de 
violon  de  M.  Colyns.  De  retour  à  Anvers,  il 
devint,  à  l'École  de  musique,  l'élève  de  M.  Pierre 
Benoît  pour  la  composition,  et  reçut  aussi  des 
leçons  de  MM.  Mertens,  Hennen  et  Callaerts, 
organiste. 

Quoique  très-jeune  encore,  M.  Wambach  s'est 
déjà  fait  connaître  par  un  grand  nombre  de 
compositions,  parmi  lesquelles  il  faut  surtout 
signaler  lessuivantes:Fees^-MarcA  pour  orches- 
tre, exécutée  en  1870  au  théâtre  royal  d'Anvers  ; 
cantate  pour  les  fêtes  de  Rubens,  exécutée  en 


1877  au  Cercle  catholique  de  la  même  ville; 
Aan  de  Voorden  van  de  Schelde  {Aux  Eives  de 
l^ Escaut),  poëmesymphonique;  Feest-Cantate; 
Aalhans  Parabol  (Parabole  de  Nathan), 
drame  sur  paroles  flamandes  ;  Hymne  sacris 
solemniis,  pour  orchestre  et  chœurs;  de  Lente 
{le  Printemps),  chœur  pour  voix  de  femmes, 
avec  orchestre;  Memorare,  pour  chœurs  et 
orchestre;  Vlaanderland  {le  Pays  de  Flandre), 
pour  chœur  de  voix  d'hommes  et  orchestre  ; 
Burlesca,  fantaisie  humoristique  pour  orches- 
tre ;  Fantaisie  pour  orchestre,  n"  2  ;  Ave  venim 
et  0  Salutaris;  Ave  verum  ;  Tantum  ergo; 
Fantaisie  pour  violon  et  orchestre  ;  enfin  des 
lieder,  des  valses,  des  morceaux  de  piano,  etc. 
WAMSLEY  (Peter),  l'un  des  luthiers  an- 
glais les  plus  habiles  du  dix-huitième  siècle, 
était  établi  à  Londres,  où  il  se  fit  remarquer 
pour  la  bonne  facture  de  ses  violoncelles  et  de 
ses  altos.  Les  Anglais  tiennent  pour  fort  estima- 
bles ses  copies  de  Stainer.  Peter  Wamsley  fut 
le  maître  du  luthier  Thomas  Smith. 

*\VAIVSKI  (Jean), compositeur  et  violoniste 
distingué,  qui  naquit  en  1762,  dans  la  Grande- 
Pologne,  jouissait   d'une  grande  renommée   et 
écrivit  plusieurs   opéras  qui  furent  représentés 
à  Posen  avec  succès.  Ses  compositions  de  mu- 
sique   religieuse,   conçues   dans  un  bon  style, 
écrites    avec  soin,  étaient  exécutées  dans  un 
grand  nombre  d'églises.  «  Mais  c'est  surtout,  dit 
M.  Albert  Sowinaki,  dans  les  chants  nationaux, 
les  polonaises,  les  mazureks,  les  marches  mili- 
taires et  d'autres  pièces  détachées,  comme  des 
duos    pour  violon    et    violoncelle,   que    Jean 
Wanski  s'est  acquis   une  grande  popularité.   Il 
fut  pendant  trente  ans  le  seul  compositeur  en 
renom    dans  la  Grande-Pologne,  et  ainsi  que 
Charles  Kurpinski,  son  neveu,  qui  tient  en  Polo- 
gne la  première  place  parmi  les  compositeurs 
nationaux,  Jean  Wanski  tenait,  dans  son  temps, 
le  sceptre  de  la  composition  à  Posen  par  ses 
symphonies    et  ses  messes.   »  Cet  artiste  est 
mort  dans  les  premières    années  de  ce  siècle. 
\VA]\SKI    (Jëan-Népomucèise),     fils      du 
précédent,  compositeur   et    violoniste,    naquit 
dans  le  grand -duché  de  Posen  au  commencement 
de  ce  siècle,  fit  de  bonnes  études  littéraires  à 
Kalisztout  en  travaillant  le  violon,  alla  ensuite 
terminer  son  éducation  musicale  à  Varsovie,  puis, 
au  bout  de  quelques  années,  quitta  la  Pologne  et 
partit  pour  la  France.  Arrivé  à  Paris,  il  eut  le  bon 
heur  de  recevoir  pendant  quelques  mois  des  leçons 
de  Baillot ,    et  son  talent  s'en  ressentit  d'une 
façon  considérable.  Il  commença  alors  à  voya- 
ger en  donnant  des  concerts,  .se  rendit  d'abord 
en  Espagne,  visita  Valence,   Barcelone  et  Ma- 


660 


WANSKI  —  WAREZ 


drid,  où  il  fut  très-bien  accueilli,  parcourut  en- 
suite le  midi  de  la  France,  Montpellier,  Nîmes, 
Aviijnon,  Aix,  puis  traversa  l'Italie  méridionale, 
se  faisant  entendre  à  Livourne,  lîoiogne,  Floren- 
ce, Rome,  Naples,  dans  toute  la  Sicile,  allant 
jusqu'à  Malte,  puis  revenant  à  Florence  et  à 
Rome,  où  il  était  reçu  membre  de  l'Académie  de 
Sainte-Cécile,  rentrant  en  France  par  Lyon,  et 
enfin  se  rendant  en  Suisse,  Ces  longs  voyages, 
paraît-il,  ne  l'avaient  pas  rendu  plus  riche,  car, 
étant  tombé  malade  d'une  lluxion  de  poitrine 
à  Saint-Gall,  il  allait  mourir,  seul  et  sans  res- 
sources, dans  un  hôtel  garni  de  cette  petite  ville, 
lorsqu'un  matin  il  voit  entrer  dans  sa  chambre 
le  comte  Alexandre  Sobanski;  celui-ci,  en- 
fant comme  lui  de  la  Pologne,  ayant  appris 
qu'un  artiste  polonais  se  mourait  loin  de 
sa  patrie,  l'aida  généreusement  de  sa  bourse  et 
de  ses  soins,  et  le  fit  transporter  à  la  maison  de 
santé  de  Winthertnr,  où,  au  bout  d'un  hiver,  il 
put  se  rétablir,  grâce  à  la  sollicitude  de  son 
digne  compatriote  et  de  sa  femme,  M"*  la 
comtesse  Sobanslsa. 

Les  médecins  ayant  engagé  M.Wanski  à  habiter 
le  midi  de  la  France,  il   alla  se  fixer  à  Aix  en 
Provence  (1839),   s'y  établit  comme  professeur 
tout  en   se  livrant  à  de  nombreux  travaux  de 
composition,  et  s'y  maria  avec  une  Française. 
Voici  la  liste  des  œuvres  de  M.  Wanski:  1°  Gran- 
de Méthode  de  violon;  2°  Petite  Méthode  de 
violon,  pour  les    commençants;    3°    Méthode 
complète  d'alto  ;  4°  V Harmonie,  ou  la  Science 
des  accords  à  l'usage  des  élèves;  b°  Gymnas- 
tique des  doigts  et  de  V archet  ;  6"  Douze  Élu- 
des brillantes,  pour  acquérir  différents   coups 
d'archet  ;  7°  Douze  Études,  pour  acquérir  l'a- 
gilité des  doigts;   8°  Six  Études  faciles,  pour 
violon   seul;  9°  Six    Études  pour   l'alto;  10» 
Douze  Mélodies  en  forme  de  caprices,\)o\xi  vio- 
lon seul  ;  1 1°  Trois   Fugues  (études  de  double- 
corde)  ;    12°  Douze  Variations  sur  iin  thème 
original,  pour  l'exercice  de  l'archet  ;   IS''  Six 
grands  Caprices  de  concert,  avec  accompa- 
gnement de  piano;  14"  Concertino,  avec  accom- 
pagnement d'orchestre  ;  15'^    Fantaisie    sur  la 
Norma,   avec  piano,    quatuor    ou    orchestre  ; 
16°  Air   national    angkis,  varié,  avec  piano  ou 
quatuor;  17°  Morceau  de  concert  sur  Lucia  di 
Lamermoor,  a\ec  p'iàiio  ou  orchestre;  18°  Air 
polonais  varié,  avec  piano,  quatuor  ou  orchestre; 
19°  Variations  sur  la  Romanesca,  avec  piano  ou 
quatuor;  IQ'^ Carnaval  de  t'arsoDie,  variations 
de   bravoure,     avec    piano;   21"  Souvenir  des 
Puritains,   morceau  de    salon,     avec  piano  ; 
22°  Air  algérien  pour  deux  violons  concertants, 
d'après  le  duo  de  Kalkbrenner  et  Artôt,  avec  I 


orchestre  ;  23»  Fantaisie  pour  alto  sur  des  thè- 
mes du  Prophète,  avec  piano  ou  quatuor  ; 
24°  Fantaisie  pour  alto  sur  des  motifs  de  Guil- 
laume Tell,  avec  piano  ou  quatuor, 

* WAISSON  (François-Antoine-Alphonse)  . 
—  A  la  liste  des  ouvrages  de  ce  compositeur,  il 
faut  ajouter  les  suivants  :  1°  les  Deux  Marins, 
opéra-comique  en  2  actes,  non  représente  : 
2°  un  quintette  pour  deux  violons,  deux  altos  et 
violoncelle;  3°  huit  quatuors  pour  instruments  à 
cordes  ;  4°  les  Franchimontois,  cantate;  5°  huit 
ouvertures  à  grand  orchestre  ;  6"  une  Fantaisie 
pour  piano  et  violon;  7°  une  Fantaisie  pour 
piano  et  flûte. 

WARCHOUF  (M-^e  S,...  DE),  écrivain 
français,  est  l'auteur  d'un  ouvrage  pédagogique 
publié  sous  ce  titre  :  Vélocifère  grammatical, 
ou  la  Langue  française  et  l'orthographe  ap- 
prises en  chantant,  Paris,  1806,  petit in-8°. 

"WARD  ou  WIARD  (Jules),  compositeur 
français  dont  le  nom  semble  indiquer  une  ori- 
gine étrangère,  fit  représenter  à  Lyon,  où  il  était 
fixé  depuis  longues  années,  un  opéra-comique  en 
un  acte,  Voici  le  jour,  el  écrivitaussi  pour  le  théâ- 
tre de  cette  ville  la  musique  de  plusieurs  ballets 
qui  furent  bien  accueillis.  Il  s'était  fait  con- 
naître par  un  certain  nombre  de  compositions 
profanes  et  religieuses,  parmi  lesquelles  quelques 
pastiches  réussis  de  la  musique  du  moyen  âge 
sur  les  sonnets  de  Clément  Marot.  Membre  ti- 
tulaire de  l'Académie  des  sciences,  belles-lettres 
et  arts  de  Lyon,  il  avait  publié  aussi  plu- 
sieurs opuscules  littéraires,  dont  le  dernier 
était  une  excellente  brochure  sur  la  régénération 
des  théâtres  de  cette  ville,  et  dont  un  autre 
était  intitulé:  Aperçus  généraux  sur  la  mu- 
sique, son  introduction  dans  l'église  et  ^ses 
phases  diverses  jusqu'au  seizième  siècle,  Lyon, 
Pinier,  1866,  in-8°.  Ward  mourut  à  Ju- 
jurieux,  au  mois  d'août  1866,  laissant  plu- 
sieurs œuvres  inédites,  entre  autres  un  grand 
opéra  en  cinq  actes,  Vellèda  ou  le  Guy  de 
chêne. 

WAREZ   ( ),  auteur  dramatique  de 

dixième  ordre ,  fut  pendant  longues  années 
régisseur  général  du  théâtre  de  la  Galté.  Il  rédi- 
gea, en  société  avec  le  chansonnier  Charrin ,  le 
recueil  intitulé:  Mémorial  dramatique  ou  Al- 
munach  théâtral,  dont  il  parut  treize  années, 
de  1807  à  1819  (Paris,  Hocquet,  in-24).  Quoique 
ce  recueil  laisse  beaucoup  à  désirer  sous  divers 
rapports^  il  n'en  est  pas  moins  utile  à  consulter 
pour  les  renseignements  qu'il  donne  sur  les 
théâtres  de  Paris  à  cette  époque.  La  collection, 
comme  celle  de  tous  les  recueils  de  ce  genre ,  en 
est  d'ailleurs  devenue  très-rare. 


WARGOCKI  —  WAROT 


661 


VVARGOÇRI  ( ),  écrivain   polonais 

est  l'auteur  d'un  ouvrage  sur  les  instruments  de 
musique  en  Pologne  :  0  insirumentach  muzy- 
cznych,  ouvrage  dans  lequel  on  trouve  des  dé- 
tails et  des  renseignements  intéressants  sur  la 
forme  et  l'usage  de  ces  instruments  au  seizième 
siècle. 

WARINOTS  (Henry),  chanteur,  professeur 
et  compositeur  belge,  est  né  à  Bruxelles  le  1 1 
juillet  1832.  Il  reçut  de  son  père,  artiste  distin- 
gué, les  premières  notions  de  la  musique,  puis, 
en  1849,  entra  au  Conservatoire  de  Bruxelles, 
où  il  remporta  successivement  les  prix  de 
piano,  d'orgue  el  d'harmonie,  après  quoi  il  étu- 
dia le  contre-point  sous  la  direction  de  Fétis. 
Son  éducation  terminée,  il  s'aperçut  qu'il  était 
doué  d'une  agréable  voix  de  ténor  ;  s'adonnant 
alors  à  l'étude  du  chant,  il  remporta,  dans  la 
même  école,  les  prix  de  chant  et  de  déclama- 
tion lyrique,  et  résolut  d'embrasser  la  carrière 
théâtrale. 

En  1856,  M.  Warnots  tit  ses  débuts  comme 
ténor  léger  sur  le  théâtre  de  Liège,  et  il  tint 
successivement  cet  emploi  sur  plusieurs  scènes 
importantes  de  la  France,  de  la  Belgique  et  de 
la  Hollande;  il  appartint  même  un  instant  au 
personnel  de  l'Opéra-Comique,  à  Paris.  Il  n'a- 
bandonnait cependant  pas  tout  à  fait  la  compo- 
sition, publiait  à  Paris  ,  chez  Richault,  et  à 
Bruxelles,  chez  Schott,  plusieurs  albums  de 
mélodies  vocales  ainsi  que  divers  morceaux 
de  musique  religieuse,  et  en  1865,  se  trouvante 
Strasbourg,  faisait  représenter  dans  cette  ville 
(24  janvier)  un  opéra-comique  en  un  acte,  une 
Heure  de  mariage,  qu'il  avait  écrit  sur  le 
poème  mis  jadis  en  musique  par  Dalayrac  et 
dont  il  remplissait  le  principal  rôle. 

Cependant,  désireux  de  rentrer  dans  son 
pays,  il  accepta  un  engagement  au  Théâtre 
National  de  Bruxelles,  pour  y  chanter  en  fla- 
mand l'opéra /^rans  Acke.rmann,  dans  lequel  il 
obtint  un  succès  considérable.  Nommé,  profes- 
seur de  chant  au  Conservatoire  de  cette  ville 
par  un  arrêté  royal  en  date  du  30  décembre 
1867,  il  abandonna  tout  à  fait  le  théâtre  l'année 
suivante,  pour  se  consacrer  exclusivement  à 
l'enseignement  du  chant,  qu'il  avait  étudié  à 
Paris  sous  la  direction  de  M.  Faure.  A  la  suite 
du  grand  festival  qui  eut  lieu  en  1869  à  Bruxel- 
les, et  dans  lequel  il  avait  rempli  les  fonc- 
tions de  chef  du  chant,  il  fut  appelé  à  la  direc- 
tion de  la  Société  de  musique  de  cette  ville.  En 
1870,  il  fonda  à  Saiut-Josse-ten-Noode-Schaer- 
beeck  (banlieue  de  Bruxelles)  une  école  de  mu- 
sique quia  produit  d'excellents  résultats  et  qu'il 
dirige  encore ,  et  en  1876,  à  la  suite  d'un  tra- 


vail fort  apprécié  qu'il  fit  sur  Vlnstructionmu- 
sicale  dans  toutes  les  écoles  communales, 
il  fut  nommé  directeur- inspecteur  des  écoles  de 
Saint-Josse-ten-Noode.  Parmi  les  compositions  de 
M.  Warnots,  il  faut  encore  citer  une  cantate  pa- 
triotique qui  a  été  exécutée  au  théâtre  de  Gand 
au  mois  de  mars  1867. 

M'^'=  Elly  Warnots,  fille  de  cet  artiste,  née 
à  Liège  en  1857,  a  été  l'élève  de  son  père,  et 
est  devenue  une  cantatrice  distinguée.  Après 
s'être  produite  avec  succès  à  Bruxelles,  d'a- 
bord dans  des  concerts,  aux  séances  du  Con- 
servatoire, de  l'Association  des  artistes  musiciens, 
des  Concerts  populaires,  elle  a  abordé, la  scène 
en  débutant,  au  mois  de  septembre  1878,  sur 
le  théâtre  de  la  Monnaie.  Elle  est  aujourd'hui 
la  favorite  du  public  de  ce  théâtre. 

WAROT  (Charles),  violoniste,  chef  d'or- 
chestre et  compositeur,  né  à  Dunkerque  le  14  no- 
vembre 1804,  reçut  de  son  père  ses  premières  le- 
çons de  musique,  et  fut  aussi,  dit-on,  élève  d'un 
musicien  aveugle  qui  avait  longtemps  séjourné  à 
Paris  elqui  s'était  ensuite  fixé  à  Anvers,  le  com- 
positeur Frixer,  dit  Fridzeri.  C'est  à  Anvers  que 
le  jeune  Warot  reçut  des  leçons  de  Fridzeri, 
qui  tenait  un  magasin  de  musique  en  cette 
ville  et  qui  y  mourut,  non  en  1819,  comme  il  a 
été  dit  dans  la  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens, mais  le  16  octobre  1825. 

Après  avoir  acquis  une  grande  habileté  sur  le 
violon,  s'être  fait  entendre  avec  succès  à  An- 
vers et  à  Maëstricht,  Warot  se  livra  exclusi- 
vement à  l'étude  de  la  composition.  S  premier 
essai  fut  un  opéra  en  deux  actes,  V Aveugle  de 
Clarens  ou  la  Vallée  suisse,  qui  fut  représenté 
à  Anvers  le  13  janvier  1829  et  très-bien  reçu 
du  public.  Mais  la  révolution  belge  de  1830 
ayant  entièrement  ruiné  son  père,  le  jeune  ar- 
tiste se  vit  obligé  d'accepter  l'emploi  qui  lui 
était  offert  de  second  chef  d'orchestre  au  théâ- 
tre de  la  Monnaie,  de  Bruxelles.  Une  fois  en 
cette  ville,  il  écrivit  plu.sieurs  autres  opéras- co- 
miques, VOfficieux  ou  V Enlèvement  (3  actes), 
Lequel  des  trois  ?  (2  actes),  Lord  Mairend  (3  ac- 
tes), le  Pirate  (3  actes),  mais  ne  put  réussir  à 
faire  représenter  aucun  de  ces  ouvrages.  Il 
mourut  à  Bruxelles,  dans  toute  la  force  de  la 
jeunesse,  le  29  juillet  1836. 

Quoique  mort  si  jeune,  Warot  avait  beaucoup 
écrit.  Outre  les  ouvrages  qui  viennent  d'être 
cités,  il  a  laissé  les  compositions  suivantes  :  3 
Messes  solennelles  ;  une  messe  de  Requiem  ,  à 
grand  orchestre,  qui  a  été  exécutée  à  ses  fu- 
nérailles; un  Lauda  Sion  ;  un  Salve  Regina  ;  un 
Cantique  de  Noël  ;  l'Enfant  de  la  Patrie,  chant 
national   belge  ;    le  Sarraxi,  chanson  patrie- 


6G2 


WAROT  —  WASIELEWSRl 


tique;  les  Belges  au  tombeau  de  M.  le  comte 
F.  de  Mérode,  chanson  patriotique;  leNaufrage 
de  Cadet-Roussel,  opéra-folie  en  2  actes,  joué 
à  Anvers  en  1829  par  une  société  d'amateurs; 
enfin,  des  morceaux  d'harmonie,  des  cantates, 
des  motets,  etc. 

WAROT  (Victor),  frère  du  précédent,  com- 
positeur et  professeur,  né  à  Gand  en  1808, fut  aussi, 
dit-on,  élève  de  Fridzeri.  Warot,  paraît-il,  apprit 
à  jouer  de  presque  tous  les  instruments,  et  acquit 
ainsi  une  rare  connaissance  des  ressources  de 
l'orchestre.  Il  fut  chef  d'orchestre  à  Amsterdam 
et  dans  diverses  autres  villes,  vint  en  France, 
passa  plusieurs  années  à  Dijon,  se  fixa  pendant 
quinze  ans  à  Rennes  comme  professeur,  puis,  en 
1855,  s'établit  définitivement  à  Paris.  Il  est 
mort,  dans  le  courant  du  mois  de  juillet  1877,  à 
Bois-Colombes  (Seine),  dans  une  campagne  qui 
lui  appartenait. 

Comme  son  frère,  Victor  Warot  s'était  acti- 
vement exercé  dans  la  composition.  Il  avait 
fait  représenter  à  Dijon  deux  opéras-comiques, 
la  Reine  est  là  et  les  Pénitents  rouges  (1834), 
et  l'on  connaît  encore  de  lui  trois  ouvrages 
du  même  genre,  la  Novia,  l'Épicier  de 
Paris  et  Camille  et  Dolincé.  Il  a  écrit  aussi 
divers  morceaux  symphoniques,  des  quatuors, 
des  cantates,  une  messe  à  grand  orchestre, 
une  cantate  tirée  du  psaume  46,  et  diverses 
compositions  religieuses  de  moindre  importance. 

WAROT  (Constant-Noel-Adolphe),  frère 
des  précédents,  violoniste  et  professeur,  naquit  à 
Anvers  le  28  novembre  1812.  Il  s'adonna  de  bonne 
heure  à  l'étude  du  violoncelle,  acquit  un  talent 
remarquable  sur  cet  instrument,  et  en  1852  lut 
nommé  professeur  au  Conservatoire  de  Bruxel- 
les. Il  mourut  à  Saint-Josse-ten-Noode-lez- 
Bruxelles  le  10  avril  1875.  Virtuose  distingué, 
très-habile  dans  l'exécution  de  la  musique 
classique,  Warot  s'était  fait  le  renom  d'un  ex- 
cellent professeur.  Outre  une  bonne  Méthode 
pour  le  violoncelle,  adoptée  pour  l'enseignement 
dans  les  deux  Conservatoires  de  Bruxelles  et 
de  Gand,  il  a  publié  les  compositions  suivantes: 
Duo  pour  2  violoncelles  ;  Air  varié  et  Fantaisie 
pour  violoncelle,  avec  accompagnementde  piano; 
la  Chasse,  chœur  à  4  voix  d'hommes  ;  40  le- 
çons mélodiques  à  2,  3  et  4  voix,  à  l'usage  des 
écoles  ;  plusieurs  romances  et  mélodies  vocales. 

WAROT  (Victor- Alexandre- Joseph), chan- 
teur dramatique,  fds  de  Victor  Warot,  est  né 
à  Verviers  le  18  septembre  1834.  Doué 
d'une  agréable  voix  de  ténor  dont  le  principal 
défaut  est  d'être  un  peu  trop  gutturale,  il  re- 
çut une  bonne  éducation  musicale  et  débuta 
à   l'aris,  au  tUéâtrc  de    l'Opéra-Comique,  vers 


1858,  dans  l'emploi  des  seconds  ténors  Chan- 
teur de  goût,  il  sut  se  faire  applaudir  dans 
quelques  rôles  du  répertoire  courant,  tels  que 
Lalimer  du  Songe  d'une  nuit  d'été,  et  bientôt 
prit  possession  du  véritable  emploi  des  ténors 
légers  ;  il  joua  alors  la  Dame  blanche,  Hay- 
■dée,  le  Pré  aux  Clercs,  Zémire  et  Azor,  et 
fit  diverses  créations  dans  des  ouvrages  nou- 
veaux. Don  Gregorio,  Rita  ou  le  Mari  battu, 
etc.  Au  bout  de  quelques  années,  il  fut  engagé 
à  l'Opéra  pour  y  chanter  les  ténors  de  grâce, 
s'y  montra  dans  la  Juive,  la  Mule  de  Pedro, 
le  Docteur  Magnus,  mais  bientôt  quitta  Paris 
pour  aller  chanter  le  grand  répertoire  lyrique 
au  théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bruxelles,  où  il 
obtint  de  très-vifs  succès.  Il  est  resté  attaché  à 
ce  théâtre  depuis  1868  jusqu'à  1874.  Tout  ré- 
cemment, M.  Warot  a  été  engagé  à  la  Gaîté 
pour  l'entreprise  éphémère  d'Opéra  populaire 
dont  l'essai  a  été  fait  à  ce  théâtre,  et  il  y  a 
créé  le  rôle  de  Pétrarque  dans  le  Pétrarque  de 
M.  Hippolyte  Duprat,  ouvrage  dont  l'insuccès 
a  été  éclatant. 

"  IVARTEL  (Atala  -  Thérèse  -  Annette 
ADRIEIV,  femme),  épouse  du  chanteur  de  ce 
nom,  née  à  Paris  le  2  juillet  1814,  fut  une  pia- 
niste très-remarquable.  Elle  brilla  dans  les  con- 
certs, et  fut  la  première  de  son  sexe  qui  eut 
l'honneur  de  se  faire  entendre  aux  séances  de 
la  Société  des  concerts  du  Conservatoire.  Son 
père  était  le  chanteur  And  rien,  dit  Adrien  l'ainé, 
qui  était  né  à  Liège  le  26  mai  1767  (et  non  en 
1776,  comme  il  a  été  dit  par  erreur),  et  qui 
fut  artiste  de  l'Opéra  et  professeur  de  déclama- 
tion lyrique  au  Conservatoire  de  Paris.  Ma- 
dame Wartel  obtint  de  très-grands  succès  en 
Allemagne,  et  publia  un  excellent  livre  intitulé  : 
Leçons  écrites  sur  les  sonates  pour  piano 
seul  de  L.  Fan  Beethoven.  Elle  mourut  peu  de 
temps  après,  à  Paris,  le  6  novembre  1865. 
jyjme  Wartel  avait  exercé  les  fonctions  d'accom- 
pagnateur  au  Conservatoire  de  Paris  (1831),  où 
elle  fut  nommée  ensuite  professeur  adjoint  de 
solfège;  elle  donna  sa  démission  en  1838. 

WASIELEW^SRI  (Joseph-W DE),  é- 

crivaiu  musical  allemand,  est  né  à  Gross-Laesen, 
près  Dantzig,  le  17  juin  1822,  et  a  été,  de  1843 
à  184j,  élève  du  Conservatoire  de  Leipzig.  De- 
venu premier  violon  à  l'orchestre  du  Gewand- 
haus  de  cette  ville,  il  fut  ensuite  concert- 
meister  à  Dusseldorf,  où  il  avait  été  appelé  par 
Robert  Schumann.  De  1852  à  1855,  il  remplit 
les  fonctions  de  directeur  de  musique  à  Bonn, 
eten  1873  fut  appeléen  la  même  qualité  à  Dresde. 
M.  de  Wasielcw.ski  est  l'auteur  d'un]  livre 
important,    die  VioUne  in  XVI  Jahrhunderl 


I 

I 


WASIELEWSKI  —  WEBER 


663 


{le  Violon  au  seizième  siècle,  Leipzig,  1869, 
in-S"),  qui  est  considéré  comme  l'un  des  meil- 
leurs écrits  el  «les  plus  considérables  qui  existent 
sur  la  matière.  Coutinuant  ses  recherches  sur 
une  époque  dont  l'histoire  musicale  est  encore 
obscure  et  comme  enveloppée  de  ténèbres,  M.  de 
Wasielewski  a  mis  au  jour,  quelques  années 
plus  tard,  un  second  ouvrage  ainsi  intitulé  : 
GesckicfUe  der  instrumentalmusik  im  XVI 
Jahrhundert  {Histoire  de  la  musique  instru- 
mentale au  seizième  siècle,  lierlin,  Guttentag, 
1878,  in-8''del70  pp.  avec  planches),  ouvrage 
qui  fut  accueilli  avec  faveur  et  qui  méritait, 
par  l'excellence  de  ses  recherches  et  la  sûreté 
de  ses  informations,  le  succès  qu'il  a  obtenu. 
M.  de  Wasielewski  a  donné  quelques  autres 
travaux  importants  dans  divers  journaux  alle- 
mands, entre  autres  une  étude  intéressante  Sur 
Robert  Schumann,  étude  dont  une  traduction 
française  un  peu  trop  fantaisiste,  due  à  M.  F. 
Herzog,  a  été  publiée,  il  y  a  une  douzaine 
d'années,  dans  le  journal  le  MénestreL 

M.  de  Wasielewski  occupe  aujourd'hui  les 
fonctions  de  directeur  de  musique  à  Bonn. 

WASSEREAU  ( ),  compositeur  au- 
jourd'hui inconnu,  qui  vivait  dans  la  première 
moitié  du  seizième  siècle,  a  fourni  à  l'imprimeur 
Pierre  Attaignant,  pour  le  recueil  de  chansons 
à  4  parties  publié  par  lui  vers  1530,  la  musique 
des  deux  chansons  suivantes  :  Hur  le  joly  jonc 
et  Secours  Hellas  par  amour. 

WATSOIV  (Thomas),  facteur  et  accordeur 
de  clavecins,  vivait  à  Anvers  en  1660. 

