Gustave Franco
Bolchévisme ou
Syndicalisme
LEQUEL ?
Publié par
î£t Mûuh? (§unvm ht JHmttrral
1919
( ° TRACES I ^ ^COONcTlI )
Prix : 10 cents
MES RAISONS DE COMBATTRE LE BOLCHEVISME
DES FAITS
PROBLEMES OUVRIERS ET LEUR SOLUTION
T K remède au Bolchévisme ne consiste pas à faire des décla-
rations, ni à adopter des résolutions, mais à exercer des
act i rites normales.
SAM. GOMPERS,
Président de la Fédération Américaine
du Travail, à la convention d'Atlantie
City, juin 1919.
JL n'est pas de pires ennemis de l'Amérique que les Bolché
vistcs américains et la bande de politiciens qui s'en font
les complices. Il nous faut donc comprendre très clairement ce
que les Bolchévistes ont essayé de faire en Russie, après une
année de pouvoir, ce qu'ils ont fait pour, ou plutôt, ce qu'ils
ont fait à la Russie.
Ils ont répudié absolument l'idée d'une démocratie garan-
tissant à chaque individu, ses droits, mais limitant aussi sa
puissance à faire le mal. Leur effort visait la création d'un
état social, sur le modèle marxiste, donnant au prolétariat,
comme classe, le droit de voler et de détruire toutes les autres
classes de la société.
Ils ont opprimé et pillé également les oppresseurs et les
pervers qui les avaient précédés et les champions du droit et de
la liberté. Ils n'ont pas attaqué avec plus de violence, ni J<
haine, le bureaucrate corrompu ou le riche propriétaire terrien
d'autrefois, coupables d'avoir négligé tous leurs devoirs, que le
petit boutiquier, l'artisan habile, le fermier frugal ou le travail-
leur économe, "qui, ayant fait quelques épargnes et commença it
à vivre décemment, furent en butte à leurs dénonciations sous
prétexte qu'ils avaient adopté les ''tons bourgeois".
Les partisans de Trotsky et de Lénine n'ont qu'une leçon
à donner au peuple américain : Ce qu 'il faut éviter.
Feu le Colonel ROOSEVELT,
dans le Metropolitan Magaziny
de décembre 1918.
CHAPITRE I
MES RAISONS DE COMBATTRE
LE BOLCHEVISME
7jf* OESQUE, après de longues années d'oppression, les travailleurs
de la Russie prirent le contrôle du gouvernement de leur pays,
le monde civilisé de l'univers entier attendait beaucoup du système
nouveau qui remplaçait l'autocratie. Une occasion unique se présen-
tait de constituer une forme idéale de gouvernement populaire. Le
torrent révolutionnaire avait emporté l'ancien état de choses. Les
anciens gouvernants, leurs méthodes bureaucratiques, leur tyrannie
et leur cruauté avaient été extirpés comme par le scalpel du chirur-
gien. Un sol vierge s'offrait à la culture d'un ordre de choses nou-
veau. Ton croyait avoir sous la main les éléments nécessaires à la
formation d'une république démocratique, et l'on espérait une légis-
lation qui servirait de modèle aux démocraties futures.
Combien différente est la tragédie russe à laquelle nous assistons
aujourd'hui! Et c'est, je l'avoue, l'une des principales raisons qui
me font haïr le Bolchévisme. Ce n'est pas seulement ce que le
Bolchévisme a fait en Russie, mais c'est surtout le discrédit qu'il a
jeté sur la eause ouvrière en dehors de la Russie qui afflige ceux qui
se consacrent à l'émancipation du prolétariat. Le régime de Lénine
et de Trotsky a fait perdre aux ouvriers du monde les fruits d'un
essai de gouvernement populaire d'où pouvaient découler de magni-
fiques résultats . Il a marqué de son nom exécré et de ses actes hideux
les légitimes aspirations du travail, et fait que, en trop de circonstan-
ces, d'âpres capitalistes sans principes représentent les efforts justes
et raisonnables du mouvement ouvrier comme autant de tentatives de
Bolchévisme russe.
D'agressive qu'elle avait droit d'être, la cause ouvrière au Canada
et ailleurs a été mise sur la défensive par le Bolchévisme russe, qui,
4
MES RAISONS DE COMBATTRE LE BOLCHEVISME
au lieu d'aider au travail orgauisé a fourni au capitalisme une arme
dont il s'est empressé de se servir sans merci et sans scrupule. Le
Bolchévisme devient la désignation populaire de tout mouvement
d'amélioration générale entrepris au nom du travail. Ne serait-ce
que pour cette raison, le travail organisé serait en droit d'abhorrer
le Bolchévisme, beaucoup plus en droit de le condamner et de le
désavouer en paroles et en actes que le capitalisme pimpant d'Angle-
terre et d 'Amérique qui a trouvé en Lénine et Trotsky des alliés d 'une
valeur inappréciable.
En condamnant le Bolchévisme je n'ignore aucunement les causes
qui y ont conduit. Le Bolchévisme est le fruit des souffrances des
serfs opprimés et exploités durant des siècles ; le produit d 'un système
qui trop longtemps a enrichi le petit nombre et appauvri le grand
nombre. Il est né de la misère, des pleurs et des douleurs de
millions de moujiks; de la débauche et de la trop pleine jouissance
d'une aristocratie sans coeur et sans entrailles.
Le Bolchévisme ne pouvait prendre racine que dans l'ignorance
et la superstition. Il ne pouvait se faire des adeptes que parmi la
plèbe courbée sur un sol ensanglanté où ne croissent que ronces et
épines, que parmi ceux qui depuis des temps séculaires, produisaient
sans jamais avoir pu jouir du fruit de leur labeur. Plus la misère est
grande, plus son emprise est puissante; mais plus l'intelligence est
développée, plus les conditions sociales sont égalitaires, moins il
domine, moins il attire, moins il captive. On aurait pu arrêter son
développement, on aurait pu l'endiguer comme le torrent impétueux
et se servir de ses théories égalitaires pour faire luire sur l'humanité
le soleil radieux de la liberté et de l'émancipation, en donnant au
peuple sur lequel il règne aujourd'hui en triomphateur ce que la
démocratie a besoin pour vivre et se développer: des lois plus justes
et plus humaines, moins de knout et plus de livres, moins de prisons
et plus d'écoles, moins de superstition et plus d'instruction, moins de
garde-chiourmes et plus de professeurs. L'autocratie russe sous le
Tsar a préféré étouffer la grande voix du peuple demandant la
mes raisons de combattre le bolchevisme
liberté et des réformes. Elle a préféré la peine de mort, oubliant que
la violence appelle la violence, qu'on n'arrête pas la vérité dans sa
marche, et que refuser au peuple les réformes qu'il demande pacifi
quement c'est courir le risque qu'il se fasse justice lui-même et qu'il
réforme par la force. Ce principe inexorable du progrès humain a
été méprisé par l'autocratie russe. Sera-t-il méprisé aussi par le
capitalisme auquel il appelle avec autant d'instances que les ouvriers
et les paysans russes appelaient au Tsar?
La violence et l'injustice ont succédé à la violence et à l'injustice
en Russie, mais le peuple russe est aussi loin de l'émancipation aujour-
d'hui qu'il l'était avant. A la dictature du Tsar a succédé la dictature
de Lénine et de Trotsky accompagnée du meurtre, de la misère et de
l 'oppression. La loi de la force brutale est appliquée avec une énergie
féroce. Les doctrines d'égalité prêchées par les apôtres d'un prolé-
tariat émancipé sont disparues dans le tourbillon de la révolte popu-
laire. Le monde est menacé de la dictature d'un prolétariat d'autant
plus dangereux qu'il est ignorant, d'autant plus cruel qu'il n'a jamais
connu autre chose que la violence, d'autant plus avide de posséder et
de jouir qu'il a toujours vécu dans la pire pauvreté et que la vie a
toujours été pour lui un long cauchemar et un calvaire de souffrances
et de douleurs.
La réaction en Russie a été terrible mais elle a dépassé le but.
Les penseurs n'y ont pas trouvé le triomphe de leurs idées et ce ne
sont pas ceux qui désiraient l'émancipation véritable du peuple par
des lois justes et l'établissement d'un gouvernement vraiment démo-
cratique — garantissant à tous une liberté pleine et entière, — qui
eurent la direction des affaires dans cette révolution sociale. Les
penseurs et leaders ouvriers en Russie ont été ignorés et méprisés.
Leurs longues années d'efforts et de sacrifices n'ont pas compté. Un
groupe inspiré par la passion les a mis à mort après s 'être choisi pour
chefs des hommes dépourvus d'idéal et de sincérité et n'obéissant qu'à
leurs instincts féroces. Ces hommes sont devenus des oppresseurs de
la démocratie, étouffant les protestations de leurs victimes par la
MES RAISONS DE COMBATTRE LE BOLCHEVISME
terreur, ils se sont servis du prolétariat pour se proclamer dictateurs
et autocrates; et se maintiennent au pouvoir par la satisfaction des
appétits de leurs partisans, transformant ainsi le régime du prolé-
tariat, conscient de ses droits mais aussi de ses devoirs, en une
dictature honteuse et sanglante.
Sous ce régime soi-disant socialiste et communiste, toutes les
institutions qui constituent une véritable démocratie ont été détruites,
la force brutale et la violence suppriment ou oppriment tous ceux qui
s'opposent à la tyrannie politique et économique.