WAUBERT  DEPUISSE  AU(Jean-Louis- 
Th...),  amateur  néerlandais  de  musique,  notaire 
au  Lemmer,  sur  le  Zuiderzée,  s'est  fait  con- 
naître comme  violoniste  et  coinme  compositeur. 
En  1822,  il  se  faisait  entendre  à  Amsterdam, 
dans  un  concert  de  la  société  Félix  Meritïs.  Il 
a  publié  les  compositions  suivantes  :  Marche 
triomphale,  pour  piano  à  4  mains  ;  3  Divertis- 
sements pour  piano  ;  3  lieder  sur  paroles  alle- 
mandes; 8  Mélodies  vocales;  Marche  dédiée  à 
la  garde  nationale  de  Leeuwarden.  On  connaît 
encore  de  lui  :  Concerto  pour  violon  et  clarinette  ; 
3  Ouvertures  à  grand  orchestre;  Quatuor  pour 
instrumenls  à  cordes;  Frans  van  Mieris,  opé- 
rette ;  plusieurs  cantates,  etc. 

WAUCAaiPT  (Edmond),  flûtiste  et  compo- 
siteur  belge,  né  à  Tournai  le  22  avril  1850,  mon- 
tra dès  l'âge  le  plus  tendre  de  bonnes  disposi- 
tions musicales,  fut  admis  à  l'école  de  musique 
de  .sa  ville  natale,  et,  ayant  à  peine  accompli  sa 
neuvième  année,  exécutait  en  public  un  solo  de 
flûte  de  Tulou.  En  1863  il  remporta  le  premier 
prix  de  flûte,  et  en  1867  le  prix  d'honneur.    _ 


Pourtant,  le  jeune  artiste  étant  devenu  orphe- 
lin, se  fit  clerc  de  notaire  pour  vivre,  et  même, 
dit-on,  devint  ouvrier  dans  une  fabrique.  Mais 
grâce  à  l'appui  d'un  homme  bienveillant,  il  put 
continuer  ses  études  musicales  interrompues, 
fut  admis  au  Conservatoire  de  Bruxelles,  où 
le  premier  prix  de  flûte  lui  fut  décerné  en 
1869,  étudia  l'harmonie  avec  Bosselet,  et  en 
1871  fut  engagé  comme  flùte-solo  au  théâtre  de 
Gand.  Il  songea  alors  à  se  livrer  à  la  compo- 
sition, et  écrivit  pour  la  scène  plusieurs  ou- 
vrages qui  paraissent  avoir  été  bien  accueillis 
du  public  ;  1°  un  Déraillement,  opérette  en  un 
acte.  Tournai  ;  2°  un  Mariage  espagnol,  opéra 
à  grand  spectacle,  Tournai  ;  3°  la  Belle  Ton- 
nelière,  opéra-comique  en  2  actes.  Tournai,  fé- 
vrier 1876  ;  4°  le  Cabaret  de  Ramponneau, 
opéra-comique  en  3  actes,  Liège,  théâtre  du 
Gymnase,  5  janvier  1877. 

M.  Waucampt  est  aujourd'hui  directeur  de 
l'École  de  musique  de  Peruweiz. 

AVAUTIER    (Ed ),   est    l'auteur    d'un 

Cours  de  Mélodie,  théorique  et  pratique,  Pa- 
ris, 1847,  in-8°. 

*  WEBER  (Charles-Marie-Frédéric-Er- 
NEST,ibaron  DE).  —  Cet  artiste  admirable  n'é- 
tait pas  né  le  18  décembre  1786,  comme  il  le 
croyait  lui-même,  car  voici  la  traduction  de 
son  acte  de  baptême,  'daté  du  20  novembre  : 
—  «  En  l'an  1786,  le  20  novembre,  a  été  bap- 
tisé Carl-Maria-Friedrich-Ernest  von  Weber  (1), 
fils  légitime  du  maître  de  chapelle  François- 
Antoine  von  Weber  et  de  dame  von  Brcnner, 
tous  deux  de  la  religion  catholique.  Parrain  : 
S.  A.  le  prince  Charles  de  Hesse,  représenté 
par  le  grand-veneur  de  la  cour,  M.  von  Witzle- 
ben  ;  marraine  ;  S.  A.  la  duchesse  douairière 
d'Oldenbourg,  à  Eutin,  représentée  parla  grande 
maîtresse  de  la  cour.  M"*  du  Hamel.  »  Il  est 
donc  probable  que  c'est  le  18  novembre  1786 
qu'est  né  Charles-Marie  de  Weber,  et  qu'il 
aura  été  baptisé  le  surlendemain  de  sa  nais- 
sance (2). 

Voici  la  liste  des  écrits  qui,  dans  ces  der- 
nières années,  ont  été  publiés  sur  Weber  : 
V'Carl-Maria  von  Weber.  Einlebensbild {Por- 
trait de  ta  vie  de  Charles-Marie  de  Weber), 
par  Max-Maria  von  Weber  (son  fils),  Leipzig,  Er- 
nest Keil,  1864-1868,  3  vol.  in-16  (3);  2"  Carl- 

(1)  On  voit  aussi  qu'un  des  prénoms  de  Weber  est  dif- 
férent de  celui  qu'on  croyait  être  le  sien  :  Ernest,  au  lieu 
dVusasfe. 

(2)  On  peut  consulter,  sur  ce  sujet,  un  article  fort  In- 
téressant publié  dans  la  Neue  Berliner  Musik-Zeitung 
du  28  novembre  1853. 

(S)  I,a  Revue  el  Gazette  musicale  de  Paris  a  d^nné 
(1863-1868)  un  loug  rcsunié  de  ce  travail,  résume  eulre- 


664 


WEBER  —  WECRERLIN 


Maria  von  Weber,  roman  eu  3  parties,  par  He- 
sibertRau,  Leipzig,  Tliomas,  1865,  2  vol.in-S"; 
3°  Carl-MuTia  von  Weber  in  seinen  werken 
{Charles-Marie  de  Weber  dans  ses  œuvres, 
liste  clironologique  et  thématique  de  l'ensemble 
de  ses  compositions),  par  F.-W.  Jàhns,  Berlin, 
Schlesinger,  1871,  in-S";  i°  Carl-Maria  von 
Weber,  eine  lebenssfcizze  nach  authentischen 
quellen  (Esquisses  de  la  vie  de  Charles-Ma- 
rie de  Weber,  d'après  des  sources  authenti- 
ques), par  F.-W.  Jahns,  avec  un  portrait  iné- 
dit de  Weber,  en  photolithograpbie,  Leipzig, 
F.-W.  Grunow,  1873;  5°  Weber,  par  H.  Bar- 
bedette ,  Paris,  Heugel ,  1862  ,  grand  in-8°  ; 
6°  Histoire  du  «  Freischûtz  »,  par  Edmond  Neu- 
komm,  Paris,  Faure,  1867,  in- 12  ;  7°  Lettres 
de  Gluck  et  de  Weber,  publiées  par  L.  NohI, 
traduites  par  Guy  de  Cbarnacé,  Paris,  Pion, 
1870,  in-12.  Il  faut  signaler  aussi  :  Freischûtz- 
^Mc/i,  de  Frédéric  Kind  (Leipzig,  Gœschen,  1843), 
écrit  qui  renferme  une  série  de  lettres  adressées 
par  Weber  à  son  collaborateur  Kind,  auteur 
du  livret  du  Freischûtz. 

*  WEBER  (Franz),  compositeur,  violoniste, 
organiste  et  chanteur,  est  mort  à  Cologne  le 
18  septembre  1876.  Il  était  né  en  cette  ville  le 
26  août  1805. 

WEBER  (H ),  écrivain   contemporain, 

est  l'auteur  d'un  livre  important  publié  sous  ce 
titre  :  Geschichte  des  Kirchengesanges  (His- 
toire du  chant  d'église  dans  la  Suisse  alle- 
mande réformée  depuis  la  Réformation, 
avec  une  description  exacte  des  livres  de  chants 
d'église  du  seizième  siècle),  Zurich,  Schultess, 
1877. 

WEBER  (JoHANNEs),  écrivain  musical  fran- 
çais, est  né  en  Alsace  vers  1820.  On  lui  doit  un 
Traité  élémentaire  d'harmonie  (Paris,  l'au- 
teur), un  Traité  analytique  et  complet  de 
l'art  de  moduler  (id.,  id.),  et  une  traduction 
française  de  la  Méthode  d'harmonie  de  Charles 
Basier,  qu'il  a  donnée  sous  ce  titre  :  Carte  rou- 
tière des  modulations  harmoniques,  ou  Plan 
figuratif  des  relations  des  tons  (Paris,  Perro- 
tin,  1850,  in-f"  de  11  pages  avec  2  planches). 
Depuis  sa  fondation,  c'est-à-dire  depuis  l'année 
1861,  M.  Weber  est  chargé  de  rédiger  la  partie 
musicale  du  journal  le  Temps.  Cet  écrivain  a 
collaboré  à  la  Critique  musicale  d'Alexis  Aze- 
vedo  {Voy.ce  nom),  kld  Revue  et  Gazette  mu- 
sicale de  Paris,  à  la  Revue  germanique,  et  il 
est  le  correspondant  artistique  de  la  Revue 
Savoisicnne,  qui  se  publie  à  Annecy  (1). 

pris   par   Paul    Smith  (Edouard   Monnais),  et   continué, 
après  la  mort  de  celui-ci,  par  M.  Edmond  Neukomm. 
(!)  lin  dehors  de  la  musique,  M,  Weber  a  pubUO  l'opus- 


WEBER  (Edmond),  pianiste  et  composi- 
teur, né  en  Alsace  et  pendant  de  longues  années 
établi  à  Strasbourg,  a  quitté  cette  ville  après 
les  événements  de  1870-71,  et  est  allé  se 
fixer  à  Angers,  où  il  s'est  consacré  à  l'ensei- 
gnement. En  1868,  M.  Weber  avait  fait  re- 
présenter à  Strasbourg  un  opéra  intitulé  le 
Roi  des  Aîdnes,  qui  avait  été  fort  bien  ac- 
cueilli.; le  2  mars  1876,  il  a  donné  sur  !e  théâtre 
(l'Angers  un  opéra-comique  en  2  «ctes,  Rosita, 
dont  un  de  ses  compatriotes  alsaciens,  M.  Long- 
champ,  lui  avait  fourni  les  paroles,  et  qui  ,n'a 
pas  été  moins  bien  reçu.  M.  Edmond  Weber  a 
publié,  en  dehors  du  théâtre,  un  certain  nom- 
bre de  compositions  vocales  et  [instrumentales, 
parmi  lesquelles  je  citerai  les  Mois,  joli  recueil 
de  douze  esquisses  musicales  pour  le  piano, 
écrites  dans  un  style  qui  rappelle  celui  de 
Mendelssohn,  et  trois  bons  chœurs  pour  voix 
d'hommes  :  Sur  les  Monts,  Aubade,  0  Phara- 
mond  ! 

*  WECKERLIJX  (Jean -Baptiste -Théo- 
dore). —  La  première  œuvre  un  peu  impor- 
tante de  ce  compositeur  fut  exécutée  dans  la 
salle  du  Conservatoire  de  Paris  le  5  décembre 
1847  ;  c'était  une  suite  de  «  scènes  héroïques  » 
pour  soli,  chœurs  et  orchestre,  qui  avait  pour 
titre  Roland,  et  qui  n'a  pas  été  publiée.  Dans 
ce  même  concert,  Ponchard  chantait  deux  mé- 
lodies du  jeune  artiste,  avec  accompagnement 
d'orchestre. 

De  1850  à  1855,  M.  Weckerlin,  comme  chef 
du  chant  et  des  chœurs,  fut  le  collaborateur  actif 
et  dévoué  de  M.  Seghers  (Voy.  ee  nom)  aux 
concerts  de  la  Société  Sainte-Cécile,  dont  ce 
dernier  était  le  chef  d'orchestre.  C'est  là  qu'on 
entendit  pour  la  première  fois  à  Paris  diverses 
œuvres  de  grands  maîtres  anciens  ou  modernes, 
entre  autres  le  Chant  élégiaque  et  la  Fantaisie 
pour  piano,  orchestre  et  chœurs  de  Beethoven, 
la  musique  de  Preciosa  de  Weber,  qui  obtint 
un  immense  succès,  le  Ballet  de  la  Reyne, 
des  fragments  de  l'Élie  de  Mendelssohn,  les  sym- 
phonies de  M.  Gounod,  la  Fuite  en  Egypte  de 
Berlioz,  l'ouverture  du  Tannhàuser  de  M.  Ri- 
chard Wagner,  et  quantité  de  chœurs  anciens 
que  M.  Weckerlin  remettait  au  jour,  ainsi  que 
quelques-unes  de  ses  compositions. 

M.  Weckerlin  a  fait  représenter  au  Théâtre- 
Lyrique,  en  1877,  un  joli  et  élégant  opéra-co- 
mique en  un  acte,  intitulé  A  Fontenoy,  et  le 
31  mai  1879  il  donnait  à  Colmar  un  ouvrage 
en  4  actes  écrit  sur  un  poème  en  dialecte  alsacien, 


cule  suivant  :   la  Maison  et  les  Souvenirs  de  Jeanne 
d'Jrc,  d  Oomremy, 


WECRERLIN  —  WEHLE 


665 


D'rverhâxV Herbst  {la  Vendange  ensorcelée), 
qui  obtenait  un  très-vif  succès  auprès  de  ses 
compatriotes.  Au  nombre  des  œuvres  publiées 
par  lui,  nous  citerons  les  suivantes  :  1°  l'Inde, 
ode-symphonie  exécutée  aux  concerts  du  Grand- 
Hôtel  en  1873  (partitions  pour  orchestre  et 
pour  piano,  Paris,  Heugel)  ;  2°  la  Forêt,  sym- 
phonie en  fa  (partitions  pour  orchestre  et  pour 
piano,  Paris,  Brandus)  ;  3°  la  Laitière  de  Tria- 
non,  opéra  de  salon,  joué  chez  Rossini  le  18  dé- 
cembre 1858  (Paris,  Heugel)  ;  4°  les  Soirées 
parisiennes,  six  chœurs  pour  voix  mixtes, 
avec  accompagnement  de  piano  (Paris,  Flax- 
land)  ;  5°  les  Poètes  français  mis  en  musique 
parJ.-B.  WeckerHn,\V^ série,  duXHPauXVnr 
siècle,  avec  une  notice  biographique  sur  chaque 
poète  (Paris,  Flaxiand,  1868);  6°  Échos  d'An- 
gleterre, mélodies  populaires  de  l'Angleterre, 
de  l'Ecosse,  de  l'Irlande  et  du  pays  de  Galles, 
transcrites  avec  accompagnement  de  piano  (Pa- 
ris, Durand -Schœnewerk).  Quant  aux  mélo- 
dies détachées  de  ce  compositeur,  dont  plu- 
sieurs ont  obtenu  un  véritable  succès  de  vogue, 
leur  nombre  dépasse  aujourd'hui  trois-cents. 
Enfin,  il  faut  signaler  encore  plusieurs  suites 
symphoniques  pour  piano  à  4  mains  publiées 
chez  l'éditeur  M.  Grus,  et  diverses  séries  de 
l'ùndlers  alsaciens,  également  à  4  mains  (Paris, 
Colombier). 

En  1869,  sur  la  présentation  d'Auber,  alors 
directeur  du  Conservatoire,  M.  Weckerlin  fut 
nommé  «  préposé  à  la  bibliothèque  »  de  cet 
établissement,  et  en  1872  ce  titre  fut  changé 
en  celui,  plus  convenable  et  plus  exact,  de  «  bi- 
bliothécaire. »  Après  la  monde  Félicien  Da- 
vid, il  fut  nommé  bibliothécaire  en  chef  le  9  sep- 
tembre 1876.  Chargé  aussi  des  fonctions  d'ar- 
chiviste et  bibliothécaire  de  la  Société  des  com- 
positeurs de  musique,  M.  Weckerlin,  qui  s'est 
toujours  occupé  de  littérature  musicale,  a  inséré 
dans  les  Bulletins  de  cette  compagnie  quel- 
ques morceaux  intéressants,  entre  autres  une 
notice  sur  la  chanson  populaire  (dont  il  a  été 
fait  un  tirage  à  part  sous  ce  titre  :  Chants  et 
chansons  populaires  du  printemps  et  de  l'été), 
une  Histoire  de  la  contre-basse,  une  disserta- 
tion de  30  pages,  avec  fac-similé,  sur  l'histoire 
de  l'impression  de  la  musique  en  France,  etc. 
11  a  publié  aussi  un  volume  intitulé  «  Musi- 
ciana,  extraits  d'ouvrages  rares  ou  bizarres, 
anecdotes,  lettres,  etc.,  concernant  la  musique  et 
les  musiciens,  »  Paris,  Garnier,  1877,  in-12. 
Particulièrement  épris  de  tout  ce  qui  concerne 
la  chanson  et  son  histoire  chez  les  différents 
peuples,  cet  artiste  distingué  s'est  formé,  sur 
ce  sujet,  une  collection  considérable,  compre- 


nant plusieurs  milliers  de  voliltnes,  et  que  sa 
richesse  rend  unique  en  son  genre. 

En  1875, l'Académie  des  Beaux-Arts  ayant  mis 
au  concours  un  Mémoire  sur  l'histoira  de  l'ins- 
trumentation depuis  le  seizième  siècle  jusqu'à 
l'époque  actuelle,  M.  Weckerlin  concourut  ;  le 
prix  ne  fut  point  décerné,  mais  deux  médailles 
furent  accordées,  dont  une  de  mille  francs  à 
M.  Weckerlin.  Il  n'a  pas  encore  livré  ce  tra- 
vail intéressant  à  la  publicité. 

M.  Weckerlin  est  l'un  des  collaborateurs  du 
Supplément  à  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens. 

WEIILE  (Charles),  pianiste  et  compositeur 
distingué,  est  né  à  Prague  (Bohême),  le  17  mars 
1825.  Destiné  d'abord  au  commerce,  il  fut  em- 
ployé dans  les  bureaux  de  divers  négociants, 
d'abord  à  Leipzig,  puis  à  Marseille  et  à  Paris. 
Il  sentit  se  réveiller  en  France  ses  goûts  pour  la 
musique,  qu'il  avait  étudiée  dans  ses  jeunes 
années,  et  Thalberg,  dont  il  fit  connaissance , 
l'engagea  fortement  à  développer  et  à  mettre 
à  profit  ses  dispositions  pour  cet  art.  Muni  de 
lettres  de  recommandation  de  ce  grand  artiste, 
il  résolut  donc  de  suivre  ses  conseils,  retourna 
à  Leipzig,  où  il  étudia  pendant  trois  ans  sous 
la  direction  de  Moscheles  et  de  Richter,  puis  se 
rendit  à  Berlin,  où  il  se  perfectionna  avec 
M.  Kullak. 

De  retour  à  Paris  en  1853,  M.  Charles  Wehie 
y  fit  connaître  un  talent  de  virtuose  fort  dis- 
tingué, et  y  publia  des  compositions  intéres- 
santes, qui  se  distinguaient  par  une  forme  élé- 
gante, des  idées  heureuses  et  la  recherche  de 
rliythmes  curieux  et  inusités.  Après  un  séjour 
de  plusieurs  années  en  France,  il  entreprit  un 
grand  voyage  artistique  en  Amérique  et  en 
Océanie,  qui  fut,  dit-on,  une  sorte  d'étrange 
odyssée  et  qui  dura  plusieurs  années,  pendant 
lesquelles  l'artiste,  ne  se  contentant  pas  d'ex- 
plorer les  pays  civilisés,  visita  aussi  les  con- 
trées les  plus  sauvages  et  courut  les  aventures 
les  plus  étonnantes.  Je  crois  qu'il  est  aujour- 
d'hui de  retour  en  Europe,  sans  avoir  réussi  à 
amasser  les  richesses  qu'il  avait  rêvées. 

Parmi  les  œuvres,  vraiment  distinguées,  de 
M.  Charles  WehIe,  je  mentionnerai  les  sui- 
vantes :  Sonate  en  ut  mineur,  op.  38  ;  Marche 
cosaque,  op.  37  ;  Tarentelles,  op.  5  et  56  ;  Al- 
legro à  la  hongroise,  op.  81  ;  Impromptus,  op. 
10  et  73  ;  Ballade  nocturne,  op.  79;  Sérénade  na- 
politaine, op.  31;  un  Songe  à  Vaucluse,  op. 
30;  Fête  Danubienne,  op.  32;  3  Morceaux, 
op.  80  ;  Chanson  bohème,  op.  75  ;  6  Bohémiennes, 
op.  9  et  17  ;  Valse  brillante,  op.  21  ;  2  Berceuses  ; 
3  Nocturnes;  Ballade  en  sol  mineur,  op.  11; 


666 


WEHLE  —  WELDON 


2  Valses,  op.  18  ;  le  Dahlia,  op.  24,  etc.,  etc.  La 
plupart  (les  compositions  de  M.  Ch.  Vehle  ont 
été  publiées  par  l'éditeur  M.  Richauit. 

■WEIDT  (Henri),  compositeur  allemand, 
né  à  Cobourg,  a  occupé  pendant  quelque  temps 
les  fonctions  de  directeur  de  musique  à  Cassel. 
Après  s'être  d'abord  fait  connaître  par  la  publi- 
cation de  quelques  lieder,  il  a  abordé  la  scène 
à  Hambourg,  en  faisant  représenter  sur  le 
théâtre  de  cette  ville,  au  mois  de  mai  1851,  un 
opéra  en  2  actes  intitulé  Madeleine.  Il  alla  se 
fixer  ensuite  à  Pesth,  où  il  donna  les  ouvrages 
suivants  :  Qu'est-ce  que  l'amour?  un  acte, 
1863;  les  Fiançailles  dans  la  cave,  un  acte, 
28  mars  1864  ;  le  Marquis  d'Entragues, 
30  mai  1864;  la  Révolte  au  sérail,  un  acte, 
18  janvier  1865.  Le  dernier  ouvrage  de  M.  Weidt 
est  un  grand  opéra  en  4  actes,  Adelma,  qui  a 
été  donné  à  Temeswar  le  2  janvier  1873. 

\VEI]>ERT  (Antoine),  compositeur  et 
professeur,  né  en  Bohême  en  1750  ou  1751, 
fut  d'abord  professeur  de  musique  à  Ragolin, 
chez  le  comte  Raczynsky,  et  vint  s'établir 
fort  jeune  à  Varsovie,  où  il  resta  jusqu'à 
sa  mort,  occupant  une  position  brillante  et 
enviable.  Devenu  successivement  maître  de 
chapelle  du  roi  de  Pologne  Stanislas-Auguste 
Poniatowski,  professeur  au  Conservatoire  de 
musique  et  membre  de  l'orchestre  du  grand 
théâtre,  il  se  fit  connaître  comme  compositeur 
dramatique  en  écrivant  pour  ce  tliéâtre  la  mu- 
sique de  trois  opéras,  Niepotrzebny  Skrypul 
{le  Scrupule  inutile),  Donerweter,  et  Diabel 
alchimista  (le  Diable  alchimiste).  H  écrivit 
aussi  pour  l'église,  et  l'on  cite  comme  un  de 
ses  meilleurs  morceaux  en  ce  genre  un  Offer- 
toire, exécuté  en  1837  à  l'église  des  Augustins. 
En  parlant  de  ce  morceau,  le  Courrier  de  Var- 
sovie donnait  à  Weinert  la  qualification  de 
doyen  des  artistes  polonais.  A  celte  époque,  en 
effet,  il  était  déjà  fort  vieux,  et  pourtant  il  ne 
mourut  qu'en  1850,  alors  qu'il  était  entré  dans 
sa  centième  année,  et  qu'il  jouissait  depuis  long- 
temps d'une  pension  de  retraite  que  lui  avaient 
méritée  soixante  et    un  ans  de  bons  services. 

Weinert  était  père  de  seize  enfants.  L'un 
de  ses  fils,  Philippe  Weinert,  né  à  Ragolin 
en  1798,  élève  de  Jean  Gommcrt  pour  les  prin- 
cipes de  la  musique,  d'un  piolésseur  français 
nommé  Brice  pour  le  chant,  était  doué  d'une  jolie 
Voix  de  ténor,  et  devint  un  chanteur  de  talent 
et  l'un  des  artistes  dramatiques  les  plus  re- 
nommés de  la  Pologne.  Son  jeu  animé,  sa  jolie 
voix  et  son  physique  agréable  lui  firent  tenir 
une  place  distinguée  au  grand  théâtre  de  Var- 
sovie. Malheureusement,  une  rivalité  fâcheuse 


qui  s'établit  à  ce  théâtre,  entre  le  ténor  Pol- 
kowski  et  Philippe  Weinert,  fut  fatale  à  ce  der- 
nier, qui  fut  obligé  de  quitter  la  scène.  Mis 
dans  la  nécessité  de  donner  des  leçons  pour 
nourrir  sa  famille,  il  perdit  sa  voix  et  mourut 
presque  de  misère,  en  1843,  à  l'hôpital  évangé- 
lique  de  Varsovie.  Tous  les  artistes  de  la  ville 
accompagnèrent  ses  restes  jusqu'au  cimetière, 
ayant  à  leur  tête  son  pauvre  père,  alors  âgé  de 
quatre-vingt-quatorze  ans  environ.  —Le  second 
fils  d'Antoine  Weinert,  Pierre  Weinert,  mort 
jeune  en  1827,  musicien  aussi,  était  professeur 
de  piano  au  Conservatoire  de  Varsovie. 

WEISS  ( ),  compositeur  allemand,  a 

fait  représenter  sur  le  théâtre  de  Cobourg,  en 
1861,  un  opéra  qui  avait  pour  lilre  la  Pucelle 
d'Orléans.  J'ignore  si  cet  artiste  est  un  de  ceux 
du  même  nom  qui  sont  mentionnés  au  tome  VIII 
de  la  Biographie  universelle  des  Musiciens. 

WEISSEIXBORIV  (E ),  musicien  al- 
lemand contemporain,  a  publié  plus  de  cent 
morceaux  de  musique  de  danse  pour  le  piano  : 
valses,  polkas,  etc. 

WEISSHEIMER   ( ),    compositeur 

allemand,  est  l'auteur  d'un  opéra  intitulé  Théo- 
dore Kœrner,  qui  a  été  représenté  à  Munich  en 
1872.  Le  22  mars  1879,  il  donnait  sur  le  théâtre 
de  Carisruhe  un  autre  ouvrage  dramatique, 
Maître  Martin  et  ses  compagnons,  dont  le 
sujet  était  emprunté  à  la  nouvelle  célèbre  d'Hoff- 
mann. 

*  WEKERLIIM  (Jean -Baptiste-Théodore). 
—  Voyez  WECKERLIN. 

WELDOIH  (M"'  Georgina),  cantatrice  an- 
glaise et  professeur  de  chant,  née  à  Londres  le 
24  mai  1837,  a  attiré  l'attention  sur  elle,  en  ces 
dernières  années,  grâce  aux  relations  qu'elle  a 
entretenues  avec  M.  Gounod,  lors  du  long  séjour 
que  ce  maître  a  fait  à  Londres.  C'est  chez  M.  et 
jjmc  weldon  que  M.  Gounod  logeait  en  cette  ville  ; 
c'est  là  qu'il  a  fondé  et  qu'il  exerçait  la  société  de 
chant  à  laquelle  il  avait  donné  le  nom  de  Gounod's 
Choir;  c'est  là  enfin  qu'il  écrivit  la  partition 
de  son  Polyeucle.  Ce  n'est  pas  ici  le  heu  de 
parler  des  dissentiments  qui  ont  éclaté  pins 
tard  entre  M.  Gounod  et  M""*^  Weldon,  mais 
quelques-uns  des  faits  qui  y  ont  donné  lieu  ap- 
partiennent cependant  à  l'histoire  musicale  de 
ce  temps  et  veulent  être  rappelés.  Ainsi,  il  est 
certain  que  lorsque  M.  Gounod  quitta  Londres 
pour  revenir  en  France,  M™^  Weldon  eut  la 
prétention  de  s'approprier  tous  ses  manuscrits, 
soit  musicaux,  soit  littéraires,  entre  autres  la 
partition  de  Polyeucle,  et  que  si  elle  finit  par 
lui  rendre  les  premiers,  elle  conserva  les  autres, 
et  en  fit  même  l'objet  de  diverses  publications. 


WELDON  ~  WESLEY 


667 


C'est  ainsi  que  M™*'  Weldon  publia  d'abord 
un  écrit  qui  parut  sous  ce  titre  :  la  Destruc- 
tion du  Poiyeucte  de  Ch.  Gounod,  mémoire 
justificatif  par  M™*  Georgina  Weldon  (Paris, 
Paul  Dupont,  1875,  Jn-12  de  31  pp.).  Peu  après, 
elle  lançait  une  seconde  publication  :  Autobio- 
graphie de  Ch.  Gounod  et  articles  sur  la  rou- 
tine en  matière  d'art,  édités  et  compilés  avec 
une  préface,  par  M""  Georgina  Weldon  (Lon- 
dres, l'auteur,  s.  d.,  petit  in-8°  de  116  pp.);  ce 
petit  livre  était  un  recueil  d'écrits,  précédé 
d'une  préface  de  M'^^"  Weldon  en  un  fran- 
çais barbare.  M"'  Weldon  avait  encore  an- 
noncé trois  autres  publications  :  1»  125  lettres 
de  Ch.  Gounod  et  autres  lettres  et  docu- 
ments; T  Mon  Orphelinat  et  Gounod  en  An- 
gleterre; 3"  les  Concerts  Gounod  et  autres  ar- 
ticles sur  le  métier  musical  (c'est-à-dire,  sans 
doute,  sur  la  profession  de  musicien).  J'ignore  si 
tout  cela  a  paru,  mais  j'en  doute.  Toutefois, 
]yime  Weldon  a  encore  publié  un  écrif,  cette  fois 
en  anglais,  dans  lequel  il  est  longuement  ques- 
tion de  M.  Gounod  :  Musical  Reform  (Londres, 
l'auteur,  1875,  in-8°  de  102  pp.). 