Aucun* système de gouvernement démocratique ne peut se stabili-
ser à moins d'être basé sur la justice, la liberté, et l'égalité de tous
devant la loi. Confisquer la propriété, la richesse, l'industrie ou le
commerce d'un citoyen, parce qu'il n'appartient pas au prolétariat,
c'est commettre une injustice, même si la confiscation se fait au
bénéfice de la masse ; mais priver celui-ci de ses droits de citoyen, après
l'avoir dépouillé, le punir parce qu'il a possédé; est un véritable crime
et un acte contraire à la saine doctrine démocratique.
Qu'un pays contrôle tous les moyens de production et de distri-
bution, c'est réalisable et nécessaire même pour le bien commun; mais
aucune société ne peut se réclamer de la démocratie si elle crée des
inégalités parmi ses citoyens. Le contrôle de l'Etat doit être le fait
du concours de tous et non d'une classe ou d'une caste, qu'elle soit
militaire ou capitaliste, ou composée d'ouvriers, de paysans et de
soldats.
L'injustice est toujours l'injustice, le crime toujours le crime,
faire le mal même pour atteindre un but louable est toujours le mal.
La démocratie est l'antithèse de la dictature et de l'oppression.
Le système Bolchéviste est contraire au développement de la
démocratie parce qu'il n'est rien moins qu'une dictature basée sur
le crime, l'injustice et l'inégalité devant la loi. C'esï l'intolérance
même avec, pour devise: Liberté la plus large pour une classé et
oppression la plus complète pour les autres.
Telle est l'opinion des socialistes les mieux informés et des
travaillistes les plus éclairés du monde, exprimée; à la conven-
tion internationale socialiste et ouvrière tenue, à Berne (Suisse), en
février dernier, sous la forme d'une résolution intitulée " Démocratie
et dictature", résolution qui fut appuyée par les délégations de Suède.
d'Allemagne, de Russie, d'Esthonie, Lettland, Géorgie, Alsace, Argen-
tine, Danemark, Bulgarie. Arménie, Hongrie, Finlande, Grande-
MJES RAISONS DE COMBATTRE LE BOLCHEVISME
Bretagne, Pologne, Canada, Ukraine, la minorité de France et d'Italie,
et la moitié de la délégation de l'Autriche Allemande. Cette mémo-
rable résolution contenait ce qui suit :
DEMOCRATIE ET DICTATURE
La Conférence salue les grandioses révolutions politiques qui, en Russie,
en Autriche-Hongrie et en Allemagne, ont brisé l'ancien régime impérialiste
et renversé leurs gouvernements.
La Conférence invite les masses ouvrières et socialistes de ces pays à déve-
lopper des institutions démocratiques et républicaines dans le cadre desquelles
puisse s'accomplir l'oeuvre de transformation socialiste. En ces heures déci-
sives, alors que le problème de la refonte socialiste du monde revêt un carac-
tère d'actualité brûlante qu'il n'avait jamais eu jusqu'ici, les masses ouvrières
doivent arriver dans leur unanimité à la pleine lumière sur les voies qui les
conduiront à leur émancipation.
Pleinement d'accord avec tous les congrès de l'Internationale, la Confé-
rence de Berne demeure inébranlablement placée sur le terrain de la démo-
cratie. L T ne réorganisation sociale, toujours plus profondément pénétrée de
socialisme, ne peut être réalisée ni surtout stabilisée si elle ne repose sur le^
conquêtes de la démocratie et si elle ne plonge ses racines dans les principes
de la liberté.
Ces institutions constitutives de toute démocratie: la liberté de parole et
de presse, le droit de réunion, le suffrage universel, le système parlementaire
avec les institutions qui garantissent la collaboration et les décisions popu-
laires, le droit de coalition, etc., sont pour le prolétariat, en même temps, les
instruments de sa lutte de classe.
A l'occasion d'un certain nombre de faits qui se sont produits récemment,
la Conférence tient à mettre en pleine lumière le caractère •construétif du
programme socialiste. La socialisation véritable implique un développement
méthodique dans les différentes branches de l'activité économique sous le con-
trôle de la nation démocratisée. Une prise de possession arbitraire de quelques
exploitations par de petits groupes d'ouvriers n'est pas du socialisme: elle
n'est rien d'autre qu'un capitalisme avec de nombreux actionnaires.
Si, dans la pensée de la Conférence, un développement socialiste efffeetif
n'est possible que sous la loi de la démocratie, il s'en suit qu'il faut, dès le
début, éliminer toute méthode de socialisation qui n'aurait aucune chance de
gagner l'adhésion de la majorité du peuple. Le. danger serait plus grand
encore si une telle dictature s'appuyait seulement sur une partie du prolétariat.
La conséquence inévitable d'un tel régime ne pourrait être que de paralyser
toutes les forces du prolétariat par la guerre fratricide. La fin serait la dic-
tature de la réaction. ,
Les délégués russes ont proposé l'envoi en Russie d 'une commission com-
posée d'éléments de toutes tendances socialistes, nommée par la Conférence^ et
qui serait chargée de faire à l 'Internationale un rapport objectif sur la situa
tien économique et politique en Russie. La Conférence se rend compte «les
difficultés que soulève une pareille tâche; pourtant, vu l'intérêt général fcjiie
8
MES RAISONS DE COMBATTRE LE BOLCHEVISME
présente pour la prolétariat de tous les pays la connaissance exacte de tous les
faits qui se rapportent à ces fermentations populaires, elle donne mandat à la
commission permanente d'organiser la délégation chargée de cette mission en
Russie.
La Conférence décide de mettre le Bolehévisme à l'ordre du jour du pro-
chain Congrès et donne mandat à la Commission permanente de mettre la
question en état.
Mais, dès maintenant, la Conférence tient à appeler l'attention sur ce
fait: la disette et la misère que la guerre a déchaînées sur le monde entier
et surtout sur les pays vaincus, devaient engendrer la désorganisation sociale.
Au lieu de se servir du bolehévisme comme d'un épouvantail et de dénoncer
sous ce nom tout soulèvement de prolétaires réduits au désespoir, les gouverne-
ments devraient se rendre compte de leur propre responsabilité. Des forces
contre-révolutionnaires sont déjà partout à l'oeuvre. La Conférence met en
garde ceux qui à cette heure ont entre leurs mains le sort du monde contre les
dangers d'une politique d'impérialisme et aussi d'une politique d'asservisse-
ment militaire ou économique des peuples. Elle invite îes socialistes du
monde entier à serrer les rangs, à ne pas livrer les peuples à la réaction inter-
nationale et à tout faire pour que le socialisme et la démocratie qui fait corps
avec lui triomphent partout.
La résolution qui précède, et qui s'explique d'elle-même, est en
réalité une condamnation formelle et catégorique du système bolché-
viste. Il est regrettable qu'un certain groupe d'ouvriers au Canada
croient encore que le bolehévisme peut leur rapporter l'émancipation
sociale et mettre fin à tous leurs maux. C 'est une doctrine fatale qui
ne nécessite d'autre réfutation que les crimes et les misères qui
ont accompagné la domination de Lénine et de Trotsky en Russie du
commencement de leur dictature jusqu'à nos jours. Au sujet de ces
crimes et de ces misères les opinions et les conclusions ne s'accordent
pas dans les groupes ouvriers. Il y a ceux qui croient que les péchés
de Lénine et de Trotsky ont été exagérés pour servir les intérêts du
capitalisme et que la Russie d'aujourd'hui n'est pas le pays de meur-
tre, de famine et de désolation que l'on représente. J'ai fait un effort
consciencieux pour arriver à la vérité sur ces accusations et contre-
accusations. On trouvera dans les pages qui suivent le résultat de
cet effort. Les rapports dans lesquels ces renseignements ont été pris
sont tous officiels ou obtenus de sources reconnues authentiques. Et
dans aucun cas ne me suis-je arrêté à des histoires de journaux ou à
des allégations qui n 'étaient pas appuyées par des noms et des dates.
J'affirme en toute sincérité rr.a conviction que les renseignements
donnés dans ces pages sont absolument dignes de foi.
CHAPITRE II
DES FAITS
EUX rapports officiels décrivent avec une grande abondance
de détail le régime des bolshévistes de Russie. L'un est le
synopsis qui en a été fait devant le sous-comité du Sénat à Washing-
ton, par M. David R. Francis, ambassadeur des Etats-Unis en Rus-
sie, du mois d'avril 1916 au mois de novembre 1918. Sa position de
doyen du corps diplomatique dans ce pays a fourni à M. Francis des
moyens spéciaux qui lui ont permis de plus facilement se renseigner
et observer. Sur aucun point son témoignage n'a été contredit par
les diplomates d 'autres nations qui se trouvaient près de lui et parmi
lesquels se trouvaient, naturellement, les représentants des nations
neutres. L'autre document officiel est une collection de rapports
qui ont été présentés au Parlement de la Grande-Bretagne, puis
déposés sur la table de la Chambre des Communes du Canada, le 29
avril, 1919. Chacun de ces rapports est tellement rempli de détails
si précis, ils couvrent de si nombreuses initiatives et un champ d'ac-
tion si vaste qu'on peut à peine supposer que des personnes puissent
croire que les preuves données sont de pures inventions dont le but
est de noircir la réputation des chefs bolchévistes. Ces rapports
donnent un formel démenti à toutes les prétentions des amis du
bolchévisme russe.
TEMOIGNAGE DE CHEFS SOCIALISTES ET DE LEADERS OUVRIERS
Herman Geulich, un des plus vieux et des plus éminents socia-
listes d'Europe, ami de toujours de Karl Marx et de Frederieh
Engels, déplorait récemment, dans une interview, la condition de la
Russie. Il dit que:
"Nous devons donner au socialisme la chance de se développer et aussi
donner à la nature humaine la chance de progresser jusqu'à lui; vous ne
pouvez pas socialiser les choses de vive force... ce n 'est pas du socialisme, dans
tous les cas, ce n'est pas du socialisme scientifique que de résoudre un pro-
blème en en créant un autre... Le bolchévisme est voué à la banqueroute
parce qu'il n'a rien sur quoi s'appuyer au double point de vue de la eciencti
et de l'économie pratique."
DES FAITS
Catherine Breshkovsky, connue sous le nom populaire de
' 1 Grand 'nrère de la Révolution Russe", qui a souffert abondamment
pour la cause, a fait une déposition à Washington et écrit beaucoup
dans les journaux depuis qu'elle est en Amérique. De la Russie sous
le régime bolchévique elle dit:
li Inondée, de larmes et de sang, la Russie gémit et crie vers le monde.
Elle est un corps vivant, et ses tortures ne peuvent pas être regardées avec
une froide indifférence comme une expérience extraordinaire autant qu'inouïe
d'évolution sociale. Elle est vivante et perd son sang par tous les pores."
Samuel Gompers, président de la Fédération Américaine du Tra-
vail, devant la Fédération Civile Nationale, à New-York, le 18 avril,
1919, a dit :
"Théoriquement, le bolchévisme est une impossibilité. De fait, s'il était
mis en pratique^ ou s'il pouvait être mis en pratique il provoquerait la déca-
dence ou la perversion de la civilisation à notre époque. A mes yeux, l'his-
toire de Sam-son désespéré renversant les colonnes du Temp'e est un exemple
parfait de ce que veut dire le bolchévisme. Je ne veux pas que tout ce qu'il
y eut de génie dans les siècles passés soit dispersé à tous les vents. Et je ne
veux pas que les quelques services que j 'ai pu rendre, depuis déjà de longues
années, en essayant par une méthode construetive à améliorer les conditions
sociales, soient détruites par un acte de fol désespoir. Et je puis bien vous
dire qu'il est temps pour nous de voir à ce que notre maison soit maintenue en
bon ordre. ' '
Vladimir Boursteff, pendant trente ans champion de la liberté
contre le Tsar, en Russie, ancien exilé de Sibérie, a écrit à Bernstein,
avant le départ de ce dernier pour l'Amérique, une lettre ouverte
dans laquelle il dit :
"Lorsqu'on vous demandera dans quelles conditions, nous autres Russes,
nous vivons ici, veuillez décrire ces conditions par une seule phrase —
C'EST UN ENFER!"
Titoff, membre socialiste de la délégation russe qui a visité
Londres, l'hiver dernier, a dit dans une déclaration publique:
•'Sous le manteau du socialisme la tyrannie a été restaurée. La situation
qui a été créée dans la Russie du Nord et du Centre menace d 'y produire
l'inanition générale, de compléter la ruine de toute vie économique, l'anni-
hilation des classes de Russes instruits et de la civilisation russe."
M. Tchaikofskij, chef du gouvèrnemént provisoire de la Russie
du Nord, et socialiste révolutionnaire, disait récemment dans un
manifeste :
DES FAITS
"En Eussie, cette usurpation prend la forme du gouvernement non inter-
rompu du pays réduit à "l'état de siège" et sur "pied de guerre", le sys-
tème employé par le gouvernement du Tsar pour gouverner le pays jusqu'en
1917, à l'exception du court intervalle de 1905-1906 pendant laquelle se pro-
duisit la première Révolution russe. Le règne des Soviets a établi ce régime
politique après le coup d'état du mois d'octobre 1917. Depuis lors elle a réussi
à commettre plus de crimes et de violations que le gouvernement Tsariste n'en
avait commis pendant les vingt-sept années de sa dictature militaire >léna-
turée. ' '
Maxim Gorky, une grande figure littéraire de Russie, et lui-
même professant les principes bolshévistes, travaillant aux côtés de
Lénine et de Trotsky, a publié dans son journal, qui a été supprime
à cause de cela, les attaques peut-être les plus violentes qui aient été
dirigées contre leur gouvernement. Voici l'une de ses déclarations:
"Fatigué de la guerre, et très malheureux, ce peuple a déjà payé de plu-
sieurs milliers de vies " l 'aventure Lénine". Elle va lui en conrer encore des
milliers de plus. Mais cette atroce tragédie n'inspire à Lénine aucune hésita-
tion, parce que Lénine est l'esclave du dogme et que ses partisans sont ses
esclaves à lui. Lénine ne connaît pas le peuple. Mais il sait — d'après ses
livres — comment soulever les masses et comment exciter leurs pires instincts.
Les classes ouvrières sont pour Lénine ce que les minerais sont pour le mé-
tallurgiste.... Le vol et le pillage augmentent de jour en jour. La pratique
des pots-de-vin se généralise de plus en plus. Tout ceci conduira fatalement,
et, dans certains endroits, a déjà conduit, à la guerre de tous contre tout, au
chaos le plus -absurde, à la destruction et à l'assassinat universels."
Oscar Tokoi, ancien premier ministre socialiste de la Finlande:
''Une petite majorité seulement appuie le gouvernement bolshéviste, et,
ce qui est pire, aùx partisans de ce gouvernement se rallient tous les apa-
ches, les détrousseurs, et autres bandits auxquels cette période de confusion
offre un champ superbe pour l'action individuelle."
M. H. V. Keeling, qui s'est échappé de Russie et qui s'y était
rendu, il y a plus de cinq ans, pour y enseigner certains procédés
de lithographie et d'imprimerie et qui, par conséquent, possède
une connaissance intime, des conditions produites par le régime
bolchéviste, a donné à la Westminstwr Gazette (Londres) une
interview dans laquelle il donne une description détaillée et déchi-
rante des misères endurées par le peuple. Entre autres choses
il dit:
"Le bolehévisme de fait, est devenu une question d'intérêt pour sa . lasse
privilégiée, et Lénine et Trotsky sont obligés de continuer à nourrir le petit
nombre, à affamer le grand nombre, et à fusiller ceux qui protestent.
DES FAITS
li C'est terrible de vivre en Russie à l'heure présente. Lorsque vous vous
promenez dans Pétrograd vous ne voyez personne rire ni même sourire. Les
hommes et les femmes sont comme des ombres, et les petits enfants sont telle-
ment épuisés qu'ils ont l'air d'être tout yeux. Et tout le temps des gens dispa-
raissent sans que personne sache ce qu'ils sont devenus. Il y a cinq ans Pétro-
grad avait une population de 2,400,000 âmes, aujourd'hui il en reste à peine
700,000.
" Je suis* un ouvrier et un trade unioniste, mais je n'aime pas entendre des
ouvriers anglais parler du bolchévisme comme d'une splendide et grande expé-
rience qui mérite d'être copiée dans les autres pays... Je veux dire de plus
que le socialisme ne gagnera rien de bon à se mêler au bolchévisme et à laisser
croire au peuple que, s'il était mis à l'essai, le socialisme aboutirait à l 'assas-
sinat en masse et à faire mourir de faim des milliers de personnes. Et c'est ce
qui arrivera si les ouvriers confondent le socialisme avec le bolchévisme, et
supposent qu'un socialiste doit nécessairement appuyer les bolchévistes.' *
Le Conseil Exécutif du Parti Constitutionnel Ouvrier Britan-
nique s'est réuni à Londres dans le mois de février et a lancé un
manifeste demandant aux ouvriers d'appuyer le mouvement consti-
tutionnel ouvrier contre le bolchévisme et la révolution; dans le
manifeste il est dit ceci :
"La guerre a été gagnée par la loyauté et l'unité indéfectible de la masse
du peuple. Qu'est-ce que vous allez faire de ce irésultat — voulez-vous en faire
autant que vous pourrez quelque chose qui ressemble le plus possible à l'enfer
ou le plus possible au ciel. Si vous voulez l'enfer, lancez-vous dans cette entre-
prise. Arborez le drapeau rouge de la Révolution et vou3 verrez que vous avez
créé pour vous, pour vos femmes et vos familles, un enfer comme Dante n'en a
jamais décrit."
G. D. L. Horsburg, ingénieur en chef aux établissements tex-
tiles de MM- Egerton Hubbard, à Schusselburg, et qui s'est récem-
ment échappé de Russie, explique, dans une lettre au Manchester
Guardian, comment la théorie bolchéviste du gouvernement a failli
dans la pratique. D'abord et surtout, dit-il, il y avait la nature
utopiste de leurs propositions "qui ne pouvaient que mener à
un désastre," et ensuite ils ont été incapables de nourrir le peuple
sans compter nombre d'autres conditions telles que la diversité de
race et de caractère du peuple, le manque de coopération, etc. Il
poursuit : »
"Pour faire face à ces difficultés les bolshévikis furent poussés à l'adop-
tion de méthodes étrangères à leurs plus chers idéals. Ils abolirent la liberté
de la presse et la liberté de la parole. Ils rétablirent la peine capitale, l 'arres-
tation et la confiscation de la propriété sans procès, et allèrent plus loin que
l'autocratie n'avais jamais osé aller. En Russie, seuls furent assurés d'avoir
suffisamment à manger les soldats et les marins de l'Armée icouge et de la
DES FAITS
flotte et c'est. avec ces derniers que les Bolchévistes se sont maintenus. Fina-
lement, détestés de la grande majorité des Russes, privés de tout commerce
avec le monde extérieur, mourant de faim, insolvables et isolés, ces hommes
ont vu rouge et ont institué un régime de terreur pire que celui de la Révo-
lution Française.... La Russie... ou cette partie de la Russie qui est sous la
domination bolchéviste est devenue une boucherie... Les ouvriers ne pouvaient
plus être ramenés au travail, les esprits devinrent complètement abattus et
apathiques, la spéculation, en dépit de tous les efforts pour l'enrayer, se* fit à
un degré incroyable, la subordination et la corruption régnèrent partout comme
auparavant. ' '
M. Philippe Jeannette, un professeur suisse, qui a percé les
lignes bolchévistes, qui connaît bien la Russie et son peuple,
et auquel les desseins des chefs bolchévistes ont été révélés pen-
dant son voyage de Kazan à Moscou, parle* des rêves farouches des
bolchévistes pour la conquête du monde et exprime tout son étonne-
ment du vaste "déploiement de puissance militaire" presque exclu-
sivement composé de Lettes et de Hongrois, organisé pour cette fin.