Avant  ses  démêlés  avec  l'auteur  de  Faust, 
jyjme  Weldon  avait  mis  au  jour  l'opuscule  sui- 
vant :  the  Quarrel  of  the  Royal  Albert  Hall 
Company  loith  M.  Ch.  Gounod  (Windsor, 
Oxley,  1873,  in-8°  de  54  pp.),  et  ce  petit  travail 
avait  été  lui-même  précédé  d'une  sorte  de  court 
exposé  de  sa  méthode  d'enseignement  :  Hints 
for  pronunciation  in  singing  with  proposais 
for  a  setf-supporting  Academy  (Londres, 
Goddard,  1872,  in-8°  de  19  pp.).'; 

lyjme  wcIdon,  qui  est  douée  d'une  jolie  voix 
de  soprano  et  qui  chante  avec  goûl,  était  l'in- 
terprète préférée  de  M.  Gounod  pendant  le  sé- 
jour du  maître  à  Londres  ;  c'est  même  elle 
qu'il  chargea  de  chanter  ici  sa  cantate  Gallia, 
lors  de  la  première  exécution  à  Paris  de  cette 
composition,  par  la  Société  des  concerts  du  Con- 
servatoire. On  a  répandu  récemment  (1878)  le 
bruit  que  cette  artiste,  dont  les  allures  parais.<^ent 
vraiment  un  peu  excentriques  dans  la  vie  privée, 
était  devenue  folle,  et  les  journaux  anglais  ont 
annoncé  qu'elle  avait  dû  être  enfermée  dans  une 
maison  de  santé.  Je  ne  sais  si  ce  fait  est  exact, 
mais  il  me  semble  qu'il  n'a  pas  été  démenti. 

*  WELLER  (Frédéric),  hautboïste  et  an- 
cien chef  de  musique*  militaire,  est  mort  à 
Zerbst  le  30  mai  1870.  Il  était  né  à  Wœrlitz  en 
1786. 

WELTIG  (Charles),  compositeur  et  chef 
d'orchestre  allemand,  naquit  à  Goslar  en  1826. 
Il  suivit  les  cours  du  Conservatoire  de  Leipzig,  où 
il  fut  l'élève  de  Moritz  ilauptmaun  et  de  Meudels- 


sohn.  En  1855  il  devint  chef  d'orchestre  du 
théâtre  de  Brùnn,  et  il  monrut  en  cette  ville 
en  1859.  Weltig  a  composé  des  pièces  de  piano 
(entre  autres  neuf  impromptus  à  4  mains,  char- 
mants de  bon  goiTit,  publiés  à  Vienne  chez 
Schreiber),  et  de  beaux  lieder. 

J.  B. 

VVERIVnARD  (Otto),  est  le  p.seudonyme 
sous  lequel  le  duc  Ernest  de  Saxe-Cobourg- 
Gotlia  a  fait  représenter  à  Vienne,  le  19  octobre 
1871,  un  opéra  dont  il  avait  écrit  la  mu.sique  : 
le  Cordonnier  de  Strasbourg. 

WEUSCHIVEIDEIl  ( ),  compositeur, 

a  écrit  la  musique  d'une  opérette- vaudeville  en 
5  actes  et  6  tableaux,  le  Tour  du  cadran,  qui  a 
^té  représentée  à  Lyon,  sur  le  petit  théâtre  des 
Folies-Lyonnaises,  au  mois  de  juin  1879. 

*  WÉR.Y  (Nicolas-Lambert),  violoniste. — 
Cet  artiste  fort  remarquable  est  mort  à  Bande, 
dans  le  Luxembourg,  le  6  octobre  1867.  Il  était 
né  à  Huy  le  9  mai  1789.  L'enseignement  de 
Wéry  était  justement  réputé,  et  durant  sa  longue 
carrière  de  professeur  au  Conservatoire  de  Bru- 
xelles il  forma  un  grand  nombre  d'excellents 
élèves,  parmi  lesquelsoncitesurtoutMM.  Préaile, 
Masset,  B.  de  Loos,  Wynen,  Clovis  Verbeck, 
Smit,  Couseran,  Dubois,  Putzeys,  Vranckx,  Sin- 
gelée,  Colyns,  etc.,  etc. 

*  "WESLEY  (Samuel),  célèbre  organiste  an- 
glais. —  Une  publication  récemment  faite  en 
Angleterre  est  venue  rappeler  l'attention  sur  la 
mémoire  de  cet  artiste  remarquable.  Sous  ce 
titre  :  Lettres  relatives  aux  œuvres  de  Jean- 
Sébastien  Bach  (Lettersreferring  to  theworks 
of  John  Sébastian  Bach),  sa  fille,  M^^°  Eliza 
Wesley,  a  livré  au  public  un  recueil  de  lettres, 
restées  jusqu'ici  inconnues,  que  Samuel  Wesley 
avait  adressées  naguère  à  l'un  de  ses  amis  et 
confrères,  l'organiste  Jacobs.  Cette  correspon- 
dance, qui  commence  au  17  septembre  1808,  a 
surfout  trait  aux  efforts  intelligents  que  faisait 
alors  Wesley  pour  amener  le  public  anglais  à 
comprendre  et  admirer  les  œuvres  immortelles 
du  vieux  Sébastien  Bach,  qui  jusqu'alors  lui 
étaient  complètement  inconnues.  On  sait  que 
Burney  lui-même  s'était  refusé  à  rendre  justice 
au  génie  du  vieuxmaître,  et  cela,  il  faut  bien  le 
constater,  parce  qu'il  n'avait  pas  pris  la  peine 
de  l'étudier.  C'est  grâce  à  l'intelligence,  à  la  per- 
sévérance de  Wesley,  que  ses  compatriotes  en 
arrivèrent  enfin  à  discerner  et  à  apprécier  l'im- 
mense valeur  des  œuvres  de  Bach  ;  mais  ce  n'est 
pas  sans  lutte  et  sans  opposition  que  Wesley 
atteignit  son  but,  et  ce  n'est  qu'au  bout  de 
longues  années  d'un  combat  opiniâtre  contre  la 
routine  et  les  préjugés  qu'il  put  se  flatter  d'avoir 


668 


WESLEY  —  WETTERHAHN 


remporté  la  victoire.  Les  lettres  de  Samuel 
Wesley  ne  sont  d'ailleurs  pas  intéressantes  à  ce 
seul  point  (le  vue,  et  en  ce  sens  qu'elles  donnent 
une  haute  idée  de  son  caractère,  de  son  intelli- 
gence et  de  son  sens  artistique;  elles  sont  très- 
curieuses  aussi  parce  qu'elles  font  connaître  un 
côté  tout  particulier  de  la  société  anglaise  au 
commencement  du  dix-neuvième  siècle,  et 
qu'elles  donnent  une  idée  exacte,  précise  et  ori- 
ginale des  coutumes  et  des  traditions  musicales 
de  l'époque.  Sous  ce  rapport,  on  peut  dire  que 
peu  de  lectures  sont  aussi  instructives,  aussi 
utiles  et  aussi  pleines  d'intérêt. 

WESLEY  (Samuei-Sébastien),  organiste  et 
compositeur  de  musique  religieuse,  neveu  du 
précédent  et  fils  du  fameux  Charles  Wesley,  si 
réputé  lui-même  sous  ce  rapport  (  Voy.  ce  nom  au 
t.  VIII  de  la  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens), était  né  dans  les  dernières  années  dii 
dix-huitième  siècle.  Il  sut  acquérir  en  Angle- 
terre, sa  patrie,  une  renommée  presque  égale  à 
celle  de  son  pèi'e,  et  obtint  le  titre  très-recherché 
de  docteur  en  musique.  Cet  artiste  fort  distingué 
est  mort  à  Gloucester,  le  19  avril  1876,  dans  un 
âge  très-avancé. 

"WESTBIIOOK  (W -J ),  professeur 

et  théoricien  anglais,  docteur  en  musique,  est 
l'auteur  d'un  petit  manuel  publié  sous  ce  titre  : 
Musique  élémentaire  {Elementary  Blusic),  à 
l'usage  des  commençants,  avec  questions  (Lon- 
dres, W.  Reeves).  M.  "Weslbrook  est  examina- 
teur en  musique  au  Collège  royal  des  précep- 
teurs et  professeur  au  Trinity  Collège,  de  Lon- 
dres. 

WESTHOFF  (Jean-Paul  VON),  habile 
violoniste  allemand,  naquit  en  1656  à  Dresde, 
où  son  père  était  musicien  de  la  chambre  de  l'é- 
lecteur de  Saxe.  Ancien  capitaine  au  service  de 
la  Suède,  Frédéric  de  Westhoff  père,  qui  avait 
servi  sous  Gustave- Adolphe,  s'était  vu,  au  re- 
tour d'une  campagne,  dépouillé  par  des  brigands 
de  tout  ce  qu'il  possédait;  il  s'était  alors  réfugié 
à  Dresde,  où  il  avait  mis  à  profit  un  talent  de 
violoniste  amateur  acquis  dans  ses  plus  jeunes 
années.  Son  fils,  qui  sans  doute  avait  été  son  élève 
et  à  qui  il  avait  donné  une  bonne  éducation  lit- 
téraire, car  il  parlait  couramment  le  français, 
l'italien  et  l'espagnol,  était,  dès  l'âge  de  15  ans 
(1671),  entré  à  la  cour  de  Saxe  comme  professeur 
de  langues.  En  1674,  le  jeune  Westhoff  se  rendit 
à  Lubeck,  ville  natale  de  son  père,  revint  peu 
de  temps  après  à  Dresde,  puis,  à  la  suite  d'un 
voyage  en  Suède,  fit  comme  enseigne,  sous  les 
ordres  du  général  impérial  de  Schuitz,  une  cam- 
pagne en  Hongrie  contre  les  Turcs.  De  retour  à 
Dresde  après  cette  guerre  et  devenu  musicien 


de  l'électeur,  il  fit,  en  1682,  un  voyage  en  Italie 
et  en  France,  se  fit  entendre  avec  un  grand 
succès  devant  Louis  XIV,  s'en  alla  ensuite  à 
Vienne,  où  l'empereur  d'Autriche  ne  l'accueillit 
pas  avec  moins  de  faveur,  et  ne  reparut  de  nou- 
veau à  Dresde  qu'après  avoir  visité  l'Angleterre, 
les  Pays-Bas  et  les  Flandres.  Plus  tard,  il  alla 
s'établir  à  Wittembourg  copime  maître  de  lan- 
gues, et  c'est  en  cette  ville  qu'il  mourut,  en  1705. 
On  a  gravé  de  cet  artiste  un  recueil  de  VI  So- 
nate  a  violino  solo  e  basso  coniinuo  (Dresde, 
1694). 

WESTMEYER  (Guillaume),  compositeur 
allemand  distingué,  est  né  en  1827.  Ayant  montré 
dès  son  jeune  âge  de  grandes  dispositions  pour 
la  musique,  il  fut  envoyé  au  Conservatoire  de 
Leipzig,  où  il  fit  de  sérieuses  études.  Son 
maître  de  contre-point  fut  le  fameux  théoricien 
Lobe.  Depuis  longtemps  M.  Westmeyer  habite 
Vienne,  où  il  fut  d'abord  chef  de  musique  mili- 
taire. Dans  ces  dernières  années,  il  s'est  beau- 
coup occupé  de  la  réforme  de  la  musique  d'é- 
glise, et  il  avait  même  formé,  avec  son  ami 
Ambros  {Voy.  ce  nom),  mort  depuis,  le  projet 
de  faire  connaître  à  Vienne  toutes  les  grandes 
œuvres  de  l'ancienne  musique  religieuse,  notam- 
ment celles  de  Palestrina,  d'Ockeghem,  d'Or- 
lando  de  Lassus,  etc. 

Les  compositions  publiées  de  M.  "Westmeyer 
consistent  en  symphonies,  en  lieder  remarqua- 
bles, en  chœurs  pour  voix  d'hommes.  On  con- 
naît aussi  de  lui,  outre  un  octuor  pour  instru- 
ments à  vent,  deux  opéras,  dont  l'un  intitulé 
Amanda,  et  l'autre  la  Forêt  d'Hermannstadt. 
Ce  dernier,  qui  est  conçu  dans  le  style  de  \'Eu- 
njaiilhe,  de  Weber,  a  été  représenté  sur  plu- 
sieurs théâtres  d'Allemagne  avec  beaucoup  de 
succès.  M.  Westmeyer  a  écrit  encore  une  Ou- 
verture d'' empereur,  construite  sur  les  motifs  de 
l'Hymne  autrichien  d'Haydn,  qui  est  une  bril- 
lante et  superbe  composition,  dédiée  à  l'empe- 
reur d'Autriche. 

J.  B. 

WETRENS  (A -J ),  violoniste  néer- 
landais, directeur  des  concerts  de  la  Société  pour 
l'encouragement  de  l'art  musical  à  Leyde,  est  né 
dans  cette  ville  en  1822.  Il  a  eu  comme  profes- 
seur le  célèbre  violoniste  Ferdinand  David  à 
Leipzig,  et  à  son  retour  dans  les  Pays-Bas  il  se 
fixa  dans  sa  ville  natale*  où  il  est  fort  estimé  et 
considéré  comme  homme  et  comme  musicien. 

ÉD.  DE  H. 

YVETTEllHAHIV  ( ),  compositeur 

allemand,  a  écrit  la  musique  d'un  opéra  intitulé 
Esméralda,  qui  a  été  représenté  à  Chenmitz  le 
24  novembre  1866. 


WHITTINGHAM  —  WIECR 


669 


WHITTEXGHAM  (Alfred),  pianiste  et 
professeur  anglais  contemporain,  est  l'auteur  de 
la  publication  suivante  :  les  Gammes  majeures 
et  mineures  (the  Major  and  minor  Seules)  en 
octaves,  sixtes  et  tierces  ou  dixièmes,  avec  des 
remarques  préliminaires  sur  les  principes  du 
doigté,  Londres,  W.  Reeves. 

IVIARD  (Jules).  —  Voyez  WARD  (Ju- 
les). 

WICHTL  (Georges),  violoniste  et  compo- 
siteur allemand,  né  à  Trostberg  le  2  février  1805, 
est  mort  à  Bunzlau  le  3  juin  1877.  Cet  artiste, 
qui  a  rempli  pendant  de  longues  années  les 
fonctions  de  maître  de  chapelle,  a  publié  environ 
quatre-vingts  œuvres  de  musique,  consistant  en 
morceaux  religieux,  quatuors  pour  instruments 
à  cordes,  duos  pour  deux  violons,  fantaisies  fa- 
ciles pour  violon  avec  accompagnement  de  piano 
et  études  pour  le  même  instrument. 

WICREDE  (Frédéric  VON),  compositeur 
allemand  contemporain,  s'est  fait  connaître  par 
l'exécution  et  la  publication  d'un  assez  grand 
nombre  d'œuvres  de  divers  genres,  parmi  les- 
quelles on  remarque  une  grande  ouverture  de 
concert  :  Per  aspera  ad  astra,  et  beaucoup  de 
recueils  de  lieder  à  une  ou  plusieurs  voix. 

WIDOR  (Charles-Marie),  pianiste,  orga- 
niste et  compositeur  français  fort  distingué,  est 
né  à  Lyon  le  22  février  1845,  et  a  commencé 
son  éducation  musicale  en  cette  ville,  après 
quoi  il  s'est  rendu,  je  crois,  à  Bruxelles,  où  il 
est  devenu  l'élève  de  M.  Lemmens  pour  l'orgue 
et  de  Félis  pour  la  composition.  Après  avoir 
terminé  ses  études  sous  la  direction  de  ces  deux 
excellents  maîtres,  il  revint  à  Lyon,  où  il  était 
déjà,  en  1860,  titulaire  de  l'orgue  de  l'église 
Saint-François.  Grâce  à  un  talent  d'autant  plus 
remarquable  qu'il  était  précoce,  M.  Widor  se 
créa  bientôt  une  renommée  qui  franchit  rapide- 
ment les  limites  de  la  ville  qu'il  habitait;  appelé 
fréquemment  à  Paris,  et  même  à  l'étranger, 
pour  prendre  part  aux  séances  de  réception  des 
orgues  nouvelles,  il  sut  faire  apprécier  ses  rares 
facultés,  son  savoir  incontestable  et  son  double 
mérite  comme  organiste  et  compositeur.  Vers 
1869,  M.  Widor  fut  appelé  à  Paris  pour  y  oc- 
cuper une  situation  digne  de  lui,  celle  d'orga- 
niste de  l'église  de  Saint-Sulpice.  Depuis  lors,  sa 
réputation  n'a  fait  que  s'affermir,  et  les  nom- 
breuses compositions  qu'il  a  livrées  au  public, 
compositions  qui  se  distinguent  autant  par  l'élé- 
gance de  la  forme  que  la  solidité  du  fond,  ont 
donné  toute  la  mesure  de  sa  valeur. 

Voici  la  liste  des  principales  productions  de 
M.  Widor  :  —  la  ISuit  de  Walpurgis,  com- 
position symplionique  ;  —  Concerto  en  fa  mineur 


pour  piano,  avec  accompagnement  d'orchestre 
(exécuté  par  M.  Diemer  au  concert  du  Châtelet, 
le  19  novembre  1876);  —  Marche  nuptiale, 
pour  orchestre  ;  —  Concerto  de  violoncelle  avec 
accompagnement  d'orchestre;  —  Quintette  en 
ré  mineur,  pour  piano  et  instruments  à  cordes, 
op.  7;  —  Sérénade  pour  piano,  flûte,  violon, 
violoncelle  et  harmonium,  op.  10;  —  Trio  en  si 
bémol  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  19; 
—  3  Pièces  pour  violoncelle  et  piano,  op.  21  ; — ■ 
6  Symphonies  pour  orgue  ;  —  6  Morceaux  de 
salon,  pour  piano,  op.  15;  —  Airs  de  ballet,  id., 
op.  4;  —  3  Valses,  id.,  op.  11  ;  —  Valses  carac- 
téristiques, id.,  op.  26;  —  Pages  intimes,  id. 
(Nocturne,  Valse,  Rêverie,  Sicilienne,  Ma- 
zurka,Scherzettino)  ; — Scènes  de  bal,  id.  (Fan- 
fare, Entrée-prélude,  Clair  de  lune.  Chanson, 
Malesck,  le  Bal),  op.  20;  —  Prélude,  andante  et 
finale,  id.,  op.  17;  —  Andante-élégie,  id.;  — 
Scherzo  brillant,  id.,  op.  5;—  Sérénade,  id., 
op.  6;  —  l'Orientale,  Scherzo,  id.,  op.  8  ;  —  Im- 
promptu, id.,  op.  12  ;  —  12  Feuillets  d'album,  id., 
en  2  livres,  op.  31  ;  —  la  Barque,  fantaisie  ita- 
lienne, id.;  —  Scherzo,  id.;  —  le  Corricolo, 
id.;  —  le  Psaume  112,  pour  choeurs,  deux  or- 
gues et  deux  orchestres;  —  3  Chœurs  à  4  voix, 
sans  accompagnement,  op.  25  ;  —  2  Duos  pour 
soprano  et  contralto,  avec  piano,  op.  30;  — 
6  Mélodies,  avec  piano,  op.  22;  6  Mélodies, 
avec  piano,  op.  14;  —  3  Mélodies  pour  bary- 
ton, avec  piano,  op.  28. 

M.  Widor,  qui  a  écrit  la  musique  d'un  ballet 
dont  la  représentation  doit  avoir  lieu  prochai- 
nement à  l'Opéra,  s'occupe  aussi  de  critique 
musicale.  Il  est,  sous  ce  rapport,  collaborateur 
du  journal  l'Estafette,  où  il  signe  ses  articles 
du  pseudonyme  d'Aulétès. 

WIECK  (Frédéric),  professeur  de  piano,  a 
vu  son  nom  devenir  célèbre  non  par  lui-même, 
mais  par  l'admirable  talent  de  sa  flile.  M"*  Clara 
Wieck,  et  surtout  par  l'alliance  que  fit  celle-ci 
en  épousant,  le  12  septembre  1840,  le  composi- 
teur Robert  Schumann.  Frédéric  Wieck  naquit 
le  18  août  1785  à  Pretsch,  petite  ville  située  près 
de  Wittemberg  et  où  son  père  était  commerçant. 
Il  lit  de  bonnes  études  au  collège  de  Torgau, 
qu'il  quitta  en  1803  pour  aller  étudier  la  théo- 
logie à  l'Université  de  W'iltemberg.  Là,  au  con- 
tact de  plusieurs  jeunes  musiciens,  il  sentit  se 
réveiller  en  lui  l'amour  qu'il  avait  ressenti  dans 
son  enfance  pour  la  musique,  et  se  mit  à  étudier 
à  la  fois  la  harpe,  le  piano,  le  violon,  le  cor  et 
la  contre-basse. 

Après  avoir  rempli  les  fonctions  de  précepteur 
dans  diverses  familles,  Frédéric  Wieck  s'établit 
à  Leipzig,  où  il  ouvrit  un  magasin  de  location  de 


670 


WIECK  —  WIENIAWSKI 


musique  etde  pianos,  et  où  il  commença  adonner 
des  leçons  de  piano.  Son  enseignement  était, 
dit-on,  très-rationnel,  très-réfléchi,  et  il  était  né 
professeur;  il  forma  en  effet  de  bons  élèves,  dont 
le  meilleur  fut  assurément  sa  fille.  En  1840,  il 
quitta  Leipzig  pour  aller  se  fixer  à  Dresde,  dont 
il  ne  s'éloigna  plus  par  la  suite.  C'estàLoschwitz, 
près  de  cette  ville,  qu'il  est  mort  le  6  octobre 
1873.  L'existence  artistique  de  Frédéric  Wieck 
se  concentre  dans  son  enseignement,  dans  les 
soins  qu'il  prit  de  sa  fille  Clara  et  dans  les  di- 
vers voyages  qu'il  entreprit  avec  elle  pour  la 
produire  et  la  faire  connaître.  On  ne  doit  pas  ou- 
blier cependant  que  sa  seconde  fille,  M"°  Marie 
Wieck,  est,  ainsi  que  sa  sœur,  une  pianiste  fort 
remarquable. 

*  WIELHORSKI  (MiCHEL-JuRiEwicz-M\- 
TuszKiN,  comte),  amateur  distingué  de  musique, 
descendant  d'une  antique  famille  polonaise  éta- 
blie  en  Wolhynie,  naquit  le  31  octobre  1787. 
Doué  de  facultés  exceptionnelles  pour  la  musique, 
il  suivit  son  père  en  Livonie  en  1804,    après 
avoir  reçu  de  Kieseweter  ses  premières  leçons 
de  violon,  fit  ses  études  à  Riga,  et  prit  aussi  des 
leçons  de   piano.  En  1808,  après  le  traité  de 
Tilsitt,  il  était  à  Paris,  et  fut  admis  chez  la  reine 
Hortense,    qu'il    accompagnait   quelquefois    au 
piano.  Un  peu  plus  tard  il  alla  à  Vienne,  où  il 
se  lia  avec  Beethoven  ;  puis,  de  retour  en  Russie, 
il  fut  recherché  dans  tous  les  salons  de  Saint- 
Pétersbourg,    où  il  était   l'âme  des   meilleurs 
concerts  d'amateurs,  il  écrivit  quelques  pièces 
pour  les  spectacles  de  la  cour,  composa  des  airs 
nouveaux  et  dirigea  les  concerts  spirituels  avec 
son  oncle,  le  comte  Mathieu  Wielhorski.  Il  tra- 
vaillait alors  l'harmonie  avec  Muller.  Bientôt, 
retiré  dans  sa  terre  du  gouvernement  deKursk, 
il  écrivit  plusieurs  œuvres  importantes,  entre  au- 
tres un  quatuor  pour  instruments  à  cordes,  et 
des  variations  pour  violoncelle  destinées  à  son 
oncle,   le  comte  Mathieu,    qui  était   élève   de 
Bernard  Romberg.  Le  comte  Michel  avait  à  son 
service  un  excellent  orchestre,   dirigé  par  Os- 
trowski,  qui   lui  donnait  le  plaisir  et  la  facilité 
d'entendre    ses    compositions;   c'est    pour    lui 
qu'il  écrivit  une  grande  symphonie,  bientôt  sui- 
vie de  plusieurs  chœurs  avec  accompagnement. 
Il  s'occupa  ensuite  d'un  grand  opéra  ;  Cyganie 
{les  Bohémiens),  dont  il  composa  la  plus  grande 
partie,  mais  qui  re.sta  cependant  inachevé,  son 
auteur  ayant  été  frappé   par  la  mort  avant  d'y 
avoir  mis  la  dernière  main.  Le  comte   Michel 
Wielhorski  a  beaucoup  écrit,  entre  autres  un 
assez  grand  nombre  de  romances,  dont  l'une, 
traduite  sous  ce  titre  :  Tes  blonds  cheveux,  par 
M.  Bellanger,  fut  publiée  en  1857  parla  Fxevue 


et  Gazette  musicale  de  Paris.  Il  possédait  une 
riche  bibliothèque  musicale,  remarquable  sur- 
tout par  un  grand  nombre  d'ouvrages  d'auteurs 
anciens  et  par  une  très-belle  collection  de  par- 
titions des  grands  maîtres  des  écoles  modernes. 
Le  comte  Wielhorski  est  mort  à  Moscou  le 
9  septembre  1856. 

WIELHOllSlll  (Joseph,  comte),  frère  du 
précédent,  comme  lui  grand  amateur  de  musique, 
possédait  un  véritable  talent  d'exécutant  sur  le 
piano  et  sur  le  violoncelle,  et  s'est  adonné  à  la 
composition.  Voici,  d'après   le  Handbuch  der 
Musikalïscher  Literatur,  la  liste  de  ses  princi- 
pales œuvres  publiées  pour  le  piano  :  1°  Trois 
Nocturnes ,',  op.    2    (  Berlin ,   Bote  et    Bock  )  ; 
2°  Quatre  Danses  de  bal,  op.  3  (id.,  i<l.)  ;  3°  Huit 
Mazureks,  op,  4  (id.,  id.);  4*^  Deux  Impromptus, 
op.  5  (Leipzig,   Breitkopf  et  Hœrtel)  ;  5°  Valse 
mélancolique,   op.    6    (Berlin,    Schlesinger)  ; 
6"  Deux  Etudes,   op.  7  (Leipzig,  Breitkopf  et 
Ha3rtel)  ;  1°  Caprice  en  forme  de  valse,  op.  8  (id., 
id.);  8°  Chant  sans  paroles,  morceau  fantasti- 
que, op.  9  (Berlin,    Schlesinger);  9"  Fantaisie, 
op.  10  (Leipzig,  Kistner)  ;  10°  Deux  Nocturnes, 
op.  11  (Leipzig,  Breitkopf  et  Hfertel);   11°  Bal- 
lade, op.  12(id.,  id.);  12°  Grande  Fantaisie  sur 
le  Pirate,  op.  13  (id.,  id.)  ;  13"  Troisième  Im- 
promptu, op.  14  (id.,  id.);  14»  Pensées  fugiti- 
ves, op.  15  (Leipzig,  Hofmeister)  ;  15°  Romance 
variée,  op,    16    (Leipzig,  Kistner)  ;    16»  Trois 
Études,  op.  17  (Leipzig,  Hofmeister);  17°  Grande 
Marche,  op,  18  (Berlin,  Bote  et  Bock);  18»  Sou- 
venirs de    voyage,    trois    morceaux    détachés 
(valse,  élégie,  et  mazurek),  op.  19;  19»  Deuxième 
grande  Marche,  op.  20   (Leipzig,  Hofmeister); 
20"  Troisième  grande  Marche,  op.  22  (Varsovie, 
Friedlln);   21°  Romance  et  Chansonnette,  deux 
mélodies,  op.  23  (id.,  id.)  ;  22°  la  Ronde  de  nuit, 
esquisse  musicale,  op.  24  (id.,  id.). 

*  WIEIMAWSKI  (He>ri),  violoniste  et 
compositeur  pour  son  instrument,  n'a  cessé  de 
se  produire  en  public  et  de  recueillir  les  succès 
dus  à  son  talent  très-distingué.  Il  a  été,  à  la  fia 
de  1874,  attaché  au  Conservatoire  de  Bruxelles 
comme  professeur  d'une  classe  de  violon,  mais 
en  1877  il  a  renoncé  à  cette  situation.  Parmi  les 
compositions  de  cet  artiste,  je  citerai  un  con- 
certo pour  violon  avec  accompagnement  d'or- 
chestre, plusieurs  polonaises  avec  piano  ou 
orchestre,  légende,  airs  russes,  fantaisie  sur  le 
Prophète,  etc.  On  a  publié  sur  M.  Wieniawski 
la  notice  suivante  :  Henri  Wieniawski,  e?,qwh- 
se,  par  A.  Desfossez,  la  Haye,  1856,  in-8°  (1). 

(I)  Au  moment  où  je  corrlpe  les  épreuves  de  cette  no- 
tice, j'apprenils  qu'Henri  Wieniawski  vient  de  mourir  à 
Moscou,  le  1er  avril  188Û. 


WIENIAWSRI  —  WILHELMY 


671 


*  WIENIAWSKI  (Joseph),  frère  du  pré- 
cédent, pianiste  et  compositeur  pour  son  instru- 
ment, continue  aussi  de  se  faire  entendre  avec 
succès  dans  les  concerts.  Parmi  les  composi- 
tions de  cet  artiste,  on  remarque  les  suivantes  : 
2  Idylles,  op.  1  ;  Valse  de  concert,  op.  3  ;  Ta- 
rentelle, op.  4;  Grand  duo  polonais,  pour  piano 
et  violon  (avec  son  frère),  op.  5;  Fantaisie  et 
variations  de  cohcert,  op.  6  ;  Valse  de  salon, 
op.  7;  Pensée  fugitive,  op.  8;  2  Morceaux  de 
concert  (1.  Barcarolle-Caprice;  2.  Romance- 
Étude),  op.  9  et  10;  4  Mazurkas,  op.  23. 