II recommande que des mesures énergiques soient prises avant qu'il
ne soit trop tard, "autrement l'Europe sera plongée dans un océan
de sang". Dans leurs plans, après l'invasion de l'Allemagne et de
l'Autriche, les chefs comptaient que les Allemands et les Autri-
chiens se joindraient à eux en très grand nombre pour combattre les
Français et les Anglais dans un esprit de "revanche immédiate".
Dans un paragraphe, il déclare :
"La cruauté et la bestialité des Lettes, qui occupent presque tous les postes
importants dans le gouvernement bolchéviste, dépassent tout ce que l'on peut
croire. Les horreurs de Kasan, cet endroit où 250 hommes, femmes et enfant3
furent murés dans une cave et laissés là à mourir de faim, ont été perpétrées sur
l'ordre du Commissaire Letton, attaché à l'armée bolchéviste."
Sir George Buchanan, ancien ambassadeur d'Angleterre en
Russie, a écrit dans la Fortnightly Review:
' ' Les ouvriers de même que les paysans russes ont compris trop tard, au
prix d'une amère expérience, le sens du bolchévisme et comment il a apporté
la ruine à eux et à leur patrie. Liberté, ce mot d'ordre de la Révolution, est
depuis longtemps lettre morte... elle est le monopole d'une unique classe, d'une
minorité qui avec son Armée Rouge terrorise la majorité de la nation. Tous
ceux qui n'acceptent pas les articles de la foi bolchéviste sont dépouillés de
leurs droits de citoyens; tous les journaux qui n'appuient pas le gouverne-
ment sont supprimés. La justice est inaccessible à moins d'être achetée, et la
corruption est effrénée. Jamais, depuis l'époque d'Yvan le Terrible, la Rus-
sie n'a souffert pareille tyrannie; et quand, il y a quelques semaines, les bol-
chévistes ont craint que leur puissance allait diminuer, ils se sont livrés à une
orgie de massacre et de pillage dans l'espoir d'intimider par la Terreur Rouge
DES FAITS
le peuple et le tenir ainsi à sa merci. Personne n'a la vie sûre.... La procédure
qui consiste à prononcer une sentence contre les individus est même jugée trop
lente, les citoyens sont massacrés par bandes, et les Gardes Bouges ou les
mercenaires chinois employés comme bourreaux ont le privilège de choisir
leurs victimes sur la liste des proscrits. ' '
4- J. Sack, directeur du Bureau Russe de Renseignements, à
New-York, dit :
' 1 Comme le dit dans son merveilleux message ' ' au peuple américain ' '
Catherine Breshkovsky, la "Grand 'Mère de la Kévolutdon Eusse", conscience
et symbole vivants du peuple russe, "l'obtention d'une assemblée Constituante
était l'une des principales aspirations de la Révolution russe. Elle était à la
veille de sa réalisation quand la révolte bolchéviste, en novembre, 1917, a arra-
ché des mains du peuple cette belle possibilité de faire ses propres lois, de
tracer la voie de son avenir, de créer une vie nouvelle conforme aux intérêts
des masses, de fortifier la paix et de garantir le bien-être commun."
DROITS EGAUX ET LIBERTE INDIVIDUELLE .
La Section 22 de la Constitution russe énonce les principes de
gouvernement qui suivent :
"La République Russe des Soviets Socialistes Fédérés, reconnaissant l'éga-
lité des droits pour tous les citoyens, sans égard à leurs attaches de race et de
nationalité, proclame que tous les privilèges accordés sur ce point, de même que
l'oppression des minorités nationales, sont une contradiction des lois fonda-
mentales de la république."
D'après tous les témoignages qu'il a été possible de recueillir
l'égalité des droits de citoyens est chose inconnue en Russie sous le
régime bolchéviste. Ils sont unanimes à établir ce point que les
minorités ont été opprimées d'une façon incroyable.
PRODUCTION
On avait fondé de grandes espérances sur l'augmentation de la
production. De la nationalisation de la terre et son usage par les
paysans est résultée la démoralisation de l'agriculture. Les paysans
accumulent et cachent les produits qu'ils récoltent afin qu'ils ne leur
soient pas enlevés. Quant à l'effet du régime sur l'industrie, en
général, voici ce qu'en dit l'extrait suivant d'un rapport du Gou-
vernement britannique :
"....On donne ensuite un estimé de l'état des industries dans la Russie
Centrale durant le mois d'octobre dernier. L'industrie métallurgique était
pratiquement arrêtée. L'industrie de la toile ne donnait pîua que 50 pouf
cent de sa production normale; et, le travail ayant diminué, les gens étaient
DES FAITS
15
dans la misère et abandonnaient leur ouvrage pour s'en aller en quête de nour-
riture. Dans l'industrie de la laine, la production a baissé de 50 pour cent;
il en est de même pour l'industrie du coton, dont 30 pour cent des moulins
chômaient. L'industrie de la soie est pratiquement morte. La production
du charbon a baissé de 60 pour cent, mais les récoltes ont été abondantes
et les paysans ont fait de l'argent. Les tramways de Moscou et de Pétrograd ne
donnaient plus que le quart de leur service ordinaire. Toutes les terres, les
bâtiments, les machineries, etc., ont été nationalisés sans compensation pour
leurs anciens propriétaires. Le résultat a été une stagnation complète, tous
les intérêts privés ayant été détruits."
RAISONS DU SUCCES BOLCHEVISTE
Les chefs avaient plusieurs éléments plastiques à manier dans
une Kussie désorganisée, troublée et vaincue..-, les paysans qui for-
ment plus de 75 pour cent de la population sont presque totale-
ment illettrés, environ 10 pour cent d'ouvriers industriels et une
armée dont officiers et soldats étaient affamés, miséreux et décou-
ragés; à cela ajoutez un flot de prisonniers libérés des prisons et
des exilés de Sibérie.
La doctrine simple mais terriblement insidieuse que tout appar-
tient au peuple, et les ordres donnés qu'on n'avait plus qu'à se servir
et à jouir avaient un attrait extraordinaire sur les instincts frustes
d'un peuple affamé.
L'ADMINISTRATION DE LA JUSTICE
Ce qui suit est reproduit des rapports du gouvernement britan-
nique et est appuyé par des témoignages, officiels et autres, qui ont
été recueillis en grand nombre dans toutes les parties de la Russie:
''Les bolchévistes ont aboli jusqu'aux formes les plus rudimentaires de la
justice. Des milliers d'hommes et de femmes ont été fusillés sans même un
simulacre de procès, et des milliers d'autres pourissent dans les cachots dans
des conditions dont on ne trouve de parallèle que dans les pages les plus som-
bres de l'histoire des Indes et de la Chine."
LE MILITARISME AGIT DE CONCERT AVEC LE BOLCHEVISME
La littérature bolchéviste distribuée en Amérique dénonce le
militarisme. Le bolchévisme, en Russie, est maintenu par une armée
permanente recrutée au moj^en de la conscription parmi les élé-
ments étrangers. Cette armée grandit rapidement et son but avoué
est de conquérir l'Europe au bolchévisme. Elle est exercée par des
militaires de carrière et on dit qu'en ce moment elle est excellem-
ment disciplinée. Comme importance, l'armée occupe le premier
rang en Russie.
DES FAITS
LA VALEUR DE L'ARGENT
Les presses à imprimer de Kussie ont été très occupées à l'im-
pression inconsidérée de quantités prodigieuses de papier-monnaie,
au point que ce papier est pratiquement sans valeur. Dans une
r éc ente interview Lénine a déclaré que son but en fabriquant ainsi
de L'argent à profusion était de démontrer que le papier-monnaie
était sans valeur. Comme résultat de cette émission anormale de
billets, sans la garantie correspondante en réserve d 'or ou d 'autre
numéraire, les prix des choses nécessaires à la vie, et tout particuliè-
rement des denrées alimentaires, a augmenté dans la même propor
tion. Bien que le travail soit payé à un prix très élevé, la valeur
d'achat des salaires est pratiquement nulle. Par exemple, une
rouble vaut nominalement 53 cents, mais la farine de blé se vend
20 à 25 roubles la livre, le riz 40 et le beurre 100 roubles.
LIBERTE DE LA PRESSE
Les bolchévistes en Amérique proclament la liberté de la presse
et dénoncent toutes les formes de censure. En Russie, il n'y a que
les journaux bolchévistes qui sont tolérés. On peut dire la même
chose de la liberté de parole et de réunion. Une immense assemblée
de 10,000 ouvriers a été tenue aux usines Putiloff et l'on y a adopté
une résolution protestant, entre autres choses, contre "le maintien
conrpulsoire des ouvriers dans les usines et les manufactures et
contre la tentative de les priver de leurs droits élémentaires, la libertr
de parole et de réunion, V inviolabilité des personnes, etc."
TYRANNIE DU BOLCHEVISME
(Reproduit d'un rapport présenté à la Chambre des Communes britanniques.)
Le 10 mars, une grande assemblée a été tenue aux usines Puti
loff ; 10,00 hommes étaient présents, et une résolution a été adoptée,
avec seulement vingt-deux voix dissidentes, et encore, ces dernières
venaient de parfaits étrangers n'ayant aucun rapport avec les usine?.
Les extraits suivants donnent la teneur de la résolution :
"Nous, les ouvriers des usines du quai Putiloff, déclarons devant toutes
les classes ouvrières de Russie et de l'univers, que le gouvernement bolché
ristc a trahi les idéals élevés de la Révolution d'octobre, et qu'il a ainsi trahi
et trompé les ouvriers et les paysans de Russie; que le gouvernevent bolché
viste, agissant comme autrefois en notre nom, n'a plus l'autorité du Proléta-
riat et des paysans^ et n'est plus que le pouvoir dictatorial d'un comité cen-
tral du parti bolchéviste, usurpateur et gouvernant avec l 'aide des commis-
sions extraordinaires, des Communistes et de la police. "
DES FAITS
L ? adoptioii de cette résolution fut votée aux cris de "A bas la
dictature!" "A bas les Kommissars!" "Aux tribunaux les bour-
reaux et assassins bolchévistes ! ' '
Le gouvernement prit des mesures pour empêcher toute nouvelle
manifestation, et quiconque fut trouvé en possession de la résolution
fut immédiatement arrêté.
Les délégués des usines Putiloff demandèrent que la résolution
du 10 mars fût publiée dans la Northern Commune mais cette
demande fut refusée par les Kommissars de l 'Intérieur- Le 16 mars,
Torin incitait les bolchévistes à tuer les révolutionnaires sociaux,
et Zinoviev amena à Pétrograd un détachement de marins et de sol-
dats de l'Armée Rouge. Cette force se composait d'étrangers, pres-
que tous des Lettes et des Allemands. Durant les deux jours qui
suivirent, 300 arrestations furent faites dans les usines et les gens
soupçonnés d'être des chefs ou dos Révolutionnaires Sociaux furent
fusillés en masse.
NATIONALISATION DES FEMMES
On a nié, avec des preuves plausibles, que la nationalisation des
femmes ait été prononcée en Russie; mais il est indubitable que des
édits dans ce sens ont été promulgués par plusieurs des Soviets
locaux et que l'on a, en plusieurs circonstances, essayé de mettre ces
décrets à exécution.
PRATIQUE VS. IDEALISME
Parmi les extraits des journaux russes (bolchévistes, les seuls
tolérés), réunis et publiés par le gouvernement britannique nous
détachons les suivants:
Krasnaya Gazeta, organe de l'Armée Rouge, 1er septembre, 1918, sons le
titre "Sang pour Sang":
"Nous allons convertir nos coeurs en acier que nous tremperons dans le
feu des souffrances et dans le sang des soldats de la liberté. Nous allons ren-
dre nos coeurs cruels, durs et insensibles, afin qu'ils ne tremblent pas à la vue
d'un océan de sang ennemi. Nous allons rouvrir les écluses de cet océan.
Sans merci, sans pitié, nous allons abattre nos ennemie par centaines.
Qu'il y en ait des milliers; qu'ils se noient dans leur propre sang. Pour le
sang de Lénine et d'Uritzki, de Zinoviev et de Vorodaski, qu'il y ait des flots
de sang bourgeois... plus de sang encore, autant de sang que possible.'-
La Krasnaya Gazette écrit: "La bourgeoisie toute entière devra payer
Dour cet acte de terreur... Des milliers de nos ennemis devront payer pour la
mort de Uritzki... Nous devons donner à la bourgeoisie une leçon sanglante. .
Mort à la bourgeoisie!"
DES FAITS
Un attentat ayant été commis contre la vie de Lénine, une pro-
clamation, signée "Peters, " fut lancée par la Commission Extra-
ordinaire :
"On répondra à ce crime par une "massive terreur". Malheur à ceux
qui barrent la route de la classe ouvrière. Tous les notables représentants
de la capitale seront envoyés aux travaux forcés, et leurs biens seront con-
fisqués. Les contre-révolutionnaires seront exterminés, ils seront écrasés sous
le lourd marteau du prolétariat révolutionnaire.
"Il faut que les Eévolutionnaires Sociaux de Droite soient arrêtés immé-
diatement. Il faut qu'un nombre considérable d'otages soient pris parmi la
bourgeoisie et les anciens officiers. A la moindre tentative de résistance, au
moindre mouvement dans les cercles de la Garde Blanche, il faudra appli-
quer le fusillage en masse des otages. Toute hésitation, toute action irréso-
lue sur ce point de la part des Soviets locales seront sévèrement punies."
Borisoglebsk, 16 septembre. — Pour avoir tenté d'organiser un mouve-
ment en opposition à la puissance Soviet, neuf contre-révolutionnaires d'ici
out été fusillés, soit — deux riches propriétaires terriens, six marchands et le
"roi du niais" '.oral Vasiliev. — Northern Commune, 16 septembre, No 106.
Résolution adoptée par la Soviet du Premier District Urbain
de Pétrograd :
"Cette assemblée salue le fait que la terreur est employée contre les
Gardes Blanches et les classes supérieures de la bourgeoisie, et elle déclare
que tout attentat à la vie de l'un ou l'autre de nos chefs recevra du proléta-
riat cette réponse que seront fusillés non seulement des centaines, comme cela
se fait maintenant, mais de milliers de Gardes Blanches, de banquiers, de
manufacturiers, de cadets (démocrates constitutionnels) et de Socialistes-Révo-
lutionnaires de Droite." — Northern Commune, 18 septembre 1918.
"Pour terroriser nos ennemis il nous faut notre militarisme à nous. Il
nous faut gagner à notre cause 90 milllions sur les 100 millions de population
russe sous le règne des Soviets. Quant aux autres, nous n'avons rien à leur
dire, il faudra les annihiler." — Discours de Zinoviev, rapporté dans la
Northern Commune, 19 septembre, No 109.
Et ce ne sont là qu'un petit nombre de citations prises parmi des
centaines du même ton.
Les désertions dans l'Armée Rouge sont considérées criminelles
et passibles de la peine de mort, à la discrétion du Tribunal Militaire
Révolutionnaire. Cette politique est énoncée dans une phrase, la
suivante :
"Le déserteur n'a besoin ni de pain, ni d'un asile, mais d'une balle. —
Le pain et l'asile ne sont dûs qu'à l'Armée Rouge du Prolétariat. "—(Tribunal
Militaire Révolutionnaire au front.)
DES FAITS
UNE AUTOCKATIE, NON UNE DEMOCRATIE
La prétention qu'en Russie le bolchévisme est une démocratie
idéale ou que c'est même une forme quelconque de démocratie est
eontrouvée par les méthodes mêmes qu'il emploie. Tout prouve que
c'est une autocratie poussée à l'extrême.
Il est autocratique jusque dans les articles de sa constitution,
comme le font voir les extraits suivants:
39. — Le Conseil des Commissaires du Peuple notifie immédiatement tous
ses ordres et résolutions au Comité Exécutif Central Eusse.
40. — Le Comité Exécutif Central Rouge Tout-Russe a le droit de révoquer
ou de suspendre tous les ordres et résolution^ du Conseil des Commissaires du
Peuple.
41. — Tous les ordres et résolutions du Conseil des Commissaires du Peuple
qui ont une grande importance politique sont remis pour étude et approba-
tion finale au Comité Exécutif Central Tout-Russe.
77. — Le tribunal suprême dans les questions d'élections est le Comité Exé-
cutif Central Tout-Russe.
En d'autres termes, le Gouvernement Central, ce qui veut dire
Lénine et Trotsky, est suprême absolument. Tout récemment les
bolshévistes ont déclaré que le pouvoir absolu était nécessaire à l'ac-
complissement de leurs desseins.
CE N'EST PAS UN GOUVERNEMENT SOCIALISTE
Tous les témoignages contenus dans nombre de rapports démon-
trent que ceux qui ont souffert le plus du nouveau régime ee sont
les socialistes opposés aux méthodes et aux desseins des meneurs
Soviets et qu'on les persécute sous la désignation de "contre-révolu-
tionnaires". Le plus important c'est que nous ayons les déclara
tîons des deux chefs eux-mêmes, Lénine et Trotsky, exprimant leurs
principes et leurs intentions qui ne sont ni socialistes ni démocra-
tiques.
Trotsky, passant sa Garde Rouge en revue, dit :
"L'effondrement des pouvoirs centraux peut être un grand triomphe poui
la Russie, mais si nous ne savons pas en profiter comme il faut en portant un
grand coup aux Impérialistes d'Angleterre, de France et d'Amérique, ce sera
une grande infortune....
"Soldats de la Garde Rouge! Maintenant que vous avez extirpé de votre
pays les Mensheviki et les Révolutionnaires-Socialistes, vous devez les atta-
quer sans faiblir à l'étranger."
20
DES FAITS
PAS DE PAIX EN EUSSIE
La Russie a cru que la nouvelle forme de gouvernement lui
apporterait la paix et la prospérité. Elle a eu la guerre, la guerre
civile, à la place.
LA EUSSIE N'EST PAS LIBEE
Elle espérait être heureuse et libre. Elle a été terriblement
malheureuse et assujettie à un régime sous lequel, excepté quand
elle devient une forme de licence, la liberté est inconnue.