*  WIEPRECHT  (Guillaumk-Frédéric), 
directeur  des  musiques  militaires  de  Prusse,  est 
mort  à  Berlin  le  4  août  1872.  II  était  né  à  As- 
chersleben  le  9  août  1800. 

"IVIETOGHOFF  (Le  baron),  amateur  de 
musique  et  dilettante  russe  passionné,  a  écrit 
la  musique  d'un  drame  lyrique  intitulé  Mazeppa, 
qui  a  été  représenté  à  Saint-Pétersbourg  en 
1859. 

WIETOR  (Jérôme),  imprimeur  à  Cracovie, 
fut  l'un  des  premiers  et  des  plus  remarquables 
imprimeurs  de  musique  de  Pologne,  où  il  vivait 
au  seizième  siècle.  On  lui  doit  une  belle  édition 
du  Psautier  (1532-1535),  et  ce  fut  aussi  lui  qui 
publia  le  Psautier  de  Valcntin  Wrobel,  ainsi 
que  beaucoup  d'autres  ouvrages  importants.  Da- 
niel Janoçki  appelle  Wietor  :  Typographus  Cra- 
coviensis,  de  studiis  Polonorum  litterariis 
bene  meritus. 

WILDER,  (Jérôme-Albert- Victor  Y  ATS), 
écrivain  musical,  est  né  auprès  de  Gand  (Belgi- 
que) le  21  aoùl  1835.  Élève  de  l'Université  de 
Gand,  où  il  obtint  les  grades  de  docteur  en  phi- 
losophie et  de  docteur  en  droit,  il  suivait  aussi 
les  cours  du  Conservatoire  de  celte  ville.  Après 
avoir  fait  ses  débuts  littéraires  dans  le  Journal 
de  Gand,  M.  Wilder  vint  à  Paris,  vers   1860, 
et  donna  quelques  arlicles  à  la  Presse  théâ- 
trale. Bientôt  il  se  mit  à  faire,  avec  un  goût  réel 
et  un  talent  véritable,  d'innombrables  traduc- 
tions pour  les  éditeurs  de  musique  parisiens; 
son  bagage  en  ce  genre  est  formidable,  et  il  n'é- 
value pas  à  moins  de  5  ou  600  les  morceaux  sé- 
parés traduits  ainsi  par  lui  de  l'allemand  ou  de 
l'italien.  Pour  ne  citer  que  ceux  de  ses  travaux 
en  ce  genre  qui  ont  été  publiés  en  collections, 
j'indiquerai  :  40  mélodies  de  Franz  Abt  (Flax- 
land)  ;  29  Mélodies  dédiées  à  la  jeunesse,  de 
Schumann  (id.)  ;  les  Ulyrtes,  de  Schumann  (id.); 
18  Duos  de  Rubinstein  (Gérard)-,  Mélodies  per- 
sanes, de  Rubinslein  (id.)  ;  lieder  de  Mendels- 
sohn  (Enoch)  ;  Duos  de  Mendeissohn  (id.)  ;  Échos 
d'Allemagne,  3^  volume  (Flaxiand);  le  Para- 
dis et  la  Péri,  Manfred,  Mignon,  la  Vie  d'une 


rose,  l'Anathème  du  chanteur,  la  Chanson  de 
l'Advent,  de  Schumann  (id.);  Astorga,  opéra 
d'Abert  (id.);  Mélodies  de  Weber  (Heugel);  Ju- 
das Machabée,  le  Messie,  la  Fête  d'Alexan- 
dre, de  Hœndel  (id.);  la  Tour  de  Babel,  de  Ru- 
binstein (Gérard)  ;  .Mélodies  de  Chopin  (Hamelle). 

M.  Wilder  a  aussi  «  adapté  »  à  la  scène  fran- 
çaise un  certain  nombre  d'ouvrages  étrangers 
qui  ont  été  représentés  à  Paris  ;  en  voici  la  liste: 
l'Oie  du  Caire,  de  Mozart;  la  Croisade  des 
Dames,  de  Schubert;  le  Barbier  de  Séville, 
de  Paisiello;  une  Folie  à  Rome,  de  F.  Riccij  la 
Fête  de  Piedigrotta,  des  frères  Ricci  ;  Sylvana, 
de  Weber;  la  Beine  Indigo,  la  Tzigane,  de 
M.  J.  Strauss;  Fatinitza,  de  M.  Suppé. 

Comme  critique  musical,  M.  Wilder  a  colla- 
boré successivement  à  l'Événement,  à  l'Opi- 
nion nationale  et  au  Parlement,  dont  il  occupe 
aujourd'hui  le  feuilleton  ;  il  est  attaché  depuis 
plusieurs  années  au  Ménestrel,  où  il  a  publié 
plusieurs  travaux  importants,  écrits  avec  goût 
et  vraiment  intéressants,  entre  autres  une  Vie 
de  Beethoven  et  une  Vie  de  Mozart  ;  cette  der- 
nière a  paru  récemment  en  volume  (Paris,  Heu- 
gel, 1880,  in- 8°  avec  portraits  et  autographes). 
M.  Wilder  a  découvert  à  la  bibliothèque  de  l'O- 
péra la  musique  d'un  mignon  ballet  de  Mozart, 
les  Petits  Biens,  dont  on  ignorait  jusqu'alors  la 
représentation  à  ce  théâtre,  et  dont  l'éditeur 
M.  Heugel  a  publié  une  réduction  de  piano. 

WILIIELaiY  (Auguste-Emile-Daniel-Fré- 
déric-Victor),  célèbre  violoniste,  est  né  le  21 
septembre  1845,  à  Usingea  (ancien  duché  de 
Nassau)  où  son  père,  docteur  en  droit,  exerçait 
la  profession  d'agréé  ;  il  dut  tenir  sa  vocation 
musicale  de  sa  mère,  née  Charlotte  Peiry,  chan- 
teuse et  pianiste  distinguée  formée  à  l'école  de 
Bordogni  et  de  Chopin.  Il  avait  quatre  ans  lors- 
que sa  famille  alla  s'établir  à  Wiesbaden,  et  ce 
déplacement  fortuit  aida  singulièrement  au  dé- 
veloppement des  facultés  musicales  de  l'enfant; 
il  reçut  dans  celte  ville  ses  premières  leçons  de 
violon  de  Fischer,  qui  devint  plus  tard  directeur 
des  concerts  du  duc  de  Nassau.  Henriette  Sontag, 
étant  venue  vers  cette  époque  à  Wiesbaden  et 
ayant  entendu  jouer  Wilhelmy,  embrassa  le  ga- 
min, en  ajoutant  :  «  Tu  seras  le  Paganini  de  l'Al- 
lemagne. »  L'enfant  avait  à  peu  près  sept  ans,  et 
il  se/aisait  déjà  remarquer,  non-seulement  par 
un  son  admirable  et  moelleux  sur  le  violon,  mais 
aussi  par  une  sensibilité  d'oreille  extraordinaire. 
11  joua  pour  la  première  fois  en  public  le  8  jan- 
vier 1854,  dans  un  concert  de  charité  donné  à 
Limbourg-sur-la-Lahn,  puis  il  attendit  encore 
deux  ans  avant  da  renouveler  cet  essai,  cette 
fois  à  Wiesbaden  et  toujours  dans  un  concert 


672 


WILHELMY 


de  charité.  Cependant  son  père  le  voyait  à  re- 
gret entrer  dans  la  carrière  musicale,  il  n'avait 
pas  perdu  tout  espoir  de  le  ramener  au  barreau, 
et  il  ne  voulut  céder  aux  instances  de  son 
fils  que  si  un  des  plus  grands  iimsiciens  du 
jour  le  déclarait  capable  de  réussir  dans  la  mu- 
sique après  sérieux  examen.  Au  printemps  de 
1861,  Wilhelmy,  muni  d'une  lettre  d'introduction 
du  prince  Wittgenstein,  alla  trouver  Liszt  a 
Weimar  et  lui  joua  d'abord  le  8'  concerto  de 
Spohr,  puis  des  airs  hongrois  de  Ernst.  Le  ré- 
sultat de  cette  audition  fut  que  Liszt,  émer- 
veillé, conduisit  lui-même  le  jeune  homme  à 
Leipzig  pour  le  confier  aux  bons  soins  de  Ferdi- 
nand David,  en  le  lui  présentant  comme  le  Pa- 
ganini  de  l'avenir  :  d'autres  le  diront  encore, 
après  la  Sontag  et  Liszt. 

Wilhelmy  resta  au  Conservatoire  de  Leipzig 
de  1861  à  1864;  il  étudia  la  théorie  avec  Haupt- 
mann  et  Richter,  —  plus  tard,  à  Wiesbaden,  il 
travailla  avecJoacbim  Raff,  — et  il  dut  son  jeu 
si  parfait  dans  la  musique  classique  aux  excel- 
lentes leçons  de  David  ;  il  s'était  si  bien  lié  d'af- 
fection avec  son  maître  qu'il  avait  fini  par  de- 
meurer chez  lui,  et  c'est  ainsi  qu'il  connut  la 
nièce  de  son  hôte,  la  baronne  Liphardt,  qu'il 
épousa  le  29  mai  1866.  Il  fut  arrêté  peu  après  par 
une  grave  maladie,  mais  il  ne  fut  pas  plutôt  guéri 
qu'il  se  remit  à  travailler  et  qu'il  commença  ses 
tournées  annuelles,  ne  revenant  plus  que  l'été 
se  reposer  à  Wiesbaden.  En  1865  et  1866,  il  visita 
la  Suisse,  la  Hollande,  l'Angleterre,  où  il  fut  pa- 
tronné par  Jenny  Lind,  et  il  arriva  à  Paris  en 
janvier  1867.  Il  s'y  présenta  sous  les  auspices 
du  grand  violoniste  Joachim,  qui  venait  d'obtenir, 
aux  Concerts  populaires,  un  succès  foudroyant 
quatre  fois  répété  ;  lui-même  avait  désigné  à 
M.  Pasdeloup  ce  jeune  virtuose  qui  commençait 
son  tour  d'Europe.  M.  Wilhelmy  se  fit  en- 
tendre au  concert  du  20  janvier  dans  le  con- 
certo en  ré  de  Paganini  et  obtint  un  succès 
tellement  vif  qu'il  rejoua  le  dimanche  suivant 
une  Aria  et  une  chaconne  de  Bach.  Mais  le 
temps  de  son  séjour  à  Paris  était  mesuré,  et  il 
fit  ses  adieux  au  public  dans  un  concert  donné 
par  M.  Pasdeloup  à  l'Athénée;  il  y  exécuta 
une  rêverie  de  Vieuxtemps  et  une  brillante  fan- 
taisie de  Ernst  sur  des  airs  hongrois.  Les  années 
suivantes,  il  alla  en  Italie,  à  Florence  en  particu- 
lier, où  il  reçut  le  titre  de  protecteur  de  la  Société 
de  quatuors,  en  Russie,  où  il  se  rencontra  avec 
Berlioz,  invité,  comme  lui,  par  la  grande- duchesse 
Hélène;  puis  il  revint  en  Suisse,  en  Belgique  et 
à  Paris.  Il  reparaissait  aux  Concerts  populaires, 
d'abord  le  14  mars  1869  en  rejouant  le  concerto  de 
Paganini,  puis  au  concert  du  vendredi-saint  avec 


une  fantaisie  d'Ernstsur  Otello  et  un  air  de  Bach. 
La  largeur  de  style  avec  laquelle  il  exécuta  ce  se- 
cond morceau  produisit  une  impression  beau- 
coup plus  vive  que  l'étonnante  virtuosité  dé- 
ployée dans  la  fantaisie  de  Ernst.  En  1869-71, 
il  fit  une  grande  tournée  avec  le  baryton  Santley 
dans  les  principales  villes  du  Royaume-Uni;  puis 
il  parcourut  le  Danemark,  la  Suède  et  la  Nor- 
vvége  :  c'est  alors  qu'il  fut  nommé  membre  de 
l'Académie  de  Stockholm  et  que  le  roi  de  Suède 
lui  conféra  l'ordre  de  Gustave  Wasa,  plus  la 
grande  médaille  pour  les  arts  et  les  sciences. 
Après  quoi,  ce  virtuose  voyageur,  qui  s'était  fait 
applaudir  partout  hormis  dans  sa  patrie,  orga- 
nisa enfin  une  série  de  concerts  dans  les  pays 
allemands  et  se  fit  entendre  pour  la  première 
fois  à  Vienne  et  à  Berlin  :  c'était  durant  l'hiver 
1872-73. 

La  brillante  réputation  si  rapidement  acquise 
par  Wilhelmy  est  justifiée  par  l'extrême  sûreté  de 
son  jeu,  par  la  beauté  et  la  plénitude  du  son  qu'il 
tire  de  l'instrument  ;  il  appartient  à  la  même  école 
que  Joachim  et  joue  avec  la  même  pureté,  la  même 
justesse  irréprochable.  Il  est  d'attitude  encore 
plus  calme,  plus  impassible  que  celui-ci  ;  sa 
physionomie,  plutôt  anglaise  qu'allemande,  ne 
laisse  apercevoir  aucun  symptôme  d'émotion,  de 
crainte  ou  de  plaisir.  On  pourrait  lui  reprocher, 
comme  il  arrive  souvent  aux  artistes  passés 
maîtres  en  virtuosité,  de  choisir  trop  souvent 
des  morceaux  où  ils  peuvent  étourdir  l'auditoire 
par  leur  merveilleuse  adresse  à  vaincre  toutes  les 
difficultés  ;  mais  le  style  large  et  pur  qu'il  montre 
en  exécutant  les  pièces  de  Bach  et  les  dernières 
compositions  de  Beethoven,  où  il  est  admirable, 
peut  racheter  cette  disposition  commune  à  tous 
les  virtuoses  de  faire  trop  étalage  de  leur  prodi- 
gieuse sûreté  de  main.  Il  f;iut  ajouter  que  Wil- 
helmy est  un  partisan  passionné  des  idées  wa- 
gnériennes  et  qu'il  se  dévoue  à  leur  propagation  ; 
c'est  ainsi  qu'il  occupa  la  place  de  chef  des  pre- 
miers violons  aux  fêtes  musicales  de  Bayreuth  en 
août  1876  et  aux  Concerts- Wagner  organisés  l'an- 
née suivante  à  Londres.  Wilhelmy  a  écrit  plusieurs 
morceaux  de  grand  effet  pour  son  instrument, 
auxquels  il  faut  préférer  une  jolie  romance  avec 
piano  (op.  10);  il  a  composé  aussi  quelques  mé- 
lodies, de  la  musique  religieuse  et  une  grande 
cantate  de  mariage  pour  soli,  chœurs  et  orches- 
tre; mais  il  a  surtout  transcrit  pour  violon  cer- 
tains morceaux  très-connus  de  Bach,  de  Mozart, 
de  Chopin.  Il  a  même  une  prédilection  marquée 
pour  ce  dernier,  et  ila  arrangé  pourson  instrument 
plusieurs  nocturnes  pris  dans  les  œuvres  9,  27, 
32  et  37,  la  première  polonaise  de  l'op.  26,  le 
larghetto  du  concerto  en  fa  mineur,  la  romance 


WILHELMY  —  WILMS 


G73 


de  celui  en  mi  mineur,  etc.,  toutes  para- 
plirases  avec  piano  obligé  qu'il  interprète  d'une 
façon  exceptionnelle. 

Ad.  J — N. 

*  "WILHEM  (  Guillaume  -  Louis  BOC- 
QUILLOIN,  dit).  —A  la  liste  des  écrits  publiés 
sur  cet  artiste,  il  faut  ajouter  les  suivants  :  1° 
Funérailles  de  M.  B.  Wilhem,  par  Charles 
Malo  (Paris,  imjjr.  Sclineider  et  Langrand,  1842, 
in-S"),  extrait  du  Bulletin  élémentaire  d'avril 
1842;  T  Willtem,  par  Trélat  [s.  l.  n.  d.  [Pa- 
ris, 1842],  in- 8°),  extrait  de  la  Revue  du  Pro- 
grès du  le""  juin  1842. 

\VILHE3I.  —  Voyez  9IULLER  (Marcel- 

LUS). 

WILLAaiE  (Antoine),  violoniste,  ' pro- 
fesseur et  compositeur  belge,  né  à  Mons  le 
18  octobre  1834,  fut  élève  de  l'École  de 
musique  de  cette  ville,  où  il  remporta  un  prix 
d'excellence  dans  la  classe  de  violon  de  M.  Si- 
ron.  Il  a  fait  ses  études  d'harmonie  au  Conserva- 
toire de  Bruxelles,  sous  la  direction  de  Fétis,  et 
est  aujourd'hui  professeur  de  violon  à  l'École  de 
musique  de  sa  ville  natale.  Cet  artiste  a  écrit 
la  musique  d'un  opéra  en  2  actes  et  4  tableaux, 
les  Patriotes,  qui  a  été  représenté  à  Mons  le  IG 
décembre  1863. 

*  \VILLEÎ\T  (Jean-Baptiste-Joseph),  plus 
connu  sous  le  nom  de  Willent-Bordogni,  de 
celui  de  sa  femme,  qu'il  avait  joint  au  sien,  a 
fait  représenter  au  théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bru- 
xelles, le  14  novembre  1845,  un  opéra-comique 
en  3  actes,  intitulé  Van  Dyck. 

\VILLE]\T-BORDOG]M  ( ),  com- 
positeur, fils  du  précédent,  est  né  vers  1838.  Cet 
artiste  a  écrit  la  musique  de  Monsieur  Fan- 
chette,  opérette  en  un  acte  représentée  aux 
Bouffes-Parisiens  (29  mars  1867),  de  Rocam- 
bole  aux  Enfers,  opérette  fantastique  en  4 
actes  et  7  tableaux,  jouée  au  théâtre  des  Menus- 
Plaisirs  (octobre  1872),  et  de  Raffaello  le  chan- 
teur, opéra-comique  en  un  acte  donné  au  Théâtre- 
Lyrique  le  28  mai  1877.  Il  a  publié  un  recueil  de 
20  Vocalises,  précédées  de  6  exercices,  avec 
accompagnement  de  piano  ou  orgue. 

WILLIS  (M ),  est  l'un  des  bons  fac- 
teurs d'orgues  contemporains  de  l'Angleterre. 
L'un  des  meilleurs  instruments  sortis  de  ses 
mains  est  l'orgue  de  Liverpool,  qui  contient  cent 
jeux  et  plus  de  6,000  tuyaux,  et  qui  a  été  ter- 
miné en  1855. 

*  WILLMERS  (Henri-Rodolphe),  pianiste 
et  compositeur.  —  Aux  œuvres  mentionnées 
au  nom  de  cet  artiste,  il  faut  ajouter  les  sui- 
vantes :  Marche  des  Puritains,  op.  10;  Noc- 
turne mélodique,  op.  12;  Jour  d'été  en  ISor- 

BIOGR.    UNIV.    des   MUSICIENS.    —    SUPPL.  — 


wégc,  op.  27  ;  Pompa  di  (esta,  op.  28;  5  Mé- 
lodies du  Nord,  op.  29;  Sonate  héroïque,  op. 
33  ;  Pensée  fugitive,  op.  53  ;  le  Rêve,  nocturne 
brillant,  op.  55;  Chants  du  Printemps,  op.  61; 
Chants  d'amour,  op.  07;  Fantaisie  sur  le  Pro- 
phète, op.  68;  le  Berceau,  les  Adieux,  les  Re 
grets,  3  fantaisies,  op.  73  ;  Rêves  de  Jeunesse, 
3  fantaisies,  op.  80;  Scènes  champêtres,  3  mor- 
ceaux, op.  84;  Impressions  du  Rhin,  3  mor- 
ceaux caractéristiques,  op.  86  ;  Fantaisie  pathé- 
tique, op.  130;  la  Fauvette,  caprice;  le  Rossi- 
gnol, caprice  brillant,  etc.,  etc. 

Willmers,  qui  était  un  artiste  distingué,  de- 
vint subitement  et  complètement  fou  en  1878. 
On  dut  le  conduire  à  l'hôpital  de  Vienne,  où  il 
mourut  au  bout  de  peu  de  jours,  le  24  août 
1878. 

*  WILMS  (Jean-Guillaume),  naquit  à  Witz- 
helden  (duché  de  Berg),  non  en  1771,  mais  le 
30  mars  1772.  Il  reçut  de  son  père,  instituteur 
primaire  et  organiste,  ses  premières  leçons  de 
musique  et  de  piano,  et  se  perfectionna  ensuite 
avec  son  frère  aîné.  Son  talent  s'étant  formé,  il 
se  rendit  en  Hollande,  et  au  mois  d'août  1791 
se  fixait  à  Amsterdam  pour  s'y  livrer  à  l'ensei- 
gnement. Il  fit  dans  cette  ville  un  cours  de  com- 
position sous  la  direction  de  Hoderman,  et  bien- 
tôt acquit  une  grande  réputation  comme  virtuose, 
comme  compositeur  et  comme  chef  d'orchestre. 
En  1808,  il  devint  membre  de  l'Institut  royal 
des  sciences,  lettres  et  beaux-arts,  en  1820  il 
obtint  le  premier  prix  au  concours  ouvert  par  la 
Société  des  Beaux- Arts  pour  la  composition  d'une 
symphonie,  en  1824  il  fut  nommé  organiste  de 
la  communauté  des  Anabaptistes,  et  enfin,  lors 
de  la  fondation  de  la  grande  société  de  Toon- 
kunst  (musique),  il  en  fut  membre  de  mérite 
pour  la  section  d'Amsterdam.  Mais  ce  qui  mit 
le  comble  à  la  renommée  de  Wilnis,  ce  fut  le 
succès  qu'il  remporta  lors  du  concours  ouvert 
en  1825  par  le  lieutenant-amiral  chevalier  de 
Kingsbergen  pour  la  composition  d'un  chant  na- 
tional hollandais.  Wilms  fut  couronné  en  cette 
circonstance  pour  son  fameux  Volksliederen, 
écrit  sur  les  paroles  du  célèbre  poète  Tollens,  et 
depuis  lors  ce  chant  est  devenu  en  effet  l'hymne 
national  de  la  Néerlande.  J'ai  eu  plus  d'une  fois, 
à  Amsterdam  et  à  la  Haye,  l'occasion  d'entendre 
ce  chant,  qui  manque  un  peu  de  feu  et  d'élan, 
mais  dont  l'allure  est  mâle  et  un  peu  pompeuse, 
et  dont  le  caractère  n'est  pas  sans  quelque  ana- 
logie avec  celui  du  God  save  the  Queen.  Wilms, 
qui  a  public  une  cinquantaine  d'u'uvres  de  diffé- 
rents genres,  et  qui  en  a  laissé  un  bien  plus 
grand  nombre  en  manuscrit,  est  mort  d'épuise- 
ment, à  Amsterdam,  le  19  juillet  1847. 
T.  II.  43 


674 


WILSON  —  WINRWORTH 


AVILSON  (Miss),  cantatrice  anglaise,  née 
dans  les  picmières  années  de  ce  siècle,  fut  élève 
du  fameux  chanteur  et  compositeur  Thomas 
Welsh,  et  débuta  en  1821,  au  théâtre  de  Drury- 
Lane,  avec  un  succès  tel  que  plus  tard  ni  la  Son- 
tag,  ni  M^°  Jenny  Lind,  malgré  la  faveur  avec 
laquelle  elles  furent  accueillies  en  Angleterre, 
n'en  remportèrent  de  semblables.  Elle  chantait, 
à  sa  seconde  soirée,  dans  un  opéra  d'Arne,  Ar- 
taxerce,  et  l'effet  qu'elle  avait  produit  à  sa  pre- 
mière apparition  était  si  grand  que  le  journal  le 
MorningPost  s'exprimait  ainsi  à  ce  sujet:  — 
«  Miss  Wilson,  cette  splendide  lumière  du  monde 
musical,  avait  attiré  une  foule  qui  non-seulement 
remplissait  la  salle,  mais  encore  encombrait  de 
très-bonne  heure  jusqu'aux  abords  du  Ihéâtre. 
Les  expressions  bruyantes  d'une  admiration  qui 
allait  jusqu'à  l'enthousiasme  se  produisaient 
après  chaque  morceau,  et  donnaient  la  preuve 
du  charme  sans  égal  qu'elle  exerçait  sur  l'âme 
des  auditeurs.  Énumérer  les  airs  qu'on  lui  fit 
répéter  serait  vouloir  dresser  le  catalogue  de 
tous  les  morceaux  à  l'exécution  desquels  elle  pre- 
nait part.  Après  lui  avoir  fait  hisser  le  grand 
air  :  The  soldier  iir'd,  le  parterre  se  leva  au 
milieu  d'un  tumulte  formidable,  et  tous  les  spec- 
tateurs criaient,  agitaient  leurs  chapeaux,  tandis 
que  d'immenses  acclamations  partaient  de  tous 
les  points  de  la  salle.  »  Ce  ne  fut  que  devant  la 
fatigue  visible  et  incontestable  de  la  jeune  ar- 
tiste, que  les  auditeurs  consentirent  à  ne  pas  lui 
faire  répéter  d'autres  morceaux. 

M.  John  Ella  a  raconté  qu'il  avait  naguère 
entendu  dire  à  miss  Wilson  elle-même  que,  dans 
cette  année  de  ses  débuts,  son  succès  fut  tel  qu'elle 
gagna  plus  de  10,000  livres  sterling,  c'est-à-dire 
au  delà  de  250,000  francs,  et  M.  Ella  ajoute 
qu'il  ne  connaît  «  aucun  exemple  d'une  sem- 
blable somme  gagnée  par  une  débutante  dans  sa 
première  année  d'exercice.  »  Il  est  vrai  que  la 
fatigue  qui  en  résulta  pour  la  jeune  artiste  fut 
fatale  à  son  avenir.  Obligée  de  faire  un  assez 
long  voyage  en  Italie  pour  rétablir  sa  santé  com- 
|)romise,  elle  épousa  ensuite  son  professeur, 
Thomas  Welsh,  et  se  vit  forcée  de  renoncer  à 
une  carrière  qu'elle  avait  commencée  d'une  façon 
si  brillante.  M""'  Welsh,  qui  avajt  conservé  sa 
beauté  jusqu'à  ses  derniers  jours,  mourut,  veuve, 
à  la  fin  de  1867. 

De  son  mariage  était  née  une  fille,  musicienne 
et  linguiste  accomplie,  dit-on,  qui  devint  plus 
lard  la  femme  de  M.  Piatti,  l'excellent  violon- 
celliste. 

WILSOIV  (Henry),  organiste  et  compositeur 
de  musique  religieuse,  naquit  à  Greenfield  le  2 
décembre  1828,  et  fit  son  éducation  musicale  à 


Leipzig.  II  est  mort  à  Hartford  (États-Unis)  le  2 
janvier  1878.  Henry  Wilson  était  considéré  en 
Amérique  comme  un  artiste  fort  distingué. 

WILT  (Marie),  fameuse  cantatrice  drama- 
tique allemande  et  l'une  des  plus  grandes  chan- 
teuses de  ce  temps,  est  née  à  Vienne  vers  1838. 
Dès  son  enfance,  elle  montra  de  grandes  dis- 
positions pour  la  musique,  et  elle  acquit  un  vé- 
ritable talent  d'exécution  sur  le  piano.  Plus  tard, 
elle  voulut  se  livrer  à  l'étude  du  chant,  mais  on 
l'en  détourna  en  lui  disant  qu'elle  n'avait  pas 
de  voix;  ce  n'est  qu'avec  regret  qu'elle  renonça 
à  l'espoir  qu'elle  avait  conçu  sous  ce  rapport, 
et  c'est  alors  qu'elle  épousa  un  ingénieur, 
M.  Wilt. 

Pourtant,  le  célèbre  chef  d'orchestre  Herbeck 
(Voij.  ce  nom)  ayant  cru  découvrir  chez 
]Yjme  wiwi  igg  qualités  vocales  qu'on  lui  avait 
refusées  précédemment,  la  décida  à  prendre 
part  à  une  grande  exécution  de  la  Création,  de 
Haydn,  et  elle  y  obtint  le  plus  grand  succès. 
Cette  circonstance  la  détermina  à  embrasser 
définitivement  la  carrière  du  chant;  elle  se 
mit  à  l'étude  sous  la  direction  des  professeurs 
Gsensbacher  et  Wolf,  et  bientôt  se  fit  entendre 
dans  plusieurs  concerts,  à  Vienne,  avec  un 
succès  toujours  croissant.  En  1865,  M™''  Wilt 
débuta  sur  le  théâtre  de  Gratz,  dans  le  rôle  de 
donna  Anna,  de  Don  Juan;  appelée  aussitôt 
à  Berlin,  elle  y  accepta  les  propositions  qui  lui 
furent  faites  par  l'administration  du  théâtre 
Covent-Garden,  de  Londres,  où  elle  remporta 
de  véritables  triomphes.  De  retour  à  Vienne 
en  1867,  elle  fut  engagée  à  l'Opéra  impérial, 
dont  elle  devint  l'étoile  la  plus  brillante.  Au 
bout  de  dix  ans,  en  1877,  des  affaires  de  fa- 
mille l'obligèrent  à  résilier  le  contrat  qui  la 
liait  à  ce  théâtre,  et  depuis  lors  elle  s'est  mon- 
trée sur  les  théâtres  de  Leipzig,  d'Odessa,  etc., 
où  ses  succès  n'ont  pas  été  moins  complets. 

La  voix  de  JH'"''  Wilt  est  un  soprano  d'une 
étendue  de  deux  octaves  pleines,  dont  le  timbre 
est  magnifique  et  dont  la  puissance  est  surpre- 
nante. Cette  voix  admirable  domine  l'orchestre 
et  les  chœurs  dans  les  passages  de  la  plus  grande 
force,  ce  qui  n'empêche  pas  l'artiste  de  vocaliser 
de  la  façon  la  plus  légère  et  d'avoir  un  trille 
d'une  netteté  irréprochable.  Ses  rôles  préférés 
sont  ceux  de  Marguerite  et  de  Valentine  dans 
les  Huguenots,  de  la  reine  de  la  Nuit  dans  la 
Flûte  enchantée,  d'Ophélie  dans  Hamlel,  de 
Rezia  dans  Oberon,  de  Léonore  dans  le  Trou- 
vère, d'Aida,  de  Lucie  et  de  Norma.  —  J.  B. 

WINRWOUTH  (Catherine),  écrivain  an- 
glais contemporain,  est  l'auteur  d'un  ouvrage 
publié  récemment  sous  ce  titre  :  the  Christian 


WINKWORTH  —  WITTE 


G75 


Singers  of  Germany  {les  Chanteurs  chrétiens 
de  l' Allemagne). 

WOTEll  (Joseph),  compositeur,  a  fait 
représenter  sur  le  tiiéâtre  de  la  Canobbiana,  de 
Milan,  en  1852,  un  opéra  sérieux  inlilulé  Ma- 
tilde  di  Scozla. 

\VII\TEliBEIlGER(  Alexandre),  pianiste, 
organiste  et  compositeur  allemand  contemporain, 
s'est  fait  connaître  par  la  publication  d'un 
nombre  assez  considérable  de  compositions  de  di- 
vers genres,  pour  le  piano  ou  pour  le  cbant,  parmi 
lesquelles  je  citerai  les  suivantes  :  Ave  Maria 
et  Pater  noster  pour  cliœur  a  cappella,  op. 
21;  6  Poésies  slaves  pour  2  voix  de  femmes, 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  66  ; 
2  lieder  pour  soprano  ou  ténor,  id.,  op.  39  ; 
lieder  pour  une  voix,  id.,  op.  28;  5  Poésies 
slaves  pour  2  voix  de  femmes,  id.,  op.  68; 
Poésies  allemandes  et  slaves  pour  2  voix  de 
femmes,  id.,  op.  59;  Briiannia's  Harfe, 
4  lieder  sur  des  paroles  de  Thomas  Moore,  Ro- 
bert Burns  et  lord  Byron,  pour  soprano  ou  ténor, 
id.,  op.  33;  recueils  de  lieder  avec  accompa- 
gnement de  piano,  op.  22,  23,  26,  40  ;  6  Pièces 
de  caractère  pour  le  piano;  24  morceaux  ins- 
tructifs et  caractéristiques  pour  le  piano,  op. 
72;  Waldscenen,  4  l'antaisies  pour  le  piano, 
op.  50;  Sonatine  instructive  pour  le  piano,  op. 
■^.6  ;  Concert-adagio,  fantaisie  pour  le  piano, 
op.  63,  etc.,  etc. 

M.  Winterberger  est  né  en  1822  à  Weimar, 
et  s'est  produit  d'abord  en  public  comme  vir- 
tuose sur  le  piano  et  comme  organiste.  Il  a 
obtenu  de  grands  succès  comme  exécutant,  par 
le  brillant,  la  fougue  et  l'éclat  de  son  jeu,  sur- 
tout en  interprétant  la  musique  de  Liszt,  à 
l'école  duquel  il  appartient.  Je  crois  que  cet 
artiste  est  depuis  longtemps  fixé  à  Vienne. 

1VI]\THAGE3f  (Jean-Guillaume),  musi- 
cien néerlandais,  né  à  Rotterdam  le  4  mars 
1792,  fut  chef  de  musique  dans  divers  régiments, 
assista  aux  batailles  de  Leipzig,  de  Dresde  et 
de  Hanau,  puis,  après  avoir  obtenu  son  congé, 
devint  chef  de  musique  de  la  ville  d'Ostende 
(1826),  et  remplit  ensuite  le  même  emploi  à  Re- 
naix  (1829),  où  il  fut,  de  1846  à  1862,  profes- 
seur de  musique  à  l'École  moyenne  de  l'État. 
C'est  en  cette  ville  qu'il  est  mort,  le  1"  juillet 
1867.  On  doit  à  cet  artiste  plusieurs  messes 
avec  orchestre,  des  chœurs,  et  un  grand  nombre 
d'arrangements  pour  orchestre  ou  musique 
d'harmonie.  Winthagen,  à  qui  l'on  doit  aussi 
plusieurs  productions  littéraires  estimées  en 
langue  hollandaise,  a  écrit  les  paroles  et  la 
musique  d'une  comédie  intitulée  de  Broeder 
liefde  (Reuaix,  1836). 


WIIVTZAVEILLER  (EucÈxNe),  composi- 
teur français,  né  à  Wœrth  (Bas-Rhin)  le  13  dé- 
cembre 1844,  fit  ses  éludes  théoriques  au  Con- 
servatoire de  Paris,  où  il  devint  l'élève  de 
Bazin  pour  l'harmonie  et  accompagnement,  de 
Benoist  pour  l'orgue,  et  de  M.  Arnbroise  Tho- 
mas pour  la  fugue  et  la  composition.  Il  ob- 
tint un  second  accessit  d'harmonie  et  accompa- 
gnement en  1864,  le  second  prix  en  1865,  et 
le  premier  en  1866;  en  1867  il  se  vit  dé- 
cerner un  second  accessit  d'orgue  et  un 
premier  accessit  de  fugue,  et  en  1868,  ayant 
pris  part  au  grand  concours  ]de  composition 
musicale  après  avoir  obtenu  un  premier  ac- 
cessit d'orgue,  il  se  vit  adjuger  le  premier  grand 
prix  de  Rome,  en  partage  avec  M.  Rabuteau. 
Il  partit  bientôt  pour  l'ilalie,  mais  sa  santé  s'al- 
téra au  bout  de  peu  de  temps,  et  une  maladie 
de  poitrine  vint  inspirer  de  vives  inquiétudes 
à  ceux  qui  l'entouraient;  les  médecins  lui  con- 
seillèrent l'air  des  Pyrénées,  et  le  jeune  malade 
partit  pour  Arcachon  ;  mais  ses  jours  étaient 
comptés,  et  malgré  les  soins  les  plus  empressés 
il  mourut  en  cette  ville  à  la  fin  de  1870. 

"\VIRTZ  (Charles -Louis),  professeur  et 
compositeur  néerlandais,  est  né  à  la  Haye  le 
1"  septembre  1841.  Il  reçut  ses  premières  le- 
çons de  son  père,  qui  était  professeur  à  l'École 
de  musique  de  cette  ville,  et,  comme  élève 
de  cette  école,  termina  ses  éludes  sous  la  di- 
rection de  Lubeck  père,  de  MM.  Van  der  Does 
et  Nicolaï.  M.  Wirtz  est  aujourd'hui  professeur 
de  piano  à  l'École  de  musique  de  sa  ville  na- 
tale, et  directeur  de  musique  à  l'église  Saint- 
Jacques.  Il  a  publié  un  Te  Deum  pour  chœurs, 
instruments  de  cuivre  et  orgue,  et  un  Altna  re- 
demptoris  pour  chœurs  et  orgue.  On  connaît 
aussi  de  lui  une  messe,  une  cantate  écrite 
pour  la  société  Niemvland,  et  diverses  compo- 
sitions de  moindre  importance. 

\VISE]\EDER  (Caroline),  musicienne 
allemande,  née  à  Brunswick  le  20  août  1807, 
morie  en  cette  ville  le  25  août  1803,  y  a  fait 
représenter  les  deux  opéras  suivants  :  la  Dame 
du  palais,  1848;  et  le  Jubilé  ou  les  Trois  Pri- 
sonniers, décembre  1849.  Je  n'ai  pas  d'autres 
renseignements  sur  cette  artiste. 

WISMES  ( DE),  musicien,  vi- 
vait en  Flandre  au  seizième  siècle.  Deux  chan- 
sons de  lui  sont  insérées  dans  un  recueil  de  chan- 
sons françaises  publié  à  Louvain,  par  Pierre 
Phalèse,  en  1555-15.^6. 

WITTE  (C -G -F ),  facteur  d'or- 
gues à  Utrecht,  est  né  à  Rotenburg  (Hanovre), 
le  12  janvier  1802.  Il  apprit  en  Hongrie  l'art  de 
oiistr  uction    des    orgues,   devint  un  artiste 


676 


WITTE  —  WODNICKI 


très-habile,  puis,  s'étant  rendu  dans  les  Pays- 
Bas,  s'associa  en  1834  avec  le  facteur  J.  Batz, 
d'Utreciit,  et  devint  à  la  mort  de  ce  dernier  le 
seul  directeur  de  la  maison.  Homme  intelli- 
gent, actif  et  instruit,  sans  cesse  occupé  du 
perfectionnement  des  parties  si  diverses,  si 
nombreuses  et  si  compliquées  qui  composent 
l'orgue,  M.  Witte  s'est  acquis  une  grande  re- 
nommée et  est  considéré  comme  l'un  des  meil- 
leurs facteurs  du  dix-neuvième  siècle.  Parmi 
les  nombreux  instruments  construits  par  lui,  et 
qui  tous  se  recommandent  par  leur  solidité  aussi 
bien  que  par  le  fini  de  l'exécution,  on  cite  par- 
ticulièrement ceux  de  l'église  du  Sud  à  Rotter- 
dam, de  la  Vieille  église  de  Delft,  de  l'église 
Nouvelle  de  Dordrecht,  de  l'église  Saint-Jean  à 
Ulrecbt,  de  l'église  catholique  d'Amersfoort,  de 
la  Kloosterkerk  à  la  Haye,  des  églises  réfor- 
mées de  Hoorn,  de  Putten,  de  Spykenisse,  de 
Bunschoten,  c,^  Naarden,  d'Amerongen,  de  Ry- 
soord,  et  enfin  les  orgues  de  moindres  dimen- 
sions de  Loosduinen,  de  Beusschem,  de  Buren, 
d'Ameide,  de  Byp,  de  Leerdam,  de  Delfshaven, 
de  Leyde,  de  Kralingen  et  de  Puttershoek. 
M.  Witte  a  le  titre  de  facteur  d'orgues  du  roi 
des  Pays-Bas. 

WITTE  (G -H ),  jeune  compositeur 

d'avenir,  actuellement  maître  de  chapelle  à  Es- 
sen,  en  Allemagne,  est  né  à  Utrechl  (Pays-Bas) 
en  1843.  Il  a  reçu  sa  première  éducation  artis- 
tique à  l'École  de  musique  de  la  Haye,  dirigée 
par  M.  Nicolaï,  et  en  1862  il  se  rendit  au  Con- 
servatoire de  Leipzig,  où  il  travailla  avec  Haupt- 
mann,  Moscheles  et  M.  Reinecke,  et  où  il  resta 
jusqu'en  1867. 

Dans  le  cours  de  cette  même  année,  M.  Witte 
prit  un  engagement  à  Thann,  en  Alsace,  où  il 
demeura  jusqu'en  1870,  et  il  revint  ensuite  dans 
sa  patrie,  où  il  tomba  sérieusement  malade. 
Aussitôt  que  sa  santé  fut  rétablie,  il  retourna 
à  Leipzig,  et  en  1871  il  accepta  la  place  de 
maître  de  chapelle  [musikdirector)  à  Essen, 
place  qu'il  occupe  encore  aujourd'hui. 

Lors  d'un  concours  ouvert  à  Florence  en 
1864,  M.  Witte  remporta  le  second  prix  pour  un 
quatuor  pour  piano  et  instruments  à  cordes,  et 
dans  lecoursde  la  même  année  il  se  vit  décerner  le 
prix  du  concours  Helbig  {Helbigscfie  Slïftung), 
à  Leipzig.  M.  Witte  est  un  musicien  sérieux, 
qui  promet  de  faire  honneur  à  sa  patrie. 

ÉD.  DE  H. 

WITTEIillOODT  (Thomas),  compositeur, 
maître  de  chapelle  de  l'église  de  la  Madeleine  à 
Bruges,  s'est  fait  connaître  par  un  certain  nom- 
bre d'œuvres  estimables.  Directeur  delà  société 
chorale  de  Brugsche   Zonen,  il  a  écrit  pour 


elle,  pendant  de  longues  années,  des  chœurs 
fort  intéressants,  et  on  lui  doit  aussi  un  oratorio, 
la  Rédemption,  qui  a  été  l'objet  d'éloges  mé- 
rités. Wittebroodt  est  mort  à  Bruges  le  16  jan- 
vier 1872. 

WITTGENSTEIN  (Le  comte  Frédéric- 

E DE),  jeune  compositeur  allemand,  a  fait 

ses  débuts  en  écrivant  la  musique  d'un  mélo- 
drame intitulé  Frithjof,  qui  fut  représenté  à 
Darmstadt,  il  y  a  quelques  années.  Plus  récem- 
ment, le  19  décembre  1878  ,  il  a  donné  sur  le 
théâtre  de  Gralz  un  opéra  romantique  en  5  actes, 
die  Welfenbraut  {la  Fiancée  du  Guelfe), 
qui  a  été  très-favorablement  accueilli. 

■WITVVICKI  (J....-D....),  compositeur  po- 
lonais, né  au  commencement  du  dix-neuvième 
siècle,  a  publié  les  œuvres  suivantes  pour  le 
piano  :  1°  Variations  sur  l'air  d'une  chanson 
d'Ukraine,  op.  1  (Leipzig,  Peters);  2°  Cinq  pen- 
sées du  soir,  op.  5  (id.,  id.);  3"  Six  valses  insé- 
parables, pour  piano  et  violon,  op.  6  (id.,  id.); 
4"  l'Inspiration  du  condamné,  chant  d'un  pri- 
sonnier del  Ponte  dei  Sospiri,  op.  7  (id.,  id.); 
5°  Trois  polonaises,  op.  9  (id.,  id.);  6°  Duo 
pour  piano  et  violon,  op.  Il  (id.,  id.);  7°  Som- 
venir  à  mes  élèves  de  l'Institut,  air  bohémien 
varié,  op.  17  (id.,  id.);  8°  Rapsodies  origina- 
les, op.  18  (id.,  id.);  9°  Variations  brillantes  sur 
un  thème  d'Ukraine  :  U  sussida  chata  hila, 
op.  20;  10°  Promenade  en  pyroscaphe  sur  le 
Dnieper,  rêverie  mélancolique,  op.  21  (Leipzig, 
Peters);  11"  Réminiscences  populaires,  deux 
thèmes  paraphrasés,  op.  22  (id.,  id.). 

WITWYLEU  (Ulrich),  musicien  du  sei- 
zième siècle,  né  à  Rorschach,  fut  élève  de  Gla- 
réan  et  devint,  grâce  aux  soins  de  ce  maître 
renommé,  un  artiste  fort  distingué.  Il  fut  prince- 
abbé  du  célèbre  couvent  d'Einsiedeln,  en  Suisse 
M.  George  Becker  {la  Musique  en  Suisse)  dit 
que  Witwyler  est  l'auteur  «  d'un  traité  de  mu- 
sique d'après  les  principes  de  son  maître,  »  mais 
il  ne  donne  pas  le  titre  de  cet  ouvrage. 

*  WITZTHUMB  (Ignace).  -  Voyez 
VITZTHUMB. 

*  WODIC'ZRA  (Wenceslas).  -  Cet  ar- 
tiste a  publié  à  Paris,  en  1739,  le  recueil  sui- 
vant :  Sei  Sonate  a  violino  solo  e  basso,  op. 
prima,  gravée  par  3/'"=  Vanddme,  Paris,  in- 
folio. 

WODIVIÇKI  (Théodore),  pianiste  et  com- 
positeur polonais,  naquit  au  commencement  du 
dix-neuvième  siècle  et  se  fît  connaître  à  Var- 
sovie, vers  1840,  en  exécutant  avec  habi- 
leté, dans  divers  concerts,  des  œuvres  qui  ne 
manquaient  point  d'originalité.  L'éditeur  Fr. 
Ilofmeister,  de  Berlin,  a  publié  de  lui  les  cora- 


WODNIÇKI     —  WOLF 


677 


positions  suivantes  :  Rapsodie  fantastique, 
1  ;  Galop  furioso,  op.  2  ;  Impromptu  en  sol  bé- 
mol, op.  3;  Ballade,  op.  4;  Marche  brillante, 
op.  5;  Pensée,  niéloilie,  op.  6.  On  connaît  en- 
core de  cet  artiste  un  concerto  en  la  mineur, 
avec  accompagnement  d'orchestre,  exécuté  par 
lui  en  1841  à  Varsovie,  une  fantaisie  pour  piano 
seul,  une  fantaisie  en  ré  mineur  sur  des  mazou- 
rekset  krakowiaks,  une  Marche  pour  piano  seul, 
enfin  une  romance  dédiée  à  M™''  Pruszak.  Wod- 
niçki  est  mort  en  1847. 

*  WOELFFL  (Joseph).  —  Cet  artiste  a 
donné  à  l'Opéra-Comique,  en  1805,  un  ouvrage 
en  3  actes  intitulé  Fernand  ou  les  Maures. 
AVoelfil  mourut  à  Londres  le  21  mai  1812. 

*  WOELTJE  (Le  docteur  C....-L.... -H....), 
écrivain  musical  et  magistrat  allemand,  est 
mort  à  Celle  le  23  juillet  1864.  Il  était  né  en 
1785. 

WOGIUCII  ou  WOGRITSCn  (Max), 
est  le  nom  d'un  compositeur  qui  a  fait  repré- 
senter sans  succès  sur  le  théâtre  Pagliano,  de 
Florence,  le  13  novembre  1875,  un  opéra  sé- 
rieux intitulé  Wanda. 

VVOHLFAHRT  (Heinrich),  pianiste,  pro- 
fesseur et  compositeur  allemand  contempo- 
rain, a  publié  une  centaine  d'œuvres  faciles  pour 
le  piano,  consistant  en  études,  bagatelles,  petits 
morceaux  de  salon,  etc. 

VVOHLFAHRT  (Fbanz),  sans  doute  pa- 
rent du  précédent,  violoniste,  professeur  et  com- 
positeur allemand  contemporain,  a  publié  aussi 
un  certain  nombre  de  petites  compositions  parmi 
lesquelles  on  remarque  des  duos  pour  2  violons, 
des  duos  pour  |)iano  et  violon,  un  recueil  d'É- 
tudes pour  le  violon,  ainsi  que  quelques  mor- 
ceaux de  danse  pour  le  piano. 

WOHLFARÏ  (Henri),  i)rofesseur  et  théo- 
ricien allemand  contemporain,  est  l'auteur  de 
l'ouvrage  suivant  :  Theoretisch-praktische 
Modulation-Sc/mle  {École  tliéorique  et  pra- 
tique de  la  Modulation),  Leipzig,  Breitkopf  et 
Heertel,  1859,  petit  in-S"  de  74  pp. 

*  WOLDEMAR  (Michel),  violoniste  etcom- 
positeur.  —  Cet  artiste,  sans  être  absolument 
le'  collaborateur  du  Courrier  des  spectacles, 
journal  quotidien  de  théâtres  qui  existait  à  l'é- 
poque de  la  Révolution,  envoyait  fréquemment 
à  ce  journal  des  lettres  sur  des  sujets  relatifs  à 
la  musique.  Les  Commandements  du  violon, 
sorte  de  facétie  formant  un  double  décalogue 
artistique,  ont  été  imprimés  à  cette  époque;  les 
voici  dans  leur  entier  : 

Premier  Décalogue. 

1.  Le  son  jamais  ne  hausseras. 
Ni  baisseras  aucunement. 


op.       2.  Mesure  tu  n'altéreras, 

Mais  frapperas  également. 
3.  L'arcliet  toujours  lu  maintiendras 

Permanent  et  solidement. 
It.  Symphonie  tu  sabreras 

Hardiment,  vigoureusement. 

5.  Doucement  accompajïneras, 
La  femme  principalement. 

6.  Le  grand  allegro  joueras 
Fif!rement,  mais  modérément. 

7.  Romance  tu  soupireras 
Tendrement,  amoureusement. 

8.  Dans  l'adagio  fileras 

Le  son  purement,  largement. 

9.  Pour  le  largo,  tu  gémiras 

Tristement,  mais  sensiblement. 
10.  Le  rondo  tu  caresseras 

Vivement  et  légèrement. 

Second  Décalogue. 

1.  En  concertos  tu  choisiras 
Violti  préférablement. 

2.  Le  faible  tu  n'écraseras, 
Afin  d'agir  honnêtement. 

3.  Dans  le  duo  ne  chercheras 
A  briller  exclusivement. 

U.  La  sonate  tu  chanteras 
Sagement  et  correctement. 

5.  Dans  le  trio  ne  broderas, 
L'auteur  suivras  exactement. 

6.  A  l'orchestre  tu  ne  feras 
Que  la  note  tout  uniment. 

7.  Sur  toutes  clefs  transposeras, 
Pour  accompagner  sûrement. 

8.  En  quatuor  ne  forceras 

Que  pour  la  chambre  seulement. 

9.  Au  chef  d'orchestre  obéiras 
Docilement,  aveuglément. 

10.  En  public  tu  ne  trembleras. 
Ni  devant  les  rois  mêmement. 

WOLF  (Maximilien),  compositeur  autri- 
chien, est  né  en  1840  en  Moravie.  Après  avoir 
commencé  l'étude  de  la  musique,  il  alla  se  per- 
fectionner à  Vienne  auprès  de  Dessoff,  et  à  Ber- 
lin auprès  de  Marx.  Il  habite  aujourd'hui  Vienne, 
et  s'est  fait  un  renom  considérable  par  la  com- 
position de  plusieurs  opérettes  charmantes.  Ses 
premiers  ouvrages  en  ce  genre  :  die  Sckule 
der  Liebe  {V École  de  V amour),  In  Name?ides 
Kœnigs  [Au  nom  du  Roi),  et  die  Blaue  Dame 
{la  Dame  bleue),  attirèrent  sur  lui  l'attention 
du  public,  et  l'opérette  intitulée  der  Pilger  {le 
Pèlerin)  lui  conquit  tous  les  suffrages,  à  Vienne 
comme  à  Berlin;  enfin,  une  autre  opérette,  die 
Portraitdame  {la  Dame  du  portrait),  mit  le 
sceau  à  sa  réputation  ;  celle-ci,  représentée  sur 
tous  les  théâtres  d'Autriche  et  d'Allemagne, 
constitue  certainement  le  meilleur,  le  plus  par- 
fait et  le  plus  populaire  do  tous  ses  ouvrages. 
Depuis  lors, M.  Wolfaencorefait  jouera  Vienne, 


678 


WOLF  —  WOLFF 


sur  le  théâtre  de  l'Opéra-Comique,  Césarine, 
dont  le  succès  a  été  très-vif. 

La  musique  de  M.  Wolf  est  gaie,  agréable  et 
charmanle.  Bien  que  son  style  se  ressente  de 
l'influence  française,  il  n'en  reste  pas  moins  ori- 
ginal. Le  compositeur  se  distingue  tantôt  par  un 
sentiment  aimable  et  tendre,  tantôt  par  une 
verve  comique  très-caractérisée.  De  plus,  ses 
ouvrages  sont  écrits  avec  une  complète  con- 
naissance de  la  scène.  —  En  dehors  du  théâtre, 
M.  Wolf  a  publié  aussi  plusieurs  beaux  lieder. 

J.  B. 
WOLFAERT  (Eervout  ou  Edouard),  fac- 
teur de  clavecins  à  Anvers,  vivait  en  cette  ville 
dans  les  dernières  années  du  seizième  siècle. 

WOLFART  (H ),  pianiste,  professeur 

et  compositeur  français  contemporain,  s'est  par- 
ticulièrement attaché  à  la  composition  de  petites 
études  et  de  petits  morceaux  faciles,  spécialement 
destinés  aux  enfants.  Il  a  publié,  entre  autres, 
les  ouvrages  et  recueils  dont  voici  les  litres  : 
Méthode  spéciale  de  piano,  pour  les  enfants; 
Petit  Solfège  élémentaire  et  mélodique,  suivi 
de  20  exercices  pour  la  voix;  12  Études  en- 
fantines; 18  Études  faciles  et  concertantes,  à  4 
mains;  22  Petits  Préludes  très-faciles,  sans  octa- 
ves; Perles  et  Diamants,  15  transcriptions  fa- 
ciles sur  des  airs  d'opéras  ;  Jeux  et  Fêtes,  12  mor- 
ceaux très- faciles,  à  4  mains;  les  Funambules, 
4  petites  fantaisies  à  4  mains  ;  Panthéon  musi- 
cal, 42  morceaux  faciles  ;  Polichinelle,  3  petits 
rondos  ;  Fleurs  enfantines,  fantaisies,  rondos 
et  caprices  extrêmement  faciles;  les  Airs  du 
temps  passé,  6  suites  ;  8  Petits  Riens;  les  Fêtes 
et  Jeux  de  l'enfance,  20  morceaux,  etc.,  etc. 
M.  Wolfart  a  publié  aussi  un  grand  nombre  de 
transcriptions  et  fantaisies  sur  des  thèmes  d'o- 
péras célèbres. 

*  WOLFF  (Edouard),  pianiste  et  composi- 
teur remarquable,  n'a  cessé  de  produire  jusqu'à 
ce  jour,  de  telle  sorte  que  le  nombre  de  ses 
œuvres  publiées  s'élève  aujourd'hui  à  plus  de 
350.  Parmi  ces  œuvres,  dont  plusieurs  sont  fort 
importantes,  il  faut  surtout  citer  les  suivantes  : 
24  Grandes  Études,  op.  20;  24  Grandes  Études, 
op.  50;  VArt  de  Vexpression,  24  études  faciles 
et  progressives,  op.  90;  VArt  de  f exécution, 
24  grandes  improvisations  eu  forme  d'études, 
op.  100;  3  Romances  sans  paroles  op.  11;  3 
Romances  sans  paroles,  op.  15;  5  Caprices, 
op.  7  ;  2  Nocturnes,  op.  10  ;  2  Nocturnes,  op.  27  ; 
4  Mazurkas,  op.  12;  3  Méditations,  op.  216; 
Marche  funèbre,  op.  176;  Marche  triomphale, 
op.  177  ;  4  Chansons  polonaises,  op.  195  et  196  ; 
Fantaisie  triomphale,  op.  84;  Grande  Marche 
triomphale,    op.   31  ;     Tarciitelic     fantastique, 


op.  301  ;  Tarentelle,  op.  148;  Scherzo  appassio- 
nato,  op.  132  ;  Grand  Caprice  poétique,  op.  133  ; 
Chanson  bachique,  op.  188;  Scherzo  agitato, 
op.  281;  Chanson  bachique,  op.  164;  Baccha- 
nale, op.  296;  Promenade  en  mer.  Hommage 
à  Chopin,  Impromptu,  etc.,  etc. 

WOLFF  (âuguste-Désiré-Bernard),  pia- 
niste, compositeur  et  facteur  français,  chef  de  la 
célèbre  maison  de  commerce  de  pianos  connue 
aujourd'hui  sous  la  raison  sociale  Pleyel-Wolff 
et  Ci%  est  né  à  Paris  le  3  mai  1821.  Il  fit  d'ex- 
cellentes études  au  Conservatoire,  où  il  fut  élève 
de  Zimmermann  pour  le  piano  et  d'Halévy  pour 
la  composition,  et  où  il  remporta,  en  1839,  en 
même  temps  que  M.  Victor  Massé,  un  brillant 
premier  prix  de  piano.  Peu  d'années  après,  en 
1842,  il  devenait  professeur  d'une  classe  de 
piano  dans  l'établissement  dont  il  avait  été  l'é- 
lève; en  même  temps  il  s'occupait  de  compo- 
sition et  publiait,  chez  l'éditeur  M.  Richault, 
une  trentaine  de  morceaux  de  divers  genres 
pour  son  instrument. 

Toutefois,  M.  Wolff  conserva  seulement  pen- 
dant cinq  années  la  direction  de  la  classe  qui  lui 
était  confiée.  Bientôt,  en  1850,  il  entrait  auprès 
de  Camille  Pleyel,  le  célèbre  facteur  de  pianos, 
devenait  son  associé  en  1852,  et  en  1855,  à  la 
mort  de  cet  homme  distingué,  prenait  la  direc- 
tion de  la  maison,  dont  il  n'a  cessé  d'être  le  chef 
jusqu'à  ce  jour.  Une  existence  nouvelle  commença 
alors  pour  M.  Wolff,  qui,  doué  de  qualités  pra- 
tiques remarquables  et  d'un  rare  esprit  d'inven- 
tion, s'est  distingué  par  les  perfectionnements 
divers  qu'il  a  apportés  dans  la  fabrique  des  pia- 
nos, aussi  bien  que  par  l'ingéniosité  et  l'utilité  de 
certaines  découvertes  intéressantes.  C'est  à  lui 
qu'on   doit  un  système  d'échappement  double 
spécial  à  la  maison  Pleyel-Wolff,  la  construction 
des  petits  pianos  à  queue  dont  le  succès  a  été  si 
légitime  et  si  considérable  et  des  grands  pianos 
à  queue  à  cordes  croisées,  les  nouvelles  combi- 
naisons de  constructions  métalliques  applicables 
à  tous  les  modèles  pour  les  climats  extrêmes,  le 
pédalier  destiné  à  faciliter  aux  jeunes  pianistes 
l'étude  de  la  pédale  de  l'orgue,  et  enfin  le  cla- 
vier transpositeur  et  la  pédale  tonale. 