LES PAYSANS SANS TEEEE
Les paysans s'attendaient à ce que toutes les terres de la Russie
leur seraient distribuées. C'est pour cela qu'ils ont appuyé la Révo-
lution bolchéviste. Ils n'en possèdent pas un pouce et sont excessi-
vement misérables dans l'état actuel des affaires.
EELIGION
Toutes les propriétés religieuses en Russie ont été confisquées
et c'est maintenant un pays sans églises. Et quand l'on dit que
toutes les églises sont sur un pied d'égalité cela veut vraiment dire
qu'elles n'y ont aucun status quelconque-
EDUCATION
L'éducation n'est pas mieux traitée que la religion. Les écoles
qui existent sont menées d'après le principe qui les confient à la
direction de comités composés des enfants eux-mêmes et on n'y cons-
tate ni discipline ni progrès.
LE TEAVAIL PEIVE DE SES AMIS
Pour ce qui est de la facilité fournie au travail de recevoir la
juste part de ses efforts consciencieux, une doctrine dont le bolché-
visme se réclame et qui est sa justification, les ouvriers en Russie
sont dans un embarras plus grand que jamais. Leurs salaires sont
réglés par leurs propres comités ou Soviets et ils sont nominale-
ment élevés, mais ils sont payés par le gouvernement avec une mon-
naie pratiquement sans valeur. Le peu de nourriture que l'on peut
se procurer coûte des prix hors de toutes proportions.
DES FAITS *
21
EESUME DES FAITS
Les faits, la preuve, au sujet du régime bolchéviste en Russie,
peuvent se résumer comme suit:
Le gouvernement de Kerensky aurait réorganisé la Russie et
aurait continué à aider dans la lutte contre l' Allemagne n'eussent
été les bolchévistes.
Si la Russie n'avait pas failli à ses obligations envers les Alliés,
la guerre aurait été gagnée une année plus tôt, et des centaines de
nrille existences auraient ainsi été épargnées.
Les bolshévistes ne se maintiennent au pouvoir que par la ter-
reur — il faut qu'ils tuent du monde pour régner.
Ils ont assassiné et pillé au-delà de toute imagination.
Ils ont supprimé la liberté de parole, la liberté de la presse, la
liberté individuelle.
Ils n'ont pas tenu d'honnêtes élections, et ils refusent aux
Soviets toute autorité locale dans leur propre milieu.
Ils ont publié des décrets promulguant la nationalisation des
femmes, et si ces décrets n'ont pas été appliqués, comme ils le pré-
tendent, ils ont, néanmoins rendu des lois sur le mariage et le divorce
qui sont en-dessous des moeurs barbares.
L'industrie est totalement paralysée. Le pays est mourant
d'inanition.
Sur un ordre de l'Allemagne ils se sont rendus coupables de la
plus lâche trahison envers les Tchéco slovaques.
Après avoir détruit l'armée russe ils ont établi la conscription
pour combattre, non pas les Allemands mais le peuple russe lui-
même.
Ils ont déprécié la valeur de l'argent à tel point qu'on ne peut se
procurer la nourriture qu'en l'échangeant pour des vêtements.
Lorsque les vêtements furent épuisés les russes pauvres dûrent mou-
rir de faim.
Ils ont exécuté, sans aucune forme de procès, des milliers de per-
sonnes (Gorky dit 10,000), les arrêts de mort étaient signés par
Peters, un anarchiste connu de la police de Londres.
Ils ont fusillé de nombreux socialistes dont le seul crime était
de dénoncer les excès bolchévistes-
DES FAITS
Ils ont refusé de tenir des élections et ont supprimé les jour-
naux qui critiquaient leurs actes.
Ils ont rétabli la police secrète augmentée d'une bande innom-
brable de délateurs.
Ils ont aboli la religion et les services religieux; les rites du
mariage, même lorsqu'ils étaient prononcés, étaient dissouts au
caprice de l'homme.
Ils ont aboli toute loi, à part celle contenue dans les décrets des
Soviets.
SYNTHESE DU BOLCHEVISME
Le Dr Nathalie Wintsch-Maleef, dans une brochure publiée
récemment, cite un compte rendu pris dans les journaux bolché-
vistes, en Russie, faisant la synthèse de toutes leurs déclarations de
sorte que l'on ne puisse pas prétendre que le rapport était inspiré
par les calomnies des anti-bolchévistes. L'article se résume comme
suit:
Les écoles ne fonctionnent pas;
Les manufactures sont fermées ou démolies;
Dans plusieurs endroits, on a retourné au troc, c'est-à-dire à l 'échange;
Le travail obligatoire est imposé à beaucoup de citoyens mais pas à tons;
L'esclavage est pratiqué dans les camps de concentration;
La taxe et la dîme sont imposées à tous ceux qui ne sont pas de la Garde-
Bouge ;
Prolétariat officiel, ou Soviettiste;
Les anti-révolutionnaires sont expulsés;
L'expropriation consiste à installer le pauvre dans les appartements les
bourgeois et à placer ces derniers dans les bouges;
Les réquisitions sont faites par des bandes de gens armés, comme au temps
de la féodalité;
Les idées sont subordonnées à la force;
La vengeance sur délation remplace les recherches de la justice;
Le droit de manger est refusé à quelques-uns;
Le travail organisé ne peut subsister que s'il est bolchéviste.
Toute la situation se résume comme suit: Les habitants de
Pétrograd sont sur le point de mourir d'inanition: ceux qui sont
classifiés comme "Bourgeois" par les bolchévistes, reçoivent, tous
les deux jours, un petit hareng. Le mécanisme entier du gouverne-
ment est dans la confusion, il est dirigé par des gens inexpérimentés
ou incapables. Le grand espoir des bolchévistes, c'est de réduire
tous les autres pays au même état que la Russie. Les bolchévistes
regardent les Démocrates-Sociaux comme leurs pires ennemis.
DES FAITS
2 3
LES SOCIALISTES DEFIENT LES BOLCHEVISTES
Le 13 juillet, 1918, le parti des Socialistes-Révolutionnaires et le
Parti ouvrier Social-Démocratique Eusse ont lancé un appel aux
Socialistes d'Europe et proposé l'envoi en Russie d'une commis-
sion socialiste internationale chargée d'y faire les investigations
nécessaires pour répondre aux questions suivantes:
1. — Avons-nous raison, oui ou non, de dire que le gouvernement boîehéviste
a dégénéré en un instrument réactionnaire qui, bien que se couvrant des mots
"la volonté des ouvriers et paysans", n'hésite pas à adopter les mesures d 'op-
pression les plus extrêmes et les plus violentes contre ces mêmes ouvriers et
paysans *
2. — Avons-nous raison de dire que le gouvernement boîehéviste n'a pas
maintenant d'autre but que de se maintenir à tout prix au pouvoir et que, pour
atteindre ce but, il est prêt à sacrifier toutes les conquêtes de la Révolution,
et se retranche derrière un système de terreur dirigé non contre la bourgeoisie,
mais contre les autres partis socialistes et la masse du prolétariat et des pay-
sans représentée par ces derniers, et que, finalement, pressé de se justifier aux
yeux du vainqueur étranger, il n'a pas hésité, au sujet de l'incident de Mirbach,
à étaler à ses pieds les cadavres de 200 de ses propres compatriotes socialistes-
révolutionnaires ?
3. — Avons-nous raison de dire que le bolchévisme n'a rien fait pour appli-
quer les principes socialistes et n'a réussi seulement qu'à ruiner l'industrie et
à produire le chômage et la famine universels!
4. — Avons-nous raison de dire que le gouvernement boîehéviste nous inter-
dit toute possibilité de discuter librement et de lutter pour ce que nous consi-
dérons la seule chance de salut de la Kussie, c'est-à-dire, la convocation d'une
Assemblée Constituante et la restauration du mode populaire d'administration
locale — l'administration aux mains du peuple?
5. — Les bolchévistes ont-ils raison d'affirmer que tous les autres partis
socialistes russes ne cherchent pas à délivrer les classes ouvrières de l'oppres-
sion despotique d'une petite minorité, mais que, de concert avec les bour-
geois et les éléments monarchistes, ils veulent provoquer dans le pays une
contre-révolution?
Cet appel fut signé, pour le parti Socialiste-Révolutionnaire,
par Nicholas Rusanev, et, pour le parti Social-Démocratique, par
Axélrod, deux chefs vétérans du mouvement révolutionnaire en Russie.
CHAPITRE III
PROBLEMES OUVRIERS ET LEUR SOLUTION
|jj OUS connaissez maintenant les horreurs sanglantes du bolché-
visme. Elles prouvent que la tyrannie est rendue possible par
la faiblesse morale de l'homme. Ce fléau général a été dénoncé par
le Congrès International socialiste et travailliste qui a eu lieu à Berne,
Suisse, en février dernier, auquel j'avais l'honneur d'assister comme
l'un des délégués du Congrès des Métiers et du Travail du Canada.
Pendant que le radicalisme outré projetait la désorganisation sociale,
le syndicalisme ouvrier, au lieu de pousser à la rébellion, cherchait à
supprimer le bolchévisme en essayant de s'interposer entre les deux
dictatures, celle du travail et celle du capital, pour obtenir la coopéra-
tion des deux.
Le bolchévisme fera peu de progrès dans l'esprit de l'ouvrier
organisé s'il n'est pas exploité et que sa vie vaille la peine d'être
vécue.