Le  clavier  transpositeur  est  un  clavier  mobile 
et  indépendant,  qu'on  peut  adapter  sur  tous  les 
pianos,  et  qui,  à  l'aide  d'une  série  de  crans  pra- 
tiqués à  l'une  de  ses  extrémités,  se  place  de 
telle  façon  que  le  rapport  variable  de  ses  tou- 
ches avec  celles  du  clavier  de  l'instrument  donne 
à  l'exécutant  la  facilité  d'opérer  mécaniquement, 
tout  en  jouant  dans  le  ton  écrit,  quelque  trans- 
position que  ce  soit.  Ceci  est  à  la  fois  ingénieux 
cl  fort  utile.  Mais  la  pédale  tonale,  dont  M.  Au- 


WOLFF  —  WOLZOGEN  ET  NEUHAUS 


679 


guste  Wolff  est  aussi  l'inventeur,  part  d'un  prin- 
cipe musical  plus  élevé  et  rend  un  service  artis- 
tique plus  important.  Il  arrive  souvent  que  l'o- 
reille est  désagréablement  affectée  de  l'effet  pro- 
duit par  l'emploi  inconsidéré  de  la  grande  pé- 
dale (pédale  forte)  du  piano  dans  certains  pas- 
sages où  cette  intervention  est  beaucoup  plus  fâ- 
cheuse qu'utile  ;  on  a  vu  des  artistes  jusqu'à  nn 
certain  point  réputés,  des  virtuoses  coimus 
tomber  dans  cette  erreur,  et  tenir  la  pédale  ou- 
verte dans  des  traits  de  rapidité  des  deux  mains, 
ce  qui  donne  une  sonorité  déchirante,  ou,  par 
exemple,  après  un  changement  de  tonalité, 
jouer  en  ré  alprs  que  la  pédale,  toujours 
tenue  par  eux,  fait  résonner  la  tonalité  pré- 
cédente de  si  bémol.  C'est  pour  obvier  à  cet 
inconvénient  déplorable,  pour  amener  la  dispa- 
rition de  ce  défaut  harmonique,  que  M.  Au- 
guste Wolff  a  inventé  la  pédale  tonale,  ou  pé- 
dale harmonique,  dont  on  a  fait  la  description 
que  voici  :  —  «  Au  milieu  des  pédales  ordi- 
naires du  piano,  le  forte  et  la  sourdine,  à  l'u- 
sage desquelles  rien  n'est  changé,  se  trouve  la 
pédale  tonale  ;  elle  correspond  à  un  petit  clavier 
d'une  octave  à'ut,  situé  au  milieu  du  grand  cla- 
vier du  piano,  mais  sur  un  plan  un  peu  plus 
reculé,  à  jieu  près  comme  un  clavier  de  récit 
sur  l'orgue.  On  abaisse  lestement  sur  ce  piano- 
miniature  la  note  ou  les  notes  qui  forment  l'har- 
monie fondamentale  du  passage,  et  elles  vibrent 
doucement  aussi  longtemps  que  l'on  tient  la  pé- 
dale du  bas.  De  cette  façon,  on  obtient  une  har- 
monie pleine,  moelleuse,  qui  abolit  la  sécheresse 
du  piano,  et,  considération  plus  artistique  en- 
core, on  rend  fidèlement  les  modulations  vou- 
lues par  le  compositeur  ou  commandées,  si  l'on 
improvise,  par  l'évolution  de  la  pensée  musicale. 
Le  pédalier  de  M.  A.  Wolff,  non-seulement  fa- 
cilite aux  organistes  l'étude  de  la  pédale,  mais  il 
permet  aux  pianistes  de  rendre  les  plus  beaux 
effets  que  Bach,  Mendelssohn,  Beethoven,  Cho- 
pin et  autres  grands  maîtres  du  piano  ont  confiés 
aux  tenues  de  pédale,  et  aussi  de  transporter 
par  imitation,  sur  le  piano,  les  tenues  de  cors, 
bassons  et  clarinettes,  qui  donnent  tant  de  so- 
norité et  de  consistance  à  l'orchestration  des 
symphonies  et  des  opéras.  » 

Les  travaux  très-intéressants  de  M.  Auguste 
Wolff,  son  activité,  son  esprit  toujours  en  éveil, 
ont  maintenu  la  maison  Pleyel  au  premier  rang 
des  fabriques  de  pianos  du  monde  entier,  et  lui 
ont  conservé  la  supériorité  qu'elle  n'avait  ja- 
mais cessé  d'exercer.  Les  principes  élevés  et  h- 
béraux  de  M.  Wolff  l'ont  d'ailleurs  poussé  à  as- 
socier, dans  une  mesure  très-large,  les  ouvriers 
de  cette  maison  à  sa  prospérité,  et  cela  à  l'aide 


d'une  série  d'institutions  très-utiles,  très-intéres- 
santes, qui  stimulent  la  bonne  volonté  de  chacun 
et  produisent  les  meilleurs  résultats.  C'est  ainsi 
que  l'on  voit  fonctionner,  dans  la  fabrique 
Pleyel- Wolff,  une  société  de  secours  mutuels, 
une  caisse  de  prêts  sans  intérêt  pour  les  em- 
ployés et  ouvriers,  une  école  où  sont  admis  60 
enfants,  une  autre  école  où  sont  formés  45  ap- 
prentis ;  de  plus,  la  maison  entretient  quatre  bour- 
siers à  l'école  fondée  par  la  chambre  de  com- 
merce, elle  a  formé  un  orphéon,  et  enfin  elle 
tient  à  la  disposition  de  son  personnel  une  bi- 
bliothèque, un  gymnase  et  une  chapelle. 

M.  Wolff,  d'ailleurs,  n'oublie  pas  qu'il  a  été 
et  qu'il  est  resté  un  artiste  fort  distingué.  Prési- 
dent d'honneur  de  la  Société  des  compositeurs  de 
musique,  il  met  à  la  disposition  de  cette  compa- 
gnie les  locaux  nécessaires  à  ses  travaux  et  à  ses 
séances,  et  celle-ci  lui  doit  la  fondation  d'un  prix 
permanent  à  laquelle  elle  a  donné  le  nom  de  prix 
Pleyel- Wolff,  et  qui,  chaque  année,  est  destiné 
à  la  mise  au  concours  d'une  œuvre  importante 
pour  piano,  avec  ou  sans  orchestre;  lorsque  cette 
œuvre  exige  un  accompagnement  d'orchestre, 
M.  Wolff  prend  à  sa  charge  personnelle  tous  les 
frais  que  nécessite  son  exécution  publique.  On 
ne  saurait,  dans  tous  les  cas  que  nous  venons 
d'énumérer,  agir  avec  plus  de  générosité,  d'intel- 
ligence, et,  soit  comme  artiste,  soit  comme  grand 
industriel,  mieux  encourager,  sous  tous  les  rap- 
ports, tout  ce  qui,  de  près  ou  de  loin,  se  ratta- 
che directement  ou  indirectement  à  l'art  et  à  sa 
plus  grande  expansion  possible. 

WOLLEIMIAUPT  (IIermann-Adolphe), 
pianiste  allemand  et  compositeur  pour  son  ins- 
trument, naquit  à  Schkenditz  le  27  septembre 
1827.  Après  avoir  étudié  la  composition  à  Leip- 
zig sous  la  direction  de  l'excellent  théoricien  Mo- 
ritz  Hauptmann,  il  partit  tout  jeune  encore  pour 
l'Amérique,  en  1845,  et  alla  se  fixer  à  New- York, 
où  il  se  livra  à  l'enseignement  et  à  la  composi- 
tion. Il  écrivit  un  assez  grand  nombre  de  mor- 
ceaux de  genre  pour  le  piano,  et  ces  productions 
aimables  obtinrent  un  véritable  succès  de  vogue 
en  Amérique  et  en  Allemagne.  Wollenhaupt 
mourut  à  New- York  le  18  septembre  1863,  dans 
toute  la  force  de  la  jeunesse,  avant  même  d'a- 
voir accompli  sa  trente-sixième  année. 

WOLZOGEIV  ET  NEUHAUS  (Jean- 
Paul,  baron  DE),  écrivain  musical  allemand  et 
l'un  des  plus  zélés  partisans  de  M.  Richard 
Wagner,  est  né  à  Potsdam  le  13  novembre  1848, 
et  fit  ses  études  philosophiques  à  l'Université 
de  Berlin.  Engagé  par  M.  Wagner,  il  se  fixa  en 
1877  à  Bayreuth  pour  y  prendre  la  direction  des 
Feuilles  de  Bayreuth,  publication  qui  paraissait 


680 


WOLZOGEN  ET  NEUHAUS  —  WOUTERS 


sous  rinfluence  et  avec  la  collaboration  du  cora- 
posifcur,  et  qui  servait  uniquement  à  défendre 
ses  intérêts.  M.  de  Wol/.ogen  a  publié  une 
quantité  de  travaux  et  d'articles  sur  les  œuvres 
de  M.  Wagner  ;  ses  plus  itnportcints  écrits  sont 
les  suivants  :  Guide  thématique  de  la  musi- 
que de  «  l'Anneau  du  ISiebelung  »  de  Richard 
Wagner,  Leipzig,  1876;  la  Langue  dans  les 
potimes  de  Richard  Wagner,  Leipzig,  1877; 
Explication  pour  le  drame  des  Niebelungen. 

*  \V01\EGGER  ou  WOINNEGGEU 
(Jean).  —  Sous  le  nom  de  Vuonnegger  (Jean- 
Litavic),  et  sous  celui  de  Wonnegger  (Jean), 
l'auteur  de  la  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens a  consacré  deux  notices  à  deux  artistes 
qui  ne  forment  qu'un  seul  et  même  personnage. 
Il  est  facile  de  s'en  convaincre  en  voyant  qu'il 
s'agit,  dans  ces  deux  articles,  de  l'auteur  de  l'a- 
brégé du  Dodécachordon  de  Glaréan,  abrégé 
publié  à  Bâie  sous  ce  titre  :  Musicœ  epitome 
ex  Glareani  Dodecachordo.  Il  m'a  semblé  utile 
de  signaler  ce  fait,  afin  d'éviter  les  erreurs  qu'il 
pourrait  engendrer. 

WOODMA]\  (Le  Rév.  W ),  professeur 

anglais  contemporain,  est  l'auteur  d'un  petit  ma- 
nuel publié  récemment  sous  ce  titre  :  Singing  at 
sight  mode  easy  (la  Lecture  du  chant  à  pre- 
mière vue  rendue  facile),  in-8". 

IVORMSER  (André-Adolphe-Toussaint), 
compositeur,  est  né  à  Paris  le  1"'  novembre  1851. 
Admis  fort  jeune  au  Conservatoire,  dans  la  classe 
de  M.  Marmontel  pour  le  piano,  dans  celle  de 
M.  Bazin  pour  l'barmonie  et  accompagnement, 
il  obtint  les  récoirq^enses  suivantes  :  en  1868, 
1^""  accessit  d'harmonie  et  accompagnement;  en 
1869,  2*=  prix  d'harmonie  et  2«  accessit  de  piano; 
en  1870,  l**"  prix  d'harmonie  et  l*"^  accessit  de 
piano;  en  1872,  S*"  accessit  de  fugue  et  1*''  prix 
de  piano  ;  en  1873,  2"^  accessit  de  fugue.  M.  Ba- 
zin étant  devenu  en  1871  professeur  de  contre- 
point et  fugue,  M.  Wormser,  qui  avait  fait  avec 
lui  ses  études  d'harmonie  et  accompagnement, 
se  trouva  ne  point  changer  de  maître  et  continua, 
sous  sa  direction,  ses  hautes  études  musicales. 
Ayant  pris  part,  en  1874,  au  concours  de  Rome, 
le  jeune  artiste  obtint  une  mention  honorable,  et 
l'année  suivante  se  vit  décerner  le  premier  grand 
prix.  Au  mois  de  janvier  1875,  M.  Wormser  a 
fait  exécuter  aux  concerts  Danbé  une  grande  ou- 
verture de  concert.  Plus  tard,  on  a  entendu  de 
lui  ctu  Conservatoire,  dans  une  séance  d'au- 
dition des  envois  de  Rome,  une  intéressante 
suite  d'orchestre.  M.  Wormser  a  publié  un  re- 
cueil de  12  Pièces  pittoresques  à  4  mains  pour 
le  piano  (Paris,  Lemoine),  duquel  il  a  extrait  6 
Pièces  pittoresques  à  2  mains  (id,,  id,). 


\V0R03iIEÇ  (L'abbé  Arnulphe)  prêtre  et 
musicien  polonais  qui  vivait  à  la  fin  du  dix-hui- 
tième siècle  et  au  commencement  du  dix-neu- 
vième, est  l'auteur  d'un  ouvrage  important  sur  le 
chant  choral  et  figuré,  qui  a  paru  sous  ce  titre  : 
Poczontki  muzyki  tak  flguralnego  jak  i  cho- 
ralnego  Kantu  (Vilna,  in-folio,  1806). 

AVORP  (J ),  organiste  néerlandais  dis- 
tingué, est  né  au  petit  village  de  Broek-in-Wa- 
terland,  près  d'Amsterdam, le  24décembre  1821. 
Il  commença  son  éducation  musicale  dans  sa 
patrie,  et  alla  la  terminer  au  Conservatoire  de 
Leipzig,  où  il  eut  pour  professeurs  Moritz  Haupt- 
mann,  Richter,  Plaidy  et  Becker.  Il  prit  ensuite 
des  leçons  d'orgue  de  J.  Schneider  à  Dresde,  et 
travailla  la  composition  avec  J.  Otto.  Après  avoir 
rempli  les  fonctions  d'organiste  à  Almelo , 
M.  Worp  fut  appelé  à  occuper  le  même  poste  à 
Groningue.  Artiste  solidement  instruit,  nourri  de 
l'étude  des  bons  maîtres,  profond  admirateur  de 
Jean-Sébastien  Bach,  il  est  devenu  un  organiste 
fort  remarquable.  Comme  compositeur,  on  lui 
doit,  outre  des  morceaux  d'orgue,  des  mélodies 
religieuses  et  des  lieder,  une  collection  de  6 
chœurs  avec  orgue,  une  grande  sonate  et  une 
fantaisie  pour  orgue.  Ces  derniers  ouvrages  lui 
ont  valu  des  prix  et  des  mentions  honorables 
dans  divers  concours  ouverts  par  la  Société  mu- 
sicale des  Pays-Bas.  M.  Worp  s'est  occupé  d'une 
méthode  de  chant  à  l'usage  des  écoles  primaires, 
et  d'un  recueil  de  chorals  avec  préludes;  j'ignore 
si  l'un  ou  l'autre  a  été  publié. 

^VOUTERS  (Adolphe-François),  professeur 
et  compositeur  belge,  professeur  de  piano  au  Con- 
servatoire de  Bruxelles,  occupe  aussi  les  fonc- 
tions de  maître  de  chapelle  à  l'église  Saint-Ni- 
colas et  d'organiste  à  Notre-Dame-de-Finistère, 
de  la  même  ville.  M.  W^outers  a  fait  exécuter  en 
l'église  Sainte-Gudule,  le  22  novembre  1878,  une 
3Iesse  solennelle  de  Sainte-Cécile  pour  voix 
seules,  chœur,  orchestre,  orgue  et  harpe,  qui  a 
produit,  dit-on,  sur  ses  auditeurs  une  excellente 
impression.  Cette  œuvre  remarquable  a  été  pu- 
bliée par  l'éditeur  M.  Schott,  ainsi  qu'une  messe 
à  4  voix  avec  accompagnement  d'orchestre  ou 
d'orgue,  et  une  messe  brève  à  3  voix  égales. 
On  connaît  du  même  artiste  un  recueil  de  Six 
Etudes  principales  pour  piano  (Bruxelles, 
Schott),  divers  autres  recueils  d'études  fort 
remarquables,  adoptés  pour  l'enseignement  dans 
différents  conservatoires,  un  recueil  de  dix  mé- 
lodies vocales,  et  plusieurs  chœurs  pour  4  voix 
d'hommes  :  le  Lac  Léman,  Flandre,  les  Ner- 
viens,  etc.  Un  Te  Deum  à  grand  orchestre, 
qui  lui  avait  été  commandé  par  le  gouvernement, 
pour  les  fêtes  du  cinquantenaire  belge,  a  produit 


WOUTERS  —  WURZBACH 


681 


grand  effet,  le  21  juillet  1880,  en  l'église  Ste- 
Gudule.  Sous  le  pseudonyme  de  Don  Adolfo, 
M.  Woulers  a  encore  publié  (Bruxelles,  Sciiotl) 
2  messes  à  trois  voix. 

M.  Wouters  est  né  à  Bruxelles  le  28  mai  1849. 

WROitLE  WSKI  (Emile),  pianiste  et  com- 
positeur, fixé  à  Paris,  s'est  produit  assez  fré- 
quemment dans  les  concerts  comme  virtuose  sur 
son  instrument,  et  a  publié  pour  le  piano  et  pour 
leciiant  un  assez  grand  nombre  de  compositions, 
parmi  lesquelles  je  citerai  un  Grand  Concerto- 
Sympbonie,  une  Grande  Symphonie,  quelques 
morceaux  de  genre  :  le  Ruisseau,  V Orage, 
Chant  du  coucou  dans  les  bois.  Menuet,  un 
recueil  de  25  Mélodies  vocales,  et  un  autre  re- 
cueil inlituié  Six  Feuillets  d'album.  M.  Wro- 
blewski  a  fait  représenter  sur  le  théâtre  du  Gym- 
nase, de  Marseille,  au  mois  de  mars  1875,  un 
opéra-comique  intitulé  la  Fiancée  de  Venise. 

*  AVÛERST  (RrcHARD),  et  non  WUIlST, 
compositeur  allemand,  a  fait  représenter  plu- 
sieurs ouvrages  dramatiques  -.  1°  Rothmandel 
{le  Manteau  rouge);  der  Stem  von  Turan 
{l'Étoile  de  Turan);  Faublas;  Vinetu,  Mann- 
heim,  juin  ou  juillet  1864;  die  Officiere  der 
Kaiserin  {les  Officiers  de  Vlmpératrice),  Ber- 
lin, th.  de  l'Opéra,  21  janvier  \?>l^\A-ing-fo-hi, 
opéra-bouffe.  A  ces  ouvrages  il  faut  ajouter  l'Es- 
frit  des  eaux  {der  Wasserneck),  cantate  lyri- 
que exécutée  à  Berlin  en  1853,  et  un  Voijage 
d'artiste,  opérette  donnée  au  mois  de  janvier 
1868  sur  le  théâtre  Kroll,  de  Berlin  ;  la  musique 
de  cette  opérette  était  donnée  sous  le  pseudo- 
nyme de  Sommer,  qui  abritait  à  la  fois  deux  com- 
positeurs, MM.  Richard  Wiierst  et  Winterfeld. 
M.  R.  "Wiierst  a  publié  des  recueils  de  lieder,  des 
pièces  de  piano,  et  l'on  connaît  aussi  de  lui  plu- 
sieurs compositions  d'orchestre,  entre  autres 
deux  symphonies.  Le  nombre  de  ses  œuvres  pu- 


bliées dépasse  le  chiffre  de  70.  Cet  artiste  dis- 
tingué est  aujourd'hui  rédacteur  en  ciief  de  la 
Nouvelle  Gazette  musicale  de  Berlin. 

VVLLL]>EU  (Franz),  pianiste  et  composi- 
teur allemand  contemporain,  est  l'auteur  de  plu- 
sieurs (l'uvres  importantes,  parmi  lestiuelles  il 
faut  citer  surtout  le  127'=  Psaume,  mis  en  mu- 
sique pour  voix  seules,  chœur,  orchestre  et  or- 
gue, et  dont  la  partition  a  été  publiée  à  Leipzig, 
chez  l'éditeur  Robert  Forberg.  Parmi  les  autres 
compositions  de  M.  F.  Wiillner,  on  remarque  des 
sonates  de  piano,  des  trios  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  et  plusieurs  recueils  de  lieder. 

*  VVLIIIDA  (Joseph),  ténor  allemand  re- 
nommé, est  mort  à  Hambourg  le  28  avril  1875. 

WURZBACFI  (Le  docteur  Constantin), 
écrivain  autrichien  contemporain  très-renommé, 
est  l'auteur  d'un  grand  Dictionnaire  biographi- 
que consacré  aux  hommes  et  femmes  célèbres  de 
l'Autriche,  et  dont  36  volumes  ont  déjà  paru  à 
Vienne,  chez  l'éditeur  Gerold.  Cet  ouvrage,  re- 
marquable à  tous  les  points  de  vue,  et  qui  fait  le 
plus  grand  honneur  à  son  auteur,  contient,  sur 
tous  les  musiciens  autrichiens,  des  notices  plei- 
nes d'intérêt  à  la  fois  et  d'exactitude,  dans  les- 
quelles les  faits  sont  soigneusement  contrôlés,  et 
qui  sont  infiniment  précieuses  pour  l'histoire  non- 
seulement  de  ces  artistes,  mais  de  la  musique  en 
Autriche  :  on  trouve  dans  ces  notices  les  renseigne- 
ments les  plus  précis  sur  les  artistes  qui  en  sont 
l'objet,  avec  le  catalogue  complet  de  leurs  œu- 
vres, la  liste  des  portraits  qui  en  ont  été  publiés 
et  celle  de  toutes  les  biographies  qui  en  ont  été 
données,  soit  séparément,  soit  dans  les  journaux 
ou  recueils  périodiques.  M.  Wurzbach  vit  à 
Bercklesgaden,  oii  il  s'occupe  de  l'achèvement  de 
son  œuvre,  qui  est  un  véritable  monument  his- 
torique et  patriotique. 

J.  B. 


YMBERT.  —  Voyez  IMBERT. 

YOUIVG  (Le  Rév.  Edward),  ministre  et  mu- 
sicien anglais  contemporain,  s'est  fait  connaî- 
tre par  diverses  compositions  du  genre  reli- 
gieux, au  nombre  desquelles  je  mentionnerai  un 
service  comprenant  un  TeDenm,  un  Jubilate  et 
un  Kyrie  pour  chœur,  avec  accompagnement 
d'orgue. 

YOUNG  ("WiLLi.vM-J ),  musicien  anglais 

contemporain,  a  publié  un  certain  nombre  de 
chants  populaires  à  une  ou  plusieurs  voix, 

YRADIER  (Sébastien),  compositeur 'espa- 
gnol, a  rendu  son  nom  célèbre  dans  le  monde 
entier  par  certaines  chansons,  dont  une  entre  au- 
tres :  Ay  ChîqiMa,  a  conquis  une  popularité 
vraiment  prodigieuse  et  a  été  chantée  dans 
toutes  les  langues.  Aucune  des  autres  chansons 
d'Yradier  n'a  le  charme  étonnant,  la  grâce  vo- 
luptueuse et  le  caractère  pittoresque  de  celle-ci; 
presque  toutes  cependant  ont  une  saveur  étrange, 
un  goût  de  terroir  paiticnlier  et  une  originalité 
rare  de  rhythme  et  d'accent.  Chose  singulière 
pourtant,  malgré  la  popularité   surprenante  de 


ses  petites  compositions,  la  vie  d'Yradier  est 
restée  absolument  inconnue,  même  de  ses  com- 
patriotes, et  il  m'a  été  impossible  d'obtenir  sur 
lui  le  plus  mince  renseignement.  Tout  ce  qu'on 
en  sait,  c'est  qu'il  est  mort  à  Vittoria  au  mois 
de  novembre  1865.  L'éditeur  M.  Heugél  a  pu- 
blié, à  Paris,  un  recueil  factice  de  25  ehants 
d'Yradier,  avec  paroles  françaises  de  MM.  Paul 
Bernard  et  Taghafico  et  accompagnement  de 
piano. 

YRA^ID  (Richard).  —  Voijez  IVRY  (Le 
marquis  D'). 

YSORE   ( ),  compositeur  dont  le  jiom 

est  resté  jusqu'ici  inconnu,  et  qui  vivait  dans 
la  première  moitié  du  seizième  siècle,  a  écrit, 
pour  le  recueil  de  chansons  françaises  à  4  voix 
publié  vers  1530  par  l'imprimeur  Pierre  At- 
teignant, la  musique  des  chansons  suivantes  : 
Sans  vous  changer  f  attends,  Si  mon  espoir  a 
jieu,  Si  mon  ami  venait  en  nuyt.  S'ébahit-on 
si  fay  perdu,  Si  par  souffrir  on  pent.  Si 
j'ay  erré. 


I 


ZjVBALZA  (Damaso),  pianiste  et  professeur 
espagnol  contemporain,  est  l'auteur  des  ouvra- 
ges suivants,  |)ubliés  par  l'éditeur  M.  Andrés 
Vidal  fils,  à  Madrid  :  1°  Études  de  mécanisme 
pour  le  premier  âge  ;  2"  Études  de  mécanisme 
pmir  le  second  âge;  3°  une  Heure  de  gijDi- 
nastique,  exercices  quotidiens  pour  les  pianistes 
de  toutes  forces  ;  4°  Études  spéciales.  M.  Da- 
maso Zabalza,  qui  est  professeur  à  l'École  na- 
tionale de  musique,  a  aussi  publié,  chez  l'édi- 
teur M.  Roniero  y  Marzo,  un  recueil  de  25  Étu- 
des mélodiques  et  de  bravoure. 

ZABBAIV  ( ..),  musicien  contemporain, 

est  l'auteur  d'un  opéra  sérieux,  Eleonora  di 
Toledo,  qui  a  été  représenté  à  Ancône  en 
1861. 

ZAMPARELLI  (Dionisio),  compositeur, 
né  à  Naples,  vivait  vers  le  milieu  du  dix-hui- 
tième siècle.  Il  a  fait  représenter  en  1746  à  Li- 
vourne,  sur  le  théâtre  San-Sebastiano,  un  opéra 
intitulé  la  Zoe.  Je  n'ai  pu  découvrir  aucun  autre 
renseignement  sur  cet  artiste,  dont  le  nom  est 
aujourd'hui  complètement  oublié. 

ZAINCA  (Michel  DEL),  musicien  dont  le 
nom  indique  une  origine  italienne,  vivait  au 
dix-huitième  siècle  en  Pologne,  et  était  virtuose 
au  service  du  roi,  en  même  temps  que  membre 
de  la  Société  philharmonique  de  Varsovie.  II  est 
l'auteur  d'une  cantate  à  quatre  voix,  intitulée 
la  Liberté,  composée  par  lui  pour  la  cérémonie 
du  couronnement  de  Stanislas  -  Auguste  II , 
comme  roi  de  Pologne.  Cette  cantate  a  été 
publiée  à  Venise,  en  1765. 

ZAJXDMAlXrV  ou  SANDMAIMN  (Jean), 
professeur  de  musique  et  compositeur,  mourut 
en  1841  à  Varsovie,  où  depuis  longtemps  il 
était  établi.  Auteur  d'une  symphonie  à  grand 
orchestre,  d'une  messe  qui  fut  exécutée  en  1837 
à  l'église  des  Augustins,  cet  artiste  a  transcrit 
une  partie  des  psaumes  de  Nicolas  Gomolka, 
compositeur  polonais  du  seizième  siècle,  et  les 
a  insérés  dans  l'ouvrage  suivant  :  Chants  d'é- 
glise à  plusieurs  voix  des  compositeurs  polo- 
nais, recueillis  et  publiés  par  Joseph  Cichocki 
(Varsovie,  Sennevald,  1838). 

*  ZANETTI  (Fraiscesco),  compositeur  ita- 
lien du  dix- huitième  siècle.  —  A  la  liste  des 
ouvrages  de  cet  artiste,  il  faut  ajouter  :  l*'  ,ba- 


lonione,  oratorio  exécuté  les  3  et  8  décembre 
1775,  à  Florence,  pour  l'inauguration  du  nouvel 
oratoire  de  Saint-Philippe  de  Neri  ;  2°  Sismano 
nel  Mogol,  opéra,  Florence,  1776.  Ceci  semble 
indiquer  qu'à  cette  époque,  Zanetti  était  fixé  à 
Florence.  M.  le  docteur  Basevi,  de  cette  ville, 
possède  le  manuscrit  d'un  Magnificat  à  4  voix 
avec  instruments,  qui  porte  le  nom  de  Zanetti 
et  la  date  du  20  juillet  1769. 

ZAIVETTI  (F ),   compositeur  italien, 

est  l'auteur  d'une  opérette,  Cento  astuzie,  qui 
a  été*  représentée  à  Pise  au  mois  de  mars 
1877. 

*ZA]M  DE  FERRANTI  (Marg-Aurèle), 
guitariste,  écrivain  musical  et  poète,  est  mort  à 
Pise  le  28  novembre  1878.  Il  était  né  à  Bolo- 
gne, non  en  1802,  comme  il  a  été  dit,  mais  le  6 
juillet  1800.  Il  s'était  fixé  en  Belgique  en  1827, 
s'était  fait  naturaliser,  et  était  devenu  professeur 
de  langue  itahenneau  Conservatoire  de  Bruxel- 
les. Zani  de  Ferranti  prit  une  part  de  collabora- 
tion à  la  Revue  musicale  belge,  à  la  Belgique 
musicale  et  au  Guide  musical  de  Bruxelles. 

ZA]\]\ETTI  (Gasparo),  musicien  italien 
du  dix-septième  siècle,  est  l'auteur  d'un  ouvrage 
publié  sous  ce  titre  :  il  Scolaro,  di  Gasparo 
Zannetti,  per  imparare  a  suonare  di  violino 
et  altri  stromenti.  Je  ne  connais  de  cet  ouvrage 
qu'une  édition  faite  à  Milan  en  1645,  et  qui 
n'était  pas  la  première. 

ZAIXOLIIHI  (Carlo),  organiste  et  compo- 
siteur, naquit  à  Bologne  dans  la  première  moi- 
lié  du  dix-huitième  siècle.  Elève  de  Girolamo 
Consoni  pour  l'orgue,  de  Perti  pour  le  contre- 
point, il  reçut  aussi  des  conseils  et  des  leçons 
du  célèbre  Hasse.  II  fut,  pendant  plusieurs 
années,  attaché  à  la  cour  de  Piémont  en  qualité 
de  compositeur,  puis  revint  dans  sa  ville  natale 
et  devint  rnansionnaire  de  la  cathédrale.  Reçu 
en  1748  au  nombre  des  membres  de  la  Société 
des  Philharmoniques  de  Bologne,  il  en  fut  élu 
prince  en  1758. 