Il faut que toutes les classes envisagent carrément le problème,
c 'est la révolution ou la réforme sociale. En dissimuler les terreurs
serait extrêmement insensé ; atténuer les conditions qui existent non
seulement en Europe mais ici même serait pure démence.
Ouvriers, financiers, capitalistes, patrons, rois (et ils sont aujour-
d'hui rares), premiers ministres, présidents, publicistes, membres du
clergé, tous cherchent la solution du problème lorsque cette solution
nous l'avons sous la main.
Le problème est d 'éliminer le parasite. L 'oisif ne vaut pas mieux
qu'un mort, tout en prenant plus de place. Celui qui vit du travail
des autres est une menace pour la société et pour lui-même, et le chef de
famille qui travaille de ses mains et de sa tête doit être allégé de son
fardeau.
C 'est le capital — non pas le TRAVAIL ORGANISE — qui a semé
ce qui produit aujourd'hui le malaise et le mécontentement. Les
problèmes que nous avons à résoudre sont considérables, d'une
importance vitale et de solution difficile. Nous ne pouvons pas
espérer les résoudre par des efforts intermittents ou par une rébel-
PROBLEMES OUVRIERS ET LEUR SOLUTION
25
lion insensée. Le bolchévisme qui empoisonne actuellement le
monde et qui pousse les hommes à la folie et au désespoir n'accom-
plira rien; c'est le travail qui triomphera par l'union persévérante
qui conduit au succès. ,
Pour éviter l'esprit de révolte et la terreur qui menacent par-
tout et ici même, il faut d'abord faire disparaître l'irritation dont
se nourrit le mécontentement, et appliquer au travail de construc-
tion l'énergie tentée de se manifester par la violence et par la des-
truction.
Cette force constructive, c'est le grand mouvement "trade-
unioniste" international. Il est opposé au bolchévisme du patron
aussi bien qu'au bolchévisme de l'ouvrier. Il représente vraiment
le travail et ce qu'il y a de meilleur dans la société. Il défend la
liberté, la justice et la démocratie contre le terrorisme, l'injustice
et l'autocratie. Le plus tôt les patrons réactionnaires de tous pays
— et du Canada en particulier — le comprendront, le mieux ce sera
pour tous les intéressés et pour le pays en général. La plus grande
partie du désordre provient du fait que quelques-uns sont trop imbus
de leur conception particulière et ne veulent pas se soumettre au ver-
dict de la majorité. Le "radical" comme le "réactionnaire" est
impatient, et, presque toujours intolérant.
Le fait que des hommes mêlés au mouvement ouvrier depuis des
années n'acceptent pas d'emblée des innovations qui ébranlent pro-
fondément l'organisation à laquelle eux et leurs camarades doivent
tout, n'a rien d'extraordinaire. Ils ont tant vu de leurs compagnons
durant la dernière décade se bercer si souvent d'illusions pour reve-
nir ensuite aux méthodes simples et pratiques de chaque jour, qui
produisent des résultats, qu'ils réfléchissent, non seulement une fois
mais plusieurs fois, lorsqu'on leur demande d'accepter quelque doc-
trine nouvelle qui doit conduire l'ouvrier dans le Nouvel Bden du
jour au lendemain. La plupart des syndicalistes — et je suis moi-
même de ceux-là — qui ont été dans le mouvement un certain nombre
d'années ont passé la période des illusions. On trouvera ici leurs
conclusions, résultat de la dure et froide expérience, qui est la
1 1 MEILLEURE ECOLE DU MONDE".
Résoudre tout le problème ouvrier est certainement une grosse
tâche, mais elle peut être accomplie avec la coopération de tous ceux
qui ont à coeur le bien-être et l'intérêt du peuple. L'un des plus
26
PROBLEMES OUVRIERS ET LEUR SOLUTION
efficaces moyens de coopération est de prêcher l'adoption par tons
les pays civilisés de la nouvelle charte internationale du Travail
rédigée et complétée après de longues heures d'études et de long-
jours passés à coordonner les meilleures idées modernes en matière
de législation sociale, au Congrès Syndicaliste International, à
Berne, Suisse, en février dernier, et adoptée ensuite par la Conférence
Socialiste et Ouvrière Internationale au même endroit.
CHARTE DU TRAVAIL
Formulée et adoptée à la Conférence syndicale internationale, à Berne,
Suisse, en février 1919, et adoptée ensuite par la Conférence
socialiste et ouvrière internationale.
1 1 Sous le régime du travail salarié, la classe capitaliste cherche à augmen-
ter sou profit en exploitant les travailleurs dans la plus forte mesure possible.
Ces méthodes, si elles ne sont pas limitées, amènent nécessairement la
déchéance physique, morale et intellectuelle des travailleurs et de leur des-
cendance. Elles entravent le développement de la société, dont l'existence
même peut ainsi être compromise.
"La tendance du capitalisme à provoquer la dégradation de la classe
ouvrière ne peut être arrêtée complètement que par l'abolition de la produc-
tion capitaliste eLle-même. Mais auparavant elle peut être atténuée considéra-
blement, aussi bien par la résistance de l'organisation ouvrière que par l'in-
tervention de l'Etat. Cette double action protège la santé des travailleurs:
elle leur conserve la vie de famille; .elle leur donne la possibilité de se développe r
intellectuellement et leur permet ainsi de remplir leurs devoirs de citoyen dans
la démocratie moderne.
"Les limites que se pose le capitalisme sont très différents dans les divers
Etats. La concurrence déloyale, qui donne une avance aux pays arriérés, mot
en danger l'industrie et la classe ouvrière des pays avancés. Pour coordon-
ner les différences qui existent entre les lois de protection ouvrière, adoptées
dans les divers pays, il est devenu nécessaire, depuis longtemps, de créer un
système de législation ouvrière internationale. La nécessité de cette réforme
est devenue doublement urgente à la suite des terribles bouleversements
et des ravages énormes que la guerre a fait subir aux forces populaires. Mais,
en même temps, nous voyons aussi la possibilité de l'obtenir par la création
de la Société des Nations, qui semble imminente.
"La Conférence de Berne demande que la Société des Nations considère
comme une de ses tâches primordiales de créer une législation internationale
de protection du travail et d'en assurer l'application. Elle s'en réfère aux
résolutions des conférences syndicales internationales de Leeds et de Berne,
et, sans vouloir porter atteinte aux résolutions actuellement plus larges des
syndicats, elle entend que les revendications minima suivantes, déjà appli-
PROBLEMES OUVRIERS ET LEUR SOLUTION
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quées partiellement dans divers pays, soient incorporées dans le droit interna-
tional par la Société des Nations, an moment de la conclusion de la paix.
"1. La Conférence considère que l'enseignement primaire est obligatoire
dans tous les pays, que l'apprentissage et l'enseignement professionnel général
doivent être établis dans tous les pays. L 'enseignement supérieur doit être libre
et accessible à tous; les aptitudes et les aspirations ne peuvent être contrariées
par les conditions matérielles dans lesquelles les jeunes gens se trouvent placés.
''Les enfants au-dessous de l'âge de 15 ans ne pourront être employés dans
) 'industrie.
' * 2. Les jeunes gens de 15 à 18 ans ne seront pas employés plus de six heures
par jour, avec une heure et demie de repos après quatre heures de travail. Pen-
dant deux heures par jour, les jeune gens* des deux sexes assisteront à des cours
complémentaires d'instruction technique institués en leur faveur et qui auront
lieu entre six heures du matin et huit heures du soir. Les jeunes gens doivent
pouvoir disposer du temps nécessaire à la fréquentation de ces cours.
' ' L 'emploi des jeunes gens sera prohibé :
(a) entre huit heures du soir et six heures du matin; (b) les dimanches et
jours fériés; (c) dans les industries insalubres; (d) dans les mines souterraines.
"3. Les ouvrières bénéficieront du repos de l'après-midi du samedi et ne
travailleront que quatre heures dans cette journée, les exceptions qui s'imposent
dans certaines industries seront compensées par une demi-journée de rep&s pris sut-
un autre jour de la semaine.
"Les ouvrières ne pourront travailler la nuit. Il sera interdit aux industriels
de fournir du travail à domicile après les heures de travail régulières. Les femmes
ne seront pas employées dans les travaux dangereux pour lesquels il est impossible
de créer des conditions d'hygiène suffisante, par exemple, dans les mines souter-
raines, et où le maniement des matières nocives est nuisible à la santé des constitu-
tions faibles.
' ' L 'emploi de la femme sera interdit, à l 'occasion de son accouchement, pen-
dant dix semaines dont quatre avant et six semaines après.
"Un système d'assurance pour le cas de maternité sera établi dans tous les
pays, et des compensations seront payées pour les cas de maladie. Le travail de
la femme doit être libre et basée sur le principe à travail égal, salaire égal.
"4. Les heures de travail ne doivent pas excéder huit heures par jour ou 4 S
heures par semaine. Le travail de nuit de huit heures du soir à six heures du
matin sera interdit, excepté dans les cas rendus inévitables par des raisons tec-hni
ques ou par ' la nature du travail lui-même.
"Dans les cas où le travail de nuit sera rendu nécessaire, le salaire sera
majoré sur celui du jour.
"5. Le repos du samedi après-midi sera introduit dans tous les pays. Le
repos hebdomadaire sera d'une durée d'au moins 36 heures. Lorsque la nature du
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PROBLEMES OUVRIERS ET LEUR SOLUTION
travail exigera le travail du dimanche, le repos hebdomadaire sera accordé pendant
la semaine. Dans les industries à feu continu, les équipes seront relevées de façon
à donner vacances aux ouvriers alternativement chaque deuxième dimanche. Ces
dispositions devront naturellement s 'adapter aux pays et aux milieux qui ont un
autre jour de repos.
"6. Dans l'intérêt de la protection sanitaire et pour se protéger contre les
accidents, les heures de travail seront réduites à moins de huit heures dans les in-
dustries dangereuses. L'emploi de matières nocives est interdit dans tous les cas
où il est possible de les remplacer ,par d'autres. Il sera établi uue liste de poisons
industriels à prohiber; l'emploi du phosphore blanc et du blanc de céruse dans les
travaux de décoration sera interdit. Un système d'accouplement automatique sera
appliqué internationalement dans les chemins de fer.
"7. Toutes les lois et règlements concernant la protection du travail indus-
triel seront appliqués en principe aux industries domestiques ; il en sera de même
des assurances sociales.
"(a) Les travaux qui pourront procurer de l'empoisonnement et nuire à la
santé; (b) Les industries alimentaires y compris la confection des sacs et carton-
nages destinés à contenir des aliments; (c) Pour les industries domestiques, la
notification des maladies infectieuses sera rendue obligatoire et le travail interdit
dans les habitations où ces maladies auront été reconnues. L'inspection médical-?
sera appliquée à cette situation.
"Dans les industries domestiques, il devra être dressé des listes des ouvriers
et ceux-ci devront être en possession de livrets de salaire. Des comités de représen-
tants d'employeurs et d'ouvriers seront constitués dans toutes les régions contenant
des industries domestiques et ces comités auront le pouvoir légal de fixer le taux
des salaires. Ces taux de salaire devront être affichés dans les locaux de travail.
Les travailleurs ont la liberté de coalition et d 'association dans tous les pays. Les
lois et décrets soumettant certaines classes de travailleurs à des conditions spéciales
vis-à-vis d 'autres catégories et qui les privent du droit de coalition et d 'association
et les empêchent de faire valoir leurs intérêts sont abrogés. Les travailleurs
émigrants jouiront des mêmes droits que les travailleurs des pays dans lesquels ils
se rendent et cela par rapport à la participation au mouvement syndical y compris
le droit de grève. Des sanctions seront prises contre ceux qui s'opposeront aux
droits de coalition et d'association.
"8. Les ouvriers étrangers ont droit au salaire et aux conditions de travail
convenus entre les syndicats et les employeurs de toutes les branches de l 'industrie.
A défaut de convention, les travair.eurs étrangers auront droit au salaire en
vigueur dans la localité où ils se sont rendus.
"9. L'émigration est libre d'une manière générale. Cette règle subira des
exceptions dans les cas suivants:
"(a) Un état pourra limiter temporairement l'immigration dans les périodes
de dépression économique, afin de protéger les travailleurs indigènes aussi bien
que les ouvriers émigrants;
PROBLEMES OUVRIERS ET LEUR SOLUTION
29
M (b) Tout état a le droit de placer l'immigration sous contrôle dans l 'intérêt
de l'hygiène publique et d'interdire l'immigration pendant un certain t-emps;
" (c) Les états peuvent exiger des immigrants qu'ils sachent lire et écrire
dans leur langue maternelle, ceci dans le but de maintenir un minimum d 'éducation
populaire et de rendre possible l'application efficace de la législation du travail
dans les branches d'industrie employant dos immigrés. Mais ces exceptions ne
pourront être admises que d'accord avec 'la Commission prévue à l'article 15.
"Les états contractants s'engagent d'introduire sans retard des lois inter-
disant l'engagement de travailleurs par contrat pour aller travai'der à l'étranger
et de mettre ainsi un terme aux abus des agences de placement privé. Le contrat
d 'engagement préalable est interdit.
"Les états contractants s'engagent à adresser des statistiques du marché du
travail en se basant sur les rapports publiés par les Bourses du travail, pratiquant
mutuellement l'échange des renseignements aussi souvent que possible, par l'inter-
médiaire d'un office central international. Ces statistiques seront communiquées
aux unions syndicales de chaque pays. Aucun travailleur ne sera expulsé d'aucun
pays pour action syndicale, il aura le droit de recourir devant les tribunaux pour
appeler de la mesure d'expulsion.
"En outre, les états contractants convoqueront aussi rapidement que possible
une conférence internationale chargée de prendre des mesures efficaces contre
l'avilissement de la puissance d'achat des salaires et en assurer le paiement en une
monnaie non dépréciée.
"10. Dans le cas où les salaires sont insuffisants pour assurer une vie nor-
male et s'il est impossible d'amener un accord entre les ouvriers et les patrons, le
gouvernement instituera des commissions mixtes, chargées d'établir des salaires
minima.
"11. Afin de combattre le chômage, les centrales syndicales des différent*
pays entretiendront des relations pour favoriser l'échange des informations rela-
tives aux demandes et aux offres de travail. Un système d'assurance contre !e
chômage sera institué dans chaque pays.
"12. Tous les travailleurs seront assurés par l'état contre les accidents du
travail. Les dommages à payer aux intéressés et à ceux qui en dépendent seront
fixés conformément aux lois du pays où se trouve le siège de l'exploitation. Des
lois d'assurance en faveur des veuves et des orphelins, de la vieillesse et de l'infir-
mité seront instituées avec valeur égale pour les indigènes et les étrangers.
"Un travailleur étranger quittant le pays où il travaille, pourra, s'il a été
victime d'un accident de travail, recevoir une somme globale au lieu d'une rente
annuelle, si un arrangement dans ce sens a été conclu entre l'état du pays où il a
travaillé et son pays d'origine.
PROBLEMES OUVRIERS ET LEUR SOLUTION
"13. Un code international spécial sera créé pour assurer la protection des
travailleurs de la mer; il sera appliqué en collaboration avec les syndicats de
marins.
"14. La mise en vigueur de ces dispositions sera confiée dans chaque pays
aux inspecteurs du travail. Ces inspecteurs seront choisis parmi les experts techni-
ques, sanitaires et économistes et assistés par des employés ouvriers des deux sex?s.
"Les syndicats professionnels contrôleront l'application des lois concernant le
travail. Les employeurs occupant au moins cinq ouvriers de langue étrangère affi-
cheront les règlements du travail et les autres notifications importantes dans les
langues respectives des ouvriers et devront faire enseigner, à leurs propres frai-,
aux ouvriers qu'ils occupent, la langue du pays.
' ' 15. Dans le but de mettre en application la législation internationale du
travail, les états contractants créeront une commission permanente constituée en
parties égales par des délégués des états membres de la Société des nations et de
la Fédération internationale des syndicats ouvriers.
"Cette commission permanente convoquera chaque année une conférence des
délégations des états contractante, dans le but de perfectionner la législation
internationale du travail. Cette conférence devra comprendre la moitié de repré-
sentants de travailleurs organisés de chaque pays; elle aura le pouvoir dé prendre
des résolutions ayant force légale internationale."
Dans l'application de cette Grande Charte, la pins complète que
]e monde asservi ait jamais vue, se trouve la liberté.
Examinez, scrutez, étudiez cette charte contenant le minimum
des demandes du travail organisé, qui, en aucune façon, ne verse dans
l'utopie, mais qui repose sur la "large base de la volonté popu-
laire", et comparez-la aux excès du régime bolchéviste qui se com-
mettent en Russie ou que ses chefs prêchent dans le monde entier.
Vous avez là, d'un côté, le maximum de la folie et, de l'autre, une
charte claire qui frappe l'imagination sans paralyser la raison.
Ces propositions auraient paru étranges, il y a dix ans, mais, en
cet âge de révélations, elles s'harmonisent parfaitement avec les
tendances du temps.
Les théocracies grossières du temps passé sont disparues.
Combien de législateurs, de patrons aussi bien que d'ouvriers sont
suffisamment émancipés pour prendre cette charte à coeur, faire de la
coopération sociale un instrument de progrès, de la loi un frein réel,
de l'instruction une fonction d'état? Alors, qu'ils s'affranchissent et
se mettent A l'oeuvre immédiatement.
PROBLEMES OUVRIERS ET LEUR SOLUTION
La solution du problème ouvrier est aussi vieille que le monde
et elle est comprise dans le commandement : "Faites aux autres ce
que vous voudriez qu'on vous fît". Seule elle peut refouler l'anar-
chie et la Révolution Rouge jusqu'à leurs sources.
Au-dessus des malaises et des désordres qui semblent surgir de
toutes les parties du monde apparaissent des perspectives plus rassu-
rantes. L'aurore d'une vie meilleure et plus complète s'allume
comme un phare. La transformation des masses s'annonce, non dans
une terre promise, mais dans le monde tel qu'il est et tel qu'il devrait
être quand la Grande Charte du Travail se sera révélée comme l'étoile
directrice de toutes les aspirations ouvrières.
Repoussé des gouvernements, de 1 "industrie, de la politique et de
la diplomatie, le travail revient par une nouvelle porte tournant sur
les gonds de la coopération forgée par la guerre.
J'espère que ces quelques lignes exprimées sans prétention mais
avec la conscience satisfaite d'avoir fait ma quote-part pour démon-
trer le danger des doctrines bolchévistes — danger d'autant plus grand
que le peuple souffre davantage — contribueront à convaincre qu'il y a
plus à attendre de la froide raison que de théories utopistes et de
chimères, car l'esprit transforme en vertu la perversion morale, et
empêche le greffage de principes éthiques sur les saines doctrines
sociales et politiques.
Ma question recevra assurément une réponse: ' ' Bolchévisme ou
Travail Organisé. — Lequel ? ' '