ZAPATER  (M^'"  Rosario),  artiste  espa- 
gnole fort  distinguée,  s'est  fait  remarquer  à  la 
fois  comme  cantatrice  de  concert,  comme  pia- 
niste, comme  professeur  et  comme  poète  lyrique. 
Elève  de  M.  F.  de  Vaidemosa,  qui  était  direc- 
teur des  concerts  de  la  reine  Isabelle,  elle  ac- 


684 


ZA PATER  —  ZAYTZ 


quit  sous  sa  direction  un  rare  talent  de  canta- 
trice, qui  mettait  en  valeur  une  voix  souple, 
fraîche  et  richement  timbrée.  On  assure  que 
Rossini,  dans  ses  dernières  années,  prenait  plai- 
sir à  écrire  pour  cet  organe  généreux,  que  ser- 
vait si  bien  un  talent  fort  distingué,  des  traits 
nouveaux  et  des  passages  de  bravoure  que  la 
jeune  artiste  ajoutait  à  certains  morceaux  et 
qu'elle  exécutait  avec  une  perfection  ache- 
vée. 

C'est  vers  1860  que  M"»  Zapater  commença 
à  se  révéler  tout  à  la  foi»  comme  chanteuse  et 
comme  poète  remarquable.  C'est  à  la  suite  d'un 
assez  long  voyage  en  Italie  qu'elle  rapporta  le 
livret  d'un  opéra  italien,  gli  Amanti  di  Teruel, 
qui  fut  mis  en  musique  par  son  compatriote, 
M.  Avelino  de  Aguirre;  l'ouvrage  fut  représenté 
à  Valence,  au  mois  de  décembre  1865,  avec  un 
très-grand  succès,  et  l'on  assure  que  le  carac- 
tère touchant  du  sujet,  le  pathétique  des  situa- 
tions, et  la  poésie  colorée  du  livret  furent  loin 
d'être  étrangers  à  ce  succès.  Meyerbeer  mit  en 
musique,  peu  de  temps  avant  de  mourir  {on 
croit  même  que  ce  fut  sa  dernière  inspiration), 
une  mélodie  passionnée,  il  Primo  Amore,  qu'il 
écrivit  sur  des  vers  très-élégants  de  M^''^  Za- 
pater. 

M''°  Zapater  ne  s'est  pas  moins  distinguée 
comme  professeur  et  cojïime  didacticien.  Sous 
ce  rapport,  on  lui  doit  un  ouvrage  excellent, 
qui  sous  ce  titre  modeste  :  Éludes  pour  lechanl, 
est  un  traité  véritable  et  complet  de  l'art  du 
chant,  dont  elle  a  pénétré  tous  les  secrets  et 
dont  toutes  les  difticultés  lui  sont  familières. 
Elle  a  publié  aussi,  sous  un  titre  analogue  : 
Études  pour  le  piano,  un  recueil  qui  n'est  ni 
moins  utile,  ni  moins  intéressant.  Ces  deux  ou- 
vrages ont  été  publiés  à  Paris,  chez  l'éditeur 
M.  Brandus. 

ZAPPATA(FiLippo),  est  le  nom  d'un  com- 
positeur italien  qui  a  écrit  la  musique  d'un 
opéra  sérieux,  Paola  Monti,  qu'il  a  fait  repré- 
senter à  Bologne  le  28  mai  1862.  Bien  que  cet 
ouvrage  ait  été  favorablement  accueilli,  le  com- 
positeur ne  fit  plus  parler  de  lui  dans  la  suite. 
Zappata  est  mort  à  Comacchio  ,  au  mois  de  no- 
vembre 1878. 

ZAIIEMBA  (Nicolas),  compositeur  et  pro- 
fesseur russe,  qui  paraît  avoir  été  un  artiste 
distingué,  a  rempli  les  fonctions  de  directeur 
du  Conservatoire  de  Saint-Pétersbourg  lorsque 
ce  poste  fut  abandonné  par  M.  Antoine  Rubins- 
tein,et  y  fut  lui-môinc  remplacé  par  M.  d'Asan- 
tcbweski.  On  connaît  de  lui  un  certain  nombre 
de  com|)Ositions,  dont  la  plus  importante  est  un 
oratorio  intitulé  tialnt  Jean-JJapiisle.  Zarcmbà 


était  né  dans  le  gouvernement  de  Wileb;  il  est 
mort  à  Saint-Pétersbourg  le  8  avril  1879. 

ZARLmO  GANLEiVO.  —  Fétis  dit,  dans 
sa  Biographie  universelle,  qu'un  musicien  m- 
connu  de  Sienne  en  Toscane  publia  sous  ce 
nom  un  traité  de  contre-point  en  vers;  or,  ce 
traité  est  justement  celui  dont  nous  avons  parlé 
à  propos  d'Angelo  Ortolani  [Voy.  ce  nom)  et 
que  Fétis  lui-même  attribue  autre  part  à  un 
prétendu  Jules  Ortolani.  Du  reste,  comme  nous 
en  sommes  à  rectifier  les  inexactitudes  de 
Fétis,  nous  croyons  devoir  observer  que  le 
titre  même  du  poème  n'a  pas  été  exactement 
transcrit  par  lui,  et  qu'il  s'y  est  glissé  en  outre 
une  erreur  dans  le  nom  de  famille  de  M™«  la 
comtesse  Fanny  Pieri,  néecomtesseSpannochi,  à 
qui  le  poème  est  dédié.  Et  puisque  le  nom  de  cette 
dame,  Siennoise  de  naissance  et  mariée  au  comte 
Jean  Pieri-Pecci,  de  Sienne,  amateur  passionné 
de  musique,  nous  est  venu  sous  la  plume,  nous 
croyons  pouvoir  nous  permettre  d'ajouter  qu'elle 
était  très-forte  sur  le  piano  (elle  avait  été  élève 
pendant  quelque  temps  de  Czerny),  et  que  dans 
son  palais,  à  Sienne,  on  faisait  habituellement 
de  très-bonne  musique,  et  parfois  avec  un 
éclat  et  une  richesse  d'exécution  qui  ne  sont  pas 
communs  dans  les  petites  villes  de  province. 
C'est  ainsi  que,  en  1820,  on  y  exécuta  à 
grand  orchestre  la  Création,  et  en  1821  les 
Saisons  de  J.  Haydn,  et  Robert  le  Diable  (le 
premier  acte)  peu  après  son  apparition  sur  la 
scène  du  grand  Opéra  de  Paris,  d'après  une 
excellente  traduction  italienne  de  M.  François 
Casuccini,  autre  amateur  viennois,  bon  violon- 
celliste, et  compositeur  de  quelque  mérite. 

L.-F.  C. 

ZAYTZ  (Je\!n),  chef  d'orchestre  et  compo- 
siteur, est  né  en  1834  à  Fiume.  Son  père,  Jean 
Zaytz,  né  auprès  de  Prague,  avait  été  chef  de 
musique  du  régiment  baron  Mayer  n°  45,  qui 
piit  plus  tard  le  nom  de  Sigismond.  Lorsqu'en 
1830  ce  régiment  fut  envoyé  à  Fiume,  Zaytz  père 
quitta  bientôt  l'état  militaire,  et  s'établit  comme 
professeur  en  cette  ville,  où  il  devint  directeur 
de  la  musique  municipale.  C'est  là  qu'en  1834 
naquit  M.  Jean  Zaytz  fils,  et  en  1840  sa  sœur, 
qui  s'est  vouée  au  chant  dramatique  et  qui,  en 
ce  moment,  poursuit  sa  carrière  en  Italie  sous 
le  nom  d' Albina  Contarini. 

Dès  sa  plus  tendre  enfance,  le  jeune  Zaytz 
montra  un  goût  passionné  et  des  dispositions 
exceptionnelles  pour  la  musique;  il  appiit  de 
son  père  le  violon  et  le  piano,  et  il  était  à 
peine  âgé  de  six  ans  lorsqu'il  se  fit  entendre 
pour  la  première  fois  en  public,  au  théâtre  de 
Fiume,  sur  l'un  et  l'autre  instrument.  Son  suc- 


ZAYTZ 


685 


ces  fut  très-grand,  et  on  lui  prédit  un  bel  ave- 
nir. Plus  il  {grandissait,  et  plus  se  développaient 
ses  facultés  musicales.  A  dix  ans,  après  s'être 
essayé,  à  l'insu  de  son  père,  dans  quelques  pe- 
tites compositions,  il  rénssit  à  écrire  deux 
ouvertures,  et  une  fantaisie  pour  violon  sur  des 
mélodies  de  Verdi,  qu'il  exécuta  aussi  avec  suc- 
cès. A  douze  ans,  s'étant  lié  d'amitié  avec  un 
jeune  homme  nommé  Valé,  qui  annonçait  du  ta- 
lent pour  la  poésie,  tous  deux  écrivirent  un 
opéra  qui  avait  pour  litre  Marie-Thérèse  ;  le 
jeune  Zaytz  s'occupait  de  cet  ouvrage  avec  une 
véritable  passion,  mais  il  ne  savait  comment 
écrire  son  orchestre  et  n'osait  demander  à  son 
père  de  le  lui  apprendre,  car  celui-ci  montrait 
une  véritable  répugnance  pour  la  vocation  mu- 
sicale de  son  fils,  dont  il  voulait  faire  un  avocat 
et  non  un  artiste.  Le  jeune  homme  se  décida 
cependant  à  arranger  son  opéra  pour  piano  et 
harmonica,  et  il  voulut  le  faire  entendre  à  son 
père,  qui  s'en  montra  fort  irrité  et  lui  interdit 
de  s'occuper  de  musique  désormais. 

L'enfant  était  désolé  ;  il  n'osait  plus  composer 
chez  lui,  et  il  profitait,  pour  écrire  de  la  musi- 
que, de  tous  les  moments  de  loisir  qu'il  pou- 
vait avoir  à  l'école,  si  bien  que  ses  professeurs 
s'employèrent  pour  tâcher  de  vaincre  les  résis- 
tances de  Zaytz  père  aux  désirs  de  son  fils. 
Pourtant,  ce  ne  fut  qu'après  que  celui-ci  eut 
achevé  ses  études  d'humanité  et  de  philosophie, 
que  son  père  consentit  à  l'envoyer  à  Milan,  où 
il  lui  laissait  la  faculté  d'étudier  la  musique,  mais 
à  la  condition  qu'il  fit  son  droit  et  se  fît  recevoir 
avocat.  Le  jeune  Zaytz  partit  donc  en  1849  pour 
Milan,  et  fut  reçu,  au  mois  de  novembre  1830,  au 
Conservatoire  de  cette  ville,  qu'il  ne  quitta  qu'en 
1856.  En  1855,  le  directeur  de  cet  établissement, 
Lauro  Rossi,  ayant  confié  à  plusieurs  élèves  le 
livret  d'un  petit  opéra  intitulé  la  Tirolese,  afin 
qu'ils  le  missent  en  musique,  la  partition  de 
M.  Zaytz  fut  jugée  la  meilleure,  et  son  ouvrage 
fut  exécuté,  le  4  mai  1855,  sur  le  petit  théâtre 
du  Conservatoire,  avec  un  vif  succès. 

A  sa  sortie  du  Conservatoire,  M.  Zaytz  fut 
nommé  second  chef  d'orchestre  au  théâtre  de  la 
Scala,  et  il  devait  écrire  un  opéra  pour  ce  théâ- 
tre, lorsque  la  mort  de  ses  parents  l'obligea  à 
partir  pour  sa  ville  natale,  afin  d'y  régler  des 
affaires  de  famille.  Une  fois  à  Fiume,  ses  com- 
patriotes l'engagèrent  avec  tant  d'instances  à 
rester  parmi  eux  qu'il  se  laissa  persuader,  et 
qu'il  fut  nommé  bientôt  directeur  de  la  musique 
municipale  et  professeur  à  l'Institut  de  musique. 
En  1858,  il  épousait  une  jeune  fille  nommée  Na- 
thalie Jessenke,  née  comme  lui  à  Fiume  ;  celle-ci 
lui  donnait  bientôt  deux  enfants,  un  fils  et  une 


fille,  et  il  ne  manquait  rien  à  son  bonheur, 
lorsque  tout  à  coup  il  tomba  dangereusement 
malade  d'une  infiammation  des  poumons.  Les 
médecins  désespéraient  de  lui  et  l'avaient  con- 
damné, mais  la  force  de  la  jeunesse  le  sauva  et 
il  revint  à  la  santé.  Toutefois  il  ne  voulut  pas 
rester  à  Fiume,  et  en  18G2  ilse  rendit  à  Vienne. 

A  cette  époque,  le  nombre  de  ses  composi- 
tions s'élevaitau  chiffre  de  152,  parmi  lesquelles 
on  distinguait  des  symphonies,  des  ouvertures, 
quatre  messes,  et  trois  opéras  ;  la  Sposa  di 
Messina,  VAdelia  et  Amelia;  ce  dernier  avait 
été  représenté  à  Fiume,  avec  beaucoup  de  suc- 
cès, le  24  avril  1861.  M.  Zaytz,  qui  voulait  se 
livrer  entièrement  à  la  composition  dramatique, 
songeait  à  donner  un  ouvrage  à  Vienne,  lorsqu'il 
fut  repris,  avec  une  étonnante  énergie,  par  la 
maladie  qui  déjà  avait  failli  le  conduire  au  tom- 
beau; il  resta  six  mois  au  lit,  mais  cette  fois 
encore  il  guérit. 

il  se  remit  alors  au  travail,  mais  la  fatalité 
semblait  le  poursuivre,  et,  peu  de  jours  avant 
celui  fixé  pour  la  représentation,  le  théâtre  où 
il  devait  donner  un  nouvel  opéra  devint  la  proie 
des  flammes.  Cependant,  le  directeur  de  ce  théâ- 
tre s'étant  mis  à  la  tête  d'une  autre  entreprise, 
le  théâtre  Charles,  M.  Zaytz  y  donna,  le  15  dé- 
cembre 1863,  une  opérette  intitulée  les  Hommes 
à  bord,  qui  fut  très-bien  accueillie.  Il  fit  re- 
présenter ensuite  plusieurs  ouvrages  du  môme 
genre,  FUzli-Ptitzli  (5  décembre  1864);  les 
Luzzaroni  de  Naples  (4  mai  1865J;  la  Sor- 
cière de  Boissy  (3  actes,  26  avril  1866)  ;  les  Rô- 
deurs de  nuit  (10  novembre  1866)  ;  les  Ren- 
dez-vous en  Suisse  (un  acte,  3  avril  1867)  ;  le 
Tribunal  de  district  (un  acte,  14  septembre 
1867);  la  Somnambule  (un  acte,  octobre  1867); 
Maître  Puff'{ua  acte,  octobre  1867)  ;  A  laMec- 
que  (11  janvier  1868);  V Enlèvement  des  Sa- 
bines,  l'Amour  captif,  etc. 

Bien  que  tous  ces  ouvrages  eussent  obtenu 
de  vifs  succès  sur  diverses  scènes  de  Vienne,  le 
théâtre  Charles,  celui  de  l'Harmonie,  le  théâtre 
Ander  Wiea,  M.  Zajtz  accepta  les  proposi- 
tions qui  lui  furent  faites,  en  1869,  de  se  ren- 
dre à  Agram,  en  Croatie.  Il  arriva  donc  en  cette 
ville  au  mois  de  février  1870,  et  y  devint  aus- 
sitôt directeur  et  professeur  de  chant  à  l'Insti- 
tut de  musique,  et  chef  d'orchestre  du  théâtre. 
Il  a  écrit  depuis  lors  quatre  opéras  :  Mislav, 
Ban  Leget,  Nikola  Subie  Zrinjski,  et  Lizinka, 
et  il  en  écrit  en  ce  moment  un  cinquième,  Pan 
Twardowsky  ou  le  Faust  Polonais,  en  5 
actes. 

Outre  ses  ouvrages  dramatiques,  M.  Zaytz  a 
produit,  dans  ces  dernières  années,  des  messes, 


686 


ZAYTZ  —  ZELËNSKI 


des  chœurs,  de  nombreuses  chansons  et  quan- 
tité de  morceaux  de  danse.  Le  nombre  de  ses 
œuvres  s'élève  aujourd'hui  à  470. 

J.  B. 

ZECCH1]^I(Francesco),  compositeur  dra- 
matique italien,  est  l'auteur  d'un  opéra  sérieux, 
Mntilde  d'Inghilterra,  qu'il  a  fait  représen- 
ter en  1856  sur  le  théâtre  de  Sira  (îles  Ionien- 
nes). Treize  ans  après,  en  1869,  cet  ouvrage 
ayant  été  reproduit  au  théâtre  Confavalli,  de 
Bologne,  l'auteur  fut  chargé  d'écrire  une  nou- 
velle partition  pour  une  autre  scènede  cette  ville, 
le  théâtre  Brunetti.  M.  Zecchini  mit  cette  fois 
en  musique  un  livret  bouffe,  intitulé  la  Conver- 
sazione  al  buio,  et  son  œuvre  fut  offerte  au 
public  dans  la  saison  du  printemps  de  1871. 

ZEEIILOEDEK  (Nicolas),  musicien  suisse 
du  dix-septième  siècle,  né  à  Berne,  était  maître 
du  collège  latin  de  cette  ville  en  1649;  plus 
tard  il  devint  pasteur  et  doyen  à  Kilchberg.  On 
lui  doit  un  traité  élémentaire  de  musique  inti- 
tulé :  Ein  Music  Bûchlein  ,  Berne,  1678, 
in-8°. 

ZEFFERIIM  (Onophre),  célèbre  facteur 
d'orgues  du  seizième  siècle,  connu  généralement 
aujourd'hui  sous  son  seul  prénom  d'Onofrio,  était 
désigné  de  son  temps,  selon  la  coutume  popu- 
laire, sous  celui  de  maestro  (maître)  Noferi.  Né  à 
Cortone  en  Toscane,  il  apprit  son  art  avec  Jean- 
Paul  Romani,  Cortonais  et  bon  facteur  lui-même, 
mais  bien  inférieur  à  son  élève,  qui  acquit  en  peu 
de  temps  un  grand  renom  et  construisit  nombre 
d'orgues,  particulièrement  en  Toscane.  Les  or- 
gues des  cathédrales  de  Sienne,  d'Arezzo,  de 
Pérouse,  sont  de  sa  facture.  Parmi  les  orgues 
construites  par  Zefferini  pour  les  églises  de  Flo- 
rence, il  n'y  a  que  le  petit  orgue  de  l'église  de 
l'Annonciade  qui  ait  conservé  son  caractère 
original,  toutes  les  autres  ayant  été  presque  en- 
tièrement remaniées  et  agrandies,  de  telle  ma- 
nière qu'il  n'en  reste  à  peu  près  que  les  tuyaux 
des  premières  octaves  des  jeux  de  fond  et 
de  ceux  de  mutation.  C'était  par  l'harmonie 
pleine  et  majestueuse  des  jeux  de  fond  et  du 
grand  jeu  que  les  orgues  d'Onofrio  se  distin- 
guaient. On  ignore  la  date  précise  de  la  nais- 
sance et  celle  de  la  mort  de  ce  facteur;  mais  on 
sait  qu'il  avait  établi  ses  ateliers  à  Florence,  où 
il  travaillait  sous  la  protection  du  grand-dnc 
Côme  l^""  et  de  son  successeur,  le  grand-duc 
François  1".  Zefferini  n'était  pas  seulement 
facteur  d'orgues,  mais  encore  de  clavecins,  et 
joignait  à  ces  talents  celui  de  bon  fondeur  de 
cloches  et  de  pièces  d'artillerie;  il  avait,  en  effet, 
beaucoup  travaillé  en  cette  qualité  pour  les 
deux  grands-ducs  que  nous  venons  de  nommer, 


ce  qui  lui  procura  quelque  fortune.  Le  fds  de 
son  maître,  Mariotto  Romani,  fut  à  son  tour  son 
élève,  et  lui  succéda  dans  la  direction  de  ses 
ate'iers  à  Florence. 

L.-F.  C. 
ZEIGER  (Augustin),  facteur  d'orgues  fran- 
çais, naquit  à  Hartmnnnswiller  (Haut-Rhin),  le 
28  août   1805.  Je  n'ai  d'autres  renseignements 
sur  cet  artiste  que  la  notice  que  lui  a  consacrée 
M.  Hamel  dans  son  Manuel  du  facteur  d'or- 
ffues,  notice  à  laquelle  j'omprunte  le  fragment 
suivant  :  —  «  M.  Zeiger  i  commencé  à  s'occu- 
per de  facture  d'orgues  à  Lyon,   en  1835,  et  a 
placé    son     premier    orgue,  en    octobre  1837, 
dans  la  ville  de  Lorgues  (Var).  Cet  instrument 
est  un   grand  huit-pieds   qui   est  composé  de 
cinq  claviers  et  de  quarante  et  un  jeux.  Depuis  il 
a  fait  33  orgues,  dont  le  plus  considérable  est 
celui  de  Saint-Polycarpe  à  Lyon,  grand  seize-pieds 
composé   de  cinq  claviers   et  de  quarante-huit 
jeux.  Il  y  a  dans  la  même  ville  trois  autres  or- 
gues de  M.  Zeiger.  A  Marseille,    il  en  a   placé 
sept,  dont  le  plus  grand  est  celui  de  Saint- Victor. 
L'orgue  qu'il  a  fait  en  1843  pour  l'église  de  la 
Sainte-Trinité  de   cette  ville  a  été  l'objet  d'une 
contestation   sérieuse,    qui   a  nécessité  l'appel 
d'hommes  éminents  pour  la  vider.   L'on  a  fait 
venir,  entre   autres,   M.  Tœpfer,  de  Weimar, 
qui,   après  un   mois  d'examen,    a    conclu   au 
rejet  de  l'instrument,  et  l'orgue  a  été  retiré.  M. 
Zeiger  a  fait  un   grand    huit-pieds  pour  l'église 
principale  de  la  ville  de  Saint-Etienne.  Enfin, 
on  rencontre  de  ses  ouvrages  à  Narbonne,  à 
Pézénas,    à    Toulon-sur- Mer,  à   Limoges  dans 
l'église  de  Sainte-Marie,  et  à  la    cathédrale  de 
Chambéry.  » 

ZELE!\SKI  (Stanislas),  professeur  de  com- 
position au  Conservatoire  de  Varsovie,  est  né  en 
1837  à  Grotkowick,  en  Gallicie,  fut  d'abord 
élève  de  Mirecki  à  Cracovie,  et  à  l'âge  de  22 
ans  se  rendit  à  Prague,  où,  tout  en  étudiant 
l'harmonie  et  le  contre-point  sous  la  direction  de 
Joseph  Krejci,  il  accomplit  ses  études  univer- 
sitaires et  obtint  le  grade  de  docteur  en  philo- 
sophie. Après  être  venu  passer  ensuite  trois 
années  à  Paris,  où  il  perfectionna  avec  Damckc 
ses  connaissances  théoriques,  il  retourna  en 
Pologne  et  fut  nommé  professeur  de  composi- 
tion au  Conservatoire  de  Varsovie,  poste  qu'il 
occupe  encore  aujourd'hui.  Outre  de  nombreux 
morceaux  de  piano,  on  connaît  de  M.  Zelenski 
plusieurs  œuvres  importantes,  entre  autres  une 
symphonie  à  grand  orchestre  exécutée  au  Con- 
servatoire de  Prague,  deux  autres  symphonies 
.de  concert,  un  trio  instrumental,  trois  quin- 
tettes pour    instruments  à   cordes,  deux  can. 


ZELENSKI  —  ZICHY 


687 


tates  avec  orchestre  et  une  messe  avec  accom- 
pagnemeut  d'orgue. 

ZELLER  (Carl)j  jeune  compositeur  autri- 
chien, a  fait,  je  crois,  son  éducation  musicale 
à  Vienne.  C'est  en  cette  ville  que,  pour  ses  dé- 
buts à  la  scène,  il  a  fait  représenter,  en  1876, 
un  opéra  en  3  actes  intitulé  Joconde,  qui  a  été 
bien  accueilli  du  public  et  qui  a  été  reproduit, 
deux  ans  plus  tard,  à  Leipzig.  Je  n'ai  pas  d'au- 
tres renseignements  sur  cet  artiste. 

ZELL]>'EU  (Jules),  compositeur  autrichien, 
est  né  à  Vienne  en  1832.  Il  se  destinait  d'abord 
au  commerce,  mais  il  renonça  à  cette  carrière 
pour  se  livrer  à  son  goût  pour  la  musique.  Ses 
premières  compositions  parurent  en  1868,  et 
le  grand  talent  qu'elles  dévoilaient  attira  aus- 
sitôt sur  lui  l'attention.  On  doit  citer,  parmi  ses 
meilleures  œuvres,  une  symphonie  qui  obtint 
un  grand  succès  dans  l'un  des  célèbres  concerts 
philharmoniques  devienne,  et  la  musique  qu'il 
a  écrite  pour  le  conte  la  Belle  Mélusine,  qui 
est  sa  composilion  la  plus  importante,  et  qui 
brille  par  la  noblesse  et  le  charme  de  la  mélo- 
die, par  l'originalité  de  l'invention,  enfin  par  la 
splendeur  de  l'instrumentation.  M.  Zellner, 
auquel  son  talent  a  valu  dans  sa  patrie  une  no- 
toriété considérable  et  légitime,  a  publié  à  Vienne 
beaucoup  d'autres  ouvrages,  entre  autres  des 
lieder,des  trios,  des  quatuors,  une  pièce  de  con- 
cert pour  voix  seules,  chœur  et  orchestre,  et 
enfin  des  compositions  pour  le  piano. 

J.  B. 

ZEIVGER  (Max),  compositeur  allemand,  a 
fait  représenter  à  Munich,  sur  le  théâtre  de  la 
cour,  au  mois  de  janvier  1863,  un  opéra  qui 
avait  pour  titre  les  Foscari.  Quatre  ans  après, 
au  mois  d'avril  1867,  il  faisait  exécuter  dans  la 
même  ville  un  oratorio  intitulé  Caïn.  Cet  artiste 
s'est  fait  connaître  aussi  par  la  publication  et 
l'exécution  de  plusieurs  œuvres  instrumentales 
ou  vocales  dignes  d'intérêt,  et  qui  paraissent  avoir 
été  favorablement  accueillies  par  le  public.  Dans 
le  nombre,  je  citerai  les  suivantes  :  Trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  15;  Chœurs 
pour  2  sopranos,  contralto,  ténor  et  basse,  op. 
24  ;  5  lieder  pour  soprano,  avec  accompagne- 
ment de  piano,  op.  28;  etc. 

ZERBI  ( ),  est  le  nom  d'un  composi- 
teur italien  qui  a  écrit  la  musique  d'un  opéra 
intitulé  Camilla.  Ce  n'est  qu'après  sa  mort 
que  cet  ouvrage  a  été  représenté,  à  Vigevano, 
le  11  février  1868. 

ZEREZO  DE  TEJADA  (Isidoke-Fran- 
çois-Antoine  DE),  chanteur  et  compositeur 
belge,  évidemment  issu  d'une  famille  espagnole, 
naquit  à  Bruxelles  le  14  avril  1811,  et  se  livra 


de  bonne  heure  à  l'étude  de  la  musique.  Après 
avoir  été,  dans  sa  ville  natale,  l'élève  de  Charles 
Ilanssens,  il  vint  à  Paris  dans  le  but  de  s'y 
|)erfecfionner  sous  la  direction  du  fameux  théo- 
ricien Reicha,  puis,  à  la  mort  de  celui-ci,  com- 
pléta son  éducation  avec  Cherubini.  En  1833,  il 
écrivit  pour  le  théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bru- 
xelles, une  ouverture  et  des  chœurs  destinés  à 
une  tragédie  de  M.  Alvin,  et  le  22  décembre  1837 
il  faisait  représenter  au  même  théâtre  un  opéra- 
comique  en  un  acte  intitulé  il  Signor  BariUi. 
Dans  le  même  temps,  Zerezo  entreprenait  la 
carrière  du  chant  dramatique,  et  se  produisait 
successivement,  sous  le  nom  de  Lorezzo,  sur 
diverses  grandes  scènes  de  Belgique,  de  France 
et  de  Hollande,  dans  l'emploi  des  barytons.  En 
1847  il  se  fixait  à  la  Haye,  oii  il  devenait  pro- 
fesseur d'harmonie  du  prince  d'Orange,  aujour- 
d'hui roi  des  Pays-Bas,  mais  peu  d'années  après 
il  retournait  à  Bruxelles.  Bientôt  il  faisait  re- 
présenter à  Saint-Quentin  un  opéra-comique, 
Hélène  et  GaOrielle,  puis  il  écrivait  un  autre 
ouvrage  du  même  genre,  la  Rosière  de  soixante 
ans,  qu'il  ne  trouva  pas  le  moyen  de  produire  à 
la  scène.  On  doit  aussi  à  Zerezo  une  cantate 
qui  a  été  exécutée  à  Anvers,  divers  motets  qui 
ont  été  entendus  à  l'église  Sainte-Gudule,  de 
Bruxelles,  et  un  certain  nombre  de  romances  et 
mélodies  vocales  qu'il  a  publiées  à  Paris,  à  Mi- 
lan et  à  Bruxelles.  Il  a  laissé  en  portefeuille 
une  messe  de  Requiem,  un  Te  Deum,  et  un 
opéra  italien  resté  inédit,  Basilio  e  Figaro.  Ze- 
rezo est  mort  à  Nicele  3  décembre  1874. 

ZESEVICH  (André),  chanteur  et  compo- 
siteur dramatique,  est  doué,  dit-on,  d'une  fort 
belle  voix  de  basse,  dont  il  se  sert  avec  habi- 
leté. Élève  du  Conservatoire  de  Vienne,  il  s'est 
livré  aussi  à  la  composition,  et  a  écrit  la  musi- 
que des  quatre  opéras  suivants  .•  1»  le  False 
Apparenze  (Trieste,  théâtre  communal,  21  mars 
1868);  2°  Francesca  da  Rimini^  3°  il  Mairi- 
monio  d'xin'ora  ;  4"  Orio  Soranzo,  ce  dernier 
représenté  au  théâtre  communal  de  Trieste,  le 
7  mars  1863.  Au  commencement  de  l'année  1877 
M.  Zesevich  s'est  fixé  à  Milan,  où  il  a  ouvert 
une  école  de  chant. 

ZEYDLER  ( ),  compositeur  de  mu- 
sique religieuse,  né  dans  la  Grande-Pologne 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle, 
mourut  au  commencement  fie  celui-ci.  On  lui 
doit  un  assez  grand  nombre  de  messes  et  de 
motets,  qui  sont  encore  chantés  dans  les  églises 
de  Posen  et  de  Varsovie. 

ZICHY  (Le  comte  Geza),  un  des  musiciens 
hongrois  les  plus  distingués  de  ce  temps  et  l'un 
des  virtuoses  les  plus  étonnants  que  l'on  con- 


G88 


ZIGHY  —  ZIMMERMANN 


naisse  sur  le  piano,  bien  qu'il  soit  privé  de  sa 
main  droite,  descend  d'une  antique  et  célèbre 
famille  noble  de  la  Hongrie.  Né  à  Sztara  le 
22  juillet  1849,  il  passa  son  enfance  et  sa  jeu- 
nesse à  Presbourg ,  où  il  fit  ses  études  de  droit. 
A  l'âge  de  quinze  ans,   il  eut  le  malbeur  de 
perdre  le  bras  droit,  par  suite  d'un  accident  de 
cbasse;  mais  comme,  depuis  ses  plus  jeunes  an- 
nées, il  aimait  et  travaillait  le  piano  avec  passion, 
il  ne  voulut  pas  renoncer  à  cette  jouissance,  et 
s'efforça,  par  un  travail  opiniâtre,  de  parvenir 
à  se  passer    de  sa  main  droite  et  de  résoudre 
avec  sa  seule  main  gauche  toutes  les  difficultés. 
C'est  avec  une  ardeur  inimaginable  qu'il  mena  de 
front  ses  éludes  juridiques   et   musicales,  tra- 
vaillant l'harmonie  avec  M.  Mayrberger,  alors 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Presbourg, 
et,  lorsqu'il  alla  s'établir  à  Bude-Pesth,  termi- 
nant ses  études  de  contre- point  et  de  composi- 
tion, avec  M.  Volkmann.  En  même  temps  il  per- 
fectionnait ses  études  de  la  main  gauche  au  piano 
avec  M.  Liszt,  qui  allait  passer  chaque  hiver  à 
Bude-Pesth,  .et    qui   lui    faisait  connaître    les 
grandes  œuvres  des  maîtres  classiques.  Devenu, 
dans  les  conditions  singulièrement  difficiles  où 
il  se  trouvait  placé,  un  virtuose  exceptionnel,  le 
comte  Zichy  excita  une  profonde  sensation  et  le 
plus  vif  intérêt  lorsqu'il  se  fit  entendre  à  Vienne 
à  Pesth,  et  même  à  Paris. 

Le  docteur  Hanslick,  l'érainent  écrivain  mu- 
sical de  Vienne,  a  ainsi  décrit  le  jeu  du  comte 
Zichy  :  — «  Géra  Zichy  a  atteint  une  perfection 
aussi  étonnante  qu'éclatante.  Avec  cinq  doigts, 
il  sait  imiter  admirablement  le  jeu  ordinaire  des 
dix  doigts,  à  l'aide  d'arpèges  adroitement  com- 
binés, ainsi  que  par  des  mouvements  rapides  de 
sa  seule  main  gauche  et  par  les  nuances  par- 
faitement indiquées  du  forte  et  du  piano.  » 
L'exécution  du  comte  Zichy  est  remarquable  à 
tous  les  points  de  vue,  car  son  jeu  est  doux, 
rempli  d'âme,  et  en  même  temps  brillant  d'en- 
thousiasme et  d'une  bravoure  incomparable. 

Le  comte  Zichy  a  déjà  fait  paraître  plusieurs 
compositions,  entre  autres  un  Ave  Maria  pour 
voix  de  soprano,  une  romance  intitulée  Clara 
ZacA,  quatre  lieder  charmants  (Leipzig,  Lahnt), 
et  un  recueil  d'études  pour  la  main  gauche  (Pa- 
ris, Heugel);  ces  dernières  sont  dédiées  à  son 
maître  Liszt,  qui  les  a  jugées  par  ces  mots  : 
«  Elles  sont  de  bon  goût,  de  bon  style,  et  même 
de  plus  d'effet  que  maintes  compositions  à  deux 
et  à  quatre  mains  qu'on  entend  fréquemment.  » 
Mais  elles  sont  si  difficiles  que  le  compositeur 
seul  parvient  à  effectuer  le  miracle  de  les  jouer. 

Le  comte  Zichy  vit  à  Bude-Pesth,  où  il  oc- 
cupe une  situation  musicale  prépondérante,  et 


où  il  est  président  du  Conservatoire  et  de  plu- 
sieurs sociétés  musicales.  Poète  fort  distingué, 
il  a  publié  un  roman  et  un  volume  de  poésies 
lyriques  qui  ont  fait  sensation  dans  sa  patrie.  Il 
s'occupe  en  ce  moment  de  la  composition  d'un 
grand  opéra.  ; 

J.  B. 

ZIEHRER  (C,...-M ),  compositeur  au- 
trichien, s'est  fait  une  grande  réputation  dans  sa 
patrie  par  la  publication  d'un  grand  nombre  de 
morceaux  de  danse  devenus  très- populaires  et 
qui  sont,  dit-on,  pleins  de  verve,  d'élégance  et 
d'entrain.  Le  nombre  de  ses  compositions  en  ce 
genre  ne  s'élève  guère  à  moins  de  trois  cents, 
M.  Ziehrer  a  fait  représenter  au  mois  de  dé- 
cembre 1872,  sur  le  Ring-théâtre,  de  Vienne, 
une  opérette  intitulée  le  Roi  Jérôme.  Il  a  donné 
aussi  à  Linz,  à  peu  près  à  la  même  époque,  un 
opéra  qui  avait  pour  titre  l'Oracle  de  Delphes. 

ZIE]XTARS!iI  (Romuald),  compositeur  po- 
lonais, établi  à  Varsovie,  est  né  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-neuvième  siècle.  Il  a  fait  exé- 
cuter dans  l'église  des  Franciscains,  à  Varsovie, 
une  messe  écrite  sur  texte  polonais,  un  Offer- 
toire avec  accompagnement  de  cor  et  d'harmo- 
nium, et  un  motel  que  l'on  dit  remarquable.  Cet 
artiste,  s'est  fait  connaître  aussi  dans  le  genre 
profane,  par  plusieurs  compositions  estimables. 

ZIERlMÇliI  ( ),  ancien  facteur  d'ins- 
truments de  Cravovie,  est  cité  par  l'écrivain  po- 
lonais Ambroise  Grabowski  comme  l'inventeur 
d'une  sorte  de  tympanon,  appelé  en  polonais 
istze  Brzonka  delko,  et  dont  l'usage  s'est  de- 
puis longtemps  perdu. 

ZIKOFF   (Fr ),   compositeur  allemand 

de  musique  de  danse,  a  publié,  dans  ces  der- 
nières années,  une  quantité  de  musique  de  ce 
genre  qui  paraît  avoir  obtenu  un  certain  succès, 
et  qui  comprend  des  quailrilles,  valses,  galops, 
polkas,  ainsi  que  quelques  marches.  Le  nombre 
de  ses  publications  jusqu'à  ce  jour  s'élève  à  près 
de  150. 

ZILIOTTO  (Élisa),  musicienne  italienne,  a 
écrit  la  musique  d'un  petit  opéra  bouffe  intitulé 
la  Cena  magica,  qui  a  été  représenté  en  1855, 
à  Venise,  sur  le  théâtre  San-Benedetto. 

*  ZI1>I3IERMA]\]\  (PiERRE-JosEPn-GuiL- 
l.vume).  —  Dans  la  séance  du  2  avril  1864  de  la 
Société  des  sciences  de  Tarn-et-Garonne,  M.  J.-B. 
Labat  a  lu  une  notice  intitulée  :  Zimniermann 
et  l'école  française  de  piano,  notice  qui  a  été 
insérée  dans  le  Courrier  de  Tarn-et-Garonne 
des  4  et  7  février  1865,  et  publiée  ensuite  sous 
forme  de  brochure  (s.  I.  n.  d.  [Montauban, 
impr.  Forestié],  in-8°).  Une  fille  de  Zimmermann 
est  devenue  la  femme  de  M.  Gounod,  qui  a  hé- 


ZIMMERMANN  —  ZOBOLI 


689 


rite  de  la  magnifique  collection  musicale  de  son 
beau-père. 

ZI.MMERMAISÎV  (Agnès),  musicienne  alle- 
mande contemporaine,  pianiste  et  compositeur, 
a  publié  pour  le  piano  différentes  œuvres  parmi 
lesquelles  je  signalerai  les  suivantes  :  Barcarolle, 
op.  8;  Boléro,  op.  9;  Mazurka,  op.  11;  Marche, 
op.  13;  Gavotte,  op.  14;  Presto  alla  Tarea- 
tella,  op.  15;  Gavotte  en  mi  mineur,  op.  20; 
Suite  (Prélude,  Mazurka,  Scherzo  et  Marche),  op. 
22;  2  Pièces;  3  Pièces  (Caprice;  Sur  l'eau; 
Scherzo);  Canon,  Sarabande  et  Gigue,  etc. 

*  ZI]\GAUELLI  (Nicolas-Antoine).  — 
Adrien  de  la  Page  a  publié  sous  ce  titre  :  Zin- 
garelli,  une  notice  [sur  cet  artiste,  extraite 
de  la  Revue  universelle  du  30  septembre 
1837. 

Dans  son  livre  :  Cenno  siorico  sufla  scuola 
musicale  cli  NapoU,  M.  Francesco  Florimo  a 
donné  une  liste  détaillée  de  toutes  les  composi- 
tions de  Zingarelli,  plus  complète  que  toutes 
celles  publiées  jusqu'à  ce  jour.  Entre  autres  œu- 
vres, cet  écrivain  a  catalogué  un  certain  nombre 
de  cantates  dont  il  n'est  pas  fait  mention  dans 
la  biographie  universelle  des  Musiciens,  et 
que  je  crois  devoir  citer  ici  :  1°  la  Fuga  in 
Egilto,  à  2  voix  avec  cliœur;  2"  la  Danza; 
3°  Ero,  monologue;  4°  Alceste,  à  4  voix  avec 
chœur  (qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  Morte 
di  Alceste);  5°  l''Amici:.ia^  à  3  voix  avec  chœur; 
6°  Cantate  sacrée,  à  5  voix  ;  7"  Cantate  pour  Saint- 
Gaétan,  à  3  voix;  8°  Sulle  rovine  orribili,  à  4 
voix.  Toutes  ces  cantates  sont  avec  accompa- 
gnement d'orchestre  ;  les  suivantes  n'ont  qu'un 
accompagnement  de  piano  :  9°  Galatea,  à  2 
voix  de  soprano  ;  10°  ii  Sacrijicio  d'Ahramo, 
pour  soprano;  11°  2  Cantates  pour  Noël,  à 
2  voix  de  ténor;  12°  Bérénice,  chefaiP  pour  so- 
prano, avec  violons,  alto  et  basse;  13°  Alcide  al 
Bivio;  14°  la  Passione  di  Gesù  Cristo;  15°  di- 
verses cantates  à  3  voix  de  soprano  avec  orgue. 
M.  le  docteur  Basevi,  de  Florence,  possède  en 
manuscrit,  de  Zingarelli,  des  stances  à  une  voix, 
tirées  des  XIP'  et  XVl^  cbants  de  la  Gerusa- 
lemme  liberata,  et  une  ode  d'Anacréon,  aussi 
à  une  voix. 

ZIA'GEIILE  (F -G ),  professeur  de 

chant  et  compositeur,  depuis  longtemps  établi  à 
Trieste,  a  publié  en  cette  ville  une  Méthode  de 
chant  élémentaire  à  l'usage  des  enfants,  ou- 
vrage excellent,  dit-on,  dont  il  a  été  fait  quatre 
éditions.  M.  Zingerle  s'est  produit  aussi  comme 
compositeur,  et,  entre  autres,  il  a  fourni  plu- 
sieurs morceaux  à  un  recueil  de  cbant  publié 
à  Trieste,  sous  ce  titre  :  il  Canzoniere,  dont 
les  autres    collaborateurs  étaient  MM.  Piber, 

BIOGIl.    LMV.    DES   MUSICIENS.   —  SUPPL.    — 


Zesevich,  Pincberle,  Fiidrich,  Dolzan,  Lazzarini 
et  Mariotti. 

'*  Zi:\KEISE-^  (CoNRAD-Louis-TniERRi), 
virtuose  et  compositeur  allemand,  est  mort  à 
Brunswick  le  24  novembre  1838. 

ZISSO  (A -T ),  compositeur  italien, 

né,  je  crois,  à  Rome,  est  l'auteur  d'un  opéra- 
comique  italien  en  un  acte,  Maddalena,  qui  a 
été  représenté  à  Bucharest  au  mois  d'avril  1861. 

ZOBAL  ( ),  est  le  nom  d'un  compositeur 

allemand  qui  a  fait  exécuter  à  Berlin,  en  1859, 
une  grande  œuvre  symphonique  intitulée  les 
Noces  d'' Alexandre  le  Grand  et  de  Siatyre. 

ZOliOLI  (Giovanni),  compositeur  et  profes- 
seur italien,  est  né  à  Naples  le  22  juillet  1821. 
Fils  d'un  artiste  distingué  qui  était  professeur  de 
basson  à  l'école  de  musique  appelée  VAlbergo  dei 
Poveri  et  premier  basson  au  théâtre  San-Carlo 
et  à  la  chapelle  royale,  il  apprit  de  lui  les  pre- 
miers éléments  de  la  linusique  et  en  reçut  les 
premières  leçons  de  cet  instrument.  Admis 
comme  élève,  en  1839,  à  VAlbergo  dei  Poveri, 
il  y  eut  pour  maîtres  Paolo  Cimarosa  pour  le 
solfège,  Gennaro  Parisi  pour  l'barmonie  accom- 
pagnée, et  Francesco  Ruggi  pour  le  contre- point. 
Il  sortit  de  l'école  en  1843,  après  y  avoir  écrit, 
entre  autres  compositions,  une  messe  à  3  voix 
et  orchestre,  un  Tantum  ergo  pour  voix  de  basse 
et  orchestre,  et  une  ouverture  en  ré  majeur.  Il 
composa  ensuite  une  autre  ouverture  et  un 
cbœur  qui  furent  exécutés  à  Bologne,  ainsi 
qu'une  seconde  messe  et  un  Credo  à  4  voix  et 
orchestre. 

Au  mois  de  février  1850,  M.  Zoboli  était 
nommé  professeur  de  contre-point  et  com- 
position à  VAlbergo  dei  Poveri,  et  dix  ans 
après,  lors  de  la  réorganisation  de  cette  école, 
il  devenait  sous-directeur  des  classes,  puis  (1866) 
maître  des  classes  de  femmes.  En  1856  il  avait 
abordé  la  scène  comme  compositeur,  en  donnant 
au  théâtre  Nuovo  un  opéra  bouffe  en  2  actes,  il 
Figllo  di  Papa,  et  il  faisait  représenter  ensuite 
sur  le  même  théâtre  deux  autres  ouvrages  du 
même  genre  :  la  Villeggiatura  (3  actes,  1857), 
et  Cesare  e  Cleopatru  (1858).  Il  écrivit  ensuite, 
pour  les  élèves  de  son  école,  trois  petits  ouvrages 
dramatiques  :  un  Evento  inaspetiato  (1861), 
il  Bacio  (t864),  et  Adina  (18G6).  On  lui  doit 
encore  trois  autres  opéras,  Amelia,  3  actes, 
Salvator  Rosa,  3  actes,  et  i  Tre  Aipoti,  3 
actes;  mais  je  crois  que  ceux-ci  n'ont  pas  été  re- 
présentés. 

M.  Zoboli  s'est  exercé  dans  d'autres  genres, 

et  a  produit  les  œuvres  suivantes  :  5  messes  à 

2,  3  et  4  voix,  avec  orchestre;  2  messes  pour 

voix  de  soprano  et  contralto,  avec  orcbestre  ; 

T.  II.  44 


090 


ZOBOLI  —  ZUCCHELLI 


Vespero  à  4  voix,  avec  petit  orchestre;  Vespero 
à  4  voix  et  orciiestre;  deux  Credo  et  ileux 
Magnificat,  avec  orchestre  ;  deux  Taniinn  crgo 
pour  ténor  et  orchestre,  et  pour  basse  et  or- 
chestre ;  Tota  pulchra  pour  soprano,  aveccliœur 
de  femmes  et  accompagnement  de  quatuor; 
concerto  de  lliite,  avec  accompagnement  d'or- 
chestre; divers  concertos  de  clarinette,  de  cor, 
de  trombone,  avec  orchestre;  un  Caprice  sym- 
phoniqne;  plusieurs  ouvertures;  etc. 

M.  Zoboli  est  tixé  aujourd'hui  à  Ariano,  où  il 
est  directeur  de  la  musique  municipale  et  où  il 
se  livre  à  l'enseignement. 

ZOCCIII  ( ),  est  le  nom  d'un  compo- 
siteur qui  a  fait  représenter  à  Tiflis,  le  27  février 
1876,  un  opéra  italien  sérieux  intitulé  Anialia. 

ZOGBAL3I  (G ),  compositeur  et  pia- 
niste allemand  contemporain,  a  publié  un  grand 
nombre  de  morceaux  de  genre  et  fantaisies  pour 
le  piano,  presque  tous  écrits  sur  des  thèmes 
fameux  et  des  airs  d'opéras  célèbres. 

ZOIXGHI  (GiusEi'fE),  compositeur  et  profes- 
seur, maître  de  la  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Tolentino,  est  né  à  Fabriano,  dans  la  province 
d'Ancône,  le  20  février  1820.  Élève  de  Giuseppe 
Busi,  qui  lui  enseigna  le  contre-point  et  la  com- 
position, il  fut  nommé  en  1842  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  sa  ville  natale,  fut 
attaché  l'année  suivante  en  la  même  qualité  à 
celle  de  Tolentino,  et  fut  appelé  à  diriger  en 
même  temps  l'école  communale  de  musique. 
M.  Zonghi  a  écrit,  pour  le  service  de  sa  chapelle, 
un  grand  nombre  de  compositions  religieuses 
avec  orgue  et  orchestre,  et  il  a  fait  représenter 
sur  le  théâtre  communal  de  Tolentino,  au  mois 
de  septembre  1868,  un  opéra  intitulé  il  Paggio 
del  duca  di  Savoia. 

ZL'BEIHÎIEn  ( ),  facteur  d'orgues  du 

dix-neuvième  siècle,  ne  m'est  connu  que  par 
ces  quelques  lignes,  insérées  sur  lui  dans  le 
Manuel  du  facteur  d'orgues  (Paris,  Roret, 
1849)  :  —  «  Zuberbier  a  construit,  conjointe- 
ment avec  le  facteur  Geibel,  en  1840,  l'orgue  de 
trente-sept  jeux  de  l'église  de  Saint-Nicolas  de 
Zerbst.  Cet  instrument,  dit-on,  mérite  d'être 
cité  avec  éloge.  » 

ZUBIAURRE  (Valentin),  compositeur  es- 
pagnol distingué,  est  né  à  Garay  le  13  février 
1837.  Dès  l'Age  de  sept  ans,  il  commença  à  ap- 
prendre la  musique  avec  un  curé  de  ce  village  ; 
puis,  un  peu  plus  tard,  étant  à  Bilbao,  il  fut 
admis  comme  enfant  de  cho-ur  à  la  basili(iue  de 
Santiago,  où  il  devint  l'élève  de  l'habile  maître 
de  chapelle  Nicolas  Ledesma,  qui  lui  enseigna 
le  piano,  l'orgue  et  l'harmonie.  En  1852,  à  peine 
âgé  de  15  ans,  il  se  voyait  confier  une  place 


d'organiste;  mais  l'année  suivante,  désireux  de 
voyager,  il  partait  pour  l'Amérique,  s'établissait 
d'abord  à  Caracas,  puis  à  Guayra,  où  il  se  li- 
vrait à  l'enseignement  du  piano,  et  au  bout  de 
huit  années  revenait  en  Espagne.  C'est  alors 
qu'il  entrait  au  Conservatoire  de  Madrid,  dans 
la  classe  du  célèbre  maître  Hiiarion  Eslava,  d'où 
il  sortait,  en  1866,  avec  le  premier  prix  de  com- 
position. 

Peu  de  temps  après,  un  concours  ayant  été 
ouvert  pour  la  composition  d'un  opéra  espagnol, 
M.  Zubiaurre  se  vit  décerner  le  premier  prix, 
en  partage  avec  M.  Barreras,  pour  son  ouvrage 
intitulé  Don  Fernando  el  Emptazado;  cet  ou- 
vrage fut  joué  avec  succès  à  l'Alhambra  en  1870, 
et  en  1873  au  théâtre  royal  de  Madrid,  où  le 
rôle  principal  était  tenu  par  M.  Tamberlick. 
Bientôt,  élu  pensionnaire  de  mérite  de  l'Aca- 
démie espagnole  des  Beaux- Arts  de  Rome,  M.  Zu- 
biaurre entreprit  un  voyage  de  deux  années, 
pendant  lesquelles  il  visita  l'Italie,  la  France, 
l'Allemagne,  l'Autriche  et  la  Belgique,  étudiant 
et  écoutant  les  œuvres  des  grands  maîtres  de 
ces  divers  pays,  visitant  les  bibliothèques  musi- 
cales, et  réunissant  des  notices  biographiques  et 
bibliographiques  sur  les  anciens  musiciens  espa- 
gnols et  étrangers.  De  ce  voyage,  il  rapporta 
dans  sa  patrie  un  oratorio  écrit  par  lui  sur  le 
texte  de  la  Passion  selon  saint  Mathieu  et  un 
Mémoire  sur  Vétat  de  l'art  en  Italie  et  en  Eu- 
rope. 

Une  fois  de  nouveau  fixé  à  Madrid,  il  écrivit 
deux  zarzuelas  qui  n'ont  pas  été  représentées, 
composa  deux  messes  pour  la  chapelle  royale, 
dont  il  fut  nommé  second  maître  en  1875,  et 
enfin,  le  22  avril  1877,  donna  au  théâtre  royal 
un  nouvel  opéra  espagnol,  Ledia,  qui  fut  ac- 
cueilli avec  une  grande  faveur.  Cet  ouvrage  l'a 
placé  au  premier  rang  des  artistes  de  son  pays, 
et  M.  Zubiaurre  est  considéré  aujourd'hui 
comme  l'un  des  soutiens  et  des  champions  les 
plus  solides  de  l'opéra  national  espagnol.  En 
1879,  M.  Zubiaurre  a  donné  au  théâtre  de  la 
Zarzuela,  à  Madrid,  une  zarzuela  en  2  actes  in- 
titulée el  Tigre  de  mar. 

*ZL'CCHELLI  (Carlo),  chanteur  italien  qui 
a  joui  d'une  grande  renommée,  est  mort  à  Bologne 
au  mois  de  février  1879.  Pour  résumer  la  car- 
rière brillante  de  cet  artiste,  je  ne  crois  pouvoir 
mieux  faire  que  de  traduire  la  notice  que  lui  a 
consacrée  Francesco  Regli  dans  son  Dizionario 
biografico  :  —  «  Fils  de  Tommaso  Zucchelli, 
Bolonais,  et  de  Gertrude  Baye,  Anglaise,  il  na- 
quit à  Londres  le  28  janvier  1793,  et  vint  en 
Italie  avec  sa  famille  seulement  en  1803.  Ses 
parents,  après  lui  avoir  donné  une  bonne  édu- 


ZUCCHELLI  —  ZWINGLI 


691 


cation,  l'envoyèrent  à  l'École  des  Beaux-Arts,  à 
Bologne,  pour  y  apprendre  la  peinture.  A  quinze 
ans  il  avait  déjà  remporté  les  premiers  prix, 
en  se  dislinj^uant  particulièrement  dans  la 
figure.  Doué  de  belles  facultés  vocales,  ses  amis 
lui  conseillèrent  de  se  consacrer  au  théâtre.  Il 
eut  des  leçons  de  Pilolti,  étudia  au  Lycée  de  Bo- 
logne avec  Roncagli,  fut  aussi  l'élève  de  Cres* 
centini,  et  jouit  des  conseils  du  ténor  Matteo 
Balini.  En  même  temps  il  travaillait  la  peinture  ; 
il  avait  obtenu  d'être  élève  à  Rome  ;  mais  le  gou- 
vernement ayant  changé,  et  l'Autriche  étant 
venue  en  Italie,  il  ne  put  poursuivre  ce  projet, 
et  bientôt  s'appliqua  complètement  à  la  mu- 
sique. Il  débuta  en  1816  à  Riinini  dans  un  opéra 
de  Pacini.  Au  carême  il  passa  à  Ferrare,  et  y 
chanta  la  Gerusalemme  Uberaia.  Il  chanta  au 
théâtre  de  Munich  pendant  trois  ans,  et  là  se 
perfectionna  à  l'école  du  maestro  Celli.  Il  alla 
ensuite  au  théâtre  de  la  Porte-Carinthie  à 
Vienne,  et  les  œuvres  qui  lui  valurent  les  plus 
grands  honneurs  furent  Vlnganno  felice  et  la 
Guerra  aperta.  De  retour  en  Italie  en  1819,  il 
provoqua  l'enthousiasme  au  théâtre  Re,  de  Mi- 
lan, dans  la  Pietra  del  Paragone,  et  dans  VI- 
taliana  i?i  Algeri.  Vérone,  Turin,  Rome,  Trieste 
(à  plusieurs  reprises),  l'eurent  et  l'admirèrent. 
Pacini  écrivit  pour  luiZa  Gioveniùdi  Enrico  F, 
Mercadante  l'Avvertimento  ai  gelosi,  Trenti 
l'Isola  délie  Amazzoni.  En  1821-22,  il  fit  grand 
bruit  à  Trieste  dans  VAgnese  de  Paër.  Il  alla 
ensuite  à  Londres  et  à  Paris,  et  dans  ces  grandes 
capitales  il  chanta  jusqu'en  1834.  Bologne,  Mo- 
dène,  Rome,  Londres  encore  et  Livourne  l'ac- 
clamèrent dans  les  saisons  suivantes;  et  ce  fut 
précisément  à  Livourne  que,  au  printemps  de 
1842,  il  termina  sa  carrière  théâtrale  à  quarante- 
sept  ans.  Zucchelli  était  célèbre  comme  basso 
cantante  et  comme  bouffe,  et  Rossini  l'appelait 


5071  Don  Magnifico.  Il  a  trois  fils,  dont  deux 
ont  honoré  l'art  de  leur  père;  le  troisième  est 
officier  du  génie  dans  les  troupes  de  l'Italie 
centrale,  u 

ZliLIArVI  (G -Prosi'ero),  esthéticien  et 

musicographe  italien,  occupe  la  chaire  d'histoire, 
philosophie  et  esthétique  au  nouveau  Lycée  mu- 
sical de  Rome.  Rédacteur  du  feuilleton  musical  du 
journal  l'Italia,  de  cette  ville,  il  a  publié  un  opus- 
cule dans  lequel  il  traite  de  la  décadence  du 
Conservatoire  de  Naples  et  des  moyens  qui, 
selon  lui,  seraient  propres  à  y  remédier;  cet 
écrit  a  paru  sous  le  titre  suivant  :  Osservazioni 
sulle  riforme  proposte  pel  lî.  Collegio  di  mu- 
sica  di  Napoli,  Rome,  1877,  in-8°.  Plus  ré- 
cemment, M.  Zuliani  a  fait  paraître  un  second 
écrit  dont  voici  le  titre  :  Roma  musicale,  ap- 
punti,  osservazioni,  notizie,  Rome,  Botta,  1878. 
Enfin,  il  a  publié  encore  l'opuscule  suivant  : 
il  »  Lohengrin  »  di  Rïccardo  Wagner,  Rome, 
Botta,  1880. 

ZUR  LAUBEN  (B -Fin -Ant ).  — 

Un  écrivain  de  ce  nom  est  l'auteur  de  l'opus- 
cule suivant,  inséré  dans  le  t.  XLI  des  Mé- 
moires  de  l'Académie  royale  des  inscriptions 
et  belles-lettres  (Paris,  1780)  :  Observations 
sur  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  du  roi 
qui  contient  les  chansons  des  trouvères  ou 
troubadours  de  la  Souabe  ou  de  l'Allemagne, 
de  la  fin  du  douzième  siècle  jusque  vers  Van 
1330. 

Z\VI]\GLI  ( ),  musicien  suisse  du  sei- 
zième siècle,  était  un  artiste  très-instruit,  non- 
seulement  dans  le  chant,  mais  aussi  dans  la 
pratique  de  plusieurs  instruments,  le  luth,  la 
harpe,  la  viole,  le  fifre.  Il  était  en  même  temps 
compositeur,  et  ou  lui  doit  divers  chants  à  plu- 
sieurs voix. 


FIN    DU    TOME   SECOND   ET    DERNIER. 


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